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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES MENTION SCIENCE DU TOURISME PARCOURS MONDIALISATION ET TOURISME DURABLE

MEMOIRE EN VUE DE L‟OBTENTION DU MASTER EN SCIENCE DU TOURISME

MISE EN VALEUR DES COMMUNAUTES DE BASE PAR L’ECOTOURISME DANS LES NOUVELLES AIRES PROTEGEES

CAS DE LA NOUVELLE AIRE PROTEGEE BEMANEVIKA, REGION SOFIA

Présenté par : RAMIANDRASOA Antsa Mirana Yannick Dirigé par : Professeur RABEARIMANANA Lucile

Date de soutenance : 22 Mars 2016

REMERCIEMENTS

Nous ne saurions commencer le présent ouvrage sans adresser notre profonde gratitude aux membres du corps enseignant et aux nombreux intervenants de la Mention Science du Tourisme, parcours Mondialisation et Tourisme Durable, au sein de la Faculté de Lettres et Sciences Humaines de l‟Université d‟Antananarivo, sous la direction du Professeur RATSIVALAKA Simone, pour les cours dispensés et les connaissances théoriques qui nous aient été prodiguées.

Nous sommes aussi redevables envers : - Le Professeur RABEARIMANANA Lucile pour nous avoir encadrée et dirigée durant la réalisation de ce travail ; - L‟organisme The Peregrine Fund – Project, représenté par le Professeur RENE de ROLAND Lily Arison et toute son équipe, pour nous avoir montrée les aspects pratiques de notre étude, d‟une part, et pour nous avoir soutenu techniquement et financièrement, d‟autre part.

Nous tenons également à remercier : - Les représentants étatiques, les opérateurs touristiques et les décideurs économiques de la région Sofia, notamment ceux d‟ et de pour leur coopération ; - Les associations locales et les communautés de base de notre lieu d‟étude pour leur assistance et collaboration.

Nos vifs remerciements vont à l‟endroit de nos parents, de nos amis et de tous ceux qui ont contribués, de près ou de loin, à la réalisation et à l‟accomplissement de ce mémoire.

UN GRAND MERCI A TOUS !

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RESUME

L‟écotourisme se présente comme un outil de préservation de l‟environnement et de développement socio-économique des communautés vivant aux confins des nouvelles aires protégées. Ces dernières en sont le terrain de jeu et sont également portées sur les mêmes objectifs. L‟étude de ces deux concepts met l‟accent sur la valorisation des communautés de base qui passe pour une garantie de ces visées. Trois théories spécifiques permettent de démontrer cela. Le systémisme oriente sur la place de la population locale dans l‟exploitation écotouristique en mettant l‟accent sur les relations d‟interdépendance des éléments majeurs dans le système écotourisme. L‟approche participative souligne l‟importance d‟impliquer les villageois dans ce projet pour que s‟y développe un sentiment d‟appartenance. Enfin, la théorie du développement local met en exergue les impacts socio-économiques de l‟écotourisme dans une zone afin que la population en perçoive l‟utilité. Leur application dans la nouvelle aire protégée Bemanevika souligne qu‟il s‟avère impératif de tenir compte de la participation des communautés de base dans la conception, la mise en œuvre et le suivi des activités écotouristiques, d‟une part, et de l‟amélioration de leur cadre et de leur niveau de vie, d‟autre part. Ils cesseront d‟exploiter irrationnellement les ressources naturelles pour leur subsistance s‟ils trouvent d‟autres sources de revenus favorisant leur bien-être. Ce qui fait que l‟écotourisme conduit à la préservation de la nature et au développement local dans un souci de durabilité : vivable sur le plan environnemental, viable sur le plan économique et équitable sur le plan social.

Mots clés : Ecotourisme ; Nouvelle aire protégée ; Madagascar ; Région Sofia ; Population locale ; Préservation de l‟environnement ; Développement local.

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FINTINA

Ny zahavoary mikajy ny tontolo iainana dia singa iray oentina miaro ny tontolo iainana sy mampandroso ny fiharian-karenan‟ny mponina mivelona manodidina ny ala arovana anatanterahana azy. Ireo faritra ireo dia manana izany tanjona izany koa. Ny fandinihana miompana amin‟ireo sampana roa ireo dia manome lanja indrindra ny mponina, izay miantoka ny fahatrarana ireo tanjona ireo. Lalan-tsaina telo samihafa no atolotra anaovana izany fikarohana izany. Ny lalan-tsaina systemika dia miompana betsaka amin‟ny fifandraisana misy eo amin‟ireo sela lehibe mandrafitra ity endrim-pizahantany ity. Ny lalan- tsaina momba ny fandraisana andraikitra dia manoritra ny maha zava-dehibe ny firotsahan‟ny mponina an-tsehatra amin‟ny fampiroborobona ity sehatr‟asa ity. Farany, ny lalan-tsaina mikasika ny fampandrosoana ifotony dia mampiseho ny fiantraikan‟ny zahavoary mikajy ny tontolo iainana eo amin‟ny andavanandrom-mpiainan‟ny olona. Ny fampiharana ireo lalan- tsaina ireo amin‟ny ala arovana Bemanevika dia afahana manaporofo fa tokony ampidirina amin‟ny famolavolana, fanatanterahana ary fanaraha-maso ny tetikasa rehetra mikasika ny fampivelarana io fizahantany io ny fokonolona, esty ankilany, ary tokony hatsaraina ny faripiainany sy ny manodidina azy, esty andaniny. Raha manana fidiram-bola sy antom- pivelomana hafa mantsy izy ireo dia tsy mitrandraka tsy ampiheverana intsony ny zavaboary. Noho izany, ny zahavoary mikajy ny tontolo iainana dia mitarika ho amin‟ny fiarovana ny natiora sy ho amin‟ny fandrosoana ifotony mba hampanjariana ny fampandrosoana maharitra.

Teny toro: Zahavoary mikajy ny tontolo iainana; Ala arovana vaovao; Madagasikara; Faritra Sofia; Mponina; Fiarovana ny tontolo iainana; Fampandrosoana ifotony.

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ABSTRACT

Ecotourism is a tool for the preservation of the environment and the promotion of social and economic developments of the people who live in the new protected areas. These are where ecotourism takes place, and both have the same goal. The study of these two notions emphasizes that highlighting local communities leads to these objectives. Three theories show this. The systemism presents the relation between all of the elements that compose the ecotourism. The participative approach sets out the importance of implicating local communities in ecotourism projects. Finally, the theory of local development exposes the social and economic impacts of ecotourism. Applying those theories to Bemanevika new protected area demonstrates that local communities should be implicated in the elaboration, the practice and the evaluation of ecotourism projects, on the one hand, and that their environment and their lives should be improved, on the other hand. They stop exploiting natural resources if they have other ways of earning moneys. So that ecotourism leads to environmental conservation and local development which assure sustainable development.

Keywords: Ecotourism; New protected area; Madagascar; Region of Sofia; Local communities; Environmental conservation; Local development.

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SOMMAIRE

Page Remerciements 1 Résumé 2 Fintina 3 Abstract 4 Sommaire 5 Glossaire 7 Liste des abréviations 8

INTRODUCTION 9 PARTIE 1 : Contextualisation et approche méthodologique 12 Chapitre 1 : Repères conceptuels 13 1. Notion d‟écotourisme 13 2. Mention de nouvelles aires protégées 21

Chapitre 2 : Méthodologie de recherche 28 1. Méthodes d‟approche et outils d‟analyse 28 2. Démarche méthodologique 36

PARTIE 2 : ECOTOURISME DANS LA NOUVELLE AIRE PROTEGEE BEMANEVIKA 42 Chapitre 3 : Présentation de la zone d’étude 43 1. Description du site 43 2. Ressources 49

Chapitre 4 : Développement de l’écotourisme dans la NAP Bemanevika 56 1. Etat des lieux de l‟écotourisme local 56 2. Orientation de l‟écotourisme dans la NAP 60

PARTIE 3 : RESULTATS DE LA RECHERCHE 65 Chapitre 5 : Aspects de la mise en valeur des communautés de base 66 1. Implication de la population locale 66 2. Développement local 70

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Chapitre 6 : Recommandations et perspectives 73 1. Suggestions 73 2. Perspectives de recherche 74

CONCLUSION 76

Bibliographie 78 Annexes 83 Liste des illustrations 94 Table des matières 95

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GLOSSAIRE

- Betsimisaraka : littéralement « les nombreux inséparables ». Ethnie malgache vivant dans l‟Est et le Nord-Est de l‟île. - Chef fokontany : représentant de l‟Etat dans les fokontany. C‟est lui qui préside ces villages. - Fady : interdictions traditionnelles ou religieuses. Ce sont les tabous reliés à un endroit, un évènement, un monument, …, à caractère sacré et dont le respect est impératif pour éviter des malédictions. - Fokontany : subdivision administrative de la commune. Il comprend plusieurs hameaux ou villages. - Moraingy : art martial qui accompagne les fêtes et cérémonies dans maintes régions de Madagascar. Le but du jeu consiste à projeter son adversaire au sol sans lui porter de coup, mais en une seule brève série de prises dont le secret se transmet de père en fils. - Olobe : littéralement « grande personne », personne d‟importance dans une communauté malgache. Ce sont souvent les décideurs réels d‟un village, sans l‟accord de qui rien ne se fait. - Ray aman-dreny : « parent » au sens propre, désigne les vieux du village, et par conséquent les sages. - Sakalava : littéralement « longue vallée ». Ethnie malgache vivant dans l‟Ouest de l‟île. - Tromba : phénomène de possession visant à invoquer l‟esprit d‟un ancêtre dans le corps d‟une personne afin de lui demander avis et conseils. Ce terme désigne à la fois l‟état de possession, le rituel d‟invocation, l‟esprit invoqué et le sujet qu‟il habite. - Tsimihety : littéralement « ne se coupe pas les cheveux ». Ethnie vivant dans le Nord Ouest de Madagascar. - Birdwatching : en français : ornithologie. Activité touristique qui consiste à découvrir les oiseaux, principaux attraits. - Empowerment : processus social de reconnaissance, de promotion et d'habilitation des personnes dans leur capacité à satisfaire leurs besoins, à régler leurs problèmes et à mobiliser les ressources nécessaires de façon à se sentir en contrôle de leur propre vie.

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LISTE DES ABREVIATIONS

AFD : Agence Française de Développement BM : Banque Mondiale CSB I : Centre de Santé de Base de niveau I CSB II : Centre de Santé de Base de niveau II DSRP : Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté FAO : Food and Agriculture Organization FBM : Fikambanan‟ny Bemanevika Miray FIMAKA : Fikambanana Miaro ny Ala-Ketsan‟Amberivery FMI : Fond Monétaire International GCF : Gestion Contractualisée des Forêts GELOSE : Gestion Locale Sécurisée ha : Hectare Km : Kilomètre NAP : Nouvelle Aire Protégée OMT : Organisation Mondiale du Tourisme ONG : Organisation Non Gouvernemental PAE : Plan d‟Action Environnemental PAG : Plan d‟Aménagement et de Gestion PAP : Population Affectée par le Projet PN : Parc National PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PNUE : Programme des Nations Unies pour l‟environnement RNI : Réserve Naturelle Intégrale RS : Réserve Spéciale SCDB : Secrétariat de la Convention Sur la Diversité Biologique TIES : The International Ecotourism Society TPF : The Peregrine Fund UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization VOI : Vondron‟Olona Ifotony ZT : Zone Tampon ZOC : Zone d‟Occupation Contrôlée ZUC : Zone d‟Utilisation Contrôlée

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INTRODUCTION

Sur l‟ensemble de la planète, les multiples services rendus par la nature à l‟humanité sont reconnus localement et globalement, surtout dans les pays en voie développement où les conditions de vie en dépendent grandement. Une destruction de l‟environnement en découle, affectant par conséquent la vie socio-économique locale et mondiale. Selon l‟AFD1 (2014), la perte globale de la biodiversité affecte directement la vie de 2,4 milliards d‟humains vivant avec moins de 2$ par jour. Le renforcement et la création d‟aires protégées pour la préservation des milieux naturels sont avancés pour pallier à ce problème. L‟importance de la contribution des aires protégées au développement durable, aux services écologiques, aux moyens d‟existence et à l‟éradication de la pauvreté a été soulignée lors du Ve Congrès Mondial sur les Parcs à Durban en septembre 2003 (SCDB, 2003)2, d‟où la création des nouvelles aires protégées. Longtemps exclues de ces zones, les communautés de base sont maintenant prises en compte à travers une gestion respectueuse des locaux, visant à ce que les bénéfices et les coûts de la conservation soient répartis équitablement (Martinez et Triplet, 2009)3. Mises en place pour maintenir la biodiversité, les nouvelles aires protégées font face au dilemme entre la protection de la nature et le progrès humain. Leur utilisation pour des activités lucratives mais inoffensives, telle l‟écotourisme, est alors une priorité (Rovinski, 2003)4. Face aux nombreux problèmes environnementaux et socio-économiques qui sévissent ces dernières années, l‟écotourisme est vu comme une sorte d‟alternative alliant conservation de la nature, développement social et essor économique (Gagnon, 2006)5. A partir de 2002, année internationale de l‟écotourisme, et notamment depuis le Sommet mondial de l‟écotourisme de Québec, le développement de ce secteur ne cesse de prendre de l‟ampleur. Au niveau mondial, l‟industrie du tourisme intègre de plus en plus les principes de

1 AFD, 2014, Les aires protégées au service du développement durable, Agence Française de développement, Paris, France, Planet, 8 p. 2 Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, 2003, État et tendances des aires protégés et menaces pour les aires protégées, UNEP, CBD, SBSTTA 9/5/Rev.1 3 MARTINEZ Carole, TRIPLET Patrick, 2009, « Définir les aires protégées », dans TRIPLET Patrick (ed), 2009, Manuel de gestion des aires protégées d’Afrique francophone, Awely, Paris, p. 2-17 4 ROVINSKI Yanina, 2003, « L‟écotourisme dans les réserves et les parcs privés du Costa Rica, dans WHELAN Tensie (sous dir), L’écotourisme : Gérer l’environnement, Washington DC, Island Press, Paris, Nouveaux Horizons, p. 37-54 5 GAGNON Christine et GAGNON Serge (Sous dir), 2006, L’écotourisme entre l’arbre et l’écorce : De la conservation au développement viable des territoires, Canada, Presses de l‟Université du Québec, 444 p.

9 l‟écotourisme dans sa politique et ses pratiques (TIES, 2006) 6 . Plusieurs institutions financières comme le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) s‟orientent vers la promotion écotouristique. Sous leur impulsion, les pays en développement, surtout en Afrique, embrassent l‟écotourisme dans un contexte de développement durable : valorisation économique des ressources pour une réduction de la pauvreté et usage durable des écosystèmes (Lapeyre et al., 2007)7. A Madagascar, le gouvernement l‟intègre dans les politiques nationales pour le redressement du pays et l‟adopte dans divers programmes, particulièrement le Plan d‟actions environnementales (PAE) et les Documents stratégiques pour la réduction de la pauvreté (DSRP). Ces plans soulignent, entre autres, que les richesses naturelles sont des facteurs de développement et que la préservation de la biodiversité ainsi que son utilisation durable sont primordiales (Chaboud et al., 2003)8. Ainsi, l‟écotourisme cherche à protéger les ressources naturelles tout en favorisant l‟essor socio-économique des zones d‟accueil. Mais est-ce que ces objectifs de préservation de la nature et de développement local de l‟écotourisme reflètent la valorisation des communautés de base, objet d‟attention des nouvelles aires protégées (NAP)? Face à cela, l‟hypothèse est avancée, selon laquelle la prise en considération de la population locale, aussi bien dans l‟efféctivité du projet que dans ses impacts, est la garantie de la réussite de l‟écotourisme dans la NAP. En effet, un écotourisme réussi repose sur l‟implication de la population locale dans les activités écotouristiques et suppose la promotion des riverains. Nous voulons, par cela, démontrer que l‟écotourisme est un dispositif de valorisation des communautés de base dans un souci de développement local s‟intégrant dans le développement durable. C‟est ce que nous allons essayer de répondre par le biais de cette recherche, illustrée par les réalités écotouristiques dans la nouvelle aire protégée Bemanevika. Cette dernière figure parmi les sites nouvellement crées à Madagascar après que le pays se soit engagé à tripler la superficie de ses aires protégées suite aux déclarations émises à Durban en 2003. Elle se trouve dans la partie nord-ouest de l‟Ile et cherche à garantir la représentativité de la

6 The International Ecotourism Society (TIES), 2006, TIES Global ecotourism factsheet, Washington DC, USA, Canopy Development, 6 p. 7 LAPEYRE Renaud, ANDRIANAMBININA Djohary, REQUIER-DESJARDINS Denis, MÉRAL Philippe, 2007, L'écotourisme est-il un mode durable de valorisation des ressources naturelles ? Une comparaison Namibie-Madagascar, dans Afrique contemporaine, n° 222, p. 83-110 8 CHABOUD Christian, MERAL Philippe, ANDRIANAMBININA Djohary, 2003, « L’écotourisme comme nouveau mode de valorisation de l’environnement : diversité et stratégies des acteurs à Madagascar », Papier présenté au XIXèmes journées du développement organisées par l‟Association Tiers-monde et le Gemdev, juin 2003, Paris le 02-03-04 juin, 27 p.

10 biodiversité unique de la région, à soutenir la conservation du patrimoine culturel local et à favoriser l‟utilisation durable des ressources naturelles. L‟écotourisme est défini par ses gestionnaires comme l‟outil favorable à l‟atteinte de ces objectifs, voire à la pérennisation de la NAP. Ce site est approprié à notre recherche étant donné que ses responsables veulent découvrir justement les corrélations entre l‟écotourisme et la population locale, afin de mieux orienter les axes du développement écotouristique de la NAP Bemanevika. Le présent mémoire se divise en trois parties. La première partie porte sur la contextualisation du sujet et la méthodologie de recherche. Elle met en exergue dans un premier chapitre les concepts d‟écotourisme et de nouvelles aires protégées, et dans un second chapitre les différentes approches qui nous ont permis de collecter et d‟analyser les données. La deuxième partie montre les aspects de l‟écotourisme dans la nouvelle aire protégée Bemanevika. Elle présente la zone d‟étude avant de souligner le développement de l‟écotourisme local. La dernière partie est consacrée à l‟analyse des données, ainsi qu‟à quelques recommandations et perspectives. D‟abord, elle développe les formes de la mise en valeur des communautés de base à travers l‟écotourisme dans la NAP. Ensuite, elle avance quelques suggestions pour rendre plus effectif le développement de l‟écotourisme et de la population, avec une perspective de recherche plus approfondie.

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PARTIE 1 : CONTEXTUALISATION ET APPROCHE METHODOLOGIQUE

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L‟écotourisme est un défi pour maintenir la croissance économique tout en préservant les ressources et le milieu naturel qui rendent cette croissance possible. Le concept suppose que l‟on préserve l‟intégrité écologique à l‟intention des générations futures et que l‟on répond aux besoins des populations de façon équitable. La volonté de concilier croissance économique, lutte contre la pauvreté et protection de la biodiversité en fait une stratégie de développement de plus en plus recommandée (Sarrasin et Ramahatra, 2006) 9. Les aires protégées sont désignées comme le lieu idéal pour le mettre en pratique. D‟une part, l‟écotourisme dépend de la diversité biologique, et d‟autre part il apporte des financements aux zones protégées. De leur côté, les aires protégées sont des espaces faisant l‟objet de différents statuts, allant de la protection très stricte à la gestion durable des ressources naturelles. La conservation de la nature est leur objectif principal. L‟écotourisme comme les aires protégées intègrent les communautés de base dans leur stratégie de conservation et de développement. Mais dans quel intérêt ? Un regard sur ces concepts nous aiderait à répondre à cette question, d‟autant plus que la population locale constitue l‟objet principal de notre recherche. Quelle est, par conséquent, la méthodologie adaptée pour la mettre en exergue ? C‟est ce que nous allons développer dans cette première partie à travers des éclairages sur les notions d‟écotourisme et de nouvelles aires protégées, en premier lieu, et des structures méthodologiques, en second lieu.

Chapitre 1 : Repères conceptuels 1. Notion d’écotourisme « Ecotourisme ». C‟est un terme très utilisé dans le milieu touristique de par le monde. Un regard sur les principes de base de ce concept nous aiderait dans la compréhension de la présente recherche.

1.1. Introduction au concept d‟écotourisme La notion d‟écotourisme se développe dans la foulée du mouvement environnemental qui a pris forme au début des années 1970. Elle est née de l‟intérêt grandissant du public pour l‟environnement et les voyages orientés vers le plein air, de la croissante insatisfaction envers le tourisme de masse et de la compréhension et l‟acceptation des principes de conservation et de durabilité.

9 SARRASIN Bruno, RAMAHATRA Haja, 2006, « Biodiversité et logique du développement « par » et « pour » l‟écotourisme à Madagascar », dans Alternatives Sud, Expansion du tourisme : gagnants et perdants, Paris, France, Ed. Syllepse, Louvain-la-Neuve, Belgique, Centre Tricontinental, 236 p.

