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58e ANNÉE – Nº 17986 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- VENDREDI 22NOVEMBRE 2002 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI
Routiers et Les « nouveaux réactionnaires » : agriculteurs : les raisons enquête sur le paysage intellectuel de leurs ÉVÉNEMENT rare dans le monde f intellectuel français : un livre, Le Un livre de Daniel colères Rappel à l’ordre. Enquête sur les . / Lindenberg contre nouveaux réactionnaires (Seuil, « La République des idées ») de l’histo- une nouvelle réaction PLUSIEURS MILLIERS d’agri- Onze morts rien Daniel Lindenberg, suscite une culteurs, à l’appel de la FNSEA violente polémique qui révèle les f (Fédération nationale des syndi- profonds bouleversements des cliva- Une enquête cats d’exploitants agricoles), ont à Jérusalem ges politiques au sein du débat sur le retour à l’ordre bloqué, dans la nuit du 20 au public. Conseiller de la revue Esprit, 21 novembre, une soixantaine de AU MOINS onze Israéliens ont été l’auteur dénonce la dérive « réaction- d’intellectuels venus dépôts de la grande distribution. tués et des dizaines d’autres blessés, naire » d’un certain nombre d’intel- de la gauche Ils dénoncent le « racket » qu’orga- lors d’un attentat-suicide perpétré, lectuels, souvent venus de la gauche, niserait, selon eux, ce secteur. jeudi matin 21 novembre, par un Pales- accusés d’entretenir la critique de D’autre part, le patronat et les tinien dans un autocar de Jérusalem- Mai 68, de l’islam, du « droit-de- f Les explications de syndicats du transport routier doi- Ouest. Des enfants ont été tués ou l’hommisme » et du féminisme. Le vent se rencontrer à nouveau, ven- blessés, le terroriste ayant déclenché sa Monde a mené l’enquête sur l’impact Pierre Rosanvallon, dredi 22 novembre, dans la mati- bombe à l’heure où les écoliers pren- de ce livre qui brouille les familles éditeur du livre née, pour tenter d’éviter un nent le bus. L’attentat n’a pas été reven- intellectuelles. Dans un entretien conflit. diqué. Un porte-parole a déclaré que cet exclusif, Pierre Rosanvallon, anima- En cas d’échec, la CFDT et la attentat excluait qu’Israël continue les teur de « La République des idées », f Les répliques CGT pourraient organiser des bar- discussions sur un « plan de paix ». explique qu’il est temps de « refaire rages routiers dès le week-end pro- le bagage d’idées de la démocratie de Pierre Nora chain. Alors que la CFDT revendi- Lire page 3 française ». Les fondateurs de la et de Marcel Gauchet que un treizième mois pour toute revue Le Débat, Pierre Nora et la branche, le patronat propose Marcel Gauchet, voient au contrai- Lire notre enquête pages 30-31, 9 % d’augmentation des salaires re, dans l’ouvrage de Daniel Linden- sur trois ans. 0123 le portrait page 34, la chronique berg, le symptôme d’une « dégéné- de Pierre Georges page 36 DES LIVRES rescence de la vie intellectuelle ». et « Le Monde des livres » page V Lire pages 14 et 19 Belles étrangères Scott Fitzgerald Trente prisons supplémentaires d’ici à 2007 DOMINIQUE PERBEN, garde vernement espère ainsi mieux sur l’éducation, selon la chan- Le bonheur CINÉMA des sceaux (photo) et Pierre Bédier, répondre à la forte augmentation cellerie. Toutefois, il n’est pas prévu secrétaire d’Etat aux programmes récente de la population carcérale, de fermer tous les quartiers des immobiliers de la justice, ont présen- qui a dépassé les limites du parc mineurs au sein des établissements retrouvé Le cinéaste israélien té, jeudi 21 novembre, le contenu existant, et à la dégradation des actuels. Ceux-ci pourraient être Amos Gitaï tourne de leur programme de construction locaux, dénoncée notamment dans réservés aux jeunes détenus considé- des Bleus à Tel-Aviv p. 15 de prisons. Trente établissements plusieurs rapports parlementaires. rés comme les plus dangereux. en métropole et dans les DOM- La carte de ces nouvelles prisons, Dans un entretien au Monde, CROISSANCE TOM, dont huit spécialisés pour les que Le Monde publie, montre un réé- Dominique Perben espère que ce mineurs, représentant un total de quilibrage de la répartition géogra- programme permettra aux magis- 13 200 places, doivent être édifiés phique des implantations vers le trats d’« être libres d’incarcérer sans L’OCDE révise avant 2007, pour un montant de grand Ouest et vers le pourtour tenir compte des capacités d’ac- à la baisse p. 4 1,4 milliard d’euros. Il s’agit du plan méditerranéen. Les nouveaux éta- cueil ». le plus vaste depuis celui lancé en blissements réservés aux mineurs MARÉE NOIRE 1986 par Albin Chalandon. Le gou- devraient être davantage centrés Lire page 8 Les propriétaires du « Prestige » : deux A l’OTAN, l’hommage ému des dirigeants occidentaux à Vaclav Havel autres naufrages p. 6 PRAGUE Prague, le 2 février 2003, Vaclav Havel va gissement vers l’Est. Outre l’amitié qui lie TABAC de notre correspondant tourner une page d’histoire. Depuis treize ans Mme Albright à M. Havel – il a même caressé un Sous les lambris et les lustres de cristal des à la tête de la Tchécoslovaquie puis de la Répu- moment l’idée qu’elle pourrait lui succéder au Le Parlement européen salons baroques de l’empereur Rodolphe II au blique tchèque, après autant d’années passées Château… – et « l’admiration de l’Amérique », contre la publicité p. 7 château de Prague, l’émotion est à son comble au premier rang de l’opposition au régime comme l’a souligné le président Bush, le choix mercredi 20 novembre. Le président français communiste, le dramaturge a participé de de Prague s’imposait. Prague pour faire PARTI SOCIALISTE Jacques Chirac, au nom des 18 autres diri- tous les bouleversements intervenus sur le oublier le pacte de Varsovie, Prague pour répa- geants des pays membres de l’Alliance atlan- continent. Le 7 juin 1990, il signait à Prague rer les accords de Munich avec Hitler (1938) PRIVÉE de son joueur tique, vient de prononcer un vibrant homma- avec les dirigeants des ex-pays frères l’autodis- puis le partage de l’Europe à Yalta (1945). Pra- vedette, Zinedine Zidane, La stratégie de ge de Vaclav Havel. L’hôte du dîner de gala solution du pacte de Varsovie. Depuis cette gue, enfin, en souvenir de la répression, en l’équipe de France de foot- François Hollande p. 11 organisé à la veille de l’ouverture du 14e som- date, il n’a cessé de plaider pour un élargisse- 1968, du « printemps » démocratique. A ce ball a battu la Yougoslavie met de l’OTAN dans la capitale tchèque, ment de l’Alliance aux pays de l’autre Europe « rêveur »,ce« visionnaire »,cet« homme de (3-0), mercredi 20 novembre TÉLÉVISION « profondément touché » par les paroles de et pour une adaptation de l’organisation atlan- paix qui s’est attaché à cicatriser, entre voisins, au Stade de France, grâce à reconnaissance de ses pairs, comme il l’avoue tique aux nouveaux défis de sécurité dans le les plaies du passé », selon M. Chirac, le traité deux buts d’Eric Carrière et La grève dans son anglais sobre, ne trouve pas les mots monde. Prague – avec Varsovie et Budapest – de l’Atlantique nord se devait d’associer l’hom- un de Kapo (photo). Pendant ce temps, à Tunis, l’ancien p. 21 pour remercier « Jacques ». sera invité en 1997, au sommet de Madrid, à me et son pays à l’un des moments histori- du service public A moins de trois mois de la fin du dernier rejoindre les seize membres de l’OTAN. ques décisifs pour l’avenir de l’Alliance. sélectionneur Roger Lemerre International...... 2 Marchés...... 22 mandat présidentiel de Vaclav Havel, les diri- Lorsqu’en 1999 les trois pays centre-euro- livrait au Monde ses confiden- Union européenne.... 7 Carnet...... 24 geants européens et nord-américains ont péens rejoignent effectivement les rangs de Martin Plichta ces sur l’échec des Bleus lors France-Société...... 8 Abonnements...... 24 exprimé « leur admiration et leur gratitude » l’Alliance, Madeleine Albright, la secrétaire du Mondial. A lire aussi un Régions ...... 14 Aujourd’hui...... 25 Le point de vue de Vaclav Havel page 16, entretien avec Aimé Jacquet. Horizons...... 15 Météorologie-Jeux... 29 au dernier dissident anticommuniste exerçant d’Etat d’origine tchèque de Bill Clinton, con- Entreprises ...... 19 Culture ...... 30 encore des fonctions au-delà de l’ancien vainc ses homologues européens de l’OTAN George Bush au sommet de l’OTAN page 2, Lire pages 25-26 et notre éditorial page 17 Communication...... 21 Radio-Télévision...... 35 rideau de fer. En quittant le château de d’organiser à Prague la réunion du nouvel élar- . / a Adieu robot, Chirac, acte II
PLUS DE SIX MOIS DÉJÀ que tielle et les affaires, n’avait pas per- bonjour Jacques Chirac a retrouvé le confort mis. La sanction était venue avec le et la puissance de la fonction pré- score de 19 % des voix le 21 avril der- tendresse sidentielle de la Ve République. Qui nier, qui eût été perçu comme outra- fait du président, selon la formule du geant pour un président en place s’il général de Gaulle, « l’homme en n’avait été miraculeusement gommé charge de l’essentiel », celui qui dia- par l’élimination du premier ministre logue d’égal à égal avec les Grands de socialiste. Le second mandat, qui ce monde, fixe la ligne à suivre au s’ouvre avec les 82 % du 5 mai ob- premier ministre qu’il a choisi, tance tenus contre Le Pen, laisse espérer à ses ministres, nomme ses amis et ses Jacques Chirac une autre relation fidèles partout où il le peut et avec les Français. L’imagerie chira- contrôle, via ses conseillers les plus quienne répétée à satiété fait désor- proches, le parti majoritaire. mais du président l’incarnation des Le bonheur chiraquien serait valeurs républicaines, où, des droits complet si l’on pouvait ajouter que de l’homme au contrat d’intégration, LA VACHE Clara séduit Jacques Chirac est désormais un pré- l’unité d’un homme réside dans son autant les parents que les sident à la fois populaire et respecté refus constant de l’extrême droite. enfants. Loin des robots des Français. Ce que son premier man- mécaniques, ce jouet symbo- dat, marqué par le reniement de la Jérôme Jaffré pour 0123 lise le retour des objets agréa- fracture sociale, la dissolution ratée, bles à toucher. Lire page 28 l’abaissement de la fonction présiden- Lire la suite page 17 . .
Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 40 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. 2/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 INTERNATIONAL stratégie
Le président américain, George Bush, a ouvert la ren- déclarer au Conseil de sécurité de l’ONU la totalité de américain. L’OTAN devait adopter une courte résolu- à ce sommet, le premier tenu à l’est de contre au sommet des pays membres de l’OTAN, jeudi son armement sauf à devoir faire face « aux plus gra- tion reprenant les termes de la résolution 1441 de l’ancien rideau de fer depuis la signature du traité en 21 et vendredi 22 novembre, sur un ves conséquences ». Bagdad sera désarmé « volontaire- l’ONU sur le ’. L’Alliance 1949. Trois de ces pays (la Lituanie, l’Estonie, la Letto- à Saddam Hussein : le dictateur irakien est sommé de ment ou par la force », a souligné le chef de l’exécutif atlantique accueille formellement nie) appartenaient à l’URSS. George Bush mobilise les alliés au sein de l’OTAN contre Bagdad Au sommet de l’Organisation à Prague, les Etats-Unis vont obtenir une expression de solidarité des pays parties au traité de l’Atlantique nord reprenant les termes de la résolution 1441 des Nations unies à propos de l’Irak. Il ira ensuite rassurer son « ami Vladimir Poutine »
PRAGUE nir une expression de solidarité de son Blanche a souligné : « Ce jeu de mencé à Prague de battre le rappel aujourd’hui, est la mise en œuvre des forces aériennes, terrestres et de notre envoyé spécial leurs alliés à propos de l’Irak, et ils tromperie, de supercherie et de renie- de leurs alliés – y compris hors de de la résolution 1441 des Nations maritimes bien équipées et rapide- Rassurer les alliés des Etats-Unis auront gain de cause sous la forme ment doit cesser .» Si Saddam Hus- l’OTAN – contre Bagdad. Ils se unies « en vue du désarmement ment opérationnelles, [provenant] et en particulier les Européens sur d’une résolution qui sera adoptée sein dément une nouvelle fois l’ex- sont adressés, selon des responsa- pacifique de l’Irak sous l’autorité du des alliés de l’OTAN, actuels ou nou- la permanence de l’Alliance atlanti- par le sommet de Prague, et qui istence de son « arsenal de ter- bles du département d’Etat, à cin- Conseil de sécurité », selon un porte- veaux ». Parce que l’Amérique sou- que et sa pertinence face à de nou- reprend l’essentiel de la résolu- reur » – le 8 décembre, lorsque Bag- quante-deux pays susceptibles de parole adjoint du quai d’Orsay. tient une Europe plus unie, elle sou- velles menaces, rassurer la Russie tion 1441 des Nations unies. Ce tex- dad remettra au Conseil de sécuri- leur apporter une aide spécifique Partant à dessein de la menace tient fortement l’élargissement de qui voit l’OTAN (avec, il est vrai, de te court stipule que les alliés sont té de l’ONU une déclaration dres- au profit d’une éventuelle coalition représentée par l’Irak, le président l’Alliance atlantique, « maintenant moins en moins d’inquiétude) arri- unis pour exiger que l’Irak remplis- sant la liste de ses armements – ce anti-irakienne. Cette contribution américain est passé naturellement et à l’avenir », une manière de don- ver à ses frontières, inciter les Euro- se « sans conditions ou restrictions » sera un mensonge, a affirmé ne devrait pas relever du seul à la nécessité pour l’OTAN de se ner espoir aux candidats à l’OTAN péens à se doter des capacités mili- ses obligations, et il contient un M. Bush. « Et cette fois, a-t-il insis- domaine militaire, mais manifester doter de nouvelles capacités militai- qui ne seront pas retenus cette fois- taires leur permettant d’être des avertissement à Bagdad, qui devra té, la duperie ne sera pas tolérée ; aussi « une volonté politique » de res : « Parce que bien des menaces ci, comme l’Albanie et la Macédoi- partenaires sérieux de Washing- faire face à de « sérieuses consé- des retards et des défis provoqueront réussir à désarmer l’Irak. contre les membres de l’OTAN pro- ne. ton, et profiter de l’occasion pour quences » en cas de manquements. les plus graves conséquences .» Le « Toutes les nations seront en viennent de l’extérieur de l’Europe, Pour répondre aux inquiétudes lancer un nouveau message d’aver- but de l’Amérique et du monde est mesure de choisir si oui ou non elles les forces de l’OTAN doivent être russes, George Bush, qui rencontre- tissement à l’Irak : tel est l’exercice d’obtenir la paix, grâce à un désar- veulent participer, a déclaré organisées pour agir à l’extérieur de ra le président Poutine en fin de multiforme auquel s’est livré le pré- Rappelant que le président ira- mement complet et vérifié des M. Bush. Si la décision est prise l’Europe », a souligné M. Bush, con- semaine, a précisé : « La Russie n’a sident George Bush, mercredi kien a, à de nombreuses reprises, armes de destruction massive pos- d’user de la force militaire, nous con- firmant ainsi que le débat sur la pas besoin de zone tampon pour sa 20 novembre, à la veille de l’ouver- floué la communauté internationa- sédées par l’Irak, a déclaré sulterons nos amis et nous espérons zone naturelle d’intervention de protection, elle a besoin de voisins ture du sommet de l’OTAN, qui se le en acceptant les inspecteurs de M. Bush, ajoutant : « volontaire- qu’ils nous rejoindront.» La France l’OTAN (à l’origine la zone euro- pacifiques et prospères, qui sont aus- tient à Prague les 21 et 22 novem- l’ONU sur son territoire, puis en les ment ou par force, ce but sera a été approchée et elle a « pris atlantique) est dépassé. si des amis.» bre. empêchant d’effectuer les vérifica- atteint». note » des demandes américaines, La Force de réaction de l’OTAN, Les Etats-Unis souhaitaient obte- tions nécessaires, le chef de la Mai- Les Etats-Unis ont, du reste, com- tout en rappelant que l’actualité, a expliqué M. Bush, « rassemblera Laurent Zecchini L’Alliance atlantique accueille sept nouveaux membres et se cherche une nouvelle raison d’être
PRAGUE cultés à mettre sur pied leur Force rapide européenne (la FRO est sup- de notre envoyé spécial L'ALLIANCE ATLANTIQUE S'ÉTEND JUSQU'AUX PORTES DE LA RUSSIE d’action rapide de 60 000 hommes, posée pouvoir être mobilisée en
Le sommet de l’OTAN qui se E continue d’être interprétée avec moins d’une semaine, alors que les
Effectifs des armées L' tient, jeudi 21 et vendredi ne disposeenpropre un mélange de soulagement et de Quinze avaient prévu trente jours de chaque pays candidat 4100 soldats 22 novembre, à Prague mérite le d'aucune troupe, mais elle puise méfiance par les capitales euro- pour la Force européenne), dispo- qualificatif d’« historique » que lui Budget de la défense 130 millions $ des forces dans lespays péennes. sera d’« éléments » ayant une capa- ont décerné Lord Robertson, son (en équivalent dollars) membresselon la mission Soulagement, parce que nombre cité de réaction de « 5 à 30 jours ou
secrétaire général, et le président L de pays européens tiennent à con- moins », comme s’il s’agissait de américain, George Bush. Le choix server le « parapluie » militaire de damer le pion de l’OTAN… Mais la 4 300 soldats
du lieu d’abord : la capitale tchè- l’OTAN, ce qui leur permet de ne Force de réaction de l’OTAN n’est que, où a été dissous le pacte de 116 millions $ pas trop se soucier de leur propre pas suffisante : l’« Alliance » (un Varsovie (l’alliance militaire des NORVÈGE sécurité. Méfiance, parce que ce
pays communistes) en 1991. L’ob- E L n’est un secret pour personne que jet de cette réunion des dix-neuf ISLANDE 15 000 le Pentagone n’a jamais été un Vers une « première »
soldats chefs d’Etat ou de gouvernement L chaud partisan d’une défense euro- ROY.UNI de l’UE en Macédoine de l’OTAN, ensuite : il s’agit d’ac- 230 millions $ péenne qui pourrait, à terme, mar- DANEMARK cueillir sept nouveaux pays : la Slo- S ginaliser l’OTAN. Un accord est intervenu, mercredi L vaquie, la Roumanie et la Bulgarie, PAYS-BAS 20 novembre, au Conseil de l’Atlanti- qui ont longtemps fait partie de 33 000 que nord sur le renouvellement du
soldats l’orbite de l’ex-URSS ; la Slovénie ; ALLEMAGNE POLOGNE C’est donc aujourd’hui au tour mandat de la force de l’OTAN en BELG. 450 millions et la Lituanie, la Lettonie et l’Esto- S $ des Européens d’avoir des soup- Macédoine qui expire le 15 décem- nie, qui appartenaient à l’URSS. LUX. REP.TCHÈQUE çons sur les intentions de Washing- S bre. La France souhaite que l’Union Il s’agit donc d’étendre l’influen- S ton. Les assurances américaines, européenne puisse prendre le relais FRANCE R 5 700 soldats ce de l’Alliance atlantique domi- HONGRIE selon lesquelles « les deux forces de l’OTAN fin janvier. Paris table sur née par les Etats-Unis aux portes (qui seront issues du même « réser- 313 millions le fait que, d’ici là, la Turquie aura de la Russie. « Historique » par le B $ voir » de troupes) seront complé- ITALIE M levé son veto sur l’utilisation par moment, enfin : la menace est PORTUGAL R mentaires et non concurrentes »,ne l’UE des moyens de l’OTAN et que aujourd’hui bien davantage celle convainquent qu’à moitié. S’agit-il
des « arrangements permanents » ESPAGNE d’une « mouvance terroriste » que 100 000 soldats d’une tentative de l’Amérique de entre l’Alliance atlantique et les celle d’Etats hégémoniques ; et les A TURQUIE 1,2 rendre caduque la Force européen- Quinze auront été conclus. Le com- Etats membres sont peut-être à la milliard $ ne ? Veut-elle disposer ainsi d’une GRÈCE promis de mercredi prévoit le main- veille d’un conflit majeur avec B « légion étrangère » de soldats
tien d’une force réduite de l’OTAN l’Irak. Mais le véritable enjeu est européens au sein de l’OTAN, 53 000 soldats en Macédoine pour encore six mois. de réussir la mue de l’OTAN, mena- PAYS MEMBRES ADHÉRENTS DEPUIS 1999 pour mener « ses » guerres, à sa Mais la situation sera réexaminée à cée de perdre sa raison d’être avec les Etats-Unis+Canada 431 millions façon, comme le suggérait récem- mi-parcours (fin février). Si l’OTAN CANDIDATS $ depuis la chute du mur de Berlin, ment un éditorialiste américain ? décidait alors de se retirer, cela per- en 1989. L'OTAN,créée en 1949 par douze Etats,devrait comptervingt-six membres à l'issuedusommet de Prague. Sur les neuf Face à ces hypothèses, les Euro- mettrait aux Européens de mettre candidats à l'adhésion à l'OTAN,l'Albanie et laMacédoine ne serontvraisemblablementpasretenues péens hésitent. Ils attendent de en œuvre leur défense commune, ’ Source : Institut internationaldes études stratégiques : IISS à Londre savoir quelle sera la contribution symboliquement et pour la premiè- Comment transformer une américaine à une Force de réac- re fois. La France obtient donc par- alliance créée il y a cinquante-trois apporté une réponse à cette ques- la relation la plus importante de en l’Europe centrale et dans l’ex- tion dont les effectifs limités signi- tiellement gain de cause : la porte ans en pleine guerre froide, et dont tion tend à relativiser l’acte de l’Amérique ». La guerre froide n’est URSS. fient qu’elle ne sera de toute façon reste ouverte sans pour autant signi- le ciment entre les nations qui la décès de l’OTAN trop vite dressé plus, mais Washington entend se Pour se réincarner, ont expliqué qu’une force d’appoint. C’est donc fier que les Quinze pourraient inter- composent était une volonté col- par certains. servir de l’OTAN pour stabiliser en substance les Américains, l’Al- avec des arrière-pensées que les venir en Macédoine sans accord lective d’établir un rempart face à La plupart des responsables amé- l’est de l’Europe, institutionnaliser liance doit se doter de nouvelles Européens vont apporter un sou- avec l’OTAN, thèse défendue par l’ex-URSS, en une organisation ricains continuent de penser que son dialogue politique avec la Rus- capacités militaires, et d’une Force tien de principe à l’initiative de Paris. – (Corresp.) militaire « high-tech » capable d’af- les intérêts géostratégiques de sie, et pousser ses pions en Europe de réaction (FRO) composée de Washington, qui sera entérinée à fronter les nouvelles menaces que l’Amérique supposent la perma- centrale et asiatique, via le Partena- 20 000 hommes, capable de se Prague. sont le terrorisme international et nence de sa présence militaire sur riat pour la paix – instance de dialo- « projeter » rapidement dans des Mardi, à Bruxelles, les ministres euphémisme pour parler des Euro- la prolifération des armes de des- le Vieux Continent. L’Alliance gue, créée en 1991, pour la coopé- « conflits de haute intensité ». Cette de la défense des Quinze ont, pour péens), insiste Washington, doit truction massive ? Le fait que ce atlantique, a souligné mercredi ration entre les Etats membres de proposition, faite au moment où la première fois officiellement, combler ses lacunes (transport stra- soient les Etats-Unis qui aient M. Bush, est « à l’échelle mondiale, l’OTAN et leurs pays partenaires les Quinze éprouvent bien des diffi- annoncé que la Force de réaction tégique et ravitaillement en vol, armements de précision et muni- tions guidées, communications, etc.), pour être en mesure d’assu- Washington dénonce le manque d’avions de transport stratégiques en Europe et propose ses C-17 mer les missions correspondant à son nouveau rôle. Quel est-il ? Si LES ÉTATS-UNIS ont proposé opérations de projection extérieure. transport et de parachutage, et penser la défaillance germanique. France et en Grande-Bretagne aus- l’OTAN n’a pas été sollicitée lors aux Européens de l’Alliance atlanti- Le fait de détenir sans délai ces appa- pour un ravitailleur en vol (le Multi L’Airbus militaire ne serait pas en si, cette option, présentée comme des opérations en Afghanistan, a que de créer deux agences de reils de conception américaine, ache- Role Tanker Transport), dérivé d’un service avant 2008, au mieux, et la intérimaire, ne fait pas l’unanimité. expliqué en substance George l’OTAN qui géreraient, pour leur tés ou loués, permettrait de combler appareil commercial. En la circons- flotte ne serait pas complète avant Le C-17 est un gros porteur, et l’Eu- Bush, c’est qu’elle n’était pas prê- compte, un parc d’appareils gros-por- une carence relevée par le Pentago- tance, les Etats-Unis tirent profit de 2018. De sorte que Washington, qui rope continue d’avoir besoin d’un te. teurs et de ravitailleurs en vol suscep- ne. Selon les Etats-Unis, les Euro- la lenteur avec laquelle les Euro- dénonce le manque d’avions de appareil plus tactique et polyvalent, Reste qu’elle a été ainsi margina- tibles d’être exploités en pool pour péens ne disposent pas, actuelle- péens mettent sur pied leur pro- transport stratégiques en Europe, comme l’a été le C-160 Transall en lisée, et qu’elle risque de l’être satisfaire leurs nouveaux besoins en ment, d’une flotte suffisante pour gramme d’Airbus A-400M et du peu incite ses alliés à lui louer des C-17 son temps ou comme peut l’être encore en cas d’attaque contre avions militaires engagés dans des déployer leurs forces sur de longues d’intérêt, pour des raisons budgétai- de Boeing en attendant, argumen- actuellement le C-130 Hercules de l’Irak. En septembre dernier, à Var- distances sans une aide américaine. res et industrielles, qu’ils ont à lan- tant que, déjà, le Royaume-Uni en a Lockheed Martin. Les dirigeants sovie, Donald Rumsfeld, le secré- Dans ce projet, l’Allemagne dirige- cer un projet de tanker en si faible acquis quatre en leasing indépen- d’Airbus craignent d’autre part que taire américain à la défense, avait rait l’agence chargée de gérer un quantité. damment de ses besoins affichés en la solution du C-17 ne vise à terme indiqué que l’idée de faire appel à parc de gros cargos de transport mili- Pour s’en tenir à l’exemple de A-400M. l’élimination de l’A-400M du mar- l’OTAN en cas de conflit avec l’Irak taire, on évoque le chiffre d’une ving- l’A-400M, les promesses faites par ché, laissant de fait aux Américains ne lui a pas « traversé l’esprit ». taine d’appareils ; et l’Espagne s’occu- sept pays européens, de comman- ’-400 le contrôle des capacités opération- Avant son arrivée à Prague, le chef perait d’une flotte d’une centaine de des portant sur un total de Le secrétaire général de l’OTAN, nelles futures de l’Europe en ma- de la Maison Blanche a tenté de tankers – des appareils civils aména- 200 avions, sont déjà revues à la Lord Robertson, est partisan d’une tière d’aviation de transport. corriger cette fâcheuse impression gés pour fournir en vol le carburant baisse. L’Allemagne, qui devait en formule qui consiste à utiliser les De son côté, l’Ukraine vient d’en- en indiquant qu’une coalition con- nécessaire aux avions de combat et être le principal client avec 73 uni- C-17 américains en pool, comme le trer dans la compétition en propo- tre l’Irak « pourra être formée avec hélicoptères. tés au départ, a révisé ses ambitions ferait une société d’avions-taxis et sant aux Européens d’acheter ou de l’OTAN, si elle le souhaite ». Il est Dans les deux cas, l’offre américai- pour se rapprocher désormais des comme l’OTAN s’y est résolue, dans louer des Antonov AN-124. Mais, probable qu’il faudra d’autres ne vise à concurrencer des solutions besoins – 50 appareils – exprimés le passé, pour ses avions-radars face aux offres américaines, l’espoir efforts pour que l’Alliance atlanti- proprement européennes, puisque par Paris. Le programme fait du sur- Awacs américains. qu’elle réussisse à les convaincre est que surmonte son questionne- le groupe Airbus a des projets pour place, même si les Britanniques lais- Chez Airbus, qui mène un combat des plus improbables. ment existentiel. un avion-cargo militaire (l’A-400M), sent entendre qu’ils pourraient aug- permanent contre Boeing en matiè- conçu pour la double mission de menter leur participation pour com- re d’aviation commerciale, mais en Jacques Isnard L. Z. LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/3 INTERNATIONAL Irak : la définition du « casus belli » Un nouvel attentat à Jérusalem divise la communauté internationale a fait au moins onze morts Il s’agit de la première action kamikaze depuis le 31 juillet Les tirs de la défense anti aérienne de Bagdad sont mis en cause dans la ville sainte. Des écoliers figurent parmi les victimes
LES TIRS de la défense anti- tion 1441 sur le fait que le paragra- ment et de non prolifération », a esti- JÉRUSALEM pour l'heure pas lieu de réunir le cabi- tique opposée à toute attaque contre aérienne irakienne contre les phe 8 ne faisait pas référence aux mé le Quai d’Orsay.. de notre correspondant net de sécurité », a indiqué, à l'AFP, des civils, qu'ils soient Palestiniens avions américains et britanniques patrouilles dans les zones d’exclu- Depuis la fin de l'opération Une nouvelle fois, à la télévision Raanan Gissin, porte-parole du gou- ou Israéliens ». De Prague, George qui survolent le nord et le sud de sion. Ce paragraphe, qui est l'objet « Renard du désert », menée en israélienne, les programmes se sont vernement sans fournir de préci- W. Bush s’est déclaré « profondé- l'Irak constituent-ils des « viola- des divergences actuelles, précise décembre 1998 par les Etats-Unis interrompus pour laisser la place à sions sur ces consignes. « Israël doit ment perturbé ». Si aucun groupus- tions patentes » de la résolu- que l'Irak ne devra pas manifester et le Royaume uni contre l'Irak, les une carte marquée d'une flamme riposter rapidement afin d'endiguer cule militaire israélien n'avait enco- tion 1441 du Conseil de sécurité de d'hostilité envers des représen- avions des deux pays qui survolent rouge et aux récits des témoins par une nouvelle vague d'attentats terro- re revendiqué l'attentat, jeudi l'ONU ? Oui, répond Washington. tants de l'ONU, de l'AIEA (Agence le nord et le sud du territoire ira- téléphone. Il était un peu plus de ristes », a-t-il ajouté précisant que matin, un responsable du Mouve- Non, disent de façon plus ou internationale pour l’énergie atomi- kien, bombardent quasi quotidien- 7 heures du matin, jeudi 21 novem- l’auteur de l’attentat est venu de ment de la résistance islamique moins claire d'autres gouverne- que) ou de « tout Etat membre agis- nement des cibles en Irak. Ces bom- bre, lorsqu'un kamikaze a déclan- Bethléem. « C'est tout à fait sympto- (Hamas), Abdel Aziz al-Rantissi, a ments. Une polémique à fleurets sant en vue de faire respecter toute bardements sont consécutifs à des ché la bombe qu'il portait sur lui, à matique, car l'armée israélienne a estimé dans un entretien à la chaî- mouchetés et à distance a opposé, tirs de la DCA irakienne, assurent bord de l'autobus dans lequel il quitté cette ville (en août), et c'est la ne d'information qatarie Al-Jazira, à ce sujet, mardi 19 novembre, le les Américains et les Britanniques. avait pris place, à la périphérie sud- réponse des Palestiniens au geste que « de telles opérations doivent se secrétaire général de l'ONU, Kofi Les zones d’exclusion Les Irakiens disent l’inverse. ouest de Jérusalem. L'avant du véhi- d'Israël. C'est aussi ce qui s'est passé poursuivre (..) il n'y a pas de raison Annan, au porte-parole du départe- Les régions survolées sont celles cule, bondé à cette heure de très for- à Hébron » où l'armée a quitté fin qu'elles s'arrêtent. Le peuple palesti- ment d'Etat, Scott McClellan et au aériennes ne sont qui ont été décrétées « zones te affluence, a été soufflé par octobre le secteur autonome. nien n'est pas le seul à être assassiné, secrétaire américain à la défense, d'exclusion » de l'aviation irakien- l'explosion. Au moins onze morts, il faut tuer tout criminel sioniste ». Donald Rumsfeld. « Je ne pense pas explicitement prévues ne, après que Bagdad eut écrasé outre l'auteur de l'attentat, et une La semaine dernière, au Caire, des que le Conseil de sécurité dira qu'il dans le sang les révoltes chiite et quarantaine de blessés dont cer- Dès jeudi matin, sans que cela délégations du Hamas et du Fatah, s'agit d'une violation de la résolu- par aucune des kurde au printemps 1991. Elles se tains dans un état très grave étaient soit une réplique à l’attentat, l’ar- le parti du chef de l'Autorité palesti- tion 1441 », a déclaré M. Annan situent au nord du 36e parallèle dénombrés par la police jeudi en mée a pénétré à Bethléem et procé- nienne, Yasser Arafat, s'étaient ren- lors d'une visite à Pristina, au Koso- résolutions de l’ONU (dans une partie du Kurdistan) et fin de matinée. Parmi eux figu- vo. Washington pense le contraire au sud du 33e, et ont pour objectif raient des enfants sur le chemin de et la résolution 1441 autorise les relatives à l'Irak d'assurer la protection des popula- l'école. Sept Palestiniens tués à Tulkarem, mardi Etats-Unis « s'ils le veulent, à la sou- tions de ces deux régions. Elles ne Il s'agit de la première opération Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a « déploré », mercre- mettre au Conseil de sécurité » de sont explicitement prévues par terroriste perpétrée à Jérusalem di 20 novembre, les violences qui ont coûté la vie mardi à Tulkarem (Cisjor- l'ONU, a déclaré M. McClellan. «Je résolution du Conseil ». Une formu- aucune des résolutions du Conseil depuis l’attentat commis le danie) à « au moins sept Palestiniens dont trois adolescents ». Dans un messa- ne sais pas s'il [M. Annan] reflète le lation suffisamment ambiguë pour de sécurité relatives à l'Irak et cor- 31 juillet à l’université hébraïque ge, il « presse une nouvelle fois le gouvernement israélien de cesser de faire un point de vue des Nations unies. Le que les Etats-Unis puissent s'en pré- respondent à une interprétation qui a coûté la vie à huit personnes. usage excessif de la force dans les secteurs civils ». « Six des morts sont le résul- centre de gravité c'est le Conseil de valoir, alors que les autres nations américano-franco-britannique de En juin, un autre attentat sanglant tat d'un raid militaire », déclare également M. Annan. Une douzaine de per- sécurité », a renchéri M. Rumsfeld. estiment qu'elle fait référence à la la résolution 688 du Conseil, qui contre un bus assurant la liaison sonnes ont été blessées. « Il serait imprudent d'attendre de sécurité de personnels chargés exige de l'Irak le respect des droits entre le quartier de colonisation de D’autre part, deux Palestiniens armés ont été ensevelis, mercredi matin, l'ONU une continuité, étant donné d'accompagner les inspecteurs de l'homme. Les diplomates à Gilo et le centre ville, avait amené sous les décombres de deux maisons abandonnées détruites par des obus ses zigzags (...) sa passivité » et le dans telle ou telle mission. l’ONU font remarquer que la réso- les autorités israéliennes à lancer de chars et des bulldozers près de la colonie de Kfar Darom dans le sud de la fait qu'elle a laissé l'Irak « violer Prenant une certaine distance lution 688 est l'une des rares l'opération « Voie ferme », qui a bande de Gaza. une quinzaine de résolutions ». Et avec Washington, le ministre bri- concernant l'Irak qui ne soit pas pris le relais de « Mur de protec- Enfin, plusieurs dizaines de blindés israéliens ont opéré durant plusieurs d’ajouter : « nous ne permettrons tannique de la défense, Geoff placée sous le Chapitre VII de la tion », en avril. « Voie ferme », tou- heures au cours de la nuit de mercredi à jeudi dans quatre localités de la certainement pas que l'Irak conti- Hoon s’est borné à déclarer mercre- Charte, qui autorise la communau- jours en cours, s'est soldée par la bande de Gaza, faisant trois blessés dont un chauffeur d'ambulance et un nue à tirer sur nos avions impuné- di que Londres a « toujours pris ces té internationale au recours à la for- « reconquête » durable des ancien- adolescent de quinze ans. – (AFP.) ment. » tirs avec le plus grand sérieux. Nos ce. L’Irak considère pour sa part nes zones autonomes palestinien- A l'ONU, on observe la polémi- avions ont le droit, conformément que ces « zones d’exclusion » sont nes, qui sont également soumises que avec un certain flegme en fai- au droit international d'y répon- des violations de sa souveraineté. au couvre-feu. Les principales dé à plusieurs arrestations de Pales- contrées pour dresser un bilan des sant remarquer que les Etats-Unis, dre ». Et « ce sera au Conseil de Dès 1996, la France s'est retirée agglomérations de Cisjordanie ont, tiniens. Toutefois en réaction à cet- deux ans écoulés. Le Fatah, soute- tout en parlant beaucoup de ces sécurité d'en discuter une fois que du dispositif d'observation du par ailleurs, été la cible d'interven- te attaque meurtière, le gouverne- nu par l'Egypte et l'Arabie saoudite violations insupportables, se sont toutes les preuves auront été rassem- nord (dit Northern Watch) et en tions militaires ponctuelles, ces der- ment a exclu toute discussion sur le et des représentants de l'Union gardés de les porter devant le con- blées ». La veille, la France s'était 1998, Paris a refusé de suivre ses nières semaines, à la suite d'atten- plan de paix élaboré par le quartet- européenne, avait plaidé en faveur seil de sécurité. réfugiée dans une circonlocution partenaires lorsque, après l'opéra- tats ou d'attaques palestiniennes te (Etats-Unis, ONU, Russie, Union d'un cessez-le feu. Le Hamas, en L'ambassadeur chinois, Wan Yin- qui la distancie elle aussi des Etats- tion « Renard du désert », ils ont perpétrées en Israël et dans les terri- européenne). « C'est bien joli de par- dépit des pressions, avait refusé de gfan, qui préside le Conseil pour le Unis. « Nous sommes aujourd'hui décidé de porter du 32e au 33e paral- toires occupés. Dans le cas de Tulka- ler de feuille de route, mais les s'engager publiquement tout en se mois de novembre, a affirmé que dans une séquence où l'essentiel con- lèle la « zone d'exclusion » dans le rem, Naplouse et Hébron, ces opé- feuilles de route ne vont aller nulle félicitant d'un dialogue qui l'avait, la résolution 1441 ne portait aucu- siste à mettre en œuvre la résolu- sud (Southern Watch). Les appa- rations ne sont pas encore termi- part tant que les citoyens israéliens à cette occasion, posé, au grand nement sur les zones d’exclusion tion 1441 (...) Il appartient à reils français ne se sont jamais nées. ne seront pas capables de conduire déplaisir de M. Arafat, comme le aérienne. Le représentant adjoint MM. Hans Blix et Mohammaed joints depuis 1998 à la mini-guerre A la suite de cette nouvelle action en sécurité sur leurs propres routes pendant du Fatah. de la Russie, Guennadi Gatilov, a Al-Baradei [les chefs des missions menée par les Britanniques et les kamikaze, le premier ministre Ariel pour aller à l'école, sur leur lieu de Plusieurs proches du chef de précisé de son côté que des assu- d'inspection de l'ONU] de saisir le Américains. Sharon s'est entretenu avec le travail ou chez eux », a déclaré à l'Autorité palestinienne se sont rances formelles avaient été don- Conseil de sécurité en cas d'éven- ministre de la défense, Shaoul l'AFP, Ron Prosor, porte-parole du récemment exprimés en faveur nées par les Britanniques pendant tuels manquements de l'Irak à ses Corine Lesnes, à New York Mofaz. « Les consignes adéquates minsitère des affaires étrangères. Il d'une trêve. Ils redoutent en effet les négociations sur la résolu- obligations en matière de désarme- et Mouna Naïm ont été données à l'armée, et il n'y a se référait ainsi au document adop- que la poursuite des attentats ne té dans ses grandes lignes le 17 sep- renforce encore le camp du pre- tembre à New York qui prévoit mier ministre, Ariel Sharon, donné notamment la création par étapes grand favori pour les prochaines Des avions-espions américains et français pour la mission Blix d'un Etat palestinien d'ici à 2005. élections générales fixées au 28 jan- Son détail devrait être rendu public vier. Car la campagne électorale est LES ÉTATS-UNIS et la France sont prêts à rage IVP pour recenser des cibles attaquées gique dont les Britanniques assurent l’exis- le 20 décembre. Mais, d’ores et d'ores et déjà lancée en Israël. Sur mettre des avions-espions au service des ins- par les Américains et par les Super-Etendard tence – ou pour des sites dissimulés, voire déja, le gouvernement d’Ariel Sha- les flancs de l'autobus ravagé par pecteurs de l’ONU chargés de contrôler le du porte-avions Charles-de-Gaulle. Depuis les transférables d’un lieu à l’autre pour contour- ron avait exprimé des réserves sur l'attentat de jeudi matin figurait désarmement de l’Irak, si leur chef, Hans Blix, Emirats arabes unis, où ils étaient basés, ces ner les inspections, un avion-espion qui peut ce plan. d'ailleurs une publicité en faveur le réclame, indépendamment des informa- appareils ont accompli pas moins de 77 mis- modifier sa navigation sur demande peut L’Autorité palestinienne a immé- du parti ultra-orthodoxe Shass. tions qu’il peut obtenir de satellites-espions sions, soit 450 heures de vol au total entre fin produire un effet de surprise et « piéger » sur diatement condamné « le meurtre commerciaux en achetant la production. octobre 2001 et début février 2002. La France place les auteurs d’activités secrètes. d'innocents conformément à sa poli- Gilles Paris Ainsi, des U2, modernisés par rapport à a déployé à Al-Kharg, en Arabie saoudite, des Il semble que l’une des missions dévolues à celui qui défraya la chronique, en 1960, pour avions Mirage F1CR de reconnaissance, qui ces avions-espions sera de lever le voile sur le avoir été abattu au cours d’une mission continuent de pouvoir s’y entraîner. Mais, si sort de certains missiles sol-sol Scud, du type au-dessus de l’URSS, sont d’ores et déjà dispo- des Mirage IVP à capacité davantage straté- de la trentaine qui frappèrent Israël en 1991. nibles. Ces appareils américains avaient été gique sont prêts, ces Mirage F1CR ne seront Bagdad est suspecté de détenir plusieurs utilisés lors de précédentes inspections en pas mobilisés pour les besoins des inspec- dizaines de Scud en pièces détachées, qui Irak, entre 1991 et 1998. A l’époque, les pilotes teurs en Irak. pourraient être assemblées pour que ces étaient libres de déterminer, à l’improviste, engins soient opérationnels le jour où… C’est les objectifs à photographier. Et l’on doit à ce qui explique que l’ONU a demandé à Paris l’un d’entre eux la découverte d’un site de Pourquoi la mission confiée à M. Blix ferait- d’envoyer, auprès de Hans Blix, sept experts bombes R-400A qui contenaient un agent elle appel à ces U2 et à ces Mirage IVP ? Pour « missiliers » sur les vingt et un inspecteurs toxique, le bacille botulique, et que Bagdad contrôler des sites fixes et identifiés, les satel- français membres de sa commission de véri- n’avait pas déclaré. lites-espions suffisent. En revanche, pour des fication. De son côté, la France a déjà utilisé, en installations mobiles – comme ces camions- Afghanistan, deux de ses avions-espions Mi- laboratoires de la guerre chimique et biolo- Jacques Isnard Le général Al-Khazraji, opposant irakien en exil, a été arrêté au Danemark
JUSQU'À L’ÉTÉ, le général Nizar pour reprendre l'expression d'un cé une conspiration du régime ira- mort en sursis, explique Ahmad Al-Khazraji n’était connu que des opposant. kien et de ceux qui sont à sa solde. Bamarni, le représentant en France Irakiens, de ceux qui aux Etats- Le général Al-Khazraji ne partici- Plusieurs responsables de l'opposi- de l'Union patriotique du Kurdis- Unis planchent sur l'après-Saddam pait pas toutefois à ce forum, parce tion ont volé à son secours, affir- tan. Ainsi, pour avoir été le Hussein et des exégètes du vaste qu’au Danemark, où il réside mant qu'il n'avait fait qu'exécuter « héros » de la libération de Fao, réseau d'opposants au régime de depuis 1999, il faisait l'objet d'une des ordres, donnés, disent certains, lors de la guerre contre l'Iran, le Bagdad. C'est seulement en juillet enquête pour crimes de guerre. Des par le général Ali Hassan Al-Majid, général Maher Rachid a-t-il été mis que son nom parvint aux oreilles plaintes avaient été déposées con- le ministre de la défense, par Sad- à la retraite et placé en résidence d'un plus large public, à l'occasion tre lui, notamment par des familles dam Hussein en personne, affir- surveillée. Il n’a dû cette « clémen- de la réunion à Londres d'un con- kurdes, qui le tiennent pour respon- ment d'autres. La justice danoise a ce » qu’au fait qu'il est le beau-père grès d'anciens officiers irakiens qui sable des exactions commises au recueilli des témoignages dans les de l'un des fils de Saddam Hussein. ont fui leur pays et rejoint les rangs Kurdistan par l’armée irakienne, et deux sens. Il n'est pas le premier res- D'autres ont été tués, tels Fadel de l'opposition. Cet ancien plus de l'utilisation d'armes chimiques ponsable, mais il porte sans doute Barak et Rafeh Takriti, ajoute-t-il. haut gradé des militaires irakiens dans cette région, lors de la guerre « une part de responsabilité » com- Dans des déclarations publiées en exil, chef d'Etat-major de Irak-Iran (1980 à 1988). mente un opposant. en mars par l'hebdomadaire améri- l'armée dans les années 1980, fut Le général Al-Khazraji, cain Newsweek, le général Al-Kha- alors publiquement présenté com- aujourd'hui âgé de 64 ans, n'a pas zradji, se disait convaincu que me un possible successeur de Mardi 19 novembre, le général approuvé l'invasion du Koweït par l'armée se soulèverait contre Sad- M. Hussein après le renversement Al-Khazraji a été placé en résidence l’Irak en août 1991. Il a fui son pays dam Hussein. Il suffira de bombar- du régime. surveillée par un tribunal danois, quatre ans plus tard, d'abord pour dements intensifs et bien ciblés et Les Etats-Unis, qui étaient les ins- qui veut l'empêcher d'échapper à la Jordanie, puis pour le Danemark. d’une certaine organisation des mili- pirateurs de cette conférence, de possibles poursuites. Cette mesu- Comme d'autres officiers, tel le taires en exil qui ont gardé des con- étaient – et sont peut-être encore re a été prise après que l'intéressé général Wafiq Al-Samarraï, ancien tacts avec des officiers d'active. aujourd'hui – à la recherce d’un ou eut demandé à l'office de l'immigra- chef des services de renseigne- « Cela aura un effet boule de neige de plusieurs hommes politiques tion un document de voyage pour ments, il savait que quiconque com- (...) J’ai dirigé cette armée et je con- sunnites, capables de « renflouer le partir à l'étranger, vraisemblable- mençait à bénéficier de la moindre nais mes hommes », assurait-il maillon faible de l'opposition, sa ment en Arabie saoudite. L'ancien popularité au sein de l'armée ou alors. composante sunnite précisément », chef d'état-major a aussitôt dénon- était suspect de résistance, était un M. Na. 4/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 INTERNATIONAL Le Pentagone envisage de croiser des fichiers L’OCDE révise informatiques pour prévenir des actes terroristes en forte baisse ses prévisions pour 2003 Confié à l’ex-amiral John Poindexter, naguère impliqué dans le scandale de l’Irangate, ce vaste projet de surveillance électronique est critiqué comme atteinte aux libertés individuelles Croissance de 2,2 % pour les 29 pays de la zone
WASHINGTON Robert McFarlane, dans le scanda- secrétaire, ce qui explique qu’il ait un pays où la carte d’identité n’exis- ON CROYAIT la croissance plu- 36 MILLIONS DE CHÔMEURS de notre correspondant le Iran-« contras », un complot des- été choisi pour le diriger. Signe, tou- te pas), les permis de conduire, les tôt sur la bonne voie. Elle se révèle Les succès remportés par George tiné à aider financièrement la gué- tefois, que le Pentagone est comptes bancaires, les compagnies « hésitante » et « moins étendue Taux de chômage, en % de la pop. active Bush n’empêchent pas que des rilla antisandiniste, au Nicaragua, conscient de la méfiance que peut aériennes, etc. que prévue ». Dans ses Perspectives 2002* 2003* interrogations se fassent jour sur malgré l’interdiction du Congrès. inspirer l’ex-amiral, M. Aldridge a L’idée est simple : on peut savoir économiques n0 72, présentées jeu- sa politique. Son adversaire démo- Condamné pour avoir menti dans précisé que M. Poindexter « ne fera énormément de choses sur un indi- di 21 novembre, l’Organisation de Zone crate de l’élection présidentielle, Al ses dépositions, M. Poindexter à pas fonctionner l’outil ». « Il le déve- vidu en reliant les informations coopération et de développement euro OCDE Gore, qui fait un retour parfaite- échappé à la prison en appel. loppe, il ne l’utilise pas », a-t-il ajou- qu’il fournit lui-même. C’est le Big économiques (OCDE) révise en for- total 8,5
ment orchestré dans les médias et Sous-secrétaire à la défense, té. Brother du roman de George te baisse l’ensemble des prévisions 8,3 Etats-Unis doit annoncer en décembre s’il chargé de la technologie, Peter Il y a un peu plus d’un an, le Pen- Orwell, 1984, sous la forme d’un pour 2002 et 2003 qu’elle avait Japon 6,9
entend affronter de nouveau Aldridge a tenté, mercredi, de justi- tagone avait lancé un appel d’of- gigantesque ordinateur. publiées en avril. 6,8
M. Bush en 2004, félicite le prési- fier ce projet baptisé « Total Infor- fres pour tous procédés informati- Après un redémarrage plutôt 6,0 5,8 5,6 dent pour la façon dont il a réagi mation Awareness » (TIA), quelque ques ou électroniques pouvant con- « » ’ nerveux dans les premiers mois de 5,5 aux attentats du 11 septembre Il se trouve qu’un projet de ce l’année, la croissance des 29 pays 2001, mais il le critique pour ce genre a été mis en œuvre dans de la zone s’est essouflée à partir qu’il a fait depuis. Le nouveau ministère de la sécurité est créé l’autre sens, empiriquement, par le du printemps « dans un contexte Fin septembre, déjà, M. Gore Un proverbe américain dit qu’il y a deux produits dont il vaut mieux ne FBI, le Bureau fédéral d’investiga- marqué par le recul de la confiance avait reproché à M. Bush de partir pas observer la fabrication : les saucisses et les lois. La création du ministère tion, après les attentats du 11 sep- des consommateurs et des entrepri- en guerre contre Saddam Hussein, de la sécurité du territoire a dégagé de tels effluves d’arrière-cuisine que tembre. Le Wall Street Journal a ses », déclare au Monde le chef éco- alors qu’Oussama Ben Laden était même certains sénateurs républicains se sont pincé le nez. Cependant, par révélé, mardi, que la police fédéra- nomiste de l’organisation, Jean- Source : OCDE * prévisions toujours en liberté et que les un vote quasi unanime – 90 voix contre 9 –, mardi 19 novembre, le Sénat a le a communiqué une liste de per- Philippe Cotis, qui souligne que de réseaux d’Al-Qaida n’étaient pas créé une vaste administration regroupant 22 services et employant 170 000 sonnes qu’elle considérait comme tels à-coups ne sont pas habituels mois plus tôt. Les Etats-Unis ne détruits. La diffusion d’un enregis- personnes. Les députés républicains ont accroché à cette réforme des suspectes à d’innombrables entre- en début de reprise. « Cela montre sont plus crédités que d’une crois- trement de Ben Laden, le 12 novem- cadeaux pour certaines entreprises ou institutions. Des compagnies pharma- prises, parmi lesquelles les compa- qu’on est sur un cycle économique sance de 2,6 % (contre 3,5 % en bre, lui a plutôt donné raison. «Il ceutiques et des fournisseurs de matériel électronique échapperont aux gnies de location d’automobiles, plus compliqué », explique-t-il. avril), ce qui rejoint la dernière esti- [le président] dit que Ben Laden est poursuites en cas de malfaçons ; une université du Texas accueillera l’insti- les compagnies aériennes, les entre- « En début d’année, il y a eu une mation du Fonds monétaire inter- sa priorité, mais ce n’est pas ce qu’il tut de recherches lié au ministère ; et le fabricant de médicaments Eli Lilly prises de transport routier, les ban- reprise technique, la fin d’une pério- national. En revanche, l’OCDE est fait », a déclaré M. Gore, mardi ne pourra pas être poursuivi pour un vaccin au mercure accusé de provo- ques, les industries chimiques et de assez abrupte de déstockage. En moins optimiste que le FMI sur la 19 novembre, sur CNN. quer l’autisme. Des sénateurs républicains ont menacé de voter avec les pharmaceutiques et les casinos. général, la suite est assez mécani- vigueur de la reprise dans la zone démocrates contre ces dispositions, mais la Maison Blanche a exercé de for- Le quotidien de New York expli- que, ça entraîne le reste. Cette fois- euro : il rabote d’un point la prévi- tes pressions pour les faire rentrer dans le rang. – (Corresp.) que que cette liste a acquis une ci, le déséquilibre financier était tel sion de croissance par rapport à Mercredi, invité de la radio publi- « vie propre » : ses premiers desti- que l’apurement a pris plus de avril, de 2,8 % à 1,8 %, alors que le que NPR, l’ancien vice-président a nataires l’ont transmise à d’autres, temps que prévu... et la croissance FMI maintient 2,3 %. attaqué sur un autre terrain, celui chose comme « vigilance informati- tribuer à la lutte contre le terroris- elle est passée sur l’Internet, elle s’est aplatie de nouveau ». « 2002 a été beaucoup plus faible des libertés. Il a dénoncé le projet que totale ». Le Bureau de la vigilan- me et à la sécurité du territoire. s’est développée au fil des homony- Cette reprise en trompe-l’œil et cela pèse naturellement sur mis à l’étude au Pentagone et diri- ce informatique, doté d’une devise Etaient décrits, notamment, dans mies ou des erreurs orthographi- avait fait souffler un vent d’optimis- 2003 », dit M. Cotis, qui estime gé par un ancien collaborateur de en latin – Scientia est potentia, la le cahier des charges, des systèmes ques commises par certains systè- me chez l’ensemble des économis- qu’il faut « encore six mois pour Ronald Reagan, John Poindexter, science est puissance –, a été créé, permettant de repérer des types de mes. Des centaines de personnes tes au premier trimestre. Depuis qu’on émerge à nouveau ». projet qui vise à connecter toutes en février, par la Darpa, l’Agence comportement pouvant révéler sont ainsi enregistrées sur des cen- septembre, tous ont corrigé leurs sortes de bases de données infor- des programmes de défense avan- l’existence d’un projet terroriste. taines de fichiers comme suspectes hypothèses de croissance. A matiques afin de repérer les person- cés. Celle-ci est l’héritière de l’Ar- Sans doute M. Poindexter et la de terrorisme. l’OCDE, pour 2002, la révision n’est L’enchaînement des événements nes dont le comportement pour- pa, auréolée du prestige d’avoir société dont il est le vice-président, Le responsable du Pentagone que de deux ou trois dixièmes de a été diabolique : le recul des mar- rait être interprété comme celui de inventé l’Internet. TIA, a expliqué Syntek Technologies, ont-ils pré- qui s’est exprimé mercredi n’a rien points : 1,5 % au lieu de 1,8 % pour chés boursierss s’est poursuivi en terroristes se préparant à passer à M. Aldridge, « est un projet de senté leur projet, qui a pu bénéfi- dit qui donne à penser que le gou- l’ensemble de la zone ; 2,3 % au 2002, entraînant une dégradation l’action. recherche important, destiné à déter- cier des relations de l’ex-amiral. Le vernement s’apprêterait à renon- lieu de 2,5 % pour les Etats-Unis ; du climat d’investissement ; les « Comment peut-on imaginer un miner la possibilité d’utiliser certai- résultat est la mise à l’étude d’un cer au projet TIA. La veille, le minis- un demi-point tout de même, de investisseurs se sont montrés, et se projet pareil ? Et comment peut-on nes transactions et certains événe- dispositif permettant de passer en tre de la justice, John Ashcroft, 1,3 % à 0,8 % pour la zone euro. montrent toujours, moins enclins à le confier à John Poindexter ? »,a ments pour repérer les terroristes et revue des fichiers informatiques avait paru défendre le principe La mise à niveau pour 2003 est prendre des risques ; les consomma- demandé M. Gore. Conseiller de intervenir avant qu’ils n’agissent ». aussi différents que les cartes de d’une surveillance informatique nettement plus sévère. Ainsi, teurs ont vu leur patrimoine bour- M. Reagan pour la sécurité nationa- M. Poindexter, qui s’est reconver- crédit, la Sécurité sociale (régime généralisée. l’OCDE table sur une progression sier se dévaloriser ; cette baisse des le, l’ex-amiral Poindexter a été ti dans l’informatique, « est passion- de retraite général, délivrant un de l’activité de 2,2 % pour les cours influe directement sur les impliqué, avec son prédécesseur, né par ce projet », a ajouté le sous- numéro qui sert d’identifiant dans Patrick Jarreau 29 pays, contre 3,5 % prévus six dépenses des ménages. Les Perspectives tablent donc sur « une certaine langueur » de la con- La France épinglée joncture dans la plupart des pays Un témoignage implique Zacarias Moussaoui dans le 11 septembre 2001 de l’OCDE jusqu’au milieu de pour son budget 2003, suivie d’un raffermissement NEW YORK Celui-ci lui a envoyé, au début d’août, 14 000 dol- le World Trade Center et de l’assassinat au « L’exécution du budget 2002 a progressif à l’horizon 2004. de notre correspondant lars d’Allemagne en deux virements. Le Français Pakistan, au début de l’année, du journaliste donné lieu à un net relâchement de la Ce scénario n’est pas sans risque, Zacarias Moussaoui parviendra-t-il à échap- semble alors avoir été mobilisé en hâte et américain Daniel Pearl. politique budgétaire, le dépassement estiment, malgré tout, les experts : per à la peine de mort ? Jour après jour, le Fran- envoyé s’entraîner sur des simulateurs de vol à Khaled Cheikh Mohammed aurait fourni à étant pour près de moitié d’origine nouveaux chocs sur les marchés çais de 34 ans, seule personne accusée par la Minneapolis (Minnesota), où son comporte- Zacarias Moussaoui des noms de contacts aux structurelle », souligne l’organisation financiers, qui différeraient encore justice américaine d’avoir préparé les attentats ment suspect conduira à son arrestation, le Etats-Unis. Ramzi Ben Al-Shaiba a confirmé lui de coopération et de développement l’investissement des entreprises ; du 11 septembre 2001, voit son système de 16 août. Si la justice américaine parvient à prou- avoir donné l’adresse électronique d’un mem- économiques. « Le projet de budget éventuelle nouvelle réduction du défense s’affaiblir. Il a reconnu être membre ver qu’il avait connaissance au moins en partie bre du réseau et lui avoir transféré de l’argent. pour 2003 ne comporte pas de mesu- patrimoine des ménages liée à une d’Al-Qaida, il a proclamé à plusieurs reprises des attentats en préparation, il en devient de fait Toujours selon l’acte d’accusation, Zacarias res bien définies visant à corriger ces baisse des prix de l’immobilier ; son allégeance à Oussama Ben Laden, mais il a le complice, n’ayant rien dit aux autorités. Moussaoui aurait bien voyagé, début décem- dérapages, de sorte que la situation résorption désordonnée des désé- toujours nié avoir un lien avec les attaques du bre 2000, de Hambourg à Londres et pris, le budgétaire pourrait se dégrader enco- quilibres internationaux ; crise des 11 septembre. Cette dernière affirmation est 9 décembre, un vol pour le Pakistan. Il serait re davantage si la faiblesse conjonctu- économies émergents ou forte aujourd’hui contredite par le témoignage de Selon des informations publiées par le revenu en Angleterre, le 7 février 2001. Deux relle persiste », poursuit l’OCDE qui hausse du prix du pétrole. Ramzi Ben Al-Shaiba, un Yéménite de 30 ans, Washington Post du 20 novembre, puis confir- semaines plus tard, il se rendait aux Etats-Unis table, pour la France, sur une crois- Dans son scénario, l’OCDE ne arrêté en septembre au Pakistan et interrogé mées par des officiels américains, Ramzi Ben et s’inscrivait dans une première école de pilo- sance de 1 % en 2002 et de 1,9 % en retient que deux foyers de risques par les Américains. Ramzi Ben Al-Shaiba, qui Al-Shaiba a affirmé au FBI que Zacarias Mous- tage à Norman (Oklahoma). 2003. « Afin d’éviter que la dette principaux : aux Etats-Unis, où la était membre de la cellule basée à Hambourg saoui a rencontré en Afghanistan, pendant l’hi- Mais Ramzi Ben Al-Shaiba et Khaled Cheikh publique ne dépasse 60 % du PIB et consommation des ménages est considéré comme l’un des organisateurs des ver 2000-2001, Khaled Cheikh Mohammed, le Mohammed doutaient de ses capacités et de sa pour assurer la viabilité future des « pourrait s’essouffler » avant la attentats sur le territoire américain. directeur des opérations d’Al-Qaida et le cer- discrétion. Ils auraient décidé de ne l’utiliser finances publiques, face notamment reprise de l’investissement, si cette Selon l’acte d’accusation, Zacarias Moussaoui veau des détournements du 11 septembre. Kha- qu’en dernier ressort. à l’alourdissement des obligations au dernière tarde trop. Au Japon et aurait eu au moins un contact téléphonique led Cheikh Mohammed est considéré aussi com- titre des retraites, d’importantes éco- en Allemagne, où la consomma- avec Ramzi Ben Al-Shaiba à la fin de juillet 2001. me l’organisateur de l’attentat de 1993 contre Eric Leser nomies budgétaires devront être réali- tion des ménages reste peu dyna- sées dans le proche avenir. » mique, les problèmes actuels (sec- Le ministre de l’économie, Francis teur bancaire pour le premier, mar- Mer, a affirmé, mercredi 20 novem- ché du travail pour le second) ont bre, que l’estimation de 2,8 % de « une importante dimension structu- déficit public en 2002 et de 2,6 % en relle » et sont, par conséquent, 2003 « n’est pas remise en cause ». « durablement enracinés » avec des conséquences négatives pour la confiance et la vigueur de la MÉDAILLE D’OR 2001 reprise attendue. concours NF ameublement Dans ce contexte, estime DETAILLANT - GROSSISTE l’OCDE, il est « crucial » de tirer le VEND AUX PARTICULIERS meilleur parti des politiques macro- Toutes les grandes marques aux meilleurs prix économiques. Le scénario tient compte du relâchement récent de ES OLD la politique monétaire américaine ES S UE D et du souci de la Réserve fédérale UX Q MIE d’intervenir à nouveau, si nécessai- re. Il intègre aussi, à brève échéan- ce, une réduction de 50 points de base des taux de la Banque centra- le européenne, « sur fond d’atté- MATELAS ● SOMMIERS nuation des pressions inflationnistes et de reprise molle ». Vente par téléphone possible L’organisation se garde d’évo- fixes ou relevables - toutes dimensions. quer les conséquences d’un conflit SWISSFLEX - TRÉCA - EPÉDA - PIRELLI en Irak et reste sur le plan stricte- SIMMONS - DUNLOPILLO - BULTEX ment technique. Elle table sur un Garantie 5 et 10 ans prix moyen du pétrole importé CANAPÉS ● SALONS ● CLIC-CLAC « au voisinage » de 26 dollars jus- Duvivier - Steiner - Coulon - Diva - Bournas qu’à fin 2003, ce qui comporte déjà une « prime de risque ». Selon les MOBECO experts, une augmentation tempo- ◗ 247, rue de Belleville - Paris 19ème raire du prix du baril de 10 dollars ◗ 148, av. de Malakoff - Paris 16ème pendant une année pousserait l’in- ◗ 50, avenue d’Italie - Paris 13ème flation d’un demi-point à la hausse et réduirait la production d’envi- - 7 j/7 01.42.08.71.00 ron un quart de point. 5500 m2 d’exposition LIVRAISON GRATUITE SUR TOUTE LA FRANCE Babette Stern LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/5 INTERNATIONAL Au Brésil, à la faveur d’une transition tranquille, les « hommes de Lula » sortent de l’ombre Exécution au Missouri du condamné William Jones La date de l’investiture de Luiz Inacio da Silva, élu le 27 octobre, n’est cependant pas arrêtée, WASHINGTON. Un condamné à mort de 37 ans, William Jones, a été le real évolue en dents de scie, et la composition du gouvernement de coalition reste incertaine exécuté par injection, mercredi 20 novembre, à Kansas City (Missou- ri). William Jones avait été condamné pour avoir tué un homme de BRASILIA de gouvernement du candidat du 24 milliards sont libérables en lement avant la fin de l’année. cinq coups de couteau afin de lui voler sa voiture. Il avait affirmé de notre envoyé spécial PT, devenu celui de la « commis- 2003. Mais seulement à condition Au côté d’Antonio Palocci, s’être défendu contre les avances de la victime, rencontrée dans un « La transition est trop longue, le sion de transition », Antonio Pa- que la cure d’austérité prescrite ancien trotskiste, depuis long- parc fréquenté par des homosexuels. Le meurtre avait été commis en Brésil flotte », résume un diplomate. locci a officiellement renoncé, mer- soit rigoureusement appliquée. temps converti aux lois du marché 1986. Le Missouri a rétabli la peine de mort en 1989. William Jones a La date de l’intronisation de Luiz credi, à son mandat de maire de C’est là que le bât pourrait blesser et coordinateur de la délégation été défendu par l’association française Ensemble contre la peine de Inacio Lula da Silva, le fondateur Ribeiro Preto, dans l’Etat de Sao le jour où le premier président bré- du président élu au sein de la mort. Celle-ci a fait signer une pétition au Parlement européen, mardi, du Parti des travailleurs (PT) élu à Paulo, après avoir reçu, deux jours silien de gauche voudra s’attaquer « commission de transition », José demandant au gouverneur du Missouri de commuer sa peine. Gerti la présidence le 27 octobre, est plus tôt, un hommage appuyé de aux revendications sociales les Dirceu apparaît comme l’une des Jones, de nationalité autrichienne, que le condamné avait rencontrée devenue incertaine : constitution- Lula dans cette ville d’un demi- plus urgentes. pièces maîtresses du dispositif qui sur l’Internet et épousée en prison, a assisté à l’exécution. – (Corresp.) nellement, elle est fixée au 1er jan- « Notre position est connue. Nous se met en place. Homme de l’om- vier, mais Lula voudrait la repous- sommes contre », avise le député bre, il se retrouve en première ser au 6 janvier pour faciliter la pré- Dès sa prise fédéral de Sao Paulo, José Dirceu, ligne dans les tractations pour Union européenne: soupçon sence de chefs d’Etat étrangers. Le président du PT, en se référant au trouver une majorité présiden- real n’en finit pas de tanguer : après de fonctions, Lula débat sur l’opportunité d’augmen- tielle au Parlement. Une mission d’irrégularités en France avoir perdu, la semaine dernière, ter en 2003 l’excédent budgétaire d’autant plus délicate que des réti- 5 % par rapport au dollar, la mon- se retrouvera sous primaire (hors service de la dette), cences se font jour parmi les alliés BRUXELLES. L'Office européen de lutte anti-fraude (Olaf) a indiqué, naie brésilienne a été cotée en fixé à 3,75 % du PIB dans l’accord. du PT au second tour de la pré- mercredi, avoir ouvert une enquête sur des soupçons de mauvaise ges- légère hausse, mercredi 20 novem- la tutelle du FMI, Cet ancien guérillero, qui a jadis sidentielle. tion de subventions allouées par la direction générale presse de la Com- bre. Le manque d’indices sur la fréquenté les camps d’entraîne- Gouverneur sortant et sénateur mission européenne au titre de la politique d'information. « Pour éviter composition de la future équipe qu’il accusait de tous ment cubains avant de se faire la élu de l’Etat amazonien de l’Ama- toute perception de conflit d'intérêt, il a été décidé, dans l'intérêt du servi- économique attise la nervosité du cheville ouvrière du recentrage du pa, Joao Capiberibe vient de parti- ce, de réaffecter à Bruxelles deux fonctionnaires de la représentation de la marché des changes. En revanche, les maux il n’y a pas PT, passe déjà pour la « future ciper à Brasilia à une réunion du Commission à Paris », a précisé, dans un communiqué, Jonathan Faull, Brasilia baigne dans une quiétude éminence grise de Lula ». En tant comité exécutif du Parti socialiste directeur-général responsable de la presse. Les fonctionnaires concer- un brin insolite. si longtemps que coordinateur politique au brésilien (PSB), dont il est l’un des nés sont Jean-Louis Giraudi, directeur de la réprésentation de l'Union Journaliste au Correio Braziliense Congrès, une tâche ingrate et fondateurs, convoquée pour exa- en France, ainsi que l'administrateur Frédéric Magloire. – (Corresp.) depuis la fondation de Brasilia en prioritaire lui est assignée. Elle miner une possible alliance avec le 1960, Ari Cunha, éditorialiste politi- million d’habitants où l’ancien consiste, en reniant les revendi- PT. Ayant administré son Etat pen- que, ne se souvient pas d’une alter- édile, jadis militant trotskiste, s’est cations antérieures du parti, à frei- dant huit ans avec l’appui du PT, a CÔTE D’IVOIRE : les rebelles ont rejeté comme « diversion », nance « aussi sereine ». La capitale fait le pionnier des privatisations ner des quatre fers le réajustement avec lequel il a fini par se brouiller, mercredi, la proposition du président Laurent Gbagbo d’un référen- fédérale, selon lui, « est habituée façon PT. du salaire minimum, actuellement il se méfie de la « tendance hégémo- dum constitutionnel, à la fin 2003 ou au début 2004, pour abroger les aux successions orageuses. Mais Fer- Signe supplémentaire de sa pro- de 200 reals (environ 60 euros), nique » du PT. restrictions d’éligibilité. Un nouveau round de négociations directes nando Henrique Cardoso [le pré- motion au premier cercle du pou- dans le projet de budget pour 2003 devait s’ouvrir, jeudi à Lomé, sous l’égide du président togolais Eyadé- sident sortant] et Lula se respec- voir en gestation, c’est ce même qui doit être approuvé par le Par- Jean-Jacques Sévilla ma. - (AFP.) tent ». Isolés sur la berge du lac Antonio Palocci qui a reçu, le len- Paranoa, les locaux du centre cultu- demain, la mission du Fonds moné- rel de la Banco do Brasil sont le taire international (FMI), venue, théâtre d’une routine illustrant les conformément à l’accord conclu bonnes dispositions du président en août, examiner l’évolution des sortant à l’égard de son succes- « fondamentaux » de l’économie seur : formée d’une centaine de brésilienne. « Cela ne nous prive représentants du gouvernement et pas de l’autonomie de fixer les para- du président élu, une « commission mètres de notre politique économi- de transition », divisée en cinq que », a déclaré le représentant du groupes de travail, y prépare la pas- président élu à l’issue de la rencon- sation des pouvoirs dans une am- tre, jugée « productive », à propos biance on ne peut plus cordiale. de l’engagement pris par Lula, Sans craindre de faire languir les avant et après sa victoire, de res- milieux d’affaires, Lula poursuit sa pecter tous les contrats internatio- tournée nationale de « consulta- naux, dont l’accord avec le FMI. tions politiques » en vue de former Dès sa prise de fonctions, le pro- un gouvernement de coalition, chain président se retrouvera sous dont il fait pour l’heure le plus la tutelle d’un organisme qu’il accu- grand mystère. En attendant, dans sait de tous les maux il n’y a pas si la capitale, ses hommes de confian- longtemps. Sur le crédit global de ce tiennent le haut du pavé. 30 milliards de dollars mis à la dis- Ex-coordinateur du programme position du Brésil par le fonds, Le fils du président Chissano est mis en cause dans le meurtre d’un journaliste mozambicain
Carlos Cardoso a été assassiné en 2000
MAPUTO servi d’intermédiaire entre Nyimpi- correspondance ne Chissano et « Anibalzinho » Pour la seconde fois, le nom du pour des paiements devant attein- fils du président mozambicain Joa- dre 300 000 dollars. Cependant, quim Chissano a été cité comme aucune preuve pour ses allégations « commanditaire » du meurtre du n’a été apportée jusqu’à présent. journaliste Carlos Cardoso, au cours Homme d’affaires prospère à la du procès contre six prévenus qui réputation sulfureuse, Nyimpine s’est ouvert lundi 18 novembre à Chissano avait déjà été mis en cause Maputo. Mozambicain d’origine por- par un témoin. Mais l’apparition tar- tugaise, Carlos Cardoso était le direc- dive de son nom dans l’affaire teur du journal Metical, fondé en n’avait pas permis que son dossier 1997, édité par fax et reconnu pour soit intégré au procès en cours. C’est son sérieux et pour son indépendan- aussi le cas d’Octavio Muthemba, ce. Cardoso enquêtait sur le plus ex-ministre de la justice et président grand scandale financier depuis l’in- du conseil d’administration de la dépendance de l’ancienne colonie banque incriminée, et d’Antonio portugaise : le détournement de Namburete, ancien procureur géné- 14 millions de dollars lors de la priva- ral, accusé d’avoir freiné l’enquête. tisation d’une banque en 1996. Il a Pour des raisons de sécurité, le été assassiné en pleine rue, à procès s’est ouvert dans l’enceinte Maputo, le 22 novembre 2000. de la prison de haute sécurité de la Deux ans après le meurtre, cinq capitale, sous surveillance militaire. suspects se retrouvent dans le box Les audiences sont néanmoins publi- des accusés. Deux hommes d’af- ques, et le procès est retransmis en faires mozambicains d’origine pa- direct par la radiotélévision nationa- kistanaise et un ancien responsable le. Quelques personnalités ont fait le de la banque sont accusés d’avoir déplacement pour assister au pro- commandité le meurtre, les deux cès, dont Graça Machel, veuve du autres prévenus de l’avoir exécuté. premier président mozambicain et Le grand absent, jugé par contuma- épouse de Nelson Mandela, et Mia ce, est Anibal dos Santos Junior, sur- Couto, écrivain et ami de la victime. nommé « Anibalzinho », qui est La mort brutale de Carlos Cardoso accusé d’avoir assuré la partie logisti- avait choqué l’opinion publique, que de l’assassinat. Le 1er septembre, très attachée à la liberté de sa presse il a réussi à s’échapper de la prison depuis la fin de la guerre en 1992. de haute sécurité de Maputo. Pour Pour la société civile, ce procès doit la presse nationale, son évasion être l’heure de vérité non seulement aurait été facilitée par des complici- sur le cas Cardoso, mais aussi sur la tés de haut niveau, pour étouffer valeur d’un système judiciaire sali des révélations sur les « véritables par de nombreux scandales. Cité en commanditaires » du crime. exemple pour sa sortie pacifique Cependant, deux accusés ont cité d’une longue guerre civile, puis pour devant le tribunal le nom de Nyimpi- ses performances économiques ne Chissano, le fils du président de (14 % de croissance en 2001), le la République. Le premier inculpé a Mozambique souffre aujourd’hui reconnu avoir participé au meurtre d’une corruption dans tous les roua- et a désigné le fils du chef de l’Etat ges de l’Etat. comme le « commanditaire » de l’as- sassinat. Le second a indiqué avoir Jordane Bertrand 6/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 INTERNATIONAL
Les propriétaires du « Prestige », récidivistes des marées noires
Mare Shipping Inc., propriétaire du navire qui vient de couler au large des côtes ibériques, appartient à un trust dirigé par à un clan d’armateurs, les Coulouthros, basés à Londres et au Pirée. Ils ont été mêlés à deux autres naufrages, en 1979 et 1992
LONDRES Selon l’annuaire d’Intertanko, offi- tout lien entre la disparition du Ces pavillons de complaisance de notre correspondant ciellement, Universe Maritime ne Prestige et les deux autres acci- – officiellement appelés de « libre Derrière le propriétaire libérien possède que quatre vieux pétro- dents. Pour sa part, Peter Swift se immatriculation » – contrôlent l’Or- du Prestige, la Mare Shipping Inc., liers, trois immatriculés aux Baha- veut rassurant : « N’essayez pas à ganisation maritime internationa- se cache une famille d’armateurs mas, le dernier au Liberia. Pas la tout prix de mettre des chapeaux le, association onusienne dépour- grecs récidivistes en matière de moindre mention, bien sûr, du sur les portemanteaux. Dans l’avia- vue de tout pouvoir réel. Dans un marées noires : les Coulouthros. Prestige. tion, la séparation entre propriétai- souci de protection de ses arma- Le naufrage du pétrolier au large La branche londonienne diri- re et agent est une pratique couran- teurs, considérés comme l’un des du Portugal est en effet le troisiè- gée par Nicholas, Coulouthros te comme c’est le cas dans le ship- derniers joyaux de sa couronne, me sinistre auquel sont mêlés ces Ltd, a mal résisté à la crise pétro- ping. Cette distinction est plus renta- Athènes ne se montre guère exi- opérateurs basés à Londres et au lière de la mi-1985. Au bord de la ble, voilà tout. » geante en matière de contrôle. Pirée, qui ont le goût du secret. faillite, Nicholas meurt en 1997. Résultat : protégée par son sta- « Vous savez, les affaires de trans- Ses deux enfants, Anthony et tut privé, la galaxie Coulouthros port maritime sont toujours des his- Basil, reprennent le flambeau. En 1981, un trust échappe à la surveillance de la toires de famille, surtout en Grèce. D’après Intertanko, la flotte de Bourse comme de la presse. Le père, ses fils, des bateaux, des car- Coulouthros UK, sise à Savile est mis en place, « Disons simplement que je n’ai gaisons… » : c’est un expert qui Row, petite artère du quartier jamais rencontré de représentants parle. Il s’appelle Peter Swift, direc- chic de Mayfair, possède actuelle- une entité de cette compagnie lors des salons teur général d’Intertanko, le grou- ment deux navires construits res- professionnels ou des colloques où pement des opérateurs de tankers pectivement en 1977 et en 1975. mystérieuse, se nouent les contrats. Il s’agit d’un indépendants. La famille grecque Le téléphone de la société a été opérateur moyen couleur Coulouthros, propriétaire du récemment coupé. totalement opaque muraille », affirme à propos d’Uni- pétrolier Prestige qui a coulé au lar- « Nous n’avons rien à voir avec verse Maritime un journaliste en ge du Portugal, figure parmi les les deux sinistres précédents qui poste à Athènes. membres de cette association pro- concernent la branche anglaise, Voilà tout ? Chaque naufrage Depuis la disparition du Prestige, fessionnelle basée à Londres. A la des cousins lointains. Franche- suscite des velléités d’en finir avec la City bruit régulièrement des lumière des conditions draconien- ment, il n’y a plus de contacts l’absence de transparence d’un sec- plus folles rumeurs concernant nes d’admission dans ce « club », depuis plus de trente ans » : tout teur fragmenté, volatil, qui dégage l'« empire ». Ainsi, Anthony, dit- il s’agit indéniablement de gens le Prestige, qui a provoqué la pollu- Le drame de l’Agean Captain a-t-il en exprimant son « regret pro- de faibles marges bénéficiaires. En on, a passé commande d’un super- honorables. Reste que dans un pas- tion des côtes de Galice, projette joué un rôle dans ce divorce cin- fond » pour la catastrophe, le por- termes de tonnage, la flotte pétro- tanker à un chantier naval coréen. sé récent, deux bateaux apparte- les Coulouthros à la « une » de l’ac- glant ? La flotte est scindée en te-parole d’Universe Mariti- lière grecque est au troisième rang En digne Coulouthros ? nant à ce clan d’armateurs originai- tualité. L’opérateur du pétrolier, deux ; les frères s’évitent soigneu- me Ltd, un avocat du Pirée souhai- mondial après le Panama et le Libe- res de l’île d’Andros ont défrayé la Universe Maritime, immatriculé sement. tant garder l’anonymat, dément ria, mais devant les Bahamas. Marc Roche chronique en provoquant des au Liberia, est en effet étroitement John, qui n’a pas d’enfants, marées noires retentissantes. lié à la branche grecque de la meurt subitement en 1981. Un Ainsi, en 1992, l’un de ses pétro- famille. trust est mis en place pour gérer liers, l’Agean Sea, s’échoue près du A l’origine, deux frères, John et son patrimoine au profit de ses En Galice, « il ne nous reste plus qu’à prier » port de La Corogne (Espagne), Nicholas, qui héritent d’un groupe héritiers. Selon le Lloyd’s List,le lâchant une nappe de pétrole d’armement maritime créé en quotidien maritime londonien qui RIAS BAIXAS (Galice) misme. Il n’a pas été entendu. Au marché aux pois- s’étendant sur une centaine de kilo- 1934 par leur père. Le premier est fait autorité en matière de trans- de notre envoyée spéciale sons, Mari-Lor, Mari-Carmen et Lola, de la directiva mètres de côtes. En 1979, l’Agean installé à Athènes, le second opère port par mer, cette entité mysté- Si la résignation pèse sur toute la Côte de la de Pescadores, sont en colère : « Personne ne l’a Captain, l’un de ses vaisseaux ami- depuis Londres où vit une impor- rieuse, totalement opaque, contrô- mort, d’autant qu’une nouvelle nappe de fioul de cru. On ne sait plus où l’on va. Après tant d’années, raux, entre en collision avec l’Atlan- tante communauté d’armateurs lerait aujourd’hui la société de ges- 8 kilomètres de long sur 5 kilomètres de large tant de marées noires, à chaque fois, on dit la tic Empress en mer des Caraïbes, grecs. Les affaires marchent plutôt tion Universe Maritime, créée en menace les villages au nord du cap Fisterra (cap même chose et on n’a toujours rien, ni barrières ni au large de l’île de Tobago, tuant bien. A la fin des années 1970, la 1998, véritable locomotive du hol- Finisterre) en pleine tempête, c’est l’inquiétude, bateaux. Il faut faire venir les bateaux français, alle- 26 marins. Cet abordage entraîne société est devenue le neuvième ding familial. Se cachant derrière plus au sud, dans les Rias Baixas, une des plus mands, hollandais, chinois, et nous, on n’a rien. » également la perte de 280 000 ton- armateur grec avec vingt-sept navi- une cascade de sociétés écrans, le riches régions du monde pour la pêche aux mou- nes de pétrole, ce qui constitue à res, pétroliers en majorité. Mais en trust serait également propriétaire les, l’une des plus belles aussi avec ses côtes escar- ce jour un record mondial pour un 1981, les deux hommes se sépa- de Mare Shipping Inc., propriétai- pées, ses plages, ses criques. La Galice a subi cinq marées noires depuis 1976, accident de ce type. Aujourd’hui, rent pour des raisons inconnues. re d’un seul navire, le Prestige. Le parc naturel formé par les îles Cies, Salvora et mais l’Espagne ne dispose d’aucun bateau anticon- Ons, la réserve d’oiseaux de l’île Toja, le poisson, tamination et il n’y a que trois remorqueurs en les crustacés, les coquillages y font vivre 30 000 Galice. Mais les gens de la baie d’Arousa ont une personnes, presque 7 % de la population de Galice, autre rancœur : « Ils ont promené ce maudit Presti- Appel au Ministre de la Culture et de la Communication avec un chiffre d’affaires estimé à plus de 30 mil- ge tout au long de la côte. On ne comprend pas. » lions d’euros par an. A O Grove, dans la petite Les neuf associations écologistes qui se sont entreprise de dépuration de coques, d’huîtres et regroupées à La Corogne pour une conférence de Monsieur le Ministre, de palourdes, on attend. « Pour le moment, on tra- presse ne disent pas autre chose : « La Galice vaille normalement. Mais tout le monde est devrait être exportatrice de moyens anticontamina- En 1999, l’État rachetait le Château de Voltaire afin d’y développer un projet inquiet, dit le patron. Au nord, ils ne peuvent plus tion (...). Il aurait fallu transvaser le fioul au plus artistique et patrimonial d’envergure nationale, initié par Hervé Loichemol. À ce travailler. On a tous peur. Les maires et les patrons vite et éloigner [le bateau] des eaux espagnoles. » titre, le Château de Voltaire devenait le 10e Centre culturel de rencontre de France. pêcheurs ont proposé de protéger la côte en alter- Les femmes en colère n’ont pas apprécié la phra- Depuis, en liaison avec de nombreux partenaires, des dizaines de manifestations nant leurs bateaux et les barrières anticontamina- se du conseiller à la pêche qui leur a promis qu’el- (spectacles, expositions, concerts, colloques, résidences d’auteurs) ont été organisées tion. Mais la délégation gouvernementale s’y est les auraient leur touron de Noël : « Qu’ils ne vien- avec un succès public et critique incontestable. Diverses tragédies et comédies de opposée. Individuellement, on ne peut rien faire. On nent pas nous tranquilliser avec des mots doux. Il Voltaire furent sorties de l’oubli et remises en perspective, tandis que plusieurs n’a aucune autre information que la radio, la télévi- faut nous dire ce que l’on va et peut faire. Ici, ceux auteurs contemporains, de Vidosav Stevanovic à Nedim Gürsel, écrivaient des textes sion et les journaux. Il ne nous reste plus qu’à qui ne vivent pas de la mer vivent du tourisme. Ce nouveaux créés au Château. Des milliers de visiteurs et de spectateurs venus de toute prier. » n’est pas seulement pour nous, mais pour tous ceux la région, mais aussi de Genève, du bassin lémanique et de la France entière, ont suivi Le conseiller pour la pêche de la junte de Galice, qui viennent profiter de cette région : rompre l’éco- et apprécié les manifestations, contribuant à rendre vie (hors des cénacles et de la Enrique Lopez Veiga, a essayé de convaincre qu’il système, c’est un péché. » n’y avait pas de risques, demandant aux gens de seule sphère éditoriale ou universitaire) à l’héritage voltairien. Des troupes, des garder la tête froide et accusant les médias d’alar- Martine Silber metteurs en scène, des artistes, des écrivains, des intellectuels de haute réputation s’y sont associés. En dépit de conditions techniques et financières d’une très grande précarité, le porteur de projet a toujours tenu ses engagements artistiques avec exigence et Polémique sur les contrôles à Gibraltar probité, malgré des dysfonctionnements structurels dont le Président de l’association a immédiatement été informé. LA CATASTROPHE du Prestige britannique ont récemment dé- Formés dans les meilleures uni- Nous apprenons qu’on songe aujourd’hui à mettre Hervé Loichemol à l’écart. Ce a donné lieu, mercredi 20 novem- noncé l’absence de normes gou- versités maritimes, les avocats de projet aurait certes besoin d’être restructuré et réorganisé administrativement, mais bre, a une polémique entre la Gran- vernant le sous-équipement en Gibraltar sont renommés pour il ne saurait trouver son éclat artistique et intellectuel sans celui qui l’a conçu et mis de-Bretagne et la Commission à matière de contrôle technique ou leur savoir en matière maritime. en pratique avec succès pendant quatre ans, après l’avoir longuement préparé à la propos des contrôles à Gibraltar. d’environnement. Faute de person- Gibraltar est souvent utilisé pour ferme du Châtelard qu’il a réhabilitée et dont il a fait un bel instrument de théâtre et L’ambassadeur britannique auprès nel, les inspections officielles sont la revente de bateaux dont les pro- de réflexion autour de Voltaire et du XVIIIe siècle. de l’Union européenne (UE), Sir sous-traitées aux sociétés de vérifi- priétaires ont fait faillite. Partenaires institutionnels, artistes liés au projet, ou témoins de son développement, Nigel Sheinwald, a reproché à la cation internationales, ce qui pose nous en mesurons les enjeux à long terme. Nous demandons que les moyens Commission d’avoir déclaré que le des problèmes éthiques. M. R. effectifs et contractuels indispensables soient enfin donnés à Hervé Loichemol pour Prestige avait fait « plusieurs esca- qu’il poursuive l’action dont il est, avec nombre d’entre nous, le répondant. Il n’y a les » à Gibraltar depuis 1999, et il a pas d’alternative à ce projet si l’on veut que le Château de Voltaire et l’esprit qui insisté pour qu’elle « confirme l’anime demeurent dans l’espace public. publiquement que le Royaume-Uni Nous vous prions, Monsieur le Ministre, de bien vouloir agréer l'expression de notre et Gilbratar ne portent pas de res- haute considération. ponsabilité » dans le naufrage. « Nous avons reçu une réponse Listes des premiers signataires des autorités britanniques dont il res- sort que le bateau s’est arrêté à Robert Abirached, écrivain - Fethi Benslama, psychanaliste - Jean-Claude Bérutti et François Rancillac, Gibraltar le 13 juin 2002 », a répli- directeurs de la Comédie de Saint-Étienne - Beno Besson, metteur en scène - Anne Bisang, directrice qué le porte-parole de la commis- de la Comédie de Genève - Monique Blin, présidente d’Écritures vagabondes - Laurence Chable, comédienne – François Chatillon, président de Voltaire Aujourd’hui - Nicholas Cronk, directeur de saire espagnole Loyola de Palacio. la Voltaire Foundation, Université d’Oxford - Daniel de Roulet, président des Écrivains Suisse - « La position de la Commission Armand Farrachi, écrivain - Suzanne Flon, comédienne - Daniel Girard, directeur du CCR la Chartreuse demeure que, dans l’esprit de la nou- - Arno Gisinger, photographe - René Gonzalez, directeur du théâtre de Vidy Lausanne - Karl velle directive européenne qui doit Grümberg, secrétaire général de ACOR SOS Racisme - Denis Guénoun, écrivain, professeur à entrer en vigueur en juillet pro- l’Université de Paris-Sorbonne - Nedim Gürsel, écrivain - Eric Hazan, éditeur - Ginette Herry, directrice chain, il est nécessaire pour tous les de l’association Goldoni européen - Jean-Louis Hourdin, metteur en scène - Jean-Claude Jay, Etats membres de tout faire pour comédien - Jean Jourdheuil, écrivain - metteur en scène, professeur à l’université de Paris X Nanterre - Michel Khleifi, cinéaste - Yves Laplace, écrivain - Patrick Le Mauff, directeur du Festival International contrôler les bateaux-poubelles qui des Théâtres Francophones - Francis Maréchal, directeur du CCR de Royaumont - Jean-Noël Mathieu, n’ont pas été contrôlés depuis plu- directeur de l’ACCR - Christiane Mervaud, présidente de la Société des Études voltairiennes - Mathilde sieurs années. » Monnier, chorégraphe, directrice du CCN de Montpellier - Véronique Nahoum-Grappe, chercheur Colonie de la Couronne, considé- en sciences sociales - Gilles Privat, comédien - Olivier Py, metteur en scène, écrivain - Jean-Loup ré comme un paradis fiscal « à pro- Rivière, professeur au Conservatoire national supérieur d'art dramatique - François Rochaix, directeur blèmes », Gibraltar est un centre du théâtre de Carouge-Atelier de Genève - Elias Sanbar, écrivain - Pierre Santini, comédien, Président de l’ADAMI - Philippe Sireuil, directeur artistique de l'Atelierthéâtre Jean Vilar, Belgique - Eyal Sivan, maritime important. Son pavillon cinéaste - Josiane Stroh, Conseil artistique - François Tanguy, metteur en scène - Jean-Marie Thiedey, de complaisance offre des tas directeur de l’Estran - Pierre Vidal-Naquet, historien - Jean-Pierre Vincent, metteur en scène - André d’avantages fiscaux, en particulier Waldis, directeur La Bâtie-festival de Genève. pour les activités de cabotage. Ses détracteurs critiquent la souplesse Voltaire Aujourd’hui (association loi 1901) - 27 rue de Versoix de la législation maritime, qui auto- Précurseur de Style 01210 Ferney-Voltaire - e-mail : [email protected] rise, par exemple, l’enregistrement Stylos, montres et accessoires de bateaux sans limitation de ton-
