Napoléon et la mer Repères et documents Dossier pédagogique

Napoléon et la Mer

Repères et documents Autour de l’exposition présentée du 10 mars au 23 août 2004 au musée national de la Marine Napoléon et la mer un rêve d’empire

▪ Le souverain français qui a le plus SOMMAIRE navigué : 233 jours en haute mer de son vivant et 50 jours pour sa dernière traversée, ▪ Un grand voyage : depuis Sainte-Hélène et près de 80 jours de L’expédition d’Égypte 1798-1799 p. 2 navigation pour le voyage aller et retour vers l'Égypte. Il est y habitué de par son origine ▪ Duels avec l’Angleterre p. 5 insulaire, cependant il souffre du mal de ▪ La guerre sur mer et vie à bord p. 7 mer… ▪ Grandes batailles et prisonniers ▪ Dès l'arrivée de Bonaparte au pouvoir, des pontons p. 9 la Marine constitue l'une de ses principales

préoccupations : il entend construire une ▪ La Marine de Napoléon p. 12 flotte aux dimensions de l'Europe. ▪ Derniers voyages p. 15 C’est bien d’une double histoire dont il s’agit : celle de la volonté et de la ténacité de ▪ Bibliographie, sitographie : quelques Napoléon, et celle de la contribution des références p. 17 marins à ce rêve impérial.

1 Napoléon et la mer Repères et documents Dossier pédagogique

Océan, vaisseau de 118 canons dans son état de 1807, sur les plans de Jacques-Noel Sané. Ateliers de l’arsenal de Brest ©MnM/P. Dantec Un grand voyage : l’expédition d’Égypte 1798-1799

En 1798, le général Bonaparte n'est pas encore l'Empereur Napoléon, mais son ambition politique inquiète ses rivaux. Le Directoire lui confie le commandement d'une expédition lointaine, vers l'Orient dont les buts et la destination précise sont tenus secrets. Bonaparte, sentant que le pouvoir n'est pas encore mûr, accepte cette mission où il pense y acquérir un surcroît de gloire. Le voyage vers l’Égypte va durer deux mois…

Départ de l’expédition La flotte Les vaisseaux* : L'Aquilon, le Conquérant, le Franklin, le Après des préparatifs complexes, l’expédition est composée Généreux, le Guerrier, le Guillaume Tell, l'Heureux, le Mercure, d’environ trente-cinq mille hommes emmenant une commission l'Orient (120 canons), le Peuple Souverain, le Spartiate, le Timoléon, le Tonnant (80 canons) des sciences et des arts de cent soixante-sept savants et artistes. Les frégates* : La Justice, la Diane, la Junon, l'Artémise, l'Alceste,

la Sérieuse. - Environ treize mille marins forment les équipages des navires Une corvette* : La Badine. de guerre répartis sur treize vaisseaux, une dizaine de frégates, Navires « armés en flûte » * : Le Dubois, le Causse, la Sensible, la trente-cinq bâtiments de guerre et trois cents navires de Courageuse, la Carrère, la Muiron, la Leoben, la Mantoue, la transport. Trois mille membres d’équipage assurent les ) Bombardes* : L’Oranger, la Portugaise, l'Hercule, l'Aglaé manœuvres des navires de commerce du convoi. Bricks et avisos* : La Salamine, le Lodi, le Corcyre, le Fortunatus,

- Le commandement de cette imposante flotte est confié au vice- l'Alerte, le Chasseur, le Pluvier, le Railleur..., Six tartanes*, six chaloupes canonnières… amiral F.P de Brueys d’Aigalliers. Le général L.A Berthier est le chef d’état-major des forces militaires terrestres. Pour des raisons stratégiques et logistiques, la destination finale est tenue secrète et le départ s’organise principalement à partir de quatre grands ports méditerranéens : * Lexique

- « Armé en flûte » : Un * Toulon : Bonaparte sur le vaisseau-amiral l’Orient, avec Brueys constituent le gros de la navire de guerre, flotte. L’Orient, un trois ponts de 120 canons, est le dernier à quitter le port le 19 mai 1798 transformé en navire de commerce, mais * Marseille : le général J-L Reynier et sa division, rallie la flotte et part le 19 mai 1798, conservant une partie de ses canons. * : le général de division L. Baraguey d’Hilliers embarque sur soixante-treize bateaux - Bombardes : navire à fond et rejoint en mer le 21 mai, plat, trois mâts. Destiné à porter des mortiers pour lancer des bombes * Civita-Vecchia : le général L. Desaix prend la mer le 26 mai avec cinquante-six vaisseaux. - Bricks et aviso : navires de petit tonnage, assurant des communications entre les Équipage des navires de commerce et composition des chargements des navires des différents convois de 1798 bâtiments d’une flotte de d’après les archives du Service Historique de la Défense (Toulon) guerre. - Corvette : petit navire de guerre léger et rapide - Frégate : Vaisseau de taille moyenne (15 à 40 canons), rapide et léger - Tartane : Petit bateau de pêche méditerranéen, utilisé aussi pour le transport de marchandise - Vaisseau : Navire de guerre de grandes dimensions pouvant transporter entre 74 et 10 canons

Buti Gilbert. Convois pour l'expédition d'Égypte in Cahiers de la Méditerranée, n°57, 1998.

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Pendant la traversée

À bord, Bonaparte se substitue à l'amiral en prenant le Lettre du naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire au naturaliste Cuvier commandement. (Les deux hommes étaient sur des vaisseaux différents)

« Voici comment je passe mon temps. À mon réveil, je vais sur - Il se plait à réunir les savants et provoque leurs disputes ; il se le pont m’informer de ce qui s’est passé durant la nuit et range ordinairement à l'avis du plus absurde ou du plus m’instruire des manœuvres en mer et de toutes les parties du vaisseau. Nous déjeunons puis vient le moment du audacieux ; il s'enquiert si les planètes sont habitées, quand recueillement. Je travaille et je lis. Nous dînons à quatre elles seraient détruites par l'eau ou par le feu, comme s'il était heures ; après le dîner, je jouis de la plus aimable conversation. Quand le jour a cessé, je fais une partie de reversis* avec le chargé de l'inspection de l'armée céleste. général de division Reynier, le général d’artillerie Manscourt

(…). Tous mes moments sont de cette manière si bien - Cependant, depuis le départ de Toulon, la nourriture pour les employés que je n’éprouve aucun ennui. A la vérité, je jouis de matelots ne se compose que d’un peu de riz. C’est après toutes les douceurs de la vie. » plusieurs réclamations qu’ils obtiennent une livre de pain. Lettres écrites d'Égypte à Cuvier, Jussieu, Lacépède, Monge… et à sa famille par Étienne Geoffroy Saint-Hilaire ; recueillies et publiées avec une De plus, le scorbut et la dysenterie sévissent sur toute la flotte. préface et des notes, Théodore Hamy, 1901.

La prise de Malte : 12 juin 1798

Durant les préparatifs de l’expédition, Vue de la prise de l’isle de Malthe Bonaparte annonce que la prise de l'île de Malte, alliée aux Anglais, est son premier objectif stratégique.

- Le 9 juin, la flotte de l’expédition d’Orient arrivée près du port de La Valette, demande un réapprovisionnement en eau qui est refusé. C’est le point de départ d’un siège qui dure jusqu’au 11 juin 1798.

- Les chevaliers de l'ordre de Malte capitulent le 12 juin et tous les habitants sont déclarés citoyens français. Des réformes sont lancées, l’ordre de Malte est supprimé et les chevaliers expulsés.

- Le général C.H Belgrand de Vaubois est Eau-forte, anonyme, après 1798 ©MnM/P. Dantec nommé gouverneur militaire de l'île et Bonaparte repart le 19 juin vers l'Égypte.