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Si, à l‟origine, le terme évoque la recherche de proximité avec la nature par les touristes, il est de plus en plus associé aux principes du développement durable. La définition du mot « écotourisme » s‟est affermie avec le temps. - En 1983, Ceballos Lascurain, cité dans Jonathan Tardif (2003), l‟écologiste mexicain ayant donné la première définition de l‟écotourisme le conçoit comme « un voyage calme et non contaminateur des espaces dont l‟objectif est d‟étudier et de contempler les paysages, les animaux et les plantes sauvages, ainsi que les manifestations culturelles (actuelles ou passées) que l‟on peut trouver dans ces espaces » 10. - En 1990, le plus grand réseau mondial de l‟écotourisme, The International Ecotourism Society, le définit comme « un voyage responsable dans des environnements naturels où les ressources et le bien-être des populations sont préservés »11. - En 1999, une définition plus ample et plus approfondie est avancée par le professeur Martha Honey comme quoi l‟écotourisme est « un voyage dans des aires fragiles et primitives, généralement protégées, cherchant un impact minimal et (en général) à petite échelle. Il aide à éduquer le voyageur, il fournit des fonds pour la préservation de l‟environnement, il bénéficie directement au développement économique et à la souveraineté des communautés locales, et enfin il stimule le respect des différentes cultures ainsi que des droits humains »12. - En 2008, l‟Organisation Mondiale du Tourisme a déclaré par le biais de son secrétaire général de l‟époque, Mr Francesco Frangialli, que « l‟écotourisme se veut d‟être une réponse durable à l‟inquiétante montée d‟un tourisme de masse insuffisamment conscient des menaces qu‟il fait peser sur l‟environnement »13. - A Madagascar, selon le projet de loi n°028/2008 du 29 Octobre 2008 portant refonte du Code de Gestion des aires protégées14, l‟écotourisme est « un tourisme responsable et durable basé sur la conservation du patrimoine naturel et socioculturel, soucieux d‟assurer la pérennité des écosystèmes en respectant l‟environnement et les populations tout en assurant une redistribution équitable des retombées économiques ».

10 TARDIF Jonathan, 2003, « Écotourisme et développement durable », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Volume 4 Numéro 1 | mai 2003, p.2 11 Op cit TIES, 2006, p.2 12 Ibid TARDIF Jonathan, 2003, p.3 13 Wikipédia 14 République de Madagascar, 2008, Code de gestion des aires protégées, Présidence de la République, p.2

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Ainsi, l‟écotourisme est une forme de tourisme qui respecte une éthique dont les composantes sont le respect de l‟écologie prônant la protection de la nature et les retombées directes aux populations locales leur permettant de contribuer à leur bien-être. Il est caractérisé par divers principes qui permettent de l‟orienter vers un « modèle de développement » (Goodwin, 2002)15 répondant à la volonté affichée de joindre croissance économique, lutte contre la pauvreté et protection des ressources naturelles. Ils consistent à - Organiser des visites pour des groupes restreints afin de minimiser les impacts et maximiser l‟expérience ; - Valoriser et interpréter le patrimoine naturel et culturel afin de protéger la biodiversité et de sensibiliser aux enjeux de la conservation ; - Produire des revenus directs pour couvrir les frais de fonctionnement des aires protégées et aider à la conservation du site ; - Faire participer et impliquer les différents acteurs dans la planification, le développement, la gestion et le suivi des activités écotouristiques pour favoriser le développement économique et socioculturel des populations d‟accueil ; - Générer des fonds pour appuyer des projets communautaires et collectifs, ainsi que pour des initiatives et des programmes de conservation. Dans cette optique, l‟écotourisme est un outil pour mettre en œuvre le développement durable qui se base sur la volonté d‟intégrer une réflexion sur trois composantes – économique, sociale et environnementale – dans toute activité humaine, afin de garantir aux générations futures les mêmes chances qu‟à celles qui les ont précédées (Sarrasin, 2007)16. Trois dimensions constituent, alors, l‟essence même du concept d‟écotourisme (Tardif, 2003)17 : - Un tourisme axé sur la nature : la destination est généralement un milieu naturel non pollué dont les attraits sont la biodiversité, la faune et la flore. L‟environnement naturel est intimement lié à l‟écotourisme et trois principaux éléments y sont associés : l‟expérience, le style et le lieu. - Une composante éducative : l‟accent est mis sur l‟interprétation du patrimoine naturel et culturel, ainsi que la sensibilisation aux enjeux de la conservation à travers une médiation

15 GOODWIN Harold, 2002, « Le tourisme au service des pauvres: une nouvelle approche pour la lutte contre la pauvreté », présenté dans le cadre du séminaire de l‟OMT sur Le tourisme: catalyseur de développement durable en Afrique, Nigéria, 16 SARRASIN Bruno, 2007, Quelques dimensions politiques de l’écotourisme : l’attractivité de la nature n’est pas « naturelle », Etudes caribéennes, 17 Op cit TARDIF Jonathan, 2003

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à l‟environnement. Bien que tout tourisme axé sur la nature implique un certain degré d‟apprentissage, ce sont l‟éducation et l‟interprétation qui servent d‟éléments clés et de caractéristiques à l‟écotourisme. - Un besoin de durabilité : l‟activité doit être vue comme une tension dynamique et évolutive dans le temps de par son apport à l‟économie locale et son support à la conservation. Considérant que le tourisme est la plus importante industrie au niveau international, son potentiel à contribuer au développement durable est substantiel (Hunter, 1997)18. A partir de ces éléments, l‟objectif principal de l‟écotourisme est, ainsi, de découvrir ou faire découvrir la nature, des paysages ou des espaces particuliers, tout en respectant les écosystèmes, voire en contribuant à les restaurer. Et quels sont ses effets ?

1.2. Impacts de l‟écotourisme Avec la croissance rapide de l‟écotourisme au niveau international, ses impacts sont de plus en plus considérés. Il peut, effectivement, en avoir aussi bien de positifs que de négatifs, sur le plan environnemental, social et économique de la zone exploitée. Sur le plan environnemental, l‟écotourisme représente une des rares formes de développement touristique qui peut favoriser la protection des zones naturelles grâce aux programmes de conservation qu‟il suscite et qu‟il peut financer (OMT et PNUE, 2002)19. Entre autres, l‟écotourisme stimule la protection de l‟environnement de façon tant formelle qu‟informelle, encourage la restauration et la conservation des habitats modifiés, permet la participation active des acteurs à la mise en valeur des ressources et favorise un engagement accru envers un environnement sain. Ces avantages peuvent se manifester à travers les droits d‟admission ou d‟usage des voyageurs, les concessions au secteur privé, les donations et les éducations environnementales. Cependant, il est responsable de la dégradation du milieu naturel, du moins en partie (Lequin, 2001)20. Il peut, par exemple, modifier l‟écosystème et l‟habitat naturel, contribuer au développement de l‟érosion, être source de pollution du sol, de l‟air, de l‟eau, et endommager la qualité du paysage. Bien que ces effets soient plus ou moins

18 HUNTER Colin, 1997, “Sustainable Tourism as an Adaptative Paradigm”, in Annals of Tourism Research , vol. 24, no 4, p. 850-867 19 Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) et Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), 2002, Sommet Mondial de l'Écotourisme, rapport final, Madrid, Spain, World Tourism Organization, 150 p. 20 LEQUIN Marie, 2001, Écotourisme et gouvernance participative, Ste-Foy, Québec, Presse de l'Université du Québec, 234 p.

16 les mêmes que pour toute autre exploitation touristique, ils sont plus inquiétants pour l‟écotourisme étant donné que celui-ci est très dépendant de la qualité de l‟environnement (Page et Dowling, 2002)21. Sur le plan économique, l‟écotourisme dispose d„un fort potentiel pour améliorer les mécanismes des activités de production, de distribution, d‟échange et de consommation locaux (Tardif, 2003)22. Parmi les bénéfices écotouristique, la création d‟emploi pour les communautés locales ainsi que la génération de revenus financiers profitant aux localités à travers des redistributions directes ou sous forme de projets locaux sont souvent mentionnées et servent généralement d‟indicateur de base. Le développement de l‟écotourisme est, non seulement, source de complément monétaire stable et indispensable en vue de la subsistance des foyers, mais aussi un moyen d‟appuyer le commerce local, d‟exhorter les autres secteurs d‟activités et de stimuler l‟économie périphérique. Dans tout projet écotouristique, les retombées économiques peuvent, alors, avoir une importance particulière pour les populations locales. Toutefois, les impacts économiques de l‟écotourisme ne sont pas toujours substantiels. Les fuites de revenus sont monnaie courante dans les projets de développement écotouristique (OMT et PNUE, 2002)23. L‟essentiel étant que la contribution de l‟écotourisme à l‟économie locale ne dépend pas uniquement de l‟argent qui entre dans la région mais aussi et surtout de la part de cet argent qui va demeurer sur place (Page et Dowling, 2002). Par ailleurs, l‟écotourisme favorise l‟abandon des activités du secteur primaire au profit de celles du secteur tertiaire, source d‟argent plus facile et plus rapide, provoque une modification de la disponibilité des biens et services locaux sous l‟effet de la demande touristiques, et entraine une inflation par suite de confrontation avec le standard de vie des visiteurs. Sur le plan socioculturel, les impacts de l‟écotourisme sont souvent plus difficiles à identifier et à quantifier que ceux des deux autres domaines. Selon Fox (1977)24, les impacts sociaux et culturels du tourisme sont les façons par lesquelles le tourisme contribue aux changements dans les systèmes de valeurs, les comportements individuels, les relations familiales, les modes de vie collectifs, le niveau de sécurité, la conduite morale, les expressions créatives, les cérémonies traditionnelles et l‟organisation des communautés. Par

21 PAGE Stephen, DOWLING Ross, 2002, Ecotourism, Harlow, Essex, UK, New York, Prentice Hall, 338 p. 22 Op cit TARDIF Jonathan, 2003 23 Op cit Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) et Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), 2002 24 FOX, 1977, “The Social Impact of Tourism: A Challenge to Researchers and Planners”, dans FINNEY et WATSON (eds), A New Kind of Sugar: Tourism in the Pacific, Honolulu, East-West Technology and Development Institute, East-West Center, p. 27-48

17 conséquent, des attitudes ou actions en apparence banales pourront avoir des répercussions imprévues sur la structure sociale ou les traditions des communautés locales (UNESCO, 1976)25. Comme les visites aux communautés traditionnelles et autochtones forment souvent l‟attraction principale d‟un voyage au cœur d‟une aire naturelle, la possibilité d‟apprendre directement d‟une culture traditionnelle est de plus en plus appréciée par les voyageurs et la participation de la communauté ajoute une valeur considérable à un programme d‟écotourisme. Bien que la commercialisation de rites et sites traditionnels constitue un instrument de revivification ou de revalorisation de pratiques culturelles parfois oubliées, elle perturbe l‟intégrité sociale et culturelle de la région. Les rites sont modifiés en fonction de la demande touristique, faussant ainsi leurs significations. Des effets positifs indirects touchant le domaine social peuvent aussi découler du développement de l‟écotourisme, entre autres l‟accès de la population aux infrastructures de base, le désenclavement de la zone et l‟ouverture au monde extérieur. Mais, il présente des revers tels que le dérangement de l‟organisation sociale existante et le changement du comportement moral des natifs entrainant nombreux fléaux touristiques à savoir la mendicité, la criminalité, le vol et le tourisme sexuel. En somme, l‟écotourisme est un segment du marché touristique qui promeut le tourisme durable et s‟oriente vers le développement local. Notons que, selon l‟OMT, le tourisme durable désigne une gestion de toutes les ressources de telle manière que les nécessités économiques, sociales et esthétiques soient rencontrées dans le respect de l‟intégrité culturelle et environnementale des territoires récepteurs, de leur diversité biologique et du cadre de vie. Il faut aussi prendre en considération ses effets pervers.

1.3. De l‟écotourisme au développement local L‟écotourisme est un secteur d‟activités qui régit multiples parties prenantes. Citons les acteurs directs, d‟un côté, et ceux de soutien, de l‟autre côté. On entend par acteurs directs les intervenants qui sont touchés de près par le développement de l‟écotourisme. Ils constituent les personnes clés dans les prises de décisions pour l‟exploitation de l‟activité, à savoir les gestionnaires des aires protégées, les communautés locales, les opérateurs touristiques, les fonctionnaires gouvernementaux et les responsables des organisations non gouvernementales. Outre ceux qui œuvrent directement pour le développement des activités écotouristiques, il existe aussi ceux qui le soutiennent comme les opérateurs de

25 UNESCO, 1976, « The Effects of Tourism on Socio-cultural Values », dans Annals of Tourism Research, novembre/décembre, p. 74-105

18 développement regroupant tous les bailleurs de fonds dans tous les domaines, les touristes, ainsi que les chercheurs. Si les acteurs conçoivent l‟écotourisme comme un outil de valorisation économique de l‟environnement naturel, les uns y voient une forme vertueuse de la gestion collective et décentralisée, et les autres y distinguent le maintien d‟une forme privilégiée de la valeur intrinsèque et de la conservation in situ de la biodiversité (Chaboud et al., 2003) 26 . L‟écotourisme constitue, ainsi, une valeur consensuelle pour l‟ensemble de ces acteurs. A la clé de son succès se trouve la formation de partenariats solides pour que les multiples objectifs de la préservation et du développement équitable puissent être atteints (Drumm et Moore, 2003)27. Ceci peut s‟avérer difficile étant donné la quantité d‟acteurs impliqués et la diversité de leurs besoins, mais la création de relations entre eux est essentielle. Leur interaction efficace produira un écotourisme efficient, d‟autant plus que, d‟une part, les acteurs locaux connaissent mal les exigences et attentes du tourisme international, et d‟autre part, que les acteurs nationaux et internationaux ne connaissent pas les atouts et contraintes de la région. La canalisation des nécessités et intérêts divergents des acteurs à travers une mise en relation de leurs multiples objectifs mène à la réussite du projet. C‟est ce que démontre la figure suivante.

26 Op cit CHABOUD Christian, MERAL Philippe, ANDRIANAMBININA Djohary, 2003 27 DRUMM Andy, MOORE Alan, 2002, Développement de l’écotourisme – Un manuel pour les professionnels de la conservation, vol.1, Arlington, Virginie, Etats-Unis, The Nature Conservancy, 95 p.

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Figure 1: Participants au processus de planification de l‟écotourisme28

Personnel de l’aire Personnes issues protégée de la communauté

PROCESSUS Les spécialistes/ DE Les opérateurs Scientifiques PLANIFICA- touristiques TION

Organisations non Agences gouvernementales gouvernementales

Engagement et TRES BONS soutien RESULTATS !

Par ailleurs, le développement de l‟écotourisme s‟inscrit dans un projet de territoire, donc de développement local (Rapac, 2009)29. Du fait que la réalisation et la mise en œuvre d‟un projet de territoire s‟appuient sur des principes de démocratie participative, il est de rigueur d‟associer différents partenaires, les collectivités et citoyens à l‟élaboration du projet d‟écotourisme répondant au mieux aux besoins des populations. Ceci implique que l‟affirmation de la population ne passe plus exclusivement par une représentation démocratique, mais aussi par une réelle participation. Des principes de gouvernance locale fondée sur la participation des acteurs locaux sont requis. D‟autant plus que l‟écotourisme, dans les pays du sud confrontés aux défis du développement durable, est considéré comme un moyen privilégié de concilier les nécessités du développement local, de la réduction de la pauvreté et de la conservation des écosystèmes, et de la biodiversité (DesGranges, 2002)30. Il encourage les acteurs locaux à modifier leurs activités dans le sens de la durabilité, à adopter

28 Op cit, DRUMM Andy, MOORE Alan, 2002, p.23 29 Réseau des Aires Protégées d‟Afrique Centrale (RAPAC), 2009, Ecotourisme et tourisme communautaire pour les aires protégées d’Afrique Centrale, Libreville – Gabon, RAPAC, 108 p. 30 DESGRANGES Jean-Luc, 2002, Ecotourisme, biodiversité et développement durable : l’importance d’un plan de conservation multi-échelles, politique et planification de l’écotourisme, Déclaration faite au Sommet mondial de l‟écotourisme, Ville de Québec, 19-22 mai, 11 p.

20 ou à produire de nouvelles institutions, à privilégier les objectifs à long terme sur les urgences immédiates. L‟action collective locale, telles qu‟elle se manifeste dans les associations, semble l‟un des moyens indispensables pour influer sur les représentations, les attitudes et les comportements. Si l‟Etat et les bailleurs de fonds espèrent une croissance rapide de l‟écotourisme, il faudra veiller au respect de cette condition de l‟appropriation locale des enjeux, des contraintes et des bénéfices de cette activité. Dans ce sens, le développement local par l‟écotourisme s‟exprime à travers la gouvernance participative et l‟empowerment des communautés de base (Lequin, 2001)31. L‟habilitation des populations locales à prendre part aux projets d‟écotourisme doivent s‟illustrer pendant leurs phases de préparation et d‟exécution La participation à la phase préparatoire suppose de cerner les problèmes pouvant existés, de formuler différentes possibilités, de planifier les activités et de donner une affectation aux ressources. Au niveau de la réalisation, elle peut prendre une forme active comme veiller à la bonne marche du programme. Quant au partage des bénéfices, il implique que les communautés locales retireront des avantages économiques, sociaux, politiques, culturels et autres au projet, soit individuellement, soit collectivement. Somme toute, l‟écotourisme est une activité bénéfique sur tous les plans : environnemental, social et économique, avec des impacts significatifs. Dans son effectivité, le développement écotouristique requiert le concours de nombreuses parties prenantes, afin de garantir un développement local sous-tendant des dispositions de durabilité. L‟écotourisme apparaît, ainsi, comme une solution permettant d‟atteindre des objectifs de justice sociale et environnementale, et ce, sur la base de la participation des communautés locales. Et qu‟en est-il des nouvelles aires protégées ?

2. Mention de nouvelles aires protégées « Aire protégée ». « Nouvelle aire protégée ». Ce sont des termes en l‟occurrence similaires mais qui présentent des caractéristiques différentes. Quelques lumières sur ces concepts nous aideraient à cerner notre objet de recherche.

2.1. Généralités sur les aires protégées D‟après l‟Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), une aire protégée est « un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d‟assurer à long terme la conservation de la nature

31 Op cit, LEQUIN Marie, 2001

21 ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés » (Dudley, 2008) 32 . A Madagascar, c‟est « un territoire délimité, terrestre, marin, côtier, aquatique dont les composantes présentent une valeur particulière notamment biologique, naturelle, esthétique, morphologique, historique, archéologique, cultuelle ou culturelle, et qui nécessite, dans l‟intérêt général, une préservation multiforme » (République de Madagascar, 2008). Dans ce sens, les objectifs fondamentaux des aires protégées sont la protection et le maintien de la biodiversité, des ressources naturelles, des paysages et des valeurs culturelles rattachées. Trois éléments sont pris en compte pour justifier leur création, à savoir les espèces (menacées, endémiques, significatives, indicatrices), ainsi que les habitats et les écosystèmes (uniques, intacts, menacés, indispensables pour la survie, sacrés, de grande beauté). Cependant, toutes les activités de préservation de la nature ne peuvent pas être développées sur toutes les aires protégées. L‟UICN (2009b)33 en a, de ce fait, défini six grandes catégories permettant de les classer en fonction de leur cible de conservation, de leur approche de gestion et de leur type de gouvernance. Des objectifs spécifiques sont attribués pour chaque catégorie d‟aire protégée, leurs différences sont mentionnées en annexe (cf annexe 1). - Catégorie I : Préserver les biotopes, écosystèmes, le regroupement d‟espèces endémiques menacées dans un vaste espace sauvage en tenant compte de l‟aire nécessaire pour la viabilité des espèces et dans des conditions aussi peu perturbées possibles (par exemple : réserve naturelle intégrale) ; - Catégorie II : Protéger des régions naturelles et des paysages d‟importance nationale et internationale à des fins spirituelles, scientifiques, éducatives, récréatives et/ou touristiques tout en tenant compte des besoins des populations riveraines, y compris l‟utilisation des ressources à des fins de subsistance (par exemple : parc national) ; - Catégorie III : Préserver la biodiversité associée avec des valeurs culturelles, dernier vestige de forêt naturelle, sites sacrées, sites archéologiques (valeurs scientifiques), historiques, esthétiques (par exemple : monument naturel) ; - Catégorie IV : Garantir et maintenir les conditions d‟habitat nécessaires à la préservation d‟espèces, de groupe d‟espèces, de communautés biologiques ou

32 DUDLEY Nigel (ed), 2008, Lignes directrices pour l’application des catégories de gestion aux aires protégées, Gland, Suisse : UICN, p.10 33 UICN, 2009b, Categories System for Protected Areas Task Force, WCPA, Union internationale pour la conservation de la nature

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d‟éléments physiques importants du milieu naturel, lorsqu‟une intervention humaine s‟impose pour optimiser la gestion (par exemple : réserve spéciale) ; - Catégorie V : Maintenir l‟interaction harmonieuse de la nature et de la culture, en protégeant le paysage terrestre et/ou marin et en garantissant le maintien des formes traditionnelles d‟occupation naturelle et de construction, ainsi que l‟expression des faits socioculturels (par exemple : paysage terrestre ou marin protégé) ; - Catégorie VI : Assurer la protection et le maintien à long terme de la diversité biologique et des autres valeurs naturelles du site (par exemple : aire protégée de ressources naturelles gérées). Ces catégories fournissent en quelque sorte un langage commun et universel afin d‟appréhender l‟ensemble des aires protégées dans le monde au-delà de leurs différentes dénominations. Elles fournissent un cadre de référence pour la collecte, la manipulation et la diffusion des données sur les aires protégées au niveau international, et facilitent ainsi les analyses, les évaluations globales et régionales et les comparaisons entre pays. Pour appuyer les activités de conservation en vue d‟atteindre ces objectifs, un système de zonage est mis en place au sein des aires protégées (Dudley, 2008)34, constitué par le noyau dur et la zone tampon. Le noyau dur est une zone sanctuaire constituée en périmètre de préservation intégrale. Toute activité, toute entrée et toute circulation y est restreinte et réglementée. Quant à la zone tampon, c‟est un espace dans lequel les activités sont réglementées pour assurer une meilleure protection du noyau dur et garantir la vocation de chaque composante. Peuvent en faire partie les zones d‟occupation contrôlée qui désignent une zone habitée par des populations, située à l‟intérieur de l'aire protégée existant antérieurement à sa création ; les zones d‟utilisation durable qui sont des espaces de valorisation économique où l‟utilisation des ressources et les activités de production sont contrôlées; et les zones de service qui sont destinées à l‟implantation d‟infrastructures touristiques, éducatives ou fonctionnelles. A l‟extérieur des aires protégées, il peut y avoir une zone de protection qui en est la zone adjacente dans laquelle les activités de production agricole, pastorale et de pêche ou d‟autres types d‟activités sont menées de manière à éviter d‟y provoquer des dommages irréparables ; et une zone périphérique qui est la zone contiguë à la zone de protection ou le cas échéant à la zone tampon, dans laquelle les activités humaines sont encore susceptibles de produire des effets directs sur l‟aire protégée et réciproquement.

