UNIVERSITE DE TANANARIVE FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE DEPARTEMENT SOCIOLOGIE MEMOIRE DE MAITRISE ______

DECENTRALISATION ET DEVELOPPEMENT : CAS DE LA COMMUNE RURALE

Présenté par : RANDRIANATOANDRO Ny Onjamiampitasoa Sambatra Rapporteur : Monsieur Razafindralambo Martial

Année universitaire : 2006-2007 Date de soutenance : 12 Avril 2007

DECENTRALISATION ET DEVELOPPEMENT : CAS DE LA COMMUNE RURALE TALATA VOLONONDRY

REMERCIEMENTS Ce travail n’aurait pu être accompli sans la contribution d’honorables personnalités envers lesquelles je tiens à exprimer toute ma gratitude, à savoir : - Madame RAZAFINDRALAMBO Martial, notre encadreur de recherche, qui a bien voulu nous orienter dans le cadre de cette étude. Sans son aide, ce travail n’aurait pu être mené à terme. - En outre, nous sommes redevables de l’aide technique sincère de tous les membres de l’équipe de la commune rurale Talata Volonondry - Nous tenons à exprimer notre reconnaissance à toutes les personnes enquêtées, sans oublier celles qui, de loin ou de près, nous ont apporté leur contribution. Qu’ils soient tous assurés de notre profonde gratitude !

SOMMAIRE INTRODUCTION GENERALE I- CADRE GENERAL DE L’ETUDE I-1: Cadre théorique I-2 : Etat des lieux Conclusion partielle

II- LES ATOUTS ET LES BLOCAGES DE LA COMMUNE POUR LA REUSSITE DE LA DECENTRALISATION II-1: Les atouts de la commune pour la réussite de la décentralisation II-2: Les blocages de la commune dans le cadre de la décentralisation. Conclusion partielle

III - ESSAI DE PROPOSITIONS DE SOLUTIONS. III-1: Solutions avancées par l’Etat. III-2: Les stratégies avancées par la commune pour la réussite de la décentralisation. III-3: Solutions personnelles Conclusion partielle

CONCLUSION GENERALE BIBLIOGRAPHIE TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION

Développement, c’est le mot d’ordre de toutes les nations, le vocabulaire demeurant d’actualité depuis des décennies. Et dans cette course au développement qui sous entend ici le développement économique, certaines nations sont beaucoup plus avancées par rapport à d’autres laissées à la traîne comme le cas de plusieurs pays africains. A partir des années 1980, ces pays africains en situation de difficulté étaient contraints de négocier avec les bailleurs de fonds et d’appliquer la politique dite d’Ajustement Structurel1. Celle-ci a amené un désengagement de l’Etat et a orienté ces pays y compris vers la décentralisation, une nouvelle approche axée sur l’implication de tous les secteurs et acteurs concernés dans le processus de développement. En outre, l’évènement politique de 1991 a renforcé le sentiment d’identité territoriale par la revendication de la population d’avoir plus d’autonomie au niveau local et de pouvoir gérer son propre développement. De surcroît, l’expérience a montré que la satisfaction des besoins de tous les citoyens s’avère être au dessus des capacités d’un Etat centralisé et ce au vu des limites en termes organisationnel, matériel et financier. Après le référendum en 1995 et sous la pression des institutions financières internationales, la décentralisation et l’autonomie locale ont constitué les grandes lignes de la politique de développement à Madagascar. Si auparavant alors, toutes les décisions et initiatives émanaient du pouvoir central, il est sans conteste admis à l’heure actuelle la nécessité d’une décentralisation du pouvoir en faveur des collectivités territoriales. Ces entités sont considérées comme étant la cellule fondamentale de l’organisation territoriale du pays.

Thèmes et motifs de choix « La décentralisation : Une nouvelle politique pour faire développer Madagascar (Cas de la Commune Rurale de Talata Volonondry) » Tel est le sujet de mémoire que nous avons choisi .Un sujet qu’on peut classer à la fois dans la rubrique Sociologie Rurale et Sociologie Politique.

1 C’est une conditionnalité d’aide au développement, liée au remboursement des dettes. Pour la banque mondiale, cette politique vise dans un pays donné à restaurer l’économie pour retrouver la croissance et des perspectives réelles de développement économique. Et les principales orientations de cette politique sont : L’instauration de l’Etat de droit, la séparation des pouvoirs, le désengagement de l’Etat du secteur productif, l’égalité de traitement des citoyens, l’application de la décentralisation en vue du développement réel des collectivités locales.

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L’importance théorique de la décentralisation dans le processus de développement d’une part, et d’autre part, le fait que cette bonne politique n’a pas encore fait ses preuves à Madagascar en matière de développement nous a conduit à choisir le sujet. La croissance tant attendue n’est pas encore généralisée dans l’étendue du pays. Il nous paraît donc intéressant d’étudier les problèmes qui en résultent, d’analyser l’évolution de la situation et de connaître les atouts et les blocages de la mise en œuvre de cette politique. L’étude est réalisé à l’échelle d’une Commune, afin d’observer au plus près les changements qui s’opèrent au sein des collectivités territoriales directement en contact avec la population. En effet, la commune est le terrain idéal pour comprendre le désir réel des gens. La proximité de Talata Volonondry de la ville de Tananarive, rendant le déplacement plus facile et moins coûteux nous a poussé à la choisir comme lieu d’investigation. Talata Volonondry ou littéralement « Mardi poil de mouton » se trouve à une distance de 27km de Tananarive et accessible par la RN3. Son nom est apparu vers 1820 avec la création par le Roi Andrianampoinimerina de marchés hebdomadaires dans différents hameaux citons : , Ambatomanga, . Un jour, l’une des douze (12) femmes du Roi fut tombée malade et le guérisseur a fait chercher du mouton blanc pour une offrande. Le Roi l’a trouvé sur le marché de Talata Volonondry et sa femme fut guérie ; d’où l’appellation Talata Volonondry Mais, malgré la proximité de la ville, elle présente d’une manière significative certains problèmes caractéristiques des Communes Rurales de Madagascar comme le problème d’administration, de développement local, de l’éducation…

Objectifs et problématique L’étude a pour objectif d’évaluer l’aptitude des responsables locaux dans la mise en place de la décentralisation, de chercher les atouts et les facteurs de blocage au développement des collectivités décentralisées, d’observer les changements concrets effectués au niveau de la Commune. On peut résumer les problématiques engendrés par ce sujet par la question suivante : « La commune étudiée est-elle compétente pour stimuler le développement local ? »

Hypothèse On remarque que la commune rurale de Talata Volonondry paraît incapable de réunir certaines conditions requises pour la réussite de la décentralisation, comme l’autonomie

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financière, la participation effective de la population à la gestion des affaires publiques. Un grand décalage entre le niveau théorique de développement2 par rapport à celui de la pratique3 règne aussi au niveau de la Commune de Talata Volonondry.

Itinéraires de recherches Choix du sujet, documentation, premier plan du travail. Le mémoire a débuté par le choix du sujet. A partir de cela, nous avons contacté les responsables de la Commune pour une collaboration et surtout pour assurer l’accès aux différents documents disponibles auprès de la Commune4. Divers documents sur la décentralisation, le développement, et des données sur Talata Volonondry dans les différentes bibliothèques de la capitale ont été aussi consultés pour le cadre général de l’étude et afin de donner des éléments de base à la recherche. Et le premier plan de travail a été établi. Travaux sur terrain : pré enquête, enquête, observation participante. Pré enquête On a débuté la phase terrain par une enquête préliminaire auprès des responsables locaux5 et les personnes ressources6. Malheureusement nous n’avons pu contacter que quatre (4) fokontany parmi les vingt-huit (28) fokontany existant dans la commune, vu la durée de la période de stage7. Ces quatre (4) fokontany choisis représentent les 4 zones d’actions existantes 8dans la commune. Amparafara représente la zone I qui est à caractère agricole, Talata Volonondry est le représentant de la zone II qui a une vision industrielle et commerciale. Ampahidralambo pour la zone III à caractère rizicole, et enfin Ambodifahitra pour la zone IV à vocation touristique et artisanale.

2 En référence aux projets élaborés dans le Plan Communal de Développement 2003-2007.

3 En tenant compte des projets déjà réalisés.

4 Comme le plan communal de développement, la monographie de la commune, le budget communal, l’organisation interne de la commune.

5 Le maire et les chefs fokontany.

6 Les personnes qui connaissent bien la région:les notables et les anciens

7 Le stage a duré 1mois

8 Dans la commune rurale de Talata Volonondry, on a une division de travail et de spécialisation selon les zones. Les 28 fokontany sont classés en 4 zones spécifiques ou secteurs d’activités

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Cette pré enquête a été faite dans le but de nous familiariser avec la population locale et de faciliter l’intervention au niveau des villages. Enquête Les enquêtes ont été réalisées pour enrichir les informations. Pour cette analyse partielle, en trois (3) semaines, cent (100) entretiens ont été faits, soit en moyenne 6 à 7 ménages visités par jour. On a fait l’enquête dans les 4 fokontany énoncés ci-dessus et les enquêtés sont choisis par hasard, pourtant ils représentent toutes les couches sociales et évidemment on s’est adressé aux dix-huit (18) ans révolus. Des questionnaires ont été dégagés pour confronter les informations en notre possession à la réalité ambiante. On a préféré poser des questions orales pour éviter la méfiance des gens et ces questions sont de type ouverte ou fermée en fonction des besoins. Notamment, certaines données quantitatives ont été obtenues à partir des enquêtes écrites9 établies auprès des responsables pouvant nous fournir des renseignements indispensables à notre recherche. Tels est le cas des écoles, de la Centre de Santé de base, des fokontany, de la délégation administrative. Des discussions informelles aussi ont été faites durant le jour du marché, ainsi qu’une petite réunion villageoise dans chaque fokontany concerné. Cette réunion est centrée sur le développement local, afin d’aboutir progressivement au sujet de la décentralisation et de l’autonomie locale. Observation participante Le manque de sincérité et de véracité dans certaines réponses ainsi que la rareté des documents nous ont obligé à adopter des observations participantes. Les résultats d’enquête que nous avons recueillis sur le terrain sont encore sous formes brutes qu’il a fallu traité en vue d’être analysés. Ce traitement consiste à dépouiller les données c'est-à-dire les regrouper, les classer pour procéder enfin, à l’analyse et aux interprétations. Nous avons classé par thème certaines données, les autres sont classées par fokontany et les données chiffrées sont traitées sous forme de tableau. C’est à partir de ces résultats que nous avons entamés aux interprétations et aux analyses. Plusieurs tableaux, des figures et des planches photographiques sont issus de cette analyse. Les principales difficultés que nous avons rencontrées étaient la contrainte de temps. La population trop nombreuse et l’éparpillement des villages aussi nous ont obligé à limiter les travaux d’enquête.

9 Il s’agit de déposer les fiches de questionnaire auprès des responsables locaux pour qu’ils puissent nous procurer des données chiffrées nécessaires à notre recherche.

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Après toutes ces différentes phases, nous avons confronté les deux bases de données10complémentaires pour sortir un nouveau plan de rédaction.

Plan du devoir A l’issue de cette démarche méthodologique et compte tenu des objectifs de ce travail, nous proposons que cette étude se fasse en trois parties. En première partie : Le cadre général de l’étude En deuxième partie : Les atouts et les blocages de la commune dans le cadre de la décentralisation. En troisième partie : Essai de proposition de solution.

10 Les documents écrits et non écrits et les résultats des travaux sur terrain

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I- CADRE GENERAL DE L’ETUDE.

I-1: Cadre théorique.

I-1-1: La décentralisation I-1-1-1: Généralités sur la décentralisation à Madagascar. a) définitions et objectifs de la décentralisation

 Définitions.

Au niveau mondial, il existe plusieurs types de décentralisation donc il y a plusieurs possibilités de la définir mais nous nous référons aux définitions notées dans les dictionnaires et les définitions des institutions internationales comme la banque mondiale ainsi que les définitions qui nous paraissent les plus appropriées au contexte Malgache. Selon le petit Larousse 1994, « La décentralisation est un système d’organisation des structures administratives de l’Etat qui accorde des pouvoirs de décision et de gestion à des organismes autonomes locaux ou régionaux. » Pour le dictionnaire Hachette 2001, « La décentralisation est un système dans lequel une collectivité ou un service technique s’administre lui-même sous le contrôle de l’Etat. » La banque mondiale en année 2000 désigne la décentralisation comme la montée du pouvoir économique et politique des villes, des provinces et des autres collectivités locales. Cette localisation sera la tendance nouvelle les plus importantes du 21ème siècle. Quant à la FAO (Food Alimentation Organisation), elle définit la décentralisation en Octobre 1999 comme « un processus de transfert de compétence de l’administration centrale vers un niveau de gouvernement autonome, avec un exécutif élu qui a la capacité de décider d’une manière indépendante sur les questions pour lesquelles la décentralisation lui a donné juridiction ». Et enfin la loi malgache 94 008 de la décision de la Haute Cour Constitutionnelle du 05- 04-95 stipule que « Une collectivité territoriale décentralisée est une portion du territoire nationale dans laquelle l’ensemble de ses habitants de nationalité Malagasy dirige l’activité régionale et locale en vue de promouvoir le développement économique, social, sanitaire,

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culturel, scientifique et technologique de sa circonscription. Elle assure avec le concours de l’Etat, l’aménagement du territoire, la protection de l’environnement, l’amélioration du cadre de vie ainsi que la préservation de son identité ; Elle est dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière ; Elle assure avec le concours de l’Etat, la sécurité publique et l’administration. » L’ensemble de ces définitions nous conduit à souligner les éléments caractéristiques de la décentralisation qui sont définis par la présence d’un pouvoir de décision locale sur la gestion autonome du développement des collectivités décentralisées. Elle concourt à un triple objectif : La responsabilisation des citoyens pour le développement de sa circonscription, l’autonomie financière des collectivités territoriales et la répartition du pouvoir public aux territoires.  Objectifs de la décentralisation.

o La responsabilisation des citoyens pour le développement de sa

Circonscription Un des objectifs de la décentralisation est la responsabilisation de tout un chacun pour le développement de la collectivité territoriale à laquelle il appartient. Autrement dit, l’individu a désormais la possibilité de prendre en main la destinée de sa localité contribuant avec ses concitoyens dans la définition des grandes lignes de développement de son territoire et la priorisation des actions à entreprendre. o L’autonomie financière des collectivités territoriales.

La responsabilité des finances est aussi une composante fondamentale de la décentralisation ; ainsi elle doit impliquer : L’autofinancement ou le recouvrement de coût en faisant payer forfaitairement les usagers pour les services fournis. L cofinancement par lequel les usagers participent à la fourniture du service et de l’infrastructure par les contributions volontaires, l’autorisation aux collectivités décentralisées d’emprunter et de mobiliser des ressources nationales ou locales. o La répartition du pouvoir par la délégation du pouvoir public aux territoires.

Dans la décentralisation, il y a désengagement de l’Etat de ses fonctions traditionnelles pour se placer en tant que contrôleur et coordonateur du processus de développement à travers les structures déconcentrées au sein des collectivités territoriales. Parmi les deux buts déjà cités ci-dessus, le transfert, entre autre, de responsabilité de planification, du financement et

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de la gestion liée à certaines fonctions du gouvernement central et de ses organes vers des unités d’administration sur le terrain des cellules ou niveau subalternes de l’administration des autorités publiques quasi-autonomes fait partie aussi des objectifs de la décentralisation. Nous n’avons énoncé ci-dessus que les principaux objectifs de la décentralisation, mais il est à noter que chaque étape historique a ses objectifs propres ou intérêts et préoccupations spécifiques quant à la politique de la décentralisation. b- Bref historique de la décentralisation et son niveau d’effectivité à Madagascar.  Histoire de la décentralisation

o Au cours de l’époque royale

La préoccupation des Rois est fortement axée sur le souci d’unification du royaume. Andrianampoinimerina a établit en Imerina 6 provinces et institua dans les territoires plus lointains les Vadintany qui étaient des agents royaux chargés de surveiller la vie dans les villages et d’informer le souverain. Il organisa les villages en fokonolona qui d’origine familiale et classique devinrent plus tard des clans à base territoriales et furent surtout chargées du maintien de l’ordre et des règlements des conflits. Cette œuvre d’Andrianampoinimerina sera poursuivie par ses successeurs notamment Radama I (1810- 1828) qui organisa une administration plus militaire pour consolider ses positions dans les territoires conquis et par Ranavalona I (1828-1861) qui plaça les premiers gouverneurs. Sous le gouvernement Rainilaiarivony (1864-1895) son objectif était d’améliorer l’organisation administrative de la province Merina et d’asseoir l’autorité du royaume sur les autres provinces. En 1878, il institua les Sakaizambohitra qui étaient chargés de régler l’ordre, la sécurité dans les villages, l’état civil et la transcription des contrats. L’illettrisme de ces derniers conduisant à une administration publique inefficace a conduit Rainilaiarivony a les destitués contre les Antily ou guetteurs. o Pendant la période de colonisation

La période de la colonisation est l’époque de la conquête et de la pacification. Gallieni (1886-1905) instituait à Madagascar le système de double administration11, un système qui va durer jusqu’à l’aube de l’indépendance. L’autorité indigène était directement contrôlée par un

11 Une administration française qui est essentiellement une administration de contrôle et une administration indigène qui est une administration de base et de contrat

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officier militaire français ; L’autorité indigène contrôlait à son tour les fokonolona dont les responsabilités collectives étaient renforcées et confirmées. Le gouverneur général Victor Augagneur (1905-1924) maintient la hiérarchie des différentes circonscriptions, province, district, poste administratif. Parallèlement, il créait un corps spécial d’inspecteurs pour assurer de la bonne marche de l’administration dans toutes les provinces et ce corps spécial se trouvait sous son autorité directe. C’est en quelque sorte le grand ancêtre de l’actuelle inspection générale de l’Etat. A partir de 1913, on procédait à la création des conseils municipaux qui sont composés en majorité de conseillers français élus et d’un nombre très restreint d’indigènes désignés par le gouverneur général. De 1924 à 1945, Olivier et Cayala ont instauré les régions pour assurer le développement économique, pour simplifier et rationnaliser l’organisation administrative. La modernisation des fokontany va se faire à partir de 1944, époque où commence à développer chez les peuples coloniaux des sentiments de nationalisme. Il convient surtout de retenir la création des Collectivités Autonomes Rurales en 1950 et les Collectivités Autonomes Rurales Modernisées en 1951 : En principe, ils sont dotés de la personnalité morale et de l’autonomie financière. La reforme principale en ce temps était l’institution du suffrage universel et la suppression du double collège par la loi cadre du 23 Juin 1956. o Après l’indépendance

De l’indépendance en 1960 jusqu’en 1972, la structure établie par les colons12 fût conservée. Cette période a connu un grand changement avec la fin du régime politique institué par la première république et par le début de la période de la malgachisation13. Les collectivités territoriales prennent alors des noms malgaches14 comme le faritany, fivondronampokotany, firaisampokotany, et fokotany15. Et ceci fut maintenu jusqu’en 1995.La fin de la première république a été marquée par la mise en place du fokonolona comme structure de base pour le développement local.

