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ETUDE : LE BOIS DU CAZIER : PRÉSENT POUR LE FUTUR. LE SAUVETAGE ET LA REQUALIFICATION DE L’ANCIEN SITE CHARBONNIER 1986-2006 JEAN-LOUIS DELAET DIRECTEUR Photos : Camille Detraux.

Le Bois du Cazier est avant tout un site, celui du charbonnage le plus célèbre de Wallonie. Il est indéfectiblement associé à la Tragédie du 8 août 1956 et à la place essentielle que les travailleurs immigrés ita- liens ont prise non seulement parmi les victimes de cette catastrophe,mais encore dans l’ensemble de la production char- bonnière du XXe siècle en Belgique. Les Italiens de Belgique sont doublement attachés à ce passé. D’une part,parce qu’il est gravé dans leur mémoire et dans leur chair et,d’autre part,parce qu’il constitue,à leurs yeux, l’amorce d’un avenir. Ils veulent que les sacrif ices consentis par les anciens portent leurs fruits pour les nouvelles générations. Nulle part en Europe, on ne trouve un symbole plus poignant de l’histoire de la mine et de l’épopée de ces « gueules noi- res », entrées dans la légende, que le Bois du Cazier.

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La sauvegarde du site du site par le travail, et un espace Vie véritable enclave industrielle Bois du Cazier aménageant les espaces verts, dont l’avenir foncier et urbanisti- sentiers et terrils. que dépendait des décisions qui L’émotion du souvenir de la Tra- seraient prises par Cockerill Sam- gédie est ravivée lors du 30e anni- L’achat du site par la Région wal- bre, acquis depuis lors par les versaire de la catastrophe minière lonne, retardé par la levée d’une groupes Usinor puis Arcelor, en 1986. Un mouvement d’opi- action paulienne, est effective le n’était pas un atout. L’avenir a nion naît pour dire : non, le Bois 7 mai 1998 et le maître de l’ou- donné raison à ces craintes puis- du Cazier ne doit pas disparaître ! vrage délégué est aussitôt désigné que, en 2001, Cockerill Sambre Il y avait d’anciens mineurs, Ex en l’intercommunale de dévelop- annonçait son retrait du site de Minatori et Amicale des Mineurs pement économique IGRETEC. Marchienne-au-Pont. des Charbonnages de Wallonie ; Sur proposition du Ministre des membres de la communauté Jean-Claude Van Cauwenberghe Le dossier rencontrant toutefois, italienne, particulièrement la est décidé le transfert du musée par ses qualités intrinsèques, l’as- Mission catholique italienne de de l’Industrie des Forges de la sentiment des autorités euro- Marchienne-au-Pont ; des Mar- Providence, à Marchienne-au- péennes, il est décidé de le pren- cinellois groupés au sein de l’asbl Pont, vers le site du Bois du Ca- dre en considération mais de Mémoire du Bois du Cazier ; et, zier à . proposer le transfert du musée vers un site plus attractif sur le enfin, des personnes sensibilisées Le transfert du Musée de plan touristique, et encore plus au patrimoine industriel et à l’Industrie l’aménagement du territoire pré- symbolique pour la mémoire col- sents au sein de l’asbl Espace En- Ouvert au public en septembre lective : le Bois du Cazier béné- vironnement. 1988, le musée de l’Industrie, ficiait déjà de l’aide Objectif 1. géré par l’asbl Archéologie Indus- L’idée était séduisante : d’un Une pétition regroupant des mil- trielle de la Sambre (AIS) était côté, des collections importantes liers de signatures, relayée par le devenu un outil touristique et dans des bâtiments vétustes, de Conseil communal de la Ville de pédagogique incontournable. Il l’autre des bâtiments qui seraient , aboutit au classement s’était mué progressivement en rénovés mais risqueraient de res- du site comme monument histo- un centre permanent de rencon- ter sans réaffectation d’ampleur. rique le 28 mai 1990 par le mi- tre et d’animation autour de l’ar- Le site deviendrait alors avec les nistre compétent de la Région chéologie industrielle. Malgré sa collections du musée