AUTUNNO IN MUSICA Festival de musique classique

16-30 OCTOBRE 2014

Le festival Autunno in Musica fête, en 2014, sa quatrième année d’existence en prolongeant ses ambitions patrimoniales, qui font que le passé revit grâce au présent et qu’il rend le présent plus vivant. Il met, comme toujours, l’accent sur le lieu dans lequel les concerts s’inscrivent, car c’est en partie à la mémoire des compositeurs qui vécurent dans les murs de la Villa Médicis qu’il se consacre, tout en s’ouvrant à une vision renouvelée de la musique écrite entre le XVIIIe siècle et le début du XXe, entre la France et l’Italie.

Cette année voisineront certaines « vedettes » du , comme et André Caplet, d’autres en pleine réhabilitation comme Théodore Dubois, d’autres enfin dont un vrai travail de redécouverte permet d’apprécier la qualité, comme Gaston Salvayre. Mais Autunno in Musica n’oublie pas non plus certains « refusés » du concours, qu’ils soient « non-récompensés » comme Benjamin Godard et Ernest Chausson, ou seulement second Prix de Rome comme Nadia Boulanger et – ce fut le grand scandale de 1905 – . Autunno in Musica fait aussi cette année la part belle aux femmes compositrices, telles Marie Jaëll, Henriette Renié ou encore Cécile Chaminade.

Pour défendre cette musique, il fallait que soient rassemblés les meilleurs interprètes actuels, avec un intérêt particulier porté à la jeune génération, capable de lectures audacieuses et inattendues : c’est le cas du jeune harpiste soliste de l’Opéra de Paris, Emmanuel Ceysson, du Trio Arcadis (2e prix du Concours international de musique de chambre de ), de la mezzo-soprano Isabelle Druet (lauréate du Concours Reine Elizabeth et plus récemment du parcours Rising Star), ainsi que du Quatuor Giardini et du pianiste David Bismuth.

2014 est une année peu commune en terme de commémorations : nous célébrons le 250e anniversaire de la mort du grand compositeur Jean-Philippe Rameau – que le Centre de musique baroque de Versailles met à l’honneur, et qui fut le maître à penser de tous les compositeurs français du XIXe siècle, grâce à sa théorie innovante de l’harmonie. Autunno in Musica lui dédie deux concerts avec les Folies françoises d’une part et la célèbre claveciniste Blandine Rannou de l’autre. On se remémore également, en cette année 2014, l’un des plus terribles drames du XXe siècle : le début de la Grande Guerre, dont les résultats seront sensibles jusque dans le milieu artistique. L’Académie de France à Rome ne sera pas épargnée par ce désastre, et nombre de compositeurs cesseront temporairement d’écrire, ou laisseront leur douleur et leurs inquiétudes prendre corps dans des partitions pleines de mélancolie. En plus du concert inaugural intégralement dédié à ce thème « guerrier », tous les autres lui rendront un vibrant hommage.

Cette quatrième édition d’Autunno in Musica est, comme les précédentes, placée sous le signe d’une collaboration dynamique entre l’Académie de France à Rome, le Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française, à l’origine des 4 programmes dédiés à la musique française du XIXe siècle, l’Accademia Filarmonica Romana et le Centre de musique baroque de Versailles. Je voudrais remercier pour le programme du festival Alexandre Dratwicki (directeur scientifique du Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française et ancien pensionnaire) et Benoît Dratwicki (directeur artistique du Centre de musique baroque de Versailles). Le festival bénéficie du fidèle soutien de Total E&P ainsi que du travail remarquable de toute l’équipe de la Villa Médicis. Il est surtout rendu possible grâce à la présence de grands artistes, qui vont partager avec nous leur talent et faire de notre Grand Salon un lieu de découverte et de plaisir.

