UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ------FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE ------DEPARTEMENT ECONOMIE - TROISIEME CYCLE ------DESS DEVELOPPEMENT LOCAL ET GESTION DE PROJETS ------

MEMOIRE EN DESS DLGP

LE PROGRAMME ACORDS, EN APPUI AU DEVELOPPEMENT LOCAL DE LA COMMUNE SAHATSIHO AMBOHIMANJAKA

Présenté par : RANDRIANARIVELO Bakoly Noëlle

Encadreur académique : Professeur RAVELOMANANA Mamy Encadreur professionnel : Madame RAKOTONDRAINIBE Honorine

Date de soutenance : 12 Mars 2008

Année universitaire : 2006-2007 R E M E R C I E M E N T S

Je me permettrais d’exprimer ma profonde gratitude à tous ceux qui ont contribué à la réalisation du présent mémoire, pour les précieux soutiens et appuis qu’ils m’ont apporté.

Mes remerciements s’adressent particulièrement à :

Dieu, en premier lieu. Sans lui, je n’aurais pas eu la force et le courage d’aller jusqu’au bout de mes études en DESS. Je louerai l’Eternel de tout mon cœur

Monsieur le Professeur RAVELOMANANA Mamy, Chef de Département de l’Economie, qui m’a aidée dans l’élaboration de ce mémoire avec beaucoup de gentillesses et de savoir faire. Je ne saurais vous remercier assez pour l’accueil bienveillant et la grande disponibilité que vous m’avez réservée.

Madame RAKOTONDRAINIBE Honorine, Chef de Division du Développement Rural au sein du Bureau d’Appui à l’Ordonnateur National (BAON), qui a bien voulu me soutenir et m’encadrer dans mes travaux. Vous avez aimablement investi beaucoup d’efforts et de votre précieux temps pour mener à bien la réalisation de cette étude.

Je tiens à remercier également :

• L’équipe de l’Unité de Gestion du Programme ACORDS

• L’UADEL Amoron’i Mania

• La population locale de la Commune de Sahatsiho Ambohimanjaka

• Ma famille, toute l’équipe du BAON, les étudiants en DESS DLGP.

SOMMAIRE

Pages

Acronymes

Liste des tableaux

Liste des annexes

Avant propos

Introduction

1ère Partie : Description générale du programme ACORDS et de la commune Sahatsiho 6 Ambohimanjaka

Chapitre 1 : Description du programme ACORDS 7

1- Contexte

2- Objectifs du programme

3- Approche

4- Composantes du programme

5- Stratégie du programme

Chapitre 2 : Etat des lieux de la commune rurale Sahatsiho Ambohimanjaka 18

1- Situation géographique

2- Situation sociale

3- Paysage administratif et associatif

4- Situation économique

5- Potentialités et contraintes

2ème Partie : Analyse des résultats de l’appui du programme ACORDS au 22 développement de la commune Sahatsiho

Chapitre 1 : Présentation des résultats 23

1- Définition des concepts

2- Résultats de l’appui 3- Impact des réalisations

Chapitre 2 : Analyse des résultats et perspective 37

1- Analyse des résultats

2- Analyse critique des indicateurs

3- Perspectives

Conclusion générale 58

Références bibliographiques

Annexes

ACRONYMES

ACORDS : Appui aux Communes et Organisations Rurales pour le Développement du Sud

AFVP : Association Française des Volontaires du Progrès

CAO : Commission d’Appel d’Offres

CEG : Collège d’Enseignement Général

CREF : Comité Régional d’Eligibilité de Financement

CSB : Centre de Santé de Base

CTD : Collectivités territoriales décentralisées

CTI : Cellule Technique Intercommunale

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

FED : Fonds Européen de Développement

FID : Fonds d’Intervention pour le Développement

GTDR : Groupe des Travailleurs pour le Développement des Régions

IRA : Insuffisance Respiratoire Aiguë

MAEP : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche

MAP : Madagascar Action Plan

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PAT : Plan d’Actions Triennal

PCD : Plan Communal de Développement

PIA : Plan d’Investissement de l’Année

PIA1 : Plan d’Investissement de la première année

PIB : Produit Intérieur Brut

PIN : Programme Indicatif National

STC : Secrétaire Trésorier Comptable STD : Service technique déconcentré

UADEL : Unité d’Appui au Développement Local

UGP : Unité de Gestion du Programme

LISTE DES TABLEAUX

Pages

Tableau 1 : Volume des subventions ACORDS distribuées 12

Tableau 2 : Liste des UADEL pour les 09 régions 13

Tableau 3 : Consistance du projet de construction de passerelles 29

Tableau 4 : Nombre des participants aux réunions organisées 39 dans les Fokontany de la commune de Sahatsiho

Tableau 5 : Indicateurs des résultats des actions crées par la 52 commune Sahatsiho

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Carte de localisation de la commune de Sahatsiho Ambohimanjaka

Annexe 2 : Photos des investissements réalisés pour la première année de la commune Sahatsiho Ambohimanjaka

Annexe 3 : Une copie du contrat de subvention conclu entre la commune et l’UGP ACORDS

AVANT PROPOS

Madagascar est l’un des pays les plus pauvres du monde. L’économie progresse lentement alors que la population augmente à un rythme de 2,7% par an. La répartition de cette pauvreté qui touche environ 70% de la population Malagasy est inégale dans le pays en raison des disparités géographiques (enclavement, topographie, géologie, climat, …), économiques (ressources naturelles réparties différemment) et socio-politiques. Les régions du Sud de Madagascar situées dans les provinces de Toliary et de Fianarantsoa sont les plus pauvres.

Selon le MAP, l’objectif du pays étant de réduire de moitié cette pauvreté en 2012 et d’avoir un taux de croissance économique de 8 à 10% dans 5 ans. La réalisation de ces objectifs est conditionnée par une amélioration nette de la croissance économique du secteur rural, vu l’importance de ce dernier à Madagascar.

En effet, selon toujours le MAP, le développement rural dynamique et l’effective réduction de la pauvreté sont à la base des efforts du gouvernement dont les principes directeurs sont en synergie avec la politique de la relance du processus de décentralisation. La décentralisation a pour objectif principal de rapprocher le gouvernement des citoyens et elle est considérée comme un moyen d’ancrage et d’appropriation du développement par la population en vue de susciter et promouvoir une croissance économique à base élargie. Le développement vient donc de la base c'est-à-dire dans les communes, les régions.

Ce qui m’a amené à choisir une commune rurale bénéficiant de l’aide pour son développement afin de mieux apprécier la dynamique de cette politique du gouvernement.

- 1 -

I N T R O D U C T I O N

- 2 - INTRODUCTION

L’économie de Madagascar est à base rurale avec 2/3 des 17 millions d’habitants impliqués dans l’agriculture qui contribue à hauteur de 27% au PIB et 40% aux exportations. Les cultures comprennent principalement le riz (40% de la surface cultivée), et dans une moindre mesure (35%), le maïs, le manioc 1. La partie restante est occupée par les cultures d’exportations et industrielles, principalement le café, le girofle et la vanille sur la côte est, le coton, le sisal et la canne à sucre dans quelques autres zones. L’élevage, principalement bovin, conduit de manière extensive et combinée en partie avec des petits ruminants est une activité économique significative dans les régions sèches et à savane herbeuse du Sud et de l’ouest du pays.

Malgré un potentiel avéré, la productivité agricole a été stagnante depuis plusieurs décennies contribuant la cause d’une pauvreté rurale extrême et très répandue. Sur les 70% de la population Malagasy qui sont actuellement en dessous du seuil de la pauvreté, environ 85% vivent dans les zones rurales.

Le secteur rural fait face à diverses contraintes provenant à la fois des facteurs techniques (insuffisance des dispositifs de gestion de l’eau et de contrôle de l’érosion, manque d’accès aux technologies avancées, intrants et crédits) et du contexte non incitatif (enclavement, inexistence ou éloignement des marchés, insécurité foncière). Pour l’élevage, l’insécurité aux vols des animaux s’ajoute à des facteurs, qui sont aggravés fortement par l’effondrement du dispositif du contrôle et d’appui sanitaire an raison des crises politiques successives des dernières décennies.

Dans les provinces de Fianarantsoa et de Toliary, d’importants déficits en équipements sociaux et économiques sont constatés en milieu rural. L’enclavement total ou partiel de nombreuses communes, engendre des effets négatifs sur la condition de vie en général et les activités économiques en particulier. Le potentiel de production agricole est souvent sous exploité, par manque d’aménagements communs pour la gestion des terres cultivées et cultivables en aval et sur les tanety ainsi que des espaces pâturage et des forêts en amont des bassins versants.

Ces problèmes ont été identifiés depuis plusieurs années et découlent de l’incapacité des collectivités territoriales de base, des communes et des organisations paysannes à planifier et

1 Document Cadre de Partenariat France-Madagascar – DCP – (2006-2010)

- 3 - à mobiliser des ressources suffisantes pour les investissements. En outre, les carences dans la conception et l’exécution des interventions de développement rural expliquent la persistance et l’aggravation des problèmes.

Depuis 2002, après le retour à la normale du fonctionnement de l’Etat, une forte volonté politique a engagé le pays dans un vaste programme de reforme, soutenu par la communauté internationale, qui ouvre la voie du développement et de l’intégration à l’économie mondiale.

La « vision commune pour Madagascar et ses régions », rendue publique en 2004 par le Président de la République sous la devise « Madagascar naturellement », propose une dynamique de croissance forte et durable, qui repose sur la nature et l’agriculture, et a pour objectif la réduction de la pauvreté, en particulier dans le monde rural.

Pour améliorer de façon simultanée la production et les conditions de vie en milieu rural, une stratégie alternative est de plus en plus adoptée par différents acteurs et bailleurs depuis quelques années à Madagascar. Cette stratégie consiste à ancrer les interventions au niveau local et à financer les investissements en ressources humaines et en infrastructures à partir d’un fonds de développement et sur la base des plans communaux de développement. L’enjeu est de permettre à la fois de répondre aux besoins d’amélioration des capacités locales d’autogestion et de transformer le financement des investissements en milieu rural en un processus d’apprentissage à la planification et à la gouvernance locale.

La mise en œuvre de cette stratégie satisfait la volonté du gouvernement de faire des communes le point principal d’ancrage des actions de développement. La commune représente la seule entité effectivement décentralisée à Madagascar, donc ayant vocation à constituer une structure de base.

La communauté européenne, à travers le programme ACORDS, a voulu concrétiser cette stratégie en appuyant les communes rurales à prendre en main leur développement.

Une question se pose alors : « le programme ACORDS réussira-t-il à appuyer les communes à prendre en main leur développement ?». Pour pouvoir répondre à cette question, il importe de faire une étude dans une commune bénéficiant de la subvention ACORDS. A cette fin, notre étude est divisée en 02 parties :

- 4 -

- la première partie est consacrée à la description générale du programme ACORDS et de la commune d’étude,

- la deuxième partie consiste en l’analyse des résultats, des indicateurs ainsi que les perspectives pour un meilleur cadrage du programme.

- 5 -

1re partie : DESCRIPTION GENERALE DU PROGRAMME ACORDS ET DE LA COMMUNE SAHATSIHO AMBOHIMANJAKA

- 6 - Avant d’entrer dans le vif du sujet qui s’intitule « le programme ACORDS, en appui au développement de la commune rurale de Sahatsiho Ambohimanjaka », une présentation générale du programme ACORDS et de la commune d’étude est nécessaire.

Chapitre 1 : Description du programme ACORDS

1- Contexte

Dans le cadre du Programme Indicatif National, financé sur les ressources du 9 ème FED, le Gouvernement Malagasy et l’Union Européenne ont convenu, en conformité avec les priorités du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté, de retenir le double principe de concentration sectorielle et de concentration géographique. Dans ce contexte, tout en recherchant la complémentarité entre désenclavement et création des pôles de développement, les secteurs Infrastructures/transport et Développement rural ont été retenus comme les deux secteurs de concentration et les deux provinces de Toliary et de Fianarantsoa, dont les taux de pauvreté sont les plus élevés du pays, ont été identifiés comme les deux zones de concentration géographique.

Le DSRP a consacré une place prépondérante au développement rural et à l’augmentation des revenus agricoles. Il a escompté un rythme de croissance de 4% de ces revenus, pour atteindre l’objectif de croissance globale qu’il s’est fixé, soit 6 à 7%. Le DSRP a insisté également sur la nécessité de susciter l’adhésion et la mobilisation de tous les acteurs et considère la relance du processus de décentralisation, comme le moyen de s’assurer de l’ancrage et de l’appropriation des actions de développement par les populations. Dans cette perspective, plusieurs interventions et mesures ont été prévues : renforcement, dans le cadre des régions du rôle des communes, renforcement de leurs capacités institutionnelles (incluant l’appui aux plans communaux de développement), développement des dispositifs de coopération intercommunale et amélioration de l’autonomie financière des communes (croissance des ressources fiscales et parafiscales).

C’est dans ce contexte que l’appui au Développement rural a été défini comme l’un des secteurs de concentration PIN 9 ème FED. A cet égard, le programme ACORDS a été élaboré.

- 7 - 2- Objectifs du programme

Le programme ACORDS, « Appui aux Communes et Organisations Rurales pour le Développement du Sud », d’un montant global de 60 Millions d’Euros, s’inscrit dans la politique de réduire la pauvreté en milieu rural et en particulier dans les neuf régions des deux provinces du Sud de Madagascar, Fianarantsoa et Toliary. La mise en œuvre du programme a commencé depuis juillet 2004 et se terminera en 2009.