12 Provinces, régions, districts, communes, cantons)

13 Période où le général Ramanantsoa Gabriel était au pouvoir.

14 Evènement politique de 1972 a provoqué le départ massif des responsables français au niveau de l’administration malagasy, les grévistes demandant la prise en main par des malgaches de la gestion administrative du pays c'est-à-dire une autonomie vis-à-vis des français et une malgachisation de l’administration publique.

15 En parallèles avec la province, la sous-préfecture, le canton et le village.

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Entre le milieu des années 1970 et à la fin des années 1980, le régime en place fait prévaloir une gouvernance de type paternaliste, marquée par la concentration du pouvoir entre les mains de l’Etat, en particulier l’Etat central, pour soutenir un modèle de développement basé sur la prépondérance du secteur public et la gestion centralisée des ressources. Ce mode de gouvernance paternaliste a laissé la place à une gouvernance de type démocratique, à partir du début des années 199016.En Novembre 1995, une nouvelle institution est née, c’est la commune. Elle passe du statut des collectivités déconcentrées sous l’administration de l’Etat central, au statut de collectivité décentralisée. A partir de cette date, l’Etat se fait de plus en plus « discret » et la gestion des affaires publiques est progressivement décentralisée. La gouvernance démocratique se distingue par la redynamisation du processus participatif, la libéralisation des marchés. La décentralisation est appelée à engendrer de nombreux changements sur le plan politique, social et économique de la population. Un ministère chargé du budget est né, et de la mise en place des provinces autonomes a été crée. Pour ce faire, un Comité National d’Appui Technique aux Provinces Autonomes CNATP a été crée également le 23 septembre 1998 pour s’occuper du bon déroulement du processus de décentralisation à Madagascar. A nos jours la décentralisation a un ministère de tutelle à cause de l’importance qu’elle détient pour assurer le développement du pays. Par la suite du referendum du 04 avril 2007, les provinces autonomes sont supplantées par les régions qui sont considérées comme des pôles stratégiques de développement. L’article 138 titres V chapitre I du décret 2007-211 relatif à la révision de la constitution stipule que « Les collectivités territoriales décentralisées de la république sont les régions et les communes ».De la structure étatique, seules les régions et les communes ont subsisté, les provinces autonomes ont « sauté »  Le degré de l’effectivité de la décentralisation à Madagascar

Pour mesurer le degré de l’effectivité d la décentralisation d’un pays, on rencontre souvent le problème lié à l’inexistence d’une mesure statistique pour de nombreux aspects de la décentralisation tels que l’autonomie des collectivités territoriales, le fonctionnement du système administratif.

16 Epoque où la situation économique a périclité et les banques de fonds internationaux intervinrent pour tenter un redressement économique par l’instauration de la politique d’ajustement structurel et par la décentralisation comme les seuls moyens d’aider les pays endettés comme Madagascar à sortir de la pauvreté.

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Pour apprécier l’effectivité de la décentralisation à Madagascar, il est nécessaire de voir non seulement le taux de la décentralisation mais aussi le taux de la décentralisation des dépenses locales ainsi que le taux d’autonomie financière. o Le niveau de la décentralisation

On obtient le niveau de la décentralisation par le pourcentage des dépenses publiques globales effectuées par les collectivités territoriales par rapport aux dépenses publiques de l’Etat. Ainsi pour l’année 2006, les dépenses des collectivités locales représentent 3 à 4% des dépenses publiques globales17. Dans les pays en voie de développement, ce pourcentage de décentralisation des dépenses se situe à 15% tels que dans les pays industrialisés, il est estimé à environ 35%. Ce qui montre que l’Etat malgache continue de contrôler une part importante soit aux environ de 96 à 97% des dépenses publiques globales de fonctionnement et d’investissement. o Le taux de la décentralisation des dépenses sociales

Il se définie comme la proportion des dépenses sociales des collectivités locales par rapport aux dépenses sociales publiques totales. Le taux de la décentralisation des dépenses sociales permet la mesure des capacités financières des collectivités territoriales décentralisées à assurer la fourniture des prestations sociales d’enseignement, de santé et de sécurité sociale. En l’an 2006, le taux de décentralisation des dépenses sociales est estimé à 1,92. Dans les pays développés, le taux de décentralisation des dépenses sociales se situe généralement aux environ de 25%. Ce chiffre révèle que dans le contexte actuel à Madagascar, les questions relatives à l’enseignement et à la santé publique relèvent encore de la compétence de l’Etat central. Celui-ci contrôle encore la quasi-totalité des dépenses publiques dans ces deux secteurs clés du développement humain. o Le taux d’autonomie financière

C’est une des plus importantes mesures de la décentralisation, il donne une indication sur le degré d’indépendance budgétaire des collectivités locales par rapport à l’Etat. Ce pourcentage représente les ressources prélevées à l’échelon local par rapport au total des dépenses locales. Ce taux peut être supérieur à 100 si les recettes dépassent largement les dépenses locales. A Madagascar, si on prend en compte les recettes proprement prélevées

17 Dépenses de fonctionnement et d’investissement

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directement par les collectivités locales, les communes en l’occurrence, le taux d’autonomie financière tombe à moins de 2% pour Madagascar, or dans les pays développés, ce taux peut aller de 33% à 122,3%. On peut dire que les recettes locales propres des communes sont très faibles. Le niveau de la décentralisation à Madagascar est encore minime pour permettre un réel développement local. I-1-1-2: L’importance du savoir et de l’éducation dans le processus de développement Le développement d’un pays, d’une Nation repose avant tout sur ses capacités de mobiliser ses ressources humaines à la hauteur des tâches et attribution qui lui incombent. L’exercice des responsabilités dans l’administration de l’Etat ainsi que dans les professions libérales nécessitent des connaissances et des compétences approfondies. L’acquisition d’un certain niveau d’étude et d’éducation est très importante pour les responsables, les groupements, et pour la population entière pour assurer un développement durable, et notamment la capacité de le définir et d’orienter tous ces sujets dans le sens de leurs intérêts. Une société d’ignorant ne peut participer pleinement alors à la vie économique et sociale de leurs pays. En quelques mots, on peut dire qu’une population éduquée et informée peut agir à la transformation de la vie de chaque individu ainsi que celle de sa propre communauté. Jean Jacques Rousseau18 (1712-1778), en 1775, dans l’article « économie politique 19» de l’encyclopédie20, avait nettement affirmé qu’ « un peuple et les individus qui le composent ne sont que les produits des institutions politiques. Il importe toutefois de « bricoler » une fiction éducative, afin de proposer à son siècle un modèle d’individu que son éducation a fait apte au contrat21. » D’après ce passage, Jean Jacques Rousseau souligne l’importance de l’éducation dans le domaine de la politique. On ne peut pas espérer l’effectivité de la démocratie dans une société d’ignorant. Comme les élections font parties intégrantes de la démocratie ; ignorante

18 Jean Jacques Rousseau évolue dans le cercle des encyclopédistes, par son ouvrage l’Emile ou de l’éducation en 1772, il est aussi considéré comme un des précurseurs à la sociologie de l’éducation où il prône l’importance de l’expérience directe au détriment de l’éducation livresque.

19 In encarta 2007

20 Dirigé par Diderot au 18ème siècle autour d’une vingtaine d’année. C’était une force de cercle d’étude opposant les différents savants de l’époque comme Voltaire, Buffon, Rousseau et Beaumarchais.

21 La théorie du contrat social est une réflexion politique et philosophique développée au 17ème et 18ème siècle par les philosophes du droit naturel, postulant que l’individu se trouve au fondement de la société et de l’Etat lesquels naissent de l’accord volontaire entre les individus libres et égaux. C’est une tentative de reconstituer sur une base solide parlant de l’égalité entre les individus.

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qu’elle est, la population ne se rend même pas compte de l’enjeu politique qui se cache derrière les apparences toutefois trompeuses. Quant à Platon22, qui est plus exigeant que Jean Jacques Rousseau sur l’importance du savoir dans l’administration de l’Etat, il faut privilégier la formation, mettre les intellectuels aux responsabilités stratégiques dans l’appareil de l’Etat et dans l’organisation de l’administration. Pour ce faire, Platon propose un schéma de société hiérarchisée et unifiée sur le plan politique et morale fondé sur l’élitisme pour construire une cité juste :

1- La classe des chefs ayant de vertu : la sagesse, 2- La classe des auxiliaires guerriers, 3- La classe des artisans laboureurs. Et chacune de ces classes remplissent leurs fonctions dans l’intérêt commun. Certes la décentralisation s’agit de rapprocher les centres décisionnels des administrés et d’augmenter ainsi la pertinence des décisions prises, fondées sur une meilleure connaissance du terrain, en évitant les erreurs dues à l’ignorance des données propres de la vie locale. Mais au-delà, certains auteurs comme le juriste Hauriou et le sociologue Tocqueville23 voient dans la décentralisation « une véritable école de la démocratie », les raisons de la décentralisation ne sont point d’ordre administratif mais bien d’ordre constitutionnel. S’il ne s’agit que du point de vue administratif, la centralisation assurerait au pays une administration plus habile, plus impartiale, plus intègre et plus économe que la décentralisation. Mais les pays modernes n’ont pas besoin seulement d’une bonne administration, ils ont aussi besoin de liberté politique. Tocqueville ainsi que Hauriou voyaient la commune comme « la force des peuples libres ». Ils ajoutaient que « Les institutions communales sont à la liberté et que les écoles primaires sont à la science. La décentralisation fait goûter à la population l’usage de la liberté paisible et l’habitue à s’en servir. »24

22 427-384 av avant Jésus Christ, principal penseur de l’antiquité Grecque. Il a écrit beaucoup de pratique sociologique.

23 Un des fondateurs de la sociologie en France et historien, ayant défendu un certain nombre de réforme comme la décentralisation des pouvoirs, l’existence des contre-pouvoirs sont quelques unes des solutions relancées par lui.

24 Encarta 2005.

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Ces deux auteurs ne se fient pas à l’objectif d’une bonne administration dans la décentralisation mais ils se préoccupent surtout à la liberté politique de chacun. Qu’il soit ignorant ou intellectuel, un citoyen peut devenir un responsable dans les différentes collectivités décentralisées, dans ce cas ils ont mis à l’indexe l’élitisme de Platon. Dans la commune rurale de Talata Volonondry, on remarque que la majorité des chefs de fokontany n’atteigne que le niveau 7ème, ce qui crée de problèmes dans le domaine technique et organisationnel. Or l’acquisition d’une certaine éducation et connaissance est l’une des conditions sine quoi none pour les dirigeants afin d’assurer la bonne gestion des affaires du pays et de mettre la décentralisation au service du développement. I-1-2: Décentralisation au service du développement

I-1-2-1: Notion de développement Le développement par définition est le fait d’évoluer vers un stade plus avancé. C’est en quelque sorte un processus de changement social, global et de longue durée que les représentants politiques, les représentants de la population entendent orienter dans le sens conforme aux préférences de la société concernée. Pour François Perroux, le développement doit être défini comme la « combinaison des changements mentaux et sociaux qui rendent une population apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel global » Quant au développement rural en question, son champs regroupe un vaste ensemble d’actions publique de nature sectorielle : politique agricole, politique régionale et d’aménagement du territoire, politique fiscale et de services aux populations, politique d’entreprise et du tourisme, politique de formation et d’éducation, politique culturelle et sociale, politique de l’emploi, politique de l’environnement.

I-1-2-2: Décentralisation pour le développement Le gouvernement considère que les objectifs de développement économique, social, politique, rapide et durable pourront être plus facilement atteints dans le cadre d’une responsabilisation accrue de la population et de meilleurs modes de gestion d’une administration de proximité. C’est ainsi que la mise en œuvre de la décentralisation effective est un moyen d’ancrage et d’appropriation du développement par la population de base. C’est dans ce cadre que le gouvernement a initié avec les principaux partenaires de développement le projet : « Décentralisation pour le développement » qui a pour objectif la responsabilisation

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des différents acteurs de développement au processus de prise de décision dans la vie tant politique qu’économique du pays.

I-1-2-3: Les développements attendus de la loi sur la décentralisation de la commune a- Action avec l’Etat. Selon la loi 94 007 en son article 2, les collectivités territoriales assurent avec le concours de l’Etat : la sécurité publique, l’administration et l’aménagement du territoire, le développement économique, social, sanitaire, culturel, scientifique et technologique ainsi que la protection de l’environnement et l’amélioration du cadre de vie b- Action propre à la commune. Dans l’article 15 de la même loi, les domaines de compétence de la commune ont trait notamment à - l’identification des principaux besoins et des problèmes sociaux rencontrés au niveau de la commune. - La mise en œuvre d’opérations qui sont liées à ces besoins et problèmes. - La définition et la réalisation des programmes d’habitat et des équipements publics à caractère urbain. - Toutes opérations ayant trait à l’état civil, à la circonscription militaire, au recensement de la population. - La réalisation d’actions d’aides sociales. - Les opérations de voirie, d’assainissement, d’hygiène et d’enlèvement des ordures ménagères. - La réalisation et la gestion des places et marchés publics et des aires de stationnement de véhicules et de tout autre équipement générateur de revenu comme les abattoirs, les espaces verts. - La prévention et la lutte contre les feux de brousse. - La gestion de son patrimoine propre - La construction et la gestion des équipements et infrastructures socio sportifs. - La mise en œuvre à son échelon d’actions et mesures appropriées contre les calamités naturelles. - La gestion du personnel relevant de son ressort, recruté directement par la collectivité territoriale décentralisée, transféré ou mis à sa disposition par l’Etat.

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I-2 : Etat des lieux

I-2-1: Analyse socio-économique de la commune rurale de Talata Volonondry

I-2-1-1: Commune à forte densité démographique a- Causes de la forte densité démographique  Cause historique

La population de la commune rurale de Talata Volonondry, est de 20403 en 2006 sur une superficie de 110 km2 soit une densité de 185 habitants par km2. Une densité plus élevée que la moyenne nationale qui est estimée à 26 habitants par km2. Cette forte densité démographique est avant tout liée à l’histoire. La commune rurale de Talata Volonondry constitue l’un des premiers foyers de peuplement d’entant. Elle est le territoire des « Mandiavato »25 et cela depuis l’époque des royaumes. Si au début, l’implantation de ce clan dans ce territoire était le résultat de l’expansion du royaume Merina qui voulait fortifier ses frontières à cause des incursions incessantes des Sakalava sur leurs terres, aujourd’hui, les gens y fixent car c’est leur « Tanindrazana » ou patrie.  Cause culturelle

La mentalité malgache qui considère l’enfant comme richesse selon l’adage célèbre « Ny zanaka no harena »26 constitue l’une des causes de la forte croissance démographique de ce territoire. Ainsi, l’enfant est comme un bien, plus on a autant d’enfants plus on a beaucoup de mains pour travailler comme les Malgaches ont fait souvent lors d’une nouvelle naissance, si c’est une fille on dit « Arahabaina nahazo mpatsaka »27, et si c’est un garçon on dit « Arahabaina nahazo mpaka kitay »28. De même, la bénédiction nuptiale souhaitée par les parents lors du mariage de leurs enfants le confirme « Miteraha fitolahy fitovavy29 ». Enfin,

25 Littéralement Mandiavato signifie ce qui marche sur les rochers. C’est le nom d’un clan occupant ce territoire, ce nom est donné par le roi Andrianampoinimerina

26 C’est l’enfant qui fait la richesse.

27 Félicitation d’avoir eu une chercheuse d’eau.

28 Félicitation d’avoir eu un chercheur de bois.

29 Que vous ayez sept (7) garçons et sept (7) filles.

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l’enfant est considéré aussi comme une bénédiction divine comme les gens disent parfois « Nomen’Andriamanitra ny fara ». b- Conséquences de la forte densité démographique. Cette forte densité démographique engendre divers problèmes comme les problèmes de scolarisation et de recouvrement sanitaire, ainsi que le problème de gestion des ressources naturelles.  Le problème de gestion des ressources naturelles.

La forte densité démographique à Talata Volonondry est une entrave au développement. Le taux de croissance démographique et celle des ressources dont disposent la population ne sont pas équilibrés. Par ailleurs, Talata Volonondry a des problèmes environnementaux causés par une mauvaise gestion des ressources naturelles comme la forêt, le sol. La forêt est la première à en faire les frais pour la fabrication des charbons de bois et à la recherche des bois de chauffe. Ainsi, le sol est mis à nu sur les versants. Or les arbres jouent un rôle très important dans la préservation de l’environnement et peuvent servir à la fois comme médicament, engrais et abri des faunes et flores. Ce problème ne concerne pas seulement la commune de Talata Volonondry, mais il est généralisé car presque toutes les régions de la grande Ile rencontrent ce même phénomène. Pour faire face à ce problème, le ministère de la santé et du planning familial a préconisé de ramener à trois le nombre d’enfants par ménage, lors de la journée mondiale de la population célébrée à Tuléar le 12 juillet 2007. Dans la commune rurale de Talata Volonondry, d’après le registre de recensement de la commune, chaque famille recensée a en moyenne cinq à six enfants. La commune devrait avoir alors un rôle essentiel en matière de planification des naissances. La tenue de l’Etat civil lui permet en effet d’identifier les femmes qui ont déjà trois enfants. Ce qu’il faudrait c’est que le personnel de santé aille vers ces femmes au lieu d’attendre passivement qu’elles fassent elles-mêmes la démarche. Il serait alors possible de leur fournir toutes les informations nécessaires pour qu’elles puissent prendre une décision en toute connaissance de cause. C’est ce qu’on appelle une maternité responsable.  Le problème de scolarisation et de recouvrement sanitaire.

o Problème de scolarisation.