www.recife.fr - Le Printemps agréés : Le Bon Marché - La Samaritaine Les Galeries Lafayette Revendeurs nage. Les syndicats de la marine LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/7 UNION EUROPÉENNE UE : le Parlement a voté l’interdiction Bruxelles reprend l’initiative partielle de la publicité pour le tabac en faveur du « ciel unique » européen Les Etats membres sont sommés de dénoncer leurs accords Les dispositions concernent la presse, la radio, Internet et le sponsoring bilatéraux conclus avec les Etats-Unis en matière de trafic aérien
STRASBOURG BRUXELLES Permettre à toutes les compa- tions (Mme de Palacio entend aussi de notre bureau européen de notre bureau européen gnies européennes de desservir les négocier avec le Japon ou la Rus- Il y a des années que la Commis- La Commission européenne a Etats-Unis à partir de n’importe sie), d’autres épisodes douloureux sion européenne tente de légiférer Michael Schumacher demandé, mercredi 20 novembre, quel aéroport de l’Union et les sont à prévoir. sur le tabac, et qu’elle se heurte au sur Ferrari aux Etats membres d’annuler les autoriser à voler d’une ville améri- La commissaire doit aussi affron- puissant lobby de la cigarette. En au Grand Prix accords bilatéraux qu’ils ont con- caine à l’autre, alors qu’elles sont ter les Etats-Unis, qui estiment que 2000, les cigarettiers ont obtenu de Spa clus avec les Etats-Unis dans le cantonnées aujourd’hui à une seu- l’arrêt de Luxembourg n’a rien chan- l’annulation, par la Cour de justice en Belgique. domaine du trafic aérien, suscitant le destination : voilà, entre autres, gé pour les compagnies. Le départe- des Communautés européennes, Le Parlement une vive réplique américaine. ce que la commissaire entend obte- ment d’Etat l’a réaffirmé mercredi, d’une loi qui interdisait toute européen Loyola de Palacio, la commissaire nir. Mme de Palacio juge également en invitant les Etats membres à dis- publicité en faveur du tabac en souhaite prohiber chargée des transports, entend utile d’améliorer la position des cuter « sur une base bilatérale » des Europe (au cinéma, sur les affi- le sponsoring obtenir des Quinze un mandat compagnies européennes sur le demandes de la Cour. « Faux », ches, dans la presse, sur les para- des événements pour aller négocier un accord glo- plan mondial, trois d’entre elles rétorque la Commission, qui s’esti- sols, ainsi que sur les stades ou les transfrontaliers bal avec Washington, valable pour seulement (British Airways, me fondée à décider, au nom de circuits automobiles), arguant du comme les Grands toute l’Union. Lufthansa et Air France) figurant l’Union, dans plusieurs domaines : fait que les mesures de santé publi- Prix de Formule 1, Farouchement attachée au projet dans le « Top 10 ». les systèmes de réservation et de que ne sont pas de la compétence qui sont « Ciel unique » qui favorisera, tarification, les créneaux horaires, de la communauté. Bruxelles a retransmis par les selon elle, la restructuration de l’in- la sécurité, les règles environnemen- remis son ouvrage sur le métier, télévisions dustrie aéronautique européenne Consolidation, fusion, restructu- tales, les droits de douane, la protec- dès 2001, en tenant compte des de plusieurs pays. et une baisse des tarifs, Mme de Pala- ration : cette perspective effraye tion des consommateurs, etc. observations des juges, qui esti- cio a été relancée dans son combat certaines capitales, qui redoutent Dans un projet de lettre aux Etats maient que seule une interdiction par l’arrêt rendu début novembre que la redéfinition des règles de la membres, la commissaire évoque
pour « entraves au marché inté- -STF par la Cour de justice. Les juges ont concurrence avec les Etats-Unis ne donc non seulement la nécessité de rieur » était possible. Le Parle- estimé contraires au droit commu- leur crée des problèmes. Une com- dénoncer rapidement les accords ment a adopté sa proposition, mer- cause des industriels, notamment des clips, mettant en scène des nautaire les accords bilatéraux pagnie nationale a déjà fait faillite bilatéraux conclus mais l’obligation credi 20 novembre. des conservateurs britanniques et vedettes de la chanson pop, qui conclus en cascade ces dernières (la belge Sabena, remplacée par d’obtenir l’aval de Bruxelles avant Le Parlement de Strasbourg, des Allemands, de droite comme conseillent de « dire non » àla années avec les Etats-Unis par huit une plus petite, SN Brussels), toute autre initiative, sous peine de tout comme la Commission, pro- de gauche (l’industrie du tabac cigarette, passeront dans plus de Etats membres, avec en tête l’Alle- d’autres (Olympic Airways, Alitalia) sanctions. C’est le Conseil euro- pose donc d’interdire partielle- ayant sponsorisé les congrès des 5 000 cinémas et sur une quaran- magne et le Royaume-Uni. La Fran- sont en difficulté. Si les grandes péen qui devra trancher, et, au sein ment la publicité pour le tabac : démocrates-chrétiens comme des taine de chaînes de télévision euro- ce comme l’Italie ont suivi le mouve- compagnies peuvent, demain, s’ins- de celui-ci, l’Allemagne a déjà mani- dans la presse, à la radio et sur sociaux-démocrates). Mme Hauta- péennes. ment plus tard et n’étaient qu’indi- taller dans les capitales des festé des réticences. Internet, à partir du 31 juillet la, appuyée par Laura Gonzalez rectement visées par la procédure « petits » pays pour voler vers 2005. Il souhaite aussi prohiber le Alvarez (GUE), Minerva Malliori Rafaële Rivais lancée à Luxembourg. l’Amérique ou d’autres destina- Jean-Pierre Stroobants sponsoring des événements trans- (socialiste) et Jules Maaten (libé- frontaliers (comme les Grands ral), a obtenu le rejet de tous Prix de Formule 1, qui sont ces amendements, par 311 voix retransmis par les télévisions de contre 202 et 39 abstentions. plusieurs pays). Ces dispositions David Byrne, le commissaire à permettent en effet de supprimer la santé, a salué ce vote, et affirmé certaines entraves au marché inté- que le Conseil, colégislateur, se- rieur – il ne serait pas juste, par rait en mesure d’adopter le texte exemple, que les journaux de cer- en des termes identiques, c’est- tains pays bénéficient des recettes à-dire de manière définitive, au de la publicité pour le tabac, et début du mois de décembre. Il a d’autres pas. En revanche, la publi- insisté sur le fait que seule une cité au cinéma ou par voie d’affi- législation commune à l’ensemble chage, ainsi que la publicité indi- de l’Union européenne évitera recte (sur des T-shirts et des chaus- que certains pays, comme la Belgi- sures), ne sont pas concernées, que, soient pénalisés pour leur puisque seuls les Etats peuvent politique volontariste : la commis- prendre des mesures destinées à sion Formule 1 de la Fédération protéger la santé, une compéten- internationale automobile a déci- ce que la communauté n’a pas le dé de supprimer en 2003 le Grand droit d’exercer en vertu du traité. Prix de Spa-Francorchamps, parce que la Belgique a voté une loi interdisant le sponsoring par le Pour que ce texte ne soit pas à tabac à partir de cette année-là. nouveau attaqué, il fallait qu’il Lorsqu’il l’a appris, M. Byrne s’est soit voté tel quel au Parlement exclamé : « L’argent sale des européen. « Mieux vaut une inter- grands cigarettiers est-il plus impor- diction limitée que pas d’interdic- tant pour la Formule 1 que l’esprit tion du tout », n’a cessé de rappe- du sport et l’attachement de ses ler la députée Verte Heidi Hauta- fans à ce circuit, qui est incontesta- la. Le rapporteur en titre, le socia- blement l’un des plus spectaculaires liste espagnol Manuel Medina du monde ? » Ortega, avait accepté un certain Le commissaire a rappelé qu’il nombre d’amendements, déposés vient de lancer une campagne anti- par des députés favorables à la tabac en direction des jeunes : Le commissaire Patten et la Turquie : « M. Giscard d’Estaing a tort »
AVANT D’ÊTRE entendu, le politique étrangère et de sécurité mercredi 20 novembre, par la Com- commune (PESC) est « gérée, expri- mission des affaires étrangères de mée, soutenue ». Il s’est prononcé l’Assemblée nationale, Chris Pat- pour le maintien dans l’Union ten, commissaire européen chargé réformée des deux fonctions de des relations extérieures, s’est commissaire pour la politique exté- exprimé sur la candidature de la rieure et de Haut représentant Turquie à l’Union. Il a clairement pour la PESC, qui dépend du pris ses distances avec Valéry Gis- Conseil, même si « une meilleure card d’Estaing, qui s’est prononcé synergie » doit être organisée. contre. L’adhésion de la Turquie Le commissaire reconnaît que « serait la fin de l’UE », avait décla- cette solution a peu de chance ré le président de la Convention. d’être retenue par la Convention. « M. Giscard d’Estaing a tort »,a Une autre hypothèse serait la affirmé le dernier gouverneur bri- « communautarisation » de la tannique de Hongkong, en rappe- PESC, mais elle est peu réaliste car lant que la perspective d’une « on touche là au cœur de ce qui entrée dans l’UE avait été donnée fait l’Etat-nation ». Reste un troisiè- à la Turquie dès 1963. me modèle – le plus probable –, la Il faut s’en tenir à la décision du fusion des fonctions de commissai- conseil d’Helsinki qui l’a acceptée re aux relations extérieures et de comme candidate, même si elle a celles de M. PESC, ce que dans le encore un long chemin à faire avant jargon bruxellois on appelle «la de remplir les critères de Copenha- double casquette ». Chris Patten gue. « Ce n’est pas au moment où la est sceptique : « La casquette serait Turquie s’efforce de respecter les très large et exigerait une grosse règles du jeu qu’il faut les changer », tête », dit-il. a-t-il ajouté. Au-delà de la Turquie, Il professe le même scepticisme c’est toute la stratégie européenne à l’égard du poste de président de d’encouragement de la laïcité dans l’Union, dont la création a été sug- le monde musulman qui est en jeu. gérée à la fois par Jacques Chirac, Se présentant comme un catholi- Tony Blair et José Maria Aznar. que conservateur, Chris Patten a Quel rôle aurait ce président ?, se rejeté l’idée d’une Europe-club chré- demande M. Patten. « Valéry Gis- tien à l’aide d’une citation de card d’Estaing le décrit comme un Gandhi. Comme on lui demandait président de la Ve République char- ce qu’il pensait de la civilisation gé d’être l’interlocuteur de Bush. occidentale, le mahatma avait répli- Pour les Britanniques, ce serait plu- qué : « Ce serait une excellente tôt feu la reine mère… qui n’a idée. » jamais songé à négocier avec un pré- A propos de la politique étrangè- sident des Etats-Unis. » re commune, Chris Patten s’est interrogé sur la manière dont la Daniel Vernet 8/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 france-SOCIÉTÉ justice
, garde des sceaux, et te établissements, dont huit spécialisés pour les que Le Monde publie, montre de devraient être centrés davantage sur l’éducation. Tou- , secrétaire d’Etat aux programmes immobi- mineurs, représentant un total de 13 200 places, seront la répartition géographique des sites vers le Grand tefois, la chancellerie n’a pas prévu de fermer tous les liers de la justice, ont présenté, jeudi 21 novembre, le édifiés avant 2007, pour un montant de 1,4 - Ouest et le pourtour méditerranéen. Les nouveaux éta- anciens quartiers pour les mineurs, qui pourraient être contenu de leur plan de construction de prisons. Tren- ’. La carte de ces nouvelles prisons, blissements spécialement réservés aux mineurs d’entre eux. Trente nouvelles prisons doivent être construites avant 2007 Pour faire face à la surpopulation carcérale et à la dégradation des locaux existants, le gouvernement lance un programme de 13 200 nouvelles places. Parmi ces établissements, huit seront spécialement consacrés aux mineurs, à proximité des grands centres urbains
LE CHANTIER n’a pas traîné. Six Bédier : les fonctions régaliennes de l’heure actuelle », explique rie prévoit de concentrer ses efforts mois après leur prise de fonction, le surveillance et d’administration de la 13 200 NOUVELLES PLACES AVANT 2007 M. Bédier. Les établissements com- sur la prise en charge quotidienne garde des sceaux, Dominique Per- détention relèveront de l’Etat, et ce Les établissements pénitentiaires porteront toutefois des cellules pour des jeunes. Le projet pédagogique ben, et le secrétaire d’Etat aux pro- seront des sociétés privées qui assu- personnes handicapées, ainsi que reposera donc sur « l’idée que le grammes immobiliers de la justice, reront le bâti et l’hôtellerie. Centre pénitentiaire (centre de détention et maison d'arrêt) des espaces aménagés pour l’accueil mineur doit être occupé toute la jour- Pierre Bédier, ont présenté, jeudi Regroupant 10 800 places au total Maison d'arrêt Centre de détention Maison centrale des mères et des enfants. Un soin par- née », des activités sportives à la sal- 21 novembre, le contenu d’un vaste – 9 200 en métropole et 1 600 en ticulier sera porté aux questions de le de classe. « C’est ce qui devrait per- plan de construction de prisons. outre-mer –, le programme de cons- Etablissement pénitentiaire pour mineurs Guadeloloupu e Réunion sécurité : chaque établissement sera mettre de les garder », affirme ainsi Ambitieux, ce programme prévoit la truction des établissements pour 400 : Capacité A localiser doté d’une double enceinte avec un M. Bédier. Tous les mineurs ne pour- construction de 22 nouveaux établis- majeurs est réparti sur 22 nouveaux chemin de ronde surveillé par des ront cependant pas bénéficier de ce sements pour les détenus majeurs sites. Quinze de ces nouvelles pri- miradors placés en diagonale. régime d’incarcération. Choisissant (dont deux dans les DOM-TOM) et sons seront des centres pénitentiai- de construire 400 places en EPM, la de 8 établissements spécialisés pour res comprenant chacun un quartier Ile-de-France Dunkerque « ’ » chancellerie n’a pas prévu, en les mineurs, en application des enga- maison d’arrêt (pour les prévenus en Région de Lille Disséminées sur tout le territoire, retour, de fermer tous les quartiers gements pris dans le cadre de la loi attente de jugement), et un quartier 400 les huit prisons destinées aux mineurs. « Pour les mineurs d’une 600 Vallenenciiennes d’orientation de la justice. Ce pro- centre de détention (pour les con- 400 mineurs, constituent la principale très grande dangerosité, il faudra gar- gramme, qui débouchera sur l’ouver- damnés définitifs). La plupart seront innovation du programme de la der les quartiers actuels afin de ne pas Le HHavre ture de 13 200 nouvelles places de implantées dans le nord-ouest de la chancellerie. Alors qu’aujourd’hui trop sécuriser les nouveaux établisse- Beauvais prison, sera financé à hauteur de France et sur le pourtour méditerra- 400 400 les mineurs sont cantonnés dans des ments », projette le secrétaire d’Etat. 1,4 milliard d’euros et devrait être néen, deux d’entre eux étant locali- Alençon Alsace quartiers annexes aux prisons Les contours de ces établisse- livré au plus tard en 2007. « C’est un sés en région lyonnaise. Outre deux Meauux 500 majeures, à l’étanchéité toute relati- ments seront précisés dans les mois 150 engagement en termes de quantité, maisons d’arrêt et un centre de Rennennnnees Le Mans ve – à l’exception notable du Centre prochains : une mission « sur la pri- de rapidité et de qualité », a déclaré détention, le programme immobi- 600 500 des jeunes détenus de Fleury-Méro- son du futur » a été confiée à René 400 Orléans au Monde, M. Bédier, qui est spécia- lier comporte également deux mai- 600 gis (Essonne) –, le gouvernement Eladari, ingénieur des Ponts et lement en charge de la mise en sons centrales, spécialement sécuri- Nantes crée une nouvelle catégorie de pri- chaussées et ancien maître d’œuvre œuvre du plan. sées pour accueillir les détenus les sons, les établissements pénitentiai- du programme Chalandon, qui Renouvelant plus du quart du plus dangereux. Certains établisse- Poitiersr res pour mineurs (EPM), à destina- devrait rendre ses conclusions 400 parc pénitentiaire – la capacité d’ac- ments viendront remplacer d’ancien- 150 tion des 13-18 ans. Constitués de début 2003. Il s’agit d’aller vite : le cueil des prisons françaises est actuel- nes prisons, qui seront progressive- A localiser Lyon petits bâtiments, comprenant de 40 lancement des appels d’offre est pro- 600 lement de 47 933 places –, ce plan de ment détruites : 4 000 places pallie- sur le à 60 places, ils seront implantés à grammé pour la seconde moitié de territoire Rhône-Alpes construction est le plus important ront ainsi les futures fermetures. proximité de grands centres urbains, 2003. Plusieurs sociétés de BTP pour- depuis plus de quinze ans. Par sa 600 600 « dans un lieu accessible aux familles, raient être intéressées par ce chan- taille autant que par sa philosophie, non loin d’une gare ou d’un axe rou- tier d’autant que les possibilités de il s’apparente au « programme Sur le plan architectural, les futu- Nice tier, afin d’éviter la désocialisation des financement du programme ont été Mont-de--Marsan Région 13 000 » (pour 13 000 places de pri- res prisons devraient s’inspirer du 400 Béziers Sud-Est 600 jeunes », explique Pierre Bédier. Ces étendues : aux contrats de construc- son) qu’avait initié Albin Chalandon, « programme 4 000 », dont les pre- Toulouse prisons pour jeunes pourraient tions classiques, soumis à un con- 600 garde des sceaux (RPR) du gouverne- miers établissements ouvrent actuel- Ajaccio d’ailleurs présenter un visage diffé- cours, la loi Perben du 9 septembre ment Chirac (1986-1988). Au terme lement, comme à Seysses, près de 300 rent : le secrétaire d’Etat aux pro- a ajouté le dispositif du crédit-bail, de cet ancien plan, 25 nouveaux éta- Toulouse. Comprenant de 400 à grammes immobiliers envisage de passé avec un organisme financier, blissements avaient été livrés dans 600 places maximum, elles seront Souru ce : direction de l'administration pénitentiaire les entourer de grillages plutôt que et la location avec option d’achat, les années 1990, tous construits et divisées en petites unités de 200 pla- de murs d’enceinte, « car la prison qui devrait permettre à un prestatai- gérés par des groupes privés, selon ces maximum, et comporteront des une priorité des commissions d’en- L’équipement de chaque cellule en n’a pas à se cacher ». re privé de financer et réaliser une un principe de « gestion déléguée ». locaux permettant des activités pro- quête parlementaire sur les prisons, douche, qui était une autre exigence Pour ces nouveaux établisse- prison pour ensuite la louer à l’Etat. C’est ce même principe qui devrait fessionnelles, sportives et culturelles. en 2000, ne sera absolument assuré des parlementaires, est un objectif ments « centrés sur l’éducation et être repris par le plan Perben- L’encellulement individuel, qui était que dans les centres de détention. visé « sans qu’on puisse le promettre à non plus sur la cellule », la chancelle- Cécile Prieur Une douche par cellule, des salles de classe et de gym... Dominique Perben, ministre de la justice
TOULOUSE des murs, lumière : on se croirait presque dans un « Les magistrats doivent pouvoir être libres de notre correspondant collège moderne, avec son gymnase, sa salle polyva- Des murs de béton gris de 200 mètres de long et lente, sa bibliothèque. On y trouve même une salle d’incarcérer sans tenir compte des capacités d’accueil » de 6 mètres de hauteur, trois miradors intégrés à cha- de classe et une pour les professeurs. Il y a déjà les que angle et une curieuse entrée en forme de sas : la noms sur les casiers métalliques des vestiaires pour CET ENTRETIEN a été relu et dans certaines parties de l’ouest de établissements ; que les conditions maison d’arrêt de Seysses (Haute-Garonne), dite de le personnel. amendé par M. Perben. la France. Il est donc nécessaire de de vie, tant des surveillants que des « nouvelle génération », devrait ouvrir en janvier. La Les cellules des détenus ressemblent à des cham- Pourquoi construire 13 200 pla- profiter de ce plan, le plus important détenus, ne sont pas bonnes : il me rocambolesque évasion de Roger Garcia, ce détenu bres d’hôtel de type Formule 1. Equipées d’un seul lit ces de prison ? depuis longtemps, pour tenter un semble donc nécessaire de construi- qui s’était échappé en escaladant le mur d’enceinte pour la plupart, elles sont dotées d’une douche et Afin de tenir compte de la situa- rééquilibrage géographique. re des établissements qui apportent de la prison toulousaine Saint-Michel, semble ici d’un bloc sanitaire. Les 600 places de la maison d’ar- tion des prisons aujourd’hui : la capa- Quelles seront les normes des des conditions de travail et de vie impossible. Même le scénario de la « belle en hélicop- rêt se décomposent en six quartiers distincts, dispo- cité d’accueil des établissements est futures prisons, en particulier dignes pour tout le monde. Il est tère » devra être rangé parmi les histoires anciennes, sant chacun de services communs : laverie, salle de de 47 000 places alors que la popula- pour l’encellulement individuel ? quand même très impressionnant, en raison des filins installés au-dessus de la cour et gymnastique, etc. Outre deux quartiers réservés aux tion carcérale compte environ S’agissant des centres de déten- quand on visite les établissements, du terrain de football. Le déploiement des équipe- hommes (240 places théoriques chacun), la maison 54 000 personnes. Il faut donc aug- tion, après toute condamnation défi- de voir combien ils sont nombreux à ments sécuritaires se veut exemplaire et ostensible. d’arrêt comprendra un quartier réservé aux femmes menter le parc pénitentiaire de nitive, l’encellulement individuel est avoir été construits au XIXe siècle. Il Des caméras surveillent les moindres recoins, l’ouver- (40 places) et un autre destiné aux mineurs (40 pla- 7 000 places pour que les conditions la règle. Mais, dans les maisons d’ar- n’y a pas de quoi être fier. ture des lourdes grilles est pilotée par ordinateur, à ces), ainsi qu’un service médico-psychologique d’accueil et de sécurité soient satisfai- rêt, je ne considère pas que cela doit J’assume complètement la respon- partir d’un poste central conçu à la manière d’une sal- (20 places) et un « quartier d’accueil » de 14 places. La santes. Il nous faut par ailleurs dispo- être une règle absolue. Je ne peux sabilité politique de ce plan, que je le de commande de centrale nucléaire. Les badges maison d’arrêt abritera également un atelier de tra- ser d’une marge pour répondre aux admettre une contrainte quantitati- crois être une nécessité absolue. électroniques remplacent les clés. vail pour les détenus, concédé à une société privée. besoins futurs, en sachant que la ve de place, car les magistrats doi- J’ajoute que nous avons réservé Pourtant, à l’intérieur de l’enceinte, tout est fait population carcérale est une popula- vent être libres de pouvoir incarcérer 2 000 places afin de réfléchir sur de pour tenter de faire oublier l’enfermement. Couleurs Stéphane Thépot tion éminemment variable : depuis les personnes sans tenir compte des nouveaux concepts pénitentiaires. la fin 2001, le nombre de détenus capacités d’accueil dans les prisons. Nous avons confié une mission au augmente régulièrement, et nous Je ne crois pas que l’encellulement député Jean-Luc Warsmann sur les devons pouvoir y faire face. individuel soit une bonne réponse courtes peines. Il n’est pas évident La seconde raison, c’est un problè- pour certains détenus. Je suis très que la prison classique soit la meilleu- me de qualité. Sur les 13 200 places préoccupé par une relative remon- re solution pour les délits punis de de la loi de programme, il y a en effet tée des suicides en prison : compte moins d’un an. La loi de programma- 4 000 substitutions entre des places tenu de la fragilité de certains prison- tion de la justice prévoit une pano- à construire et des places à détruire. niers, il est préférable qu’ils ne soient plie d’actions complémentaires, com- Beaucoup de nos prisons sont en pas tout seuls en cellule. me l’augmentation de 20 % du nom- très mauvais état, les conditions d’ac- Que répondez-vous à ceux qui bre d’éducateurs sur les cinq ans à cueil et de surpopulation y sont par- vous reprochent de pratiquer une venir, la hausse de 20 % du nombre fois inadmissibles. Autre élément politique du « tout-carcéral » ? de magistrats chargés des enfants en très important, les jeunes : les quar- Je crois qu’il nous faut sortir de ce 2003, le plan d’aide aux victimes. Le tiers pour mineurs sont inadaptés, ils genre de débat théorique. De mon plan prison s’inscrit donc dans une ne permettent pas une démarche point de vue, il y a urgence : je cons- politique d’ensemble qui vise à éducative, et sont trop souvent peu tate que la population carcérale est apporter une justice à la fois plus séparés des quartiers adultes. Nous nettement supérieure aux capacités rapide, plus équitable et plus sûre. allons donc construire des établisse- d’accueil ; que la sécurité des prisons ments spécialisés pour mineurs, con- n’est pas bien assurée dans certains Propos recueillis par C. Pr. çus différemment des prisons actuel- les car organisés autour du principe d’éducation : les éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse pourront y intervenir, ce qui était jus- qu’ici impossible dans les prisons. Nous souhaitons enfin une meilleure répartition géographique de nos prisons sur l’ensemble du ter- ritoire. Après chaque condamna- tion, il est nécessaire de pouvoir gar- der une proximité relative avec les familles, comme en Corse, où nous construisons un établissement près d’Ajaccio, mais c’est loin d’être la seule région dans ce cas. Bien sou- vent, les prisons pour détenus, à la différence des maisons d’arrêt pour prévenus, restent trop éloignées des familles, comme en Ile-de-France ou LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/9 FRANCE - société Le plan Mattei vise à renforcer l’investissement Assemblée et Sénat divergent et à réformer la tarification des hôpitaux sur le contrôle des CHR Les députés veulent retirer aux chambres régionales La rénovation des établissements sera accélérée. Public et privé auront le même mode de financement des comptes une partie de leurs compétences
« NOUS IRONS pas à pas. Je ne té sociale (PLFSS), l’ordonnance vétusté des équipements frisait les des structures de soins : la dotation QUI DOIT CONTRÔLER les tren- établissement ? Cosignataire de veux pas mener une réforme hospita- de simplification administrative, la 70 %. Au rythme actuel d’investis- globale pour les établissements te plus gros hôpitaux français : les l’amendement avec Yves Bur et lière sans les hospitaliers » : en pré- prochaine loi quinquennale de san- sement (2,7 milliards d’euros par participant au service public hospi- chambres régionales des comptes, Jean Bardet, également praticien sentant, mercredi 20 novembre, les té publique. Mais il n’y aura pas an), il faudrait treize ans pour les talier ; la tarification à la journée et comme c’est actuellement le cas ou hospitalo-universitaire, le profes- grandes lignes du plan « Hôpital d’« énième loi hospitalière », a-t-il remettre à niveau. Le gouverne- le forfait pour les cliniques. la Cour des comptes elle-même ? seur de médecine et député UMP 2007 », le ministre de la santé, Jean- prévenu. ment va réduire ce délai et annon- Jugeant que ce double système Le 29 octobre, lors de l’examen du Jean-Michel Dubernard élude la François Mattei, a longuement Conscient de la situation de ce 6 milliards d’euros d’investisse- « obère les comparaisons et rend dif- projet de la loi de financement de question. « Il ne faut voir dans cet insisté sur la nécessité de « redon- « malaise profond » de l’hôpital, du ments supplémentaires sur cinq ficile les coopérations », M. Mattei la Sécurité sociale (PLFSS), les amendement qu’une adaptation ner confiance » aux hôpitaux désenchantement des personnels ans. Pour 2003, l’aide à l’investisse- veut « engager la généralisation » députés ont voté un amendement fonctionnelle, objecte-t-il. Il s’agit publics et privés. A l’issue d’une et du découragement des gestion- ment sera d’un milliard d’euros : de la tarification à l’activité dès retirant aux chambres régionales le de rendre plus efficace le contrôle communication en conseil des naires, le ministre de la santé a l’Etat fera un effort supplémentai- 2004. Des expérimentations seront contrôle de la gestion des centres des CHR et de renforcer les liens ministres, il a précisé sa méthode résolu d’employer, avec l’hôpital, re de 300 millions via la Fonds de menées dans une quarantaine hospitaliers régionaux (CHR), qui entre les chambres régionales et la et son calendrier en confirmant les mêmes armes qu’avec la méde- modernisation des établissements d’établissements en 2003. absorbent un tiers des crédits hos- Cour des comptes. » deux mesures inscrites dans le pro- Parallèlement, le dispositif de pitaliers, pour le confier aux magis- jet de loi de financement de la planification sanitaire, hérité des trats de la rue Cambon. Le « » Sécurité sociale pour 2003 : la réno- Les mises en garde de Claude Evin (PS) années 1970, sera assoupli. Le 18 novembre, les sénateurs ont reti- « Ce qui nous intéresse, ajou- vation du parc hospitalier et le pas- Ancien ministre de la santé, artisan de la loi hospitalière de 1991, membre ministre de la santé envisage ré cette disposition du PLFSS. te-t-il, c’est que la Cour puisse four- sage rapide à la tarification à l’acti- du conseil d’administration de la Fédération hospitalière de France (FHF), le notamment de « supprimer les Claude Evin (PS), ancien minis- nir une analyse globale de la gestion vité. socialiste Claude Evin est, lui aussi, convaincu de la nécessité d’atténuer les notions d’indices de lit et d’équipe- tre de la santé, s’étonne qu’«au des CHR. Nous souhaitons que le Par- Le premier volet d’« Hôpital rigidités d’un hôpital public auquel on demande « énormément ». C’est «le ment », jugées dépassées, et de fai- moment où on affirme qu’il faut lement puisse disposer d’une bonne 2007 » concerne l’allégement des seul service public ouvert 24 heures sur 24, 365 jours sur 365, prêt à recevoir re jouer un rôle nouveau aux sché- organiser l’offre de soins au plus près vision du pilotage des hôpitaux. Cet- contraintes extérieures aux établis- quiconque désire s’adresser à lui » et il subit « des pressions de plus en plus mas régionaux d’organisation sani- de la population et responsabiliser te question fera partie des discus- sements. Sa mise en œuvre com- lourdes », pointe le député de Loire-Atlantique. Favorable à la tarification à taire, qui auront notamment à trai- les professionnels de santé, on sou- sions que nous aurons avec les séna- mencera dès la promulgation de la l’activité, dont il avait déjà défendu le principe, M. Evin doute, cependant, ter de la santé mentale et des soins haite confier le contrôle à l’échelon teurs lors de la commission mixte loi de financement de la « Sécu ». qu’on puisse la généraliser dès 2004. Et s’il est acquis à l’idée d’assouplir l’or- palliatifs. Il veut simplifier et uni- national ». Il juge également sur- paritaire qui aura lieu le 27 novem- Le second train de mesures, relatif ganisation interne des établissements (donner plus de responsabilités aux fier les outils de coopération entre prenant que le gouvernement – qui bre. » à la modernisation de la gestion conseils d’administration, aux personnels, etc.), le député PS note aussi un ou plusieurs établissements de s’en était remis à la sagesse de l’As- Il laisse cependant entendre que interne des hôpitaux publics, fera qu’en matière de répartition des dotations budgétaires, l’hôpital public est, santé et des libéraux, et il affirme semblée lors du vote de l’amende- les députés ne défendront pas coû- l’objet d’une concertation. Deux en 2003, moins bien traité que l’hospitalisation privée et la médecine ambu- « la nécessité de l’ouverture et des ment – ait ainsi désavoué ces juri- te que coûte leur amendement s’ils « groupes projets », composés de latoire. Il y voit un mauvais signe. « La question est celle des moyens donnés coopérations, sans distinction de sta- dictions régionales alors qu’il enga- obtiennent l’assurance que la Cour professionnels de santé, sont cons- ou non à l’hôpital public », fait-il valoir, remarquant que notre système de tut » entre le public et le privé. ge une nouvelle étape de la décen- des comptes renforcera sa collecte titués : l’un sur le statut de l’hôpital santé devrait être mis en situation de pouvoir « traiter un certain nombre de En matière de modernisation de tralisation qui doit entraîner une d’informations sur les CHR. et sa gestion sociale, l’autre sur demandes qui n’ont pas lieu d’arriver à l’hôpital. » la gestion interne, plusieurs pistes extension de leurs prérogatives. La Cour des comptes entend elle- l’évolution des centres hospitaliers sont esquissées, dont la généralisa- Dans leur dispositif, les députés même soumettre au gouverne- universitaires (CHU). Ils élabore- tion des pôles d’activité, le dévelop- séparaient le contrôle de la gestion ment et aux parlementaires une ront, après discussion avec les cine de ville : « La confiance et la de santé (FMES), dont les attribu- pement de la contractualisation des hôpitaux de l’examen de la proposition allant dans ce sens. acteurs concernés, des proposi- responsabilité partagée. » Fort de tions sont étendues aux cliniques interne avec l’octroi de nouveaux régularité de leurs comptes ; ce der- « Sans dépouiller les chambres régio- tions pour la fin du premier trimes- ses trente ans de carrière de prati- privées. Le reste (700 millions) se pouvoirs au conseil d’administra- nier restant de la compétence des nales des comptes, il suffirait de don- tre 2003. Elles seront « soumises à cien hospitalier à Marseille, fera par une prise en charge des tion, l’intéressement des person- chambres. Bernard Cieutat, prési- ner la possibilité à la Cour de concertation pour aboutir à un pro- M. Mattei est persuadé que « l’hô- intérêts d’emprunts nouveaux. nels. La modernisation du dialogue dent de la 6e chambre de la Cour recueillir, en liaison avec ces derniè- jet de texte » avant l’été 2003. pital détient en lui les ressources Une mission nationale d’appui à social et la déconcentration de la des comptes, souligne lui-même res, des informations auprès des Faute de disposer d’enveloppes nécessaires à son évolution et sa l’investissement est créée. Et l’inter- gestion des praticiens hospitaliers « l’absurdité » d’une telle sépara- grands hôpitaux publics », explique budgétaires substantielles, comme modernisation. » Libéral, il est con- vention des entreprises privées sont explicitement envisa- tion. D’autant que la Cour de comp- M. Cieutat. Le magistrat rappelle Nicolas Sarkozy pour la sécurité vaincu que le rôle de l’Etat est de dans les opérations de construc- gées. Tout comme la prochaine tes ne dispose pas des moyens des que la Cour a déjà mis en place, intérieure, M. Mattei pousse ses « créer les conditions favorables au tion et d’aménagement immobilier rénovation des achats. Le tout, ren- vingt-deux chambres régionales. depuis deux ans, un groupe de tra- pions pas à pas. Pour faire adopter changement » en introduisant sou- à l’hôpital sera facilitée. voyé à la concertation, sera précisé Certains élus, qui président le vail sur l’hôpital public auquel par- les mesures auxquelles il tient, le plesse et liberté dans le système. Plus de dix ans après les tentati- avant l’été prochain. conseil d’administration des CHR ticipent des magistrats des cham- ministre empruntera « différents La première étape de la moderni- ves de Claude Evin, le gouverne- et des professionnels hospitaliers bres régionales. véhicules » législatifs : les projets sation passe par la rénovation d’un ment veut également mettre fin au Sandrine Blanchard cherchent-ils ainsi à desserrer de loi de financement de la Sécuri- parc vieillissant. En 2000, le taux de double système de financement et Claire Guélaud l’étau du contrôle financier sur leur Laetitia Van Eeckhout 10/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 FRANCE-SOCIéTé Le recours à M. Chirac, crève-coeur La constitution de l’équipe dirigeante des partisans de José Bové de l’UMP fait l’objet d’âpres tractations Alain Juppé tarde à communiquer la liste des dix secrétaires Après de vifs débats, la Confédération paysanne assume la demande de grâce généraux adjoints et des conseillers politiques qui devraient l’entourer
FAUT-IL demander une grâce Bernard, cette demande de grâce d’hui. Il faut bien le dire : on est pas- QUATRE JOURS après son élec- des ex-DL Dominique Dord et Fran- congrès fondateur de l’UMP, où le présidentielle pour José Bové ? A fera sûrement « moins mal au ven- sé à l’acte, en raison de l’incurie des tion à la tête de l’UMP, Alain Juppé çois Goulard ont été soumis à la ministre de l’intérieur avait tenté la Confédération paysanne, le tre » s’il y a « une mobilisation de politiques, de leur inaction devant n’a toujours pas annoncé la compo- réflexion de M. Juppé. Un dixième de ravir la vedette à Alain Juppé ? débat a été vif. Parce que ses parti- l’opinion, si les cartes-pétitions les multinationales agrochimi- sition de son équipe. Pourtant, réu- nom est encore recherché, proba- « Il faut rester prudent, prévient un sans ne se faisaient aucune illusion adressées au président de la Républi- ques », s’énerve ce paysan. Et ni mercredi soir au siège de blement celui d’une femme venue proche du président de l’UMP. Cela sur l’issue du pourvoi en cassation que marchent bien et arrivent par d’ajouter : « Avant de prendre sa l’Union, rue La Boétie à Paris, le de l’UDF ou de DL. Chacun de ces peut encore bouger dans les jours à et parce qu’ils savaient que la centaines de milliers, si on n’est pas décision, Chirac devrait se rappeler comité exécutif, devenu désormais postes correspond à un secteur de venir. » menace de l’exécution d’une peine les seuls à trouver cela totalement dans quelles conditions il a été élu. bureau politique provisoire, a enté- travail bien déterminé : élections, Parallèlement à ces manœuvres, de quatorze mois de prison arrive- injuste ». La Confédération paysanne avait riné la « liste des attributions » des formation des cadres, études, rela- la désignation des « chargés de mis- rait très rapidement. Pour Christian Roqueirol qui élè- appelé à voter pour lui au second postes de direction. tions internationales, fédérations, sion » départementaux se poursuit. « Cela a été assez difficile en inter- ve des brebis et des vaches sur la tour. » Dix secrétaires généraux parité et détection de nouveaux Depuis lundi, les trois délégués ne de conclure sur cette question. Il même exploitation que le porte- Léon Maillé vient de quitter ses adjoints, quatre conseillers politi- talents. généraux et la direction administra- y a les grands principes, les grandes parole de la Confédération paysan- brebis laitières bio. Et de se caler ques et une quarantaine de secrétai- tive de l’UMP épluchent au cas par idées : Chirac c’est pas ma tasse de ne, dans le Larzac : « C’est vrai : devant le journal télévisé. Bien sûr res nationaux compléteront, d’ici cas les noms de ces cadres locaux thé, le droit de grâce, résidu d’un pri- une grâce, ce n’est pas la justice. que la grâce, ce n’est pas politique- une dizaine de jours, le trio Juppé, Aux côtés de ces secrétaires géné- qui seront chargés d’organiser les vilège monarchique, non plus. Et Mais, on n’a pas le choix. Ce n’est ment « le top », reconnaît-il. Mais Douste-Blazy, Gaudin élu diman- raux adjoints, les anciens RPR élections des organismes de direc- puis, à côté, il y a le copain qui doit pas José qui la demande, mais nous. comment faire ? « De toute façon, che par les militants. La liste nomi- Patrick Ollier et Christian Estrosi, tion dans leur département respec- aller en prison pour quatorze mois, On ne peut accepter cet acharne- Bové a toujours été un sacré révéla- native des dix secrétaires généraux proche de Nicolas Sarkozy, l’UDF tif. « Là, c’est le dernier acte de la qui n’en a pas envie et nous non ment judiciaire contre une seule per- teur », grogne-t-il. « Là, il est révé- adjoints sera annoncée à l’issue du Pierre Méhaignerie et le sénateur mise à mort des anciens partis », plus », raconte Bernard Moser, éle- sonne. On ne peut pas accepter lateur du fait que la justice décon- prochain bureau politique, prévu DL Jean-François Humbert pour- raconte un dirigeant. Durant des veur de moutons dans la Drôme. qu’un individu soit condamné pour ne ». « Vous savez, poursuit-il, les mardi 26 novembre. Mais, d’ores et raient constituer le groupe des années, les dirigeants locaux des L’intéressé a beaucoup hésité. l’exemple alors que toutes les compagnies d’assurance refusent déjà, des propositions de plus en conseillers politiques. partis constituant désormais l’UMP « On en a beaucoup parlé avec José. actions qu’il a menées étaient collec- aujourd’hui d’assurer le risque plus précises circulent. Fruit de discussions parfois âpres se sont parfois affrontés rudement. A la ferme, ma femme et moi som- tives. Derrière sa condamnation, OGM. Alors qu’est ce qu’on lui repro- Ainsi, les noms de Guy Drut, sou- au nom du respect des équilibres, « Les cicatrices restent encore vives, mes famille d’accueil pour les c’est nous tous qui sommes tou- che à José ? Comment peut-on l’en- tenu par François Fillon, de Philip- ces listes font encore l’objet de explique-t-on rue La Boétie, et il enfants de détenus. Souvent, nous chés. » voyer en prison alors qu’il n’a pe Briand, député d’Indre-et-Loire, négociations. Ainsi, le principal col- n’est pas rare que tel responsable DL accompagnons les gamins voir leur jamais mis un centime dans sa de Valérie Pécresse, ancienne laborateur de Nicolas Sarkozy, le ne souhaite pas travailler aux côtés père ou leur mère incarcéré. Tous « » poche et au même moment mettre conseillère de l’Elysée, de Serge député européen Brice Hortefeux, de tel RPR, lequel refuse de parler disent : “ce que je vis là, c’est Les opérations d’arrachage du sursis à Roland Dumas et aux Lepeltier, ancien secrétaire général n’est plus évoqué parmi les secrétai- avec tel UDF. » Un comportement au-delà de la peine qui m’a été infli- d’OGM étaient « plus que nécessai- autres qui ont tripatouillé des mil- du RPR, de Georges Tron, proche res généraux adjoints possibles. avec lequel il est apparemment dif- gée”. » Et de conclure : « On ne res », poursuit-il. « Si on n’était pas lions ? C’est révoltant. » d’Edouard Balladur, des anciens Faut-il y voir une mesure de rétor- ficile de rompre. peut pas faire la fine bouche. C’est passé à l’action à l’époque, la Fran- UDF Marc-Philippe Daubresse et sion suite aux tensions relevées désormais le seul recours. » Pour ce entière en serait couverte aujour- Caroline Monnot Renaud Donnedieu de Vabres, et dimanche au Bourget lors du Yves Bordenave Avec le club « Démocrates », la droite se penche sur les institutions
LES IDÉES de gauche conti- Une Convention pour la nuent d’inspirer la réflexion à VIe République de droite ? Les droite. Après la proposition d’Yves membres de « Démocrates » s’en Jego (UMP, Seine-et-Marne) d’ac- défendent. Même s’ils reconnais- corder le droit de vote aux étran- sent une certaine pertinence aux gers non communautaires et celle propositions du député (PS) de d’Etienne Pinte (UMP, Yvelines) Saône-et-Loire, ils s’accordent à de supprimer la double peine, la reconnaître que ce dernier a droite s’empare du sujet des ins- « dénaturé une belle idée » par son titutions. Un nouveau club de combat contre Jacques Chirac. réflexion baptisé « Démocrates » Outre une extension des pou- et réunissant des parlementaires voirs du Parlement, ces élus sou- de l’UMP – dont MM. Jego et Pinte haitent privilégier trois échelons – devrait se consacrer à ce thème. de pouvoirs au sein de la Républi- Cette initiative du député (UMP) que simplifiée qu’ils appellent de de Haute-Saône, Alain Joyandet, a leurs vœux : les communes (et les déjà reçu l’assentiment de dix communautés de communes), les parlementaires qui ont signé sa provinces – au nombre d’une qua- proposition de « changer le mode rantaine – et l’Etat. Les départe- de fonctionnement des institutions ments et les régions dans leurs publiques ». limites actuelles seraient ainsi sup- Les signataires, après avoir poin- primés. té la « crise institutionnelle qui se Des idées que l’un des membres prolonge », s’entendent pour réflé- de « Démocrates » juge lui-même chir à « l’avenir des institutions « un peu osées » pour l’UMP. Tou- nationales et européennes ; à redéfi- tefois, reconnaît un autre, « toutes nir les missions régaliennes de les occasions doivent être saisies l’Etat ; à réhabiliter le Parlement ». pour faire avancer le débat ». « Les En fait, leur constat est simple : la majorités étriquées obligent à se ser- Ve République serait, selon eux, à rer les coudes, analyse-t-il. C’est jus- bout de souffle ; la « phase 2 » de tement parce que nous sommes nom- la décentralisation, portée par breux à l’UMP que nous sommes Jean-Pierre Raffarin, ne ferait libres. » qu’ajouter des échelons à ceux existants. Philippe Ridet Des villiéristes rejoignent le nouveau parti chiraquien
NICOLE THOMAS-MAURO, en continuant à défendre son cou- députée au Parlement européen et rant de pensée au sein de l’UMP. membre du bureau national du Ce ralliement des villiéristes de la MPF, le parti de Philippe de Vil- Marne au grand parti de la droite a liers, a rejoint l’UMP où elle devrait été préparé avec une députée euro- participer à la création d’un cou- péenne, la pasquaïenne Isabelle rant « souverainiste ». Elle emmè- Caullery, qui est par ailleurs adhé- ne avec elle le conseiller de la rente de l’association Nation et Pro- région Champagne-Ardennes, grès créée par Mme Caullery à la Thierry Ruinart, et les responsables mi-octobre avant de rejoindre de la fédération de la Marne dont l’UMP. elle est présidente. « Nation et Progrès a été fondée C’est par courrier que les mili- pour donner aux élus locaux du RPF tants du MPF de la Marne ont un cadre dans lequel ils pouvaient se appris la nouvelle. Dans leur lettre, retrouver et éviter d’être marginali- les responsables locaux dénoncent sés. C’était une nécessité pour sauter la « multiplicité des fautes politiques le pas vers l’UMP », explique Mme et la disparition de l’esprit du mouve- Caullery. « Notre priorité c’est ment ». « La stratégie de Philippe de l’union, mais, comme les libéraux et Villiers est incohérente. Il n’arrête les centristes qui souhaitent garder pas de souffler le chaud et le froid leur sensibilité, nous voulons que les vis-à-vis du gouvernement », expli- gaullistes puissent garder leurs que M. Ruinart. Il craint la margina- valeurs », insiste-t-elle. lisation du MPF, dont le président A l’heure actuelle, Mme Caullery refuse de rejoindre les rangs du ne ménage pas ses efforts pour fai- nouveau parti chiraquien. « Nous re en sorte que les quelque 200 élus pensons qu’il sera plus facile de faire locaux et militants (RPF, MPF et passer nos idées à l’intérieur de RPR) de son association, ainsi que l’UMP qu’au dehors », ajoute l’élu. les députés issus du RPF, se rappro- Selon Mme Thomas-Mauro, il fal- chent du gaulliste déclaré Nicolas lait « saisir la chance historique Dupont-Aignan, qui a réuni sur son qu’offre la droite de s’unir et de met- nom 14,91 % des voix lors du con- tre fin aux divisions qui la minent grès fondateur de l’UMP, diman- depuis des décennies ». Elle souhai- che 17 novembre, au Bourget. te « soutenir le gouvernement dans la mise en œuvre des réformes » tout Christiane Chombeau LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/11 france-SOCIÉTÉ
M. Hollande cherche à atténuer la tutelle de M. Fabius et de DSK
En accord avec les deux anciens ministres des finances, le premier secrétaire du PS, pressé de toutes parts de clarifier sa position, a annoncé, jeudi 21 novembre dans « Libération », son intention de présenter seul sa contribution au prochain congrès du PS
LE SCENARIO a été mis au la décision de François. C’est une pothèse. « Hollande l’a rejeté éner- point tant bien que mal. Mardi soir bonne solution si on montre aussitôt giquement », assure un partici- 19 novembre, après le bureau après qu’on peut se rassembler », pant. Les fabiusiens hésitent. «Il national du PS, une autre réunion François Hollande, commente Claude Bartolone. «Je ne faudrait pas que ça tourne au s’est tenue dans le bureau du pre- le 6 novembre, comprends qu’il faut qu’il trouve de racolage de signatures », prévient mier secrétaire, à l’issue de laquel- au cours d’une conférence l’oxygène mais je ne suis pas sûr que le sénateur fabiusien Henri le un pacte, non écrit, a été passé de presse au siège du parti, ce soit la bonne stratégie pour ras- Weber. Personne n’a intérêt à se et un « plan media » établi. Les à Paris. sembler les réformistes », ajou- compter. conjurés de l’axe majoritaire se Le premier secrétaire te-t-il. « Le temps de l’affirmation Mardi, juste avant ce huis clos sont distribués les rôles. Tout est du Parti socialiste, est bienvenu, à la condition qu’il se calé jusqu’à la mi-janvier, date de dans un entretien publié combine à celui de l’union », souli- clôture pour le dépôt des contribu- par « Libération », a fait part gne de son côté Jean-Christophe L’« entrisme » de tions au congrès du PS, qui se tien- de son intention de présenter Cambadélis. dra à Dijon, en mai 2003. seul sa contribution Fabusiens et partisans de Jospin vu par Lambert A ses interlocuteurs, François pour le prochain congrès du PS, DSK ont en effet mis en garde Sous le titre « Quelques précisions Hollande commence par annon- en mai 2003. M. Hollande contre une démarche sur l’itinéraire de Jospin », Pierre Lam- cer, ce soir-là, qu’il va rendre publi- qui, estiment-ils, « ne trompera per- bert, fondateur de l’ex-OCI, aujour- que, jeudi 21 novembre, dans un sonne ». Ils lui ont dit redouter le d’hui Parti des travailleurs (PT), évo- entretien accordé à Libération,sa syndrome du congrès de Rennes que, dans l’hebdomadaire Informa- décision de présenter, seul, sa con- de 1990, où les déchirements tions ouvrières du 6 novembre, l’en- tribution pour le prochain con- avaient été vifs : « Nous devons trée de Lionel Jospin au PS alors qu’il grès. Autour de la table ont pris C’est précisément ce que souhai- fédéraux, la « contribution des « Les retombées de son discours au nous assurer de bien maîtriser la était militant trotskiste. « Lorsque place Laurent Fabius et ses lieute- te François Hollande. Il sait que, militants »). Conseil national [le 19 octobre] dynamique que tu mets en place. » nous avons discuté de son entrée dans nants – Claude Bartolone, Henri dans le parti, beaucoup le pressent Le premier secrétaire sait aussi n’ont pas été celles escomptées. Il Les « hollandais » dévoilent alors le PS », écrit M. Lambert, François Mit- Weber et Alain Claeys —, Domini- de ne pas trop s’afficher avec les qu’il doit réagir avant le calendrier faut recommencer », analyse l’un leur plan media : Daniel Vaillant, terrand se revendiquait de la « ruptu- que Strauss-Kahn et les siens – anciens ministres des finances médiatique arrêté par ceux qui des « conjurés ». Jean-Marc Ayrault et d’autres doi- re avec le capitalisme ». Il précise que Jean-Christophe Cambadélis et Fabius et « DSK ». Déjà soumis à n’ont cessé de lui apporter leur Les amis de M. Hollande ont vent s’exprimer tour à tour pour l’adhésion du futur premier ministre Pierre Moscovici – ainsi que la gar- la pression des courants Nouveau soutien : M. Strauss-Kahn est sur donc préparé le terrain en l’exhor- crédibiliser la démarche du pre- suivit une entrevue de M. Jospin avec de rapprochée de François Hollan- Monde d’Henri Emmanuelli et France 2 jeudi soir, Laurent Fabius tant publiquement à s’exprimer, et mier secrétaire. L’ancien ministre Pierre Joxe. « J’ai dit : Pourquoi de : Daniel Vaillant, François Reb- Jean-Luc Mélenchon et Nouveau sur Canal + samedi et au Grand à éviter, comme le rapporte un par- de l’intérieur devrait ainsi prochai- pas ? Donc, il est entré dans le PS », indi- samen, et Eric Besson. Le premier, parti socialiste (NPS) du trio Jury RTL-Le Monde dimanche. Il ticipant, « une mise sous tutelle ». nement annoncer qu’il ne dépose- que M. Lambert, qui se déclare favora- M. Fabius, qui, stratégiquement Arnaud Montebourg, Vincent connaît, enfin, les résultats du son- « Nous avons mis au point le méca- ra pas, lui-même, de contribution. ble à « l’entrisme ». Il estime que, par aurait préféré figurer sur un pre- Peillon et Julien Dray, il subit aussi dage Ipsos sur la côte de populari- nisme de la future motion de l’axe Le message est simple : le premier la suite, « Jospin a pris goût aux déli- mier texte commun avant la l’insistance de Martine Aubry ou té des leaders socialistes, publié majoritaire, le périmètre de chacun. secrétaire livrera quelques princi- ces du pouvoir ». Sa rupture avec l’OCI motion, réagit : « En gros, tu nous de Marc Dolez, premier secrétaire jeudi par le Figaro, qui le place loin Mais aujourd’hui, François doit se pes, tout en prenant soin d’annon- résulta d’« une lente dégradation », dit- demandes d’être avec toi, mais de de la fédération du Nord (qui pré- derrière Bertrand Delanoë, mais singulariser », poursuit ce même cer qu’il s’inspirera de tout le mon- il, concluant : « Il a cru, petit à petit, ne pas être trop voyants. » sentera, avec 16 autres premiers aussi Martine Aubry ou Jack Lang. témoin. « Nous avons pris acte de de. « Je n’entends pas me situer par qu’il devenait “un grand homme” ». rapport aux personnes mais par rap- port aux idées », indique-t-il dans Henri Emmanuelli, cofondateur de Nouveau monde Libération. « Nous, tout ce qu’on dans le bureau de M. Hollande, veut, c’est sauver la majorité », l’ont Pierre Mauroy a tonné contre tous averti les proches de M. Fabius et ceux qui, ne se « reconnaissant pas « Il faut laisser les militants débattre librement » de M. Strauss-Kahn. dans le PS, peuvent en sortir ». Pour A ce stade de la discussion, la beaucoup, ce message s’adressait François Hollande annonce stratégique, et non tactique. Elle fiscalité, encouragement aux stock- Pour regagner la confiance du peu- question a tourné autour de l’op- autant à Arnaud Montebourg qu’à qu’il présentera seul une contri- est claire : pour redonner des pers- options, fonds de pension à la ple de gauche, il faut d’abord faire portunité, pour les deux ex-minis- Martine Aubry ou à Marc bution au congrès de Dijon. En pectives de victoire à la gauche, il française, résultats du sommet de confiance aux militants et les lais- tres des finances, de déposer leur Dolez. La machine est en marche. tant que cofondateur du courant faut recréer les conditions d’un ras- Barcelone, refus de prendre en ser débattre librement. propre contribution. Eric Besson, Nouveau monde, quel est votre semblement progressiste le plus compte les 40 annuités, prime à secrétaire national à l’emploi et Isabelle Mandraud commentaire ? large possible. Ce rassemblement l’emploi, etc. En retour, on nous Propos recueillis par D. P. député de la Drôme, en a émis l’hy- et Daniel Psenny Cela veut dire qu’a l’arrivée il ne peut se faire sur une ligne social- abreuve d’épithètes et de phraséo- sera avec Fabius et Strauss-Kahn. libérale rejetée par une large partie logie creuse sur un « pôle de radica- C’est leur droit le plus absolu. Ce de l’électorat socialiste, les Verts lité » que nous n’avons jamais n’est pas une surprise. Pourquoi dans leur majorité, ainsi que les revendiqué. Enfin, on nous expli- des personnes se seraient-elles que qu’en nous écoutant, on reste- rassemblées à la hâte en juin, pour « On nous abreuve rait dans l’opposition pour trente restructurer une direction qui d’épithètes (…) sur ans : les mêmes nous expliquaient n’était menacée par personne, un “pôle de radicalité” comment faire pour ne pas per- pour se séparer ensuite à l’autom- que nous n’avons dre ! Ce n’est pas très sérieux ! ne ou au printemps ? « C’est pas jamais revendiqué » A six mois du congrès, com- moi qui suis avec eux, c’est eux qui ment va se dérouler le débat ?
sont avec moi ». Il fallait y penser ! N’est-ce pas trop long ? Ça change effectivement tout. Nous étions partisans de délais Il s’en prend aux « impa- communistes et ce qu’il est conve- plus rapprochés, nous nous som- tients », aux « combinaisons et nu d’appeler la « gauche mouve- mes inclinés. Mais les ambiguïtés postures », aux « pétitions de mentiste », étrangement absents qui rendent parfois hésitante notre principe ». Vous sentez-vous des calculs de notre premier secré- démarche d’opposants, face à une visé ? taire. Sans parler des 5 % qui ont droite dure particulièrement revan- Non. Côté impatience, nous ne voté Chevènement. Sans mécon- charde, démontrent qu’une clarifi- l’étions pas au printemps pour naître le bilan du gouvernement cation rapide était nécessaire. refaire la direction en un week- Jospin, nous n’avons pas inventé Nous respecterons les délais et les end. Côté posture, ce n’est pas cette dérive social-libérale, pour statuts de notre parti. Mais nous nous qui changeons d’avis de les besoins d’un congrès. Nous en n’accepterons pas que l’on rejoue semaine en semaine sur l’ouver- avons dénoncé les aspects, lorsque une fois de plus le simulacre de la ture du capital d’EDF, ou sur la fis- nous étions au pouvoir, sur des synthèse de la parole des militants calité, pour ne citer que deux exem- sujets bien précis : ouverture du faite au sommet après qu’ils aient ples. Notre analyse est politique et capital des entreprises publiques, été consultés par questionnaire.
Julien Dray, cofondateur du Nouveau Parti socialiste « Pour le moment, le débat d’idées n’existe pas »
François Hollande annonce Arnaud [Montebourg] et Vincent Je l’ai fait à partir du moment où qu’il présentera, seul, une contri- [Peillon], nous aimons bien le je n’ai pas obtenu du premier secré- bution pour préparer le pro- bruit. Pas le tapage. La préparation taire les réponses que j’attendais et chain congrès du PS. Cela vous d’un congrès comme celui-ci don- que j’ai vu se dessiner le spectre surprend-il ? ne forcément lieu à un échange d’un texte de rassemblement four- Pas du tout. Il me l’avait dit d’idées, à des confrontations, et re-tout. Si cela signifie que l’on ras- depuis cinq mois, dès cet été. Il c’est tant mieux. Les congrès silen- semble dans un même mouvement sent bien qu’il y a une pression de cieux, il vaut mieux s’en méfier : ceux qui ont défendu la hausse du plus en plus forte pour éviter un smic et ceux qui ont imposé la pri- rassemblement fourre-tout où il y « Les congrès silencieux, me pour l’emploi ou l’allègement aurait à boire et à manger pour il vaut mieux s’en de la fiscalité sur les stock-options, tout le monde. Cela pourrait très méfier : cela signifie ça ne va pas. J’attendais qu’il fixe la mal tourner au congrès. François que tout se passe dans ligne jaune. Il ne l’a pas fait. veut donc donner le sentiment que les arrière-cuisines » Lors du dernier bureau natio- le rassemblement se fera autour de nal, Pierre Mauroy s’en est pris à
lui. Il lâche une soupape. Arnaud Montebourg sur le thè- Selon vous, tous les leaders me de l’unité du parti… Com- socialistes doivent donc déposer cela signifie que tout se passe dans ment réagissez-vous ? leur propre contribution ? les arrière-cuisines. J’étais présent à cette réunion. Il Si Laurent Fabius et Dominique Cela dit, François Hollande ne m’a semblé qu’au-delà d’Arnaud, Strauss-Kahn ne le font pas, alors révèle rien du contenu de ses pro- le message de Mauroy était plutôt la démarche de François n’aura été positions, sur le fond, pour un destiné à Martine Aubry et à Marc qu’un pas de deux, un marché de « réformisme de gauche »… Dolez [premier secrétaire de la fédé- dupes. La phase des contributions, Il y a les têtes de chapitre, sur la ration socialiste du Nord]. Il peut y c’est un peu comme l’échauffe- mondialisation, l’immigration, le avoir, ici et là, quelques excès ver- ment avant le match. Mais la vraie social ou l’éducation, c’est tout. Le baux. Mais les débats qui agitent question c’est : avec qui comp- débat d’idées, pour le moment, aujourd’hui le PS se retrouvent aus- te-t-il former son « axe majoritai- n’existe pas beaucoup, en dehors si chez les socialistes italiens ou re » ? des actes de contrition que tout le espagnols. Ce dont je ne veux sur- Vous reconnaissez-vous dans monde s’évertue à exprimer sur la tout pas, c’est que l’on personnali- les « impatients » et les défaite que nous avons vécue. se trop les débats pour aboutir à « bruyants » que décrit le pre- Vous-même, pour quelles rai- une chasse à l’homme. mier secrétaire ? sons vous êtes-vous détourné du Je reconnais que moi-même, futur axe majoritaire ? Propos recueillis par I. M. 12/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 france-SOCIÉTÉ Les avocats du procès Elf La Cour de cassation rejette la requête plaident la relaxe de leurs clients en révision du procès d’Omar Raddad La modération des peines requises donne des ailes à la défense de MM. Dumas et Le Floch-Prigent, qui enchaînent les bons mots Le jardinier marocain, condamné en 1994, ne sera pas rejugé
’ de « complicité d’abus de biens si quelques petites banderilles à OMAR RADDAD ne sera pas reju- te le dernier collège d’experts dési- culpabilité du condamné. Or l’exa- me sociaux » n’ayant pas été retenu par l'« autre » amant de M Deviers-Jon- gé. Les magistrats de la chambre cri- gné par la commission de révision. men en lumière rasante de la porte le jugement de première instance, cour, Gilbert Miara. « Qui donne le minelle de la Cour de cassation, sié- f Les soupçons sur le fils de la de la chaufferie a révélé la présence e 8 jour c’est celui de « recel » que Me Far- nom de son chien au compte bancaire geant mercredi 20 novembre com- victime. A l’appui d’une contre- de « caractères évanouis », dont cer- d’audience thouat s’est employé à écarter : Les par lequel transitent les commis- me Cour de révision, ont rejeté la enquête menée par un détective pri- tains, désignant Omar, ont été tra- bottines ? « Une histoire de corne- sions ? Qui choisit l’agent immobilier, requête formulée en 1999 par l’avo- vé, Me Verges n’avait pas hésité à cés sous les inscriptions visibles. PEUT-ON encore parler d’un pro- cul ! ». Les statuettes ? « C’est un le notaire, la décoration pour l’appar- cat du jardinier marocain, condam- mettre nommément en cause le fils « Loin d’accréditer la thèse d’un scrip- cès Dumas ? La question est posée cadeau. Quand elle les lui offre, il tement de la rue de Lille ? Mais c’est né à 18 ans de prison pour le meur- de la victime, qui aurait eu « des pro- teur autre que la victime, cette décou- depuis le réquisitoire modéré de aurait donc fallu qu’il lui demande : notre excellent ami, notre voisin de tre de sa patronne, Ghislaine Mar- blèmes d’argent et des disputes » verte est au contraire propre à établir l’avocat général, Marc Guirimand, avec quoi les as-tu payées ma ché- banc, Gilbert Miara ! », observe-t-il chal, en 1991. Dans un arrêt d’une avec sa mère et aurait « caché » cer- que celle-ci était bien l’auteur des ins- devant la cour d’appel de Paris. En rie ? » sous le regard approbateur de dizaine de pages, la Cour a estimé tains éléments à la justice. La fem- criptions », en concluent les magis- renonçant à demander une peine L’avocat de M. Dumas se montre Roland Dumas, tandis que Christine qu’aucun des cinq arguments avan- me de ménage de Mme Marchal avait trats. d’emprisonnement ferme à l’encon- tout aussi ironique à propos de l’af- Deviers-Joncour, blessée par les cés par Me Jacques Vergès pour exi- également été accusée d’avoir menti f Les analyses génétiques. Le tre de l’ancien ministre qui est aussi firmation selon laquelle son client mots de l’avocat, se cache le visage ger que son client soit rejugé ne sur son emploi du temps du 23 juin, dernier argument de Me Vergès la personnalité la plus emblémati- aurait tiré profit du train de vie de sa dans ses mains. constituait un fait nouveau de natu- et d’avoir disposé, après le meurtre, portait sur la découverte d’ADN que de cette affaire, le ministère maîtresse et surtout de son apparte- De l’autre côté du prétoire, Loïk re « à faire naître un doute sur la cul- de ressources financières anormale- masculin différent de celui d’Omar public a donné un signal dans lequel ment de la rue de Lille, payé avec les Le Floch-Prigent n’a rien perdu de la pabilité du condamné ». A défaut ment élevées. Or « aucun élément de Raddad dans deux traces de sang. la défense de Roland Dumas s’est commissions versées par Elf. « C’est plaidoirie de Me Farthouat. Car, pour d’apporter la clé d’une énigme crimi- preuve n’est venu étayer ces affirma- Cet élément a lui aussi été rejeté par engouffrée, mercredi 20 novembre. une délinquance de proximité qui est l’ex-PDG d’Elf, la ligne de défense nelle rendue célèbre par quelques tions », précise l’arrêt. Quant aux la Cour, pour qui « il est impossible Comment en effet ne pas voir dans reprochée à M. Dumas ! », tonne-t-il. est claire : s’il figure parmi les préve- lettres de sang, cette décision met accusations « extrêmement graves » de déterminer à quel moment, anté- le « recul » revendiqué par l’avocat Mais Me Farthouat le sait, la partie nus dans cette affaire, c’est unique- toutefois un terme à la longue portées après coup par l’oncle du rieur, concomitant ou postérieur au général par rapport « aux péripéties sur ce point est loin d’être gagnée ment parce que l’instruction avait bataille judiciaire et médiatique condamné contre le fils de Mme Mar- meurtre ces traces ont été laissées ». passées et à l’agitation sur ce dossier » devant la cour et il ne peut se conten- besoin d’un dirigeant pour tenir tout engagée par les défenseurs d’Omar chal, elles ont été « contredites par Omar Raddad n’assistait pas à un désaveu de l’accusation de pre- ter d’ironie. le dossier de l’abus de bien social. Raddad pour prouver son innocen- l’ensemble des témoignages », tandis l’audience. C’est du cabinet de l’un mière instance ? Il n’en fallait pas « C’est Loïk Le Floch-pigeon ! », s’ex- ce, dès sa condamnation en 1994 et que leur auteur se trouvait « incapa- de ses avocats, à Aix-en-Provence, plus à Me Jean-René Farthouat pour « » clame son avocat, Me Maurice Lan- depuis sa grâce partielle, en 1996. La ble d’expliquer pour quelles raisons il qu’il a réagi au rejet de sa requête : signer l’acte de décès de « l’affaire L’avocat de Roland Dumas règle tourne. « Sans dirigeant, il n’y a pas Cour a en effet rejeté très claire- n’avait pas demandé à être entendu « Je vais combattre jusqu’à la fin de Dumas » et plaider la relaxe de son donc quelques comptes. Avec Chris- d’abus de bien social, donc pas de ment tous les éléments avancés par par les enquêteurs, le juge d’instruc- ma vie », a-t-il déclaré à un journa- client. « Souvenez-vous… », a-t-il lan- tine Deviers-Joncour d’abord, qui complice, donc pas de receleurs, donc la défense du jardinier pour accrédi- tion ou la cour d’assises ». liste de l’AFP, considérant que «la cé à la cour en rappelant l’image du « prend parfois quelques distances pas Dumas. Et tout s’écroule ! » Une ter la thèse d’un tueur machiavéli- f Le blocage de la porte. Ghislai- justice française a craché sur la véri- président du Conseil constitutionnel avec la vérité ». Il évoque notam- piste qui a d’ailleurs été suggérée que qui aurait accusé un innocent ne Marchal a été retrouvée barrica- té ». quittant au petit matin son domicile ment des frais acquittés avec la Car- par l’avocat général et qui n’est sans avec le doigt ensanglanté de sa victi- dée dans sa cave, dont la porte était Son avocat compte désormais sai- parisien, encadré par les deux juges te bleue d’Elf et dont elle a dit qu’ils doute pas étrangère à la modération me. bloquée de l’intérieur par un lit sir la Cour européenne des droits de d’instruction Eva Joly et Laurence correspondaient à des voyages en de la peine qu’il a requise contre f L’heure du crime. Pour démon- pliant, un chevron de bois et un l’homme pour que « la vérité ne soit Vichnievsky devant les caméras de compagnie de M. Dumas, notam- M. Le Floch-Prigent : trente mois trer que le meurtre de Ghislaine tube métallique. Pour la défense pas étouffée ». De son côté, l’un des télévision. Evoquant ensuite les ment à New York. « M. Dumas était d’emprisonnement avec sursis. Marchal aurait été commis le 24 juin d’Omar Raddad, c’est bien le meur- avocats de la famille Marchal, Me « rumeurs » et les « romans » qui bien à New York à ces dates, mais à « Vous n’êtes pas condamnée, Mada- 1991 et non le 23, date à laquelle trier, et non Ghislaine Marchal, qui Georges Kiejman, s’en est pris aux ont accompagné ce dossier et dont des assemblées générales de l’ONU. Et me la présidente, à rattraper les Omar Raddad ne dispose d’aucun aurait installé cet ingénieux système défenseurs du jardinier, ces « avo- témoignent les multiples procès-ver- je ne pense pas que le ministre des erreurs d’une procédure », remar- alibi, un avis technique a été produit « dont toutes les tentatives pour cats, écrivains, journalistes, voire aca- baux qu’il exhibe devant la cour, affaires étrangères de la France ait que-t-il, en demandant la relaxe par le professeur Fournier, expert démontrer que la mise en place était démicien, qui ont accumulé les affa- Me Farthouat affirme : « Chaque fois besoin de Christine Deviers-Joncour pour son client, qui a été condamné auprès de la Cour de cassation. réalisable par une personne quittant bulations et les prétentions pour créer que passait, à la hauteur de ceux qui pour aller à New York, dormir à New à trois ans et demi de prison en pre- « Cet avis, fourni par un praticien la cave ont échoué », rappellent les une victime innocente ». Plus discret, avaient fonction d’instruire, ce qui York, manger à New York », observe mière instance. Avec son confrère, auquel n’avaient été communiqués ni magistrats. le fils de Mme Marchal, très ému à la pouvait calomnier, salir, noircir Me Farthouat. Me Philippe Pétillault, il insiste. Si cet- la totalité des expertises antérieures ni f Les inscriptions accusatrices. sortie du tribunal, a préféré saluer Roland Dumas, on enquêtait. » Encore plus acide, il remarque que te relaxe devait en entraîner l’ensemble des photographies réali- Les avis divergents des experts gra- dans la décision de la Cour de révi- Voilà pour « l’atmosphère ». certaines de ces dépenses sont faites d’autres, « ce ne serait pas un drame. sées lors de la découverte du corps, est phologues sur l’auteur des deux ins- sion « la reconnaissance de l’immen- Quant au fond, l’avocat de l’ancien en Floride – à « Oualte Disnai, préci- Il n'y a pas de dossier emblémati- entaché de contradictions internes », criptions « Omar m’a tuer » avaient se courage que [sa] mère a eu dans ministre a méthodiquement mis en se-t-il… alors que M. Dumas n’y a que ». note la Cour, pour qui la mort de été retenus par la commission de les instants qui ont précédé sa mort ». pièces des charges déjà fragilisées jamais mis les pieds ! ». Au nom de Ghislaine Marchal est bien survenue révision comme un élément suscep- par l’accusation elle-même. Le chef son client, Me Farthouat réserve aus- Pascale Robert-Diard le 23 avant 20 heures, comme l’attes- tible de faire naître un doute sur la Alexandre Garcia Les gendarmes sont réquisitionnés pour remplacer les inspecteurs du permis de conduire en grève –ONU Selon Gilles de Robien, « plus rien ne justifie la poursuite du mouvement » IRAK specteurs ils des in LE GOUVERNEMENT réquisition- ter ferme sur ses positions ». « Cette siaen, gérant d’une petite école à Les out ne des gendarmes. Direction : les grève devient obscène », confie-t-il. Dunkerque (Nord). « Je bosse 10 heu- centres d’examen du permis de con- Mercredi, des centaines de moni- res par jour, pour 1 500 euros par
G - 3 duire. La grève des inspecteurs n’a teurs et gérants d’auto-écoles ont mois. Je dois payer 3 800 euros de taxe bre 2002 novem au 27 du 21 N° 629 que trop duré. « Plus rien ne justifie manifesté, notamment à Paris, professionnelle mi-décembre. Dans le la poursuite du mouvement engagé il Melun (Seine-et-Marne) et Colmar coin, cinq collègues ont fermé leurs om tional.c interna ourrier y a plus de quatre semaines », a décla- (Haut-Rhin), pour souligner les con- portes, ajoute-t-il. Que le gouverne- www.c ré le ministre des transports, Gilles séquences économiques du conflit. ment envoie les gendarmes. Très bien. de Robien, mercredi 20 novembre. Partout, les élèves annulent des heu- Sinon, on va accumuler un retard « Ce mouvement pénalise gravement res de cours. Quelques moniteurs ingérable et les candidats devront l’activité économique de milliers sont contraints au chômage techni- attendre six mois avant de passer leur d’auto-écoles et empêche des dizaines que. « En un mois, j’ai perdu examen. » de milliers de candidats d’accéder au 2 000 euros, sur un chiffre d’affaires permis de conduire. » de 10 000 », estime Jean-Pierre Mes- Mathilde Mathieu Dès lundi prochain, 25 novembre, dans les départements les plus tou- chés par la grève, des gendarmes devraient donc se poster derrière les vidéoprojecteurs et diriger les épreu- ves du code. Mais le ministère des transports se penche aussi sur la pos- sibilité de confier la partie pratique de l’examen aux forces de l’ordre. L’armée française dispose en effet d’instructeurs, habilités à faire pas- ser le permis aux militaires, qui pour- raient bien faire l’affaire. « Le ministre n’essaie pas de [nous] comprendre », a aussitôt rétorqué le secrétaire général du Snica-FO, syn- dicat majoritaire parmi les inspec- teurs, instigateur du mouvement. Aujourd’hui, un agent sur trois pour- suit la grève, selon le ministère. Plus des deux tiers, selon FO. Principale revendication : l’abandon du projet de déconcentration, déjà commen- cée. Celui-ci permettrait de gérer depuis les préfectures, au plus près du terrain, le corps des inspecteurs – un millier en France –, alors que ces derniers avaient l’habitude de dialoguer en direct avec le ministère des transports. « Finie l’indépendan- ce », annonce FO. Pour d’autres, c’est surtout « finie la cogestion », sous-entendant que FO perdrait de son influence. « » La CFDT, second syndicat chez les EN CADEAU inspecteurs, et le CNPA (Conseil national des professionnels de l’auto- Un supplément livres et idées mobile), majoritaire chez les direc- teurs d’auto-écoles, se disent, eux, favorables à cette départementalisa- Et chaque jour : www.courrierinternational.com tion. Le président de la branche auto- école du CNPA, Daniel Blot, a donc demandé au gouvernement de « res- LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/13 france-SOCIÉTÉ
M. Raffarin répond aux invectives De plus en plus de femmes africaines de la gauche sur la décentralisation vivant en France sont touchées par le sida JEAN-PIERRE RAF- FARIN s’est rendu, 68 % d’entre elles ignorent leur séropositivité lorsqu’elles tombent malades. Selon l’Institut de veille mercredi, devant les députés lors de la fin sanitaire, au premier semestre, 50 % du total des cas provenait d’une contamination hétérosexuelle de la discussion géné- rale de son projet de LES FEMMES, en particulier cel- sont liés à une contamination hétéro- nalité française). En général arrivée La photographie d’ensemble loi constitutionnelle les qui ont la nationalité d’un pays sexuelle. » C’est d’ailleurs parmi cet- en France déjà porteuse du VIH, fournie par le dispositif de sur- sur la décentralisa- d’Afrique subsaharienne, représen- te population hétérosexuelle que cette population constitue donc un veillance des infections par le VIH tion. Dénonçant « l’in- tent une proportion croissante des s’observe la plus forte proportion groupe particulièrement vulnéra- et des autres infections sexuelle- jure blessante » lancée personnes infectées par le VIH en de personnes n’ayant pas eu accès ble. ment transmissibles, souvent con- par Jean Glavany (PS) France. Déjà observée en 2001, cet- au dépistage du VIH : 64 % au pre- comitantes, se fait donc de plus en lors de la séance de te tendance se confirme, selon les mier semestre 2002, quand cette plus précise. Elle devrait l’être questions au gouver- données rendues publiques, mer- proportion est de 45 % pour les per- Parallèlement, la surveillance des davantage encore lorsque la décla- nement, le premier credi 20 novembre, par l’Institut de sonnes contaminées par des rap- infections sexuellement transmissi- ration obligatoire des diagnostics ministre s’est défendu veille sanitaire (InVS). Dans l’en- ports homosexuels et de 17 % pour bles (IST) avait permis de mettre d’infection à VIH entrera dans les de mener une réforme semble, le nombre de nouvelles celles ayant contracté le virus lors en évidence une recrudescence des faits, début 2003.