Éric de Chassey Directeur de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis

CALENDRIER

JEUDI 16 OCTOBRE ACADÉMIE DE FRANCE À ROME – VILLA MÉDICIS 19.45 : présentation par Alexandre Dratwicki 20.30 : Au Pays où se fait la guerre, quatuor Giardini et Isabelle Druet, mezzo-soprano Nadia Boulanger, Claude Debussy, Gaetano Donizetti, , Gabriel Fauré, etc.

VENDREDI 17 OCTOBRE ACADÉMIE DE FRANCE À ROME – VILLA MÉDICIS 19.45 : présentation par Alexandre Dratwicki 20.30 : D’une après-guerre à l’autre, Trio Arcadis Ernest Chausson, Gabriel Fauré, Gaston Salvayre

SAMEDI 18 OCTOBRE ACADÉMIE DE FRANCE À ROME – VILLA MÉDICIS 19.45 : présentation par Alexandre Dratwicki 20.30 : Dissident(e)s, récital de piano de David Bismuth Cécile Chaminade, Claude Debussy, Marie Jaëll, Maurice Ravel

DIMANCHE 19 OCTOBRE ACADÉMIE DE FRANCE À ROME – VILLA MÉDICIS 17.15 : présentation par Alexandre Dratwicki 18.00 : La modernité à l’ombre des conflits, récital de harpe d’Emmanuel Ceysson André Caplet, Claude Debussy, Gabriel Fauré, Henriette Renié, Carlos Salzedo, etc.

DU LUNDI 20 AU JEUDI 23 OCTOBRE ACADÉMIE DE FRANCE À ROME – VILLA MÉDICIS Master class de clavecin par Pierre Hantaï et Skip Sempé.

LUNDI 27 OCTOBRE ACADÉMIE DE FRANCE À ROME – VILLA MÉDICIS Atelier pédagogique animé par les Folies françoises De 14h30 à 15h30

MERCREDI 29 OCTOBRE ACADÉMIE DE FRANCE À ROME – VILLA MÉDICIS 20.30 : Une galerie de portraits, les Folies françoises Antoine Forqueray et Jean-Philippe Rameau

JEUDI 30 OCTOBRE ACCADEMIA FILARMONICA ROMANA 20.30 : Focus Rameau : le triomphe du clavecin, récital de clavecin de Blandine Rannou Jean- Philippe Rameau

PROGRAMME

JEUDI 16 OCTOBRE

Académie de France à Rome – Villa Médicis

19.45 : Présentation du programme du concert par Alexandre Dratwicki (en italien), Salon de Musique

20.30 : Concert, Grand Salon

AU PAYS OÙ SE FAIT LA GUERRE Durée du concert : 75 minutes (sans pause)

Le Départ Mel BONIS Quatuor avec piano n° 1 op. 69 – Finale. Allegro ma non troppo, 1915 Jacques OFFENBACH La Grande Duchesse de Gérolstein – « Ah que j’aime les militaires », 1867 Cécile CHAMINADE Exil, 1904 Jacques OFFENBACH La Grande Duchesse de Gérolstein – Couplets du sabre, 1867

Au Front Gabriel FAURE Quatuor avec piano op. 45 – Allegro molto, 1887 Gaetano DONIZETTI La Fille du régiment – « Pour une femme de mon rang », 1840 Benjamin GODARD Les Larmes, 1895 Henri DUPARC Au pays où se fait la guerre,1910

La Mort Gabriel FAURE Quatuor avec piano op. 15 – Adagio, 1884 Claude DEBUSSY Cinq Poèmes de Charles Baudelaire – Recueillement, 1904 Henri DUPARC Élégie, 1910 Jacques OFFENBACH La Vie parisienne – « Je suis veuve d’un colonel »,1866

En Paradis Théodore DUBOIS Petits Rêves d’enfants (extrait), 1903 Nadia BOULANGER Élégie, 1909 Théodore DUBOIS Chansons de Marjolie – En Paradis, 1913 Reynaldo HAHN Quatuor avec piano – Andante, 1946