Le départ et la prise de Malte par François-René de Chateaubriand Le 28 juin 1798, l’avant-veille du débarquement à Alexandrie, Bonaparte s’adresse aux équipages et révèle enfin le but de l’expédition « Napoléon s'embarque : on dirait d'Homère ou du héros qui enfermait les chants du Méonide dans une cassette d'or. Cet « Soldats ! Vous allez entreprendre une conquête dont les effets sur la homme ne chemine pas tout doucement : à peine a-t-il mis l'Italie civilisation et le commerce sont incalculables […] Les peuples avec sous ses pieds, qu'il paraît en Égypte ; épisode romanesque dont il lesquels nous allons vivre sont mahométans […] Ayez pour les agrandit sa vie réelle. Comme Charlemagne, il attache une épopée cérémonies que prescrit l’Alcoran, pour les mosquées la même tolérance à son histoire. Dans la bibliothèque qu'il emporta se trouvaient que vous avez eue pour les couvents, pour les synagogues, pour la Ossian, Werther, La Nouvelle Héloïse et Le Vieux Testament : religion de Moïse et de Jésus-Christ. Les légions romaines protégeaient indication du chaos de la tête de Napoléon. Il mêlait les idées toutes les religions. Vous trouverez ici des usages différents de ceux de positives et les sentiments romanesques, les systèmes et les l’Europe, il faut vous y accoutumer […] La première ville que nous allons chimères, les études sérieuses et les emportements de rencontrer a été bâtie par Alexandre. Nous trouverons à chaque pas des l'imagination, la sagesse et la folie. De ces productions souvenirs dignes d’exciter l’émulation des Français. » incohérentes du siècle, il tira l'Empire ; songe immense, mais rapide comme la nuit désordonnée qui l'avait enfanté. » Proclamation à l’armée de terre rédigée le 22 juin 1798 à bord de l’Orient. er Correspondance de Napoléon 1 , Tome 4, publiée par ordre de l’Empereur Mémoires d'Outre-Tombe, 1850 Napoléon, 1858-1859 (pièce 2710)

L’Arrivée à Alexandrie : 1er juillet 1798

Le 1er juillet, l’escadre* arrive en vue des cotes d’Égypte, ne pouvant débarquer devant * Lexique

Alexandrie, la manœuvre à lieu sur la plage du Marabout à quelques kilomètres. Quelques Escadre : groupe de temps avant, la flotte anglaise du contre-amiral H. Nelson, était passée très près des navires navires de ligne sous français sans les découvrir. les ordres d’un amiral.

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Bataille d’Alexandrie Transcription du texte de la gravure - Bonaparte veut Bonaparte était parvenu à tromper la vigilance de l’amiral Nelson, commandant débarquer l’escadre anglaise envoyée à sa poursuite, rapidement pour arriva le 3 juillet devant Alexandrie. Malgré une mer très houleuse, le l’effet de surprise débarquement se fit à une lieue et demie sans écouter de la ville. Dès qu’il fut achevé, trois divisions sous Brueys qui le met les ordres des généraux Bon, Menou et en garde sur les Kléber, s’élancèrent au pas de charge aspects maritimes. contre les trois points de la ville. Ces attaques ayant réussi complètement, des Le débarquement colonnes s’enfoncèrent dans les rues. de 1500 hommes Elles n’y trouvèrent d’abord que quelques Janissaires fuyant de toutes parts en tirant se fait alors dans des coups de fusil ; mais bientôt un feu la nuit. La mer est plus nourri, parti des fenêtres des maisons tua un grand nombre d’hommes. mauvaise et Cependant le gouverneur et ses troupes l’accès au rivage s’étaient réfugiés dans le château du difficile, 19 soldats phare. Bonaparte l’y fit investir, et en un instant il fut réduit à demander quartier. se noient. Estampe, anonyme, après 1798 ©MnM/P. Dantec

- L’attaque d’Alexandrie est lancée au petit matin et le général J-B Kléber y est blessé d’une balle au front. La ville se rend le jour même.

- Bonaparte organise la conquête puis il donne l’ordre à la flotte de guerre de s’abriter de Nelson. Les navires de transport restent dans le Vieux-Port d’Alexandrie.

Retour d’Égypte sur la Muiron, 1799

Dès le début de la conquête, le 1er août Maquette de la Muiron, frégate de 44 canons, 1797 1798, Nelson surprend la flotte française dans la rade d'Aboukir et la détruit presque entièrement. La conquête de l’Egypte s’avère difficile.

- Presque un an plus tard, Bonaparte apprend qu’en France la situation politique est critique et décide alors de rentrer. Il s'embarque le 23 août 1799, laissant son armée sur place, sous les ordres du général Kléber.

- Il navigue sur la frégate Muiron, un bâtiment qui porte le nom du colonel, mort à Arcole, le 15 novembre 1796, en le protégeant. Il réussit à passer malgré la flotte anglaise qui surveille la Méditerranée À son arrivée à Paris, il prend le pouvoir : c'est le coup d'État du 18 Brumaire.

- En 1803, en souvenir de ce long voyage Jean Lille et Charles Mérier, ateliers de l’arsenal de Toulon, 1805 ©Musée national de la Marine/P. Dantec qui a favorisé ses projets ambitieux, Napoléon commande cette maquette de la Muiron. Il faudra deux ans pour la fabriquer, et c’est en 1805 que les deux ouvriers qui en sont chargés viennent à Paris présenter l’œuvre terminée à l’Empereur. Ce dernier l'installe dans son cabinet de travail au château de La Malmaison, où il aime se retirer.

Activités pour les élèves Expédition vers l’Orient en mai 1798

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Napoléon Ier visite le camp de Boulogne, juillet 1804, Jean-François Hué, 1804 © RMN-GP (Château de Versailles) / © F. Raux Duels avec l’Angleterre

Dans le duel avec l’Angleterre depuis la fin du XVIIIe siècle, les enjeux sont multiples : économiques, idéologiques, scientifiques... En face de l'Angleterre, commerçante, puissance coloniale et industrielle, se dresse une France agricole, pouvant vivre sur son sol sans dépendre du commerce avec ses voisins et qui cherche à étendre son influence, sa domination sur l'Europe.

Le camp de Boulogne : envahir l’Angleterre

Dès 1801, Napoléon réfléchit à une invasion de l’île avec l’élite de son armée. Il choisit dans le nord de la France, le port de Boulogne-sur-Mer, proche des côtes anglaises pour établir la base de ce « grand dessein » Après la rupture du traité d’Amiens en 1803, l’empereur relance son projet et déploie, le camp de Boulogne, dispositif militaire qui s’étend de Wissan à Étaples. En 1805, il abrite 60 000 soldats commandés par le maréchal J. Soult et 15 000 marins commandés par l’amiral E. Bruix. Prame de la flottille de Boulogne, 1803 * Lexique - Un arrêté du 13 mars 1801 ordonne la concentration de navires dans le port de Boulogne avec le Prame : embarcation dont creusement de bassins permettant d’accueillir 2000 le fond plat est navires. destiné à s’échouer pour constituer un - Leur construction, entreprise sur tout le territoire, est point d’appui dirigée par les deux ingénieurs Pierre-Alexandre d’artillerie lors d’un Forfait et Jacques-Noël Sané. Des navires à fond plat, débarquement. 25 sont construites d’une grande solidité et légèreté. Cette flottille est entre 1794 et composée de 25 prames*, 553 bateaux canonniers, 1805, toutes 334 chaloupes canonnières, 329 péniches. désarmées en 1815 - En août 1801, deux attaques de la Royal Navy n’aboutissent pas et ces échecs de Nelson expliquent aussi l'attitude conciliante du gouvernement britannique vers la paix d'Amiens, le 27 mai 1802. Maquette de bateau, atelier des arsenaux, début XIXe siècle ©MnM/A. Fux - Le projet d’invasion reprend après la rupture de la paix en 1803. Napoléon est très présent, il fait plusieurs visites sur le camp. Ces soldats sont les premiers à être décorés de la légion d’honneur.

- En août 1805, la Grande Armée quitte Boulogne après deux ans de rude entrainement pour l’Allemagne du sud. La défaite de Trafalgar le 21 octobre 1815 ruine les espoirs d’invasion de l’Angleterre.

