DICTIONNAIRE DU COMPAGNONNAGE DU MÊME AUTEUR :

- Carcassonne La Palme des Beaux Arts, ou le Tour de France d'un Compagnon Menuisier au XIX siècle, C.N.D.P., 1979. (épuisé) - Compagnonnages d'hier et d'aujourd'hui, C.N.D.P., 1980. (épuisé) - Sur le chemin des Compagnons, éditions de Poliphile, 1984. (épuisé) - « Le Compagnonnage aujourd'hui », chapitre historique in Revue La France, 1986. — Le Tour de France de Jean Bellegarde, Compagnon Charpentier du Devoir (Dessins de Mor), éditons Belisane, 1988. (épuisé) – Agricol Perdiguier dit Avignonnais la Vertu, Compagnon Menuisier du Devoir de Liberté (Dessins de Mor), éditions Bélisane), 1989. (épuisé) - Le Compagnonnage, Jacques Grancher Editeur (Collection Ouverture), 1989. — Voyages dans le Compagnonnage, éditions de Mortagne, 1991.

• Couverture : Le Siège de Rhodes (voir notice du Dictionnaire). • Les lettrines sont issues de la Divine Proportion de Fra Luca Pacioli di Boryo San Sepolcro, rééditée par La Librairie du Compagnonnage, , 1980. • Les treize illustrations de cet ouvrage sont de Jules Noël, elles parurent pour la première fois dans L'Illustration en novembre 1945. DICTIONNAIRE DU COMPAGNONNAGE

François ICHER

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© Editions du Borrégo - 72001 Le Mans, 1992. ISBN : 2-904724-16-8 A Marie et Guillaume

Pourquoi un dictionnaire du compagnonnage

Un dictionnaire est un recueil de mots d'une langue, rangés dans un ordre en général alphabétique et suivis de leurs défi- nitions. Une encyclopédie est un ouvrage abritant un choix de mots, ce choix se rapportant à un secteur particulier du savoir humain. Dès lors, le titre d'encyclopédie eût mieux convenu à notre travail que celui de dictionnaire. Nous ne l'en avons pas moins retenu car, appliqué au Compagnonnage, il eût impli- qué l'ambition (voire l'orgueil) de contenir celui-ci en quelques centaines de pages et que pareil objectif est irréali- sable : il faut VIVRE le Compagnonnage pour l'apprécier pleinement. Ainsi le terme de dictionnaire, détourné peut-être de son sens littéral premier mais considéré dans une acception que l'usage de notre langue ne récuse pas, nous a paru mieux convenir à la mission que nous nous sommes fixés. Tout dictionnaire se distingue des autres livres par une par- ticularité fort appréciable puisqu'il est possible de le lire de deux manières. La première consiste à rechercher un mot pré- cis. La seconde est motivée par la curiosité qui, au fil des pages, fixe l'attention du lecteur. Dans ce livre, le Compagnonnage dévoile aux yeux du lec- teur ses multiples facettes et ses innombrables richesses. Un des buts premiers de ce dictionnaire est d'aider les Compa- gnons, comme les profanes, à mieux saisir l'identité, la com- plexité et la réalité du Compagnonnage, de son histoire et de ses légendes, de ses coutumes et de ses traditions, de ses rites et de ses symboles. Loin d'être uniquement un conservatoire ou une mémoire du passé, ce dictionnaire se veut également une vitrine du Compagnonnage contemporain, un Compa- gnonnage à l'écoute des mutations et des progrès dûs aux tech- nologies nouvelles. Les 2459 références qui composent ce dictionnaire sont le fruit de plusieurs années de recherches et de lectures, de voyages et de rencontres. À l'image des notices biogra- phiques, il a fallu faire des choix mais nous avons scrupuleu- sement veillé à ce que ces derniers ne soient pas placés sous l'unique critère de la subjectivité. Notre travail concerne tous les mouvements compagnonniques français sans oublier les Compagnonnages européens. Au lecteur inquiet de ne pas trouver une bibliographie à la fin de l'ouvrage, nous lui signalons que tous les repères biblio- graphiques ont été insérés dans l'ouvrage même, afin de ne pas rompre l'unité d'un livre qui se veut être dictionnaire. Au terme de ce court avertissement, qu'il nous soit permis de formuler un voeu : puisse ce dictionnaire faire mieux connaître un Compagnonnage trop souvent victime de fausses idées ou de préjugés. Héritières des confréries de bâtisseurs des cathédrales, les sociétés compagnonniques perpétuent un message séculaire : en travaillant l'homme se découvre et se transforme. En ce sens, le métier manuel n'est pas une fin en soi, il devient un moyen de s'épanouir. C'est ici que se trouve toute la différen- ce entre le travailleur et l'homme-œuvrier.

François ICHER Quelques repères chronologiques

966 av. J.-C. Le roi Salomon entreprend l'édification du Temple de Jéru- salem. 558 av. J.-C. Fondation (légendaire) des Compagnons Tailleurs de pierre Étrangers. Le rite de Maître Jacques revendique également cette date. 560 ap. J.-C. Fondation (légendaire) des Compagnons Charpentiers du Devoir. Le rite de Salomon revendique la même date. 570 Fondation (légendaire) des Compagnons Menuisiers et Serruriers du Devoir du rite de Maître Jacques. Les Compagnons du rite de Salomon revendiquent la même date. 1113 Saint-Bernard prend l'habit monastique à l'abbaye de Citeaux. 1176 La Confrérie des Frères Pontifes entreprend l'édification du pont d'. 1268 Louis IX fait publier le Livre des Métiers, document rassemblant les statuts des corps de la ville de Paris, sous l'autorité d'Étienne Boileau. 1287 Des œuvriers français dirigés par Étienne de Bonneuil partent construire l'église d'Upsal, en Suède. 1307 Condamnation des Templiers. 1330 Fondation (légendaire) des Compagnons Tanneurs et Teinturiers du Devoir. 1390 Rédaction du Régius, manuscrit évoquant les obligations des maçons médiévaux. 1401 Bataille d'Orléans. Récit purement légendaire relatif à la scission du Devoir en deux branches rivales. 1407 Acceptation des cordiers dans le Devoir ? 1409 Acceptation des vanniers dans le Devoir ? 1410 Acceptation des chapeliers dans le Devoir ? 1420 Ordonnance de Charles VI visant les Compagnons Cordonniers de la ville de Troyes. 1459 Rédaction, à Ratisbonne, des statuts de la confraternité des tailleurs de pierre et des maçons de Strasbourg. 1480 Siège de Rhodes. Titre d'une image illustrant une réception rituelle de Compagnons Tailleurs de pierre et Charpentiers par le Grand Maître de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. 1500 Acceptation des blanchers-chamoiseurs dans le Devoir? 1506 Sentence du Châtelet interdisant certaines compagnies et confréries. 1540 Dans un procès verbal manuscrit établi à Dijon, il est fait mention de l'existence d'une Mère des Compagnons. 1571 Édit perpétuel et irrévocable de Charles IX qui condamne certaines confréries de métiers. 1601 Acceptation des fondeurs dans le Devoir? 1603 Acceptation des épingliers dans le Devoir? 1609 Acceptation des forgerons dans le Devoir? 1638 Sous prétexte d'un verre de vin refusé à l'un des leurs, les Compa- gnons Menuisiers de Dijon mettent la ville en interdit pour une durée de deux ans. 1643 La Pensée de Saumur, Compagnon Tailleur de pierre, marque son nom sur la pierre du pont du Gard. 1645-1648 La Confrérie du Très Saint-Sacrement de l'Autel publie quatre monitoires contre les Compagnons Cordonniers du Devoir. 1645 Henri Buch, membre de la Confrérie du Très Saint-Sacrement, fonde l'ordre des frères cordonniers afin de contrer voire de rem- placer le Compagnonnage. 1648 Dechartre le Parisien, Compagnon Tailleur de pierre, marque son nom sur la vis de Saint-Gilles du Gard. 1649 Une ordonnance oblige les Compagnons à se faire inscrire sur les registres de police. 1654 Monitoire de la Confrérie du Très Saint-Sacrement contre les Com- pagnons Selliers du Devoir. 1655 Résolution des Docteurs de la Faculté de Paris condamnant les Compagnons Cordonniers, Tailleurs d'habits, Chapeliers et Selliers du Devoir. 1675 Les Compagnons Maçons et Tailleurs de pierre Étrangers de Ham- bourg inaugurent le nouveau coffre de leur chambre. 1685 Révocation de l'édit de Nantes. De nombreux Compagnons adeptes de la Réforme partent à l'Étranger. Des querelles internes naissent dans les Devoirs pour des problèmes de religion. 1700 Acceptation des tondeurs de drap et des tourneurs dans le Compa- gnonnage du Devoir. 1701 Acceptation des vitriers dans le Devoir. 1702 Acceptation des poêliers et des tonneliers dans le Devoir. 1703 Acceptation des couteliers et des ferblantiers dans le Devoir. 1706 Acceptation des bourreliers et des charrons dans le Devoir. 1717 Saisie du coffre des Compagnons Serruriers du Devoir par le pro- cureur de la ville de Dijon. 1723 Rédaction des Constitutions d'Anderson, charte de la Franc- Maçonnerie anglaise. 1730 Ordonnance du gouverneur de interdisant aux Compa- gnons Menuisiers et Charpentiers du Devoir ou du Devoir de Liber- té de se syndiquer entre eux. C'est la première apparition du mot syndicat. Bataille dans la plaine de la Crau entre Compagnons de rites adverses. De nombreux morts dans chaque camp. 1745 Le Parlement d'Angers condamne au carcan du pilori quelques Compagnons Charpentiers du Devoir, coupables d'avoir perturbé le repos public. 1751 Le Compagnon La Verdure le Bourguignon marque son passage sur la Pierre du temple de Diane à Nîmes. 1754 Lettre des Maîtres Serruriers de Bordeaux à ceux de Tours pour les inviter à combattre et à détruire le Devoir. 1758 Acceptation des cloutiers dans le Devoir. 1759 Les Compagnons Couvreurs sont officiellement reconnus. 1764 Le Compagnon Vitrier Jacques-Louis Ménétra, dit Parisien la Bienvenue, écrit un journal de sa vie. 1765 Le parlement d'Aix interdit le Compagnonnage suite à des assassi- nats entre Gavots et Devoirants. 1776 Les édits de Turgot abolissent les jurandes. 1779 Ordonnance de police à Blois contre le Compagnonnage. 1785 Arrêt du Parlement de Bretagne condamnant les Compagnons Menuisiers du Devoir et défendant aux Carmes de la ville de Nantes de les héberger. Acceptation des toiliers dans le Devoir. 1786 Requête des Maîtres de Nantes contre les Compagnons Cordon- niers qui demandent une augmentation de salaire. 1789 De nombreux Compagnons résidant au faubourg saint-Antoine par- ticipent à la prise de la Bastille. 1790 Pétition des compagnons des Maîtrises contre les Compagnons du Devoir, présentée par Du Pont de Nemours au Comité de Constitu- tion de l'Assemblée nationale. Cette pétition souhaite l'interdiction du Compagnonnage. 1791 Abolition des corporations. Créations de la patente. Loi Le Chapelier interdisant les associations. Le Compagnonnage fait partie des sociétés interdites. 1795 Rapport du premier échevin de Macon contre les Compagnons du Devoir èt les Gavots. 1797 Les Compagnons Plâtriers du Devoir sont officiellement reconnus. 1803 Arrêté du préfet de Maine et Loire interdisant le Compagnonnage. 1803-1804 Concours de Montpellier entre Compagnons Menuisiers du Devoir et du Devoir de Liberté. 1804 Apparition officielle du Compagnonnage des Charpentiers du Devoir de Liberté. 1805 Naissance d'Agricol Perdiguier. 1806 Arrêté municipal interdisant le Compagnonnage à Châlon sur Saône, suite à des rixes meurtrières. 1807 Une assemblée générale du Devoir est organisée à afin de trouver un compromis entre sociétés adverses. D'autres assemblées de ce type ne parviendront pas à pacifier le Tour de France. 1809 Concours de entre Compagnons Serruriers du Devoir et du Devoir de Liberté. 1811 Acte de création des Compagnons Boulangers du Devoir. Le Devoir de Liberté accepte d'acceuillir ce métier en son sein. 1817 Le maire d'Angers interdit aux diverses sociétés compagnonniques de la ville le droit de placer les ouvriers arrivants. 1821 Assemblée générale des sociétés compagnonniques à Bordeaux afin de tenter de mettre un terme aux rixes. 1825 Grande rixe à Tournus, entre Compagnons Tailleurs de pierre de rites adverses. 1830 Le Devoir de Liberté accueille en son sein des Compagnons Tonne- liers-Foudriers. 1831 Les tisseurs-ferrandiniers sont acceptés dans le Devoir. 1832 Création de l'Union. Cette société se veut être une structucture indé- pendante du Compagnonnage. 1837 Grève des Compagnons Charpentiers du Devoir qui paralyse l'entreprise parisienne Astier et Terville. 1839 Parution du Livre du Compagnonnage d'Agricol Perdiguier. 1841 George Sand publie Le Compagnon du Tour de France, roman lar- gement inspiré par Agricol Perdiguier. 1845 Grandes grèves des Compagnons Charpentiers à Paris. Viollet le Duc, avec le concours de nombreux Compagnons, com- mence la restauration de Notre-Dame de Paris. Réception des Compagnons Cordonniers-Bottiers dans le Devoir de Liberté. Premier grand reportage sur le Compagnonnage paru dans le journal L'illustration (22 et 29 novembre). 1847 Rixes entre Compagnons Charpentiers du Devoir et du Devoir de Liberté au sujet de la prise d'un atelier sur la rive gauche de la Seine, à Paris. Pour la première fois, le ciment pur est employé pour les coffrages. À Paris, les Compagnons Charpentiers du Devoir offrent un grand chef-d'œuvre à Maître Berryer qui avait défendu leur cause en 1845. 1848 Plus de 10 000 Compagnons se réunissent place des Vosges à Paris. Cette réconciliation entre les rites sera éphémère. Agricol Perdiguier est élu député à l'Assemblé nationale. Protocole d'accord signé entre Compagnons Charpentiers des deux rites afin de se partager équitablement les chantiers de Paris. Michelet estime à 400 000 le nombre d'ouvriers français asservis à la machine. Quelques Compagnons de rites différents proposent d'adopter une constitution fraternelle et sociale. Cette dernière sera refusé par le Tour de France. 1854 Parution des Mémoires d'un Compagnon d'Agricol Perdiguier. 1859 Après huit années de labeur, le Compagnon Menuisier François Roux a terminé son chef-d'œuvre de prestige. 1864 Loi relative au délit de coalition ouvrière. Le Compagnonnage est visé. 1865 Les sabotiers sont acceptés dans le Compagnonnage du Devoir. 1867 Exposition universelle à Paris. Les Compagnons découvrent les progrès du machinisme. 1871 De nombreux Compagnons sont tués dans l'épisode tragique de la Commune. À Romanèche-Thorins, l'école de Trait du Père Guillon accueille ses premiers élèves. 1874 La ville de Lyon est le théâtre de la fusion de la société des Amis de l'Industrie avec la société des Devoirs réunis. Une Fédération Com- pagnonnique de toutes les sociétés d'anciens Compagnons du Devoir est ainsi créée. Elle va devenir le creuset de la future Union Compagnonnique 1875 Mort d'Agricol Perdiguier. 1876 En Amérique du Nord, création des Khights of labor. 1880 Création de la caisse de retraite du Ralliement des Compagnons du Devoir. 1882 Constitution de l'Association des Ouvriers Charpentiers de la Vil- lette, coopérative créée par le Compagnon Charpentier du Devoir Louis Favaron. 1884 Loi autorisant la création des syndicats. Après 18 ans de travail, le Compagnon Mazerolle a enfin terminé son grand chef-d'œuvre de charpente. 1889 Création de l'Union Compagnonnique des Compagons du Tour de France des Devoirs Unis. Sous la conduite d'Eugène Milon, dit Guépin le Soutien de Salomon, une quarantaine de Compagnons Charpentiers lèvent la tour Eiffel. 1899 De New-York, Laurent Siffard, dit Agenais Cœur Joyeux, lance l'idée d'un journal compagnonnique intitulé Le Tour du Monde. Son projet n'obtient aucun écho parmi les Compagnons. 1901 Publication du livre d'Étienne Martin Saint-Léon Le Compagnon- nage. L'auteur prévoit une disparition rapide des sociétés compa- gnonniques. Il reviendra sur sa position ultérieurement. 1902 Dans son Étude sociale sur les corporations compagnonniques, le Compagnon Bonvous préconise une rénovation profonde du com- pagnonnage. 1908 Fondation de l'Alliance Compagnonnique de Tours, afin de regrou- per les Compagnons du Devoir d'Indre et Loire. La charpente lamellée-collée est mise au point en Allemagne. Quelques années plus tard, cette technique va révolutionner le monde de la charpenterie. 1909 Mort de Lucien Blanc dit Provençal le Résolu, premier président et fondateur de l'Union Compagnonnique des Devoirs Unis. Les premiers ouvrages anti-compagnonniques sont diffusés par les syndicats. 1913 Création de la Fédération Intercompagnonnique de la Seine. 1914-1918 La Grande Guerre va entraîner de lourdes pertes dans toutes les sociétés compagnonniques. 1919 Mise en sommeil du Groupe Fraternel des Compagnons du Devoir du Tour de France sous les drapeaux, créé juste avant la guerre pour soutenir moralement et matériellement les Compagnons com- battants. Sous les auspices de la Fédération Intercompagnonnique de la Seine, des états généraux du Compagnonnage sont organisés à Paris afin de réfléchir sur l'avenir des diverses sociétés compa- gnonniques. Création du journal Le Compagnonnage (organe actuel de l'Union Compagnonnique). 1923 Tentative de réveil du Compagnonnage des Tailleurs de pierre du Devoir de Liberté, corps en voie de disparition. 1924 De nombreux Compagnons sont distingués lors de la première exposition du concours des Meilleurs Ouvriers de France. 1925 Abel Boyer crée l'encyclopédie Les Muses du Tour de France. Création officielle d'une Fédération Générale du Compagnonnage visant à réunir toutes les sociétés de tous les rites. 1928 La Fédération Générale du Compagnonnage éclate suite aux que- relles de plus en plus vives entre les vieux Devoirs et la jeune Union Compagnonnique. 1929 Au congrès de Châteauroux, les vieux Devoirs tentent de définir une politique pour contrer l'influence de l'Union Compagnonnique. 1930 Réunis en congrès à Tours, les Compagnons Charpentiers du Devoir décident d'abandonner l'usage des trois points dans leurs abréviations symboliques. 1933 Création officielle de la Confédération Salomon-Jacques-Soubiise. La C.S.J.S. se positionne face à l'Union Compagnonnique. 1939 Déclaration de guerre de la France à l'Allemagne (3 septembre). 1940 Le maréchal Pétain demande l'armistice (17 juin). Au mois de juillet, le Compagnon Pradelle, de l'Union Compa- gnonnique, publie un projet de convention générale du Compa- gnonnage français. Sa proposition n'obtient qu'un très faible écho dans un contexte tourmenté. Loi portant interdiction des associations secrètes et obligeant les fonctionnaires et agents de l'État à souscrire une déclaration à ce sujet (13 août). Ordonnance allemande signée par le chef de l'administration mili- taire en France: «L'activité de toutes les unions, sociétés et autres associations sauf celles fondées sur le droit public est interdite...» (28 août). Instruction du secrétariat d'État à l'Intérieur relative à la dissolution des groupements se rattachant aux sociétés secrètes et à la répression des tentatives de reconstitution de ces dernières (28 septembre). Le Compagnon Jean Bernard dit La Fidélité d'Argenteuil obtient une audience auprès du maréchal Pétain afin de lui exposer son pro- jet de rénovation du Compagnonnage français (8 octobre). 1941 Premières Assises nationales du Compagnonnage à Lyon, afin de préparer les statuts devant être proposés au Conseil d'État (6 avril). Le 1 mai, à Commentry, le maréchal Pétain remet officiellement à Jean Bernard la charte du Compagnonnage, en présence de 300 Compagnons. II Assises nationales du Compagnonnage à Lyon. Une cinquantaine de Compagnons de divers métiers et rites y participent (28 et 29 juin). Parution du premier numéro du journal Compagnonnage (22 juillet). Le Journal Officiel du 30 juillet publie les premiers statuts de l'Association Ouvrière des Compagnons du Devoir. III Assises nationales du compagnonnage à Vichy (25 octobre). 1942 IV Assises nationales du Compagnonnage à Toulouse (28 juin). 1943 Réunis en congrès à Limoges, les Compagnons Charpentiers du Devoir désirent prendre contact avec les Compagnons Charpentiers du Devoir de Liberté en vue d'étudier la possibilité d'une fusion (29 mai). Premières adoptions d'aspirants du Devoir à Lyon (30 mai). Ve Assises nationales du Compagnonnage à Lyon (2 juin). Inauguration officielle de la première Maison des Compagnons du Devoir à Lyon (24 octobre). 1944 Aux Assises de Paris, l'Union Compagnonnique laisse entrevoir sa non-adhésion à l'Association Ouvrière des Compagnons du Devoir. 1945 Au congrès de Montauban, l'Union Compagnonnique réaffirme son existence et son indépendance vis-à-vis de l'Association Ouvrière des Compagnons du Devoir. Fusion des deux rites de charpente. Les Compagnons Charpentiers Soubises et Indiens ainsi fusionnés créent une société des Compa- gnons Charpentiers des Devoirs. 1946 Congrès intercompagnonnique dit de la Libération (Paris). Après des débats houleux, le quitus est donné à Jean Bernard pour son action menée durant le régime de Vichy. Aux Assises du Compagnonnage à Tours, dix corporations du Devoir signent leur adhésion officielle à l'Association Ouvrière. Fondation du journal La voix des Compagnons et Maîtres d'Œuvres (devenu ensuite revue de la Fédération Compagnonnique). 1947 Réception de Madame Duguet, première Mère de l'Association Ouvrière des Compagnons du Devoir (5 et 6 juillet). Après un référendum, les Compagnons Charpentiers des Devoirs refusent d'adhérer à l'Association Ouvrière (novembre). 1950 Aux Assises du Compagnonnage à Nantes, le Compagnon Raoul Vergez demande au Compagnon Jean Bernard de s'expliquer sur sa démarche entreprise pendant l'occupation de la France. Création du Concours International de Formation Professionnelle. Ce concours sera rapidement surnommé les Olympiades des métiers. Les Compagnons du Devoir figurent régulièrement au palmarès. 1951-1952 Grande exposition Paris et les Compagnons du Tour de France. 1953 Création de la Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment. Premier rassemblement au Luxembourg des sociétés européennes à caractère compagnonnique. 1955 La Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment fonde et accueille en son sein un société de Compagnons Maçons et Tailleurs de pierre. L'Association Ouvrière reconnait solennellement le corps des Compagnons Passants Maçons du Devoir. 1958 Second rassemblement compagnonnique européen à Hambourg. Raoul Vergez, dit Béarnais l'Ami du Tour de France, publie son roman La Pendule à Salomon. 1963 Troisième rassemblement européen à Copenhague. 1964 L'Association Ouvrière accueille ses premiers Compagnons Tapis- siers du Devoir. 1968 Inauguration du musée du Compagnonnage à Tours. Quatrième rassemblement européen à Versailles, Châteauroux et Tours. Un sigle est choisi pour définir cette structure: C.E.G. 1969 Jean Bernard quitte la charge de Premier Conseiller de l'Associa- tion Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France. 1972 Publication du livre de Jean Bernard La Compagnonnage, ren- contre de la jeunesse et de la tradition. 1973 Le C.E.G. se réunit à Neuchâtel. Grande exposition à Paris, Le Compagnonnage vivant. Création de la Fondation de Coubertin. 1974 Parution du roman Ardéchois Cœur Fidèle écrit par Chatenet et Cosmos. L'ouvrage donnera naissance à un feuilleton télévisé qui connaîtra un grand succès auprès du public. Inauguration officielle de la Maison de l'outil et de la pensée ouvrière, à Troyes. 1977 Mort de Raoul Vergez. 1978 Le C.E.G. organise son rassemblement à Hambourg. 1980 Parution du livre de Barret et Gurgand Ils voyageaient la France. Cet ouvrage obtient un franc succès auprès d'un large public. 1983 Bruxelles accueille le septième rassemblement du C.E.G. qui se transforme en C.C.E.G. 1984 Des Compagnons Serruriers et Métalliers du Devoir partent à New York pour restaurer la statue de la Liberté. 1986 Mort de Pierre Louis, rénovateur du Compagnonnage des Menui- siers et Serruriers du Devoir de Liberté (les Gavots). 1987 Les Compagnons du Devoir restaurent l'archange du Mont Saint- Michel. 1988 Le rassemblement de la C.C.E.G. se déroule à Lyon.