Production Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française

ISABELLE DRUET, mezzo-soprano QUATUOR GIARDINI DAVID VIOLI, piano PASCAL MONLONG, violon CAROLINE DONIN, alto PAULINE BUET, violoncelle

Ce programme – spectacle de l’âme – fait pénétrer l’auditeur dans l’esprit d’un soldat de la Grande Guerre. Tous les compositeurs interprétés ont vécu les conflits de 1870 et de 1914 avec une ferveur artistique qui les a profondément marqués. Les élans guerriers du devoir (« Ton bras est fort, ton âme est fière ! » – Offenbach, La Grande Duchesse de Gérolstein) ne

rendent pourtant pas si facile la séparation des cœurs. Une fois au front, l’inquiétude apparaît, cette « douceur splendide et sombre qui flotte sous le ciel étoilé ; on dirait que là- haut dans l’ombre, un paradis s’est écroulé… » (Nadia Boulanger, Élégie). Le soldat se rassure (« Ma douleur, donne-moi la main… » – Debussy, Recueillement) et reprend courage en pensant à l’aimée. Les jours passent, dont l’horreur est parfois maquillée de sérénité. Mais, le soir venu, quand s’éteignent les bruits de bataille, la pesante solitude reparaît de plus belle, qu’on épanche dans le secret (« Les larmes qu’on peut verser, quand les têtes sont détournées, on ne les a pas soupçonnées… » – Godard, Les Larmes). Fatalement, la Mort suit les pas de la désespérance, emportant également ceux qui ne connurent pas les armes (« Loin de l’amant, j’attends la mort… » – Chaminade, Exil).

QUATUOR GIARDINI Le quatuor avec piano Giardini est né de la réunion de quatre artistes partageant depuis longtemps de grandes affinités : après plus de dix ans de complicité musicale et humaine, Caroline Donin et Pauline Buet d'une part et Pascal Monlong et David Violi d'autre part, se rejoignent pour aborder un répertoire qui tient au cœur de chacun depuis toujours. Le Quatuor Giardini aborde les quatuors les plus réputés, mais il s'investit aussi dans la redécouverte d'un répertoire méconnu. Il défend ainsi des compositeurs délaissés comme Félicien David, Théodore Dubois, mais aussi Marie Jaëll et Mel Bonis, compositrices doublement bannies de la postérité à cause de leur féminité. Formation ouverte et sensible à l'art de la transcription, le quatuor Giardini aime également s'associer à la voix pour aborder le répertoire de la mélodie.

ISABELLE DRUET Diplômée du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, Isabelle Druet mène avec bonheur sa carrière en concert, en récital et à l’opéra. Elle se produit entre autres avec Les Folies françoises, Les Siècles, , l’Orchestre de chambre de Paris, l’Orchestre philharmonique de Liège, le BBC National Orchestra of Wales, l’Orchestre philharmonique du Luxembourg. Parmi ses récents succès à la scène on compte Sidonie et Mélisse dans Armide avec les Arts florissants et Le Songe d’une nuit d’été au Théâtre des Champs-Élysées, le rôle-titre de La Périchole, Arcabonne dans et le Page dans Salomé (Opéra de Paris), Climène dans Egisto (Opéra-Comique). En 2012-2013, elle a interprété les rôles titres de et Didon et Énée, Théone et Astrée dans Phaëton avec Les Talens lyriques, et Orphée dans Orphée et Eurydice. Elle a enregistré plusieurs disques avec Le Poème harmonique et La Rêveuse, ainsi qu’un disque de récital consacré à la mélodie française, salué par la critique.

