Festival • 20.06 > 12.07 Concert pique-nique • 21.07 2018

CENTENAIRE DE LA MORT DE CLAUDE DEBUSSY Jeudi 5 Juillet • 21h00

Basilique Saint-Remi Orchestre symphonique et lyrique de Nancy Claude Schnitzler direction

Claude Debussy (1862-1918) : Prélude à l’après-midi d’un faune Claude Debussy : Jeux Claude Debussy : La Mer I. De l’aube à midi sur la mer II. Jeux de vagues III. Dialogue du vent et de la mer

Durée : 1h

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Il y a cent ans, le 25 mars 1918, Claude Debussy mourait à Paris, à 55 ans, quelques mois avant la fin de la Première Guerre mondiale. Compositeur visionnaire, il a annoncé la musique du XXe siècle, signant des œuvres fascinantes, souvent empreintes de mystère et de sensualité. À la tête de l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, Claude Schnitzler en révèle les beautés et la poésie dans un programme qui atteste d’une passionnante évolution esthétique.

En cette année du centenaire de la mort de Claude Debussy, vous dirigez un programme entièrement consacré à ce compositeur. Que représente Debussy pour vous ? Claude Schnitzler : Pour moi, Debussy se situe au sommet de la musique française avec Ravel. Entre les deux, mon cœur balance ! Compositeur d’une intelligence rare, il a développé un langage d’un raffinement extrême, avec une attention à la couleur et aux timbres instrumentaux assez extraordinaire. Pourtant, les programmes Debussy restent rares au concert et je suis particulièrement heureux de diriger ici trois œuvres qui sont autant de chefs-d’œuvre.

Le Prélude à l’après-midi d’un faune, composé en 1894, est considéré comme une partition fondatrice. En quoi cette œuvre marque-t-elle un tournant dans l’écriture orchestrale ? C. S. : Avec cette œuvre impressionniste, inspirée d’un poème de Mallarmé, Debussy a bouleversé l’univers musical et ouvert la voie à la musique du XXe siècle. Une personnalité comme Pierre Boulez y voyait d’ailleurs le début de la musique moderne. Le Prélude marque un tournant par sa construction très savante, un langage harmonique profondément novateur et une orchestration d’un raffinement inouï. Avant Debussy, personne n’avait poussé à ce point le souci du détail dans l’édifice instrumental. Les instruments de l’orchestre sont comme les couleurs d’une palette de peintre. Debussy les utilise par touche pour créer une matière sonore tout à fait nouvelle et donner vie à un véritable tableau sonore.

Vous jouez ensuite une œuvre moins connue et plus tardive, intitulée « Jeux ». Quelles sont les caractéristiques de ces pages ? C. S. : C’est une pièce qui ne ressemble à rien d’autre, un univers à part. Écrite à l’origine pour un ballet de Nijinsky en 1913, l’œuvre a été injustement éclipsée par le Sacre du Printemps créé la même année. Aujourd’hui, Jeux est unanimement reconnue comme une œuvre aussi novatrice que le Sacre sur le plan formel. Elle passe également pour être une musique extrêmement difficile à analyser, tant Debussy a poussé loin la complexité de son écriture. C’est une œuvre faite de perpétuelles transitions, une musique de l’éparpillement des timbres et des motifs, une sorte de forme en permanente re-création. Comme si la musique s’inventait d’elle-même. Je n’avais encore jamais dirigé cette pièce et la musique est tellement riche en idées et en indications qu’il faut beaucoup fouiller l’œuvre pour arriver à s’en sortir !

Vous dirigez enfin « La Mer » composée en 1903. Quel est votre regard sur cette œuvre, sous-titrée « Trois esquisses symphoniques » ? C. S. : La Mer peut être considérée comme une symphonie même si, sur le plan structurel, Debussy n’utilise pas les éléments habituels. Contrairement à une idée reçue, il ne s’agit pas d’une œuvre descriptive mais d’une œuvre évocatrice. Debussy cherche avant tout à rendre compte d'émotions, de sensations, tout en innovant sur le plan musical pour rendre compte du mouvement perpétuel des flots. À travers ses recherches sur la forme, la texture orchestrale et l'harmonie, il livre trois éclairages différents sur un sujet assez Interview de Claude Schnitzler direction semblable. « De l’aube à midi sur la mer », avec une introduction lente, évoque le calme au lever du jour, « Jeux de vagues » laisse deviner l’ondulation de la houle et permet de laisser trotter son imagination, ses souvenirs personnels devant le spectacle de la mer tandis que le troisième mouvement met en musique les flots tempétueux. Dans ce dernier mouvement, je ne peux pas m’empêcher de penser au Vaisseau fantôme de Wagner, compositeur qui fascinait Debussy même s’il s’en défendait énergiquement. Tous deux ont su capter une même idée et montrer le souffle immense de l’océan, avec un langage digne des plus grands littérateurs.

Quels sont les grands défis de l’interprétation ? C. S. : Le défi est de rentrer dans l’univers debussyste, de pénétrer son langage et de trouver la pensée juste du compositeur. Debussy laisse à la fois une foule d’indications très précises et une liberté assez importante à l’interprète. Un tempo peut bouger d’une mesure à l’autre. Les changements de tempi sont très ténus, très subtils, davantage dans l’intention que dans une véritable action. Prodigieux orchestrateur, Debussy utilise toutes les ressources de l’orchestre et les techniques de jeux les plus extrêmes. Au chef de s’approprier toute cette matière orchestrale et d’en rétablir quelquefois l’équilibre.

