Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général

Vendredi 27 septembre 2013 Ensemble intercontemporain

Dans le cadre du cycle Rêves du 17 au 29 septembre

Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Vendredi 27 septembre 27 | Vendredi 2013 Ensemble intercontemporain Cycle Rêves

Les songes de Sylvia Plath, l’imaginaire de Couperin, la vision wagnérienne de Jonathan Harvey… Dans les rêves, tous les artifices semblent naturels.

« À la lumière de quelques bougies, sur un écran rond comme la lune suspendu au-dessus du clavecin, défilent des vignettes peintes à la main dans un dialogue libre et rêveur avec les pièces de François Couperin. » C’est ainsi que Louise Moaty résume le spectacle pour lanterne magique qu’elle a conçu avec la complicité du claveciniste Bertrand Cuiller. Elle a peint elle-même les images sur les plaques de verre qu’elle manipule, créant une féérie d’effets – des cascades d’eau, le soleil qui perce à travers les nuages… – tandis que l’on écoute des pièces évocatrices de Couperin (L’Amphibie, Les Ombres errantes, Les Tours de passe-passe…), de Pancrace Royer (La Marche des Scythes) ou de Rameau (Les Tendres Plaintes).

Jonathan Harvey, disparu en 2012, avait tiré deux interludes et une scène de son opéra Wagner Dream, créé en 2007 sur un livret de Jean-Claude Carrière. L’œuvre évoque la mort de Wagner, à Venise, victime d’une crise cardiaque tandis qu’il se souvient des Vainqueurs, un projet lyrique abandonné sur l’amour entre l’intouchable jeune fille Prakriti et le moine Ananda. Le premier interlude, comme l’expliquait Harvey, relate « le voyage qu’entreprend l’esprit de Wagner ». La scène qui suit se compose d’un air narratif chanté par Ananda et d’une ballade chantée par Prakriti. Le second interlude, enfin, prend la forme d’une danse lente au cours de laquelle les deux personnages s’attirent sans jamais se toucher. À ce singulier rêve wagnérien répond une création de Matthias Pintscher intitulée Bereshit, comme le premier mot de la Genèse, qui signifie « commencement ».

Sonia Wieder-Atherton joue Benjamin Britten. Charlotte Rampling prête les subtilités de sa voix aux poèmes de l’écrivaine américaine Sylvia Plath, qui mit tragiquement fin à ses jours en 1963. L’écriture de Plath, d’une force rarement égalée dans l’histoire de la littérature, fait ressortir les aspérités qui habitent le lyrisme des pages de Britten. Comme si la musique se mettait à rêver à voix haute, au fil de la plume de celle qui, dans sa nouvelle de 1958 intitulée Johnny Panic and the Bible of Dreams, se décrivait ainsi : « Chaque jour, de neuf heures à cinq heures, je suis assise à mon bureau […] et je dactylographie les rêves des autres. »

2 DU mardi 17 AU dimanche 29 septembre

MARDI 17 SEPTEMBRE – 20H VENDREDI 27 SEPTEMBRE – 20H DIMANCHE 29 SEPTEMBRE – 16H30

La Lanterne magique de M. Couperin Anton Webern/Johann Sebastian Danses nocturnes Bach Musique de Michel Corrette, François Fuga (Ricercata) – extrait de L’Offrande Textes de Sylvia Plath Couperin, Jean-Philippe Rameau et Musicale Joseph-Nicolas Pancrace Royer Jonathan Harvey Musique de Benjamin Britten Two Interludes and a Scene for an Opera Bertrand Cuiller, clavecin Charlotte Rampling, voix Louise Moaty, projections Sonate pour violoncelle Sonia Wieder-Atherton, violoncelle Matthias Pintscher Bereshit

Ensemble intercontemporain Matthias Pintscher, direction Claire Booth, soprano Gordon Gietz, ténor Pierre Strauch, violoncelle Carl Faia, Gilbert Nouno, réalisation informatique musicale Ircam

Avant-concert à 19h à l’Amphithéâtre.

3

VENDREDI 27 SEPTEMBRE 2013 – 20H Salle des concerts

Johann Sebastian Bach/Anton Webern Fuga (ricercata) a 6 voci – extrait de L’Offrande musicale BWV 1079

Jonathan Harvey Two Interludes and a Scene for an Opera* entracte

Bernd Alois Zimmermann Sonate pour violoncelle seul

Matthias Pintscher Bereshit Commande de l’Ensemble intercontemporain et du Saint Paul Chamber Orchestra – Création française

Claire Booth, soprano Gordon Gietz, ténor Pierre Strauch, violoncelle Ensemble intercontemporain Matthias Pintscher, direction

* Réalisation informatique musicale Ircam : Gilbert Nouno et Carl Faia Ingénieur du son Ircam : Franck Rossi

Concert diffusé le 14 octobre à 20h sur France Musique.

Coproduction Cité de la musique, Ensemble intercontemporain, en partenariat avec l’Ircam - Centre Pompidou.

Fin du concert vers 22h.

Johann Sebastian Bach (1685-1750)/Anton Webern (1883-1945) Fuga (ricercata) a 6 voci – extrait de L’Offrande musicale BWV 1079

Composition : original de Bach, mai-juillet 1747 ; transcription de Webern, décembre 1934-février 1935. Dédicace : Edward Clark. Création : le 25 avril 1935 à Londres par l’Orchestre de la BBC sous la direction du compositeur. Effectif : flûte, hautbois, cor anglais, clarinette, clarinette basse, basson, cor, trompette, trombone, timbales, harpe, cordes. Durée : environ 7 minutes.