34 Op cit, DUDLEY Nigel (ed), 2008

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Les aires protégées sont régies par les lois de chaque État, avec des appellations qui peuvent varier selon la législation nationale. Il appartient aux États de créer des réseaux nationaux d‟aires protégées et de fournir à celles-ci les moyens de mettre en œuvre une véritable politique de préservation. Selon les cas, la gestion peut être décentralisée ou confiée à des structures non étatiques, comme des ONG, des communautés locales ou le secteur privé.

2.2. Apparition des nouvelles aires protégées Les aires protégées sont les « pierres angulaires » des stratégies nationales et internationales de conservation (Marinez et Triplet, 2009)35. Dans ce sens, elles font l‟objet d‟un programme spécial au sein de la convention sur la diversité biologique. En effet, lors du Congrès Mondial sur les Parcs à Durban, Afrique du sud, en septembre 2003, les pays participants ont souligné l‟importance de la contribution des aires protégées au développement durable, aux services écologiques, aux moyens d‟existence et à l‟éradication de la pauvreté (UICN, 2003)36. Vis-à-vis de cela, l‟augmentation des surfaces des aires protégées de part le monde a été un engagement. Les nouvelles aires protégées sont, donc, les aires protégées créées à partir de ce congrès et auxquelles des évolutions sont établies en termes de gestion, de conservation et de maintien de la biodiversité. Certaines idées ou actions, auparavant considérées comme contraire à l‟idée de la conservation, sont désormais des points forts de celle-ci. Le tableau suivant présente les grandes lignes de cette évolution.

Tableau 1 : Conception récente des aires protégées Avant, les aires protégées Maintenant, elles sont : étaient : Objectifs - Des enclaves pour la - Etablies également pour des conservation établies raisons sociales et essentiellement pour protéger économiques, ou souvent une nature exceptionnelle pour des raisons scientifiques, économiques et culturelles, - Ou principalement pour des visiteurs et des touristes - Gérées en tenant compte des populations locales,

- Etablies pour la restauration des milieux et des espèces

35 MARTINEZ Carole, TRIPLET Patrick, 2009, « Définir les aires protégées », in TRIPLET Patrick (ed), 2009, Manuel de gestion des aires protégées d’Afrique francophone, Awely, Paris, p.3 36 UICN, 2003, The Durban Accord, Union internationale pour la conservation de la nature

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Gouvernance Gérées par les autorités Gérées par de nombreux gouvernementales partenaires et impliquant différentes structures locales

Rapports avec les - Mises en place et gérées Mises en place avec, pour et contre les populations locales dans certains cas populations locales par les populations - Gérées sans tenir compte des opinions locales

Contexte plus large - Développées séparément Gérées comme faisant partie de réseaux nationaux et - Gérées comme des îles internationaux Perception Vues comme le résultat d‟une Vues comme le résultat d‟une politique nationale demande locale, mais également internationale

Techniques de gestion Gérées selon une planification à Gérées à long terme et de court terme et de manière manière adaptative en prenant technocratique en compte la connaissance locale

Finances Dépendantes du budget de Utilisatrices de différentes l‟État sources de financement

Profil des Gérées par des scientifiques et Gérées par des représentants des par des experts dans différents différentes spécialités gestionnaires domaines de l‟environnement concernées et en tenant des savoir-faire locaux

Source : Secrétariat de la Convention sur la Diversité Biologique (SCBD)

En somme, les nouvelles aires protégées diffèrent des anciennes aires protégées notamment par la prise en compte des actifs socio-économiques, outre l‟environnement naturel, de leur zone d‟implantation. La population locale prend une importance notoire dans leur mise en place et leur gouvernance et leur gestion. C‟est ce qui va être développé plus explicitement dans la section suivante.

2.3. Démocratisation des nouvelles aires protégées Le premier parc national, celui de Yosemite en Californie, a été créé en 1864. Il a été suivi de près par celui de Yellowstone au Wyoming, en 1872. En ce temps, l‟idée était de protéger l‟environnement des dommages causés par la civilisation en gardant des parcelles naturelles pures où l‟homme pourrait combler un besoin émotionnel de vie sauvage. Comme

25 le souligne l‟Alliance mondiale pour la nature en 1969 (Mc Neely, 1994)37, une aire protégée était considérée comme « une zone assez vaste qui ne subit pas d‟altérations matérielles dues à l‟exploitation ou à l‟occupation humaine, et où la plus haute autorité compétente du pays a pris des mesures pour prévenir ou éliminer totalement l‟exploitation et l‟occupation humaine ». Pour ce faire, il fallait écarter l‟être humain, car la culture et la nature ne pouvaient en aucun cas cohabiter (Poirier et Ostergren, 2002)38. Celles-ci étaient gérées exclusivement par le gouvernement et les populations locales étaient souvent dépossédées de leurs terres et marginalisées (Colchester, 2003)39. Cependant, cette approche autoritaire a contribué à fomenter la révolte et à détruire la confiance que les populations avaient envers les autorités, réduisant d‟autant plus l‟efficacité des mesures de conservation (Robbins et al., 2006)40. Pour mettre en place des aires protégées, il a fallu délocaliser des populations, ce qui n‟a pas été sans heurts, ni sans altérer durablement les relations avec ces dernières. Cette politique a sans conteste engendré, à certains endroits, frustration voire hostilité. Les conséquences furent parfois catastrophiques : implosion sociale, surexploitation des ressources, désintérêt vis-à-vis de la conservation. Ces dernières décennies, donc, une prise de conscience a pris forme et un changement majeur a été observé dans la gestion des aires protégées. Kabiri (2004)41 le désigne comme la démocratisation de ces dernières, c‟est-à-dire le passage d‟une partie du pouvoir décisionnel des mains des gouvernements à celles des populations. Ceci a, d‟ailleurs, été appuyé par l‟intégration des nouvelles aires protégées dans une optique de développement durable prônant la participation des populations locales dans leur mise en place et leur gestion. D‟après Triplet et Vermeulen (2009)42, ce nouveau type de relation s‟apparente à la gestion participative qui implique que soit reconnue une légitimité aux communautés dans la gestion

37 MC NEELY Jeffrey, 1994, Des zones protégées pour le 21e siècle : Améliorer leur utilité pour la société, dans FAO, Organisation des Nations Unies pour l‟alimentation et l‟agriculture, Parcs et aires protégées, Rome, FAO, Unasylva n°176 38 POIRIER Robert, OSTERGREN David, 2002, Evicting people from nature: indigenous land rights and national parks in Australia, Russia and the United States, Natural Resources Journal 42(2), p 331-352. 39 COLCHESTER Marcus, 2003, Nature sauvage, nature sauvée? Peuples autochtones, aires protégées et conservation de la biodiversité, Forest peoples program et World Rainforest Movement, 131 p 40 ROBBINS Paul, MCSWEENEY Kendra, WAITE David, RICE , 2006, Even Conservation Rules Are Made to Be Broken: Implications for Biodiversity, in Environmental Management, vol. 37, N°2, p. 162-169. 41 KABIRI Ngeta, 2004, Liberalising environmental governance and the hazards of democratisation, Local Environment: The International Journal of Justice and Sustainability Volume 9, Issue 4, p. 383-397 42 Triplet Patrick, Vermeulen Cédric, 2009, Améliorer la participation des populations locales à la gestion des aires protégées, dans TRIPLET Patrick (ed), 2009, Manuel de gestion des aires protégées d’Afrique francophone, Awely, Paris, p 228 - 232.

26 du milieu naturel. Ce terme décrit une forme de partenariat par lequel toutes les parties prenantes intéressées s‟accordent pour partager les fonctions de gestion et les droits et responsabilités sur une portion de territoire ou une gamme de ressources. Smith (2008)43 mentionne que leur participation entraîne une prise de décisions plus adaptée, durable et acceptée que les décisions top down prises par des experts en conservation. En effet, les programmes de conservation et de gestion durable des espaces et des espèces ne peuvent avoir de succès que si les communautés locales y sont impliquées. Ceci limiterait considérablement les conflits des besoins de la conservation avec les autres besoins sociétaux, étant donné que les populations locales sont extrêmement concernées par les écosystèmes en question. Elles y sont d‟habitude liées pour des raisons culturelles (par exemple : en raison de leur valeur comme sites sacrés), et/ou parce qu‟ils sont à la base de leurs moyens de subsistance, et/ou parce que ce sont leurs territoires traditionnels de par le droit coutumier. La survie des nouvelles aires protégées est, par conséquent, intimement liée au respect de ces besoins des communautés locales (Nepal, 2002)44. La bonne gouvernance d‟une nouvelle aire protégée repose, donc, sur un système de gouvernance qui répond aux principes et valeurs librement choisis par les populations et le pays concernés et consacrés dans leur constitution, leurs lois sur les ressources naturelles, la législation et la politique en matière d‟aires protégées, et les pratiques culturelles et les lois coutumières. Ceci devrait refléter les principes reconnus au niveau international pour la bonne gouvernance.

Somme toute, l‟écotourisme est un outil pour mettre en œuvre le développement durable. C‟est un tourisme axé sur la nature dont la destination est généralement un milieu naturel pour y admirer la biodiversité, la faune et la flore. Les nouvelles aires protégées s‟avèrent en être les terrains idéaux. Ce sont des espaces de vie entièrement consacrés à la conservation et la préservation des ressources naturelles. Aussi bien pour l‟un que pour l‟autre, la population locale est importante pour leur effectivité. Le chapitre suivant va mettre en exergue la méthodologie adoptée pour voir la mise en valeur de ces communautés de base par l‟écotourisme dans les nouvelles aires protégées.

43 SMITH Julia, 2008, A critical appreciation of the bottom-up approach to sustainable water management embracing complexity rather than desirability, Local Environment: The International Journal of Justice and Sustainability, Volume 13, Issue 4, p. 353-366. 44 NEPAL Sanjay, 2002, Involving indigenous peoples in protected area management: comparative perspectives from Nepal, Thailand and China Environ Manage 30, p. 748–763.

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Chapitre 2 : Méthodologie de recherche Mettre en place une méthodologie permet de bien cerner le sujet et de canaliser toutes les actions à entreprendre afin de répondre pertinemment à la problématique de recherche.

3. Méthodes d’approche et outils d’analyse Notre mémoire se considère comme une recherche scientifique. Dans cette optique, avoir recours à quelques théories est judicieux pour rassembler, organiser et analyser les connaissances en vue d‟une plus grande efficacité de l‟action.

3.1. Méthode systémique Née aux Etats-Unis au début des années 50, la théorie systémique est issue de la fécondation de plusieurs disciplines afin de mieux comprendre et de mieux décrire la complexité organisée. D‟une part, elle dépasse et englobe l‟approche cybernétique de Wiener Norbert qui a pour but principal l‟étude des régulations chez les organismes vivants et les machines, et d‟autre part, elle se distingue de la théorie générale des systèmes de Karl Ludwig von Bertalanffy dont le but ultime consiste à décrire et à englober dans un formalisme mathématique l‟ensemble des systèmes rencontrés dans la nature. Néanmoins, elle s‟appuie sur la notion de système. D‟après De Rosnay (1975), « un système est un ensemble d‟éléments en interaction dynamique, organisés en fonction d‟un but »45. Cette définition est plus développée par Lugan (1993) qui le décrit comme « un ensemble d‟éléments identifiables, interdépendants, c‟est-à-dire liés entre eux par des relations telles que si l‟une d‟elles est modifiée, les autres le sont aussi et par conséquent tout l‟ensemble du système est modifié, transformé »46. Quatre concepts sont fondamentaux pour le comprendre, à savoir l‟interaction ou interrelation, la totalité ou la globalité, l‟organisation et la complexité. La théorie systémique repose, de ce fait, sur le principe selon lequel tout est système ou tout peut être conceptualisé suivant une logique de système. Elle est perçu par l‟ Association Française des Sciences des Systèmes Cybernétiques, Cognitifs et Techniques (AFSCET) comme « une discipline qui regroupe les démarches théoriques, pratiques et méthodologiques, relatives à l‟étude de ce qui est reconnu comme trop complexe pour pouvoir être abordé de façon réductionniste, et qui pose des problèmes de frontières, de relations internes et externes, de structures, de lois ou de

45 DE ROSNAY Joel, 1975, Le macroscope : Vers une vision globale, Paris, France, Editions du Seuil, p. 84 46 LUGAN Jean-Claude, 1993, La systémique sociale, Paris, PUF, p. 2

28 propriétés émergentes, caractérisant le système comme tel, ou des problèmes de mode d‟observation, de représentation, de modélisation ou de simulation d‟une totalité complexe ». Elle est une méthodologie permettant de rassembler et d‟organiser les connaissances en vue d‟une plus grande efficacité de l‟action. La systémique est la méthode scientifique qui l‟applique (Turchany, 2008)47. L‟ambition de la systémique est de penser la globalité, les interactions entre les éléments plutôt que les causalités, d‟appréhender la complexité des systèmes comme des ensembles dynamiques aux relations multiples et changeantes (Mattelart, 1995)48. Elle a pour but de considérer un système dans sa totalité, sa complexité et sa dynamique propre. Elle est particulièrement apte à éclairer et orienter l‟action des décideurs en offrant une méthode pour aborder et comprendre les phénomènes, ainsi qu‟un outil pour agir. Tout l‟intérêt de la démarche des connaissances se centre, donc, sur le fait que les phénomènes doivent être appréhendés en termes de relations entre les éléments faisant partie d‟un système. Dans ce sens, une étude ne portera pas sur un élément mais sur l‟importance de celui-ci dans son rapport aux autres avec lesquels il interagit, d‟autant que notre étude s‟apparente plus au systémisme fonctionnaliste. Ceci est orienté vers la fonction d‟un élément, c‟est-à-dire la contribution que ce dernier apporte à l‟organisation ou à l‟action de l‟ensemble dont il fait partie (Mucchielli, 2006)49. L‟approche systémique est, ainsi, une façon de concevoir le monde et de l‟étudier. Une méthode bien définie permet d‟y arriver. L‟analyse de systèmes et la création de modèles comptent au nombre des méthodologies les plus largement utilisées, au point qu‟ils en constituent l‟essentiel. - L‟analyse de systèmes consiste à définir les limites du système à étudier, à identifier les éléments importants et les types d‟interaction entre ces éléments, puis à déterminer les liaisons qui les intègrent en un tout organisé. Il s‟agit, ici, de définir le cadrage, c‟est-à-dire identifier le système dans un ensemble vaste d‟éléments toujours inter- reliés en fonction de ceux qui intéressent et non pas tous ceux qui existent. - La modélisation consiste à construire un modèle à partir des données de l‟analyse de systèmes. Elle se fait sous forme de schémas très généraux et Cardinal et Morin

47 TURCHANY Guy, 2008, La théorie des systèmes et systémiques. Vue d’ensemble et définitions, Agir ensemble pour éduquer au développement durable, 27 – 29 octobre 2008, Bordeaux, 95 p. 48 MATTELART Armant et Michèle, 1995, Histoire des théories de la communication, Paris, Editions La Découverte, 125 p. 49 MUCCHIELLI Alex, 2006, Etude des communications : Nouvelles approches, Paris, Armand Colin, 215 p.

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(2004) la définit comme « une action intentionnelle destinée à rendre plus intelligible un objet ou un phénomène complexe en le construisant par composition de concepts, de réseaux et de modèles de manière à alimenter le raisonnement de l‟acteur qui projette une action délibérée au sein de cette objet ou de ce phénomène »50. Pour ce faire, il faut observer et enquêter pour déterminer les éléments qui vont entrer dans le système à construire et à étudier. Une étude documentaire ou une pré-enquête auprès d‟experts pourra donner des informations-clés participant à la décision. Des interviews non directives et des reconstitutions d‟incidents orienteront sur les enjeux de la collaboration des éléments, ainsi que les influences, les attentes et les impacts des uns sur les autres. D‟après les concepts que nous avons développés dans le premier chapitre, aussi bien l‟écotourisme que les nouvelles aires protégées sont des systèmes où les communautés de base se trouvent être des éléments actifs. Intégrer la théorie systémique à notre recherche est justifié afin, notamment, de voir leur relation d‟interdépendance et d‟y déduire le rôle, la place et l‟importance de la population locale. Une autre méthodologie complémentaire à ce systémisme nous permet aussi d‟approcher la notion de population locale.

3.2. Approche participative Plusieurs facteurs tels que l'apparition d'une éthique écologique, le développement de l'activisme et de la prise de décisions par la base, un intérêt et un soutien accrus pour la concertation et les mécanismes de règlement extrajudiciaire des conflits, poussent un éventail toujours plus large d'intervenants à participer à la planification des collectivités (Crofton, 2001) 51 . D‟abord apanage des ONG, les approches dites participatives ont ensuite été répandues dans les agences d‟aide internationale avec la volonté affichée d‟impliquer de manière plus étroite les populations locales et bénéficiaires dans le diagnostic, l‟identification, la programmation et la mise en œuvre des actions à mener en faveur de leur développement ou de la gestion des ressources qui les entourent. Définie par la Banque mondiale comme « un processus par lequel les intéressés influencent les initiatives de développement et les décisions qui les touchent et en partagent le

50 CARDINAL P, MORIN A, 2004, « La recherche-action intégrale systémique », dans Questions vives : recherche action, recherche systémique, vol. 3, n° 2, p. 29 51 CROFTON Fiona, 2001, Outils pratiques pour la participation à la planification et au développement de collectivité durable, Rapport final, SCHL

30 contrôle» (Crofton, 200l)52, la participation est devenue l'approche d'intervention autour de laquelle semble se fonder un consensus en ce qui concerne la manière d'impliquer les populations aux différentes étapes de réalisation d'un projet. La participation des populations consiste, effectivement, à restituer à celles-ci un pouvoir d'initiative et de décision dans la définition et la mise en œuvre des actions et programmes qui concernent son propre avenir. Cela signifie que les intervenants extérieurs et les États reconnaissent les paysans, éleveurs, artisans et autres comme des acteurs du développement, des partenaires à part entière et non comme les cibles d'un projet extérieur ou les moyens de mettre en œuvre des décisions prises sans eux (Bonnal, 1995)53. Dans ce sens, la population locale fournit un apport et coopère avec les planificateurs et les promoteurs pour s'assurer que les résultats seront acceptables et utiles, d‟une part, et pour rendre la mise en œuvre plus efficace, d‟autre part. Enoncée dans le glossaire du développement durable (Brodhag, 2001) comme le « fait de prendre part » 54 , cette approche suppose divers procédés pour la population : la mobilisation au travail plus ou moins volontaire et enthousiaste, le fait d'être consulté avant un projet, de contribuer à une enquête sous forme d'entretien collectif au profit de l'équipe de projet, de bénéficier d'une action censée renforcer son propre pouvoir et d'être invité à une négociation pouvant peut-être déboucher sur des décisions en sa faveur (Lavigne-Delville et Mathieu, 2003)55. Il est, ainsi, primordial de renforcer les compétences et capacités locales, et non plus d‟imposer à la réalité du terrain les savoirs et techniques d‟étrangers qui ne prennent pas en compte la nature et la complexité du milieu dans lequel ils interviennent. D‟autant plus que l‟intérêt de réaliser l‟approche participative est de prendre en compte les idées des communautés de base qui ont des choses essentielles et pertinentes à apprendre aux élus et aux techniciens, étant donné qu‟elles sont porteuses d‟une expertise d‟usage, indispensable à la réussite du projet. Par ailleurs, la participation est la clé de voûte du développement humain (Leguenic, 2001)56. En effet, elle permet de renforcer les potentialités et les capacités locales, ainsi que l‟engagement des acteurs en faveur des objectifs fixés, d‟accroître leur sens des

52 Op cit, CROFTON Fiona, 2001, p. 5 53 BONNAL J, 1995, Participation et risques d'exclusion: réflexions à partir de quelques exemples sahéliens, série Participation populaire, n° 9, Rome, FAO 54 BRODHAG Christian, 2001, Glossaire du développement durable, Saint-Etienne, AGORA 21 55 LAVIGNE-DELVILLE P, MATHIEU M, 2003, « Le diagnostic participatif comme enjeu de pouvoir et comme processus social », dans Journée d'Étude IRAM, 2003, De la Participation à l'Empowennent, Paris, Institut de Recherches et d'Applications des Méthodes de développement. 56 LEGUENIC Morgane, 2001, L’approche participative fondements et principes théoriques - Application à l'action humanitaire, Groupe URD, 16p.

31 responsabilités, de jeter les bases d‟une acceptation sociale à long terme, d‟augmenter l‟autosuffisance, et enfin, d‟établir, dans le cas des projets de développement, des institutions plus solides et démocratiques par leurs relations de partenariat. En aidant les populations à lutter contre la fatalité, à mettre en œuvre tous les moyens nécessaires à la restauration et à la conservation de leur patrimoine naturel, et à développer leur capital de production, pour elles- mêmes et les générations futures, l‟approche participative est un enjeu fondamental dans le sens où elle contribue à une prise en charge active par les populations de leur propre avenir, et à plus long terme, à la promotion de l‟auto-développement. L‟approche participative s‟apparente, donc, à la volonté d‟accéder à un processus de transformation sociale du point de vue écologique et économique. C‟est sa forme se présentant sous l‟évaluation participative qui nous interpelle particulièrement. Celle-ci permet d‟opérer une analyse critique d‟une société ou d‟une communauté en soulevant toutes les questions qui peuvent émaner des différents partenaires. Cette démarche tient compte de la progression du changement de la population en matière de connaissances, d‟aptitudes, de compétences et de comportements. Trois aspects sont à considérer essentiellement : le degré et la qualité de la participation ; les coûts et les avantages de la participation pour les différents partenaires concernés ; l‟impact de la participation sur les résultats obtenus, la performance réalisée et la durabilité (Leguenic, 2001)57. Ajoutons aussi que l‟évaluation participative souscrit aux populations de faire leur propre évaluation des résultats, de la performance et de la durabilité du projet. Mais cette notion de participation varie selon les projets en fonction des sujets et des objets à prendre en compte (Jeanrenaud, 2002) 58 (cf annexe 1 59 ). C‟est un processus dynamique évoluant dans le temps selon les spécificités et les conditions locales. Les méthodes et outils à utiliser doivent, donc, être adaptés au contexte étudié, aux questions et thèmes à débattre en prenant compte du contexte, du temps nécessaire à sa mise en œuvre et des contraintes budgétaires. Il y en a toute une panoplie : - La consultation de banques de données, de différents documents des services sociaux, des ONG locales, du gouvernement, des rapports de missions antérieures apporte des renseignements qui serviront à identifier les différents groupes de partenaires.