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Presque toute la localité dans la commune rurale de Talata Volonondry a une Ecole Primaire Publique, il existe 27 EPP dans cette commune. La plupart des enfants fréquente l’école mais très peu y réussi bien. Le problème est le même que celui du reste de l’île : la pauvreté30. Les nantis vont dans les trois écoles (3) privées de la commune. Après avoir fini la classe primaire, les apprenants peuvent continuer leurs études dans quatre établissements dont l’un est confessionnel, l’un privé et les deux autres publics. C’est là que commence le problème de recouvrement scolaire. Est-ce que les quatre (4) établissements scolaires au niveau II suffisent-ils pour les élèves sortant des vingt-sept (27) EPP de la commune? Le problème est devenu plus cruel au-delà du secondaire car Talata Volonondry ne possède pas de lycée. Ceux qui veulent continuer leurs études niveau III doivent aller à Sabotsy Namehana31, or le déplacement exige une dépense non à la portée des bourses familiales. La plupart des enfants sont alors obligés d’abandonner la classe à la fin des études au collège et même après avoir eu le CEPE, et on sait très bien la valeur de ce Certificat d’Etude Primaire Elémentaire et de ce Brevet d’Etude du Premier Cycle actuel. On ne peut guère espérer des débouchés pour ces enfants sur le plan professionnel.

o Le problème de recouvrement sanitaire.

Talata Volonondry a deux (2) Centres de Santé de Base sises à Antsahamaro et à Ambohidrabiby. Les gens consultent volontairement les médecins selon leur dire. Mais il n’empêche que certains vont encore auprès des guérisseurs traditionnels pour des raisons culturels et aussi de l’insuffisance des centres de santé. Un centre de santé confessionnel appartenant aux sœurs de Saint Joseph de Cluny et cinq autres cabinets libres s’ajoutent à ces deux centres de santé de base publics pour assurer la santé des 20403 individus de la commune. On estime alors aujourd’hui un médecin pour 2550 personnes32. Ce qui est vraiment insuffisant.

I-2-1-2: Activités économiques spécifiques selon les zones et inexistence de synergie entre ces activités.

30 Les parents ont peu d’argent pour épauler les enfants. En plus, les enfants travaillent pour aider leurs parents pendant la saison agricole.

31 Sabotsy Namehana est à une distance de 15km de Talata Volonondry.

32 Chaque centre de santé a un médecin

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Les activités économiques relevées dans la commune rurale de Talata Volonondry sont essentiellement: l’agriculture, l’élevage, l’artisanat, le tourisme et le commerce. Ces activités économiques se répartissent suivant les zones spécifiques de la commune depuis le règne de Ralambo, autrement dit, il existe une division de travail selon la spécificité de chaque zone. Cette division de travail existe encore de nos jours et les privilèges étaient transmis de génération en génération.

Voici un tableau montrant les paramètres spécifiques des zones Tableau N°1 : Les paramètres spécifiques des zones Zones I II III IV Ressources humaines + + + + + + + + + + + + Accès Difficile Facile Difficile Facile Rizière + + + + + + + + + Plaines + + + + 0 + + + + Artisanat + + + + + + + + + + Tourisme + + 0 0 + + + + Vision Agricole Industrielle et Rizicole Touristique et commercial artisanale

+ + + +: Très fort + +: Moyen fort + + +: Fort +: Peu fort 0: Faible ZoneI : Amparafara, Ampanataovana, Morarano Idilana, Ambohitrangano, Ankadivoribe, Ambodiala, Ambohimahavelona, Ambolo, Ambohimiadana. ZoneII : Antsahamaro, Talata Volonondry, . ZoneIII :Andranotsimihozo, Ambohibary, Ampahidralambo, Ambatomitsangana, Tsarahonenana, Ambohitrantenaina, Ambohibao, Antanambao. ZoneIV : Ambatondralambo, Fonohasina, Ambodifahitra, Ambohidrabiby, Kelifaritra.

Source : PCD 2003-2007 de la commune Année de collecte : 2007 a- Secteur agricole toujours dominant mais loin de satisfaire le besoin communal surtout du point de vue rizicole.

Le paysage de la commune de Talata Volonondry est formé de massifs collinaires, où il existe très peu de terrains aménageables. Ce qui est un handicap énorme pour la commune, or, l’activité de la commune est tournée vers l’agriculture. Sur les 110 km2 que compte la 19

commune, seulement 34% sont exploitables. En outre le rétrécissement de terrains de culture pose cependant de problème. Les Mandiavato produisent en tout 941 T de riz par an sur une superficie de 542 Ha soit à peu près 2 T par Hectare. Cette production est loin de satisfaire le besoin local, il y a donc un déficit d’au moins 250 T/an. La commune se trouve donc dans l’obligation de combler ce déficit en s’approvisionnant dans les communes voisines comme et . Ainsi, la commune n’arrive pas à s’affirmer étant donné que son principal moyen de travail ne lui permet pas de subvenir à ses besoins propres Voici un tableau montrant le rendement agricole dans la commune Tableau N°2 : Le rendement agricole de la commune

Nature Superficie(Ha) Production en Part consommation Part commercialisé en tonne avec tonne en tonne prix en FMG Paddy 542.2 931.8 931,8 O O Maïs 32.02 23.506 19,2 4,306 17 224 000 Manioc 191 712 460,8 251,2 Oignons et 35.8 170 2 168 420 000 000 ails Haricot 40.5 30.6 18 12,6 69 300 000 Voanjobory 12.7 22.5 20 2,5 13 750 000 Arachide 11.9 16.2 8 8,2 16 400 000 Saonjo 14.1 17.2 10 7,2 18 000 000 Pommes de 16 37.4 25 12,4 24 800 000 terre Patates douce 41.3 83.6 31,7 51,9 103 800 000 Tomates 1.83 8.1 4 4,1 12 000 000 Légumes 121 142 80 62 155 000 000 Fruits 5.9 21.5 12 9,5 23 750 000

Source : Enquête personnelle et la monographie de la commune Année de collecte :2007 b- L’élevage La pratique de l’élevage est aussi importante dans la commune rurale de Talata Volonondry. On y pratique essentiellement le type d’élevage extensif de bovidés, de porcs, d’espèces caprines, de volailles et de lapin. Le bétail dispose d’une vaste surface de pâturage comme celle d’Ambodifahitra et celle d’Ampahidralambo. Force est de constater cependant qu’en plus des problèmes d’insécurité, le vol de zébus, les éleveurs locaux rencontrent pas mal de problèmes liés notamment à l’élevage. Ceci étant à cause des parasites et des maladies contaminant le cheptel d’une part, et d’autre part du fait du manque de vétérinaire. Il n’existe en effet aucun poste ni cabinet de vétérinaire dans la commune rurale de Talata Volonondry.

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c- Le tourisme et l’artisanat : Activités prometteurs d’avenir pour la commune.  Le tourisme

Le secteur tourisme doit être l’un des services de revenu pour certains agents exploiteurs de ce secteur. Quant à la commune rurale de Talata Volonondry, elle dispose 34 Ha de forêts naturelles, 456.6 Ha d’eucalyptus, 69.54 Ha de pins et 30 Ha d’arbre fruitiers. L’existence de ces ressources naturelles doit constituer un atout particulier pour la commune en matière d’écotourisme. De plus la commune dispose d’une grande potentialité touristique à caractère socioculturel grâce aux deux sites localisés à Ambohidrabiby33 et Ambodifahitra34. Malgré tout cela, l’existence de ces sites touristiques reste une simple réputation pour la commune car l’accès à ces sites s’avère assez difficile et ils ne disposent en outre aucune infrastructure d’accueil pour les éventuels visiteurs et la visite de ces sites se fait jusqu’à maintenant gratuit. Ils ne rapportent aucune ristourne pour la commune.  L’artisanat

Après l’agriculture et l’élevage, l’artisanat fait partie des activités de certains paysans de la commune. Il y a la couture, la broderie, le tissage, la vannerie, la menuiserie, l’ouvrage métallique, l’exploitation de la soie. Cette dernière activité prédomine sur les autres. C’est une activité très ancienne à Ambohidrabiby. Autrefois, la célébrité de cette zone dans la production de soie était déjà connue sur les hautes terres centrales. Le souverain35 envoya les gens à Ambohidrabiby dès que son fils36 désirait se nourrir de chrysalide. « Allez à Ambohidrabiby chez les Zanadoria, faites ouvrir les cocons et retirer les chrysalides pour les lui apporter »37

d- Le commerce La commune n’est pas en reste non plus. Elle dispose de plusieurs produits destinés à la vente comme l’oignon, l’ail, … Et c’est depuis le temps du roi Andrianampoinimerina que

33 Le rova ou le palais royal

34 Le “zohin’ny martiora” ou la grotte des martyrs.

35 Le souverain Andrianampoinimerina

36Son fils Radama

37 RP Callet, 1974. Tome l

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l’esprit d’homme et de femme d’affaire est développé chez la population. C’est depuis 1820 qu’un marché hebdomadaire a existé mais il est seulement aujourd’hui transformé en marché communal. On recense actuellement 191 détaillants dans le chef lieu communal, un grossiste et une dizaine de collecteur. L’existence de cohérence entre ces différentes activités pourrait mener à bon port le développement de la commune, néanmoins l’enchaînement entre les activités est presque absent. Ainsi, les commerçants de la commune sont obligés de vendre des produits qu’ils importent de la capitale et de l’extérieure au lieu de vendre les produits agricoles du secteur primaire et les œuvres des artisans locaux. Ces derniers sont confrontés au problème de déboucher. NURSKE a même développé « la théorie de la croissance équilibrée » qui consiste à « Un ensemble de la structure productive qui doit se développer en respectant un équilibre entre les secteurs dont chacun doit offrir à l’autre fourniture et débouchés sur le marché »38

I-2-1-3: La Gouvernance. a- Les organes de gestion de la commune et leurs interactions Trois organes principaux interviennent dans la gestion de la commune à savoir l’organe exécutif, l’organe délibératif et l’organe consultatif, nous allons les passer en revue ci-dessous. - L’organe exécutif : le maire et ses adjoints Le maire et ses adjoints sont les gestionnaires et les administrateurs des propriétés de la commune, ils gèrent les revenus et surveillent la comptabilité, établissent le budget de fonctionnement de la commune. Le maire est le maître d’œuvre des travaux communaux, il est le représentant juridique de la commune en matière de vente, d’achats, de baux, les marchés ainsi que les instances judiciaires. - L’organe délibératif: les conseillers. Les conseillers sont chargés de délibérer les propositions et projets soumis par le bureau exécutif, ainsi que les grandes questions sur les orientations touchant les activités au niveau de

38 NURKSE (1952) cité par Fontaine in Théories économiques : Mécanismes et politique de développement économique ; du big push à l’ajustement structurel. Edition CUJAS Paris 1995, 181 pages. P54.

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la commune. Financièrement, les conseillers votent le budget de fonctionnement de la mairie, ainsi que le taux du droit des taxes perçues au niveau de la commune. - L’organe consultatif: le délégué C’est un fonctionnaire d’Etat nommé pour le représenter au niveau de la commune. Celui-ci en tant qu’agent de l’Etat ou délégué administratif d’arrondissement a pour mission de veiller au respect de la légalité des actes et des délibérations prises au niveau de la commune. C’est lui le garant des intérêts nationaux, le gardien du respect de la loi. Vu réciprocité de tâches, la relation entre le délégué administratif et les responsables communaux pourrait être bonne ou conflictuelle selon le cas et la circonstance. Quant à la commune rurale de Talata Volonondry on constate plutôt la bonne relation. Le délégué et le maire sont dans le même parti du TIM39, ipso facto la recherche d’intérêt politique identique pourrait les conduire par la suite à des compromis qui mettent avant tout l’intérêt politique de leur parti. Le délégué et le maire risquent ainsi de ne plus exercer leur fonction respective. Or, leur relation doit être technique et l’esprit d’équipe doit y régner pour servir d’intérêt général à la collectivité décentralisée. Au niveau du village, l’administration revient aux chefs des quartiers et aux présidents des fokonolona. En fait, l’équipe du chef de quartier est composée de trois membres40. Cette équipe intervient sur le plan administratif, économique, social, sécurité publique, éducation, culturel, environnement et infrastructure. L’équipe du président du fokonolona est composée au moins de huit membres soit un président, un vice président et six membres de commissions élus au suffrage universel. Cette équipe intervient sur le plan économique, social et culture, ainsi que la sécurité Voici un organigramme illustrant la gestion de la commune

39 Tiko I Madagasikara

40 Le chef quartier et deux adjoints désignés par le ministère de l’intérieur et de la reforme administrative.

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Figure N°1 : Organigramme de la commune rurale de Talata VOlonondry

Conseillers Maire Délégué administratif communaux d’arrondissement

1er adjoint 2ème adjoint

Délibération des propositions et projets soumis Secrétaire général Représentant de l’Etat par le bureau exécutif

Secrétaire Secrétaire Secrétaire civil trésorier administratif

Source: Auteur Année : 2007 b- Les changements concrets déjà effectués par rapport à la liste des projets contenus dans le plan communal de développement  Diversités de programmes qui présentent de priorité.

Le plan communal de développement est un outil de gestion du développement de la commune et notamment en termes de planification et de coordination des actions de développement au niveau de la commune. C’est un document cadre déterminant les buts que se fixe la commune en matière de développement : La stratégie, les programmes et les projets pour les atteindre et les moyens de leur mise en œuvre. Depuis 2001, il est formellement exigé à toutes les communes d’établir un Plan Communal de Développement car les partenaires techniques et financiers se sont engagés à ne soutenir que les projets prévus dans les PCD. D’après la monographie 2003 et les résultats des travaux que nous avons effectués sur terrain en Juin 2007, nous avons constaté une forte priorisation de programme dans la commune rurale de Talata Volonondry. 243 programmes ont été inscrits dans le Plan Communal de Développement.

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Tableau N°3 : La priorisation des programmes dans le PCD de la commune

Commissio Educatio Agricul Tourisme, Santé Electrificat Infrastructur Gouvern Tota n n ture et environneme ion, e routière ance l élevage nt, artisanat habitation Nombre de 62 53 33 31 29 24 11 243 programme Pourcentag 25.5% 21.81 13.58% 12.75 11.93% 9.87% 4.52% 100 e % % %

Source : PCD 2003-2007 de la commune L’éducation tient la première place avec 25.5% des programmes à réaliser. Ce n’est pas étonnant vu le faible taux d’alphabétisme41 dans la commune. En plus la commune souffre cruellement de l’insuffisance de Collège d’Enseignement Secondaire, de l’inexistence de lycée, du manque d’enseignants et de matériels didactiques. L’agriculture et l’élevage tiennent la seconde place, avec un pourcentage de 21.81% des programmes, ce qui est tout à fait normal car ce sont l’agriculture et l’élevage qui font les bases des activités de la population de la commune rurale de Talata Volonondry.  Le Plan Communal de Développement et la réalisation des programmes y afférents.

Dans le Plan Communal de Développement de la commune rurale de Talata Volonondry, on constate une faible réalisation des programmes. Les objectifs sont loin d’être atteints. La situation reste peu changée. Les écarts subsistent entre la conception et la mise en œuvre de Plan Communal de Développement. Trente trois (33) seulement sont les programmes réalisés dans la commune entre 2003 et 2007 et qui représentent 13,58% des programmes figurants dans le Plan Communal de Développement.

Le problème de la mise en œuvre des programmes élaborés dans le Plan Communal de Développement revient surtout à l’insuffisance de la participation de la population, à l’insuffisance de capacité et à l’insuffisance des moyens.