de l’Indus- wallonne. Un rapport d’assis- renommée grandissante, le mu- trie et le savoir faire acquis par tance technique au futur projet sée de l’Industrie vivait, depuis l’asbl Archéologie Industrielle de est établi par des experts nommés ses origines, principalement du la Sambre, dans un domaine par le Conseil de l’Europe en no- mécénat de Cockerill Sambre et aussi particulier que celui du pa- vembre 1991, à l’initiative d’Es- de bénévolat de la part de tous les trimoine industriel, le « méga pace Environnement mais reste partenaires concernés. Musée de projet » dont Charleroi avait be- lettre morte. Le Gouvernement type « lourd », aussi bien par la soin pour compléter de manière wallon prend ensuite trois déci- nature de ses collections, et l’état judicieuse la palette de possibili- sions importantes : de vétusté des bâtiments indus- tés qu’offre la région en matière • le 20 juillet 1993 pour l’inscrip- triels que par l’importance du de tourisme. tion du site dans le cadre de l’Ob- budget de fonctionnement, sa jectif 1, programme européen en gestion ne pouvait continuer à se Les arguments en faveur du trans- faveur des régions en retard de faire au jour le jour, sans savoir ce fert étaient nombreux et les avan- développement économique ; que lui réservait le lendemain. tages de la fusion des deux projets plaidaient en faveur d’une réalisa- • le 18 mai 1995 pour l’acquisi- Pour remédier à cette situation, tion riche de potentialités et ou- tion du site ; un dossier Objectif 1 est intro- verte vers le plus large public : duit en 1998 ; une somme de • le 24 juillet 1997 pour la prise 110 millions d’anciens francs - En tant que monument du pa- en considération du projet pré- belges devait assurer un véritable trimoine industriel et social de senté par la Ville de Charleroi. essor au musée de l’Industrie. Wallonie, le Bois du Cazier réaf- Ce premier projet de requalifica- L’Union européenne et la Région fecté était probablement le der- tion, adopté par le Conseil com- wallonne se sont toutefois mon- nier grand site charbonnier à être munal du 9 mai 1996, quelques trées dubitatives sur le dévelop- proposé à la visite touristique. mois avant le 40e anniversaire de pement d’un projet touristique et Les sites de Blegny (Liège), de la tragédie, comprend un espace culturel à l’emplacement du mu- Bois-du-Luc (Centre), du Cra- Mémorial, un espace Artisanat et sée. En effet, son implantation à chet et du Grand-Hornu (Bori- Economie sociale, valorisant le Marchienne-au-Pont, dans une nage) l’avaient précédé, parfois

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de peu. Non loin de la frontière, équipe de gestion rassemblerait Le programme de requalification Lewarde, dans le Nord de la toutes les énergies humaines. défini, et adopté par le Comité France, est une attraction de qua- De plus, le site marcinellois est d’accompagnement du projet lité et de prestige, tandis qu’à Be- situé dans une zone dynamique à mis en place par la Région wal- ringen, en Campine, est projeté proximité du périphérique R3 et lonne, peut être résumé en dix le Vlaams Mijnmuseum. Le Bois de la Nationale 5. Les possibilités options : du Cazier se devait de dégager d’extension des bâtiments et les une spécificité qui le différencie 1) un centre d’interprétation espaces verts couvrant le sud du et, dans ce sens, l’apport du mu- consacré à la catastrophe du 8 site sont les gages de développe- sée de l’Industrie l’y aiderait ; août 1956 et aux phénomènes ments futurs qui seront d’ailleurs migratoires qui prend place dans - L’importance des moyens finan- utilisés dans le cadre du phasing la salle de la machine d’extrac- ciers dégagés donnait une nou- out de l’Objectif 1. velle ampleur au projet qui renfor- tion; Le projet de requalification cerait son attractivité : il y aura du site en deux phases 2) un programme scénographié plus à voir et à