MEMOIRE DE MAGISTER EN LANGUE ET CULTURE AMAZIGH OPTION : CIVILISATION (Socio-Anthropologie)
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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE MOULOUD MAMMERI DE TIZI-OUZOU FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE LANGUE ET CULTURE AMAZIGH MEMOIRE DE MAGISTER EN LANGUE ET CULTURE AMAZIGH OPTION : CIVILISATION (Socio-Anthropologie) SUJET CUISINE, RITUEL COLLECTIF ET DIFFERENCIATION SOCIALE DANS UNE TRIBU " AARC " DE KABYLIE (AT BUDRAR) ENTRE 1830 ET 1999 Présenté par : Mme. Houria ABDENNEBI Devant le jury d'examen composé de : Présidente N. TIGZIRI M. Conférences UMM. Tizi-Ouzou Rapporteur M. KADDACHE Professeur U. d'ALGER Co-rapporteur C. LACOSTE-DUJARDIN Professeur CNRS France Examinateur M. DAHMANI Professeur UMM. Tizi-Ouzou Examinateur Y. NACIB Professeur U. d'ALGER Soutenu le 08 / 05 / 2002 Sommaire Introduction Générale 01 Chapitre I. Présentation des AT Budrar 23 Introduction 23 I.1. Le milieu naturel 25 I.1.1. Situation et relief 25 I.1.1.1. Un site défensif et stratégique 26 I.1.1.2. Les sols : l’érosion, les sols pierreux 30 I.1.2. Le climat : pluies diluviennes, différences de températures 31 (écarts), les feohns en été (sécheresse), les vents et les tourbillons, les avalanches de neige I.1.3. Le parc du Djurdjura : espèces en voie de disparition 32 «aigles, léopards, singes » et plantes de haute montagne I.1.4. L'hygrométrie : la fonte des neiges, les sources, 34 les pâturages herbeux, les alluvions au bas des pentes I.2. Géographie humaine 35 I.2.1. Le Djurdjura : un creuset pour des populations réfugiées 35 I.2.2. Tribu ou communautés villageoises 39 • Une puissante confédération : les AT Betrun 41 • Un rapport constant à l'Etat central à travers les féodaux 43 I.2.3. La densité humaine 44 Conclusion 47 Chapitre II. Une arboriculture polyvalente : vergers et jardins 49 Introduction 49 II.1. Des villages vivant de l'arboriculture 50 Espèces sauvages : le chêne à glands doux ; Espèces cultivées : figuiers et oliviers II.2. Toponymie des lieux à travers les noms de propriété 52 II.3. Les vergers : des terres melk et un bien souvent attaqué 54 II.4. Un appoint pour les céréales : fruits et légumes secs et troc avec le bas pays 55 II.5. Une répartition égalitaire des propriétés de montagne 56 II.6. Tibhirine « jardins » : une tâche féminine 57 Conclusion 59 Chapitre III. L'échange : moteur de l'économique 61 Introduction 61 III.1. Le marché des bœufs de labour et des céréales : 62 le rapport plaine / montagne, labourage / pâturage III.1.1. Qui laboure avec une paire de bœufs n'aura jamais faim 64 III.1.2. Se pourvoir en céréales 68 III.2. Industries ou savoir-faire industrieux 73 III.2.1. Le déclin industriel après 1880 77 III.2.2. Petites et moyennes entreprises 80 III.3. La vocation de l'échange 81 Conclusion : Une montagne refuge engagée dans l’histoire du pays 83 Chapitre IV. Accéder au rang de marchandise 85 Introduction 85 IV.1. Production des bœufs de labour et exploitation intensive des plaines 86 IV.1.1. Le label marchand pour le bœuf de labour acarqui 86 IV.1.2. Xemmas et bergers : un début de spécialisation dans 91 L’agriculture traditionnelle IV.1.3. Début 20 ième siècle : une production record de céréales 95 IV.1.4. Des techniques ingénieuses pour une agriculture vivrière 99 IV.2. Proposer des services, ouvrir des marchés 105 IV.2.1. La fausse monnaie au service du colportage 111 IV.2.2. Réseaux de colportage et confréries religieuses 113 IV.3. Disette et aisance 113 IV.3.1. Les rations et les plantes de disette 114 IV.3.2. Disette et épidémies 119 Conclusion 120 Chapitre V. Autorités, ssuq et distribution 123 Introduction 123 V.1. Itinéraires, routes et enclavement 124 V.2. Capitaux et circuits commerciaux 127 V.2.1. Le ssuq lHedd des At Budrar 127 V.2.2. Monnaie ou capital 134 V.2.3. Stocks et civilisation industrielle 135 V.2.3.1. Quels sont les aliments que l’on stocke ? 136 Par quels procédés les stocke-t-on ? V.2.3.2. Le délit de taseglut 138 V.3. Autorités, impôts et redevances 139 V.3.1. Impôts et conquête 140 V.3.2. Dons ou cautions pour la Rahmaniya 143 V.3.3. Les impôts de guerre 145 V.3.4. Indemnités et pensions de guerre 145 V.3.5. Les dons 147 Conclusion 149 Chapitre VI. Cuisine, économie marchande et stratifications sociales 151 Introduction 151 VI.1. Cuisines de femmes, Cuisines de prolétaires 152 VI.1.1. Cuisine et sexualité 153 VI.1.1.1. Cuisine d’ ameksa , cuisine de tolba , 155 Cuisine d’ agarson VI.1.1.2. Communauté et préparation 159 VI.1.1.3. Sacrifices et contrats 161 VI.1.2. Azegzaw / aquran : un interdit tombé en désuétude 162 VI.1.3. Cuisine et