<<

dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page c1

WALLWORKS et CMS présentent

MILOUD AZZEDINE KHETIB BOURAGHDA

d’après l’œuvre de YASMINA KHADRA

Mounr film ide OKACHAt TOUITAuri

avec BOUALEM BENANI AHMED BENAISSA RACHID FARES MALIKA BELBEY SID ALI KOUIRET SID AHMED AGOUMI

image: ALLEL YAHIAOUI, son: DOMINIQUE WARNIER, montage: JULIA SCHINDEL, mixage: FRED BIELLE, musique: , scénario et adaptation: OKACHA TOUITA, NADIA CHAR, MICHEL ALEXANDRE d’après l’œuvre de YASMINA KHADRA "MORITURI" Éditions Baleine / Le Seuil, assistant réalisateur: YACINE LALOUI, production: CLAUDE KUNETZ, BACHIR DERRAIS, coproduction: ENTV, DIGITAL CUT, MASKERINA, ELISON avec la participation: CENTRE NATIONAL DE LA CINÉMATOGRAPHIE, MINISTÈRE DE LA COMMUNICATION ET DE LA CULTURE DE LA RÉPUBLIQUE ALGÉRIENNE DÉMOCRATIQUE ET POPULAIRE. dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page c2

RÉSUMÉ

Pendant la guerre civile des années 1990, opère en terrain miné. Son enquête le qui a déchiré l’Algérie, le commissaire de mène sur la piste d’un groupe terroriste police Brahim Llob, par ailleurs écrivain à chargé d’éliminer des intellectuels ses heures, traque les islamistes au quoti- algériens. Ses investigations le conduisent dien. Il est devenu la cible privilégiée de vers des personnages impliqués dans ces derniers et c’est avec la peur au ventre un scandale de la Banque nationale. qu’il intègre chaque matin son bureau au Il découvre alors, avec l’aide de son Commissariat central d’Alger. Il doit collègue Dine, ancien commissaire déchu, retrouver la fille disparue d’un ancien qu’il est manipulé par la mafia politico- haut fonctionnaire du régime. financière. Intègre, l’esprit mordant et le ton persi- Devenu gênant pour le pouvoir en place fleur, cynique et désenchanté, Llob mène et s’apprêtant à publier un livre dénoncia- l’enquête avec ses adjoints, les lieutenants teur, Morituri, Llob est dans l’obligation Lino et Serdj. Très vite, il s’aperçoit qu’il de prendre sa retraite anticipée.

DOSSIER DE PRESSE EN LIGNE En sus les informations suivantes: - interview de Yasmina Khadra par Jean-Luc Douin journal Le Monde 1999 - article de Jacques de Barrin paru dans le journal Le Monde en 1993 sur les évènements de l’époque en Algérie - texte de Yasmina Khadra sur le commissaire Llob www.morituri-lefilm.com

Distribution Presse Armor Films, Wallworks Fabienne Ferreira 65, rue du Faubourg Saint Denis 75010 Paris Tél. 01 46 06 06 95 Tel. 01 40 22 07 86 [email protected] [email protected] dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 1

WallWorks et C.M.S présentent Morituri

Un film de Okacha Touita d’après l’œuvre éponyme de Yasmina Khadra

Avec Miloud Khetib

SORTIE NATIONALE LE 25 AVRIL 2007

En février 2007 Morituri a fait l’ouverture de la manifestation culturelle «Alger, capitale de la culture arabe 2007»

France / Algérie - 2007 - 35 mm - 1.66 - Couleur - Durée 1 h 56 - Son DTS SR dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 2

FICHE TECHNIQUE

Réalisation ...... Okacha Touita Scénario et adaptation ...... Okacha Touita, Michel Alexandre, Nadia Char

D’après l’œuvre de Yasmina Khadra Morituri (éditions Baleine/Le Seuil)

Image ...... Allel Yahiaoui Son ...... Dominique Warnier Montage ...... Julia Schindel Montage son ...... Christophe Zucconi Mixage ...... Fred Bielle Musique ...... Rachid Taha

Production ...... Wallworks et CMS Coproduction ...... ENTV / Digital Cut / Maskerina / Elison Avec la participation du Centre national de la cinématographie, du Ministère de la communication et de la culture de la République algérienne démocratique et populaire Producteurs délégués ...... Claude Kunetz et Bachir Derrais

France / Algérie - 2007 - 35 mm - 1.66 Couleur - Durée 1 heure 56 Son DTS SR

FICHE ARTISTIQUE

Miloud Khetib ...... Commissaire Llob Azzedine Bouraghda ...... Lino Boualem Benani ...... Directeur de la police Ahmed Benaissa ...... Commissaire Dine Rachid Fares ...... Lieutenant Serdj Malika Belbey ...... Baya Sid Ali Kouiret ...... Haj Garne Sid Ahmed Agoumi ...... Sid Lankabout

2 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 3

KHADRA SUR GRAND ECRAN

Le tournage de Morituri vient de s’achever à Alger. C’est le premier roman de Yasmina Khadra adapté au cinéma. Sortie prévue en 2007. Le commissaire Llob est de retour. Déjà Auparavant, il y avait eu celui, resté sans «ressuscité» par le dernier polar de son suite, de Bertrand Tavernier. «Je n’avais créateur dans La Part du mort, le person- pas pris ça très au sérieux, confie l’écri- nage a fini par prendre corps, devenir vain. Nous en avons discuté avec Okacha un visage, une voix. Fidèle à son image Touita et j’ai vu qu’il voulait tourner ce de papier, le commissaire le plus célèbre film, ça lui tenait vraiment à cœur. Bien de la littérature algérienne affiche sa sûr, c’est toujours un plaisir de voir un cinquantaine grisonnante. La moustache roman transposé sur un écran. Mais y est, le ventre rebondi aussi. Ses paroles, je félicite Okacha d’avoir eu le courage entre voix off et répliques assassines, de s’intéresser à une œuvre algérienne, retrouvent leur verve sans concession: même si ça n’a pas été facile au départ.» «Les néo-beys… Mon père disait qu’il Car les obstacles n’ont pas manqué pour n’y avait pas pire tyran qu’un montreur que le film devienne réalité. «Le projet d’ânes devenu sultan. Bergers hier, digni- a été rejeté à deux reprises par la censure taires aujourd’hui, les notables de mon algérienne, affirme Yasmina Khadra. pays ont amassé de colossales fortunes, Les autorités disaient ne pas reconnaître mais ils ne réussiront jamais à dissocier l’Algérie dans Morituri.» Or c’est précisé- le peuple du cheptel.» ment l’Algérie que retrouve Okacha Séduit dès la parution de Morituri en Touita en lisant le roman. Installé 1998, le réalisateur algérien Okacha en France depuis 1962, le réalisateur Touita décide presque immédiatement n’a jamais vraiment quitté le pays qui d’en faire un film. «J’ai suivi toutes les l’a vu naître. Presque tous ses films en enquêtes du commissaire Llob, raconte parlent, à commencer par Les Sacrifiés, le réalisateur, depuis Le Dingue au bistouri prix Georges Sadoul en 1982, «Le cri des (NDLR: premier roman policier de l’au- hommes» en 1990 ou plus récemment teur). Mais quand j’ai lu Morituri, j’ai tout L’affaire Maillot en 2001. Lui qui se dit de suite trouvé que ça faisait un bon plus utile à raconter une histoire algé- scénario.» Le scénario: dans une Algérie rienne qu’une histoire française laisse meurtrie par le terrorisme, le commissaire mûrir en lui Morituri jusqu’à pouvoir Brahim Llob traque les extrémistes. soumettre le projet des deux côtés de la Chargé de retrouver la fille d’un ancien Méditerranée. Côté algérien, il fait appel potentat du régime, il ne tarde pas à à Bachir Derraïs qui a déjà travaillé avec mettre au jour un scandale politico-finan- Alexandre Arcady, Merzak Allouache ou cier tandis que les terroristes n’étaient encore Yamina Benguigui. Le projet fait pas forcément ceux qu’on croyait… mouche. L’ENTV (télévision algérienne) A la sortie du livre, Okacha Touita prend coproduit le film et le Ministère de la une option auprès de l’éditeur. Puis Culture algérien apporte son soutien. contacte Mohamed Moulessehoul, ancien En France, Okacha Touita contacte officier supérieur de l’armée algérienne Claude Kunetz, producteur chez alias Yasmina Khadra qu’il ne trouve Wallworks. «Okacha est venu me voir «pas très emballé par le projet». en 2001, se souvient Claude Kunetz.

