Les 2 300S, voitures-sœurs de Godia-Sales #3066 et Mascarenhas #3067

Les Maserati 300S qui portent les N° de châssis 3066 et 3067 sont les 16 et 17ème fabriquées (sur 24) et font partie d’une série de 4 sorties neuves en 1956 (châssis 3065, 3066, 3067 et 3068), caractérisées par des grilles d’aération rectangulaires situées sur chaque côté des ailes avant. Baptisées «Intérim», ces 300S a la carrosserie semi-longue et sans portière passager ont toutes été vendues à des propriétaires privés en ver- sion Monoposto. La Maserati #3066 est sortie de l’usine de Modena le 14 avril 1956 et livrée à l‘espagnol Francisco Godia- Sales, important client Maserati et déjà propriétaire de la #2524 avec laquelle il participait au Championnat du Monde de Formule 1. De couleur rouge, sa Maserati 300S se distinguait par une bande cen- trale jaune peinte le long du capot avant et d’une bande horizontale blanche qui reliait les 2 phares à l’avant (photo 1 au départ du GP de Porto 1956) La Maserati #3067 est elle sortie de l’usine de Modena le 1er Juin 1956 et livrée par l’intermédiaire du conces- sionnaire de Milan, au portugais Fernando Mascarenhas, Marquis de Fronteira, lui aussi déjà propriétaire d’une Maserati, la 150S #1666. De couleur verte (!), sa Maserati 300S portait 2 bandes latérales de bas de caisse blanches et un capot peint en blanc (photo 2 au départ du GP de Porto 1956).

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Destins croisés pour ces 2 Maserati 300S qui participeront pour leur 1ere course au Grand-Prix de Porto le 17 Juin 1956 (encore que #3066 est suspectée d’avoir couru auparavant sur le circuit de Barajas à coté de Madrid aux mains de l’espagnol Juan Jover le 22 Avril 1956). Sur la photo 3 sur la grille de départ du GP de Porto on distingue les 2 Maserati 300S de Godia-Sales N°15 et Mascarenhas N°7, toujours avec leurs plaques d’immatriculation italiennes ; au 1er plan la Ferrari du futur vainqueur Alfonso de Portago. A noter que ce GP de Porto 1956 voyait la participation de pas moins de 5 Maserati 300S privées : en plus des 2 nommées il y avait aussi au départ (photo 4) celles du suisse Toulo De Graffenried (#3056 bleue 2 tons), du suisse Benoit Musy (#3057 rouge -capot blanc) et de l’anglais Peter Whitehead (#3064 verte bri- tish racing)… Non, les Maserati de course n’étaient pas toutes rouges à cette époque! Godia termine 5ème, Mascarenhas abandonne et c’est Musy qui se classe le mieux des 300S à la 3ème place.

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[email protected] Après ce GP de Porto, le malheureux Mascarenhas va se tuer au volant de sa Ferrari Super America au court d’un stupide accident de la route à Barajas à coté de Madrid, en faisant la course avec son ami Leopoldo Villamil sur sa propre Pegaso. La veuve Mascarenhas, ne voulant pas que son fils succombe comme son père au virus de la course, va revendre les au concessionnaire de Milan, aussi propriétaire de la Scuderia Guastalla. Retournée à l’Usine, la Maserati #3067 va être reconditionnée et mise aux spécifications FIA de 1957: une portière passager rajoutée, un large pare-brise installé, un nez rallongé, repeinte en rouge. La voiture est expédiée en Amérique du Sud et participe aux 1000km de Buenos Aires le 20 janvier 1957 et finit 2ème aux mains de et Jean Behra (photo 5). C’est aussi sur cette Ma- serati 300S que Juan-Manuel Fangio va participer au GP de Cuba le 25 Février 1957 à La Havane (photo 6) et remporter brillamment la course devant une meute de Ferraris conduites à l’arrivée par Shelby, De Portago, Collins et Gendebien. Par la suite, #3067 va courir en Amérique du Sud avec des privés et finira blanche avec un moteur Chevrolet V8 !

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Entretemps de son côté Godia-Sales engage #3066 au GP de Rouen le 8 Juillet 1956, et grâce à ses liens étroits avec Ma- serati va bénéficier du statut de Maserati d’Usine pour la course suivante au GP de Suède 1956 sur le circuit de Kristianstad le 12 Août. Faisant équipe avec le rapide Suédois Jo Bonnier (photos 7 et 8), la Maserati N°11 doit abandonner sur bris de transmission. Godia-Sales finit la saison 1956 en France aux Coupes du Salon à Montlhéry avec la 1ere place, course qui est malheureusement endeuillée par les accidents mortels de Benoit Musy sur une Maserati 200S empruntée et Louis Rosier sur sa

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Pour préparer la saison 1957, Godia-Sales retourne à l’Usine la Maserati #3066 pour être elle aussi mise aux nouvelles spécifications FIA et modifiée avec de nouvelles entrées d’air de capot et de prises d’air de freins sur une face avant ral- longée. C’est cette 300S qui va être engagée par l’Usine aux 12 heures de Sebring le 23 Mars 1957 aux mains de la paire Carroll Shelby -Roy Salvadori , mais disqualifiée en course pour ravitaillement interdit (photo 9). La course suivante c’est les 1000km de Nurburgring le 26 Mai 1957 (photo 10) ou la 300S, de nouveau engagée par l’Usine, va terminer 4ème aux mains de Fangio et Moss qui avaient dû abandonner aux volants de leurs deux 450S … Par la suite Godia engagera sa 300S aux 24 heures du Mans 1958 partagée avec Jo Bonnier, et va revendre en 1959 sa 300S à l’argentin Roberto Bonomi qui l’engagera aux 1000km de Buenos Aires en 1960, repeinte en gris métal avec un triangle bleu peint sur le nez .

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