Bulletin d’information de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo

N°150 du 08 février 2007 Photo Bilamekaso Tchagbele/MONUC Photo Bilamekaso

Violences dans le Bas Congo: La MONUC envoie une mission d’investigation

Page 5 La RDC dotée d’un gouvernement issu des élections

Page 14 Zoom sur l’Hôpital pédiatrique de Kalembelembe

Page 18 Le contingent bangladais intervient en faveur de l’orphelinat de Bunia SOMMAIRE

A la Une:

Violences dans le Bas Congo: La MONUC envoie une mission d’investigation ------3

Actualité

La RDC dotée d’un gouvernement issu des élections ------5

Installation du bureau provisoire du Sénat ------6

Kinshasa:

Henri Thomas Lokondo: « Aucun cas de corruption n’a été signalé dans la province de l’Equateur ------7

Supplément Santé: Zoom sur l’Hôpital pédiatrique de Kalembelembe ------14

Kivu:

Mahagi: Des femmes de soldats démobilisés se lancent dans l’élevage de caprins ------9

La MONUC à Minembwe pour évaluer la situation sécuritaire ------10

Province Orientale:

Le cri de coeur de Mambasa ------11

Aru: Les ex-combattants toujours sur la brèche ------13

Le contingent bangladais intevient en faveur de l’orphelinat de Bunia ------18

Maniema : Une province sous informée ------15

Le contingent indien célèbre l’indépendance de son pays ------19

Portrait: Geraldine McEwen: Fermeté et patience! ------20 Violences dans le Bas Congo: La MONUC envoie une mission d’investigation Les événements malheureux survenus le 31 janvier à Matadi et qui se sont étendus aux autres villes du Bas Congo, notamment à Muanda, Boma, Songololo, continuent de susciter l’indignation. Si officiellement le gouvernement a annoncé un bilan de 87 morts, l’heure est maintenant aux réponses à apporter aux interrogations sur les causes de ce que beaucoup n’ont pas hésité à appeler « carnage ». La MONUC, qui regrette tous ces actes de violence, a envoyé une équipe sur place pour évaluer les besoins à apporter aux blessés, suivie d’une mission d’investigation sur les circonstances qui ont entouré ces événements.

Par Sy Koumbo S. Gali & lundi à observer une demi journée de les adeptes du mouvement politico- Bilamekaso Tchagbele deuil national. religieux Bundu Dia Kongo (BDK). Ceux-ci ont appelé à une journée ville Lundi 6 février, la tension dans la Le ministre Denis Kalume, en faisant morte le 1er février pour dénoncer la ville portuaire de Matadi était encore le bilan de ces événements lors de «corruption électorale». perceptible. Des tracts avaient circulé la sa conférence de presse, a avancé le veille pour annoncer des manifestations chiffre de 87 morts (16 à Matadi dont La veille de la manifestation, la de solidarité avec les victimes des 1 militaire, 26 à Boma dont 2 policiers, Police Nationale Congolaise (PNC) violences. Mais ces manifestations 37 à Muanda dont 3 policiers-militaires avait effctué une perquisition dans n’ont pas eu lieu. Quelques jours et 4 policiers à Songololo) pour lesquels une résidence occupée par le leader plus tôt, le 3 février, le ministre de il a exprimé les regrets et surtout du BDK, Ne Muanda Nsemi, dans l’Intérieur, le général Denis Kalume, les condoléances du gouvernement, le quartier Soyo. Face à la résistance en animant un point de presse dans ses notamment aux familles éprouvées. des gardiens de la résidence, la police bureaux, après son retour de Matadi où La section droits de l’Homme de la aurait utilisé des gaz lacrymogènes il est allé s’enquérir de la situation à la MONUC a estimé elle à 134 le nombre et du matériel anti-émeutes. Selon le demande du chef de l’Etat, avait mis des victimes. maire de Matadi, la PNC aurait tiré en garde «les fauteurs de troubles » et en l’air pour disperser les gardiens, surtout la classe politique contre toute A l’origine de ces événements puis la situation a dégénéré quand « agitation injustifi ée ». Le ministre tragiques, la contestation des résultats la rue principale menant au quartier faisait sans doute allusion au mot des élections des gouverneurs et résidentiel Soyo a été bloquée par des d’ordre lancé par le président du MLC, vice-gouverneurs par une partie de la manifestants avec de grosses pierres Jean Pierre Bemba, qui avait appelé ce population du Bas Congo, notamment et des tables. Deux véhicules de la

Rencontre entre M.Mujahid Alam, conseiller principal du chef de la MONUC, et le ministre de l’Intérieur au gouvernorat de Matadi(Photo Bilamekaso Tchagbele/MONUC)

3 MONUCMONUC BBULLETINULLETIN N° 1150 MONUC qui passaient à ce moment MONUC, Kemal Saiki, s’exprimant à transition ». précis et à bord desquels se trouvaient propos de ces douloureux événements Le Secrétaire général de l’ONU a trois staffs internationaux ont été a souligné que la MONUC condamnait pour sa part, exhorté, le gouvernement attaqués par les manifestants. toute forme de violence d’où qu’elle et l’opposition à trouver ensemble provienne, et a déploré cette explosion une solution à cette crise et a Des éléments militaires de la MONUC de violence dans le Bas Congo qui a souhaité que les responsables de ces (Ghanbatt) ont pu secourir les trois entraîné des lourdes pertes en vies violences soient traduits en justice. occupants des deux véhicules, dont humaines. Il a également exhorté les forces l’un a été incendié par les manifestants. de sécurité à ne pas utiliser la force Et comme une traînée de poudre, les Quelles que soient les raisons de manière disproportionnée. Le événements de Matadi vont atteindre qui ont provoqué ces violences, Secrétaire général a invité les partis Muanda, Boma, Songololo, Tshela. Kemal Saiki estime «qu’il y a des d’opposition à recourir à des moyens Résultat ? Ces dizaines de morts que mécanismes pour prendre en compte pacifi ques et légaux pour poursuivre tout le monde déplore. toutes les revendications citoyennes leurs litiges électoraux et a réitéré dans le cadre d’une démocratie ; son appel en faveur d’un processus Pour éviter une nouvelle recrudescence il est nécessaire de recourir à ces politique inclusif et transparent. des violences, la MONUC, en mécanismes d’arbitrage plutôt que de collaboration avec les autorités recourir à la violence... il est demandé Le député du MLC, José Makila, nationales a déployé le lendemain à à la population d’agir dans le cadre élu gouverneur dans l’Equateur, Matadi 61 policiers formés au maintien du respect de la loi et aux forces de estime pour sa part que ce qui s’est de l’ordre et 52 hommes de troupes pour sécurité d’agir dans le même cadre, en passé est trop grave pour ne pas être renforcer la sécurité des populations et particulier de respecter le principe de dénoncé : «C’est triste pour notre du personnel des Nations Unies. Une la proportionnalité ». démocratie, parce que l’article 8 équipe d’assistance humanitaire et Pour sa part, le Représentant spécial du de notre Constitution prévoit des une autre pluridisciplinaire conduite SG de l’ONU en RDC, William Lacy manifestations. C’est aussi une par la section droits de l’Homme sont Swing, très choqué par l’ampleur du expression de la démocratie ». sur place depuis le 5 février pour drame, a exprimé son indignation en La cour d’appel du Bas Congo, a apporter assistance et enquêter sur ces ces termes : « Nous n’avons jamais vu dans un arrêt rendu public le jeudi 8 événements. une chose pareille. Ce que nous avons fèvrier, annulé le 1er tour des élections vu au Bas Congo est très différent de et demandé à la CEI d’organiser un A Kinshasa, le porte-parole de la tout ce que nous avons vu pendant la second tour.

30 elements armés de la force de protection de la police MONUC (FPU) sont dépêchés a Matadi en appui au personnel de la MONUC (Photo Bilamekaso Tchagbele/MONUC)

4 MONUCMONUC BBULLETINULLETIN N° 1150 La RDC dotée d’un gouvernement issu des élections

Après 68 jours d’attente, le premier gouvernement de la IIIème République a été rendu public le lundi 5 février 2007. Fort de 60 membres dont 9 femmes, soit 15% de l’ensemble, ce gouvernement qui compte 6 ministres d’Etat, 34 ministres et 20 vice-ministres, a respecté l’équilibre national car toutes les provinces y sont représentées.