Madame de Staël à propos du camp de Boulogne

« Ce fut pendant l’été 1803 que commença la Grande Farce de la Descente : des bateaux plats furent ordonnés d’un bout de la France à l’autre ; on en construisit dans les forêts, sur les bords des grands chemins. Les Français, qui ont, en toutes choses, une assez grande ardeur imitative, taillaient planche sur planche, faisaient phrase sur phrase : les uns, en Picardie, élevaient un arc de triomphe sur lequel était écrit : Route de Londres ; d’autres écrivaient : « À Bonaparte le Grand : nous vous prions de nous admettre sur le vaisseau, qui vous portera en Angleterre et avec vous les destinées et les vengeances du peuple français ». Ce vaisseau que Bonaparte devait monter, a eu le temps de s’user dans le port. D’autres mettaient pour devise à leurs pavillons dans la rade : « Un bon vent et trente heures ». Enfin toute la France retentissait de gasconnades, dont Bonaparte seul savait très bien le secret. »

Madame de Staël et Napoléon, Revue des deux mondes, Tome 13, 1903

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Nouvelle technologie au service de la guerre : le Nautilus de Fulton

Le Nautilus est le sous-marin mis au Le Nautilus, sous-marin de Robert Fulton point par l’ingénieur américain Robert Ce sous-marin en cuivre à Fulton entre 1798 et 1803. Le projet hélice est est proposé à Bonaparte comme une propulsé arme absolue capable de détruire la manuellement en flotte anglaise. plongée et à voile en surface. - Les premiers essais ont lieu dans la L'oxygène est fourni par des Seine le 13 juin 1800, au pied de la bouteilles colline de Chaillot. Le ministre de la embarquées. Marine, L. Forfait, y assiste et dans une lettre à Bonaparte se montre enthousiaste. D’autres essais suivent en juillet au Havre, et l’année suivante vers le port de Brest.

- Les différents essais n’ont pas été concluants et le projet est abandonné.

Bonaparte est un homme pressé, Le Nautilus (le premier bateau sous-marin) T. Obalski, in La Nature - Revue des sciences et de leurs c’est la guerre, et il a besoin de applications aux arts et à l'industrie - Vingt-neuvième année, 1901. résultats immédiats.

- Robert Fulton retourne en Amérique et son travail trouve un prolongement industriel grâce à sa rencontre avec Livingston, ambassadeur des États-Unis et détenteur d’un privilège pour la navigation à vapeur. À la mort de Napoléon en 1821, il y a déjà 14 bateaux construits par les États-Unis sur les plans de Fulton. La France ne possède son premier vapeur qu'en 1829 : le Sphinx.

Le blocus continental (1806-1813)

Par le décret de Berlin du 21 Bonaparte bloquant « John Bull », caricature anglaise. 1806 novembre 1806, Napoléon Bonaparte, surnommé en instaure officiellement le « Boney » en blocus continental : l’Europe Angleterre part à l’assaut des côtes entière doit fermer ses ports à anglaises dans son l'Angleterre. Il se lance dans bicorne. Face à lui, des campagnes dans toute « John Bull », surnom donné au l’Europe jusqu’en Russie pour peuple anglais, est faire respecter le blocus. hilare : « tu peux toujours essayer de - Le système doit être bloquer la lune » Napoléon déteste hermétique et le douanier ces caricatures et devient un personnage en fait le reproche à l’ambassadeur de essentiel qui perçoit les Grande-Bretagne lourdes taxes, fait respecter les qui lui répond : « Mais Sire, nous interdictions d'importation, les ne pouvons rien défenses d'entreposer… faire, chez nous la presse est libre ! » - La contrebande est encouragée par l'Angleterre, Swiley, N. Heideloff, 1806 © National Maritim Museum, Greenwich, London qui installe des dépôts dans les îles (Malte…) ou des ports à l'écart du système (Göteborg en Suède…).

- Après la bataille de Leipzig, « bataille des Nations » en 1813, les ports de l'Europe s'ouvrent à nouveau. Le blocus accentue encore l'avance industrielle de l'Angleterre sur l'Europe et affermit sa vocation maritime.

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La bataille de Copenhague, 2 avril 1801.Nicholas Pocock ©National Maritime Museum, Greenwich, London, Caird Collection La guerre en mer et la vie à bord

Le combat naval peut prendre deux dimensions : l’offensive des escadres (militaire) pour la domination maritime et la guerre économique par la course (attaque des navires marchands). L'Angleterre, insulaire, affecte tout son budget militaire à la constitution d’une flotte homogène et privilégie la guerre d'escadres contrairement à la France. La guerre de course est pratiquée sur ordre du roi par des corsaires sur des navires légers et rapides pour s’attaquer aux navires de commerce. La guerre d’escadre reste la plus codifiée.

Le combat naval d’escadre : la ligne de file

Depuis la fin du XVIIe siècle, le combat naval prend principalement la forme de guerre d’escadre avec des vaisseaux de ligne, puissamment armés. Maquette du Friedland, vaisseau 80 canons ,1810

- Sur le vaisseau de ligne de l'Empire, la voilure est augmentée par les voiles de cacatois*, tout en haut des mâts, au-dessus des perroquets*, qui deviennent fixes.

- Le vaisseau le plus apprécié des officiers est celui de 74 à 80 canons, à deux ponts, plus maniable que les 120 canons, à trois-ponts. La frégate de 40 canons, légère, fait aussi partie des escadres. Le nombre d'hommes d'équipage est évalué sur la base de 10 hommes par canon. Ainsi un vaisseau de deuxième rang, 78 à 84 canons, est manœuvré en temps de guerre par 780 à 840 hommes.

- La puissance de feu en mer est très importante et les pièces d'artillerie utilisées sont les canons, obusiers, caronades* et mortiers tirant des boulets en fer ronds et pleins, des grappes Ateliers de l’arsenal de Rochefort, sur les plans de Jacques-Noel Sané. Bois, cuivre, os, de raisins*ou des anges. Les exercices de tir sont quotidiens. ébène, laiton, fibre végétale, 1810-1818 © MnM/P. Dantec * Lexique - Cependant la rapidité de feu des Caronade de 30 avec affût* et sabord* - Affût : Structure en bois ou en métal équipages anglais est incomparable : supportant un canon et permettant de le presque une bordée* par minute (il faut déplacer. trois fois plus de temps aux Français). - Ange : Deux boulets reliés par une De plus, les Anglais pointent dans la chaîne tiré vers le gréement de l’ennemi. - Bordée : Ligne de canons rangés sur coque, « en plein bois » alors que les chaque bord d’un vaisseau. Français s'entêtent à viser les mâts. - Cacatois : Mâts et voile tout en haut du navire que l’on déploie par beau temps. - Pour éviter que les navires d'une - Caronade : Créée en 1774 par les même flotte ne se tirent dessus, le Anglais. Canon court et léger fixé sur un combat de mer s'impose en ligne : les affût pivotant. vaisseaux d'une même escadre sont - Grappe de raisin : Assemblage de petits boulets dans un sac de toile ficelé. rangés en file indienne, à environ 120 - Perroquet : Voile carrée juste en Maquette. Atelier des arsenaux de Brest, entre 1820 et 1829. Bronze, fer, m les uns des autres, face au vent. chanvre et bois © MnM/A. Fux dessous des cacatois. - Sabord : Ouverture avec volet, pratiquée dans la coque pour faire passer un canon. 7 Napoléon et la mer Repères et documents Dossier pédagogique

La communication en mer pendant un combat

Il existe tout un langage de pavillons*, drapeaux représentant l’alphabet et les * Lexique chiffres de 0 à 9. Pour en réduire les nombres à hisser, les ordres de l’amiral à la - Batterie : Lieu où sont placées les flotte sont envoyés selon un code associant chiffres et lettres. Ces combinaisons pièces d'artillerie, sur chacun des ponts (étages) d’un navire armé. signifient parfois des phrases entières. - Pavillon : Drapeau servant à

- Au cœur des combats, les signaux par pavillons sont peu utilisés du fait de indiquer la nationalité, le rang ou la qualité d’un navire. l’épaisse fumée provenant des tirs d’artillerie. Les ordres sont plutôt donnés avant - Servant de pièce : marin affecté à l’engagement, chacun sachant ensuite ce qu’il a à faire. la manœuvre du tir au canon. Souvent appelé par leur numéro - Un navire vaincu « baisse pavillon » c’est-à-dire le drapeau national. Il peut aussi pour simplifier les ordres. se rendre « pavillon haut ». Certains capitaines mortellement blessés font clouer le pavillon à l’arrière du vaisseau : l’équipage ne peut plus se rendre, il est capturé.