Les objectifs globaux du programme sont les suivants :

- contribuer à la réduction de la pauvreté par l’amélioration de la croissance économique et des services sociaux dans le respect de l’environnement dans les zones rurales des provinces de Toliary et de Fianarantsoa,

- contribuer à la consolidation du processus de décentralisation en cour

- promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance locale

Ce programme s’articule autour de trois objectifs spécifiques énumérés ci-après avec les résultats attendus et indicateurs objectivement vérifiables correspondant :

2-1 Objectif spécifique n°1 : Améliorer la fourniture par les communes des prestations de qualité en matière de service public à leurs administrés .

2-1-1 Résultat n°1 : l’offre de service public aux populations a augmenté.

Indicateurs :

- Les actions visant à améliorer l’accès des populations aux services publics sont réalisées par la commune dans le cadre de la mise en œuvre des PIA des années 2 et 3

2-1-2 Résultat n°2 : La capacité de maîtrise d’ouvrage par les communes est améliorée

Indicateurs :

- la durée moyenne d’élaboration d’un APS est passée de 8 à 4 mois

- 8 - - la durée moyenne de réalisation d’un PIA est passée de 18-20 mois à 10-12 mois

- les infrastructures réalisées au cours de l’année 1 sont fonctionnelles

2-2 Objectif spécifique n°2 : Dynamiser l’économie locale dans les 09 régions d’intervention

2-2-1 Résultat n°1 : les actions concernant les activités génératrices des ressources financières accroissant les budgets des communes et le revenu de la population sont réalisées au sein des PAT subventionnés

Indicateurs :

- Nombre et coût des investissements par année réalisés au sein des PAT dans les secteurs pistes rurales et place du marché public

2-2-2 Résultat n°2 : Des nouvelles opportunités sont offertes aux entreprises des travaux et bureaux d’études

Indicateurs :

- Nombre et montant des contrats de prestation de services

- Nombre et montant des contrats des entreprises pour l’exécution des travaux.

2-3 Objectif spécifique n°3 : Faciliter l’émergence et renforcement d’une culture de citoyenneté au sein des communes moyennant des procédures de planification et de gestion transparente

2-3-1 Résultat n°1 : le fonctionnement des instances communales dans les principes de bonne gouvernance est amélioré

Indicateurs :

- le pourcentage des PV de délibération du conseil affichés à la mairie a doublé

- 9 - - le pourcentage des PV de délibération transmis au chef district a doublé

- le pourcentage des budgets primitifs approuvé par le conseil dans les délais légaux des communes a doublé

2-3-2 Résultat n°2 : les communes attributaires d’une subvention pour la mise en œuvre des PAT sont sélectionnées sur la base d’un processus de dialogue impliquant régions, communes et population concernée

Indicateurs :

- le pourcentage des comités APS disposant des participants issus des conseils communaux a augmenté

- Nombre de contrats de gestion signés avec des associations communales

3- Approche

Pour l’atteinte de ces objectifs, les approches suivantes ont été adoptées

- afin d’assurer l’impact, le programme a agi à une échelle significative. Il concerne les deux provinces du Sud et a apporté un appui financier et un apprentissage des différents aspects de la gestion communale à environ 1/3 des 650 communes rurales dans les neuf régions concernées.

- Le programme cherche à faciliter la création des « pôles de développement » en combinant le financement des initiatives intercommunales impliquant plusieurs communes avec des investissements communaux destinés à améliorer l’accès aux services publics de base (santé, éducation, eau potable) de la population concernée.

- Le programme cherche à créer une dynamique d’auto développement en favorisant la réelle appropriation des processus et des actions par les acteurs locaux et la population : promouvoir le dialogue et l’action communs des différents acteurs (population de fokontany, maires, GTDRs, autorités régionales). La prise de décision sur les communes sélectionnées pour un appui à leur budget d’investissement ainsi que sur les projets intercommunaux à financer appartient à une commission ad hoc dénommée CREF présidée par les Chefs de Région et composé par des représentants des différents collèges de GTDRs.

- 10 - 4- Composantes

Le programme définit trois axes prioritaires : les investissements communaux, le renforcement et élargissement de capacité des acteurs communaux, les investissements au niveau intercommunal

4-1 Les investissements communaux

Une subvention directe globale sera mise à la disposition au budget des communes pour financer les investissements qui permettent d’améliorer l’accès aux services de base pour la population des communes sélectionnées.

- Type d’investissement communal

Toute infrastructure publique : nouvelle construction ou réhabilitation (école, centre de soins, adduction d’eau potable,…) retenue et priorisée dans le plan d’action triennal, basé sur le PCD, élaboré avec la plus grande représentation de la population et validé par les autorités communales

- 267 communes ont bénéficié des subventions de l’ACORDS, soit 41% des 650 communes rurales de Toliary et de Fianarantsoa. Ces communes ont été sélectionnées par voie d’appel à proposition.

Les communes candidates ont présenté chacune un PAT (plan d’action triennal) constitué de 5 parties : les grands axes ou secteurs d’intervention souhaités pour chaque année, la méthodologie suivie par la commune pour l’élaboration du PAT, l’impact attendu et le budget demandé détaillé, la structuration de la commune et les expériences en terme de développement permettant de vérifier la capacité de la commune à gérer le budget demandé, les pièces annexes comme les comptes administratifs 2004, le budget primitif 2005,… Sur le plan financier, une participation d’au moins 10% est demandée à la commune pour bénéficier de la subvention à hauteur de 90%.

La sélection des communes est décentralisée au niveau de chaque région et se fait sur la base de l’évaluation des PAT proposés. L’évaluation des propositions a été effectuée par le CREF qui soumet une liste de communes à subventionner à l’Ordonnateur National du FED et à la Délégation de la Commission Européenne.

- 11 -

Le CREF est une commission ad hoc composée de :

- Président non votant : Chef de région

- Membres votants : représentant du Ministère de la Décentralisation, Directeur du développement Régional (région), Directeur Régional du Développement rural (MAEP), représentant des quatre collèges du GTDR

- Secrétaire non votant : UGP ACORDS

- Observateurs non votant : représentant de l’Ordonnateur National du FED et de la Délégation de la Commission Européenne.

La subvention distribuée se résume dans le tableau ci-après pour les 09 régions :

Tableau 1 : Volume des subventions distribuées

REGIONS Nbre de Montant Communes distribué subventionnées (Ar) Amoron’i Mania 27 4.984.316.514 Androy 29 4.995.833.879 Anosy 29 4.887.213.101 Atsimo Andrefana 38 5.911.572.978 Atsimo Atsinanana 36 5.908.489.543 Haute Matsiatra 31 5.634.577.848 Ihorombe 14 2.399.999.250 Menabe 26 4.900.754.958 Vatovavy Fitovinany 37 5.863.326.037 TOTAL 267 45.486.084.168

Le montant total des subventions distribuées s’élève à Ar. 45.486.084.168 pour les 09 régions.

La dotation moyenne par commune est estimée à Ar 170.000.000

- 12 - 4-2 Renforcement et élargissement des capacités des acteurs communaux sur divers thèmes

Un appui a été apporté pour les 650 communes rurales. Des formations sur divers thèmes (réflexion sur le développement local, planification participative et élaboration du plan d’action triennal à partir des PCD, gestion communale, maîtrise d’ouvrage, …) ont été réalisées. 616 secrétaires trésoriers comptables des communes, 616 maires, 599 conseillers municipaux ont été formés sur la gestion budgétaire et comptable des communes.

Les communes sélectionnées pour un appui financier sont accompagnés par un réseau de prestataire UADEL (Unité d’appui au développement local) tout au long du processus pour permettre d’améliorer les capacités des acteurs communaux dans l’analyse des problématiques, la négociation, la planification des activités, la gestion, la maîtrise d’ouvrage ainsi que d’une manière globale l’administration communale. Les UADEL, citées dans la liste ci-après, sont implantées au niveau de chaque région. Ce sont des ONG choisies par voie d’appel à proposition et elles doivent disposer du personnel spécialisé en administration et gestion communale pour permettre d’appuyer les communes pendant tout le long du processus.

Tableau 2 : Liste des UADEL pour les 9 régions

REGIONS UADEL

Amoron’i Mania AIM (Association Inter coopération Madagascar)

Androy GTZ

Anosy CARE France

Atsimo Andrefana GTZ

Atsimo Atsinanana ACTION AGRO ALLEMANDE

Haute Matsiatra AIM (Association Inter coopération Madagascar)

Ihorombe GTZ

Menabe AIM (Association Inter coopération Madagascar)

Vatovavy Fitovinany INTERAIDE

- 13 - 4-3 investissements intercommunaux

Ce volet consiste à un appui à la réalisation des initiatives intercommunales pour des investissements plutôt de type économique d’intérêt commun dont la gestion, la complexité et l’étendue, dépassent les capacités d’une seule commune.

A cet effet, les communes, ayant des intérêts communs, s’unissent et constituent une grappe. Le nombre de communes par grappe doit être au moins de trois, une commune peut appartenir à plusieurs grappes.

Les grappes de communes ont présenté leur projet auprès de l’Assemblée Générale des GTDR. Le but était d’améliorer et d’approfondir les objectifs intercommunaux identifiés par les grappes à partir des échanges avec les membres du GTDR en se référant aux potentiels de la localité concernée, à la vision régionale en terme d’émergence de pôle de croissance. 216 projets ont été soutenus auprès du GTDR. 70 parmi ces 216 seront sélectionnés et retenus pour des études d’avant projet sommaire.

Les types d’investissement concernent l’aménagement des bassins versants et des périmètres irrigués, la réhabilitation des pistes et routes, l’aménagement des marchés régionaux.

La dotation moyenne par région s’élève à 2 millions d’euros soit 4,8 milliards d’Ariary), répartis sur plusieurs projets.

5- Stratégie du programme

Au cours de cette section, la stratégie de mise en œuvre du programme ACORDS sera traitée. A cet effet, la structure de gestion du programme, les liens avec le programme du gouvernement, la stratégie de diffusion du programme seront résumés.

5-1 Structure de gestion du programme ACORDS

L’UGP ACORDS est chargée de la mise en œuvre du programme. Elle s’appuie sur deux types de structures exécutives, les Unités d’Appuis pour le Développement Local (UADEL) et la Cellule Technique Intercommunale (CTI), ainsi que sur des prestataires des services ad hoc pour des études et des actions de formation liées au déroulement du programme ou à des besoins spécifiques.

- 14 - L’UADEL a pour tâche d’accompagner les communes dans le processus relatif aux investissements communaux, et la CTI assiste les grappes de commune dans l’élaboration de leurs plans d’action jusqu’à sa mise en œuvre.

Les grandes fonctions retenues pour l’UGP sont les suivantes : conceptualisation, capitalisation, orchestration du processus de mise en œuvre, supervision des actions de l’UADEL et de la CTI. A cet effet, l’UGP dirige et coordonne toutes les activités. Elle est également en charge de la conception des outils et dispositifs à mettre en place.

5-2 Liens avec la politique du Gouvernement de Madagascar

La stratégie adoptée par le Gouvernement et appuyée par l’Union Européenne vise, à travers le programme ACORDS, le financement des investissements en ressources humaines et en infrastructures sur la base des plans communaux de développement. Sa mise en œuvre tient compte également de la volonté du gouvernement de faire des communes le principal point d’ancrage du développement (en vue de créer des pôles de croissance à l’intérieur des régions).

Une des orientations majeures de la politique nationale est la relance du processus de décentralisation, dont les principes directeurs sont cohérents et synergiques avec ceux relatifs aux actions de développement rural. En effet, la décentralisation a pour objectif principal de rapprocher le Gouvernement des citoyens et elle est considérée comme un moyen d’ancrage et d’appropriation du développement par la population en vue de susciter et promouvoir une croissance économique à base sociale élargie. Ainsi, le Gouvernement prévoît plusieurs interventions et mesures visant à faire des communes le principal fournisseur des services de proximité et le point essentiel d’ancrage des actions de développement. Les axes d’interventions prévues comprennent entre autres la création d’un contexte favorable au développement économique et social des communes, dont le développement des coopérations intercommunales, le renforcement des capacités institutionnelles des collectivités, y compris l’appui aux plans communaux de développement, et l’amélioration de l’autonomie financière des communes, surtout par la croissance des ressources fiscales et parafiscales.

- 15 - 5-3 Stratégie de diffusion du programme jusqu’à la sélection des communes à subventionner

Des ateliers de lancement du programme ACORDS ont été organisés par l’UGP dans les 9 régions. Celui de l’Amoron’i Mania a eu lieu à les 11 au 13 octobre 2004. Ces ateliers ont une double finalité :

- aboutir à une assimilation partagée des communes sur les principes directeurs et les étapes opérationnelles de mise en œuvre du programme, à savoir la sélection à l’échelle de la région des communes qui auront droit à l’octroi d’une subvention directe à leur budget, fondée sur une mise en concurrence articulée autour de trois principes : le regroupement des communes par grappe, la présentation d’un PAT, et la mise en œuvre d’un mécanisme de gestion transparente des fonds octroyés.

- Faciliter la connaissance mutuelle entre les communes (condition préalable à la constitution des « grappes ») et l’établissement des liens entre elles lors des séances de travail en groupe tenues au cours des ateliers.

Ces ateliers ont permis d’identifier les problématiques de chaque région et d’aider l’UGP à la formulation du dossier d’appel à proposition pour la sélection des communes.