Par Myriam Abedi Il existe aussi dans ce gouvernement d’anciens La publication du nouveau cadres mobutistes gouvernement intervient 68 jours après tels Charles Mwando la désignation d’ Nsimba, qui va diriger le comme Premier Ministre. La plupart Développement rural ; il fut de ses membres exerceront pour la plusieurs fois gouverneur de première fois les hautes fonctions de province et ministre pendant l’Etat. C’est le cas d’, la IIème République. Il y a ancien Inspecteur régional des Finances également Simon Mboso affecté au Budget; d’Eugène Lokwa Kiamputu, nommé ministre Ilwaloma et de Jean-Claude Muyambo de l’Industrie, qui fut ancien Kyassa, deux juristes, nommés Directeur de cabinet de respectivement aux Droits humains l’ancien Premier Ministre et aux Affaires humanitaires. Une Léon Kengo wa Dondo, journaliste, Colette Tchomba, éditrice Le Premier Ministre, Antoine Gizenga, a , enfi n son équipe gouvernementale du journal Uhuru, est vice-ministre ancien rapporteur du sénat chargée des Congolais de l’étranger. régionale, d’Olivier Kamitatu, ancien et le général Denis Kalume, actuel Toutefois, on retrouve dans cette équipe président de l’Assemblée nationale de ministre de l’Intérieur, Décentralisation quelques personnalités de la transition. la transition qui va diriger le ministère et Sécurité, élevé au rang de ministre Il s’agit du ministre des Affaires du Plan, de Mme Marie Ange Lukiana d’Etat, offi cier supérieur de l’armée étrangères, Mbusa Nyamuisi, jusque-là qui a déjà occupé le poste de ministre pendant la IIème République. ministre en charge de la Coopération du Travail et de la Prévoyance sociale. La composition du gouvernement de la 3ème République

Ministres d’Etat: Ministres Tshilombo Send

- Agriculture: François Joseph - Ministre près le Premier ministre: - Industrie: Simon Mboso Godefroid Mayobo Kiamputu - Intérieur, Décentralisation et - Défense nationale et anciens - Commerce extérieur: Kasongo Sécurité: combattants: Ilunga - Affaires étrangères et Coopération - Justice: Goerges Minsay Booka - Petites et Moyennes entreprises: internationale: - Plan: Jean-François Ekofo Panzoko Nyamwisi - Intégration régionale: Ignace Gata - Transports et Voies de - Enseignement supérieur et Mavinga communication: Rémy Henri universitaire: Sylvain Ngabu - Finances: Athanase Matenda Kyelu Kuseyo Gatanga Chumbu - Budget: Adoplhe Muzito - Développement rural: Charles - Infrastructures, Travaux publics - Portefeuille: Jeanine Mabunda Mwando Nsimba et - Reconstruction: Pierre Lumbi Lioko - Enseignement primaire, - Ministre d’Etat près le président - Economie nationale: Sylvain Noël secondaire et professionnel: Maker de la République: Nkulu Mitumba Bifwila Tchamwala Mwangu Famba Kilombo - Information, Presse et - Recherche scientifi que: Sylvanus communication nationale: Toussaint Mushi Bonane

5 MONUCMONUC BBULLETINULLETIN N° 1150 - Santé publique: Victor Makwenge Bamusulanga Nta-Bote - Justice: Kalinda Mitumbala Odia Kaput - Environnement: Didace Pembe - Plan: Ferdinand Essambo Lukye - Mines: Labilo Bokiaga - Finances: Hangi Binini - Tourisme: Elias Kakule Mbahingana - Budget: Célestin Mbuyu Kabango - Energie: Salomon Banamuhere - Culture et Arts: Marcel Malenso - Transports: Laure Marie Kawanda Baliene Ndodila Kayena - Hydrocarbures: Lambert Mende - Droits humains: Eugène Lokwa - Travaux publics: Gervais Omalanga Ilwaloma Ntirumenyerwa Kimonyo - Travail et Prévoyance sociale: - Affaires humanitaires: Jean-Claude - Agriculture: Germain Ngobila Marie-Ange Lukiana Mufwankol Muyambo Kyassa Mbaka - Fonction publique: Zéphirin Mutu - Enseignement primaire, secondaire Diambu-di-Lusala Nieva Vice-ministres: et professionnel: Modeste Omba - Affaires sociales et Solidarité Sakatolo nationale: Martin Bitijula Mahimba - Intérieur: Joseph-Dovel Mpango - Enseignement supérieur et - Condition féminine: Philomène Okundo universitaire: Marie-Madeleine Omatuku Atshakawo Akatshi - Sécurité: Daruwezi Mokombe Mienze Kiaku - Jeunesse et Sports: Pardonne Kaliba - Affaires étrangères: Alain Lubamba - Santé: Ferdinand Ntua Osiamba Mulanga wa Lubamba - Mines: Victor Kasongo Shomary - Affaires Foncières: Liliane Pande - Congolais de l’étranger: Colette - Energie: Arthur Sedeya Ngamo Muaba Tshomba Ntundu Zabusu - Urbanisme et Habitat: Laurent- - Défense nationale: Nelson Paluku - Travail et Prévoyance sociale: Simon Ikenge Lisambola Syayipuma Télésphore Tsakala Munikengi - Postes, Téléphones et - Anciens combattants: Yvonne - Fonction publique: Vincent Okoyo Télécommunications: Kyamusoke Iyamulemye Kabano Nembe

Installation du bureau provisoire du Sénat

La cérémonie d’installation officielle du bureau provisoire du Sénat de la IIIème République s’est déroulée le 3 février 2007 dans la salle des conférences internationales du « Palais du Peuple ».

Par Marie Aimée Lalao commandement au président provisoire commissions. Le bureau comprend 7 a marqué ce changement. membres : un président, deux vice- présidents, un rapporteur, un rapporteur Cette installation intervient après les Conformément à l’article 114 de la Constitution, le sénateur Mbweshi adjoint, un questeur et un questeur formalités d’identifi cation et d’accueil adjoint. offi ciel des sénateurs commencées le Kuongo Muendu doyen d’âge (77 ans), a été désigné président du bureau Quant aux commissions, elles sont des 29 janvier. 102 des 108 sénateurs ont organes techniques du Sénat chargés rempli ces formalités. provisoire de la Chambre haute du Parlement, jusqu’à la mise en place d’examiner des questions soumises par Des personnalités nationales et l’Assemblée plénière. Leur nombre et internationales, notamment la présidente du bureau défi nitif. A ce poste, il sera assisté par deux sénateurs les moins leur composition seront déterminés par du Sénat du Royaume de Belgique, le règlement d’ordre intérieur. Anne-Marie Lizin, ont rehaussé de âgés, à savoir Kakunde Thierry André et Mukanbe. leur présence la cérémonie présidée par La première session ordinaire du Sénat Martine Matshika, secrétaire générale Le nouveau président du Sénat a pris ses s’ouvrira le 15 mars et se clôturera le du Sénat. fonctions en donnant les trois coups de 15 juin 2007. La deuxième session marteau pour marquer son autorité et a ordinaire aura lieu du 15 septembre au Dans son discours, celle-ci a remercié annonçé le programme des prochaines 15 décembre 2007. tous les sénateurs pour la confi ance séances : la validation du mandat des Toutefois, le Sénat peut également placée en elle pendant sa brève et sénateurs et l’adoption du règlement se réunir en session extraordinaire historique fonction de présidente du d’ordre intérieur. selon les conditions prévues par la ème premier Sénat de la III République. Il est à noter que pour son Constitution de la République. Dès lors que le bureau provisoire a été fonctionnement, le Sénat sera composé mis sur pied, la remise du marteau de d’un bureau défi nitif et de plusieurs

6 MONUC BULLETIN N° 150 Henri Thomas Lokondo : «Aucun cas de corruption n’a été signalé dans la province de l’Equateur »

Plusieurs observateurs électoraux nationaux ont dénoncé des pratiques de corruption lors du scrutin sénatorial et une dizaine de recours ont été déposés à la Cour Suprême de Justice, en charge du contentieux. La Cour a deux mois pour rendre ses décisions sur ces recours, qui ne sont pas suspensifs. Une chose est certaine, cependant, les pratiques de corruption ne sont pas confirmées dans toutes les provinces. Comme le témoigne Henri Thomas Lokondo, sénateur élu de la province de l’Equateur.