Au même titre que les Variations Goldberg ou L’Art de la fugue, deux œuvres qui la suivent et la précèdent et qui, comme elle, célèbrent la géniale invention contrapuntique, L’Offrande musicale BWV 1079 constitue un des chefs-d’œuvre de la fin de la vie de Bach. Particulièrement reconnaissable, notamment grâce à l’arpège initial et la longue descente chromatique centrale, le « thème royal », soumis à Bach par Frédéric II de Prusse lors de leur rencontre le 7 mai 1747, donne lieu à une extraordinaire diversité de réalisations, depuis le canon à deux voix jusqu’à la sonate en trio, en passant par la fugue et le ricercar – la fuga ricercata constituant la forme la plus complexe et la plus aboutie de l’écriture contrapuntique. C’est sans doute la raison pour laquelle Webern choisit de transcrire ce ricercar à six voix, ou plus précisément d’en livrer une analyse en musique, un commentaire proprement musical. En effet, la mélodie de timbres, ou Klangfarbenmelodie (principe qui consiste à attribuer à différents instruments, différents timbres, les notes d’un thème ou d’une mélodie), permet au transcripteur de mettre en valeur tel intervalle, tel motif, telle dissonance – sans jamais rompre la fluidité ni la souplesse de la musique de Bach. Comme l’écrit Webern au chef d’orchestre Hermann Scherchen : « Mon instrumentation essaye de mettre à nu les relations motiviques. Cela n’a pas toujours été facile. Naturellement, elle veut, au-delà, montrer comment je sens le caractère du morceau, de cette musique ! (...) Rien ne doit être mis à l’arrière-plan ! Pas même le plus minime son de trompette bouchée ne doit être perdu. Tout est essentiel dans cette œuvre et dans cette transcription. » Cette volonté de rendre clairs et compréhensibles la forme et le discours musicaux est aussi inscrite dans l’utilisation de la technique dodécaphonique, exploitée magistralement dans les propres œuvres de Webern au cœur des années 1930 et qui se voit irriguée par le style contrapuntique de Bach dont la modernité est à nouveau révélée ici.

Grégoire Tosser

7 Jonathan Harvey (1939-2012) Two Interludes and a Scene for an Opera

Composition : 2005. Commande : Two Interludes a initialement été commandé par l’ensemble Sinfonia 21 avec le soutien de la Fondation Gulbenkian, puis par le London Sinfonietta avec le soutien du Arts Council England ; Scene (et le reste de l’opéra Wagner Dream) a été commandé par l’Ircam- Centre Pompidou, le Nederlandse Opera, le Grand Théâtre de Luxembourg et le Holland Festival. Réalisation informatique musicale Ircam : Gilbert Nouno et Carl Faia. Création : le 25 mars 2006 à Paris, Centre Pompidou, par l’Ensemble intercontemporain pour Scene, le 17 mars 2004 à Londres, au Queen Elizabeth Hall, par le London Sinfonietta et Martyn Brabbins, pour Two Interludes. Effectif : soprano solo, ténor solo, flûte/flûte piccolo/flûte en sol, hautbois, clarinette en si bémol/clarinette en la, clarinette en la/clarinette basse/clarinette en si bémol, basson/contrebasson, cor, trompette/bâton de pluie, trombone, tuba, 2 percussions, clavier numérique, harpe, 4 violons, 2 altos, 2 violoncelles, contrebasse. Éditeur : Faber. Durée : environ 30 minutes.

Mon travail sur Wagner Dream, qui évoque l’instant de la mort du compositeur, a précisément commencé par l’écriture de ces deux Interludes. C’est un instant chargé de réflexions sur Bouddha et sur l’opéra que Wagner projetait de composer sur la superbe légende de Prakriti, l’humble paysanne, et d’Ananda, le cousin et disciple du Bouddha Shakyamuni. Wagner rédigeait un texte sur cette légende lorsqu’il a été foudroyé. Le premier Interlude évoque la crise cardiaque qui l’a frappé et le voyage de son esprit immédiatement après, à travers l’Esprit clair et les « mille tonnerres ». Dans le bouddhisme, l’état dans lequel se trouve l’esprit au moment de la mort détermine l’existence future.

La Scène apparait plus tard dans l’opéra et est reprise du drame des Vainqueurs, le projet de légende bouddhiste sur lequel Wagner travaillait. C’est un moment « classique », une déclaration formelle des deux personnages principaux. On y entend une aria narrative d’Ananda et une ballade de Prakriti qui lui répond. Partant de cet élément formel, le drame (filtré par l’imagination de Wagner à l’article de la mort) suit les aventures de l’esprit inconscient. Mais avant cela, le second Interlude exprime le désir d’amour, et de transcendance par l’amour, que Prakriti commence à manifester. Cette page est une lente danse de séduction entre les deux personnages, qui ne se touchent pourtant jamais. La Scène mène directement et sans interruption au second Interlude, pour lequel j’utilise un important dispositif électronique en direct et des sons enregistrés. Chaque instrument peut faire l’objet d’un traitement électronique, que ce soit individuellement, de manière polyphonique ou en groupes. Carl Faia a assuré la programmation de l’informatique musicale de Two Interludes.

Un concours financier a été généreusement apporté par la Fondation Gulbenkian et l’Arts Council d’Angleterre pour les recherches en matière de traitements électroniques. Les Interludes ont été composés à l’invitation du London Sinfonietta. L’électronique de la Scène (et du reste de l’opéra) a fait l’objet d’une commande conjointe de l’Ircam, du Nederlandse Opera et du Grand Théâtre de Luxembourg. Gilbert Nouno est le réalisateur en informatique musicale de ce travail gigantesque.

Jonathan Harvey 8 Jonathan Harvey Two Interludes and a Scene for an Opera

Prakriti Prakriti Are you really a noble man? Êtes-vous vraiment un noble ?

Ananda Ananda Not any more. Plus maintenant

Prakriti Prakriti What do you mean? Que voulez-vous dire ?

Ananda Ananda I’ve left these words behind. They don’t mean anything to J’ai laissé ces titres derrière moi. Ils ne signifient plus rien me now. pour moi à présent.

Prakriti Prakriti But you’re a cousin of Prince Siddartha? Mais vous êtes bien un cousin du Prince Siddhârta ?

Ananda Ananda Yes. And, as you see, one of his followers. Oui. Et comme vous pouvez le voir, un de ses disciples.

Prakriti Prakriti Tell me about him. Parlez-moi de lui.