ABIRAM : Nom légendaire d'un des as- sassins d'Hiram, l'architecte du Temple de Jérusalem. Rares sont toutefois les versions compagnonniques qui le men- tionnent.

ABJURER : Dans les rituels anciens de nombreuses sociétés compagnonniques, on demandait souvent à l'aspirant qui souhaitait devenir Compagnon d'abjurer sa religion. En fait, cette épreuve était des- tinée à tester sa moralité et sa religiosité. Dans la même cérémonie de réception, on proposait également au candidat de battre de la fausse monnaie. Ces épreuves, dites de reniement, furent parfois mal interpré- ABEILLE : On remarque parfois la pré- tées ; elles servirent d'arguments aux dé- sence d'abeilles dans quelques em- tracteurs du Compagnonnage. Cette blèmes compagnonniques. Souvent dis- même mésinterprétation fut la perte de posées autour d'une ruche, elles sont l'Ordre du Temple qui pratiquait aussi ce généralement au nombre de quatre ou genre d'épreuves symboliques. neuf. Le symbolisme de l'abeille est très riche. Elle peut être assimilée à la ABRÉVIATIONS : Les Compagnons ont Mère en tant que son symbole animalier toujours employé des abréviations afin de et englobant (la ruche / la Mère immo- cacher le sens et la valeur de certains bilière). Principalement, les abeilles, mots au monde profane. La méthode uti- par leur vie en communauté, sous-en- lisée n'a rien de secret ou de complexe ; tendent une organisation rigoureuse. seules les initiales de chaque mot sont re- Par leurs rapports entre elles et avec tenues dans le but de former la phrase. Il leur reine, les abeilles sont alors sym- va de soi que ce codage n'est utilisé qu'en boles de sagesse, d'ordre, de concorde, des situations bien précises (gravures, di- de courage et d'activité. La belle image plômes, lettres rituelles... etc). Il est faux de l'abeille, utilisant les sucs les plus de croire que les trois points placés après fins et les pollens les plus délicats afin chaque lettre forment un usage typique- de fabriquer le miel, est proche de celle ment maçonnique. À ce sujet, il est inté- du Compagnon qui ne peut exécuter son ressant d'observer que les Compagnons chef-d'œuvre qu'après avoir voyagé et restent divisés, certains préférant ne pla- "butiné" à travers la France en utilisant cer qu'un seul point après chaque abré- les techniques et les tours de main les viation (c'est le cas à l'Association Ou- plus raffinés. S'il n'est pas interdit de vrière des Compagnons du Devoir), voir en l'abeille une glorification du d'autres gardant l'usage des trois points Travail et une allusion à une organisa- (Union Compagnonnique notamment). tion structurée, il est tout aussi intéres- sant de penser à certains noms compa- ACACIA : Quelques légendes compa- gnonniques qui font appel à l'abeille gnonniques précisent que lorsque l'archi- sauvage, à la guêpe (Guêpin le Soutien tecte du Temple de Jérusalem, Hiram, fut de Salomon, etc). Notons enfin que assassiné, une branche d'acacia vint fleu- L'abeille est aussi le titre d'une des rir sur sa tombe. Cette présence de l'aca- chansons les plus appréciées sur le Tour cia peut rappeler les vertus du fondateur de France ; elle fut composée au XIX ainsi que les valeurs que symbolise cet par J.-F Piron dit Vendôme la Clef des arbre : incorruptibilité, renaissance initia- Cœurs. tique... Présent aussi bien dans les lé- gendes maçonniques que compagnon- ACHARNÉ FUSIONNISTE : Surnom qui fut niques, il existe un risque de confusion attribué par quelques Compagnons à pour qui voudrait trop disserter sur ce Raoul Vergez dit Béarnais l'Ami du symbole. Gage de résurrection et d'im- Tour de France, par allusion à l'action mortalité, l'acacia est, ne l'oublions pas, qu'il mena pour réaliser la fusion entre un arbre d'une dureté présumée impu- Compagnons Charpentiers Indiens et trescible et qui résiste à la dessiccation. Soubises en novembre 1945, après la li- Connaître l'acacia c'est donc posséder bération de la France. les notions initiatiques conduisant à la dé- couverte d'un certain secret, d'une trans- ACHETER LE SECRET DU DEVOIR : Afin mission qui n'est en rien gênée ou freinée d'être admis en Compagnonnage, cer- par la mort d'un homme. tains métiers, dans le passé, n'hésitèrent pas à proposer de l'argent à des Compa- ACCAPAREUR : Lorsqu'un Compagnon gnons pour que ces derniers leur com- chante souvent la même chanson, on dit muniquent le secret du Devoir. Outre le de lui qu'il se l'accapare. Dans ce cas fameux épisode de Narbonne, en 1785, l'accapareur est sollicité par le rouleur à qui avait vu les toiliers acheter le secret la fin des banquets, car on est sûr que la du Devoir aux Compagnons Menuisiers, chanson sera très bien chantée. Toujours il convient de citer la tentative des sabo- dans ce contexte, mais avec une autre si- tiers qui essayèrent, en 1814, d'acheter gnification, l'accapareur est un Compa- le Devoir aux Compagnons Tailleurs de gnon qui glisse dans la dernière strophe pierre du rite de Maître Jacques. Ces de la chanson son nom compagnonnique derniers leur répondirent : "C'est blesser à la place du véritable auteur afin de se délicatesse d'une société dont la réputa- l'annexer, de se l'accaparer. Il revient tion est bonne. La société des Compa- alors au rouleur de faire remarquer l'im- gnons Passants Tailleurs de pierre ne se posture à l'assemblée, souvent d'une compose que d'hommes à caractère et à façon ironique. talent et ne sait pas se déshonorer pour de l'argent". ACCEPTÉ : Qualificatif qui complète toujours le terme de maçon dans la ACHÈVEMENT DU TEMPLE : Les sources Franc-Maçonnerie. On peut donc en dé- légendaires précisent qu'il fallut sept duire l'acceptation de personnes étran- ans de travaux pour achever l'édifica- gères au métier de bâtir dans les an- tion du Temple de Jérusalem. Afin de ciennes confréries opératives. L'accep- remercier les constructeurs et pour ma- tation aurait, peut-être, commencé par nifester son contentement, Salomon or- des prêtres, puis des personnages de plus ganisa de grandioses fêtes : des milliers en plus éloignés des bâtisseurs auraient de bœufs et de béliers auraient été im- pris en main la direction des loges tout molés pour cette occasion. en gardant le symbolisme de l'Art Royal. Le premier maçon non opératif ACHIZAR : Grand Maître du palais de Sa- dont nous ayons une trace historique de lomon. Quelques légendes le citent l'acceptation est John Boswell (8 juin comme étant chargé de l'exécution des 1600). Dans le Compagnonnage, à assassins d'Hiram. Toutefois, son nom est l'issue de la seconde guerre mondiale, plus souvent évoqué dans la Franc-Ma- certains Compagnons furent acceptés et çonnerie que dans le Compagnon-nage. même reçus sans avoir effectué le Tour de France. Gens de métier, souvent fils ACCOLADE FRATERNELLE : Embrassade ou petits-fils de Compagnons, ils durent rituelle qui revêt, aux yeux des Compa- leur acceptation au fait qu'il fallait rapi- gnons, un sens de fraternité. Dans le cé- dement reconstituer des sociétés trop af- rémonial en vigueur chez les Compa- faiblies ou en voie de disparition. gnons Cordonniers du Devoir de Liberté en 1897, le Premier en Ville disait au Tours, mais fut finalement arrêté dans la nouveau reçu : "Mon Pays, recevez au ville de Lyon. nom des Compagnons ici présents et de tous ceux qui sont sur le Tour de France ADAM : Les tailleurs et les toiliers ont l'accolade fraternelle qui doit vous faire pris Adam pour emblème car celui-ci oublier toute rancune, haine ou mécon- avait couvert sa nudité avec des feuilles tentement que vous auriez éprouvés de de figuier. En fait, c'est surtout chez les la part de l'un de nos Compagnons, qui potiers de terre que nous avons une très sont vos frères maintenant". Actuelle- belle philosophie adamique. Patron du ment l'accolade se donne également au métier, Adam n'était autre que le chef- Compagnon au moment de son départ d'œuvre de Dieu créateur. On peut re- pour une autre ville. À l'Association trouver dans le rituel propre à ce corps Ouvrière des Compagnons du Devoir, de métier de belles allégories par rapport cette accolade se fait souvent lors du et autour de ce mythe créateur. Dans un dernier repas pris en communauté. tout autre contexte, certaines sources lé- gendaires présentent un Adam comme ACCORDER LES HONNEURS : Cérémonie neuvième successeur de Maître Jacques. durant laquelle une société se séparait La légende précise qu'il resta Maître d'un Compagnon qui, à la fin de son quarante et un ans avant d'être tué alors Tour de France, avait décidé de se ma- qu'il priait sur le tombeau de Maître rier ou de devenir chef d'atelier, quittant Jacques. ainsi son Compagnonnage. Accorder les honneurs se traduisait par la délivrance ADAM ÉTIENNE : Compagnon Tanneur- d'un diplôme orné de dessins, de sceaux Corroyeur du Devoir de la ville de des villes traversées et revêtu de signa- Nantes, Bourguignon l'Intrépide milita tures : c'était le certificat d'honneur. en faveur de la tenue du célèbre congrès Dans certains corps de métiers, cette cé- intercompagnonnique de Bordeaux en rémonie était plus connue sous le nom 1821. de remerciement. ADIEU, ADIEU, ADIEU : Salutations ri- ACQUÎT : Le levage d'acquit est en fait le tuelles prononcées à la fin de l'éloge fu- règlement d'une dette ou bien d'un nèbre d'un Compagnon. Le discours a contrat de travail. En d'autres termes un lieu dans le cimetière et se termine obli- itinérant ou un Compagnon ne peut quit- gatoirement par ce mot d'adieu répété ter une ville que s'il ne doit rien à la trois fois. Mère et si tous ses travaux entrepris sont terminés. Ces formalités sont officiali- ADONHIRAM : La Bible mentionne ce sées et ritualisées par la cérémonie du le- personnage comme préposé à toutes les vage d'acquit, rite nécessaire pour pou- corvées sur le chantier du Temple de voir poursuivre le Tour de France. Dans Jérusalem. le cas contraire, le Compagnon n'étant pas en règle est déclaré brûleur et risque ADOPTION : Nom donné à la cérémonie fort d'être exclu à jamais du Compa- qui confère le titre d'aspirant à un jeune gnonnage. homme. Chez les Compagnons du De- voir du Tour de France, le nouvel aspi- ACTUE PIERRE : En 1853 ce Compa- rant reçoit des couleurs symboliques gnon Tisseur-Ferrandinier du Devoir, ainsi qu'une petite canne. dit Chambéry la Victoire, fut poursuivi par la police pour détention d'armes AFFAIRE : Nom donné à un parchemin prohibées et appartenance au "parti so- qui constitue en fait le véritable passe- cialiste". Sous une fausse identité, il port du Compagnon lorsqu'il effectue parvint à s'enfuir de son domicile de son Tour de France. Selon les rites et les sociétés, l'affaire est parfois désignée Jusqu'au XIX siècle, de nombreux rè- par un autre terme : carré, cheval, arriat, glements insistaient sur les conditions à bateau, égard, chose, trait-carré, etc. Au remplir pour entrer en Compagnonnage. pluriel, les affaires peuvent désigner les Dans tous les cas, l'âge était toujours registres ou les archives. précisé : "Tout tisseur-ferrandinier est admissible dans le Compagnonnage AFFAMÉE : Les Compagnons qualifient pourvu qu'il soit âgé de 18 ans au moins ainsi une pièce de bois, lorsque ses di- et de 35 ans au plus...". Aujourd'hui mensions ont été tellement réduites qu'il comme hier, les Compagnons ne veulent ne reste même plus de matière pour ob- et ne peuvent former des ouvriers d'un tenir la forme initialement prévue. certain âge. Il faut être jeune pour voya- ger la France et apprendre le métier. Ce- AFFAMEUSES : Vers 1860, les machines pendant, chaque Compagnonnage a sa firent leur première apparition dans les propre fourchette d'âge d'admission. métiers de la chaussure. À cette époque Des dispenses d'âge sont parfois accor- où toutes les chaussures se faisaient à la dées mais elles demeurent cependant main, les Compagnons Cordonniers fu- assez rares. rent parmi les premiers à dénoncer les dangers du machinisme qui menaçaient ÂG HÉROÏQUE : C'est ainsi que de nom- de priver de leur emploi - donc de leur breux Compagnons désignent l'époque pain - de nombreux ouvriers. Les ma- des cathédrales. chines à chaussures furent alors surnom- mées les affameuses. ÂGES DE LA VIE : Expression propre au vocabulaire de l'Association Ouvrière AFFILIATION : Nom de la cérémonie qui des Compagnons du Devoir lorsqu'elle confère le titre d'affilié à un jeune évoque les différents états du Compa- homme qui souhaite accomplir son Tour gnonnage. Dans la vie du Compagnon, il de France chez les Compagnons Menui- y a donc trois âges : aspirant, Compa- siers et Serruriers du Devoir de Liberté. gnon reçu, Compagnon fini.

