LE MONDE DES LIVRES

VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001

LITTÉRATURE ET ROCK NOUVEAUX ANNÉES 1940 DICTIONNAIRE CULTUREL EDGAR MORIN pages II et III ÉCRIVAINS MEXICAINS Nationalistes et affairistes DES SCIENCES La Méthode 5 page VII La prochaine génération monégasques Pour l’égalité des valeurs est en marche à l’heure de entre les savoirs page IV la tentation scientifiques et culturels nazie page VI a page V Romans du rock La collaboration dans tous ses états

mu au rang SS de Brigadeführer, général de division. Ecouté des plus Retour sur le diplomate hautes instances nazies, il passe le plus clair de son temps à Berlin Otto Abetz et l’écrivain entre janvier et avril 1942. Ces lon- gues escapades au cœur du disposi- Robert Brasillach, tif de décision du IIIe Reich attestent figures du occupé, a eux ouvrages à carac- le rang et l’influence du personnage. tère biographique reviennent sur la Elles sont aussi le signe d’une posi- DFrance de l’Occupation par le biais tion qui se fragilise. Abetz voit, en grâce à de jeunes d’acteurs importants du versant le effet, son étoile pâlir à Berlin. Cette plus noir de son histoire, le diploma- éclipse tient au fait qu’il a manœu- chercheuses exemptes te allemand Otto Abetz et l’écrivain vré pour le retour de Laval sans en La collaboration français Robert Brasillach. Le pre- avoir informé Ribbentrop. Ce der- du « regard français ». mier, œuvre d’une historienne autri- nier ne l’oubliera pas. Il a beau res- chienne, prend pour centre de gravi- serrer la collaboration avec Laval et Instructif té les années sombres, quand Abetz aggraver la persécution antisémite était à son zénith. Le second, qu’on en poussant à l’introduction de doit à une universitaire américaine, l’étoile jaune en zone occupée, son lective les traits d’un diplomate dis- place le curseur sur le début de l’an- discrédit s’accentue. tingué, marié à une Française, qui se née 1945, quand sonne l’heure des Convoqué et retenu à Berlin à la serait efforcé d’atténuer les violen- comptes pour Brasillach. Ces fin de 1942, il ne regagne Paris qu’un ces hitlériennes. L’ouvrage de Barba- regards, à la fois savants et exté- an plus tard pour négocier dans une ra Lambauer tord le cou à cette rieurs, utiles pour dépasser nos phase de tension extrême avec bluette en livrant toutes les pièces débats franco-français, attestent aus- Vichy. Cette ultime tractation, par d’un dossier fort lourd. Elle prend si qu’a vécu la biographie classique, laquelle il obtient que Pétain et ainsi le contre-pied d’Eberhard Jäc- qui déroulait sans accroc le fil d’une Laval restent en place, est son chant kel, qui, dans La dans l’Euro- vie dont tous les moments étaient du cygne. Confiné après août 1944 pe de Hitler, paru en 1968, avait cam- équivalents. dans la surveillance du gouverne- pé Abetz en francophile et exécu- Né en 1903, Otto Abetz milite tôt ment fantoche de Sigmaringen, il tant de second ordre. Elle y a eu dans les mouvements de jeunesse n’est plus qu’un ambassadeur in par- d’autant plus de mérite qu’Abetz allemands. En 1930, il contacte à tibus pratiquant une caricature de ayant été, par sa fonction, mêlé à a Paris Jean Luchaire, briandiste con- collaboration. En décembre 1944, il toutes les facettes de la collabora- vaincu, animateur de Notre temps, est destitué non sans que Hitler lui tion, le chantier était immense. Avec où écrivent Pierre Brossolette et décerne peu après une haute distinc- une fougue contenue et une experti- Jean Prévost. Des rencontres entre tion. Arrêté en octobre 1945, il est se indiscutable, Barbara Lambauer jugé en juillet 1949 à ruine des représentations qui pas- Laurent Douzou Paris. Il a voulu, plai- saient du baume sur les plaies des Edgar Morin, de-t-il, « limiter les mémoires allemande et française. dégâts dans la mesure Avec pour toile de fond la même jeunes des deux pays s’ensuivent. En du possible ». Son avocat ne con- période et un même souci d’éclairer 1934, Abetz quitte son emploi de vainc pas en arguant « qu’il n’était un destin individuel, l’ouvrage professeur de dessin à Karlsruhe qu’un petit personnage dans la dépen- qu’Alice Kaplan, professeur de litté- pour un poste d’expert en questions dance étroite de chefs puissants et rature à Duke University, consacre à KEYSTONE françaises au bureau Ribbentrop. féroces ». Condamné à vingt ans de Brasillach emprunte à une veine Otto Abetz (au centre) quittant l’Hôtel du Parc, à Vichy Tout en s’alignant sur la doctrine prison, il rédige des Mémoires où per- composite et plus intuitive. L’auteur nazie, il cultive ses relations dans les ce une nostalgie irrépressible pour le rappelle, à grands traits et avec aux caciques du Front populaire muniste, on saura finalement peu de mythe ? Précisément non. Une figu- cercles intellectuels parisiens. Fin régime nazi. D’actifs réseaux font talent, le parcours de ce normalien (avec une haine recuite contre Geor- choses. Reste le procès lui-même. re exclusivement célébrée par sa 1935, le Comité France-Allemagne campagne pour sa libération. En devenu critique littéraire de L’Action ges Mandel et Jean Zay, qui seront Brasillach y tient la dragée haute à famille d’extrême droite, ce qui est voit le jour. La séduction dont use avril 1954, c’est chose faite. Jusqu’à française, puis rédacteur en chef de assassinés). Il vomit la République, l’accusation : « Je ne puis rien regret- bien le moins. Il est des mots qui Abetz touche ses limites en juin sa mort accidentelle, en 1958, il ten- Je suis partout. Prisonnier de guerre «vieille putain agonisante, garce véro- ter de ce qui a été moi-même. » Son tuent toute potentialité de mythe, 1939 quand, perçu comme l’agent tera de réhabiliter son image. en 1940, il est libéré en avril 1941 sur lée, fleurant le patchouli et la perte avocat se trompe de plaidoirie, aussi sûrement que les balles d’un d’influence qu’il est, on le déclare De fait, ce dignitaire du IIIe Reich, l’intervention d’Abetz. Le pamphlé- blanche». Mais le nœud du projet brillant quand il eût fallu convain- peloton d’exécution, tels ceux que persona non grata en France. qui excella à porter les couleurs taire devient un des hommes les d’Alice Kaplan est de reconstituer le cre. Quant à la pétition rédigée pour Brasillach écrivit au lendemain des Nommé ambassadeur d’Allema- nazies en affectant de s’en distan- plus en vue de la collaboration. Il procès de Brasillach clos par une réclamer la grâce de Brasillach, à grandes rafles de l’été 1942 quand il gne en août 1940, il revient à Paris cier, conserve dans la mémoire col- s’en prend violemment aux juifs, condamnation à mort exécutée le 6 l’initiative de Jean Anouilh, Marcel proclama la nécessité de « se séparer par la grande porte. Il veut rallier b février 1945. Elle s’intéresse donc à Aymé et François Mauriac, on sait des juifs en bloc et de ne pas garder de l’opinion française à la collaboration ses protagonistes, disséquant posi- que le général de Gaulle décida de petits ». et manipuler en souplesse le gouver- extrait tions et itinéraires individuels du pro- ne pas y céder. Il s’en justifia, de nement de Vichy, où Laval joue la cureur général et de l’avocat de Bra- façon elliptique quoique transparen- OTTO ABETZ ET LES FRANÇAIS carte allemande. L’ambassadeur tis- « … je dirai que je n’étais pas germanophile avant la guerre, ni même sillach, sondant les jurés. Pour évo- te, dans ses Mémoires de guerre,à de Barbara Lambauer. se patiemment sa toile, y prenant au début de la politique de collaboration ; je cherchais seulement l’inté- quer ces seconds rôles négligés, propos des écrivains condamnés à Fayard, 902 p., 30 ¤ (196,80 F). syndicalistes, patrons, acteurs politi- rêt de la raison. Maintenant, les choses ont changé; j’ai contracté, me l’auteur use de techniques à mi-che- mort : « S’ils n’avaient pas servi direc- En librairie le 6 novembre. ques et culturels. Le renvoi de Laval, semble-t-il, une liaison avec le génie allemand, je ne l’oublierai jamais. min des approches historique et tement et passionnément l’ennemi, je homme-univers le 13 décembre 1940, porte un coup romanesque. Partie sur leurs traces commuais leur peine, par principe. INTELLIGENCE Qu’on le veuille ou non, nous aurons cohabité ensemble ; les Français à cette stratégie collaboratrice au de quelque réflexion, durant ces quelques années, auront plus ou avec de maigres indices, elle furète Dans un cas contraire – le seul –, je ne AVEC L’ENNEMI plus haut niveau sans qu’Abetz relâ- moins couché avec l’Allemagne, non sans querelles, et le souvenir leur dans les archives privées et publi- me sentis pas le droit de gracier. Car, Le procès Brasillach che son jeu politico-culturel. Il tou- en restera doux. Les malheurs allemands ne sont pas précisément nos ques, sollicite les souvenirs de leurs dans les lettres, comme en tout, le (« The Collaborator. che à tout, apportant son concours malheurs et la patrie française a les siens, mais je ne sais d’où vient proches et sillonne leurs quartiers talent est un titre de responsabilité. » The Trial and Execution à la Légion des volontaires français, que ce sont des malheurs plus fraternels que ceux d’un autre pays. Le éventrés un peu à la façon du Modia- Alice Kaplan, qui ne cèle rien des of Robert Brasillach ») demandant, de son propre chef, que sentiment est là maintenant et si l’on veut savoir ce que je suis, il faut no de Dora Bruder, du Rouaud des monstrueuses pages noircies sous d’Alice Kaplan. les juifs des camps de la zone nord bien lui faire sa part » Champs d’honneur. De l’imprimeur l’Occupation par le polémiste, le Traduit de l’anglais (Etats-Unis) soient déportés vers l’Est. Robert Brasillach, 19 février 1944, d’Aubervilliers, de l’ingénieur de juge coupable. Elle déplore cepen- par Bruno Poncharal, Fin janvier 1942, ses bons et cité par Alice Kaplan, p. 177. Saint-Maur, de l’employé de Villeta- dant qu’en le fusillant on l’ait érigé Gallimard, 308 p., loyaux services lui valent d’être pro- neuse, du technicien militant com- en mythique martyr innocent. Un 22,50 ¤ (147,59 F). www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17657 – 7,90 F - 1,20 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI La récession américaine se confirme b Aux Etats-Unis, les derniers indices économiques traduisent une dépression aggravée par les attentats b PIB en recul pour la première fois depuis 1993, chômage en hausse, moral des consommateurs en baisse b En Afghanistan, les B-52 pilonnent les talibans b A New York, une quatrième victime de l’anthrax

SOMMAIRE b La guerre contre Al-Qaida : L’aviation américaine a utilisé le b Les Etats-Unis dans la crise : La bombardier lourd B-52 pour pilon- PASCAL GEORGE/AFP menace de récession est confirmée ner des positions des talibans au par les chiffres du troisième trimes- nord de Kaboul. Le Pentagone a SKI tre. Pour la première fois depuis parle d’un « tapis de bombes ». 1993, le PIB recule (– 0,4 %). Inves- Notre envoyé spécial auprès des tissements, exportations et moral forces de l’Alliance du Nord, Rémy JULIEN DANIEL/L’ŒIL PUBLIC Adieu des ménages sont en baisse. Arrê- Ourdan, a été témoin de ces raids AVEC LE « NEW YORK TIMES » tées fin septembre, ces statistiques qui pourraient être le prélude à annoncent une accélération de la une offensive terrestre. Discrète- championne ! dépression économique américai- ment, des conseillers américains Vies de ne depuis les attentats du 11 sep- épaulent les combattants afghans QUARANTE-HUIT heures après tembre. Les élans de « patriotisme anti-talibans. Mais, au Pakistan, les son terrible accident lors d’un économique » n’enrayent pas les tribus du Nord-Ouest se solidari- disparus entraînement dans les Alpes autri- vagues de suppressions d’emplois. sent avec le régime de Kaboul. En chiennes, Régine Cavagnoud est Le chômage touche 5,2 % de la Arabie saoudite, les dirigeants Depuis le 15 septembre, le New York morte, mercredi 31 octobre, à l’hô- population active, contre 4,9 % commencent à s’inquiéter des cri- Times publie chaque jour les portraits pital d’Innsbruck. L’annonce du début septembre. p. 2 tiques de la presse américaine d’une quinzaine de disparus du World décès de la championne française a contre le royaume. p. 4 et 5 Trade Center. Aucun ne sera oublié : provoqué une énorme émotion. b Alerte à l’anthrax : Le cas d’une « On continuera jusqu’à ce qu’on ne b Son village de La Clusaz (Haute- quatrième victime, à New York, Horizons-Débats : « Repenser trouve plus personne. Cela prendra six déconcerte les enquêteurs. p. 3 les services secrets », par Bernard Savoie) est en deuil. Le président mois, huit mois, qu’importe », commen- de la République, Jacques Chirac, Charles ; « Mines en Afghanistan : ainsi que Lionel Jospin, le premier b L’argent du terrorisme : Le GAFI la guerre après la guerre », par Phi- te le rédacteur en chef responsable. ministre, ont exprimé leur tristesse. énonce huit recommandations lippe Chabasse. p. 12 Avec l’aide des proches, chaque vie per- pour contrôler les flux financiers due est ainsi rendue à sa singularité et à Lire page 17 suspects. p. 3 f www.lemonde.fr/dossier-special ses bonheurs. Extraits. p. 10 et 11 Les « ratés » de la Les avions de ligne dans le ciel de Paris sont surveillés de près par des Mirage LES PARISIENS regardent vers le ciel… et les contrôleurs d’approche des aéroports pari- de pilotage, et se manifesterait d’un battement formation à l’euro voient des avions partout depuis le 11 septem- siens sont chargés des avions qui circulent d’ailes. C’est ce qui s’est passé, lundi 22 octo- bre. A la dernière séance du Conseil de Paris, dans les couloirs entre 2 000 et 4 000 mètres. bre, non pas au-dessus de Paris mais non loin LE PERSONNEL de caisse lundi 22 octobre, Yves Pozzo di Borgo, élu UDF Ce sont des agents de la direction générale de de la frontière espagnole, lorsqu’un Boeing a des commerçants et des agen- du 7e arrondissement, a relayé cette inquié- l’aviation civile (DGAC), placés sous l’autorité 737 de la compagnie britannique Go, qui ces bancaires a beaucoup de mal à tude, qui se traduit par de nombreuses plaintes d’Aéroports de Paris (ADP). Ils gèrent les connaissait des problèmes de radio, a été SIPA PRESS s’habituer au changement de mon- de particuliers. Il a suggéré de « sanctuariser 2 500 mouvements quotidiens qui assurent la rejoint par un Mirage F1… à la grande frayeur naie. Des simulations d’utilisation Paris et la banlieue pour éviter une attaque terro- desserte des trois aéroports parisiens. Ils inter- des 130 passagers. SÉCURITÉ ROUTIÈRE de billets factices, de type Monopo- riste ». Le préfet de police, Jean-Paul Proust, lui viennent lorsqu’un avion ne respecte pas son Quand l’avion militaire se porte à la droite ly, chez Carrefour ou chez McDo- a répondu en affirmant que les procédures plan de vol et l’altitude autorisée. de l’appareil suspect, des menaces réelles exis- nald’s, montrent des taux d’erreur actuelles paraissaient suffisantes pour assurer Si un avion ne répond pas aux injonctions, tent. Après un coup de semonce de son canon La route très importants. Alors que la Ban- la sécurité des Parisiens. les contrôleurs alertent le commandement de de 30 millimètres, le pilote de l’avion de chasse que de France n’autorise pas encore Les avions ne sont autorisés à survoler la la défense aérienne et des opérations peut recevoir l’ordre, directement du gouverne- et l’amnistie l’utilisation des vrais euros, les assu- capitale, comme toutes les grandes villes et les aériennes (CDAOA), qui se trouve à Taverny ment cette fois, de détruire l’appareil civil. La perspective d’une amnistie accor- reurs envisagent une multitude de sites sensibles, qu’à plus de 2 000 mètres d’alti- (Val-d’Oise). Le général de l’armée de l’air, de Mais dans l’hypothèse du comportement sus- dée à la faveur de l’élection prési- risques liés au passage à la monnaie tude, et, pour Paris, seulement entre 7 heures service dans le poste du CDAOA, peut alors pect ou anormal d’un avion au-dessus de Paris, dentielle de 2002 va-t-elle causer une unique tandis que la Commission et 22 h 30. Selon le préfet de police, plus de décider d’une interception aérienne. Depuis le une telle interception pourrait ne pas être européenne s’inquiète des très for- 99 % des avions respectent cette réglementa- 11 septembre, ce dispositif de surveillance mili- assez rapide pour empêcher un acte terro- augmentation du nombre de morts tes pénalités infligées en Italie ou en tion. On n’observe chaque mois au-dessus de taire a été renforcé et ce ne sont plus 2, mais riste... « Un avion qui s’apprêterait à se poser sur sur les routes ? C’est ce que craignent Belgique aux commerçants s’ils per- Paris que 10 à 15 survols non réglementaires. 12 Mirage qui sont prêts à décoller, alors que les pistes d’Orly ne mettrait que quelques instants associations et spécialistes de la lutte dent leurs nouveaux billets. Les autorités n’en sont pas moins particuliè- les 400 appareils de l’armée de l’air peuvent à pour survoler à nouveau Paris, remarque contre l’insécurité routière, au vu des rement vigilantes depuis plusieurs semaines. tout moment être détournés de leur route. l’armée de l’air. Nous n’aurions pas le temps campagnes précédentes. Le Monde a Lire page 14 Alors que la route des avions au-dessus de Dans l’hypothèse où un avion ne répondrait d’intervenir. » 4 000 mètres est surveillée par l’un des cinq pas aux injonctions, l’appareil militaire se por- demandé leur position aux candidats à f www.lemonde.fr/euro centres régionaux de la navigation aérienne, terait alors à sa gauche, à la hauteur du poste Christophe de Chenay l’Elysée. p. 7 Un spécialiste Sobibor, l’art et le postiche à l’Elysée ILYAdans le nouveau film de treprise nazie. Cette dernière, com- Claude Lanzmann, Sobibor, 14 octo- me le rappelle l’historien Raul bre 1943, 16 heures, un plan saisis- Hilberg dans La Destruction des juifs sant, à la fois anodin et terrible, terri- d’Europe, est organiquement liée au ble d’être à ce point anodin. Il s’agit maintien du secret. Tout le proces- de l’image d’un troupeau d’oies qui sus de mise à mort des juifs fait l’ob- apparaît, à deux reprises, plein cadre jet d’un recouvrement de la réalité, – d’abord hurlantes, puis muettes en depuis les mots détournés par un raison d’une coupure délibérée du langage codé (« traitement spécial » son – au cours de la séquence où le pour mise à mort, « douche » pour survivant de Sobibor, Yehuda Ler- chambre à gaz, « pièce » pour DANIEL MAJA ner, explique que les nazis utilisaient cadavre…) jusqu’à l’effacement des ces volatiles pour recouvrir les cris traces par destruction totale des FUNÉRAILLES des juifs menés aux chambres à gaz. moyens, des lieux et des victimes du PHILIPPE MASSONI Depuis la projection du film au crime. Festival de Cannes, les spectateurs, Tout le travail de Claude Lanz- Progrès de EN NOMMANT l’ex-préfet de poli- professionnels ou non, n’ont pas mann, face à cette programmation ce de Paris chargé de mission à l’Ely- manqué de s’arrêter sur ce plan et de l’oubli, consiste à faire advenir la crémation sée pour les questions de sécurité et d’interroger Claude Lanzmann à l’événement dans le visible, en Moins répandue que dans d’autres de terrorisme, Jacques Chirac mani- son sujet. Celui-ci rappelle l’hésita- d’autres termes, à le recouvrer avec feste sa prééminence. Fâcheux précé- tion qui fut la sienne à l’utiliser, par cela même qui a permis aux nazis de pays européens, la crémation devrait dent sous Mitterrand, la cellule de crainte d’illustrer, de façon obscène, le recouvrir : l’apparence inchangée toutefois concerner bientôt un décès Christian Prouteau fut un échec. le propos de Lerner. Il ajoute que la du monde, telle qu’ils nous l’ont sur cinq en France. Cette coutume raison pour laquelle il l’a conservé transmise en héritage. Jean Cayrol suscite des nouveaux débats. La desti- Lire page 8 est précisément la « lutte » engagée ne dit pas autre chose dans l’admira- nation des cendres des défunts est et notre éditorial page 13 au niveau de la bande-son entre le ble texte de Nuit et brouillard d’Alain parfois l’objet de contentieux, et criaillement des oies et la voix de Ler- Resnais : « Même un paysage tran- Afrique CFA 1 000 F CFA, Algérie, 35 DA, Allemagne, 3 DM (1,53 ¤); l’autorisation de déposer l’urne dans Antilles-Guyane, 10 F (1,52 ¤); Autriche, 25 ATS (1,82 ¤); ner, à l’avantage de cette dernière. quille, même une prairie avec des vols Belgique, 49 FB (1,21 ¤); Canada, 2,50 $ CAN ; Danemark, L’image même des oies, et c’est ce de corbeaux, des moissons et des feux une propriété individuelle pourrait 15 KRD ; Espagne, 250 PTA (1,50 ¤); Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR (1,47 ¤); Irlande, 1,40 £ (1,78 ¤); Italie, qui rend ce plan à la fois si effroya- d’herbe, même une route où passent ouvrir la porte à la création de colum- 3000 L (1,55 ¤); Luxembourg, 46 FL (1,14 ¤); Maroc, 10 DH ; ble et si juste, évoque une autre ima- des voitures, des paysans, des couples, bariums privés. p.18 Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3,30 FL (1,50 ¤); Portugal cont., 300 ESC (1,50 ¤); Réunion, 10 F (1,52 ¤); Suède, 16 KRS ; Suisse, ge qui la brouille insensiblement : même un village pour vacances, avec 2,40 FS ; Tunisie, 1,5 DT ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. celle de l’absence des juifs anéantis, une foire et un clocher, peuvent International ...... 6 Aujourd’hui ...... 17 dont la parole de Lerner porte témoi- conduire tout simplement à un camp France-Société...... 7 Météorologie ...... 19 E gnage. Ainsi, le recouvrement de concentration. » M 0147 - 1102 - 7,90 F - 1,20 Carnet...... 9 Jeux ...... 19 – dans la double acception de ce ter- Abonnements ...... 9 Culture ...... 20 me – est-il l’opération fondamenta- Jacques Mandelbaum Horizons ...... 10 Guide culturel ...... 22 le, « frontale » dirait Lanzmann, par 3:HJKLOH=UU\^U\:?l@l@a@c@a; VIENT DE PARAÎTRE Entreprises...... 14 Radio-Télévision ...... 23 laquelle son œuvre se mesure à l’en- Lire la suite page 13 2 LES ÉTATS-UNIS DANS LA CRISE LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001

CONJONCTURE Le départe- annuel au troisième trimestre 2001. dernière récession américaine. Les credi les dirigeants républicains et TRIÈME VICTIME de l’anthrax est ment du commerce a annoncé, mer- b LA CONTRACTION de l’activité éco- investissements sont également en démocrates du Congrès, a souhaité décédée à New York mercredi. b EN credi 31 octobre à Washington, que nomique est plus faible que prévu recul de 11,9 % et le chômage atten- qu’un plan de stimulation de la crois- AFGHANISTAN, l’aviation américai- le produit intérieur brut des Etats- mais elle est néanmoins la plus forte du à la hausse en octobre. b LE PRÉ- sance lui soit présenté avant la fin ne continue à bombarder les posi- Unis avait reculé de 0,4 % en rythme depuis la guerre du Golfe, lors de la SIDENT BUSH, qui a rencontré mer- du mois de novembre. b UNE QUA- tions talibanes au nord de Kaboul. L’économie américaine n’échappera pas à la récession Selon le département du commerce, le recul du produit intérieur brut (– 0,4 %) au troisième trimestre 2001 a été légèrement inférieur aux prévisions (– 1 %). Mais les nuages s’accumulent : les investissements sont à la baisse, le chômage annoncé à la hausse et la consommation des ménages ralentit

NEW YORK La menace de récession confirmée fin de semaine. Les économistes de 0,5 %. George W. Bush presse le l’économie américaine depuis le de notre correspondant prévoient une augmentation de Congrès d’adopter un programme 11 septembre. Les gains de produc- Les bonnes nouvelles se font plu- LA CROISSANCE AMÉRICAINE EURO CONTRE DOLLAR près de 300 000 du nombre des de réductions d’impôts de l’ordre tivité des entreprises – le moteur tôt rares en ce moment aux Etats- en % du PIB 0,930 demandeurs d’emploi et un taux de de 100 milliards de dollars (110 mil- de la croissance à la fin des années Unis. Du coup, entre deux alertes 1,4 0,925 chômage en hausse à 5,2 % de la liards d’euros). 1990 – sont menacés. La producti- aux attentats et à l’anthrax, Wall population active contre 4,9 % en vité souffre et souffrira de la néces- Street a profité d’un chiffre écono- 0,920 septembre. Il y a un an, l’économie DÉPENSES DE SÉCURITÉ sité pour les entreprises de consa- mique moins mauvais que prévu américaine se trouvait encore en L’efficacité de ces mesures crer une part grandissante de leurs 0,915 pour s’orienter résolument à la situation de plein-emploi, le taux dépendra, en grande partie, de la investissements à la protection de hausse mercredi 31 octobre en 0,6 0,910 0,9017 de chômage était descendu à 3,9 %. psychologie des consommateurs leur personnel et de leurs chaînes début de journée. Le recul du PIB 0,5 La plupart des économistes le et des investisseurs. Si la guerre d’approvisionnement et de distri- (produit intérieur brut) américain 0,3 0,3 0,905 voient à plus de 6 % au début de au troisième trimestre se limite à 0,1 0,900 2002. « La consommation va s’inflé- 0,4 %, selon une première estima- chir nettement à la fin de l’année. Malgré le krach « lent », Wall Street résiste tion, au lieu du 1 % généralement 0,895 Les ménages sont inquiets pour leur attendu par les analystes. L’écono- 0,890 23 oct. emploi et leurs revenus », estime Après avoir été fermée pendant six jours au lendemain des atten- mie semble résister un peu mieux Baisse brutale des prévisions Dennis Ferro, responsable des tats-suicides du 11 septembre (du jamais vu depuis la grande dépres- -0,4 que prévu au choc des attaques du 0,885 de croissance de la zone euro investissements de Wachovia. sion des années 1930 ), Wall Street a rouvert le 17 septembre dans des 11 septembre, mais la bouffée « Nous aurons probablement une conditions techniques et morales précaires. Dans la semaine qui a sui- T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 1117 24 1 8 15 22 31 d’optimisme à la Bourse a été de 2000 2001 SEPTEMBRE OCTOBRE recul plus marqué de la croissance vi, les principaux indices boursiers ont dégringolé, perdant entre 12 % e courte de durée. Source : département du commerce/Bloomberg au 4 trimestre, de l’ordre de 1,5 % », et 16 %. Un krach « lent » selon les spécialistes. Mais dans un sursaut L’indice Dow Jones a finalement L'économie américaine a enregistré au troisième trimestre sa plus forte contraction prévoit M. Goldstein. Les Etats- qualifié de patriotique, soutenu par les baisses de taux répétées de la terminé la séance en baisse de depuis plus de dix ans, à 0,4%, ce qui semble confirmer que les Etats-Unis ont Unis seront alors en récession. Cel- Réserve fédérale (banque centrale américaine) et les mesures de 0,5 %. Les Etats-Unis n’éviteront maintenant basculé dans la récession. Toutefois, l'annonce de cette baisse a été moins le-ci se définit techniquement par relance à l’étude à Washington, la Bourse de New York a effacé ses pas la récession. Relativement limi- forte qu'attendu (-1%), ce qui a provoqué une chute de l'euro, mercredi 31 octobre. au moins deux trimestres consécu- lourdes pertes en moins de trois semaines. Le 11 octobre, Wall Street tée, la baisse du produit intérieur tifs de contraction de l’activité. avait retrouvé ses niveaux du 10 septembre. brut est tout de même la première sommation a permis d’éviter, jus- ce mensuel de confiance des La question aujourd’hui est de Depuis la tendance est devenue plus irrégulière et plutôt orientée à depuis 1993 et la plus importante qu’au milieu de cette année, une consommateurs publié, mardi, par savoir quand vont se faire sentir la baisse au rythme des alertes à l’anthrax et des interrogations crois- depuis le premier trimestre 1991, baisse du PIB. Mais de juillet à sep- le Conference Board. Il est tombé, les premiers effets de politiques santes sur la stratégie militaire des Etats-Unis. L’indice Dow Jones a lors de la guerre du Golfe. « La con- tembre la progression des dépen- en octobre, à son plus bas niveau monétaires et budgétaires deve- reperdu 5 % depuis le 11 octobre. – (Corresp.) traction de l’activité a probable- ses des ménages a encore ralenti à depuis sept ans. « Nous attendions nues très expansionnistes. La ment commencé en août, et les un rythme annuel de 1,2 %. un recul de la confiance des Améri- Réserve fédérale (banque centrale attentats ont aggravé les choses en cains, mais pas d’une telle ampleur, américaine) a ramené depuis le s’enlise et si les Américains se sen- bution. Les biens, les services et sapant la confiance des consomma- HAUSSE DU CHÔMAGE ATTENDUE souligne Oscar Gonzalez, écono- début de l’année, à un rythme sans tent toujours menacés sur leur pro- même l’argent circulent aujour- teurs déjà mise à mal par la remon- La consommation n’a pas pu cet- miste de John Hancock Financial précédent, son taux au jour le jour pre sol, les baisses d’impôt et les d’hui un peu moins rapidement tée du chômage », explique Ken te fois compenser le nouveau recul Services. La vague de suppressions de 6,5 % à 2,5 %. Les analystes transferts aux ménages se transfor- dans un monde où les contrôles se Goldstein, économiste du Confe- de 11,9 % des investissements. Les d’emplois pèse sur le moral des con- attendent une nouvelle baisse du meront en épargne de précaution, multiplient. Les dépenses supplé- rence Board, un cabinet d’études événements du 11 septembre sommateurs. Si elle se poursuit à un loyer de l’argent le 6 novembre à pas en consommation. Quant aux mentaires de sécurité faites par les économiques de New York. « ont étouffé l’économie », a résu- tel rythme, les dépenses des ména- l’occasion de la réunion du comité réductions de taux, elles n’ont pas entreprises et les Etats agissent Les investissements et les expor- mé mercredi le président des Etats- ges vont s’effondrer et même Alan de politique monétaire de la ban- un effet immédiat. Il leur faut en comme une taxe sur l’économie tations sont en forte baisse aux Unis George Bush, appelant le Greenspan [le président de la que centrale américaine. Pour ce général dix-huit mois pour avoir réduisant les bénéfices, les investis- Etats-Unis depuis douze mois, Congrès à adopter avant la fin du Réserve fédérale] ne pourra rien y qui est du budget fédéral, il est pas- un impact sur la conjoncture. sements et les excédents budgétai- depuis l’éclatement de la bulle spé- mois de novembre un ensemble de faire », ajoute-t-il. sé en quelques mois d’un excédent Enfin, il reste une autre incon- res. culative autour de la nouvelle éco- mesures de soutien à l’économie. Les chiffres du chômage pour le équivalent à 3 % du PIB à un défi- nue de taille : l’ampleur des chan- nomie. Seule la vigueur de la con- Il y a urgence si on se fie à l’indi- mois d’octobre seront annoncés en cit attendu pour l’année prochaine gements structurels en cours dans Eric Leser Divergences sur les dépenses publiques Les élans de patriotisme n’enrayent pas les vagues de suppressions d’emplois NEW YORK humaines du cabinet de conseils Ernst rapidement augmenter, d’au moins un million et l’ampleur des baisses d’impôt de notre correspondant & Young, était venue chercher cinq cadres ; elle et demi d’ici au milieu de l’année prochaine. Ils étaient plus de dix mille à piétiner dans la a des contacts avancés avec une dizaine de Selon le syndicat AFL-CIO, 574 000 emplois ont WASHINGTON des dépenses et sur l’ampleur et la rue, le 25 octobre, pour certains depuis le demandeurs d’emplois qualifiés d’« intéres- été supprimés depuis les attentats du 11 sep- de notre correspondant nature des baisses d’impôts. matin à 5 heures, afin d’être sûrs d’entrer à la sants ». Chris Ferguson, un des directeurs de tembre. Les citoyens américains, aujour- M. Fleischer a donné une nouvel- foire aux emplois (« Job Fair ») organisée pour Kentucky Fried Chicken – un réseau de restaura- Dans certaines villes comme Las Vegas, d’hui unis face au terrorisme, rede- le présentation du point de vue pré- la deuxième fois au Madison Square Garden de tion rapide –, a conservé une centaine de curri- Washington ou San Francisco, certains hôtels viendront un jour des électeurs. sidentiel. M. Bush, a-t-il expliqué, New York. Une manifestation mise sur pied par culum vitae et pense engager cinquante person- se sont séparés de trente pour cent de leur per- Certains d’entre eux seront aussi considère que la dépense publique la municipalité afin d’aider ceux qui ont perdu nes. Le grand magasin Macy’s a convoqué une sonnel. A New York, plus de cinq mille person- des contributeurs aux fonds de a déjà augmenté de 55 milliards de leur travail à la suite des attaques du 11 septem- douzaine de demandeurs d’emploi à des entre- nes travaillant dans l’hôtellerie ont été licen- campagne des candidats. Le prési- dollars avec les 40 milliards de bre. La foire était ouverte à tous, mais les tiens d’embauche. En revanche, Buck Consul- ciées depuis les attentats. Trente restaurants à dent George Bush, les sénateurs et mesures consacrées à réparer les employés licenciés après les attentats avaient la tants, une société spécialisée dans les ressour- proximité du World Trade Center ont fermé, les députés n’en doutent pas une dégâts du 11 septembre et à finan- priorité. ces humaines du groupe Mellon Financial, était laissant environ un millier de serveurs et de cui- seconde, et le soin qu’ils mettent à cer la guerre au terrorisme, plus les Environ deux cent cinquante entreprises en quête de trente salariés et n’en a trouvé que siniers à la rue. Les onze mille chauffeurs de préparer les élections – les prochai- 15 milliards d’aides aux compa- étaient venues faire preuve de solidarité et pro- trois correspondant à ses besoins. limousine de la ville ont vu leur activité baisser nes doivent arriver dans un an – gnies aériennes. Il souhaite à pré- poser plus de dix mille postes. Un chiffre non Le stand qui avait le plus de succès était celui de quarante pour cent depuis six semaines. est somme toute rassurant quand sent un montant équivalent de négligeable, même s’il s’agit d’intentions et s’il des pompiers de New York. Environ cent per- Les premiers touchés par les licenciements se succèdent les alertes générales, réductions de taxes en faveur des ne se compare pas aux cent quinze mille sonnes se présentaient à l’heure pour obtenir sont les salariés les plus vulnérables qui, profi- quand se multiplient les cas d’an- entreprises et des ménages qui ne emplois perdus à New York depuis six semai- des renseignements sur la façon de devenir un tant de la prospérité et du plein-emploi, thrax et quand les B-52 reprennent paient pas l’impôt sur le revenu nes. A peu près quatre mille personnes « firefighter », le héros préféré, aujourd’hui, des avaient trouvé au cours des dernières années du service en Afghanistan. Les mais qui acquittent le prélèvement auraient été engagées à la suite de la première New-Yorkais. Autre signe des temps, deux des « petits boulots ». « Les licenciements après batailles politiques en cours, au à la source destiné aux retraites. foire, organisée le 17 octobre, et plus de six mil- recruteurs remontaient les files d’attente en le 11 septembre affectent des personnes et des sujet de la sécurité aérienne ou des En outre, il propose d’aider les per- le ont établi des contacts sérieux le 25 octobre. proposant des stages pour devenir agent de familles qui souvent se sont déjà trouvées aupara- mesures de soutien à l’économie, sonnes ayant perdu leur emploi, Une troisième « Job Fair » est prévue le sécurité et obtenaient un certain succès. vant dans des situations précaires », explique sont d’autant plus apaisantes que directement ou indirectement, en 15 novembre. Heather Boushey, du Economic Policy Institu- leurs protagonistes s’affrontent raison des attaques terroristes, soit Manifestement, les entreprises ont fait des PRÉCARITÉ AGGRAVÉE te. « Si nous n’y prenons garde, la situation pour- sans oublier qu’ils se retrouveront au total un plan de 60 à 75 mil- efforts. Des grands groupes comme IBM et Cette bouffée de patriotisme économique ne ra rapidement ressembler à celle du début des le lendemain, ou deux heures plus liards de dollars. AOL Time Warner étaient présents, tout com- doit cependant pas masquer le flot inexorable années 1980, quand le nombre de sans-abri avait tard, pour manifester l’unité de la me des petites sociétés de service de proximité. des suppressions d’emplois depuis le 11 septem- explosé », s’inquiète Donald Witchead, direc- nation et pour épauler le président. SOUPÇON DE FAVORITISME Duane Reade, la plus grande chaîne de « drug- bre. Il y avait sept millions de chômeurs aux teur de la coalition nationale pour les sans- Mercredi matin, M. Bush a pris Les démocrates sont d’accord stores » américaine, a recruté quarante- Etats-Unis à la fin du mois de septembre, con- domicile fixe. son petit-déjeuner avec les chefs sur ce montant, mais ils veulent cinq personnes, le double de ce qui était prévu. tre cinq millions et demi un an auparavant. du Congrès : les républicains Den- moins de baisses d’impôt et davan- Diane Dooly, responsable des ressources Selon les économistes, ce nombre va encore E. L. nis Hastert, speaker de la Cham- tage de dépenses d’investissement bre, et Trent Lott, leader de la (routes, grands travaux) ou sociales minorité du Sénat ; les démocrates (assurance médicale pour les chô- Tom Daschle, leader de la majorité meurs). Les républicains ont voté, à L’AIEA réévalue le « risque terroriste » pour les centrales nucléaires du Sénat, et Richard Gephardt, la Chambre, un plan de 100 mil- chef de file des députés démocra- liards de dollars, avec des réduc- VIENNE journalistes au siège de l’agence à ligne, les centrales nucléaires ne tion, mais dont l’impact psycholo- tes. Le président a informé ses tions d’impôts plus importantes de notre correspondante Vienne, à l’occasion d’un colloque sont sans doute pas le maillon le gique serait énorme : de faibles hôtes des opérations militaires, la pour les entreprises, mais ils sont « Le monde a déjà connu deux d’experts dont une session sera plus faible du dispositif. Le risque quantités de plutonium y suffi- discussion portant ensuite sur les prêts à descendre à 90 milliards. chocs nucléaires : l’accident de entièrement consacrée, vendredi que des terroristes puissent entrer raient. textes qui traînent au Congrès. L’association Citoyens pour la Tchernobyl et la découverte d’un 2 novembre, au problème du terro- directement en possession d’une 175 cas de trafic de matières « C’est la démocratie », s’est justice fiscale a fait fonctionner programme clandestin irakien pour risme nucléaire. « Tous les pays, arme nucléaire, ou essayer de la nucléaires (dont 18 impliquant de réjoui, au milieu de la journée, le ses ordinateurs. Elle s’est aperçue développer des armes atomiques. a-t-il insisté, doivent démontrer à fabriquer, reste également limité. l’uranium enrichi ou du pluto- porte-parole de la présidence, Ari que les bases retenues, dans le pro- Nous devons faire tout ce qui est en leur propre population, mais aussi à L’AIEA a ainsi offert ces derniè- nium) ont été recensés depuis Fleischer. Il aurait pu en donner jet gouvernemental, pour des rem- notre pouvoir pour en éviter un troi- leurs voisins » l’efficacité des systè- res années des programmes d’en- 1993 , mais les informations don- pour exemple, aussi, le fait qu’au boursements de l’impôt sur les sième ». Le directeur général de mes de protection mis en place cadrement et de soutien aux mil- nées par les Etats membres de même moment, invité de l’Associa- sociétés favorisent plusieurs fir- l’Agence internationale de l’éner- autour de leurs installations civi- liers de scientifiques et de techni- l’AIEA ne sont pas toujours « adé- tion des industriels, M. Bush expri- mes pétrolières, dont Chevron gie atomique (AIEA), l’Egyptien les. ciens qui ont travaillé jadis dans quates », ni le suivi sur place satis- mait son impatience devant les len- Texaco, Enron, Phillips, basées au Mohamed El Baradeï, ne cherche les recherches nucléaires soviéti- faisant. Or, depuis 1970 , les quanti- teurs du Congrès et exigeait Texas, Etat dont M. Bush était le pas à minimiser « la nouvelle mena- DÉTOURNEMENT DES MATIÈRES ques, pour les dissuader de vendre tés de matières radioactives utili- d’avoir le plan de stimulation de gouverneur et où le vice-prési- ce mondiale » que le terrorisme En 2000 , l’agence a effectué leurs services à des groupes crimi- sées dans le nucléaire civil ont été l’activité économique sur son dent, Richard Cheney, dirigeait fait peser sur les installations 2467 inspections des matériaux nels ou à des « Etats-voyous » multipliées par six. Les lacunes bureau « avant la fin novembre ». une entreprise du même secteur. nucléaires. placés sous garantie dans le cadre (Rogue States). sont surtout flagrantes dans les Le ton était vigoureux, mais le « Le projet vise notamment à soula- L’AIEA estime urgent de renfor- du traité de non-prolifération L’Agence s’inquiète bien davan- 651 réacteurs de recherche délai fixé est tout à fait raisonna- ger des entreprises injustement péna- cer les systèmes de protection de nucléaire. Même s’il faut mainte- tage du danger de détournement (284 sont en activité), dont cer- ble si l’on se souvient que le projet lisées pour leurs investissements »,a « toutes les centrales, et pas seule- nant inclure des scénarios considé- de matières nucléaires qui pour- tains – comme dans l’ex-Zaïre – en question est en discussion expliqué M. Fleischer. ment celles qui sont situées en Euro- rés il y a quelques semaines encore raient servir à fabriquer une « bom- sont dans un état lamentable. depuis cinq semaines déjà. Le pe de l’Est » , a déclaré M. El Bara- comme hautement improbables, be sale » – susceptible de contami- désaccord porte sur le montant Patrick Jarreau deï, lors d’une rencontre avec des comme l’impact d’un avion de ner un segment limité de la popula- Joëlle Stolz LES ETATS-UNIS DANS LA CRISE LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 / 3 Les huit recommandations du GAFI pour lutter contre le financement du terrorisme Le Groupe d’action financière envisage d’établir une liste noire des Etats non coopératifs

WASHINGTON suppression du financement du Les membres du GAFI se sont ment passés au crible par les ban- de notre envoyée spéciale terrorisme ; engagés à vérifier, d’ici à décem- ques. Selon M. Aschroft, le dévelop- Encouragés successivement par b Incrimination pénale des bre 2001, si leurs propres législation pement de la maladie du charbon, le secrétaire au Trésor américain, infractions financières liées aux et réglementation répondaient à ces par exemple, ne coûte que Paul O’Neill, le ministre de la jus- actes et aux organisations terroris- nouvelles recommandations et, si ce 500 000 dollars, qui peuvent facile- tice, John Ashcroft, et le secrétaire tes ; n’est pas le cas, à les mettre en con- ment être financés en « petites cou- général d’Interpol, Ron Noble, les b Gel immédiat de tous les formité d’ici à juin 2002. Ils invitent pures ». Par ailleurs, s’agissant des quelque 300 experts des 29 pays fonds et avoirs des terroristes, de l’ensemble des pays non membres à transferts électroniques, remarque membres du Groupe d’action finan- ceux qui les commanditent et des suivre leur exemple. A l’issue de cet- un expert, il sera difficile de trier les cière (GAFI) – financiers, policiers, organisations terroristes, confor- te période, le GAFI examinera les opérations criminelles de celles qui juristes, diplomates, agents de ren- mément à la résolution 1373 des efforts faits par les Etats en matière ne le sont pas sur les 700 000 transac- seignement –, réunis sous haute Nations unies. Chaque pays devra de lutte contre le financement du ter- tions électroniques quotidiennes. surveillance policière les 29 et adopter des mesures réglementai- rorisme et pourra envisager d’établir Comme l’explique un policier, le 30 octobre à Washington ont res et législatives qui permettront une liste noire des Etats non coopé- « petit terrorisme » (poser une petite répondu à l’unanimité à la nouvelle aux autorités ad hoc de saisir et de ratifs. bombe par ci par-là), comme le pro- mission que leur avait proposée le confisquer les actifs liés au finance- Le GAFI, dont les moyens sont jetait Kelkal, ne demande pas de G 7 au lendemain des attentats du ment du terrorisme ; très faibles (un secrétariat de cinq grosse mise de fonds et fait appel à 11 septembre : mettre au service b Déclaration de soupçons des personnes, un budget d’à peine la petite délinquance : extorsion de de la lutte contre le financement établissements financiers concer- 6 millions de francs) va donc tenter fonds, braquage, racket, fraude à la du terrorisme l’expérience qu’ils nant les transactions liées au terro- de relever ce défi lancé par le G 7 carte bancaire, qui sont des métho- ont acquise dans celle contre le risme ; malgré l’énormité de la tâche. Les cir- des bien connues. S’il s’agit de gérer blanchiment d’argent sale. b Renforcement de la coopéra- cuits financiers empruntés par les des camps d’entraînement, de mobi- « Aujourd’hui le GAFI a défini de tion internationale judiciaire ; groupes terroristes sont la plupart liser et d’entretenir des équipes et de nouveaux standards internationaux b Surveillance des systèmes du temps aux antipodes de ceux utili- monter des opérations complexes, RON EDMONDS/AP pour combattre le terrorisme, que de transfert de fonds parallèles sés par la grande criminalité en rai- les montants sont plus importants et a WASHINGTON. Le président George W. Bush et son conseiller nous demandons à tous les pays du (type hawala : réseau informel fon- son de l’origine même des fonds : le financement passe par des inves- Karl Rove (à gauche), ont rencontré, mercredi 31 octobre, des dirigeants monde d’adopter et de mettre en dé sur la confiance, qui permet de dans un cas, il s’agit d’argent sale, tissements légaux, des dons versés d’entreprise pour s’entretenir sur la situation économique américaine. œuvre », a déclaré la présidente de verser de l’argent d’un bout à provenant de trafics en tout genre, aux associations caritatives souvent Le recul de la croissance confirme la menace de récession, alors que les l’organisation, la Hongkongaise l’autre du monde sans déplace- recyclé dans l’économie légale, dans religieuses, des organisations non investissements sont en forte baisse depuis douze mois. Clarie Lo, à l’issue de cette séance ment physique de capitaux) ; l’autre, d’argent propre, utilisé pour gouvernementales. Toute une pano- plénière extraordinaire qui s’est ter- b Identification des donneurs des activités terroristes. plie encore inexplorée par le GAFI, minée tard dans la nuit de mardi à d’ordre (avec leur adresse et leur Les représentants du FBI venus où les agents de renseignement sont mercredi. « Leur mise en œuvre numéro de compte) pour tous les plancher devant le GAFI ont souli- peu nombreux. Une quatrième victime interdira aux terroristes et à leurs transferts électroniques de fonds gné la difficulté de l’exercice : en Les membres du GAFI devraient commanditaires tout accès au systè- (via le système Swift notamment) retraçant le parcours des terroristes faire un premier point des recom- me financier international. » et assortir cette obligation de sanc- liés aux attentats du 11 septembre, mandations décidées à Washington de l’anthrax, à New York, Ces recommandations sont au tions pénales ; ils ont constaté que les transferts de à l’occasion de leur session annuelle, nombre de huit : b Transparence des entités fonds portaient sur de petites som- prévue en février 2002, à Hongkong. b Ratification de la convention non financières comme les organi- mes – 1 000 dollars en moyenne – déconcerte les enquêteurs de l’ONU de décembre 1999 sur la sations caritatives. inférieures aux montants générale- Babette Stern NEW YORK au crible : ses amis, ses relations, ses de notre envoyée spéciale loisirs, ses commerçants, ses déplace- C’était une petite dame coquette ments. Des dizaines de policiers La leçon d’ingénierie financière du colonel Kadhafi et brune, qui aimait les chapeaux et reconstituent son emploi du temps les foulards, la cuisine et la conversa- et prennent la ligne de métro numé- WASHINGTON 1 milliard de dollars dans l’immobilier britanni- ment désigné les banques soupçonnées de liens tion, et qui pratiquait généreuse- ro 6 qu’elle empruntait chaque jour. de notre envoyée spéciale que situé principalement dans la City, mais où ? avec le réseau d’Oussama Ben laden, Al-Qaida. ment l’amitié. Une Vietnamienne Avec cette inévitable question : et si Participations minoritaires, sociétés écrans, motus et bouche cousue. La Libye détient égale- Mais le monde entier n’est pas l’Amérique et, âgée de soixante et un ans, arrivée la source d’infection n’était pas le cascades de holdings : si les organisations terro- ment des participations dans plus de cent ban- pour le bonheur de M. El-Huwej, de nombreux aux Etats-Unis en 1977, sans argent, courrier ? ristes rencontraient encore des difficultés pour ques qui disposent de bureaux de New York à pays européens ont été ravis d’accueillir son et qui, après son divorce et la mort Les enquêteurs ne disposent que financer leurs activités, il leur suffirait de se Ouagadougou (capitale du Burkina Faso), un argent. Il ne cache pas que près de 90 % de ses d’un fils dans un accident de la rou- d’un seul élément : des spores d’an- reporter au témoignage du gérant de porte- réseau de participations monté au cours des avoirs liquides (6 milliards de dollars) sont dans te, s’était construit une vie simple, thrax trouvés sur les vêtements de la feuille du colonel Kadhafi pour prendre une quinze dernières années qui montre la compé- des banques européennes, le milliard restant entre son petit logement dans une victime lorsqu’elle est arrivée à l’hô- leçon d’« ingénierie financière ». Dans un vérita- tence des terroristes à faire circuler leur argent étant placé dans des banques étrangères déte- banlieue de New York, et son travail pital. Elles pourraient y avoir été dis- ble pied de nez à Washington, Mohamed Ali El- dans le monde entier. nues par la société sœur de Lafico, Libyan Arab modeste, dans la salle des fournitu- persées au moment de la contamina- Huwej a complaisamment raconté, au cours Foreign Bank. res d’un hôpital de Manhattan, au tion. On va bien sûr les comparer d’une série d’entretiens accordés au mois de sep- L’ELDORADO EUROPÉEN M. El-Huwej a pourtant une frustration. Il sou- sous-sol. avec la substance trouvée dans les tembre à Tripoli, comment, au nez et à la barbe Pourtant la Libye figure en bonne place sur la haiterait investir directement aux Etats-Unis où Elle travaillait beaucoup, transpor- trois lettres adressées au sénateur des Américains, il a fait fructifier le petit capital liste du département d’Etat des pays qui finan- les participations de la Libye – 1 milliard de dol- tant médicaments et instruments Daschle, au journaliste Brokax et au du colonel, alors que la Libye est au ban des cent le terrorisme. Et les citoyens américains qui lars dont une grande partie des fonds apparte- réclamés par le personnel médical. directeur du New York Post. Mais le Etats-Unis depuis 1996, ainsi que le rapporte l’In- se risqueraient à faire des affaires avec ce régi- nant à la Libyan Arab Foreign Bank – sont gelées On ne lui connaissait pas de famille temps presse et les experts, dépassés ternational Herald Tribune. Et ce grâce à des opé- me encourent une peine pouvant aller jusqu’à depuis 1985. Se sachant sous haute surveillance en Amérique. Et quand elle a com- par les événements, et stupéfaits par rations menées aussi bien en Europe qu’en Afri- dix ans de prison et 250 000 dollars d’amende. du Trésor, M. El-Huwej n’entend évidemment mencé la semaine dernière à ressen- le cas de Kathy Nguyen, redoutent que ou aux Etats-Unis. Ce qui n’empêche pas M. El-Huwej d’exercer pas investir sous le nom de Lafico. Mais il ne tir des difficultés respiratoires, c’est que l’offensive bioterroriste ne Selon ce petit génie de la finance, le porte- son métier avec succès, jouant au chat et à la sou- cache pas qu’il a d’autres ressources. Dont il ne vers ses voisins qu’elle s’est naturel- s’étende dans les prochains jours. feuille d’actions de la Libye, qui s’élève à 8 mil- ris avec le Trésor américain par le biais de la dira rien, le Trésor américain n’ayant pas besoin lement tournée. Probablement trop liards de dollars (8,8 milliards d’euros), est répar- Libyan Arab Foreign Investment Co, Lafico, et d’en savoir plus, estime-t-il. Interrogé sur la pros- tard. Entrée dimanche 28 octobre à EXTENSION DE LA MENACE ? ti dans soixante-douze compagnies de quarante- de la Libyan Consulting Board for Foreign Invest- père entreprise dirigée par M. El-Huwej, le Tré- l’hôpital Lenox Hill avec de nom- Car les rapports du New Jersey cinq pays différents. A savoir : 5 % dans Banca di ment dont il est président. sor américain ne dira rien non plus « pour que breux symptômes comme un mal de font apparaître que deux autres per- Roma – la quatrième banque italienne –, 45 % M. El Huwej, né à Tripoli et doté d’un diplôme Tripoli ne sache pas combien il en sait long sur ses tête et une forte fièvre, et mise aussi- sonnes développent la maladie du dans Oil-Invest Grup, dont la principale partici- de management délivré par Arthur D. Little à investissements ». C’est en tout cas la réponse tôt sous assistance respiratoire, charbon sous sa forme cutanée. Il pation est la société italienne Tamoil, 6 % de Boston, sait parfaitement qu’il figure sur la liste obtenue d’une porte-parole du Trésor, Tasia Kathy Nguyen y est décédée, mercre- s’agit d’une femme, comptable, tra- l’ONA – la plus grande compagnie marocaine –, noire des personnes et organisations dressée Scolinos. di 31, première victime new-yorkai- vaillant près d’un bureau de poste 16 % dans Olcese – une société de coton italien- par l’Office of Foreign Assets Control (Ofac), cet se de la maladie du charbon sous sa contaminé dans la région de Tren- ne –, 48 % du Corinthia Palace Hotel de Malte et organisme dépendant du Trésor qui a récem- Ba. S. forme respiratoire. Quatrième mor- ton. Et d’un homme, employé du te en Amérique, en l’espace de qua- centre postal de Bellmawr, le plus tre semaines. gros complexe de tri du New Jersey, Riyad Salamé, gouverneur de la Banque centrale du Liban Mais le simple décompte des victi- distribuant le courrier dans cent cin- mes de l’anthrax ne dit pas le choc quante bureaux de poste. Une nou- provoqué par le décès rapide de velle inquiétante, non par la gravité « Le Liban enquête sur l’éventuelle existence de comptes liés au terrorisme » Mme Nguyen, encore moins la cons- de la maladie, soignée à temps, mais ternation des autorités médicales. par l’étendue nouvelle de la zone « Le Liban, qui n’a toujours contre nous, et nos banques opè- d’ailleurs. Si cette régionalisation se pour acheter des devises. Il y a donc Car si les autres cas – malades en infectée. pas été rayé de la liste noire des rent normalement avec toutes les confirme, je pense que le Liban un excédent de devises et un regain cours de traitement et décédés – Les enquêteurs – à la fois sanitai- pays soupçonnés de favoriser le banques du monde sans entrave. retrouvera un rôle régional impor- d’intérêt pour la livre libanaise. » répondaient à une sorte de logique, res et policiers – déployés à blanchiment d’argent établie – Quelle est ou quelles sont les tant en termes de services, notam- tant parce que leur appartenance à New York se comptent aujourd’hui par le GAFI (Groupe d’action nationalités qui vous ont été ment dans le secteur bancaire, qui Propos recueillis par des médias faisaient d’eux des cibles par centaines. La Maison Blanche financière), est-il disposé à coo- signalées par les listes de noms ? est un secteur sain et professionnel. Mouna Naïm potentielles, que parce qu’ils mani- s’est dite « préoccupée » par la mort pérer dans la lutte contre le – Il s’agit d’Afghans, de Pakista- » Faute de chiffres, je ne suis pas pulaient professionnellement du de l’employée d’hôpital. Et le doc- financement du terrorisme ? nais et de ressortissants arabes. en mesure aujourd’hui de dire si ce courrier, ce dernier cas est une énig- teur Anthony Fauci, de l’Institut – Le Liban a adopté une loi pour la Trois Libanais, ceux-là mêmes qui mouvement est amorcé, mais certai- me totale. national de la santé, a jugé qu’il lutte contre le blanchiment d’argent figurent sur la liste américaine des nes visites effectuées au Liban et La contamination s’est-elle faite à s’agissait de la nouvelle la plus énig- en avril 2001, et le 4 juillet il a formé vingt-deux terroristes les plus certaines questions qui nous sont l’hôpital Eye, Ear and Throat, où tra- matique de ces dernières semaines : une commission chargée de lutter recherchés, font partie du groupe. Il posées révèlent qu’il existe un réel vaillait la victime, son bureau étant « Toutes les suppositions sont dépas- contre le blanchiment d’argent. Cet- s’agit des auteurs du détournement intérêt pour refaire de Beyrouth situé assez prêt de la salle du cour- sées. » Le ministre de la justice, John te commission a déjà traité plusieurs en 1985 d’un avion de la TWA. Mais une place pour les transactions ou rier ? Les premiers tests d’environne- Ashcroft, reconnaît avec dépit que dossiers et, après les attentats du jusqu’à présent nous n’avons pas les services. Le Liban a tous les ment n’ont relevé aucune trace d’an- l’enquête n’avait pas avancé. Mais 11 septembre, nous avons coopéré trouvé trace de l’un ou l’autre de atouts, législatif, juridique et thrax. Mais l’hôpital a été fermé, son les experts n’en sont pas moins de pour enquêter sur l’éventuelle exis- leurs comptes. Néanmoins, les ins- humain pour cela. Dans le passé, à personnel testé et mis sous antibioti- plus en plus inquiets, redoutant l’uti- tence de comptes reliés aux activités tructions qui ont été données aux l’occasion de crises régionales ou ques ainsi que plusieurs centaines de lisation de la substance éminem- terroristes. Nous procédons à des banques sont strictes et claires, et la mondiales, le Liban a joué un rôle malades et visiteurs ayant fréquenté ment dangereuse non plus dans du investigations sur plus de trois cents commission spécialisée enquête, de refuge, de plaque tournante. les lieux depuis le 11 octobre. Il sem- courrier, mais dans un lieu public noms. Ce sont des listes qui nous ont étant entendu que si on trouvait tra- Une opportunité du même genre ble qu’une autre employée se plai- clos. Par exemple le métro. été communiquées sur la base de ce de l’un ou l’autre de ces comptes, s’ouvre aujourd’hui. gne d’une lésion à la main qui pour- A Kansas City (Missouri), des exa- résolutions prises par l’ONU en il serait immédiatement gelé. – Quid de la situation financiè- rait faire penser à la forme plus béni- mens étaient en cours mercredi 1999 et de listes américaines. – Avez-vous constaté un quel- re, dont les analystes brossaient gne de la maladie du charbon. On en 31 octobre à la suite de la découver- » Cela étant dit, le Liban a reçu conque afflux de capitaux liba- un tableau plutôt gris ? attend la confirmation. te de spores d’anthrax dans un dès le mois de juillet une lettre de la nais et/ou arabes au Liban après – Les anticipations pessimistes ne Mais se pourrait-il, sinon, que la bureau de poste. Quatorze sacs sus- présidente du GAFI, Clarie Lo, lui les attentats du 11 septembre ? se sont pas concrétisées puisque les contamination ait eu lieu à la mai- pects contenaient 7 000 envois pos- indiquant qu’il était sur la bonne – Le Liban, je vous le rappelle, a marchés, surtout les marchés de son ? Peut-être par un pli ordinaire taux du centre de Brentwood à voie [pour être rayé de la liste officiellement condamné ces atten- change, sont positifs et qu’il existe infecté par d’autres, ou par une Washington, où deux employés noire]. Nous attendons la visite, tats. Il est vrai que les Arabes, dont un regain d’intérêt pour la livre liba- machine de tri contaminée, comme sont morts de la maladie. Dans un qui, je l’espère, se fera le plus rapi- les Libanais, peuvent à l’heure naise. C’est un indicateur essentiel, on en a trouvé quatre, dans le princi- atelier de réparation et de nettoya- dement possible, d’une mission du actuelle hésiter à se déplacer à dans la mesure où le niveau de con- pal centre postal de Manhattan ? ge d’Indianapolis (Indiana), d’autres GAFI chargée de s’assurer de l’ap- l’étranger, à cause des réactions fiance dans l’avenir économique du Une quarantaine de tests préliminai- spores ont été découvertes dans du plication des mesures anti-blanchi- [anti-arabes] consécutives aux atten- pays se traduit d’abord sur les mar- res réalisés dans l’appartement se matériel postal également en prove- ment. C’est après cette période pro- tats. Cela, couplé à un refus de la chés des changes et la demande sont révélés négatifs. nance de Washington et en cours batoire que le Liban sera “délisté”. mondialisation à outrance, devrait d’acquisition de la monnaie nationa- Une enquête minutieuse a com- d’enquête. Cela devrait se faire en janvier ou encourager une plus grande régiona- le. Depuis plus d’un mois, la tendan- mencé, à la fois clinique et criminel- en juin 2002. En attendant, aucune lisation des économies – et pas uni- ce à l’offre du dollar s’est accentuée le. La vie de Mme Nguyen est passée Annick Cojean demande de sanction n’a été faite quement dans le monde arabe et la Banque centrale intervient 4 LA GUERRE CONTRE AL-QAIDA LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 Les B-52 américains ont pilonné des positions talibanes au nord de Kaboul Pour la première fois depuis le début de la campagne aérienne contre l’Afghanistan, des bombardiers lourds sont entrés en action, mercredi, sur la ligne de front près de la ville stratégique de Bagram, alors que des dirigeants de l’Alliance du Nord annoncent de nouvelles offensives contre la capitale et Mazar-e-Charif

BAGRAM et DJABAL-UL-SARAJ Comparés aux raids fort limités pe dans l’intensification des raids devrait être prise dans les prochains défensive n’avait pas encore été per- permettre d’avancer. » Il est par (plaine de Shomali) visant ces positions depuis deux aériens sur les lignes de front jours » et qu’« une offensive [sur turbée par les opérations américai- ailleurs surprenant que des chefs de notre envoyé spécial semaines, les opérations des B-52 répond aux attentes d’un Front uni Kaboul] devrait commencer aussi nes. Interrogé sur l’éventualité militaires annoncent à l’avance des Si l’effet militaire est encore incer- pourraient se révéler nettement qui semble toujours hésitant sur la vite que possible ». Membre influent d’une nouvelle offensive visant offensives, comme des comman- tain, l’effet psychologique, lui, est plus destructrices pour les forces tactique militaire à adopter. Après du Conseil suprême du Front uni, Mazar, le général Abdul Rachid dants s’y sont risqués cette semaine talibanes. Venant du nord et volant l’échec d’une offensive autour de Ahmed Zia a expliqué, dans un Dostom, chef ouzbek du Front uni, à propos d’un deuxième assaut, REPORTAGE à haute altitude, les bombardiers Mazar-e-Charif, les dirigeants de entretien à l’agence Reuters, que, joint au téléphone par Reuters sur paraît-il imminent, contre ont décrit un arc de cercle au-des- l’opposition ont choisi d’attendre puisque « les Américains bombar- sa base de Dara-Souf, a déclaré, Mazar-e-Charif. Sur le front, les sus de la plaine de Shomali, avant un soutien américain plus appuyé. dent chaque jour les lignes de front mercredi : « Nous étudions la situa- Ces incertitudes sont toutefois commandants des unités de larguer leurs bombes le long des Peu à peu, à un rythme qui dépend talibanes, il devient dorénavant possi- tion, mais en ce moment nous dorénavant ponctuées, contraire- de combat ont reçu lignes de front, entre Bagram et peut-être davantage de contingen- ble de passer à l’action ». Il s’est n’avons pas assez d’armes et de muni- ment aux dernières semaines, par l’ordre de se tenir prêts Karabak. La cible était apparem- ces politiques que d’un intérêt stric- même avancé à estimer que l’atta- tions ». des envois de renforts vers les ment une route, partant de Kaboul, tement militaire, Washington que pourrait avoir lieu « dans qua- La question est désormais de fronts de la plaine de Shomali. Des utilisée par les talibans pour ravi- paraît répondre à ce souhait, à la tre à cinq jours ». savoir quand la résistance talibane troupes fraîches sont arrivées du garanti. Pour la première fois tailler le front. D’autres raids ont fois en bombardant les lignes de pourrait être entamée. En contem- nord du pays, après des séances depuis le lancement de raids suivis le passage des B-52. De front et en envoyant des équipes « PAS ASSEZ D’ARMES » plant les raids des B-52, le comman- d’entraînement près de la frontière aériens sur la ligne de front de la Bagram, ville stratégique, en raison militaires sur le terrain (lire ci-des- Revenant sur l’échec de la premiè- dant de Bagram, le général Baba tadjike. Si leurs armes paraissent plaine de Shomali, au nord de de son aéroport très convoité, les sous). Avec un effet immédiat : on re offensive sur Mazar-e-Charif, Jan, paraissait encore douter de toujours aussi vétustes, ces soldats Kaboul, l’aviation américaine a champignons de fumée étaient net- évoque de nouveau, au sein de la Ahmed Zia a reconnu qu’« elle n’a leur efficacité. « Il n’y a aucun mou- ont reçus des uniformes et des envoyé, mercredi 31 octobre, des tement visibles. Certains soldats du hiérarchie du Front uni, l’éventuali- pas fonctionné selon les plans pré- vement de retrait des talibans, cons- munitions. A leur arrivée, ils sont bombardiers B-52 pilonner les posi- Front uni (Alliance du Nord) ne té d’offensives en direction de vus », attribuant cet échec à « une tatait-il. Des destructions, oui, mais harangués par des officiers qui évo- tions talibanes. Ce tournant inter- cachaient pas leur enthousiasme Mazar-e-Charif et de Kaboul. mauvaise préparation » et à un pas de retrait. Peut-être faudrait-il quent une offensive vers Kaboul vient au moment où certains chefs devant ce spectacle jusqu’alors Ahmed Zia, l’un des frères du aspect « émotionnel ». Des officiers encore dix à vingt jours de tels bom- mais aussi « la voie tracée par de l’opposition afghane annoncent inconnu. défunt commandant Ahmed Chah avouent également que le Front uni bardements pour que les talibans Ahmed Chah Massoud » qui ne sou- leur intention de lancer une offensi- Si elle se confirme au cours des Massoud, a confié, mercredi s’est précipité trop tôt à l’assaut des fuient les lignes de front. Jusqu’à pré- haitait pas, si tant est qu’il en avait ve terrestre sur Kaboul. prochains jours, cette nouvelle éta- 31 octobre, qu’« une décision finale lignes talibanes, dont la capacité sent, ce n’est pas suffisant pour nous la capacité militaire, attaquer la capitale sans qu’une solution politi- que permette un retour à la paix. A la base militaire 508 de Djabal- Furtivement, des conseillers américains épaulent les combattants du Front uni ul-Saraj, un ancien baraquement de l’ex-armée rouge, des villageois BAGRAM et CHARIKAR Nord. Parfois, encore plus exceptionnelle- jours, leur arrivée : « Quinze à vingt Améri- qu’elles se déroulent avant ou après la pério- réservistes ont également été appe- (plaine de Shomali) ment, il est possible d’apercevoir ces mysté- cains sont venus à Dara-e-Souf afin de coor- de la plus rude de l’hiver. lés à rejoindre leurs unités. Ils sont de notre envoyé spécial rieux voyageurs, une fois les raids aériens donner les attaques contre les talibans. » Donald Rumsfeld, en confirmant la pré- peu à peu envoyés vers les lignes de Officiellement, un mois et demi après les du jour achevés, rentrer à Charikar, la der- Des envoyés de Washington dans la plai- sence d’équipes américaines aux côtés de front. Ils étaient trois cents, il y a attentats aux Etats-Unis, ils n’existent pas. nière ville de la plaine de Shomali avant le ne de Shomali participeraient, par ailleurs, l’Alliance du Nord – de nature différente deux jours, à percevoir leur paque- Pour le Dr Abdullah, chef de la diplomatie et front. aux travaux de construction de l’aéroport de que les commandos opérant en secret en tage et leur kalachnikov. Des chars porte-parole du Front uni (Alliance du Le premier à avoir levé un coin du voile à Goulbahar. D’où la consigne donnée parfois territoire taliban – a énuméré leurs pre- et des canons ont aussi, pour la pre- Nord), ils ne sont pas arrivés. Pour Donald propos d’une présence militaire américaine aux gardiens de l’endroit de lâcher une rafa- miers objectifs : « Missions de liaison » avec mière fois, été acheminés, mercre- Rumsfeld, le secrétaire américain à la défen- sur le territoire contrôlé par le Front uni est le de kalachnikov au-dessus des têtes de les combattants de l’opposition, « coordina- di, de la vallée du Panchir vers la se, il ne s’agit que d’« un effectif très modes- Younès Kanouni, le ministre de l’intérieur journalistes que leur curiosité a conduit à tion du ravitaillement » du Front uni et plaine de Shomali. te ». Où sont donc les équipes militaires amé- de l’opposition afghane. Il a révélé que s’aventurer trop près des bulldozers. « ciblage » des positions talibanes visibles Le Front uni aurait reçu, selon ricaines envoyées aux côtés des combat- « trois équipes de huit à dix hommes » étaient depuis le front et bombardées par l’aviation Ahmed Zia, une trentaine de chars tants anti-talibans ? présentes dans le nord du pays. L’unité aper- « MISSIONS DE LIAISON » américaine. supplémentaires, livrés par la Rus- Certains jours, sur les sentiers qui mènent çue autour de l’aéroport de Bagram a été Située juste au sud de la vallée du Panchir, Ils n’existaient pas, jusqu’à cette déclara- sie. Selon lui, Moscou avait promis à l’aéroport de Bagram, on peut voir circuler déposée par hélicoptère, il y a deux semai- hors de portée des tirs talibans, cette piste tion de M. Rumsfeld, et pourtant ils étaient au commandant Massoud, avant sa une colonne de jeeps aux vitres fumées, nes, dans la vallée du Panchir, avant d’être d’atterrissage devrait être ouverte durant le bien là, près des lignes de front. La perspecti- mort, de faire parvenir 70 chars escortées par des soldats du quartier géné- acheminée à Charikar. mois de novembre. Si le Dr Abdullah affirme ve d’opérations militaires accrues devrait d’assaut cet automne à l’opposition ral de la plaine de Shomali. Les journalistes Les premiers soldats et conseillers améri- qu’elle accueillera des vols humanitaires, inciter Washington à augmenter encore sa afghane. Si ces mouvements ne étrangers sont alors brusquement expulsés cains auraient, selon nos informations, été des officiers confirment que la principale présence aux côtés des moudjahidins, sans signifient pas forcément qu’une de certains secteurs du front. Parfois, excep- répartis aux trois endroits stratégiques du fonction de l’aérodrome de Goulbahar sera que l’on sache dans quelle mesure des offi- offensive d’envergure est imminen- tionnellement, ayant tardé à plier bagage, territoire de l’opposition. A Charikar et de servir de base logistique militaire. La prin- ciers américains participent à l’état-major te, les commandants d’unités de un reporter peut voir une équipe d’une dizai- Bagram, dans la plaine de Shomali, pour le cipale route du nord est désormais coupée du Front uni et à l’élaboration des plans de combat ont reçu l’ordre, les raids ne d’hommes vêtus d’habits civils, le cheveu front de Kaboul ; à Takhar, pour le front de par la neige, pour les huit prochains mois. Et bataille. Ces conseillers-là, officiellement, aériens américains s’intensifiant, de coupé court, s’installer sur le toit d’une mai- Taloqan ; et à Dara-e-Souf, pour le front de les rares vols en hélicoptère ne permettent n’existent toujours pas. se tenir prêts. sonnette en ruines servant de poste d’obser- Mazar-e-Charif. Un porte-parole militaire pas au Front uni d’être ravitaillé autant que vation aux combattants de l’Alliance du de cette enclave a confirmé, il y a quelques le nécessiteraient les offensives prévues, R. O. Rémy Ourdan Au Pakistan, les tribus du Nord-Ouest soutiennent le mollah Omar Sur le front de l’information, MINGAORA (province Chine au « pays des Purs ». Cinq siège. « Mais si rien n’a changé d’ici hommes, 1 % pour les femmes –, du Nord-Ouest, Pakistan) jours et cinq nuits durant, assiégé une semaine, nous reviendrons », les candidats se bousculent littérale- avec le boucher de Kaboul... de notre envoyé spécial par les notables des localités pri- ont averti les chefs. ment. Parfois, il s’agit simplement Depuis six ans déjà, le maulana vées d’approvisionnement par le C’est une région montagneuse de mettre la main sur une arme – LE CORRESPONDANT d’Al-Jazi- ont beau triturer un petit poste de Fazul Haq fait un rêve, toujours le blocus et par plusieurs de ses minis- d’une beauté à couper le souffle « le bijou du Pachtoune », prétend ra à Kaboul, Teyssir Allouni, est un radio, aucune voix ne semble leur même. Le Pakistan n’existe plus, les tres et homologues généraux tout des plus blasés. Ce sont des champs la coutume –, mais le plus souvent reporter de guerre toujours impec- parvenir du ciel. Kaboul, ville cou- talibans afghans l’ont conquis. La aussi mécontents de la politique sui- de blé et des rizières, de hauts pins, il y a, derrière le désir de combattre, cablement habillé : mercredi pée du reste du monde. La question vie depuis le 11 septembre, le gou- d’immenses eucalyptus, des pay- une vraie foi, une véritable impossi- 31 octobre, pour la première fois du reporter semble étonner le bou- REPORTAGE vernement militaire du président sans courbés sur la besogne, aha- bilité à comprendre comment un depuis le cher : « Qui me donne les nouvelles de Pervez Moucharraf s’est demandé nant derrière des houes tirées par Etat, le leur, qui a soutenu le phéno- début des ce qui se passe ? Les gens. » C’est « Que le gouvernement quoi faire. Tirer, c’était risquer une d’énormes et majestueux buffles mène taliban depuis sa naissance, frappes, il por- dans les mosquées que les Afghans change de politique, véritable guerre civile dans des noirs. Ce sont des régions où l’on se en 1994, choisit de l’abandonner et te une veste « apprennent » ce qui se passe chez ou nous allons changer zones stratégiquement capitales déplace souvent à cheval et où l’on même de le combattre pour le en laine. Le eux et ailleurs, nous suggère le repor- le gouvernement » puisqu’elles longent l’Afghanistan. croise encore des caravanes de cha- compte des « kafirs ». ciel est bleu à tage de Teyssir Allouni. « Les mos- Bien organisés, les mutins n’avaient meaux chargés de ballots. Kaboul, mais quées ont toujours été avec le régime qu’une seule revendication : «Que Ce sont les zones tribales du AIDE FRATERNELLE il fait déjà des talibans », affirme fièrement un télévision et les caméras sont inter- le gouvernement change immédiate- Nord pakistanais. Au sud, c’est plus C’est sur cette incompréhension, VU SUR AL-JAZIRA froid. «Et il imam interviewé. dites, la musique et la vidéo prohi- ment sa politique vis-à-vis des Améri- sec, plus poussiéreux, plus pauvre qui les rend furieux, que jouent les n’y a pas assez de bois acheminé pour A Kandahar, l’envoyé spécial Yous- bées, on coupe les mains des cains, ou bien c’est nous qui allons encore. Et pourtant, pas une locali- fondamentalistes. Parmi les plus chauffer tout le monde. » sef Echoulli annonce le bilan des voleurs, on tranche la gorge des traî- changer le gouvernement. » té, pas une ville, pas un bourg de dangereux, le maulana Soufi Dans un marché de la capitale frappes de la journée : 15 morts et 11 tres, on pend les violeurs, on lapide Des appels à l’armée pour qu’elle ces régions semi-autonomes n’y Mohammed, deux épouses, treize afghane, Teyssir Allouni note un blessés. Observateur attentif, il tient les femmes adultères à mort. « Ah, se débarrasse du général Mouchar- échappe : chaque jour, sur les mar- enfants et bientôt soixante-dix ans changement dans le comportement à préciser que « les frappes étaient ce serait vraiment idéal », sourit-il raf sont régulièrement lancés. Pour chés encombrés et les places publi- (lire ci-contre). Ancien du JUI, Soufi des Kaboulis : « Au début des frap- moins intensives que celles d’hier ». dans sa longue et réglementaire bar- Mohammed a créé son propre parti pes, et les quelques jours qui précé- Une clinique en ruine, trois ambulan- be de jais. Vous avez des enfants : dans la région, à Maidan, il y a quin- daient, les gens de la rue étaient quel- ces détruites, et il ne reste plus que c’est vraiment ce que vous voulez Soufi Mohammed et ses bataillons de fidèles ze ans, le Tariki Nefazi Sharia que peu partagés sur la position à des poussières du siège de l’associa- pour eux ? L’homme ne comprend Mohammedi (TNSM). Depuis que adopter vis-à-vis des talibans. Fallait- tion Wafa, qui figurait dans la liste pas la question. Problème de tra- A la tête du Tariki Nefazi Sharia Mohammedi (TNSM, Mouvement la campagne américaine fait rage en il ou non livrer Oussama Ben Laden des organisations islamiques à carac- duction ? Mais il est inutile de répé- pour l’imposition de la charia de Mohammed-que-la-paix-soit-avec- Afghanistan, le septuagénaire prépa- aux Américains ? Aujourd’hui, avec tère caritatif soupçonnées de finan- ter. Fazul Haq veut vraiment la Lui), le maulana Soufi Mohammed disposerait aujourd’hui de plu- re ses troupes à prendre les armes. la multiplication des erreurs de frap- cer des réseaux d’islamistes armés. « talibanisation » du Pakistan. Et il sieurs centaines de milliers de sympathisants. Dans les zones tribales A Kandahar, ces dernières qua- pes et le nombre de civils touchés, il n’est pas le seul. sous son influence, les filles vont encore moins à l’école qu’ailleurs, rante-huit heures, l’homme fort du semblerait que les gens du peuple MARCHES DE PROTESTATION Sur les contreforts de l’Hindou les barbes doivent être réglementaires et la justice, islamique comme Malakand et des vallées de Swat a soient soudés avec les talibans. » Des dizaines d’Afghans en colère Kouch, du Kohistan au nord jus- il se doit, est parfois expéditive. Les élections ? « Une invention occiden- proposé son aide fraternelle au mol- Teyssir Allouni nous apprend improvisent des marches de protes- qu’au Baloutchistan au sud, sur tale et anti-islamique », répond son lieutenant, le maulana Fazul Haq. lah Omar. « Il lui a dit : “J’ai neuf mil- qu’au début, des Kaboulis se tation : « Contre l’Amérique, la Gran- plus de 1 500 kilomètres de long et En 1994, ses partisans ont bloqué pendant seize jours la route de le guerriers prêts au djihad contre les posaient des questions. Ceux-là, on de-Bretagne et Pervez Moucharraf », 150 à 200 kilomètres de large, les Peshawar à Mingaora. Durant près d’une semaine, ils ont occupé infidèles” », nous rapporte Fazelul- ne se souvient pas les avoir vus un traduit Youssef Echoulli. Dans cette zones tribales du Pakistan bouillon- cette ville d’un million d’habitants, aéroport compris, assassiné lah, son fils aîné. Pour les tribus jour sur l’antenne d’Al-Jazira. ville ou les talibans armés se laissent nent de colère contre « ce gouverne- quelques notables et fonctionnaires, s’en prenant notamment à la pakistano-afghanes, la frontière Aujourd’hui un boucher afghan capter par la caméra numérique de ment de kafirs [infidèles] » qui a osé minorité chiite, jugée « hérétique ». Finalement, l’armée a pu déloger n’existe pas et, de toute façon, ce peut confier à Teyssir Allouni que l’envoyé spécial d’Al-Jazira, d’autres prêter le territoire national et quel- les partisans de Soufi Mohammed, au prix d’une douzaine de morts. sont elles qui la contrôlent. Le « cette guerre n’est pas contre Oussa- observateurs sont arrivés hier. Une ques bases aériennes « aux croisés « commandeur des croyants » ma Ben Laden, qui n’est qu’un étran- délégation de « journalistes occiden- qui veulent détruire l’islam en com- d’Afghanistan a réfléchi : « Envoyez- ger réfugié en Afghanistan, mais taux » que Youssef Echoulli filme mençant par l’Afghanistan ». Mardi, éviter le pire, celui-ci a dû accepter ques maculées, dans le bruit et la moi ceux qui ont vingt-cinq ans au contre le peuple afghan musulman ». tout en rassurant son siège à Doha : on a frôlé le massacre. Cinq jours une médiation dont il se serait sans fureur, les militants religieux, armés moins, cinquante au plus. Envoyez- Nullement gêné par les mouches « Encadrés par les talibans, ils ne doi- durant, à l’instigation des forma- doute bien passé, celle d’un « saint de porte-voix poussés à fond, nous ceux qui sont entraînés au com- attirées par la viande exposée, vent rester que quelques jours, princi- tions religieuses fondamentalistes homme » unanimement respecté convoquent la populace devant bat, surtout ceux qui savent manier Teyssir Allouni profite de la disponi- palement pour des raisons de sécuri- comme le Jamiat Ulema-e-Islami par les « djihadis », comme on nom- leurs stands, réclament des dona- les armes lourdes », a répondu le bilité du boucher pour aborder avec té. Ici, les Afghans sont tellement (Rassemblement des oulémas de me ici les partis religieux extrémis- tions « pour les frères » et somment mollah Omar, toujours selon Faze- lui le reportage de la journée : com- furieux qu’ils n’accepteront pas de les l’islam, JUI), la plus puissante de tes : le mufti Shamazaï, de Karachi. les jeunes de donner leur sang ou lullah. « Les autres pourront venir ment, en temps de guerre, les voir se balader dans leurs ruines. toutes, des milliers de guerriers tri- Naguère reçu à Kandahar par le de s’enrôler dans le djihad contre lorsque la guerre commencera vrai- Afghans font-ils pour se tenir infor- D’ailleurs les Afghans n’acceptent pas baux, armés notamment de mollah Omar, chef suprême des tali- les Américains. ment, c’est-à-dire lorsque les Améri- més ? Charia, la seule radio (étati- les gens qui ne portent pas leurs mitrailleuses lourdes et de lance- bans, le mufti juge lui aussi « crimi- Gros succès. Souvent misérables, cains nous enverront leurs troupes que) de la ville, a été détruite par les tenues. » Encore une information grenades, ont bloqué en plusieurs nelle » l’alliance du Pakistan avec chômeurs et ignorants – le taux d’al- terrestres. » bombardements, la presse, « qui qui nous avait échappé… endroits toute circulation sur l’an- les Etats-Unis. Il a pu toutefois phabétisation dans les zones triba- d’origine n’était pas très prisée »,ne cienne Route de la soie, qui relie la convaincre les guerriers de lever le les se situe autour de 6 % pour les Patrice Claude paraît plus, et les enfants du marché Tewfik Hakem LA GUERRE CONTRE AL-QAIDA LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 / 5