3 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 4

Son projet était très intéressant mais vraies infrastructures des différentes il a fallu batailler pendant deux ans pour administrations avec des vrais gens, en trouver des financements. Ca n’a pas Algérie on nous a immédiatement et été facile parce que tous les investisseurs gracieusement laissés utiliser tenues et avaient déjà reçu des propositions dans le équipements, ce qui est un très grand cadre de l’Année de l’Algérie en France.» luxe.» C’est ainsi que la police algérienne Après avoir obtenu le concours du Centre a été mise à contribution. «Au départ, National de la Cinématographie (CNC), nous devions utiliser des armes fictives les deux hommes s’attaquent au casting, en provenance de France, continue le en France et en Algérie. Le commissaire producteur. Mais comme l’Algérie est Llob a déjà un visage: celui de Miloud encore un pays dit «sensible», aucun Khetib avec qui Okacha a déjà tourné à transporteur n’a voulu les acheminer.» plusieurs reprises. Les deux hommes se Le tournage serait ainsi tombé à l’eau connaissent et s’apprécient mutuellement, n’était la réaction du Ministère de aussi n’a-t-il pas fallu bien longtemps l’Intérieur algérien: les acteurs utiliseront pour convaincre l’acteur parisien de les vraies armes de la police, apportés se laisser pousser les belles bacchantes du chaque jour par de vrais policiers chargés personnage. Pour son acolyte, l’inspecteur d’en assurer la surveillance… Une lourde Lino, il fut un temps question de Samy responsabilité pour l’équipe qui, au bout Naceri, «essentiellement pour le montage de huit semaines de tournage, pouvait financier», avoue le réalisateur. «L’acteur fêter le dernier tour de manivelle dans était intéressé, mais il voulait jouer le rôle le plus grand hôtel d’Alger, avec, de Llob alors qu’il ne correspondait pas déjà, le regard tourné vers la suite. du tout au commissaire…» En définitive, «J’ai été très surpris par la réaction des Lino sera bel et bien Algérien. Algériens, relève Claude Kunetz. Quand Quasi-inconnu du grand public, Azzedine on a tourné en extérieur, sur la plage Bouraghda est recruté après un casting à d’Alger, il y avait beaucoup de monde. Alger. L’air rieur, la moustache noire, Certains venaient discuter avec l’équipe, le jeune acteur dit s’être retrouvé dans le ils étaient heureux, pas du tout blasés, scénario. «Je ne connaissais pas Yasmina contrairement à Paris.» Conquis par Khadra mais quand j’ai lu le synopsis, la jeunesse autant que par la vitalité de la ça m’a rappelé beaucoup de choses. population, le producteur français a déjà Ces poètes qu’on assassine, ces ambiances décidé de revenir tourner en Algérie. de bombe qui sautent, on a connu tout ça. Non pas un film sur la violence, mais une D’ailleurs on sent dans l’écriture que c’est comédie pour les jeunes, «pour parler de du vécu.» tout, sauf du terrorisme». Claude Kunetz Adaptée pour le cinéma par Nadia Char, a déjà en tête son histoire. Elle ne parle Michel Alexandre, Okacha Touita et que de l’Algérie d’aujourd’hui, de la Yasmina Khadra lui-même, l’écriture culture d’un pays «magnifique» aux de Morituri est restée des plus fidèles à «décors somptueux». Et s’il se dit certain son créateur. Quant au sujet en lui-même, qu’un jour de plus grands réalisateurs il a fini par convaincre les Ministères iront tourner là-bas – on parle de Costa algériens de la Culture, de l’Intérieur, des Gavras l’an prochain-, il lance dès à pré- Finances, de la Santé et de la Population, sent un appel: recherche scénaristes ou sans parler des Directions générales de écrivains algériens capables d’écrire une la Sûreté nationale et autres Protection comédie légère. Avis aux amateurs. civile. «Nous avons eu une très grande souplesse au niveau du tournage, souligne Aïda Touihri, Claude Kunetz. Contrairement à la Jeune Afrique France où on ne peut jamais utiliser les 1er août 2004

4 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 5

ENTRETIEN OKACHA TOUITA, RÉALISATEUR Un commissaire face à une réalité historique

La première fois que j’ai lu le livre de L’Automne des chimères qui n’étaient pas Yasmina Khadra, Morituri, j’ai tout encore parus et qui constituaient une de suite été séduit par la qualité du texte trilogie avec Morituri. Le film a ainsi été et par l’ambiance qui se trouve être écrit sur la base des trois romans de un reflet exact et aigu de la société Yasmina Khadra, qui appartiennent à sa algérienne actuelle, de la confusion période « polar sociopolitique ». Dans et du chaos ambiant. Grand amateur de l’écriture du scénario, nous n’avons rien romans policiers, et ayant toujours été changé, mise à part le fait que l’on a passionné par la vie sociale, j’ai trouvé là élagué les dialogues. De l’adaptation mon bonheur. Avec le commissaire Llob des trois livres, en est ressorti 245 pages, et son regard caustique, c’est au cœur ce qui représente dix heures de film ! du conflit qui secoue le pays que Khadra Aussi avons-nous résumé ces 245 pages nous fait pénétrer. en 140 pages. Yasmina khadra nous a donné des Le premier livre de Yasmina Khadra que informations sur des situations précises j’ai lu est Le Dingue au bistouri (éditions où il s’était trouvé acteur. Il a participé Laphomic de Ahmed Bouneb), qui m’a à cette guerre, il connaît bien la réalité beaucoup plu. Mais c’est en lisant en historique, il ne faut pas l’oublier. France le magazine Salama que je suis Yasmina Khadra m’a appris que c’est à tombé sur un article parlant du commis- l’issue de l’attentat contre des enfants saire Llob. Aussitôt j’ai acheté le livre scouts à Mostaganem qu’il a écrit Morituri, dont le héros est ce commis- Morituri, un polar historiquement saire, un homme qui tente tant bien réaliste. Il a été très marqué par cet acte. que mal d’accomplir ses missions avec C’est à la suite de la parution de ce livre aplomb et droiture. Les dialogues me qu’il a été « viré »… plaisaient particulièrement, c’était la première fois que je voyais et que j’en- Morituri est une histoire d’ogres, mais tendais quelqu’un traduire l’arabe (dia- qui n’a nul besoin de situations ou de lectal) en un français aussi magnifique. fabrications fantastiques car le mons- La presse pensait que Yasmina Khadra trueux, l’épouvante, la terreur sont au était la femme d’un général, ou encore cœur même du réel qu’elle révèle. un romancier écrivant pour les généraux. C’est le monde vrai qui est ici fiction Dans le doute, je suis allé directement avec cependant le refus de contenir le rencontrer son éditeur Ahmed Bouneb, réel dans les limites du sens pour mieux afin d’être éclairé. Celui-ci m’a affirmé, nous laisser aux prises avec ses excès. souriant, que Yasmina Khadra était un Au travers d’un labyrinthe dont la mons- homme. truosité grandit peu à peu, confrontant Nous avons alors parlé de mon projet une galerie de personnages patibulaires, d’adapter ce livre au cinéma. Comme cyniques, pervers, nous suivons le che- Morituri est assez court, j’ai demandé s’il minement courbe des investigations du y avait une suite. L’éditeur m’a alors commissaire Llob, mais aussi le trajet de remis deux autres livres, Double blanc et sa pensée, de ce qu’il dit dans sa volonté

5 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 6

de comprendre et d’éclairer les choses. dance et purge de mots, la langue rapide Car qu’en est-il de notre capacité à de Morituri se charge au sein du réel de représenter des situations si complexes ? mimer le surgissement de la démesure. Llob se heurte sans cesse à cette com- Un vertige des mots, nécessaire comme plexité, parfois jusqu’à suspendre son pour dire un appétit de vivre, pour pas, cédant la place à sa voix intérieure, « danser sur la crête de l’abîme, rire solitaire, d’homme désemparé. à la face du monstre ». Une tentative Mais on le sait, l’extrême gravité confine pour désembuer l’esprit, démonter la toujours à l’extrême ironie. Entre abon- machine et sa mécanique infernale.

