L'accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée. Volume II

Òscar Oliver (direction)

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée Barcelone, juin 2008

Supervision générale Salvador Curcoll Xavier Roig

Direction de l’étude Òscar Oliver (GPA)

Elaboration de l’étude Carles Aceña (Xavier Roig et Associés) Xavier Requejo (GPA) Jordi Solé (GPA) Albert Contra (GPA)

Traduction prise en charge par la Région Languedoc-Roussillon

© Generalitat de Catalunya Departament d’Economia i Finances Direcció General d’Anàlisi i Política Econòmica http//www.gencat.cat/economia/

Dipòsit legal: B. 28.985-2009

VOLUM II

4. Approche stratégique du système aéroportuaire de l’Eurorégion 133

4.1. Analyse comparative des installations aéroportuaires de l’Eurorégion 133

4.2. Synthèse stratégique de la réalité aéroportuaire de l’Eurorégion : analyse AFOM 144

5. Perspectives d’avenir et émergence de nouveaux segments d’affaire dans le cadre du réseau aéroportuaire de l’Eurorégion 147

5.1. Les flux aériens dans l’Eurorégion 149

5.2. Connectivité interne et externe 153

5.3. Règles et recommandations pour la spécialisation des aéroports et aérodromes de l’Eurorégion 160

5.4. Le rôle de l’Eurorégion dans la promotion et la diffusion de son propre réseau aéroportuaire 173

5.5. Les nouvelles opportunités d’affaires liées à l’aviation générale 176

6. Conclusions de l’étude 183

7. Annexes descriptives 189

7.1. Cartes du trafic aérien entre aéroports de l’Eurorégion 189

7.2. Business cases pour de nouevelles routes aériennes dans le cadre de l’Eurorégion 195

4. Approche stratégique du système aéroportuaire de l’Eurorégion

4.1. Analyse comparative des installations aéroportuaires de l’Eurorégion

En raison de la portée transversale de cette étude, elle réunit des objectifs qui concernent aussi bien la caractérisation des infrastructures existantes et du contexte dans lequel celles-ci se développent que des objectifs stratégiques, d’analyse des potentialités du réseau aéroportuaire de l’Eurorégion et des projets d’avenir pour celui-ci. Pour dépasser le fossé conceptuel entre un premier bloc très descriptif et un second bloc au profil clairement analytique, on a inclus le présent paragraphe destiné à faciliter la transition du premier bloc au second, en classant l’information exhaustive exposée dans le premier bloc selon une méthodologie d’utilisation commune omni-compréhensive et auto-explicative qui donne les clés pour affronter les projections d’avenir figurant dans le second bloc de l’étude, au chapitre 5.

1) Les principales données du système aéroportuaire eurorégional

Les données que nous reproduisons à la suite, sur trois graphiques, du système aéroportuaire eurorégional fournissent une première radiographie d’ensemble des indices d’activité des aéroports commerciaux de l’Eurorégion. Les graphiques se réfèrent aux mouvements, au nombre de passagers et aux tonnes de charge aérienne enregistrés par les aéroports commerciaux du système au cours de l’année 2006. Il s’agit de données consolidées, étant donné que, au moment de la finalisation de l’étude, les données relatives à l’exercice 2007 n’étaient pas disponibles pour la totalité des aéroports étudiés.

Malheureusement, il n’a toutefois pas été possible d’élaborer une analyse similaire pour les aérodromes du réseau en raison du manque d’informations relatif à l’activité de l’aviation générale qui a pu être constatée au cours de l’étude. La rareté de l’information actualisée qui a pu être trouvée et l’hétérogénéité qui la caractérisent font de la radiographie de l’aviation générale dans l’Eurorégion un objectif difficile à atteindre actuellement.

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 133

Mouvements totaux 2006

Mouvements totaux 2006. Source : élaboration propre (2008) Passagers totaux 2006. Source : élaboration propre (2008)

Passagers totaux 2006

Milions de passagers

134 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée

Càrrega total 2006. Font: elaboració pròpia (2008).

2) La saisonnalité du système aéroportuaire eurorégional

Deux perspectives s’ouvrent ici à nous pour analyser les effets de la saisonnalité dans les volumes de trafic des aéroports de l’Eurorégion : d’une part, la saisonnalité cumulée, en considérant tous les aéroports eurorégionaux comme un seul et en totalisant les volumes mensuels et, d’autre part, la saisonnalité superposée, en mettant en évidence le volume de passagers géré par chaque aéroport et en prenant uniquement en considération le pourcentage mensuel relatif par rapport au total annuel de chacun des noeuds du réseau.

D’après la première approche, nous pouvons conclure que le réseau aéroportuaire eurorégional présente une saisonnalité estivale attendue, qui atteint son apogée au mois d’août. La courbe monte de manière soutenue et présente un profil modéré à partir de janvier, puis redescend de façon assez prononcée au cours du dernier tiers de l’année pour atteindre, en novembre et décembre, des volumes de trafic très similaires à ceux des premiers mois de l’année. L’ensemble de l’Eurorégion voit donc l’attractivé de son trafic aérien augmenter durant les mois d’été et rentabilise mieux son tourisme saisonnier d’été que celui d’hiver, bien qu’elle dispose d’infrastructures consacrées au tourisme blanc. Une lecture d’ensemble des données présentées jusqu’à présent permet de conclure que l’Eurorégion, en tant que partie

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 135 de la rive nord de l’arc méditerranéen, a longtemps été capable d’attirer des flux touristiques, essentiellement européens, en raison des potentialités géographiques et climatiques qui la différencient de son environnement immédiat.

Selon la seconde approche, c’est-à-dire, en négligeant le volume de trafic et en prenant uniquement en considération le poids relatif mensuel par rapport au total annuel de chacun des aéroports, nous obtenons une information complémentaire qui nous permet de comprendre plus précisément le graphique précédent. Bien que la quasi-totalité des aéroports régionaux aient des structures de saisonnalité très équilibrées, le graphique nous dévoile que les aéroports qui présentent une composante touristique plus importante (fondamentalement, les aéroports des Baléares et celui de Reus) sont, comme l’on pouvait le prévoir, ceux qui ont une répartition mensuelle du volume de passagers avec une saisonnalité estivale plus accusée. Etant donné que certains de ces aéroports occupent des positions avancées en volume annuel de passagers (plus spécialement Palma et Ibiza), ils conditionnent, de fait, la courbe relative à la structure cumulée de répartition mensuelle du trafic et dessinent le profil identifié dans le paragraphe précédent.

Saisonnalité cumulée 2006

Saisonnalité cumulée dans l’Eurorégion. Source : élaboration propre (2008)

136 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée

Saisonnalité relative 2006

Saisonnalité relative dans l’Eurorégion. Source : élaboration propre (2008)

3) Pistes : Longueur et potentialité fonctionnelle des aéroports de l’Eurorégion

Dans ce paragraphe, nous avons classé les aéroports de l’Eurorégion en fonction de la longueur de leurs pistes principales, de la moins longue à la plus longue. Nous proposons ainsi, comme l’indique le graphique, quatre groupes d’orientation à partir de la longueur des pistes et des avions qui peuvent opérer sur celles-ci, étant entendu que le fait d’appartenir à un groupe signifie qu’il est possible de fournir des services aussi bien aux aéronefs correspondants qu’aux aéronefs des groupes ayant des pistes plus courtes. La longueur de la piste est donc une limite maximale, et non pas un compartiment étanche (de cette manière, les aéroports appartenant au quatrième et dernier groupe, à savoir ceux qui disposent de pistes de plus de 3000 mètres, peuvent accueillir tous les modèles d’aéronefs identifiés, tandis que ceux du premier groupe, à savoir ceux qui disposent d’une piste dont la longueur est égale ou inférieure à 2100 m, ne peuvent accueillir que les appareils identifiés dans leur groupe).

Comme cela était prévisible, les aéroports qui ont un volume de trafic de passagers plus important disposent de pistes qui leur permettent d’offrir des services aux aéronefs de plus grande capacité – et avec une plus forte exigence d’espace -, en permettant de déplacer plus de gens à chaque mouvement aérien. Cette relation entre le volume de trafic et la longueur de la piste se retrouve, dans une certaine mesure, dans le reste des groupes. Cependant, dans la majorité des cas espagnols, comme cela a déjà été relevé dans les analyses qualitatives individuelles, il existe des prévisions d’amélioration des infrastructures pour faire face aux nouveaux volumes de trafic, dont certains ont changé de façon spectaculaire au cours des

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 137 dernières années, de sorte que l’on peut d’attendre à ce que les aéroports, s’ils disposent d’espace et/ou de financement suffisant, auront tendance à adapter la longueur de leurs pistes aux utilisations prévues pour chacune des installations. Il ne nous semble donc pas audacieux d’affirmer qu’il existe une étroite relation entre la capacité potentielle de l’aéroport (et le taux d’occupation atteint) et la longueur de sa piste, celle-ci étant considérée comme le critère qui conditionne l’accueil correct des différents appareils.

Font exception à cette analyse certaines installations aéroportuaires, comme Saragosse ou Lourdes, qui, en raison de ces circonstances particulières, disposent de pistes dont la longueur ne correspond ni aux utilisations, ni à leurs volumes de trafic (bien que la longueur de la piste de Saragosse lui permette d’accueillir, potentiellement, des 340, 380, 777 et 747, elle n’opère qu’avec des 747 qui représentent 10% du volume de trafic déplacé et qui répondent à une présence très importante de la charge aérienne liée à l’activité logistique).

Les rapports identifiés sont valables dans le scénario actuel. Toutefois, la marge d’amélioration des différents aéroports déjà existants, soit avec la construction de nouvelles pistes, soit avec la modification des pistes actuelles (non seulement par volonté d’étendre les possibilités d’accueil de nouveaux trafics aériens mais aussi pour satisfaire aux demandes croissantes de sécurité), est assez limitée dans la majorité des cas. Parallèlement, l’évolution technologique constante modifie les exigences d’espace et met sur le marché de nouveaux aéronefs qui entrent dans les catégories indicatives décrites ou qui en créent de nouvelles, ce qui conditionnent, de nouveau, les utilisations potentielles de chacune des installations aéroportuaires. Les conclusions qui peuvent être déduites de ce graphique sont véritablement susceptibles de présenter une utilité importante pour les infrastructures qui seront construites dans l’avenir si l’on met en relation l’objectifs desdites infrastructures et les réalités de leurs installations (comme l’a déjà fait, par exemple, le Plan des Aéroports de Catalogne en classant les aéroports publics par catégories en fonction du volume et du type de trafic qu’ils doivent assumer).

138 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée

Longueur de piste

Source : élaboration propre à partir de donnée ATI (2008)

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 139

140 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 4) Présence des compagnies aériennes

Après avoir classé les installations aéroportuaires commerciales présentes dans l’Eurorégion en vertu de critères comme le volume de passagers, la charge et les mouvements totaux, la structure de saisonnalité de ce trafic ainsi que les limitations des infrastructures dont elles disposent (longueur et largeur des pistes), nous pouvons encore inverser les termes et placer au centre de l’analyse non lus les aéroports mais les compagnies aériennes qui opèrent dans le cadre de l’Eurorégion. de cette manière, en prenant comme référence l’information sur les compagnies aériennes commerciales mentionnées au chapitre 3 - en considérant l’importance de la présence sur chacun des aéroports a) pour les espagnols, des cinq premières compagnies classées par volume annuel total (excepté dans le cas de Barcelone où il n’y en a que deux) selon les données d’AENA de 2006, et b) pour les aéroports, vu l’impossibilité d’obtenir des données fiables du trafic par compagnie et aéroport, on a utilisé des indicateurs alternatifs comme l’examen de la liste des vols et les places offertes – nous pouvons savoir quelle présence occupent sur le territoire les compagnies les plus importantes et, partant, le degré de dépendance du systèmes par rapports à telle ou telle compagnie.

Ainsi, seules les nouvelles compagnies sont présentes sur trois aéroports ou plus de l’Eurorégion. Les vingt-deux compagnies restantes ne volent que sur un ou deux aéroports. Parmi les compagnies ayant une densité importante sur le territoire, il y a autant de compagnies à bas coûts que de compagnies de pavillon, de la même manière que cela se passe avec celles qui sont présentes sur de plus petits aéroports. La compagnie qui est présente sur le plus grand nombre d’aéroports – 9 – est Ryanair. La compagnie irlandaise à bas coûts a une très forte présence sur la rive nord de la méditerranée, avec plusieurs lignes de contact entre l’Europe du Nord (pour lesquelles la Méditerranée est une destination touristique prioritaire à coûts accessibles) et l’Europe du Sud. La présence de Ryanair dans l’Eurorégion ne se signale pas simplement par le fait que cette compagne opère des routes sur lesquelles interviennent divers aéroports, mais que, parfois même, dans certains cas mentionnés dans les analyses quantitatives individuelles, la compagnie « soutient » presque l’aéroport et le rend viable en générant des pourcentages très élevés du total du trafic de ces aéroports.

Loin devant, avec une présence sur 6 aéroports, on trouve trois compagnies : , et . Iberia et Air France, grandes compagnies de pavillon historiques de part et d’autre de la frontière franco-espagnole, maintiennent, pour la première, une présence sur les grands aéroports de l’Eurorégion (Toulouse, Barcelone, Ibiza, Minorque, Alicante et Valence) et, pour la seconde, un réseau très dense de routes sur le territoire français, plus spécialement en reliant régulièrement les aéroports régionaux de taille moyenne avec Paris (Air France a une

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 141 présence importante à Montpellier, Perpignan, Rodez, Tarbes et Toulouse, tous des aéroports français, et aussi à Barcelone, le grand aéroport international du réseau eurorégional). Avec une structure d’implantation très différente de celle des deux grandes compagnies de pavillon, mais avec une présence sur le même nombre d’aéroports - 6 -, on trouve Air Europa. Air Europa est une compagnie espagnole qui ne dépend d’aucune grande compagnie de pavillon et qui a une flotte propre d’une quarantaine d’aéronefs avec prétention à avoir une portée européenne, bien que sa carte de routes se situe plus spécialement en Espagne – et, en particulier, dans l’aire méditerranéenne (Barcelone, Ibiza, Valence, Saragosse, Minorque et Palma)-.

Avec une présence sur cinq aéroports, on trouve également Thomsonfly, et . Air Nostrum, la compagnie régionale filiale d’Ibéria, reprend la stratégie mise en œuvre par Air France sur son marché intérieur. La ligne régionale d’Iberia a une carte de routes plus dense en logique interne qui relie des aéroports espagnols moyens et grands avec les deux grands pôles d’attraction que sont et Barcelone, ainsi qu’un catalogue peu fourni de viols internationaux – parmi lesquels figurent, au niveau interrégional, le vol récemment ouvert entre Madrid et Montpellier-. Air Nostrum a une présence importante à Barcelone, Ibiza, Minorque, Saragosse et Valence (et elle est également présente, mais à un degré moindre, à Alicante et à Palma) avec une structure d’implantation similaire à celle d’Air Europe en présentant, dans le cadre de l’Eurorégion, des cartes de routes presque superposées dans une logique ouvertement concurrentielle – et faiblement complémentaire d’un point de vue systémique-. Ces deux compagnies (Air Nostrum et Air Europa) sont probablement celles qui contribuent le plus à la promotion des contacts interrégionaux, toujours dans une logique nationale espagnole – et, en outre, les contacts bifocaux Barcelone-Madrid-, tout comme le fait Air France du côté français de l’Eurorégion. Spanair, avec une présence marquée également sur cinq aéroports (Barcelone, Ibiza, Minorque, Saragosse et Palma) et une présence également moins intense à Alicante ou à Gérone, reproduit une carte d’implantation similaire aux cas précités, mais avec une forte présence (13% du volume total du trafic de 2006) sur l’aéroport de Barcelone.