Ananda Ananda What do you want to know? Que voulez-vous savoir ?

Prakriti Prakriti Why he is called the Buddha. The awakened one. Pourquoi l’appelle-t-on Bouddha. L’être éveillé.

Ananda Ananda Because he left his palace by the water, a long time ago. Car il a quitté son palais au bord de l’eau, il y a fort He wanted to know why we suffer. He wanted to know longtemps. Il voulait découvrir pourquoi nous souffrons. Il why suffering is our condition. And how we could be voulait comprendre pourquoi la condition humaine est de saved from it. He asked many people, he visited many souffrir, et comment nous en libérer. Il a interrogé places, he retired to the forests. Until one day he beaucoup de monde, visité de multiples régions, s’est awakened. He understood everything. He understood retiré dans des forêts. Jusqu’à ce qu’un jour, il s’éveille. Il why suffering is our condition. He understood why we comprit tout. Il comprit pourquoi la souffrance est notre suffer. He understood how we could be freed. And he condition. Il comprit pourquoi nous souffrons et comment started walking, going everywhere preaching. I followed nous libérer. Alors, il a commencé à marcher, à pêcher un him. peu partout. Et je l’ai suivi.

Prakriti Prakriti Then why do the brahmins reject him? Alors, pourquoi les brahmanes le rejettent-ils ?

9 Ananda Ananda Because he tells the truth. Parce qu’il enseigne la Vérité.

Prakriti Prakriti How is your life? Et quelle est votre vie ?

Ananda Ananda We go chanting, begging, meditating. Nous chantons, nous mendions, nous méditons.

Prakriti Prakriti Why do you meditate? About what? Pourquoi méditez-vous ? À propos de quoi ?

Ananda Ananda We try to overcome our desires and hatreds. Nous essayons de vaincre nos désirs et nos animosités.

Prakriti Prakriti You have desires? Vous avez des désirs ?

Ananda Ananda Some. Quelques-uns.

Prakriti Prakriti Which desires? Tell me! Quels désirs ? Racontez-moi !

Ananda hesitates then says: Ananda hésite puis déclare :

Ananda Ananda My cousin says I’m too fond of women. And it’s a Mon cousin dit que j’aime trop les femmes. Il dit aussi que weakness, he says. c’est une faiblesse.

Prakriti Prakriti Why is it a weakness? Pourquoi est-ce une faiblesse ?

Instead of answering her question, Ananda says: Au lieu de répondre à sa question, Ananda demande :

Ananda Ananda What about you? What do you expect from life? Et toi ? Qu’attends-tu de la vie ?

As an answer, she sings a ballad: En réponse, elle se met à chanter une ballade :

Ballad Ballade She met an old man on her way Elle rencontra un vieil homme sur son chemin He asked her: where are you going? Il lui demanda : où allez-vous ? She said: I’m looking for a prince Elle répondit : je cherche un prince Don’t waste your time, said the old man. Ne perdez pas votre temps, dit le vieil homme.

10 When she came back, night had fallen Quand elle passa de nouveau, la nuit était tombée. The old man asked: did you find him? Le vieil homme demanda : l’avez-vous trouvé ? No, she said, and now I am late Non, répondit-elle, et maintenant je suis en retard Don’t waste your time, said the old man. Ne perdez pas votre temps, dit le vieil homme.

Next day the old man still was there Le jour suivant, le vieil homme était toujours là Begging his life as the girl came Mendiant sa vie, quand la jeune fille arriva She said to him: I must hurry Elle lui dit : Je dois me dépêcher Don’t waste your time, said the old man. Ne perdez pas votre temps, dit le vieil homme.

When she came back she was exhausted Quand elle revint, elle était épuisée. She was sobbing and desperate Elle était en sanglots et désespérée She saw the old man in the dark Elle vit le vieil homme dans la pénombre And she sat next to him in tears. Et elle s’assit près de lui, tout en pleurs.

Don’t cry, he said, look at my face Ne pleurez pas, dit-il, regardez-moi He was radiant and beautiful Son visage était rayonnant et magnifique She said in surprise: Who are you? Étonnée, elle demanda : Qui êtes-vous ? Does it matter? He answered. Quelle importance ? Répondit-il.

She said to him: how could I know Elle lui dit : comment pouvais-je savoir That you were so close to me? Que vous étiez si près de moi ? He said to her: how could I know Il lui dit : comment pouvais-je savoir That you were looking for me? Que vous étiez à ma recherche ?

At the end of the song, Prakriti has tears in her eyes. À la fin de la chanson, Prakriti a les larmes aux yeux.

Ananda asks her: Ananda lui demande :

Ananda Ananda Why do you look so sad? Why do you have tears in your Pourquoi avez-vous l’air si triste ? Pourquoi vos yeux eyes? Why did you choose that song? sont-ils noyés de larmes ? Pourquoi avoir choisi cette chanson ?

She doesn’t answer. Elle ne répond pas.

They keep quiet and look at each other for a moment. They’re Ils demeurent silencieux, s’observent pendant un moment. falling in love. They almost embrace. Their movements are a L’amour s’éveille, ils s’embrassent presque. Leurs mouvements slow, silent and erotic dance of attraction, but they don’t sont lents, danse silencieuse et érotique de l’attraction, mais touch each other. ils ne se touchent pas.

At the back Lord BUDDHA appears, unseen by Ananda. En arrière-plan, le Bouddha apparaît. Ananda ne le voit pas.

11 Bernd Alois Zimmermann (1918-1970) Sonate pour violoncelle seul – … et suis spatiis transeunt universa sub caelo (L’Ecclésiaste III, 1)

Rappresentazione Fase Tropi Spazi Versetto

Composition : 1960. Dédicace : « à ma femme ». Création : le 23 avril 1960 à Stuttgart par Siegfried Palm. Effectif : violoncelle seul. Éditeur : Modern. Durée : environ 14 minutes.