L’Arabie saoudite ne ménage pas DÉPÊCHES b Afghanistan : le principal barrage du pays a été gravement endommagé, son aide à la Bosnie mercredi 31 octobre à Kajakai (province de Helmand, sud), par des bombardements américains Une influence au service d’un islam plus rigoureux qui ont détruit sa centrale électrique, selon l’agence AIP, SARAJEVO le Parti de l’action démocratique proche des talibans. de notre envoyé spécial (SDA) d’Alija Izetbegovic, l’ancien b Union européenne : les Dans l’entrée exiguë de l’ambas- leader musulman. Le Haut-Comité responsables des services de sade d’Arabie saoudite à Sarajevo, saoudien servait alors souvent de police des Quinze, réunis à une vingtaine de cartons remplis courroie de transmission directe Bruxelles, ont jeté les bases d’un entre les deux capitales, à tel point accord sur l’établissement d’une REPORTAGE que son directeur, cheikh Nasr liste commune européenne des Al-Saïd, faisait office d’ambassa- mouvements terroristes, qui Cinq cent cinquante deur de facto, raconte un diploma- comprendra notamment le mosquées construites te occidental. mouvement séparatiste basque ou restaurées Les liens se sont toutefois disten- ETA et le groupe d’extrême gauche dans le pays dus entre Riyad et Sarajevo au grec du 17-Novembre, a-t-on cours des derniers mois. Le SDA appris mercredi 31 octobre. Ils se n’est plus au pouvoir dans la Fédé- sont également engagés à mettre d’exemplaires du Coran encom- ration croato-musulmane, l’une sur pied un centre d’information brent le passage. Contenant cin- des deux entités de la Bosnie, sur les explosifs placé sous quante-six livres chacun, ils ont ayant dû céder la place à une coali- l’autorité d’Europol. – (Reuters) été expédiés, d’après les inscrip- tion moins nationaliste, conduite b Bayer : le géant chimique et BANARAS KHAN/AFP tions imprimées sur les côtés, par par le Parti social-démocrate. L’ac- pharmaceutique allemand a a KANDAHAR (AFGHANISTAN). Dans un quartier résidentiel de Kandahar, des miliciens talibans le King Fahd Complex – du nom tuel premier ministre, Zlatko Lagu- conclu un accord avec les contemplent, mercredi 31 octobre, les décombres d’un cantonnement abandonné, détruit par l’aviation du monarque saoudien – de la ville mdjiza, est, selon le même diplo- gouvernements britannique et américaine il ya une dizaine de jours au cours d’un bombardement qui a fait deux morts. Washington a averti sainte de Médine. « Excusez-nous, mate, en mauvais termes avec l’am- français pour fournir le Cipro, le régime de Kaboul que l’offensive aérienne américaine contre l’Afghanistan, commencée il y a 26 jours, allait on vient juste de les recevoir », bre- bassadeur saoudien. Certains res- l’antibiotique utilisé pour le maintenant se concentrer et s’intensifier sur les positions talibanes à travers tout le pays. douille un garde derrière une vitre ponsables religieux musulmans traitement de l’anthrax, en épaisse. Ce bon millier d’ouvrages bosniaques, jaloux de leurs préro- Grande-Bretagne et en France. est-il destiné au personnel de l’am- gatives, tentent, de leur côté, de Aux Etats-Unis, Bayer a accepté bassade ? Il paraît nettement plus préserver leur communauté de l’in- récemment de réduire le prix de Les dirigeants saoudiens s’irritent des critiques probable qu’au moins une partie fluence du généreux « pays frè- ce médicament. des livres verts iront rejoindre une re ». En outre, depuis les attentats b Le Conseil œcuménique des des bibliothèques ou des écoles anti-américains du 11 septembre, Eglises (Genève) et la de la presse américaine contre le royaume coraniques financées par le royau- des liens sont apparus entre certai- Fédération protestante de me. Depuis la fin de la guerre, en nes personnes arrêtées en Bosnie, France se sont adressés aux LES DIRIGEANTS des deux demandera à ses ressortissants de man est revenu à la charge pour la décembre 1995, l’Arabie saoudite dans le cadre de la lutte contre le autorités pakistanaises au pays ont beau affirmer qu’il n’en rentrer ou de partir ailleurs, a pré- troisième fois en dix jours. Le est sans conteste un des tout pre- terrorisme, et des organisations lendemain du massacre qui, est rien : à aucun moment de leur venu de son côté le ministre de l’in- 11 septembre, affirmait-il, « nous miers pays donateurs d’aide en humanitaires dépendant de pays dimanche 27 octobre, a fait histoire septuagénaire, les rela- térieur, Nayef ben Abdel-Aziz. avons appris ce que nous ne savions Bosnie-Herzégovine. Une généro- dix-sept morts et de nombreux tions entre les Etats-Unis et l’Ara- A en croire la presse saoudien- pas à propos de l’Arabie saoudite : sité qui, si elle suscite la reconnais- blessés dans l’église protestante bie saoudite n’ont été aussi malme- ne, des milliers de Saoudiens ont qu’elle était le premier financier des sance des bénéficiaires, déplaît à Plaintes contre Saint-Dominique de Bahawalpur. nées. Ce sont les attentats anti- été victimes de vexations aux Etats- talibans, que quinze des auteurs des certains Bosniaques et responsa- Le COE demande au président américains du 11 septembre qui Unis depuis les attentats du 11 sep- attentats étaient de jeunes Saou- bles occidentaux, soucieux de con- les conditions Musharraf d’« assurer la sécurité ont déclenché la crise. La presse tembre. Une centaine ont été inter- diens mécontents et que l’Arabie tenir l’influence saoudienne. de la minorité chrétienne du pays » américaine a été la première à rogés et une douzaine seraient saoudite autorisait des collectes de Au premier étage de l’ambassa- de l’assistance de Riyad et de diligenter une enquête ouvrir le feu, accablant le royaume encore aux mains des enquêteurs. fonds pour Oussama Ben Laden – de, qui fait face à celle des Etats- judiciaire sur cette tuerie. Le d’accusations, mais semblant aussi Un journaliste saoudien affirme aussi longtemps qu’il n’utilisait pas Unis, Fawaz Al-Shbaili, jeune Il n’est pas rare d’entendre, à secrétaire général du COE, le découvrir certaines vieilles éviden- que ces interpellations ont profon- l’argent pour attaquer le régime ». diplomate chargé des relations Sarajevo, des gens protester pasteur Konrad Raiser, a indiqué ces, telles le fait que le régime dément choqué les Saoudiens, car Thomas Friedman s’en prend aussi avec la presse, énumère fièrement contre « les conditions imposées que, depuis les frappes en saoudien n’est pas un exemple de elles ternissent des réputations, au système éducatif qui, dit-il, les réalisations accomplies par son par les Saoudiens » en échange Afghanistan, « la situation des démocratie, que la richesse pétro- malgré les élargissements ulté- relayé par la télévision et sur Inter- pays dans l’ex-république yougos- de leur aide. « Une de mes collè- minorités chrétiennes s’était lière occulte des réalités économi- rieurs. Plus généralement, on esti- net, demande aux musulmans de lave, au nom de la « solidarité gues, qui est veuve de guerre, s’est radicalement aggravée » dans ques et sociales moins reluisantes, me en Arabie saoudite, que l’affai- considérer « les infidèles (les non- entre frères musulmans ». Montant vu proposer par le Haut-Comité plusieurs pays musulmans. que l’« amitié » saoudo-américai- re afghane a servi de détonateur à musulmans) comme des ennemis ». des donations effectuées : plus de saoudien une somme de 100 marks Jean-Arnold de Clermont, ne est une question d’intérêts réci- A la mi-octobre déjà, le New 560 millions de dollars (624 mil- convertibles (51 euros) par mois, président de la Fédération proques – le pétrole en échange de York Times accusait le royaume lions d’euros), soit plus d’un dixiè- si elle s’habille d’une façon islami- protestante de France, écrit : la sécurité —, que le wahhabisme « Les attaques des d’avoir fourni « l’argent, l’enseigne- me de l’assistance internationale que », avec notamment un fou- « Dans de nombreux pays est l’une des formes les plus rigoris- ment religieux et les diplomates » accordée au pays depuis le retour lard sur les cheveux, affirme musulmans, au nom de l’islam, on tes de l’islam et que la famille roya- médias occidentaux qui ont « aidé les talibans à assurer à la paix. La très grande majorité Senad Pecanin, l’un des respon- brûle des églises ou on interdit la le fait face à une surenchère inté- leur mainmise sur l’Afghanistan », de ces donations passe par le canal sables de l’hebdomadaire Dani, lecture de la Bible. Mais nous griste. De « modéré » avant le contre le royaume d’avoir couvé les écoles fondamen- du Haut-Comité saoudien pour lui-même musulman. « Elle a sommes convaincus que tel n’est 11 septembre, le royaume est sou- talistes au Pakistan, vivier des par- l’aide aux Musulmans de Bosnie, refusé parce qu’elle a un travail, pas le vrai visage de l’islam. » dain devenu un suppôt de l’extré- relèvent d’une vieille tisans d’Al-Qaida, et autorisé des une organisation gouvernementa- ajoute-t-il, mais 99 % des veuves b Pakistan : quatre misme. organisations caritatives à finan- le présidée par le prince Salman de guerre n’ont pas les moyens de organisations non Chose rarissime dans le royau- rancune contre cer ce réseau terroriste. Riyad, écri- ben Abdel-Aziz, frère du roi Fahd dire non. » Le salaire moyen réel gouvernementales d’origine me, dont les dirigeants ne réagis- vait encore le journal, refuse de et gouverneur de la région de en Bosnie est d’à peine américaine ont été victimes de sent généralement pas aux com- l’attachement geler les avoirs de Ben Laden et de Riyad. Cette structure collecte les 300 marks (153 euros) par mois. dégradations, au cours du mois mentaires de presse, laissant aux ses associés et de coopérer à l’en- fonds en Arabie saoudite et décide De fait, une bonne partie de d’octobre, de la part de militants éditorialistes le soin de dire ce de l’Arabie saoudite quête sur les Saoudiens impliqués des projets à financer en Bosnie. l’aide saoudienne se concentre, fondamentalistes. Des bureaux de qu’ils pensent eux-mêmes, le prin- dans les attentats. Last but not Après s’être concentré sur l’aide logiquement, sur les personnes l’organisation Women and ce héritier Abdallah ben Abdel- à l’islam » least, l’Arabie saoudite interdit aux humanitaire pendant le conflit, les plus défavorisées. C’est le cas Children Welfare ont été pillés et Aziz, qui assure la gestion du Américains l’utilisation de ses « le Haut-Comité privilégie aujour- notamment des réfugiés, qui détruits à Takhat Bai, près de la royaume à cause de la maladie du Abdallah bases aériennes pour lancer des d’hui les projets éducatifs, sanitaires habitent dans des conditions pré- frontière avec l’Afghanistan. Dans roi, est lui-même monté au cré- attaques contre l’Afghanistan. et de reconstruction », explique son caires dans certains quartiers de la même ville, le siège d’une neau pour réfuter ces accusations. ben Abdel-Aziz, Le magazine The New Yorker directeur adjoint, Fahd Al-Zakari. Sarajevo. – (Corresp.) fondation de développement rural « Les attaques virulentes des médias n’est pas en reste, affirmant, dans A en croire ses détracteurs en (Salik) a été attaqué, le 8 octobre, occidentaux contre le royaume relè- prince héritier sa dernière livraison, que depuis… Bosnie, l’Arabie saoudite cherche par des membres de la Jamiat vent d’une vieille rancune contre l’is- 1994, les écoutes effectuées par en réalité, grâce à cette manne musulmans. Le nom du Haut- Ulma-e-Islam (JUI, association de lam et contre l’attachement de l’Ara- l’Agence nationale de sécurité ont financière, à imposer sa concep- Comité saoudien, notamment, a docteurs islamiques). Cinq bie saoudite à l’islam. Nous n’accep- des rancunes injustement accumu- révélé que le régime saoudien était tion de l’islam, qui est beaucoup été évoqué à plusieurs reprises. bureaux de cette même tons aucun chantage lorsqu’il s’agit lées. Le royaume paierait le prix de « de plus en plus corrompu », cou- plus rigoureuse que celle en Un de ses anciens employés – organisation ont été détruits à de défendre notre religion et notre sa distanciation de la politique pé de la population et « si affaibli vigueur chez les musulmans « jusqu’en 1997 », assure M. Al- Sawabi. D’autres incidents ont eu nation », a dit le prince. Le royau- américaine, en particulier sur la cri- et effrayé » qu’il paye sa survie à locaux. Le Haut-Comité saoudien Zakari – est actuellement détenu lieu dans les locaux de Human me « n’entreprendra aucune action se israélo-palestinienne. C’est coups de centaines de millions de s’est installé dans un de ces lieux pour ses liens présumés avec des Survival Development, à Bajor, qui ne soit au service de l’islam et d’ailleurs l’un des griefs qui ont été dollars versés aux groupes fonda- parsemés d’immeubles mal rafisto- activités terroristes. La SFOR, la attaqués par des manifestants du des musulmans. L’islam est une reli- retenus aux Etats-Unis contre mentalistes qui le menacent. Dès lés dont les habitants vivent au force internationale stationnée JUI armés de bâtons et de barres gion d’amour, de fraternité, de dévo- Riyad – et Le Caire —, certains se 1996, ajoute le magazine, l’argent rythme des appels à la prière, lan- dans le pays, a même effectué une de fer, qui ont accusé les tion et de paix ». disant indignés de ce que le séna- aurait servi à aider l’organisation cés cinq fois par jour du haut du descente, le 25 septembre, dans un employés d’être « des espions Le vice-ministre de l’intérieur, teur John McCain a qualifié de Al-Qaida et d’autres groupes extré- minaret de la toute nouvelle mos- local du Haut-Comité situé à Ilid- américains et juifs ». Selon Ahmed ben Abdel-Aziz, a réfuté « double jeu » de l’Arabie saoudi- mistes en Afghanistan. quée du roi Fahd, une des plus ja, un quartier de Sarajevo. Deux l’agence de presse officielle les accusations de tiédeur, mettant te, qui couple son engagement Reste à savoir pourquoi, si certai- grandes des Balkans avec ses cinq Bosniaques ont été détenus pen- (Fides) du Vatican, qui rapporte quiconque au défi de prouver que dans la lutte contre le terrorisme nes de ces accusations sont avé- mille places disponibles. « Nous dant quelques jours, tandis que du ces plaintes, la police et l’armée le royaume ait jamais refusé de et son exigence de voir régler le rées depuis des années, elles n’ont n’avons jamais imposé quoi que ce matériel informatique et des som- seraient restées inactives. coopérer en matière de sécurité et problème palestinien. en rien altéré, jusqu’au 11 septem- soit aux gens que nous aidons, rétor- mes d’argent, 120 000 marks b New York : les lingots d’or de de lutte contre le terrorisme. Si la Ce n’est pas le seul reproche. bre, les liens saoudo-américains… que M. Al-Zakari. Mais il y a des (61 355 euros) « destinés aux orphe- la Scotiabank, d’une valeur de quasi-chasse aux Saoudiens conti- Mardi 30 octobre encore, dans le Bosniaques qui, parce qu’ils nous lins », selon les Saoudiens, étaient 240 millions de dollars, qui nue aux Etats-Unis, le royaume New York Times, Thomas Fried- Mouna Naïm respectent, portent certains vête- momentanément saisis. Se disant étaient ensevelis sous les ments lorsqu’ils viennent nous ren- « terrorisé par les accusations » décombres du World Trade dre visite. » Quant aux quelque pesant sur le Haut-Comité, M. Al- Center depuis l’effondrement de cinq cent cinquante mosquées Shbaili dénonce la « campagne l’immeuble, voisin des tours, où se M. Jospin confirme l’engagement de nouveaux moyens français construites ou restaurées dans le anti-islamique » qui, selon lui, est trouvaient les locaux de cette pays, insiste-t-il, elles ne représen- en cours en Bosnie. L’ambassade banque canadienne de « LE DIALOGUE franco-améri- re réunion avait eu lieu le 10 octo- recueil de renseignement électroma- tent que 2 % à 3 % des activités du saoudienne a protesté auprès du Nouvelle-Ecosse, ont été pour la cain se poursuit sur d’autres contri- bre. Celle de mercredi, qui a duré gnétique et d’un groupe naval de pla- comité, « même si les gens, souvent, ministère bosniaque des affaires plupart retrouvés, mercredi butions » de la France à l’opération une heure et demie, a été l’occa- nification des opérations. » ne voient qu’elles et pas nos autres étrangères. 31 octobre, et mis en lieu sûr, a militaire engagée par les Etats-Unis sion de « réaffirmer la solidarité Jacques Chirac avait annoncé, le réalisations ». annoncé le maire, Rudolph contre le régime taliban en Afgha- française dans la lutte antiterroriste 25 octobre à la base d’Istres, le L’Arabie saoudite n’est pas le Antoine Jacob Giuliani. – (AFP.) nistan, a fait savoir un commmuni- que mènent les Etats-Unis en Afgha- déploiement de nouveaux moyens seul pays musulman actif en Bos- qué de l’Hôtel Matignon diffusé nistan contre l’organisation à des fins de renseignement. Le nie. L’Iran, en particulier, a tenté mercredi 31 octobre à l’issue d’une Al-Qaïda », a indiqué Matignon. ministère de la défense avait alors de s’imposer pendant la guerre, réunion entre le premier ministre, Participaient à cette réunion les précisé qu’« un ou deux Mirage- avant d’être évincé après les Lionel Jospin, et des parlementai- ministres des affaires étrangères, IV-P»,selon les circonstances, par- accords de paix de Dayton, avec le res de l’Assemblée nationale et du Hubert Védrine, de la défense, ticipaient aux missions. En matière soutien des Etats-Unis. « Nous lais- Sénat. Le gouvernement y réaffir- Alain Richard, des relations avec le maritime, la France avait jusque-là sons aux autres le soin de construire me que cette participation « impli- Parlement, Jean-Jack Queyranne, dans la zone deux bâtiments, la fré- des mosquées pour nous concentrer que que nous soyons pleinement asso- et le chef d’état-major des armées, gate Courbet et le pétrolier-ravi- sur des projets destinés à améliorer ciés à la définition des objectifs et à Jean-Pierre Kelche. tailleur Var. Elle y a ajouté le Bou- le niveau de vie des gens », élude la planification des opérations ». Le premier ministre a confirmé gainville, bâtiment d’écoutes effec- l’ambassadeur d’Iran, Homayoun Dans le but d’informer le Parle- les capacités militaires engagées tuant du renseignement électroma- Amirkhalili. L’Egypte, la Turquie et ment, M. Jospin a pris l’initiative de depuis le début des frappes, le gnétique, qui relève de la direction la Malaisie y vont également de réunir régulièrement les présidents 7 octobre. « Il s’agit, selon le com- générale de la sécurité extérieure leurs projets d’assistance. Mais de groupes et des commissions de muniqué, du déploiement de Mirage- (DGSE) et de la direction du rensei- c’est indéniablement Riyad qui la défense et des affaires étrangè- IV de reconnaissance et d’observa- gnement militaire (DRM). – (AFP, détient la palme, ayant longtemps res des deux chambres. Une premiè- tion, d’un avion Transall-Gabriel de Reuters.) profité de ses liens privilégiés avec 6 / LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 INTERNATIONAL Guy Verhofstadt En Espagne, le climat antiterroriste plaide favorise la lutte contre l’ETA pour un « forum Vague d’arrestations dans les milieux proches des séparatistes basques politique La police espagnole a arrêté, mercredi 31 octobre, treize nement de José Maria Aznar met à profit la lutte interna- Les vrais dossiers responsables de l’association Gestoras Pro Amnistia, pro- tionale contre le terrorisme pour porter des coups aux che du mouvement séparatiste basque ETA. Le gouver- organisations qu’il considère comme intégrées à l’ETA. mondial » MADRID travailler pour mettre un terme à la ce qui est en son pouvoir pour ten- BRUXELLES. Guy Verhofstadt, pré- de notre correspondante torture et à la persécution des ter de faire inscrire Herri Batasu- sident en exercice de l’Union euro- de l’après-11 septembre La justice espagnole resserre cha- idées. » na, la coalition politique considé- péenne, a réclamé, mercredi que fois plus le cercle de la lutte En revanche, pour le ministre de rée comme la « vitrine politique » 31 octobre, à Gand, la création d’un antiterroriste autour de l’organisa- l’intérieur, Mariano Rajoy, qui de l’ETA, dans les listes des mouve- forum mondial qui serait, selon lui, tion séparatiste basque armée s’est félicité de cette nouvelle ments terroristes en Europe éta- le pendant politique du grand ● Buts de guerre ETA. Ainsi, mercredi 31 octobre à action policière, « l’enquête a mon- blies par l’Union européenne. En marché. Ce forum devrait, estime le l’aube, au cours d’une opération, tré que Gestoras Pro Amnistia n’est attendant se poursuit la tâche à premier ministre belge, réunir « tou- ● baptisée « Udazken » (« Autom- pas seulement une organisation pro- laquelle le juge Garzon a commen- tes les grandes organisations politi- Controverses stratégiques ne » en euskera), dirigée en per- che de l’ETA, mais qu’elle fait partie cé à s’attaquer il y a trois ans, fai- ques et économiques de la planète ». sonne par le juge madrilène Balta- intégrante, comme bien d’autres, de sant fermer le journal radical Egin, M. Verhofstadt avait réuni pour un à Washington sar Garzon et qui a mobilisé deux l’organisation même de l’ETA ».Et considéré comme la « boîte aux let- débat quelque trois cents personna- cents policiers, ont été arrêtés trei- le ministre de préciser que Gesto- tres » de l’ETA, et décrétant illégal, lités du Mouvement pour une autre ● La Russie saisit la balle au ze responsables de l’association, ras Pro Amnistia, qui aide déjà au printemps, le mouvement des mondialisation. Il a plaidé pour proche de l’ETA, Gestoras Pro financièrement les détenus bas- jeunes radicaux basques Haika, « une globalisation éthique » et bond Amnistia, dans une dizaine de vil- ques, est soupçonnée de servir d’in- qui, selon la police, a servi de critiqué l’« hypocrisie » des pays les du Pays basque et de Navarre, termédiaire et de transmettre les « vivier » de jeunes recrues pour occidentaux, « qui n’ouvrent pas ● Vers la guerre bactériologique ? dont Bilbao, Saint-Sébastien et consignes de l’ETA à ses membres les commandos de l’ETA. véritablement leurs frontières Pampelune. Ils devront répondre emprisonnés. La vague de détentions déclen- commerciales ». ● de l’accusation d’« appartenance à chée mercredi – parmi lesquelles Présent à Gand, l’ancien président Visages changeants de l’islam bande armée ». ASSÉCHER LES AIDES celle du porte-parole en Biscaye américain Bill Clinton a indiqué, Gestoras Pro Amnistia, qui exis- Pour le gouvernement espagnol, du mouvement des familles de pri- pour sa part, qu’il convenait de lut- politique te depuis la fin des années 1970, qui, depuis les événements du sonniers Senideak – a aussi été l’oc- ter réellement contre la pauvreté et ● milite activement en faveur du rap- 11 septembre, a trouvé auprès de casion pour José Maria Aznar de d’étendre « les bienfaits de la mon- L’Afrique laissée pour compte prochement et du regroupement ses partenaires européens, et s’en prendre au gouvernement dialisation, qui ne profitent à l’heure au Pays basque de tous les prison- notamment français, une oreille autonome basque, dirigé par les actuelle qu’aux pays riches de ● Démission du conseil de sécurité niers etarras, actuellement encore plus attentive contre le terrorisme, nationalistes modérés du Parti l’Ouest », à l’ensemble de la dispersés dans des prisons un peu il s’agit de battre le fer tant qu’il nationaliste basque (PNV). planète. – (Corresp.) ● partout dans l’Etat espagnol. Son est chaud. En l’occurrence, l’ac- Ouvrant une nouvelle polémique, Les libertés américaines siège principal, situé à Bilbao, a cent est mis sur la nébuleuse d’or- M. Aznar les a accusés de subven- été passé au peigne fin par la poli- ganisations qui gravitent autour tionner les « collaborateurs du ter- Timor-Oriental : sacrifiées sur l’autel de la guerre ce pendant plus de cinq heures et de l’ETA. Les enquêteurs tentent rorisme » en dénonçant les aides ● un important matériel informati- de démontrer qu’elles constituent fournies par le gouvernement de Alibi terroriste pour racisme que a été saisi. Cette opération a en elles-mêmes un large pan de Vitoria à plusieurs organisations, l’ONU fixe suscité les protestations du porte- l’organisation séparatiste armée. dont Senideak, qui aurait touché antimaghrébin parole de l’association, Gorka Le gouvernement n’en fait pas environ 360 000 francs cette Lopez, qui a déclaré, au cours mystère, même si la tâche paraît année. l’indépendance ● Islamophobie d’une conférence de presse : « Nos aussi difficile que sujette à polémi- activités n’ont d’autre but que de ques. Il est aussi décidé à faire tout Marie-Claude Decamps ● Les antécédents au 20 mai de M. Ariel Sharon NEW YORK (Nations unies). Le Les communistes sont écartés de la gestion de Berlin Conseil de sécurité des Nations ● unies a approuvé, mercredi 31 octo- Dommages boursiers BERLIN qui, dans l’est de la ville, a représenté près d’une voix bre, le choix du 20 mai pour de notre correspondant sur deux. l’accession à l’indépendance du collatéraux Dans le salon d’un grand hôtel parisien où il répon- C’est pourtant la coalition tricolore, mathématique- Timor-Oriental, ancien territoire dait aux questions du Monde, le chancelier Gerhard ment moins stable, qui a finalement été retenue. Ce indonésien. Dans une déclaration ● La culture, facteur Schröder n’avait évoqué la question des élections ber- brutal retournement de situation a suscité la colère officielle, le Conseil a également linoises qu’en quelques mots. « Je suis intervenu d’une des communistes, qui n’avaient ménagé aucun effort accepté de maintenir une présence de la Realpolitik façon très retenue, expliquait-il en fin d’entretien, d’un pour pouvoir revenir aux affaires berlinoises. militaire et civile ainsi que des air presque détaché. J’espère que les sociaux-démocra- instructeurs de police pour une ● La nouvelle géopolitique tes suivront mes conseils pour la formation du Sénat ber- RISQUES DE CLIVAGES période de six mois à deux ans linois sans intégrer ce parti dans une coalition. » Le peu Avec 22,6 % des voix sur l’ensemble de la ville, à après l’indépendance. Quant aux de l’Asie d’empressement que mettaient les communistes à 1,1 point seulement des chrétiens-démocrates qui 5 000 casques bleus et membres du soutenir les frappes américaines en Afghanistan expli- avaient si longtemps régné sur Berlin, les communis- personnel de la mission de l’ONU, (cartographie commentée) quait ses préventions. Il est des espoirs qui ont valeur tes pouvaient légitimement penser avoir réalisé un ils resteront dans le territoire, vieille d’ordre. Ceux de M. Schröder étaient à peine impri- score qui leur permettait de jouer à leur tour un rôle colonie portugaise, jusqu’au 20 mai. més (Le Monde du 30 octobre) que la direction des important. Aux cours des discussions exploratoires Le Timor-Oriental est placé sous Par Ignacio Ramonet, Susan socialistes berlinois, par dix-sept voix contre huit et qui suivirent l’élection, ils firent d’ailleurs preuve administration provisoire de trois abstentions, décidait de tourner le dos aux com- d’une souplesse remarquée, se montrant prêts à de l’ONU depuis la fin 1999, au terme Wright, Alain Gresh, Eric Rouleau, munistes réformateurs du PDS, dirigés par le populai- réels compromis pour entrer à l’hôtel de ville. Mainte- de vingt-quatre ans d’une occupa- re Gregor Gisy, et de diriger la capitale allemande en nant qu’ils en sont écartés, ils assurent, avec une iro- tion, souvent brutale, de l’armée Paul-Marie de La Gorce, Amnon s’alliant aux Verts et aux libéraux du FDP. nie involontaire, que leur absence dans l’exécutif de indonésienne. L’administrateur de Mercredi 31 octobre, alors que le chancelier la capitale va accentuer la division d’une ville qui n’a l’ONU pour le Timor-Oriental, le Kapeliouk, Ibrahim Warde, Schröder voyageait en Asie, une caricature du Berli- pas encore surmonté les clivages de toutes sortes sus- Brésilien Sergio Vieira de Mello, a Constantin von Barloewen, Nasser ner Zeitung résumait férocement la situation. On y cités par le mur. Leur mise à l’écart constitue une déci- adjuré le Conseil de prolonger une voyait le bourgmestre socialiste de Berlin, Klaus sion « qui va à l’encontre de l’avenir de la ville tout présence onusienne après l’indé- Negrouche, Nicky Hager, Nina Wowereit, expliquer la mondialisation. « C’est, disait- entière et de Berlin-Est en particulier », a déclaré la pré- pendance. Des élections présiden- il, quand le chancelier, en voyage en Inde, me fait savoir sidente du PDS, Gabi Zimmer, jouant délibérément la tielles sont prévues en mars ou Bachkatov, Philippe Leymarie, par l’entremise d’un journal français que je dois monter carte du particularisme oriental. avril. – (Reuters.) Monique Chemillier-Gendreau à Berlin la coalition politique qui lui permettra de dor- Toutefois, en dépit du nombre de leurs électeurs, mir tranquillement en Chine. » les communistes ne font pas le poids face aux pres- DÉPÊCHES Philippe Rekacewicz, Vicken Avant les élections régionales du 21 octobre, sions de M. Schröder, qui, lui, pense surtout aux élec- a DANEMARK : des élections M. Wowereit s’était prononcé en faveur d’une allian- tions générales de l’automne 2002 et au désaveu que législatives anticipées auront Cheterian et Michael Ratner ce « rouge-verte », mais le bon score des communis- risquait de lui attirer, parmi le puissant électorat anti- lieu le 20 novembre, à l’initiative tes et des libéraux ne lui permettait pas de constituer communiste de l’ouest du pays, une capitale alleman- du premier ministre social-démo- avec les seuls écologistes une majorité pour diriger la de dirigée par une alliance socialo-communiste. Alors crate, Poul Nyrup Rasmussen. La ville-Etat. Le bourgmestre a alors envisagé une combi- que les négociations en coulisse allaient bon train, on législature actuelle devait s’achever naison « rouge-rouge » regroupant socialistes et com- apprenait fort opportunément que le déficit budgétai- en mars 2002. Arrivé à la tête du munistes. Cette configuration, indiquait-on dans son re de Berlin serait, cette année, encore plus important gouvernement en 1993, M. Rasmus- Violences policières entourage, permettrait de bâtir une majorité plus sta- que prévu. Sans une aide généreuse du gouverne- sen dirige depuis mars 1998 une ble que celle issue d’une coalition où socialistes et éco- ment, assurait-on, la capitale serait rapidement en coalition minoritaire comprenant impunies logistes gouverneraient avec l’aide des libéraux. faillite, soumise à la tutelle de l’Etat central et des les sociaux-démocrates et les radi- « Nous avons besoin de voir à long terme », expliquait autres Länder. caux de gauche, qui a connu une alors le Sénat, les yeux fixés sur le déficit abyssal du remontée dans les sondages après budget municipal comme sur le score communiste, Georges Marion les attentats du 11 septembre. Cette décision, annoncée mercredi Ces prostituées venues de l’Est 31 octobre, a pris de court l’opposi- tion conservatrice. M. Rasmussen Colonisation : les leçons de morale Six Palestiniens tués en vingt-quatre heures, a affirmé vouloir donner au futur gouvernement le temps de prépa- de l’histoire rer la présidence de l’Union euro- dont un par « assassinat ciblé » péenne, que Copenhague doit assu- mer au second semestre 2002. LE PRÉSIDENT de l’Autorité Parti travailliste un plan de paix Hamas, Omar Jabarin, près de a SYRIE : le député et opposant palestinienne, Yasser Arafat, a avec les Palestiniens « d’ici une Naplouse, dans le nord de la Cisjor- syrien Riad Seif, accusé notam- Malaise dans l’éducation réclamé, mercredi 31 octobre à semaine ou deux ». Il a refusé de danie, dans un secteur sous contrô- ment de « vouloir changer la Oslo, l’aide de la communauté dévoiler les grandes lignes de ce le total de l’Autorité palestinienne. Constitution », a plaidé non cou- internationale, pour obtenir l’éva- plan, se bornant à dire que, s’il La veille, dans des incidents sépa- pable, mercredi 31 octobre, à cuation des territoires palestiniens était premier ministre, « il y aurait rés, six Palestiniens, dont un activis- l’ouverture de son procès au tribu- Schizophrénie des Nations unies encore sous occupation israélien- des négociations avec Yasser Ara- te islamiste, Djamel Djadallah, nal pénal de Damas, selon son avo- ne. Lors d’entretiens avec les minis- fat ». « Il faut négocier, même sous membre du Hamas, avaient été cat. « Il a rejeté les accusations for- dans la lutte contre la faim tres des affaires étrangères russe, le feu et c’est ce qui constitue une de tués. Djadallah, qu’Israël tient pour mulées par le juge et affirmé que Igor Ivanov, et norvégien, Jan mes principales divergences de fond responsable du meurtre de deux c’est l’Etat qui a violé la Constitution Petersen, M. Arafat a remercié la avec le Likoud [droite] d’Ariel Sha- colons, a été victime de la politique en l’arrêtant », le 6 septembre, a communauté internationale pour ron [le premier ministre] », a ajou- d’« assassinats ciblés » de l’Etat juif. indiqué Me Anouar Bounni. la « pression » exercée sur Israël, té M. Pérès. M. Sharon a exigé à Le Hamas, dont un responsable M. Seif organisait à son domicile NUMÉRO DE NOVEMBRE 2001 qui a permis le retrait des troupes de multiples reprises un « arrêt politique, Abdallah Djarouchi, a des débats sur des sujets politi- En vente chez israéliennes des secteurs de la zone total de la violence et du terroris- été tué dans une autre action ques. Il avait notamment critiqué «A», c’est-à-dire entièrement me » avant toute négociation avec militaire, a juré de se venger. Ces un contrat de téléphonie mobile votre marchand de journaux autonome palestinienne, dans la les Palestiniens. six morts portent à 944 – dont conclu par l’Etat et des compa- région de Bethléem-Beit Jala. Selon la radio israélienne, un 739 Palestiniens et 183 Israé- gnies privées. L’audience, à laquel- e Le ministre israélien des affaires commando israélien a enlevé, jeudi liens –, le nombre des victimes le ont assisté quinze avocats et 25 F - 3,81 étrangères, Shimon Pérès, a affir- matin, un responsable du Mouve- depuis le début de l’Intifada, fin sept diplomates occidentaux, a été mé, jeudi, qu’il allait présenter au ment de la résistance islamique septembre 2000. – (AFP, Reuters.) reportée au 14 novembre. – (AFP.) 7 FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001

SANTÉ PUBLIQUE La perspec- b LES ASSOCIATIONS et les spécialis- 1988 et 1995 ont été marquées par Conseil national de la sécurité routiè- présidentielle de 2002. A l’exception tive d’une amnistie accordée à la tes engagés dans la lutte contre l’in- une augmentation sensible du nom- re vient ainsi de se prononcer contre de ceux de l’extrême droite, tous se faveur de l’élection présidentielle sécurité routière le redoutent : ils bre d’accidents, qu’ils expliquent par « toute amnistie pour les infractions déclarent défavorables à une amnis- va-t-elle causer une augmentation font valoir que les deux précédentes un sentiment accru d’impunité chez au code de la route ». b LE MONDE tie des infractions qui mettent en du nombre de morts sur les routes ? campagnes pour les élections de les conducteurs. b LE NOUVEAU a interrogé les candidats à l’élection cause la sécurité. Sécurité routière : les candidats interpellés sur l’amnistie présidentielle Les associations et les professionnels engagés dans la lutte contre les accidents de la route multiplient les démarches auprès des candidats à l’Elysée, afin de dénoncer la surmortalité observée dans les périodes pré-électorales, qu’ils attribuent au sentiment d’impunité ressenti par certains conducteurs

LE RITUEL de l’amnistie accor- En réponse aux propos de la pré- viques ». Les écologistes Brice dée par le Parlement à la faveur de sidente de la Ligue contre la violen- Lalonde et Corinne Lepage, de Les candidats de 1995 l’élection présidentielle, véritable ce routière, l’entourage du prési- même que Charles Pasqua, limite- spécificité française, vacillera-t-il dent de la République fait donc raient eux aussi l’amnistie aux Cinq spécialistes de santé publique sous les demandes répétées de valoir que la précédente amnistie infractions sur le stationnement. avaient, avant la présidentielle de ceux qui ont en charge la sécurité avait été « extrêmement limitée » « Pour les procès-verbaux de station- 1995, interrogé les candidats : routière ? A peine installé officiel- et qu’elle avait surtout profité aux nement, nous sommes sans scrupule « Pour éviter que l’anticipation de lement, le tout nouveau Conseil contrevenants aux règles du sta- pour l’amnistie, en raison du coût l’amnistie provoque plusieurs national de la sécurité routière, tionnement et aux auteurs d’infrac- de l’amende pour les revenus modes- centaines de morts supplémentaires composé d’élus, de représentants tions mineures. M. Chirac, précise- tes », précise Arlette Laguiller. Le sur nos routes, êtes-vous décidé à ne d’associations, de l’administra- t-on, « estime que toute infraction Parti communiste pose, lui, com- pas demander l’amnistie des délits tion, d’entreprises et d’institutions susceptible de mettre en danger la me « condition impérative » à une routiers mettant en cause la s’est en effet clairement prononcé vie d’autrui doit être formellement éventuelle amnistie « qu’en soient sécurité ? » Réponses. « contre toute amnistie pour les exclue de l’amnistie ». exclues toutes les conduites dange- b Edouard Balladur : « Oui, sans infractions au code de la route ». Au cabinet du premier ministre, reuses, en particulier quand elles hésitation. Toutefois, dans le Réunie pour la première fois on renvoie aux propos tenus par le ont entraîné des dommages ». domaine complexe de la lutte contre vendredi 26 octobre, cette instan- ministre des transports, Jean- les comportements à risques, les ce, créée en octobre 2000 et prési- Claude Gayssot, lors de l’installa- « CE PETIT GESTE AMICAL » mesures coercitives n’ont d’effet dée par le député (PS) René Dosiè- tion du Conseil national de sécuri- Interrogé par Le Monde, le porte- bénéfique et durable qu’à condition re, a nourri une première résolu- té routière. M. Gayssot s’est dit parole de campagne de Jean-Pierre d’être accompagnées d’un véritable tion extrêmement symbolique : « favorable à ce que le champ d’une Chevènement, Michel Suchod, a programme d’éducation à la santé. » « [Le Conseil] demande avec insis- éventuelle loi d’amnistie exclue tou- affirmé que devraient être exclus b Jacques Chirac : « L’amnistie tance aux pouvoirs publics, aux can- tes les infractions au code de la rou- du champ de l’amnistie « les com- présidentielle en matière de didats, aux formations politiques, te qui mettent en cause la sécurité portements délictueux ayant, volon- contraventions répond à une l’engagement public de renoncer à de tous, en particulier des plus fragi- tairement ou involontairement, mis tradition républicaine constante et toute décision de cette nature afin les ». Il a précisé que « le stationne- en danger la vie humaine ». Mais au souci d’apaisement qui d’enrayer le relâchement des auto- taient du « syndrome de l’amnistie demandé au président de la Républi- ment dangereux ou sur des emplace- surtout, a-t-il précisé, M. Chevène- accompagne la prise de fonctions mobilistes que l’on constate à l’ap- présidentielle ». Alors que, cette que qu’il s’engage à n’amnistier ments réservés aux handicapés ment prépare « une initiative » d’un nouveau président. Toutefois, proche de cette échéance et d’éviter année-là, le bilan des accidents de aucune infraction au code de la rou- devrait également être exclu de tou- dans le domaine de la sécurité rou- j’ai indiqué qu’il ne pouvait être ainsi le décès de plusieurs centaines la route était le plus favorable te, quelle qu’elle soit, afin que le te amnistie ». Il a entendu enfin tière – exercice décidément incon- question d’étendre cette amnistie aux de personnes et de faire des milliers depuis 1957, une augmentation message soit clair (…) Le président « favoriser les sanctions immédia- tournable du débat électoral –, récidivistes de contraventions de personnes handicapées. » « Il continue avait été observée au de la République ne s’y est pas enga- tes, par nature non amnistiables ». mais qui ne sera pas rendue publi- routières. » faut qu’il y ait une tolérance zéro », cours de l’automne : +3,8 % en gé et nous en concluons donc qu’il La plupart des autres candidats que avant la mi-novembre. b Robert Hue : « Les précédentes a indiqué pour sa part M. Dosière. octobre, +6,5 % en novembre, ne s’intéresse pas véritablement à la à l’élection présidentielle, Noël Seuls, finalement, les candidats lois d’amnistie excluaient la conduite Interrogée à son tour, Isabelle +8 % en décembre. Comme aujour- sécurité routière », a affirmé Mamère pour les Verts, le prési- d’extrême droite campent sur en état d’ivresse et les délits de fuite. Massin, déléguée interministériel- d’hui, la France était en pré-cam- Mme Jurgensen. dent du Mouvement écologiste l’idée selon laquelle l’effacement Je suis partisan du maintien de ces le à la sécurité routière, a fait sien- pagne électorale. Et des phénomè- Outre les réductions de peine indépendant, Antoine Waechter, des PV serait quasiment un dû restrictions. » ne cette volonté de tendre vers nes comparables avaient été obser- d’emprisonnement, la loi du mais aussi la députée (app. UDF) pour l’automobiliste-électeur. b Lionel Jospin : « En matière une « tolérance zéro ». « Beau- vés en 1988 et en 1995 (lire ci-con- 3 août 1995 avait amnistié l’ensem- Christine Boutin se disent opposés Pour Jean-Marie Le Pen, « les auto- d’amnistie, je m’en tiendrai à la coup de concitoyens demandent tre). ble des contraventions de police. à toute amnistie sur les infractions mobilistes sont les bêtes noires du tradition républicaine, ce qui exclut qu’il y ait plus de répression. Nous Toutefois certaines infractions routières. François Bayrou estime fisc et de la répression, et ils méritent tout laxisme sur les comportements ferons donc tout ce qui est en notre TRAVAIL DE LOBBYING avaient été exclues du champ de qu’il faut faire preuve de « rigueur, bien ce petit geste amical ». Quant à mettant en péril la vie d’autrui. » pouvoir pour qu’il n’y ait pas d’am- Les associations et les profes- l’amnistie : les délits de conduite notamment en matière d’infractions Bruno Mégret, président du Mou- b Jean-Marie Le Pen : « Il faut nistie en 2002 », a-t-elle déclaré sionnels engagés dans la lutte con- en état d’ivresse, les délits de fuite, routières ayant pu mettre en danger vement national républicain, il esti- cesser de considérer les lors d’un déplacement effectué tre les accidents de la route ont d’homicide ou de blessures invo- la vie des automobilistes ou des pié- me que « contrairement aux délin- automobilistes comme des dans le cadre de la semaine de la donc repris leur travail de lob- lontaires commis au volant et les tons ». « Les PV sur le stationne- quants de droit commun, les automo- irresponsables. L’amnistie des Prévention routière, qui a eu lieu bying, en demandant aux candi- contraventions sanctionnées par ment, honnêtement, je m’en fiche », bilistes (…) sont soumis à une répres- contraventions fait partie de la du 20 au 28 octobre. Et alors dats, déclarés ou non, de s’engager un retrait de plus de trois points lance le président de l’UDF. sion très vigoureuse, et il est donc tradition républicaine et je n’entends qu’était enregistrée pour le mois à repousser toute idée d’amnistie. du permis de conduire. Ce seuil Pareillement indulgent pour ce légitime qu’ils bénéficient en contre- pas m’y soustraire. Seules en seront de septembre une hausse de 6,5 % Le 9 octobre, la présidente de la avait d’ailleurs été relevé par une qui concerne le stationnement des partie d’une large mansuétude à l’oc- exclues les contraventions faisant des tués sur les routes et de 15 % Ligue contre la violence routière, majorité de députés par rapport véhicules, Alain Madelin se mon- casion de l’amnistie présidentielle ». suite à des accidents graves pour les blessés. Geneviève Jurgensen, n’a pas au projet de loi présenté par Jac- tre hostile à toute promesse d’am- provoqués par des conducteurs sous Déjà, en 1994, les responsables caché sa déception après une ren- ques Toubon, qui le limitait à deux nistie, « qui, si elle devait être faite, Jean-Michel Dumay l’emprise de la drogue ou de de la sécurité routière s’inquié- contre avec Jacques Chirac. « J’ai points. entraînerait des comportements inci- et Jean-Louis Saux l’alcool. » Les médecins spécialistes en accidentologie dénoncent Les communes entre actions-chocs et équipements à long terme DES EFFIGIES en bois de poli- pas les crédits pour fournir un nom- conscience que les actions ponctuel- les conséquences de la « tradition républicaine » ciers, postées le long des autorou- bre de radars suffisants, la munici- les, aussi spectaculaires soient- tes : la campagne de la sécurité rou- palité a acheté elle-même un appa- elles, ne sont pas suffisantes pour C’EST la première fois que la était effrayant, précise le profes- te en aucune manière sur les tière qui a eu lieu du 20 au 28 octo- reil perfectionné coûtant 58 000 freiner la vitesse dans les agglomé- question de l’amnistie des infrac- seur Got. Alors que la mortalité, cal- infractions de conduite. bre n’est pas passée inaperçue. francs, qu’elle a mis à la disposition rations. Aussi, aménagent-elles leur tions concernant la sécurité routiè- culée en valeur glissante sur l’an- Côté politique, la tentation est Communes et départements ont de la police nationale. Vaison-la- voirie de sorte à décourager les re prend, six mois avant l’élection née, s’était réduite de 10 801 tués à grande pourtant de laisser planer mis à profit cette opération pour Romaine (Vaucluse) veut faire de chauffards. Elles sont unanimes présidentielle, une telle place dans 9 939 en octobre, il y eut une stagna- le doute ou de se prononcer en lancer des actions dont certaines même pour confier le radar à la gen- pour dire que les ronds-points, à la le débat public national. On décou- tion en novembre et en décembre faveur d’une amnistie qui ne con- vont être prolongées pendant plu- darmerie mais, faute de moyens, condition qu’ils soient bien éclai- vre ainsi à la fois l’importance de puis nous sommes – en rythme cernerait que des infractions de sieurs mois, voire des années. elle a demandé une subvention au rés, sont efficaces. Beaucoup de res- ce sujet en termes de santé publi- annuel – passés au-dessus des conduite jugées mineures. A l’instar de ce qu’avait inauguré conseil général pour réunir la som- ponsables locaux mettent égale- que et l’embarras de la majorité 10 000 en janvier pour atteindre un Seraient ainsi exclus du champ de l’Hérault en 1998, une dizaine de me nécessaire. ment en avant la création de pistes des candidats à l’élection présiden- point culminant à 10 702 en juillet, l’amnistie – comme ce fut le cas conseils généraux ont placé, avec le tielle craignant que le fait d’annon- comme s’il y avait une forme d’iner- dès 1988 – les conduites en état concours des directions départe- cer qu’ils ne sont pas favorables à tie de la dérive comportementale d’ivresse et le délit de fuite ainsi – mentales de l’équipement (DDE), Elargir et renforcer la prévention auprès des jeunes une telle mesure conduirait qui s’étend deux mois au-delà de la comme en 1995 – les conduites à des silhouettes de personnes en immanquablement à leur faire per- promulgation de la loi d’amnistie. » une vitesse de 40 km/h supérieure contre-plaqué noir, portant sur la L’éducation à la sécurité routière est obligatoire à l’école et au collè- dre une partie des suffrages. Les mêmes causes produisant les au maximum autorisé. tête un filet rouge couleur sang, sur ge depuis 1993. Mais selon l’association La Prévention routière, un « Tout, pour moi, a commencé mêmes effets, le professeur Got et les sites où se sont produits des acci- jeune sur deux n’a jamais suivi un tel enseignement (Le Monde du durant l’été 1988 lorsque j’ai obser- ses quatre confrères militant au « MULTIPLICATION DES INFRACTIONS » dents mortels. Ainsi, les responsa- 23 juillet). Le gouvernement a donc voulu « accentuer considérable- vé une remontée brutale du nombre nom de la santé publique (profes- Les participants à la rencontre bles des Alpes-de-Haute-Provence ment cette éducation » et rendre, à terme, incontournables les attesta- des morts dus à des accidents de la seurs Albert Hirsch, François Gre- de deux heures organisée sur ce ont disposé 45 mannequins sur une tions de sécurité routière délivrées en fin de cinquième (niveau 1) et circulation durant les mois qui my, Maurice Tubiana et Gérard thème, à l’initiative de l’Elysée, le soixantaine de kilomètres sur la de troisième (niveau 2). Depuis 1997 déjà, le brevet de sécurité routiè- avaient précédés la réélection de Dubois) tentèrent, dès la fin de 9 octobre ont dans leur ensemble voie Napoléon et la nationale 96. re (attestation de niveau 1 complétée par trois heures de pratique) François Mitterrand, précise le pro- 1994, de prévenir les candidats à la perçu que Jacques Chirac resterait Le dispositif a eu des effets contras- est nécessaire pour conduire un cyclomoteur entre 14 et 16 ans. A par- fesseur Claude Got, spécialiste prochaine élection présidentielle volontiers dans cette dynamique tés. Des parents de victime ont pro- tir du 1er janvier 2003, cette mesure sera étendue aux plus de 16 ans ; d’accidentologie et de sécurité rou- de la responsabilité qui était la en réduisant un peu plus le champ testé contre ce rappel du malheur en outre, l’attestation de niveau 2 sera exigée pour se présenter au tière. Ce phénomène était d’autant leur dans ce domaine. des infractions amnistiables aux qui les a frappés. En outre, l’effet « code », l’épreuve théorique du permis du conduire. plus étonnant que nous étions alors La surmortalité observée en conduites à une vitesse de 30 km/h dissuasif s’est vite dissipé au fil des Des réunions sont prévues en novembre au ministère de l’éduca- sur une pente assez régulièrement 1995 a été plus faible qu’en supérieure au maximum autorisé. jours. « Alors que la vitesse moyenne tion nationale afin d’élaborer un dispositif pour les jeunes ayant quit- descendante s’inscrivant dans la ten- 1988, bien que la presse ait évo- Or tant les associations que les spé- a baissé dans les premiers jours, elle té le système scolaire sans obtenir leur attestation. dance générale de réduction de la qué plus précocement la très forte cialistes d’accidentologie s’oppo- a tendance à grimper de nouveau », mortalité routière depuis 1972. J’ai probabilité d’une loi d’amnistie. sent d’emblée à une telle logique. constate-t-on à la DDE de Digne- alors commencé à analyser les don- Au total, en fonction des métho- « Nous avons expliqué au chef de les-Bains. Malgré tout, l’opération La cité vauclusienne veut aussi cyclables, la meilleure protection, nées disponibles et je suis vite arrivé des de calcul, on peut, selon le pro- l’Etat que ce sont les petits ruisseaux va se poursuivre dans le départe- jouer la carte de la prévention. Elle selon eux, que l’on puisse offrir aux à la conclusion que seule l’annonce fesseur Got, dire que les lois d’am- qui font les grandes rivières et qu’en ment encore plusieurs mois. vient de monter l’opération « Capi- cyclistes. Mais la réglementation faite dans les médias, à la fin de nistie de 1988 et 1995 ont été direc- l’espèce, plus que les quelques cas La ville d’Evreux (Eure), elle aus- taines de route », destinée à se répé- nationale vient contrarier, parfois, 1987, de l’amnistie à venir pouvait tement responsables d’un nombre de grands excès, c’est bien la multi- si, a choisi de rappeler l’hécatombe ter quatre à cinq fois par an, qui les efforts des villes. Depuis 1994, expliquer ce qui, sinon demeurait de tués sur la route compris entre plication des infractions jugées qui touche les automobilistes. A consiste à proposer aux habitués les ralentisseurs ne doivent pas incompréhensible. » 250 et 1 000. mineures qui, au total, conduit à côté du cimetière américain, des boîtes de nuit de désigner une dépasser 10 centimètres de hauteur On peut aussi observer une insupportable mortalité », souli- 99 croix blanches ont été plantées personne qui accepte de ne pas con- et ne peuvent être installés sur des SURMORTALITÉ OBSERVÉE qu’aucun des candidats à l’élec- gne le professeur Got. Au-delà des pour symboliser le nombre de tués sommer d’alcool pendant la nuit voies absorbant un trafic de plus de En d’autres termes, c’est la modi- tion présidentielle ne conteste le engagements que prendra ici le pendant l’année 2000 dans le dépar- (Le Monde du 23 juillet). Le samedi 3 000 véhicules par jour. Dans ces fication du comportement d’un bien-fondé et le résultat d’une tel- candidat socialiste à l’élection pré- tement. L’initiative a été, dans ce 6 octobre, 185 conducteurs se sont conditions, les administrations com- nombre élevé de conducteurs le analyse. L’objectif aujourd’hui sidentielle, il restera à comprendre cas, mieux acceptée. Le dépôt de portés volontaires pour les trois éta- munales doivent imaginer d’autres sachant que leur infraction reste- visé par l’ensemble des associa- comment on a pu collectivement carcasses de voitures aux ronds- blissements situés à la périphérie systèmes pour « casser » la vitesse. rait impunie qui expliquait ce phé- tions militant pour une plus gran- transformer en « tradition républi- points d’accès à la commune a, lui de Vaison-la-Romaine et ont accep- C’est ce qui explique la multiplica- nomène. Concrètement c’est sur- de sécurité routière est simple : caine » une mesure qui n’est en aussi, été bien accueilli. té de subir l’épreuve de l’alcootest. tion des chicanes et des revête- tout à partir de janvier 1988 que obtenir que, si une loi d’amnistie réalité qu’une programmation du Conflans-Sainte-Honorine (Yveli- Mais seuls 122 chauffeurs ayant ments en pavés, moins roulants l’augmentation du nombre des doit être votée, elle se borne à effa- pardon faite à des fins électorales. nes), elle, a choisi de faire appel au soufflé dans le ballon respectaient que le simple macadam. morts a commencé à devenir statis- cer les contraventions de station- réflexe de la peur du gendarme. le taux d’alcoolémie autorisé. Les tiquement significative. « Le bilan nement des automobiles et ne por- Jean-Yves Nau Comme l’Etat n’a apparemment municipalités ont néanmoins Marcel Scotto 8 / LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 FRANCE-SOCIÉTÉ Le parquet général se prononce pour L'Elysée veut faire de Philippe Massoni le dépaysement du procès Bonnet LE PROCUREUR général près la Cour de cassation, Jean-François Bur- son « Monsieur Sécurité » gelin, a requis mercredi 31 octobre le dépaysement du procès des paillo- tes incendiées en Corse – réclamé par l’ancien préfet Bernard Bonnet et les sept autres prévenus – en invoquant le climat de violence dans l’île Cette nomination intervient au moment où le ministre de l’intérieur, Daniel Vaillant , apparaît affaibli et les « appréhensions objectivement justifiées [de Bernard Bonnet] à être jugé dans le département dont il fut le préfet ». La chambre criminelle de M. Massoni a été nommé, mercredi 31 octobre, avait été soigneusement gardé, même si, depuis sujets dont il sera chargé. M. Massoni pourrait ain- la Cour de cassation devrait annoncer le 7 novembre si le procès, actuel- chargé de mission auprès de l'Elysée pour les quelques temps, on prêtait à l’ancien préfet de si faire office de « conseiller de campagne » du lement audiencé devant le tribunal correctionnel d’Ajaccio du questions de sécurité et de terrorisme. Le secret police une influence auprès de M. Chirac sur les chef de l’Etat (Lire aussi notre éditorial page 13). 19 novembre au 7 décembre, aura bien lieu en Corse. Poursuivis pour l’incendie des paillotes Aria Marina, le 7 mars 1999, et LE PRÉFET Massoni est de tualité d’un rappel de M. Massoni gue carrière du nouveau collabora- soni est d’abord connu comme un Chez Francis, dans la nuit du 19 au 20 avril 1999, les prévenus ont tous retour. Quelques mois après son avait déjà été évoquée, lors de son teur du président accréditaient en homme de réseau qui a cultivé de réclamé que le procès se déroule ailleurs que sur l’île, le parquet général départ de la préfecture de police de départ à la retraite, au mois de mars outre l’idée selon laquelle il ferait multiples contacts politiques et de Bastia (Haute-Corse) ayant jusqu’à présent rejeté toutes les requêtes Paris, le conseiller d’Etat Philippe dernier. Depuis environ un mois, d’abord office de « conseiller de cam- policiers. en dépaysement de la défense. Massoni a été nommé, mercredi son apparition dans l’entourage du pagne » du chef de l’Etat, contri- Il a su se bâtir un profil de parfait 31 octobre, chargé de mission président de la République avait été buant à fournir des idées et à appor- cohabitant, sachant dans ses rela- auprès du président de la Républi- remarquée. On lui prêtait une ter des réponses précises sur les tions avec les pouvoirs mettre en Corse : Lionel Jospin s’explique que pour les questions liées à la influence dans certaines interven- questions liées à la sécurité. Dans avant le service de l’Etat plus que les sécurité et au terrorisme. L’étendue tions récentes de M. Chirac sur la ses nouvelles fonctions, M. Massoni amitiés politiques. En 1993, Fran- de ses attributions n’a pas été préci- sécurité. Selon des proches de pourrait également assister aux réu- çois Mitterrand avait immédiate- sur la prison de Borgo sée par l’Elysée, mais elle devrait M. Massoni, la proposition formelle nions du comité interministériel de ment donné son accord à la nomina- être arrêtée au cours d’un entretien d’intégrer le cabinet du chef de lutte antiterroriste (CILAT). L’arres- tion par le premier ministre, LIONEL JOSPIN a précisé, mercredi 31 octobre, à l’Assemblée nationa- à venir avec Jacques Chirac dans les l’Etat ne serait toutefois intervenue tation des dirigeants du groupe ter- Edouard Balladur, de M. Massoni à le qu’un centre de détention pour les longues peines serait créé en Cor- prochains jours. La préparation de que mercredi – suscitant une répon- roriste Action directe, en la préfecture de police de Paris. Le se « à terme de plusieurs années », parce qu’il « n’existe pas dans cette cette nomination avait été mainte- se positive immédiate de l’intéressé. février 1987, est l’une des plus belles président de la République avait sui- région » et que cela constitue une « discrimination à l’égard des Corses ». nue dans la confidentialité : ni le réussites de M. Massoni, qui était vi en cela la recommandation de Interpellé sur sa déclaration du 3 octobre 2000, selon laquelle un regrou- cabinet du premier ministre ni celui « COUP » POLITIQUE alors directeur central des renseigne- son conseiller Michel Charasse. En pement des détenus nationalistes à la prison de Borgo n’était « ni possi- du ministre de l’intérieur n’en Au moment où le ministre de l’in- ments généraux. janvier dernier, après avoir été pen- ble ni souhaitable », le premier ministre a assuré : « Je m’en tiens à cette avaient été officiellement informés térieur, Daniel Vaillant, apparaît for- Certaines sources policières ont dant huit ans préfet de police, sous décision ». par la présidence. L’annonce de l’ar- tement affaibli après avoir été désa- comparé l’arrivée de l’ancien préfet deux présidents de la République, « Je doute que Daniel Vaillant ait fait ses déclarations sans l’accord du pre- rivée de M. Massoni auprès du chef voué par le premier ministre sur la de police à celle de Christian Prou- trois premiers ministres et quatre mier ministre. Lionel Jospin vient de le couvrir, c’est humain », a pour sa de l’Etat a été interprétée, au sein question du réaménagement de la teau, qui avait joué le même rôle ministres de l’intérieur, M. Massoni, part déclaré Jean-Pierre Chevènement dans les couloirs de l’Assemblée, du gouvernement, comme un signe maison d’arrêt de Borgo (Haute- auprès de François Mitterrand. La atteint par la limite d’âge, devait par- après que M. Jospin venait de féliciter publiquement M. Vaillant « pour supplémentaire de la volonté de Corse), la désignation de M. Masso- désignation de M. Massoni pourrait tir à la retraite. Le gouvernement de le travail qu’il accomplit sur la Corse ». M. Chirac de placer le thème de la ni a aussi fait naître le soupçon d’un ainsi traduire la volonté de la prési- Lionel Jospin avait alors trouvé une sécurité au cœur de la campagne « coup » politique. La sécurité et la dence de la République de capter à formule permettant la prolongation présidentielle. lutte contre le terrorisme relèvent son bénéfice certains pouvoirs de de quelques mois des attributions Un projet de loi en préparation Agé de 65 ans, l’ancien préfet de en effet de la compétence du gou- police. Les mêmes sources définis- du haut fonctionnaire. Et le ministre police avait déjà travaillé au côté de vernement, soulignait-on à l’Hôtel sent cependant Philippe Massoni de l’intérieur, Daniel Vaillant, s’était M. Chirac il y a vingt-cinq ans, lors- Matignon, quelques heures après comme « l’anti-Prouteau ». Alors très clairement prononcé en faveur sur l’économie solidaire que celui-ci était le premier ministre l’annonce de l’Elysée. Au ministère que l’officier de gendarmerie n’était de cette décision, en dépit des réser- de Valéry Giscard d’Estaing. L’éven- de l’intérieur, l’expérience et la lon- qu’un pur homme d’action, M. Mas- ves affichées par le Conseil d’Etat. GUY HASCOËT, secrétaire d’Etat à l’économie solidaire, a présenté, La haute juridiction administrative mardi 30 octobre lors d’une conférence de presse, les grandes lignes avait en effet estimé qu’aucune loi d’un projet de loi-cadre sur l’économie sociale et solidaire. Ce texte ou disposition n’autorisait le main- vise à définir les contours de ce secteur qui promeut « une autre façon François Mitterrand avait créé la cellule Prouteau tien en fonctions de M. Massoni de faire de l’économie », respectueuse de grands principes tels que la au-delà de l’âge légal de la retraite. « cohésion sociale », le « développement durable » et « la primauté de LE CONTEXTE n’était pas identique, mais il était tains étaient affectés au groupe de sécurité de la prési- Le jeune commissaire Massoni l’homme sur le capital ». particulièrement tendu. Au mois d’août 1982, la mena- dence de la République (GSPR), fondé en 1983 pour avait fait le choix d’être un policier Un « label d’utilité sociale » sera délivré aux associations, mutuelles, ce terroriste avait pris corps en plein Paris : rue des assurer la protection du chef de l’Etat (et essentielle- spécialisé dans le renseignement. coopératives, entreprises qui respectent ce cahier des charges ; il don- Rosiers, un commando en armes avait mitraillé la fou- ment composé d’hommes du GIGN) ; les autres for- Jusqu’à sa nomination comme pré- nera droit à un certain nombre d’avantages fiscaux. Un « fonds mutuel le et tué six personnes. Pour la première fois, la prési- maient « l’équipe » de M. Prouteau – selon le terme fet de police, sa carrière avait étroite- solidaire » sera créé pour favoriser le développement de ce type d’acti- dence de la République décréta alors que les ques- qu’ils utilisaient eux-mêmes –, dont les attributions ment mêlé cet aspect, le plus politi- vités. Le projet de loi devrait être présenté d’ici à la fin de l’année en tions de sécurité devraient être traitées en son sein, ne furent jamais précisées par aucun décret ni aucune que de la police, et le passage dans conseil des ministres. M. Hascoët espère qu’il sera examiné au moins par un collaborateur direct du chef de l’Etat. Ce fut directive, mais qui disposaient, dans l’accomplisse- les cabinets ministériels de droite, une fois par les deux chambres du Parlement avant les élections légis- Christian Prouteau, chef du groupe d’intervention de ment des « missions » qu’ils s’attribuaient, de tous les avec Jacques Chirac, puis Raymond latives. la gendarmerie nationale (GIGN), qui fut aussitôt moyens matériels, techniques et humains, offerts par Barre à Matignon (1976-1980), avec nommé « conseiller technique » à l’Elysée chargé des la présidence. Robert Pandraud à la sécurité questions de sécurité et de la lutte contre le terroris- L’ex-capitaine Paul Barril s’y fit connaître, dès 1982, (1987), puis avec Charles Pasqua au Vives réactions en Bretagne après me. Sa nomination par François Mitterrand précéda par le montage organisé pour permettre l’interpella- ministère de l’intérieur (1993). Ce la constitution de la fameuse « cellule antiterroriste » tion d’activistes irlandais dans un appartement de Vin- parcours devait s’achever sous les de l’Elysée, qui fut à l’origine de nombreuses dérives. cennes, une décennie avant que les indicibles secrets ors réputés tranquilles du Conseil la suspension du protocole Diwan Officiellement, la « cellule » n’existait pas. Derrière de la « cellule » ne fussent révélés, en 1993, à la faveur d’Etat. M. Chirac en a décidé le « conseiller technique » – que François Mitterrand de l’enquête sur les écoutes téléphoniques posées, autrement. LES RÉACTIONS verbales n’ont pas manqué en Bretagne, mercredi devait par la suite nommer préfet – évoluait une sous l’autorité de M. Prouteau, sur des journalistes – 31 octobre, au lendemain de la décision du Conseil d’Etat de suspen- escouade de gendarmes et de policiers mis à la disposi- dont notre collaborateur Edwy Plenel –, des politi- Pascal Ceaux dre le protocole signé en mai par Jack Lang visant à donner un statut tion de la présidence par leurs services respectifs. Cer- ques et de nombreuses personnalités. et Hervé Gattegno public aux établissements Diwan, qui font du breton la première lan- gue d’apprentissage à l’école (Le Monde du 1er novembre). Le mouve- ment Frankiz Breizh a dénoncé une « décision inadmissible », qui « cède à une minorité procédurière et figée dans un centralisme d’un Les députés ont approuvé le nouveau dispositif antiterroriste autre siècle ». L’Union démocratique bretonne (UDB), évoquant « l’in- sondable mauvaise foi » du Conseil d’Etat, a constaté que « les démo- crates de Bretagne [allaient] devoir réinvestir la rue ». Le maire (divers Les inquiétudes exprimées par les associations de défense des libertés publiques n’ont pas été entendues gauche) de Carhaix, Christian Troadec, a estimé que « l’avenir du bre- ton [passait] par une modification de la Constitution ». L’ASSEMBLÉE nationale, qui exa- les et des domiciles, les palpations le, opposition politique ou petite délin- ter la « crédibilité politique et culturel- minait, en lecture définitive, mercre- de personnes par les agents de sécu- quance ». Dénonçant une « course à le » du gouvernement sur le terrain DÉPÊCHES di 31 octobre, le projet de loi sur la rité privés, ou encore l’accès aux l’échalote » entre droite et gauche de la sécurité. La droite a ainsi saisi a SÉCURITÉ : le principal syndicat de magistrats et deux syndi- sécurité quotidienne est restée sour- communications téléphoniques et sur le terrain de la sécurité, souli- l’occasion qui lui était fournie par ce cats de policiers ont annoncé, mercredi 31 octobre à Paris, la cons- de aux inquiétudes exprimées par Internet, y compris lorsqu’elles sont gnant que « les lois de circonstance projet de loi pour roder ses argu- titution d’un « front commun » pour demander davantage de moyens plusieurs associations, au premier cryptées. ne sont jamais de bonnes lois »,le ments sur ce qui s’annonce d’ores et et une réforme du système afin d’améliorer la lutte contre l’insécurité. rang desquelles la Ligue des droits Lors de la discussion générale, député et maire de Bègles redisait déjà comme un thème majeur de la Dans une initiative sans précédent, les responsables de l’Union syndi- de l’Homme (LDH), le Syndicat de mercredi matin, seul le candidat des son indignation devant les caméras. campagne présidentielle. « Je préfè- cale des magistrats (USM), de Synergie-officiers et d’Alliance-police la magistrature ou celui des Avocats Verts à la présidentielle, Noël Mamè- Les Verts entendent voter contre le re appartenir à la droite barbelée nationale ont annoncé leur intention de former un « groupe de tra- de France, à propos du nouveau dis- re, avait fait part de son opposition nouvel arsenal antiterroriste, ainsi qu’à la gauche débordée », a ainsi vail » commun qui présentera des propositions d’ici la fin de l’année positif antiterroriste déjà adopté par vigoureuse à « une loi de circonstan- que contre l’ensemble d’un projet affirmé Claude Goasguen (DL, aux partis politiques. le Sénat, le 17 octobre. ce inspirée par une conception politi- de loi qui « risque de mettre à mal la Paris). « Depuis Vigipirate, il n’y a a CULTURE : les négociations entre l’intersyndicale de la culture Les députés PS, MDC et radicaux que et médiatique de la lutte antiterro- cohésion sociale du pays », expliquait- jamais eu autant de crimes odieux (CFDT, CFTC, CGT, FO, FSU, SUD, UNSA) et le cabinet de la minis- de gauche, tout comme ceux de droi- riste » en jugeant que le texte n’évi- il. Las, quelques heures plus tard, au dans ce pays », a lancé pour sa part tre Catherine Tasca, réouvertes le 23 octobre en vue de trouver une te, ont en effet voté des mesures tait pas forcément les risques de moment de l’examen en détail de Christian Estrosi (RPR, Alpes-Mariti- issue au conflit social en cours, se sont soldées par un échec, mercredi applicables jusqu’à la fin 2003 et « bavures » et de « dérapages » sus- ces dispositions, le chef de file des mes). Huit heures durant, « pour le 31 octobre. Le ministère s’est dit « déçu », « regrettant vivement » que autorisant notamment, sous certai- cités par « un amalgame entre terro- Verts avait quitté l’Hémicycle. compte-rendu au Journal officiel » les syndicats aient refusé d’examiner le nouveau projet de circulaire nes conditions, la fouille des véhicu- risme, immigration, contestation civi- Aucun élu de sa formation ne comme l’a indiqué M. Goasguen, sur la mise en place des 35 heures qui leur avait été communiqué la l’ayant remplacé en séance, les dépu- l’opposition a multiplié les amende- veille. Celui-ci proposait de relever les primes pour les personnels d’ac- tés écologistes n’ont pas pris part au ments réclamant davantage de pou- cueil et de surveillance travaillant le dimanche, de mieux prendre en vote. voirs de police aux maires, la révi- compte certaines sujétions et pénibilités particulières, et d’offrir aux sion de l’ordonnance de 1945 sur la services une souplesse accrue dans l’organisation des rythme de tra- MISSION PARLEMENTAIRE délinquance juvénile ou la saisie des vail. Dénonçant « l’inexistence du dialogue social », l’intersyndicale a Représenté par Alain Clary, élu du prestations familiales des parents qualifié ce texte de « nouvelle provocation ». Elle a suspendu son appel Gard, le PCF s’est, pour sa part, abs- « défaillants ». Le MDC a rejoint la à la grève pour la semaine de la Toussaint, mais a promis de « durcir le tenu, estimant n’avoir pas obtenu droite sur le constat que « le texte mouvement » la semaine prochaine. de « garanties suffisantes ». « Nous n’allait parfois pas assez loin ». Jac- a TUERIE : Jean-Pierre Roux-Durraffourt, le cheminot qui a tué e avons de vives interrogations sur le ques Desallangre, député chevène- quatre personnes et en a blessé onze, lundi 29 octobre à Tours numéro de novembre recours à des vigiles pour procéder à mentiste de l’Aisne, a déploré (Indre-et-Loire), a été mis en examen mercredi pour « assassinats, des palpations », a souligné M. Cla- « qu’une certaine gauche reste tentatives d’assassinats et tentatives d’homicide volontaire sur un militai-

ry. Le ministre de l’intérieur, Daniel empreinte d’idéologie libérale-libertai- re de la gendarmerie et des fonctionnaires de la police nationale ». 13 F / 1,98 1,98 / F 13 Les dérives du climat u un des défis Vaillant, s’est engagé à ce qu’un re post -soixante-huitarde ». Récla- Transporté à l’hôpital après son interpellation, le tireur, blessé au tho- atique est deven ● Le changement clim « premier rapport d’évaluation » du mant l’abrogation de la loi sur la pré- rax, a été placé sous mandat de dépôt et devait être conduit mercredi manité. dispositif soit soumis au Parlement somption d’innocence, il s’est félici- à la maison d’arrêt de Tours. Il n’a fait aucune déclaration de nature à majeurs de l’hu our parer n de l’économie p fin 2002, tout en soulignant « qu’il té de l’« évolution des esprits » au expliquer son acte. ne transformatio ● A la clé : u t encore n’est pas attentatoire aux libertés que gouvernement sur les rave parties. a JUSTICE : la Cour de cassation a jugé, le 17 octobre, qu’envoyer ui reste cependan à une menace q de lutter contre le terrorisme ».La La droite, ainsi qu’une partie des un enfant de six ans en Inde pour y recevoir l’enseignement de la sécurité collective, a-t-il expliqué, députés socialistes, ont décidé de secte Sahaja Yogad, d’obédience hindouiste, ne constituait pas un othétique. e hyp es : un problèm « n’est pas l’ennemie de la liberté indi- soumettre ces rassemblements à délit pour les parents, contrairement à ce qu’affirmait le parquet de uences et remèd ● Origines, conséq viduelle. Elle en est une des conditions une déclaration préalable dont le Montpellier. La Cour a estimé qu’une telle démarche pouvait ne pas d’exercice ». De son côté, le prési- non-respect entraînera la saisie du compromettre gravement la santé, la sécurité, la moralité ou l’éduca- planétaire. dent de la commission des lois, Ber- matériel. Le rapporteur du texte, tion de l’enfant. nard Roman (PS, Nord) a proposé la Bruno Le Roux (PS, Seine-Saint- a La juge d’instruction Laurence Vichnievsky, qui a demandé au Et les Clés de l’info : création, dès la semaine prochaine, Denis) ainsi que Bernard Roman président du tribunal de grande instance de Paris, Jean-Claude ● La traque de Ben Laden d’une mission parlementaire d’éva- (PS, Nord) se sont abstenus. Au Magendie, à être dessaisie de l’affaire Elf, a précisé dans un cour- e contre l’Amérique luation du dispositif, une mission final, l’ensemble du texte a été adop- rier au Monde que, contrairement à ce que nous avions indiqué dans ● Anthrax : un germ CHEZ qui interviendra, a-t-il précisé, « dès té sans difficulté, le PS, le PRG et le nos éditions du 26 octobre, cette décision n’était motivée ni par sa 2VOTRE qu’elle le jugera nécessaire ». MDC votant pour, la droite et les « lassitude » ni par le sentiment d’avoir « assez contribué à la conduite MARCHAND DE Le reste du débat a été marqué Verts contre, le PCF s’abstenant. des investigations », qui sont autant de « considérations étrangères » à JOURNAUX par une offensive en règle de l’oppo- sa demande. sition, qui n’a eu de cesse de contes- Caroline Monnot CARNET LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 / 9