41 Dans la commune rurale de Talata Volonondry, seulement 43% des femmes et 47% des hommes sont alphabètes.

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Tableau N°4 : bilan de la réalisation des programmes Commission Réalisés En cours Non Total réalisé

Education 10 16,12% 0 O% 52 83,87% 62 22,5% Agriculture et 8 15,09% 3 5,66% 42 79,24% 53 21,81% élevage Tourisme, 3 9,09% 2 6,06% 28 84,84% 33 13,58% environnement, artisanat Santé 2 6,45% 1 3,22% 28 90,32% 31 12,75% Electrification, 5 17,24% 1 3,44% 23 79,31% 29 11,93% habitation Infrastructure 2 8,33% 0 0% 22 91,66% 24 9,87% routière Gouvernance 3 27,27% 1 9,09% 7 63,63% 11 4,52% 33 13.58% 8 3.29% 202 83.12% 243 100%

Source : Enquête personnelle en Juillet 2007 et le Plan Communal de Développement 2003- 2007

c- Perception et comportement des différentes catégories sociales On peut classer la société capitaliste actuelle en trois catégories sociales bien distinctes : La classe des nantis, celle des moyennes et enfin la classe des démunis.  Les nantis

Ce sont les propriétaires terriens et les détenteurs de moyens de production. En tant que détentrice des moyens de production, ils ont le pouvoir économique, c'est-à-dire ils ont une aptitude à organiser les activités économiques et à régir les systèmes de marché et de l’échange. En plus du pouvoir économique, ils ont une certaine influence sur le pouvoir politique. Si la population participe aux travaux communautaires en fonction de leurs moyens, les nantis préfèrent la participation financière au lieu d’aménager leur force physique dans ces travaux-là, ou encore dans les différentes réunions du village.  la classe moyenne

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Cette classe dispose quelques terrains et en quelque sorte peut assurer la subsistance de sa famille. Elle peut dégager aussi un excédent de production qui peut être commercialisé. Toutefois, elle n’a vraiment pas le moyen de s’épanouir comme la classe des nantis. C’est dans cette catégorie qu’on classe les collecteurs, les transporteurs, les commerçants, les artisans qui ont de petites industries. On peut ranger aussi dans cette classe les intellectuels.  Les démunis

Les démunis sont les ouvriers agricoles, les métayers, les fermiers et les petits artisans. La plupart des gens se trouvant dans cette classe n’ont jamais eu la chance de fréquenter l’école, certains n’ont atteint qu’au maximum la troisième année du primaire. Cette classe adopte généralement une attitude de réticence face à des initiatives communautaires qui s’accompagnent de procédure. Analphabètes ou peu instruits qu’ils sont, les gens de cette catégorie de classe évitent autant que possible toute forme de collecte de données par écrit. Ceci ne facilite pas le campagne de recensement, de sensibilisation sur les différentes initiatives en cours de la commune. Le comportement de fuite explique entre autre le non enregistrement des nouveaux nés à la mairie, le désengagement face au devoir fiscal et la faible participation aux consultations populaires. Les résistances au changement sont plus accentuées chez les personnes de cette classe. Ils favorisent l’attachement au traditionalisme et freinent l’introduction d’innovation technique. Malgré les efforts de tout un chacun à être vraiment des acteurs de développement, le sens de responsabilité et d’imputabilité reste encore très limité chez la population entière. L’esprit attentiste du temps de la colonisation résiste encore aujourd’hui chez les Mandiavato. Cette situation est accentuée par le fait que la confiance entre dirigeant et population n’est pas encore définitivement restaurée dans le sens où le compte rendu de la part des dirigeants n’est pas encore disponible à temps, toutes décisions prises ou toutes actions entreprises sont loin de répondre aux attentes de la population.

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CONCLUSION PARTIELLE

La décentralisation est un système dans lequel une collectivité s’administre elle même sous le contrôle de l’Etat. Elle consiste à rapprocher les centres décisionnels des administrés et d’augmenter la pertinence des décisions prises, fondées sur une meilleure connaissance du terrain en évitant les erreurs dues à l’ignorance des données propres à la vie locale.

Talata Volonondry, est connue dans l’histoire comme étant l’une des principautés fondatrices de la future Nation malgache. C’est une commune à forte densité démogra- phique. Cette pression démographique engendre divers problème comme celui de la scolarisation, du recouvrement sanitaire ainsi que le problème de gestion des ressources naturelles dans la commune.

Dans la commune, une division de travail existe depuis le règne de Ralambo et persiste encore jusqu’à maintenant. Le secteur agricole domine par rapport aux autres activités, pourtant la production dans la commune n’arrive pas toujours à satisfaire le besoin communal.

On a ne forte priorisation des programmes dans le Plan Communal de Développement de Talata Volonondry. Par contre, 13,58% de ces projets seulement sont réalisés.

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II- LES ATOUTS ET LES BLOCAGES DE LA COMMUNE POUR LA REUSSITE DE LA DECENTRALISATION

Talata Volonondry a d’énormes atouts et de potentialités en matière de développement grâce aux nombreuses richesses en ressources naturelles. Si ces richesses sont exploitées d’une façon rationnelle, elles peuvent constituer des moyens certains de développement voire être la clé d’un développement local durable.

II-1: Les atouts de la commune pour la réussite de la décentralisation.

II-1-1: Point de vue économique.

II -1-1-1: Les infrastructures de base de la commune. La commune dispose déjà de quelques infrastructures de base au service du développement économique local. a- L’infrastructure de liaison et l’évacuation des produits locaux La Route Nationale 3 donne un nouveau souffle à l’économie de cette zone, redynamisant le commerce des produits de rente. Cette zone fait partie des zones de collecte des oignons et ails. Dans toute l’Imerina, aucun marché ne peut rivaliser celui de la commune de Talata Volonondry sur ces deux produits. Leurs introductions dans la région sont assez récentes, elles datent des années 50 à peu près. L’ail et l’oignon ont besoin de soins particuliers. C’est pourquoi cette culture n’occupe tout au plus que 0.5 ha. Elle rapporte à chaque famille entre 200 kilos et une tonne. Le revenu qui peut en être tiré subvient à l’entretien du ménage. Nonobstant cela, l’absence des voies carrossables à l’intérieur de la commune représente un facteur limitant pour le développement de celle-ci. Les produits de rente transportés restent très limités car les paysans sont forcés de les livrer à dos d’homme. Un homme ne peut transporter au maximum que 20 à 30 kg. Mais cela dépend aussi de l’état des sentiers à suivre avec leurs montées et descentes souvent glissantes à cause des pluies. La présence du marché hebdomadaire qui a lieu tous les mardis pourvoit plus ou moins la ressource monétaire de la commune et de plusieurs foyers de Mandiavato.

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b- L’importance du marché hebdomadaire pour la commune et pour les foyers des Mandiavato.  Le marché : principale source financière de la commune.

Le marché constitue la principale source financière de la commune à travers les ristournes42 que les collecteurs doivent payer à la commune, ainsi que le droit d’abattages43, et les tickets. Les bouchers doivent 2.500 Ar à la commune à chaque tête qu’il abat. Tous les mardis, jour du marché de la commune, un boucher abat au moins un bœuf, or on compte au moins 8 bouchers44 dans ce même place du marché. Pour les tickets, ceux qui vendent sur terre payent 100 Ar et ceux dans les hangars 500 Ar Voici un tableau récapitulant la source financière de la commune à travers le marché.

Tableau N°5 : La source financière grâce au marché Source financier Somme perçue par semaine Somme perçue par mois (Ariary) (Ariary) Ristourne 125. 000 540.000 Droit d’abattage 70 . 000 280. 000 Ticket 18. 000 72. 000 Total 213.000 892. 000

Source : Enquête personnelle Année de collecte : 2007 Le marché hebdomadaire de Talata Volonondry constitue pour la commune la principale source financière. C’est dans ce sens que nous pouvons dire qu’il est un atout pour le développement et la réussite de la décentralisation.  Le marché : créateur d’emploi et centre d’approvisionnement pour les marchés, petites épiceries et les foyers ruraux.

42 Une sorte de droit de passage des camions collecteurs

43 La commune a le droit de percevoir une taxe au bénéficiaire à chaque bétail qu’il abat

44 Il faut noter aussi que Talata Volonondry est une zone d’approvisionnement en viande de bœuf pour diverses régions. Cela améliore la recette du droit d’abattage.

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PHOTO N°1 : LE MARCHE, PRINCIPALE SOURCE FINANCIERE DE LA COMMUNE Le marché hebdomadaire de Talata Volonondry crée divers emploi pour sa population et constitue un centre d’approvisionnement pour les marchés ruraux. La vente des produits ne se fait pas directement du producteur au consommateur, des intermédiaires participent à l’échange commercial. Il y a les collecteurs, les grossistes et les détaillants. Les collecteurs sont peu nombreux, mais détiennent le capital et les moyens de transport. Malgré le fait qu’ils achètent à bas prix les produits provenant des producteurs, grâce aux collecteurs, les paysans producteurs trouvent facilement des débouchés pour écouler leurs produits. D’autres services d’activités sont aussi crées par le marché. La présence en grand nombre de commerçants et l’immensité de la foule qui y va tous les mardis favorisent l’activité des restaurateurs et des gargotiers. La plupart de ces premiers cherchent à manger pour apaiser leur faim sur place même. D’autres petits métiers y sont également rencontrés tels que l’horlogerie, le recharge briquet, le service taxiphone, les dockers, les maquignons, les coiffeurs45. Toutefois, l’abondance sur le marché des produits importés nuise les activités artisanales. La nouvelle mode comme partout ailleurs à Madagascar c’est la friperie, au point de porter ombrage aux produits artisanaux locaux, les confections artisanales deviennent de plus en plus rares. La totalité des commerçants ou marchands et ceux qui travaillent aux services des autres comptent 202 personnes dont: 1 grossiste, 10 collecteurs ,191 détaillants et ceux qui font

45 Beaucoup d’hommes viennent uniquement le mardi pour se faire couper les cheveux.

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d’autres services pour les autres. Ces nombres varient en fonction des périodes. La saison sèche est la période favorable au commerce selon les marchands enquêtés. Les paysans viennent vendre leurs récoltes et profite à acheter des habilles, des intrants agricoles. Cette situation motive les marchands à venir au marché pendant la période sèche. Quant aux épiciers, le marché hebdomadaire est le seul grand centre d’approvisionnement pour eux, c’est-à-dire pour des petites épiceries de la plupart des 28 fokontany de la commune ainsi que des ménages ruraux. La présence de ce marché s’avère donc indispensable pour l’économie de la commune et rend un très grand service aux petits épiciers ruraux en ce il répond aux besoins de l’économie locale en assurant le ravitaillement des paysans. La présence de ce marché hebdomadaire pourrait aussi améliorer le mode de vie des paysans moyennant des marchands ambulants qui y achètent des articles de produits manufacturés très variés et dont les paysans ont considérablement besoin pour la vie quotidienne.

c- D’autres infrastructures au service de la population. Une poste avancée de la gendarmerie est construite dans la commune pour assurer la sécurité dans la population. Talata Volonondry dispose aussi d’une poste de télécommunication qui y est installée depuis la période coloniale. Cette poste disposait d’une ligne téléphonique qui a servi aux colons comme moyen de communication entre eux. Cette poste sert actuellement comme lieu d’envoi et de réception46 des courriers.

II-1-1-2: La commune : riche en sites touristiques L’ensemble des ressources naturelles dont dispose la commune rurale de Talata Volonondry constitue l’un des principaux facteurs de progrès très important pour la localité. La commune de Talata Volonondry est en effet dotée d’un environnement naturel de qualité particulièrement attrayant, comme le palais d’Ambohidrabiby47 et la grotte de Rasoalandy à Ambodifahitra48.

46 La poste reçoit une vingtaine de courrier et en envoie une dizaine par semaine.

47 Palais royal d’Ambohidrabiby

48 La grotte du martyre Rasoalandy.

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a- Ambohitrabiby : zone riche en vestige historique. De nombreux vestiges de l’histoire de Madagascar peuvent être exploités à Ambohidrabiby. Pour expliciter cela, nous allons voir successivement les vestiges laissés par la royauté et les divers vestiges qui ont montrés la pénétration des étrangers dans cette localité.  Les vestiges laissés par la royauté

La résidence royale occupe le centre du sommet d’Ambohidrabiby ; elle était entourée par un double fossé. Des habitats groupés séparent cette enceinte royale du premier fossé. Les limites laissées par le roi Ralambo existent encore aujourd’hui. La résidence est clôturée par les haies de forme rectangulaire et toujours entretenue .Il ne reste que l’emplacement du palais royal au Nord-Est de l’enceinte. Ce palais est composé de trois « Trano tokona»49 qui étaient détruites par des cyclones tropicaux. A l’ère coloniale, un bâtiment y a été construit pour le remplacer, elle servit de bâtiment administratif. Cependant, ce dernier était déplacé près de la Route Nationale3 à la veille de la première république. Devant le palais, le vatomasina50 a été implanté et tout près se trouve le kianja. Le vatomasina était une place réservée pour le roi51, il s’y tient pour s’adresser directement à son peuple. Ralambo choisit la cour du palais royal pour établir le kianja où il vint pour faire le kabary 52.

49 Maison en bois

50 Un saint rocher

51 Le roi Ralambo

52 Discours

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PHOTO N°2 : LA PIERRE SACREE DE RABIBY

o Des monuments funéraires

Depuis toujours, les malgaches valorisent la construction du tombeau, en le considérant comme la demeure éternelle. A Ambohidrabiby, les tombeaux des Rois sont alignés à l’Ouest du Kianja. Le tombeau de Rabiby était le premier construit au centre du sommet de la colline. Le roi Ralambo a été enseveli à gauche du tombeau de Rabiby. Ces tombeaux des premiers rois ont été construits par un même architecte ; ils représentent la forme d’une vielle sépulture : une cave surmontée de tumulus constituée par des éclats de pierre. Le tombeau de Rasendrasoa est le plus à droite. Rasendrasoa était la femme d’Andrianampoinimerina qui habitait à Ambohidrabiby et y fut enseveli à sa mort. Son 53 tombeau se distingue particulièrement par le « trano manara » o Les autres vestiges

53 Littéralement une maison froide.

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Rappelons qu’Ambohidrabiby est entouré par des fossés circulaires et des portails avant d’arriver au palais du Roi. Trois fossés y existent encore maintenant. L’un possède une dimension de sept (7) m de largeur et huit (8) m de profondeur. Ils sont envahis par une végétation de broussailles et d’arbres fruitiers. (Pruniers, bananiers, bibassiers, pamplemousses…). L’un des fossés se situe à Ambodifahitra, il entoure quelques foyers traditionnels et le grand tombeau de la famille Jean Laborde. Les deux autres apparaissent au sommet d’Ambohidrabiby. Ils ont été construits pour entourer la colline seigneuriale en assurant la protection commune du roi et de ces sujets. L’accès au village était limité par ces fossés. Personne ne pouvait venir au palais royal sans passer par des portails étroits fermés par une pierre de deux (2) mètres de large et de 20 à 25 cm d’épaisseur. L’ouverture de ces portails exige une grande prudence pour éviter tout accident. Ces portes sont toujours là, l’un à l’Est et l’autre à l’Ouest. Un tunnel est apparu dans le fossé à l’Ouest du village et il conduit à un chemin qui sort vers la rizière du bas fond. D’après la tradition orale : « Le peuple s’enfuyait par ce tunnel en cas d’invasion des ennemis ; en outre, il était utilisé pour sortir du blocus de la ville ». Mais avec le temps cette galerie a été bouchée à cause de l’érosion. Cependant, les habitants ont réussi actuellement à la restaurer. Par ailleurs, l’existence de la marmite de Jean Laborde fait aussi des vestiges qui témoignent l’installation des étrangers dans ce coin.  Des vestiges témoignant la pénétration étrangère.

Laborde s’est marié à une « Zanadralambo » d’Ambodifahitra, mais par suite à l’expulsion des Européens en 1857, il avait réussi à cacher la poudrière54 qui est un dépôt d’explosifs d’abord à Ambodifahitra, puis à Ambohidrabiby. Cette poudrière était bien protégée dans un petit chalet près des tombeaux des rois. Selon la tradition orale, l’atelier de poudre de canon de Jean Laborde a été installé à Ilafy. Cette marmite en fer a été utilisée pour la cuisson de la poudre. Ces poudres étaient destinées à la confection des cartouches de fusils de la reine Ranavalona I pour ravitailler les armées malgaches. La reine a pris la décision de créer des entreprises pour diminuer l’importation de certains produits.

54- Une grande marmite en fer d’une dimension de deux (2) m de diamètre qui trône à la cour de l’enceinte royale d’Ambohidrabiby

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PHOTO 3 : CUVE METALLIQUE DE JEAN LABORDE On remarque aussi trois tombeaux qui appartiennent aux soldats français se trouvant entre les deux fossés à l’Ouest de l’enceinte royale. Une base militaire française a été installée à Ambohidrabiby pendant l’ère coloniale. Trois (3) soldats français y ont succombés durant la guerre Franco-malgache et y ont été enterrés. Leurs tombeaux représentent la forme d’une vielle sépulture : une cave surmontée de tumulus d’éclats de pierre. b- La grotte de Rasoalandy à Ambodifahitra. Cette grotte naturelle fait la célébrité d’Ambodifahitra, non seulement par son caractère naturel mais surtout à cause de sa liaison avec l’histoire. Cette grotte porte le nom de Rasoalandy, dont le vrai nom est Andramanantena Rasoalandy. Celui-ci fait partie des 500 soldats envoyés à Fianarantsoa par Radama I. Au-delà de sa mission, Rasoalandy entreprenait à évangéliser les gens, et par son zèle apostolique il a pu convertir beaucoup d’âmes. Malgré cela à l’époque de Ranavalona I, on commençait à persécuter le christianisme. Rasoalandy avec les fidèles ont dû s’enfuir à Ambodifahitra et ils cachèrent dans cette grotte. Mais le 17 juillet 1857, Rasoalandy fut arrêté en compagnie de 14 autres fidèles. On les a torturés à mort. Dorénavant, on peut ranger Rasoalandy et ses compagnons au même rang que Rasalama la fervente célèbre de la religion protestante, car ils ont tous subi le martyr. La tête de ce martyr Rasoalandy fut ensevelie à Sarotrafoy d’Ambodifahitra. A nos jours, les gens attachent très peu d’importance à ce site comme c’est le cas de toute la culture malgache. Ils s’attachent de moins en moins à leurs histoires et n’en conservent que des vagues souvenirs. Or, c’est une aubaine pour la commune car elle pourrait s’y appuyer pour lancer dans la région le tourisme de découverte et le tourisme lié à l’histoire. Cela rejoindrait ainsi la réconciliation des malgaches avec son histoire. 36

PHOTO 4: LA GROTTE DE RASOALANDY A AMBODIFAHITRA

II-1-2: Point de vue social

II-1-2-1: Population jeune La commune rurale de Talata Volonondry est constituée par une frange de population en majorité jeune. Si cette situation est exploitée à bon escient elle pourrait être un atout considérable au déploiement de la commune entière car elle constitue une grande force productive permettant d’assurer un développement sérieux. Malheureusement, ces jeunes sont loin de constituer une force productive, ils risquent au contraire d’être un fardeau pour la communauté locale, par faute d’emploi et des activités génératrices de revenus. D’ailleurs, le rétrécissement des terres cultivables empêche cette frange de population à devenir des agriculteurs.