Par Joseph Tshimanga compétence et de représentation objective de leur province au sein Plusieurs sénateurs élus ont donné de du Sénat que les députés provinciaux la voix. Les uns pour fi xer les priorités de l’Equateur ont voté. Toutefois, de leurs provinces respectives. Les estime Henri Thomas Lokondo, autres pour répondre aux allégations les populations de l’Equateur n’ont de corruption signalées ça et là dans pas des problèmes particuliers qu’il certaines circonscriptions. faudrait poser au Sénat. « Leurs préoccupations sont les mêmes que «Chez-nous, particulièrement à celles de tous les Congolais. La l’Equateur, témoigne Henri Thomas situation de cette province se recoupe Lokondo, aucun cas de corruption n’a avec les cinq chantiers du Chef de été déploré, notamment dans le district l’Eta (santé, emploi, éducation, où j’ai été élu. Sans orgueil, j’affi rme infrastructures de base, logement). que nous connaissions au départ qui Il y a les problèmes d’infrastructures allait passer et qui n’allait pas passer, de base, d’éducation, de santé etc». parce que les députés provinciaux Selon le sénateur Henri Thomas devaient voter utile; parce que c’était Lokondo, la solution à tous les un vote de la raison. » problèmes ou tous les chantiers énoncés par chef de l’Etat dans son Comment a-t-on procédé ? « C’est discours d’investiture dépend de la au cours d’une réunion des députés volonté politique de tous les dirigeants et des moyens disponibles. provinciaux, toutes tendances Henri Thomas Lokondo en confondues, que ces derniers ont compagnie de Javier Solana de déterminé les noms des candidats l’Union Européenne Dans ce contexte, estime-t-il, les nouvelles institutions de la RDC ont sénateurs remplissant les critères de pas trop expliquer cela, dit-il, ce sont besoin de l’appui de la Communauté crédibilité et de compétence requis, pour des règles du jeu et il fallait, en tout internationale dont le soutien doit être lesquels ils allaient être élus. L’intérêt cas entretenir les grands électeurs de renforcé. général de toute la province a été pris tous points de vue. » Et de poursuivre en compte. N’empêche que chaque sa réfl exion : «Ceux qui affi rment Ses ambitions sont naturellement candidat a mené sa propagande, faisant qu’il y a eu corruption et achat des légitimes : «En tant que sénateur état des buts et objectifs déclarés de sa consciences, ce sont ceux-là qui ont et ambassadeur de ma province au candidature. Le tout dans le respect des voulu que les grands électeurs votent niveau national et international, je règles du jeu », a-t-il souligné. selon la discipline du parti. C’est là ferai de mon mieux pour que tous les le problème. Or, les grands électeurs problèmes de cette province trouvent Les élections, c’est avant tout la force sont différents des électeurs primaires. solution. Je mets désormais le cap de conviction des candidats auprès de Ils ont voté utile, en connaissance de sur la prochaine législature. C’est grands électeurs, précise Henri Thomas cause, en toute âme et conscience. » Lokondo. « Si, se mettre à la même table là que les choses sérieuses vont commencer». avec les électeurs, partager avec eux un Priorités de la province verre de bière, est considéré comme une pratique de corruption, je ne sais C’est, donc, sur base de critères de

7 MONUCMONUC BBULLETINULLETIN N° 1150 Maniema : Une province sous informée

La Section de l’Information publique de la MONUC/Kindu a convié récemment les médias à une rencontre pour faire l’état des lieux de la profession dans la province du Maniema et établir un programme de travail commun pour la période post-électorale. Le constat dégagé est la nécessité d’accroître l’appui aux professionnels de ce secteur en vue de renforcer leurs capacités.

Par Fathya Waberi

A l’instar d’autres infrastructures vitales, la presse du chef-lieu du Maniema, et particulièrement les médias audiovisuels, les moins développés ici, connaissent des diffi cultés qui menacent leur survie.

Sur huit stations de radio qui émettent en temps normal à Kindu, cinq seulement - Radio Okapi en tête, Radio Télévision Communautaire Maniema Liberté (RTC-MALI), Radio Télévision Kindu Maniema (RTKM), Gunda FM et Kindu Fréquence Modulée (KFM) - fonctionnent. Deux stations - la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC)/Radio et Digital Congo - sont réduits au silence pour des problèmes liés à l’alimentation en électricité Sango Omari porte la double casquette de directeur provincial de la RTNC-radio et de président de l’Union nationale de la Presse et une autre - Radio Raga - vient de du Congo, UNPC, section Maniema (Photo Fathya Waberi/MONUC) connaître une panne d’émetteur.

Pour la télévision, le relais de la RTNC novembre 2006. Il est l’unique journal « Parier sur les hommes » nationale à Kindu, ainsi que la petite qui circule dans la province et se production locale habituellement consacre pour l’essentiel à la promotion Outre des diffi cultés techniques, proposée par la station terrienne sont et à la défense des droits de l’Homme. logistiques et matérielles, les paralysées pour les mêmes raisons. Une des raisons de cette situation est journalistes et responsables des médias Elles souffrent par ailleurs de «mal l’absence totale d’imprimerie dans la de Kindu ont aussi fait part de leurs logement», leurs locaux ayant été province. Les rares « aventuriers de besoins en matière de renforcement successivement saccagés par la la presse » sont donc obligés d’user des capacités des professionnels. rébellion en 1998 et par un ouragan en des moyens du bord pour publier leurs 2005. Pour l’instant, donc, seule une supports. Sango Omari, président de l’Union télévision privée, la RTKM, diffuse six nationale de la Presse du Congo heures en soirée. A l’extérieur de Kindu, deux des sept (UNPC)- Section Maniema, insiste territoires du Maniema - Lubutu et Kailo sur la nécessité d’organiser des En ce qui concerne la presse écrite, à - ne bénéfi cient d’aucune couverture ateliers de formation en techniques l’exception de l’Agence Congolaise télé ou radiophonique. Quant aux journalistiques et sur l’éthique du de Presse (ACP) et de l’hebdomadaire autres - Kasongo, Kabambare, Pangi, métier. Il estime que cela amènerait « L’Etendard » qui maintiennent des Punia et Kibombo -, quelques radios les journalistes à mieux connaître correspondants dans la province, il communautaires y sont installées. leurs droits et devoirs. Ils seraient ainsi ne paraît plus à Kindu qu’un maigre Enfi n, Pangi et Kasongo, les seuls plus armés contre l’autocensure et le bulletin hebdomadaire de quatre territoires à recevoir aujourd’hui le clientélisme. En effet, les journalistes feuillets et à périodicité très variable, relais de la RTNC-Kinshasa, captent présents à la rencontre ont été dénommé «Kambelembele», créé en chacun une chaîne de télévision. unanimes sur le fait qu’il n’y ait plus

8 MONUCMONUC BBULLETINULLETIN N° 1150 de violations fl agrantes des libertés de au sein d’une corporation qui leur Ils ont ainsi proposé de relancer le la presse au Maniema, à l’exception serait propre. Le seul regroupement projet de création d’une de « quelques bavures isolées et sans des journalistes qui existe actuellement «Maison de la Presse du Maniema», grandes conséquences ». est la section régionale de l’UNPC. projet qui avait été soumis il y a Certains ont fait valoir l’idée selon quelques temps à la MONUC/Kindu Enfi n, les professionnels des médias du laquelle la corporation souhaitée, pour fi nancement. La Section de Maniema ont dit avoir conscience que verrait le jour si les journalistes l’Information publique les a assuré de leurs intérêts seraient mieux défendus pouvaient se rencontrer régulièrement. son soutien dans ce sens.

Mahagi : Des femmes de soldats démobilisés se lancent dans l’élevage de caprins

Avec une contribution de 17.000 dollars américains, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)/Mahagi, va réaliser en collaboration avec l’ONG « Lipadho », un programme d’élevage de caprins en faveur de 100 épouses d’ex –combattants. Ce projet est initié dans le cadre de la réinsertion communautaire des familles de ces ex-combattants.