DISPARITION AU CARNET DU « MONDE » –Mme Francis Cambou, – Les membres de la Fédération – Philippe Magnet, – Le 2 novembre 1999, son épouse, nationale du Mérite maritime et de la son fils, a RÉGINE CAVAGNOUD, skieuse Naissances Bertrand, Sylvie et Elaine, médaille d'honneur des marins Laurence Fradin, Lucie RADAODY française, est morte mercredi ses enfants, ont le regret de faire part du décès de leur Andrée et Alain Billieres, RAZANAMALALA Jean-René et Annie Cambou, président 31 octobre des suites de ses blessu- Clara et Guy WISMER ses sœur et beau-frère, ont la joie d'annoncer la naissance à Anne, Xavier et Félix, leurs enfants et petits-enfants, res survenues lundi 29 octobre lors nous était arrachée. Bâle, le 11 octobre 2001, de leur petite- ses petits-enfants, André HELBERT, Renée Bonnet d’un entraînement de descente sur fille Sa famille et ses amis, capitaine au long cours, et sa fille Françoise, le glacier de Pitztal dans les Alpes ont la douleur de faire part du décès du officier de la Légion d'honneur, Jean Magnet, Nous pensons à elle. autrichiennes (lire page 17 et Le Léa Maléna, officier de l'ordre national du Mérite, son fils François et son petit-fils Erik, Monde du 31 octobre). professeur Francis CAMBOU, commandeur du Mérite maritime, Simone et Monique Moignoux, au foyer de Raymond, Dominique et Laurence Pierre SORIA à l'âge de soixante et onze ans, des suites survenu à Marseille, le 27 octobre 2001. Wolff Nathalie et Marc WELKER. d'un accident de voiture. NOMINATIONS et leurs enfants, nous quittait le 2 novembre 1998. Les obsèques ont eu lieu, selon sa 7, rue des Sarrazins, Les familles Besacier, Buchet, Francis Cambou était professeur volonté, dans la stricte intimité familiale. Sa présence habite toujours ceux qui LÉGION D'HONNEUR 42600 Montbrison. Descoret, Dubreuil, Lacolonge, Laffay, émérite à l'université Paul-Sabatier de l'aiment. Par décret publié au Journal offi- Götzisbodenweg 20, Toulouse. ont la douleur de faire part du décès de ciel du mercredi 31 octobre, sont CH 4133 Pratteln. Il avait exercé les fonctions de – Le président, nommés chevaliers : directeur fondateur du Centre d'étude Et les membres de l'Association Jacques MAGNET, Colloques Julien Billen (de nationalité bel- spatiale des rayonnements (CESR), universitaire René-Cassin président de chambre honoraire Myriam CAUSSÉ – L'Association des Amis de Passages - directeur de l'Institut universitaire de ont la tristesse de faire part du décès de à la Cour des comptes, ge), Philipp Brendel (de nationali- et ADAPes et la revue Passages, avec le Toulouse (IUT), leur collègue et ami, membre fondateur té allemande), Lahsen El-Ghazi Dominique LEROY concours du Centre d'études et de directeur du Conservatoire national de l'Association, survenu le mercredi 24 octobre 2001, à (de nationalité marocaine), Max sont heureux d'annoncer la naissance de prévision du ministère de l'intérieur, des arts et métiers, Paris (CNAM). Paris. Guttenberger (de nationalité alle- leur fils organisent le jeudi 8 novembre 2001, au Il était Daniel LANDRAUD, mande). Sénat, un colloque intitulé : chevalier de la Légion d'honneur, professeur Les obsèques religieuses ont été Olivier, Citoyenneté éclatée ou citoyenneté commandeur de l'ordre national du à l'université Jean-Moulin - Lyon-III. célébrées le lundi 29 octobre, à Renaison civilisée ? DIPLOMATIE Mérite, le 6 septembre 2001. (Loire). Intervenants : Paul-Laurent Assoun, Hervé Ladsous a été nommé commandeur dans l'ordre des Palmes Université Jean-Moulin - Lyon-III, Philippe Barret, Esther Benbassa, Nadir ambassadeur en Indonésie par 10, rue Yves-de-Kerguelen, académiques. 15, quai Claude-Bernard, 9, rue Saint-Romain, 69007 Lyon. Boumaza, Mohamed Ghoualmi, Henri décret publié au Journal officiel du 78200 Mantes-la-Jolie. 75006 Paris. Guaino, Blandine Kriegel, Philippe Sa famille recevra les condoléances à mercredi 31 octobre en remplace- Lazar, Hervé Le Bras, Gérard Le Gall, Cornebarrieu - Toulouse, le vendredi me ment de Gérard Cros, appelé à –M Claude Mont, Corinne Lepage, Emile Malet, Bertrand Anniversaires de naissance 2 novembre 2001, à 16 h 30, lieu de son Anniversaires de décès d’autres fonctions. son épouse, Marechaux, Jacques Reiller, François incinération. me [Né le 12 avril 1950, licencié en droit et – Versailles, le 2 novembre 1991. M. et M Gérard Seve, –1er mai - 1er novembre 2001. Scheer, Catherine Wihtol de Wenden et Villepreux, le 2 novembre 2001. M. et Mme François-Xavier Mont, Michel Yahiel. diplômé de l’Ecole nationale des langues 13, avenue de la Roseraie, orientales vivantes, Hervé Ladsous a été ses enfants, Marie-Claude GRUMBACH Adeline 31500 Toulouse. me admis au concours pour le recrutement de M. et M Henri-Xavier Mont Informations et inscriptions : Tél. : 01-45-86-30-02. secrétaires des affaires étrangères en 1971. Il et Marie-Clotilde, s'en est allée il y a six mois. fête ses dix ans. – Le président de l'université Paul- Fax : 01-44-23-98-24. a été notamment en poste à Hongkong M. Olivier Mont, Sabatier, Raymond Bastide, ses petits-enfants, E.mail : [email protected] (1972-1973 et 1975-1976), à l’administration Joyeux anniversaire, petite princesse. Pas un instant sans souffrir de ne Le directeur du département des M. et Mme Jean Mont, centrale du Quai d’Orsay (1976-1981), à Can- sciences de l'Univers du CNRS, Philippe pouvoir partager désormais la beauté des leurs enfants et petits-enfants, berra (1981-1983), à Pékin (1983-1986), à la Michel. Gillet, saisons et les terreurs du monde. Conférences ses neveux et nièces, mission permanente de la France auprès de La déléguée régionale du CNRS, Vendredi 2 novembre 2001, Et toute sa famille, l’Office des Nations unies à Genève Katherine Piquet-Gauthier, Pas une journée sans rendre grâce de 20 h 15 à 21 h 30, Décès ont la très grande douleur de faire part du (1986-1991). Directeur adjoint d’Amérique au Le directeur du Centre d'étude spatiale pour trente et un ans d'amour, de « Peut-on communiquer – Vincent Atger, des rayonnements, Dominique décès de ministère des affaires étrangères (1991-1992), création, d'histoire, ensemble. avec les morts ? » Sa famille, Le Queau, il est ensuite représentant permanent adjoint Dimanche 4 novembre, Ses amis, Le personnel du CESR, M. Claude MONT, de 17 h 30 à 19 h 30, de la France auprès de l’Organisation des Pour les pensées innombrables de ont la tristesse de faire part du décès de ont la douleur de faire part du décès de chevalier de la Légion d'honneur, « Réincarnation et résurrection » Nations unies à New York (1992-1997), repré- ancien maire de Noirétable, sympathie, d'amitié, d'affection, Tous les mercredis, Jean-Philippe sentant permanent de la France auprès de ATGER, M. Francis CAMBOU, ancien conseiller général, de 19 heures à 20 heures, l’Organisation pour la sécurité et la coopéra- professeur émérite ancien vice-président Merci. étude de La Bhagavad-Gîtâ. survenu le 31 octobre 2001, à l'âge de tion en Europe (OSCE) à Vienne (1997-2001). à l'université Paul-Sabatier, du conseil régional Rhône-Alpes, Loge unie des théosophes, cinquante ans. fondateur du Centre d'étude spatiale e Hervé Ladsous était en mission à l’administra- ancien député de la Loire, Antoinette Fouque - Des femmes, 11 bis, rue Kepler, Paris-16 , des rayonnements, tion centrale du ministère depuis juin 2001.] ancien sénateur de la Loire, Alliance des femmes pour la entrée libre et gratuite. L'inhumation aura lieu le samedi 3 ancien directeur Tél. : 01-47-20-42-87 membre honoraire démocratie. DÉFENSE novembre, à 11 heures, au cimetière du Conservatoire national www.theosophie.asso.fr protestant, route d'Alès, à Nîmes (Gard). des arts et métiers, du Parlement européen, Luc Vigneron a été nommé, – Il y a trois ans, le 2 novembre 1998, par le conseil des ministres du « Le vin excellent pleure, la vigne décédé le 29 octobre 2001, à l'âge de rappelé à Dieu, le 30 octobre 2001, à disparaissait Communications diverses mercredi 31 octobre, président- languit, tous ceux qui avaient le cœur soixante et onze ans. l'âge de quatre-vingt-huit ans. Cercle Amical - Centre V. Medem directeur général du groupe d’ar- joyeux soupirent ». M. Lionel PREJGER. Esaïe XXIV, verset 7. mement terrestre GIAT Indus- Son incinération aura lieu le vendredi Ses funérailles auront lieu le vendredi Samedi 3 novembre 2001, à 16 heures, tries. Il succède à Jacques Lop- 2 novembre, à 16 h 30, au crématorium 2 novembre, à 15 heures, en l'église de Que ceux qui l'ont connu et aimé se Claude Bochurberg pion, qui est devenu PDG de la de Cornebarrieu. Noirétable (Loire). souviennent et pensent à lui. présentera son film : Société nationale des poudres et Les Halaunbrenner – A l'occasion du décès de leur explosifs (SNPE). Le Rivet, Noëlle Prejger, Une famille en héritage. collègue et ami [Né le 11 octobre 1954 à Kaolack (Sénégal), – Sa famille 42440 Noirétable. sa femme. 52, rue René-Boulanger, Paris-10e. a la douleur de faire part du décès de Luc Vigneron, ancien élève de Polytechnique Jean-Philippe ATGER, et de l’Ecole nationale des ponts et chaus- Elisabeth FRIEDEL, sées, a servi au ministère de l’équipement, le directeur général et l'ensemble du née BLACHÉ, puis au ministère des finances, avant d’entrer personnel de l'Office national des forêts à la direction financière de la Compagnie s'associent à la douleur de ses proches. dans sa soixante-dix-septième année. générale d’électricité (CGE). En 1986, il est à Alcatel Telspace et à Alcatel CIT. Nommé en – Paul-Yvon Mamy, Elle a été inhumée près de son mari, 1991 directeur général d’Alcatel Radio- son mari, téléphonie et, trois ans plus tard, vice-prési- Julien Mamy, Pierre FRIEDEL, dent d’Alcatel Mobile Communication, il Hortense Mamy, devient, en 1995, directeur de la stratégie ses enfants, au cimetière de Rouen. Martine Brandon, d’Alcatel Alstom. C’est en janvier 1998 que sa sœur, 55, rue de Dantzig, Luc Vigneron est appelé, par Jacques Lop- ont la douleur de faire part du décès de 75015 Paris. pion, au poste de directeur général de GIAT Industries, qui produit notamment le char de Nadine BRANDON, combat Leclerc.] – Simone Grauvogel, survenu le 29 octobre 2001. son épouse, Anne Grauvogel, Nous lui dirons adieu le vendredi Catherine Grauvogel, 2 novembre, au crématorium des Philippe et Sophie Grauvogel, Joncherolles, à Villetaneuse (Seine- ses enfants, Saint-Denis), à 13 h 30. Ses petits-enfants, Et toute sa famille, ont la tristesse de faire part du décès de – Anne, Céline et Thomas Gleize ont la profonde tristesse d'annoncer la mort de Antoine GRAUVOGEL, chevalier national de l'ordre du Mérite, Claire PASSIGNAT GLEIZE, survenu le 30 octobre 2001, dans sa emportée par une tumeur filante le soixante-huitième année. 29 octobre 2001. Une cérémonie religieuse aura lieu en La cérémonie aura lieu le 5 novembre, l'église Saint-Eustache, à Paris, le samedi à 17 heures, au Père-Lachaise. 3 novembre, à 11 heures.

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Depuis le 15 septembre, le « New York Pour qu’aucun ne soit oublié Times » publie chaque jour ARCE QUE chaque comprimés en un nombre gigantes- arabes et asiatiques, et des centai- ment “Une nation au défi”. Cer- voir publier un nom, une photo, vie est intéressan- que, imprécis, irréel, et rendus à nes d’étrangers ; des financiers, des tains d’entre nous pensaient écrire une histoire, si courte, partielle, le portrait te, précieuse et par- leurs proches dans une urne de cuisiniers, des garçons d’ascenseur, quelques portraits de victimes, anecdotique soit-elle. « Il en est qui ticulière. Parce poussière et de cendres, le New des informaticiens, des laveurs de d’autres suggéraient d’en rédiger protestent après coup, parce qu’on d’une que chaque indivi- York Times a décidé d’en faire le carreaux, des pompiers et des fem- beaucoup. Nous avons finalement n’a pas cité tous les prénoms d’en- du mérite atten- portrait. Et de n’en oublier aucun. mes de ménage. Et parce que choisi de les publier tous. Tous ceux fants, ou parce que c’est trop bref. quinzaine de tion, respect, com- Parce que dans l’Histoire avec c’était une tranche d’Amérique, et dont on pourra retrouver la trace, Difficile, en quelques lignes, de saisir passion. Parce que une majuscule se côtoient des mil- un morceau du monde, le New York dont on pourra joindre un proche. Et la formidable complexité et richesse disparus du l’énormité de ce lions de petites histoires, et qu’on Times a pris l’engagement d’en l’on continuera jusqu’à ce qu’on ne d’une existence. Cent cinquante qui s’est passé le 11 septembre ne saurait prétendre raconter la reconstruire la mosaïque. De trouve plus personne. Cela prendra mots, c’est en effet trop court. On World Trade P2001 – le coup infligé à l’Amérique première, témoigner d’une épo- reconstituer le puzzle. six mois, huit mois, qu’importe ! doit se limiter à un fait saillant, un tout entière et l’impact sur l’équili- que, sans évoquer les autres. Parce Chaque jour, depuis le 15 septem- Tous devraient être là. » trait de caractère, une anecdote. Car Center. « On bre du monde – a pu masquer la que la spécificité du World Trade bre, le journal new-yorkais raconte Le journal a constitué un pôle c’est une page sur la vie des person- réalité de ce qui, ce jour-là, fut per- Center venait de ce brassage inouï les histoires des disparus des tours. d’enquêteurs et de journalistes nes disparues. Pas sur leur mort ! Ce continuera du pour toujours. Et surtout parce de cultures, de langues, de reli- « L’idée s’est imposée d’elle-même, pour établir un relevé des victimes sont de vrais articles, en aucun cas que les hommes et les femmes dis- gions, de richesses différentes. explique Wendell Jamieson, le à partir des listes publiées par les des hommages ou des nécrologies ! » jusqu’à parus dans les tours poignardées Qu’y travaillaient des Américains rédacteur en chef de cette page sociétés installées dans les tours, Une cinquantaine de journalistes méritaient autre chose que d’être de racines européennes, africaines, quotidienne publiée dans le supplé- les agences de presse, les écoles, les ont déjà travaillé ardemment sur la ce qu’on ne consulats, les postes de police et page, un socle d’une vingtaine est les casernes de pompiers. Pour mobilisé en permanence. D’autres trouve plus trouver adresses et numéros de y contribuent ponctuellement. téléphone. Et puis téléphoner. Mais Wendell Jamieson juge sou- personne. Appeler à la maison. Appeler la haitable qu’il y ait des rotations. femme, le mari, les parents, les frè- « Il ne faut pas le faire plus de deux Cela prendra res et sœurs, les oncles. Appeler semaines de rang. C’est sans doute pour grappiller quelques miettes satisfaisant, mais c’est aussi très six mois, de ce que furent les vies interrom- éprouvant. Il y en a souvent qui pleu- pues ce matin de septembre. rent au téléphone. Remarquez, j’en huit mois, « Certains, trop bouleversés, nous entends rire aussi. Car les histoires renvoient sur un collègue, un cousin, sont drôles. Et le sujet est la vie. Ne qu’importe ! » un meilleur ami. D’autres, effondrés, croyez-vous pas que, avec l’anthrax nous proposent de rappeler dans six et la guerre, la mort a suffisamment précise mois, ce qu’on fera. Certains s’accro- envahi nos journaux ? » chent au téléphone, d’autres veulent Aucun quotidien n’avait entre- Wendell qu’on vienne les voir ou se rendent pris pareille tâche. Du moins à cet- au journal. Parfois, il suffit de quel- te échelle. Trois mille petits por- Jamieson, ques minutes pour tenir un petit por- traits, peut-être davantage. « N’est- trait, parfois il faut des heures. Un ce pas le travail d’un journal de s’in- responsable petit nombre refuse, arguant de l’ex- téresser aux victimes ? Un policier trême discrétion de la victime. La plu- mort dans une agression, les soldats de l’opération part, au contraire, sont heureux tués dans une bataille, peut-être qu’on parle d’elle. » Heureux de aurait-on pu faire les naufragés du Titanic. C’est vrai, l’échelle, sans dou- te, est sans précédent. Mais alors que le calendrier nous éloignera du 11 septembre, cette page quotidien- ne interdira qu’on oublie ce qui s’est réellement passé ce jour-là. La perte irrémédiable. Un chiffre, si énorme soit-il, ne parle pas. » A l’heure où New York panse ses Photographies plaies, craint d’autres attentats et Julien Daniel / L’œil public tente, dans un brouillard épais, d’imaginer l’avenir, les histoires du New York Times sont légères et b nous décrivent des vies remplies de sentiments, d’engagements, de Ci-contre, Manhattan vu solidarités, de promesses, et de Brooklyn le 27 septembre. d’énergie. D’optimisme aussi. Com- Page de droite, New York : me ce mot est étrange dans cette STEPHEN J. CANGIALOSI lieu de recueillement à ville meurtrie. On l’appelait Washington Square Garden, « La Chemise » le 26 septembre. Annick Cojean Stephen J. Cangialosi, 40 ans, de Middletown dans le New Jersey, était un père et un mari dévoué, mier emploi et d’un appartement, une énigme policière. Angel Juar- prochain. En attendant, elle écono- nu vice-président de Keefe, Bruyet- mère ! Sans compter les cousines un ami fidèle, un excellent courtier Jennifer Fialko a appris qu’elle be avait découvert le coupable et misait sur son double salaire : celui te & Woods, comme analyste qui, entre ici et Panama City, en obligations chez Cantor Fitzge- avait la maladie de Hodgkin. A gagné une Jeep et 250 000 dollars. de serveuse dans un restaurant de financier, il est souvent retourné à maintiennent le contact par rald et un inconditionnel de la célè- 29 ans, complètement guérie, elle Il n’avait rien dit à sa famille jus- cuisine traditionnelle du Sud, le Fordham pour assister aux assem- e-mail. Diarelia Mena était la plus bre équipe de baseball Les Yan- a considéré que son cancer avait qu’au 4 septembre, dernier jour de week-end ; et en semaine, celui blées de la banque des étudiants jeune, le bébé, la petite princesse kees. Mais il était aussi « La Chemi- été une chance. « Un voyage spiri- la compétition. Après les attentats, d’opératrice de saisie dans les servi- dont il était membre du conseil de dont tout le monde est fou. Et elle se ». Des années durant, il s’était tuel », dit Bob Fialko, son père. tous les participants à l’émission ces financiers du Département surveillance. David Winton, le savait, avec son sourire conqué- moqué, à l’université de George- Affaiblie par dix-huit mois de chi- ont rendu visite à sa famille. Sa d’Etat de New York, au World Tra- 29 ans, tenait de sa mère ses dons rant et ses virées sur un coup de town, de son petit camarade Andy miothérapie, Jennifer s’est tout mère, Miriam, se souvient de ses de Center. Orpheline à 15 ans, pour la finance. Elle avait été direc- tête pour trois jours aux Baha- Stearns qui portait une chemise à entière mobilisée pour recouvrer amis qui lui disaient avec regret : Mrs. Anderson avait appris à ses trice de banque. Mais à en croire mas. A son tour, elle est devenue larges revers, en tissu écossais, sty- la santé, grâce à une alimentation « Si je pouvais vivre, ne serait-ce enfants qu’il fallait ne compter Gregory Moundas, la passion de mère (sa fille, Karelia, a 2 ans) et le fin des années 1970, tachée. biologique et des traitements alter- qu’un jour, qu’une heure de ta que sur soi et travailler dur. Mais son ami pour ce métier lui venait elle a épousé le père de l’enfant, Pour lui rendre la monnaie de sa natifs. Six ans plus tard, non seule- vie ! » A quoi elle ajoute : « Forcé- c’était une femme joyeuse et géné- avant tout de l’amour protecteur Victor Barahono, qu’elle connais- pièce, Mr. Stearns fit un jour un ment elle était guérie, dit sa mère, ment, ils étaient tous, pour la plu- reuse, que la foi animait. Le 10 sep- qu’il portait aux siens. « Ayant per- sait depuis toujours : toute petite, paquet, noua un ruban autour, et Evelyn Fialko, mais elle se sentait part, mariés. » tembre, tressant les cheveux de sa du son père alors qu’il était au lycée, elle allait et venait entre Brooklyn lui fit cadeau de la chemise. Afin « une force et une énergie » fille, elle a dit : « Je me sens nerveu- il voulait subvenir aux besoins de sa et Panama. Mais, comme d’autres de ne pas être en reste, Mr. Cangia- incroyables. Elle s’était assigné se, je ne sais pas pourquoi. » Puis, mère et de sa sœur. Il n’en a jamais mères dans sa famille, Diarelia, losi refit un paquet, noua un ruban pour mission d’aider d’autres mala- se souvient Rasha, « elle a appelé vraiment parlé, mais cela l’a vrai- 30 ans, travaillait aussi au autour, et la lui rendit. Cela dura des à revenir à la vie. Elle avait ren- une amie de l’église et elle a parlé ment motivé », déclare Gregory dehors : programmatrice chez dix-sept ans. « Elle était vraiment contré « l’âme sœur », dit de l’amour de Dieu ». Moundas. Le week-end, David Cantor Fitzgerald, elle arrivait en très laide », reconnaît Stearns, un Mr. Fialko. Et en septembre, elle Winton faisait souvent le trajet de général vers 10 heures le matin, sourire aux lèvres. Cangialosi fut débutait à Aon Corporation. deux heures qui sépare Brooklyn une fois les corvées ménagères aussi la vedette d’un film d’hor- Après des années passées à Tea- Heights de la maison de sa mère, achevées, et elle restait tard. Le reur, Histoire de fantômes, réalisé neck dans le New Jersey, travailler près de Hartford. En général, sa 11 septembre, elle est allée tra- par un autre de ses camarades à Manhattan l’enchantait. Sa vic- fiancée l’accompagnait (ils de- vailler à 9 heures, afin de rentrer d’université, qu’il adorait revoir toire sur le cancer la faisait rayon- vaient se marier le 17 novembre). tôt, car elle commençait des cours avec Andy Stearns, en riant aux ner, explique Mr. Fialko. Elle « Après la mort de son père, se sou- de licence à Columbia. Elle avait éclats. Andy Stearns s’est souvenu aurait déplacé les montagnes. vient Joan Winton, il me disait : besoin de gagner davantage afin que son ami lui avait offert « La « Elle était convaincue qu’elle allait “Maman, je ne t’abandonnerai de pouvoir, entre autres choses Chemise » pour son anniversaire, vivre à présent jusqu’à 120 ans »,se jamais.” Et jamais il ne m’a aban- essentielles, s’acheter des chaussu- assez récemment. Il a décidé de la souvient son frère, Andrew. Et on donnée. » res. Grande, elle avait la passion donner définitivement à Karen, la la croyait. des talons aiguilles, des semelles femme de Stephen J. Cangialosi. YVETTE ANDERSON compensées, des sandales, des Les festins d’Yvette bottines. Plus elle en avait, mieux ANGEL JUARBE Voici les plats qu’Yvette Ander- elle se sentait. Plus elles étaient Beau gosse et fin limier son aurait pu, un jour, servir dans hautes, plus elle adorait. Sa mère Tout semblait réussir à Angel le restaurant de ses rêves : gâteau se souvient que la nuit de Noël, Juarbe, pompier à Chelsea. Il de maïs, poulet au barbecue, pou- DAVID H. WINTON partie voir la famille à Panama aimait les bêtes et avait recueilli let frit, ailes de dinde, roulade de Un soutien loyal City, ses longs cheveux lâchés, huit chiens perdus. En 1998, il était légumes accompagnée de chou fri- Pour beaucoup, la banque d’in- elle allait de maison en maison, allé voir les lions et les zèbres en sé et de navets, délice à la banane, vestissement est surtout un métier grignotant des tamales ; elle a dan- Tanzanie, qu’il avait quittée deux tarte au citron meringuée, tourte dans lequel on gagne beaucoup sé la merengue jusqu’au matin, jours avant l’attentat contre l’am- aux pêches. Et le plat préféré de sa d’argent. Pour David Winton, la tanguant avec aplomb, perchée bassade des Etats-Unis. Bel hom- fille, Rasha McMillon : les courget- banque c’était presque une voca- sur ses talons. me et célibataire, il faisait partie tes aux oignons. Pendant des tion. A la business school de l’uni- des douze qui avaient été choisis années, à l’église baptiste de White versité Fordham, il s’occupe du pour figurer sur la photo du calen- Rock, à Harlem, où Mrs. Anderson Crédit fédéral de l’Association des DEREK SWORD drier 2002. Une semaine avant la priait, chantait et s’occupait des étudiants. Il recrute au poste de Un new-yorkais de cœur tragédie du 11 septembre, Angel, personnes âgées, on s’était régalé directeur général son camarade de DIARELIA MENA Adolescent, Derek Sword jouait 35 ans, avait triomphé dans un jeu de ses festins. A 53 ans, chambre, Gregory Moundas. Béné- Une lignée de femmes au tennis pour l’équipe écossaise. JENNIFER FIALKO télévisé, Meurtre dans la petite ville Mrs. Anderson espérait donner à voles trente heures par semaine, Les femmes sont fortes dans la Plus tard, c’est par le squash qu’il Un voyage spirituel de X, de la chaîne Fox. Dix concur- tous un nouvel aperçu de ses ils relèvent à eux deux une institu- famille de Diarelia Mena, de vrais avait rencontré sa fiancée, Maureen A 24 ans, quand la plupart des rents, sélectionnés parmi talents une fois décroché son diplô- tion en perdition, dont ils dou- chefs de famille, et nombreuses : Sullivan. Ils se sont connus à un jeunes sont à la recherche d’un pre- 3 000 candidats, devaient résoudre me de restauration au mois de mai blent le capital en deux ans. Deve- six sœurs pour la génération de sa dîner du New York Athletic Club, HORIZONS-ENQUÊTE LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 / 11

pour lui, dit Mrs. Spinelli, beau- éclairée. Les cendres de Mr. Yam- coup de lettres que nous avons bem ont été dispersées sur un lac reçues de ses collègues de travail le du Manipur. disaient aussi. » Le 11 septembre, Mr. Spinelli a appelé chez lui et laissé un message. Il savait qu’un avion avait heurté la tour, il allait tenter de sortir, disait-il. Et il a ajouté : « Je vous aime. A tout à l’heure. » Il n’y avait pas de pani- que dans sa voix ; il avait été cinq ans bénévole aux urgences médica- les. Son corps a été retrouvé deux semaines plus tard.

FELICIA TRAYLOR-BASS L’amie des enfants Felicia Traylor-Bass, qui était fille unique, avait trouvé le moyen d’être une « tata gâteau ». Elle JOHN RESTA s’occupait avec zèle des enfants de et SYLVIA SAN PIO RESTA ses cinq cousins. « Elle adorait la Une déclaration musique et la danse », raconte peu ordinaire La-Ræ Shelton, qui se souvient de L’anecdote est restée dans la la rose tatouée sur l’épaule gauche famille Resta. John Resta a tou- de sa cousine, de sa coupe de che- jours été, selon ses proches, un veux très courte, très mode. « Elle grand sentimental. Mais là, vrai- aimait vraiment les enfants, mais ment, il s’était surpassé. Sylvia et elle voulait démarrer sa carrière lui étaient allés plusieurs fois en avant d’en avoir un. » Et c’est ce Floride. Ils y avaient découvert un qu’elle a fait. Après six ans de restaurant de fruits de mer que Syl- mariage et un poste à Alliance Con- via adorait. Le jour où il décida de sulting, au 102e étage du World Tra- la demander en mariage, il prit sa de Center, Tour 2, elle a eu avec journée, se fit livrer à New-York, Andrew Bass un fils, Sebastian, qui de là-bas, un repas de homard et a aujourd’hui presque 2 ans. « Elle autres mets de choix, loua un smo- aimait ce rôle de mère », dit La-Ræ king, un haut-de-forme et une can- Shelton. Ses collègues de travail, ne, et passa la journée à apprêter son coiffeur, tout le monde enten- leur appartement de Bayside dans qu’il fréquentait trois fois par et collègues d’Aon Corporation. se plaindre. Son traitement lui dait parler de son petit garçon. Feli- le Queens – chandelles, nappe bro- semaine. Ils devaient se marier Pour son beau-frère, John Krach- imposait l’isolement. « Ce n’est pas cia Traylor-Bass, 38 ans, prenait dée, fleurs. Inutile de dire que la l’an prochain. Derek, 29 ans, était tus, « elle était notre ambassadrice possible !, sanglotait-elle, je ne vais pourtant le temps d’aller danser, réponse fut oui. Ils se marièrent arrivé d’Ecosse il y a six ans. Il à tous ». Mais la spécialité de pas devoir laisser mes tout petits son travail fini, avant de rentrer à pendant l’été 2000. Lorsque, cour- s’était installé à New York où il tra- Ms. Pouletsos, 47 ans, célibataire, deux semaines entières ! » Son can- Brooklyn où elle habitait. Elle sui- tiers tous deux chez Carr Futures, vaillait comme analyste financier c’était Halloween. Alors, elle se cer avait secoué la famille. Elle vait des cours à Dance Space, sur ils furent tués dans l’attentat du chez Keefe Bruyette & Woods, déchaînait. Il y avait des sorcières avait suivi son traitement, un œil Broadway et Canal Street. « Ils ont 11 septembre, elle était enceinte une société de Bourse. Il se rendait partout dans les arbres, des tom- sur ses deux merveilles : ses dansé en souvenir d’elle », dit de sept mois. Il avait 40 ans, elle toutes les six semaines en Grande- bes sur la pelouse et des effets jumeaux de trois ans et demi La-Ræ Shelton. 26 ans. Bretagne pour son travail. Ce qui sonores à chaque porte. Tout le aujourd’hui, qu’elle s’était tant bat- lui permettait de voir sa famille monde était convié. On voyait par- tue pour avoir avec Michæl, son souvent, mais il adorait New York, fois deux cents personnes défiler. mari. La vie avait été pour elle une et il n’aurait vécu nulle part Elle préparait cela des semaines à longue suite d’épreuves. Outre le ailleurs. « Il a très vite pris le pli, l’avance. Avant le 11 septembre, cancer et la stérilité, Mrs. Treroto- raconte Maureen Sullivan,Il Daphne Pouletsos commençait la, 36 ans, de Hazlet dans le New aimait cette agitation, les restau- GARY BOX déjà de sortir le matériel. Jersey, avait dû vaincre d’autres rants, les sorties. » Le matin des Le coiffeur de la caserne problèmes de santé, dont une attentats, Derek, qui travaillait au Gary Box était un drôle de bon- ENRIQUE ET JOSE GOMEZ bronchite chronique dont elle pen- 89e étage de la Tour 2, a passé trois homme, un grand enfant, un cha- Ensemble dans la vie sait qu’elle lui venait des fumées coups de téléphone à sa fiancée et huteur. Il aimait rire et faire des et la mort inhalées lors de l’incendie provo- un à ses parents en Ecosse, pour blagues. Quand il était entré à la Enrique et Jose Gomez étaient qué par l’attentat de 1993 contre le les rassurer. caserne de pompiers no 1 de Park frères, et déterminés à tout parta- World Trade Center, où elle tra- Slope, à Brooklyn, l’an dernier, il ger. Ils travaillaient ensemble : ils vaillait comme assistante à l’admi- avait raconté à tout le monde épluchaient les légumes et net- nistration des Autorités portuai- qu’il était, avant, coiffeur au funé- toyaient les crustacés dans les cuisi- res. « Vous savez, ma sœur prépa- rarium. On l’a cru, et à la caserne, nes du restaurant Windows on the rait une surprise pour mon beau-frè- Mr. Box, 37 ans, a réussi à saboter World, au World Trade Center. Par- re, dit Paul Spina, Elle voulait orga- JUPITER YAMBEM STEVEN JACOBSON plus d’une coupe de cheveux. «Si fois, ils habitaient ensemble aussi. niser une fête le 6 octobre, pour ses Fidèle à l’Inde Une merveille d’émetteur on lui demandait une brosse, il Mais même quand ce n’était pas le 40 ans. Elle s’était occupée des invi- Jupiter Yambem est né et a gran- Il était tout là-haut, Steven Jacob- vous faisait une tête de cas, Enrique, 42 ans, et José, tations et tout. Lui ne se doutait de di à l’autre bout du monde, dans le son. Il aimait ces sommets et cet patrouilleur », dit son ami, Steve 44 ans, qui étaient à la fois pères et rien. Vous écrirez ça dans le jour- lointain Etat de Manipur, au nord- émetteur dont il était chargé de Iola. Gary Box a fini par appren- adolescents, prenaient toujours, nal ? Je n’ai pas le courage de le lui est de l’Inde. Arrivé aux Etats-Unis l’entretien. Ingénieur chez WPLX- dre à manier les ciseaux, et ses ensemble, le temps de rêver. Ils dire. » à 21 ans, il a très vite enchaîné les TV, il travaillait dans une pièce au camarades lui ont acheté un fau- s’imaginaient dans les tribunes du emplois dans quelques-uns des res- 110e étage de la Tour 1, tout seul le teuil de coiffeur. Mais quand les Yankee Stadium, comme on les taurants les plus prestigieux de plus souvent. A 53 ans, il avait un autres plaisantaient sur leur fem- voit à la télé, partageant les mêmes New York, dont le Rainbow grande tendresse pour son émet- me, lui se taisait : « Que vous dire, bières, encourageant les joueurs Room, puis Windows au World teur. Il le soignait comme un les gars, si ce n’est que je l’aime. » en maillot rayé. Dans la famille Trade Center, où il était responsa- enfant malade si celui-ci venait à Elle s’appelle Kathleen ; et leurs Gomez, on se sent presque apaisé ble des dîners de gala. Mais s’il lâcher. Un jour, il utilisa ses lacets CASEY CHO enfants, Dalton et Bridget. «Pen- que les deux frères aient disparu s’était enraciné ici, en épousant pour le faire fonctionner. Lors de Veiller sur la mère dant qu’ils montent au Paradis, dit comme ils ont vécu. « Il y a tant de une native de Syracuse, dans l’Etat l’attentat de 1993, il était resté jus- Dans cette famille américano- le lieutenant Dennis Farrel, Gary gens qui n’ont personne, dit une de de New York, en s’installant à Bea- qu’à minuit pour s’assurer que le coréenne très unie, les trois sœurs Box leur verse à tous des seaux leurs nièces, Maglais Gomez, eux, con, dans ce même Etat, en étant système s’était correctement remis se sont un jour dit qu’aucune d’en- d’eau sur la tête. » au moins, se soutenaient. » Et puis, membre d’une association de pro- en marche, une fois le courant réta- tre elles n’avait le droit de mourir il y a cela : le 11 septembre, Miguel tection de l’environnement pour bli. Victor Arnone, également ingé- avant leur mère, à cause du cha- et Ramone Gomez, qui tra- l’Hudson River, en devenant l’ami nieur chez WPIX et ami très pro- grin qu’elle en aurait. Mais voilà : vaillaient en cuisines au Windows de Pete Seeger, en acceptant che, devait ce jour-là lui apporter Casey Cho, la seconde, a disparu avec leurs frères aînés, Enrique et d’aider l’entraîneur de l’équipe de son déjeuner. Il appela Mr. Jacob- au 99e étage du World Trade Cen- José, auraient dû être là, eux aussi. football de son fils de 5 ans, Santi, son au téléphone et hurla : « Ste- ter. Sa jeune sœur essaie aujour- Mais ils étaient absents quand les Mr. Yambem, 41 ans, restait atta- ve ! Il y a eu une explosion ! C’est d’hui de faire face. « Il faut que je avions ont frappé. FRANK J. SPINELLI ché à ses origines. Il avait conser- plein de fumée ! Les gens s’en- sois forte, dit Melissa Cho, Casey La famille avant tout vé la nationalité indienne et fondé fuient ! » Alors Mr. Jacobson aurait tout fait pour que notre mère Le plus souvent, il faisait encore avec d’autres la North American demanda : « Cela voudrait-il dire surmonte sa douleur. » Casey Cho, nuit quand Frank J. Spinelli, Manipur Association, qui regrou- que je n’aurai pas ma cuisse de pou- 30 ans, aimait le shopping et les 44 ans, prenait son train à Short pe des familles de cette région et let ? » Mr. Jacobson avait un voyages. Elle écrivait des nouvelles Hills dans le New Jersey, puis la cherche à promouvoir et à conser- humour décapant. Il invitait tou- et des poèmes, et projetait d’épou- navette pour Manhattan. Courtier ver sa culture aux Etats-Unis. jours, chez lui à Manhattan, des ser un graphiste l’an prochain. en devises, il observait les mar- Mr. Yambem avait deux objectifs, amis juifs à déjeuner pour Yom Kip- Mais elle avait aussi un sens très chés étrangers dès 6 heures du dit sa femme, Nancy. Il voulait pour, quand ils jeûnaient bien sûr. aigu de la famille et soutenait sa matin. Sa journée de travail finis- que son fils sache d’où il venait, Il adorait flâner sur les marchés mère, qui avait perdu son mari sait rarement à 5 heures du soir. Il qu’il voie les danses, entende la aux puces des radio-amateurs. sept ans plus tôt, ainsi que sa sœur DAPHNE POULETSOS y avait aussi les dîners avec les musique, goûte à la cuisine de Immanquablement, il demandait aîné, qui avait quitté son travail Reine des fêtes clients. Il travaillait à Wall Street là-bas. Mais il voulait aussi cons- alors à un vendeur : « Avez-vous un quand elle avait été enceinte. Ces En vacances, on s’amusait tou- depuis vingt ans. Et depuis sept truire un pont, même modeste, carnet d’écoute usagé et une grosse trois femmes et le neveu de jours dans la maison de Daphne mois seulement chez Cantor entre deux univers on ne peut plus gomme ? » Lorsqu’il conduisait sa Mrs. Cho, âgé de 1 an, vivaient Pouletsos, à Westwood, dans le Fitzgerald, au 105e étage de la différents. Pour lui rendre homma- voiture, jamais il ne mettait le cli- ensemble dans le New Jersey. Il y a New Jersey. Pour la fête des Tour 1. Le week-end, sa femme et ge, ses amis se sont retrouvés à gnotant pour changer de direction. deux mois, Casey Cho avait obte- mères, elle décorait de flamants lui levaient le pied. Ils allaient Beacon Riverfront Park, sur les Si on lui demandait pourquoi, il nu un emploi sur les questions roses son trois-pièces coquet et LISA L. TREROTOLA encourager leurs trois enfants, bords de l’Hudson. Il y a eu un répondait : « Cela ne regarde per- d’environnement chez Marsh invitait toute la famille, les mères Vaincre le mal Nicole, 17 ans, Christophe, 14 ans, dîner improvisé, au cours duquel sonne, de quel côté je tourne. » & McLennan. « Elle était vraiment et celles qui ne l’étaient pas. Pour Après son rendez-vous chez le et Danielle, 8 ans, qui disputaient Mr. Seeger a chanté Turn, Turn, heureuse, dit Melissa Cho, 24 ans. Noël, elle ornait la maison de cancérologue, Lisa L. Trerotola est des matches de foot, de jeu de la Turn. Plus tard, on a mis à l’eau Traduit de l’anglais Pas une fois dans sa vie elle n’avait guirlandes. Le 25 était réservé aux allée chez sa mère et a fondu en crosse ou de football américain. des centaines de petits bateaux en (Etats-Unis) par Sylvette Gleize. eu un regret. » proches ; le lendemain, aux amis larmes. Lisa n’était pas du genre à « Sa famille, ses enfants, c’était tout papier portant chacun une bougie © « New York Times ». 12 / LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 HORIZONS-DÉBATS Le sens des autres Repenser par Jean Decety les services secrets L’ESPRIT humain est un produit conscience de nous-même. Je ne De nombreuses recherches ont le bébé montre très rapidement par Bernard Charles de l’évolution biologique. Il est peux exister sans autrui, qui est montré que les bébés manifestent une aversion du regard de la composé d’un ensemble de méca- une pièce maîtresse de mon uni- une sensibilité particulière aux mère, accompagnée de retrait N procès, celui des servi- des lieux de décision. Les lois de nismes qui se sont construits et vers. » La connaissance d’autrui actions humaines, et ils ont une social qui peut se mesurer par l’ab- ces de renseignement, décentralisation ayant induit de adaptés en réponse aux contraintes éclaire la connaissance de soi aptitude innée à établir des équi- sence de vocalises et par la dispari- en particulier améri- profonds changements dans la ges- évolutives aux- parce que nous partageons des valences entre soi et l’autre, com- tion du sourire. Ces comporte- Ucains, s’est ouvert le tion territoriale des risques, il quelles notre représentations sous-tendues par me cela a été montré en outre par ments ne peuvent s’expliquer que 12 septembre. L’accusation repose convient ainsi d’assurer une réelle espèce a été des mécanismes neurologiques la découverte de l’imitation néo- par la détection de la désynchroni- sur l’énormité de l’échec de ces ser- coordination locale avec la mise confrontée au communs. natale. Dès la naissance, les bébés sation et la mise en question d’at- vices à anticiper et à s’adapter aux en place aux niveaux départemen- cours de son Il ne faut pas très longtemps ont la capacité à sélectionner tentes de synchronie interaction- nouvelles menaces transnationa- tal et régional de hauts fonction- histoire natu- – et aucun apprentissage scolai- dans leur répertoire comporte- nelle. D’ailleurs, un retour à la syn- les. Faillite que j’imputerai, en par- naires de défense, plus intégrés relle. En parti- re – pour qu’un enfant compren- mental et de manière appropriée, chronie s’accompagne de reprise tie, à l’ethnocentrisme des mentali- dans le schéma de sécurité et de culier au cours ne que les autres personnes ont c’est-à-dire liée au modèle de comportements positifs chez tés. Peut-on comprendre l’islam lutte antiterroriste ; des millions d’années durant les- des croyances et des désirs, et humain à imiter, des mouvements la plupart des bébés. radical avec des yeux d’Européen, – de la dimension européenne ; quelles nos ancêtres vivaient com- que ceux-ci ont un rôle causal sur des lèvres et de la langue, de la Les enfants naissent équipés un regard d’Occidental ? Depuis la – du niveau planétaire, à la fois me chasseurs-cueilleurs dans l’envi- leurs comportements. Et pour- main, de la tête mais aussi trois d’une capacité à voir les autres chute du mur de Berlin (1989), le entre Etats, de façon transnationa- ronnement du pléistocène. tant, quoi de plus complexe ! expressions émotionnelles (surpri- comme des personnes, et non des discours a été, en effet, trop sou- le ou par le biais des organisations Il n’y a pas si longtemps que, à Aucune machine n’est aujour- se, peur et joie). Il ne s’agit pas objets. Si l’on compare les durées vent polarisé sur la menace globa- intergouvernementales. l’échelle de l’évolution, notre sty- d’hui capable de réaliser ce type d’un réflexe, comme on l’a long- respectives du regard de bébés de le, alors que la contestation mon- Le deuxième grand objectif est le de vie a radicalement changé. d’inférences à partir de la seule temps cru, mais d’un comporte- six mois mis en présence de diale est plutôt désorganisée, ne la création d’un contrôle parlemen- Cela s’est produit au cours du information de surface, celle véhi- ment intentionnel. séquences dans lesquelles ou reposant que sur des groupes rela- taire conforme à l’Etat de droit. Il néolithique, avec l’invention de culée par nos mouvements, nos L’imitation est importante et deux objets inanimés ou deux per- tivement cloisonnés, d’où la diffi- est irréaliste que le politique n’ac- l’agriculture et de la sédentarisa- expressions émotionnelles et nos même essentielle pour le dévelop- sonnages ayant une apparence culté des services de les pénétrer. complisse pas, en France, un geste tion. Or l’une des contraintes à gestes. Cette conception implicite pement de l’intersubjectivité par- humaine interagissent (l’un se Mieux vaut parler, aujourd’hui, de réalisé par toutes les démocraties laquelle nous sommes adaptés que nous avons des autres dérive ce que c’est la première opportuni- déplace après avoir subi une colli- menaces asymétriques. occidentales. Ces services, situés depuis des millions d’années est d’un système inné qui nous per- té pour les bébés d’établir un lien sion ou non avec l’autre), on cons- Depuis cette date on constate au cœur de la République, possè- la vie dans des groupes sociaux met de ressentir que les autres entre les autres (qu’ils perçoivent) tate qu’ils sont surpris si les lois trois facteurs majeurs : dent un privilège administratif complexes. Lorsque des individus personnes sont comme nous. Ce et leurs propres états internes de la physique naïve et de la psy- – la disparition relative de la exorbitant d’autocontrôle, proté- vivent en groupe et entrent dans sens des autres s’exprime à tra- (qu’ils ressentent). L’imitation ser- chologie naïve sont violées. Ils menace militaire extérieure rem- gé par un tabou – d’un affichage des relations mutuelles de compé- vers différents phénomènes psy- virait de « procédure de découver- manifestent une grande surprise placée par la menace intérieure ; commode –, la raison d’Etat et le tition ou de coopération, ceux qui chologiques, comme la projec- te » pour développer des con- lorsqu’un objet se met en mouve- – le développement des moyens secret-défense. possèdent la capacité à prédire le ment sans que l’autre objet soit de communication ; comportement des autres créatu- entré en collision, et l’inverse – le développement des réseaux. res ont plus de chances de survi- Les enfants, dès la naissance, pour les personnages (…). La communauté du renseigne- Il y a vingt ans, vre et de se reproduire. L’ensemble de ces recherches ment a été contrainte de négocier En d’autres termes, des pres- ont une vie subjective et un sens du soi, nous donne une idée du bébé radi- une révolution culturelle et a on cherchait sions sélectives ont favorisé au calement différente de ce qui était essayé, par nécessité, d’être réac- cours de l’évolution notre capaci- bien avant l’apparition du langage ou est peut-être encore admis. On tive, apte à coller à l’évolution du des codes. té à lire les intentions des autres, est loin du bébé à l’état de fusion spectre des menaces. A condition à ressentir et à partager leur état et de la conscience réflexive avec son environnement comme que le politique ait défini le Aujourd’hui, subjectif, à développer notre sens le décrivaient Wallon et Piaget, de besoin et qu’en bout de cycle il des autres. Ces pressions se sont la notion d’état initial d’autiste accepte de prendre en compte il faut répondre exercées sur la boucle perception- tion, l’identification, l’empathie cepts à propos des autres indivi- normal véhiculée par la psychana- l’analyse fournie dans sa démar- action qui est la logique fondatri- ou encore l’altruisme, qui sont dus et des objets. Elle servirait à lyse, ou encore du mystérieux fan- che décisionnelle. à des questions. ce du système neuronal. Le fait tous des facettes essentielles de construire une théorie de l’esprit, tasme d’autarcie mégalomania- Il y a vingt ans, on cherchait des que le système nerveux, par ses notre vie psychique (…). fondée sur les équivalences et les que. Non, les enfants, dès la nais- codes. Aujourd’hui, il faut répon- Où est Ben Laden ? propriétés physiologiques, per- La plupart des théories du déve- similitudes initiales entre le soi et sance, ont une vie subjective et dre à des questions. Où est Ben mette de rentrer en résonance loppement humain ont présenté l’autre. un sens du soi bien avant l’appari- Laden ? Quels sont ses futurs Quels sont affective et motrice avec les les nouveau-nés comme des iso- Les bébés ont des attentes tion du langage et de la objectifs ? Qui lui succédera ? Exis- autres, et ce dès la naissance, lats sociaux, dénués d’un lien envers les autres personnes, qu’ils conscience réflexive. Ils s’enga- te-t-il d’autres Ben Laden ? Le mol- ses futurs objectifs ? offre les conditions nécessaires intersubjectif entre soi et l’autre. n’ont pas pour les objets inani- gent dans des interactions socia- lah Omar existe-t-il ? Il nous faut au développement du sens des Or les deux dernières décennies més. Par exemple, les nouveau- les qui vont construire un sens donc être capables de nous adap- Qui lui succédera ? autres. de recherche en psychologie du nés sont surpris et contrariés par d’expériences partagées, émo- ter, de nous remettre en cause, de Contrairement à ce qu’affir- développement bouleversent la perception d’un visage impassi- tionnellement chargées. C’est définir une nouvelle architecture mait Jean-Jacques Rousseau dans totalement ces théories. Nous ble. Les études conduites par Jef- ainsi que se développe l’inter- de la galaxie du secret, marche- Cette opacité se révèle majeure son Discours sur l’origine et les fon- savons maintenant que les bébés frey F. Cohn, de l’université de subjectivité. pied d’une nouvelle politique fran- en ce qui concerne la gestion des dements de l’inégalité parmi les sont dès la naissance attirés par Pittsburg, et Edward Z. Tronick, çaise du renseignement en cohé- fonds secrets accordés à la DGSE, hommes (1755), il n’y a jamais eu les stimuli sociaux (visage, odeur, de l’université Harvard en 1982, rence avec un vaste chantier : la que députés et sénateurs devraient, de « bon sauvage » à l’état origi- voix de leur mère en particulier). en utilisant cette procédure, Jean Decety est directeur de création d’une agence européenne globalement et sans sourciller, nel (ni de mauvais, du reste), non Cette orientation privilégiée vers démontrent que le bébé de trois recherche à l’Inserm et professeur à du renseignement, proposition adopter dans quelques semaines encore corrompu par la vie en les autres leur permet de s’enga- mois teste tout d’abord l’authenti- l’université de Washington (Seattle, récurrente des radicaux de gauche. lors de l’examen du budget 2002 société. Car nous, comme nos ger dès la naissance dans des inte- cité du visage impassible par des Etats-Unis). Le premier axe repose sur la des services généraux du premier ancêtres hominidés ainsi que nos ractions sociales rythmées par les grimaces destinées à faire réagir création d’une indispensable coor- ministre. Seule une commission de lointains cousins, les singes cycles veille-sommeil qui leur sa mère, puis, devant la persistan- e Ce texte est extrait d’une confé- dination interministérielle et la vérification de trois membres, théo- anthropoïdes, sommes fondamen- sont propres. En outre, les com- ce du comportement impassible, rence prononcée jeudi 25 octobre réactivation du Comité interminis- riquement présidée par un prési- talement et naturellement des portements des bébés sont inter- détourne le regard, se retire de dans le cadre de l’Université de tériel du renseignement (CIR), à la dent de chambre de la Cour des êtres sociaux, pour le meilleur prétés par les adultes comme l’interaction sociale, devient très tous les savoirs. Prochaines confé- tête duquel serait désigné un coor- comptes, possède un hypothétique comme pour le pire. signifiants. Les interactions socia- négatif, manifeste de fortes réac- rences : « Esprit et identité », par dinateur, sur le modèle américain. droit de regard sur l’emploi de ces Nous naissons avec une motiva- les du bébé se font avec des adul- tions neurovégétatives, parfois Joëlle Proust, le 8 novembre ; « La Une autre solution consisterait à crédits. Elle n’agit que sur les docu- tion spéciale pour les interactions tes qui guident et coordonnent même de la colère, et peut mettre souffrance psychique », par Moni- confier cette coordination à une ments fournis par les services et sociales et sommes irrésistible- ses intérêts vers certains objets plusieurs minutes pour accepter à que Schneider, le 15 novembre ; structure née de la fusion du CIR non sur la base de rapports d’activi- ment attirés par nos semblables. ou événements. Ainsi, dès la nais- nouveau un contact social. « Les tests d’intelligence et la et du SGDN (secrétariat général té annuels et de fin de mission des Cela n’est pas seulement nécessai- sance, la culture entre en interac- D’autres travaux ont clairement mesure de l’esprit », par Jacques de la défense nationale). L’objec- postes à l’étranger. Le Parlement re à notre survie immédiate, mais tion avec le nouveau-né et, avant montré la sensibilité des bébés Lautey, le 22 novembre ; « Les tif : mettre en place un organisme ne peut donc pas contrôler l’utilisa- aussi à notre équilibre psychologi- que les enfants parlent, ils en aux régularités temporelles entre croyances collectives », par Ray- disposant, enfin, de moyens finan- tion de ces fonds publics. Il est que tout au long de la vie. C’est sont déjà imprégnés. Il n’y a donc leur comportement et ceux mond Boudon, le 29 novembre. ciers, humains et constitutionnels muet et reste aveugle ! Un constat ce que montre si bien Michel pas lieu d’opposer nature et d’autrui. Si l’on introduit un déca- Ces conférences ont lieu tous les lui permettant d’agir comme un insatisfaisant. Le gouvernement, Tournier dans Vendredi ou les culture, mais plutôt rechercher lage temporel dans l’interaction jeudis, à 18 h 30, à l’université conseil national de sécurité. Réfor- dans sa continuité républicaine, n’a limbes du Pacifique : « Autrui quelles sont leurs contributions entre la mère et son bébé, par l’in- Paris-V, 45, rue des Saints-Pères, me qui permettrait de désacraliser jamais semblé choqué par l’incon- éveille, assure et maintient notre respectives (…). termédiaire d’un dispositif vidéo, 75006 Paris, entrée libre. ces services de renseignement. gruité. Ce débat entre public et Mais la France doit engager cette secret, entre subordination et auto- réforme de manière coordonnée, nomie, doit être ouvert et large- dans l’unité. Privilégions l’efficaci- ment débattu. té, dépolitisons le débat en évitant Le dernier point qu’il me sem- Mines en Afghanistan : la guerre après la guerre surtout l’écueil électoraliste. ble urgent de corriger concerne le Ce pilier central de coopération recrutement de nos agents. Il doit allier sphère publique et para- serait sans doute judicieux de par Philippe Chabasse publique au secteur de pointe pri- recruter des spécialistes de lan- vé concerné. Actuellement, le dis- gues rares dont il semble superflu U nombre des pays les la paix en 1997, les Etats ont négo- d’utiliser dans leur combat contre les mines antipersonnel, l’opinion positif ne tient pas compte : de dire qu’ils font cruellement plus pauvres de la planè- cié et signé un traité d’interdiction. les forces des talibans des bombes publique, et avec elle tous les Etats – de la délocalisation de certai- défaut à nos services. Les agences te, l’Afghanistan est aus- Cent quarante-deux pays, soit les à fragmentation ? Même s’il ne qui, comme la France, ont signé le nes entreprises de pointe (Airbus de renseignement doivent aussi Asi l’un des plus minés. trois quarts des Etats de la planète, s’agit pas, juridiquement parlant, traité d’interdiction, doivent exi- et Aerospatiale à Toulouse ou Das- savoir utiliser l’approche compara- Larguées par les troupes de l’ar- se sont aujourd’hui interdit la pro- de mines, ces bombes laissent sur ger des Etats-Unis qu’ils cessent sault à Bordeaux) qui implique tive des analyses géopolitiques, mée rouge entre 1979 et 1988 ou duction, la vente et l’utilisation de le terrain des milliers de sous-muni- immédiatement l’utilisation des une couverture à la fois d’intelli- dont la qualité s’est sensiblement disséminées par les différentes cette arme. tions non explosées qui, exacte- bombes à fragmentation. gence économique, de protection étoffée grâce à la multiplication factions de moudjahidins depuis Même s’ils étaient encore insuffi- ment comme les mines antiperson- C’est le sens des démarches policière, de contre-espionnage et de centres de recherche et de cette période, ce sont aujourd’hui sants, des budgets importants ont nel, hypothèquent la vie et la sécu- qu’ont entreprises les associa- de prévention dans la lutte contre groupes d’études. Enfin, il est 7 à 9 millions de mines antiperson- été débloqués pour financer les rité de ceux qui auront à reconstrui- tions d’ICBL auprès de tous les le terrorisme ; nécessaire d’attirer vers les servi- nel qui tapissent plaines et vallées, indispensables actions de démi- re leur pays dans les années, voire gouvernements, et en particulier – de l’émergence de nouveaux ces de nombreux ingénieurs spé- continuant, longtemps après la fin des plus proches alliés des Etats- acteurs : délégation à l’aménage- cialisés dans les champs des nou- des combats, de tuer ou de blesser Unis. Sans faire oublier le néces- ment du territoire, services de velles compétences traitées par le celui ou celle qui aura la malchan- Que dire de la responsabilité de ceux qui, saire combat pour l’universalisa- coordination antiterroriste, orga- renseignement. ce de poser le pied là où il ne tion du traité d’interdiction des nismes de prospective du ministè- Cette palette de mesures a pour fallait pas. en conduisant cette guerre, mines, c’est aussi une obligation re des affaires étrangères et de la but de motiver et d’attirer de En 2000, ils étaient près de que de soutenir ceux qui ont défense et services spécialisés du nouveaux talents, futurs hommes 100 chaque mois, hommes, fem- hypothèquent la vie de milliers de civils commencé un travail pour renfor- ministère des finances, sans de l’ombre – garantie de leur mes ou enfants victimes de ces cer, à terme, le droit international oublier les services de renseigne- sécurité et de la confidentialité « armes sans maître ». Aujourd’hui, lorsque la paix sera revenue ? sur l’utilisation des bombes à ment militaires. Sont à prendre, qu’il convient de préserver les déplacements massifs de popu- fragmentation. aussi, en compte les nouveaux ris- jalousement – et des experts lations aux frontières, comme à l’in- Toute guerre emporte son lot ques (cyberterrorisme, mafias, reconnus dont les qualités profes- térieur du pays, augmentent inéluc- nage. Pour le seul Afghanistan, les dizaines d’années, à venir. Il ne de victimes civiles innocentes. Etats ou individus parias, atteinte sionnelles devront savoir être tablement ce nombre d’accidents. près de 200 millions de dollars ont s’agit pas là d’une quelconque Cela, déjà, comporte une part à la sécurité environnementale, valorisées et gérées, comme dans Depuis quelques années, l’opi- ainsi permis, en dix ans, de former hypothèse théorique : ce type de d’inacceptable. Mais que dire de la énergétique et démocratique, n’importe quelle entreprise per- nion publique mondiale a pris et d’équiper des centaines de démi- bombes à fragmentation a été utili- responsabilité de ceux qui, en con- risques liés à la dérégulation de formante. Le monde de l’ombre conscience des aspects inaccepta- neurs locaux pour s’attaquer aux sé au Kosovo lors des bombarde- duisant cette guerre, hypothè- l’économie…) ; ne saurait échapper aux règles du bles de l’utilisation d’une arme qui zones les plus touchées. Bien qu’ils ments de 1999, et les munitions quent la vie de milliers de civils – de la dimension de la diploma- management. continue la guerre après la guerre. fassent partie des opposants à ce non explosées font aujourd’hui lorsque la paix sera revenue ? tie parallèle pour l’instant large- Face à ce mouvement, fédéré traité, les Etats-Unis ont pris leur autant de victimes que les mines ment sous-exploitée (univer- autour des associations de la Cam- part du financement de cet effort antipersonnel dans cette province sitaires, clubs de réflexion politi- Bernard Charles est député pagne internationale pour l’inter- de déminage. d’Europe centrale. Le Docteur Philippe Cha- que, ONG, groupes de recherche, PRG du Lot, président du groupe diction des mines antipersonnel Quel peut donc être le sens Choquée à juste titre par la basse est codirecteur de Handi- entreprises) ; parlementaire Radical, Citoyen et (ICBL), lauréate du prix Nobel de aujourd’hui, pour les Etats-Unis, découverte des dégâts causés par cap International. – d’une approche décentralisée Vert (RCV). HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 / 13 Pour une politique de la mémoire 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 D’EMBLÉE, le décor était planté : à gauche de insisté sur la nécessaire construction d’une sé la perspective d’une Europe fondée sur une Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F la tribune, le philosophe Paul Ricœur plaidait mémoire nationale à la fois plurielle et unifiée, éthique du souvenir partagé et de la « mémoire Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). avec subtilité pour un « art d’oublier » qui per- où douleurs et souvenirs sont partagés. « Pour compassionnelle ». De même, Bernard-Henri Internet : http: // www.lemonde.fr mettrait d’en finir avec « les pathologies de la éviter l’enfermement dans la connaissance de son Lévy en a appelé à « un patriotisme de la mémoi- mémoire » et une société « éternellement en colè- propre vécu, il faut à la fois restituer l’histoire et fai- re, valant comme constitution de l’Europe face au ÉDITORIAL re avec elle-même ». A l’autre extrémité, l’histo- re circuler les mémoires », a-t-il affirmé en pen- rêve néfaste de ceux qui voudraient tourner la rien René Rémond insistait sur la nécessité de sant d’abord à la jeunesse issue de l’immigration. page et zapper la mémoire ». Proprement intermi- « comprendre avant de juger », ajoutant : « L’his- nable, « le travail de mémoire ne fait que commen- torien s’interroge sur l’instrumentalisation et la con- « GRAND NIVELLEMENT » cer », a ajouté le philosophe. Après le génocide Un super-préfet à l’Elysée fiscation possibles de la mémoire à des fins étrangè- Le lendemain, Régine Robin revenait sur la nazi, tous les hommes doivent pouvoir « faire le res à sa mission ». Entre ces deux intervenants, la nature plus que jamais conflictuelle de la mémoi- deuil ensemble, commémorer de concert », rites A nomination de l’ancien l’Elysée a conduit toute sa carriè- philosophe Alexandra Laignel-Lavastine s’en pre- re : quand l’avenir est fermé, quand l’espérance et monuments à l’appui, s’unissant, victimes ou préfet de police de Paris, re, aux confins de la police et de nait avec vigueur, et non sans aplomb, à l’idéolo- s’épuise, alors l’interprétation du passé devient non, autour de « quelque chose comme une reli- Philippe Massoni, com- la politique, avec assez d’habile- gie de « l’exaspération anti-mémorielle »,età l’enjeu central de tous les combats. « No future, gion », dans une vigilance redoublée à l’égard Lme chargé de mission à té, de talent et de force de convic- cette nouvelle « bien-pensance » qui, selon elle, then a past », a résumé l’historienne, tout en des crimes contemporains. l’Elysée pour les questions de tion pour que nul ne puisse le jette le discrédit sur une mémoire systématique- pointant la montée en puissance d’un « révision- Dès lors, et au moment où des esprits frivoles sécurité en rappelle une autre, suspecter de vouloir constituer, ment soupçonnée d’abus et de manipulation. nisme généralisé » porteur d’un « grand nivelle- voudraient opposer à toute force les victimes qui ne constitue pas vraiment un dans l’ombre de Jacques Chirac « Et en disant cela, je m’adresse à Paul ment » relativiste, où nazisme et stalinisme sont d’hier à celles d’aujourd’hui, l’essentiel reste heureux précédent : celle du des services parallèles. Ricœur… », précisait-elle, comme pour conjurer désormais renvoyés dos à dos. Aujourd’hui, a dans cette volonté opiniâtre de transmettre la « super-gendarme » Christian Sa nomination n’en pose pas d’entrée de jeu le risque du dialogue de sourds conclu Régine Robin, dans certains musées berli- « fidélité dont les morts ont besoin », dans cette Prouteau, qui fut chargé par moins la question de savoir com- qui stérilise souvent la confrontation entre nois, la principale leçon proposée au visiteur, « piété filiale » dont a parlé l’éditrice et archivis- François Mitterrand en 1982 ment, en période de cohabita- mémoire « inquiète » et mémoire « apaisée », c’est qu’« à Stalingrad, il faisait froid pour tout le te Claire Paulhan : « Il faut nettoyer les abords de d’une « mission de coordination, tion, ce grand professionnel, qui un risque largement déjoué, cette fois, par les monde ». leur tombe, a-t-elle dit, pour les aider à reprendre d’information et d’action contre le bénéficie, en raison de sa longue débats du 13e Forum Le Monde-Le Mans, organi- Motif de discorde, la mémoire peut aussi se leur place dans le flux des vivants. » Tant il est terrorisme ». Une vague d’atten- carrière, d’un réseau exception- sés par Le Monde, la ville du Mans et l’Université révéler puissance créatrice. Dénonçant une fois vrai que le devoir de mémoire, à la fin des fins, tats secouait alors la France, nel d’amitiés et de relations du Maine, du 26 au 28 septembre, sur le thème de plus un air du temps hostile aux témoins du n’est autre, comme l’a souligné Nicole Lapierre, dont celui de la rue des Rosiers, dans la police, va concevoir son « Devoir de mémoire, droit à l’oubli ? ». Au mal radical, et s’inspirant des travaux de Jan Ass- que « le légitime appel des morts aux vivants du qui avait eu lieu quelques jours rôle, au moment où, selon l’Ely- milieu d’un public nombreux et exigeant, un mann, Avishai Margalit ou Jean-Marc Ferry, présent ». auparavant : le président de la sée, « les problèmes de sécurité homme s’était levé pour relayer ce souci d’ouver- Nicolas Weill, journaliste au Monde, a défendu République décidait alors de se prennent une dimension interna- ture. « Il faut éviter le piège du ou bien- ou bien, les usages positifs de la remémoration, et propo- Jean Birnbaum doter d’une « cellule antiterroris- tionale et nationale nouvelle ». ou bien on se souvient, ou bien on oublie ; c’est une te » afin d’être associé au plus Faudra-t-il lui rappeler, comme mauvaise manière de penser », avait-il prévenu, près de la lutte contre le terroris- l’avait fait Pierre Joxe, alors avant de confier qu’il n’en finissait pas d’être me. On sait ce qu’il en advint : ministre de l’intérieur, en 1985 à hanté par la solitude et le suicide de Primo Levi. Entrée des artistes par Wozniak Charlie Chaplin l’équipe réunie par Christian l’attention de Christian Prou- Prouteau fonctionna comme teau que « la coordination de la « EFFERVESCENCE MÉMORIELLE » une sorte de « cabinet noir » à la lutte antiterroriste est exercée au Plus jamais ça : bien garder le XXe siècle en tête disposition du chef de l’Etat, qui ministère de l’intérieur » ? Com- afin d’éviter le retour du pire, tel est le souci des se discrédita rapidement par le ment les différents services de militants du souvenir face aux zélateurs de la rôle détestable qu’elle joua, en police et de renseignement qui table rase. Dès les années 1930, déjà, c’était la marge de la légalité, dans plu- participent à la bataille contre le montée des périls qui rendait de plus en plus sieurs affaires, celle des « Irlan- terrorisme accueilleront-ils « tyrannique » la mémoire de la Grande Guerre. dais de Vincennes » d’abord, l’éventuelle intervention du nou- Après une période de deuil silencieux, commémo- celle des écoutes téléphoniques veau « super-préfet » de l’Elysée rations et monuments se multiplièrent, tant le de l’Elysée ensuite. en ces matières sensibles ? regain de tension faisait craindre que des millions La personnalité de Philippe Par ce geste, Jacques Chirac d’hommes soient morts « pour rien », ainsi que Massoni ne ressemble pas à cel- manifeste, à l’évidence, qu’il l’a expliqué avec brio Stéphane Tison, bientôt doc- le de Christian Prouteau. De la n’entend pas laisser le champ teur en histoire. C’est que la mémoire est cons- lutte contre les « gauchistes » au libre à son premier ministre tamment tendue vers une immense « vigilance à lendemain de mai 1968 au poste dans la gestion de ce dossier. La l’égard des victimes du présent », a noté à son tour de préfet de police de Paris, dans lutte antiterroriste, ravivée par la sociologue Nicole Lapierre, avant de souligner lequel il battit tous les records les attentats du 11 septembre, que « l’effervescence mémorielle » connaît aussi de longévité, en passant par plu- lui offre un bon prétexte pour ses rythmes propres et ses « discordances » par sieurs cabinets ministériels – reprendre l’initiative et montrer rapport à l’air du temps ; prenant l’exemple de la ceux de Jacques Chirac, Ray- à l’opinion qu’il se soucie Shoah, elle a distingué les divers moments de sa mond Barre, Robert Pandraud, autant, sinon plus, que Lionel remémoration : le temps du silence, celui du Charles Pasqua – et la direction Jospin de la sécurité des Fran- témoignage, et enfin celui de la reconnaissance. des Renseignements généraux, çais. Philippe Massoni sera un Cette dernière étape pose directement la ques- le nouveau chargé de mission à élément-clé de ce dispositif. tion du politique. D’une véritable politique des archives, d’abord, comme l’ont rappelé Annette 0123 est édité par la SA LE MONDE Wieviorka puis Isabelle Neuschwander, toutes Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani deux animatrices de l’association Une cité pour Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux. les archives. Mais aussi et peut-être surtout d’une Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel politique volontariste de la mémoire collective : Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain

« Où en est-on, quarante ans après, de la reconnais- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel sance par l’Etat français du massacre du 17 octo- Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette ; adjoint : François Lolichon bre 1961 ? », a ainsi demandé Jean-Luc Einaudi Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard avant de lancer : « Entre les valeurs réelles et l’His- Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer toire, il y a le mensonge d’Etat ! » Revenant sur ce Rédaction en chef centrale : Alain Frachon, Eric Fottorino, Laurent Greilsamer, point, l’historien Benjamin Stora a mis en garde Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre contre les cloisonnements communautaires et Rédaction en chef : Alain Debove (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; Anne Chemin (Société) ; Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Serge Marti (Le Monde Economie) avec la . Joseph Tura, lustration virtuose de la rivalité du cénité du visible, telle qu’elle peut Médiateur : Robert Solé Sobibor, acteur vedette de la troupe, affublé totalitarisme et de l’art en matière émaner par exemple du célèbre Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg d’une barbe postiche, usurpe alors de mise en scène, cette séquence monceau de cheveux d’Auschwitz. Directeur des relations internationales : Daniel Vernet son identité auprès des nazis. La aura dans l’histoire du cinéma quel- Le postiche – soit ce qui masque l’ef- Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président découverte du corps de l’espion ques notables avatars. C’est la remé- froyable nudité du réel à la vue – l’art et le postiche Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), par ces derniers occasionne cette moration, au cours d’une nuit devient une sorte d’objet transition- André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) Suite de la première page scène grandiose au cours de laquel- d’amour dans la ville irradiée, de nel qui permet au cinéaste d’évo- Le Monde est édité par la SA LE MONDE le Tura, convoqué à la Gestapo et son passé de femme tondue par quer celle-ci en montrant celui-là Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Après la Shoah – définie par Shos- mis à dessein en présence du cada- l’héroïne de Hiroshima mon amour pour ce qu’il est : un objet rapporté. Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, hana Felman comme « une attaque vre de l’homme qu’il prétend être, (1959) d’Alain Resnais, c’est la scè- Telle est la fonction et la puissance Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. historique contre l’acte de vision » –, coupe la barbe du macchabée, puis ne d’ouverture de The Naked Kiss de l’image des oies dans Sobibor…, toute image du monde, même la la recolle à l’identique. (1964) de Samuel Fuller, où une volée par Lanzmann aux nazis, et plus banale, est susceptible d’être prostituée qui perd sa perruque en remise en scène de façon à faire ILYA50 ANS, DANS 0123 une image postiche. INTUITION COMIQUE se battant avec un client se transfor- apparaître ce qu’elle était censée Le problème auquel a été con- Le dialogue entre Tura et le nazi me en rescapée des camps, c’est aus- cacher. Au tour de passe-passe nazi fronté Claude Lanzmann comme triomphant qui entre alors dans la si la catharsis d’Abraham Bomba (les juifs sont des oies), répondent L’oncle Harry et ses cousins éloignés cinéaste peut dès lors être comparé pièce induit ce dernier à tirer par dans la scène du salon de coiffure ici, en un dévoilement savamment à celui qu’a vécu Paul Celan dans le défi la barbe du mort plutôt que cel- de Shoah (1985), qui mêle intime- articulé, les Polonais non dupes WASHINGTON a fait à la prin- au minimum. Il n’y avait pas de dra- domaine de la poésie, soit le fait de le de l’acteur, laquelle lui reste com- ment le faux (Bomba n’exerce plus dont Lanzmann se souvient qu’ils cesse Elizabeth et à son mari, peaux aux fenêtres ni de remise ne pouvoir créer dans une autre lan- me de juste dans la main. Le comé- au moment du tournage la profes- lui disaient que « les juifs criaient Philip duc d’Edimbourg, un accueil des clés de la cité, privilège des gue que celle des meurtriers, et de dien sort libre de la pièce, tandis sion de coiffeur) à la recherche du comme des oies » (les oies sont des chaleureux, empreint de la plus chefs d’Etat, mais on avait donné parvenir néanmoins, depuis cette que le cadavre imberbe de l’espion vrai, la reproduction mécanique juifs), et plus encore le survivant de grande simplicité. A l’aéroport, où congé aux fonctionnaires et aux ressemblance, à créer la différence. nazi passe désormais pour celui du des gestes de naguère libérant la Sobibor, dont la parole finit par le président Truman, accompagné écoliers, qui se pressèrent sur le Cette différence, c’est l’art. Encore résistant. réminiscence de l’expérience des imposer le silence aux oies en de sa femme et de sa fille, atten- passage du cortège. faut-il le prouver. Pour unique qu’el- Qu’on y voie l’intuition comique camps, où l’on exerçait également même temps qu’elle fait crier celui dait le couple royal, l’atmosphère Les gens étaient venus nombreux le soit, l’œuvre de Lanzmann doit à du travestissement macabre de la cette pratique. des morts, dans la blancheur imma- était très « famille ». La princesse, parce que les Anglais ont une posi- ce titre être rapportée à l’histoire du réalité auquel se livrent à la même Il y aurait ainsi, de Lubitsch à Lan- culée et duveteuse des oiseaux charmante dans un tailleur grenat, tion à part dans le cœur des Améri- cinéma, de la même façon que l’his- époque les nazis (il s’agit, ici et là, zmann, une quête cinématographi- muets qui tournoient. le visage souriant sous un chapeau cains. Les uns et les autres se sen- toire de la littérature désigne Franz en masquant le mort, d’annuler que de la vérité d’autant plus épi- noir plus seyant qu’à l’habitude, tent liés par la langue et aussi par Kafka comme l’annonciateur de rétrospectivement le vivant), ou l’il- neuse qu’elle a partie liée avec l’obs- Jacques Mandelbaum semblait cependant moins à l’aise l’histoire. Mais pour le bon peuple Celan. Avançons, à propos de Lanz- que le duc, auquel sa prestance venu saluer la royalty il s’agissait de mann, le nom de Lubitsch, dans un CORRESPONDANCE dans son bel uniforme de la Royal venir voir en chair et en os un jeune rapprochement moins paradoxal Navy valut des murmures flatteurs ménage dont on connaît par le qu’il n’y paraît. Davantage sans dou- dans la foule, où les femmes pré- menu l’histoire d’amour, le maria- te que chez Chaplin – sur la mousta- Une lettre de l’ambassadeur d’Israël dominaient. ge, les enfants. Comme tous les peu- che duquel André Bazin, pensant Tel un bon oncle, M. Harry ples démocrates et républicains, les au Dictateur, a écrit un bel article A la suite de la publication d’une avez acheté une maison, vous l’avez retranché, mais eux vivent dans un Truman, souriant, présenta com- Américains aiment tout ce qui évo- intitulé Pastiche et postiche –on analyse de Sylvain Cypel (« Les musul- payée argent comptant, elle est bidonville ouvert à tout vent. Pour fai- me des cousins éloignés les mem- que la monarchie, et ils ont une très retrouve chez le plus sophistiqué mans et la “démonisation” de l’enne- dûment enregistrée au cadastre, elle re de ce quartier un lieu vivable, ils bres du gouvernement à Elizabeth, grande nostalgie du passé. des maîtres de la comédie hollywoo- mi », Le Monde du 30 octobre), nous est à vous en toute légalité. Mais voi- ont besoin de vous autant que vous qu’il guida avec souplesse à travers dienne cette conscience aiguë de avons reçu la lettre suivante d’Elie là, elle est située dans un quartier hos- d’eux, peut-être même davantage. » toutes les formalités de la récep- Henri Pierre « l’image postiche », et cet art souve- Barnavi, ambassadeur d’Israël en tile, où l’on n’aime pas votre peau, ou La maison, c’était, bien sûr, l’Etat tion, formalités il est vrai réduites (2 novembre 1951.) rain de la retourner contre elle- France : votre style de vie, ou vos fréquenta- juif, chèrement acquis ; le prix ne se même, en dévoilant ce qu’elle pré- Selon Sylvain Cypel, j’aurais com- tions. Aucun titre de propriété, aussi mesurait pas en argent, mais en tend masquer. paré Israël « à quelqu’un qui aurait indiscutable soit-il, ne protégera sang versé – 6 000 juifs sur les 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS C’est d’autant plus flagrant dans acquis rubis sur ongle un bien que le durablement votre possession si vos 600 000 que comptait le Yishouv (la To Be or not to Be (1942), où le posti- vendeur lui contesterait depuis ». voisins refusent de vous reconnaître communauté juive en Palestine Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr che, comme objet, tient un rôle J’aurais laissé passer une approxi- comme le propriétaire légitime. Bien mandataire) lors de la guerre d’indé- Télématique : 3615 code LEMONDE déterminant. L’action se déroule à mation de plus – j’en laisse passer sûr, si vous êtes plus riche qu’eux, pendance, et le cadastre était le Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) Varsovie durant l’occupation nazie, tellement –, n’était la vulgarité de vous hérisserez votre propriété de bar- consentement des nations, tel qu’il ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) où une troupe de théâtre se trouve l’image qu’il me prête. belés et de miradors, et vous serez en s’était manifesté au moment du engagée dans une action de résis- Voici ce que j’avais écrit (« Israël- mesure de tenir en respect vos enne- vote du partage des Nations unies, Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 tance qui l’amène à éliminer un Palestine : une querelle de légitimi- mis. Mais votre vie sera un enfer. le 27 novembre 1947. espion nazi en provenance d’Angle- té », Le Monde du 4 janvier 2001) : Cependant, vos voisins ne sont pas Ainsi filait la métaphore, à mon Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 terre avant qu’il ne prenne contact « Le maître mot est “légitimité”. Vous mieux lotis. Vous vivez dans un camp sens limpide. 14 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001

MONNAIE Formés avec des monnaie. Des tests montrent des quiète des lourdes pénalités infli- velles coupures, sera soumise à une dressé une impressionnante liste de billets factices de type Monopoly, le taux d’erreur très importants, de l’or- gées, en Italie et en Belgique, aux concurrence fin 2006. b LES NOUVEL- risques spécifiques au passage à personnel de caisse des commer- dre de 3 % à 5 % du chiffre d’affai- commerçants qui perdent des billets. LES pièces seront composées de cui- l’euro, dans le stockage ou le trans- çants et des agences bancaires a du res quotidien des entreprises. b LA BANQUE de France, qui assure vre, un métal aux propriétés antibac- port, qui pourraient générer des mal à s’adapter au changement de b LA COMMISSION européenne s’in- une partie de la fabrication des nou- tériennes. b LES ASSUREURS ont vols ou des actes de malveillance. Les ratés de la formation des personnels au maniement des euros Des simulations d’utilisation, réalisées avec des billets factices, montrent des taux d’erreur très importants, aussi bien chez McDonald’s que chez Carrefour. Malgré un feu vert de la Banque centrale européenne, la Banque de France n’autorise pas encore l’utilisation des vrais euros