II-1-2-2: La cohésion clanique, base d’une communauté de départ. L’Avaradrano est connu par “ses grandes familles”. Ces clans y ont été domiciliés depuis des temps immémoriaux. La répartition a été organisée par les grands rois d’autrefois

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et ont encore une influence dans l’organisation de la région. Il existe une entraide mutuelle au niveau de chaque lignage qui pourrait être un service d’initiative locale pour l’autonomie de la commune. De ce fait, cette cohésion sociale favorise la circulation des informations, enrichie et renforce les acquis du groupe, crée au sein de la communauté une synergie favorable au développement local de la commune.

II-1-3: Point de vue politique.

II-1-3-1: Existence de quelques acteurs de développements en complémentarité avec l’autorité locale Quatre (4) acteurs principaux en complémentarité avec les autorités locales55 interviennent dans le processus de développement au niveau de la commune rurale de Talata Volonondry. Ils se diffèrent les uns des autres par leurs spécialités, leurs domaines d’intervention propres au niveau de la localité, leur statut d’organisme professionnel ou association, leur envergure nationale ou internationale ainsi que par leurs intérêts respectifs. a- Organisations Non Gouvernementales. Les ONG sont bien équipées et disposent suffisamment non seulement des moyens matériels et financiers mais également des moyens techniques et humains dans la réalisation de leur projet. Leur présence au niveau de la commune offre en outre, l’opportunité à la population locale de s’impliquer et de prendre part aux activités de développement de leur localité. Parmi ces ONG, on peut citer la SEECALINE, le FID, la coopération Suisse. Leurs activités sont limitées à un domaine particulier comme l’éducation la nutrition, la mise en place des infrastructures répondant à l’attente des peuples et du milieu. b- Associations. Les paysans producteurs de la commune se sont regroupés en association ou en groupement afin de défendre leurs intérêts communs et pour qu’il y a plus de dynamisme en matière de développement local. D’autres se sont érigés en petites structures financières se constituant en mutuelle d’épargne aux fins d’entraide par le biais de prêt d’argent en faveur des paysans producteurs répondant aux besoins de leurs activités. Il faut reconnaître néanmoins que ces structures financières sont encore bien fragiles. Elles ne sont pas encore

55 Les agents déconcentrés et décentralisés

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bien organisées donc mal gérées, si bien que les fonds sont difficilement disponibles, par faute de respect des échéances au remboursement des emprunts. c- Opérateurs économiques locaux Les opérateurs économiques locaux sont les commerçants, les transporteurs, les collecteurs, ceux qui ont des petites et moyennes industries comme les décortiqueuses. Il semble que ces activités sont encore dans ses débuts, récents et encore dans la phase d’essai. Ils ne sont pas assez organisés et professionnels pour assurer la pérennisation.  La radio Nederland

En 1947, au lendemain de la fin de la deuxième guerre mondiale, la fondation « Radio Nederland International » voyait le jour. Son siège se situe à Hilversum au Pays Bas. Son but est de faire connaître les pays orange à travers le monde. C’est une chaîne internationale qui produit des émissions pour la radiodiffusion étrangère. Elle diffuse à travers le monde des émissions en plusieurs langues56 selon les pays cibles sur ondes courtes, ondes moyennes et satellite. Cette station relais de Madagascar est située dans la commune rurale de Talata Volonondry. Elle s’étend sur 100 Ha environ et dispose de deux émetteurs de 300 KW dont chacun peut être raccordé à une des 13 antennes présentes dans le site. Cela permet de transmettre des émissions vers l’Afrique, le Moyen Orient, l’Indonésie et même l’Amérique du Sud et l’Australie. Les émissions sont reçues à Tananarive des Pays-Bas via les satellites avant d’être retransmises par ondes courtes dans le monde. Les émissions de la Radio Nederland sont captées par une population cumulée de ménages estimée à 400.000.000. Unique au monde, le complexe d’antenne relais de la Radio Nederland qui se trouve dans la commune rurale de Talata Volonondry a pu voir le jour grâce à l’accord passé entre les gouvernements respectifs des deux pays en 1972. Chaque année, la Radio Nederland paie une redevance à l’Etat malgache pour l’occupation du terrain. Cette redevance est «évaluée à plusieurs centaines de millions de nos francs. Mais une partie de cet argent seulement revient à la commune. La Radio Nederland participe aussi à la vie active de la commune. Elle finance les projets soumis par la collectivité, elle participe aux diverses actions de réhabilitation des infrastructures de la région. Ces quelques réalisations démontrent la volonté de la station de prendre part dans la vie active de la localité. Sur cinquante (50) employés de la station, trente

56 Ces langues sont néerlandaises, Espagnol, Indonésien, papiamentu, sarnami et le français.

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(30) sont originaires de la commune. Certes, ils sont constitués en majeure partie par la classe manutentionnaire mais c’est déjà une intégration de la station dans le paysage. Les gens ont plus de confiance quand ils prennent part à ce qui s’y fait.  La SOPRAMAD

La Société de Production Animale de Madagascar ou SOPRAMAD est une entreprise française lancée au milieu des années 80 dans la région d’Ambatolampy et implantée à Talata Volonondry en 1999. La filière poule pondeuse et poulet de chaire faisaient son entrée à Madagascar grâce à cette société57. L’activité de cette ferme est diversifiée. Aujourd’hui, elle touche tout l’amont du secteur primaire. Elle est devenue prestataire dans le domaine des produits pharmaceutiques, des vaccins pour les animaux de la ferme. Ses clients sont des grands renoms de l’industrie agroalimentaire malgache comme la hutte canadienne, Picor ou encore les groupements d’éleveurs dans la région , la landaise. Les gens qui habitent près de la ferme bénéficient de l’expérience de cette société. La société cède les déchets organiques des volailles à 50.000Fmg /m3. L’appel à l’investissement lancé par le maire a eu écho. Mais la commune n’en profite pas pour autant. La société a fait venir d’Ambatolampy des éleveurs qu’elle a déjà formés en qui elle a confiance.

II-2: Les blocages de la commune dans le cadre de la décentralisation.

II-2-1: Blocages sur le plan économique.

II-2-1-1: Insuffisance du budget de la commune. Chaque commune jouit d’une autonomie financière dévolue par la loi 95 005 relatives aux budgets des collectivités décentralisées. Pourtant la caisse communale de Talata Volonondry ne peut pas subvenir à ses dépenses. Voici un exemple du budget de la commune en 2004 et en 2005 qui illustre la situation.

57 10.000 poulets de chair/semaine et 12.000 poules pondeuses sont vendus. 4.500 œufs de poulet et 350 œufs de canard sont à couver par jour.

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Tableau N°6 : Budget communal 2006 Recettes Prévision FMG Primitives 2005 Réalisation 2005 Vote 2006

Impôt direct 7 000 000 5 537 237 7 000 000 Impôt indirect 30 809 000 15 236 600 40 100 000 Produits divers et accidentels 70 789 004 29 974 200 120 612 800 Produit de ristourne de 32 000 000 21 637 700 44 000 000 prélèvement et de contribution Subvention de l’Etat, Fonds de 15 929 160 27 177 317 concours Recette additionnelle 4 615 215 8 553 454 6 000 000 Total en caisse 80 939 191 CCP 84 500 000 Total général 165 439 191 244 890 117

Dépenses Prévisions primitives Réalisation 2005 Vote 2006 2005

Bureau de la commune et service 40 025 720 32 026 008 32 026 008 percepteur Service d’hygiène, d’assistance et 2 500 000 2 055 000 2 000 000 enseignement Fonctions e-t autres services de la 9 092 215 7 975 610 13 550 000 commune. Dépenses de la commune 71 272 000 51 807 041 78 082 000 Dépenses diverses et imprévues 16 200 000 13 629 885 13 747 731 Contribution et subvention 25 889 017 11 531 000 23 394 018 Dépenses d’investissement 138 074 058 35 891 500 140 000 000 Total 283 053 010 154 916 044 324 890 117

Source : Commune Rurale de Talata Volonondry Année de collecte : 2005

La grande partie du budget de la commune est consacrée au bon fonctionnement de l’administration de la commune toute entière notamment en ce qui touche les salaires des employés. Le budget destiné aux investissements locaux pour le développement est donc très faible. En effet, la commune a du mal à réaliser ses projets élaborés dans le PCD. Cette insuffisance du budget communal est surtout due au fait que trop de secteur informel règne dans la commune et surtout du fait du non paiement des divers impôts et taxes par les contribuables. a- Trop de secteurs informels en milieu rural Comme ce qui se passe dans les autres milieux ruraux, la majorité de la population active dans la commune rurale de Talata Volonondry travaille dans le secteur agricole. Un secteur qui semble encore être informel du fait que les acteurs de ce secteur n’est pas soumis au paiement d’impôt devant l’administration fiscale. C’est pourquoi on voit ici dans le budget 41

communal un faible taux de prévision, de vote et de réalisation en matière d’impôt direct58. D’ailleurs, l’Etat a déjà prévu l’instauration du « karam-pamokarana »59 pour formaliser le secteur agricole mais malheureusement, ce système n’est pas encore opérationnel au niveau de la commune rurale de Talata Volonondry. Donc, le secteur agricole qui détient la majorité de la population de la commune reste encore informel. Des observations faites sur terrain nous ont permis de répertorier à part l’agriculture, plusieurs types de professions informels comme le commerce des produits alimentaires60, l’artisanat61, les divers services62. En réalité, presque toutes les activités en milieu rural restent informelles outre certaines activités comme celui des fonctionnaires, des éducateurs, des médecins, de quelques collecteurs, des transporteurs et des commerçants. L’informalité résulte en général de la réticence sur le payement des impôts et des taxes.

b- Non payement des divers impôts par les contribuables Ambohidrabiby63 était une zone de payement des impôts en tant qu’ancienne capitale administrative de Talata Volonondry. En effet, la gestion financière existait au temps de Ralambo64. Vu l’immensité de son royaume, Ralambo incita ses sujets à aménager les secteurs en amont et en aval de la rivière Ikopa lors de sa succession au trône à Alasora. Les marais étaient asséchés pour la construction des digues dans les simples vallons dont les travaux se faisaient en commun. La population est initiée à s’adapter à l’agriculture telle la riziculture, qui se développe progressivement. A la fin du XVI ème siècle, il fait entreprendre l’endiguement de la rive gauche à l’Est d’Alasora ; Ralambo avait déjà entrepris

58 Seulement, 7 000 000 de prévision, 7 000 000 de vote et 5 537 237 de réalisation en une année.

59 Carte de producteur.

60 Marchands ambulants de saucisses cuites et de koba, deux produits qui font les renoms de Talata Volonondry

61 Comme les broderies, la vannerie

62 Les services de taxiphone, de transport, de docker.

63 Ancienne capitale administrative de Talata Volonondry, habité vers 1500 par les vazimba Manendy puis par le clan Habib (Un immigrant arabe) vers le XVI ème siècle.

64 Un roi descendant de Rabiby.

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l’aménagement des rizières plainés65. Le roi détenait le pouvoir absolu, il imposait le droit de vie et de mort sur ses sujets. Donc chacun doit verser de l’impôt de capitation « varaiventy isan’olo-miaina ». L’impôt signifie que le sujet doit racheter le droit de vie sur l’assiette territoriale. Cette loi imposée par Ralambo obligea chacun à travailler encore beaucoup plus dur pour payer l’impôt qui doit être versé au cours de la fête au bain royal avec la croupe de bœuf. Tous les efforts réalisés par Ralambo avaient des effets positifs et accéléraient le prestige d’Ambohitrabiby. Pourtant le problème se pose dès la mort de ce Roi en 1610. Aujourd’hui, les contribuables ont tendance à fuir le payement des impôts et des diverses taxes. Si la commune a voté 40 100 000Ar en matière d’impôt direct, 15 236 600Ar seulement furent réalisé. Pour l’impôt foncier par exemple, c’est souvent difficile de procéder au recouvrement de cet impôt auprès des élites rurales et des autres agriculteurs qui peuvent et osent refuser de payer quand les prix des denrées agricoles sont bas. Les grandes difficultés liées au prélèvement d’impôts sont dues principalement à la résistance des assujettis. Ces derniers ne sont pas vraiment sous pression comme au temps de la royauté. Une autre source de difficulté concerne le manque de capacité de gestion des autorités locales.

II-2-1-2: Sols pauvres et peu de surface exploitable Le rétrécissement des terrains de culture pose un problème à Talata Volonondry. L’accroissement du nombre de la population va de pair avec la diminution du part de terrain à cultiver des héritiers de la famille. Alors le sol est poussé au maximum pour donner le plus de rendement possible. Or, ce processus détruit vite le terrain et peu à peu, il est abandonné. Aujourd’hui, on estime en moyenne un (1) Ha de surface de terrain cultivable pour une famille d’agriculteurs. Par ailleurs, Talata Volonondry a très peu de surface exploitable à cause du relief qui se présente sous forme de collines à versants convexes. Sur ces versants66, l’empreinte de l’homme est faible. L’encaissement des vallées est un frein pour l’exploitation agricole. Sur les 110 km2 de surface que comptent la commune, seulement 34% sont exploitables.

65 RP Callet 1971, Histoire des Rois, traduction Chapus GS et Ratsimba E Tome I, II, III Imprimerie Nationale p.140

66 Où on a des sols ferralitiques à rendement médiocre, un sol pauvre non adapté à la culture ;

Dans les bas fonds, on a des sols hydromorphes adaptés à la culture avec l’apport d’alluvions venant des collines. Mais ils sont sur de faibles surfaces pour être rentable sur le plan de l’exploitation agricole.

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II-2-2: Blocages sur le plan social.

II-2-2-1: Faible niveau intellectuel de la population. Le tableau ci-dessous montre le niveau d’étude acquiert par les chefs de ménage selon le zone spécifique de la localité et par lequel nous pouvons estimer le niveau intellectuel des gens de cette commune

Tableau N° 7 Le Niveau d’étude atteint par les chefs de ménage Village EPP CEG Lycée Enseignement Autre Total supérieur Amparafara(zone I 17 68% 3 12% 2 8% O 0% 3 12% 25 100% agricole) Talata Volonondry (Zone 14 56% 6 24% 3 12% 2 8% 0 0% 25 100% industrielle) Ampahidralambo (zone 12 48% 6 24% 3 12% 0 0% 4 16% 25 100% rizicole) Ambodifahitra (Zone 15 60% 5 20% 2 8% 1 4% 2 8% 25 100% touristique) Total 58 58% 20 2O% 10 10% 3 3% 9 9% 100 100%

Source :Enquête réalisée par l’auteur Année de collecte : en Juillet 2007

D’après ce statistique, on devine que 58 % des enquêtés n’ont suivi que des études primaires, 20% aient fréquenté le niveau II, 10% seulement ont été au lycée et 3% ont accédé à l’enseignement supérieur. Les 9% restant ont suivi une formation technique ou n’ont jamais fréquenté l’école. La scolarisation en milieu rural dépend beaucoup du moyen des parents. C’est primaires. Ils ont été appelés d’une manière anticipée à aider leurs parents dans les travaux des champs pour faire face aux nombreuses difficultés que la famille a traversées à savoir le surnombre d’enfants en charge des parents, cherté des effets scolaires, l’ éloignement des infrastructures scolaires. Le niveau d’instruction très bas engendre un facteur de blocage qui empêche le développement des conditions de vie des paysans. Dans l’agriculture, ils sont imperméables aux pratiques de nouvelles techniques ou aux méthodes intensives comme l’ utilisation 44

d’engrais chimique, pratique sur la riziculture en ligne. Le même problème apparaît aussi dans le domaine de l’élevage. Ils considèrent ainsi les nouvelles techniques ou les nouvelles méthodes de cultures et d’élevage comme un luxe et ils préfèrent s’attacher aux méthodes traditionnelles. Sur le secteur artisanal, les paysans n’acceptent pas de se rassembler au sein d’un groupe ou d’une association, ils refusent la collaboration avec des techniciens pour des formations et d’autres activités secondaires comme la menuiserie. Face à la crise financière, ils sont incapables de négocier auprès des investisseurs ou la banque.

II-2-2-2: Exode rurale : la ville de Tananarive est une ville tentation. Le phénomène de l’exode rural est une des fléaux qui touchent la plupart des territoires qui se trouvent à la périphérie de la ville de Tananarive. Ce sont surtout les jeunes qui sont tombés dans cette attirance. L’une des raisons qui poussent les jeunes à aller en ville et finalement à y rester est le problème de scolarité, ils veulent poursuivre leurs études or l’infrastructure sur place ne répond pas à leur attente. La population de Talata Volonondry n’échappe pas à cette attraction de la ville. Vu la dureté du travail à la campagne, le revenu journalier est déplorable or lorsque les paysans arrivent en ville il paraît être facile pour eux de gagner de l’argent, en vendant des pistaches, de café, du « tambavy »67. Par rapport aux autres, la situation des jeunes filles victimes de ce fléau de l’exode rural est lamentable. A cause de leur niveau intellectuel très bas, les jeunes filles sont facilement tentées à la prostitution qui va détériorer leur vie toute entière. Outre l’attrait des luxes, on peut conclure que l’exode rural est un des phénomènes de la pauvreté d’un pays.

II-2-2-3: Les rapports sociaux dans la commune a- La “gérontocratie”, une structure sociale érigée en institution. Dans la civilisation malgache, le plus âgé est le détenteur du savoir et de la sagesse. Les jeunes lui doivent le respect. Peu à peu, cette structure a glissé en une sorte de privilège que les anciens exercent sur leurs contemporains. C’est un des facteurs de blocage dans

67 Bouillon de feuilles vertes à caractère médicinal qui peut guérir beaucoup de sortes de maladies ou peut donner un peu de force.

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toutes les régions de Madagascar. Personne ne prend plus l’initiative de peur de heurter la « sensibilité » de leurs aînés. Quant à l’usage de la parole, seul les grands y ont droit, les jeunes étaient tenus à l’écart des grandes décisions. Quand ils arrivent donc à l’âge de la maturité, ils ne savent plus quoi faire. C’est ainsi que la connaissance se perd et les repères se brouillent. A chaque génération, une part de la sagesse collective part en lambeau. C’est la dégénérescence. b- Le métayage Comme dans la plupart des territoires de l’Imerina, les habitants de la commune de Talata Volonondry pratique aussi le système de métayage. Le métayage est un rapport ou un contrat existant entre le propriétaire et l’exploitant de la terre. L’exploitant agricole loue les terres qu’il cultive et donne une part au propriétaire.

