Charlotte Guillard Est Une Figure Exceptionnelle De La Renaissance Française
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4 Financement de l’ouvrage Cet ouvrage est diffusé en accès ouvert dans le cadre du projet OpenEdition Books Select. Ce programme de financement participatif, coordonné par OpenEdition en partenariat avec Knowledge Unlatched et le consortium Couperin, permet aux bibliothèques de contribuer à la libération de contenus provenant d'éditeurs majeurs dans le domaine des sciences humaines et sociales. La liste des bibliothèques ayant contribué financièrement à la libération de cet ouvrage se trouve ici : https://www.openedition.org/22515. This book is published open access as part of the OpenEdition Books Select project. This crowdfunding program is coordinated by OpenEdition in partnership with Knowledge Unlatched and the French library consortium Couperin. Thanks to the initiative, libraries can contribute to unlatch content from key publishers in the Humanities and Social Sciences. Discover all the libraries that helped to make this book available open access: https:// www.openedition.org/22515?lang=en. 1 Charlotte Guillard est une figure exceptionnelle de la Renaissance française. Originaire du Maine, elle mène à Paris une carrière brillante dans la typographie. Veuve tour à tour des imprimeurs Berthold Rembolt et Claude Chevallon, elle administre en maîtresse femme l’atelier du Soleil d’Or pendant près de vingt ans, de 1537 à 1557. Sous sa direction, l’entreprise accapare le marché de l’édition juridique et des Pères de l’Église, publiant des éditions savantes préparées par quelques- uns des plus illustres humanistes parisiens (Antoine Macault, Jacques Toussain, Jean Du Tillet, Guillaume Postel…). Associant dans un même projet intellectuel les théologiens les plus conservateurs et les lettrés les plus épris de nouveauté, sa production témoigne de la vivacité des débats qui agitent les milieux intellectuels au siècle des Réformes. Au-delà de la biographie, ce livre met en évidence les ressorts sociaux, économiques et techniques sur lesquels repose l’activité éditoriale d’une imprimerie parisienne. Il ouvre ainsi des perspectives nouvelles sur les conditions de production et de commercialisation des livres érudits en un siècle décisif pour l’histoire des idées. RÉMI JIMENES Rémi Jimenes est maître de conférences à l’université de Tours, où il enseigne l’histoire du livre au Centre d’études supérieures de la Renaissance. Il a notamment publié Les Caractères de Civilité. Typographie et calligraphie sous l’Ancien Régime, Adverbum, 2011 2 SOMMAIRE Financement de l’ouvrage Remerciements Préface Roger Chartier Liste des abréviations utilisées Introduction ÉTAT DES LIEUX UN PROBLÈME : L’INDIVIDUEL ET LE COLLECTIF Partie I. Gens du livre Chapitre 1. De Charles VIII à Henri II : une femme en son siècle AD FONTES : ORIGINES FAMILIALES DE CHARLOTTE GUILLARD PREMIER MARIAGE (1507-1519) SECONDES NOCES (1520-1537) : CLAUDE CHEVALLON VEUVAGE (1537-1557) : LA CARRIÈRE PERSONNELLE DE CHARLOTTE GUILLARD Chapitre 2. Charlotte et les siens LE CLAN GUILLARD : AFFINITÉS MANCELLES DANS LA LIBRAIRIE PARISIENNE UNE GESTION COLLECTIVE DES AFFAIRES Chapitre 3. La direction éditoriale CHARLOTTE GUILLARD, PATRONNE DES DIRECTEURS LITTÉRAIRES Conclusion Partie II. Sensibilités intellectuelles Chapitre 4. Préréforme et conservatisme : les théologiens LE SOLEIL D’OR : « ATELIER DE LA SORBONNE » ? VUE D’ENSEMBLE : LES SPÉCIFICITÉS DE LA PRODUCTION NAVARRISTES ET CHARTREUX : QUATRE FIGURES ENTRE RÉFORME ET CONSERVATISME : UNE THÉOLOGIE FONDAMENTALISTE ? Chapitre 5. Les cercles humanistes : médecins et juristes UNE ÉNIGME : L’ÉDITION DES APOPHTHEGMES (1539) MÉDECINS ET HELLÉNISTES : LE MILIEU DES LECTEURS ROYAUX BIBLIOPHILES ET ANTIQUAIRES : LE CERCLE DES JURISTES 3 Conclusion Partie III. Le catalogue du Soleil d’Or Chapitre 6. Le droit savant L’ÉDITION DU DROIT SAVANT AU XVIe SIÈCLE LE SOLEIL D’OR ET L’ÉDITION JURIDIQUE AVANT CHARLOTTE GUILLARD L’ŒUVRE JURIDIQUE DE CHARLOTTE GUILLARD Chapitre 7. L’œuvre théologique CONQUÊTE D’UN MARCHÉ : CLAUDE CHEVALLON, ÉDITEUR PATRISTIQUE LA PRODUCTION DE CHARLOTTE GUILLARD CHARLOTTE GUILLARD FACE À LA CONCURRENCE Conclusion Partie IV. Produire et vendre Chapitre 8. La fabrique du livre : matériels et mises en page LES PAPIERS LA RÉVOLUTION TYPOGRAPHIQUE AU SOLEIL D’OR Chapitre 9. Le commerce des livres DONNÉES CHIFFRÉES : LA LEÇON DES INVENTAIRES BOUTIQUE, FACTEURS, FILIÈRES : LA DIFFUSION DU LIVRE AFFRONTER LA CONCURRENCE Conclusion générale LE PATRON ET L’ATELIER : SUBSTITUER LE COLLECTIF À L’INDIVIDUEL HUMANISTE OU « SORBONNAGRE » : DÉPASSER LA DICHOTOMIE RECONSIDÉRER L’APPORT DE L’ATELIER Annexe 1. Trois testaments : Charlotte Guillard, Louis Lasseré, Louis Miré Annexe 2. Inventaire sommaire des documents d’archives relatifs à Charlotte Guillard et à son entourage Bibliographie de Charlotte Guillard Sources et bibliographie Cahier d'Illustrations 5 Remerciements 1 CE LIVRE est issu d’une thèse de doctorat conduite sous la co-direction de Marie-Luce Demonet et Christine Bénévent, auxquelles j’exprime ici ma profonde gratitude. Roger Chartier, Robert Descimon, Jean-François Gilmont, Geneviève Guilleminot, Michel Magnien et Malcolm Walsby ont accepté d’évaluer mes travaux en soutenance et ce livre doit beaucoup à leurs précieuses remarques. 