VENDREDI 17 OCTOBRE

Académie de France à Rome – Villa Médicis

19.45 : Présentation du programme du concert par Alexandre Dratwicki (en italien), Salon de Musique

20.30 : Concert, Grand Salon

D’UNE APRÈS-GUERRE À L’AUTRE Durée du concert : 90 minutes environ (pause incluse)

Gabriel FAURÉ Trio avec piano op. 120, 1923

Gaston SALVAYRE

Trio avec piano, 1878

pause

Ernest CHAUSSON Trio avec piano op. 3, 1881

TRIO ARCADIS DAVID BISMUTH, piano AMANDINE LEY, violon NICOLAS SAINT-YVES, violoncelle

1878-1923. Telles sont les bornes chronologiques de ce programme. Autrement dit d’une après-guerre à l’autre. Fauré, Chausson et Salvayre sont trois visages d’une relation polémique au Prix de Rome. On a souvent dit du premier qu’il était un farouche opposant de ce concours, du second qu’il en avait été honteusement écarté, du troisième qu’il avait sombré dans l’oubli malgré l’obtention d’un premier prix. Il est temps de rétablir certaines vérités en expliquant que Fauré s’élevait principalement contre la nature du concours (l’écriture d’une cantate) mais pas contre le séjour à Rome, que le second n’avait pas été très brillant lors de l’épreuve de sélection, que le troisième, enfin, avait mené une grande carrière en son temps, composant une musique d’un véritable intérêt artistique (notamment dans ses opéras Le Bravo, Richard III et La Dame de Monsoreau). Et c’est surtout l’écoute des trois trios proposés ce soir qui permet de se faire une juste idées des qualités certes diverses, mais toutes capables d’émouvoir, de ces trois personnalités. Le jeune Trio Arcadis, lauréat notamment du Concours international de Lyon, poursuit sa redécouverte de la musique romantique française, après de brillants enregistrements d’œuvres de Pfeiffer, Dubois et Gouvy. Transparence des couleurs, engagement musical et parfaite connivence sont parmi leurs qualités les plus souvent relevées.

TRIO ARCADIS 3e prix au Concours International de Musique de Chambre de Lyon et Lauréat du Forum Musical de Normandie, le Trio Arcadis est créé en 2001 par trois jeunes artistes issus des Conservatoires Nationaux Supérieurs de Paris et Lyon. Leur complicité immédiate et leur passion commune pour la musique de chambre les poussent à explorer ce vaste répertoire. Après avoir obtenu leur prix de musique de chambre au Conservatoire National Supérieur de Paris, le trio travaille avec le quatuor Ysaÿe, et suit un perfectionnement auprès d’Eric Lesage et Paul Meyer. Le trio Arcadis se produit dans de nombreuses salles et festivals, en France et à l’étranger : dans les saisons des concerts d’Aix, du Palazzetto Bru Zane à Venise, au Théâtre Mogador, au Château de Fontainebleau, aux Invalides, au SHOAC de Shangaï ou encore à l’Opéra de Pékin. Le trio Arcadis enregistre en 2011 son premier disque autour de la musique romantique française sous le label anima records. Il bénéficie du soutien de la SACEM.

SAMEDI 18 OCTOBRE

Académie de France à Rome – Villa Médicis

19.45 : Présentation du programme du concert par Alexandre Dratwicki (en italien), Salon de Musique

20.30 : Concert, Grand Salon

DISSIDENT(E)S Durée du concert : 60 minutes environ (sans pause)

Cécile CHAMINADE Solitude (extrait des Poèmes, op. 127), 1908 Au Pays Dévasté op.155, 1919

Maurice RAVEL Sonatine, 1905

Marie JAËLL Ce qu'on entend dans l'Enfer (extraits), 1894 Ce qu'on entend dans le Purgatoire (extraits), 1894 Ce qu'on entend dans le Paradis (extraits), 1894

Claude DEBUSSY Etude Pour les Arpèges Composés, 1915 Suite Pour le piano – Prélude. Sarabande. Toccata, 1913