pour « convenance contaminations (4 500 à 5 000 en d’usage intra-veineux de drogues. gonococcies à partir de 1998, en Un recensement plus exhaustif personnelle ». Sous 2001), de nouveaux diagnostics de Les personnes ayant la nationali- particulier chez des homosexuels des contaminations sera alors pos- l’oeil de Jean-Louis Debré qui avait mis en garde fin octobre contre sida (840 au premier semestre té d’un pays d’Afrique subsaharien- masculins. L’enquête Presse gay sible, avec d’autant plus de préci- « l’intégrisme décentralisateur », il a assuré que la réforme n’avait 2002) et de décès (350 au premier ne représentent 22 % des malades 2000 avait confirmé cette tendan- sions qu’une nouvelle stratégie de « d’autre objet que de placer l’Etat au cœur de ses responsabilités (...). semestre 2002) restent stables. au premier semestre 2002, contre ce, rapprochée du constat d’un relâ- dépistage rend possible la distinc- Nous avons besoin d’un Etat fort qui assure les fonctions régaliennes et Derrière ces chiffres globaux exis- 12 % en 1998 et 5 % en 1995. Elles chement des comportements et de tion entre les contaminations garantisse l’égalité, en particulier entre les territoires », a-t-il martelé. tent de fortes disparités selon le représentent 41 % des cas liés à une l’augmentation des prises de ris- récentes et celles datant de plus de M. Raffarin s’est encore défendu de mener une réforme accordant la mode de contamination et selon la contamination hétérosexuelle au ques. Si une diminution du nombre six mois. Utilisant des tests différen- prééminence à la « France des notables » comme le lui reprochait la nationalité. Entre 1998 et 2001, le premier semestre 2002. Cette aug- des gonococcies a pu être observée ciés, cette technique a été dévelop- veille Ségolène Royal (PS). nombre de cas de sida avait conti- mentation est particulièrement chez les hommes en Ile-de-France pée par le Centre national de réfé- nué à diminuer d’environ 30 % marquée chez les femmes : au pre- et dans les autres régions, le pour- rence du VIH dirigé par le profes- chez les homosexuels et les usagers mier semestre 2002, 42 % des fem- centage de souches ano-rectales en seur Francis Barin (CHU de Tours) M. Perben veut imposer le test de drogues. Sur les trois derniers mes ayant un sida ont la nationali- Ile-de-France reste élevé (19 % en avec le soutien de l’Agence nationa- semestres, le nombre de cas s’est té d’un pays d’Afrique subsaharien- 2001). le de recherches sur le sida (ANRS). du sida aux délinquants sexuels stabilisé chez les homosexuels. ne, contre 20 % en 1998 ; la propor- La mise en place d’un dispositif Conçue comme un outil épidémio- Chez les hétérosexuels, la tendan- tion chez les hommes était respecti- de surveillance de la syphilis à Paris logique, elle ne devrait pas être uti- LE MINISTRE de la justice Dominique Perben a annoncé, mercredi ce 1998-2001 était inverse, le nom- vement de 16 % et de 9 % en 1998. a également permis de documenter lisée pour renseigner sur les cas 20 novembre à l’Assemblée nationale, que le gouvernement projetait bre de nouveaux cas ne diminuait Avant le diagnostic de leur sida, une recrudescence de cette mala- individuels. L’InVS a saisi le Comité d'imposer dès que possible un dépistage du sida aux auteurs de délits plus, enregistrant une hausse de 68 % des malades de nationalité die (Le Monde du 1er septembre consultatif national d’éthique sur et crimes sexuels. « Il me paraît nécessaire, en liaison avec les représen- presque 10 %. « Ainsi, notent les d’un pays d’Afrique subsaharienne 2001). Depuis le début de l’année, ce point. tants du corps médical, de poser comme principe que (...) nous puissions experts de l’InVS, au premier semes- ignoraient leur séropositivité (42 % 203 cas ont été diagnostiqués à introduire cette obligation de test HIV sur un agresseur sexuel », a-t-il tre 2002, la moitié des cas de sida dans le cas des personnes de natio- Paris, contre 148 en 2001. Paul Benkimoun indiqué. Deux députés de l’UMP, Alain Marsaud et Michel Voisin, avaient déposé la veille une proposition de loi allant dans le même sens. Reste à connaître l’étendue de cette mesure : concernera-t-elle uniquement les condamnés définitifs ou bien également les person- nes mises en examen, donc présumées innocentes ? « Nous avons deux principes juridiques en apparence contradictoires: d'une part l'inviolabili- té du corps humain et d'autre part la nécessité de santé publique », a expliqué Dominique Perben. a ANCIENS COMBATTANTS : une revalorisation des pensions et retraites des anciens combattant étrangers a été examinée lors du conseil des ministres, mercredi 20 novembre. Le gel des pensions, déci- dé par le gouvernement français en 1959 au moment de la décolonisa- tion (Le Monde du 11 novembre) devrait prendre fin. Le dispositif rete- nu revalorisera les pensions en fonction du coût de la vie dans le pays d’origine de l’ancien combattant. a PERSONNES ÂGÉES : François Fillon propose une révision des barêmes de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA). Le ministre des affaires sociales, assure qu’il « faudra tenir compte davan- tage de la capacité contributive des bénéficiaires ». a JUSTICE : le tribunal de Paris a annulé pour un vice de procédu- re, mercredi 20 novembre, les poursuites engagées par trois organisa- tions antiracistes contre la journaliste italienne Oriana Fallaci et son livre La Rage et l'orgueil , un pamphlet anti-musulman qu'elles accu- saient de « provocation à la haine raciale ». a Le tribunal de Paris a rejeté, mercredi 20 novembre, les deman- des d’indemnisation formulées par Jean-Marie et Christine Ville- min. Le tribunal a jugé que les parents de Grégory, mort en octobre 1984, n'ont pas prouvé l'existence d'une « faute lourde » de la justice dans l'instruction du juge Jean-Michel Lambert. a La Mairie de Paris a déposé plainte contre X...avec constitu- tion de partie civile, mercredi 20 novembre, dans l'affaire des dépenses de la questure de 1987 à 2000. Un rapport de l'Inspection générale de la Ville, transmis le 3 juillet au parquet de Paris par le maire (PS) Bertrand Delanoë, avait souligné notamment des frais de réception et d'alimentation somptuaires – 14 millions de francs (2,14 millions d’euros) – du couple Chirac à l’Hôtel de Ville entre 1987 et 1995. a La Cour de cassation a rejeté, mercredi 20 novembre, le pourvoi de Michele d'Auria, médecin personnel de l'abbé Pierre, qui contes- tait son extradition vers l'Italie. Arrêté à Paris dans la nuit du 22 au 23 février, le docteur d'Auria vivait en France depuis une dizaine d'années sous le nom d’emprunt d'Antonio Canino. L'Italie réclame son extradition pour qu'il exécute une peine de neuf ans d'emprison- nement prononcée le 30 septembre 1997 par la cour d'appel de Milan pour des hold-ups commis sept ans plus tôt. a FRANCE : une plaque commémorative à la mémoire de l’oppo- sant marocain, Mehdi Ben Barka, enlevé et assassiné en octobre 1965, sera installée à Paris près de la brasserie Lipp, dans le quartier Saint-Germain-des-Prés. Cette initiative, votée mardi 19 novembre par l’ensemble des conseillers de gauche du Conseil de Paris, avait été lancée par Jean Vuillermoz, président du groupe communiste. Les représentants de la droite se sont quant à eux abstenus lors du vote – (AFP). a IMMIGRATION : le ministère de l'intérieur a indiqué, mercredi 20 novembre, que 33 des 37 immigrés bulgares en situation irrégu- lière qui avaient été interpellés au début du mois à Bordeaux (Le Mon- de du 9 novembre), sont rentrés dans leur pays d’origine. Sept person- nes ont été embarquées sous escorte le 13 novembre, dans un avion. Les 26 autres sont partis volontairement, à bord de vols régu- liers. Le Conseil des impôts réaffirme l’intérêt de la retenue à la source LE CONSEIL DES IMPÔTS qui a rendu public, jeudi 21 novembre, son vingtième rapport, viendra certainement éclairer les réflexions préalables aux réformes annoncées par Francis Mer le 8 octobre. Alors que le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie a choisi d’abandonner l’idée d’un prélèvement à la source – sur la feuille de paie – de l’impôt sur le revenu, le Conseil qui s’est intéres- sé cette année aux relations entre les contribuables et l’administra- tion, engage le gouvernement à maintenir l’objectif d’une telle mesure. Il souligne qu’elle constituerait une simplification impor- tante tant pour les usagers que pour l’administration. Prenant cependant acte des obstacles à une telle réforme, il préconi- se une étape intermédiaire consistant à prendre comme assiette le revenu de l’année courante et non plus celui de l’année précédente. Impliquant une régularisation en fin d’année ou au début de l’an- née suivante, cette formule existe ddéjà pour l’impôt sur les socié- tés. 14/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 RÉGIONS
Les agriculteurs partent en guerre contre la grande distribution
A l’appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, plusieurs milliers de paysans ont commencé à bloquer, mercredi 20 novembre, une soixantaine de centrales d’achat de produits frais. Les grandes surfaces répondent qu’elles ne peuvent pas garantir le revenu agricole
LES AGRICULTEURS se lancent tion accusée de s’enrichir au détri- minante pour peser sur les prix. dans l’épreuve de force. Quelque ment de l’amont tiennent une pla- L’exemple est donné par la filière 10 000 militants de la FNSEA et des ce prépondérante dans le discours laitière, pionnière dans ce domai- Jeunes agriculteurs (JA, ex-CNJA) de la FNSEA et des JA, centré sur Mercredi ne. Un accord avec l’industrie de la bloquent, depuis mercredi l’idée que les agriculteurs doivent 20 novembre, transformation et la distribution 20 novembre au soir, plus de vivre du prix de leurs produits. la centrale d’achat permet de fixer les prix par région. soixante centrales d’achat de pro- Les responsables syndicaux four- Super U Le respect de l’accord est surveillé duits frais de la grande distribu- nissent les chiffres traduisant le de Vendargues par les agriculteurs, qui inspectent tion. Jeudi matin, ces actions décrochage des prix payés aux agri- (Hérault) était régulièrement les magasins. Michel- concernaient le Grand Ouest (Nor- culteurs. La crise de la vache folle a paralysée par Edouard Leclerc parle, à ce propos, mandie, Bretagne, Pays-de-la-Loi- attisé leur colère : pendant que les les agriculteurs de « prix FNSEA : 0,53 centime re), le Sud-Ouest (Poitou-Charen- prix payés aux éleveurs dégringo- de la FNSEA et d’euros par litre de lait UHT », tes, Aquitaine, Haute-Garonne), laient, les consommateurs payaient des Jeunes en-dessous duquel la brique ne l’Hérault, les Bouches-du-Rhône, plus cher la viande bovine. Toutes agriculteurs. doit pas descendre. La filière laitiè- la Bourgogne, Rhône-Alpes, la Lor- les filières sont régulièrement tou- Le blocus touche re dispose d’une force : la maîtrise raine, l’Alsace, le Nord - Pas-de- chées par ce type de crise : fruits et tous les groupes des volumes instaurée par les quo- Calais et la Picardie. légumes, viande bovine, porc, de distribution : tas en 1984. Ce blocus, d’une durée illimitée, volaille… Auchan, Casino, Dans les autres secteurs, les situa- vise à « faire changer l’état d’esprit, A chaque fois, la FNSEA réclame Carrefour, tions varient fortement. Les produc- à la fois dans les pratiques commer- l’application de la loi sur les nouvel- Intermarché, teurs de fruits et légumes frais pâtis- ciales entre acheteurs et fournis- les régulations économiques Sytème U et Leclerc. sent de leur isolement. La moitié seurs, et au niveau du gouverne- (NRE), votée le 15 mai 2001, qui des exploitants seulement appar-
ment, qui doit faire appliquer la prévoit des sanctions en cas de pra- / tient à une organisation de produc- loi », précise Jean-Michel Lemé- tiques commerciales abusives. Les teurs. François Lafitte, président de tayer, président de la FNSEA. JA envisagent, pour leur part, la taire d’Etat au commerce, Renaud Jérôme Despey, président des JA. transformateurs et des produc- l’Interprofession des fruits et légu- Les agriculteurs dénoncent le fixation de prix minimum par filiè- Dutreil, avait déçu les agriculteurs, « Ce gouvernement est aussi timi- teurs, ces derniers ont pris l’habitu- mes frais (Interfel), cite en exemple « racket » des grandes surfaces : res et une éventuelle indexation même si, pour la première fois, ils de que le précédent. Le sujet a tou- de de réclamer l’arbitrage des pou- la production de tomates. « Ils ont pratiques commerciales « abusi- des prix d’achat aux producteurs avaient été admis dans la commis- jours embarrassé les politiques », voirs publics. « Si nous ne lançons su se donner des disciplines en ves », « marges arrières » (factura- sur les prix de vente en magasin. sion d’examen des pratiques com- commente aujourd’hui M. Lemé- pas une mobilisation générale, rien concentrant leur offre, ce qui leur tion de services comme la présenta- Le blocus des centrales d’achat merciales, chargée de travailler sur tayer, qui en appelle au premier ne changera », affirme M. Lemé- permet d’être moins sensibles aux tion en magasin), stockage artifi- entrepris mercredi n’est pas une les relations entre distributeurs et ministre. Les relations entre agricul- tayer. fluctuations du marché », affir- ciel, marges commerciales dispro- surprise. La tension monte depuis fournisseurs. « Nous en avons assez teurs et professionnels de la grande me-t-il. portionnées, remises diverses qui, plusieurs semaines, et toutes les des groupes de travail ; nous en distribution tiennent presque du Dans le secteur de la viande, trai- selon eux, sont répercutées sur les tentatives de concertation ont avons eus avec la distribution tout rituel. Face à une forme de com- Le président de la FNSEA recon- ter avec les abattoirs, les grossistes prix payés aux exploitants. Les atta- échoué. Début octobre, une table l’été. Cette réunion est un camouflet merce accusée d’abuser de sa posi- naît que « la capacité des filières à ou les industriels de la transforma- ques contre une grande distribu- ronde réunie sous l’égide du secré- et une déception », avait déclaré tion dominante aux dépens des s’organiser elles-mêmes » est déter- tion ne met pas à l’abri de la pres- sion sur les prix, selon M. Lemé- tayer. « On a l’impression que Le soutien quand les grandes surfaces traitent La Fédération du commerce (FCD) dénonce une « prise d’otage » avec les entreprises commerciales, de l’UFC-Que Choisir ça ne concerne plus les producteurs. Marie-José Nicoli, présidente de LA GRANDE distribution avait appelé à la rai- Le mouvement des agriculteurs touche un point agricoles visant à instaurer des prix minimum ou Mais quand une entreprise cède quel- l’UFC-Que Choisir, a indiqué, mercre- son les agriculteurs, dès le début du mois de névralgique de l’organisation de la distribution. à réglementer les marges « reviennent à encadrer ques points de marge arrière, pour je di 20 novembre : « Nous compre- novembre. Cet appel n’a visiblement pas été L’autonomie en produits frais (fruits, produits lai- le marché et à recréer des mécanismes d’économie ne sais quel service, c’est forcément nons très bien que les agriculteurs entendu. Les syndicats agricoles se sont finale- tiers, viande) n’est que de un ou deux jours pour administrée, qui sont contraires aux règles commu- nous qui trinquons », affirme-t-il. fassent ce genre de blocus car, depuis ment résolus à employer les grands moyens pour un hypermarché et de trois ou quatre pour un nautaires ». Début octobre, le Conseil de la Les agriculteurs veulent donc se des mois, les discussions n'aboutis- se faire entendre. Les enseignes telles que Carre- supermarché. Des ruptures de stocks sont donc à concurrence a ainsi déclaré illégal un accord substituer aux industriels. « Les sent pas entre la grande distribution four, Auchan et Leclerc sont accusées de « prati- craindre si le mouvement se prolonge. signé l’été dernier, qui visait à réguler le prix des entreprises n’iront jamais dire que et les représentants des agricul- ques abusives ». La querelle porte sur la réparti- pêches et des nectarines. La Commission euro- ça se passe mal avec une enseigne. teurs. » Selon elle, les agriculteurs tion des marges entre distributeurs et agricul- péenne enquête de son côté sur le marché de Les éleveurs savent très bien qu’eux « parlent également pour les PME teurs. Les distributeurs reconnaissent que « le sujet la viande. seuls peuvent aller demander des qui n'osent pas revendiquer par peur La Fédération du commerce et de la distribu- de la rémunération des agriculteurs est central ». Enfin, la grande distribution conteste l’argu- comptes à la grande distribution », d'être déréférencées » par la distribu- tion (FCD), qui regroupe la plupart des enseignes « L’inquiétude des agriculteurs est justifiée par l’évo- ment utilisé par les agriculteurs qui consiste à fus- explique Bernard Esnault, directeur tion. Leurs produits ne seraient à l’exception de Leclerc et d’Intermarché, a ferme- lution de la politique agricole commune, l’augmen- tiger les marges arrières. Ces sommes réclamées de la Fédération nationale porcine alors plus vendus. « Avec cinq centra- ment réagit, pour s’élever contre cet« affronte- tation des contraintes techniques et réglementaires par la distribution aux fournisseurs pour obtenir (FNP). Pascal Coste, secrétaire les d'achat, la grande distribution est ment stérile avec cette mise en scène médiatique ». », reconnaît M. Bédier, qui, pour autant, ne se des avantages commerciaux concerne en effet général de FNSEA, insiste de son en train d'étrangler tout le monde, « Prendre en otage nos magasins et nos clients est sent pas directement responsable de la situation. essentiellement les produits transformés et donc côté sur la dimension sociale du estime Mme Nicoli. Malgré l'image inacceptable », affirmait récement Jérôme « Nous sommes incapables d’apporter une garantie les industriels plus que les agriculteurs. Même si mouvement engagé, qui vise, selon qu'elle tente de donner à travers la Bédier, président de la FCD. A un mois des fêtes de revenu au monde agricole. Nous ne pouvons pas la FCD se dit prête à discuter avec les agricul- lui, à défendre le maintien «des FCD (Fédération du commerce et de de Noël, ce blocage intervient au plus mauvais nous subsistuer aux politiques agricoles », insiste teurs, les relations sont en train de virer au dialo- agriculteurs, et des PME, donc de la distribution) ou ses enseignes res- moment pour les grandes surface, d’autant que la M.Bédier même si « c’est l’intérêt des commer- gue de sourds. l’emploi » sur tout le territoire. pectives, elle regarde avant tout ses conjoncture reste fragile et qu’un infléchissement çants de pouvoir compter sur des prix stables ». propres intérêts. » des indices de consommation n’est pas à exclure. Pour la grande distribution, les revendications Stéphane Lauer Gaëlle Dupont L’agglomération toulonnaise veut améliorer ses transports M. de Robien confirme l’abandon Les élus programment un « Plan bus », un nouveau tunnel et un tramway du projet de canal Rhin-Rhône
TOULON phyxie. Le « pôle transports » de la Com- GILLES DE ROBIEN, ministre des transports, a confirmé, dans un de notre correspondant Le 19 septembre, le premier tube LE PREMIER TUBE SOUTERRAIN munauté d’agglomération s’est subs- courrier rendu public, lundi 18 novembre, qu’il ne souhaitait pas rou- Après quatre décennies d’une ges- de la traversée souterraine de Tou- titué à˘l’ancien syndicat intercom- vrir le dossier du canal Rhin-Rhône, abandonné par le précédent gou- tion de droite puis d’extrême droite, lon a été ouvert. Long de 3,3 kilomè- TOULON munal (Sitcat), qui regroupait huit vernement. « A part la modernisation du réseau existant et l’aménage- rrée d’immobilisme, d’attentisme et de tres, Il relie les sorties est et ouest de Voie fe communes. Il met en place un vaste ment progressif de la liaison Seine-Nord à grand gabarit (…), aucun projets sans suite en matière de cir- la ville. Cet axe à sens unique absor- 0 « plan bus » qui vise notamment à autre projet de liaison fluviale à grand gabarit n’a été retenu dans les culation, Toulon s’attelle au chan- be 30 000 véhicules par jour, soit A 5 harmoniser les tarifs et à mieux schémas de service », a-t-il écrit au président du conseil général du tier des déplacements dans la vil- 23 % de la circulation de surface. adapter l’offre : le nombre de kilo- Doubs, Claude Girard (UMP). Ce dernier avait récemment rappelé à Néanmoins, avec une augmentation D 559 mètres parcourus par an et par habi- M. de Robien « l’opposition de l’ensemble des députés UMP de Franche- Petite rade de la circulation automobile 6 % par tant dans l’agglomération est l’un Comté, du président du conseil régional, ainsi que d’une majorité des habi- an, la réalisation du second tube rele- des plus bas de France : entre 7,9 et tants du département » à la réouverture du dossier. Déclaré d’utilité Après les six ans La Seyne- Grande vait de l’urgence. Mais après les six sur-Mer rade 27 (selon les communes), contre publique en 1978, le canal Rhin-Rhône était destiné à compléter la de gestion du FN, la ans de gestion du Front national, la 36,1 au plan national. Michel Bruè- liaison fluviale entre la mer du Nord et la Méditerranée. Ce projet avait municipalité d’Hubert Falco (UMP), re, adjoint au maire de Toulon et été abandonné en 1997 par le gouvernement Jospin, à la demande de municipalité n’avait aujourd’hui secrétaire d’Etat aux Saint-Mandrier président du « pôle transports » de la ministre de l’environnement, Dominique Voynet. personnes âgées auprès du ministre la Communauté d’agglomération pas les moyens des affaires sociales, n’avait pas les 2 km précise : « TPM va accroître de 30 % moyens financiers d’investir dans son réseau, ce qui devrait porter le a ILE-DE-FRANCE : le conseil régional a effectué, mercredi financiers d’investir un tel chantier, pas plus que dans sur la structure du premier ; une par- niveau de l’offre à˘26,6 km par habi- 21 novembre, sa première émission de billets de trésorerie (obliga- celui du tramway. Aucun toulonnais ticipation de l’Etat et de la région tant et par an. D’où la nécessité tions à court terme), devenant ainsi, selon son président (PS), Jean-Paul dans un tel chantier n’espérait plus que ces deux projets PACA (27,50 % chacun) et du con- d’acheter 60 nouveaux bus et de réali- Huchon, la première collectivité locale d’Europe à recourir à ce finance- voient le jour avant 2012. seil général (22,5 %), en plus de l’ef- ser d’importants travaux de voirie, soit ment. Le programme de billets de trésorerie porte sur 500 millions Devenu, en novembre 2001, prési- fort de la ville. Mais M. Falco souhai- un investissement de 16 millions d’euros et est, selon le conseil régional, « destiné à régir ses opérations de le. La municipalité élue en dent de Toulon Provence Méditerra- te que son ami et nouveau président d’euros sur trois ans ». financement à court terme et permet à la région de diversifier ses sources mars 2001 s’appuie notamment née (TPM), la nouvelle Communau- de l’assemblée départementale, Par ailleurs, une partie de l’agglo- de financement et d’optimiser ses coûts de trésorerie ». pour cela sur une profonde rénova- té d’agglomération regroupant 11 Horace Lanfranchi (div. droite), fas- mération dispose déjà d’un système a PARIS : les chauffeurs de taxi acceptent la création de 1 500 au- tion des ses transports en com- communes et 500 000 habitants, le se un effort, avec 5 à 10 % de finan- de navettes maritimes unique en torisations nouvelles dans les prochaines années, en fonction de muns. Traversée souterraine, tram- maire a rouvert le dossier du finance- cement supplémentaire. Cela mino- France ; il permet, avec des tarifs l’augmentation de la demande. A la suite d’une rencontre avec la com- way, bus, navettes maritimes bénéfi- ment et du calendrier. Evalué à rerait d’autant la part de Toulon, identiques à ceux des bus, de se mission professionnelle, mercredi 20 novembre, Jean-Paul Proust, cient d’attentions d’autant plus vita- 230 millions d’euros, le budget du actuellement de 22,5 %, payée en déplacer dans des conditions de con- préfet de police de Paris, a obtenu un accord sur son projet d’augmenta- les que la ville est menacée d’as- second tube aurait pu être calqué fait par la Communauté d’agglomé- fort et de régularité exceptionnelles. tion du parc, qui compte aujourd’hui 14 900 licences (Le Monde du ration. Ce qui explique que ces lignes soient 21 novembre). Les études techniques pour le empruntées, chaque année, par deuxième tunnel routier sont en 3,2 millions de personnes. Les lignes cours. « Les travaux pourraient de ces navettes vont subir des amé- démarrer en 2004, après les appels nagements qui pourraient accroître d’offres, et le second tube pourrait le trafic de 10 % à 15%. Des exten- être ouvert à la circulation vers sions aux autres communes sont 2007 », indique Joël Chatain, direc- envisagées. teur de la DDE du Var. « Toulon doit respirer », lançait L’investissement du tramway Hubert Falco lors de sa campagne (580 millions d’euros) sera sensible- muncicipale. Il ne pensait pas, à ment égal à˘celui de la traversée l’époque, y parvenir grâce à˘ses voi- souterraine. Les travaux devaient sins qui, pour la plupart, vivaient jus- commencer en 2004, mais le chan- qu’alors sur la base du chacun pour tier est déjà ouvert. Le premier tron- soi. Rens. publicité : m 01.42.17.39.65 çon de 18 km (sur les 33 km de l’en- semble) sera opérationnel en 2008. José Lenzini LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/15 HORIZONS AMOS GITAÏ
A commence avec les re, il cherche l’harmonie du mouvement Chinois. Des ouvriers d’ensemble, et puis, au cœur de l’harmo- chinois qui traver- nie, la rupture, la stridence. Le scénario sent le parking en est construit selon les principes des portant des maté- fameux blocs narratifs, la mise en scène riaux de construc- cherche à ne pas s’y laisser enfermer. «Ça tion, sous le soleil manque de balagan !», se plaint Renato Ç brûlant de début no- Berta, c’est-à-dire de désordre. Sur les ins- vembre, à Tel-Aviv. tructions de Gitaï, Laurent Truchot fait On entend un orgue déplacer des voitures, ajoutant à la confu- électrique, dont joue avec application une sion dans le cadre où Yaël Abecassis (qui femme asiatique, sur le perron d’un des jouait la belle victime de l’intégrisme juif bâtiments de Nehushtan. Situé là où la dans Kaddosh) est poursuivie par Liron première capitale d’Israël se transforme Levo (qui fut le séduisant militaire héros en sa voisine arabe, Jaffa, Nehushtan va de Kippour). bientôt disparaître, et c’est triste. Mais du balagan, Amos Gitaï en veut au Triste, car l’endroit est magnifique, principe même de ce film dont, en le regar- avec ses premiers bâtiments érigés par dant travailler, on perçoit l’intense ten- des templiers allemands au XIXe siècle, sion. Celle qui se joue entre le projet de son assemblage inventif d’ateliers et d’en- l’architecte adepte des épures rectilignes trepôts ajoutés lorsque le lieu est devenu et le non-dit, le non-montré qui doit han- une usine d’ascenseurs. Triste parce que ter ce film aux ambitions considérables cet endroit est devenu l’épicentre de l’œu- sous ses apparences de comédie de vre singulière qu’élabore, avec une éner- mœurs dans un immeuble où cohabitent gie et une créativité qui semblent ne ces- des figures hautes en couleur. La veille du ser de croître et embellir, Amos Gitaï, premier jour de tournage, Amos Gitaï est cinéaste israélien solitaire et très bien allé sur les lieux de son enfance, à Haïfa. Il entouré. Il a entrepris d’y ajouter un nou- a parlé avec sa mère et avec ses propres vel élément, Alila – en hébreu, le mot signi- enfants, et puis il a rendu viste à Youssef fie soit « fiction », soit « complot », le et à sa femme, dans le wadi. cinéaste se garde bien de trancher entre Tourné en trois fois sur vingt ans, inédit les deux acceptions. en France, Wadi – le mot veut dire « val- « Ici, c’était la synagogue de Kadosh, lée » – est l’un des plus beaux films montre le cinéaste en désignant la grande d’Amos Gitaï, et peut-être le plus beau tra- pièce affectée au secrétariat de la produc- vail cinématographique sur la situation tion. Là, l’hôpital de Kippour. La chambre actuelle au Proche-Orient. Dans ce où est tournée la scène du début était située canyon creusé au cœur même de la cité dans ce hangar, dont la hauteur sous pla- vivent des hommes et des femmes au des- fond permettait de filmer de très haut. » A Amos Gitaï et Yaël Abecassis, lors du tournage du film « Alila », dans un hangar à Nehushtan. tin magnifique et terrible. Ces juifs, ces l’étage, il montre les traces de ce qui fut la librairie d’Eden, une autre de ses réalisa- tions récentes. Beaucoup de films sont tournés dans des lieux à l’abandon, mais rare sont les cinéastes qui ont le talent et la possibilité d’investir ainsi un lieu, pour en faire non seulement un outil de travail, mais un outil de création. Semblable démarche est au centre du travail d’un metteur en scène qui ne man- TOURNE « ALILA » que jamais de rappeler qu’il a d’abord étu- dié l’architecture. Depuis toujours, il pen- se en volumes, en espaces, en mises en relation de surfaces ; son cinéma naît de Le cinéaste israélien a planté à Tel-Aviv le décor de son prochain film, cette approche. Et son nouveau film repré- sente un pas de plus dans cette direction. Il s’agit pourtant, phénomène rare chez qu’il construit à la manière d’un architecte l’auteur de Kedma, d’une adaptation litté- raire. Ecrivain largement reconnu en Israël et dans le monde anglophone, mais Devarim, en 1986, qui court la planète aux Aujourd’hui, pour mettre en œuvre son chot, la plupart des comédiens et la quasi- Arabes, ces Bédouins, ces immigrants jamais traduit en français, Yehoshua Knaz côtés des cinéastes parmi les plus exi- « ciné-bauhaus », le cinéaste dispose d’un totalité des techniciens. Cette assemblée venus d’Europe centrale, d’Afrique du a donné au réalisateur toute latitude dans geants – Oliveira, Straub, Resnais… – pour lieu, d’une histoire, mais aussi d’une rela- de fidèles souligne un engagement, qui Nord ou de Russie sont comme l’incons- la transposition à l’écran de son roman se confronter à ce genre de défi. tion exceptionnelle à ceux qui l’entou- saute aux yeux sur le tournage : où voit- cient d’Israël, personne ne les voit. Dans Returning Lost Loves. « Une comédie noire, Les « blocs narratifs » conçus par Amos rent. Mal vu dans son pays, jalousé par les on un tel élan, un tel partage joyeux des le wadi, aujourd’hui désert, et dont seul une sorte de Short Cuts du Tel-Aviv contem- Gitaï viennent directement de sa forma- uns pour sa reconnaisance internationale, tâches sur un plateau, généralement lieu Youssef a refusé de partir, Amos Gitaï porain », dit Marie-José Sanselme, l’an- tion d’architecte, plus précisément de l’hé- vilipendé par les autres pour le regard cri- des frilosités et des quant-à-soi corpo- s’est assis devant la barque de tôles et de cienne attachée culturelle à l’ambassade ritage dont il se réclame explicitement : tique qu’il porte sur la société et la politi- ratifs ? planches. Il a bu le thé, il a souri et parlé de France en Israël, devenue la coscénaris- son père, Munio Weinraub, fut l’une des que israéliennes, il commençait de tour- Le cosmopolitisme de l’équipe (Berta et écouté, il a mangé les fruits des arbres te d’élection de Gitaï, tentant elle aussi un grandes figures du Bauhaus. Emigré en ner ce 3 novembre, malgré le « coup de est tessinois, parmi les Français il faut aus- qui poussent entre les falaises de roc. raccourci dont elle est la première à mesu- Palestine après l’arrivée au pouvoir de Hit- poignard dans le dos » de la Commission si mentionner Daniel Ollivier, l’ingénieur rer les limites. du son ; le chef décorateur, Migel Markin, UR le parking d’Alila, il y a les Ce que sera le film terminé reste encore vient d’Argentine, la costumière, Laura Chinois, et la jeune femme asia- imprévisible : Gitaï a l’habitude de modi- Sheim-Dinulesku, est d’origine roumaine, tique qui joue de l’orgue : la fier considérablement les projets en cours Ce que sera le film terminé reste encore Prosper Shaul, machiniste polyglotte pro- Taïwanaise Lin Zamir joue Lin- de tournage, sa coscénariste est bien pla- mu perchman sur le front des troupes, est da, la bonne philippine du vieux cée pour le savoir. Ce qui n’empêche pas né au Zaïre…) participe à l’évidence de ce SSchwartz, le concierge ashkénase et atra- imprévisible : Gitaï a l’habitude de modifier la définition d’un principe de mise en scè- rapport singulier, mais aussi de la maniè- bilaire qui tente de s’opposer à la cons- ne établi à l’avance : pour évoquer cette considérablement les projets re de travailler de Gitaï. truction sauvage d’un appartement par histoire des relations des multiples person- Ce corps massif monté sur les semelles les nouveaux venus, des juifs marocains. nages principaux que sont les habitants en cours de tournage d’air d’imposantes baskets polarise les Très présents à Tel-Aviv, ces Asiatiques de la cour, il a conçu une construction en énergies, les sollicite et les réfracte, en un sont la main-d’œuvre que fait venir, plus « modules narratifs », successions de cellu- ballet intrigant d’apartés, de conciliabules ou moins légalement, Israël, pour rempla- les composées chacune d’un plan-séquen- ler, il y introduisit cet urbanisme incar- du film (l’équivalent local de l’avance sur avec techniciens et acteurs, de brusques cer les Palestiniens, désormais encagés ce. Inspiré de celui qui constituait la con- nant l’utopie sociale et esthétique dont se recettes), qui, après lui avoir attribué une replis solitaires, de coups de gueule fou- dans leurs territoires. Omniprésent et tribution d’Amos Gitaï au film collectif voulaient porteurs les pionniers du sionis- aide financière importante, venait de faire droyants, de blagues chaleureuses et gami- paradoxal, l’inconscient du temps présent 11’09’’01 (une virtuose scène d’attentat, me, et qui a donné son apparence à de savoir qu’elle était retirée. nes, de déploiements théoriques impres- habite le film sur tous les plans. Si Amos qui trouvera un écho dans ce nouveau pro- nombreux quartiers de Tel-Aviv. Le jeune Gitaï dit qu’il a l’habitude. Il n’a pas sionnants et de pure mauvaise foi. Petit à Gitaï peut encore tourner à Nehushtan, jet, si les autorités l’acceptent), ces plans- Amos avait commencé par marcher sur besoin de dire qu’il a aussi l’habitude de petit se met en place un complexe double c’est grâce à l’Intifada, qui, en suscitant séquences doivent de plus jouer sur le pas- les traces de ce père très admiré, en cons- compter sur ses proches et fermes alliés – ballet, celui des personnages – pas moins une crise économique, a – au moins tem- sage sans solution de continuité des intéri- truisant des logements pour les transfon- qu’il appelle en riant : « Mon kibboutz per- de cinq, sans compter les figurants, cha- porairement – bloqué les projets du pro- eurs à l’extérieur, ou inversement. De taliers mexicains en Californie, à partir sonnel ». Au nombre de ceux-ci comptent, cun suivant sa trajectoire singulière – et moteur qui avait racheté les lieux pour les quoi réjouir Renato Berta, l’un des d’un système de « modules » simples et outre Marie-Jo Sanselme et Renato Berta, celui de l’ensemble de l’équipe avec et raser. meilleurs chefs opérateurs du monde, bon marché, adaptables aux besoins de le producteur Michel Propper, l’inépuisa- entre les acteurs. complice de Gitaï sur cinq films depuis chacun. ble directeur de production Laurent Tru- Gitaï fait reprendre et reprendre enco- Jean-Michel Frodon Uri Ran Klauzner, Lupo Berrovitch et Amos Gitaï au studio Nehushtan à Tel-Aviv. Avec l’actrice israélienne Yaël Abecassis, qui jouait le rôle Rivka dans « Kaddosh » (1999), un film précédent d’Amos Gitaï. 16/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 HORIZONS DÉBATS
OTAN : comment je vois l’avenir par Vaclav Havel
REIZE ans après nouveau chez ceux qui y ont suc- sphère d’intérêt ou d’influence. (…) devrait cerner, selon toute logique ? nature de la responsabilité américai- d’un monde multipolaire dont l’or- la chute du rideau combé. Il est nécessaire de rompre Puisque nous discutons de l’élar- A l’Ouest, c’est sans doute la fron- ne. Ils devraient aussi, s’il le faut, dre politique et la sécurité devraient de fer, à une épo- avec cette inertie, avant qu’il ne soit gissement de notre organisation de tière séparant les Etats-Unis et le savoir pardonner le manque de sensi- reposer sur le principe d’égalité que où sont perpé- trop tard. (…) défense, nous ne pouvons nous Mexique. bilité, la maladresse ou la prétention entre différentes cultures ou civilisa- trées d’horribles Le sommet de Prague sera celui enfouir la tête dans le sable devant la A l’Est, je n’ose pas m’exprimer qui peuvent parfois accompagner tions, différents mondes religieux, T attaques terroris- d’un élargissement considérable, le question des limites de celui-ci. Est-il avec la même certitude. Tout cette dernière. J’irai encore plus loin diverses organisations régionales, tes contre la population civile, nul ne plus important, en quelque sorte le possible d’élargir ce type d’organisa- dépend non seulement des en vous avouant que tout Européen divers continents. Outre l’édification peut désormais ignorer que le princi- plus explosif que l’Alliance ait tion à l’infini ? réflexions stratégiques de l’organisa- qui en veut aux Etats-Unis pour la de bonnes relations avec la Russie, pal ennemi des valeurs que défend jamais vécu. Il lui compliquera la Je suis convaincu que l’élargisse- tion en question, mais aussi de la domination qu’ils exercent à travers j’estime qu’il convient, dès mainte- l’OTAN n’est plus incarné par un vie, c’est certain. Mais ces complica- ment de l’OTAN a ses limites logi- vision qu’ont les différents Etats leurs firmes mondiales sur l’écono- pouvoir d’Etat ou une grande puis- tions seront, à mes yeux, mille fois ques dont le dépassement signifie- d’eux-mêmes. mie planétaire devrait savoir que est le président sance quelconque, mais se révèle un récompensées parce qu’elles repré- rait ôter tout sens à cette institution. De toute manière, une discussion c’est l’Europe qui a créé cette culture de la République tchèque. mal très diffus et dangereux car sentent sur le principe et à long ter- Or je comprends l’OTAN comme concrète devrait être ouverte à ce du bénéfice et de l’expansion écono- extrêmement difficile à saisir, voire à me cet élargissement. Ce sera la une organisation un tant soit peu sujet. Il me semble qu’en dehors des mique avant de la léguer à l’Améri- comprendre. manière pour l’Alliance de faire régionale. Elle couvre une civilisa- Etats invités à rejoindre l’Alliance que. Ce n’est pas faire preuve d’une nant, avant qu’il ne soit trop tard, de Or, si l’Alliance veut continuer enfin savoir qu’elle a pris au sérieux tion, un espace spécifique, qualifiés demain, on devrait, tôt ou tard – en grande finesse que d’en vouloir à chercher et de définir ces relations d’accomplir sa mission originale, for- le fait que l’Europe divisée en deux d’euroatlantique, d'euroaméricain le formulant clairement dès mainte- son miroir. D’ailleurs, ne s’agit-il pas de l’OTAN avec d’autres formations ce lui est d’opérer une transforma- n’existe plus. ou, tout simplement, d’Ouest. Les nant – proposer l’accession à ici d’une ethnicisation inadmissible importantes du monde actuel, qu’il tion franche et rapide : de se méta- Si certains pouvaient prendre le pays de cet espace partagent une his- l’OTAN à d’autres pays des Balkans : du problème. Ce n’est pas un hasard s’agisse d'Etats ou de leurs associa- morphoser en un instrument effica- précédent élargissement, qui vit accé- toire, des traditions, des traits cultu- Croatie, Albanie, Macédoine, Bosnie- si les grandes firmes portent le quali- tions régionales. ce, apte à faire front à un ensemble der au statut de membres la Polo- rels ainsi que des valeurs, un système Herzégovine, Serbie et Monténégro. ficatif de « supranationales ». On répète souvent que l’OTAN est de menaces jusqu’ici inconnu. Elle gne, la République tchèque et la Hon- politique et une vision de la position Quant aux frontières entre Est et De son côté, l’Amérique devrait une alliance pour la défense de certai- ne doit plus être assimilable à des grie, comme une tentative, un signe de l’homme dans l’univers. Ouest, j’estime que l’Alliance devrait comprendre qu’elle doit, entre nes valeurs, par lesquelles on entend comités et commissions sans grande de changement, comme une conces- autres, sa grandeur et sa force à des d’ordinaire un ordre démocratique, influence ni se limiter à un comman- sion face aux conséquences de ces racines qui puisent au plus profond les droits de l’homme, l’Etat de droit, dement sans armées, auquel les changements, un acte d’altruisme, de la civilisation européenne, mais l’économie de marché, la liberté d’ex- Etats membres sont prêts, s’il le faut, l’élargissement qui se présente Si nous rabâchons que nous défendons surtout qu’elle aura, assurément, pression, etc. Oui, il en est certaine- à affecter des unités détachées de aujourd’hui ne saurait plus être com- rudement besoin de l’Europe ! Il ment ainsi. Je recommanderais pour- leurs propres forces. Si l’Alliance pris sous ce jour-là. Au contraire, il certaines valeurs, cela peut donner n’est guère difficile d’imaginer que, tant de s’appliquer à trouver des ter- veut avoir un sens aujourd’hui, il lui est désormais évident que l’Alliance d’ici dix ou vingt ans, on verra naître mes plus fins et de parler, plutôt que est indispensable de disposer d’infor- n’est plus un club de vétérans de la l’impression que les autres respectent sur les différents continents d’autres de valeurs, d’une certaine concep- mations nombreuses, bien et rapide- guerre froide, un peu effrayés par ce puissances, tout aussi développées tion – en l’occurrence occidentale – ment traitées, afin d’être capable de qui se trame dans les pays post-com- et défendent des valeurs erronées que les Etats-Unis d’aujourd’hui, et des valeurs humaines. En effet, si prendre des décisions éclair et de munistes, mais qu’elle veut devenir que les étroits liens culturels, politi- nous rabâchons que nous représen- déployer partout où c’est nécessaire une organisation embrassant tout ques, sécuritaires et de civilisation tons et défendons certaines valeurs, des unités permanentes toujours prê- l’espace culturel euroaméricain sans Par ailleurs, les frontières géogra- demeurer ouverte à toutes les démo- unissant l’Amérique et les 500 mil- cela peut donner l’impression que les tes et excellemment entraînées ou égard aux revendications d’apparte- phiques de cet espace sont bien déli- craties européennes jusqu’ici neu- lions d’Européens peuvent se révéler autres respectent et défendent des bien des forces spécialisées, telles nance territoriale, passées ou présen- mitées. Personne n’aura l’idée de tres, depuis la Finlande et la Suisse utiles, ne serait-ce que pour assurer valeurs erronées. L’humanité a déjà qu’elles existent parmi les pays mem- tes, des uns et des autres. proposer l’adhésion à l’OTAN à la jusqu’à l’Irlande. Nous respectons le maintien d’un équilibre. fait la cruelle expérience de situa- bres, capables de faire face aux dan- Si les grandes puissances, au cours Nouvelle-Zélande qui, de par sa civi- tous ici l’attachement que ces pays Les controverses, ô ! combien tions où certains se prennent pour gers modernes que représentent le des derniers siècles, avaient pris l’ha- lisation, est certainement plus pro- témoignent à leur tradition histori- complexes, avec ce sac de nœuds les seuls gardiens de la vérité et les terrorisme, les armes nucléaires, bitude de se répartir entre elles les che de la Grande-Bretagne que l’Al- que de neutralité. Néanmoins, je qu’est parfois l’Europe aux yeux des partisans de divinités plus « vraies » chimiques ou bactériologiques. pays européens de taille et d’impor- banie, alors que, tôt ou tard, l’Alba- pense qu’ils se poseront un jour la Américains ont un sens, et cela vaut que d’autres, ce qui les élève plus Quitte à déplaire à certains, tance plus modestes sans leur nie figurera certainement parmi les question de l’intérêt du statut de neu- la peine de continuer à les suppor- haut que les barbares, les païens et j’estime qu’une partie au moins de demander leur avis, que ce soit par candidats à l’adhésion. La Russie tralité dans le monde d’aujourd’hui ter. Dans quel coin du monde autres sauvages. Dans la lutte contre ces unités devraient se voir égale- un pacte tel que celui de Ribbentrop- occupe une grosse partie de l’Euro- et réévalueront à la fois son intérêt l’Amérique irait-elle chercher un les sauvages, c’est au nom de la ment doter de compétences policiè- Molotov, ou, indirectement, par des pe, mais elle est indubitablement et ses contraintes. allié ou un partenaire plus proche « bonne et juste vérité » que les plus res, et non seulement militaires. traités, comme celui de Yalta, le une entité euroasiatique, entière- On comprend aisément que dans que l’Europe ? grandes atrocités ont eu lieu. (…) Qu’est-ce qui empêche aujour- présent élargissement de l’Alliance ment autonome, et son adhésion à un monde bipolaire, beaucoup de Il y a six mois, à l’occasion du ren- J’ai du mal à imaginer comment d’hui ce type de transformation, indique clairement que la période de l’Alliance n’aurait aucun sens. La seu- pays souhaitent pour une raison ou dez-vous de l’OTAN avec la Russie on pourrait faire front au terrorisme qu’est-ce qui la freine ? A mes yeux, ce genre de partage est définitive- le conséquence serait de rendre les une autre conserver leur neutralité. en Italie, nous avons consacré la vali- mondial aux côtés des Russes, sans ce ne sont rien d’autre que l’inertie ment révolue. L’Europe n’est plus, deux partenaires considérablement Mais si ces blocs n’existent plus et si dité d’un lien institutionnel nou- leur faire savoir ce que l’on pense de et le bureaucratisme, des habitudes ne sera plus et ne doit plus être parta- affaiblis, sinon dérisoires. (…) tous les hommes ont pour ennemi veau, plus fort, unissant ces deux la guerre qu’ils mènent contre la acquises avec le temps et qui provo- gée en deux, malgré ses citoyens et Où commence et s’arrête la civili- commun le crime organisé, le terro- entités importantes. J’attends avec nation tchétchène, ou encore com- quent l’effroi devant tout ce qui est malgré leur volonté de rejoindre une sation que l’Alliance cerne ou risme et la prolifération des armes impatience les nouvelles sur le fonc- ment on pourrait lutter, aux côtés de de destruction massive, que penser tionnement de ce nouveau partena- la République populaire de Chine, de la neutralité ? Peut-on rester neu- riat, les résultats de la coopération pour le droit des peuples à la souve- tre à l’égard de ceux qui commettent qu’il institue en matière de lutte con- raineté sans mentionner la politique des attentats et des meurtres de mas- tre le terrorisme et les autres dangers de cette dernière au Tibet. (…) ses contre la population civile ? (…) menaçant les deux parties. Après tout ce que nous avons Néanmoins, je tiens à rappeler e Texte extrait d’une intervention, le e vécu au XX siècle et compte tenu de l’avertissement que j’ai formulé à 20 novembre, à Prague, au cours de la tout ce qui se passe sur cette planète Rome : ce lien solide entre l’OTAN conférence internationale organisée qui implique d’une manière ou et la Russie ne devrait nullement par l’Institut Aspen, qui a précédé le d’une autre les Etats-Unis, il me sem- donner l’impression que l’hémisphè- sommet de l’OTAN. ble que les Européens devraient re Nord, plus riche que le Sud, pacti- Traduit du tchèque par avoir une meilleure intelligence de la se à son détriment. Commence l’ère Suzana Tomanova OGM : le quiproquo
OSÉ BOVÉ, syndi- pas toujours, comme cela se passe blèmes car les insecticides contenus caliste de la Confé- hélas aujourd’hui aux Etats-Unis. dans ces plantes ne sont pas homo- dération paysanne Les contaminations des cultures logués comme les autres, et ne subis- est envoyé en pri- tout-venant par des produits phar- sent pas de tests toxicologiques son pour avoir fau- maceutiques seraient en effet dange- approfondis. J ché des champs : on reuses. On peut parfaitement ne pas n’avait pas vu cela Revenons aux autres champs fau- adhérer, voire dénoncer certains en France depuis le temps des rois. chés. Les plantes OGM alimentaires comportements de José Bové. Il Pour que ce phénomène étrange expérimentées cultivées contien- n’en demeure pas moins qu’il a joué soit socialement possible, on doit nent dans 90 % des cas le caractère avoir touché des valeurs devenues de tolérance à un herbicide, seul ou , presque sacrées dans la société : la accompagné. On les a modifiées , , science, et plus particulièrement le génétiquement afin qu’elles puis- (présidente), génie génétique, la recherche, et sent absorber un désherbant sans , - donc, par ricochet, la croissance mourir : cela correspond-il à une - économique. stratégie intéressante sur le plan (président du conseil scientifique) Science, recherche ? On semble environnemental ou sanitaire ? sont membres du CRII-GEN entretenir volontairement un qui- Nous ne le pensons pas. Réduire les (Comité de recherche proquo sur la nature même des herbicides est un objectif qui pour- et d’information indépendantes essais aux champs des plantes trans- rait être atteint en stimulant l’agri- sur le génie génétique). géniques, les fameux OGM. En fait, culture biologique ; elle sait déjà ces cultures ne peuvent apporter, s’en passer. Celle-ci est bien plus pour l’essentiel, que très peu de nou- demandée d’ailleurs par le public le rôle de brise-glace pour un com- velles connaissances, très indirecte- que les OGM. bat syndical contre l’industrialisa- ment. Bien sûr, quelques recherches En fait, ce type d’OGM accompa- tion de l’agriculture, l’appauvrisse- très encadrées scientifiquement sur gne techniquement dans le monde ment des paysans et leur prise en les risques de pollinisations croisées le développement de l’agriculture otage par la contamination que peu- de plantes et les disséminations intensive, et sa compatibilité avec vent provoquer les OGM. sont intéressantes, mais elles n’ont l’agriculture durable est hautement De plus les brevets sur les OGM nullement besoin des OGM en tant discutable. Selon plusieurs rapports, plantes ou animaux posent des ques- que tels pour être menées, dans la ces OGM ne réduisent pas la quanti- tions fondamentales sur la réparti- réalité. té globale d’herbicides épandus tion des richesses et la structure de Et de toute manière, ces essais mais change leur nature. Un seul la société de demain, sans doute purement de recherche, correspon- désherbant comme le Roundup tue bien plus que les brevets sur les dent à une petite minorité des surfa- à peu près tout sauf les OGM tolé- gènes humains. Veut-on voir l’essen- ces expérimentales (8 %). Les rants, mais cela crée des repousses à tiel des variétés de riz, soja, maïs, champs d’OGM expérimentaux en contrôler par d’autres herbicides, blé protégées par des brevets ? C’est Europe servent donc très largement comme dans le cas du colza. Le pro- parce que les médicaments sont pro- à mettre au point de nouvelles varié- cessus revient à une aide technique tégés par des brevets que les pays tés de plantes commerciales. En pour les grandes cultures qui ont les plus pauvres en manquent cruel- France, un des pays où les statisti- l’habitude de faire appel par exem- lement. ques sont les mieux tenues et qui a ple à des avions pour leurs épanda- Nous devons donc, dans notre été leader dans les expérimenta- ges : le nettoyage systématique des société ouverte et éduquée, éviter tions, plus de 60 % des cultures cuves en changeant d’herbicide quiproquos et amalgames. Les lut- d’OGM autorisées sont alimen- n’est plus nécessaire. tes syndicales contre les OGM ne taires, et plus de 30 % sont destinées Les essais d’OGM autorisés pour peuvent en aucun cas être raisonna- à produire des médicaments. le Cirad ne faisaient pas exception blement réduites à de l’obscurantis- Ces dernières ont d’ailleurs pour et contenaient ce caractère et/ou me hostile à la recherche : ce serait vocation d’être davantage confi- leur propre insecticide. Ce deuxiè- faire une erreur grossière par nées, même si elles n’y parviennent me type d’OGM pose aussi des pro- méconnaissance du dossier. LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/17 HORIZONS ANALYSES 0123 La Roumanie et le spectre de la Securitate
RETROUVER LES TOMBES de Nicolae et joué aujourd’hui par les anciens agents de la toujours aux mains du Service roumain de Elena Ceausescu, le couple dictatorial qui a Securitate est un mélange de réalité et de my- renseignement. Avant d’avoir accès à leurs Hold-up sur l’OTAN dirigé la Roumanie pendant vingt-cinq ans, thologie et ne représente pas une source d’in- dossiers, les intéressés doivent attendre que n’est pas chose aisée. Il faut se faire accom- quiétude pour l’OTAN », a déclaré récemment ceux-ci soient vérifiés par le SRI. Ce proces- CRÉÉE en 1949 pour contrer que massive a disparu, la sécuri- pagner dans le cimetière militaire Ghencea Mircea Geoana, le ministre roumain des affai- sus peut prendre plusieurs mois, voire un an, la menace communiste sur l’Eu- té du Vieux Continent peut être de Bucarest puisque les deux tombes sont res étrangères. ce qui explique le petit nombre de consulta- rope occidentale, l’Alliance mise en cause par le terrorisme presque introuvables : 2 mètres carrés de Pourtant, cette opinion est contestée en tions : 862 sur 7 208 demandes en deux ans. atlantique et son organisation international ou par la complici- terre dans laquelle on a planté deux croix Roumanie. Les journaux de Bucarest ont sou- « Ces dossiers sont notre chance de nous militaire, l’OTAN, s’étendront té de groupes terroristes et improvisées. Le nom du « génie des Carpa- vent appelé les autorités à éclaircir cet aspect guérir du trauma totalitaire, déclare Horia- désormais jusqu’aux frontières d’Etats peu scrupuleux, comme tes » est à peine lisible. nébuleux de l’histoire récente du pays. Selon Roman Patapievici, membre du CNSAS. Nous de la Russie. Ce jeudi 21 novem- l’Irak de Saddam Hussein. Geor- Après l’exécution sommaire du Conducator les médias roumains, il faut non seulement vivons dans une sorte de schizophrénie : on bre à Prague, sept nouveaux ge W. Bush n’a pas complète- et de son épouse en décembre 1989, les Rou- interdire l’accès des anciens agents de la po- déteste le communisme, mais on continue de se Etats ont en effet été invités à ment tort quand il exhorte ses mains semblent avoir voulu se débarrasser en lice politique à la fonction publique, mais soumettre à ses critères. Après l’expérience tota- entrer dans une institution qui alliés européens à s’entendre et hâte non seulement de leurs cadavres troués aussi encourager les Roumains à se confron- litaire, la société roumaine reste complètement avait à l’origine pour fonction à s’armer pour conjurer les nou- de balles, mais aussi d’une mémoire collective ter à leur propre passé. Vaste mission. déstructurée. Le pire est que nous avons intério- de garder « les Américains en veaux dangers, au lieu de prépa- qui continue de hanter leur imaginaire. risé les critères de nos bourreaux. Nous sommes Europe, les Soviétiques en dehors rer les guerres d’avant-hier, voi- Le spectre de la Securitate, la police politi- 1,8 comme une mayonnaise qui a tourné. » et les Allemands sous contrôle ». re de songer seulement à que du régime communiste, est toujours pré- Depuis deux ans, ils ont en effet accès aux La députée du parti extrémiste de la Gran- Parmi eux, des membres de l’ex- engranger les dividendes de la sent dans leur vie quotidienne. Selon les 12 kilomètres linéaires de dossiers que la de Roumanie, Daniela Buruiana, défend un pacte de Varsovie mais aussi les paix. médias roumains, bon nombre d’officiers de Securitate a établis sur leur compte. En cin- autre point de vue. « Le passé nous empêche Etats baltes annexés par l’URSS Si l’OTAN n’adapte pas ses la Securitate ont été recyclés par son héritier, quante ans de régime communiste, la police de construire notre avenir, précise-t-elle. Le en 1939. Que d’anciennes Répu- moyens de riposte à la menace le Service roumain de renseignements (SRI). politique de la dictature a rédigé 1,8 million CNSAS est une institution inutile. » La commis- bliques soviétiques fassent par- de demain, elle est condamnée D’autres sont devenus des acteurs importants de dossiers. Et comme ceux-ci visaient non sion parlementaire dont elle est vice-prési- tie de l’OTAN, sans que Moscou à un lent dépérissement, quand de la vie politique et économique de la Rou- seulement la personne surveillée mais aussi dente a entamé des démarches pour en pren- élève de véhémentes protesta- bien même elle continuerait à manie postcommunisme. sa famille et ses amis, la Securitate a réussi la dre le contrôle. tions, était inimaginable, voilà s’élargir. C’est pourquoi les Entre-temps, la Roumanie a posé sa candi- prouesse de radiographier la vie privée de encore quelques années. La Etats-Unis pressent leurs alliés dature à l’Union européenne et à l’OTAN. Le millions de Roumains. ’ guerre froide est bel et bien d’augmenter leurs dépenses sommet de l’Alliance atlantique, prévu à Pra- Il aura fallu dix ans pour que les autorités L’intention du CNSAS de révéler l’identité finie, George W. Bush ira à militaires, de réformer leurs gue vendredi 22 novembre, devra décider de roumaines décident de créer, en 2000, le des officiers de la Securitate qui ont trempé Saint-Pétersbourg le répéter à armées, de créer des forces son adhésion. La presse américaine, notam- Conseil national pour l’étude des archives de dans la police politique détériore aussi ses rap- son ami Vladimir Poutine dès la dotées des équipements les ment le Washington Post, s’interroge d’ores et la Securitate (CNSAS). Malgré la création de ports avec les services de renseignements. fin du sommet de Prague. plus modernes compatibles déjà sur les risques d’une telle opération. cet organisme, l’accès des Roumains aux Une liste d’une centaine d’ex-agents devrait Le continent européen avan- avec l’armement et la technolo- La question qui se pose est très simple : archives de la Securitate et la révélation de être rendue publique, mais le SRI s’y oppose, ce ainsi vers sa réunification gie dont disposent les troupes comment intégrer dans l’OTAN des services l’identité des officiers qui ont fait partie de la tandis que la commission parlementaire me- plus vite au sein de l’Alliance américaines elles-mêmes. Fau- de renseignements connus pour leur hostilité police politique restent problématiques. nace les membres du CNSAS de la prison. atlantique sous la houlette des te de quoi ils deviendront pour à l’égard de l’Occident et qui ne se sont pas En effet, les archives qui contiennent les Mais les vrais enjeux sont ailleurs, car d’an- Etats-Unis qu’au sein de l’Union Washington des alliés inutiles, suffisamment réformés ? « La question du rôle dossiers de l’ancienne police politique sont ciens officiers ayant appartenu à la police européenne, où les conditions voire gênants. politique de Ceausescu sont toujours en d’adhésion sont plus difficiles à Ce programme serait cepen- poste. La loi apporte une définition claire de remplir. dant plus convaincant s’il dé- la police politique : « Toute action qui porte La situation en est d’autant coulait d’une vision concertée Santé atteinte aux droits de l’homme. » Or surveiller plus paradoxale. Les nouveaux entre les Américains et les Euro- quelques millions de Roumains, les mettre venus de l’OTAN entrent dans péens, s’il s’appuyait sur une sur écoute sans mandat, leur interdire la li- une organisation qui n’est plus analyse commune des risques berté d’expression, les arrêter, les interroger, celle à laquelle ils avaient posé et des remèdes. Or il n’en est les torturer, sont bien des atteintes aux droits leur candidature il y dix ans. Ils rien. Dans la conception des de l’homme. voulaient alors contracter une Etats-Unis, l’OTAN doit être au La minutie avec laquelle la Securitate a éta- assurance-vie contre une éven- service de la politique américai- bli ces dossiers trahit son intention de faire tuelle menace de l’Est ; ils se ne. On peut déplorer ce hold-up croire que ses activités étaient légales, expli- retrouvent dans un régiment de américain sur l’Alliance. Mais que Germina Nagat, membre du CNSAS. En pompiers appelés à éteindre les aussi longtemps que les Euro- fait, si l’on étudie la législation de l’époque conflits qui pourraient surgir péens ne se seront pas donné communiste et les règlements intérieurs de la autour de l’Europe et même les moyens de se faire enten- Securitate, on s’aperçoit que les activités de la au-delà. dre, leurs protestations reste- police politique n’avaient aucune base légale. Car si le spectre d’une atta- ront vaines. Les officiers qui l’ont pratiquée l’ont fait en toute illégalité. C’est là une raison suffisante pour que les victimes poursuivent leurs bour- 0123 reaux d’antan en justice. Plusieurs procès ont Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani déjà été entamés et les anciens officiers de la Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Securitate se sentent menacés. Noël-Jean Bergeroux. Douze ans après la chute du régime commu- Directeur général délégué des rédactions : Edwy Plenel niste, la Roumanie frappe aux portes de Directeur général délégué des opérations : Fabrice Nora Directeur général adjoint : René Gabriel l’OTAN. Nicolae Ceausescu et son épouse Ele- Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain na ne sont plus de ce monde. Mais une paro- die de procès et une exécution sommaire du Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau couple dictatorial semblent insuffisantes Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin pour qu’une société entière puisse aller de Directeur artistique : François Lolichon l’avant. Le prix que la Roumanie doit payer Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard pour entrer dans la famille euro-atlantique Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer Rédaction en chef centrale : semble plus fort que l’édification hâtive de Alain Debove, Eric Fottorino, Alain Frachon, Laurent Greilsamer, Michel Kajman, deux tombes. Y est-elle prête ? Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre Rédaction en chef : Mirel Bran François Bonnet (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; Anne Chemin (Société) ; Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Franck Nouchi (Culture) ; Josyane Savigneau (Le Monde des Livres) ; Serge Marti (Le Monde Economie) toure depuis sa réélection. Dans cet sur des sujets dont chacun recon- peu contradictoire : le président Médiateur : Robert Solé Chirac, acte II univers aseptisé, les problè-mes tri- naîtra le peu d’importance, comme se tient à distance, mais ignore le viaux sont renvoyés au l’emploi, le pouvoir d’achat, les retournement de la conjoncture Directrice des projets éditoriaux : Dominique Roynette Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directrice de la coordination des publications : Anne Chaussebourg Suite de la première page gouvernement, les journalistes te- retraites, la santé ou l’éducation économique et confirme, par exem- Directeur des relations internationales : Daniel Vernet nus à distance même physique- nationale… ple, son engagement sur la baisse Plus classiquement, le chef de ment par une corde durant les Plus préoccupant encore, qui des impôts comme l’alpha et Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président l’Etat s’appuie sur la posture tra- déplacements présidentiels… et les confirme la difficulté de la classe l’om2ga de sa politique alors même Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), ditionnelle des présidents de la contacts avec les Français se limi- politique de droite comme de gau- que, déjà peu plausible, l’évolution André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) e V République : très actif sur la tent à quelques bains de foule soi- che à rétablir le lien avec les de la situation la rend irréaliste, au Le Monde est édité par la Société Editrice du Monde (SAS) scène internationale, plus distant gneusement organisés, où, le plus milieux populaires, la cote de Jac- risque d’ajouter au non-respect des Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : sur la scène intérieure. A l’interna- souvent, les militants gaullistes, par- ques Chirac a, depuis le début de promesses l’accusation de manque 145 473 550 ¤. Actionnaires directs et indirects : Le Monde SA, Le Monde et Partenaires Asso- ciés, Société des Rédacteurs du Monde, Société des Cadres du Monde, Société des Employés du tional, Jacques Chirac porte à nou- don UMP, que l’on a eu la précau- l’année, regagné 11 points de con- de lucidité. Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, veau le message de « la Grande tion de faire venir sont plus nom- fiance chez les cadres supérieurs Société des Lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Nation », comme nos voisins appel- breux que les citoyens ordinaires. mais en a perdu 6 chez les ouvriers Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations, Société des Personnels du Monde. lent non sans ironie la France, qui où elle ne se situe qu’à 39 %. L’ima- Les électeurs, en particulier ceux www.lemonde.fr édité par Le Monde Interactif. s’inquiète de l’avenir de la planète ge d’un pouvoir acceptant trop faci- de droite, ne demandent pas à Jac- Président du conseil d’administration : Jean-Marie Colombani. Directeur général : Bruno Patino à Johannesburg, agit pour la paix à Cette autoprotection sera-t-elle lement la remontée du chômage et ques Chirac une présidence à voca- l’ONU et défend plus prosaïque- suffisante pour assurer une popu- au service des privilégiés transpa- tion internationale ou simplement ment ses intérêts face à l’Allema- larité non seulement immédiate raît déjà derrière des chiffres glo- arbitrale à seule fin de soigner une RECTIFICATIFS réalité intitulé Le monde ne suffit pas. gne et à l’Angleterre. L’électeur est mais tout au long du deuxième baux encore rassurants. cote de popularité sans grand con- prié de saluer celui qui tient tête à mandat ? L’affaire irakienne y pour- En revenant à la conception tradi- tenu. Ils ne lui réclament pas davan- PÉTROLIER. Dans l’entretien PRÉCISIONS Bush, menace Blair de tailler dans voit pour un temps, mais tous les tionnelle de la fonction présiden- tage la gestion notariale de ses pro- concernant le naufrage du pétro- ses avantages européens et conclut exemples passés montrent que la tielle, Jacques Chirac a choisi délibé- messes électorales. Ils souhaitent lier Prestige que nous a accordé MAFIA. Le mot « coordinateur » – avec Schröder un accord qui laisse confiance obtenue durant les gran- rément de ne donner aucune signifi- une présidence active où l’on ne se Loyola de Palacio, commissaire que nous avons employé en titre quelques années supplémentaires des crises internationales disparaît cation particulière au passage au contente pas de humer l’air du européenne (Le Monde du d’un article consacré à la mort, au de tranquillité à nos agriculteurs. avec elles et ne laisse même aucun quinquennat autre sans doute que temps pour construire les discours 20 novembre), elle évoquait le Venezuela, de Lillio Lauricella (Le A l’opposé, le président reste à dividende. D’ores et déjà, les diffé- celle de donner davantage de chan- du jour jamais en concordance droit maritime qui date des XVIIIe Monde daté 17 -18 novembre) – bonne distance des difficultés rents sondages de popularité des ces à un troisième mandat… Pour- avec des actes. Ils aspirent à un pré- et XIXe siècles et non des « IIIe et n’existe que sous forme d’adjectif. quotidiennes de l’Hexagone. Au instituts, s’ils sont assez largement tant le quinquennat, nolens volens, sident qui s’engage personnelle- XIXe siècles », comme nous le lui Cette personne était donc le « coor- premier ministre de les gérer au favorables, font apparaître des a pour effet de lier davantage le ment dans les réformes profondes avons fait dire par erreur. donnateur » de la Mafia italienne en mieux, en courant le risque d’être écarts traduisant la grande subtilité pouvoir présidentiel et le pouvoir toujours repoussées comme les Corse. remercié, différence majeure avec des sondés. gouvernemental puisque le retraites, le financement de la san- JAMES BOND. Dans notre article le premier septennat où Jacques La cote de Jacques Chirac est moment de l’élection et le temps té ou le montant des dépenses consacré à l’intrusion des marques ALLEMAGNE. Nous avons annon- Chirac avait commis l’erreur de se d’autant plus grande que l’on dévolu sont les mêmes. Jean-Pierre publiques, à condition qu’elles dans les aventures cinématographi- cé par anticipation en « une » du lier à Alain Juppé au point de pré- tourne le dos à l’Hexagone et à Raffarin, qui se protège lui-même, soient équitables dans l’effort et ques de l’agent 007, nous avons tra- Monde du 20 novembre la publica- férer courir le risque de la disso- ses problèmes. 61 % des Français, ne dit pas autre chose quand il qua- le partage. duit trop littéralement le titre d’un tion d’un article sur l’alourdisse- lution plutôt que de changer de pre- contre 38 % d’avis contraire, jugent lifie de charte de son gouverne- Ils attendent davantage d’explica- précédent épisode, The World is Not ment de la fiscalité en Allemagne. mier ministre, comme l’aurait favorablement son action des six ment les engagements de campa- tions sur les difficultés rencontrées Enough, en Le monde n’est pas assez. Ce sujet n’a en fait été abordé que demandé une pratique normale des mois écoulés, plaçant en tête sa gne du candidat Chirac. et leurs conséquences sur les La version française de ce film est en dans l’édition du 21 novembre. institutions. Désormais, il n’y a plus politique étrangère (Ifop-Le La question de fond est de savoir choix, ils rêvent d’un langage plus de « couple exécutif », mais plus Figaro), 53 % contre 40 % ont une si le président fait le meilleur calcul proche de la vérité. Pour les élec- 0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SAS). La reproduction de tout article est interdite sans modestement un tandem où, con- bonne opinion de lui comme prési- en se tenant à bonne distance de teurs et son propre camp, réussir le l’accord de l’administration. Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0707 C 81975 fortablement installé à l’arrière, dent (BVA-Match), mais seulement l’action gouvernementale pour se deuxième mandat, c’est demander ISSN 0395-2037 celui qui commande invite son par- 50 % contre 48 % lui font confiance protéger, ou s’il choisit d’apparaî- à Jacques Chirac de moins suivre Imprimerie du Monde tenaire à pédaler plus fort. pour « résoudre les problèmes du tre au contraire comme celui qui les humeurs de l’opinion pour 12, rue Maurice-Gunsbourg Président-directeur général : Dominique Alduy Tout est fait pour protéger le pré- pays » (Sofres-Figaro Magazine). Si assume devant les électeurs les davantage imprimer sa marque. 94852 Ivry cedex Directeur général : Stéphane Corre sident : les institutions, son im- la confiance est grande sur la politi- grandes orientations pour donner 21 bis, rue Claude-Bernard - BP218 75226 PARIS CEDEX 05 munité, un entourage vigilant et que étrangère et la lutte contre l’in- un sens à son mandat. Pour le Jérôme Jaffré PRINTED IN FRANCE Tél : 01-42-17-39-00 - Fax : 01-42-17-39-26 une révérence nouvelle qui l’en- sécurité, elle est déjà minoritaire moment, la situation est quelque pour 0123 18/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 HORIZONS KIOSQUE DANS LA PRESSE FRANÇAISE a LE NOUVEL OBSERVATEUR Les inculpés du « Bounty » Jean Daniel Le passage dans l’opposition s’est déroulé pour les vaincus de la Descendants des fameux mutins, des occupants de l’île de Pitcairn, rocher perdu du Pacifique, sont accusés de viol. même et désastreuse manière. En 1974 pour la gauche, en 1981 pour Selon le « Daily Post », s’ils sont condamnés, c’est la population mâle qui risque de se retrouver en prison la droite, en 1997 pour la droite et en 2002 pour la gauche, on a eu LA SÉCHERESSE, les cyclones, le britannique. Cette décision peut pour se cacher après un périple de des maisons en dur pour toute sa droit au même spectacle : le désar- la pénurie d’eau et de nourriture, paraître assez logique, car plus des deux mois qui les avaient conduits « famille ». Il mourra en 1829, à roi, la division, l’amertume et les meurtres, la dictature d’un trois quarts des personnes impli- aux îles Cook, à Tonga et à Fidji. l’âge de 62 ans. Les premiers visi- l’autocritique masochiste. De leader menteur, l’alcoolisme, le quées dans cette triste affaire – vic- Le Bounty fut rapidement ancré teurs à s’installer à Pitcairn, en même que la droite se reprochait passage d’une religion à une au- times et inculpés compris – vivent près des côtes et dépouillé de sa 1808, étaient américains. En 1831, de n’avoir pas été assez à droite, tre… La microscopique île de Pit- [des mineures] est de 12 ans. Selon aujourd’hui dans la plus grande cargaison de cochons, poulets et la population fut transférée à Ta- de même la gauche s’accuse cairn, un caillou de 9,6 kilomètres les insulaires, l’adultère et l’inceste ville de Nouvelle-Zélande. Douze patates douces. Les voiles furent hiti, mais plusieurs personnes aujourd’hui d’avoir trahi ses de circonférence situé dans le Paci- y sont fort répandus. » Ces prati- hommes, qui devront répondre de pendant des années utilisées pour revinrent la même année sur leur valeurs, au lieu de s’interroger sur fique à égale distance de la Nouvel- ques sont punies par la loi. Pit- plus de vingt chefs d’accusation, fabriquer des vêtements. Par peur caillou. Une autre tentative d’en- le sens du désaveu que le peuple le-Zélande et du Pérou, a résisté à cairn est en effet le dernier pro- devraient être arrêtés prochaine- d’être repérés par des bateaux voyer en 1856 les 194 Pitcairniens lui a opposé. Je ne dis pas que la tout depuis l’arrivée des mutins du tectorat de Sa Majesté dans les ment. « S’ils venaient à être empri- européens naviguant au large, et à Norfolk, une île inhabitée mais droite et la gauche sont identiques Bounty, en 1790. Mais cette « com- mers du Sud. sonnés à 4 800 kilomètres de leur afin d’effacer toute trace de leur couverte de terre arable où et que leur antagonisme ne veut munauté pourrait être menacée « Le procès ne pourra toutefois domicile, les conséquences sur l’île mutinerie, les anciens marins de vivaient de nombreux animaux, plus rien dire. Je dis que les partis d’extinction en raison des accusa- pas se tenir [sur l’île], car elle est seraient catastrophiques. » Sa Majesté mirent le feu à leur voi- s’est vite soldée par le retour de de gauche, en renonçant à une tions d’abus sexuels qui ont été por- trop éloignée », prévient le Daily lier. Mais la vie au quotidien sur 43 personnes. part incertaine de leur identité (le tées contre une vingtaine d’hommes Post. Ce rocher volcanique, qui ne Pitcairn s’est vite révélée difficile. L’île survit grâce à l’aide de Lon- socialisme collectiviste) et les par- sur les cinquante habitants de cette possède pas de port, d’hôtels et Ce territoire isolé de tout et de Après plusieurs révoltes des dres et aux revenus tirés de la vente tis de droite, en renonçant au minuscule population », prévient le d’aéroport, n’a pas les moyens tous a déjà vécu de nombreuses Tahitiens, qui étaient traités com- de timbres très recherchés par les conservatisme chauvin, ont mis fin Daily Post de Fidji. d’accueillir durant plusieurs jours, crises en deux siècles d’histoire. me des esclaves, des meurtres philatélistes. Les subventions anglai- à toute une tradition de guerre civi- L’avenir de cet îlot perdu au voire des semaines, une armée de En arrivant le 15 janvier 1790 à Pit- entre colons et les inévitables acci- ses ont probablement sauvé ce terri- le franco-française issue de la cœur du plus vaste océan de la pla- juges, d’avocats, de procureurs, de cairn, Christian Fletcher et huit dents et maladies qui ont frappé toire d’une fin certaine. Mais la téna- Révolution de 1789. Cette paix rela- nète paraît sombre. « Une enquête policiers et de témoins. autres mutins accompagnés de six cette minuscule communauté, cité des juges pourrait bien causer tive est le fruit d’une double mutila- de deux ans a révélé des abus Sur requête du parquet britanni- hommes et de douze femmes pro- huit des neuf mutins ont disparu sa perte. tion dont les protagonistes ne sont sexuels systématiques des jeunes que, le Parlement néo-zélandais a venant de Tahiti, que les rebelles avant 1800. Le seul survivant, pas encore consolés. filles de l’île par des hommes plus voté, le 14 octobre, une loi permet- avaient visité après leur révolte John Adams, à la tête d’un groupe Frédéric Therin âgés. Certains [des accusés] consi- tant la création à Auckland d’un contre le capitaine William Bligh, de dix femmes et de vingt-trois a L’EXPRESS dèrent que l’âge de consentement tribunal exceptionnel sur le modè- pensaient avoir trouvé le site idéal enfants, a construit au fil des ans e www.fijilive.com Denis Jeambar Avant l’Histoire, il y a toujours la LA SÉLECTION DE COURRIER INTERNATIONAL SUR LE NET géographie. L’ignorer, c’est à coup sûr se fourvoyer. L’Europe court ce Les documents cités sont accessibles risque avec la Turquie. N’en déplai- à l’adresse se à Washington – qui pousse www.lemonde.fr/surlenet Ankara l’anatolienne dans les bras Le gouvernement Jettou vu par la presse marocaine de Bruxelles pour mieux fidéliser Hépatite B cette pièce sur son vaste échiquier La lenteur des négociations au sein de la coalition risque de profiter au parti islamiste PJD a L’Agence française de sécurité stratégique –, la vocation géogra- sanitaire des produits de santé phique, et par conséquent politi- DEPUIS l’annonce de la forma- remment, dans l’esprit de nos diri- que explicite les dessous du mécon- mique signale qu’il reproche à son (Afssaps) estime que les études épi- que et culturelle, de la Turquie est tion de l’équipe du premier minis- geants, former un gouvernement est tentement : « On tire d’abord à bou- chef d’avoir accepté que deux nou- démiologiques ne permettent pas de devenir la grande nation moder- tre Driss Jettou, le 8 novembre, il une question de partage ». lets rouges sur la méthode utilisée » veaux ministres « soient au parti en de statuer sur les risques de scléro- nisatrice du Proche-Orient et de ne passe pas de jour sans que la par les dirigeants des partis qui ont tant que ministres istiqlaliens alors se en plaques chez les personnes l’islam. Si l’aider à se développer et presse indépendante affiche son « » mené les négociations. Ainsi, nom- qu’ils n’ont d’autre relation avec l’Is- vaccinées contre l’hépatite B. à parvenir à une authentique matu- scepticisme. Jamais la nomination La grogne de la presse fait écho à bre de responsables de l’USFP de tiqlal que d’ordre généalogique avec http://afssaps.sante.fr/htm rité démocratique est un impératif, d’un gouvernement au Maroc n’a celle, encore plus menaçante pour l’ex-premier ministre Youssoufi deux de ses dirigeants ». Quant au /10/filcoprs/021101.htm l’intégrer à l’UE, c’est défier la véri- suscité tant de tensions, au point la cohésion du cabinet, qui traverse ont mal admis son obstination à Rassemblement national des indé- a Deux études parues dans le New té géographique et s’exposer à que le quotidien populaire arabo- les partis de la coalition. Pour l’heb- mener « les négociations de maniè- pendants (RNI, proche du Palais), England Journal of Medicine en d’immenses périls. Les zélateurs de phone proche des socialistes de domadaire électronique francopho- re trop personnelle, en mettant en le quotidien Aujourd’hui le Maroc 2001 écartent ce soupçon. la Turquie européenne s’époumo- l’USFP, Al-Ahdath Al-Maghribia, ne L’Observateur, « aucune des for- confidence quelques rares pro- rappelle qu’il est « secoué par une F http://content.nejm.org/cgi nent pour nous faire croire qu’un lui prédit déjà « une courte vie ». mations politiques de la majorité ches ». fronde interne liée au choix des /content/short/344/5/327 rejet serait un ratage historique. Le gouvernement nommé par actuelle n’échappe aux soubresauts L’Istiqlal (nationaliste) d’Abbas ministres du parti ». F http://content.nejm.org/cgi Mais, entre cette intégration et Mohammed VI après les législati- postconstitution du gouvernement ». Al-Fassi ne sort pas non plus indem- Bref, « les leaders des partis politi- /content/short/344/5/319 rien, il y a la place pour tout. Et, ves du 27 septembre est d’abord cri- L’hebdomadaire La Vie économi- ne de ces tractations. La Vie écono- ques sont devenus les cibles d’accusa- a L’association Arcat-sida réfute à notamment, pour une association tiqué pour la lenteur de sa forma- tions et d’offensives pour avoir avali- son tour ces dernières conclusions. qui permettrait aux héritiers de tion : plus d’un mois d’un proces- sé des noms qui ne disposaient « L’HEBDO » (Suisse) www.arcat-sida.org/hepatites l’Empire ottoman d’être la « Subli- sus « empreint d’une opacité en d’aucune popularité, même au sein /hepatiteB133.html me porte » d’une modernité pro- déphasage total avec les professions de leurs fiefs », résume le quotidien a La Banque de données automati- che-orientale. de foi de transparence du régime », L’Indépendant. D’où l’appel lancé sée sur les médicaments (BIAM) selon Le Journal. M. Jettou a pour par La Vie économique à « une recense les effets secondaires a FRANCE-INTER mission, dit l’hebdomadaire indé- véritable mise à niveau démocrati- démontrés ou supposés du vaccin. Bernard Guetta pendant, « de verrouiller les ministè- que de [ces]partis », dans la mesure www2.biam2.org/www Il est faux de dire qu’une adhésion res sensibles. En d’autres termes : où la crise est révélatrice de leur /Sub4569.html turque ouvrirait la porte à un élar- nommer des technocrates ou impo- « déficit de démocratie interne, crise a Le ministère de la santé publie le gissement illimité de l’Union euro- ser aux partis de recruter des techno- de légitimité des directions, faible rapport de la mission d’expertise péenne, car les seules autres candi- crates pour les intégrer ensuite dans renouvellement des élites partisanes, sur la politique de vaccination con- datures encouragées par les Etats le gouvernement comme ministres absence de débat d’idées et défaut tre l’hépatite B en France, ainsi membres sont celles de la Bulgarie, partisans ». Le cabinet est égale- d’ouverture sur la société et le mon- qu’un dossier d’accompagnement. de la Roumanie et des pays ancien- ment critiqué en raison de sa de de l’entreprise ». F www.sante.gouv.fr/htm/pointsur nement yougoslaves. Avec la Tur- nature jugée trop consensuelle, Dans l’attente de ce renouveau /vaccins/dartigues.pdf quie, l’élargissement toucherait au écartant, écrit le quotidien indépen- démocratique, c’est le Parti de la F www.sante.gouv.fr/htm/pointsur contraire à sa fin. Mais si nous dant Maroc le Jour, « une quelcon- justice et du développement (PJD, /vaccins/effets_sec_hep_b.htm disions que non, finalement, nous que velléité de rupture » ; ou méri- islamiste), principal gagnant des a L’Institut de veille sanitaire ne voulons plus des Turcs, nous tant, selon Maroc Hebdo, proche élections et grand absent du gou- (INvS) compare « les risques de pre- dirions clairement que nous ne des milieux sécuritaires, d’être con- vernement, qui va pouvoir avancer mières atteintes démyélinisantes voulons pas d’un grand Etat musul- sidéré comme « juste un lifting ». sur le « boulevard que lui ouvriront centrales aiguës et les bénéfices de man, même laïque. Ce serait notre Le journal d’affaires L’Economis- (…) les compromissions politiques la vaccination contre l’hépatite B ». liberté mais nous ne ferions là rien te ne cache pas son agacement des formations dites nationales », www.invs.sante.fr/beh/1999/9909/ d’autre que nous porter tort à face à l’absence d’une vraie alter- soutient Le Journal. Conclusion a L’Organisation mondiale de la nous-mêmes. Nous dirions alors, nance, soulignant dans un éditorial d’Al-Ahdath Al-Maghribia : «Le santé (OMS) pointe sur une map- en effet, que les islamistes avaient, que, « le gouvernement enfin formé, peuple a rempli son “devoir de pemonde les pays disposant d’une tout compte fait, raison, que les c’est la déception qui se confirme. citoyenneté” le 27 septembre, mais campagne de vaccination contre frontières de ce siècle sont religieu- Les mêmes partis politiques, la la nomination de Jettou ne concréti- l’hépatite B en 2002. ses et que l’Europe et l’islam doi- même majorité élargie et encore un se pas le droit du peuple à un gouver- www.who.int/vaccines-surveillance vent obligatoirement se faire face. peu plus diluée. Pour la plupart les Coulé. Le pétrolier « Prestige », qui transportait 70 000 tonnes de nement issu de sa volonté. » /graphics/htmls/hepb.htm Il y a mieux à faire que de laisser la mêmes hommes. A quoi servait-il fioul, a sombré au large des côtes espagnoles. Des centaines d’oiseaux de religion façonner des blocs. alors de faire des élections ? Appa- mer sont d’ores et déjà repeints en noir. Olfa Lamloum [email protected] AU COURRIER Antimondialisation gne chez « ces gens-là », comme Or c’est ce que vous faites, partici- DES LECTEURS et bolchevisme disait Brel, un relent de « grand pant ainsi à la stratégie de séduction Le vieillard que je suis a eu le tris- soir » et de « dictature du proléta- entamée par Le Pen, et qui lui a valu José Bové et les autres te privilège d’être le contemporain riat » qui n’est pas de nature à ras- le succès que nous savons au prin- Le paisible citoyen que je suis ten- du socialisme dit « réel » né en Rus- surer ceux qui préfèrent le verdict temps dernier. Je n’ignore pas que le drait à s’indigner de l’indignation sie et de toutes les horreurs qu’il a des élections aux diktats de la rue. lectorat du Monde n’est en rien de M. José Bové devant la peine – véhiculées. Après la chute du mur Fernand Glibert acquis aux slogans d’extrême droite, certes assez lourde – qui le frappe. de Berlin, nous croyions bien être Bruxelles (Belgique) et j’apprécie ordinairement la lucidité Prise isolément, elle semble être définitivement débarrassés de cette et la vigilance dont fait preuve votre conforme à la loi. Si on laisse les sanglante utopie. Inquiétant bonheur journal. Mais là vous avez offert une gens, syndicalistes ou non, détruire Aujourd’hui, je ne cache pas la La photographie deux fois répé- publicité à un homme et à des posi- les cultures de son prochain, où crainte que m’inspire le mouvement tée de Le Pen en « papa heureux » tions qui ne peuvent laisser neutres allons-nous ? dit « antimondialiste » qui est par- embrassant sa fille, l’enregistrement les démocrates et les humanistes Cela étant, on ne peut oublier venu à mobiliser plus d’un million sans commentaire de ses « prédic- convaincus que nous sommes. (…) une série de méfaits tout aussi gra- de personnes à Florence. Trop de tions » mégalomanes sur l’avenir de Claudie Bernard ves et publics : les prises d’assaut de drapeaux rouges, trop de poings son parti, l’absence de référence New York (Etats-Unis) préfectures, l’incroyable violation levés, trop de portraits de Che Gue- réelle à ses positions politiques, du bureau de la ministre de l’envi- vara et même de Lénine, trop de enfin son traitement en politicien Pour nous écrire : ronnement, Mme Voynet, en plein déclarations stigmatisant à la fois le comme un autre, c’est-à-dire identi- Le courrier des lecteurs du Monde, quartier des ministères ; sans ou- capitalisme et le socialisme réforma- fié à son image médiatique, me sem- 21bis, rue Claude-Bernard, blier les arraisonnements de ca- teur. J’y ai retrouvé la pire prose blent totalement inacceptables dans 75242 Paris Cedex 05. mions espagnols sur les autoroutes soviétique et de ses adeptes occiden- un journal comme le vôtre (Le Mon- Pour nous envoyer une télécopie : et la destruction de leur marchan- taux in illo tempore. (…) de du 8 novembre). Il ne s’agit pas 01-42-17-21-74. dise. Une violence proche de ban- Ce qui est inquiétant pour la dé- de diaboliser le chef du Front natio- Pour nous envoyer un courrier dits de grand chemin. Et tout cela mocratie, c’est la volonté déclarée nal – il n’est qu’humain, trop hu- électronique : dans une totale impunité qui nous de la majorité des tenants de ce main, hélas ! comme ceux qui le sui- [email protected] indigne, et depuis fort longtemps ! curieux amalgame qui s’autoprocla- vent. Mais on ne saurait abstraire ce Pour saisir le médiateur : Alors, pourquoi Bové et pas les ment représentants du peuple de fai- sinistre personnage des idées qu’il [email protected] autres ? re triompher la « nouvelle société » incarne et occulter celles-ci derrière ou par courrier. Raphaël Visocekas fort nébuleuse qu’ils souhaitent, par le visage avenant et apparemment Merci d’indiquer votre adresse Paris la rue plutôt que par les urnes. Il sta- inoffensif de sa fille. complète. LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/19 ENTREPRISES social