57 Op cit LEGUENIC Morgane, 2001 58 JEANRENAUD Sally, 2002, Populations locales et organisations de conservation de la nature : Le léopard serait-il en train de muer ?, London, IIED, Brighton, IDS 59 Annexe 1 : Typologie de la participation locale

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- L‟observation directe permet d‟apprendre sur le mode de vie, les pratiques culturelles et religieuses des populations locales, les infrastructures, les conditions d‟adaptation et autres qui peuvent s‟avérer utiles. - Le focus groupe et le meeting public donnent un diagnostic établi en grande partie par la population, tenant donc compte de ses points de vue concernant ses expériences, ses espoirs, les difficultés qu‟ils rencontrent... - Les entretiens semi-directifs ou semi-structurés aident à comprendre la hiérarchisation de la population, la place occupée par chaque individu et la raison de cet ordre. Ils orientent aussi sur les représentations diverses qu‟ont chaque acteur du projet. Toutes ces méthodes permettent de répondre essentiellement à des questions qualitatives, et donc de comprendre des comportements et des motivations complexes. Ainsi, par l‟approche participative, il s‟agit de faire comprendre aux communautés de base qu‟elles ont les moyens, les capacités et les compétences d‟influer eux-mêmes sur leur avenir, avec le soutien d‟autres acteurs dont le rôle se résume à celui de catalyseur, et qui ne peuvent en aucun cas exercer quelque forme de domination que ce soit. Appliquer cette théorie à notre recherche est raisonnable du fait que nous nous intéressons particulièrement à la mise en valeur de la population locale. L‟analyse du développement est aussi une composante à notre intérêt.

3.3. Théorie du développement local Apparu dans les années 60, le développement local est défini par Xavier Greffe (1984) 60 comme « un processus de diversification et d‟enrichissement des activités économiques et sociales sur un territoire à partir de la mobilisation et de la coordination de ses ressources et de ses énergies. Il sera donc le produit des efforts de sa population, il mettra en cause l‟existence d‟un projet de développement intégrant ses composantes économiques, sociales et culturelles, il fera d‟un espace de contiguïté un espace de solidarité active ». Cette définition est renforcée par Paul Houée (1996)61 qui conçoit le développement local comme étant « une démarche globale de mise en mouvement et en synergie des acteurs locaux pour la mise en valeur des ressources humaines et matérielles d'un territoire donné, en relation négociée avec les centres de décision des ensembles économiques, sociaux et politiques dans

60 GREFFE Xavier, 1984, Territoires en France, Economica 61 HOUEE Paul, 1996, Les politiques de développement rural, 2ème édition, INRA/Economica.

33 lesquels ils s‟intègrent ». Il peut donc être lu comme un processus qui impulse, construit et conforte les dynamiques locales et autorise une amélioration substantielle du vivre ensemble et du bien-être de tous. Le groupe du développement local (2002)62 en a déterminé trois objectifs : il vise à améliorer le cadre de vie des personnes de la communauté pour qu'elles puissent profiter d'un environnement sain et agréable ; il s‟applique à rendre meilleur leur milieu de vie pour qu'elles puissent s'épanouir dans une communauté qui leur offre plusieurs occasions sociales et culturelles ; il cherche à augmenter leur niveau de vie afin que chacun dans la communauté puisse travailler et donc gagner un revenu pour pouvoir profiter des avantages de la communauté. Dans ce sens, le développement local suppose l‟amélioration du niveau, du cadre et du milieu de vie d‟une communauté donnée par une intégration harmonieuse des actions entre différents secteurs d‟activité. Il tend à augmenter le bien-être d‟une société en valorisant les ressources d‟un territoire par et pour les groupes qui occupent ce territoire. Il part d‟un principe simple qui implique que la mobilisation des potentialités locales peut orienter les dynamiques socio-économiques. Le développement local est, donc, un processus grâce auquel la communauté participe au façonnement de son propre environnement dans le but d'améliorer la qualité de vie de ses résidents. Cette démarche nécessite une intégration harmonieuse de différentes composantes (Pecqueur, 2002)63 qui tient lieu d‟indicateurs en matière d‟évaluation du développement local : - la dimension économique vise le déploiement d'un ensemble d'activités de production et de vente de biens et services ; - la dimension locale touche la mise en valeur des ressources locales d'un territoire donné, dans le cadre d'une démarche partenariale où s'engagent les principales composantes d'une communauté ; - la dimension sociale et politique visent la revitalisation économique et sociale d'un territoire en intervenant au niveau de l'emploi, du logement, de la formation, de la santé et des services sociaux ;

62 Groupe du développement local, 2002, Le développement local, Sommet de Montréal, Québec, 13p 63 PECQUEUR Bernard, 2002, Le développement territorial comme préambule à l'économie sociale, dans Économie sociale et développement local, Colloque franco-québécois, décembre, Les cahiers de l'économie sociale n°3, l'Harmattan, 173 p

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- la dimension communautaire suppute que la communauté est le centre d'intérêt de l'intervention. Suscité surtout par l‟amplification des phénomènes de disparités régionales, de pauvreté, de chômage, de désinvestissement, et de l‟épuisement des ressources naturelles (El Moujadidi, 2007)64, le concept du développement local sous-tend à intégrer une dimension écologique. Ainsi, il dépasse l‟idée de la croissance économique pour se placer dans la sphère d‟un développement durable associant les dimensions économiques, sociales et culturelles, piliers de la durabilité du développement. Ces trois dimensions du modèle de développement durable se retrouvent, désormais, au cœur du modèle : pas de projet de développement local s'il n'est tout à la fois économiquement viable (critères d'efficacité), socialement équitable (critères de justice sociale) et écologiquement durable (critères de ménagement de l'écosystème). L'outil conceptuel clef des approches méthodologiques du développement local est le triptyque : intégration – stratégie – participation (BIT, 2005)65. L'intégration implique une conception intégrée et globale harmonisant plusieurs types de mesures. La stratégie nécessite une vision cohérente et partagée qui permet d'organiser le choix des activités et de sensibiliser les populations cibles. La participation repose sur l'appui des populations. Il s'agit là d'encourager la constitution de groupes et de réseaux d'habitants. Pour les mettre en œuvre, des méthodes ont été développées. Retenons notamment le diagnostic qui suppose de la part des acteurs une phase d‟analyse et de confrontation de leurs aspirations et de leurs valeurs. Il s‟appuie généralement sur une étude pluridisciplinaire des forces et faiblesses du territoire, ainsi que sur ses multiples fonctions intégrées : industrie, enseignement, urbanisme, transports, services publiques, agriculture, commerce et artisanat, vie associative et culturelles, cohésion sociale et qualité de vie. Ainsi, le développement local fait référence à la mise en place ou au renforcement, au sein des communautés et à l'échelle de la collectivité, de conditions qui permettent, d'une part, à une société de progresser socialement, culturellement et économiquement et, d'autre part, à tous ses membres de participer au progrès et de profiter de ses fruits, le plus

64 EL Moujadidi Noufissa, 2007, IDE, croissance économique et développement local durable : quelles relations et quelles perspectives ?, Colloque International, Enjeux économiques, sociaux et environnementaux de la libéralisation commerciale des pays du Maghreb et du Proche–Orient, 19-20 octobre 2007 Rabat – Maroc, 25 p. 65 BIT, 2005, Introduction aux théories et à quelques pratiques du développement local et territorial, Genève, Bureau international du Travail, 66 p.

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équitablement possible. L‟application de cette théorie dans notre mémoire se justifie par le fait que notre analyse est particulièrement orientée vers la population locale. Ce qui fait qu‟examiner tout ce qui touche son environnement de vie, de production et d‟épanouissement nous est utile.

En somme, le systémisme, l‟approche participative et la théorie du développement local présentent des méthodes qui nous permettent d‟approcher et d‟analyser notre problématique de recherche. Ils tiennent surtout compte des relations d‟interdépendance entre les éléments présents dans un système donné, de la participation de la population locale à son développement socioéconomique, ainsi que des aspects de ce développement sur le plan sociale, culturel, économique et environnemental. Voyons, maintenant, concrètement l‟application de ces méthodologies.

4. Démarche méthodologique D‟après les différentes méthodes de la systémique, de l‟approche participative et de la théorie du développement local développées ci-dessus, cette section soulignera les grands axes des travaux effectués pour la réalisation du présent mémoire. Y seront relevés les suites d‟idées qui ont conduites à l‟exploration du sujet, ainsi que les démarches entreprises, de la formulation du sujet à la rédaction de l‟ouvrage.

4.1. Cadrage de la recherche Dans sa politique pour la conservation de l‟environnement, Madagascar s‟est engagé à accroître la superficie de ses aires protégées66. De ce fait, plusieurs institutions nationales et internationales se sont mobilisées pour mettre en place de nouvelles aires protégées dont les buts fondamentaux sont de garantir la représentativité de la biodiversité unique de Madagascar (écosystèmes, espèces, variabilité génétique), de soutenir la conservation du patrimoine culturel malagasy, de favoriser l‟utilisation durable des ressources naturelles pour contribuer à la réduction de la pauvreté et au développement. Celle de Bemanevika figure parmi ces aires naturelles nouvellement mises en place. Pour optimiser ces objectifs de conservation et de développement, l‟écotourisme y est exploité. Dans son plan de gestion et d‟aménagement, ce secteur d‟activité est, effectivement, vu comme un outil de pérennisation

66 République de Madagascar, 2009, Cadrage général du système des aires protégées de Madagascar, Ministère de l‟Environnement, des Forêts et du Tourisme, Commission SAPM, 11 p.

36 de la NAP, étant donné qu‟il prend en compte la préservation de l‟environnement, l‟amélioration de la qualité de vie des populations riveraines et le développement économique local. Dans son effectivité, les gestionnaires s‟efforcent d‟intégrer la population locale. Mais pourquoi y intégrer la population locale ? Quel en est l‟intérêt ? Quelle est sa place et quels sont ses rôles dans le développement de l‟écotourisme? Est-il judicieux de l‟inclure dans l‟exploitation écotouristique de la NAP ? L‟écotourisme bénéficie-t-il aux communautés de base ? En quoi l‟écotourisme valorise-t-il la population vivant aux confins de la NAP ? Autant de questions qui suscitent une problématique de la pertinence de la mise en valeur de la population locale par l‟écotourisme, c‟est-à-dire est-ce que les objectifs de préservation des ressources et de développement local de l‟écotourisme dans les nouvelles aires protégées reflètent-ils la valorisation de la communauté de base ? Face à cela, l‟hypothèse est avancée, selon laquelle la prise en considération de la population locale, aussi bien dans l‟effectivité du projet que dans ses impacts, est la garantie de la réussite de l‟écotourisme dans la NAP : - un écotourisme réussi repose sur l‟implication de la population locale dans les activités écotouristiques. La faire participer directement à la planification, la mise en œuvre et l‟évaluation de l‟écotourisme revient à la responsabiliser et à la sensibiliser quant à l‟importance des ressources naturelles ; et par conséquent d‟en limiter l‟exploitation irrationnelle ; - un écotourisme réussi suppose la promotion de la vie de la population locale. Lui donner une source de revenu pour satisfaire ses besoins, d‟une part, et rendre viable son environnement à travers la mise en place d‟infrastructures de base (hôpital, école, assainissement, route…), d‟autre part, lui fait ressentir l‟intérêt du développement écotouristique; et donc de le soutenir. Par cette recherche, nous voulons démontrer que l‟écotourisme est un dispositif de valorisation des communautés de base dans un souci de développement local s‟intégrant dans le développement durable. Pour atteindre cet objectif, une documentation préalable a été effectuée avant et après l‟énonciation du sujet. Elle nous a aidée sur l‟orientation de notre recherche, d‟une part, et nous a donnés des informations exploratoires sur les données à récolter, d‟autre part. Ces documents portaient surtout sur : - notre objet de recherche : la consultation d‟ouvrages, de documents scientifiques, de rapports d‟activités, de notes et de fiches techniques se rapportant à l‟écotourisme et

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les nouvelles aires protégées, a été nécessaire. Cette documentation a permis d‟avoir des idées sur ces concepts afin de mieux cadrer la recherche ; - la région et le site : la revue des études antérieures sur Bemanevika a été indispensable. Cette démarche nous a permis de situer notre zone d‟étude et de puiser les indicateurs de performances, d‟opportunités, de forces, de faiblesses et de menaces touchant le site, la NAP et les populations riveraines. - les méthodes de recherche : une investigation d‟ouvrages fondamentaux concernant, notamment, le systémisme, la participation locale et le développement local a été essentielle. Ceci nous a orientés sur la structure et les postulats théoriques devant guider notre recherche, et par conséquent sur la méthodologie de travail à adopter. Cette méthodologie qui établit les techniques et instruments de collecte des données utiles pour notre recherche va être développée dans ce qui va suivre.

4.2. Collecte de données Le mémoire de recherche n‟a pas de raison d‟être sans les données à analyser pour affirmer ou infirmer les hypothèses avancées. Pour notre part, la collecte de ces données a nécessité des travaux in situ, c‟est-à-dire que nous avons été amenées à aller sur le terrain afin de pouvoir approcher de près le sujet dans son contexte régional et local. Aussi avons-nous effectué des descentes dans la nouvelle aire protégée Bemanevika. Des prospections de la zone d‟étude et des entretiens avec les différents acteurs ont été faits durant ces déplacements. Notre prospection de la NAP a concerné la découverte des écosystèmes caractérisant le site : les blocs forestiers, les lacs et les marécages (cf annexe 2 67 ) avec les espèces faunistiques et floristiques qui y habitent ; ainsi que les multiples villages touchés par sa mise en place. Nous avons, effectivement, séjourné dans les fokontany de I, Beandrarezona II et Amberivery pour la Commune Rurale de Beandrarezona, et à Ambodimadiro, Manirenjavao, Ambodivavandrika, Antananivo-Haut, Antolongo et Ambinanindrano pour la Commune Rurale d‟Antananivo-Haut( cf annexe 368). Durant ces visites, l‟observation directe a été notre technique de collecte de données. Ceci a pour objectif de constater de visu et sans intermédiaire les existants sur place. Elle consiste à inspecter l‟environnement et le milieu de vie de la population locale, découvrir et expérimenter la réalité et l‟écotourisme local, évaluer toutes les ressources que ce soit naturelles, culturelles,

67 Annexe 2 : liste et localisation des écosystèmes de la NAP Bemanevika 68 Annexe 3 : Distance des fokontany para rapport au chef-lieu de commune

38 sociales ou économiques, observer les faits incluant les analyses de base de l‟exploitation écotouristique et de la participation locale. En sont attendues des éléments sur les attraits écotouristiques, l‟implication de la population dans l‟écotourisme, les aménagements et infrastructures existants, les pratiques et habitudes quotidiennes, ainsi que le mode et le niveau de vie des communautés de base. En outre, des entretiens ont été effectués auprès des différents acteurs, notamment les autorités locales, les opérateurs économiques et touristiques, les gestionnaires de la NAP et surtout la population locale. Pour ce faire, un guide d‟entretien a été élaboré pour mieux le cadrer (cf annexe 469). Les questions posées ne sont pas figées et varient en fonction de la personne entretenue. En effet, la méthode adoptée a été l‟entretien semi directif permettant d‟orienter la discussion suivant des thèmes prédéfinis tout en laissant libre dans son discours la personne interrogée. Ces thèmes portent sur la présentation de la recherche, la représentation individuelle de l‟écotourisme, la disponibilité des ressources, l‟appropriation des acteurs de l‟écotourisme, ainsi que les impacts de cette activité. De ces entretiens ont été attendues des informations sur les facteurs et ressources environnementaux, les opinions et attitudes des populations présentant des facteurs d‟influences propres à promouvoir ou bloquer l‟écotourisme, les capacités d‟adaptation de la société au développement de l‟écotourisme et aux techniques conséquentes et requises, le savoir-faire local, les ressources présentes, les attentes et besoins ressentis localement, le degré et la qualité de la participation, les changements en matière de connaissances, d‟aptitudes, de compétences et de comportements. Pour pouvoir approcher ces acteurs, nous avons suivi la démarche suivante : - D‟abord, à chaque arrivée dans un village, des visites de courtoisie ont dû être entreprises auprès des autorités locales (maire, adjoint au maire, président du fokontany, vice président du fokontany), à qui l‟on expose le but de notre visite, ainsi que notre attente. - Ensuite, une réunion informelle du fokonolona a été organisée par le chef fokontany, afin que tout le village soit au courant de notre visite, d‟une part, et afin que nous puissions avoir les opinions générales de l‟assemblée, d‟autre part. - Enfin, des entretiens individuels auprès de quelques personnes ressources, identifiées à travers la réunion et/ou recommandées par le chef fokontany, ont été faits pour que nous puissions privilégier le contact direct et la proximité, pour des réactions

69 Annexe 4 : Guide d‟entretien

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spontanées et des retours individuels. Toutes les catégories de personnes y sont représentées : âgées, jeunes, instituteurs, agriculteurs, éleveurs, commerçants, leaders d‟opinions, femmes au foyer, riches, pauvres, étudiants, responsables administratif… (cf annexe 570). Par ailleurs, nous avons pu nous entretenir avec les visiteurs nationaux et étrangers qui étaient de passage dans la NAP lors de notre présence là-bas, concernant leur vision sur le développement de l‟écotourisme dans la NAP Bemanevika. Cependant, quelques problèmes ont limité nos travaux de récolte de données comme l‟inaccessibilité de certains attraits écotouristiques et la difficulté pour atteindre quelques villages, la méconnaissance des dialectes de part et d‟autre des interlocuteurs et la défaillance des outils (appareil photos, dictaphone, GPS) censés nous aider dans notre recherche. Si telle est la méthodologie de récolte de données, qu‟en est-il de leur analyse ?

4.3. Exploitation des données La dernière étape du travail et non la moindre consiste à élaborer le mémoire proprement dit, à travers la capitalisation des données et la rédaction. La phase de capitalisation reposait sur l‟analyse de toutes les informations recueillies afin de sortir les axes stratégiques liés au sujet. Elle a permis de dépouiller tous les éléments en notre possession, de les traiter et d‟en tirer les bases de réponse à la problématique de recherche. Ainsi, nous avons eu à: - Sélectionner : faire le triage des données collectées par ordre de nécessité, éliminer celles qui sont inutiles ; - Evaluer : soupeser la pertinence des informations et confronter les différents acquis ; - Assembler : gérer des informations en réunissant celles qui touchent les mêmes préoccupations ; - Confronter : comparer les informations et renseignements et les transcrire dans le contexte ; - Examiner : étudier et exploiter les données pertinentes pour répondre aux attentes. Notons que les données recueillies sont surtout d‟ordre qualitatif. Il n‟y a, donc, pas d‟analyse statistique ni de transcription à faire. Ces informations pourraient être obtenues de par la documentation, par exemples dans les rapports de travail. Le gros du travail repose sur l‟interprétation intellectuelle du chercheur.

70 Annexe 5 : Liste des personnes entretenues

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Après avoir fait cet examen des données récoltées, il nous restait à rédiger le mémoire. Le but est de mettre par écrit l‟aboutissement de la recherche, c‟est-à-dire l‟infirmation ou l‟affirmation des hypothèses afin de répondre à la problématique énoncée tout au début. Cette rédaction ne s‟est pas faite en une seule fois. Nous avons eu à présenter diverses versions préliminaires avant d‟en sortir la définitive. Des modifications ont été apportées au fur et à mesure suivant les observations et les commentaires de notre encadreur. En somme, il faut mettre en place une méthodologie bien définie pour faire une recherche afin d‟orienter les activités à entreprendre. Ce qui facilite la récolte des données et leur analyse.

L‟écotourisme est une activité conséquente dans les aires naturelles. Pour qu‟il joue pleinement son rôle de conservation, il doit générer des revenus suffisamment importants pour soutenir les économies locales, régionales et nationales, permettant de restreindre le plus possible les effets négatifs des autres formes d‟utilisation des territoires sauvages non protégées et de leurs ressources. Il repose sur une alliance entre les aires naturelles et leur mise en valeur à des fins de développement local. Les nouvelles aires protégées se présentent, effectivement, comme les terrains d‟application idéaux pour l‟exploitation de l‟écotourisme du fait que leur objectif de conservation environnementale et de développement socioéconomique se rejoignent et se complètent. Ceci doit passer par une approche, pluridisciplinaire et participative, en particulier pour les communautés de base, lors de l‟élaboration et de la mise en œuvre de l‟offre écotouristique (Sarrasin et Ramahatra, 2006)71. En effet, prendre en compte les motivations et les comportements de la population locale permet de saisir les résultats, les performances et les perspectives de durabilité de l‟activité. A travers différentes méthodes d‟analyse, notamment le systémisme, l‟approche participative et la théorie du développement local, les axes de conservation et de développement de l‟écotourisme dans les nouvelles aires protégées en faveur des communautés de base devraient être dégagés. La partie suivante va mettre en exergue la zone qui nous permettra d‟effectuer ces analyses.

