L'histoire De L'humanité
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N. IORGA Professeur à l'Université de Bucarest, Agréé à la Sorbonne, Correspondant de l'Institut, Directeur de l'Ecole Roumaine en France. ESSAI DE SYNTHÉSE DE L'HISTOIRE DE L'HUMANITÉ HISTOIRE ANCIENNE ,grA, ?15. LIBRAIRIE UNIVERSITAIRE J. GAMBER, Éditeur 7, RUE DANTON, 7 PARIS 1926 ESSAI DE SYNTHÈSE 31:10E0 L'HISTOIRE DE L'HUMINITÉ ESSAI DE SYNTHÈSE L'HISTOIRE DE L'HUMANIA PAR N. IORGA Professeur à l'Université de Bucarest Agréé à la Sorbonne - Membre de l'Acadérnie Roumaine Correspondant de l'Institut 1-1 157'01 Ft E A rsJ C I E NI IV E PARIS LIBRAIRIE UNIVERSITAIRE J.GAIVIBEIR, OITEUR 1926 D. N. ¡PROA NI ÉFACE lice0a7tep xxl iv -col'ç xoXoacrocoic gpyotc oi) x20'axotcrzovCexpc6i4 oiv,xxì xce06Xou 7tpocrixop.sv paXXov, si v.2),Cog cò 6Xov, 01./TWÇ XLEV T(ATOK 8E1 770tetcrOw. cilv xpEcriv. KoXoacroupyla yip T.LÇ Y.21 CC6, Tat ptcyc'ence cppiCouaz 7E64 gzet 61; TL xtveiv 66v2.r.cce xxi TCOV p.txpeáv 7.6v cr. XEtptovcc xxl 'am/wpx11.a^cix6v (Strabon, I, 1, 23). Après avoir professé l'histoire pendant trenteans, après avoir écrit l'histoire de sa nation, celle de l'empire byzan- tin, de l'empire ottoman, l'auteur de cet ouvrage ne croit pas dépasser les limites de la diserétion en présentant, d'abord dans des travaux isolés en roumain,puis dans ce remaniement en français, un système. Ge système n'a point une grande originalité, mais je crois qu'il présente des *côtés utiles que je chercherai à relever. Il est très heureux, après toutes les expériences faites dès le commencement du ma° siècle sur Iles sources con- sidérées surtout sous le rapport philosophique et chro- nologique, que l'on soit parvenu à fixer les Mails de l'histoire universelle, les Mails jusqu'aux plus petits, jusqu'A ceux qui sont plus ou moins oiseux, en dehors des thèses de licence et de doctorat, qui, &ant donné la nécessité de trouver un sujet nouveau, peuvent avancer très loin dans le domaine des &tails qui ne sont pas tout A fait oiseux pour l'auteur, mais qui n'entrent que dans une très faible mesure dans la synthèse historique. Mais je crois qu'après avoir fini ce dépouillement des sources et cette interprétation philologique, cette dtitermination exacte de tous les faits qui peuvent entrer dans l'histoire, intéressants ou non pour une synthèse, et le but dolt VI ESSAI DE SYNTHASE DE L'HISTOIRE DE L'HUMANITA toujours étre une synthèse, je crois qu'il y a autre chose à faire. Il y a d'abord cette synthèse elle-méme, et, pour la réaliser, tous les spécialistes, se gardant bien des dangers qu'offre toute généralisation, avec la variété infi- nie des informations bibliographiques et avec la vérifica- lion très difficile de chaque point, se doivent de fournir leur part, autrement que par la présentation des détails. Dans cette synthése, je crois qu'on doit tenir compte de certains éléments qui seraient les suivants D'abord, on n'a pas toujours les sources que l'on dési- rerait avoir. Il y a des points très importants sur lesquels les sources manquent complètement. Les informations données par les sources sont dirigées vers un but qui n'est pas toujours le but de notre époque et d'autant moins le but de notre travail. Il y a des détails qui avaient une très grande importance pour l'époque h laquelle ils ont été donnés, et qui n'en ont qu'une très faible pour notre époque à nous. Chaque dépouillement de sources laisse de côté un très grand nombre de faits dont on n'a que faire, que l'on ne peut pas employer, et, pour ce qu'il y a d'essentiel dans notre conception, les sources ne disent souvent rien. Il faut se rendre compte que, non seulement pour les époques plus anciennes, mais pour le xviii° siècle, pour le commencement du xne', on a une infinité de renseignements diplomatiques, militaires, poli- tiques, qui, de plus en plus, nous intéressent d'une façon assez médiocre, et que, de la façon dont nous concevons aujourd'hui les ètudes historiques, il y a quelque chosé qui nous intéresse beaucoup plus, méme pour la vie des masses dans ses éléments matériels:la psychologie de ces masses. Et c'est de la psychologie de la majorité d'une nation, influencée plus ou moins par les personnalités supérieures, que surgit l'histoire de cette nation. Or,laplupartdutemps,précisément,on n'a pas de renseignements sur cette vie morale de la majorité d'une nation. Devant nous, défilent totis les accidents qui forment la biographie des individualités dominantes, mais ceci ne suffit pas, et alors, pour avoir ce que l'on PRÉFACE VII désire, pour donner l'aspect général de la vie d'un temps, il Taut chercher ailleurs que dans les sources. Ceci