LE PERSONNEL de caisse des Des scénarios différents selon les pays par exemple, où les établissements res, mais les procédures actuelles ne Banque de France se former avec commerçants et celui des agences financiers n’ont pas encore reçu les nous permettent pas de le faire. La des vrais billets en euros, ce person- bancaires sera-t-il prêt à manipuler DÉBUT DE LA LIVRAISON DES ÉTABLISSEMENTS FINANCIERS billets en euros, un commerçant Banque de France nous dit qu’elle a nel étant chargé ensuite de l’entraî- les euros et détecter les faux billets ALLEMAGNE...Pièces et billets : GRÈCE...... Pièces et billets : peut aller voir sa banque pour lui bien reçu les indications de la BCE, nement des employés du réseau. à partir du 1er janvier, alors qu’ac- 1er septembre 2001 1er octobre 2001 demander des espèces afin de for- mais comme elle n’a pas donné de Mais, les vrais billets ne sortant tuellement ils sont formés avec des mer son personnel. Mais, dans les consignes il ne se passe rien », rap- pas de la Banque de France, le for- er billets factices de type Monopoly ? AUTRICHE...... Pièces et billets : IRLANDE...... Pièces : 1 sept. 2001 faits, rien n’est fait. La décision de la porte un banquier. A la BCE, on mateur utilise, de son côté, des 1er septembre 2001 1er nov. 2001 A deux mois de l’introduction de la Billets : BCE est bonne, mais elle reste secrè- s’étonne de l’émoi de la commu- nouvelle monnaie dans le public, BELGIQUE...... Pièces : 1er sept. 2001 ITALIE...... Pièces : 1er sept. 2001 te. » Il appartient à chaque banque nauté financière : « Pour nous, c’est l’un des thèmes qui agite la Billets : 1er nov. 2001 Billets : 1er nov. 2001 centrale nationale de mettre en c’était clair, et on pensait que les ins- De très lourdes pénalités communauté financière. application ces nouvelles règles. tructions allaient redescendre sur le ESPAGNE...... Pièces et billets : LUXEMBOURG Pièces et billets : D’autant que des tests grandeur 1er septembre 2001 1er septembre 2001 « En Finlande, la banque centrale terrain. » pour les commerçants nature, réalisés dans certaines nationale autorisait auparavant enseignes après les stages de forma- FINLANDE...... Pièces et billets : PAYS-BAS...... Pièces et billets : l’utilisation de vrais billets pour la MISE AU POINT er er qui perdent des billets tion, montrent les difficultés recon- 1 septembre 2001 1 décembre 2001 formation du personnel, mais à con- Devant l’agitation de la commu- trées par le personnel, même avec FRANCE...... Pièces : 1er sept. 2001 PORTUGAL...... Pièces : 1er sept. 2001 dition que l’envoi des billets soit fait nauté financière et des associa- Les pénalités infligées aux com- les billets factices. Ces simulations Billets : 1er déc. 2001 Billets : 1er oct. 2001 par des transporteurs de fonds, à tions de commerçants, la Banque merces, qui dans certains pays ont mis en avant un taux d’erreur Source : Commission européenne charge pour l’entreprise ou la ban- de France a adressé en fin de se- européens ont déjà été livrés en très important, alors même que les que de payer le coût du transport. maine dernière un texte de mise au nouvelle monnaie, sont exorbi- caisses enregistreuses étaient équi- la fin de la journée. Une décision billets n’a pas encore débuté, les La chaîne de distribution finlan- point à la profession bancaire, leur tantes en cas de perte de pièces pées d’un outil de calcul de rendu sur la possibilité d’utiliser de vrais établissements financiers et les daise Kesko avait ainsi compté indiquant que les banques pour- et de billets en euros. Ce sujet de monnaie. Chez McDonald’s, le billets pour faciliter l’apprentissa- commerçants peuvent, par l’inter- qu’elle devrait payer 500 euros pour raient prochainement disposer de inquiète la Commission euro- taux d’erreur représentait jusqu’à ge du personnel a été prise au mois médiaire de leur banque centrale chaque livraison alors qu’elle devait billets dans la plupart des succursa- péenne qui souligne deux cas 5 % du chiffre d’affaires journalier. de septembre par le groupe de tra- nationale, obtenir dès maintenant mener 600 actions de formation », les de la Banque de France. « Nous précis, ceux de la Belgique et de Dans le test effectué chez Carre- vail banking committee de la Ban- des coupures en euros pour réali- poursuit-on à Bruxelles. leur donnons la possibilité de retirer l’Italie. En Belgique, un commer- four, il atteignait 3 % du chiffre d’af- que centrale européenne (BCE). ser leurs opérations de formation. En France, la situation est plus à partir du 5 novembre des billets en çant qui perd un seul billet ris- faires quotidien, alors que, dans un Selon les instructions de la BCE, Concrètement, ces décisions compliquée qu’il n’y paraît, car, les euros pour les formations », expli- que ainsi une amende représen- tel magasin, le taux d’erreur s’éta- dans les pays où les banques et les n’ont guère été suivies d’effet. «La premiers billets ne devant être que-t-on à la Banque de France. tant 5 % de la valeur totale des blit normalement autour de 0,01 %. commerces ont déjà été livrés en Banque centrale européenne a livrés qu’à partir du 1er décembre, Il ne s’agira pas de kits spéciaux, billets qu’il a reçus au titre de la La marge bénéficiaire dans l’alimen- billets, ces stocks peuvent être utili- accepté ces deux points mais elle ne les établissements financiers ne mais de paquets de billets condi- préalimentation. En Italie, le tation sur un magasin Carrefour sés pour former le personnel de communique pas sur cette décision, peuvent piocher dans les stocks. tionnés tels qu’ils seront livrés le commerçant peut se voir infliger étant de 1 % seulement, le magasin caisse. Tandis que dans les autres explique-t-on à la Commission « Nous avons l’autorisation officielle 1er décembre. Les commerçants une amende forfaitaire de testé était, virtuellement, en perte à pays, où la préalimentation en européenne. En théorie, en France de la BCE d’être alimentés en coupu- devront s’adresser à leur banquier 25 000 euros plus 3 000 euros par pour se fournir en billets. Cette billet perdu. récente décision de la Banque de Les autorités craignent que ces France n’a pourtant pas empêché pénalités ne freinent la bonne Le cuivre, métal idéal de la monnaie européenne antibactérienne la chaîne de magasins C & A de se marche de la mise en place de voir répondre, mardi 30 octobre, l’euro chez les commerçants. L’EURO serait la première monnaie antibac- laise des jardiniers. Même en matière médica- qui privilégiait depuis l’époque du Général de par l’institut d’émission qu’il était Pedros Solbes, le commissaire térienne, grâce à la composition physique de le, le cuivre est parfois prescrit, par exemple Gaulle le nickel, abondamment produit en strictement interdit d’utiliser la européen aux affaires monétai- ses pièces. « A l’ère du développement durable, en cas de sous-alimentation des jeunes Nouvelle-Calédonie. monnaie de la phase de préalimen- res, devrait soulever ce point lors le cuivre est idéal pour cette nouvelle génération enfants. Et l’on se souvient des bracelets en cui- Cette mise en valeur du cuivre n’est sans tation à des fins de formation ! de la prochaine réunion de de pièces qui seront utilisées dans tous les pays vre chargés de lutter contre les rhumatismes. doute pas fortuite, à l’heure où les risques épi- Les problèmes rencontrés sont l’eurogroupe (qui réunit les européens, puisqu’il est entièrement recycla- Les scientifiques ne dénient pas au cuivre tous démiologiques ont pris tellement d’importan- d’autant plus importants que les ministres des finances de la zone ble », selon l’European Copper institute. Cette ces bienfaits, mais rappellent aussi que beau- ce aux yeux des citoyens. Même la notion de spécimens utilisés actuellement euro), le 4 novembre. institution basée à Bruxelles, qui réunit les coup d’autres métaux rejettent les microbes et qualité des aliments se glisse avec aisance sont fort différents des vrais principaux revendeurs de cuivre – matière pre- bactéries. Sans compter que le prix du cuivre dans les plans de communication sur l’euro. billets. Selon les règles édictées par mière surtout extraite dans le tiers-monde – sur les marchés de matières premières, est Ainsi, l’un des nombreux jeux de formation dis- la BCE, ils doivent être imprimés billets factices qui ne présentent met aussi l’accent sur « les propriétés antibacté- actuellement avantageux. ponible sur le marché allie apprentissage de la sur une seule face et être 25 % plus aucun des signes de sécurité. riennes naturelles du cuivre et son faible poten- Le cuivre constitue la matière principale nouvelle monnaie et… sécurité alimentaire. Si grands ou plus petits que les véri- « Actuellement, toutes nos agences tiel allergénique ». Il offre par ailleurs une (80 %) du « nordic gold », habile alliage de cui- l’on retient que, pour acheter des produits tables billets. Mais si elle peut limi- sont en phase de formation avec des excellente résistance à la corrosion et est sus- vre, zinc, aluminium et nickel, qui a été retenu « écologiquement corrects », les consomma- ter la contrefaçon, l’utilisation de spécimens, et nous serons obligés de ceptible d’être réutilisé à l’infini. D’ordinaire, à Bruxelles pour la fabrication de la plupart teurs disposeront de pièces elles-mêmes plei- billets factices ne permet pas de refaire des sessions de réajustement ce métal est utilisé dans nombre d’équipe- des quelque 50 milliards de pièces d’euro. Le nes de vertus, comment ne pas adhérer au pro- former correctement le personnel lorsque nous aurons les vrais ments électriques. Il est également présent à cuivre était déjà utilisé pour la production de jet d’euro ? à reconnaître les signes de sécu- billets », explique un banquier. l’état naturel dans l’eau minérale, ou bien nombreuses pièces, pennies britanniques et rité. Concrètement, une banque dans les noix, ou encore dans la bouillie borde- cents américains. Mais très peu par la France, Françoise Lazare française envoie du personnel à la Cécile Prudhomme La Banque de France entend rester Les assureurs envisagent une multitude de risques C’EST LEUR métier. Les assu- ble circulation des monnaies, ble de mesurer l’adéquation des date à partir de laquelle il aura l’un des principaux fabricants de billets reurs doivent mesurer les risques entre le 1er janvier et le 17 février garanties aux risques identifiés, cours légalement, et du franc liés au passage à l’euro. Si la Fédé- 2002, une encaisse deux ou trois d’élaborer et de financer des solu- après le 17 février 2002, qui, lui, LA FRANCE aura-t-elle les unitaire de 50 centimes, proche de ration française des sociétés d’as- fois supérieure en valeur, voire tions de secours et alternatives », n’aura plus cours légalement. moyens de figurer durablement la moyenne européenne. Il prévoit surances (FFSA) les minimise, plus. Dans ce cas, les montants de souligne Jean-Laurent Santoni, res- Enfin, chaque entreprise doit parmi les principaux pays produc- de supprimer 444 emplois sur ceux-ci sont néanmoins réels. Cer- garantie vol d’espèces stipulés ponsable des risques et assurance aussi évaluer au mieux les moyens teurs de billets en euros ? Protégée 1 400, d’ici à 2006. tains acteurs de la profession les dans les contrats sont, à titre des systèmes d’information chez nécessaires en personnel. M. San- jusqu’à fin 2006 par le système de « Nous refusons de voir les coûts ont listés et ont mis au point des exceptionnel, automatiquement et Marsh. Il estime que les entrepri- toni relève une période vraiment quotas nationaux mis en place par sociaux servir d’ajustement pour scénarios de crise. sans augmentation de cotisations, ses doivent être vigilantes quant cruciale entre le vendredi la Banque centrale européenne redresser notre compétitivité, il faut Ainsi le premier courtier d’assu- multipliés par trois (dans la limite aux mesures de protection à met- 28 décembre 2001 et le mercredi (BCE), l’imprimerie de la Banque moderniser le matériel que nous uti- rances mondial, Marsh, a réalisé de 3 500 euros) entre le 1er décem- tre en œuvre, de même qu’à la 2 janvier 2002, premier jour ouvré de France, qui assure la fabrication lisons, le seul en Europe à fonction- un document de travail sur la ges- bre 2001 et le 17 février 2002, « dès nature juridique de l’euro – notam- de l’année. de ces nouvelles coupures, devrait ner en continu », déplore Frédéric tion des risques liés au passage à lors que les conditions contrac- ment lors de l’approvisionne- être plongée dans le grand bain de Philippe, du Syndicat national l’euro fiduciaire. Il relève, dans cet- tuelles de sécurité sont observées », ment – avant le 1er janvier 2002, Pascale Santi la concurrence au-delà de cette autonome (SNA). Le taux de « fau- te note que s’est procurée Le Mon- indique la FFSA. Certains assu- échéance. tés » sur ces machines – le pourcen- de, la multiplicité des risques reurs redoutent un engorgement Pour abaisser les coûts de fabri- tage de billets ratés – oscillerait encourus (dans les domaines du et une accumulation des montants cation de la devise européenne, les entre 32 % et 46 % par jour. Ce qui stockage, des transports, ainsi que détenus par les commerçants, et La Deutsche Bank supprime autorités monétaires de Francfort constituerait la plus mauvaise les vols ou les actes de malveillan- ce, jusqu’au dernier moment. envisagent de libéraliser le marché performance d’Europe. ce, etc.), leur amplification, en rai- de la fabrication des billets en Au-delà de la compétitivité de la son de leur concentration dans le SCÉNARIO CATASTROPHE er 4 500 emplois supplémentaires euros après 2007, en mettant en Banque de France, les imprimeries temps – surtout entre le 1 janvier Dans ce droit-fil, Marsh met en place des appels d’offres ouverts publiques devront prouver leur 2002 et le 17 février 2002 –, le dan- exergue le risque de trop faible MALGRÉ DES RÉSULTATS meilleurs que ses concurrentes alleman- aux imprimeurs publics comme pri- capacité de résistance à la montée ger des effets dominos qui peu- capacité de stockage des agences des, la Deutsche Bank a annoncé, jeudi 1er novembre, la suppression de vés. Seule compterait alors la com- en puissance de la concurrence. vent induire un problème de pénu- bancaires ou des sociétés de gran- 4 500 emplois supplémentaires d’ici à fin 2003, après les 2 600 déjà envi- pétitivité des entreprises. Déjà près de 70 % des billets sont rie. Tous les acteurs soulignent de distribution. A partir du 1er jan- sagés (sur un effectif total de 97 000 personnes). Mercredi, le numéro fabriqués par des sociétés privées, également la dimension psycholo- vier 2002, la période de double cir- un du secteur privé allemand avait annoncé un bénéfice net en baisse MONTÉE EN PUISSANCE DU PRIVÉ l’allemand Giesecke & Devrient se gique importante du changement culation ne fera qu’accroître ce ris- de 36,9 % sur un an. Pour le seul troisième trimestre 2001, il a chuté de La décision de la BCE ne sera pas taillant la part du lion. « On ne peut de monnaie, qui peut jouer sur les que. Sans compter, pendant cette près de moitié, à 303 millions d’euros, contre 591 millions un an aupara- arrêtée avant plusieurs mois. pas courir le risque de voir se consti- comportements du public. période, les interruptions de proces- vant. Avec ce nouveau plan social, les grandes banques privées alleman- « Nous avons la ferme intention de tuer des oligopoles privés, les billets L’un des soucis des assureurs sus de comptage liées à la perte de des ont annoncé en quelques semaines la suppression de plus de rester un acteur important du mar- ne sont pas une marchandise com- tient, pendant la période de pré-ali- recettes éventuelle inhérente au 28 000 postes. Par ailleurs, Deutsche Bank, Dresdner Bank et ché fiduciaire européen, tant pour la me une autre. L’émission de mon- mentation en euros qui a démarré passage du franc à l’euro. Par exem- Commerzbank annonceront la fusion de leurs activités de prêts immo- fabrication des billets en euros que naie relève d’un privilège régalien, il début septembre, aux dommages ple, les mises à niveau des stations- biliers le 6 novembre. – (Corresp.) pour l’évolution de la gamme. C’est y a là un enjeu de souveraineté », essentiellement liés au transport services, horodateurs, flippers et là tout le sens du projet de réorgani- estime un proche de Marie-Paule et au stockage de la monnaie, soit autres distributeurs de boissons ou DÉPÊCHES sation que nous avons engagé »,a Georgel, la conseillère générale 1,5 milliard en billets et 33 000 ton- de journaux seront obligatoi- a CHIMIE: le groupe britannique Imperial Chemical Industries indiqué au Monde Michel Perdrix, représentant le personnel de la nes de pièces. Les convoyeurs de rement effectuées par le personnel (ICI) a annoncé, jeudi, qu’il supprimerait 1 300 emplois dans le directeur général de la fabrication Banque de France. fonds seront attentifs à cet achemi- des Poids et mesures, qui compte cadre d’un plan de restructuration sur deux ans. des billets de la Banque de France. Dans un proche avenir, le plan nement, même si le plan Vigipirate 800 techniciens. « On imagine l’am- a TÉLÉCOMMUNICATIONS : l’opérateur espagnol lxfera, détenu Alors que la compétitivité des usi- de charge de l’imprimerie de la actuellement mis en place tend à pleur de la tâche », ironise Marsh. à 30 % par Vivendi Universal, a annoncé, mercredi, avoir décidé de nes de Chamalières (billets) et de Banque de France est assuré. les rassurer. Les risques semblent Par ailleurs, le courtier dresse un supprimer plus de 70 % de ses effectifs en raison du retard du lance- Vic-le-Comte (papier), dans le Puy- Grâce au système de quotas, Cha- aujourd’hui maîtrisés, selon les scénario catastrophe, qui pourrait ment de la troisième génération de téléphonie mobile (UMTS). de-Dôme, s’est redressée depuis malières livrera cette année 2,5 mil- intervenants du secteur. être dû au blocage des différents a INDUSTRIE : Luc Vigneron a été nommé président du groupe dix ans – le prix de revient d’un liards de billets sur les 15 milliards Autre risque pointé par la profes- moyens de paiement (distribu- GIAT Industries, mercredi, à l’issue du Conseil des ministres. billet en euros s’établissant entre commandés par la BCE et en fabri- sion, le vol, qui sera de facto teurs, terminaux de paiements, a SERVICE : le Conseil des ministres a mis un terme, mercredi, 70 et 80 centimes en moyenne –, ce quera 1,2 milliard l’an prochain. mathématiquement plus impor- etc.). Sans aller jusque-là, les entre- aux fonctions d’Yves Cousquer et d’Emmanuel Duret, respective- plan, soutenu par le gouverne- tant. Les commerçants détien- prises sont confrontées à une ment président et directeur général d’Aéroports de Paris. ment, vise à l’horizon 2006 un coût Anne Michel dront pendant la période de dou- panoplie de risques. « Il est possi- FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 / 15

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours VALEURS EUROPE´ENNES 274,40 3426,73 387 5106 357 4659

VALEURS EUROPÉENNES 285,32 3604,40

b 277,36 A la Bourse d’Amsterdam, mer- 1,90 euro. Le groupe bancaire ita- 327 4213 3480,41 credi 31 octobre, l’action de l’opé- lien a indiqué que ses comptes du 296 3766 274,40 3426,73

rateur de télécommunications premier semestre 2001 avaient été 3530,13 279,91 266 272,91 3319 KPN a enregistré une hausse de jugés non conformes au règlement 3406,59 3,1 %, à 4,30 euros, après l’annon- de la Consob, l’autorité boursière 235 2873 [[[[[[[[ [[[[[[[[ ce de la vente de sa participation italienne, par la société d’audit 1er NOV. 7 MAI 1er NOV. VLMMJ 1er NOV. 7 MAI 1er NOV. VLMMJ dans l’opérateur indonésien Tel- KPMG. KPMG a mis en exergue komsel à Singapore Telecommu- des provisions passées par la ban- NXT GB 1,95 + 2,54 UNIBAIL FR e 59 + 2,52 SEAT PAGINE GIA IT e 0,76 .... WELLA AG VZ DE e 50,50 .... nications pour 601 millions de dol- que pour couvrir des passifs poten- P & O PRINCESS GB 3,94 .... VALLEHERMOSO ES e 7,27 + 2,25 SEAT PAGINE GIA IT e 0,76 .... f DJ E STOXX N CY G P 372,48 – 0,35 lars (environ 668 millions d’euros). tiels découlant de crédits et garan- PERSIMMON PLC GB 4,93 – 0,33 WCM BETEILIGUNG DE e 13,05 + 1,56 SECURICOR GB 1,64 .... b PREUSSAG AG DE e 26,65 + 1,72 f DJ E STOXX FINS P 229,10 – 0,05 SECURITAS -B- SE 18,47 .... Le titre du constructeur automo- ties abusifs accordés à certains RANK GROUP GB 3,03 .... SERCO GROUP GB 5,87 .... COMMERCE DISTRIBUTION RICHEMONT UNITS CH 2179,54 – 1,54 SGL CARBON DE e 22 .... bile italien Fiat a gagné 1,23 %, clients privilégiés. ALLIANCE UNICHE GB 8,58 .... RYANAIR HLDGS IR e 10,20 .... SHANKS GROUP GB 2,70 .... mercredi, à 18,10 euros. Le groupe b L’opérateur de télécommunica- ALIMENTATION ET BOISSON AVA ALLG HAND.G DE e 37,75 .... SAIRGROUP N CH 3,06 – 5,46 SIDEL FR e 50 .... BOOTS CO PLC GB 9,66 – 0,83 a annoncé, après la clôture du mar- tions britannique BT a gagné SAS DANMARK A/S DK 9,81 .... ALLIED DOMECQ GB 5,60 – 0,57 SINGULUS TECHNO DE e 24,75 + 1,64 BUHRMANN NV NL e 7 – 0,14 SEB FR e 56 .... ASSOCIAT BRIT F GB 7,37 .... SKF -B- SE 18,62 .... ché, une baisse de 48,9 % sur un an 3,3 %, à 348 pence, mercredi, après e CARREFOUR FR e 56,50 – 0,62 SIX CONTINENTS GB 10,06 .... BBAG OE BRAU-BE AT 41,93 .... SMITHS GROUP GB 10,98 .... de son bénéfice net consolidé l’annonce du départ de son direc- e CASTO.DUBOIS FR e 52,70 – 0,38 SODEXHO ALLIANC FR e 52 – 0,57 BRAU-UNION AT 41,05 .... SOPHUS BEREND - DK 23,24 .... CC CARREFOUR ES e 13,70 + 0,51 pour le troisième trimestre 2001. teur général Peter Bonfield en jan- THE SWATCH GRP CH 85,65 – 0,59 CADBURY SCHWEPP GB 6,89 .... SPIRENT GB 1,88 .... CHARLES VOEGELE CH 36,78 + 1,50 b THE SWATCH GRP CH 18,39 – 0,55 CARLSBERG -B- DK 48,36 + 2,27 STOLT NIELSEN LU e 125 .... L’action Bipop-Carire a aban- vier 2002, environ un an avant la D’IETEREN SA BE e 123,40 – 2,37 TELE PIZZA ES e 1,91 .... CARLSBERG AS -A DK 42,59 .... TELE2 -B- SE 34,18 .... donné, mercredi, 0,11 %, à date prévue dans son contrat. DEBENHAMS GB 5,79 .... THOMSON MULTIME PA 26,79 + 1,02 COCA COLA HBC GR 15,02 .... THALES FR e 42,10 – 1,43 DIXONS GROUP GB 3,33 – 1,90 WILSON BOWDEN GB 11,51 – 0,14 DANISCO DK 41,11 .... TOMRA SYSTEMS NO 11,06 .... e GAL LAFAYETTE FR e 141,90 + 0,28 WM-DATA -B- SE 2,20 .... DANONE FR 128,50 .... TPI ES e 4,19 + 0,24 DE e 40,80 .... e DELTA HOLDINGS GR 7,14 .... GEHE AG KON. VOPAK NV NL e 17,25 + 0,88 WOLFORD AG AT 10,67 .... TRAFFICMASTER GB 0,85 .... e DIAGEO GB 11,11 + 0,44 GUCCI GROUP NL 94,90 + 0,16 Code Cours % Var. LONZA GRP N CH 636,15 – 0,64 WW/WW UK UNITS IR e 0,68 .... UNAXIS HLDG N CH 96,04 + 0,71 01/11 9h36 f ELAIS OLEAGINOU GR 20,82 .... GUS GB 8,02 + 2,26 pays en euros 31/10 NORSK HYDRO NO 42,38 .... f DJ E STOXX CYC GO P 103,53 – 0,26 VA TECHNOLOGIE AT e 20,95 .... e + HENNES & MAURIT SE 19,40 .... e HEINEKEN HOLDIN NL 29,70 0,68 VEDIOR NV NL e 10,45 + 2,45 RHODIA FR 9,91 + 4,32 KARSTADT QUELLE DE e 35,45 .... e HELLENIC SUGAR GR 7,92 .... VESTAS WIND SYS DK 34,93 .... AUTOMOBILE SOLVAY BE 60 + 0,42 KINGFISHER GB 5,91 .... KAMPS DE e 8,10 + 1,12 FR e 66,95 – 0,07 SE 17,53 SYNGENTA N CH 56,87 .... PHARMACIE VINCI GB 4,64 + 0,35 AUTOLIV SDR .... KERRY GRP-A- GB 22,79 + 0,07 e MARKS & SPENCER e TESSENDERLO CHE BE e 22,33 .... VIVENDI ENVIRON FR 42,15 – 1,31 BASF AG BE 37,50 + 0,27 ACTELION N CH 39,16 – 0,86 GB 5,23 + MATALAN GB 5,86 + 0,55 f – KINGFISHER 1,56 VOLVO -A- SE 14,72 .... BMW DE e 33 .... DJ E STOXX CHEM P 306,88 0,15 ALTANA AG DE e 53,05 + 2,02 e METRO DE e 36,20 – 2,16 KONINKLIJKE NUM NL 29 .... VOLVO -B- SE 15,40 .... CONTINENTAL AG DE e 11,10 .... AMERSHAM GB 9,77 .... e MFI FURNITURE G GB 1,80 .... MONTEDISON IT 2,75 .... WARTSILA CORP A FI e 19,79 + 0,46 FIAT IT e 18,10 .... ASTRAZENECA GB 50,17 + 0,52 NEXT PLC GB 14,23 + 1,73 ´ NESTLE N CH 230,21 – 0,29 XANSA GB 4,88 – 0,33 FIAT PRIV. IT e 12,45 .... CONGLOMERATS AVENTIS FR e 82,40 + 0,80 PINAULT PRINT. FR e 127,50 – 0,31 NORTHERN FOODS GB 2,43 .... ZARDOYA OTIS ES e 10 .... FR e 34 – 0,96 e BB BIOTECH CH 70,84 .... SIGNET GROUP GB 1 .... MICHELIN D’IETEREN SA BE 123,40 – 2,37 PARMALAT IT e 2,97 .... – e f DJ E STOXX IND GO P 308,60 0,16 PEUGEOT FR 45,15 .... GBL BE e 300,10 .... CELLTECH GROUP GB 14,45 + 0,11 PERNOD RICARD FR e 79,50 + 2,25 VALORA HLDG N CH 177,77 .... e e PIRELLI SPA IT 1,71 .... GEVAERT BE e 27,99 .... DISETRONIC HLDG CH 841,17 .... RAISIO GRP -V- FI e 1 + 2,04 VENDEX KBB NV NL 8,05 – 3,59 e e DR ING PORSCHE DE 311 + 0,32 INCHCAPE GB 8,26 + 0,39 ELAN CORP IR 50,90 – 1,17 SCOTT & NEWCAST GB 7,95 – 3,70 W.H SMITH GB 7,05 .... e e ASSURANCES RENAULT FR 33,52 – 0,97 KVAERNER -A- NO 1,35 .... ESSILOR INTL FR 31,45 + 1,16 SOUTH AFRICAN B GB 6,86 .... WOLSELEY PLC GB 7,08 – 1,79 e e VALEO FR 38,47 + 1,24 MYTILINEOS GR 4,70 .... FRESENIUS MED C DE 69 .... TATE & LYLE GB 4,52 – 5,07 AEGIS GROUP GB 1,37 .... WOOLWORTHS GROU GB 0,58 .... e VOLKSWAGEN VZ DE 28,80 + 1,41 UNAXIS HLDG N CH 96,04 + 0,71 H. LUNDBECK DK 28,48 + 0,47 TOMKINS GB 2,70 .... AEGON NV NL e 27,95 + 0,18 f DJ E STOXX RETL P 282,42 – 0,43 f DJ E STOXX AUTO P 179,85 + 0,33 ORKLA NO 18,50 .... GALEN HOLDINGS GB 11,91 .... UNILEVER NL e 55,55 – 5,77 AGF FR e 51,10 – 0,39 SONAE SGPS PT e 0,74 .... GAMBRO -A- SE 6,45 .... WHITBREAD PLC GB 8,45 .... ALLEANZA ASS IT e 11,45 .... f DJ E STOXX RETL P 282,42 – 0,43 GLAXOSMITHKLINE GB 29,62 – 0,54 f DJ E STOXX F & BV P 215,28 + 0,07 ALLIANZ N DE e 261,80 + 0,34 HAUTE TECHNOLOGIE BANQUES H. LUNDBECK DK 28,48 + 0,47 ASR VERZEKERING NL e 81,10 .... AIXTRON DE e 20,80 – 0,86 NOVARTIS N CH 41,55 – 0,25 AXA FR e 23,95 – 1,44 ABBEY NATIONAL GB 16,92 + 2,74 ALCATEL-A- FR e 16,68 – 0,54 TE´LE´COMMUNICATIONS NOVO-NORDISK -B DK 45,07 .... BALOISE HLDG N CH 91,61 + 0,37 ABN AMRO HOLDIN NL e 16,88 – 0,47 BIENS D’E´QUIPEMENT ALTEC GR 2,47 .... NOVOZYMES -B- DK 22,37 – 0,30 BRITANNIC GB 12,04 .... ALL & LEICS GB 11,30 .... EQUANT NV NL e 11,38 – 1,47 ARC INTERNATION GB 0,61 + 2,70 ORION B FI e 18,80 – 0,53 ABB N CH 9,37 – 1,08 CATTOLICA ASS IT e 21,96 .... ALLIED IRISH BA GB 17,40 + 0,09 ATLANTIC TELECO GB 0,08 .... ARM HOLDINGS GB 5,57 – 0,57 OXFORD GLYCOSCI GB 7,24 .... ADECCO N CH 48,90 – 0,69 CGNU GB 13,34 + 0,48 ALMANIJ BE e 31,85 – 0,47 BRITISH TELECOM GB 5,52 – 1,44 ASML HOLDING NL e 15,95 – 0,31 PHONAK HLDG N CH 24,42 + 1,85 AGGREKO GB 5,54 .... CNP ASSURANCES FR e 34,10 – 0,87 ALPHA BANK GR 20,06 .... CABLE & WIRELES GB 5,05 + 0,96 BAAN COMPANY NL e 2,69 .... QIAGEN NV NL e 20,37 + 1,19 ALSTOM FR e 17,21 + 1,35 CODAN DK 17,47 .... B.P.C.INDUSTRIA IT e 8,88 .... COLT TELECOM NE GB 1,90 .... BAE SYSTEMS GB 5,38 .... ROCHE HLDG G CH 76,28 – 1,10 ALTRAN TECHNO FR e 51,05 + 0,10 CORP MAPFRE R ES e 18,50 .... B.P.EMILIA ROMA IT e 30,80 .... DEUTSCHE TELEKO DE e 17,05 – 0,29 BALTIMORE TECH GB 0,31 .... SANOFI SYNTHELA FR e 74 + 1,02 ALUSUISSE GRP N CH 858,19 .... ERGO VERSICHERU DE e 157 .... B.P.LODI IT e 8,21 .... E.BISCOM IT e 40,40 .... BROKAT TECHNOLO DE e 0,67 + 1,52 SCHERING AG DE e 57 .... ARRIVA GB 4,70 .... ETHNIKI GEN INS GR 9,60 .... B.P.NOVARA IT e 5,26 .... EIRCOM IR e 1,33 + 0,76 BULL FR e 0,89 + 1,14 SERONO -B- CH 877,95 – 0,15 ASSA ABLOY-B- SE 12,64 .... EULER FR e 44,02 – 4,26 B.P.SONDRIO IT e 9,55 .... ELISA COMMUNICA FI e 12 – 2,04 BUSINESS OBJECT FR e 30,10 – 2,59 SHIRE PHARMA GR GB 16,19 + 0,60 ASSOC BR PORTS GB 6,81 .... FONDIARIA ASS IT e 5,12 .... B.P.VERONA E S. IT e 8,81 .... ENERGIS GB 1,17 + 1,39 CAP GEMINI FR e 61,60 – 1,44 SMITH & NEPHEW GB 5,96 – 4,39 ATLAS COPCO -A- SE 22,58 .... FORTIS (B) BE e 26,25 + 0,19 BANCA ROMA IT e 2,47 .... EUROPOLITAN HLD SE 6,66 .... COMPTEL FI e 3,24 – 0,31 SSL INTL GB 8,39 .... ATLAS COPCO -B- SE 21,17 .... FRIENDS PROVIDE GB 2,85 – 3,28 BANCO SABADELL ES e 15,43 – 0,13 FRANCE TELECOM FR e 41,02 – 1,09 DASSAULT SYST. FR e 43,80 – 1,26 SULZER AG 100N CH 132,82 .... ATTICA ENTR SA GR 4,40 .... GENERALI ASS IT e 30,45 .... BANK OF IRELAND GB 15,81 – 0,30 HELLENIC TELE ( GR 18 .... ERICSSON -B- SE 4,81 .... SYNTHES-STRATEC CH 729,46 – 0,09 BAA GB 8,85 .... GENERALI HLD VI AT e 154 .... BANK OF PIRAEUS GR 8,84 .... KINGSTON COM GB 1,45 .... F-SECURE FI e 1,37 + 1,48 UCB BE e 42,75 + 1,02 BBA GROUP PLC GB 3,54 .... INDEPENDENT INS GB 0,10 .... BANKINTER R ES e 33,30 – 0,60 KONINKLIJKE KPN NL e 4,35 + 1,16 FILTRONIC GB 3,52 + 1,86 INTERAM HELLEN GR 4,98 .... BARCLAYS PLC GB 33,29 – 0,10 KPNQWEST NV -C- NL e 7,22 – 0,41 (Publicite´) FINMATICA IT e 15,30 .... IRISH LIFE & PE GB 11,64 .... BAYR.HYPO-U.VER DE e 34,30 + 1,78 LIBERTEL NV NL e 8,57 + 0,71 GETRONICS NL e 2,96 .... LEGAL & GENERAL GB 2,48 + 1,99 BBVA R ES e 12,39 – 0,32 VODAFONE N DE e 208,25 .... GN GREAT NORDIC DK 5,21 + 1,04 MEDIOLANUM IT e 8,61 .... BCA AG.MANTOVAN IT e 8,55 .... MOBILCOM DE e 19,52 – 3,27 INFINEON TECHNO DE e 16,75 + 1,21 MUENCH RUECKVER DE e 294,50 + 0,51 BCA FIDEURAM IT e 6,85 .... OLD MUTUAL GB 1,75 .... INFOGRAMES ENTE FR e 10,66 – 0,47 POHJOLA GRP.B FI e 20,50 .... BCA LOMBARDA IT e 8,56 .... OLIVETTI IT e 1,30 .... INTRACOM R GR 13,52 .... Chaque lundi avec PRUDENTIAL GB 11,86 + 2,36 BCA P.BERG.-C.V IT e 17 .... PANAFON HELLENI GR 5,46 .... KEWILL SYSTEMS GB 0,77 .... RAS IT e 13,33 .... BCA P.MILANO IT e 3,89 .... PT TELECOM SGPS PT e 8,80 .... LEICA GEOSYSTEM CH 105,57 – 1,90 ROYAL SUN ALLIA GB 5,92 – 1,60 BCO POPULAR ESP ES e 37,20 – 0,27 SONERA FI e 6,15 – 2,69 LOGICA GB 11,97 .... SAI IT e 13,36 .... BCP R PT e 4,40 .... SONG NETWORKS SE 0,59 .... LOGITECH INTL N CH 33,99 – 0,20 SAMPO-LEONIA -A FI e 10 .... BIPOP CARIRE IT e 1,90 .... SWISSCOM N CH 306,84 – 0,66 MARCONI GB 0,45 – 3,45 SCHW NATL VERS CH 602,10 .... BK OF SCOTLAND GB 13,31 .... T.I.M. IT e 6,05 .... MB SOFTWARE DE e 0,16 .... SCOR FR e 37,10 – 0,22 BNL IT e 2,45 .... TDC DK 39,90 + 4,58 NOKIA FI e 22,55 – 2,93 SKANDIA INSURAN SE 6,66 .... BNP PARIBAS FR e 92,50 + 0,11 TELE2 -B- SE 34,18 .... 0123 OCE NL e 8,69 + 2 ST JAMES’S PLAC GB 5,15 .... BSCH R ES e 8,54 – 0,12 VODAFONE PT e 7,80 .... ROY.PHILIPS ELE NL e 25,22 – 0,08 STOREBRAND NO 5,46 .... COMM.BANK OF GR GR 30,96 .... TELECOM ITALIA IT e 9,27 .... PSION GB 0,87 .... SWISS LIFE REG CH 436,59 – 0,47 COMMERZBANK DE e 18,15 – 0,27 TELECOM ITALIA IT e 5,38 .... DATÉ MARDI SAGE GRP GB 3,40 .... SWISS RE N CH 113,74 – 0,60 CREDIT LYONNAIS FR e 38,61 – 0,67 TELEFONICA ES e 13,20 – 1,05 SAGEM FR e 52,90 + 2,22 TOPDANMARK DK 25,26 .... CS GROUP N CH 40,12 – 1,34 TELEF.MOVILES ES e 7,14 + 1,85 SAP AG DE e 116,40 + 2,11 ZURICH FINL SVC CH 253,03 – 0,67 DANSKE BANK DK 16,32 – 0,82 TELENOR NO 4,29 .... SAP VZ DE e 153,99 .... f DJ E STOXX INSU P 326,06 – 0,24 DEUTSCHE BANK N DE e 61,90 + 0,65 TELIA SE 4,86 .... retrouvez SEZ HLDG N CH 40,87 .... DEXIA BE e 16,75 – 2,33 TISCALI IT e 7,91 .... SIEMENS AG N DE e 53,90 + 1,89 DNB HOLDING NO 4,20 .... VERSATEL TELECO NL e 1,14 + 1,79 SPIRENT GB 1,88 .... DRESDNER BANK N DE e 40,60 .... VODAFONE GROUP GB 2,54 – 0,63 MEDIAS STMICROELECTRON FR e 31,20 – 0,64 EFG EUROBK ERGA GR 14,64 .... f DJ E STOXX TCOM P 431,28 – 0,59 BSKYBGROUP GB 12,46 + 0,52 THINK TOOLS CH 17,03 – 4,76 ERSTE BANK AT e 49 .... CANAL PLUS FR e 3,45 + 0,88 THUS GB 0,56 .... ESPIRITO SANTO PT e 13,70 .... LE MONDE ECONOMIE CAPITAL RADIO GB 11,43 + 1,43 TIETOENATOR FI e 24,90 .... FOERENINGSSB A SE 11,13 .... CONSTRUCTION CARLTON COMMUNI GB 3,07 .... f DJ E STOXX TECH P 398,91 – 1,39 HALIFAX GROUP GB 13,39 .... ACCIONA ES e 39,38 – 0,28 DLY MAIL & GEN GB 10,57 .... HSBC HLDG GB 12,02 – 0,93 e ACESA R ES e 10,39 + 1,66 ELSEVIER NL 12,84 – 0,54 IKB DE e 12,90 .... ACS ES e 26,20 – 2,06 EMAP PLC GB 10,75 + 0,15 SERVICES COLLECTIFS INTESABCI IT e 2,60 .... e AGGREGATE IND GB 1,40 .... FOX KIDS EUROPE NL 12,80 .... ACEA IT e 7,65 .... JULIUS BAER HLD CH 339,87 .... WILLIAM DEMANT DK 29,02 .... BODYCOTE INTL GB 2,85 .... AKTOR SA GR 7,08 .... FUTURE NETWORK GB 0,40 .... AEM IT e 2,06 .... KBC BANCASSURAN BE e 30,70 + 0,66 WS ATKINS GB 8,93 .... BRAMBLES INDUST GB 5,55 .... GRANADA GB 1,95 – 6,92 AMEY GB 4,97 .... e e BRITISH ENERGY GB 3,88 – 1,23 LLOYDS TSB GB 11,04 – 1,15 ZELTIA ES 9,15 + 0,44 BUDERUS AG DE 27,90 .... e AUREA R ES e 21,53 – 1,91 GRUPPO L’ESPRES IT 2,74 .... CENTRICA GB 3,52 .... MONTE PASCHI SI IT e 2,72 .... f DJ E STOXX HEAL 527,86 + 0,55 CAPITA GRP GB 7 .... + BOUYGUES FR e 33,15 – 2,50 GWR GROUP GB 3,57 1,83 EDISON IT e 9,20 .... NAT BANK GREECE GR 28,52 .... CDB WEB TECH IN IT e 3,83 .... e BPB GB 4,07 .... HAVAS ADVERTISI FR 8,25 .... ELECTRABEL BE e 233 + 0,22 NATEXIS BQ POP. FR e 95 – 0,31 CGIP FR e 29,87 – 0,10 e BRISA AUTO-ESTR PT e 9,90 .... INDP NEWS AND M IR 1,76 .... ELECTRIC PORTUG PT e 2,67 .... NORDEA SE 4,90 .... E´NERGIE CHUBB GB 2,25 .... BUZZI UNICEM IT e 7,41 .... INFORMA GROUP GB 2,33 – 9,38 ENDESA ES e 16,99 – 0,06 ROLO BANCA 1473 IT e 15,43 .... CIR IT e 0,90 .... e CIMPOR R PT e 18,50 .... BG GROUP GB 4,10 – 1,92 LAGARDERE SCA N FR 39,17 – 0,03 ENEL IT e 6,26 .... ROYAL BK SCOTL GB 26,48 .... COBHAM GB 16,95 .... COLAS FR e 65,95 + 1,70 BP GB 8,82 – 1,26 LAMBRAKIS PRESS GR 4,56 .... EVN AT e 41,53 .... S-E-BANKEN -A- SE 8,48 .... COOKSON GROUP P GB 1,13 – 6,67 e CRH PLC GB 26,56 – 4,35 CEPSA ES e 11,91 + 0,08 M6 METROPOLE TV FR 23 .... FORTUM FI e 5,21 – 0,76 SAN PAOLO IMI IT e 11,67 .... COPENHAGEN AIRP DK 64,49 .... e FCC ES e 24 + 0,21 COFLEXIP FR e 186 – 6,01 MEDIASET IT 7,25 .... GAS NATURAL SDG ES e 19,79 – 0,80 STANDARD CHARTE GB 11,06 .... DAMPSKIBS -A- DK 6851,71 .... GRUPO DRAGADOS ES e 13,60 + 0,82 DORDTSCHE PETRO NL e 2,35 .... MODERN TIMES GR SE 23,82 .... HIDRO CANTABRIC ES e 26,15 .... STE GENERAL-A- FR e 54,90 – 1,17 DAMPSKIBS -B- DK 7456,27 – 1,77 e GRUPO FERROVIAL ES e 20,60 .... GBL BE e 55 .... MONDADORI IT 6,40 .... IBERDROLA ES e 15,23 – 0,26 SVENSKA HANDELS SE 13,68 .... e DAMSKIBS SVEND DK 9874,52 – 0,81 e + HANSON PLC GB 7,47 – 1,49 ENI IT 13,92 .... NRJ GROUP FR 16,36 0,37 INNOGY HOLDINGS GB 3,30 .... SWEDISH MATCH SE 5,72 .... DE LA RUE GB 8,31 .... HEIDELBERGER ZE DE e 46,20 .... ENTERPRISE OIL GB 8,03 .... PEARSON GB 13,25 .... ITALGAS IT e 9,43 .... UBS N CH 51,36 – 0,72 E.ON AG DE e 57,80 + 0,52 e HELL.TECHNODO.R GR 6,40 .... HELLENIC PETROL GR 7,20 .... PRISA ES 9,30 .... KELDA GB 5,63 – 3,31 UNICREDITO ITAL IT e 4,10 .... ELECTROCOMPONEN GB 7,37 .... e HERACLES GENL R GR 13,36 .... LATTICE GROUP GB 2,41 – 3,23 PROSIEBEN SAT.1 DE 5,70 .... NATIONAL GRID G GB 7,82 – 0,41 f DJ E STOXX BANK P 247,48 – 0,33 e ENIRO SE 7,75 .... e HOCHTIEF ESSEN DE e 13,60 .... OMV AG AT 84 .... PT MULTIMEDIA R PT 7,81 .... INTERNATIONAL P GB 3,56 .... EPCOS DE e 48,30 + 0,62 e + HOLCIM CH 212,51 – 0,79 PETROLEUM GEO-S NO 6,69 .... PUBLICIS GROUPE FR 24,68 0,33 OESTERR ELEKTR AT e 74,54 .... e EUR AERO DEFENC FR e 12,66 – 1,86 IMERYS FR e 101 + 2,33 REPSOL YPF ES 16,03 – 0,43 PUBLIGROUPE N CH 153,93 – 1,74 PENNON GROUP GB 9,66 – 4 PRODUITS DE BASE e EUROTUNNEL FR e 0,79 + 1,28 ITALCEMENTI IT e 7,72 .... ROYAL DUTCH CO NL 56,05 – 0,80 REED INTERNATIO GB 9,06 .... POWERGEN GB 12,01 .... e e EXEL GB 11,04 .... ACERALIA ES 12,80 – 0,54 LAFARGE FR e 98,35 – 0,35 SAIPEM IT 5,49 .... REUTERS GROUP GB 10,48 .... SCOTTISH POWER GB 6,33 – 0,51 e IT e 0,88 e ACERINOX R ES 34,79 .... MICHANIKI REG. GR 1,89 .... SHELL TRANSP GB 8,19 – 1,17 FINMECCANICA .... RTL GROUP LU 34 .... SEVERN TRENT GB 11,49 .... e ALUMINIUM GREEC GR 32,50 .... NOVAR GB 1,77 + 0,92 STATOIL NO 7,69 .... FINNLINES FI 20 .... SMG GB 2,03 .... SUEZ FR e 34,90 – 0,09 e – e ANGLO AMERICAN GB 14,16 .... PILKINGTON PLC GB 1,58 – 2 TOTAL FINA ELF FR 155,50 – 0,32 FKI GB 2,33 5,84 SOGECABLE R ES 24,50 – 2 FENOSA ES e 16,50 – 0,06 ASSIDOMAEN AB SE 28,19 .... RMC GROUP PLC GB 10,20 .... IHC CALAND NL e 55,40 – 0,09 FLS IND.B DK 9,87 .... TAYLOR NELSON S GB 2,99 – 1,06 UNITED UTILITIE GB 10,01 .... e + BEKAERT BE e 33,56 .... SAINT GOBAIN FR e 152,50 – 1,29 f DJ E STOXX ENGY P 321,52 – 0,45 FLUGHAFEN WIEN AT 26,20 .... TELEWEST COMM. GB 0,80 2,04 VIRIDIAN GROUP GB 9,24 – 0,69 e e BHP BILLITON GB 4,72 .... SKANSKA -B- SE 5,93 .... GAMESA ES 14,40 – 2,04 TF1 FR 24,70 – 1,04 f DJ E STOXX PO SUP P 297,23 – 0,31 BOEHLER-UDDEHOL AT e 42,90 .... TAYLOR WOODROW GB 2,35 .... GKN GB 4,28 .... TRINITY MIRROR GB 6,34 .... BUNZL PLC GB 6,82 .... TECHNIP-COFLEXI FR e 129 + 2,71 SERVICES FINANCIERS GROUP 4 FALCK DK 133,68 + 1,53 UNITED PAN-EURO NL e 0,60 – 1,64 GB 0,87 – GROUP 4 FALCK DK 133,68 + 1,53 UTD BUSINESS ME GB 11,48 .... CORUS GROUP 1,82 TITAN CEMENT RE GR 36,38 .... 3I GROUP GB 11,94 .... GR 3,28 e GUARDIAN IT GB 5,76 .... VIVENDI UNIVERS FR e 51,55 – 0,67 ELVAL .... UPONOR -A- FI 16,20 .... ALPHA FINANCE GR 44,90 .... SE 23,82 e HAGEMEYER NV NL e 16,30 + 2,52 VNU NL e 32,47 + 0,22 HOLMEN -B- .... CIMENTS VICAT / FR 61 .... AMVESCAP GB 13,33 + 0,98 NL e 0,90 e – HALKOR GR 3,96 .... WOLTERS KLUWER NL e 23,32 .... EURO ISPAT INTERNATI .... VINCI FR 66,95 0,07 BHW HOLDING AG DE e 33,70 .... e ______GB 14,49 – HAYS GB 2,66 .... WPP GROUP GB 10,03 .... JOHNSON MATTHEY 0,77 WIENERBERGER AG AT 16,40 .... BPI R PT e 2,40 .... FI e 6,89 f – HEIDELBERGER DR DE e 43,80 .... f DJ E STOXX MEDIA P 276,14 – 0,44 M-REAL -B- .... DJ E STOXX CNST P 212,05 1,25 BRITISH LAND CO GB 7,16 .... AT e 55,45 HUHTAMAKI FI e 36 .... NOUVEAU MAYR-MELNHOF KA .... CALEDONIA INV.S GB 11,91 + 0,95 FI e 9 .... IFIL IT e 5,43 .... OUTOKUMPU CANARY WHARF GR GB 7,13 .... ´ FR e 50,05 – CONSOMMATION CYCLIQUE IMI PLC GB 3,57 .... BIENS DE CONSOMMATION MARCHE PECHINEY-A- 1,86 CATTLES ORD. GB 4,52 .... FI e 3,75 IND.VAERDEN -A- SE 15,08 .... RAUTARUUKKI K .... ACCOR FR e 34,65 – 0,63 CLOSE BROS GRP GB 11,67 .... AHOLD NL e 31,20 – 0,19 GB 17,96 .... INDRA SISTEMAS ES e 8,55 + 0,59 Cours % Var. RIO TINTO ADIDAS-SALOMON DE e 63 + 0,64 COBEPA BE e 60 .... ALTADIS ES e 18,39 + 0,77 01/11 9h36 f GR 3,34 GB 1,01 en euros 31/10 SIDENOR .... AGFA-GEVAERT BE e 10,96 – 2,58 CONSORS DISC-BR DE e 11,72 + 1,74 INVENSYS .... AMADEUS GLOBAL ES e 5,92 – 1,50 GR 6,72 SILVER & BARYTE .... AIR FRANCE FR e 12,80 .... CORIO NV NL e 23,75 – 0,42 INVESTOR -A- SE 11,03 .... ATHENS MEDICAL GR 3,42 .... GB 2,19 AMSTERDAM SMURFIT JEFFERS .... AIRTOURS PLC GB 3,06 + 0,53 CORP FIN ALBA ES e 22,20 .... INVESTOR -B- SE 10,82 .... AUSTRIA TABAK A AT e 83,50 .... FI e 12,90 + STORA ENSO -A- .... ALITALIA IT e 1,02 .... DAB BANK AG DE e 11,83 – 1,42 ISS DK 52,66 0,51 AVIS EUROPE GB 1,87 .... AIRSPRAY NV 17,50 .... FI e 13,25 – e STORA ENSO -R- 1,85 AUSTRIAN AIRLIN AT e 6,51 .... DEPFA-BANK DE e 63,50 .... JOT AUTOMATION FI 0,58 – 4,92 BEIERSDORF AG DE e 124,20 .... ANTONOV 0,59 .... SE 25,07 SVENSKA CELLULO .... AUTOGRILL IT e 8,90 .... DROTT -B- SE 10,77 .... KINNEVIK -B- SE 16,07 .... BIC FR e 35 + 2,61 C/TAC 1,90 .... DE e 11,95 e + THYSSENKRUPP .... BANG & OLUFSEN DK 20,08 .... EURAZEO FR e 58,50 + 2,72 KONE B FI 79 3,96 BRIT AMER TOBAC GB 9,66 .... CARDIO CONTROL 2,50 .... BE e 42,01 + e UMICORE 0,45 BENETTON IT e 10,91 .... EURONEXT NL e 18,49 – 0,05 LEGRAND FR 139,10 – 1,35 CASINO GP FR e 83 – 0,18 CSS 23,90 .... FI e 36 – e UPM-KYMMENE COR 0,28 BERKELEY GROUP GB 8,35 – 1,14 FINAXA FR e 89 .... LINDE AG DE 44 .... CLARINS FR e 60 + 0,67 HITT NV 5,10 .... FR e 11,56 – e USINOR 1,20 BRITISH AIRWAYS GB 2,33 – 2,68 FORTIS (B) BE e 26,25 + 0,19 MAN AG DE 19,50 + 1,56 COLRUYT BE e 47,50 .... INNOCONCEPTS NV 18 .... GR 9,46 VIOHALCO .... BULGARI IT e 8,50 .... FORTIS (NL) NL e 26,10 – 0,76 MEGGITT GB 2,38 .... DELHAIZE BE e 60,30 – 1,15 NEDGRAPHICS HOLD 4 .... AT e 29,50 e VOEST-ALPINE AG .... CHRISTIAN DIOR FR e 29,30 + 1,24 GECINA FR e 84,80 .... METSO FI 10,85 .... FIRSTGROUP GB 4,70 .... SOPHEON 0,49 .... FR e 16,95 e WORMS N .... CLUB MED. FR e 34,50 – 1,37 GIMV BE e 27,20 + 1,87 MG TECHNOLOGIES DE 8,59 .... GALLAHER GRP GB 7,48 .... PROLION HOLDING 94 .... f 173,62 – 0,79 DJ E STOXX BASI P COMPASS GROUP GB 8,08 .... GREAT PORTLAND GB 3,98 .... MORGAN CRUCIBLE GB 2,74 .... GIB BE e 51 – 0,10 RING ROSA 0,03 .... DT.LUFTHANSA N DE e 11,40 – 0,87 HAMMERSON GB 7,42 .... EXEL GB 11,04 .... GIVAUDAN N CH 339,19 – 0,40 UCC GROEP NV 7 .... ELECTROLUX -B- SE 13,32 .... ING GROEP NL e 27,65 – 0,18 PACE MICRO TECH GB 5,18 .... HENKEL KGAA VZ DE e 65,50 .... CHIMIE EM.TV & MERCHAN DE e 2,19 + 1,39 LAND SECURITIES GB 13,38 .... PARTEK FI e 8,60 – 1,15 ICELAND GROUP GB 2,40 .... AIR LIQUIDE FR e 150,80 + 0,67 EMI GROUP GB 4,51 + 0,36 LIBERTY INTL GB 7,56 + 0,21 PENINS.ORIENT.S GB 3,36 .... IMPERIAL TOBACC GB 13,84 .... BRUXELLES e + e + PERLOS FI e 10,81 – 2,52 e AKZO NOBEL NV NL 46,35 1,76 EURO DISNEY FR 0,78 1,30 LONDON STOCK EX GB 5,60 .... JERONIMO MARTIN PT 7,44 .... ARTHUR 2,70 .... BASF AG DE e 37,50 + 0,27 HDP IT e 3,39 .... MARSCHOLLEK LAU DE e 58,60 .... PREMIER FARNELL GB 3,27 .... KESKO -B- FI e 9,37 + 1,30 BAYER AG DE e 32,70 + 0,31 HERMES INTL FR e 143,40 + 1,56 MEDIOBANCA IT e 11,85 .... RAILTRACK GB 4,51 .... L’OREAL FR e 75,90 – 1,04 BOC GROUP PLC GB 15,05 .... HILTON GROUP GB 2,74 – 3,95 METROVACESA ES e 15 + 1,08 RANDSTAD HOLDIN NL e 13,79 – 0,51 LAURUS NV NL e 4,45 + 0,45 e CODES PAYS ZONE EURO e + e e GB 3,99 .... CELANESE N DE 16,30 0,93 HUGO BOSS AG VZ DE 19,52 .... MONTEDISON IT 2,75 .... RENTOKIL INITIA MORRISON SUPERM GB 3,25 .... FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne CH 71,35 – NL e 25,15 – GB 10,27 REXAM GB 5,68 – 3,81 GB 15,45 CIBA SPEC CHIMI 0,71 HUNTER DOUGLAS 0,40 PROVIDENT FIN .... RECKITT BENCKIS .... IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande CH 17,40 – 3,77 ES e 20,68 – 0,10 NL e 39,10 – 0,56 REXEL FR e 56,10 + 2,56 GB 5,63 .... CLARIANT N INDITEX R RODAMCO EUROPE SAFEWAY LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche COLOPLAST -B- DK 81,15 – 0,17 J D WETHERSPOON GB 6,08 .... RODAMCO NORTH A NL e 43,50 – 0,46 RHI AG AT e 6 .... SAINSBURY J. PL GB 6,05 .... FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce. DEGUSSA (NEU) DE e 25,30 + 2,02 KLM NL e 10,50 + 1,06 ROLINCO NV NL e 24 .... RIETER HLDG N CH 237,37 .... STAGECOACH GROU GB 0,90 + 1,82 DSM NL e 36,10 – 0,14 LVMH FR e 38,75 – 1,07 SCHRODERS GB 11,49 + 0,56 ROLLS ROYCE GB 2,41 .... TERRA NETWORKS ES e 7,14 – 1,52 CODES PAYS HORS ZONE EURO EMS-CHEM HOLD A CH 4290,97 .... MEDION DE e 39,50 – 1,72 SIMCO N FR e 76,05 – 1,17 SANDVIK SE 23,41 .... TESCO PLC GB 3,83 – 2,06 CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de e e ICI GB 5,23 + 0,31 MOULINEX FR 0,50 .... SLOUGH ESTATES GB 5,59 .... SAURER N CH 18,39 .... TPG NL 21,75 + 0,14 GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark. KEMIRA FI e 8,11 .... NH HOTELES ES e 10,24 – 0,49 TECAN GRP N CH 62,49 – 0,38 SCHNEIDER ELECT FR e 43,72 – 1,71 WANADOO FR e 4,81 + 1,26 16 / LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 FINANCES ET MARCHÉS

AIR LIQUIDE...... w 149,30 979,34 – 0,33 149,80 EULER...... w 44,02 288,75 – 4,26 45,98 PERNOD-RICAR .... w 78,85 517,22 +1,41 77,75 w w w Compen- ALCATEL A...... 16,19 106,20 – 3,46 16,77 EURAZEO...... 57,35 376,19 +0,70 56,95 PEUGEOT...... 44,89 294,46 – 0,58 45,15 Cours Cours % Var. sation ALCATEL O ...... 8,64 56,67 – 1,82 ... EURO DISNEY ...... w 0,77 5,05 ... 0,77 PINAULT-PRIN ...... w 127 833,07 – 0,70 127,90 International f en euros en francs veille Une se´ lection (1) VALEURS FRANCE ALSTOM ...... w 17,40 114,14 +2,47 16,98 EUROTUNNEL ...... w 0,79 5,18 +1,28 0,78 PLASTIC OMN...... w 61 400,13 – 1,45 61,90 ALTRAN TECHN .... w 50,10 328,63 – 1,76 51,00 FAURECIA...... w 57,35 376,19 +0,97 56,80 PROVIMI ...... w 15,52 101,80 – 0,06 15,53 ADECCO ...... ARBEL...... 3,95 25,91 – 1,25 ... F.F.P. (NY)...... PSB INDUSTRI...... 79,20 519,52 ...... AMERICAN EXP...... 32,78 215,02 ...... VALEURS FRANCE AREVA CIP ...... FIMALAC...... w 37,95 248,94 +1,44 37,41 PUBLICIS GR...... w 24,61 161,43 +0,04 24,60 AMVESCAP EXP...... b Le titre Vivendi Universal, qui avait pro- ATOS ORIGIN...... w 78,15 512,63 – 3,52 81,00 FINAXA ...... REMY COINTRE..... w 23,40 153,49 – 0,43 23,50 ANGLOGOLD LT ...... gressé la veille de 5,38 %, grâce à la publica- AVENTIS ...... w 80,90 530,67 – 1,04 81,75 FONC.LYON.#...... 27,49 180,32 +1,07 ... RENAULT ...... w 33,45 219,42 – 1,18 33,85 A.T.T. #...... 17 111,51 – 1,33 ... AXA ...... w 23,67 155,27 – 2,59 24,30 FRANCE TELEC ..... w 40,56 266,06 – 2,19 41,47 REXEL...... w 56,65 371,60 +3,56 54,70 BARRICK GOLD...... tion de résultats trimestriels meilleurs que BACOU DALLOZ ...... FROMAGERIES...... RHODIA ...... w 10,20 66,91 +7,37 9,50 COLGATE PAL...... prévu, était en baisse de 0,39 %, à 51,7 euros, BAIL INVESTI...... w ...... 123,50 GALERIES LAF ...... w 140 918,34 – 1,06 141,50 ROCHETTE (LA ...... CROWN CORK O.... 2,47 16,20 +20,49 ... er BAZAR HOT. V...... GAUMONT # ...... 30,87 202,49 +1,21 ... ROUGIER #...... 56,05 367,66 ...... DIAGO PLC...... jeudi 1 novembre, en début de séance. w w w b BEGHIN SAY ...... 38 249,26 ... 38,00 GECINA...... 84,10 551,66 – 0,83 84,80 ROYAL CANIN...... 131,60 863,24 – 0,38 132,10 DOW CHEMICAL...... L’action Alcatel, qui avait enregistré la BIC...... w 34,98 229,45 +2,55 34,11 GENERALE DE...... 16,50 108,23 +0,30 ... RUE IMPERIAL...... 1590 10429,72 – 1,27 ... DU PONT NEMO ... 43,45 285,01 – 3,44 ... veille la plus forte hausse des valeurs de l’in- BNP PARIBAS...... w 91,45 599,87 – 1,03 92,40 GEOPHYSIQUE...... w 43,90 287,97 +1,39 43,30 SADE (NY) ...... ECHO BAY MIN ...... 0,73 4,79 – 6,41 ... dice CAC 40 avec un gain de 6,82 %, était en BOLLORE...... w ...... 237,00 GFI INFORMAT ..... w 10,71 70,25 +0,09 10,70 SAGEM ADP...... ELECTROLUX ...... BOLLORE INV...... 51,15 335,52 – 0,87 ... GRANDVISION...... w 16,99 111,45 +0,83 16,85 SAGEM S.A...... w 51,40 337,16 – 0,68 51,75 ELF GABON...... recul de 2,8 %, à 16,3 euros, jeudi matin. BONGRAIN ...... 43,70 286,65 +4,05 ... GROUPE ANDRE... 120 787,15 – 2,04 ... SAINT-GOBAIN...... w 152,10 997,71 – 1,55 154,50 ERICSSON #...... w 4,77 31,29 ... 4,77 L’équipementier français de télécommuni- BOUYGUES ...... w 33,66 220,80 – 1 34,00 GROUPE GASCO ... 72 472,29 +0,56 ... SALVEPAR (NY ...... 48,11 315,58 – 5,67 ... FORD MOTOR #..... 17,70 116,10 ...... BOUYGUES OFF..... w 39,35 258,12 +1,29 38,85 GROUPE PARTO.... 60 393,57 +3,63 ... SANOFI SYNTH...... w 73 478,85 – 0,34 73,25 GENERAL ELEC ...... 40,48 265,53 – 1,39 ... cations a annoncé, mercredi, qu’il allait B T P (LA CI...... GR.ZANNIER ( ...... SCHNEIDER EL...... w 43,55 285,67 – 2,09 44,48 GENERAL MOTO.... 46,44 304,63 ...... essuyer en 2001 une perte nette d’environ BULL# ...... w 0,89 5,84 +1,14 0,88 GUYENNE GASC ... w 84,10 551,66 – 2,04 85,85 SCOR SVN ...... w 37,11 243,43 – 0,19 37,18 GOLD FIELDS...... 5 milliards d’euros et supprimer 10 000 nou- BURELLE (LY) ...... 50,75 332,90 ...... HAVAS ADVERT ..... w 8,21 53,85 – 0,48 8,25 S.E.B...... w 56,40 369,96 +0,71 56,00 HARMONY GOLD ...... BUSINESS OBJ ...... w 30,16 197,84 – 2,39 30,90 IMERYS ...... w 100 655,96 +1,32 98,70 SEITA...... 44,50 291,90 – 0,56 ... HITACHI # ...... 7,66 50,25 ...... veaux emplois en Europe. CANAL + ...... w 3,45 22,63 +0,88 3,42 IMMEUBLES DE ...... SELECTIBAIL(...... 15,50 101,67 +1,31 ... HSBC HOLDING .... w ...... 12,20 b Le cours de Bourse d’Alcatel Optronics CAP GEMINI...... w 61,45 403,09 – 1,68 62,50 IMMOBANQUE ..... 112,70 739,26 ...... SIDEL...... 50 327,98 ...... I.B.M...... w 118,40 776,65 – 2,31 121,20 s’inscrivait en repli de 1,82 %, à 8,64 euros, CARBONE-LORR.... w 30,89 202,63 ... 30,89 IM.MARSEILLA ...... SILIC...... 155,50 1020,01 ...... I.C.I...... CARREFOUR ...... w 56,75 372,26 – 0,18 56,85 INFOGRAMES E .... w 10,44 68,48 – 2,52 10,71 SIMCO...... w 76,20 499,84 – 0,97 76,95 ITO YOKADO # ...... 48,51 318,20 ...... jeudi en début de matinée. La filiale d’Alca- CASINO GUICH...... INGENICO ...... w 23,75 155,79 – 0,84 23,95 SKIS ROSSIGN ...... 13,80 90,52 +2,07 ... I.T.T. INDUS ...... tel spécialisée dans la fibre optique, a CASINO GUICH...... w 83,40 547,07 +0,30 83,15 ISIS...... w ...... 137,00 SOCIETE GENE ...... w 54,95 360,45 – 1,08 55,55 MATSUSHITA...... 13,59 89,14 – 0,07 ... w w w annoncé, mercredi, une perte nette de CASTORAMA DU ... 52,90 347 ... 52,90 JC DECAUX ...... 8,30 54,44 – 2,35 8,50 SODEXHO ALLI ...... 51,65 338,80 – 1,24 52,30 MC DONALD’S...... 29,42 192,98 +0,55 ... CEGID (LY) ...... 88,70 581,83 ...... KAUFMAN ET B..... w 15,04 98,66 – 0,07 15,05 SOGEPARC (FI ...... MERK AND CO...... 71,20 467,04 – 1,11 ... 9,9 millions d’euros au troisième trimestre CEREOL ...... w 27 177,11 +1,47 26,61 KLEPIERRE ...... w 102,90 674,98 – 0,10 103,00 SOPHIA ...... w ...... 30,88 MITSUBISHI C...... 8,40 55,10 – 1,18 ... 2001, contre 4,7 millions d’euros sur la CERESTAR...... w 30,86 202,43 – 0,13 30,90 L’OREAL...... w 75,70 496,56 – 1,30 76,70 SOPRA GROUP ...... w 39 255,82 +0,62 38,76 NESTLE SA #...... w 229,30 1504,11 – 0,82 231,20 CFF.RECYCLIN ...... 40,50 265,66 ...... LAFARGE ...... w 95,80 628,41 – 2,94 98,70 SPIR COMMUNI .... w 66 432,93 – 1,20 66,80 NORSK HYDRO...... même période de l’an dernier. Sur les neuf CGIP ...... w 30,50 200,07 +2,01 29,90 LAGARDERE ...... w 39,01 255,89 – 0,43 39,18 SR TELEPERFO ...... w 18,50 121,35 +1,09 18,30 PFIZER INC...... premiers mois de l’année, la société par- CHARGEURS...... LAPEYRE ...... w 44,50 291,90 – 4,20 46,45 SUCR.PITHIVI ...... 374 2453,28 +0,54 ... PHILIP MORRI ...... 51,60 338,47 – 1,53 ... vient toutefois à maintenir un résultat net CHRISTIAN DI...... w 28,79 188,85 – 0,52 28,94 LEBON (CIE) ...... SUEZ...... w 34,83 228,47 – 0,29 34,93 PROCTER GAMB .... 82,45 540,84 ...... CIC -ACTIONS ...... 122 800,27 +0,83 ... LEGRAND ORD. .... 139,10 912,44 – 1,35 ... TAITTINGER ...... 655 4296,52 +0,77 ... RIO TINTO PL...... positif de 20,3 millions d’euros. Les analys- CIMENTS FRAN ..... w ...... 43,96 LEGRAND ADP...... TECHNIP-COFL ..... w 128,10 840,28 +1,99 125,60 SCHLUMBERGER... 53,75 352,58 – 0,46 ... tes financiers de Fortis Securities restent CLARINS...... w 59,65 391,28 +0,08 59,60 LEGRIS INDUS ...... w ...... 19,10 TF1...... w 24,83 162,87 – 0,52 24,96 SEGA ENTERPR...... « fondamentalement prudents sur l’évolution CLUB MEDITER ..... w 33,85 222,04 – 3,23 34,98 LIBERTY SURF...... 2,63 17,25 ...... THALES ...... w 42,25 277,14 – 1,08 42,71 SHELL TRANSP ...... CNP ASSURANC .... w 34,40 225,65 ... 34,40 LOCINDUS...... THOMSON MULT . w 26,35 172,84 – 0,64 26,52 SONY CORP. # ...... w 41,31 270,98 – 1,71 42,03 future du marché des composants optiques » COFACE...... w 59 387,01 +0,94 58,45 LOUVRE #...... 58,70 385,05 +2,98 ... TOTAL FINA E ...... w 154,80 1015,42 – 0,77 156,00 T.D.K. # ...... et maintiennent leur recommandation d’al- COFLEXIP ...... w 194,20 1273,87 – 1,87 197,90 LVMH MOET HE.... w 38,50 252,54 – 1,71 39,17 TRANSICIEL # ...... w 29,31 192,26 +0,38 29,20 TOSHIBA #...... 4,20 27,55 +2,19 ... COLAS...... w 65,95 432,60 +1,70 64,85 MARINE WENDE... w 52,90 347 +3,73 51,00 UBI SOFT ENT ...... w 37,32 244,80 – 1,24 37,79 UNITED TECHO..... 59,10 387,67 +1,20 ... léger la valeur dans les portefeuilles avec un CONTIN.ENTRE...... MARIONNAUD P .. 50 327,98 – 0,99 ... UNIBAIL (POR...... w 57,75 378,82 +0,35 57,55 ZAMBIA COPPE...... objectif de cours de 7 euros par titre. CPR...... MATUSSIERE F...... 8,08 53 +1 ... UNILOG ...... w 60,50 396,85 ... 60,50 ...... CRED.FON.FRA...... MAUREL ET PR...... USINOR...... w 11,47 75,24 – 1,97 11,70 ...... CREDIT LYONN ..... w 38,71 253,92 – 0,41 38,87 METALEUROP ...... 3,27 21,45 – 0,91 ... VALEO ...... w 37,70 247,30 – 0,79 38,00 CS COM.ET SY...... 8,60 56,41 ...... MICHELIN ...... w 34,30 224,99 – 0,09 34,33 VALLOUREC ...... w 52,10 341,75 +2,06 51,05 ABRE´VIATIONS DAMART ...... 79,95 524,44 +3,16 ... MONTUPET SA...... 9,99 65,53 – 0,10 ... VICAT...... 63 413,25 +3,28 ... ´ B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes. PREMIER MARCHE DANONE...... w 127,40 835,69 – 0,86 128,50 MOULINEX ...... VINCI...... w 66,20 434,24 – 1,19 67,00 ______– w w – DASSAULT-AVI...... 300,10 1968,53 1,57 ... NATEXIS BQ P ...... 95,30 625,13 ... 95,30 VIVENDI ENVI...... 42,50 278,78 0,49 42,71 SYMBOLES DASSAULT SYS...... w 43,69 286,59 – 1,51 44,36 NEOPOST ...... w 32,71 214,56 – 0,88 33,00 VIVENDI UNIV ...... w 51,15 335,52 – 1,45 51,90 er 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; JEUDI 1 NOVEMBRE Cours a` 9h57 DEV.R.N-P.CA...... 15 98,39 – 1,32 ... NEXANS...... w 18,40 120,70 +2,22 18,00 WANADOO...... w 4,79 31,42 +0,84 4,75 a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; DEVEAUX(LY)# ...... 57,25 375,54 +0,09 ... NORBERT DENT ...... WORMS (EX.SO...... 16,95 111,18 ...... o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ; Dernier jour de ne´ gociation des OSRD : 26 novembre + w + DMC (DOLLFUS..... 7,52 49,33 1,76 ... NORD-EST...... ZODIAC...... 179 1174,16 1,59 176,20 d cours pre´ce´dent ; w_Valeur pouvant be´ne´ficier du service w + DYNACTION ...... NRJ GROUP...... 16,70 109,54 2,45 16,30 ...... ` ´ ´ Compen- w w de reglement differe. Cours Cours % Var. EIFFAGE ...... 66,75 437,85 +0,23 66,60 OBERTHUR CAR.... 7,09 46,51 +5,35 6,73 ...... sation France f en euros en francs veille ELECT.MADAGA ...... OLIPAR...... DERNIE`RE COLONNE PREMIER MARCHE´ (1) : (1) ELIOR ...... w 7,01 45,98 – 0,43 7,04 ORANGE ...... w 8,95 58,71 – 0,56 9,00 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : ACCOR ...... w 34,24 224,60 – 1,81 34,87 ENTENIAL(EX...... 27,86 182,75 +3,19 ... OXYG.EXT-ORI...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement AFFINE...... a 35,70 234,18 ...... ERAMET ...... w 28,30 185,64 +0,04 28,29 PECHINEY ACT...... w 50,10 328,63 – 1,76 51,00 ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ; AGF ...... w 52 341,10 +1,36 51,30 ESSILOR INTL ...... w 31,29 205,25 +0,64 31,09 PECHINEY B P ...... Vendredi date´ samedi : nominal. AIR FRANCE G ...... w 12,48 81,86 – 2,50 12,80 ESSO ...... 81 531,33 +0,68 ... PENAUILLE PO...... w 27,92 183,14 – 0,07 27,94 ......