DAVID BISMUTH, piano

Debussy et Ravel sont aujourd’hui regardés comme les piliers de l’école pianistique française du XXe siècle. À juste titre. Debussy fut premier Prix de Rome donc « romain », Ravel second prix seulement. Ils sont aussi perçus, à leur époque, comme des personnalités dissidentes et en marge des courants esthétiques dominants. Ce sont pourtant eux qui feront régner bientôt sans partage l’ère du symbolisme, aujourd’hui encore le courant musical le plus « français » qui soit. À leur manière, Marie Jaëll et Cécile Chaminade sont également des opposantes à la normalité. Ce sont des femmes, et à ce titre elles durent batailler toute leur vie pour s’imposer dans le cénacle éminemment masculin de la musique classique : la première femme Prix de Rome – Lili Boulanger – le fut seulement en 1913, et non sans de fortes oppositions. Peut- être la ténacité qui animait toutes ses compositrices explique-t-elle la violence et – parfois – la force virile qui habite leur musique. Élans brahmsiens chez Chaminade, expérimentations listziennes chez Marie Jaëll. Les trois cycles que laisse cette dernière (Ce qu’on entend dans l’Enfer, dans le Purgatoire et dans le Paradis) voyagent en profondeur dans les méandres acoustique de l’écriture pianistique. Ils portent également – en 1894 – la trace des souvenirs nébuleux de la guerre de 1870 qui marqua pour toujours la famille de cette alsacienne annexée par l’Allemagne. Chaminade, elle, souffrira des atrocités de 1914-1918, et écrira son Pays dévasté en hommage à ses morts, en 1919.

DAVID BISMUTH Formé au conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de Gabriel Tacchino puis de Brigitte Engerer, David Bismuth est salué pour son jeu lumineux et profond, où se conjuguent science de l’architecture et poésie du timbre. Il est invité par les festivals de La Roque d’Anthéron, Radio France – Montpellier, le Gstaad Menuhin Festival ou encore le BBC Hay Festival. Il se produit également avec l’Orchestre de Paris, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse ou l’Orchestre de Nice, sous la direction de chefs tels Andris Nelsons, Jaap van Zweden, Jean-Christophe Spinosi, Cornelius Meister, Michel Plasson ou Fayçal Karoui. Sa discographie riche de cinq enregistrements met à l’honneur Bach mais aussi la musique française, à travers plusieurs mises en miroirs de compositeurs tels que Franck et Fauré, Debussy et Dukas ou Rachmaninoff et Saint-Saëns. Chambriste recherché, il a également participé à des concerts-lectures avec le comédien Didier Sandre.

DIMANCHE 19 OCTOBRE

Académie de France à Rome – Villa Médicis

17.15 : Présentation du programme du concert par Alexandre Dratwicki (en italien), Salon de Musique

18.00 : Concert, Grand Salon

LA MODERNITÉ À L’OMBRE DES CONFLITS Durée du concert : 60 minutes (sans pause)

Gabriel FAURÉ Impromptu, 1904

Carlos SALZEDO Ballade, 1910

Marcel TOURNIER Vers la Source dans le bois, 1922

André CAPLET Divertissements : A la française et A l'espagnole, 1925

Henriette RENIÉ Légende, d'après les Elfes de Leconte de Lisle, 1904

Claude DEBUSSY Deux Préludes : Bruyères, 1913, et La fille aux cheveux de lin, 1910