découvrir, et la pos- retraçant l’histoire des princi- sibilité pour le visiteur de passer On ne pouvait se dissimuler, af- paux secteurs d’activités du sillon firme le rapport d’étude réalisé une demi-journée ou même plus industriel Haine-Sambre-et- par l’Institut de Gestion de l’En- sur le site par la présence des ate- Meuse avec l’appui des principa- vironnement et de l’Aménage- liers créatifs, des forges les pièces de collections de l’asbl ment du Territoire de l’IGEAT - Un seul projet axé sur le patri- en 1999, que la double significa- Archéologie Industrielle de la moine industriel au Pays de tion, mémoire et mise en valeur Sambre, dans l’ancienne salle des Charleroi offrait une plus grande du patrimoine industriel et so- pendus et des douches ; visibilité en terme de promotion, cial, qui devra être assumée par le ou de tourisme, et une plus 3) un lieu d’expositions et de ma- site du Bois du Cazier, restera grande crédibilité vis-à-vis de nifestations temporaires, le fo- sans doute l’une des plus grandes partenaires éventuels. rum, dans la centrale électrique ; difficultés de son aménagement - Les économies sur les infrastruc- et de son exploitation. Sa propo- 4) un ensemble de services liés à tures et le fonctionnement sition était que l’aspect minier la gestion et à l’exploitation du n’étaient pas négligeables : accueil soit absorbé dans le seul espace site (administration, bibliothè- et visites du public, cafétéria et muséal destiné à conserver la mé- que), dans les anciens bureaux du frais administratifs. Une seule moire de la catastrophe. charbonnage ;

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5) les infrastructures liées à l’ac- cueil du public : boutique, bil- letterie, restaurant à l’avant du site ; 6) un mémorial, destiné au re- cueillement et à la commémora- tion du souvenir des victimes, qui occuperait le rez-de-chaussée de l’ancienne recette ainsi que le carreau proprement dit ; 7) des ateliers créatifs (forge, fon- derie) dans les anciens ateliers du site ; 8) un conservatoire des techni- ques dans une réserve de 900 m2 à construire ; 9) un aménagement de sentiers de promenade parcourant le sud du site constitué de trois terrils ; 10) un ensemble de structures liées au fonctionnement de l’éco- nomie sociale et à la promotion aux métiers des musées (ma- toire industrielle de la Wallonie, Pour la scénographie des centres quette, menuiserie, éclairage…) axé principalement sur le pays de d’interprétation consacrés à la éventuellement dans la recette de Charleroi, et de ses trois grands Révolution industrielle et à la ca- la tour « Foraky ». secteurs industriels : charbonna- tastrophe, c’est la firme TEM- Malgré des crédits complémen- ges, sidérurgie et verrerie. La ren- PORA qui est retenue. Son tra- taires, faute de moyens financiers contre avec cette histoire est éga- vail est supervisé par un comité suffisants dégagés dans le cadre lement sensorielle et visuelle par scientifique comprenant de l’Objectif 1, tout le pro- l’animation des ateliers centrés l’IGEAT, le Commissariat géné- gramme de requalification n’a pu sur le métal et le verre. Sans ou- ral au Tourisme et, bien entendu, être finalisé dans la 1ère phase. blier l’émotion toujours percep- l’AIS et le maître de l’ouvrage dé- Seuls sont réalisés, au courant des tible que dégage le mémorial. légué IGRETEC. Exigences du années 2000 et 2001, les cinq calendrier des aides européennes L’ensemble de ces dernières op- premiers points pour un mon- obligent, les délais sont courts et tions sont avalisées par le Gouver- tant dépassant les 15.000.000 ?. respectés : le 31 juillet 2001 nement wallon le 27 mars 2002 pour les entreprises ; quelques Les autres options le seront, dans dans le cadre du Phasing out. semaines supplémentaires pour le cadre du Phasing out de l’Ob- C’est un budget de plus de l’aménagement intérieur des jectif 1, en 2004 