CHEMUNEX ...... 0,32 2,10 +10,34 GUILLEMOT # ...... 15,99 104,89 – 0,37 NET2S # ...... 5,50 36,08 +2,04 GEODIS...... d 24,70 162,02 ... CMT MEDICAL ..... 10,99 72,09 – 9,17 GUYANOR ACTI .... 0,20 1,31 +11,11 NETGEM...... w 2,47 16,20 +2,92 GFI INDUSTRI...... 17,72 116,24 ... NOUVEAU COALA # ...... d 13,18 86,46 ... GENESYS BS00...... d 1,89 12,40 ... NETVALUE # ...... 1,24 8,13 – 2,36 SECOND GRAND MARNIE .. d 7400 48540,82 ... COHERIS ATIX...... 10,10 66,25 – 3,81 HF COMPANY ...... 38,50 252,54 – 1,03 NEURONES #...... 3,68 24,14 +1,10 ______GROUPE BOURB... d 48 314,86 ... ´ COIL...... 14 91,83 ... HIGH BON DE ...... d 2,50 16,40 ... NICOX #...... 50,05 328,31 – 1,86 GROUPE CRIT ...... 13,80 90,52 – 0,58 MARCHE CION ET SYS...... 1,56 10,23 – 0,64 HIGH CO.#...... 88,30 579,21 +1,49 OLITEC...... 8,50 55,76 +0,12 ´ GROUPE J.C.D...... 143 938,02 ... CONSODATA ...... 7 45,92 ... HIGHWAVE OPT ... w 3,43 22,50 +3,31 OPTIMS # ...... 1,49 9,77 – 0,67 MARCHE HERMES INTL...... w 142,70 936,05 +1,06 MERCREDI 31 OCTOBRE CONSODATA NV.. d 19,50 127,91 ... HIMALAYA ...... 1,18 7,74 +7,27 OXIS INTL RG ...... 0,17 1,12 ... HYPARLO #(LY ...... 32 209,91 – 1,54 CONSORS FRAN .. 2,35 15,41 +9,30 HI MEDIA ...... 0,60 3,94 ... PERF.TECHNO...... d 0,01 0,07 ... JEUDI 1er NOVEMBRE IMS(INT.META ...... 7,50 49,20 – 1,32 Une se´ lection. Cours releve´sa` 18 h 16 CROSS SYSTEM.... 1,25 8,20 – 3,85 HOLOGRAM IND.. 4,32 28,34 – 2,26 PERFECT TECH .... 3,71 24,34 – 2,37 INTER PARFUM .... 61 400,13 ... CRYO # ...... 3,18 20,86 +3,58 HUBWOO.COM ..... 1,70 11,15 +0,59 PHARMAGEST I.... 9,70 63,63 – 4,90 Une se´ lection. Cours releve´ sa` 9h57 JET MULTIMED .... 15,30 100,36 – 1,29 CRYONETWORKS. d 1,10 7,22 ... IB GROUP.COM .... 2,48 16,27 +18,66 PHONE SYS.NE..... 2,67 17,51 ... LAURENT-PERR .... 21,85 143,33 +0,05 Cours Cours % Var. CYBERDECK # ...... 0,72 4,72 – 8,86 IDP ...... 1,08 7,08 ... PICOGIGA...... 4,09 26,83 +4,87 Cours Cours % Var. LDC ...... 95 623,16 +1,06 Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille CYBER PRES.P ...... 10,65 69,86 ... IDP BON 98 (...... d 1,07 7,02 ... PROLOGUE SOF ... 4,82 31,62 +2,55 LECTRA (B) #...... 3,40 22,30 +6,25 A NOVO # ...... w 15 98,39 +4,09 CYBERSEARCH ..... 1,96 12,86 – 1,01 IGE +XAO ...... 8,78 57,59 – 0,23 PROSODIE #...... 32,30 211,87 – 2,12 AB GROUPE ...... 19,40 127,26 – 4,34 LOUIS DREYFU ..... d 14 91,83 ... AB SOFT ...... 9,64 63,23 ... CYRANO #...... d ...... ILOG #...... 8,93 58,58 +9,57 PROSODIE BS ...... d 8,46 55,49 ... ACTIELEC TEC ...... 4,40 28,86 ... LVL MEDICAL...... 18,10 118,73 +2,84 ABEL GUILLEM..... 6,80 44,61 ... D INTERACTIV ..... 0,92 6,03 – 2,13 IMECOM GROUP.. 1,55 10,17 +17,42 JEAN CLAUDE...... 0,91 5,97 +1,11 ALGECO #...... 73,80 484,10 ... M6-METR.TV A...... w 23 150,87 ... ACCESS COMME .. 4,60 30,17 +2,22 DIREKT ANLAG .... 11,71 76,81 +4,55 INFOSOURCES...... 0,65 4,26 ... QUALIFLOW ...... 4,74 31,09 +5,33 ALTEDIA...... 31,95 209,58 +3,06 MANITOU #...... 57,20 375,21 +1,06 ACTEOS ...... 2,35 15,41 +2,17 DIREKT ANLAG .... 9,80 64,28 +2,51 INFOTEL # ...... 28 183,67 – 1,06 QUANTEL ...... 4,70 30,83 – 1,05 ALTEN (SVN) ...... w 12,55 82,32 – 2,71 MANUTAN INTE... d 30,12 197,57 ... ADL PARTNER ...... 10,42 68,35 – 0,38 DALET # ...... 1,40 9,18 – 6,67 INFO VISTA ...... 3,60 23,61 +8,11 R2I SANTE...... 4,55 29,85 ... APRIL S.A.#( ...... 18 118,07 ... PARC DES EXP ...... d 117 767,47 ... ALDETA ...... d 3,20 20,99 ... DATASQUARE #.... 2,33 15,28 ... INTEGRA...... w 1,30 8,53 +3,17 R2I SANTE BO ...... d 0,02 0,13 ... ARKOPHARMA # .. 44,50 291,90 +0,07 PCAS #...... 22 144,31 ... ALGORIEL #...... 3,65 23,94 – 2,67 DESK #...... d 0,89 5,84 ... INTEGRA ACT...... RECIF # ...... 12,60 82,65 +7,42 ASSYSTEM # ...... 43,60 286 – 1,80 PETIT FOREST...... 44,50 291,90 +0,68 ALPHA MOS #...... 3,04 19,94 – 1,94 DEVOTEAM #...... w 19,18 125,81 +0,10 INTERACTIF B...... d 0,15 0,98 ... REGINA RUBEN ... 0,29 1,90 +7,41 AUBAY ...... 4,31 28,27 – 0,92 PIERRE VACAN...... 56,80 372,58 ... ALPHA MOS BO.... d 0,29 1,90 ... DMS #...... 11,50 75,44 – 4,17 INTERACTIF B...... d 0,30 1,97 ... REPONSE # ...... 10 65,60 – 4,76 BENETEAU #...... 61,05 400,46 +0,16 PINGUELY HAU .... w 8,84 57,99 – 2,32 ALPHAMEDIA ...... d 0,52 3,41 ... DURAN DUBOI .... 9,31 61,07 – 2,10 INTERCALL #...... 0,45 2,95 +4,65 RIBER #...... 3,70 24,27 +2,78 BOIRON (LY)#...... 78,10 512,30 +0,19 POCHET...... d 110 721,55 ... ALTAMIR & CI ...... 79,80 523,45 – 0,75 DURAND ALLIZ.... 0,30 1,97 ... IPSOS # ...... w 60 393,57 – 1,40 RIGIFLEX INT...... 16,98 111,38 +8,15 BONDUELLE...... 47,30 310,27 ... RADIALL # ...... d 66 432,93 ... ALTI #...... 6,95 45,59 – 0,71 DURAN BS 00 ...... 0,10 0,66 – 33,33 IPSOS BS00...... 1,37 8,99 – 16,97 RISC TECHNOL .... 7,95 52,15 – 3,75 BQUE TARNEAU... d 79,90 524,11 ... RALLYE (LY)...... w 49,82 326,80 +0,24 ARTPRICE COM.... 3,68 24,14 – 0,27 EFFIK # ...... 22 144,31 +4,76 IT LINK...... 2,78 18,24 – 2,11 SAVEURS DE F...... 8,60 56,41 – 1,15 BRICORAMA # ...... 44,10 289,28 +0,25 RODRIGUEZ GR ... w 49 321,42 – 1,41 ASTRA ...... 0,46 3,02 – 8 EGIDE #...... 72,30 474,26 +7,83 ITESOFT...... 1,35 8,86 – 2,88 SELF TRADE...... 2,65 17,38 +0,38 BRIOCHE PASQ .... 64,05 420,14 +3,64 SABATE-DIOSO ..... 13 85,27 – 2,99 AUFEMININ.CO.... 1,22 8 +7,96 EMME NV ...... 13,75 90,19 – 1,79 IXO...... 0,61 4 +7,02 SITICOM GROU.... 4,40 28,86 – 2,22 BUFFALO GRIL..... d 8 52,48 ... SECHE ENVIRO ..... 62,50 409,97 – 3,85 AUTOMA TECH .... 2,50 16,40 – 1,96 ESI GROUP ...... 7,79 51,10 – 1,39 INFOSOURCE B .... d 1,45 9,51 ... SODITECH ING .... 3,98 26,11 ... C.A. OISE CC ...... d 91,30 598,89 ... SINOP.ASSET...... d 27,50 180,39 ... AVENIR TELEC...... d 0,15 0,98 ... ESKER...... 5,25 34,44 – 2,78 KALISTO ENTE...... d 1,35 8,86 ... SOFT COMPUTI.... 3,18 20,86 +0,95 C.A. PARIS I...... d 67,40 442,12 ... SIPAREX CROI ...... d 27,90 183,01 ... AVENIR TELEC...... w 1,54 10,10 +6,21 EUROFINS SCI...... 15,05 98,72 +3,22 ORCHESTRA KA .... 0,75 4,92 – 8,54 SOI TEC SILI...... w 14,80 97,08 – 1,20 C.A.PAS CAL...... 140 918,34 +2,64 SOLERI ...... d 189 1239,76 ... BAC MAJESTIC...... 1,90 12,46 ... EURO.CARGO S.... 11,99 78,65 – 0,08 KEYRUS PROGI ..... 0,73 4,79 – 8,75 SOLUCOM ...... 30 196,79 +3,99 CDA-CIE DES...... d 50 327,98 ... SOLVING #...... 54 354,22 – 1,82 BARBARA BUI ...... 11,75 77,07 ... FI SYSTEM # ...... w 2,07 13,58 +6,70 LA COMPAGNIE.... 5,50 36,08 ... SQLI ...... 1,04 6,82 – 0,95 CEGEDIM #...... 49 321,42 +0,41 STEF-TFE # ...... 57,90 379,80 ... BCI NAVIGATI...... 4,50 29,52 – 7,22 FIMATEX # ...... w 2,71 17,78 – 0,37 TETE DS LES ...... 1,15 7,54 – 9,45 STACI # ...... 1,13 7,41 +7,62 CIE FIN.ST-H ...... d 122 800,27 ... STERIA GROUP ..... 28,27 185,44 +0,07 BELVEDERE...... 20,20 132,50 +3,06 FLOREANE MED .. 6,50 42,64 ... LEXIBOOK # S...... 16,50 108,23 – 2,37 STELAX...... 0,52 3,41 – 8,77 CNIM #...... 48,01 314,92 +0,02 SYLEA ...... d 40,91 268,35 ... BOURSE DIREC .... 2,30 15,09 +1,32 FI SYSTEM BS...... d 0,04 0,26 ... LINEDATA SER...... 17,40 114,14 +2,35 SYNELEC # ...... 10,90 71,50 – 0,91 COFITEM-COFI..... d 59,60 390,95 ... SYLIS # ...... 20,99 137,69 – 0,05 BRIME TECHN...... d 0,20 1,31 ... GAMELOFT COM . 0,78 5,12 ... LYCOS EUROPE..... 0,81 5,31 +2,53 SYSTAR # ...... 3,52 23,09 – 4,86 DANE-ELEC ME.... 1,49 9,77 – 0,67 SYNERGIE (EX ...... d 27,50 180,39 ... BRIME TECHNO... 31,50 206,63 +10,29 GAUDRIOT #...... 30,50 200,07 – 1,61 LYCOS FRANCE..... 1,75 11,48 +2,94 SYSTRAN ...... 1,45 9,51 – 2,68 ETAM DEVELOP ... 9,10 59,69 – 1,09 TEAM PARTNER ... 4,15 27,22 ... BUSINESS ET ...... 8,50 55,76 – 3,30 GENERIX # ...... 15,05 98,72 – 0,40 MEDCOST #...... 1,35 8,86 +3,85 SOI TEC BS 0...... d 3,70 24,27 ... EUROPEENNE C... 35,95 235,82 ... TRIGANO...... w 23,89 156,71 +2,18 BUSINESS INT ...... 1,41 9,25 +1,44 GENESYS #...... 14,98 98,26 – 0,53 MEDIDEP #...... 18,36 120,43 – 5,60 TELECOM CITY..... 2,27 14,89 +5,09 EXPAND S.A...... d 55,50 364,06 ... UNION FIN.FR...... d 34,80 228,27 ... BVRP ACT.DIV...... w 6,53 42,83 +5,32 GENSET...... w 5,86 38,44 +3,72 MEMSCAP ...... 2,17 14,23 +1,40 TEL.RES.SERV...... 2,41 15,81 – 13,93 FINATIS(EX.L ...... d 118 774,03 ... VILMOR.CLAUS ..... 69,50 455,89 – 2,93 CAC SYSTEMES..... d 3 19,68 ... GENUITY INC...... 1,44 9,45 – 3,36 METROLOGIC G ... 37,95 248,94 +5,12 THERMATECH I.... 9,90 64,94 ... FININFO...... 33 216,47 +3,13 VIRBAC...... 93,05 610,37 +0,05 CALL CENTER...... 9 59,04 ... GL TRADE #...... 40,35 264,68 – 1,82 MICROPOLE UN ... 3,50 22,96 – 2,78 TISCALI SPA ...... 7,86 51,56 +4,80 FLEURY MICHO ... 22 144,31 +0,09 ...... CARRERE GROU... 17,39 114,07 ... GPE ENVERG.C..... 0,91 5,97 +7,06 MILLIMAGES...... 7,76 50,90 – 6,62 TITUS INTERA ...... d 3,31 21,71 ... FOCAL GROUPE ... 47,05 308,63 – 1,57 ...... CAST ...... 3,25 21,32 +25,97 SILICOMP # ...... 22,36 146,67 +0,27 MONDIAL PECH ... 5,49 36,01 – 1,79 TITUS INTER...... d 1,30 8,53 ... GECI INTL...... 9,20 60,35 – 0,54 ...... CEREP...... 17,98 117,94 +6,08 GUILLEMOT BS.... 7 45,92 +9,38 NATUREX...... 16 104,95 ... TRACING SERV..... 16,19 106,20 – 3,34 GENERALE LOC.... 12,35 81,01 – 0,40 ......

E´CUR. MONE´TAIRE C ...... 223,69 1467,31 01/11 CIC ECOCIC ...... 346,67 2274,01 31/10 CM MONDE ACTIONS...... 292,58 1919,20 31/10 POSTE GESTION C...... 2616,03 17160,03 01/11 E´CUR. MONE´TAIRE D...... 192,90 1265,34 01/11 CIC ELITE EUROPE...... 122,35 802,56 31/10 CM OBLIG. LONG TERME .... 110,73 726,34 31/10 POSTE GESTION D ...... 2319,07 15212,10 01/11 SICAV et FCP E´CUR. OBLIG. INTERNAT. D. 181,63 1191,41 01/11 CIC EUROLEADERS ...... 354,93 2328,19 31/10 CM OPTION DYNAM...... 29,50 193,51 31/10 POSTE PREMIE`RE...... 7105,74 46610,60 01/11 E´CUR. TECHNOLOGIES C ..... 34,58 226,83 01/11 CIC FRANCE C ...... 32,75 214,83 31/10 CM OPTION E´QUIL...... 53,53 351,13 31/10 POSTE PREMIE`RE 1 AN ...... 42641,65 279710,89 01/11 E´CUR. TRIMESTRIEL D ...... 281,36 1845,60 01/11 CIC FRANCE D...... 32,75 214,83 31/10 CM OBLIG. COURT TERME .. 166,10 1089,54 31/10 POSTE PREMIE`RE 2-3 ...... 9314,34 61098,07 01/11 Une se´ lection. Cours de cloˆ ture le 31 octobre E´PARCOURT-SICAV D ...... 28,69 188,19 01/11 CIC HORIZON C...... 68,64 450,25 31/10 CM OBLIG. MOYEN TERME.. 347,50 2279,45 31/10 PRIMIEL EURO C ...... 43,27 283,83 25/09 GE´OPTIM C ...... 2366,55 15523,55 01/11 CIC HORIZON D ...... 66,19 434,18 31/10 CM OBLIG. QUATRE...... 167,99 1101,94 31/10 REVENUS TRIMESTRIELS ..... 803,33 5269,50 01/11 Fonds communs de placements CIC MENSUEL...... 1437,20 9427,41 31/10 Fonds communs de placements SOLSTICE D...... 366,76 2405,79 01/11 e CIC MONDE PEA...... 26,18 171,73 30/10 ´ E´metteurs f Valeurs unitaires Date E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... 37,36 245,07 01/11 CM OPTION MODE´RATION . 19,42 127,39 31/10 THESORA C ...... 191,67 1257,27 01/11 Euros francs ee cours E´CUREUIL PRUDENCE C ...... 34,68 227,49 01/11 CIC OBLI COURT TERME C .. 24,78 162,55 31/10 THE´SORA D...... 160 1049,53 01/11 E´CUREUIL VITALITE´ C ...... 39,10 256,48 01/11 CIC OBLI COURT TEME D.... 19,67 129,03 31/10 ASSET MANAGEMENT TRE´SORYS C...... 47434,25 311148,28 01/11 CIC OBLI LONG TERME C .... 15,75 103,31 31/10 AGIPI Fonds communs de placements CIC OBLI LONG TERME D.... 15,55 102 31/10 ´ 08 36 68 56 55 AMERIQUE 2000 ...... 118,84 779,54 31/10 ´ AGIPI AMBITION (AXA) ...... 24,73 162,22 31/10 CIC OBLI MONDE ...... 401,22 2631,83 26/10 DEDIALYS FINANCE ...... 76,62 502,59 01/11 (2,21 F/mn) ASIE 2000...... 63,15 414,24 31/10 ´ AGIPI ACTIONS (AXA)...... 24,23 158,94 31/10 CIC OR ET MAT...... 99,82 654,78 31/10 DEDIALYS MULTI-SECTEURS 60,65 397,84 01/11 ATOUT CROISSANCE D...... 317,53 2082,86 31/10 NOUVELLE EUROPE ...... 200,55 1315,52 31/10 ´ ´ CIC ORIENT ...... 135,42 888,30 31/10 ´ DEDIALYS SANTE ...... 94,58 620,40 01/11 ATOUT EUROPE C ...... 482,07 3162,17 31/10 SAINT-HONORE CAPITAL C . 3696,21 24245,55 31/10 ´ 3615 BNP CIC PIERRE ...... 32,90 215,81 31/10 DEDIALYS TECHNOLOGIES .. 25,49 167,20 03/10 ATOUT FRANCE C...... 182,53 1197,32 31/10 SAINT-HONORE´ CAPITAL D . 3389,20 22231,69 31/10 08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) DE´DIALYS TELECOM ...... 43,31 284,09 01/11 Fonds communs de placements ST-HONORE´ CONVERTIBLES 331,64 2175,42 31/10 ATOUT FRANCE D ...... 165,40 1084,95 31/10 POSTE EUROPE C ...... 94,60 620,54 01/11 ATOUT FRANCE ASIE D ...... 72,71 476,95 31/10 ´ ´ ´ ST-HONORE´ FRANCE...... 53,41 350,35 31/10 BNP MONE´ COURT TERME.. 2495,63 16370,26 01/11 CIAL PEA SERENITE ...... 844,21 5537,65 26/10 POSTE EUROPE D...... 90,23 591,87 01/11 ST-HONORE´ PACIFIQUE...... 83,10 545,10 31/10 BNP MONE´ PLACEMENT C .. 13686,29 89776,18 01/11 ATOUTFRANCEEUROPED.. 164,87 1081,48 31/10 CIC EUROPEA C ...... 9,80 64,28 31/10 ` ST-HONORE´ TECH. MEDIA .. 94,53 620,08 31/10 POSTE PREMIERE 8 ANS C ... 204,85 1343,73 01/11 BNP MONE´ PLACEMENT D.. 11949,44 78383,19 01/11 ATOUT FRANCE MONDE D .. 41,61 272,94 31/10 CIC EUROPEA D...... 9,54 62,58 31/10 ` ST-HONORE´ VIE SANTE´ ...... 362,24 2376,14 31/10 POSTE PREMIERE 8 ANS D... 188,05 1233,53 01/11 BNP MONE´ TRE´SORERIE ..... 77984,02 511541,64 01/11 ATOUT MONDE C...... 49,41 324,11 31/10 CIC EURO OPPORTUNITE´ .... 419,71 2753,12 31/10 ´ ST-HONORE´ WORLD LEAD. . 87,65 574,95 31/10 REMUNYS PLUS ...... 103,02 675,77 01/11 BNP OBLI. CT...... 167,70 1100,04 01/11 ATOUT SELECTION D ...... 98,41 645,53 31/10 CIC GLOBAL C...... 230,92 1514,74 31/10 WEB INTERNATIONAL ...... 23,28 152,71 31/10 BNP OBLI. LT ...... 35 229,58 01/11 CAPITOP EUROBLIG C...... 102,74 673,93 31/10 CIC GLOBAL D ...... 230,92 1514,74 31/10 SG ASSET MANAGEMENT ANTIN OBLI. MT C ...... 156,18 1024,47 01/11 CAPITOP EUROBLIG D...... 84,76 555,99 31/10 CIC HIGH YIELD ...... 102,76 674,06 10/07 Serveur vocal : ANTIN OBLI. MT D...... 143,34 940,25 01/11 CAPITOP MONDOBLIG C...... 45,92 301,22 31/10 CIC JAPON ...... 8,31 54,51 30/10 LEGAL & GENERAL BANK 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) ANTIN OBLI. SPREADS C...... 190,10 1246,97 01/11 CAPITOP REVENUS D ...... 175,33 1150,09 31/10 CIC MARCHE´SE´MERGENTS 986,51 6471,08 26/10 ` CADENCE 1 D...... 158,19 1037,66 31/10 KLEBER EURO SOUVERAIN C 1985,62 13024,81 01/11 DIEZE C...... 430,08 2821,14 31/10 CIC NOUVEAU MARCHE´ ...... 4,83 31,68 31/10 STRATE´GIE IND. EUROPE .... 183,18 1201,58 30/10 INDICIA EUROLAND D ...... 102,21 670,45 30/10 22,26 146,02 30/10 CADENCE 2 D...... 157,76 1034,84 31/10 Fonds communs de placements CIC PROFIL DYNAMIQUE..... Fonds communs de placements INDICIA FRANCE D ...... 345,01 2263,12 30/10 CIC PROFIL E´QUILIBRE...... 17,99 118,01 30/10 CADENCE 3 D...... 156,11 1024,01 31/10 BNP MONE´ ASSOCIATIONS.. 1828,42 11993,65 30/10 ´ INDOCAM AME´RIQUE C...... 37,49 245,92 31/10 CIC PROFIL TEMPE´RE´...... 134,05 879,31 30/10 STRATEGIE CAC ...... 5488,03 35999,12 30/10 CONVERTIS C ...... 223,97 1469,15 31/10 ´ INDOCAM ASIE C ...... 16,90 110,86 31/10 CIC TAUX VARIABLES...... 196,63 1289,81 26/10 STRATEGIE INDICE USA...... 8485,78 55663,07 30/10 INTEROBLIG C ...... 60,26 395,28 30/10 BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT ´ INDOCAM FRANCE C ...... 314,72 2064,43 31/10 CIC TECHNO. COM...... 68,40 448,67 31/10 INTERSELECTION FR. D...... 69,44 455,50 31/10 www.lapostefinance.fr ´ ´ www.bpam.fr 01 58 19 40 00 INDOCAM FRANCE D...... 258,69 1696,90 31/10 CIC USA ...... 16,90 110,86 31/10 Sicav Info Poste : SELECT DEFENSIF C...... 192,69 1263,96 31/10 ´ BP OBLI HAUT REND...... 104,26 683,90 30/10 INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 187,73 1231,43 31/10 CIC VAL. NOUVELLES...... 259,08 1699,45 31/10 08 92 68 50 10 (2,21 F/mn) SELECT DYNAMIQUE C ...... 228,80 1500,83 31/10 BP MEDITERRANE´EDE´V...... 57,32 375,99 30/10 Fonds communs de placements SE´LECT E´QUILIBRE 2...... 163,92 1075,24 31/10 ´ ADDILYS C ...... 107,03 702,07 01/11 ´ 136,80 BP NOUVELLE ECONOMIE ... 82,33 540,05 30/10 ATOUT VALEUR D...... 73,63 482,98 30/10 www.clamdirect.com SELECT PEA DYNAMIQUE .... 897,35 31/10 ADDILYS D...... 106,18 696,50 01/11 ´ BP OBLIG. EUROPE ...... 53 347,66 31/10 CAPITOP MONE´TAIRE C...... 192,07 1259,90 02/11 SELECT PEA 1 ...... 199,64 1309,55 31/10 ´ ´ AMPLITUDE AME´RIQUE C.... 23,42 153,63 01/11 BP SECURITE...... 103081,73 676171,82 31/10 CAPITOP MONE´TAIRE D...... 189,27 1241,53 02/11 EURCO SOLIDARITE´...... 233,90 1534,28 31/10 SG FRANCE OPPORT. C...... 392,94 2577,52 31/10 AMPLITUDE AME´RIQUE D ... 22,69 148,84 01/11 CYCLEO EUROPE CYCLIQUE. 100,52 659,37 30/10 INDOCAM FONCIER...... 89,50 587,08 31/10 LION 20000 C/3 11/06/99 ...... 490,56 3217,86 31/10 SG FRANCE OPPORT. D...... 367,92 2413,40 31/10 AMPLITUDE EUROPE C...... 30,40 199,41 01/11 CYCLEO EUROPE CROISSAN 101,89 668,35 30/10 INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 247,45 1623,17 30/10 LION 20000 D/3 11/06/99 ...... 428,27 2809,27 31/10 SOGENFRANCE C ...... 425,01 2787,88 31/10 ´ AMPLITUDE EUROPE D...... 29,12 191,01 01/11 CYCLEO EUROPE DEFENSIV. 98,65 647,10 30/10 MASTER ACTIONS C...... 39,04 256,09 29/10 SICAV 5000 ...... 147,28 966,09 31/10 SOGENFRANCE D...... 383 2512,32 31/10 AMPLITUDE FRANCE ...... 79,08 518,73 01/11 EUROACTION MIDCAP...... 116,63 765,04 31/10 MASTER DUO C...... 13,84 90,78 29/10 SLIVAFRANCE ...... 252,85 1658,59 31/10 SOGEOBLIG C...... 115,40 756,97 31/10 AMPLITUDE MONDE C ...... 210,83 1382,95 01/11 FRUCTI EURO 50 ...... 90,85 595,94 31/10 MASTER OBLIGATIONS C ..... 30,81 202,10 29/10 SLIVARENTE...... 40,15 263,37 31/10 SOGE´PARGNE D...... 44,78 293,74 31/10 AMPLITUDE MONDE D...... 189,11 1240,48 01/11 FRUCTIFRANCE C ...... 74,51 488,75 31/10 MASTER PEA D...... 11,68 76,62 29/10 SLIVINTER ...... 141,83 930,34 31/10 SOGEPEA EUROPE...... 200,77 1316,96 31/10 AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 14,92 97,87 01/11 FRUCTIFONDS FRANCE NM 150,83 989,38 31/10 OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 17,79 116,69 30/10 TRILION...... 746,74 4898,29 31/10 SOGINTER C...... 48,25 316,50 31/10 AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 14,25 93,47 01/11 OPTALIS DYNAMIQ. D...... 16,68 109,41 30/10 www.cdcixis-am.fr Fonds communs de placements E´LANCIEL EURO D PEA ...... 90,73 595,15 01/11 Fonds communs de placements OPTALIS E´QUILIB. C ...... 18,34 120,30 30/10 ACTILION DYNAMIQUE C.... 172,29 1130,15 31/10 E´LANCIEL FRANCE D PEA .... 37,72 247,43 01/11 DE´CLIC ACTIONS EURO ...... 14,41 94,52 30/10 OPTALIS E´QUILIB. D...... 16,69 109,48 30/10 ACTILION DYNAMIQUE D.... 162,28 1064,49 31/10 E´MERGENCE E.POST.D PEA . 28,44 186,55 01/11 DE´CLIC ACTIONS FRANC ..... 48,43 317,68 30/10 OPTALIS EXPANSION C ...... 14,03 92,03 30/10 ACTILION PEA DYNAMIQUE 63,52 416,66 31/10 GE´OBILYS C ...... 124,27 815,16 01/11 DE´CLIC ACTIONS INTER...... 29,78 195,34 31/10 MULTI-PROMOTEURS OPTALIS EXPANSION D...... 13,69 89,80 30/10 ACTILION E´QUILIBRE C ...... 172,39 1130,80 31/10 GE´OBILYS D...... 113,31 743,26 01/11 DE´CLIC BOURSE PEA...... 48,68 319,32 30/10 LIVRET BOURSE INVEST...... 179,24 1175,74 29/10 OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... 17,85 117,09 30/10 ACTILION E´QUILIBRE D...... 161,18 1057,27 31/10 INTENSYS C ...... 20,77 136,24 01/11 DE´CLIC BOURSE E´QUILIBRE 16,12 105,74 30/10 NORD SUD DE´VELOP. C...... 527,67 3461,29 29/10 OPTALIS SE´RE´NITE´ D ...... 15,68 102,85 30/10 ACTILION PEA E´QUILIBRE ... 162,06 1063,04 31/10 INTENSYS D...... 17,65 115,78 01/11 DE´CLIC OBLIG. EUROPE...... 17,74 116,37 30/10 NORD SUD DE´VELOP. D ...... 407,23 2671,25 29/10 PACTE SOL. LOGEM...... 79,69 522,73 30/10 ACTILION PRUDENCE C ...... 173,93 1140,91 31/10 KALEIS DYNAMISME C...... 210,76 1382,49 01/11 DE´CLIC PEA EUROPE...... 22,23 145,82 30/10 PACTE SOL.TIERS MONDE.... 84,76 555,99 30/10 Sicav en ligne : ACTILION PRUDENCE D...... 162,08 1063,18 31/10 KALEIS DYNAMISME D ...... 204,98 1344,58 01/11 DE´CLIC SOGENFR. TEMPO... 55,26 362,48 30/10 08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) INTERLION ...... 236,83 1553,50 31/10 KALEIS DYN. FRANCE C PEA 77,01 505,15 01/11 FAVOR ...... 281,45 1846,19 31/10 ´ E´CUR. 1,2,3... FUTUR D...... 47,09 308,89 01/11 www.cic-am.com LION ACTION EURO ...... 82,62 541,95 31/10 KALEIS EQUILIBRE C...... 199,70 1309,95 01/11 SOGESTION C...... 46,61 305,74 30/10 ´ E´CUR. ACTIONS EUROP. C ... 16,49 108,17 01/11 LION PEA EURO...... 84,23 552,51 31/10 KALEIS EQUILIBRE D...... 193,46 1269,01 01/11 SOGINDEX FRANCE C ...... 489,51 3210,98 30/10 ´ ´ ´ E´CUR. ACTIONS FUTUR D.... 59,34 389,24 01/11 CIC CAPIRENTE MT C...... 36,25 237,78 31/10 KALEIS SERENITE C...... 190,42 1249,07 01/11 ...... ´ ´ ´ E´CUR. CAPITALISATION C.... 45,07 295,64 01/11 CIC CAPIRENTE MT D ...... 27,22 178,55 31/10 KALEIS SERENITE D ...... 184,07 1207,42 01/11 ...... ´ E´CUR. DYNAMIQUE+ DPEA. 39,90 261,73 01/11 CIC AMERIQUE LATINE ...... 88,27 579,01 31/10 KALEIS TONUS C PEA...... 66,07 433,39 01/11 ...... ´ ´ E´CUR. E´NERGIE D PEA...... 41,51 272,29 01/11 CIC CONVERTIBLES...... 5,37 35,22 31/10 CM EURO PEA...... 20,19 132,44 31/10 LIBERTESETSOLIDARITE.... 103,51 678,98 01/11 ...... E´CUR. EXPANSION C...... 14755,10 96787,11 01/11 CIC COURT TERME C ...... 34,17 224,14 31/10 CM EUROPE TECHNOL...... 4,03 26,44 31/10 OBLITYS C...... 115,77 759,40 01/11 ...... E´CUR. EXPANSIONPLUS C.... 42,19 276,75 30/10 CIC COURT TERME D...... 27,03 177,31 31/10 CM FRANCE ACTIONS ...... 32,19 211,15 31/10 OBLITYS D ...... 113,96 747,53 01/11 LE´GENDE : e Hors frais. ee A titre indicatif. E´CUR. INVESTISSEMENTS D 48,70 319,45 01/11 CIC DOLLAR CASH...... 1420,69 .... 31/10 CM MID. ACT. FRANCE...... 28,74 188,52 31/10 PLE´NITUDE D PEA ...... 41 268,94 01/11 17 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001

SPORTS Régine Cavagnoud est Pitztal. La skieuse française souffrait mort a provoqué une émotion considé- minute de silence a été observée en que Régine Cavagnoud portait un cas- morte, mercredi 31 octobre à 9 h 40, à de multiples traumatismes, notam- rable en France. Jacques Chirac, Lionel différents endroits. b UNE AUTOPSIE que intégral. b L’ÉQUIPE DE FRANCE a l’hôpital d’Innsbrück, deux jours après ment au foie et au thorax, mais ce sont Jospin, Raymond Forni et plusieurs de la championne a été effectuée mer- décidé de participer à la tournée nord- la collision dont elle a été victime lors les « dégâts cérébraux » qui ont provo- membres du gouvernement ont fait credi à la demande du parquet d’Inns- américaine de ski afin de rendre hom- d’un entraînement sur le glacier du qué son décès. b L’ANNONCE de sa part de leur tristesse alors qu’une brück. Deux témoignages confirment mage à la skieuse de La Clusaz. La mort de Régine Cavagnoud soulève une émotion considérable La skieuse française n’a pas survécu à ses graves lésions cérébrales et elle s’est éteinte à l’hôpital d’Innsbrück, mercredi 31 octobre, dans la matinée. Le monde politique et sportif a salué le « courage » de la championne

LE DÉCÈS de Régine Cavagnoud fait bouleversé », a déclaré pour sa mais devoir comprendre pourquoi brale qui, selon les médecins autri- (31 ans) annoncé en début de mati- part Lionel Jospin en prenant la Markus Anwander se trouvait sur chiens, s’est bien déroulée. Une née, mercredi 31 octobre, à l’hôpi- parole dans la cour de l’Elysée, cho- la piste alors que Régine Cava- autre opération au visage est tal d’Innsbrück (Autriche), a provo- se qu’il ne fait pratiquement jamais, gnoud était lancée à pleine vitesse. prévue dès que son état de santé le qué une grande vague d’émotion en raison de la cohabitation : «Je Le talkie-walkie de l’entraîneur alle- permettra. en France, ainsi que dans le milieu vais faire une exception », a indiqué mand a-t-il été rendu défectueux De Marielle Goitschel à Isabelle sportif international. le premier ministre. par le froid ? Un problème de fré- Mir, de Luc Alphand à Jean-Luc Une minute de silence a été obser- Le président de l’Assemblée quence radio est-il la cause de ce Crétier, en passant les athlètes qui vée au Palais omnisports de Bercy, nationale, Raymond Forni, le minis- tragique « malentendu » entre les fréquentaient quotidiennement où se déroule l’Open de tennis de tre de l’économie, des finances et équipes française et allemande ? Régine Cavagnoud, le ski français a Paris, au stade Félix-Bollaert, où de l’industrie, Laurent Fabius, la Markus Anwander a-t-il pris un ris- appris avec consternation la dispari- Lille affrontait Manchester United secrétaire d’Etat aux droits des fem- que inconsidéré ? tion de celle qui était considérée dans le cadre de la Ligue des cham- mes, Nicole Péry, ont également Le décès de la championne du comme l’un des principaux espoirs pions, et à Salt Lake City (Etats- fait part de leur « émotion ». Marie- monde en titre de super-G a été de médaille pour les Jeux olympi- Unis), lors de la réunion entre la George Buffet, ministre de la jeu- prononcé à 9 h 40 à l’hôpital d’Inns- ques de Salt Lake City. Alors que commission de coordination du nesse et des sports, a affirmé sa brück. « Nous avons procédé à plu- plusieurs membres de l’équipe de Comité international olympique volonté d’aller « au bout de l’enquê- sieurs examens ce matin. Les résul- France hésitaient, ces dernières (CIO) et le Comité d’organisation te » sur les circonstances de la tats étaient très clairs. La majeur par- semaines, à participer à la tournée des Jeux d’hiver 2002 auxquels la collision. tie du cerveau n’était plus irriguée nord-américaine de novembre, en skieuse française devait participer, et, de ce fait, la mort cérébrale était raison des dangers liés à la situa- en février. L’ENQUÊTE SE POURSUIT acquise », a indiqué le docteur Wol- tion internationale, plusieurs voix, A La Clusaz, le village de Haute- Une autopsie du corps de Régine fgang Koller, membre de l’unité de dont celle du président de la Fédé- Savoie où vivait Régine Cava- Cavagnoud a été pratiquée, mercre- soins intensifs. Régine Cavagnoud, ration française de ski, Bernard gnoud, les drapeaux ont été mis en di soir, à la demande du parquet qui avait été placée dans un coma Chevallier, ont indiqué que «le berne, le glas a sonné, les commer- d’Innsbrück. Son porte-parole, artificiel et sous assistance respira- plus bel hommage » à rendre à la ces ont fermé leurs portes et le Rudolf Koll, a confirmé que la toire, souffrait également de contu- skieuse était de se rendre à Aspen maire de la commune, Claude skieuse portait bien un casque au sions importantes, notamment à la (Etats-Unis) et à Lake Louise (Cana- Conte, a prié les journalistes de moment de la collision avec l’entraî- poitrine, au foie et au visage, da), les deux prochaines étapes de « respecter le deuil » des proches neur allemand Markus Anwander « mais les dégâts cérébraux sont les la Coupe du monde. de la championne. sur le glacier du Pitztal (Alpes autri- causes principales du décès », a pré- « Aller là-bas, c’est aussi conti- Dans la classe politique, des réac- chiennes). cisé le docteur Koller. nuer », a confié l’entraîneur des tions de tristesse ont été entendues Deux dépositions ont été faites Au bord des larmes, ce dernier a descendeuses, Lionel Finance. Le au sommet de l’Etat. Jacques Chi- en ce sens : celle du directeur de également expliqué que le protoco- soutien d’un psychologue a été pro- rac, qui a annoncé le décès de la l’équipe de France féminine, Jean- le d’interruption de l’assistance arti- posé aux skieuses de l’équipe de skieuse aux membres du gouverne- Philippe Vulliet, et celle de Tobias ficielle avait été organisé en concer- France. « Je crois qu’on va l’accep- ment durant le conseil des minis- Lux, entraîneur de l’équipe junior tation avec la famille, une fois que ter », a dit la descendeuse Carole tres, a écrit un message aux parents allemande. « Cavagnoud n’a pas la « mort cérébrale » de Régine Montillet. de Régine Cavagnoud dans lequel il perdu son casque intégral au Cavagnoud avait été constatée. JONAS EKSTROMER/AFP a salué le « courage hors du com- moment du choc », a témoigné ce Markus Anwander a, lui, subi Au mois de mars, Régine Cavagnoud recevait un globe Frédéric Potet mun » de leur fille. « Je suis tout à dernier. Les enquêteurs vont désor- une opération à la colonne verté- de cristal pour sa victoire en Coupe du monde de super-G. (avec AFP, Reuters) Une carrière rythmée par les blessures et les coups d’éclat « Elle incarnait la passion du ski » LORSQU’ELLES ont appris la nouvelle de l’ac- entraîneurs et ses proches prédisaient alors un descente et le super-G de Cortina d’Ampezzo (Ita- b Jacques Chirac a exprimé sa b Bernard Chevallier, prési- cident de Régine Cavagnoud, ses coéquipières de bel avenir à la fille du menuisier de La Clusaz. lie). Elle se sentait enfin libérée de son passé, « profonde émotion » à l’adresse dent de la Fédération française de l’équipe de France de vitesse ont essayé de se ras- C’était avant qu’une incroyable série de blessures enfin débarrassée du poids des blessures à répéti- des parents de Régine Cavagnoud. ski : « Le ski français dans sa totalité surer en se souvenant, comme Carole Montillet, ne vienne hacher sa progression. En 1987 : une tion et des déceptions. L’embellie n’a duré qu’un Pour le président de la République, est aujourd’hui sous le choc. Une combien « Régine est une solide ». Tout au long rupture du ligament croisé du genou gauche. En mois. A Vail (Etats-Unis), où elle avait débarqué « elle aura marqué le ski mondial de grande championne, mais surtout de sa carrière de skieuse professionnelle, longue 1988 : fracture de l’épaule droite. En 1989 : ruptu- avec le statut de favorite pour les épreuves de son empreinte par sa générosité sans un être cher vient de nous quitter de quinze ans, la jeune fille au regard clair et re du ligament croisé du genou droit. Elle devra vitesse des championnats du monde 1999, elle a limite et son courage hors du com- dans des circonstances tragiques. » déterminé de La Clusaz (Haute-Savoie) a forte- attendre la saison 1990-1991 pour s’offrir une de nouveau lourdement chuté au cours d’une mun face aux épreuves ». b Florence Masnada, ancienne ment impressionné ses pairs par son courage et première victoire significative, un titre de cham- séance d’entraînement, se donnant une nouvelle b Lionel Jospin a été « tout à coéquipière de Régie Cavagnoud : sa faculté à surmonter déceptions et graves bles- pionne de France de descente. blessure au ligament croisé du genou. fait bouleversé » par le décès de « La dure réalité des choses nous rat- sures. « Trois fois le genou, l’épaule, le dos… Et à Un instant, elle avait songé à tout arrêter, « cette grande skieuse dont la Fran- trape. Régine Cavagnoud s’est épa- chaque fois je me disais que ce n’était pas termi- TENSIONS EN COURSE avant de se souvenir qu’elle est « une battante », ce était fière ». Aux yeux du pre- nouie au fil des années, tant sur le né », se souvenait-elle, peu après avoir accroché A la fois très réservée et très indépendante, « une courageuse ». A force de persévérance, elle mier ministre, « Régine Cavagnoud plan personnel qu’au travers de ses son titre de championne du monde de super-G, Régine Cavagnoud a longtemps « tout gardé pour est pourtant revenue au sommet dès octobre incarnait la passion du ski, le coura- résultats. C’est en hiver qu’elle trou- en février, à Sankt-Anton (Autriche). [elle] », notamment ses difficultés à se libérer en 2000, en dominant d’emblée ses rivales au géant ge dans l’adversité et la détermina- vait toute son énergie. Elle va plus Plus récemment, le 17 août, alors qu’une nou- course. Ses entraîneurs s’arrachaient les cheveux de Copper Mountain (Etats-Unis). La saison tion dans l’effort. (…) La France perd que nous manquer. » velle chute l’avait violemment projetée face de voir leur protégée si douée à l’entraînement et 2000-2001 sera la plus réussie de sa carrière. En aujourd’hui une de ses très grandes b Luc Alphand, vainqueur de la contre terre lors d’une descente d’entraînement si timorée en course : « Tu as la technique, mais tu quelques mois, elle a décroché le titre mondial du sportives, une jeune femme coura- Coupe du monde de ski en 1997 : à Parva (Chili), elle avait été victime d’un léger ne skies pas », lui répétaient-ils. En 1993, elle mon- super-G et la Coupe du monde de Super-G. Elle geuse, discrète et souriante qui, jus- « Quand tu fais ce genre de sport, traumatisme crânien, qui l’avait conduite à s’in- tait pour la première fois sur le podium d’une des- était comblée, enfin radieuse. Samedi 27 octo- qu’au dernier moment, a voulu se c’est facile de se dire qu’il faut accep- terroger sur la suite à donner à sa carrière. cente de Coupe du monde, à Veysonnaz (Suisse). bre, elle avait pris la troisième place de la premiè- battre ». ter les risques, mais quand ça t’arri- Comme d’habitude, elle avait trouvé les ressour- Mais, quelques mois plus tard, une nouvelle chu- re course de la saison, le géant de Sölden (Autri- b Marie-George Buffet a expri- ve. C’est dur ! La fatalité, c’est un ces nécessaires pour revenir. Mais, après cinq te devait lui laisser des problèmes de dos récur- che). La timidité de ses débuts avait laissé place à mé dans un commniqué son enfer. » semaines de repos forcé, elle n’avait pu franchir rents. En 1994 et 1995, il lui arrivait de skier à l’en- un étonnant charisme. Elle voulait arriver aux « immense tristesse » : « Avec la dis- b Friz Wagnerberger, président le portillon de départ. Elle a « la vision d’une chu- traînement avec une minerve. Très marquée par Jeux olympiques de Salt Lake City (Etats-Unis), parition de Régine, fauchée en plei- de la Fédération allemande de ski, te, d’un enfourchement ». Elle avait surmonté son ses chutes à répétition, Régine Cavagnoud avait en février 2002, en étant en tête du classement ne jeunesse, notre pays, le ski fran- s’est déclaré « bouleversé » à l’an- appréhension et se sentait prête, « sereine », fini par avouer sa « peur », en 1996 : « C’est diffici- d’au moins une discipline, afin de « ne pas dou- çais perdent une grande champion- nonce du décès de Régine Cava- capable de « faire encore mieux que la saison pré- le à accepter pour une descendeuse, mais il fallait ter ». La numéro un du ski français se donnait ne. Le sport, source de plaisir et gnoud : « Nous sommes profondé- cédente », sa plus accomplie. que j’en parle », disait-elle. Pour dominer ses encore deux ans avant de mettre un terme à cette d’épanouissement, comporte aussi ment touchés et affligés (…). Les mots Régine Cavagnoud avait rejoint l’équipe de tensions en course, elle s’était aussi adjoint les carrière rythmée par les blessures et les coups des risques que vient nous rappeler ne peuvent pas réconforter dans cet- France de ski à l’âge de quinze ans, en 1986. Pour services d’un sophrologue. d’éclats. ce cruel événement », souligne la te situation. Cependant, nous souhai- sa première course de Coupe du monde, elle Le premier grand résultat est arrivé en janvier ministre de la Jeunesse et des tons exprimer notre sincère participa- s’était adjugé une prometteuse 37e place. Ses 1999, lorsqu’elle s’impose coup sur coup dans la Eric Collier sports. tion dans cette heure. »

DÉPÊCHE Pour retrouver la première place, le fleuret français s’est « virilisé » a FOOTBALL : la Fédération inter- nationale de football (FIFA) a fina- NÎMES comme quand elle avait décroché doxie, mais en m’appuyant toujours sur son club, où, dans les années gagne ma vie et je me suis dirigé lement autorisé l’Australie et la de notre envoyé spécial les titres mondiaux en 1997 et 1999. sur un fond technique traditionnel. 1980, s’était forgée sa réputation. vers la maîtrise d’armes. » L’hom- France à « sélectionner leurs joueurs Patrice Menon, l’entraîneur Depuis l’arrivée de Patrice Il s’agit de pratiquer une escrime « A mon arrivée au Racing, Patrick me s’est construit dans la peau en vertu des règles en vigueur » pour national du fleuret masculin, ne Menon à la tête du fleuret mascu- moderne – qui peut être très plaisan- Groc et Philippe Conscience, qui d’un pédagogue à la fois chaleu- le match amical prévu entre les deux baisse jamais les bras. Ses athlètes lin, en 1996, celui-ci a trouvé un te –, et non plus celle d’antan. Pour étaient en équipe de France, rencon- reux, exigeant et parfois cassant. équipes, le 11 novembre à Melbour- le savent : « Il n’aime pas les gars nouveau souffle. « Il était moins pri- parvenir à cela, nous avons “ virili- traient des problèmes, notamment « Il n’hésite pas à nous parler ne. Mercredi 31 octobre, la commis- qui ne se bagarrent pas », témoigne sonnier que d’autres des schémas sé ” l’arme, augmenté l’engagement face aux fleurettistes allemands : durement, mais on l’accepte, parce sion du « statut des joueurs » a affir- Jean-Noël Ferrari. Mercredi technico-tactiques sur lesquels on physique. Ça n’a pas toujours été c’était beau, mais ça ne touchait que c’est un meneur d’hommes et mé que le quota de matches ami- 31 octobre, dans les arènes de fonctionnait », explique Philippe facile, mais je suis resté fidèle à mes pas. On a alors étudié le jeu alle- qu’il a fait ses preuves », dit Jean- caux pour chaque international déjà Nîmes, Jean-Noël Ferrari, Loïc Omnès, le directeur technique convictions. » Celles-ci se sont mand, et on a appris à le contrer en Noël Ferrari. « Un entraîneur ne qualifié pour la Coupe du monde Attely, Franck Boidin et Brice national (DTN). avérées payantes : les fleurettistes utilisant certains de ses ingrédients. peut pas être un mec cool, un type était fixé à huit. L’ancien règlement, Guyart n’ont jamais renoncé, français repartiront de Nîmes avec Mon principe, comme aux échecs, gentil, enchaîne Patrice Menon. qui a été modifié début septembre, même quand ils ont accusé douze RÉPUTATION DÉRANGEANTE quatre podiums, Loïc Attely, c’est qu’il faut toujours avoir un Mes gars, je les aime mais je ne veux fixait ce quota à cinq matches par an touches de retard sur les Polonais Dans le monde de l’escrime, Franck Boidin et Brice Guyart coup d’avance. » pas qu’ils le sachent, et je ne veux (Le Monde du 31 octobre). La Fran- en finale de l’épreuve par équipes Patrice Menon avait depuis long- ayant enlevé dimanche la médaille pas qu’ils m’aiment trop. Je veux res- ce a déjà disputé sept matches ami- des championnats du monde. «La temps une réputation dérangean- d’argent et les deux médailles de « UN MENEUR D’HOMMES » ter indépendant dans mes choix. » caux cette année. La question était consigne a été de ne pas perdre son te, celle d’un maître d’armes dont bronze de l’épreuve individuelle. Rond par le physique et carré L’entraîneur national est parfois de savoir à partir de quand ces nou- sang-froid et de revenir au train, les élèves s’éloignaient de l’ortho- Il y a une dizaine d’années, Patri- par la méthode, Patrice Menon capable de débordements d’en- velles dispositions doivent s’appli- tour par tour, comme en athlétis- doxie à la française pour adopter ce Menon, alors maître d’armes au (46 ans) a longtemps hésité sur le thousiasme déroutants. La compé- quer. La FIFA a estimé que le der- me », raconte l’entraîneur. un style plus physique, moins aca- Racing club de France, avait cru chemin à emprunter. En 1974, une tition le transcende au moins nier règlement était désormais en Brice Guyart, vingt ans, une vista démique. « On disait de lui qu’il que son envie d’aller mettre ses sélection pour les championnats autant que ses athlètes. « J’y vigueur. Roger Lemerre pourra stupéfiante et un avenir doré, s’est avait des résultats, mais que ses conceptions à l’épreuve du niveau du monde juniors lui avait laissé prends un plaisir énorme, reconnaît- donc emmener les joueurs de son alors montré un parfait coureur de escrimeurs ne pratiquaient pas de supérieur ne trouverait pas de ter- entrevoir une carrière de fleurettis- il. C’est quelque chose d’extrême, on choix. Les onze clubs européens, qui demi-fond en ramenant les siens la belle escrime », raconte Philippe rain d’expression. « J’avais fait te de haut niveau. Une grave bles- se dit parfois que l’on va y laisser avaient soumis à la FIFA une péti- dans le sillage des Polonais. Et Omnès. savoir que j’aurais bien aimé deve- sure au genou avait mis un terme à des plumes, mais je n’ai aucune tion contre la tenue de ce match, l’équipe de France de fleuret s’est « On m’a reproché de dévoyer le nir entraîneur national. On m’avait cette perspective. A la même épo- envie que ça s’arrête. » devaient publier un communiqué imposée (45-38), comme elle l’avait fleuret, dit l’entraîneur national. Il fait comprendre que je ne correspon- que, il entamait des études de jeudi 1er novembre. fait en 2000 aux Jeux de Sydney, et est vrai que je suis sorti de l’ortho- dais pas au profil. » Il s’était replié médecine. « Mais il fallait que je Gilles van Kote 18 / LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 AUJOURD’HUI

En savoir plus Progrès et problèmes de la crémation b Textes. La loi du 15 novembre 1887 institue la liberté de choix des funérailles : enterrement civil Moins répandue que dans d’autres pays européens, la crémation devrait pourtant concerner bientôt un décès sur cinq en France. ou religieux, inhumation ou crémation. Décret sur la Cette coutume suscite de nouveaux débats, notamment sur la destination des cendres, parfois objet de contentieux crémation, n˚ 98-635, du 20 juillet 1998 (JOdu 25 juillet « UN AMOUR MORT et réduit en 1998). Code général des cendres ne se met pas en terre mais se collectivités territoriales, articles disperse. » Cette maxime de Pierre L 2223-40 et 41 et R 2213-34 à 39. Dac résume les motivations des cré- La loi du 8 janvier 1993 place les matistes. Celles-ci sont à la fois éco- crématoriums sousle contrôle des logiques (« Inutile d’encombrer la ter- communes. re, laissons-la aux vivants »), psycho- b Crématoriums. On recense en logiques (peur de la putréfaction) et France plus de 120 crématoriums militantes. A l’origine, le mouve- (dont 21 en construction). ment crématiste a lutté pour la liber- b Prix. Le coût de la taxe de té des obsèques (obtenue en 1887) crémation va de 1 500 F (à Lille) à contre la mainmise du pouvoir reli- 4 000 F (à Nice et Poitiers). Il faut gieux sur les cimetières : « Deman- y ajouter les prestations des der à être incinéré, c’était le dernier pompes funèbres : formalités, pied de nez au curé du village. » convoi, cercueil, soit au total de Ce contentieux est clos depuis 6 000 F à 15 000 F (915 ¤ à que l’Eglise catholique a admis la 2 287 ¤) selon les lieux et les crémation, en 1963, sous condi- entreprises. tions : la cérémonie doit avoir lieu à b Urnes. De formes variées (globe, l’église paroissiale en présence du pyramide, gourde de pèlerin du cercueil, et il est recommandé de ne Moyen Age, livre pour mettre dans pas disperser les cendres, de ne pas une bibliothèque), l’urne peut conserver l’urne chez soi mais de la coûter de 200 F à 60 000 F (30 ¤ à déposer dans une sépulture ou un 9 147 ¤) pour une urne d’artiste ou columbarium. La crémation est un objet ancien unique. Comme il acceptée par les protestants et cou- n’y a pas de taille standard, il arrive rante chez les bouddhistes. En que des urnes vendues en France revanche, elle est interdite par l’is- ne puissent pas s’insérer dans des lam et le judaïsme. « J’ai été extrême- cases de columbariums à ment choqué lorsque ma belle-sœur l’étranger. américaine a exigé une crémation b Columbariums. Pour une pour mon frère afin d’emmener l’ur- concession de dix à cinquante ne aux Etats-Unis ; j’étais d’autant ans : de 2 000 F à 3 000 F à plus traumatisé que, pour moi, la cré- Grenoble ; de 2 000 F à 8 000 F mation évoquait les camps de concen- (305 ¤ à 1 219 ¤) au Père-Lachaise tration,sesouvient Daniel. J’ai à Paris. demandé conseil au rabbin, qui a fini b Volontés. On peut faire part par admettre le procédé, par référen- de sa volonté d’être incinéré soit ce à la Genèse : poussière, tu retourne- en insérant des indications dans ras à la poussière. » son livret de famille, soit en portant sur soi la carte remise par une association crématiste. La difficulté vient b Dispersion. Elle peut avoir lieu DESSIN DANIEL MAJA presque partout, excepté sur la de ce que le désir voie publique. La dispersion des heures au minimum, parfois davan- salon pour la cérémonie du dernier Heureusement, il avait un ami recueillement, alors que pour soi on cendres en mer (à plus de du défunt d’être tage. L’attente des familles dans un hommage, l’attente et la remise de pêcheur qui nous a emmenés le lende- imagine plus facilement une disper- 300 mètres des côtes) ou en lieu inhospitalier est pénible. En l’urne (de 2 547 F à 3 747 F, 388 ¤ à main au large sur son bateau pour sion aux quatre vents, oubliant ceux montagne peut être assurée par réduit en cendres effet, en France, il n’est pas d’usage 571 ¤), la prestation d’un maître de immerger l’urne biodégradable. » qui restent ». l’intermédiaire des associations de s’en aller sans attendre la fin de cérémonie (de 234 F à 314 F, 36 ¤ à Les associations crématistes peu- Les psychologues sont unani- crématistes. Certaines entreprises n’est pas forcément l’opération et la remise de l’urne, 48 ¤) et la possibilité de recourir à vent aider à résoudre ces problè- mes : pour la famille, ni la disper- de pompes funèbres proposent comme dans les pays anglo-saxons, un traiteur. mes. La difficulté vient de ce que le sion ni la conservation de l’urne à une dispersion « en orbite autour admis par ses proches où l’urne peut même être apportée La restitution des cendres consti- désir du défunt d’être réduit en cen- domicile ne facilitent le travail de de la Terre » (45 000 F, 6 860 ¤) ou à domicile. « Les familles auraient tue une autre épreuve. « Voir partir dres n’est pas forcément admis par deuil. On aboutit même parfois à « sur la Lune ou vers le ciel une douloureuse impression d’inache- un cercueil de deux mètres de long et ses proches. « Il nous faut recevoir et des attitudes pathologiques, com- profond » (90 000 F, 13 720 ¤). Aujourd’hui, en France, la propor- vé ; de plus, la remise différée des cen- revenir un litre et demi de cendres réconforter les familles désempa- me celle de cette mère qui obligeait b Vocabulaire. On dit tion des crémations (17 %) reste très dres n’est pas toujours possible, car dans un récipient, c’est très dur », dit rées », explique-t-on au crémato- son fils à saluer chaque matin son « crémation » plutôt inférieure à celle d’autres pays com- les parents résident parfois loin du cré- Anne, d’autant plus choquée qu’on rium du Père-Lachaise. Une étude petit frère décédé dont les cendres qu’incinération, ce terme me la Grande-Bretagne (71 %), la matorium », explique-t-on à la fédé- lui a remis l’urne dans un carton du Centre de recherche pour l’étude se trouvaient sur la cheminée du concernant davantage la Suisse ou la Suède (plus de 67 %). ration. S’inspirant des exemples bel- d’emballage. « Nous avons placé ce et l’observation des conditions de salon, ou de ce mari qui imposait à combustion des déchets On observe cependant une augmen- ge et néerlandais, certains crémato- carton dans le coffre de la voiture, vie (Credoc), intitulée « les Français sa femme la présence de l’urne et des animaux. tation des incinérations à Paris riums mettent à la disposition de nous ne savions qu’en faire. Mon père et le souvenir des morts », constate contenant les restes de sa première b Testament crématiste. Rédigé (23 %), à Lille (25 %) et en Alsace l’assistance des locaux, du matériel désirait que ses cendres soient disper- que « les proches des disparus ont épouse. C’est pourquoi toute per- sur papier libre, daté et signé de (27 %). « Outre le public habituelle- audiovisuel, pour écouter la musi- sées en mer. Comment procéder ? besoin d’un lieu identifié propice au sonne qui désire être incinérée la main du testateur, il exprime ment sensible à nos arguments, qui se que préférée du défunt ou projeter devrait en parler avec les siens et clairement le choix de la situe dans la tranche des 35-49 ans, la vidéo d’une fête familiale où il régler, de son vivant, la question de crémation. Remis à la famille, à nous voyons arriver des personnes apparaît. Columbariums publics ou privés ses cendres. un ami, à un notaire ou à une âgées, de religion catholique, qui choi- A Grenoble, le crématorium inter- « Lorsque le défunt n’a pas expri- association crématiste, il présente sissent la crémation par souci de voir communal comporte « deux salons Les cimetières privés sont interdits. Mais en reconnaissant la possi- mé de vœu, je conseille aux familles une garantie : des sanctions leur sépulture entretenue, sans déran- confortables, décorés de couleurs bilité de déposer des cendres dans une propriété privée, le décret de de prendre le temps de réfléchir », pénales sous forme d’amende et ger leurs proches ; la conservation de chaudes, avec du matériel audiovi- 1998 relatif à la crémation ouvre une brèche dont les professionnels explique Albert Laffineuse, maître d’emprisonnement ferme sont la case de columbarium, en effet, suel, ainsi que deux espaces de convi- du funéraire pourraient être tentés de profiter pour créer des colum- de cérémonie au Père-Lachaise. Il prévues à l’encontre de toute incombe à la commune », explique vialité pour la remise des urnes », pré- bariums privés ; d’autant que rien n’oblige les communes à proposer est possible de laisser l’urne en personne qui n’aurait pas Maurice Thoré, président de la Fédé- cise Corine Loïdice, directrice géné- de tels espaces dans les cimetières. Selon Damien Dutrieux, chargé dépôt au crématorium pendant un respecté la volonté du défunt. ration française de crémation rale des pompes funèbres intercom- d’enseignement à l’université de Valenciennes, un tel lieu présente le délai maximum de quatre mois, le b Rituel. Une cérémonie d’adieu (FFC), qui compte 110 000 adhé- munales de la région grenobloise. risque de disparition pure et simple des sépultures en cas de faillite temps de savoir si on veut la sceller peut être organisée au rents répartis dans 170 associations « A Béziers, nous disposons d’une sal- du propriétaire. sur un monument funéraire, la pla- crématorium, avec lecture de locales. L’action des crématistes le pouvant accueillir 80 personnes ; il Interrogé à ce sujet le 7 juin 1999, le ministre de l’intérieur a réaffir- cer dans un caveau de famille, textes, dépôt de fleurs, musique. s’oriente vers la création de colum- est possible d’y organiser un repas de mé à l’Assemblée l’interdiction des sites privés, en se fondant sur le dans une case de columbarium, Un « cérémonial pour la bariums et d’espaces cinéraires funérailles, et le parc de deux hecta- statut et le régime juridiques des cendres. Considérées comme « une dans un espace cinéraire ou dans crémation », mis au point avec les dans les cimetières communaux : ils res planté d’oliviers comprend un copropriété inviolable et sacrée », et se rattachant à la catégorie des sa propriété, ou bien disperser les associations crématistes, existe ne seraient en effet que 10 % à pos- espace cinéraire et un jardin du sou- « souvenirs de famille », l’urne et les cendres qu’elle contient se trou- cendres soit au cimetière s’il possè- au Père-Lachaise. séder de tels équipements. venir où disperser les cendres », indi- vent classées dans la catégorie des biens mobiliers hors commerce. de un jardin du souvenir, soit dans b Au Japon. Depuis 1948, la La fédération demande égale- que Jean-Claude Bastit, directeur Ce qui rend impossible la création de columbariums privés, « puisque tout autre lieu, à l’exception de la crémation y est obligatoire en ment davantage de convivialité du crématorium. Au Père-Lachaise leur fonctionnement impliquerait entre les familles et la personne privée voie publique. zone urbaine. Il est d’usage que dans les crématoriums. Car la com- à Paris, quatre formules sont propo- gérant le site des contrats de dépôt salarié, lesquels ne peuvent s’appli- la famille prélève avec des bustion réclame du temps : deux sées, avec une salle ou un petit quer à un bien hors commerce ». Michaëla Bobasch baguettes des ossements qui ont résisté au feu. Le cartilage thyroïdien, qui rappelle la Aspects techniques silhouette d’un bouddha assis, est La destination des cendres est souvent l’objet de litiges placé dans l’urne ou conservé à Le retrait de la prothèse cardia- titre de relique. que avant la crémation est obliga- ACTUELLEMENT, dans 68 % l’objet d’une concession de droit de la dépouille mortelle, donc de tage. A l’inverse, la cour d’appel de b Une tradition antique. La toire, car elle risque de faire explo- des cas, les cendres sont remises public, l’urne funéraire est un objet l’urne. « Dans notre droit laïc, il Paris avait, dans un arrêt du crémation était en vigueur dans ser les installations (article R aux familles ; dans 7 % des cas, mobilier (puisque déplaçable) dépen- n’existe plus de choses sacrées, au 27 mars 1998, ordonné le partage la Rome classique, avec 2213-15 du code général des collec- elles sont placées au columbarium dant essentiellement du droit privé et sens de “propriété divine” où on l’en- des cendres en différentes urnes, cependant une tradition tivités territoriales). Le cercueil, et dans 25 % des cas, dispersées ou assimilée à un souvenir de famille, tendait autrefois », précise Xavier suivant la volonté du défunt. L’une persistante d’inhumation dans indispensable à la combustion, immergées. A la Fédération françai- demeurant en principe indisponible Labbée, qui se réfère au dictionnai- a été remise à la veuve qui voulait l’aristocratie. Dans la Rome est généralement en peuplier, se de crémation, on présume que et indivis, sous la responsabilité du re, selon lequel est sacré ce qui est conserver les cendres de son con- chrétienne, l’inhumation a d’une épaisseur de 18 millimètres toutes les familles ne gardent pas dépositaire désigné, en cas de « digne de respect ». Dès lors, joint et l’autre aux enfants du pre- définitivement pris le pas sur la seulement. Inutile, donc, de se lais- les cendres à domicile ; certaines conflit, par le tribunal », explique conclut-il, « on peut se demander si mier lit qui souhaitaient les placer crémation. ser imposer du chêne massif. La finissent par les disperser ou les Xavier Labbée, maître de conféren- le partage des cendres est irrespec- dans le caveau de famille. b A lire. La Crémation, le cadavre plaque d’identité vissée sur le cer- inhumer dans un caveau. ces et directeur de l’Institut du tueux, dans la mesure où il est souhai- La législation française est très et la loi, de Patricia Belhassen cueil sera enlevée juste avant la Il y a des litiges qui viennent droit et de l’éthique de l’université té par tous, y compris par le défunt ». libérale en la matière, puisqu’elle (Librairie générale de droit et crémation et ensuite fixée sur l’ur- parfois devant les tribunaux. La Lille-II, et auteur de plusieurs arti- Les juristes semblent désempa- laisse le choix entre le dépôt de jurisprudence, 1997), 155 p., ne ; aucune confusion n’est donc concubine d’un défunt a dû resti- cles sur la question. rés face à certaines pratiques com- l’urne dans une sépulture classique, 110 F, 16,77 ¤. possible. tuer l’urne contenant les cendres me le partage des cendres entre les un columbarium, une propriété b Adresses. Fédération française Si elle le désire, la famille peut de son compagnon au père de celui- « LES SDF DE L’ÉTERNITÉ » membres d’une même famille ou le publique ou privée, la dispersion de crémation (FFC), 50, rue assister à l’introduction du cer- ci (cour d’appel de Douai, 7 juillet « A la différence des défunts inhu- mélange des cendres de deux des cendres en pleine nature mais Rodier, BP 411.09, 75423 Paris cueil dans le four, mais pas à la cré- 1998). La famille d’un défunt inciné- més qui ont, en quelque sorte, une défunts dans une même urne, afin en dehors des voies publiques ou Cedex 09 ; tél : 01-45-26-33-07 ; mation proprement dite. Le four, ré a perdu son procès contre la demeure perpétuelle, les personnes de reconstituer symboliquement dans un lieu spécialement affecté à site Internet : préchauffé à 800 degrés, atteint veuve qui avait mis fin à la conces- incinérées sont les sans-domicile-fixe l’unité d’un couple désuni par la cet effet. www.cremation-france-ffc.com. une température de 1 000 degrés sion d’une case de columbarium et de l’éternité. L’urne contenant les mort. A la Fédération française de cré- Adhésion : 100 F (15,24 ¤) par an ; pendant la combustion, qui dure emporté l’urne chez elle (tribunal cendres n’est protégée par la législa- Ainsi, la cour d’appel de Douai mation, on souligne que, même si abonnement à la revue en moyenne une heure trente, par- de grande instance de Lille, 23 sep- tion des sépultures que dans la mesu- a-t-elle considéré qu’il n’y avait pas la destination des cendres peut être trimestrielle Transition :28F fois davantage pour une personne tembre 1997). re où elle est placée dans un caveau lieu de partager les cendres du source de litiges en cas de désac- (4,27 ¤) par an. fortement charpentée. Une secon- L’urne cinéraire est considérée, ou scellée dans un monument funé- défunt entre son père et sa concubi- cord entre les proches du défunt, On trouvera aussi des de chambre de combustion élimi- tout comme la dépouille mortelle, raire », poursuit-il. L’urne n’a donc ne, dans la mesure où le code des « les Français n’apprécieraient guè- informations sur le site de ne les gaz toxiques. Après refroidis- comme « une copropriété familiale, pas, en elle-même, le statut de communes prévoyait le recueil des re de voir limiter cette liberté par un l’Association française sement (quinze minutes environ), inviolable et sacrée ». Mais, « àla sépulture. cendres en une seule urne remise à encadrement juridique trop strict ». d’information funéraire (AFIF) : les cendres sont finement broyées différence de la sépulture qui a le sta- Le tribunal de Lille a cependant la famille, car le défunt n’avait pas, www.afif.asso.fr et recueillies dans une urne. tut juridique d’un immeuble faisant fait référence au « caractère sacré » apparemment, souhaité un tel par- M. Bo. AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 / 19 ------Ensoleillé mais frais 02 NOVEMBRE 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Un anticyclone se neront. Le thermomètre marquera vers 12h00 DU VOYAGEUR maintient de la France à l’Allema- 10 degrés à 13 degrés l’après-midi. gne. Une perturbation évolue plus Poitou-Charentes, Aquitaine, au nord, des îles Britanniques aux Midi-Pyrénées. Après dissipation Peu a EUROPE. Au sommaire de la pays scandinaves, ne donnant que de quelques brouillards locaux, le Belfast nuageux brochure Week-ends et expos de Liverpool quelques passages nuageux sur soleil sera généreux, avec des tem- Dublin la Fnac Voyages (avec Frantour), Varsovie Kiev l’est de notre pays. Ailleurs, après pératures maximales proches de Amsterdam une sélection d’expositions pro- dissipation de quelques 16 à 18 degrés. Berlin Brèves grammées dans 14 villes d’Europe brouillards locaux, le soleil sera Limousin, Auvergne, Rhône- Londres éclaircies (Venise, Madrid, Vienne, Londres, o Bruxelles prédominant. Alpes. 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AMSTERDAM 10/13 S LUXEMBOURG 6/12 S BUENOS AIR. 14/25 S TUNIS 16/23 P FRANCE métropole NANCY 3/12 N ATHENES 12/21 S MADRID 3/16 S CARACAS 25/29 P ASIE-OCÉANIE AJACCIO 11/18 S NANTES 6/13 S BARCELONE 8/15 P MILAN 6/14 S CHICAGO 9/16 S BANGKOK 25/30 P BIARRITZ 5/15 S NICE 12/19 S BELFAST 10/12 S MOSCOU 1/5 C LIMA 16/19 C BEYROUTH 20/25 S BORDEAUX 6/15 S PARIS 5/12 S BELGRADE 4/9 S MUNICH 5/10 C LOS ANGELES 13/18 S BOMBAY 24/35 S BOURGES 2/12 S PAU 3/16 S BERLIN 5/10 C NAPLES 8/17 S MEXICO 7/21 S DJAKARTA 27/31 S BREST 9/13 S PERPIGNAN 10/18 N BERNE 3/11 S OSLO 1/10 C MONTREAL 13/14 P DUBAI 25/32 S CAEN 8/12 N 6/13 S BRUXELLES 10/13 S PALMA DE M. 9/18 P NEW YORK 16/21 C HANOI 25/29 C CHERBOURG 8/13 N ST-ETIENNE 2/12 S BUCAREST 2/12 C PRAGUE 2/9 S SAN FRANCIS. 10/16 S HONGKONG 23/27 S CLERMONT-F. -1/13 S STRASBOURG 2/12 S BUDAPEST 4/11 S ROME 7/17 S SANTIAGO/CHI 11/24 S JERUSALEM 19/26 S DIJON 4/10 N TOULOUSE 3/15 S COPENHAGUE 5/12 C SEVILLE 14/23 S TORONTO 9/14 P NEW DEHLI 20/34 S GRENOBLE 1/14 S TOURS 3/12 S DUBLIN 9/12 S SOFIA 4/9 S WASHINGTON 14/24 C PEKIN 1/14 S LILLE 4/12 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 6/13 S ST-PETERSB. -5/4 S AFRIQUE SEOUL 8/17 S LIMOGES 5/11 S CAYENNE 22/29 P GENEVE 4/11 S STOCKHOLM -2/8 C ALGER 15/22 S SINGAPOUR 26/29 S LYON 5/13 S FORT-DE-FR. 25/30 S HELSINKI -4/5 S TENERIFE 22/27 C DAKAR 26/31 S SYDNEY 15/22 S MARSEILLE 10/18 S NOUMEA 21/27 S ISTANBUL 10/16 P VARSOVIE 2/8 S KINSHASA 22/29 P TOKYO 14/21 S Situation le 1er novembre à 0 heure TU Prévisions pour le 3 novembre à 0 heure TU

VENTES Adjudications Le charme désuet des images d’Epinal à l’Espace Champerret Résultats de la vente de pièces ethnographiques C’EST PRESQUE devenu un cli- papiers en tout genre, où de nom- traits d’après l’épopée napoléonien- quels sont inventés des messages Les plus courantes racontent pour et d’art précolombien qui ché : parler d’« images d’Epinal » breux spécialistes les proposent à ne qui, diffusés par des colporteurs éducatifs. Sont ainsi imprimés des les enfants une histoire en petites a eu lieu à l’hôtel des ventes signifie aujourd’hui faire référence à partir de 100 F (15 ¤). dans toutes les régions de France, sujets de piété, des contes, des jeux, vignettes complétées par des textes de Sens samedi 27 octobre des choses simples, évidentes . Pour- Les plus anciennes remontent au ont contribué à alimenter le prestige des alphabets et des histoires de placés en dessous : Paul et Virginie, pour soutenir l’action tant, les vraies images d’Epinal, si XVIIIe siècle. Sous la forme de de l’empereur. toutes sortes, toujours teintées de Croquemitaine, Le Rêve de Mlle Mas- d’archéologues opérant elles se révèlent parfois naïves, res- gravures en noir et blanc, parfois En 1830, l’imprimerie Pellerin morale. sacre (qui, dans un accès de fureur, en Basse-Egypte tent fraîches, spontanées et surtout coloriées à la main, elles offrent emploie une centaine d’ouvriers. Malgré l’essor de l’imagerie enfan- casse sa poupée puis se repent), (Le Monde du 12 octobre). très représentatives de leur époque pour la plupart des images pieuses, Certains travaillent les bois où le tine, la propagande patriotique Madame Godichon et son chien Zozo. la plus prolixe, le XIXe siècle. vies de saints ou scènes religieuses, maître graveur François Georgin a garde beaucoup d’importance De très rares albums, qui contien- b Encensoir en terre cuite, Après quelques décennies et se négocient autour de 500 F à tracé ses dessins ; les autres, princi- entre 1870 et 1914, de même que la nent une soixantaine de planches, jama coaque (Equateur), d’oubli, elles reviennent aujourd’hui 600 F (76 ¤ à 91 ¤). palement des femmes et des politique : des séries sont notam- peuvent atteindre 1 000 F à 1 500 F 1 650 F, 252 ¤. charmer les amateurs. Ils en trouve- A partir de 1800, un imprimeur enfants, colorient les images. ment réalisées sur le général Boulan- (152 ¤ à 229 ¤) selon l’état. Certains b Idole baya (Equateur), ront en ce week–end de la Toussaint d’Epinal, Jean-Charles Pellerin En 1851, la lithographie remplace ger, Gallieni et le Parti socialiste. thèmes sont plus appréciés, comme 3 900 F, 595 ¤. au Salon des vieux papiers de l’Espa- (1756-1836), est le premier à s’inspi- la gravure sur bois. La production, Tirées en grand nombre, la plu- les animaux, le cirque, la magie. b Pectoral chimu ce Champerret, rendez-vous semes- rer de l’histoire contemporaine, jusque-là destinée aux adultes, part des images d’Epinal se vendent Pour garder une valeur de revente, en coquillages (Pérou), triel des collectionneurs de vieux composant des scènes et des por- s’adresse aussi aux enfants, pour les- entre 100 F et 200 F (15 ¤ à 30 ¤). l’image d’Epinal doit être en parfait 2 000 F, 305 ¤. état, sans tache, déchirure, pli ou b Vase étrier en céramique, écornure. Mochica IV ou V (Pérou), Calendrier jeudi 1er au lundi 5 novembre, b Toulouse (Haute-Garonne), b Villeneuve-d’Ascq (Nord), Imprimées jusqu’après la guerre 2 400 F, 366 ¤. tél. : 04-67-70-20-54. du samedi 3 au dimanche minéraux et fossiles, du de 1914-1918, elles sont réalisées sur b Totem abelam ANTIQUITÉS-BROCANTES b Pithiviers (Loiret), du 11 novembre, jeudi 1er au dimanche 4 novembre, des papiers plus épais au début du (Nouvelle-Guinée-Papouasie), b Cabourg (Calvados), du jeudi 1er au dimanche 4 novembre, tél. : 05-61-21-93-25. tél. : 06-18-00-84-17. XIXe siècle, qui devient peu à peu 11 000 F, 1 779 ¤. jeudi 1er au dimanche 4 novembre, tél. : 02-38-34-26-86. b Tours (Indre-et-Loire), b Bordeaux (Gironde), disques et comme du papier journal. C’est dire b Masque punu lumbo (Gabon), tél. : 02-31-23-86-69. b Le Touquet (Pas-de-Calais), du du vendredi 2 au dimanche bandes dessinées, samedi 3 et la fragilité de ces graphismes, que 3 100 F, 473 ¤. b Trouville (Calvados), du jeudi 1er au dimanche 4 novembre, 4 novembre, dimanche 4 novembre, les marchands présentent en géné- b Masque bamoun (Cameroun), jeudi 1er au dimanche 4 novembre, tél. : 03-21-06-72-00. tél. : 02-99-50-74-19. tél. : 05-56-81-33-02. ral sous plastique. Quelques-uns les 4 100 F, 526 ¤. tél. : 02-33-36-83-98. b Collioure b Saint-Raphaël (Var), minéraux nettoient et les encadrent. b Statue luba hemba, b Le Bouscat (Gironde), du (Pyrénées-Orientales), du COLLECTIONS et fossiles, samedi 3 et dimanche 6 300 F, 362 ¤. jeudi 1er au dimanche 4 novembre, jeudi 1er au lundi 5 novembre, b Pinon (Aisne), vieux papiers, le 4 novembre, Catherine Bedel b Vase anthropomorphe tél. : 05-57-84-53-74. tél. : 04-68-82-11-73. jeudi 1er novembre, tél. : tél. : 04-92-79-58-95. colima (Mexique), b La Teste-de-Buch (Gironde), b Paris, boulevard 03-23-21-68-77. b Epinal (Vosges), disques et e Salon du livre et des papiers 2 200 F, 336 ¤. du jeudi 1er au dimanche Edgar-Quinet, jeudi 1er b Bavay (Nord), armes bandes dessinées, samedi 3 et anciens, Espace Champerret. Jus- b Tête de dignitaire chorrera 4 novembre, tél. : 05-56-73-69-21. et vendredi 2 novembre, anciennes, le jeudi 1er novembre, dimanche 4 novembre, qu’au 4 novembre, de 11 heures à (Equateur), b Palavas-les-Flots (Hérault), du tél. : 01-45-89-32-07. tél. : 03-27-39-82-29. tél. : 03-85-38-46-66. 19 heures. Entrée : 40 F (5,10 ¤). 1 250 F, 191 ¤.