Le monde du transport routier est en ébullition. Les vendredi soir et que des barrages pourraient être mis des salaires sur trois ans mais la CFDT a fait d’un - encore réunies. Le patronat estime que de nouvelles syndicats et le patronat ne sont pas parvenus à un en place dès ce week-end, une - son cheval de bataille. FO pour sa part avancées sociales sont difficiles dans un secteur où la accord mercredi 20 novembre. Alors que la CFDT, pre- entre les partenaires sociaux est prévue vendredi réclame 11,4 % d’augmentation. Le gouvernement esti- concurrence est très forte. Mais celui-ci se - mière organisation, et la CGT ont fixé l’ à matin. Le patronat propose une augmentation de 9 % me que les conditions d’un conflit dur ne sont pas de plus en plus autour de grands groupes. Veillée d’armes chez les routiers Les négociations entre le patronat et les syndicats doivent reprendre vendredi matin, quelques heures avant l’ultimatum fixé par la CFDT. Les directions proposent une augmentation de salaire de 9 % sur trois ans ainsi qu’une prime
L’ÉCHÉANCE du conflit se rap- paralysée par des barrages de immobilisés pour une période indé- tier (FNTR) et l’Union nationale mais des engagements selon un Joël Le Coq se demande si «le proche mais les discussions ne camions hante le gouvernement, terminée. Elles ont aussi commen- des organisations syndicales des calendrier échelonné ». Plus incisif, patronat ne cherche pas à faire pres- sont pas interrompues. Après cinq qui a multiplié les appels à la pour- cé à saisir les huissiers qui seront transporteurs routiers automobi- Alain Arquier (CGT) a estimé que sion sur le gouvernement pour obte- heures de négociations, dans la soi- suite du « dialogue » (Le Monde du chargés de dresser des constats. les (Unostra). « les patrons se moquent de nous, nir des aides supplémentaires et des rée du mercredi 20 novembre, les 21 novembre). La menace de para- De leur côté, les syndicats ont éta- les chiffres donnés ne correspondent allégements de charges. On joue organisations syndicales et patro- lysie a commencé de prendre bli divers scénarios pour « s’instal- « » pas à la réalité ». Et Gérard Apruz- avec le temps, et plus le temps passe nales du transport routier se sont corps avec les actions des agricul- ler dans la durée », soit dès samedi, Présidés par un représentant de zese (FO) d’évoquer « une réelle plus la situation risque de se dur- quittées sur la persistance de désac- teurs de la FNSEA contre les plates- soit plus vraisemblablement à par- l’Etat, les débats se seraient tenus incompréhension sur des proposi- cir ». En tout état de cause, il consi- cords, mais « pas sur un constat formes de la grande distribution tir de la nuit de dimanche à lundi. dans un « climat plutôt serein ».En tions encore imprécises ». dère que les conditions ne sont pas d’échec ». Un nouveau rendez- (lire page 14). Une étape supplémentaire dans revanche, dès leur sortie, les repré- Après l’échec des deux premiè- vous a été fixé vendredi 22 au Dans les préfectures des zones l’aggravation de la tension pour- sentants syndicaux ont durci le ton res réunions, les représentants des matin, à quelques heures de la fin les plus sensibles (dépôts de carbu- rait être franchie, jeudi, lorsque les au vu de propositions jugées « insa- organisations patronales ont, cette Le souvenir de l’ultimatum fixé par la CFDT, rants et axes routiers majeurs), des dirigeants des syndicats auront ren- tisfaisantes, nébuleuses et floues », fois, avancé des augmentations du principale organisation, et la CGT plans d’intervention et de sécurité du compte du résultat de leurs dis- selon les termes de Joël Le Coq, salaire mensuel professionnel des barrages de 1996 avant l’engagement d’un conflit ont déjà été élaborés, tandis que cussions avec les trois principales secrétaire général de l’Union fédé- garanti de 9 % en moyenne, éta- La référence est évidente. Pour auquel FO pourrait se joindre. certaines sociétés de transport ont fédérations patronales, Transport rale routes (CFDT). Lors de déclara- lées sur trois ans, réparties en fonc- accentuer la pression sur les discus- A quelques semaines des fêtes mis au repos leurs chauffeurs afin logistique de France (TLF), la Fédé- tions précédentes, il avait indiqué tion des classifications. Ils y ont sions en cours, les syndicats de rou- de Noël, le spectre d’une France d’éviter qu’ils ne se retrouvent ration nationale du transport rou- « ne pas vouloir tout, tout de suite, ajouté un effort sur la garantie tiers n’hésitent pas à agiter le souve- annuelle des rémunérations nir des barrages qui ont désorganisé (GAR), une « prime » qui complé- l’activité économique du pays entre Un secteur en croissance et en cours de consolidation terait les douze mois de salaire les 18 et 30 novembre 1996, puis du sans atteindre le montant d’un trei- 2 au 7 novembre 1997, à l’issue des- zième mois généralisé dont la quels ils ont obtenu de réels avanta- LE TRANSPORT routier ne ces- une « stratégie d’offre globale » CFDT a fait son cheval de bataille. LA SNCF PREMIER TRANSPORTEUR DE FRANCE ges sur l’emploi, les rémunérations, se de gagner du terrain en France alors que les autres entreprises ont Après avoir confirmé la pérenni- les conditions de travail, le congé de et en Europe, essentiellement au une vocation soit plus nationale, sation du financement des congés Classement des groupes nationaux, en milliers d'euros fin d’activité… détriment du fret ferroviaire. Sur soit plus régionale. de fin d’activité, les fédérations Déjà en 1992, du 30 juin au les dix dernières années, alors que Groupes CA*RN** Effectif Actionnaire*** Les poids lourds français parcou- patronales ont suggéré l’ouverture 8 juillet, les routiers avaient bloqué le fret ferroviaire perdait 10 points rent chaque année plus de 30 mil- du chantier sur les classifications. les départs en vacances pour protes- de parts de marché, la route en liards de kilomètres mais la majori- Faute de chiffres précis sur les ter contre l’instauration du permis à GROUPE GÉODIS 3 497 100 137 900 25 000 SNCF Participations gagnait 15 en dépit d’une image té de leurs trajets sont réalisés sur modalités d’application concrète point. En septembre 2000, le blocus largement écornée auprès de l’opi- GROUPE GEFCO 2 649 000 49 000 7 680 PSA des distances relativement cour- de ces dispositions, les partenaires des raffineries avait été organisé par nion publique sur la pollution, la tes : 131 km pour compte d’autrui ont prévu de se revoir vendredi. GEOPOST 1 960 000 les patrons pour obtenir une baisse sécurité routière, ou l’absence n. c. 16 500 La Poste et 42 km pour compte propre. Le « La négociation continue, le dia- de la taxe sur les produits pétroliers. d’un véritable politique de ferrou- GROUPE STEF-TFE 1 171 000 15 700 11 300 STEF-TFE marché du transport routier fran- logue social se poursuit dans un cli- tage. En dépit d’une politique çais se caractérise d’ailleurs par cet- mat de respect mutuel », a déclaré, volontaire de la SNCF, le fret ne GROUPE CAT 1 273 000 68 350 2 600 Albateam te évolution du « compte rassurant, Philippe Choutet, délé- réunies pour une « levée de l’ulti- parvient pas à regagner le terrain d’autrui », c’est-à-dire du trans- gué général de l’Union fédérale matum ». De leur côté, les repré- DANZAS GROUPE 1 045 000 n. c. 6 418 Deutsche Post perdu et le transport routier assu- port effectué par une entreprise de des transports qui regroupe TLF, la sentants patronaux mettent en cau- N. DENTRESSANGLE 972 000 Famille re aujourd’hui près de 80 % du 26 200 9 500 Dentressangle la branche transport pour le comp- FNTR et les chambres syndicales se à demi-mot une surenchère à la transport des marchandises sur le MORY GROUP 653 470 te d’une autre, au détriment du des déménageurs. Selon lui, ces veille des élections prud’homales, Vieux Continent : en Espagne, la 15 820 6 072 Bridgepoint Capital « compte propre », soit le trans- mesures représentent un effort en relevant les divergences entre, route représente 95 % de l’achemi- CHARLES ANDRÉ 600 000 n. c. n. c. Famille André port effectué par les entreprises important (mais non chiffré), en notamment, FO et la CFDT. nement des marchandises, en avec leurs propres moyens. Cela raison du « contexte économique Interrogé jeudi 21 novembre par GIRAUD INTERNATIONAL 587 098 Familles Grande-Bretagne plus de 91 %, en 5 989 5 062 Giraud et Fauqueur étant, selon TLF, les parcours qui difficile pour les entreprises », aggra- Le Monde, Dominique Bussereau, Italie 89 %, en Allemagne 62 % et SERNAM 537 339 — 106 410 256 SNCF dépassent les 500 km représentent vé par une rude concurrence euro- secrétaire d’Etat aux transports, en France près de 69 %. 5 % du nombre des trajets et envi- péenne. En privé toutefois, cer- reste confiant : « Les positions entre TNT EXPRESS FRANCE 483 000 En France, le transport routier n. c. 3 200 TPG ron 74 % des tonnages. tains de leurs représentants déplo- le patronat et les organisations syndi- est un secteur très atomisé. On y En 2001, l’acheminement des raient que « ces négociations soient cales ne sont pas si éloignées que dénombre environ 43 000 entrepri- Source : L'Officiel des transporteurs * Chiffre d'affaires ** Résultat net *** Actionnaire principal marchandises à l’exportation engagées sous la pression d’un ulti- cela ; notamment sur les salaires ou ses dont la grande majorité représentait 15 % de l’activité. matum et la menace de blocages ». le GAR. Le gouvernement va conti- (34 000) sont des PME qui selon TLF, « les efforts d’organisa- d’euros. Il y a dix ans, seule une Mais en raison de la concurrence Compte tenu des éventuelles nuer à mettre de l’huile dans les emploient de 1 à 5 salariés. Le sec- tion et de productivité des transpor- vingtaine d’entreprises dépas- exercée par les transporteurs rou- conséquences d’un conflit sur l’ac- rouages, car nous sentons une bon- teur emploie quelque 330 000 per- teurs routiers ». saient 150 millions d’euros de chif- tiers étrangers – notamment des tivité du pays, les discussions ne ne volonté de part et d’autre. » sonnes, dont environ 75 % de con- Un classement annuel des fre d’affaires et le 200e n’atteignait pays d’Europe centrale –, les Fran- sont pas dénuées d’arrière-pen- Dans l’entourage du ministre, on ducteurs, et affiche un chiffre d’af- 200 premiers transporteurs effec- que 10 millions d’euros. Si les lea- çais ont perdu 8 points de ce mar- sées. M. Apruzzese soupçonne continue d’espérer que les condi- faires d’environ 22 milliards tué par L’Officiel des transporteurs, ders du classement, une quinzai- ché à l’international entre 1996 et « les patrons de n’avoir pas tout fait tions ne sont pas réunies pour un d’euros. En revanche, relève la hebdomadaire spécialisé dans le ne, affichent un chiffre d’affaires 2000 (45,9 % contre 53,6 %). pour éviter le conflit en avançant conflit dur comme en 1996. fédération patronale TLF, en dépit transport, illustre le niveau de supérieur à 500 millions d’euros, des demi-mesures qui ne peuvent de la croissance importante du concentration actuel du secteur. ils le doivent au fait d’avoir adopté François Bostnavaron qu’aggraver la tension ». Michel Delberghe volume de marchandises transpor- Selon l’hebdomadaire, une quaran- tées par la route, le parc de poids taine de groupes ont aujourd’hui lourds s’est stabilisé depuis une un chiffre d’affaires qui dépasse vingtaine d’années autour de les 150 millions d’euros et le 200e a 540 000 unités. Ce qui traduit, un chiffre d’affaires de 20 millions Les salaires sont au cœur du conflit
« PAS DE PAUSE sociale dans une 35 heures. L’inégalité de traitement, dynamique de progrès. » Incontesta- selon que les entreprises ont appli- blement, les syndicats reconnais- qué ou non ces dispositions, expli- sent que, depuis les précédents con- que l’exigence d’un coup de pouce flits de 1996 et 1997, la situation des salarial en faveur d’une harmonisa- 520 000 salariés du transport, et en tion sur la base de 152 heures men- particulier des 300 000 chauffeurs suelles au lieu de 169. Portée par la routiers, s’est notablement amélio- CFDT et la CGT dans leur plate-for- rée. La Fédération nationale des me commune, cette remise à niveau transports routiers (FNTR), l’une des salaires est la principale et quasi- des composantes patronales, invo- ment unique priorité de Force que même une « démarche de pro- ouvrière, qui a avancé le chiffre de grès social exemplaire » pour 11,43 % sur trois ans. justifier un coup d’arrêt à de nouvel- les avancées en raison de la situa- « » tion économique et de la baisse d’ac- Le « malaise » des routiers est tivité. aussi alimenté par l’incertitude Depuis quelques mois, les négo- créée à la suite des déclarations du ciations butent sur la question sala- ministre du travail sur les préretrai- riale avec, pour la CFDT notam- tes. Ils ont demandé et, pour partie, ment, la revendication d’un treiziè- obtenu la pérennisation du finance- me mois conventionnel étendu à ment des congés de fin d’activité l’ensemble du secteur. Pour cette dès 55 ans pour les chauffeurs, avec organisation, cet avantage est déjà une légère augmentation des cotisa- acquis chez les convoyeurs de fonds tions sociales. Enfin, ils entendent et devrait l’être pour les transpor- renforcer la pression à propos des teurs de voyageurs. « Certaines gran- discussions engagées à Bruxelles des entreprises l’appliquent déjà à sur les directives du temps de travail leurs salariés, mais refusent qu’il soit et de la sécurité des transports. Si, étendu aux sous-traitants qu’ils font pour le patronat, « la France est le travailler », souligne Joël Le Coq, champion d’Europe des coûts secrétaire général de l’union fédéra- sociaux », la crainte reste vive d’un le routes CFDT. « dumping social » provoqué par Après la parution, en mars 2002, les futurs pays membres de l’Union du décret sur la réduction du temps européenne, viviers de recrutement de travail, les syndicats n’ont pas tar- pour des sociétés de transports en dé à demander des comptes sur les quête de salariés à moindre coût. variations salariales engendrées par le passage du taux horaire de 39 à M. De. 20/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 ENTREPRISES
Vivendi Universal boucle la constitution Boeing va supprimer du noyau dur de Vivendi Environnement 5 000 emplois en 2003 Le conseil d’administration devait entériner, jeudi 21 novembre, la vente de 20 % supplémentaires LE CONSTRUCTEUR aéronautique américain Boeing a annoncé, mercredi EN BAISSE de sa filiale de distribution d’eau et de services aux collectivités. EDF fait une entrée remarquée 20 novembre, la suppression de Commandes annuelles de Boeing, 5 000 emplois en 2003 dans sa division en nombred'appareils LE TOUR de table de Vivendi donc, avec 6,3 % du capital de VE, Monde, une source proche de la La composition de ce noyau dur d’appareils commerciaux. Plus de la moi- 726
Environnement (VE) est sur le son premier actionnaire de référen- direction, qui justifie cette décision d’actionnaires, qui était presque tié de ces suppressions d’emplois se 5 626 0 point d’être bouclé, alors qu’un con- ce, devant EDF. par le modèle économique de VE, totalement verrouillée jeudi matin, feront par des départs naturels. Le cons- 60 seil d’administration devait exami- Cet investissement est, selon l’ins- qui, possédant 26 millions de contribue donc à ancrer VE en Fran- tructeur américain a déjà supprimé 55 9 2
ner, jeudi 21 novembre, le change- titution publique, purement finan- clients et travaillant avec les collecti- ce. Ces investisseurs disposeront 30 000 postes de travail dans la produc- 4 58 8 ment d’actionnaire de l’entreprise. cier, alors même que la CDC est pré- vités locales, est « culturellement d’une option d’achat pour chaque tion des appareils commerciaux depuis 3 Sa maison mère, Vivendi Universal sente au capital de toutes les entre- proche de l’Ecureuil ». action acquise, à faire valoir d’ici à les attentats du 11 septembre 2001. 32
(VU), a prévu de vendre en deux prises du CAC 40 et que VE, pré- Seront également présents au 2004. Aucun étranger ne s’est invi- Les attaques ont provoqué une forte 60 temps la participation de 40,4 % sent sur le marché des biens essen- tour de table l’assureur mutualiste té au tour de table, conformément baisse des commandes d’appareils 1 qu’elle détient encore dans VE – tiels (eau, énergie etc.) et dans les Groupama et les AGF, filiale de l’al- à l’objectif poursuivi par les pou- (160 commandes nettes à la mi-novem- dont la moitié immédiatement – pays émergents, représente la pers- lemand Allianz. Selon nos informa- voirs publics. Les banques d’affai- bre pour Boeing) en raison d’une chute 95 96 97 98 99 00 01 02* pour financer sa contre-attaque sur pective de revenus récurrents. Il tions, Groupama pourrait s’offrir res Merrill Lynch et Lazard ont con- du chiffre d’affaires et de lourdes pertes * commandes nettes au 14/11 Cegetel face à Vodafone (Le Monde seillé VU. des compagnies aériennes. Conséquen- Source : Boeing du 9 novembre). Selon nos informa- ce, Boeing, qui devrait sortir de ses chaî- tions, il restait encore environ 6 % Le groupe rejette une offre sur Universal nes 380 avions cette année, ne prévoit qu’entre 275 et 285 livraisons en du capital de VE à placer, jeudi, en Vivendi Universal a repoussé une offre globale d’un groupe d’investisseurs Reste à savoir comment évoluera 2003. fin de matinée. sur ses actifs de divertissement, jugeant que cette proposition ne correspon- ce meccano industriel à plusieurs Fin octobre, Boeing avait déjà annoncé, par ailleurs, la suppression de Après EDF, qui devait entériner, dait ni à la valeur de ces actifs ni à la stratégie du groupe, affirmait, jeudi inconnues. Le sens de l’entrée 1 200 à 1 500 emplois dans sa division de services en interne, qui comp- jeudi, son entrée au capital de VE à 21 novembre, une source proche de la société citée par l’agence Reuters. d’EDF au capital de VE alimente les te actuellement 18 600 salariés. hauteur d’environ 5 %, pour un Cette source réagissait à un article du Wall Street Journal selon lequel le mil- débats. Il pose la question d’un montant de 500 millions d’euros liardaire américain Marvin Davis, ainsi qu’un groupe d’investisseurs, avaient éventuel partenariat stratégique – avec une option pour monter à proposé à Vivendi Universal 15 milliards de dollars (15 milliards d’euros) pour entre les deux groupes, pour se par- Philip Morris met en garde 8 % d’ici à 2004 – plusieurs grands racheter ses activités de divertissement (Universal Studios, Universal Music, les tager le marché de l’énergie. L’élec- investisseurs institutionnels fran- chaînes câblées aux Etats-Unis et les parcs de loisirs). La rumeur faisait bondir tricien public, qui devient le deuxiè- à propos des cigarettes légères çais, qui avaient déjà contribué à l’action Vivendi Universal de plus de 8 % jeudi matin, à 12,3 euros. me actionnaire de l’entreprise der- l’augmentation de capital de 1,5 mil- rière la Caisse des dépôts, assure LE GÉANT américain du tabac Philip Morris a admis, mercredi liard d’euros en juin, ont décidé de toutefois qu’il vient sécuriser l’ave- 20 novembre, que les cigarettes dites légères ne sont pas moins dange- se renforcer dans le capital de la n’est toutefois pas dénué de sens 2,5 % du capital de VE, tandis que nir de leur filiale commune, Dalkia, reuses pour la santé que les cigarettes ordinaires, et va en avertir pen- société. Une tranche de 10 % leur politique, alors que les pouvoirs les AGF prendraient « une petite spécialisée dans la vente de services dant une durée limitée les fumeurs à l’aide d’une note insérée dans ses était réservée dans le cadre de cette publics ont bataillé pour conserver participation, de l’ordre de 1 % ». Le liés à l’énergie, dont il détient 34 %. paquets. Le groupe y indique que les niveaux de goudron et de nicoti- cession de gré à gré. l’ancrage français de VE. L’entrepri- groupe d’assurance aurait finale- Les deux milliards d’euros qu’en- ne contenus dans toutes les publicités de cigarettes ne sont pas néces- Ainsi, la Caisse des dépôts et con- se fournit l’eau à 8 000 communes ment donné son accord au vu « des grangera VU à l’issue de cette vente sairement de bons indicateurs des quantités de ces substances inhalées signations (CDC) va acquérir une françaises. nouvelles conditions financières » de gré à gré devrait lui permettre de par les fumeurs. participation supplémentaire d’au De son côté, la Caisse nationale proposées par Vivendi Universal. lancer sa contre-offensive sur Cege- moins 2,5 % dans VE, pour un inves- des caisses d’épargne (CNCE), l’or- Quant au reste du groupe d’inves- tel. Le groupe de Jean-René Four- tissement minimum de 250 mil- gane de tête du groupe coopératif, tisseurs présents en juin – le Crédit tou peut exercer son droit de Le gouvernement italien lions d’euros. Le curseur devait être va monter au capital de VE, en pre- lyonnais, BNP Paribas, la Société préemption pour racheter les parts définitivement arrêté, jeudi, en fin nant 1 % du capital, pour 100 mil- générale, Dexia et Natexis Banques de BT et de SBC dans Cegetel fait pression sur Fiat de mâtinée, après d’ultimes arbitra- lions d’euros. « Nous doublons notre Populaires –, ils refusaient de con- depuis jeudi matin. ges. Ajoutés aux 3,8 % qu’elle participation par rapport au mois de firmer, jeudi matin, leur montée en LE GOUVERNEMENT italien a accen- CHUTE DU COURS détient depuis juin, la CDC sera juin », a indiqué, jeudi matin, au puissance, pourtant attendue. Anne Michel tué sa pression, mercredi 20 novembre, sur les dirigeants du groupe Fiat. Le Action Fiat, en euros, numéro deux du gouvernement, Gian- à Milan franco Fini, a contesté le plan social tou- Le 20 nov. 8,75 Un juge ariégeois fait le ménage dans les hôtels du groupe Accor chant la branche automobile du cons- 15 tructeur : « Je répète qu’à mon avis, le TOULOUSE du couple, VSAD et Maxime- ariégeoise avec son épouse, pour tion de l’administration. Maxime- plan de Fiat doit être modifié, surtout 13 de notre correspondant Home, ont joué illégalement le rôle convenance personnelle. M. Des- Home, qui n’est pas tenue de pour garantir que Termini Imerese Miracle ou mirage économique ? d’une agence d’intérim pour recru- massias récuse les soupçons de publier ses bilans, se présente com- [l’usine sicilienne du groupe] ne ferme 11 Récemment implanté dans le vil- ter des femmes de ménage dans des « chasseur de primes » qui pèsent me une entreprise de « sélection et pas. » « Fiat doit en prendre acte, car si lage ariégeois de Tourtouse hôtels de type Formule 1 ou aussi sur lui. Tourtouse, comme la mise à disposition de personnel ». l’entreprise reste sur ses positions, il y 9 (169 habitants au dernier recense- Etap’Hôtel (groupe Accor) sur toute plupart des communes de l’Ariège, Alain Desmassias confirme que aura un affrontement et pas seulement ment), un couple d’entrepreneurs la France. est en effet classée en « zone de revi- les petites entreprises créées avec sa avec les partenaires sociaux. Le gouverne- 7 parisiens a déposé en deux ans plus Mardi 19 novembre, à 9 heures talisation économique », ce qui per- femme travaillaient exclusivement ment aura lui aussi une attitude de non- MJAJ S ON de 2 600 déclarations préalables du matin, des centaines de gen- met l’octroi d’aides publiques et pour des gérants d’hôtels Formu- adhésion », a-t-il ajouté à la télévision. 2002 d’embauche. Une aubaine statisti- darmes assistés d’inspecteurs du des dégrèvements de charges socia- le 1 et Etap’Hôtel. Il réfute tout lien Pour répondre à la crise de sa branche Source : Bloomberg que pour cette petite commune, travail et de fonctionnaires des ser- les aux entreprises. direct avec Accor, géant mondial de automobile (Fiat, Lancia et Alfa mais une anomalie pour l’unique vices fiscaux et de l’Ursaff sont l’hôtellerie et de la restauration, Romeo), Fiat a prévu de réduire de 8 100 le nombre de ses salariés en inspecteur du travail du départe- intervenus simultanément dans mettant en avant l’autonomie de Italie, principalement par des mises au chômage technique prolongé à ment de l’Ariège, qui a fini par saisir 69 établissements du groupe Enregistrée en 1999 au registre du chaque établissement hôtelier avec partir du 2 décembre. La procédure requiert l’aval du gouvernement. la justice de ses doutes. Accor, répartis sur l’ensemble du commerce de Pontoise, VSAD, la lequel il passait des contrats. Quand Une journée de grève est prévue, vendredi, à Turin, siège de Fiat, à l’ap- Alain Desmassias et son épouse territoire, sur commission rogatoi- société à responsabilité limitée qui le juge d’instruction lui rappelle la pel des trois principales centrales syndicales. Violette ont été mis en examen re du juge Anière. Choqué par cette porte les initiales de son épouse Vio- réglementation sur le travail intéri- pour « marchandage et prêt illicite opération, Alain Desmassias, lette, née Salmon, accolées aux sien- maire, M. Desmassias se contente de main-d’œuvre » par le juge d’ins- 54 ans, ne souhaitait pas s’expri- nes, a toujours son siège social dans de s’exclamer : « Ça nous coûterait a LAFARGE : les autorités de la concurrence européenne devraient truction Vincent Anière, de Foix, et mer en sortant de sa garde à vue. un immeuble de Saint-Gratien (Val- plus cher. » infliger une amende pouvant aller au-delà de 100 millions d’euros au placés sous contrôle judiciaire à M. Desmassias se présente comme d’Oise). Le capital social de cette C’est la première fois qu’une groupe français pour entente sur les prix, selon le Financial Times de leur sortie de garde à vue, mercredi un chef d’entreprise qui a choisi de micro-holding s’élève à 16 000 eu- entreprise de sous-traitance tra- jeudi 21 novembre. Cette sanction, pour entente sur les prix des maté- 20 novembre. Le magistrat arié- quitter la région parisienne pour se ros pour un chiffre d’affaires de vaillant pour des hôtels du groupe riaux de construction, pourrait également être infligée au britannique geois estime que les deux sociétés mettre au vert dans la campagne 1,4 million d’euros à la fin de l’an- Accor est poursuivie par la justice. BPB et à l’Allemand Knauf. née 2001, en augmentation de plus Une autre entreprise, Arcade, fait a SCHNEIDER/LEGRAND : la date limite pour le nouvel examen de de 100 % en un peu plus d’un an. Le l’objet d’un long conflit social dans la fusion des groupes français d’appareillage électrique Schneider et bureau ariégeois de VSAD est abri- la région parisienne. Les femmes de Legrand par la Commission européenne a été repoussée du 26 novem- té par une deuxième société, Maxi- ménage de cette société, africaines bre au 5 décembre. me-Home, immatriculée en décem- et illettrées pour la plupart, sont en a TETRA LAVAL/SIDEL : la date limite pour le nouvel examen de la bre 1998 par Violette Desmassias à grève depuis huit semaines pour fusion Tetra Laval/Sidel par la Commission européenne a été repous- Foix en qualité de commerçante. Le demander le même statut que les sée du 29 novembre au 13 janvier. couple aurait créé quatre emplois femmes de ménage employées par a L’OREAL : le premier ministre Jean-Pierre Raffarin a salué, mer- en tout et pour tout dans le village le groupe Accor. credi 20 novembre, le « parcours d’exception » de Lindsay Owen- ariégeois. Loin, donc, des 2 600 créa- Jones, le PDG du groupe de cosmétiques, élu « manager de l’année » tions d’emplois qui ont attiré l’atten- Stéphane Thépot par Le Nouvel Economiste. a UNITED AIRLINES (UAL) : la deuxième compagnie aérienne amé- La grande distribution notée ricaine, qui tente d’échapper à la faillite, a annoncé, mercredi 20 novem- bre, avoir passé un accord avec les syndicats de mécaniciens prévoyant sur sa politique d’achats de Noël des économies sur les salaires de 1,5 milliard de dollars (1,5 milliard d’euros) dans le cadre de son plan de redressement financier. « EXIGEONS des jouets fabriqués Cette année, les entreprises ont a DELTA AIR LINES : la troisième compagnie aérienne américaine 100 % droits de l’homme. » Quel- plutôt joué le jeu en répondant au va lancer en 2003 une filiale à bas prix pour concurrencer les compa- ques semaines avant Noël, le col- questionnaire. Mais le bilan reste gnies discount sur ce segment profitable et en pleine ascension, alors lectif Ethique sur l’étiquette (Arti- mitigé. La majorité des distribu- que les transporteurs aériens américains traditionnels traversent l’une sans du monde, Comité catholique teurs se sont dotés de codes de des plus graves crises de leur histoire. Delta mise sur une croissance du contre la faim et pour le dévelop- bonne conduite, sans véritable- transport à bas prix, qui devrait représenter entre 30 % et 40 % de la pement, CFDT…) a décidé de lan- ment mettre en place d’actions totalité du secteur aux Etats-Unis d’ici à 2010, contre 22 % à présent. cer, jeudi 21 novembre, une nou- concrètes. Carrefour, Toys R’Us et a RATP : la CGT a déposé un préavis de grève pour le mardi velle campagne pour sensibiliser Auchan sont allés dans le bon sens 26 novembre, à l’occasion de la journée de manifestation des chemi- les distributeurs de jouets et de tex- (en sensibilisant leurs acheteurs, nots et du secteur public tile. Son but ? Tenter d’assainir les par exemple). Mais le collectif épin- conditions de travail dans les usi- gle les enseignes de sport (Sport nes qui, dans les pays émergents, 2000, Twinner, Intersport, Go a WALL STREET : les amendes pour malversation versées par les sont particulièrement déplora- sport) et la vente par correspon- sociétés cotées à New York dans le cadre d’un « accord global » avec bles : dépassements horaires non dance (La Redoute, Les 3 Suisses). les autorités de régulation pourraient aller dans un fonds de restitution payés, travail forcé, règles de sécu- Classiquement, les groupes destiné aux investisseurs individuels qui ont perdu de l’argent, affirme rité non respectées… rétorquent que cette dénonciation le Washington Post dans son édition en ligne datée de jeudi 21 novem- Le sud-est de la Chine est la pre- n’est pas constructive. Cependant bre. Une douzaine de sociétés devrait payer un milliard de dollars mière zone mondiale de produc- les entreprises qui se sont le plus d’amende. tion de jouets. On estime que 70 % mobilisées jusqu’à présent sur ces a SCOR : le réassureur français a annoncé, jeudi 20 novembre, le des jouets vendus aux Etats-Unis dossiers (Nike, Gap) sont celles lancement de son augmentation de capital à hauteur de 381 millions sont fabriqués dans cette région. qui avaient fait l’objet de campa- d’euros, avec maintien du droit préférentiel de souscription. Cette C’est là également que s’approvi- gnes. Selon un récent sondage émission permettra aux actionnaires de Scor de souscrire douze sionnent majoritairement les dis- BVA-CCFD, 90 % des Français actions nouvelles pour cinq anciennes. tributeurs français. Pour la deuxiè- seraient favorables au fait d’ache- a DEUTSCHE BANK : la première banque allemande, la Deutsche me fois, ce collectif publie un ter en priorité des produits à des Bank, a annoncé, jeudi 20 novembre, qu’elle envisage de céder 3 mil- « carnet de notes », où il distribue entreprises qui respectent partout liards d’euros de participations détenues dans des sociétés non cotées des appréciations sur la bonne les droits sociaux. (private equity) à une équipe formée de cadres de sa filiale DB Capital conduite sociale de 19 distribu- Partners. teurs français. Laure Belot LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/21 COMMUNICATION
Grève à France Télévisions : contre le recours à la production extérieure
Une manifestation a rassemblé, mercredi 20 novembre, environ 700 salariés de France 2 et France 3 devant le ministère de la culture et de la communication. Des assemblées générales devaient à nouveau se tenir jeudi en milieu de matinée
LES DÉLÉGATIONS des anten- Aillagon, la délégation syndicale se années, je me suis mis à travailler ils se sont baptisés. Seul, un homme- nombre, réclame en premier lieu des ce 3 paye par numéro de « On ne nes régionales de France 3 venues montrait fort dépitée par le peu avec des bouts de chandelle. Mon sandwich affiche, sur des panneaux négociations avec la direction et le peut pas plaire à tout le monde » en autocar arrivent les premières. d’engagement du gouvernement magazine sportif n’a même plus de orange, sa volonté de voir « revalori- gouvernement sur « la fabrication environ 122 000 euros, alors que la Avec elles, c’est le tour de France dans ce dossier. réalisateur. Je suis présentateur, chef ser le point d’indice dans l’audiovi- des émissions diffusées par France direction de la chaîne – dans un des mécontentements dans l’audio- Pendant ce temps, place du Palais- d’édition, reporter, je fais la promo- suel public », ce qui était pourtant le Télévisions avec en priorité l’utilisation document fourni aux syndicats – visuel public qui s’installe pour une Royal, les récriminations tombent tion, le secrétariat… » Un opérateur mot d’ordre fédérateur de la grève des moyens techniques et humains de chiffre le coût de fabrication de longue après-midi de protestations en vrac : le report de la télévision de prise de vues s’emporte : « On est entamée mercredi 13 novembre. la chaîne ». La question des salaires l’émission par un producteur privé à sous les fenêtres du ministère de la numérique régionale, l’usure d’un géré comme une boîte privée. » Un semble reléguée au second plan. 18 294 euros. Lors d’une journée culture et de la communication, matériel non remplacé, les primes autre journaliste dénonce, sur un « Même les bandes-annonces sont type, jeudi 21 novembre sur France mercredi 20 novembre. Au plus fort d’objectifs destinées aux cadres, les ton provocateur, le survol de l’infor- Depuis, le mouvement a pris fin souvent réalisées par une société de 2 par exemple, au moins 16 émis- de la manifestation, une fois grossie rémunérations des vedettes sur l’an- mation : « On nous parle constam- au sein de Radio France – dont une production extérieure », témoigne sions devaient être fournies par des par les troupes de France 2, c’est un tenne nationale, les budgets que ment de gains de productivité. J’ai délégation s’est néanmoins jointe à une technicienne de France 2. producteurs extérieurs sur 24 diffé- cortège de plusieurs centaines de l’on serre, les rumeurs de privatisa- pourtant connu une époque où des la manifestation –, mais il n’a pas fai- Le coût de certaines émissions rentes diffusées entre 5 h 55 et personnes qui entament un bruyant tion… rédacteurs en chef s’honoraient de bli à France 3 et semble s’envenimer emblématiques produites à l’exté- minuit. tour du quartier. Sans grand résul- « Je fais le même métier que David faire exploser leurs budgets ! » à France 2 où l’épreuve de force se rieur sont dans la ligne de mire : « Le plateau qui sert à réaliser tat : en fin de journée, à l’issue de sa Pujadas depuis trente ans et je gagne C’est plutôt l’inquiétude qui l’em- cristallise autour de la diffusion des 170 000 euros sont dépensés par la “Stade 2”, “Douce France”, rencontre avec des membres du dix fois moins que lui, lance un jour- porte sur la colère chez les « grè- journaux télévisés. chaîne pour chaque émission de “Télématin”, “Cent minutes pour con- cabinet du ministre Jean-Jacques naliste de Grenoble. Au fil des veurs » et les « grèveuses » comme Dans son tract, la CGT, venue en « Ça se discute » sur France 2. Fran- vaincre”, etc. n’est pas utilisé un jour par semaine en moyenne, renchérit un des manifestants. On pourrait Les principaux Jean Réveillon, directeur général délégué et directeur de l’antenne de France 3 bien faire une émission hebdomadai- re de plus. » A France 2, on s’offus- producteurs externes que du « déni du droit de grève ». Cer- b France 2 : Tout sur l’écran, « Nous contrôlons éditorialement toutes nos émissions » tains reprochent à la direction productrice des magazines « Tout d’avoir fait fabriquer plusieurs émis- le monde en parle » et « On a CET ENTRETIEN a été relu et devons produire 30 % de nos émis- gistré dans notre studio de Lyon. Par exemple, l’apparition de sions « parmi les rares à être encore tout essayé », est le premier amendé par Jean Réveillon sions à l’extérieur. Nous considé- Nous éviterons ainsi les frais de Patrick Henry à « Vie privée, vie montées en interne » avant même de fournisseur d’émissions dites de Comment expliquez-vous que rons qu’il s’agit là d’une obligation déplacements à Paris. Nous ne publique » de Mireille Dumas, savoir si le personnel qui en a la char- flux (magazines, variétés et le conflit se cristallise autour de essentielle du service public de la sommes pas opposés à l’internali- une production privée, a provo- ge était ou non gréviste.Dans les divertissements) avec sept heures la production externe à France 2 télévision pour promouvoir l’acti- sation d’autres émissions si elle se qué des débats au sein de la rangs, on raconte à l’envi la façon et dix-huit minutes de présence et France 3 ? vité de ce secteur et pour contri- fait à coût équivalent et dans les chaîne. Cette décision a été prise dont un photographe de Libération hebdomadaire en moyenne. Elle Il y a d’abord confusion entre buer au développement du tissu limites des capacités de l’entre- collectivement et elle a été collec- puis une déléguée syndicale de Fran- devance Sony Pictures Télévision production et fabrication. Le créatif de l’audiovisuel français. prise, notamment de notre person- tivement assumée. ce 3 ont été vigoureusement écon- Production, producteur des jeux débat porte sur la fabrication des Aujourd’hui, France 3 fabrique au nel permanent. Or nous devons Comment comptez-vous ré- duits. (« Les Zamours ») avec six heures émissions. Une émission copro- total 80 % de ses programmes. aujourd’hui maintenir une masse gler le problème des salariés qui En fin de cortège, les salariés de la et cinquante minutes. Le 3e est duite peut être fabriquée pour Avec l’information qui est fabri- salariale constante, c’est l’une des n’ont plus d’affectation ? Chaîne des régions s’interrogent sur Réservoir Prod (« Ça se discute »), tout ou partie en interne alors quée en interne, nous franchis- conditions du contrat d’objectifs Rémy Pfimlin, directeur général leur devenir. Installés près de Lyon, avec quatre heures que, dans ce débat, elle est d’office sons allégrement le seuil des 90 %. et de moyens de France Télévi- de France 3, le confirme, nous som- cette cellule dotée de moyens moder- et cinquante-quatre minutes. classée en externe. Sur vingt-qua- Les coûts en interne sont-il sions. mes en mesure d’assurer le plein nes emploie trente personnes dont b France 3 : Réservoir Prod (« C’est tre émissions fabriquées pour le plus élevés que les coûts en Que répondez-vous aux grévis- emploi de tous les salariés perma- quinze permanents. Faute d’avoir mon choix ») est le 1er producteur programme national de France 3, externe ? tes qui craignent que l’externali- nents de France 3. Nous avons trouvé son public, la Chaîne des avec huit heures et treize minutes seules six le sont totalement en Dans certains cas, les devis font sation ne galvaude le service créé une cellule de mobilité. Des régions, diffusée sur le câble et le par semaine. Endemol (« On ne externe. Depuis la création de la apparaître des coûts supérieurs public ? cadres de la société seront là pour satellite, s’arrêtera en février 2003. peut pas plaire à tout le monde ») chaîne en 1975, nous avons des chez nous, dans d’autres la fabrica- Nous contrôlons éditoriale- anticiper des mouvements de per- « Nous étions nés de la grève de est 2e avec trois heures obligations dans notre cahier des tion en interne peut être plus inté- ment toutes nos émissions, qu’el- sonnels entraînés par des change- 1997. C’est une autre manifestation et onze minutes, et Fremantle charges. Par la loi, nous devons ressante. Ainsi, après trois mois les soient fabriquées par nos ments dans la grille de program- qui nous enterre », sourit tristement Media (« Questions pour un produire au moins 25 % de pro- d’études, nous sommes sur le personnels ou par des sociétés de me, par exemple. un journaliste. champion ») 3e avec trois heures. grammes à l’extérieur hors fic- point de « rapatrier » le jeu quoti- production privées. Ces dernières Source : magazine « Ecran total » tions, information et émissions dien « Questions pour un cham- ont des contacts permanents avec Propos recueillis par Martine Valo, du 6 novembre. régionales. Pour la fiction, nous pion » en interne. Il sera enre- nos conseillers de programme. Bénédicte Mathieu avec Guy Dutheil 22/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 LA TENDANCE FINANCIÈRE
Les valeurs technologiques Les sociétés de gestion s’adaptent aussi à la chute des Bourses profitent à Wall Street CHRONIQUE DES MARCHÉS LES MARCHÉS européens du seuil de 1 dollar, avant de reve- n’ont pas suivi, mercredi 20 novem- nir à 1,0017 dollar. bre, le mouvement de hausse que L’indice Dow Jones a terminé LA BAISSE des marchés modifie la donne LES CINQ PLUS IMPORTANTES Diana Mackay, directeur de Feri Fund Market les indices boursiers américains en hausse de 1,75 %, à pour les sociétés qui gèrent les sicav et les fonds Information. Elle observe que les gestionnaires ont connu au lendemain d’un repli 8 623,01 points, tandis que l’indi- communs de placement (FCP) en Europe, ont En milliards d'euros Encours étrangers voient leurs encours résister mieux généralisé. Les investisseurs améri- ce Standard & Poor’s 500, qui constaté les participants à une réunion organi- sous gestion que les grands acteurs locaux. Elle pense que les cains ont transféré sur les actions représente mieux l’évolution sée le 14 novembre à Amsterdam par le gestion- Société 2000 banques et les assureurs devraient faire appel de des capitaux qu’ils avaient placés boursière de l’économie, selon les naire Invesco sur l’avenir de l’industrie de la ges- UBS 1 602 plus en plus souvent à des gestionnaires exté- sur les obligations, s’appuyant sur gestionnaires de fonds, a progres- tion collective en Europe. Après une longue Crédit suisse Group 932 rieurs et vendre leurs produits dans leurs les déclarations optimistes à pro- sé de 1,94 %, à 914,15 points. L’in- période de croissance, ces entreprises voient Axa Group 893 réseaux de distribution. pos de l’économie faites mercredi dice composite du Nasdaq a fait leurs encours stagner sous l’effet de la chute des Barclays Global Investors 851 par Michael Moskow, président de un bond de 3,26 %, à Bourses. La structure des investissements réali- la Réserve fédérale de Chicago. 1 419,35 points. « Les investisseurs sés par l’intermédiaire des fonds communs s’est Deutsche Asset Management 734 Toutes ces évolutions devraient se traduire « Bien qu’une grande incertitude essaient de regagner un peu de elle-même modifiée. Les actions, qui représen- Source : Oliver, Wyman & Company dans la physionomie de l’industrie de la gestion persiste à l’horizon, nous pensons leurs pertes en achetant des valeurs taient 36 % des encours en 1999, ne pesaient collective en Europe. Banquiers et assureurs, au que la politique monétaire que nous technologiques, anticipant un éven- plus que 30 % à la fin de 2001, selon des statisti- cours des années 1990, ont fortement développé avons mise en place favorisera la tuel rebond de fin d’année », com- ques établies par Greenwich Associates, consul- cette activité, qui a connu une forte expansion demande globale », a déclaré mentaient les experts du courtier tant britannique spécialisé dans la gestion collec- devrait augmenter fortement. Elle devrait au moment où les marchés enregistraient un M. Moskow. ETC dans leur résumé de la séan- tive. Et ce chiffre devrait continuer à diminuer concerner 46 % des investisseurs professionnels mouvement de hausse. Gérer des fonds était un Les gains de la Bourse américai- ce du jour. Parmi les hausses : en 2002. Pendant ce temps, les investisseurs, en 2003 contre seulement 28 % en 2001. Les métier fortement bénéficaire, mais cette période ne ont profité au dollar, qui s’est Intel (+ 5,51 %), Analog Devices cherchant la sécurité, privilégient les fonds obli- investisseurs devraient, dans le même temps, semble révolue. Selon une étude menée par UBS légèrement redressé, envoyant (+ 6,46 %), le spécialiste des semi- gataires, qui représentaient 70 % de l’encours faire appel à un plus grand nombre de sociétés Warburg et le cabinet Oliver, Wyman & Compa- temporairement l’euro en dessous conducteurs, qui a annoncé un des sicav et des FCP en 2001. Cette modifica- de gestion. Selon les chiffres de Greenwich Asso- ny, il faut s’attendre à un retour sur investisse- bénéfice meilleur que prévu pour tion de comportement ne s’explique pas unique- ciates, les institutionnels utilisaient 4,6 gérants ment des sociétés de gestion de l’ordre de 7 % INDICE DJ EUROSTOXX 50 son quatrième trimestre fiscal, ment par la conjoncture. Selon les estimations en moyenne en 1999. Ce taux devrait atteindre par an à partir de cette année, contre 15 % à la Applied Materials (+ 5,24 %), de Greenwich Associates, les investisseurs de- 8,8 cette année. fin des années 1990. « Sans une restructuration En points Microsoft (+ 3,21 %)… vraient augmenter leurs placements dans l’im- importante et agressive des sociétés de gestion, 2 544,38 En Europe, peu de places bour- mobilier, le capital-investissement ou les fonds nous pronostiquons un résultat d’exploitation des 3 600 Le 20 nov. sières pouvaient se vanter d’avoir spéculatifs, dont l’évolution n’est pas en corré- En matière de distribution, les gestionnaires gestionnaires de fonds stagnant au niveau actuel 3 400 fini en hausse : le Mib 30 de Milan lation avec celle des marchés. de fonds devront eux aussi s’adapter à une jusqu’en 2005 », notent les auteurs de cette 3 200 a affiché un maigre gain de 0,47 %, donne nouvelle. A l’exception du marché britan- étude. Ils estiment que les gérants de sicav et à 24 737 points, et le DAX de Franc- nique, et dans une moindre mesure du marché de FCP en Europe devront se spécialiser afin 3 000 fort a fait une avancée de 0,19 %, à Ces changements ne seront pas sans consé- helvétique, qui est aux mains des conseillers d’améliorer leur rentabilité. Le ralentissement 2 800 3 212,99 points. A l’inverse, le Foot- quences pour l’industrie de la gestion collective indépendants, la distribution des produits de ges- de l’activité devrait conduire ces gérants à s’ali- 2 600 sie de Londres a enregistré une per- sur le Vieux Continent. En termes d’emploi tout tion collective est largement verrouillée par les gner sur quelques modèles : les « mégaproduc- 2 400 te symbolique de 0,04 %, à d’abord : selon les projections de Greenwich banques et les assureurs. Selon des données de teurs », les gérants de fonds indiciels et les 4 094,90 points et le CAC 40 de Associates, le pourcentage d’investisseurs (les Feri Fund Market Information, un cabinet qui gestionnaires spécialisés sur une niche, indi- 2 200 Paris s’est replié de 0,75 %, à caisses de retraites ou les fonds de pension analyse le marché de la gestion, banquiers et quent-ils, devraient figurer au nombre des 2 000 MJ J A S O N 3 153,50 points. essentiellement) qui pensent faire appel à des assureurs contrôlent près de 95 % du marché en gagnants de demain. 2002 gérants généralistes devrait rester stable, alors Espagne et plus de 80 % en France. Mais on per- Source : Bloomberg Cécile Prudhomme que la demande en gestionnaires spécialisés çoit « quelques preuves de changement », note Joël Morio
Pays Indice Dernier %var. Maxi Mini PER Pays Indice Dernier %var. Maxi Mini PER LES BOURSES DANS LE MONDE 21/11, 9h50 cours 2002 2002 cours 2002 2002 Pays Indice Dernier %var. Maxi Mini PER ROYAUME UNI FTSE 100 index 4155,50 21/11 1,48 5362,29 4/1 3609,89 24/9 15,00 cours 2002 2002 ASIE-OCÉANIE FTSE techMark 100 index 704,15 21/11 1,63 1569,61 4/1 590,02 10/10 AUSTRALIE All ordinaries 2984,80 21/11 0,53 3443,89 14/2 2842,60 10/10 15,80 SUÈDE OMX 558,16 21/11 2,17 878,88 4/1 413,98 10/10 24,20 UNION EUROPÉENNE CHINE Shangaï B 121,14 20/11 -3,78 172,33 31/12 121,08 20/11 17,10 ALLEMAGNE DAX Index 3256,46 21/11 1,35 5467,31 19/3 2519,30 9/10 21,10 EUROPE Shenzen B 190,22 20/11 -1,48 267,75 31/12 182,42 23/1 11,40 Euro Neu Markt Price IX 475,27 21/11 1,93 1212,43 4/1 349,01 8/10 HONGRIE Bux 7618,73 20/11 0,16 9019,42 7/5 6546,35 26/7 10,30 CORÉE DU SUD Composite 682,00 20/11 1,57 943,53 22/4 576,48 11/10 AUTRICHE Austria traded 1100,93 21/11 -0,13 1368,18 2/5 991,22 10/10 15,20 ISLANDE ICEX 15 1323,96 20/11 0,66 1413,85 21/3 1141,82 28/12 HONG KONG Hang Seng 10003,54 21/11 0,32 12020,45 17/5 8779,33 10/10 14,20 BELGIQUE Bel 20 2095,38 21/11 1,51 2906,75 24/4 1752,31 9/10 12,40 POLOGNE WSE Wig 20 1161,81 20/11 0,31 1486,22 28/1 1026,65 26/7 21,90 All ordinaries 4330,64 21/11 0,31 5277,35 17/5 3857,01 10/10 DANEMARK Horsens Bnex 203,46 21/11 0,58 280,92 26/3 180,39 11/10 12,90 TCHÉQUIE Exchange PX 50 452,80 21/11 0,98 479,39 10/5 384,60 2/1 12,20 INDE Bombay SE 30 362,61 20/11 0,60 415,77 5/4 333,54 31/12 ESPAGNE Ibex 35 6371,90 21/11 1,72 8608,50 4/1 5266,89 10/10 17,00 RUSSIE RTS 351,41 20/11 0,04 425,42 20/5 256,75 28/12 ISRAËL Tel Aviv 100 336,13 20/11 0,33 468,92 7/1 321,95 4/11 FINLANDE Hex General 6449,85 21/11 2,47 9224,38 4/1 4711,08 24/7 17,80 SUISSE Swiss market 5099,20 21/11 1,29 6740,60 17/5 4333,10 10/10 24,20 JAPON Nikkei 225 8668,06 21/11 2,46 12081,42 27/5 8197,21 10/10 23,40 FRANCE CAC 40 3235,40 21/11 2,60 4720,04 4/1 2612,03 10/10 18,70 TURQUIE National 100 13549,04 21/11 1,93 15071,83 8/1 8514,03 3/7 27,50 Topix index 847,85 21/11 2,05 1144,02 27/5 808,15 19/11 27,90 Mid CAC 1455,52 20/11 -0,22 2176,89 2/4 1233,19 10/10 19,00 AMÉRIQUES MALAISIE KL composite 637,83 21/11 0,10 816,94 23/4 621,09 15/10 13,60 SBF 120 2269,71 21/11 2,47 3263,90 28/3 1847,00 10/10 18,70 ARGENTINE Merval 460,07 20/11 1,27 471,33 6/2 267,73 14/6 20,50 NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 715,78 21/11 -0,49 SBF 250 2110,26 20/11 -0,60 3081,89 28/3 1767,51 10/10 18,20 BRÉSIL Bovespa 10087,57 20/11 1,17 14495,28 18/3 8224,61 16/10 8,90 SINGAPOUR Straits Time 1398,05 21/11 1,07 1848,98 5/3 1326,35 25/9 Indice second marché 1855,09 20/11 -0,39 2567,01 15/5 1646,41 10/10 13,00 CANADA TSE 300 6493,14 20/11 1,08 7992,70 7/3 5678,27 10/10 19,30 TAÏWAN Weighted 4579,45 21/11 -1,59 6484,93 22/4 3845,76 11/10 25,50 Indice nouveau marché 533,11 21/11 1,97 1175,41 7/1 433,89 10/10 CHILI Ipsa 81,24 20/11 -0,50 109,73 28/12 74,86 16/10 14,80 THAILANDE Thaï SE 357,47 21/11 1,50 430,67 14/6 301,17 28/12 GRÈCE ASE General 1821,16 21/11 0,00 2655,07 3/1 1678,69 8/11 13,80 ETATS-UNIS Dow Jones ind. 8623,01 20/11 1,75 10673,09 19/3 7197,49 10/10 19,20 AFRIQUE IRLANDE Irish Overall 4335,07 21/11 1,02 6085,02 18/1 3616,98 10/10 11,40 Nasdaq composite 1419,35 20/11 3,26 2098,87 9/1 1108,48 10/10 39,50 AFRIQUE DU SUD All share 9814,92 21/11 0,76 9991,25 11/9 9082,12 10/10 10,10 ITALIE Milan Mib 30 25085,00 21/11 1,41 33548,00 17/4 20542,00 10/10 20,40 Nasdaq 100 1070,53 20/11 4,34 1710,22 9/1 795,25 8/10 43,80 COTE D'IVOIRE BRVM 66,81 19/11 0,00 77,45 31/12 66,32 6/11 LUXEMBOURG Lux Index 749,66 20/11 1,25 1169,47 14/1 642,21 11/10 13,10 Wilshire 5000 8619,42 20/11 1,91 10983,40 19/3 7273,39 10/10 PAYS BAS Amster. Exc. Index 348,51 21/11 2,70 531,45 18/4 282,79 24/9 14,90 Standards & Poors 500 914,15 20/11 1,94 1176,96 7/1 768,63 10/10 18,80 PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue. PORTUGAL PSI 20 5830,66 21/11 0,53 7998,50 4/1 4937,16 30/9 16,40 MEXIQUE IPC 5641,74 19/11 -1,47 7611,12 11/4 5500,75 5/8 11,50 n/d : valeur non disponible.
EUROPE Jeudi 21 novembre 9h50 FRANCFORT TOKYO NEW YORK INDICES DANONE ...... FR...... 134,00...... 1,13 20/11 : 137 millions d'euros échangés 21/11 : 1055 millions d'euros échangés Séance du 20/11 PROCTER AND GAMBLE ...... 87,99...... 1,02 SECTEURS EURO STOXX DEUTSCHE BANK AG...... AL...... 50,00...... 0,81 Valeur Cours de clôture (¤) % var. Valeur Cours de clôture (¥) %var. NYSE SBC COMMUNICATIONS...... 26,20...... 2,83 Indice % var. DEUTSCHE TELEKOM...... AL...... 12,38...... 1,56 TEXAS INSTRUMENTS...... 18,42...... 7,22 Meilleures performances Meilleures performances 1495 millions de titres échangés EURO STOXX 50 ...... 2599,89...... 2,18 E.ON ...... AL...... 45,38...... 1,36 BKN INTERNATIONAL ...... 0,34 ...... 61,90 NARASAKI SANGYO...... 110,00 ...... 35,80 Valeur Cours de clôture ($) %var. UNITED TECHNOLOGIE ...... 63,45...... 2,17 AUTOMOBILE ...... 168,04...... 1,30 ENDESA...... ES...... 11,77...... 2,35 VERIZON COMM ...... 39,05...... 2,79 BKN INTERNATIONAL ...... 0,33 ...... 57,14 UFJ TSUBASA SEC ...... 172,00 ...... 32,31 3 M...... 128,71...... 0,54 BANQUES...... 208,12...... 2,01 ENEL ...... IT ...... 4,95...... 0,41 WAL-MART STORES ...... 54,40...... 2,80 TRAVEL24.COM...... 0,42 ...... 44,83 SEKONIC ...... 108,00 ...... 27,06 AM INTL GRP...... 67,41...... 1,26 PRODUIT DE BASE ...... 148,45...... 1,40 ENI SPA ...... IT...... 14,34...... 1,49 WALT DISNEY COMPAN...... 18,55...... 2,04 MEDIGENE ...... 5,04 ...... 40,00 ARAI-GUMI...... 26,00 ...... 23,81 ALCOA ...... 22,74...... 0,89 CHIMIE...... 266,27...... 1,39 FORTIS...... BE...... 19,00...... 2,04 TRADING HOUSE.NET...... 9,00 ...... 28,57 MISAWA HOMES CO LT...... 105,00 ...... 23,53 AOL TIME WARNER...... 14,80 ...... -1,14 NASDAQ TÉLÉCOMMUNICATIONS ...... 332,64...... 1,99 FRANCE TELECOM...... FR...... 13,28...... 5,40 ADVANCED MEDIEN ...... 0,18 ...... 20,00 NAIKAI ZOSEN ...... 50,00 ...... 21,95 AMERICAN EXPRESS ...... 38,54...... 3,44 1774 millions de titres échangés CONSTRUCTION...... 174,28...... 1,06 GENERALI ASS...... IT...... 18,27...... 1,39 BAEURER...... 0,67 ...... 17,54 TOMEN CORP...... 46,00 ...... 21,05 AT&T ...... 27,66...... 1,69 Valeur Cours de clôture ($) %var. CONSOMMATION CYCLIQUE...... 92,52...... 3,20 ING GROEP CVA...... NL...... 17,65...... 3,40 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances BANK OF AMERICA ...... 69,50...... 1,88 ALTERA CORP...... 12,18...... 6,38 PHARMACIE...... 352,71...... 2,27 KONINKLIJKE AHOLD ...... NL...... 12,54...... 3,21 ADS SYSTEM...... 0,01...... -80,00 INOUE KOGYO...... 51,00...... -13,56 BOEING CO...... 31,73...... 1,05 AMAZON.COM...... 22,90...... 7,56 ÉNERGIE ...... 276,65...... 1,24 L'OREAL...... FR...... 72,90...... 2,03 AMATECH ...... 0,07...... -56,25 TOA VALVE HOLDING...... 34600,00...... -11,28 BRISTOL MYERS SQUI...... 25,06...... 3,55 AMGEN INC...... 46,82...... 2,23 SERVICES FINANCIERS...... 173,57...... 1,56 LVMH ...... FR...... 45,06...... 3,16 LIPRO ...... 0,01...... -50,00 TENMAYA STORE ...... 950,00 ...... -9,61 CATERPILLAR ...... 46,53...... 3,52 APPLIED MATERIALS ...... 15,86...... 5,24 ALIMENTATION ET BOISSON ...... 210,05...... 0,96 MUENCHENER RUECKV ...AL...... 140,98...... 0,23 MANAGT DATA MEDIA ...... 0,07...... -36,36 TOSEI ENGINEERING...... 970,00 ...... -9,26 CITIGROUP...... 37,79...... 3,70 BED BATH & BEYOND ...... 34,85...... 4,88 BIENS D'ÉQUIPEMENT ...... 251,79...... 1,23 NOKIA OYJ...... FI...... 18,59...... 3,51 ARNDT...... 0,18...... -28,00 DIJET INDUSTRIAL ...... 83,00 ...... -8,79 COCA-COLA ...... 46,08 ...... -0,67 CISCO SYSTEMS...... 14,38...... 5,27 ASSURANCES...... 179,75...... 2,43 PINAULT PRINTEMPS...... FR...... 82,60...... 2,61 H5B5 MEDIA ...... 0,14...... -26,32 TAISEI U-LEC...... 74,00 ...... -8,64 COLGATE PALMOLIVE...... 53,13...... 0,64 COMCAST A SPECIAL ...... 23,94 ...... -4,24 MÉDIAS ...... 156,51...... 3,23 REPSOL YPF ...... ES...... 12,13...... 2,10 E.MULTI DIGI DIENS...... 0,26...... -25,71 JIDOSHA BU KO...... 32,00 ...... -8,57 DOW CHEMICAL...... 28,15...... 1,85 CONCORD EFS ...... 13,88 ...... -1,56 BIENS DE CONSOMMATION...... 268,55...... 1,59 ROY.PHILIPS ELECTR ...... NL...... 20,24...... 5,64 DUPONT DE NEMOURS...... 42,62...... 0,92 DELL COMPUTER ...... 29,21...... 3,07 COMMERCE ET DISTRIBUTION.....234,72...... 1,51 ?=211...... NL ...... EASTMAN KODAK...... 34,63...... 1,29 EBAY...... 67,36...... 3,42 HAUTE TECHNOLOGIE ...... 297,28...... 3,38 RWE...... AL...... 29,58...... 1,41 EXXON MOBIL ...... 35,30...... 0,28 FLEXTRONICS INTL ...... 9,49...... 7,47 SERVICES COLLECTIFS ...... 216,26...... 1,64 SAINT GOBAIN...... FR...... 26,61...... 3,34 LONDRES PARIS FORD MOTOR...... 8,93...... 4,44 GEMSTAR TV GUIDE ...... 4,19...... 5,04 SANOFI-SYNTHELABO ...... FR...... 60,40...... 2,37 LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXX 20/11 : 2310 millions d'euros échangés 20/11 : 124 millions d'euros échangés GENERAL ELECTRIC ...... 24,80...... 3,77 GENZYME ...... 30,70...... 5,10 SANPAOLO IMI ...... IT ...... 7,12...... 3,19 Code Cours % var. Valeur Cours de clôture (£) %var. Valeur Cours de clôture (¤) % var. GENERAL MOTORS...... 35,30...... 0,80 INTEL CORP ...... 19,15...... 5,63 SIEMENS ...... AL...... 48,38...... 2,05 pays /préc. Meilleures performances Meilleures performances GILLETTE CO...... 31,36...... 1,62 INTUIT ...... 50,97...... 1,71 SOCIETE GENERALE A ...... FR...... 52,85...... 2,82 ABN AMRO HOLDING ...... NL...... 15,99...... 4,31 MARCONI...... 0,02 ...... 11,68 AVENIR TELECOM...... 0,72...... 9,09 HEWLETT PACKARD...... 16,85...... 1,81 JDS UNIPHASE...... 3,05 ...... 10,91 SUEZ...... FR...... 18,72...... 4,29 AEGON NV...... NL...... 14,12...... 4,36 AGGREKO...... 1,42 ...... 10,55 BIC ...... 30,40...... 7,04 HOME DEPOT INC...... 24,70 ...... -0,84 LINEAR TECHNOLOGY ...... 31,73...... 8,48 TELECOM ITALIA...... IT ...... 8,30...... 0,61 AIR LIQUIDE...... FR...... 135,90...... 2,80 HAYS...... 0,90...... 7,83 TRANSICIEL ...... 8,46...... 5,22 HONEYWELL INTL...... 22,90 ...... -0,39 MAXIM INTEGR PROD...... 39,56...... 8,80 TELEFONICA...... ES ...... 9,78...... 2,62 ALCATEL A ...... FR ...... 5,20...... 4,21 CANARY WHARF GROUP...... 2,67...... 7,23 VALEO ...... 28,61...... 4,80 IBM ...... 81,61...... 4,13 MICROSOFT...... 56,62...... 3,26 TIM ...... IT ...... 5,28...... 0,96 ALLIANZ N ...... AL...... 107,16...... 2,15 SPIRENT...... 0,18...... 5,46 HIGHWAVE OPTICAL...... 0,70...... 4,48 INTL PAPER...... 35,76...... 0,82 ORACLE CORP ...... 10,74...... 3,57 TOTAL FINA ELF ...... FR...... 138,70...... 0,51 AVENTIS...... FR...... 59,80...... 2,84 EIDOS PLC ...... 1,32...... 4,99 VALLOUREC ...... 51,00...... 4,08 JOHNSON & JOHNSON...... 60,00...... 2,04 PAYCHEX ...... 28,08...... 2,97 UNICREDITO ITALIAN ...... IT ...... 3,90...... 1,30 AXA...... FR...... 14,99...... 3,88 LLOYDS TSB GROUP ...... 5,41...... 4,14 WANADOO...... 4,24...... 3,92 J.P.MORGAN CHASE ...... 23,72...... 8,06 PEOPLESOFT INC...... 19,64...... 6,10 UNILEVER CVA ...... NL...... 61,60...... 0,98 BASF AG...... AL...... 37,75...... 1,21 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances LUCENT TECHNOLOGIE ...... 1,24...... 3,33 QUALCOMM INC...... 39,15...... 5,78 VIVENDI UNIVERSAL...... FR...... 12,31...... 8,08 BAYER...... AL...... 22,97...... 0,92 BALTIMORE TECHNOL...... 0,05 ...... -9,09 GEOPHYSIQUE ...... 16,80 ...... -6,67 MC DONALD'S CORP...... 18,05...... 1,18 SIEBEL SYSTEMS...... 8,00...... 4,17 VOLKSWAGEN ...... AL...... 38,99...... 1,19 BAYR.HYP.U.VERBK...... AL...... 15,08...... 2,24 BRITISH ENERGY ...... 0,08 ...... -8,24 COFACE...... 45,20 ...... -6,13 MERCK AND CO...... 57,48 ...... -0,23 STARBUCKS CORP ...... 21,90...... 2,48 BBVA ...... ES ...... 9,99...... 2,04 ZONE EURO : FR (France), AL (Allemagne), ES (Espa- EMI GROUP...... 1,59 ...... -7,95 CLUB MEDITERRANEE...... 24,44 ...... -5,27 MOTOROLA ...... 9,35...... 4,94 SUN MICROSYSTEMS...... 3,62...... 1,12 BNP PARIBAS ...... FR...... 43,98...... 2,76 gne), IT (Italie), PT (Portugal), IR (Irlande), LU (Luxem- CORUS GROUP...... 0,27 ...... -7,83 NEXANS ...... 12,71 ...... -5,15 NORTEL NETWORKS...... 2,31...... 5,48 VERITAS SOFTWARE ...... 17,60...... 8,24 bourg), NL (Pays-Bas), AT (Autriche), FI (Finlande), BE BSCH...... ES ...... 6,43...... 2,39 (Belgique), GR (Grèce). P & O STEAM DEF.SH ...... 1,85 ...... -7,04 HAVAS...... 4,21 ...... -4,97 PEPSICO ...... 43,75 ...... -2,56 WORLDCOM...... 0,20...... -25,93 CARREFOUR...... FR...... 46,39...... 2,09 HORS ZONE EURO : CH (Suisse), NO (Norvège), SE BRITISH BIOTECH...... 0,04 ...... -6,25 SODEXHO ALLIANCE...... 24,41 ...... -4,57 PFIZER INC...... 33,09...... 0,27 XILINX INC...... 22,53...... 9,37 DAIMLERCHRYSLER N...... AL...... 33,40...... 0,91 (Suède), RU (Royaume-Uni), DK (Danemark). MYTRAVEL GROUP...... 0,27 ...... -4,50 PINAULT PRINTEMPS ...... 80,50 ...... -4,17 PHILIP MORRIS COS ...... 37,83 ...... -0,71 YAHOO INC ...... 18,00...... 7,40
MARCHÉ DES CHANGES 21/11, 9h50 TAUX TAUX COURANTS OR MÉTAUX Cours % var. Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S. TAUX D'INTÉRÊTS LE 21/11 Taux de base bancaire...... 6,60 % JEUDI 21 NOVEMBRE 9h50 JEUDI 21 NOVEMBRE 9h50 Cours Taux Taux Taux Taux Taux des oblig. des sociétés privées ...... 5,40 % % var. LONDRES j.le j. 3 mois 10 ans 30 ans NEW YORK Taux d'intérêt légal...... 4,26 % OR FIN KILO BARRE ...... 10200,00...... 0,99 ALUMINIUM COMPTANT ($).....1385,00...... 1,02 ($) 0,81991 1,00330 1,57450 0,68311 TOKYO 3,29 3,08 4,49 4,98 OR FIN LINGOT...... 10250,00...... 0,69 ALUMINIUM À 3 MOIS ($)...... 1390,00...... 0,72 (¥) 121,96500 122,35500 192,03000 83,29169 - 3,35 3,98 4,59 4,62 Crédit immobilier à taux fixe ONCE D'OR EN DOLLAR...... 318,85...... -0,27 CUIVRE COMPTANT ($)...... 1600,50...... 0,79 PARIS ¤ 3,29 3,08 4,65 5,15 taux effectif moyen ...... 6,04 % PIÈCE 20 FR. FRANCAIS...... 58,50...... 0,69 CUIVRE À 3 MOIS ($)...... 1618,48...... 0,72 ( ) 0,99665 0,81720 1,56925 0,68065 usure ...... 8,05 % LONDRES 3,29 3,08 4,44 5,02 PIÈCE 20 FR. SUISSE ...... 58,50...... 0,69 ETAIN COMPTANT ($) ...... 4275,00...... 0,83 (£) 0,63512 0,52075 0,63725 0,43380 0,05 0,07 0,99 1,61 Crédit immobilier à taux variable PIÈCE UNION LAT. 20...... 58,50...... 0,52 ETAIN À 3 MOIS ($) ...... 4300,00...... 0,90 - taux effectif moyen ...... 5,99 % ZURICH (FR. S.) 1,46390 1,20060 1,46905 2,30520 1,24 1,42 4,09 5,12 PIÈCE 10 US$...... 196,25...... 0,00 NICKEL COMPTANT ($)...... 7470,00...... 3,89 0,69 0,73 2,52 3,31 usure ...... 7,99 % PIÈCE 20 US$...... 371,25...... 0,00 NICKEL À 3 MOIS ($)...... 7450,00...... 3,77 Crédit consommation (- de 1 524 euros) PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS...... 378,25...... 0,33 PLOMB COMPTANT ($)...... 450,50...... 1,69 taux effectif moyen ...... 16,47 % PLOMB À 3 MOIS ($)...... 455,49...... 1,44 COURS DE L'EURO EURO à 6 mois EURO à 5 jours usure...... 21,96 % ZINC COMPTANT ($)...... 759,00...... 1,67 MARCHÉS A TERME LE 21/11, 9h50 Crédit renouvelable, découverts Achat Vente Echéance Premier Dernier Contrats ZINC À 3 MOIS ($)...... 770,90...... 1,47 taux effectif moyen ...... 13,10 % 1.0096 1.0010 prix prix ouverts DENRÉES NEW YORK ...... 7,4265...... 7,4270 usure...... 17,47 % 1.00 JEUDI 21 NOVEMBRE 9h50 Cours % var. ARGENT À TERME ($) ...... 4,53...... -0,37 ...... 7,3200...... 7,3250 40 . 11/2 3222,00 3238,50 137430 Crédit consommation (+ de 1 524 euros) 1.0079 PLATINE À TERME ($)...... 586,50...... -0,93 ...... 9,0640...... 9,0760 0.98 . 12/2 92,28 0 taux effectif moyen ...... 8,48 % BLE ($ CHICAGO) ...... 372,00...... -2,23 . 50 ...... 30,3618...... 30,8727 0.97 1.0062 9/2 2538,00 1991 usure...... 11,31 % CACAO ($ NEW YORK) ...... 1734,00...... -0,80 ...... 1,7863...... 1,7873 CAFE (£ LONDRES)...... 825,00...... 2,48 0.95 1.0044 Crédit aux entreprises (+ de 2ans) ...... 1,5893...... 1,5900 10 12/2 111,55 111,64 729726 COLZA (¤ PARIS) ...... 283,25...... 0,71 moyenne taux variable ...... 5,65 % PÉTROLE ...... 7,8235...... 7,8278 0.94 1.0027 MAÏS ($ CHICAGO)...... 248,25...... 0,71 usure taux variable ...... 7,53 % Cours % var. -...... 1,9988...... 2,0034 3. 12/2 97,07 97,08 704527 ORGE (£ LONDRES)...... 62,65...... 0,00 JEUDI 21 NOVEMBRE 9h50 0.92 1.0010 moyenne taux fixe ...... 6,19 % ...... 237,3471 ...... 238,1707 JUS D'ORANGE ($ NEW YORK) ...... 1,02...... -0,05 BRENT (LONDRES) ...... 24,39...... 2,05 usure taux fixe...... 8,25 % ...... 33531,0000..33599,0000 MJJASON 14 20 12/2 8470,00 8670,00 34524 SUCRE BLANC (£ LONDRES)...... 204,70...... -0,58 WTI (NEW YORK)...... 26,00...... 2,04 ...... 31,9369...... 31,9565 2002 Novembre . 12/2 894,50 918,50 548601 (Taux de l’usure : taux maximum légal) SOJA TOURT. ($ CHICAGO)...... 167,80...... 0,48 LIGHT SWEET CRUDE ...... 26,00...... 1,96 LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/23 MARCHÉS FRANÇAIS
Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code PREMIER MARCHÉ cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam FINAXA...... 52,00...... 50,50 ...... 2,97....-34,30...... 107,50...... 33,50 .....2,24...... 3313 SIMCO...... ◗...... 84,45...... 83,70 ...... 0,90...... n/d ...... 86,00...... 82,70...... n/d ...12180 VALEURS FRANCAISES FONC.LYON.# ...... 28,15...... 28,00 ...... 0,54 ...... 5,43 ...... 32,60...... 25,00 .....1,00...... 3340 SKIS ROSSIGNOL...... 9,50 ...... 9,30 ...... 2,15....-34,39 ...... 15,90...... 8,40 .....0,28 ...12041 Jeudi 21 novembre 9h30 FRANCE TELECOM...... ◗...... 13,31...... 12,60 ...... 5,63....-70,35 ...... 48,16...... 6,75 .....1,00 ...13330 SOCIETE GENERALE...... ◗...... 53,45...... 51,40 ...... 3,99....-14,95 ...... 81,40...... 36,71 .....2,10 ...13080 Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code FROMAGERIES BEL...... n/d.....106,30...... n/d ...... 6,35...... 120,00...... 91,80 .....2,22 ...12185 SODEXHO ALLIANCE ...... ◗...... 25,20...... 24,41 ...... 3,24....-47,51 ...... 49,70...... 18,11 .....0,56 ...12122 cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam GALERIES LAFAYETTE ...... ◗ ....117,10.....116,30 ...... 0,69....-23,41...... 168,90...... 96,00 .....0,90 ...12124 SOMFY (EX DAMART) ...... 101,90.....102,00...... -0,10 .....52,18...... 109,00...... 66,04 .....3,80 ...12049 ACCOR...... ◗ ...... 35,32...... 34,70 ...... 1,79....-13,49 ...... 49,00...... 26,75 .....1,05 ...12040 GAUMONT # ...... 43,00...... 42,23 ...... 1,82 ...... 4,36 ...... 53,70...... 39,00 .....0,57...... 3489 SOPHIA ...... ◗...... 29,45...... 29,38 ...... 0,24...... -2,41 ...... 32,98...... 27,66 .....1,52 ...12077 AFFINE ...... 39,40...... 39,00 ...... 1,03 ...... 6,77 ...... 40,05...... 30,34 .....1,20...... 3610 GECINA...... ◗...... 93,20...... 91,10 ...... 2,31 ...... 1,85...... 104,00...... 85,60 .....3,60 ...13151 SOPRA GROUP CA# ...... ◗...... 20,47...... 19,35 ...... 5,79....-47,18 ...... 59,20...... 10,01 .....0,80...... 5080 AGF...... ◗...... 34,48...... 33,08 ...... 4,23....-36,02 ...... 58,50...... 22,75 .....2,00 ...12592 GENERALE DE SANTE ...... 9,00 ...... 8,79 ...... 2,39....-37,32 ...... 17,85...... 8,00...... n/d...... 4447 SPIR COMMUNIC. #...... ◗...... 75,20...... 74,90 ...... 0,40...... -3,58 ...... 91,00...... 66,80 .....3,00 ...13173 AIR FRANCE GPE NOM...... ◗...... 12,70...... 12,52 ...... 1,44....-22,74 ...... 21,19...... 7,09 .....0,10...... 3112 GEOPHYSIQUE...... ◗...... 16,96...... 16,80 ...... 0,95....-51,88 ...... 50,05...... 13,35 .....1,22 ...12016 SR TELEPERFORMANCE .....◗...... 19,85...... 19,30 ...... 2,85....-15,53 ...... 29,68...... 12,96 .....0,18...... 5180 AIR LIQUIDE ...... ◗ ....136,40.....132,20 ...... 3,18...... -2,50...... 160,00 ....111,60 .....3,20 ...12007 GFI INFORMATIQUE ...... ◗...... 5,17 ...... 4,60.....12,39....-57,09 ...... 13,34...... 2,14 .....0,15...... 6337 STERIA GROUPE #...... 13,00...... 12,50 ...... 4,00....-56,37 ...... 38,80...... 4,80 .....0,18...... 7291 ALCATEL A...... ◗...... 5,25 ...... 4,99 ...... 5,21....-72,65 ...... 21,62...... 2,05 .....0,16 ...13000 GRANDVISION...... ◗...... 17,75...... 17,91...... -0,89 .....16,39 ...... 20,10...... 15,05 .....0,30...... 5297 SUCR.PITHIVIERS...... n/d.....387,00...... n/d ...... 0,46...... 445,00 ....360,00...13,00...... 3331 ALCATEL O ...... 4,27 ...... 4,04 ...... 5,69....-44,68 ...... 9,62...... 1,61 .....0,10 ...13015 GROUPE GASCOGNE...... 73,00...... 73,00...... n/d...... -1,61 ...... 86,00...... 66,80 .....2,70 ...12441 SUEZ...... ◗...... 18,79...... 17,95 ...... 4,68....-44,73 ...... 34,90...... 13,18 .....0,71 ...12052 ALSTOM...... ◗...... 6,56 ...... 6,24 ...... 5,13....-43,83 ...... 15,24...... 3,25 .....0,55 ...12019 GROUPE PARTOUCHE #...... 66,50...... 66,50...... n/d....-10,43 ...... 84,20...... 57,35 .....0,80...... 5354 TAITTINGER ...... n/d.....122,00...... n/d...... -6,08...... 159,50 ....106,60 .....2,45...... 3720 ALTRAN TECHNO. #...... ◗...... 5,77 ...... 5,39 ...... 7,05....-88,63 ...... 66,40...... 2,53 .....0,20...... 3463 GUYENNE GASCOGNE ...... ◗...... 78,50...... 78,10 ...... 0,51...... -7,64 ...... 92,95...... 74,00 .....1,70 ...12028 TECHNIP-COFLEXIP...... ◗...... 68,50...... 68,25 ...... 0,37....-54,33...... 162,90...... 49,00 .....3,30 ...13170 ARBEL# ...... 2,47 ...... 2,47...... n/d....-20,32 ...... 7,50...... 1,62 .....0,53...... 3588 HAVAS ...... ◗...... 4,44 ...... 4,21 ...... 5,46....-45,38 ...... 11,00...... 2,80 .....0,17 ...12188 TF1...... ◗...... 26,90...... 25,75 ...... 4,47...... -5,24 ...... 36,88...... 19,57 .....0,65...... 5490 AREVA CIP...... 153,00.....151,90 ...... 0,72...... -4,07...... 201,00 ....116,00 .....6,20...... 4524 IMERYS ...... ◗ ....123,30.....123,80...... -0,40 .....14,37...... 139,00...... 98,00 .....3,70 ...12085 THALES ...... ◗...... 28,04...... 27,50 ...... 1,96....-27,63 ...... 46,20...... 23,05 .....0,70 ...12132 ASF ...... ◗...... 25,29...... 25,25 ...... 0,16...... n/d ...... 28,20...... 22,51...... n/d ...18415 IMMEUBLES DE FCE...... n/d...... 23,50...... n/d ...... 6,81 ...... 25,00...... 19,80 .....0,30 ...12037 THOMSON...... ◗...... 18,30...... 17,43 ...... 4,99....-46,95 ...... 37,15...... 12,05...... n/d ...18453 ATOS ORIGIN...... ◗...... 32,30...... 30,60 ...... 5,56....-56,08 ...... 94,40...... 21,50...... n/d...... 5173 IMMOBANQUE NOM...... n/d.....126,90...... n/d...... n/d...... 132,50 ....118,00 .....7,92...... 5793 TOTAL FINA ELF...... ◗ ....139,80.....138,00 ...... 1,30....-12,84...... 179,40 ....121,20 .....3,80 ...12027 AVENTIS ...... ◗...... 59,90...... 58,15 ...... 3,01....-24,89 ...... 85,95...... 47,60 .....0,58 ...13046 INFOGRAMES ENTER...... ◗...... 3,79 ...... 3,60 ...... 5,28....-70,73 ...... 15,98...... 1,06...... n/d...... 5257 TRANSICIEL # ...... ◗...... 8,91 ...... 8,46 ...... 5,32....-74,31 ...... 40,56...... 2,80 .....0,55...... 6271 AXA...... ◗...... 15,06...... 14,43 ...... 4,37....-35,83 ...... 26,09...... 8,80 .....0,56 ...12062 INGENICO...... ◗...... 9,60 ...... 9,10 ...... 5,49....-53,26 ...... 25,90...... 5,13 .....0,15 ...12534 UBI SOFT ENTERTAIN...... ◗...... 14,16...... 13,37 ...... 5,91....-62,24 ...... 39,97...... 7,12...... n/d...... 5447 BACOU DALLOZ ...... 92,00...... 89,00 ...... 3,37 ...... 4,54...... 138,00...... 68,00 .....0,90...... 6089 JC DECAUX...... ◗...... 10,40...... 10,20 ...... 1,96....-17,13 ...... 15,40...... 9,06...... n/d...... 7791 UNIBAIL (CA)...... ◗...... 59,90...... 56,25 ...... 6,49 ...... 4,99 ...... 70,90...... 54,00 .....1,70 ...12471 BAIL INVESTIS.CA...... 130,90.....130,10 ...... 0,61 ...... 8,09...... 147,00 ....121,00 .....7,58 ...12018 KAUFMAN ET BROAD ...... 17,45...... 17,30 ...... 0,87 ...... 5,75 ...... 23,63...... 15,27 .....0,92 ...12105 UNILOG...... ◗...... 32,85...... 31,52 ...... 4,22....-51,93 ...... 90,00...... 14,08 .....0,45...... 3466 BEGHIN SAY...... ◗...... 36,50...... 36,47 ...... 0,08....-10,53 ...... 45,90...... 35,20 .....1,70...... 4455 KLEPIERRE...... ◗ ....123,50.....116,00 ...... 6,47 .....15,09...... 134,60 ....108,20 .....3,10 ...12196 VALEO...... ◗...... 29,20...... 28,61 ...... 2,06....-34,82 ...... 53,00...... 23,00 .....0,70 ...13033 BIC...... ◗...... 31,00...... 30,40 ...... 1,97....-19,18 ...... 44,66...... 27,21 .....0,36 ...12096 LAFARGE...... ◗...... 81,40...... 80,40 ...... 1,24....-22,40...... 111,20...... 67,00 .....2,30 ...12053 VALLOUREC...... ◗...... 51,15...... 51,00 ...... 0,29...... -3,94 ...... 71,40...... 43,80 .....2,10 ...12035 BNP PARIBAS...... ◗...... 44,08...... 42,80 ...... 2,99....-12,27 ...... 61,85...... 27,50 .....1,20 ...13110 LAGARDERE...... ◗...... 43,55...... 42,38 ...... 2,76...... -7,34 ...... 54,85...... 35,50 .....0,82 ...13021 VINCI...... ◗...... 58,70...... 58,20 ...... 0,86....-10,84 ...... 74,90...... 55,35 .....1,70 ...12548 BOLLORE...... ◗ ...... n/d.....252,00...... n/d ...... 4,91...... 262,00 ....225,50 .....3,50 ...12585 LEBON (CIE) ...... 54,00...... 53,05 ...... 1,79 ...... 7,56 ...... 59,00...... 48,75 .....2,30 ...12129 VIVARTE ...... 34,20...... 34,75...... -1,58 ...... 6,47 ...... 36,00...... 29,30 .....1,98 ...13041 BOLLORE INV...... 46,00...... 44,50 ...... 3,37....-10,41 ...... 55,00...... 35,23 .....0,25...... 3929 LEGRAND ORD...... 132,50.....134,60...... -1,56...... -7,98...... 180,00 ....118,00 .....0,93 ...12061 VIVENDI ENVIRON...... ◗...... 23,41...... 22,90 ...... 2,23....-36,79 ...... 38,76...... 17,18 .....0,55 ...12414 BONGRAIN...... n/d...... 42,50...... n/d...... -5,55 ...... 59,80...... 35,96 .....1,45 ...12010 LEGRAND ADP...... n/d.....107,80...... n/d....-13,06...... 143,20 ....101,10 .....1,49 ...12528 VIVENDI UNIVERSAL ...... ◗...... 12,44...... 11,39 ...... 9,22....-79,77 ...... 64,40...... 8,62 .....1,00 ...12777 BOUYGUES...... ◗...... 28,15...... 27,74 ...... 1,48....-23,50 ...... 38,95...... 20,40 .....0,36 ...12050 LEGRIS INDUST...... ◗...... 21,30...... 21,35...... -0,23...... -3,18 ...... 25,39...... 18,01 .....0,70 ...12590 WANADOO ...... ◗...... 4,46 ...... 4,24 ...... 5,19....-20,78 ...... 6,70...... 2,94...... n/d ...12415 BULL#...... ◗...... 0,47 ...... 0,46 ...... 2,17....-61,78 ...... 1,36...... 0,34...... n/d...... 5260 LIBERTY SURF ...... 2,20 ...... 2,17 ...... 1,38....-22,80 ...... 3,80...... 2,11...... n/d...... 7508 WENDEL INVEST...... ◗...... 22,06...... 21,20 ...... 4,06...... n/d ...... 36,40...... 16,57 .....2,20 ...12120 BURELLE (LY)...... n/d...... 61,00...... n/d .....22,90 ...... 68,00...... 49,63 .....0,60...... 6113 LOCINDUS...... 30,96...... 30,06 ...... 2,99...... -1,71 ...... 35,97...... 25,81 .....8,76 ...12135 WORMS & CIE NOM...... 17,81...... 17,80 ...... 0,06...... -8,66 ...... 21,02...... 14,50 .....0,56...... 6336 BUSINESS OBJECTS...... ◗...... 18,50...... 17,65 ...... 4,82....-50,73 ...... 51,00...... 9,06...... n/d ...12074 L'OREAL ...... ◗...... 73,45...... 71,45 ...... 2,80...... -9,20 ...... 88,30...... 60,55 .....0,54 ...12032 ZODIAC...... ◗...... 21,70...... 21,55 ...... 0,70 ...... 6,42 ...... 28,85...... 16,82 .....5,20 ...12568 CANAL + ...... ◗...... 4,23 ...... 4,30...... -1,63 .....18,15 ...... 4,79...... 3,43 .....0,18 ...12546 LOUVRE #...... 61,75...... 60,00 ...... 2,92...... -1,67 ...... 83,40...... 50,00 .....1,30...... 3311 ...... CAP GEMINI...... ◗...... 27,05...... 25,11 ...... 7,73....-66,64 ...... 90,70...... 12,85 .....0,40 ...12533 LUCIA...... 10,10...... 10,80...... -6,48....-22,30 ...... 14,13...... 9,10 .....1,83...... 3630 ...... CARBONE-LORRAINE ...... ◗...... 24,90...... 24,20 ...... 2,89....-17,00 ...... 39,48...... 20,10 .....0,80...... 3962 LVMH MOET HEN...... ◗...... 45,25...... 43,68 ...... 3,59...... -0,98 ...... 61,60...... 31,61 .....0,53 ...12101 ...... CARREFOUR ...... ◗...... 46,75...... 45,44 ...... 2,88....-19,94 ...... 58,80...... 36,33 .....0,56 ...12017 MARIONNAUD PARFUM...◗...... 36,38...... 35,85 ...... 1,48....-33,12 ...... 57,60...... 34,01...... n/d...... 6494 ...... CASINO GUICH.ADP...... 50,40...... 50,00 ...... 0,80....-19,36 ...... 67,30...... 42,50 .....1,58 ...12113 MATUSSIERE FOREST...... 7,45 ...... 7,45...... n/d....-16,19 ...... 9,85...... 4,77 .....0,22...... 6057 ...... CASINO GUICHARD ...... ◗...... 69,50...... 68,30 ...... 1,76....-19,79 ...... 89,90...... 58,55 .....1,54 ...12558 MAUREL ET PROM...... 21,80...... 21,79 ...... 0,05 .....40,64 ...... 24,99...... 15,10 .....0,91...... 5107 ...... CASTORAMA DUBOIS ...... ◗...... 65,75...... 66,30...... -0,83...... n/d ...... 66,95...... 65,00...... n/d ...12420 METALEUROP ...... 1,87 ...... 1,84 ...... 1,63....-39,28 ...... 4,90...... 1,59 .....0,61 ...12038 ...... CEGID (LY)...... 39,70...... 39,50 ...... 0,51....-49,32 ...... 90,50...... 34,01 .....2,30 ...12470 MICHELIN ...... ◗...... 29,90...... 28,91 ...... 3,42....-19,29 ...... 45,05...... 24,50 .....0,85 ...12126 ...... CEREOL ...... ◗...... 32,31...... 32,50...... -0,58 .....13,56 ...... 36,40...... 28,00 .....0,65...... 4456 MONTUPET SA ...... 13,75...... 13,60 ...... 1,10 .....31,83 ...... 16,40...... 9,12 .....0,17...... 3704 ...... CFF.RECYCLING ...... 42,70...... 42,55 ...... 0,35 ...... 6,75 ...... 49,88...... 35,00 .....2,08...... 3905 CONTIN.ENTREPR...... n/d...... 35,86...... n/d....-19,77 ...... 46,90...... 31,00 .....0,70...... 3664 ...... CHARGEURS ...... 24,80...... 24,50 ...... 1,22...... -0,76 ...... 30,66...... 21,50 .....3,00 ...13069 NATEXIS BQ POP...... ◗...... 78,40...... 77,75 ...... 0,84....-19,09 ...... 97,50...... 70,00 .....2,50 ...12068 ...... CHRISTIAN DIOR ...... ◗...... 35,15...... 33,84 ...... 3,87 ...... 1,97 ...... 47,63...... 24,21 .....0,50 ...13040 NEOPOST...... ◗...... 31,00...... 31,05...... -0,16...... -5,25 ...... 44,50...... 24,09...... n/d ...12056 ◗ CIC -ACTIONS A ...... 120,70.....120,60 ...... 0,08 ...... 0,16...... 135,00 ....118,10 .....2,36 ...12005 NEXANS...... 13,00...... 12,71 ...... 2,28....-19,80 ...... 24,90...... 9,15 .....0,43...... 4444 VALEURS INTERNATIONALES◗ ZONE EURO ◗ ALTADIS...... 21,65...... 21,58 ...... 0,32 .....13,46 ...... 24,63...... 17,55 .....0,28 ...12975 CIMENTS FRANCAIS...... 50,25...... 50,10 ...... 0,30 ...... 4,68 ...... 53,50...... 46,02 .....1,40 ...12098 NORBERT DENTRES...... 19,99...... 19,95 ...... 0,20....-10,55 ...... 29,69...... 16,80 .....0,60...... 5287 ◗ CLARINS...... ◗...... 38,67...... 38,80...... -0,34....-39,00 ...... 72,50...... 26,11 .....0,65 ...13029 NRJ GROUP...... ◗...... 17,10...... 17,10...... n/d....-18,33 ...... 26,00...... 12,60 .....0,28 ...12169 AMADEUS PRIV. A ...... 4,89 ...... 4,83 ...... 1,24....-25,57 ...... 8,44...... 3,26 .....0,05 ...12823 ◗ ◗ ARCELOR...... ◗...... 11,63...... 11,57 ...... 0,52...... n/d ...... 16,69...... 8,40...... n/d...... 5786 CLUB MEDITERRANEE ...... 24,55...... 24,44 ...... 0,45....-40,12 ...... 56,40...... 17,32 .....1,00 ...12156 OBERTHUR CARD SYS...... 1,81 ...... 1,70 ...... 6,47....-79,77 ...... 9,40...... 1,19...... n/d ...12413 ◗ CNP ASSURANCES ...... ◗...... 36,20...... 36,00 ...... 0,56 ...... 1,40 ...... 43,98...... 31,50 .....1,39 ...12022 ORANGE ...... ◗...... 6,93 ...... 6,72 ...... 3,13....-31,92 ...... 10,74...... 4,19...... n/d...... 7919 B.A.S.F. # ...... n/d...... 36,90...... n/d....-12,74 ...... 49,90...... 30,12 .....1,03 ...12807 ◗ BAYER #...... ◗...... 22,99...... 22,43 ...... 2,50....-34,52 ...... 40,52...... 17,05 .....0,71 ...12806 COFACE SVN CA...... 46,00...... 45,20 ...... 1,77...... -2,95 ...... 64,00...... 40,01 .....1,47 ...12099 OXYG.EXT-ORIENT...... 75,00...... 75,00...... n/d ...... 5,93 ...... 85,20...... 66,50...15,50...... 3117 ◗ COFLEXIP...... 80,00...... 84,85...... -5,72....-49,68...... 172,00...... 75,15 .....0,31 ...13064 PECHINEY ACT ORD A...... ◗...... 30,11...... 29,69 ...... 1,41....-47,99 ...... 63,80...... 24,50 .....1,00 ...13290 DEUTSCHE BANK #...... 49,51...... 48,61 ...... 1,85....-37,60 ...... 82,60...... 35,67 .....1,03 ...12804 DEXIA...... ◗...... 11,42...... 11,07 ...... 3,16....-29,50 ...... 18,95...... 8,22 .....0,36 ...12822 COLAS...... n/d...... 67,20...... n/d ...... 6,07 ...... 75,95...... 62,00 .....2,80 ...12163 PECHINEY B PRIV...... n/d...... 33,20...... n/d....-38,97 ...... 59,60...... 26,40 .....1,79...... 3640 ◗ CREDIT AGRICOLE ...... ◗...... 17,81...... 17,00 ...... 4,76 ...... 0,11 ...... 24,70...... 13,46 .....0,55...... 4507 PENAUILLE POLY.#...... ◗...... 6,25 ...... 5,90 ...... 5,93....-84,17 ...... 45,59...... 3,23 .....0,28...... 5338 EADS(EX-AERO.MAT.) ...... 11,75...... 11,45 ...... 2,62....-13,85 ...... 18,45...... 8,67 .....0,38...... 5730 ◗ EQUANT N.V...... ◗...... 5,30 ...... 5,09 ...... 4,13....-60,62 ...... 14,95...... 2,26...... n/d ...12701 CRED.FON.FRANCE ...... n/d...... 16,25...... n/d .....11,76 ...... 16,80...... 13,05 .....0,40 ...12081 PERNOD-RICARD...... 96,75...... 95,70 ...... 1,10 .....11,20...... 106,90...... 81,30 .....1,00 ...12069 ◗ CREDIT LYONNAIS ...... ◗...... 37,70...... 36,65 ...... 2,86 ...... 0,53 ...... 48,80...... 27,65 .....0,75 ...18420 PEUGEOT...... ◗...... 44,22...... 43,30 ...... 2,12...... -7,39 ...... 60,80...... 32,20 .....1,15 ...12150 EURONEXT N.V ...... 22,60...... 22,45 ...... 0,67 ...... 6,35 ...... 25,00...... 17,78 .....0,26...... 5777 ◗ GEMPLUS INTL ...... ◗...... 1,01 ...... 0,96 ...... 5,21....-64,43 ...... 3,08...... 0,37...... n/d...... 5768 CS COM.ET SYSTEMES ...... n/d ...... 6,45...... n/d....-22,28 ...... 12,25...... 5,76...... n/d...... 7896 PINAULT-PRINT.RED...... 82,85...... 80,50 ...... 2,92....-42,70...... 154,69...... 53,90 .....2,30 ...12148 ◗ DANONE...... ◗ ....134,00.....132,50 ...... 1,13...... -2,18...... 150,40 ....109,40 .....2,06 ...12064 PLASTIC OMN.(LY) ...... n/d...... 64,80...... n/d ...... 9,83 ...... 96,00...... 59,05 .....1,20 ...12457 NOKIA A ...... 18,60...... 17,65 ...... 5,38....-35,19 ...... 30,32...... 10,55 .....0,27...... 5838 ◗ ROYAL DUTCH # ...... ◗...... 44,26...... 43,23 ...... 2,38....-21,87 ...... 63,15...... 39,38 .....0,54 ...13950 DASSAULT-AVIATION...... 291,20.....291,20...... n/d...... -8,13...... 425,00 ....281,10 .....6,50 ...12172 PROVIMI...... 13,50...... 13,50...... n/d....-36,67 ...... 24,70...... 13,30 .....0,20...... 4458 ◗ DASSAULT SYSTEMES ...... ◗...... 26,39...... 24,91 ...... 5,94....-51,12 ...... 59,40...... 15,19 .....0,33 ...13065 PSB INDUSTRIES LY ...... n/d...... 79,90...... n/d....-10,72 ...... 92,70...... 70,80 .....3,80...... 6032 ROYAL PHILIPS 0.20...... 20,25...... 19,25 ...... 5,19....-38,78 ...... 36,07...... 12,51 .....0,27 ...13955 ◗ SIEMENS # ...... ◗...... 48,36...... 46,41 ...... 4,20....-34,73 ...... 79,75...... 30,50 .....0,74 ...12805 DEV.R.N-P.CAL LI # ...... 14,20...... 14,40...... -1,39...... -1,38 ...... 16,90...... 13,00 .....0,55 ...12423 PUBLICIS GR. SA #...... 22,15...... 21,42 ...... 3,41....-25,54 ...... 39,90...... 16,70 .....0,22 ...13057 ◗ DEVEAUX(LY)# ...... 73,00...... 72,40 ...... 0,83...... -9,31 ...... 78,00...... 54,85 .....3,00...... 6100 REMY COINTREAU ...... ◗...... 30,40...... 30,20 ...... 0,66 .....22,23 ...... 35,00...... 24,87 .....0,90 ...13039 STMICROELECTRONICS ...... 24,05...... 22,66 ...... 6,13....-33,28 ...... 39,70...... 11,10 .....0,03 ...12970 ◗ TELEFONICA #...... ◗...... 9,80 ...... 9,52 ...... 2,94....-32,78 ...... 15,32...... 7,31 .....0,28 ...12811 DIDOT-BOTTIN ...... n/d...... 78,80...... n/d .....29,18 ...... 88,00...... 61,10 .....2,74...... 3747 RENAULT ...... 48,98...... 48,09 ...... 1,85 .....23,65 ...... 57,45...... 34,60 .....0,92 ...13190 ◗ DMC (DOLLFUS MI) ...... 4,10 ...... 4,04 ...... 1,49....-45,26 ...... 11,48...... 3,43 .....0,61 ...12133 REXEL ...... ◗...... 33,62...... 33,50 ...... 0,36....-49,02 ...... 75,40...... 25,50 .....2,22 ...12595 UNILEVER NV # ...... 61,90...... 62,45...... -0,88...... -6,06 ...... 72,40...... 48,85 .....0,41 ...13953 DYNACTION...... n/d...... 23,94...... n/d....-11,00 ...... 32,40...... 17,50 .....0,50 ...13035 RHODIA ...... ◗...... 6,65 ...... 6,50 ...... 2,31....-25,94 ...... 12,40...... 5,75 .....0,12 ...12013 ...... EIFFAGE ...... ◗...... 74,90...... 73,00 ...... 2,60 ...... 9,50 ...... 97,40...... 67,00 .....2,10 ...13045 ROUGIER #...... n/d...... 49,00...... n/d....-14,11 ...... 66,50...... 45,50 .....3,00...... 3764 VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EURO ELECT.MADAGASCAR...... 20,70...... 21,00...... -1,43 ...... 1,22 ...... 22,68...... 15,91 .....1,50...... 3571 RUE IMPERIALE (LY)...... n/d.....125,10...... n/d....-19,29...... 182,00 ....117,20...21,19 ...12400 ERICSSON #...... ◗...... 1,05 ...... 1,01 ...... 3,96....-75,80 ...... 4,79...... 0,36 .....0,04 ...12905 ◗ ELIOR SVN SCA...... 5,91 ...... 5,89 ...... 0,34....-26,67 ...... 9,88...... 3,13 .....0,07 ...12127 SADE (NY) ...... n/d...... 51,00...... n/d .....10,86 ...... 57,50...... 45,20 .....2,80 ...12431 GENERAL ELECT. # ...... ◗...... 24,87...... 23,94 ...... 3,88....-46,09 ...... 47,80...... 21,53 .....0,16 ...12943 ◗ ENTENIAL(EX CDE)...... 32,98...... 32,98...... n/d .....30,09 ...... 35,89...... 25,35 .....0,54 ...12093 SAGEM S.A...... 72,00...... 70,15 ...... 2,64 ...... 4,72 ...... 79,95...... 50,30 .....0,60...... 7327 HSBC HOLDINGS...... ◗...... 11,61...... 11,51 ...... 0,87....-12,83 ...... 14,10...... 10,10 .....0,21 ...12976 ◗ ERAMET...... 18,20...... 18,00 ...... 1,11....-47,39 ...... 39,80...... 13,90 .....0,60 ...13175 SAINT-GOBAIN...... 26,63...... 25,75 ...... 3,42....-37,14 ...... 49,05...... 18,57 .....4,50 ...12500 I.B.M # ...... ◗...... 82,55...... 78,85 ...... 4,69....-40,95...... 141,90...... 54,65 .....0,13 ...12964 ◗ ESSILOR INTL ...... 41,00...... 40,67 ...... 0,81 .....20,76 ...... 45,57...... 31,20 .....0,41 ...12166 SALVEPAR (NY)...... n/d...... 45,00...... n/d....-10,44 ...... 58,10...... 41,00 .....1,50 ...12435 KINGFISHER SICO...... ◗...... 3,60 ...... 3,70...... -2,70....-25,77 ...... 5,27...... 2,51 .....0,05 ...22046 ◗ ESSO...... 80,10...... 80,10...... n/d...... -0,12 ...... 96,80...... 78,00 .....3,25 ...12066 SANOFI SYNTHELABO ...... 60,60...... 59,00 ...... 2,71....-27,68 ...... 84,30...... 49,78 .....0,66 ...12057 MERCK AND CO #...... ◗...... 56,95...... 57,65...... -1,21....-16,00 ...... 73,20...... 38,00 .....0,31 ...12909 ◗ ◗ EULER ET HERMES ...... 22,00...... 21,99 ...... 0,05....-46,80 ...... 46,13...... 16,00 .....1,40 ...12130 SCHNEIDER ELECTRIC ...... 47,98...... 47,17 ...... 1,72....-11,14 ...... 59,85...... 37,16 .....1,60 ...12197 NESTLE SA NOM. #...... ◗ ....217,70.....213,30 ...... 2,06...... -8,91...... 272,90 ....186,50 .....2,84 ...13911 ◗ ◗ EURAZEO...... 47,21...... 47,50...... -0,61....-22,47 ...... 60,80...... 38,03 .....1,00 ...12112 SCOR SVN ...... 7,70 ...... 7,59 ...... 1,45....-78,25 ...... 46,80...... 5,50 .....0,30 ...13030 PHILIP MORRIS #...... ◗...... 37,57...... 37,55 ...... 0,05....-28,43 ...... 62,25...... 36,00 .....0,56 ...12928 ◗ ◗ EURO DISNEY SCA ...... 0,46 ...... 0,45 ...... 2,22....-47,72 ...... 1,21...... 0,40...... n/d ...12587 S.E.B...... 86,95...... 86,50 ...... 0,52 .....38,78 ...... 96,05...... 61,00 .....2,00 ...12170 SCHLUMBERGER #...... ◗...... 41,91...... 41,63 ...... 0,67....-34,41 ...... 70,95...... 33,87 .....0,19 ...12936 ◗ EUROTUNNEL ...... 0,66 ...... 0,65 ...... 1,54....-41,59 ...... 1,18...... 0,62...... n/d ...12537 SEITA...... n/d...... 64,10...... n/d .....32,98 ...... 64,80...... 45,10 .....1,84 ...13230 SONY CORP. # ...... ◗...... 42,51...... 41,53 ...... 2,36....-17,61 ...... 65,45...... 40,11 .....0,09 ...12903 FAURECIA ...... ◗...... 41,21...... 40,90 ...... 0,76....-30,15 ...... 61,40...... 33,00 .....0,91 ...12114 SELECTIBAIL(EXSEL) ...... 16,80...... 16,64 ...... 0,96 ...... 5,52 ...... 18,50...... 15,33 .....1,48 ...12599 ◗ Cours en euros. VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO et HORS ZONE EURO : une sélection. F.F.P. (NY)...... 104,90.....102,20 ...... 2,64 ...... 8,08...... 132,50...... 82,00 .....2,20...... 6478 SIDEL...... 44,00...... 45,94...... -4,22....-12,00 ...... 53,00...... 27,01...... n/d ...13060 ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). En gras : CAC40. # : valeur faisant l'objet FIMALAC...... ◗...... 27,25...... 27,15 ...... 0,37....-32,38 ...... 50,50...... 23,66 .....1,40...... 3794 SILIC ...... 163,50.....160,00 ...... 2,19 ...... 4,27...... 189,00 ....148,00 .....7,10...... 5091 d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2002. n/d : valeur non disponible.