Bernd Alois Zimmermann fut un lecteur assidu de L’Ecclésiaste, livre biblique auquel il emprunta dans maintes œuvres et dont le troisième chapitre est une splendide méditation sur le temps. Là se déclinent le temps de la chronologie, à l’image de l’irréversibilité de nos existences, qui nous mène inexorablement vers la mort, mais aussi le cycle des événements, incessamment recommencés, comme les saisons ou l’alternance du jour et de la nuit, et un autre temps, éthique, celui la courbure, par lequel nous atteignons l’existence vertueuse et discernons le bien et le mal. « Il y a un moment pour tout ». Et la Bible d’ajouter : « Un temps pour toute chose sous le ciel ». Selon la traduction allemande de Luther, tout projet, tout dessein, toute intention a « son heure », son moment favorable, tandis que la Vulgate latine, par une périphrase que la Sonate pour violoncelle de Zimmermann porte en exergue, insiste sur le caractère transitoire de ce qui est ici-bas, le passage, la traversée par des étendues, des distances, des espaces, des intervalles, mais aussi des durées ou des laps de temps propres.

Ce que Zimmermann a admirablement perçu et traduit dans les cinq mouvements de l’œuvre (Rappresentazione, Fase, Tropi, Spazi et Versetto), divisés en brefs fragments ou tesselles de sons, c’est une telle multiplicité du temps : « Rêves, pensées et réalités apparaissent et alternent avec les souvenirs, les attentes et l’irréalité », écrit-il de sa Sonate. Mais cette multiplicité, que cisèlent les modes de jeu, les timbres, les densités et les strates de la polyphonie, hautement différenciés, tend à un dépassement : « Phases, couches et espace seront rassemblés dans l’unité du flux temporel de la perception et simultanément déployés dans cette même unité ». Il en résulte une insistance sur le présent, qui ne se tient pas seulement entre passé et futur, mais recueille la totalité des relations de l’œuvre, le souvenir de ce que l’on vient d’entendre et l’attente de ce qui, bientôt, suivra. À cette condition, chère à Zimmermann, qui la puise à la source de L’Ecclésiaste et de philosophes modernes, le temps est l’horizon de l’être : le temps tel qu’il se constitue dans la conscience – la conscience que nous en avons –, mais aussi notre conscience, à chacun de nous, en tant qu’elle est temporelle.

Laurent Feneyrou

12 Matthias Pintscher (1971) Bereshit

Composition : 2011-2013 Commande : Ensemble intercontemporain et Saint Paul Chamber Orchestra. Création : le 24 mai 2013 à Saint Paul, Ordway Theater, par le Chamber Orchestra sous la direction de Matthias Pintscher. Effectif : flûte/flûte piccolo, flûte en sol/flûte, hautbois, cor anglais, clarinette, clarinette basse, clarinette contrebasse, basson, contrebasson, 2 cors, 2 trompettes, 2 trombones, 3 percussions, piano, harpe, 3 violons, 2 altos, 2 violoncelles, contrebasse à 5 cordes. Éditeur : Bärenreiter. Durée : environ 31 minutes.

Bereshit traite de la naissance des choses, de l’acte créateur et de son inconcevabilité. « À un commencement… » renvoie au mythe biblique de la création : « Bereshit » est le premier mot de la Torah, de l’Ancien Testament. Ce mot parle d’un à peu près, d’« un » commencement – et non « du » commencement –, d’une césure. C’est le point de départ de l’œuvre de Matthias Pintscher pour grand ensemble : « Bereshit naît d’une sonorité initiale comme du néant absolu, d’un son qui se réduit à des bruits exclusivement percussifs à partir desquels des éléments se détachent et se densifient. C’est une pièce très végétative dont le matériau est traité pour ainsi dire chronologiquement : il se révèle lentement. L’idée de l’œuvre est de dégager à partir d’un état sonore originel toute une série de sons, de gestes, de rythmes, d’orchestrations. »

Cette représentation authentique d’un processus devient ici un véritable programme : « Ce sont les sonorités et les couleurs fluides qui m’intéressent, l’idée d’un timbre en perspective. Il est question dans cette pièce de ce grand fleuve, d’un continuum de sonorités et d’événements qui se transforme constamment en grandissant. Ce n’est que progressivement que les choses se stabilisent, que se produisent des événements solistes. Bereshit poursuit ce que j’ai développé ces dernières années dans le domaine du timbre. Dans la conception sonore et par son effet spatial, cette pièce va bien au-delà des dimensions de musique de chambre que lui donne l’ensemble instrumental. »

Marie Luise Maintz (Traduction Daniel Fesquet)