La compagnie anglaise à bas coûts Thomsonfly est présente sur une vingtaine d’aéroports de Grande-Bretagne et ses cartes de routes ont des destinations éminemment touristiques – à l’exception des quelques lignes qui relient la Grande Bretagne au centre de l’Europe – focalisées sur les Canaries, sur la côte méditerranéenne espagnole, italienne, balkanique, grecque et turque et la majorité des îles de la Méditerranée. En raison de cette structure, la compagnie est présente avec une certaine intensité à Alicante, Gérone, Minorque, Ibiza et Reus, avec des lignes de caractère touristique, même si, sa présence n’est en aucun des cas majoritaire sur les aéroports – comme dans le cas de Ryanair où le pari est plus délicat, non pas

142 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée tant pour la compagnie que pour l’aéroport qui devient dépendant du volume de trafic que celle-ci est capable de mobiliser-.

Enfin, avec une présence sur trois aéroports, on trouve aussi bien Brtitish Airways, une autre des grandes compagnies aériennes européennes de pavillon, qui est présente à Barcelone, Montpellier et Toulouse, que Easyjet, une autre compagnie à bas coûts qui vole à Barcelone, Toulouse et Alicante (ainsi qu’à Ibiza, Majorque, Minorque, Montpellier et Valence, avec toutefois une importance relative moindre sur chacun de ces aéroports), mais dont la présence sur tous ces aéroports concerne toujours des vols qui dépassent les limites de l’Eurorégion – et même les limites des États de l’Eurorégion, avec des vols de moyenne portée, en particulier vers le centre de l’Europe et l’Europe du Nord-. Les compagnies présentes sur deux aéroports sont : , , First choice et Futura International. Ceux dont la présence est la plus marquée sont : Airlinair, Europe Airlines, , , BmiBaby, Hexair, Air Méditerranée, twinjet, KLM, , Transavia, Greece Airways, Iberworld, Monarch Airlines, Air Berlin, Mytravel, Flugdienst et Hapag-Lloyd Fluggesellschaft.

Présence de compagnies aériennes sur le réseau aéroportuaire eurorégional Nombre d’aéroports sur lesquels opère la compagnie

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 143 4.2. Synthèse stratégique de la réalité aéroportuaire de l’Eurorégion : analyse AFOM

La méthodologie AFOM – Atouts, Faiblesses, Opportunités et Menaces – (SWOT en anglais), née dans les années soixante dans un environnement académique et généralisé par la suite comme outil d’évaluation pour la planification stratégique en entreprise, a dépassé le domaine initial et c’est désormais un outil communément utilisé pour l’étude de la situation d’une entité quelconque par rapport à sa structure interne tout comme à son environnement, dont l’objectif ultime est de localiser les avantages compétitifs et, par conséquent, les stratégies les mieux adaptées qui en découlent. L’utilisation de cette méthodologie dans la présente étude est pertinente, car elle peut fournir une grande quantité d’informations et la présenter de manière structurée et intelligible. Il convient, évidemment, de réaliser un travail préalable de sélection de l’information la plus significative et de la catégoriser correctement pour définir et prioriser correctement les facteurs et offrir ainsi une image d’ensemble fidèle et une compréhension globale correcte du problème.

Pour élaborer la matrice présentée dans ce paragraphe, on a pris d’abord en considération le réseau aéroportuaire de l’Eurorégion comme une unité, en intégrant dans l’analyse interne toute potentialité ou faiblesse identifiée comme importante au niveau d’une nœud quelconque du réseau. Le réseau, qui a été décrit de manière dissociée dans les chapitres précédents, l’est à présent dans une perspective systémique sur le territoire. Ensuite, l’information, de contexte et interne, est l’information qui a été mise à la disposition du lecteur au long des trois premiers chapitres de l’étude, de sorte que l’AFOM est à présent un résumé stratégique des 3 premiers chapitres de l’étude.

L’analyse externe prend en considération les variables (présentes aux chapitres 1 et 2 de l’étude) typiques de cette méthodologie (compétence, fournisseurs et clients, législation et gouvernement) mais également d’autres variables importantes dans le contexte aéronautique comme la conjoncture macroéconomique, l’évolution technologique et la situation géostratégique qui peuvent avoir un impact sur le fonctionnement du système aéroportuaire eurorégional et modifier les conditions dans lesquelles il se développe actuellement. L’analyse interne, pour sa part, prend en considération les variables (présentées au chapitre 3) et les caractéristiques propres au système aéroportuaire eurorégional actuellement et à son impact potentiel, positif ou négatif, dans une projection dans l’avenir. L’objectif de l’analyse externe consiste çà détecter les facteurs clés de réussite dans l’environnement sélectionné ; celui de l’analyse interne consiste à découvrir les compétences centrales du système.

144 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée La combinaison des deux choses (facteurs clés de réussite et compétences centrales) génère une série de stratégies alternatives. La méthodologie AFOM n’offre pas de solutions, mais définit un diagnostic à partir des facteurs inhérents, diagnostic qui facilite l’élaboration de stratégies (qui sont présentées dans les chapitres suivants de l’étude).

FAIBLESSES MENACES

Manque d’instruments unifiés pour la Deux des principales compagnies de pavillon coordination d’activités conjointes du système (Iberia et Air France) ont leurs bases sur des aéroportuaire de l’Eurorégion, comme la aéroports hors de l’Eurorégion représentation ou la promotion extérieure Pression et lobby de la part des compagnies Inexistence d’un sentiment d’appartenance au traditionnelles (Iberia et Air France) qui gênent réseau : il n’y a pas d’interlocuteur unique du l’émergence de nouvelles routes internes et réseau auprès d’entités ou d’organismes tiers, externes dans l’Eurorégion par des opérateurs ni au sein du réseau ; il n’existe pas de tiers. politique d’information unifiée et la gestion de Barrières d’entrée : difficultés pour l’information n’est pas identique d’une région concurrencer les hubs européens face aux membre à l’autre, ce qui crée des problèmes aspirations transocéaniques des aéroports de d’accès à l’information pour réaliser une l’Eurorégion. Hubs européens : Londres, Paris, analyse de situation Francfort, Madrid, Amsterdam, Copenhague, Peu de spécialisation individuelle, Bruxelles et Zurich fonctionnelle et économique de chaque Le passage, des États aux institutions installation et orientation commerciale régionales ou locales, de la propriété et/ou de différente selon le cas : chaque aéroport la gestion des aéroports est à des stades applique une stratégie commerciale et de différents selon qu’il s’agit des régions marketing individualisée (sans tenir compte françaises ou espagnoles de l’Eurorégion. d’éventuelles économies d’échelle et de synergies avec d’autres installations proches Historique de développement différent des aéroports français et espagnols : situation inverse entre les deux pays en ce qui concerne l’aviation générale (plus développée en France) et commerciale (plus développe en Espagne) Dépendance excessive d’un nombre très limité de compagnies, tant de bas coûts que de pavillon Saisonnalité cumulée estivale très importante dans l’ensemble du système aéroportuaire de l’Eurorégion Degré d’intermodalité peu développé par rapport à d’autres modes de transport de l’espace eurorégional Faibles connexions aériennes intrarégionales (dans l’Eurorégion) et transocéaniques (dans le monde entier)

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 145

ATOUTS OPPORTUNITES

Présence du siège social des principales Potentiel de croissance du nombre de compagnies aériennes espagnoles, issues passagers, à moyen terme, tant d’origine d’Ibéria, sur le territoire de l’Eurorégion touristique que d’affaires, sur le réseau (Spanair, Air Europa, Vueling, , Air aéroportuaire de l’Eurorégion Nostrum) Politique aéroportuaire de l’UE favorable : Vastes possibilités d’intermodalité sur Libéralisation du secteur, favorisation et certaines parties du réseau eurorégional : création du Ciel unique européen, Pacte Ciel échange avec d’autres modes de transport, Ouvert UE-USA en particulier ferroviaire Nouvelles possibilités d’affaires et de spécialisation économique avec le transfert de la propriété et/ou de la gestion des Bonne répartition territoriale des installations aéroports des États aux institutions aéroportuaires sur toute l’Eurorégion régionales ou locales. Entrée du capital privé dans la gestion aéroportuaire. Diversité de formats et de capacités qui L’Eurorégion jouit d’une situation permettent d’offrir des services géostratégique très importante : dans la complémentaires, tant à l’usager final qu’au Méditerranée occidentale, au beau milieu du réseau lui-même Corridor Méditerranéen et bien située vis-à- vis des économies émergentes du Maghreb

Opportunité pour le développement Viabilité fonctionnelle et économique, à économique et émergence de nouvelles moyen terme, pour les installations activités à partir du renforcement des existantes, au-delà de la demande relations commerciales avec les pays du traditionnelle associée aux voyages d’affaires Maghreb et du continent asiatique. Création ou à la période estivale sur des destinations de nouveaux flux de transport et chaînes « soleil et plage ». Emergence d’une nouvelle multimodales (transport maritime de courte offre de destinations associées aux activités distance, transport ferroviaire et transport touristiques d’hiver aérien)

large couverture de routes et excellente Développement de nouveaux segments connectivité continentale et avec les d’affaires liés à l’aviation générale : services territoires de la rive sud de la Méditerranée. d’aérotaxi, aviation corporative, maintenance spécialisée. Grand potentiel de développement de Grand bond technologique dans le domaines l’activité logistique aéronautique : nouvelles générations d’avions commerciaux et d’aviation générale Présence du consortium aéronautique qui impliquent une révolution en matière de européen Airbus sur l’espace eurorégional : prestations qui peuvent être offertes par un pôle de développement industriel lié aux aéronef secteurs aéronautique et aéroportuaire Présence, bien qu’inégale, d’activité économique liée à l’aviation générale et d’entités relatives à cette branche de l’aviation civile (aéroclubs)

146 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 5. Perspectives d’avenir et émergence de nouveaux segments d’affaires dans le cadre du réseau aéroportuaire de l’Eurorégion

Les aéroports, en tant qu’éléments fondamentaux du développement économique d’un territoire, sont également, pour cette même raison, un sujet sensible pour les différentes administrations régionales et locales, les institutions et les acteurs privés du territoire qui les entourent. Les régions de l’Eurorégion n’y font pas exception.

Si, au cours des dernières années, les aéroports de l’Eurorégion ont connu un développement inégal, on a généralement observé un dénominateur commun, à savoir l’intérêt des institutions, tant publiques que privées, à augmenter le poids de leur intervention dans la gestion et dans la promotion de ces infrastructures.

En premier lieu, il faut différencier le développement des aéroports dans les régions françaises du développement enregistré dans les régions espagnoles. Pour les premiers, la structure de leur propriété et leur gestion a été différenciée depuis longtemps, avec une relation plus proche du territoire grâce à l’intervention des Chambres de Commerce françaises et d’autres institutions et acteurs plus locaux impliqués dans leur propriété et leur gestion.

Tel n’a pas été le cas des régions espagnoles, où l’on sait que la gestion est centralisée par Aena, gestion qui, jusqu’à présent, n’a guère laissé de marge d’intervention aux administrations régionales ou locales. Les acteurs privés sont encore complètement en dehors du système de gestion.

Actuellement, il semble que le gouvernement envisage un certain changement de modèle en cédant la gestion aux communautés Autonomes. Il conviendrait de voir comment cela va évoluer et quelle sera la formule finalement retenue pour répondre aux revendications politiques et sociales des territoires.

Les administrations locales ont également réalisé des actions et des initiatives qui ont permis de développer et de promouvoir les différentes infrastructures, en générant de nouveaux trafics de passagers et de charge dans quelques aéroports espagnols. Certaines de ces initiatives décentralisées se sont développées autour d’aéroports de l’Eurorégion.

Un exemple des initiatives de type institutionnel serait le cas de l’aéroport de Gérone, qui a atteint un niveau très surprenant, grâce, essentiellement, à la décision de Ryanair d’y installer

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 147 une base opérationnelle avec plus de 50 vols en Europe. Ce développement a été rendu possible en grande partie grâce à l’aide des institutions locales qui ont apporté un soutien économique et politique à l’initiative bien que n’étant pas les gestionnaires de l’infrastructure.

Un second exemple au sein du territoire catalan est le cas du Comité de Développement de routes aériennes (CDRA) de Barcelone, initiative lancée par la chambre de Commerce de Barcelone, la Generalitat de Catalunya, la municipalité de Barcelone et Aena afin d’apporter leur appui à l’établissement de vols intercontinentaux à caractère transocéanique depuis l’aéroport de El Prat.

Pour leur part, les institutions d’Aragon ont également été actives en pariant sur la croissance de l’aéroport de Saragosse, avec la mise en œuvre de l’activité logistique à proximité de l’aéroport. Cela a permis le développement d’une activité de charge aérienne très importante. D’autres institutions publiques et privées sont également intervenues dans d’autres infrastructures aéroportuaires, comme l’Aéroport de Heusca-Pirineos, qui, par le biais de la nouvelle compagnie Pyrinair (composée d’institutions locales comme la Chambre de Commerce de ) a permis que cet aéroport obtienne certaines liaisons stratégiques pour faciliter l’arrivée du tourisme sur la zone et améliorer la connectivité des résidents.

Le cas de Saragosse est particulièrement intéressant car il présente un exemple de promotion indirecte. Le gouvernement régional d’Aragon a lancé la création d’une plateforme logistique intermodale autour du transport de marchandises, plateforme qui est située à côté de l’aéroport de Saragosse. Sans réaliser aucune activité impliquant directement l’aéroport, la construction de cette plateforme logistique intermodale a impliqué un renforcement indirect très important de l’aéroport.

En ce qui concerne les aéroports des Baléares et de la région de valence, du côté espagnol, mais aussi les aéroports français, il a toujours existé un intérêt pour participer, d’une manière ou d’une autre, à la promotion et aux politiques de captation de nouvelles routes.

Autrefois, on croyait que les aéroports régionaux ne pouvaient se développer qu’en cas de saturation des aéroports principaux et que, fondamentalement, ceux qui desservaient des zones touristiques pourraient se développer grâce aux vols charters des tour opérateurs du nord de l’Europe et ce, exclusivement durant les périodes estivales. Actuellement, grâce aux compagnies à bas coûts, les aéroports ont pu libérer leur trafic de la contrainte saisonnière et augmenter leurs vols sur des destinations et des marchés que l’on croyait impensables auparavant. Bien que ce modèle ait diversifié l’activité de nombreux aéroports de petite

148 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée envergure de l’espace eurorégional, il existe d’autres activités sur lesquelles un aéroport peut centrer son modèle d’affaires et qui sont encore sous-développées dans l’Eurorégion. Cela requiert une analyse détaillée et systématique de l’activité développée et des trafics existants et potentiels, ce que nous détailleront plus avant dans cette étude en montrant de possibles modèles d’affaires ou des initiatives à développer. Au préalable, il convient d’analyser les trafics aériens dans les aéroports de l’Eurorégion.

5.1. Les flux aériens dans l’Eurorégion

L’analyse des trafics de passagers des aéroports de l’Eurorégion permet de détecter ceux qui sont très concentrés sur des marchés déterminés et qui, normalement coïncident avec ceux qui enregistre une plus forte demande de type touristique.

D’autre part, les opérateurs, eux aussi, se concentrent majoritairement sur un type de modèle d’affaires : le bas coûts. Ryanair, comme parfait exemple de ce modèle poussé à l’extrême, est le principal opérateur aérien du système aéroportuaire de l’Eurorégion, avec une présence sur la majorité des aéroports du réseau.

Bien qu’ayant révolutionné dans un premier temps les flux de trafic de l’Eurorégion en augmentant radicalement sa présence aérienne, ce scénario, à savoir la dépendance extrême d’un seul opérateur aérien, pourrait être un point faible pour l’avenir aérien de la zone. Il faudrait modifier cette tendance à l’avenir en promouvant l’intégration de nouveaux acteurs possibles dans le système.

Nous allons analyser à la suite le poids représenté par chaque région dans l’ensemble de l’Eurorégion en relation avec le nombre de passager, la charge et le volume d’opérations et de mouvements.

1) Répartition du trafic de passagers par région

Le total du trafic de passagers enregistré sur l’ensemble des aéroports de l’Eurorégion en 2006 a été de plus de 87 millions de passagers. Si l’on tient compte du fait que le volume total en Europe a été de 1.319.000.000, le pourcentage de l’Eurorégion est de 7% supérieur au total européen (Source : ACI 2006).