AFFILIÉ : Titre décerné au jeune homme AGLA : Nom d'une ancienne société qui qui est admis chez les Gavots. Le terme comprenait les imprimeurs, libraires, d'affilié (Devoir de Liberté) est donc papetiers, graveurs, relieurs et cartiers. l'équivalent de celui d'aspirant (Devoir). Le quatre de chiffre était leur signature collective, même si chaque métier y ap- AGAPES FRATERNELLES : Nom du repas posait une marque personnelle. A.G.L.A. pris après une cérémonie de réception étaient également les lettres mystiques ou une assemblée compagnonnique. Il propres à ces métiers tout comme les fut un temps où les agapes fraternelles Compagnons ont U.V.G.T. ou I.N.D.G. étaient exclusivement composées de pain, de vin et de fromage. Le menu des AGNEAU : Symbole signifiant la victime agapes a bien changé depuis. rédemptrice, l'innocence et surtout la pureté des intentions. La tradition si- ÂGE : Symboliquement, le Compagnon gnale que les tabliers que portaient les reçoit un âge qui n'a aucun rapport avec tailleurs de pierre sur les chantiers mé- son âge réel. Les catéchismes, si nom- diévaux étaient en peau d'agneau. breux au XIX siècle, expliquaient les raisons des choix des différents âges AGRICHON : Sobriquet compagnonnique (5 ou 7 ans et plus). possédant diverses significations. Chez les Compagnons Charpentiers du De- ÂGE D'ADMISSION : Il a toujours varié en voir de Liberté, l'agrichon n'était autre fonction de l'époque voire, du métier. que le trésorier de la cayenne. Le terme d'agrichon pouvait également être attri- des réformateurs notamment de Moreau bué à un vieux Compagnon, à un Com- et Perdiguier qui essayaient alors de pro- pagnon marié ou bien, enfin, à un Com- poser des projets dans l'intérêt de l'ave- pagnon sédentaire. Il est encore utilisé nir du Compagnonnage. aujourd'hui par quelques Compagnons. ALBERT LUCIEN : Fils de Corrézien la AGRICHONNER : Lorsqu'un Compagnon Fidélité, Lucien Albert fut reçu Compa- dit qu'il agrichonne, c'est qu'il n'est pas gnon Charron à Brive, en septembre content ou fier de lui : il s'insulte. 1904, sous le nom de Corrézien le Ré- solu. Lors de sa réception, son parrain AIGLE : Présent très rarement dans l'ico- n'était autre que Lucien Blanc, Proven- nographie compagnonnique, il symbo- çal le Résolu, fondateur de l'Union lise alors les notions de puissance, gloire Compagnonnique. À la mort de son père et victoire. Il fut surtout représenté bicé- en 1914, Corrézien le Résolu lui succéda phale, dans les armes des Compagnons à la présidence de la cayenne de Brive, Imprimeurs, suite à un privilège accordé l'espace de quelques semaines puisque par l'empereur d'Allemagne à la fin du la première guerre mondiale l'appela sur XVI siècle. le front. À la fin des hostilités, le Pays Albert retrouva la présidence de l'Union AIMABLE SOCIÉTÉ : Dans de nombreuses Compagnonnique de Brive jusqu'en chansons compagnonniques, l'aimable 1948. Il fut également juge au tribunal société désigne en fait le Compagnon- de commerce entre les deux guerres, et nage du Devoir. Le qualificatif d'ai- président départemental des quin- mable est aussi utilisé pour le Tour de cailliers marchands de fer pendant France. vingt ans. Pendant la dernière guerre, lors de la création de l'Association Ou- AIR : Un des quatre éléments de la tradi- vrière des Compagnons du Devoir, il fut tion hermétiste. Dans les réceptions pra- l'un de ses plus fervents promoteurs car, tiquées à l'Union Compagnonnique des durant quelques mois, il crut que ce nou- Devoirs Unis, l'épreuve de l'air s'in- veau Compagnonnage allait réussir à ré- tègre dans le rituel. unir la totalité des Compagnons de tous les métiers et rites. Déçu par la suite des AKIROP : Variante du nom d'Abiram (un événements, il préféra rester à l'Union des assassins de l'architecte Hiram). Compagnonnique des Devoirs Unis puisque l'existence d'un Compagnon- À LA CHAÎNE D'ALLIANCE : Nom symbo- nage unique s'avérait impossible. Cor- lique du siège strasbourgeois des Com- rézien le Résolu est mort en 1979. pagnons du Devoir du Tour de France. ALBOUISTE C. : Ce Compagnon Char- ALAIRE BENJAMIN : Dit Poitevin la Fidé- pentier du Devoir présida, en novembre lité, ce Compagnon Tanneur-Corroyeur 1832, une réunion avec les Compagnons du Devoir figure parmi les Compagnons Charpentiers du Devoir de Liberté afin nantais qui, en 1821, soutinrent le projet de mettre sur pied une grande grève qui d'un rassemblement de toutes les socié- allait mobiliser plusieurs milliers de tés compagnonniques en un congrès so- charpentiers parisiens en septembre lennel devant se dérouler à Bordeaux. 1833. Très instruit, la Coterie Albouiste fut le principal auteur et rédacteur d'une ALBE BERNARD : Dit Albigeois le Bien charte destinée à protéger les intérêts Aimé, ce Compagnon composa en 1843 des ouvriers de la charpenterie. Le 12 une chanson intitulée Les bêtises de la octobre 1833, le tribunal correctionnel régénération du Compagnonnage. Tout de Paris le condamna à une peine d'un au long des couplets, l'auteur se moquait mois de prison. ALÊNE : Poinçon utilisé pour percer le un jeu de mots. Lorsque, en raison de cuir. Il figure sur le blason et sur le pom- trop de fautes il fallait remanier un galet, meau des cannes des Compagnons Cor- on disait aller en Galilée. Lorsqu'il fal- donniers du Devoir. lait remanier quelques lignes dans une page, on disait aller en Germanie (je À L'ÉTAPE DE LA SAINTE-BAUME : Nom r'manie). La Galilée (Palestine) et la symbolique du siège des Compagnons Germanie (Alsace) étaient deux pèleri- du Devoir du Tour de France de la ville nages de Métier. de Marseille. ALLER EN DÉBAUCHE : Expression sou- ALGÉRIE : Grâce à un Compagnon Char- vent utilisée au XIX siècle par les Com- ron du Devoir nommé Huiléri, chef pagnons, lorsqu'ils effectuaient des sor- d'atelier dans la ville d'Alger, une halte ties nocturnes en ville. compagnonnique fut mise sur pied dès 1930. Le Compagnon Huiléri accueillait ALLIANCE : Société formée par le re- et encadrait les jeunes itinérants qui ve- groupement de plusieurs dissidents de naient travailler en Algérie. Un siège divers Devoirs. Elle s'est surtout déve- non officiel se tint chez M.Bordier, res- loppée dans la seconde moitié du XIX taurateur au n° 8 de la rue Archambeau à siècle grâce notamment à l'Ère Nouvelle Alger. Là, se retrouvèrent plusieurs di- du Devoir. On soupçonne l'Alliance zaines de Compagnons Maréchaux, Sel- d'être à l'origine de la publication, en liers-Bourreliers, Menuisiers ou Serru- 1858, du Secret des Compagnons Cor- riers du Devoir installés en Algérie. donniers dévoilé. C'était également le lieu de rendez-vous des jeunes aspirants ou Compagnons qui ALLIANCE COMPAGNONNIQUE DE TOURS : effectuaient leur Tour de France en pas- Formée à Tours le 6 Septembre 1908, sant par l'Algérie. appelée également Fédération d'Indre et Loire, cette alliance regroupait trois ALLÉGORIE : Expression d'une idée par cents Compagnons des rites Soubise et une image, un tableau, un symbole. Jacques, le Devoir de Liberté étant tenu L'iconographie compagnonnique utilise à l'écart. Très influente entre les deux abondamment l'allégorie. guerres, elle participa à la gestion de la Société Protectrice des Apprentis ALLEMAGNE HENRI-RENÉ (D') : Il publia d'Indre et Loire, collaborant avec les à Saint-Cloud en 1902 un ouvrage inti- Chambres de métiers et de commerce, tulé La serrurerie à l'exposition de 1900 organisant également de nombreuses dans lequel on peut trouver une illustra- expositions pour la région. En 1932, tion de la fameuse serrure dite "Légion grâce à un don d'un Compagnon Tonne- d'honneur". Il est regrettable que sa lier Doleur, elle devint propriétaire d'un thèse présentée à l'École des chartes en immeuble, place des Halles à Tours. 1887 ne fut point éditée. Consacrée à la L'Alliance était administrée par un corporation des serruriers, cette étude conseil composé des délégués des divers comportait un long chapitre à la gloire métiers. Ses dépenses étaient couvertes des Compagnons Serruriers. par des dons, cotisations et subventions.

ALLEMAND : Les Compagnons Charpen- ALLIANCE DES CORPS : De la fin du XIX tiers ont donné ce nom à une sorte de aux premières décennies du XX siècle, nœud de cordage pour amarrer une pièce dans de nombreuses villes du Tour de de bois. France, les Compagnons du Devoir de divers métiers se regroupèrent en comi- ALLER : Verbe très usité chez les Com- tés d'études sociales qui se réunissaient, pagnons Imprimeurs en association avec à tour de rôle, chez les Mères des mé- tiers adhérents. Dans chaque ville, le co- ALPHABET DES MARQUES : Il est utilisé mité prit le nom d'Alliance des corps. par les Compagnons Charpentiers afin d'expliquer aux jeunes les marques et ALLUMAGE DES FEUX : Se dit à l'Union signes portés sur les éléments de char- Compagnonnique des Devoirs Unis pente pour indiquer leur ordre et leur po- lorsqu'une cayenne est officiellement sition dans l'ensemble. et solennellement installée sur le Tour de France. À chaque création de ALTGESELLE : En Allemagne, des ar- cayenne, correspond obligatoirement un chives datant du XVI siècle précisent allumage des feux, cérémonie privée qui que chaque société de Compagnons alle- se conclut par un défilé en ville avec mands était obligatoirement dirigée par bannières, cannes, couleurs et chefs- un Premier Compagnon qui était tou- d'œuvre. Ainsi, le 8 novembre 1986, eut jours un sédentaire : l'Altgeselle. lieu l'allumage des feux de la cayenne de Toulon (repas fraternel puis cérémo- ALTONA : Ce faubourg de Hambourg est nie de l'allumage). Le lendemain se dé- un haut lieu du Compagnonnage alle- roula le défilé, en présence de nom- mand. Les Compagnons Charpentiers breuses Mères, suivi d'un grand banquet (Zimmerer) y ont leur centrale. clôturé par une chaîne d'alliance. AMBASSADEUR : Vieux surnom, rarement ALPHA : Première lettre de l'alphabet usité aujourd'hui, attribué à l'ouvrier grec, elle symbolise le commencement cordonnier jusqu'à la fin du XIX siècle. de toute chose. L'alpha est représenté dans le chrisme, cher aux Compagnons AMBELAIN ROBERT: Dignitaire franc- Charpentiers. maçon, Robert Ambelain a notamment publié un ouvrage fort intéressant La ALPHABET COMIPAGNONNIQUE : Il en symbolique des Outils dans l'Art Royal existe plusieurs dont l'origine remonte (A.B.I. 1975). vraisemblablement aux époques où le Compagnonnage était poursuivi. Ces al- ÂME DU CHANTIER : Dans plusieurs phabets avaient pour but principal de pro- textes compagnonniques, c'est le quali- téger les correspondances et les docu- ficatif réservé au seul Compagnon ments compagnonniques, en les rendant Tailleur de pierre. inintelligibles pour les profanes. Au XIX siècle, l'alphabet maçonnique fit AMENDES : De tout temps, les sociétés son entrée en Compagnonnage, preuve compagnonniques ont prévu et codifié évidente d'une influence particulière- des amendes pour toute infraction aux rè- ment forte à cette époque. Aujourd'hui, glements qui régissent la vie de la com- les Compagnons n'utilisent plus un al- munauté. Dans le passé, selon les cas, phabet secret lorsqu'ils rédigent une l'amende se payait en espèces, en chan- correspondance. L'usage d'écrire en sons ou en bouteilles de vin rouge. Il exis- n'utilisant que les initiales de chaque tait même un tableau des amendes qui mot composant une phrase est cepen- comportait les tarifs à payer selon les dant maintenu pour des situations bien fautes commises. Actuellement, les divers précises (gravures sur le pommeau de la règlements préconisent de ne plus payer canne, inscriptions symboliques sur le l'amende en nature. L'argent ainsi récolté carré de voyage...). Actuellement, les est souvent utilisé pour les fêtes ou les initiales sont ponctuées par un point manifestations solennelles. Dans le passé, (Association Ouvrière) ou trois points les amendes allaient aux Compagnons né- placés en équerre ou en triangle (Union cessiteux ou malades qui n'étaient pas, à Compagnonnique et Fédération Compa- l'époque, pris en charge par les assu- gnonnique). rances et autres caisses de secours. AMICALE : À l'issue de la première en 1983, une brochure réalisée par sa co- guerre mondiale, le Compagnonnage opérative scolaire et entièrement consa- avait subi une hémorragie très sévère. crée au Compagnonnage. Aussi, les Compagnons décidèrent-ils de multiplier et de restructurer des ami- AMNISTIE : Jusqu'à la fin du XIX cales sur l'ensemble du Tour de France. siècle, certaines sociétés, à l'image des Ces amicales, créées avant la guerre et Compagnons Vanniers du Devoir, ac- dont l'utilité s'était affirmée durant les cordaient chaque année, à l'occasion de hostilités, n'étaient pas des refuges des- leur fête patronale, une amnistie pour les tinés à entretenir le passé mais des lieux peines disciplinaires telles que les mises de réflexion pour trouver des moyens de hors de chambre et les inévitables re- reconstruire et de faire revivre un Com- tards dans le paiement des cotisations. pagnonnage douloureusement affaibli par la Grande Guerre. Mais, les rivalités AMON : Dans les Old Charges, le nom entre l'Union Compagnonnique et cer- donné à l'architecte du Temple de Jéru- tains métiers des vieux Devoirs démen- salem n'est jamais Hiram mais Amon telèrent ces réseaux. (ou une forme apparentée). Ce mot pos- sède, en hébreu, le sens d'artisan et AMICALE DE CHÂTEAUROUX : Amicale d'architecte. compagnonnique du département de l'Indre, durant l'Entre-deux guerres. AMOUR : Le Compagnonnage véhicule, Dans cette région où l'Union Compa- dans son essence, une philosophie gnonnique des Devoirs Unis a toujours d'amour : amour du métier, du travail été bien implantée, les Compagnons des bien fait mais aussi amour de l'homme. trois rites tissèrent des liens d'amitié. Les rixes entre sociétés rivales vinrent Sise en l'hôtel de la croix-blanche, contredire cette belle affirmation. La de- l'Amicale dispensait des cours de serru- vise chère à Agricol Perdiguier dit Avi- rerie, menuiserie, mécanique, charpente, gnonnais la Vertu était : "Que tous les couverture et maréchalerie. La Confédé- nobles cœurs s'unissent, le règne ration Salomon-Jacques-Soubise et d'amour est prochain". l'Union Compagnonnique vécurent des années de bonne cohabitation. En 1929, ANCIEN : Compagnon qui occupe une la rupture au plan national entre ces place de première importance dans la deux sociétés fut douloureusement res- communauté compagnonnique. Il est, en sentie par de nombreux Compagnons de fait, le gardien de la tradition et de ses l'Amicale de Châteauroux. rites. Dans le passé, le titre d'ancien était généralement mis au concours. Il est AMIS-COOP : Ce magazine mensuel des faux de croire que l'Ancien est un Com- coopératives scolaires de l'enseigne- pagnon qui est forcément âgé. Ce quali- ment public (101 bis, rue du Ranelagh, ficatif peut également désigner un Com- 75016 Paris) présenta, dans son numéro pagnon retiré qui a remercié sa société. 259 de juin 1983, une enquête menée par des élèves du collège Touvent de ANCIENNETÉ : L'ancienneté dans le De- Châteauroux auprès du siège de l'Union voir peut conditionner le placement des Compagnonnique de cette ville et du Compagnons lorsqu'ils sont réunis en Musée du Compagnonnage à Tours. chambre ou en cayenne. Ainsi, dans la Comportant une excellente iconogra- quatrième règle des Compagnons Tour- phie, l'enquête comprenait une quin- neurs du Devoir, rédigée en 1731, on zaine de pages et offrait, sous forme pouvait lire : "Dès que le silence est d'une petite bande dessinée, le résumé posé par le Premier Compagnon, chacun de l'œuvre d'Agricol Perdiguier. Notons se place à son tour et rang selon son an- que ce même collège de Touvent édita, cienneté en Devoir". ANCIENS COMPAGNONS DE TOUS LES DE- ANTICHAMBRE : Les chambres compa- VOIRS RÉUNIS : Au milieu du siècle der- gnonniques sont précédées d'une anti- nier, s'ébauchèrent un peu partout en chambre où peuvent se dérouler les re- France des tentatives d'alliance entre connaissances et autres tuilages parfois des Compagnons de différents Devoirs. demandés avant de pénétrer dans la La plus féconde, celle qui devait enfan- chambre. ter plus tard l'Union Compagnonnique des Devoirs Unis, eut lieu à Lyon en ANTIQUAIRE : Titre d'une chronique des 1864 et prit le titre des Anciens Compa- années 1860 propre aux Compagnons gnons de tous les Devoirs Réunis. En Forgerons du Devoir. Cette lettre ma- 1865, elle parvint à regrouper 500 Com- nuscrite rédigée par Angoumois la Sa- pagnons autour d'un banquet. gesse incitait tous les Compagnons à transcrire les événements concernant la ANDERSON ET DÉSAGULIERS : Pasteurs vie du métier afin de constituer une véri- protestants qui rédigèrent les constitu- table mémoire. Cet appel de l' Anti- tions de la Grande Loge d'Angleterre, quaire ne recueillit malheureusement publiées en janvier 1723. Ainsi naquit aucun écho auprès des Compagnons du ce que certains auteurs appellent au- siècle dernier ni même auprès de ceux jourd'hui la Franc-Maçonnerie moderne. du début de notre siècle. Il fut prouvé que ces deux pasteurs firent disparaître de nombreux documents an- ANTIQUITÉS : Chez les Compagnons ciens relatifs aux règlements de certaines Menuisiers du Devoir, jusqu'à la Pre- confréries et loges opératives. mière Guerre mondiale, on désignait ainsi les règles et les archives de la so- ANGES : Dans l'iconographie compa- ciété. Les antiquités étaient montrées gnonnique, ils supportent toujours les ou- deux fois par an, à la Sainte-Anne et à tils symboliques du métier ainsi que di- Noël. verses banderoles ornées d'inscriptions. Ils symbolisent les états supérieurs. APLOMB : Terme souvent employé jusqu'au XVIII siècle afin de désigner ANGLE DROIT : Symbole utilisé par les le fil à plomb. L'aplomb est également Compagnons pour reproduire l'image la direction perpendiculaire au plan de de l'équerre. l'horizon.