Le contre-amiral Horatio Nelson à ses capitaines, Lettre de Villeneuve à ses capitaines, avant Trafalgar 12 jours avant la bataille de Trafalgar « Si l'ennemi se présente au vent à nous et veut nous attaquer, nous « Je pense qu’il est presque impossible de ranger une flotte de 40 l'attendrons sur une ligne de bataille très serrée. Mais il ne se bornera pas vaisseaux en ligne » […] Si les capitaines ne peuvent pendant le à se former sur une ligne parallèle à la nôtre. Il cherchera à entourer notre combat apercevoir ou comprendre parfaitement les signaux de arrière-garde, à nous traverser et à porter sur ceux de nos vaisseaux qu'il leur amiral, qu'ils se rassurent : ils ne peuvent mal faire s'ils aurait désunis des pelotons des siens pour les envelopper et les réduire. » placent leur vaisseau bord à bord d'un vaisseau ennemi. » Lettre du vice-amiral P.C.S de Villeneuve, 1805, consultable au Service Historique de The Nelson Memorandum, Sir Horatio Nelson. 1805 la défense (S.H.D)

La vie à bord d’un navire de guerre

À bord, les journées sont rythmées par la cloche marquant les quarts, les Les manœuvres d’un vaisseau tambours et le sifflet. La moitié de l'équipage travaille pendant que l'autre se rythmées par les tambours et le sifflet repose. Les marins nettoient les ponts, entretiennent l'artillerie, les voiles, « Conventions de tambour. s’exercent aux manœuvres… Les hamacs arrimés, l'officier en second réunira les tambours1 sur Exercice de tir au canon - Parmi les l'arrière du grand mât, et préviendra l'équipage qu'il va faire exécuter les exercices différentes batteries* qui doivent quotidiens, le annoncer soit des mouvements tir au canon généraux, soit des mouvements du service journalier. Il est à supposer requiert une que les tambours les sauront toutes coordination (…) Au reste, elles sont assez distinctes pour n'entraîner aucune particulière. confusion (…) Selon le 1ere BATTERIE — La générale ; branle- bas de combat : tous les tambours et calibre de la fifres réunis sur le pont du vaisseau en pièce, cinq à font trois fois le tour. (…) treize Illustration de M. Morel-Fatio in La Marine, arsenaux, navires, équipages… E. Pacini, officier de la Marine royale, 1843© MnM Conventions de sifflet. hommes sont Les conventions de tambour nécessaires à entendues, l'officier en second fera la manœuvre : un chef de pièce et des « servants de pièce »*. Plusieurs connaître à l'équipage les conventions de sifflet. commandements permettent de roder les gestes et les emplacements de chacun Cinq coups de sifflet prolongés, suivis malgré la fumée qui envahit les batteries* et gêne la manœuvre. de trois autres coups accélérés, appelleront l'équipage sur le pont : - L’alimentation est exécrable. Les rations se composent de légumes secs, de ces coups de sifflet seront répétés par tous les maîtres de manœuvre viande salée, de biscuits de mer souvent pourris. Le parc à bétail abrite des aussitôt qu'ils les entendront, dans animaux vivants pour procurer de la viande fraîche aux officiers. On boit du vin et quelque partie du vaisseau qu'ils se trouvent. (...) de l’eau généralement corrompue. 1. L’officier en second désignera plus tard, parmi les

chefs de pièces, un tambour-maître, qui sera chargé - La mort est omniprésente. Aux épidémies de typhus liées à la mauvaise hygiène de la police des tambours, fifres et clairons, et de leur direction dans les batteries d'ensemble. » s’ajoute le scorbut, conséquence d’une carence en vitamines. Les accidents sont Organisation du personnel d'un vaisseau, fréquents : chutes depuis les vergues, écrasements par des pièces mal arrimées, contre-amiral Casy, ouvrage dédié à son altesse royale le prince de Joinville. 1840 noyades... Seule une discipline sévère fait accepter ces dures conditions. *Batterie : ensemble de coup de baguettes sur un tambour formant une phrase musicale. Ici correspondant à un code. Activités pour les élèves À venir

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La destruction de l'Orient au cours de la Bataille du Nil, 1er août 1798, Georges Arnal, 1825-1827© National Maritime Museum, Londres

Grandes batailles et les prisonniers des pontons

En 1793, la France a déclaré la guerre à l'Angleterre et à la Hollande, interrompue momentanément par la paix d'Amiens en 1802, le conflit reprend et se poursuit jusqu'en 1815, quand Arthur Wellesley, futur duc de Wellington met fin aux campagnes napoléoniennes. Le lieu de l’affrontement de ces deux nations restera la mer.

er Aboukir ou la bataille du Nil, 1 -2 août 1798

Une flotte déjà éprouvée

Après le débarquement d’Alexandrie, l’amiral Brueys choisi la baie d’Aboukir pour Rapport du chef de division protéger l’escadre de Nelson. Les vaisseaux peuvent y manœuvrer plus facilement. Ganteaume au ministre de la Marine Bruix, Aboukir, 9 juillet 1798 - L’escadre reste dans la baie, non loin du rivage car les navires sont vieux, les équipages principalement non marins et il est plus aisé de se ravitailler en eau et « Nos équipages sont très faibles en nombre et en qualité vivres. d’hommes. Nos vaisseaux sont en général fort mal armés, et je - L’état-major n’est pas unanime quant à la position de la ligne de vaisseaux qu’a trouve qu’il faut bien du choisi Brueys jugeant sa flotte inattaquable. Mais la tête de ligne est trop éloignée de courage pour se charger de conduire des flottes aussi mal la côte pour être soutenue par les canons de l’îlot d’Aboukir… outillées. »

- En plus de la dysenterie qui ravage marins et soldats, l’insuffisance de préparation Histoire des marins français sous la République (1789 à 1803), Charles des équipages, la vétusté des navires et leur position critiquable dans la baie, un Rouvier, lieutenant de vaisseau, changement non prévisible de vent favorise Nelson… 1868.

Le choc du désastre

Nelson passe à Les forces en présence, 1798 l’attaque La canonnade anglaise débute à la tombée de la nuit pour se poursuivre sans discontinuer jusqu’au petit matin.

- L’estimation des pertes reste difficile. Environ 2000 morts français, 1500 blessés et plus de 3000 prisonniers, relâchés par Nelson, incapable de les nourrir. Les officiers pris restent prisonniers. Abréviations cap. : capitaine c.a : contre-amiral v.a : vice-amiral

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- Parmi les victimes, le vice-amiral Brueys, les capitaines L. L’explosion du vaisseau-amiral l’Orient relatée d’après un témoignage

Casabianca (l’Orient) et son fils de 10 ans, A. Thévenard « À dix heures trois quarts, l'explosion eut lieu. On ne peut se faire (l’Aquilon), A. Dupetit-Touars (le Tonnant). une idée de la sublime horreur d'un pareil spectacle. L'immense gerbe de feu qui s'élança des flancs du vaisseau Environ six vaisseaux ont été capturés, trois ont été détruits, embrasé, avec un bruit cent fois plus terrible que celui du dont le Timoélon sabordé par son équipage pour ne pas être tonnerre, sembla s'élever jusqu'au ciel, en éclairant tout l'horizon. À cette éblouissante clarté, à cette épouvantable détonation, pris. succédèrent une obscurité profonde et un silence plus effrayant

peut-être. Ce silence ne fut interrompu d'abord que par la chute - Du côté anglais, les pertes sont beaucoup moins importantes, des mâts, des vergues, des canons, et des débris de toute ce qui ajoute au complexe d’infériorité de la Marine française : espèce, lancés à une hauteur prodigieuse, et qui retombèrent les uns après les autres dans la mer avec fracas. Les vaisseaux 218 tués et 678 blessés avec seulement deux vaisseaux environnants coururent les plus grands dangers. De tous ces endommagés. Deux frégates sont détruites et Alfred de Vigny objets qui pleuvaient autour d'eux, les uns pouvaient les défoncer leur rendra hommage dans le poème La frégate la Sérieuse ou et les couler à fond, les autres les incendier. Des morceaux de fer rouge, des tronçons de bois et de cordages enflammés, la complainte du capitaine (1837) tombèrent à bord du Franklin, et mirent, pour la quatrième fois, le feu à ce vaisseau ; cette fois encore on parvint à l'éteindre. - Le choc de cette attaque d’anéantissement est bien L'espèce de stupeur dans laquelle l'explosion de l'Orient avait l’explosion du vaisseau-amiral l’Orient. Un incendie s’est plongé les deux escadres, dura environ un quart d'heure, après lequel le feu qui avait cessé de toutes parts en ce moment propagé sur le navire de 120 canons, avec la poudre recommença. Le combat, qui jusqu'alors avait été peu de chose à nécessaire à cette artillerie. Les témoins notent qu’après cette l'arrière-garde, y devint plus vif. » explosion, les combats ne sont stoppés pendant un quart Batailles navales. Imprimé à Metz par P. Wittersheim, 1836 d’heure

- Les réactions et commentaires ont été très vifs sur cette bataille notamment sur les choix du contre-amiral Brueys, tué au combat et la passivité de l’amiral P-C Villeneuve.