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 149

Répartition du trafic de passagers dans l’Eurorégion. Source : Elaboration propre à partir des données d’ACI (2006)

Trafic de passagers dans l’Eurorégion. Source : Elaboration propre à partir des données d’ACI (2006)

Comme le montre le tableau, le total de passagers enregistrés sur les trois aéroports de Catalogne représentent presque 40 % du total du trafic de passagers de l’Eurorégion, suivis de très près par l’ensemble des aéroports des Iles Baléares qui représentent t 34% du total. Ces régions se situent ainsi très au-dessus du reste des régions en matière de volume de trafic et elles arrivent également en tête en matière de volume de mouvements d’aviation commerciale.

Les régions françaises se distinguent par le nombre relativement réduit de passagers qu’elles semblent apporter au total tout en disposant d’un nombre relativement élevé d’infrastructures

150 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée aéroportuaires. La force plus importante du trafic aérien sur les aéroports espagnols est évidente dans cette structure de trafic.

Le tourisme et les mouvements depuis le nord de l’Europe vers les zones de soleil et de plage est très frappant dans cette répartition. Ce fait prend encore plus de relief si l’on tient compte des structures de passage des différents aéroports où, par exemple, la force d’Air Berlin est mise en évidence à Palma de Majorque, bien que ce ne soit d’un acteur très secondaire sur le reste du réseau aéroportuaire eurorégional.

2) Répartition du trafic de charge par région

En ce qui concerne le transport de marchandises par voie aérienne, les aéroports de l’Eurorégion ont géré un total de 22.605 tonnes de charges en 2006. Si l’on tient compte du fait que le volume de charge transportée en Europe cette même année a été de 6,4 M de tonnes, le pourcentage de l’Eurorégion atteint 3% du total.

Trafic de marchandises par voie aérienne dans l’Eurorégion. Source : Elaboration propre à partir des données d’ACI (2006)

Le volume de charge aérienne se concentre sur quelques aéroports, comme c’est le cas de Barcelone, qui centralise près de la moitié du total du trafic de l’Eurorégion. Il faut également souligner le rôle important joué ici par Midi-Pyrénées et, concrètement, par l’Aéroport de Toulouse, qui concentre 26,4% de la charge de l’Eurorégion. Au troisième rang lieu, figurent les Iles Baléares qui représentent 15,5% du total de la charge transportée. Il conviendrait d’examiner, dans les prochaines années, la manière dont évoluent, dans ce segment d’affaires et dans la spécialisation de leurs installations pour attirer de nouveaux volumes, les

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 151 aéroports de Saragosse, Valence ou Montpellier ainsi que celui de Lleida-Alguaire qui est en cours de restructuration.

Le cas de Saragosse est particulièrement frappant. Il s’agit d’un aéroport dont on sait aujourd’hui qu’il a promu de façon marquée la charge aérienne, bien que les données disponibles au moment de l’élaboration de la présente étude ne reflétaient pas encore ce fait. Les estimations pour 2007 semblent indiquer que le pari de cet aéroport sur la charge aérienne pourrait impliquer une augmentation de plus de 230% la charge aérienne qu’il opère pour l’année 2007 et avec une tendance persistance à la hausse.

3) Répartition des mouvements d’aéronefs dans les aéroports

Parmi les aéroports de l’Eurorégion, il y a des aéroports qui ont une forte activité d’aviation générale, bien que leur dimension commerciale soit peu importante. Cela a pour effet que la répartition des mouvements totaux d’aéronefs n’a pas une corrélation très élevée avec le nombre de passagers commerciaux d’un aéroport déterminé. L’importance de l’aviation générale en France, bien supérieure à celle qui existe du côté espagnol, voit ainsi revendiquée son importance sur l’ensemble du réseau.

Mouvements dans les aéroports de l’Eurorégion. Source : Elaboration propre à partir des données d’ACI (2006)

152 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée

Mouvements dans les aéroports de l’Eurorégion. Source : Elaboration propre à partir des données d’ACI (2006)

Comme on peut l’observer sur le tableau précédent, la Catalogne et les Baléares présentent le nombre le plus élevé de mouvements aéroportuaires, avec 57% du total, le reste étant réparti avec des pourcentages similaires entre les régions de Languedoc-Roussillon, de Valence et de Midi-Pyrénées.

Ainsi que nous l’avons déjà mentionné, les chiffres des mouvements non commerciaux (aviation générale) des aéroports français sont bien supérieurs aux espagnols : Montpellier, Perpignan, Carcassonne ou Rodez-Marcillac se détachent en nous donnant une idée du niveau de développement de ce type d’aviation en France et le degré de spécialisation que peuvent avoir ces aéroports pour couvrir les besoins de ce segment d’affaires.

5.2. Connectivité interne et externe

Un système aéroportuaire doit garantir la connectivité interne et externe d’une région. La connectivité interne implique un déplacement facile des passagers et des marchandises entre les divers aéroports de la région ou de la zone géographique. La connectivité externe suppose d’établir un nombre suffisamment élevé de liaisons aériennes régulières pour relier la région aux autres points du monde, qu’ils soient proches ou lointains.

Les aéroports de l’Eurorégion doivent offrir les liaisons demandées par les usagers, de manière à ce que les passagers qui souhaitent voler depuis ou à destination de l’Eurorégion puissent le faire facilement à proximité de leur origine ou de leur destination.

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 153 Il faut avoir la possibilité de passer facilement d’un aéroport à un autre afin de couvrir les besoins des usagers aéroportuaires qui voyagent entre des aéroports de l’Eurorégion, soit pour se connecter en interne, soit pour passer à un autre aéroport qui les connecte avec une troisième destination. Cette connectivité interne entre les infrastructures aéroportuaires peut être obtenue au moyen de liaisons aériennes régionales ainsi que par le biais d’autres modes de transport terrestres alternatifs, comme le sont aujourd’hui les bonnes connexions par route ou par un réseau ferroviaire avec une fréquence de passage et une vitesse élevées afin de garantir une connectivité effective entre les divers aéroports. Stratégiquement, il ne semble pas souhaitable d’avoir des aéroports qui soient destinés à ce seul rôle de connectivité interne et ce, ni pour l’Eurorégion, ni pour les propres aéroports qui joueraient ce rôle. Toutefois, certains aéroports d’aviation générale pourraient contribuer à offrir ce service à l’Eurorégion en fournissant des services de vols avec des appareils de petite envergure et de courte portée. Cette option reste un élément à analyser plus tard étant donné que ce n’est pas l’objectif de la présente étude.

1) Les compagnies aériennes dans l’Eurorégion

Comme nous le verrons plus avant, les aéroports de l’Eurorégion peuvent être classés en grands groupes d’opération. De la même manière, les compagnies aériennes qui opèrent sur ces aéroports peuvent également être regroupées selon le type d’activité qu’elles exercent.

A un premier niveau, nous avons les compagnies régionales. Ces compagnies ont l’habitude d’opérer des routes de courte portée. Les avions turboprop (hélices) de type ATR sont les plus utilisés par ce type de compagnie pour transporter jusqu’à une centaine de passager à chaque vol (encore que, généralement, elle opèrent des avions qui disposent d’une capacité de passagers moindre). Dans l’Eurorégion, les compagnies qui opèrent ce type d’avions et qui offrent ces services ont la capacité de réaliser des vols intérieurs au sein de l’Eurorégion, avec les régions voisines et avec le Maghreb. La compagnie de ce type la plus puissance opérant dans l’aire géographique qui nous intéresse est Air Nostrum, encore que l’on trouve également un certain nombre d’autres opérateurs dans cette catégorie. Certains exemples pourraient être Ailinair (Paris), Hexair (Midi-Pyrénées), Plaza Servicios Aéreos (Aragon) ou (Aragon). Ces compagnies réalisent généralement une connectivité nationale interne depuis les aéroports sur lesquels elles opèrent, encore que, dans le domaine eurorégional, elles n’opèrent que peu de vols. Vu l’importance que peuvent avoir ces opérateurs dans le processus d’amélioration de la connectivité interne de l’Eurorégion, nous leur consacreront ultérieurement un point de l’étude où nous évoqueront plus en détail leurs principales caractéristiques et celles des activités qu’elles mettent en œuvre.

154 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée A un deuxième niveau, nous trouvons les compagnies d’envergure européenne. Ces opérateurs aériens ont la capacité de couvrir toute l’Europe grâce à leurs opérations, généralement à une distance de 3 heures de vol. Elles opèrent habituellement avec des avions de passagers de type narrowbody, comme l’Airbus A320 ou le Boeing B737 d’une capacité de 160 passagers. Les compagnies low cost sont très présentes dans ce groupe d’opérateurs aériens. Normalement elles opèrent des vols qui relient le nord de l’Europe avec des destinations dans l’Eurorégion. La compagnie low cost qui a la plus forte présence sur l’Eurorégion est, de loin, Ryanair. Cette compagnie vole sur un grand nombre de destinations dans l’Eurorégion, tant sur des aéroports français qu’espagnols, avec une forte présence sur ces marchés. Elle dispose même d’une importante base d’opérations à Gérone. D’autres compagnies low cost ont une présence significative dans l’Eurorégion, mais elles sont plutôt concentrées sur un seul point. Seule Thomsonfly pourrait faire un peu d’ombre à Ryanair en ce qui concerne la présence sur l’ensemble aéroportuaire de l’Eurorégion, mais non en ce qui concerne le volume de passagers et de destinations opérées à fréquence élevée. Cela s’applique à tous les types de compagnies qui opèrent sur l’Eurorégion : Ryanair est le principal opérateur aérien de l’Eurorégion en nombre de destinations et d’opérations réalisées. Le reste des compagnies de ce type, concentrent leur activité sur des points concrets du réseau comme Palma de Majorque (Air Berlin) ou Barcelone (Clickair, Vueling), au lieu d’opérer un nombre élevé de destinations dans l’Eurorégion. C’est pour cette raison que, bien que son volume total de passagers soit élevé, son impact sur l’ensemble aéroportuaire eurorégional est plus réduit que celui de Ryanair.

Les connexions actuellement proposées par ce type de compagnies d’envergure européenne ont généralement un caractère nord-sud fort marqué, avec un nombre élevé de destinations vers des aéroports allemands et anglais, ainsi qu’avec Bruxelles et Paris.

La troisième et dernière catégorie se compose des compagnies de type plus traditionnel. Parmi elles figurent les compagnies ayant la capacité de couvrir aussi bien les services nationaux que ceux de longue distance ou transocéaniques. Du côté français de l’Eurorégion, le seul opérateur aérien traditionnel ayant une présence significative est Air France. Normalement, ses vols relient les aéroports du versant français de l’Eurorégion avec Paris et quelques autres aéroports français, en offrant une connectivité nationale intérieure. Les routes internationales des aéroports français (s’il y en a) sont majoritairement proposées par d’autres compagnies.

Du côté espagnol de l’Eurorégion, la diversité de compagnies de type traditionnel est plus importante encore qu’Iberia ait une présence forte et marquée. Cette présence d’Iberia a diminué depuis l’introduction de la compagne Clickair sur le marché, mais elle reste toujours le principal opérateur traditionnel sur les aéroports espagnols de l’Eurorégion. D’autres

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 155 compagnies comme Air Europa, Spanair ou Vueling y sont également très présentes. Cela représente une différence notable entre les marchés espagnol et français : le côté espagnol de l’Eurorégion a vu augmenter fortement le nombre d’opérateurs aériens locaux de grande envergure, aussi bien low cost (Clickair, Vueling) que longue distance (Air Europa, Spanair, issus de tour opérateurs), alors qu’initialement il n’y avait qu’une seule compagnie. En revanche, le côté français a encore un système centré autour d’Air France, avec d’autres compagnies au rôle très réduit par rapport à la compagnie de pavillon française.

En ce qui concerne les compagnies de charge qui opèrent sur l’Eurorégion, il s’agit fondamentalement de compagnies internationales comme actuellement UPS, DHL ou . Les compagnies intra-européennes ne réalisent qu’un faible transport de charge aérien entre des destinations eurorégionales. Parmi les aéroports de la zone qui s’en occupent, seuls Barcelone, Saragosse, Toulouse et Montpellier ont un volume de charge significatif encore que celui-ci ne soit en aucun cas dominé par une seule compagnie ni avec d’autres aéroports de l’Eurorégion comme origine ou destination principale des marchandises.

2) Principaux opérateurs régionaux avec base sur les aéroports de l’Eurorégion

Nous présentons ci-après une brève liste des compagnies régionales qui opèrent au sein de l’Eurorégion. a) Plaza Servicios Aéreos

La compagnie basée sur l’aéroport de Saragosse prépare une étude de nouvelles lignes sur base de laquelle elle préparera la consolidation des vols de Saint Jacques et de Malaga et elle proposera de démarrer des liaisons régulières avec les zones de valence – alicante, l’Andalousie et Tarragone. Dans le domaine international, il est prévu une destination européenne au moins pour l’an prochain. b) Pyrenair

Nouvelle compagnie régionale qui aspire à lancer des opérations depuis l’Aéroport de Huesca-Pirineos en opérant avec un Avro RJ85. Six actionnaires y participent avec un investissement initial de 1,2 millions. L’actionnaire principal est Eolus Aviation, avec une participation de 37,5%, alors que la Chambre de Commerce de Huesca en détient 2,5%. Au début, elle offrira des services à la demande entre Huesca et Madrid, mais elle a prévu d’opérer des vols réguliers vers des destinations nationales.

156 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée c) Airlinair

Airlinair opère par elle-même des services réguliers vers des destinations nationales avec des turboprops ATR et offre du wet-lease aux autres transporteurs comme Air France.

La compagnie vole sur quatre routes sous son propre nom depuis Paris-Orly : de La Rochelle à Poitiers et Lyon et de Béziers à Bastia. Les destinations nationales additionnelles sont desservies en commun avec Air France. Elle offre des services internationaux à Amsterdam et à Eindhoven en volant conjointement avec Chalair. Elle opère également deux routes nocturnes de courrier pour Europe Airpost. d) Air Nostrum

Fondée à Valence en 1994 sous le nom de Lineas Aéreas del Mediterraneo. Les premiers services, avec 3 Fokker 50, ont été lancés en novembre 1994. En mai 199, Air Nostrum a signé un accord avec Iberia pour devenir une compagnie franchisée. En 1997, elle a reçu les premiers ATR72 turboprops. En 1998, elle a reçu les premiers appareils à réacteurs Bombardier CRJ200s.

Air Nostrum a acheté la filiale d’Iberia, , pour 4,1 millions de $ US et a absorbé toutes ses opérations. En 2001, la compagnie a retiré de sa flotte les Fokker 50 et les a remplacés par les Dash 8-300s. Après la fusion d’Iberia avec en 1999, air Nostrum s’est chargée de routes nationales et internationales additionnelles sur tout le territoire espagnol. e) Hexair

Hexair est une compagnie française régionale basée au Puy en Velay qui opère des vols réguliers sur Paris-Orly et entre Rodez , Castres et Lyon, en utilisant un Beech 1900D turboprops.

3) Autres compagnies européennes régionales

Au niveau régional, il existe une liste de compagnies qui opèrent dans des environnements similaires à ceux de l’Eurorégion. Ces environnements ont tendances à être montagneux ou à contenir d’autres barrières naturelles à la mobilité comme : un degré élevé d’insularité. Certains exemples pourraient être donnés par des régions alpines ou certaines parties du Royaume Uni.