Marcel GRANDJANY Rhapsodie, 1921

EMMANUEL CEYSSON, harpe

La harpe peut être regardée comme l’instrument romantique français par excellence. Quand Brahms, Verdi ou Schumann ne l’utilisent jamais (ou presque), Berlioz, Bizet, Gounod et Massenet en font un judicieux emploi dans les moments d’apothéose sentimentale. On ne s’étonnera donc pas que les facteurs d’instruments français revisitent la mécanique harpistique à toutes les époques de l’Histoire et permettent, par d’ingénieuses innovations qui font sonner plus magiquement encore les 47 cordes, d’élargir son répertoire. Au début du XXe siècle, les plus grands noms s’y intéressent : Debussy, Ravel, Fauré, Saint-Saëns, Schmitt, Caplet… La harpe apparaît également très tôt dans l’instrumentation des cantates soumises au concours du Prix de Rome, alors même qu’on encourage les élèves à l’économie des moyens dispensés. Le programme proposé ce soir par le talentueux soliste de l’Opéra de Paris, Emmanuel Ceysson, donne un juste aperçu du post-romantisme harpistique des années 1900-1930. Aux compositeurs ayant séjourné à la Villa Médicis, comme Debussy (1884) et Caplet (1901) – Tournier est second prix en 1909 – s’ajoutent la célèbre Henriette Renié, créatrice d’un grand nombre d’ouvrages difficiles, et les virtuoses Salzedo et Grandjany. Un récital haut en couleurs, dans une acoustique idéale pour cet instrument fondé sur le principe de résonnance des sons.

EMMANUEL CEYSSON Emmanuel Ceysson bouscule avec force et virtuosité les clichés auxquels est associé son instrument. Habité par un enthousiasme communicatif et une énergie sans limites , il révèle sous ses doigts une harpe étincelante dont la poésie rivalise avec le tempérament. Il est invité par le Wigmore Hall, la salle Gaveau, le Carnegie Hall, le Wiener KonzertHaus, ou encore le Berliner Philharmonie, où il se produit en récital, en concerto ou en musique de chambre. En 2006, il intègre l’Orchestre de l’Opéra National de Paris en tant que Première Harpe. Son investissement pour son instrument lui vaut les honneurs des plus hautes distinctions, parmi lesquelles le Premier Prix du Concours de l’ARD à Munich en Septembre 2009 et le Prix d’Encouragement pour son début de carrière par l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France (Fondation Simone Del Duca). « Visiting Professor» à la Royal Academy of Music de Londres de 2005 à 2009, il donne régulièrement des masterclass en France et, lors de ses tournées, à l’étranger.

MERCREDI 29 OCTOBRE

Académie de France à Rome – Villa Médicis, Grand Salon

20.30 : Concert, Grand Salon

RAMEAU, UNE GALERIE DE PORTRAITS Durée du concert : 65 minutes (sans pause)

Jean-Philippe RAMEAU Troisième concert : La Lapoplinière, La Timide, Tambourin 1 et 2, 1741 Aquilon et Orithie, cantate pour basse, violon et basse continue, 1719, édité à Paris 1730

Antoine FORQUERAY La Rameau, pièce pour clavecin, 1747

Jean-Philippe RAMEAU Quatrième concert : La Pantomime, L’Indiscrète, La Rameau, 1741 Thétis, cantate pour basse, violon et basse continue, cantate manuscrite datant de 1715- 1720

LES FOLIES FRANÇOISES, direction artistique PATRICK COHËN-AKENINE ARNAUD RICHARD, baryton basse PATRICK COHËN-AKENINE, violon CHRISTINE PLUBEAU, viole de gambe BÉATRICE MARTIN, clavecin

Béatrice Martin jouera un clavecin à double clavier style Blanchet 1730, de Bruce Kennedy 2011, prêt de la Piccola Accademia di Montisi.

Chantre de la démesure sur la scène de l’Académie royale de musique, Rameau est aussi le maître du raffinement vocal et instrumental, ce dont témoigne tout particulièrement sa musique de chambre. Le genre de la cantate, qui naît au début du XVIIIe siècle tandis que le règne de Louis XIV touche à sa fin, est caractéristique du renouveau stylistique français de cette période. Tentant de réconcilier la tradition française héritée de Lambert, Lully ou Lalande avec la modernité importée d’Italie – celle de Corelli ou Scarlatti – un style mixte voit le jour, pompeusement baptisé « Les Goûts réunis ». Couperin, Marais, Rebel, mais aussi Clérambault ou Montéclair s’illustrent alors, et donnent à leur musique un dramatisme, une