6 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 7

ENTRETIEN YASMINA KHADRA Quelle est la raison qui testables, à la limite de la vaillance, tout vous a amené à accepter le monde sait qu’un film ne dépend que l’adaptation de votre livre? de l’engagement; il a surtout besoin de moyens, voire d’une logistique consis- Le cinéma touche plus de monde que les tante. Pour ma part, quelle que soit l’im- livres et donne la chance inouïe aux Algé- pact de ce film sur le public, je rend riens d’intégrer leur propre culture et leur hommage à la persévérance de Touita propre littérature. Mon travail d’écrivain, et à l’honneur qu’il m’a fait en adaptant à l’instar de celui des autres écrivains, a au cinéma mon roman. Un jour, peut- longtemps été inaccessible au commun être, la culture dans mon pays accèdera à des lecteurs à cause d’un coût découra- sa dignité. Les talents pourront éclore et geant et d’une politique culturelle insta- rayonner, et on sera surpris par l’extraor- ble, sinon carrément folklorique. C’est dinaire générosité artistique et intellec- seulement en 1999, à l’occasion du Salon tuelle des Algériens. du livre algérois, que mes romans ont été proposés au lectorat algérien. Le public Quel est votre point de vue sur m’a découvert et a réagi de façon très la deuxième heure du film, celle encourageante. Oui, incontestablement, où se met en place ce sentiment le cinéma pourrait élargir l’audience très fort, impressionnant et d’une œuvre écrite et intéresser un public émouvant: le commissaire Llob, réticent quand il s’agit de littérature, assez déprimé, quelque peu enclin mais disponible quand il est question de à la neurasthénie, sans plus spectacle. Sans oublier l’énorme lectorat d’illusions, méprisé ouvertement, arabophone, si peu attentif à ce qui s’écrit sans moyen pour mener en français, et qui, grâce à l’adaptation efficacement son travail, prêt théâtrale et cinématographique, pourrait à des extrémités condamnables, se réconcilier avec ses écrivains méconnus. en tout cas peu déontologiques, un homme à l’image de l’Algérie. Quel est votre sentiment Un personnage principal devenu sur l’accueil réservé à ce film la métaphore d’un pays. en Algérie? La dépression d’un personnage métaphore de la dépression Je suis très content pour monsieur Touita d’un pays. de la qualité de l’accueil qui lui a été réservé par les médias algériens. J’ignore Certes le film souffre d’une certaine mala- s’il s’agit d’une indulgence ou d’un sou- dresse, due essentiellement au peu de tien, mais cela nous a fait grand bien, à moyens investis dans le projet, mais les Touita et à moi. Surtout lorsqu’on sait le Algériens d’Algérie ont retrouvé des repè- chemin de croix qu’il a fallu au réalisateur res probants, des situations familières, de négocier. Un budget dérisoire, ridi- et le souvenir de cette décennie tragique, cule, des conditions de travail rudimen- qui a sévèrement émietté nos rêves et nos taires, des difficultés administratives et prières, s’est découvert un sens et une une assistance technique béquillarde. âme. La deuxième heure du film a rappelé Vraiment, Okacha Touita a été un grand les énormes supercheries qui ont complè- encaisseur. Même si son enthousiasme et tement disloqué notre vigilance et notre son intégrité intellectuelle ont été incon- lucidité à un moment où il nous fallait

7 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 8

justement nous armer de prudence et de les repères sont pipés, parfois piégés. sang-froid. Cette partie du film est tou- Il n’est pas aisé de retrouver une santé de chante, et c’est là peut-être que le film fer après l’enfer subi. Sauf que la convales- commence vraiment. Alger est omnipré- cence commence à sentir la gangrène. sente, les colères et les inquiétudes crè- Il est temps de se relever et de cesser de vent l’écran, et les Algériens pourraient se nourrir de sédatifs. Un grand défi nous s’y retrouver et pardonner l’heure précé- interpelle tous les jours, mais le chant dente. Il ne s’agit pas de vanter un film, funèbre des dérives le chahute. On ne sait somme toute modeste et conscient de ses toujours pas où donner de la tête. Sur le limites, mais de saluer le courage d’un plan politique, c’est le bricolage, le char- réalisateur qui s’est battu bec et ongles latanisme. Cependant, il nous suffit d’une pour faire son film. C’est un peu l’image présence d’esprit pour voir clair dans des aspirations algériennes qui est incar- notre chaos. Pour provoquer cela, il nous née par cet homme. Les idées et les volon- faut d’abord reconnaître nos torts. Nous tés les plus folles ne peuvent se soustraire refusons de nous corriger, à tous les aux impératifs financiers et techniques, niveaux. Politiquement, intellectuelle- malheureusement. Le casting est fabu- ment, moralement. Nous continuons leux. Ce sont les meilleurs comédiens de d’être les artisans de notre déconfiture. l’Algérie qui se sont dépensés pour sauver Non par vocation, mais à cause de notre le film; certains ont payé de leurs temps méfiance. C’est vrai, nous avons constam- puisque bénévoles, d’autres peut-être de ment été déçus par nos gouvernants, mais leurs poches, et rien que pour ces sacrifi- rien ne nous empêche de reprendre ces incroyables ailleurs, je m’incline. confiance en nous et de nous reconstruire là où nous avons le sentiment d’être dans Treize ans se sont écoulés depuis notre élément: nos propres ambitions. l’écriture de Morituri et son Nous devons comprendre, une fois pour adaptation au cinéma en 2007. toutes, que notre avenir est à notre image. Les années noires, dépressives C’est à nous de choisir les horizons dont de l’Algérie ont-elles disparu, nous rêvons. Nous avons compris que les qu’en est-il actuellement, le film gouvernants nous tournent le dos. ne reflète-t-il pas en 2007 Pourquoi faut-il attendre qu’ils agissent? la même «errance», les mêmes Rassemblons-nous autour de notre idéal, incertitudes et certitudes celui qui nous ressemble, et tâchons de tragiques des années 90? nous tracer des voies nouvelles, quitte à Quel est votre état des lieux contourner celles imposées par les gouver- de l’Algérie contemporaine? nants. Le dernier salut qui nous reste est notre famille intellectuelle. Si elle venait Bien sûr, rien n’a vraiment changé dans à s’éveiller à elle-même et à prendre mon pays. La prédation, l’opportunisme conscience de son efficacité, l’Algérie le plus crasse, la précarité sévissent se relèverait de ses décombres comme encore. Les Algériens se cherchent, mais par enchantement.

8 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 9

YASMINA KHADRA LÈVE UNE PART DE SON MYSTÈRE Contraint pour sa sécurité à garder l'anonymat, l'écrivain algérien révèle pour la première fois son identité masculine

Yasmina Khadra a publié son premier velles. Aujourd’hui, j’ai toujours le rêve roman, Morituri, en 1997. Il s’agissait du de devenir romancier. premier volet d’une trilogie policière, suivi de Double blanc (1997) et de L’Au- Vous l’êtes déjà. tomne des chimères (1998), vouée à la dénonciation de la barbarie intégriste. - Non, apparemment c’est très difficile de «Alger, y écrivait l’auteur, vit à l’heure s’imposer sur la place! On ne prête des idées fixes. Ses troubadours ne chan- qu’aux riches! tent plus. Partout où porte leur muse, ils la voient muselée.» Marie-Ange Poyet, la Etes-vous issu d’un milieu qui préfacière de Morituri, écrivait: «Si Yas- vous prédestinait aux lettres? mina Khadra craint pour sa peau - et elle a toutes les raisons pour cela - , son bras - Pas du tout. A l’image du commissaire n’a pas tremblé pour asséner les coups au Llob, le personnage principal de mes fil des mots.» Elle rendait hommage à romans policiers, je suis né poète comme son courage: «Qui pourrait croire, sans l’oiseau naît musicien. J’avais ça dans le en être averti, que Morituri a été écrit par sang depuis que je suis tout petit. une femme? Qui pourrait, en effet, déce- ler une femme derrière cette écriture sans Avant de publier Les Agneaux du appel... ? » Et alors que ces enquêtes du seigneur et, aujourd’hui, commissaire Llob retenaient l’attention A quoi rêvent les loups, vous vous de la presse, il se chuchotait qu’un écri- êtes forgé une image d’auteur de vain de renom se cachait derrière ce pseu- polars... donyme. Yasmina Khadra n’avait accordé qu’une interview, par fax, à Libération, - Ce n’est pas ma faute! J’avais écrit Les sans lever le voile sur ces rumeurs. D’Al- Agneaux du seigneur avant Morituri. Je gérie, via son éditeur qui est seul à l’avais confié à un ami pour qu’il me connaître son téléphone, «elle» répond trouve un éditeur en France. L’éditeur en aujourd’hui au «Monde des livres» et question m’a proposé un contrat qui ne révèle que Yasmina Khadra est un m’emballait pas, si bien que j’ai rangé le homme, contraint pour sa sécurité à gar- manuscrit dans un tiroir, et j’ai écrit un der l’anonymat. autre roman, que Robert Laffont, Stock et Gallimard ont rejeté. J’ai décidé d’arrêter. Comment en êtes-vous arrivé Jusqu’au jour où j’ai été «choqué» par un à publier Morituri? spectacle terrible. Je suis entré dans une sorte d’état second, et, au sortir de cette - J’ai commencé à écrire très jeune, à l’âge catalepsie, j’avais Morituri entre les de dix ans, en imitant La Fontaine. A dix- mains. Je ne peux pas expliquer ça. Sinon sept ans, j’avais bouclé un recueil de nou- par un besoin de disséquer l’engrenage de

