Territoires Locaux, Milieux Et Développement En Grande Kabylie
Insaniyat n° 16 Janvier–-Avril 2002 Territoires locaux, milieux et développement en Grande Kabylie Ahmed BOUGUERMOUH* L’Algérie passe-t-elle encore à côté d’un débat et d’une mutation décisifs ? Ailleurs dans le monde, développé ou non, les territoires locaux, c’est à dire de manière grossière les espaces d’expression communautaire, - cela peut aller du village ou du quartier à la région – deviennent une dimension de base dans la recherche de nouvelles voies de développement socio-économique, plus efficaces et plus justes. Notre pays, par contre, omet ou occulte le territoire local dans les logiques et pratiques officielles de sortie de crise. Les faits, décidément têtus, rappellent pourtant quotidiennement cette dimension, de manière positive parfois, avec les dynamismes socio-économiques observables localement partout dans le pays, négative plus souvent avec les pratiques des groupes de pression locaux, ou incertaine encore récemment avec des processus de contestation citoyenne en cours de radicalisation. Comment rendre compte des potentialités de développement réelles, mais encore largement en friche, que recèlent les territoires locaux du pays, du retard accumulé dans la valorisation de ces potentialités, et surtout de la frilosité de l’Etat face aux processus de développement local ? La Grande Kabylie semble représenter une illustration significative de ces questions : les territoires locaux existent et manifestent leur présence, les potentialités de progrès social et économique paraissent notables, mais, pourtant, la région témoigne de signes incontestables de stagnation et même de régression : marginalisation, paupérisation, exclusion. Ce paradoxe demande analyse, car il intéresse l’ensemble du pays qui vit la même situation anachronique de besoins et de possibilités de * - Enseignant à la Faculté de Gestion et de Sciences Economiques à l’Université de Tizi-Ouzou.
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