vivacité rythmique et une audace harmonique jusqu’alors inconnus en France. C’est l’époque des débuts de Rameau qui signe ses premières cantates françaises entre 1715 et 1720. Celles pour basse dressent avec éloquence et emphase des portraits de figures antiques célèbres, Aquilon, Orithie et la déesse des mers Thétis. Airs tendres, tempête, déploration, préludes aux ambitions symphoniques en font de véritables petits opéras. Moins dramatiques et toutes de subtilités, les Pièces de clavecin en concert furent éditées plus tardivement, en 1741. Elles se présentent également comme une suite de portraits musicaux en miniatures, dont l’esthétique est à rapprocher de l’art pictural de Watteau et de Boucher. Le clavecin y est traité en soliste et participe brillamment au discours : si les cantates peuvent être regardées comme des opéras de salon, les Pièces de clavecin en concert font figure de véritables concertos miniatures.

LES FOLIES FRANÇOISES Créées en 2000, dirigées par le violoniste Patrick Cohën-Akenine, Les Folies françoises se donnent pour mission de revisiter le répertoire baroque des XVIIe et XVIIIe siècles. Les Folies françoises tiennent à exprimer toute la palette de couleurs et de sentiments qui caractérisait la sensibilité musicale de l’époque. La formation se produit en France sur toutes les grandes scènes, ainsi qu’à l’étranger et dans les grands festivals : l’ensemble donne en 2014 à la Cité de la musique Apollo und Hyacinthus de Mozart, production lyrique mise en scène par Natalie van Paryset se produira avec le contre-ténor Philippe Jaroussky dans un oratorio de Scarlatti en 2016. Les enregistrements de l’ensemble sont régulièrement salués par la critique. En 2010 le disque des quatre concertos pour clavecin avec Béatrice Martin remporte un Diapason d’Or. En 2014 leur dernier enregistrement Rameau chez Madame de Pompadour parait chez NoMadMusic à l’occasion de l’année des célébrations du 250e anniversaire de la mort du compositeur. L’ensemble travaille au quotidien à la sensibilisation du public au travers de rencontres, d’ateliers et de stages.

JEUDI 30 OCTOBRE

Accademia Filarmonica Romana

20.30 : concert, Sala Casella

FOCUS RAMEAU : LE TRIOMPHE DU CLAVECIN Durée du concert : 60 minutes

Jean-Philippe RAMEAU Intégrale des Nouvelles Suites de Pièces de Clavecin, 1728

BLANDINE RANNOU, clavecin

avec la participation de Barbara Nestola du Centre de musique baroque de Versailles

C’est au XVIIe siècle que le clavecin devient, avec la viole de gambe et le luth, l’instrument roi des salons parisiens. L’École de clavecin française, réputée dans l’Europe entière, naît alors et s’incarne dans les premiers recueils de Chambonnières et Louis Couperin. Dans la lignée de D’Anglebert et François Couperin, les plus grands maîtres du règne de Louis XIV, Rameau signe une demi-douzaine de suites de pièces pour clavecin qui comptent parmi les chefs-d’œuvre du genre. Publiées en trois livres (1706, 1724 et 1728), ces suites font évoluer le style français à pas de géant. L’originalité des idées musicales, la modernité du traitement digital et les audaces harmoniques et rythmiques font tout particulièrement des Nouvelles

Suites de 1728 un sommet de la musique de clavier, à l’égal des partitions contemporaines de Jean-Sébastien Bach, mais dans un style totalement français. La virtuosité s’y déploie avec élégance à la fois par une ornementation chargée, mais aussi sous des formes plus modernes comme les croisements de main, les grands intervalles (octaves, septièmes et sixtes) et les traits continus particulièrement véloces. Des pièces à titre comme « Les Sauvages » ou « La Poule » sont devenus, avec le temps, les pages les plus célèbres du compositeur.