ANIMAUX : Le Compagnonnage a em- APPAREILLER - APPAREILLEUR : En char- prunté de nombreux noms d'animaux penterie, appareiller consiste à choisir pour composer son propre vocabulaire. les bois, tracer et repérer leurs assem- On peut véritablement évoquer un bes- blages. Le Compagnon qui appareille tiaire compagnonnique tellement les est appelé appareilleur. Chez les Com- animaux sont utilisés pour désigner et pagnons Tailleurs de pierre, l'appa- surnommer des hommes (chiens, loups, reilleur fournit les mesures précises pour singes, renards, lapins...) ou des objets la taille des pierres. Il indique le traçage (chèvres, colombes...). et guide la mise en œuvre des blocs des- tinés à la construction. Le Compagnon- ANNEAUX : Boucles d'oreilles portées nage a fourni de nombreux appareilleurs par certains Compagnons (voir joints). pour les chantiers les plus célèbres.

ANNONCES : Les annonces destinées à APPEL DE DÉTRESSE : Se dit lorsqu'un l'assemblée sont généralement formulées Compagnon demande de l'aide pour par le rouleur. À cet effet, il frappe le sol finir un chantier. Submergé de travail et de trois coups de canne pour obtenir le si- pressé par les délais, il a alors besoin de lence et annoncer ce qu'il doit dire. bras supplémentaires : il lance un appel de détresse. En cas d'ennuis graves amis de Perdiguier, après avoir lu son (santé, accident...) ses frères en Devoir Livre du Compagnonnage. Ensemble, s'empresseront de le secourir comme ils militèrent dans le Comité de propa- l'exigent la fraternité et la solidarité gande démocratique et sociale euro- compagnonniques. péenne, dont le but principal était de "ré- pandre dans les campagnes les idées dé- APPRENTI : Dans les corporations de mocratiques". Plusieurs lettres échan- l'Ancien Régime l'apprenti était un ado- gées entre les deux hommes témoignent lescent lié par contrat à un maître de leur amitié profonde. Lors des ob- artisan afin d'apprendre de lui les sèques de Perdiguier au Père Lachaise, connaissances indispensables à l'exer- le 30 mars 1875, Emmanuel Arago re- cice du métier. En contrepartie, le père traça la carrière politique de Perdiguier. de l'apprenti s'engageait à verser une Notons que l'oncle d'Emmanuel, certaine somme au maître qui accueillait, Étienne Arago (1802-1892), écrivain et instruisait, logeait et nourrissait le jeune homme politique, rencontra plusieurs garçon. Les Compagnonnages ont tou- fois Perdiguier lorsque ce dernier était jours préféré donner d'autres titres au en exil en Suisse. jeune débutant, ces titres variaient et va- rient toujours selon les métiers (stagiaire, ARAIGNÉES : Ce sont les sans-cravates jeune homme, etc.). dans le Compagnonnage allemand (voir Spinner). APPROPRIEUR : Chez les Compagnons Chapeliers, le métier était divisé en deux ARCANNE : Nom donné parfois à la craie parties : les fouleurs et les approprieurs. rouge utilisée par les Compagnons Le fouleur était celui qui fabriquait le Charpentiers lorsqu'ils tracent les bois. chapeau brut, l'approprieur celui qui le finissait, qui le rendait propre. Le mérite ARCHANGE DU MONT SAINT-MICHEL : allait surtout au fouleur qui devait ac- En 1987, sa restauration fut réalisée par complir trois ans d'apprentissage avant les Compagnons du Devoir, dans les d'en posséder le titre. L'approprieur, Ateliers de Coubertin. La dépose et la quant à lui, devait seulement justifier pose furent assurées par hélicoptère. d'une année d'apprentissage. C'est grâce au Compagnon Bouchard dit La ARCHERS : Les compagnies d'archers Prudence le Bourguignon que, en 1872, des siècles passés présentaient de nom- les approprieurs furent enfin admis à re- breux points communs avec les sociétés cevoir le titre de Compagnon Chapelier compagnonniques. Outre le fait qu'ils réservé jusqu'alors aux seuls fouleurs. élisaient un roi pour les diriger, les ar- chers se réunissaient dans un logis, ARABES : Il existe une école de cher- avaient des couleurs symboliques, des cheurs qui croient en une influence des lettres mystiques et pratiquaient des ban- architectes et constructeurs arabes sur le quets rituels. Pour devenir membre de la monde opératif occidental dès l'époque confrérie, il fallait également subir carolingienne. Il est évident que ce sec- quelques épreuves avant d'être intronisé. teur historique mérite d'être étudié plus en profondeur. ARCHIMÈDE (287-212 AV. J.-C.) : Les Old Charges tout comme les constitu- ARAGO EMMANUEL (1812-1896) : Fils tions d'Anderson présentent le célèbre du célèbre physicien et astronome Fran- mathématicien grec comme un des créa- çois Arago (1786-1853), Emmanuel teurs de la géométrie. Arago fut un homme politique, ardent républicain (ministre de la Justice en ARCHIPENDULE : Outil ancien du 1870-1871). Il devint un des plus fidèles Tailleur de pierre réunissant l'équerre et le fil à plomb en un triangle rectangle Cœur Fidèle, reprochant à cette œuvre isocèle au sommet duquel le fil s'at- d'avoir trop mis en valeur les querelles tache. De nombreuses miniatures du et les rixes entre sociétés rivales. XII siècle mettent en valeur l'archipen- dule comme instrument privilégié de ARDENT : Nom du Père des Compa- l'architecte au même titre que la règle gnons Boulangers du Devoir de la ville géométrique, l'équerre et le compas. de Rochefort-sur-Mer qui, en 1829, fut sérieusement blessé au cours d'une ba- ARCHITECTE : Ce mot n'apparaît pas garre devant son auberge opposant les avant le début du XVI siècle. Jusque là, Compagnons Boulangers à d'autres il était question de maître d'œuvre, Compagnons du Devoir, ces derniers ne maître des œuvres de maçonnerie ou de voulant pas accepter le corps des bou- charpenterie, architecteur... À partir du langers dans le Compagnonnage de XVI siècle, l'architecte trace les plans, Maître Jacques. fait les devis, surveille les travaux, paye les ouvriers, etc. Depuis, le terme a évo- ARDOISE : Il est de tradition, chez les lué et désigne surtout le dessinateur des Compagnons Couvreurs, de toujours si- plans qui, éventuellement, peut sur- gner compagnonniquement sur l'une veiller les travaux. des ardoises du toit à couvrir.