13 Biographies des compositeurs par l’English National Opera, est créé typiquement rhénan de moine et de sous la direction de Mark Elder en Dionysos », et comme « le plus vieux Jonathan Harvey 1993 ; le troisième, Wagner Dream, des jeunes compositeurs allemands ». Né dans le Warwickshire (Angleterre) commandé par le Nederlandse Opera, De 1929 à 1936, il suit l’enseignement en 1939, Jonathan Harvey est choriste le Grand Théâtre de Luxembourg, le strict des Salvatoriens au couvent au St. Michael’s College de Tenbury Holland Festival et l’Ircam, est créé de Steinfeld (Eifel), où il s’initie aux puis étudie la musique au St. John’s en 2007. De 2005 à 2008, Jonathan langues anciennes et à la théorie College de Cambridge. Sur le conseil Harvey est en résidence à l’Orchestre musicale, étudie l’orgue, peint, écrit de Benjamin Britten, il étudie la Symphonique Écossais de la BBC romans, récits et poésies. Les nazis composition auprès d’Erwin Stein où il crée Body Mandala, … towards ayant fermé l’établissement, il achève et d’Hans Keller, tous deux élèves a pure land et surtout Speakings en sa scolarité au lycée catholique de de Schönberg, et se familiarise ainsi 2008. De 1977 à 1993, Jonathan Cologne. En 1937, il est mobilisé avec la technique dodécaphonique. Harvey est professeur de musique dans le cadre du travail obligatoire La rencontre avec Milton Babbitt à l’Université du Sussex où il reste instauré par le Troisième Reich. puis avec Karlheinz Stockhausen ensuite professeur honoraire. De Renonçant à la carrière ecclésiastique influence considérablement son 1995 à 2000, il enseigne la musique à laquelle le destinait sa famille, il apprentissage des techniques de à l’Université Stanford (États-Unis), est entreprend, à l’Université de Bonn et studio. Au début des années 1980, professeur invité à l’Imperial College à l’Université de Cologne, des études il réalise à l’Ircam Mortuos Plango, de Londres et membre honoraire d’instituteur et d’éducation musicale Vivos Voco (pour bande), Bhakti (pour du St. John’s College de Cambridge. qu’il est contraint d’interrompre ensemble et électronique), Advaya Il reçoit en 1993 le prestigieux Prix en 1939. Jusqu’en 1950, il étudiera (pour violoncelle et électronique) Britten de composition, en 2007 le aussi, de manière discontinue, la et Quatuor à cordes n° 4 (avec Prix Giga-Hertz pour l’ensemble de musicologie, la littérature allemande, électronique live). Il se familiarise avec ses œuvres de musique électronique la philosophie et la psychologie. le courant spectral qu’il considère et Speakings reçoit le Prix Prince Zimmermann appartient à une comme déterminant pour l’évolution Pierre-de-Monaco. Il est le premier génération sacrifiée par la dictature de la musique d’aujourd’hui. En compositeur britannique à recevoir hitlérienne, puis par la guerre au outre, le son électronique lui apparaît le Grand Prix de l’Académie Charles- cours de laquelle il participe aux comme une ouverture vers les Cros. Entre mai 2009 et mai 2010, campagnes de Pologne, de France dimensions transcendantales et l’œuvre de Jonathan Harvey est (à Paris, il découvre les œuvres d’Igor spirituelles. Son œuvre couvre tous célébrée dans le monde entier, dans Stravinski et de Darius Milhaud) et de les genres : musique pour chœur a le cadre de concerts et de festival Russie entre 1940 et 1942. En 1942, capella, grand orchestre (Tranquil qui lui sont dédiés, par de nouveaux réformé suite à un empoisonnement Abiding, White as Jasmine et Madonna enregistrements et portraits. Le qui occasionna de longs séjours en of Winter and Spring), orchestre de BBC Symphony Orchestra lui hôpital militaire, il reprend ses études chambre (Quatuors à cordes, Soleil consacre une série Total Immersion à la Musikhochschule de Cologne, noir / Chitra et Death of Light, Light en janvier 2012. Jonathan Harvey travaillant pour les financer dans des of Death), ensemble et instrument s’est éteint le 4 décembre 2012. orchestres de danse, comme chef soliste. Son premier opéra, Passion © Ircam-Centre Pompidou, 2012 du chœur d’hommes de Bliesheim and Resurrection (1981), inspire le ou comme ouvrier en usine. Philipp tournage d’un documentaire pour la Bernd Alois Zimmermann Jarnach, élève de Busoni, et Heinrich BBC (The Challenge of the Passion) ; le Né en 1918 à Bliesheim, Zimmermann Lemacher, musicien influencé par second, Inquest of Love, commandé s’est défini comme un « mélange les techniques d’écriture de la

14 Renaissance et par Anton Bruckner, se dégrade. Le Requiem für einen Eschenbach, Franz Welser-Möst ou sont ses professeurs de composition jungen Dichter est créé en 1969, Daniel Harding. Artiste associé du et de théorie musicale. Les en l’absence du compositeur. Ami BBC Scottish Symphony Orchestra premières exécutions d’œuvres de de Heinrich Böll et Walter Biemel, depuis la saison 2010/2011, il Zimmermann datent de 1944-1946 avec qui il évoque Heidegger et les dirige aujourd’hui régulièrement à Cologne, avant même que son Leçons pour une phénoménologie en Europe et aux États-Unis de style, alors néoclassique, n’assimile de la conscience intime du temps grandes formations internationales : tardivement les idiomes modernes de Husserl, Zimmermann était orchestres philharmoniques de New et contemporains. Responsable aussi lecteur de L’Ecclésiaste, des York, de Londres et Berlin, orchestres du département des musiques de Confessions de saint Augustin, de de Cleveland, Chicago, Philadelphie, radio, de film et de scène à la radio la Légende du Grand Inquisiteur de Paris, orchestres symphoniques de Cologne (WDR), il expérimente Fédor Dostoïevski, des Cantos d’Ezra de la BBC, de la RAI, de Sydney à travers des réalisations de pièces Pound ou de l’Ulysse de James Joyce, et de Melbourne, orchestres du radiophoniques et d’émissions dont il mit en musique divers extraits. Théâtre Mariinsky, de la NDR de scolaires les principes du collage et Zimmermann se donne la mort le Hambourg, de la Tonhalle de Zurich, du montage. En 1949-1950, il suit les 10 août 1970 à Gross-Könisgdorf. Philharmonia de Londres, Mahler séminaires de Wolfgang Fortner et D’après ©Ircam-Centre Pompidou, 2012 Chamber Orchestra. Très engagé de René Leibowitz aux Cours d’été dans la diffusion du répertoire de Darmstadt, mesure la distance qui Matthias Pintscher contemporain, Matthias Pintscher le sépare du sérialisme dominant, Composition et direction d’orchestre : est nommé directeur musical de se reconnaissant plus volontiers dans l’esprit de Matthias Pintscher, l’Ensemble intercontemporain en dans les œuvres de Karl Amadeus ces deux domaines d’activité sont juin 2012, pour une prise de fonctions Hartmann ou Luigi Dallapiccola. Le totalement complémentaires. à partir de la saison 2013/2014. deuxième mouvement du Konzert « Ma réflexion de chef d’orchestre est Il collabore avec de nombreux für Violine und grosses Orchester est, enrichie par mon propre processus ensembles tels que l’Ensemble en 1950, sa première composition d’écriture, et vice versa », explique- Modern, le Klangforum Wien, sérielle. Professeur de théorie t-il. Créateur d’œuvres majeures l’Ensemble Contrechamps, l’Ensemble musicale à l’Institut de musicologie pour des orchestres de premier Avanti! (Helsinki), le Remix Ensemble de l’Université de Cologne (1950- plan, sa sensibilité de compositeur (Porto) et le Scharoun Ensemble du 1952), il est le premier compositeur lui apporte une compréhension Philharmonique de Berlin. Matthias invité à la Villa Massimo à Rome de la partition « de l’intérieur » Pintscher est également directeur en 1957 (il y retournera en 1963). Il qu’il partage avec les musiciens. artistique de l’Académie du Festival succède à Frank Martin en 1957 au Matthias Pintscher entretient ainsi de Printemps de Heidelberg, dédiée poste de professeur de composition d’étroites collaborations avec de aux jeunes compositeurs. En 2012, à la Musikhochschule de Cologne, grands interprètes (Gil Shaham, Julia il est sélectionné par la Commission où il dirige un séminaire sur les Fischer, Frank Peter Zimmermann, Roche pour sa création Chute musiques de radio, de film et de Truls Mørk, Emmanuel Pahud, Tabea d’étoiles dont la première a lieu scène, tout en travaillant à son Zimmermann, Antoine Tamestit, au Festival de Lucerne en août de opéra Les Soldats, finalement créé Jean-Yves Thibaudet…) et des chefs cette même année, avec l’Orchestre en 1965, année où il est élu membre du monde entier tels que Simon de Cleveland sous la direction de de l’Académie des arts pour laquelle Rattle, , Claudio Abbado, Franz Welser-Möst. L’œuvre est il compose la Musique pour les Valery Gergiev, Christoph von ensuite reprise au Severance Hall soupers du roi Ubu. Son état de santé Dohnányi, Kent Nagano, Christoph de Cleveland et au Carnegie Hall en