Avez-vous déjà dirigé l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy ? C. S. : Oui, c’est un orchestre avec lequel je travaille depuis longtemps à l’opéra et au concert. Nous réalisons environ un programme ensemble chaque saison et nous avons joué beaucoup de répertoire français. Nous avons ainsi donné récemment la Troisième Symphonie de Honegger et je suis ravi de les retrouver dans Debussy.

Vous êtes très présent sur la scène lyrique. Votre expérience de l’opéra influence-t-elle votre approche des œuvres symphoniques ? C. S. : Les paramètres sont très différents. Je trouve que le symphonique est moins contraignant que l’opéra, ne serait-ce qu’en termes de durée. L’étiquette lyrique me colle à la peau car je fais beaucoup d’opéras en Allemagne, notamment tout le répertoire français, de Bizet à Massenet en passant par Offenbach. Je suis passionné par l’opéra mais j’aime beaucoup diriger les concerts aussi qui m’offrent comme une respiration.

Quel est votre répertoire de prédilection ? C. S. : Dans le lyrique, j’adore l’opéra italien évidemment même si l’on me confie beaucoup d’ouvrages français. Au concert, j’ai une attirance particulière pour le répertoire français de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, notamment pour Fauré, Ravel, d’Indy ou encore Honegger et Debussy.

Quelle œuvre rêveriez-vous encore de diriger ? C. S. : Le Sacre du printemps de Stravinsky, une œuvre fascinante mais qui demande des moyens énormes. Don Giovanni de Mozart aussi. Je devais le diriger à l’Opéra de Metz mais, suite à différents contretemps, on m’a finalement confié Pelléas de Debussy.

Propos recueillis par Anne de La Giraudière Biographies Orchestre symphonique et lyrique de Nancy

L’origine de l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy remonte au 27 juin 1884. Jusqu’ici appelé Orchestre du Conservatoire de Nancy, il devient en 1979 indépendant et remplit sa double mission symphonique et lyrique. Il prend d’ailleurs le nom d’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy. Depuis, outre des tournées internationales qui ont conduit l’Orchestre en Italie et en Bulgarie, de prestigieux solistes se sont produits à ses côtés : Christian Zaccharias, Bruno Léonard Gelber, Montserrat Caballe, Gundula Janowitz, Salvatore Accardo, Natalia Gutman, Alicia de Larrocha, Brigitte Engerer... et de talentueux chefs invités l’ont dirigé : Woldemar Nelsson, Manuel Rosenthal, Stephan Kovacevitch, Armin Jordan, Heinz Wallberg, Louis Langrée, Evelino Pido, Christian Arming, Juraj Valcuha, Kirill Karabits, Domingo Hindoyan… Sebastian Lang-Lessing a été nommé Directeur musical de l'Orchestre en septembre 1999. Le 1er septembre 2006, Paolo Olmi lui a succédé jusqu’en 2010. Tito Muñoz est ensuite engagé pour diriger l’Orchestre de 2011 à 2013. Pour la saison 2014-2015, Rani Calderon est le premier chef invité. Plébiscité par la suite par les musiciens, il devient directeur musical de l’Orchestre de 2015 à 2018.

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Claude Schnitzler direction

Né à Strasbourg, Claude Schnitzler fait au Conservatoire de cette ville de sérieuses études musicales (orgue, clavecin, direction d'orchestre et écriture). Il complète ensuite son cursus de chef d'orchestre au Mozarteum de Salzbourg, tout en donnant de nombreux récitals d'orgue en France et à l'étranger. C’est à l’Opéra du Rhin, où il entre comme chef de chant, que Claude Schnitzler va trouver le berceau privilégié où épanouir son talent. Assistant d’ à la direction musicale, il travaille ensuite avec l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg. Après une collaboration régulière avec l'Opéra de Paris, il prend la direction de l'Orchestre de la Ville de Rennes et cumule cette fonction avec celle de chef permanent de l'Opéra du Rhin. Puis il est nommé à la tête de l'Orchestre de Bretagne. Invité dans de nombreuses grandes maisons - de Barcelone, Fenice de Venise, à Bruxelles -, il collabore par ailleurs régulièrement avec l’Opéra de Leipzig. Il s’y voit bientôt confier le répertoire français (, , Roméo et Juliette…) ainsi qu’un Lac des Cygnes à la tête de l’Orchestre du Gewandhaus. Il reçoit un accueil si chaleureux à Vienne que le Staatsoper le réclame à son tour pour Roméo et Juliette de Gounod, à l’occasion des débuts de Rolando Villazon. Salué par le public comme par la presse, il est immédiatement engagé pour la reprise de l’œuvre mais aussi pour La Bohème, Les Contes d’Hoffmann, L’Elixir d’Amour, Manon, Madame Butterfly et Carmen. Il est l’invité régulier de l’Opéra de Cologne où il a dirigé notamment Attila, Samson et Dalila, Madame Butterfly, … Claude Schnitzler cultive en parallèle un talent reconnu pour la musique légère, notamment française. Il a consacré à ce répertoire un concert au Festival d’Edimbourg avec le Scottish Chamber Orchestra, qui a reçu les louanges de la critique internationale. Parmi ses engagements à venir, on peut citer Cendrillon de Massenet à Angers Nantes Opéra, Turandot à Cologne, La Vie parisienne à Metz.

Responsable de publication Joëlle Damery, Déléguée Générale des Flâneries Musicales de Reims. Tirage 450 exemplaires.