9 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 10

la violence intégriste dans des romans j’étais dépressif, complètement débous- policiers. C’est la place qu’ils méritent, solé par l’attitude de Gallimard qui ces gens-là! m’avait accepté un manuscrit puis l’avait repoussé... Mais je suis plutôt fier de - Le commissaire Llob est un peu signer d’un pseudonyme féminin, car j’ai votre double: acharné à traquer un énorme respect pour les femmes. S’il y la vérité. Dans L’Automne des a une personne qui est susceptible de chimères, il est menacé de symboliser mon courage, c’est bien la préretraite pour avoir écrit un femme algérienne. D’ailleurs, j’ai dédié livre qui s’appelle Morituri sous le en partie L’Automne des chimères «A la pseudonyme de Yasmina Khadra. femme» , parce qu’elle a été la toute pre- Il est démasqué, et menacé... mière à s’insurger publiquement contre l’intégrisme à l’heure où la société entière - Sachez d’abord que je ne suis pas com- faisait profil bas! missaire. Quant à L’Automne des chimè- res, il fallait que je l’écrive, ne serait-ce - La presse salue le courage de que par respect pour ceux qui ont aimé certains écrivains algériens qui mes livres. Je leur y lance un message. osent s’en prendre aux barbus et à Certains l’ont compris, d’autres persistent la corruption en signant de leur à faire semblant de ne pas comprendre... nom. Trouvez-vous cela injuste? Ce livre a fait rager ma famille, qui m’a reproché d’en avoir trop dit! - Je vous assure que si je disais qui je suis, je passerais immédiatement pour un L’homme qui a inventé héros! Mais je ne veux pas être un héros. le commissaire Llob sous le Je veux être un romancier! Ceux qui pseudonyme de Yasmina Khadra signent de leur vrai nom sont des gens avait-il déjà publié des livres libres. Ils ne sont pas dans ma situation. auparavant? Pour moi, il s’agit d’un miracle. Je vais vous raconter une histoire: il y a à peine - Mes premiers livres sont sortis sous mon deux mois, j’ai rencontré un ami, un écri- vrai nom, en Algérie et en France, il y a vain algérien installé en France. Nous vingt ans. En Algérie, publiés par l’Entre- avons parlé de Yasmina Khadra. Je lui ai prise nationale du livre (ENL), en France dit: "Et si c’était moi, Yasmina Khadra!" chez un éditeur que je m’interdis de nom- Il ne voulait pas me croire. Cela lui mer, car il a abusé de ma naïveté. paraissait impensable, incroyable. "Aucun homme, dans ta situation, n’oserait faire Pourquoi avoir choisi ce ce que tu fais!", me disait-il. pseudonyme? - Quelle part d’imagination - Je ne peux pas vous le dire. Mon pro- y a-t-il dans vos romans? blème, vous savez, c’est que je ne peux pratiquement rien dire. Au moindre déra- - Tout ce que je dis est vrai. Romancé, page, à la moindre maladresse, je risque peut-être. Mais c’est un plagiat de la réa- d’être identifié. lité algérienne, une analyse chirurgicale de l’intégrisme. Je suis un connaisseur de Mais pourquoi un pseudonyme ce phénomène. Mon inspiration princi- féminin? pale, c’est l’itinéraire-type de l’endoctri- nement. Comment on fait d’un jeune - Ce n’est pas mon choix. On me l’a pro- homme la pire des bêtes. posé parce qu’on a pensé que c’était mon épouse qui était derrière tout cela. Moi - Dans Les Agneaux du seigneur, 10 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 11

il y a un personnage nommé jamais osé dire eux-mêmes. Ce n’est Dactylo, un écrivain public qui qu’après Morituri que des gens ont réalisé «a lu tous les bouquins». Ce qu’on pouvait se dresser contre l’inté- porte-parole de la population grisme et la mafia politico-financière. symbolise-t-il le témoin que vous Maintenant, tous les discours «contesta- êtes? taires», même ceux du président, sem- Il n’y a aucune trace de moi dans mes blent inspirés de mes livres. C’est peut- livres. C’est le commissaire Llob qui être prétentieux de dire cela, mais on peut m’est le plus proche, mais il est plus cyni- vérifier. que que moi. - Croyez-vous que l’élection du Vous écrivez aussi que l’Algérie est président Bouteflika signifiera la «la nation la plus raciste qui fin des attentats? soit»... - La fin des attentats, sûrement pas. Le Voyez la façon dont les intégristes s’atta- GIA va continuer à se battre, et à nous quent aux étrangers, les assassinent. Il y a gâcher la vie. Mais, avec ce président, on eu une époque où, en Algérie, l’étranger reprend confiance. C’est le seul homme, était sacré. On n’avait rien à manger, mais aujourd’hui, qui soit capable de nous on s’endettait pour que notre hôte mange. aider. L’Algérie, ai-je écrit, n’a besoin ni C’est cela, l’Algérien: un homme de d’un président ni d’un prophète, mais coeur, à l’hospitalité extraordinaire . d’un exorciste. Eh bien, l’exorciste est là, pour conjurer nos vieux démons. J’espère A quand remonte, selon vous, qu’il sera à la hauteur. l’irruption du «pouvoir voyoucratique»? Toujours dans Morituri, vous écrivez que la littérature est «une - Je ne suis pas historien, mais je dirais... belle pègre, où les rivalités sont à 1956. C’est à partir de cette année-là fortement subjectives et la que des gens ont choisi de lutter pour la cordialité à base de mesquinerie libération de l’Algérie, et d’autres pour le savante et de fleurs piégées» ; vous partage de l’Algérie... y traitez un personnage d’écrivain de «Don Quichotte des aar (1) et La censure était-elle moins des lettres». Qu’en est- il violente sous le pouvoir du FLN? aujourd’hui de la littérature algérienne? - Du temps du FLN, dans le domaine de la culture, on était mieux traité qu’au- - Elle est bousillée par la jalousie. jourd’hui. Maintenant, c’est le règne de la ségrégation. Yasmina Khadra, dans la Quels sont vos auteurs favoris? presse, personne ne veut en parler. Tout le monde s’accorde à dire que c’est un écri- - D’abord John Steinbeck, puis Jean vain suspect, parce qu’il ne veut pas se Giono, le Camus de L’Etranger, Pouch- montrer. Mais tout le monde sait que je kine, Gogol. Pour les contemporains, je ne suis pas suspect, que je dis la vérité, ne sais pas. Je ne sais plus trop ce qui fait une vérité que les journalistes n’ont la grandeur d’un livre, aujourd’hui. »

11 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 12

YASMINA KHADRA SE DÉMASQUE En exclusivité pour Le Monde des livres, Yasmina Khadra, ancien officier supérieur de l'armée algérienne, révèle son identité

