ANDRIAMAMPIAINGA Rovason Andrianiaina

IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES DU VOL DES BOVIDES A , DISTRICT D’

Thèse pour l’obtention du Diplôme d’Etat de Docteur en Médecine Vétérinaire

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DE MEDECINE DEPARTEMENT D’ENSEIGNEMENT DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRES

Année : 2017 N° : 0212

IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES DU VOL DES BOVIDES A AMBATOMIFANONGOA, DISTRICT D’AMBATOFINANDRAHANA

THESE

Présentée et soutenue publiquement le 31 Mars 2017 à Antananarivo Par Monsieur ANDRIAMAMPIAINGA Rovason Andrianiaina Né le 28 juin 1990 à Ambatomifanongoa

Pour obtenir le grade de

DOCTEUR EN MEDECINE VETERINAIRE (Diplôme d’Etat)

Directeur de Thèse : Professeur RATSIMBAZAFIMAHEFA RAHANTALALAO Henriette MEMBRES DU JURY Président : Professeur RATSIMBAZAFIMAHEFA RAHANTALALAO Henriette Juges : Professeur RAKOTOZANDRINDRAINY Raphaël Professeur ANDRIANASOLO Radonirina Lazasoa Rapporteur : Docteur ANDRIANIRINARISON Jean Claude

DEDICACES ET REMERCIEMENTS

Je dédie cette thèse :

A Dieu tout puissant Tu m'as assisté tout au long de ma vie, je te prie Seigneur d'accepter ce modeste travail en témoignage de ma reconnaissance et de ma foi.

A Grand-père et Grand-mère, à Papa et Maman Si je suis là aujourd'hui c'est avant tout grâce à vous. Merci pour votre amour, vos soutiens, vos encouragements et votre sacrifice pour la poursuite de mes études, même dans les moments difficiles de mon parcours.

A mes sœurs et frères Merci pour les encouragements au cours de ces années d'étude. Sachez que ma réussite est aussi la vôtre.

A mes oncles et tantes Merci infiniment pour vos conseils, vos amabilités, vos générosités et votre aide précieuse.

A mes cousins et cousines Merci pour vos soutiens et conseils,

A la promotion « TSINGY » Nous avons passé ensemble des moments inoubliables. Vous êtes formidables !

A tous mes amis Qui ne m’ont jamais oublié, merci pour votre aide et conseil !

A tous ceux qui, de près ou de loin, m'ont prêté concours dans la réalisation de ce travail.

A NOTRE MAITRE DIRECTEUR ET PRESIDENT DE THESE

Madame le Docteur RATSIMBAZAFIMAHEFA RAHANTALALAO Henriette

Professeur Titulaire d'Enseignement Supérieur et de Recherche en Santé Publique à la Faculté de Médecine d’Antananarivo, Ancien Ministre de la Santé Publique.

Vous me faites le grand honneur d'accepter la présidence du jury de cette thèse. Veuillez trouver ici l'expression de toute ma gratitude et de mon profond respect.

A NOS MAITRES ET HONORABLES JUGES DE THESE

Monsieur le Docteur RAKOTOZANDRINDRAINY Raphaël

Professeur Titulaire Honoraire d’Enseignement Supérieur et de Recherche en Microbiologie et en Parasitologie à l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques Enseignant auprès du Département d’Enseignement des Sciences et de Médecine Vétérinaires.

Nous sommes particulièrement honoré que vous ayez accepté de juger notre travail. Veuillez trouver ici l’expression de notre profonde reconnaissance et de nos sentiments respectueux.

Monsieur le Docteur ANDRIANASOLO Radonirina Lazasoa Professeur d’Enseignement Supérieur et de Recherche en Maladies Infectieuses à la Faculté de Médecine d’Antananarivo.

Je vous remercie d'avoir accepté de juger mon travail. Veuillez trouver ici l'expression de toute ma gratitude.

A NOTRE MAITRE ET RAPPORTEUR DE THESE

Monsieur le Docteur ANDRIANIRINARISON Jean Claude

Diplômé en Santé Publique et Communautaire, Enseignant à la Faculté de Médecine d’Antananarivo.

Vos conseils m'ont été précieux et vos encouragements m'ont permis d'aboutir à ce travail. Merci également pour votre disponibilité. Veuillez trouver ici le témoignage de ma profonde gratitude pour votre aide et votre sympathie.

A NOTRE MAITRE ET DOYEN DE LA FACULTE DE MEDECINE D’ANTANANARIVO Monsieur le Professeur SAMISON Luc Hervé Toutes nos respectueuses considérations

Veuillez recevoir nos salutations les plus distinguées.

A NOTRE MAITRE ET RESPONSABLE DE LA MENTION MEDECINE VETERINAIRE

Monsieur le Professeur RAFATRO Herintsoa

Veuillez recevoir l'expression de notre haute considération.

A TOUS NOS MAITRES ET PROFESSEURS DE LA FACULTE DE MEDECINE ET DE LA MENTION MEDECINE VETERINAIRE

Qui ont contribué à notre formation pendant les années académiques.

A TOUT LE PERSONNEL ADMINISTRATIF ET TECHNIQUE DE LA MENTION MEDECINE VETERINAIRE ET DE LA FACULTE DE MEDECINE D’ANTANANARIVO

Nos vifs remerciements.

A TOUS LES RESPONSABLES DES SITES DE STAGE DANS LESQUELS NOUS AVONS EFFECTUE NOS STAGES PRATIQUES Pour la formation que nous avons reçue et le transfert de compétence que vous nous avez fait. A TOUS CEUX QUI ONT CONTRIBUE DE PRES OU DE LOIN A LA REALISATION DE CE TRAVAIL, Nos sincères remerciements. SOMMAIRE Pages INTRODUCTION ...... 1 PREMIERE PARTIE : RAPPELS I. Généralités et rappels théoriques ...... 3 I.1 Place du zébu dans la société Malgache ...... 3 I.1.1 Zébu ...... 3 I.1.2 Rôles des zébus dans la vie sociale et culturelle Malgache ...... 3 I.1.3 Valeur économique des zébus à Madagascar ...... 4 I.2 Vol de zébu ...... 5 I.2.1 Historique ...... 5 I.2.2 Causes du vol des bœufs ...... 6 I.2.2.1 Causes traditionnelles ...... 6 I.2.2.2 Causes économiques et sociales ...... 6 I.2.2.3 Causes juridiques ...... 7 I.2.3 Manifestation du vol des zébus ...... 7 I.2.3.1 Tactiques et stratégies des voleurs de bœufs ...... 8 I.2.3.2 Différents types de vol des bœufs ...... 9 I.2.4 Formes du blanchiment de bovin ...... 9 I.2.4.1 Acteurs du blanchiment du vol de bovin ...... 9 I.2.4.2 Manifestation du blanchiment de bovin ...... 11 I.3 Mesures mises en place ...... 13 I.3.1 Mesures prises par l’Etat ...... 13 I.3.1.1 Procédure d’acquisition et de légalisation de bovidé ..... 13 I.3.1.2 Procédure de vente ...... 15 I.3.1.3 Recensements et l’identification des bovins ...... 17 I.3.1.4 Criminalisation des vols de bœufs dans la loi actuelle ... 18 I.3.1.5 Rôles des forces de l’ordre face au phénomène ...... 20 I.3.2 Mesures paysannes contre le phénomène ...... 20 I.3.2.1 Différentes techniques d’autodéfense des paysans ...... 20 I.3.2.2 « Kalony » ...... 21 I.3.2.3 Comité de vigilance villageoise ...... 21 I.3.2.4 Convention collective ou « Dina » ...... 21 DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS II. Méthodes et Résultats ...... 22 II.1 Méthodes ...... 22 II.1.1. Cadre de l’étude ...... 22 II.1.1.1 Climat et relief ...... 25 II.1.1.2 Hydrographie et végétation ...... 25 II.1.1.3 Elevage ...... 25 II.1.1.4 Structure et mesures locales de lutte contre les vols des bovidés ...... 26 II.1.2. Type d’étude ...... 28 II.1.3. Période étudiée ...... 28 II.1.4. Durée de l’étude ...... 28 II.1.5. Population d’étude ...... 28 II.1.5.1 Critères d’inclusion ...... 28 II.1.5.2 Critères d’exclusion ...... 28 II.1.5.3 Mode d’échantillonnage ...... 28 II.1.5.4 Taille de l’échantillon ...... 29 II.1.6. Mode de collecte des données ...... 29 II.1.7. Saisie, traitement et analyse des données ...... 29 II.1.8. Paramètres à étudier ...... 30 II.1.9. Considération éthique ...... 30 II.1.10. Limite de l’étude ...... 30 II.2 Résultats ...... 31 II.2.1. Description de l’échantillon ...... 31 II.2.2. Description des vols de bovidés ...... 34 II.2.3. Impacts économiques ...... 36 II.2.3.1. Impacts économiques directs...... 36 II.2.3.2. Impacts économiques indirects ...... 38 II.2.4. Impact sociaux ...... 40 II.2.4.1. Désorganisation de la vie quotidienne...... 40 II.2.4.2. Déperdition scolaire ...... 43 II.2.4.3. Conflits sociaux ...... 45

TROISIEME PARTIE : DISCUSSION III. Discussion ...... 47 III.1 Réflexion sur la méthodologie...... 47 III.2 Impacts socio-économiques du vol de bovidés ...... 48 III.2.1 Ampleur et gravité des vols de bovidés ...... 48 III.2.2 Impacts économiques ...... 49 II.2.2.1. Impacts économiques directs...... 50 II.2.2.2. Impacts économiques indirects ...... 51 III.2.3 Impacts sociaux ...... 52 III.2.3.1. Désorganisation de la vie quotidienne...... 52 III.2.3.2. Déperdition scolaire ...... 53 III.2.3.3. Conflits sociaux ...... 54 III.3 Problèmes soulevés par l’étude ...... 56 III.3.1 Problèmes liés à l’économie locale et nationale...... 56 III.3.2 Problèmes liés à la vie sociale ...... 57 III.3.2.1. Désorganisation de la vie quotidienne...... 57 III.3.2.2. Déperdition scolaire ...... 57 III.3.2.3. Conflits sociaux ...... 57 III.3.3 Détérioration de la relation entre l’Etat et la population ...... 57 III.4 Solutions proposées face aux différents problèmes ...... 58 III.4.1 Au niveau des éleveurs ...... 58 III.4.2 Au niveau de l’Etat ...... 58 III.4.2.1 Pour les autorités locales ...... 58 III.4.2.2 Pour la gendarmerie...... 59 III.4.2.3 Pour les autorités supérieures ...... 60 CONCLUSION ...... 61 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ANNEXES LISTE DES TABLEAUX Pages Tableau I : Huit Fokontany de la CR avec leurs populations, leur nombre de bovidés et leur distance du chef-lieu de la CR ...... 22 Tableau II : Répartition des éleveurs enquêtés et nombre de bovidés volé par Fokontany ...... 31 Tableau III : Répartition des éleveurs enquêtés selon leurs classes d’âges . 31 Tableau IV : Répartition des éleveurs selon leurs niveaux d’instructions ... 32 Tableau V : Répartition des éleveurs enquêtés selon les types d’élevage .. 32 Tableau VI : Répartition des éleveurs enquêtés selon la pratique d’autres activités d’élevage ...... 33 Tableau VII : Eleveurs enquêtés victimes de vol de zébu ...... 34 Tableau VIII : Fréquence des vols de zébu et nombre des éleveurs victimes 34 Tableau IX : Répartition des éleveurs selon le nombre de bovidés perdus . 36 Tableau X : Répartition des éleveurs enquêtés selon la perte engendrée par le vol (en ariary) ...... 37 Tableau XI : Répartition des éleveurs selon les pertes subies (en million d’ariary) et selon les fokontany ...... 37 Tableau XII : Répartition des éleveurs enquêtés selon les pertes économiques directes et selon le type d’élevage ...... 38 Tableau XIII : Répartition des autorités locales selon leur appréciation de l’impact direct du vol de bovidé sur l’économie locale ...... 38 Tableau XIV : Répartition des enquêtés selon l’appréciation de l’impact du vol de zébu dans l’agriculture ...... 39 Tableau XV : Répartition des enquêtés selon l’appréciation de l’impact du vol de bovidés sur l’agriculture et selon la taille de l’élevage 39 Tableau XVI : Répartition des autorités locales enquêtées selon leur appréciation de l’impact du vol de bovidés sur l’agriculture .. 40 Tableau XVII : Répartition des éleveurs enquêtés selon la otion d’abandon de foyer la nuit ...... 40 Tableau XVIII : Répartition des éleveurs enquêtés selon la durée de l’abandon de foyer (en nombre de nuit) ...... 41 Tableau XIX : Répartition des éleveurs enquêtés selon la notion d’abandon de foyer par fokontany ...... 42 Tableau XX : Répartition des autorités locales selon l’appréciation de l’ampleur de l’abandon de foyer de la population ...... 42 Tableau XXI : Répartition des éleveurs selon l’existence de déperdition scolaire de leurs enfants provoquée par les vols de bovidés ... 43 Tableau XXII : Répartition des éleveurs selon l’existence d’abandon scolaire de leurs enfants et selon la taille de l’élevage ...... 43 Tableau XXIII : Répartition par fokontany des enquêtés selon l’existence de déperdition scolaire ...... 44 Tableau XXIV : Répartition des autorités locales enquêtées selon leur appréciation de l’ampleur de la déperdition scolaire ...... 44 Tableau XXV : Répartition des enquêtés selon l’existence éventuelle de conflits avec leur entourage ...... 45 Tableau XXVI : Fréquence de survenue de conflit, selon le nombre de bovidés perdus et selon le niveau d’instruction chez éleveurs victimes de vols de bovidés ...... 45 Tableau XXVII : Fréquence de survenue de conflit selon le niveau d’instruction des éleveurs ...... 46 Tableau XXVIII : Fréquence par fokontany de la survenue de conflits ...... 46

LISTE DES FIGURES Pages Figure 1 : Circuit du blanchiment des bovins volés ...... 12 Figure 2 : Carte administrative de la région Amoron’i Mania ...... 23 Figure 3 : Localisation de la commune d’Ambatomifanongoa ...... 24 Figure 4 : Trajet des dahalo dans la commune rurale d’Ambatomifanongoa ...... 24 Figure 5 : Répartition des éleveurs enquêtés selon la taille de l’élevage ...... 33 Figure 6 : Répartition des éleveurs enquêtés selon l’existence de vol et selon la taille de l’élevage ...... 35 Figure 7 : Evolution annuelle des abandons des foyers ...... 41

LISTE DES ABREVIATIONS

Ar : Ariary ou MGA (Unité monétaire malagasy) BGN : Brigade de la Gendarmerie Nationale CAA : Chef d’Arrondissement Administratif CB : Commandant de Brigade COB : Certificat d’Origine des Bovidés CR : Commune Rurale CRB : Cahier de Recensement des Bovidés ou cahier de contrôle de bovidés CTD : Collectivité Territoriale Décentralisée CVB : Certificat de Vaccination des Bovins DAS : Détachements Autonomes de Sécurité DESMV : Département d’Enseignement des Sciences et de Médecine Vétérinaires FIB : Fiche d’Identification des Bovidés FKT : Fokontany (la plus petite circonscription administrative) IC : Intervalle de Confiance INSTAT : Institut National de la Statistique Nb : Nombre ONG : Organisation Non Gouvernementale p : Probabilité PCD : Plan Communal de Développement PCDR : Programme Cadre de Développement Régional RIP : Route d’intérêt Provincial RN : Route Nationale SVR : Service Vétérinaire Régional TPI : Tribunal de Première Instance

1USD = 3000 ariary

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INTRODUCTION

Le phénomène de l'insécurité est un des problèmes difficiles à résoudre. Peu importe le lieu ou l'époque considérée, ce phénomène a toujours existé. L'homme s'est donc préoccupé de rechercher ses causes et aussi de rechercher des moyens pour le combattre. Le vol des animaux domestiques concerne surtout les éleveurs dans les pays en voie de développement, mais dans les pays développés la disparition des animaux de compagnies est fréquente soit par cambriolage soit lors du transport en avion et/ou vers le cabinet vétérinaire soit pendant la promenade. En France, 60 000 chiens et chats ont été volés chaque année [1]. Par contre en Afrique, le trafic des animaux sauvages est un problème difficile à éradiquer. Le commerce international des espèces sauvages représente entre 10 et 20 milliards d'euros par an, dont environ un tiers provenant de ventes illégales [2]. Il s'agit du troisième plus gros trafic illégal mondial, derrière le trafic de drogue et le trafic d’armes : selon les estimations, de 15 à 160 milliards d'euros par an, soit plus de 5 000 euros de braconnage par seconde [3]. Bien qu'il soit impossible de suivre avec précision ces populations animales, les mises à mort illégales atteignent des proportions des crises. Il ne reste plus que 25 000 rhinocéros sur la Terre par rapport aux 600 000 individus à la moitié du XXème siècle [4]. En Afrique du Sud, où vivent la plupart des rhinocéros, un rhinocéros est mis à mort toutes les 13 heures pour sa corne [4]. Il existe environ 600 000 éléphants en Afrique, deux tiers de moins qu’il y a quelques décennies. Les experts estiment que 25 000 éléphants d'Afrique ont été abattus en 2011 pour leur ivoire [3,4]. Moins de tigres sont abattus, mais il y a une crise de conservation. Aujourd'hui, il reste environ 3.200 tigres à l'état sauvage, ce qui représente 3 pour cent de la population d’il y a un siècle. Les tigres ont disparu dans 11 des 24 pays d'Asie où ils s’épanouissaient jadis [5]. A Madagascar, le vol de bœufs fait partie des phénomènes d’insécurité en milieu rural. Les zébus suscitent de l’intérêt car ils ont une valeur importante dans la vie économique et socioculturelle de la population Malgache. Pour les paysans, la possession des zébus représente la puissance, la prospérité et la richesse. Les zébus sont également sources de respect et de considération. Dans la culture malgache, le zébu est choisi comme

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un animal sacrificiel par excellence et reste omniprésent aussi bien dans la vie quotidienne que durant les grands événements familiaux. Le vol de zébu est un problème des pays en voie de développement surtout à Madagascar, un pays à vocation pastorale, dont l’économie est basée sur l’agriculture et l’élevage qui occupent une place importante dans la vie sociale, culturelle et économique de la population notamment rurale. Les dernières données disponibles indiquent que sur 2 429 000 exploitants agricoles recensés, 48% pratiquent l’élevage de zébus [6]. L’élevage bovin a procuré un revenu monétaire annuel de 935 000 Ariary par ménage éleveur [7]. Le vol de bœufs figure parmi les problèmes d’actualité les plus difficiles à résoudre à Madagascar. Il résiste à l’épreuve du temps et des transformations socio-économiques et politiques ainsi qu’aux différents mesures prises. La commune Ambatomifanongoa a possédé environ 9000 têtes de bétail en 2004 [8] mais il n’en reste plus que 400 têtes en 2013 soit environ 4,44% du nombre de bovin initial [9]. Le vol de zébu a connu une recrudescence depuis 2009. L’élevage de zébu est un patrimoine national et occupe la plupart du secteur élevage à Madagascar. Environ 48% des éleveurs pratiquent cet élevage [10] qui sont les clients des docteurs vétérinaires, des ingénieurs et des adjoints techniques de l’élevage. La présente étude est menée afin de répondre à la question sur les principaux impacts de vol de bovidés dans la commune Ambatomifanongoa. A titre d’hypothèse, les effets économiques et sociaux constituent les principaux impacts du vol de bovidés. Sur le plan scientifique, cette étude va apporter des connaissances complémentaires sur l’élevage de bœufs et sa difficulté. Sur le plan opérationnel, cette étude permet d’évaluer les impacts socio-économiques et de planifier les mesures de lutte et d’éradication du phénomène de vol de bovidés. Cette étude a pour objectif général de déterminer les principaux impacts du vol de bovidés. Pour atteindre cet objectif général, nous allons successivement évaluer les impacts économiques directs et indirects du vol de bovidés et analyser les impacts sociaux.