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 157 Les compagnies, situées dans ces environnements et qui offrent de la mobilité aux résidents et aux professionnels, ont tendance à opérer de petits avions d’envergure régionale de type turboprop des familles Fokker 50, ATR 42/72 ou Bombardier Dash 8, encore que d’autres modèles soient également très communs. Il s’agit d’appareils qui peuvent assurer une couverture qui, dans le cas de l’Eurorégion, comprend des vols de l’ordre d’une heure, incluant le nord de l’Italie, le Maghreb ou des liaisons avec d’autres aéroports de la péninsule et de France. Pour autant, bien entendu, que ces routes soient économiquement viables. Ce sont des aéronefs qui, de par leur taille et leur type, semblent offrir les meilleures possibilités pour opérer des vols intra-eurorégionaux si cette option est envisagée. Les vols intra-eurorégionaux, exception faite des Baléares, sont actuellement sous-développés (voir annexe 7.1) ; si l’on regarde qui pourrait opérer ce type de service, ces types d’avions et ces compagnies d’aviation se détachent du reste.

Les tableaux suivants présentent quelques exemples de ce type de compagnie. Le tableau intègre la flotte disponible pour montrer, outre leur zone d’action, la distance habituellement desservie par ces compagnies, ainsi que le nombre et la typologie des avions qu’elles utilisent en majorité. Pour les vols intra-eurorégionaux, une compagnie présentant ces caractéristiques pourrait être une possibilité.

158 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 159

Principales compagnies régionales européennes qui opèrent des vols réguliers avec des aéronefs aptes à fonctionner dans un espace de type eurorégional

5.3. Règles et recommandations pour la spécialisation des aéroports et aérodromes de l’Eurorégion

De tout ce qui a été dit jusqu’à présent dans les chapitres précédents, et plus spécialement aux chapitres 3,4 et 5, nous pouvons tirer quelques arguments utiles pour envisager une certaine spécialisation fonctionnelle, économique et territoriale du réseau aéroportuaire de l’Eurorégion. Ce réseau, bien qu’il puisse devenir une véritable entité aéroportuaire à l’échelle eurorégionale, ne peut se soustraire aux lois du marché libre et, partant, la concurrence entre les aéroports et les aérodromes qui la composent ne sera pas seulement une réalité palpable mais devra même devenir l’élément précurseur de l’amélioration des installations et de l’offre

160 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée de produits et de services que ceux-ci peuvent offrir. En dépit de cette réalité, il est toutefois possible de travailler dans la perspective d’une certaine spécialisation des aéroports et aérodromes de l’Eurorégion.

Les analyses réalisées jusqu’à présent se sont référées systématiquement à deux aspects très importants directement liés à l’activité aéroportuaire présente sur les aéroports de l’Eurorégion : d’une part, la portée géographique de ces installations, c’est-à-dire leur domaine d’influence actuel ou qu’elles pourraient avoir dans le futur grâce aux routes qu’elles opèrent actuellement et à celles qui pourraient apparaître à court et à moyen terme selon la demande du marché. D’autre part, il y a le type d’activité, l’orientation fonctionnelle des aéroports et aérodromes, c’est-à-dire l’utilisation qui en est faite, en transport de passagers, de charge aérienne ou d’autres activités aéroportuaires ou aéronautiques, comme, par exemple, les activités de maintenance d’aéronefs, l’industrie aéronautique, la formation de pilotes et de membres d’équipage de cabine ou les services fournis à la communauté (contrôle du trafic, transport d’organes, vols pour extinction des incendies, etc.). Il convient toutefois de garder présent à l’esprit le fait que l’orientation fonctionnelle d’une installation aéroportuaire, contrairement à ce qui se produit habituellement en ce qui concerne son aire d’influence (généralement assez bien définie), est souvent complexe et composée d’une multitude considérable de banches d’activités plus ou moins présentes dans le quotidien de l’aéroport ou de l’aérodrome. C’est la raison pour laquelle il est particulièrement difficile de définir avec précision une orientation fonctionnelle des installations présentes sur l’Eurorégion encore que, dans ce chapitre, nous donnerons quelques règles qui peuvent nous servir d’orientation pour envisager l’avenir. Mais, pour le moment, nous commencerons par établir une classification plus précise des voies de spécialisation possibles.

1) La spécialisation géographique des aéroports et des aérodromes de l’Eurorégion

Une des voies de spécialisation les plus évidentes des installations aéroportuaires présentes sur l’espace eurorégional est la voie géographique, c’est-à-dire celle qui se fonde sur l’établissement d’un domaine d’influence territorial pour chacun des aéroports et aérodromes. Ce domaine d’influence apparaît, presque automatiquement, lorsque nous représentons sur une carte les routes opérées par les aéroports de l’Eurorégion. En fait, dans les chapitres précédents (en particulier, le chapitre 3), nous avons réalisé un rigoureux exercice d’analyse de l’activité aéroportuaire dans chacune des installations considérées et nous avons pu en tirer quelques conclusions intéressantes en ce qui concerne le domaine d’influence territoriale des aéroports et des aérodromes. Dans le tableau que nous reproduisons à la suite, sous forme simplifiée, nous établissons une certaine spécialisation géographique des aéroports de

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 161 l’Eurorégion à partir de l’analyse de leur activité développée dans les chapitres précédents. Nous avons laissé de côté les aérodromes, entités aéroportuaires de rang plus bas, en raison de la difficulté évidente qu’ils présentent lorsqu’il s’agit d’analyser leur activité en détail. Le manque de données relatives à l’activité de l’aviation générale dans l’espace eurorégional est véritablement dramatique lorsque l’on veut les aborder sérieusement pour en tirer des conclusions et des propositions pour l’avenir. Dans d’autres pays de l’environnement international (en particulier les Etats-Unis), l’aviation générale jouit d’un statut très supérieur à celui qui est actuellement le sien dans l’Union européenne. Cette orientation géographique des aéroports de l’Eurorégion que nous présentons ici est l’une des voies de leur spécialisation, comme nous l’avons expliqué antérieurement. L’autre voie de spécialisation passera par l’orientation fonctionnelle et économique de ces installations et fera l’objet d’une description détaillée plus avant. Toutefois, en dernier ressort, il convient de tenir compte du fait que les deux voies présentées pour la spécialisation du réseau eurorégional devront aller nécessairement de pair et, partant, la véritable spécialisation de nos aéroports passera par une combinaison des deux voies décrites, tout en ayant conscience que le marché imposera aussi la sienne.

162 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée

Domaine d’influence Domaine territorial Aéroports

National Françe Tarbes-Lourdes-Pyrénées Espagne Huesca Pirineos

Eurorégional Llenguadoc-Rosselló Béziers Cap d’Agde Midi-Pyrénées Nîmes Catalogne Rodez Marcillac Aragon Terres de l’Ebre Iles Baléares

Eurorégional Languedoc-Roussillon Carcassonne International Midi-Pyrénées Perpignan Rivesaltes Catalogne Reus Aragon Pyrénées-Andorre (la Seu d’Urgell) Baléares Lleida Alguaire Union européenne 27 Castellon Méditerranée sud

International Union européenne 27 Montpellier Méditerranée Méditerranée sud Gérone Son Saint Joan Minorque Ibiza Saragosse Alicante Valence

Transocéanique Monde entier Barcelona El Prat Toulouse Blagnac

Le tableau ci-dessus met en évidence cinq niveaux de spécialisation géographiques différents, mais aujourd’hui complémentaires, qui peuvent faire du système aéroportuaire de l’Eurorégion un véritable réseau d’installations capable de fonctionner comme un tout intégré dans la réalité territoriale eurorégionale et capable d’y fournir des services à différents niveaux.

Les cinq niveaux de spécialisation ou d’orientation géographique, désigné par le terme générique de domaines d’influence sont : national, eurorégional, eurorégional et international, international et, enfin, transocéanique. Ils établissent cinq degrés de spécialisation géographique liés à l’environnement territorial avec lequel les aéroports sont actuellement en relation ou pourraient l’être à court ou moyen terme. Ces cinq domaines relationnels correspondent à des aires géographiques bien connues, comme les États espagnol et français, dans le cas du domaine national, les régions membres de l’Eurorégion, dans le cas du domaine eurorégional, l’Union élargie à 27 pays et la Méditerranée Sud dans le cas du domaine eurorégional et international, l’Union des 27 et la Méditerranée dans le domaine international exhaustif et, finalement, le reste du monde en ce qui concerne le domaine transocéanique également connu sous le terme d’intercontinental.

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 163 A la suite, nous allons décrire plus en détail les principales caractéristiques de chacune des catégories aéroportuaires présentées :

• Aéroports du domaine national (France et Espagne). ce premier groupe d’aéroports correspond aux installations qui ont un domaine d’influence, ou de relation territoriale, limité au territoire national, c’est-à-dire le pays lui-même et qui n’ont pas établi de routes ou de connexions avec des aéroports d’autres États. Dans le cas de l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée, il y a deux aéroports qui, aujourd’hui, méritent la qualification de nationaux étant donné que leur fonctionnement se centre exclusivement sur des opérations réalisées sur le territoire national lui-même. C’est le cas des aéroports de Tarbes-Lourdes-Pyrénées, pour le côté français, et de Huesca Pirineos, récemment converti en aéroport de portée régionale, pour le côté espagnol.

Il n’y a aucune raison de penser que ces aéroports ne pourraient pas, à court ou moyen terme, devenir des installations avec une aire d’influence territoriale plus grande, mais, au moment de la rédaction de la présente étude, il s’agit d’installations avec un domaine de relation limité au territoire national. Il faut enfin avoir présent à l’esprit que les deux aéroports répondent à des modèles de développement aéroportuaires similaires et inspirés de la capacité d’attraction touristique des régions auxquelles ils appartiennent (le tourisme religieux dans le cas français et les sports d’hiver dans le cas espagnol).

• Aéroports du domaine eurorégional (Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, catalogne, Aragon et les Iles Baléares). Ce deuxième groupe d’aéroports regroupe ceux qui pourraient le mieux mettre en œuvre un système de relations aéroportuaires sur le domaine territorial de l’Eurorégion. Il s’agit donc des aéroports qui présentent un domaine d’influence équivalant au territoire de l’Eurorégion. ce sont les aéroports de Béziers, Nîmes, Rodez et nous voulons y ajouter le futur aéroport des Terres de l’Ebre prévu par le nouveau Plan d’Aéroports de la Generalitat de Catalunya (2007). Il s’agit généralement d’installations de petite taille, en cours de transformation dans certains cas, qui accueillent un volume de passagers réduit, soit, dans le meilleur des cas, environ 200.000 personnes par an. Ce sont des aéroports avec une composante de saisonnalité fortement marquée car ils sont situés dans des zones côtières, ou à proximité, avec une forte attraction touristique. Ryanair y opère partout et cela a représenté, pour certaines installations, l’opportunité de trouver un nouveau développement fondé sur le low cost. Ils opèrent peu de routes régulières et, généralement, dans le sens Nord-Sud/Sud-Nord tout en reliant certaines villes anglaises, ou la capitale belge, avec la Côte d’Azur française.

164 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée

Ces aéroports peuvent devenir de véritables nœuds d’interconnexion au niveau interne à l’Eurorégion tout en améliorant le niveau d’accessibilité de leurs territoires. cC serait un premier niveau d’interconnexion qui garantirait une meilleure mobilité interne entre les régions qui font partie de l’espace eurorégional, tout en complétant leur fonctionnement avec d’autres destinations de type international avec d’autres aéroports de l’Union.

• Aéroports du domaine eurorégional et international (Eurorégion, Union européenne 27 et Rive Sud de la Méditerranée). Ce sont les aéroports de Carcassone, Perpignan, Reus et les futures installations de La Seu, Lleida Alguaire et Castellon. Ce groupe d’aéroports réunit un ensemble d’installations qui se trouve à un niveau de développement intermédiaire, à cheval entre la fonction d’aéroport régional dans le cadre de l’Eurorégion et d’aéroport à vocation internationale possédant des routes avec le reste de l’Union européenne et le Bassin Méditerranéen. Il s’agit d’aéroports avec un volume de passagers considérable, qui oscille aux environs de 500.000 personnes, à l’exception très nette de l’aéroport de Reus qui se situe bien au-dessus avec un volume annuel de 1.300.00 de passagers. Dans tous les cas, nous sommes face à des aéroports dans lesquels les opérateurs de vols à bas coûts représentent un poids spécifique très important et plus concrètement la compagnie Ryanair. Les destinations répondent fondamentalement à une logique Nord-Sud / Sud-Nord et relient la façade méditerranéenne avec des villes du Centre et du nord de l’Europe.

Il s’agit d’aéroports qui vivent un moment décisif de leur développement étant donné qu’ils commencent à s’ouvrir timidement aux marchés européens, principalement grâce aux opérateurs à bas coûts, et ils peuvent représenter une bonne opportunité pour les territoires de l’Eurorégion d’améliorer ses connexions à l’échelle internationale dans le cadre du bassin Méditerranéen et de l’Union européenne. Il faut toutefois avoir présent à l’esprit le fait que ce processus de transition, dans lequel ils sont plongés, en font également des installations aptes à assurer un bon niveau d’accessibilité aérienne vers l’intérieur, c’est-à-dire dans le cadre de l’Eurorégion. Nous nous trouvons, d’une certaine manière, face à une typologie aéroportuaire que nous pourrions qualifier de commode de par la flexibilité qu’elle peut offrir et des possibilités qu’elle peut encore représenter pour les personnes intéressées dans les régions de la zone.

• Aéroports du domaine international (Union européenne 27 et rive sud de la Méditerranée) C’est le groupe qui compte le plus grand nombre d’aéroports et qui compte toute une liste d’installations aéroportuaires ayant une certaine maturité, tant en nombre de passagers qui se déplacent annuellement qu’en quantité et typologie des destinations. Les aéroports de Montpellier, Gérone,

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 165 Son Sant Joan, Minorque, Ibiza, Saragosse, Alicante et Valence font partie de ce groupe. Bien qu’il s’agisse d’aéroports qui présentent des profils sensiblement différents, on observe, dans tous les cas, des volumes annuels de passagers supérieurs à 1.000.000 personnes. Parmi eux, on voit se détacher plus particulièrement, en volume de passagers enregistrés, les aéroports espagnols de Son San Joan, avec 22.000.000 personnes, Alicante, avec pratiquement 9.000.000 de personnes par an, et le groupe formé par Gérone, Ibiza et Valence, tous avec un volume de passagers annuels qui se situe à plus de 3.000.000 de personnes.

En ce qui concerne les destinations, ces aéroports présentent également des différences importantes en fonction de l’installation considérée, bien que, dans tous les cas, ils garantissent une offre de destinations dans l’espace de l’Union européenne. L’aéroport de Montpellier est celui qui présente un nombre plus réduit de destinations, mais, au-delà des liaisons intérieures avec d’autres aéroports français, il connaît également un processus de diversification qui rend possible l’ouverture de nouvelles routes vers le centre et le nord de l’Europe. Les autres aéroports de ce groupe, et plus spécialement dans les cas de Son Sant Joan, Gérone, Alicante et Valence, la diversification des destinations est très importante et implique l’existence d’un nombre important de routes avec le reste de l’Union européenne, et plus particulièrement avec des pays comme le Royaume Uni, l’Allemagne, la Belgique ou la Hollande.

Il ne fait aucun doute que ce groupe de pays doive poursuivre son processus de diversification avec l’ouverture de nouvelles routes vers d’autres destinations de l’UE, mais aussi vers le sud du Bassin méditerranéen, vers les économies émergentes des pays du Maghreb et plus spécialement vers les territoires qui constituent la rive sud de la méditerranée occidentale (Maroc, Algérie et Tunisie).

Enfin, une réflexion nécessaire relative au type d’opérateurs que nous pouvons trouver sur ces aéroports et sur d’autres. La présence des compagnies à bas coûts, comme cela a déjà été constaté dans le reste de l’étude, est un fait comparable et souvent très important dans une grande partie des aéroports de l’espace eurorégional. Pour certains aéroports de l’Eurorégion, ceux de plus petite taille, l’implantation des compagnies à bas coûts a constitué une bonne opportunité de développer de nouvelles activités et de favoriser la création de nouvelles routes et liaisons aériennes. Pour d’autres, de taille plus grande et avec une activité consolidée, la généralisation d’une offre à bas coûts a représenté un bond quantitatif très important du chiffre d’opérations et de passagers transportés annuellement. Toutefois, dans tous les cas, il convient de faire une réflexion nécessaire : la présence des opérateurs à bas coûts est nécessaire pour consolider l’activité de nombreux aéroports présents dans l’espace eurorégional, tout en favorisant une généralisation du

166 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée transport aérien au sein de la population, mais il est également très important d’équilibrer l’offre existante de services aériens pour réussir ainsi à créer un type de produit véritablement adapté aux besoins du client final, avec toute la diversité que cela peut supposer. La présence et la coexistence des compagnies à bas coûts et des compagnies plus traditionnelles, également connues sous le nom de compagnies de pavillon, sont absolument nécessaires pour garantir la bonne santé de nos aéroports à court et à moyen terme. La présence d’une offre assez diversifiée de services aériens enrichit les possibilités de succès des aéroports de l’Eurorégion.