15 novembre 2012. Matthias Pintscher et XXIe siècles – et la musicalité de participe régulièrement aux BBC suit une formation musicale dès son interprétation. À l’opéra, elle Proms, y interprétant Requiem-Songs son plus jeune âge (piano, violon, a interprété les rôles de Rosina for Sue de Knussen, Ancient Voices of percussion). À 15 ans, il dirige (Le Barbier de Séville de Rossini), Children de George Crumb, On voit l’orchestre symphonique des jeunes Dorinda (Orlando de Haendel), tout en aventure de Luke Bedford, de la ville de Marl en Allemagne. Il Ellida (Lady from the Sea de Craig Der Wein d’Alban Berg et Le Martyre commence à composer quelques Armstrong) pour le Scottish de saint Sébastien de Debussy. Pour années plus tard parallèlement à sa Opera, Nora (Riders to the Sea de la célébration du 60e anniversaire formation en direction d’orchestre, Vaughan Williams) pour l’English d’Oliver Knussen au Barbican Centre notamment auprès de Peter Eötvös National Opera, Anne Truelove (The de Londres, Claire Booth a chanté en 1994 à Vienne. Depuis, il partage Rake’s Progress de Stravinski) avec Where the Wild Things Are, Higglety, ses activités entre la composition et l’Orchestre Symphonique de la Ville Piggelty, Pop, Requiem-Songs for la direction d’orchestre. Ses créations de Birmingham, Solveig (Peer Gynt Sue et Whitman Settings. Cette se distinguent par la délicatesse de d’Edvard Grieg) avec l’Orchestre saison, elle fait ses débuts au Welsh leur univers sonore, le raffinement Symphonique de Hambourg, Max National Opera, où elle retrouve le de leur construction et leur précision (Where the Wild Things Are d’Oliver rôle de Prakriti (Wagner Dream), et d’expression. Matthias Pintscher est Knussen) et Lucia (The Rape of avec l’Orchestre Philharmonique de l’auteur de deux opéras (dont L’Espace Lucretia de Benjamin Britten) pour Bergen, dirigé par son collaborateur dernier, créé à l’Opéra National le Festival d’Aldeburgh, Prakriti de longue date Ryan Wigglesworth. de Paris en 2004), de nombreuses (Wagner Dream de Jonathan Harvey) œuvres orchestrales, de concertos pour le Nederlandse Opera, Zerlina, Gordon Gietz (dont Mar’eh, concerto pour violon la Première Nièce (Peter Grimes de Gordon Gietz a fait ses débuts sur la créé en novembre 2011 par Julia Britten) et Elle (La Voix humaine de scène de l’Opéra National de Paris Fischer), et d’œuvres de musique de Poulenc) pour Opera North, Despina sous les traits de Don Ottavio dans chambre, toutes publiées aux éditions pour l’Opéra de Nantes-Angers et Don Giovanni, pour y être invité Bärenreiter. Matthias Pintscher a Mélisande pour l’Opera Theatre à nouveau les saisons suivantes enregistré plus de vingt disques Company de Dublin. Plus récemment, à interpréter Cassio (Otello) sous la pour de nombreux labels : Kairos, elle a chanté les Kafka-Fragmente baguette de Valery Gergiev, Alfred EMI, ECM, Teldec, Wergo, etc. Il réside de György Kurtág au Linbury Studio (Die Fledermaus) et Tamino (Die aujourd’hui à New York et Paris, deux du Royal Opera House, Covent Zauberflöte). Il a incarné Yonas pour villes, deux cultures qu’il a choisies Garden. Au concert, elle a collaboré la création mondiale à l’Opéra Bastille pour leur caractère complémentaire. avec l’Orchestre Symphonique de la d’Adriana Mater de Kaija Saariaho, BBC, l’Orchestre Symphonique de la mise en scène par Peter Sellars et Biographies des interprètes Ville de Birmingham et l’Ensemble dirigée par Esa-Pekka Salonen – un intercontemporain, les festivals rôle qu’il a repris au Barbican Centre Claire Booth d’Aldeburgh et de Hollande, le de Londres en 2008 avec l’Orchestre Finaliste du Concours Kathleen Ferrier Concertgebouw et le Musiekgebouw Symphonique de la BBC dirigé par en 2004, lauréate de nombreuses d’Amsterdam. Cette saison, elle Edward Gardner. Gordon Gietz s’est bourses et distinctions, Claire Booth a fait ses débuts avec l’Orchestre fait connaître du public de l’Opéra occupe une place de choix sur la Symphonique de Boston dirigé par de Lyon en chantant Camille dans scène musicale internationale pour Oliver Knussen et interprété des La Veuve joyeuse (récemment gravé l’étendue de son répertoire – des arias de Mozart avec le Deutsches sur DVD), puis Le Roi malgré lui de œuvres classiques à celles des XXe Symphonie-Orchester Berlin. Elle Chabrier, mis en scène par Laurent