PREMIERE PARTIE : RAPPELS

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I. Généralités et rappels théoriques I.1 Place du zébu dans la société Malgache I.1.1 Zébu Le mot zébu vient du vocabulané tibétain « zeba » signifiant étymologiquement « bosse ». Descendant d’une espèce indienne d’aurochs, originaire de l’Afrique, le zébu Malgache se caractérise par de longues cornes, une bosse adipeuse au niveau du garrot, une grande extension de la peau sous le menton [11]. I.1.2 Rôles des zébus dans la vie sociale et culturelle Malgache A Madagascar, le zébu joue un rôle capital dans la vie et la culture Malgache. Sa viande tendre et savoureuse est particulièrement appréciée. Il est l’assistant naturel des paysans. L’importance est telle qu’il est devenu mythique pour les Malgaches. Tous les grands évènements de la vie sont célébrés par un sacrifice du zébu suivi d’un repas partagé avec les invités. La possession d’un grand troupeau marque la puissance et symbolise la richesse [12]. Pour les Malgaches, ce qui possédait un grand nombre de cheptel est considéré comme un grand patron voire un seigneur dans un village, méritant le respect. Le zébu permet d’évaluer la fortune ou le rang social d’une famille [12,13]. Par exemple, chez les Bara (une ethnie dans le Sud et Sud-Ouest de Madagascar) pour une demande en mariage, un jeune doit offrir à sa future épouse un zébu de couleur noire avec une tête blanche (Mazavaloha). Lequel sera sacrifié si les négociations aboutissent aux fiançailles [13]. Pour tout évènement en général, la fortune d’une famille est estimée au nombre des bœufs abattus. Le plus fascinant dans la culture malgache du zébu réside dans sa valeur spirituelle. Presque dans toute l’île, il est choisi comme animal de sacrifice. Les Malgaches sont reconnus pour le respect de la loi sociale (fihavanana) lorsqu’il y a un événement, réunion, fête ou autres, la présence de l’alcool et la viande du zébu font partie de la tradition. L’alcool et la viande du zébu immolé (nofon-kena mitam-pihavanana) sont offerts à l’assistance pour marquer la solidarité et l’unité de la population, l’ombre du zébu et l’odeur de l’alcool sont pour les ancêtres [14]. De même, les serments se font en immolant un zébu. Ces rites continuent jusqu’à nos jours, par exemple lors des inaugurations, des poses de pierres. Lors d’un décès, plusieurs rites sont adoptés par les malgaches durant la veillée mortuaire et pendant la cérémonie funéraire.

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La tradition dépend de la région ou de l’appartenance ethnique du défunt. Par exemple chez l’ethnie sud de Madagascar (Antandroy), tout le troupeau du défunt est exterminé pendant les veillées mortuaires qui peuvent durer des semaines, voire même des mois. Les viandes sont consommées par les communautés. Chez les « Mahafaly » (une ethnie du Sud-Ouest de Madagascar), les têtes de zébus sacrifiés sont utilisées comme ornement des tombes (Aloalo) [15]. A Madagascar, quelles que soient les cérémonies qui témoignent la vénération des ancêtres comme le « Fitampoha » chez le Sakalava (du Boeny et du Menabe), ou encore le « Tsangan-tsaina » chez les Antakarana dans le nord, le « sambatra » chez les Antambahoaka sur la côte Sud-Est, ou le « famadihana » chez les Merina sur les Hautes Terres [15], il existe un point commun à toutes ces cérémonies, c’est le respect profond qui était gravé au cœur des malgaches envers leurs ancêtres. Tout manquement à ce culte se traduirait par des punitions sévères infligées par les ancêtres, par exemple, l’échec dans la vie, les accidents, l’insuffisance de récolte, les maladies, l’inondation. Il existe divers rituels que les Malgaches se doivent d’effectuer afin d’avoir la bénédiction et surtout pour éviter les dangers, tels l’offrande de miel ou de rhum et le sacrifice de poulet ou de zébu. I.1.3 Valeur économique des zébus à Madagascar Aujourd’hui, l’élevage du zébu persiste, beaucoup de Malgaches placent leurs capitaux dans le zébu. En posséder est synonyme de réussite dans la vie sociale, notamment en milieu rural. De nos jours, le zébu à longues cornes figure encore sur les billets de banques et pièces de monnaies malgaches. Tout cela, montre la valeur prestigieuse accordée au zébu. En effet, non seulement il confère un prestige social à son propriétaire, mais il constitue également une ressource essentielle sur le plan économique. Cet animal donne des rendements et des bénéfices incontestables aux paysans malgaches, par exemple en leur donnant du lait, en les aidant à labourer les terres et à se déplacer. L’importance du cheptel, la situation du pays indemne de zoonoses majeures, le nombre des exploitants, le milieu naturel du pays offrant d’immenses terrains de pâturage (397.404 km2, soit 68% de la superficie de Madagascar), l’apparition de nouvelles opportunités de marchés ; tout ceci constitue des facteurs favorisant pouvant permettre au secteur d’élevage d’occuper une place stratégique pour le développement de

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Madagascar [16]. L’effectif du cheptel a été estimé à plus de 9 millions de têtes, représentant une valeur de 3 600 milliards d’ariary soit 1800 millions USD en 2000 [17].

I.2 Vol de zébu I.2.1 Historique Le vol de bœufs existe depuis longtemps à Madagascar surtout dans les zones où la densité de bovidés est élevée. Le phénomène de dahalo évolue dans le temps et d’une région à l’autre. Par exemple dans la région sud de Madagascar, chez les « Antandroy » et les « Bara » le vol de bœufs fait partie de la tradition. Le fait de voler un bœuf est un passage obligé pour accéder au monde des adultes. Le vol de bœufs fait partie de leur coutume. Une famille ne donnerait point sa fille, à un jeune homme qui n’avait pas encore témoigné son acte de bravoure par le biais du vol de bœufs [18]. Selon eux, avoir réalisé un vol de bœufs constitue une marque de courage, un exploit, une preuve de virilité et un défi réalisé envers sa famille et la société. Mais depuis 1960, les voleurs commencent à utiliser des armes à feu, et deviennent plus violents. Ils ne pratiquent plus la ruse pour s’emparer des bœufs, mais ils font des tapages en lançant des coups de fusil et des pierres pour casser les fenêtres et les portes. Ils profèrent les langages de menace en dialecte Bara, Sakalava ou Antandroy. Ils tirent ou donnent des coups de sagaies sur la personne qui ose sortir de la maison [19]. Puis à la fin des années 80, ils deviennent de plus en plus féroces, et mettent le feu à la maison du propriétaire du parc à bœuf ciblé. Ces actes barbares entretiennent l’esprit revanchard dans la vie sociale. Tous les jeunes paysans entrent dans le réseau « dahalo ». Il ne se passe de nuit sans qu’on entende des cris d’alarmes et de secours. Pendant le jour, le paysan regarde de loin le passage des dahalo, poussant leurs butins devant eux [20]. Ensuite, en 1980 et 1990, plusieurs sortes de convention collective ou « Dina » ont été appliqués mais cela n’a pas apporté de bon résultat [21]. Les opérations de ratissage ont été entreprises à plusieurs reprises mais aucun succès. Le réseau devient de plus en plus complexe, impliquant les paysans éleveurs, les « dahalo » eux- mêmes, les hommes d’affaires, certains agents des forces de l’ordre et même du tribunal. Le vol se fait à main armée et à visage découvert, il se produit à n’importe quel moment. Les bandits se munissent de kalachnikov, de fusil de chasse et de fusil à fabrication

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artisanale. Les paysans achètent aussi des fusils pour se défendre et l’affrontement devient un véritable champ de bataille. Souvent, il y a des morts dans les deux camps, surtout lors de poursuite des bandits. De 1990 à nos jours, le circuit des « dahalo » se comprend de temps en temps et ces bandits ont modifié leur tactique. Ils utilisent d’abord des menaces verbales pour savoir si la cible possède une arme à feu. Ensuite, ils surveillent les alentours de la maison pour faire en sorte que personnes ne sortent de chez eux. Enfin, ils essaient de procéder à l’acte en faisant sortir les bœufs hors du parc à bœufs. Face à cela, tous les éleveurs ont changé la construction de leurs Vala ou parc à bœufs par des enclos en bois rond renforcés et dont le portail est muni de système secret pour que les voleurs ne puissent pas l’ouvrir facilement I.2.2 Causes du vol des bœufs Plusieurs causes occasionnent le vol de bovidés comme la tradition, le facteur économique, et les causes juridiques. I.2.2.1 Causes traditionnelles Le vol de bovidés peut être provoqué par la tradition, par la pression sociale ou par l’appât du gain. Par exemple dans la région Sud de Madagascar, le vol de bœuf fait partie de leur coutume [22]. I.2.2.2 Causes économiques et sociales L’exportation des bœufs sur pied vers les Comores et les îles voisines est très importantes pour l’épanouissement de l’économie Malgache. Cependant la plupart des grands éleveurs effectuent un élevage contemplatif mais non à vocation commerciale [23]. Ce qui oblige en premier lieu les intermédiaires (négociants) à acheter des bœufs volés. En dépit du bon sens, ils cherchent tous les moyens pour obtenir le nombre de bovidé exigé, avec leurs possibilités financières, que ce soit par l’achat ou recel des bœufs volés à bas prix, voire créer une bande organisée pour commettre le vol de bœufs. D’autre part, la déscolarisation constitue aussi un facteur principal du vol des bœufs. La plupart des gens dans la partie sud de l’île de Madagascar n’allaient pas à l’école et n’arriveraient pas à trouver des travaux pour vivre. Par conséquent ils sont obligés de commettre des actes illicites pour gagner leur vie notamment le vol de bœufs [15, 23]. Pour les Malgaches surtout dans la région sud, la possession de plusieurs têtes des zébus donne une meilleure image sociale [12,13]. Plus la famille possède un

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cheptel bovin, plus la société la considère comme riche et bénéficie d’une notoriété incomparable. Lors des cérémonies traditionnelles et coutumières comme l’exhumation et le mariage, le nombre des zébus tués et la viande partagée aux invités indique la notoriété de la famille du défunt et de son rang social. La plupart des éleveurs dans le Sud ne veulent ni vendre ni sacrifier leurs bœufs. De ce fait, pendant l’enterrement ou encore l’exhumation, les besoins en viande bovine pour nourrir les invités sont énormes. Or, la plupart des familles concernées ont souvent du mal à sacrifier leurs zébus. D’où la famille en deuil fait échange par exemple 30 bœufs volés contre 10 bœufs propres ou encore acheter des bœufs volés à prix bradé [24]. Dans la société Bara, le vol de bœufs est souvent organisé par un membre de la famille contre ses proches parents ou voisins, suite à un problème d’héritage mal reparti. Le vol est alors commis par jalousie ou par lutte des classes. [25] I.2.2.3 Causes juridiques Des mesures et règlements ont été élaborés depuis la période royale pour réprimer le vol de bovidés. A l’époque, ces règlements et mesures sont appelés coutumes non écrites. Les coutumes ont puni le vol de bœufs selon le nombre d’animaux volés ou selon les circonstances de l’infraction, telles que la peine de mort, restitution de bœufs volés et les amendes. Malgré, l’existence des mesures et les règlements élaborés à l’époque, les coutumes non écrites n’ont produit aucun effet sur le vol de bœufs. Elles sont même inefficaces puisque les vols de bœufs ne cessent d’augmenter d’année en année. De nos jours, la corruption et la familiarité renvoient les voleurs après quelques jours en prison. La loi et la justice semblent être impuissantes face au vol de bovidés. Ainsi le vol de bœuf s’intensifie de plus en plus par vengeance. I.2.3 Manifestation du vol des zébus Le vol de bœufs est l’un des problèmes chroniques, difficiles à résoudre à Madagascar. Bien que touchant toutes les provinces, l’intensité n’est pas le même dans toute l’île. Il y a des régions plus malmenées que d’autres : c’est le cas des Hautes terres et du sud et c’est en région Betsileo que le phénomène a beaucoup fait parler de lui. Le spectre de la crise économique a frappé de plein fouet Madagascar en 1980. Il s’est rapidement généralisé [26]. La crise s’explique surtout par des crises économiques, sociales graves qui, se multiplient en début de l’année et à la proche de la fête nationale, pendant la phase de la recrudescence des pluies et en période de l’abondance de pâturage.

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Les exactions commencent surtout à partir du mois de Juillet, début de la période de soudure et se renforcent au mois d’Octobre jusqu’en Mars, et au temps de récoltes. D’une manière générale, l’acte de vol de zébu précède toujours de plan bien étudié. Le phénomène est devenu de plus en plus meurtrier, puisque les bandits n’attaquent plus par surprise (joko) mais viennent plutôt en armes et en nombre, de jour comme de nuit, pour prendre de force les bœufs des villageois. I.2.3.1 Tactiques et stratégies des voleurs de bœufs Avant de procéder à l’opération, les jeunes bandits se rencontrent souvent au marché pour discuter de la stratégie qu’ils vont adopter. En complicité avec les voleurs, un jeune habitant du village cible va ouvrir le portail du parc pour faire sortir les bœufs. Les dahalo attendent à l’extérieur et d’autres se mettent un peu plus loin pour surveiller les habitants du village. Une fois que les bœufs sont entre leurs mains, le livreur les accompagne jusqu’à environ 5 à 10 Km. Après, il retourne au village pour participer à la poursuite avec les habitants. Ceux qui se sont postés un peu plus loin, menacent ceux qui veulent secourir dans le but de faire une diversion pour que les voleurs puissent gagner du temps. Leur vitesse de parcours est de l’ordre de 20 à 30 Km/h alors que ceux des poursuivants est de 10 km/h au maximum [27]. Ces derniers doivent scruter et fouiller partout pour retrouver les traces des sabots qui sont remarquables, car ils sont au galop et que les sabots s’enfoncent plus dans le sol. D’abord, le plan du vol a été bien organisé avant de passer à l’action. Les bandits élaborent le plan et la stratégie plusieurs jours voire des mois en avance. Ils essaient de trouver tous les pièges que les villageois ont inventé. Ensuite, quelques jours avant l’acte, ils cherchent du personnel et se procurent des armes pour l’opération et préparent les lieux où ils vont amener les bœufs volés. Un rassemblement du groupe pour la répartition des tâches doit avoir lieu environ dix jours avant l’acte. A quelque jour de l’action, ils envoient un espion pour faire une vérification sur les diverses pistes et les stratégies élaborées. Et quand le jour « J » arrive, ils passent à l’action avec prudence. Enfin, quelque jour après, c’est le dernier rassemblement pour le remboursement des parts ou pour le partage du butin.

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I.2.3.2 Différents types de vol des bœufs Trois types de vol de bœufs ont été constatés dans la zone d’étude.  Premièrement, le vol par surprise (joko ou soko) où ils font sortir les bœufs d’une manière discrète avec souplesse et rapidité en pleine nuit et partent. Ils peuvent utiliser une sorte d’encens qui fait dormir le propriétaire appelé « Fonoka ».  Deuxièmement, le vol sous forme de cambriolage (Tapim-baravarana ou Tontakely), il s’agit d’un blocage des portes et fenêtres pour empêcher le propriétaire de sortir et de suivre les bandits. Les dahalo tuent ou prennent en otage ce qui sort de la maison. Les voleurs arrivent dans le village en faisant des bruits (sifflement, tir à l’air, langage Antandroy et Bara) pour faire peur aux propriétaires.  Troisièmement, le vol de bovidés peut se perpétrer dans les champs, pâturages, parcs, enclos ou tous autres lieux. Ces bandits attaquent les gardiens de zébus au moment où ils font paître les bœufs sur la colline ou dans une vallée isolée. Ce troisième cas est peu fréquent dans la zone d’étude.

I.2.4 Formes du blanchiment de bovin I.2.4.1 Acteurs du blanchiment du vol de bovin Le vol de bœufs peut impliquer plusieurs personnes : 1. les Receleurs, 2. les voleurs ou « dahalo », 3. les commanditaires, 4. les complices, 5. les richards.  Receleurs Ils connaissent très bien la victime ainsi que l’organisation du système de défense villageoise. Leur mission consiste à diriger ou piloter l’insertion, l’attaque et la fuite des « dahalo ». Les Receleurs et les victimes vivent généralement dans le même village. De ce fait, les gens pensent que la mise en place d’un ranch ou « valatokana » (ferme unique pour le village) dissuaderait les Receleurs [22]. Le profil du « Receleur » est difficile à dessiner. Il fait partie de la société donc il peut être tout le monde. La victime d’hier peut être le « Receleur » d’aujourd’hui et vice versa.

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 Voleurs ou « Dahalo » C’est un groupe constitué de jeunes gens (la fourchette d’âge de ces malfaiteurs est actuellement de 15 à 35 ans) sous l’égide d’un chef. Ils se regroupent pour la circonstance lors des retrouvailles au marché hebdomadaire ou au cours d’un autre rassemblement public. Ce groupe se rajeunit d’année en année, sans distinction d’ethnie [18]. Actuellement, les bandits peuvent habiter dans la localité, travailler comme tout le monde quand il fait jour. La nuit, ils quittent leur domicile pour attaquer dans une autre localité. Certains des voleurs sont des éléments de la gendarmerie révoqués ou des militaires ayant terminé le Service National donc ayant reçu des formations militaires. Certains sont très jeunes (13 ans) ayant quitté l’école trop tôt, inspiré par la délinquance juvénile, à la recherche de sensations fortes [28]. Le voleur de bœufs est appelé « dahalo », ou « mavo » dans le pays Betsileo et « malaso » dans la province de Toliara [29]. Les « dahalo » ont tellement plusieurs apparences et leur profil est difficile à décrire. Les « dahalo » sont toujours poussés par : des besoins culturels (être aussi fort et / ou agressif que les voleurs Bara.), des besoins pécuniaires (l’argent facile…), des besoins sociaux (revanches, …)  Commanditaires Les commanditaires sont des personnes qui ont un intérêt à la réalisation de cet acte délictueux pour assouvir leur vengeance, pour un bénéfice pécuniaire, pour augmenter l’effectif de leur bétail et élever ainsi leur rang dans la société, pour subvenir aux besoins de marchés nationaux et internationaux. Ces commanditaires se chargent du paiement direct des malfaiteurs qu’ils ont engagés. Ils assurent souvent la destination intermédiaire de bœufs volés [20]. Ils ont en général certaines connaissances dans différents milieux :  administratif comme le Chef d’arrondissement administratif (CAA) pour la délivrance de la fiche individuelle de bovin,  corps des vétérinaires pour la délivrance des certificats de vaccination ,  forces de l’ordre chargées du contrôle,  magistrature pour la protection judiciaire,  enfin dans le milieu de la boucherie pour l’écoulement de la marchandise. Ces connaissances permettent aux commanditaires de perpétuer leurs activités malsaines.

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 Complices  Complices naturels et obligés : les parents biologiques des malfaiteurs et les frères de sang (fati-dra) les propriétaires des pâturages traversés par l’itinéraire des bœufs volés, les chefs de logis de ravitaillement des voleurs et la population des villages abordant le couloir de repli des malfaiteurs, par lien de parenté et de solidarité familiale, deviennent des complices de l’acte des dahalo. Les gens classés complices obligés sont aussi ceux qui ont déjà subi d’acte de banditisme ou de vol de bœufs.  Complices occasionnels : ils sont constitués de certaines personnes ressources et investies de pouvoir public : le chef de quartier (fokontany), le maire, le chef d’arrondissement administratif, le chef district, les forces de l’ordre, les magistrats. Ces autorités facilitent la circulation et l’écoulement des bœufs volés et assurent l’impunité des malfaiteurs [21].  Richards Acteurs clés de l’insécurité rurale, ils sont en relation étroite avec les grossistes, les patrons, les bouchers, les dispositifs sécuritaires (gendarmes, police, militaire etc.), et les dispositifs administratifs (CAA) et judiciaires (procureur, etc.), et les politiciens. Ils rémunèrent les acteurs (dahalo, receleurs) [25]. I.2.4.2 Manifestation du blanchiment de bovin Après les captures des bovins, les dahalo regroupent les bœufs volés dans un lieu hors de portée des forces de l’ordre. Leur chef en profite pour élaborer la falsification des papiers afférents aux animaux volés. Les grands propriétaires de bovidés peuvent aussi être des preneurs des bœufs volés et les blanchissent. Notons qu’il y a d’anciens dahalo parmi les grands propriétaires de zébus [29]. Ces personnes confondent les animaux volés aux autres animaux et font des échanges après, sur la base de 10 zébus volés contre 2 zébus « propres » [24,30]. Ils font des contrats avec les démarcheurs et préparent à l’avance toute la paperasserie nécessaire, en corrompant certaines autorités administratives et sanitaires. À part cela, il y a aussi les intermédiaires qui achètent directement leurs bœufs auprès des dahalo. Ils achètent une partie de leurs bœufs dans le marché et une autre partie auprès des dahalo. Les papiers de transaction sont préparés à l’avance [30].

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Eleveur

Dahalo

Bovidés volés sans papier

Intermédiaires

Vétérinaire C.A.A

Intervention au niveau LES COMMANDITAIRES des sites de blanchiment

 Transporteurs  Collecteurs  Grossistes

Bovidés volés blanchis Opérateurs Corruption économiques

Politicien Demande Autorités

Marchés Exportation intérieurs

Figure 1 : Circuit du blanchiment des bovins volés Source : Auteur

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Le schéma précédent présente à la fois l’itinéraire, les procédures à suivre pour la régularisation des bœufs volés, les acteurs concernés depuis l’élevage jusqu’à l’exportation ou à la vente aux consommateurs nationaux et les différentes étapes de la régularisation de bovidés volés.  La première étape concerne la procédure de vol impliquant les éleveurs, les receleurs et les dahalo.  La deuxième étape est au niveau du blanchiment. Les bovidés volés sont attribués à des nouveaux propriétaires avec de nouvelles fiches individuelles de bovidé.  La troisième étape concerne le transport de bovidés volés blanchis et la commercialisation. Le blanchiment touche les commanditaires, des personnes très riches car disposant de plusieurs centaines, voire de plusieurs milliers de têtes de zébus. Les propriétaires de ces sites trouvent toujours des personnes hautement placées pour défendre leurs intérêts. La falsification des papiers implique la complicité d’agents d’autorité publique. Les innombrables corruptions créent un réseau difficile à démanteler.