Par Piergiorgio Paglialonga Quant aux bénéfi ciaires, elles seront identifi ées sur les 5 collectivités du territoire de Mahagi, notamment dans Le but principal de ce projet est de à générer des revenus. Elles vont les localités où se trouvent des ex- relancer l’élevage dans le territoire de bénefi cier d’une formation sur les combattants qui attendent encore leur Mahagi en favorisant surtout le rôle techniques d’élevage et les soins appui à la réinsertion communautaire. de la femme. En Ituri, les femmes ont vétérinaires afi n qu’elles soient, non Après la formation, chaque bénéfi ciaire été les premières victimes de la guerre, seulement capables de conduire elles- recevra 3 chèvres et un bouc de et ce, sous plusieurs formes. Malgré la mêmes leur élevage, mais pour qu’elles reproduction. Le suivi du projet détérioration du tissu socio-économique puissent servir de référence aux autres sera assuré par le vétérinaire et les au niveau des communautés rurales, les femmes du milieu pour pérenniser cette animatrices, qui visiteront une fois par femmes sont restées à la tête de toutes activité économique. semaine les différentes bénéfi ciaires, les initiatives familiales pour la survie. en leur servant de guide de l’éleveur et Etant donné aussi la réduction sensible La gestion de toutes les activités du de l’encadrement technique. des caprins due aux multiples cas de projet se fera sous la supervision du pillage, conséquence de la guerre, le directeur de la Lipadho, à travers cinq Selon le calcul du responsable de territoire de Mahagi veut gagner avec animatrices choisies par le PNUD PNUD/Mahagi, le projet aura un les femmes le pari de sa politique de et appuyées par un vétérinaire. La impact signifi catif sur l’économie relance de l’économie locale. formation, comprenant 5 séances de 4 locale et pourra faire diminuer, en plus, jours chacune, sera basée surtout sur le prix de la viande sur le marché. En initiant ce projet, le PNUD entend les notions élémentaires d’hygiène et renforcer les capacités des femmes des maladies courantes du bétail.

Le SIDA ne fait point de discrimination. Unissons-nous pour le combattre et Bâtissons une Nation forte (Message de la Section VIH/SIDA/MONUC)

9 MONUCMONUC BBULLETINULLETIN N° 1150 La MONUC à Minembwe pour évaluer la situation sécuritaire

C’est le 2 février vers 13 heures que l’hélicoptère transportant des responsables de la MONUC/Bukavu et ceux d’Uvira, a attérri à Minembwe. Il s'agissait du premier contact physique avec ce territoire, depuis les combats qui ont éclaté dans les Hauts plateaux le 25 janvier 2007. Ces combats ont opposé la 12ème brigade intégrée des Forces Armées de la RDC (FARDC), contre deux groupes dissidents de l’armée congolaise, respectivement dirigés par le Colonel Bisigo et le Major Michel Rukunda. L’équipe de la MONUC avait pour mission de procéder à l’évaluation complète de la situation à Minembwe. Le 3 février se sont jointes à la délégation de la MONUC les plus hautes autorités militaires dont le chef de l’Armée de terre. Par Thierry Kranzer maisons brûlées dans certains villages avant de préciser que les FDLR et de deux civils tués, n’ont pu être diffuseraient un communiqué à ce vérifi ées ou confi rmées jusqu'à ce jour. sujet le 5 février au plus tard ». Vendredi 2 février, la situation était calme et les forces gouvernementales Le porte-parole des Forces Selon des informations recueillies avaient le contrôle de Minembwe. Démocratiques pour la Libération du auprès d’une fédération d’associations A son arrivée, la délégation de la Rwanda (FDLR), Edmond Ngarambe, des droits de l’Homme (CEADHO) MONUC a été reçue par le colonel qui a joint par téléphone le soir, le porte- présente sur le terrain, « cinq civils ème Ngonga, commandant de la 12 parole de la MONUC/Sud-Kivu, l’a dont un enfant auraient été tués depuis Brigade intégrée dont les 600 hommes rassuré de la non implication des FDLR le début des affrontements » entre les sont repartis dans les hauts plateaux dans les combats qui ont eu lieu dans les insurgés de Michel Rukunda et les ème aux côtés de la 112 brigade du hauts plateaux de Minembwe. «Nous forces loyalistes du général Patrick général Masunzu. n'avons aucun intérêt à prendre part Masunzu. Même si le réseau des d'un côté ou de l'autre à ces différends centres de santé des hauts plateaux Des informations faisant état de qui ne nous concernent pas, a-t-il dit, n’a relevé aucun blessé ni tué du côté des civils, le CEADHO a fait cas d’un civil tué à Bigogo, un autre à Mikenge et trois à Ntahohoberwa, dont une femme enceinte et une fi lle de moins de 10 ans.

Après le calme revenu depuis le 1er février - excepté à Kamombo, situé à 50 km au nord-ouest de Minembwe, où des tirs étaient encore signalés le week-end dernier, - les associations locales ont noté que les civils qui avaient fui vers Bibokoboko, près de Baraka, commençaient à regagner les villages abandonnés il y a une semaine.

S’agissant des pertes militaires, une association habitante d’Uvira a pu établir une liste nominative La délégation de la MONUC et les autorités militaires congolaises de douze offi ciers tués à Minembwe (Photo pakbatt 3/VII/MONUC) pendant ces combats, dix du

10 MONUCMONUC BBULLETINULLETIN N° 1150 côté des insurgés et deux du côté des en œuvre pour que forces loyalistes. des politiciens Accueilli par les éléments de la 12ème mal intentionnés brigade intégrée et ceux de la 112ème cessent de brigade le 3 février, le Commandant des manipuler les forces terrestres de la RDC, le général insurgés. Gabriel Amisi a déclaré : « Toutes les unités non intégrées se trouvant dans Par ailleurs, une les hauts plateaux doivent s’apprêter à équipe conjointe aller au brassage et laisser la place aux de reconnaissance unités intégrées». FARDC-MONUC devait se rendre à Par ailleurs, le général Amisi a fustigé Kamombo afi n d’y les effets néfastes des rumeurs et préparer l’arrivée Le commandant de la 10ème région militaire, de la désinformation faisant état de d’une mission le général Tshikwez invitant le Lt-colonel destruction de villages, de massacres, plus large. En Muheto(G), commandant de la 112ème Brigade et de déplacement massif des populations, outre, une Base le major Rukunda à se serrer les mains (Photo Thierry Kranzer/MONUC) ou encore de participation des FDLR d ’ O p é r a t i o n à ces combats. Enfi n, il a invité les Mobile (MOB) de 50 Casques bleus renforcer la sécurité à Minembwe. représentants de la MONUC à tout mettre pourrait être installée sous peu pour

Le cri de cœur de Mambasa

Situé à l’extrême ouest, du territoire de l’Ituri, Mambasa est le moins peuplé (300,000 habitants), mais le plus large (36.783 Km2) des cinq territoires de ce district. Bien que situé à seulement 163 km de Bunia, il faut plus de quatre heures de route dans des conditions parfois extrêmement difficiles pour y accéder. Ceci explique pourquoi Mambasa est très peu visité. C’est donc pour se faire une idée de la situation dans ce territoire qu’une mission conjointe de la MONUC composée des représentants de la Division des Affaires Politiques, des droits de l’Homme, de la Protection de l’Enfance, des Affaires Civiles et de l’Information Publique, s’y est rendue le 29 janvier dernier.

Par Carmine Camerini La mission a mis à profi t son bref séjour pour s’imprégner de nombreux problèmes qui se posent dans le territoire de Mambasa. Une chose frappe tout de suite, c’est le sentiment d’isolement économique qui se manifeste par une absence notoire de développement et même de partenaires dans ce domaine : aucune agence des Nations Unies, ni ONG internationale n’est en vue dans ce coin perdu. Toutefois, la situation sécuritaire est calme malgré quelques différends interethniques. « Il n’y a pas de problèmes de sécurité bien que nous ayons environ 100 hommes de troupes qui attendent leur brassage », a déclaré l’assistant administrateur du territoire, Bernard Ukerdolu. « Il y a encore quelques anciens éléments Les membres de la société civile de Mambasa lors de la rencontre de l’APC dans la forêt mais en règle avec la MONUC (Photo Ali Issiaka/MONUC) générale, aucun parti politique ou

11 MONUC BULLETIN N° 150 autres organisations présentes ici n’entretient des rapports avec les groupes armés», a-t-il souligné.