Tableau N°8 : la pratique du métayage dans la commune de Talata Volonondry. Type de contrat Contractant Propriétaire Métayer Tiers Apport : Parts de récolte : Terre 1/3 Semence + Travail 2/3 Fixe Apport : Part de récolte : Terre 10 à 15 Daba Semences + Travail Les restes

Source : enquête personnelle Année de collecte : 2007

II-2-3: Blocages sur le plan politique.

II-2-3-1: Insuffisance de capacité des dirigeants en matière d’organisation. La mise en place de la commune avec les organes administratifs qui en découlent est l’application parfaite du système de décentralisation. La commune da Talata Volonondry a les atouts disponibles pour faire réussir la vraie décentralisation. Or une telle décentralisation pourrait léser au développement attendu si les dirigeants élus à différentes manière ou désignés par le pouvoir central se manquent d’expérience surtout en matière d’organisation. En effet, on remarque d’un seul coup que les projets de développement de la commune de Talata Volonondry sont mal élaborés, le non réalisation de la plupart des projets en est la preuve. Or l’élaboration de ces projets dépend généralement des dirigeants. Le niveau intellectuel très bas de la majorité de la population a d’importants impactes sur le plan politique car ce problème affecte aussi certains dirigeants par ailleurs la formation des élus locaux était insuffisante. Par suite à cette insuffisance de formation ses élus locaux, Talata 46

Volonondry connaît un problème considérable de gestion administrative. Chaque commune jouit d’une autonomie financière dévolue par la constitution68. Pour ce faire, ses responsables doivent avoir au moins un minimum de connaissance en matière d’administration.

II-2-3-2: Le problème de communication Les communications entre dirigeants et dirigés figurent parmi les éléments clefs dans la mise en place du dispositif de gestion de la commune. Elle a pour rôle d’améliorer les relations entre les acteurs de développement, de coordonner leurs programmes et de faciliter la circulation de l’information. De facto, le problème de communication est l’un des principaux blocages de la décentralisation à Talata Volonondry. L’application de la décentralisation au niveau de la commune exige une bonne cohérence entre les élus locaux et la population locale tout en se basant toujours sur un point de dialogue. Chacun a sa manière de concevoir les choses comme les idées mais cela crée : « l’unité dans la diversité ». Tel n’est pas le de la commune rurale de Talata Volonondry. Cette dernière souffre à la fois d’un important problème de gestion administrative et de communication avec la population locale créant ainsi un grand retard face à la course du développement. L’observation de la commune rurale de Talata Volonondry démontre que l’absence de cohérence dans la communication constitue un obstacle majeur à la mise en œuvre de la décentralisation. Du côté des administrés, les séquelles de l’administration centralisée sont encore observées dans la mentalité des habitants : Les administrés ont l’habitude de recevoir les ordres de la part de l’administration locale. Cet héritage structurel demeure encore bien ancré dans la tête de certains dirigeants. Ainsi, une attitude de crainte envers les dirigeants locaux subsiste toujours chez beaucoup de gens surtout dans les endroits reculés de Talata Volonondry

II-2-3-3: Problème d’élection à Talata Volonondry Le problème de communication dans cette commune de Talata Volonondry que nous venons d’évoquer ci-dessus a un impact majeur dans le déroulement des différentes élections qui se tenaient dans tout Madagascar pendant ces derniers temps. Comme les gens ont une attitude de crainte envers les dirigeants locaux, certains élus lors de l’élection législative et la dernière élection communale de 12 janvier 2007, profitent de cette situation

68 Loi 95-005 relatives aux budgets des collectivités décentralisées.

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en faveur de leur parti politique imposant des autorités en obligeant les paysans à voter en faveur du TIM. Pour ce faire, ils ont utilisé comme arme des contraintes physiques, sociales et administratives. D’amont en aval, les différentes élections à Talata Volonondry ont souffert d’importants problèmes, depuis la préparation de la liste électorale jusqu’aux résultats des scrutins. Les codes électoraux ne sont pas bien respectés. Les répercussions sont importantes sur la mise en place du système décentralisé qui est la base de développement actuel à Madagascar.  Les préparatifs de l’élection sont mal organisés.

Dans certains fokontany qui se trouvent aux alentour de la commune, nombreux sont les électeurs qui ne sont pas recensés. La dissémination des habitants rend difficile la circulation des informations. Parmi les recensés, beaucoup d’adultes ne possèdent pas de Carte d’Identité Nationale. Le mode de communication entre les responsables de la commune et les habitants locaux est limité en général au jour du marché hebdomadaire du mardi, moment où la commune profite de la présence de la foule pour informer les habitants qui viennent de loin.  Les préparations des cartes électorales69 sont mal agencées

L’absence ou l’inexistence des cartes d’identités nationales nécessaires à l’élaboration de la carte d’électeur entraîne la réduction de l’effectif des électeurs. A cause de la distance qui sépare la plupart des fokontany par rapport au chef lieu de la commune ainsi que la difficulté de l’accessibilité pour y rejoindre, les paysans sont privés d’informations concernant les instructions nécessaires pendant la période de l’élection. Certains habitants de quelques fokontany qui se trouvent dans les coins les plus reculés de la commune ne rejoignent le chef lieu communal que 2 ou 3 fois dans l’année au maximum suivant les obligations ou suite à une convocation envoyée par la mairie. Cette situation est aggravée par le problème d’analphabétisme. Deux femmes sur trois d’une cinquantaine de femmes enquêtées dans quelques villages environnants ne savent même pas pourquoi et pour qui elles doivent voter.  Obligation de voter en faveur du TIM

Les habitants se sentent obligés de voter en faveur du TIM à cause de la pression indirecte70effectuées par des responsables et à cause de l’insuffisance des bulletins de vote pour les autres candidats.

69 Pièce exigée pour les électeurs pendant l’élection

70 Existence de contrainte. 48

Du coté de l’administration, les responsables ont mal organisé l’élection. Comme dans de nombreuses communes rurales de Madagascar, le code électoral est loin d’être respecté. Ceci est du à l’insuffisance des personnes compétentes en la matière et à la désorganisation matérielle et surtout à l’absence de contrôle au niveau des fokontany. De nombreux bureau de vote ne disposent pas d’isoloir, les bulletins de vote de certain candidat comme le SMMF sont largement inférieur aux effectifs d’électeurs dans le fokontany. Les agents électoraux profitent de l’absence de contrôle pour faire quelques manœuvres illégales. Pour y arriver certains responsables directs de la préparation des élections ont rangé mêmes ceux qui sont décédés comme participants à l’élection. Dans cette perspective le parti TIM c’est-à-dire le parti du pouvoir central doit remporter la majorité de la voix.

Tableau N°9 : Résultat de l’élection législative du 23-09-07 N° Fokontany Recensés Pourcentage Votants TIM ZAVH SMMF Blanc Nul 01 Amparafara 162 90 ,53 146 120 13 04 06 03 02 Talata 1765 33, 37 589 288 214 36 34 17 Volonondry 03 Ampahidralambo 251 56 ,05 140 109 25 02 04 00 04 Ambodifahitra 280 38,92 109 68 23 11 05 02

Source : La mairie Année de collecte : octobre 2007 Le tableau nous montre un extrait des résultats de l’élection législative du 23 fokontany où nous avons fait l’étude en général. Le taux de participation dans chaque fokontany varie entre 33,37% à 90,53%. Ces taux montrent des anomalies si nous nous référons seulement aux données chiffrées de chaque fokontany en rapport avec l’éloignement par rapport au chef-lieu de la commune. Plus le fokontany est proche de la commune, plus le taux de participation reste faible et inversement. Ces anomalies concernant le résultat électoral dans la commune rurale de Talata Volonondry sont dues aux résultats des combinaisons de plusieurs facteurs. De prime abord, les agents électoraux n’ont pas suffisamment eu de formations sur le code électoral. La plupart sont des bénévoles ou des gens membres d’un parti politique, aussi sont- ils peu motivés pour effectuer leurs tâches. De plus, le contrôle de la part de l’administration communale reste très insuffisant à cause du manque de personnel et le problème d’accessibilité dans chaque fokontany : nombreux sont les électeurs décédés qui sont encore inscrits sur la liste électorale.

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CONCLUSION PARTIELLE

Le fait de tenir compte des facteurs humains, économiques et politiques dans la commune rurale de Talata Volonondry pourrait établir les conditions nécessaires pour la mise en place d’un système décentralisé à condition qu’ils soient bien utilisés par les habitants cibles. L’avenir de Talata Volonondry dépend surtout de sa potentialité à relever le défi de développement humain durable. Bien que pauvre, Talata Volonondry a des atouts à faire valoir. Sa richesse est surtout simplement mal exploitée. Une gestion rationnelle, c’est ce dont besoin les Mandiavato. La cohésion sociale et sa population en majorité jeune constitue pour la commune rurale de Talata Volonondry des atouts sur le plan social. La présence des infrastructures de base pour le développement, ainsi que l’existence des potentialités touristiques en son sein pourraient améliorer l’autonomie financière de la commune. Sur le plan politique, la présence des ONG et des opérateurs économiques comme la radio Nederland et la SOPROMAD est aussi un atout pour la commune rurale de Talata Volonondry Malgré les atouts dont dispose la commune de Talata Volonondry, elle se heurte à des difficultés sur tous les domaines. La commune souffre de l’insuffisance du budget communal, due à la prolifération du secteur informel et au non payement par les contribuables des différents impôts. D’où très peu de projets ont vu le jour. Ce problème financier est aussi aggravé par le problème de faible niveau intellectuel de la population et des dirigeants locaux. La majorité des élus locaux n’a ni la capacité à coopérer avec les administrés pour le développement, ni la capacité de négocier avec les investisseurs, ni la capacité de la gestion administrative de leur zone. Les élections sont mal organisées.

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III- ESSAI DE PROPOSITIONS DE SOLUTIONS.

III-1: Solutions avancées par l’Etat.

La commune de Talata Volonondry a entre les mains les atouts nécessaires pour accéder au développement qui est l’une des fins de la mise en place de la décentralisation. Néanmoins durant la dernière décennie on n’a pas remarqué aucun changement. Des blocages persistent sur le plan économique, social et sur le plan politique.

III-1-1: Formation en leadership à la ceremony building Iavoloha des 17443 chefs fokontany. Les chefs fokontany ont un grand rôle à jouer dans la mise en œuvre du MAP. En effet, ils occupent une place importante dans la décentralisation. Cette dernière est un facteur déterminant pour la réussite du MAP. Pour assurer ses responsabilités, les chefs fokontany doivent apprendre à être des leaders. Il est alors une priorité d’armer les responsables locaux de savoirs, de connaissances et de compétences requises pour devenir des vecteurs du changement. C’est l’objectif qui détermine tout. Pour cela, une formation des chefs fokontany de toutes les régions de Madagascar à la ceremony building Iavoloha est alors initiée par le ministère de la décentralisation sous l’impulsion du chef de l’Etat et assurée par des quatre vingt (80) formateurs issus de l’NLIM71 et de l’ENAM72, financée par l’UE, l’UNICEF, le PNUD, le GTZ, le FID, le PGDI, et la CNLS. Lors de la formation, les 17 013 chef fokontany de toutes les régions de Madagascar sont répartis en six (6) vagues selon les régions. La formation a duré trois (3) jours pour chaque vague à raison de huit heures par jour. Voici un tableau montrant la répartition par vague à la formation de leadership des chefs fokontany qui se tenait au palais d’Iavoloha.

71 National Institute of Leadership of Madagascar.

72 Ecole Nationale de l’Administration de Madagascar.

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Tableau N°10: Répartition par vague de formation des chefs fokontany Vague Régions Nombres Date de formation 1ère vague Alaotra Mangoro, Haute Matsiatra, une partie de 3 000 07-08-09 Août 2007 l’Atsinanana (Toamasina I et II Vatomandry, Mahanoro, Brickaville), Itasy, District d’Antananarivo. 2ème vague Bongolava, Itasy, Amoron’i Mania, (sauf 2862 16-17-18 Août 2007 CUA) 3ème vague Boeny, Sava, Vakinakaratra, Betsiboka, Ihorombe, 2900 22-23-24 Août 2007 Atsinanana II 4ème vague Melaky, Analanjirofo, Menabe, Sofia. 2865 28-29-30 Août 2007 5ème vague Sud Anosy, Androy, Diana, Antsiranana II, Ambanja, 3000 04-05-06 Sept 2007 Atsimo Atsinanana, Betsiboka II (Tsaratanana, Kandreo) 6ème vague Diana, Vatovavy Fitovinany, Atsimo Andrefana, Anosy. 3064 11-12-13 Septembre 2007

Source : Auteur Année de collecte : Aout-Septembre 2007

Les programmes de la formation se reposaient sur cinq (5) modules avec la distribution des polycopies pour l’appuie documentaire.Le premier module de la formation concerne les priorités du MAP, concernant les secteurs d’activités et les indicateurs de développement au niveau du fokontany73. Le second module touche la stratégie de développement relatif à la production, à l’environnement, au développement de la culture environnementale, au développement de l’esprit d’entreprise, au développement de l’esprit innovateur et d’appui au changement (du marché, de la technologie) Le troisième module touche à l’élaboration d’un budget simplifié à savoir la monographie du fokontany, l’outil essentiel pour le développement, la bonne gouvernance et le développement de la culture de civisme74.

73 Approche participative, la cohérence avec les indicateurs du MAP, le développement de la culture de résultats et d’efficacité

74 Copie, Carte d’Identité Nationale, élection, fiscalité, respect mutuel …

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Le quatrième module développe les activités génératrices de revenu comme les relations entre les fokontany et les organismes de financement ruraux, les apports bénéficiaires, le développement de la d’auto développement et la culture d’entretien des infrastructures de base et de protection des biens communs. Le cinquième et dernière module est lié à l’élaboration du plan de sécurité, l’élaboration de plan de gestion des risques et des catastrophes naturelles, le développement de la culture de solidarité et de discipline y compris le respect des « dina », la communication rurale, le développement de la culture de communication et d’information75. Selon le dire, 96% des chefs fokontany ont obtenu plus de la moyenne en terme d’évaluation des acquis.

III-1-2: Le système de coaching Lors de la formation de la dernière vague des chefs fokontany, le président de la République a évoqué la nécessité de l’instauration des systèmes de “coaching” comme mesure d’accompagnement afin de soutenir les chefs fokontany et de suivre de près leurs évolutions respectives. Des personnes issues de divers horizons seront alors affectés à ces tâches dont des volontaires, des personnes de l’ENAM et de l’NLIM. Malheureusement, le projet est mis en attente par faute de budget. Il est à noter aussi l’existence du système de coaching au niveau des 22 régions. Chaque région a aujourd’hui un ministère coach pour l’appuyer dans le développement. A titre d’exemple la région Analamanga qui a pour partenaire le ministère des affaires étrangères Marcel Ranjeva.

III-1-3: Renforcement des soutiens matériels. Pour soutenir les chefs fokontany dans l’exercice de leur tâche, le ministère auprès de la présidence de la république, de la décentralisation et l’aménagement du territoire leur accorde des soutiens matériels en versant à chacun des chefs fokontany de tout Madagascar une indemnité de 30.000 Ar par mois, cette indemnisation des chefs fokontany a débuté le mois d’août 2007. Une première vague de 1 200 bureaux de fokontany sur 17 500 ont été aussi prévue à être construite l’année 2007 et les chefs fokontany seront dotés de matériels de

75 Ecoute, dialogue, recherche, partage, archivage.

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bureau. Mais d’après nos enquêtes, la commune rurale de Talata Volonondry n’a pas encore bénéficiée de ces matériels. Ainsi, le président de la République Marc Ravalomanana a fait part des prochaines étapes qui consisteront entre autre à une élaboration des projets d’édification de lieux de rencontrer et d’échange pour discuter des préoccupations locales. Il a promis aussi d’améliorer les moyens de communication76 et de faire de son mieux pour que la radio et la télévision nationales soient captées à travers le pays. Cette décision émanant du pouvoir central en la personne du président de la République servira comme solution au problème de communication de la commune de Talata Volonondry. Le président de la république a également évoqué le projet de promouvoir un fokontany pilote comme étant un modèle de développement auquel pourront s’inspirer toutes les régions de madagascar.

III-1-4: Directives et conseils par les chefs d’institutions lors de la deuxième vague de formation des chefs fokontany. Selon le ministère tutelle (ministre de la décentralisation), les chefs fokontany doivent se concentrer à 80% de leurs occupations à mobiliser le fokonolona au développement et consacrer 20% à l’administration. C’est en quelques sortes la contrepartie de l’indemnité mensuelle des chefs fokontany. « Si auparavant les chefs fokontany se sont consacrés à 80% aux affaires administratives et 20% aux activités de développement. Inversement, ils vont concentrer 80% de leurs occupations à mobiliser le fokonolona au développement et 20% à l’administration »77 tel a remarqué le ministre de la décentralisation lors de son discours à Iavoloha auprès des chefs fokontany y réunis. Quant au premier ministre, Charles Rabemananjara, il a mentionné que « Le fokontany est la cheville ouvrière du développement. Les chefs fokontany tiennent une place prépondérante, ceci requiert une franche collaboration de tout un chacun »78 Le ministre de la justice, Madame Lala Ratsiharovala a fait valoir l’importance de la prise en charge des affaires mineures et de la conciliation sociale au niveau des fokontany. En ce sens, « Les responsabilités seront conférées au fokontany concernant les problèmes sociaux sans avoir besoin de recours en justice. Le ministère de la justice entreprend des

76 Radio, télévision, téléphone

77 In quotidien N° 1168 du 20 Aout 2007 p.3

78 Ibid

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efforts conséquents pour mettre en place des structures y afférentes à l’exemple des cliniques juridiques récemment mises en place à Andohatapenaka, à Mananjary et à Tolagnaro »79

III-2: Les stratégies avancées par la commune pour la réussite de la décentralisation.