I.3 Mesures mises en place Plusieurs mesures ont été adoptées depuis la recrudescence du phénomène de dahalo. Deux mesures peuvent être particulièrement énumérées : les mesures prises par l’Etat et les mesures paysannes. I.3.1 Mesures prises par l’Etat L’Etat a mis en place certaines mesures pour éradiquer le vol de bœuf. Les mesures ont été appliquées depuis l’acquisition et lors de la vente. Des vérifications sont effectuées plusieurs fois par an. Le déploiement des éléments de la gendarmerie en milieu rural fait partie de cette mesure, ainsi que l’application de loi sur le vol de bœuf. I.3.1.1 Procédure d’acquisition et de légalisation de bovidé Trois possibilités s’offrent à un éleveur pour entrer en possession d’un bovidé : la naissance, le don et l’achat.  Acquisition à la naissance Pour qu’un veau puisse être admis comme propriété d’un éleveur, il faut qu’il soit né d’une vache inscrite dans son cahier de recensement de bovidé. A la naissance, l’éleveur doit effectuer une déclaration de naissance auprès du comité local de sécurité

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et/ou des agents de sécurité villageois. La pratique est d’inscrire ce veau dans le carnet dans les 03 mois qui suivent la naissance. Cette inscription doit comporter les éléments suivants : désignation et robe de la vache mère conforme à l’inscription au cahier de recensement de bovidé (CRB), désignation du genre du veau, robe du veau et date de naissance. Toujours dans la pratique, le veau est inscrit au cahier de recensement au plus tard au cours du recensement suivant sa naissance. Tous ces étapes sont visées par le Chef Fokontany, puis par le chef d’arrondissement sur présentation du carnet susvisé.  Acquisition par un don Le don de bœuf pour des raisons familiales ou amicales fait partie des us et coutumes des tribus éleveurs. Ce phénomène est fréquent notamment dans le cas de mariage traditionnel (« Hata-baly » ou « Enga ») [31]. Dans une même Commune ou même circonscription administrative, les bœufs objet du mariage traditionnel, sont transférés, sans suivre la procédure légale, à la propriété des parents de la fille. Il n’y a pas de Fiche individuelle de bovidé. La pratique oblige simplement la déclaration (verbale ou écrite) respectivement auprès du Chef Fokontany d’origine, de celui de destination, puis au CAA. La déclaration est accompagnée des deux CRB celui du donateur et celui du réceptionnaire. Dans deux circonscriptions différentes, la procédure ressemble à celle de l’achat sauf que l’acte de vente est remplacé par un acte de donation.  Acquisition par un achat Pour entrer en possession d’un bœuf, la procédure classique consiste à en acheter. L’achat de bœuf doit suivre une procédure bien déterminée par les réglementations. D’abord l’achat doit être effectué seulement dans un marché contrôlé de bovidé [32]. Le marché contrôlé est institué par arrêté du chef de région sur demande du Maire après délibération du Conseil Communal. Sans être exhaustives, les conditions suivantes doivent être remplies pour instituer un marché contrôlé de bovidé : la présence de forces de l’ordre pour le maintien de l’ordre et le contrôle des bœufs, l’existence et l’opérationnalité du CAA, un espace suffisant pour les animaux mis en vente, la prise de responsabilité de la municipalité dans l’organisation du marché, et l’absence d’interaction entre marché contrôlé à proximité. Après achat d’un bœuf, l’acheteur doit détenir les documents suivants : la fiche individuelle de bovidé (FIB) conforme au bœuf acheté (genre, classe d’âge, robe) délivré par le CAA de la Commune d’origine, l’acte de vente authentique ou authentifié ou sous

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seing privé et le ticket de marché justifiant que le bœuf a été acheté au marché contrôlé. Le bœuf acheté n’est pas inscrit au CRB jusqu’au recensement suivant. La possession des documents ci-dessus justifie la propriété. Lors du recensement, le nouveau propriétaire inscrit au CRB (1er exemplaire) en rajout du report de l’année passée le bœuf acheté (genre, classe d’âge, robe d’origine). Il joint les documents d’achat sus cités au CRB lors du visa effectué par le Chef Fokontany qui effectue en même temps la mise à jour du 2e exemplaire. Les deux exemplaires de CRB sont ensuite envoyés au CAA. Le CAA arrête le nombre de bovidés dans le CRB après la mise à jour du 3eme exemplaire. Après l’achat au marché, les bœufs achetés doivent être inscrits au passeport de bovidé pour les professionnels du commerce de bestiaux. Avec les documents d’achat sus cités, le CAA établit le passeport permettant le déplacement des bœufs. Le passeport est une liste, comprenant toutes les informations sur les bœufs achetés (genre, classe d’âge, robe. Boucle), les dossiers d’achat, le point de départ, l’itinéraire et la destination prévue. Le passeport est un imprimé classé « valeur fiduciaire » et géré comme tel. Toutefois, des rajouts par des papiers standard (vélin 21 x 29.7) sont effectués pour les achats effectués en cours de l’itinéraire (compléments de passeport). Outre les passeports, les commerçants sont tenus d’inscrire les bœufs achetés dans un livre journal côté et paraphé par le CAA. Le livre journal doit être présenté au CAA compétent à chaque transaction. I.3.1.2 Procédure de vente Le commerce de bovidés doit avoir lieu uniquement dans les marchés contrôlés de bovidés. La vente de bœuf se matérialise par le transfert des documents d’achat cités ci- dessus. Il incombe au vendeur de mettre à la disposition de l’acheteur tous les documents. Les professionnels achètent les bœufs et obtiennent les documents auprès des éleveurs. Lors de la revente, les documents d’achat accompagnent les bœufs et sont transférés aux acheteurs qu’ils soient éleveurs, vendeurs professionnels ou bouchers. Pour l’éleveur qui vend un ou plusieurs animaux de son troupeau, la procédure est plus complexe. D’abord, il doit adresser une demande écrite au Chef Fokontany pour vendre un ou plusieurs de ses bœufs. La demande doit mentionner le signalement des bovidés à vendre (genre, classe d’âge, robe, boucle). Lorsque la demande est visée par le Fokontany, elle devient un « passeport » pour emmener les bœufs au marché. D’après les règlementations, les documents de vente (ou d’achat) doivent accompagner les bœufs accédant au marché contrôlé. Toutefois, la pratique est très différente. Le bœuf à vendre

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entre au marché sans aucun contrôle, accompagné du passeport visé par le Chef fokontany et le CRB du propriétaire. A la conclusion de la vente, l’acheteur paie une sorte d’avance. Après, le vendeur (l’éleveur) s’occupe des papiers.  Boucle d’identification des bovidés La réglementation prévoit qu’une boucle codifiée doit être posée à l’oreille gauche de chaque bœuf à sa première vaccination [33]. Mais dans la pratique, c’est lors de la vente que l’éleveur s’en procure. La boucle est achetée chez le vétérinaire qui écrit le numéro avec une encre indélébile et la pose sur l’oreille gauche du bovidé.  Certificat de vaccination Le certificat de vaccination est délivré par le vétérinaire sanitaire. En effet, l’éleveur apporte son CRB et le montre au vétérinaire pour que celui-ci vérifie le cachet et /ou la signature du vaccinateur attestant l’effectivité du vaccin. Après, l’éleveur paie un prix englobant le prix de la boucle et le coût du certificat de vaccination. Ce prix varie de 1.000 Ar à 5.000 Ar selon la localité [34]. Les recettes sont des recettes propres du vétérinaire mandataire. Généralement, aucun reçu n’est délivré à l’éleveur. Le certificat de vaccination mentionne le signalement du bovidé ainsi que le numéro de la boucle. Il est délivré en un exemplaire par bovidé.  Certificat d’origine de bovidé (COB) Le certificat d’origine est un document officiel justifiant l’origine et la possession du bovidé. C’est une valeur fiduciaire gérée par le CAA et pour lequel il est responsable du suivi et de l’emploi. Ce certificat n’est plus utilisé actuellement car la nouvelle FIB l’a remplacé. Le certificat d’origine indique le signalement du bovidé, le propriétaire et sa résidence, le numéro du certificat de vaccination. Pour l’obtenir, l’éleveur doit apporter le passeport visé par le Chef fokontany, le CRB (1er exemplaire) et le certificat de vaccination. Le CAA doit d’abord comparer le 1er CRB avec le 3ème exemplaire en sa possession. Ensuite, un marquage sera apporté sur les exemplaires du CRB pour éviter toute répétition. Un certificat d’origine de bovidé (COB) correspond à un seul bovidé. Il est valable pour trois mois après la date de délivrance. Pour les bœufs effectuant un long voyage de plus de 03 mois, les convoyeurs ou bouviers peuvent renouveler le COB auprès d’un CAA de son itinéraire en présentant tous les justificatifs (COB, Certificat de vaccination, Passeport).

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I.3.1.3 Recensements et l’identification des bovins  Recensements des bovins Selon l’Article 1 du décret n°2005-503, le recensement des bovins est effectué chaque année à compter du 1er septembre dans tous les Fokontany par les soins des Chefs des Fokontany avec la participation des membres du Comité du Fokontany [35]. De ce fait, tous les propriétaires doivent présenter au recensement leur troupeau de bœufs auprès des autorités de leur Fokontany. La déclaration écrite doit contenir tous les renseignements conformément à ceux indiqués dans la Fiche individuelle de bovidé. Il est délivré à chaque propriétaire ou éleveur un cahier de contrôle où sont inscrits les bœufs déclarés avec les renseignements les concernant. La possession par l’éleveur de bovidés du cahier de contrôle est obligatoire. Et ce dernier est côté et paraphé par le Chef d’Arrondissement territorialement compétent. Il est établi en trois exemplaires dont le premier exemplaire est pour l’intéressé, le deuxième est à conserver au Fokontany et le dernier est à conserver au niveau de l’Arrondissement Administratif. Pour pouvoir bien maîtriser la gestion et le contrôle de la filière bovine, toute modification intervenue dans la composition du cheptel au cours de l’année (naissance, mortalité, achat, donation, échange, vente, abattage, vol) doit être déclarée au Chef Fokontany dans un délai d’une semaine pour être inscrite dans le cahier de contrôle. Par la suite, le Chef Fokontany porte les mêmes renseignements dans le cahier de contrôle.  Identification des bovins : la FIB (Fiche individuelle de bovidé) La FIB sert de document d’identification qui accompagne les bœufs avec le CRB, le passeport et complément de passeport, en remplacement du certificat de vaccination et du COB. De ce fait, tous les bœufs dépourvus de la FIB sont considérés comme animaux de provenances douteuses. La FIB est la carte d’identité qu’un bovin doit normalement avoir dès la naissance jusqu’à sa mort [36]. Pour l’instant, la FIB est utilisée dans le cadre spécifique des transactions. Madagascar a mis en place une nouvelle fiche individuelle de bovin (FIB) depuis le début du mois de juillet 2013 afin d’assainir la filière zébu. Actuellement, l’utilisation de ces fiches est effective, selon le ministère de l’Elevage. Les anciennes fiches ne sont donc plus valables depuis le 14 août 2013 et doivent être détruites par les agents responsables du ministère de l’Elevage avec l’aide du ministère de l’Intérieur dans tout Madagascar [37].

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La décision du ministère malgache de l’élevage a été initiée suite à la recrudescence du vol de bœufs accompagnée de meurtres dans la partie sud et sud-est de Madagascar depuis l’année 2012. Ainsi la circulation des cheptels sera mieux maîtrisée, de même que le contrôle de la viande avant et après l’abattage. Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur et le ministère de l’Elevage ont signé un accord de partenariat pour une meilleure utilisation de la nouvelle fiche. A la différence des anciennes fiches, la nouvelle possède un hologramme infalsifiable et comporte entre autres le numéro national d'identification, le sexe, le type racial et l'âge de l'animal, les signes distinctifs et la robe, les éleveurs et propriétaires successifs, la signature du chef d'Arrondissement de la Commune concernée ainsi que le certificat sanitaire de l'animal.

I.3.1.4 Criminalisation des vols de bœufs dans la loi actuelle La sécurisation des campagnes malgaches figure parmi les priorités des gouvernements successifs depuis l’indépendance. Le texte de base relatif à la répression des vols de bœufs ou du dahaloïsme est l’ordonnance n°60-106 du 27 septembre 1960 [38]. Il traduit la volonté politique d’éradiquer le vol de bovidés au moment de l’indépendance. L’ordonnance distingue, d’une part, le « crime de vol simple » jugé par les tribunaux de première instance et puni de cinq à vingt ans de travaux forcés ; et d’autre part, le « crime de vol aggravé » jugé par la cour criminelle spéciale et passible de la peine de mort ou de travaux forcés à perpétuité.  Faits qualifiés de crimes L’ordonnance du 27 septembre 1960 donne la qualification de crimes aux vols de bœufs. Ainsi criminalisés, les vols de bœufs sont punis sévèrement. En fait, l’ordonnance est composée de quatre articles conformément aux dispositions suivantes. L’article 4 met en exergue qu’un individu sera puni de la peine de mort lorsqu’il aura dérobé ou tenté de dérober indélicatement un ou plusieurs bœufs, dès lors que l’infraction a été précédée, accompagnée ou suivie d’un meurtre [38]. Dans l’article 5, sera puni de la peine des travaux forcés à perpétuité, tout individu coupable d’avoir soustrait frauduleusement un ou plusieurs bœufs, si le vol a été commis avec la réunion de trois, au moins, des circonstances aggravantes suivantes : la nuit ; en réunion de deux ou plusieurs personnes ; avec port d’armes apparentes ou cachées, sans qu’il y ait lieu de distinguer à cet égard entre les armes par nature et les instruments

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qualifiés d’armes par l’usage qui en est fait ; avec violence ; et enfin, en alléguant un faux ordre de l’autorité civile ou militaire. Ensuite, tout autre vol d’un ou plusieurs bœufs commis dans les champs, pâturages, parcs, enclos ou en tout autre lieu sera puni d’une peine de cinq à vingt ans de travaux forcés, selon l’article 6. Finalement, à l’encontre des individus punis des travaux forcés à temps ou de la réclusion, l’interdiction de séjour devra toujours être prononcée. Sa durée sera de cinq à dix ans (Article 10). Pour la lutte contre les voleurs de bœufs, des dispositions dérogatoires sur des points parfois essentiels au droit commun ont été mis en place. La volonté du législateur malgache est évidente : il s’agit de renforcer la répression de ce genre de méfaits, en prévoyant des peines sévères pour le vol de bœufs aggravé : la mort, les travaux forcés à perpétuité, les travaux forcés à temps accompagnés d’interdiction de séjour. Pour rendre des verdicts aussi spéciaux, il faut des institutions particulières appelées « cours criminelles spéciales ».  Cour criminelle spéciale Les vols de bovidés ainsi que les infractions connexes ne font pas parties de la compétence de la cour criminelle ordinaire. Ils sont déférés à la cour criminelle spéciale qui est la seule à les connaître. La cour criminelle spéciale est établie au siège des tribunaux de première instance. La cour criminelle spéciale est composée de sept (7) membres, dont le président du tribunal de première instance ou tout autre magistrat désigné par le premier président de la cour d’appel, et six (6) assesseurs ayant voix délibérative. Les six assesseurs sont répartis pour un tiers des éleveurs de bœufs, pour un tiers de non-éleveurs de bœufs, pour un tiers des citoyens domiciliés en dehors de la sous- préfecture (district) du siège de la juridiction compétente [39]. Des listes annuelles d’assesseurs aux cours criminelles spéciales sont établies selon des conditions déterminées par un décret. Pour ce qui est du rang des magistrats admis à faire partie des cours criminelles spéciales, l’article 43 de l’ordonnance n°60-106 du 27 septembre 1960, alinéa premier, précise que le président de la cour criminelle spéciale et le représentant du ministère public doivent avoir le rang au moins de conseiller à la Cour d’appel et de substitut du procureur général, lorsque la peine de mort ou celle des travaux forcés à perpétuité est hasardeuse [38].

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I.3.1.5 Rôles des forces de l’ordre face au phénomène Les rôles des forces de l’ordre sont à la fois préventifs et répressifs. Ils sont chargés d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens (y compris les bovidés) et de veiller à l’application et au respect des dispositions législatives et règlementaires régissant la filière bovidé. Ils effectuent des contrôles de régularité de la possession de bovidé à chaque étape de l’élevage et de la commercialisation (à l’étable, au marché, en déplacement, en transaction). Ils constatent les infractions et transmettent les dossiers à la juridiction compétente. I.3.2 Mesures paysannes contre le phénomène Face à la recrudescence de l’insécurité dans la commune, les paysans cherchent toujours des solutions pour sortir de l’emprisonnement du vol de bovidés. En effet, plusieurs stratégies ont été adoptées afin de minimiser les risques de vols sur leurs biens. I.3.2.1 Différentes techniques d’autodéfense des paysans  Eparpillement des bétails Chaque personne et chaque famille du village se doivent d’être conscients qu’elles sont les seules et premiers responsables de leurs biens. De ce fait, beaucoup d’éleveurs, notamment les grands éleveurs, pensent qu’il est plus ingénieux de répartir le troupeau sur de nombreux parcs, afin d’éviter les risques. Ainsi, ils peuvent placer quelques têtes chez des gens d’autres villages dont les pâturages sont situés dans des endroits différents.  Contrôle des passeports Il consiste à identifier et à contrôler la circulation des gens dans chaque village c’est-à-dire chaque personne qui entre et sort dans le village doit avoir en lui un papier d’identité. Effectivement, le Fokontany devrait disposer d’un registre pour les étrangers et pour les villageois afin de justifier les contrôles. De son côté, les villageois ont aussi le devoir de surveiller tous les étrangers qui circulent dans leur territoire. Tout inconnu qui entre dans le village se trouve ainsi tout de suite remarqué.  Sécurisation de la maison Même si les paysans n’ont pas les moyens pour l’acquisition des systèmes de sécurisation modernes, ils possèdent des techniques qui peuvent être jugées fiables pour leur maison et leurs biens. Presque 90 % des propriétaires de zébus dans la Commune ne laissent plus leurs bêtes passer la nuit dans les parcs mais préfèrent les mettre à l’intérieur de la maison [41]. Ainsi, les portes et fenêtres de la maison sont renforcées par plusieurs

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systèmes de verrouillage qui empêchent l’accessibilité d’autrui à l’intérieur de la maison pendant la nuit. Les villageois ont aussi l’habitude de se mettre à l’abri très tôt le soir parce que l’absence de l’électricité dans la CR permet aux malfaiteurs de se balader sans avoir peur, en pleine rue ou de rôder autour des villages, dès que l’obscurité tombe. I.3.2.2 « Kalony » (Traduction malgache du terme « colonne » désignant une colonne de guetteurs) Le Kalony est un système d’autodéfense dirigé par l’administration locale et les forces de l’ordre, basé sur la responsabilisation des hommes âgés de 18 à 50 ans pour la lutte contre tout acte de banditisme, surtout le vol de bœufs, l’effraction, l’atteinte à l’ordre public [27,42]. Les hommes de chaque village se rassemblent et forment quelques groupes de deux ou quatre personnes pour faire le tour de rôle par jour. Mais la faiblesse de ce système est la fatigue causée par le manque de sommeil chez les guetteurs. Ainsi le « kalony » est considéré par les enquêtés comme facteur diminuant la puissance et la défense des éleveurs et aggrave encore la pauvreté par la baisse de force à travailler. I.3.2.3 Comité de vigilance villageoise ou « Andrimasom-pokonolona » Depuis le temps des royaumes, le comité de vigilance communautaire est une entité traditionnelle malgache de sécurité des villages. L’entité est constituée en général par des hommes âgés du village. Leur rôle est de surveiller l’entrée et sortie du village par le contrôle de passeport. I.3.2.4 Convention collective ou « Dina » Le Dina, appelé encore « dinam-pokonolona » ou parfois « fanekem-pokonolona », c’est une sorte convention collective passée entre les membres de la communauté familiale ou villageoise qui s’impose à tous les membres de la Communauté et dont l’inobservation peut être sanctionnée par des réparations pécuniaires (« vonodina ») ou même par les tribunaux de simple police. Il fait partie des mesures pour la lutte contre l’insécurité rurale établie sur l’ensemble du territoire de Madagascar.

DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS

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II. Méthodes et Résultats II.1 Méthodes II.1.1. Cadre de l’étude L’étude a été réalisée dans la commune rurale d’Ambatomifanongoa, une des huit communes du district d’Ambatofinandrahana qui est l’un des quatre districts de la région Amoron’i Mania. La commune Ambatomifanongoa est située à l’angle nord-est du district. Elle est limitée au Sud par la commune Soavina, à l’Ouest par la commune , toutes du même district et au Nord par la commune Alarobia du district de Betafo. Les quatre communes forment la vallée de Bemahazemona. Deux communes du district d’ limitent la partie Est : la commune Ambohimanjaka au Nord-Est et Mahazina-Ambohipierenana au Sud-Est. Ambatomifanongoa se trouve au point géographique 20°16’00’’de latitude Sud et 46°55’00’’de longitude Est. La commune Ambatomifanongoa se trouve à 75 km du chef-lieu du district (Ambatofinandrahana) en prenant la direction Nord-Est, à 95 km du chef-lieu de la région (Ambositra), direction Nord-Ouest et à 67 km de la ville d’Antsirabe, direction Sud- Ouest. La gare routière pour prendre le taxi-brousse reliant la commune et les autres villes se trouve dans la commune voisine à Ambondromisotra à 13 km du chef-lieu de la commune. La population est de 31.259 habitants en juillet 2015 avec un taux de croissance de 2,5%. La commune possède un marché qui se tient tous les lundis au chef- lieu. La CR se répartit en huit (08) Fokontany présenté dans le tableau suivant [40]. Tableau I : Huit Fokontany de la CR avec leurs populations, leur nombre de bovidés et leur distance du chef-lieu de la CR Population Nb ménage Nb de Bovidé Distance/Chef-lieu FKT en 2015 en 2015 en 2015 de la CR (en Km) (n=31 259) (n=3 808) (n=2 183) Ambatomifanongoa 2 925 357 169 0 Mananjara 4 971 606 273 5 Ambohipaly 2 901 354 212 6 Iatara 3 487 425 281 7 Antsoamaina 4 502 549 539 7 Ambalamarina 3 641 440 160 8 Marovato 4 310 526 336 12 Mahazoarivo 4 522 552 213 12 Source : CR Ambatomifanongoa 2015

Ambatomifanongoa

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Figure 2 : Carte administrative de la région Amoron’i Mania Source FTM 2000/ simplifié par l’auteur

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Figure 3 : Localisation de la commune d’Ambatomifanongoa dans le District d’Ambatofinandrahana Source BD 500/simplifié par l’auteur

Figure 4 : Trajet des dahalo dans la commune rurale d’Ambatomifanongoa Source : Auteur

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II.1.1.1 Climat et relief La CR d’Ambatomifanongoa se situe dans une zone écologique où l’altitude est de 1.213 m avec des zones montagneuses. La superficie de la commune est de 168 km2 [40]. Le climat dans la zone d’Ambatomifanongoa est caractérisé par deux saisons bien distinctes :  Saison chaude et humide : allant de Novembre en Avril pendant laquelle les pluies orageuses persistent et entraînent quelquefois des inondations causées par le débordement des cours d’eau.  Saison fraîche et sèche : s’étalant de Mai à Octobre pendant laquelle la pluie est rare et la température baisse. La température moyenne annuelle est de l’ordre de 22°C avec un minimum de 10°C au mois de Juin et un maximum de 30°C au mois d’Octobre. La pluviométrie enregistrée chaque année est de l’ordre de 600 mm à 1.200 mm [16].

II.1.1.2 Hydrographie et végétation La commune est traversée par la rivière de Vatovandana. Le fleuve Mania limite la partie Ouest et le fleuve de Manandona à la frontière nord. La couleur rougeâtre de la rivière et l’abondance de lavaka témoignent l’existence de l’érosion dans la commune. La commune possède un lac « Iatara » dans le fokontany Iatara. La dégradation de l’environnement n’a laissé aucune chance au développement de la végétation. Quelques pieds d’eucalyptus et de pinus clairsemés se trouvent au sommet des montagnes et sur les fortes pentes, mais n’arrivent pas à empêcher l’érosion. La végétation est dominée par des plantes herbacées servant à l’alimentation pour les bœufs.

II.1.1.3 Elevage Plus de 99% de la population exploitent le secteur agricole. La plupart des types d’élevages sont rencontrés dans la commune mais l’élevage de zébu, de porc et de volaille reste le plus pratiqué malgré la recrudescence de l’insécurité en milieu rural. En 2004, la commune possède 9.000 têtes de bovidés pour 1.473 exploitants et 3.500 têtes de porcs pour 1.200 éleveurs [8].

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II.1.1.4 Structure et mesures locales de lutte contre les vols des bovidés

 Effectif de la Gendarmerie à Ambatomifanongoa La Gendarmerie compte 10 éléments pour les deux communes Ambondromisotra et Ambatomifanongoa soit environ un gendarme pour 8.000 hab. et par rapport à la superficie de deux Communes, 1 gendarme sur 50 km2 [40]. En effet, la répartition des éléments est difficile à cause du manque d’effectif. Quatre de ces gendarmes sont placés à Ambatomifanongoa. Mais après l’amplification du phénomène dans la commune en 2011, les habitants et l’administration considèrent les éléments de la gendarmerie d’impuissants et ils sont retournés à Ambondromisotra. Ainsi, Ambatomifanongoa est laissé sans surveillance depuis leur départ en 2011.

 Mise en place de la convention collective ou « Dina » Du fait que le vol de bœufs est devenu un acte de banditisme rural, des mesures de répression ont été imposées sans grande efficacité et manque considérablement d’effectivité. Les paysans ont mis en réplique un système qui implique toutes les entités villageoises. D’où l’importance de la mise en place des conventions collectives appelées « MANIRISOA BEMAHAZEMONA. Certains l’appellent « DINAN’NY MAMPIRAY » et connue par la population locale sous le nom de « FIKAMBANANA » Suite à la recrudescence du vol de zébu dans la vallée de Bemahazemona regroupant les trois communes du district d’Ambatofinandrahana (Soavina, Ambondromisotra, Ambatomifanongoa) et une commune du district de Betafo (Alarobian’i Bemaha), quelques hommes du village de Tomboarivo dans la commune Ambondromisotra ont créé une association pour remplacer le Kalony en Avril 2011. Ce village est connu comme le siège de plusieurs chefs des bandits et aussi la porte de sortie des bovidés volés dans la vallée. Le devise de l’association est Fiovana et Firaisankina, c’est à dire changement et union. Le but de l’association est la réintégration des jeunes et des hommes qui ont fait d’acte de banditisme et de vol de bovidés dans la société. La stratégie consiste à grouper les hommes du village et nommer comme chef de groupe la personne leader des bandits. Ce choix est basé sur le fait que ces hommes connaissent le trajet et la stratégie des malfaiteurs.

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Un an plus tard, l’association s’étend au niveau du fokontany du fait de son succès, ensuite dans les fokontany voisins et la commune Ambondromisotra. Puis les trois communes de la vallée de Bemaha ont coopéré pour faire face à l’insécurité. Au début, l’association a un problème avec les forces armées qui la considèrent comme concurrente. Mais lorsque les militaires et les gendarmes comprennent l’objectif et la fonction de la convention « Manirisoa », ils ont collaboré avec la population. L’adhésion est volontaire au début mais certains se cachent derrière la sécurité des autres membres. Le droit d’adhésion est de 4.000 ariary pour les paysans qui n’ont pas de bœuf et 7.000 ariary pour chaque propriétaire. Il est difficile de convaincre les paysans à adhérer à l’association. L’association s’étend dans 40 communes des 3 régions : Amoron’i Mania, Vakinankaratra et Haute Matsiatra. Selon l’organigramme de Manirisoa Bemahazemona, chaque région dispose d’un Comité Régional rattaché directement au comité fondateur ou Central à Tomboarivo, puis le « Vovonana » ou Faîte pour chaque commune. Dans chaque fokontany, la branche de l’association est nommée « Fototra » ou base qui se divise en « Sampana » ou branche pour chaque section. L’association s’occupe de l’assurance de ses membres en cas de blessure lors des attaques ou pendant la poursuite de bovidés et aussi en cas de décès de l’un de ses membres. Chaque Vovonana (commune) décide du montant de leur cotisation annuelle pour assurer la fonction de l’association. En 2013, l’association est créée publiquement et sa fonction ne se limite plus à la sécurité mais s’étend à l’action sociale et à la protection de l’environnement. L’association MANIRISOA BEMAHAZEMONA est apolitique mais travaille avec d’autres associations. Depuis sa mise en place dans la commune d’Ambatomifanongoa, l’effectif de bovidés augmente mais la taxe demandée par l’Etat à travers le CAA, la commune et le fokontany reste encore l’obstacle des paysans. Ainsi la longévité de l’association garantit la sécurité de la commune rurale Ambatomifanongoa.

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II.1.2. Type d’étude Il s’agit d’une étude descriptive transversale, rétrospective. II.1.3. Période étudiée La période étudiée s’est étendue du début de l’année 2009 à la fin de l’année 2013. II.1.4. Durée de l’étude La rédaction du protocole de recherche a débuté au mois de Mai 2014 et les résultats ont été restitués au mois de Novembre 2016. II.1.5. Population d’étude L’étude a concerné les éleveurs de bovin et les autorités locales dans la commune d’Ambatomifanongoa. II.1.5.1 Critères d’inclusion  Les éleveurs inclus dans cette étude sont les éleveurs de bœufs ayant résidé dans la commune d’Ambatomifanongoa durant la période étudiée.  Les autorités locales inclues dans cette étude sont les autorités locales travaillant dans la commune d’Ambatomifanongoa durant la période étudiée. II.1.5.2 Critères d’exclusion  Les éleveurs qui n’ont pas satisfait les critères ci-dessus sont exclus de l’étude : les éleveurs qui n’élèvent pas des bovidés pendant période étudiée.  Les autorités locales qui n’ont pas satisfait les critères ci-dessus sont exclus de l’étude : les autorités locales affectés loin de la commune pendant la période d’enquête. II.1.5.3 Mode d’échantillonnage Le sondage stratifié est choisi pour que l’échantillon puisse bien représenter la population d’étude. Le nombre d’éleveurs dans l’échantillon par fokontany a été calculé proportionnellement au nombre total des éleveurs du Fokontany considéré. Un tirage au sort a été réalisé pour constituer l’échantillon de chaque Fokontany après avoir calculé l’effectif requis. Une étude exhaustive est faite pour les autorités locales qui ont rempli les critères d’inclusion.

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II.1.5.4 Taille de l’échantillon  La formule suivante a permis de calculer la taille de l’échantillon pour les éleveurs.

퐭²퐱 퐩(ퟏ−퐩) 풏 = , avec : 퐞²  n= taille de l’échantillon attendu  t=niveau de confiance réduit du taux de confiance (t=1.96 pour un taux de confiance à 95%)  e=marge d’erreur (fixée à 5%)  p= Proportion estimative des éleveurs ayant été victimes de vols de bovidés dans la commune rurale Ambatomifanongoa (93%). [8] (1.96)2x 0.93(1 − 0.93) 푛 = (0.05)²

n=100 éleveurs

La taille de l’échantillon est de 100 éleveurs de bovin.

 Toutes les autorités locales remplissant les critères d’inclusions ci-dessus sont enquêtées. Les autorités locales enquêtés sont au nombre de 9. II.1.6. Mode de collecte des données Les données ont été collectées à l’aide de deux (02) fiches d’enquête :  une pour les éleveurs comportant l’information générale sur l’étude, l’information sur le répondant, les impacts économiques (direct et indirect) et sociaux du vol de bovidés,  une autre pour les autorités locales s’enquérant des renseignements sur la population, sur les causes et les mesures prises durant la période étudiée.

II.1.7. Saisie, traitement et analyse des données Les données collectées ont été saisies à l’aide de Microsoft Office Excel 2007 puis traitées et analysées avec le logiciel Epi Info version 3.5.4.

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II.1.8. Paramètres à étudier Les paramètres suivants ont été analysés dans cette étude :  Les impacts économiques du vol de bovidés : • impacts économiques directs : nombre et cout des bovidés volés ; • impacts économiques indirects : ampleur des impacts dans l’agriculture  Les impacts sociaux du vol de bovidés : • la désorganisation de la vie quotidienne, • la déperdition scolaire, • les conflits engendrés par le vol de bovidés. II.1.9. Considération éthique  Au début de l’enquête, les informations concernant les objectifs, les méthodes ont été expliquées aux enquêtés. Leur consentement volontaire est requis avant l’interview.  Les enquêtés ont pu participer librement par rapport au sujet discuté et l’enquêteur est resté sur sa position neutre.  Chaque interview est resté exclusivement entre l’enquêteur et l’éleveur, les données ont été fermées dans un lieu sûr pour conserver la confidentialité des informations  La confidentialité, l’anonymat et le secret professionnel ont été respectés. II.1.10. Limite de l’étude II.1.10.1 Biais de sélection

Ils sont dus :  à l’inexistence du nombre exact des éleveurs victimes du vol de bovidé,  à l’absence d’un document prouvant que le sujet habitait dans la zone concernée durant la période étudiée. II.1.10.2 Biais d’information

Ils sont dus à :  la mauvaise interprétation des questions posées,  des estimations erronées de certaines données quantitatives, car c’est une étude rétrospective qui s’étend sur quelques années et peut entrainer de problème de remémoration pour les fermiers enquêtés,  la non-sincérité des réponses collectées auprès des personnes enquêtées.

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II.2 Résultats II.2.1. Description de l’échantillon L'enquête s'est déroulée dans les huit fokontany de la commune d’Ambatomifanongoa.

Tableau II : Répartition des éleveurs enquêtés et nombre de bovidés volé par Fokontany Nombre Nombre Echantillon de Nb de bovidés de de ménage ménage éleveur volé Fokontany ménage éleveur (n=3808) (n=3595) (n=100) % (n=719) % Ambalamarina 440 411 21 5,1 157 21,8 Marovato 526 502 19 3,8 142 19,8 Mananjara 606 580 16 2,8 109 15,2 Ambatomifanongoa 357 353 13 3,7 83 11,5 Mahazoarivo 552 540 10 1,9 85 11,8 Ambohipaly 354 320 8 2,5 48 6,7 Iatara 425 401 8 2 71 9,9 Antsoamaina 549 488 5 1 24 3,3

Le nombre des éleveurs enquêtés par fokontany varie de 5 à 21. Le résultat montre que les 2/5 des fermiers enquêtés se trouvent à Ambalamarina et Marovato. Un peu plus de la moitié du cheptel de bovidés (56,7%) se trouvent dans les trois fokontany : Ambalamarina, Marovato et Mananjara L'âge des éleveurs est compris entre 25 à 77 ans. La moyenne d’âge est de 45 ± 13 ans et un mode de 32 ans. Trois classes d’âges ont été définies avec un intervalle de 20 ans telles que le tableau suivant le montre. Tableau III : Répartition des éleveurs enquêtés selon leurs classes d’âges Classes d'âges Nb Pourcentage IC 95% (n=100) % % [20-40[ 39 39 29,4 - 49,3 [40-60[ 44 44 34,1 - 54,3 ≥60 17 17 10,2 - 25,8

Les éleveurs appartenant à la classe d’âge entre 40 à 60 ans sont majoritaires (44%) tandis que ceux de plus de 60 ans sont minoritaires avec une proportion de 17%.

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Leur niveau d’instruction a été demandé aux éleveurs. Deux groupes ont pu être identifiés : ceux de niveau primaire regroupant les illettrés et les éleveurs qui n’ont pas franchi le cap du CEPE, et ceux du niveau secondaire qui regroupent les éleveurs fréquentant le niveau secondaire et universitaire.

Tableau IV : Répartition des éleveurs enquêtés selon leurs niveaux d’instructions Nb Pourcentage IC 95% Niveau scolaire (n=100) % % Primaires et illettrés 73 73 63,2 - 81,4 Secondaires et universitaires 27 27 18,6 - 36,8

Trois quarts des éleveurs enquêtés (73%) sont soit des illettrés soit n’ont pas franchi le niveau primaire. Deux types d’élevages sont présents à Ambatomifanongoa :  engraissement : dans ce type d’élevage, les éleveurs font l’engraissement pour un but commercial,  mixte : dans ce type d’élevage, les fermiers élèvent les zébus à tous les stades (veau, adultes, etc.)

Tableau V : Répartition des éleveurs enquêtés selon les types d’élevage Type d’élevage Nb Pourcentage IC 95% (n=100) % % Engraissement 5 5 1,6 - 11,3 Mixte 95 95 88,7 - 98,4

Presque la totalité des éleveurs (95%) pratiquent le type d’élevage mixte. Les éleveurs sont classés suivant la taille de leur élevage. De ce fait, cinq types d’éleveurs sont constatés. Le nombre de têtes de bovidés pour chaque éleveur varie de 2 à 24 avec une moyenne de 7±4 et un mode à 4.

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La taille de l’élevage pour chaque éleveur est catégorisée en 5 classes avec un intervalle de 5. Le détail est affiché dans la figure suivante.

120

100 100

80

60

38

40 36 Nombre d'éleveurs Nombre 20 17 9

0 <5 [5-10[ [10-15[ ≥15 Total Effectif des bovidés

Figure 5 : Répartition des éleveurs enquêtés selon la taille de l’élevage D’après ce tableau, près des 3/4 (74%) ont moins de 10 têtes. Les personnes enquêtées possédant plus de 15 têtes sont minoritaires (9%). Presque la totalité des fermiers (91%) effectuent d’autres activités d’élevage simultanément avec l’élevage de bovidés. Le tableau VI suivant détaille ce fait.

Tableau VI : Répartition des éleveurs enquêtés selon la pratique d’autres activités d’élevage Autre activité Nb Pourcentage IC 95% d'élevage (n=100) % % Volailles 53 53 42,8 - 63,1 Porcs 9 9 4,2 - 16,4 Autres 29 29 20,4 - 38,9 Néant 9 9 4,2 - 16,4

Un peu plus de la moitié des éleveurs enquêtés élèvent des volailles simultanément avec les zébus.

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II.2.2. Description des vols de bovidés La commune Ambatomifanongoa fait partie de la partie dite « zone rouge » du district d’Ambatofinandrahana à cause de l’insécurité qui y prévaut.

Tableau VII : Eleveurs enquêtés victimes de vol de zébu Victime de vol Nb Pourcentage IC 95% (n=100) % % Oui 95 95 88,7 - 98,4 Non 5 5 1,6 - 11,3

Parmi les 100 éleveurs enquêtés, 95 ont déclaré avoir été victimes de vol. Les dahalo (voleurs de bovidés) ne se contentent pas d’un seul vol mais reviennent jusqu'à ce qu’ils obtiennent tout ce qu’ils veulent. Les dahalo peuvent revenir plusieurs fois dans une ferme. Le tableau suivant indique la fréquence de vol pour chaque éleveur.

Tableau VIII : Fréquence des vols de zébu et nombre des éleveurs victimes Fréquence de Effectif des éleveurs Pourcentage IC 95% vol (n=95) % % 1 79 83,2 74,1 - 90,1 2 12 12,6 6,7 - 21 3 3 3,2 0,7 - 9 4 1 1,1 0 - 5,7

La plus grande partie des éleveurs (80%) ont été victimes du phénomène de dahalo au moins une fois entre 2009 à 2013. Un éleveur a même été quatre fois victime du passage des voleurs. La totalité des éleveurs dans les sept fokontany de la commune exceptés les 5 éleveurs sur les 21 recrutés à Ambalamarina a été victime de vol de bovidés. Il a été vérifié si la taille de l’élevage influe sur le passage des voleurs.

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100 95 90 80 70 60 50 40 36 35 30

Nombre d'éleveurs Nombre 20 17 7 5 10 2 1 0 2 0 <5 [5-10[ [10-15[ ≥15 TOTAL Effectif des bovidés victimeVictime dede vol vol oui Nb victimeIndemne dede vol vol non Nb

Figure 6 : Répartition des éleveurs selon l’existence de vol et selon la taille de l’élevage Presque la totalité des éleveurs ayant moins de 15 têtes de bovidés sont victimes du vol. Par contre, un peu plus de 3/4 des éleveurs (77,8%) ont été victimes de vol de bovidés parmi ceux qui ont 15 têtes ou plus. Les différences ne sont pas statistiquement significatives (p=0,0753). Quelque soit le nombre de zébu, les éleveurs sont toujours à risque de vol. Deux modes opératoires de vols ont été identifiés dans la commune d’Ambatomifanongoa :  Le vol sous forme de cambriolage (tontakely) : quand les voleurs attaquent les villages pendant la nuit ou l’après-midi et les dévalisent en cambriolant autant les biens matériels que financiers des paysans.  Le vol par surprise ou silencieux (joko ou soko) : Il consiste à faire sortir silencieusement les bœufs de leur parc. Ce mode de vol se passe constamment au cours de la nuit pendant que les propriétaires et les villageois se trouvent dans un sommeil profond. Environ 9 cas de vol sur 10 sont sous forme de cambriolage (90,5%). Les restes sont des vols par surprise. Les attaques se déroulent la nuit (92%) bien que la possibilité d’attaque durant l’après-midi soit possible (7,4%). Un peu plus de 9 vols sur 10 (92%) se passent pendant la saison sèche de l’année. Les attaquants opèrent par groupe de 14±7 personnes en moyenne. Cet effectif varie de 7 à 40 avec un mode à 10. Deux personnes sont décédées et cinq blessés à cause du phénomène de vol de bovidés pendant la période étudiée. Ce sont tous des éleveurs et des poursuivants.

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II.2.3. Impacts économiques En moyenne, le nombre de bovidé perdu est de 6±4, et varie de 2 à 24 avec un mode à 4. Le nombre de zébu perdu est groupé par tranche de cinq. La répartition est illustrée sur le tableau ci-dessous.