Trafalgar, 21 octobre 1805 La stratégie de Nelson

En 1805, la flotte française aux ordres de Dernière phase de la bataille de Trafalgar l’amiral Villeneuve quitte Toulon afin d’attirer les Anglais vers les Antilles pour organiser l’invasion de l’Angleterre. Poursuivi par Nelson, Villeneuve rejoint Cadix. Lorsque la flotte franco-espagnole quitte le port, les navires anglais se sont regroupés. La rencontre se fait au large de Trafalgar, sur le détroit de Gibraltar.

- La ligne des vaisseaux s'étend sur 12 km. Les dix-huit vaisseaux français de 74 à 80 canons et les quinze vaisseaux espagnols, dont un de 130 canons sont répartis en trois escadres. La flotte anglaise, composée de vingt-huit vaisseaux, accourt du sud-ouest.

- Afin de percer la ligne de file, l’amiral anglais forme deux colonnes qui attaquent en même temps : celle qu’il commande à bord du HSM Victory vise, le Bucentaure de Villeneuve et le Santissima Trinidad du contre-amiral B. Cisneros, l'autre, conduite par le vice-amiral C. Collingwood se dirige sur l’arrière-garde du vice-amiral P. Guerres maritimes sous la République et sous l’Empire, E. Julien de la Gravière, 1879 © MnM Dumanoir de Pelley. La bataille se transforme en de multiples combats singuliers.

Le combat du Redoutable et la mort de Nelson

- Au milieu de la bataille le vaisseau amiral de Nelson, veut se glisser entre le Bucentaure et le Redoutable, un 74 canons, commandé par le capitaine J-J Lucas qui force la marche et aborde le vaisseau de Nelson.

10 Napoléon et la mer Repères et documents Dossier pédagogique

Le Redoutable à Trafalgar - Les français balayent le Au Salon de 1806, le mot navire à coups de mousquets. « Trafalgar » résonne en France comme une défaite. On Nelson est mortellement ne le prononce pas et c'est blessé par une balle venant uniquement la mort de Nelson qui est mise en avant, comme du Redoutable, au moment où une véritable victoire. Dans le le HSM Temerarious anglais livret du Salon, le titre officiel du tableau de Crépin est : « vient se placer à sa poupe, le Combat du 29 vendémiaire an réduisant à l’état de ponton 14. Le Redoutable, de 74 par ses caronades. On canons, commandé par M. Lucas, contre les vaisseaux dénombre 463 morts et Lucas anglais le Victory et le et son équipage sont faits Téméraire, de 110 canons. Nelson qui montait le vaisseau prisonniers. le Victory, y fut tué par la mousqueterie du vaisseau le - À bord du Victory, Nelson Redoutable (l'auteur a fait Louis-Philippe Crépin, 1806©MnM/P. Dantec campagne sur ce vaisseau) » est atteint à la colonne vertébrale. Il sait avant de mourir que l'Angleterre a remporté une totale victoire. Ses dernières paroles : « Grâce à Dieu, j'ai fait mon devoir… » sont restées légendaires.

Désastre franco-espagnol

- Les pertes humaines sont lourdes : côté français 3 400 tués ou noyés, 1 200 blessés, 7 000 prisonniers et 13 vaisseaux capturés ou perdus. Côté espagnol : 1 000 sont tués, 2 500 blessés et 9 vaisseaux pris. Côté anglais : 450 tués dont Nelson, 1 250 blessés et aucun navire pris même s'ils sont tous en très mauvais état.

- Villeneuve, sur le Bucentaure, est fait prisonnier et emmené en Angleterre. Rapatrié après six mois de captivité et sur le point de passer devant un conseil de guerre, il se suicide pour ne pas affronter la colère de l'empereur. Celui-ci décide de minimiser le combat de Cadix : « Les tempêtes nous ont fait perdre quelques vaisseaux après un combat imprudemment engagé. »

Les prisonniers des pontons* Les pontons dans le port de Portsmouth, 1814 À la chute de Napoléon, les anglais * Lexique retiennent prisonniers 122 000 marins Ponton : français pris durant les vingt années de guerre. vieux Ils sont enfermés sur des pontons dans les vaisseau à deux ou trois ports de Portsmouth, Plymouth, Chatham, ponts, Gillingham ou Dartmoor. démâté et amarré utilisé - Six à huit pontons ancrés à la file, chacun comme contenant environ 900 hommes sont amarrés prison au milieu des vases fétides et stagnantes que flottante. découvrent les marées. Cette atmosphère humide et putride contribue à détruire la santé Ambroise-Louis Garneray, 1814©NLA des prisonniers. Ambroise-Louis Garneray (1783-1857) Travail de ponton - Les détenus, autorisés à marin, corsaire, peintre et écrivain. L’effet décoratif Prisonnier des Britanniques pendant 9 ans. voulu explique la travailler pour des fabricants surabondance de anglais, peuvent ainsi s’acheter « Que l'on se figure une génération de morts détails. Un an est sortant un moment de leurs tombes, les yeux des rations de nourriture, tabac nécessaire à la caves, le teint hâve et terreux, le dos voûté, la construction ou alcool. Une grande activité barbe inculte, à peine recouverts de haillons d'une maquette. règne dans ce cloaque : petite jaunes en lambeaux, le corps d'une maigreur Le travail se fait effrayante. [...] Les harengs saurs étaient en équipe, sur menuiserie, ouvrages en paille, ordinairement d'une si détestable qualité que une même en os bouillis récupérés des nous ne pouvions, quoique tombant d'inanition, maquette. nous décider à les manger ; nous les vendions à Chacun apporte cuisines, maquettes de bateau. raison de deux sous aux fournisseurs qui les sa contribution. Les outils sont improvisés à gardaient pour nous les représenter la semaine suivante. Je suis persuadé que certains harengs partir de clous d'écrous, de furent servis pendant plus de dix ans de suite. » vieux ressorts de montre. Vaisseau à deux ponts en forme de chariot à roues. Voyages de Louis Garneray, Aventures et combats... Bois, laine, verre, début XIXe siècle © MnM/A.Fux Le Panthéon populaire, 1851 Activités pour les élèves À venir 11

Napoléon et la mer Repères et documents Dossier pédagogique

Napoléon Ier et L'impératrice Marie-Louise assistant au défilé de l'escadre de L'amiral Troude le 30 mai 1811 en rade de Cherbourg. Louis-Philippe Crépin, début XIXe siècle © musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau

La Marine de Napoléon

Avec la Révolution, la Marine est devenue celle de la République. Mais le difficile recrutement de marins qualifiés, l’exil de nombreux officiers issus de la noblesse et la vétusté de navires bien conçus, mais ayant déjà livré de nombreuses batailles mettent en évidence l’infériorité de la marine française face à sa rivale anglaise. Après le désastre de Trafalgar, Napoléon s’implique dans la structuration de la Marine.

Depuis 1792 : des marins de moins en moins nombreux et inexpérimentés

La solidité d’un encadrement intermédiaire que sont les officiers mariniers ne Le ministre de la Marine et des colonies compense pas un grand déficit de bons matelots formés sachant manœuvrer Denis Decrès répond à l’Empereur sur l’instruction des conscrits les voiles, entretenir et réparer un navire. « Ce que des novices apprennent dans - Depuis les guerres révolutionnaires, les temps de paix sont trop courts pour des canots ou des péniches n’est rien. Le former de nouvelles recrues, officiers comme matelots. Le « réservoir marin ne se forme que dans les tempêtes. Il est facile de manier un d’hommes » s’épuise et les équipages sont composés de marins de plus de aviron, il ne faut pour cela qu’un exercice cinquante ans et de jeunes inexpérimentés. facile et une main calleuse ; mais pour serrer une voile dans un coup de vent, - Pour combler ces manques, les services de la Marine incorporent des pour prendre un ris dans la même circonstance, il faut savoir courir sur les prisonniers noirs déportés de Saint-Domingue, des ouvriers des arsenaux et vergues qui bondissent en quelque sorte surtout à des soldats de l’armée de terre. Lors des grandes batailles d’Aboukir avec les flots, il faut connaître la corde à saisir, s’y attacher fortement et et de Trafalgar, plus du tiers des équipages français sont des soldats de cependant conserver son agilité et sa l’infanterie. force. Il faut surtout avoir l’estomac et la tête libre de l’effet de la mer […]. Tout - Le manque d’entraînement en pleine mer est accentué par l’impossibilité d’y cela, Sire, ce ne sont pas les règlements qui peuvent le donner, c’est l’usage seul accéder en exercice car la flotte anglaise bloque la plupart des ports. de la mer et son usage le plus habituel. » L’instruction se fait alors dans la rade. Correspondance de Napoléon Bonaparte avec Si les équipages sont endurants et courageux, il leur manque cette expérience le ministre des colonies, Services historiques de de navigation de combat qui fait la supériorité des anglais. la Défense (SHD)