71 Op cit SARRASIN Bruno, RAMAHATRA Haja, 2006

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PARTIE 2 : ECOTOURISME DANS LA NOUVELLE AIRE PROTEGEE BEMANEVIKA

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La mise en place de la Nouvelle Aire Protégée Bemanevika s‟inscrit dans le contexte de conservation de la biodiversité à Madagascar. Instituée dans la partie Nord de l‟ile, cette NAP cherche à protéger et à mettre en valeur les ressources naturelles locales, tout en contribuant à l‟épanouissement socio-économique des communautés de base. Car de par ses richesses naturelles, formées par divers types d‟écosystèmes qui constituent d‟habitat à de nombreuses espèces faunistiques, la NAP Bemanevika confère une source de survie à la population locale. Cependant, les pressions causées par la forte dépendance de la communauté riveraine aux ressources naturelles renouvelables sont à l‟origine de la dégradation et de la destruction de ces écosystèmes. Dans le but de bien canaliser les activités d‟exploitation au sein de la NAP et afin de promouvoir la gestion durable et rationnelle des ressources naturelles, un Plan d‟Aménagement et de Gestion (PAG) a été développé. Ce plan stipule le développement d‟outils visant sa pérennisation et l‟écotourisme en est une composante. En effet, le développement de l‟écotourisme y est une alternative contribuant à la valorisation des ressources dans l‟optique de produire des retombées pour la dynamisation de l‟économie locale. Mais quelles sont vraiment les caractéristiques de ce site qui y justifie un développement écotouristique ? Et comment s‟y articule l‟écotourisme ? C‟est ce que nous allons développer dans cette deuxième partie à travers la présentation de la zone d‟étude, ainsi qu‟une description de l‟écotourisme dans la zone.

Chapitre 3 : Présentation de la zone d’étude 1. Description du site La nouvelle aire protégée Bemanevika qui s‟étend sur une superficie de 37.041,37ha est une des nombreuses aires naturelles de la Grande Ile. C‟est un complexe d‟écosystèmes composés de blocs et de fragments de forêts, d‟une grande étendue de savanes herbeuses, de marais et marécages, de lacs, de rivières et de cours d'eau. Une succincte description en est indispensable pour comprendre le contexte du développement écotouristique à prendre en considération.

1.1. Situation géographique Le site se trouve dans l‟extrême nord des Hautes Terres de Madagascar, à 520km de la capitale. Il fait partie intégrante de la Région Sofia et est accessible par la route à partir d‟Antsohihy en passant par la ville de Bealanana, de laquelle il est distant de 40km environ au nord-ouest. La NAP Bemanevika est une extension de la forêt dense et humide du corridor

43 du Sambirano, faisant ainsi partie de l‟Ecorégion des Hautes Terres du Nord. Cette localisation de la NAP Bemanevika est illustrée par la carte qui va suivre.

Carte 1: Localisation de la NAP Bemanevika

Source : The Peregrine Fund, 2015

La NAP Bemanevika est à cheval entre deux communes rurales : celle de Beandrarezona et celle d‟Antananivo-Haut. La première se situe au nord du district de Bealanana tandis que la deuxième occupe la pointe Nord-Ouest, au limitrophe du district d'Ambanja et de la commune rurale de , district d'. Sept fokontany d‟Antananivo-Haut sont impliqués directement par la mise en place de la NAP et cinq autres de Beandrarezona. En tout, le site touche douze fokontany de deux communes rurales du District de Bealanana, à savoir : - Commune rurale d‟Antananivo-Haut : Ambodimadiro, Manirenjavao, Ambodivavandrika, Antananivo-Haut, Antolongo, Ambinanindrano et Antanambao.

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- Commune rurale de Beandrarezona : Beandrarezona I, Beandrarezona II, Ambalapaka, Sandrakotahely et Amberivery.

Carte 2 : Délimitation administrative de la NAP Bemanevika

Source : The Peregrine Fund, 2015

Cette carte montre la répartition des villages touchés par la NAP Bemanevika. Les fokontany de la commune rurale d‟Antananivo-Haut sont appelés « les villages de Sandrakota », à cause de la rivière Sandrakota qui les longent. La localité de Bemanevika, un secteur du fokontany d‟Ambinanindrano, est le joint entre ces deux communes.

1.2. Présentation géophysique De par sa position géographique, la zone connait un climat tropical d‟altitude caractérisé par deux saisons bien distinctes: une saison chaude et humide, de novembre à mars et une saison sèche d‟avril en octobre. Ces deux saisons sont alternées par une période

45 hivernale de juin à août. La température varie de 18°C à 30°C et peut descendre jusqu‟à 10°C pendant l‟hiver, notamment dans les zones montagneuses. La pluviométrie annuelle va de 1000m à 1500m. La NAP accuse un régime pluvial de convection pendant la saison chaude et humide. Une pluie orographique se manifeste surtout en période hivernal (The Peregrine Fund, 2008). Actuellement, à cause de la déforestation et de la dégradation de la nature, la durée de la saison sèche tend à se rallonger. Le site est composé d‟une grande hétérogénéité topographique d‟altitude allant de 510m à 2100m. 95% de l‟aire se trouvent entre 700m et 1800m (The Peregrine Fund, 2009)72.

Photo 1 : Relief de la NAP Bemanevika Source : Auteur, 2015

On peut y relever un relief accidenté fait de collines et de massifs montagneux intercalés de vallées étroites et de bas fond. Ce relief abrite des blocs forestiers qui couvrent une superficie totale de 20.000 Ha environ et qui sont constitués par une forêt dense humide, mais avec une absence notoire de mousses et de lichens. Ils sont formés de 180 espèces de plantes forestières (flore autochtone arborée, arbustive et herbacée) accusant un taux d‟endémicité de 83,10% (TPF, 2009)73. En outre, une savane herbeuse, qui s‟étend sur une superficie de 15.854Ha dont la hauteur peut atteindre jusqu‟à 60 cm, occupe de vastes espaces séparant les lambeaux et les blocs forestiers.

72 The Peregrine Fund, 2009, Plan de gestion et d’aménagement de la Nouvelle Aire Protégée Bemanevika, Système des Aires Protégées de Madagascar, 118 p. 73 Ibid The Peregrine Fund, 2009

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De plus, la NAP Bemanevika se distingue par sa potentialité en zones humides constituées par des lacs, rivières, chutes d‟eau, marais et marécages.

Photo 2 : Rivière Sandrakota Photo 3 : Chute d‟Andalamahitsy

Photo 4 : Marécage d‟Ankosihosibe Photo 5 : Lac Matsaborimena Source : Auteur, 2015

Les blocs et fragments forestiers restants y constituent un réservoir d‟eau pour les bassins versants environnants et alimentent les principaux cours d‟eau de la région, telle que la rivière Sandrakota (photo 2) avec ses affluents qui sont principalement Morapitsaka, Ampatika, Ambongamarina, Sarotraboaka, Bekavahy Sud et Sandrakotahely. Elle longe presque tous les villages de la commune d‟Antananivo-Haut. Une dizaine de chutes d‟eau caractérisent aussi la NAP. Celle d‟Andalamahitsy figure parmi les plus importantes avec une hauteur de 30m. Les marécages, une trentaine, constituent un stock d‟eau permanente contribuant à la rétention de celle-ci. Ils irriguent les rizières des deux communes rurales et constituent à la fois de lieu de nidification, de refuge et d‟espace de jeu des oiseaux, les busards de Madagascar. Celui d‟Ankosihosibe (photo 4) est la plus importante et s‟étale sur 62ha. Les lacs, plus d‟une quinzaine, sont d‟origine volcanique d‟anciennes éruptions. Certains sont permanents et d‟autres saisonniers. Celui de Matsaborimena (photo 5), d‟une

47 superficie de 35ha, constitue l‟unique site de nidification des oiseaux endémiques locaux, le Fuligule de Madagascar. Ainsi, le site est doté d‟un climat particulier lui conférant un relief, une végétation et une hydrographie singuliers. Ces particularités lui confèrent un paysage hors du commun. A part cela, son administration est tout aussi inhabituelle.

1.3. Gestion du site L‟esprit de la NAP Bemanevika, en s‟inspirant du concept des nouvelles catégories des Aires Protégées à travers la promulgation du décret 2005-848 du 13 décembre 2005, se traduit par le fait qu‟elle n‟est pas une île isolée dans un territoire dont elle ne partage pas la destinée et les valeurs. Dans ce sens, la mise en place du site s‟inscrit dans le concept des nouvelles catégories des Aires Protégées, tout en contribuant à l‟effectivité de la politique nationale de l‟environnement : - Assurer la protection, la conservation et la valorisation de l‟environnement par des mesures appropriées ; - Rétablir un équilibre durable et harmonieux entre les besoins de développement de l‟homme et les soucis écologiques ; - Augmenter la superficie des Aires Protégées de Madagascar ; - Garantir l‟utilisation durable des ressources naturelles dans la recherche du développement durable et de la réduction de la pauvreté dans le monde rural. Dans ce sens, le statut de « Paysage Harmonieux Protégé » est proposé pour la NAP. Ceci correspond à la catégorie V de l‟UICN appropriée aux Aires Protégées des zones à usage multiple, c‟est-à-dire « des aires protégées où l‟interaction des hommes et de la nature a produit, au fil du temps, une aire qui possède un caractère distinct, avec des valeurs écologiques, biologiques, culturelles et panoramiques considérables, et où la sauvegarde de l‟intégrité de cette interaction est vitale pour protéger et maintenir l‟aire, la conservation de la nature associée, ainsi que d‟autres valeurs » (Dudley, 2008)74. Son but principal est, alors, d‟assurer la conservation de paysages terrestres à des fins récréatives, et où les interactions harmonieuses Homme/Nature contribuent à maintenir la biodiversité. A ce niveau, la NAP Bemanevika offre de grandes opportunités pour le développement local, la conservation de la biodiversité et des habitats naturels, le tourisme, l‟éducation et les activités de recherche de par sa richesse en ressources naturelles et de ses particularités biogéographiques.

74 Op cit DUDLEY Nigel (ed), 2008

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Ce site est placé sous la tutelle du Ministère de l‟Environnement, de l‟Ecologie, de la Mer et des Forêts et sa mise en place est appuyée par l‟organisme The Peregrine Fund, qui est un ONG international spécialisé dans la conservation des espèces avifaunes, en particulier les rapaces. La gestion de la NAP Bemanevika repose sur une étroite collaboration entre ce Ministère, TPF et les communautés de base : le premier en tant que gestionnaire des ressources environnementales nationales, le second en tant qu‟organisme d‟appui et les derniers en tant que populations affectées par le projet. Concrètement, le mode de gouvernance du site consiste en une cogestion. Dans ce cadre, deux associations ont été constituées au niveau local : le Fikambanana Miaro ny Ala- Ketsan’Amberivery (FIMAKA) et le Fikambanan’ny Bemanevika Miray (FBM). Le mode de gestion communautaire des ressources naturelles renouvelables de type GELOSE (Gestion Locale Sécurisée) a été envisagé pour ces deux associations. Ceci est un mode de transfert de gestion de forêt et autres ressources naturelles renouvelables aux communautés de base, en vue de permettre leur participation active à la conservation durable des ressources naturelles renouvelables comprises dans les limites de leur terroir. Mais, récemment, la GELOSE a été remplacée par une GCF (Gestion Contractualisée des Forêts), afin de permettre un contrôle plus précis des ressources forestières locales, étant donné que la GCF est un mode de transfert de gestion des forêts aux communautés de base en vue d‟une gestion locale durable et sécurisée des ressources forestières. Ces deux associations sont chapotées par une Fédération. Cette dernière supervise les actions entreprises au sein de la NAP et joue le rôle de médiateur entre les acteurs. Donc, la NAP Bemanevika est une aire naturelle dont la création constitue la contribution de la Région Sofia à l'engagement du gouvernement malgache d'augmenter la superficie des Aires Protégées de Madagascar. Sa présentation physique démontre une forte aptitude au développement de l‟écotourisme. Les ressources dont elles disposent ne sont pas non plus négligeables, loin s‟en faut.

2. Ressources La NAP Bemanevika possède des ressources naturelles, culturelles et socio- économiques importants. Il est indispensable de les analyser pour cadrer la présente recherche.

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2.1. Environnement naturel La nouvelle aire protégée Bemanevika est un site riche en biodiversité. Elle est l‟unique endroit à Madagascar qui regroupe quatre habitats majeurs : écosystème forestier, écosystème lacustre, écosystème marécageux et écosystème savane. Cette mosaïque d‟écosystèmes abrite une faune et une flore remarquables typiques de l‟écorégion. Parmi cette faune exceptionnelle, on peut citer : - Les oiseaux : L‟avifaune de la région est très riche. 107 espèces d‟oiseaux ont été inventoriées dans la NAP Bemanevika, dont 67 espèces endémiques de Madagascar et 14 espèces considérées comme menacées selon le statut de l‟UICN75. Parmi ces dernières figurent les oiseaux de proie tels l‟aigle serpentaire et le hibou rouge, ainsi que l‟oiseau des marais, le busard de Madagascar où l‟on en trouve le plus grand nombre de tout le pays. Par ailleurs, diverses espèces d‟oiseaux aquatiques y vivent à cause de l‟existence des nombreux lacs dans la zone. Une espèce endémique locale s‟y trouve : le fuligule de Madagascar. Le site est, effectivement, le seul endroit au monde où l‟on peut observer ces oiseaux d‟eau à l‟état sauvage.

Photo 6: Hibou rouge Photo 7 : Fuligules de Madagascar

Photo 8 : Busard de Madagascar Photo 9 : Aigle serpentaire Source : Auteur, 2015

75 - The Peregrine Fund, 2008, Inventaire biologique et étude socio-économique dans la région de Bemanevika, District de Bealanana, The Peregrine Fund, Conservation Internationale, Juin 2008, p.56

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- Les lémuriens : Les lémuriens sont aussi présents dans la NAP. Les inventaires y ont fait état de la présence de 7 espèces, parmi lesquelles 5 espèces nocturnes (le lépilémur à dos gris, l‟avahi unicolore, le microcèbe, l‟allocèbe et le grand chéirogale) et 2 espèces diurnes (l‟hapalémur occidental et le lémur brun). - Les reptiles et amphibiens : les espèces herpetofauniques de la NAP Bemanevika sont très variées. On y a recensé 48 espèces d‟amphibiens et 21 espèces reptiliennes. Les plus notoires sont l‟espèce de batracien Scaphiophryne boribory et l‟espèce de caméléon Calumma hafahafa, qui sont des espèces nouvellement décrites et connues dans très peu de localités de Madagascar. Par ailleurs, la rivière Sandrakota abrite des crocodiles du Nil qui peuvent être visibles avec beaucoup de chance. - Les mammifères : 5 espèces de carnivores se trouvent dans la NAP Bemanevika dont le Fosa (Cryptoprocta ferox) qui est le plus grand carnivore natif de Madagascar. Sinon, on peut aussi y voir des potamochères.

Toutefois, plusieurs menaces pèsent sur la durabilité de ces ressources naturelles, aussi bien des écosystèmes que des espèces faunistiques et floristiques, entre autres les feux de brousse (feux de défrichement, feux de renouvellement de pâturage, feux sauvages), les braconnages et les chasses illicites, les extractions et les coupes de bois illicites, ainsi que les conversions des habitats naturels à des fins lucratives. Face à ce capital naturel de cette nouvelle aire protégée, comment se présente son environnement humain et social?

2.2. Ressources humaines et sociales L‟ensemble des douze villages touchés par la mise en place de la NAP Bemanevika comporte environ 18.000 personnes constituant les Populations Affectées par le Projet (PAPs). Ces gens sont de provenances diverses mais les ethnies dominantes sont les Tsimihety et les Sakalava. En effet, la population locale dans son histoire est issue de deux flux de migration : l'un venant du Sud composé essentiellement de Tsimihety de Befandriana Avaratra et de qui ont émigré pour chercher une zone vaste à vocation pastorale, et l'autre venant du Nord constitué de Sakalava du Sambirano, du district d'Ambanja, planteur de café et de cacao à la recherche d'une terre favorable à ce type de culture (Commune rurale de Beandrarezona, 2010). Actuellement, le mouvement de migration tend à diminuer et se fait d‟une manière saisonnière. On remarque un fort déplacement des Betsileo de Fianarantsoa qui sont surtout des bûcherons, des artisans et des ouvriers.

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La population est constituée essentiellement de jeunes. La proportion de la population active représente 38% de l‟ensemble (TPF, 2008)76. En moyenne, le nombre d'enfants par famille est de 4 d‟où la taille moyenne du ménage à 06 personnes par famille. La perception locale d‟un haut niveau de vie est basée sur les critères suivants: nombre de zébus en possession s‟élevant à plus de 30, étendue de surface de rizière cultivée de plus de 02 Ha, champs de culture de plus de 03 Ha, et nombre d‟enfants au moins 04. D'après notre étude, la proportion de riche ne dépasse pas 03% de la population ; 05% environ classées au rang de pauvre ne possédant ni zébu ni lopin de terrain ; les 92% restant figurent dans la classe moyenne, toujours selon les critères locaux. Sur le plan administratif, chaque village est régi par un chef fokontany. Il y représente l‟Etat et s‟occupe d‟y maintenir l‟ordre et d‟y faire régner une bonne cohabitation. Toutefois, le régime traditionnel patriarcal, dominé par les Sojabe et les Raiamandreny (anciens du village), prédomine encore dans la région. Ces derniers constituent en quelque sorte un organe consultatif, vu que le pouvoir politique dirigé par le chef fokontany les consulte avant de prendre une décision concernant surtout les conflits sociaux, tels les affaires conjugales ou les litiges fonciers. Les affaires criminelles ou les vols restent, cependant, les responsabilités de l‟Etat. Sur le plan culturel, la tradition ancestrale reste vivace. Ceci se manifeste par : le respect du culte des ancêtres, la prise en considération du « sacré » et des tabous, ainsi que la pratique du sacrifice de zébu. La NAP est, ainsi, riche en ressources culturelles, allant des pratiques usuelles de la population aux lieux d‟importance culturelle, en passant par les évènements traditionnels. On peut citer, entre autres, les jeux et divertissements comme le kay, l‟osika et le moraingy ; la décoration des cases d‟habitation et la disposition du foyer ; les rites tels le joro et la cérémonie du tromba ; ainsi que les divers sites cultuels : lac sacré, pierre érigée, tamarinier, grotte mortuaire… Soulignons que la population riveraine à la NAP Bemanevika est très unie et pacifique. La structure sociale suit une organisation soit familiale, soit lignagère, soit inter ethnique, soit par groupement. Dans la vie associative, la cohésion sociale est prépondérante. Ceci se remarque autant dans les pratiques quotidiennes (par exemple : entraide pour les travaux de riziculture) que lors des évènements culturels (par exemple : famadihana, joro, mariage).

76 The Peregrine Fund, 2008, Inventaire biologique et étude socio-économique dans la région de Bemanevika, District de Bealanana, The Peregrine Fund, Conservation Internationale, 162 p.

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Sur le plan social, la population locale est très lésée. Presque tous les aménagements et infrastructures qui rendent une localité viable y font défaut. Ceci handicape considérablement le développement socio-économique local. Y sont touchés : - L‟enseignement : Seules des écoles primaires se trouvent dans chaque village. Les enseignants font défaut et un taux élevé d‟absentéisme est toujours enregistré. Ce qui fait que le niveau de scolarité des populations touchées par la NAP est très bas, plus de la majorité sont analphabètes. - La santé : Deux centres de santé de base de niveau I (CSB I) existent à Antananivo-Haut et un centre de santé de base de niveau II (CSB II) dans la commune rurale de Beandrarezona, où le problème réside toujours dans le manque de personnel. De ce fait, la population a recours à l‟automédication ou à la médecine traditionnelle pour se soigner. Les maladies et les accidents graves nécessitant le concours des hôpitaux doivent être traités à Bealanana, à 12 km de Beandrarezona et à 61 km d‟Antananivo-Haut. - L‟énergie : Les villages de la NAP Bemanevika ne sont pas électrifiés et il n‟y a pas d‟adduction d‟eau courante. Les villageois se servent de bougie ou de lampe à pétrole pour s‟éclairer, s‟approvisionnent directement de l‟eau de la rivière, d‟où manque d‟eau potable, et ont recours aux bois secs pour cuire leur nourriture. - L‟accès : La NAP est difficile d‟accès. Une route secondaire en mauvais état (photo 10), accessible seulement en saison sèche aux voitures tout terrain, aux tracteurs, aux charrettes, aux motos et aux bicyclettes, mène jusqu‟à la localité de Bemanevika. De là, seules des pistes praticables uniquement à pieds desservent les villages. Le transport de marchandise se fait, alors, à dos d‟homme (photo 11) ou à dos de zébus.

Photo 10 : Route desservant Bemanevika Photo 11 : Transport à dos d‟homme Source : Auteur, 2015

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Bien que la population locale ait une condition de vie précaire, il règne dans les villages une ambiance chaleureuse où il fait bon vivre. Et comment les gens assurent-ils leur subsistance ?

