Transformations Socio-Économiques Sur Le Secteur Agricole À Madagascar
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Transformations socio-économiques sur le secteur agricole à Madagascar. S’agit-il des effets de la mondialisation ? Cas de la Commune rurale d’Ambohijanaka Samoelson RABOTOVAO Enseignant-Chercheur, Maître de Conférences à l’Université d’Antananarivo, Domaine : Arts, Lettres et Sciences Humaines, Laboratoire d’Anthropologie – Patrimoine – Transformations sociales – Transculturalité (LAP2T) Résumé La Commune rurale d’Ambohijanaka se trouve à 17 kilomètres d’Antananarivo. Sa population est composée d’environ 80% de paysans, l’activité économique principale est l’agriculture et l’élevage. Le secteur agricole peut pourtant être un secteur moteur du développement durable à Madagascar. L’objet d’étude de cette recherche est donc l’analyse de la transformation socio-économique sur le secteur agricole dans la Commune rurale d’Ambohijanaka, dans le cadre de l’Anthropologie économique et de l’Anthropologie du développement. Cette Commune est connue pour sa culture commerciale et ses cultures maraîchères. Ses produits agricoles sont essentiellement vendus à des collecteurs à l’extérieur de la Commune. La principale problématique est le délitement des valeurs traditionnelles, des pratiques locales en matière d’agriculture sous l’effet de la mondialisation. Une solution reposant sur le système d’équilibre et d’adaptation entre la logique communautaire malgache et les effets de la mondialisation est proposée. C’est le commerce équitable, un système économique qui exige le partage équitable des bénéfices entre tous les acteurs concernés sur le secteur agricole, plus particulièrement les paysans producteurs et les collecteurs. Mots clés : agriculture, commerce, développement, mondialisation, paysan, transformation socio-économique Abstract The rural community of Ambohijanaka is situated 17 kilometres from Antananarivo. Its population is made up of about 80% of farmers whose economic activity is agriculture and livestock. However, agricultural sector can be an engine sector for sustainable development in Madagascar. The aim of this research is therefore the analysis of socio-economic change on the agricultural sector in the rural community of Ambohijanaka within the framework of the Economic Anthropology and the Anthropology of Development. This community is known for its commercial growing, its cash crops. Its agricultural products are mainly sold to collectors outside the community. The main issue is the disintegration of traditional values, local practices in agriculture as a result of globalization. A solution based on the system of balance and adaptation between Malagasy community approach and the effects of globalization is suggested. It is the fair trade, an economic system that requires the fair benefit-sharing between all stakeholders in the agricultural sector, especially farmers producers and collectors. Keywords: agriculture, development, globalization, peasants, socio-economic change, trade. 74 Introduction Le présent article touche deux domaines de l’Anthropologie : d’une part, l’Anthropologie du développement en relation étroite avec le changement social qui existe au sein des communautés, « le développement n’est qu’une des formes du changement social et ne peut être appréhendé isolément » (J. P. Olivier de Sardan, 1995 : 6). D’autre part, l’Anthropologie économique qualifiée par Robineau C. d’ « un instrument d’analyse précis de l’évolution des sociétés en développement, utilisable en amont de l’analyse sociologique des acteurs ; c’est, plus largement, l’ « anthropologie de l’économie » toujours nécessaire, tant pour situer les phénomènes économiques dans le champ social qui élargit leur signification que pour la démarche sur le terrain » (C. Robineau, 2000: 50). L’étude a pour objet l'analyse des transformations socio-économiques sur le secteur agricole en milieu rural sous l’effet de la mondialisation, notamment dans la Commune rurale d’Ambohijanaka. La transformation sociale provenant soit d’une dynamique endogène, soit d’une dynamique exogène soit des deux. La dynamique endogène réfère aux relations entre sous-groupes ou subcultures internes à la société malgache, alors que la dynamique exogène se rapporte aux relations entre la culture malgache et des cultures autres. Dans l’un et l’autre cas, les relations en question s’inscrivent dans l’interculturalité. Pour cela, il s’agit de situer la culture malgache, avec sa pratique locale, dans ses rapports de plus en plus inéluctables et pesants avec les multinationales, la communauté internationale, et donc de poser la question de la mondialisation. Les relations entre les pays se fondent sur la différence et la compétition. Les rapports des forces penchent sur tous les plans aux dépens de la société et