• Aéroports du domaine transocéanique ou intercontinental (le monde entier). Dans l’espace eurorégional, on trouve deux aéroports qui peuvent justifier de cette condition et qui luttent constamment pour consolider clairement leur caractère transocéanique. Il s’agit de l’aéroport de Barcelone et aussi, dans une moindre mesure, de l’aéroport de Toulouse. qui a une route ouverte avec Montréal et une autre avec Saint Denis de la réunion. Toulouse est devenu des derniers temps un aéroport vraiment important en ce qui concerne la charge aérienne, le premier de France, et il a des vols réguliers avec les pays de la rive sud de la Méditerranée, en particulier avec le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Les autorités de l’aéroport se sont fixées pour objectif à court et moyen terme de devenir un référent à l’échelle européenne, tout en se convertissant en un hub dans le cadre de l’Union, mais elles aspirent aussi légitimement à devenir un aéroport à caractère transocéanique avec des vols dans le monde entier.

L’aéroport de El Prat, avec une longue tradition en matière de vols océaniques, aspire également à se convertir en une enclave stratégique au Sud de la Méditerranée tout en s’ouvrant aux destinations de l’autre côté de l’atlantique, tant au Nord qu’au Sud, mais également vers le géant asiatique avec lequel il entretient quelques connexions régulière. C’est de loin l’aéroport de l’Eurorégion qui enregistre le plus grand nombre de voyageurs et de destinations. L’influence des compagnies à bas coûts s’est également faite sentir à Barcelone et à Toulouse par une augmentation significative du nombre des voyageurs et une généralisation du transport aérien au sein de la population.

Le destin de ces aéroports passe nécessairement par la diversification des routes de type transocéanique pour devenir de véritables hubs à l’échelle internationale. La complémentarité entre les deux installations, qui ne doit pas empêcher la libre concurrence entre elles, peut finir par devenir un bon mécanisme d’ouverture des territoires de l’Eurorégion vers l’extérieur, au-delà de l’Union des 27 et en garantissant une offre de services aériens d’envergure intercontinental.

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 167 2) La spécialisation fonctionnelle et économique des aéroports et des aérodromes de l’Eurorégion

Une autre voie de spécialisation des aéroports et aérodromes est celle qui se fonde sur l’orientation fonctionnelle et économique des installations présentes sur le territoire. Jusqu’à présent, nous nous sommes référés à une possible spécialisation fondé que le domaine d’influence territorial des aéroports, indépendamment de leur orientation fonctionnelle, c’est-à- dire du type d’activité économique qu’ils accueillent. En réalité, cependant, la spécialisation réelle d’une installation aéroportuaire est le fruit d’une combinaison entre l’orientation fonctionnelle et économique de ladite installation et son domaine d’influence territorial.

En ce qui concerne l’orientation fonctionnelle des aéroports et aérodromes de l’Eurorégion, nous pouvons trouver actuellement différentes activités économiques liées aux industries aéroportuaire, aéronautique et d’autres secteurs qui en sont pas forcément en relation avec les précédents. La première grande division, toutefois, se produit entre les aéroports et les aérodromes étant donné que les deux typologies d’installation développent en pratique des activités économiques fort différentes, encore qu’elles puissent devenir complémentaires. Nous connaissons avec force détails et précisions les activités économiques que nos aéroports accueillent ou peuvent accueillir, mais l’activité économique inhérente aux aérodromes est une réalité moins connue ; or, les aérodromes sont très nombreux sur le domaine territorial de l’Eurorégion et plus spécialement dans les deux régions françaises. Dans le cadre de paragraphes ultérieurs, nous aborderons plus en détail les activités économiques propres au segment de l’aviation générale, mais le présent commentaire est destiné à mettre en exergue la situation grave de l’aviation générale dans notre pays et, à un degré moindre, dans notre pays voisin : le manque d’information relative aux activités exercées dans ce domaine de l’aviation civile fait de toute prospection ou étude du secteur une mission quasiment impossible. L’un des objectifs de la présente étude consistera, outre ceux qui sont déjà connus, à mettre en évidence les lacunes qui existent actuellement à propos de l’information relative aux activités aéroportuaires dans le cadre de l’Eurorégion, en particulier dans le cas de l’aviation générale, autour de laquelle il existe encore aujourd’hui de nombreuses inconnues. Afin d’introduire les éléments qui nous permettront d’aborder la spécialisation fonctionnelle des aéroports et aérodromes de l’Eurorégion, nous reproduisons ci-après un tableau qui classe en grands groupes les différents domaines d’activité présents sur les installations examinées :

168 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée

Orientation fonctionnelle des aéroports et aérodromes Segment Activité principale Modalité Type d’opérateur Aviation commerciale Compagnies de pavillon

Lignes régulières Bas coûts (low cost) Transport de voyageurs Charters Charter

Lignes régulières Transport de marchandises Charge soute (charge et passagers) Charters

Maintenance aéronefs • moteurs • maintenance en ligne Maintenance spécialisée (MRO) • révisons importants • composants • modifications

Construction d’aéronefs • aérostructures • moteurs • systèmes Intégrateurs Industrie aéronautique • équipements Agents spécialisés • composants • dessom et aménagement

Démontage

Orientation fonctionnelle des aéroports et aérodromes Segment Activité principale Modalité Type d’opérateur

Aviation générale

Aviation corporative Transport de voyageurs Aérotaxi Vols touristiques

Formation de pilotes Formation spécialisée Formation de membres d’equipage Formation de techniciens

Aviation récréativa / ludique Aéroclubs Maintenance spécialisée Maintenance d’aéronefs

Construction d’aéronefs • moteurs • maintenance en ligne Petite industrie aéronautique • révisons importantes • composants • modifications

Services à la communauté Publicité / Cartographie

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 169 La carte aéroportuaire de l’Eurorégion est constituée d’une multitude d’installations, jusqu’à 18 aéroports commerciaux construits et 4 en projet ou en cours d’exécution, et un groupe nombreux de petites installations aéroportuaires qui constituent le réseau d’aérodromes consacrés à l’aviation générale. En fonction des domaines de spécialisation que nous avons indiqués antérieurement, nous pouvons suggérer ou proposer quelques voies de spécialisation fonctionnelle des installations considérées, que nous indiquons à la suite :

• Transport de voyageurs dans la modalité Low cost. A plusieurs reprises au cours de la présente étude, on a souligné l’importance des opérateurs à bas coûts dans les processus de « revitalisation » de certaines installations aéroportuaires présentant des indices d’activité peu importants ou inférieurs à ce que l’on pourrait espérer. Lorsque des opérateurs à bas coûts comme Ryanair prennent la décision de s’établir sur un aéroport, ils influent de manière décisive sur l’amélioration des indices d’activité de celui-ci et contribuent également à générer de nouvelles attentes en ce qui concerne l’infrastructure. Ce fait a été constaté des deux côtés de la frontière dans le cadre de l’Eurorégion et peut être un bon modèle à reproduire sur quelques aéroports à court et à moyen terme, en particulier dans les cas où l’infrastructure a besoin d’un révulsif fort pour générer de l’activité aéroportuaire. Des aéroports comme ceux de Gérone et de Reus, dans le cas de l’Espagne, ou Carcassone et Nîmes, dans le cas de la France, sont des exemples clairs de la manière dont une compagnie à bas coûts, dans ce cas Ryanair, peut influer de manière directe sur l’évolution de l’activité d’une installation aéroportuaire en favorisant la création de nouvelles routes et en augmentant le nombre de voyageurs qui les utilisent.

Selon cette même logique, il y a un groupe d’installations qui peuvent encore profiter de l’amélioration que peut impliquer l’installation d’une ou plusieurs compagnies à bas coûts. Certains de ces aéroports enregistrent déjà une activité de la part d’opérateurs à bas coûts mais elle est pratiquement limitée à la compagnie Ryanair et, partant, avec une offre qui n’est pas encore assez diversifiée. Les aéroports de l’Eurorégion, en général, sont situés dans un environnement de grand intérêt touristique et avec une forte capacité d’attraction de voyageurs en provenance du centre et du nord de l’Europe. ces facteurs, bien interprétés, peuvent devenir des arguments de poids pour l’établissement d’opérateurs à bas coûts sur certains des aéroports de l’espace eurorégional, comme cela pourrait être le cas de Béziers cap d’Agde, Rodez Marcillac, perpignan, Tarbes- Lourdes-Pyrénées, Huesca Pirineos et les futurs aéroports de Lleida Algauaire, Castellon, La Seu et Terres de l’Ebre. Dans le cas des aéroports de Gérone et de Reus, qui enregistrent déjà une activité consolidée de l’aviation à bas coûts, la voie à suivre devrait passer, d’une part, par la diversification de l’offre de low cost, tant en ce qui concerne le nombre

170 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée que le type de vols ou l’offre d’opérateurs, et par la promotion de nouvelles routes de la part de compagnies plus traditionnelles, connues aussi sous le nom de compagnies de pavillon.

• Transport de voyageurs selon une modalité mixte low cost / compagnies de pavillon. Il existe des aéroports qui enregistrent déjà une activité considérable et pour lesquels le « phénomène » des low cost a cessé d’en être un depuis longtemps. Au-delà des cas de Gérone et de Reus, dont nous avons parlé au point précédent, nous trouvons toute une liste d’installations qui enregistrent des indices d’activité importants, tant en nombre de voyageurs qu’en nombre de destinations, et sur lesquelles opèrent des compagnies à structure plus traditionnelles, dénommées de pavillon, et les compagnies à bas coûts déjà citées.

La diversification de l’offre de destinations et d’opérateurs constitue le fondement de la croissance de ces aéroports qui commencent déjà à dépasser la structure traditionnelle de fonctionnement des aéroports à composante exclusivement touristique et avec des relations Nord-Sud / Sud/Nord. Il s’agit des aéroports de Montpellier, Son Sant Joan, Minorque, Ibiza, Saragosse, Alicante et Valence qui, tout en ayant une activité clairement orienté vers la capacité d’attraction touristique, déploient des efforts importants pour diversifier le nombre et le type de vols, tout en intégrant des destinations qui ne correspondent pas à la philosophie traditionnelle selon laquelle opère une grande partie des low cost (relations clairement Nord-Sud et non pas tant Est-Ouest). Ce groupe d’aéroports commence à opérer des vols sur des destinations plus éloignées dans le cadre de l’UE et selon une logique de relations aéroportuaires à niveau international.

• Transport de marchandises. Le transport de marchandises par mode aérien est relativement peu développé par rapport à d’autres modes de transport et plus spécialement par rapport au mode majoritaire, la route. Toutefois, certains aéroports ont vu dans le transport de marchandises une option pour leur spécialisation fonctionnelle et économique et, bien qu’ils doivent souvent partager cette activité avec le transport de passagers, ils ont effectivement une véritable option de spécialisation à moyen et long terme. Dans le cas de l’Eurorégion, deux aéroports ont misé sur la charge, encore que d’une manière différente. D’une part, du côté espagnol, on trouve l’aéroport de Saragosse et le pari décidé sur le transport de marchandises et l’activité logistique qui, bien que peu significative pour le moment, a pour ambition de devenir une des branches d’activité principale de l’aéroports tout en profitant de la proximité de la plateforme logistique PLAZA. D’autres aéroports du côté espagnol, comme Barcelone El Prat, par exemple, ou Son Sant Joan, présentent un volume de charge

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 171 aérienne considérable et bien supérieur à celui de Saragosse, bien que leur activité soit répartie sur différents secteurs d’affaires et que la charge aérienne, tout en restant présente, n’est pas pour le moment aussi importante que le transport de voyageurs.

En ce qui concerne les aéroports français, il en est un qui se détache clairement du lot : Toulouse Blagnac. Bien que cet aéroport soit, de loin, celui qui enregistre le plus fort trafic de passagers du côté français, c’est aussi le principal aéroport français pour la charge aérienne. La présence du consortium aéronautique européen airbus adonné une forte impulsion à l’activité de charge aérienne sur cet aéroport et, partant, il y a eu une certaine spécialisation dans ce domaine qui doit forcément coexister avec le transport de passagers. Il faut tenir compte du fait que, à tous égards, Toulouse représente une pièce particulière sur l’échiquier du système aéroportuaire de l’Eurorégion et, par extension, pour le système aéroportuaire français également : c’est le premier aéroport en ce qui concerne la charge, celui qui enregistre le nombre le plus élevé de voyageurs côté français, avec des routes transocéaniques incluses, c’est le siège du consortium européen Airbus et c’es, partant, le lieu d’une très importante activité industrielle aéronautique. Toutes ces raisons en font une enclave du tout stratégique pour l’Eurorégion à court et à moyen terme.

• Industrie aéronautique. L’industrie aéronautique, dans le cadre de l’aviation commerciale, est particulièrement significative dans l’Eurorégion en raison de la présence du consortium européen Airbus à Toulouse. Nous avons déjà évoqué ce fait. Toutefois, une nouvelle a été rendue publique dernièrement qui met en relief la portée de l’industrie aéronautique. Airbus a décidé d’installer, sur l’aéroport de Tarbes-Lourdes-Pyrénées, un nouveau centre spécialisé dans la déconstruction (démontage) et recyclage ultérieur des avions qui ont terminé leur cycle opérationnel. Ce secteur de l’industrie aéronautique, souvent négligé, peut certainement favoriser un développement industriel et économique important pour un aéroport qui enregistre actuellement des indices d’activité réduits et directement liés à la capacité d’attraction touristique de la région.

• Aviation générale : aviation corporative, aérotaxi, aviation récréative, formation spécialisée, maintenance spécialisée, travaux aériens, services à la communauté. L’aviation générale est fortement représentée sur l’aire géographique de l’Eurorégion avec un groupe extrêmement nombreux de petites installations réparties sur tout le territoire. Les aérodromes consacrés à l’aviation générale sont une réalité économique présente dans les régions membres et plus particulièrement du côté français. Plus avant, nous aborderons en détail la réalité économique liée au segment de l’aviation générale du point de vue de la spécialisation fonctionnelle et économique, mais il est bien certain que, traditionnellement,

172 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée l’activité économique des aérodromes est considérée comme « mineure » par rapport au volume d’affaires que représente l’aviation commerciale. Les dernières innovations technologiques liées à ce segment de l’aviation civile ont toutefois généré de nouvelles attentes d’affaires, comme l’aviation corporative à bas coûts ou les services d’aérotaxi, qui s’ajoutent aux activités économiques plus traditionnelles comme les travaux aériens, la formation spécialisée ou la maintenance.

5.4. Le rôle de l’Eurorégion dans la promotion et la diffusion de son propre réseau aéroportuaire

Comme on le sait, l’Eurorégion est une organisation interrégionale orientée vers la coopération transfrontalière entre divers territoires de part et d’autre des Pyrénées et du Bassin Méditerranéen, avec des objectifs de travail dans divers domaines thématiques très différenciés. L’amélioration de l’accessibilité et de la mobilité aérienne a été la raison d’être de la présente étude et le motif qui a permis, finalement, d’inciter les régions membres et les aéroports à développer des actions concrètes afin d’atteindre ce but. Au sens strict, l’Eurorégion ne possède toutefois aucune compétence en matière aéroportuaire et, partant, sa capacité d’action est, actuellement, plutôt limitée. Et, jusqu’à récemment encore, l’Eurorégion ne disposait même pas d’une personnalité juridique de sorte que toute action revêt une complexité fonctionnelle et économique très importante. Avec l’acquisition de la nouvelle personnalité juridique, l’Eurorégion est devenue un groupement Européen de Coopération Territorial (AECT), figure promue et reconnue par la commission européenne, qui ouvre la porte à l’obtention de fonds de financement européen qui permettent d’étendre la marge d’action de l’Eurorégion.