En mai 2005, le premier appel à proposition a été lancé dans les neuf régions. Les communes candidates ont présenté chacune un plan d’actions triannuel (PAT) constitué en 5 parties :

- les grands axes ou secteurs d’intervention souhaités pour chaque année avec une description sommaire, par secteur ou axe identifié, des problèmes évoqués, objectifs envisagés, résultats attendus et activités,

- la méthodologie suivie par la commune pour l’élaboration du PAT dont le rôle prévu pour chaque catégorie d’acteurs (commune, conseil municipal, présidents de fokontany, population concernée) dans les différentes étapes de conception,

- l’impact attendu et le budget demandé

- la structuration de la commune, les expériences en terme de développement permettant de vérifier la capacité de la commune à gérer le budget demandé

- 16 - - les pièces annexes comme les comptes administratifs, budget primitif, un PV montrant l’accord sur les choix arrêtés par le Conseil communal et un PV montrant l’adhésion de la population concernée pour chaque secteur d’intervention identifié.

Pour ne pas handicaper les communes naissantes, la subvention de fonctionnement annuel de l’Etat plafonnée à 18 Millions d’Ariary pour les 3 années (soit 6 millions d’Ariary par an) peut constituer l’apport du bénéficiaire de 10%.

L’évaluation des propositions des communes a été effectuée par le CREF et se fait sur la base des PAT présentés par les communes.

En totalité pour les 9 régions du Sud, 873 dossiers ont été déposés et traités par les CREF. Parmi ces dossiers, 267 ont été retenus.

- 17 - Chapitre 2 : Etat des lieux de la commune rurale Sahatsiho Ambohimanjaka

Après une présentation du programme ACORDS, il est nécessaire de faire un état des lieux de la commune d’étude. Ainsi, les points essentiels concernant Sahatsiho Ambohimanjaka sont traités dans ce chapitre : situation géographique, situation sociale, paysage administratif et associatif, situation économique, les contraintes et potentialités de la commune.

1- Situation géographique

La Commune de Sahatsiho se trouve au bord de la RN7, à 207 km d’Antananarivo et à 56km au Nord d’Ambositra. Elle est limitée :

- au Nord par la commune rurale de Sahanivoky

- au Sud par la commune d’

- à l’Est par la commune de

- à l’Ouest par les communes d’Alatsinainy Ibity et d’Ambatomifanongoa

Elle appartient à l’ancienne province de Fianarantsoa, région d’Amoron’i Mania, district d’Ambositra

La commune couvre une superficie égale à 333,062 km² et est composée de six fokontany : Ambohitsoa, Ambohimanjaka, , Ankeniheny, Sahamalola, Fierenantsoa.

2- Situation sociale

En 2004, la commune compte 10.154 habitants dont 5135 hommes, 5019 femmes et 2407 électeurs. Une forte proportion des jeunes est enregistrée, 70% de la population.

Concernant l’éducation, pour les infrastructures de base, le niveau primaire regroupe 14 écoles (09 écoles publiques et 05 écoles privées) pour 1491 élèves. Pour le niveau secondaire, un CEG avec 05 enseignants est fréquenté par 162 collégiens. Mais compte tenu de l’augmentation de l’effectif des élèves ayant atteint le niveau secondaire, le nombre de CEG est jugé très insuffisant par la commune.

- 18 - La commune dispose de 02 centres sanitaires : un CSB1 et un CSB2. Les pathologies dominantes sont l’IRA (insuffisance respiratoire aiguë). Le CSB1 est une construction récente financée par FID dans le fokontany de Fierenantsoa. Elle dispose également d’une maternité dans le fokontany d’Ambohimanjaka, construite avec le CRESAN II.

Elle dispose également d’un marché public qui se trouve à Ambohimanjaka, chef lieu de la commune.

3- Paysage administratif et associatif

24 associations à vocation économique ont été dénombrées dans la commune dont 14 sont constituées de façon formelle. Les associations existent presque dans chaque fokontany.

Les associations de femmes, peu nombreuses et de création récente, sont également à vocation économique. L’une d’elles pratique la culture du « baobab nain » dans la forêt de Tapia pour alimenter la caisse de l’association.

La commune est composée de 02 organes :

- l’organe exécutif qui comprend le maire, 02 adjoints, un secrétaire trésorier comptable, un secrétaire d’état civil, une police communale, 06 chefs fokontany et 12 quartiers mobiles,

- l’organe délibérant qui comprend le président du Conseil, un Vice-Président, 02 rapporteurs, un secrétaire, 03 membres.

4- Situation économique

Les principales activités de la population sont l’agriculture, l’élevage et l’artisanat..

La commune, à vocation fortement agricole, offre une très grande variété de produits agricoles. Sur les surfaces cultivées, l’essentiel concerne le riz, puis le manioc, le maïs et la pomme de terre.

L’élevage concerne essentiellement l’élevage bovin à un mode semi intensif (gardiennage sur parcours limité pendant une partie de la journée, complément d’alimentation et parcage le soir) et l’élevage des soies sauvages.

- 19 - Suivant le compte administratif de la commune (année 2004), la totalité des recettes de la commune s’élève à 12 Millions d’Ariary dont 14% représentent les recettes propres. Les recettes sont constituées principalement des ressources fiscales, des revenus des domaines et des services. Le reste est comblé par la subvention de l’Etat.

Les dépenses d’investissement ne représentent que 3% de la totalité des dépenses qui s’élèvent à 11 Millions d’Ariary.

5- Potentialités et contraintes

5-1 Contraintes

Des infrastructures socio-culturelles n’existent pas pour permettre à l’épanouissement de ces jeunes qui constituent 70% de la population.

Le niveau d’instruction de la population est faible. Un taux d’analphabétisme de 40% est encore enregistré.

5-2 Potentialités

La commune dispose d’un sous-sol riche en ressources minières. Il s’agit principalement de tourmaline, dolomie, calcite, quartz, cristal.

Les ressources naturelles sont constituées par des cours d’eaux, des montagnes rocheuses, des forêts naturelles où y poussent des plantes endémiques et rares, des forêts de tapia. C’est pourquoi la commune inclut la valorisation des forêts de tapia d’Ambohitsoa et de Sahamalola dans l’objectif de son plan communal de développement.

La population est dynamique et a déjà l’habitude de contribuer à la réalisation des projets de développement avec le FID, AFVP, Banque Mondiale, CCPREAS.

- 20 - Conclusion

Le programme ACORDS est un programme financé sur le 9 ème FED qui vise à la réduction de la pauvreté dans les zones rurales situées au Sud de Madagascar. Son appui porte sur les investissements communaux par la mise à disposition d’une subvention aux budgets de la commune ainsi que sur le renforcement de capacité des acteurs communaux. L’accès à cette subvention est le résultat de la mise en concurrence des communes rurales des 9 régions du sud par le biais d’un appel à proposition. La commune de Sahatsiho, située dans le district d’Ambositra, région d’Amoron’i Mania est l’une des communes bénéficiaires de cet appui. Cette zone à vocation fortement agricole a une forte potentialité car elle dispose d’un sol riche en ressources minières et des forêts naturelles où poussent des plantes endémiques et rares. Ainsi, l’appui du programme ACORDS a vraiment été sollicité pour permettre l’exploitation de ces potentialités en vue du développement de la commune. Les principaux résultats de cette intervention seront présentés dans la deuxième partie.

- 21 -

2ème partie : ANALYSE DES RESULTATS DE L’APPUI DU PROGRAMME ACORDS AU DEVELOPPEMENT DE LA COMMUNE DE SAHATSIHO

- 22 - Après une description générale du programme ACORDS, la deuxième partie de notre étude portera sur l’analyse des résultats de son intervention pour contribuer au développement de la commune de Sahatsiho. Ainsi, les principaux résultats de l’appui seront présentés et analysés, suivis d’une perspective permettant un bon cadrage du programme ACORDS.

Chapitre 1 : Présentation des résultats

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est nécessaire de définir certains concepts qui encadrent le développement local

1- Définition des concepts

1-1 Concept du développement

Dans le parler populaire, on mêle souvent la croissance et le développement. Or, ce ne sont pas de synonymes. Le développement implique l’accroissement de bien-être et le changement dans la structure économique et sociale. Il engage une société sous tous ses aspects. La croissance se réfère à un accroissement des activités de production de biens et services mais n’implique pas nécessairement des changements dans la structure, ni un engagement d’une société sous tous ses aspects. Le concept de développement contiendrait donc l’idée de croissance 2.

Ainsi, la notion de développement englobe une multitude de composantes économiques, sociales et politiques et doit tenir compte des valeurs et attitudes d’une population.

1-2 Le local

Dans une perspective de développement, le niveau local, plus près de la réalité et des gens, serait le lieu de définition des besoins et de réalisation des actions.

Selon l’OCDE, « le niveau local est l’environnement immédiat dans lequel la plupart des entreprises – et en particulier les petites – se créent et se développent, trouvent des services et des ressources, dont dépend leur dynamisme et de relations techniques ou commercial. Le niveau local, c'est-à-dire une communauté d’acteurs publics et privés, offre un potentiel de ressources

2 Furtado Celso, « Théorie de développement économique » », coll. SUP, PUF, Paris, 1975, chap.1

- 23 - humaines, financières et publiques, d’infrastructures éducatives et institutionnelles dont la mobilisation et la valorisation engagent des idées et des projets de développement »3.

Il serait facile de conclure que le développement local est celui qui s’exprime sur un territoire donné, en l’occurrence ici, le niveau local.

1-3 Le développement local

Selon Dominique Paule, « les exemples citées pour illustrer le développement local sont les initiatives locales d’emploi ou de développement sans territorialité »4

Le développement local est aussi un processus émergent, endogène. Il est celui qui émerge des initiatives et du dynamisme des communautés locales. Il valorise aussi parfois des pratiques très imaginatives, les ressources humaines, financières et matérielles locales et il suscite des comportements novateurs axés sur la prise en charge, la créativité et l’esprit d’entreprise.

Le développement local place les acteurs locaux au cœur des efforts de développement des communautés. Une stratégie de développement local devrait donc tenir compte des dimensions particulières des réalités locales.

1-4 La décentralisation

Le terme de décentralisation englobe une variété de concepts. Généralement, c’est le transfert d’autorité et de responsabilités de fonctions publiques, de l’administration centrale, vers les organisations gouvernementales subordonnées ou quasi autonomes et/ou vers le secteur privé.

La décentralisation signifie que l’Etat reconnaît que tout ce qui peut être mieux réalisé à l’échelle locale doit être transféré aux populations à travers leurs représentants librement élus. La décentralisation consiste donc en la reconnaissance d’entités juridiques, les collectivités territoriales décentralisées, possédant une personnalité morale et une autonomie financière, dirigées par des organes élus ayant un pouvoir de décision sur les affaires locales dans les limites fixées par la loi. Ce processus doit concourir à un développement économique et social durable, respectueux des principes démocratiques, favorisant l’émergence d’une nouvelle culture de citoyenneté où les populations participent aux processus de décision.

3 OCDE, Réussir le changement : entrepreneuriat et initiatives locales, Paris, France, 1990, p.3 4 Dominique-Paule Decoster, « Le développement local : sésame de la citoyenneté » - juin 2000

- 24 - 2- Résultats

La commune de Sahatsiho Ambohimanjaka a bénéficié de l’Appui du programme ACORDS qui consiste à l’abondement d’une subvention à son budget et au renforcement des capacités des acteurs communaux.

Les principaux résultats de l’appui seront détaillés dans cette section et porteront sur l’établissement du PAT, de l’APS et la réalisation des actions de la première année.

2-1 Plan d’actions triennal (PAT)

Dans le processus du programme ACORDS, la commune doit présenter un plan d’actions triennal pour pouvoir bénéficier de la subvention. Ce PAT concerne un programme d’activités de la commune pour 3 années et qui définit les objectifs, les résultats et les activités à entreprendre.

Le PAT proposé par la commune Sahatsiho concerne 04 secteurs d’activité (économie, administration, sociale et environnement) et est présenté ci-après :

a) Secteur économie

Objectifs :

- désenclaver les cinq fokontany (Ambohimanjaka, Ambohitsoa, Ambohipo, Sahamalola, Ankeniheny) - favoriser les échanges commerciaux et les communications

Résultats attendus :

- l’écoulement des produits est facilité - l’évacuation sanitaire est facilitée - les fréquentations scolaires sont améliorées surtout pendant les saisons des pluies - la communication entre fokontany est facilitée

Activités

- Construction des cinq passerelles pour relier les fokontany à la RN7

- 25 - b) Secteur administration

Objectifs

- améliorer la gouvernance locale - renforcer la sécurité sociale - améliorer la qualité des services rendus, la gestion administrative de la commune et les communications intérieures et extérieures

Résultats attendus

- le cadre de travail au niveau de la commune est amélioré - l’autorité communale est renforcée - la sécurité des locaux est renforcée - les innovations et le développement sont reflétés - le changement de la mentalité des dirigeants locaux et de la population est apporté - la qualité des services rendus à la population est améliorée - la gestion administrative de la commune est améliorée - les communications extérieures et intérieures sont améliorées

Activités - Réhabilitation du bureau de la commune - Equipement en matériels informatique et audio visuel - Mise en place d’un comité de gestion du PAT c) Secteur social

Objectifs

- Mettre à la disposition des jeunes des infrastructures adéquates pour leur permettre de s’épanouir

Résultats attendus

- les conditions d’études des élèves sont normalisées - le taux de réussite aux examens est amélioré - les taux de scolarisation sont améliorés - les taux d’analphabètes sont diminués

- 26 - - le taux d’abus à l’alcoolisme est réduit - l’animation et la sensibilisation des jeunes pour lutter contre la propagation du VIH/SIDA sont facilitées.