Tableau IX : Répartition des éleveurs enquêtés selon le nombre de bovidés perdus Nombre de bovidés Effectif des éleveurs Pourcentage IC 95% perdus (n=95) % % <5 37 38,9 29,1 - 49,5 [5-10[ 34 35,8 26,2 - 46,3 [10-15[ 17 17,9 10,8 - 27,1 ≥15 7 7,4 3 - 14,6

Les éleveurs ayant perdu moins de cinq têtes de bovidés sont majoritaires (39%). II.2.3.1. Impacts économiques directs L’élevage de bœufs est un moyen d’épargne pour les éleveurs malgaches. De ce fait, les paysans réservent les bœufs pour les charges extraordinaires ou imprévus : maladies, construction de tombeau, affaires de justice, grosses dettes, etc. Ainsi la perte des bovidés entraine d’immenses conséquences dans plusieurs domaines de la vie des éleveurs surtout dans le domaine de l’économie. L’impact économique direct a été estimé au prix des bovidés perdus. Au total, la perte s’élève à 506.100.100 ariary soit 168.700 USD pour les 95 ménages victimes de vols de bovidés sur l’ensemble de cinq années étudiées. La perte moyenne se chiffre à 5.327.368 ariary ± 3.757.020 ariary soit 1776 USD ± 1252 USD. Le prix des bovidés varie en fonction de la catégorie (zébu ou vache), du stade de maturité (veau, male entier, mâle castré ou vêle, jeunisse, vache) et la taille d’élevage pour chaque ferme :  Veau ou velle : 100.000 à 300.000 ariary soit 33 à 100 USD  Jeunisse : 300.000 à 500.000 ariary soit 100 à 167 USD  Vache : 400.000 à 600.000 ariary soit 133 à 200 USD  Male entier : 400.000 à 800.00 ariary soit 133 à 267 USD  Mâle castré : 700.000 à 1.200.000 ariary soit 233 à 400 USD

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L’unité monétaire utilisée est « l’ariary » et le million d’ariary est abrégé en « M » dans les tableaux. Le prix moyen des bovins perdus pour chaque ferme est groupé en 4 tranches d’un écart de dix millions d’ariary.

Tableau X : Répartition des éleveurs selon la perte engendrée par le vol (en ariary) Effectif des éleveurs Pourcentage IC 95% Perte (en Ariary) (n=95) % % [1M-10M[ 81 85,3 76,5 - 91,7 [10M-20M[ 11 11,6 5,9 - 19,8 ≥20M 3 3,2 0,7 - 9

Un peu plus du 4/5 des éleveurs (85%) ont perdu 1.000.000 à 10.000.000 ariary. Les pertes pour chaque fokontany sont montrées dans le tableau ci-après.

Tableau XI : Répartition des éleveurs selon les pertes subies (en million d’ariary) et selon les fokontany Prix moyen des bovins perdu Total Fokontany [1M-10M[ [10M-20M[ ≥20M p Nb % Nb % Nb % Nb % (n=81) (n=11) (n=3) (n=95) Ambalamarina 13 86,7 2 13,3 0 0 15 100 Ambatomifanongoa 10 100 0 0 0 0 10 100 Ambohipaly 10 100 0 0 0 0 10 100 Antsoamaina 5 100 0 0 0 0 5 100 0,0024 Iatara 5 50 2 20 3 30 10 100 Mahazoarivo 8 80 2 20 0 0 10 100 Mananjara 14 93,3 1 6,7 0 0 15 100 Marovato 16 80 4 20 0 0 20 100

Les fokontany ayant déploré les plus grandes pertes sont : Marovato (240 million d’Ariary), Mananjara (160M d’Ariary) et Iatara (150M d’Ariary). Les différences sont statistiquement significatives (p=0,0024).

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Tableau XII : Répartition des éleveurs enquêtés selon les pertes économiques directes et selon le type d’élevage Pertes économiques directes Type Total [1M-10M[ [10M-20M[ ≥20M p d'élevage Nb % Nb % Nb % Nb % (n=81) (n=11) (n=3) (n=95) Engraissement 4 80 1 20 0 0 5 100 0,7761 Mixte 77 85,6 10 11,1 3 3,3 90 100

Les 85,6% des éleveurs à type mixte ont perdu entre 1 à 10 millions d’ariary sans que les différences soient statistiquement significatives (p=0,7761).

Tableau XIII :Répartition des autorités locales selon leur appréciation de l’impact direct du vol de bovidé sur l’économie locale

Effectifs des autorités Pourcentage IC 95% Impact économique direct (n=9) % % Elevé 7 77,8 40 - 97,2 Moyen 2 22,2 2,8 - 60

Plus de 3/4 (77,8) des autorités locales ont confirmé que le vol de bovidé entraine des impacts économiques directs élevés. II.2.3.2. Impacts économiques indirects Les activités d’agriculture et d’élevage de bovidés sont étroitement liées. La perte occasionnée par le vol des bovidés se répercute sur l’agriculture pour les raisons suivantes.  Le travail de champ et le piétinage des rizières sont les principales utilisations de bovidés en milieu rural. Presque la totalité des enquêtés (98,2%) utilisent les bovidés pour ces activités.  La bouse des bovidés constitue un engrais très utile à toutes les cultures et aussi à la préparation du milieu de séchage du paddy. Plus de 2/3 des fermiers pratiquent l’agriculture en utilisant ce type d’engrais.  Les bovidés (taureau et mâle castré) sont utilisés comme moyen de transport des produits (70% des personnes enquêtées).

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Certains éleveurs utilisent le lait de vache comme aliment et comme source de revenu. Mais la pratique est assez rare parmi les enquêtés. Selon le constat des éleveurs, les conséquences du vol de bovidé sur les activités d’agriculture sont divisées en deux catégories :  élevée : quand les fermiers ne peuvent rien faire sans les bovidés ;  moyenne : quand les éleveurs peuvent encore accomplir la moitié du travail sans les bovidés

Tableau XIV : Répartition des éleveurs enquêtés selon l’appréciation de l’impact du vol de zébu dans l’agriculture Conséquence dans Nombre d’éleveurs Pourcentage IC 95% l'agriculture (n=95) % % Elevée 78 82,1 72,9 - 89,2 Moyenne 17 17,9 10,8 - 27,1

Plus de 8 éleveurs sur 10 constatent que les vols des bovidés ont des impacts élevés dans l’agriculture (82,1%).

Tableau XV : Répartition des éleveurs enquêtés selon leur appréciation de l’impact du vol de bovidés sur l’agriculture et selon la taille de l’élevage Ampleur de l'impact sur l'agriculture Nombre des Total élevé moyen p bovidés volés Nb % Nb % Nb % (n=78) (n=17) (n=95) <5 31 83,8 6 16,2 37 100 [5-10[ 28 82,4 6 17,6 34 100 0,8927 [10-15[ 14 82,4 3 17,6 17 100 ≥15 5 71,4 2 28,6 7 100

Plus de 4/5 des éleveurs (82%) ayant moins de 15 têtes de bovidés constate que le vol du zébu a un impact élevé dans le domaine de l’agriculture. Cependant la différence n’est pas significative (p=0,8927).

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Neuf autorités locales ont été enquêtées selon les critères d’inclusion. Deux niveaux d’impacts ont été observé selon la réponse des autorités locales.

Tableau XVI :Répartition des autorités locales enquêtées selon leur appréciation de l’impact du vol de bovidés sur l’agriculture Appréciation de l’impact Effectifs des autorités Pourcentage IC 95% économique indirect (n=9) % % Elevé 8 88,9 51,8 - 99,7 Moyen 1 11,1 0,3 - 48,2

La plupart des autorités locales enquêtées ont affirmé que le vol de bovidé provoque des impacts élevés dans l’agriculture.

II.2.4. Impact sociaux Les zébus ont une grande place dans le domaine social comme l’accomplissement des tâches et des obligations que ce soit familial ou communautaire et aussi culturel comme lors de rites d’exhumation des morts, l’enterrement, la lutte de zébu ou « savika » ou « tolon’omby », etc. L’usage est très courant dans la région Betsileo nord. Ainsi la perte des zébus entraine plusieurs impacts sociaux mais certain sont difficiles à chiffrer. II.2.4.1. Désorganisation de la vie quotidienne Face à la menace des dahalo, les éleveurs sont obligés de quitter leur domicile pour se réfugier ailleurs. Le détail est illustré dans le tableau suivant.

Tableau XVII : Répartition des éleveurs enquêtés selon la notion d’abandon de foyer la nuit Nombre des éleveurs IC 95% Refuge hors du domicile % (n=100) % Oui 68 68 57,9 - 77 Non 32 32 23 - 42,1

Environ 7 éleveurs sur 10 sont obligés de quitter leur domicile la nuit. La durée de l’abandon de foyer varie de 2 à 180 nuits avec une moyenne de 40±20 nuits et un mode de 15 nuits.

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Le tableau suivant présente la durée de l’abandon de foyer la nuit en 4 classes selon un intervalle de 30 nuits. Tableau XVIII : Répartition des éleveurs enquêtés selon la durée de l’abandon de foyer (en nombre de nuit) Période d’abandon Effectif des éleveurs Pourcentage IC 95% de foyer (n=68) % % <30 37 54 41,9 - 66,5 [30-60[ 13 19 10,6 - 30,5 [60-90[ 6 8 3,3 - 18,2 ≥90 12 17 9,5 - 28,8

Un peu plus de la moitié des éleveurs (54%) sont obligés de quitter leur maison la nuit pendant un mois. La figure suivante indique l’évolution de l’abandon de foyer par année.

35 29 30

25 20 20

15 Eleveurs 10 10 7

5 2 0 2009 2010 2011 2012 2013 Année

Figure 7 : Evolution annuelle des abandons des foyers L’abandon de foyer a augmenté progressivement à partir de 2009 pour atteindre son apogée en 2012 et a régressé l’année suivante. Le tableau ci-dessous présente la répartition des éleveurs par fokontany selon la notion d’abandon de foyer.

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Tableau XIX : Répartition des éleveurs enquêtés selon la notion d’abandon de foyer par fokontany Abandon de foyer la nuit Total Fokontany Oui Non p Nb % Nb % Nb % (n=68) (n=32) (n=100) Ambalamarina 5 23,8 16 76,2 21 100 Ambatomifanongoa 13 100 0 0 13 100 Ambohipaly 7 87,5 1 12,5 8 100 Antsoamaina 0 0 5 100 5 100 0,2447 Iatara 6 75 2 25 8 100 Mahazoarivo 9 90 1 10 10 100 Mananjara 13 81,3 3 18,8 16 100 Marovato 15 78,9 4 21,1 19 100

La totalité des éleveurs du fokontany Ambatomifanongoa ont tous quitté leur maison la nuit. Les autres fokontany n’en sont pas loin, car 9 éleveurs sur 10 fuient la nuit à Ambohipaly et Mahazoarivo. Mais, les différences ne sont pas statistiquement significatives (p=0,2447). Le taux d’abandon de foyer se divise en deux selon les autorités locales. Dans certains fokontany l’abandon de foyer concerne moins de 25% de la population tandis que chez les autres, il est entre 25 à 50%.

Tableau XX : Répartition des autorités locales selon l’appréciation de l’ampleur de l’abandon de foyer par la population Appréciation de Effectifs des autorités Pourcentage IC 95% l’abandon de foyer en % (n=9) % % ≤25 6 66,7 29,9 - 92,5 [25-50[ 3 33,3 7,5 - 70,1

Plus de 2/3 (66,7%) autorités locales enquêtées ont répondu que l’abandon de foyer concerne moins de 25% de la population. L’appréciation des autorités locales est différente de la réalité et la gravité de la situation.

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II.2.4.2. Déperdition scolaire Les problèmes économiques causés par la perte des bovidés entrainent des perturbations sociales. De ce fait, les éleveurs sont obligés aussi de retirer leurs enfants de l’école pour réduire la dépense et pour la survie. La répartition est illustrée sur le tableau ci-dessous. Tableau XXI : Répartition des éleveurs selon l’existence de déperdition scolaire de leurs enfants provoquée par les vols de bovidés Nombre des éleveurs Pourcentage IC 95% Abandon scolaire (n=95) % %

Oui 87 91,6 84,1 - 96,3 Non 8 8,4 3,7 - 15,9

Environ 9 éleveurs sur 10 ont été obligés de retirer leurs enfants de l’école après la perte des bovidés pour minimiser les dépenses et pour aider la famille dans le travail. La relation entre le nombre des bovidés perdus et la déscolarisation est illustré au tableau suivant :

Tableau XXII : Répartition des éleveurs selon l’existence d’abandon scolaire de leurs enfants et selon la taille de l’élevage Nombre Abandon scolaire Total de bovidés Oui Non p perdus Nb % Nb % Nb % (n=87) (n=8) (=95) <5 35 94,6 2 5,4 37 100 [5-10[ 30 88,2 4 11,8 34 100 0,7094 [10-15[ 16 94,1 1 5,9 17 100 ≥15 6 85,7 1 14,3 7 100

Neuf éleveurs sur 10 ont été obligés de retirer leurs enfants de l’école quel que soit le nombre de bovidés perdu. Les différences ne sont pas statistiquement significatives (p=0,7094).

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La répartition de la déscolarisation dans la commune est présentée au tableau XXIII. Tableau XXIII : Répartition par fokontany des éleveurs enquêtés selon l’existence de déperdition scolaire Abandon scolaire Total Fokontany Oui Non p Nb % Nb % Nb % (n=87) (n=8) (n=95) Ambalamarina 13 86,7 2 13,3 15 100 Ambatomifanongoa 9 90 1 10 10 100 Ambohipaly 8 80 2 20 10 100 Antsoamaina 5 100 0 0 5 100 0,4026 Iatara 8 80 2 20 10 100 Mahazoarivo 10 100 0 0 10 100 Mananjara 14 93,3 1 6,7 15 100 Marovato 20 100 0 0 20 100

Le taux de déperdition scolaire est de 100% à Marovato, à Antsoamaina et à Mahazoarivo. Ce taux reste important à plus de 80% dans les autres fokontany restants. Les différences ne sont pas statistiquement significatives (p=0,4026). Trois niveau de déperdition scolaire ont été observés selon les enquêtes auprès des autorités locales : moins de 25%, 25 à 50% et plus de 50%.

Tableau XXIV : Répartition des autorités locales enquêtées selon leur appréciation de l’ampleur de la déperdition scolaire Appréciation de la diminution Effectif des autorités Pourcentage IC 95% du taux de scolarisation en % (n=9) % % ≤25 2 22,2 2,8 - 60 [25-50[ 5 55,6 60 -86,3 ≥50 2 22,2 2,8 - 60

Plus de la moitié (55,6%) des autorités locales ont témoigné que la déperdition scolaire se situe entre 25 à 50%. Une erreur d’appréciation des autorités locales a été observée par rapport à la réalité.

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II.2.4.3. Conflits sociaux Les vols des zébus engendrent des conflits entre les éleveurs. Les conflits peuvent être résolus par les administrations locales (chef de fokontany et maire) ou peuvent arriver au niveau de la justice et laissent des séquelles pendant plusieurs années. Le détail est illustré sur le tableau suivant.

Tableau XXV : Répartition des éleveurs enquêtés selon l’existence éventuelle de conflits avec leur entourage Nombre des éleveurs IC 95% Conflit % (n=100) % Oui 67 67 56,9 - 76,1 Non 33 33 23,9 - 43,1

Un peu plus de 2/3 des éleveurs ont connu des conflits avec leurs voisins à cause du phénomène de dahalo. Le tableau suivant essaie d’identifier les facteurs associés à l’avènement des conflits dans la société de vols de bovidés.

Tableau XXVI : Fréquence de survenue de conflit, selon le nombre de bovidés perdus et selon le niveau d’instruction chez éleveurs victimes de vols de bovidés Présence de conflit Nombre Total de bovidés Oui Non p perdu Nb % Nb % Nb % (n=64) (n=31) (n=95) <5 29 78,4 8 21,6 37 100 [5-10[ 22 64,7 12 35,3 34 100 0,2012 [10-15[ 10 58,8 7 41,2 17 100 ≥15 3 42,9 4 57,1 7 100

Les 3/4 des éleveurs ayant perdu moins de 5 bovidés entrent en conflit avec leurs voisins. Mais, les différences ne sont pas statistiquement significatives (p=0,2012). Il a été vérifié si le niveau d’instruction des éleveurs a une influence sur la survenue de conflits

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Tableau XXVII : Fréquence de survenue de conflit selon le niveau d’instruction des éleveurs Présence de conflit Niveau Total Oui Non p d'instruction Nb % Nb % Nb % (n=67) (n=33) (n=100) Primaire 20 74,1 7 25,9 27 100 0,4994 Secondaire 47 64,4 26 35,6 73 100

Les éleveurs du niveau primaire sont majoritaires à entrer en conflit avec leurs voisins par rapport à ceux du niveau secondaire (74,1% contre 64,4%). Mais les différences ne sont pas aussi statistiquement significatives (p=0,4994). La présence de conflits engendrés par le vol de zébu pour chaque fokontany est décrite dans le tableau suivant.

Tableau XXVIII : Fréquence par fokontany de la survenue de conflits Présence de conflit Total Fokontany Oui Non p Nb % Nb % Nb % (n=67) (n=33) (n=100) Ambalamarina 12 60 8 40 20 100 Ambatomifanongoa 6 60 4 40 10 100 Ambohipaly 9 90 1 10 10 100 Antsoamaina 4 80 1 20 5 100 0,5934 Iatara 7 70 3 30 10 100 Mahazoarivo 6 60 4 40 10 100 Mananjara 8 53,3 7 46,7 15 100 Marovato 15 75 5 25 20 100

Les quatre fokontany : Ambohipaly, Antsoamaina, Marovato et Iatara prennent la première place en terme de conflit entre les éleveurs et leurs voisins avec un taux entre 70 à 80%. Mais, les différences ne sont pas statistiquement significatives (p=0,5934). La totalité des autorités locales ont répondu que le conflit social est observé dans moins de 25% de la population qui est diffèrent de la réponse des éleveurs.

TROISIEME PARTIE : DISCUSSION

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III. Discussion III.1 Réflexion sur la méthodologie Le zébu est un symbole de richesse et de souveraineté à Madagascar. Ainsi, les éleveurs sont très vulnérables à de grands problèmes comme le vol qui constitue un véritable fléau pour cette filière. Le vol de bovidés engendre des conséquences économiques et sociales importantes. La méthodologie utilisée dans cette étude des impacts de vol de bovidés consiste à enquêter les éleveurs, les services administratifs (Chef fokontany, maire, chef d’arrondissement administratif ou délégué) et la gendarmerie. Le but est d’avoir le maximum d’informations sur l’élevage et le phénomène de vol de zébus dans une zone considérée comme vulnérable aux actes de banditisme. L’étude a été limitée par deux types de biais : le biais de sélection survenu lors de l’échantillonnage et le biais d’information dû au doute, à la peur et au manque de confiance des éleveurs envers l’enquêteur et aussi à l’absence du système de stockage des informations en milieu rural, survenant notamment lors des affectations ou changement des dirigeants conjugué aux difficultés de mémorisation de certains faits. Le même problème est rencontré à Andoharanomaintso où plus de la moitié des éleveurs enquêtés oublient le nombre de leurs bovidés et la date de survenue du vol [43]. L’implantation de base de données de suivi de déplacement de bovidés à Madagascar est une solution proposée par Randriamasinoro dans sa recherche pour remédier à ce biais [44]. Certains éleveurs ne veulent plus parler de ce qui s’est passé avant concernant le vol de bovidés par peur de réveiller de vieux souvenirs douloureux. Par ailleurs, l’obtention d’audience auprès des autorités et des dirigeants communaux a été difficile voire impossible. Ils sont occupés à leur travail et en plus ces autorités pensent que l’enquêteur est un espion. Une longue explication des objectifs a été nécessaire avant d’entamer l’enquête. Plusieurs impacts peuvent être cités à propos du vol de bovidé et l’insécurité mais la plupart sont difficiles à chiffrer. Ainsi, seuls les impacts économiques et les impacts sociaux ont été analysés dans cette étude.