BLANDINE RANNOU Après avoir obtenu des premiers prix de clavecin, basse continue et musique de chambre au (CNSMDP), Blandine Rannou poursuit ses études auprès de Bob van Asperen. Première lauréate en 1992 du prestigieux Concours International de Clavecin de Bruges, elle mène une carrière de soliste instrumentale et celle de continuiste dans de nombreux ensembles baroques. Elle est notamment la continuiste d'Il Seminario Musicale de Gérard Lesne, et a aussi travaillé avec le Concert Spirituel d'Hervé Niquet. Elle se produit dans les plus grands festivals, en France et à l’étranger. Elle enregistre en exclusivité pour le label Zig-Zag Territoires. Ses enregistrements consacrés entres autres à Rameau, Couperin, Bach sont unanimement salués par la critique. Passionnée de pédagogie, elle enseigne aux Conservatoires de Paris et Versailles, et est en outre très régulièrement invitée à donner des Master-Class en France et à l'étranger. En 2012, elle crée La Belle Aventure, ensemble instrumental avec lequel elle explore la musique française du XVIIe siècle.

MASTERCLASS

Académie de France à Rome – Villa Médicis

DU LUNDI 20 au JEUDI 23 OCTOBRE De 10.00 à 13.00 / 16.00-19.00

Avec PIERRE HANTAÏ et SKIP SEMPÉ

Masterclass de clavecin organisée par la Piccola Accademia di Montisi, en coproduction avec l’Académie de France à Rome – Villa Médicis et Cappricio Stravagante.

Seront utilisés pour les cours : - un clavecin à double clavier style Couchet 1650, de Bruce Kennedy 2008, mis à disposition par la Piccola Accademia di Montisi ; - un clavecin à double clavier style Blanchet 1730, de Bruce Kennedy 2011, mis à disposition par la Piccola Accademia di Montisi ; - un clavecin à double clavier style Mietke, de Bruce Kennedy, mis à disposition la Piccola Accademia di Montisi.

Répertoire : programme ouvert, avec un focus sur le répertoire 1650-1750.

ATELIERS-CONCERTS SCOLAIRES

Académie de France à Rome – Villa Médicis

Autunno in Musica va à la rencontre des plus jeunes grâce à des ateliers-concerts.

LUNDI 27 OCTOBRE 14.30-15.30 : atelier-concert autour de la musique baroque animé par les Folies françoises (en italien).

INFORMATIONS

Pour les concerts des 16, 17, 18, 19 et 29 octobre et les ateliers pédagogiques du 27 octobre

Académie de France à Rome – Villa Médicis Concerts : 18 euros (plein) – 10 euros (réduit)

Prévente sur BoxOffice Lazio (www.boxofficelazio.it) et à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis aux horaires d’ouverture de la billetterie (de mardi à dimanche, 11.00-18.30) à partir du 6 octobre. Les soirs de concerts, la billetterie ouvre à 19.30.

Présentation des concerts : entrée libre

Ateliers-concerts scolaires : sur réservation dans la limite des places disponibles: [email protected] / T. [+39] 06 67 61 243

Académie de France à Rome – Villa Médicis Viale Trinità dei Monti, 1 – 00187 Roma T. [+39] 06 67 61 311 www.villamedici.it

Pour le concert du 30 octobre

Accademia Filarmonica Romana Tarif : 10 euros (tarif unique)

Prevente sur Vivaticket (www.vivaticket.it)

Accademia Filarmonica Romana Via Flaminia, 118 00196 Roma T. [+39] 06 32 01 752 www.filarmonicaromana.org

En coproduction avec :

Grace au soutien de :

En collaboration avec :

Référente pour les activités musicales : Anouck AVISSE

Rédaction des textes du programme : Anouck AVISSE Alexandre DRATWICKI Benoit DRATWICKI

Prochains rendez-vous : Mars 2015 : Festival Controtempo Juin 2015 : Festival Villa Aperta