Activités

- Construction de 04 nouvelles salles de classe pour les jeunes collégiens (CEG) - Formation des membres du comité de gestion - Construction d’un terrain de sport multidisciplinaire

d) Secteur environnement

Objectif : - Accroître le revenu de la population en développant l’écotourisme

Résultats attendus

- les forêts de tapia et les forêts naturelles, patrimoines de la commune sont préservées - l’écoulement des produits artisanaux et produits locaux des paysans est facilité. - La commune de Sahatsiho est ouverte au monde extérieur

Activités

- mise en place d’un comité communal pour le développement de l’écotourisme - aménagement des sites et circuits touristiques

Cette proposition de PAT a été soumise au CREF implanté au niveau de la région pour être évaluée afin de bénéficier la subvention ACORDS. Avant le dépôt de dossier au secrétariat de la région, des vérifications finales ont été faites par l’UADEL sur le contenu des dossiers et le contrôle des pièces obligatoires.

Par ailleurs, la commune doit encore définir les priorités des priorités dans ce PAT pour permettre de déterminer les actions à entreprendre dans la première, deuxième, troisième année. Cette tranche d’action annuelle est dénommée PIA, Plan d’investissement annuel. Ainsi le PAT est divisé en 03 PIA : PIA1, plan d’investissement pour la première année, PIA2 pour la 2ème année, PIA3 pour la troisième année.

- 27 - 1ère année : Exécution des projets concernant l’économie et l’administration : construction de 5 passerelles, réhabilitation du bureau de la commune, équipement en matériels informatiques et audio visuel.

2ème année : Exécution des projets relatifs au secteur social : construction de nouvelles salles de classe et construction d’un terrain de sport

3ème année : Réalisation du projet d’aménagement des sites et circuits touristiques

2-2 Signature du contrat de subvention

La proposition de PAT de la commune de Sahatsiho a été parmi les PAT sélectionnés au niveau de CREF pour obtenir la subvention ACORDS. Cette sélection a été suivie par la signature d’un contrat de subvention entre la commune et l’UGP ACORDS.

27 communes sur 53 qui ont répondu à l’appel à proposition ont été sélectionnées pour bénéficier des subventions du programme ACORDS dans la région d’Amoron’i Mania.

Le montant de subvention accordé à la commune Sahatsiho Ambohimanjaka s’élève à 180 millions d’Ariary pour financer les investissements proposés dans son PAT. La commune participe à hauteur de 20 millions d’Ariary sur ses ressources propres. Cette subvention a fait l’objet d’un contrat conclu entre l’UGP ACORDS et la Commune.

La signature du contrat de subvention a été réalisée le 05 septembre 2005. C’est un document officiel de l’octroi des subventions. Les dispositions essentielles du contrat sont les suivantes :

- la commune est le premier responsable de la mise en œuvre des actions,

- la commune a un délai de six mois au maximum à partir de la date de signature du contrat pour fournir l’avant projet sommaire

- la période de mise en œuvre des actions est de 36 mois décomptés à partir de la mise à disposition de la première tranche du financement

- la commune doit faire un rapport intermédiaire d’exécution en malgache ou en français à chaque fin des actions

- la commune a droit à un préfinancement pour chaque PIA. Le premier préfinancement ne doit pas dépasser les 50% du budget total du PAT.

- 28 - - les préfinancements pour les PIA2 et PIA3 dépendent du résultat d’audit diligenté par l’UGP ACORDS.

2-3 Etablissement d’un Avant Projet Sommaire (APS)

Conformément à son PAT, prévu dans le contrat, la construction des passerelles et la réhabilitation du bureau de la commune sont les actions prévues pour la première année. Ces activités ont constitué le PIA1 de la commune.

Pour permettre d’obtenir le paiement de la première tranche du PAT (préfinancement) pour la réalisation des actions de la première année, les communes sélectionnées ont dû présenter leurs PIA1 sous forme d’avant projet sommaire (APS).

2-2-1 Avant projet sommaire sur la construction des 5 passerelles

- Historique du projet

Les passerelles existantes ont été faites avec des troncs d’arbre et l’état de dégradation est avancé. Leurs niveaux sont assez bas et pendant la saison de pluies, elles sont toujours submergées et même emportées par l’eau. Pour pouvoir circuler la population est toujours obligée de les remplacer après chaque saison de pluie.

- Consistance du projet

Le projet consiste en la construction de 5 passerelles en béton et métalliques dont les caractéristiques techniques sont les suivantes :

Tableau 3 : Consistance du projet de construction des passerelles

Passerelle n°1 Passerelle n°2 Passerelle n°3 Passerelle n°4 Passerelle n°5

Longueur : 35 Longueur : 20 Longueur : 30 Longueur : 25 Longueur : 25 mètres mètres mètres mètres mètres

Niveau par Niveau par Niveau par Niveau par Niveau par rapport à l’eau : rapport à l’eau : 4 rapport à l’eau : 5 rapport à l’eau : 5 rapport à l’eau : 4 5 mètres mètres mètres mètres mètres

Largeur : 1m Largeur : 1m 20 Largeur : 1m 20 Largeur : 1m 20 Largeur : 1m 20 20

- 29 - - Résultats attendus

• Disponibilité de 05 passerelles fonctionnelles et répondant aux normes

• Désenclavement de 05 fokontany

• Revitalisation du marché communal, par l’écoulement de la production venant des 5 fokontany

• Accessibilité des centres de soins en toute saison

• amélioration de la communication entre la commune et les 5 fokontany.

• Amélioration du niveau de vie, du niveau d’instruction

Après le projet, le transport des marchandises sera facilité ; les marchandises à emmener au marché augmentent en quantité et plus variées.

D’autre part, sur le plan social les enseignants pourront rejoindre leur poste de travail et les élèves leur établissement. La construction des passerelles leur permettra de sortir des hameaux isolés. La population des hameaux isolés pourra bénéficier d’un suivi médical. Les femmes enceintes gagneront le Centre de Soins de Base pour suivre les consultations et accoucher en maternité quelle que soit la saison.

La population pourra gagner le Chef lieu où se trouvent toutes les infrastructures de base et particulièrement la Commune Les autorités peuvent venir aussi à la population à la base pour s’informer et informer et constater la réalité.

- Rôle des bénéficiaires

La contribution des bénéficiaires dans la réalisation du projet se manifeste par les apports.

• Apport dans contrat : 7 500 000 Ariary

Affectation de la contribution bénéficiaire:

Apport affecté à le rémunération des personnels de la commune (subvention de l’état) : 6 000 000 Ariary

Apport numéraire de la Commune: 1 500 000 Ariary pour les travaux de construction.

• Apport hors contrat s’élevant à 850 000 Ariary qui est constitué d’un apport en nature : gravillons

- 30 - Chaque fokontany bénéficiaire assurera 10 m 3 de gravillons, à déposer sur les lieux de la construction.

Les gravillons doivent être disponibles avant fin Mai 2006

Quantité : 5 Fkt x 10m3 = 50 m3

Prix /m3 (frais de transport inclus) : 17 000 Ariary

Montant de l’Apport : 50 m3 x 17 000 Ariary = 850 000 Ariary

Les contributions des bénéficiaires ont été tous réalisées à la fin janvier 2006.

- Gestion et fonctionnement post investissement

La gestion des passerelles sera une gestion privée sous contrôle de la commune.

L’association des usagers assurera l’entretien et la maintenance des infrastructures. Elle élabore son budget de fonctionnement et son programme annuel d’activités. Le budget voté sera affiché aux bureaux des fokontany. Sa principale ressource financière est la cotisation annuelle des usagers et éventuellement la subvention de la commune. Le montant de la cotisation sera fixé à partir du montant du budget de fonctionnement. Ceci dans l’esprit d’appropriation et de responsabilisation de la population.

Les membres de l’association des usagers recevront un appui en formation de l’UADEL. Un contrôle sera effectué pour s’assurer de la mise en application des formations reçues.

La commune en tant que maître d’ouvrage est chargée d’éduquer, de créer chez la population le sens du respect des biens publics. Il lui appartient de rechercher des financements ou autres partenariats pour d’éventuelle extension ou amélioration des services et d’assurer le rôle d’arbitrage et résolution en cas de conflit.

2-2-2 APS sur la réhabilitation et l’équipement de la commune

- Historique du projet

Le bureau de la commune a été crée en 1997. Il est encore fonctionnel mais le problème réside à l’étroitesse du bâtiment. Le local communal dispose d’une salle assez large au rez-de-chaussée qui sert à la fois de salle de mariage et de salle de formation. Un escalier conduit à l’étage où se trouvent 05 salles étroites et petites servant à la fois de bureaux et de salles

- 31 - d’attente (bureau du Maire, de l’Adjoint au Maire, de l’Etat-civil, du Trésorier comptable, du Chef ZAP, du Délégué Administratif Arrondissement. La véranda est étroite et rend difficile les déplacements. Des cloisons en bois séparent les salles de bureaux, ce qui ne permet pas d’étoffer complètement les bruits.

Par conséquent, tout effort de concentration diminue, ralentissant ainsi le rythme de travail et multipliant les erreurs de frappe (service état-civil) entraînant des retards dans la production des documents. Cette situation est aggravée par le fait que la commune n’est pas dotée de machine à écrire fonctionnelle.

La commune a un sérieux problème d’équipement bureautique provoquant des retards dans le traitement des divers documents administratifs et la réticence de la population à demander des services auprès de la commune sauf en cas de nécessité.

- Consistance du projet

Le projet consiste en la construction d’un bureau à étage, en briques : 12m x 6m avec un escalier extérieur en bois au sud et un véranda en bois de 1m de largeur le long de la façade. L’étage est composé de 6 salles servant de bureaux et un vestibule. Le rez-de-chaussée est constitué d’une grande salle de 75,95 m² servant de salle de mariage. Des bancs sont posés dans la cour de la Commune. Une partie de cette cour est en dallage par des pierres plates venant de la carrière d’Ankarana.

Le bureau de la commune sera doté de 02 ordinateurs et un panneau solaire pour l’alimentation en courant.

- Résultats attendus

• Disponibilité d’un nouveau bureau fonctionnel et des pièces plus spacieuses pour chaque service de la Commune

• Amélioration de la qualité des services rendus à la population : rapidité des services, amélioration de l’archivage

• Disponibilité de salle de réunion, salle de fête, salle de formation

• Amélioration du niveau d’information de l’information par le biais du site web,

• Changement de mentalité de la population et restauration de confiance aux autorités communales

- 32 - - Contribution et rôle des bénéficiaires

La Commune apporte son soutien dans la sensibilisation de la population pour obtenir une participation effective dans la mise en œuvre du projet. La population n’aura pas d’apport dans la réalisation du projet de réhabilitation du bureau. Toutefois, la commune apportera sa contribution à l’amélioration de l’infrastructure après les travaux de l’entreprise.

- Gestion et fonctionnement post investissement

Un nouveau système de gestion post investissement est adopté par la commune. Ce système consiste à une régie directe de la commune concernant l’entretien et la maintenance du bureau, des équipements informatiques, audio-visuel. Les charges récurrentes à l’utilisation et à l’entretien du bureau et des matériels seront supportées par le budget de fonctionnement de la commune, le coût affecté à ces charges est estimé à 350.000 Ariary.

Après vérification et validation par l’UGP ACORDS des résultats des deux APS qui font l’objet des actions à mettre en œuvre par la commune de Sahatsiho, la première tranche de son financement a été débloquée en juin 2006 pour un montant total de 87.187.410 Ar.

La commune a été ainsi appelée à réaliser les actions du PIA1

2-4 Réalisation du PIA1

A travers ce point sera traité comment la commune avait procédé pour réaliser les travaux.

Dans le cadre de l’exécution de ces projets, une commission de gestion a été crée au niveau de la commune pour élaborer les dossiers d’appel d’offres des travaux et lancer les appels d’offres correspondants. Ce comité devait assurer également le dépouillement et l’évaluation des offres jusqu’à la réception des travaux.

Cette commission est composée du Maire qui est le président, 05 membres votants dont 02 représentants de l’exécutif de la commune, un représentant du conseil communal, 02 représentants des bénéficiaires (fokontany), 01 représentant de l’UADEL qui est chargé du secrétaire exécutif.

Ce comité de gestion sélectionne également un maître d’œuvre qui est chargé d’assister la commune dans la suite du processus. Le maître d’œuvre propose le dossier d’appel d’offres qui va être lancé par le comité pour la sélection des entreprises chargées des travaux.

- 33 - Pendant cette phase, le rôle de la commune se fait à travers le comité de gestion. La commune est toujours maître pour les décisions à prendre pendant la réalisation des travaux.

Durant tout ce processus, les acteurs communaux avaient toujours bénéficié d’un renforcement de capacité. Pour ce faire, le programme ACORDS a mobilisé un prestataire pour former le maître d’ouvrage qui est la commune et faire une mise au point des outils adaptés.

Les actions du plan d’investissement de la première année ont été réalisées au premier trimestre de l’année 2007. Cinq passerelles en béton et métalliques ont été construites dont le coût total s’élève à 65 millions d’Ariary. A part la réhabilitation des bâtiments existants, le bureau de la commune a fait l’objet d’une extension. Un bâtiment à étage de 72 m² a été crée. Le coût total des travaux s’élève à 22 millions d’Ariary.

3- Impact des réalisations

Afin de mieux apprécier le résultat des actions du PIA1, il importe de constater les impacts des réalisations sur les conditions de vie de la population et sur la situation économique de la commune. A cet effet, les impacts seront présentés selon trois grands secteurs d’activité : économie, sociale, gouvernance locale.

3-1 Impact économique

6912 personnes habitant les 5 fokontany de la commune (Belohataona, Ambohimanjaka, Amboasary, Ambodiriana, Sahatamiana) ont été isolés pendant les saisons de pluie et ont attendu la baisse de la rivière pour pouvoir joindre l’autre rive.