16 Pelly, repris par la suite à l’Opéra- Birmingham et Lille, ainsi que Béatrice féminines et huit instruments). Comique. Débutant à la Scala de et Bénédict de Berlioz avec l’Orchestre L’Ensemble intercontemporain Milan avec le Chevalier de la Force Philharmonique de New York, lui commande une pièce pour dans Dialogues des carmélites de l’Orchestre du Capitole de Toulouse, quinze instruments, La Escalera del Poulenc, il a retrouvé cette scène avec le Teatro Comunale de Bologne et dragón (In memoriam Julio Cortázar) le personnage de Lysandre dans la l’Opéra de Santa Fe. Le public du dont la création a été assurée en production de Robert Carsen de A Metropolitan Opera de New York a pu 2004 par Jonathan Nott. Avec les Midsummer Night’s Dream de Britten, le voir incarner le rôle principal du Nez compositeurs Diogène Rivas et rôle qu’il a ensuite tenu au Festival de Chostakovitch dans une nouvelle Antonio Pileggi, il est le cofondateur de Glyndebourne dans la mise en production du metteur en scène et du Festival A Tempo de . scène de Sir Peter Hall puis au Gran plasticien William Kentridge sous la Teatre del Liceu de Barcelone, dont direction musicale de Valery Gergiev. Ensemble intercontemporain les représentations ont été publiées Créé par Pierre Boulez en 1976 avec sur DVD. Gordon Gietz a créé le rôle Pierre Strauch l’appui de Michel Guy (alors secrétaire de Stingo dans Sophie’s Choice de Né en 1958, Pierre Strauch étudie le d’État à la Culture) et la collaboration Nicholas Maw à Covent Garden, violoncelle auprès de Jean Deplace, de Nicholas Snowman, l’Ensemble mis en scène par Sir Trevor Nunn et remporte le Concours Rostropovitch intercontemporain réunit 31 solistes dirigé par Sir Simon Rattle, repris de La Rochelle en 1977 et entre partageant une même passion pour à Washington pour la création nord- à l’Ensemble intercontemporain la musique du XXe siècle à aujourd’hui. américaine de l’ouvrage. Il a retrouvé l’année suivante. Il crée, interprète Constitués en groupe permanent, ils la scène de Covent Garden avec The et enregistre de nombreuses œuvres participent aux missions de diffusion, Midsummer Marriage de Sir Michael du XXe siècle de compositeurs tels de transmission et de création fixées Tippett et a fait l’ouverture du Festival que , , dans les statuts de l’Ensemble. de Bergen (Norvège) dans le rôle-titre Bernd Alois Zimmermann ou Olivier Placés sous la direction musicale d’Œdipus Rex de Stravinski, qu’il a Messiaen. Il crée à Paris Time and du compositeur et chef d’orchestre repris au Festival Bard (État de New Motion Study II de Matthias Pintscher depuis septembre York). Gordon Gietz a interprété le et Ritorno degli Snovidenia de 2013 (succédant ainsi à Susanna Chœur masculin du Rape of Lucretia Luciano Berio. Présenter, analyser, Mälkki, directrice musicale de 2006 à de Britten à Reggio Emilia puis au transmettre sont les moteurs de son juillet 2013), ils collaborent, au côté Mai Musical Florentin. Il a récemment activité de pédagogue et de chef des compositeurs, à l’exploration participé au Festival d’Opéra de d’orchestre. Son intense activité de des techniques instrumentales ainsi Québec dans La Damnation de Faust compositeur l’amène à écrire des qu’à des projets associant musique, de Berlioz mise en scène par Robert pièces solistes, pour ensembles de danse, théâtre, cinéma, vidéo et Lepage. Son répertoire comprend chambre (La Folie de Jocelin, Preludio arts plastiques. Chaque année, également le rôle de Steva dans imaginario, Faute d’un royaume pour l’Ensemble commande et joue de Jenufa, interprété au Grand Théâtre violon solo et sept instruments, Deux nouvelles œuvres, qui viennent de Genève, au Châtelet et au Teatro Portraits pour cinq altos, Trois Odes enrichir son répertoire et s’ajouter Real de Madrid ; le rôle-titre des funèbres pour cinq instruments, aux chefs-d’œuvre du XXe siècle. Contes d’Hoffmann à Marseille, Quatre Miniatures pour violoncelle En collaboration avec l’Institut Montréal, Amsterdam et Rotterdam ; et piano), ainsi que des œuvres de Recherche et Coordination Pinkerton dans Madame Butterfly vocales (Impromptu acrostiche pour Acoustique/Musique (Ircam), à l’Opéra de Hamilton (Canada) ; mezzo-soprano et trois instruments, l’Ensemble intercontemporain le Don José de Carmen à Montréal, La Beauté (Excès) pour trois voix participe à des projets incluant des