Tambour et matelot vers 1810 La militarisation de la Marine * Lexique

Après les pertes durant la bataille de Trafalgar, l’incorporation Inscription d’hommes ne faisant pas partie de l’inscription maritime* se maritime : généralise : les départements littoraux doivent fournir des jeunes Enregistrement par les services de la hommes tirés au sort en fonction d’un nombre déterminé, très Marine de rapidement formés professionnels de la En 1808 : cinquante bataillons de la Marine impériale sont formés à mer pouvant être partir ceux du Consulat créés en 1803 pour envahir l’Angleterre. appelés à servir sur les navires de - La militarisation du corps de la Marine s’effectue progressivement. guerre royaux puis impériaux. Cela passe par la constitution d’un uniforme commun dès 1804 : « les officiers mariniers, matelots, novices et mousses auront, tous, veste et

Dessin d’Henri Boisselier, vers 1930©MnM 12 Napoléon et la mer Repères et documents Dossier pédagogique

pantalon bleus, le bouton de corne timbré également d’une ancre croisée de deux sabres, gilet rouge, chapeau rond et cravate noire », décret paru dans le journal militaire officiel du 5 mai 1804 (15 Floréal, An XII)

- Cette volonté illusoire de transformer en quelques semaines de simples jeunes conscrits en marins efficaces à perdurer pendant longtemps dans cette vision d’un renouvellement rapide de la Marine par Napoléon

La reprise du haut-commandement

La « lenteur » de la construction navale, de la formation gens de mers, et les Les ministres de la Marine et des aléas de la navigation ne répondent pas aux objectifs de conquête rapide et de Colonies du Consulat et de l’Empire contrôle total des opérations de Napoléon. Il entreprend cependant des réformes et construction visant à accroître Consulat - 1799-1801 : Laurent Forfait, ingénieur de l’efficacité de la Marine construction navale. Préfet maritime du Havre

après sa démission en 1801, jusqu’en 1804. - Le 27 avril 1800, Bonaparte alors Premier consul crée le corps des préfets - 1801-1802 : Denis Decrès, maritimes, représentants du gouvernement dans six arrondissements : Anvers, Officier de marine, s’est illustré pendant la Le Havre, Brest, Lorient, La Rochelle et Toulon. Ces hauts fonctionnaires, guerre d’Indépendance américaine, à la bataille d’Aboukir de 1798. Préfet maritime de Lorient. choisis parmi les officiers généraux ou les administrateurs civils, qu’il connaît personnellement, ont en mains tous les services. Bonaparte, Premier Consul - 1802-1804 : Denis Decrès - Le renouvellement du haut commandement s’avère difficile et des officiers de Veille au rétablissement de l’esclavage dans les colonies. corps inférieurs de l’ancienne Marine royale ou marchande ont été promus Napoléon Empereur et pendant les Cent-Jours amiraux. Souvent nostalgiques de la Royale de Louis XVI et peu enclin aux - 1804-1815 : Denis Decrès innovations techniques ou tactiques, ils restent cependant de bons Il organise la formation des marins en rade de Cherbourg, malgré le blocus des ports par les professionnels, capable de rivaliser avec les britanniques. anglais.

- L’amiral Decrès, ministre de la Marine et des colonies, ne permettra pas une réelle réorganisation des effectifs, des commandements et des stratégies, préférant « les intrigues de cour ».

Ports de guerre et arsenaux aux dimensions de l’Europe

De 1807 à 1812, Napoléon cherche toujours à améliorer ses ports de guerre, dans un contexte où la paix n’est que de courte durée. Les résultats doivent être rapides.

- Aux anciens ports de Brest, Lorient, Rochefort et Toulon, sont ajoutés de nouveaux, rendus nécessaires par les besoins et le contrôle des côtes du Grand Empire : un réseau de bases navales autour de trois pôles, Anvers, La Spezia (Cinque Terre, Italie) et Cherbourg. La création d’arsenaux sur tout le littoral du Grand Empire exprime cette volonté d’unification et de contrôle.

- Les travaux privilégiés sont ceux de défense, comme les digues et les forts, ou d’accroissement de l’espace comme le creusement de nouveaux bassins à Cherbourg. La politique des grands travaux fourni du travail à des milliers d’ouvriers dans ces pays soumis au blocus. Napoléon imagine des projets grandioses, comme l’agrandissement du port d’Anvers. Napoléon Ier et Marie-Louise assistent au lancement du vaisseau Le Friedland dans le port d'Anvers, 1810

- Dans les arsenaux, seuls quelques bâtiments indispensables à la flotte impériale sont réalisés. En 1810, le vaisseau de 80 canons, Friedland, du nom de la victoire contre la Russie, est lancé dans le port d’Anvers devant Napoléon et Marie-Thérèse Mathieu-Ignace Van Bree. Huile sur toile, 1810 © collections du château de Versailles/RMN

13 Napoléon et la mer Repères et documents Dossier pédagogique

Le faste impérial pour le lancement du Friedland : le canot de l’Empereur

La construction a été décidée dans le plus grand secret au printemps 1810, lorsque l'Empereur proposa de se rendre à Anvers pour visiter l’arsenal, dont il avait ordonné la création quelques années plus tôt.

- L’ingénieur Guillemard fournit les plans Le Canot de l'Empereur, Ateliers des Capucins à Brest. du canot, tandis que le maître Théau, originaire de Granville, en supervise la construction. Les sculptures décoratives sont confiées à un artiste anversois, Van Petersen.

- En 21 jours seulement l’embarcation est prête. Elle mesure plus de 18 mètres de long : le tiers arrière est dominé par un rouf richement décoré, tandis que les rameurs occupent tout le reste de l'espace, jusqu'à la majestueuse figure de Neptune.

- Le 30 avril 1810, le canot d’apparat fait une entrée remarquée dans Anvers : Napoléon et la jeune impératrice Marie- Louise sont à bord, accompagnés du maréchal Berthier, du ministre de la Marine D. Decrès et de l’amiral E-T de Burgues comte de Missiessy, commandant l’escadre de l’ ; un véritable cortège naval les entoure.

Pendant plusieurs jours le canot assure © MnM / J-Y Besselièvre les déplacements de l’Empereur qui visite le vaisseau amiral le Charlemagne, assiste au lancement spectaculaire du Friedland et inspecte l’ensemble de sa flotte. Visite de Napoléon III à Brest, 11 août 1858 La décoration est mise au goût du jour en 1858 pour accueillir Napoléon III et l’Impératrice Eugénie. C’est de cette époque que datent les éléments sculptés actuels, notamment la figure de proue, le groupe arrière avec les armes impériales et, surmontant le rouf, une grande couronne soutenue par quatre angelots. Même les rames sont ornées de somptueux motifs peints.

Auguste Meyer. Huile sur toile, 1859 © MnM/A. Fux

14 Napoléon et la mer Repères et documents Dossier pédagogique

Napoléon à bord du Bellophoron. William Quiller Orchardson, vers 1880 © collection of de Tate Britain

Derniers voyages

L’île d’Elbe, l’exil à Sainte-Hélène, puis en 1840 l’ultime voyage avec le retour des cendres de l’Empereur sont les derniers voyages, entre gloire et défaite.

L’île d’Elbe 1814-1815

Le traité de Fontainebleau de 1814 entérine Départ pour l'Île d'Elbe l’abdication de Napoléon. Il choisit de se retirer à Portoferraio, capitale de l’île d’Elbe où le traité lui accordait la propriété et la souveraineté.

- Il y séjourne du 4 ma 1814 au 26 février 1815, date à la quelle il trompe la surveillance des Anglais pour revenir en France. C’est le 1er mars qu’il débarque à Golfe-Juan pour marcher sur Paris.

- Ils sont des milliers à le soutenir à son arrivée à Grenoble pour continuer jusqu’à la capitale et obtenir le ralliement de certains de ces maréchaux. L’aventure des Cent-Jours va du 20 mars au 22 juin 1815.