Actuellement, ces 05 fokontany sont désenclavés complètement par la construction des 05 passerelles métalliques et en béton. La circulation des biens et personnes a été facilitée. La population locale n’a plus de problèmes pour rejoindre le chef lieu de la commune où se trouvent toutes les infrastructures de base. Les gens peuvent se communiquer entre eux et connaître beaucoup d’informations. Depuis, le volume des produits locaux vendu sur le marché a augmenté et est de plus en plus varié. L’existence des passerelles facilite le transport de la production et leur écoulement sur le marché.

Les recettes propres de la commune ont également enregistré une hausse après la réalisation du PIA1. Cette hausse est due à :

- 34 - - l’augmentation des revenus fiscaux. La construction des passerelles a permis aux agents de la commune de descendre directement vers les fokontany pour collecter les impôts.

- l’augmentation du nombre des marchands sur le marché. Ce qui génère des recettes en contre partie des tickets distribués aux marchands

- l’augmentation des autres recettes communales relatives à la délivrance des pièces d’état civil. Beaucoup de gens se précipitent à la Mairie pour élaborer leurs cartes d’identité nationales.

Cette hausse justifie le résultat positif de l’appui du programme ACORDS sur la situation économique de la commune

En outre, l’écoulement de la production est amélioré. Les paysans peuvent vendre sur le marché le surplus de leurs productions et acheter d’autres marchandises qu’ils ne produisent pas. Auparavant, la plupart de leur production (riz, manioc, pommes de terre) est destinée à l’autoconsommation puisqu’il n’y avait pas moyen de les transporter vers le marché.

3-2 Impact social

Actuellement, les enfants peuvent aller à l’école en toute tranquillité. Les enseignants n’ont plus de difficultés à rejoindre leurs postes de travail.

Avant le PIA1, le taux d’absentéisme était élevé pendant la saison des pluies. Presque la moitié des élèves n’étaient pas venus en classe. Maintenant, ce taux a beaucoup diminué

3-3 Impact sur la gouvernance locale

La réalisation des actions par la commune a permis de constater sa compétence à planifier ses actions, à tenir le calendrier d’exécution, à contrôler et surveiller la mise en œuvre des travaux.

Les acteurs communaux sont actuellement capables de prendre des décisions dans le choix des actions à entreprendre ainsi que le choix des entreprises/ prestataires/ fournisseurs pour réaliser ces actions.

Concernant l’administration, la lenteur administrative est nettement améliorée après la réhabilitation et l’équipement du bureau de la commune. Si avant le PIA1, le délai de délivrance d’un acte d’état civil était de 24 heures ou même plus, aujourd’hui, ça ne dure qu’une

- 35 - demi-journée. Le nombre de gens qui demande des services auprès de la commune devient de plus en plus nombreux.

En bref, les 02 investissements réalisés ont nettement amélioré les conditions de vie de la population locale et ont vraiment apporté un résultat positif sur la situation économique de la commune.

- 36 - Chapitre 2 : Analyse des résultats et perspectives

Le premier résultat attendu du programme ACORDS pour permettre d’apprécier l’appui au développement local, étant l’amélioration de la capacité d’ouvrage des communes. La commune est capable de prendre en main son développement. Elle arrive à prendre l’initiative, la responsabilité dans la réalisation des actions contribuant à son développement.

03 indicateurs ont été mis en place dans le cadre du programme pour évaluer le degré d’atteinte de ce résultat :

- la durée moyenne d’élaboration d’un APS est passée de 8 à 4 mois

- la durée moyenne de réalisation d’un PIA est passée de 18-20 mois à 10-12 mois.

- les infrastructures réalisées au cours de la première année sont fonctionnelles.

Pour la commune Sahatsiho, les 02 derniers indicateurs ont été satisfaits. En effet, la commune a pu réaliser les actions du PIA1 en moins de 10 mois après l’obtention de la première tranche du financement au mois de septembre 2006. Les travaux ont été terminés au mois de mars 2007. En outre, les 02 infrastructures sont actuellement fonctionnelles.

Par contre, le premier indicateur n’a pas été satisfait, le délai d’établissement de leur APS a dépassé les 4 mois (septembre 2005-mars2006).

Le deuxième résultat attendu concernant l’appui au développement local consiste en l’intégration par les communes des actions génératrices de ressources financières accroissant le budget de la commune et le revenu de la population dans le PAT. L’indicateur fixé à cet effet étant le nombre et le coût des investissements par année, réalisés au sein du PAT dans les secteurs pistes rurales et marchés publics.

Pour Sahatsiho, ce résultat n’a pas été atteint puisque aucune action concernant ces secteurs n’a été prévue dans son PAT.

Compte tenu de ces résultats, nous allons diviser la présente section en 02 parties. La première partie sera consacrée à l’analyse des problèmes en répondant à la question pourquoi l’atteinte ou non de ces résultats.

La deuxième partie sera consacrée à l’analyse des indicateurs qui permettra d’apprécier est-ce que les indicateurs mis en place par la commune et le programme ACORDS sont pertinents pour permettre de juger le développement de la commune Sahatsiho ?

- 37 - 1- Analyse des résultats

La commune de Sahatsiho est l’une des premières communes bénéficiaires de subvention qui arrivent à réaliser les investissements prévus pour la première année. Cette constatation permet de dire que le résultat attendu du programme a été atteint. Par contre, comme nous venons de voir, certains indicateurs de résultats n’ont pas été satisfaits. Ainsi, il est nécessaire de faire un diagnostic de ces résultats en analysant les forces, les faiblesses, les menaces et les opportunités du programme ACORDS

1-1 Forces

1-1-1 initiative de développement par la population locale

L’initiative de développement par la population locale a vraiment été constatée lors de la mise en œuvre du programme ACORDS dans la commune de Sahatsiho. La population a toujours été associée dans les phases d’identification des actions et de la détermination des PIA. En effet, les responsables communaux ont effectué plusieurs descentes au niveau des six fokontany pour réunir la population afin de déterminer les actions du PAT ainsi que d’identifier les investissements prioritaires à intégrer dans le PIA de la première année. La prise de décision s’est toujours faite dans les assemblées générales par la voie de démocratie.

- Phase d’identification

Après avoir assisté à l’atelier de diffusion du programme ACORDS qui s’est déroulé à Ambositra les 11 au 13 octobre 2004 pour la région d’Amoron’i Mania, le maire de la Commune de Sahatsiho a organisé des assemblées générales au niveau de chaque Fokontany pour présenter les activités de ce programme et identifier les problèmes existants.

Chaque réunion a été présidée par le Chef Fokontany et la présentation du programme ACORDS a été effectuée par les membres de la commune.

- 38 - Tableau 4 : Nombre de participants aux réunions organisées dans les Fokontany

FOKONTANY DATE REUNION NOMBRE PARTICIPANTS Ankeniheny 05/06/05 109 Ambohimanjaka 06/06/05 209 Ambohipo 12/06/05 50 Sahamalola 12/06/05 93 Ambohitsoa 20/06/05 101

En totalité, 662 personnes, âgées de plus de 18 ans, ont participé à ces réunions d’identification des problèmes de la commune.

Parallèlement à ces réunions, une autre réunion a eu lieu le 17 juin 2005 rassemblant les artisans, les exploitants des produits miniers et les éleveurs de la soie sauvage pour identifier les projets d’environnement à inclure dans le PAT de la commune. 32 personnes y ont assisté. Après discussion, il a été proposé l’aménagement des sites touristiques pour attirer les touristes en vue de l’écoulement des produits artisanaux, des produits miniers.

Chaque réunion a fait l’objet d’un Procès verbal qui devait être inséré dans le dossier de soumission. Au cours de ces réunions, la population a évoqué leurs problèmes et a proposé plusieurs solutions qui ont été classées par ordre de priorité par la voie de démocratie après discussion. Ces problèmes et solutions sont résumés comme suit :

La communication entre les cinq fokontany (Ankeniheny, Ambohitsoa, Ambohimanjaka, Ambohipo, Sahamalola) n’était pas possible pendant les saisons de pluie. Ces fokontany étaient complètement isolés, les passerelles en bois qui existaient, ont été emportées par l’eau quand la rivière montait. Les solutions proposées par la population étaient de changer ces passerelles par des passerelles en béton et métalliques pour les 05 fokontany.

La population était réticente envers la commune compte tenu que les services offerts par celle-ci n’étaient pas satisfaisants (lenteur administrative). Ce problème est dû à l’insuffisance de matériels de travail ainsi que la vétusté des bureaux de la commune ne permettant pas de travailler convenablement. Il a été proposé la réhabilitation et l’extension du bureau de la mairie et de l’équiper en matériels informatiques et audio visuel.

- 39 - Le nombre des élèves fréquentant l’école secondaire (CEG) a augmenté. La population a jugé que les salles de classe disponibles ne sont plus suffisantes pour accueillir ces élèves. De même, 70% de la population sont constitués de jeunes alors que la commune ne dispose aucun centre de loisir ou aucune infrastructure de sport. Ainsi, la délinquance juvénile est à craindre. La construction de 04 nouvelles salles de classe pour le CEG et la construction d’un terrain de sport multidisciplinaire ont été demandées.

En dernier lieu, l’exploitation illégale des ressources forestières par la population locale entraînera dans les années à venir la dégradation progressive des forêts naturelles, surtout les forêts de tapia, un des atouts de la commune.

Les propositions ont été examinées et analysées par les conseillers communaux qui s’étaient réunis le 07 juillet 2006. Les projets qui ont déjà été réalisés entre les années 2002-2005 et les projets qui sont en cours d’obtention d’autres financements, ont été exclus de la priorisation. Le plan d’action triennal de la commune a été élaboré sur la base de ces problèmes et solutions identifiés.

- Phase de détermination des PIA

Par ailleurs, la commune doit encore définir les priorités des priorités dans ce PAT pour permettre de déterminer les actions à entreprendre dans la première, deuxième, troisième année. A cet effet, des assemblées générales de la population avaient de nouveau eu lieu afin de classer, par ordre de priorité, les projets. Le choix s’est toujours fait par la voie de démocratie. Ce qui a permis de déterminer le calendrier d’exécution des actions.

1-1-2 Renforcement de capacité

La commune de Sahatsiho Ambohimanjaka a réussi à réaliser les 02 investissements de la première année au mois de mars 2007. Cette réussite est due en partie au renforcement de capacité des acteurs communaux dans le cadre du programme ACORDS. Ce renforcement est de 02 sortes : appui de l’UADEL et formations des acteurs communaux.

- Appui de l’UADEL

Pendant tout le processus de mise en œuvre du programme, la commune a toujours été appuyée par l’UADEL. Elle a été assistée par cette dernière, depuis l’élaboration du PAT (identification des actions, remplissage du formulaire, détermination du PIA) jusqu’à la phase

- 40 - d’exécution des investissements (préparation des dossiers d’appel d’offres des travaux, choix des attributaires, finalisation des contrats à conclure avec ces derniers).

Pendant la phase d’identification des actions et de la formulation du PAT, les communes ont été appuyées par une UADEL implantée dans chaque région. Celle d’Amoron’i Mania est représentée par l’AIM. Au niveau de chaque commune une cellule de projet ou task force a été constituée pour assister aux séries de formations organisées par l’UADEL dans l’élaboration de leurs PAT. Ce task force est composé de 8 personnes incluant femmes, jeunes, conseillers municipaux, représentants d’acteurs de développement local et des responsables des services techniques déconcentrés. Des outils de travail en version malgache ont été élaborés par l’UADEL relatifs à chaque rubrique de formulaire de soumission afin d’aider les maires et les membres du task force dans l’identification et la formulation de leurs projets pour le PAT. Huit « guichets de proximité » regroupant des communes suivant leur axe géographique ont été mis en place par l’UADEL d’Amoron’i Mania pour apporter des appuis/conseils pour chaque commune suivant leurs demandes et pour apporter des appuis permanents dans la finalisation de leurs dossiers. Ces guichets disposent du personnel compétent, spécialiste, capable de répondre à toutes demandes de la commune.

Durant l’exécution des actions du PIA1, le programme ACORDS a mobilisé un prestataire pour former le maître d’ouvrage qui est la commune et faire une mise au point des outils adaptés. Ce contrôle a été renforcé par l’UADEL, avec la possibilité d’adosser des photographies de l’état d’avancement des travaux à chaque attachement et aux réceptions.

- Formation des acteurs communaux

Durant la phase de mise en œuvre, des séries de formation ont été organisées par l’UGP ACORDS pour les communes bénéficiaires des subventions afin de renforcer les compétences des acteurs communaux dans la gestion de leurs actions.

Les Secrétaires Trésoriers Comptables, les maires et les conseillers municipaux, ont suivi des formations, dont les modules ont été conçus avec le Ministère de la Décentralisation, pour une durée totale de 11 jours. Ces formations, ayant eu lieu en novembre 2005 et février 2006, ont concerné les thématiques suivantes :

o bilan et remise à niveau en matière de gestion financière d’une commune rurale,

- 41 - o approfondissement des procédures budgétaires et comptables

o approfondissement de la gestion financière d’une commune rurale.

En effet, l’obtention des tranches de préfinancement a été conditionnée par la compétence du STC à gérer le budget. Cette disposition a été prise par l’UGP ACORDS en contribuant à la réalisation de l’objectif du Ministère de la Décentralisation qui tient à professionnaliser la fonction et à améliorer les compétences au niveau des communes. Un certificat de compétence a été délivré à tous les STC qui ont été jugés aptes et compétents après les séances de formation.

1-1-3 Utilisation des outils et dispositifs à l’exercice de la maîtrise d’ouvrage communale et mieux appropriés aux acteurs communaux

Plusieurs outils ont été produits par l’UGP pour faciliter l’assimilation par les communes du processus de mise en œuvre du programme et pour faciliter la capitalisation des expériences. Ces outils, dont les principaux sont cités ci-après, ont été divulgués au cours des ateliers.