Mambasa est le moins représenté des territoires de l’Ituri au niveau national et provincial, avec deux élus à chaque niveau du fait du nombre peu élevé de sa population. Tous les représentants des partis présents à Mambasa sont d’accord sur un point : le manque de communication et de soutien de la part de leurs instances provinciales ou nationales est un serieux handicap. Pourtant, ils ont donné une leçon de civisme et de nationalisme dans le territoire en menant une campagne électorale apaisée et parfois en se présentant conjointement lors des grands meetings pour s’adresser à Une école ouverte à tous les enfants défavorisés la population. Les représentants de (Photo Carmine Camerini/MONUC) la société civile de Mambasa ont, quant à eux, sollicité un appui pour le renforcement de leurs capacités afi n de les détruit au bout de quatre à cinq mois. autorités de district à Bunia. se rendre plus aptes à assumer le rôle et A ce jour, ce sont environ 853 palmiers la responsabilité qui sont les leurs. qui ont été détruits. La population est La mission a aussi eu l’occasion de donc complètement désemparée devant visiter une école pour les enfants L’un des principaux produits le manque de moyens de l’autorité pygmées. L’existence de cette école d’exportation de Mambasa est l’huile territoriale qui ne peut les assister. se justifi e d’abord comme un moyen de palme. L’équipe a été informée d’un C’est donc un véritable cri de détresse pour encourager l’intégration de cette « mal mystérieux » qui s’attaque aux qu’elle a envoyé à la MONUC qui ne minorité dans la société, et ensuite palmiers depuis un certain temps et qui peut que relayer leur message aux comme une solution à leurs diffi cultés à payer les coûts exigés dans les écoles normales. L’éducation y est gratuite et leur culture respectée. Pourtant, les Pygmées émettent des réserves sur ces multiples initiatives entreprises en leur nom. Dans une interview à Radio Okapi, Malu Apiata, un Pygmée de Mambasa, accuse certaines ONG de les utiliser comme fonds de commerce pour leurs propres intérêts. « Désormais, s’il y a des associations qui s’occupent des Pygmées, il serait mieux que nous y soyons représentés. Cela nous permettra de savoir exactement ce qui se fait en notre faveur », dit-il, amer.

Il est vrai que la MONUC ne peut pas apporter des solutions miracles aux multiples problèmes de Mambasa, mais cette visite a eu le mérite d’éclairer et d’attirer l’attention des Les enfants de l’école de Mambasa pendant la récréation autorités congolaises sur la situation. (Photo Carmine Camerini/MONUC)

12 MONUC BULLETIN N° 150 Aru : Les ex-combattants toujours sur la brèche

Le 28 janvier dernier, Aru a été le théâtre de manifestations d’humeur des ex-combattants, tant sur le site de formation de l’ONG ADRA (Adventist and Development Relief Agency) que dans les rues de cette petite ville d’Ituri, située aux confins de la RDC, du Soudan et de l’Ouganda. Quelques jours auparavant, de nombreux démobilisés se pressaient devant les locaux de l’ONG « Adra » espérant voir apparaître leurs noms sur les listes des bénéficiaires, tant en ce qui concerne les filets de sécurité que les kits de réinsertion.

Par Marylène Seguy rues d’Aru réclamant leur kit de déjà reçu une formation en 2005 réinsertion. Cependant, aucun incident grâce à l’ONG « SECA » (Synergie à majeur n’a été signalé. Cette confusion l’Education Communautaire et Appui Ce jour, l’ONG ADRA a présidé, en générale est à mettre sur le compte à la Transition) fi nancée par l’Agence présence du colonel Xavier Duku, d’une divergence au niveau des listes américaine pour le développement représentant de la Commission des bénéfi ciaires notamment celle « USAID » mais d’autres selon Xavier Nationale de Démobilisation d’ADRA et l’autre établie par la Duku, ont tenté d’obtenir leurs kits de (CONADER) en Ituri, la cérémonie CONADER, dont les noms des inscrits réinsertion de manière frauduleuse. de clôture offi cielle des activités ne correspondent pas nécessairement. Les litiges concernent 191 ex- d’encadrement des ex-combattants combattants ayant reçu une formation à Aru. Ainsi, avant même la fi n des Il convient de signaler que la plupart au sein d’ADRA mais qui, cependant, discours protocolaires, la centaine de des fi lets de sécurité ont été payés, continuent à réclamer leur « dû ». démobilisés présents à la cérémonie a au total 110, en date du 29 janvier. commencé à protester contre Emmanuel Néanmoins, la CONADER poursuit Parmi eux, les ayant-droits n’ont pas Tshibangu, le superviseur d’ADRA, ses investigations portant sur 134 cas encore été clairement identifi és. La ainsi que le colonel Duku, estimant litigieux qui n’apparaissent pas sur les CONADER et ADRA ne semblent avoir été lésés par ces derniers. S’en documents de paiement mais dont les pas s’accorder quant à la liste sont suivies des protestations qui sont concernés sont pourtant en possession des participants au programme progressivement montées en puissance, d’une carte d’identité prouvant leur de réinsertion. Et certains ex- avant de baisser d’intensité, pendant démobilisation. combattants tentent de profi ter de que le colonel s’adressait à eux. Cependant, les kits de réinsertion l’actuelle confusion. Aussi, le colonel posent problème. En effet, selon le Duku devrait poursuivre encore ses Quelques heures plus tard, les colonel Duku, parmi les manifestants, investigations afi n de régler au mieux démobilisés ont manifesté dans les un certain nombre d’entre eux ont ce contentieux.

Quelques démobilisés au travail de champ (G) et l’assistance pendant la cérémonie de clôture des activités d’encadrement (Photos Marylène Seguy/MONUC)

13 MONUC BULLETIN N° 150 Supplément Santé Zoom sur l’Hôpital pédiatrique de Kalembelembe

Cet hôpital, du fait de sa spécificité, parce que le seul dans toute la République Démocratique du Congo (RDC) à avoir la capacité d’apporter des soins adéquats aux enfants atteints du VIH/Sida, le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-Moon, en venant au Congo fin janvier, y a porté son choix pour une visite. Quelque deux semaines après cette visite, nous avons décidé d’y retourner. Découverte.

Par Sy Koumbo

11 heures 30mn, nous venons de faire notre entrée dans l’enceinte de l’Hôpital pédiatrique de Kalembelembe situé dans la commune de Lingwala. La première des choses qui frappe en entrant dans ces lieux est la propreté et l’ordre qui y règnent. On n’y voit ni malades ni accompagnants traîner dans la cour. En levant un peu les yeux, on peut lire sur le fronton d’un couloir : Surveillant. C’est là-bas que nous sommes allés prendre les renseignements. Une infi rmière à qui nous nous sommes adressés, a accepté volontiers de nous conduire au bureau Ban Ki-Moon lors de sa visite à cet hôpital du Médecin Directeur. (Photo Myriam Asmani/MONUC) C’est dans son bureau, au premier soins intensifs/réanimation à partir de Le bâtiment au style colonial étant niveau que la visite a commencée. la salle de consultation, et ce sont les une sorte de duplex, nous montons, Mediatrice Biamungu -c’est son médecins qui le suivent pour faire leur ma collègue et moi, quelques marches nom- qui nous a chaleureusement diagnostic. au pas de charge, car nous avons de reçus, a en quelques mots expliqué La visite la peine à suivre l’infi rmière, qui, en le fonctionnement de cet hôpital, habituée des lieux, marchait plus vite notamment la chaîne de prise en Mais revenons à la visite, car du bureau que nous. Il y a ensuite un long couloir charge qui commence par la salle de de l’infi rmière en chef où nous étions, à traverser, quelques marches encore surveillance. C’est en effet le surveillant nous débouchons directement sur la à descendre et nous voilà devant le qui oriente les parents des malades salle d’hospitalisation. La salle, d’une bureau du Médecin-Directeur. Sur un vers la salle de réception. Là bas, capacité de 47 lits ne désemplit jamais long banc en face de ce bureau, une un administratif établit le dossier du selon l’infi rmière en chef. Francisca dame et son garçon âgé d’à peine 10 malade et un ou une infi rmière prélève Nianga, la quarantaine entamée, ans attendent sagement. Serait-ce le les paramètres vitaux (température, son bébé dans les bras est là depuis médecin ou quelqu’un d’autre ? On pouls etc..) avant de les envoyer au jeudi 1er fé février.vrier. Alors qu’elle attend ne le saura pas. L’infi rmière, elle, box de consultation où travaillent deux le médecin chargé de la visite, nous s’est glissée rapidement dans une salle médecins. Ici, après la consultation l’abordons : « Je suis venue parce que attenante -sans doute le secrétariat- où et selon les cas, soit on prescrit les cet hôpital pédiatrique a une excellente elle en est aussitôt ressortie pour nous médicaments en ambulatoire, soit réputation, je viens de la commune de demander de la suivre. Le médecin on envoie l’enfant en urgence/soins Bumbu située très loin d’ici, parce que était prêt à nous recevoir. Après les intensifs ou en hospitalisation. Mais j’apprécie la qualité du traitement ». salutations d’usage et après lui avoir attention, en fonction de l’urgence, Au vu du sourire qu’affi che la petite expliqué le motif de notre visite, elle c’est-à-dire si le cas du malade Valerie Muteba, 6 mois, qui avait nous confi era à l’infi rmière en chef nécessite une intervention rapide, fait une crise de paludisme quand sa qui se chargera de nous faire visiter les toutes ces étapes sont dépassées. Le maman l’a amenée en urgence dans lieux. malade est envoyé directement aux cet hôpital, il y a quelques jours, on

