Le Grand Paris À L'échelle Du Département De La Seine 1870
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Une brève histoire de l'aménagement de Paris et sa région Le Grand Paris à l’échelle du département de la Seine Le Grand Paris à l’échelle du département de la Seine 1870 – 1914 Développement de la banlieue Les réformes législatives et La loi du 14 avril 1871 fixe les nouvelles dispositions concernant Paris : l’assemblée parisienne est les institutions composée de 80 membres élus par scrutin individuel à la majorité absolue à raison de 4 par arrondissement. Après le départ de Haussmann, l’abrogation du régime Il est également prévu un maire et 3 adjoints par d’exception qui privait Paris de liberté communale arrondissement choisis par le chef du pouvoir exécutif est réclamée dès le mois de février 1870 par les de la République. républicains. Jules Ferry, Gambetta et Arago déposent Les communes à l’exception de Paris sont soumises un projet de loi sur l’organisation municipale de Paris. au régime général de la loi du 4 avril 1884 sur En mars 1871, Paris, encore soumis au siège de ses l’organisation municipale dont les principales fortifications par les troupes prussiennes, se soulève dispositions sont : contre la décision de la nouvelle assemblée - l’élection au suffrage universel du conseil municipal parlementaire, élue un mois plus tôt, de la désarmer. désigné pour une durée de 4 ans et renouvelable Pendant 70 jours, jusqu’au 20 mai 1871, la Commune intégralement (en 1929, la durée du mandat municipal de Paris, où sont représentées toutes les tendances est portée à 6 ans) politiques républicaines et socialistes, administre la - l’élection du maire par le conseil municipal, ce qui ville. Son action législative est considérable, même si fait du maire le premier représentant de la commune la plupart des mesures prises sont abolies à sa chute. - la tutelle du préfet, à la fois sur le maire et sur les actes de la commune. Après l’épisode de la Commune, le Gouvernement estime qu’il est trop tôt pour réformer et seuls les Démographie de la région parisienne conseils municipaux des communes des arrondissements de Saint-Denis et de Sceaux sont La population de la banlieue augmente régulièrement : replacés sous le régime électif (loi du 17 juillet 1870). 607 381 habitants en 1886, 688 969 en 1891, 796 378 La Commune fait progresser l’idée de doter Paris en 1896, 885 762 en 1901, 1 182 379 en 19112 . d’un maire et d’un conseil municipal élu (propositions L’essentiel de cette explosion démographique est du de loi de Clémenceau de mars 1871 puis de 1875 aux communes limitrophes de Paris. alors qu’il occupait la présidence du conseil municipal) La première phase de peuplement de la banlieue entre mais suscite aussi la méfiance du Gouvernement à 1870 et 1880 concerne une population contrainte de l’égard de cette ville révolutionnaire : « le parlement quitter Paris car les loyers y sont beaucoup plus élevés de l’époque demeurait hanté par le souvenir de et la vie plus chère que de l’autre côté des la Commune et la crainte de l’autonomie fortifications (Paris est toujours soumis aux taxes de fédéraliste qui avait triomphé pendant cette l’octroi et le sera jusqu’en 1943)3. période »1. 1 Préfecture de la Seine, Préfecture de Police d’après Maurice FELIX, Le régime administratif et financier de la ville de Paris et du département de la Seine, Histoire des administrations parisiennes, Evolution de l’agglomération parisienne – 1957, la Documentation française, tome 1 p .145 (documentation DREIF 5093.1). 2 BRUNET, Jean-Paul, Immigration, vie politique et populisme en banlieue parisienne (fin XIXe – XXe siècles), éd. l’Harmattan, 1995. 3 CLAUSTRE, Pierre-François, L’octroi de Paris (1798 – 1943), Bilan historiographique et perspectives de recherche, revue Recherches contemporaines, n° 6, 2000-2001. 27 DREIF, Claude COTTOUR, septembre 2008 Une brève histoire de l'aménagement de Paris et sa région Le Grand Paris à l’échelle du département de la Seine Cette installation de population modeste concerne ouvrier est aussi localisé près des établissements pratiquement toutes les communes limitrophes de la industriels dans le secteur des Moulineaux, tandis que capitale. le centre de la commune et les coteaux reçoivent Ce mouvement vers la banlieue se double de celui de une population plus aisée. De nombreux ateliers ou classes sociales parisiennes plus aisées : employés, granges sont transformés en chambres. Des étages petite ou grande bourgeoisie qui ont fait ce choix supplémentaires sont rajoutés aux maisons existantes. volontairement. Les résidences de villégiature d’été «Ainsi apparaît la banlieue grise, basse, se transforment en résidences principales. Des embouteillée. C’est un ensemble hétéroclite de nouveaux quartiers destinés à la bourgeoisie sont bâtis maisons et d’immeubles jetés çà et là, en îlots sur les coteaux face à Paris ou aux fleuves (Saint- bizarres »8. Cloud, Meudon, Clamart à l’ouest ; Vincennes, Saint- Mandé, Nogent-sur-Marne, Le Perreux à l’est ; Au delà des communes limitrophes de Paris de la Epinay-sur-Seine, Enghien, Montmorency au nord... première couronne, des petits lotissements appelé En terme d’importance de population, cette aussi parfois « villas » se développent « la Scala implantation n’est pas négligeable4. villa » et le « Moulin de Bellevue » à Sarcelles, « la Villa Daguerre » à Bry-sur-Marne, « le Village Cette première période de peuplement de la banlieue parisien » de Champigny-sur-Marne, « la Villa par une population parisienne est rapidement suivie, montmartroise » de Villiers-sur-Marne, la « Villa des à partir des années 1880, par l’arrivée de provinciaux Gravilliers » à Athis-Mons 9... tout au long du XXe siècle (au recensement de 1891, 55,6% des banlieusards sont nés en province, en 1911, Au début du XXe siècle un vaste brassage des ils étaient 51,1%)5. populations s’opère entre les natifs de province, de Paris et de banlieue. La population se répartit suivant Saint-Denis, qui est déjà la commune la plus peuplée une géographie complexe dans laquelle il est de banlieue avec près de 32 000 habitants en 1872, impossible de distinguer un habitat spécifique à telle connaît une augmentation de 3% par an jusqu’en ou telle catégorie. Les grandes tendances du 1896, avec des pointes de plus de 6% entre 1876 et déséquilibre sociologique de Paris entre un nord-est 1881 dues à un fort flux migratoire. Ce ne sont plus défavorisé et un ouest aisé, amorcées dès le premier les populations de l’Est (Alsace, Lorraine, Allemagne Empire se prolongent en banlieue. ou Suisse) attirées par l’industrie textile qui arrivent mais une immigration venue du sud et de l’ouest de En 1901, Paris compte 2,7 millions d’habitants et la France (en particulier de l’arrondissement de l’ensemble de la région parisienne 4,7 millions. Guingamp en Bretagne)6 et de l’étranger (Italie)7. L’urbanisation qui s’est développée dans les Ce nouveau flux migratoire est augmenté par un taux communes limitrophes de Paris recouvrant de natalité élevé principalement chez les familles pratiquement tout leur territoire s’étend maintenant bretonnes et italiennes. dans une seconde couronne, le long des vallées Cette population jeune occupe les emplois les moins desservies par le chemin de fer (bords de Marne, Le qualifiés (manœuvres, terrassiers…) dans les Raincy, Neuilly-sur-Marne, Neuilly-Plaisance, bords nombreuses usines ou chantiers. Les derniers arrivés de la Seine au sud-est, vallée de Chevreuse, Versailles, doivent s’installer dans les quartiers les plus pauvres Le Pecq, Le Vésinet, Saint-Germain-en-Laye, vallée à proximité immédiate des nouvelles usines. de Montmorency...) Autre exemple, à Issy-les-Moulineaux, l’habitat 4 FARCY, Jean-Claude, Banlieues 1891 : les enseignements d’un recensement exemplaire, in les premiers banlieusards in FAURE Alain (sous la direction de), Ed. Créaphis, 1991, p.46 et suiv. 5 FARCY, Jean Claude, L’immigration provinciale en banlieue au début du XXe siècle in Immigration, vie politique et populisme en banlieue parisienne (fin XIXe – XXe siècles) éd. l’Harmattan, 1995. 6 FARCY, op.cit. 4. 7 BLANC-CHALEARD, Marie-Claude, Les italiens en banlieues Est : âges migratoires et type d’intégration in Immigration, vie politique et populisme en banlieue parisienne (fin XIXe – XXe siècles), éd. l’Harmattan, 1995. 8 BECCHIA, Alain, Issy-les-Moulineaux, Histoire d’une commune suburbaine de Paris, c.a., 1977 et Issy-les-Moulineaux dans la seconde moitié du XIXe siècle, maîtrise Université Paris IV-Centre d’Histoire du XIXe siècle, 1974, Bibliothèque municipale d’Issy- les-Moulineaux. 9 CUEILLE, Sophie, Les stratégies des investisseurs : des bords de ville aux bords de mer in revue Inventaire du Ministère de la Culture, 2004. 28 DREIF, Claude COTTOUR, septembre 2008 Une brève histoire de l'aménagement de Paris et sa région Le Grand Paris à l’échelle du département de la Seine urbanisation de la région parisienne en 1900 (source SDAU 1965) Développement des municipalités - Cachan en 1922 (division d’Arcueil - Cachan) - Villeneuve-la-Garenne en 1929 (division de de banlieue Gennevilliers). Les limites communales fluctuent également comme Le nombre de communes suburbaines du département par exemple celles de Montrouge qui annexe en 1875 de la Seine a varié suivant les époques : de 80 en quelques hectares du territoire de Châtillon et 1859, il est ramené à 69 après l’expansion de Paris Bagneux... qui en a supprimé 11. Devant l’urbanisation galopante, certaines communes de banlieue doivent faire face à Dans les années 1880, les communes du département des mouvements séparatistes d’habitants passés de la Seine hors Paris sont encore très mal équipées brutalement de modestes hameaux au stade de petites en services publics communaux ou d’Etat. Il y a peu villes et réclamant plus d’autonomie et d’équipements.