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III.2 Impacts socio-économiques du vol de bovidés III.2.1 Ampleur et gravité des vols de bovidés Les 95 % des éleveurs d’Ambatomifanongoa sont victimes de vol de bovidés. Plus de 90% de vols sont l’acte des bandits qui ne volent plus par surprise (joko) mais viennent plutôt en armes et en nombre de jour comme de nuit, pour prendre de force les bœufs des villageois. Ce phénomène existe à Ambatomifanongoa depuis longtemps mais il est devenu de plus en plus violent et meurtrier surtout lors des crises politiques frappant le pays. Les voleurs de bovidés n’ont plus aucune crainte et aucune hésitation en effectuant leur méfait. Les dahalo utilisent tous les moyens pour avoir les zébus des paysans. En plus, les bandits savent que personne n’osera les affronter et conduisent leur délit en toute quiétude. Raveloson V, lors d’une étude effectuée dans la même région en 2011, a trouvé que le taux de vol de bovidés est de l’ordre de 60% dans la commune Ivato-centre, mais ce taux atteint 100% dans certains fokontany de cette commune [45]. Selon Fiambena F, en 2009, chaque jour, au moins, un vol se produit dans une des communes rurales du district de Betioky Sud dans la région Sud-Ouest, réputée comme une zone rouge en termes d’insécurité [46]. Dans la commune Ivato-centre, 32,28% des cas de vol se sont passés sous forme de cambriolage et 61,42% des vols se font sous forme d’attaque surprise [47]. Ces pourcentages sont inversement proportionnels à ceux de cette étude. Malgré ce taux de vol de bovidés élevé associé de violence, l’enquête n’a recensé que deux morts et 5 blessés parmi les éleveurs pendant la période étudiée. Les éleveurs ont peur d’affronter les voleurs de bovidés à cause des forces inégales. La plupart des bandits sont armés de fusils, de pistolet automatique (PA) et parfois d’armes de guerre (Kalachnikov et MAS 36), alors que les éleveurs n’ont que leur hache et leur couteau. Les propriétaires n’ont plus le choix que de laisser les dahalo à emporter tout. Ainsi aucune récupération ni poursuite n’est possible. La mortalité et la blessure trouvées dans cette étude sont faibles par rapport à celles retrouvées par Henri R, à Andoharanomaintso, de 1980 à 1984, où 49 villages ont été attaqués, 61 maisons brûlées, 5 personnes tuées et 1 981 bœufs volés parmi lesquels seuls 638 ont été retrouvés, Au Sud, pour le district d’Ambalavao Tsienimparihy, il y a eu, de novembre 1983 à mars 1984, 257 attaques de dahalo, 133 maisons pillées et 50 autres brûlées, 37 personnes tuées, 43 villages désertés et 2 893 bœufs volés, parmi lesquels seuls 632 ont été retrouvés [48].

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III.2.2 Impacts économiques Les éleveurs ayant moins de 10 têtes sont majoritaires (74%) parmi ceux qui ont été volés. En moyenne six (6) bovidés sont perdus par éleveur et par attaque. La peur et la méfiance des éleveurs les poussent à vendre à perte un certain nombre de leurs bétails ou à les déplacer dans un endroit sûr, loin de la commune. La plupart des éleveurs ne gardent que les bovidés de trait qui les aident au travail d’où la réduction de la taille de l’élevage pour chaque ménage. Ce système de prévention déficitaire s’avère nécessaire pour amoindrir les pertes en cas de vol. Le nombre de bovidés perdu par ménage ou par village trouvé dans cette étude est largement inférieur à celui trouvé à Amboasary Atsimo en 2010 où une centaine de dahalo ont volé plus de 600 bovidés des villageois en une attaque [49]. En 2004, Ralison E a trouvé que les trois provinces les plus touchées par ce fléau sont Mahajanga, Toliara et Fianarantsoa, c’est-à-dire celles détenant le plus grand cheptel bovin. En moyenne, 80 têtes de bétail ou plus sont volées chaque année dans une commune soit une moyenne d'environ 1.500 têtes par tranche de 100.000 habitants. Ce chiffre est biaisé par la variation trop importante des valeurs extrêmes de vols à grande échelle. La médiane est de 62 têtes de zébus volées chaque année pour 100.000 habitants [50]. Ainsi, le taux de perte de bovidés à Ambatomifanongoa est deux fois supérieur à ceux des trois ex- provinces. Pour les 100 habitants enquêtés, la médiane est de 6 tête de bovidés volés pendant la période étudiée (5 ans), soit 120 têtes de bovidés volés par an pour 100.000 habitants. En Centrafrique, les Ex-seleka, les Anti-balaka et les rebelles Révolution et Justice contrôlent les villages conquis. Les éleveurs sont souvent victimes de vol d’une partie ou de la totalité de leurs troupeaux. C’est le cas le long des frontières camerounaises ou tchadiennes où rodent les bandits armés, à l’affût d’occasions pour perpétrer leurs forfaits. Parfois, les éleveurs sont obligés de se soumettre aux lois de ces « forces négatives » qui les contraignent à leur verser des taxes forfaitaires afin de bénéficier de leur faveur voire de louer leurs services (sans aucune forme de garantie) pour la protection du bétail [51]. En mars 2004, toujours en Centrafrique le phénomène se passe par des attaques collectives des campements des éleveurs par des villageois, phénomène qui s’observe notamment dans l´Ouham et l’Ombella Mpoko. Dans ces attaques collectives, il y aurait participation d’hommes et de femmes. Les hommes agressent les éleveurs et tuent les

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animaux, tandis que les femmes viennent avec des bassines pour récupérer la viande dépecée et la ramener au village [52]. II.2.2.1. Impacts économiques directs Un peu plus du 4/5 des éleveurs (85%) ont perdu 1.000.000 à 10.000.000 ariary soit entre 330 et 3300 USD. Les fokontany ayant déploré les plus grandes pertes sont : Ambatomifanongoa, Ambohipaly, Antsoamaina et Mananjara. Près des 3/4 des éleveurs (74%) ont moins de 10 têtes et les personnes enquêtées possédant plus de 15 têtes ne représentent que 7% de l’ensemble des éleveurs. La diminution du nombre de cheptel est due à des mesures de prévention citées auparavant afin de minimiser la perte. Mais apparemment, cela n’a pas permis d’éviter des pertes assez conséquentes. Selon les résultats de l’Enquête périodique auprès des ménages 2010 menée par l’Institut national de la Statistique, l’élevage bovin a procuré un revenu monétaire annuel de 935 000 ariary par ménage [7]. De ce fait, une telle perte entraine des immenses bouleversements au sein de chaque famille et aussi à l’ensemble du pays. Au Burkina- Faso, les produits d’élevage de bétail (bovins, ovins, caprin) occupent le deuxième rang des exportations après le coton avec une contribution de 15 à 20% aux recettes d’exportation sur la période 1997-2003, soit une valeur comprise entre 25 et 35 milliards de francs CFA/an ou 150 à 200 milliards d’ariary [53]. Le commerce illicite d’animaux et de végétaux constitue, à l’échelle mondiale, l’un des principaux crimes organisés. Les espèces animales et végétales menacées rapportent entre 10 à 20 milliards de dollars de chiffre d’affaire aux organisations criminelles d’après le CITES en 2014 [54]. Après le grand débat sur les zébus, un plan d’action visant à mettre en place un projet de développement du cheptel bovin Malgache a été préconisé. L’impact économique de vol de bovidés ne concerne pas uniquement les éleveurs, le phénomène influence aussi beaucoup de secteurs comme le commerce de bovidés et de viande. Les cheptels diminuent de plus en plus surtout lors de la recrudescence de ce phénomène. En 1987, 10 millions de zébus ont été recensés soit un zébu par habitant, contre 12 millions en 1920, 9.800.000 en 2005 et 9 millions en 2010 [55]. De ce fait, le prix de viande sur le marché local n’a pas cessé d’augmenter pendant la crise. L’inflation a entrainé la diminution de la consommation de viande à Madagascar.

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II.2.2.2. Impacts économiques indirects Les impacts indirects concernent surtout l’agriculture. Plus de 8/10 éleveurs constatent que les vols des bovidés ont provoqué des baisses de leur production. Plus de 4/5 des éleveurs ayant moins de 15 têtes de bovidés ont constaté que le vol du zébu a eu un impact élevé dans le domaine de l’agriculture. Les bovidés y jouent un rôle important en labourage, en apport de fumier, de lait ainsi que les autres utilités des bovidés. La riziculture et l’élevage bovin sont deux activités inséparables pour les paysans malgaches, étant donné que ce sont les zébus qui assurent les fumiers, le piétinage et presque toutes les étapes nécessaires à la préparation de la rizière. De ce fait, le bœuf est toujours présent dans les activités agricoles, de l’amont à l’aval car c’est encore lui qui assure le transport des récoltes pendant la période de la moisson. Sans lui, une baisse de rendement est inéluctable. De plus, le fait de ne pas avoir de zébus occasionne une dépense supplémentaire aux paysans. La diminution de nombre de bovidé rend le prêt de zébu difficile. En effet, les paysans devraient payer et faire appel à plus de mains d’œuvre. Ce qui alourdit davantage leurs difficultés financières. Le travail d’un bovin de trait vaut 8.000 à 10.000 ariary soit 2,7 à 3,3 USD par jour et une main d’œuvre ou « saraka antsaha » vaut 1.500 à 3000 ariary soit 0,5 à 1 USD par jour, sans parler de leur nourriture et des autres besoins comme les fumiers. Voici un exemple précis : un ménage dans le FKT d’Ambalamarina possède, depuis l’année 2007, trois bœufs et en moyenne 950 ares de rizière, divisés en 30 parcelles. Depuis 2007, avec l’aide des trois zébus, sa production augmente car l’achat des fumiers diminue. Pour l’année 2008, le ménage a pu récolter 20 sacs de 200 kg de paddy c’est-à-dire 4t de paddy environ. Après 2010 où leurs bovidés ont été volés, ce ménage n’arrive plus à produire que 2,5 tonnes de paddy par an parce qu’il n’a pas les moyens financiers pour louer des bovins de trait ni payer les mains d’œuvre pour ses travaux de riziculture. De ce fait, le ménage n’a pu travailler que les 2/3 de ses terres. En tant que moyens de production, Focus Groups estiment que 42% des agriculteurs utilisent la traction animale pour le labour et 48% pratiquent le piétinement des rizières par les bœufs [56]. Cette pratique peut être vue dans toute l’Ile mais c’est dans la province de Mahajanga et une partie de Fianarantsoa qu'elle est la plus remarquable. En effet, le pourcentage de paysans utilisant la traction animale pour le labour ou pratiquant le

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piétinement des rizières par des bœufs avoisinent les 60% pour Mahajanga et le pourcentage des paysans qui utilisent le piétinement par des zébus est de 70% à Fianarantsoa [57]. Certaines régions sont plus orientées dans la combinaison élevage- agriculture (Betsiboka, Sofia et Haute-Matsiatra), alors que d'autres régions sont plutôt orientées vers l'une des pratiques seulement. Par exemple, la région de Marovoay utilise plutôt la traction animale en comparaison des autres régions comme les Régions du Sud- Est et de Melaky qui s'orientent plutôt vers le piétinage par les zébus [57]. Le zébu joue un rôle très important dans l’agriculture et son absence est perçue comme un véritable handicap pour le système de production paysan. En somme, l’avenir de l’agriculture peut devenir très inquiétant si le phénomène de dahalo persiste. III.2.3 Impacts sociaux III.2.3.1. Désorganisation de la vie quotidienne Environ 7 éleveurs sur 10 sont obligés de quitter leur domicile la nuit avec une durée annuelle de 40 nuits en moyenne. La peur des éleveurs face aux menaces des voleurs avant leur venue est la principale cause de l’abandon de foyer la nuit. La sécurisation des femmes et des enfants est prioritaire. Le nombre d’éleveur fuyant la nuit dans cette étude est largement supérieur à celui d’Ivato-centre où 2 paysans sur 10 abandonnent leur foyer la nuit lors de la recrudescence du phénomène de vol de bovidés [47]. Certains éleveurs décident de quitter leurs villages pour s’installer ailleurs où ils se sentent en sécurité et commencer une nouvelle vie. De ce fait, une augmentation de l’exode rurale est remarquée. Plus récemment, des conflits majeurs dans certaines zones pastorales en Afrique de l’ouest ont conduit à un grand nombre de personnes qui fuient la violence et la persécution, avec une forte émigration internationale formelle et informelle dans les pays européens, vers les États-Unis, le Canada et ailleurs [58,59]. Ces tendances sont bénéfiques en termes d’envois de fonds, mais aussi peuvent avoir des conséquences, car ce sont souvent les personnes les plus riches, instruites et mieux connectés qui migrent et qui, dans une certaine mesure, représentent une forme de fuite des cerveaux en termes de compétences entrepreneuriales et d’éducation. En outre, il y a les conséquences sociales considérables d’éclatement permanent des familles [58]. L'exode rural a été très fort en Amérique latine dès l'entre-deux-guerres. Ce fut le cas en Asie orientale, en Asie du Sud et dans le monde arabe dans les années 1960 et 1970.

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C’est aujourd'hui le cas pour l'Afrique noire à cause des insécurités [59]. L’exode rural, considéré comme le dépeuplement des campagnes et l’abandon des métiers liés à la terre, est une question d’envergure mondiale particulièrement actuelle. En 2007 et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la population des villes a dépassé celle des campagnes. Dans une étude rendue publique en juin 2006, la FAO évalue à 800 millions le nombre de personnes ayant abandonné les campagnes pour les villes, lors des 50 dernières années [60]. L’abandon de foyer a augmenté progressivement à partir de 2009 pour atteindre son apogée en 2012 et a régressé l’année suivante. Ce qui correspond à l’évolution de l’intensité du phénomène de dahalo. La totalité des éleveurs du fokontany Ambatomifanongoa ont tous quitté leur maison la nuit. Les autres fokontany n’en sont pas loin, car 9 éleveurs sur 10 fuient la nuit à Ambohipaly et Mahazoarivo. L’insécurité généralisée dans la commune et le changement du phénomène en un véritable acte meurtrier explique qu’aucune mesure n’était pas prise par les autorités locales ni par l’Etat. III.2.3.2. Déperdition scolaire Environ 9 éleveurs sur 10 ont été obligés de retirer leurs enfants de l’école après la perte des bovidés pour minimiser les dépenses comme les frais de scolarité, l’achat de fournitures scolaires, de vêtement et des tenues, et pour assurer leur sécurité. Le taux de déperdition scolaire est de 100% à Marovato et à Mahazoarivo. Ce taux reste important à plus de 80% dans les autres fokontany restants. L’insécurité perturbe et bloque les activités des paysans. La plupart des fermiers n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins quotidiens et suppriment certaines activités qu’ils considèrent moins importantes comme la scolarisation des enfants qui occasionne d’immenses dépenses familiales lors du paiement d’écolage et des autres frais. Les parents décident de les retirer de l’école pour aider la famille d’où l’augmentation du travail des enfants surtout en milieu rural. Les taux de scolarisation ont particulièrement chuté pour les garçons en milieu rural. Selon l’Institut national de statistique, le taux moyen de scolarisation pour les enfants de 6 à 10 ans a baissé de 80% à 75% entre 2005 et 2010 [7]. Les garçons ont été plus touchés par cette baisse que les filles (-6 points de pourcentage, contre 4 pour les filles), en particulier dans les zones rurales ou les taux de scolarisation des garçons ont

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chuté de 78 à 72% [7]. Dans le district de Betioky-Sud, les données montrent que les enfants âgés de 6 à 8 ans et de 12 à 15 ans sont ceux qui subissent plus fortement l’impact de l’insécurité rurale, les taux de scolarisation pour ces catégories ayant chuté de plus de 10 points de pourcentage pendant l’année scolaire 2013-2014 [46]. Selon une étude effectuée par Ralaiarivolanirina en 2010, avec l’insécurité, de nombreux villages ont été délaissés surtout dans les régions très vulnérables à l’ouest et au sud d’Ambalavao. Des centres de soins et des écoles ont été fermées pour cause de dahalo. Dans le District d’Ambalavao, par exemple, cinquante-deux maisons ont été incendiées et quarante-trois villages délaissés en 1984. Quant aux écoles, de 1981 à 1989,78 étaient fermées, soit parce que les bâtiments scolaires ont été incendiés, soit parce que les enseignants n’ont plus accepté de rester sur place, pour raisons d’insécurité [43]. Les principales contraintes rencontrées par ces écoles concernent le manque d’infrastructures (52%), d’équipement (51%), d’enseignants (41%) et d’insécurité (22%). Certains bâtiments d’école ont été occupés par les déplacés ou les forces armées, ou ont été endommagés lors des affrontements. En 2014, en République Centrafrique certains membres du corps enseignant ne sont pas encore retournés travailler du fait de la situation sécuritaire instable [61]. Le nombre d’écoles fermées dans la région de Mopti en République Centrafrique a augmenté. Cette dégradation de la situation est principalement liée à l’insécurité. Selon l’Académie d’enseignement de la région de Mopti, le nombre d’écoles fermées dans la région est passé de 67 en octobre 2015 à 117 en mars 2016. Ce qui prive 13 000 enfants de leur droit fondamental à l’éducation et entraîne le chômage de 300 enseignants [62]. III.2.3.3. Conflits sociaux Un peu plus de 2/3 des éleveurs ont connu des conflits avec leurs voisins à cause du phénomène de dahalo. Les éleveurs du niveau primaire sont majoritaires à entrer en conflit avec leurs voisins par rapport à ceux du niveau secondaires (74,1% contre 64,4%). Les petites querelles existant déjà dans la société se transforment en véritables conflits à cause des méfiances et des soupçons de leurs voisins. En plus, la pauvreté et la crise rendent les éleveurs vulnérables à ces conflits. Le niveau de connaissance joue un grand rôle dans cette situation. Une polémique ou une rumeur peut exposer les personnes à un problème grave à cause de l’insuffisance ou même l’absence de réflexion et d’analyse. Parfois le conflit se poursuit et arrive jusqu’au niveau de la justice.

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En Afrique, ce type de conflit dégénère en guerre civile. Dans certaines régions et pays, divers types de conflits continuent d’avoir des répercussions directes sur les éleveurs par le fait de la violence physique et des dommages aux infrastructures, et des impacts indirects, tels que les investissements limités du secteur privé en raison de l’insécurité. De nombreux analystes considèrent les conflits comme la contrainte majeure au développement dans les zones pastorales. Dans l’ensemble, à travers l’Afrique de l’Est, de l’Ouest et du centre, de nombreux exemples de conflits de longue durée et de leurs effets ont été remarqués. A noter que les principales victimes des conflits armés ne sont pas des combattants mais des civils, et parmi les civils, ce sont les femmes et les enfants qui souffrent le plus. Les abus tels que l’enlèvement d’enfants, l’utilisation des enfants soldats, le viol et les mariages forcés sont largement identifiés [63]. Les conflits liés au vol de bétail opposent les éleveurs aux bandits qui, munis d‘armes parfois de guerre, arrachent des troupeaux entiers. Les éleveurs, dans la poursuite des agresseurs en vue de récupérer les animaux volés, s‘affrontent avec ces bandits. Ce qui peut déboucher sur des pertes en vies humaines. Des conflits liés aux vols de bétail opposent occasionnellement les agriculteurs aux éleveurs transhumants. En effet, les animaux des agriculteurs, laissés sans surveillance constituent une proie facile pour les voleurs de bétail qui sont le plus souvent des éleveurs de passage qui, quand l‘occasion se présente, essaient de joindre à leur troupeau les animaux qui divaguent pour les vendre plus loin aux bouchers. Le vol de bétail a augmenté au cours des vingt dernières années pour devenir une activité moderne et bien organisée qui s‘est dotée de véhicules motorisés et d‘armes automatiques et n‘est guère ou pas liée au pastoralisme et aux mouvements transfrontaliers [64]. La pression agricole et forestière sur les terres a abouti à l’occupation des espaces pastoraux (pistes à bétail et couloirs de transhumance, zones d’accueil, ressources-clés). Cette situation, qui accroît considérablement les difficultés de déplacement et d’exploitation pastorale des ressources naturelles par les transhumants, est propice aux conflits fonciers. La recrudescence des conflits, quelquefois mortels, dans les zones de transhumance a été constatée. De 1986 à 1994, le Bénin a enregistré 90 décès dont 57 dans le seul département du Zou qui dispose d’excellents pâturages. Tirant les conséquences de cette situation, le Bénin a décidé de suspendre la transhumance transfrontalière sur toute l’étendue de son territoire en 2000. Malgré la suspension, la

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transhumance se poursuit dans ce pays, avec toutefois plus ou moins de tracasseries administratives selon les éleveurs transhumants [65]. Autres fait marquants, le phénomène de vol de bovidés génère et développe le trafic d’armes dans le district d’Ambatofinandrahana. Selon les personnes enquêtées, la vente illicite d’arme et de munition s’amplifie avec des différents prix selon leur type. Le fusil de type Calibre 12 de fabrication artisanale est le plus répandu avec un prix compris 300.000 à 500.000 ariary soit 100 à 167 USD et une munition coûte entre 10.000 à 15.000 ariary soit 3,3 à 5 USD. Le pistolet automatique de fabrication artisanale prend la deuxième place et est un peu plus cher, 600.000 ariary soit 200 USD et une munition coûte à 8.000 ariary soit 2,7 USD [27,43]. Les autres armes à fabrication d’origine existent mais sont rares et plus chères. Le permis de port d’arme reste chez celui qui l’a achetée légalement mais la plupart des armes sont irrégulières. C’est encore un autre facteur intensifiant le vol de bovidés et le transforme en phénomène très violent et meurtrier. III.3 Problèmes soulevés par l’étude III.3.1 Problèmes liés à l’économie locale et nationale Du fait de la recrudescence du vol de bovidés, la majorité des éleveurs ont perdu leurs épargnes. Selon le calcul, un éleveur perd entre 1 à 10 millions d’ariary, affectant 81% des enquêtés. Les pertes se répercutent premièrement sur les propriétaires puis au niveau du fokontany et de la commune et enfin au niveau national. La diminution du cheptel entraine une baisse de l’économie nationale, une réduction de des clients des vétérinaires mandataires et privés. En plus de la valeur commerciale des zébus, leur perte entraine des préjudices considérables au niveau de l’agriculture en raison du labourage, d’apport de fumier et de lait. Sans le zébu, il est difficile voire impossible pour certains éleveurs de cultiver leurs terres surtout ceux qui ont de vaste surface à labourer. Ainsi, la récolte diminue et n’arrive plus à combler le besoin familial d’où l’augmentation de la pauvreté en milieu rural et l’inflation en milieu urbain. Les voleurs de zébu évoluent de plus en plus en effectif, en stratégie et surtout en matériel. De ce fait, il est difficile pour les propriétaires ainsi que les forces de l’ordre d’y faire face. Le nombre de cheptel chez un éleveur est un facteur attirant les bandits en première intention puis le niveau de sécurité existant.