Dans ces nouvelles conditions, les perspectives d’avenir peuvent être plus optimistes. Il y a encore un point qui pose problème, c’est que l’Eurorégion n’a pas la moindre compétence en matière aéroportuaire, mais cette faiblesse peut être la genèse du rôle qu’elle peut développer dans le cadre de la politique aéroportuaire de la région à court et à moyen terme. L’amélioration des conditions d’accessibilité et de mobilité aériennes dans l’espace eurorégional passe évidemment par une amélioration du réseau d’infrastructures existantes, c’est-à-dire les aéroports et aérodromes qui constituent le système aéroportuaire de la zone. Mais il faut également tenir compte du fait que les améliorations des niveaux d’accessibilité et de mobilité aériennes passe obligatoirement par une augmentation des vols au départ des aéroports de l’Eurorégion et à destination de tout autre aéroport sur le territoire eurorégional ou en dehors de celui-ci. L’amélioration de la mobilité aérienne doit aller de pair avec une

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 173 augmentation des connexions intérieures et extérieures, c’est-à-dire au sein et en dehors de l’Eurorégion. C’est l’un des grands défis que nous devront être capables de relever avec les instruments dont dispose la coopération interrégionale et transfrontalière.

Dans un environnement soumis aux lois du marché, les aéroports de l’Eurorégion sont souvent en situation de concurrence. Toutefois, cela ne signifie pas qu’il ne puisse pas y avoir des situations et des dynamiques dans le cadre desquelles une collaboration entre les différentes infrastructures aéroportuaires peut bénéficier à toutes les parties.

Nous énumérons à la suite certaines des formes possibles de coopération :

• Gestion de l’information : la première option qui s’offre est le partage de l’information sous un format standardisé. Une standardisation de l’information disponible en matière de trafic aérien ou les caractéristiques physiques des infrastructures permettrait de réaliser des études appropriées pour détecter des opportunités d’affaires, et d’externaliser la réalisation d’études comparatives à des tiers. Cela améliorera, à son tour, la connaissance que les aéroports de l’Eurorégion ont d’eux même et facilitera la prise de décisions rationnelles par les différents aéroports. En effet, cette meilleure connaissance de l’environnement facilite la détection de niches non bien couvertes sur le marché et aussi la découverte de possibles synergie à développer entre divers aéroports de l’Eurorégion.

Cette information standardisée et partagée ne devrait pas faire référence à de l’information extrêmement sensible, mais aux données les plus importantes du système aéroportuaire.

• Représentativité de l’ensemble : Une autre option de collaboration passerait par la création d’un lobby aéroportuaire, capable d’intervenir comme interlocuteur en parlant d’une seule voix auprès de tiers, ainsi qu’auprès d’institutions ou d’administrations de rang supérieur.

• Promotion d’économies d’échelle : Une action coordonnée de la part des divers aéroports de l’Eurorégion peut favoriser des économies d’échelle dans des actions comme les contrats de services et de produits spécialisés utilisés par les aéroports, en augmentant leur marge de manœuvre face aux fournisseurs et en diminuant le coût unitaire pour les aéroports qui souscrivent à l’initiative.

• Création d’une image de marque : Un nom de marque propre faciliterait la présence marquée des aéroports de l’Eurorégion comme une entité propre dans des évènements internationaux afin de faire leur propre promotion. Cette marque permettrait aux aéroports

174 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée individuels d’avoir un espace où se réunir avec des tiers, comme des compagnies aériennes, dans un environnement favorable, normalement sous forme de stand avec leur propre marque. La réduction du coût unitaire faciliterait la présence des aéroports de l’Eurorégion dans les concours.

Un nom propre faciliterait également une identification rapide des aéroports par les usagers comme faisant partie d’une zone géographique de qualité et améliorerait les possibilités de réaliser des actions partagées, comme des campagnes de publicité.

La création d’une marque propre pour les aéroports et aérodromes du réseau eurorégional, Aéroports de l’Eurorégion, peut être le premier pas en direction de l’obtention de nouvelles routes aériennes avec, pour protagonistes, les aéroports de l’Eurorégion. La diversification des destinations, l’augmentation des fréquences de vol et la captation de nouvelles compagnies aériennes sont des objectifs qui devraient être mis à l’ordre du jour de nos aéroports et la promotion et la diffusion d’une marque conjointe peut contribuer à améliorer la position des installations présentes dans la zone eurorégionale. Il est toutefois évident que toute action de promotion du réseau aéroportuaire doit tenir compte des dynamiques propres du marché qui ont également une influence sur la position stratégique des installations aéroportuaires.

Vers l’extérieur, la promotion des aéroports et des aérodromes de l’Eurorégion devra concevoir une stratégie de marketing capable de mettre en valeur les côtés attractifs des territoires et des régions qui constituent l’Eurorégion : promotion de l’activité économique et des principaux secteurs d’activité, capacité d’attraction touristique, activité de recherche et universitaire, etc. L’objectif est de faire connaître partout l’Eurorégion et ses potentialités, tout en assurant sa promotion sur les marchés internationaux et en utilisant ses aéroports et la marque Aéroports de l’Eurorégion comme un instrument d’entrée dans une zone territoriale économiquement active et en permanente évolution. La promotion des territoires de l’Eurorégion sur les marchés internationaux sera l’outil capable d’éveiller l’intérêt des personnes, entreprises, entités et organismes de partout qui trouveront une porte d’entrée par le biais du réseau aéroportuaire eurorégional. La génération d’une demande importante de voyageurs en provenance de destinations extérieures, avec l’intérêt de passer par l’un des aéroports de l’Eurorégion, peut devenir la meilleure manière de persuader des opérateurs aériens d’autres régions ou pays à ouvrir de nouvelles routes avec les aéroports du réseau eurorégional.

En ce qui concerne l’amélioration de la mobilité aérienne vers l’intérieur, c’est-à-dire dans le cadre de l’Eurorégion, la création d’une marque aéroportuaire propre devrait être capable

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 175 de dynamiser la collaboration entre les aéroports de l’Eurorégion, les opérateurs aériens et les propres administrations et organismes titulaires d’installations aéroportuaires et avec des responsabilité de gestion, tout en favorisant la signature de conventions de coopération interrégionale en matière aéroportuaire et en créant des conditions favorables à l’amélioration de la mobilité aérienne.

5.5. Les nouvelles opportunités d’affaires liées à l’aviation générale.

1) L’aviation corporative et l’apparition des services d’aérotaxi

L’aviation commerciale a eu un poids spécifique très important dans cette étude et a été au cœur de nombreuses réflexions et propositions que nous avons développées jusqu’à présent. Cela est dû, en fait, à l’importance de ce secteur d’activité économique dans notre pays et sur la zone territoriale de l’Eurorégion. Nous l’avons déjà amplement évoqué dans les chapitres précédents mais l’Eurorégion est un territoire privilégié en ce qui concerne l’activité économique liée à l’aviation commerciale. L’existence d’un réseau contrasté et assez bien consolidé d’installations aéroportuaires centrées sur la prestation de services d’aviation commerciale, l’existence même du consortium européen Airbus, qui génère de manière directe une activité économique extrêmement importante dans le domaine aéronautique, et d’autres aspects que nous avons développés au chapitre précédent concernant la possibilité de création de nouvelles routes aériennes dans le cadre de l’Eurorégion, font du secteur de l’aviation commerciale un secteur d’activité économique très prometteur pour la Catalogne et le reste des territoires de l’Eurorégion. La rédaction du Plan Stratégique pour le Secteur aéronautique Espagnol (2008-2016), élaboré par le Ministère de l’Industrie, du Tourisme et du commerce du gouvernement espagnol démontre clairement l’importante que revêt l’industrie aéronautique pour le tissu industriel espagnol à un moment où l’économie espagnole est à la recherche de nouvelles voies de spécialisation qualitative dans des domaines d’avenir et de grande valeur stratégique. Les territoires de l’Eurorégion, avec une présence consolidée de l’activité industrielle aéronautique, au-delà du géant Airbus, ont l’opportunité d’encourager un nouveau développement économique inspiré de la promotion du secteur aéronautique et aérospatial.

Mais la réalité aéroportuaire et aéronautique dans le cadre de l’Eurorégion va bien au-delà du domaine de l’aviation commerciale, comme nous l’avons déjà exposé dans la présente étude. L’aviation générale, avec toutes les activités économiques qui y sont associées, a toujours été un segment d’activité fortement implanté dans notre pays et dans le reste des territoires de

176 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée l’Eurorégion, avec un rôle très important des deux régions françaises. En effet, ainsi que nous l’avons mentionné au cours de l’étude, la France jouit d’une grande tradition en matière d’aviation générale, tant en ce qui concerne la dotation en infrastructures (aérodromes) que l’activité aéroportuaire et aéronautique qui y est associée. Les autres régions membres de l’espace eurorégional ont une présence importante dans les activités associées à l’aviation générale, en particulier en Catalogne, mais il faut reconnaître un certain avantage au côté français aussi bien en raison de sa dotation en infrastructures que des activités économiques liées à ce secteur de l’aviation.

Toutefois cette réalité a commencé à se modifier ces derniers temps. Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, de nouvelles opportunités d’affaires apparaissent, liées au progrès technologique que connaît le secteur de l’aviation générale. Les services d’aérotaxi, au-delà de l’aviation corporative traditionnelle, prennent forme sur nos aérodromes et ils existent déjà comme activité économique différenciée depuis un certain temps sur une grande partie des aérodromes français. Certaines données mettent en évidence l’importance d’une activité économique aussi singulière que l’aviation d’affaires dans notre pays voisin. Dans ce cas, sans faire de différence explicite entre l’aviation corporative traditionnelle et les services d’aérotaxi, les chiffres que la France présente sont forcément révélateurs et démontrent l’importance de tout un secteur. D’après le Ministère français des Transports, de l’Equipement, du Tourisme et de la Mer, le secteur de l’aviation d’affaires en France représente une flotte totale de 415 aéronefs (2005) dont 182 sont des avions à réacteurs et 233 appartiennent au groupe des turbopropulseurs. Ce secteur d’activité économique réalise 430 opérations par jour et équivaut approximativement à 18% de la totalité des vols d’affaires à l’échelle européenne. La France possède l’aéroport d’aviation corporative le plus important du continent, Paris Le Bourget, qui opère habituellement 66 vols d’aviation corporative par jour, loin devant les indices d’activité des autres aéroports européens qui travaillent également sur ce secteur, comme c’est le cas des aéroports de Genève ou de Londres Lutton.

Contrairement à ce que l’on pense généralement lorsqu’il est question de l’aviation corporative ou d’affaires et, par extension, des services d’aérotaxi, le client final de ce type de services est bien loin de l’idée que l’on pourrait s’en faire à priori. A titre d’illustration, nous poursuivrons avec l’exemple français. Selon une étude réalisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, en 2005 l’aviation d’affaires en France proposait principalement ses services aux entreprises et au monde entrepreunarial en général. Les données concrètes relatives aux usagers de l’aviation d’affaires démentent clairement les croyances relatives au profil du client final de ce service. Selon le même document, 43% des usagers finaux de l’aviation corporative en France correspondent à ce que l’on nomme, en termes d’entreprises, des cadres moyens et

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 177 occupent une position fondamentalement technique au niveau de l’organigramme ou de la structure de l’entreprise. Le deuxième groupe en nombre de clients finaux de l’aviation corporative, avec 25% du total, correspond aux professionnels et aux travailleurs ayant un profil nettement technique mais sans responsabilité définie dans la hiérarchie ou l’organigramme de l’organisation. En conséquence, nous pourrions affirmer, comme première conclusion, du moins pour le cas français, qu’une part très importante (68%) des usagers finaux de l’aviation corporative correspond aux classes intermédiaires des entreprises et des organisations qui les utilisent. la deuxième conclusion est immédiate : le pourcentage de cadres dirigeants qui utilisent les services de l’aviation d’affaires est plus faible que ce que l’on aurait pu supposer au premier abord. Seuls 28% de la totalité des usagers finaux correspondent à des niveaux plus élevées dans la hiérarchie de sorte que, et cela pourrait être la troisième conclusion à en tirer, l’aviation corporative peut devenir, plus que jamais, un instrument très utile au service des entreprises et des organisations, se convertissant ainsi en un outil fonctionnel à tous les niveaux de l’organisation. Le caractère élitiste traditionnellement associé à ce mode de transport peut être clairement mis en doute à partir des données que nous venons de reproduire.

Profil des usagers de l’aviation corporative en France. Source : Chambre de commerce et d’industrie de Paris (2005)

2) L’aviation générale et les autres segments de spécialisation économique

Mais l’aviation générale, au-delà du fort développement que connaissent actuellement l’aviation corporative et les services d’aérotaxi, représente une formidable opportunité de développement d’activités économiques présentant un degré de spécialisation très élevé. Nous en reproduisons à la suite quelques unes parmi les plus significatives et que l’on peut trouver sur les aérodromes de la zone territoriale qui nous intéresse :

178 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée • Aviation sportive. Elle est probablement à l’origine de l’aviation civile et plus particulièrement de l’aviation générale. Elle comprend les vols de planeurs et la finalité plus ludique de l’aviation et recense des activités comme les vols acrobatiques.

• Ecoles de vol. Il s’agit d’une activité économique très traditionnelle sur les aéroports consacrés à l’aviation générale, comme Sabadell, et constitue l’un des piliers de l’activité de ces infrastructures. Elles peuvent assurer la formation de futurs pilotes de lignes commerciales et membres d’équipage. Il faut tenir compte du fait que l’activité des écoles de vol est obligatoirement associée à la réalisation de vols de stages des étudiants, et il est donc important de prendre conscience des implications que cela suppose en matière de trafic dérivé de ces opérations.

• Services de surveillance. Cette activité a été traditionnellement développée par les forces de sécurité publiques et elle s’est centrée sur le contrôle du trafic et sur des tâches de surveillance maritime. Bien que, habituellement, ces fonctions soient réalisées par des organismes publics et leurs agents de sécurité, il faudrait envisager la possibilité que, à l’avenir, ces types de travaux aériens puissent être confiés à des compagnies privées sous forme de concession.

• Services de sauvetage. Au-delà de la finalité de ces services, assez explicite, il y a lieu également de réfléchir aux possibilités réelles de création de compagnies spécialisées dans ces fonctions et bénéficiaires de contrats de concession avec l’administration.

• Services de surveillance environnementale. Ces fonctions sont actuellement réalisées, par exemple, par l’Agence Catalane de l’Eau et l’aéroport de référence pour ces activités est celui de Sabadell. Une fois de plus, il est intéressant d’évaluer soigneusement la participation du secteur privé dans des travaux dont l’exécution incombe à l’Administration publique.

• Services de transplantation d’organes. En raison de l’urgence associée à ce type d’activité, le transport aérien peut constituer une réponse efficace en temps réel. En fait, en Catalogne, ce type de travail aérien a sa base principale sur l’aéroport de Sabadell mais, pour l’avenir, il faudrait envisager la possibilité d’étendre cette activité à d’autres aérodromes du territoire catalan et de l’Eurorégion. De même, cela peut devenir une bonne opportunité d’affaires pour des entreprises désireuses de se spécialiser dans l’offre de tels services. Le niveau de spécialisation, dans ce cas comme dans d’autres, devra être obligatoirement très élevé.

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 179 • Travaux de surveillance de la pêche. La localisation précise des bancs de poissons est une activité qui peut se développer si l’on dispose de la technologie et de l’équipement adéquats. La participation du secteur privé et le taux élevé de spécialisation seront deux constantes à prendre en compte dans ce cas et, une fois encore, cela peut devenir une ligne d’affaires à envisager pour les prochaines années.