CAST #...... 1,35 ...... -5,59 CITEL ...... 2,61...... -10,00 NOUVEAU MARCHÉ RECIF # ...... 1,45 ...... -5,23 SECOND MARCHÉ WALTER # ...... 5,00 ...... -9,26 SWORD GROUP...... 33,00 ...... -5,17 SYNERGIE (EX SID.) ...... 10,00 ...... -9,09 20/11 : 13,08 millions d'euros échangés HIMALAYA #...... 0,41 ...... -4,65 20/11 : 16,04 millions d'euros échangés NSC GPE (NY)...... 81,00 ...... -8,99 Valeur Cours de clôture (¤) % var. SOLUCOM #...... 6,30 ...... -4,55 Valeur Cours de clôture (¤) % var. SECURIDEV #...... 8,22 ...... -8,57 Meilleures performances QUANTEL #...... 3,45 ...... -3,90 Meilleures performances PCAS #...... 16,20 ...... -8,42 PROSODIE BS02 ...... 0,32 ...... 39,13 GENERIX # ...... 8,00 ...... -3,61 GRAINES VOLTZ #...... 7,40 ...... 32,38 KINDY #...... 1,40 ...... -7,89 NETGEM...... 2,24 ...... 28,74 Plus forts volumes d'échange NORTENE #...... 11,50 ...... 21,05 Plus forts volumes d'échange GENUITY A-REGS 144 ...... 0,25 ...... 25,00 AUFEMININ.COM...... 1,75...... 1,16 CGBI ACT.DIV...... 0,60 ...... 13,21 ALGECO # ...... 75,70 ...... -2,20 GAUDRIOT # ...... 14,58 ...... 21,70 AVENIR TELECOM #...... 0,72...... 9,09 TEISSEIRE-FRANCE...... 24,65 ...... 10,04 ALTEN (SVN) # ...... 7,70 ...... -0,90 SYNELEC #...... 4,19 ...... 12,33 BRIME TECHNO. # ...... 8,74 ...... -0,46 COM 1(B)# ...... 5,50 ...... 10,00 APRIL S.A.#(LY)...... 14,10 ...... -1,05 BARBARA BUI # ...... 10,24...... 9,87 CEREP # ...... 8,30 ...... -1,19 S.E.A.E...... 5,01...... 9,87 ASSYSTEM #...... 21,98 ...... -0,54 ALDETA # ...... 1,84...... 9,52 DEVOTEAM # ...... 6,68...... 1,21 STEDIM # ...... 70,00...... 9,38 BENETEAU #...... 44,50...... 1,95 AVENIR TELECOM #...... 0,72...... 9,09 GAUDRIOT # ...... 14,58 ...... 21,70 DELACHAUX S.A...... 57,60...... 8,68 BONDUELLE...... 68,40...... 0,51 DALET #...... 0,83...... 7,79 GENESYS #...... 2,14 ...... -2,73 EURALTECH...... 2,80...... 7,69 CAMAIEU ...... 40,20...... 0,75 CALL CENTER ALL...... 3,00...... 7,14 HIGH CO.#...... 16,10 ...... -1,83 LE TANNEUR...... 3,75...... 6,84 FLEURY MICHON ...... 29,01 ...... -1,66 GUILLEMOT # ...... 1,65...... 5,77 HIGHWAVE OPTICAL...... 0,70...... 4,48 DELTA PLUS GROUP...... 14,48...... 6,00 FONCIA GROUPE ...... 58,00 ...... -0,60 COHERIS...... 2,90...... 5,45 HIMALAYA #...... 0,41 ...... -4,65 GUERBET S.A...... 32,80...... 5,81 HERMES INTL...... 147,10...... 0,75 ACTEOS # ...... 1,40...... 5,26 IPSOS #...... 58,50 ...... -1,60 CEGEDIM #...... 37,00...... 5,71 IOLTECH ...... 60,00...... 3,45 HOLOGRAM INDUST.#...... 1,81...... 5,23 LINEDATA SERVICES# ...... 15,00 ...... -6,19 TOUPARGEL (LY) #...... 15,30...... 5,52 LECTRA (B) #...... 5,00...... 0,00 Plus mauvaises performances MEDIDEP # ...... 16,49 ...... -2,31 Plus mauvaises performances M6-METR.TV ACT.DIV ...... 24,20...... 1,26 TRACING SERVER # ...... 4,87...... -22,70 NETGEM...... 2,24 ...... 28,74 CIBOX INTER. NOM...... 0,10...... -16,67 MR BRICOLAGE...... 21,85 ...... -0,68 OLITEC #...... 3,43...... -17,75 NICOX # ...... 16,20 ...... -1,82 GECI INTL ...... 1,20...... -16,08 NAF-NAF #...... 16,00...... 0,00 CONSODATA ...... 4,00...... -13,04 SAVEURS DE FRANCE# ...... 27,80...... 3,35 COFIDUR #...... 0,15...... -11,76 ORCO PROPERTY GRP...... 18,00 ...... -0,55 DURAN DUBOI #...... 1,90...... -12,84 SOI TEC SILICON #...... 3,07...... 0,00 LEON BRUXELLES...... 0,09...... -10,00 RALLYE...... 35,00 ...... -0,74 BAC MAJESTIC...... 0,42 ...... -8,70 TRACING SERVER # ...... 4,87...... -22,70 MERMET INDUST.# ...... 8,19...... -10,00 RODRIGUEZ GROUP # ...... 53,90...... 0,28 LEXIBOOK # SVN...... 10,90 ...... -8,17 VALTECH ...... 0,62...... 1,64 UGIGRIP ...... 3,15...... -10,00 STEDIM # ...... 70,00...... 9,38 LINEDATA SERVICES# ...... 15,00 ...... -6,19 WAVECOM #...... 28,00...... 0,36 AFIBEL ...... 44,10...... -10,00 TESSI...... 18,99 ...... -0,05 (Publicité) ECUR.MONETAIRE C 229,46 20/11 2,16 CA AM MASTER DUO 11,89 18/11 -16,13 CIC OBLI LONG T.D 15,29 20/11 0,06 STRATEGIE IND.USA 6449,94 19/11 -31,85 DEDIALYS TECHNO. 20,33 20/11 -41,84 SICAV ET FCP ECUR.MONETAIRE D 188,17 20/11 0,58 CA AM MASTER OBL. 31,37 18/11 1,45 CIC OBLI M T.C 37,40 20/11 4,17 DEDIALYS TELECOM 31,25 20/11 -34,73 ECUR.OBLIG.INTER.C 176,90 20/11 -0,12 CA AM MASTER PEA 8,56 18/11 -31,13 CIC OBLI M T.D 26,55 20/11 -0,37 OBLITYS INSTIT.C 104,33 20/11 5,27 SÉLECTION publiée sous la ECUR.TECHNOLOGIESC 23,82 20/11 -38,98 CAPITOP MONETAIREC 196,85 22/11 2,10 CIC OBLI MONDE 134,43 20/11 -1,53 POSTE EURO CREDIT 106,05 20/11 0,00 responsabilité de l'émetteur ECUR.TECHONOLGIESD 23,75 20/11 -40,00 CAPITOP MONETAIRED 186,62 22/11 2,10 Fonds communs de placements POSTE EUROPE C 98,79 20/11 6,31 ECUR.TRIMESTR.D 276,21 20/11 0,95 CAPITOP REVENUS 173,80 20/11 0,00 CIC AMERIQUELATINE 104,22 20/11 0,00 ADDILYS C 110,24 20/11 2,52 POSTE EUROPE D 93,53 20/11 5,54 EPARCOURT-SICAV D 28,54 20/11 0,10 OPTALIS DYNAMIQUEC 14,18 19/11 -23,53 CIC CONVERTIBLES 4,97 20/11 -9,30 ADDILYS D 106,97 20/11 0,29 POSTE PREM.8ANS C 214,03 20/11 7,40 Dernier cours connu le 21/11 à 9h GEOPTIM C 2476,50 20/11 5,73 OPTALIS DYNAMIQUED 13,11 19/11 -24,58 CIC DOLLAR CASH 1441,69 20/11 0,00 AMPLITUDE AMERIQ.C 18,29 20/11 -30,21 POSTE PREM.8ANS D 192,95 20/11 7,40 Fonds communs de placements OPTALIS EQUILIBREC 16,27 19/11 -13,34 CIC ECOCIC 333,37 20/11 0,00 AMPLITUDE AMERIQ.D 17,48 20/11 -31,15 REMUNYS PLUS 105,66 20/11 2,15 Valeur Cours date % var. en euro valeur 31/12 ECUR.EQUILIBRE C 35,36 20/11 -6,19 OPTALIS EQUILIBRED 14,60 19/11 -14,54 CIC EURO OPPORT. 17,68 20/11 -42,69 AMPLITUDE EUROPE C 22,79 20/11 -29,52 ECUR.VITALITE C 32,97 20/11 -19,25 OPTALIS EXPANSIONC 10,50 19/11 -29,32 CIC EUROPE 50 C 8,82 20/11 0,00 AMPLITUDE EUROPE D 21,41 20/11 -30,89 ECUREUIL PRUDENCEC 35,36 20/11 2,08 OPTALIS EXPANSIOND 10,07 19/11 -30,53 CIC EUROPE 50 D 8,72 20/11 -26,47 AMPLITUDE FRANCE C 59,47 20/11 -28,55 ECUREUIL PRUDENCED 34,50 20/11 1,86 OPTALIS SERENITE C 17,51 19/11 -2,39 CIC FRANCEVALOR C 25,58 20/11 -31,80 AMPLITUDE FRANCE D 58,52 20/11 -29,69 AGIPI ACTIONS 19,22 20/11 -28,01 NECTRA 2 C 974,75 20/11 -4,17 OPTALIS SERENITE D 15,23 19/11 -3,36 CIC FRANCEVALOR D 25,58 20/11 -31,80 AMPLITUDE MONDE C 160,94 20/11 -29,18 SELECT.DEFENSIF C 186,33 20/11 -3,29 AGIPI AMBITION 21,20 20/11 -16,60 NECTRA 2 D 974,75 20/11 -4,17 PACTE SOLIDAR.LOG. 77,21 19/11 0,31 CIC GLOBAL C 200,51 20/11 -18,43 AMPLITUDE MONDE D 142,90 20/11 -29,89 SELECT.DYNAMIQUE C 186,50 20/11 -21,86 NECTRA 5 C 872,03 20/11 -14,15 PACTE VERT TIERS-M 82,24 19/11 0,31 CIC GLOBAL D 200,51 20/11 -18,43 AMPLITUDE PACIFI.C 11,72 20/11 -22,48 SELECT.EQUILIBRE 2 147,11 20/11 -12,49 NECTRA 5 D 872,03 20/11 -14,15 CIC HIGH YIELD 372,62 15/11 -8,11 AMPLITUDE PACIFI.D 11,05 20/11 -23,52 SELECT.PEA 1 160,16 20/11 -21,86 NECTRA 8 C 760,61 20/11 -24,67 CIC JAPON 5,71 20/11 -27,96 ELANCIEL EUROD PEA 66,70 20/11 -32,90 SELECT.PEA DYNAM. 101,14 20/11 -28,67 NECTRA 8 D 760,61 20/11 -24,67 CIC MARCHES EMERG. 83,02 15/11 -23,89 ELANCIEL FR.D PEA 27,66 20/11 -31,72 SOGEACT EUROPE D 155,27 20/11 -30,39 BNP ASSOC.PREMIERE 10050,79 20/11 2,73 CIC NOUVEAU MARCHE 2,58 20/11 -52,36 EM.EUROPOSTE D PEA 20,76 20/11 -32,36 SOGEACT FRANCE DIV 55,79 20/11 -25,47 BNP EURIBOR ASSOC. 53468,03 20/11 2,92 EURCO SOLIDARITE 237,17 20/11 5,21 CIC OR ET MAT 120,71 20/11 0,00 ETHICIEL C 83,83 20/11 -18,73 SOGEACT FRANCE RDT 62,07 18/11 -37,95 BNP MONE C.TERME 2576,39 20/11 2,73 MONELION JOUR C 503,65 19/11 2,27 CIC ORIENT 128,13 19/11 -19,01 GEOBILYS C 129,59 20/11 6,25 SOGEACT MONDE 33,11 20/11 -37,41 BNP MONE EURIBOR 19098,12 20/11 2,89 MONELION JOUR D 422,80 19/11 1,94 CIC PEA SERENITE 173,81 20/11 2,24 GEOBILYS D 116,95 20/11 5,18 SOGEACT OPPFRANCEC 312,30 20/11 -26,23 BNP MONE PLACEM.C 2819,06 20/11 2,25 Multi-promoteurs SICAV 5000 112,49 20/11 -30,03 CIC PIERRE 33,84 20/11 0,00 INTENSYS C 21,27 20/11 2,40 SOGEOBL CONV EUROC 199,58 20/11 -12,59 BNP MONE TRESORE. 11518,41 20/11 LIV.BOURSE INV.D 127,96 18/11 -29,41 SLIVAFRANCE 177,94 20/11 -35,45 CIC PROF.DYNAMIQUE 18,35 19/11 -21,84 INTENSYS D 17,55 20/11 -0,62 SOGEOBL EURO MT D 97,41 20/11 2,27 Fonds communs de placements NORD SUD DEVELOP.C 529,33 11/11 2,16 SLIVARENTE 39,39 20/11 -0,27 CIC PROF.EQUILIB.D 15,27 19/11 -18,29 KALEIS DYNAM.FCE C 63,12 20/11 -20,95 SOGEOBL REV ANNUEL 44,30 20/11 -0,22 BNP MONE ASSOCIAT. 1883,12 20/11 2,51 NORD SUD DEVELOP.D 390,36 18/11 -2,37 SLIVINTER 107,45 20/11 -30,99 CIC PROF.TEMPERE C 136,59 19/11 0,58 KALEIS DYNAM.FCE D 62,44 20/11 -20,94 SOGEOBL REV TRIM1 157,32 20/11 0,41 TRILION 739,78 20/11 -1,07 CIC TAUX VARIABLE 205,12 15/11 3,83 KALEIS DYNAMISME C 179,23 20/11 -18,72 SOGEOBL REV TRIM2 155,48 20/11 0,61 Fonds communs de placements CIC TECHNO.COM 36,82 20/11 -54,40 KALEIS DYNAMISME D 173,18 20/11 -18,72 SOGEOBL REV TRIM3 155,05 20/11 1,43 ACTILION DYNAMI.C 133,79 20/11 -26,41 CIC USA 12,79 20/11 -31,53 KALEIS EQUILIBRE C 186,59 20/11 -8,37 SOGEOBLIG MONDE 61,35 20/11 3,36 ATOUT CROISSANCE 274,56 20/11 -19,81 ACTILION DYNAMI.D 123,27 20/11 -28,02 CIC VAL.NOUVELLES 187,62 20/11 -33,87 KALEIS EQUILIBRE D 179,54 20/11 -8,37 Fonds communs de placements FRUCTI CAPI 118,14 20/11 5,22 ATOUT EUROPE 374,75 20/11 -27,78 ACTILION EQUIL.C 151,19 20/11 -13,19 KALEIS SERENITE C 186,82 20/11 -2,96 SOGEACT INDICE FCE 365,03 19/11 -30,02 FRUCTI EURO PEA 166,63 19/11 -31,88 ATOUT FCE ASIE 55,72 20/11 -28,36 ACTILION EQUIL.D 138,27 20/11 -15,09 KALEIS SERENITE D 179,40 20/11 -2,96 SOGESTION C 39,61 19/11 -17,35 FRUCTI FCE ACTS.C 106,82 20/11 -28,62 ATOUT FRANCE C 137,10 20/11 -30,96 ACTILION PEA DYNAM 49,04 20/11 -26,12 KALEIS TONUS C 49,32 20/11 -29,35 FRUCTIDOR 38,37 20/11 0,47 ATOUT FRANCE D 121,92 20/11 -30,96 ACTILION PEA EQUI. 135,98 20/11 -18,05 KALEIS TONUS D 48,72 20/11 -29,35 FRUCTIFRANCE C 57,21 20/11 -30,42 ATOUT FRANCE EUR. 120,50 20/11 -32,85 ACTILION PRUDENCEC 172,68 19/11 -0,38 CM EUR.TECHNOLOG. 2,23 20/11 -49,54 LIBERT.ET SOLIDAR. 99,48 20/11 -2,09 PLANINTER 295,52 20/11 -30,93 ATOUT FRANCE MONDE 31,71 20/11 -29,81 ACTILION PRUDENCED 158,59 19/11 -1,82 CM EURO PEA C 15,25 20/11 -30,80 OBLITYS C 119,82 20/11 4,96 Fonds communs de placements Fonds communs de placements ATOUT MONDE 35,90 20/11 -33,01 INTERLION 251,55 20/11 6,96 CM FRANCE ACTIONSC 23,78 20/11 -32,11 OBLITYS D 116,13 20/11 3,34 F&C EURO HI.YLD.BD 11,78 20/11 0,00 FRUCTI EURO 50 61,80 19/11 -37,21 ATOUT SELECTION 71,93 20/11 -32,01 LION ACTION EURO 65,07 20/11 -28,02 CM MID-ACT.FRA 23,98 20/11 -21,24 PLENITUDE D 33,27 20/11 -21,53 F&C EUROPEAN EQTY 11,26 20/11 0,00 FRUCTI PROFIL 3 179,02 19/11 -3,94 CA AM ACTIONS ASIE 13,81 20/11 -22,47 LION PEA EURO 65,83 20/11 -28,04 CM MONDE ACTIONS C 219,79 20/11 -31,58 POSTE GESTION C 2700,05 20/11 2,72 F&C GLOBAL EQTY 10,80 20/11 0,00 FRUCTI PROFIL 6 179,93 19/11 -12,81 CA AM ACTIONS USA 28,41 20/11 -31,63 CM OBLIG.CT C 172,07 20/11 3,99 POSTE GESTION D 2294,82 20/11 -1,51 F&C NORTH AMER EQ. 20,93 20/11 0,00 FRUCTI PROFIL 9 165,20 19/11 -23,65 CA-AM ACT.FCE C 234,09 20/11 -31,08 CM OBLIG.LONG T. 111,61 20/11 7,33 POSTE PREM. C 7330,62 20/11 2,67 F&C STERLING DISTN 5,98 20/11 0,00 FRUCTI VAL. EURO. 72,29 20/11 -26,22 CA-AM ACT.FCE D 189,69 20/11 -32,06 CM OBLIG.MOYEN T.C 362,61 20/11 6,16 POSTE PREM.1AN C 43910,73 20/11 2,94 F&C US SMALL CAP 40,51 20/11 0,00 CA-AM IND.EUROLAND 70,79 19/11 -37,65 CIC COURT TERME C 34,97 20/11 1,89 CM OBLIG.QUATRE 169,21 20/11 3,13 POSTE PREM.2-3ANSC 9691,91 20/11 4,88 ...... CA-AM INDICIA FCE 240,50 19/11 -36,01 CIC COURT TERME D 26,83 20/11 -1,14 CM OPTION DYNAM.C 23,89 20/11 -23,49 PRIMIEL EURO C 45,06 20/11 -16,87 ...... CA-AM OBL.INTER. 208,63 20/11 10,95 CIC ELITE EUROPE 90,27 20/11 -31,60 CM OPTION EQUIL.C 49,72 20/11 -7,89 PRIMIEL EURO D 44,29 20/11 -16,88 ...... ECU.EXPANSIONPLUSC 43,27 13/10 2,07 CAPITOP EUROBLIG C 107,67 20/11 6,14 CIC EPARG.DYNAM.C 2132,78 20/11 2,79 Fonds communs de placements REVENUS TRIMESTR.D 787,77 20/11 -0,27 ...... ECUR.1,2,3...FUTUR 36,06 20/11 -29,29 CAPITOP EUROBLIG D 85,44 20/11 2,07 CIC EPARG.DYNAM.D 1593,94 20/11 -2,59 CM OPTION MODER. 19,54 20/11 0,67 SOLSTICE D 365,23 20/11 0,66 ...... ECUR.ACT.EUROP.C 13,09 20/11 -25,65 CAPITOP MONDOBLIG 49,80 20/11 10,28 CIC EUROLEADERS 263,52 20/11 -33,06 THESORA C 197,96 20/11 4,21 ...... ECUR.ACT.FUT.D/PEA 43,52 20/11 -32,10 DIEZE 398,82 20/11 -9,58 CIC FINUNION 185,18 20/11 4,18 THESORA D 163,11 20/11 2,86 ...... ECUR.CAPITAL.C 46,89 20/11 5,94 Fonds communs de placements CIC FRANCE C 24,39 20/11 -31,43 TRESORYS C 49089,64 20/11 2,94 ...... ECUR.DYNAMIQUE + D 30,59 20/11 -28,63 ATOUT VALEUR 54,56 19/11 -30,66 CIC FRANCE D 24,16 20/11 -32,07 Fonds communs de placements ...... ECUR.ENERGIE D 33,80 20/11 -22,97 CA AM ACT. RESTR. 182,52 19/11 -32,10 CIC MONDE PEA 18,31 20/11 -35,26 STRATEG.IND.EUROPE 139,45 19/11 -31,81 DEDIALYS FINANCE 60,82 20/11 -26,23 ...... ECUR.EXPANSION C 15268,83 20/11 2,93 CA AM ACT.FONC.EUR 90,36 20/11 -2,82 CIC OBLI C T.D 142,16 20/11 -90,06 Fonds communs de placements DEDIALYS MULTI SEC 47,72 20/11 -25,00 ...... ECUR.INVEST.D/PEA 37,82 20/11 -28,08 CA AM MASTER ACT. 27,67 18/11 -32,67 CIC OBLI LONG T.C 16,35 20/11 5,62 STRATEGIE CAC 4074,86 19/11 -31,60 DEDIALYS SANTE 74,37 20/11 -19,61 ...... 24/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 CARNET
AU CARNET DU « MONDE » – Michèle et Joëlle Ducos – Bruno et Véronique, – Nantes. Saint-Hilaire-de-Riez. Conférences DISPARITION Et toute leur famille ses enfants, Naissances ont la douleur de faire part du décès de Anna et Antoine, Le professeur Alain Prost, Vendredi 22 novembre, de 20 h 15 à 21 h 30, ses petits-enfants, son époux, « Mythe et réalité du troisième œil ». Les familles M. André DUCOS, Aleksandra, Marie-Catherine et François Gascon, Loge unie des théosophes, sa belle-fille, 11 bis, rue Kepler, Paris-16e. MESCHERIAKOFF et PELCERF professeur honoraire, Audrey, Florence et Xavier, Alexandre Entrée libre et gratuite. sont heureuses d'annoncer la naissance de François Prost, survenu à Poissy, le 19 novembre 2002, Félix et Louisette, Bertrand et Laurence Prost, Emma et Tél. : 01-47-20-42-87. Bernadette et Jean-Charles, www.theosophie.asso.fr de Mérode Alexis, dans sa quatre-vingt-sixième année. Marie, Soizick, Arnaud Prost, Georges, Eric Prost, Conférences de l'Etoile : Ses obsèques religieuses seront Louis et Madeleine, Pionnier de la lutte chez ses enfants et petits-enfants « Dieu, à la limite de l'infini. » célébrées le vendredi 22 novembre, à Brigitte et Jean-Pierre, Stéphanie et Pierre Autour du livre d'Alain Houziaux. 15 heures, en l'église Sainte-Marie Jeannette et Jean, Et sa famille, contre le dopage MESCHERIAKOFF, « Dieu à la limite de l'infini » (Cerf) d'Ozon, à Châtellerault, où l'on se réunira. ses frères, sœurs, beaux-frères et belles- Au temple de l'Etoile, 54, avenue de la sœurs, ont la douleur de faire part du décès de le 9 novembre 2002. Grande-Armée, Paris-17e. Entrée libre. La famille ne recevra pas de Ses neveux et nièces, MEMBRE, BELGE, du Comité Samedi 23 novembre 2002, condoléances. Mme Liliane PROST, international olympique (CIO), le 14 heures précises-17 heures : Mme Germaine Fafeur, née d'HONT, prince Alexandre de Mérode est Mariages L'infini, la limite et l'absolu sa belle-mère, L'inhumation aura lieu dans la (Jean Ladrière), Gödel mort dans un hôpital bruxellois, Claudine et Bernard Milhaud survenu à Nantes, le 19 novembre 2002, sépulture de famille, au cimetière Saint- et la rationalité métaphysique mercredi 20 novembre, des suites Cornelia van SCHOTEN et leurs enfants, à l'âge de soixante ans. Jacques de Châtellerault. (Dominique Peccoud, S.J.), d’un cancer du poumon, à l’âge de et sa belle-sœur et son beau-frère, Gödel et l'incomplétude Olivier LERNOUT-MANGIN Tous ceux qui l'ont connue et aimée La cérémonie religieuse sera célébrée le 68 ans. 33, rue Stendhal, de la connaissance (B. Nicolescu). Né le 23 mai 1934 à Etterbeek 86100 Châtellerault. samedi 23 novembre, à 10 h 30, en l'église Samedi 30 novembre 2002, ont le plaisir d'annoncer leur mariage, ont l'immense douleur de faire part du (Belgique), Alexandre de Mérode 41, rue de Vouillé, Notre-Dame-de-Bon-Port, à Nantes. 14 heures précises-19 heures : célébré le vendredi 22 novembre 2002, à décès de est issu de l’une des familles les 75015 Paris. Légitimer la foi chrétienne, des origines Montpellier. L'inhumation aura lieu dans l'intimité, plus illustres de la noblesse belge. 87, rue Mandron, à la Process Theology (A. Gounelle), Annick FAFEUR, au cimetière de Saint-Hilaire-de-Riez. L'infini en hébreu (Tony Lévy), Licencié en droit et en lettres, rien 33000 Bordeaux. née ROUSSELOT, L'infini des mathématiciens ne le prédestinait à un rôle émi- Décès chevalier de l'ordre national du Mérite, PFG, (Jean Petitot), me me docteur en droit, nent dans le domaine sportif. C’est –M Claude Cartier-Bresson, –M Evelyne Escoubet, 2, rue Gaston-Veil, angle Ile Gloriette, Un usage de l'infini en cosmologie secrétaire générale honoraire de la le futur roi Albert II, alors prince son épouse, sa mère, 44000 Nantes. (Jean-Jacques Szczeciniarz). de Liège, qui lui céda, en 1964, le Marthe, Anne et Jean Cartier-Bresson, Aude et Stéphane, Caisse nationale d'assurance maladie des Tél. : 02-40-12-05-00. ses enfants, ont la douleur de faire part du décès de professions indépendantes, mandat qu’il détenait au CIO. Société française de philosophie, Ni athlète (il se contenta de pra- Bénédicte Bellocq et Gilles Tiberghien, M. et Mme Henri Cartier-Bresson, Bertrand ESCOUBET. survenu subitement à Paris, le lundi Anniversaires de décès professeur Jaakko Hintikka. tiquer un peu l’aviron et la boxe 18 novembre 2002, à l'âge de soixante- « Sur les différentes identités son frère et sa belle-sœur, française), ni médecin, il crée en treize ans. – En mémoire du bien-aimé de l'identité. » et Mélanie Wüthrich, leur fille, Les obsèques religieuses seront 1967 la commission médicale du Samedi 23 novembre 2002, à 16 heures, Laure, Louise, Raphaël et Vincent, célébrées le samedi 23 novembre 2002, docteur Claude VEIL CIO, devenant l’un des hérauts de Elle a rejoint son mari Sorbonne, amphithéâtre Michelet, ses petits-enfants, à 15 heures, en l'église d'Hossegor. (19 octobre 1920 - 22 novembre 1999). la lutte contre le dopage, après 46, rue Saint-Jacques, ont la tristesse de faire part du décès de Pierre, Paris-5e. avoir été impressionné par la mort Cet avis tient lieu de faire-part et de d’un cycliste quelques années plus Claude CARTIER-BRESSON, remerciements. dans la paix du Seigneur. Colloques tôt. Dès sa nomination, Alexandre officier de la Légion d'honneur, Forum sur l'actualité de la langue Débats de Mérode annonce qu’il compte croix de guerre 1939-1945, – Nicole Bouyala, La cérémonie religieuse sera célébrée française, organisé par le Centre – La quatrième édition de la Journée jouer un rôle important, refusant médaillé de la Résistance. Ses enfants et ses petits-enfants le samedi 23 novembre, à 14 h 30, en international d'études pédagogiques : du livre d'économie se tiendra le samedi d’être un aristocrate dilettante. ont la tristesse de faire part de la l'église Saint-Charles de Monceau, « Les enjeux culturels 23 novembre 2002, de 10 h 30 à Paris-17e, suivie de l'inhumation au Entre Monaco, où il possède une 11, quai Anatole-France, disparition de de l'intraduisible ». 18 heures, au Sénat (entrée libre), sur le 75007 Paris. cimetière de Montmartre. Lundi 25 et mardi 26 novembre 2002, résidence, Lausanne et le château thème « Nouvelles technologies : quelle Ina DERVAIN GROGA, de 9 heures à 18 heures. place pour l'homme ? ». familial de Solre-sur-Sambre, en Carré des sciences, amphithéâtre Wallonie, Alexandre de Mérode –Mme Charles-Hervé Cotten, leur fille et sœur d'Afrique, le Micheline MAWAS (Michou), Poincaré, 25, rue de la Montagne- Cette manifestation, organisée par son épouse, Sainte-Geneviève, Paris-5e. reste toujours d’une grande dispo- 5 novembre 2002, à Abidjan. née KLING, l'association Lire la politique (présidée par M. Yann Cotten La traduction du français, en achoppant nibilité. Au sein du CIO, il a été me Luce Perrot) et sous l'égide de Christian et M le docteur Régine Cotten-Venot, sur nombre de concepts rebelles membre de la commission exécuti- me Elle a été ensevelie dans le tombeau nous a quittés, ce mardi 19 novembre 2002. M Joëlle Cotten, à l'exportation, est le meilleur révélateur Poncelet, président du Sénat, en ve de 1980 à 1990, et vice-prési- familial, le 16 novembre. ses enfants, d'une certaine « identité française ». partenariat avec, notamment, Le Monde, dent de l’institution de 1986 à 1990 Nicolas, Olivier, Caroline, Vincent De la part de En quinze conférences à l'adresse s'ouvrira sur une présentation du sondage et M. et Mme Jorge Sanchez-Navarro- Ils redisent à Charles, Fabrice, Lueka André Mawas, sur « Les nouvelles technologies et les et de 1994 à 1998. Il a également et toute leur famille leur amitié et leur du grand public, traducteurs, fait partie de la commission des Palazuelos, son mari, diplomates, linguistes, historiens, Français », réalisé par la Sofres et M. Steven Arhan-Cotten, affection. réformes « CIO 2000 » Gilles et Michèle Mawas, géographes, écrivains et philosophes commenté par l'économiste Daniel ses petits-enfants, Bruno et Catherine Mawas, Cohen. Trois ateliers sont prévus (« Le Sa position au sein de la famille se proposent d'identifier ces termes Léo et Tess, Le Moulin Neuf, ses enfants, nouvel homme technologique » ; olympique a longtemps été ambi- 30700 Saint-Quentin-la-Poterie. à forte charge culturelle. ses arrière-petits-enfants, Nathan, Gabriel, Simon, Raphaël, Des correspondants de la presse « Nouvelles technologies : un eldorado guë : il était chargé d’y coordonner ont la profonde tristesse de faire part du ses petits-enfants, étrangère en poste à Paris, économique » ; « Vers l'e-société ») ainsi la lutte contre le dopage alors que décès de – Frédéric Le Moal-Onomo, Ses cousins et ses nombreux amis. réunis en table ronde, qu'un débat de clôture consacré à la l’institution n’en avait pas fait son fils, portent sur ces concepts spécifiques fracture numérique. l’une de ses priorités. Il a ainsi Charles-Hervé COTTEN, René et Sylvia Le Moal, L'inhumation aura lieu le mardi leur regard d'observateurs privilégiés. directeur (h.) au ministère assisté à l’explosion du phénomè- Daniel et Elisabeth Le Moal, 26 novembre, à 15 heures, au cimetière Programme complet sur www.ciep.fr Cette journée sera marquée, à 12 h 30, des postes et télécommunications, ses frères et belles-sœurs, intercommunal, 108, rue de la Porte-de- Contact : par la remise du Prix du livre d'économie ne du dopage sur les terrains de ancien président-directeur général Eric, Anne, Joël, Claire, Chloé et Trivaux, à Clamart (Hauts-de-Seine), où CIEP, 1, avenue Léon-Journault, par Christian Poncelet et Marc Ladreit de sport et a vécu en première ligne de l'Office d'annonces, Marc Le Moal, l'on se réunira (parking assuré). 92318 Sèvres Cedex. Lacharrière (président de Fimalac, l’un des plus grands scandales des ancien président-directeur général ses neveux et nièces, Tél. : 01-45-07-60-51 de la Société générale président du jury) et, à 18 h 45, par la Jeux, lorsque, à Séoul, en 1988, le Les familles Le Moal, Le Bihan et Michou aimait les fleurs blanches. E-mail : [email protected] remise du Prix européen du livre sprinter canadien Ben Johnson de semiconducteurs, Quiguer, ancien membre du Haut Conseil d'économie par François Roussely avait été contrôlé positif aux stéroï- ont l'immense douleur de faire part des Les 5 et 6 décembre 2002, de l'audiovisuel, Cet avis tient lieu de faire-part. (président d'EDF, président du jury). des anabolisants après sa victoire adieux à jamais de « Victor Hugo et commandeur de la Légion d'honneur, le débat patrimonial », dans la finale olympique du 100 m. commandeur de l'ordre national 26, rue Steffen, Une analyse de l'engagement du citoyen En mai 2000, Alexandre de Méro- du Mérite, Gilberte Gaud Marie-France 92600 Asnières. Communications diverses LE MOAL, et de l'homme politique de – devenu entre-temps l’un des croix de guerre 1939-1945, 3, rue de Luxembourg, – Centre communautaire de Paris : 78100 Saint-Germain-en-Laye. pour la sauvegarde du patrimoine. quatre membres du CIO élus à vie commandeur de l'ordre de Saint-Charles, Lundi 25 novembre, 20 h 30. Rencontre- le 18 novembre 2002, dans sa soixante- 2, rue Parmentier, – avait présenté sa démission, afin débat « La guerre nécessaire ? », avec survenu le 16 novembre 2002, dans sa septième année. 92600 Asnières. Colloque international organisé Elisabeth Schemla, directrice de proche- de manifester son désaccord avec quatre-vingt-dixième année. par l'Institut national du patrimoine sous orient.info. la mise en place de l’Agence mon- Une messe a été célébrée pour elle ce la direction de Roland Recht, professeur 119, rue La Fayette, Paris-10e. 21 novembre, en l'église Saint-Séverin, – Le président de l'université de diale antidopage (AMA). Cette Selon ses volontés, ses obsèques ont au Collège de France. Tél. : 01-53-20-52-52 (PAF). Paris-5e. Bourgogne, démission avait été refusée. En eu lieu à La Baule, dans la plus stricte Les membres du bureau, Maison de l'Unesco, février 2001, constatant que 7 % intimité familiale. e Elle sera inhumée le 22 novembre, à Les membres des trois conseils, 7, place Fontenoy, Paris-7 . Comité de liaison des athlètes ayant participé aux Les membres du conseil de l'UFR Renseignements et inscriptions : des associations juives laïques Ni fleurs ni couronnes. 11 heures, au cimetière de Saint-Ségal Jeux olympiques de Sydney (Finistère), dans le caveau de famille où sciences de la Terre, 01-44-41-16-41. Le directeur de l'UFR sciences de la avaient déclaré souffrir d’asthme, elle rejoindra sa mère et son père, partis JOURNÉE DU JUDAÏSME LAÏQUE Des dons pourront être adressés à la Terre, le prince de Mérode avait déclaré trop tôt. Dimanche 24 novembre 2002, Fédération pour la recherche sur le Ses collègues, les étudiants et 10 heures-18 h 30 que « parfois, on dirait que les Jeux cerveau, en faveur de la recherche l'ensemble des personnels, médicale, 48, rue Bargue, 75005 Paris. « Mon Royaume n'est pas olympiques sont des Jeux pour mala- ont la très grande tristesse de faire part De 14 heures à 17 heures, table ronde : de ce monde. » des ». du décès de « La laïcité, rempart contre Cet avis tient lieu de faire-part. Jean 18, 36. es XIII journées scientifiques le communautarisme ? » « Et pour aller où je m'en vais, de musicothérapie : M. Henri TINTANT, Jean Daniel, Serge Jakobowitz, Gilles van Kote 6, rue de la Rosière, vous savez le chemin. » LE CORPS, EN MUSIQUE professeur émérite de paléontologie Philippe Lazar, Dominique Schnapper. et Jean-Pierre Stroobants 75015 Paris. Jean 14, 4. ET EN MUSICOTHÉRAPIE, à l'université de Bourgogne, les 29 et 30 novembre 2002, de 9 heures à 17 heures, Centre communautaire de Paris, survenu le 14 novembre 2002, et Centre universitaire des Saints-Pères, 119, rue La Fayette, Paris-10e. adressent leurs condoléances les plus 45, rue des Saints-Pères, Contact : 06-87-48-58-66 sincères à sa famille et à ses proches. Paris-6e. [email protected]
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’ a dominé la You- Cette rencontre a été l’occasion pour le sélectionneur, pause. Il a fait entrer six joueurs, parmi lesquels les félicite du bon fonctionnement des goslavie (3-0), mercredi 20 novembre, lors d’un match , de procéder à plusieurs essais, à nouveaux venus Daniel Moreira (Lens) et Benoît , indispensables au football français, et amical au Stade de France. Les buts ont été inscrits la faveur des forfaits de Zinedine Zidane et de Patrick Pedretti (Sochaux). Dans un entretien au Monde, assure que le système finira par porter ses fruits pour par (12e,50e) et Olivier Kapo (70e). Viera et de la sortie du capitaine, Marcel Desailly, à la , directeur technique national, se les clubs comme pour l’équipe de France. Face à la Yougoslavie, les Bleus ont préféré le plaisir à la rigueur Football b L’équipe de Jacques Santini a battu la formation yougoslave (3-0) lors d’un match amical marqué par l’absence ou le remplacement de titulaires indiscutables, ce qui a permis au sélectionneur national de procéder à une très large revue d’effectifs « QUAND j’ai été titularisé pour sés seront rétablis et quand Robert la première fois en promotion d’hon- Pires aura retrouvé le rythme. En neur (PH) avec l’équipe fanion attendant, le sélectionneur a tenu à d’Auch devant environ 100 person- Entré en jeu remercier les clubs français : «Il nes, j’étais très heureux. Ça me sem- après le troisième but, faut les féliciter car ils travaillent de blait le sommet », peut-on lire sur marqué du pied droit façon identique sur les systèmes de le site Internet d’Eric Carrière. Mer- par le gaucher jeu. Leurs joueurs se sont parfaite- e credi 20 novembre, en pénétrant Olivier Kapo (70 ), ment adaptés à notre organisation. » sur la pelouse du Stade de France Benoït Pedretti, Cet hommage se lit comme un avec le maillot bleu sur les épaules qui tacle ici le Yougoslave message. Il s’adresse autant aux pour affronter la Yougoslavie, le Goran Trobok, a connu joueurs de Ligue 1 qu’à ceux qui milieu de terrain de l’Olympique son baptème du feu n’y sont pas. Autant à Daniel lyonnais, âgé de vingt-neuf ans, a avec l’équipe de France. Moreira (Lens) – « très heureux dû se rappeler cette époque où il Il profite de la volonté d’avoir touché quelques ballons » n’était qu’un footballeur amateur de Jacques Santini en quinze minutes de jeu – qu’à parmi d’autres. d’apporter du sang neuf Nicolas Anelka (Manchester City), à la sélection tricolore : l’insurgé boudeur. à la fin du match, Trois jours après son spectaculai- Eric Carrière il n’y avait plus sur le terrain re refus d’intégrer l’effectif tricolo- que deux champions re, l’ombre de l’enfant terrible du n’a pas fait oublier du monde, et cinq football français n’a aucunement des onze joueurs appartenaient plané sur ce dernier match interna- Zinedine Zidane. à des clubs de la Ligue 1. tional des Bleus pour 2002. A sup- poser qu’il revienne un jour sur sa Tout juste s’est-il décision de boycotter l’équipe de France, Nicolas Anelka aura du imposé comme chemin à parcourir pour se faire pardonner. Jacques Santini est con- son remplaçant nu pour avoir la rancune durable. Surtout, il n’a pas besoin d’atta- le plus crédible quants supplémentaires. Sous son ère, les Bleus ont mar- qué quinze buts, soit trois par ren- « J’avais deux façons d’aborder cet- contre. Mercredi soir, Steve Mar-
te rencontre, a-t-il confié après la vic- / let, dont le jeu de remises et de toire (3-0) de l’équipe de France. La débordements s’adapte parfaite- première consistait à dire : “Tu joues perfectionniste », a-t-il lâché, la voix mi-temps approximative et remplacements se sont multipliés comme Eric Carrière, « fait plaisir ». ment à celui de Thierry Henry, a là un des matches les plus importants chevrotante d’émotion, comme à ennuyeuse qui plongea le Stade de alors que l’adversaire flanchait sur Il a offert à deux joueurs leur pre- confirmé son avènement. En 2003, de ta carrière.” Mais cela revenait à l’aube d’un nouveau jour. Lui qui, France dans une profonde apathie. le plan physique. mière sélection en équipe de Fran- le joueur de Fulham jouera sa pla- me mettre une pression inutilement. adolescent, fut recalé au sport-étu- Ils rectifièrent le tir au cours d’une Après le troisième but marqué du ce : Daniel Moreira et Benoît ce de titulaire contre David Treze- J’ai préféré me rappeler qu’il y a dix des de Toulouse en raison de son deuxième mi-temps où, comme de pied droit par le gaucher Olivier Pedretti. Et a remis dans le bain un guet qui en termine avec sa conva- ans je jouais en PH. Je me suis dit : frêle gabarit, et ne fut jamais enrôlé coutume en pareille occasion, les Kapo (70e), Jacques Santini s’est, ex-international qui ne croyait plus lescence. Parlera-t-on encore de “Fais-toi plaisir”. » par un centre de formation de club le redevenir : Ludovic Giuly. Il s’est Nicolas Anelka ? Eric Carrière s’est fait plaisir. En professionnel, a goûté, mercredi, enfin offert le luxe de terminer la l’absence de Zinedine Zidane, une revanche supplémentaire sur Chypre se replace dans la course à l’Euro rencontre avec pas plus de deux F. P. lequel avait dû renoncer à ce match son destin de footballeur atypique. L’équipe de Chypre a battu Malte 2-1 (buts de Rauffmann et Okkas), mer- champions du monde – Fabien Bar- amical en raison d’une lombalgie, Aussi chétif qu’une palombe de credi 20 novembre, lors d’un match comptant pour les qualifications de thez et Emmanuel Petit – et pas FRANCE-YOUGOSLAVIE 3-0 l’ancien joueur du FC Nantes a mar- son Ariège natale, le meneur de jeu l’Euro 2004. Si la France, avec neuf points en trois rencontres, reste large- moins de cinq joueurs issus du qué les deux premiers buts des de l’OL (1,73 m, 63 kg) n’a, certes, ment en tête de ce groupe 1, la victoire chypriote permet aux joueurs de championnat de France, un record Match amical Bleus. Hasard, opportunisme, ou pas fait oublier Zinedine Zidane ; Motsa Vukotic de revenir à hauteur d’Israël et de la Slovénie. Ces trois équi- en ces temps post-arrêt Bosman. Stade de France ; 60 000 spectateurs ; combinaison des deux, il s’est trou- un match comme titulaire et deux pes comptent trois points, mais Israël, avec deux matches de retard, fait Les blessures de Zinedine Zidane, vé au bon endroit et au bon buts n’y suffiraient pas. Tout juste Patrick Vieira et Marcel Desailly temps froid ; bon terrain figure de favori pour s’emparer de la deuxième place. La prochaine journée Arbitre : M. Iturralde Gonzalez (Esp) moment pour tromper le gardien s’est-il imposé comme son rempla- aura lieu le 29 mars 2003 avec France-Malte et Chypre-Israël. (sorti à la mi-temps et remplacé par yougoslave Dragoslav Jevric, à la çant le plus crédible. Dans le groupe 9, la victoire galloise obtenue mercredi en Azerbaïdjan un presque néophyte, Philippe BUTS e faveur de deux tirs détournés (12 et Est-ce là le principal, voire l’uni- (0-2, buts de Speed et Hartson) place l’Italie dans une situation de plus en Mexès) ont certes encouragé cette FRANCE : Carrière (12e, 50e) Kapo (70e). e , 50 ). que enseignement de cette rencon- plus inquiétante. La Squadra azzurra de Giovanni Trapattoni, qui occupe la politique du melting-pot à laquelle « Je ne vais pas m’emballer. Je suis tre au score « un peu flatteur », com- troisième place, compte cinq points de retard sur le pays de Galles. La You- Jacques Santini semble croire. AVERTISSEMENT content de ma prestation, mais je me l’a concédé Emmanuel Petit ? Le brassage sera moins impor- goslavie, à égalité de points avec l’Italie, compte un match en moins et YOUGOSLAVIE : Mihajlovic (43e) peux encore faire mieux. Je suis un Les Bleus ont disputé une première accueillera l’Azerbaïdjan le 12 février 2003. tant la prochaine fois quand les bles- LES ÉQUIPES Aimé Jacquet, directeur technique national du football français FRANCE (sélectionneur : J. Santini) e Barthez • Thuram (Pedretti, 80 ), « Les clubs français réussiront comme l’équipe de France a réussi » e Gallas, Desailly (cap) (Mexès, 46 ), e Bréchet (Silvestre, 14 )• Petit (cap, e e Quel regard portez-vous sur le traîneurs qui ont été joueurs à joueurs plutôt que de les vendre. La réussite de l’OGC Nice s’ins- 46 ), Makelele (Wiltord, 54 ) • e travail de Jacques Santini de- Saint-Etienne : c’est phénoménal ! Je me suis régalé en regardant crit-elle dans ce contexte ? Marlet, Carrière (Giuly, 85 ), Kapo • e puis qu’il est à la tête de l’équipe Il y a chez Jacques, comme chez Lyon, Lens et Auxerre en Ligue Absolument. La première place Henry (Moreira, 75 ). de France ? les autres, un respect pour l’hérita- des champions. Certes, ils ne se de Nice en L1 est une bonne nouvel- YOUGOSLAVIE Il a une manière de fonctionner ge laissé par des gens comme sont pas qualifiés pour la deuxiè- le pour le football français. Ça signi- (sélectionneur : D. Savisevic) qui me plaît bien en appliquant Albert Batteux, Jean Snella ou me phase mais cela s’est joué à fie quelque chose. Il en est de même Jevric • Vidic, Mihajlovic (cap) des principes que j’ai moi-même Robert Herbin. Franchement, j’au- peu de chose. Lyon, surtout, a pris pour Auxerre, Sochaux, ou Laval à e (Stefanovic, 61 ), Markovic, Krstajic mis en pratique partout où je suis rais tempêté si nous avions choisi une dimension intéressante. Mais une certaine époque. La richesse du e (Dudic, 85 ) • Dragutinovic, Duljaj passé. L’équipe de France a un lea- un sélectionneur parti sur un pro- l’OL, justement, en est arrivé là en football français est aussi là. e (Trobok, 68 ), Djordjevic (Koroman, der de haut niveau, extrêmement jet différent. prenant son temps, en grimpant e 51 ), Stankovic (Boskovic, 71e) • compétent, au courant de tout. Il Comme vous à votre époque, les échelons un à un. Le club est Propos recueillis par Michel e Kezman, Kovacevic (Milosevic, 46 ). sait notamment très bien utiliser Jacques Santini a pris en main maintenant dans une situation Dalloni et Frédéric Potet l’ensemble des techniciens de la une équipe convalescente… délicate qui peut même être dange- fédération. Son travail s’inscrit Il y a une similitude, effective- reuse. Que faire pour passer un dans la continuité, bien qu’il ne fas- ment. Cependant, alors que j’avais cap supplémentaire ? Doit-on se
se pas partie de la direction techni- dû changer pratiquement tous les mettre dans le rouge sur le plan que nationale, il s’est mis dans joueurs, Jacques a poursuivi avec économique et fragiliser le travail notre tempo. Entre lui et nous, ça la même génération. Ce n’est pas locale n’existe plus ; on voit jus- accompli depuis dix ans ? Non, marche du tonnerre de Dieu. forcément plus facile. qu’à douze nationalités différen- bien sûr. Vous aviez pourtant exprimé Que pensez-vous de son pro- tes dans des effectifs profession- L’élimination des clubs fran- des réticences au moment de sa gramme de matches amicaux ? nels. Je peux vous dire que, si çais fait tout de même mauvais nomination… L’équipe de France évite les gros j’avais la responsabilité d’un club, genre… Pas des réticences. A l’époque, adversaires comme l’Allemagne, j’aurais une politique sportive à Et alors ? Il ne faut pas brusquer le directeur technique que je suis l’Italie, l’Espagne… vocation régionale ou nationale. les choses. Si l’on continue à cons- avait souhaité faire comprendre C’est son choix. Son chemine- Le football fait-il fausse route truire, je suis persuadé qu’un jour aux autorités que la DTN est une ment est très précis. Personnelle- en voulant à tout prix multiplier viendra où les clubs français passe- institution respectable, composée ment, j’aime bien quand on avan- ses recettes, augmenter sa force ront devant les autres clubs euro- de gens compétents. Mon devoir ce par paliers. économique ? péens et qu’ils s’installeront au était de défendre mes entraîneurs. Jacques Santini semble ne pas Le football est un business. Je sommet pour longtemps. Ils réus- Des techniciens comme Guy Ste- apprécier le peu de considéra- viens du monde professionnel et siront comme l’équipe de France phan, René Girard ou Raymond tion de certains grands clubs je sais où il ne faut pas aller. Pour a réussi. Domenech auraient fait de très européens vis-à-vis de l’équipe moi, le terrain, et lui seul, doit pri- Comment résister à cette ten- bons sélectionneurs. Mais nous de France… mer. L’homme le plus important tation du tout économique ? avons été rassurés très rapide- Ce phénomène n’est pas nou- dans un club, c’est l’entraîneur. Le Une qualification pour la deu- ment par Jacques Santini. Il faisait veau, mais je ne suis pas inquiet. business n’est qu’une conséquen- xième phase de la Ligue des d’ailleurs partie des postulants Au regard du public, les équipes ce, pas une finalité. Tout dirigeant champions rapporte 12 millions pour remplacer Jean-François nationales restent plus importan- qui n’aurait pas compris cela irait d’euros… Jodar [ancien responsable des tes que les clubs. L’image du foot- vers de grandes désillusions. Qu’est-ce que ça peut faire ? Si sélections de jeunes]. ball, ce sont les équipes nationa- Comment expliquez l’échec on n’a pas ces 12 millions d’euros, Quelles qualités lui trouvez- les, pas les clubs. Mettons à part le des clubs français en Ligue des on restera plus humble et, au lieu vous ? Real Madrid dont la vocation est champions ? d’acheter à prix fort des joueurs à Comme tous les joueurs qui ont internationale. Le football de club, Ce n’est pas un échec. Je trouve l’extérieur, on fera jouer des jeu- été formés à l’AS Saint-Etienne, il pour moi, ça ne veut pas dire que les clubs français sont très nes qui ont été formés sur place. est le garant d’une certaine métho- grand-chose : les joueurs vont courageux dans le contexte actuel, Tant mieux. Franchement, le foot- dologie. Regardez le nombre d’en- d’une équipe à l’autre ; l’identité car ils essaient de conserver leurs ball français ne risque rien. 26/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 AUJOURD’HUI sports Ellen MacArthur Exilé en Tunisie, Roger Lemerre tente de se « reconstruire » en passe de remporter la Football b L’ancien entraîneur des Bleus a dirigé pour la première fois mercredi la sélection tunisienne, auteur d’un match nul face à l’Egypte (0-0). Revenant sur le Mondial 2002, il dit avoir été « traqué » et confie qu’il éprouve encore un sentiment de peur Route du rhum
TUNIS Roger Lemerre a professionnali- POINTE-À-PITRE (Guadeloupe) de notre envoyé spécial sé la structure, imposé des points- de notre envoyée spéciale Physiquement, il est resté le presse compartimentés, interdit L’hécatombe qui a décimé la même, massif, droit comme un A l’entraînement, l’usage des portables, ordonné le flotte des multicoques de 60 pieds menhir. Sur ce plan au moins, Roger Lemerre, le respect des horaires. Les séances aura totalement éclipsé leur cour- Roger Lemerre, 61 ans, n’a guère nouveau coach des de vidéo sont musclées. On l’en- se sans faute, pourtant la Britanni- changé. Le voilà de retour sur le Tunisiens, n’hésite tend insister sur le replacement que Ellen MacArthur et Kingfisher, devant de la scène, six mois après la pas à donner défensif, hausser la voix : «Jene son monocoque de 60 pieds, de- débâcle asiatique des Bleus. Il diri- l’exemple, au milieu vous engueule pas, hein, mais j’ai vrait toucher la terre guadelou- ge désormais l’équipe nationale de de ses joueurs. une telle passion, lance-t-il à ses péenne la première, dans la nuit Tunisie. Mercredi 20 novembre, à En phase de rodage, joueurs. Si j’ai pas le foot, je peux du vendredi 22 au samedi 23 no- Tunis, pour son premier match offi- son équipe a dû pas vivre. Si vous n’avez pas cette vembre. ciel, le groupe qu’il entraîne n’est se contenter volonté, vous ne serez pas champions Son compatriote Mike Golding pas parvenu à l’emporter contre d’un match nul (0-0) d’Afrique. » Il n’hésite pas à leur (Ecover), avec lequel la petite l’Egypte (0-0). Il lui en faudra davan- mercredi 20 donner des exemples : « Rappelez- Anglaise de 26 ans s’est livrée à tage pour se réjouir. novembre, vous de David Ginola : on l’a critiqué une véritable partie de « match- Ses fêlures intimes, il ne parvient contre l’Egypte. à cause de France-Bulgarie, en racing » pendant toute la traver- plus à les cacher. Il déteste l’idée Meurtri, Roger 1993, quand il centre du point de cor- sée de l’Atlantique, se fait moins d’avoir quitté la France, il a ce Lemerre ne parvient ner. Mais c’est scandaleux ! Il a eu menaçant pour les derniers milles. regard fixe, la douleur apparente, toujours pas raison, on était en surnombre défen- Après avoir explosé un spinaker quand on le questionne sur « le » à oublier son échec sif derrière… » (voile ballon d’avant) ces jours der- sujet tabou : l’équipe de France. Il asiatique La passion, toujours cette pas- niers, il en a entortillé un autre souffre, et ce n’est pas feint : « C’est avec les Bleus. sion du jeu. Ce besoin de toucher la autour de ses étais aux petites heu- toujours un sujet sensible, dit-il. Je ne balle, à l’entraînement, d’avancer res du matin, mercredi 20 novem-
suis pas un faux candide. Je suis venu ses arguments, dans les discus- bre. Jeudi 21 novembre, il se trou- ici pour tenter de me reconstruire. sions. « Au début, son état psycholo- vait à 60 milles derrière Ellen De toute façon, il fallait que je m’en jours agi loyalement. » Roger Lemer- pas eu envie de s’expliquer. Il aurait France, ça va très vite quand on n’a gique me faisait peur, confie MacArthur, alors que le vent arriè- aille. Les mots ont un sens. Oui, j’ai re est prisonnier de ses incertitudes pu raconter les trahisons, les coups pas de résultats. On ne peut pas Hamouda Ben Ammar, le prési- re dominait. été traqué. Maintenant, j’ai peur, je et de ses pudeurs. De ses silences fourrés, ce match contre la Corée empêcher les gens d’espérer. En Fran- dent de la Fédération tunisienne de Le duo anglais a su tenir le Fran- suis effrayé, qu’ai-je fait pour mériter aussi. « J’ai peur », répète-t-il enco- du Sud dont il ne voulait pas. Il ce, ce n’était pas facile d’avoir à sup- football. Mais j’ai senti qu’il avait çais Joé Seten (Arcelor-Dunkerque) cela ? Je n’ai jamais trahi, j’ai tou- re. Après le Mondial asiatique, il n’a aurait pu aussi admettre ses torts, porter le poids d’un titre de cham- encore envie. C’est un gros bosseur. » à distance (plus de 600 milles de reconnaître qu’il aurait dû démis- pion du monde. Dans ma tête, victoi- En faisant ce qu’il appelle un « pari MacArthur) pour ne pas avoir à sionner. Mais il a préféré se taire. Et re ou défaite, il y a longtemps que raisonné », Hamouda Ben Ammar s’en soucier outre mesure. Malgré Un contrat à 27 000 euros par mois accepter la proposition de la Tuni- tout est clair. Aujourd’hui, c’est espère ne pas s’être trompé. Il épau- une escale technique de 12 heures Roger Lemerre a négocié son arrivée à la tête de la sélection tunisienne. Il sie, désireuse de s’attacher les servi- “carpe diem”. » le Roger Lemerre, qui a accepté à Madère, Roland Jourdain (Sill), gagne 27 000 euros par mois, bénéficie de quatre billets d’avion aller et ces de cet homme, même blessé. Profiter du temps présent. Aller d’avoir un adjoint tunisien. Il le sou- qui faisait partie des favoris, est retour pour l’Europe pour lui, sa compagne et leur enfant chaque année et « J’avais vu à la télé le match Tunisie- observer ses joueurs dans les joutes tient, quand il prend son téléphone remonté à la quatrième place, et de la mise à disposition d’une 307 Peugeot de fonction. En outre, la Fédéra- France, en août, explique-t-il. J’avan- du championnat tunisien, dialo- pour convaincre le Bordelais David grignote son retard. tion tunisienne de football (FTF) lui loue une villa à Gammarth, une station ce petit à petit avec mon nouveau guer avec les techniciens locaux, exi- Jemmali ou le Sochalien Adel Che- Victime d’une panne de pilote balnéaire proche de Tunis, pour la somme de 1 700 euros par mois. « Roger groupe, j’essaie d’amener mes ger la réfection de la pelouse d’en- automatique qui l’oblige à rester Lemerre, c’est un gros calibre, explique Hamouda Ben Ammar, président de joueurs vers plus de profession- traînement. Et préparer son équipe scotchée à la barre et navigant la FTF. D’autres entraîneurs contactés me demandaient le double. » Henri nalisme. » pour la Coupe d’Afrique des « Au début, son état sous spinnaker, Ellen MacArthur Michel, qui entraîna également la Tunisie avant d’être remercié en 2002, Ici, il est respecté. On préfère se nations 2004, organisée par la Tuni- s’est déclarée « très fatiguée », jeu- gagnait 25 000 euros par mois. « Mais pour moi, les dés étaient pipés, se sou- rappeler de son palmarès plutôt sie. Roger Lemerre s’impose une psychologique di matin, alors qu’elle pointait à vient-il. Le jour où j’ai signé mon contrat, le président de la FTF était viré ! que de ses échecs. Le journal La activité totale. « Quand on anime, 615 milles du but. « Je suis très ner- Roger m’a appelé deux fois, j’espère qu’il n’aura pas de problèmes. » La mis- Presse a même titré, à son sujet : on ne pense plus », lâche-t-il. L’ex- me faisait peur. Mais veuse, a-t-elle confessé, parce que sion de Roger Lemerre : se qualifier, en 2004, pour les demi-finales de la « Roger le visionnaire, Roger le pour- coach des Bleus a dû s’habituer au le vent est assez faible et que Mike Coupe d’Afrique des nations (CAN), organisée en Tunisie. « Son contrat est voyeur… » Mais Roger Lemerre vocabulaire local. Ici, on dit j’ai senti qu’il avait va plus vite que moi, mais ça va. » de dix-sept mois, précise Hamouda Ben Ammar. On renégociera à l’issue de n’est pas dupe : « Je n’ai pas de « pivot » pour milieu défensif, ou la CAN. » baguette magique. Ici, comme en « régisseur » pour meneur de jeu. encore envie. C’est « » Bien sûr, il n’a pas changé de tac- Elle attribue le « stress » qui tique : le 4-2-3-1, ce dispositif qu’on un gros bosseur » monte en elle à la proximité de la lui a tant reproché, conserve sa pré- ligne d’arrivée. Désormais, elle ne férence. « Défendre un titre ou le pense qu’à « ne rien casser, à tout conquérir, ce n’est pas la même cho- faire correctement, à ce qu’il n’arri- se. Au Mondial, je n’avais pas refusé ve pas de choses stupides, lors d’un un milieu défensif à trois éléments. dli de rejoindre la sélection. changement de voile par exemple ». Mais je pensais que pour sortir des « Roger se remet en cause, assu- Kingfisher l’avait déjà menée à la poules, il fallait attaquer, pour reve- re-t-il. Il est fier et très sensible, alors victoire dans le classement mono- nir ensuite à une formule plus défensi- on lui cache ce qui pourrait le bles- coque de la Transat anglaise en ve. » Ses joueurs ne s’appellent plus ser, comme cet article qui parlait de solitaire en juin 2000, puis à la Zidane ou Vieira, mais Zitouni ou sa vie privée. » Roger Lemerre a deuxième place du Vendée Globe Benachour, les journalistes sont tout laissé derrière lui. Sa maison (tour du monde en solitaire et sans moins nombreux. Tout a changé. de Clairefontaine, ses amis, mais escale) en février 2001. « Revenir à la base, c’est bien. Il y aussi ses faux amis. A la direction Elle se refuse pourtant à crier vic- a un paradoxe entre le type que je technique nationale, on considère toire. « La course n’est pas finie, on suis et l’image que les gens ont de qu’il s’est « exclu de lui-même ». peut avoir à l’arrivée vers l’île beau- moi. J’ai toujours parlé de la même « C’est un homme de terrain, estime coup de conditions de vent différen- façon, avec les Bleus ou au bataillon Aimé Jacquet, il en a besoin. Il était tes, rappelle-t-elle comme pour se de Joinville. » Il faut l’entendre hur- meurtri d’avoir échoué. Mais on est prémunir du sort qu’a connu Steve ler, lors de l’entraînement des Tuni- maso, dans ce métier, un échec per- Ravussin, dont le trimaran Tecno- siens au stade El-Menzah : il couvre met de rebondir… » Marine-Match TV a chaviré mardi la voix du muezzin voisin, mouline Maso, parano, la liste des adjec- soir (Le Monde du 21 novembre). de grands gestes. « On avait un senti- tifs accolés à Roger Lemerre est lon- Alors détenteur d’une avance con- ment d’infériorité, assure Ali Boum- gue. Peut-être voudrait-il simple- sidérable, le Suisse commençait à nijel, gardien de but de Bastia et de ment qu’on l’oublie : « Lemerre évoquer la victoire. A l’heure qu’il la Tunisie. M. Lemerre, rien qu’à le homme public, affirme-t-il, c’est tel- est, réfugié dans sa coque centrale voir bouger, on comprend ce qu’il lement laid… » qui dérive à 700 milles de Pointe- dit. Il va nous inculquer sa à-Pître, il attend l’assistance d’un confiance. » Gérard Davet chalutier qui devrait arriver same- di. Pour l’heure, il signale sa posi- tion avec un panneau solaire. L’hécatombe des multicoques a ATHLETISME : L’Américaine Kim Gallagher (38 ans), double de 60 pieds – censée être plus rapi- médaillée olympique du 800 m à Los Angeles (en 1984) et Séoul de –, qui comptait dix-huit par- (1988), est décédée d’une crise cardiaque à Philadelphie. Elle souffrait tants et dont il ne reste plus que d’un cancer à l’estomac depuis 1995. trois concurrents en course, de- a AUTOMOBILISME : La ville d’Istanbul (Turquie) a été choisie vrait permettre à Ellen MacArthur par le patron de la Formule 1, le Britannique Bernie Ecclestone, pour de devancer sur la ligne d’arrivée accueillir un Grand Prix en 2005. Michel Desjoyeaux et son trima- a BASKET : L’équipe de France a subi une lourde défaite (94-80) ran Géant mais elle refuse d’épilo- face à la Hongrie, lors d’un match disputé à Szombathely et comp- guer sur ce scénario aussi inatten- tant pour la qualification à l’Euro 2003. Les autre résultats du Grou- du qu’inédit. « C’est comme ça, pe D : Belarus-Estonie (81-79), Pologne-Lettonie (76-86). c’est tout, dit-elle. Mais on n’a pas a BOXE : Fernando Vargas a été suspendu neuf mois et condam- pris le départ le même jour [les mul- né à payer une amende de 100 000 dollars suite à un contrôle posi- ticoques de 60 pieds sont partis de tif aux stéroïdes anabolisants. Le boxeur américain d’origine mexicai- Saint-Malo le dimanche 10 novem- ne avait subi un contrôle le 14 septembre, à l’issue de sa défaite contre bre, vingt-quatre heures après les son compatriote Oscar de la Hoya pour le titre WBC-WBA des super- monocoques], donc on n’est pas welters. dans la même course. » a FOOTBALL : L’Allemagne, vice-championne du monde, a subi une défaite à domicile (1-3) lors d’un match amical disputé à Gelsen- Patricia Jolly kirchen face aux Pays-Bas. A la mi-temps, le score était de 1-1 (buts de Kluivert et de Bobic) avant que Hasselbaink puis Van Nistelrooy ne a Fujifilm et Rexona-Men, les tri- trompent Oliver Kahn. Autres résultats : Italie-Turquie, 1-1 ; Autriche- marans de 60 pieds de Loïck Pey- Norvège, 0-1 ; Macédoine-Israël, 2-3 ; Roumanie-Croatie, 0-1 ; Corée ron et Yvan Bourgnon n’ont pu du Sud-Brésil, 2-3 ; Japon -Argentine, 0-2. être récupérés. La trace de Fuji- a LOTO : résultats des tirages nº 93 effectués mercredi 20 novem- film, disloqué et démâté à la suite bre. Premier tirage : 5, 13, 19, 20, 22, 37 ; complémentaire le 40. Pas de la fissure d’un de ses flotteurs, a de gagnant pour 6 numéros. Rapports pour 5 numéros et le complé- été perdue car le signal de sa balise mentaire : 72 287,70¤ ; 5 numéros : 594,40¤ ; 4 numéros et le complé- Argos a cessé d’émettre. Rexona- mentaire : 28,60¤ ; 4 numéros : 14,30¤ ; 3 numéros et le complémentai- Men, dont le mât s’est brisé après re : 3,40 ¤ ; 3 numéros : 1,70 ¤. Second tirage : 13, 16, 22, 39, 40, 41 ; un chavirage, a été dégagé par des numéro complémentaire le 5. Pas de gagnant pour 6 numéros. Rap- plongeurs. Mais n’a pu être remis ports pour 5 numéros et le complémentaire : 11871,20 ¤ ; 5 numéros : à l’endroit et les dures conditions 1461,30¤ ; 4 numéros et le complémentaire : 52,80 ¤ ; 4 numéros : de vent et de mer ont contraint le 26,40¤ ; 3 numéros et le complémentaire : 5,20 ¤ ; 3 numéros : 2,60 ¤. remorqueur venu à la rescousse à rebrousser chemin. LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/27 AUJOURD’HUI sciences Les livres vieux de plus de vingt ans sont menacés de ruine par le « lent incendie » du papier acide La NASA renoncerait à remplacer ses navettes A Sablé-sur-Sarthe, la Bibliothèque nationale de France (BNF) a engagé DANS UN DOCUMENT RELATIF AU BUDGET des Etats-Unis pour le sauvetage de milliers d’ouvrages des atteintes de ce mal 2003, la Maison Blanche vient de proposer que tout soit mis en œuvre pour mener à bien l’achèvement de la construction de la station spatia- MALGRÉ ses apparences de rine Douplitzky, « 99 % des docu- le internationale (ISS) et conduire les expériences scientifiques pérennité – ne dit-on pas que les ments produits aujourd’hui hors du - 75 millions de dollars sont réservés à la biologie et à la physique - écrits restent ? –, le livre se révèle circuit des imprimeries tradition- qu’il était prévu d’y mener. Cette nouvelle devrait rassurer les respon- parfois une mémoire fragile, sur- nelles émanent de photocopieuses sables des agences spatiales étrangères qui participent à ce colossal tout s’il a été imprimé il y a plus et d’imprimantes qui utilisent une projet et doivent statuer sur le futur sort de l’ISS le 5 décembre à de vingt ans. La faute en incombe encre labile et une technique d’im- Tokyo. Le choix fait par la Maison Blanche permettrait en effet de au papier. Pour cause de démocra- pression à durée précaire. A terme, débloquer les quelque 600 millions de dollars nécessaires à l’ISS. La tisation et de consommation gran- la poudre d’encre déposée sur la conséquence pour la NASA de cette décision est que l’agence améri- dissante, les chiffons que l’on feuille pour former les lettres et les caine devra renoncer à remplacer à l’horizon 2012 sa flotte de navet- employait autrefois pour le fabri- tracés est destinée à quitter son sup- tes spatiales et s’efforcer plutôt de prolonger la durée de vie de ces quer furent remplacés, pendant la port en ne laissant aucune trace. » moyens de transport et de les rénover car ils commencent à connaître deuxième moitié du XIXe siècle, « Cet état de fait, ajoutent-ils, quelques problèmes de vieillissement. En revanche la NASA va devoir par le bois. Mais cette révolution est d’autant plus alarmant que la développer une sorte d’avion spatial porté par une fusée, l’Orbital industrielle entraîna une modifica- technologie de l’impression laser, Science Plane, chargé de transporter les équipages de l’ISS et de les tion du procédé d’encollage du flexible et naturellement adaptée à ramener sur Terre en cas d’urgence. papier, opération rendue indispen- la numérisation, semble intéresser sable pour qu’il soit apte à l’écri- de plus en plus le monde de l’édi- ture ou à l’impression. Sans cette tion et pourrait rapidement donner La Russie envisage de construire transformation préalable, on naissance à des procédés d’impres- n’aurait que du buvard. sion industrielle pour une fabrica- . . des centrales nucléaires flottantes Dans la fabrication industrielle Un exemple de détérioration par un processus d’acidification d’un papier tion économique des livres. A l’exi- du papier, l’encollage se fait en épais servant de support à une photographie sur lequel elle est contrecollée. gence d’un papier permanent, il POUR RÉSOUDRE LES PROBLÈMES D’APPROVISIONNEMENT en milieu légèrement acide en intro- faut donc désormais ajouter celle énergie des régions du Grand Nord et de l’Extrême-Orient de la Rus- duisant dans la pâte à papier un du livre à sauver une réserve alca- reconnaît grâce à un symbole : un d’une encre permanente adaptée à sie, le constructeur de sous-marins nucléaires Sevmach, installé à savon de résine de colophane line qui neutralisera les acides cercle dans lequel est inscrit le un procédé d’impression lui-même Severodvinsk, envisage de promouvoir certains de ses produits. La fir- obtenu grâce à l’adjonction de sul- actuels et à venir. Cela ne permet signe mathématique de... l’infini. permanent. Faute de quoi, les livres me propose d’utiliser une version civile modifiée des réacteurs nucléai- fate d’aluminium. Or, avec le pas de revenir en arrière mais ça Cela dit, disposer d’un papier du futur, imprimés sur un excellent res KLT-40C qui propulsent ses brises-glaces. L’idée est d’installer sur temps, explique Alain Lefebvre, stoppe le processus destructif. Le résistant au temps n’est pas une papier neutre, finiront par se trans- une barge, ancrée en mer, deux de ces réacteurs d’une puissance tota- ingénieur chimiste au centre tech- centre de Sablé-sur-Sarthe utilise garantie absolue. Car le papier former en pages blanches, durables le de 70 mégawatts pouvant alimenter en électricité et en chauffage nique de la Bibliothèque natio- depuis quinze ans une machine n’est que le support de l’encre et mais immaculées et muettes, totale- les villes du Grand Nord. Les promoteurs de ce projet, qui fait grincer nale de France (BNF) de Sablé-sur- offrant la possibilité de désacidi- de ce qu’il y a de plus intéressant ment désertées par le sens. » des dents les associations de défense de l’environnement, envisagent Sarthe, « le sulfate d’aluminium, fier des ouvrages entiers, et non dans un livre : l’écrit. Or, remar- aussi d’associer à ces barges chargées de microcentrales nucléaires en présence d’humidité, se trans- de travailler feuille par feuille. quent Pierre-Marc de Biasi et Ka- Pierre Barthélémy d’autres équipées d’unités de dessalement de l’eau. forme en acide sulfurique, qui s’attaque aux chaînes de cellulose du papier. Celles-ci rétrécissent de Pour cela, « on immerge les plus en plus, ce qui fragilise le livres dans un autoclave rempli de papier, qui n’a plus alors de résis- fréon liquide, qui véhicule les sels tance mécanique et se casse à la de magnésium alcalins, résume première ou à la deuxième pliure. » Alain Lefebvre. Le cycle complet Surnommé le « lent incendie » prend deux heures. Mais il faut au par les spécialistes, cet insidieux préalable déshydrater le papier pen- processus autodestructif peut dant 48 heures en le plaçant dans aller jusqu’à la réduction en pous- de l’air chaud, puis sous vide pour sière des livres. Dans leur Saga du retirer les dernières traces d’eau. » papier (Adam Biro et Arte Edi- Il faut compter environ 7 à tions, 256 p., 45 ¤), Pierre-Marc de 8 euros pour désacidifier un livre, Biasi et Karine Douplitzky rappel- et la machine de la BNF permet lent qu’« un sondage réalisé en de traiter environ 20 000 volumes 1990 à la Bibliothèque nationale de chaque année. France a permis d’évaluer que, sur Le problème du papier acide 2,6 millions de livres et périodiques finira par se résoudre de lui- français publiés entre 1875 et 1960, même. En effet, dans les années 90 000 documents sont irrémédia- 1980, une deuxième révolution blement perdus, 900 000 en danger industrielle a eu lieu dans l’indus- immédiat (fragiles et incommuni- trie papetière : la mise au point cables) et 700 000 en danger à d’un papier sans acide où la résine moyen terme (fragilisés et communi- de colophane a été remplacée par cables avec restriction) : au total, des résines synthétiques neutres. près de 65 % du patrimoine écrit se Par ailleurs a développé un papier trouvent menacés de disparition. » dit permanent, qui contient une Pour porter secours à ces ouvra- réserve alcaline. Ce produit a fait ges, il faut désacidifier le papier. l’objet d’une norme internatio- Une opération délicate, qui con- nale (ISO 9706 ou ANSI Z39.48, siste à introduire dans la structure qui est la norme américaine). Il se Les révolutions de l’exploitation pétrolière à la Cité des sciences
LE PÉTROLE est devenu en un « Avec les techniques sismiques, on peu plus d’un siècle une source fore maintenant un gisement à coup d’énergie prépondérante pour les sûr », explique Bernard Montaron, sociétés industrialisées. Pendant cet- directeur du centre de technologies te période, l’industrie pétrolière est Schlumberger de Clamart, et porte- passée du stade artisanal des pre- parole de l’exposition. Cette deuxiè- miers prospecteurs d’or noir à la me révolution exploite la génération complexité des technologies les plus d’ondes sonores dans les différentes modernes. C’est à la découverte de couches du sous-sol, ou dans l’eau cette aventure industrielle que la s’il s’agit d’une prospection sous- Cité des sciences et de l’industrie marine. La vitesse de propagation consacre sa nouvelle exposition per- de l’écho de ces signaux dépend de manente intitulée « Recherche et la nature des couches rencontrées. exploitation pétrolières ». La mani- festation a été réalisée avec le « » concours du groupe Schlumberger, La troisième révolution, enfin, est spécialisé dans les technologies la « compression intelligente ». pétrolières et membre de la Fonda- Techniciens et ingénieurs pétroliers tion Villette-Entreprises depuis effectuent des mesures de pression 1986. à l’extrémité des tubes de forage, ce L’exposition rappelle utilement qui leur permet d’ouvrir ou de fer- qu’un gisement pétrolier ne se pré- mer certaines vannes des tubes en sente pas comme une sorte de lac fonction des informations reçues, souterrain, mais comme une énor- révélatrices de la présence d’eau ou me éponge rigide. Mélangée à de de différences de viscosité du pétro- l’eau et du gaz dissous, l’huile miné- le. Mais la plus grande révolution rale naturelle fossile occupe les reste certainement à venir. Actuelle- interstices microscopiques d’une ment, lors de l’exploitation d’un gise- roche poreuse. Les gisements pétro- ment pétrolier, seuls 35 % des hydro- liers sont en général situés à 3 km de carbures présents sont extraits. « Or, profondeur. Le pétrole peut être soit la récupération de 1 % des 65 % res- très clair et fluide, soit visqueux et tants représente trois ans de consom- foncé. mation pétrolière mondiale », précise Tout l’enjeu de l’industrie pétroliè- Bernard Montaron. « L’enjeu est re consiste à découvrir des gise- énorme », car cela équivaut à 80 mil- ments et à les exploiter au moindre liards de barils de pétrole. La produc- coût. Face à ce défi, elle a connu tion journalière est actuellement de trois révolutions. La première, en 75 millions de barils (156 litres/baril) 1927, est l’œuvre de Conrad et Mar- par jour. cel Schlumberger. Elle a permis de détecter la conductivité électrique Christiane Galus des roches au moyen d’une sonde électrique fixée au tube de prospec- e Ouvert tous les jours sauf le lundi, tion. Le pétrole et le gaz sont iso- de 10 heures à 18 heures (19 heures le lants, contrairement à l’eau qui est dimanche). Prix : 7,50 ¤. Tél : conductrice. 01 40 05 80 00 ; www.cite-sciences.fr 28/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 AUJOURD’HUI consommation
Tendresse et humour, les jouets s’adoucissent Jano Dans un même élan, parents et enfants retrouvent le goût des objets agréables à toucher et à regarder. Et les constructeurs couvrent même les robots de peluche. C’est le retour à l’émotion, à l’affectif
LES CHIENS-ROBOTS seraient- En réaction aux produits mécani- remarque Bruno Bokanowski. Les ils rentrés à la niche ? Et tous leurs ques et aux personnages virtuels jeux de société et d’ambiance – compagnons de la même engeance des jeux vidéo, le consommateur garantie d’une grande partie de rigo- – chats, chouettes, lézards… – se manifeste aujourd’hui l’envie de lade autour de la table – marchent retrouveraient-ils définitivement revenir à des jouets concrets, cha- très fort. » au grenier ? Eteints, oubliés à leureux, agréables à regarder et à Chez Vilac, dont les ventes aug- jamais ? Pas tout à fait. Mais pres- toucher. Les marques ne se privent mentent régulièrement depuis que. pas de combler leur attente, en cinq ans, on ne s’étonne pas du Après avoir martelé, de sa démar- jouant la carte du sentiment – mais phénomène. « Nous centrons nos che saccadée, le sol de nos apparte- souvent avec drôlerie – et de la nos- efforts sur un design qui permet le ments durant deux ans, la horde talgie revisitée. toucher et dans lequel les enfants se des animaux robotisés semble Le succès remporté par les pro- reconnaissent, résume Hervé Hal- s’être repliée. Et si certains nou- duits de Manhattan Toy, enseigne gand, PDG de cette entreprise veaux spécimens osent encore, en américaine implantée depuis peu jurassienne du jouet en bois. Ne ce Noël, sortir le bout de leur nez, en France, témoigne de cet engoue- pas s’écarter de cette ligne de con- ils n’ont pas vraiment la même ment pour ces nouveaux joujoux duite a été payant parce qu’à un Jano raconte des histoires allure que leurs prédécesseurs. amusants et décalés. Animaux moment où à un autre, on en vient aux enfants, qui, à certains (vaches, cochons, chevaux, poules ou revient toujours aux grands clas- moments, peuvent intervenir aux airs tristement avachis), per- siques. » et changer l’orientation du récit, L’imaginaire sonnages (notamment, les très Ses voyages au Japon l’ont con- grâce à un boîtier magique branchées Groovy Girls), marion- firmé dans ses choix : « Dans ce interactif en diable. au cœur nettes à doigts ou à fils, en tissus pays qui a lancé les jeux électroni- Ce petit robot-peluche joint colorés ; peluches en forme de dra- ques, les rayons de magasins spécia- le geste à la parole... des préoccupations gon, façon Renaissance, objets lisés ont toujours beaucoup de Compagnon, à la fois vieux sage d’éveil pleins d’astuces… séduisent jouets en bois. Il est évident qu’on a et sorcier, il fait sonner justes des marques autant les enfants que les parents. La vache Clara, et son air irrésistiblement avachi, compte besoin d’avoir, aux côtés de choses les voix des personnages La recette : des créations bourrées déjà de nombreux adeptes, modèle 46 cm, 32 ¤, chez Manhattan Toy. plus périssables, des produits que qu’il campe... pour mieux capter d’humour et de poésie, au service l’on garde et auxquels on s’atta- son auditoire. Chez Tomy, 80 ¤. Des Micropets (minuscules ani- de l’imaginaire et de la tendresse. mune, dit-elle. J’ai donc imaginé Le jouet vrai, réel a le mérite de che. » maux interactifs) à Yano (la pelu- « Le design de nos produits met la des jouets qui échappent aux cou- rassurer petits et… grands. C’est ce Beaucoup de psychologues che qui raconte des histoires), de science au service de la fantaisie, leurs traditionnelles. Par exemple, que Gérard Mermet, auteur de s’étaient alarmés des dangers des Le cheval d’Aêtre chez Tomy, ou à Freddy (le mons- précise Brigitte d’Abo, directrice j’utilise très souvent le noir – même l’ouvrage annuel Francoscopie, animaux-robots, qu’ils qualifiaient tre mi-gentil, mi-méchant), de France de Manhattan Toy. Nos si je le rehausse ensuite de teintes nomme « le syndrome Amélie Pou- de « leurre » et de « tromperie » chez Goliath, en passant par les clients sont sensibles à cette démar- plus vives – afin que ces objets trou- lain » : « Dans une société ressentie menaçant, selon eux, de restrein- Magic Toutous (la famille de che. Ils sont nombreux à manifester, vent aisément leur place dans l’espa- comme dure et imprévisible, les dre l’imaginaire (Le Monde du chiens-peluche, chez Lansay) ou à la fois, le plaisir des matières et des ce familial. » Français ne sont pas très à l’aise, et 14 décembre 2001). Les nouveaux les chats Anim’animaux, plus vrais formes, en même temps que l’absen- Ses créations (sac cheval dans expriment un grand besoin d’émo- jouets, concrets et pleins de senti- et plus doux que nature (chez Has- ce de technologie. J’entends souvent lequel on se glisse, château fort en tion et d’affectivité, souligne ce ments, devraient pouvoir les br), la nouvelle génération se cou- des gens me dire : enfin des jouets tissus) ont pour ambition d’aider sociologue. Le jouet est une façon rassurer. vre de matières douces, appel à la qui ne sont pas en plastique, qui l’enfant « à être quelqu’un de montrer qu’on n’adhère pas au Même les circuits automobiles Cowboy ou écuyère, on a toujours caresse. n’ont pas besoin de piles et ne font d’autre », à se projeter dans un per- monde tel qu’il est. Il offre une porte électriques des années 60-70, que besoin d’un bon cheval. Celui-ci « Le jouet n’est pas déconnecté pas de bruit. » sonnage pour « mieux comprendre de sortie, permet de se faire plaisir l’ordinateur avait rangé aux se porte avec les anses, sur les de la technologie, c’est l’habillage Même constatation, et démar- les autres ». et de partager ce plaisir avec les rayons des accessoires ringards, épaules. On se glisse dedans qui change, précise Bruno che similaire, chez Catherine Harty L’imaginaire au cœur des préoc- enfants. » font un retour en force. « Les comme dans un jupon, et en Bokanowski, directeur de la rédac- qui, après avoir passé de nombreu- cupations, pour s’évader, pour Ce retour au sentiment s’ex- papas peuvent enfin gagner, ce qui avant sur les deux jambes ! tion de La Revue du jouet. Ces pro- ses années, pour les autres, dans le comprendre mais aussi se réunir et prime à travers des produits plus ne leur arrivait plus jamais avec l’or- On peut animer la tête avec la duits sont désormais recouverts de jouet en bois, vient de créer sa pro- se retrouver. « Dans un environne- humains mais aussi des jeux qui dinateur, explique Bruno Boka- main, comme une marionnette. fourrure. Donc plus peluches que pre collection de cadeaux pour ment insécurisant, le monde de l’en- favorisent la relation parents- nowski. Cela montre que le retour Et, quand on tire la fermeture robots ». Et pour cause. De l’avis enfants. « Je pars du principe que fance est un refuge, précise Catheri- enfants. « Les maquettes connais- de l’affectif se manifeste aussi dans à glissière, le sac cheval unanime des spécialistes, le jouet les petits ne jouent plus isolés dans ne Harty. Aujourd’hui, on n’a plus sent une progression importante, sur le jouer ensemble, en famille. » permet de ranger fait son grand retour dans le leur chambre mais au milieu des honte de dire qu’on cultive cette part la cible des 8-12 ans, jusque-là très tous les déguisements. domaine de l’affectif. adultes, dans la pièce à vivre com- en soi. C’est même plutôt valorisé. » accaparée par les aventures vidéo, Véronique Cauhapé Chez Aêtre, 69 ¤. La poupée de chiffon Les Groovy Girls chouchou des fillettes
DERRIÈRE la vitrine, rangées fabriquées. « On peut dormir entre les Barbie à la poitrine géné- avec, comme si c’était un dou- reuse, les bébés Corolle sembla- dou », remarque-t-elle. Quant bles à de vrais nourrissons, et les aux parents, ils craquent volon- robots à rayon laser, elles parais- tiers pour un jouet au parfum de sent un peu désuètes, avec leur sil- nostalgie qui ne coûte pas très houette pataude taillée dans du tis- cher : 15 ¤ environ la poupée de su et leur chevelure composée de 33 cm. fils de laine. Si, par leur côté bricolé à partir Et pourtant, il suffit de rester de matériaux tout simples, ces quelques instants devant les bouti- poupées s’apparentent à celles ques de jouets aux rayonnages d’autrefois, en revanche, s’agis- bien garnis en cette période sant de leur garde-robe, les Groo- d’avant-Noël pour se rendre comp- vy girls sont résolument « tendan- te que c’est vers elles que les ce ». Pantalon corsaire à franges, regards des petites filles conver- jeans pattes d’eph, mini-haut à gent. paillettes, sandales à talons com- Elles ont chacune Inspirées des poupées de chif- pensés, anneau d’argent à l’or- leur personnalité, leur couleur fon d’antan, les « Groovy girls » teil : les tenues, toutes réalisées de cheveux et de peau. ont les faveurs des fillettes de ce dans de belles matières, vendues Kinzey, Karly, Kayla, Kami, Kendra e début de XXI siècle. Créées aux séparément ainsi que les accessoi- et Kelsey sont toutes des copines Etats-Unis par la société Manhat- res, suivent la mode et sont renou- potentielles. tan Toy pour les enfants à partir velées régulièrement. Look branché, garde-robe de trois ans, ces versions moder- hyper-tendance, nes des poupées de nos grands- les Groovy Girls suivent mères, très à la mode aux USA et Toutes les couleurs de peau sont la mode. La décoration en Grande-Bretagne, sont arrivées représentées – du beige rosé au de leur cadre de vie n’est pas en France en juillet 2001. noir en passant par le marron clair en reste : fauteuil, canapé, lit, L’engouement a été immédiat, et le marron foncé, et les chevelu- complètent leur environnement. sans soutien publicitaire. « Le suc- res se permettent toutes les fantai- Chez Manhattan Toy, cès est venu du bouche-à-oreille, sies : boucles rousses, carré lisse à partir de 15 ¤. analyse Brigitte d’Abo, responsa- ou tresses afro. ble de Manhattan Toy pour la Fran- « Les concepteurs de ce nouveau ce. Les petites filles ont voulu avoir style de poupée ont eu l’idée de cou- Baratin la poupée qu’elles avaient vue entre pler la Barbie, qu’on habille et dés- les mains d’une copine, l’ont deman- habille à volonté, avec le doudou, dée dans les magasins qui à leur cette peluche rassurante qui accom- tour se sont intéressés à ce jouet. » pagne l’enfant partout, constate Jac- Selon elle, toutes les boutiques dis- queline Bigeargeal, psychologue tribuant la marque ont aujour- notamment auprès d’enfants. C’est d’hui mis en vente ce nouveau pro- bien vu. Ces poupées peuvent servir duit, qui s’écoule à grande vitesse. d’objet transitionnel pour les plus grands, à l’âge où l’on aimerait emmener encore une peluche à Ce qui séduit les fillettes ? Les l’école mais où l’on n’ose plus, de poupées ont un corps souple et peur d’avoir l’air ballot. » Un dou- doux comme une peluche, et leur dou « avouable » en quelque sor- visage, à peine esquissé d’un trait te. brodé au fil noir, affiche un souri- Preuve de leur succès : les pou- re paisible et semble sorti d’un pées de chiffon font cette année Conçu pour les « 12-101 ans », dessin d’enfant. « Ces poupées me une entrée remarquée dans les Baratin veut rassembler la famille plaisent parce que j’ai l’impression catalogues de jouets de Noël. Les et mettre « la fièvre aux soirées ». que j’aurais pu les créer moi- Groovy girls figurent ainsi dans Jeux de mots, phrases décalées même », explique Salomé, âgée celui du Printemps, tandis qu’une et explications fantaisistes, de six ans, qui en possède déjà ligne concurrente très semblable c’est le meilleur baratineur trois exemplaires et attend Noël – distribuée sous la marque Jelly qui remporte cette partie impatiemment pour agrandir sa Cat –, lancée par un ancien créa- de cartes. Ce coffret a été primé petite famille. teur de Manhattan Toy, s’expose par la coupe du jury du concours Anna, huit ans, apprécie, elle, la dans celui de la SamaritaIne. Lépine 2002. douceur du velours, matière dans Les Editions du jeu, 35 ¤. laquelle toutes les poupées sont Sylvie Kerviel LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/29 AUJOURD’HUI
Oslo Stockholm 22 NOV. 2002 PRÉVISIONS 22 novembre 22 novembre prêvisions vers 12h prêvisions vers 12h Moscou Des nuages Ville par ville, les minima/maxima de Riga température et l’état du ciel. S : ensoleillé; Lille et de timides N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige. Le Havre Minsk FRANCE Ê Madrid...... 9/12 N Belfast Copenhague Ajaccio ...... 9/16 P Milan ...... 6/12 P Reims Dublin Liverpool éclaircies Brest Paris Varsovie Kiev ...... 9/17 S -4/-1 S Biarritz Moscou...... Strasbourg 9/14 N ...... 2/6 P V 22 Bordeaux ...... Munich Berlin Rennes Troyes Amsterdam ...... 6/12 P ...... 14/17 N Londres Lever du soleil à Paris : 8 h 11 Bourges Naples Orlêans ...... 9/12 P ...... -5/-4 * Bruxelles Coucher du soleil à Paris : 17 h 02 Brest Oslo Nantes Prague .... 12/19 S Tours Caen ...... 9/12 P Palma de M. Mulhouse ...... 7/12 N -2/4 C Odessa La France reste toujours dans un flux Cherbourg Prague ...... Bourges Strasbourg Dijon Paris Vienne dépressionnaire de sud-ouest mais se 6/14 N ...... 15/17 N Clermont-F. .... Rome Munich Budapest ...... 4/10 N ...... 13/20 P retrouve entre deux perturbations. En Dijon Sêville Poitiers Nantes Clermont- ...... 7/10 * ...... 4/14 S conséquence, les nuages alternent avec Grenoble Sofia Limoges Berne Ferrand Bucarest les éclaircies et les averses se cantonnent ...... 6/11 P -6/-2 C Lille St-Pêtersb...... Chamonix Lyon Lyon Milan essentiellement aux régions de l'Ouest...... 5/10 N -3/1 C Belgrade Limoges Stockholm ...... Grenoble Sofia 4/12 N ...... 18/24 P Bretagne, pays de la Loire, Basse- Lyon ...... Tênêrife Bordeaux Toulouse Istanbul Normandie. Toute la journée se passe Marseille...... 6/14 S Varsovie ...... 1/9 C Aurillac ...... 6/10 N ...... 11/14 P Montêlimar entre des éclaircies et des passages nua- Nancy Venise Rome geux porteurs d'averses. Quelques coups Nantes...... 10/13 P Vienne...... 8/11 P Barcelone Naples de tonnerre peuvent se faire entendre. Le ...... 7/14 S Madrid Nice Nice vent de sud-ouest atteint 70 km/h, puis 8/12 P AMÉRIQUES Biarritz Montpellier Paris...... Toulouse Marseille Lisbonne ...... 19/25 P faiblit. Les températures s'inscrivent Pau ...... 6/16 S Brasilia Ath8nes 14/26 S Tarbes entre 11 et 13 degrés. Perpignan...... 5/15 S Buenos Aires Perpignan 26/32 P Sêville Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen- Rennes...... 9/13 N Caracas ...... -2/3 S St-Etienne ...... 5/12 N Chicago Tunis tre, Haute-Normandie, Ardennes. Alger 5/9 N ...... 18/24 S Ajaccio Nuages et périodes ensoleillées alter- Strasbourg...... Lima .... 13/22 C nent. Quelques averses se produisent Toulouse...... 5/13 N Los Angeles Rabat ...... -1/16 S près des côtes mais un petit risque est Tours ...... 9/12 P Mexico 3/6 P Montrêal...... également présent dans l'intérieur des Soleil Peu nuageux Couvert terres. Le vent de sud-ouest souffle en FRANCE - New York ...... 8/12 P 12/19 S rafales à 70 km/h sur les plages. Il fait de Cayenne ...... 22/32 P San Francisco Brèves éclaircies Averses Pluie . 13/30 C 10 à 13 degrés. Fort-de-Fr...... 25/30 C Santiago Ch. 21/26 S ...... -2/6 P Orage Neige Brouillard Vent fort Champagne, Lorraine, Alsace, Bour- Noumêa...... Toronto ...... 25/31 P 5/11 P gogne, Franche-Comté. Le temps sec Papeete Washingt. DC ..... 24/29 P est agrémenté de quelques éclaircies. Il Pointe-à-P. AFRIQUE St Denis Rêu.. 22/26 P fait de 9 à 11 degrés au meilleur moment Alger...... 13/22 S de la journée...... 25/29 C EUROPE Dakar 23/27 P Kinshasa...... Amsterdam.... 7/11 P Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi- Le Caire...... 13/25 S . Des averses peuvent se produi- ...... 15/19 P Pyrénées Ath8nes ...... 16/22 P 11/18 S Nairobi re de la Gironde au Poitou-Charentes, ain- Barcelone ...... Pretoria...... 18/31 S si que sur le relief pyrénéen. Ailleurs, Belfast...... 8/10 P Rabat ...... 16/19 P ...... 10/13 P c'est-à-dire dans les plaines du Sud- Belgrade 13/21 S Tunis ...... Ouest, de larges éclaircies s'offrent après Berlin ...... 2/7 C Samedi la dissipation de quelques bancs de Berne...... 2/8 P ASIE-OCÉANIE brouillard. Il fait de 14 à 17 degrés. 8/11 N ...... 26/32 C 23 novembre Bruxelles ...... Bangkok Le temps souvent ...... 5/15 P ...... 19/26 S Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. Bucarest Beyrouth nuageux ...... 6/12 P ...... 22/34 S Nuages et éclaircies se partagent le ciel. Budapest Bombay s'accompagne De rares averses se produisent dans le Copenhague.. 3/6 P Djakarta ...... 25/34 P d'averses Massif central et sur le massif alpin (nei- Dublin ...... 7/10 P Dubaï...... 20/28 S temporaires. Près ge vers 1 400 mètres). Il fait de 10 à Francfort ...... 3/9 C Hanoï...... 18/24 S de la Méditerranée 5/8 * ...... 16/22 S et notamment 13 degrés. Gen8ve ...... Hongkong ...... -8/-6 C ...... 12/22 S sur le relief exposé Languedoc-Roussillon, Provence- Helsinki Jêrusalem ...... 11/16 C ...... 13/27 S au sud, les pluies Alpes-Côte d'Azur, Corse. Un temps Istanbul New Delhi prennent ...... 3/8 S ...... 1/6 C sec avec de larges périodes ensoleillées Kiev Pêkin un caractère ...... 13/16 P ...... -5/8 S s'installe provisoirement. Une petite aver- Lisbonne Sêoul plus durable. 8/9 P ...... 26/31 P se reste possible sur le relief corse. Le Liverpool ...... Singapour Les températures vent d'ouest atteint 70 km/h entre Corse Londres...... 9/10 C Sydney ...... 18/24 S ne changent guère. et continent. Il fait de 14 à 16 degrés. Luxembourg . 6/9 P Tokyo ...... 7/11 S 23 21 0 23 0 Des machines à écrire et d’autres appareils des XIXe et XXe siècles proposés à Cologne situe l’état de conservation techni- vant le clavier. Tirée à l’époque à de l’appareil en tôle dorée est orné partir de 300 ¤. Une des premières Autre machine extraordinaire, que et esthétique. 180 exemplaires, dont trois restent de motifs découpés en métal à machines à calculer de série, l’arith- l’Enigma est un appareil de chif- Tous les jeudis Parmi quelques pièces étonnan- accessibles sur le marché mondial, décor rococo. Ce chef-d’œuvre de momètre, remonte aux années frage à trois rotors fabriqué par datés vendredi, tes se trouve la première machine à elle est estimée 70 000 à 100 000 ¤, l’art industriel, dont on ne connaît 1860-1880. Fabriquée par Payen à l’armée allemande en 1941 (15 000 l’agenda du chineur écrire fabriquée en série, réalisée avec un prix de réserve de 55 000 ¤. que deux exemplaires, est estimé Paris, elle additionne, divise, multi- à 25 000 ¤). Grâce à des redondan- en 1867 par la marque danoise Dans la même maison de ventes, 4 000 à 7 500 ¤. plie et soustrait (2 000 à 2 750 ¤). ces dans son code, les alliés en LA REDÉCOUVERTE du patri- Malling Hansen. Cette mécanique un modèle similaire a été adjugé Les prix baissent avec les grandes En 1948, un inventeur originaire du trouvent la clé dès la première moine ancien prend tous les jours complexe en laiton, dont le clavier 140 000 ¤ en mai. séries tirées au début du XXe siècle, Liechtenstein, Curz Herzstark, con- année. Les Allemands améliore- de nouvelles directions : à Colo- est une demi-sphère, se révèle alors Un téléphone de 1885, fabriqué comme le téléphone mural d’Erics- çoit une superbe calculatrice appe- ront l’Enigma avec cinq rotors, gne, une salle des ventes spéciali- à la pointe de la technique : barre par la marque norvégienne Kris- son, en bois, avec un micro et un lée Curta ; cylindrique, munie de dont les alliés cassent à nouveau le sée dans les antiquités techniques d’espacement, retour à la ligne, tiana, est considéré comme un des écouteur (700 à 1 000 ¤). Quelques curseurs et d’une manivelle, elle réa- code en 1944. Est alors mise au organise régulièrement des ventes tabulation, sonnerie à la fin de la plus beaux modèles anciens. Posé exemplaires du début du XXe siècle, lise les quatre opérations arithmé- point une machine à dix rotors, d’appareils des XIXe et XXe siècles : ligne, et l’écriture visible en soule- sur un socle à pieds griffes, le corps en bakélite noire, sont accessibles à tiques (300 à 500 ¤). fabriquée à trente exemplaires téléphones, machines à écrire, à cal- réservés à l’état-major. L’un d’en- culer ou à coudre, caisses enregis- tre eux, adjugé 850 000 ¤ en mai treuses, équipements de bureau, Calendrier 2001, a obtenu un record mondial. sans oublier les grammophones, ANTIQUITÉS-BROCANTES b Metz (Moselle), du vendredi 22 et dimanche 24 novembre ; régionalistes, du vendredi 22 Son code n’aurait pas encore pu machines à sous, ventilateurs, b Marseille (Bouches-du-Rhône), au lundi 25 novembre ; tél. : 02-37-24-51-60. au dimanche 24 novembre ; être cassé. machines à vapeur, etc. La prochai- du vendredi 22 au dimanche tél. : 03-87-55-66-00. b Saint-Nom-la-Bretèche tél. : 04-76-51-57-98. ne vacation, qui aura lieu samedi 24 novembre ; b Collonges-sous-Salève (Yvelines), samedi 23 b Bourg-la-Reine Catherine Bedel 30 novembre, totalise mille lots. tél. : 04-91-78-10-69. (Haute-Savoie), du vendredi 22 et dimanche 24 novembre ; (Hauts-de-Seine), cartes postales, Les catalogues bilingues anglais- b Nantes (Loire-Atlantique), au dimanche 24 novembre ; tél. : 02-54-80-75-81. samedi 23 et dimanche e Maison de ventes Breker, Cologne allemand donnent leurs estima- du vendredi 22 au lundi tél. : 04-50-43-60-75. 24 novembre ; (Allemagne), mercredi 30 novembre. tions, et, fait inhabituel, annon- 25 novembre ; b Saint-Yriex-la-Perche COLLECTIONS tél. : 01-46-65-65-40. Exposition sur place les 24, 29 et cent aussi le prix de réserve tél. : 02-40-52-08-11. (Haute-Vienne), samedi 23 b Paris Espace Champerret, b Charleville-Mézières le matin de la vente. Lots visibles demandé par les vendeurs, qui b Villeneuve-sur-Lot et dimanche 24 novembre ; bandes dessinées, samedi 23 (Ardennes), livres anciens, sur le site www.breker.com/ Tél. : marque le départ des enchères. (Lot-et-Garonne), du vendredi 22 tél. : 05-55-08-20-72. et dimanche 24 novembre ; samedi 23 et dimanche 00-49-221-38-70-49. Représentant à Pour plus de précision, les objets au dimanche 24 novembre ; b Chennevières-sur-Marne tél. : 06-22-23-00-65. 24 novembre ; Paris, Pierre J. Bickart, tél.-fax. : 01- sont cotés selon une échelle qui tél. : 05-65-20-93-11. (Val-de-Marne), samedi 23 b Grenoble (Isère), livres tél. : 03-24-33-56-22. 43-33-86-71.