2.3. Activités économiques En milieu rural malgache, il s‟avère difficile de distinguer nettement la catégorie socioprofessionnelle d‟une personne active, car elle peut exercer à la fois toute sorte d‟activités existantes. Mais ici, les villageois sont pour la plupart des agriculteurs et éleveurs (Région Sofia, 2005). L‟économie locale est basée principalement sur la riziculture, la culture de rente et l‟élevage de zébu. L‟enquête a montré que 90% des revenus de la population affectée par le projet proviennent de l‟agriculture et de l‟élevage bovin. D‟une part, la grande diversité des ressources naturelles et les avantages climatiques confèrent à la zone de Bemanevika de grandes potentialités agronomiques. Les filières exploitées concernent principalement le riz, le café, le cacao, le poivre, la banane, la canne à sucre, l‟arachide, le maïs et le haricot. Mais les filières privilégiées sont surtout le riz, les cultures de rente (café, cacao, poivre, vanille) et l‟arachide. D‟autre part, la vaste étendue de ses prairies lui donne une vocation pastorale appréciable, d‟autant plus que les zébus constituent une valeur importante pour les populations locales étant donné que l‟élevage de bovin y représente un des éléments de prestige social. Néanmoins, quelques ovins et des volailles y sont élevés, destinés pour la plupart à la consommation quotidienne. En plus, quelques ménages pratiquent l‟artisanat en activité additionnelle, la vannerie et la forgerie. Les femmes conçoivent des nattes, des paniers ou des vans, tandis que les hommes fabriquent des bêches, des couteaux ou des coupe-coupes. Cependant, les potentialités économiques de la région demeurent peu exploitées et nécessitent un mode d‟utilisation durable et plus équitable de ces ressources. Les différentes formes d‟insécurité (alimentaire, biens et personnes) associées à l‟enclavement de la zone accentuent davantage la pauvreté communément ressentie par la population, comme dans d‟autres régions, d‟ailleurs, où l‟initiative de conservation intégrée est entreprise mais dont la disponibilité des ressources reste un souci majeur de la population. Ceci accentué par le fait que la survie des communautés riveraine est fortement liée aux ressources naturelles existantes. En effet, la population a vécu traditionnellement aux dépens de la terre, de l‟eau et de la forêt qui leur fournissent des bois d‟énergie, de construction, des produits forestiers

54 comestibles et des produits pharmaceutiques. La collecte de sous-produits forestiers comme le miel et l‟igname sauvage, la chasse et la pêche à des fins de subsistance, l‟exploitation forestière par coupe sélective des bois de valeur, le prélèvement de bois de construction montrent bien les liens entretenus par la communauté riveraine et les ressources naturelles. Pour appuyer la préservation de l‟environnement naturel, un système de zonage a été instauré dans la NAP. Ceci tient compte de l‟approche intégrée pour la classification des zones forestières, des marécages, des lacs et des savanes qui existent dans le site. Ces zones sont principalement catégorisées en fonction du besoin pour la protection des écosystèmes tout en tenant compte des espèces phares, les espèces-clés du site, les ressources naturelles et tous les aspects culturels existants. On considère principalement la vocation en rapport avec diverses utilisations au niveau des riverains et de certaines opportunités vis-à-vis des visiteurs. Dans cette optique, il y a les noyaux durs d‟une part et les zones tampons où se trouvent les zones d‟occupation contrôlée et les zones d‟utilisation contrôlée d‟autre part. A travers ce zonage, l‟accès de la population locale aux ressources naturelles est règlementé : soit interdit, soit restreint. Donc, il ya un manque à gagner pour la survie des communautés de base. L‟écotourisme est ainsi vu comme une activité alternative génératrice de revenu.

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Chapitre 4 : Développement de l’écotourisme dans la NAP Bemanevika 1. Etat des lieux de l’écotourisme local La nouvelle aire protégée Bemanevika est un site à vocation écotouristique. Toutes les ressources présentes concourent à en faire une destination où l‟écotourisme constitue le type de tourisme privilégié.

1.1. Offre écotouristique Quelques circuits sont aménagés au sein du NAP Bemanevika pour mettre en valeur ses attraits. Notons que sont potentiels pour l‟exploitation écotouristique les espèces rares ou/et endémiques, les espèces charismatiques (qui séduisent), les habitats naturels exceptionnels et sains, les formations géomorphologiques spectaculaires, ainsi que les manifestations culturelles caractéristiques. De ce fait, les espèces phares du site sont : - l‟avifaune sauvage dont l‟icône est l‟espèce endémique locale, le fuligule de Madagascar. Il y a aussi les oiseaux de proie qui caractérisent le TPF, entre autres l‟aigle serpentaire, le busard de Madagascar et le hibou rouge. ; - le paysage singulier composé par un environnement reposant, des panoramas d‟une grande beauté dans une nature authentique. Les circuits permettent, alors, de découvrir ces spécificités du site associant birdwatching, randonnées, aventures et expériences. Il y en a de durées et de difficultés différentes pour satisfaire les besoins des clients, en fonction de leur aptitude physique et de ce qu‟ils veulent voir et faire.

Des pistes parfaitement aménagées facilitent le déplacement à travers la forêt et la savane. D‟autres installations favorisent aussi la découverte, telles que les plateformes et miradors (photo 10), ainsi que les aires de repos en pleine nature. Les matériaux locaux sont privilégiés pour garder l‟authenticité du siteIl est notoire de relever que les circuits se trouvent dans les noyaux durs de la NAP, étant donné que c‟est là que les espèces qui font la renommée du site sont répertoriés. Les visites sont, par conséquent, très Photo 12 : Mirador règlementées. Source : Auteur, 2015

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L‟hébergement s‟y fait sous tente. Il y existe une aire de camping pouvant accueillir une dizaine de personnes établie à la lisière de la forêt, à proximité du campement des chercheurs de The Peregrine Fund et à quelques kilomètres de la localité de Bemanevika. En général, les visiteurs apportent leur nourriture et un cuisinier assigné au campement le prépare. Par ailleurs, des guides et des porteurs sont à la disposition des touristes et indispensables pour les aider dans leur déplacement et dans l‟interprétation de ce qu‟ils voient. L‟offre écotouristique de la NAP Bemanevika consiste à faire vivre aux visiteurs des séjours inédits à base de dépaysement total, loin de la civilisation occidentale et du train-train quotidien de la vie en Europe et en Amérique surtout.

1.2. Visibilité de la destination La situation géographique de la nouvelle aire protégée Bemanevika est telle qu‟elle fait face à une rude concurrence. Cette partie nord de Madagascar est, effectivement, dotée de plusieurs aires protégées propice à l‟écotourisme. C‟est ce que montre le tableau suivant.

Tableau 2 : Aires protégées concurrençant la NAP Bemanevika Dénomination Localisation Région Superficie Parc national de Au sud de l‟île de Diana 740 Ha Lokobe Nosy Be Parc national de A 35 km au sud de la Diana 32 735 Ha Manongarivo ville d‟Ambanja Parc national de la A 40 km au nord Diana 18 200 Ha Montagne d‟Ambre d‟Antsiranana Parc national de A 121 km A cheval sur les 26 035 Ha Sahamalaza d‟Antsohihy vers le régions Sofia et nord Diana Parc national 450 km Boina 65 520 Ha d‟Ankarafantsika d‟Antananarivo sur la RN4 Réserve naturelle 57 km au nord de la Sofia 48 622 Ha intégrale de ville de Bealanana Tsaratanana

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Réserve spécial de PK110 de la RN6 Diana 18 255 Ha l‟Ankarana jusqu‟à Ambanja Réserve spécial de A 35 km de la ville Sofia 4 841 Ha Bora d‟Antsohihy vers Bealanana Réserve spécial de A 250 km à l‟est Limite des régions 42 200 Ha d‟Antsohihy Sofia et Alaotra Mangoro Réserve spécial A 60 km au sud- A cheval sur les 376 156 Ha Makira ouest de Bealanana régions Sofia et Sava

D‟après ce tableau, nous pouvons dégager que la NAP Bemanevika est entourée par dix aires protégées de statuts et de superficies différents. Certaines ne sont pas destinées à l‟écotourisme telles que les réserves naturelles intégrales, alors que d‟autres en sont favorables comme les parcs nationaux et les réserves spéciales. L‟existence de ces sites protégés aux alentours de la NAP Bemanevika n‟est pas une menace pour son exploitation écotouristique. Au contraire, elle en tire des bénéfices en s‟associant à celle-ci : le site profite du développement de l‟écotourisme de ses congénères, déjà bien avancé pour certains, pour attirer des visiteurs. Pour ce faire, des brochures concernant Bemanevika y sont exposées et mises à la disposition de leurs clients. En outre, plusieurs supports visuels comme les dépliants, brochures, guides et autres sont dispatchés dans les organismes environnementaux nationaux ou internationaux. Des films documentaires concernant la NAP sont diffusés sur les chaînes européennes et américaines spécialisées en environnement. Des communications faites par TPF sur les attraits et potentiels du site sont, également, entreprises auprès des scientifiques et chercheurs lors des salons, colloques, expositions et rencontres scientifiques diverses. Si telles sont les offres et activités faites pour promouvoir la NAP Bemanevika en tant que destination écotouristique, quel genre de touristes y sont attirés ?

1.3. Mise à profit de l‟écotourisme La mise à profit écotouristique de cette aire protégée naturelle est encore assez récente. L‟écotourisme n‟y est exploité que depuis 2008. Bien que les chiffres présentés dans le tableau suivant ne soient pas d‟une grande valeur par rapport au nombre de visiteurs des autres sites écotouristiques de l‟île, ils sont déjà conséquents pour les objectifs de

58 conservation et de développement de la NAP, car une des stratégies pour l‟exploitation de l‟écotourisme du lieu consiste à accueillir quelques groupes restreints de touristes enclins à dépenser beaucoup d‟argent plutôt que de miser sur un grand nombre de visiteurs à faible rendement.

Tableau 3 : Nombre de visiteurs de la NAP Bemanevika Année 2011 2012 2013 2014 2015 Nombre de groupes de 4 9 1 8 7 visiteurs Nombre de 10 25 1 24 11 visiteurs Source : The Peregrine Fund

Ce tableau montre une statistique du nombre de visiteurs de la destination Bemanevika ces cinq dernières années. Chaque groupe contient entre 2 à 6 personnes au maximum. Mais certains touristes viennent seuls. Une baisse notoire des touristes est remarquée en 2013, d‟après les opinions des responsables auprès du TPF, à cause de la crise économique internationale qui sévit en cette année là. D‟après ce que nous avons relaté plus haut, la NAP Bemanevika s‟oriente vers une clientèle spécifique. En effet, outre le fait d‟être des amoureux de la nature, jusqu‟ici les touristes venant visiter le site sont des chercheurs, scientifiques ou environnementalistes, venus non pour travailler mais pour pratiquer de l‟écotourisme. Deux principales raisons les motivent : voir les espèces avant qu‟elles ne disparaissent et participer à leur conservation. Vu les conditions d‟accès et d‟hébergement du site, la plupart des visiteurs sont des sportifs ou jouissant d‟un excellent état physique. Ils se situent entre 25 et 50 ans. La NAP Bemanevika attire aussi bien des nationaux que des étrangers. Ces derniers sont de nationalité britannique ou américaine. C‟est par le biais du TPF qu‟ils ont eu connaissance de cette destination écotouristique. Ils emploient différents modes de transport, selon leur esprit d‟aventure, pour accéder au site. Certains ont recours directement à la location de voiture tout terrain d‟Antananarivo à Bemanevika. D‟autres prennent le taxi- brousse d‟Antananarivo à Antsohihy. De là, si certains louent des 4x4 pour Bemanevika, dautres continuent en taxi-brousse jusqu‟à Bealanana, d‟où ils trouvent des motos de location pour le reste du parcours. En moyenne, ils restent deux à trois jours à pratiquer

59 particulièrement du birdwatching. La découverte des espèces ornithologiques caractéristiques du site constituent, effectivement, leur principale activité. La période de visite se situe du mois d‟avril au mois d‟octobre pendant la saison sèche et en fonction de la disponibilité des ressources : certains oiseaux sont migrateurs, par exemple, et ne sont pas toujours visibles dans la NAP. L‟accès aux attraits écotouristiques de la NAP n‟est pas taxé : les visiteurs n‟ont à payer ni droit d‟entrée ni droit de visite. L‟hébergement est gratuit également. Le guidage est pris en charge par TPF, et le portage à négocier selon la distance du trajet et le poids des bagages. Par contre, les touristes sont conviés à accorder des dons pour participer à la conservation et au développement local de la zone. En général, ils versent des sommes allant de 150.000 Ar à 600.000 Ar par groupe, en fonction de leur satisfaction et de leur disposition à appuyer le site, argent versé dans la caisse des associations locales qui gèrent le site et l‟activité écotouristique avec TPF. Les montants sont inscrits par les donateurs dans un cahier pour faciliter le contrôle des sommes entrées et sorties. Ainsi, l‟écotourisme dans la NAP Bemanevika est une activité assez récente. Les aménagements et infrastructures divers pouvant et devant faciliter la découverte se mettent en place progressivement. Les touristes qui y viennent sont attirés spécialement par la nature.

2. Orientation de l’écotourisme dans la NAP L‟écotourisme est une activité évolutive. Savoir prendre en considération certains éléments permet d‟améliorer et d‟orienter l‟exploitation et les actions à entreprendre pour ancrer un développement écotouristique effectif et efficace.

2.1. Forces, faiblesses, opportunités, menaces L‟examen des forces, des faiblesses, des opportunités et des menaces de l‟écotourisme dans la NAP Bemanevika permet d‟avoir une idée sur la situation actuelle. Cela facilitera l‟analyse en tenant compte des facteurs internes et externes. Plusieurs éléments intrinsèques au site constituent soit des forces soit des faiblesses pour le développement de l‟écotourisme. Ses forces concernent : - l‟aménagement de la NAP en différents zonages facilite la délimitation des circuits et des l‟emplacement des infrastructures écotouristiques ; - l‟existence du transfert de gestion GELOSE favorise l‟implication des communautés de base ;

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- les associations locales FIMAKA et FBM servent de plateforme de concertation entre TPF et les PAPs dans la mise en œuvre de l‟écotourisme ; - la diversité biologique, les ecosystèmes, les ressources socio-économiques constituent d‟attraits pour la conception des circuits ; - les activités de conservation menées par TPF envers les espèces cibles garantissent la disponibilité d‟attraits écotouristiques. Toutefois, quelques faiblesses risquent d‟entraver la mise en tourisme de la NAP : - le mauvais état de la route rend difficile l‟accès au site ; - les lacunes en infrastructures sanitaires, d‟électrification et d‟adduction d‟eau, d‟hébergement et de restauration sont autant d‟éléments néfastes au déveppement de l‟écotourisme ; - l‟insuffisance de savoir-faire local en matière peut limiter les retombées directes de l‟écotourisme à la population ; - la méconnaissance de l‟écotourisme par les communautés de base risque d‟entrainer de mauvaises interprétations des activités à entreprendre.

Par ailleurs, des éléments non inhérents au site mais provenant de son environnement forment d‟opportunités et de menaces à l‟exploitation écotouristique. Nous pouvons relever comme opportunités : - la présence d‟une aire d‟atterrissage privée à Bealanana réduit le trajet en automobile ; - des perspectives d‟appuis et de partenariats de la part de l‟Etat ou des organismes privés améliorent l‟offre écotouristique (par exemple : les projets de développement divers : construction d‟école, de route, adduction d‟eau potable…) ; - la visite de promoteurs étrangers qui pourraient en faire la publicité porte la NAP à la connaissance d‟un grand nombre de visiteurs potentiels. Néanmoins, des menaces pouvant limiter l‟effectivité du développement écotouristique sont à prendre en considération. Parmi ceux-ci : - la destruction de la biodiversité, causée notamment par l‟exploitation irrationnelle des ressources par la population, réduit les potentialités du site ; - les feux de brousse détruisent la beauté du paysage et restreignent les habitats naturels ; - l‟insécurité dissuade les visiteurs d‟y aller ;

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- l‟existence de destinations concurrentielles augmente la diversité de choix des touristes pour faire des découvertes.

La NAP Bemanevika présente, alors, de nombreuses forces et opportunités propices à l‟écotourisme local. Les faiblesses et les menaces y sont, toutefois, non négligeables vu qu‟elles concernent de près les produits à offrir. La prise en considération de la vision des acteurs est aussi indispensable pour mieux orienter l‟écotourisme.

2.2. Vision des acteurs majeurs Les acteurs majeurs du développement écotouristique de la NAP Bemanevika sont la population locale, les associations locales et TPF. Ils ont chacun leur perception du projet. Les populations locales ne connaissent pas la valeur de leur environnement. Les sites spectaculaires et les étonnantes ressources naturelles font partie de leur cadre de vie mais ils n‟en perçoivent pas l‟importance, outre leur usage quotidien. De nouveaux moyens d‟exploitation des ces ressources pouvant leur être bénéfique sont toujours les bienvenus. Ignorant à peu près tout des impacts de l‟activité, elle signifie quand même « rentrée d‟argent » pour eux. L‟exploitation de l‟écotourisme leur est avantageux car cela convient à : développement d‟emplois, sources de revenus, amélioration des conditions de vie. Cependant, les questions foncières constituent leur souci capital. Ils ont peur qu‟on ne les dépouille de leur terre pour y aménager différentes infrastructures requises par l‟exploitation. Les associations locales sont considérées comme étant les gestionnaires locaux de la NAP. Elles supervisent toutes exploitations touchant les ressources naturelles, notamment la forêt, dans la zone. De ce fait, elles ont de grandes responsabilités dans l‟expansion de l‟écotourisme qu‟elles jugent salutaires pour l‟essor économique et social de la région. Une de leur majeure préoccupation concerne la venue de nouvelles organisations plus compétentes qui pourraient s‟approprier les emplois éventuels générés par ce nouveau secteur d‟activités. De plus, l‟écotourisme s‟inscrivant dans les localités touchées par l‟activité, elles manifestent leur inquiétude et expriment des réserves quant au respect des valeurs éthiques et traditionnelles, vu que cette activité touche leur style de vie, leur tradition et culture, leurs formes d‟organisation sociale et politique établies de longue date. L‟organisme gestionnaire de la NAP, l‟ONG TPF, voit en l‟écotourisme une stratégie de gestion pour le site. C‟est, d‟une part, une approche pour aborder les menaces aux objectifs de conservation et, d‟autre part, c‟est une activité économique à même de générer des bénéfices au profit de la NAP. L‟exploitation produit, ainsi, une partie des fonds

62 nécessaires à la gestion du site grâce aux revenus engendrés par les visites. Par ailleurs, l‟écotourisme constitue un terrain d‟entente entre TPF et les communautés de base. Les responsables de la NAP tablent sur sa mise en œuvre pour améliorer leur rapport avec la population locale, rapport assez tendu étant donné que les autochtones considèrent l‟instauration du site en aire protégée comme une intrusion et une menace à leur activité de subsistance. Actuellement, TPF joue le rôle d‟intermédiaire entre les différents intervenants de l‟écotourisme. Il escompte que son implication se solde par la pérennisation de la NAP dans un contexte de développement durable. Le développement de l‟écotourisme est profitable pour ces différents intervenants, malgré quelques appréhensions. D‟acteurs non négligeables aussi leurs opinions.

2.3.Opinions d‟autres acteurs Outre ces acteurs majeurs, l‟écotourisme dans la NAP Bemanevika requiert aussi le concours des institutions étatiques, des opérateurs touristiques et des touristes. Ils également leur perception du projet. Les institutions étatiques estiment que la mise en place de la NAP Bemanevika et son exploitation écotouristique dissolvent l‟absence de coordination et de synergie entre les forces actives présentes. Y exploiter l‟écotourisme rafraîchit, en outre, l‟image du secteur touristique dans la région Sofia et le booste éventuellement. A part le fait que l‟écotourisme est en lui-même une source d‟argent pour les localités d‟accueil, il favorise l‟essor de la région toute entière. L‟existence d‟une activité qui promet d‟entraîner revenus et profits motive entre autres les autorités gouvernementales à déployer des activités de développement dans la région et à actionner l‟effectivité de la politique de décentralisation. Faire connaitre la zone à travers la promotion de la NAP Bemanevika est profitable pour communiquer ses forces et ses faiblesses, et toucher par la même occasion les bailleurs de fonds et investisseurs à soutenir la région. Les opérateurs touristiques sont conscients de l‟importance qu‟ils revêtent dans l‟évolution de l‟écotourisme dans la NAP Bemanevika, bien qu‟ils ne connaissent pas la destination. Cette exploitation représente pour eux une source de revenus : plus d‟activités équivaut à plus de profit. Les hôteliers et restaurateurs, aussi bien locaux que régionaux, aspirent à l‟arrivée de visiteurs dans la zone. Ceci leur assure des ventes de lits et de couverts. Cette exploitation est pour eux un moyen de se professionnaliser suivant les normes du métier. Les voyagistes voient en cette activité une diversification de leur offre. Malgré

63 quelques contraintes (la cherté du voyage, la complexité de l‟accès, la précarité des infrastructures, l‟immaturité des services…), cette exploitation représente un défi à relever dans un but économiquement lucratif. Pour les prestataires de services, de quelque nature qu‟ils soient (guides, transporteurs…), le développement de l‟écotourisme dans la NAP avive leurs activités professionnelles et stimule la mise en place de réglementations pour appuyer leur emploi. Les touristes s‟accordent à dire que la NAP Bemanevika a un potentiel non négligeable, bien que les avis des visiteurs sur place ne soient pas très représentatifs, étant donné qu‟ils ne sont pas encore nombreux. Le site est une destination écotouristique très intéressante si on arrive à bien mettre en valeur ses atouts et à y développer diverses activités, avec les infrastructures qui s‟imposent. Les écotouristes veulent profiter du paysage et de la nature, vivre de nouvelles expériences et découvrir de nouveaux sites durant leur voyage. La NAP répond à ces expectatives si on prend les mesures nécessaires pour y parvenir. Pour les visiteurs, le développement de l‟écotourisme dans la zone est un point positif car cela leur permet de voir librement les richesses naturelles qui y existent. Chacun en tire des bénéfices selon ses aspirations. Néanmoins, des actions doivent être réalisées afin de préserver l‟authenticité de la zone.

La nouvelle aire protégée Bemanevika figure parmi les sites naturels magnifiques de Madagascar. Elle se caractérise par ses étonnantes ressources faunistiques composées notamment d‟une inestimable richesse avifaune, son beau paysage constitué de remarquables écosystèmes et la société locale dotée d‟une chaleur spontanée. Autant de potentialités qui font de la NAP une destination écotouristique exclusive. La mise en place d‟infrastructures d‟hébergement et d‟aménagement menant aux attraits démontre la volonté d‟y pratiquer l‟écotourisme. Néanmoins, l‟essor de cette activité n‟est encore qu‟à son stade initial ; développement duquel tous les acteurs ont leur propre vision. En l‟occurrence, promouvoir l‟écotourisme dans la NAP Bemanevika signifie la conservation et la mise en valeur de la biodiversité. Cela permet aussi de faire profiter l‟économie locale de ce mode de valorisation des ressources naturelles, stimuler le développement local et d‟accompagner l‟appui à la gestion rationnelle et durable des ressources à travers la participation des divers acteurs au processus d‟exploitation de l‟écotourisme. Tout ceci dans un souci de valoriser la population locale.