de la culture malgache. Faute d’une base sociale solide devant la dynamique de la transformation sociale, les pratiques locales n’ont pas pu résister aux influences étrangères sur les plans matériel, technique, et idéologique dans le cadre de la mondialisation. C’est également un délitement des valeurs traditionnelles face aux enjeux de la mondialisation. En effet, les trois formes du capitalisme : le capitalisme financier, le capitalisme industriel et surtout le capitalisme commercial sont entrés à Madagascar ; en opposition aux pratiques locales en cours et impliquant de fortes transformations. Par conséquent, il est pertinent d’étudier, comment se manifestent les rapports de forces entre la société malgache avec les instances régionales, continentales et internationales ? Quels sont les effets et les impacts de la mondialisation à Madagascar, surtout dans les milieux ruraux ? Une solution reposant sur le système d’équilibre et d’adaptation entre la logique communautaire malgache et les effets de la mondialisation est proposée dans le cadre de la présente recherche. Cette recherche comporte trois grandes parties : premièrement, les Matériels et Méthodes ; deuxièmement les Résultats, et en dernier lieu les Discussions. 1- Matériels et Méthodes La partie intitulée « matériels et méthodes » a pour objectifs d’exposer les éléments techniques permettant de mettre en valeur la qualité des données, ainsi que des procédures d’analyse et de traitement des données collectées. 1.1- Matériels La présente recherche fait appel, pour une part, à des données documentaires et, pour une autre, plus importante, à des données d’observation et d’interview sur le terrain. Les 75 données documentaires contiennent les documents écrits tels que les textes, les extraits de livres, les articles de journaux et de revues ainsi que les documents numériques sur Internet. Ces données concernent le système socio-économique, des pratiques tant locales qu’étrangères à travers le secteur agricole. Les réflexions rapportées ici reflètent les analyses d’auteurs tant malgaches qu’étrangers. Ainsi, nous avons utilisé les « Informations Scientifiques et Techniques » (IST) qui sont généralement définies à la fois par des contenus, constitutifs de connaissances, par des supports documentaires et des canaux de communication spécifiques. Elles s’inscrivent dans des formes documentaires diverses : revues scientifiques, thèses, ouvrages spécialisés, bibliographies, résumés, mais aussi des cartes, banque d’images, données statistiques … (J. Lyrette, 1989 : 125-130). Ainsi, les matériels utilisés, à vocation multidisciplinaire, s’efforcent de coupler l’analyse sociale et l’analyse économique d’Ambohijanaka. Pour l’anthropologie du contemporain, l’analyse d’une société est incluse dans le courant dynamique dans le cadre de la globalisation et du contexte mondial. L’emploi du concept de global apparaît adéquat pour rendre compte du niveau d’intégration et d’interconnexion entre les populations du monde entier (M. Abelès, 2008). La transformation socio-économique d’Ambohijanaka est inévitable. Et, elle est issue de changements d’origines locales et internationales. Les données que nous avons collectées en sont les preuves, notamment sur l’histoire, la monographie, le développement agricole, le système agro-économique de base, la complémentaire macro- micro-économique, le changement de la structure économique, le dynamisme social… Quant aux données d’observation et d’interview, elles proviennent de nos multiples séjours à Ambohijanaka dans le cadre des études menées par notre laboratoire d’Anthropologie 27 depuis 2009 sur l’état des lieux de cette Commune. Ce sont des informations originales récoltées directement lors de l’investigation sur le terrain. La descente sur terrain dans la Commune rurale d’Ambohijanaka nous offre des données primaires, un corpus pour enrichir les données documentaires. Nous avons eu l’occasion de collecter les matériels sur le milieu naturel et le milieu social, en vue de la détection des « traces » et des « indices » permettant de reconstituer les éléments du système socio-économique traditionnel, ainsi que des diverses incursions du nouveau système d’origine étrangère. Grâce à l’observation passive, nous avons pu constater sur place l’organisation spatiale de la Commune rurale d’Ambohijanaka, l’emplacement et l’état de surfaces cultivables, les infrastructures agricoles, les différents types de produits agricoles, les marchés, les méthodes utilisées pour l’agriculture. L’utilisation de l’observation active nous donne des informations sur les genres de vie de la population d’Ambohijanaka, l’organisation sociale, les problèmes sociaux, les activités de la population, les structures foncières, la collaboration socio- économique entre les paysans, les types de relation entre les paysans producteurs