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I versée. Appel. - 4. Giroflées des Les clichés sortent de leur réserve jardins, radis des champs. - 5. LE MUSÉE D’ORSAY a inauguré Louis Adolphe Humbert de Molard Flottent au dessert. A armé II au mois d’octobre un espace dé- (1800-1874), « Scène paysanne : l’Amérique et le monde. - 6. Pas- volu de manière permanente à la l’écossage des haricots », 1852. sage à table réussi. Grande aux III présentation de ses collections de Epreuve sur papier salé Etats-Unis. - 7. Pour tirer les photographies, témoignant ainsi à partir d'un négatif papier, traits. Grand-père. - 8. Ne peut IV de la volonté d’affirmer la présence 22 × 18,2 cm. pas rester sur un échec. Sa et l’importance de ces œuvres aux Paris, Musée d’Orsay, galerie mémoire est énorme. Sur le V côtés de celles qui relèvent des permanente de photographie rivage. - 9. Beaux parleurs. Bien autres disciplines. L’accrochage (du 29 octobre au 23 février 2003). VI dégagée. - 10. Suivras le modèle. sera renouvelé trois fois par an, - 11. Liaisons rapides. C’est tou- car, pour préserver leur bon état de tes, mais figurent aussi des images VII jours madame qui la prend. - 12. conservation, les épreuves origi- entrées très tôt dans les collec- Toxique à l’officine. Champion. nales ne peuvent être exposées tions, ce qui est le cas de celle VIII sur une longue durée. présentée ici. Philippe Dupuis Les œuvres proposées pourront Humbert de Molard, l’un de ceux IX correspondre à un choix thémati- que l’on a appelés les « primitifs » SOLUTION DU N° 02 - 277 que, monographique, ou simple- .. de la photographie, figure parmi X ment chronologique. Le premier William Henry Fox Talbot dès l’an- les membres fondateurs de la Socié- Horizontalement accrochage, visible jusqu’au 23 fé- née suivante. Portraits, paysages, té française de photographie (SFP) I. Convalescent. - II. Avoine. vrier 2003, présente une soixantai- scènes de genre, photographies en 1854. Cette fondation avait été HORIZONTALEMENT région. Un peu de calcium. Pleine Tapir. - III. Cause. Casino. - IV. ne de chefs-d’œuvre sélectionnés d’architecture, donnent un aperçu précédée, dès 1851, par celle de : de qualités. - VIII. Faire le tour. Hivernage. Au. - V. Ere. Gobi. Psi. parmi les 50 000 œuvres rassem- de l’évolution des techniques b La Société d’art photographi- I. Faisait de la fumée avant de Sorties du résultat. - IX. Pleine - VI. CEA. Israël. - VII. Usé. II. Ail. blées depuis 1979, date qui mar- depuis l’invention du médium jus- que ? passer la brosse. - II. Celle d’en peau si elle est belle. Donné - VIII. Cati. Corrida. - IX. Hie. que le début de constitution de la que dans les années 1920, et des b La Société héliographique ? face. Essences en voie de dispari- avant exécution. - X. Femmes de Râle. Der. - X. Essence. Reed. collection. évolutions formelles qui l’ont b La Société des photographes tion. - III. En piste. Salle d’atten- lettres. Se côtoient sur les cimaises des accompagnée. amateurs ? te pendant le spectacle. - IV. Verticalement daguerréotypes, images uniques Un accent particulier a été mis Réponse dans Le Monde du Donne la preuve. Patron d’une VERTICALEMENT 1. Cache-cache. - 2. Ovaire. Aïs. fixées sur un support en cuivre sui- sur les acquisitions les plus récen- 29 novembre. grande entreprise. - V. Pour une - 3. Nouveautés. - 4. Vise. Si. - 5. vant l’invention de Jacques Louis multiplication divine. N’est pas 1. Bon dans l’eau, sur route et Anergie. RN. - 6. Le. Nos. CAC. - Mandé Daguerre rendue officielle du genre à s’aplatir. - VI. Permet en selle. - 2. Plutôt lourd quand 7. Cabriole. - 8. Stagiaire. - 9. le 19 août 1839, et des épreuves sur Réponse du jeu no 300 paru dans Le Monde du 15 novembre. au vaisseau de sortir. Du mouton il se donne en spectacle. - 3. Pas- Case. - 10. Epi. Plaide. - 11. Ninas. papier, descendantes du procédé Arcimboldo créa ses Saisons pour Ferdinand Ier et Maximilien II, à qui il et des légumes. - VII. Patron en sage obligé à la fac. Couche ren- Idée. - 12. Trouillard. négatif-positif inventé par l’Anglais les remit en 1569. 30/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 CULTURE idées
La publication d’un ouvrage de l’historien Daniel Lindenberg, « Le Rappel à l’ordre », qui dénonce la dérive « réactionnaire » de nombreuses personnalités, suscite une violente polémique, révélatrice des profonds bouleversements des clivages politiques au sein du débat public Ce livre qui brouille les familles intellectuelles
DEPUIS deux semaines, l’ou- M. Finkielkraut vrage de l’historien Daniel Linden- d’avoir épar- berg, Le Rappel à l’ordre. Enquête gné un per- sur les nouveaux réactionnaires, sonnage com- Seuil, « La République des idées » me l’ancien (« Le Monde des livres » du 15 no- directeur d’Es- vembre) provoque l’une de ces prit, Paul Thi- controverses qui, à intervalles régu- baud, pourtant liers, rebattent les cartes de la vie proche des posi- intellectuelle en France. Dans ce tions qu’il dénon- petit livre de 94 pages, Daniel Lin- ce. A ceux qui denberg, conseiller de la revue s’étonnent de ne Esprit, dénonce en effet la dérive pas voir figurer « réactionnaire » d’un certain nom- dans sa liste le bre d’intellectuels français dont les nom de Blandine critiques répétées de Mai 68, de Kriegel (aujourd’hui l’islam, du « droit-de-l’hommis- proche de Jacques Chirac après me », du féminisme ou de l’ob- avoir été une figure de la gauche session festive auraient fini par intellectuelle), Daniel Lindenberg sionnalisation », voulait incarner, tion amicale me lie à Pierre Rosanval- prouve que le débat intellectuel en outrepasser les limites de l’horizon répond qu’il s’est attaqué de préfé- dans les années 1990, la gauche anti- lon, s’attriste Pierre Manent. C’est vienne à porter sur les personnes et démocratique pour sombrer dans rence à « ceux qui tiennent un dou- totalitaire et non marxiste (Olivier ce fait qui donne son amertume à la se substitue au débat d’idées. Il une dérive franchement néoconser- du sociologue Pierre Bourdieu, ble discours ». Mongin, qui en est le directeur, est publication d’un livre dont la médio- déplore que, non sans un certain vatrice ou réactionnaire. décédé en janvier 2002 ; de l’autre, Mais cela vaut-il pour des écri- également vice-président de La Ré- crité m’aurait sinon rendu indiffé- mépris de la politique, on en vienne Les répliques ne se sont pas fait les « libéraux » acceptant l’ordre vains comme Michel Houellebecq, publique des idées). rent. » à réduire celle-ci à une affaire de attendre. Les mots d’« épuration », démocratique et économique tel Philippe Muray ou Maurice Dantec, Ce n’est pas l’opinion de Marc- « Je veux bien être qualifié de réac- postures et non de convictions. d’« éradication »etde« délation » qu’il est, celui-ci fût-il amendable, autres cibles du Rappel à l’ordre, Olivier Padis, rédacteur en chef d’Es- tionnaire, ajoute-t-il, je réagis effecti- Pour le philosophe Alain Renaut, fleurissent. Perfidement, Alain Fin- et se réclamant de la redécouverte dont le moins que l’on puisse dire prit, auteur en 1996 du livre Marcel vement à la tendance actuelle à lui aussi discrètement mis en cause kielkraut se demande dans Le Fi- d’une tradition française de libéralis- est que leur rejet convulsif de tou- Gauchet : la genèse de la démocratie la dépolitisation ! Daniel Lindenberg pour sa critique de « la pensée 68 » garo (daté 14 novembre) s’il ne me politique symbolisée par Alexis tes les valeurs de la gauche intellec- (Michalon), consacré à l’œuvre de m’insère dans un tissu de références menée autrefois avec l’actuel mi- faudrait pas rebaptiser l’Institut de Tocqueville (1805-1859) et Benja- tuelle n’est guère dissimulé ? Parmi ce philosophe aujourd’hui critiqué sur l’islam, objet d’étude qui n’a nistre de l’éducation Luc Ferry, la Raymond-Aron, que dirige Pierre min Constant (1767-1830). C’est cet- les intellectuels mis en cause, Pierre- dans Le Rappel à l’ordre.Iljugele jamais été le mien. Il évoque deux controverse en cours témoigne que Rosanvallon – par ailleurs responsa- te coalition, longtemps stigmatisée André Taguieff est un de ceux qui a livre de Daniel Lindenberg « culot- mots que j’ai prononcés en réponse à l’époque est moins à la recomposi- ble de l’association La République comme foyer de « consensus contre-attaqué avec le plus de viru- té, courageux, franc ». « C’est la fin une interview au Figaro, dans la- tion qu’à la confusion. « C’est éton- des idées, qui publie le livre – « Insti- mou » ou comme « pensée uni- lence : « Accuser des intellectuels de de la famille antitotalitaire, dit-il. quelle je me livrais à l’exercice d’expli- nant comme les intellectuels français tut Guy-Debord » du nom du célè- que » par ses adversaires, que le retour aux années 1930, c’est les accu- Une famille qui s’était d’ailleurs déjà cation des résultats du premier tour ne peuvent comprendre une position bre chef de file des situationnistes. livre de Daniel Lindenberg fait voler ser de mener tout droit aux années effritée au moment de la guerre en de la présidentielle [Pierre Manent y de type tocquevillien ! On peut être Cette polémique tient tout en éclats. Comme si la césure pas- noires. » Selon lui, ce livre invente Yougoslavie et, plus récemment, dans parlait du « sentiment d’une triple convaincu que l’individu reste l’hori- d’abord à la surprise des personna- sait désormais non plus entre libéra- un genre inédit, celui du « pamphlet le contexte de flottement politique dépossession de la société françai- zon de la politique sans pour autant lités mises en cause, furieuses de lisme et radicalité, mais à l’intérieur tiède ». « L’opération relève des chas- consécutif aux attentats du 11 septem- se », « par l’immigration musulma- évacuer la mine de problèmes qui se constater que la charge vient d’un même d’un camp antitotalitaire ses aux sorcières régulièrement lan- bre et au choc du premier tour de la ne, par l’Europe et par la mondialisa- posent dès lors qu’on introduit dans camp qu’ils avaient plus ou moins longtemps regroupé autour de cées par la gauche communiste trot- présidentielle. » tion »]. En somme, s’il veut m’incul- un milieu pénétré de hiérarchie, com- cru le leur. Des intellectuels comme revues comme Esprit et Le Débat. skiste et tiers-mondiste, ajoute per, il devrait surtout me dénoncer me par exemple l’école, la liberté et le sociologue Pierre-André Taguieff Daniel Lindenberg distingue les M. Taguieff, mais avec cette sensibi- comme un antieuropéen fanati- l’égalité. » ou le philosophe Marcel Gauchet, libéraux « authentiques » (Jean- lité particulière au centre-gauche qui Les fractures risquent d’être d’au- que ! » Lui ne conteste pas qu’il y ait bien malmenés par l’enquête de Daniel Claude Casanova, Pierre Rosanval- représente l’axe du Bien et la métapo- tant plus durables qu’elles divisent Même à l’intérieur de La Républi- eu un « horizon conservateur » dans Lindenberg, ont eu longtemps pa- lon, Dominique Schnapper) de ceux litique des bons sentiments. » A l’en parfois des universitaires qui tra- que des idées, tous n’ont pas appré- la redécouverte du libéralisme poli- ges ouvertes dans Esprit. En outre, pour qui la référence à Tocqueville croire, Daniel Lindenberg incarne le vaillent depuis longtemps ensem- cié la publication de l’ouvrage. Lau- tique au cours des années 1980 puis- depuis les grèves de 1995 contre le n’aurait été qu’« un outil destiné à prototype du « terrorisme intellec- ble. Ainsi au Centre Raymond- rent Bouvet, un proche de Pierre que ce paradigme parfois appelé plan de réforme de la Sécurité so- écraser le marxisme ». Sous le mas- tuel terrorisé ». Aron, un laboratoire de l’Ecole des Rosanvallon qui fut rédacteur en « néotocquevillien » avait été adop- ciale et la guerre des pétitions qui que libéral, il soupçonne ces der- Beaucoup de personnalités visées hautes études en sciences sociales chef de la Revue socialiste et égale- té contre les explosions des années s’étaient ensuivies, deux galaxies niers de nourrir la nostalgie d’une par la charge de Daniel Lindenberg que dirige Pierre Rosanvallon, au- ment le premier secrétaire général 1970. Mais aujourd’hui, alors que ce intellectuelles paraissaient devoir « démocratie forte, voire héroïque » croient discerner en arrière-plan l’in- jourd’hui professeur au Collège de de l’association, a décidé de pren- paradigme semble s’épuiser, la pen- s’opposer durablement : d’un côté quand ce n’est pas d’un « néo-popu- fluence aussi bien de Pierre Rosan- France, et dont Pierre Manent dre ses distances. « Je pense que ce sée de la démocratie est à recons- les « radicaux », porteurs d’une lec- lisme ». vallon que d’Esprit, une revue née – autre « néoréactionnaire » selon livre est déplacé par rapport aux truire. ture décidément critique de la so- L’auteur du Rappel à l’ordre sur le terreau du catholicisme de Daniel Lindenberg – est l’un des autres titres de la collection », com- ciété, regroupés autour de la figure balaie le reproche qui lui est fait par gauche et qui, après sa « déconfes- chercheurs. « Une longue collabora- mente-t-il simplement. Il désap- Jean Birnbaum et Nicolas Weill
Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France et président de l’association La République des idées « Il faut refaire le bagage d’idées de la démocratie française »
CET ENTRETIEN a été relu et nent des rapprochements et des seul exemple de l’intellectuel qui ait tion de la société ouverte s’opère Centre Aron à la fin des années tradition séculaire du socialisme de amendé par M. Rosanvallon. risques d’amalgames qui peuvent eu le souci de la société ! Remet- en effet maintenant au travers 1970 a été fondée par deux points la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, Comment expliquez-vous la donner le sentiment d’une certaine tons les choses à leur juste place. d’une sensibilité que l’on peut appe- communs très importants : la criti- nous sommes entrés dans le monde violence des réactions au livre de confusion. Mais cette confusion est Ce que je cherche avec cette col- ler « critique réactionnaire ». que du totalitarisme et le sentiment de l’après-communisme et dans Daniel Lindenberg ? aussi celle de la réalité elle-même. lection de livres (eux-mêmes ados- Alors que le débat a longtemps d’un essoufflement des cultures tra- celui d’un nouvel univers du capita- Leur brutalité m’a surpris. Mais L’élément nouveau, dans ce dépla- sés à des travaux plus savants), c’est opposé les visions modérée et révo- ditionnelles, appelant une néces- lisme. Il ne s’agit plus d’aggiorna- elles s’expliquent à la fois par la for- cement de la scène politique et intel- d’aider à un supplément d’intelli- lutionnaire du progrès, l’actuelle saire réappropriation de l’héritage mento, mais de refondation intellec- me et par le fond de ce livre. Sur le lectuelle, ce n’est pas une doctrine gibilité dans des domaines où l’on décomposition des pensées de l’his- libéral. D’où un travail d’édition et tuelle, pour reconstruire une ana- fond, il rend lisible un ensemble de encore constituée, c’est d’abord un sent confusément que des choses toire a débouché sur une propen- de relecture d’œuvres comme cel- lyse de la réalité. Car même si les recompositions du milieu intellec- front commun de dénégations et se passent mais sans bien arriver à sion à la détestation générale de ce les de Constant ou de Tocqueville. grèves de l’hiver 1995 ont semblé tuel qui étaient jusque-là ram- de détestations partagées, un en- les identifier. Il s’agit par là de parti- qui change, de ce qui bouge, et sur Vingt ans après, ce travail de rattra- leur donner un nouvel élan, il y a pantes, implicites, et cet « effet de semble de chassés-croisés et de ciper à la refondation d’un débat une volonté de retour au passé. page est accompli, et, même si ce bien une crise des anciennes pen- révélation » oblige soudain à un résonances entre des œuvres fort La question n’est pas simplement n’est jamais définitivement acquis, sées critiques, qui se sont réduites à repositionnement des uns et des disparates ; par exemple une même « Il y a une panne celle d’un virage à droite de la so- la question du totalitarisme est de simples postures politiques, du autres. En gros, l’espace politique façon de mettre en scène un rap- de l’intelligence ciété. C’est quelque chose de plus derrière nous ! Mais la vie universi- type « résister à l’air du temps, à la était traditionnellement structuré port simplificateur entre le peuple critique profond. taire commune continue, car les mondialisation », et qui ne sont entre, d’une part, l’ensemble droite et les élites. et de la pensée La démocratie implique bien sûr divergences politiques et intellec- plus fondées sur une analyse cons- libérale/social-démocratie et, d’au- Un passé de militant, une de la modernisation » une capacité permanente à l’auto- tuelles n’empêchent pas d’être dans tructive du monde en d’émergence. tre part, un pôle de radicalité. Or chaire au Collège de France et critique. Mais ce que l’on voit surgir la même institution. La vie des Comment votre démarche s’ins-
on voit maintenant apparaître une une collection de petits livres / déborde de ce cadre. Ce sont des idées consiste en effet à confronter crit-elle dans la quête actuelle sensibilité inédite, un mouvement musclés, destinée au large pu- sentiments plus négatifs, la vision des œuvres entre personnes qui de redéfinition d’une gauche indissociablement critique et réac- blic : certains vous soupçonnent public qui ne soit plus simplement morose d’un déclin, voire d’une ont une même vision de l’exigence moderne ? tif : Pierre-André Taguieff a parlé de vouloir prendre la place de structuré par un affrontement de décadence. Il y a une panne de l’in- intellectuelle, et non à disserter On voit aujourd’hui se multiplier d’une réorientation « résistancielle- Pierre Bourdieu… positions déjà acquises. telligence critique et des pensées de d’étiquettes politiques. Relativisons les clubs et les think tanks.Onne conservatrice », Régis Debray de Ne fantasmons pas. Le problème Je pense comme Camille Desmou- la modernisation, qui alimente donc dans ce cadre la portée des cri- peut que s’en réjouir. Mais la plu- l’avènement de « traditionalistes n’est pas d’occuper des places, mais lins que le propre de la République, aujourd’hui une sorte de repli sur tiques adressées par Lindenberg à part restent des machines politi- subversifs » et Alain Besançon, plus d’être fidèle à une certaine vision c’est d’appeler les hommes et les une pensée réactive. Cela me paraît tel ou tel. ques auxiliaires. Notre but est plus sobrement, de « réactifs ». Quels du travail intellectuel où l’universi- choses par leur nom. effectivement dangereux. De la Fondation Saint-Simon à du côté de la production de connais- que soient les mots, on voit bien taire s’engage par les objets qu’il se En même temps, le ton du livre Le livre de Daniel Lindenberg La République des idées et des sances que du côté de la politique émerger là une nouvelle culture donne (en ce qui me concerne les de Lindenberg apparaît large- met en cause certains de vos collè- fines notes vertes aux petits partisane. Je pense que oui, il faut politique, aux contours certes en- transformations de la démocratie) ment pamphlétaire. gues du Centre Raymond-Aron livres rouges, quelle a été l’évolu- refaire le bagage d’idées de la démo- core mouvants. et non par les postures qu’il adopte. Les années 1990 ont été celles (EHESS). Serait-ce la fin d’une tion de votre projet ? cratie française. La République des C’est ce qui a justifié pour moi Je n’ai pas attendu mon entrée au d’intenses recompositions intellec- famille politique ? Quand a été créée la Fondation idées est liée à cette nécessaire l’édition de ce livre, même si, sur la Collège de France pour avoir cette tuelles. Ce livre rend visible un phé- Nous vivons dans un paysage Saint-Simon, le problème-clé était refondation intellectuelle d’une gau- forme, son mode d’exposition poin- conception du lien entre travail nomène qui n’avait pas encore été intellectuel qui a certes beaucoup la modernisation d’une gauche qui che réformiste. tilliste, son choix de citer nombre intellectuel et vie civique. Il ne faut décrit : l’apparition d’une nouvelle changé. La proximité historique de avait gagné les élections avec un d’auteurs assez rapidement entraî- pas prendre Bourdieu comme le forme d’illibéralisme. La dénoncia- ceux qui se sont retrouvés dans le programme commun inscrit dans la Propos recueillis par J. Bi. LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/31 CULTURE
Historien des idées, l’auteur de « Rappel à l’ordre » entend poursuivre Jean-François Deniau a accueilli sous la Coupole, jeudi 21 novembre, sa réflexion sur les nouvelles critiques de la démocratie en France l’écrivain et critique littéraire du « Nouvel Observateur » Daniel Lindenberg : rester à Le romancier Angelo Rinaldi gauche après le totalitarisme reçu à l’Académie française
LA TRAJECTOIRE de Daniel Lin- idées – sa carrière se confond avec de Paul Thibaud à partir de 1988, il ANGELO RINALDI, 62 ans, jour- rence, un pouvoir divinatoire et cura- qualité du mémorialiste, et qu’il est denberg est caractéristique de celle celle de l’université de Vincennes publie des articles consacrés à l’his- naliste et romancier – il fut long- teur avec sa contrepartie qui n’est apprécié pour d’autres raisons. Quel d’une génération d’intellectuels qui, (aujourd’hui Paris-VIII, où M. Lin- toire intellectuelle – objet de ses temps le critique littéraire redouté pas mince. A savoir, un statut poten- romancier esquivera jamais la ren- après avoir été marquée par l’enga- denberg est professeur depuis Années souterraines (La Découverte, de L’Express avant de rejoindre tiel de bouc émissaire, convaincu contre avec un auteur qui commande gement dans l’extrême gauche, a su 1996). Ses premiers livres se ressen- 1990) ainsi qu’au conflit israélo- Le Nouvel Observateur – a fait, jeudi d’accointances avec la nuit sorcière sept mille personnages ? » opérer un retour critique sur le tota- tent des options politiques en vo- arabe. 21 novembre, son entrée à l’Acadé- et le monde à l’envers des doubles, Jean-François Deniau a d’abord litarisme sans passer du côté droit. gue : L’Internationale communiste et Daniel Lindenberg est un partisan mie française, où il avait été élu le menacé, en conséquence, par la rappelé, avec humour, la réponse Son dernier ouvrage, Rappel à l’or- l’école de classe (1972), sous l’inspi- du modèle du franco-judaïsme con- 21 juin 2001, au fauteuil de José souillure, la chute et la mort sans d’Angelo Rinaldi, un jour, à la ques- dre, constitue peut-être le terme de ration du philosophe althussérien tre des versions plus communautari- Cabanis. Dans son remerciement, il espoir de réveil. On voit les risques, tion d’une éventuelle candidature à ce mouvement introspectif initié à Nikos Poulantzas, aux éditions Mas- santes dans la ligne, affirme-t-il, de a fait, comme il est d’usage, l’éloge que le candidat ne mesure peut-être l’Académie : « Je suis corse. Jamais la fin des années 1970. Il y reproche l’œuvre de la sociologue Domini- de son prédécesseur. pas assez. Je m’y expose volontiers je ne me présenterai à une élection à certains de ses pairs d’avoir été Un parcours que Schnapper. Il milite pour une Mais il a d’abord invoqué Baude- pour n’être pas séparé de vous, et la pour laquelle je ne maîtrise pas les lis- trop loin dans la remise en question qui va version « laïque et humaniste » de la laire, qui, jadis, brigua l’Académie, mort, grâce à vos bontés, je l’atten- tes électorales et les feuilles d’émarge- de leur choix politique de jeunesse ; de l’extrême gauche judéité – ce dont témoigne son essai avant de retirer sa candidature : drai au creux d’un fauteuil dans la ment. » Puis il a retracé, de manière mais n’en a-t-il pas lui-même em- maoïste à la recherche sur le marranisme intitulé Figures « Vous voudrez bien accepter que je posture perplexe de la dame assise plaisante et alerte, le parcours de prunté quelques chemins ? d’un socialisme d’Israël : l’identité juive entre marra- prenne appui sur l’exemple du gé- de Copi. » Rinaldi, de son enfance corse aux Daniel Lindenberg est né en 1940 nisme et sionisme (Hachette Litté- nie, comme on s’aide d’une canne ors du Quai Conti, en passant par non marxiste à Clermont-Ferrand, de parents . / rature, 1997). pour avancer. Ce soutien, je le ses débuts journalistiques à Nice- immigrés juifs polonais que les Aujourd’hui, Daniel Lindenberg, demande à Charles Baudelaire qui Avant d’évoquer les étapes du Matin, son travail de critique (avec hasards de l’exode avaient conduit pero, et Le Marxisme introuvable qui est membre du PS, se définit a, une fois pour toutes, défini l’état parcours de José Cabanis, son suc- un florilège de ses détestations dans la capitale auvergnate. Après (1975). comme « plutôt jospiniste » et se dit d’esprit de qui aspire à l’honneur cesseur a rappelé que son admira- d’auteurs contemporains) et ses des études d’histoire et de sociolo- Un autre essai, Lucien Herr, le intéressé par Arnaud Montebourg d’entrer dans vos rangs. “Si je me tion « n’était pas de circonstance » : romans, tout en prenant quelques gie à la Sorbonne, il adhère dans les socialisme et son destin, écrit avec et Julien Dray. Comme il ressent déterminais à ne solliciter vos suffra- « J’ai abordé l’œuvre de José Cabanis précautions oratoires : « Ce n’est années 1960 à l’Union des étudiants Pierre-André Meyer, défend les « une certaine insatisfaction de ges que lorsque je m’en sentirais par la lecture de ses essais. Je suis pas mon propos d’analyser ici cha- communistes, dont la fraction gau- socialistes contre les attaques d’un [s]’être exprimé de façon allusive » à digne, je ne les solliciterais jamais.” monté dans le convoi qui était en mar- cun de vos livres. Les meilleurs com- chiste fut « épurée » par le PCF. autre dreyfusard, Charles Péguy. Le propos de la polémique qui entoure (…) Cette lettre, il l’adresse à votre che, pénétrant, par chance, dans le mentaires, ils viennent sans doute de Puis il passe à l’Union des jeunesses livre provoque la rencontre avec son Rappel à l’ordre, il entend appro- secrétaire perpétuel, qu’il ne pouvait compartiment réservé à Saint-Simon vous (…). “A la recherche de l’en- communistes (marxiste-léniniste), Paul Thibaud, plus favorable à fondir le sujet dans le cadre de son espérer d’appeler, un jour, par un (…). Cabanis pensait-il à Saint-Simon fance perdue” pourrait s’appeler un groupe maoïste où milite éga- Péguy, et avec la revue Esprit. A séminaire bientôt consacré aux prénom féminin, lorsque s’établis- lorsque, depuis les fenêtres de sa mai- votre œuvre. Proust n’est pas seule- lement Blandine Kriegel, dont il cette époque, Lindenberg tente de « Nouvelles critiques de la démocra- sent ces rapports d’amitié et de son à la campagne, il observait les ment l’un de vos maîtres par votre croise l’itinéraire. C’est sous l’in- trouver une tradition socialiste fran- tie en France », notamment chez confiance qui ne sont pas l’un des coqs qui évoluaient dans la cour de goût de la longue phrase aux inciden- fluence de la philosophe qu’il dit çaise non marxiste, une démarche Pierre Manent et Marcel Gauchet. moindres bonheurs que réserve son arche de Noé ? Saint-Simon qui tes multiples, mais aussi celui des per- avoir rompu avec le marxisme. proche de celle de Jacques Julliard. votre Compagnie. Ni Hélène, ni Jac- se pousse, s’agite, bat de l’aile, est un sonnages multiples (…). Mais votre re- Il devient ensuite historien des Ami d’Olivier Mongin, le successeur N. W. queline, ni Florence pour Charles. » coq perverti dans la ménagerie de fus commun de l’alinéa ne concourt « Mesdames et Messieurs de l’Aca- Versailles. Il chante non pour saluer pas à faciliter la tâche du lecteur. ... démie, a-t-il ajouté, oserai-je vous le lever du soleil, mais de rage, en sou- Quand on vous en fait la remarque, avouer que je me sens aujourd’hui haitant le coucher au plus vite du roi vous répondez : “Si vous voulez avoir dans l’accomplissement de ce rite de qui s’est identifié à l’astre, et à qui il la tâche facile, achetez du…” Vient là En tant que fondateur de la tif au 21 avril, comparable à cer- d’autres devraient y figurer, en fai- passage comparable à l’initié qui, ne pardonne pas de favoriser des ser- le nom d’un de vos confrères, mon- 1 revue Le Débat, quelle lecture tains égards à l’effet de souffle du sant les distinguos nécessaires et face aux Anciens silencieux et immo- viteurs recrutés dans la bourgeoisie. sieur. Il est dommage que je l’aie faites-vous de cette « Enquête sur 11 septembre sur la mentalité amé- éclairants. La démocratie est le biles d’une tribu d’Afrique centrale, Le roi préfère le talent à la naissan- oublié. » les nouveaux réactionnaires » ? ricaine. Sauf que, là-bas, c’est une régime qui vit de sa propre criti- a gravi un degré dans l’échelle de la ce : Louis XIV est un progressiste. En Le livre lui-même me choque glaciation à droite et, ici, une que. Qu’est-ce que cette démocra- connaissance, se trouvant, dès lors, abordant la lecture de cet ouvrage, je L’intégralité des discours d’Angelo profondément, parce que, au pré- régression à gauche. Il est inquié- tie propre que nous propose Lin- pourvu d’une parole créatrice. Elle sais comme tout le monde que le sens Rinaldi et de Jean-François Deniau texte de cerner une nébuleuse en tant que, au lieu d’ouvrir les yeux, denberg, qui commencerait par devrait établir désormais ma diffé- de l’Histoire n’est pas la principale est disponible sur lemonde.fr formation, il se contente d’un une partie de la gauche intellec- bâillonner ceux qui mettent le amalgame confus qui mélange tuelle ne voie d’issue que dans doigt sur ce qui fait problème ? tout, en faisant croire que c’est jus- l’anathème et le retour aux Ce que le livre a de vrai, c’est tement ce mélange qui est signifi- réflexes de la belle époque stali- que nous sommes dans une situa- catif. En multipliant en plus les nienne. tion de crise de la démocratie. Les erreurs, les fausses interpréta- gens dont il parle, chacun à leur tions, les à-peu-près douteux. Daniel Lindenberg évoque une façon, fort différente, témoignent Bref, de la bouillie pour les chats, 3 charge contre la démocratie. de cette crise. Ils en sont pour du mauvais travail intellectuel, où Qu’en pensez-vous ? les uns les contempteurs, pour la nomination dénonciatrice comp- Ce que ce livre a d’absurde, d’autres les dénonciateurs, pour te davantage que l’analyse des c’est de laisser entendre que tou- d’autres encore les analystes. idées, et qui détonne dans une col- te critique de la démocratie est le D’après Lindenberg, tout va bien, lection qui se veut clarificatrice. fait des ennemis de la démocra- et ce seraient les gens qui signa- tie. A ce compte-là, la liste est lar- lent la crise qui en seraient la Comment expliquer le climat de ge, et l’un des principaux repro- cause. Tuons le thermomètre 2 violence créé par cette polé- ches que l’on peut faire au livre de pour croire le malade guéri. Ce mique ? Lindenberg est d’isoler arbitraire- n’est pas comme cela que la gau- Sur le fond, j’ai l’impression, ment un petit nombre d’auteurs che se refera une santé. dans les milieux intellectuels, qui n’ont rien à voir les uns avec d’un effet de sidération consécu- les autres, alors que quantité Propos recueillis par J. Bi. Un procédé éditorial engagé par Pierre Bourdieu
À CHAQUE époque du débat Crédit lyonnais, vise un tout autre non matériellement, à Esprit, édite intellectuel semble correspondre objectif. En dépit d’une activité fer- aussi la revue Actes de la recherche désormais une forme éditoriale. mée de réunions et de réflexion, en sciences sociales, ainsi que la col- La Fondation Saint-Simon, auto- ce laboratoire intellectuel, étroite- lection « Liber » toutes deux fon- dissoute en juin 1999, dont l’his- ment associé à la revue Esprit, cher- dées et dirigées par Bourdieu. torien Pierre Rosanvallon fut le che également à s’adresser à un Raisons d’agir éditions – diffusé dernier secrétaire général, s’était public élargi, au moyen d’une col- par Le Seuil – fut lancé par l’auteur rendue célèbre en diffusant, très lection coéditée avec le Seuil. de La Distinction en 1996. Il s’agis- sélectivement, ses « Notes vertes » Plusieurs titres sont d’ores et sait d’opuscules d’« intervention de sensibilité libérale à un public déjà parus au cours de l’année sociologique » dont certains ont de journalistes, de chefs d’entre- 2002, comme celui de l’économiste constitué de francs succès de librai- prise, d’intellectuels et d’hommes Eric Maurin, L’Egalité des possibles, rie. Tel fut le cas de Sur la télévi- politiques. En ressuscitant le genre ou Politique du chaos, de Thérèse sion, de Bourdieu lui-même, ou de la brochure politique, les « saint- Delpech. des Nouveaux chiens de garde,du simoniens » obéissaient à une stra- journaliste Serge Halimi, sévère cri- tégie bien précise qui consistait à tique des médias qui ont dépassé produire des idées à ne diffuser les 200 000 exemplaires. L’audien- qu’au sein des « élites ». A la fin des années ce de la sociologie critique s’en est Cette forme a suscité des ému- retrouvée démultipliée par rapport les. Au point qu’à la fin des années 1990, on ne comptait à son public traditionnel formé 1990 on ne comptait pas une fonda- d’universitaires et de chercheurs. tion, fût-elle bien plus à gauche pas une fondation Elle se voyait étendue à la dimen- que Saint-Simon, qui ne tentât sion, du reste explicitement recher- d’avoir sa note, identifiée par une qui ne tentât d’avoir chée par son initiateur, « d’encyclo- couleur. Aujourd’hui, En temps pédie populaire internationale ».La réel, un club de réflexion réfor- « sa » note collection d’Attac – une associa- miste où se croisent des hauts fonc- tion qui se réclame aussi du mouve- tionnaires, des chefs d’entreprise ment des universités populaires – et des intellectuels, s’efforce de La maquette comme le style de publiée par Mille et une nuits s’est perpétuer cette tradition via des ces petits ouvrages d’une centaine depuis lors adressée à un public « cahiers » à la couleur orange de pages rappellent immanquable- comparable. L’avenir dira si le assourdie – la dernière en date ment celui des livres lancés dans la réformisme de La République des était intitulée 2002 : le parti de la foulée du « mouvement social » idées, empruntant les mêmes réforme est mort. Vive la réforme ? de décembre 1995 par Pierre Bour- canaux, rencontrera un succès La République des idées, lancée dieu. La ressemblance est d’autant éditorial analogue à celui des d’abord confidentiellement en plus frappante que l’éditeur est le « nouvelles radicalités » de Pierre 2001 sous la présidence de Pierre même : Le Seuil. La maison de la Bourdieu. Rosanvallon, et dont le trésorier rue Jacob à Paris, qui fut long- est Jean Peyrelevade, président du temps liée, spirituellement mais N. W. 32/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 CULTURE
b Deux expositions et un livre retracent les débuts en France de l’artiste américaine b L’auteur algérien plonge avec talent qui, confrontée au maccarthysme, tenta de minimiser cette période de sa carrière dans « Le Syndrome de la page 12 » Les éclats de Lisette Model, Fellag, l’écrivain et les vertiges de la ancêtre du reportage de rue machine à fantasmes
UN INSTRUCTIF pas de deux force aurait mérité une cohésion. Il UN HOMME écrit un livre. Il ne expérience impossible à transmet- entre art et commerce est à l’origine est dommage que les photos soient peut le mener à bonne fin parce tre, il faut la vivre pour y croire, et la de deux expositions et d’un livre La promenade réparties en deux lieux, perdant qu’il est assassiné par l’un de ses per- nature même, l’intérêt même du consacrés à la photographe améri- des Anglais, à Nice, ainsi une partie de leur énergie. sonnages. Cet accident bête arrive, spectacle de Fellag est là, dans ce sai- caine d’origine autrichienne Lisette le 7 août 1934. Baudoin Lebon est logiquement nous dit Fellag, « lorsque la machine sissement, ce doute, ce déséquili- Model (1901-1983). On redécouvre A partir préoccupé par la vente alors que à fantasmes s’emballe ». bre, que vous n’avez jamais ressen- une grande signature qui a joué un des années 1940, Stourdzé est passionné par une énig- Le nouveau spectacle de Fellag, tis dans aucun autre spectacle, dans rôle-clé dans la photo de rue, entre la photographe, me : pourquoi Model n’a-t-elle ces- Le Syndrome de la page 12, est l’aven- aucune autre lecture. 1934 et 1942, et on éclaire ses qui avait émigré sé de minimiser sa période française ture d’un écrivain dont la machine à premières années de création. Il se aux Etats-Unis, des années 1930, pourtant la plus fantasmes s’emballe excessivement. trouve que ces images, pour certai- a abandonné forte ? Pourquoi, contre toute évi- Lorsque Philéas, « auteur débutant Sauf peut-être, un peu, de loin, nes très fortes, font partie du fonds les sujets sociaux dence, ôte-t-elle à ses photos toute plein de bonne volonté », se lance chez des hommes comme Edgar d’atelier de l’artiste, acquis par le (les laissés- dimension politique ? Pourquoi n’a- dans un nouveau livre, il est bientôt Poe, comme Michaux. En tout cas marchand Baudoin Lebon. pour-compte, t-elle cessé de brouiller les pistes, arrêté par un méchant tour que lui de quoi méditer sur le mystère de Comment un galeriste français, les riches…) allant jusqu’à cacher la publication, joue sa fiction. Philéas raconte une la fiction. Un écrivain écrit : où est- qui défend de jeunes artistes et fait pour ne pas être en 1935, de son sujet sur les pas- histoire – histoire d’un inconnu qui il, sur quoi table-t-il, qui est-il, son du courtage de photos anciennes, suspectée de liens sants de Nice dans le magazine com- raconte une histoire, ainsi de suite énergie d’où vient-elle ? Pourquoi s’est-il retrouvé à la tête de 800 pho- avec le communisme. muniste Regards ? Parce que, écrit si l’on veut, et bientôt « il perd le sa machine à fantasmes ne s’em- tos américaines ? « En offrant aux Ann Thomas, reprise par Stourdzé, contrôle » de ce qu’il imaginait. balle-t-elle pas ? Ici, le phénomène ayants droit plus d’argent que les mar- Lisette Model, proche de la Photo L’histoire tombe à plat, d’habi- repose sur la fausse absence de chands américains, soit autour de League, suspectée de sympathies tude vers la page 12. Philéas amorce Fellag. Qu’a-t-il voulu dire ? Il 2 millions de dollars », répond Bau- communistes, de père juif, était une nouvelle histoire. Même cata- rompt les amarres. Ses œuvres, doin Lebon, expliquant son enthou- pourchassée par le maccarthysme. strophe. Or ce qui chaque fois nous d’habitude, sont « algériennes », siasme pour cette « ancêtre du re- Ann Thomas a trouvé dans les archi- surprend très fort, c’est que nous comme Djurdjurassique Bled, l’une
portage de rue », qui a influencé / « », ves du FBI les documents qui attes- perdons pied lorsqu’une histoire de ses pièces, ou C’est à Alger, son beaucoup de photographes et dont tent qu’elle a été interrogée et fichée s’interrompt. Parce qu’il a suffi de dernier roman. Cette fois, l’Algérie Diane Arbus fut l’élève. Pari ris- et la presse », explique Baudoin Pour apprécier ce qui est montré au milieu des années 1950. Cela quelques lignes pour que la nou- est tout à fait absente. Fellag est né qué ? « Lisette Model a sa place dans Lebon. Pour l’accrochage de la rue dans les galeries, il faut se reporter à expliquerait aussi pourquoi, à la fin velle histoire nous entraîne, et, lors- en Kabylie en 1950 ; il est venu en l’histoire de la photographie ; je fais de Verneuil, Sam Stourdzé a l’ouvrage remarquable (en anglais) des années 1940, Lisette Model qu’elle capote, nous ne savons plus France en 1995. Les Kabyles sont le pari qu’elle la trouvera dans celle emprunté à des collectionneurs des qu’Ann Thomas a consacré à Lisette abandonne la figure humaine et les qui raconte quoi. Nous perdons un peu « à part », en Algérie, et du marché », répond le galeriste, images importantes qui ne figurent Model, en 1990. Il manque à Paris sujets à connotation sociale pour pied. Un vertige. Car le personnage l’exil est un aparté, aussi. Mais qui vend ses épreuves entre 5 000 pas dans le fonds d’atelier, ainsi une quelques images dures de rue, com- une photographie plus formaliste. qui raconte l’histoire et les person- non, ce n’est pas là l’origine du Syn- et 25 000 euros. « jambe floue » dans la ville, « icône me l’époustouflante série des por- « Son attitude, dit Stourdzé, traduit nages mêmes de cette histoire sont drome, c’est que Fellag, qui « réus- Baudoin Lebon, qui a échoué à absolue de l’artiste ». Stourdzé est traits volés de passants, à rappro- une perte de confiance totale. Elle fuit racontés par Fellag, l’auteur du sit » fort bien tout ce qu’il écrit, a faire venir en France une rétrospec- également l’auteur, avec Ann Tho- cher de celle de Walker Evans puis Vienne, puis la France, à cause de la spectacle. voulu s’offrir une fiction de ses fic- tive muséale autour de l’artiste, mas, spécialiste de l’artiste, d’un de celle de Harry Callahan. montée du nazisme. Et, aux Etats- Or Fellag « n’est rien », il nous a tions, a voulu faire des nœuds, et il tente donc de la montrer lui-même. livre sur Model, le premier en fran- L’exposition, au-delà des images Unis, le cauchemar recommence. » prévenus dès son arrivée en scène, il a réussi là encore, car il nous esto- Sa galerie présente six thèmes de çais, édité par Léo Scheer. célèbres, a pour intérêt de montrer s’est donné l’apparence de n’impor- maque chaque fois qu’il fait mine l’œuvre, notamment les portraits à des photos jamais vues, notamment Michel Guerrin te qui, il est vêtu anonyme, il va et de buter. Nice, les jambes fuyantes dans la des affiches déchirées dans la rue et vient anonyme, il lit d’une voix ano- Assister à ce spectacle est quel- rue, les ombres et miroirs, les ani- Le Musée d’Ottawa (250 tirages), des photos prises sur un écran de Galerie Baudoin Lebon, 38, rue Sainte- nyme le texte d’un manuscrit dont il que chose d’un mystère si violent maux au zoo. Il s’est associé avec le le Getty en Californie (70 tirages) se télévision. Ces curiosités instructi- Croix-de-la-Bretonnerie, Paris-4e. Tél. : tourne les pages d’un geste genti- que cela vaut vraiment la peine marchand et éditeur Léo Scheer, qui sont « servis » dans le fonds Model, ves ne font pas d’ombre à son grand- 01-42-72-09-10. M˚ Hôtel-de-Ville. Du ment appliqué, mais cependant ano- d’aller le voir. présente dans son espace, rue Ver- avant que Baudoin Lebon ne fasse œuvre : sa façon de remplir le cadre mardi au samedi, de 11 heures à 13 heu- nyme. Un récit est commencé, vous neuil, un parcours rétrospectif de son acquisition. Mais ce dernier pos- et de capter les corps et les visages, res et de 14 h 30 à 19 heures. Jusqu’au êtes accroché au bonhomme qu’il Michel Cournot Model à partir d’autres images du sède des images parmi les plus célè- de se positionner à quelques centi- 23 décembre. « 14-16 Verneuil », 14-16, raconte, le récit tombe, vous tom- fonds – également à vendre. bres – la fameuse grosse baigneuse, mètres, sans empathie, ou d’oppo- rue de Verneuil, Paris-7e. Tél. : 01-42- bez avec, et, oui, c’est vraiment un Le Syndrome de la page 12, de et avec Les deux expositions, de 80 pho- femme à la voilette, passants assis à ser les « nantis » de la Côte d'Azur 61-25-71. M˚ Rue-du-Bac. Du mardi au vertige qui vous saisit très fort parce Fellag. Théâtre du Rond-Point, 2 bis, tos chacune (elles courent de 1934 à Nice, reflets et jambes, portraits de aux laissés-pour-compte de New samedi, de 14 h 30 à 19 heures. Jus- que « vous étiez avec » ce bonhom- av. Franklin-D.-Roosevelt, Paris-8e. 1955), sont au programme du Mois jazz –, notamment parce que plu- York ; puis de prendre du recul et de qu’au 23 décembre. « Lisette Model », me et vous ne vous raccrochez qu’à Tél. : 01-44-95-98-21. Du mardi au sa- de la photo. « Ce festival n’amène sieurs tirages d’une même photo jouer avec les reflets des vitrines et Sam Stourdzé et Ann Thomas, éd. Léo cet autre bonhomme, Fellag, qui medi à 18 h 30, jusqu’au 30 novem- pas un client mais attire des visiteurs ont pu se trouver dans le fonds. le ballet virevoltant de la rue. Cette Scheer, 190 p., 40 ¤. n’est rien, il l’a voulu. C’est là une bre. De 12 ¤ à21¤.
b A la Boule noire, la puissance de frappe des garnements magnifiques d’Oxford b Nathalie Richard met en scène Supergrass, pour le plaisir pur et simple du rock « Le Traitement » comme une abstraction
ON POURRAIT être à Londres, première partie, des gamins de Leurs albums – I Should Coco, In it Supergrass est affiché sans comple- Le rêve déshumanisé au Marquee, devant les Who ou les 20 ans, les 20-20’s, malaxent, com- for the Money, Supergrass et le xe. La verve punk frénétique des Small Faces, au milieu des années me si c’était la première fois, des récent Life on Other Planets – n’ont Buzzcocks et de 999, le sex-appeal 1960, au Town & Country ou au riffs et larsens tout droit sortis d’un cessé de prôner la fusion de la sueur chevrotant de T. Rex, la nostalgie de Martin Crimp 100 Club, en pleine vague punk. On garage américain des sixties. Ils sont et de la fantaisie. Le concert en est du music-hall des Kinks, l’ironie de se serre à la Boule noire, deux cents une myriade – de The Hives aux la meilleure mise en pratique. On Lennon, la suavité de McCartney. L’AUTEUR a situé et places, au cœur de Pigalle, devant Yeah Yeah Yeahs, des Strokes à The s’excite au rythme de courses folles, Souvent noyé par le punch du trio, daté sa pièce : New York, Supergrass qui s’offre un petit péri- Vines – à retrouver le plaisir fié- de morceaux qui mouillent la che- l’orgue de Bob Coombes (le frère 1990. Des producteurs de ple des salles parisiennes (complété vreux des guitares. Leurs modèles mise, bousculé par l’épaisseur du de Gaz) s’essaie à des volutes psy- cinéma engagent des in- au Trabendo et à l’Elysée-Montmar- figurent en général au panthéon son et la puissance de frappe. On chédéliques. Une reprise rageuse connus pour les écouter tre) les 19, 20 et 21 novembre. punk. Les groupes des années 1990 reprend aussi, comme on chante- d’un morceau de Neil Young, The raconter leur histoire. La sono choisit le corps à corps. trouvent rarement grâce à leurs rait sous la douche, ces refrains Loner, démontre que les influences « Un trafic d’histoires La rythmique cogne au plexus, les yeux, à l’exception de Supergrass. pétillants et ces chœurs excentri- ne se limitent pas à la pop insulaire. vraies », comme dit Jac- tympans bourdonnent de guitare. Lancé à Oxford en 1994, ce ques. Plus sombre et romantique, le La force de Supergrass consistant à ques Bonnafé, l’un des Le rock prend une consistance « power trio » (guitare-basse-batte- splendideMoving prouve que Super- toujours donner l’impression de acteurs. Les producteurs moite qui se mêle idéalement à la rie) rapidement augmenté d’un cla- grass pourrait ne pas se contenter réinventer cette musique. se définissent autrement : saveur du houblon et à la fumée. vier est sans doute le seul de sa géné- d’humeurs potaches. ils sont « les facilitateurs Rien de meilleur pour replonger ration (en gros celle de la britpop) à Ces bijoux de mélodies dynami- qui établissent des con- Stéphane Davet . / dans l’histoire. C’est écrit (Le Monde n’avoir jamais déçu, sur scène com- ques revendiquent leur filiation his- nexions ». Ils sont « une du 5 novembre), le rock revient. En me sur disque. Boulevard Roche- torique. Contrairement aux musi- Le 19 novembre, la Boule noire, Paris. micropuce à laquelle ils donnent me on disait peinture abstraite. Ce chouart, leur performance live expri- ques électroniques, le rock tire de Prochain concert, le 21, à l’Elysée- l’énergie, tandis que les gens fournis- n’est pas New York en 1990, ce me à nouveau la quintessence de l’euphorie de son héritage. Celui de Montmartre (complet). sent les données ». serait plutôt une œuvre de science- cette constance. La gourmandise de Les deux producteurs, Jennifer fiction, ou un rêve déshumanisé. chansons et de décibels de ces gar- et Andrew, engagent donc Anne, Dès les premières secondes, la con- nements magnifiques fait plaisir à qui semble avoir à dire des choses versation entre les « facilitateurs » voir. Toute leur musique est animée intéressantes. Mais, comme le dit et Anne est si brutale que nous, d’une conception jouissive du rock. Elisabeth Angel-Perez, traductrice qui ne savons rien encore, croyons de la pièce de Martin Crimp, Anne assister à un interrogatoire de po- est « une romantique de la der- lice, ou de psychiatres sauvages. Cheveux longs et rouflaquettes, nière heure », elle est hésitante, Quelques références à Hamlet, à le chanteur-guitariste Gaz Coom- elle se referme. L’auteur convoque Œdipe, recoupent l’action. bes est un leader exubérant au char- d’autres « donneurs de données », Excellente distribution : Aline me légèrement simiesque. Véritable un ancien dramaturge, Clifford, Le Berre résistante (Anne), Jac- moteur à explosion du groupe, Dan- obsédé de voyeurisme, un chauf- ques Bonnafé calme et secret ny Goffey ressuscite Keith Moon, le feur de taxi, un acteur noir, John, (Andrew), et surtout Christine légendaire batteur des Who, quand qui, lui, va prendre en main le Vézinet (Jennifer), dessinant un Mickey Quinn propulse une basse film, va le mettre en scène, éjec- être ni femme ni machine, ni aux rondeurs callipyges. Cette alchi- tant Anne. actuel ni futur, comme une chi- mie active une énergie de bûcheron Martin Crimp a écrit une pièce à mère, un simulacre aigu. autant qu’une science d’orfèvres. deux tranchants, tantôt terre à ter- re dans l’approche des cinéastes et M. C. des liens entre personnages, tan- tôt irréelle : un chauffeur de taxi Le Traitement, de Martin Crimp. Mise aveugle-né. L’action est hasardeu- en scène de Nathalie Richard. Avec se, disloquée. Nathalie Richard, Jacques Bonnafé, Aline Le Berre, Jac- qui met en scène, a choisi une ques Nolot, Christine Vézinet, Alex ligne droite : l’abstraction. Par le Descas, Akonio Dolo, Valérie Kéru- dépouillement du décor, par le jeu zoré, Stanislas Stanic. Théâtre natio- des comédiens, retenu, par une nal de Chaillot, 1, place du Trocadéro, manière de faufiler froidement le Paris-16e. Tél. : 01-53-65-30-00. Du dialogue, librement, les répliques mardi au samedi à 20 h 30, diman- se chevauchant au besoin, elle don- che à 15 heures, jusqu’au 7 décem- ne à voir une pièce abstraite, com- bre. De 11 ¤ à24¤. Durée : 2 h 30. LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/33 CULTURE AGENDA
b A Toulouse, le festival Musique L’Académie des futures stars du baroque multimédia donne rendez-vous à la création apprendre comment gérer découla. Aujourd'hui, c'est sur ses terres leur future carrière. d'accueil caennaises, où lui et ses « Arts flo » rési- Encouragés par les vingt- dent depuis 1990, qu'il entend assouvir tous les Du rêve à la lune, les riches quatre musiciens des Arts deux ans sa passion de pédagogue. florissants, ils vont tous Elaborer, en Le Nôtre musicien, chaque nou- devoir se lancer à l'eau. veau « Jardin des voix ». « Contrairement aux promesses de Novelum Des œuvres familières académies d'Aix et d'Ambronay, les élèves n'ali- (King Arthur, de Purcell, Les mentent pas le spectacle, ils sont eux-mêmes le TOULOUSE parti relève de la veine ludique et Indes galantes, de Ra- spectacle. C'est pourquoi nous avons fait du sur- de notre envoyé spécial flamboyante de Bruno Mantovani meau, des madrigali, can- mesure et choisi des musiques qui leur correspon- A l’heure où les nouvelles tech- dans un processus de fusion per- zonette et scherzi musicali dent et les mettent en valeur. » Comme tous les nologies ne sont plus l’apanage de manente des timbres qui condi- de Monteverdi), d'autres amoureux de la nature, William Christie aime ce quelques centres de recherche pari- tionne l’ensemble des pièces de ce moins – l'ode « Celestial moment d'exaltation émue qui voit l'envol des siens, le studio d’électro-acousti- concert. music », de Purcell, des chrysalides. « On a apporté l'eau et l'engrais, on a que s’impose souvent en régions extraits de Giulio Cesare et bêché et biné. Eux, ils nous donnent leur fraîcheur comme le fer de lance de la créa- « ’ … » de l’Orlando de Haendel, et leur fragilité. » Mieux qu'aucun autre, il sait tion contemporaine. Comme ses Pierre Jodlowski a glissé autour d'Amadis, de Lully –, et aus- que c'est le jardin qui fait le jardinier, et non homologues de Nice (Manca) et de chaque œuvre (sur grand écran si des raretés comme ce l'inverse. d’Annecy (Concerts d’hiver et derrière les instrumentistes) des Don Quichotte de Tele- d’aujourd’hui), le festival Novelum extraits d’A bout de souffle, de Jean- mann. Il y a les intrépides Marie-Aude Roux résulte du travail de fond accompli Luc Godard, agrémentés de transi- que la scène galvanise et dans les environs de Toulouse tions électro-acoustiques finement Ils sont neuf, ainsi que les Muses, qu'il faudra contenir quelque peu, ceux qui Le Jardin des voix, la Nouvelle Académie des Arts floris- par la Structure d’action musicale réalisées par Pascal Baltazar à par- debout face au public comme pour une photo gagneront en aisance. Mais le spectacle est là, sants. Musiques de Purcell, Monteverdi, Lully, Rameau, (SAM), fondée en 1995 par Pierre tir de la bande-son du film. de classe. Ils ont entre 22 et 30 ans et font ce soir qui se prend à son propre jeu. Ils ont tous une Haendel et Telemann, avec Soledad Cardoso, Céline Jodlowski et en résidence depuis « Confié » à Jean-Paul Belmon- leurs premières armes sur la scène du Théâtre voix, mais certains révèlent déjà une présence Ricci, Orlanda Velez Isidro (sopranos), Blandine Staskie- 1998 à Odyssud, théâtre municipal do, le mot de la fin de cette soirée de Caen. William Christie est assis parmi son confirmée : les Français Céline Ricci (soprano), wicz (mezzo), Christophe Dumaux (haute-contre), Jeffrey de Blagnac. C’est là qu’est donné, originale ne semble pas davantage « Jardin des voix », choisi parmi 162 candidats de Blandine Staskiewicz (mezzo) et Christophe Thompson (ténor), Marc Mauillon et Gabriel Bermudez le 12 novembre, le premier concert fortuit : « Si vous n’aimez pas la 32 nationalités pour participer à la toute nouvel- Dumaux (haute-contre), le sensible et frémis- (baryton), Joao Fernandes (basse), Les Arts florissants, de Novelum 2002. mer… si vous n’aimez pas la monta- e le académie des Arts florissants. Durant quinze sant ténor américain Jeffrey Thompson... William Christie (direction). Parfaite illustration d’une 5 édi- gne… si vous n’aimez pas la ville… jours, ils ont trimé, passant d'ateliers d'expres- Demain, promus professionnels, ils partiront Théâtre de Caen, le 12 novembre. Diffusion sur Radio tion qui s’intéresse au couple allez vous faire foutre ! » Ce qui, sion dramatique en conseillers linguistiques, de pour huit concerts en tournée européenne. Classique le 27 novembre à 20 h 40. Pulse/Action, cet événement multi- dans la perspective de Novelum l'étude des répertoires et des styles aux secrets William Christie est heureux. Il a réussi son Forum William Christie à la Cité de la musique, 221, ave- média constitue également un mo- 2002, pourrait signifier : « Si vous des tempéraments, accompagnement et basse pari : « J'ai monté ma propre académie, car l'ensei- nue Jean-Jaurès. Paris-19e.Mo Porte-de-Pantin. Films dèle de programmation de musi- n’aimez pas Mantovani (la houle), si continue. La musique baroque, ils n'en ignorent gnement me manquait », affirme-t-il. Personne documentaires « Bill et le baroque » et atelier musical, le que contemporaine. Qu’il s’agisse vous n’aimez pas Soulié (le relief) et ni l'alpha (ses sources éditoriales et manuscri- n'a oublié sa classe d'interprétation de la musi- 23 novembre à 15, 16 et 17 heures, à l'Amphithéâtre. Con- en effet de la nature des œuvres, si vous n’aimez pas De la Fuente tes) ni l'omega (les spécificités de son enregistre- que ancienne au Conservatoire de Paris, de 1982 certs le 23 novembre à 20 heures et le 24 novembre à de leur mode d’exécution ou de (l’énergie), allez donc écouter Fran- ment discographique). On veille même à leur à 1995, et la génération d'interprètes qui en 16 h 30. Tél. : 01-44-84-45-63. De 25 ¤ à34¤.Photo : D.R. leur insertion dans une forme de çois Bayle (le 23), François Paris (le spectacle, on touche constamment 26) ou Pierre Jodlowski et Bruno à ce que le présent créatif peut Capelle (le 9 décembre…)» pas à la première édition du des estampes japonaises, des bois de Genet, en 1998, les deux offrir de mieux. Avec Pris de court, Jeunesse festival qui porte son nom. Ouvert gravés du XVIe siècle, des monstres compères ont imaginé une pour six instruments et dispositif Pierre Gervasoni le 18 novembre à Saint-Etienne par des vieux contes. Pincemin s'en « histoire pleine de bruit et de électro-acoustique, Benjamin de la l’Atelier instrumental du XXe siècle empare. Il s'astreint d'abord à les fureur »,oùce« sagittaire qui n’a Fuente se comporte en funambule Novelum 2002. Benjamin De la Fuen- du CNSMD de Lyon, le panorama suivre à la lettre, puis il s'en va pas d’autre flèche que ses mots » a sur un axe de références techni- te : Pris de court. Laurent Soulié : Ecor- La grève des fées des œuvres de Boulez s’achèvera dans un sens ou dans l'autre, la « fragilité du vivant ». Ils dédient ques et esthétiques avant de bas- ce de lune (création). Bruno Manto- Les fées sont des gens comme les le 24 à Saint-Priez-en-Jarez suivant une couleur ou une autre. cette pièce équestre à leur fidèle culer dans la poésie (voix off) du vani : D’un rêve parti. Pascal Baltazar : autres. Elles ont aussi des soucis, avec l’Ensemble orchestral Il s'abandonne aux délices d'une et ancien compagnon, Nuño, un bouche-à-oreille. Moins haletante Intermèdes électro-acoustiques. Ensem- des rêves et des envies. Elles contemporain, dirigé par Daniel matière picturale épaisse et suave ; « petit cheval blanc ». Amiens, et spontanée, la confrontation ble TM+, Laurent Cuniot (direction). Elbeuf, Lyon accueilleront peuvent être ronchons, et même Kawka, après divers concerts ou il s'en tient à la brutalité d'un entre instruments live et sons enre- Odyssud de Blagnac (31), le 12 novem- la compagnie après Paris. très en colère, au point de se donnés dans le département dont noir et blanc violemment rythmé. gistrés détermine dans Ecorce de bre. Prochains concerts : Œuvres de Espace chapiteaux, parc de La Villette, mettre en grève. Cela tombe très un à Montbrison, la ville natale Dans tous les cas, sa maîtrise des e o lune, de Laurent Soulié, une belle François Bayle, le 23 à la MJC Roguet Paris-19 .M Porte-de-La Villette. Tél. : mal, justement au moment où expression de matière, tantôt du compositeur. moyens et des formats est 01-40-03-75-75. Jusqu’au 18 décembre, Saint-Cyprien, et Chronofictions par le Prince, grand timide, se décide à râpeuse, tantôt caressante. Sex- Concerts, conférences, master class impressionnante. les mardis, mercredis, vendredis et l’ensemble Pythagore, le 26 au Théâ- tuor sans électronique, D’un rêve . partir en quête de l’amour. C’est un et ateliers jusqu’au 24. Tél. : Galerie Jacques Elbaz, 1, rue d'Alger, samedis à 20 h 30. 14 ¤ et 17 ¤. tre du Pavé. Tél. : 05-61-71-81-72 conte, donc la chute est aisément 04-77-49-90-14. De 10 ¤ à20¤. Paris-1er.Mo Tuileries. Tél. : prévisible : tout est bien qui finit 01-40-20-98-07. Du mardi au samedi bien dans cette histoire farfelue, de 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 heures mise en scène avec intelligence, Exposition à 18 h 30. Jusqu'au 7 décembre. et où l’on s’amuse beaucoup. Entrée libre. Espace Kiron, 10, rue de la Vacquerie, Paris-11e,M0 Philippe-Auguste. Les 23, 27 et 30 novembre, le 4 décembre, Jean-Pierre Pincemin Spectacle à 14 h 30. Tél. : 01-44-64-11-50. 3,85 ¤ Une exposition de peintures à 9,15 ¤. A partir de 5 ans. récentes de Pincemin ressemble par bien des points à une soirée de jazz en compagnie d'un virtuose qui Macbeth peut tout se permettre avec son Des chevaux et des hommes. Musique instrument, parce qu'il en sait Et une route commune depuis 1992. par cœur les ressources et les Manolo, le créateur du Théâtre subterfuges. Les toiles – les du Centaure, et Camille présentent Festival Pierre Boulez morceaux – sont alternativement à l’espace chapiteaux du parc de La Loire célèbre l’un de ses plus des improvisations libres et des La Villette, jusqu’au 18 décembre, illustres enfants. Pierre Boulez, variations sur des thèmes anciens. leur nouveau spectacle, une libre le fondateur de l’Ircam, retenu aux Ici, les thèmes, ce sont de adaptation de Macbeth autour de Etats-Unis, ne participera toutefois vénérables soieries chinoises, l’acteur centaure. Après Les Bonnes, Sélection disques rock
« musique ». Quand nombre d'ex- chaloupés, cordes soyeuses) des boys band donnent dans la variété années 1970, en s’offrant même Under r'n'b, le jeune homme a pris le parti trois minutes d’hérésie disco (Dra- d'une britpop pour laquelle il a révé- gonfly on Bay Street). L’introverti Construction lé, au côté de son guitariste Guy signe un album au raffinement sexy Marquée par l'accident mortel de sa Chambers, de réels talents d’écritu- en mêlant, à une instrumentation protégée, Aaliyah, Missy « Mis- re. Après une escapade jazzy au classique, électronique à visage demeanor » Elliott proclame, tout pays des crooners dans l'album de humain et synthétiseurs apprivoi- au long de ce quatrième album, son reprises Swing When You're Win- sés. Sans renoncer à une mélancolie envie de revenir aux valeurs originel- ning, le voilà réactualisant à nou- endémique qui s’exprime dans des les du hip-hop : fête, danse, émula- veau les traditions insulaires. Voix ballades boisées à la beauté crève- tion pacifique. Un titre, Back in the et mélodies empruntent la vivacité cœur (le duo avec Chris Martin, Day, se fait piéger par le syndrome des Beatles et la grande gueule de Coldplay, pour Gold in Them du « bon vieux temps ». Mais si le d'Oasis, édulcorées par le soft-rock Hills). – B. Lt flow et les tempos de la femme d'Elton John et la grandiloquence de 1 CD Nettwerk America/V2. de tête du rap américain jouent Queen, pour composer, non sans d'une frime et d'une répartie « old panache, une collection de tubes school », sa vision musicale élaborée potentiels. – S. D. avec son complice Timbaland reste 1 CD Capitol/EMI The Last DJ des plus novatrices. L'obsession de Tom Petty est en colère contre l’in- la syncope funk, du sex-appeal et du dustrie musicale : les radios ne diffu- sample hypnotique pousse le duo – sent que des âneries préfabriquées, accompagné d'invités comme Luda- Cobblestone les billets de concert sont prohibi- cris, Beyoncé Knowles, Jay-Z ou TLC tifs, les postes à responsabilités – vers les expériences électroniques Runway occupés par des gens qui n’enten- et les percussions orientales à l'or- Déjà le sixiè- dent rien à l’art. De ce constat qui igine de la redoutable efficacité de me album brille par son originalité, le blond Work It, Gossip Folks ou Slide. – S. D. en une dylanien tire courageusement – il 1 CD EastWest/Warner décennie de est sous contrat avec une major la fine plu- company – la matière d’un album me de Toron- pour dénoncer l’argent-roi (le logo to au fan- du disque figure une couronne sur- Escapology club de luxe montant un dollar) en cultivant la Capitol devra vendre des tombe- (Dylan, McCartney, Costello). Non nostalgie d’un fantasmatique âge reaux de disques pour rentabiliser la seulement l’inspiration mélodique d’or du rock’n’roll. Tout à son indi- reconduction du contrat de Robbie ne s’est pas tarie, mais Ron Sexs- gnation, Tom Petty a oublié d’écrire Williams. Ce dernier avait de quoi mith continue ses passionnantes des chansons – seule The Last DJ faire monter les enchères. En Gran- titille les tympans. Les mélodies incartades par rapport à sa culture de-Bretagne, l'ancien Take That a sont pauvrettes, les guitares pares- confirmé son statut de star en affir- folk originelle. Après le rock terrien seuses, la voix est lasse, la produc- mant, entre crânerie et autodéri- de Blue Boy (2001), produit par Steve tion sans relief. Et la charge ne peut sion, une personnalité aussi à l'aise Earle, le voici qui s’aventure du côté atteindre sa cible. – B. Lt dans les rubriques « people » que de la soul-pop charnelle (chœurs 1 CD Warner. 34/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 CULTURE PORTRAIT
LES GENS DU MONDE
a Au classement des meilleures au chevet de ventes de la semaine du 10 au Marcel Gauchet, 16 novembre (Top IFOP/Tite-Live diffusé par le SNEP), Johnny Hal- lyday occupe toujours la première place avec A la vie, à la mort, dou- ble album qui s’approche du mil- lion d’exemplaires, moins de trois la démocratie semaines après sa sortie. Maintien au deuxième rang des Années Ber- ger, telles que les candidats et les producteurs de l’émission de télévi- Le philosophe, rédacteur en chef de la revue sion « Star Academy » les conçoi- vent. Deux candidats potentiels à « Le Débat », s’inquiète de la montée en la première place sont par ail- leurs entrés directement au Top : puissance des individus au détriment du collectif Gérald De Palmas avec son Live 2002 (3e) et le chanteur et lointaine- ment batteur de Genesis Phil Col- lins pour Testify (4e). La galanterie NÉ dans le bocage profond, d’un père can- étant rarement de mise dans l’in- tonnier et d’une mère couturière, le jeune Mar- dustrie du disque, la jeune Lorie cel, qui était aussi enfant de chœur – « je suis f 1946 perd sa troisième place avec l’al- un miraculé de l’école républicaine » –, ne se bum Tendrement (5e). doutait sans doute pas qu’il officierait un jour Naissance à Poilley a La chanson Feel it Boy, interpré- au 5, rue Sébastien-Bottin, siège des éditions (Manche). tée par Janet Jackson et Beenie Gallimard, d’où, avec Pierre Nora, il pilote Man, présentée comme la « rencon- depuis 1980 la prestigieuse revue Le Débat. f 1980 tre inédite de la pop et du reggae dan- Aussi n’est-ce peut-être pas un hasard si cet Fonde la revue cehall » par les responsables de sa « intrus », en qui François Furet voyait «un « Le Débat » promotion, fait l’objet d’un « gros des penseurs les plus importants de sa généra- plan de communication autour de la tion », s’est fait l’historien de cette révolution avec Pierre Nora. sortie du CD 2 titres ». Ainsi sur l’ar- démocratique grâce à laquelle, depuis deux gumentaire chiffré envoyé à la f siècles, l’homme échappe à une vie jouée 1985 presse est-il précisé que le budget d’avance. Saisir les conséquences de cette réin- « Le Désenchantement de la campagne télévisée serait de vention de l’humanité, marquée par l’avène- du monde » 250 000 euros (sur M6, MTV et ment d’une société où les individus se don- MCM) de 160 000 euros pour la nent à eux-mêmes leur propre loi, voilà ce à (Gallimard). radio NRJ (40 spots de 20 secon- quoi s’attache l’œuvre de Marcel Gauchet. f des) et de 75 000 euros sur Skyrock Que ce soit à travers l’histoire de la psychiatrie 1989 (33 spots de 30 secondes). Ces sta- – qu’il explore dans La Pratique de l’esprit Directeur d’études tions accueillant le titre en playlist humain (1980), avec sa femme Gladys Swain, à l’Ecole des hautes (rotation du titre) durant huit jours. disparue en 1993 –, l’étude de la révolution études en sciences a Un album inédit de Jean-Michel française ou la sortie de la religion. Jarre, Sessions 2000, enregistré en Il y a cependant du nouveau : à la cinquan- sociales (EHESS). studio par l'artiste « comme un car- taine passée, ce franc-tireur à la trajectoire aty- net de route » a été publié fin octo-
pique est en train de devenir une référence bre sans l'accord total de l'artiste, centrale. Sollicité de toutes parts, consulté à qui s’oppose aux modalités et au droite comme à gauche, celui qu’on définissait calendrier de sortie décidés par comme un intellectuel de l’ombre, aux rares le peuple, en proie à un inquiétant sentiment Marcel Gauchet reconnaît n’avoir jamais eu livre m’apparaît à la fois comme le symptôme la société Francis Dreyfus Music, apparitions médiatiques, serait-il sur le point d’abandon, en particulier sur le terrain de l’in- le « tempérament militant ». En revanche, il a d’une dégénérescence de la vie intellectuelle et distributeur de l’œuvre de Jean- d’occuper la place, laissée vacante depuis la sécurité. Pour autant, le philosophe se veut toujours été un homme de revue : « C’est d’une sorte d’extrémisme du centre. Comme si la Michel Jarre depuis 1973. Si le créa- mort de Pierre Bourdieu, de conscience ou de très clair sur son identité politique : «Jesuis même là un des traits saillants de mon exis- démocratie ne tirait pas sa force d’être le seul teur d’Oxygène s’est refusé au com- maître à penser ? L’ironie n’est pas mince, fondamentalement démocrate et philosophique- tence. » Dans les années 1970, ce sera Textures régime à pouvoir s’enrichir d’un questionne- mentaire, Francis Dreyfus s'est Marcel Gauchet, redoutable polémiste à ses ment socialiste. Mon identité spontanée est à et Libre, qu’il anime notamment, avant leur ment interne sur son propre fonctionnement. » étonné de la réaction de l’artiste. heures, n’ayant pas hésité, dès le no 2du gauche, voire à l’extrême gauche si je ne luttais brouille, avec le philosophe Claude Lefort. A On peut trouver très discutables ses thèses Sessions 2000 réunit six morceaux Débat, à railler, à propos du célèbre socio- pas contre certains de mes penchants… Pour l’époque, Marcel Gauchet vit de divers expé- sur la menace représentée par la recrudes- inédits, conçus avec Francis Rim- logue, « le caoutchouc increvable de la prose autant, je suis favorable au dialogue avec la dients. « Par exemple d’enquêtes sociologiques : cence des demandes identitaires ; mais juste- bert, et enregistrés du 24 janvier normalienne ». droite libérale. » j’étais ainsi devenu une sorte de spécialiste de ment, elles mériteraient d’être discutées. On au 17 décembre 2000. Certains A cette montée en puissance, deux raisons l’implantation des parkings parisiens ! » Jus- pourrait également lui objecter que le diagnos- font appel aux cuivres et au chant, au moins. La première tient à la chute du com- qu’au jour où François Furet le remarque. Et le tic, chez lui, se révèle souvent plus ferme que et tous portent comme titre la date munisme. Car, pour l’auteur de La Démocratie Cette attention portée à la dimension pu- convoque. Les choses sérieuses commencent, la thérapeutique ; Marcel Gauchet semble en de leur création. contre elle-même, la démocratie va mal. Elle l’a blique et collective de « l’être en société », où Furet lui met le pied à l’étrier en le faisant être conscient, qui dit travailler « au versant a Le « roi » de la musique popu- certes emporté sur ses ennemis. Mais précisé- s’inscrit aussi son attachement à l’Etat-nation entrer à l’EHESS comme ingénieur de recher- constructif » de sa critique du « droit-de-l’hom- laire brésilienne, Roberto Carlos, ment : alors que « les droits de l’homme sont – ce qui ne l’empêche pas de taxer les souverai- che. Pour un poste en bonne et due forme, misme », comme en témoigne d’ailleurs sa a réuni le 17 novembre, à Rio, devenus une politique », nos sociétés se meu- nistes de « paléolithiques » –, se comprend l’outsider devra attendre… 1989. Débute alors réflexion récente sur l’éducation. Si on attend 300 000 spectateurs, selon les esti- rent de cette victoire. Nous traverserions, en mieux à la lumière de son parcours. C’est à une autre aventure : celle de son propre sémi- donc la suite avec impatience, on ne saurait mations de la police. Le concert un mot, la deuxième grande crise de la démo- l’Ecole normale d’instituteurs qu’il découvre la naire, auquel assiste, dans une salle bondée, pour autant lui contester l’horizon de sa gratuit en plein air était organisé cratie après celle qui a culminé avec les totalita- politique. D’abord professeur de français dans un public de fidèles. L’œuvre, lentement, s’im- démarche : le souci d’une démocratie plus res- par la municipalité pour fêter les rismes. Sauf que le danger serait inverse : «Il un collège, il achève ses études de philosophie pose à l’institution. ponsable et mieux avertie d’elle-même. 90 ans du téléphérique du Pain de ne vient plus de l’affirmation du tout au détri- à Caen, où il participe à l’aventure de Mai 68. Rien d’étonnant si ce passage de la confi- sucre. Roberto Carlos, 61 ans, a ment des individus, mais d’une affirmation sans Ses sympathies vont alors à l’ultra-gauche dentialité à la notoriété lui vaut d’acerbes Alexandra Laignel-Lavastine vendu près de 70 millions de dis- limite des individus », explique le philosophe. spontanéiste. L’épisode maoïste que la critiques. Dernière en date : celle de Daniel ques en quarante ans d’une car- Résultat : « Nos sociétés ont de plus en plus de rumeur lui prête parfois ? « Absurde ! S’il y a Lindenberg, qui, dans le pamphlet Le Rappel à Derniers ouvrages parus : La Démocratie contre rière qui prit son essor à partir du difficulté à agir sur elles-mêmes selon une pers- bien une chose que je n’aurais jamais pu être, l’ordre (Seuil), le range parmi « les nouveaux elle-même, Gallimard, 2002, 385 p., 10,50 ¤ ; groupe de rock formé en 1964, pective d’ensemble. » D’où la deuxième raison c’est mao. J’avais horreur de leur style et de leur réactionnaires », dans le voisinage d’un Pour une philosophie politique de l’éducation avec son ami Erasmo Carlos. de son audience croissante. Le choc du 21 avril propagande. Cela dit, j’ai fait partie des quel- Georges Sorel, d’un Maurras et même d’un (avec Marie-Claude Blais et Dominique Ottavi), Devenant la figure de proue de la a amené plus d’un observateur à s’intéresser ques imbéciles qui, par faiblesse démocratique, Houellebecq… Gauchet fulmine, non sans Bayard, 254 p., 20 ¤ ; Philosophie des sciences Jovem Guarda (les yéyés), il sera le de près à celui qui, dès 1990, fut un des pre- ont servi de boîte aux lettres lorsque la répression humour : « L’échantillon est assez croquigno- historiques (textes réunis par M. Gauchet), premier chanteur étranger lauréat miers à remarquer la fracture entre les élites et s’est abattue sur la Gauche prolétarienne. » let ! C’est à la fois risible et très préoccupant : ce Points Seuil, 361 p, 8,50 ¤. du Festival de San Remo. TÉLÉVISION
22 Bernard Lambert apprend Un excellent match l’inégalité. A 17-18 ans, il adhère Tomber le voile f Les Pygmées de Carlo à la Jeunesse agricole catholique LES DEUX HÉROS de la soirée à l’avance ce qu’il faut admirer. 20 h 40, Arte (JAC), et il devient rapidement o sont Eric Carrière et Fabien Bar- On apprend, dans le n 47 de cette Très peu de commentaires, juste le refrain d’une prière : « Si seulement les Ce téléfilm de Radu Mihaileanu, responsable départemental, thez. Pour ceux qui n’ont pas utile publication hebdomadaire, femmes d’Afghanistan étaient nées dans un autre pays, si seulement… », pro- avant-dernier de la collection puis national. Pour toute regardé France-Yougoslavie, mer- que la direction des sports de TF1 noncée à voix basse par le réalisateur de Samira et l’alphabet afghan, « Aux quatre coins du monde » une génération de jeunes ruraux credi soir, sur TF1, quelques préci- avait confié à un jeune réalisa- Moshen Makhmalbaf. Le cinéaste iranien s’était déjà intéressé aux condi- (qui s’achève la semaine animés par la volonté de jouer sions s’imposent. Tout d’abord, teur, Laurent Lachand, le soin de tions de vie des Afghanes, dans son film Voyage à Kandahar. Ici, ce sont des prochaine), est drôle, insolite et un rôle dans la société et c’était du bon football, généreux, filmer France-Yougoslavie. On fillettes dont les familles ont fui la guerre, réfugiées à la frontière avec picaresque. L’histoire d’un choc souffrant d’être considérés efficace et collectif, avec des allait voir ce qu’on allait voir. l’Iran, qu’il filme lors de leur rentrée scolaire. Elles apprennent les premières entre deux cultures sous le regard comme des « bouseux » ou moments d’enthousiasme des « Nous appliquons au football une lettres de l’alphabet : A et B, et le mot « ab » (l’eau, en persan), repris en plein d’humanité du réalisateur. des « culs-terreux », la JAC est supporteurs. La France a gagné, 3 écriture nouvelle utilisant les outils chœur par la classe, vient à son tour scander le document, transformé en f Contre-courant : Paysan le lieu où s’élabore collectivement à 0, un plaisir sans mélange qui technologiques les plus perfor- litanie : si seulement tous les enfants avaient accès au savoir, si seulement et rebelle, un portrait une culture de la révolte et du rappelle une soirée estivale d’il y mants. Il s’agit d’intervenir, de four- leurs droits élémentaires étaient reconnus… de Bernard Lambert refus. Pour évoquer l’homme et a quatre ans. Et, cerise sur le nir une information supplémentai- Parmi les élèves filmées, il y a Samira, qui refuse obstinément d’enlever 23 h 50, France 2 le militant, l’orateur et le leader, gâteau, on a découvert les quali- re, sans perturber le direct »,y son voile, malgré les incitations de la maîtresse : « Si tu as les yeux couverts, Son père était métayer en Christian Rouaud a interrogé sa tés d’un garçon de 29 ans, qui affirmait, à l’avance, ledit jeune comment peux-tu apprendre à lire ? » Mais la présence de la caméra gêne Loire-Atlantique et donnait femme Marie-Paule et une dizaine remplaçait Zidane et qui n’a pas réalisateur. L’auteur de ces lignes horriblement l’enfant, « Mollah Omar a dit que c’était un péché de se décou- la moitié de sa production de compagnons de lutte, ainsi que démérité, c’est le moins que l’on n’a pas tout compris à ces innova- vrir le visage ». Le réalisateur insiste, filme Samira en gros plan, la tension au propriétaire. Dès sa naissance, Michel Rocard et José Bové. puisse dire. Deux buts cadrés mar- tions, qui permettent notamment monte. On en vient à reprocher à Makhmalbaf d’exercer une telle violence, qués par Carrière, ce sont des d’indiquer à l’écran la distance jusqu’au moment, très émouvant, où la gamine se décide. Dans ses yeux, il moments dont on se souviendra. précise d’un coup franc par rap- y a comme une libération. – Lo. R. Barthez, génial et tranquille, a évi- port à la cage du gardien. Il a « Samira et l’alphabet afghan », vendredi 22 novembre, 22 h 25, Arte. té aux tricolores d’encaisser quel- reconnu, cette fois, les voix bien que ballon que ce soit. C’était distinctes de Thierry Roland et RADIO beau, c’était grand, et on se dit Jean-Michel Larqué. 15 heures, France-Culture que cette équipe de France a Les soirées qui sont des specta- Colette Fellous propose de partir retrouvé le moral et l’esprit des cles de football, et qui sont réus- 22 à la découverte de Tallin, capitale grands jours. On ajoute le troisiè- sies, doivent être saluées comme de l’Estonie, qui attend son entrée me but, marqué par l’Auxerrois il convient, même par un ignare. f Tam tam, etc. dans l’Union européenne en 2004. Olivier Kapo, et on a du mal à res- Il faisait un petit temps gris de 9 heures, France-Inter Pour mieux saisir l’étrangeté ter lucide. On se calme, et on novembre, mercredi soir, à Paris. L’actrice Sandrine Kiberlain de cette ville, la productrice essaye de résumer pour les mal- Mais au Stade de France, c’était est invitée par Pascale Clark. convoque écrivains, poètes, heureux, on les plaint, qui regar- visiblement la joie. Une Marseillai- f Le Monde change musiciens et photographes. daient ailleurs mercredi soir. se spontanée entonnée, à plu- 12 h 10, RFI f Pollen, les copains d’abord TF1 diffuse gratuitement un sieurs reprises, sur les gradins, Patrick Chompré s’intéresse 21 heures, France-Inter magazine sur papier glacé, tout à c’était plaisant. Bref, un excellent à la notion de rivage, des années Live Clichy-sous-Bois, enregistré la gloire de la chaîne, qui explique match. 1950 à nos jours. à l’Espace 93 Victor-Hugo, f Carnet nomade avec Aston Villa et Kad. LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/35 radio-télévision JEUDI 21 NOVEMBRE TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL+ FRANCE 5 / ARTE M6
14.45 Une famille à l’épreuve Téléfilm. 17.00 Des chiffres et des lettres 17.30 Le Prince 16.30 TO3 17.30 Mon kanar 17.45 C’est pas 16.45 Betty Fisher et autres histoires Film. 16.35 Planète Terre [2/2]. Chronique d’une 17.05 90 à l’heure 17.55 Stargate SG-1 Série. d 16.25 d 18.00 d 18.15 % f 17.30 18.05 18.55 D. Greene (EU, 1994, ) Providence Un de Bel-Air Série Sabrina, l’apprentie sorcier Les araignées Un livre, un jour C. Miller. Drame (Fr. - Can., 2001) En clair mort annoncée 100 % Question Expérimentation hasardeuse Charmed 17.15 d 18.25 18.20 18.50 18.30 19.30 19.00 19.01 19.45 20.40 homme providentiel Dawson Le bal, sorcière Série Parents à tout prix Questions pour un champion Le jusqu'à 21.00 Hyper Show Le Journal C dans l’air Flash info Voyages, Rage et chagrin Caméra café c’est casse-pieds d 18.10 Star Academy 18.55 Série d 18.55 On a tout essayé 19.50 Un gars, 19-20 de l’info, Météo 20.15 Tout le sport des bonnes nouvelles & 19.55 Les Guignols voyages Hollywood 19.45 Arte info, Météo Série 19.54 Le Six Minutes, Météo 20.05 Une Le Bigdil 19.55 Météo, Journal, Tiercé, Météo. une fille Série d 20.00 Journal, Météo. 20.25 Le Fabuleux Destin de… 20.05 H Série & 20.35 Les Journaux &. 20.15 Reportage Hollywood en Afrique. nounou d’enfer Série (S3, d) &.
20.55 N 20.55 100 - 20.55 M C a 21.00 D 20.45 S - 20.50 P DÉLOCALISATION Série. Film. Film. - J aa EPISODE Nº 13. José Pinheiro et Denys Granier-Deferre. Avec DOMINIQUE STRAUSS-KAHN Magazine Neil Jordan. Avec Liam Neeson, Julia Roberts, Billy Bob Thornton. Avec Matt Damon, Film. Aki Kaurismäki. Feuilleton-Documentaire (2002). 650082 Roger Hanin, Sam Karmann, Jacques Martial, présenté par Olivier Mazerolle, avec la Ian Hart, Aidan Quinn, Alan Rickman. Henry Thomas, Penélope Cruz, Lucas Black. Avec Sakari Kuosmanen, Kati Outinen. Toujours en Belgique, Erika, Cyril, Christian Rauth (France, 2001, d). 5089315 participation d’Alain Duhamel. Invités : Politique (Etats-Unis, 1996, d) %. 3288421 Western (Etats-Unis, 2000, d) %. 7687082 Drame (Finl., 1999, muet, N., v.o.) d. 559353 Monia et Nicolas travaillent sur leur Un homme d’affaires vil et sans scru- Guy Bedos, J.-F. Copé, P. de Villiers. 9665808 Une biographie spectaculaire et Deux amis texans partent au Mexique La femme d’un paysan est séduite par premier album. Le moment de choisir pules, sur le point de procéder à des habilement didactique d’un héros tenter leur chance. Le roman éponyme un citadin. Une nouvelle adaptation le titre qui en sera le single approche licenciements massifs, est retrouvé de l’indépendance irlandaise. de Cormac McCarthy transformé en d’un drame célèbre, entièrement tout comme le nom de leur groupe sans vie. Navarro mène l’enquête. 22.40 0.42 L’Image du jour Route du carte postale. muette. Un alliage d’ironie et d’émo- reste à trancher. rhum. Magazine & 5656228. 23.10 Météo, Soir 3. tion difficile et réussie. 22.45 A 22.45 C, 23.40 M ’ 22.50 J 22.00 T - R P- 22.05 L L N Téléfilm. ’ LES Présenté par , Feuilleton. Bob Misiorowski. Avec Casper Van Dien, SOMMES-NOUS CONDAMNÉS À MÈRES [2/3] Documentaire. Yamina Benguigui Christian Delcourt et J.-C. Bouttier. 1558792 ROSA, Jean-Teddy Filippe. Avec Louise Monot, Ernie Hudson (EU, 1999, d) %. 7166911 PRENDRE DU PROZAC ? Magazine littéraire (France, 1997, d). 488131 0.25 Je rentre à la maison aaa Film. TU CRAINS ! Doc. (All., 2002). 109647632 Mareva Galanter, Xavier Laffitte, Fedor Atkine 0.25 Les Coulisses de l’économie Magazine. présenté par Guillaume Durand. 6011222 0.35 Ombre et lumière Bertrand Blier. 1118938 Manoel de Oliveira. Avec Michel Piccoli. 23.10 Thema - Chaud lapin aa Film. Rosa [1 et 2/6] (France) %. 5086711 - 25421 4578303 1.15 Star Academy 1.58 Météo. 0.20 Journal de la nuit, Météo. 1.05 Européos Magazine. 4832822. Drame (Fr. - Port., 2001, d) & 3702209. von Praunheim (Allemagne, 1990) 3027131.