ARCHITECTEUR : Mot apparu vers le ARGOT DE LA COQUILLE : Vieille expres- début du XVI siècle. Par contraction lui sion longtemps en usage pour qualifier a succédé le mot architecte. le langage spécial commun à tous les voyageurs. Appelé également langage ARCHITECTURE : Art et manière de des pérégrins, l'argot de la coquille était construire les édifices, l'architecture est commun à tous les trimardeurs qui également connue en Compagnonnage voyageaient la France. Il doit son nom sous le nom d'Art Royal. aux pèlerins de Saint-Jacques de Com- postelle, facilement reconnaissables à ARCHIVES : Les archives des différentes leurs coquilles. sociétés compagnonniques ne remontent pas plus loin que le XVII siècle. ARISTOCRATIE DU TRAVAIL : Qualificatif Jusqu'à cette époque, la coutume et les parfois assigné au Compagnonnage. règlements voulaient qu'à l'occasion des fêtes patronales l'ensemble des af- ARMAGNOL : Dans le Compagnonnage faires soient brûlées. Certains écrivains des Chapeliers du Devoir, l'armagnol prétendent que les cendres alors obte- était l'équivalent et le surnom de l'ap- nues étaient mêlées au vin bu en cette prenti. occasion : pure hypothèse qui semble peu crédible. ARMAGNOLES : Surnom attribué aux ou- vriers qui n'étaient pas Compagnons et ARDÉCHOIS CŒUR FIDÈLE : Titre du qui louaient leurs services pour un roman écrit par Chatenet et Cosmos (Ed. salaire très bas. Jusqu'au XIX siècle, de Lattès, 1974) et dont l'adaptation télévi- nombreux conflits éclatèrent entre Com- sée contribua à répandre auprès pagnons et armagnoles, ces derniers du grand public l'image du Compagnon- étant accusés par les premiers de faire nage à l'époque napoléonienne. Ce chuter les prix et de produire un travail feuilleton télévisé est désormais devenu de mauvaise qualité. un classique rediffusé régulièrement par les différentes chaînes françaises. De ARMAGNOT : Jusqu'à la Première Guerre nombreux Compagnons sont toutefois mondiale, quelques Compagnons utili- très critiques vis-à-vis d'Ardéchois sèrent ce sobriquet envers l'ouvrier sé- dentaire qui n'avait pas pu ou voulu ef- Jusqu'en 1943, le Compagnon Arnaud fectuer le Tour de France. eut des contacts avec Jean Bernard qui tentait de créer un nouveau Compagnon- ARMÉNIEN LE SANS SOUCI : Titre de nage avec l'accord du Maréchal. En juin l'ouvrage paru en 1990 aux Éditions de 1944, la mort d'Arnaud, fusillé avec son la Fédération Compagnonnique des Mé- fils à Vienne comme otages, entraîna de tiers du Bâtiment, relatant le témoignage sérieux problèmes relationnels, quel- de Manoug Semerjian, Compagnon ques Indiens reprochant aux Compa- Charpentier Bon Drille du Devoir du gnons qui tentaient de réorganiser le Tour de France. Écrit par Albert Sorbier Compagnonnage sous l'Occupation de dit Saintonge la Fidélité de la Rochelle, n'avoir rien tenté pour sauver leurs Compagnon Maçon Tailleur de pierre Frères des mains de la Gestapo. des Devoirs, ce livre explique comment le jeune Manoug, à l'issue du génocide ARNAUD J.B.E. : Né à Libourne en 1816, des Arméniens, se réfugia en France et J.B. Arnaud fut reçu Compagnon Bou- découvrit une seconde famille à travers langer du Devoir à Bordeaux, en 1837, le Compagnonnage. sous le nom symbolique de Libourne le Décidé. Il fit trois fois le Tour de France ARMOIRIES : Par définition, les armoi- et, en 1848, fit paraître à Nantes un re- ries regroupent un ensemble d'em- cueil de chansons intitulé Le régénéra- blèmes propres à une famille, une ville teur du Tour de France. En 1859, il pu- ou une société. Dans le Compagnon- blia à Rochefort Les mémoires d'un nage, tous les corps de métier possèdent Compagnon du Tour de France, impo- leurs armoiries (le blason) où figurent sant ouvrage contenant également les outils ainsi que les lettres symbo- quelques chansons compagnonniques. liques propres à chaque corps. ARPAILLANTS : Dans son Journal de ma ARNALE JACQUES : Compagnon Tailleur vie (1764) le Compagnon Ménétra de pierre du Devoir de Liberté, il prit une consacre quelques lignes aux adver- part active dans la célèbre rixe de Tour- saires du Devoir. Parmi ces derniers il nus qui, en septembre 1825, opposa les cite "Les gavots, les loups, les renards, Compagnons Tailleurs de pierre des les arpaillants et tous ces êtres qui ab- deux Devoirs rivaux. Il fut jugé par horrent le Devoir". Le terme d'ar- contumace par la cour royale de Dijon. paillants semble englober plusieurs réa- lités et reste sujet à définition. ARNAUD EUGÈNE : Compagnon Char- pentier du Devoir de Liberté dit Dau- ARPÈTE : Vieux terme qui désignait phiné Va de Bon Cœur, la Coterie Ar- l'apprenti, notamment chez les chau- naud était également en 1939, vénérable dronniers. Aujourd'hui, les Compa- d'une loge maçonnique de Vienne. gnons Menuisiers utilisent parfois le Lorsque le maréchal Pétain se rendit à mot arpète envers un jeune débutant. Vienne, le Compagnon Arnaud voulut exposer, sur son passage, un chef- ARQUÉ GEORGES : Ce journaliste publia d'œuvre des Indiens avec des symboles dans Le Petit Parisien, du 11 au 23 que la Légion des volontaires français juillet 1941, une importante enquête ef- ne voulut pas tolérer, les confondant fectuée sur le Compagnonnage : La avec des insignes maçonniques. Il s'en- belle aventure des Compagnons du Tour suivit une violente dispute et le Compa- de France. gnon Arnaud fut amené au commissariat de la ville. Le chef-d'œuvre fut enlevé ARRIAT : Terme synonyme de carré em- afin que le maréchal Pétain ne puisse le ployé dans quelques sociétés compa- rencontrer sur son parcours en ville. gnonniques comme les Blanchers-Cha- moiseurs. Chez ces derniers, l'arriat ARTEL : Société présente en Russie et était également appelé la lettre de Com- dans les pays baltes qui regroupait en son pagnonnage. Dans quelques archives, sein des ouvriers forestiers, des mineurs, l'arriat est toujours désigné au pluriel : et même des portefaix de gare. Célè- les arriats. bres pour leur extrême honnêteté, les membres de l'Artel étaient liés entre eux ARRIVAGE : Moment précis où le Com- par un serment de solidarité. L'Artel dis- pagnon entre en contact avec sa société parut lors de la révolution russe, non sans lorsqu'il arrive dans une ville durant son avoir laissé un modèle d'organisation que Tour de France. L'arrivage désigne, par tentèrent, en vain, de copier les Soviets. extension, l'ensemble, le groupe de jeunes itinérants qui arrive pour la pre- ARTEVELDE JACQUES : Une version voit mière fois au siège compagnonnique. en ce flamand du Moyen Âge le véri- table Maître Jacques évoqué dans les lé- ARRIVANT : Nom donné à tout aspirant gendes compagnonniques. Malgré une ou Compagnon qui arrive dans une ville lutte sévère contre le comte de Flandre du Tour de France. Il doit toujours se et contre le roi de France, ce fils de bras- présenter au rouleur et à la Mère afin seur réussit à organiser les corporations d'être pris en charge par sa société (em- et élever ainsi sérieusement le niveau et bauche et hébergement). La coutume la qualité des marchands et artisans. veut que l'arrivant bénéficie gratuite- Connu dans l'histoire des Pays-Bas sous ment de ses premiers repas chez la Mère. le nom de Maître Jacques, Jacques Arte- Dans le passé, l'arrivant était toujours velde voyagea en Orient avant de deve- accueilli par quelques bouteilles bues en nir échevin de Gand. Enfin, il convient son honneur : les bouteilles d'arrivant. de noter que, malgré son autorité bien- faisante, ses adversaires politiques le ca- ARRIVER CARRÉMENT / EN BIAIS : Jusqu'à lomnièrent et la foule, déchaînée, le la- la fin du XIX siècle, ces deux expres- pida un jour de 1345. sions étaient beaucoup utilisées par de nombreuses sociétés compagnonniques. ARTHUR : Nom du septième Maître qui Il semble toutefois que leur origine se aurait succédé à Maître Jacques. La lé- trouve chez les Compagnons Charpen- gende précise qu'il occupa la charge du- tiers. Arriver carrément signifiait que rant cinq ans. Il fut assassiné alors qu'il l'arrivant avait bien effectué sa recon- priait. naissance rituelle (il avait en outre son carré). En revanche, s'il avait commis ARTICLE QUATRE : Ancienne redevance quelques imperfections au cours de la que les éditeurs ou les auteurs devaient cérémonie de reconnaissance, on disait verser à la Chapelle de l'imprimerie. de lui qu'il était arrivé en biais. Quelques exemplaires de l'ouvrage im- primé servaient à payer l'article 4 ; ils ARROSAGE : Nom donné à la veillée au étaient vendus au profit du sabot dont l'ar- cours de laquelle les Compagnons chan- gent était utilisé pour les fêtes de Saint- tent et boivent en l'honneur des partants Jean ou Saint-Michel d'où le facile jeu de qui continuent leur Tour de France. mots concernant la cérémonie d'arro- Cette pratique séculaire se perpétue en- sage : article 4, verset 20 (versez vin). core de nos jours. ARTICLES DE LONDRES : Rédigé en fé- ARRY PIERRE : Dans Le Courrier de vrier 1356, ce document est en fait une l'Ouest du 28 mars 1947, il signa un ar- charte professionnelle précise. Ce sont ticle illustré ayant pour titre évocateur surtout les historiens anglais qui en font Les Compagnons du Tour de France, état dans leurs travaux sur la Maçonne- amour du métier, conscience et probité. rie qu'ils qualifient d'opérative. par des Compagnons, sont envoyés du raient Saint-Michel. Les Compagnons Canada, de la Louisiane, de Porto Rico, Tourneurs sur bois du Devoir disparu- d'Afrique Noire, etc. Le Tour du Monde rent au début du XX siècle. est devenu possible. T : Ville de Saône et Loire TOUR EIFFEL : Elle put être dressée grâce (30 km de Mâcon) qui fut le théâtre, en aux Compagnons Charpentiers Indiens (et 1825, de la plus grande rixe qui opposa quelques Soubises) qui, sous la direction les Compagnons Tailleurs de pierre d'Eugène Milon, Guépin le Soutien de Étrangers et Passants (Loups contre Salomon, assurèrent (sans aucun accident Loups-garous). Après maintes péripé- mortel) le levage de ce chef-d'œuvre ties, les deux sociétés rivales se mirent d'acier. Depuis quelques années, une d'accord pour régler leur différend par plaque souvenir a été fixée au premier l'intermédiaire d'un concours. Cinq étage de la tour afin de commémorer le Compagnons de chaque société se rendi- souvenir de Guépin le Soutien de Salo- rent alors chez le notaire de la ville, mon et de ses Coteries qui, sans grue élec- Maître Boussin, afin de signer un contrat trique, utilisant seulement leurs bras, des défi (l'Association Ouvrière possède ce treuils et des palans, réussirent à dresser contrat dans ses archives). dans le ciel de Paris, un des monuments les plus célèbres du monde. TOUSSAINT : Chaque année, à la Tous- saint, les Compagnons des diverses so- TOURET FERNAND : Technicien et ami ciétés se rendent au cimetière parisien du père Paul Feller, Fernand Touret par- du Père Lachaise pour se recueillir sur la ticipa, en 1969, à la rédaction du remar- tombe d'Agricol Perdiguier dit Avi- quable ouvrage L'Outil, préfacé par le gnonnais la Vertu. Compagnon Jean Bernard (Éd. de Vis- scher). TRACING HOUSES : À partir de 1324, on rencontre dans les documents anglais la TOURISTE : Ce mot fut inventé à desti- mention de tracing houses (chambres de nation du Compagnon qui effectuait son trait) où l'architecte devait non seulement Tour de France à pied. Parcourant le préparer les panneaux pour la coupe des Tour, il fut naturellement qualifié de pierres, mais aussi et surtout dessiner. touriste. TRADE UNIONS : On peut observer dans TOURNER : Faire le Tour de France. les premiers syndicats américains, une in- fluence compagnonnique due à la pré- TOURNEURS SUR BOIS : Placés initiale- sence de quelques Compagnons français ment sous la tutelle des charpentiers, ils en Amérique. Une section syndicale se durent attendre le XV siècle pour pos- nomme lodge (loge). De même, lors- séder leurs propres statuts. Travaillant le qu'on accepte un nouvel adhérent, on buis, l'érable et l'écaille, ils réalisèrent parle d'initiation. Le nouveau syndiqué des quenouilles, des jattes, des échelles, reçoit un petit livret baptisé ritual (rituel) ainsi que les fameuses billes de billard sur lequel figurent l'équerre et le compas. en ivoire. Ils fabriquèrent également des Quelques trade unions pratiquaient même rouets, des têtes pour les perruques et, l'interdit d'atelier ou de chantier. Cet es- dans les époques de guerre, de nom- prit compagnonnique fut vite oublié pour breux bras et jambes artificiels. Ils entrè- laisser place à un syndicalisme qui prit, rent en Compagnonnage en 1700 selon selon l'expression de H. Dubreuil, un vé- les uns, en 1643 selon une autre version ritable caractère commercial. qui situe leur fondation à Nantes, grâce aux Compagnons Menuisiers du Devoir. TRAINIER : Jusqu'au début du siècle, Ils pratiquaient les hurlements et hono- dans plusieurs régions du Sud-Ouest, le trainier, ou chemineau, désignait le va- pagnons Maçons-Tailleurs de pierre des gabond qui voyageait de ville en ville, Devoirs du Tour de France (Fédération mendiant de porte en porte. Le seul Compagnonnique des Métiers du Bâti- point commun entre le Compagnon du ment) éditent une revue interne ayant Tour de France et le trainier est que, tous pour titre Trait de niveau. Le contenu est deux, reçurent le même qualificatif de assuré par chaque cayenne du Tour de trimardeur. France. Des articles très divers compo- sent chaque numéro (présentation de la TRAIT : Terme propre aux Compagnons cayenne, histoire et légendes compa- afin de définir une science relative au gnonniques, symbolisme des outils, dessin ou, plus exactement, à la façon de etc.). tracer les volumes en pénétration. Art de la stéréotomie, le Trait est également une TRAITÉ : Titre de nombreux ouvrages re- sorte de géométrie appliquée sans l'aide latifs à l'art du Trait et à la stéréotomie. des formules abstraites que nécessite la Nombreux sont les Compagnons qui ont géométrie descriptive. Le Trait rayonne publié des traités, fruits de leur expé- bien au delà des seuls métiers du bâti- rience acquise sur le Tour de France. ment : un Compagnon Chaudronnier se Parmi les Traités les plus célèbres doit de le maîtriser pour accomplir sa (même si tous ne sont pas compagnon- profession. Depuis des siècles, les jeunes niques) il convient de retenir, pour les qui effectuent le Tour de France sont ini- Charpentiers, ceux de Jousse, Fourneau, tiés aux mystères du Trait grâce aux Mazerolle, Delataille, Larrouille, Bou- cours dispensés par des professeurs de cher, Auclair, etc. Soubises ou Indiens, Trait, Compagnons passés Maîtres en la ils étaient passé Maîtres dans l'art du matière. Les épures de Trait qui ont servi Trait. Pour les Tailleurs de pierre, citons à exécuter les grands chefs-d'œuvre de les travaux de Lavau, Noël, Argentel... charpente sont tout aussi remarquables Chez les Compagnons Menuisiers, que ces derniers. Nous laisserons la Roubo et Jamin sont devenus beaucoup conclusion à un Indien, Aveyronnais la plus que de simples références. Au- Clef des Cœurs, qui est l'auteur d'une jourd'hui encore, ces travaux, parfois sé- belle définition du Trait tel qu'il est culaires, sont toujours utilisés. perçu chez les Compagnons : "Le Trait fait de qui le possède un visionnaire TRAITÉ DE PAIX ET D'ALLIANCE : Nom jusqu'au fond de l'espace. Il est l'alchi- du document rédigé à Paris, en 1801, par mie des solides. Le chiffre est scienti- les représentants des Compagnons fique mais la ligne est initiatique." Charrons et des Compagnons Forgerons du Devoir, mettant ainsi un terme aux TRAIT CARRÉ : Chez les Compagnons incessantes disputes entre ces deux so- Charpentiers, faire un trait carré signifie ciétés dues au fait que les charrons prati- élever une perpendiculaire sur une autre quaient la forge, acte longtemps jugé in- ligne. Dans un autre contexte, le trait acceptable par les forgerons. Ce traité carré est synonyme d'affaire, de carré compagnonnique fut approuvé par les (toujours chez les Compagnons Char- Sept Corps ce qui eut pour effet de pentiers). rendre le Tour de France plus sûr et plus facile pour les jeunes ouvriers qui sou- TRAIT DE JUPITER : Assemblage de haitaient apprendre l'un ou l'autre de charpente servant à réunir bout à bout ces métiers. deux pièces de bois taillées en biais et portant des clavettes de serrage. TRAIT RAMENERET : Titre du bulletin de liaison et d'information des Compa- TRAIT DE NIVEAU : À l'image de nom- gnons Charpentiers du Devoir du Tour breux autres corps de métier, les Com- de France. TRANQUIL : Se disait d'un Compagnon TRETON : Compagnon Cordonnier-Bot- qui avait remercié sa société, indiquant tier de l'Ère Nouvelle du Devoir, Châ- ainsi qu'il avait rempli toutes ses obliga- teau-Gontier l'Ami des Arts fut le héros tions envers elle ; s'arrêtant de voyager malheureux d'une aventure bien parti- la France, il devenait donc tranquil. culière qui se déroula à Laval en 1856. Désirant constituer une cayenne compa- TRANSATLANTIQUE : Les Compagnons gnonnique, il en fit la demande au pré- Chaudronniers du Devoir de la ville de fet, en prenant soin de lui expliquer les Nantes réalisèrent, en 1976, la quille du buts poursuivis par sa société et de bateau Akel France du navigateur soli- joindre à l'envoi un exemplaire des rè- taire Gilles Vaton. glements. Pour toute réponse, le mal- heureux Treton se vit immédiatement TRANSMISSION : Mission fondamentale incarcéré sous l'ordre du préfet. Après du Compagnonnage qui a vocation de bien des vicissitudes, une ordonnance de transmettre un savoir professionnel lié à non-lieu le fit sortir de prison, mais il une façon de travailler, d'agir et d'être. dut par la suite composer longtemps avec le commissaire de police de Laval. TRAVAIL : Un des mots essentiels du Compagnonnage. Même si l'expression TRÈVES : Au temps des cathédrales, les belle ouvrage est encore en vigueur dans œuvriers en deça et en delà du Rhin col- toutes les sociétés compagnonniques, le laboraient aux mêmes chantiers. La ville mot travail ne justifie pas nécessaire- de Trèves semble avoir joué un rôle ma- ment le qualificatif beau à ses côtés. Le jeur (comme Strasbourg, Cologne, travail n'est pas beau en soi, il est ce Berne...) dans l'organisation du Com- qu'on en fait ! Par cette affirmation, les pagnonnage germanique. Compagnons tiennent à préciser un point trop souvent négligé : le beau tra- TRIANGLE : Symbole utilisé par de nom- vail n'est pas une fin en soi ; en re- breuses sociétés traditionnelles et reli- vanche, de nombreux Compagnons pré- gieuses. Allusion à la Sainte-Trinité fèrent évoquer le travail bien fait, dans pour les uns, au Grand Architecte de lequel science et conscience se sont par- l'Univers pour d'autres, le triangle n'est tagés la réalisation. pas un symbole majeur du Compagnon- nage. Certains y voient un rappel facile TRAVAIL D'ADOPTION : Petit ouvrage de la triangulation ogivale qui fut à la obligatoire que doit tailler le stagiaire base de la construction des cathédrales. qui désire être adopté par le Compa- Des Compagnons férus de symbolisme gnonnage afin de recevoir le titre et les utilisent le symbole du triangle pour insignes d'aspirant. Par son travail évoquer toutes les situations dans le d'adoption, le jeune ouvrier marque déjà Compagnonnage où le chiffre trois est son attachement au travail bien fait. présent (trois fondateurs légendaires, trois états compagnonniques, trois TRÉHET RAOUL (1910-1987) : Reçu rites...). Compagnon Plombier des Devoirs Unis à la cayenne du Havre en 1928 sous le TRIANGULATION DES TROIS POINTS : nom symbolique de Normand le fin Dans leur congrès général, tenu à Tours Coutil, Raoul Tréhet reçut l'écharpe en 1930, les Compagnons Charpentiers d'honneur en 1981 pour le remercier de du rite Soubise décidèrent de bannir la sa grande disponibilité sur le Tour de triangulation des trois points dans les si- France. Membre fondateur de la gnatures rituelles. Seuls furent désor- cayenne de Nîmes en 1972, Raoul Tré- mais tolérés les trois points placés en het s'est éteint à Aubais (Gard), le 1 fé- ligne afin de ne plus être confondus avec vrier 1987. les Indiens ou les Francs-Maçons. TRIC : Rapide mouvement de la langue avoir organisé une cabale dans l'atelier dans la bouche entrouverte. Dès qu'un de son patron afin d'appuyer une de- tric résonnait dans un atelier, les Com- mande collective d'augmentation des pagnons Imprimeurs arrêtaient immé- salaires. Lors de son jugement, en sep- diatement leur ouvrage. Tric viendrait tembre 1840, il fut acquitté. de Streik qui, en allemand, signifie grève. TROIS ANS : En règle générale, un prévôt ne reste en place que trois ans. Passé ce TRIMARD, TRIMARDEUR : Dans le lan- temps, il laisse la gâche à un autre Com- gage populaire, le trimard évoque la pagnon et retourne à l'exercice de son route et le vagabondage, le trimardeur métier qu'il avait provisoirement quitté étant souvent assimilé au vagabond. durant sa charge. Dans le Compagnonnage, le Trimard dé- signe le Tour de France, appelé égale- TROIS ANS ET UN JOUR : C'est le temps ment Grand Trimard. Sans aucun sens de l'itinérance obligatoire pendant la- péjoratif, le Compagnon du Tour de quelle un jeune Compagnon voyageur France se voit donc parfois attribué le doit rester éloigné de sa localité fami- qualificatif de trimardeur. liale (d'au moins 50 kilomètres), s'il veut, après son apprentissage, être reçu TRINITÉ : Dans le Compagnonnage, la dans le Compagnonnage germanique. Il Trinité est aujourd'hui fêtée par les ne doit pas avoir plus de 25 ans et être Compagnons Passants Plâtriers Stuca- célibataire. teurs du Devoir. TROISIÈME EN VILLE : Titre que l'on TRINSKTUBE : Ancienne auberge qui ac- donnait au Compagnon chargé d'aider le cueillait les Compagnons allemands. Premier et le Second en ville. Générale- ment, on lui confiait la tenue de la liste TRISTAN FLORA (1803-1844) : Née en des amendes ainsi que la garde de 1803, Flora Tristan fut marquée par les quelques livres. lectures de Gosset, Moreau et Perdi- guier. Ayant pris contact avec eux, elle TROISIÈME ORDRE : Grade apparu chez découvrit un Compagnonnage profon- les Gavots au début du XIX siècle. Équi- dément divisé. Elle milita alors pour un valent du grade des Initiés pratiqué dans projet qu'elle baptisa Union Universelle. d'autres sociétés compagnonniques, le Dès la parution de son ouvrage L'Union troisième ordre reflétait une influence Ouvrière (1843), elle fut critiquée par maçonnique qui ne fut qu'éphémère, la Agricol Perdiguier qui lui reprocha majorité des Compagnons ne voulant pas d'avoir discrédité sa tentative de récon- d'une structure étrangère à la tradition ciliation compagnonnique. Flora Tristan compagnonnique. écrivit également Le Tour de France, journal inédit 1843-1844, ce qui lui valut TROISIÈME TÉMOIN : Les Compagnons également quelques critiques de la part Blanchers-Chamoiseurs désignaient ainsi de George Sand. Malgré quelques témoi- le troisième Compagnon qui, avec le par- gnages d'estime, Flora Tristan ne ren- rain et la marraine, assistait le récipien- contra guère d'encouragement de la part daire au moment de sa réception. des Compagnons qui lui préféraient, de loin, George Sand. Elle s'est éteinte en TROIS COUPS : Lorsque le rouleur frappe 1844, emportée par la typhoïde. le sol de trois coups de canne, l'assem- blée des Compagnons doit observer le TROINARD FRANÇOIS : En 1840, ce silence. De même, pour marquer la fin Compagnon Bourrelier du Devoir dit d'une cérémonie, le rouleur frappe trois Manceau la Fidélité fut arrêté pour coups. TROIS PAROLES : Dans plusieurs con- TRONC D'ARBRE : Les Compagnons damnations relatives aux Compagnons Charpentiers du Devoir de Liberté se sont Cordonniers du XVII siècle (Reims inspirés de la façon de couper un tronc et Dijon surtout), il est fait état de "trois d'arbre pour composer le symbole de la paroles qui font le devoir". Ces fa- pendule à Salomon. En effet, la coupe meuses trois paroles sont plusieurs fois forme d'abord la croix classique, puis la citées : Honneur à Dieu, conserver croix de Saint-André, en forme de X. le bien des Maîtres, maintenir les Com- pagnons. TRONDHJEM : La cathédrale de cette ville de Norvège fut achevée et finie au XII TROIS PIGEONS : Les archives de Dijon siècle, grâce à monseigneur Eyster Er- nous apprennent que tel était le nom du lendson qui accomplit un véritable Tour cabaret qui, en 1674, accueillait les as- d'Europe, afin de s'instruire sur l'art de semblées des Compagnons Menuisiers bâtir. Les chroniques nous apprennent du Devoir de cette ville. que, finalement, pour les travaux délicats de la cathédrale, l'évêque fit venir des ou- TROIS POINTS : Utilisés par les Francs- vriers d'un pays appelé France. Maçons en signe abréviatif ou dans leurs signatures, les trois points s'intro- TROU D'ÉTABLI : À l'époque où le rou- duisirent massivement dans le Compa- leur des Compagnons Menuisiers visi- gnonnage à partir de la seconde moitié tait les ateliers à la veille de la fête pa- du XIX siècle, traduisant ainsi une in- tronale, il plantait sa canne dans un des fluence maçonnique certaine. En fait, trous d'un établi. C'était le signal les Compagnons ont longtemps utilisé convenu pour effectuer la guilbrette. quatre points (symboles du carré) pour ponctuer les initiales. Il est aujourd'hui TROUVAILLES : Cette revue bimestrielle reconnu qu'historiquement les trois (17, rue Saint-Paul 75004 Paris) a publié points furent concédés aux acceptés dans son numéro 62 (février-mars 1987) dans les loges opératives afin de les un excellent article illustré signé par distinguer des gens du métier. Dès le Guillaume Randon et consacré aux début du XX siècle, plusieurs sociétés cannes des Compagnons du Tour de compagnonniques, désireuses d'éviter France. toute confusion avec la Franc-Maçon- nerie, réfléchirent à une éventuelle sup- TRUC : Sobriquet donné à la canne, au pression des trois points. En 1941, avec bâton des itinérants qui effectuaient leur la création de l'Association Ouvrière, Tour de France sans être Compagnons. les Compagnons du Devoir supprimè- rent l'usage des trois points afin de se TRUELLE : Outil symbolique qui appa- démarquer définitivement d'une pra- raît sur le blason des Compagnons Ma- tique maçonnique. Depuis, tous les çons et Plâtriers. Compagnons du Devoir n'utilisent qu'un seul point après chaque lettre ini- TRUELLE D'ADAM : Elle désigne la main tiale ou symbolique. En revanche, dans le vocabulaire compagnonnique. l'Union Compagnonnique des Devoirs Unis continue à placer les trois points TSIGANES : Par rapport au symbole en triangle dans les signatures ou après compagnonnique du chien, il est utile de les lettres initiales. Certains corps ad- noter que, dans les rites des Tsiganes, le hérant à la Fédération Compagnon- chien est particulièrement présent au nique, à l'image des Compagnons du moment de la mort ; c'est le croque- Devoir de Liberté, perpétuent égale- mort, le gardien du royaume des morts. ment l'usage des trois points placés en À l'image des Compagnons, les Tsi- équerre. ganes sont des gens qui voyagent et qui portent des anneaux à leurs oreilles, ce Compagnonnage était poursuivi, voire sont des "estrangers". interdit. Lors des réunions chez la Mère, un Compagnon pouvait surveiller les TUBALCAIN : La Bible le présente alentours de la maison, en déplaçant comme l'un des fils de Caïn. La tradi- quelques tuiles du toit ; il fut vite quali- tion le considère comme l'inventeur des fié de frère tuileur. métaux. Il est évoqué dans le.rituel des Compagnons Forgerons. TUTOIEMENT : Longtemps interdit (sur- tout chez les Gavots), le tutoiement est TUILEUR : Peut se dire d'un Compagnon désormais très fréquent entre Compa- chargé de veiller à la qualité compa- gnons. Il est impoli de tutoyer la Mère. gnonnique de ceux qui s'apprêtent à en- trer en chambre ou en cayenne. À cet TUYAUX DE POÊL : Ce mot d'argot, em- effet, il peut pratiquer un tuilage (ques- ployé pour désigner les bottes, est à at- tions rituelles, échange de signes ou de tribuer à un certain Nicolas Tuyau, ou- mots) envers un frère en Devoir. L'ori- vrier cordonnier-bottier de la fin du gine de ce mot vient de l'époque où le XVIII siècle.

quant à son implantation (4000 socié- taires en 1880). En 1883, l'Union coupa définitivement les ponts avec les Devoirs en se transformant en Union des Tra- vailleurs du Tour de France. Simplifiant encore ses règlements et ses usages, elle devint surtout une mutuelle et cessa d'être un pseudo-Compagnonnage.