et 2005. Cepen- 8.000.000 qui est ainsi mobilisé. e deux espaces scénographiés. dant le 10 point du programme, Comme est décidé l’assainisse- l’économie sociale, est remplacé ment du site de la tour « Foraky ». En 2001, le Gouvernement wal- par l’opportunité qui s’est pré- Parallèlement, la Région wal- lon confie la gestion du site à sentée de transférer le musée du lonne, propriétaire du site, pré- l’AIS dont les statuts sont modi- Verre de Charleroi. La Régie des voit l’aménagement du domaine fiés. La première phase des tra- vaux de requalification du site est Bâtiments, propriétaire de l’an- boisé de 25 ha, appelé 3e phase. cien Institut National du Verre, inaugurée le 8 mars 2002, soit à souhaitait voir partir ce musée L’ouverture des musées en 2002 peine dix-huit mois après l’ou- communal afin de permettre l’af- Le permis d’urbanisme est ac- verture du chantier, en présence fectation du bâtiment comme cordé le 23 novembre 1999. de 2.000 personnes. annexe du Palais de Justice. C’est un consortium de sept en- Toute l’histoire de la catastrophe Après la réalisation de la 2e phase treprises générales de travaux qui est évoquée dans l’espace « 8 août du programme de requalifica- est désigné pour le gros œuvre et 1956 » par un film de 15 minu- tion, le Bois du Cazier présente les techniques spéciales. Le chan- tes, des statues du sculpteur an- en 2006 un panorama de l’his- tier débute le 15 octobre 2000. glais Paul Day et la reconstitu-

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tion d’une galerie. La condition Aux 1er et 2e niveaux sont replacés des créations originales réalisées des travailleurs, et principale- des mécanismes de translation par les artisans. ment des immigrés, est relatée des cages afin que le grand public Parmi les collections anciennes, dans un film de 6 minutes et une puisse appréhender le travail de outre les trois marteaux-pilons, fresque de photographies. La ca- la mine. Au rez-de-chaussée de la relevons la présence d’outils re- tastrophe du 8 août 1956 est re- recette, un lieu de recueillement marquables comme une cintreuse tracée heure par heure, jour par rappelle la mémoire des 262 vic- de tôle, une poinçonneuse et di- jour. Et ce jusqu’à ce fatidique 23 times de la tragédie. La scéno- verses presses. Les outils moder- août où, de la bouche d’un sauve- graphie du Mémorial, réalisée nes comprennent principale- teur, tomba le terrible verdict : par la firme Crossroads, a une ment : un marteau-pilon, des « Tutti cadaveri ! ». seule ligne conductrice dans la fours de fonderie, de fusion et de Dans le musée de l’Industrie, le mise en scène et les moyens tech- décirage permettant de pratiquer parcours se décline en plusieurs niques utilisés : la sobriété en- la technique du damas et le travail étapes illustrant cette épopée et vers les victimes décédées, envers des aciers feuilletés. Dans une correspondant aux principaux les personnes vivantes, envers le ambiance particulièrement au- secteurs industriels : les charbon- lieu de mémoire. thentique soulignée par le nages, la sidérurgie, la verrerie, contraste entre la noirceur des Le principe d’évocation des victi- les fabrications métalliques, les machines et la lumière des foyers mes s’établit à l’aide de deux mé- constructions mécaniques et de forge, l’odeur âcre du charbon dias ayant pour but de se renfor- électriques, la chimie, l’imprime- et le tintement des enclumes, le cer mutuellement : l’image et le rie ainsi que la vie sociale. Pour visiteur peut dès maintenant as- son. Par des moyens simples mais replonger dans cette aventure in- sister à des démonstrations de additionnels, la présence des vic- dustrielle, un laminoir à tôles da- forge. tant du milieu du XIXe siècle, des times est renforcée et crée l’émo- tion. L’évocation visuelle est Par le biais de l’aménagement du machines à vapeur, des dynamos, e des presses, un tramway