- « Les canevas simplifiés » faciles à comprendre et à remplir par les acteurs communaux. Ces canevas existent pour les PTA, APS, PIA et même pour les contrats de service, de fourniture et de travaux à conclure avec les prestataires. L’utilisation de ces canevas a été enseignée et discutée au cours de ces ateliers et auprès des guichets de proximité. Cet outil est toujours à améliorer en fonction des besoins et problèmes identifiés auprès des communes.

- Les guides sectoriels sous forme de « bande dessiné ». Compte tenu des cibles utilisateurs que sont les communes, l’effort a été axé à ne donner que les informations essentielles, à adopter un format facilitant la lecture et à fournir sous forme annexe les détails nécessaires et les modèles prêts à l’emploi (lettre, contrat, divers documents, …). Ces guides incluent les rôles et les responsabilités de chaque catégorie d’acteurs (communes, services techniques déconcentrés et populations concernées) dans les différentes étapes de mise en œuvre des actions, ainsi que les normes à prendre en compte en termes de construction et de gestion post-investissement

Par ailleurs, des ateliers sectoriels ont été organisés par l’UGP ACORDS dans la région. Leur finalité est double :

- 42 - - mise en relation des communes et les services techniques déconcentrés pour éveiller la collaboration et les engagements en découlant. Ces ateliers ont facilité le débat autour des actions identifiées dans le PIA1 et ont permis leur mise aux normes et d’assurer la présence du personnel technique durant la phase d’exécution des projets

- compréhension partagée sur les normes sectorielles en terme technique et de gestion, sur les rôles respectifs des entités concernées pour assurer le fonctionnement et la viabilité des services mis en place.

Seuls les ateliers pour le secteur santé et le secteur éducation ont été effectués pour les 09 régions. Les autres secteurs sont encore en cours de programmation pour l’année 2008.

A chaque fin de mise en œuvre des PIA, l’UGP a prévu la réalisation d’un audit par un contrôleur de comptes agrée. Cet audit est complémentaire au contrôle de la gestion communale qui est exercé par les autorités de tutelle dans le cadre légal de la décentralisation à Madagascar et concerne les marchés publics et les travaux de la commune, les actes administratifs et budgétaire, l’audit des finances de la commune. En effet, cet audit permet de vérifier si les dispositifs mis en place fonctionnent correctement en regard des référentiels et d’évaluer l’organisation de la commune en vue d’aboutir à une meilleure gestion.

1-1-4 Mise en place des outils de communication

La communication est considérée comme un instrument permettant de faciliter la capitalisation d’expériences à plusieurs niveaux (national, régional, inter et intra communal). Elle répond à des objectifs différenciés, bien que complémentaires, et se décline en divers supports, langues et périodicités. Les principaux outils de communication destinés aux acteurs communaux sont :

o le bulletin « Akon’ny Acords » qui vise à faire connaître aux communes, régions et population cible les informations sur les états d’avancement du programme dans ses différentes phases. La parution se fait tous les 02 mois

o émissions « Akon’ny Acords » au niveau de Radio Nationale Malagasy, diffusées chaque mardi de 16h à 16h30 qui jouissent d’une crédibilité et d’un fort taux d’écoute surtout au niveau des communes ;

- 43 - o tournage des films documentaires réflétant le vécu des communes dans la réalisation de la phase de l’élaboration de l’APS.

1-1-5 Appui au processus de la décentralisation

La décentralisation signifie que l’Etat reconnaît que tout ce qui peut être mieux réalisé à l’échelle locale doit être transféré aux populations à travers leurs représentants librement élus. La commune représente la seule entité effectivement décentralisée à Madagascar, donc ayant une vocation à constituer une structure de base.

En considérant la commune comme interlocuteur de principe, le programme ACORDS met l’accent sur la stratégie de responsabiliser les communes, moyennant l’abondement des budgets communaux d’une subvention pour la mise en œuvre des plans d’investissements annuels accordés avec les populations concernées. La commune agit ainsi en tant que maître d’ouvrage tout au long du processus.

En outre, la tenue des ateliers sectoriels a permis la mise en relation entre les communes, les services techniques déconcentrés et les ministères sectoriels. Cette mise en relation entraînera progressivement un transfert de responsabilité de mise en œuvre des politiques et programmes des ministères sectoriels vers les communes.

1-1-6 Rapprochement des maires et les Chefs districts .

La mise en œuvre du programme ACORDS a favorisé le rapprochement des maires et des chefs districts. Même si ce n’était une obligation au départ dans les procédures ACORDS, les UADEL ont poussé les communes à présenter des comptes administratifs et des budgets primitifs visés par le chef de district. Ce visa, conforme aux textes en vigueur, est devenu obligatoire dans le cadre de la présentation des PIA et poussera au rapprochement de ces 02 acteurs.

1-2 Faiblesses

1-2-1 Capacités limitées des acteurs communaux dans la formulation d’APS

Un premier indicateur de la capacité de maîtrise d’ouvrage de la commune est le temps imparti par celle-ci dans la phase de l’élaboration de l’APS. Ce temps a dépassé les 4 mois, objectif fixé dans les indicateurs, pour la commune de Sahatsiho (septembre 2005-mars

- 44 - 2006). Les actions de désenclavement se sont révélées comme étant les plus consommatrices de temps (plus de 7 mois en moyenne) d’après le constat sur plusieurs communes.

Ceci s’explique en premier lieu que la notion d’APS a été mal conçue au départ par les agents communaux. En effet, ces derniers l’ont interprétés comme une conditionnalité pour accéder au fonds au lieu d’une étape de réflexion préalable nécessaire pour s’assurer du bien fondé de l’action et de la prise en compte de tous les éléments nécessaires à la viabilité du service public envisagé. En outre, les acteurs communaux ne connaissent pas les normes sectorielles en matière de construction et de gestion des infrastructures, ni le rôle qui peut être attribué aux services techniques déconcentrés, et ne possèdent pas forcément des références de coût lui permettant d’estimer les montants de préfinancement à demander à l’UGP.

En bref, les capacités des acteurs communaux dans la formulation des objectifs de l’action et résultats attendus sont très limitées. La plupart des dossiers APS analysés au sein de l’UGP montrent des incohérences fréquentes dans la définition des termes utilisés au niveau des 03 points (problème à résoudre, consistance du projet, résultats attendus) et surtout des liens logiques qui devraient exister entre les différentes catégories d’information livrées.

1-2-2 Sous estimation des devis

En général, les acteurs communaux ont des difficultés à développer des visions à long terme. L’appréciation de la faisabilité financière est problématique. Le montage des budgets n’est jamais une opération simple pour les acteurs communaux. Les prix et les spécifications techniques ayant servi de base de calcul pour la commune dans les devis estimatifs lors des appels à proposition provenaient des chiffres obtenus dans des programmes similaires (comme le financement FID). Alors que ceux-ci avec le temps et les exigences des normes ont changé. En conséquence, les devis d’infrastructure lors des appels à propositions ont été sous estimés par rapport à l’APS.

1-2-3 Remise en cause de certaines tâches de l’UADEL

Concernant les activités de l’UADEL de la région d’Amoron’i Mania plus particulièrement, il a été noté qu’aucune demande de préfinancement n’a été accordée par l’UGP en première instance. Tous les APS ont dû être révisés. L’UADEL avait délégué un certain nombre de tâches à des prestataires externes sans un encadrement suffisant. Ces derniers n’ont vraiment pas la maîtrise du processus et avaient conduit la plupart des communes en erreur.

- 45 - L’appui de l’UADEL a été orienté davantage au montage d’un dossier APS au détriment de l’appui à une analyse approfondie de la demande. Les demandes ne sont pas sans fondement logique mais l’on ne voit pas clairement sur quoi elles reposent, ni qui demande quoi, pourquoi, … En négligeant l’analyse de la demande et en s’intéressant directement à la faisabilité technique et économique, il arrive que les communes s’enferment d’une solution inappropriée qui vient en réponse à un problème éventuellement mal diagnostiqué. En outre, cette démarche d’appui contribue à la vision des APS par les acteurs communaux comme une obligation (devoir) et non comme un outil de gestion de leur action.

L’une des tâches de l’UADEL est d’accompagner les STC dans la tenue de registre de compte des communes après les formations données. Cette tâche n’a vraiment pas existé alors que l’UADEL est censée de disposer d’un spécialiste en administration et en gestion communale. Il a encore été constaté que le livre comptable n’était pas vraiment à jour et comportait des anomalies.

1-2-4 Module de formation, trop ambitieux pour les STC

Dans la plupart des communes rurales, un niveau relativement faible des STC a été constaté (niveau BEPC dans les meilleurs cas). Les modules de formation étant pour certains de qualité mais pour d’autres, les modules étaient d’un niveau de compréhension trop élevé par rapport à la capacité de compréhension et d’absorption des STC. En outre, l’accompagnement après formation n’a pas existé.

Il est à noter que tous les STC ont eu leur « attestation » même s’ils n’étaient pas au niveau. Cette situation est préjudiciable dans nombre de cas au bon fonctionnement de la commune, les STC se sont considérés comme « diplômés » et « intouchables » interprétant ainsi la condition du programme de maintenir les STC formés à leur poste. La formation de quelques jours ne suffit pas pour juger un STC compétent.

1-3 Opportunités

1-3-1 Population dynamique

La commune de Sahatsiho avait plusieurs expériences sur des projets et programmes demandant la participation de la population locale :

- 46 - - la plus récente étant la construction du CSB I dans le fokontany de Fierenantsoa, financée par le FID. La population a participé à la construction de la toiture de la cuisine du centre en cotisant 5.000 Ar par personne plus de 18 ans.

- il y avait également la construction de la maternité d’Ambohimanjaka financée par la Banque Mondiale qui a vu la participation de population dans le transport des matériaux ;

- la construction du marché communal à Ambohimanjaka avec AFVP, la population locale s’est chargée des travaux de terrassement et du creusage pour les fondations ;

- l’alimentation en eau potable avec la CCPREAS, la population s’est occupée du creusage des canaux et le transport du sable.

En bref, la commune de Sahatsiho dispose d’une population dynamique, responsable, ayant déjà le sens de l’initiative du développement. Ceci a facilité la mise en œuvre du programme dans la commune.

1-3-2 Politique du Gouvernement

Le gouvernement s’est aussi engagé dans un processus de déconcentration/ décentralisation, qui donne aux régions et communes un rôle d’animateurs du développement économique et social. Les premières impulseront et coordonneront le développement, les secondes doteront leur territoire d’intérêt général. Ainsi, le Gouvernement prévoît plusieurs interventions et mesures visant à faire des communes le principal fournisseur des services de proximité et le point essentiel d’ancrage des actions de développement.

Cette politique du gouvernement a facilité la mise en place des dispositifs et d’outils sur l’appui apporté par le programme ACORDS dans les régions et communes dans le Sud.

1-3-3 Existence de différentes associations à vocation économique

L’existence des 24 associations à vocation économique dans la commune de Sahatsiho doit être exploitée pour la pérennisation des investissements. En effet, ces associations qui existent presque dans chaque fokontany, doivent être responsabilisées pour assurer l’entretien et la maintenance de ces acquis.

- 47 - L’association de femmes à vocation économique qui existe actuellement et pratique la culture du « baobab nain » dans la forêt de tapia facilitera également la mise en œuvre des actions pour le PIA3 (aménagement des sites touristiques).

1-3-4 Autres interventions

Les interventions d’autres bailleurs de fonds dans les régions et communes doivent être profitables. Les projets et programmes existants ou en cours d’acquisition de financement ont permis de faciliter la sélection des investissements pour le PAT et d’acquérir de l’expérience pour les acteurs communaux.

1-4 Menaces

1-4-1 Faible niveau des acteurs communaux

Le faible niveau d’instruction des acteurs dans les communes rurales entrave le bon fonctionnement de l’appui du programme ACORDS. Beaucoup de retards ont été constaté sur la mise en œuvre des actions. La procédure de la mise à disposition des subventions communales a débuté en 2004 alors que la première réalisation des investissements de la première année n’a été enregistrée que vers le mois de mars 2007, le cas de Sahatsiho. En effet, les ateliers d’information et de formation ont dû être multipliés et beaucoup d’outils ont dû être changés et améliorés en fonction des compétences des acteurs.

1-4-2 Diverses contraintes du secteur rural

Le secteur rural fait face à diverses contraintes provenant à la fois des facteurs techniques (manque d’accès aux technologies avancées, intrants et crédits, non disponibilité de l’électricité, insuffisance de ressources financières et de compétences techniques) et du contexte non incitatif (enclavement, inexistence ou éloignement des marchés, insécurité foncière). Pour l’élevage, l’insécurité aux vols s’ajoute à ces facteurs, qui sont aggravés fortement par l’effondrement du dispositif du contrôle en raison des crises politiques successives des dernières décennies.

Ces contraintes ont constitué des handicaps à la pérennisation des actions. La capacité d’entretien et de maintenance est à craindre.

- 48 - 1-4-3 Mentalité de la population rurale

La plupart da la population rurale s’attache encore aux rites, aux traditions et ne veulent pas suivre l’évolution des technologies. Ce qui est un obstacle à la croissance et au développement, et accentue la pauvreté dans le milieu rural.

En outre, la réticence de la population envers les agents communaux interprétant ces derniers comme des gens intéressés uniquement par l’aspect lucratif des services rendus.

A cet effet, les acteurs communaux ont eu de difficultés à réunir et à convaincre la population locale dans la diffusion du programme ACORDS au niveau des fokontany. Ce qui retarde davantage la réalisation des actions.