- La coalition européenne se reforme pour mettre Napoléon au ban de l’Europe. La guerre est à nouveau inévitable et la terrible défaite de Waterloo du 22 juin Anonyme. Estampe, 1814 © MnM/A.Fux 1815 amène la seconde abdication de l’Empereur.

L’exil à Sainte-Hélène

Napoléon se rend aux Anglais, le 15 juillet 1815. Lord Bathurst, Napoléon, à propos de son incarcération à Sainte-Hélène, ministre de la Guerre et des Colonies réussit à convaincre les octobre 1815 membres du gouvernement de mettre l'Empereur hors la loi. Il faut « À quel infâme traitement ils nous ont réservés ! Ce trouver un endroit pour l'exil et Wellington, le vainqueur de Waterloo, sont les angoisses de la mort ! À l’injustice, à la propose Sainte-Hélène en plein cœur de l’Atlantique. L'île violence, ils joignent l’outrage, les supplices prolongés ! Si je leur étais si nuisible, que ne se défaisaient-ils de appartient à la Compagnie des Indes orientales qui rétrocède ses moi ? Quelques balles dans le cœur ou dans la tête droits à la couronne britannique pour la durée de la détention. eussent suffi ; il y eut du moins quelque énergie dans ce crime ! » […] - Napoléon arrive le 3 juillet à Rochefort puis il débarque sur la « J'en appelle à l'Histoire. Elle dira qu'un ennemi qui fit vingt ans la guerre au peuple anglais, vint librement petite île d’Aix, au large de Rochefort, et s’en remet aux Anglais. dans son infortune chercher un asile sous ses lois.

Quelle preuve plus éclatante pouvait-il donner de son - Il monte à bord du Bellérophon qui se dirige vers le port anglais de estime et de sa confiance ? Mais comment répondit-on Torquay et y reste quelques jours. Dans des canots, plusieurs en Angleterre à une telle magnanimité ? On feignit de tendre une main hospitalière et, quand il se fut livré de habitants, piqués par la curiosité s’approchent du navire pour bonne foi, on l'immola. » apercevoir l’Empereur déchu. Le mémorial de Sainte-Hélène, Emmanuel de Las Cases, 1824

15 Napoléon et la mer Repères et documents Dossier pédagogique

- Il arrive ensuite au port de Plymouth où il apprend qu’il sera exilé à Sainte-Hélène, malgré ses protestations. Napoléon embarque sur le Northumberland, et quitte les eaux britanniques le 9 août. Après un voyage de plusieurs mois, il arrive à Sainte-Hélène le 15 octobre 1815.

- Pendant ces six années d’exil, Napoléon, qui pour les Anglais n'est que le général Bonaparte, a droit aux égards dus à ce rang. En compagnie de quelques fidèles, il lutte contre l'ennui, contre l'oubli, et contre son geôlier, le lieutenant Sir Hudson Lowe, que même Wellington tient pour « borné ».

- Sa mort, survenue le 5 mai 1821, puis la publication des confidences à Las Cases sous le titre de Mémorial de Sainte-Hélène le font entrer dans la légende.

L’Ultime voyage : le retour des cendres*

En 1840, le prince de Joinville, troisième fils du roi Louis-Philippe, est Victor Hugo à propos de la cérémonie du retour chargé de rapporter de Sainte-Hélène les restes de Napoléon Ier. Jeune des cendres de Napoléon 1er officier de marine, il prend le commandement de la frégate, la Belle-Poule « Oui, c'est une fête ; la fête d'un cercueil accompagnée de deux corvettes, La Favorite et L’Oreste. exilé qui revient en triomphe […] L’attention redouble. Voici la voiture noire - L'expédition part le 18 octobre de Sainte-Hélène et arrive dans le port à d’argent de l’aumônier de la Belle- Poule, au fond de laquelle on entrevoit le militaire de Cherbourg le 30 novembre après cinquante jours de traversée. La prêtre en deuil ; puis le grand carrosse de chapelle funéraire et le cercueil sont installés à l’entrepont. velours noir à panneaux-glaces de la commission de Sainte-Hélène, quatre - Le 8 décembre, le cercueil est transbordé à bord du vapeur Normandie qui chevaux à chacun de ces deux remonte lentement la Seine. Le temps glacial n’empêche pas de nombreuses carrosses. » manifestations populaires. Choses Vues, « les funérailles de Napoléon », le 15 décembre 1840 -Transbordé de nouveau sur la Dorade, le cercueil arrive à Courbevoie le 15 décembre. Le reste du chemin, jusqu’aux Invalides se fait par voie de terre. * Lexique - Devant une foule immense et après une cérémonie solennelle, le cercueil est e porté jusqu’à une chapelle du Dôme. La crypte ne sera aménagée qu’en 1861. Les « cendres » : Au XIX siècle, c’est la façon noble d’évoquer les restes d’un corps.

Modèle de la Belle Poule, frégate de 1er rang, 1834

La coque est doublée de cuivre, comme c’est l’usage depuis la fin du XVIIIe siècle afin de protéger le bois. Le haut de la coque est entièrement réalisé en ébène, car la frégate a été peinte en noir pour ce voyage, couleur qu’elle conserva jusqu’à son désarmement, en souvenir de cette fonction funèbre. Cette maquette a été sûrement construite en 1844 à l’initiative du prince de Joinville, qui était resté très attaché à cette frégate. Il l’installe dans son cabinet de travail au palais des Tuileries jusqu’à la révolution de 1848. Elle a ensuite intégré les collections du musée de la Marine.

Aigle impérial. Élément de décor de la chaloupe de La Belle Poule

Ensemble de sept aigles ayant orné la chaloupe de frégate la Belle- Poule , telle qu'elle se présentait à Sainte-Hélène lors du transfert des cendres de l'empereur Napoléon Ier, le 15 octobre 1840. Ces aigles ont orné aussi la chapelle ardente installée à bord de la Belle Poule.

Atelier de modèles des arsenaux de Cherbourg, sur les plans de Mathurin Boucher, après 1830 © MnM/A. Fux Sculpteur anonyme, XIXe siècle © MnM/P. Dantec

16 Napoléon et la mer Repères et documents Dossier pédagogique

Bibliographie, Sitographie : quelques références

Généralités sur la Marine et l’Empire

▪ Ouvrages imprimés

- Catalogue d’exposition, Napoléon et la mer, un rêve d’Empire, coédition musée national de la Marine/Ed. du Seuil, 2004

- Catalogue d’exposition, Les maquettes de la Marine impériale, coédition Château de Versailles/Musée national de la Marine/Snoeck, 2014

- BOUDON Jacques-Olivier (dir.), La Marine sous le premier et le second empire, SPM, collection de l’institut Napoléon, 2017

- LEVEQUE Pierre, Histoire de la Marine, du Consulat et de l’Empire, Librairie historique Teissèdre, 2003

- LE MAO Caroline, Les arsenaux de la Marine du XVIe siècle à nos jours, Presses universitaires de la Sorbonne, 2021

- MONAQUE Rémi, Une histoire de la marine de guerre française, Perrin, 2016

- THOMAZI Auguste, Les marins de Napoléon, Taillandier, 2004

▪ Documents sources - Correspondance de Napoléon Ier publiée par ordre de l'Empereur Napoléon III, Tome 4 (Expédition Egypte), 1858-1868 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6332764q

▪ Ressources numériques - Musée de la Marine : programme multimédia sur l’exposition « Napoléon et la mer » de 2004 http://www.musee-marine.fr/content/anciens-programmes-multimedia

- Musée de l’Armée : Conférence de Michèle Battesti (Inserm) « Napoléon et la mer ». Mars 2013 Cycle de conférences autour de l’exposition « Napoléon et l’Europe » (27 mars -- 14 juillet 2013) au musée de l'Armée, en partenariat avec l'Université permanente de la ville de Paris. https://www.youtube.com/watch?v=6o-xKGGhU48

Un grand voyage : L’expédition d’Égypte 1798-1799

▪ Sources numérisées sur Gallica - Cinquante références sélectionnées et mises en thèmes par la fondation Napoléon https://www.napoleon.org/wp-content/uploads/2016/04/egypteexpedition_bibliographie_gallica_fr-1.pdf