UNION COMPAGNONNIQUE DES COMPA- GNONS DU TOUR DE FRANCE DES DE- VOIRS UNIS : Ce Compagnonnage a vu le jour à Paris le 5 septembre 1889 lors d'un congrès historique réunissant plusieurs sociétés compagnonniques qui s'étaient déjà fédérées plusieurs années aupara- U : Abréviation très utilisée dans la vant. Regroupant des Compagnons des composition des lettres symboliques trois rites, vœu cher à Perdiguier, cette propres aux corps compagnonniques. Union Compagnonnique, grâce aux ef- Elle évoque généralement le mot Union forts de son premier président Lucien (ou Unité). Blanc (Provençal le Résolu, Compagnon Bourrelier-Hamacheur du Devoir), sut at- UNION : Créée à Toulon en 1832, la so- tirer de nombreux Compagnons. En ciété de l'Union (à ne surtout pas 1909, elle comptait 3000 sociétaires et confondre avec l'Union Compagnon- une quarantaine de sièges sur le Tour de nique) fut composée, à ses débuts, d'as- France. Se voulant héritière de l'œuvre de pirants Menuisiers et Serruriers du De- Perdiguier, elle recruta largement dans les voir qui s'étaient révoltés contre les hu- rangs des trois rites (Salomon, Jacques et miliations et les frustrations que leur fai- Soubise). Cependant, l'enthousiasme et saient subir les Compagnons. Très vite, l'élan de fraternité des premières années l'Union attira bon nombre de Compa- s'effritèrent. Certains Compagnons re- gnons et d'aspirants d'autres corps et prochèrent alors à l'Union Compagnon- rites qui souhaitaient une modification nique de sacrifier la qualité à la quantité, profonde du Compagnonnage. Cette so- en se montrant moins exigeante sur les ciété établit rapidement des bureaux capacités professionnelles de ses nou- dans de nombreuses villes du Tour de veaux mem-bres. Les admissions de plus France. Ses membres (les sociétaires) en plus faciles et nombreuses la discrédi- étaient placés sous le signe de l'égalité tèrent aux yeux de vieux Compagnons (plus de distinction entre aspirants, Com- très attachés à une certaine image du De- pagnons reçus et Compagnons finis). voir. De vieilles querelles ressurgirent Tout en rejetant le Compagnonnage et quant à l'acceptation des métiers étran- ses mystères, l'Union conservait de gers à la tradition compagnonnique (coif- nombreuses pratiques compagnonniques feurs, horticulteurs, pharmaciens...). Plu- (Mère, chef-d'œuvre, solidarité, mutua- sieurs Compagnons critiquèrent l'Union lité, placement). En outre, elle admettait prétextant, à tort ou à raison, une certaine toutes les professions. En 1845, elle influence maçonnique sur les rituels pro- adopta un règlement unitaire pour toute posés aux sections. La disparition de Lu- la France et, en 1851, obtint une recon- cien Blanc (1909) ajoutée à l'hécatombe naissance légale, ce dont les vieux De- de la première guerre mondiale portèrent voirs ne s'étaient jamais souciés. Son un sérieux coup au rayonnement de propagandiste le plus zélé fut Pierre Mo- l'Union Compagnonnique. Durant la se- reau qui lui assura de sérieux progrès conde guerre mondiale, l'U.C. se mit en sommeil en attendant la Libération. Bien France, bien qu'issue du Compagnon- qu'ayant suivi avec intérêt les premiers nage, s'en détacha progressivement. Ses pas d'une Association Ouvrière nais- règlements furent modifiés en 1889. Sa- sante, elle se démarqua de ce nouveau gement dirigée, elle sut assurer à ses so- Compagnonnage afin de préserver son ciétaires le bénéfice d'institutions, véri- identité. Depuis sa création, l'Union tables modèles de mutualité et de pré- Compagnonnique cultive plusieurs parti- voyance. Dirigée par un bureau central, cularités. C'est le seul Compagnonnage à l'Union des Travailleurs du Tour de pratiquer une réception unique pour tous France n'entretint plus aucun rapport les métiers. Structurée en sections, l'U.C. avec les Devoirs, se préoccupant surtout accepte beaucoup plus de professions que de placer ses membres, les secourir et les les deux autres Compagnonnages réunis. aider financièrement et matériellement Il faut observer cependant que l'Union (aucune formation professionnelle). Compagnonnique possède un Tour de France beaucoup moins structuré que les UNION FRATERNELLE DES OUVRIERS EN deux autres mouvements, ce qui ne l'em- L'ART DE LA CHARPENTE : Créée en avril pêche pas de proposer une formation pro- 1791, cette association qualifiée par fessionnelle pouvant déboucher sur le Étienne Martin Saint-Léon de Compa- brevet professionnel et le brevet de Maî- gnonnage masqué, organisa le même trise. Chaque section élit régulièrement mois une grande grève à Paris, afin de un bureau placé sous l'autorité d'un prési- montrer sa détermination face aux ambi- dent de cayenne. L'ensemble des sections tions patronales d'interdire toute asso- dépend d'une Direction Générale ayant à ciation d'ouvriers. Cette Union frater- sa tête le Président Général, représentant nelle en l'art de la charpente tomba, officiel de l'Union Compagnonnique des comme bien bien d'autres associations, Devoirs Unis. Un congrès est organisé sous le coup de la loi Le Chapelier (14 tous les trois ans. Même si l'Union Com- juin 1791). Le Compagnonnage ne dis- pagnonnique a quitté, depuis 1988, la parut pas pour autant, il comprit néan- C.C.E.G., elle fut, avec la Fédération moins la nécessité de se faire oublier Compagnonnique des Métiers du Bâti- afin de ne pas éveiller la défiance des Ja- ment, un des moteurs pour faire avancer cobins. l'idée d'un Compagnonnage européen. Elle a su établir une Union Compagnon- UNIONARD : Qualificatif péjoratif in- nique en Suisse avec des cayennes à Ge- venté par les Compagnons du Devoir, à nève, Lausanne et Neuchâtel. Entretenant la fin du siècle dernier, afin de qualifier des relations cordiales avec la Fédération les Compagnons favorables à l'Union Compagnonnique, l'Union est beaucoup Compagnonnique des Devoirs Unis. plus réservée à l'égard de l'Association Ouvrière des Compagnons du Devoir. UNIONISTE : Surnom apparu vers 1895 Notons enfin que les principaux ambassa- afin de désigner les Compagnons deurs de l'Union Compagnonnique sont membres de l'Union Compagnonnique les Compagnons Cuisiniers, dont la des Devoirs Unis. La paternité de ce sur- réputation et la renommée dépassent très nom revient aux Compagnons du De- largement nos frontières. Siège natio- voir. nal : 15, rue du Champ-Lagarde 78000 Versailles. Journal : Le Compagnon- UNIVERSITÉS OUVRIÈRES : Les Compa- nage (même adresse). gnons désignent ainsi quelques écoles et centres de formation créés et dirigés par UNION DES TRAVAILLEURS DU TOUR DE des Compagnons. La liste de ces univer- FRANCE : Titre et nom adoptés par la so- sités ouvrières n'est pas longue. La plus ciété de l'Union à partir de 1883. célèbre reste sans nul doute l'école de L'Union des Travailleurs du Tour de Trait, fondée à Romanèche-Thorins en 1871 par Pierre-François Guillon dit toute conversation relative au métier de- Mâconnais l'Enfant du Progrès, Com- vant un étranger. pagnon Charpentier du Devoir de Li- berté. Aujourd'hui, elle est devenue un U.V.G.T. : Abréviations propres à cer- musée compagnonnique. Actuellement, tains métiers appartenant au Compa- deux centres revendiquent le terme gnonnage du Devoir (Charpentiers, d'Université ouvrière. Tout d'abord Couvreurs, Plâtriers, etc.). Ces quatre l'école privée créée par Yves Derval à lettres symboliques peuvent être lues : Surgères (17). Cet ancien Compagnon Union, Vertu, Géométrie, Travail. de l'Union Compagnonnique a même D'autres interprétations sont parfois créé un pseudo Compagnonnage qu'il avancées cependant, ces propositions appelle Œuvriers Compagnons du Tour n'engagent que leurs auteurs. Ainsi en de France. Citons enfin la très sérieuse est-il pour Union des Vrais Géomètres Fondation de Coubertin, dont Jean Ber- du Trait ou bien encore Union des Vrais nard dit La Fidélité d'Argenteuil fut Gnostiques du Temple. l'initiateur. U.V.I.N. : Lettres symboliques figurant UPSAL : Ville de Suède abritant une re- sur le blason des Compagnons Charpen- marquable cathédrale du XIII siècle. tiers des Devoirs. Ce blason a été com- Celle-ci fut réalisée par le Maître posé en prenant les deux premières d'Œuvre français Étienne de Bonneuil. lettres des blasons des Charpentiers Soubises U.V (G.T) et Indiens I.N (D.G) URF : Cri lancé par les Compagnons Im- qui avaient décidé, lors du congrès ex- primeurs lorsqu'un profane pénétrait traordinaire de 1945, de se réunir en une dans l'atelier. Ce cri était destiné à éviter seule famille.

l'encontre d'un Compagnon d'un rite différent.

VALLÈS JULES : Né en 1832 au Puy, mort à Paris en 1885, Jules Vallès connut la cé- lébrité pour sa participation à la Com- mune de Paris dont il défendit la cause dans son journal Le cri du peuple. Condamné à mort à la chute de l'insurrec- tion, il partit à Londres et ne rentra à Paris qu'en 1883. Entre 1879 et 1886, il publia une trilogie romanesque intitulée Jacques Vingtras (L'Enfant, le Bachelier, l'In- surgé) où il retraçait sa jeunesse pauvre et malheureuse, ses engagements d'homme et le climat dramatique de la Commune. V : Abréviation très utilisée dans les Dans L'Enfant, on peut noter quelques blasons compagnonniques. Dans de lignes consacrées au Compagnonnage par nombreux cas, elle évoque la Vertu. l'intermédiaire du portrait que Jules Val- lès dressait de son oncle Joseph, une des VACATION : Dans son Journal de ma rares personnes de sa famille qu'il appré- vie, écrit en 1764, le Compagnon Vitrier ciait et qu'il aimait : "Il est Compagnon Jacques-Louis Ménétra dit Parisien la du Devoir. Il a une grande canne avec de Bienvenue emploie souvent le mot vaca- longs rubans et il m'emmène quelquefois tion comme synonyme du mot métier. chez la Mère des Menuisiers. On boit, En fait, les Compagnons ont plus sou- on chante, on fait des tours de force, il vent utilisé le mot vocation. me prend par la ceinture, me jette en l'air, me rattrape et me jette encore. J'ai VAISE : Célèbre quartier ouvrier de la plaisir et peur ! Puis je grimpe sur les ge- ville de Lyon. C'est à Vaise que fut fon- noux des Compagnons ; je touche à leurs dée la première Maison des Compa- mètres et à leurs compas, je goûte au vin gnons du Devoir du Tour de France, du- qui me fait mal, je me cogne au chef- rant l'Occupation (15, rue Tissot). Au- d'œuvre, je renverse des planches et paravant, le quartier abritait la cayenne m'éborgne à leurs grands faux-cols, je des Compagnons Passants Charpentiers m'égratigne à leurs pendants d'oreilles : du Devoir du Père Soubise qui se trou- ils ont des pendants d'oreilles... Je suis vait près de la gare de Vaise. si heureux avec les Menuisiers."