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME NO 01 - 258 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION No 246 En collaboration avec la

123456789101112 moins riche à la fin. Point de Jost Haller départ. - 7. Mit les voiles et souf- Un maître (mentionné entre I fla dedans. Histoire de famille. - 1438 et 1470), 8. Banalité. Départ de série. - 9. « Décollation II Sortie en solitaire dans les nua- redécouvert de saint ges. - 10. A malheureusement à Jean-Baptiste », III faire sur le bord des routes. - 11. STRASBOURG est à la fin du 1455-1460, Mettais en beauté. Mou et allon- Moyen Age une cité riche et floris- sapin, IV gé. - 12. Contents. sante, et un grand centre de créa- 110,6 × 89,8 cm. tion artistique. Peintres, sculp- Munich, V Philippe Dupuis teurs, orfèvres, maîtres verriers y Alte Pinakothek, sont nombreux, attirés par le Bayerische VI SOLUTION DU N° 01 - 257 dynamisme de la grande cité Staatsgemäl- rhénane. daamlungen. VII Horizontalement Dans un document du 6 février Actuellement I. Belote. Valet. - II. Olivette. 1438, le nom de Meister Jost appa- à l’exposition VIII Our. - III. Usuel. Ile. Ri. - IV. Tar- raît pour la première fois. Cet ar- « Jost Haller, se. Tétras. - V. Foire. SA. - VI. tiste fait alors partie de l’élite des le peintre IX Rosaire. Tain. - VII. Ib. Blindé. En. peintres strasbourgeois. Formé des chevaliers », - VIII. Monôme. Os. Nu. - IX. Eloi. selon les critères du style cour- au Musée X Nid. One. - X. Sensationnel. tois, Jost Haller a très vite intégré d’Unterlinden, les motifs venus des Pays-Bas et Colmar, jusqu’au Verticalement les apports flamands dans la cons-

© MUNICH, ALTE PINAKOTHEK 16 décembre. HORIZONTALEMENT Finit à la corbeille. Lyonnais 1. Bouts-rimés. - 2. Elsa. Obole. truction de l’espace. avant de devenir un grand - 3. Liures. Non. - 4. Oves. Abois. De 1442 à 1472, il est au servi- liers teutoniques de Sarrebruck, la Visitation, Jost Haller a placé I. Huit, ni plus ni moins. Six au musée de la capitale. - X. Ris- - 5. Téléfilm. - 6. Et. Orient. - 7. ce du comte Johann III de Nas- consacré à saint Jean-Baptiste et l’action dans un paysage. D’après minimum. - II. Le panier de la quent d’attraper froid. Dilettan- Titien. II. - 8. Vêler. Dodo. - 9. sau-Saarbrücken, et la comman- à la venue au monde du Christ. les Evangiles de Matthieu et de ménagère et la corbeille l’inté- tes. Etêtes. - 10. Lô. On. - 11. Eura- derie de l’ordre teutonique lui Ce retable témoigne de la fidélité Marc, où la décollation a-t-elle eu ressent tout autant. Soleil divin. - sienne. - 12. Trisannuel. commande le Retable des cheva- de l’artiste à sa culture d’origine, lieu : III. Le soleil la fait réfléchir. Bou- VERTICALEMENT mais aussi de l’influence des maî- b Dans la chambre de Salomé ? ge tout le temps. - IV. Terre tres flamands. b Dans le palais d’Hérode ? émergente. Libéra. Gros pares- 1. Négociable à la corbeille. - 2. Pour accorder la scène de la b En prison ? seux. - V. Avancée féminine. Font Passage obligé en ville et dans Décollation de saint Jean-Baptiste Réponse dans Le Monde du souvent de gros volumes. - VI. les airs. Suit le vu. - 3. Maillon de au décor naturel du panneau de 9 novembre. Forme d’avoir. Envoi qui restera la chaîne. Fit un effet bœuf sur sans retour. En mesure. Genre les bords du Nil. - 4. Vieux bœuf. littéraire - VII. Très inquiètes. - Reçoit le pêne. - 5. Petit problè- Réponse du jeu no 245 paru dans Le Monde du 26 octobre. VIII. Mesure l’acidité du milieu. me. Un petit noir bien léger. Le récit de la crise qui a amené August Strindberg à délaisser toute acti- Possessif. Content de lui. - IX. Coups de baguettes. - 6. Plus ou vité artistique est paru sous le titre Inferno. 20 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001

ÉDITION Quelque trente pièces b JAMAIS encore ce qu’on a appelé b QUATRE AUTEURS en ont partagé Mirbeau, ou tombés dans l’oubli. a travaillé avec Dullin, explique la de théâtre réunies dans un coffret de récemment le théâtre d’intervention, la responsabilité, réunissant farces, b DANS UN ENTRETIEN au Monde, méthodologie de la confection des trois volumes intitulé Au temps de cet art ancré dans la réalité sociale et satires, « drames ouvriers » ou mélo- Monique Surel-Tupin, coauteur du volumes et évoque avec gourmandise l’anarchie. Un théâtre de combat. politique de son temps, n’avait fait drames écrits par des auteurs célè- projet, professeur honoraire à l’uni- ce répertoire qui favorisait la rencon- 1880-1914 paraissent chez Séguier. l’objet d’un pareil soin éditorial. bres, comme Louise Michel ou Octave versité Bordeaux-III, comédienne qui tre et les prises de position politiques. Le théâtre à pleine voix des anarchistes du tournant du siècle Les éditions Séguier publient un coffret de trois ouvrages réunissant une trentaine de pièces écrites, entre 1880 et 1914, par des auteurs toujours célèbres, comme Louise Michel, ou tombés dans l’oubli, qui se sont servis de la scène comme d’une arme dans leur combat politique

TOUT un répertoire de pièces fait « que les syndicats d’hommes mes du capital par l’entremise anarchistes datant d’il y a cent ans ne donnent qu’un exemple relative- d’une femme de la bourgeoisie, sort aujourd’hui de l’oubli avec la ment peu encourageant et que les car il estime que « les bourgeoises publication d’une trentaine d’œu- belles maximes qu’on y professe ser- pensent à autre chose qu’à faire de vres réunies en trois volumes. De vent surtout aux ambitieux et aux uti- la politique ». De même, aux yeux premières lectures publiques ont litaires ». Dans sa pièce L’Amour de ce critique, le large usage du eu lieu au printemps, à Paris, dans libre, elle plaide contre le mariage chant dans la pièce n’est pas assez le « fief » libertaire de l’Espace bourgeois et critique férocement réaliste. Selon lui, les grévistes de Louise-Michel, à Ménilmontant. les lois sur la bâtardise. la pièce peuvent crier leurs slo- Le 27 octobre, le Théâtre national gans, mais non chanter en de la Colline a accueilli une lecture- LOUISE MICHEL ET LA COMMUNE chœur… De Londres, où elle est débat en présence des responsa- Trois écrivains se détachent par- encore réfugiée en 1890, Louise bles de cette publication. Cette mi l’ensemble des auteurs de ces Michel lui répond et défend ses réédition, voire cette première pièces d’intérêt inégal : Louise goûts néoromantiques. édition dans les règles pour certai- Michel, Georges Darien et Octave Plus connu pour ses romans nes pièces dont les auteurs Mirbeau, le plus connu, notam- (Le Voleur, Bas les cœurs, Biribi), n’avaient pas respecté le dépôt ment pour ses satires (L’Epidémie, Georges Darien a écrit une demi- légal, pourrait susciter de nou- Les affaires sont les affaires). A douzaine de pièces de théâtre. Les velles initiatives. peine rentrée du bagne de Nou- Chapons portent la marque de sa Farces, satires, « drames velle-Calédonie, Louise Michel se férocité à l’égard des bourgeois ouvriers », mélodrames en cinq risque à l’écriture théâtrale. L’insti- qui, ici, collaborent avec l’occu- actes ou courte « pièce sociale » tutrice, grande admiratrice de pant prussien. C’est la seule pièce en cinq scènes : ces textes variés Victor Hugo, a toujours fait du de Darien à avoir été jouée récem- sont présentés par une équipe de théâtre avec ses élèves. Elle com- ment dans une institution théâtra- chercheurs qui, à travers leurs mence par adapter son roman- le : elle a été montée, en 1992, par introductions, leurs commentaires feuilleton Le Bâtard impérial, dans le Théâtre du Campagnol de Jean- et leurs choix, proposent un allia- lequel elle met en scène le héros Claude Penchenat. L’une de ses ge original entre érudition et mili- L’ILLUSTRATION / SYGMA anarchiste Bakounine, avec l’aide pièces se singularise en abordant, tantisme. Ces pièces sont écrites Louise Michel (ici dans un meeting en 1904) écrit des pièces dès son retour du bagne. de Maxime Lisbonne. Comédien, non pas ses thèmes favoris – anti- par des auteurs connus, comme « Le Bâtard impérial », « Nadine » et « La Grève » sont publiées par les éditions Séguier. Lisbonne avait joué dans de militarisme, hostilité à la classe Octave Mirbeau ou Georges grands mélodrames, avant de se bourgeoise –, mais en interrogeant Darien, des écrivains tombés dans breuses pièces, écrites le plus sou- financiers, comme le juif Rissfitz, Vera Starkoff. Admiratrice de battre pour la Commune. Il dirige la perversité de la philanthropie. l’oubli, tels Jean Conti et Jean Gal- vent dans une veine naturaliste, présenté non sans antisémitisme. Léon Tolstoï, elle fonde le Théâtre alors le Théâtre des Bouffes-du- Dans La Faute obligatoire, il met en lien, ou des militants qui se déci- traitent des différents combats de L’amour libre, thème cher à une d’Idées et monte Maison de pou- Nord, à Paris. scène deux responsables d’une ins- dent à prendre la plume pour faire l’heure : grèves ouvrières, luttes partie des anarchistes et des fémi- pée, d’Ibsen. Au cours des repré- Malgré une censure vigoureuse titution pour jeunes femmes « tom- passer leur message politi- économiques, exploitation du tra- nistes, est défendu dans la pièce sentations, elle conseille aux fem- – elle ne sera abolie qu’en 1906 –, bées » qui recueillent avec excita- que – Louise Michel ou Jean vail des femmes à domicile, rap- du même nom écrite en 1902 par mes de se syndiquer et critique le la pièce Nadine, créée en 1882, est tion les récits scabreux de leurs Grave. ports de couple, oppression de la un événement. Les communards « fautes ». Avec cette pièce où femme et de la mère. Des farces et leurs adversaires, les versaillais, rôdent la perversion, l’angoisse, la D’IGNOBLES EXPLOITEURS tournent en dérision les bour- La cruauté de Georges Darien sont dans la salle, ainsi que des ins- folie, Georges Darien amorce un En cette époque antérieure au geois, dotés de noms ironiques. pecteurs de police qui envoient questionnement qu’étudiera, des cinéma ou à la télévision, le théâ- Le héros de Monsieur Vautour, Dans sa pièce intitulée La Faute obligatoire, l’écrivain et drama- leur rapport à la préfecture toutes décennies plus tard, Michel Fou- tre est un vecteur important de de Jean Conti et Jean Gallien, est turge Georges Darien fait dialoguer la directrice d’un foyer d’accueil les demi-heures. Le public popu- cault, dans La Volonté de savoir. propagande et la plupart des un ignoble propriétaire exploiteur pour jeunes femmes qui ont « fauté » avec le fondateur de cette insti- laire des galeries supérieures jette cercles anarchistes se dotent de qui tente d’abuser d’une ouvrière tution philanthropique. Lui rappelant qu’il l’a, un jour, « violentée », ses projectiles sur les bourgeois de Catherine Bédarida compagnies dramatiques ou de abandonnée par son amant et elle l’accuse : « Le milieu triomphe de vous ; il a brisé votre sincérité du l’orchestre. Dans ce mélodrame en chorales. « Des dirigeants politi- dont l’enfant vient de mourir de début ; il a perverti votre cœur loyal ! Le vice a infiltré son goût dans vos cinq actes, la Commune est évo- e Au temps de l’anarchie, un théâ- ques de premier plan, comme l’anar- froid dans la mauvaise mansarde veines, et votre sang roule ses scories ! Il vous murmure que ces filles, quée, mais, pour tromper la censu- tre de combat. 1880-1914. Textes chiste parisien Jean Grave ou le qu’il lui loue. Dans Barbapoux,de arrachées à la honte, sont désirables en raison même de la continence re, elle est travestie en événement choisis, établis et présentés par socialiste lillois Henri Ghesquière, Charles Malato, « drame satirique qu’on leur impose ! Il vous détaille les charmes nouveaux que leur donne se déroulant dans la république de Jonny Ebstein, Philippe Ivernel, trouvent le temps d’écrire des pièces en deux actes », le journaliste l’austérité de leur costume (…). Je vous devine parce que je vous connais. Cracovie. Monique Surel-Tupin et Sylvie Tho- de théâtre », note Monique Surel- véreux Barbapoux est soutenu par Moi aussi, la contagion de l’immoralité me gagne. Mes nerfs s’irritent. La Grève, sa troisième pièce, se mas. Préface d’Alain Badiou. Edi- Tupin, l’une des responsables de l’Eglise, incarnée par le Père Mes sens s’affolent. Lorsqu’une de ces malheureuses, arrivant ici, me réci- situe aussi en Pologne. Un débat tion Séguier Archimbaud, trois cette anthologie. De 1890, date à Dindon, l’armée, avec le général te son histoire de honte, je ne sais quel démon me pousse à questionner. esthétique s’engage entre Louise tomes d’environ 500 p. chacun, laquelle les militants de la Commu- Derlindinden, les riches, avec la Ah !, je sens le sadisme rôder autour de moi (…). Nous combattons le vice, Michel et un journal anarchiste. Il 53,35 ¤ (350 F) le tome, 133 ¤ ne sont amnistiés, à 1914, de nom- comtesse de Lenclumoire, et les qui est une réalité, avec une imposture. Il se venge ! » lui reproche d’exposer les mécanis- (872,42 F) le coffret des trois. Monique Surel-Tupin, coauteur de l’anthologie « Un théâtre où on se retrouve, on partage, on chante… On y prononce aussi des discours politiques » Comédienne et metteur en scène, ancien- réalisé une première publication de cinq beau, et Thadée Natanson, Le Foyer (1906), quelque deux mille spectateurs. C’était le naise. Elle a une écriture presque cinémato- ne élève de Charles Dullin, Monique Surel- pièces, avant de repartir sur l’idée de faire qui est d’une audace surprenante… Autre rassemblement, la communion qui permet- graphique, avec des scènes très courtes. Tupin est professeur honoraire à l’universi- une grosse édition. Le travail s’est échelon- exemple, Barbapoux de Charles Malato, piè- tait de reprendre des forces. Des représen- L’intrigue est souvent compliquée, confuse, té Bordeaux-III. Cette anthologie en trois né sur une dizaine d’années. La question ce écrite vers 1900 et jamais jouée, qui est tations étaient données au profit de grévis- mais certains passages sont superbes. Il y a volumes du théâtre anarchiste est née de la du choix était difficile ; rien de vraiment une farce extravagante. Une écriture nou- tes ou d’un ouvrier licencié. Mais le public des images très proches, très actuelles, qui collaboration de plusieurs chercheurs du important n’a été écarté, mais nous velle, influencée par Alfred Jarry et Ubu, était varié, ce qui donnait des séances hou- nous viennent : il ne faut pas se laisser rebu- laboratoire des arts du spectacle du CNRS n’avons pas retenu les textes qui parlaient apparaît dans le côté farcesque. La grande leuses, avec des chahuts, des bagarres. Ce ter par les aspects enchevêtrés. Il faut lire auquel elle appartient. de l’anarchie sur un ton de défaite, ou pre- querelle de l’époque était celle du naturalis- que je trouve le plus drôle, ce sont les gens aussi les indications scéniques, qui sont très « Comment vous est venue l’idée nant pour sujet des utopies qui avaient me dont ces dramaturges anarchistes se de l’orchestre qui venaient avec leur para- intéressantes. d’ouvrir ce chapitre pratiquement incon- échoué. Nous nous placions dans la perpec- réclamaient. pluie, parce qu’on les bombardait des bal- – L’antisémitisme n’est pas totalement nu de l’histoire du théâtre moderne ? tive du théâtre militant et de combat. De – Quel était le public et comment réa- cons. Souvent, la police devait intervenir absent de ce théâtre… – C’est une longue histoire. J’ai long- 1880 à 1914, toutes les tendances politi- gissait-il ? pour expulser les perturbateurs. – Effectivement, chez Jean Grave ou temps travaillé sur les groupes d’agit-prop, ques au sein de l’anarchie, ou dans ses mar- – C’est un théâtre où on se retrouve, on – Louise Michel était une personnalité Charles Malato, il y a des traces d’un antisé- puis sur le théâtre d’intervention né en ges, sont représentées. partage, on chante… On y prononce aussi importante… mitisme populaire, avec l’assimilation du 1968. Après ma thèse sur Charles Dullin, – Pourquoi cette amnésie concernant des discours politiques. Louise Michel, par – C’était la Vierge rouge, et elle avait un juif et de la finance. Au moment de l’affaire j’ai rejoint le CNRS, où travaillaient déjà le théâtre anarchiste ? exemple, prenait la parole avant le specta- courage extraordinaire. Elle adorait le théâ- Dreyfus, les ouvriers n’étaient pas forcé- Philippe Ivernel et Jonny Ebstein. Mes cen- – Il y a sans doute cette idée que le théâ- cle, aux Bouffes du Nord ou dans les théâ- tre. Grande admiratrice de Hugo, elle a un ment dreyfusards… Mais cela reste secon- tres d’intérêt étaient alors le féminisme et tre politique n’est pas français, mais russe tres de quartier. Cela pouvait avoir lieu côté romantique au sens le plus noble du daire. l’anarchie, et j’avais étudié la présence des ou allemand. Et cette autre idée selon dans des théâtres comme l’Œuvre, ou dans terme, et un souffle aussi. Dans ses Mémoi- – Tous ces dramaturges ont-ils eu des femmes dans le théâtre, puis la représenta- laquelle si c’est politique, c’est que ce ne des lieux marginaux, dans des bars, des res, elle parle souvent en femme de théâtre, héritiers ? tion de l’ouvrier, sur la scène et comme peut pas être très bon. bourses du travail… Les pièces de Vera en terme de mise en scène. Elle dit souvent – Le théâtre anarchiste est mort avec la spectateur. Avec Ivernel et Ebstein nous – Beaucoup de ces pièces présentent Starkoff ont été écrites pour les universités que dans les moments très poignants, elle guerre de 1914. Ce qui l’a tué, c’est le « chef- voulions aller plus loin. C’est à partir de là un caractère assez traditionnel. Com- populaires ; il y avait tout un ferment théâ- prend du recul et voit les choses comme un d’œuvre pour tous », qui était l’idée du que nous avons découvert le théâtre anar- ment expliquez-vous cela ? tral autour de ces universités populaires. Et tableau. Je pense qu’elle avait vraiment un Front populaire. A partir de là, on est entré chiste. On a pensé qu’il fallait réunir un cor- – Selon Philippe Ivernel, notre théori- puis il y avait ces fameuses maisons du peu- tempérament théâtral. Louise Michel fai- dans l’ère du partage de la culture. Il y a des pus, mais c’était terriblement compliqué cien, ce n’est pas aussi traditionnel que ça ple, où par exemple L’Epidémie de Mirbeau sait courir tout le monde, parce que c’était choses très sacrées en France, comme le car tous les textes étaient dispersés, notam- en a l’air. Souvent, par exemple, les auteurs a été jouée en 1898 par l’auteur lui-même. une curiosité. Comme on ne pouvait pas théâtre populaire ! » ment à l’Arsenal, et puis aux Archives natio- « cassent » la division en cinq actes. Il y a Une représentation de la pièce dans un han- parler directement de la Commune, parce nales, pour les pièces qui furent victimes de aussi des tabous qui tombent, comme dans gar par l’équipe du Théâtre civique, au pro- que l’épisode faisait encore très peur, elle Propos recueillis par la censure – elle a sévi jusqu’en 1906. On a l’acte supprimé de la pièce d’Octave Mir- fit d’un journaliste emprisonné, a réuni prend comme périphrase la révolution polo- Patrick Kéchichian L’argent noir du terrorisme 0123 0123 Dossier spécial de 8 pages daté 4-5 samedi 3 novembre1 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 / 21

DÉPÊCHES a ARTS : l’artiste Alice Ander- Ultime verdict pour les amis de Bridoire son a obtenu le quatrième Prix Gilles-Dusein pour ses vidéos Ma mère et Belle rive, récompense L’association créée pour sauver ce château classé de Dordogne, remise en hommage à la mémoire du galeriste Gilles Dusein et décer- laissé à l’abandon par son propriétaire, est jugée pour violation de domicile née par la Fondation NSM Vie et la Maison européenne de la pho- LE 19 SEPTEMBRE, l’Associa- dans la défense d’un patrimoine ventaire supplémentaire des Monu- tographie. Née en 1976 à Londres, tion historique de Ribagnac pour architectural menacé. ments historiques. Le propriétaire Alice Anderson est diplômée de la sauvegarde du château de Bri- En 1978, la société Roume Bouf- ne bronche pas. Le chef du cabinet l’Ecole nationale supérieure des doire se retrouvait devant le tribu- flers achète Bridoire, un château de Roland Dumas, alors ministre beaux-arts de Paris (mars 2001) et nal des appels correctionnels à de trente pièces situé au milieu des affaires étrangères, confirme suit actuellement le post-diplôme Bordeaux. Le plaignant était la d’un domaine de 15 hectares. Les que « la société Roume Boufflers a du Goldsmith College de Londres. société civile immobilière Roume gérants en sont Mme et M. Boissier cessé toute activité au Sénégal en a MUSIQUE : le Français Lau- Boufflers, propriétaire de cet édi- Palun. Ce dernier est un ancien pré- 1984 ». L’association multiplie les rent Campellone, âgé de vingt- e e fice des XV et XVI siècles, situé à sident du Grand Conseil de l’Afri- démarches et les manifestations. JACKY SCHOENTGEN neuf ans, a remporté l’unique quelques kilomètres des vignobles que occidentale française (AOF), En 1992, Bridoire est classé d’office Le château de Bridoire (XVe et XVIe siècles), classé en 1992, prix décerné au huitième Con- de Monbazillac (Dordogne). La ministre puis ambassadeur du en Conseil d’Etat, une procédure sera peut-être sauvé en 2002 : l’expropriation est en cours. cours international des jeunes SCI, domiciliée à Dakar (Sénégal), Sénégal, consultant de l’Unesco et d’urgence assez rare. D’après la loi chefs d’orchestre de l’Union poursuivait l’association afin d’ob- grand officier de la Légion d’hon- Malraux, le propriétaire d’un édi- Au cours de cet entretien, Mme Bois- l’association ne le harcèle plus ». européenne. Il a été choisi parmi tenir réparation d’un préjudice neur. Après quelques travaux, l’édi- fice classé est tenu de faire des tra- sier Palun indique : « Nous laisse- M. Boissier Palun donne l’impres- quelque cinquante jeunes candi- vieux de trois ans. fice est abandonné. Il est rapide- vaux sous peine de voir l’Etat les rons dépérir ce château pour punir sion d’avoir le bras long. Le préfet dats de moins de trente-six ans Le 26 avril 1998, celle-ci avait en ment squatté, totalement pillé et exécuter d’office et de se voir pré- la population. » couvre d’ailleurs la destruction du par un jury présidé par le chef ita- effet appelé à une manifestation entièrement vandalisé. senter in fine l’addition. M. Bois- En 1997, les premiers travaux puits (classé) faite sans l’autorisa- lien Bruno Bartoletti. Laurent pour la sauvegarde du château. En 1988, l’architecte des Bâti- sier Palun dépose un recours pour d’office sont effectués sur le tion des Monuments historiques. Campellone a été chef assistant à Huit cents personnes – dont des ments de France écrit à son admi- dénoncer ce classement et deman- pigeonnier : 225 000 francs pour L’Association contre-attaque en l’Opéra de Toulon pendant quatre élus de tout bord – étaient au ren- nistration : « Monsieur Boissier der une indemnité de 10 millions refaire des colombages et poser 1999. Elle porte plainte contre le saisons et a reçu les conseils de dez-vous. Quelques-unes étaient Palun n’a jamais entrepris les moin- de francs (1,52 million d’euros). une toiture provisoire de tôle. Les propriétaire, qui réplique en atta- Christoph Eschenbach. rentrées à l’intérieur de l’enceinte. dres travaux de consolidation ou de devis des Monuments historiques quant… le ministère de la culture. a Musiciens de Bretagne, Le propriétaire avait donc porté mise hors d’eau ; pire, il ne donne « PUNIR LA POPULATION » font sursauter les habitants de Fin 2000, la Rue de Valois annonce d’Ecosse, du pays de Galles, de plainte pour violation de domicile. plus signe de vie. » L’homme réside En 1994, un référé du tribunal de Ribagnac. qu’elle va exproprier Bridoire. Galice et d’Irlande seront réunis Le 4 août 1998, le tribunal de Berge- pourtant à Paris, dans le XVIe arron- Bergerac donne l’autorisation à En 1998, devant les dégradations M. Boissier Palun est reçu au minis- le 15 mars 2002 au stade de Fran- rac avait relaxé les prévenus. Il dissement. En 1989, une Associa- l’architecte en chef des Monu- qui se multiplient et la lenteur des tère en février 2001. Sans résultat. ce pour une « Nuit magique » où s’agissait maintenant de savoir si tion historique de Ribagnac pour ments historiques de pénétrer à réactions officielles, l’association Le 7 juin, la ministre de la culture, sont attendus 50 000 spectateurs. cette violation ouvrait la voie à un la sauvegarde du château de Bri- l’intérieur de l’édifice. Une tranche appelle, on l’a vu, à une manifesta- Catherine Tasca, signe enfin la Jean-Pierre Pichard, directeur préjudice matériel. L’avocat géné- doire est créée avec quelques de 500 000 francs est débloquée tion. C’est un succès. Mais, à la mise en œuvre de la procédure général du Festival interceltique ral a répondu par la négative. Il a habitants de la commune ou des pour les premiers travaux. Qui ne demande du préfet de Bordeaux, la d’expropriation, qui ne sera effecti- de Lorient, organisateur de cette demandé la confirmation de la environs. se font pas. Deux ans plus tard, le gendarmerie intervient et seize per- ve qu’un an plus tard. En juin 2002, soirée, a précisé que ce concert, relaxe obtenue trois ans plus tôt. Le feuilleton commence. En député maire de Bergerac Daniel sonnes sont traduites devant le tri- le château de Bridoire sera peut- qui réunira quelque 600 musi- Le verdict sera rendu le 7 novem- 1990, la trace du gérant est retrou- Garrigue (RPR) obtient une rencon- bunal correctionnel de Bergerac, être sauvé. Il aura fallu douze ans ciens – dont Yann Fanch Keme- bre. Cette affaire, qui connaît là un vée. Il ne répond pas aux courriers tre avec le propriétaire du château, qui va ordonner la relaxe. A la pré- de combat et beaucoup de ner, Didier Squiban, Dan Ar Braz, ultime rebondissement judiciaire, de l’Association, qui se tourne qui exige que celle-ci se déroule en fecture, on estime que l’associa- patience. Gilles Servat, Carlos Nunez et est représentative du rôle grandis- alors vers le ministère de la culture. présence de Jacques Foccart, l’hom- tion va trop loin : le propriétaire Rita Connelly –, est la déclinaison sant joué par le milieu associatif Ce dernier inscrit le château à l’in- me fort des « affaires africaines ». « s’est engagé à faire des travaux si Emmanuel de Roux parisienne d’un des temps forts de la manifestation estivale bretonne. a Toute œuvre musicale peut La fureur de vivre de Shohei Imamura, révélateur jubilatoire des plaies vives du Japon désormais être identifiée par quiconque, et partout dans le monde, grâce à un code interna- La Cinémathèque française consacre une rétrospective à cette figure de la modernité cinématographique nippone tional d’identification, a annoncé la Confédération internationale QUI ne connaît Shohei Imamura, vitalité que de la morbidité instincti- lée lyrique et l’enregistrement humain, entre les forces primordia- paradoxale d’une célébration diony- des sociétés d’auteurs et composi- double Palme d’or à Cannes, en ve, témoignant d’un goût de l’oniris- documentaire, le naturalisme et le les de la nature et celles de la socié- siaque et enragée de la vie. teurs (Cisac). L’Organisation inter- 1983, pour La Ballade de Narayama, me et du grotesque qui n’appartient fantastique, pour mettre impitoya- té. Deux fois mort au cinéma – Ima- nationale de normalisation vient puis, en 1997, pour L’Anguille ? Qui qu’à lui. Deux faits marquent l’émer- blement à nu, sous ses dehors mura a dû, faute de moyens, cesser Jacques Mandelbaum en effet d’enregistrer la ratifica- n’a pas au moins entendu parler de gence de cette œuvre éruptive. Le policés, les plaies vives du Japon. Le de tourner entre 1970 et 1979, puis tion de l’« international standard ce réalisateur japonais, né en 1926 à premier, c’est la jeunesse du cinéas- crime (Désir meurtrier, 1963 ; La Ven- entre 1989 et 1996 – et deux fois res- e Shohei Imamura, pulsions nippo- musical works code » (ISWC) sous Tokyo, figure de proue, avec Nagisa te dans le Tokyo de l’après-guerre, geance est à moi, 1979 ; L’Anguille, suscité, ce prodigieux metteur en nes. Cinémathèque française, salle la référence ISO/15707, comme Oshima, de la nouvelle vague nippo- livrée à la rue et à ses âpres combats 1996), la prostitution (La Femme scène aura finalement inscrit dans du Palais de Chaillot, 7, avenue norme unique pour l’identi- ne apparue dans les années 1960 ? pour la survie. Le deuxième, c’est le insecte, 1963 ; L’Histoire du Japon son propre parcours le bilan de cet- Albert-de-Mun, Paris-16e. Tél. : 01-56- fication mondiale des œuvres En dépit d’un récent retour en force contexte du cinéma japonais des racontée par une hôtesse de bar, te lutte destructrice, sous la forme 26-01-01. Jusqu’au 30 novembre. musicales. – (AFP.) sur les écrans mondiaux, consécutif années 1950 sur le fond duquel, en 1970 ; Pourquoi pas ?, 1981…) et la à la sélection de ses trois derniers dépit du rayonnement vivace des guerre (En suivant ces soldats qui ne films à Cannes, cette figure de la grands classiques (Mizoguchi, Ozu, sont pas revenus, 1971 ; Pluie noire, modernité cinématographique nip- Naruse), éclate un violent désir de 1989 ; Docteur Akagi, 1997) sont les pone reste mal connue. On pourrait rupture des codes esthétiques et de thèmes récurrents d’une œuvre qui s’en affliger si la Cinémathèque fran- critique sociale, dont Imamura sera va progressivement passer de la pro- çaise n’avait eu l’excellente idée d’or- l’un plus flamboyants hérauts. Entre vocation frontale à un apaisement RANDONNÉE ganiser une rétrospective intégrale ces deux dates, le cinéaste aura fait formel qui n’en continue pas moins de son œuvre. Soit vingt et un films, ses armes dans l’assistanat à la réali- de cultiver, avec une discrétion qui Sur les plateaux moyens et longs métrages, dévolus sation, notamment auprès de Yasu- la rend plus redoutable encore, les majoritairement à la fiction mais jiro Ozu, et l’écriture de scénario. pires dérèglements du corps et de du nord du Vietnam aussi au documentaire. l’esprit. E FF / 3,05 « Pulsions nippones », dit le titre UN APAISEMENT FORMEL Comme en témoigne l’un de ses bre 2001 20 de cette manifestation. Il s’agit, En attendant la sortie en France, films les plus ambitieux, Profond N° 574 du 31 octobre au 7 novem sinon d’une définition de son ciné- le 28 novembre, de son nouveau désir des dieux (1968) – l’histoire ma, du moins d’un programme : film, De l’eau tiède sous un pont rou- d’un ingénieur de la ville qui se www.courrierinternational.com charnel, brutal, jubilatoire. Le ge, cette rétrospective permettra heurte aux coutumes ancestrales même titre eût aussi bien convenu donc de redécouvrir la violence et d’une population insulaire –, le pour Oshima, à ceci près que la l’engagement d’une œuvre qui grand sujet d’Imamura est celui de transgression, chez Imamura, se mêle intimement le désordre ins- la confrontation, sur ce « champ met plus volontiers au service de la tinctuel et le champ social, l’envo- d’expérimentation » qu’est l’être L’unique théâtre français de New York ferme ses portes UN MOIS après les attentats du 11 septembre à New Koltès. Son ambition a toujours été de présenter des York et à Washington, la situation des théâtres de auteurs contemporains dont les textes étaient traduits Broadway n’est pas brillante. Si la plupart des salles ont en anglais et édités. En vingt ans, l’« Ubu Rep » a inscrit rouvert quelques jours après les événements, très rares pas loin de 140 titres à son répertoire. Sartre, Sarraute, sont celles qui ont retrouvé un rythme d’activité nor- Ionesco, Copi, Jean-Luc Lagarce, Denise Bonal, Xavier mal. « Seuls des spectacles comme The Producers ou Durringer, et aussi Aimé Césaire, Kateb Yacine, Soni King Lion sont complets, explique Françoise Kourilsky, Labou Tansi… D’abord invité par d’autres théâtres « off- directrice de l’Ubu Repertory Theater. On peut acheter off Broadway », l’« Ubu Rep » a investi une salle de des places pour le soir même, ce qui était impossible avant 99 places, dans la 28e Rue, en 1989. Il y est resté dix ans, le 11 septembre. Tous les théâtres sont atteints. Les salles avant d’être chassé par une hausse prohibitive du loyer. “off-off Broadway” ont dû s’associer pour lancer une poli- Il occupe depuis des bureaux à Wall Street. tique de demi-tarif : le coupon d’une place permet de voir C’est là que Françoise Kourilsky règle les questions deux pièces. » relatives à la liquidation de son théâtre. Elle a pris la « La situation du théâtre new-yorkais a toujours été fra- décision de le fermer à la fois pour des raisons financiè- gile, faute de subventions, poursuit Françoise Kourilsky. res (au fil du temps, l’Etat français n’a cessé de se désen- Aujourd’hui, elle est vraiment difficile. Des projets de spec- gager, passant de 5 millions de francs de subvention à tacles sont annulés ou reportés. Les gens n’ont pas envie 1 million, obligeant à une épuisante recherche de fonds de sortir, ils sont encore comme des zombies. Les pièces de complémentaires) et parce que, dit Françoise Kourilsky, Broadway n’ont rien à voir avec ce qu’ils ressentent aujour- « [elle] préfère arrêter quand [elle a] encore assez d’en- d’hui. On leur dit à la fois qu’il faut vivre normalement et thousiasme et d’énergie pour engager d’autres projets ». qu’il faut être vigilant parce que d’autres attentats sont Comme elle tenait « beaucoup à assurer l’héritage », elle possibles. Ils ont du mal à trouver de l’intérêt à Hedda a légué ses archives à la Bibliothèque nationale de Fran- Gabler, même si le rôle est tenu par une grande actrice. » ce, vendu sa collection de pièces traduites au Theater Pour sa part, Françoise Kourilsky ferme l’Ubu Reper- Publishing Group – qui continuera à les éditer et à les ■ tory Theater – son théâtre, qu’elle a fondé en 1981 et diffuser – et cédé ses manuscrits à la bibliothèque de la 20 FF dirigé depuis. Cette décision n’a rien à voir avec la situa- New York Central University. tion actuelle. Elle était prise depuis un an, mettant fin à Ainsi, l’« Ubu Rep » va continuer à faire son chemin. une aventure unique en son genre : l’Ubu Repertory Au printemps 2002, la section arts et spectacles de la Theater était le seul théâtre new-yorkais consacré uni- Bibliothèque nationale de France organisera un collo- quement au répertoire francophone. Créé dans l’en- que et une exposition en hommage au théâtre de Fran- thousiasme de l’arrivée de la gauche au pouvoir, en çoise Kourilsky, qui, par un tour étrange, ferme quand EXCLUSIF Le plan de conquête de Ben Laden 1981, il a bénéficié du soutien actif de l’Etat français et les scènes new-yorkaises tournent une page de leur his- de Jack Lang, alors ministre de la culture, avec qui Fran- toire : « Les théâtres sont entrés dans une crise profonde. çoise Kourilsky avait traversé les grandes années du Fes- Les fondations qui les soutenaient donnent aujourd’hui de DÉBAT Du monothéisme au terrorisme tival de Nancy. Spécialiste du théâtre américain (elle est l’argent aux sinistrés et à la reconstruction. Le maire de l’auteur d’un livre sur le Bread and Puppet – la troupe New York, Rudy Giuliani, a annoncé des coupes budgétai- qui révolutionna l’art de la marionnette), elle s’est instal- res. Comme toujours en pareil cas, c’est la culture qui va BACILLE DU CHARBON Une arme peu efficace lée à New York à la fin des années 1970, où elle a signé payer en premier. Mais cette crise fera peut-être apparaî- des mises en scène (en particulier à la Mamma) avant tre de nouvelles pratiques et un nouveau répertoire sur les de fonder son théâtre. scènes de Broadway. » Et chaque jour : www.courrierinternational.com L’« Ubu Rep » a ouvert en 1982 avec la création mon- diale de Combat de nègre et de chiens, de Bernard-Marie Brigitte Salino 22 / LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 CULTURE Arnold Böcklin, maître SORTIR PARIS nord-américain John Nelson à sa tête, la formation de type Ibrahim Ferrer « Mannheim » (entre l’orchestre ironique de l’effroi Un chanteur gentleman âgé de chambre et l’effectif de soixante-quatorze ans. Epris symphonique) a fait d’immenses de romantisme et de grands progrès, surprenant même son Première rétrospective française, au Musée d’Orsay, sentiments, le plus craquant des monde dans des programmes de e crooners cubains. L’un des musique baroque. L’agencement consacrée à ce peintre essentiel du XIX siècle, personnages-clés de la fabuleuse des œuvres, ce soir, est parfait : histoire du Buena Vista Social du classique (Haydn, Mozart), qui mêlait le grotesque à la mythologie Club (un album éponyme vendu du néo-classique (Stravinsky) et à 5 millions d’exemplaires et un du contemporain, avec une réserve que par les hommes de sa D. R. / BÂLE, KUNSTMUSEUM gros succès public pour le film composition de Jean-Louis ARNOLD BÖCKLIN. Musée race »… Cette « inspiration toute « Combat de centaures » (1873). Huile sur toile, 105 × 195 cm. réalisé par Wim Wenders). Avant Florentz, que l’EOP a eu raison d’Orsay, quai Anatole-France, allemande » – ou suisse ? – se for- Arnold Böcklin ou l’hybridation de l’épopée et de la farce. la sortie de son prochain disque, de défendre depuis de Paris-7e. Du mardi au dimanche, me devant les Rubens d’Anvers et prévue début 2002, il débute une nombreuses années. Et, en prime, de 10 heures à 18 heures ; jeudi, de Bruxelles dès 1847 – il a alors Lorrain, un peu Corot, s’ébattent entre les colonnes. On se pâme à tournée française accompagné le pianiste Michel Dalberto, qu’on de 10 heures à 21 h 45. 6,86 ¤ vingt ans –, puis à Rome, de 1850 à des nymphes, des satyres et le dieu l’entendre. Son apparence ne rebu- d’un big band de haute tenue. entend rarement en concerto sur (45 F). Jusqu’au 13 janvier. 1857. Pan, un peu Poussin, beaucoup te pas les dryades, aux poses de Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, la scène parisienne… Après avoir essayé de s’adapter Rubens. Il y a du savoir-faire dans filles publiques. Paris-19e.Mo Porte-de-Pantin. Théâtre des Champs-Elysées, 15, Böcklin ? La peinture à rebours. à la vie de Weimar, il revient à ces images et guère d’originalité Böcklin n’hésite ni devant le tri- 20 heures, le 2 novembre. Tél. : avenue Montaigne, Paris-8e. Trois preuves. Dans la seconde Rome quelques années puis, en dans cette manière de peindre, vial ni devant le loufoque : la licor- 01-42-08-60-00. Mo Alma-Marceau. 20 heures, le moitié du XIXe siècle, quand la 1874, s’établit à Florence. Après un courante vers 1850 en Europe. ne devient mulet, le triton gros L’ombre de Venceslao 2 novembre. Tél. : 01-49-52-50-50. mode est au plein air, à la vie autre épisode suisse, il s’installe en Cet académisme syncrétique se batracien écailleux, la sirène gros- Cette pièce de Copi traduite de De 52,47 F à 295,18 F. moderne, à l’impressionnisme, il 1892 près de Fiesole, jusqu’à sa fêle d’un coup. En 1859, Böcklin se fille à queue de poisson rouge. l’espagnol par le metteur en scène René Urtreger peint des scènes mythologiques et mort. Ce supposé « germanique » peint son premier Böcklin, Pan Le centaure, quand il boite, se Jorge Lavelli et sa collaboratrice L’un des pianistes français les plus des rêveries historiques. Alors que a donc passé l’essentiel de sa vie effrayant un berger. Tout y est : l’ap- rend chez le maréchal-ferrant. depuis 1979, Dominique passionants depuis le début des ces sujets savants, souvent en Italie. Il a épousé une Italienne. parition d’un monstre grotesque, Quand il se bat, c’est à coups de Poulange, raconte une « histoire années 1960 est, comme il se moraux, appellent gravité et res- Et, bien qu’on l’ait souvent compa- la terreur non moins grotesque de poing, comme un voyou. Ces scè- d’errance et de famille ». Avec définit lui-même, un jazzman. pect, il les traite de manière si ré au musicien, il a peu à voir avec l’homme, le paysage minéral, le nes sont peintes avec une impi- L’ombre de Venceslao, créé en René Urtreger, ou une vie bizarre qu’on pourrait le soupçon- Wagner. Il ne peint pas d’après la ciel trop bleu. Pourquoi en 1859 ? toyable netteté. Pour les poissons, 1999, Jorge Lavelli signe sa consacrée à la note bleue, ner d’ironie et d’esprit de déri- Tétralogie, mais d’après l’Arioste. Expérience de la trop grande cha- Böcklin emprunte aux zoologues ; septième mise en scène de cet un toucher de prince, des idées sion. Son évolution est à l’inverse Si l’exposition d’Orsay permet leur romaine, a raconté sa femme. pour les décors aux archéologues ; « écrivain de théâtre-né ». Miloud mélodiques placées au plus haut. de ce qui s’observe de coutume : d’en finir avec l’antienne du Böc- Hypertension nerveuse et fièvres pour les nus à ses modèles et à ses Khétib (Venceslao), Maryline Even Il jouera en trio avec Yves d’une jeunesse sage et appliquée klin génie germanique, un considé- provoquées par le typhus, disent désirs. (Mechita), Diego Montes Torchinsky à la contrebasse et vers une vieillesse agitée et pres- rable progrès aura été accompli. les biographes actuels. Peu im- A partir des années 1880, les cou- (Rogelio), Dominique Pinon Eric Dervieu à la batterie, deux que frénétique. porte ! Böcklin se met à oser et leurs brillent d’un éclat excessif : (Largui), Axel Jacobsen (le Singe), soirs de suite au Petit-Opportun. Ces étrangetés sont autant de TRIVIAL ET LOUFOQUE trouve sa tonalité particulière : rouge fraise, roux orangé, bleu tur- Jorge Rodriguez (Coco Pellegrini), Les absents, qui auront eu tort, raisons de l’examiner de près. S’y Elle en a les moyens. Conçue par l’hybridation de l’épopée et de la quoise, vert pelouse. Le peintre se Joan Titus (Chine), Carlos Kloster pourront écouter son superbe ajoute une quatrième, honteuse- les musées de Bâle et de Münich, farce, de l’imaginaire et du réalis- régale d’agressions optiques. On (Gueule de rat, le cheval) et nouvel enregistrement en solo ment française : quoique Böcklin elle réunit près de quatre-vingts me. Jules Laforgue, le seul en Fran- dirait qu’il ne peut s’empêcher Rosaria Audras (voix enregistrée Onirica (Sketch/Harmonia Mundi) soit tenu, dans les pays anglo- tableaux, de quoi suivre l’artiste ce qui ait pris la mesure de Böcklin d’en faire trop : il met trop de du perroquet) servent les et se brancher sur les fréquences saxons pour un artiste considéra- jusqu’à son ahurissante explosion de son vivant, le définit en deux fleurs dans ses prairies, trop de personnages jamais « chichiteux » de France-Musiques (émission ble, aucune exposition ne lui avait finale, même si manquent les formules : « Aveuglement dans le poils à ses faunes, trop de chair à de l’auteur argentin. « Jazz sur le vif » de Xavier été consacrée en France. C’est une œuvres ultimes, La Guerre et La fantastique », « naturel impeccable ses femmes. Il bascule du sublime Théâtre du Rond-Point, 2 bis, Prévost, dimanche 4 novembre, première. Or, Böcklin est mort en Peste. Le catalogue est instructif et dans le surnaturel ». au loufoque, de l’idéal au bouffon. avenue Franklin-D.-Roosevelt, 23 heures à 1 heure) pour la 1901. Il aura donc fallu un siècle précis, l’accrochage clair. Richard Après 1859, l’excitation augmen- Hercule, furibond, plante sa lan- Paris-8e.Mo Franklin-D.-Roosevelt. retransmission d’un concert pour qu’il s’extirpe enfin de l’igno- Peduzzi, son architecte, s’est effor- te régulièrement. De la Rome anti- ce dans le cul du centaure Nessus 20 heures, du mardi au samedi ; donné le 20 octobre à la Maison rance dans laquelle, en France, cé de préserver les œuvres des que, Böcklin peint désormais les pour lui faire lâcher Déjanire. Nes- 15 heures, le dimanche ; relâche de la radio. En solo là aussi – une sont plongés les artistes alle- effets d’une architecture tantôt légendes les plus scabreuses ou les sus est un percheron, Déjanire une dimanche soir et lundi. Jusqu’au rareté chez Urtreger –, avec un mands. A sa mort, on put lire dans trop austère, tantôt trop patissiè- plus cruelles. Pan en est le héros maritorne, le mythe un fait divers 11 novembre. Tél. : 01-44-95-98-10. répertoire puisé dans son nouvel une revue parisienne que « son ins- re. Il ne reste donc qu’à regarder la principal, petites cornes, cheveux et Böcklin le plus inattendu des 60 F, 100 F et 140 F. album, joué avec une vivacité et piration toute allemande, bien qu’il peinture. et poils laineux, sabots fendus, œil peintres ironiques. Ensemble orchestral de Paris un engagement évident. fût suisse de nationalité, étant né à Elle commence sagement. Dans cynique. Il joue de sa flûte, se L’ensemble orchestral de Paris Le Petit-Opportun, 15, rue des Bâle, ne pouvait être admirée sans des paysages méridionaux, un peu cache dans les roseaux, surgit Philippe Dagen (EOP) continue de manquer d’une Lavandières-Sainte-Opportune, image de marque précise sur la Paris-1er.Mo Châtelet, Les Halles. scène musicale parisienne, mais, Les 2 et 3 novembre, 22 h 30. Tél. : Au fond de la forêt, l’épopée du quotidien depuis la venue du chef 01-42-36-01-36. De 80 F à 100 F. La Libertad. Un film argentin quasi muet, de peu de moyens, mais ouvert sur des horizons inattendus GUIDE

de tout mauvais goût, avec lequel guère plus. Sinon qu’il se prénom- prement estourbi, décapité, cuit TROUVER SON FILM RÉGIONS Film argentin de Lisandro Alonso. cette situation banale est montrée me Misael, et travaille seul, loin de dans sa carapace sur un brasero, Avec Misael Saavedra. (1 h 13.) sera le même qui présidera à la chez lui. Au moment où, sa jour- mangé avec appétit devant un Tous les films Paris et régions sur le Poignée de femmes manière de montrer le même gar- née de travail achevée, il regagne à grand brasier allumé sans doute Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : de la Compagnie Gosh, mise en scène 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). de Michel Dallaire, avec Christine Rit- L’image est étrange, difficile à çon s’installer devant une cabane travers champs la cabane à l’orée parce que les nuits sont fraîches ter, Sabine Rieck et Kathryn Mlynek. identifier. Dans la pénombre, éclai- et manger, puis se rendre au tra- des bois où il habite, la réussite du dans la pampa – c’est ce que pré- VERNISSAGE Auch (Gers). Parc d’Endoumingue, rou- ré hors champ par ce qui semble vail. Il est forestier, coupe à la film est déjà acquise, sa beauté sin- tend Les Enfants du capitaine te d’Agen. 20 h 30, le 3. Tél. : Le Trésor de Conques au Louvre un feu de camp, un homme nu hache des arbres morts, les débite gulière établie. Elle tient tout entiè- Grant. er 05-62-61-66-13. De 50 F à 100 F. Musée du Louvre, aile Richelieu, 1 éta- Gad Elmaleh : une vie normale (cadré au-dessus de la ceinture) à la tronçonneuse. Et alors ? Et re dans la mise en scène d’un Ayant ôté son t-shirt, Misael ge, salle 6, entrée par la Pyramide, mange avidement des morceaux alors rien. Peu à peu, le spectateur cinéaste qui semble savoir trouver mange. Un orage approche. On er o de Gad Elmaleh, mise en scène d’Isa- Paris-1 .M Palais-Royal. Du 2 novem- belle Nanty. de viande, en s’aidant d’un cou- comprend qu’il n’y a nulle péripé- d’emblée la juste distance pour retrouve le plan du début, deux bre au 11 mars. Tél. : 01-40-20-51-51. Dole (Jura). Théâtre municipal, 30, rue De 9 heures à 17 h 45 ; nocturne mer- teau qu’il manie par gestes sacca- tie particulière à guetter, aucun regarder le monde. fois plus extraordinaire d’être du Mont-Roland. 20 h 30, le 3. Tél. : credi jusqu’à 21 h 45. Fermé mardi. dés. Il a de nombreuses cicatrices. « événement dramatique » au pro- désormais parfaitement interpréta- 03-84-82-99-19. De 65,60 F à 163,99 F. Billet d’accès au musée : 49 F de 9 heu- Derrière lui, l’obscurité s’illumine gramme de cet enchaînement de UNE IMAGE MYTHIQUE ble. Ce dîner fruste d’un jeune tra- Tangente res à 15 heures ; 33 F après 15 heures brièvement d’éclairs révélant une plans composés avec un classicis- Devant sa caméra, c’est la vie vailleur reste tout autant, sinon de Suzanne Joubert et Alain Béhar, et dimanche ; gratuit pour les moins mise en scène d’Alain Béhar, avec Oli- forêt aux couleurs bleutées. Pour me sobre et précis, pictural, pour quotidienne qui devient une épo- davantage, une image mythique. de 18 ans et le 1er dimanche de chaque vier Derousseau, Virginie Lacroix, ce qu’on voit, on peut aussi bien se montrer des gestes quotidiens. pée, sans besoin d’aucun L’ambivalence du plan atteint une mois. Marie Lamachère, Gilles Masson, trouver devant un plan tourné en Comme le garçon travaille seul « dopage » romanesque. A la diffé- extrême intensité, d’une grande ENTRÉES IMMÉDIATES Nathalie Nambot et Souad Quetin. studio d’une série B située à l’ère dans la forêt, et qu’il n’a personne rence d’expériences cinématogra- richesse plastique et d’une formi- Marseille (Bouches-du-Rhône) Théâtre préhistorique. Impressionnant et à qui parler, le film est presque phiques comparables, Lisandro dable puissance critique. Là, sur- Le Kiosque Théâtre : les places de cer- du Merlan, avenue Raimu. 20 h 30, le troublant, le plan dure, et plus il muet. Alonso ne filme pas la routine des tout, se justifie le titre : « Liber- tains des spectacles vendues le jour 3 ; 17 heures, le 4. Tél. : 04-91- dure plus il émet ce rayonnement Au cours des très rares échan- jours ordinaires, leur ennui ou leur té », peut-être, du personnage même à moitié prix (+ 16 F de commis- 11-19-30. De 10 F à 100 F. Dernières. d’une sauvagerie opaque, au sta- ges, avec le patron auquel il livre banalité. Il n’héroïse rien non plus, vivant à l’écart des lois sociales et sion par place). Oncle Vania tut indécidable. Est-ce un dieu bar- les troncs équarris, avec un copain et pourtant ce jeune type devient des obligations de l’existence Place de la Madeleine et parvis de la d’après Anton Tchekhov, mise en scè- ne de Charles Tordjman, avec Stépha- bare ou un pauvre type affamé ? joint par téléphone dans son villa- un vrai héros de film, par la seule moderne ; liberté certainement gare Montparnasse. De 12 h 30 à 20 heures, du mardi au samedi ; de nie Béghain, François Clavier, Stépha- Puis il fait beau. Un jeune homme ge natal éloigné pour prendre des grâce de ce filmage attentif, précis que s’est donnée le cinéaste de ne 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. nie Farison, Yedwart Ingey, Evelyne doté d’une casquette bleue et d’un nouvelles de sa mère et des filles et généreux. Rentré chez lui, subir aucune des exigences du Ensemble Ultréia Istria, Serge Maggiani, Jean-Christo- t-shirt rouge marche dans la forêt. du coin, avec le tenancier de la sta- Misael se livre à une activité pour spectacle cinématographique ; Musique au temps de Jeanne d’Arc. phe Mast, Louis Merino et Isabelle Il s’arrête et fait caca. tion-service auquel il achète essen- lui sans doute aussi banale, mais immense liberté, surtout, offerte Musée national du Moyen Age - Ther- Sadoyan. C’est comme ça, c’est ce qu’on ce, cigarettes et soda, et à qui il chargée à nos yeux européens au spectateur. mes de Cluny, 6, place Paul-Painlevé, Nancy (Meurthe-et-Moselle). Théâtre e de la Manufacture, 10, rue Baron- voit. Le naturel, totalement demande s’il y a « des minettes » d’exotisme : la préparation de son Paris-5 . RER Cluny-la Sorbonne. 12 h 30, le 2 novembre ; 16 heures, le Louis. 20 h 30, les 3, 6, 9, 10, 13 ; dépourvu de provocation scato ou dans le coin, on n’en apprendra dîner, qui consiste en un tatou pro- Jean-Michel Frodon 3 novembre. Tél. : 01-53-73-78-16. 26 F, 19 heures, les 7 et 8. Tél. : 03-83-37- 36 F. 42-42. 80 F et 100 F. Dernières. Ensemble orchestral de Paris La Symphonie du hanneton Stravinsky : Pulcinella, extrait ; de James Thierrée, avec Camille Boitel, Mozart : Concerto pour piano et Morgane Boitel et Uma Ysamat. Du bon usage du musée, formidable outil à tout faire o orchestre n 22 KV 482 ; Florentz : Priè- Nice (Alpes-Maritimes). Théâtre de re de Marie au Golgotha ; Haydn : Sym- Nice, promenade des Arts. 20 h 30, le tigieuses, étaient transportées à titué par huit sièges : d’une chaise teur. On sait, depuis Marcel phonie no 94 « La Surprise ». Guylaine 3. Tél. : 04-93-13-90-90. De 66 F à 185 F. CHEFS D’ŒUVRE, TRÉSORS ET Paris dans le bâtiment qui porte sculptée Tschokwé au « baquet » Duchamp, que le regard est essen- Girard (soprano), Michel Dalberto (pia- Bérénice QUOI ENCORE… Muséum d’his- son nom. A Lyon, le muséum était fonctionnel de voiture de course. tiel dans la perception d’une no), John Nelson (direction). de Jean Racine, mise en scène de Lam- toire naturelle, 28, boulevard des devenu la propriété du départe- Ils introduisent autant d’espaces où œuvre, et l’historien Krysztof Théâtre des Champs-Elysées, 15, ave- bert Wilson, avec Michel Bauman, Char- Belges, Lyon (69). Tél. : 04-72- ment du Rhône. Ce dernier a tenu à sont déclinées les différentes appro- Pomian souligne, à Lyon, que « tout nue Montaigne, Paris-8e.Mo Alma-Mar- lotte Clamens, Fabrice Michel, Didier 69-05-00. Du mardi au dimanche, se lancer dans une coûteuse opéra- ches que l’on peut avoir d’un objet, objet sorti du circuit d’activité utilitai- ceau. 20 heures, le 2 novembre. Tél. : Sandre, Kristin Scott Thomas, Lambert Wilson et Robert Gil. de 10 heures à 18 heures. De tion de rénovation-extension de cet- baptisé « chef-d’œuvre » selon des re et devenant un objet de musée 01-49-52-50-50. De 52,47 F à 295,18 F. Jérôme Pernoo Tarbes-Ibos (Hautes-Pyrénées). Le Par- 1,52 ¤ (10 F) à 3,81 ¤ (25 F). jus- te vieille institution. normes qui peuvent être fort diffé- acquiert une affinité avec l’œuvre Autour de Bach… Jérôme Pernoo (vio- vis, Centre Méridien, route de Pau. qu’au 24 mars 2002. Celle-ci doit éclater en quatre rentes : selon que l’on appartient d’art dans la mesure où il est lui aussi loncelle). 21 heures, le 3. Tél. : 05-62-90-06-03. entités différentes. La plus ambi- ou non à la sphère occidentale ; exposé aux regards ». On sait aussi L’Archipel, 17, boulevard de Stras- De 160 F à 250 F. LYON tieuse sera logée, sur une friche selon sa place dans une exposition, que l’organisateur de l’exposition bourg, Paris-10e.Mo Strasbourg-Saint- La Iliada de notre envoyé spécial industrielle, au confluent de la Saô- pivot ou simple élément illustratif ; joue à son tour un rôle capital. Le Denis. 20 h 30, le 2 novembre. Tél. : de César Brie, d’après Homère, mise en scène de César Brie, avec Lucas Achiri- Qu’est-ce qu’un musée ? Un ne et du Rhône. D’où le nom de ce selon le statut attribué à la pièce en musée, nous dit Michel Côté, n’est 01-48-00-04-35. 80 F, 100 F. Natacha Atlas co, Soledad Ardaya, César Brie, Gonza- outil. Que peut-on faire d’un tel projet – musée des confluences – question, sacralisée, liée à un culte, pas une entité, mais un véhicule Olympia, 28, boulevard des Capucines, lo Callejas, Freddy Chipana, Maria Tere- outil ? Tout. Cela dépend du muséo- dont la réalisation architecturale a un souvenir personnel, enjeu de pour faire passer quelque chose : Paris-9e.Mo Opéra. 20 heures, le sa Dal Pero, Alice Guimaraes, Jorge graphe et du visiteur. Michel Côté été confiée à l’agence autrichienne société, prouesse technique ou de la délectation esthétique, du 2 novembre. Tél. : 01-47-42-25-49. Jamarlli et Christian Mercado. pose les questions – et y répond. Il Coop Himmelblau. Il s’agit de faire « merveille » de la nature. rêve, de la connaissance ou de la 160 F, 180 F. Toulouse (Haute-Garonne). Théâtre de est le commissaire de l’exposition la jonction entre sciences, arts, tech- Le critique d’art, l’anthropolo- nostalgie… Mais parfois les objets Suzana Blaszko la Cité, 1, rue Pierre-Baudis. Minuit, le qui se tient dans l’antique Muséum niques et société. Au parc de gue, le sociologue, le collection- résistent, en dépit du programme et Kiron Espace, 10, rue La Vacquerie, 3. Tél. : 05-34-45-05-05. De 50 F à 111 F. Paris-11e.Mo Voltaire. 20 h 30, le Dernière. d’histoire naturelle de Lyon, qu’il Lacroix-Laval, une antenne plus neur, l’utilisateur, le commerçant de la vision imposée. C’est dans le 2 novembre. Tél. : 01-44-64-11-50. Alain Buffard dirige tout en pilotant le futur légère est destinée à un jeune ou le conservateur de musée en mortifère et poussiéreux Musée Kenny Garrett Group Good For. musée des confluences (Le Monde public. Le muséum proprement dit auront chacun une vision person- d’ethnographie du Trocadéro que New Morning, 7-9, rue des Petites-Ecu- Dijon (Côte-d’Or). Auditorium, 11, bou- du 7 février 2000). Le muséum, en doit se transformer en musée des nelle, esthétique, technique, reli- Picasso eut la révélation de ce que ries, Paris-10e.Mo Château-d’Eau. levard de Verdun. 20 h 30, le 3 novem- cours de rénovation, est un hérita- cultures du monde. Michel Côté, gieuse, commerciale, communautai- pouvaient – parfois – représenter 21 heures, le 2 novembre. Tél. : bre. Tél. : 03-80-60-44-44. 40 F. ge d’Emile Guimet. A la fin du venu du Québec, présente son pro- re, sociale ou intime. A Lyon, qua- des objets, en l’occurrence des 01-45-23-51-41. De 110 F à 130 F Duos de danse The Ex, De Kift Fine Kwiatkowski et Li Ping Ting : XIXe siècle, l’industriel lyonnais jet à travers une exposition-mani- tre spécialistes livrent d’ailleurs sculptures africaines : c’étaient des La Maroquinerie, 23, rue Boyer, Improvisations. avait laissé, dans sa ville natale, feste au titre provoquant : « Chefs- leurs points de vue, à travers des intercesseurs. Paris-20e.Mo Gambetta. 20 h 30, le Montignac (Dordogne). Salle du prieu- quelques-unes de ses collections d’œuvre, trésors et quoi encore… » vidéos diffusées en boucle. La 2 novembre. Tél. : 01-40-33-30-60. 50 F, ré. 21 heures, le 3 novembre. Tél. : ethnologiques. Les autres, plus pres- Le fil rouge du parcours est cons- réponse appartient d’abord au visi- E. de R. 70 F. 05-53-50-84-43. 40 F. RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 / 23 JEUDI 1er NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 22.35 Amazonie, 21.00 Mozart. Requiem en ré mineur KV 626. 15.40 Le Mystère des treize aa TÉLÉVISION ARTE la guerre de l'ombre. Planète Par les Virtuoses de Moscou Jack Lee Thompson 21.00 Le Cinéma indien. Forum et l'Académie d'art choral de Moscou, (Grande-Bretagne, 1967, 90 min). TCM 19.00 Voyages, voyages. 23.00 Eruption solaire. Nat. Geographic dir. Vladimir Spivakov. Muzzik aa 22.00 Musique et film, 16.55 JLG par JLG TF 1 19.45 Arte info, Météo. 23.00 Les Chemins de l'art. [3 et 4/4] : 21.00 Soirée Herbert von Karajan. Jean-Luc Godard (France - Suisse, 20.15 Reportage. on connaît la chanson. Forum L'Indus Valley et Angkor Vat. Histoire Requiem, de Verdi. Par l'Orchestre 1991, 60 min) &. Cinéfaz 18.20 Star Academy. 20.40 Première séance. et le Chœur de la Scala de Milan, 17.10 Juge et hors-la-loi aa 18.55 Le Bigdil. 22.55 Le Cinéma d'animation. Forum 23.00 Hommage à Georges Brassens. dir. Herbert von Karajan. Vivre au paradis aa Les Copains d'abord. France 2 John Huston (Etats-Unis, 1972, 20.00 Journal, Tiercé, Météo. Film. Bourlem Guerdjou &. 22.25 Concert à la mémoire 110 min) %. TCM MAGAZINES 23.10 Passé sous silence. Guerre sainte d'Herbert von Karajan. 20.55 Les Cordier, juge et flic. 22.20 Thema. Le dernier voyage. au cœur de l'Amérique. France 3 Enregistré le 16 juillet 1999. Par 18.00 La Comtesse Portrait au scalpel. 22.20 Foules inconsolables. 18.05 C dans l'air. La Cinquième 23.20 Sur la terre comme au ciel. l'Orchestre philharmonique de Berlin aux pieds nus aaa 22.45 La Cinquième Sœur. Les funérailles du siècle : et le Chœur de la radio suédoise, % 19.00 Explorer. Les Papous et le crocodile. Les jardins comme idée. Odyssée Joseph L. Mankiewicz (Etats-Unis, Téléfilm. Christopher Leitch . de John F. Kennedy à Lady Di. dir. Claudio Abbado. Mezzo 1954, v.o., 125 min) &. CineClassics 23.55 La Veuve tatouée. Les clowns du rodéo. 23.30 Lonely Planet. 0.25 Un homme à ma taille Le mystère des hommes 22.10 Marciac Sweet 2000. aaa Téléfilm. Lars Molin. Le sud-ouest des Etats-Unis. Planète 18.05 Hope and Glory Film. Annette Carducci. a de Néandertal. National Geographic Regina Carter. Muzzik John Boorman (Grande-Bretagne, 1.35 Le Mari de la coiffeuse 23.55 La Lettonie entre la mémoire & Film. Patrice Leconte &. 23.10 La Route. Invités : Jean Glavany 23.45 La Périchole. Opéra d’Offenbach. 1987, 115 min) . TPS Star FRANCE 2 et Olivier de Kersauson. Canal Jimmy et l'oubli. Histoire Mise en scène de Jérôme Savary. 19.00 La Quatrième Dimension aa Par l'Orchestre de la Suisse romande John Landis, Steven Spielberg, a 23.45 Zone interdite. 0.00 Tibet, la montagne secrète et le Chœur du Grand-Théâtre 16.45 Aux sources du Nil M6 Joe Dante et George Miller Film. Bob Rafelson &. La nouvelle fièvre du samedi soir. M6 de Bouddha. Voyage de Genève, dir. Marc Soustrot. Mezzo & (Etats-Unis, 1983, 100 min). TCM 19.00 On a tout essayé. 18.55 Charmed . aaa DOCUMENTAIRES 0.25 Bophana, une tragédie THÉÂTRE 19.10 Nouvelle vague 19.50 Un gars, une fille. 19.54 Le Six Minutes, Météo. cambodgienne. Planète Jean-Luc Godard (Suisse, 1990, 20.05 Madame est servie &. 95 min) &. Cinéfaz 20.00 et 0.00 Journal, Météo. 20.00 Le Souffle de l'Histoire. 0.30 Mémoire 22.20 De Sacha à Guitry. 20.40 Caméra Café. Mise en scène de Jean Piat. Festival 20.40 Vivre au paradis aa 20.25 Question ouverte. Les Indiens Anasazi. Voyage de la seconde guerre mondiale. 20.50 Popstars. [7/14]. Bourlem Guerdjou (France, 1999, 20.50 Hommage à georges Brassens. 22.05 Ally McBeal. 20.05 Berlin, le premier procès Coulez le « Bismarck ». Chaîne Histoire 100 min) &. Arte Autour de Georges Brassens. TÉLÉFILMS Quand Ally attend Larry &. du terrorisme iranien. Histoire 20.45 Les Cheyennes aaa 23.00 Les Copains d'abord. 22.50 Thérapie &. 20.15 Reportage. SPORTS EN DIRECT 20.55 L'Amour maudit de Leisenbohg. John Ford (Etats-Unis, 1964, 0.25 Le Petit Monde de Brassens. % & 23.45 Zone interdite. Toyota à l'assaut de Ferrari. Arte Edouard Molinaro . TMC v.o., 140 min) . CineClassics 20.15 Football. Coupe de l'UEFA e 22.45 La Cinquième Sœur. FRANCE 3 21.00 Egypte, dieux et démons. (2 tour retour) : Troyes - Leeds. Canal + % [1/5]. Les rois et le chaos. Voyage Christopher Leitch . TF 1 RADIO 20.30 Basket-ball. Euroligue masculine 23.55 La Veuve tatouée. Lars Molin. Arte 18.20 Questions pour un champion. 21.00 Au fil des inventions humaines. (4e journée, groupe C) : 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. [5e volet]. National Geographic Real Madrid - Pau-Orthez. Pathé Sport SÉRIES 20.10 Tout le sport. FRANCE-CULTURE 21.30 A la pointe de la science. 20.20 Le Journal de l'escrime. Volcans. National Geographic MUSIQUE 20.30 Fiction 30 (rediff.). 21.35 The Practice. Paroles de femmes. 20.25 Tous égaux. 22.05 Biographie. Patton, un génie Cache-cache %. Série Club 21.00 Le Gai Savoir. Invitée : Cynthia Fleury. 20.35 et 23.30 Wieniawski. Polonaise 20.55 Le Gendarme de la guerre. La Chaîne Histoire 22.05 Ally McBeal. Quand Ally attend 22.10 Multipistes. brillante n˚1 en ré majeur, opus 24. & et les Gendarmettes Foules inconsolables. Larry. Thérapie . M6 22.30 Surpris par la nuit. 22.20 Thema. Avec Ingolf Turban (violon). Film. Jean Girault et Tony Aboyantz. Les funérailles du siècle : Par l'Orchestre symphonique de la Radio 0.20 Les Soprano. Il est ressuscité 0.05 Du jour au lendemain. de John F. Kennedy à Lady Di. Arte bavaroise, dir. Lorin Maazel. Mezzo (v.o.) %. Canal Jimmy 22.35 Météo, Soir 3. Christine Van Rogger-Andrreucci 23.10 Passé sous silence. (Max Jacob. Lettres à Michel Leiris). Guerre sainte au cœur de l'Amérique. 0.40 Chansons dans la nuit. 0.15 La Loi de Los Angeles. Le piège des apparences. FRANCE-MUSIQUES 0.55 Espace francophone. 20.00 Festival des Prom's. tains spécialistes. En faisant redéfi- Par le Chœur symphonique de la BBC Odyssée Arte ler les images des foules en pleurs 20.45 Le Faucon maltais aa CANAL + et l'Ensemble de percussions, John Huston. 18.05 H &. dir. S. Jackson, David Goode, orgue, 21.50 Aventure 22.20 Thema : le dernier voyage lors des décès de Lady Diana, John Avec Humphrey Bogart, Mary Astor Philip Moore et Simon Crawford-Phillips, Se mettant à leur tour à l'épreuve Pourquoi la mort d'une personna- F. Kennedy, Bob Marley et d'autres (Etats-Unis, 1941, v.o., 105 min). TCM f En clair jusqu'à 20.45 pianos. Œuvres de Schütz, Brahms, & Gorecki, Stravinsky, Schoenberg. de l'alpinisme que d'autres affron- lité publique provoque-t-elle une personnalités comme le roi Hussein 20.45 La Banquière aa 18.30 Les Simpson . Francis Girod (France, 1980, 18.55 + de cinéma. 22.00 En attendant la nuit. tent d'ordinaire dans leur émission, émotion collective ? C'est la (bonne) de Jordanie, Adenauer ou de Gaulle, % 130 min) . CineCinemas 2 19.35 Le Journal. 23.00 Jazz, suivez le thème. aa sur Odyssée, les responsables du question que pose le réalisateur Gerold Hofmann pose l'origine des 21.00 Salaam Bombay ! 19.45 Le Zapping. 0.00 Extérieur nuit. Mira Nair (Inde, 1988, magazine « Aventure » ont gravi Gerold Hofmann dans son docu- rites funéraires, qu'il relie au senti- & 19.55 Les Guignols de l'info. 120 min) . Histoire RADIO CLASSIQUE les 6 288 mètres de l'Amnye mentaire Foules inconsolables - Les ment national. Malgré le côté répéti- 21.00 La Femme de l'aviateur aa 20.05 Football. Machen, montagne sacrée du funérailles du siècle : de John F. Ken- tif des séquences, ce documentaire Eric Rohmer (France, 1980, Coupe de L’UEFA. Troyes - Leeds. 20.00 Les Rendez-vous du soir. 105 min) &. Cinétoile 20.15 Coup d’envoi. Œuvres de Haydn, Jadin, Glück. Tibet. Pour mieux comprendre et nedy à Lady Di, dans lequel il décorti- garde son côté passionnant, grâce aa 22.20 Le Monde des ténèbres. 22.55 Entretien avec un vampire % 20.40 Oscar Wilde et la musique. expliquer pourquoi l'homme est que avec des théologiens, des philo- aux archives sur les enterrements Neil Jordan (Etats-Unis, 1994, La tigresse . Œuvres de Wagner, Beethoven, attiré par les sommets, au péril de sophes et des psychologues les émo- des grands de ce monde, la télévi- 115 min) ?. Cinéstar 1 23.05 Hypnose a Zemlinski, Mozart, Schreker. aaa Film. David Koepp (v.o.) ?. sa vie. Une « voie » vers le dépasse- tions populaires, ces « désolations de sion occupant une place significati- 0.05 Hope and Glory 22.30 Les Rendez-vous du soir (suite). John Boorman (Grande-Bretagne, 0.40 Franck Spadone Œuvres de Wiseman, Ibert, Debussy, ment, l'absolu, le très haut. masse » comme les appellent cer- ve dans la mémoire collective. 1987, v.o., 110 min) &. Cinéstar 2 Film. Richard Bean %. Ravel, R. Strauss.