électri- constituée du portrait photogra- domaine boisé, la 3 phase, le que de 1904… sont mis en phique et d’une partie texte Bois du Cazier se tourne résolu- scène. La visite se fait à l’aide (nom et prénom de la victime, ment vers l’avenir. La Région d’un audio-guide qui fournit de date de naissance, lieu de nais- wallonne (Direction générale des nombreuses informations (tra- sance, pays d’origine et nombre Ressources naturelles et de l’En- duites en néerlandais et anglais) d’enfants). Sur une bande sonore vironnement) a aménagé le do- sur les pièces exposées et qui per- sont diffusées les voix qui symbo- maine boisé de 25 ha en parc met au visiteur de parcourir le lisent les mères des victimes, leurs semi-naturel. Le projet a été réa- musée à son rythme. Une salle épouses, ou leurs filles. Ces voix lisé par les architectes Dore et Sobczak en association momen- multimédia propose une appro- sont donc de timbres différents tanée avec le paysagiste Herbert che simple et complète. selon l’âge des interprètes. De Meunier (Bureau A&J). La maturité du projet en 2006 plus, elles s’expriment dans la langue nationale de la personne Un premier terril, situé au Nord, Ponctuée par de nombreuses ma- évoquée. Le principe vocal utilisé avec son biotope remarquable, nifestations, l’année 2006 com- puise ses sources dans la techni- sert de charnière entre le quartier mémore le 50e anniversaire de la que du « chœur parlé ». des Haies, la Cité Parc et l’ancien tragédie de Marcinelle en même site industriel, en développant un temps qu’elle voit l’ouverture des Les ateliers sont un engagement processus de découverte du site e nouvelles infrastructures des 2 et solennel pris par la Région wal- par les habitants. La morpholo- e 3 phases du programme de re- lonne vis-à-vis des sidérurgistes gie et la configuration du second qualification du site : mémorial, de réinstaller les forges des an- terril font penser qu’il s’agit vrai- ateliers, domaine boisé. Ces trois ciennes usines de la Providence semblablement du premier dépôt nouveaux espaces s’ouvrent aux (ex-musée de l’Industrie) au Bois des résidus d’exploitation. Ce visiteurs le 23 mai 2006, à l’occa- du Cazier. Les marteaux-pilons lieu a été choisi pour établir une sion de la venue sur le site du Roi des forges de la Providence à « drève de la mémoire » qui re- Albert II et de la Reine Paola. Marchienne-au-Pont ont pris cueille les essences végétales pro- Bâtiment situé aux pieds des place dans les anciens ateliers du venant des pays d’origine des mi- deux châssis à molettes, la recette charbonnage. Grâce au soutien neurs morts lors de la tragédie de a été entièrement reconstruite du Commissariat Général au Marcinelle. Ces essences sont dans le souci de son intégrité his- Tourisme, les nouvelles forge et placées le long d’une promenade torique et ce, en maintenant le fonderie sont équipées de tout appuyée sur le flanc Est du terril maximum d’éléments d’origine. l’outillage moderne permettant et reprenant le tracé d’une an-

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cienne ligne de mise à terril. En tendu, le Mémorial inauguré loppement futur, le Bois du Ca- complément aux cheminements symboliquement en cette année zier souhaite construire un nou- piétonniers, un théâtre de ver- du cinquantième anniversaire de veau bâtiment qui aurait trois dure est aménagé sur la face Sud la tragédie. destinations : un centre d’inter- du terril. Le fond de scène est prétation des terrils, un espace de Troisième mission du contrat de constitué par les bâtiments du rencontre appelé « Agora » et gestion : développer des activités carreau de la mine eux-mêmes. enfin un centre de documenta- culturelles et touristiques à carac- tion et d’archives sur le passé éco- Pour le troisième crassier, l’évolu- tère général, soit de son propre nomique et industriel du Pays de tion des techniques avait