VALET : Dans le vocabulaire des corpo- VANNIERS : Leurs premiers statuts appa- rations, le valet désignait le jeune raissent au XV siècle. Auparavant, les homme qui avait terminé son apprentis- corbelleurs d'osier et les faiseurs de pa- sage. Appelé également compagnon (at- niers formaient un artisanat rural et fo- tention à la confusion avec le Compa- restier. Les Compagnons Vanniers du gnon du Tour de France) le jeune Devoir furent fondés, selon les versions, homme conservait ce titre jusqu'à ce en 1409 ou en 1788 ! Saint-Antoine était qu'il puisse atteindre la Maîtrise, objec- leur Patron. Cette société a disparu du tif quasiment inaccessible pour la majo- paysage compagnonnique malgré les ef- rité des valets qui n'avaient pas la forts de quelques rares Compagnons chance d'être fils ou gendres de Maître. comme Sylvian Dupont dit Tourangeau Dans le Compagnonnage, le terme de la Corbeille d'Amour qui tente, au sein valet a toujours revêtu un caractère péjo- de l'Union Compagnonnique, de redon- ratif, surtout lorsqu'il était adressé à ner vie à ce corps de métier. VASOUS : Surnom des Compagnons Plâ- au XIX siècle, que la colonne Védréra triers du Devoir. (signifiant colonne de vie) comportait seize faces et représentait les principales VAUBAN SÉBASTIEN LE PRESTRE (de), étapes historiques depuis la création du (1633-1707) : Maréchal de France, monde jusqu'à la construction du Commissaire général des fortifications, Temple. Sur Védréra, Maître Jacques Vauban aurait été, d'après la tradition, aurait également gravé l'équerre et le membre du Devoir. Aucune preuve his- compas, une étoile et un maillet. torique ne vient confirmer cette hypo- thèse. VELLA MARCUS : Artiste peintre, qui en 1938, prit contact avec la Fédération In- VAUCHEZ PIERRE (1825-1884) : Né en tercompagnonnique de la Seine au nom 1825, ce Compagnon Tisseur-Ferrandi- d'une obédience maçonnique qui souhai- nier du Devoir assura la vice-présidence tait établir un rapprochement avec le de la caisse de retraite du Ralliement des Compagnonnage français. Outre une Compagnons du Devoir de 1883 jusqu'à forte somme d'argent destinée à la sa mort subite, le 9 février 1884. Un construction d'un grand siège compa- deuil général fut proclamé sur tout le gnonnique, Marcus Vella proposait une Tour de France et plus de quatre cents alliance Maçonnerie anglaise et Compa- Compagnons accompagnèrent Comtois gnonnage français, afin "d'établir un bar- l'Ami des Compagnons à sa dernière de- rage aux débordements qui menacent le meure. monde ouvrier". Ce contact n'est pas un fait légendaire ; Marcel Bris dans son ou- VAURS ÉTIENNE : Né à Maurs (Cantal) vrage Le Compagnonnage à la recherche en 1874, Clermont la bonté fut le délé- de sa vocation (Librairie du Compagnon- gué des Compagnons Maréchaux-Fer- nage, 1984) y consacre quel-ques lignes, rants du Devoir de la ville de Lyon à la présentant même le personnage énigma- fameuse assemblée générale des De- tique de Marcus Vella. Cette tentative de voirs tenue à Bordeaux le 5 novembre rapprochement échoua rapidement, les 1821. Compagnons restant farouchement atta- chés à leur indépendance. VAYSSADE HENRI : Né le 7 octobre 1891 à Montauban, il fut reçu Compagnon VENDREDI SAINT : Les Compagnons Carrossier en voiture hippomobile. En Maréchaux du Devoir ont toujours re- 1948, il obtint le titre de Meilleur Ou- fusé de ferrer le jour du Vendredi saint, vrier de France. Pendant plus de 30 ans, pour ne pas utiliser des clous sacrilèges. il enseigna d'abord aux cours du soir, puis à temps complet à l'École des Ap- VÉNÉRABLE : Il est intéressant d'observer prentis de Montauban. Connu des siens que ce titre, actuellement attribué au pré- sous le nom symbolique de Montauban sident d'une loge maçonnique, était déjà la Libre Pensée, Henri Vayssade fit par- donné au supérieur d'une abbaye béné- tie du petit groupe de Compagnons qui dictine à l'époque où les bénédictins surent maintenir le Compagnonnage avaient la direction et la responsabilité de après l'hécatombe de la première guerre nombreux chantiers. Ainsi, au Moyen mondiale. Âge, les Compagnons travaillaient sous l'autorité d'hommes tels que Pierre le VÉDRÉRA : Quelques versions légen- Vénérable, Bède le Vénérable et, tous en- daires donnent le nom de Védréra à semble, ils vénéraient la belle ouvrage. l'une des deux colonnes édifiées par Maître Jacques, lors de la construction VENGEANCE : Notion ayant une valeur du Temple de Jérusalem. Les caté- symbolique dans le rite de Maître chismes compagnonniques signalaient, Jacques, comme en témoignent les nom- breux catéchismes du XIX siècle. Dans nais l'Ami du Tour de France dit le Ser- ces derniers, on expliquait que les Com- ment Fidèle fut élu premier président de pagnons avaient reçu une canne afin de la cayenne de Paris des Compagnons venger le Père assassiné. Charpentiers des Devoirs du Tour de France. En 1946, il créa le journal La VENTES : Les ventes étaient les réunions voix des Compagnons qui existe encore des Bon-Cousins Charbonniers, lorsqu'ils aujourd'hui. Il fut, en 1953, l'un des se rassemblaient au cœur de la forêt. Par principaux créateurs, animateurs et pro- extension, la vente désignait l'assem- moteurs de la Fédération Compagnon- blée elle-même. Le gardien extérieur de nique des Métiers du Bâtiment. À cette la vente devait être un ouvrier mutilé de même époque, il prit une part prépondé- la main droite (doigts coupés) car il pou- rante à la mise en place des premiers ras- vait recevoir le signe mais pas le donner. semblements européens (C.E.G.). Char- pentier audacieux, Raoul Vergez fut éga- VERDIER HENRI : En 1887, il publia un lement un des pionniers du lamellé-collé. chansonnier compagnonnique L'Indépen- On lui doit les églises de Marly, Viro- dance et la Tyrolienne du Tour de France flay, Saint-Cloud, etc. 1958 marqua un puis, en 1908, dans Le Ralliement, une tournant décisif dans la vie et l'œuvre de série d'articles sous le titre "Compagnon- Vergez puisque le Compagnon se trans- nage et Syndicats". Ce Compagnon Ma- forma en romancier. Avec La Pendule à réchal-Ferrant de Nantes, plus connu des Salomon (1958), ce fut le succès immé- siens sous le nom symbolique de Péri- diat auprès du grand public ; vinrent en- gord l'Estimable, précisait d'une façon suite Les Tours inachevées (1959), Les très pertinente la position du Compa- enclumes de cristal (1967), La rose vient gnonnage par rapport au syndicat fédé- de la mer (1972), Les illuminés de l'art ralisé de la maréchalerie. Dans ses ar- royal (1976), ainsi qu'un livre regrou- ticles, Périgord l'Estimable démontrait pant ses articles parus dans la revue Le l'action bénéfique du Compagnonnage Bois d'aujourd'hui (1973). En 1960, pour garantir les prérogatives du métier Vergez risqua sa situation et ses écono- face au syndicat des vétérinaires qui mies pour réaliser un film sur le Compa- voulait dépouiller le maréchal du droit gnonnage à partir de son premier roman de donner les premiers soins aux che- La Pendule à Salomon. Cette vie trépi- vaux malades, droit qui pour les Compa- dente vit aussi un Vergez journaliste, gnons Maréchaux était un devoir. poète et international de jeu à treize dans sa jeunesse. Béarnais l'Ami du Tour de VERGEZ RAOUL (1908-1977) : Né le 3 France dit le Serment Fidèle est décédé août 1908 à Abidos (Basses-Pyrénées), à Senlis, le 7 juillet 1977. Il demeure Raoul Vergez travailla le bois très jeune. l'une des plus grandes figures du Com- À 14 ans, il partit sur les routes du Tour pagnonnage français du XX siècle. de France. À Paris, le 19 mars 1927, jour de la Saint-Joseph, il fut reçu Compa- VERROUILLARD : Vieux surnom attribué gnon Charpentier du Devoir de Liberté jadis au Compagnon Serrurier. Au- sous le nom symbolique de Béarnais jourd'hui il est plutôt appelé targette. l'Ami du Tour de France. Dès lors, il voyagea l'Europe, la Syrie, l'Égypte, la VERSAILLES : En Juillet et Août 1968, se Palestine, l'Afrique du Nord. Riche de déroula le quatrième rassemblement des ces expériences, il décida de se consacrer Compagnonnages européens. C'est à totalement au Compagnonnage. Ardent Versailles que fut proposé la création partisan de la fusion entre Compagnons d'un organisme européen (C.E.G.). Charpentiers Indiens et Soubises, il fut l'un des principaux protagonistes du suc- VERT : Couleur symbole d'espoir. À cès de cette entreprise en 1945 ; Béar- l'Union Compagnonnique des Devoirs Unis, le jeune aspirant reçoit un ruban début du XIX siècle, précisaient qu'il vert le soir de son adoption. Notons éga- fallait déposer du pain, du vin et un peu lement que les capitaines des Compa- de viande dans le tombeau d'un frère gnons Menuisiers du Devoir (grade au- disparu. Ces pratiques prirent fin dans jourd'hui éteint) portaient une écharpe les années 1840. verte, symbole de leur état. En outre, le vert est souvent présent dans la compo- VIANNAY : Compagnon Charpentier du sition des couleurs symboliques de nom- Devoir de Liberté, Dauphiné l'Espé- breux corps de métiers. rance, suite à une décision prise en as- semblée générale le 29 septembre 1887, VÊTEMENTS : Jusqu'à la fin du XIX dirigea la réalisation du grand chef- siècle, les divers règlements des sociétés d'œuvre des Indiens qui allait porter son compagnonniques ont toujours insisté nom. Ce volume, comme son grand sur la qualité et la propreté des vête- concurrent le Mazerolle, fut exposé dans ments. Ainsi, par exemple, il était inter- de grandes exhibitions nationales et in- dit de se présenter chez la Mère en tenue ternationales. Entièrement en noyer, négligée ou en habit de travail. Jusqu'à d'une hauteur impressionnante de 5,70 une époque récente, le port du costume m, ce chef-d'œuvre était exhibé (dé- et de la cravate était également exigé. monté) dans la vitrine de la cayenne des Par cette insistance, le Compagnonnage Indiens de Paris (rue Mabillon). Chaque voulait défendre la noblesse du tra- année, il était sorti et reconstitué au mi- vailleur manuel à une époque où cer- lieu de la rue, pour la Saint-Joseph. tains le considéraient comme un être in- Viannay, possédant complètement l'art férieur. Le chapeau, la canne et les cou- du Trait et la stéréotomie, avait composé leurs ajoutaient à la beauté de la tenue le volume en trois parties complémen- du Compagnon du Tour de France. Au- taires. Depuis la fusion des Charpentiers jourd'hui, il est évident que cette problé- Soubises et Indiens, le Viannay est ex- matique a disparu, cependant, il est tou- posé à côté de son rival, le Mazerolle, à jours demandé aux Compagnons d'avoir la cayenne des Charpentiers des Devoirs une tenue correcte chez la Mère. de Paris, avenue Jean Jaurès, dans une salle spécialement aménagée pour rece- VÉZELAY : Son église abbatiale de la voir de tels volumes. Madeleine datant des XI et XII siècles présente un tympan, véritable chef- VIATIQUE : Indemnité attribuée à un ar- d'œuvre de la sculpture romane. En rivant lorsque sa société ne pouvait le 1146, Saint-Bernard prêcha de Vézelay placer en ville par manque d'embauche. le départ pour la seconde croisade en Le viatique correspondait aux dépenses Terre sainte. Vézelay est un haut lieu du nécessaires pour rejoindre la ville sui- Compagnonnage pour certains Compa- vante (transport et nourriture) ; une gnons qui, comme Raoul Vergez, voient compensation pour l'emploi non fourni en Saint-Bernard l'organisateur de entrait également dans la composition l'Ordre du Temple, Ordre qui aurait du viatique. Toutes les sociétés compa- donné au Compagnonnage une règle ci- gnonniques ne pratiquaient pas cette vique, morale et professionnelle. Cette belle solidarité sur le Tour de France. dernière hypothèse est loin d'être parta- gée par tous les Compagnons. Vézelay VIBERT LIONNEL : Auteur de La Franc- est également connu dans le Compa- Maçonnerie avant l'existence des gnonnage sous l'appellation de mont du Grandes Loges, Lionel Vibert signa en scorpion. 1920, pour la revue maçonnique an- glaise Ars quatuor coronatorum un ar- VIANDE : De nombreuses instructions ticle de neuf pages intitulé Le Compa- des Compagnons du Devoir, datant du gnonnage, retraçant les grandes dates historiques de l'institution. Lionnel Vi- des réticences et des critiques, tout bert fut un de ceux qui qualifia le Com- comme l'analyse de l'art du Trait. Si pagnonnage de Franc-Maçonnerie opé- quelques Compagnons accueillirent fa- rative ce qui, historiquement, est une er- vorablement la parution de l'ouvrage, en reur fondamentale. revanche, nombreux furent ceux qui le condamnèrent. Ainsi, en janvier 1981, VIEUX : Lors de la querelle du Troi- Breton le Courageux écrivait dans le sième Ordre, propre au Devoir de Li- journal Compagnonnage : "Un ouvrage berté, Agricol Perdiguier désignait par qui entretient la confusion et discrédite vieux tous les Compagnons mariés et le Compagnonnage". établis appartenant au grade des initiés qu 'Avignonnais la Vertu voulait voir VIGNE : Plusieurs instructions compa- disparaître. Par opposition au clan des gnonniques datant du début du XIX vieux, Perdiguier et ses amis se rangè- siècle recommandaient de placer sur le rent dans le camp des jeunes qui, finale- cercueil du Compagnon défunt un épi de ment, obtinrent l'abolition de ce grade blé et une branche de vigne afin de mon- totalement étranger à l'esprit du Compa- trer que le Compagnon disparu avait dé- gnonnage. La lutte contre les vieux est siré l'abondance pour son pays et pro- expliquée par Perdiguier dans son livre tégé les arts toute sa vie. Histoire d'une scission, publié en 1846. VIGNOLE : Surnom donné à Jacques Ba- VIEUX DEVOIRS : Par convention, on dé- rozzio, architecte italien (1507-1573) signe ainsi toutes les sociétés compa- car il était originaire d'un petit village gnonniques des rites de Salomon, Maître nommé Vignole. Cet architecte écrivit Jacques et du Père Soubise qui refusèrent un traité sur l'art de bâtir qui devint rapi- d'accepter et de suivre les principes dement une référence. En hommage à (nouveaux) préconisés par l'Union Com- cet amoureux de l'architecture harmo- pagnonnique au moment de sa création. nieuse, les Compagnons nommèrent Vi- En fait, les vieux Devoirs ne voulaient gnole tous les ouvrages de qualité pas abandonner certains critères, usages consacrés à l'architecture ou à l'art du et valeurs qui caractérisaient le Compa- Trait. gnonnage depuis des siècles. VILLARD DE HONNECOURT : Architecte VIEUX MAURICE : A voyagé comme ou- itinérant du XIII siècle, Villard de Hon- vrier indépendant sur le Tour de France. necourt fut appelé, à titre de consultant, Déporté en 1943, il s'inscrivit en 1945 pour visiter divers chantiers de cathé- au Conservatoire national des arts et mé- drales (Laon, Reims, , Meaux, tiers et obtint, en 1959, son diplôme Lausanne, Budapest...) en raison de ses d'ingénieur. Licencié en histoire du exceptionnelles connaissances tech- droit, Maurice Vieux soutint une thèse niques. Dessinateur hors pair, Villard de de docteur-ingénieur relative aux Honnecourt a laissé à la postérité un car- Connaissances technologiques et socio- net de 66 planches (conservé à la Biblio- logiques ayant contribué à la naissance thèque nationale de Paris) qu'il considé- et au développement de l'Art de Bâtir au rait comme un manuel d'enseignement. Moyen Age. Ces travaux servirent de Outre son magnifique et extraordinaire base au livre Les secrets des Bâtisseurs témoignage architectural, ce carnet pré- que Maurice Vieux fit paraître chez Ro- sente les plans d'un vérin, d'une ma- bert Laffont en 1975. La parution de cet chine de guerre, d'une scie hydraulique, ouvrage entraîna de nombreuses réac- d'un oiseau mécanique... Véritable lu- tions dans les divers Compagnonnages. mière du Moyen Âge, Villard de Honne- Les passages relatifs aux marques des court est un personnage connu et res- Compagnons Charpentiers suscitèrent pecté par les Compagnons jusqu'aux Francs-Maçons de la Grande Loge Na- l'institution des villes directrices, car les tionale Française qui ont donné le nom Compagnonnages pouvaient ainsi béné- de Villard de Honnecourt à leur loge de ficier d'aides de l'Etat. recherche. VILLE DU CENTRE : Qualificatif attribué VILLE BATÂRDE : Les Compagnons dési- à la ville de Montpellier au XIX siècle. gnaient ainsi une ville dans laquelle, L'origine de cette expression peut s'ex- malgré la présence de quelques Compa- pliquer par le fait que la ville de Mont- gnons, les réceptions étaient impos- pellier se trouvait, pour certaines socié- sibles, faute d'un siège officiel. tés compagnonniques, sur la moitié du circuit composant le Tour de France. VILLE DE BOÎTE : Initialement, les villes de boîte désignaient les villes qui, sur le VILLE EN SOMMEIL : C'est une ville où Tour de France, possédaient un coffre un métier, présent compagnonniquement dans lequel étaient protégées les archives depuis des années, n'a plus de relais ou de la société. Progressivement, et ce de siège par manque de Compagnons. jusqu'au XIX siècle, les villes de boîte Bien que ne possédant plus le Devoir, furent assimilées aux villes de Devoir. cette ville est déclarée en sommeil car, nul doute que sous l'impulsion de futurs VILLE DE DEVOIR : Les villes de Devoir Compagnons, la cayenne (ou la chambre) sont les villes dans lesquelles une so- reprendra tôt ou tard ses activités. ciété compagnonnique peut accomplir des réceptions de Compagnons. C'est VILLE INTERDITE : À l'image de la mise donc une ville qui abrite un siège com- en interdit d'une boutique, les Compa- pagnonnique regroupant de nombreux gnons firent, dans le passé, des mises en Compagnons. interdit de ville. Cette pratique très effi- cace consistait à interdire l'embauche VILLE DE FONDATION : Ville qui a vu un sur toute la ville tant que les revendica- corps de métier être accepté officielle- tions compagnonniques n'obtenaient pas ment en Compagnonnage. Ainsi, Lyon satisfaction. La ville interdite ne pouvait est ville de fondation pour les Compa- accueillir de nouveaux ouvriers car les gnons Maréchaux-Ferrants du Devoir. Compagnons interdisaient l'accès de la Cette même ville de Lyon est ville de ville à tout travailleur. Les patrons et la fondation pour l'Association Ouvrière municipalité étaient alors obligés de né- des Compagnons du Devoir puisque la gocier pour sauver l'économie de la première Maison de ce Compagnonnage ville. Cette arme fut utilisée jusqu'au y fut fondée en 1943. XVIII siècle.

VILLE DIRECTRICE : Au XIX siècle, VILLE MAJEURE : Quelques Compa- très peu de sociétés avaient à leur tête gnonnages ont désigné parfois ainsi leur une ville directrice qui pouvait centrali- ville de Devoir. ser les affaires et les cotisations de toutes les villes du Tour de France, sans VILLE MÈRE : Quelques métiers compa- toutefois bénéficier de prérogatives sur gnonniques désignent ainsi la ville qui, l'ensemble des autres villes. La ville di- historiquement, a vu le métier accepté en rectrice était une sorte de caisse centrale Compagnonnage. C'est alors un syno- dont les autres villes devenaient les suc- nyme de ville de fondation. Parfois les cursales. Avec ce système, quelques villes Mères étaient les villes qui diri- corporations surent habilement faire re- geaient le Tour de France pour un métier. connaître leur société comme société de secours mutuels. Le Compagnon Bon- VILLE PRIVILÉGIÉE, VILLE PRINCIPALE : vous fut un des plus fervents apôtres de À l'époque de la scission au sein du De- voir de Liberté, les Maîtres de ce Com- bise dit Condom l'Ami du Trait fut arrêté pagnonnage déposèrent dans cinq villes en 1845 à Paris alors qu'il se trouvait chez leurs nouveaux codes et mystères. Ces la Mère au faubourg de la Villette. En dernières furent alors appelées villes pri- qualité de secrétaire des Compagnons vilégiées ou bien encore villes princi- Passants, la Coterie Vincent figurait pales. parmi les principaux organisateurs de la fameuse grève des charpentiers parisiens VILLETTE (LA) : Haut lieu du Compa- désireux d'obtenir un salaire minimum gnonnage français. Longtemps siège des garanti par les employeurs. De par sa Compagnons Charpentiers Soubises de la fonction, Condom l'Ami du Trait fut en ville de Paris, la Villette n'a pas changé étroite liaison avec les Compagnons d'emplacement depuis plus de 150 ans Charpentiers Indiens qui s'étaient égale- (161, avenue Jean Jaurès, anciennement ment associés à cette cabale qui dura plus rue d'Allemagne). Actuellement la Vil- de trois mois. En outre, le Compagnon lette apartient à la Fédération Compa- Vincent fut l'un des rédacteusr du cahier gnonnique des Métiers du Bâtiment, suite des revendications qui circula de chantier à la fusion des Compagnons Charpentiers à chantier et fut présenté aux dirigeants de Soubises et Indiens, réalisée en 1945. la chambre syndicale patronale. Malgré la plaidoirie du célèbre avocat Berryer, Jean VIN : Très présent dans les usages et les Vincent fut condamné à trois ans de pri- coutumes du Tour de France, notam- son pour le seul délit de coalition. ment à l'époque où celui-ci s'effectuait à pied (conduites, reconnaissances de VIN DE CHANTIER : Pratique en usage route...). En outre, le vin est un des élé- chez les Compagnons Tailleurs de pierre ments de la réception du nouveau Com- du Devoir jusqu'au début de notre siècle. pagnon. Boire un verre de vin entre Le vin de chantier était offert au jeune Compagnons a toujours été un moment homme qui débutait en Compagnon- privilégié dans la vie de la communauté. nage. Véritable reconnaissance, le rite du L'expression profane prendre le verre de vin de chantier faisait trinquer et boire l'amitié véhicule cet état d'esprit. ensemble les Compagnons et le jeune garçon reconnu dès lors comme un frère. VINCARD PIERRE : Auteur de Les ou- vriers de Paris, étude de mœurs, types et VINET MARCEL (1902-1986) : Né le 22 caractères, travail, salaires et dangers, décembre 1902, Marcel Vinet fut reçu ouvrage paru en 1850. Dans le livre pre- Compagnon Forgeron des Devoirs Unis, mier consacré au bâtiment, Pierre Vin- le 1 juillet 1935 à Surgères, sous le card offre une analyse intéressante des nom symbolique de Saintonge l'Ami du Compagnons de divers corps (menuise- Progrès. On retiendra surtout que ce rie, taille de pierre, couverture, charpen- Pays réalisa, en tant que soudeur sur mé- terie et serrurerie). taux légers, plusieurs prototypes pour l'Aérospatiale. Titulaire de l'Écharpe VINCENOT HENRI (1912-1985) : Issu d'honneur, il est décédé en 1986. d'une famille de Compagnons, Henri Vincenot a régulièrement écrit quelques VIOLET AUGUSTE : Il fut l'un des Com- lignes relatives au Compagnonnage pagnons Charpentiers organisateurs de dans chacun de ses ouvrages. Signalons, la grève en janvier 1837 qui paralysa entre autres, le Pape des Escargots, La l'entreprise parisienne Astier et Terville. Billebaude et, surtout, Les Etoiles de Pour cette raison il fut condamné à 10 Compostelle (Denoël,1982). jours de prison.