14 MONUCMONUC BBULLETINULLETIN N° 1150 peut dire que la maison n’a pas trahi maman d’une petite fi lle sa réputation. Plus loin dans un lit dont qui est sous oxygène la propreté des draps est frappante, parce qu’elle a toutes dort paisiblement un bébé d’un an les peines du monde environ, entouré de ses nounours. Sur à respirer pleure, une lui veille, l’air serein, celle qu’on nous autre dont l’enfant a des présentera comme sa grand-mère. convulsions, prie alors L’enfant, qui a été transféré dans cet que l’infi rmier tente hôpital depuis le 25 janvier avait fait de la calmer. André une crise de méningite, nous explique Tshilumbayi qui essaye l’infi rmière :« Aujourd’hui il est sauvé, d’alléger les souffrances mais nous craignons des séquelles, de l’enfant en lui faisant c’est pourquoi nous avons demandé une aspiration pulmonaire des examens supplémentaires sur le explique: « l’enfant est plan neurologique et nous attendons sous oxygène parce qu’il l’interprétation du médecin. Après cela, a de la peine à respirer. s’il n’y a aucun danger, l’enfant rentrera Ses poumons sont chez lui », nous précise t-elle. Shahiné encombrés. La maman est vient de la commune de la Gombe. Sa certes inquiète, mais nous petite fi lle (8 ans environ) a fait une faisons tout ce qu’il faut crise de paludisme, elle aussi, et est pour soigner l’enfant ». sous perfusion. Mais Jennifer ramenée Entre deux sanglots, en catastrophe la veille va beaucoup elle-même dit qu’elle fait Un enfant malade sur son lit d’hôpital mieux aujourd’hui. Selon les dires de confi ance aux infi rmiers (Photo Ado Abdou/MONUC) l’infi rmière, si la situation évolue bien, de cet hôpital, et elle croit que son cet hôpital, en dehors du personnel, ne elle quittera l’hôpital le lendemain de enfant s’en sortira. connaissent pas la spécifi cité de cette notre visite. Quand, au moment de Au responsable du service à qui nous unité qui, depuis quelques années, est sortir nous lui avons souhaité prompte avons demandé s’il n’y avait pas de prise en charge par l’Université de guérison, Jennifer, sourire en coin, nous diffi cultés, la réponse tombe tout de Caroline du Nord (Etats-Unis). Deux a dit « merci ». suite: « Nous avons les moyens qu’il médecins et 3 infi rmiers, plus une faut, même si nous ne sommes pas assistante psycho-sociale sont formés La deuxième étape de notre visite est au top. Mais nous avons besoin d’un spécialement à cet effet. Ce sont eux le laboratoire d’analyses ; en face, les monitoring (un appareil qui permet qui assurent depuis plusieurs années le mamans ou les papas qui ont amené d’avoir sur écran le mouvement du suivi de près de 1.000 enfants -de 0 à leurs enfants attendent sagement les cœur et de certains paramètres vitaux) 19 ans- répertoriés par leurs services. résultats. Mme Moubande Yalala et d’un extracteur d’oxygène (appareil L’unité en fait travaille en aval avec les Domitila, la responsable, bien que qui contrairement aux bonbonnes, une maternités qui suivent les parturientes l’air débordé, a accepté de nous dire fois branché au courant comprime dès le début de leurs grossesses. quelques mots : « Ici nous faisons 100 lui-même l’oxygène et le redistribue Lorsque celles-ci volontairement à 150 analyses par jour et comme nous en cas de besoin)…nous en avons un acceptent de se faire dépister et que l’on sommes dans une zone endémique, mais il est tombé en panne à cause de découvre leur séropositivité, elles sont nous faisons beaucoup de GE (Goutte la surutilisation ». référées à Kalembelembe. Une fois que épaisse) pour détecter la malaria, (75% la maman a accouché, le bébé est mis des cas) parce que le médecin suppose Maladies infectieuses sous ARV (anti- rétro viraux) à partir que chaque enfant peut faire la malaria. de 6 mois, la mère aussi. « Mais ici Il y a aussi les GB (globules blancs) à L’autre unité qui fait la grande chez nous, si les médecins constatent cause des infections, et les selles parce spécifi cité de cet hôpital est l’unité des signes cliniques qui font référence que les milieux sont souvent souillés ». des maladies infectieuses qui prend en à la maladie, l’enfant subit des tests Au laboratoire, ils sont 8 à abattre charge les enfants atteints du VIH/Sida avec l’accord de ses parents. Et si le ce boulot méticuleux ; il s’agit de 6 et ceux qui souffrent de tuberculose ; test est positif, on le prend en charge. biochimistes et de 2 infi rmiers. Tout à la seconde étant souvent une infection Il est arrivé que l’enfant soit positif côté, c’est la salle de réanimation/soins opportuniste liée au Sida. Ici, pour et que les parents refusent de se faire intensifs. D’une capacité de 9 lits, tous éviter la stigmatisation, les malades dépister. Mais nous, on ne désespère occupés, cette salle est bien équipée : ne sont pas gardés ; ils sont plutôt pas. Il est arrivé que ce soit au bout de masques à oxygène, bonbonnes d’air. suivis en ambulatoire. D’ailleurs trois ans que les parents aient donné Les infi rmiers sont très affairés, la beaucoup de personnes venant dans

15 MONUCMONUC BBULLETINULLETIN N° 1150 leur accord, ils développaient déjà la travaillant dans cette unité n’en pose mêmes à ceux qui en ont besoin », a maladie », souligne Maman Théthé, pas moins le problème des effectifs. conclu Jean-Pierre Ndaye lui-même une des infi rmières. « Nous avons besoin que notre effectif infi rmier. Si leur fi erté est de voir certains de leurs soit renforcé pour qu’on puisse malades bien évoluer, le personnel continuer à donner le meilleur de nous

------Dr Akele : « 8 pour cent seulement des personnes malades au Congo ont accès aux ARV »

Docteur Akele, qui est le Médecin directeur de cet hôpital, nous a fait la genèse de cet hôpital et les diffi cultés auxquelles il est confronté.

Dr Akele: L’Hôpital pédiatrique de Kalembelembe a été créé en 1948 par la Croix Rouge de Belgique et à l’indépendance est devenu la propriété de la Croix-Rouge du Congo. En 1973, l’hôpital est passé sous l’autorité de l’Etat congolais qui l’a ensuite cédé en gestion à la Croix Rouge du Congo à partir de 1988. C’est donc en co-gestion que travaillent aujourd’hui la Croix Rouge du Congo et celle de la Belgique qui est notre partenaire principal.