Il n’y a plus de mystère Yasmina Khadra. peut-être grâce à lui: les interdits forgent L’écrivain algérien, qui avait révélé son les volontés inflexibles. identité masculine au «Monde des livres» en septembre 1999, sort Pourquoi avez-vous choisi d’écrire aujourd’hui de l’anonymat et nous en français? raconte, en exclusivité, les circonstances qui l’avaient amené à se masquer. Né en - Je n’ai pas choisi. Je voulais écrire. En 1955, enrôlé dès l’âge de neuf ans dans russe, en chinois, en arabe, mais écrire! l’école des cadets d’El Mechouar, Moha- Au départ, j’écrivais en arabe. Mon prof med Moulessehoul était officier supérieur d’arabe m’a bafoué, alors que mon prof de de l’état-major algérien. Aujourd’hui, il a français m’a encouragé! mis fin à sa carrière militaire pour se consacrer entièrement à sa vraie vocation: Vos premiers livres ont été publiés la littérature. Installé au Mexique, il en Algérie sous votre nom. savoure cette «désertion»: «J’étais né pour écrire!» - Ils étaient modestes! J’y évoquais le monde qui m’avait été confisqué, les Le regard que vous portez dans bourgades, les conditions de vie des peti- L’Ecrivain sur vos années de tes gens, le fatalisme avec lequel ils accep- «déportation» est douloureux. taient leur sort. J’inventais des pays ima- Vous dites que votre famille s’est ginaires afin de pouvoir m’exprimer débarrassée de vous, parlez d librement. Je m’autocensurais, car la cen- ‘«enceinte pénitentiaire» pour sure régnait alors sur tout ce qui n’était dépeindre la caserne, évoquez le pas dans la ligne du système: il fallait sentiment d’être traîné vers votre glorifier la révolution. destin «par les jambes, semblable aux agneaux qu’on livre à Comment en êtes-vous venu à l’abattoir». utiliser un pseudonyme? - J’ai été éjecté de ma famille, c’est un - En 1989, la présence d’un écrivain dans fait: une initiative malheureuse de mon les rangs de l’armée a commencé à irriter père. Et j’ai été adopté par l’armée, que je la hiérarchie. Je n’avais pas écrit de livre quitte sans rancune: elle m’a élevé, je l’ai susceptible d’être interdit, mais j’avais servie, je crois, avec dignité et courage. Je participé à un concours sans demander n’ai jamais cherché à dévier de la voie d’autorisation. Une circulaire émanant du qu’on m’avait tracée. Je ne me suis jamais ministère de la défense a brutalement rebellé. Mais je n’ai jamais renoncé à ce imposé aux écrivains militaires de sou- que j’estime être plus fort qu’un destin: mettre leurs oeuvres à un comité de cen- ma vocation d’écrivain. J’ai continué à sure militaire. Cette circulaire ne visait écrire dans un monde qui me refusait que moi. Il était impensable que j’accepte cette liberté- là, et j’ai réalisé mon rêve, cette mesure. Plutôt que de me soumet- 12 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 13

tre, j’ai décidé d’arrêter d’écrire: cela m’a un éditeur sur trois puisse prétendre au rendu fou! C’est alors que ma femme m’a statut d’écrivain. Et voilà qu’en 1994 conseillé de prendre un pseudonyme. Elle Gallimard accepte ce manuscrit, alors m’a dit: «Tu m’as donné ton nom pour la intitulé Magog: j’étais aux anges! Mal- vie, je te donne le mien pour la heureusement, ils se sont ravisés après postérité!» Yasmina Khadra sont ses pré- avis du service juridique: le livre était noms. Et d’un seul coup, dans la clandes- trop violent. tinité, j’ai écrit trois livres: les deux pre- mières enquêtes du commissaire Llob (Le Comment Magog est-il devenu Dingue au bistouri et La Foire), et Les Morituri? Califes de l’apocalypse, un livre prémoni- toire dont aucun éditeur n’a voulu. - Magog avait été écrit dans un état second. Je venais d’être choqué par un Ce pseudonyme a surpris la spectacle terrible, un attentat meurtrier. préfacière de l’un de vos livres, Je suis tombé dans une sorte de dépres- épatée de voir une femme sion, au cours de laquelle j’ai réglé mes «derrière cette écriture misogyne comptes avec les intégristes, sans m’en jusqu’à la veulerie» rendre compte. Je me suis retrouvé avec ce manuscrit sans me souvenir quand et - J’ai le plus grand respect pour la femme, comment je l’avais écrit! C’était effective- que je crois supérieure à l’homme. Elle a ment impubliable tel quel. été la première à s’insurger publiquement contre l’intégrisme! Vous avez pris un gros risque avec L’Automne des chimères, dans Pourquoi gardez-vous aujourd’hui lequel vous dépeignez la disgrâce ce pseudonyme? de votre commissaire Llob, mis à la retraite pour avoir publié - Je déteste l’ingratitude. Pourquoi tour- Morituri sous le pseudonyme de nerais-je le dos à un pseudonyme qui m’a Yasmina Khadra! permis de me faire connaître? Yasmina Khadra a été l’écrivain que je rêvais - Il me fallait lancer ce message à l’adresse d’être: je l’accompagnerai jusqu’au bout! de tous ceux qui m’avaient soutenu, leur dire qui j’étais! Mais c’était, c’est vrai, un Morituri est la première enquête peu suicidaire. Peu l’ont compris. J’y du commissaire Llob publiée en avouais tout, en filigrane: que Khadra France. Ce polar a failli être édité était un homme, qu’il était militaire chez Gallimard. puisque Llob était convoqué, non pas au ministère de l’intérieur, mais à la déléga- - Lorsque j’ai publié mon premier recueil tion, c’est-à-dire à l’armée, puisqu’en de nouvelles, à Alger, Houria, ce fut un temps de guerre tous les pouvoirs sont triomphe personnel, une victoire sur la délégués à l’armée! négation. Or quelqu’un m’a remis à ma place: si je voulais vraiment être respecté, Comment l’homme que vous il fallait que je sois édité par Gallimard! décrivez si effaré par la violence Depuis ce jour, j’ai remué ciel et terre (cette «voie des perditions») a-t-il pour intéresser Gallimard. J’y ai envoyé pu assumer ses missions tous mes livres en priorité, avant de ten- militaires? ter Le Seuil, Robert Laffont, Denoël, Stock. Chaque fois, je brûlais le manuscrit - Enfant, j’avais une sainte horreur des au troisième refus. Je m’interdisais de films violents, de l’obscurité périlleuse croire qu’un auteur incapable d’intéresser d’où jaillit la main armée d’un couteau, 13 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 14

des cris d’épouvante et des yeux exorbités elle est incapable de mettre à genoux l’in- du meurtrier que j’étais sûr de retrouver tégrisme. dans mon sommeil. Mais j’ai été engagé dans la guerre, c’était mon métier. Pas L’un de vos anciens camarades, moyen de tricher. J’ai pratiqué la vio- Saïd Mekhloufi, est devenu un lence, car on ne peut parfois guérir le mal émir de l’intégrisme armé. Vous que par le mal. avez été amené à planifier deux embuscades pour le neutraliser. Que pensez-vous de la prise du pouvoir des militaires en 1992? - C’était un frère! Mais il est devenu l’un de ces insurgés qui sont allés si loin dans - C’était une bonne chose. Si les officiers l’atrocité qu’ils ne peuvent plus réintégrer allemands avaient fait la même chose au la société. Saïd a choisi de tuer enfants, moment de la prise du pouvoir par Hitler, femmes et vieillards. Sa tête était mise à ils auraient empêché la Shoah. Notre prix, il fut exécuté par un autre combat- guerre civile a épargné toutes les autres tant de l’Armée islamique du salut auquel nations alentour, y compris de l’autre côté il refusait de faire allégeance. Moi, je dois de la Méditerranée: les islamistes avaient aux livres de m’avoir sauvé de la résigna- programmé une gigantesque épuration! tion. J’ai écrit six livres pendant la guerre, qui m’ont permis de transcender L’armée algérienne a été suspectée mes angoisses, de surmonter l’horreur, de de passivité, par exemple lors du rester lucide, de ne pas devenir un tueur. massacre de Bentalha. La littérature est un rempart - Toutes les armées du monde se cassent contre la haine? les dents face au terrorisme! L’armée algé- rienne est formée pour la guerre classique - Les écrivains sont des prophètes, des contre d’autres armées, pas pour affronter visionnaires, des sauveurs de l’espèce une guérilla dont les règles lui échappent, humaine. Ils n’interprètent pas le monde, une guerre sournoise, jusqu’au-boutiste, ils l’humanisent. J’ai toujours voulu être qui opte pour le spectaculaire au détri- au service de ce dernier bastion contre ment de la logique, se surpasse dans l’ab- l’animalité. Devenir l’un des phares qui surde. Les terroristes s’attaquent à tout, bravent les opacités de l’égarement. aux arbres, aux chiens, aux vaches, aux bergers. L’armée algérienne est d’une vail- Propos recueillis par Jean-Luc Douin lance extrême contre ces gens- là! Mais Le Monde 1999