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III.3.2 Problèmes liés à la vie sociale III.3.2.1. Désorganisation de la vie quotidienne Plus de 68% des éleveurs sont obligés de quitter leur foyer la nuit face au menace des voleurs. Même pendant la journée, les fermiers ne sont pas en paix en accomplissant leur travail et obligés de rentré tôt pour leur sécurité. L’heure de travail diminue et la tâche n’est pas effectué correctement due à l’absence de concentration et à la fatigue. III.3.2.2. Déperdition scolaire La majorité des éleveurs est obligée de retirer leurs enfants de l’école. La perte de bovidés diminue le pouvoir d’achat des éleveurs. De ce fait, beaucoup de fermiers n’ont plus le pouvoir de payer les frais de scolarité de leurs enfants, les fournitures scolaires et les vêtements. Les enfants de certains villages sont obligés de marcher plusieurs kilomètres pour arriver à l’école. Dans certains fokontany, les écoles sont incendiées par les dahalo et les enseignants fuient l’insécurité. En conséquence, l’école est fermée. III.3.2.3. Conflits sociaux engendrés par le phénomène de vol de bovidés Plus du tiers des éleveurs ont connu des conflits avec leurs voisins à cause du phénomène de dahalo. Il y a toujours quelqu’un du village ou du village voisin qui connait bien les éleveurs cible du dahalo appelé « Mpanolotra » ou livreur. Ce dernier indique l’entrée et la sortie ainsi que le plan intérieur de la cible lors de l’attaque. Il s’agit d’une personne qui a un problème avec la cible et veut se venger. Apres l’attaque, la victime incrimine cette personne et c’est ainsi que le confit est né. La vengeance se fait alors en appelant des mercenaires pour attaquer l’ennemi. La victime ressentira aussi la soif de vengeance et un cercle vicieux s’installe. III.3.3 Détérioration de la relation entre l’Etat et la population Vu la recrudescence des vols de bœufs, la population a tendance à ne pas faire confiance de plus en plus à un Etat incapable de faire face aux « dahalo » à tel point qu’elle est tentée de choisir la complicité avec les malfaiteurs plutôt que de se fier à l’intervention étatique. Cette situation déplorable donne de mauvaises images non seulement à l’Administration mais surtout à certains dirigeants de l’Etat nommé « bandits de bureau ». L’insuffisance voire l’inexistence des éléments de la gendarmerie dans la commune augmente les attaques de « dahalo ». Les problèmes psychologiques des éleveurs représentent une des séquelles de ce phénomène. Ainsi, l’hypothèse selon

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laquelle les impacts économiques et sociaux constituent les principaux impacts du vol de bovidés est confirmée.

III.4 Solutions proposées face aux différents problèmes III.4.1 Au niveau des éleveurs Face à la recrudescence de l’insécurité dans la commune, les paysans n’ont pas arrêté de chercher des solutions pour sortir de cette crise. En effet, plusieurs stratégies ont été adoptées afin de minimiser les risques de vols sur leurs biens. Il est plus ingénieux de répartir le troupeau sur de nombreux parcs, afin d’éviter les risques. La sécurisation de la maison et la mise en place de système de vigilance communautaire (Andrimasom- pokonlona) sont des bonnes méthodes qui méritent d’être continuées. Mais le « kalony » (colonne de guetteurs) doit être abandonné car ce système fatigue très vite les villageois. Il est conseillé aux paysans d’adhérer à l’association Manirisoa Bemahazemona ou Fikambanana qu’ils soient éleveurs ou non pour leur sécurité et pour la cohésion sociale. L’association a besoin de l’aide et la protection de l’Etat pour leur fonctionnement et leur expansion. La collaboration et le soutien des forces de l’ordre sont précieux pour la réalisation de l’objectif du Fikambanana. Les éleveurs ne doivent plus élever ni acheter que les zébus nécessaires à la production. Il faut que les fermiers commencent à mettre leur argent dans des banques mobiles et des microfinances existantes dans les communes voisines. La mise en place et la sécurisation de ces microfinances et les banques mobiles nécessitent l’aide de l’Etat et l’appui des ONG. Il est de même pour la sensibilisation des éleveurs pour y adhérer. La tradition lors de l’achat et la vente des biens (terre, bœufs, …) sans acte de vente doit être abandonnée. La démarche doit s’effectuer légalement pour éviter les conflits après quelques années. III.4.2 Au niveau de l’Etat III.4.2.1 Pour les autorités locales A chaque recensement annuel, le Chef du Fokontany doit être en mesure de connaitre la situation du cheptel bovin de sa circonscription. A la fin de chaque mois, le Chef du Fokontany doit établir un tableau récapitulatif de la situation du cheptel bovin dans son Fokontany. Ce document doit parvenir au CAA et au Maire au plus tard le 05 du mois suivant. Il doit être détaillé dans le tableau des entrées et le tableau des sorties.

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Le CAA doit élaborer un document de synthèse mensuelle permettant de retrouver la situation mensuelle des cheptels bovins dans les Communes de son arrondissement. En outre, le CAA doit élaborer un document de synthèse mensuelle des mouvements des bœufs passant dans les marchés de sa circonscription. Ce document est élaboré à partir des documents hebdomadaires résumant chaque marché qui devront être adressés respectivement au Chef de District, à la Brigade de la Gendarmerie et /ou au Commissariat de Police du ressort, au vétérinaire territorialement compétent. Le CAA de la Commune de départ doit informer par téléphone le CAA de la commune destinataire des bovidés sur le nombre des bovidés par commerçants, objet des passeports qu’il a délivrés. Le Chef du District doit, lui aussi, effectuer des documents de synthèse à partir des rapports des documents dont il est destinataire. En cas de vol, les administrations locales doivent être au courant de la situation. Un rapport immédiat par téléphone devra être fait vers les autorités supérieures et vers la gendarmerie, suivi d’un rapport écrit. Cette méthode rend difficile la falsification de papier de bovidés d’où la diminution du blanchiment de bovin. III.4.2.2 Pour la gendarmerie Il faut faire des réformes au sein des éléments des forces de l’ordre en améliorant la relation humaine. Les encourager à adhérer dans les communautés pour qu’ils puissent gagner la confiance de la population. Il faut faire un changement au niveau opérationnel par le renforcement de la surveillance préventive et accroître le nombre des éléments sur terrain de la gendarmerie nationale surtout dans les zones rouges. Les forces de l’ordre doivent mettre des informateurs-clés par hameau pour les transmettre toute information concernant la sécurité en temps réel. Au lieu de « kalony », d’autres systèmes de vigilance peuvent être mis en place :  signalement par téléphone de tout évènement douteux (même anodin) à la gendarmerie par les informateurs-clés ;  vérification de tout évènement douteux par le comité villageois de sécurité et rapport immédiat à la gendarmerie et aux autorités locales ;  identification des points d’accès aux réseaux de téléphonie mobile pour accélérer la transmission des informations ;  vigilance communautaire sur les déplacements inhabituels (des membres de la communauté) vers et en dehors de la communauté.

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III.4.2.3 Pour les autorités supérieures La surveillance de trafic d’arme doit être prioritaire pour instaurer la sécurité. La sanction doit être lourde pour les trafiquants. L’autorisation de port d’arme délivrée par l’Etat doit être précédée de l’avis de l’autorité locale (fokontany) pour que les armes ne tombent pas dans des mauvaises mains. L’indépendance de la justice est fortement sollicitée pour juger les crimes tels que les vols des bovidés. Les criminels doivent être punis selon la loi, sans aucune intervention des politiciens ni des familles. Les opérations anti-dahalo ne doivent pas rester en milieu rural seulement, mais il faut chasser aussi les commanditaires et leurs complices. La corruption est l’une des raisons de ce fléau, leur éradication doit être prioritaire pour le gouvernement. Les programmes de formation des fonctionnaires, la professionnalisation du recrutement, l’organisation de plans de carrière et l’augmentation des rémunérations contribuent à la limitation de ces risques. La lutte contre la corruption implique également une simplification des procédures administratives, ainsi qu’une sensibilisation et un regroupement en association de la population. Des aides par l’Etat avec l’appui des ONG et d’autres associations doivent être offertes aux acteurs publics et privés (enseignants, infirmiers, médecins, vétérinaires, …) travaillant dans les zones rouges ainsi qu’aux paysans qui ont été victimes du vol et de les encourager à revenir dans le domaine de l’élevage. La réhabilitation des infrastructures détruites par les bandits est fondamentale pour le développement avec l’aide du partenariat public et privé. La multiplication des infrastructures de production (barrage, eau, ...) est essentielle pour améliorer la production. Les matériels agricoles doivent être vendu à prix abordables aux paysans pour abandonner la dépendance aux bœufs. Les paysans doivent être éduqués à l’aide des moyens de communication existants (radio, téléphonie mobile, …) concernant l’éducation civique, la technique de culture et d’élevage moderne et la loi. L’amélioration de système de communication existant et l’implantation de nouveau système sont essentielles pour la mise en place de la sécurité. Certains fokontany ont une difficulté de réseau de téléphone mobile, retardant l’alerte en cas d’attaque. La voie d’accès vers la commune Ambatomifanongoa et à l’intérieur même de la commune doit être réparée pour faciliter le déplacement des éléments de la gendarmerie lors de l’intervention

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CONCLUSION Cette étude a permis d’évaluer les impacts économiques et sociaux des vols de bovidés à Ambatomifanongoa, d’éclaircir le concept et l’évolution du phénomène de dahalo chez les éleveurs de bovidés. En effet, la plupart des éleveurs sont victimes de vol de bovidés et les impacts sont considérables que ce soit sur le plan économique que social. Les impacts économiques sont immenses et apparaissent à court terme. Les impacts sociaux surviennent à long terme et sont sources d’autres problèmes sociaux. Les impacts psychologique et mental ne sont pas négligeables. Ainsi, la majorité des éleveurs désespèrent d’où la diminution de motivation des paysans en élevage de bovidés. Sur le plan scientifique, cette recherche rapporte des informations complémentaires sur les impacts socioéconomiques de vol de bovidés. Les résultats obtenus peuvent servir de référence pour mieux orienter les interventions qui répondent aux attentes des éleveurs de bovin. Cela va compléter les éléments utiles à la prise de décision finale sur le choix de l’intervention que l’Etat doit mettre en œuvre. Pour les paysans de la CR d’Ambatomifanongoa, ce phénomène témoigne d’un côté de la pauvreté et de la désagrégation des communautés villageoises, et de l’autre côté de l’inefficacité de l’Administration, source de tous les abus dans le monde rural. Les paysans souffrent de cette crise et des pertes sont enregistrées dans leur production. Affaire familiale en pays Bara, il n’est plus aujourd’hui un moyen de montrer la force et la virilité, mais bien un acte criminel entraînant mort d’hommes. Ces impacts négatifs générés par la violence physique et psychologique expliquent en grande partie, l’absence de développement à Ambatomifanongoa. Ce constat induit de nouvelles pistes de réflexion et d’actions visant à éradiquer les vols de bovidés. Grâce à l’association Manirisoa Bemahazemona issue de la solidarité paysanne et aux efforts pour la sécurité et une meilleure vie sociale, l’espoir de paix est revenu dans la vallée de Bemahazemona. L’association demande l’aide de l’Etat pour la réalisation de ses activités en vue de sa pérennité. Le phénomène de dahalo représente une menace permanente sur les élevages, le cheptel bovin, la consommation de viande, la cohésion sociale et aussi sur le métier vétérinaire à Madagascar. Ainsi, une étude sur l’acheminement, les acteurs et le blanchissement des bovidés est nécessaire pour compléter cette étude.

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18. Rasamoelina H. Le vol de bœuf en pays Betsileo. Politique Africaine. Édition Ambozontany Ŕ Karthala. 1993.p 22-30.

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20. Randriamarolaza LP. Elevage et vol de bœufs en pays Bara : la dimension Socio- culturelle. Recherche pour le développement, série-Sciences de l’homme et de la Société. Programme des Nation Unies pour le développement. 1986.p 87-104.

21. Rasamoelina H. Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. Harmattan. 2007. Paris 67. 250 pages.

22. Maminiaina AS. Ny kolontsaina raiketin’ny halatra omby ao Ivato Ambositra, miatrika ny ady amin’ny asan-dahalo [Mémoire de Maitrise]. Langue et lettres Malagasy : Antananarivo ; 2007. 250 pages.

23. Razafitsiamidy A. Approche des questions de l’élevage et des vols de bétails à travers les documents administratifs : les registres de bétail. Un exemple en pays Masikoro. FAO. 1988. 148 pages.

24. Raherisoanjatovo D. Le vala du pays Betsileo du 17 au 20 eme siècle. Om&An.1988 Mai ;27 : 33-42.

25. Faublee J. L’élevage chez le Bara du sud de Madagascar. Soc Afr.1942 Avril ; 12 : 157-201.

26. Rakotomalala L. Etude géographique de l’élevage bovin en milieu rural, le Pays de Manja. [Mémoire de Maîtrise]. Géographie : Tuléar ; 1982 :148p.

27. Brigade de la gendarmerie nationale Ambondromisotra. Rapport d’activité de la gendarmerie nationale en 2013. Brigade de la gendarmerie nationale. 2013

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29. Rasamoelina H. Etat - Communautés villageoises-Banditisme rural, à l’exemple de vol de bœufs dans la Région Haute Matsiatra [Thèse]. Sociologie : Perpignan ; 2000. 110p.

30. République de Madagascar, Region Atsimo Andrefana, Rapport de l’Atelier inter- régional sur le vol de bœufs dans la Région Atsimo Andrefana et Ihorombe. Région Atsimo Adrefana. 2012. 26-27

31. Ramiandrisoa HN. Impacts spéciaux de la cérémonie d’exhumation : Exemple de la commune rurale de [Mémoire de Maitrise]. Géographie : Antananarivo ; 2005. 104p.

32. République de Madagascar. Arrêté interministériel n°0322/99 du 08/01/99 portant l’identification de bovins en transaction. Journal officiel du 08 Janvier 1999.

33. République de Madagascar. Arrêté interministériel n°12880/2007 du 03 Août 2007 relatif à l’identification de bovins en transaction. Journal officiel de 03 Aout 2007.

34. Razafimahefa T. Renforcement de contrôle en matière de blanchiment de bovidés : cas du district d’Ambatofinandrahana [Mémoire de fin d’étude]. ENAM : Antananarivo ; 2012 : 110p.

35. République de Madagascar. Décret n° 2005-503 du 26/07/05 relatif au recensement, à l’identification, à la circulation et à la commercialisation des bovins. Journal officiel du 26 juillet 2005.

36. République de Madagascar. Arrêté interministériel n°9491/2003 du 18/06/2003 instituant la Fiche individuelle de Bovidé. Journal officiel du 18 Juin 2003.

37. République de Madagascar. Arrêté interministériel N° 20835/2012 précisant les caractéristiques de la Fiche individuelle de Bovidé. Journal officiel du 15 Mars 2012

38. République de Madagascar. Ordonnance n° 60-106 du 27/09/60 relative à la répression des vols de bœufs. Journal officiel du 27 septembre 1960.

39. République de Madagascar. Ordonnance n° 62-001 fixant les mesures de police administrative contre les voleurs de bœufs. Journal officiel du 10 Juillet 1962.

40. République de Madagascar, Région Amoron’i Mania, District d’Ambatofinandrahana, Commune rurale Ambatomifanongoa. PCD de la commune rurale Ambatomifanongoa. 2015

41. Randriambao JT. Analyse des impacts socio-économiques du vol des bœufs : cas du district d’Ikalamavony [Mémoire de maitrise]. Economie : Toamasina ; 2011.110p.

42. Rasoabako N. Tsiroanomandidy capitale de Bongolava, géographie d’une région en construction [Mémoire de Maitrise]. Géographie : Antananarivo ; 2007. 105p.

43. Ralison E, Georger R. Le zébu à Madagascar : un enjeu économique important. Zeb Mad. Mai 2011 : 24-50.

44. Ralaiarivolanirina MJ. Agriculture et crise de l’élevage bovin dans le district d’Isandra, le cas de la CR Andoharanomaintso [Mémoire de maitrise]. Géographie : Antananarivo ; 2010. 160p.

45. Radriamasinoro N. Implantation de la base de données de su de déplacement de bovin à Madagascar [Mémoire de maitrise]. Information géographique et foncière : Antananarivo ; 2014.150p.

46. Raveloson V. le dahaloisme dans le betsileo nord : le cas de la commune rurale d’Ivato-Centre Ambositra (Region amoron’i Mania) [Mémoire de maitrise]. Géographie : Antananarivo ; 2012. 97p.

47. Fiambena FT. Probleme de l’insecurité rurale liée au vol de Bœufs : cas du district de betioky-Sud [Mémoire de maitrise]. Droit : Toliara ; 2014.112p.

48. Ramarovelo NBDS. Les plaies par balle vues au CHU Fianarantsoa [Thèse]. Chirurgie-Medecine : Antananarivo ; 2011.86p.

49. Andrianiria NMD. La place de l’élevage bovin au sein de l’économie Malgache [Mémoire de maitrise]. Sciences économiques : Antananarivo ; 2010.73p.

50. Food and Agriculture Organization. Evaluation de la sécurité alimentaire en République Centrafricaine. FAO. Décembre 2014.38p

51. Ibrahim AY, Ferdows B, André M, Jeremy S. Etude sur les stratégies de développement économique et social des régions nord du Mali. Programme des Nations Unies pour le Développement. Mars 2012.103p

52. Institut de statistique de l’Unesco. Financement de l’éducation en Afrique sub- saharienne. Unesco Afrique 2011.130p.

53. La banque mondiale. L’éducation en temps de crise. Banque mondiale. 2013. 24p

54. Institut national de Statistique. Rapport national de suivi des objectifs du millénaire pour le développement. Institut national de Statistique. 2007.128p

55. Gorée institut. Systèmes de conflits et enjeux sécuritaires en Afrique de l’ouest. UNESCO. 2012.118p

56. Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Elevage et marché régional au sahel et en Afrique de l’ouest : Potentialités et défis. Edition 92130 Issy- les-Moulineaux .2008

57. Nations Unies. L’avenir de l’élevage africain. Rapport des Nation Unies. 2014.124p.

58. Food and Agriculture Organization. La transhumance transfrontalière en Afrique de l’ouest : proposition de plan d’action. FAO. Juin 2012.146p.

59. Food and Agriculture Organization. Situation de la transhumance et étude socio- anthropologique des populations pastorales après la crise de 2013-2014 en République Centrafrique. Rapport FAO, DRC et CRS. Mars 2015. 30p

60. Boutonnet JP. Compétitivité des productions animales en Afrique subsaharienne et à Madagascar. FAO. Février 2000. 100p.

61. Institut de Recherches et d’Applications des Méthodes de développement (IRAM). Etude régionale sur les contextes de la commercialisation de bétail. Rapport final. IRAM. Avril 2009. 119p.

62. Programme Alimentaire Mondial. Violences, déplacements et insécurité alimentaire au Mali. PAM. Décembre 2013. 37p.

63. Fonds des Nations-Unies pour l’Enfant. Peace and conflict impact assessment Madagascar. UNESCO. 2010. 96p

64. . Pierre S, Mamadou S, Arouna D. Evaluation de l’impact de la crise sur le secteur de l’éducation. UNESCO Mali. Octobre 2013. 26p

65. Alijaona T. Problématique de développement de l’élevage bovin dans le district d’Antsalova [Mémoire de DEA]. Agro-management : Antananarivo ; 2006. 67p.