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PARTIE 3 : RESULTATS DE LA RECHERCHE

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Les notions d‟écotourisme et de nouvelle aire protégée, ainsi que les différentes théories abordées pour approcher la présente recherche tendent à mettre en exergue les communautés de base dans toutes activités visant la conservation de l‟environnement et le développement local. Il apparait qu‟impliquer les PAPs dans le projet écotouristique aide à la préservation des ressources naturelles, et que prendre en considération leurs motivations et leurs comportements suscite des changements positifs en matière d‟aptitude et de compétence. Ceci dans le but d‟améliorer leur environnement de vie et leur existence. Dans la nouvelle aire protégée Bemanevika, les gestionnaires s‟emploient à mettre en pratique ces théories. La constitution des associations illustre cette volonté d‟inciter la participation locale pour la conservation et le développement. Comment cela s‟y présente-t-il concrètement? C‟est ce que nous allons voir dans cette dernière partie en soulignant dans un premier chapitre les aspects de la mise en valeur des communautés de base. Dans le second chapitre, nous allons avancer quelques recommandations et perspectives pour une meilleure efficacité du développement écotouristique.

Chapitre 5 : Aspects de la mise en valeur des communautés de base 1. Implication de la population locale 1.1. Importance de la population locale dans l‟écotourisme Etant une nouvelle aire protégée de catégorie V, paysage harmonieux protégé où les attractions entre l‟homme et la nature contribuent au maintien de la biodiversité ainsi qu‟à celui des valeurs esthétiques et culturelles, toutes les actions menées au sein du site doivent tenir compte des communautés de base. C‟est, d‟ailleurs, dans cette optique que les associations locales FIMAKA et FBM ont été mises en place. Pour le cas de l‟écotourisme, le schéma suivant illustre concrètement comment elles s‟y articulent.

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Figure 2 : Modélisation de l‟écotourisme dans la NAP Bemanevika

NAP BEMANEVIKA

Forêt, marécages, faune, flore Développement

TPF Ecotourisme

Population locale, FIMAKA, FBM

Conservation

Ce schéma montre les éléments pertinents en interaction dans la NAP Bemanevika. Le site fait l‟objet de multiples actions parallèles pour atteindre ses objectifs et assurer sa pérennisation, à savoir des activités de développement, de conservation et d‟écotourisme. Ce sont les forces qui interagissent dans ce dernier qui nous intéressent plus particulièrement. - La forêt, les marécages, la faune et la flore : Ce sont les principaux éléments de l‟écotourisme. Ils en constituent la base étant donné que ces ressources composent les attraits, et donc les circuits écotouristiques du site. Les touristes y viennent particulièrement pour les voir. En outre, ils fournissent du travail à TPF. D‟un côté, leur existence justifie les financements dont l‟organisme bénéficie en en faisant des cibles de conservation. C‟est la prise de conscience quant à leur valeur environnementale et économique du reste qui a poussé cet organisme à exploiter l‟écotourisme au sein du site. D‟un autre côté, ces ressources naturelles fournissent aux communautés de base des moyens de subsistance.

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- TPF : C‟est le précurseur de l‟écotourisme dans la NAP. Ce sont les gestionnaires du site qui y ont incité l‟exploitation écotouristique. D‟une part, ils en ont planifié et financé les activités nécessaires (aménagements, infrastructures, formation), et d‟autre part, ils ont promu et vendu la destination auprès des touristes. Par ailleurs, les activités de conservation qu‟ils mènent à l‟endroit des ressources naturelles ont soutenu la mise en écotourisme de ce site. Sinon, TPF essaie de susciter le développement local en impliquant les communautés de base dans la promotion de l‟écotourisme. Ceci se fait surtout à travers les associations FIMAKA et FBM. - La population locale, FIMAKA, FBM : Ce sont eux qui permettent à l‟écotourisme d‟aboutir ou non. Elles défendent jalousement leur territoire, ce qui fait que transformer les ressources naturelles en attraits écotouristiques ne peut se faire sans leur accord, sous peine de représailles. Donc, par le biais des associations en relation avec TPF, les communautés de base cautionnent ou critiquent les différents aspects de l‟exploitation écotouristique de la NAP Bemanevika. En outre, l‟extension ou l‟atténuation de leur exploitation irrationnelle de la forêt et des marécages avec les différentes faunes qui y habitent détermine l‟existence de l‟écotourisme dans le site. Développer l‟écotourisme dans la NAP Bemanevika revient, par conséquent, à prendre en compte ces trois éléments majeurs et interdépendants. En écarter un risque d‟en endiguer le développement. La population locale tient, alors, une place importante qu‟il ne faut pas négliger dans l‟exploitation écotouristique du site. La prise en considération de ces communautés de base à travers la valorisation de leurs savoirsest nécessaire pour la viabilité de la NAP.

1.2. Valorisation des savoirs locaux TPF travaille étroitement avec la population locale pour les activités qu‟il mène au sein de la NAP Bemanevika. Certes, les associations locales ont été mises en place pour assurer la gestion locale des ressources naturelles et non spécialement pour le développement de l‟écotourisme. Toutefois, elles en servent de plateforme pour la circulation d‟idées entre ces deux entités. Donc, dans la perspective d‟une mise en écotourisme du site, une concertation avec ces représentants des communautés de base a été effectuée, ce qui leur a permis d‟émettre leurs attentes, aspirations, soucis et appréhensions. D‟après cette démarche, les opinions des personnes âgées des villages sont particulièrement prises en compte, dans la mesure où elles sont les détenteurs de la sagesse locale, des systèmes de valeurs et des

68 héritages culturels. Adapter ces savoirs à l‟exploitation et la gestion de l‟écotourisme s‟avère particulièrement bénéfique. Par exemple, leur conseil quant à l‟emplacement du terrain de camping a permis d‟éviter des conflits d‟intérêt entre TPF et la population locale. En outre, les savoirs locaux, savoir-faire ou savoir-être, sont promus à travers l‟écotourisme. Nous pouvons citer en exemple l‟application des connaissances des habitants en travaux de construction car c‟est parmi eux qu‟ont été sollicités ceux qui ont bâti les infrastructures utiles pour l‟exploitation de l‟écotourisme, tels les abris-tentes et les miradors, pour la constructions desquelles sont utilisés des matériaux locaux (spécialement le bois) selon leurs techniques et méthodes propres. Les outils utilisés comme les bêches, les coupe- coupes, les couteaux et les haches sont issus des forges locales. Les produits artisanaux font aussi d‟excellents produits écotouristiques. Ce sont surtout de la vannerie : nattes, paniers, vans… Elles peuvent servir à l‟accueil des clients, et aussi se vendre en tant qu‟articles souvenirs. En outre le savoir-vivre local qui consiste à honorer et à accueillir aimablement tout visiteur quel qu‟il soit est pratiquement mis en valeur dans l‟écotourisme. Ceci s‟apparente, d‟ailleurs, à la promotion de la culture locale par cette activité. Par ailleurs, toujours dans le but de développer l‟écotourisme dans la NAP Bemanevika, TPF y a mené des sessions de formations en langues étrangères et en cuisine. Pour ce faire, des personnes issues des villages touchées par la mise en place du site ont été les bénéficiaires. C‟est aussi à travers les associations locales que les participants ont été déterminés. Pour les langues, dix jeunes gens des deux sexes ont bénéficiés de formations en langue française et dix autres en langue anglaise. Pour la cuisine, une vingtaine de femmes ont été initiées aux rudiments de la cuisine nationale et internationale, en complément de l‟art culinaire régional. Ces formations gratuites sont assurées par des formateurs spécialisés qui s‟y sont déplacés spécialement. Ces activités ont eu pour but de préparer les habitants à l‟accueil de touristes pour qu‟ils puissent assurer les guidages et la restauration de ces derniers ; et par conséquent, d‟éviter d‟importer de la main d‟œuvre. Donc, les savoirs de la population touchée par la NAP Bemanevika sont mis en exergue par le biais de l‟écotourisme. Ce dernier permet, effectivement, de prendre en considération les connaissances des communautés de base, de mettre en valeur la culture et les produits locaux et de promouvoir la main d‟œuvre locale, ce qui favorise la participation de la population au développement écotouristique. Outre cela, cette implication locale présente un enjeu pour la conservation.

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1.3. Enjeu pour la conservation TPF travaille à valoriser le site Bemanevika à travers la préservation des espèces faunistiques et floristiques locales. Pour ce faire, il collabore avec les populations locales à travers un système de gestion communautaire, le transfert de gestion GELOSE. Diverses activités sont entreprises dans ce sens. Le développement de l‟écotourisme dans la NAP en profite et s‟y intègre. Il est, effectivement, constaté que les villageois sont conscients de l‟importance des ressources naturelles dans leur existence. L‟utilisation de cette biodiversité comme produits écotouristiques renforce cette prise de conscience. Des activités de sensibilisation sont menées auprès des communautés. Elles sont destinées directement à la conservation des espèces mais cela a des impacts positifs dans le développement de l‟écotourisme. Vice-versa, l‟évolution de ce secteur d‟activités permet aux PAPs d‟en expérimenter les impacts. Ceux qui en ont bénéficié entrainent les autres à la conscientisation sur la valeur de l‟environnement, voire de l‟écotourisme.

2. Développement locale 2.1. Amélioration du niveau de vie D‟après les enquêtes menées auprès des différents acteurs, surtout auprès des communautés de base, ils s‟attendent à ce que l‟écotourisme les aide dans leur développement en améliorant leur niveau de vie. Sur cet aspect, l‟exploitation écotouristique dans la NAP Bemanevika se présente sous différentes formes. D‟abord, l‟écotourisme donne du travail à la population locale. En effet, plusieurs personnes sont employées pour entretenir les pistes écotouristiques et le terrain de camping, par exemple. Jusqu‟à présent, une douzaine de personnes en sont concernées. Elles travaillent pendant une semaine et deux fois dans l‟année à raison de 15.000 Ar la journée. En outre, quelques natifs accompagnent les guides du TPF et servent de pisteurs lors des visites. Ils reçoivent des pourboires de la part des touristes. Certes, ce ne sont que des tâches saisonnières mais elles constituent une source de revenu supplémentaire pour les bénéficiaires. Ces personnes sont recrutées à travers les associations locales et selon leur degré de vulnérabilité défini par les gestionnaires de la NAP. Ensuite, l‟écotourisme favorise le changement de comportement et d‟attitude des communautés de base. D‟un côté, les villageois expriment des sentiments d‟envie en voyant les visiteurs. Ils veulent, effectivement être comme ces derniers, c‟est-à-dire avoir leur aisance et une vie commode. Car il faut dire que pour eux, étranger est synonyme d‟argent,

70 de richesse. De par ces perceptions, ils concluent qu‟il faut étudier pour y arriver. Ce qui fait qu‟ils sont maintenant plus enclins à envoyer les enfants à l‟école, faisant par conséquent monter le taux de scolarisation dans la région. D‟un autre côté, la population locale est plus portée aux questions d‟hygiène. Il est constaté que depuis l‟exploitation écotouristique dans la NAP, les villages sont plus propres et les villageois plus soignés dans leur apparence. Ceci à cause de la sensibilisation effectuée auprès des membres des associations. Enfin, l‟écotourisme développe les connaissances et les aptitudes des communautés de base. Nous avons déjà vu dans la section précédente que des individus ont bénéficié de formations qui leur ont permis d‟aiguiser leur compétence en langues et cuisine. Outre ces apprentissages, la présence d‟étrangers dans son milieu de vie permet à la population de connaitre différentes choses qui lui sont jusqu‟alors inconnues. Par exemple, les voitures tout terrain de modèles différentes, les tentes, les appareils technologiques en matière de prises de vue (appareils photos, caméras)…, ce qui donne aux villageois l‟occasion d‟être en contact avec la civilisation moderne, d‟avoir connaissance de l‟évolution humaine et de dépasser ainsi le stade de l‟ignorance. Donc, l‟exploitation de l‟écotourisme dans la NAP Bemanevika soutient le développement de la population locale en matière de travail, de comportement et de connaissance. D‟autres aspects du développement local sont aussi promus par ce secteur d‟activités.

2.2. Soutien de l‟économie locale L‟écotourisme tient compte de la production, de la consommation et de la distribution des richesses de la population locale. En effet, il favorise la diversification des champs d‟activités économiques et appuie les secteurs d‟activités locaux. La majorité de la population vivant aux confins de la NAP Bemanevika sont des agriculteurs. Y développer l‟écotourisme revient à promouvoir toutes sortes d‟activités économiques. Dernièrement, par exemple, les villageois ont été incités, et conséquemment formés, à l‟apiculture. Ceci toujours dans le cadre du développement écotouristique car le miel est peut être vendu aux touristes en parallèle avec les articles souvenirs. Une cinquantaine d‟individus ont bénéficié de cette formation et ont été nantis des matériels nécessaires pour la production, telles que les ruches. En outre, un autre avantage tiré de cet élevage est la cire. Cette dernière peut tout aussi bien être écoulée sur le marché local ou régional. Ce qui est susceptible de booster l‟économie de la zone : une nouvelle filière

71 d‟activités se développe et suscite, dès lors, d‟autres débouchés et de consommateurs, propices à la croissance locale. L‟écotourisme appuie les secteurs d‟activités traditionnels dans la NAP Bemanevika. Comme les touristes qui visitent le site font des donations sous forme d‟argent, une certaine somme est déjà recueillie. Cette recette est entièrement allouée aux associations locales pour entreprendre des actions sociales orientées vers le développement socio-économique des communautés de base. Donc, FIMAKA et FBM ont soutenu leurs membres en facilitant leurs activités de subsistance. Les villageois ont, ainsi, bénéficié d‟équipements agricoles (charrues, herses, bêches) et d‟intrants (semences). Ils ont pu, par ces opérations, améliorer leur production et faire d‟autres usages de leur capital de production habituel, par exemple rénover leur maison, pourvoir à la scolarisation de leurs enfants… Ainsi, par l‟écotourisme, les communautés de base ont la possibilité de parfaire leur développement, étant donné que ce secteur diversifie leurs activités économiques et les aide dans leur moyen de subsistance. De plus, l‟exploitation écotouristique embellie le cadre de vie de la population locale.

2.3.Viabilisation de la zone Faire de l‟écotourisme dans la NAP Bemanevika revient à rendre viable le site, notamment les fokontany qui s‟y trouvent. Ceci consiste à stimuler un environnement favorable au développement humain local, c‟est-à-dire y aménager les infrastructures et équipements adéquats et bénéfiques au bien-être de la population. De ce fait, toujours à l‟aide des sommes versées par les touristes, quelques actions ont été entreprises au sein du milieu de vie des villageois pour y créer des conditions d‟existence meilleures. Dans ce cadre, des puits publics y sont creusés pour que les habitants n‟aient plus à utiliser directement l‟eau de la rivière pour cuisiner ou se laver. Les villages sont déparasités pour que la population n‟ait plus à souffrir des puces tiques. Par ailleurs, dans le but de faciliter l‟accès des touristes au site, TPF y a réaménagé la route le reliant à Bealanana. Ceci est avantageux aussi pour la population car elle encourage l‟ouverture de la zone, lui permettant d‟écouler plus facilement ses produits.

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Chapitre 6 : Recommandations et perspectives 1. Suggestions Face à l‟exploitation de l‟écotourisme et la prise en compte des communautés de base dans cette NAP, nous avons fait quelques examens : - The Peregrine Fund est un organisme spécialisé dans la conservation des oiseaux de proie. Le personnel est, alors, composé activement de biologiste. Aucun n‟a de formation ni d‟expérience en écotourisme. Ce domaine ne leur est donc pas familier, ce qui fait que l‟exploitation écotouristique à Bemanevika relève du domaine du tâtonnement. - La NAP Bemanevika est un site à vocation écotouristique. Les ressources faunistiques et floristiques présentes en attestent. Mais avec le problème de méconnaissance de l‟écotourisme des responsables, l‟activité n‟est pas effective, concernant aussi bien les infrastructures et aménagements que la gestion. - Aucune communication claire n‟a été faite auprès de l‟ensemble de la population locale quant à l‟exploitation de l‟écotourisme dans la zone. Seuls les membres des associations ont été avisés et le reste en a seulement entendu parler. Ce qui cause leur appréhension face à cette activité. - Le résultat des activités déjà entreprises sous l‟initiative du TPF concernant le développement de l‟écotourisme auprès de la population locale (formation en langues et cuisine) n‟a pas été positif par manque de pratique. Ceci est causé par une mauvaise gestion des priorités en matière de renforcement de capacité des riverains.

Pour parfaire cette valorisation de la population locale par l‟écotourisme dans la nouvelle aire protégée de Bemanevika, quelques améliorations sont à faire : - TPF devrait recruter un spécialiste qui serait en charge de développer l‟écotourisme dans ses sites avec toutes les orientations nécessaires. Ceci a pour but d‟améliorer l‟offre écotouristique de Bemanevika (circuits et infrastructures), de le rendre concurrentiel sur le marché, d‟assurer sa visibilité, d‟en assurer la gestion et de faire sa suivi et évaluation ; - Une campagne communicationnelle devrait être menée afin de bien définir les parties prenantes, de les informer sur l‟écotourisme et de les sensibiliser quant à leur participation dans l‟activité ;

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- Une plateforme de discussion réunissant des représentants de toutes les parties prenantes, notamment la population locale, devrait être mise en place. Ceci a pour objectif d‟avoir une vision commune des objectifs de l‟exploitation écotouristique en tenant compte des avis de chacun lors de l‟élaboration et de la mise en œuvre des stratégies diverses ; - Des formations orientées sur le renforcement des capacités de la population locale devront être entreprises. Ceci devrait concerner les techniques de guidage, les langues étrangères, le secourisme, l‟accueil et la réception des visiteurs, la restauration et la gastronomie typique, l‟hygiène et la propreté, la gestion des micro-entreprises et microprojets communautaires, la comptabilité et la maintenance des équipements divers. Un calendrier des activités de renforcement de capacité serait à élaborer en fonction des aptitudes locales et pour faire face aux exigences de l‟écotourisme.

2. Perspectives de recherche Madagascar est classifié hotspot de la biodiversité, ce qui fait que l‟écotourisme est considéré comme la forme de tourisme la mieux adaptée au pays (MNP, 2001)77. D‟une part, la richesse de la diversité écologique malgache a fait que la majorité de la demande touristique y est orientée ; et d‟autre part, le concept de vivabilité environnementale, viabilité économique et équitabilité sociale de l‟écotourisme pourrait privilégier le développement national. La présence de nombreuses aires protégées y est, d‟ailleurs, propice au développement de ce secteur. Non seulement l‟écotourisme aide à la conservation des ressources naturelles dans ces sites à travers les sensibilisations, les éducations environnementaux et les parts de bénéfices financières qui y sont attribuées, mais également il est une activité alternative génératrice de revenus pour les populations riverains leur assurant des emplois et des rentrées d‟argent. Il est, effectivement, spécifié que les populations locales cesseront d‟exploiter irrationnellement les ressources naturelles pour leur subsistance s‟ils trouvent d‟autres sources de revenus favorisant leur bien-être. Le développement de cette activité passe par une multiplication des efforts d‟investissement dans les infrastructures écotouristiques, la dotation d‟une politique agressive de marketing sur les principaux marchés émetteurs, ainsi qu‟une approche pluridisciplinaire et participative lors de l‟élaboration de l‟offre écotouristique. Toutefois, cette volonté de concilier croissance

77 Madagascar National Parcs, 2001, Plan de gestion du réseau national des aires protégées de Madagascar, Ministère de l‟environnement de Madagascar, MNP, 121 p.

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économique, lutte contre la pauvreté et protection de la biodiversité à travers l‟écotourisme n‟est pas encore effective à Madagascar. D‟un côté, les emplois locaux générés par l‟activité sont minimes (faible niveau de compétences locales), les retombées économiques directes sont rares (ventes négligeables de produits locaux) et le sentiment d‟appartenance y est inexistant (faible participation des communautés locaux). De l‟autre côté, le gouvernement et les organismes responsables tablent surtout sur les financements qui y sont associés. En somme, développer l‟écotourisme à Madagascar revient à justifier les aides budgétaires qui y sont attribuées plutôt que soutenir le développement durable. La pérennisation de la NAP Bemanevika suppose l‟existence de plusieurs activités de développement et de conservation dans le site. En effet, divers ONGs et associations œuvrent pour favoriser son implantation. Par conséquent, développer l‟écotourisme dans la NAP revient à prendre en considération ces multiples activités et de les accorder. Par ailleurs, ces actions nécessitent le concours d‟acteurs variés et complexes. Ceux-ci ont leurs propres visions et attentes, qui peuvent se compléter ou s‟opposer. De plus, les communautés de base ont de sérieuses lacunes pour promouvoir l‟écotourisme. Tout ceci relève de nouvelles problématiques de dynamique de territoires et d‟acteurs, d‟un côté, et de la capabilité de la population locale, d‟un autre côté.

En somme, l‟écotourisme dans la NAP Bemanevika reflète la valorisation des communautés de base. Ceci se ressent directement dans la conservation de l‟environnement et le développement socio-économique des PAPs. En effet, ces dernières sont plus enclines à protéger les ressources naturelles existantes dans le site, étant donné qu‟elles leur confèrent des moyens de subsistance alternatifs. En plus, leur milieu de vie sont améliorés, ce qui œuvre dans la promotion de leur bien-être. Cependant, cette prise en considération de la population à travers sa participation à l‟écotourisme n‟est pas encore suffisante. Par exemple, le nombre des personnes issues des villages touchés par la NAP qui y travaillent est peu nombreux. Ceci dû à une exploitation qui n‟est pas très développée, ainsi qu‟au manque de compétences des villageois. Des activités de renforcement de capacité sont donc requises, et une réforme dans l‟a mise en œuvre du développement écotouristique.