Quels sont les moyens dont dispose La Directrice de l’Hôpital appelle à un soutien des personnes l’hôpital vu la sollicitation dont vous de bonne volonté (Photo Ado Abdou/MONUC) faites l’objet ? par ailleurs à la construction et la à nos besoins. Le Fonds des Nations Dr Akele: Il y a d’abord les moyens de réhabilitation de certains de nos Unies pour l’Enfence (UNICEF), le l’Etat, lequel a mis à notre disposition bâtiments. C’était le cas du bloc Pam interviennent aussi pour l’unité les locaux et ses agents. L’Etat a un pédiatrique, de la pharmacie que vous de nutrition thérapeutique. droit de regard sur l’hôpital, c’est lui avez vue à l’entrée, du service de néo- qui nous donne certaines directives, natalogie et des soins intensifs. D’autres Vous avez une spécifi cité, vous êtes et de ce point de vue il apporte aussi bailleurs tels que la Banque Mondiale le seul hôpital en RDC qui soigne les son concours pour le fonctionnement sont intervenus à travers la Croix enfants atteints du VIH…. de l’hôpital. Récemment, nous avons Rouge de Belgique pour construire reçu des médicaments de l’Etat dont la morgue et le nouveau bâtiment Dr Akele: Oui, nous avons une unité les ARV (anti-retro-viraux) que nous administratif, parce que, à un moment de maladies infectieuses. Cette unité a donnons gratuitement aux enfants donné le personnel était à l’étroit. On a commencé à fonctionner d’abord avec malades. Quelques équipements ont eu aussi un fi nancement de la MONUC la Croix Rouge de Belgique. On faisait été aussi donnés tels les appareils de lors d’une visite de Kofi Annan en du traitement ambulatoire, notamment radiographie, d’échographie et de RDC. C’est le groupe électrogène qui aux enfants atteints de tuberculose laboratoire. Mais le partenaire principal nous dépanne lorsqu’il y a coupure et comme vous le savez sans doute, reste la Croix Rouge de Belgique de courant. Des privés interviennent la tuberculose est une des infections qui intervient d’abord sur le plan de aussi, c’est le cas de Vodacom, parce opportunistes liées au Sida. C’est en la gestion ; parce que nous avons un que nous ne restons pas les bras croisés 2004 que la Croix Rouge a trouvé un système de gestion, sain et transparent. pour attendre, nous cherchons nous partenaire, l’Université de Caroline La Croix Rouge de Belgique aide même des fi nancements pour faire face du Nord (UNC) qui a mis en place le

16 MONUC BULLETIN N° 150 projet SARA (acronyme anglais qui nous les laissons signifi e suivi et traitement en ARV) partir. Il arrive en introduisant les ARV, la prise en même que ce charge psycho-sociale, la prévention de soit le personnel la transmission de la mère à l’enfant. qui cotise pour On travaille donc avec les maternités payer certaines pour sensibiliser les femmes enceintes factures. En à se faire dépister et celles qui sont principe, lorsqu’ malades à se faire suivre. N’ayant pas un parent vient suffi samment de médicaments parce avec son certifi cat que le traitement en ARV est à vie, d ’ i n d i g e n c e , nous avons choisi certains enfants que généralement ce nous suivons. Récemment, comme sont des familles le gouvernement nous a fait un don des militaires en ARV, nous avons augmenté notre ou des policiers, capacité en traitement. Aujourd’hui, nous les traitons Les mères au chevet de leurs enfants malades (Photo Ado Abdou/MONUC) il y a plus de 600 enfants qui sont et nous envoyons suivis chez nous. Mais évidemment les factures soit à l’Hôtel de Ville, mais le système de retraite n’étant pas nous voulons repiquer ces cas dans à l’armée ou à la police, mais ces organisé, nous sommes bloqués. d’autres régions du Congo. Ailleurs, 18 factures ne sont jamais payées. Or nous pour cent des personnes en besoin ont avons des charges quotidiennes et bien Un message ? accès aux ARV, au Congo on est à 8%, d’autres auxquelles il nous faut faire c’est limite ; sans compter que nous face, tels les fournitures de bureau, les Dr Akele: Je voudrais dire que la avons besoin des gens formés pour le factures d’électricité etc.. ; connaissant santé n’a pas de prix. Partout dans le suivi des malades, parce qu’il y a des les salaires de l’Etat, nous donnons monde la santé coûte chèr. Il faudrait contrôles réguliers à faire. Ce que nous aussi des primes de motivation pour un système d’aide, de prise en charge ; faisons n’est qu’une goutte d’eau dans que le personnel ne rançonne pas les en clair un système de sécurité sociale l’océan des problèmes que constitue le malades, nous prenons en charge les et c’est à l’Etat d’organiser tout cela. Sida. soins de leurs familles. Et tout cela Il y a beaucoup de gens dans ce demande des fonds. Vous avez vu la pays qui ne travaillent pas, avec les Quelles sont les diffi cultés que vous salle de chirurgie pédiatrique qui a nouvelles institutions qui viennent rencontrez ? besoin d’équipements performants, il y d’être mises en place, on espère que a l’unité de néo natalogie qui demande toutes les conditions seront réunies Dr Akele: Les diffi cultés ne manquent à être équipée. Ce sont des besoins pour permettre aux Congolais pas. D’abord il y a le fait que la pour lesquels nous demandons l’aide d’accéder à l’emploi et de cette façon plupart des parents ne payent pas leurs des personnes de bonne volonté. Nous les gens pourront avoir la possibilité factures. C’est vrai que nous essayons avons aussi un personnel vieillissant que de prendre convenablement en charge de les motiver à payer, mais compte nous voulons renouveler pour continuer la santé de leurs familles. tenu de l’état d’indigence de certains à être performants dans notre travail,

L’hopital de Kalembelembe en chiffres

L’hôpital de Kalembelembe qui est aussi vieux que le Congo colonial a 59 ans d’existence. Son personnel est estimé aujourd’hui à 151 personnes dont 51 infi rmiers, 11 médecins parmi lesquels 3 pédiatres et 2 médecins spécialistes en maladies infectieuses notamment le VIH /Sida. L’hôpital a une capacité d’accueil de 91 lits dont 9 en soins intensifs/réanimation et une morgue d’une capacité de 9 lits. L’hôpital dispose de 3 services (ambulatoire, hospitalisation et soins intensifs) auxquels vont s’ajouter le bloc de chirurgie pédiatrique (dont la construction vient d’être achevé et qui attend d’être équipé) et le service de néo natalogie. Il accueille un minimum de 50 enfants par jour soit 1500 traités par mois et suit prés de 1000 enfants -0 à 19 ans- atteints du VIH/Sida. L’hôpital fonctionne sur fonds propres d’où la nécessité pour les parents de payer les factures (les frais d’hospitalisation pour cas de paludisme varie selon la complexité de la maladie. 20$ pour 3 à 4 jours d’hospitalisation et près de 200$ lorsque la maladie se complique et nécessite plusieurs jours de traitement).

17 MONUCMONUC BBULLETINULLETIN N° 1150 Coin des contingents

Le contingent bangladais intervient en faveur de l’orphelinat de Bunia

Le 3 février dernier, le commandant du contingent bangladais (BANBATT), le lieutenant colonel Selim Mohammad Bahar a fait un don de vivres à l’orphelinat de Bunia. Ce don est un geste humanitaire de la part de ce contingent.