VENDREDI 2 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 19.00 Pilot Guides. Le Maroc. Voyage 19.30 The Nat « King » Cole Show 23. 13.15 Nouvelle vague aaa TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE 20.00 Le Vietnam. Enregistré le 12 novembre 1957. Muzzik Jean-Luc Godard (Suisse, 1990, e 90 min) &. Cinéfaz 21.00 La V République. Forum Quand un dragon s'éveille. Voyage 20.00 The Nat « King » Cole Show 25. 13.45 Le Journal de la santé. 13.20 Entretien avec un vampire aa TF 1 22.00 De Gaulle, 20.05 Les Feux de la rampe. [2/22]. Enregistré le 3 décembre 1957. Muzzik 14.05 Clemenceau, « Je fais la guerre ». Neil Jordan (Etats-Unis, 1994, 15.05 Domus 5, le mystère de Baden. Forum Charlotte Rampling. CineCinemas 1 22.20 Björk. 120 min) ?. TPS Star 13.50 Les Feux de l'amour. Londres, septembre 1994. Canal Jimmy c'est comment chez vous ? 22.55 Cinquante ans de relations 20.15 Reportage. Cadavre exquis. Arte 14.35 Le Beau Mariage aa 14.40 Mannequin d'un jour. 23.15 Frédéric Chopin Téléfilm. Mark Rosman. 16.00 La Route Tanami. 20.30 Les Missionnaires de la pub. Planète Eric Rohmer (France, 1982, franco-allemandes. Forum par Daria Fadeeva. 95 min) &. Cinétoile 16.25 Alerte à Malibu. 17.00 Les Refrains de la mémoire. 20.55 Un caractère de chien. Odyssée Enregistré en 2000. Mezzo 15.20 Armageddon aa 17.25 Beverly Hills. 17.30 100 % question. MAGAZINES 21.00 La Route de la soie 1.00 James Carter Quartet. Michael Bay (Etats-Unis, 1998, 18.20 Star Academy. 18.05 C dans l'air. & en Asie centrale. [1/2]. Histoire enregistré en 1994. Muzzik 150 min) . TPS Star 18.55 Le Bigdil. 19.00 Tracks. 13.00 Explorer. Les Papous et le crocodile. aa Les clowns du rodéo. 21.00 Des lions 16.10 Drôle de drame 20.00 Journal, Tiercé, Météo. 19.45 Arte info, Météo. TÉLÉFILMS Marcel Carné (France, 1937, Le mystère des hommes & 20.40 L'Agenda du week-end. 20.15 Reportage. Cadavre exquis. de Néandertal. National Geographic hors-la-loi. National Geographic 95 min) . CineClassics 20.50 Les Enfoirés. Le Best of. 20.45 La Fille du commissaire. 21.00 La Fièvre des îles. Capri. Voyage 18.15 La Profondeur du ciel. 16.40 L'Argent aaa 13.05 Faxculture. Cinéma tout écran. TV 5 Roger Young &. TPS Star 23.10 Sans aucun doute. Téléfilm. Christine Hartmann. 21.20 Mémoire Marcel L'Herbier (France, 1928, 13.50 C'est mon choix. France 3 18.35 Flairs ennemis. 140 min) &. Histoire 22.15 La Vie en face. Sant'Egidio. Les artisans de la paix. 15.05 Domus 5, de la seconde guerre mondiale. Robin Davis &. CineCinemas 1 17.30 La Charge victorieuse aa FRANCE 2 Coulez le « Bismarck ». Chaîne Histoire 23.05 Profils. c'est comment chez vous ? 19.05 Ne regarde pas sous le lit. John Huston (Etats-Unis, 1951, v.o., 70 min). TCM 13.50 Derrick &. 0.10 Le Dessous des cartes. Une envie d'ailleurs. La Cinquième 21.25 Un taxi à New York. Planète Kenneth Johnson. Disney Channel 18.40 Les Sorcières d'Eastwick aa 15.55 Mort suspecte. Les trois cibles de la guerre américaine 17.00 Les Lumières du music-hall. 21.50 La démocratie n'a pas d'ancêtres. 19.20 Le Chevalier de Maison Rouge. en Afghanistan. Chronique villageoise Claude Barma. [2/4]. Festival George Miller (Etats-Unis, 1987, 16.55 Des chiffres et des lettres. Patachou. 125 min). TCM 0.25 L'Arnaque a Mort Shuman. Paris Première d'une élection. Histoire 17.20 Qui est qui ? & 20.30 Le bébé s'est envolé. 19.00 La Question aa Film. George Roy Hill (v.o.) . 18.05 C dans l'air. La Cinquième 22.00 La Nature en furie. Nat. Geographic Eric Hendershot. Canal J 18.00 Le Groupe. Laurent Heynemann (France, 1976, 18.30 Friends &. 19.00 Tracks. Tribal : Mountain Board. 22.00 Sur la route. Le dernier bastion 20.45 Le Piège du désir. 110 min) ?. Histoire M6 Backstage : Metal Attack. de Zanzibar. Voyage Jerry London. RTL 9 18.55 On a tout essayé. Vibration : Art du détournement. Arte Sant'Egidio. 20.45 La Fille du commissaire. 19.50 Un gars, une fille. 13.30 Le Prix de la gloire. 22.15 La Vie en face. Téléfilm. Douglas Barr &. Les artisans de la paix. Arte Christine Hartmann. Arte 20.00 et 0.25 Journal, Météo. 19.00 Explorer. Deep Flight, le planeur 15.00 Les Naufragés des Bermudes. des grands fonds. Les baleines tueuses 22.35 L'Opéra au service 20.50 Le Septième Papyrus. 20.50 Une soirée, deux polars. Téléfilm. Ian Toynton &. du fjord. National Geographic e Kevin Connor. [1 et 2/2] &. M6 P.J. Chantage. du III Reich. Planète 21.50 Avocats et associés. Bug Plug %. 16.25 M comme musique. 20.50 Thalassa. 20.55 Les Beaux Quartiers. 16.45 Les Nouveaux Professionnels &. Le tour du monde en quatre détroits. 22.40 Le Pantanal. Jean Kerchbron. [3/3] %. TMC 22.50 Bouche à oreille. [1/4] Le détroit de Béring. France 3 La région oubliée du Brésil. Odyssée 22.55 New York 911. Comme des frères %. 17.30 Gundam Wing. 0.35 Le Congrès gastronomique. % & 21.00 Recto Verso. 22.55 Nautilus. [2/5]. Fernando Matos Silva. Festival 23.40 Chasse à l'homme. . 17.55 Le Flic de Shanghaï . Invité : Roger Hanin. Paris Première Les assassins du silence. Histoire 0.25 Le Petit monde de Brassens. 18.55 Charmed &. 21.15 Rock Press Club. 0.30 Là-haut, SÉRIES Comédie musicale. 19.54 Le Six Minutes, Météo. Interprétée par La troupe du Phenix. & Bob Marley. Canal Jimmy un supplément d'âme. Odyssée 20.05 Madame est servie . 17.25 Beverly Hills. 20.40 Caméra Café. 22.50 On ne peut pas plaire La B.A. de Donna. TF 1 FRANCE 3 à tout le monde. France 3 SPORTS EN DIRECT 20.50 Le Septième Papyrus. 18.00 Mister T. 13.50 C'est mon choix. Téléfilm. Kevin Connor. [1 et 2/2] &. 23.05 Profils. 14.00 Tennis. Masters Series. L'ex-femme de Decker. TMC 0.30 Hit machine. Invité : Christian Lacroix. Arte % 14.55 Un week-end mouvementé. Tournoi messieurs de Paris. 18.05 Lain. Protocole . Canal + Téléfilm. Dick Lowry. 23.10 Sans aucun doute. TF 1 Quarts de finale. Pathé Sport 18.30 Les Simpson. 16.30 MNK, A toi l'actu@. 17.30 Tennis. Masters féminin. Tais-toi et danse ! &. Canal + 20.45 Vie privée aa 17.50 C'est pas sorcier. RADIO DOCUMENTAIRES Quarts de finale. 18.40 Hyperion Bay. Tentations Louis Malle. 18.20 Questions pour un champion. A Munich (Allemagne). Eurosport et responsabilités. Série Club Avec Marcello Mastroianni, 17.00 Les Refrains de la mémoire. Brigitte Bardot (France - Italie, 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. FRANCE-CULTURE 18.55 Charmed. Une musique d'enfer. M6 Scoubidou, 1959. La Cinquième DANSE 1961, 95 min). TCM 20.10 Tout le sport. 19.30 Appel d'air. 17.00 Eruption solaire. Nat. Geographic 19.50 Huit, ça suffit ! 21.00 Rio Bravo aa 20.20 Tous égaux. & 20.30 Black and Blue. 17.15 Les Mystères de l'Histoire. 21.00 La Fille mal gardée. Sept jours en février. . Téva Howard Hawks (Etats-Unis, 1959, 20.50 Thalassa. Le tour du monde Chorégraphie de Heinz Spoerli. & 21.30 Cultures d'Islam. L'allié de l'ombre. La Chaîne Histoire 20.50 P.J. Chantage. France 2 v.o., 145 min) . CineClassics en quatre détroits [1/4] : Musique de Ferdinand Hérold. 22.20 Reflets dans un œil d'or aaa Le détroit de Béring. 22.10 Multipistes. 17.50 Kirk Douglas. CineCinemas 1 Par le Corps de ballet de Bâle. 21.35 Space Hospital. 22.30 Surpris par la nuit. No Mercy. Série Club John Huston (Etats-Unis, 1967, 22.25 Météo, Soir 3. 17.50 Cinq colonnes à la une. Avec Valentina Kozlova (Lise), 110 min). TCM 22.50 On ne peut pas plaire 0.05 Du jour au lendemain. [144e volet]. Planète Chris Jensen (Colas)... 21.50 Avocats et associés. aa Emmanuel Moses Par l'Orchestre symphonique % 22.55 Philadelphia à tout le monde. Bug Plug . France 2 (La Vie rêvée de Paul Averroès). 18.00 La Dictature de la pensée de Vienne, dir. John Lanchberry. Mezzo Jonathan Demme (Etats-Unis, 0.40 Ombre et lumière. 22.55 New York 911. Comme des frères %. 1993, 120 min) %. CineCinemas 2 unique. La Chaîne Histoire % Chasse à l'homme . France 2 23.00 Armageddon aa MUSIQUE ème FRANCE-MUSIQUES 18.00 L'Histoire des grands ballets. 23.15 Lexx. 791 %. 13 RUE Michael Bay (Etats-Unis, 1998, CANAL + [15/20]. Les duos célèbres. Mezzo & 17.10 Von Weber et Liszt, par Brendel. 23.25 Friends. Celui qui aimait v.o., 145 min) . Cinéstar 2 14.00 Aïe a 19.05 Le Tour d'écoute. 18.00 Hollywood Stories. & aa 20.05 Concert franco-allemand. Avec Alfred Brendel, piano. les petites siestes (v.o.) . Canal Jimmy 23.05 Police Python 357 Film. Sophie Fillières &. Dean Martin. Paris Première Par l'Orchestre symphonique Alain Corneau (France, 1975, Par l'Orchestre symphonique 23.45 That 70's Show. & 15.45 Le Monde des ténèbres %. de la Radio de Francfort, 18.00 Les Tortues. National Geographic de la Radio de Francfort, La fête (v.o.) &. Canal Jimmy 120 min) . Cinétoile dir. Eliahu Inbal. Muzzik 23.25 Casablanca aa 16.30 Les Pirates de la Silicon Valley. dir. Jukka-Pekka Saraste. 18.30 Collection Glenn Gould. Ainsi 0.05 New York District. Téléfilm. Martyn Burke. Œuvres de Webern, Bach, Berg, Brahms. ème Michael Curtiz (Etats-Unis, 1942, vous voulez écrire une fugue ? Mezzo 17.45 et 20.35, 23.30 Mozart. Fanatisme (v.o.). %. 13 RUE & % 22.30 Alla Breve. Quatuor avec flûte en la majeur, KV 298. v.o., 115 min) . CineClassics 18.05 Lain . 18.30 Taxi pour l'Amérique. Avec Barthold Kuijken (flûte), 0.20 Ally McBeal. 0.10 Les Griffes jaunes aa f En clair jusqu'à 21.00 22.45 Jazz-club. Mexico. Voyage Vent de folie (v.o.). &. Téva Sigiswald Kuijken (violon), John Huston (Etats-Unis, 1942, 18.30 Les Simpson &. Le trio de Giovanni Mirabassi, pianiste. 18.35 Les Grands Parcs canadiens. François Fernandez (alto), 0.55 Chapeau melon et bottes de cuir. 95 min). TCM 18.55 + de cinéma. Juan de Fuca. Odyssée Wieland Kuijken (violoncelle). Mezzo Meurtres au programme. Série Club 19.35 Le Journal. RADIO CLASSIQUE 19.45 Le Zapping. 20.00 Les Rendez-vous du soir. 19.55 Les Guignols de l'info. Œuvre de la Renaissance italienne. 20.05 Burger Quiz. Œuvres de Scarlatti, Albinoni, Vivaldi. 20.45 Encore + de cinéma. 20.40 13e Festival international 21.00 The Skulls, société secrète a de Colman. France 3 Arte Téva Film. Rob Cohen %. Par l'Orchestre National de Russie, 22.40 Le Journal intime dir. Vladimir Spivakov, Mikhaïl Rudy, piano, Krystof Barati, violon. 20.50 Thalassa : 22.15 Sant’Egidio, 22.40 Sexe in the TV de Benoît Poelvoorde. Œuvres de Faust, Berlioz, Bartok, Le tour du monde en quatre les artisans de la paix Troisième volet de cette série sur la Making of du film « Le Vélo ». Brahms. 23.00 The Million Dollar Hotel a détroits : le détroit de Béring Fondée il y a plus de trente ans par sexualité, qui n’hésite pas à appeler & 22.15 Les Rendez-vous du soir (suite). Film. Wim Wenders . Œuvres de Weber, Schubert, Liszt, Le détroit de Béring sépare le conti- des jeunes gens de bonne famille qui un chat un chat et qui veut se débar- 0.55 Grolandsat. Dohnani, Kodaly. nent asiatique du continent améri- se destinèrent à l’aide aux plus pau- rasser des diktats en ce domaine, cain, mettant Sibérie et Alaska face vres, la communauté de Sant’Egidio fussent-ils ceux de l’épanouisse- SIGNIFICATION DES SYMBOLES à face. le rideau de fer de la guerre est devenue depuis une décennie un ment à tout crin. Animé par Gael Les codes du CSA Les cotes des films froide l’avait fermé et les deux artisan de la paix, réussissant à faire Leforestier et ses chroniqueurs, 0.25 L'Arnaque a & Tous publics aaa On peut voir « rives » évoluèrent de façon radi- dialoguer des parties ennemies, là où majoritairement féminins, ce maga- George Roy Hill. % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer ? aaa calement différente. Premier épiso- d’autres entités diplomatiques zine, sur lequel la direction de Téva Avec Robert Redford, Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique Paul Newman, Robert Shaw (EU, ? ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + de de la série maritime de France 3 échouèrent. Une enquête passion- garde un cil attentif pour éviter tout 1973, v.o., 125 min) &. Arte ! Public adulte DD Dernière diffusion sur les détroits, entre l’aventure nante de Nico Di Biase, ne répondant dérapage, traite ce soir d’un sujet 0.45 Entretien avec un vampire aa ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Neil Jordan (Etats-Unis, 1994, # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants humaine et la saga géopolitique. toutefois pas à toutes les questions. délicat : la masturbation féminine. 120 min) ?. Cinéstar 1 24

VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 Pratiques anticoncurentielles : Le gouvernement présente un projet de loi Microsoft fait des concessions excluant le corps humain du champ des brevets Vers un accord à l’amiable avec la justice américaine En ne transposant que partiellement une directive, Paris s’expose à des poursuites de la Commission européenne

MICROSOFT, le premier édi- le navigateur Internet Explorer LE CONSEIL des ministres a faire l’objet de brevets. » L’avancée cation de cette directive, le projet loi étend notablement le champ teur mondial de logiciels, et le ou le lecteur de fichiers vidéo adopté, mercredi 31 octobre, un des connaissances biologiques et de loi français poursuit deux objec- des licences qui peuvent être ministère de la justice américain Media Player dans le système projet de loi qui, de facto, exclut le les progrès continuels réalisés tifs. Le premier est « d’assurer la octroyées par arrêté ministériel. se sont mis d’accord sur les gran- d’exploitation Windows élargis- corps humain ainsi que les multi- dans le champ de la maîtrise du protection des inventions portant sur Désormais, ce mécanisme, qui ne des lignes d’un règlement à sant ses fonctions au détriment ples éléments qui le composent du vivant font que les biotechnologies la matière biologique, sous réserve s’applique actuellement qu’aux l’amiable qui permettrait à la de la concurrence ou des champ des brevets. Présenté par sont aujourd’hui au centre d’en- des exclusions liées à l’ordre public et seuls médicaments, pourra concer- société présidée par Bill Gates de consommateurs. Christian Pierret, secrétaire d’Etat jeux économiques, thérapeutiques d’en déterminer les conditions et les ner tous les dispositifs médicaux, y mettre fin à la procédure judiciai- Cette pratique est très criti- à l’industrie, ce projet de loi « rela- et industriels considérables. limites ». Le second est « d’assurer compris les dispositifs de diagnos- re pour pratiques anticoncurren- quée par les dix-huit Etats des tif à la protection des inventions bio- L’Union européenne estime avoir le respect des règles protégeant la vie tic in vitro, leurs procédés d’obten- tielles engagée contre elle aux Etats-Unis associés au gouverne- technologiques » assure la transpo- pris dans ce domaine un retard animale et végétale, notamment en tion ainsi que les méthodes de dia- Etats-Unis, affirment jeudi 1er ment fédéral dans la plainte lan- sition en droit français de la directi- notable vis-à-vis des Etats-Unis et conciliant la non-brevetabilité des gnostic ex vivo. La principale ques- novembre les principaux quoti- cée en 1998 contre Microsoft. Or ve communautaire no 98/44, tout du Japon, moins faute d’investisse- races animales et des variétés végéta- tion soulevée par ce texte est celle diens américains Wall Street Jour- l’accord de ces Etats, plus viru- en faisant une exception pour son ments que d’une approche juridi- les avec la brevetabilité d’inventions de savoir quelle lecture juridique la nal (WSJ), New York Times et lents dans leurs accusations que article 5, relatif à la brevetabilité que harmonisée, notamment dans portant sur des éléments biologiques Commission européenne fera Washington Post dans leurs édi- le niveau fédéral, en particulier d’inventions portant sur des élé- le champ des brevets protégeant d’origine animale ou végétale, à con- d’une transposition qui ne reprend tions en ligne. depuis l’arrivée des républicains ments du corps humain. Cet article les outils diagnostiques ou théra- dition de remplir un certain nombre pas l’intégralité d’une directive. Cet accord à l’amiable préserve- au pouvoir, est indispensable très contesté pour des raisons éthi- peutiques issus de cette recherche. de conditions précisément définies ». Inquiet d’une mobilisation croissan- rait pour l’essentiel l’architecture pour que la procédure contre ques est depuis plus d’un an au cen- Le gouvernement précise d’autre te de l’opinion contre ce qui était du système d’exploitation Win- Microsoft soit suspendue. tre d’une vive controverse à l’éche- RÈGLES COMMUNES part avoir jugé nécessaire de « ren- généralement perçu comme une dows, qui équipe plus de 90 % Les représentants de ces Etats, lon européen. La directive 98/44, adoptée par le forcer les dispositions relatives aux forme de commercialisation du des ordinateurs personnels dans qui n’étaient pas associés aux Pour sa part, le gouvernement Parlement européen et par le Con- licences obligatoires et d’office qui corps humain, le gouvernement a le monde, et ne diminuerait donc discussions entre le ministère de français a choisi de faire prévaloir seil, visait précisément à combler permettent d’écarter, lorsque l’inté- choisi de s’abriter derrière des dis- pratiquement pas la position de la justice et Microsoft, auraient dans ce domaine les dispositions cette lacune en définissant des prin- rêt de la santé publique l’exige, les positions législatives nationales – Microsoft sur le marché, écrit le évalué mercredi ce projet de l’article L. 611-17 issu des lois cipes et des règles communs aux conséquences néfastes des situations qui feront l’objet d’un réexamen Wall Street Journal, citant des avo- d’accord, certains d’entre eux bioéthiques de 1994. Ces disposi- Etats membres de l’Union euro- de dépendance technologique, de fai- par le Parlement en 2002 –, en pre- cats proches des discussions. Il recommandant toujours d’aller tions prévoient que « le corps péenne concernant notamment les re prévaloir l’intérêt général sur le nant délibérément le risque que la donnerait toutefois davantage de au procès, indique le WSJ.La humain, ses éléments et ses produits, conditions et les limites dans les- droit commun des brevets et de corri- France soit poursuivie par la Com- liberté aux fabricants d’ordina- juge chargée du dossier, Colleen ainsi que la connaissance de la struc- quelles la protection par brevet ger un éventuel abus de droit que mission. teurs personnels pour intégrer à Kollar-Kotelly, ayant fixé la date ture totale ou partielle d’un gène peut être obtenue pour les inven- confère le brevet à son titulaire ». Windows des logiciels indépen- butoir du 2 novembre pour un humain ne peuvent, en tant que tels, tions biotechnologiques. En appli- Dans cette optique, le projet de Jean-Yves Nau dants. L’accord imposerait à règlement à l’amiable, la pres- Microsoft de dévoiler à ses sion sur les négociateurs est très rivaux des informations techni- forte. Microsoft se refusait mer- ques, en leur ouvrant le « code credi soir à tout commentaire source » de Windows, son secret sur les chances de succès de l’ac- de fabrication, indique le Wash- cord. Le ministère de la justice et ington Post. les Etats n’étaient guère plus En revanche, l’accord n’interdi- précis. rait pas à Microsoft d’inclure directement des logiciels comme Sophie Fay avec AFP Jean-Claude Gayssot veut créer Le magazine des enseignants qui avancent une grande direction générale de la mer APRÈS AVOIR PRIS connaissance d’un rapport remis mardi 30 octobre par Alain Gille, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Jean-Claude Gayssot, ministre de l’équipement, des transports et du logement a vali- dé les propositions qui lui ont été présentées « en vue de créer une direc- tion générale rassemblant l’ensemble des services du ministère intervenant CHAQUE MOIS dans le domaine de la mer ». La future direction générale de l’administra- tion de la mer et du développement maritime devra, selon le ministre, « assurer davantage de cohérence entre les enjeux économiques, sociaux, d’environnement et de sécurité ». La future direction générale regroupera Réfléchir les trois directions actuelles : Etablissement national des invalides de la lors d’un GRAND ENTRETIEN marine (ENIM), direction du transport maritime et du littoral et direction avec des affaires maritimes et des gens de mer. M. Gayssot souhaite mettre en une personnalité, qui vous place cette nouvelle organisation le plus vite possible après « les consulta- propose une réflexion tions interministérielles et les discussions avec les partenaires sociaux ». pertinente et une opinion éloignée des sentiers battus. DÉPÊCHES a TÉLÉVISION : Charles Biétry quitte la direction des sports de France Télévision et occupera désormais les fonctions de conseiller auprès du président de France Télévision pour le développement et Comprendre la stratégie du sport dans le groupe. Ancien directeur général d’Eurosport France, Frédéric Chevit, actuel directeur de la rédaction grâce à un DOSSIER exhaustif de la chaîne thématique Equidia, lui succède. sur un sujet primordial de la a ACCIDENT : le déraillement d’un TGV Paris-Hendaye a fait vie enseignante. cinq blessés légers, mercredi 31 octobre vers 14 h 50 sur la commune USIF de Saubusse (Landes), à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de EXCLUSIFEXCL Dax. Au moment de l’accident, le TGV transportait 422 passagers, dont cinq se sont blessés en essayant de briser les vitres pour sortir. Agir Un rail endommagé ou un objet posé sur la voie ferrée pourrait être à sur l’enseignement l’origine du déraillement, selon les premiers éléments de l’enquête de demain avec nos ENSEIGNANTSENSEIGNANTS confiée au parquet du tribunal de grande instance de Dax. Photo : Benelux Press - Pix REPORTAGES, a EMBUSCADE : une quarantaine de jeunes ont agressé à coups nos PAGES PÉDAGOGIQUES

de pierres et de gaz lacrymogène trois policiers qui s’étaient ren- et les FICHES PRATIQUES. dus, mardi 30 octobre, dans le quartier strasbourgeois de Koenigshof- Parce qu’ils

fen à la suite d’un appel téléphonique leur signalant un enlèvement. L’un des fonctionnaires a été blessé à la tête par un caillou, et tous Rififi F trois ont été incommodés par les gaz lacrymogènes. Quatre person- communication nes âgées de 10 à 24 ans ont été placées en garde à vue. ✂ a FOOTBALL : le Lille Olympique Sporting Club s’est qualifié pour les n’attendent pas 16es de finale de la Coupe de l’UEFA après avoir fait match nul (1-1), mer- credi 31 octobre, face aux Anglais de Manchester United lors de la derniè- re journée du premier tour de la Ligue des champions. Dans le Groupe F, Lyon a quitté la compétition sur un large succès face aux Allemands du Bulletin d’abonnement Bayer Leverkusen (4-2). Enfin, le FC Porto, victorieux des Norvégiens de à renvoyer accompagné de votre règlement à : Rosenborg 1-0, est la seizième équipe qualifiée pour le second tour. Abonnez-vous ! a L’Iran, vainqueur des Emirats arabes unis (3-0), mercredi 31 octo- Le Monde de l’éducation - Service Abonnements - 60646 Chantilly cedex bre, en match retour des barrages de la zone Asie, affrontera l’Eire, les Je choisis la durée de mon abonnement 101MEDMQ 10 et 15 novembre, pour tenter d’obtenir sa qualification pour la Cou- EN CADEAU ❒ 1 an (11 numéros) : 220 F (33,54 e) au lieu de 330 F* pe du monde 2002 au Japon et en Corée du Sud. + EN CADEAU un lot de 3 stylos fluo** a TENNIS : le Français Julien Boutter a créé la surprise en éliminant l’An- AVEC VOTRE Bénéficiez de ❒ 6 mois (6 numéros) : 120 F (18,29 e) au lieu de 180 F* glais Tim Henman (6-4, 6-3), tête de série numéro 10, mercredi 31 octobre, ABONNEMENT au deuxième tour de l’Open de Paris-Bercy. Sébastien Grosjean, vainqueur Inscrivez ci-dessous vos coordonnées : ❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. du Slovaque Dominik Hrbaty (6-1, 6-4), participera également aux 8es de D’UN AN : finale. En revanche, Fabrice Santoro a été battu par le Marocain Hicham Nom & Prénom :______Arazi (6-4, 6-4), et Arnaud Clément par le Suédois Johansson (6-3, 7-6). CES 3 STYLOS FLUO Adresse : ______a LOTO : résultats des tirages no 87 effectués le 31 octobre 2001. Pre- ______mier tirage : 9, 15, 25, 29, 45, 47 ; numéro complémentaire : 49. Pas de gagnant à 6 bons numéros. 5 numéros et le complémentaire : 482 085 F Code Postal I___I___I___I___I___I Localité : ______(73 493 ¤) ; 5 numéros : 6 310 F (962 ¤) ; 4 numéros et le complémentai- ❒ ❒ 33% Je choisis de régler en Francs Euros re : 270 F (41,20 ¤) ; 4 numéros : 135 F (20,60 ¤) ; 3 numéros et le com- ❒ Par chèque bancaire ou postal (à l’ordre du Monde). plémentaire : 28 F (4,30 ¤) ; 3 numéros : 14 F (2,10 ¤). Second tirage : D’ÉCONOMIE ! 11, 24, 28, 32, 38, 40 ; numéro complémentaire : 34. Rapports pour ❒ Par carte bancaire N° : Expire en : I___I___I / I___I___I 6 numéros : 15 327 100 F (2 336 601 ¤) ; 5 numéros et le complémentai- N° : I___I___I___I___I I___I___I___I___I I___I___I___I___I I___I___I___I___I re : 150 005 F (22 868 ¤) ; 5 numéros : 6 415 F (978 ¤) ; 4 numéros et le * Prix de vente au numéro Date et signature obligatoires : complémentaire : 294 F (44,80 ¤) ; 4 numéros : 147 F (22,40 ¤) ; 3 numé- ** Dans la limite des stocks disponibles. ros et le complémentaire : 32 F (4,90 ¤) ; 3 numéros : 16 F (2,40 ¤). Offres réservées aux nouveaux abonnés, valables en France métropolitaine et jusqu’au 15/12/2001. Pour les autres pays, nous consulter au : (33) 1 - 42 17 32 90 de 8h30 à 18h00. er Vos nom, prénom et adresse sont communiqués à nos services internes et, le cas échéant, plus tard, à quelques publications partenaires, Tirage du Monde daté jeudi 1 novembre 2001 : 505 874 exemplaires. 1-3 sauf avis contraire de votre part. Si vous ne souhaitez pas recevoir de proposition de ces publications, merci de nous le signaler. VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001

LITTÉRATURE ET ROCK NOUVEAUX ANNÉES 1940 DICTIONNAIRE CULTUREL EDGAR MORIN pages II et III ÉCRIVAINS MEXICAINS Nationalistes bretons et affairistes DES SCIENCES La Méthode 5 page VII La prochaine génération monégasques Pour l’égalité des valeurs est en marche à l’heure de entre les savoirs page IV la tentation scientifiques et culturels nazie page VI page V La collaboration dans tous ses états

mu au rang SS de Brigadeführer, général de division. Ecouté des plus Retour sur le diplomate hautes instances nazies, il passe le plus clair de son temps à Berlin Otto Abetz et l’écrivain entre janvier et avril 1942. Ces lon- gues escapades au cœur du disposi- Robert Brasillach, tif de décision du IIIe Reich attestent eux ouvrages à carac- le rang et l’influence du personnage. figures du Paris occupé, tère biographique reviennent sur la Elles sont aussi le signe d’une posi- DFrance de l’Occupation par le biais tion qui se fragilise. Abetz voit, en grâce à de jeunes d’acteurs importants du versant le effet, son étoile pâlir à Berlin. Cette plus noir de son histoire, le diploma- éclipse tient au fait qu’il a manœu- chercheuses exemptes te allemand Otto Abetz et l’écrivain vré pour le retour de Laval sans en français Robert Brasillach. Le pre- avoir informé Ribbentrop. Ce der- du « regard français ». mier, œuvre d’une historienne autri- nier ne l’oubliera pas. Il a beau res- chienne, prend pour centre de gravi- serrer la collaboration avec Laval et Instructif té les années sombres, quand Abetz aggraver la persécution antisémite était à son zénith. Le second, qu’on en poussant à l’introduction de doit à une universitaire américaine, l’étoile jaune en zone occupée, son lective les traits d’un diplomate dis- place le curseur sur le début de l’an- discrédit s’accentue. tingué, marié à une Française, qui se née 1945, quand sonne l’heure des Convoqué et retenu à Berlin à la serait efforcé d’atténuer les violen- comptes pour Brasillach. Ces fin de 1942, il ne regagne Paris qu’un ces hitlériennes. L’ouvrage de Barba- regards, à la fois savants et exté- an plus tard pour négocier dans une ra Lambauer tord le cou à cette rieurs, utiles pour dépasser nos phase de tension extrême avec bluette en livrant toutes les pièces débats franco-français, attestent aus- Vichy. Cette ultime tractation, par d’un dossier fort lourd. Elle prend si qu’a vécu la biographie classique, laquelle il obtient que Pétain et ainsi le contre-pied d’Eberhard Jäc- qui déroulait sans accroc le fil d’une Laval restent en place, est son chant kel, qui, dans La France dans l’Euro- vie dont tous les moments étaient du cygne. Confiné après août 1944 pe de Hitler, paru en 1968, avait cam- équivalents. dans la surveillance du gouverne- pé Abetz en francophile et exécu- Né en 1903, Otto Abetz milite tôt ment fantoche de Sigmaringen, il tant de second ordre. Elle y a eu dans les mouvements de jeunesse n’est plus qu’un ambassadeur in par- d’autant plus de mérite qu’Abetz allemands. En 1930, il contacte à tibus pratiquant une caricature de ayant été, par sa fonction, mêlé à Paris Jean Luchaire, briandiste con- collaboration. En décembre 1944, il toutes les facettes de la collabora- vaincu, animateur de Notre temps, est destitué non sans que Hitler lui tion, le chantier était immense. Avec où écrivent Pierre Brossolette et décerne peu après une haute distinc- une fougue contenue et une experti- Jean Prévost. Des rencontres entre tion. Arrêté en octobre 1945, il est se indiscutable, Barbara Lambauer jugé en juillet 1949 à ruine des représentations qui pas- Paris. Il a voulu, plai- saient du baume sur les plaies des Laurent Douzou de-t-il, « limiter les mémoires allemande et française. dégâts dans la mesure Avec pour toile de fond la même jeunes des deux pays s’ensuivent. En du possible ». Son avocat ne con- période et un même souci d’éclairer 1934, Abetz quitte son emploi de vainc pas en arguant « qu’il n’était un destin individuel, l’ouvrage professeur de dessin à Karlsruhe qu’un petit personnage dans la dépen- qu’Alice Kaplan, professeur de litté- pour un poste d’expert en questions dance étroite de chefs puissants et rature à Duke University, consacre à KEYSTONE françaises au bureau Ribbentrop. féroces ». Condamné à vingt ans de Brasillach emprunte à une veine Otto Abetz (au centre) quittant l’Hôtel du Parc, à Vichy Tout en s’alignant sur la doctrine prison, il rédige des Mémoires où per- composite et plus intuitive. L’auteur nazie, il cultive ses relations dans les ce une nostalgie irrépressible pour le rappelle, à grands traits et avec aux caciques du Front populaire muniste, on saura finalement peu de mythe ? Précisément non. Une figu- cercles intellectuels parisiens. Fin régime nazi. D’actifs réseaux font talent, le parcours de ce normalien (avec une haine recuite contre Geor- choses. Reste le procès lui-même. re exclusivement célébrée par sa 1935, le Comité France-Allemagne campagne pour sa libération. En devenu critique littéraire de L’Action ges Mandel et Jean Zay, qui seront Brasillach y tient la dragée haute à famille d’extrême droite, ce qui est voit le jour. La séduction dont use avril 1954, c’est chose faite. Jusqu’à française, puis rédacteur en chef de assassinés). Il vomit la République, l’accusation : « Je ne puis rien regret- bien le moins. Il est des mots qui Abetz touche ses limites en juin sa mort accidentelle, en 1958, il ten- Je suis partout. Prisonnier de guerre «vieille putain agonisante, garce véro- ter de ce qui a été moi-même. » Son tuent toute potentialité de mythe, 1939 quand, perçu comme l’agent tera de réhabiliter son image. en 1940, il est libéré en avril 1941 sur lée, fleurant le patchouli et la perte avocat se trompe de plaidoirie, aussi sûrement que les balles d’un d’influence qu’il est, on le déclare De fait, ce dignitaire du IIIe Reich, l’intervention d’Abetz. Le pamphlé- blanche». Mais le nœud du projet brillant quand il eût fallu convain- peloton d’exécution, tels ceux que persona non grata en France. qui excella à porter les couleurs taire devient un des hommes les d’Alice Kaplan est de reconstituer le cre. Quant à la pétition rédigée pour Brasillach écrivit au lendemain des Nommé ambassadeur d’Allema- nazies en affectant de s’en distan- plus en vue de la collaboration. Il procès de Brasillach clos par une réclamer la grâce de Brasillach, à grandes rafles de l’été 1942 quand il gne en août 1940, il revient à Paris cier, conserve dans la mémoire col- s’en prend violemment aux juifs, condamnation à mort exécutée le 6 l’initiative de Jean Anouilh, Marcel proclama la nécessité de « se séparer par la grande porte. Il veut rallier b février 1945. Elle s’intéresse donc à Aymé et François Mauriac, on sait des juifs en bloc et de ne pas garder de l’opinion française à la collaboration ses protagonistes, disséquant posi- que le général de Gaulle décida de petits ». et manipuler en souplesse le gouver- extrait tions et itinéraires individuels du pro- ne pas y céder. Il s’en justifia, de nement de Vichy, où Laval joue la cureur général et de l’avocat de Bra- façon elliptique quoique transparen- OTTO ABETZ ET LES FRANÇAIS carte allemande. L’ambassadeur tis- « … je dirai que je n’étais pas germanophile avant la guerre, ni même sillach, sondant les jurés. Pour évo- te, dans ses Mémoires de guerre,à de Barbara Lambauer. se patiemment sa toile, y prenant au début de la politique de collaboration ; je cherchais seulement l’inté- quer ces seconds rôles négligés, propos des écrivains condamnés à Fayard, 902 p., 30 ¤ (196,80 F). syndicalistes, patrons, acteurs politi- rêt de la raison. Maintenant, les choses ont changé; j’ai contracté, me l’auteur use de techniques à mi-che- mort : « S’ils n’avaient pas servi direc- En librairie le 6 novembre. ques et culturels. Le renvoi de Laval, semble-t-il, une liaison avec le génie allemand, je ne l’oublierai jamais. min des approches historique et tement et passionnément l’ennemi, je le 13 décembre 1940, porte un coup Qu’on le veuille ou non, nous aurons cohabité ensemble ; les Français romanesque. Partie sur leurs traces commuais leur peine, par principe. INTELLIGENCE à cette stratégie collaboratrice au de quelque réflexion, durant ces quelques années, auront plus ou avec de maigres indices, elle furète Dans un cas contraire – le seul –, je ne AVEC L’ENNEMI plus haut niveau sans qu’Abetz relâ- moins couché avec l’Allemagne, non sans querelles, et le souvenir leur dans les archives privées et publi- me sentis pas le droit de gracier. Car, Le procès Brasillach che son jeu politico-culturel. Il tou- en restera doux. Les malheurs allemands ne sont pas précisément nos ques, sollicite les souvenirs de leurs dans les lettres, comme en tout, le (« The Collaborator. che à tout, apportant son concours malheurs et la patrie française a les siens, mais je ne sais d’où vient proches et sillonne leurs quartiers talent est un titre de responsabilité. » The Trial and Execution à la Légion des volontaires français, que ce sont des malheurs plus fraternels que ceux d’un autre pays. Le éventrés un peu à la façon du Modia- Alice Kaplan, qui ne cèle rien des of Robert Brasillach ») demandant, de son propre chef, que sentiment est là maintenant et si l’on veut savoir ce que je suis, il faut no de Dora Bruder, du Rouaud des monstrueuses pages noircies sous d’Alice Kaplan. les juifs des camps de la zone nord bien lui faire sa part » Champs d’honneur. De l’imprimeur l’Occupation par le polémiste, le Traduit de l’anglais (Etats-Unis) soient déportés vers l’Est. Robert Brasillach, 19 février 1944, d’Aubervilliers, de l’ingénieur de juge coupable. Elle déplore cepen- par Bruno Poncharal, Fin janvier 1942, ses bons et cité par Alice Kaplan, p. 177. Saint-Maur, de l’employé de Villeta- dant qu’en le fusillant on l’ait érigé Gallimard, 308 p., loyaux services lui valent d’être pro- neuse, du technicien militant com- en mythique martyr innocent. Un 22,50 ¤ (147,59 F). II / LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 littératures b

Au rayon des livres rock, le lecteur français non anglophone a longtemps Plumes électriques été peu verni, ester Bangs (1948-1982) : ont gagné ». L’industrialisation du mé, écrivait en 1978 Ed Ward, jour- Il faudra attendre 1966 (Blonde en suivant un groupe en tournée « J’étais peut-être candidat disque, la professionnalisation de naliste à Rolling Stone. Avec mes on Blonde, de Dylan, Revolver, des qu’en une heure de conversation condamné, à de rares sinon aujourd’hui, du la presse musicale ont signé l’arrêt pairs, j’ai déclaré que le rock était Beatles, Aftermath, des Stones), dans une chambre d’hôtel aujour- moins demain au titre de de mort d’un genre auquel tout l’art de notre temps et écrit plus qu’à pour qu’apparaisse le premier dis- d’hui. Dès 1972, le critique Charlie exceptions près, meilleurL écrivain d’Amérique. Qui était permis, et promis. mon tour avec suffisance et empha- cours critique sur le rock. Créé par Gillett voyait le nœud du problè- était meilleur ? Bukowski ? Burrou- A lui seul, Lester Bangs a symboli- se. A l’époque, je pense qu’aucun Paul Williams, le magazine me : les maisons de disques vont à des hagiographies ghs ? Hunter Thompson ? Laissez sé le mythe du critique rock en quê- d’entre nous n’a réalisé que nous Crawdaddy prône la subjectivité nourrir les journalistes via les tomber. J’étais le meilleur. Je n’écri- te de postérité littéraire : ego surdi- creusions nos propres tombes, que la pour restituer la puissance émo- annonceurs. Qui oserait aujour- peu littéraires. vais pratiquement que des critiques mensionné, oukases définitifs, presse rock deviendrait bientôt un tionnelle du rock. Sans dépasser le d’hui débuter un article par : de rock, et encore, pas tant que choix commercialement suicidaires ghetto dont on ne sort pas. » Ne s’en statut de fanzine. Il en va autre- « Qu’est-ce que c’est que cette mer- En cinq ans, la donne ça… » Alléchés par cette boutade (23 pages à la gloire des Troggs), sont échappés que ceux qui avaient ment du bi-mensuel qui abrite à de ? » – Greil Marcus, en 1970, à mégalo, ceux qui liront Lester cruauté et violence (« James Taylor un talent d’écrivain – Nik Cohn, partir de 1967 à San Francisco le propos de Self Portrait, de Bob a heureusement changé. Bangs ne découvriront peut-être doit mourir »), érudition maniaque. Nick Tosches ou Greil Marcus. gratin de la critique rock américai- Dylan. Le cynisme a peu à peu rem- pas le plus grand auteur d’Améri- Ajouter une hygiène de vie régie Avec l’explosion du phénomène ne (Greil Marcus, Robert Chris- placé l’ironie, et il ne représente Les grands textes que, mais ils ne pourront plus igno- par le fameux triangle « sexe, dro- rock au milieu des années 1950, tgau). Selon le mot de son fonda- pas la meilleure attitude pour faire rer que la passion du rock a enfan- gue et rock’n’roll », qui n’avait rien tout était à inventer. Les chroni- teur, Jann Wenner, Rolling Stone œuvre de littérature. anglo-saxons ont enfin té une littérature. Depuis 1996, à envier à celle des stars les plus queurs de musique classique se doit refléter « un état d’esprit », Les rock stars, hier irresponsa- année de la parution de ses Psycho- décadentes. Car les critiques de bouchent les oreilles, les critiques celui de la contre-culture. Peu à bles, se sont métamorphosées en trouvé un traducteur, tic Reactions & autres carburateurs l’époque, sous l’influence de Nor- de jazz dénoncent une monstrueu- peu, la success-story du journal professionnels de la langue de bois, flingués, recueil d’articles pos- man Mailer, de William Burroughs (Wenner endossant le lorsqu’elles ne sont pas inaccessi- la rentrée littéraire étant thume, mais aussi de L’Envers du et du journalisme gonzo d’Hunter costume du patron de bles – en 1964, l’écrivain Tom Wol- rock, du Britannique Nick Kent, on Thompson, ne se contentent pas Bruno Lesprit presse parfaitement fe rédigeait un article fleuve sur le particulièrement assiste en France à une profusion d’écrire sur le rock, ils le vivent de capitaliste) va contri- producteur Phil Spector après de publications de textes rock de l’intérieur. Plus qu’intellectuelle se perversion du blues. Si les colon- buer à promouvoir, auprès d’un lec- avoir été reçu par le nabab en son riche avec Hellfire, deux natures : les ouvrages de la cri- – évidemment ! –, le rock est une nes des journaux généralistes trai- torat lettré, un establishment de cri- Xanadu. Les parutions d’albums tique anglo-saxonne (pour cette expérience sensitive, inscrite dans tent de rock, c’est plus sous l’angle tiques sérieux et pontifiants, théori- provoquent des emballements la biographie sudiste rentrée, Mystery Train et La Républi- le mouvement de la contre-culture. du sujet de société alarmant (hor- sant sur le rock et négligeant son médiatiques, mais guère de débat que invisible, de Greil Marcus, Hellfi- Avec le reflux des années 1980, des de blousons noirs, puis de essence de révolte. Une dissidence autour de la notion d’œuvre d’art, et biblique de Jerry Lee re, de Nick Tosches) sont enfin tra- cette génération de critiques était cheveux longs) qu’en tant rejoindra Creem, organe proléta- comme en 1967 avec Sgt Pepper’s. duits ; les plus prestigieuses plu- vouée à disparaître. « J’ai commen- qu’expression artistique. Les pre- rien créé en 1969 à Detroit. Si ce Déjà désenchanté en 1969, le cri- Lewis par Nick Tosches, mes du magazine français Rock cé à écrire sur le rock’n’roll il y a une mières revues qui accompagnent, journal va révéler ces écrivains tique de Rolling Stone Michael & Folk, Yves Adrien (2001, une apo- douzaine d’années parce qu’à l’épo- aux Etats-Unis, la naissance du rock que sont Lester Bangs et Nick Lydon écrivait : « L’écriture rock et deux livres de Greil calypse rock) et Philippe Garnier que c’était le seul moyen pour un mutant offrent des posters, pas des Tosches, son fondateur Dave n’a jamais été aussi bonne que la (Les Coins coupés) rassemblent jeune sans expérience d’être impri- analyses. Marsh deviendra plus tard l’hagio- musique (…). Même le travail des Marcus : Mystery leurs souvenirs. graphe officiel de Bruce Springs- vrais écrivains rock, bien que généra- Pour le lecteur non anglophone, teen et l’un de ses collaborateurs, lement intelligent, est décevant. Le Train, essai fondateur jadis condamné, dans ce secteur, à Jon Landau, son manager… langage critique a été en grande par- des biographies aussi complaisan- La critique rock britannique tie emprunté à d’autres champs sur les mythologies tes que peu littéraires – à l’excep- connaîtra son apogée dans les – peu d’écrivains ont pu se défaire tion notable de l’essai Sur le rock, années 1970, avec les deux francs- de leur éducation culturelle. Une éru- de la musique de François Gorin (L’Olivier) –, tireurs de l’hebdomadaire New dition rock s’est instaurée pour par- c’est une aubaine. A la différence Musical Express, Charles Sheer Mur- ler généralement d’“influence” et de américaine, et du jazz – on pouvait trouver dans ray et Nick Kent. Disciple de Bangs, “filiation”, de manière distante. Il y les représentants de la beat genera- Kent atteindra sans doute le point- a plus de chroniqueurs dont la fonc- La République invisible, tion l’écho du be-bop et entendre limite du journaliste immergé dans tion est commerciale que de criti- dans la « Série noire » la trompette son sujet, en partageant l’intimité ques dont les préoccupations sont topographie de Miles Davis –, le rock n’a guère des rock stars, jusqu’à la seringue réellement esthétiques. » Membres inspiré les écrivains, sauf comme de Keith Richards. En France, de ce cercle très fermé, Lester d’une « Amérique décor. Quelques-uns l’ont choisi l’exemple de Bangs fera école à Bangs, Nik Cohn, Nick Tosches, comme matière romanesque, avec Rock & Folk, qui apparaît en 1966. Greil Marcus, Nick Kent et Philippe clandestine ». bonheur – Don DeLillo (Great Jones Prédite dès 1968 par Nik Cohn, Garnier auront pourtant infligé un Street) ou Nick Hornby (Haute Fidé- l’industrialisation du rock a pro- démenti à cette méchante formu- Parallèlement, Philippe lité) – ou d’une manière moins heu- gressivement étouffé critique et vel- le : « Définition du journalisme reuse – La Terre sous ses pieds, de léités littéraires. Les récits s’unifor- rock : des gens qui ne savent pas écri- Garnier et Yves Adrien, Salman Rushdie. Mais les efforts misent par les plans médias et les re interviewent des gens qui ne pen- les plus convaincants émanent de journées de promotion : il était sent pas et rédigent pour des gens signatures françaises journalistes ayant su s’affranchir plus facile, hier, de trouver matière qui ne savent pas lire », Frank Zap- des contraintes de leur métier. Si journalistique, voire romanesque, pa (1940-1993). HULTON ARCHIVE/GETTY IMAGES les plus prestigieuses, une littérature rock existe, on la trouvera chez ces stylistes capables ont rassemblé de susciter l’intérêt de lecteurs qui n’entendent rien à la chose. leurs souvenirs Tardive, la découverte par l’édi- tion française de ces écrits survient après que la figure du rock critique, telle qu’elle a pu être incarnée par ces auteurs, a disparu. L’engoue- ment actuel pour ces œuvres ne procéderait-il pas de la nostalgie pour une parole libre liée à une épo- que révolue, l’âge d’or du rock pré- industriel ? En dépit de ses mala- dresses, le film Presque célèbre,de Cameron Crowe, ancien journa- liste du magazine américain Rolling Stone, a illustré cette année cette idée. Dans ce récit de souvenirs pro- che du conte de fées puisqu’on y voit, en 1973, un jeune puceau qui apprend le rude métier de rock criti- que en suivant un groupe en tour- née et se voit proposer – pour son premier article ! – la couverture de Rolling Stone, Lester Bangs appa- raît, sous les traits de Philip Sey- MICHAEL OCHS ARCHIVES.COM mour Hoffmann, pour décréter Bob Dylan et The Band (ici en janvier 1974), sujets de « La République invisible » de Greil Marcus. En haut, Jerry Lee Lewis (ici à que « la guerre est finie » et qu’« ils Londres, en 1958), héros du « Hellfire » de Nick Tosches De la chronique à la littérature, six exemples à retenir

b YVES ADRIEN un rapport compulsif à l’objet dis- b NIK COHN 10/18, 2000) et Anarchie au Royau- d’extraits de textes dans une City, Nick Tos- Né en 1951, que et un appétit dévastateur Extrait de la me-Uni (L’Olivier, 2000). A lire narration autobiographique. A ches devient criti- Yves Adrien, pour tout ce qui peut transformer préface de A dans A Wop Bop… le chapitre con- lire en priorité le chapitre « King que dans les dandy parisien les perceptions mentales et physi- Wop Bop A Loo sacré à la soul music débordant Krusher » sur les us et coutumes années 1960. des années rock ques. Lâché dans les rédactions de Bop A Lop Bam de sexe et de sueur. du couple collectionneur/vendeur. Avec Bangs, il paillettes et déca- Rolling Stones, Creem ou du Villa- Boom (éd. Allia, b PHILIPPE GARNIER b NICK KENT sera l’un des dence (1971-1974) ge Voice, Bangs déclarait qu’il 1999, 288 p., Si Philippe Garnier déclarait Londonien, né piliers du magazi-

puis du retour de attendait de la musique qu’elle 18,29 ¤, 120 F) : récemment que son récit Les Coins un 24 décembre ne Creem. Une ANTHONY VOISIN bâton punk et « traite des sentiments, de la pas- « L’exactitude coupés (Grasset, 240 p., 18,14 ¤, 1951, étudiant en activité qu’il abandonnera une ving- PIERRE FERBOS new wave, a impo- sion, d’amour, de la colère, de joie, n’était pas ma ALLIA 119 F) était « un effort sérieux pour littérature, Nick taine d’années plus tard pour le sé son style dans le mensuel fran- de peur, d’espoir, de luxure et de préoccupation première, ce que je en finir avec le rock », c’est bien Kent est le roman (Trinités ou Dino, biogra- çais Rock & Folk. Jouant sur l’hyper- l’émotion transmise de la manière recherchais c’était les tripes, par ce biais et son amour des réali- critique vedette phie de Dean Martin). En matière trophie du « je » rimbaldien et l’ob- la plus puissante l’éclair, l’énergie, la vitesse. » sateurs et acteurs de films de série de l’hebdomadai- de rock, Tosches aime les paumés

servation pas dupe du monde de la et directe, sous Direct comme le ton général des B ou des roman- re New Musical CLAUDE GASSIAN et les anonymes qui ont connu leur nuit, Yves Adrien met aussi son quelque forme articles de cet Irlandais né en ciers attachés au Express durant les demi-minute de gloire. Le style corps et son âme à nu dans des tex- que cela soit. » Sa 1943, parti à Londres dans les genre policier années 1970. Il partage alors les pointilleux de cet historien de l’hu- tes en forme de happening, d’une prose incontrô- années 1960. Cohn passe de l’ado- qu’il aura touché excès de ceux sur qui il écrit. Instal- main abonde en références qui crudité pouvant virer au malsain. lée ne résiste pas lescence à l’âge adulte dans l’élo- ses lecteurs. Né lé en France depuis une dizaine font sa force auprès des spécialis- Démonstration dans 2001, une apo- toujours au ge de l’essor des musiques popu- en 1949, Garnier d’années, Nick Kent s’est affirmé en tes et sa faiblesse auprès des profa- calypse rock (Flammarion, 130 p., temps mais reste laires traversé par une certaine s’installe aux portraitiste qui sait tirer le meilleur nes. Ainsi « Cow-boys et négros », 13,72 ¤, 90 F). Burn, Baby Burn, ode un modèle d’ur- D.R. lassitude, comme si pour lui Etats-Unis en des rock stars les plus obtuses. Il col- sur les relations entre Blancs et à Iggy Pop, est sa chronique essen- gence créative. Il fut aussi parolier l’amour du rock ne pouvait être 1970 et devient PATRICK MESSINA labore au quotidien Libération et Noirs dans la musique populaire tielle pour Rock & Folk en 1972. A et chanteur – très moyen – au sein qu’un instant fugitif dans une vie. correspondant à Los Angeles du Rock & Folk. Son texte le plus hallu- américaine, l’un des chapitres de dénicher chez un bouquiniste. de divers groupes punk. Lecture L’une de ses phrases les plus célè- magazine Rock & Folk et plus tard cinant à ce jour reste « Derrière la Country, les racines tordues du b LESTER BANGS prioritaire dans Psychotic Reac- bres concerne l’intouchable Bob du quotidien Libération. Dans un légende dorée des Beach Boys, la rock’n’roll (Allia, 2000). On lui doit Jamais en retard d’une insulte, tions et autres carburateurs flin- Dylan : « Ce que je pense de lui ? même papier il a toute liberté vraie vie de Brian (Wilson) » consa- aussi, au hasard de rééditions, des admirant un jour pour mieux brû- gués (Tristram, 1996, 530 p., Pas grand-chose en fait : il m’en- pour raconter par le menu l’acteur cré au fondateur du groupe améri- textes de pochettes de disque com- ler le lendemain (ou vice versa), le 22,11 ¤, 145 F) de son périple à nuie à mourir. » Il s’est consacré Sterling Hayden sur fond de rugis- cain et ouvre son livre L’Envers du me ceux pour The Clovers ou l’ac- Californien Lester Bangs, mort à Londres avec le groupe The Clash, depuis au reportage fictionnel sement de guitares. Au recueil de rock (Austral, 1996). teur Robert Mitchum en crooner l’âge de trente-trois ans, le publié fin décembre 1977 dans le comme dans Broadway, la grande ses articles, Garnier a préféré dans b NICK TOSCHES calypso. 30 avril 1982, à New York, avait New Musical Express. voie blanche (Julliard, 1993 ; Les Coins coupés l’utilisation Né à Newark et élevé à Jersey Sylvain Siclier littératures LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 / III b L’écriture-rock après « Rolling Stone » Toute une histoire Pour Greil Marcus, « la notion de plaisir coupable est un concept répressif » Greil Marcus et Nick Tosches racontent les traditions é en 1945, ancien rédac- Emmett Miller, un chanteur de et les hommes qui ont donné naissance au rock’n’roll teur en chef du magazi- minstrel oublié. Les artistes obs- ne Rolling Stone, puis curs que j’aime sont meilleurs. Son et les musiciens qui l’accompa- collaborateur de son livre Héros oubliés du rock’n’roll, MYSTERY TRAIN gnaient sur scène (et qui venaient de Nconcurrent, Creem, Greil Marcus parlait de gens qui m’étaient incon- de Greil Marcus. se constituer en groupe de plein droit est l’auteur de Mystery Train, pre- nus. J’ai récupéré leurs disques et Traduit de l’anglais (Etats-Unis) sous le nom de The Band), les base- mier effort, en 1975, de compré- découvert que la musique était par Jean-Marc Mandosio. ment tapes, rassemblaient des dizai- hension du rock par l’étude des atroce, d’un ennui absolu. Mais Allia, 425 p. 18,29 ¤ (120 F). nes de chansons, traditionnelles ou mythologies américaines. Quator- l’écriture de Nick était magnifique. composées par les musiciens. Greil ze années séparent ce livre de Lips- LA RÉPUBLIQUE INVISIBLE Marcus, qui a entendu tout ce qui a tick Traces, saga de la rébellion à – Le nom de Dylan a été proposé de Greil Marcus. été publié sous le manteau, y voit travers les âges, des haschichins pour le prix Nobel de littérature. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) une authentique résurgence. Non aux Sex Pistols en passant par les Cela vous semble-t-il justifié ? par François Lasquin seulement de la musique traditionnel- hérétiques du Moyen Age, Dada, – Non. Si on lui donnait ce prix, ce et Lise Dufaux. le américaine, circulant à la marge du l’Internationale lettriste et le situa- serait reconnaître que ses paroles Denoël, 333 p. 21 ¤ (137,75 F). commerce des produits industriels, tionnisme. La République invisible, sont de la grande poésie. Or ce sont mais de toute une société parallèle, ouvrage le plus récent de cet ensei- des paroles de chansons, qui n’exis- HELLFIRE qui s’est cristallisée en dehors du gnant à l’université de Berkeley, tent pas en dehors de la musique. de Nick Tosches. cadre institutionnel américain. amateur de généalogies Ensuite, ce serait dire qu’une partie Traduit de l’anglais (Etats-Unis) Pour évoquer cette imagerie surprenantes, est un voyage aux de la pop music est reconnue par Jean-Marc Mandosio. ancienne, faits divers tragiques et sources sociopolitiques de la musi- comme art, et que le reste est à jeter. Allia, 235 p. 18,29 ¤ (120 F). visions apocalyptiques, tout en lui que américaine à partir de l’enre- trouvant des correspondances exac- gistrement, en 1967, des Basement – C’est précisément ce que pense l est difficile de laisser des tes dans les textes et la musique des Tapes, de Bob Dylan. Salman Rushdie. écrits durables sur le rock. basement tapes, Greil Marcus ne – Oui, et il inclut U2 ! Je n’ai pas Sans doute parce que cette ménage pas sa peine. Il provoque des « Vous définissez-vous comme un envie de critiquer Bono, mais ceux musique n’était pas faite pour collisions fascinantes – en rappro- critique rock ? qui estiment que U2 incarne l’art durer.I Greil Marcus fut l’un des pre- chant les sermons des prêcheurs puri- – Pas vraiment, j’écris sur la pop rock’n’roll doivent être sourds. Les miers à circonvenir la difficulté en ins- tains de la Nouvelle-Angleterre de music, la littérature, la politique, les Chantels leur sont infiniment supé- crivant le rock dans une histoire plus ceux de Martin Luther King – en tra- films, ce que je vois dans la rue, la rieures, peut-être supérieures à Bob longue. Mystery Train et The Invisible çant la généalogie des faits divers photographie, parfois la peinture. Dylan. La question de savoir si le Republic, publiés à vingt-cinq ans d’un comté des Appalaches. Mais il Lipstick Traces n’est pas un livre de rock’n’roll est un art ne m’intéresse d’intervalle mais traduits simultané- file aussi ses métaphores bien après rock critic, mais son point de départ pas. C’est pour moi une évidence. La ment en français, démontrent à la avoir épuisé sa réserve de fil et, sur- est Anarchy in the U.K., des Sex Pis- condescendance des gardiens de la fois la pertinence et les limites de cet- tout, esquive encore et encore la tols. Le rock’n’roll est mon entrée, culture me désole, cette idée entrete- te démarche. Nick Tosches a trouvé question des rapports entre cette mais je n’écris pas « sur » lui. nue par l’école, les médias, des écri- encore plus malin, plus envoûtant : République invisible et les Etats-Unis vains comme John Updike, qu’il y a recrutant l’une des figures les plus fas- officiels. – Quel rôle a pu jouer votre forma- une culture sérieuse pour les gens cinantes des premières années du De la passion de Jerry Lee Lewis, tion en science politique ? sérieux et une culture frivole pour rock’n’roll, il a fait de Jerry Lee Lewis Nick Tosches n’épargne aucun – J’ai choisi les théories politiques les gens frivoles. Je suis toujours sur- le héros de Hellfire, roman sudiste vio- détail. Un portrait de ce garçon, plus américaines comme spécialité à l’uni- pris de constater combien les gens lent et sensuel qui présente la particu- beau qu’Elvis, meilleur pianiste que versité de Berkeley. J’ai aussi reçu peuvent avoir honte d’aimer. La larité de respecter la vérité historique Fats Domino, toxicomane plus persé- une excellente éducation classique notion de plaisir coupable est un jusque dans la plus invraisemblable vérant que Keith Richards, mari plus en histoire et en littérature. Mystery concept répressif. de ses péripéties. redoutable que Barbe-Bleue, Train est autant le résultat de mon » Dans les années 1960, Susan A partir de 1975, une poignée de requiert une très haute définition. travail d’étudiant que de mes Sontag a écrit qu’il était possible livres ont été publiés aux Etats-Unis Jerry Lee Lewis avait pour cousin le années de fan de rock’n’roll. Pour La d’aimer à la fois les Supremes et qui jalonnaient ce que Peter Gural- prédicateur Jimmy Swaggart, l’un République invisible, je suis revenu Jasper Johns, et on l’a attaquée pour nick appelait « la grand-route per- des plus féroces piliers du fondamen- TH. ARDITTI sur les figures politiques qui m’ont avoir brisé ces barrières. Interrogée due » (Lost Highway), ce chemine- talisme chrétien sudiste, qui ruina autrefois fasciné sans que je les com- mes adolescents du milieu des dit. Je n’ai pas essayé de raconter par Time, elle s’est défendue ainsi : ment de traditions, de musiques, de son ministère en se livrant à la forni- prenne vraiment. Quand j’écoutais années 1950. Dans un documentai- l’histoire du Band, mais celle que “J’ai dit qu’il était possible d’apprécier savoirs qui se sont croisés au milieu cation au vu et au su de la presse à les Basement Tapes, j’entendais des re récent, j’ai réalisé que je ne j’entendais dans leur musique. les deux à la fois, ce n’est pas comme du XXe siècle pour donner naissance scandale. De ce cousinage proche personnalités de diverses époques l’avais jamais vue et entendue par- L’idée de l’homme tourmenté m’est si j’avais consacré mon talent à un au rock’n’roll. Mystery Train, le pre- (Jerry Lee envisagea à plusieurs repri- parler le même langage, nourrir les ler d’elle, parce qu’elle a toujours venue : un même personnage pré- sujet aussi futile que les Supremes.” mier livre de Greil Marcus, reste com- ses une carrière de prédicateur), Tos- mêmes espoirs. Il m’a semblé refusé de donner des interviews. A sent dans plusieurs de leurs chan- Cette attitude est encore très répan- me l’acte fondateur de ce mouve- ches tire le motif principal de son qu’Abraham Lincoln aurait pu écou- la question : “Comment une jeune sons, de plus en plus cynique à due et on ne s’en débarrassera pas. ment. On trouve, dans la réunion de livre, l’oscillation permanente entre ter les Basement Tapes, dont les chan- fille innocente de seize ans a-t-elle mesure qu’il vieillit et croit de moins ces textes consacrés au Band, à Sly le péché (le rock’n’roll) et la culpabili- sons auraient pu être jouées sur un pu chanter des chansons aussi tragi- en moins à un pays qui renfermait – Pensez-vous que l’écriture rock a Stone, à Randy Newman et à Elvis té (la musique country). Tosches est bateau descendant le Mississipi. ques”, sur le petit copain qui se tue tant de promesses. Si vous écrivez décliné après l’âge d’or de maga- Presley, à la fois la force qui fait les récompensé de son audace. En l’oc- à moto ou la mère qui se suicide sur le travail d’un artiste pour lui fai- zines comme Rolling Stone ou grands livres de classe et le plaisir qui currence par le don de prescience qui – D’où vient votre passion pour après la fugue de sa fille, elle a re plaisir, vous avez fini avant Creem ? sourd des textes lus à l’insu des pro- lui fit écrire son livre six ans avant le ces “correspondances clandes- répondu : “J’avais tellement de tris- d’avoir commencé ! Pour Lipstick – Non. J’ai lu ces dernières fesseurs. Marcus révélait que le rock scandale qui fit chuter Jimmy Swag- tines”, Dylan-Lincoln, les Sex Pis- tesse en moi que chanter cela était Traces, par exemple, il a fallu que années des gens aussi intéressants pouvait être le réceptacle d’un savoir, gart (une conclusion relatée dans tols-Guy Debord ? facile.” Après cet aveu mystérieux, j’oublie que Guy Debord pouvait que Nick Tosches et Lester Bangs. sans jamais oublier qu’il fut, un une postface de 1989, que l’on ne – J’ai toujours eu le goût de l’occul- j’ai voulu lui consacrer une chroni- me lire. Pour La République invisi- Howard Hampton, un des criti- temps seulement, une machine de trouvera pas dans la traduction fran- te, de la connaissance ignorée. Les rai- que. J’ai alors appris par e-mail ble, ma femme m’a recommandé de ques les plus remarquables que je guerre contre l’ordre intellectuel. çaise). sons sont certainement liées à mon que Mary Weiss, qui travaille ne surtout pas parler à Bob Dylan. connaisse. Dans ses livres, Route Un quart de siècle plus tard, En exposant à la lumière du vaste enfance. J’ai grandi dans une famille aujourd’hui pour une société 666, sur la scène indépendante l’auteur abandonne la technique du monde les secrets de la famille sudis- où il y avait beaucoup de secrets. d’ameublement, se trouvait dans – Avec La République invisible, américaine dans les années 1980 et patchwork et tente de tisser une toile te, Jerry Lee Lewis (qui, à 22 ans, était le World Trade Center le 11 sep- avez-vous voulu combler l’absence 1990, et Kiss This, sur le punk après d’un seul morceau. La République le mari de deux femmes dont l’une – Vous avez considérablement aug- tembre. J’ai pu recueillir son témoi- de Dylan dans Mystery Train ? Nirvana, Gina Arnold a écrit l’his- invisible voudrait définir un territoire était sa cousine, âgée de treize ans) menté les notes discographiques gnage écrit. C’était très banal… – C’est moins une suite qu’un toire d’une génération. Et je ne clandestin dont la carte se déchiffre à contribua à la disparition de cette de Mystery Train, sans retoucher mais écrit dans le rythme et le ton retour à Mystery Train. Les noms connais pas d’écriture plus irres- l’écoute des Basement Tapes. Ces autre république invisible, vieille com- le texte d’origine. des chansons des Shangri-Las ! simplement mentionnés dans Mys- pectueuse et drôle que celle de « bandes de la cave » furent l’une me la guerre de Sécession. Le por- – J’ai corrigé les erreurs factuel- » La troisième chanteuse serait tery Train, comme Doc Boggs, Melissa Maerz, de City Pages,un des légendes rock. En 1967, Bob trait de cet homme, catapulté d’une les, jamais les démonstrations. Si Corin Tucker, de Sleater-Kinney deviennent les personnages princi- hebdomadaire de Minneapolis. Dylan disparut pendant plusieurs ferme sans eau courante jusqu’à Lon- c’était à refaire, j’ajouterais des [un trio punk-rock féminin]. J’écris paux de La République invisible. Ces personnes ne sont pas forcé- mois à la suite d’un accident de moto- dres où les journalistes de la presse chapitres sur les artistes féminines, sur ce groupe depuis dix ans et je L’obsession de ce livre n’est pas ment connues mais elles accomplis- cyclette. De cette absence naquit une tabloïd le pourchassent reste, pres- absentes du livre. Un pour la chan- devrais d’ailleurs arrêter. tant Bob Dylan que : qu’y a-t-il sent un travail différent de leurs musique, difficile à saisir, puisqu’elle que vingt ans après sa première édi- teuse Arlene Smith, du groupe dans la musique de Doc Boggs ? prédécesseurs, et fascinant. » circulait sur des disques pirates, mais tion, le plus beau livre qu’ait suscité vocal féminin de doo-wop The – Robbie Robertson, ancien leader Propos recueillis par qui acquit la réputation d’être à nulle le rock’n’roll. Chantels. Elle avait, à quinze ans, du Band, groupe auquel Mystery – Vous partagez, avec votre ami Bruno Lesprit autre pareille. Enregistrées par Dylan Thomas Sotinel la voix la plus resplendissante du Train consacre un chapitre, a Nick Tosches, une passion pour les rock’n’roll – à côté, Aretha Fran- déclaré qu’il ne comprenait pas de artistes obscurs. klin passait pour une choriste ! quoi parlait votre livre. – Nick Tosches vient de publier Ensuite, Mary Weiss, chanteuse – Il devait être de mauvaise Where Dead Voices Gather, sur sa des Shangri-Las, de ces mélodra- humeur car ce n’est pas ce qu’il m’a fascination de trente ans pour Allia, l’éditeur des auteurs rock nstallé rue Charlemagne, au annuelle de vingt-cinq actuel- des mouvements millénaristes cœur du Marais, un petit lement, des ventes échelonnées Norman Cohn pour avoir publié éditeur a entrepris de tradui- de 1 000 à 18 000 exemplaires Cosmos, chaos et le monde qui re méthodiquement les (record détenu par Lire aux cabi- vient, il a découvert aussi celle du livresI de Greil Marcus, Nik Cohn nets, d’Henry Miller). fils, Nik. ou Nick Tosches. Créé en 1982, Spécialiste du situationnisme, Récemment, Gallimard a rache- Allia (« les autres choses », en Gérard Berréby a découvert les té pour « Folio » les droits de Lip- latin) s’est distingué en publiant écrivains rock via Lipstick Traces, stick Traces et reverse 10 % des « ce qui ne se fait pas ailleurs », de Greil Marcus. Dans sa ventes (5 % à Marcus et 5 % à selon son fondateur autodidacte, bibliographie, l’auteur mention- Allia) ; 10/18 a acquis ceux du Nik Gérard Berréby. « Nous avons nait d’ailleurs les Documents Cohn. L’intérêt nouveau pour ces commencé par des ouvrages du relatifs à la fondation de l’Inter- auteurs pourrait-il ébranler la domaine public ou qui n’intéres- nationale situationniste, collectés position quasi monopolistique saient personne, comme Mes ins- par le patron d’Allia. «On a d’Allia et l’unité de ce rayon de sa criptions de Louis Scutenaire, sur- contacté l’agent de Marcus et bibliothèque ? La bataille risque réaliste belge. » obtenu les droits pour 1 372 euros de n’avoir jamais lieu. Allia livrera Menacé de faillite en 1995, Allia (9 000 francs) en 1996, se souvient- à partir de 2002 d’autres ouvrages s’en sort en lançant une collection il. Pour Mystery Train, Marcus a attendus par les connaisseurs : de poche au prix de 6,09 euros tenu à travailler avec nous sur la England’s Dreaming, de John Sava- (40 francs) (« Le Monde des même base. » Denoël a dû verser ge, sur le mouvement punk, Aes- livres » du 8 septembre 1995). 3 811 euros (25 000 francs) pour thetics of Rock, du philosophe Gérard Berréby conçoit son La République invisible, une diffé- Richard Meltzer, Waiting for the catalogue comme un « laboratoire rence qu’Héloïse d’Ormesson, Sun, de Barney Hoskins, sur la scè- expérimental », à l’éclectisme directrice littéraire de cette mai- ne californienne, Sweet Soul raisonné, où « personne, mort ou son, juge normale, Allia, petit édi- Music, de Peter Guralnick, mais vivant, ne peut dire qu’il est en teur, bénéficiant d’« une prime à encore un reportage de Nik Cohn mauvaise compagnie ».Lesl’antériorité ». sur le rap à La Nouvelle-Orléans. philosophes de la Renaissance et Berréby s’est ensuite enthou- Cette liste semble épuiser le filon néoplatoniciens fréquentent siasmé pour Nick Tosches car des grands textes rock. Ceux qui Leopardi, Byron, Malevitch et les « ses livres ne sont pas formatés se seront réveillés trop tard se auteurs rock anglo-saxons. A ce pour un public rock ». S’il connais- contenteront des rogatons. jour, 240 livres avec une moyenne sait bien l’œuvre de l’historien B. Lt IV / LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 littératures b

livraisons b SWEAT HEARTS, de Melanie Rae Thon Géographies mexicaines L’inceste, sous la forme d’une douleur impossible à déclarer, for- mait déjà le cœur de Iona Moon (éd. de L’Olivier, 1998), le précé- dent roman de Melanie Rae Thon. Avec Sweat Hearts, la jeune et Les éditeurs français sont à nouveau séduits par une littérature mexicaine qui ne se tient pas derrière talentueuse romancière américaine – qui s’inscrit dans le courant dit de l’« école du Montana » – revient à cette obsession en imagi- ses frontières traditionnelles. La prochaine génération est en marche nant un frère et une sœur d’origine indienne, lancés dans une folle cavale en direction du sud. L’amour, la maladie, la violence et les ette année, plusieurs milieu littéraire, à travers le couple politique de 1968 au Mexique. Les l’impunité, omniprésents dans la sombres secrets de la généalogie sont exaltés par une écriture qui générations mexicaines grotesque d’un critique agressif et événements de leur génération, ce vie politique mexicaine. Même ne manque pas d’intensité (traduit de l’anglais – Etats-Unis – par se sont bousculées en d’un poète décalé, Leñada. Quand sont le tremblement de terre de Jours de colère, de Jorge Volpi, qui Nadine Gassie, éd. de L’Olivier, 300 p., 19,82 ¤, [130 F]). R. R. France. A côté de on sait comment se chamaillèrent 1985 et la récession économique semble être une pure spéculation b LE PHARE DU BOUT DU MONDE, de David Payne vieillesC connaissances comme en leur temps les groupes formés dès 1995, signes d’une prise en littéraire, aborde ce thème. Petit Jeune ethnologue étudiant les mœurs d’un village de pêcheurs de l’auteur de polars Paco Ignacio Tai- autour de Carlos Fuentes et d’Octa- charge nécessaire puis d’un cer- livre étrange et troublant, ce pour- Caroline du Nord, Joe tente de pactiser avec les fantômes de son bo II (1), de nouveaux venus ont vio Paz, qui fonda avec Alexandro tain désenchantement. Mais ils rait être l’apostille d’A la recherche passé. A travers l’étude de cet « écosystème rare et précieux »,il trouvé leur place dans un relatif Rossi et Salvador Elisondo la disent se soucier tout autant de de Klingsor, comme celui d’Umber- cherche « la porte magique qui permet de revenir en arrière »,le désordre : outre Ignacio Padilla (2) revue Vuelta, on comprend que ce l’identité mexicaine « toujours à la to Eco au Nom de la Rose, s’il monde de l’enfance, les souvenirs bienheureux ou désolants et Jorge Volpi (3), de jeunes écri- café avec Gorrondona a le goût recherche de ses racines indigènes, n’était pas antérieur à son roman d’une famille qui bascula de l’idyllique au chaos, au fil des violen- vains de trente ans membres du âcre des souvenirs bien serrés. et très peu des européennes. A force, monumental. Abstraction faite de ces perpétrées entre son père et sa mère. Parallèlement à cette Crack, un groupe littéraire célèbre S’il en est un qui se distingue de nous nous sommes créé une culture la petite mécanique métalittéraire, quête douloureuse, il vit une passion avec Day, une gynécologue, au Mexique depuis peu, la France ces vues esthétiques sur la littératu- de la défaite. » affirme Ignacio on lit, condensé en quelques très critique envers cette région où elle ne voit, elle, que « patriar- découvre Juan Villoro, de dix ans re, c’est bien Paco Ignacio Taibo, Padilla. Et de nier tout « program- pages, ce qu’A la recherche de cat, dogme religieux, sectarisme envers les Noirs et les femmes ». leur aîné, avec Le Maître du miroir qui défend corps et âme la portée me littéraire », mais d’évoquer plu- Klingsor explicitera : ce vertige que David Payne reprend le fil de son roman précédent, Le Monde per- écrit en 1990 (4). Sans compter quasi révolutionnaire du roman, tôt « une justification a posteriori » creusent le probable, le possible et du de Joey Madden, en alternant les points de vue des deux amou- l’ami d’Octavio Paz, Alexandro avec sa faconde habituelle : «Ilya de leurs écrits, les lectures parta- l’inconcevable dans le quotidien reux guettés par le naufrage. Même héros, même sens pudique Rossi (5), un « jeune auteur » de vingt ans, après le Boom, nous gées et le traitement commun de des hommes, ici un chirurgien qui du pathétique, même charme mélancolique de la peinture émo- plus de soixante ans, et le remar- avons donné une nouvelle forme au problèmes fondamentaux – le rêve de découper sa patiente. tionnelle d’une Amérique tiraillée entre une obsession rétrograde quable Salvador Elisondo (6), de la roman social, en inventant le néopo- mal, l’identité. Malgré la narration éclatée et le du péché et l’école des tolérances (traduit de l’anglais – Etats même génération, dont on publie lar latino-américain. Tout cela est sujet frénétique digne d’une série Unis – par Delphine et Jean-Louis Chevalier, Belfond, 402 p., le dernier roman écrit il y a quator- maintenant très structuré : toute TROC DES IDENTITÉS B, un œil impassible habite les fic- 20,60 ¤, [135,10 F]). J.-L. D. ze ans. une génération d’écrivains s’y est Adolescents, ils organisaient des tions de Volpi. « On aimerait bien b LES COULEURS DE L’ABSENCE, de Rosellen Brown Ce panorama quelque peu anar- reconnue, au moment où la relation réunions littéraires façon Cercle qu’en Amérique latine tiennent tous Auteur de poèmes, de nouvelles et de plusieurs romans, parmi les- chique confirme ce que l’étrange entre eux en Amérique latine s’était des poètes disparus. C’était à qui nos rêves », disait Philippe Ollé- quels un livre traduit en français sous le titre Les Quatre Vérités Salon de beauté de Mario Bellatin, rompue. » écrirait le chef-d’œuvre du grou- Laprune. Et nos cauchemars aussi, (Denoël), Rosellen Brown met en scène la rencontre d’une fille et finaliste l’an dernier du prix Médi- Le credo de la nouvelle généra- pe. Résultat : une kyrielle de con- visiblement. d’une mère américaines qui ne se sont jamais connues. L’une, la cis, laissait pressentir : les éditeurs tion, celle du Crack, l’agace aussi : tes à la manière de Juan Rulfo sur Fabienne Dumontet fille, est noire et a été kidnappée par son père juste après sa nais- français sont à nouveau séduits quand ces jeunes écrivains revendi- les paysans du llano et leurs sance. L’autre est blanche, bourgeoise avec « de toutes petites par une littérature mexicaine atypi- quent une fiction exigeante, éloi- vaches errantes. Qu’à cela ne tien- (1) Archanges, traduit par Caroline mains blanches, comme des mains d’enfants, qui semblaient n’avoir que, loin des canons latino-améri- gnée du néoréalisme autant que ne. Ces auteurs en herbe réunis- Lepage, éd. Métailié, 372 p., 19,06 ¤ jamais fait aucun travail. » En procédant à des allers et retours cains attendus. « Il y avait un déca- du réalisme magique, il voit dans sent leurs premières œuvres dans (125 F). dans l’histoire, l’auteur montre avec finesse la difficulté de ces lage entre ceux qui, chez nous, pen- ce groupe un retour à la préémi- un même manuscrit, et les attri- (2) Amphitryon, traduit par Albert Ben- retrouvailles (traduit de l’anglais – Etats-Unis – par Marianne saient connaître la littérature nence de la forme et un désintérêt buent non sans humour à un per- soussan et Anne-Marie Casès, Galli- Véron, Buchet Chastel, 528 p., 21 ¤, [137,75 F]). R. R. d’Amérique latine, en l’identifiant à de l’histoire immédiate. Mais Tai- sonnage de leur invention, admira- mard, 204 p., 16,95 ¤ (111,18 F) ; Impos- b LE PAYS DE NULLE PART, de Svetlana Velmar-Jankovic celle des années 1970, et la produc- bo lui-même a hérité de la généra- teur inconditionnel de Pedro Para- sibilité des corbeaux, traduit par Native de Belgrade, cette romancière serbe avait publié en 1990 tion actuelle au Mexique, dont la tion du Boom, celle de Carlos mo. Voilà du postmoderne écrit en Marianne Millon, éd. Mille et Une un texte retentissant : Dans le noir, dénonciation, par une vieille France a dû traduire à peine une Fuentes, de Gabriel Garcia Mar- un tour de main ! Plus sérieuse- Nuits, 136 p., 8,99 ¤ (59 F) dame indigne, des années de ténèbres vécues en ex-Yougoslavie, demi-douzaine de titres, analyse quez et d’Octavio Paz, le goût ment, Padilla a gardé dans Amphy- (3) A la recherche de Klingsor, Plon, aux temps de l’occupation nazie et du régime communiste (Phé- Philippe Ollé-Laprune, coorganisa- pour une fiction complexe dont trion cette habitude des narrations voir « Le Monde des livres » du bus). Elle donne cette fois la parole aux enfants de cette victime teur du prix Deux-Océans au festi- pourrait témoigner avec succès emboîtées et gagné un style épi- 23 mars ; Jours de colère, traduit par des soupçons et des trahisons, pour évoquer comment s’est écrou- val La Cita de Biarritz, attribué cet- son nouveau roman paru en Espa- que. Le troc des identités pendant Marianne Millon, éd. Mille et Une lé le rêve d’un Etat « aveugle aux différences » dans une Serbie te année à Jorge Volpi. Mais, gne (7) autant, sinon plus, que son la seconde guerre mondiale et les Nuits, 96 p., 7,5 ¤ (49,20 F). bombardée et meurtrie, comment Serbes et Croates se sont battus depuis deux ou trois ans, tout cela recueil Archanges : dans ce dernier complots afférents (éliminer Adolf (4) Traduit par Claude Fell, Denoël, jusqu’à l’extermination et comment s’est installée « la volupté change.» titre traduit en français, il transfor- Eichmann) ménagent à la fois la 326 p., 20,58 ¤ (135 F). noire qui anime les auteurs de tuerie ». Souvenirs et témoignages à Mexicain d’origine vénézuélien- me des révolutionnaires de tout dimension métaphysique et le sus- (5) Pluie de janvier, Gallimard, 2000 et deux voix : un fils installé psychiatre à New York, une fille universi- ne, Alexandro Rossi a magnifique- bord en saints politiques, en com- pens. Mais la première partie est la Un café avec Gorrondona, traduit par taire restée au pays des snipers et otage de la terreur cauchemar- ment inventé dans Pluie de janvier blant les vides de l’histoire par la meilleure : l’histoire grinçante Serge Mestre, Gallimard, 136 p., desque vécue par un peuple fourvoyé « derrière un pouvoir malé- un pays aux frontières fantômes, fiction, avec un bonheur inégal. d’un cheminot dépouillé de son 12,50¤ (82 F). fique ». Svetlana Velmar-Jankovic convoque Freud, Shakespeare peuplé de jeunes femmes silencieu- De leur côté, les membres du identité et de sa paternité, détra- (6) Elsinore, traduit par Jean-Claude et autres références intellectuelles dans un récit d’une forte puis- ses et de vieillards oublieux, qui Crack ne renoncent pas à parler du quant ses aiguillages pour dérou- Carrière, Atelier du Gué, 112 p., sance d’évocation, où sont traquées au quotidien les traces du mal doit beaucoup au Venezuela de Mexique, même s’ils traitent de ter les convois. 17,07¤, (100 F) ; chez le même éditeur, et où des fantômes obscurs surgissent des abîmes de l’inconscient son enfance. Dans Un café avec l’histoire européenne ou de sujets Enfin, dernier point commun une anthologie, La Nouvelle contempo- collectif (traduit du serbo-croate par Alain Cappon, Phébus, Gorrondona, d’une veine plus légè- sans géographie précise. Certes, ils peut-être entre ces littératures raine au Mexique, publiée en 1995 294 p., 21 ¤, [137,75 F]). J.-L. D. re, il moque les impostures du n’ont pas vécu le bouleversement mexicaines : le sens du secret et de (7) A paraître en 2002. La case des oncles d’Amérique Les ardeurs d’un résistant slovène Fred Chappell conte, délicieusement, des histoires rurales Boris Pahor retrace en romantique ses années de jeunesse, comment il quitta peuplées d’images champêtres et enfantines le séminaire, aima une révolutionnaire, défendit sa patrie, fut déporté