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CONCLUSION

Depuis quelques années, l‟écotourisme devient de plus en plus populaire, que ce soit auprès des organismes de conservation et de développement cherchant à générer des revenus dans les zones protégées, ou auprès des touristes venant de pays plus riches à la recherche de nouvelles expériences. De surcroît, il est perçu comme l‟occasion pour les populations locales vivant dans des sites écotouristiques de bénéficier de façon positive du développement de cette activité et de la conservation des forêts et des zones protégées. Cette dernière option est la plus considérée dans cette recherche car, après une longue période pendant laquelle les aires protégées ont été créées sans respecter les populations locales, parfois plutôt en les excluant d‟espaces où elles vivaient en harmonie avec la nature depuis des millénaires, on est passé à une gestion respectueuse des locaux. Cette nouvelle stratégie vise à ce que les bénéfices et les coûts des activités de conservation et développement exploitées dans les zones protégées soient répartis équitablement. La nouvelle aire protégée Bemanevika illustre concrètement cette relation entre zone protégée et population locale. Elle se caractérise par sa richesse en ressources faunistiques, composées notamment d‟oiseaux, et son paysage constitué par de remarquables écosystèmes. Une gestion communautaire de type GELOSE y est instaurée, impliquant les communautés de base dans la préservation de son environnement naturel. Sa mise en écotourisme est vue comme une garantie de sa pérennisation. Trois théories spécifiques sont avancées pour étudier la population locale dans ce contexte : le systémisme, l‟approche participative et le développement local. Leurs méthodes de collecte de données consistant à observer les faits, à mener des enquêtes, à s‟entretenir avec les acteurs concernés nous ont conduits à répondre à nos questions de recherche. Nos travaux dans la NAP Bemanevika nous ont permis de confirmer nos hypothèses à la problématique de la pertinence de la mise en valeur des communautés de base par l‟écotourisme face à ses objectifs de conservation des ressources et de développement socio- économique. D‟une part, nous avons pu démontrer que la participation de la population locale dans l‟effectivité de l‟écotourisme garantit la réduction de l‟exploitation irrationnelle des ressources naturelles. D‟autre part, nous avons pu établir que l‟amélioration des conditions de vie des villageois assure un développement local viable et durable. Promouvoir la participation locale dans la NAP Bemanevika revient à tenir compte des opinions des communautés de base, à prendre en considération les systèmes de valeurs existants, à soutenir leur savoir-faire et savoir-être et à améliorer leur connaissance. Contribuer à leur bien-être

76 consiste à renforcer les conditions leur permettant de progresser socialement et économiquement. Donc, pour que l‟écotourisme assure ses fonctions pour la préservation de l‟environnement et le développement local, il faut que les communautés de base s‟y intègrent. Adapter ces résultats de recherche à toutes les nouvelles aires protégées de Madagascar pourrait répondre à leurs objectifs de soutenir la conservation du patrimoine culturel malgache, de favoriser l‟utilisation durable des ressources naturelles pour contribuer à la réduction de la pauvreté et au développement. Toutefois, il faut convenir, d‟un côté, que la population locale n‟a pas les compétences nécessaires pour développer correctement des projets écotouristiques, et d‟un autre côté, que les sites protégés sont le théâtre de diverses activités de conservation et de développement, et par conséquent de multiples acteurs. Ce qui suscite une nouvelle problématique sur la dynamique des territoires, l‟enjeu des acteurs et la 78capabilité des populations locales, objet d‟une recherche ultérieure.

78 Théorie de la capabilité par NUSSBAUM Martha et SEN Amartya

77

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82

ANNEXES

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LISTE DES ANNEXES Page Annexe 1 : Typologie de la participation locale 85 Annexe 2 : Liste et localisation des écosystèmes de la NAP Bemanevika 87 Annexe 3 : Distance des fokontany par rapport au chef-lieu de commune 88 Annexe 4 : Guide d‟entretien 89 Annexe 5 : Liste des personnes entretenues 90

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Annexe 1 : Typologie de la participation locale

Types Caractéristiques Participation La population participe en étant informée de ce qui arrive ou est arrivé. passive ou La communication est en général à sens unique, les réactions des persuasion individus n‟étant pas prises en compte. Cette approche est ancienne et n‟est plus recommandée. Participation à La population participe en répondant à des questions conçues par le l‟apport personnel de l‟aire protégée. La population n‟a pas l‟occasion d‟informations d‟influencer l‟avancement des travaux étant donné que les résultats ne lui sont pas communiqués ni vérifiés par elle. Participation La population participe en étant consultée, des agents extérieurs écoutant sous forme ses points de vue. Les agents extérieurs définissent à la fois les problèmes de consultation et les solutions, modifient parfois ces dernières en tenant compte des réponses de la population. Elle ne participe pas aux prises de décisions, étant donné que les points de vue n‟incluent pas toujours ceux de la population. Cette méthode n‟est pas conseillée car elle ne permet pas l‟implication des populations dans les processus de décision. Participation en La population participe en fournissant des ressources, par exemple, de la échange main d‟oeuvre, en échange d‟aliments, d‟argent, etc. Ne participe pas aux d‟incitations expériences et n‟est pas motivée à poursuivre les activités lorsque les matérielles incitations cessent. Ce type de participation est trop ponctuel pour être véritablement efficace, mais parvient parfois à des résultats concrets. Participation La participation constitue un moyen de mener à bien des projets, comme, fonctionnelle par exemple la diminution de l‟opposition à une aire protégée. Les populations peuvent participer en formant des groupes qui vont travailler sur des objectifs prédéterminés dans le projet. Une telle implication peut être interactive et impliquer une participation dans la prise de décisions, mais elle se produit généralement quand l‟essentiel des décisions est déjà pris. Participation La population participe à l‟analyse conjointe, à l‟élaboration de plans interactive d‟action et à la formation ou au renforcement de groupements locaux. La participation est considérée comme un droit et pas uniquement comme un moyen de mener à bien un projet. Le processus implique la mise en place de méthodes de participation destinées à trouver des solutions aux problèmes locaux. Comme les populations prennent en charge les décisions locales et déterminent comment les ressources peuvent être utilisées, elles sont motivées pour maintenir les structures, les pratiques et les ressources locales. Elle implique cependant des temps longs. Automobilisation La population participe en prenant des initiatives sans recours aux institutions extérieures pour changer les systèmes. La population peut à l‟occasion contester la distribution inéquitable des biens et du pouvoir. Gestion inclusive Se définit par l‟absence de délocalisation des populations. Le principe repose sur deux postulats : le bien-être des populations doit primer. On a appliqué cette approche dans les parcs nationaux habités et les administrations locales ont été fortement impliquées dans la planification de la gestion. Le second postulat est que le maintien des résidents dans l‟aire protégée comporte plus d‟avantages que d‟inconvénients pour les objectifs de conservation.

85

Approche Initiée par l‟UNESCO à travers son programme « l‟homme et la « zone tampon » biosphère », elle est liée à la notion de « réserves de biosphère ». Le principe consiste à diviser la réserve en deux zones : « une zone noyau excluant toute occupation ou utilisation humaines et isolée du monde extérieur par une zone tampon ». Celle-ci est définie comme « une zone, périphérique d‟un parc national ou d‟une réserve équivalente, dans laquelle certaines restrictions sont imposées sur l‟utilisation des ressources, ou pour laquelle des mesures spéciales sont prises pour améliorer la valeur de conservation de la région concernée ». La méthode des zones tampons s‟inscrit dans la logique « gestion des conflits ». elle est parfois critiquée comme un processus progressif de déclassement de l‟aire protégée. « Benefit-sharing Le principe du partage des avantages a été formalisé et posé comme une » : règle dans la gestion de la biodiversité. « Le partage juste et équitable des bénéfices contre avantages découlant de l‟exploitation des ressources génétiques » est un ressources des trois principes de base de la CDB.

(D‟après Barrow & Murphree 2001, traduit et adapté par différents auteurs)

86

Annexe 2 : Liste et localisation des écosystèmes de la NAP Bemanevika

Ressources Lieu d’emplacement Commune rattachée Bemanevika Antananivo-Haut Blocs forestiers Beandrarezona / Antananivo- Ambatomainty Haut Marotaolana Antananivo-Haut Marécage Analavakivoho Beandrarezona

Ankosihosibe Antananivo-Haut Ankinaka Beandrarezona Matsaboribe Beandrarezona Lacs Andriakanala Beandrarezona Matsaborimena Antananivo-Haut Matsaborimaitso Antananivo-Haut Maramarantsarengy Antananivo-Haut Rivière Sandrakota Antananivo-Haut Matsaborimena Antananivo-Haut Antsiraka Antananivo-Haut Andalamahitsy Antananivo-Haut / Beandrarezona Antananivo-Haut Antafiamalama Antananivo-Haut Chute d‟eau Antananivo-Haut Antananivo-Haut Antohakabe Antananivo-Haut Andriana Antananivo-Haut Andrianabe Antananivo-Haut Ambodiriana Beandrarezona Amberivery Beandrarezona Andriamanjavona Beandrarezona Andranomanginy Beandrarezona Ambongamarina Antananivo-Haut Grotte Ambodisikidy Antananivo-Haut

Antananivo-Haut Antananivo-Haut

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Annexe 3 : Distance des fokontany par rapport au chef lieu de commune

Fokontany Distance par rapport au chef lieu de commune Commune rurale d’Antananivo-Haut

Ambodimadiro 25 Km

Manirenja 15Km

Ambodivavandrika 10 Km

Antanambao 10 Km

Antolongo 05 Km

Ambinanindrano 10 Km

Antananivo-Haut 0 Km

Commune rurale de Beandrarezona

Sandrakotahely 47 Km

Amberivery 12 Km

Beandrarezona 0 Km

Ambalapaka 10 Km

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Annexe 4 : Guide d‟entretien

Introduction - Salutation - Présentation de notre personne : étudiante du TPF faisant des recherches sur le développement de l‟écotourisme - Présentation de l‟étude : recherche sur la mise en valeur des communautés de base par l‟écotourisme : examen des relations entre ressources naturelles et population locale, évaluation de la volonté locale de participation. - Note : Aucune promesse quant au développement de l‟écotourisme. Thèmes Exemples de question Attentes Représentation de - Savez-vous ce qu‟est l‟écotourisme ? Sentiments et attitudes envers l‟écotourisme - Que représente l‟écotourisme pour l‟écotourisme vous ? Les ressources - Quelles sont les ressources locales Disponibilité des ressources naturelles et culturelles ? (quoi ? quand ? où ?) ; - Que faites-vous quotidiennement ? Moyens de subsistance ; Compétences et savoirs locaux ; Relation entre ressources naturelles et population Appropriation de - Etes-vous pour ou contre Degré de participation ; l‟écotourisme l‟écotourisme ? Capacité d‟adaptation ; - Comment prenez-vous les Attentes et craintes changements que l‟écotourisme entraine ? Impacts de - Qu‟est-ce-qui a changé depuis Changement de l‟écotourisme l‟exploitation de l‟écotourisme ? comportements, de - Remarquez-vous des changements ? compétences ; Amélioration de vie

Conclusion - Remerciement pour l‟attention, la patience et la collaboration de la personne entretenue. - Réaction : attente d‟éventuels remarques ou questions. - Prise de congé

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Annexe 5 : Liste des personnes entretenues

LIEU NOM RESPONSABILITE / ACTIVITE Mr Ramanantsoa Secrétaire Général de la Région Georges

Antsohihy Mr Rabesaina Jonah Directeur éxecutif de l‟Office Régional du Tourisme Sofia

Mr Rasatatsihoarana Ingénieur des Eaux et Forets Thierry

Mr Tsaramila Jean- Chef cantonnement du District de Claude Bealanana

Mr Jaomanody Maire de la Commune Rurale Bealanana d‟Antananivo-Haut Chef ZAP du District de Bealanana

Mme Joëline Hôtelière

Mr Robert Président de la fédération Mr Phil Tovey Touriste

Campement de The Mme Lucy Vincent Touriste Peregrine Fund Mr Ken Behrens Promoteur touristique

Mr Noam Shany Partenaire

Mr Randrianafenana Maire de la Commune Rurale de Clément Beandrarezona

Mr Randrianarisoa Chef fokontany de Beandrarezona II Marius

Mr Siravita Germain Policier communal

Mr Rasolonantenaina Directeur de l‟EPP Beandrarezona Jean Régis Mr Rabevavonjy Instituteur

Mme Rolette Epicière

Baban‟i Steo Paysan

Mr Bienvenu Porteur

Mlle Erancie Jusca Lycéenne

Bemanevika Mr Mahakeny Président VOI / FBM

90

Mr Tsimiaso Chef secteur

Mme Laurence Epicière

Mme Soamizara Restauratrice

Mme Velomina Femme au foyer

Mr Randriamampizara Paysan

Maman‟i Tata Epicière

Mr Alphonse Formateur en riziculture – Fondation Aga Khan

Mr Ramasilaza

Mr Xavier Lucien Adjoint du Chef fokontany

Mr Jaofeno Raobilahy Vice Président VOI / FIMAKA

Mme Vavimasy Perline Trésorière VOI / FIMAKA

Mr Naivo Commerçant

Amberivery Maman‟i Laurence Présidente de l‟Association féminine

Mr Philibert Commerçant

Mr Venance Paysan

Mr Parfait Paysan

Mr Zaman‟i Vero Paysan

Mr Rabenaly Alphonse Chef fokontany

Mr Rabemila Ex directeur de l‟EPP

Mr Randrianafidy Président de l‟Association de jeunes Barinesy

Mr Zaisy Robin Paysan

Antananivo-Haut Mme Francine Présidente de l‟Association féminine Mr Jaovahoaka Membre de la fédération Mr Tsimandroadahy Julien Mr Ndriamanodisoa

Mme Oliviette

Mr Velonandalana Paysan

91

Mme Sizely

Mr Jacquelin

Mr Falimanana Chef fokontany

Mr Adazara Gaston Ancien du village

Mr Trefinjara Ancien du village

Mr Verina President du FRAM Ambodisikidy Mr Jaomiasa Quartier mobile (Secteur du fokontany d‟Antolongo) Mr Randrianary Honore Jeune du village Mme Zafirina Présidente de l‟Association féminine

Mme Soanjara Femme au foyer

Mme Saomamy Femme au foyer

Mr Rabesolo Paysan Mr Rabe Silance Chef fokontany

Mr Rabezaka Eugene Président de l‟Association « Zanatany »

Mr Njakarivo Rodolphe Chef de la parcelle Maromena

Mr Jean Seva Chef de la parcelle Besaraka

Mr Rabehoavy Secrétaire de l‟Association de jeunes Ambodimadiro Alphonse

Mr Edmond Instituteur

Mr Rantoandro Ancien du village

Mr Mevazandry Catéchiste

Adjoint du Chef fokontany

Mme Paris Présidente de l‟Association féminine

Mr Randriamaneva Chef fokontany

Mr Randrianjatovo Président de l‟Association de jeunes Jonah « Tsimisomadia »

Manirenjavao Mr Joarino Président de l‟Association d jeunes « Tsivaky Tolona »

Mr Jaomanjary Jean Membre du FRAM Pascal

92

Mr Marizary Mario Vaomieran‟ny afo

Mr Bertrand Vaomieran‟ny rano sy ala

Mme Emeline Présidente de l‟Association féminine

Mr Avisoa Ancien du village

Mr Jaomaro Pasteur

Mr Lisiet Chef fokontany

Mr Rabezandry Adjoint du Chef fokontany

Mr Tsirafy Vaomieran‟ny afo

Mr Jaovahoaka Ancien du village Ambodivavandrika Mr Randriamalaza Ancien du village

Mr Randrianantoanina Paysan Talahy

Mme Simonelle Présidente de l‟Association féminine

Mr Jaoharivelo Florent Adjoint du Chef fokontany

Mr Ramarson Président de l‟Association Consane

Mme Marozely Présidente de l‟Association féminine

Mr Velontombo Ancien du village

Mr Rabezanaka Docteur Ambinanindrano Alphonse Mr Avilaza Paysan

Mr Defournier Paysan

Mr Belaza Jeune du village

Mr Baban‟i Lavanina Paysan

Mr Robert Paysan

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LISTE DES ILLUSTRATIONS

Page

Liste des photos - Photo 1 : Relief de la NAP Bemanevika 46 - Photo 2 : Rivière Sandrakota 47 - Photo 3 : Chute d‟Andalamahitsy 47 - Photo 4 : Marécage Marotaolana 47 - Photo 5 : Lac Matsaborimena 47 - Photo 6 : Hibou rouge 50 - Photo 7 : Fuligules de Madagascar 50 - Photo 8 : Busard de Madagascar 50 - Photo 9 : Aigle serpentaire 50 - Photo 10 : Route desservant Bemanevika 53 - Photo 11 : Transport à dos d‟homme 53 - Photo 12 : Mirador 56

Liste des figures - Figure 1 : Participation au processus de planification de l‟écotourisme 20 - Figure 2 : Modélisation de l‟écotourisme dans la NAP Bemanevika 67

Liste des tableaux - Tableau 1 : Conception récente des aires protégées 24 - Tableau 2 : Aires protégées concurrençant la NAP Bemanevika 57 - Tableau 3 : Nombre de visiteurs de la NAP Bemanevika 59

Liste des cartes - Carte 1 : Localisation de la NAP Bemanevika 44 - Carte 2 : Délimitation administrative de la NAP Bemanevika 45

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TABLE DES MATIERES

Page Remerciements 1 Résumé 2 Fintina 3 Abstract 4 Sommaire 5 Glossaire 7 Liste des abréviations 8

INTRODUCTION 9 PARTIE 1 : Contextualisation et approche méthodologique 12 Chapitre 1 : Repères conceptuels 13 3. Notion d‟écotourisme 13 3.1. Introduction au concept d‟écotourisme 13 3.2. Impacts de l‟écotourisme 16 3.3. De l‟écotourisme au développement local 18 4. Mention de nouvelles aires protégées 21 2.1. Généralités sur les aires protégées 21 2.2. Apparition des nouvelles aires protégées 24 2.3. Démocratisation des nouvelles aires protégées 25

Chapitre 2 : Méthodologie de recherche 28 9. Méthodes d‟approche et outils d‟analyse 28 9.1. Méthode systémique 28 9.2. Approche participative 30 9.3. Théorie du développement local 33 10. Démarche méthodologique 36 4.1. Cadrage de la recherche 36 4.2. Collecte de données 38 4.3. Exploitation des données 40

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PARTIE 2 : ECOTOURISME DANS LA NOUVELLE AIRE PROTEGEE BEMANEVIKA 42 Chapitre 3 : Présentation de la zone d’étude 43 3. Description du site 43 3.1. Situation géographique 43 3.2. Présentation géophysique 45 3.3. Gestion du site 48 4. Ressources 49 4.1. Environnement naturel 50 4.2. Ressources humaines et sociales 51 4.3. Activités économiques 54

Chapitre 4 : Développement de l’écotourisme dans la NAP Bemanevika 56 3. Etat des lieux de l‟écotourisme local 56 3.1. Offre écotouristique 56 3.2. Visibilité de la destination 57 3.3. Mise à profit de l‟écotourisme 58 4. Orientation de l‟écotourisme dans la NAP 60 4.1. Forces, faiblesses, opportunités, menaces 60 4.2. Vision des acteurs majeurs 62 4.3. Opinions d‟autres acteurs 63

PARTIE 3 : RESULTATS DE LA RECHERCHE 65 Chapitre 5 : Aspects de la mise en valeur des communautés de base 66 3. Implication de la population locale 66 1.1. Importance de la population locale dans l‟écotourisme 66 1.2. Valorisation des savoirs locaux 68 1.3. Enjeux pour la conservation 70 3. Développement local 70 2.1. Amélioration du niveau de vie 70 2.2. Soutien de l‟économie locale 71 2.3. Viabilisation de la zone 72

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Chapitre 6 : Recommandations et perspectives 73 1. Suggestions 73 2. Perspectives de recherche 74

CONCLUSION 76

Bibliographie 78 Annexes 83 Liste des illustrations 94 Table des matières 95

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Auteur : RAMIANDRASOA Antsa Mirana Yannick Adresse : M 183 Isahafa – Anosy Avaratra – Antananarivo 103 Téléphone : 034 21 392 13 E-mail : [email protected] Encadreur : Professeur RABEARIMANANA Lucile

Titre : Mise en valeur des communautés de base par l‟écotourisme dans les nouvelles aires protégées – Cas de la nouvelle aire protégée Bemanevika, région Sofia

Résumé : L‟écotourisme se présente comme un outil de préservation de l‟environnement et de développement socio-économique des communautés vivant aux confins des nouvelles aires protégées. Ces dernières en sont le terrain de jeu et sont également portées sur les mêmes objectifs. L‟étude de ces deux concepts met l‟accent sur la valorisation des communautés de base qui passe pour une garantie de ces visées. Trois théories spécifiques permettent de démontrer cela. Le systémisme oriente sur la place de la population locale dans l‟exploitation écotouristique en mettant l‟accent sur les relations d‟interdépendance des éléments majeurs dans le système écotourisme. L‟approche participative souligne l‟importance d‟impliquer les villageois dans ce projet pour que s‟y développe un sentiment d‟appartenance. Enfin, la théorie du développement local met en exergue les impacts socio- économiques de l‟écotourisme dans une zone afin que la population en perçoive l‟utilité. Leur application dans la nouvelle aire protégée Bemanevika souligne qu‟il s‟avère impératif de tenir compte de la participation des communautés de base dans la conception, la mise en œuvre et le suivi des activités écotouristiques, d‟une part, et de l‟amélioration de leur cadre et de leur niveau de vie, d‟autre part. Ils cesseront d‟exploiter irrationnellement les ressources naturelles pour leur subsistance s‟ils trouvent d‟autres sources de revenus favorisant leur bien-être. Ce qui fait que l‟écotourisme conduit à la préservation de la nature et au développement local dans un souci de durabilité : vivable sur le plan environnemental, viable sur le plan économique et équitable sur le plan social.

Mots clés : Ecotourisme ; Nouvelle aire protégée ; Madagascar ; Région Sofia ; Population locale ; Préservation de l‟environnement ; Développement local.