III-2-1: Établissement des tableaux de communication au niveau de la commune. Les dirigeants de la commune rurale de Talata Volonondry trouvent que l’absence de communication entre eux et les administrés constitue un obstacle majeur dans la mise en œuvre de décentralisation. Il est à noter que le problème de communication reste le principal problème engendrant ainsi des problèmes secondaires. La participation de ces derniers dans les affaires communales80 n’est pas satisfaisante par diverses raisons et surtout par l’importance du problème de communication. C’est pourquoi l’administration locale trouve primordiale l’installation des tableaux de communication au niveau de la commune et chaque fokontany. Grâce à l’installation de ces tableaux de communication étant comme la solution, la communication entre le chef lieu de la commune et les fokontany81 pourra trouver sa valeur , engendrant ainsi une augmentation des connaissances des habitants locaux en matière d’information ou d’instruction et d’inciter au développement local. Les problèmes pour la mise en œuvre de ce projet se reposent sur l’endroit. En effet, la majorité des fokontany de la commune n’ont pas encore de bureau. Cela indique qu’il n’y a pas de place disponible pour la mise en place du tableau. L’autre problème se pose sur le non consultation du tableau par la population cible étant en majorité des analphabètes. Sur ce point, il faut chercher des solutions à part pour résoudre les problèmes précédents si non, le projet élaboré n’arrivera pas à son terme. Un système de résolution doit être mis en place par la commune comme le système d’alphabétisation des adultes. Il faut donc détecter une solution en élaborant les facteurs d’obstacles tout en se reposant sur un travail en collaboration. Cela ne sera pas du tout

79 Ibid

80 Réunion, impôt, travaux communautaires

81 Surtout les plus éloignés.

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difficile pour la commune rurale de Talata Volonondry car la christianisation et la scolarisation sont anciennes dans la région.

III-2-2: Mise en place des bureaux de fokontany, formation des chefs fokontany et création d’association Ces trois (3) programmes se trouvent parmi les priorités de la commune sur le secteur gouvernance dans le PCD (2003-2007). Trois bureaux de fokontany sont envisagés à être crée pendant l’année 2006 et 2007 à savoir celui d’Ampahidralambo, de Mamoriarivo et de Falimanjaka. La commune aussi a été déjà consciente du problème de l’incapacité des leaders82. Une séance de formation pour les 28 chefs fokontany a été dispensé par la commune depuis 2004 afin d’améliorer la capacité de ces derniers en matière de gouvernance. L’Etat a même aujourd’hui décidé que ce sera le délégué administratif qui va désigner les chefs fokontany pour certaines localités83. L’une des raisons motivant cette décision est surtout d’éviter la prise de pouvoir de certains élus incapables84. C’est déjà une sorte d’élitisme qui peut avoir quand même une conséquence néfaste sur la population. Des préoccupations propres à celle des élites de la localité semblent avoir été priorisées au détriment des besoins réels de développement des populations. Quant à la création d’associations on en distingue trois (3) dont l’une se trouve dans le chef lieu communal en (2003-2004), la seconde association sise à Tsarahonenana (2007) et la troisième à Ambohibary (2004-2007). Ces associations sont créées dans la commune afin d’encadrer les paysans dans leurs activités, d’améliorer la coopération entre les artisans, les actionnaires.

82 La majorité des 28 chefs fokontany de la commune n’atteignent que le niveau primaire, et ne sont pas dans la mesure de maîtriser parfaitement ni la lecture, ni le calcul

83 In décret 2007-151 du 19 Février 2007 concernant organisation, fonctionnement et attribution du fokontany. Ce décret est légèrement modifié par le décret 2007-1097 du 14 Décembre 2007.

84 Ceux qui sont de très bas niveaux

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III-3: Solutions personnelle.

III-3-1: Renforcer la formation des élus locaux. Le renforcement de la formation des élus locaux s’avère nécessaire. Pour que les élus locaux soient bien formés il faut que leur formation soit régulière et il faut regrouper dans une même vague de formation ceux qui ont les mêmes capacités.

III-3-1-1: Une formation adéquate au niveau intellectuel des responsables à former Le temps nécessaire pour la mise à niveau de certains responsables de la commune dépendra des capacités de chacun, et il est fort probable qu’il faudra établir des “groupes de niveau”. Pour que la formation à donner trouve son terrain d’attente, il paraît raisonnable de séparer ceux qui n’ont jamais été scolarisés ne maîtrisant ni la lecture ni l’écriture de ceux qui ont été très anciennement ou très partiellement scolarisés et qui ont oublié une bonne partie de leurs connaissances ou de ceux qui ont fait des études secondaires ou supérieures. On pourrait ainsi distinguer trois (3) groupes de niveaux. - Les illettrés

- Ceux pour lesquels une remise à niveau est nécessaire ;

- Ceux qui ont le niveau suffisant pour suivre des modules de formation.

Pour les deux premiers groupes par exemple, il faudra commencer leurs formations par l’écriture et le calcul. La formation en écriture et même en alphabétisation s’avère prioritaire pour que les élus locaux soient aptes à rédiger des documents quotidiennement utilisés dans leurs circonscriptions, tels les procès verbaux, les informations destinées au public, les convocations… La finalité l’apprentissage du calcul les aidera à acquérir une capacité à élaborer le budget de la commune ou du fokontany et à en évaluer l’exécution. Cette formation en calcul fonctionnel est très importante dans le sens que les rôles des fokontany deviendront de plus en plus complexes au fur et à mesure que des investissements nouveaux seront mis en place notamment par l’intermédiaire des investisseurs comme le FID85

85 Les marchés, les écoles et les pistes.

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III-3-1-2: Une formation périodique et permanente. Une formation continue des chefs fokontany et des élus locaux est indispensable car au fur et à mesure que les activités des fokontany ou commune vont se compliquer, ils devront acquérir de nouvelles compétences y comme l’utilisation des informatiques. Pour assurer la mise à jour régulière des connaissances des responsables décentralisées, on pourrait mettre en place un cours par correspondance pour éviter trop de dépense86, cours encadré par des animateurs formateurs. Dans certaines communes, il sera sans doute possible de trouver de tels animateurs sur place, en prévoyant également pour ces derniers une formation adéquate. Mais pour d’autres communes, il faudra faire appel à des formateurs extérieurs.

III-3-2: Augmenter la capacité de la commune en autonomie financière.

III-3-2-1:Contrôle de l’entrée des ristournes et des impôts. Les responsables de la commune doivent chercher des moyens pour améliorer l’entrée des ristournes et des impôts afin de subvenir au moins à quelques uns des projets non réalisés. D’après les données de la mairie, la quantité de produits de rente87 issus de la commune ne correspond pas à celle enregistrée à la mairie. Les sorties clandestines de récoltes sont importantes et les agents de la commune ne trouvent pas des moyens efficaces pour les contrôler. De même, nombreux sont les collecteurs informels qui travaillent dans la commune et n’ont pas l’autorisation de faire la collecte dans cette zone. Le changement de mentalité et de comportement nécessite un effort considérable au niveau de la population entière. Les collecteurs échappent autant que possible au paiement des ristournes. Il faut alors renforcer la compétence des responsables de la commune dans la gestion des affaires locales. Le travail de collecte des impôts ou de ristournes exige un minimum de transparence, vu que c’est le service fondamental d’entrée de revenu pour les communes rurales. La seule solution pour mettre chaque citoyen sur le droit chemin est l’application de la loi…

86 Lors de la formation des 17 433 chefs fokontany, l’Etat avec les bailleurs sont obligés de de donner aux chefs fokontany à former le frais de leur transport, l’indemnité par jour de formations, leurs hébergement et leur nourriture pendant les jours de formation.

87 Oignons et ails

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III-3-2-2: Développer les activités touristiques. Le développement des activités touristiques est incontournable car Ambohidrabiby est un site touristique. Pour assurer son développement, il faut valoriser le patrimoine, exploiter les produits touristiques et implanter les industries touristiques. a- Mise en valeur des patrimoines Le patrimoine est une richesse; les vestiges sont des témoins importants qui évoquent les événements des siècles révolus. La politique culturelle malgache s’est affermie par une loi qui met en vigueur la préservation du patrimoine national. L’ordonnance 82-029 relative à la sauvegarde, à la protection et à la conservation du patrimoine culturel naturel nous serve comme exemple. L’entretien des vestiges historiques (fossés, portails, tunnel) sera nécessaire. Il faut expliquer aux paysans l’importance de ces vestiges et les inciter à construire un musée pour remplacer le palais royal détruit. Il est judicieux de le concevoir suivant l’architecture traditionnelle d’Ambohidrabiby en utilisant les matières premières locales. Ce musée servira à conserver et à entretenir les documents, les figures, les peintures concernant ce site pour les exposer au grand jour afin d’aider les étudiants dans leur recherche ou d’attirer l’attention des touristes à en faire de la visite. L’exploitation des produits touristiques locaux mérite aussi d’être pensée car le tourisme est une activité importante. Il crée des emplois qui procurent des ressources annexes.

PHOTO N°5: L’ETAT LAMENTABLE DE L’ANCIENNE RESIDENCE ROYALE

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b- Implantation des industries touristiques Le touriste représente le principal consommateur des produits artisanaux malgaches. Il constitue la clientèle des artisans à l’achat des souvenirs surtout si les produits présentés reflètent une certaine originalité comme les produits de la soie d’Ambohidrabiby. L’achat des produits locaux est un facteur d’attraction des touristes, alors il faut lancer les produits artisanaux d’Ambohidrabiby. Les touristes aiment aussi connaître les mets régionaux et les déguster. Il faudrait créer l’infrastructure d’accueil comme des points de restauration et des hôtels. Dans ce clivage, des formations sur le tourisme et l’hôtellerie qui vont mettre en exergue les repas gastronomiques malgaches sont indispensables, mais cela n’empêche pas l’ouverture aux plats étrangers. La collaboration de la population locale avec les agences de voyages et les tours opérateurs sera aussi un atout. Il faut élaborer une organisation bien planifiée. Les tours opérateurs conçoivent des circuits touristiques et vendent leurs produits à des agences de voyage. Les derniers sont des éléments essentiels du marketing car ils sont les premiers maillons de la chaîne de l’industrie touristique et les distributeurs des circuits préparés par le tour opérateur.

c- Lancement des produits artisanaux Le système de lancement des produits artisanaux comprend deux stades à savoir le regroupement des artisans dans une association ou coopérative et la création du marché artisanal permanent.  Le regroupement des artisans dans une association ou coopérative.

L’action de regrouper les artisans dans une association ou coopérative ou plus précisément encourager les artisans à s’intégrer dans une association ou une coopérative permettra d’obtenir un meilleur avenir pour les artisans de la commune. Le regroupement permet de trouver des débouchés et de créer des facilités pour exporter encore plus.  Création de marché artisanal permanent

Non seulement les articles en soie sont les produits authentiques à Ambohidrabiby mais il existe aussi divers produits artisanaux : la broderie, le tressage, la poterie. Tout cela représente autant d’arguments pour la création d’un marché d’artisanat permanent. Ce marché aidera les visiteurs à réduire leur mobilité spatiale pour l’achat des souvenirs malgaches et pour garantir l’authenticité.

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Il faut alors créer ce marché artisanal permanent, tout en continuant la foire annuelle mais l’organiser en une grande foire.

III-3-3: Revoir l’élaboration des projets dans le Plan Communal de développement. Un plan détaillé de la monographie88 doit figurer dans un Plan Communal de Développement à savoir les recensements des projets, leurs programmations, leurs financements et leurs réalisations89. Ce qui manque dans le Plan Communal de Développement de la commune rurale de Talata Volonondry c’est le financement des programmations. Or ce dernier point est très important pour la réalisation même des projets. La commune rurale de Talata Volonondry doit prévoir dans l’élaboration de sa deuxième PCD les investisseurs ou les bailleurs qui vont financer chaque projet dans le PCD pour améliorer le pourcentage des projets réalisés. III-3-4: Création d’emploi pour les jeunes, diversification des écoles éducatives et formations aux paysans. a- Création d’emploi pour la jeunesse Le futur Talata Volonondry n’est pas sûr d’être complètement agricole. On s’intéresse de moins en moins aux travaux de la terre. Une grande majorité des jeunes veulent faire carrière dans la branche du secteur industriel. Mais comme la commune n’en possède pas, elle risque de la perdre la relève. La solution serait donc de créer dans la commune des petites industries en relation avec les activités y afférentes. Ce serait un dessin ambitieux mais réalisable si tout est mis en relation et en concertation dans le domaine des activités d’exploitation. Avec ce procédé, la commune peut viser n’importe quelle marché sur le territoire et même au au-delà. De plus cette initiative freinera l’exode rural chez les jeunes et relancera les activités communales. Il faut noter que c’est un projet de longue haleine qui nécessitera l’entière adhésion de tout le monde. Un travail qui va se faire en équipe car si un seul maillon de cette chaîne vient à manquer, c’est tout le projet qui s’écroulera. b- Diversification des écoles éducatives L’étude en soi n’est pas mauvaise. Contrairement au système d’éducation américaine et anglophone qui spécialisent leurs enfants dès leurs jeunes âges dans le but précis de les voir réussir dans la branche choisie. L’éducation à Madagascar privilégié l’enseignement général.

88 Selon les guides d’élaboration du PCD de la PNUD et la SOATEEG élaboré en Juillet 2002

89 Pour le guide d’élaboration du PCD par la fédération Friedrich Ebert en 2002

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Cela conduit à la formation des jeunes qui ingurgitent toute une classe pour ne savoir quoi en faire plus tard. Rendre les enfants lettrés et vaincre l’analphabétisme, c’était le but de la scolarisation de la grande île au lendemain de l’indépendance et durant l’ère socialiste. Maintenant qu’on est libre, ce serait mieux que l’Etat se penche sur ce cas. L’envol de Madagascar dépends de sa jeunesse et celle-ci doit savoir appréhender son contexte immédiat avec le moins de risque possible. L’erreur a été de croire qu’on peut traiter tous les cas de la même manière. Chaque région a ses problèmes particuliers auxquels il faut trouver des solutions précises. Cela répondra aux attentes dictées par la décentralisation. Ce projet ne peut être pris au niveau de la commune. Il doit être décidé au niveau de l’Etat central car jusqu’à preuve du contraire, l’éducation est du ressort de ce dernier. La spécialisation est la première issue vers le développement durable, ainsi il n’est plus besoin de travailler pendant des longues années pour un résultat que l’on pourrait avoir en un court délai. Cela ne veut pas dire qu’on doit abandonner le système de l’éducation actuel, il faut le réactualiser en tenant compte des spécifiés de chaque région. Talata Volonondry est encore un monde agricole, or les enfants en classe n’étudient guère cet aspect. On les apprend à devenir des « singes savants » et cela nuit considérablement les chances de la commune à s’émanciper. Il faut que l’on intègre dans l’enseignement ces problèmes spécifiques pour que plus tard, ils soient résolus c- Formations aux paysans On a insisté longuement durant ce travail sur les formations, mais les formations que nous avons exposées sont à l’intérêt surtout des responsables et dirigeants de la commune. Or il ne faut pas oublier que les paysans sont les principaux acteurs de développement d’une commune ou d’une collectivité territoriale décentralisée. Pour que la décentralisation soit effective il faut promouvoir les paysans qui sont les acteurs majoritaires. Dans ce sillage, il faut donner aux paysans toutes les formations pour qu’ils s’épanouissent. L’apprentissage de la pratique des techniques modernes ainsi que la technique de gestion financière nous paraît avoir une des priorités. L’objectif est d’avoir des prévisions à l’achat des matières premières et des produits de stockage. Autrement dit, ils vendent leurs produits quand ils voudront et non seulement au lendemain de la première récolte.

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CONCLUSION PARTIELLE L’octroi de formation pour les élus locaux reste parmi les priorités urgentes dans le cadre de la mise en œuvre de la décentralisation dans la commune rurale de Talata Volonondry, puisque l’autonomie d’une commune dépend en grande partie de la bonne gestion de l’administration locale et de la capacité des élus locaux. Pour la mise en place de la décentralisation, à part les soutiens matériels90, Une formation par vague de région des 17 433 chefs fokontany est alors dispensé pendant trois jours à la Ceremony Building Iavoha .Cette idée est initiée par le ministère de la décentralisation sous l’impulsion du président de la république. Pendant la formation de ces chefs fokontany, il est aussi annoncé que Le système de coaching des chefs fokontany sera mis en œuvre.

La création d’association, l’instauration des tableaux de communication au niveau de la mairie et des 28 fokontany et aussi la formation des chefs fokontany sont les priorités avancées par la commune rurale de Talata Volonondry pour l’effectivité de la décentralisation au sein de leur localité. A notre avis, à part ces priorités énoncées, la commune doit aussi augmenter sa capacité en autonomie financière en contrôlant bien l’entrée des ristournes et des impôts et surtout en développant les activités touristiques. Et pour la formation des chefs fokontany, nous trouvons que le mieux sera de former les responsables locaux différemment selon leur niveau d’étude, et de manière permanente et périodique. La mise en place d’une équipe permanente de formateurs au niveau des vingt deux (22) régions administrative pour assurer cette formation permanente sera indispensable.