▪ Ouvrages imprimés et articles - MURAT Laure, WEILL Nicolas, L'Expédition d'Égypte. Le rêve oriental de Bonaparte. Coll. Découvertes Gallimard (n° 343), Gallimard, 1998 - Témoignage : LAPORTE Joseph, Mon voyage en Égypte et en Syrie : Carnets d'un jeune soldat de Bonaparte, PUF, 2011 - Catalogue d’exposition, Il y a 200 ans, les savants en Égypte, Museum d’Histoire Naturelle/Nathan, 1998 - Catalogue d’exposition, Bonaparte et l’Égypte, feu et lumières, Editions Hazan/Institut du Monde Arabe, 2008

- NAKACHE Karen, Des marins français à Aboukir : témoignages, in Cahiers de la Méditerranée, n°57, 1998. https://www.persee.fr/doc/camed_0395-9317_1998_num_57_1_1234 - BUTI Gilbert, Convois pour l'expédition d'Égypte, in Cahiers de la Méditerranée, n°57, 1998. https://www.persee.fr/doc/camed_0395-9317_1998_num_57_1_1233

▪ Pages et sites internet - Histoire par l’image : Alain GALOIN, Napoléon Bonaparte et l'Égypte http://histoire-image.org/fr/etudes/napoleon-bonaparte-egypte - Fondation Napoléon : Bonaparte en Égypte. 2e partie : avec 160 savants ! (Fiche « jeune historien ») https://www.napoleon.org/jeunes-historiens/napodoc/bonaparte-en-egypte-2eme-partie-avec-160-savants/ MILLELIRI Jean-Marie, Le rôle du service de santé pendant l’expédition d’Égypte, 1998-1999 https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/le-role-du-service-de-sante-pendant-lexpedition-degypte/

Duels avec l’Angleterre

▪ Pages et sites internet - Fondation Napoléon : CHARRIER PIERRE, Davout et ses soldats au camp de Bruges. Un corps d’armée au camp de Boulogne, 2005 https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/davout-et-ses-soldats-au-camp-de-bruges-un-corps-darmee-au- camp-de-boulogne/ - Musée de la Légion d’honneur : Histoire de la légion d’honneur https://www.legiondhonneur.fr/fr/page/fondements-et-histoire/103

17 Napoléon et la mer Repères et documents Dossier pédagogique

- Cité de la mer de Cherbourg : Fiche sur le sous-marin de Fulton https://mediathequedelamer.com/wp-content/uploads/la-cite-de-la-mer-fiches-colleges-nautilus.pdf - Histoire des sciences à travers les revues scientifiques : le sous-marin de Fulton https://sciences.gloubik.info/spip.php?article1522

▪ Vidéo - Le camp de Boulogne : reportage de France 3 Hauts de France. https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/2013/11/06/la-memoire-du-nord-pas-de-calais-napoleon-et-le-camp- de-boulogne-1803-1805-352937.html

La guerre sur mer et la vie à bord

▪ Ouvrages imprimés - AUMONT Michel, Les corsaires de Granville, une culture du risque maritime (1688-1815), Presses univ. de Rennes, 2013 - APPRIOU Daniel, BOZELLEC Erwan, L'Alcide corsaire de Saint-Malo, la guerre de course et l'histoire d'une corvette de 1745 à nos jours, Coop Breizh, 1998

- DELITTE Jean-Yves, HERON Jean-Benoît, À bord des frégates, Glénat 2020 - PLATT Richard, BIESTY Stephen, À bord d’un vaisseau de guerre : une bataille navale vers 1800, Gallimard jeunesse, 2009

- Témoignage : GARNERAY Louis, Corsaire de la République : Aventures et combats, Phébus, coll. Libretto, 2001

▪ Ressources numériques - Musée de la Marine : programme multimédia sur « la vie à bord d’un 74 canons » http://www.musee-marine.fr/content/anciens-programmes-multimedia - Réseau Canopé : Échapper au scorbut et à la teigne https://www.reseau-canope.fr/hermione/echappez-au-scorbut-et-a-la-teigne/seances-1-et-2.html

Grandes batailles et prisonniers des pontons

▪ Ouvrages imprimés et articles - BATTESTI Michèle, La bataille d’Aboukir 1798 : Nelson contrarie la stratégie de Bonaparte, Economica, 1998 - MASSON Philippe, Les sépulcres flottants. Prisonniers français en Angleterre sous l’Empire, Ouest France Université, 1992 - MONAQUE Rémi, Trafalgar, 21 octobre 1805, Passés composés, 2021

- Témoignage : GARNERAY Louis, Mes pontons, Payot et Rivages, 2006

- DELITTE Jean-Yves, BECHU Denis, Les grandes batailles navales : Trafalgar, Glénat, 2017

- CHASSAIGNE Philippe, L’Angleterre, ennemie héréditaire ? Revue historique des armées N°264, 2011 http://journals.openedition.org/rha/7313

▪ Pages et sites internet - Fondation Napoléon : BATTESTI Michèle, La bataille d’Aboukir : ses implications stratégiques https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/la-bataille-daboukir-ses-implications-strategiques/ Dossiers thématiques : Trafalgar, 21 octobre 1805 : une tragédie navale https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/dossiers-thematiques/trafalgar-21-octobre-1805-une-tragedie-navale/ - Histoire par l’image : Denoël Charlotte, La bataille de Trafalgar (Tableau d’A. Meyer, Scènes de la bataille de Trafalgar, 1836) http://histoire-image.org/fr/comment/reply/5843

▪ Pages et sites internet sur l’archéologie sous-marine - Institut européen d’archéologie sous-marine (IEASM) Les sites en Égypte : la flotte de Bonaparte https://ieasm.institute/egypt.php# - UNESCO : projet de musée sous-marin. Aboukir. http://www.unesco.org/new/fr/culture/themes/underwater-cultural-heritage/museums-and-tourism/alexandria-museum- project/ - Sciences et avenirs : IGNASSE Joël, Coulée lors de la bataille de Trafalgar, l'épave du Fougueux découverte au large de Cadix, 2016 https://www.sciencesetavenir.fr/espace/exploration/les-restes-du-fougueux-coule-pendant-la-bataille-de-trafalgar-retrouves- grace-aux-maths_108452 - Site de la BBC (en anglais) : Nelson's captured French Tricolour flag displayed again « Le drapeau tricolore français capturé par Nelson est à nouveau présenté » au musée de Norfolk. Archéologie sous-marine. https://www.bbc.com/news/uk-england-norfolk-38984685

▪ Vidéo - Nota Bene : Les conflits les plus meurtriers de l’Histoire (Trafalgar). https://www.youtube.com/watch?v=i1zOsn9p8Z8

18 Napoléon et la mer Repères et documents Dossier pédagogique

La Marine de Napoléon

▪ Ouvrages imprimés et articles - LEVEQUE Pierre, La marine française au 18 Brumaire, in Annales historiques de la Révolution française, oct.-déc. 1999 http://journals.openedition.org/ahrf/289 - ARNAUD Bernard, Napoléon et la Marine ou l'histoire d'un malentendu in Napoleonica, N°8, 2010 https://www.cairn.info/revue-napoleonica-la-revue-2010-2-page-53.htm

- Collectif, Histoire des troupes de marine au travers de l’uniforme (1622-2020), Histoire et Collection, 2020

▪ Documents sources - Pour l’inscription maritime, voir le Service Historique de la Défense (S.H.D) - Les archives numérisées des départements littoraux Exemple : Amirauté de La Rochelle https://archives.charente-maritime.fr/consulter-documents-numerises

Derniers voyages

▪ Ouvrages imprimés et articles - VIAL Charles Eloi, Napoléon à Sainte-Hélène, l’encre de l’exil, Perrin, 2018 - POISSON Georges, L'Aventure du retour des cendres, Taillandier, 2004

- HOMET Jean-Marie, Napoléon : le retour des Cendres in L’Histoire N° 272, 2003 https://www.lhistoire.fr/napol%C3%A9on-le-retour-des-cendres

▪ Pages et sites internet - Fondation Napoléon : MACE Jacques, Faire revenir Napoléon en France : reportage exclusif à bord de la Belle Poule en 1840 https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/faire-revenir-napoleon-en-france-reportage-exclusif-a-bord-de-la- belle-poule-en-1840/

- Histoire par l’image : BENOIT Jérémie, Le retour des cendres de Napoléon (ensemble de trois tableaux) https://histoire-image.org/fr/etudes/retour-cendres-napoleon?to=animation

▪ Vidéo - Centre des monuments nationaux : 15 décembre 1840, le retour des Cendres de Napoléon https://www.youtube.com/watch?v=y9LkTw8jXP8

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