2.00 Ça peut vous arriver Magazine. 1009280 0.45 Les Soprano Série. Cas de conscience % 1.35 Espace francophone Portrait de René de 1.50 Etats de service aa Film. Jean-Paul 0.40 Thema - Chérie, chéri Dialectique humo- 23.55 Ça me révolte ! Viols et violence entre 3.30 Reportages La coiffeuse d’Aventignan. 2201803 1.40 Contre-courant L’argent de la Obaldia. 2390716 2.00 Le Fabuleux Destin Andrieu. Documentaire (Fr., 2001, d) &. ristique. Documentaire (All., 1971, d) 7421667 jeunes. Magazine. 6702518 1.54 Météo 1.55 4964261 3.55 Histoires naturelles Vivre et confiance. 6044803. Made in India. 9292236. de… 5701025 2.25 Soir 3 2.50 Des racines et 25314648 4.35 Hockey sur glace NHL. 2.00 Thema - Sœurs de révolte. 9278464 M6 Music / Les Nuits de M6 Emission pêcher à la Réunion. 4644377 4.25 Musique 3.25 24 heures d’info, Météo 3.45 L’Eldorado des ailes Magazine. 91501990 4.40 La case Pittsburgh Penguins - Montréal Canadiens 2.20 Ouvriers roses sur fond doré. 4439087 musicale (305 min) 66407989. Magazine musical (35 min) 30433087. de plastique Documentaire( 50 min) 3563261. de l’oncle Doc Le Recul des Dieux (50 min, d). (120 min) 4287377. 2.30 Rosa von Praunheim (12 min) 9835025. CÂBLE ET SATELLITE RADIO FRANCE-CULTURE FILMS DÉBATS 19.35 Genèse de l’Europe, la Renaissance. [5/6]. Le prince, 21.40 Ton Koopman dirige Jean-Sébastien Bach. En 1997. 13.40 Les Grandes Espérances aaDavid Lean 14.00 Studio ouvert. La décentralisation permet-elle le poète et le musicien. toute l’Histoire Avec l’Amsterdam Baroque Orchestra et l’Amsterdam 20.30 Quadrille. (Grande-Bretagne, 1946, N., v.o., 115 min) & Cinétoile l’égalité ? Public Sénat 19.50 George Orwell. toute l’Histoire Baroque Choir. Mezzo 21.00 Le Gai Savoir. 14.05 Le Mur a Yilmaz Güney (Turquie - France, 1982, 18.30 Face à la presse. Jean-Louis Borloo. Public Sénat 20.05 Aimé Césaire. toute l’Histoire 22.35 Chez Jean-Sébastien Bach. Avec Klaus Mertens 22.00 Journal, Multipistes. v.m., 115 min) & CC Auteur 22.00 Forum public. Les Français paient-ils trop 20.45 Barbara, je chante ma vie. Planète (baryton), Ton Koopman (clavecin). Mezzo 22.30 Surpris par la nuit. [4/5]. 15.05 aa 21.00 23.00 Pale Rider Clint Eastwood (Etats-Unis, d’impôts ? Public Sénat Voyage sous la terre. National Geographic Concerto BWV 1056 de Jean-Sébastien Bach. FRANCE-MUSIQUES 1985, v.m., 115 min) % TCM MAGAZINES 21.00 Les Grands Commandants. Gheorghi Avec Jacques Loussier (piano). Mezzo 16.05 American Beauty a Sam Mendes (Etats-Unis, Joukov. toute l’Histoire 23.15 Horace Silver Quintet. Orvieto, Italie, en 1976. Mezzo 20.00 Concert de Jazz. A la Maison 1999, 115 min) & TPS Star 14.35 Un jour, deux stars. Invités : Philippine de 21.30 Australie, le parc national des montagnes TÉLÉFILMS de la culture de Nevers. Gettin’Weill’d 17.10 La Séparation aaChristian Vincent. Avec Rothschild ; Stève Ravussin. Match TV bleues. Voyage (une relecture de Kurt Weil), Daniel Auteuil, Isabelle Huppert, Jérôme Deschamps 16.55 Comme à la télé. Invités : Patrick Poivre d’Arvor ; 22.00 A la poursuite du déluge. National Geographic 18.05 La Divette. Alfredo Giannetti. toute l’Histoire de Dee Dee Bridgewater. (France, 1994, 87 min) & Cinéstar 1 Arnaud Poivre d’Arvor. Match TV 22.05 Barbara. Planète 22.05 Jean Moulin. Yves Boisset. [1 et 2/2] & Festival 22.00 En attendant la nuit. Jacques Amblard. 18.05 La Reine Christine aaRouben Mamoulian 17.00 Explorer. Visions des profondeurs. Sous-marins 22.30 Biographie. Ramsès le Grand. toute l’Histoire 23.15 L’Ultime Rendez-vous. Noel Nosseck. % Téva 23.00 Jazz poursuite. Le style jungle. (Etats-Unis, 1933, N., v.o., 95 min) & Cinétoile nazis : terreur sur les côtes US. Duff Severe, sellier SPORTS EN DIRECT SÉRIES 0.00 Le Cabinet de curiosités. 18.30 Sur la route de Madison aaClint Eastwood des rodéos. National Geographic ème RADIO CLASSIQUE (Etats-Unis, 1995, v.m., 135 min) & TCM 22.25 Recto Verso. Laurent Gerra. Paris Première 18.00 21.00 Ski. Coupe du monde. Slalom géant 18.55 Loïs et Clark. Dix secondes d’éternité (S3). 13 RUE 19.00 Peter Pan aaHamilton Luske (Etats-Unis, 23.00 Explorer. Filmer l’invisible. Le Caire dévoilé. dames. A Park City (Utah). Eurosport 19.45 Ally McBeal. Préjugés (saison 3, 13/21) & Téva 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Aquarelle 1953, 90 min) & Disney Channel Le gorille des montagnes, un tournage DANSE 20.50 Washington Police. Fille contre fille. L’Effet de serre op. 19, de Gade, dir. C. Frowein ; Œuvres de 20.45 Le Colonel Chabert aaYves Angelo (France, mouvementé. National Geographic (saison 2, 15 et 16/22). Série Club Grieg, Nielsen. 20.40 Wilhelm Friedemann 1994, 110 min) & TPS Star 23.50 J’y étais. Invitée : Yamina Benguigui. Match TV 0.30 Don’t Look Back. Chorégraphie de Carolyn Carlson. 22.45 Les Compagnons de Jéhu. Les Masques. La Bach. Œuvres de W.-F. Bach ; Cantate 21.00 Pecker a John Waters (Etats-Unis, 1998, v.o., DOCUMENTAIRES Musique de René Aubry. Paris, en décembre 2000. Avec Chartreuse [1 et 2/13] & toute l’Histoire « Das neugeborne Kindelein » BWV 122, 85 min) & Cinéstar 2 Marie-Claude Pietragalla. Mezzo 23.20 Homicide. Heure de pointe (s6, 7/23). Série Club de Bach, dir. Philippe Herreweghe ; Œuvres 22.20 La Fille à la valise aaValerio Zurlini (Italie, 19.00 Pilot Guides. Le Népal. Voyage MUSIQUE 23.45 New York Police Blues. Clark, père et fils. Au travail, de W.-F. Bach, Hasse, C.P.E. Bach, Mozart. 1961, N., v.o., 120 min) & CC Classic 19.00 Le Blaireau tueur. National Geographic Clark (saison 9, 3 et 4/23, v.m.) % Canal Jimmy 22.35 Concert. Œuvres de Brahms, Berg, 23.00 Confessions d’un barjo a Jérôme Boivin 19.00 Les Complices d’Hitler. Himmler. toute l’Histoire 20.45 Ton Koopman dirige Jean-Sébastien Bach. En 1997. 2.15 Tribunal Central. Une nuit pas comme les autres Grisey, Lachenmann. (France, 1992, 80 min) & Cinéfaz 19.05 Living Stones. Palmyre, le royaume de sable. Odyssée Avec l’Amsterdam Baroque Orchestra. Mezzo (saison 2, 11/18, v.o.) % Canal Jimmy 0.00 Les Nuits de Radio Classique. VENDREDI 22 NOVEMBRE TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL+ FRANCE 5 / ARTE M6
12.50 A vrai dire Les saucisses d’hiver 13.00 12.56 Météo, Journal, Météo, Point route 13.55 C’est mon choix 15.00 Une femme 14.00 The Hole Film. Nick Hamm. Suspense 12.05 Midi les zouzous 13.45 Le Journal de 13.35 L’Esprit de Liberty Moon Téléfilm. Tim Journal, Météo 13.55 Les Feux de l’amour 13.55 Inspecteur Derrick Le Théâtre de la vie nommée Jackie Téléfilm. Larry Peerce. Avec (GB, 2001) ? 15.40 Les Expéditions sous-mari- la santé 14.10 Les Refrains de la mémoire Van Patten (EU, d) 15.20 Les Anges du Feuilleton d 14.45 Un rêve de cendrillon 15.00 Le Renard La vie a ses secrets 16.05 Rex Roma Downey (EU, 1991, d) 16.30 TO3 17.30 nes de Franck Goddio Alexandrie, le mystère Prendre un enfant par la main, 1978 14.40 bonheur Série (S4). Les Deux Femmes de ma Téléfilm. Ute Wieland. Avec Sophie Schütt Le Faux Coupable 16.50 Un livre Prix littéraire Mon kanar 17.45 C’est pas sorcier Les bébés : d’une disparition & 16.25 Une hirondelle a Sciences et coïncidences [5/6]. Les sciences vie & 16.10 Tubissimo 17.05 90 à l’heure 17.55 (Allemagne, 1999, d ) 16.25 Providence Série. de France Télévision 16.55 Rayons X Les Histoire d’une naissance d 18.15 Un livre, un fait le printemps Film. Christian Carion. du cœur d 15.35 Objectif Route du rhum Stargate SG-1 Série (S4). Destins croisés & Sauvons Tyler ! 17.15 Dawson Révisez ou je robots domestiques 17.00 Des chiffres et des jour Un tribunal au garde-à-vous, de Jean- Drame (Fr., 2001) & 18.05 7 jours au Groland 16.35 Le Monde des glaces [3/3]. L’influence 18.55 Charmed La Balade des âmes & 19.45 d 18.10 18.55 17.30 18.55 18.20 % 18.30 17.30 18.05 20.40 19.54 fais un malheur Star Academy lettres KD2A On a tout essayé Denis Bredin Questions pour un cham- f En clair jusqu'à 21.00 Hyper Show La des pôles 100 % Question C dans Caméra café Série 6 Minutes, Le Bigdil Jeu 19.50 Métiers de campagne 19.40 C’est pas banal 19.45 Un gars, une fille pion 18.50 Le 19-20 de l’info, Météo 20.10 dernière & 19.30 Le Journal des bonnes nou- l’air 19.01 Tracks 19.45 Arte info, Météo Météo 20.05 Une nounou d’enfer La 19.55 Météo, Journal, Météo, Trafic infos. 20.00 Journal, Météo d 20.40 D’art d’art. Tout le sport 20.25 Le Fabuleux Destin de... velles & 19.50 Les Guignols 20.05 H Série &. 20.15 Reportage La Monnaie du pape. Fièvre acheteuse & 20.40 Décrochages info.
20.50 S LES SEPT 21.00 U 20.55 T SUR LA ROUTE DES 20.35 F CHAMPIONNAT DE 20.40 L P C 20.50 C D PÉCHÉS CAPITAUX Magazine présenté par P.J. La pilule de l’oubli. Série. Gérard Vergez. ALIZÉS Présenté par Georges Pernoud d. FRANCE LIGUE 1 Paris-SG - Nantes. Match Téléfilm. R. Mihaileanu. Avec Yves Verhoven, Divertissement présenté par Laurent Boyer. Julien Courbet, avec la participation de Avec Bruno Wolkowitch, V. Bagnou-Beido, Au sommaire : La route des vainqueurs. décalé de la 16e journée. 20.45 Coup d’envoi Sonia Rolland, Beppe Clerici, Stéphane Invités : Céline Dion, David Douillet, Me Didier Bergès, Isabelle Brès, Pascal Cyprien Fouquet d&. 66193 Les Indiens sous la mer. 9618990 en direct du Parc des Princes. 236342 Rideau (France, 2001, d). 468209 Yannick Noah, Zinedine Zidane, Les L5, Sellem et Hervé Pouchol. Invités : Roland 22.00 Avocats et associés Série. Rendez-moi Dès la fin juillet, les Indiens Misquitos Le PSG, battu à Lens (3-2), laisse filer Deux assistants réalisateurs naïfs, Natasha St-Pier, Daniel Levi, Dany Brillant, Giraud, Diana, Brandon. 93359349 ma fille. Christophe Lamotte. Avec François du Honduras risquent leur vie pour Nice et Lyon en tête du classement. partis en Afrique équatoriale à la Lââm, Michel Drucker, Luc Plamondon, Le magazine diffusé en première Levantal, Muriel Combeau d. 30483 pêcher les 700 tonnes de queues de Il reçoit ce soir une équipe nantaise rencontre des Pygmées, découvrent un Hugues Aufray, Patrick Bruel, Maurane, partie de soirée débute avec le témoi- 22.55 Les Enquêtes d’Eloïse Rome Série. langouste destinées à l’exportation. qui a retrouvé une certaine efficacité univers qu’ils ne soupçonnaient pas. Jean-Jacques Goldman, Pascal Sevran, gnage de Patrick Dils. A cœur ouvert. Avec Christine Citti. 3131754 22.30 Météo, Soir 3. offensive face à Strasbourg (4-1). Garou. 64909464 23.05 C’ ’ 23.50 C- 22.55 O 23.00 24 22.25 L V 0.10 P VISIBLES PAYSAN SAMIRA ET LE CULTE DU FEU. Série OU CACHÉS : PEUT-ON SE DÉBARRASSER ET REBELLE : UN PORTRAIT DE BERNARD Magazine présenté 18 h 00 - 19 h 00 % 93087. 19 h 00 - 20 h 00 % L’ALPHABET AFGHAN. Documentaire. (S3) [16/21]. Kris Tabori. Avec Ally Walker, DE SES COMPLEXES ? Magazine présenté par LAMBERT Documentaire. Christian Rouaud. par Marc-Olivier Fogiel, Ariane Massenet, 4955290. Série (saison 1). Stephen Hopkins. Mohsen Makhmalbaf (2001). 5069377 Robert Davi, Julian McMahon, Roma Maffia, Carole Rousseau & 8454261 Présenté par Stéphane Paoli d. 3973358 avec la participation de Stéphane Blakowski, Avec Kiefer Sutherland (EU, 2002). Dans un camp de réfugiés à la fron- Peter Frechette (EU, 1999) %. 2438043 0.35 Les Coups d’humour Magazine. Invité : Portrait de Bernard Lambert, paysan Alexis Trégarot et Doc Gynéco. Invité : Tandis que Jack et Mason se rendent tière iranienne, peu après la chute Sam Waters et ses équipiers se Gilbert Montagné. 2802675 1.10 Star Acade- de Loire-Atlantique, devenu une Luc Besson. 7909087 à Saugus pour vérifier la piste fournie des talibans, la première rentrée lancent sur la piste d’un criminel my 8731588 1.53 Météo 1.55 Très chasse figure mythique des luttes paysannes 1.10 Ombre et lumière Magazine. Invitée : par Morgan, Kim se fait prendre en scolaire d’une petite fille afghane. incendiaire qui sévit à Atlanta et qui Renard, blaireau et chiens de terrier. Docu- dans l’Ouest dans les années 1970. Marie-France Pisier. 1092946 1.40 Toute la flagrant délit de trafic de stupéfiants 23.10 Johan à travers les rapides aaaFilm. pourrait bien être lié à une secte e mentaire. Claude Cailloux. 3345694 2.50 Avec les témoignages de M Henri musique qu’ils aiment... Magazine. Invité : et Palmer passe aux aveux lors d’une Mauritz Stiller. Avec Jenny Hasselqvist. mystérieuse. Reportages Les forçats du Guano 2064025. Leclerc, Michel Rocard et José Bové. Michel Glotz. 6935101. conférence de presse. Drame (Suède, 1921, muet, N., v.o.) 3094803.
3.15 Histoires naturelles Dombes : l’empire 1.20 Journal, Météo 1.40 Contre-courant Une 2.30 Le Fabuleux Destin de... Jean-Yves Lafesse, 0.25 Hannibal Film. Ridley Scott (EU, 2000, 0.50 Le Photographe rusé Téléfilm. Wolfgang 1.05 Delta Team Un monde meilleur. Série. des canards migrants. Documentaire. 4521472 sacrée vacherie. 7855762 2.40 Vingt ans... Frédéric François. 2.55 Soir 3 3.20 Culture et d) ? 4816217 2.30 Honest Film. David Panzer (All. - Sui., 1998, d) 40579897 2.25 Le Avec Diego Wallraff, Stefanie Schmid & d 3.45 Musique Magazine musical. à Bagdad Documentaire. 4934675 3.30 dépendances Télé-culture : le couple infernal. A. Stewart. Avec Peter Facinelli (GB, 2000, d) Poteau rose Michel Leclerc. Court métrage. 7732217 1.59 Météo 2.00 M6 Music / Les 78984304 4.20 Ça peut vous arriver Magazine 4.00 Haïti Les fruits 3.40 infos, Météo 7548965 4.50 La Ruée vers l’air Pays de Saint- %. 8721781 4.20 L’Egyptien Film. M. Curtiz. 1179149 2.40 Why Are You Creative ? Pedro Nuits de M6 Emission musicale (285 min) présenté par Géraldine Carré (90 min) 5536149. 4.10 Des mots de minuit Magazine (85 min). Junien en Haute-Vienne (60 min) 5339149. Aventures (EU, 1954, 135 min, d) & 68038323. Almodovar (29 min) 23976014. 33705385. CÂBLE ET SATELLITE RADIO FRANCE-CULTURE FILMS DÉBATS 19.00 Paroles de danse. Claude Brumachon. Mezzo MUSIQUE 13.10 Le Lit conjugal aaMarco Ferreri (Fr. - It., 1963, 18.30 Bibliothèque Médicis. Parti socialiste : quelles idées, 19.00 Le Sourire du requin. National Geographic 19.55 Mozart. Concerto pour piano et orchestre n˚21. 19.30 Appel d’air. Africa Incognita, histoire N., 90 min) & Cinétoile quelle stratégie, quel chef ? Invités : Jean-Christophe 19.00 Le Tombeau de Jésus. toute l’Histoire En 1986. Par l’Orchestre philharmonique de Berlin, dir. des premières rencontres en terre africaine. 14.05 Le Colonel Chabert aaYves Angelo (France, Cambadelis ; Gérard Desportes ; Eric Dupin ; Claude 19.30 Genèse de l’Europe, la Renaissance. [6/6]. Daniel Barenboïm (piano). Mezzo 20.30 Black and Blue. Le jazz comme 1994, 110 min) & Cinéstar 2 Estier. Public Sénat Le prince, la scène et le pouvoir. toute l’Histoire 20.45 Dvorak. Chants bibliques, opus 99, Concerto pour illustration sonore de textes littéraires. 15.25 Docteur Mabuse, le joueur aaaFritz Lang MAGAZINES 20.00 Histoires d’îles. Odyssée violon et Te Deum. En 1993. Par l’Orchestre symphonique 21.30 Cultures d’islam. Kubrâ (XIIe siècle), (Allemagne, 1922, N., v.o., 160 min) & CC Classic 20.00 Le Syndrome afghan. toute l’Histoire et le Chœur philharmonique de Prague, dir. J. Belholavek. maître de l’amour. 16.10 Bird aaaClint Eastwood (Etats-Unis, 1988, 16.25 Recto Verso. Laurent Gerra. Paris Première 20.00 Voyage pratique. Le Guatemala, les trésors Avec Eva Randova (contralto), Ivan Zenaty (violon), Livia 22.00 Journal, Multipistes. v.m., 160 min). TCM 17.00 Explorer. Filmer l’invisible. Le Caire dévoilé. mayas. Voyage Agova (soprano), Ivan Kusnjer (basse). Mezzo 22.30 Surpris par la nuit. 18.05 a 20.05 22.05 Beyond the Time Barrier Edgar G. Ulmer Le gorille des montagnes, un tournage Hollywood Stories. Rob Reiner. Paris Première Mozart. Concerto pour piano n˚24 en ut mineur, FRANCE-MUSIQUES (Etats-Unis, 1960, N., v.o., 75 min) & CC Classic mouvementé. National Geographic 20.25 Living Stones. Palmyre, le royaume de sable. Odyssée KV 491. Par André Previn (piano). Mezzo 18.50 Calme blanc aaPhilip Noyce (Australie, 1989, 18.50 J’y étais. Best of. Match TV 20.45 Résistants de fer. toute l’Histoire 1.00 Dollar Brand. Concert. Mezzo 19.05 Tutti or not tutti. L’Orchestre v.m., 100 min) ? TCM 20.45 Plaisir de France. Michel Aumont. Match TV 20.55 Les Enfants soldats de l’armée russe. Odyssée THÉÂTRE philharmonique de Munich. 19.00 Papyrus, La Vengeance de Seth a Michel 20.50 Une histoire de spectacle. Gustave 21.00 Procès des criminels de guerre japonais. Histoire 20.00 Concert franco-allemand. En direct. Gautier (France, 1997, 90 min). Disney Channel Parking. Paris Première 21.00 La Science du sport. Le cricket. National Geographic 21.40 Le Vison voyageur. Pièce de John Chapman et Par l’Orchestre symphonique de la Radio 20.45 Docteur Mabuse, le démon du crime aaa 23.00 Explorer. Les Meerkats américains. 1914-1918 : 21.50 Gorbatchev, le dernier des Soviétiques. Odyssée Ray Cooney. Festival de Francfort, dir. Hugh Wolff. Fritz Lang (All., 1922, N., v.o., 115 min) & CC Classic les voltigeurs des airs. Pharaons : voyage vers 22.00 Mères parfaites, prédateurs parfaits. Nat. Geographic TÉLÉFILMS 22.30 Alla breve. 21.00 Le Cri de la liberté aaRichard Attenborough l’éternité. National Geographic 22.30 Iran, le foot et les affaires. toute l’Histoire 22.45 Jazz-club. % 0.10 22.35 17.40 (Etats-Unis, 1987, v.m., 155 min) CC Emotion Armorick’n’roll, BZH DJ. Yann Tiersen. TV Breizh George Orwell. toute l’Histoire La Mort de Marie-Antoinette. Stellio Lorenzi. Histoire RADIO CLASSIQUE 21.30 Le Jeu aaDavid Fincher (Etats-Unis, 1997, DOCUMENTAIRES 23.00 Pilot Guides. San Francisco. Voyage 20.45 La Petite Fille en costume marin. Marc Rivière. 130 min) % TSR 23.10 Muhammad Ali, au-delà du ring. Planète [1/2]. TV Breizh 18.30 Classique affaires soir. 22.55 Hypnose aaDavid Koepp (Etats-Unis, 1999, 17.25 Qu’il était beau l’an 2000 ! Planète SPORTS EN DIRECT 20.45 Les Anges de la Crime. Rod Holcomb & Canal Jimmy 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Concerto n˚3, 100 min) ? Cinéstar 1 17.30 Mémoire de cent ans de chansons. [4/4]. 20.55 Le Coup de l’oreillette. Glenn Jordan & TMC de Durante, par le Concerto Köln ; Sonate, 23.05 Elisa, mon amour aaCarlos Saura (Espagne, Les années éclatées. Paris Première 13.00 Gymnastique artistique. Championnats du monde de Haendel, A. Gangler, hautbois, S. Hartig e SÉRIES 1977, v.o., 145 min) & CC Auteur 17.30 Voyage pratique. Les grands lacs du nord des (3 jour). A Debrecen (Hongrie). Eurosport et L. Samuels, clavecins ; Œuvres de Vivaldi, 23.35 Boys Don’t Cry a Kimberly Peirce (Etats-Unis, Etats-Unis. Voyage 18.00 21.00 Ski. Coupe du monde. Slalom géant 20.50 Farscape. Le Calcivore [1/2]. Les Liens de l’espace Geminiani. 1999, v.m., 120 min) ! CC Emotion 17.35 Rat Pack, la conférence du cool. Odyssée messieurs. A Park City (Utah). Eurosport [2/2] (S1, 21 et 22/22). Série Club 20.40 Le Chef d’orchestre Carlos Kleiber. 0.10 Comme un aimant a Akhenaton et Kamel Saleh 18.25 Acariès, une affaire de famille. Planète 1.05 Voile. Coupe de l’America 2003. Coupe Louis-Vuitton 22.20 Six Feet Under. The Secret. The Liar and the Whore 22.50 Les Rendez-Vous du soir (suite). (France, 2000, 95 min) &. Cinéfaz 19.00 Pilot Guides. L’Australie sauvage. Voyage (quarts de finale). Paris Première (S2, 10 et 1/13, v.o.) % Canal Jimmy Œuvres de Chopin, Mozart.
Les codes du CSA & Tous publics % Accord parental souhaitable ? Accord parental indispensable ou interdit aux moins de 12 ans ! Public adulte. Interdit aux moins de 16 ans # Interdit aux moins de 18 ans. Les cotes des films a On peut voir aaA ne pas manquer aaaChef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants. 36/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002
CARNET DE ROUTE Pavés volent !
CE N’EST pas sans un certain Une bataille furieuse, une En Californie, les animaux domestiques en voie de clonage amusement, un certain intérêt bataille d’idées, l’interdit d’inter- aussi, et quelque distance, que dire contre l’interdit d’interdit l’on entend et voit se croiser d’interdire en somme. Et voici volant bas dans le ciel gris de aussi dans l’autre sens que des SAUSALITO (Californie) constitution. Les cellules d’ovocy- France, missiles de croisières, épi- gens fort honorables ayant des de notre envoyé spécial tes dont le noyau sera remplacé thètes vengeresses et insultes idées fort honorables sur le « En Californie, certains proprié- par celui de l’animal à cloner pro- diverses. Réacs ! Staliniens ! besoin d’ordre, de respect du taires de chiens ou de chats éprou- viendront de cliniques vétérinai- Louis-Philippards ! Soixante-hui- savoir, de nécessité de l’autorité vent pour leur animal un amour res pratiquant la stérilisation de tards ! Renégats ! Irresponsa- parentale comme professorale profond et exclusif. Ils dépensent chiennes. Les « mères porteu- bles ! ou étatique sont insultés, dénon- sans compter pour son bien-être et ses », dans lesquelles on implan- Le débat fait rage sur les présu- cés, traités de collabos, d’oppor- sa santé, et, quand il meurt, ils res- tera les embryons modifiés qui més enragés de naguère et sur les tunistes ou de ralliés de gauche à tent inconsolables pendant des donneront naissance aux clones, présumés restaurateurs, au sens la pensée la plus droitière et pas- années. Cela peut sembler excessif, seront hébergées et soignées de l’ordre, de maintenant. La séiste. mais c’est ainsi. Le clonage offre à dans des chenils spécialisés. machine à remonter le temps, la Holà, on se calme ! Refaire 68 ces gens éplorés une perspective Quand les recherches auront société, ses désordres, ses ses mérites ou ses méfaits, à l’en- inespérée. Ensuite, quand il sera abouti, M. Hawthorne espère dé- hoquets, les fautes et les respon- droit ou à l’envers, c’est certes entré dans les mœurs, le clonage tenir le monopole du clonage du sabilités fonctionne à plein régi- fort passionnant. Mais pas vrai- touchera un public plus vaste : chien pendant plusieurs années, me, à pleins articles, à pleins ment d’avenir. Ayant eu généra- vous possédez un chien beau, éner- car sa société est la seule à in- livres. Et ce débat nous semble tionnellement l’avantage de parti- gique, intelligent, et à sa mort vestir massivement sur ce cré- absolument beau et vain à la fois, ciper, de façon très contemplati- vous voulez retrouver un jeune neau : « Nous avons inventé un comme le signe conjoint d’une ve et ludique à cette fameuse chien qui lui ressemble le plus pos- .. ensemble de procédures rigoureu- magnifique capacité française à révolution printanière et sociéta- sible, mais c’est difficile si c’est un Le clonage de chiens représente le plus gros marché potentiel. ses qui vont nous permettre de s’inventer de somptueuses querel- le, on veut, et ce sera notre seule bâtard, donc un modèle unique. Il passer directement au stade indus- les d’école et d’une non moins contribution au débat, certifier suffira de le cloner pour obtenir un bébé chien chaine étape sera le OREGON triel, ce qui ne se fait encore nulle part. Tout magnifique capacité à cataloguer ici qu’on ne s’en repent ni ne s’en possédant les caractéristiques génétiques exac- clonage de chien, d’abord, nous allons robotiser toutes les mani- les gens, comme déjà de présu- vante. Ce fut ainsi. La société fran- tes de votre chien disparu. Ce sera un jumeau qui représente de pulations de laboratoire, pour éviter les erreurs més coupables, passés ou pré- çaise d’avant 1968, bloquée, parfait, décalé dans le temps. » Lou Haw- loin le plus gros mar- Sausalito humaines et les contaminations accidentelles. NEVADA sents, des maux, évolutions, sou- figée, ne méritait et ne risquait thorne, 41 ans, est le fondateur de Genetics ché potentiel. Mais, S Ensuite, nous allons généraliser et automatiser I E bresauts et plaies du pays. pas autre chose que ce qui lui arri- Savings & Clone (GS & C), la première société pour cela, il faudra R le diagnostic préimplantatoire : seuls des San Francisco R Les pavés volent bas. Et l’on va : un beau coup de jeunesse par A de biotechnologie spécialisée dans le clonage attendre encore un N embryons sans aucun défaut génétique seront E s’écharpe allègrement autour de le travers du museau et de l’ordre V des animaux domestiques. peu : « L’appareil re- A implantés dans les femelles porteuses. » Par le Mt WhitneyD A cette vieille idée toute neuve que établi des mœurs, obligations et Il vise en priorité une clientèle fortunée : ses productif des mam- 4418 biais de prises de participation et de parte- si rien ne va en France, ni l’ordre, coutumes. Ce fut, nous sem- bureaux sont installés dans un petit immeu- mifères fonctionne CALIFORNIE nariats avec une dizaine d’autres sociétés, ni la famille, ni l’autorité, ni la ble-t-il, sans enjoliver le passé, ni ble élégant situé sur le port de plaisance de de façon différente GS & C contrôlera l’ensemble de la chaîne de nation, ni le rapport au travail, mythifier le projet une manière OCÉAN ARIZONA Sausalito, face à la baie de San Francisco, d’une espèce à l’au- PACIFIQUE MEXIQUE production. En 2003, le clonage d’un chien coû- c’est la faute à 68. C’est la faute à de révolte joyeuse et désordon- entre les yachts, les jardins exotiques et les vil- tre. Le clonage du tera environ 20 000 dollars, mais son prix ses trublions, aux gauchistes, née contre un carcan trop serré, las de luxe. L’actionnaire principal de GS & C chat est relative- devrait tomber à 5 000 ou 7 000 dollars d’ici à menées et pensées et délires une société trop bloquée. Et pas est John Sperling, un célèbre milliardaire de ment facile, mais pour le chien cela se révèle 2005. d’une génération d’agités du vraiment une révolution à mettre l’Arizona, qui, ces dernières années, a investi plus difficile que prévu. Nous espérons quand Le clonage « simple » n’est qu’une première bocal, de révolutionnaires en la France cul par- dessus tête. des dizaines de millions de dollars dans diffé- même être prêts en 2003. » étape. GS & C compte se lancer prochaine- peau de lapin et de termites Et puis le temps passa. Les rents projets futuristes. Dans cette affaire, En attendant, M. Hawthorne propose à ses ment dans la manipulation génétique des sociaux rongeant les piliers ver- soixante-huitards, on parle ici l’un des objectifs de M. Sperling est de faire futurs clients d’effectuer dès à présent le prélè- embryons, afin de produire des chiens « aug- moulus d’une société poussive et des militants révolutionnaires, cloner sa chienne Missy, qu’il adorait et qui vement d’un échantillon de tissu sur leur ani- mentés » ou « améliorés » : « Nous pensons policée au beau et unique projet rentrèrent pour la plupart dans la est morte en juin. mal et de le confier au laboratoire de GS & C, pouvoir isoler le gène responsable de la mal- qu’il serait « interdit d’interdire ». carrière. La société française évo- Créée en février 2000, GS & C s’est fait qui se charge d’extraire l’ADN de l’animal, formation de la hanche fréquente chez les Le voici qui ressort en effet du lua. Les mœurs aussi. Et les idées connaître deux ans plus tard grâce à une pre- puis de le congeler et de le stocker en lieu sûr. chiens-loups, et le désactiver. Pour réduire les magasin des accessoires le aussi. Rien que de très normal. mière mondiale : la naissance, dans son labo- L’opération coûte 900 dollars si l’animal est risques de dissémination incontrôlée d’ani- fameux slogan, résumé un peu 68 ? Osez proposer le débat aux ratoire situé au Texas, de Carbon Copy, dit Cc, en bonne santé, et 1 400 dollars en cas d’ur- maux génétiquement modifiés, nous produi- court du moment et explication jeunes d’aujourd’hui ! Tu l’as dit le premier chat issu du clonage. Aujourd’hui, gence, s’il est mourant ou mort. rons surtout des bêtes stériles. » un peu facile de tout ce qui suivit. papy ! Cc se porte bien, et mène une vie de chat ordi- Le réseau logistique qui permettra de se pro- naire chez le généticien qui l’a fabriqué. La pro- curer la matière première est en cours de Yves Eudes CONTACTS IL Y A 50 ANS, DANS 0123 EN LIGNE SUR lemonde.fr f RÉDACTION Marché de l'emploi : a Check - List. 21 bis, rue Claude-Bernard, 75242 Paris http://emploi.lemonde.fr Une parodie de la justice Lettre d’infor- Cedex 05. Tél : 01-42-17-20-00 ; Site éducation : http://educ.lemonde.fr télécopieur : 01-42-17-21-21 ; Marché de l'immobilier : mation quoti- http://immo.lemonde.fr télex : 202 806 F APRÈS ceux de Rajk et de Kos- d’avance, en se noircissant eux- naire et devenir les pires ennemis de dienne : un tour f ABONNEMENTS f TÉLÉMATIQUE tov, voici le grand procès Slansky- mêmes avec sadisme, la sentence qui leur peuple. Les autres hommes de la d’horizon de 3615 lemonde Par téléphone : 01-44-97-54-54 f DOCUMENTATION Clementis à Prague. En présence de doit les frapper ? Personne dans les Terre ne sauraient partager leur tran- l’actualité natio- Sur Internet : http://abo.lemonde.fr Sur Internet : http://archives.lemonde.fr cet événement dramatique, qui se ter- milieux communistes ne se demande quille assurance. Tout leur semble au nale et interna- Par courrier : bulletin p. 24 f COLLECTION minera sans doute par un verdict de comment des hommes qui ont pen- contraire étrange et suspect dans ce tionale, le som- Changement d'adresse et suspension : Le Monde sur CD-ROM : mort pour les principaux inculpés, dant de nombreuses années donné procès : l’argumentation des accusa- maire du Monde et les principaux rendez-vous 0-825-022-021 (0,15 euro TTC/min) f INTERNET 01-44-09-43-21 les communistes du monde entier ne mille preuves de leur dévouement teurs et le comportement des accu- politiques et culturels de la journée. Edition Le Monde sur microfilms : se posent pas de questions. Pour eux, au communisme, qui ont joui de la sés. Ils se demandent s’ils ne sont pas abonnés. Site d'information : www.lemonde.fr 03-88-71-42-30 Site finances : http://finances.lemonde.fr f LE MONDE 2 les accusés de Prague sont des crimi- confiance totale de Moscou et ont devant un sanglant règlement de a Littérature. L’intégralité du « Monde des Site nouvelles technologies : Abonnements : 01-44-97-54-54 nels, des espions et des traîtres qui été nommés aux postes les plus res- comptes entre clans rivaux et si la livres » est en ligne dès le jeudi soir. http ://interactif.lemonde.fr En vente : « Télé-réalité : les nouveaux ont mérité le châtiment suprême. ponsables ont pu jouer double jeu prétendue « justice du peuple » n’est a Emploi. Des milliers d’offres d’emplois Guide culturel : http://aden.lemonde.fr maîtres de l’écran ». N’ont-ils pas tous fait des aveux sans avoir été démasqués à temps, pas une parodie de la justice. pour les cadres et des offres pour les jeunes complets à l’instruction et approuvé renier tout leur passé révolution- (22 novembre 1952.) diplômés, sur la chaîne Emploi. a Tirage du Monde daté jeudi 21 novembre 2002 : 521 348 exemplaires. 1-3 DES LIVRESVENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 LES BELLES POLITIQUE ÉTRANGÈRES Pour résoudre la crise du socialisme, INDE Jean-Claude Michéa propose notamment de découpler l’idée socialiste du libéralisme. LIVRES DE POCHE Une thèse que discute « Folio » fête ses 30 ans. Paul Allies Dernières parutions DOSSIER GUERRES pages II et III page V pages VI et VII pages VIII et IX Le grand Fitzgerald
Même si nous savons que Francis Scott Fitzgerald est mort à 44 ans, en 1940, ’est une révé- lation de beauté, d’étrangeté et d’in- ses phrases Ctelligence. Jouons un peu. Qui a écrit ce qui suit : « Un homme dans la piè- sont des illuminations ce voisine avait allumé un feu. Le feu avait consumé le matelas. Peut-être d’aujourd’hui. aurait-il mieux valu que le feu l’ait consumé lui aussi, mais il s’en était fal- Elles sont précises, vives, lu de quelques centimètres. Le mate- las fut emporté avec beaucoup de drôles, colorées, tendres. cérémonie. » Kafka ? Non, Fitzge- rald. Et ceci : « Ils prétendent que tu Celui qui les a écrites as insulté une des filles. N’importe quoi, je lui ai seulement dit que est ici j’aimais mordre son cou. Je vous sou- // haite à toutes, mesdames, d’avoir un Scott Fitzgerald dans les années 1920 cou que j’aimerais mordre immédiate- dans le voisinage, même le soleil de ment. Je suis avide de cous de mars, était neuf, frais, plein d’espoir et écrasante des deux catégories donnait les façons possibles, Scott ne l’aban- fait danser vers le Sud toute la jour- e A lire également, l’album Les dames. » Kafka de nouveau ? Non, impalpable, comme on peut s’y atten- l’impression que, même si elles donne jamais (comme on le lui née. » Ou bien carrément : «Le Années Fitzgerald, la Côte d’Azur toujours Fitzgerald. « Quels jolis dre dans une ville dont la population aimaient les enfants, l’enfant pourrait recommandait sans arrêt). Il écrit grand art est le mépris d’un grand 1920-1930, de Xavier Girard (éd. mots, dit-elle sur un ton moqueur. Si a triplé en quinze ans. » Ou bien : ne pas y être sensible. » ainsi à Scottie, leur fille : « C’est homme pour l’art médiocre. » Assouline, 196 p., 39,80 ¤). vous continuez, je vais me jeter sous « Perdu dans l’immensité d’un ciel Même si nous savons que Fitzge- étrange comme ta mère a raté son les roues du taxi. » Et ainsi de suite. bleu sans surface, de l’air empilé sur rald est mort à 44 ans, en 1940, ces existence sociale : même les criminels La parenté entre les deux types de de l’air. » Ou bien : « Le vent fouillait phrases, et bien d’autres, sont des n’échouent pas ainsi, ils représentent notation, entre fragments de situa- les murs à la recherche de la poussiè- illuminations d’aujourd’hui. Elles pour ainsi dire l’“opposition loyale” à tions et de rêves est évidente. L’Amé- re ancienne. » Ou bien : « Elle escala- sont précises, vives, drôles, colorées, la loi. Mais les fous ne sont que de sim- rique de Fitzgerald passe par Pra- da un assemblage de métal, de béton tendres. Celui qui les a écrites est ici. ples invités sur terre, d’éternels étran- gue, Le Procès, de Kafka, traverse le et de verre, passa sous un dôme élevé Il y a une histoire d’amour entre les gers, porteurs de décalogues brisés qui jazz et Hollywood. Seul Alfred Hitch- qui renvoyait un écho et déboucha écrivains et les mots, ceux-ci vien- leur sont illisibles. » Après la mort de cock a compris cela. On peut imagi- dans New York. » Ou encore (et il nent à eux en même temps qu’une Scott, Zelda fait de lui un superbe ner Fitzgerald comme Cary Grant faut ici se souvenir que Picasso, con- sensation savante. Ce que l’Améri- éloge à Scottie, qui se termine par dans La Mort aux trousses. trairement aux préjugés de son que a eu et peut encore avoir de ces mots : « Comme tu l’as toi-même Tout est bon, on le sait, pour se temps, aimait Fitzgerald) : « Ses yeux meilleur s’ouvre ainsi, raison pour éprouvé au cours de nombreuses dis- débarrasser d’un écrivain qui s’impo- étaient remplis de jaune et de lavan- laquelle Fitzgerald, le plus libre des putes et controverses, c’était l’homme se : mythologies, photos, cinéma, de, jaune pour le soleil à travers les sto- Américains libres, est toujours un le plus doué du monde pour les lon- roman familial. Hemingway torse res jaunes et lavande pour la couette, contemporain capital. Il a éprouvé gues, les épuisantes conversations. » nu avec un espadon, Faulkner en gonflée comme un nuage flottant mol- la destruction, l’échec, la folie, Dernière touche : Fitzgerald, d’origi- éthylique cavalier sudiste, Fitzgerald lement sur le lit. Soudain elle se sou- l’oubli ? Justement. C’est un homme ne catholique, s’est vu refuser par en grand puni du succès précoce et vint de son rendez-vous et, les bras de connaissance, un psychiatre très l’Eglise, ses livres étant « indésira- des années folles, Joyce en errant illi- jaillissant de la couverture, elle enfila averti du fond violent maladif. Sa bles », un enterrement religieux sible, Kafka en martyr ténébreux, un négligé violet, rejeta sa chevelure passion pour cette femme magnifi- dans le Maryland, dont il avait dit : Céline en monstre, Artaud en grima- en arrière dans un mouvement circu- « Ma place est là-bas, où tout ces. Pour Fitzgerald, interminable- laire de la tête et fondit dans la cou- a est civilisé, gai, pourri et cour- ment, les clichés sont là : héros leur de la pièce. » Mais aussi : « Elle Philippe Sollers tois. » Arrêtons ici la légende désenchanté, Musset de l’autodes- lui fit un sourire de côté, d’une moitié que qu’était Zelda (tout le contraire douloureuse, et rouvrons les Carnets truction, ivresse de la perdition, per- de visage, comme une petite falaise d’une bourgeoise américaine) l’a de ce dernier, tragique et mer- sécuteur de Zelda, persécuté par lui- blanche. » Et aussi : « Debout près de conduit aux remarques les plus péné- veilleux nabab. Choc immédiat : même, Côte d’Azur et crise de 29, la porte avec cette faible lueur derriè- trantes. Jusqu’où peut-on écrire ce « C’était gai dans la voiture avec les imprévoyance, dépenses et alcool. re elle, Dinah était elle-même un pos- qu’on vit ? Quel partenaire peut le filles dont le bavardage excité se Les caméras sont prêtes, il rejouera te avancé du jardin, sa fleur la plus supporter ? Ecrire est-il dangereux répandait comme une fumée sur sans arrêt dans ce mauvais film. Le représentative. » Et encore : « Lola pour tout être humain et ses pro- l’odeur de caoutchouc humide. » Ou ressentiment dont il est l’objet est Shisbe n’avait jamais fait dérailler un ches ? « Il est significatif qu’en février bien : « Le printemps était arrivé sur pourtant très simple à comprendre : train de sa vie. Mais elle avait tout dernier elle se soit effondrée alors que le littoral oriental – des milliers de il a été extraordinairement heureux, juste seize ans et il vous suffisait de la je lui montrais l’ébauche de ce qui minuscules baies noires inattendues même dans le plus grand malheur. regarder pour savoir que sa période représentait alors une nouvelle appro- sur chaque arbre brillaient d’impa- Ses Carnets le prouvent : « Je ne pos- destructrice allait commencer d’un che de mon travail, soit une histoire tience, et une brise fraîche les avait sédais pas les deux trucs supérieurs, le jour à l’autre. » Et encore : « Il cares- fondée sur les huit ans que nous avons grand magnétisme animal ou l’ar- sa ses cheveux d’un brun ordinaire, se passés en Europe… Plus je m’appro- gent. Mais j’avais les deux trucs juste répétant pour la millième fois qu’elle che de la réalisation finale, de la satis- CARNETS au-dessous, la beauté et l’intelligence. ne lui apportait rien de la sombre faction artistique, et plus je le lui de Francis Scott Fitzgerald. Aussi j’ai toujours eu la meilleure magie du monde et qu’il ne pourrait annonce – plus elle devient agitée, Traduit de l’anglais (Etats-Unis) fille. » pas vivre sans elle plus de six heures même si elle donne l’impression de se et préfacé Les amateurs de suicide, de désola- consécutives. » Et enfin (mais il n’y a réjouir. Elle a l’impression que je dois par Pierre Guglielmina, tion et d’échec inévitable ont grand aucune raison d’en finir) : « Celles absolument avoir du succès, sans quoi Fayard, 444 p., 23 ¤. besoin de romans. Mais les histoires qui auraient été probablement capa- nous sombrerons tous, et elle a l’im- des romans vieillissent vite, tandis bles de conduire avaient l’air de ne pression que ce succès la menace – ZELDA ET SCOTT FITZGERALD que les phrases persistent parfois en pas savoir taper à la machine ; celles “Pourquoi lui ? Pourquoi pas moi ? Je les années vingt jusqu’à la folie eux, ouvrant sur une richesse de per- qui semblaient savoir taper à la suis aussi douée que lui, sinon plus”. » de Kendall Taylor. ception jaillie du milieu du temps. machine n’avaient pas l’air d’être en En réalité, dans cet affrontement, Traduit par Camille Fort, Exemples dans les Carnets : « Tout, mesure de conduire – et la majorité tout est dit. Zelda se bat de toutes Autrement, 530 p., 22,95 ¤. II/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 LES BELLES ÉTRANGÈRES-INDE
Cette année, les « Belles étrangères » « littérature » au singulier. Chaque région a production plurilinguistique, reflet des rendent hommage à l’Inde (du 18 au sa langue (hindi, bengali, tamoul... dites réalités sociales, que cette manifestation 30 novembre dans 37 villes, voir agenda). « vernaculaires ») et nombre d’Indiens met en lumière, parallèlement aux choix Un vaste pays où il est difficile de parler de écrivent en anglais. C’est donc une des éditeurs français. Controverse sur la diversité linguistique Anglais ou langue vernaculaire : depuis de longues décennies, le choix est l’objet d’âpres discussions qui renvoient inévitablement à des réalités politiques et sociales complexes. Pour les « Anglo-Indiens », ce débat n’a plus lieu d’être
’est un vieux débat, une critique Meenakshi Mukherjee son Dieu des petits riens (Galli- controverse plus ancien- dans un article publié par la revue mard) mais, à ma connaissance, il ne que l’âge de l’Inde française Page. A l’inverse, de nom- n’y a eu qu’une seule Arundathi indépendante (55 ans) et breux écrivains « vernaculaires » Roy… » Cqui illustre tout à la fois les contra- tendent à demeurer plus proches, A la différence des écrivains dictions et la diversité d’un pays- dans leurs écrits comme dans leurs « vernaculaires », les auteurs en continent aux dix-huit langues offi- vies, d’une Inde « profonde », tra- anglais considèrent de toute cielles. Le débat reste toujours ditionnelle et régionale. façon la polémique comme un d’actualité car le succès de la litté- sujet forclos. Certains d’entre eux rature indienne en anglais conti- avancent même, avec prudence, nue à faire grincer les dents de Il reste que l’anglais constitue mal- que la littérature en langue indien- ceux qui écrivent dans l’une ou gré tout un médium indépassable ne reste trop « provinciale » et a l’autre des langues locales, dites (pour les 3 % d’anglophones sur le donc des difficultés à accéder à vernaculaires. Pour ces derniers, milliard d’Indiens, dont 35 % ne l’universel. « Un mythe a été créé les « Anglo-Indiens » (au sens litté- savent ni lire ni écrire) car seuls les par certains selon lequel les ouvra- raire du terme), pour brillants plus connus d’entre les auteurs ges indiens en anglais seraient qu’ils soient, ne sauraient repré- bengalis, marathis, tamouls, etc. écrits pour une audience étrangè- senter à eux seuls l’âme profonde sont systématiquement traduits re, c’est faux », s’insurge David d’un univers dont la culture s’enra- dans la totalité du corpus des autres Davidar : « Moi, je suis tamoul et cine dans un passé antérieur et dis- langues officielles. On imagine le j’écris en anglais parce que c’est la tinct du legs d’un siècle et demi de travail de Sisyphe d’un organisme langue dans laquelle j’ai été édu- présence britannique. Pour les écri- comme l’Académie Sahitya (l’Acadé- qué, un point c’est tout. L’anglais vains indiens de langue anglaise, mie indienne des arts), chargée de la fait partie de manière évidente du qui ne nient pas forcément l’impor- lourde mission de traduction d’une corpus des langues de mon pays. » tance d’une littérature vernaculai- langue indienne à l’autre… Le débat Le distinguo entre une littérature re, le débat n’a plus lieu d’être a été relancé, de manière particuliè- provinciale ou universelle est par aujourd’hui : l’anglais est une lan- rement aiguë, il y a quelques années ailleurs pour beaucoup considéré gue indienne comme les autres… à la suite d’une déclaration quelque comme une aberration. S’il est « Durant le mouvement indépen- peu provocatrice de Salman Rush- vrai que les écrivains « anglo- dantiste, les Indiens qui écrivaient die, l’écrivain britannique d’origine Photographie issue d’une exposition initérante en Inde faite dans le cadre des Belles étrangères indiens » ont tendance à porter en anglais, peu nombreux à l’épo- indienne considéré à juste titre com- parfois sur l’Inde un regard occi- que, étaient tournés en ridicule : les me le précurseur d’une littérature un fossé entre les deux littératures Etat, une véritable star de la littératu- sont loin d’être comparables aux dentalisé, « je connais des auteurs nationalistes estimaient que l’utilisa- qui a su avec talent, par le biais d’un indiennes, l’une anglaise, l’autre ver- re et être complètement ignoré parmi chiffres occidentaux, bénéficient gujeratis ou marathis profondé- tion littéraire de l’anglais revenait à anglais « indianisé », mêler la lan- naculaire. J’ai par ailleurs beaucoup l’élite anglicisée de Delhi ou de Bom- d’un « marché captif » dans les ment influencés par l’étranger et trahir la cause, c’était en quelque gue de Shakespeare à un parler typi- de respect pour ce qui s’écrit en bay. Heureusement, il y a aujourd’hui Etats d’où sont issus les écrivains l’évolution globale de la littérature sorte collaborer avec la culture de quement sous-continental : « L’écri- anglais. Mais il y a parfois de l’hostili- une prise de conscience des œuvres locaux et les éditeurs peuvent plus mondiale », explique Ruchir Joshi, l’occupant », explique Ravid ture en prose créée par les écrivains té entre les écrivains appartenant à en langues indiennes même si les pré- facilement attirer un public déjà qui s’exprime dans ces deux idio- Dayal, qui a fondé sa propre mai- indiens s’exprimant en anglais, décla- l’une ou l’autre de ces littératures. Je judices subsistent : j’ai publié tout acquis à un genre littéraire qui mes, plus le bengali et l’anglais. son d’édition (en anglais). ra l’auteur des Enfants de minuit, a ressens parfois, de la part de certains 27 livres, l’un d’entre eux a été réim- tourne autour de réalités proches Meenakshi Mukherjee est, Ce débat sur la légitimité de la prouvé qu’elle constituait une œuvre écrivains anglophones indiens, une primé douze fois et quand j’ai reçu, de celle du lectorat. quant à elle, plus définitive quant littérature renvoie inévitablement plus forte et plus importante que la sorte de parti pris post-colonial, l’an- de concert avec Vikram Seth (qui à la non-pertinence du débat : «Il à des réalités politiques et sociales plupart de ce qui a été produit dans glais jouissant d’un prestige particu- écrit en anglais), le prix du meilleur A l’inverse, comme l’avance faut rappeler que les écrivains qui qui sont au cœur même de la com- les dix-huit langues “reconnues” de lier en tant que symbole d’un statut roman par l’Académie des belles-let- David Davidar, directeur des édi- écrivent en Inde dans d’autres lan- plexité indienne. D’une part, les l’Inde et représente peut-être la contri- social. » tres indiennes, tout le monde s’est pré- tions Penguin-India, « il est relati- gues que l’anglais ne peuvent être auteurs de langue anglaise sont bution la plus précieuse de l’Inde au « J’éprouve un sentiment de frustra- cipité vers mon collègue à la séance vement plus difficile de vendre un pris en bloc et considérés comme généralement plus jeunes, ont été monde littéraire… » La remarque fit tion », renchérit Mukundan, écri- de signatures. J’ai eu l’impression très bon livre en langue indienne plus “indigènes” ou plus éduqués dans les meilleurs collè- grand bruit et écœura plus d’un écri- vain de langue malayalam, l’idiome d’être totalement marginalisé, quasi- qu’un ouvrage plus médiocre en “authentiques”, car en Inde aucu- ges des grandes métropoles et vain de langue indienne. « C’était un de l’Etat méridional du Kérala, écri- ment ignoré… » anglais compte tenu du fait que ce ne langue n’est à l’abri des modes appartiennent peu ou prou à une commentaire scandaleux, s’indigne vain très connu dans sa région et Le fait que les publications en lan- dernier peut être distribué dans littéraires qui balayent le monde en classe sociale aisée et plus ouverte Nirmal Verma. Beaucoup d’écrivains auteur de Sur les rives du fleuve gues indiennes se limitent à de l’ensemble du pays, que les librai- ce moment. C’est pourquoi l’opposi- vers l’étranger. Ils participent de mon pays ne connaissent pas les Mahé (Actes Sud) qui, originaire modestes tirages (guère plus de ries anglaises sont plus nombreuses tion binaire entre écrivains de lan- donc souvent d’une réalité perçue œuvres de leurs collègues de langues d’un ancien comptoir français de deux à trois mille pour les premières et que le pouvoir d’achat des lec- gue anglaise et les autres constitue comme celle des « privilèges, du indiennes qui restent ignorés hors des l’Inde, s’exprime couramment en éditions) n’est pas le moindre des teurs anglophones tend à être supé- une simplification lamentable pouvoir et de l’ascension sociale », frontières de leurs propres Etats ou de français : « Je ne suis pas jaloux mais paradoxes : les ouvrages en langues rieur. Cela dit, Arundathi Roy a ven- d’une situation complexe »… comme l’expliquait récemment la leurs univers culturels. Il existe en fait le fait est que l’on peut être, dans son indiennes, même si leurs tirages du en Inde 150 000 exemplaires de Bruno Philip Verma, le choix de l’hindi L’émergence des intouchables
irmal Verma, 72 ans, des troupes soviétiques puis tra- ’un est haut fonctionnai- propre milieu à l’égard des fem- revient sur les lieux de son enfan- dalits. Quand mon premier livre a considéré comme l’un verse la France et l’Europe en re à la banque centrale mes. Ses grands-parents s’étant ce et emmène son fils parmi ses été publié, ma famille était furieu- des plus grands écri- auto-stop et revient en Inde où il indienne et réside à Bom- convertis au catholicisme (ce qui pairs, dans une Inde d’en bas où se. C’était indécent de dire les cho- vains hindis, a publié traduira en hindi les œuvres de bay. L’autre est institutri- n’empêche pas les intouchables « les âmes errantes ont les yeux ses comme j’ai voulu les écrire. uneN vingtaine de livres. Dans les Milan Kundera… Lce dans un village du Tamil de rester méprisés par beaucoup rougis et se parlent à elles- Ensuite, mes proches ont com- années 1960, il est envoyé en Mais Nirmal Verma est avant Nadu. Lui, Narendra Jadhav, 49 de chrétiens issus de castes supé- mêmes »… Tout cela n’empêche pris. » Il faut dire que Bama n’a Tchécoslovaquie où il travaille tout un Delhiite, un habitant de ans, évolue dans les cercles cos- rieures), elle devint nonne, ensei- pas Narendra Jhadav de se racon- pas lésiné dans la crudité de lan- durant huit ans au département la capitale dont il décrit avec bon- mopolites et influents de la capi- gna dans des collèges catholi- ter « de visu » en éclatant à tout gage pour décrire le parler des traductions en langue étran- heur la luminosité et les couleurs tale économique de l’Inde ; elle, ques avant de renoncer à ses moment d’un rire communicatif, tamoul des intouchables, bien dif- gère, y fréquente une jeunesse du soir, comme dans l’un de ses Bama Faustina, 44 ans, vit dans vœux parce que, dit-elle, «le faisant fi de toute modestie mal férent du vocabulaire plus châtié qui respire l’air frais du « prin- plus grands romans, Un bonheur une modeste maison qu’elle s’est christianisme a été, en Inde, placée : « J’ai toujours été telle- des hautes castes de même origi- temps de Prague », rate l’arrivée en lambeau (Actes Sud). Un fait construire dans la banlieue impuissant à libérer les dalit de ment meilleur que tout le monde ne ethnique. roman de tristesse et de nostalgie rupestre d’une bourgade située à leur propre condition ». au fur et à mesure que je grimpais « Un homme peut se permettre où évolue, dans les années 1970, deux heures de voiture de Intouchable, le livre de Jhadav l’échelle sociale sur le plan profes- mille choses », fait-elle dire à l’un un groupe de théâtreux margi- Madras. Rien ne semble rappro- publié chez Fayard, est une puis- sionnel que ça n’a jamais été un de ses personnages dans Sangati, naux et désabusés, parmi lesquels cher ces deux personnages, sante évocation de l’histoire de problème d’être un intouchable. Si un ouvrage quasi sociologique le jeune Munnu, qui est venu de sinon leur commune passion son père et de l’engagement de j’étais jalousé, ce n’était pas à cau- racontant la vie au jour le jour sa lointaine cité gangétique d’Al- pour l’écriture. En fait, si : tous ce dernier aux côtés de Babasa- se de ma caste, mais plutôt à cau- des intouchables du village ; lahabad rejoindre à Delhi sa cou- deux sont des intouchables ; l’un heb Ambedkar, leader dalit mais se de ma réussite ! » « mais vous, les femmes, vous sine Bitti. Comment trouver sa est « mahar », l’une des plus aussi président du comité pour la devez penser aux conséquences ! » place, comment gérer les premiè- importantes castes d’intoucha- rédaction de la Constitution de Ailleurs, parlant des femmes res émotions amoureuses, com- bles de l’Etat du Maharashtra l’Inde indépendante et ministre Bama Faustina, tamoule-dalit- parias : « Dès qu’elles ouvrent la ment comprendre certains des (dont Bombay est la capitale), du pandit Nehru… Ecrit tout à la chrétienne, ne joue évidemment bouche, ce sont des mots en amis de Bitti revenus de Grande- l’autre une « paria », la plus bas- fois comme un témoignage indi- pas dans la même division. Mais “con”, en “cul”, en “dard” qui sor- Bretagne retrouver un monde se d’entre les basses castes de rect entremêlant les souvenirs elle est tout autant, sinon plus, tent. Elles ne trouvent aucune dans lequel ils ne se reconnais- l’ère géographique et culturelle reconstitués de son père, Damu, une rebelle. Une révoltée face à jouissance dans la vie conjugale et sent plus ? tamoule, en Inde du Sud. Deux et de sa mère, Sonu, le livre débu- l’autorité des hautes castes, au elles assouvissent un désir lascif en Passant impromptu du « je » écrivains, aux destins divergents te par la tragédie de l’humilia- machisme, à la religion, au systè- nommant ainsi chaque organe en au « il », Verma entremêle les qui emblématisent à leur façon tion et culmine dans l’engage- me indien « soi-disant démocrati- guise d’injure. » extraits oraux d’une sorte de jour- l’émergence d’une littérature ment politique : Damu, le père, que ». Bama avait écrit son Pour l’instant, une littérature nal intime qui défile dans la tête « dalit » ou « opprimé », vocable quitte son village après avoir été roman Sangati (éditions de « intouchable » a surtout émergé de Munnu. Cet anglophone a politiquement correct par lequel battu pour son refus de s’occu- l’Aube), comme une sorte de dans l’ouest de l’Inde, au Maha- choisi la langue hindie, dont il est les intouchables se désignent per du cadavre d’une femme qui journal, pour déverser sa hargne rashtra et au sud, au Tamil Nadu, un grand militant, « parce qu’il y aujourd’hui. s’était jetée – ou avait été pous- contre la violence et l’oppres- où se développa dans les années a pour moi une évidente affinité Narendra Jhadav a été éduqué sée – dans un puits, comme y sion. Si elle a défroqué, c’est par- 1960 un mouvement tamoul anti- culturelle entre une langue indien- dans les meilleures écoles, a pour- aurait été obligée une personne ce qu’elle n’en pouvait plus de brahmanique. Mais, la mobilisa- ne et la réalité de l’Inde puisque les suivi ses études aux Etats-Unis de sa caste : les mahars, « porter un masque » devant les tion sociale aidant, il est proba- langues font aussi partie des avant de travailler pour le Fonds « impurs » de naissance, ont religieuses indiennes et la mère ble que se dessine à terme, dans mythes, transportent avec eux le monétaire international et deve- pour tâche de frayer avec la mort supérieure « de haute caste ». le pays tout entier, un genre litté- sanskrit d’un très ancien passé. nir un brillant économiste. et l’ordure. A la fin, après avoir « Ma vie est un exemple à elle tou- raire combinant à la fois la forme Ecrire en anglais, ça ne sera Bama, élevée dans un petit villa- raconté comment le père partici- te seule, et d’autres écrivains intou- de l’engagement politique et la jamais la même chose, l’anglais est ge tamoul, eut la chance d’étu- pa à Bombay au mouvement chables ont envie aujourd’hui de description sans concession un médium qui s’inscrit autrement, dier, fut marquée par la violence d’émancipation des intouchables se raconter et se mettent à écrire, d’une société de basses castes en dans un contexte particulier ». et le mépris des hautes castes – emmené par Ambedkar, l’auteur, comme en témoigne la multiplica- mouvement. B. Ph. et de ceux des hommes de son désormais devenu économiste, tion de nouveaux romans dit B. Ph. LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/III LES BELLES ÉTRANGÈRES-INDE
Anita Desai, entre le monde et soi La saveur Davidar On connaissait la romancière comme écrivain de l’intime et de l’infime. On découvre dans ces courts récits A travers trois générations, le romancier dépeint l’évolution, une nouvelle couleur à sa palette, une sorte de réalisme fantastique à l’indienne parfois sanglante, d’un pays en pleine mutation
POUSSIÈRE DE DIAMANT logiques : une femme qui, par culpa- LA MAISON – par exemple le Chevathar, un (Diamond Dust and Other Stories) bilité ou par amour renonce à son AUX MANGUES BLEUES affluent imaginaire du puissant d’Anita Desai. statut de mère pour offrir son enfant (The House of Blue Mangoes) fleuve Tamraparani, dont le roman- Traduit de l’anglais à sa sœur. Ou un mari qui confesse de David Davidar. cier donne le tracé sur une carte par Anne-Cécile Padoux, dans le noir à sa jeune épousée qu’il Traduit de l’anglais (Inde) non moins imaginaire, au début du Mercure de France, 264 p., 21 ¤. a«deux mères ». Mais il arrive par Jean Guiloineau, livre –, et à créer pour la circonstan- qu’Anita Desai entraîne son lecteur Fayard, 556 p., 23 ¤. ce trois castes de son cru. « J’ai nita Desai compare la vie à sur des terrains plus troublants enco- inventé ces castes, explique-t-il dans une écorce – une pellicule re. Comment être vous-même lors- l y a de l’espace dans le une note de fin d’ouvrage, parce fine et fragile qui se brise à qu’un inconnu rencontré dans un roman de David Davidar. que je ne voulais pas alimenter les chaque pas. Ces bris, ces train vous affirme – il le sait, il a le Une forme d’ampleur majes- polémiques sur un sujet qui a déchaî- Amiettes d’existences écrasées, la gran- don de clairvoyance – que vous êtes tueuse, engendrée par la né les passions pendant des siècles. » de romancière indienne les ramasse son grand-père ou plutôt la réincar- chronologieI d’un récit qui court sur Des inventions qui n’enlèvent et les collectionne. Au microscope nation de son honorable ancêtre par- une cinquantaine d’années, mais rien à la vraisemblance de la fres- de son écriture, elle les agrandit, les ti pour y méditer dans l’Himalaya ? aussi par la géographie d’un pays que et à son intérêt. L’écriture de observe, les décrit avec une justesse C’est dans cette veine que s’inscrit la fait d’une imbrication de territoi- Davidar est classique, parfois de trait et une sensibilité incompara- nouvelle la plus obsédante de tout le res, de langues, de religions, de même convenue, mais son ton se bles. D’habitude, ce sont des brèches recueil, « L’Homme qui s’est noyé populations. Agé de 44 ans, cet édi- prête finalement assez bien à une insoupçonnées, comme dans Où deux fois ». Lors d’un voyage d’affai- teur (il est le patron de Penguin en saga familiale menée par un narra- irons-nous cet été (Denoël, 1997) où res, le narrateur sort de sa chambre Inde) issu d’une famille tamoule et teur omniscient. D’autant que le une femme « en équilibre sur le d’hôtel pour aller faire une promena- chrétienne a remporté un grand romancier se révèle un bon rebord du monde » refuse de faire le de vespérale, s’approche d’une riviè- succès grâce à ce premier roman conteur, expert dans l’art de tenir deuil de ses illusions perdues. Il peut re d’où l’on vient de sortir un objet plein de remous et de fureur. Où son lecteur en suspens, de retour- s’agir aussi de fêlures plus « socia- dégoulinant d’eau et de boue, s’ap- l’on découvre, à travers trois géné- ner des situations, de faire rire, les », entre le rêve d’un destin indivi- proche, observe intensément, et rations d’hommes et de femmes, rêver ou tout simplement saliver… duel et celui, tout tracé, que la socié- s’aperçoit que ce cadavre, avec tou- les évolutions plus ou moins Certaines scènes culinaires sont té indienne réserve à ses membres tes ses caractéristiques, ses dents iné- sanglantes d’un pays en pleine particulièrement savoureuses, com- (Le Jeûne et le Festin, Mercure de gales, sa fente au menton, c’est lui. A mutation. me le montre la préparation d’un France, 2001, « Folio », no 3762). partir de ce moment, l’homme va Partant de la dernière année du biryani de poisson : « D’épaisses A moins que l’auteur ne choisisse assister, impuissant, à sa propre XIXe siècle, David Davidar a braqué tranches de seer, fraîches et miroi- d’explorer, plus largement encore, le déchéance, ainsi qu’à ce qu’il advient son objectif sur une famille chré- tantes, du riz luisant qu’on avait lavé fossé qui sépare les modes de vie et si certaines de ses histoires s’ancrent qu’alors dans presque tous ses livres, de sa vie d’« avant », maison, fem- tienne du sud de l’Inde, les Dorai. et séché, des oignons, des piments de pensée en Orient et en Occident. désormais aux Etats-Unis ou au où est-elle ? L’auteur, ici, l’a légère- me, enfants. Il voudrait capter le Solomon, le père, puis Daniel (le verts, de l’ail, de la coriandre, des Car Anita Desai est à cheval entre Canada. Revoilà donc toute l’Inde ment déplacée. C’est une frontière regard des autres, crier qu’il est là et médecin converti aux affaires) et piments rouges, du curcuma, du lait plusieurs continents. Née à Bombay dans ces neuf nouvelles. L’Inde-four- invisible qui sépare les êtres en leur qu’il existe, mais il est transparent. Aaron (le militant nationaliste), les caillé, des feuilles de menthe, de la en 1937 d’un père bengali et d’une naise d’avant la mousson. L’Inde for intérieur. Comme si ces personna- On connaissait Anita Desai com- fils, qui verront le déclin et la chute cannelle, de la cardamome, des mère allemande, elle a vécu à Bom- funèbre et mélancolique des mélo- ges étaient, pour des raisons diver- me écrivain de l’intime et de l’infime. d’une dynastie dans les tourbillons clous de girofle, de la noix de musca- bay les cinquante premières années dies de Tagore. L’Inde des sahibs ses, empêchés d’être eux-mêmes. On découvre ici une nouvelle cou- de la première moitié du siècle. de, des graines d’anis, de cumin et de sa vie, et se partage aujourd’hui désarçonnés quand le cuisinier est Quelquefois, la cause en est aussi leur à sa palette, une sorte de réalis- L’auteur, qui maîtrise bien l’histoi- de macis (tout cela devant être mou- entre Cambridge (Angleterre), où en vacances ou celle des coolies à tur- banale qu’extravagante. me fantastique à l’indienne. Mais ce re, pousse en effet ses personnages lu et pilé pour faire le masala qui elle a une maison, et Cambridge ban dont les jambes ressemblent à C’est, par exemple, une passion n’est qu’une nuance supplémentaire dans les méandres de tous les évé- donnait son goût unique au plat), (Massachusetts), où elle enseigne la des racines de « très vieux arbres »… pour un chien qui conduit son maî- dans ses teintes habituelles, une nements majeurs de la période, une pincée de safran, du beurre clari- littérature au Massachusetts Institu- Revoilà les familles, les haines, les tre, lorsqu’il se croit à l’abri des variation poussée à l’extrême sur un depuis les deux guerres mondiales fié, épais et parfumé. » De quoi dire te of Technology. Lorsqu’elle a émi- jalousies. Et aussi les portraits de regards, à perdre le sens commun. thème qui lui est cher : l’éternel et jusqu’aux conflits entre castes ou à que La Maison aux mangues bleues gré, il y a huit ans, elle croyait laisser femmes – qui dira combien Anita Ou un voyage retardé qui contrarie crépusculaire jeu de cache-cache la lutte qui opposa les Indiens aux n’est pas innovant dans la forme, derrière elle son « patrimoine Desai sait magnifiquement parler en profondeur le comportement entre le monde et soi, entre soi et ses colonisateurs britanniques. Toute- mais procure d’agréables moments indien ». Mais elle s’est aperçue qu’el- des femmes ? Mais cette fameuse d’un personnage. A d’autres occa- proches, entre soi et soi-même. fois, Davidar n’a pas hésité à situer de lecture. le y revenait puiser sans cesse, même « cassure » que l’on trouvait jus- sions, ce sont des étrangetés psycho- Florence Noiville son récit dans des lieux semi-fictifs, Raphaëlle Rérolle Le choc des Indes selon Chatterjee Sagesse d'un égaré Où un fonctionnaire, un rien déjanté, découvre une autre face de son pays Le livre posthume de Lokenath Bhattacharya, poète bengali
pamanyu Chatterjee por- d’une grande famille (son père est lui confie : « Tous les jours au bureau, LA REPRÉSENTATION COMMENCE moindres paroles, ses moindres rateur. « Peut-être ai-je réellement te sur le monde un gouverneur du Bengale), découvre j’ai l’impression qu’on me viole le crâ- À SEPT HEURES ET DEMIE faits et gestes : pourquoi avoir dit mis le pied, tout à coup, non seule- regard élégamment avec stupéfaction et horreur un pays ne, comme si quelqu’un me mettait sa de Lokenath Bhattacharya. telle chose le matin à sa femme, ment dans une autre ville mais dans désenchanté, impression qu’il ne connaît pas. Le comporte- queue dans les oreilles et remuait la Traduit du bengali pourquoi avoir choisi de rester au un autre monde, par la puissance de renforcéeU par une moue dubitative ment un peu ridicule des fonctionnai- cervelle jusqu’à mélanger son sperme par France Bhattacharya, bureau plutôt que de rejoindre tout je ne sais quelles formules magi- qui semble induire comme une dis- res locaux, l’ennui aussi pesant que la avec ma matière grise, pas vous ? »… éd. du Rocher, 282 p., 21 ¤. de suite sa famille, etc. Puis, dès ques ? » tance entre le monde et son rapport chaleur lourde qui s’est abattue sur la Mais Les Après-midi…, c’est surtout qu’il doit se mettre en route, la con- Ce roman de Lokenath Bhattacha- à la réalité. « Enarque » indien sans ville, l’impression d’un univers absur- un livre sur l’Inde, sur la coupure u poète bengali Loke- fusion augmente : il ne sait plus où rya reprend, en le développant jus- illusion âgé de 43 ans, il mène de con- de qu’aucun envoyé du gouverne- entre les villes et les campagnes, nath Bhattacharya, dis- il a garé sa voiture, il ne sait même qu’à l’étourdissement, l’un des thè- cert depuis une douzaine d’années ment ne saurait jamais vraiment entre l’élite des métropoles et les paru soudainement le plus trop à quoi ressemble sa voitu- mes majeurs de son œuvre : l’incerti- une vie de haut fonctionnaire, de changer. Pratiquant l’onanisme com- « bouseux » des provinces, qu’Agas- 23 mars 2001 à la suite re… Un reste de lucidité lui fait alors tude. Dans quel rêve sommes-nous, père de famille tranquille et d’écri- me un forcené dans la chambre de tya observe avec un mépris amusé. Dd’un accident de voiture en Egypte, penser : « Aujourd’hui, c’est clair, je ou, mieux, dans le rêve de qui som- vain. Il a déjà publié trois livres et son son bungalow, fumant joint sur joint « En fait, explique Chatterjee, ce livre nous parvient ce livre posthume, à suis destiné à perdre, à tout perdre. » mes-nous ? A quelle représentation premier, écrit au début des années et frayant avec des personnages dou- n’avait pas pour but de se moquer de la fois celui d’un conteur, d’un Et c’est bien une lente et inexorable assistons-nous ? Sommes-nous 1990, Les Après-midi d’un fonctionnai- teux tout aussi « déjantés », Agastya la haute administration indienne. Et rêveur, d’un égaré. Son titre s’en entrée en perdition qui s’ébauche. spectateurs ou acteurs ? Pourquoi re très déjanté (traduit de l’anglais par fait peu à peu l’apprentissage de la mon héros aurait tout aussi bien pu tient à un énoncé banal, à une préci- Tout ce qui s’accomplit d’ordinaire faudrait-il être au rendez-vous de Clarisse Busquet, éd. Robert Laffont) vie en brandissant son cynisme com- être une sorte de Mère Teresa local. Ce sion d’ordre temporel habituelle- sans problème, sans même qu’on sept heures et demie ? Pourquoi ne conte, dans un style délibérément me un bouclier protecteur contre le qu’il y avait d’important pour moi ment sans conséquence, si ce n’est ait à y penser, se met à résister, pas s’inventer une autre vie en s’abî- provocateur, l’errance d’un jeune sta- non-sens. c’était de montrer le choc entre des l’obligation, pour qui veut assister à devient incontrôlable. Les êtres et mant dans la contemplation d’une giaire fraîchement émoulu de l’In- « Tu as l’air d’un acteur de film Indes qui ne se comprennent pas. » un spectacle, de respecter l’horaire. les choses se révèlent indifférents, peinture populaire de Madhubani ? dian Administrative Service (IAS). porno mince et vicelard », lui avait dit Upamanyu, comme son héros, débu- Le narrateur ne demande d’ailleurs malfaisants, hostiles, comme si une Pourtant, in extremis, une notation Agastya, c’est le nom du personna- son meilleur ami à New Delhi avant ta lui aussi sa carrière dans un qu’à obéir à cette règle, mais insensi- vengeance imprévue était en train aussi brève qu’une réplique de ge, a été nommé dans l’un de ces son départ. « Je préférerais jouer dans endroit semblable. Mais l’auteur blement toutes ses tentatives pour de s’accomplir. Mais qui voudrait se Samuel Beckett vient congédier le milieux de nulle part de l’Inde profon- un film porno qu’être fonctionnaire », assure avoir été, à l’époque, infini- « être à l’heure » vont tourner au venger d’un homme si modeste au doute : « Rien à regretter. » Trois de et c’est bien son drame : là-bas, le répond Agastya. Le ton est donné. Et ment « moins immature » qu’Agas- désastre. Il ne s’agit d’abord que de point de le rendre étranger à toute mots de sagesse au bout d’un égare- jeune homme élevé à l’anglaise dans continue sur le même registre tout tya… petites interrogations personnelles réalité ? Car c’est à cette sorte d’exil ment sans fin. les meilleurs collèges, de surcroît issu au long du livre. L’un de ses collègues B. Ph. sur les raisons qui régissent ses radical que semble condamné le nar- André Velter
a L’ÉMEUTE téresse pour Sophie Bastide-Foltz, Actes Sud, a LA LIANE DU mes saisies à tous les âges, de l’en- Roman fait de Shashi Tharoor la première 300 p., 23 ¤). DÉSIR fance à la maturité. Sur fond de vivacité et Une jeune Américaine tra- fois à son pas- a LA SPLENDEUR DE MAYA de Chitra d’exil, de quête d’identité, de choc de simplicité, vaillant pour une organisation sé et se met à de Krishna Baldev Vaid Banerjee des cultures entre l’Inde et les vivacité des humanitaire dans une petite ville pratiquer la Six nouvelles d’un romancier et Divakaruni Etats-Unis, l’auteur nous offre un dialogues et du nord de l’Inde est tuée lors d’af- marche à pied dramaturge né en 1927, traducteur A Calcutta, recueil d’histoires tendres et simplicité du frontements violents entre hin- dans les quar- en hindi de Racine et de Beckett et une jeune émouvantes. Une vieille femme style, sans arti- dous et musulmans. Personne ne tiers pauvres qui aborde non sans humour le femme ne sup- de Calcutta s’installe chez son fils fice, il s’agit pouvait lui en vouloir et la thèse de Calcutta. problème de la difficile coexis- porte plus aux Etats-Unis et prend d’un récit pur officielle est qu’elle s’est trouvée Une fresque tence entre communautés hindoue son mari et sa conscience qu’elle n’a pas sa place et réaliste de « au mauvais endroit au mauvais familiale féro- et musulmane en démontant systé- belle-mère auprès de cette famille déracinée l’Inde contem- moment ». La réalité est plus com- ce et drôle matiquement ce que Rushdie acariâtre ; elle (« Mrs Dutta écrit une lettre »), poraine. plexe, comme l’indique la reconsti- qui est aussi toute l’histoire de appelle « l’absolutisme du pur et de quitte le foyer pour élever sa fille les retrouvailles d’un père et L’auteur dresse le portrait d’un tution de l’affaire à travers une l’Inde contemporaine (traduit du la vérité » (traduit du hindi par seule. En Californie, une jeune d’une jeune femme brisée par l’ab- individu attachant au sein d’une multiplicité de points de vue et de hindi par Annie Montaut, Galli- Annie Montaut, éd. Caractères, Indienne vient de faire une fausse sence de ce dernier pendant son société particulièrement hiérarchi- sources divergentes. La virtuosité mard, « Du monde entier », 390 p., 144 p., 12 ¤). couche et tente de reprendre goût enfance (« L’Amour d’un homme sée. Santou Babou, un jeune d’une écriture polyphonique qui 29 ¤). a SANGATI à la vie. Lorsque deux destins se bon »), une femme qui se replon- Indien de classe moyenne vivant permet d’appréhender quelques- a SUR LES RIVES DU FLEUVE MAHÉ de Bama croisent, ceux de deux cousines ge avec nostalgie dans le journal dans une petite ville d’Inde du uns des multiples visages de l’Inde de Mukundan Elles ont tout juste le droit de se liées par une enfance commune et intime de ses 15 ans (« Les Erreurs Nord, nous dévoile son existence (traduit de l’anglais par Claude L’année 1954 à Mahé, port de la taire, et pourtant, il faut bien des souffrances partagées, inconnues de nos vies »)… (nou- qui ressemble à une subtile tragi- Demanuelli, Seuil, 336 p., 20 ¤). côte du Kerala que les Français qu’elle prenne la parole pour faire l’auteur parvient à saisir avec jus- velles traduites de l’anglais par comédie, entre sa mère très pré- a KALI-KATHA occupent toujours sept ans après triompher la justice. Chronique tesse une situation et des caractè- Marie-Odile Probst, éd. Philippe sente, son épouse à la fois soumi- d’Alka Saraogi l’indépendance de l’Inde mais d’un village tamoul où les femmes res empreints de réalité (traduit Picquier, 18 ¤, 228 p.). Du même se à la tradition et aspirant à une Depuis qu’il est tombé sur la qu’ils s’apprêtent à quitter. Un épi- revendiquent leur place contre la de l’anglais par Françoise Adels- auteur, La Maîtresse des épices (tra- certaine modernité, son patron tête à l’âge de 72 ans, Kishore sode peu connu de l’histoire de domination masculine et le pou- tain, Plon, 330 p., 20 ¤). St. L duit de l’anglais par Marie-Odile alcoolique et tous ceux qui ani- Babou n’est plus le même. Tyran- l’Inde et la chronique romanesque voir des castes par une intoucha- a LES ERREURS INCONNUES Probst, éd. Picquier poche, 348 p., ment son quotidien (traduit de nique, arrogant, ce patriarche haute en couleur de ce comptoir ble née en 1958 (traduit du tamoul DE NOS VIES, 8,5 ¤). St. L. l’hindi par Nicole Balbir-de- d’une famille de marchands est rendu célèbre par une chanson de par Josiane Racine, L’Aube, de Chitra Banerjee Divakaruni a LA CHEMISE DU DOMESTIQUE Tugny, éd. L’Eclose, 289 p., 23 ¤). tout à coup devenu humble, il s’in- Guy Béart (traduit de l’anglais par 180 p., 15 ¤). G. Me. Ce sont des portraits de fem- de Vinod Kumar Shukla St. L. IV/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 LITTÉRATURES La conversation, ou l’invention de l’« honnête homme » Dans un passionnant essai sachant mettre en perspective comme en écho les figures des femmes de l’Ancien Régime qui fixent les usages d’une nouvelle civilité, Benedetta Craveri lit l’art de la conversation comme la fusion d’une éthique et d’une esthétique
L’ÂGE DE LA CONVERSATION curable nostalgie dont souffrirent Mais cette merveilleuse promena- (La civiltà della conversazione) les émigrés, orphelins d’un art de de délivre aussi une leçon plus de Benedetta Craveri. vivre à jamais perdu ? « Il me semble ténue. C’est là en effet que se redéfi- Traduit de l’italien par Eliane reconnu que Paris est la ville du mon- nit, revanche de la noblesse, l’« hon- Deschamps-Pria, de où l’esprit et le goût de la conversa- nêteté » de l’ère moderne. Gallimard, 496 p., 28,5 ¤. tion sont le plus généralement répan- Exorcisme d’un recul, la conversa- dus ; et ce qu’on appelle le mal du tion devient le lieu d’équilibre pré- adame du Deffand ne pays, ce regret indéfinissable de la caire entre les prescriptions de la craignait rien tant que patrie (…) s’applique particulièrement représentation sociale et les nouvel- de s’« ennuyer à la à ce plaisir de causer que les Français les aspirations individuelles. Un mort ». Pourtant, lors- ne retrouvent nulle part au même « monde » nouveau en naît, établis- queM la cécité la gagna, ses yeux degré que chez eux », observait Mme sant un savoir-vivre qui s’appuie sur éteints ne fixant plus que la nuit, de Staël dans De l’Allemagne, avant une rhétorique inédite, où la prati- c’est là que son angoisse devint la de conclure : « La parole n’y est pas que prime la théorie. L’intuition psy- plus forte, l’abîme du néant le plus seulement, comme ailleurs, un moyen chologique, l’art de l’improvisation vertigineux. Si elle s’en ouvrit à Vol- de communiquer ses idées, ses senti- comptent désormais autant que les taire comme à Walpole, elle n’en lais- ments et ses affaires, mais c’est un ins- connaissances, et le langage offre sa rien paraître, la vie mondaine res- trument dont on aime à jouer, et qui une autre entrée à l’illusion baro- tant la distraction par excellence et ranime les esprits, comme la musique que. Subtilement décliné, l’esprit sa meilleure thérapie. Aussi l’hôtel chez quelques peuples, et les liqueurs définit une nouvelle politesse et les parisien de la rue Saint-Dominique fortes chez quelques autres. » limites de l’humour toléré, comme ne cessa d’accueillir le milieu littérai- celles de l’éloquence du corps re. Son salon tendu de soie jaune, ’ (regard et gestes). Si certaines auquel la lumière des chandeliers Tout semble naître en fait deux critiques visent une mission éthique conférait une fluidité chaleureuse a siècles plus tôt, vers 1618, lorsque et esthétique qui masque l’hypocri- bruit jusqu’au bout de conversa- Mme de Rambouillet se retire de la vie sie (Le Misanthrope, de Molière), les tions. Puisque, lorsque s’effacent for- de cour, quittant le « théâtre du règles nouvelles d’un échange, qui mes et couleurs, n’existe plus que le monde » pour un espace privé où, Détail de « Conversation de dames en l’absence de leurs maris », d’après Abraham Bosse (début du XVIIe siècle) suppose la cooptation comme langage. en accueillant ses familiers, elle s’ef- l’égalité des partenaires, offrent une Naguère, la Romaine Benedetta forçe de tenir à distance la violence noblesse, désormais bridée, puisse bleue à la scandaleuse Mme du Ten- le), les amitiés (Mme de Sévigné et arme si efficace que les Lumières en Craveri nous offrit un passionnant des instincts et du siècle, comme la se reconnaître sous le gouverne- cin, qui conquiert sa liberté avec une Mme de La Fayette, Ninon de Lenclos feront un arsenal décisif. Même si portrait de la marquise, brossant par- tutelle de l’Eglise, choisissant le lan- ment des femmes. Si plus tard détermination n’ayant plus cours à et la veuve Scarron, future Mme de Fontenelle déplorait, avant Ligne, delà la peinture d’un caractère d’ex- gage comme bouclier, le verbe con- Fénelon s’alarmera de la « dévirilisa- l’aube du XVIIIe siècle – on jurerait Maintenon) ou les plus discrètes que la guerre « gâte la conversa- ception le tableau d’un siècle (1). tre l’épée. Tandis que Richelieu enrô- tion » d’une société fondée sur l’oisi- une frondeuse égarée une régence mais admirables figures de Mme de tion ». Elle ouvre aujourd’hui plus large- lait les anciens codes de courtoisie veté et le loisir, la galerie de portraits trop tard –, mais incarne au mieux la La Sablière et de Mme de Lambert. Philippe-Jean Catinchi ment l’angle pour camper un Age de comme instruments de coercition et que propose Benedetta Craveri fait sociabilité militante et cosmopolite Autant d’entrées pour camper des la conversation qui s’avère d’abord de contrôle au service de l’absolutis- raison de cette misogynie. D’Arthé- des Lumières. En passant par les options qui forment le puzzle d’une (1) Madame du Deffand et son mon- être celui des femmes. N’est-ce pas me, les salons parisiens s’essayèrent nice – pseudonyme de la « précieu- figures « politiques » (Mme de Lon- aventure où le goût comme la littéra- de (Seuil, 1987, réédition augmen- l’une d’elles qui a le mieux noté l’in- à inventer une nouvelle civilité où la se » Rambouillet – et sa Chambre gueville et La Grande Mademoisel- ture s’inventent. tée en « Points », 1999). Lumière du Nord Ferveurs mystiques « Ascèse contre Une sœur ouvrière est exclue de l’ordre pour Les héroïnes de Nathalie Rheims et de Nitya Varnès entrent au militantisme syndical. Elle parle avec les anges couvent. Michel Séonnet s’interroge sur Dietrich Bonhoeffer Prozac »
LES FRUITS POUSSENT quette, dans la petite communauté L’ANGE DE LA DERNIÈRE HEURE volonté d’expier, interdiction de se résistant durant dix ans avant INTERDIT À TOUTE FEMME DANS LES ARBRES des sœurs du Sacré-Cœur, pronon- de Nathalie Rheims. regarder dans les miroirs, et fascina- d’être arrêté et conduit à la prison ET À TOUTE FEMELLE de Dominique Sampiero. ce ses vœux perpétuels et devient Flammarion, 188 p., 15 ¤. tion pour des séductions, voire des militaire de Tegel, où il écrivit ce de Christophe Ono-dit-Biot. Flammarion, 408 p., 18 ¤. sœur Bernadette. sorcelleries, des lieux maudits. livre icône : Résistance et soumis- Plon, 380 p., 18,50 ¤. Bientôt, « fini le cocon du cou- LA DENTELLE DES HEURES L’héroïne devient pur esprit, sion. Lettres et notes de captivité (1). CELUI QUI DIT LES MOTS vent » : elle pratique les soins à de Nitya Varnès. jusqu’à redevenir immortelle, tout Séonnet veut rendre justice à ces hristophe Ono-dit-Biot, AVEC SA BOUCHE domicile, accompagne les mou- Plon, 264 p., 17 ¤. en faisant des rêves fantastiques pages qu’il a lues, recopiées, anno- 27 ans, écrit avec une de Dominique Sampiero. rants. Sillonnant le Cambrésis à où résonnent des chants tziganes tées, invoquées ; il se rend à Berlin, sorte d’allégresse venge- Gallimard, « L’Arbalète », Mobylette, elle est une des premiè- SANS AUTRE GUIDE NI LUMIÈRE et où les cadavres n’ont plus dans un hôtel près de Tegel, et resse. Il a de l’énergie et de 82 p., 10 ¤. res sœurs à partager, à titre expéri- de Michel Séonnet. d’yeux, une « plaie palpitante à la retrace les années de braise du théo- Cl’humour, ce qui augure bien de son mental, la vie des ouvriers : elle est Gallimard, « L’Un et l’autre », place du cœur », des bras qui se logien. Journal rythmé par des cita- avenir – et des ennuis qu’il va avoir urtout, ne pas perdre le successivement embauchée dans 150 p., 16,50 ¤. détachent du corps et tombent à tions de Bonhoeffer (« Notre force avec les nombreux amateurs de tris- Nord, sa lumière, sa fraî- un atelier de confection, employée terre lorsque les mains veulent se intérieure sera-t-elle assez grande tesse. Pour son deuxième roman, cheur drue : c’est la « plaini- à l’épluchage des endives (ou plutôt a fatalité du deuil hante les joindre pour esquisser le geste de pour résister à ce qu’on nous impo- ambitieux, il a choisi de mêler, avec tude » de son pays natal, des « chicons : endives, c’est pour les textes de Nathalie Rheims, la prière. Il y a ici une extrême dévo- se ? » ; « Je réfléchis souvent au fait habileté, deux univers de l’excès, Sque l’on retrouve dans le nouveau Parisiens »). Elle travaille enfin dans sans que jamais la sépara- tion en même temps qu’un vertige que les israélites ne prononcent celui des branchés bourgeois fran- roman de Dominique Sampiero. Il y une chocolaterie, où elle mène la tion d’avec les êtres perdus dont on attend avec intérêt les pro- jamais le nom de Dieu, et je le çais et celui du mont Athos, « lieu retrace la vie de Thérèse Felici, une révolte contre la pauvreté, aux Lsoit perpétuelle. Elle les décline chains symptômes. comprends toujours mieux » ; « Que sacré dédié au silence et à la chas- des premières sœurs ouvrières. On côtés des délégués syndicaux : c’est comme des variations sur la C’est au sortir de la première signifie une vie chrétienne dans un teté ». D’un côté, le no future,la est au creux d’un village, dans ce un beau portrait de personnage communion entre les morts et les guerre mondiale que l’héroïne de monde sans religion ? »…) et par des cocaïne, la bouteille de champagne à pays « ébouriffé en haut, tout nu en impulsif, haut en couleurs, qui paie vivants, corps séparés mais âmes Nitya Varnès décide d’entrer au car- considérations sur les conflits « 450 ¤ TTC » à Saint-Trop’, « lieu bas, avec des arbres droits comme sa générosité par la double solitude vives. Qu’il s’agisse de L’Un pour mel. La Dentelle des heures, premier contemporains, l’Irak, l’Afghanis- du spleen friqué », de l’autre, le repli, des “i” », où les douaniers pourchas- d’un licenciement et d’une exclaus- l’autre, tombeau dédié à son frère roman d’une écriture tenue, est la tan, la difficulté à « affronter les l’austérité, univers uniquement mas- saient jadis, dans les sentiers, les tration. Louis quasi réincarné dans la figure confession de Mélanie, 26 ans, qui puissances du mal grâce à sa pure- culin, « tous identiques, la toque noire « blauwers » passeurs de dentelles. Un autre texte de Dominique du comédien Charles Denner de sa cellule retrace ce que fut une té ». Pourquoi l’absence de Maria, posée sur les cheveux longs ramenés Thérèse s’est retirée là, dans sa mai- Sampiero – une prose poétique, (Folio nº 3491), de Lettre d’une existence de petite fille choyée, pro- sa fiancée, dans son livre de captivi- en chignon derrière la tête, la soutane, son de « briques et de broc », entre nocturne et tourmentée – évoque amoureuse morte, où deux femmes mise à un mariage conformiste, et té ? Pourquoi le nom de Bonhoef- noire également, fermée jusqu’au col son chat Yédouchka et son pom- l’étrange expérience d’un poète disparaissent pour mieux se retrou- justifie sa décision de prendre le voi- fer, dit Séonnet, ne fut-il jamais cité ou bien ouverte sur le poitrail »: mier. Elle se rappelle son enfance redécouvrant son propre texte, La ver flamboyantes (Folio nº 3744), le, détruire son passé, se retrouver parmi les martyrs. « Esprit de sacrifi- « ascèse contre Prozac ». de fillette aussi « p’tiote » que Lumière du deuil , à travers la lecture la romancière, née de confession sans attaches, pour échapper à ce, don de soi, et toutes ces choses, Le lien entre les deux : l’éternelle remuante, et tous ses proches : de deux acteurs. « Celui qui dit les juive, est chaque fois fascinée par la « l’atroce angoisse du monde » : jamais il n’accepte ces mots, pas histoire du « je t’aime moi non « maman Yvonne » et « matante » mots avec sa bouche, les mots de thématique chrétienne de ce mira- implacable radioscopie d’un amour même qu’on parle de souffrance. On plus ». Gabriel, ami de Paul, Léonie, et les légumes déposés pour l’autre, écrits pour trahir, pour man- cle et par ses pompes : d’une dispa- maternel étouffant, d’une bourgeoi- n’a pas le droit de dramatiser les cho- Raphaël et Octave, aime Faustine. l’âne de saint Nicolas. « Papa quer, creuser le vide entre Dieu et sa rition s’ensuit une résurrection. sie confite dans les préséances, ses, il dit. Sa vie, sa mort, c’est en Celle-ci fait un enfant avec Octave, André », plombier zingueur devenu colère, celui-là risque la vie du tex- L’Ange de la dernière heure, livre d’une idylle avec un amant (marié) elles-mêmes qu’elles doivent trouver qui, avant même la naissance, s’en- wattman, qui meurt trop tôt d’un te. » Là aussi reviennent des che- à deux voix, est construit sur cette trop indécis. Ici, il y a moins de quê- leu raison, leur sens… » Celui que fuit au Mont Athos. Faustine deman- « chaud et froid » ou plutôt de la mins « d’enfance noire », des fenê- obsession. D’un côté, une femme te religieuse qu’un défi : Mélanie Séonnet est venu chercher à Berlin de à Gabriel, qui devait partir pour tuberculose. Et le grand frère si pro- tres de village murées, des ruisseaux qui, jadis, a aimé, une fois, un hom- n’a pas la foi, elle s’ennuie, elle fuit dans ce beau livre de chevet n’est Ibiza avec Paul et Raphaël, de le tecteur, Raymond, qui, réparant un et des saules. Sampiero, poète de la me en soutane disparu depuis dans cette impression d’être un objet, « ni un héros ni un saint ». Il est retrouver. Il accepte. Sans le lui dire, toit, succombe après une chute acci- Vie pauvre et de la Fraîche évidence, un accident d’avion, en eut une elle doute même que la vérité se venu « savoir ce que c’est être un Paul et Raphaël renoncent à Ibiza dentelle. éprouve aussi l’angoisse liée au sur- fille, et n’a jamais connu d’hommes réfugie dans le dépouillement. homme. Et il n’y a pas de monument pour tenter de le rejoindre. S’ensuit Thérèse : une enfant « pas com- gissement violent, désordonné depuis, « fidélité insensée » (décal- C’est l’inventaire d’une irrémédia- pour ça ». une odyssée étrange et loufoque, me les autres » qui ne confie qu’à d’une parole arrachée au mutisme, que de la Vierge) ; de l’autre, cette ble solitude, d’une existence sans Jean-Luc Douin très bien menée par Christophe Ono- quelques-uns – et surtout pas à sa d’une lumière dérobée à la nuit : enfant, visitée par le bien comme pulsions de vie ni d’agir, sans jouis- dit-Biot, qui a le sens du suspense, mère – sa vocation religieuse. Après parole claudicante, heurtée, meur- par le mal (elle eut, gamine, le sances charnelles. Le désir d’être (1) Les œuvres de Dietrich Bonhoeffer un goût pour la critique sociale féro- l’école, où elle excelle dans les par- trie, prenant le risque du manque, corps électrisé, paralysé par une hors du monde par insatisfaction, à ont paru aux éditions Labor et Fides, ce, tant à l’égard de Paul et Raphaël, ties de balle au prisonnier, après le de la chute. tumeur diabolique, avant de se rele- essayer d’appliquer la phrase de Genève. caricatures de jeunes « bobos » certificat d’études, elle entre, à Mar- Monique Petillon ver alors qu’on la croyait enterrée). saint Paul : « Savoir convertir son (bourgeois bohèmes), que des « des- A 22 ans, la fille choisit de s’enfer- regard. » La métamorphose en une perados », ayant rénoncé à « fêtes, mer dans un couvent ; tandis que sorte d’ange, sans chair ni désir, si orgies, drogues et paillettes », pour sa mère s’abîme dans la douleur de ce n’est la gourmandise. Sous la venir sur l’Athos « nettoyer » leur cette brutale séparation, la fille robe de bure, « grossir ou pas ne âme, se « purger » des passions. poursuit un itinéraire mystique change rien ». On ne s’ennuie pas en suivant afin, non pas tant de rejoindre Dieu Michel Séonnet a déjà exploré les Gabriel dans ce coin de Grèce censé que son père, qu’elle n’a jamais héritages des pires guerres du être destiné à la prière et au recueille- connu, et à travers lui sa mère que XXe siècle. Tentative de rédemption ment. L’aventure comporte ce qu’il tourmentent par ailleurs des désirs de la fille d’un Waffen SS par l’ac- faut d’inattendu – un cadavre qu’on obscurs. Au duo mère-fille se joint tion révolutionnaire terroriste dans croit être celui d’Octave –, de dan- dans cette campagne reculée du Que dirai-je aux enfants de la nuit ? gers – un trafic d’armes… Avec monde un troisième larron que l’on (Verdier, 1994), stigmates de la Gabriel en héros, Octave en statue nomme « l’étranger ». guerre d’Algérie dans La Tour Sarra- du Commandeur, Paul et Raphaël Ce livre, dont les « révélations » zine (Verdier, 1996). C’est à la pre- en avatars des Pieds-Nickelés. sont aussi romanesques, orchestre mière personne qu’il témoigne Quant au happy end… bonne un rituel assez troublant d’attrac- aujourd’hui des traces laissées par chance ! tions mêlées : ivresse d’absolu, le pasteur Dietrich Bonhoeffer, Jo. S. LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/V ESSAIS Le socialisme des « gens ordinaires » En appui de la critique du livre de Jean-Claude Michéa qui propose notamment de découpler l’idée socialiste du libéralisme, Paul Alliès, professeur de science politique, réfute une thèse qui, selon lui, fait l’impasse sur plusieurs états de la connaissance
IMPASSE ADAM SMITH Jean-Claude Michéa, qui a visible- indispensable dans la lutte contre Brève remarque sur ment le goût du paradoxe (« non l’antisémitisme. l’impossibilité de dépasser seulement une certaine sensibilité Aujourd’hui, les effets pervers de le capitalisme sur sa gauche conservatrice n’est pas incompatible ce pacte-fusion se retrouveraient de Jean-Claude Michéa. avec l’esprit révolutionnaire, mais dans la figure du « libéral-libertai- Climats, 186 p., 16 ¤. l’histoire montre qu’elle en est géné- re », du nomade ou de l’exaltation ralement la condition »), n’évite pas d’une jeunesse dont les transgres- et ouvrage, aussi dense toujours les embardées de ce côté- sions servent à la bonne marche que stimulant, apporte sa là. Mais, pour l’essentiel, le propos des affaires (comme dans l’indus- pierre philosophique aux reste tenu autour d’une critique trie du rock). Ces postures libertai- propositions de recons- roborative du capitalisme menée res sont aux antipodes de l’idéal Ctruction d’un édifice bien ébranlé au nom de la notion de « décen- anarcho-syndicaliste, qui a les depuis le premier tour de la prési- ce », entendue comme la vertu faveurs de l’ouvrage, car elles dentielle le 21 avril : le socialisme. qu’ont les « gens ordinaires » –le rompent les solidarités effectives et Certaines des voix qui proposent peuple – à pratiquer la solidarité isolent plus encore l’individu dans de résoudre la crise par un retour réciproque sans chercher à se domi- une monade où se perd « le goût aux sources du XIXe plaident pour ner mutuellement. des autres », où il n’est plus qu’un que soient renoués les liens entre le C’est que, pour l’auteur, le capita- rouage... socialisme et l’idée libérale. Le che- lisme ne se confond pas avec le Retourner aux sources du socia- min qu’ouvre ici Jean-Claude sens de l’histoire. Il s’agit d’abord lisme consistera donc à remonter Michéa peut paraître plus tortueux, d’une option métaphysique, ce que au sens qu’avait le mot lorsqu’il fut plus risqué aussi, dans la mesure où symbolise ici l’allusion à Adam forgé au tournant des années 1830 il propose, au contraire, de décou- Smith. Si cette option s’est imposée en France par Pierre Leroux com- pler l’idée socialiste du libéralisme, comme l’ordre du monde, c’est me l’opposé de l’individualisme. de l’idéal républicain et de celui du qu’elle a croisé une conjoncture L’altruisme des « gens ordinaires »
rationalisme des Lumières – sans économique pour la porter. Faut-il (la « common decency » chère à pour autant manifester aucune nos- pour autant considérer comme une Orwell, dont la pensée inspire bon talgie des hiérarchies propre à vérité scientifiquement démontrée Non, estime Jean-Claude montré à partir de l’Essai sur le don si, depuis longtemps érigé en nombre de ces pages), la chaleur l’« univers théologique ». que l’individu, une « canaille » par Michéa, qui affirme que les mythes (1932), de Marcel Mauss, que les valeur suprême le progrès et la des communautés de travailleurs Une habileté d’orfèvre est requi- essence, ne puisse être conduit que scientifiques du capitalisme ont été formes humaines de l’échange modernisation. Cette gauche-là, seront opposés au « citoyen abs- se pour éviter les rets propres à par la considération de ses propres depuis longtemps battus en brèche. n’étaient pas toutes réductibles à Jean-Claude Michéa la fait remon- trait » ou à l’« homme égoïste ». vous faire tomber dans la catégorie intérêts rationnellement conçus, Les sciences sociales, dit-il, ont l’idéologie utilitariste. Il n’est donc ter à l’affaire Dreyfus, quand les En admettant, avec l’auteur, qu’il en vogue des « nouveaux réaction- ou qu’une « main invisible » (autre renoncé depuis les années 1970 à pas invraisemblable d’y réintrodui- républicains héritiers des Lumières soit bien sûr que tout sursaut d’An- naires » désignés par Daniel Linden- concept de Smith) métamorphose découvrir une quelconque formali- re une dimension éthique. pactisent avec les socialistes, même cien Régime ait été définitivement berg (« Le Monde des livres » du 15 inéluctablement les vices ou les pas- sation mathématique de la théorie Or la gauche n’est plus capable si, tient-il à préciser pour prévenir écarté. novembre). Disons-le tout net : sions privées en vertu publique ? du marché. Elle ont, en revanche, d’un tel pas parce qu’elle a, elle aus- toute ambiguïté, cette alliance fut Nicolas Weill Impasse Michéa, ou de la difficulté de se débarrasser de la gauche
ean-Claude Michéa est un une certaine gêne devant le sché- considérant sous le seul angle la chute du mur de Berlin « cha- veaux codes de comportement et telle entre l’accélération des échan- auteur rare et excitant. Très matisme des classifications com- approprié, à savoir de bas en que victoire de la Gauche corres- de conduites d’autre part. Michéa ges marchands et « une configura- J économe de ses écrits et plus me des périodisations. L’âge d’or haut ». Ce genre de posture n’em- pond obligatoirement à une défaite non seulement n’évoque jamais la tion philosophique particulière ». encore de ses propos, il conju- serait celui des chartistes, luddi- porte évidemment aucune pers- du socialisme ». D’évidence, les question des formes de la démo- On reste perplexe devant tant d’ gue une solide connaissance de la tes et autres tisserands de Silésie pective ni sur les modes de repoli- nombreux et riches travaux sur la cratie (ce que faisaient pourtant si importance donnée à la seule for- philosophie avec une vive curiosi- résistant à l’industrialisation au tisation des électeurs du Front généalogie des organisations parti- bien les chartistes anglais qu’il ce des idées nonobstant les condi- té pour tout ce qui peut expliquer début du XIXe siècle. Leur feraient national ni sur la tragique alliance sanes ne l’intéressent pas, bien donne tant en exemple), mais il tions pratiques de leur réception les méfaits de la société du specta- écho des populismes de tous entre les colons et les pauvres en que ce soit là une question centra- ramène l’histoire de cette civilisa- et assimilation à une échelle de cle. Plongé professionnellement ordres dont le point commun Israël pour ne citer que quelques le du fonctionnement de la démo- tion très complexe de la représen- masse. Tout un courant s’est déve- dans le vivier toujours renouvelé serait d’être aujourd’hui stigmati- cas bien concrets. La Gauche, cratie. Mais c’est là la deuxième tation à une simple faute philoso- loppé autour de l’histoire sociale du « jeunisme », il cherche des sés par les nouveaux maîtres-pen- « simple machine politique desti- impasse dans laquelle il s’engage. phique commise par les Lumières. de celles-ci, qui, justement, met en antidotes susceptibles de former seurs. On ne saura donc pas s’il née à légitimer culturellement la L’histoire de la démocratie L’individu sujet de droit rendrait évidence en quoi les partis peu- une critique radicale de la moder- s’agit des fermiers américains des civilisation libérale » ne sert évi- représentative se réduirait-elle au impossible et impensable l’épa- vent être des entreprises culturel- nité. L’ouvrage qu’il publie aujour- années 1880, des différents demment à rien. Tant pis si elle a pari des Lumières fantasmant nouissement, dans des commu- les ou comment des procédures et d’hui en est une étape. Il mérite milieux intellectuels des classes produit une notion discriminante l’autonomie du sujet et de l’indivi- nautés d’appartenance, des clas- des institutions peuvent être des lecture attentive et réfutation moyennes privilégiant la paysan- durable, celle d’égalité, vecteur du ? C’est sur le terrain de la ses populaires organisées autour facteurs d’acculturation débou- tant sa thèse, en prétendant dévoi- nerie dans les mêmes années en durable de mobilisation contre conception de l’élection et de son de l’économie du don. Burke écri- chant sur des formes spécifiques ler l’impasse dans laquelle se Russie, ou des courants qui, après les politiques libérales. Passe ain- organisation qu’affleurent peut- vait dès 1790 que la Révolution de politisation ou de mémoire col- serait fourvoyé le « socialisme 1917, minoraient le rôle des cou- si par profits et pertes un siècle être le plus de contradictions. L’en- française allait à sa perte parce lective. Michéa n’en a cure : ouvrier », fait elle-même l’impas- ches urbaines dans la révolution au moins d’histoire, d’invention jeu est considérable : comment qu’elle avait voulu créer un hom- « Nous disposons pour la première se sur plusieurs états de la con- coloniale. Ce qui les relient entre l’électeur a-t-il fait l’ap- me nouveau, le citoyen, et rompre fois dans l’histoire moderne de naissance. Sa thèse, la voici : un eux, c’est bien l’anti-élitisme et a prentissage d’une autocon- avec la représentation des intérêts moyens philosophiques suffisants » « socialisme originel » aurait été l’appel au peuple comme rejet de Paul Alliès trainte par laquelle l’être réellement existants dans la socié- pour assimiler la promesse des pre- instrumentalisé par « la Gau- toute médiation politique, admi- et de transformation d’une forme social qu’il est devient un autre, le té. C’est un opportun rappel sur miers ouvriers européens du che », laquelle n’aurait rien fait nistrative ou sociale à partir originale, celle du parti, issue du citoyen, sans cesser d’exister en l’impossibilité de dépasser le libé- XIXe siècle. La messe est ainsi dite d’autre que socialiser la philoso- d’une vision dichotomique du mouvement ouvrier dans les pays tant que tel ? Quelles que soient ralisme sur sa droite. sans un mot sur les successives phie des Lumières, donc le libéra- monde allant jusqu’à des affirma- industrialisés. La discussion sur les variations cycliques du nom- L’histoire des idées enfin, tient révolutions du capitalisme indus- lisme. Le temps serait venu de tions identitaires, nationalistes l’épuisement possible de cette for- bre très composite des abstention- une grande place dans le propos triel et leur impact sur l’individuali- retrouver « l’autonomie philosophi- ou racistes. me aujourd’hui passe par une ana- nistes, ce mystère laïque reste au de Michéa. Par exemple c’est l’in- sation des rapports sociaux. que » d’un mouvement populaire Toute la verve de Michéa con- lyse rigoureuse des différents sys- cœur des réflexions sur la légitima- fluence de Saint-Simon dans les Autant d’impensés constituent en dehors du faux clivage gauche- tre les experts, les « politologues tèmes, en particulier le stalinis- tion du pouvoir et de l’autorité années 1820 qui aurait déclenché de trop sérieuses impasses pour droite. Cet énoncé soulève trois de l’ordre établi » et surtout les me. Curieusement, Michéa l’évo- dans nos sociétés. Une des pistes l’importation du libéralisme des pouvoir construire une alternative types de questions : sur l’histoire journalistes ne suffit pas pour que en creux si ce n’est avec nos- (ouverte par Norbert Elias) est Lumières dans le « socialisme intellectuelle à ce qu’est devenu le du mouvement ouvrier, sur l’his- définir politiquement sa référen- talgie, en soutenant que la bolche- dans l’étude des rapports entre ouvrier ». Si cela a pu se faire c’est libéralisme aujourd’hui. C’est l’es- toire de la démocratie représenta- ce à cette histoire. Il en reste un visation des années 1920 aurait l’individualisation de la société à « faute d’un ensemble doctrinal » sentielle limite de cet ouvrage qui tive, sur l’histoire sociale des fétichisme assez naïf de la sponta- aidé à « maintenir l’autonomie des partir du XVIe siècle en Occident, rendant impossible « l’autonomie en a la prométhéenne prétention. idées et le rôle de la philosophie. néité des « simples gens, ceux qui, travailleurs par rapport à la Gau- ses expressions philosophiques et philosophique ». Le projet capita- Sur l’histoire du mouvement par la force des choses, ont l’habitu- che républicaine ou libérale »,ou juridiques d’une part, et l’incorpo- liste lui-même ne serait rien e Professeur de science politique à ouvrier, on ne peut qu’éprouver de de déchiffrer une société en la encore pour énoncer que depuis ration physique et mentale de nou- d’autre que la rencontre acciden- l’université de Montpellier. VI/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 LIVRES DE POCHE-LITTÉRATURES « Folio » : trente ans et treize enfants C’est en 1972 que fut créée la célèbre collection de poche de Gallimard. Avec aujourd’hui pas moins de 4 700 titres à son catalogue et 250 nouveautés par an, elle couvre tous les domaines de la littérature et des sciences humaines. Rencontre avec son directeur Yvon Girard
our commencer l’année paris. Nous l’avons fait naguère avec 2002, celle de son trentième Hervé Guibert, avant son grand suc- anniversaire, « Folio », la cès public. Plus récemment avec collection de poche de Galli- Camille Laurens, qui était en “Folio” Pmard, a créé sa treizième « sous-col- avant d’obtenir le prix Femina, avec lection », le « Folio 2 euros », déjà Régis Jauffret… “Folio” vend, dans riche de 35 titres « et de 600 000 environ 5000 points de vente, 12 mil- exemplaires vendus », se félicite lions de volumes par an, à des prix Yvon Girard, directeur de « Folio », allant de 2 ¤ à 13,30 ¤. Le Livre de qui ajoute : « Lettre au père, de Kaf- poche vend plus de volumes, mais, cet ka, était depuis six ans en “Folio bilin- automne, nous avons été en tête des gue”. On avait vendu 4 500 exemplai- ventes de romans contemporains, grâ- res. En “Folio 2 euros”, on a vendu ce au cinéma, avec notamment L’Ad- 24 000 exemplaires en six mois. » versaire et Minority Report. » Yvon Girard, 55 ans, qui a la respon- « Folio », avec ses 30 ans, possè- sabilité de « Folio » depuis 1989, est de 4 700 titres au catalogue. Trois un éditeur heureux. Ce germaniste cents environ sont manquants alter- de formation, qui renonça à l’univer- nativement, « mais nous réimpri- sité en 1979 pour entrer chez Galli- 1973 1984 1995 1997 2001 mons, dit Yvon Girard, dès qu’un mard (représentant jusqu’en 1982, livre manquant est dans un program- puis chef des ventes), n’a « pas hési- généralement confiées à des dessina- En 1985, naît « Folio essais » – qui un auteur connu), « Folio Plus » D’une part je coordonne la program- me d’études, adapté au cinéma, té longtemps » avant d’accepter la teurs. Depuis, on préfère des photos reprend les textes de sciences humai- (qui, pour des ouvrages très pres- mation de l’ensemble des séries, mais etc. » Le best-seller absolu est tou- proposition d’Antoine Gallimard, ou des reproductions de tableaux. nes de la collection de poche crits dans les collèges, adjoint au tex- le choix est fait par d’autres éditeurs, jours L’Etranger, de Camus (6 mil- devenu PDG de la maison, de pren- Le premier âge de « Folio », dont « Idées » Gallimard, dirigée depuis te un dossier de travail), « Folio poli- par exemple Eric Vigne pour les lions d’exemplaires). Sartre est n˚ 7 dre en main « Folio ». Antoine Gallimard assure la direc- 1962 par François Erval – à laquelle cier », « Folio SF », et enfin, juste essais, Jean-Yves Tadié pour le classi- avec Huis clos, le premier étranger « Folio », c’était déjà toute une tion, est surtout consacré à exploi- s’ajoutent, en quelques mois, avant « Folio 2 euros », « Folio que ; d’autre part, je suis l’éditeur de est Steinbeck (8) avec Des souris et histoire, commencée en 1972, lors- ter le remarquable fonds littéraire « Folio histoire » et « Folio actuel ». documents », qui, accueillant des la littérature contemporaine, françai- des hommes (3 millions), la première que Claude Gallimard décida de ne de la maison Gallimard et de ses filia- « Et, en 1989, en me donnant la direc- ouvrages plus éphémères, liés à l’ac- se et étrangère. Tous les programmes femme est Marguerite Yourcenar pas renouveler son contrat avec le les. Le prestige du Livre de poche a tion de “Folio”, précise Yvon Girard, tualité, les reprend six mois après étant évidemment soumis ensuite à (35) avec Mémoires d’Hadrien Livre de poche (Hachette) et de évidemment souffert de se voir d’un Antoine Gallimard me fixe deux objec- leur parution (le délai pour les Antoine Gallimard. J’essaie d’avoir (1 300 000), Simone de Beauvoir créer sa propre collection. Personne coup privé des quelque 250 auteurs tifs principaux : développer “Folio” autres séries est de dix-huit mois), une politique diversifiée. Il y a, bien vient en 60e position avec Mémoires ne sait vraiment qui suggéra le nom Gallimard (dont Camus, Céline, Sar- dans le domaine littéraire en en les réactualisant (préfaces, sûr, les auteurs que nous souhaitons d’une jeune fille rangée, suivie immé- « Folio » – est-ce une antiphrase, le tre…) qui figuraient au catalogue. l’ouvrant à d’autres maisons que cel- postfaces, éditions révisées et aug- suivre. Ceux qui ont tous leurs livres diatement de Marguerite Duras folio étant un très grand format ? En 1977, Antoine Gallimard crée les du groupe Gallimard – aujour- mentées…). chez Gallimard, ceux aussi qui ont avec Hiroshima mon amour.«On ne Peu importe, l’idée était bonne, tout en outre une collection de « semi- d’hui 30 % de la production vient plusieurs éditeurs, mais tous leurs sait pas quelle sera la liste dans trente comme la décision d’inventer une poche », « L’Imaginaire », pour des d’autres maisons – et développer de « » ouvrages dans la même collection de ans, ce qui est passionnant, conclut couverture à fond blanc avec une textes plus complexes, plus margi- nouvelles séries. » C’est ainsi qu’à « Au total, nous publions 250 nou- poche, “Folio”. Ensuite, nous privilé- Yvon Girard, et ce que j’aime par- illustration, pour se différencier des naux (le premier tirage est de côté de « Folio » (130 nouveaux veautés par an, et, depuis plusieurs gions la découverte : amener à un dessus tout dans “Folio”, c’est sa couvertures très colorées du Livre 4 000 à 6 000 exemplaires, alors que titres par an), sont nées « Folio bilin- années, tous les textes sont recompo- public plus jeune que celui des nou- diversité, c’est la largeur du spectre. de poche. Jusqu’en 1985, les illustra- « Folio » ne descend pas au-dessous gue », « Folio classique », la « Folio- sés, et non photographiés, explique veautés en grand format des auteurs Je ne m’ennuie jamais. » tions de couverture étaient de 12 000). thèque » (qui propose un essai sur Yvon Girard. Ma fonction est double. pas encore confirmés. Prendre des Josyane Savigneau Les premières salves de René Char Hallucinant Arenas Préservés dans la belle édition parue chez José Corti, consignés dans « La Pléiade », Réédition d’une œuvre culte du romancier cubain, consacrée voici enfin ses premiers poèmes promis à un large public. Il aura fallu 68 ans à un moine réfractaire, et d’une farce sur l’esclavage
LE MARTEAU SANS MAÎTRE José Corti, premier éditeur de ce rien aux abois, frère, fuyard, étrangle allucinant : qui a une ri, comme le réalisme ainsi quali- scandale de l’esclavage tourné en de René Char. recueil, ou de « La Pléiade ». ton maître. Sa cuirasse n’est qu’une grande puissance d’illu- fié, lorsqu’on lut le roman en 1969 farce, les puissants en ridicule, et Poésie/Gallimard, 204 p., 6,40 ¤. Sa beauté sombre et son tran- croûte. Il a pourri la santé publique. sion, d’évocation. Au en France, envoyé sous le man- les basiliques en cimetières kitsch chant restent intacts. A le lire ou à le Autrement tu sombrais dans la ten- lecteur désabusé ou teau depuis Cuba en plein boom témoigne de cette « somme d’irré- l fut un temps où René Char relire, on comprend à quel point dresse. Entre les cuisses du crucifié se Hcurieux d’un exemple, on recom- de la littérature latino-américai- vérences » dont Arenas, déjà à (1907-1988) publiait ses Char fut tout à la fois un « locatai- balance ta tête créole de poète. » mande celui, éblouissant, d’une ne. De la minutieuse invention du bout de forces, approfondissait recueils à quelques exemplai- re » actif et virulent du surréalisme Le Marteau sans maître parut œuvre devenue culte, Le Monde style au service des prodiges, des encore l’expression. Ici l’art de res et s’en glorifiait. Selon lui, et un dissident dans l’âme. Ses tex- dans la plus grande discrétion le hallucinant de l’écrivain cubain fantaisies diaboliques et des cau- l’ironie, vif et désinvolte, est à éga- saI poésie se suffisait à elle-même : tes charrient une violence compri- 20 juillet 1934. Il fallut attendre la Reinaldo Arenas. Trois cents chemars dont le roman est farci, il lité avec celui de la fantaisie, et en « Il est réconfortant de penser que les mée, explosive. Une singulière deuxième édition, en 1945, pour pages de figures instables et sidé- faut retenir l’efficacité. « Vous équilibre avec le lyrisme des imbéciles n’en sauront rien », préci- empreinte sadienne court au tra- que le recueil reçoive un large écho. rantes, tirées comme d’un puits venez d’un pays qui existera bien- amants, que, comme une relique sait-il à la dernière page, dans la jus- vers des pages, mais aussi des ima- René Char n’était plus seulement le sans fond des lacunes de l’Histoi- tôt » : ce mot adressé à Servando tantôt futile, tantôt sacrée, Are- tification du tirage. Que lui impor- ges secrètes surgies du monde des jeune barbare de l’avant-guerre, re. Ou plutôt d’une histoire : celle par la peu bégueule Mme de Staël, nas a conservée mais dispersée en tait le nombre ? Il était lu et compris alchimistes, les pensées enfouies de mais le capitaine Alexandre, chef de du moine mexicain Servando Tere- couchée elle aussi dans ce livre, plusieurs voix – irréconciliables, par André Breton, Paul Eluard et son arrière-pays mental. Le verbe maquis héroïque dans le Sud-Est. sa de Mier, cet aventurier prédica- salue la puissance du roman, aus- bien entendu. « Ce n’est pas le Louis Aragon. Il avait 22 ans. Il cingle, les mots sont fouettés. Avec le recul d’une décennie, l’en- teur des XVIIIe et XIXe siècles « qui si révolutionnaire que des faits roman écrit par Cirilo Villaverde, venait de rallier le mouvement sur- Son recueil tient de l’aveu et du semble du volume parut annoncia- voulait faire frire le pape », et fut d’armes, capable d’écraser et avait prévenu Arenas, que je pré- réaliste avec Arsenal sous le bras. programme. « Les mondes en trans- teur des années noires. lui-même un combustible de d’étendre espace et temps, moins sente au lecteur (chose évidem- Cela se passait en 1929. Cinq ans formation appartiennent aux poètes Le poète lui-même l’affirmait hau- choix pour les feux des prélats total qu’« infini ». ment inutile), mais celui que plus tard, il allait récidiver avec Le carnassiers », affirme-t-il en guise tement dans sa présentation : «La qu’il frôla souvent. Féroce parti- Après ce deuxième roman j’aurais écrit à sa place (…). Libéré Marteau sans maître. C’est ce volu- de credo. Dès ces premiers textes, il clef du Marteau sans maître tourne san de l’indépendance mexicaine, d’avant l’exil aux Etats-Unis en du souci d’une intrigue spécifique, me que nous avons aujourd’hui condense ses émotions. Il écrit, ratu- dans la réalité pressentie des années il fut pour cela traîné sa vie durant 1980, Arenas continuera à ampli- on atteint l’essence pure de l’imagi- entre les mains, ce mince volume re, égorge le surplus, biffe pour arri- 1937-1944. » Et il est vrai que la chu- en diverses prisons d’Amérique et fier et à chahuter amoureusement nation, donc de la véritable créa- publié sous la jaquette de la collec- ver au suc pur. Et quand il parvient te du premier poème, écrite dans les d’Europe par les puissants de les modèles dont il s’inspire. L’un tion. » tion « Poésie » de Gallimard : l’his- au cœur, il corrige encore pour arri- années 1920 : l’époque. Un réfractaire hors pair, de ses derniers romans, La Colline Fabienne Dumontet toire littéraire retiendra qu’il aura ver au noyau. Nuage de résistance donc, parfaite icône pour Reinal- de l’ange, dont la rédaction précé- fallu 68 ans pour qu’il puisse tou- C’est le même révolté au cœur Nuage des cavernes do Arenas, lui-même en butte à la dera de quelques années son suici- e Le Monde hallucinant (El Mundo cher un large public. Il était jusqu’à incandescent qui écrit, en conclu- Entraîneur d’hypnose censure artistique, sexuelle et poli- de à New York en 1990, sera ainsi alucinante), de Reinaldo Arenas (tra- présent réservé aux heureux posses- sion d’un court poème, ces deux brillait et brille encore, comme frap- tique du régime castriste. Avec une « parodie sarcastique et ten- duit de l’espagnol – Cuba – par seurs de la belle et sobre édition de vers classés par beaucoup parmi les pée de lueurs. trois narrateurs discordants, dont dre » du roman anti-esclavagiste Didier Coste ; éd. Mille et une nuits, plus achevés de la langue française : Laurent Greilsamer lui-même et ce moine à tu et à toi, Cecilia Valde publié en 1882 par 296 p., 12 ¤). Des yeux purs dans les bois Reinaldo Arenas a fait un roman : un compatriote, Cirilo Villaverde, – La Colline de l’ange (La Loma del Cherchent en pleurant la tête e A signaler : René Char, le témoigna- « total », a-t-on souvent dit, « par comme l’histoire d’un drame angel), de Reinaldo Arenas (traduit habitable ge d’André Velter et une série de pho- trop de genres à la fois », comme le incestueux au cœur de Cuba. de l’espagnol – Cuba – par Liliane ou qui sonne le tocsin d’un mon- tographies de Marie-José Lamothe rappelle son traducteur Didier Dans la réécriture d’Arenas, on rit Hasson ; (Actes Sud, « Babel », de révolu dans Confronts :«Histo- (L’Atelier des Brisants, 140 p., 18 ¤). Coste, « magique », a-t-on renché- aux larmes sur de l’infâme. Le 190 p., 7 ¤).
