Pour Les Vins Blancs De Gaillac, 1936 Pour Le Moelleux De Jurançon Ainsi Que Pour Les Vins De Bergerac…
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22ème Saison 2018/2019 4ème dégustation : Vendredi 15 Mars 2019 «Diversité du Sud-Ouest» par Hervé GOMAS (Cave d’O à Bièvres) Paysage viticole du Sud-Ouest Le vignoble du Sud-Ouest Des Rutènes aux Romains : du 4ème avant JC au 3ème siècle après JC Le vignoble du sud-ouest est avec celui de Provence le plus ancien de France. En effet, c’est dans la région de Gaillac, dans le Tarn que se trouve le berceau de la viticulture du Sud-Ouest, à Montans. Au 4ème siècle avant notre ère, cette région était occupée par les Rutènes, peuple celtique du sud du Massif Central. Leur territoire s’étendait du Tarn à l’Aveyron, ce dernier étant occupé par les Avernes. Certains historiens émettent l’hypothèse qu’ils savaient déjà faire du vin avant l’arrivée des romains, et cela d’après des céramiques vinaires datées du 2ème siècle avant JC, découvertes dans la région, à Montans. En revanche il est de plus en plus certain que les phocéens, les grecs, apportèrent de la vigne dans le sud-est de Toulouse, dans la région du Laugarais avant la conquête romaine. Nous savons donc que le commerce existait déjà dans cette région bien avant le vignoble de Bordeaux. En effet les vignobles sont souvent situés près de ports maritimes et fluviaux, les amphores étant fragiles, elles craignaient moins la casse en étant transportées sur l’eau que par voies terrestres. De par sa situation stratégique pour le commerce, le Tarn sera très tôt utilisé pour acheminer les barriques de la région de Gaillac ainsi que ceux de la Narbonnaise vers Bordeaux directement, puis vers les Iles Britanniques et la Bretagne. Avant que de consommer leur propre production, les antiques bordelais se sont formés le palais aux vins de Gaillac ! Les nombreuses céramiques gallo-romaine retrouvées non loin des circuits commerciaux, tant vers la Gironde que vers le Rhône, témoignent de l’importance que le commerce vinicole avait durant l’occupation Romaine (à Millau entre autres). Cette région comme toutes celles de la Gaulle, subiront la chute de l’Empire Romain ainsi que les invasions barbares. Les vignes sont détruites, le commerce est complètement arrêté. Les régions qui composent le vignoble du sud-ouest font désormais partie du royaume des Wisigoths, suite à la paix conclue avec les romains par le foedus de 418. Reprise en main du vignoble par les moines et notoriété des vins du Haut Pays: du 10ème au 14ème siècle. Petit à petit le royaume Wisigoth diminuera en Gaulle pour se déplacer en Espagne. Le roi Wisigoth Alaric II perdra la vie, et les Wisigoths, l’Aquitaine, à la bataille de Vouillé au printemps 507 contre les Francs menés par leur Roi Chrétien Clovis 1er. Les Wisigoths n’étaient pas encore convertis (ce n’est qu’après le Concile de Tolède en 589 qu’ils se convertiront) au christianisme lorsqu’ils furent boutés hors d’Aquitaine, mais ils trainaient avec eux, depuis l’Asie Mineure, l’hérésie d’Arius, l’arianisme. Ils n’empêchèrent pas l’expansion du christianisme et des communautés chrétiennes en Gaulle, et laissés les moines produire et vendre leurs vins (jusqu’à ce que tout commerce soit stoppé par l’arrivée des Vikings et des Sarrazins comme nous l’avons dit plus haut). L’Aquitaine fait donc partie du royaume chrétien des Francs. Les communautés chrétiennes poussent comme des petits pains ou plutôt comme… des petits raisins ! L’Empire Carolingien donna naissance au royaume de France avec l’avènement d’Huges Capet en 987. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé – A consommer avec délectation et modération. Aux 11ème et 12ème siècles nous retrouvons un peu partout dans la région du Sud- Ouest les traces des abbayes, des églises et des vignobles attenants à celles-ci. En 1030, le monastère bénédictin de Madiran voit le jour, les vignes autour seront structurées, et le vin sera produit et vendu par les bénédictins. A Gaillac en 972 nous savons qu’une communauté bénédictine développe la vigne, et commercialise sa production à partir de l’abbaye Saint Michel. En 1119 le pape Calixte II consacre l’Eglise de Fronton autour de laquelle le vignoble, propriété des Chevaliers de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, s’organise. Gaston II vicomte de Béarn, en 1022 fonde le monastère de Saint Pé de Geyres entre le Béarn et la Bigorre. A la même année dans la même région à Lucq de Béarn une abbaye bénédictine est fondée, aujourd’hui c’est l’Eglise St Vincent. Il est très important de noter que beaucoup des vignobles de l’Aquitaine se trouvent sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle. La