90 Indemnité de 30 000 Ar chaque mois aux chefs fokontany et une éventuelle construction de 1200 bureaux

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CONCLUSION GENERALE

Notre étude a porté sur la mise en œuvre de la décentralisation dans la commune rurale de Talata Volonondry, commune située dans la partie Nord du centre du pays. Bien qu’envisagée dès la période coloniale, c’est depuis quelques années seulement que la politique de décentralisation a été mise en exergue. Notre recherche permet de voir où l’on est après douze (12) ans de mise en route. En analysant les changements qui se produisent par le passage d’une politique de centralisation à un régime décentralisé, nous sommes tentés d’en comprendre son impact dans une des nouvelles collectivités territoriales. L’approche multi scalaire a permis d’observer les répercussions au niveau de chaque domaine d’intervention, de connaître les atouts de la commune, et les blocages auxquels elle se heurte, et de savoir l’évolution globale de la situation. La commune de Talata Volonondry dispose d’un minimum d’infrastructures sociales de base. Le passage de la Route Nationale 3 au sein de la commune fait de cette dernière un carrefour, dans lequel des échanges culturels, sociaux et économiques circulent. Cette route nationale donne un nouveau souffle à l’économie de cette zone, redynamisant le commerce des produits de rente. Actuellement, cette zone fait partie des zones de collecte des oignons et des ails. Dans toute l’Imerina, aucun marché ne peut rivaliser celui de la commune de Talata Volonondry en matière de ces deux produits qui font en quelques sortes sa spécificité. Rappelons également que le marché se trouvant dans le chef lieu de la commune est disponible pour accueillir tous les produits en provenance des fokontany, et ce marché constitue la principale source financière de la commune. L’ensemble des ressources naturelles dont dispose la commune rurale de Talata Volonondry constitue l’un des principaux facteurs de progrès sinon le plus important dans la localité. La commune rurale de Talata Volonondry est en effet dotée d’un environnement naturel de qualité particulièrement attrayante comme le Rova d’Ambohitrabiby et la grotte des martyrs à Ambodifahitra. Du point de vue social, la cohésion clanique des Mandiavato enrichie et renforce les acquis du groupe et crée au sein de la communauté une synergie favorable au développement local de la commune. De plus, la commune rurale de Talata Volonondry a un grand nombre de population en majorité jeune, si une telle situation est exploitée à bon escient elle constituera la principale force productive permettant aussi d’assurer un développement local authentique. Concernant l’administration locale, des acteurs de développements comme les ONG, les associations et les opérateurs économiques locaux se

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sont installés sur place. Ces organismes aident les paysans à améliorer leur condition de vie par l’augmentation des rendements et la pérennisation des richesses en ressources naturelles. Malgré tous les atouts dont dispose la commune de Talata Volonondry, la décentralisation se heurte à des difficultés dans tous les domaines, qu’il soit politique, sociale ou économique. L’Etat doit chercher les moyens de les surmonter avec la collaboration des différentes institutions et des acteurs locaux de développement, si on veut obtenir un résultat positif dans la mise en œuvre de cette nouvelle politique de décentralisation. Les séquelles des régimes politiques centralisés qui se sont succédés restent encore bien ancrées au niveau des responsables de la commune. La participation au développement local est faible à cause du manque de budget et d’une attitude attentiste vis-à-vis de l’Etat. La commune souffre ainsi de l’insuffisance du budget communal due à la prolifération du secteur informel et le non payement des divers impôts par les contribuables. Peu de liquidité circule entre les mains des paysans, le rétrécissement et l’appauvrissement du terrain à chaque nouvelle génération aggrave la situation. On constate alors un très faible pourcentage quant à la réalisation des projets contenus dans le PCD. L’analyse de la situation de la commune de Talata Volonondry dans le cadre de la décentralisation met en relief le danger du problème du faible niveau intellectuel des paysans et la paralysie des institutions de l’Etat. La majorité des élus locaux n’a pas dépassé le niveau 7ème In fine les élus locaux pourvus de niveau intellectuel indispensable pour bien assumer leur responsabilité n’ont ni la capacité de coopérer avec les administrés pour le développement, ni la capacité de négocier avec les investisseurs, ni la capacité de la gestion administrative de leur zone. Du côté de l’administration, les responsables ont mal organisé les élections communales et législatives. Le problème de l’éthique politique aggrave la situation, vu que la gestion de l’administration est confondue à une appartenance politique. Enfin, il est fondamental d’observer cas par cas les problèmes de chaque commune dans la mise en place de la décentralisation, de catégoriser les problèmes afin de pouvoir les résoudre soit à l’échelle communale, soit régionale voire nationale au cas où il s’agit d’un problème que les pouvoirs locaux n’arrivent pas à résoudre. Il s’avère nécessaire que la dynamique de la vie locale restitue aux populations un sentiment de responsabilité et de civisme. Pour le cas de la décentralisation de la commune rurale de Talata Volonondry, ainsi que pour l’ensemble des communes ruraux de Madagascar, la formation des élus reste parmi les priorités urgentes puisque l’autonomie d’une commune dépend en grande partie de la bonne gestion de l’administration locale et de la capacité des élus locaux. C’est pourquoi, une

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formation par vague de région des chefs fokontany de toute l’île à la ceremony building Iavoloha est initiée par le ministère de la décentralisation sous couvert du chef de l’Etat et financée par l’Union Européenne, l’UNICEF, le PNUD, le GTZ, le FID, le PGDI et le CNLS. Lors de cette formation des chefs fokontany à Iavoloha, beaucoup d’autres solutions sont avancées par l’Etat, notamment le système de coaching, le renforcement des soutiens matériels comme l’octroie d’une indemnité de 30 000 Ar par mois par chef fokontany et une éventuelle construction d’une première vague de 1 200 bureaux repartis dans toute l’île. Personnellement, nous trouvons que les interventions du pouvoir central sont largement insuffisantes. A notre avis, le temps nécessaire pour la mise à niveau dépendra des capacités de chacun. Il est alors intéressant de répartir ces chefs fokontany par groupe de niveau et former ces derniers non pas selon l’appartenance à une région comme l’Etat a fait mais en tenant compte des groupes de niveau. Un cours par correspondance assuré par l’appui d’une équipe permanente de formateurs au niveau des 22 régions administratives est indispensable pour la mise à jour régulière des connaissances des chefs fokontany et des autres élus locaux. A part les solutions aperçues par la commune, qui ne sont que l’instauration des tableaux de communication au sein de la mairie et de chaque fokontany afin d’améliorer la communication entre les dirigeants et dirigés ainsi que la mise en place des bureaux de fokontany, la formations des chefs fokontany et la création d’association, la commune de Talata Volonondry doit-elle aussi augmenter sa capacité en autonomie financière. Pour accéder à l’autonomie financière la commune doit contrôler soigneusement l’entrée des ristournes et des impôts, ensuite elle est obligée à développer les activités touristiques par la mise en valeur des patrimoines, l’exploitation des produits touristiques locaux, l’implantation des industries touristiques, le lancement des produits artisanaux, la création du marché artisanal permanant. Et enfin la commune doit revoir aussi l’élaboration des projets contenus dans le PCD, la création d’emploi et la diversification des écoles éducatives. La mise en place de la politique de décentralisation est comme une plaque incontournable pour faire sortir de la pauvreté les pays en voies de développement comme Madagascar. Pour le cas de Madagascar entre autres, la politique de décentralisation va de pair avec l’application du MAP. Bien que tous les programmes du MAP découlent des besoins de toutes les régions mêmes les plus reculées de la grande île, ce qui est très important, des soucis subsistent toujours. Comment le pouvoir central répondra-il à des milliers d’attente de toutes les régions ? Par la suite, quelles sont les vraies priorités compte tenu de la spécificité de chaque région ? Ce qui fait peur actuellement c’est le poids de la politique dans presque tous les

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domaines. La réalisation des programmes prévus dans le MAP est en grande partie en faveur du parti TIM. Si c’est ainsi le cas comment pourrons-nous penser à l’effectivité de la décentralisation ?

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BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES GENERAUX 1) FONTAINE : « Théories économiques : Mécanismes et politiques de développement économique ; du big push à l’Ajustement Structurel », Edition CUJAS, Paris 1995 2) R.P CALLET : « Histoire des Rois », traduction Chapus, G S et RATSIMBA E, Tome I, II, III, Imprimerie Nationale Antananarivo1971. 3) PERROUX F : « L’économie du XXème siècle » PUF, 1960 . 4) BELLONCLE G : « Sept priorités pour faire développer Madagascar » Foi et Justice année 2003. 5) CAZALS-FERRE ET ROSSI P : « Eléments de psychologie sociale ». Armand Colin, Paris 1998 6) AMADO G et GUITTET : « La dynamique des communications dans les groupes » Armand Colin 1975 7) GUIBERT J : « Méthodologie des pratiques de terrain en sciences humaines et sociales » Paris Armand Colin 1997. 8) TOCQUEVILLE : « De la démocratie en Amérique » Paris Gallimard 1961. 9) PLATON : « Les lois », trad par Anissa C, BOUCHOUCHI, Paris Gallimard 1997 collection « follio Essais »

OUVRAGES SPECIFIQUES 10) ANDRIAMIHAMINA : « Talata Volonondry, la dynamique d’un marché rural au Nord de Tananarive », mémoire de maîtrise en géographie, Février 1985. 11) CHAUVE , FLEINER, KALIN, REY : « Débat sur la décentralisation et développement » Paris Gallimard 1961,1999 Berne 12) FAO : « Analyse de document en matière de développement rural décentralisé et participatif » Juin 1992 13) MASSIOT Michel : « L’administration Publique à Madagascar de 1896 à 1960 » 1971 14) RAKOTONDRALAMBO Hajanirina Oliva : « Education, un atout pour la lutte contre la pauvreté », mémoire de maîtrise en économie, Février 2005. 15) RAZANAMAHENINA Jean Ulrich : « Décentralisation et réduction de la pauvreté, où en est Madagascar ? », mémoire de maîtrise en économie, année 2005.

DOCUMENTS OFFICIELS 16) Loi 94 006 relative aux élections territoriales (J.O du 05 Juin 95) 17) Loi 94 007 relative aux pouvoirs, compétences et ressources des collectivités territoriales décentralisées, adopté par l’Assemblée Nationale le 21 Mars 1994. Promulgué le 05 Avril 1995. 18) Loi 94 008 fixant les règles relatives à l’organisation, au fonctionnement et aux attributions des collectivités territoriales décentralisées adopté par l’Assemblée Nationale le 28 Mars 1994. 19) Loi 95 005 relatives aux budgets des collectivités territoriales décentralisées 20) Secrétariat d’Etat chargé de la décentralisation et du développement des provinces autonomes: « Guide d’élaboration du Plan Communal de développement », 2002. 21) Plan communal de développement de la Commune rurale de Talata Volonondry. (2003-2007) 22) Madagasikara am-perinasa 2007-2012.

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23) Décret 2007- 176 du 27 Février 2007 arrêtant le texte du projet de révision de la constitution et le texte de la question à poser aux électeurs dans le cadre du referendum du 04 Avril 2007 (J.O n°3094 du 21 Mars 2007

JOURNAUX

24) Quotidien Madagascar n° 1168 du Lundi 20 Aout 25) Quotidien Madagascar n° 1171 du Jeudi 23 Aout 2007, article : « chefs fokontany, des indemnités à partir de ce mois » 26) Quotidien Madagascar n° 1178 du vendredi 31 Aout 2007, article : « Chefs fokontany, relations de confiance et étroite collaboration doivent être la règle » 27) Tribune Madagascar n° 5648 du mardi 04 Septembre 2007, article : « Les chefs fokontany, une épée de Damoclès sur leur tête » 28) Quotidien Madagascar n° 1188 du mercredi 12 Septembre 2007, article : « Formation des chefs fokontany, le défi a été relevé » » 29) Quotidien Madagascar n° 1190 du vendredi 14 Septembre 2007, article : « Formation des chefs fokontany, le rêve devenu réalité. » 30) Quotidien n° 1211 du mardi 09 Octobre 2007, article : « Municipales et communales : rendez-vous le 12 Décembre 2007 »

31) CD ROM Microsoft .R. Encyclopedia. R. Encarta 2005

SITE INTERNET

32) W.W.W. madagascar.gov.mg/MAP 33) W.W .W.midimadagasikara.com 34) W .W.W.lexpressdemadagascar.com 35) W.W.W.madagascartribune.com

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION……………………………………………..……… ………1

I- CADRE GENERAL DE L’ETUDE………………………………………...8 I-1: Cadre théorique………………………………………………………………………..8 I-1-1: La décentralisation……………………………………………………………………....8 I-1-1-1: Généralités sur la décentralisation à Madagascar……………………………..8 a- définitions et objectifs de la décentralisation……………………………………….8 b- Bref historique de la décentralisation et son niveau d’effectivité à Madagascar…...... 10 I-1-1-2: L’importance du savoir et de l’éducation dans le processus de développement…12

I-1-2: Décentralisation au service du développement…………………………………...... 14 I-1-2-1: Notion de développement……………………………………………….…..14 I-1-2-2: Décentralisation pour le développement……………………………………14 I-1-2-3: Les développements attendus de la loi sur la décentralisation de la commune...... 15 a- Action avec l’Etat…………………………………………………………15 b- Action propre à la commune……………………………………………....15

I-2 : Etat des lieux………………………………………………………………………16 I-2-1: Analyse socio-économique de la commune rurale de Talata Volonondry………..16 I-2-1-1: Commune à forte densité démographique………………………………16 a- Causes de la forte densité démographique……………………………16 b- Conséquences de la forte densité démographique……………………17

I-2-1-2: Activités économiques spécifiques selon les zones et inexistence de synergie entre ces activités…………………………………………………………………………18 a- Secteur agricole toujours dominant mais loin de satisfaire le besoin communal surtout du point de vue rizicole………………………………………19 b- L’élevage………………………………………………………………20 c- Le tourisme et l’artisanat : Activités prometteurs d’avenir pour la commune…………………………………………………………………………21 d- Le commerce………………………………………………………….21 70

I-2-1-3: La Gouvernance………………………………………………………....22 a- Les organes de gestion de la commune et leurs interactions…………..22 b- Les changements concrets déjà effectués par rapport à la liste des projets contenus dans le plan communal de développement…………………………….24 a- Perception et comportement des différentes catégories sociales…………….26 Conclusion partielle……………………………………………28

II - LES ATOUTS ET LES BLOCAGES DE LA COMMUNE POUR LA REUSSITE DE LA DECENTRALISATION…………………………29

II-1: Les atouts de la commune pour la réussite de la décentralisation……………29 II-1-1: Point de vue économique………………………………………………………..29 II -1-1-1: Les infrastructures de base de la commune…………………………...29 a- L’infrastructure de liaison et l’évacuation des produits locaux……..29 b- L’importance du marché hebdomadaire pour la commune et pour les foyers des Mandiavato………………………………………………………………………………………………….30

c- c- D’autres infrastructures au service de la population……………………..……………32

II-1-1-2: La commune : riche en sites touristiques………………………………32 a- Ambohitrabiby : zone riche en vestige historique……………………..33 b- La grotte de Rasoalandy à Ambodifahitra……………………………36 II-1-2: Point de vue social………………………………………………………………..37 II-1-2-1: Population jeune………………………………………………………..37 II-1-2-2: La cohésion clanique, base d’une communauté de départ……………..37 II-1-3: Point de vue politique…………………………………………………………….38 II-1-3-1: Existence de quelques acteurs de développements en complémentarité avec l’autorité locale…………………………………………………………………………..38 a- Organisations Non Gouvernementales………………………………..38 b- Associations. ………………………………………………………..…38 c- Opérateurs économiques locaux……………………………………….38 II-2: Les blocages de la commune dans le cadre de la décentralisation……………….40 II-2-1: Blocages sur le plan économique………………………………………………….40

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II-2-1-1: Insuffisance du budget de la commune…………………………...………..40 a- Trop de secteurs informels en milieu rural………………………………...41 b- Non payement des divers impôts par les contribuables…………………....42 II-2-1-2: Sols pauvres et peu de surface exploitable………………………………….43 II-2-2: Blocages sur le plan social…………………………………………………………….44 II-2-2-1: Faible niveau intellectuel de la population………………………………….44 II-2-2-2: Exode rurale : la ville de Tananarive est une ville tentation. ………………45 II-2-2-3: Les rapports sociaux dans la commune……………………………………..45 a- La “gérontocratie”, une structure sociale érigée en institution………….45 b- Le métayage……………………………………………………………..46 II-2-3: Blocages sur le plan politique…………………………………………………………46 II-2-3-1: Insuffisance de capacité des dirigeants en matière d’organisation………….46 II-2-3-2: Le problème de communication…………………………………………….47 II-2-3-3: Problème d’élection à Talata Volonondry………………………………….47 Conclusion partielle……………………………………………………50 III - ESSAI DE PROPOSITIONS DE SOLUTIONS……………………….51 III-1: Solutions avancées par l’Etat……………………………..………………………….51 III-1-1: Formation en leadership à la ceremony building Iavoloha des 17443 chefs fokontany……………………………………………………………………………………..51 III-1-2: Le système de coaching……………………………………………………………....53 III-1-3: Renforcement des soutiens matériels…………………………………………...... …….53 III-1-4: Directives et conseils par les chefs d’institutions lors de la deuxième vague de formation des chefs fokontany………………………………………………………………54 III-2: Les stratégies avancées par la commune pour la réussite de la décentralisation...55 III-2-1: Établissement des tableaux de communication au niveau de la commune. …………55

III-2-2: Mise en place des bureaux de fokontany, formation des chefs fokontany et création d’association………………………………………………………………………………...56 III-3: Solutions personnelle……………………………………………………………..…57 III-3-1: Renforcer la formation des élus locaux…………………………………………….57 III-3-1-1: Une formation adéquate au niveau intellectuel des responsables à former…………………………….…………………………………………………………57 72

III-3-1-2: Une formation périodique et permanente………………………..….58 III-3-2: Augmenter la capacité de la commune en autonomie financière……..……….58 III-3-2-1:Contrôle de l’entrée des ristournes et des impôts……………………58 III-3-2-2: Développer les activités touristiques…………………………………59 a- Mise en valeur des patrimoines……………………………………....59 b- Implantation des industries touristiques……………………………...60 c- Lancement des produits artisanaux…………………………………..60 III-3-3: Revoir l’élaboration des projets dans le Plan Communal de développement….61 III-3-4: Création d’emploi pour les jeunes, diversification des écoles éducatives et formations aux paysans……………………………………………………………………………..61 a- Création d’emploi pour la jeunesse………………………………………61 b- Diversification des écoles éducatives……………………………………61 d- Formations aux paysans……………………………………………………..62 Conclusion partielle……………………………………………63

CONCLUSION……………………………………………………..…….64 BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………68 TABLE DES MATIERES…………………………………………………70

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