• Surveillance et contrôle de grandes infrastructures énergétiques. La surveillance et le contrôle des grandes infrastructures énergétiques présentes sur le territoire, comme des conduites d’hydrocarbures ou des lignes à haute tension, sont des travaux que le mode aérien permet de réaliser avec un degré d’efficacité et une effectivité bien supérieure aux méthodes d’inspection traditionnelles, ce qui permet de penser à la participation du secteur privé, par le biais de la création de compagnies spécialisées dans ce type de tâches, au cours des prochaines années.

• Protection de la forêt et lutte contre les incendies. Cela est une responsabilité qui a traditionnellement été assumée par l’aviation générale et qui, actuellement, est réalisée en Catalogne depuis l’aéroport de Sabadell. Pour l’avenir de l’activité, il faudra également envisager une libéralisation du secteur en intégrant le secteur privé dans la prestation de ces services.

• Colis urgents et transport de marchandises. Les aéroports ou aérodromes d’aviation générale n’ont pas pour objet le transport de marchandises à grande échelle. cette fonction est donc généralement réalisée par les aéroports de plus grande taille et ayant une infrastructure plus importante. Toutefois, en ce qui concerne le transport de marchandises de volume réduit et, surtout, le transport de colis urgents, les aérodromes sont en mesure de jouer un rôle stratégique en raison du degré de flexibilité qu’ils peuvent apporter au service et de la rapidité avec laquelle ils peuvent réaliser les opérations de transport. Dans cette hypothèse, il faudra bien tenir compte de la localisation du service afin que la liaison avec l’environnement immédiat, l’hinterland, soit appropriée, surtout en ce qui concerne la dotation en infrastructures et la relation d’intermodalité avec les autres modes de transport.

• Photographie aérienne et topographie. C’est une activité largement développée par l’aviation générale qui peut trouver une continuité sur d’autres aérodromes sur tout le territoire catalan.

• Publicité aérienne. Une autre des activités les plus traditionnellement associées à l’aviation générale qui s’est développée depuis longtemps et qui se poursuivra probablement dans les

180 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée prochaines années en différents endroits en fonction du développement aéroportuaire sur tout le territoire.

• Services de maintenance spécialisée. Les activités de maintenance spécialisée d’aéronefs constituent une branche d’activité économique réelle et présente sur certains aérodromes de l’espace eurorégional. C’est par exemple le cas de l’Aéroport de Sabadell qui accueille des entreprises qui se consacre entièrement à la maintenance des aéronefs de l’aviation générale et qui présentent un degré de spécialisation très élevé. C’est un segment d’activité qui peut être favorisé par l’apparition en force des nouvelles générations d’aéronefs et plus spécialement des Very Ligth Jets, équipés de la dernière technologie aéronautique et demandeurs de services de maintenance hautement spécialisés.

3) Bénéfices pour le territoire dérivés du développement de l’aviation générale

La promotion et l’apparition des activités aéroportuaire et aéronautique représentent un développement net pour le territoire où elles sont situées et cela se manifeste de diverses manières qui participent conjointement à l’amélioration structurelle des conditions de vie de ses habitants. Il y a divers points qui nous aident à expliquer les bénéfices générés par l’activité aéroportuaire et aéronautiques pour un territoire, dans notre cas l’Eurorégion, que nous pouvons tenter d’expliquer selon une optique transversale. Il faut toutefois considérer que, dans le cas qui nous occupe, nous examinons l’incidence sur le territoire d’un segment très concret de l’aviation, celui de l’aviation générale que nous avons caractérisé en détail dans les chapitres précédents. C’est la raison pour laquelle nous allons introduire des arguments qui sont en concordance avec les perspectives de développement que peut générer l’aviation générale dans le cadre territorial où nous nous trouvons. Dans le détail, les grands arguments que nous pouvons avancer pour aborder cette question sont les suivants :

• L’aviation générale, au sein de l’aviation civile, joue un rôle de « capillarisation » tout en favorisant l’accessibilité et la perméabilité des territoires, souvent à un niveau local ou régional, qui ne sont pas souvent desservis par l’aviation commerciale. Les aérodromes peuvent jouer un rôle très important dans l’amélioration et la généralisation de l’accessibilité à des territoires conditionnés par un caractère périphérique ou insulaire, comme c’est le cas de la zone territoriale de l’Eurorégion.

• C’est la principale « école » de formation de futurs pilotes et d’autres professionnels du secteur aéroportuaire et aéronautique. l’une des fonctions assurées historiquement par les petits aéroports et aérodromes et celle de la formation. Un pourcentage très important de

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 181 professionnels liés au monde aéronautique et aéroportuaire a été formé dans des aéroports comme celui de Sabadell qui, traditionnellement, a été le siège de diverses entreprises qui consacraient leur activité à la formation. Cette activité, qui est également revendiquée aujourd’hui par d’autres aérodromes de la province, comme l’Aérodrome d’Igualada – Conca d’Odena, peut être une option d’avenir pour la spécialisation de certaines infrastructures en même temps qu’elle devient une bonne source de fourniture de futurs professionnels au secteur aéroportuaire et aéronautique.

• Elle contribue de manière décisive à la croissance de l’économie du territoire ou de la région où elle exerce ses activités. La présence d’un aéroport ou d’un aérodrome sur un territoire peut devenir une excellente opportunité de favoriser le développement de secteurs économiques, de grande valeur technologique et stratégique, qui permettent un développement spécialisé de l’économie locale. C’est vrai pour un aéroport ou un aérodrome, mais c’est également vrai dans le cas de l’Eurorégion qui dispose d’un réseau propre d’infrastructures aéroportuaires qui peuvent faciliter le développement d’activités complémentaires relatives à l’aéronautique. A titre d’exemple, il faut penser que le seul Aéroport de Sabadell, du côté catalan, accueille en son enceinte une trentaine d’entreprises de ce secteur qui représentent un chiffre d’affaires annuel de quelque 30 millions d’euros. La création de pôles d’activité économique liés aux secteurs aéroportuaire et aéronautique peut devenir une option d’avenir tout à fait recommandable pour la spécialisation d’une zone territorial comme l’Eurorégion, mais également pour la microspécialisation des communes qui hébergent une installation de ce type. Evidemment, il faudra réaliser une analyse détaillée des possibles voies de spécialisation de chacun des aérodromes car il est évident qu’ils ne peuvent pas tous se spécialiser dans la même matière d’activité et que ce que nous recherchons est l’établissement de synergie et de complémentarités entre chacune des installations présentes sur le territoire à partir d’une bonne reconnaissance et caractérisation des options réelles de spécialisation de chacun des aérodromes du réseau.

• Leur développement requiert des infrastructures associées à un niveau d’investissement modéré, particulièrement si l’on fait la comparaison avec le niveau d’investissement requis par l’aviation commerciale ou d’autres modes de transport (routier et ferroviaire, principalement). Le développement des aérodromes de l’Eurorégion, par le biais de l’exécution des Plan Directeurs en vigueur (dans le cas catalan) ou de la caractérisation de futures spécialisations qui exigent l’amélioration des infrastructures est une évolution logique et d’un grand poids stratégique, qui ne requiert pas le niveau d’investissement associé à la conception et à l’exécution d’autres infrastructures de transports traditionnellement plus

182 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée coûteuses, comme c’est surtout le cas du chemin de fer. Selon l’orientation et le degré de spécialisation que l’on souhaite obtenir, le niveau d’investissement peut être plus ou moins important et pas toujours décisif : souvent, il sera nécessaire de réaliser des actions de promotion, diffusion et de publicité des aérodromes de la zone concernée. Il ne faut pas oublier que, pour bon nombre d’entre eux, les acteurs économiques et sociaux du pays n’en ont qu’une connaissance très faible. Le réseau aéroportuaire lui-même de l’Eurorégion n’est jamais envisagé tel qu’il est vraiment : un véritable réseau de petites installations qui peuvent coexister simultanément et élaborer conjointement un modèle de développement aéroportuaire et aéronautique.

6. Conclusions de l’étude

La présente étude a conduit un double travail : d’une part, la caractérisation et l’analyse minutieuse d’un système aéroportuaire complexe, celui de l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée, une réalité présente sur ses territoires, qui est associée à une activité économique impliquant divers secteurs de production et qui met en jeu le potentiel de territoires situés de part et d’autre de la frontière. D’autre part, un travail de prospective portant sur les options d’avenir a été réalisé, relatif à l’apparition et au développement de nouveaux secteurs d’affaires, la spécialisation des infrastructures existantes et l’amélioration de l’accessibilité et de la mobilité aériennes qui peut être propice au système eurorégional de transport aérien. Ce double travail a permis, en premier lieu, la prise en considération d’un actif, à savoir les aéroports et les aérodromes, qui a une influence et une implication très actives sur la mobilité des personnes et des marchandises, et qui favorise la croissance économique tout en permettant le développement d’activités économiques à grande valeur ajoutée. Mais cette étude a étalement mis en évidence, en second lieu, les lacunes d’un système aéroportuaire qui, dans de nombreux cas, connaît un processus de transformation relatif à la spécialisation fonctionnelle et économique, l’apparition de nouveaux modèles de gestion ou l’orientation vers de nouveaux marchés locaux ou mondiaux.

Ainsi, les principales conclusions mises en évidence par cette étude peuvent être énumérées comme suit :

• L’Eurorégion Pyrénées Méditerranée est constituée de territoires, de chaque côté de la frontière, qui jouissent d’un grand dynamisme économique et social. Les régions qui en font partie représentent 3% du PIB de l’Union européenne ainsi que 3% également de la superficie totale de l’Union et du nombre d’habitants.

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 183 • Les activités économiques présentes dans les régions membres se sont tournées, dernièrement, vers les services au détriment d’autres secteurs d’activité plus traditionnels. l’activité industrielle, tout en conservant une position privilégiée dans le cadre de l’Eurorégion, a été reléguée au second plan et a perdu de son importance année après année. Cependant, l’Eurorégion héberge, avec le consortium aéronautique européen Airbus, une des industries technologiquement les plus avancées et de plus forte valeur ajoutée à l’échelle mondiale. La recherche, le développement et l’innovation (RDI) constituent toutefois une des grandes matières en suspens pour les régions membres et il faut encourager de nouvelles activités capables d’ajouter de la valeur à la capacité de production que possède déjà le tissu économique eurorégional.

• L’amélioration de l’accessibilité et de la mobilité aériennes, des personnes et des marchandises, contribue à l’élévation de la qualité de vie des habitants de l’Eurorégion, mais, de la même manière, elle facilite la création et le développement de nouvelles activités économiques. L’apparition et la consolidation de nouveaux flux de transport, vers l’intérieur et vers l’extérieur, favorisent le développement de nouveaux échanges commerciaux, de grande valeur pour les intérêts des entreprises de l’Eurorégion.

• Le système eurorégional de transport aérien, formé par les aéroports, aérodromes ainsi que les prestataires de services de transport, est intégré dans un système aéroportuaire plus important, celui de l’Union européenne, qui a subi de véritables transformations structurelles au cours des dernières années et qui affectent, ou ont affecté, les aéroports, aérodromes et les compagnies aériennes qui opèrent dans le cadre de l’Eurorégion La libéralisation du secteur aéroportuaire européen, tant en ce qui concerne les compagnies aériennes que les aéroports, a favorisé l’apparition en force de nouveaux modèles d’affaires et la fin des anciens monopoles. Le cas le plus exemplaire de cette transformation est l’irruption en force des compagnies à bas coûts, également connues sous le nom de low cost. Leur apparition a contribué de manière décisive à la généralisation du transport aérien au sein de la population et à la fin de la philosophie de monopole qu’exerçaient traditionnellement les compagnies de pavillon.

L’autre grande transformation qu’a connue le transport aérien dans le cadre de l’Union et au niveau mondial, précisément dans le sens opposé aux low cost et avec des acteurs différents, c’est la création de grandes alliances formées par des compagnies traditionnelles ou de pavillon. A la fin des années 90 sont nées, dans le but de passer des accords de collaboration qui permettent d’augmenter le nombre de routes et de réaliser des économies d’échelle, les trois grandes alliances que nous connaissons : Oneworld, Star

184 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée Alliance et SkyTeam qui concentrent 55% du marché mondial. Les 45% restants correspondent aux opérateurs à bas coûts et à d’autres opérateurs non affiliés à aucune des alliances.

• L’aviation civile dans le cadre de l’Union, mais également dans le cadre eurorégional, est composée de deux branches d’activité bien différenciées, bien que complémentaires : l’aviation commerciale et l’aviation générale. Toutes deux sont présentes sur les aéroports et les aérodromes de l’Eurorégion, mais avec des situations différentes des deux côtés de la frontière. L’aviation commerciale, le segment d’activité le plus connu, a enregistré une forte croissance à l’échelle mondiale au cours des dernières années, avec des augmentations du nombre de passagers presque toujours supérieures à 3% par an. En 2006, selon les données de l’OACI, l’aviation commerciale a été capable de transporter 2.200.000.000 de personnes. Dans le cadre de L’Union, l’augmentation du nombre de voyageurs a également été significative, en particulier avec l’apparition de l’offre à bas coûts, en conséquence de quoi, en 2006, le nombre de voyageurs dans l’Europe des 27 se situait autour de 738 millions avec une croissance annuelle de l’ordre de 4,7%.

Dans le domaine de l’aviation générale, beaucoup plus développée dans les régions françaises que dans les régions espagnoles, la situation est très différente de celle que nous avons décrite précédemment pour l’aviation commerciale. Largement méconnue au sein de la population, l’aviation générale est actuellement perçue comme la « petite sœur » de l’aviation civile et il n’existe pas de conscience claire du rôle qu’elle joue actuellement et qu’elle pourrait développer dans l’avenir. Les activités économiques liées à l’aviation générale sont très importantes et connaissent, dans certains cas, un processus très net de développement et de croissance. C’est, par exemple, le cas de l’aviation corporative et des services d’aérotaxi, avec une présence et une implantation plus forte en France, mais ils commencent à faire irruption avec force sur les aéroports et les aérodromes du côté espagnol de l’Eurorégion. Il conviendra de suivre attentivement l’évolution des entreprises d’aérotaxi qui commencent à apparaître et qui impliquent toute une révolution tant en ce qui concerne la technologie, de par le type d’aéronefs qu’elles opèrent (Very Light jets), que le modèle d’affaires : pour la première fois, on commence à parler de l’aviation corporative à bas coûts.

• Le réseau aéroportuaire examiné et analysé minutieusement dans cette étude comprend un total de 52 installations, à savoir des aéroports et des aérodromes, et elle se réfère à des infrastructures opérationnelles, pour la majeure partie, et à d’autres qui sont en cours d’exécution ou qui ont été planifiées. On a donc travaillé sur un réseau constitué de 21

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 185 aéroports commerciaux et de 31 aérodromes de part et d’autre de la frontière. 13 aéroports et 13 aérodromes dans les régions espagnoles et 8 aéroports et 18 aérodromes dans les régions françaises.

• Les aéroports commerciaux de l’Eurorégion, espagnols et français, ont enregistré en 2006 un total de 87 millions de passagers, ce qui représente environ 7% du total des passagers européens. Les aéroports espagnols de l’Eurorégion, aéroports valenciens inclus, ont transporté un total de 78 millions de passagers, ce qui représente 89,7% du total des passagers de l’espace eurorégional. Les 10,3% restants, équivalant à 9 millions de passagers, sont passés par les aéroports français de l’Eurorégion. En ce qui concerne le nombre de mouvements de l’aviation commerciale, sur le total de 895.521 mouvements enregistrés en 2006, 778.381 ont été réalisés sur des aéroports du côté espagnol.