permis chef (expositions, conférences, Charleroi, et enfin, pour complé- d’atteindre une hauteur plus éle- concerts), soit en mettant à la ter ces infrastructures, un centre vée. La morphologie et la dimen- disposition d’opérateurs exté- de séminaires. sion atteinte par le terril dit du rieurs le forum et l’auditorium. Sart-Saint-Nicolas donnent la Le Bois du Cazier est devenu un Plus de trente personnes sont oc- possibilité d’appréhender le pay- lieu d’animation et de réflexion cupées sur le site et l’équipe de sage du Pays de Charleroi. Ce qui sur des thèmes comme le travail, gestion travaille avec le soutien a conduit à imaginer des chemi- l’économie, l’immigration et le des associations des mineurs, Ex nements pour atteindre le som- patrimoine. Le site doit aussi ré- Minatori et Amicale des mineurs met du terril, où est aménagé un pondre aux sollicitations des des Charbonnages de Wallonie. observatoire du paysage, point Wallons et, en particulier, des Au sein du Conseil d’administra- d’orgue et culminant. Ces deux Carolorégiens pour qui le Bois tion sont représentés avec leur derniers crassiers sont reliés par du Cazier est un endroit qu’ils sensibilité tous les partis politi- une passerelle piétonne qui per- souhaitent faire découvrir au plus ques démocratiques et des gran- met le franchissement de la rue grand nombre, chaque année des organisations syndicales. Les de la Gare. La structure et les ma- déjà plus de 30.000 personnes. objectifs du Conseil sont claire- tériaux utilisés s’inspirent du pa- C’est une nouvelle page de la vie ment définis : trimoine industriel minier. du Bois du Cazier qui s’est ou- Les objectifs définis - préserver la mémoire de la tra- verte. Nous lui voulons un avenir gédie du 8 août 1956 ; digne de son passé et plein de Selon la convention signée avec la promesses. Région wallonne, l’asbl de ges- - sauvegarder le patrimoine mi- tion, renommée tout simplement nier du site ; C’est le plus bel hommage que « Le Bois du Cazier », a pour - valoriser l’histoire industrielle nous puissions rendre aux victi- première mission le fonctionne- de la Région wallonne ; mes de Marcinelle. ment des espaces muséaux. La - exploiter les trois terrils en of- deuxième mission est la préserva- frant une gamme de loisirs ; tion de la mémoire des victimes et la sensibilisation des plus jeunes. - animer ce lieu en permettant le déroulement de manifestations L’année d’ouverture en 2002 a culturelles ; été particulièrement riche en évé- nements. Quatre faits majeurs - développer les activités touristi- ont marqué les premiers mois ques : incentives, ateliers, bouti- d’existence : l’installation de la que, restaurant. cloche « Maria Mater Orphano- Le Bois du Cazier est un site dé- rum » ; l’inauguration des Jour- dié à la mémoire des victimes du nées du Patrimoine avec le son et 8 août 1956, mais il n’est pas que lumière créé par Franco Dra- cela. C’est un site minier mais ce gone ; la visite d’Etat du Prési- n’est pas un musée de la mine. dent de la République italienne ; C’est à cette condition que l’Eu- Sources : et le retour de Sainte-Barbe, la rope a accepté de contribuer au - Jean-Louis DELAET, Alain patronne des mineurs dont la sta- financement de sa réhabilitation FORTI, Francis GROFF, Le tue a retrouvé sa niche. D’autre dans le cadre de l’Objectif 1. Bois du Cazier. Marcinelle, Edi- part, le parcours du visiteur sur le tions Labor, Bruxelles, 2002 site est rythmé par la découverte Promesse d’une nouvelle exten- des lieux de mémoire que sont la sion, une dernière phase appelée - Alain FORTI, Christian grille, la salle des pendus, les Centre d’Interprétation et de JOOSTEN, Cazier judiciaire, bains douches, la lampisterie, le Rencontre devrait succéder aux Editions Luc Pire, Bruxelles, mur du souvenir et, bien en- trois précédentes. Pour son déve- 2006

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