1-4-4 Articulation insuffisante de la décentralisation et les politiques sectorielles de l’Etat

La décentralisation suppose un transfert significatif de la responsabilité de mise en œuvre des politiques et programmes nationaux des ministères sectoriels vers les collectivités locales. Ceci n’est pas sans conséquences pour des ministères sectoriels habitués à mettre en œuvre leurs propres politiques et programmes. Cela soulève aussi la question de la nature des relations qui devraient exister entre les ministères sectoriels et les collectivités territoriales décentralisées. Il peut arriver que les ministères sectoriels ne soient pas conscients des implications de la loi de décentralisation et qu’ils n’accordent qu’une faible priorité aux problèmes de gouvernance et de participation pour assister sur la fourniture rapide des prestations de services et sur la réalisation en temps voulu des objectifs de réduction de la pauvreté.

Toutes ces raisons peuvent être à l’origine de tensions entre les ministères sectoriels et les collectivités locales. Des tensions qui peuvent aboutir à la perte de certaines synergies qui auraient pu se mettre en place. Les problèmes de conflit n’apparaîtront probablement pas tant que les transferts de ressources vers les collectivités locales ne seront pas plus significatifs. Et la pérennisation des actions ne sera pas ainsi assurée.

1-4-5 Coordination insuffisante au sein des bailleurs de fonds entre l’appui à la décentralisation et les appuis sectoriels

Le soutien des bailleurs aux programmes sectoriels et aux initiatives de décentralisation se fait rarement de manière cohérente et coordonnée : d’une part, les

- 49 - gestionnaires des approches sectorielles cherchent surtout à trouver des solutions managériales qui garantissent la réalisation des objectifs de performance de la politique sectorielle. Leur souci premier est d’assurer la fourniture effective des prestations de services et d’atteindre les objectifs sectoriels de réduction de la pauvreté. Cela peut les amener à négliger la dimension politique de la décentralisation. A cela s’ajoute le fait que de nombreux gestionnaires de secteurs et spécialistes sectoriels ne connaissant pas la décentralisation. D’autre part, les spécialistes de la décentralisation et de la gouvernance travaillent sur les problématiques de décentralisation en cherchant avant tout à promouvoir une gouvernance démocratique locale qui favorise la transparence, la redevabilité et l’équité dans la définition des politiques, ce qui, à son tour, doit contribuer à l’amélioration des prestations de services.

1-4-6 Existence des modalités d’intervention financée par les bailleurs de fonds non adaptées au processus de décentralisation en cours

Nous pouvons constater aujourd’hui l’existence d’un nombre significatif de projets/programmes multisectoriels intervenant dans plusieurs domaines tels que le développement agricole, la gestion des ressources naturelles ou encore les secteurs santé, de l’hydraulique. Ces divers programmes qui entendent contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations et à l’appui des collectivités territoriales, ne cadrent pas forcément à la décentralisation tant que les prérogatives de ces collectivités (communes) en qualité de maître d’ouvrage ne sont pas pris en compte mais s’arrêtent au stade de bénéficiaires. En mettant l’accent sur leurs objectifs spécifiques, ces interventions n’apportent pas toujours un réel savoir faire au niveau des collectivités territoriales décentralisées, ni une amélioration de leurs ressources, encore moins une visibilité de leurs actions auprès de leurs administrés.

2- Analyse critique des indicateurs

Cette analyse des indicateurs consiste à examiner si les indicateurs mis en place dans le programme ACORDS et ceux qui ont été présentés par la commune dans son PAT (cf. tableau n°2) permettent d’apprécier le degré de développement de la commune.

2-1 Indicateurs du programme ACORDS

2-1-1 Indicateurs non suffisants

Les indicateurs mis en place par le programme et par la commune ne mentionnent pas des indicateurs relatifs à l’augmentation des revenus. Or, le concept développement contient

- 50 - toujours l’idée de croissance. Ainsi, il importe de considérer l’évolution des revenus, surtout revenus agricoles, puisque c’est une commune à vocation agricole, pour permettre d’apprécier son développement. Par ailleurs, le terme développement local ne doit pas être séparé du développement de la production agricole et de l’Elevage, surtout dans le milieu rural. Ainsi, le taux de croissance du PIB doit être inséré.

Pour l’amélioration de maîtrise d’ouvrage, les indicateurs fixés ne permettent vraiment pas de juger que les problèmes et solutions identifiés viennent de l’initiative de la population locale. En effet, dans le PAT, le nombre total de la population en âge de voter n’a pas été mentionné. Alors, nous nous posons la question : est-ce que les villageois qui ont participé aux différentes réunions organisées dans les fokontany, représentent vraiment la majorité de la population. Ainsi, il est nécessaire d’intégrer le taux de participation aux réunions d’identification des actions dans les indicateurs relatifs à la maîtrise d’ouvrage.

2-1-2 Indicateurs non pertinents et vagues

Concernant les indicateurs relatifs à la réalisation des activités génératrices de revenu pour la commune ainsi que pour la population dans le cadre du PAT. Ces indicateurs ne sont pas pertinents puisque les actions génératrices de revenu ne se limitent pas seulement à l’ouverture ou à la réhabilitation d’une piste rurale ou d’un marché public. En effet, comme le cas de Sahatsiho, la commune a prévu dans son PAT l’aménagement des sites touristiques qui est également une source de revenu pour la commune ainsi que pour la population.

En outre, ces indicateurs ne sont pas précis. Ils sont trop vagues (nombre et coût). Il n’y a pas de chiffre permettant d’apprécier le degré d’atteinte des résultats.

Ainsi, ces indicateurs doivent être changés ou complétés. Exemple : 02 investissements réalisés au sein du PAT concernent des actions génératrices de revenu, et/ou le taux d’accroissement du PIB.

2-2 Indicateurs mis en place par la commune

Dans son plan d’actions triennal, la commune a élaboré des indicateurs pour permettre d’évaluer les résultats attendus des actions.

- 51 - Tableau 5 : Indicateurs de résultats des actions crées par la commune Sahatsiho

Actions Résultats attendus Indicateurs Source de vérification

Construction de La communication entre Les 05 fokontany Registre des cinq passerelles fokontany est facilitée sont accessibles associations des pendant toute usagers l’année

Les fréquentations scolaires sont améliorées surtout pendant les saisons des pluies

l’écoulement des produits est Augmentation de Livre de recettes facilité nombre de de la commune marchands sur le

marché, estimée avec la hausse du ticket : +15%,

L’évacuation sanitaire est Hausse de la Registre du CSB facilitée fréquentation du CSB

Réhabilitation et La qualité de service de la Délai de délivrance Service état civil équipement du commune est améliorée des pièces d’état de la commune bureau de la civil est ramené à commune une demi-journée

Le changement de la mentalité Augmentation de la Quittance, des dirigeants locaux et de la fréquentation de la registre de caisse population est apporté commune de la commune

- 52 - Actions Résultats attendus Indicateurs Source de vérification

Construction de Les taux de scolarisation sont Enfants scolarisés : Chef ZAP nouvelles salles de améliorés - EPP : passer de classe 2092 élèves à 2373

- CEG : passer de 153 élèves à 174

Construction d’un L’animation et la sensibilisation Le nombre de Comité terrain de sport des jeunes pour lutter contre la pratiquants est communal pour multidisciplinaire propagation du VIH/SIDA sont passé de 25 à 180 le développement facilitées des jeunes

Aménagement sites La commune de Sahatsiho est Le nombre de Comité de touristiques ouverte au monde extérieur touristes est passé gestion du site de 15 à 150 par an

2-2-1 Indicateurs non suffisants

Les indicateurs mis en place par la commune sont également jugés insuffisants pour apprécier le développement. Le taux de croissance du PIB qui est le principal indicateur de développement n’a pas été mentionné, comme nous avons déjà mentionné pour le cas du programme ACORDS. La commune a prévu dans son PAT la réalisation des actions génératrices de revenus, comme l’aménagement des sites touristiques. Ainsi, l’augmentation des recettes touristiques doit être appréciée par le taux de croissance du PIB.

Les autres indicateurs devront être améliorés et complétés. Pour l’amélioration de la communication, le taux d’absentéisme des élèves et le taux de mortalité doivent être intégrés pour montrer le niveau de fréquentation des écoles et des CSB. Ces indicateurs permettent de juger l’amélioration de la circulation des biens et des personnes.

Dans son PAT, la commune a demandé la construction d’un terrain de sport multidisciplinaire pour permettre de lutter contre la délinquance juvénile étant donné que la

- 53 - population est jeune à 70%. Ainsi, les indicateurs correspondants doivent être insérés dans le PAT comme le taux d’alcoolisme.

2-2-2 Confusion des indicateurs et résultats

Concernant les résultats attendus dans la construction de nouvelles salles de classes, la commune a confondu l’indicateur et le résultat. En effet, le taux de scolarisation est considéré pour la commune comme un résultat alors que c’est un indicateur. Le résultat pourrait être « le nombre des enfants scolarisés a augmenté ». Le taux d’alphabétisation, le taux de scolarisation, pourraient être insérés comme indicateur de ce résultat.

3- Perspectives

3-1 Poursuite de la production et mise à jour des outils et dispositifs d’appui à la mise en œuvre des PIA.

Pour pallier aux lacunes constatées précédemment dans la mise en œuvre du programme ACORDS, les outils mis en place doivent être renforcés en fonction des besoins identifiés des communes. Nous pouvons signaler entre autres :

- Réalisation des ateliers regroupant les nouvelles équipes communales. A l’issue des élections communales ayant eu lieu en décembre 2007, il paraît opportun d’organiser des rencontres avec les nouveaux élus afin de les « mettre au parfum » du programme.

- Renforcement de la production des guides sectoriels faciles à lire, en version malgache. Les guides concernant la gestion de contrôle de légalité doivent également être élaborés en vue de faciliter sa mise en place effective.

- Réalisation des documentaires en appui aux guides sectoriels. Les documentaires rappelleront les points clés à tenir en compte par une commune dans l’exercice de ses prérogatives en tant que maître d’ouvrage.

- Continuation des émissions sur les radios locales. Les émissions doivent mettre l’accent sur la maîtrise par les acteurs villageois des outils proposés, et auront un caractère plus « qualitatif ».

- 54 - - La mise en relation des communes avec les STD doit être consolidée. Le rôle de ces services doit être mis à la connaissance des acteurs communaux pour qu’ils puissent être associés dans tout le processus de mise en œuvre du PTA. Cette relation sera renforcée par la poursuite des ateliers sectoriels qui doivent être orientés d’une part à la promotion d’un mécanisme de planification conjointe commune – STD et d’autre part, à l’analyse de ce qui marche et qui ne marche pas en matière de gestion des infrastructures réalisés.

3-2 Remise à niveau des modules de formations des acteurs communaux

Les modules de formation adaptés aux problèmes réels des acteurs communaux doivent être mis au point. Ces modules doivent tenir compte du faible niveau des acteurs. En outre, il est nécessaire de les actualiser et à mobiliser des formateurs « à la demande » pour aider les acteurs communaux à affronter les problèmes qui se présentent au jour le jour des situations vécues au quotidien.

3-3 Nécessité de l’étude de faisabilité pour les investissements en infrastructure

Concernant les investissements en infrastructure comme les pistes, travaux de construction, compte tenu de la complexité de ces actions, il est toujours nécessaire d’effectuer une étude de faisabilité en vue d’adopter la solution techniquement la plus adaptée. Les communes seront donc conseillées à mener ces études, quid au recrutement d’un bureau d’études spécialiste.

3-4 Développer les services de base avec les STD

Une des principales finalités des communes est d’améliorer l’accès des populations aux services de base dans les domaines essentiels de la santé, l’éducation, … Cette amélioration de l’accès aux services ne peut être le résultat de la seule volonté des communes, elle est avant tout le résultat de la mise en œuvre des politiques publiques dans chaque secteur, dans lesquelles la commune est un acteur avec ses prérogatives et ses limites. La mise en œuvre d’une politique sectorielle est du ressort de chaque administration concernée qui tient compte du partage des responsabilités entre acteurs de l’octroi des ressources disponibles en cohérence avec ce partage de responsabilité. Ces politiques publiques ouvrent la porte aux interventions d’autres secteurs.

- 55 - 3-5 amélioration de la production agricole et de l’élevage

Dans le cadre du développement local, le développement économique est tributaire de la production agricole et de l’élevage. Aujourd’hui, la commune peut y contribuer par le développement des infrastructures de commercialisation ainsi que sur le développement des périmètres irrigués. Le développement de la production aura obligatoirement des retombées fiscales positives pour la commune. La commune peut faciliter l’organisation de ses producteurs et leurs rapports avec les services techniques déconcentrés et les ONG.

Ainsi, les communes sont incitées à intégrer les investissements relatifs à la production agricole et de l’élevage dans les actions prioritaires pour le développement.

3-6 Réorientation de l’appui de l’UADEL dans le montage d’un dossier APS

Il est nécessaire que l’UADEL arrive à bien analyser le problème évoqué et les différentes alternatives existantes dans l’élaboration de l’APS des communes afin que les communes ne s’enferment pas d’une solution inappropriée qui vient en réponse à un problème mal diagnostiqué. L’UADEL ne doit pas s’intéresser uniquement à la faisabilité technique et économique des activités mais à une analyse approfondie de la demande. Ceci suppose un travail spécifique pour améliorer les capacités de questionnement et de formulation de problématiques, tant du côté des acteurs locaux que du côté de l’UADEL.

3-7 Amélioration des indicateurs de résultats

Les indicateurs de la commune et du programme ACORDS devront être améliorés et complétés si nous voulons apprécier le développement d’une commune. Il est nécessaire d’intégrer le taux d’accroissement du PIB pour permettre de mesurer la croissance économique, ainsi que le taux de participation de la population aux divers réunions organisées pour pouvoir juger le niveau de l’initiative de la population locale dans l’identification des actions prioritaires.