14 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 15

LE COMMISSAIRE LLOB

Commissaire Llob pour vous servir. Y a Alors si au détour d'une phrase je com- ceux qui m'aimeront, comme le journa- pare ma vieille épouse à un vieux camion liste de Newsweek qui pense que je suis le couché, faut pas croire que c'est de la seul à pouvoir tirer l'Algérie de la grande misogynie. C'est juste un peu d'humour dépression fangeuse où elle s'enfonce, et il parce que l'humour, c'est le seul viatique y a ceux qui me trouveront vulgaire, miso- qui me reste dans mes voyages dans l'hor- gyne, homophobe. Rédhibitoires ces reur. C'est, dans les tumultes des désas- reproches formulés la lippe méprisante. tres, le murmure persistant de la contre- C'est pas ma faute, pourtant. Dans les connerie. C'est plein de routes qui ne décors qu'il élève pour moi, Y.K, question mènent nulle part le Monde. Des rêves en amours, on est plutôt côté cour, vénal et déconfiture, des jours fatigués et des nuits sordide, que côté jardin, fleurettes et qui feront plus jamais l'oreiller sous la grands nuages bleus. Et pareil pour tout le tête du Juste. Je vais être franc, quand je reste. L'Algérie où Y.K me jette, elle a quitte mes romans à moi, et que je vais presque plus rien à voir avec la gouache visiter les autres oeuvres de Y.K, je trouve traditionnelle: plages blondes, ciel blanc pas grand monde, qui puisse me réconci- de lumière, infinis déserts jaunes et roux, lier avec le genre humain, ni avec moi- montagnes comme des poèmes de pierre, même d'ailleurs oueds tâtonnants dans leur quête de l'eau, …/ Vous voulez que je vous dise? Je crois foules bigarrées et ferveurs silencieuses. qu'on me monte le bourrichon quand on Mon Algérie à moi, elle saigne de partout, fait de moi un des personnages-clé de elle a des plaies innommables au ventre, Y.K. Et d'un, parce qu'on me retrouve au coeur, à la tête. Alors quand je m'arrête pas, et de beaucoup, dans tous ses romans. un peu pour regarder et pour raconter, j'ai Et de deux, parce que selon moi, les per- plus tout à fait le coeur aux convention- sonnages clé, ils sont ailleurs. Vous allez nelles délicatesses. me dire, chez les Justes, parce qu'il y en a Dans ma voix, il y a de la fureur, de la quand même des Justes, dans cet révolte, de la stupeur aussi, malgré l'habi- immense maelstrom de haine et de pus! tude, mais du bonheur, il n'y en a guère. Pas moi, je revendique pas le titre…

15 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 16

L'ALGÉRIE EN ÉTAT DE GUERRE INTÉRIEURE

L’Algérie est en guerre. En guerre contre pris au hasard. elle-même. Il faut être aveugle ou mal- Le temps est maintenant révolu où le honnête pour prétendre le contraire. Dans bouillonnement de la marmite algéroise cette lutte implacable pour le pouvoir, inquiétait le reste du pays sans vraiment personne n’est épargné, que ce soient les le concerner. Aujourd’hui, il n’est plus forces de l’ordre, les fonctionnaires, les guère de régions _ hormis le Sahara _ qui intellectuels, les coopérants étrangers, et n’ait à payer le prix de ces luttes fratrici- tous ceux que l’on pourrait qualifier des. Même les Oranais qui affichaient une d’hommes ordinaires, si ordinaires que certaine insouciance face à ces déchire- leur mort passe presque inaperçue. Au ments ont perdu leur superbe. Même les total, selon des sources officieuses, large- Kabyles qui, dans leurs montagnes, culti- ment plus de deux mille morts depuis le vaient leur particularisme, doivent se pro- début de 1992... téger des mauvaises actions commises par des " éléments extérieurs ". Faute de réussir à prendre l’avantage, les Terrorisme d’imitation forces de l’ordre et les groupes islamistes A-t-on touché au fond de la violence ? armés, tout aussi enragés les uns que les Redha Malek, le premier ministre a autres, en sont, aujourd’hui, venus à récemment affirmé que, pour contrer le semer la terreur autour d’eux, à appliquer terrorisme, l’Etat n’avait " pas encore uti- presque à la lettre les vieilles recettes de lisé tous ses moyens " et qu’il pourrait s’y la " guerre d’Algérie ". Les " barbus " résoudre " dans un proche avenir ". On s’emploient ainsi à démontrer, sans vraie voit mal, pourtant, de quelle véritable difficulté, qu’ils sont en mesure de frap- marge de manoeuvre dispose le pouvoir per à visage découvert qui ils veulent, en place pour reprendre l’initiative et quand ils veulent et où ils veulent, que, s’imposer sur le terrain. La chasse aux ter- derrière les " martyrs " tombés pour la roristes est, il est vrai, mieux coordonnée bonne cause, d’autres se dressent aussitôt et les troupes sont assurément mieux pour se saisir du témoin. aguerries. A la guerre comme à la guerre : pour Il n’en reste pas moins que, sur une armée combattre l’hydre islamiste, les forces de d’environ 130 000 hommes, les quelque l’ordre ne lésinent plus sur les moyens. Il 40 000 militaires de carrière engagés dans n’y a pas d’" exception humanitaire " qui ce combat _ par mesure de prudence, les tienne. Comme aux pires moments de la appelés ne sont pas envoyés en première lutte de libération nationale, les mêmes ligne _ ne savent plus vraiment où don- méthodes sont utilisées dans les mêmes ner du fusil, alors que l’insécurité gagne lieux. Ainsi a-t-on vu l’aviation bombar- progressivement l’ensemble du pays, et der au napalm des zones difficiles à ratis- qu’une surveillance accrue des frontières ser, par exemple en Grande Kabylie, dans s’impose pour décourager d’éventuels tra- la région de Jijel. Ainsi, en quête de ren- fics d’armes. Au plus fort de la " guerre seignements, l’armée s’est-elle livrée à des d’Algérie ", la France alignait, entre mer opérations punitives contre des villageois et désert, un demi-million de soldats. Le peu bavards, en en fusillant quelques-uns, pays comptait alors 9 millions d’habi-

16 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 17

tants. Il en rassemble, aujourd’hui, 27 récemment répété M. Malek. Mais, il y a millions... fort à parier que, dans l’épais brouillard Il est à craindre, en revanche, que les politique et économique qui recouvre le groupes armés islamistes qui, le plus sou- pays, la population s’efforcera prudem- vent, ciblent avec habileté leurs victimes, ment, autant que faire se peut, de résister ne soient pas à bout d’idées et de moyens aux sollicitations des uns et des autres. En pour contraindre le pouvoir, dans un pre- clair : suivre la politique du moindre ris- mier temps, à leur reconnaître la qualité que, les plus exposés cherchant à se met- d’interlocuteur valable. Ils viennent, au tre provisoirement à l’abri de l’autre côté cours de ces dernières semaines, de fran- de l’eau. C’est dire qu’a priori, la menace chir un pas dans l’escalade de la violence de chaos paraît plus sérieuse que celle de en s’en prenant à des coopérants étran- guerre civile. gers. Qui sait si demain ils ne choisiront Puisqu’aucun camp n’est en mesure de pas d’autres méthodes plus contestables l’emporter, la logique, sinon la raison, encore pour parvenir à leurs fins. voudrait que toutes les composantes du Contraints à la plus stricte clandestinité, kaléidoscope algérien s’assoient autour ces groupes armés n’obéissent à aucune d’une table pour négocier un compromis stratégie qui leur soit dictée d’en haut, qui, sans satisfaire complètement per- tant ils sont éclatés en mille et une cha- sonne, aura le mérite non négligeable pelles, sous la conduite d’un " émir ". Il d’engager le pays sur la voie du redresse- n’empêche que les initiatives prises par ment politique et économique. Déjà, aux l’un ou l’autre de ces commandos de la yeux des observateurs locaux, le " dialo- mort peuvent faire école, ici et là, dans la gue national " _ nécessité oblige _ paraît tête de maquisards frustes et exaltés. En prendre plus de consistance même s’il se définitive, ce terrorisme d’imitation n’a nourrit encore de beaucoup de suspicions rien à envier au terrorisme de commande. et d’arrière-pensées. Parade autoritaire On aura beau tourner le problème dans Au point où en sont arrivées les choses, tous les sens : ce dialogue, quels que l’Algérie n’a, devant elle, plus d’autre soient ceux qui le conduisent _ militaires perspective que de basculer dans le chaos, ou civils _ n’a de raison d’être que si les sauf compromis entre belligérants. M. islamistes sont invités à y faire entendre Malek vient, à cet égard, de se féliciter du leur voix, à tout le moins ceux qui, sans " gage de sérieux " que représente l’enga- prôner ouvertement la violence, la com- gement de la hiérarchie militaire dans le prennent et l’excusent. Toutes les guerres processus de " dialogue national ". A cette se concluent de la même manière. Celle-là armée qui n’est pourtant pas une nouvelle n’y fera pas exception. venue sur la scène algérienne, beaucoup, Le pouvoir en place a, dit-on, très secrète- en désespoir de cause, souhaiteraient que ment repris contact avec des responsables lui soient nommément confiés les rênes de l’ex-Front islamique du salut (FIS). du pouvoir. Vaine parade autoritaire ou Nul doute qu’il se trouvera des extrémis- conviction sincère que les hommes en tes de tous bords, comme on le voit au uniforme sont mieux placés que les forces Proche-Orient, pour tenter de retarder politiques traditionnelles pour négocier le l’indispensable réconciliation nationale. tournant de la paix ? Ici comme ailleurs, seule une dynamique En tout cas, si insistant soit-il, le pouvoir de paix est capable, à la longue, de ne nourrit plus guère d’illusions sur un déjouer les calculs des boutefeux qui possible sursaut de cette fameuse majorité mènent l’Algérie à sa perte. silencieuse qui porte si bien son nom. " Je demande aux citoyens d’être plus sensi- Jacques de Barrin bles au phénomène du terrorisme qui Le Monde porte préjudice à l’image de l’Algérie ", a 17 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 18