ANNEXES

ANNEXE I : FICHE D’ENQUETE I. QUESTIONNAIRE AUPRES DES MENAGES : Fokontany : ______Ménage N°______A. Identité de l’Enquêté : Code enquêté :______1. Genre : masculin féminin Age : ______2. Nombre d’enfants :______Scolarisés :______Non scolarisés______3. Niveau d’étude : primaire et illettrés Secondaire et universitaires B. Elevage 1. Avez-vous de bovin ? OUI NON Si OUI, Combien ? ______2. Types d’élevage ? Engraisseur mixte 3. Autres activités d’élevage : Volailles Porcs Autres Néant C. Elément à recueillir  Impacts économiques directs 1. Etiez-vous déjà victime du vol de bovidés ? OUI NON 2. Si oui nombre de bovins perdus ______3. Prix estimatif des bovins perdus ______4. Combien de fois ? ______5. Quel genre ? Vol par surprise Cambriolage de domicile 6. Nombre de mort : ______Nombre de blessé : ______ Impacts économiques indirects 7. Pourquoi avez-vous choisi l’élevage bovin ? Travaux de champs Commerce Autres ______8. La perte de bovidés a-t’elle des impacts dans l’agriculture ? 9. Si OUI, comment ? Elevé Moyen  Impacts sociaux 10. Etiez-vous déjà obligé de quitter votre foyer la nuit à cause du vol de bovidés ? OUI NON 11. Quand ? 2009 2010 2011 2012 2013 12. Combien de nuit au total par an ? ______13. Avez-vous retiré vos enfants de l’école après la perte de vos bovins ? OUI NON Si OUI, Pourquoi ? ______14. Le phénomène de vol de bovidés a-t-il provoqué de conflit avec votre entourage ? OUI NON

II. QUESTIONNAIRE POUR LE MAIRE et LES CHEF FOKONTANY A- Généralité sur la Commune / Fokontany : 1. Code enquêté : ______2. Nombre du FKT : ______Superficie : ______3. Nombre de population : ______4. Principales activités de la population :

Agriculture Elevage Commerce Autres B- Phénomène dahalo : 5. Les attaques de dahalo sont-elles fréquentes dans votre Commune ? FKT ..………

Oui Non Si OUI, combien de fois par an ? ______6. Durant les 5 dernières années (de 2009 à 2013), en quelle année le phénomène était très nombreux ? ______7. Qui sont les villages ou FKT fréquemment victimes ? Pourquoi ? ______8. Comment trouvez-vous l’impact direct du vol de bovidé dans l’économie locale ? Faible Moyen Elevé 9. Comment trouvez- vous l’impact du vol de bovidé dans l’agriculture ? Faible Moyen Elevé 10. Le taux de scolarisation des enfants dans votre Commune/FKT a-t-il diminué pendant ces 5 ans ? OUI NON Si OUI Combien de % : Moins de 25% 25 à 50% Plus de 50% 11. L’abandon de foyer existe-t-il ? OUI NON Si OUI Combien de % : Moins de 25% 25 à 50% Plus de 50% 12. Est-ce qu’il y a des conflits sociaux générés par le vol de bovidé dans votre Commune/FKT ? OUI NON Si OUI Combien de % : Moins de 25% 25 à 50% Plus de 50% 13. Les responsables de la sécurité sont-ils suffisants dans votre Commune / FKT ? OUI NON

Qui sont-ils ? Quartiers mobiles gendarmes Autres 14. Quelles solutions avez-vous pris pour lutter contre ce fléau et les problèmes d’insécurité dans votre Commune / FKT ? ______15. Est-ce que vous avez encore des suggestions ? ______

ANNEXE II EXTRAIT DE L’ORDONNANCE 60-106 DU 27 SEPTEMBRE 1960 RELATIVE A LA SUPRESSION DES VOLS DE BOEUFS. ------TITRE PREMIER DES INFRACTIONS ------CHAPITRE I : DES SANCTIONS PENALES Section I - Des faits qualifiés crimes Art 3 : Les vols des bœufs sont sanctionnés conformément aux dispositions ci-après. Art 4 : Sera puni de la peine de mort quiconque aura soustrait ou tenté de soustraire frauduleusement un ou plusieurs bœufs, des lors que cette infraction a été précédée, accompagnée ou suivie d’un meurtre. Art 5 : Sera puni de la peine de travaux forcés à perpétuité tout individu coupable d’avoir soustrait frauduleusement un ou plusieurs bœufs, si le vol a été commis avec trois seulement des cinq circonstances suivantes : 1° La nuit 2° En réunion de deux ou plusieurs personnes ; 3° Avec port d’arme apparente ou cachée sans qu’il y ait lieu de distinguer à cet égard entre les armes par nature et les instruments qualifiés armes par l’usage qui en est fait ; 4° Avec violence ; 5°En alléguant aux faux ordres de l’autorité civile ou militaire ; Art 6 : Sera puni de la peine de travaux forcés à temps tout individu coupable de vol d’un ou plusieurs bœufs, commis avec une seule ou deux des circonstances visées à l’article précédent. Art 7 : Sera puni de la peine de la réclusion quiconque aura soustrait ou tenté soustraire frauduleusement un ou plusieurs bœufs dans les champs, pâturages, parcs, enclos ou en toutes autres lieux. Sera puni de la même peine tout individu qui aura, volontairement et sans nécessité mis à mort, mutilé ou blessé un ou plusieurs bœufs. Art 8 : Outre les cas de complicité prévus aux articles 59, 90 et 61 du code pénal seront considéré comme complices d’un voleur de bœufs et, comme tels puni des mêmes peines

que celui-ci, les individus qui en connaissance de cause, lui auront fourni nourriture ou asile ou prête par un moyen quelconque, même indirect mais conscient, aide et assistance dans la préparation ou la commission de son crime ou pour assurer son impunité. Art 9 : Le receleur de bœufs volés sera puni des même il aura ignoré les circonstances aggravantes du crime. Toutefois, si le crime commis par l’auteur principal est passible de la peine de mort, le receleur n’encourra que celle des travaux forcés à perpétuité. Art 10 : À l’encontre individus punis des travaux forcés à temps ou de réclusion l’interdiction de séjour devra toujours être prononcée. Sa durée sera de cinq à dix ans Art 11 : Les dispositions de l’article 380 du code pénal ne sont pas applicables aux soustractions visées à la présente section. Section II - Des faits qualifiés délits Art 12 : Quiconque connaissant l’auteur d’un vol de bœufs ne l’aura pas dénoncé aux autorités, ou connaissant le lieu de son refuge, ne l’aura pas signalée, sera punie d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 10.000 à 100.000 francs. Art 13 : Tout individu coupable d’avoir porté, même contre personne non dénommée, une fausse accusation de vol, recel, mis à mort, blessure ou mutilation d’un bœuf, sera puni des peines prévues à l’article 12 précédents. Art 14 : Tout abattage clandestin de bœufs ou tout abattage opéré sans qu’il puisse être justifié de la propriété de l’animal abattu, sera puni d’un emprisonnement d’un à trois mois et d’une amende de 10.000 à 100.000 francs ou d’une de ces deux peines seulement. Si l’abattage est le fait des représentants légaux, agents ou employés d’une société civile ou commerciale, l’amende pourra être portée au décuple de la valeur globale des bêtes abattues. CHAPITRE II : DES REPARTITIONS CIVILES Art 15 : Seront déclarés civilement responsables et condamnés solidairement à la restitution des bœufs volés ou au remboursement de leur valeur, quand il aura été retenu à leur encontre une faute en relation avec l’infraction commise, les Fokonolona : -Du village où demeuraient habituellement les coupables ; -Du lieu où les traces de bœufs volés auront été retrouvé ; -De l’endroit où les traces de bœufs volés auront abouti. Les représentants de ces Fokonolona seront cités à la diligence du ministère public lors

que leur responsabilité paraîtra devoir être recherchée. Le même droit appartiendra à la partie civile. Art 16 : En cas d’acquittement, la partie civile pourra, néanmoins, demander réparation du dommage causé par la faute de l’accusé, telle que cette faute résulte des faits qui ont été l’objet de l’accusation. De l’enquête préliminaire et de l’information. Section I - Du rôle du Fokonolona Art 17 : Toute personne, ayant connaissance d’un vol de bœufs, doit en aviser le Fokonolona de son domicile. Art 18 : Le Fokonolona rend compte à l’officier de police judiciaire le plus proche. Il prend en même temps et sans désemparer toutes mesures nécessaires à la découverte et l’arrestation des coupables : recherche des traces, recueil de renseignements, organisation de la poursuite. Art 19 : Les représentants du Fokonolona ont qualité pour entendre les témoins, sans toutefois que ces derniers puissent être retenus à cet effet au-delà de vingt-quatre heures. Art 20 : Dans les cas où ces opérations amènent dans un village de la découverte d’une ou plusieurs bêtes dérobées ou de leurs dépouilles, la population est rassemblée. Les explications des suspects sont recueillies publiquement. Du tout, il est dressé procès- verbal par un citoyen lettré à ce requis. Les fonctionnaires publics, s’il s’en trouve, sont tenus de déférer à cette réquisition. Art 21 : Les suspects sont conduits sans retard devant l’officier de police judiciaire le plus proche du lieu de leur capture. Ils peuvent être entravés si leur fuite est à craindre, mais ne doivent en aucun cas subir de violence ou de mauvais traitement. Section II - Des attributions de l’officier de police judiciaire Art 22 : Prennent la qualité d’officiers de police judiciaire subalternes, pour la seule constatation des crimes et délits prévus par la présente ordonnance : - Les Chefs de canton - Les militaires de la gendarmerie, quelles que soient leurs fonctions, qui n’ont pas normalement cette qualité. Art 23 : Les officiers de la police judiciaire et tous autres ont compétence même en dehors des limites de leur circonscription pour suivre l’enquête commencée sur les infractions prévues par la présente ordonnance ou pour l’exécution de toute délégation judiciaire. Ils se trouvent placées sous le contrôle constant du commandant de l’unité de gendarmerie

dans le ressort de laquelle ils opèrent. Art 24 : L’officier de police judiciaire est saisi, en matière de vol des bœufs : - Soit par rumeur publique - Soit par plainte ou dénonciation - Soit par Fokonolona, qui a le devoir de l’aviser dans les plus brefs délais. Art 25 : Sitôt informé d’un vol de bœuf, l’officier de police judiciaire en avise le commandant de l’unité de gendarmerie qui lui -même en rend compte à son tour au parquet compétent. Celui-ci peut leur adresser toutes instructions utiles. Art 26 : L’officier de police judiciaire averti d’un vol de bœufs se rend sur les lieux le plus promptement possible et prend la direction de l’enquête avec le concours du Fokonolona qui lui doit aider et assistance et peut être chargé par lui de certaines missions. Art 27 : Deux membres du Fokonolona, dont le chef de village, assistent à l’audition des suspects. A la fin de celle-ci, ils interpellent les déclarants pour savoir s’ils ont à retrancher ou à ajouter aux mentions consignées au procès-verbal ou au carnet de déclarations de l’officier de police judiciaire. Ils signent ce procès-verbal ou ce carnet de déclarations, qui font foi jusqu’à preuve contraire. Art 28 : Si l’officier de police judiciaire estime nécessaire la détention des personnes appréhendées, il peut délivrer un billet d’écrou provisoire, à charge d’en informer le parquet par voie télégraphique, et d’y déférer les intéressés dans le délai maximum de quinze jours. Passé ce délai, le suspect devra être remis en liberté. Art 29 : Le commandant de l’unité de gendarmerie compétente coordonne les diverses enquêtes des officiers de police judiciaire subalternes placés sous son contrôle. Il rassemble les procès-verbaux, établi dans la forme ordinaire des enquêtes de gendarmerie, et en assure la transmission au parquet de son ressort. Art 30 : dans les enquêtes menées en vertu des dispositions des articles 17 à 29 ci-dessus ; l’inobservation d’une des formalités qui y sont prescrites n’emporte aucune nullité, si elle n’a pas eu pour conséquence de gêner ou de compromettre l’exercice des droits de la défense.

TEXTES :  Loi n° 2001-004 du 25 octobre 2001 portant réglementation des dina en matière de la sécurité publique.

 Ordonnance n° 60-106 du 27/09/60 relative à la répression des vols de bœufs.

 Ordonnance n° 62-001 du10/07/1962 fixant les mesures de police administrative contre les voleurs de bœufs.

 Loi n° 2004-030 du 09 Septembre 2004 sur la lutte contre la corruption.

 Décret n° 82.387 du 14/09/82 relatif au recensement, à la circulation et à la commercialisation des bovins.

 Décret n° 2005-503 du 26/07/05 relatif au recensement, à l’identification, à la circulation et à la commercialisation des bovins.

 Arrêté interministériel n°0322/99 du 08/01/99 portant l’identification de bovins en transaction.

 Arrêté interministériel n°12880/2007 du 03 Août 2007 relatif à l’identification de bovins en transaction.

 Arrêté interministériel n°9491/2003 du 18/06/2003 instituant la Fiche individuelle de Bovidé.

 Arrêté interministériel N° 20835/2012 précisant les caractéristiques techniques de la Fiche individuelle de Bovidé.

ANNEXE III : SPECIMEN DE FICHE INDIVIDUELLE DE BOVIN

FICHE INDIVIDUELLE DE BOVIN

LAHARAN’NY KAVINA : TAONA (Age) : VOLON’OMBY (Robe) .………………………………………………………………………………………… (Numéro Boucle d’identification) FAMANTARANA MANOKANA : ………………………………………………………………………………………………………….. LAHY / VAVY(Sexe) : (Signes particuliers distinctifs) ………………………………………………………………………………………………………...... KARAZANA (Type racial) : LAHARAN’NY BOKIN’OMBY : (Numéro du cahier de contrôle) ………………………………………………………………………………………………………….. DATY (Date) FIOVANA : ANARANA SY NOMERAO KARAPANONDRO ARY ADIRESIN’NY KAODY MPIOPY DISTRIKA KAOMININA -VOLONOMBY SONIAN’NY CAA MPIOMPY -FAMANTARANA (Signature CAA) NIDITRA (Entrée) NIVOAKA (Sortie) MANOKANA ………………………….……………………………………………………. ………………………………………………………………………………... ………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………… ………………………………… ………………………………………………………………………………... ………………………….…………………………………………………...… ……………………………………………………………………………………….. ………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………...…………………………… ……………………………………………………….…………………………………… …………………………. ……………………………………………………………………………………….. ………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………...…………………………… ……………………………………………………….…………………………………… ………………………….. ……………………………………….. …………………………………………………………………………………FANAMARINANA ARA-PAHASALAMANA (Certificat de vaccination) ……………………………………… TAONA DATY NANAOVANA VAKISINY KARAZAM-BAKISINY SY LAHARANA ANARANA SY SOKAJIN’NY MPANAO ANARANA SY SONIAN’NY VETERINERA (Année) (Date de vaccination) (Type et lot du vaccine) VAKISINY (Nom et signature du vétérinaire)

Source : Annexe de l’Arrêté interministériel N° 20835/2012.

VELIRANO

“Eto anatrehan’i Zanahary, eto anoloan’ireo mpikambana ao amin’ny Holafitra Nasionalin’ny Dokotera Veterinera Malagasy sy ireo mpampianatra ahy, mianiana aho fa hitandro lalandava ary hitaiza ny haja amam-boninahitry ny Dokotera Veterinera sy ny asa. Noho izany dia manome toky ary mianiana aho fa :  Hanatanteraka ny asako eo ambany fifehezan’ny fitsipika misy ary hanaja ny rariny sy ny hitsiny ;  Tsy hivadi-belirano amin’ny lalàn’ny voninahitra, ny fahamendrehana, ny fanajana ny rariny sy ny fitsipim-pitondran-tena eo am-panatanterahana ny asa maha Dokotera Veterinera ;  Hanaja ireo nampianatra ahy, ny fitsipiky ny haikanto. Hampiseho ny sitraka sy fankatelemana amin’izy ireo ka tsy hivaona amin’ny soa nampianarin’izy ireo ahy ;  Hanaja ny ain’ny biby, hijoro ho toy ny andry iankinan’ny fiarovana ny fahasalaman’izy ireo sy ho fanatsarana ny fiainany ary hikatsaka ny fivoaran’ny fahasalaman’ny olombelona sy ny toe-piainany ;  Hitazona ho ahy samirery ny tsiambaratelon’ny asako ;  Hiasa ho an’ny fiarovana ny tontolo iainana sy hiezaka ho an’ny fisian’ny fiainana mirindra ho an’ny zava-manan’aina rehetra ary hikatsaka ny fanatanterahana ny fisian’ny rehetra ilaina eo amin’ny fiaraha-monina tsy misy raoraon’ny olombelona sy ny biby ;  Hiezaka hahafehy ireo fahalalana vaovao sy haitao momba ny fitsaboana biby ary hampita izany amin’ny hafa ao anatin’ny fitandroana ny fifanakalozana amin’ny hairaha mifandray amin’izany mba hitondra fivoarana ho azy ;  Na oviana na oviana aho tsy hampiasa ny fahalalako sy ny toerana misy ahy hitondra ho amin’ny fahalovana sy hitarika fihetsika tsy mendrika.

Ho toavin’ny mpiara-belona amiko anie aho raha mahatanteraka ny velirano nataoko. Ho rakotry ny henatra sy ho rabirabian’ny mpiray asa amiko kosa aho raha mivadika amin’izany”

PERMIS D’IMPRIMER

LU ET APPROUVE Le Directeur de Thèse, Signé : Professeur RATSIMBAZAFIMAHEFA RAHANTALALAO Henriette

VU ET PERMIS D’IMPRIMER Le Doyen de la Faculté de Médecine d’Antananarivo, Signé : Professeur SAMISON Luc Hervé

Name and first names : ANDRIAMAMPIAINGA Rovason Andrianiaina Thesis ’title : « SOCIOECONOMIC IMPACTS OF CATTLE THEFT IN AMBATOMIFANONGOA, DISTRICT OF AMBATOFINANDRAHANA »

Heading : Economy of the animal health Number of pages : 61 Number of appendices : 03 Number of tables : 28 Number of figures : 07 Number of bibliographical references : 65

ABSTRACT Introduction : Agriculture and animal husbandry are the main activities of Betsileo farmers. But the rural economy is threatened by cattle thefts. Methods : To evaluate the economic and social impacts of bovine theft descriptive study, cross-retrospective and was conducted in eight fokontany of the municipality of Ambatomifanongoa between April and July 2015. The survey focused on the experiences of 100 farmers from 2009 to 2013. Results : The research reveals that 95% of farmers were victims of cattle theft and over 90% of these thefts are as burglary. The majority of farmers (81%) lost between 330-3300 USD. In addition, 82% of farmers are feeling significant adverse impacts of cattle theft on agriculture. The 68% of farmers are forced to desert their homes at night with a duration of 40 nights on average. More than nine farmers in 10 (91.6%) were forced to withdraw their children from school after the loss of cattle. More than 2/3 of farmers have experienced conflict with their neighbors because of cattle theft phenomenon. Conclusion : The cattle theft is an obstacle to the economic, social, cultural and psychological Breeders zebu in Madagascar. The establishment of new monitoring systems and operation of existing communication systems can be the new road out of this crisis. Keywords : farming, zebu, cattle theft, socioeconomic impact, insecurity, Madagascar Director of thesis : Professor RATSIMBAZAFIMAHEFA RAHANTALALAO Henriette Reporter of thesis : Doctor ANDRIANIRINARISON Jean Claude Author’s address : [email protected]

Nom et prénoms : ANDRIAMAMPIAINGA Rovason Andrianiaina Titre de la thèse : « IMPACTS SOCIOECONOMIQUES DU VOL DES BOVIDES A AMBATOMIFANONGOA, DISTRICT D’AMBATOFINANDRAHANA » Rubrique : Economie de la santé animale Nombre de pages : 61 Nombre d'annexes : 03 Nombre de tableau : 28 Nombre de figure : 07 Nombre de références bibliographiques : 65 RESUME Introduction : L’agriculture et l’élevage constituent les principales activités des paysans Betsileo. Mais l’économie rurale est menacée par les vols de bovidés. Méthodes : Pour évaluer les impacts économiques et sociaux du vol de bovidés, une étude descriptive, transversale et rétrospective a été réalisée dans huit fokontany de la commune d’Ambatomifanongoa entre Avril et Juillet 2015. L’enquête s’est focalisée sur les vécus de 100 fermiers de 2009 à 2013. Résultats : La recherche révèle que 95% des éleveurs ont été victimes de vol de bovidés et plus de 90% de ces vols sont sous forme de cambriolage. La majorité des éleveurs (81%) ont perdu entre 330 à 3.300 USD. De plus, 82% des éleveurs ressentent des impacts négatifs importants des vols de bovidés sur l’agriculture. Les 68% des éleveurs sont obligés déserter leur foyer la nuit avec une durée de 40 nuits en moyenne. Plus de neuf éleveurs sur 10 (91,6%) ont été obligés de retirer leurs enfants de l’école après la perte des bovidés. Plus de 2/3 des éleveurs ont connu des conflits avec leurs voisins à cause du phénomène de vol de bovidés. Conclusion : Le vol de bovidés est un obstacle au développement économique, social, culturel et psychologique des éleveurs de zébu à Madagascar. La mise en place de nouveaux systèmes de vigilance et l’exploitation des systèmes de communication existante peuvent être la nouvelle route pour sortir de cette crise. Mots clés : élevage, zébu, vol de bovidés, impact socioéconomique, insécurité, Madagascar Directeur de thèse : Professeur RATSIMBAZAFIMAHEFA RAHANTALALAO Henriette Rapporteur de thèse : Docteur ANDRIANIRINARISON Jean Claude Adresse de l’auteur : [email protected]