a CRITIQUE DE LA SCIENCE-FICTION a SAKÉ DES BRUMES a LES CHIOTS de Jacques Goimard de Romain Slocombe de Mario Vargas Llosa Jacques Goimard, qui fut le critique de science-fiction Avoir miraculeusement survécu aux combats aériens Avec cette nouvelle tirée des au Monde dans les années 1970 et appartint à l’équipe de de la deuxième guerre mondiale et trouver bêtement la Chiots/les Caïds (Gallimard, 1974), la revue Fiction, a réuni en un recueil quelques-uns des mort dans un accident de la route en Normandie, une c’est dans la banlieue de Lima que articles, essais et préfaces qu’il a consacrés à un genre soixantaine d’années plus tard, c’est un comble pour un nous conduit Mario Vargas Llosa, en dont il a été un défenseur lucide (n’écrit-il pas que la S-F kamikaze japonais et c’est le point de départ de la nou- compagnie de Lalo, Ouistiti, Marlou, a ses Delly, mais aussi ses Proust ?) mais fervent, avant velle aventure de Gabriel Lecouvreur alias « le Poulpe », Fufu, une bande de jeunes chiens
de devenir l’un de ses éditeurs français les plus en vue. Le .-. imaginée par Romain Slocombe. L’accident bien sûr fous, aimant se défier balle aux pieds volume, qui regroupe des textes dispersés à l’envi dans était un assassinat déguisé et le vieil Isamu Hino qui ou sur les tremplins de la Terrazas. divers ouvrages et revues, s’ordonne en plusieurs grands chapitres qui abor- sillonnait la Normandie au volant d’une voiture de location pour visiter les Parmi eux, un nouveau venu, dent le problème de la définition du genre, ses thématiques, certains de ses musées militaires était accompagné de Yoko, sa petite-fille, ce qui permet à Cuéllar, surnommé Petit Zizi à la sui- auteurs essentiels – de Simak et Leiber à Michel Jeury, en passant bien sûr l’auteur, dans la droite ligne de ses romans policiers à la « Série noire », à la te d’un tragique accident. Malgré la par Dick ou Silverberg (ce qui donne à l’auteur l’occasion de tracer les gran- fois de revisiter un des épisodes les plus troubles de l’histoire du Japon et rude affection que lui portent ses con- des lignes d’une histoire de la S-F) – et bien sûr le cinéma de S-F, dont il dis- de réaffirmer sa fascination pour les petites Japonaises surtout lorsqu’un disciples, l’adolescent va vite se sen- sèque l’un des chefs-d’œuvre, à savoir 2001 : l’odyssée de l’espace. Que l’on harnachement de plâtres et de bandages vient ajouter une aura d’étrangeté tir mis au ban d’une société où la viri- partage ou non les opinions, les analyses et les théories de l’auteur, on lit à leur séduction naturelle. Donc une jeune fille accidentée, un kamikaze éli- lité et la réussite sociales font force avec intérêt et surtout beaucoup de plaisir les textes ici rassemblés. C’est miné mais aussi un réseau de pédophiles belges (les touristes japonais sont de loi. Une loi dont l’écrivain dépeint, qu’à une érudition sans faille et à une culture académique (mais jamais trop passés par Bruxelles pour venir en Europe croyant réaliser une économie dans un style gouailleur où s’entre- pesante ou jargonnante) dans le domaine des sciences humaines s’ajoutent qui va s’avérer bien coûteuse) et même un fort ancrage dans le paysage mêlent et se heurtent narration et une écriture déliée d’une grande lisibilité et un doigt d’humour pince-sans- politique français et plus précisément les élections présidentielles de mai dialogues, les rouages implacables rire du meilleur effet ! Pour qui veut comprendre ce qu’est la S-F de la secon- dernier, voilà de quoi donner du fil à retordre au Poulpe qui ne s’en tirera (traduit de l’espagnol – Pérou – par de moitié du XXe siècle et quels sont ses enjeux, cette anthologie critique est pas sans quelques plaies et bosses mais par une chute particulièrement Albert Bensoussan, Gallimard, une clé précieuse. (Pocket, « Agora », 670 p., 10 ¤). Jacques Baudou astucieuse (Le Poulpe, Baleine, 518 p., 10 ¤). Gérard Meudal « Folio », 84 p., 2 ¤). Ch. R. LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/VII LIVRES DE POCHE-ESSAIS
Lumières sur l’absolutisme Le calvaire de Stella Comment la monarchie s’est-elle théorisée ? Comment a-t-elle agi ? Journal d’une jeune fille rescapée d’Auschwitz Une enquête originale et instructive de Fanny Cosandey et Robert Descimon inscrite sur la liste de Schindler
L’ABSOLUTISME EN FRANCE XIV, et de l’affirmation d’une mysti- LE LIVRE DE STELLA dans une totale inversion des rôles. Histoire et historiographie que du sang royal qui transforme la Jeune fille de la liste de Schindler L’oncle de Stella fait inscrire sa de Fanny Cosandey monarchie légale-héréditaire en (Das Mädchen von der famille sur la liste des ouvriers desti- et Robert Descimon. « dynasticisme propriétaire » lourd Schindler-Liste nés à l’usine de Schindler à Brünnlitz. Seuil, « Points-Histoire », de menaces. Aufzeichnungen einer Mais, à la mi-octobre 1944, son père 320 p., 7,8 ¤. A ce premier travail historique KZ-Überlebenden) et son frère partent pour Gross- qui rend à la monarchie absolue sa de Stella Müller-Madej. Rosen. Stella et sa mère sont emme- ’absolutisme, que dire de dimension de création continue, Traduit de l’allemand nées à Auschwitz-Birkenau, dernière ce concept étranger à la de discours du pouvoir sur lui- par Marcelo Gandaras, station de leur chemin de croix. Gra- période même qu’il pré- même, de stratégie, s’ajoute une Arte éd./Le Félin, 374 p., 10 ¤. vement malade, Stella y frôle la tend délimiter et décrire, de seconde mise en perspective atten- mort. D’actives solidarités clandesti- Lce mot ignoré de l’Ancien Régime tive, cette fois, aux pratiques politi- PAROLES D’ÉTOILES nes la sauvent in extremis. Elle peut et forgé par ses adversaires ou ses ques, elles aussi changeantes, de Mémoire d’enfants cachés intégrer le convoi des femmes inscri- admirateurs du XIXe siècle, du cortè- l’Ancien Régime. 1939-1945 tes sur la liste de Schindler et rejoint ge de mépris et de méprises, d’illu- De cette double historicisation, Sous la direction de Jean-Pierre l’usine de Brünnlitz. Le 8 mai 1945, sions et de désillusions, des pièges, qui fait de l’écart entre les construc- Guéno,Librio, 160 p., 1,52 ¤. Stella et les siens, réduits à « l’état aussi, qu’il charrie avec lui ? Et que tions intellectuelles des juristes d’épaves humaines piteuses et transies proposer à sa place, s’il faut se d’Ancien Régime et les explications PAROLES D’ÉTOILES de peur », sont libérés par les Russes. résoudre à en faire le deuil ? des sciences sociales, un atout inter- L’Album des enfants cachés Publié à compte d’auteur en polo- Inaugurant, avec la réédition de prétatif et non un handicap, le livre 1939-1945 nais en 1991, édité en Allemagne en La Philosophie des sciences histori- tire sa force. Car il ne faut pas croi- de Jean-Pierre Guéno 1994 après la sortie de La Liste de ques de Marcel Gauchet, une nou- re les auteurs lorsqu’ils affirment Schindler de Steven Spielberg, ce et Jérôme Pecnard. velle et prometteuse série de « La prise de pouvoir par Louis XIV » de Roberto Rossellini (1966) que leur « travail ne vise pas à l’origi- Les Arènes/France Bleu/ récit, élaboré au fil des ans depuis « Points Histoire », « L’Histoire en nalité ». Leur ouvrage est bien France Info/Mémorial 1945, est avant tout une description débats », Fanny Cosandey et tes d’Ancien Régime ou ceux des cles de l’Ancien Régime. Ils mon- autre chose qu’un manuel, comme de Caen, 136 p., 32 ¤. des effroyables conditions dans les- Robert Descimon entreprennent sociologues contemporains, qui ser- trent ainsi comment, dans un con- en témoignent certaines proposi- quelles des êtres humains ont dû ten- d’apporter à ces questions un virent et servent encore à le penser. texte historique précis, celui des tions risquées (sur le « confessionna- tella Müller a 9 ans quand la ter de survivre. C’est aussi un hom- début de réponse en adoptant une Contre l’illusion, en grande par- incertitudes dynastiques et politi- lisme à la française ») ou la biblio- guerre met brutalement fin à mage rendu à Oskar Schindler. C’est démarche critique qui mêle débats tie véhiculée par les juristes au servi- ques de la seconde moitié du graphie, sélective, dans laquelle on une existence paisible. En enfin la terrifiante vision d’une historiographiques et tentative ce d’une monarchie qui n’aimait XVIe siècle, se constitue petit à petit ne peut s’empêcher de relever quel- novembre 1939, sa famille enfant jetée dans une tragédie au d’historicisation méticuleuse de la rien tant que se présenter comme en mythe fondateur ce que l’on va ques absences (comme celle de Sdoit quitter son confortable apparte- quotidien des années durant. Com- construction de l’absolutisme en immémoriale, d’un absolutisme finir par désigner comme les « lois Mario Turchetti). Mais, par exigen- ment de Cracovie pour le ghetto. La me en écho, recueillies par Radio France. inchangé sur près de mille ans, Des- fondamentales du royaume ». Ils ce intellectuelle et par souci de ne fillette y découvre une vie de priva- France en janvier 2002, les bribes de Refusant d’adopter un plan sché- cimon et Cosandey se livrent donc replacent, de même, la question de pas céder aux facilités des vastes tions, d’humiliations et de confine- récits d’enfants cachés sur notre sol matique qui aurait distingué un sur- à une relecture suggestive des tex- l’émergence du concept de raison synthèses qui embrassent trop et ment. La menace d’une mort qui entre 1939 et 1945 disent la profon- vol historiographique des grands tes des polygraphes, légistes et d’Etat au début du XVIIe siècle dans n’étreignent rien, Cosandey et Des- peut survenir à tout instant, au gré deur d’un traumatisme ineffaçable. textes qui ont fait l’histoire de l’ab- clercs qui participèrent au long tra- le cadre des débats sur la puissance cimon ne renoncent-ils pas trop des caprices des nazis, plane sur cet- C’est une exposition kaléidoscopi- solutisme et une enquête empiri- vail théorique de la monarchie sur ordinaire et extraordinaire du roi et prudemment aux comparaisons te zone d’où le droit est exclu et dont que de fragments de souvenirs dispo- que plus précise, ils insistent ainsi, à elle-même, relevant non seulement de la sortie des guerres de religion avec les expériences politiques des la taille se réduit comme peau de cha- sés chronologiquement. Ces éclats juste titre, sur l’impossibilité de l’hétérogénéité des sources juridi- dans l’exaltation inédite de la puis- autres monarchies européennes grin, obligeant les familles à vivre de témoignages, entrecoupés de comprendre le système de la monar- ques et des autorités convoquées sance temporelle. Ils soulignent, dont la contribution à l’histoire de entassées dans des appartements où quelques courts extraits de textes chie absolue sans s’interroger en au service du monarque, mais aussi enfin, les effets contradictoires de l’absolutisme mériterait d’être à la promiscuité est de règle. En d’époque, dénoncent tous le saccage même temps sur les instruments, les glissements significatifs qui se l’absorption de l’Etat par le roi, nouveau interrogée ? février 1943, le ghetto est vidé de ses de ces enfances arrachées à la quiétu- indigènes ou savants, ceux des juris- produisent au cours des trois siè- manifeste sous le règne de Louis Olivier Christin occupants transférés au camp de de des temps ordinaires. Plaszów. Stella, qui a maintenant En marge du Librio paraît égale- 13 ans, y découvre un environne- ment une édition illustrée du recueil ment mortifère, un univers où sous la forme d’un album de famille. « pourquoi ? » et « à quoi bon ? » Photos, lettres manuscrites, mots n’ont plus aucun sens, un quotidien dactylographiés, dessins d’enfants, fait de souffrances corporelles et psy- caricatures, documents administra- Le tour de Lévi-Strauss en 128 pages chiques aiguës. Sa mère est là, vigilan- tifs donnent une coloration poignan- te, pour secouer l’apathie qui la te aux textes, faisant toucher du gagne. A l’approche de l’hiver 1944, doigt la réalité de l’impitoyable tra- Le plus grand anthropologue de son temps fait l’objet d’un « Que sais-je ? » un mince espoir naît quand on que. Florilège de citations, mosaïque apprend qu’une usine dans laquelle d’images, les deux ouvrages n’ont de Catherine Clément, coloré, goûteux, subtil. Un vrai bonheur les juifs sont casernés a pris le relais pas de visée scientifique mais une for- des kommandos situés à l’extérieur te puissance évocatrice. Témoin, cet- CLAUDE LÉVI-STRAUSS gé, rajeuni, beaucoup écrit et beau- du camp. Son directeur, Oskar Schin- te photo de Victor Pajnzylber posant de Catherine Clément. coup appris de la vie et de la littéra- dler, essaierait de soustraire des juifs en costume, entouré de ses deux jeu- PUF, « Que sais-je ? », ture. à la mort qui leur est promise. De nes enfants. Appuyé sur ses 128 p., 6,50 ¤. Le résultat est coloré, goûteux, nouveaux convois continuent d’arri- béquilles, il porte ses décorations syncopé et subtil, aussi inhabituel ver, constitués de pauvres hères militaires, mais on ne voit que la gros- i nous étions au Japon, dans les présentations de Lévi- désemparés parce qu’ils n’ont « pas se étoile jaune sur la robe de la fillet- nous l’appellerions « Tré- Strauss qu’inattendu dans cette col- fait l’école de l’avilissement progressif te. On sait par la légende que la sor national vivant ». lection utile mais régulièrement des êtres humains. » Stella observe demande d’exemption de ce jeune Claude Lévi-Strauss est en austère. On y croise, entre autres, les changements survenus chez sa amputé de guerre fut rejetée par les Seffet, chacun le sait, l’un des intel- un jeune agrégé rebelle dormant à mère, autrefois nerveuse et impatien- autorités françaises. Tous trois lectuels français les plus célèbres la dure dans le Mato Grosso, un te, désormais pensive et inquiète. furent déportés à Auschwitz en 1942. de par le monde. Son œuvre a pro- homme d’institutions, plutôt con- Elle en vient à la prendre en charge Laurent Douzou fondément renouvelé l’anthropolo- servateur, un esprit attentif aux gie, la conception même de la fous, un tamiseur de mythes, un culture et de l’ordre symbolique mélomane, ainsi que des pirogues, humain. Et ce n’est pas son seul du miel, divers animaux et une fou- titre de gloire ! Son style le place le de références. Le plus étonnant parmi les grands prosateurs fran- est sans doute que ce bric-à-brac, à çais (les Goncourt, en 1955, failli- l’usage, se révèle rigoureux, éclai- .. rent couronner Tristes tropiques). rant, didactique. Construit et péda- Ses refus comme ses nostalgies les 128 pages réglementaires d’un l’ordre des raisons. Et, pour condui- gogue. Pourtant, rien de moins abs- font de lui l’un des premiers écolo- « Que sais-je ? », faire le tour d’un re au concept, l’insolite exotique trait que ce Lévi-Strauss. « Vous gistes. Surtout, son œuvre couvre tel monument ? de préférence à la froideur des rendez attentif aux frémissements un large rayon de bibliothèque. La solution ? D’une éclatante structures. Le pari était difficile. du monde, lui écrit Catherine Clé- Elle brasse des milliers de mythes, simplicité : pour évoquer l’apport Catherine Clément le gagne avec ment, au martin-pêcheur perché s’étend des Nambikwara à Nicolas multiple de Claude Lévi-Strauss, élégance. Il est vrai que son pre- sur le roseau, à la broderie d’un anti- Poussin, se soucie de la géométrie pour rendre sensible son extraordi- mier livre, chez Seghers, en 1970, que châle de Cachemire et, dans le secrète des récits comme de la naire attention au concret, à la était déjà consacré au même lointain, à la guillotine qui coupe le structure des masques, elle voit richesse des mondes, il faut com- auteur, dont l’a rapprochée, une cou des chèvres devant le temple de cohabiter la critique de l’histoire mencer par écarter le musée, la sta- vie entière, cette affectueuse admi- Kali, à Calcutta. » Bref, on l’aura avec la parenté entre Montaigne et tue, l’encyclopédie, tout ce qui fige ration qui éclate ici à chaque page. compris, un vrai bonheur. les bouddhistes. Comment, dans et raidit. Plutôt le patchwork que Entre-temps, la philosophe a voya- R.-P. D.
a LETTRES DE MADAME a LA RÉPUBLIQUE ET L’UNIVERSEL a LES FUSILLÉS DE LA GRANDE DU DEFFAND 1742-1780 de Pierre Bouretz GUERRE ET LA MÉMOIRE COLLECTIVE Opérée à partir de l’édition Publié à l’origine dans le volumineux ouvrage collec- (1914-1999) intégrale de la correspondance tif dirigé par Marc Sadoun, La Démocratie en France de Nicolas Offenstadt de la marquise, établie par Lescu- (2 vol., 2000), et quelque peu noyé alors au milieu Longtemps tenue pour taboue, re (1865), cette copieuse antholo- d’autres contributions, cet essai couvrant deux siècles la question des « fusillés pour gie révèle plus qu’une galerie de de relations « en miroir » entre la France, l’Amérique l’exemple », hâtivement, et à tort, portraits d’hommes et de fem- et l’Allemagne méritait d’être redécouvert seul. Il y assimilée aux mutineries qui mes de talent qui furent intimes reprend du coup toutes ses couleurs. Le philosophe secouèrent le front des tranchées ou familiers de Mme du Deffand, Pierre Bouretz, en effet, n’y entreprend pas seulement au printemps 1917, dut longtemps mais la fresque d’une société où une histoire critique du sentiment qu’ont les Français de leur « excep- attendre son historien. C’est para- l’art de l’échange, conversation tion ». L’originalité de l’approche vient de ce que la France est ici prise doxalement un médiéviste, spécia- et correspondance, véhicule des comme « exposée au risque du monde », se racontant donc à elle-même et liste des geste de paix, qui entreprit idées visant à élaborer des véri- à autrui son rapport privilégié à l’universel dans un voisinage qui n’a, en la double enquête sur la réalité his- tés universelles. La dimension vérité, jamais cessé d’être polémique, que ce soit sur la question de la laïci- torique et le parcours mémoriel de personnelle n’est pas la moins té ou du multiculturalisme. Au-delà des enseignements qu’apporte la ces fusillés dont les monuments fascinante puisque cette femme comparaison, l’auteur interroge aussi un autre type de distance : celle aux morts récusaient le souvenir. libre fuit sans cesse le tête-à-tête qu’instaure une relation critique à sa propre histoire. De ce point de vue, Le passionnant essai de Nicolas avec elle-même et joue les équili- le bilan n’est guère brillant. Pierre Bouretz montre bien les difficultés Offenstadt, qui intégrait presque à bristes, grisée de mondanités, de durables qu’éprouve la société française à surmonter les blessures narcis- chaud la polémique droite/gauche lectures et de visites, mais hap- siques que le XXe siècle lui a infligées, de l’affaire Dreyfus à Vichy. Et qui rejoua à l’automne 1998, a con- pée par le vertige de l’ennui (pré- d’analyser avec finesse combien, de sa capacité à construire un récit natio- servé en poche son cahier photos. face de Chantal Thomas, Mercu- nal ouvert à d’autres mémoires, pourrait bien dépendre, demain, sa dispo- Un travail qui pourrait être appelé re de France, « Le Temps retrou- nibilité à l’expérience européenne (Gallimard, « Folio/histoire », 292 p., à devenir un « classique » (éd. Odi- vé », 992 p., 13 ¤) Ph.-J. C. 6,30 ¤). Alexandra Laignel-Lavastine le Jacob, 352 p., 7,5 ¤). Ph.-J. C. VIII/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 ESSAIS-GUERRES
La guerre n’en finit plus de fasciner. occidental, si redoutable qu’elle a pu et journalistes analysent les crimes de Historiens et sociologues interrogent expérimenter contre les Indiens le nettoyage guerre, tandis qu’aux marges, l’histoire de la terrible efficacité de tueur de l’homme ethnique par la seule force de la loi. Juristes l’armement reprend des couleurs Pourquoi nous sommes les meilleurs tueurs L’Occident tue très efficacement. L’humanité invente continûment massacres et terreurs. Comprendre pour quelles raisons est à la fois indispensable et malaisé
CARNAGE ET CULTURE peut choquer les âmes sensibles : continents, guerre de maraudeurs, Les grandes batailles les armées de l’Occident tuent plus de gosses à kalachnikov, de merce- qui ont fait l’Occident et mieux. Elles infligent de plus lour- naires sans maîtres. Ces guerres (Carnage and Culture. des pertes qu’elles n’en subissent. sans objectifs et sans fin prévisible LandmarkBattles in the Rise On se souvient évidemment de n’ont rien à voir avec les anciens of Western Power) défaites, de revers et de passages à conflits entre Etats. Il en va de de Victor Davis Hanson. vide. Mais, finalement, de l’Antiqui- même de cette nouvelle guerre où Traduit de l’anglais par té à nos jours, une forme spécifique nous sommes, celle de la terreur, Pierre-Emmanuel Dauzat de génie meurtrier aurait assuré qui ne connaît « ni front ni zone de Flammarion, 600 p., 25 ¤. aux Occidentaux la suprématie. Tel- sécurité ». Ayant pour seul but «la le est la thèse du livre, en tout cas mort et la dévastation », elle par- L’ÈRE DE L’ÉPOUVANTE son premier aspect. vient à ébranler la confiance de cha- Folie meurtrière, terreur, guerre Car sa principale singularité est cun dans la persistance de son mon- (Zeiten des Schreckens. Amok, de vouloir mettre en relation cette de personnel : « N’importe quel Terror, Krieg) efficacité particulière dans les car- endroit peut devenir une cible. » de Wolfgang Sofsky. nages avec les formes d’organisa- A ceux qui ne manqueront pas Traduit de l’allemand tion culturelles et politiques pro- de demander comment on en est par Robert Simon, pres aux sociétés occidentales. Le arrivé là, Sofsky a le mérite de rap- Gallimard, « NRF Essais », citoyen d’une démocratie, éduqué peler que la violence, même la pire, 294 p., 22,90 ¤. selon les valeurs de la liberté et de n’est pas une anomalie, une mons- l’individualisme, obéissant à des truosité, une pathologie extrême et quoi tient la puissance chefs élus et contrôlés par l’opi- rare. « La transformation des gens dominatrice de l’Occi- nion, serait – à cause de cela ! – un normaux en assassins de masse dent ? Est-ce, comme on guerrier plus destructeur que le nécessite peu de temps et de peine. » l’a dit mille fois, une affai- sujet d’un despote. Le lecteur com- L’horreur toujours possible et Are de sciences et d’industries, de mence par être interloqué. Il suit renaissante est un effet direct de la finances et de rationalité ? L’or de alors pas à pas cet étrange érudit capacité humaine d’inventer, d’ima- la Nouvelle Espagne, l’esprit du pro- dans sa description minutieuse de giner, d’agir librement. Le pire n’est testantisme, l’émancipation de la neuf batailles exemplaires, de Sala- pas une fatalité bestiale, la résur- recherche et nombre d’autres fac- mine, en 480 avant notre ère, jus- gence de l’animalité, c’est l’autre teurs, tous bien connus, auraient qu’à l’offensive du Têt, en 1968, face, atroce et banale, de l’humani- ouvert la voie au temps des empi- pendant la guerre du Vietnam. Six « La Bataille de Lépante », fresque de Vasillachi fin XVIe début XVIIe siècle té de l’homme. Voilà pourquoi res coloniaux, puis à celui de la cents pages plus tard, il n’est pas nous sommes les meilleurs tueurs, mondialisation. L’intérêt du livre convaincu de la pertinence de ces Cette obsession fascinée est per- Sofsky n’a pas son pareil pour con- ture photographique donne à voir toujours plus cruels et performants de Victor Davis Hanson est de met- hypothèses curieuses, car il fau- ceptible aussi dans le dernier ouvra- traindre le lecteur à fixer les yeux les violences de la guerre, les blessu- que les fauves et les rapaces natu- tre l’accent sur une continuité histo- drait disposer d’une vision inté- ge de Wolfgang Sofsky, sociologue sur les atrocités qui peuplent l’épo- res béantes de l’assaut entre tran- rels. Toutefois, le point faible de rique de plus longue durée. Spécia- grale de l’histoire militaire univer- à l’université de Göttingen. La pers- que. Il conduit froidement de l’espa- chées, l’hébétude des corps saturés Sofsky est de demeurer silencieux liste de l’histoire militaire de l’Anti- selle pour commencer à en mesu- pective est toutefois très différente. ce clos des chambres de torture à d’explosions et d’effroi. L’invisible sur les issues éventuelles de ce laby- quité, professeur à l’université de rer la validité. On demeure cepen- On retrouve dans ce texte les quali- l’ivresse de ces folies meurtrières aussi est évoqué : meurtres sans tra- rinthe. Malgré tout, il se trouve tou- Californie, Hanson soutient en dant impressionné par la somme tés aiguës du Traité de la violence où n’importe qui, apparemment, ces ni sépultures des camps d’exter- jours des êtres humains pour deve- effet qu’il existe une permanence de détails mis en perspective par (Gallimard, 1998) : un sens implaca- bon père et bon époux, commence mination, disparition absolue où nir les meilleurs ennemis des de la supériorité militaire occidenta- Hanson : chaque carnage est regar- ble de la réalité, donc une bonne à trucider les siens avant de massa- même la mort devrait être effacée. tueurs. Aussi petit que soit leur le allant des Grecs et des Romains dé à la loupe, avec un luxe de préci- dose de pessimisme et de désillu- crer ses voisins. Il explore sans ciller Le parcours n’oublie pas cette nombre, c’est en ceux-là qu’il reste jusqu’aux Américains d’aujour- sions indiquant une incontestable sion, joint à une capacité d’évoca- les formes modernes de persécu- multitude de « guerres sauvages » à espérer. d’hui. Elle tient à ce constat, qui fascination. tion digne d’un écrivain puissant. tion, de terreur, de razzia. Son écri- aujourd’hui répandue sur tous les Roger-Pol Droit Abécédaire des crimes contre l’humanité Collectif rédigé par des journalistes et des juristes, ce bel ouvrage doit être le livre de chevet des révoltés contre l’indifférence
CRIMES DE GUERRE dignation persistent. Des photos rête au passage. La critique de cet- tico-militaire évident : pour la pre- en Sierra Léone comme au Koso- conseil de sécurité des nations Collectif dirigé par Roy Gutman horribles et magnifiques, preuves te avancée majeure dans la protec- mière fois, une action collective vo et à Timor Oriental, la popula- unies. Je ne suis donc pas suspect. et David Rieff. indiscutables des perversités tion des minorités est aussi sévère internationale a été mobilisée afin tion fut une cible permanente : Pourtant je m’afflige de voir les Ed. Autrement, 448 p., 38 ¤. humaines, alertent sur ce qui se qu’injuste. On qualifie ce progrès de répondre par la force au défi plus de 90 % des victimes. Il faut foules dont je partage le combat passe sous nos yeux. Bréviaire des de « régression du droit internatio- capital lancé aux normes humani- non pas s’y résigner, mais se por- contre une mondialisation trop xiste-t-il des guerres sans massacres, Crimes de guerre se nal », on l’accuse de « discrimina- taires… La leçon de ce conflit : la ter plus en amont dans la protec- libérale qui serait un poids supplé- crimes de guerre ? Impos- veut résolument visuel. Il est tion dans les opérations », ce qui communauté des Nations a réussi, tion. Il faut changer les lois de la mentaire sur le dos des plus pau- sible. Ce sont les popula- l’écho du Comité international de est hélas encore vrai, car il est plus dans le cas du Kosovo, à se forger guerre. Exiger l’ingérence préventi- vres et des plus malades, hurler à tions, et non les combat- la Croix-Rouge. Rappel indispen- facile d’intervenir en Sierra Léone un dessein commun pour prévenir ve des démocraties. Florence, contre les Etats-Unis, tants,E qui sont visées par les états- sable des Conventions de Genève, qu’en Russie. On ne retient aucu- le génocide. » Voilà exactement ce Voici maintenant T comme les slogans d’une paix qui confor- majors des belligérants modernes. cet ouvrage servira de base de don- ne conséquence positive, ni Timor que je pense. Les auteurs sollicités Timor. Une des raisons d’espérer. tera le tyran Saddam Hussein, Peut-on adoucir des batailles dont nées en exactions aux pétitionnai- ni le Kosovo. Il est décidément sont donc très divers. Le kaléidos- On reconnaît justement dans ce bourreau de son propre peuple. les civils font maintenant les frais res, aux intellectuels devenus den- plus facile de changer le Droit que cope des idées et des opinions livre les avancées autorisées par La neutralité mal employée peut- à plus de 90 % ? Il faut s’y achar- rée rare, aux signataires de mani- les Juristes ! Et pourtant, la rend ce livre vivant, passionnant. la position ferme de Kofi Annan être aussi ambiguë que le pacifis- ner. C’est l’objectif de ce livre de feste, à tous ceux qui se battent séquence Bosnie, Kosovo, Macé- Je glisse vers T comme Tchétché- et le rôle des Nations unies, sous me. combat, ouvrage de lutte contre pour que les massacres éloignés doine est démonstrative. Bosnie, nie. Une description courageuse la direction de Sergio de Mello. Il n’empêche : cet abécédaire du les massacres, essentiel pour l’hon- puissent ne pas être oubliés trop et réaliste, pour tenter d’ar- L’accusation de crimes contre l’hu- malheur des temps, cette litanie nête homme et le militant, docu- vite par temps de mémoire courte. a rêter cette guerre effroya- manité a permis à une force inter- de souffrances des hommes doit ment précieux pour l’étudiant et Dictionnaire du crime, abécédai- Bernard Kouchner ble, cherche son salut dans nationale d’imposer une indépen- être le livre de chevet de tous les le chercheur en géopolitique. Noir re de l’espoir et du désespoir alter- attentisme : 250 000 morts avant le droit international. C’est insuffi- dance et d’organiser un pays. Une révoltés contre l’oubli et l’indiffé- du sang séché des tueries du siècle nés. A comme actes de guerre, l’ingérence. Kosovo : 10 000 morts sant. Il faut parfois être illégal politique internationale ferme rence, de tous ceux qui veulent passé qui battit tous les records de comme armes chimiques, comme – chiffres approximatifs – avant et pour améliorer le droit établi. La peut faire exploser les fatalités his- adoucir la brutalité des temps et cadavres, rouge du sang versé Afghanistan… Tiens on aura après l’intervention. Macédoine, Tchétchénie, comme toute toute toriques. Si les démocraties empêcher que l’on assassine les encore aujourd’hui, en Tchétché- oublié Auschwitz ! Le sous titre de ingérence préventive : pas de colonie, mérite son indépendan- n’avaient pas affronté Hitler, minorités dans le silence indiffé- nie en particulier : la couverture Crimes de guerre, « ce que nous guerre ! ce. Dans Crimes de guerre, l’auteur nous en serions encore aux lois de rent des neutralités. de ce livre des éditions Autrement devons savoir », n’imposait-il pas Je me porte sur « Kosovo ». J’y de l’article affirme que : « la straté- Nuremberg. Crimes de guerre pose une ques- reflète son contenu. cette mention qu’on a remplacée lis, au terme d’un exposé bien gie qui consistait à prendre Grozny A quelques-unes nous avons tion essentielle : est-il possible Les organisateurs de ce défilé par une simple photo de fil de fer balancé, qui fait la part entre la était illégale puisque les lois de la inventé, contre les neutres et les d’être neutre au début du XXIe siè- des horreurs indispensables à barbelé ? B comme belligérants, protection nécessaire des Alba- guerre stipulent que les attaques gouvernements, le droit d’ingéren- cle ? La densité et l’intérêt même voir, Roy Gutman et David Rieff, comme boucliers humains, com- nais du Kosovo, réussie, un peu doivent être dirigées vers des objec- ce humanitaire. J’ai soutenu le de ce livre, les opinions tranchées s’étonnent qu’en ce début de siè- me Bosnie-Herzégovine… D com- tard, et la protection manquée des tifs militaires déterminés… » Ces combat de la diplomatie francaise et contradictoires qu’il contient, cle, à l’époque du triomphe de me détention illégale, comme dis- Serbes qui demeuraient au Koso- lois de la guerre sont toutes obso- qui parvint à convaincre le prési- apportent un début de réponse : l’humanitaire, tant de motifs d’in- paritions… Droit d’ingérence m’ar- vo : « Il en émerge un héritage poli- lètes. A Beyrouth ou à Sarajevo, dent Bush à emprunter la voie du l’horreur ne s’aménage pas.
a LES GUERRES PRÉHISTORIQUES ne de Pass et Jérôme Bodin, Le panthéon d’effroi, ce retour sur un une pratique comme un dressage démontrer, en quatre séquences rut en 2001 et atteint enfin le public de Lawrence H. Keeley Rocher, « L’Art de la guerre », moment de civilisation – la secon- appropriés. Un regard très rare- (portraits et témoignages, guerre, français à l’occasion du flux édito- Très bien accueilli lors de sa 352 p., 22 ¤). de partie de l’ouvrage – est bienve- ment tenté qui ouvre d’utiles pers- opinion et politique) et près de cin- rial qui suit le drame du 11 septem- parution en 1996, War bevor Civili- a LES VIKINGS nu (Perrin, 460 p., 23 ¤). pectives qui convainquent autant quante contributions, la vertu du tra- bre 2001. La préface inédite donnée zation, de l’anthropologue Lawren- Histoire et civilisation a LE CHEVAL ET LA GUERRE que la beauté de l’ouvrage séduit vail de Becker qui sut réintroduire la pour l’édition française réactualise e e ce Keeley, réfute la thèse souvent de Régis Boyer Du XVI au XX siècle (éd. Association pour l’académie guerre dans le champ de l’investiga- le propos sans le modifier, épinglant admise du lien entre l’apparition Si l’éditeur n’omettait de préci- sous la direction de Daniel Roche d’art équestre de Versailles [42, rue tion historique à « égale distance la « vanité du terrorisme », courant de la guerre et celle de la civilisa- ser qu’il s’agit là d’une réédition S’il se présente comme un beau Sibuet, 75012 Paris], 400 p., 69 ¤). d’une idéalisation suspecte et de sa qui nuit à la cause qu’elle prétend tion dans les mondes d’avant l’écri- (l’original parut en 1992), on ne livre, superbe cadeau à l’approche a LA POLITIQUE ET LA GUERRE. dénonciation comme boucherie », servir. Une leçon qui mérite de faire ture. Son tableau atroce de la vio- trouverait rien à reprocher à ce plai- des fêtes, ce collectif emmené par Pour comprendre le XXe siècle pour reprendre la formule qui clôt la débat (traduit de l’anglais – Etats- lence primitive, appuyé essentielle- doyer enflammé de Régis Boyer Daniel Roche est d’abord un ouvra- européen préface de René Rémond (éd. Agnès Unis – par Michel Bessières, éd. Odi- ment sur des données archéologi- pour un peuple et une culture qu’il ge de recherche puisqu’il tend à éta- Recueil d’articles offerts en hom- Viennot-Noésis [11, rue Jean-de- le Jacob, 400 p., 26,5 ¤). Ph.-J. C. ques, peut ouvrir des polémiques, s’évertue à déprendre d’une mytho- blir comment les mutations de l’art mage à Jean-Jacques Becker, ce col- Beauvais, 75005 Paris], 656 p., 31 ¤). il porte une interrogation sur l’ins- logie tenace qui ne veut voir dans de la guerre ont modifié le rôle du lectif, dirigé par Stéphane Audouin- a LE GRAND LIVRE DE LA STRATÉGIE e Signalons encore la reprise en tinct violent de l’homme dont la le Viking qu’un guerrier sanguinai- cheval dans l’affrontement et, par- Rouzeau, Annette Becker, Sophie De la paix et de la guerre poche de l’essai de Frédéric Encel leçon est autant morale et philoso- re d’une épouvantable cruauté. Par- tant, l’art équestre. Tactique, équi- Cœuré, Vincent Duclert et Frédéric d’Edward N. Luttwak L’Art de la guerre par l’exemple. Stra- phique qu’historique (traduit de ce que réfléchir sur la guerre ne pement, gestion, tout change et la Monier, dépasse le genre académi- Paru initialement en 1987, Strate- tèges et batailles (« Champs » Flam- l’anglais – Etats-Unis – par Jocely- doit pas conduire à inventer un spécialité des tâches commande que dans lequel il s’inscrit pour gy. The Logic of War and Peace repa- marion, 384 p., 9 ¤). LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002/IX ESSAIS-GUERRES Le récent passé par les armes Morts La Ve République marque un tournant capital dans l’histoire de l’armement, devenant « l’enjeu d’une modernisation qui touche toute l’économie » au combat
ARMEMENT ET Ve RÉPUBLIQUE ce collectif, réécriture scrupuleuse tés du plateau d’Albion, assura l’ar- NOS MORTS Fin des années 1950 - des actes du colloque, puisque les mement). Des apports parfois si Les sociétés occidentales fin des années 1960 débats y sont judicieusement inté- techniques que le lecteur est soula- face aux tués de la guerre Sous la direction grés, c’est moins la rupture qui gé de retrouver sous la plume d’un de Luc Capdevila de Maurice Vaïsse, frappe que la continuité dans la historien l’angle didactique qui et Danièle Voldman. CNRS éd., 432 p., 39 ¤. définition des objectifs de défen- permet seul l’assimilation du Payot, 282 p., 18,5 ¤. se, même si la fin des guerres de savoir. ar rapport aux doctrines, décolonisation est un préalable Qu’importe ! On saura gré aux n 1884 la société Sautter aux opérations de terrain déterminant pour mener à bien éditions du CNRS de proposer ce proposa à l’armée française ou aux connexions politi- l’effort sur les moyens, absorbés type de collectif qui lève un coin un « appareil d’éclairage ques, voire au destin des sous la IVe par d’autres coûteuses du voile sur des enjeux essentiels électrique pour évacuer les Pdifférents corps d’armée, l’arme- priorités – on mesure le poids de où la marque de la décennie est blessésE et enterrer des morts pendant ment fut longtemps le parent pau- la nuit après une bataille ». L’huma- vre des études d’histoire militaire. Maurice Vaïsse nité était encore dans l’enfance du Une inégalité de traitement massacre de masse que ses techni- aujourd’hui partiellement compen- Spécialiste des relations internationales, Maurice ciens songeaient déjà aux moyens à sée pour la période la plus contem- Vaïsse présida, en tant que directeur, aux destinées mettre en œuvre pour faire face à poraine, à l’initiative du Centre du Centre d’études d’histoire de la défense de 1995 à une consommation accrue de chair d’études d’histoire de la défense 2001. Il est aujourd’hui professeur à l’Institut d’études à canon. Prolongeant les travaux (CEHD), qui a lancé une série de politiques de Paris. On lui doit, outre Diplomatie et publiés sur les violences de guerre colloques depuis moins de dix ans outil militaire 1871-1969 (en collaboration avec Jean et la « brutalisation » des sociétés dont les travaux sont scrupuleuse- Doise, Imprimerie nationale, 1987) et la direction du occidentales, Voldman et Capdevila ment publiés. Après celui de juin collectif La France et l’atome (Bruylant, 1994), une syn- s’attachent aux pratiques et aux 1995, consacré à La France face thèse « grand public » sur la politique étrangère du rites qui accompagnent dans la aux problèmes d’armement, général de Gaulle, La Grandeur : politique étrangère tombe les tués, civils et militaires, 1945-1950 (éd. Complexe, 1996) et du général de Gaulle (1959-1968), Fayard, 1998. depuis la guerre de Sécession. Les celui de septembre 1997 (La auteurs étant spécialistes de la IVe République face aux problèmes seconde guerre mondiale, celle-ci d’armement, Addim, 1998), l’explo- l’engagement colonial dans la lim- bien l’affirmation d’une volonté les retient en priorité. Le plan du ration se poursuivit en novembre pide contribution de Philippe Gras politique qui tient de la gageure, livre suit le cheminement du cada- 2000 selon la même logique chro- sur « l’armée de l’air en Algérie, au vu de l’affaiblissement de la vre, identifié grâce à une plaque nologique, traitant des mandats 1954-1962 ». Toutes les contribu- France amputée de son empire, la métallique apparue au cou des mili- de Charles de Gaulle, premier tions n’ont pas la même clarté folle tentation de rivaliser avec les taires à la fin du XIXe siècle, honoré temps de la Ve République. pédagogique. Sans doute est-ce Etats-Unis (« jeter un coup d’œil par ses camarades ou ses ennemis, Avec l’expérimentation de l’ar- inévitable lorsque alternent ana- sur la copie du premier de la clas- puis rapatrié auprès des siens ou me nucléaire dans un contexte de lyses d’historiens et paroles d’ac- se », résume joliment Touffait) et enterré dans une sépulture militaire guerre froide où la France devient teurs, sources heureusement solli- la priorité donnée à la force de dis- qui devint après-guerre, un lieu de un recours pour les pays tentés citées en complément de l’archive. suasion nucléaire, seulement possi- mémoire. par le non-alignement, ce moment Aux études d’universitaires se ble grâce aux options arrêtées Ce parcours du soldat mort, dont constitue sans conteste un tour- mêlent donc les témoignages (ain- sous la très décriée IVe Républi- l’Etat et la science assurent la ges- nant, capital même puisque pour si le bombardier supersonique que. Souhaitons que le chantier tion individualisée, est une inven- reprendre la formule de Maurice Mirage IV vu par l’ingénieur char- historique se prolonge, avec la tion des sociétés industrielles. Mais Vaïsse, alors directeur du CEHD, gé du système d’arme stratégique même rigueur éditoriale. il n’est pas simple de dissocier le qui assura l’édition des actes des piloté, SASP, Jean Forrestier ; le Ph.-J. C. devenir d’un corps du contexte trois colloques, « l’armement est programme du Redoutable présen- dans lequel on lui a ôté la vie : cada- [alors] à la fois le fer de lance et l’en- té par l’ingénieur général Touffait, e Ministre des armées de 1960 à vres de « rebelles » outragés, corps jeu d’une modernisation qui concer- l’un des polytechniciens qui partici- 1969 et aujourd’hui chancelier de d’opposants disparus, crémation de ne toute l’économie de la société pa au lancement du premier sous- l’Institut de France, Pierre Messmer, masse… Et la catégorie « tués de la française ». marin lance-engins français à pro- qui préface le collectif, vient de guerre » est sans doute trop globale Pourtant, contrairement à ce pulsion atomique, dont Maurice publier chez Albin Michel La pour permettre d’approfondir cha- que laisse entendre Pierre Mess- Brunet, par ailleurs responsable Patrouille perdue et autres récits cune des pistes ouvertes ici. mer, qui signe la courte préface de de la mise en service des deux uni- extraordinaires (176 p., 15 ¤). Vincent Guigueno Aux sources du nettoyage ethnique Jomini, le Une somme sur le tragique destin des Indiens et un formidable retour sur l’inique spoliation des Cherokees ébranlent la fable américaine précurseur
LE SENTIER DES LARMES l’empathie douloureuse, The Earth redistribuées au hasard de loteries FAIRE LA GUERRE : Le Grand exil Shall Weep livre le récit sans fard (1830). ANTOINE-HENRI JOMINI des Indiens Cherokees d’une triste épopée, celle des Mieux armés que d’autres peu- I. Chronique, situation, caractère de Bernard Vincent. Indiens d’Amérique du Nord, voués ples, les Cherokees disposaient grâ- de Jean-Jacques Langendorf. Flammarion, 256 p., 17 ¤. à l’incompréhension et au malheur ce à Sequoyah (1778-1845), un Georg éd., 416 p., 30 ¤. depuis l’arrivée des Blancs à l’aube génial autodidacte dont un botanis- LA TERRE PLEURERA du XVIe siècle. Conjuguant les te conquis donna le nom à des inira-t-on par reconnaître Une histoire apports de l’histoire, de l’anthropo- arbres géants de Californie, d’un syl- la place de Jomini dans l’his- de l'Amérique indienne logie comme de l’archéologie, en labaire (1821) et bientôt d’un orga- toire de la pensée militai- (The Earth Shall Weep) empruntant à la tradition orale ce ne de presse d’une redoutable auto- re ? Aîné du Prussien Clau- de James Wilson. sens du récit qui implique le lecteur, rité, le Cherokee Phoenix, qui fut, Fsewitz et de l’archiduc Habsbourg Traduit de l'anglais (Etats-Unis) James Wilson a réussi là un livre sous la houlette d’Elias Boudinot Charles, ce Vaudois qui naquit aux par Alain Deschamps, superbe, dont on regrettera seule- (1828-1832), l’organe officiel du premières heures de la guerre d’In- Albin Michel, « Terre ment que l’absence d’index nuise à gouvernement tribal. Mais le cynis- dépendance américaine et disparut, indienne », 528 p., 25 ¤. ce type de consultation pointue me des Blancs, les divisions fratrici- à 90 ans, à la veille de la guerre de réservée aux ouvrages de référence. des des élites indiennes – plus que 1870, fit naguère l’objet d’une pré- l est des commémorations Rien ne manque en revanche la sombre lucidité de certains des cieuse anthologie présentée par plus délicates que d’autres. dans le très beau travail de Bernard leaders – ruinèrent toute velléité de Bruno Colson (Les Guerres de la Tandis que les Etats-Unis Vincent sur l’éviction des Indiens résistance et, au terme de près Révolution 1792-1797, Hachette font déjà du 11 septembre Cherokees des terres de leurs ancê- d’une décennie de pression, les Che- « Pluriel », 1998), et voilà que Georg 2001I un tournant dans l’art de la tres, aux confins de la Géorgie, de rokees durent s’expatrier. Parqués entreprend de restituer la dimen- guerre, il leur fallut cent ans pour l’Alabama et du Tennessee, comme des animaux dans des sion majeure de ce général, histo- admettre la portée tragique du mas- entre 1830 et 1839. Avec un art du enclos, ils quittèrent la terre de rien et théoricien de la guerre que sacre de Wounded Knee (Dakota récit qui ne le dispense jamais de leurs ancêtres pour emprunter le Napoléon appréciait, tour à tour au du Sud) perpétré le 29 décem- citer l’archive ni de livrer ses sour- « sentier des larmes », qui n’offrait service de la France et de la Russie bre 1890 par le 7e régiment de cava- ces, l’essayiste fait le terrible récit aucune promesse de Canaan. Le (Jomini change de camp en août lerie contre les Sioux Lakotas. Lieu d’un nettoyage ethnique avant quart des 16 000 déportés n’y par- 1813, mais refuse de combattre ses de mémoire du « dernier combat l’heure. vint du reste jamais, et les règle- anciens compagnons d’armes à Leip- des guerres indiennes », le site s’ap- Comment la plus évoluée des ments de comptes entre frères zig), précepteur du futur Alexan- parentait, jusqu’à la marche du sou- « cinq nations civilisées » du mon- ennemis y transférèrent la conta- dre II (1837) et conseiller de Nico- venir menée fin 1990 par 300 repré- de amérindien fut impitoyablement gion du malheur. Une histoire édi- las Ier jusqu’à la guerre de Crimée. sentants de l’ethnie décimée, à déportée au-delà du Mississippi fiante où les principes civilisateurs En attendant le volet capital (« Le l’adresse où les Indiens avaient quit- pour libérer aux Géorgiens des ter- se jouent des paradoxes. penseur politique, l’historien mili- té la scène de l’Histoire. Victimes res où la rumeur de filons aurifères On aurait aimé que certaine sen- taire, le stratège ») annoncé pour maquillées en perdants légitimes aiguisait encore les convoitises les tence de Jefferson ne se soit pas si 2003, on découvrira avec profit un pour apaiser les consciences natio- plus crues. Fidèles soutiens du gou- vite et si cruellement perdue : «Ala personnage singulier dont les ambi- nales, qui relaient, intacte, la foi en vernement fédéral lors de la pensée que Dieu est juste, je tremble guïtés fascinent grâce à ce premier cette « destinée manifeste » qui cau- « deuxième guerre d’Indépen- pour mon pays. » volume qui évite le moule de la bio- tionna l’expansionnisme de l’Améri- dance » (1812-1815) comme dans la Philippe-Jean Catinchi graphie classique pour composer cain blanc – si la formule du journa- guerre contre les Creeks une chronique, parcours stricte- liste John Louis O’Sullivan date de (1813-1814), les Cherokees s’étaient e On ne peut qu’admirer le magnifi- ment chronologique établi à partir 1845, cette arrogante conviction déjà dotés d’une Cour suprême que album consacré aux œuvres réali- de documents largement cités. Une qu’une mission spirituelle incombe (1822) et venaient d’adopter une sées par trois artistes voyageurs, approche prudente qui permet de aux descendants d’Européens avait, Constitution calquée sur le modèle Charles Bird King, George Catlin et tromper l’impatience du lecteur avi- dès la présidence du général fédéral (1827) lorsque la Géorgie Karl Bodmer, partis entre 1821 et 1836 de de rencontrer le stratège. Andrew Jackson (1829-1837), multi- remit en cause la souveraineté de à la rencontre des Indiens d’Amérique Ph.-J. C. plié les méfaits, programmant l’éli- leur territoire. Spoliation insigne, la (texte de Robert J. Moore, traduit de mination des peuples indigènes. manœuvre reçut bientôt l’assenti- l’anglais par Thérésa de Cherisey, éd. e Georg annonce encore un essai de Il était légitime, pour ne pas dire ment de la Maison Blanche, où Jack- Place des Victoires, 280 p., 39,95 ¤), Bernard Wicht, Guerre et hégémonie. nécessaire, que la belle et courageu- son, sitôt élu, fit voter, difficilement qui offre pour la première fois un aus- L’éclairage de la longue durée, qui se collection de Francis Geffard il est vrai, l’Indian Removal Act, qui si large éventail d’un regard tant joue la perspective braudelienne accueille la somme de James Wil- prévoyait le déplacement des « photographique » qu’ethnographi- pour comprendre le 11 septembre son, qui stupéfia l’Amérique. Conju- Indiens, dont les terres, précoce- que, où la fascination ne bride comme un dérèglement du système- guant l’érudition scrupuleuse et ment confisquées, devaient être jamais l’émotion. monde (128 p., 16,5 ¤). X/LE MONDE/VENDREDI 22 NOVEMBRE 2002 ACTUALITÉS Beigbeder chez Les Belles Lettres, six mois après l’incendie Flammarion En dépit du plan d’aide à la réimpression mis en place par le Centre national du livre, la situation des éditeurs demeure fragile
’est confirmé. Frédéric l y a eu le symbole de ces l’impression numérique. Tous les Un élan de solidarité s’est orga- livres, on a de quoi en faire manifester tout au long de l’an- Beigbeder va rejoindre millions de livres partis en livres sont scannés et sont imprimés nisé après l’incendie, avec de cinq », regrette Baptiste-Marrey. née. Je ne veux pas faire de procès Flammarion comme fumée, la peur, pour les entre 400 et 600 exemplaires », nombreux appels à cotisation. La Fondation BNP-Paribas et la pour estimer le manque à gagner. directeur littéraire au petits éditeurs sans assuran- explique Michel Desgranges. Le Les éditeurs régionaux ont béné- Caisse des dépôts ont versé cha- Aussi je les quitte, c’est ma répon- Csein du département littérature ce,I de disparaître en perdant ces programme des réimpressions ficié d’aides locales, voire cune 5 000 euros. Les contacts se. Eux, ils étaient assurés. Ils ont (« Le Monde des livres » du ouvrages. Six mois après l’incen- coûte environ 1 million d’euros. internationales puisque le Portu- sont pris avec d’autres insti- lancé une campagne en vue de 8 novembre). L’éditeur l’a officiel- die de l’entrepôt des Belles Let- Les Belles Lettres ont organisé gal a aidé l’éditeur bordelais L’Es- tutionnels. L’appel d’Helikon trouver des fonds pour aider à la lement annoncé, mercredi tres, à Gasny (Eure), l’éditeur et une souscription mais n’ont pas campette. En Suisse, La Dogana continue (3, rue Ravignan, réimpression de leurs livres. Mon 20 novembre. « Il y publiera princi- ceux qu’il distribue font les pre- demandé, pour l’instant, d’aides bénéficie de l’aide de Pro Helve- 75018 Paris). contrat avec les Belles Lettres palement des romans mais pourra miers bilans. Dès le mois de de l’Etat. Le stock était assuré, ce tia pour publier une anthologie Un seul éditeur a déposé son court jusqu’en mars. Après, je ne également intervenir sur d’autres juillet, les Belles Lettres ont qui n’était pas le cas de nombreux de poésies de Philippe Jaccottet. bilan, en Suisse : François sais pas qui je vais prendre. » La types d’ouvrages », précise Flam- ouvert un nouvel entrepôt à éditeurs distribués (Agone, La Fa- Des libraires ont mis en avant les Demoures, directeur des édi- maison d’édition n’était pas assu- marion dans un communiqué. Gaillon (Eure), un peu plus petit brique, Obsidiane, Thélème, etc.). livres des éditeurs des Belles Let- tions Demoures. Il affirme que rée, mais l’incendie ne la met pas « J’en ai un peu assez de faire mais plus moderne. « Tout s’est tres. « Il y a eu des efforts de faits l’incendie n’est pas la seule cau- en péril, car elle a reçu des aides parler de moi : chez Flammarion je bien passé. Les éditeurs reconsti- 279 500 pour qu’il y ait une plus grande se de la fermeture de sa maison du CNL. m’emploierai à faire parler des tuent petit à petit leurs stocks et ont Le Centre national du livre présentation des livres », constate d’édition : « Mais, après l’incen- Les éditeurs sont sortis des autres, commente Frédéric Beig- sorti comme prévu leurs nouveau- (CNL) a mis en place un plan de Marie-Claude Brossard au die, continuer me faisait prendre flammes, mais leur situation res- beder, je suis heureux de rejoindre tés », explique Michel Desgran- trois ans d’aides à la réimpres- Temps qu’il fait. Le prix du Petit- des risques énormes, financière- te fragile, surtout dans des un fleuron de l’édition française, ges, PDG des Belles Lettres. sion. Vingt-six éditeurs ont béné- Gaillon a été créé pour les édi- ment. Je ne pouvais pas me le régions où il n’y a pas eu d’aides qui publie certains des écrivains Sa maison a lancé un vaste plan ficié d’un premier montant glo- teurs sinistrés, qui a récompensé permettre. » locales. La situation est difficile contemporains les plus impor- de réimpression, notamment bal de 279 500 euros, pour Tombeau pour l’éléphant d’Asie, L’incendie a eu une autre con- pour les petits éditeurs parisiens, tants. » Frédéric Beigbeder a déci- pour la prestigieuse Collection 220 livres, disques ou revues. de Gérard Busquet et Jean-Marie séquence en Suisse. Vladimir comme La Bibliothèque ou Jean- dé d’arrêter la télévision après des universités de France (les Des dossiers seront examinés Javron, chez Michel Chandeigne. Dimitrijevic, directeur des édi- Paul Rocher, qui ont reçu des l’échec de l’émission « Hyper Budé). « Nous prévoyons entre 100 chaque semestre jusqu’à la fin de L’association Helikon pour la tions L’Age d’homme, annonce aides du CNL et repartent. Show » sur Canal+ (« Le Monde et 140 réimpressions par mois. On l’année 2004. Les réimpressions défense du livre de création a son intention de quitter son dis- « L’herbe repousse par endroits », Radio-Télévision » du 16 novem- devrait pouvoir réimprimer toute la sont financées dans une four- lancé un appel aux dons et au tributeur français au printemps. explique Jacques Damade pour bre). collection (800 titres) d’ici à l’été. chette allant de la moitié aux mécénat, qui n’a pas pour l’ins- Il a perdu 51 000 livres dans l’in- La Bibliothèque. Son dernier En choisissant Frédéric Beigbe- Je crois que personne n’a jamais deux tiers des coûts. Le CNL tant recueilli tous les fruits cendie. « Cela représente une som- livre, après l’incendie, s’appelle der comme successeur de fait ça. Les progrès technologiques accorde une aide des deux tiers escomptés. L’association a réuni me considérable. Certains titres Naissance du fantôme. Raphaël Sorin, parti chez Fayard, nous aident considérablement. aux éditeurs qui ont perdu plus moins de 20 000 euros. « On pen- classiques sont de fait épuisés. Il Alain Salles Flammarion veut rajeunir son Cela n’aurait pas été possible sans de la moitié de leurs stocks. sait pouvoir réimprimer cinquante n’y a plus de stock. La perte va se et Sylvie Tanette image. « Cela montre que la littéra- ture est une priorité de notre déve- loppement. Nous voulons nous ren- forcer et être un acteur important dans ce domaine. C’est un pari, Mise à feu du prochain Michael Crichton À L’ÉTRANGER car il n’a jamais exercé cette fonc- tion, mais il baigne depuis toujours a - : le Nobel et la lutte des presses universitaires dans la littérature. Il a envie d’être e lancement d’un best-seller américain res- Le New York Times du 11 novembre ironisait en Le nouveau Prix Nobel, le romancier hongrois Imre Kertész, a été publié à l’écoute des auteurs de la mai- semble de plus en plus à celui d’un film. Pour disant que « HarperCollins prévoyait le timing de Proie, aux Etats-Unis par les Presses universitaires du Nord-Ouest, qui connais- son, de leur apporter un soutien », Michael Crichton, l’auteur de Jurassic Park presque à la nanoseconde près ». Michael Crichton sent de grandes difficultés. Comme l’affirme le directeur de ces éditions, explique Frédéric Morel, direc- (10 millions d’exemplaires) ou de Soleil levant enchaînera plusieurs plateaux de télévision, dès la sor- Jonathan Brent, « les presses universitaires sont en danger », et un prix Nobel teur du groupe Flammarion, filia- (6L millions), on ne parle d’ailleurs pas de best-seller, tie du livre, avant de partir pour une tournée dans plu- ne suffit pas à redresser la barre, même s’il permet de faire monter les ven- le de Rizzoli. qui fait un peu misérabiliste, mais de blockbuster, sieurs villes des Etats-Unis. Le roman bénéficie d’une tes. Les difficultés sont nombreuses : la réduction du budget des bibliothè- L’arrivée de Frédéric Beigbeder comme pour le dernier Spielberg, qui a plusieurs fois très forte campagne de publicité qui culminera avec ques, la baisse du nombre de commandes… Certaines maisons, comme les a été suggérée par Michel Houel- travaillé avec Michael Crichton. Lundi 25 novembre, des spots télévisés. « C’est le premier livre de Crichton éditions de l’Université de Rice, ont dû fermer leurs portes. Peter Gilver, lebecq, l’auteur-vedette de la mai- HarperCollins lance le nouveau livre de Michael Crich- depuis trois ans. On espère que les gens verront son visa- directeur de l’association des Presses universitaires américaines, estime son, que la rumeur donne volon- ton, Prey (« Proie »), avec un premier tirage de deux ge ou entendront le mot « proie », partout. Ils rentre- qu’il s’agit d’« une période très difficile où la marge d’erreur est très étroite ». tiers partant. « C’est notre premier millions d’exemplaires, ce qui est la routine pour ront dans une librairie, et ça les frappera en pleine figu- Jonathan Brent, passionné de littérature de l’Europe de l’Est, est fier d’avoir auteur, explique M. Morel, ses Crichton. re », explique, au New York Times, Jane Friedmann, contribué à la reconnaissance du talent d’un auteur comme Kertész, mais liens avec Flammarion sont forts. Il Tout est fait pour susciter l’attente du public avant PDG de HarperCollins. son constat sur l’avenir de ces éditions reste pessimiste. s’entend bien avec Frédéric Beigbe- la date fatidique. Le livre fait l’objet d’un teasing sur Pour la maison, l’enjeu est considérable. C’est le pre- der. Il n’y a pas de raisons pour le site de HarperCollins : « Vous ne les verrez pas, jus- mier livre de Crichton que la maison publie. Il a suivi a : polémique pour le centenaire de Rafael Alberti qu’il ne fasse pas son prochain qu’à ce qu’ils vous envahissent et vous deviendrez une Jane Friedmann qui est passé de Random House à Le ministère de la culture espagnol organise, à l’occasion du centenaire livre chez nous. » PROIE. » Le père du techno-polar s’est consacré cette HarperCollins (« Le Monde des livres » du 1er novem- de la naissance de Rafael Alberti, une série d’expositions et de colloques à A. S. fois à la nanotechnologie : « Dans le désert du Neva- bre). La fidélité à l’éditrice s’est accompagnée d’un chè- Cordoue, Tenerife, Murcia, Madrid, Grenade, Malaga et El Puerto. Sa fille da, une expérience a terriblement mal tourné. Un nua- que substantiel. Le montant est estimé à 30 millions Aitana Alberti parle d’un « hommage aux cent ans d’un poète universel ». ge de nanoparticules – des microrobots – s’est échap- de dollars (29,6 millions d’euros) pour deux livres. Cela Cependant, cette commémoration est placée sous le signe de la polémique, pé du laboratoire. » Un site a été dédié au livre chez correspond en France au chiffre d’affaires de Dargaud, du désaccord entre certains proches d’Alberti et les membres de la commis- HarperCollins qui propose un entretien avec l’auteur, Harlequin-France ou Eyrolles. Les droits du film ont sion du ministère de la culture. Le vice-président de la commission confie à un extrait, un forum de discussions, ce qui est banal, déjà été vendus à la Fox, filiale, comme HarperCollins, El Pais : « Nous avons beaucoup discuté avant d’élire les membres, et nous mais aussi un concours, pour gagner une poignée de de l’empire Murdoch. Il paraîtra en France – où son espérons que ce choix ne donne pas lieu à trop de contestations », mais des pro- livres dédicacés, de tee-shirts, et dont le premier prix succès est moindre (100 000 exemplaires) – dans un ches comme les poètes Luis Garcia Montero, Luis Munoz, Benjamin Prado est… un quart d’heure de conversation avec Michael an chez Laffont. et sa nièce Teresa Alberti ne figurent pas sur la liste et contestent la part pré- Crichton. A. S. pondérante prise par la veuve du poète, Maria Asuncion Mateo.
Le Parefeuille à 19 h 30), avec Shau- . A Draveil, le Salon du pre- a 23 24 . - 126-138, rue de Paris, 93100 Mon- AGENDA na Singh Baldwin, Upumanyu Chat- mier roman regroupe plus de 50 jeu- . A Paris, colloque sur le tra- treuil, rens. : 08-20-00-00-43). terjee, Mukundan, Sashi Thadoor le nes auteurs (de 10 heures à 18 heu- vail psychanalytique (Maison de a 22 30 . - 25 à Paris (la Sorbonne de 10 heures res, entrée libre, château de Villiers, l’Unesco, 125, av. de Suffren, 75007. a 28 . . A e . A Caen (14), le 11 Festival à 20 h 30, salle des commissions), 3, av. de Villiers, Draveil-Essonne, Rens. : 01-43-29-66-70). Paris, la BNF consacre une journée à d’art et de littérature nordiques a avec Alka Saraogi et Akhil Sharma le rens. : 01-69-03-82-34). Jean Lacouture, qui a donné l’ensem- pour thème « Territoires et identi- 29 à Ajaccio (bibliothèque municipa- a 27 . . A ble de ses archives au département tés », avec l’Estonie pour invitée le à 15 heures). a 23 . . A Paris, la BNF organise une conféren- des manuscrits (de 9 heures à 21 heu- d’honneur (Centre régional des let- Paris, la BNF et France-Culture ce sur Raymond Queneau par Henri res, site F.-Mitterrand). tres de Basse-Normandie, 14, rue a 22 23 . . organisent une journée philosophi- Godard (de 18 h 30 à 21 heures, des Croisiers, 14009 Caen. Rens. : A Paris, colloque sur Lacan et la que sur la pensée de Martin Heideg- BNF site François-Mitterrand). a 29 30 . . A 02-31-15-36-40). littérature avec C. Millot, A. Com- ger aujourd’hui, avec Jean-Pierre Auxerre, le Cercle Condorcet orga- pagnon, E. Marty… (amphi 24 et Faye, Georges-Arthur Gold- a 27 2 - nise avec Le Monde, un entretien sur a ’ 30 . . amphi J.-Monod, université Paris- schmidt… (de 11 heures à 18 heu- . . A Montreuil se tient « L’avenir de l’islam en France et en Dans le cadre des Belles Etrangères, VII, 2, place Jussieu, 75005). res, BNF, quai François-Mauriac, le 18e Salon du livre et de la presse Europe » (Abbaye Saint-Germain, rencontres avec Mukundan et Krish- Paris-13e, grand auditorium, rens. : jeunesse en Seine-Saint-Denis 2 bis, place Saint-Germain, 89000 na Baldev Vaid le 23 à Uzès (librairie a 23 . 01-53-79-59-59). (entrée à 4 ¤ pour les plus de 14 ans, Auxerre, rens. : 03-86-67-03-92.)