civilisation matérielle 170 VI.1.3.1. Un demeure habitée de l’âme des ancêtres 171 Ou une maison individuelle ? VI.1.3.2. Une cuisine et une pièce à provisions 173 VI.1.3.3. La batterie de cuisine 173 VI.1.3.4. Les sources de cuisson 175 VI.1.4. Cuisine et événements historiques 177 VI.1.4.1. Les légumes du nouveau monde 177 VI.1.4.2. La tomate dans les sauces : un transfert culturel 178 VI.1.4.3. Alimentation de caravaniers et de corsaires 190 VI.1.4.4. L’engouement pour le café 191 VI.1.4.5. Les denrées du ravitaillement 193 VI.2. Commensalité restreinte et distinction sociale 193 VI.2.1. Tolba, xwan et iming 194 VI.2.2. L’impact de la Rahmaniya aux At Budrar 196 VI.3. Groupes de convives et devoir de solidarité 199 VI.4. Cuisine et oralité 201 Conclusion 203 Conclusions 205 Bibliographie 211 Introduction générale 1 Introduction Générale Les sociétés préindustrielles qui ne sont pas esclavagistes comme les communautés villageoises de Grande Kabylie ont été perçues par les études sociologiques comme des sociétés égalitaires, les rapports de production dominants n’étant pas des rapports d’aliénation. Le marxisme 1 a abondé dans ce sens en traitant des communautés villageoises et la théorie de la segmentarité de Gellner 1 a décrit des sociétés acéphales, des segments sans tête donc sans autorités. Pourtant la présence d’écriture est un indicateur d’une organisation sociale complexe, de la présence de stratification sociale 2. Dans les communautés villageoises à vocation orale comme les villages des A Budrar au 19 ième siècle, l'écrit n'était pas absent mais demeurait cantonné au domaine religieux et au commerce. Il était affaire de clercs, de zawiya «école religieuse » et de tujjar «marchands » affiliés à ces zawiya . A la conquête, d’autres groupes sociaux accèdent à l’exercice de l’écriture, l’implantation d’écoles françaises à partir de 1894 œuvre en ce sens : savoir lire et savoir compter. Quand l'écriture n'est pas généralisée, les groupes sociaux qui ont le privilège d'y accéder sont doués d'autorité, de respectabilité. Dans les sociétés où l’exercice de la raison s’exprime par l’écrit, les symboles et signes concrets sont là pour consacrer l'autorité et la contrainte tels que l’étiquette de table, l’exotisme des préparations culinaires, l’art des convenances et du bon goût, le raffinement. Dans la communauté objet de mon étude, rien, à première vue, ne différencie les groupes sociaux, ni l'architecture des demeures, même pas l'alignement des tombes et encore moins le contenu des repas. Les limites ne sont pas nettes entre les strates de la société villageoise alors que dans les sociétés où la graphie est largement usitée, tout concourt à marquer, à réaffirmer les différences sociales. 1. COLONNA F, Les sciences sociales au Maghreb et le paradigme Durkheimien , Groupe de sociologie politique et morale 2. BONTE P., IZARD M. & alii, Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie , Editions Presses Universitaires de France, Paris 1991 Introduction générale 2 Chez les A Budrar, la cuisine s'est caractérisée durant des siècles par sa fidélité aux bases paysannes, par son uniformité. Tous les villageois paysans ou lettrés ne mélangeaient jamais le sec et l'humide : deux catégories du monde paysan, de la nature. Quand l’économie industrielle et la généralisation de l’échange monétaire se sont imposés, le régime alimentaire des A Budrar a changé et la cuisine s’est vue proposer une panoplie de denrées à intégrer. La tribu s'est alors transformée en marché où la métropole écoulait ses produits. Les conserves, le café, le sucre ont submergé les boutiques de villages et ont si bien intégré le régime alimentaire des villageois qu'on croirait qu'ils ont toujours fait partie intégrante de leur cuisine. Si encore de nos jours, les bases de la cuisine de montagne demeurent les céréales et les légumineuses dont on fait une provision pour l’année, les légumes verts, les conserves, les laitages et même les sardines fraîches entrent pour une large part dans le régime alimentaire des montagnards. C’est par la variété des aliments consommés que l’écart se creuse entre groupes sociaux aujourd’hui. Autrefois, le pain et le couscous étaient cuisinés de la même façon quel que soit le type de céréales (son, orge ou blé). L'unique répit, les seules fantaisies que se permettait la cuisine de montagne c'était de réserver des rituels pour fêter les cycles saisonniers, les célébrations religieuses et les rites de passage en introduisant des denrées précieuses en quantités plus importantes comme l’huile d’olive et le beurre ou le blé et le miel pour marquer de son empreinte le temps qui s'écoule.