renommée du Madiran ou du Jurançon se fera grâce aux pèlerins ! Le 18 mai 1152, le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec le futur Henri II d’Angleterre met le feu aux poudres. Aliénor (duchesse d’Aquitaine) apporte le duché d’Aquitaine en dot, la Guyenne est anglaise ! La guerre de cent ans éclate entre le royaume de France et le royaume d’Angleterre. Le royaume de France est en pleine crise féodale. Mais cependant le commerce des vins d’Aquitaine n’en souffrit pas, au contraire. Aliénor ouvrit plus le marché de Gaillac et de Bordeaux à l’Angleterre. Les bordelais mécontents à cause de la concurrence du Haut Pays tentèrent d’obtenir d’Henri III des privilèges. Mais celui-ci a toujours été favorable au maintien de la libre circulation des vins sur la Dordogne et sur la Garonne. Les Bordelais réussissent à imposer tout de même leurs privilèges, comme l’interdiction aux vins du Haut Pays d’entrer dans le port de Bordeaux avant la Noël. Seuls les Bergerac passent à travers le privilège bordelais. Les Bergerac, étant acheminés et vendus par la Dordogne (à Libourne) qui rejoint la Gironde en aval de Bordeaux, échappent au privilège contrairement aux vins du hauts pays (Gaillac, Cahors, Fronton, …). Ce sont les négociants de Libourne qui s’occupent alors de la vente des vins de Bergerac. Ce privilège durera jusqu’au règne de Louis XVI. Cependant malgré les guerres et les privilèges, on retrouve des traces des vins du Haut Pays en Angleterre (du Cahors, du Bergerac), en Ariège (Gaillac) et chez Jean Sans Terre (Moissac) entre autres. Les vins de Bayonne sont vendus en Angleterre et en Espagne. Au 14ème nous savons que les vignes plantées se situaient pratiquement toutes, non loin des ports d’embarquement de la Garonne, du Tarn, du Lot, de la Dordogne et de la Baïse. Autour d’Agen, de Marmande, de Port Sainte Marie et du Mas d’Agenais pour la Garonne. Autour de Gaillac, Villemur, Lisle sur Tarn, Rabastens, Montauban et Moissac pour le Tarn. Autour de Cahors et de Villeneuve sur Lot pour le Lot. Autour de Bergerac pour la Dordogne. Autour de Buzet, Condom et Nérac pour la Baïse. Dès cette époque certains vins prennent alors le nom des ports d’embarquement, et jouissent déjà, comme nous l’avons montré, d’une notoriété. Notons qu’à cette époque les fûts de Bergerac sont marqués d’un griffon et d’une tour comme marque de reconnaissance. De la « bataille des vins » du Haut Pays avec Bordeaux, au Baptême d’Henri IV, du 15ème au 16ème siècle. L’Aquitaine revient définitivement au royaume de France en 1453. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé – A consommer avec délectation et modération. Depuis l’avènement de Jeanne d’Arc et le sacre de Charles VII à Reims, les anglais sont boutés progressivement hors de France. Cette même année, Charles VII autorise les vins du Haut Pays à entrer librement à Bordeaux. Mais les vignerons et commerçants du sud-ouest déchanteront vite car cette autorisation royale ne sera effective que pour un an. Charles VII craignant une révolte des Bordelais et le retour des anglais interdit alors la vente au Hauts Pays avant le 30 novembre. Il n’y a que Bergerac qui passe à travers les privilèges bordelais, car les fûts prennent directement la mer à partir de Libourne. Charles VII confirmera le passe- droit à ce vignoble en 1450. Mais cette protestation bordelaise ne concerna pas seulement les Bergerac, puisqu’en 1415 la ville de Bordeaux peste contre la présence des vins de Tursan sur son territoire, bien que ceux-ci fussent aussi expédiés par Bayonne. Malgré plusieurs attaques contre eux, les bergeracois gagneront la bataille. Sous le règne de François 1er en 1520 une commission fût nommée afin de prouver que la ville bénéficiait depuis très longtemps de ce privilège. Notons que François 1er était friand des Cahors puisqu’il confia à des vignerons cadurciens la création du vignoble de Fontainebleau. Une année avant, les vins de Bergerac et du Haut Pays s’affirment de plus en plus, et au 16ème, la ville de Bergerac gagne le droit de vendre sa production dans des fûts plus petits que ceux de Bordeaux. Les 15ème et 16ème siècles sont marqués par l’apparition à Bergerac des vins blancs secs, Rabelais ainsi que Montaigne plus tard en feront l’éloge. Mais aussi par le vin de Jurançon. Les cépages petit manseng et gros manseng sont déjà mentionnés à cette époque, car en 1563 le roi de Navarre Henri II achète des vignes dans la région de Monein. Plus tard, sa fille Jeanne d’Albret y possédera des vignes aussi plantées de cépages blancs et noirs. C’est aussi à cette époque que l’on retrouve à Gaillac les premières traces du Gaillac Mousseux comme nous le rapporte Auger Gaillard, poète du 16ème siècle.