Par Carmine Camerini de la Congrégation, l’orphelinat a bénéfi cié de l’aide de l’entreprise minière « KILOMOTO » jusqu’en Immaculée et 1981. Par la suite, les sœurs ont réussi Sœur Joséphine, à survivre grâce aux revenus de leurs qui depuis activités d’infi rmières notamment, plusieurs années alors qu’elles n’avaient qu’un petit font œuvre nombre d’enfants à leur charge. « d’héroïsme » Aujourd’hui la guerre a fait exploser quotidien pour le nombre, le faisant passer à soixante- les secourir et dix orphelins à Bunia et dix à Goma. leur permettre de survivre. Depuis 2001, plus de 150 orphelins R é c e m m e n t , ont pu bénéfi cier du gîte et du couvert pour pouvoir des Sœurs Immaculée et Joséphine. subvenir à Une trentaine d’entre eux ont été déjà leurs besoins réinsérés dans des familles d’accueil. alimentaires, ces Malheureusement, une dizaine ont braves femmes perdu la vie à cause de deux facteurs ont commencé à concomitants : d’un côté les très faire de la culture mauvaises conditions dans lesquelles Le commandant du contingent bangladais en visite m a r a î c h è r e , ils vivent à l’orphelinat, et de l’autre à l’orphelinat de Bunia ce qui, l’insuffi sance des moyens pour les (Photo Carmine Camerini/MONUC) soigner contre les maladies. L’importance de cette intervention malheureusement, ne permet pas est d’autant plus évidente que les d’assurer le minimum indispensable. Cette première intervention ne restera orphelins qui constituent le groupe le pas la dernière, car le commandant plus vulnérable de la société ne sont Créé en 1928 grâce à l’œuvre des Sœurs Bahar leur a promis le soutien continu pris en compte que partiellement dans du BANBATT jusqu’à les stratégies internationales de la ce qu’une solution protection de l’enfance. Les structures et durable soit trouvée les individus qui font œuvre d’extrême pour garantir la survie courage et de dévotion pour faire face ainsi que l’amélioration à cette problématique ne reçoivent pas des conditions de vie un soutien conséquent correspondant de ces orphelins. à cette préoccupation.

Ainsi, l’orphelinat de Bunia accueille 70 orphelins de guerre âgés entre zéro et neuf ans, qui proviennent de toute la région. Ils sont sous la protection et la responsabilité de deux sexagénaires Remise du don des Casques bleus bangladais religieuses congolaises, Soeur à l’orphelinat de Bunia (Photo Carmine Camerini/MONUC)

18 MONUCMONUC BBULLETINULLETIN N° 1150 Kindu : Le contingent indien célèbre l’indépendance de son pays

A l’occasion du 58ème anniversaire de l’indépendance de la République de l’Inde, le 26 janvier dernier, le contingent indien de la MONUC en poste à Kindu a organisé une série de manifestations qui se sont étalées sur deux jours.

Par Abou Mouhilou Seidou

L'anniversaire de l’indépendance de la République de l’Inde a été marqué par une cérémonie de levée du drapeau indien aux côtés de celui des Nations Unies, sous la direction du Commandant RGK Kapoor VM. Cette cérémonie a été suivie du traditionnel dîner des offi ciers auquel ont pris part les membres des autres contingents en poste à Kindu, notamment le commandement du contingent bolivien. Le jour suivant était consacré aux activités sportives, culturelles et à des jeux divers.

Quelque 70 enfants de l'orphelinat « Mungu ni Mapendo kwa wote », conviés à la célébration par les Casques Un Casque bleu en pleine consultation d’un enfant malade bleus indiens ont pu bénéfi cier de tests (Photo Contingent indien/MONUC) médicaux gratuits, et ont eu l’opportunité de s’adonner à des activités sportives, à Pour le Commandant Kapoor, il s'agissait toute autre personne. Il fallait donc l’issue desquelles des cadeaux ont été de toucher une catégorie de personnes les approcher et festoyer avec eux, offerts aux vainqueurs et un repas à vulnérables qui n’a pas suffi samment de cela dans le but de promouvoir tous. soutien, et qui a droit à la vie comme la paix, ainsi que le bien-être de l’enfant congolais. Une initiative saluée par Madame Okoko, en charge de ces orphelins, qui a exprimé sa reconnaissance envers le contingent indien et la MONUC. La mission habituelle du contingent indien est de faciliter les opérations aériennes à l'aéroport de Kindu.

Les enfants et les Casques bleus indiens pendant les preparatifs de la fête (Photo Contingent indien/MONUC)

1919 MONUCMONUC BBULLETINULLETIN N° 1150 Portrait: Geraldine McEwen : fermeté et patience !

Kisangani aura été la dernière étape du séjour en République Démocratique du Congo du Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon le 28 janvier 2007. Une étape chargée : hommage aux Casques bleus morts pour la cause de la paix, rencontre avec le personnel de la MONUC/Kisangani, entretien avec le Président Kabila, conférence de presse à l’aéroport etc. Régler un tel programme a fait l’objet d’une mobilisation extrême de toutes les sections de la MONUC/Kisangani et de la Division de l’Est. Portrait d’un des personnages clé du dispositif : Geraldine McEwen, assistante du coordonnateur régional de la sécurité de la MONUC/Kisangani. Son rôle : concilier les impératifs de sécurité et l’assistance aux journalistes. Par Claude Cirille

« Un défi », ainsi Geraldine McEwen, assistante administrative qui supervise aussi la section des cartes d’identifi cation, auprès du coordonnateur régional de la sécurité de la MONUC/Kisangani, décrit- elle l’expérience qu’elle a vécue à l’occasion de la visite à Kisangani du Secrétaire général des Nations Unies, Mr Ban Ki Moon fi n janvier. Son chef, Michael Muchiri lui avait confi é une mission toute nouvelle : assurer, en liaison avec le bureau de l’Information publique de la MONUC/Kisangani, l’assistance aux journalistes couvrant l’étape « boyomaise » du voyage du Geraldine McEwen sait manier la souplesse et la fermeté Secrétaire général. 75 journalistes, (Photo Claude Cirille/MONUC) venus de Kinshasa, Kisangani et du monde entier à gérer. 75 individualités où elle a été affectée en août 2005, au coordonnateur régional de la sécurité aux exigences parfois contradictoires département de la sécurité. Un parcours de la MONUC/ Kisangani, son chef qu’il fallait encadrer, mais surtout bien varié qui aura ainsi appris à ne tarit pas d’éloges. Il souligne la aider, en leur permettant de collecter Geraldine McEwen à s’adapter à toutes personnalité plaisante et les bonnes et de transmettre au plus vite les les situations. Son travail quotidien : relations qu’elle sait entretenir informations sur la visite du Secrétaire la supervision du service de sécurité, avec tous, notamment les collègues général, tout en respectant leurs délais. la planifi cation du travail. Géraldine nationaux. « Elle est la preuve », dit « J’ai adoré faire ce travail », dit doit assister à de nombreuses réunions Michael Muchiri, «que la sécurité n’est Geraldine McEwen, femme énergique, consacrées aux questions de sécurité. pas une affaire réservée aux hommes». mais patiente, qui évolue depuis 15 ans Cela requiert un sens de l’organisation. « 75 journalistes à nouveau sur le sol dans le système des Nations Unies, Sa journée commence d'ailleurs par la de Kisangani ? Ils peuvent revenir », notamment au PNUD, à la FAO et à mise en place d’un bon plan de travail. dit Geraldine McEwen, avec ce sourire l’UNFPA. Ces organisations n’ont Géraldine qui dit aimer ce qu’elle fait, en coin, car « si c'était à refaire, je le aucun secret pour elle. C’est en 1999 précise : «J’ai de bons rapports avec referais ». Elle souhaite surtout que la qu’elle a rejoint les Opérations de mes collègues des deux sexes ». MONUC puisse atteindre les objectifs Maintien de la Paix des Nations Unies ; qui lui ont été assignés ; « Je souhaite, d’abord dans son pays, la Sierra- Au fi l des années, et dans le but de dit-elle que le Congo soit un pays Leone (UNAMSIL), ensuite à Timor progresser, elle n’a pas hésité à suivre, stable, dans lequel tout un chacun Est (UNMISET), où elle a assumé les parallèlement à son travail, plusieurs pourra vivre en paix » fonctions de greffi ère au "Special Panel formations disponibles au sein des for Serious crimes", enfi n au Congo Nations Unies. Michael Muchiri,

20 MONUCMONUC BBULLETINULLETIN N° 1150 Directeur de Publication Rédaction Contact: Mario Zamorano Fabrice Badibanga, Sy Koumbo, Adele Lukoki, Myriam Division de L’Information Publique/ Rédacteur en chef Abedi MONUC Nana Rosine Ngangoué Tel: 00 243 818906836/ 001 212 963 0103 Centralisation, Composition Coordination et Secrétariat et Mise en page (extension 6836) de rédaction Adele Lukoki E-mail: [email protected] Sy Koumbo S. Gali Kinshasa/R.D.C.

2121 MONUCMONUC BBULLETINULLETIN N° 1150