FILMOGRAPHIE OKACHA TOUITA Né le 01/06/1943 à Mostaganem en Algérie, Okacha Touita vit et travaille en France depuis plus de quarante ans. Après une formation à l’Institut de Formation Cinémato- graphique, il fut assistant à la réalisation et acteur, avant de passer à la réalisation de deux courts-métrages. Le second, Rue Tartarin, fut présenté à Cannes et abordait déjà le thème de son premier long-métrage, Les sacrifiés, qui obtint le Prix Georges Sadoul en 1982. Réalisateur 2006 MORITURI 1999 DANS LE FEU HIER ET AUJOURD’HUI 1990 LE CRI DES HOMMES 1986 LE RESCAPE 1982 LES SACRIFIES Prix Georges Sadoul 1982 Mention spéciale du jury & Prix du public aux Journées cinématographiques d’Orléans 1982 Mostra de Venise 1982 1980 RUE TARTARIN (CM) Primé au festival de Lille 81 1976 CLASSE NORMALE (CM) Scénariste de tous ses films et aussi de 2001 L’AFFAIRE MAILLOT 2000 L’AFGHAN Acteur au cinéma LE VOYAGE DE SELIM de R. Martial PETROLE PETROLE - de C. Gion DIALOGUE D’EXILES -. de R. Ruiz LA CHEVAUCHEE SOLITAIRE - de P. Chamming’s L’IDOLE DES JEUNES - de Y. Lagrange LES AMBASSADEURS - de N. Ktari LES TRANSPLANTES - de P. Matas CAMEMBERT - C.M. de M. Raysse L’ONIROMANE - C.M. de J.P. Ginet LE GRAND DEPART - L.M. de M. Raysse CERVOPHAGE A GOGO - C.M. de Ph. Dodet Comédien au théâtre PARENTHESE POUR UNE KERMESSE - de J.J. Aslanian 1967/68 Travaille avec le LIVING THEATER (Avignon) et avec LE GRAND MAGIC CIRCUS ET SES ANIMAUX TRISTES au Théâtre de Plaisance (Paris) 18 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 19

BIOGRAPHIE YASMINA KHADRA

Yasmina Khadra a révèlé dans un entre- (Ecole Nationale des Cadets de la Révolu- tien au Monde des Livres que, sous cette tion) pour faire de moi un officier identité féminine, se cache un homme. Dans L’écrivain, paru en 2001, le mystère 1973 : je termine mon premier recueil de est entièrement dissipé. Yasmina Khadra nouvelles Houria qui paraîtra onze ans s’appelle de son vrai nom Mohamed Mou- plus tard lessehoul, et a déjà publié sous ce nom Septembre 1975: je pars à l’Académie des nouvelles et des romans en Algérie. Militaire Inter-armés de Cherchell, que je Officier dans l’armée algérienne, il a par- quitte en 1978 avec le grade de sous-lieu- ticipé à la guerre contre le terrorisme. Il a tenant. Je rejoins les unités de combat sur quitté l’institution en 2000, avec le grade le front ouest de commandant, pour se consacrer à sa Septembre 2000: près de trente six ans de vocation: écrire. Il choisit de le faire en vie militaire, je quitte l’Armée pour me français. Morituri le révèle au grand public. Aujourd’hui écrivain internatio- consacrer à la littérature (Je pars à la nalement connu, Yasmina Khadra est tra- retraite avec le grade de commandant). duit en 14 langues. En 2001, après un court séjour au Mexi- que, avec ma femme et mes trois enfants, Les indications suivantes nous ont été je viens m’installer en France, à Aix-en- fournies par Yasmina Khadra. Nous les Provence, où je réside encore. transcrivons telles quelles. 10 janvier 1955: naissance à Kenadsa Ces éléments de biographie se retrouvent (Sahara algérien) d’un père infirmier et dans deux des ouvrages de Yasmina Kha- d’une mère nomade. dra: L’écrivain (où il évoque son séjour à 1956 : mon père rejoint les rangs de l’Ecole Nationale des Cadets et l’éveil de l’ALN. Blessé en 1958, il devient officier sa vocation d’écrivain) et L’imposture des mots, davantage consacré à une justifica- de l’ALN en 1959 tion de sa démarche et de son oeuvre, Septembre 1964: j’avais neuf ans, mon après la révélation de la véritable identité père me confie à une école militaire de Yasmina Khadra.

19 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 20

BIBLIOGRAPHIE YASMINA KHADRA

Les Sirènes de Bagdad L’Automne des chimères 2006 - Julliard 1998 - Baleine / Le Seuil

L’Attentat Morituri 2005 - Julliard 1997 - Baleine / Le Seuil

La Part du mort La Foire des Enfoirés 2004 – Julliard 1993 - Laphomic Alger

Cousine K. Le Dingue au bistouri 2003 – Julliard 1990 - Laphomic Alger 1999 - Flammarion Les Hirondelles de Kaboul 2001 - J’ai lu 2002 - Julliard (Pocket 2004) Le Privilège du phénix L’Imposture des mots 1989 - ENAL Alger 2002 - Julliard (Pocket 2004) De l’autre côté de la ville L’Écrivain 1988 - L’Harmattan Paris 2001 - Julliard (Pocket 2003) El Kahira A quoi rêvent les loups 1986 - ENAL Alger 1999 - Julliard (Pocket 2000) La Fille du pont Les Agneaux du seigneur 1985 - ENAL Alger 1998 - Julliard (Pocket 1999) Houria Double Blanc 1984 - Editions ENAL Alger 1998 - Baleine / Le Seuil Amen 1984 - à compte d’auteur Paris

Les romans de Yasmina Khadra sont aujourd’hui édités dans vingt-cinq pays: USA, Grande-Bretagne, Brésil, Portugal, Espagne (castillan et catalan), Italie, Autriche, Hollande, Suisse, Allemagne, Bulgarie, Pologne, Tchéquie, Serbie, Danemark, Norvège, Suède, Indonésie, Japon, Corée, Grèce, Turquie, Israël, Algérie. Le prix Nobel de littérature 2003, J. M. Coetzee (Afrique du Sud), considère Yasmina Khadra comme l’un des écrivains majeurs d’aujourd’hui.

20 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 21

JOUER LE COMMISSAIRE LLOB PAR MILOUD KHETIB

Je connais Okacha Touita depuis très personnage sur les sédiments déposés en longtemps, j’ai joué dans tous ses films, lui par toutes les situations dramatiques nous sommes amis depuis un certain du réel et leurs implications. temps... Il y a peu de rôle équivalents à J’ai vécu de loin, par le biais des informa- celui de Llob, et aussi paradoxal que cela tions, des images et de ma famille cette puisse paraître, j’ai essayé de ne pas faire catastrophe humaine et j’ai imaginé ce l’acteur pour jouer ce commissaire. commissaire lui-même progressivement Devant, et dans une situation comme la et inéluctablement emprisonné dans l’his- sienne, j’ai pris le parti d’être dans la neu- toire difficile de ce pays alors englué dans rasthénie, dans la prison des mentalités et des mentalités troubles, dans un flot de des secrets… questions pas éclaircies, sans travail de Je ne voulais pas faire «un commissaire» mémoire… avec les ficelles classiques, au contraire J’ai simplement décidé pour ce rôle d’être éviter cet écueil! Et construire mon moi-même, dans cette situation là…