Par ailleurs, certains indicateurs devront être mis en place par la commune comme le taux de scolarisation, le taux d’analphabétisme, le taux d’alcoolisme, le taux de mortalité pour permettre de mesurer le niveau de croissance dans ces secteurs.

- 56 -

Conclusion

L’appui du programme ACORDS concerne la mise à disposition d’une subvention au budget de la commune de Sahatsiho pour financer les actions de développement tout en renforçant les compétences des acteurs communaux. Grâce à cet appui, la commune a pu identifier les actions contribuant à son développement et à les réaliser en partie, objet du plan d’investissement annuel de la première année.

En constatant ces réalisations, il est permis de dire que Sahatsiho a réussi à exercer son rôle de maîtrise d’ouvrage. En réalité, ce résultat n’a été atteint que partiellement. Le programme ACORDS doit tenir compte de cette réalité tout en réorientant les tâches de l’UADEL, et en consolidant/améliorant les outils et dispositifs mis en place par rapport aux problèmes constatés au niveau des acteurs locaux.

Par ailleurs, les communes ne doivent pas oublier les investissements relatifs à la production agricole et de l’élevage compte tenu de l’importance de ces secteurs au développement dans le milieu rural.

- 57 -

C O N C L U S I O N G E N E R A L E

- 58 -

CONCLUSION

Les premiers résultats du Programme d’Appui aux Communes et aux Organisations Rurales du Sud (ACORDS) qui veut transformer les communes en de véritables pôles de compétence, se sont concrétisés par la réalisation des actions de la première année de la commune de Sahatsiho. Le cas de Sahatsiho Ambohimanjaka est un exemple concret d’appropriation et démontre la prise en main du développement de la commune par elle-même, selon le Coordonnateur du Programme ACORDS.

Sahatsiho Ambohimanjaka a inauguré le 13 avril 2007, 05 passerelles en béton et le bureau de la mairie réhabilité, financés par le programme ACORDS. Ces réalisations figurent parmi les priorités dans son Plan Communal de Développement.

Les passerelles existaient auparavant mais elles étaient construites en bois et toujours emportées par l’eau quand les rivières montaient. Les villages devenaient inaccessibles pendant les saisons de pluie. La construction des passerelles en béton a permis de désenclaver les 05 fokontany de la commune.

L’insuffisance des salles et des équipements auprès de la Mairie a été l’origine de la lenteur administrative. La population devenait réticente envers la commune et n’avait plus confiance aux autorités locales. Actuellement, la Mairie dispose de 6 bureaux et d’une grande salle servant de salle de mariage. Elle est équipée de 02 ordinateurs et d’un panneau solaire pour l’alimentation électrique. Le délai de délivrance des pièces d’état civil est maintenant de demi- journée au lieu de 24 heures ou même plus auparavant.

Durant tout le processus, de l’identification des actions jusqu’à leur réalisation, les acteurs communaux, plus particulièrement, le Maire, les conseillers municipaux, le secrétaire trésorier comptable, ont bénéficié d’un renforcement de capacité dans le cadre du programme ACORDS. Des ateliers, des formations, ont été organisés. Des guides ont été également élaborés et mis à la disposition des communes pour leur permettre de mieux comprendre le processus de mise en œuvre des actions. Grâce à ce renforcement de capacité, la commune a pu décider sur les actions à entreprendre pour son développement.

- 59 - Le programme ACORDS est un appui au processus de la décentralisation à Madagascar. Il met l’accent sur la stratégie de responsabiliser les communes en leur reconnaissant intégralement la qualité de maître d’ouvrage, et en les insérant dans le dispositif institutionnel malgache.

En général, la population est satisfaite de l’appui du programme ACORDS. Ces actions pour le PIA1 de la commune ont contribué en grande partie, à l’atteinte de l’objectif du plan communal de développement de Sahatsiho Ambohimanjaka qui vise à améliorer les conditions touchant les domaines de l’éducation, de santé, de l’économie ainsi que l’environnement. La situation économique de la commune est nettement améliorée après ce PIA1.

Le Chef de la Délégation de la Commission Européenne, M. Jean Claude BOIDIN a manifesté sa satisfaction. A travers son discours au cours de l’inauguration, il a annoncé que c’est un aspect positif de la décentralisation.

Cependant, le programme ACORDS doit encore renforcer et améliorer les outils et dispositifs mis en place pour permettre d’assurer complètement la maîtrise d’ouvrage par les communes. Les tâches de l’UADEL devront également être réorientées en améliorant les capacités de questionnement et de formulation de problématiques.

Par ailleurs, le développement local ne doit pas être séparé du développement agricole et de l’élevage puisque l’augmentation de la production aura obligatoirement des retombées fiscales positives pour la commune.

Les autres investissements pour la deuxième année (construction de nouvelles salles de classe et d’un terrain de sport) doivent débuter après certaines évaluations liées à la fois à la qualité des premières réalisations et à leur maintenance. Mais il reste à savoir si la commune pourrait assurer la maintenance et l’entretien de ces acquis sans l’appui du programme ACORDS.

- 60 - REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

OUVRAGES CONSULTES

1- CELSO Futardo, « Théorie de développement économique », coll SUP, PUF, Paris, 1975 2- DECOSTER Dominique-Paule, « Le Développement local : sésame de la citoyenneté », juin 2000 3- OCDE, « Réussir le changement : entreprenariat et initiatives locales », Paris, France, 1990 4- PICOTTE Yvon, « Développer les régions Québec », Bibliothèque Nationale du Québec, 1er trimestre 1992

5- PREVOST Paul, « Le développement local : contexte et définition », Cahiers de recherche, IREC 01-03

DOCUMENTS ADMINISTRATIFS

6- Accord de Partenariat ACP-UE, signé à Cotonou le 23 juin 2000

7- Contrat de subvention Sahatsiho Ambohimanjaka

8- Convention de Financement n°9198/MAG, « Programme d’appui aux communes et aux organisations rurales pour le développement du sud », signée le 15 juillet 2004

9- DCP, « Document Cadre de Partenariat France-Madagascar 2006-2010 »

10- DSRP, « Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté 2003-2006 »

11- Formulaire de demande de subvention au budget communal d’investissement de la Commune de Sahatsiho Ambohimanjaka 12- MAP, « Plan d’Actions Madagascar 2007-2012 »

13- Union Européenne – Madagascar, « 45 ans de Partenariat 1959-2004 »

RAPPORTS ET PERIODIQUES

14- Rapports d’activités n°1 de l’Assistant Technique Institut et Développement auprès de l’UGP ACORDS

15- Rapports d’activités n°2 de l’Assistant Technique Institut et Développement auprès de l’UGP ACORDS 16- Rapports d’activités n°3 de l’Assistant Technique Institut et Développement auprès de l’UGP ACORDS

17- Rapports d’activités n°4 de l’Assistant Technique Institut et Développement auprès de l’UGP ACORDS

18- Rapports d’activités UGP ACORDS, juin 2006,

19- Rapports d’activités UGP ACORDS, Mars 2007

SITES INTERNET VISITEES

20- www.diplomatie.gouv.fr

21- www.ena.fr

22- www.mefb.gov.mg

23- www.delmdg.cec.eu.int

A N N E X E S

Annexe 1 : Carte de la région d’Amoron’i Mania pour la localisation de la commune Sahatsiho

Annexe 2 : Photos des investissements réalisés pour la première année de la commune Sahatsiho Photo n°1 : Bureau de la Mairie réhabilité

Photo n°2 : 03 passerelles construites

Annexe 3 : Contrat de subvention signé par l’UGP ACORDS et la commune de Sahatsiho

TABLE DES MATIERES

Liste des tableaux

Liste des abréviations

Liste des annexes

Avant propos ……………………………………………………………………………... 1

Introduction ………………………………………………………………………………. 3

1ère Partie : Description générale du programme ACORDS et de la commune Sahatsiho Ambohimanjaka …………………………………………………………………………. 6

Chapitre 1 : Description du programme ACORDS ……………………………………… 7

1- Contexte ………………………………………………………………………. 7

2- Objectifs du programme……………………………………………………… . 8

2-1 Objectif spécifique n°1 ……………………………………………………. 8

2-2 Objectif spécifique n°2 ……………………………………………………. 9

2-3 Objectif spécifique n°3 ……………………………………………………. 9

3- Approche ……………………………………………………………………… 10

4- Composantes du programme ……………...…………………………………….. 11

4-1 Investissements communaux ……………………………………………… 11

4-2 Renforcement et élargissement des capacités des acteurs communaux …... 13

4-3 Investissements communaux ……………………………………………… 14

5- Stratégie du programme ………………………………………………………. 14

5-1 Structure de gestion du programme ACORDS …………………………… 14

5-2 Liens avec la politique du Gouvernement de Madagascar ……………….. 15

5-3 Stratégie de diffusion du programme jusqu’à la sélection des communes .. 16

Chapitre 2 : Etat des lieux de la commune rurale Sahatsiho Ambohimanjaka 18

1- Situation géographique ………….. …………………………………………… 18

2- Situation sociale ……………………………………….. …………………….. 18

3- Paysage administratif et associatif …………………………………………….. 19 4- Situation économique ………………………………………………………….. 19

5- Potentialités et contraintes …………………………………………………...... 20

Conclusion de la première partie ………………………………………………………… 21

2ème Partie : Analyse des résultats de l’appui du programme ACORDS au développement de la commune Sahatsiho ……………………………………………….. 22

Chapitre 1 : Présentation des résultats ……..…………………………………………….. 23

1- Définition des concepts ……………………………………………………...... 23

1-1 Concept du développement ……………………………………………….. 23

1-2 Le local ……………………………………………………………………. 23

1-3 Le développement local …………………………………………………... 24

1-5 La décentralisation ………………………………………………………... 24

2- Résultats de l’appui …………………………………………………………… 25

2-1 Plan d’actions triennal …………………………………………………….. 25

2-2 Signature du contrat de subvention ……………………………………….. 28

2-3 Etablissement d’un avant projet sommaire ……………………………….. 29

2-4 Réalisation du PIA1 ………………………………………………………. 33

3- Impact des réalisations …………. ……………………………………………. 34

3-1 Impact économique ……………………………………………………….. 34

3-2 Impact social ……………………………………………………………… 35

3-3 Impact sur la gouvernance locale …………………………………………. 35

Chapitre 2 : Analyse des résultats et perspective …………………………………..…….. 37

1- Analyse des résultats ...………………. ………………………………………. 38

1-1 Forces ……………………………………………………………………... 38

1-2 Faiblesses …………………………………………………………………. 44

1-3 Opportunités ………………………………………………………………. 46

2-4 Menaces …………………………………………………………………... 48

2- Analyse critique des indicateurs ………………… …………………………… 50 2-1 Indicateurs du programme ACORDS …………………………………….. 50

2-2 Indicateurs mis en place par la commune ………………………………… 51

3- Perspectives ……………………….. …………………………………………. 54

3-1 Poursuite de la production et mise à jour des outils et dispositifs d’appui à la mise en œuvre des PIA ……………………………………………… 54

3-2 Remise à niveau des modules de formation des acteurs communaux ……. 55

3-3 Nécessité de l’étude de faisabilité pour les investissements en infrastructure ……………………………………………………………... 55

3-4 Développer les services de base avec les STD …………………………… 55

3-5 Amélioration de la production agricole et de l’élevage …………………... 56

3-6 Réorientation de l’appui de l’UADEL dans le montage d’un dossier APS . 56

3-7 Amélioration des indicateurs de résultats ………………………………… 56

Conclusion de la 2 ème partie …………………….………………………………………... 57

Conclusion générale ……………..……………………………………………………….. 58

Bibliographie

Annexes

Madame RANDRIANARIVELO Bakoly Noëlle Lot 127 AN Ambohipanja – Ankadikely Ilafy Antananarivo Avaradrano

Encadreur pédagogique : Professeur RAVELOMANANA Mamy Encadreur professionnel : Madame RAKOTONDRAINIBE Honorine Intitulé : Le programme ACORDS, en appui au développement local de la commune de Sahatsiho Ambohimanjaka

Résumé : La présente étude concerne l’intervention du programme ACORDS dans la commune de Sahatsiho Ambohimanjaka, située dans le district d’Ambositra, région d’Amoron’i Mania. L’accent est mis sur les résultats de la mise en œuvre du Plan d’actions triennal (PAT) par la commune en vue de contribuer à son développement. Ce PAT a été établi sur la base des problèmes et solutions identifiés au niveau de la population locale.

La commune a réalisé les 02 actions prévues pour la première année au mois de mars 2007 après la signature du contrat de subvention en septembre 2005. Il s’agit de la construction de 05 passerelles qui a permis de désenclaver les 05 fokontany et de la réhabilitation du bureau de la mairie qui a amélioré les conditions de traitement des papiers administratifs. Ces réalisations démontrent que la commune a réussi à exercer son rôle de maître d’ouvrage et que le processus de décentralisation est en bonne voie. Toutefois, le faible niveau des acteurs communaux, les différentes contraintes du milieu rural (l’insécurité, l’inexistence de l’électricité) ont ralenti la mise en œuvre des actions. Pour pallier à ces lacunes, le programme ACORDS doit améliorer les outils et dispositifs mis en place en fonction des problèmes et besoins constatés au niveau des acteurs et d’orienter l’appui de l’UADEL pour que les communes ne s’enferment pas d’une solution inappropriée qui vient en réponse à un problème mal diagnostiqué. Par ailleurs, les indicateurs fixés devront être améliorés et devront tenir compte de la croissance économique pour permettre d’apprécier le développement d’une commune.

Mots clés : actions, maîtrise d’ouvrage, développement, investissement, initiative locale, renforcement de capacité Nombre de pages : 60