2 Je suis particulièrement redevable à Toshinori Uetani, qui m’a initié à la fréquentation rigoureuse des livres anciens, ainsi qu’à Concetta Pennuto et Élise Gauthier qui ont toutes deux éclairé à mon intention le sens de quelques préfaces latines. Ma reconnaissance va également à Pierre Aquilon qui sait transmettre ses impressionnantes connaissances avec la bienveillance, l’affabilité et la simplicité qui le caractérisent. 3 Nombreux sont encore ceux qui m’ont prêté concours par leur aide, leurs conseils, leurs relectures ou leur soutien. Parmi eux, je remercie particulièrement Florence Alazard, Guillaume Berthon, Lauranne Bertrand, Thierry Claerr, Jean-Marc Dechaud, Jean Dupèbe, Stéphan Geonget, Guillaume Gimenes, André-Stéphane Grocholski, Guy, Marguerite et Paul Jimenes, William Kemp, Romain Ménini, Pierre Petitmengin, Aurélien Ruellet, Rodolfo Savelli et toute l’équipe des Bibliothèques virtuelles humanistes. Pour illustrer cet ouvrage, Thierry Boillot, amateur et fin connaisseur de Charlotte Guillard, a bien voulu prendre en photo quelques-uns des volumes composant sa riche bibliothèque ; je l’en remercie chaleureusement. 4 Anna Baydova, enfin, m’a supporté pendant la reprise de ce travail et me soutient toujours avec tendresse ; j’ai plaisir à l’en remercier. 5 Ce livre est dédié à Jean-Paul Veyssière, entremetteur : le 5 juillet 2006, dans la salle Saint-Martin du Centre d’études supérieures de la Renaissance, il m’a présenté Charlotte Guillard… 6 Préface Roger Chartier 1 ASSOCIER DANS UNE MÊME DÉMARCHE de connaissance le savoir bibliographique, l’histoire du livre et l’histoire sociale, c’est une condition nécessaire pour comprendre les politiques éditoriales des ateliers typographiques de la Renaissance. Le livre que Rémi Jimenes consacre à Charlotte Guillard, femme imprimeur dans le Paris du premier XVIe siècle, le démontre avec rigueur et imagination. Fondé sur une érudition sans faille, écrit avec allégresse, son ouvrage ménage surprises et paradoxes. Il se présente comme l’étude d’une de ces veuves qui, à la mort de leur mari, prennent le gouvernement de leur atelier. Ce destin fut celui de Charlotte Guillard, deux fois veuve d’imprimeurs : en 1518, après la mort de Berthold Rembolt, épousé sans doute en 1507, puis en 1537, après celle de Claude Chevallon, avec qui elle s’était remariée en 1520. Elle devint alors l’héritière de l’atelier à l’enseigne du Soleil d’Or, une imprimerie établie dès 1473 par l’un des premiers typographes arrivés à Paris, Ulrich Gering. Depuis 1494, Berthold Rembolt était son associé. 2 Le livre de Rémi Jimenes est donc d’abord l’histoire d’une provinciale venue à Paris et qui, entre 1537 et sa mort au début de l’année 1557, dirigea l’une des plus puissantes entreprises de l’édition parisienne dans le second tiers du XVIe siècle. En un temps où n’étaient pas dissociées les activités d’imprimeur et d’éditeur, l’atelier du Soleil d’Or de Charlotte Guillard possédait six presses et employait une quarantaine d’ouvriers. En vingt ans, elle publia 181 éditions, méticuleusement recensées, décrites et étudiées par Rémi Jimenes. Certaines sont impressionnantes, avec cinq, sept, voire dix volumes, comme les Œuvres de saint Jérôme publiées en 1546 ou celles de saint Augustin éditées en 1541 puis de nouveau en 1556. Cette belle activité éditoriale a nourri ce que Rémi Jimenes désigne comme le « mythe » de la veuve savante, célébrée par certains préfaciers de ses éditions (et, plus tard, par les historiens du livre). 3 Au risque de décevoir, il tient cette gloire comme un peu excessive. Même veuve et solitaire, Charlotte Guillard demeura, en effet, étroitement dépendante des liens familiaux et, en particulier, de l’activité de ses neveux, comme l’atteste le grand nombre d’éditions partagées qu’elle publia en association avec certains d’entre eux. De plus, la politique éditoriale du Soleil d’Or ne peut pas être attribuée à ses seules décisions et initiatives. Les choix qui construisirent le catalogue de ses éditions ont été le résultat d’un 7 processus collectif qui a impliqué les correcteurs et le praefectus de l’atelier (celui qui au XVIIIe siècle sera désigné comme prote) et, hors l’imprimerie, les érudits qui ont été ses conseillers éditoriaux et qui étaient théologiens au Collège de Navarre, les hellénistes au Collège royal ou les juristes. 4 Ce sont