VINCENT JEAN : Né en 1818, ce Compa- VIOLLET LE Duc (1814-1879) : Le cé- gnon Charpentier du Devoir du Père Sou- lèbre architecte entreprit, dès l'âge de 26 ans, la restauration de Sainte-Madeleine sert à diriger un élément de charpente de Vézelay. En 1845, il commença la levé par la chèvre et qu'on lâche au fur et restauration de Notre-Dame de Paris, en à mesure de l'arrivée de la pièce de bois. compagnie de Henri Georges, Compa- gnon Charpentier Indien qui rénova la VIROFLAY : En 1963, Raoul Vergez réa- flèche de la cathédrale. Les chantiers se lisa la charpente en lamellé-collé pour succédèrent : à Carcassonne pour restau- l'église de cette commune des Yvelines. rer la cité médiévale, Toulouse, Saint- Denis, Amiens, Sens et Pierrefonds. VITRIERS : Corps accepté en Compa- Dans toutes les missions qu'il dirigea, gnonnage depuis le début du XVIII Viollet le Duc s'attacha le service de siècle (1701). Ils furent parrainés par les Compagnons Charpentiers et Tailleurs Compagnons Serruriers du Devoir. Les de pierre. Contrairement à certaines af- Compagnons Vitriers pratiquaient les firmations, Viollet le Duc n'a jamais hurlements durant leurs cérémonies reçu le titre de Compagnon d'honneur symboliques. Le plus ancien témoi- malgré tout le respect et l'admiration gnage compagnonnique écrit, connu à qu'il portait au Compagnonnage. ce jour, vient d'un Compagnon Vitrier, Jacques Louis Ménétra dit Parisien la VIOLONCELLE : Les Ateliers Saint-Éloi Bienvenue qui, en 1764, rédigea un jour- de Toulouse (Association Ouvrière des nal de sa vie, conservé à la Bibliothèque Compagnons du Devoir), réalisèrent, en Historique de la ville de Paris. À l'heure 1986, le plus grand violoncelle du actuelle, seule l'Union Compagnon- monde (7 m 44 de hauteur, 2 m 64 au nique des Devoirs Unis accepte en son plus large) d'après une idée de Christian sein des Compagnons Vitriers. Le nom Urbita, Compagnon Luthier des Devoirs symbolique est du type Tourangeau le Unis, qui avait déjà construit le plus Disciple de la Lumière. Le Saint-Patron petit violoncelle du monde (27,8 mm de du métier est Saint-Luc (Saint-Marc et long). Il fallut un mois de travail à Saint-Michel sont également fêtés). l'équipe de Compagnons dirigée par Clément le Tourangeau pour réaliser ce VIVAT : Exclamation en usage chez les chef-d'œuvre qui devait, en outre, être cravates noires. démontable (impératifs évidents de transport) et d'une grande robustesse car VIVIER CONSTANTIN : Compagnon Tan- les cordes du violoncelle devaient être neur-Corroyeur du Devoir de la ville de tendues à plusieurs centaines de kilos. Nantes, Beauceron la Franchise milita Depuis, ce violoncelle voyage l'Europe. (avec succès) auprès de ses frères en De- voir afin de les inciter à envoyer un dé- VIRAGES : Nom du programme mené légué de leur corps d'état à l'assemblée par Renault Véhicules Industriels, de- générale de Bordeaux en 1821. puis 1983, afin d'étudier le "camion de demain". Dans ce programme, les Ate- VOCATION : Terme qui, dans le Compa- liers Sainte-Catherine ont réalisé l'en- gnonnage, est synonyme de métier. semble de l'étude et de la fabrication de Tous les topages commençaient par une la semi-remorque du camion Virages. question relative à la vocation du Com- Les Compagnons du Devoir sont fiers, à pagnon, on demandait ensuite la société. juste titre, d'avoir été les seuls retenus C'est à partir de cet instant que le topage parmi tous les candidats carrossiers dé- pouvait dégénérer si les deux Compa- sireux de participer à ce programme am- gnons n'appartenaient pas au même rite. bitieux. VOILE D'ISIS : Revue philosophique VIRBOUQUET : Nom donné par les Com- d'influence maçonnique, éditée par les pagnons Charpentiers au cordage qui frères Chacornac, qui consacra entière- ment son numéro 71 de novembre 1925 de nombreux passages hostiles aux au Compagnonnage en France. Plu- Compagnons Charpentiers du rite Sou- sieurs Compagnons, (Maçons ou non) bise, dénonçant leur comportement à signèrent quelques articles. Auguste son égard et envers sa société. Cet ou- Bonvous proposa La Religion de l'Art, vrage parut à une époque où le Devoir Alphonse Meniot dit Alphonse le Berry de Liberté s'apprêtait à coopérer avec la écrivit, quant à lui, quelques pages très Confédération Salomon-Jacques-Sou- documentées sur la serrure de Marseille. bise. Suite au livre de Joseph Voisin, de Léonce Rigaud évoqua le Compagnon- nombreux Indiens décidèrent de ne plus nage en général, Albert Bernet les cathé- chercher à établir une relation avec la drales, Abel Boyer le Tour de France, Confédération Salomon-Jacques-Sou- etc. D'autres numéros du Voile d'Isis ac- bise. cueillirent, irrégulièrement, quelques autres articles compagnonniques. En fé- VOIX DES COMPAGNONS (L) : Titre du vrier 1927, Étienne Martin Saint-Léon journal de la Fédération Compagnon- publia même un article relatif à l'avenir nique des Métiers du Bâtiment, fondé en du Compagnonnage. Né en 1895, Le 1946 par Raoul Vergez. À La voix des Voile d'Isis disparut en 1937. Compagnons a été ajouté Compagnons et Maîtres d'Œuvre, titre complet du VOILLOT ANDRÉ (1908-1987) : Né le 22 journal. octobre 1908 à La Rochepot en Côte- d'Or, il entra comme apprenti cuisinier à VOLÉE : Jusqu'au début de notre siècle, 13 ans dans un hôtel d'Épernay. Prison- en certaines occasions (réception, chan- nier durant la seconde guerre mondiale, gement de ville), le Compagnon devait il occupa ensuite les cuisines parisiennes payer une volée à ses frères en Devoir. de l'Hôtel Crillon, du Georges V et du La volée n'était autre qu'une tournée gé- Drap d'Or. André Voillot fut reçu Com- nérale. pagnon Cuisinier des Devoirs Unis le 17 Mai 1947 sous le nom symbolique de VOLEUR : Le Compagnonnage a tou- Bourguignon Va de Bon Cœur. Malheu- jours sévèrement puni ses voleurs. L'ex- reusement, dès l'âge de 47 ans, une grave pulsion et la conduite de Grenoble fu- maladie l'empêcha de pratiquer son mé- rent le châtiment traditionnel dans le tier. Il est décédé le 7 février 1987. passé. Il fut même une époque où chaque ville du Tour de France possé- VOISIN JOSEPH : Né le 26 juin 1858 au dait un registre des voleurs, régulière- Mulon, près de Cognac, Joseph Voisin ment mis à jour. De nos jours comme effectua son Tour de France de 1875 à dans le passé, le moindre vol est syno- 1879. Il fut reçu Compagnon Charpen- nyme d'expulsion. tier du Devoir de Liberté lors de la Saint-Joseph 1876, sous le nom symbo- VOLEURS AU GRAS DOUBLE : À Paris, les lique d'Angoumois l'Ami du Trait. couvreurs, réputés voleurs de plomb, Charpentier de talent, Joseph Voisin se étaient familièrement traités de voleurs fixa à Tours où, de 1908 à 1911, il parti- au gras double. Cette expression s'est cipa à la direction de l'Alliance Compa- éteinte dès la fin du XVIII siècle. gnonnique de la ville. Dignitaire des In- diens, il assuma les plus hautes respon- VOLTIGEUR : Se disait parfois dans cer- sabilités dans le cadre du Conseil taines sociétés afin de désigner l'ap- SupéOOrieur du Devoir de Liberté (vice- prenti maçon. président, président, président d'hon- neur). Il fit paraître, en 1931, Histoire de VOLUME : Le volume est le nom parfois ma vie ou 55 ans de Compagnonnage. utilisé par les Charpentiers du rite Sou- Dans cet ouvrage, Joseph Voisin écrivit bise afin de désigner le chef-d'œuvre de Mazerolle, Bourbonnais Va de Bon le jeune couple passe lorsqu'il sort de Cœur, exécuté de 1866 à 1878 (vérita- l'église ou de la mairie. blement terminé en 1884). Le volume est aujourd'hui visible à la cayenne des VOYAGER : Synonyme de Tourner (faire Compagnons Charpentiers des Devoirs le Tour de France). Ce verbe est présent du Tour de France, au 161, avenue Jean dans toutes les ordonnances royales qui Jaurès à Paris, face à son ancien rival des condamnent les Compagnons, car le Charpentiers du rite Salomon appelé, voyage des ouvriers était chose subversi- lui, le grand volume. ve pour l'époque. Barret et Gurgand eu- rent une excellente idée en baptisant leur VO STEINBACH ERWIN : Né en 1240, livre consacré au Compagnonnage Ils cet architecte allemand fut le principal voyageaient la France (Hachette, 1980). architecte de la cathédrale de Stras- bourg. Il est considéré comme le Grand VOYAGES DANS LE COMPAGNONNAGE: Maître de la Fraternité allemande des Titre de l'ouvrage de François Icher pu- Steinmetzen. Mort en 1318, on oublie blié en 1991 par les Éditions de Mor- souvent de signaler que sa fille, Sabine, tagne (Canada). Le lecteur est convié à continua son œuvre. la découverte de l'institution grâce à cinq voyages qui composent le corps du VOREM : Nom qui, dans les légendes livre ( les légendes, l'histoire, les tradi- compagnonniques, désigne le bois tra- tions, les symboles et le métier). versé par le cortège funèbre qui trans- porta le corps de Maître Jacques assas- VOYAGEUR : Un des trois mots qui ont siné à la Sainte-Baume. toujours qualifié l'état de Compagnon sur le Tour de France ; les deux autres VOTE À BULLETIN SECRET : Régulière- termes étant passant et itinérant. ment usité à l'Union Compagnonnique des Devoirs Unis pour choisir, chaque VRAI MAÎTRE : Dans de nombreux textes année, le président qui doit assumer la di- rédigés par les Compagnons du Devoir rection de la section. Dans tous les Com- (ce, jusqu'au XIX siècle), Jésus Christ pagnonnages, il est des situations particu- est toujours désigné par Vrai Maître. lières qui exigent le vote à bulletin secret. Le chapeau du rouleur peut servir à re- VUILLOD ANTONE (1823-1899) : Né à cueillir les votes des participants. Châtillon sur Chalaronne le 30 mars 1823, Antoine Vuillod fut reçu Compa- VOUS EN ÊTES ? : Formule rituelle débu- gnon-Bottier du Devoir à Marseille, à la tant la reconnaissance propre à l'Union Noël 1843. À la suite d'une contrariété fa- Compagnonnique, au début du siècle. À miliale, il s'orienta vers les ordres et fut cette question, il suffisait de répondre ordonné prêtre en 1859. Il fut alors auto- "Vous l'avez dit". Après quoi, les deux risé à officier à Guyotville (Algérie). In- Compagnons se tendaient la main droite vité à revenir en France par Lucien Blanc, et se donnaient l'attouchement. Venait en 1886, il parcourut en sa compagnie les ensuite la question "Travaillez-vous?" à principales villes du Tour de France afin laquelle il fallait répliquer "Oui, pour le de promouvoir le projet d'une Union bien de tous". Après avoir échangé les Compagnonnique des Devoirs Unis. mots de semestre, les deux Compagnons L'histoire événementielle précise que, se donnaient alors l'accolade fraternelle. partout, l'abbé Vuillod fut fraternellement accueilli, sauf à Tours et à La Rochelle VOÛTE DE CANNES : Usage qui se pra- où la présence d'une soutane choqua tique lors du mariage d'un Compagnon. quelques fanatiques anticléricaux. L'abbé Ainsi, avec leurs cannes, les Compa- Vuillod termina sa vie dans la paroisse de gnons effectuent une voûte sous laquelle Guyotville où il mourut en 1899. VULGAIRES : Les Compagnons Blan- chers-Chamoiseurs désignaient comme vulgaires toutes les personnes étran- gères à leur société. Même les Compa- gnons des autres corps furent souvent qualifiés ainsi.

L'enterrement « Le défunt est porté dans un corbillard, ou par quatre ou six Compagnons qu'on relève de temps en temps. Le cercueil est paré de cannes en croix, d'une équerre et d'un compas entre- lacés, et des couleurs de la Société. Chaque Compagnon a un crêpe noir attaché au bras gauche, un autre à sa canne, et de plus, quand les autorités le permettent, il se décore des cou- leurs, insigne de son Compagnonnage. Les Compagnons sont placés sur deux rangs, marchent dans un grand recueillement et vont ainsi à l'église puis au cimetière ; arrivés à ce dernier lieu, ils déposent le cercueil sur le bord de la fosse, et l'entourent par le cercle vivant qu'ils for- ment... L'un d'eux prend la parole, rappelle à haute voix les qualités, les vertus, les talents de celui qui a cessé de vivre. Il pose enfin un genou à terre et adresse à l'Être suprême une courte prière en faveur du Compagnon qui n'est plus... » AGRICOL PERDIGUIER, Le livre du Compagnonnage (deuxième édition, 1841)

pables de bâtir "selon la manière ro- maine". À l'image de l'évêque Bède, de nombreux autres ecclésiastiques anglo- saxons du VII et VIII siècles vinrent vi- siter le Sud de la France afin de "recruter des maçons, des verriers et autres artisans habiles dans l'art de construire".

WERNER : Évêque du XI siècle. Il diri- gea la reconstruction de la cathédrale de Strasbourg, gravement endommagée par un incendie en 1015.

WILLELMUS MARTINI : Maître appa- reilleur du XII siècle. On retrouve sa si- gnature à la base d'un pilier de la nef de WAGT CONRAD : Un des successeurs de l'église de Saint-André-le-Bas à Vienne. Dotzinger à la charge d'architecte de la cathédrale de Strasbourg. En 1498, il WILLKOMMEN : Coupe ou chope (sou- obtint de l'empereur Maximilien I la vent en étain ou en argent) servant lors confirmation des statuts des privilèges des cérémonies internes se déroulant des loges opératives appartenant à la dans les cayennes des Compagnons alle- Bauhütte. mands. C'est un objet quasi sacré.

WAIDIERS : Au Moyen Âge, les teintu- WOODFORD : Nom du manuscrit, copie riers étaient parfois appelés waidiers (du du Cook, ayant appartenu au Révérend nom de la waide, plante tinctoriale). Les Woodford. Il est aujourd'hui dans les ar- waidiers contribuèrent, eux-aussi, à la chives de la Loge Quatuor Coronati. décoration des cathédrales ogivales. En 1330, les Teinturiers auraient été accep- WORTZEICHEN : L'abbé Grandidier dans tés en Compagnonnage. son Essai sur la cathédrale de Stras- bourg mentionne la formation d'une so- WANDERMUSSIG : Titre donné au novice ciété d'ouvriers tailleurs de pierre (XIII- allemand, signalant qu'il est désormais XIV siècle) basée sur des associations apte à voyager. baptisées Hütten (loges). Ces ouvriers avaient comme marques distinctives WASTRINGUE : Vieux synonyme de bas- l'équerre, le compas et le niveau. Afin de tringue (outil du menuisier). se reconnaître, ils imaginèrent entre eux des mots (Wortzeichen). Il existait aussi WATELET JEAN : Auteur d'une Histoire le salut (der Grüss) et le signe manuel du Compagnonnage, parue en deux (das Handschenk). tomes aux Editions Crémille et Famot, à Genève en 1982. WREN CHRISTOPHER (1632-1702) : Mathématicien anglais et professeur WERKMEISTER : Signifie Maître d'astronomie, Christopher Wren fut l'un d'Œuvre en allemand. Ainsi, l'archi- des plus grands savants du XVII siècle. tecte Jost Dotzinger était le werkmeister À l'âge de 37 ans, il se dirigea vers l'ar- de la cathédrale de Strasbourg. chitecture et releva une cinquantaine d'églises de Londres détruites par un gi- WERMOUTH : Cette ville d'Angleterre vit, gantesque incendie. D'après Anderson, en l'an 675, son évêque partir en France il fut Grand Maître de la Franc-Maçon- afin d'aller chercher des constructeurs ca- nerie. René Guénon le considère comme le dernier Grand Maître de la Maçonne- conservées deux colonnes qui portent rie ancienne. respectivement les mots Jakin et Boaz. Les 28, 29, et 30 mai 1984, Wurtzbourg WURTZBOURG : Ville d'Allemagne, cé- accueillit le troisième congrès du Conseil lèbre grâce à sa cathédrale commencée de l'Europe dont le thème de réflexion en 862, consacrée en 1189, puis transfor- était "Artisanat et Conservation". La mée en 1240. De l'édifice premier se sont C.C.E.G. participa à ces journées.

Le rouleur et l'embauché « Chaque société a un rouleur qui change de semaine en semaine. Les fonctions de rouleur, toujours remplies par un Compagnon, consistent à embaucher et à lever les acquits, à convo- quer les assemblées, à accueillir les arrivants, à accompagner les partants en portant sur son épaule leur canne et leur paquet jusqu'au lieu de séparation. » L'Illustration, 1845. XNTES : Quelques versions légendaires nous présentent un philosophe grec nommé Xantes, qui aurait perfectionné Maître Jacques en sculpture et ar-chitec- ture. Cet enseignement se serait déroulé à Messine.

XYLOGRAPHIE : Art de graver sur du bois.

La Fête de la Saint Joseph des Compagnons Charpentiers « Le matin de la Noël, menuisiers, serruriers, tailleurs de pierre, nous allons à la messe à l'église de la Charité, dans nos plus beaux habits, parés de nos couleurs et de nos cannes. La mère est dans une voiture avec le dignitaire, en tête du cortège. Quelquefois, des tambours, des musiques ouvrent la marche.» AGRICOL PERDIGUIER, Mémoires d'un Compagnon, 1852.

YARKER JOHN : Il publia, en 1893, The Nismesian Theory and French legend. Dans cet ouvrage, John Yarker analysait les relations entre la légende des quatre fils Aymon et le Compagnonnage. Il est à noter que ce livre ne fut jamais traduit en français.

YMGIERS : Sculpteurs sur pierre, en vieux français. Les ymagiers ordonnan- çaient la statuaire ou la fresque sculptée des cathédrales, véritables livres d'ymages.

ciété compagnonnique portent, encore aujourd'hui, leurs fameux costumes en velours noir ainsi qu'un chapeau de la même couleur. Ils ont également une canne torse très différente des Compa- gnons français et arborent des boucles aux oreilles avec les outils miniatures de leur métier. Les Zimmerer ont aussi des chaînes décorées de breloques qui gar- nissent leurs gilets. Leur chapeau cor- respond à la Maîtrise, ils le gardent sur la tête lorsqu'ils sont à table ou en céré- monie. Recevoir en cadeau un chapeau de Zimmerer est une marque d'honneur. Aujourd'hui encore, ils portent des che- mises sans col et à plis. ZABULON : Personnage de légende qui aurait été un des architectes du Temple ZIMMERMANN JEAN ROBERT : Auteur de Jérusalem. des Compagnons de Métiers à Stras- bourg (Istra, 1971). ZEHEMET : Nom d'un des personnages dépêchés par Salomon pour découvrir ZINZIN : Sobriquet attribué par les Com- les assassins d'Hiram. Des textes rela- pagnons au zingueur. tant cette légende le présentent égale- ment sous le nom de Zéhomet. ZOU ZOU LA COTERIE : Cri de guerre des Enfants de Salomon (Loups) lorsqu'ils ZÈLE : Qualité compagnonnique requise chargeaient leurs adversaires, Enfants des postulants. De nombreux règlements de Maître Jacques ou du Père Soubise. ont longtemps demandé de prêter obliga- Dans l'acte d'accusation contre les tion de travailler avec zèle et dévouement. Compagnons de Tournus (14 novembre 1825), il est fait état de ce cri de rallie- ZERAIAS : Nom d'un des trois respon- ment et le substitut de la cour royale de sables désignés par le roi Salomon afin Dijon donne même une traduction de de diriger les travaux de coupe des zouzou : frapper. cèdres du Liban. ZOZINE : Nom du treizième successeur ZERBAL : Il aurait été capitaine des présumé de Maître Jacques. Comme ses Gardes du roi Salomon, au moment de la prédécesseurs il périt assassiné. construction du Temple.

ZETTEL : En Allemagne, les Compa- gnons Étrangers nomment ainsi un billet (souvent en carton) qui sert de certificat attestant que l'ouvrier a bien travaillé et séjourné dans une société compagnon- nique. Ce n'est que lorsque l'itinérant possède sept billets (dont trois hors d'Allemagne) qu'il peut obtenir le statut d'Ancien et s'arrêter de voyager.

ZIMMERER : Les Zimmerer (charpen- tiers) allemands qui entrent dans une so- Photo de l'Auteur: DANIEL NOUVEL

Imprimé en CEE par 4A-BN ATHANASSOPOULOS 25, rue Fidiou 155 62 ATHENES - GRÈCE DICTIONNAIRE DU COMPAGNONNAGE

François ICHER

Le Compagnonnage est trop souvent victime de fausses idées et de préjugés. Héritières des confréries de bâtisseurs de cathédrales, les sociétés compagnonniques actuelles per- pétuent un message séculaire : en travaillant, l'Homme se découvre et se transforme.

Les 2459 rubriques qui composent ce dictionnaire sont le fruit de plusieurs années de recherche et de lectures, de voyages et de rencontres.

Un des buts premiers de ce dictionnaire est d'aider les Compagnons, comme les profanes, à mieux saisir l'identité, la complexité et la réalité du Compagnonnage, de son histoire et de ses légendes, de ses coutumes et de ses traditions, de ses rites et de ses symboles. Loin d'être uniquement un conservatoire ou une mémoire du passé, ce dictionnaire se veut également une vitrine du Compagnonnage contemporain, un Compagnonnage à l'écoute des mutations et des progrès dûs aux technologies nouvelles.

François ICHER est enseignant, licencié en histoire. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, tous consacrés au Compagnonnage. Spécialiste reconnu tant en France qu'à l'étranger, il s'est fixé pour mission de mieux faire connaître cette "Chevalerie du travail".