21 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 22

BIOGRAPHIE MILOUD KHETIB

Miloud Khetib a été Sociétaire de la Rabeux (de 1990 à 1996): L’amie de leurs Comédie Française en 1984-85. Acteur de femmes de Pirandello, Le Sang des Atrides théâtre renommé, à l’importante carrière d’Eschyle, Les Charmilles et L’indien de diversifiée, il a travaillé entre autre avec Jean-Michel Rabeux Jorge Lavelli, Philippe Adrien, Patrice Mise en scène d’Anne Torrès (1994): Chéreau, Claude Régy, Luc Bondy, Expédition Rabelais Olivier Py, Jean- Michel Rabeux… Dans une mise en scène de Claude Régy Miloud Khetib a également mis en scène (de 1980 à 1988): Par les villages de Peter Les Suppliantes d’Eschyle et Oh les beaux Handke, Grand et petit de Botho Strauss, jours de Beckett. Au cinéma, il a joué Ivanov d’Anton Tchekhov, Le Parc de dans les films de Okacha Touita et dans Botho Strauss, Le Cerceau de Victor un film de Saïd Ould-Khelifa. Slavkine Mise en scène de Luc Bondy (1988) Le Conte d’hiver de Shakespeare THÉÂTRE Dans une mise en scène de Philippe Dans une mise en scène de Daniel Adrien (de 1978 à1985): La Poule d’eau Jeanneteau: Adam et Eve de Mikhaïl de Witkiewicz, Ubu roi d’Alfred Jarry, Boulgakov (2007), Iphigénie de Racine Homme pour homme de Bertolt Brecht, Les (2001) Pragmatistes de Witkiewicz, La Vénus à la Dans une mise en scène de Jorge Lavelli fourrure de Sacher Masoch (2003/2006): Bella Ciao de Fernando Dans une mise en scène de Patrice Arrabal, L’Ile pourpre de Mikhaïl Chéreau (de 1979 à 1980): Peer Gynt de Bougalkov, La Mante polaire de Serge Henrik Ibsen, Les Paravents de Jean Genet Revzani, L’ombre de Venceslao de Copi Dans une mise en scène de Jean-Marie Dans une mise en scène de Marie Patte (de 1976 à 1977): Rodogune de Vayssière (2006): L’art de la comédie de Corneille, Faust de Marlowe Eduardo de Filippo Mise en scène de Jean-Marie Serreau Dans une mise en scène de Olivier Py (1972 / 1973): Le Printemps des bonnets rou- (2002/2003): Le Soulier de satin de Paul ges de P. Koeineg Claude Pièces mises en scène par Miloud Khetib: Dans une mise en scène d’Isabelle Jannier Les Suppliantes d’Eschyle (1993) Oh! les (2001 / 2002): Roméo et Juliette de beaux jours de Samuel Beckett (1999) Shakespeare Mise en scène Alain Ollivier (1999): Toute CINÉMA Nudité sera châtiée de Nelson Rodrigues Acteur dans les films de Okacha Touita Mise en scène Valérie Grail (1998): 1962 Morituri (2007) de Mohamed Kacimi Le Thé d’Ania (2003) de Saïd Ould- Mise en scène Hervé Tougeron (1997): Khelifa Le cri des hommes (1990) Diktat d’Enzo Corman Le Rescapé (1986) Dans une mise en scène de Jean-Michel Les Sacrifiés (1982) Rue Tartarin (1980)

22 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 23

DISCOGRAPHIE RACHID TAHA

L’esprit de révolte est aujourd’hui quelque racisme, et toutes les formes d’exclusion. chose qui manque cruellement à la chan- Le tout sur une musique inventive qui son française. Heureusement, il y a apporte un métissage très particulier, à Rachid Taha qui, lui, continue à gueuler nul autre comparable. A tous les niveaux, pour secouer les conformismes, le Taha dérange. Et c’est tant mieux!

Diwan 2 Carte blanche: compilation (2006) Barclay Universal Music (1997) Barclay Universal Music

Tekitoi Olé Olé (2004) Barclay Universal Music (1995) Barclay Universal Music

Rachid Taha live Rachid Taha (2001) Barclay Universal Music (1994) Barclay Universal Music

Made in Medina Barbès (2000) Barclay Universal Music (1990) Barclay Universal Music

1, 2, 3 Soleils - live Deux et demie (1999) Barclay Universal Music (1986) Mosquito

Diwan Rhorhomanie (1998) Barclay Universal Music (1984) Mosquito

23 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 24

BIOGRAPHIE MICHEL ALEXANDRE

CINÉMA Co-Scénariste et co-dialoguiste (4 x 100 minutes) Auteur 2006 MORITURI - Okacha TOUITA 2006 LA LEGENDE DES TROIS CLEFS Adaptation et dialogues en collaboration - Patrick DEWOLF avec Okacha Touita, d’après le livre de Co-scénariste et co-dialoguiste des trois Yasmina Kadra. épisodes de 100 minutes. Avec Julie

2001 LOIN - André TECHINE 2006 FLICS Dialogues additionnels sur un scénario Série de 6 x 52 minutes. original d’André Téchiné et Faouzi Ben Création de la série / Scénario et Saîdi. Dialogues. En collaboration avec Olivier Marchal, 1997 LE COUSIN - Alain CORNEAU Simon Michael, Philippe Isard. Co-scénariste, co-dialoguiste. D’après une idée originale de Michel Alexandre. 2001 GROUPE FLAG - Eric SUMMER Nomination aux César 1998 - Meilleur Mini série de 6 x 52 minutes. scénario. Co-écriture avec Martine Moriconi. D’après un concept et des histoires origi- 1995 LES VOLEURS - André TECHINE nales de Michel Alexandre. Co-scénariste, co-dialoguiste en collabora- tion avec André Téchiné et Gilles 2001 FARGAS - Didier LE PECHEUR Taurand. Création de la série. Scénario et dialogues Sélection Officielle Festival de Cannes en collaboration avec Didier le Pecheur. 1996. 2001 CAZAS - Yves BOISSET 1992 L 627 - Bertrand TAVERNIER D’après une idée original de Pierre Co-Scénariste, co-dialoguiste. d’après une Grimblat et Michel Alexandre. idée original de Michel Alexandre. Scénario en collaboration avec Pierre Saez. Nomination aux Césart 1992 - Meilleur scénario - Meilleur film. 1999 TONTAINE ET TONTON - Tonie Sélection Officiel au Festival de Venise MARSHALL 1992. 1999 BRIGADE DES MINEURS TÉLÉVISION Pilote de série - Bible et Création des per- sonnages. Auteur 2006 CAMPING PARADIS 1997 MISSION PROTECTION RAP- Concept / Création de la série / Scénario. PROCHEE - Nicolas RIBOWSKI Pathé Télévision / TF1 2006 PREJUDICES - Frédéric BERTHE Scénario et dialogues de huit épidoses. 1996 COMMANDANT NERVAL - Nicolas RIBOWSKI 2006 LE SANGLOT DES ANGES - Episode: A qui profite le crime? Jacques OTMEZGUINE

24 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:19 Page 25

MISE EN SCÈNE ROMAN, NOUVELLE... Metteur en scène 2007 L’ARRIVEE DU JOUR Auteur Co-écriture avec Emmanuelle Beaulieu. 1998 BABA SUR LES FESSES DE BON DIEU 2006 MISE EN EXAM! Auteur de la préface. Editions Eclipse. Co-écriture et co-mise en scène. 1997 LANGAGE QUOTIDIEN DE LA 2005 LES NUITS D’UNE DEMOISELLE POLICE Spectacle musical de Marie Dauphin. Editions Liber Théâtre la Comédia. 1994 LETTRES A JEUNE FLIC COURT-MÉTRAGE Editions Balland.

Auteur AUTRES, DIVERS 2004 COMME UNE ALUMETTE - Clémence JEAN-JEAN Directeur artistique et litteraire Adaptation et dialogues en collaboration POLICE PARIS NEW YORK FILM avec Clémance Jean-Jean. FESTIVAL Founder Police Paris New York Film 2003 VENDETTA - Richard AUJARD Festival. Adaptation et dialogues en collaboration Executive & Artistic Director. avec Richard Aujard. Retour en haut de la page

Auteur-Réalisateur RÉALISATION 2002 MIDI A SA PORTE Adaptation et dialogues en collaboration Réalisateur avec Hélène Bizot. 1998 GROUPE FLAG Deuxième équipe. Dune / France 2

1998 CLIP ASSIA Groupe: Raze City Plage. Warner Chappel / Hacienda.

Agent: Marie laure Munich Email: [email protected]

25 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:20 Page 26

«Si tu te tais, tu meurs; si tu parles, tu meurs. Alors parle et meurs.»

Tahar Djaout intellectuel algérien assassiné en 1993 dossier presse Morituri total 19/03/07 14:20 Page 27