peut paraitre absurde. En dehors des sources, oft peut-on s'adresser ? que peut-on trouver ? Il y a h. cela une réponse. Les événements historiques ne sont que très rarement nouveaux :s'ils sont considérés d'une manière moins superficielle, on voit qu'ils se répètent. La sociologie le sait depuis longtemps, et elle croit le savoir si bien qu'elle se dispense je ne dis pas toujours, mais dans beaucoup de cas de connaltre l'histoire sur laquelle elle opère. C'est très facile de faire une synthèse sur des éléments qui ne sont jamais entrés dans la critique per- sonnelle de celui qui échafaude ces beaux édifices d'idées que sont les synthèses. Donc, les faits se répètent. Il y a des noms qui chan- gent, des accidents qui ne sont pas les mémes, mais, au fond, c'est le méme événement, c'est la méme situation. La terre, elle-méme, qui ne change pas, détermine des situations qui, d'un siècle h. un autre, souvent à la dis- tance de plusieurs siécles, correspondent parfaitement entre eux. Il y a dans les éléments profonds de la race des attributs qui donnent la méme interprétation it des situations .dont les motifs sont ressemblants. S'il n'y avait que la terre et la race, et les éléments essentiels par les- quels se manifeste l'étre humain dans certaines condi- tions, il faudrait néanmoins reconnaitre cette correspon- dance des situations et des manifestations histbriques, des éléments, disons, statiques et dynamiques, de l'his- toire. Et, si ces éléments manquent pour une époque, pour un territoire, pour une nation, pour un groupe de faits, d'actions humaines, il fant les trouver ailleurs, souvent une grande distance chronologique. Mais, pour recon- naitre le fait correspondent, il faut d'abord connaitre plus ou moins l'histoire entière, parce que ne pas avoir une interprétation quelconque, c'est très désagréable, mais avoir une interprétation fausse, parce glean a employé une correspondence qui ne l'est pas, c'est encore pire. VIII ESSAI DE SYNTHASE DE L'HISTOIRE DE L'HUMAIVITIt En seconde ligne, non seulement le fait peut être com- plete en dehors des sources qui s'y rapportent directe- ment, mais il y a aussi autre chose à ajouter h la con- naissance tirée immédiatement des sources :il y a cette manifestation' toujours égale de la raison humaine et des actions qui en découlent, meme dans des circonstances qui ne se ressemblent pas dans tous leurs elements. Ensuite, il est tres facile de parler de localités qu'on n'a jamais vues, d'expliquer les actions de nations qu'on n'a jamais fréquentées, d'indiquer des migrations sur des chemins qui n'ont jamais existe et qu'on n'a jamais pra- tiqués soi-même. On arrive de cette façon à écrire des chapitres d'histoire se présentant tres bien sous le rap- port du style et très intéressants même en dehors du style, mais quiconque connait les localités, connalt la race, connatt ¡es chemins, connalt la réalité des choses, trouve ces syntheses imparfaites. Je crois, par conse- quent, que la premiere chose que l'on doit connaltre avant de traiter un fait ou un groupe de faits historiques, c'est toute la réalité actuelle qui correspond A celle du passé entrant dans la composition de cet événement. Il faut de l'expérience humaine, mais cette experience humaine n'est pas d'une seule nature. Elle ne se rapporte pas seulement A la terre, à la race, aux chemins, etc. Elle se rapporte en même temps h la pratique même de la vie humaine et de la vie politique en general. Il y a des per- sonnes qui croient pouvoir traiter les problemes psycho- logiques les plus difficiles avant d'avoir fait elles-mêmes le premier pas dans cette vie politique, traiter des faits économiques sans avoir jamais été mêlées h un grand (frame économique, traiter des faits sociaux sans s'être conçues jamais comme membres d'une classe, sans avoir jamais senti vibrer dans leur Ame les aspirations de cette classe. Je crois done que, si l'histoire doit commencer h être apprise à un certain Age, pour se risquer dans les inter- pretationsil faut d'abord bien connaltre la vie, parce que, si on ne paye pas parfois de ses souffrances, si on n'achete pas par son activité ce que l'on propose comme PRÉFACE IX explications pour les événements du passé, on s'expose donner des dessins superficiels, alors qu'il s'4it de pré- senter tout autre chose:la réalité du passé, avec ses lignes, avec ses couleurs. Si je suis arrivé à traiter de cette façon, d'abord l'his- toire de mon pays et de ma race, puis ensuite l'histoire de tout l'Orient chrétien et de l'Orient musulman plus tard, et enfin l'histoire universelle, c'est aussi par la nature toute particulière de mes études concernant les Rou- mains.