• Dans le domaine de l’aviation générale, toutefois, la situation s’inverse : les aéroports et aérodromes français, qui ont une plus longue tradition dans cette branche de l’aviation civile, concentrent la majeure partie des opérations réalisées dans le cadre de l’Eurorégion. Ainsi, sur les 279.136 mouvements réalisés par l’aviation générale au cours de l’année 2006, 218.078 ont eu lieu sur des aéroports et des aérodromes français, c’est-à-dire 78% du total. Il faut cependant faire ici une remarque très importante : les données relatives aux activités réalisées par l’aviation générale sont très rares dans l’Eurorégion. L’information relative à l’activité des aérodromes espagnols et français est très limitée et il n’est pas toujours évident d’obtenir des données actualisées. La simple caractérisation des aérodromes présents dans les régions espagnoles et françaises constitue un exercice qui requerrait, si l’on voulait obtenir une radiographie minutieuse et détaillée, un travail de terrain « in situ » afin d’obtenir les données qui, actuellement, ne sont pas à la disposition du public en général, ni des spécialistes.

La création d’une méthodologie pour la compilation et l’actualisation des données relatives au système aéroportuaire eurorégional, de façon conjointe par les régions membres, est une des priorités à prendre en considération à court et moyen terme.

• En ce qui concerne le transport de marchandises, l’Eurorégion et les installations aéroportuaires qui en font partie mettent en évidence la grande importance que les autres modes de transport, et plus particulièrement la route, ont encore dans ce domaine. Dans l’Eurorégion, il y a deux aéroports qui concentrent la majeure partie de la charge aérienne, approximativement 71% du total, et qui ont traité 160.000 tonnes de charge en 2006 : Barcelone et Toulouse. Le reste de la charge aérienne, près de 63.000 tonnes, est répartie

186 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée entre les autres aéroports de l’Eurorégion, avec un rôle bien accentué de deux aéroports espagnols : Palma de Majorque (26.200 tonnes) et Valence (13.100 tonnes) occupent la troisième et la quatrième place dans le « ranking » des aéroports ayant une activité majeure dans le domaine de la charge aérienne. D’autres aéroports eurorégionaux, dans ce cas du côté français, ont démontré également une activité remarquable en matière de transport de charge, comme Montpellier, qui, en 2006, a enregistré un total de 6.000 tonnes. Dans un autre registre, on trouve également l’aéroport de Saragosse, situé très près de la plateforme logistique PLAZA, qui a parié avec détermination sur la charge aérienne comme voie de spécialisation fonctionnelle et économique.

• D’un point de vue structurel, le système aéroportuaire eurorégional présente certaines lacunes qui ont été mises en exergue lors de la rédaction de la présente étude. L’une des plus flagrantes, que l’on peut observer clairement lorsqu’on analyse l’offre de services de transport des aéroports eurorégionaux, est le manque de connexions aériennes entre les propres aéroports de l’Eurorégion, c’est-à-dire la connectivité interne entre les propres territoires qui la composent. A l’exception des Iles Baléares, qui, en raison de leur caractère insulaire, ont une offre garantie de vols avec le reste des territoires, les autres aéroports présentent une absence claire de routes reliant les cinq régions membres. Seuls les aéroports de Valence et d’Alicante jouissent d’un trafic avec d’autres aéroports de l’Eurorégion, en particulier avec Barcelone, en plus du trafic évidemment attendu avec les Baléares.

La promotion et la création de nouvelles liaisons aériennes internes est une priorité à court et à moyen terme pour les membres de l’Eurorégion afin d’améliorer les niveaux d’accessibilité et de mobilité aériennes. La facilitation et la création d’un espace destinés à la coopération entre les aéroports qui font partie du système serait un premier pas vers l’amélioration de la connectivité interne des territoires de l’Eurorégion. La collaboration bilatérale entre deux ou plusieurs aéroports désireux de favoriser la création de nouvelles liaisons qui les mettent en relation, doit devenir un instrument habituel de la politique aéroportuaire à l’échelle eurorégionale.

• En ce qui concerne les liaisons extérieures, au-delà de l’Eurorégion, l’étude met en évidence le fait que de nombreux aéroports ont des connexions garanties avec le centre et le nord de l’Europe, en particulier parle biais des compagnies à bas coûts, mais il reste encore à donner l’impulsion et à développer de nouvelles routes de type transocéanique ou intercontinental, principalement sur les aéroports qui réunissent les meilleures conditions pour ce faire. Dans le domaine de l’Eurorégion, nous devrons faire plus spécialement référence à Barcelone et à Toulouse.

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 187

A cet effet, il est extrêmement important, dans l’optique de la création de nouvelles liaisons globales, de favoriser et d’encourager, d’une part, des mécanismes et des espaces de coopération conjointe destinés à créer et à promouvoir une image de marque associée au système aéroportuaire eurorégional et, également, d’assurer une tâche de diffusion de la réalité économique, culturelle et sociale des territoires qui les accueillent.

L’expérience préalable du Comité des Routes Aériennes de Barcelone (CDRA) est un bon exemple à prendre en considération pour l’avenir. Cela pourrait devenir un deuxième instrument à prendre en compte. Individuellement, chaque aéroport du système, conjointement avec son environnement immédiat, pourrait décider d’entreprendre des actions spécifiques, inspirées de la philosophie du CDRA pour favoriser et créer des liaisons intercontinentales.

Il est une autre question que l’étude a mis clairement en évidence, à savoir la présence majoritaire, particulièrement importante sur les aéroports du côté français, d’un opérateur à bas coûts , comme Ryanair, par comparaison avec d’autres compagnies de type plus traditionnel ou de pavillon. A cet égard, une réflexion est nécessaire. La dépendance excessive d’un opérateur aérien ne peut jamais être recommandable pour l’avenir d’une installation aéroportuaire et il est nécessaire de diversifier l’offre de routes ainsi que, bien entendu, le nombre et la typologie des opérateurs, pour garantir l’avenir et la bonne santé d’un aéroport. Le rôle joué par Ryanair sur certaines installations de l’Eurorégion a été extrêmement important pour réussir à les revitaliser et à créer une nouvelle offre de services de transport accessible à tous les publics.

Mais l’avenir requiert une diversification obligatoire des opérateurs et des routes aériennes. Ce n’est que de cette manière que nous réussirons à faire en sorte que nos aéroports, de chaque côté de la frontière, atteignent la maturité fonctionnelle et économique requise par les territoires de l’Eurorégion.

188 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 7. Annexes descriptives

7.1. Cartes de trafic aérien entre aéroports de l’Eurorégion.

Les cartes suivantes montrent les routes et les volumes de trafic qui existent entre les aéroports de l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée, pour des chiffres supérieurs à 425 passagers. Malheureusement, il n’a pas été possible de déterminer le nombre de passagers existant entre les aéroports français en raison de la dissémination des sources dans cette zone de l’Eurorégion, un fait qui a constitué une faiblesse petite, certes, mais significative pour obtenir une image d’ensemble du système aéroportuaire eurorégional. Toutefois, l’inexistence de vols réguliers entre les divers aéroports français de l’Eurorégion donne à penser que leurs flux de passagers ne devraient être guère importants. A l’avenir, toute politique de coordination de l’activité aéroportuaire de l’Eurorégion devait tenter d’améliorer cette situation en créant un système d’information aéroportuaire à l’échelle eurorégionale. Les données relatives aux aéroports du côté espagnol ont été extraites des bases de données d’AENA pour l’année 2006.

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 189

Routes et trafics depuis les aéroports de Gérone et de Barcelone. Source : élaboration propre (2008)

190 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée

Routes et trafics depuis les aéroports de Reus et d’Ibiza. Source : élaboration propre (2008)

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 191

Routes et trafics depuis les aéroports de Minorque et de Palma. Source : élaboration propre (2008)

192 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée

Routes et trafics depuis les aéroports de Saragosse et Alicante. Source : élaboration propre (2008)

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 193

Routes et trafics depuis les aéroports de Valence, Toulouse et Lourdes. Source : élaboration propre (2008)

194 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 7.2. Business cases pour de nouvelles routes aériennes dans le cadre de l’Eurorégion

Nous présentons ci-après trois analyses de viabilité pour trois routes aériennes transocéaniques depuis Barcelone. Nous donnons aussi une petite analyse d’une route potentielle entre Barcelone et Toulouse.

Il faut tenir compte du fait que ces études ont un caractère de référence, avec une valeur purement illustrative des résultats qui pourraient être obtenus avec une étude approfondie des routes. Les données présentées requièrent encore un travail très intense avant de pouvoir être considérées comme acceptables, mais elles donnent une bonne idée de ce que l’on pourrait attendre d’une étude sur ce terrain. Les cas intercontinentaux présentés indiquent les niveaux de trafic qu’une compagnie sérieuse peut raisonnablement espérer obtenir dans des circonstances normales ou favorables en fonctions des hypothèses retenues pour réaliser le travail de prospective.

Parmi les actions qu’il faudrait encore entreprendre pour affiner les données et les considérations utilisées dans l’analyse, pourraient figurer des entretiens avec des acteurs locaux afin de déterminer le niveau correct de certaines variables, comme le prix moyen appliqué à la route, des entretiens de travail avec les compagnies ou des études de marché en discutant avec des acteurs locaux pour avoir une idée précise de la sensibilité locale à l’ouverture de la route potentielle.

Le point de référence eurorégional est Barcelone dans tous les cas étudiés en raison des données disponibles au moment où l’étude a été réalisée. Pour une étude plus approfondie, il serait nécessaire de corriger les problèmes d’information auxquels nous nous sommes heurtés dans la réalisation de cette analyse. En particulier, l’information relative à la potentialité du marché intraeurorégional. Dans les cas étudiés, ce fait est mis en évidence dans le cas de la route Barcelone-Toulouse, mais d’autres liaisons aériennes de la région ont des problèmes similaires.

En conséquence, bien que l’on présente cette analyse, elle ne doit pas être considérée comme un résultat ferme et définitif. Une analyse de ce type est soumise à un nombre élevé de variables et elle doit être étudiée avec soin. Avec plus de moyens, il serait possible de faire une étude plus fine des potentialités de la connectivité interne et externe des autres points de l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée, mais ce type d’analyse reste hors de portée et hors des possibilités de la présente étude.

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 195 Sur les études des routes potentielles

Les études des routes potentielles consistent en une fiche-résumé pour chaque route où l’on présente une analyse de coût-bénéfice de la route en question. Chaque fiche suit le format suivant :

En premier lieu figure un en-tête qui présente la compagnie, qui devra réaliser le service, l’appareil utilisé et la route concrète (dans tous les cas, un vol directe entre Barcelone et une deuxième ville). On a également spécifié la capacité de l’appareil et la monnaie utilisée dans l’analyse économique (euros, dans tous les cas).

Ensuite figure une analyse, année par année, des 4 premières années d’opération de la route.

Une première partie spécifique concerne le nombre potentiel de passagers de la route et le nombre de fréquences hebdomadaires d’opérations du vol. Compte tenu de ces deux facteurs, on a déterminé la quantité de passagers que la route parviendra probablement à transporter durant l’année (Pax Forecast (costrained)). Cette information provient des bases de données MIDT et OAG.

A la suite figure le pourcentage d’occupation que représente ce nombre de passagers sur le total de places proposées par le vol au long de l’année (Load factor %). Vient ensuite le pourcentage d’occupation qui permettrait au vol en opération de réaliser des bénéfices/pertes équivalant à zéro (Breakeven Load factor %). ces deux nombres sont très importants : un load factor inférieur au breakeven load factor signifierait des pertes s’il n’y a pas une très forte correction des recettes par charge aérienne ou tout autre facteur qui augmenterait les recettes de la compagnie.

A la suite, il y a une description des recettes (avec le total des recettes – revenue- souligné) et les différents coûts qu’implique l’opération du vol. Enfin, il y a un poste souligné avec le total des bénéfices (recettes – coûts : Fully allocated Profit/Loss) de la route, en milliers d’euros, exprimé sous forme de chiffres et de graphique.

Généralement, on note une tendance à de fortes pertes durant la première et, normalement aussi, la deuxième période d’opération de la route, jusqu’à ce qu’elle parvienne à maturité et se développe. Une fois ce cap atteint, les chiffres ont tendance à être positifs dans les études présentées. Le breakeven load factor de toutes les routes oscille entre 68% et 80% en fonction de la route étudiée. Ces chiffres sont très courants dans le domaine du transport aérien, où des niveaux d’occupation élevés sont nécessaires pour qu’une route soit rentable.

196 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée Route Barcelone – Chicago

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 197 Cette étude analyse une route potentielle directe entre Barcelone et Chicago. La compagnie choisie pour cette étude est . United Airlines est la seule grande compagnie nord- américaine qui ne vole pas encore sur Barcelone.

On a déterminé que le bon nombre de fréquences pour commencer à opérer la route serait de trois vols par semaine (trois dans chaque direction) avec un avion Boeing 767. Bien que le marché direct entre Barcelone et Chicago ne soit pas très élevé (environ 30.000 passagers par an), le fait que Chicago soit un aéroport de correspondance de United Airlines, offrant ainsi un large éventail de destinations à partir de cet aéroport de base, augmente fortement le potentiel de passage sur la route.

Le breakeven load factor est élevé (81%) par la potentialité de la route semble indiquer que même dans ces circonstances, il serait possible d’obtenir des bénéfices considérables à partir de la troisième année, ce qui rendrait envisageable une augmentation des fréquences hebdomadaires à partir de la quatrième année d’opération.

198 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée Route Barcelone – Sao Paulo

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 199 Cette étude analyse une route potentielle directe entre Barcelone et Sao Paulo opérée par la compagnie brésilienne Varig. Cette route propose une fréquence hebdomadaire de trois vols dans chaque direction, obtenant ainsi une couverture considérable du marché potentiel (62.000 passagers). Avec un breakeven load facteur de 70%, la compagnie commence à être bénéficiaire sur cette route à partir de la deuxième année d’opération. La progression des recettes et l’occupation du vol croissent de manière soutenue tout au long de la période, ce qui pourrait conduire à penser qu’une augmentation des fréquences pourrait être souhaitables dans un avenir proche à la fin de la période analysée.

200 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée Route Barcelone-Tokyo

Sur cette route, nous pouvons voir le potentiel d’une route entre Barcelone et Tokyo, la capitale du Japon. L’opération serait réalisée par la compagnie japonaise avec un avion de nouvelle génération Boeing 787, à des coûts opérationnels bien moins élevés que ceux des actuels avions longue distance.

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 201 L’analyse a été faite pour un vol quotidien dans chaque direction toute l’année afin de couvrir le marché potentiel de plus de 130.000 passagers qui existe entre les deux villes. Durant les deux premières années d’opération, la compagnie aurait des difficulté a faire des bénéfices avec cette opération, mais une fois que la route sera arrivée à maturation, il est probable que les bénéfices compenseront pleinement l’effort réalisé, avec la possibilité d’obtenir des bénéfices nets de plus de 20 millions d’euros à la fin de la période. Cette analyse a été réalisée selon des considérations très conservatrices en ce qui concerne des facteurs tels que la connectivité du passage ou les coûts opérationnels (comme l’indique le beakeven load factor) de sorte que cela semble un cas d’analyse plausible.

202 L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée Route Barcelone – Toulouse

Dans ce dernier cas, nous analysons une route aérienne potentielle entre les aéroports de Barcelone et de Toulouse. Il s’agit d’un vol intraeurorégional . Lors de cette étude, nous avons été confrontés à cette difficulté supplémentaire que, dans un premier temps, nous ne disposions que de données peu significatives pour déterminer le potentiel réel de la route. Les flux qui

L’accessibilité et la mobilité aérienne dans l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée 203 existent actuellement entre ces deux points ne sont pas aériens mais terrestres et il est difficile de déterminer exactement le nombre de passagers concernés. Dans ce cas, nous avons estimé une demande de seulement 12.000 passagers potentiels à partir des données hôtelières de l’INSEE français (2007) et des Directions Nationales de la Mobilité de la Generalitat de Catalunya (PTOP, 2005), ce qui nous a permis de faire une approximation du nombre de passagers auquel on peut s’attendre sur une route de ce type.

La compagnie qui devrait opérer cette route est Air Nostrum, car il s’agit de l’unique compagnie régionale qui dispose actuellement des ressources pour entreprendre un vol de ce type à court terme. Avec un prix moyen de 85 euros par trajet (chiffre relativement conservateur), le résultat auquel on peut s’attendre semble positif comme option d’affaires.

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