Difficile de qualifier de roman ce pondant à une étape importante né dans tous ses livres, en convo- Mussolini, Radko va revoir la jeune MA FAMILLE INOUBLIABLE qui ressemble davantage à un recueil dans la vie du narrateur : apprentis- JOURS OBSCURS quant Arlette, jeune infirmière fran- femme qui le trouve métamor- (I Am One of You Forever) de contes et légendes. En effet, au sage de la cruauté du monde (L’Inon- (Zatemnitev) çaise du sanatorium où il soignait phosé. Il a en effet rompu avec une de Fred Chappell. détour d’un mot, Fred Chappell nous dation), de la mort (Le Télégramme) de Boris Pahor. son squelette exténué, puis Luciana, Eglise coupable de trahison avec Traduit de l’anglais (Etats-Unis) « souffle du monde réel » pour nous et de la sexualité (Helen). Parfois frus- Traduit du slovène l’espiègle ouvrière des bords du lac l’ennemi, combattu sous le drapeau, par Anne Berton, entraîner dans les contrées mer- tré d’être tenu à l’écart des discus- par Antonia Bernard, de Garde qui ne reniait pas ses sym- peaufiné son éducation politique, éd. Autrement, « Littératures », veilleuses de l’enfance du narrateur, sions de grandes personnes, Jess Phébus, 372 p., 21,50 ¤ (141,05 F). pathies pour les tyrans, Zivka avec changé de vocation. Son engage- 224 p. , 18,29 ¤ (120 F). Jess. Une enfance passée sur les col- comprendra le danger qu’encourt laquelle il parla de reconstruire l’Eu- ment sans faille pour la communau- lines de la Caroline du Nord, dans la Johnson quand ce dernier décide de ne pièce majeure du rope de demain, Leni l’Allemande té slovène déracinée la séduit. Jours ourquoi ne pas le dire tout ferme de la grand-mère maternelle – s’engager dans l’armée pour « aller puzzle que constitue aveugle au calvaire de ceux qui obscurs est aussi l’histoire de la méta- de suite : Ma famille inou- cette femme qui « vous arrachait le en Europe botter le cul de Hitler » : l’œuvre en grande partie n’appartiennent pas à la race élue. morphose de la caustique érudite en bliable est, tout simple- respect aussi efficacement que des « J’avais maintenant appris en écou- autobiographique de Tout Pahor est dans cet espoir que complice irradiée. Et parallèlement ment, un texte délicieux. De tenailles arrachent un clou d’un tant mes parents discuter avec Johnson BorisU Pahor manquait à ses lecteurs la béatitude amoureuse insuffle au à l’histoire du combat identitaire Pceux qui ont la douceur des bonbons poteau ». Là, Jess coule des jours heu- qu’il n’allait pas vraiment tuer Hitler français. Une partie des nouvelles revenant des nécropoles la force de d’une nation slovène en quête de de notre enfance, sans jamais en reux, en compagnie de son père – ce pour mettre fin à la guerre, que ça ne d’Arrêt sur le Ponte Vecchio retraçait combattre son désespoir, que le libération, le roman décline l’évolu- avoir la nostalgique amertume. Pas « gamin débraillé et tout crasseux » – serait pas aussi simple, que le nuage l’enfance de l’écrivain slovène à miracle de l’étreinte fasse resurgir le tion timide de ce qui finit par deve- étonnant d’ailleurs que certains tex- et de l’ami de la famille, Johnson effrayant qui assombrissait nos Trieste, marquée à vie par le nettoya- bonheur auquel il se croyait fatale- nir une idylle, non sans scrupules, tes de Fred Chappell – qui ne sont pas Gibbs. Ensemble, ils échafaudent mil- montagnes ne se dissiperait qu’à force ge ethnique, l’éradication de la lan- ment inapte, que la foi en une résur- dilemmes et culpabilité. sans rappeler ceux de Mark Twain ou le et une farces et « plaisanteries au de temps et de progrès, et que Johnson gue natale, l’incendie en 1920 du gence du genre humain renaisse par Les jeunes gens multiplient les ceux d’Homère, à qui l’auteur adresse long cours », alors que défile « un tas n’était qu’une toute petite partie de ce centre culturel par les Chemises noi- le désir. rendez-vous, s’échangent des bai- ici un clin d’œil – soient recom- d’oncles bizarres » dont chaque visite processus orageux, une fragile feuille res fascistes (1). Pèlerin parmi les sers vécus comme des offrandes, mandés dans de nombreuses écoles est l’occasion d’une histoire – et d’un de noyer arrachée par une bour- ombres traquait les souvenirs dou- SÉDUCTRICE ANTICLÉRICALE philosophent beaucoup, deviennent outre-Atlantique. chapitre. Ainsi de l’Oncle Runkin, rasque. » loureux de sa déportation dans le Mais ce que l’on prenait pour une amants... jusqu’à ce que Radko tom- « l’homme au cercueil » ; de l’Oncle Moments terribles que Fred Chap- camp de Struthof, l’incommuni- conséquence du calvaire subi dans be entre les griffes de la Gestapo. Le Burton et de sa barbe légendaire ; de pell réussit à faire passer avec cable nuit et brouillard, la proces- les camps, le sursaut de survie d’un beau livre de Boris Pahor résonne l’Oncle Zeno, formidable conteur humour. Ainsi, quand Johnson déci- sion des corps hagards vers le créma- revenant du wagon des ombres, et d’ardeurs romantiques, et de son dont les « histoires interminables (…) de un soir de sortir avec sa fiancée, et toire (2). Dans Printemps difficile, ce qui fut sans doute décuplé par cet- irréductible attachement à la ville de influaient sur le tissu de notre vie quoti- que Jess demande à son père où ils Boris Pahor contait l’après-barba- te plongée dans l’au-delà de l’hor- Trieste, « les cris des marchandes ins- dienne de telle manière que nous com- sont partis, ce dernier lui répond : rie, la renaissance en 1945, après la reur, apparaît déjà alors que Pahor tallées sur la place du Ponterosso, la mencions à douter de nos propres « Je crois qu’ils ont pris la route de libération du camp d’extermination (prénommé Radko dans Jours obs- chair sanguine des quartiers de pastè- contours » ; ou encore de l’Oncle Velours qui mène à Perdition City. (…) par les soldats alliés, du miraculé curs) n’a pas encore connu la damna- ques, le vacarme des voitures à bras, Luden, sorte de Père Noël hippie Avec peut-être un arrêt à Flagrante hanté par ses visions macabres, tion. Ici, quittant l’habit noir du les barques à la queue leu leu, les avant l’heure, symbolisant à lui tout Delicto. (…) Si Johnson a un peu de traînant sa maigre carcasse dans un séminaire et s’éveillant aux plaisirs piaillements et les gazouillis des seul le mythe américain. bon sens, ils passeront par Capote Junc- sanatorium (3). Dans La Villa sur le de la vie civile, il est ensorcelé en oiseaux dans leur cage... » Dans sa Car Ma famille inoubliable est aussi tion. » Mais, plus encore que l’hu- lac, il évoquait son retour dans un 1939 par Miya, fille d’un notable cellule lui reviennent en mémoire un formidable ouvrage sur l’Amé- mour, Fred Chappell pratique l’iro- petit port du lac de Garde et son libre-penseur, sœur d’un révolution- des notes écrites jadis : « Le lac peut rique : celle de l’Oncle Luden donc, nie, utilisant, comme il l’expliquait effarement de n’y voir rien de naire et féministe prompte à épater de nouveau désirer le printemps... l’ar- ce « spécimen unique » venu des récemment à Libération, le regard changé, pas même la dévotion au le bourgeois. Une fille « bien faite rivée dans cet endroit merveilleux est « étendues dorées de l’Ouest » (la Cali- innocent de Jess pour donner à voir Duce ni la portée tragique de l’Holo- pour jouer les tentatrices de ce coin comme le souvenir de l’amour impré- fornie), mais, surtout, celle de un « monde dépravé ». Douce ironie causte (4). Avec Jours obscurs,il de province, et semer le trouble par vu... de l’image qu’on porte en soi... » l’auteur. Dans une prose simple et que l’on retrouve dans tous les textes revient à l’avant-guerre, raconte son attitude provocante dans les Ainsi que la voix de Miya égrénant poétique, peuplée d’images champê- de ce prolifique auteur né en 1935, et comment, jeune étudiant en théolo- esprits bien-pensants ». Radko essuie des chansons du folklore bosnia- tres et enfantines, Fred Chappell fait que les éditions Autrement nous per- gie, il quitta le séminaire pour s’en- d’abord les railleries de cette séduc- que. Pahor a raconté dans Pèlerin revivre l’Amérique profonde des mettent aujourd’hui de redécouvrir gager dans les rangs de la Résistan- trice anticléricale, mais l’un et parmi les ombres que, de son camp années 1940, avant que « les usines avec bonheur (1). ce, et comment il fut livré aux Alle- l’autre se rapprochent en se décou- de barbelés, il pensa toujours à elle, (…) ne saliss(ent) le paysage monta- Emilie Grangeray mands par des fascistes slovènes. vrant militants de la défense d’une avec « le désir indicible qu’elle soit gneux de Caroline du Nord ». Histoi- Jours obscurs reflète de façon typi- littérature slovène interdite, lecteurs encore vivante et qu’elle attende que, res rurales, pétries de merveilleux et (1) Auteur de dix recueils de poésie et de que le combat intérieur de Boris d’une revue clandestine. tel Ulysse, [il] revienne de l’enfer ». de « réalisme magique », joviales et nombreux essais, Fred Chappell a égale- Pahor, son éternel dilemme mental : Miya, hélas, est amoureuse de Jean-Luc Douin touchantes donc, douloureuses aussi ment écrit deux recueils de nouvelles comment concilier l’émoi intime et Darko, un politicien chrétien, quand les différents protagonistes parus aux éditions Christian Bourgois, ain- le combat collectif, comment mener qu’elle épouse. Après l’envahisse- (1) Ed. des Syrtes, 1999. prennent conscience que : « Après, si que quatre romans, dont Prémonitions, à bien une histoire d’amour dans un ment de la Yougoslavie par les (2) La Table Ronde, 1990 ; « La Petite ça sera jamais aussi bien. » récemment publié par les éditions Autre- environnement hostile, une époque Allemands, l’emprisonnement de Vermillon », 1996. Trois courts récits en italique enca- ment (1999), qui devraient rééditer, en troublée, sous un ciel d’apocalyp- Darko, la mort du frère de Miya (3) Phébus, 1995. drent ce roman-conte, chacun corres- janvier 2002, L’Hameçon d’or. se ? Ce thème obsédant, il l’a décli- fauché par les balles du dictateur (4) Bartillat, 1997. essais LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 / V b Des cadavres dans le lit clos Monaco en vert-de-gris Trois ouvrages – signés de Georges Cadiou, Kristian Hamon et Ronan Calvez – reviennent sur l’engagement Pierre Abramovici livre une enquête sans complaisance collaborationniste de certains militants nationalistes bretons. Encore un passé qui ne passe pas... sur la principauté à l’heure de l’Occupation

A la lumière des archives les Trafics et crimes sous l’Occupation L’HERMINE dépouillées – en particulier les rap- UN ROCHER BIEN OCCUPÉ (Fayard, 1968), dont aujourd’hui la ET LA CROIX GAMMÉE ports des RG –, l’auteur étudie le Monaco pendant la guerre passionnante Histoire du marché Le mouvement breton recrutement du parti, l’évolution de 1939-1945 noir, 1940-1946, de l’Américain Paul et la collaboration ses effectifs, estimés par lui à 1 500 de Pierre Abramovici. Sanders (1) reconnaît le rôle pion- de Georges Cadiou. militants, sa difficile implantation Seuil, « L’Epreuve des faits », nier, établissant le lien entre marché Mango, 264 p., 18,50 ¤ (120 F). dans une région rurale de trois mil- 372 p., 19,82 ¤ (130 F). noir, crime et destruction du tissu col- lions d’habitants. La description des lectif, par la conjugaison de la recher- LES NATIONALISTES rouages du nationalisme breton se ui sait que Radio Monte- che du profit, de la délation, voire de BRETONS SOUS fait ici au détriment de l’analyse du Carlo naquit le 1er juillet la trahison. On retrouve nombre de L’OCCUPATION discours de ses idéologues, auxquels 1943, aux dernières heures ces mécanismes à l’œuvre dans l’en- de Kristian Hamon. Hamon ne consacre que quelques Q de l’occupation du Rocher quête qu’a menée le journaliste Pier- Ed. An Here [Kergleuz, lignes. Le linguiste Roparz Hemon par les Italiens du Duce – re Abramovici, avec le concours de 29480 Ar Releg-Kerhuon], (1900-1978), animateur de Radio- les nazis allaient bientôt prendre la sa consœur Carine Mournaud. Il pro- 272 p., 14,94 ¤ (98 F). Breiz et président de l’Institut celti- relève – au son de l’hymne monégas- pose le rocambolesque feuilleton que de Bretagne, apparaît grimpant que et de la voix de Maurice Cheva- d’une principauté atypique : avec sa LA RADIO EN LANGUE dans un camion qui l’emmène vers lier ? Une moins sulfureuse version posture d’Etat indépendant – alors BRETONNE l’Allemagne en compagnie des mili- officielle, établie en 1957, eut beau même que depuis 1918 la France a Roparz Hemon et Pierre Jakez ciens de la formation Perrot. Le legs retarder le lancement à l’automne rogné ses prérogatives –, la somno- Hélias : deux rêves d’Hemon à la culture bretonne con- 1945 de la station radiophonique, le lence du prince Louis II, cruellement de la Bretagne temporaine est au cœur de la polé- fait est que Monaco fut durant la raillé dans l’entourage de Pétain com- de Ronan Calvez. mique qui fit rage en 2000. On se seconde guerre mondiale le théâtre me « l’image de la souveraineté affais- Presses universitaires de souvient qu’un collège Diwan a por- de « la politique hasardeuse des politi- sée », la carte d’un refuge du capitalis- Rennes, 336 p., 21,19 ¤ (139 F). té son nom avant d’être débaptisé et ciens qui avaient réussi à obtenir la me international à l’heure où les fisca- qu’un dictionnaire breton lui fut bienveillante confiance de SAS le prin- lités nationales obèrent les bilans, et ’attitude de membres du dédié. ce souverain (…). Cette politique nous la fièvre impérialiste (fasciste en tête) mouvement breton l’Em- Dès 1999, la thèse de Ronan Cal- a fait perdre le rang et le rôle que nous qui menace un cadre d’opérette. sav [prononcer : emzaw], vez sur La Radio en langue bretonne aurions dû tenir et nous a privés de Dénoncé dès 1932 par le maire de L engagés dans la collabora- avait démontré que le soi-disant notre neutralité et de notre indépen- Monaco, Auréglia (« faillite morale, tion avec l’Allemagne nazie, ferait- apolitisme d’Hemon mis en avant dance ». Cet aveu du prince Rainier, anarchie administrative, débâcle bud- LE GRAND/COLL. MUSÉE DE BRETAGNE/RENNES elle l’objet d’une « réhabilitation Yann Goulet lors d’une réunion des cadres du Parti national par ses thuriféraires était un men- héritier d’un trône miné par la «gan- gétaire, tel est le bilan de la dictature rampante » ? Prenant appui sur breton (PNB), le 10 décembre 1941, à Quimper songe. Il était en effet appointé par grène » et contraint, pour éviter la dis- monégasque. (…) Un tel régime porte une bibliographie qui montre l’am- les Allemands pour des émissions qualification, d’admettre solennelle- les germes de sa propre décomposition pleur des travaux entrepris sur la l’Allemagne nazie d’une Bretagne lement de l’Emsav dans la délation, radiophoniques qui, faute d’émet- ment, dès le 21 septembre 1944, le en germe »), le désordre s’accentue seconde guerre mondiale en Breta- indépendante. Rejetés par l’opi- la chasse aux résistants – nom- teur suffisamment puissant, fait de collaboration sur le Rocher, avec la débâcle du voisin protecteur. gne, Georges Cadiou s’engage dans nion, les séparatistes bretons se breux dans la région –, la torture et n’étaient pas audibles en Basse-Bre- chacun s’efforça de l’oublier, dès le Reconstituant avec un soin méticu- ce débat en « sort[ant] les cadavres rapprochent des collaboration- le meurtre. tagne. Hemon rêvait d’une Bretagne retour à la paix. leux – il y fallut du mérite – les dos- des placards ». nistes parisiens pour combattre les Dans l’introduction des Nationa- dont l’unité serait construite grâce à Suspectée d’être au cœur d’un affai- siers personnels, systèmes et combi- L’exhumation concerne les lea- régionalistes plus modérés, qui listes bretons sous l’Occupation, Kris- la langue, un breton élitiste, dégagé risme trouble, paradis artificiel où le nes, où cynisme financier et compro- ders autonomistes Fransez Debau- espèrent de Vichy une autonomie tian Hamon qualifie de « Lacombe de la gangue des parlers ruraux. Peu vernis glamour, un temps restauré missions idéologiques n’hésitent vais et , exilés en Alle- politique et culturelle. On sait qu’il Lucien bretons » les brutes qui com- importe donc qu’il fût ou non écou- par le charme de Grace Kelly, petite devant aucun recours (espionnage, magne pendant la « drôle de n’en fut rien, Vichy faisant de la mirent ces crimes. Son travail mon- té par les bretonnants de l’époque. fille riche devenue une princesse corruption, concussion – et ce jus- guerre ». Rentrés en Bretagne avec région un nouvel échelon adminis- tre au contraire que l’engagement En rapprochant de manière inat- modèle, s’écaille pour ne plus révéler qu’au plus haut niveau), le Monégas- la Wehrmacht, ils reconstituent pen- tratif territorial, placé sous l’autori- de militants bretons dans la collabo- tendue les œuvres d’Hemon et de que de sordides intrigues d’intérêts que Abramovici, qui souligne dant l’été 1940 le Parti national bre- té d’un préfet. ration n’a rien de fortuit et décrit Pierre Jakez Hélias, Ronan Calvez sans noblesse et des scandales d’alcô- qu’aucun de ses compatriotes nota- ton (PNB), interdit en octobre L’Hermine et la croix gammée ne avec précision le fonctionnement montre que l’histoire, la langue et ve, la principauté de Monaco n’a guè- bles n’a été inquiété à la Libération, a 1939, et fondent un hebdomadaire, cherche pas à nuancer le répertoire et les dérives du PNB, parti raciste l’identité bretonne s’entrelacent en re jusqu’ici retenu l’attention des his- l’humour de remercier au finale Rai- L’Heure bretonne, dont l’audience des attitudes et des pratiques sous miné par les luttes intestines de ses amont et en aval de la seule période toriens. Aussi saura-t-on gré aux nier III, dont le refus d’ouvrir les (30 000 exemplaires tirés en moyen- l’Occupation. L’enchaînement des chefs (Mordrel, Delaporte, Lainé) de la guerre. Même si son titre est « amateurs » d’histoire de relayer les archives du palais a provoqué ne) dépasse largement le cercle des chapitres, depuis l’histoire trop rapi- et doté d’une formation paramilitai- moins racoleur, cette histoire cultu- universitaires ou de leur ouvrir la d’autres investigations. De la vertu seuls militants. de du mouvement breton sous la re, les Bagadoù Sturm (troupes de relle est aussi profitable pour la voie, lorsque leur méthode et leur de fuir l’hagiographie. Malgré le soutien de certains IIIe République jusqu’à la sanglante combat), transformée en Strolladoù mémoire qu’une catharsis fondée sens de l’investigation relèvent d’une Philippe-Jean Catinchi services de l’administration d’occu- équipée sous l’uniforme allemand Sturm (sections de combat) en août sur l’autopsie des cadavres de la col- même rigueur. Naguère le commis- pation, les chefs du PNB n’obtien- des miliciens du Bezen Perrot, suggè- 1943 : un choix d’initiales sans équi- laboration. saire de police Jacques Delarue, (1) Perrin, « Terre d’histoire », 384 p., dront pas la reconnaissance par re le caractère inéluctable du bascu- voque. Vincent Guigueno ancien résistant lui-même, dévoilait 22,80 ¤ (149,56 F).

livraisons b LA RÉSISTANCE SANS HÉROÏSME, de Charles d’Aragon L’ami de cœur de Hitler Précédée d’une introduction de Guillaume Piketty qui éclaire le parcours biographique de Charles d’Aragon, pionnier de la Résis- tance intérieure, la réédition de ce texte de haute volée, paru en Biographe reconnu du Führer, Joachim Fest retrace l’itinéraire d’Albert Speer, 1977, mérite d’être saluée. D’une plume élégante, érudite et ironi- e que, le châtelain de Saliès y brosse un tableau saisissant autant architecte et ministre du III Reich, et met en garde contre la fable d’une collaboration « correcte » que distancié de l’expérience de l’activité clandestine. Exerçant sa vigilance contre toute tentation hagiographique, il puise dans son disait coupable, tout en affichant et qui ont tant impressionné les remet en cause bien des idées vécu – et dans le journal qu’il avait tenu – pour ressusciter un ALBERT SPEER son ignorance des pires crimes du contemporains. Il était avant tout reçues, c’est que Speer était « pour- temps proche et révolu. « Mais qu’ai-je donc à parler de héros ? Le confident de Hitler régime. Tout cela était bien l’intime, le confident du Führer, sa tant bel et bien l’un des leurs ». J’en ai fréquenté quelques-uns sans imiter leurs actions, de même (Speer, eine Biographie) commode. On parlait même, en seule passion, en fait. Joachim Fest a lui-même fière que je côtoie aujourd’hui les paysans sans partager leurs fatigues. » de Joachim Fest. Allemagne, de « catharsis » à pro- « De nombreux indices prouvent allure, avec sa haute taille, son cos- Ainsi parle ce rebelle modeste dans cet ouvrage précieux et sugges- Traduit de l’allemand pos de ses Mémoires. que, dès leur première entrevue, tume trois pièces, ses tempes gri- tif pour qui tente de percer les cheminements secrets de la Résis- par Frank Straschitz, Cette vision du IIIe Reich, qui Speer avait conquis et – le mot n’est sonnantes et son air de professeur. tance (éd. du Tricorne [14 Lissignol, CH-1201 Genève], 258 p., Perrin, 372 p., 22,80 ¤ (149,56 F). innocentait l’administration et la pas trop fort – ému Hitler. Comme Il a exercé toute sa vie deux 19,82 ¤ [130 F]). Ph.-J. C. population, avait certes été ébran- personne d’autre, pas même Eva métiers, celui de journaliste (il a été b RENÉ BOUSQUET, de Pascale Froment a cause paraissait enten- lée par les travaux de l’historien Braun, il devint l’objet d’une affec- longtemps rédacteur en chef de la « Il n’est pas fréquent d’apprendre l’assassinat de l’homme dont on est due. Avec son petit groupe américain Erich Goldhagen. Celui- tion à la tonalité nettement éroti- Frankfurter Allgemeine Zeitung)et en train d’écrire la biographie. C’est ce qui s’est produit le 8 juin de gangsters, Bormann, ci avait, dès 1971, fait remarquer que – il était “l’amour malheureux” d’historien. Il a écrit, de 1968 à 1993… » René Bousquet, alors inculpé pour crime contre l’humani- L Himmler, Goebbels, Goe- que Speer était étonnamment silen- de Hitler », écrit Joachim Fest. Cette 1973, une biographie de Hitler qui té, avait fini par être rattrapé par son passé. Jeune préfet, il avait brû- ring et quelques autres, Hitler cieux sur les réunions auxquelles il relation, avant tout émotionnelle, est devenue un ouvrage de référen- lé les étapes jusqu’en 1940. Condamné à cinq ans d’indignité natio- s’était emparé du pouvoir afin de avait participé, notamment celle du avec ses brouilles et ses réconcilia- ce (Gallimard, 2 vol., 1973). nale par la Haute Cour de justice en 1949, aussitôt relevé de cette réaliser son rêve criminel et insen- 6 octobre 1943 à Posen (Poznan), tions, dans laquelle Hitler est en Il était récemment de passage à peine, l’ancien secrétaire général à la police de Vichy s’était éclipsé sé, tandis que des militaires de car- organisée par Bormann. C’est à cet- quelque sorte l’éternel soupirant, Paris pour faire la promotion de pour mener carrière dans les affaires et la presse. Dépris d’une rière, des fonctionnaires, des tech- te occasion que Himm-ler, sous les dura jusqu’à la fin, jusqu’à l’ultime son livre, plutôt dérangeant, sur actualité qui, à sa sortie en novembre 1994, au lendemain de la paru- nocrates apolitiques, efficaces et lambris dorés du château de Posen, rencontre, dans la nuit du 23 au Speer, l’ami de cœur de Hitler. tion d’Une jeunesse française, de Pierre Péan, empêcha de lire ce tra- intègres faisaient marcher la machi- avait parlé ouvertement, sans mots 24 avril 1945, dans le bunker de Hit- Pour illustrer son propos, il évoque vail autrement qu’à travers le prisme de l’amitié entre Bousquet et ne, au nom de l’obéissance tradi- codés, devant les plus hauts dignitai- ler, alors que les troupes soviéti- une photo, qui ne figure pas dans Mitterrand, la réédition de cette recherche minutieuse permet de tionnelle due à l’Etat. Dans cette res nazis, de la politique d’extermi- ques n’étaient plus qu’à quelques l’édition française, où l’on voit Hit- découvrir le parcours de cet « acquitté à perpétuité, à jamais livré au représentation rassurante du IIIe nation des juifs. Comment Speer kilomètres. ler et Speer assis aux deux extrémi- jugement de la postérité ». (Fayard, 638 p., 30 ¤ [196,80 F]). L. Do. Reich, Albert Speer jouait un rôle pouvait-il prétendre ne rien savoir ? tés d’un banc, comme deux amou- b CEUX DE MANIPULE, de Marie Ducoudray clé : il était l’expert talentueux, intel- Malheureusement Goldhagen UN MONDE DOUTEUX reux qui viennent de se quereller. Inspectrice d’académie à la retraite, l’auteur a résolu d’écrire l’his- ligent et digne, qui avait travaillé avait lui-même affaibli sa thèse en Speer avoue à Hitler que, depuis « Il suffisait que Speer parte dix jours toire d’un réseau de renseignements militaires grâce à 441 dos- pour ces voyous. Il était la preuve citant des propos accablants qui fai- plusieurs mois, il a désobéi sciem- du QG du Führer pour que celui-ci siers individuels d’agents et à l’aide de témoins. Issu du mouve- vivante qu’on pouvait avoir servi saient de Speer un collaborateur ment à ses ordres de destruction, à demande “Où est Speer ?”. Ce der- ment « Ceux de la Résistance », de Jacques Lecompte-Boinet, le Hitler, dans les fonctions les plus actif et conscient de la Shoah. Ces sa politique de « terre brûlée » nier profitait admirablement de cet- réseau Manipule dépendait des services secrets de la France libre. éminentes de surcroît, tout en igno- phrases, censées provenir de l’allo- visant à faire sauter les ponts et les te situation », raconte-t-il. L’étude relate les activités des trois sous-réseaux de Manipule jus- rant les innombrables crimes com- cution de Himmler, étaient en réali- usines encore debout et à rendre Oublions l’architecte, et même le qu’à leur démantèlement par la Gestapo en 1943, avant de dresser mis par le régime, à commencer par té de la plume de Goldhagen. Bref, inutilisables les derniers stocks de metteur en scène des liturgies un « portrait de groupe » et de montrer le très lourd tribut payé à l’extermination des juifs. En som- l’historien américain en avait fait vivres. Il s’attend à être fusillé, com- nazies. Le rôle de Speer a été essen- la répression. Une étude rigoureuse qui éclaire un pan méconnu me, il était bien utile, cet Albert trop, et du coup le doute avait conti- me d’autres l’ont été avant lui pour tiel, à partir de février 1942, lors- de l’histoire de la Résistance. (Ed. Tirésias, BP 249, 75866 Paris Speer, fils et petit-fils d’architecte, nué à profiter à Speer, jusqu’à la les mêmes raisons. Tout au contrai- qu’il a dirigé, de fait, toute l’écono- Cedex 18, 280 p., 22,86 ¤ [150 F]). L. Do. issu de la grande bourgeoisie, si cul- mort de ce dernier, en 1981, à Lon- re, Hitler le laisse partir, les larmes mie de guerre du Reich. Grâce à b ALIBI, 1940-1944, de Sylvaine Baehrel tivé, si présentable, si bien élevé… dres, entre les bras d’une jeune aux yeux… son sens de l’organisation, Speer a Créé en juillet 1940 par Georges Charaudeau, un agent commer- Ce consensus établi autour de l’ar- admiratrice. Speer avait d’emblée tranché sur prolongé le conflit de plusieurs cial qui avait été enrôlé par les services secrets français pendant la chitecte de Hitler, devenu en 1942 C’est ce consensus que fait voler le monde douteux, constitué de mois. Il réussissait à atteindre, en guerre d’Espagne, le réseau Alibi a travaillé quatre années durant son ministre de l’armement, avait en éclats le livre du grand historien déclassés, parfois proches de la juin 1944 encore, un niveau record pour l’Intelligence Service. Il a officiellement compté 423 agents. encore été accru par la publication, allemand Joachim Fest. Bien sûr pègre, qui formait le noyau initial de la production d’armes dans les Après le décès de son fondateur en 1990, ses membres ont pensé en 1969, de ses Mémoires, parus en que Speer savait. Simplement, cela du parti nazi. « Son apparence physi- usines souterraines. Il a été le qu’il était nécessaire et urgent qu’une étude fût menée sur leur français sous le titre Au cœur du IIIe ne l’intéressait pas. Il était bien trop que, déjà, le distinguait du type du numéro deux du régime, et peut- réseau. Les archives des services secrets britanniques restant her- Reich (Fayard). Speer avait purgé à captivé par sa tâche et surtout par chef politique au cou taurin et aux fes- être son plus efficace collabora- métiquement closes, ce travail, fondé sur les dossiers de liquida- la prison de Spandau les vingt ans sa relation personnelle avec Hitler. ses rebondies qui était arrivé au pou- teur. tion, contribue efficacement à lever un coin du voile sur un sec- de détention auxquels l’avait con- Il n’était pas seulement l’architecte voir depuis la “révolution” nationale- « Ce ne sont pas les Hitler qu’il teur de la lutte clandestine jalousement préservé des indiscré- damné le tribunal de Nuremberg. Il du régime, celui qui avait conçu le socialiste. Cet homme de haute statu- faut craindre. Ce sont les Speer », tions. (Jean-Michel Place éd., 214 p., 22,86 ¤ [150 F]). L. Do. avait été rendu à sa famille et à la nouveau bâtiment de la chancelle- re, aux traits intelligents, toujours sou- conclut Fest. Le propos est diable- b LA SECONDE GUERRE MONDIALE, d’Henri Michel vie civile. Il se répandait en confé- rie du Reich et le temple de la litur- cieux de garder ses distances, déton- ment convaincant. Retour – en un seul volume – d’un « classique » qui fit date à sa rences et en interviews dans lesquel- gie nazie, le stade de Nuremberg. Il nait au sein de la foule bruyante et Dominique Dhombres parution, en deux tomes, en 1968 et 1969. Cette synthèse chronolo- les il reconnaissait, comme il l’avait n’était pas seulement l’inventeur agitée des suiveurs jouant des coudes gique établie par l’un des premiers historiens de l’épisode – Henri fait à Nuremberg, sa responsabilité des « cathédrales de lumière », ces pour s’imposer – à croire qu’il s’était e Signalons également, la réédition Michel (1907-1986) fut lui-même résistant – a la clarté et la conci- et même sa culpabilité. Il était le projecteurs de défense antiaérien- égaré par mégarde en leur compa- du Hitler de Ian Kershaw, publié en sion qui font les références (préface de Jean-Pierre Rioux, Omni- seul ancien dirigeant nazi impor- ne qui se dressaient verticalement gnie », écrit Fest. Ce que veut prou- 1991 et traduit chez Gallimard en bus, 992 p., 23,80 ¤ [156,10 F]). Ph.-J.C. tant à se comporter de la sorte. Il se dans le ciel nocturne de Nuremberg ver cette fascinante biographie, qui 1995 (Folio-Histoire, nº 104). VI / LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 essais b Une invitation à la navigation culturelle Le lourd héritage de Mohammed VI D’Einstein à James Bond en passant par l’astrologie, Nicolas Witkowski Jean-Pierre Tuquoi tente de déchiffrer la personnalité intime et cachée souhaite que les savoirs scientifiques et culturels aient une égale valeur du roi du Maroc, le successeur de Hassan II

té d’une illustration. Au XVIIe et au de nombreux brevets, contribué à C’est dans cet univers archaïque et de vision ? Notre Louis XVI, lui DICTIONNAIRE CULTUREL XVIIIe siècle, dans des armoires la téléphonie naissante, proposé LE DERNIER ROI que grandit le futur Moham- aussi très bon garçon, n’était pas DES SCIENCES ouvragées, des amateurs présen- un « rail sans fin » annonçant les Crépuscule d’une dynastie med VI. Enfance luxueuse et mal- davantage fait pour le métier de Sous la direction taient, à un public choisi, les instru- chenilles, mis au point un vélocipè- de Jean-Pierre Tuquoi. heureuse, avec une mère lointaine roi. « Mohammed VI, s’il n’a pas les de Nicolas Witkowski. ments nouveaux, les machines les de léger muni de bandages en Grasset, 318 p., 16,65 ¤ (109,20 F). et un père qui n’hésite pas, pour la défauts de son père, n’en possède pas Ed. du Regard/Seuil, plus singulières et les spécimens de caoutchouc… Et volonté, enfin, de moindre peccadille, à faire appli- les qualités d’homme d’Etat. » 450 p., 74,70 ¤ (490 F). l’histoire naturelle. Le Dictionnaire poursuivre la réhabilitation de tra- e la politique du Kremlin quer la falaka : de dix à trente Les cris d’alarme n’ont pas man- culturel des sciences n’est pas sans ditions scientifiques encore récem- en 1939, Churchill disait : coups de fouet sur les fesses ou la qué. On se souvient de celui lancé ouis Jouvet, comme Baude- évoquer ces cabinets de curiosités, ment méconnues en soulignant le « C’est un rébus envelop- plante des pieds. Le prince héritier par Moulay Hicham, cousin du roi, laire et Marie Curie, figure dont il semble partager les préoccu- rôle des astronomes et des mathé- D pé dans un mystère à l’in- n’a que mépris pour les goûts écla- le « prince rouge », dans ces colon- au Dictionnaire culturel des pations esthétiques et l’absence de maticiens arabes. térieur d’une énigme. » Tel apparut tants de vulgarité de son père. Son nes. Abraham Serfaty, passé de l’op- L sciences. L’acteur a, en rationalisations classificatoires. Cette volonté de dénoncer la pré- Mohammed VI à son avènement ; frère cadet, de même taille que Has- position marxiste au soutien effet, rédigé un mémoire sur En dépit de cet apparent désor- vention à l’égard des savoirs popu- tel il demeure deux ans après. Spé- san II, hérite en grinçant des dents enthousiaste du trône, s’inquiète à « L’apport de l’électricité dans la dre, des options bien définies prési- laires, anciens ou techniques, tout cialiste du Maghreb, coauteur d’un des polos orange et des pantalons son tour d’une inertie dangereuse. mise en scène au théâtre et au dent au choix des entrées comme à en soulignant les conditions socia- Notre ami Ben Ali (1), qui fit événe- verts de celui-ci. Les enfants ont Un Maroc qui, la caste privilégiée music-hall ». L’entrée de Louis Jou- la texture des articles. Celle, les de la production des connaissan- ment en Tunisie, Jean-Pierre honte des coutumes barbares du mise à part, s’enfonce lentement vet dans l’histoire des sciences, cel- d’abord, de faire valoir que les ces, ne nourrit pas une apologie du Tuquoi s’emploie à déchiffrer cette palais, avec ces dizaines de jeunes mais sûrement dans la pauvreté, les du savant Cosinus, de Bou- sciences ne sont pas faites seule- relativisme. Pas plus qu’il ne se figure sibylline. femmes mises à la disposition du n’attendra sans doute pas le bon chard et Pécuchet et d’Hedy ment d’idées et de concepts, mais réduit à un cabinet de curiosités, ce « Si l’on veut comprendre le fils, écrit- maître insatiable et qui, si elles ont plaisir du roi. L’avenir se résu- Lamarr, manifestent la volonté de d’équipements coûteux. L’accéléra- dictionnaire ne réunit les frag- il, il faut faire un long détour par le le malheur de déplaire, vont dépé- me-t-il à une course de vitesse s’écarter des représentations com- teur de particules symbolise cette ments d’une sociologie des scien- père. » On s’apprête à s’ennuyer un rir dans une geôle secrète. Exclu entre les militaires et les islamistes munes du savoir. Entre les sciences technicisation des sciences. Celle ces accréditant la thèse de l’égale peu. Encore Hassan II… On se trom- des affaires de l’Etat, confiné dans pour occuper un pouvoir virtuelle- et les arts, la littérature, le cinéma, de dénoncer la morgue des Occi- valeur de tous les savoirs. L’article pe. Jamais l’ordinaire des jours du les missions protocolaires, il se ment vacant ? Jean-Pierre Tuquoi la politique et la philosophie, les dentaux, leur mépris des savoirs consacré à l’astrologie est là-des- feu roi n’avait été révélé avec un tel construit une vie à l’écart, avec un refuse de s’y résigner. Le pire n’est interférences prolifèrent et des traditionnels, et de stigmatiser la sus fort explicite, rappelant le rôle luxe de détails ; jamais sa personna- cercle d’amis sûrs, et jouit des plai- pas toujours certain. Il est seule- agencements insoupçonnés se contribution de la science officielle de l’astrologie au sein de la culture lité intime n’avait été placée sous sirs que lui procurent des fonds pra- ment probable. créent et se défont. Le splendide à l’impérialisme culturel des gran- savante d’autrefois sans méconnaî- un jour aussi cru. L’auteur nous fait tiquement illimités. Mais il ne reste Au moins la publication de cet isolement d’une science sacralisée des nations industrialisées. tre sa marginalisation théorique entrer jusque dans les apparte- pas indemne. Ses familiers redou- ouvrage, attendue avec crainte et n’est qu’un leurre, sorte d’image actuelle. On peut rappeler que ments secrets du monarque, peu- tent sa jalousie, ses caprices et ses tremblement à Rabat, aura-t-elle d’Epinal destinée à préserver de RÉHABILITER LES INVENTEURS Johannes Kepler était un astrolo- plés de dizaines de femmes, concu- colères. résolu un problème épineux qui, toute critique – comme de toute L’article « acupuncture », par gue réputé sans encourager le com- bines et servantes, et nous initie à longtemps, assombrit et enragea véritable admiration – le travail exemple, met en évidence les ten- merce des horoscopes. un cérémonial qui « emprunte à la CRIS D’ALARME Hassan II. Le mariage du roi est scientifique. La première ambition sions qui président à l’appropria- Plus sérieux qu’il n’y paraît cour du Grand Moghol autant qu’à On se souvient des grandes espéran- désormais décidé et annoncé. Son de ce dictionnaire culturel des tion par les Européens d’une méde- d’abord, ce dictionnaire propose celle de Louis XIV ». Où J.-P. Tuquoi ces que fit lever son avènement. Le trop long célibat inquiétait les cer- sciences est de contester cette cine dont la dimension rituelle est une série de regards croisés. D’ex- a-t-il trouvé des informatrices aussi « roi des pauvres », le « roi démo- cles du pouvoir. Il faisait jaser. En vision scolaire, furtivement reli- déniée au moment même où son cellents articles de vulgarisation sûres ? Comment a-t-il su les con- crate », le retour d’Abraham Serfa- convainquant Mohammed VI de gieuse. Est-ce pour mieux imposer efficacité est reconnue par un nom- scientifique, comme ceux de Jean- vaincre de parler ? Les nombreux ty, la prise en compte des souffran- sauter le pas, Jean-Pierre Tuquoi une autre conception, moins édul- bre croissant de généralistes. Lors- Marc Lévy-Leblond, voisinent avec services de sécurité du royaume ces des martyrs de Tazmamart, le aura bien mérité de la dynastie corée, mieux informée des multi- que la médecine moderne daigne des aperçus d’histoire des sciences s’emploieront, les prochaines limogeage du ministre de l’intérieur alaouite. ples biais par lesquels les sciences, reconnaître la valeur d’une médeci- et d’épistémologie. Surtout, les semaines, à obtenir les réponses, Driss Rasri, âme damnée de son Si l’on s’intéresse au Maroc sans vulgarisées ou non, affectent nos ne traditionnelle, elle la disjoint de légendes et les débats que l’aventu- avec, on l’espère, le plus vif insuc- père. Même sa passion pour le jet- appartenir pour autant à la lamenta- manières de vivre, de penser et de la vision du monde qui l’habite, re scientifique suscite, et dont les cès. Au détour de ces promenades ski était célébrée : le « roi sportif ». ble troupe des thuriféraires et profi- ressentir ? sans prendre conscience de la désa- arts et la littérature se nourrissent, époustouflantes dans les arcanes (Aujourd’hui, on l’appelle « Sa teurs français du trône (l’auteur, Le choix des entrées laisse cralisation du corps sur laquelle font l’objet d’un inventaire inégalé. du palais (quel romancier oserait Majetski », en riant jaune.) Deux contrairement à ses pusillanimes d’abord perplexe. A quel titre réu- elle s’est elle-même édifiée. En somme, proposant des itinérai- imaginer pareilles intrigues ?), une ans plus tard, la déception s’impo- prédécesseurs, donne les noms en nir Einstein et le professeur Tour- Choix, aussi, de réhabiliter les res bien balisés sans exclure les che- révélation dont les historiens se. « Il a des gestes, peu d’actes », abondance), il faut lire ce livre aussi nesol, Napoléon et James Bond, inventeurs, les originaux, tous ceux mins de traverse, refusant la forme feront leur miel : la preuve, docu- constate excellemment l’auteur, passionnant qu’éclairant. des objets scientifiques et des dont l’habileté technique et le cou- du système sans interdire la circula- ment à l’appui, que le général Dli- qui décrit un Maroc englué dans la Gilles Perrault œuvres de fiction ? L’effet de sur- rage ont plus compté que la forma- tion entre les concepts, ce diction- mi, successeur d’Oufkir dans la con- torpeur, avec un gouvernement qui prise passé, l’intérêt des articles tion académique et la réussite aux naire répond assez bien à la défini- fiance royale et dans la rébellion, gouverne peu et un roi qui ne règne (1) Notre ami Ben Ali, de Nicolas Beau s’impose : clairs, bien informés, concours. Clément Ader, célèbre tion de l’hypertexte, qui substitue à ne mourut pas d’un fâcheux acci- point, alors que, comme au temps et Jean-Pierre Tuquoi (La Découverte, teintés d’humour, ils satisfont une pour avoir, le 9 octobre 1890, à la lecture continue une circulation dent de voiture, comme l’affirme la de son père, l’essentiel du pouvoir 1999). curiosité vague, diffuse, soutenue bord de l’Eole, survolé à quelques de point en point. Il est une invita- version officielle, mais fut bel et est entre ses mains. La question se et rythmée par la rencontre d’un centimètres du sol une clairière du tion à la navigation culturelle. bien assassiné après avoir été inter- pose : ce pouvoir intéresse-t-il un Jean-Pierre Tuquoi est journaliste nom connu, la beauté ou l’étrange- château d’Armainvilliers, a déposé Jean-Paul Thomas rogé en présence de Hassan II. Mohammed VI dépourvu de projet au Monde. La « nouvelle Allemagne » dans l’Europe de demain L’oubli, cette nuit aveugle Berlin n’est plus la capitale du Reich mais une ville débordante, créatrice, en chantier permanent. Michèle Lesbre parle, sobrement, du parcours Henri de Bresson démontre que le pays, sans oublier pour autant son histoire, évolue étonnant et du terrible destin de Victor Dojlida

diale. Pour autant, il serait absurde nazi n’est plus vécu avec le senti- sance visionnaire du discours fisché- arrange le portrait. Quelques LA NOUVELLE ALLEMAGNE de voir dans ce retour à Berlin le sym- ment de culpabilité des générations rien et au rôle qu’il a joué dans le VICTOR DOJLIDA, UNE VIE coups pour un an de camp, le tarif d’Henri de Bresson. bole d’une nostalgie impériale ou le qui avaient été contemporaines du débat actuellement en cours sur les DANS L’OMBRE n’est pas excessif. Henri Chiny fini- Stock, 280 p., 18,60 ¤ (122 F). réveil des ombres du pangermanis- IIIe Reich et de la Shoah. Mais ce pas- finalités de l’unification européenne. de Michèle Lesbre. ra président de la cour d’assises me. Henri de Bresson démontre sé demeure un élément fondateur, Je suivrai sans doute avec moins Ed. Noesis, 123 p., 14 ¤ (91,83 F). d’Epinal en 1975. Victor rencontre ’est à une stimulante avec talent et conviction que cette en négatif, de l’identité de la nouvel- d’entrain l’auteur lorsqu’il renvoie ensuite, fortuitement, le policier découverte de la « nouvel- vision, qui a la faveur de quelques le Allemagne, qui s’est reconstruite dos à dos Français et Allemands à l est des lettres d’amitié qui Reuter qui, brièvement, exclu de la le Allemagne » que nous petits cercles politiques et intellec- comme une démocratie normale, propos des affrontements qui les valent toutes les lettres police, y a été réintégré et même C convie Henri de Bresson. tuels parisiens, ne correspond à une « République de citoyens » repo- ont publiquement opposés, au d’amour. Celle qu’écrit Michè- promu. Re-correction. Plainte. Un On sait la connaissance profonde aucune réalité. Berlin, aujourd’hui, sant sur le « patriotisme de la Consti- Conseil européen de Berlin, sur le I le Lesbre à Victor Dojlida, mois de prison avec sursis. Qu’on qu’a l’auteur de ce pays, où il fut ce n’est plus la capitale du Reich, tution » et non plus sur un mythique financement de l’Union européen- quatre ans après sa mort, en fait le condamne lui, alors que ces durant plusieurs années le corres- mais cette ville débordante de vitali- peuple allemand héritier du Saint- ne, puis à Nice, sur la réforme de ses partie. Quand elle rencontre pour deux hommes, qui « incarnent la pondant du Monde. On connaît aus- té créatrice, en chantier permanent, Empire. institutions. Ce qui a pu troubler, la première fois Victor, fin 1989, trahison et le déshonneur »,ne si son engagement européen. Nous terre d’élection des « bourgeois-bohè- Le plus bel exemple de cette évolu- alors, ce ne sont pas tant les mala- l’homme a soixante-trois ans et subissent aucune indignité, l’em- avions ainsi l’un et l’autre, il y a deux mes », que le chancelier Gerhard tion de la société et des mentalités, dresses ou les incompréhensions, sort de prison. Depuis l’âge de dix- plit d’une « rage irréductible ».Il ans, partagé nos interrogations, Schröder décrit comme « l’une des ce sont bien sûr les changements c’est que, à deux reprises, l’Allema- huit ans, il a passé plus de quaran- dévalise la caisse du bar-tabac qui dans un livre d’entretiens paru sous métropoles les plus excitantes du mon- apportés au régime de la nationali- gne ait défini ses objectifs stratégi- te ans au trou ; à commencer par était la « cantine » des gestapistes le titre Au cœur de l’Europe. J’ai pour- de ». Une ville à l’image de la nouvel- té : la nouvelle Allemagne s’est enfin ques dans une négociation euro- le plus noir : les camps nazis, au à Homécourt. Puis vole la paie des suivi depuis, aux fonctions qui sont le Allemagne, loin du conservatisme dotée d’un droit de la nationalité péenne par opposition directe aux sortir de l’adolescence. Michèle ouvriers de l’usine qui a fonction- les miennes, ma réflexion sur l’ave- bien-pensant qui a caractérisé les cin- positions françaises. La recueille « un récit cahoteux, non né pour les Allemands durant tou- nir de l’Europe. Henri de Bresson quante premières années de la RFA. tension fut grande et, parce que tu avais des trous de te l’Occupation. Le directeur est nous livre aujourd’hui sa vision du Ce que nous donne à voir et à com- Pierre Moscovici d’ailleurs, Henri de Bres- mémoire, lui écrit-elle, mais parce toujours en place. La cour de Nan- rôle de l’Allemagne dans la Grande prendre Henri de Bresson, c’est une son ne le cache pas, qui que tu le faisais au présent ». cy le condamne en 1948 à vingt Europe de demain. « société en métamorphose », qui qui, tournant le dos aux concepts utilise des mots cruels pour rappeler En 1929, Victor quitte la Polo- ans de travaux forcés pour deux Une Allemagne profondément s’est profondément modernisée, ethnicistes anciens, la rapproche des dans quel état d’esprit les négocia- gne. Il a trois ans quand il arrive en vols qui n’ont fait aucune victime. nouvelle, en effet. Le décor de « la malgré le vieillissement démographi- normes en vigueur dans la plupart teurs allemands préparaient le Lorraine. Le 10 mai 1940 s’abat le « Dojlida le bandit », titre l’Est répu- République de Berlin », sur lequel que. Le gouvernement SPD-Verts de ses voisins européens ; avec l’in- Conseil européen de fin de présiden- premier obus sur Homécourt. La blicain, évoquant « un étranger qui s’ouvre ce livre, a peu à voir avec la incarne cette mutation : avec lui, il troduction du droit du sol, elle a ce française (« l’exécution n’eut lieu Kommandantur, la Gestapo sont est un criminel-né ». République fédérale, petite-bour- ne s’agit pas seulement d’un renou- enfin reconnu qu’elle était – autant qu’à Nice »). Depuis lors, les malen- là très vite. Lui adhère à la MOI, la Libéré en 1960 sur intervention geoise et provinciale, installée sur les vellement du personnel politique, et peut-être plus que d’autres pays tendus ont été surmontés et les deux Main-d’œuvre immigrée, organisa- d’Edmond Michelet, le garde des bords du Rhin au lendemain de la mais de l’arrivée au pouvoir d’une d’Europe – une terre d’immigration, pays ont repris d’arrache-pied le tra- tion du Parti communiste qui four- sceaux du général de Gaulle qu’il a défaite de 1945. Surmontant lente- « génération rebelle » de soixante- une grande nation multiculturelle. vail en commun pour penser et orga- nira leurs tout premiers membres connu à Dachau, Victor est bientôt ment les fractures d’une réunifica- huitards. L’Allemagne a retrouvé sa Mais comment assumer, dans cette niser l’avenir de l’Europe. Henri de aux FTP. « Ces gamins qui n’en sont accusé de deux hold-up. Il niera les tion si longtemps espérée, reprenant géographie, et avec elle la difficulté Europe en cours d’élargissement à Bresson conclut sur ce point son plus ont entre quinze et dix-huit faits toute sa vie. Il écope de vingt leurs marques dans l’ancienne capi- de faire revivre économiquement et l’Est, cette « position centrale » –ce ouvrage, en appelant la « nouvelle ans ; la guerre les a promus à des res- nouvelles années de réclusion. Et tale impériale, nos voisins ne sont d’intégrer à la société occidentale les « Mittellage » – de la nouvelle Alle- Allemagne », qui a désormais retrou- ponsabilités d’adultes. Ils sont ita- de vingt ans supplémentaires en plus ces « Allemands soumis » des Länder de l’Est. Mais elle n’a pas magne ? L’auteur fait, et à juste titre, vé sur le continent une place que per- liens, polonais, yougoslaves, armé- 1976, pour tentative d’évasion. lendemains de seconde guerre mon- oublié son histoire. Certes, le passé une très large place au discours pro- sonne ne lui conteste, à mobiliser niens, espagnols. Beaucoup sont Me Henri Leclerc mettra neuf ans à noncé, le 12 mai 2000, à l’université son énergie pour une Europe ambi- juifs. » Victor est l’un d’eux. Trans- obtenir la libération de Victor Humboldt, par Joshka Fischer : le tieuse, c’est-à-dire une Europe forte port d’armes, embuscades. Bien- Dojlida, qui mourra en 1997. vice-chancelier y dessinait les de ses politiques communes et fon- tôt, il « desserre les rails ». En jan- Parsemant sa lettre de bribes contours d’un nouveau fédéralisme dée sur la solidarité financière entre vier 1944, il fait sauter son dernier éparses de situations vécues, européen, non pas calqué sur le ses Etats membres. Et, s’agissant de train. Le 15 février s’ouvre le pro- Michèle Lesbre parle, sobrement, modèle allemand ou visant à fondre l’avenir du moteur franco-allemand, cès Manouchian, celui de l’« Affi- à Dojlida et de Dojlida, de ce que LITTERAIRES l’Allemagne dans un super-Etat euro- je ferai naturellement mien le pro- che rouge », dont tous les mem- son épouvantable destin et sa péen – pour fuir les ombres du pas- pos final de Bresson : « Les voisins de bres sont des immigrés de la MOI. « superbe insolence » nous ensei- sé, comme cela y a été longtemps la l’Allemagne ont tout intérêt aujour- Le 23, arrêté à l’usine par le poli- gnent. « Cette détermination à vou- tentation –, mais un fédéralisme d’hui à miser sur la puissante volonté cier français Reuter, Victor est loir refuser la loi qui protège les infâ- André Gide nourri de la diversité politique et de normalisation qui continue de s’ex- livré à la Gestapo. Le juge Henri mes, celle qui autorise des hommes culturelle des Etats-nations constitu- primer outre-Rhin, et à faire en sorte Chiny le condamne à la peine de à entasser d’autres hommes dans b tifs. Un idéal guère éloigné de la fédé- que le génie allemand trouve sa juste mort, commuée en déportation : des trains de détresse qui les condui- ration d’Etats-nations prônée depuis place en Europe. » le Struthof, puis Dachau. Il est le sent à l’horreur ; cette rage-là me des années par Lionel Jospin et le déporté 20185. Buchenwald, enfin. semblera toujours infiniment respec- La Renaissance des poètes Parti socialiste. Henri de Bresson Henri de Bresson est journaliste Victor reviendra de la nuit. En table, bouleversante et tragique. » rend un hommage, justifié, à la puis- au Monde 1946, il retrouve son juge et lui Sylvain Cypel essais LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 / VII b L’homme-univers d’Edgar Morin

Dix ans après le tome 4, cette témérité qui récidive ne manque d’allure. voici le cinquième volume Le résultat non plus. L’humain selon Morin est en effet de « La Méthode », considéré dans son unité et sa diversité, toujours reliées et inter- œuvre majeure dépendantes. Il ne se trouve n commençait à jamais réduit à une seule de ses oublier qu’il s’agit d’un très grand d’Edgar Morin. dimensions, et aucune n’est niée Olivre. La Méthode, cette gigantes- ou amoindrie. « L’être humain est que entreprise entamée par Edgar Il s’y emploie pleinement physique et pleinement Morin en 1977, a vu paraître ses métaphysique, pleinement biologi- tomes 2, 3 et 4 respectivement en à cerner l’énigme que et pleinement méta-biologi- 1980, 1986 et 1991. Depuis dix que » Partie de l’univers, l’hu- ans, rien. Ou plutôt, car le pen- de l’humain dans main s’y distingue en pouvant le seur est prolifique et volontiers concevoir. Animal qui ne saurait sur tous les fronts, une bonne toutes ses dimensions. cesser de l’être, il est capable, et dizaine d’autres livres – essais, lui seul, de langage symbolique et chroniques, journaux, Mémoires, Françoise Bianchi d’anticipation inquiète de sa pro- autoportraits –, sans compter les pre mort. Susceptible de déci- articles, interviews, conférences, entame une biographie sions rationnelles, il n’en est pas séminaires, colloques et interven- moins régulièrement immergé tions de toutes sortes. Dans une intellectuelle dans les eaux troubles du délire et époque qui a facilement la mémoi- de la confusion. C’est tout cela, et re qui flanche et l’attention versa- de ce penseur, plus encore (par exemple l’histoi- tile, tant de facettes de l’homme re, le possible avenir du monde, Morin avaient fini par estomper qui est aujourd’hui l’éventualité d’une humanité en ce dessein grandiose auquel il a paix) que Morin s’emploie à tenir consacré sa maturité. devenu superstar ensemble. « L’être humain, dit-il, On pouvait même avoir le senti- ne vit pas que de rationalité et ment que ce chantier allait demeu- en Amérique du Sud d’outil, il se dépense, se donne, se rer inachevé. Les premiers volu- voue dans les danses, transes, mes avaient ouvert des perspecti- mythes, magies, rites, il croit en les ves majeures sur la nature et sur à embrasser une immense collec- vertus du sacrifice, il a vécu sou- la vie, sur le statut de la tion de données et de caractéristi- vent pour préparer son autre vie, connaissance et sur les mœurs et ques que l’on pouvait croire dispa- au-delà de la mort… (…) Il y a rela- coutumes des idées elles-mêmes. rates ou incompatibles. Le génie tion manifeste ou souterraine L’effort entamé et largement de Morin est de les avoir transfor- entre le psychisme, l’affectivité, accompli par Edgar Morin allait-il mées en une totalité à la fois cohé- la magie, l’imaginaire, le mythe, en rester là ? Son projet constant rente mais ouverte, puissante la religion, le jeu, la consumation, – embrasser en un tout complexe quoique dépourvue d’arrogance. l’esthétique, la poésie : c’est le les modalités des savoirs les plus Evidemment, l’entreprise est paradoxe, la richesse, la prodigali- divers, relier entre elles les inter- démesurée. Comment tenir té, le malheur, le bonheur d’ho- rogations apparemment les plus ensemble, et articuler avec perti- mo sapiens-demens ». distantes ou les plus opposées – nence, les composants distincts Dans une telle « unité du multi- MARTINE FRANCK/MAGNUM/ARCHIVES 1977 de l’humain ? Assem- ple », on aura reconnu la caracté- blage de matière cos- ristique majeure de cette « pensée (l’homme contient l’univers qui le rain ni totalement servile, jamais, il demeure aussi passion- Roger-Pol Droit mique, peuple de cel- complexe » que toute la démarche contient, la société tout entière oscillant indéfiniment entre ange nant qu’opaque. lules vivantes, union de La Méthode tend à mettre en est présente en chaque individu). et bête, rationalité et déraison, Le texte se clôt par des ques- se poursuivait ailleurs et autre- de langage et de neurones, sujet œuvre. Rappelons au passage les Il faudrait pouvoir exposer les infiniment petit et infiniment tions : « L’humanité est en rodage. ment. Le penseur était sur la brè- individuel habité de masques mul- trois outils principaux qu’elle a analyses de l’unité multiple de l’in- grand. La résonance tient à l’affir- Y a-t-il possibilité de refouler la che. La Méthode paraissait tiples, partie d’un tout social, pro- forgés, largement utilisés ici. dividu, des « grandes identités » mation réitérée d’une énigme barbarie et vraiment civiliser les engourdie. duit de l’histoire, être de raison D’abord « la dialogique », unité que sont les machines sociales, de humaine, « embrouillement », dit humains ? Pourra-t-on poursuivre Apparence trompeuse. Avec ce autant que de folie, enfant et adul- complexe de deux éléments oppo- la place de l’histoire, de l’événe- Pascal, de qualités contraires, l’hominisation en humanisation ? cinquième volume de La Métho- te, âme traversée de chimères et sés qui se complètent et se com- ment, du progrès. Les vues d’Ed- « gloire et rebut ». Le fait est, mal- Sera-t-il possible de sauver l’huma- de, on retrouve la veine qui sem- capable de lucidité… L’humain battent (sans que pour autant ces- gar Morin y sont souvent intéres- gré quelques anthropologues et nité en l’accomplissant ? Rien n’est blait à tort abandonnée. On y décidément a trop de traits. Et on se leur conflit comme c’est le cas santes et pour certaines inatten- biologistes supplémentaires, que assuré, y compris le pire. » Le pro- appréciera un souffle sans doute peut l’approcher de tant de dans la dialectique). Ensuite «la dues. De toute manière, ce n’est la situation sur ce point n’a que chain volume, suite et fin (probable- plus vif encore que celui des volu- côtés ! En scientifique, en philoso- boucle récursive », ou les effets pas en une seule lecture qu’un tel peu bougé. Plus on en sait sur cet- ment) de La Méthode, est annoncé mes initiaux. A quatre-vingts ans, phe, en poète… Cette démesure rétroagissent sur les causes (le volume se livre. Il faudra du te paradoxale espèce de grands sous le titre La complexité éthique. Edgar Morin étonne ! Sa médita- convient à Edgar Morin. Il s’y cerveau produit la pensée qui agit temps pour en apercevoir toutes singes ratés, moins on comprend On l’attend déjà. tion sur ce que peut être l’hu- trouve à l’aise, et même la reven- à son tour sur le cerveau, la les dimensions. On n’en retiendra ses mystères : émergence, fonc- main, nourrie de toutes les dique. Rien de réel ne lui sera nature engendre la culture qui qu’une, pour finir : la pascalien- tionnements, trajectoire. Ce que L’HUMANITÉ DE L’HUMANITÉ réflexions du sociologue et de étranger. A tout le moins, il s’y modifie en retour la nature, etc.). ne, présente d’un bout à l’autre porte en lui l’humain, quel qu’il (La Méthode 5) toutes les expériences de la vie, efforcera. En un temps où tant Enfin le « principe hologrammi- du volume. Pas seulement à cau- soit, le plus fruste fera l’affaire, 1. L’identité humaine qu’elles soient intellectuelles ou d’experts divers campent dans que », selon lequel chaque élé- se de la représentation de l’hu- c’est l’univers entier et l’énigme d’Edgar Morin. affectives, est à la fois stimulante leurs tentes, chacun veillant à ment contient en réduction la main résultant de ses analyses foi- de son existence. Que cet incon- Seuil, 300 p., 21,50 ¤ (141,03 F), et superbe. Elle parvient en effet défendre son territoire lilliputien, totalité dont il est une partie sonnantes : ni tout à fait souve- naissable le soit pour l’heure ou à En librairie le 7 novembre. Superstar en Amérique latine Les années de formation ’Amérique du Sud connaît les énergies du présent et de l’avenir, de nombreuses reprises au cours des tion des événements intimes et des ner à voir cette singulière intrica- l’ensemble des travaux d’Ed- qui ont fait de cette rupture autre dix dernières années. Il a reçu, notam- LE FIL DES IDÉES biotopes socioculturels. tion des émotions secrètes et des gar Morin. Ils sont lus, tra- chose qu’une trahison et une repen- ment, le titre de docteur honoris causa Une éco-biographie La biographe quitte ici son sujet engagements publics, cet enrichis- L duits, commentés, disponi- tance. Edgar Morin est resté fidèle à de plusieurs universités du pays : fédé- intellectuelle d’Edgar Morin en 1951, l’année de ses trente ans, sement réciproque des goûts et des bles. On cherche d’abord l’homme et la possibilité de construire un mon- rale de Natal, de Joao Pessoa, catholi- de Françoise Bianchi. où il entre au CNRS, est exclu du concepts. Elle permet de saisir com- l’aventure intellectuelle. La sienne, de nouveau, voire un homme nou- que de Porto Alegre. » Seuil, 414 p., 19 ¤ (124,63 F), parti et travaille à son premier ment les thèmes récurrents et évo- bien entendu. Mais peut-être aussi veau, sans que cette perspective Des groupes se référant aux En librairie le 7 novembre. ouvrage majeur, L’Homme et la lutifs de l’œuvre sont enracinés l’écho de l’aventure des premiers retombe dans des luttes de pouvoir travaux de Morin se multiplient dans Mort, qui n’est évidemment pas dans les aventures de la vie. intellectuels sud-américains (Vas Fer- et des déchirements sociaux. Elle toute l’Amérique du Sud. Ainsi, dans omment devient-on sans rapport avec son histoire fami- Cette interdépendance constante reira en Uruguay, José Ingenierios semble mener au contraire vers des le nord de l’Uruguay, le séminaire Edgar Morin ? Françoise liale. A cet époque, Edgar Morin est de registres habituellement séparés ou Alejandro Korn en Argentine, synthèses libératrices et inventives pédagogique animé par Mabel Bianchi s’est donné pour déjà devenu un auteur connu. Il a fait évidemment d’Edgar Morin un Jose Marti à Cuba, Enrique José Varo- que l’Amérique du Sud attend. Quintela. A Natal, au Brésil, un C tâche de rassembler les en effet remporté un succès nota- personnage complexe. On ne sau- na à Porto Rico). Comme Morin en En Argentine, Susana Villavicen- groupe de recherches pionnier sur la éléments de réponse à cette inter- ble avec L’An zéro de l’Allemagne, rait s’étonner qu’il soit finalement effet, ils avaient le sentiment cio, professeur de sciences sociales à complexité (Grecom). En Colombie, rogation et de les organiser en un paru en 1946 avec une préface de devenu, justement, le penseur de la qu’aucun savoir ne devait leur rester l’université de Buenos Aires, se sou- un congrès ambitieux sur la pensée vaste puzzle, dont ce volume n’est Bernard Groethuysen. Il s’est complexité. Ce serait une mauvaise étranger, qu’ils devaient opérer la vient de ses années d’études : complexe conduit par des associa- qu’un premier volet. Pour mener à même aventuré dans la fiction, et question de chercher à savoir quel synthèse multiple des fragments « Quand l’Université s’est refondée tions de Medellin et de Bogota. A bien ce projet, elle combine divers semble vouloir mêler romans et élément, de la vie ou de l’œuvre, variés du réel, sans se soucier du cloi- après les années de dictature, les dizai- Buenos Aires, la création à l’universi- matériaux : les multiples textes essais. Sans doute le principal inté- est la cause première de cette thé- sonnement des connaissances. nes de milliers d’étudiants de toutes té privée de Salvador d’un institut autobiographiques déjà publiés rêt de cette biographie intellectuel- matique. Car la pensée agit en L’écho de l’œuvre de Morin est disciplines ont dû suivre un enseigne- international pour la pensée par le penseur, des entretiens iné- le, qui n’est pas habitée par la moin- retour sur l’existence qui la génère. d’autant plus fort que son choix de la ment introductif à la pensée scientifi- complexe (IIPC) directement dirigé dits, des archives privées ou publi- dre distance critique, est-il de don- R.-P. D. science et son orientation vers la que, qui avait mis à son programme par Edgar Morin, en relation avec les ques. Leur rapprochement permet méthode frayent un chemin à distan- Science avec conscience d’Edgar groupes français qui travaillent sur la de mieux saisir la portée d’épiso- ce des affrontement sociaux et politi- Morin. » Au Brésil, Walter Omar question. Une revue (Complejidad) des par ailleurs déjà connus. ques dont le continent a expérimen- Kohan (université de Brasília) affir- ambitionne de devenir organe de dif- En retraçant les « sentiers de té les violences. Edgar Morin semble me, pour sa part : « Morin, penseur fusion de la pensée d’Edgar Morin l’enfance » et le traumatisme ini- montrer la possibilité de dépasser du métissage et de la pluralité, appar- dans le monde hispano-américain. tial de la mort de la mère alors que par un effort de pensée les clivages tient aux passions du Brésil. En effet, En 1998 s’est tenu à Rio de Janeiro le le jeune Edgar n’a que neuf ans, en traditionnels qui condamnent à la dans divers champs du savoir, en parti- premier congrès interaméricain rappelant les lectures marquantes, répétition et à l’impasse l’histoire culier dans la communication, les arts, pour la pensée complexe, avec en décrivant l’entrée dans la politique des nations modernes. Ce les sciences, l’éducation, l’anthropolo- l’appui de l’Unesco, à l’issue duquel clandestinité pour échapper au n’est pas seulement le témoignage gie et les sciences sociales en général, il une chaire Unesco itinérante, intitu- STO, puis la Résistance et l’entrée personnel et douloureux de la ruptu- est de plus en plus fréquent ici de ren- lée « chaire Edgar Morin pour la au Parti communiste, en souli- re avec le marxisme qui est retenu. contrer des groupes d’études, des pensée complexe » s’est vue chargée gnant les relations avec la « bande C’est encore la complète reformula- mémoires de maîtrise et de doctorat, de fédérer les recherches dans le à Antelme » (Robert Antelme, tion des relations entre les sciences des séminaires de recherche et continent. Marguerite Duras, Dyonis de la matière et de la vie, les positivi- d’autres activités liées à la pensée d’Ed- Stéphane Douailler Mascolo) au temps de la rue Saint- tés de la culture et de la civilisation, gar Morin. Morin est venu au Brésil à (université Paris-VIII) Benoît, ce parcours décrit l’interac- VIII / LE MONDE / VENDREDI 2 NOVEMBRE 2001 actualités b L’EDITION FRANÇAISE 25 ans de navigation pour Phébus Label Manifestation b Arundhati Roy grand prix de l’Académie universelle des cultu- La maison de Jean-Pierre Sicre fête son anniversaire avec un prix littéraire Une première pour la vie du livre en Rhône-Alpes res. La romancière indienne Arund- hati Roy est la lauréate du deuxième ous verrez, tout le monde té de Michel Le Bris (« avec Michel nail et a pris des mesures draco- e 24 octobre, la Villa Gillet Visant l’établissement d’une grand prix de l’Académie universelle dit qu’on a de très bonnes Le Bris en littérature, on est à l’altitu- niennes, en diminuant sa produc- accueillait à Lyon une jour- démarche de qualification des des cultures, pour « son travail litté- chances d’avoir le prix de des culottes courtes », note Jean- tion pour arrêter la fuite en avant née d’études consacrée « projets culturels de la filière livre », raire et son engagement dans la lutte Femina étranger, avec Pierre Sicre). Cela va des écrivains- et en réduisant son salaire et celui aux manifestations littérai- la réfl(soit un taux de retour excep- pour les droits de l’homme dans son KeithV Ridgway, mais c’est Zadie voyageurs au succès de l’édition de Jane Strick, qui s’occupe de la resL en Rhône-Alpes. Organisé par tionnel de plus de 83 %) exion, qui pays. Ce prix doté de 76 224,5 euros Smith qui l’aura car elle est chez des nouvelles de Stevenson en littérature française (Christian l’Agence Rhône-Alpes pour le livre retient l’attention du CNL comme (500 000 francs) distingue « une Gallimard ! » En disant cela, peu poche. Dedet, Marc Trillard, Daniel et la documentation (Arald), en col- de la direction du livre, est une pre- œuvre qui a contribué à la lutte con- avant les prix, Jean-Pierre Sicre Ce géant boulimique, ogre de lit- Arsand, etc). Le soir venu, il louait laboration avec la DRAC et le con- mière nationale. Préparant en clair tre l’intolérance, la xénophobie, la dis- voulait peut-être conjurer le mau- térature, aime les livres de choix. ses services à d’autres maisons seil régional Rhône-Alpes, ce ren- une sorte de « labellisation » des crimination, contre les femmes, le vais sort, car les dames du Femina « Je relis perpétuellement Bache- d’édition pour des travaux de dez-vous permit de présenter la manifestations les plus « profession- racisme, l’antisémitisme, la misère, lui ont fait un beau cadeau, lundi lard. Il apprend à goûter des livres. négritude. Il préférait ça au dépôt synthèse d’une enquête menée nelles » – ce qui ne recoupe pas l’ignorance, ainsi que contre la dégra- 29 octobre, en couronnant, à l’oc- Il met des épices dans ce que vous de bilan ou à la perte de son indé- dans la région auprès de quarante- l'état du salariat, moins du tiers des dation délibérée de certaines formes casion des vingt-cinq ans de la mai- lisez. C’est un amplificateur du plai- pendance. deux fêtes et Salons du livre et de acteurs émargeant même à temps de vie ». Vaclav Havel avait reçu le son d’édition, le premier roman de sir de lire. » Ce pourrait être une Il a résisté à tous les assauts, présenter officiellement une Char- partiel –, le texte entend définir au prix en 2000. Soutenue par les minis- cet auteur irlandais, Mauvaise pen- définition de l’éditeur. Sicre l’est venus parfois d’amis trop préve- te des missions de service public des plus près les responsabilités artisti- tères de l’éducation nationale, de la te. devenu pour publier E.T.A. Hoff- nants. Les Michalski, qui viennent manifestations de promotion du livre que, professionnelle, territoriale et culture et des affaires étrangères, Cela fait un quart de siècle que mann : « Le romantisme allemand, de reprendre Buchet-Chastel, sont et de la lecture en Rhône-Alpes. sociale, capables de résoudre la cette récompense a été créée en Jean-Pierre Sicre a décidé de partir c’est la plus belle révolte. C’est une le principal actionnaire externe de Alors que nombre de responsa- « sous-administration » et la « sous- 1992 par Elie Wiesel, pour « défen- à l’abordage du monde de l’édi- insurrection contre l’épaisseur bour- Phébus, mais Jean-Pierre Sicre a bles et d’organisateurs s’interro- professionnalisation du secteur ». dre les valeurs de la démocratie ». tion. Il s’est embarqué comme on geoise et ce XIXe siècle qui faisait fait en sorte qu’ils restent minori- gent sur leur action – qui devient Reprenant chacune de ces pistes, Elle réunit une soixantaine d’intellec- va à l’aventure, sans avoir une miroiter tous les horribles progrès. taires. Il a fédéré plusieurs investis- de plus en plus fréquemment un quatre ateliers, organisés l’après- tuels du monde entier. La parution embarcation prête à affronter les Hoffmann est celui pour qui l’urgen- seurs prêts à le soutenir, le dernier métier –, sur la reconnaissance de midi, permirent d’ouvrir réelle- dans Le Monde daté 14 et 15 octobre grains financiers et les flibustiers ce d’écrire me paraît la plus forte. » en date étant Thierry Verret, l’an- leurs compétences et sur les ment le dialogue, de reformuler d’un article de l’auteur du Dieu des en tout genre de la profession. Pendant longtemps, Jean-Pierre cien patron de L’Evénement du jeu- moyens mis à leur disposition en concrètement les exigences qu’il petits riens (Gallimard, 1998) intitulé L’aventure de Phébus n’a pas été Sicre a mis sa passion au-dessus de di. « J’ai appris à gérer. J’ai rem- regard des autres secteurs cultu- faudra bientôt satisfaire pour obte- « Ben Laden, secret de famille de de tout repos. Elle commence par toute autre préoccupation, notam- boursé mes dettes. » Il poursuit rels, la réflexion menée à partir du nir le label, précieux quand les volu- l’Amérique » – à paraître chez Galli- « un désir d’Orient », avec la publi- ment financière. Il est devenu édi- l’aventure de l’imposante et magni- dépouillement des 35 questionnai- mes budgétaires disponibles s’avè- mard –, sévère à l’égard de la politi- cation du Livre des ruses, la straté- teur pour publier les livres qu’il ne fique revue Caravanes, dont le no 7 res retournés permit d’établir les rent peu extensibles. que des Etats-Unis, a suscité des gie politique des Arabes, un anony- pouvait pas publier ailleurs. Et paraît. Et après ? Les éditeurs com- prémices de l’élaboration d’une Si d’aucuns redoutent une éva- réserves chez plusieurs membres de me arabe du XIVe siècle, que tout auparavant il ne travaillait pas me les pirates n’aiment pas pren- convention type, objectif affiché luation-sanction des manifesta- l’Académie. Mais Arundhati Roy le monde découvre aujourd’hui, pour une enseigne ultra-commer- dre leur retraite. Il a passé le cap de la DRAC et du conseil régional, tions disparates et inégalement recevra bien son prix le 12 novem- en même temps que Ben Laden. ciale, puisqu’il était chez Claude de la soixantaine. Parfois il a envie dont les représentants tinrent à la structurées, la mise en commun bre à Paris. Elle participera égale- Grâce au travail infatigable de Tchou, homme de goût et de livres de reprendre « la lecture paresseu- mi-journée une conférence de pres- des expériences amorça déjà quel- ment à un colloque sur la mondiali- René R. Khawam, Phébus a accor- rares. Jean-Pierre Sicre a sans dou- se, celle qui ne sert à rien, qu’[il] pra- se où les règles de subventionne- ques pistes (partenariat élargi, espa- sation, les 13 et 14 novembre dé de grandes pages à la découver- te été l’un des éditeurs les plus tiquait de sept à trente-sept ans, ment des actions culturelles furent ce de débats et d’échanges privilé- (www.academie-universelle.org). te de l’Orient et du monde arabe, endettés. En 1992, il avait un endet- avant de devenir éditeur », avant strictement reprécisées. Cet objec- giés). A suivre si, d’aventure, l’expé- b Philippe Djian retrouve Bernard qui a culminé avec la nouvelle tra- tement de 18 millions de francs, le d’ajouter : « J’ai des milliers de tif réaffirmé semble poser la Charte rimentation devait s’étendre à Barrault et Betty Miallet. Le pro- duction des Mille et une nuits.Ilya double de son chiffre d’affaires. livres en retard. » présentée ce jour-là, comme un d’autres DRAC… chain livre de Philippe Djian paraîtra aussi les voyages, avec la complici- Alors il s’est accroché au gouver- Alain Salles préambule. Ph.-J. C. en janvier 2002 chez Julliard, la mai- son dirigée par Bernard Barrault et Betty Miallet, qui avaient découvert l’auteur de 37,2 le matin, avant qu’il ne rejoigne Gallimard, pour le presti- A L’ETRANGER ge et de meilleurs à-valoirs. Le pro- chain livre, intitulé Ardoise, est une Le Salon du livre de cinéma b ESPAGNE : un salon ibéro-américain sans prix sorte de biographie littéraire, sur le Pour sa quatrième édition, le Salon du livre ibéro-américain de Gijon modèle des Livres de ma vie, de Hen- lors que le chiffre de la fréquentation des sal- éditeurs, eux, se creusent la tête pour tenter d’attirer un (Espagne), qui a eu lieu du 23 au 27 octobre, avait pour thème l’émigra- ry Miller. Il s’agit d’un retour aux les de cinéma en France dépasse toutes les plus large public. Ils constatent que « l’on a pas encore tion et l’exil. Au cours du débat inaugurant cette rencontre entre sources mais pas d’un transfert, puis- espérances pour 2001, le nombre de lecteurs accepté l’idée qu’il faut lire des livres sur le cinéma au auteurs de langues espagnole et portugaise, l’écrivain chilien Luis que Philippe Djian continuera à de livres de cinéma semble stagner. A enten- même titre que des livres sur l’art ». Laurent Creton, Sepulveda, organisateur de l’événement, a mis l’accent sur le racisme publier ses romans chez Gallimard. Adre quelques-uns des cent cinquante éditeurs européens auteur d’Economie du cinéma (Nathan Cinéma), juge et la xénophobie engendrés par les pays de la Communauté européen- b Quai des Bulles à Saint-Malo. de cinéma, présents ou représentés les 27 et 28 octobre, indispensable « une formation du spectateur dès l’école ». ne à travers leurs lois sur l’émigration. C’est donc sur les souffrances et La vingt et unième édition de Quai au dixième Salon du livre de cinéma organisé par la Ciné- Ici ou là, éditeurs privés ou institutions subvention- les violences subies mais aussi sur les enrichissements mutuels générés des Bulles, festival de la bande dessi- mathèque française, elle-même éditeur, à l’Ecole natio- nées sont attentifs au plan de cinq ans mis en place à la par les différentes vagues d’émigration politique ou économique, née de Saint-Malo, du 26 au 28 octo- nale des Beaux-Arts de Paris, le spectateur n’est pas for- rentrée 2001 pour le développement des arts et de la notamment entre l’Espagne et l’Amérique du Sud, que témoignaient bre, a accueilli 36 000 visiteurs (con- cément lecteur. culture à l’école – par Catherine Tasca, ministre de la les intervenants, parmi lesquels l’Argentin Mempo Giardinelli, l’Uru- tre 30 000 en 2000). Trois auteurs Cette situation perdure, malgré les efforts de la Ciné- culture et de la communication, et Jack Lang, ministre gayen Mario Delgado Aparain, le Chilien Hernan Rivera Letelier, le ont été couronnés : Andreas, auteur mathèque et de la profession en direction du public. de l’éducation nationale. Aussi les uns et les autres ten- Guinéen Donato Ndongo, l’Espagnol José Manuel Fajardo, le Portu- francophone d'origine allemande, a Devenu au fil des ans un événement éditorial, ce Salon tent-ils de s’engouffrer dans la brèche, tout en se réjouis- gais Tomas Vasques ou l’Angolais Manuel Rui. été distingué pour l'ensemble de récompense, depuis 1998, un auteur dont l’ouvrage reflè- sant déjà, pour certains, de figurer au catalogue du Cen- En marge des tables rondes, notamment sur « la cuisine de l’écrivain », son œuvre. Surnommé le « Love- te une pensée novatrice et « audacieuse » sur le cinéma. tre national de la documentation pédagogique (CNDP), et des présentations de livres, différentes manifestations étaient organi- craft de la BD » pour ses univers fan- Le cinéaste Jean-Claude Biette a reçu cette année le prix bon moyen de diffusion. C’est le cas des Petits Cahiers, sées dans cette ville asturienne de 300 000 habitants particulièrement tastiques (Cromwell Stone, La Caver- Philippe-Arnaud-Cinémathèque-française pour son collection conjointe du CNDP et des Cahiers du cinéma gâtés puisque la municipalité socialiste consacre 8 % de son budget à la ne du souvenir, Capricorne, etc.), il Cinémanuel, publié chez POL. avec leurs premiers numéros consacrés au plan, au culture. Ateliers d’écriture et interventions dans des prisons, des lycées est publié aux Humanoïdes associés Le Salon 2001 a accueilli quelque 8 000 visiteurs, qui point de vue, au montage. De son côté, l’association Les et des centres culturels donnaient l’occasion à une cinquantaine d’écri- et au Lombard. Le prix attribué à ont acheté environ 5 000 titres, en présence de nom- enfants de cinéma propose une petite anthologie pour vains de s’exprimer sur leur rôle de témoins et de résistants. une jeune auteur a été attribué à breux auteurs, parfois cinéastes eux-mêmes. Atmo- jeune public intitulée Allons z’enfants au cinéma.Ce Seule ombre au tableau, le prix Las dos orillas (les deux rives), qui était Yoann, pour Toto l'ornithorynque sphère, une des cinq librairies de cinéma présentes aux recueil, qui évoque 200 films du patrimoine cinémato- décerné depuis deux ans, n’a pas trouvé preneur. Attribué par un grou- (Ed. Delcourt) tandis que le prix Beaux-Arts, a vendu en deux jours l’équivalent d’une graphique mondial, a pu voir le jour grâce au soutien du pe d’éditeurs espagnol (Seix Barral), portugais (Asa), français récompensant un scénariste a cou- recette qu’elle met en moyenne une semaine à quinze Centre national de la cinématographie. (Métailié), italien (Guanta) et grec (Opera) à un ouvrage écrit en espa- ronné Emmanuel Moynot. jours à amasser (environ 3 811 euros, 25 000 francs). Les Catarina Mercuri gnol ou en portugais n’ayant jamais été publié en Europe, ce prix avait récompensé en 1999 le péruvien Alfredo Pita pour Le Chasseur absent et, en 2000, le Chilien Ramon Diaz Eterovic pour Les Sept Fils de Sime- AGENDA Marcelin-Berthelot, 75005 Paris ; non : leurs romans avaient été publiés quasi simultanément par ces rens. : 01-44-97-54-80). cinq maisons d’édition. Exprimant leurs regrets de n’avoir trouvé cette b LE 6 NOVEMBRE. PRIX LE b LES 8 ET 9 NOVEMBRE. année aucune œuvre répondant aux critères d’exigence qu’ils se sont MONDE. A Paris, à l’occasion de ROBBE-GRILLET. A Paris, fixés, les cinq éditeurs faisaient part de leur intention d’étendre les can- la publication aux PUF des l’IMEC et le Centre Georges- didatures à des livres édités en Europe. thèses de la IVe édition du prix Le Pompidou proposent deux J.-L. Ar. Monde de la recherche univer- soirées sur Robe-Grillet (à sitaire, deux tables rondes sont 19 h 30 le 8, 18 heures le 9, petite organisées au Collège de France, salle, entrée libre, rens. : autour des thèmes « Les bio- 01-44-78-43-87). technologies confrontées au b LES 9, 10 ET 11 NOVEM- réel » et « La recherche appli- BRE. TRADUCTION. A Arles quée au social » avec, entre (13), les 18es Assises de la tra- autres, Dominique Lecourt, duction littéraire sont inau- Dominique Schnapper et les gurées par une conférence de lauréats du Prix 2001 (de 16 h 30 Michel Deguy (CITL, espace Van- à 19 h 30, Collège de France, Gogh, 13200 Arles ; rens. : amphi Guillaume-Budé, 11, place 04-90-52-05-50).