17 nouvelles techniques de génération Clarinette basse Contrebasse du son. Les spectacles musicaux Alain Billard Nicolas Crosse pour le jeune public, les activités de formation des jeunes instrumentistes, Bassons Chef assistant chefs d’orchestre et compositeurs Pascal Gallois Julien Leroy ainsi que les nombreuses actions Paul Riveaux de sensibilisation des publics Musiciens supplémentaires traduisent un engagement profond Cors et internationalement reconnu au Jens McManama Tuba service de la transmission et de Jean-Christophe Vervoitte Fabien Wallerand l’éducation musicale. Depuis 2004, les solistes de l’Ensemble participent Trompette Violon en tant que tuteurs à la Lucerne Jean-Jacques Gaudon André Pons-Valdès Festival Academy, session annuelle Clément Saunier de formation de plusieurs semaines Violoncelle pour des jeunes instrumentistes, Trombones Alexis Descharmes chefs d’orchestre et compositeurs du Jérôme Naulais monde entier. En résidence à la Cité Benny Sluchin Ircam de la musique (Paris) depuis 1995, Institut de recherche et coordination l’Ensemble se produit et enregistre en Percussions acoustique/musique France et à l’étranger où il est invité Gilles Durot L’Institut de recherche et coordination par de grands festivals internationaux. Samuel Favre acoustique/musique est aujourd’hui Financé par le ministère de la Culture Victor Hanna l’un des plus grands centres de et de la Communication, l’Ensemble recherche publique au monde se reçoit également le soutien de la Ville Piano consacrant à la création musicale de Paris. L’Ensemble intercontemporain Hidéki Nagano et à la recherche scientifique. Lieu a été reconnu « Ambassadeur unique où convergent la prospective culturel européen » en 2012 par Harpe artistique et l’innovation scientifique la Commission Européenne. Frédérique Cambreling et technologique, l’institut est dirigé depuis 2006 par Frank Madlener, Flûtes Violons et réunit plus de cent soixante Sophie Cherrier Jeanne-Marie Conquer collaborateurs. L’Ircam développe Emmanuelle Ophèle Hae-Sun Kang ses trois axes principaux – création, Diégo Tosi recherche, transmission – au cours Hautbois d’une saison parisienne, de tournées Philippe Grauvogel Altos en France et à l’étranger et d’un Didier Pateau Odile Auboin nouveau rendez-vous initié en Grégoire Simon juin 2012, ManiFeste, qui allie un Clarinettes festival international et une académie Jérôme Comte Violoncelle pluridisciplinaire. Fondé par Pierre Pierre Strauch Boulez, l’Ircam est associé au Centre Pompidou sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Communication.

18 Soutenue institutionnellement et, pour présenter de nouvelles œuvres dès son origine, par le ministère de avec électronique et ordinateur la Culture et de la Communication, dans des festivals à travers l’Europe. l’Unité mixte de recherche STMS Il travaille régulièrement avec (Sciences et technologies de la Art Zoyd Studios en France et il musique et du son), hébergée par enseigne les sonic arts à l’Université l’Ircam, bénéficie de la tutelle du de Brunel à Londres depuis 2009. CNRS et, depuis 2010, de celle de l’université Pierre et Marie Curie.

Gilbert Nouno Gilbert Nouno est compositeur, réalisateur artistique et chercheur associé à l’Ircam. Il est lauréat de la Villa Médicis, Académie de France à Rome en 2011, et de la Villa Kujoyama à Kyoto en 2007. Sa musique s’inspire des arts visuels et des technologies numériques dans une forme ouverte de composition entre écriture et improvisation. Docteur en informatique et en intelligence artificielle, il mène des recherches sur les interactions temporelles homme-machine. Son parcours est jalonné de nombreuses rencontres artistiques dont Steve Coleman, Susan Buirge, Jonathan Harvey, Pierre Boulez.

Carl Faia Carl Faia a étudié la composition à l’Université de Californie à Santa Barbara et à la Royal Academy of Music au Danemark avec une bourse Fulbright. Depuis 1995, il est actif en tant que live electronics designer ou RIM (Réalisateur en Informatique Musicale), travaillant à l’Ircam à Paris, au CIRM à Nice, puis comme artiste musicien et compositeur indépendant. Il a collaboré avec de nombreux compositeurs et artistes Concert enregistré par France Musique

19 Et aussi…

> WEEK-END TURBULENCES DIMANCHE 20 OCTOBRE 2013, 16H30 > MÉDIATHÈQUE

Pascal Dusapin Autour de Samuel Beckett En écho à ce concert, nous vous Chemins de traverse proposons… Pascal Dusapin VENDREDI 18 OCTOBRE, 20H Quad > Sur le site internet Morton Feldman http://mediatheque.cite-musique.fr Giacinto Scelsi For Samuel Beckett Okanagon … de regarder un extrait vidéo dans Johannes Ockeghem Ensemble intercontemporain les « Concerts » : Motet « Intemerata Dei Mater » Peter Rundel, direction Towards Osiris de Matthias Pintscher Edgar Varèse Hae-Sun Kang, violon par l’Ensemble intercontemporain, Intégrales Pierre Boulez (direction), enregistré à la Robert Morton Salle Pleyel en 2007 Chanson « L’Homme armé »

Pierre de La Rue > CONCERTS … d’écouter un extrait audio dans les « Messe « L’Homme armé » : Agnus Dei Concerts » : Iannis Xenakis MERCREDI 30 OCTOBRE, 20H Sonate de Bernd Alois Zimmermann Thallein par les Solistes de l’Ensemble Josquin Desprez Arnold Schönberg intercontemporain, enregistré à la Cité Motet « Christus Mortuus est pro nobis » La Nuit transfigurée de la musique en 2003 • Fuga d’Anton Jean Richafort Samuel Barber Webern par l’Orchestre du Messe de requiem (in memoriam Josquin Concerto pour violon Conservatoire de Paris, Michael Gielen Desprez) Dmitri Chostakovitch (direction), enregistré à la Cité de la Samy Moussa Symphonie n° 9 musique en 2002 Kammerkonzert Antoine Brumel Chamber Orchestra of Europe (Les concerts sont accessibles dans leur Messe à six voix Jaap van Zweden, direction intégralité à la Médiathèque de la Cité de la Pascal Dusapin Hilary Hahn, violon musique.) Jetzt genau! … de regarder dans les « Dossiers Ensemble intercontemporain MARDI 19 NOVEMBRE, 20H pédagogiques » : Capilla Flamenca La musique allemande après 1945 dans Peter Rundel, direction Johann Sebastian Bach les « Repères musicologiques » Sébastien Vichard, piano Concerto pour piano n° 5 Ludwig van Beethoven > À la médiathèque Symphonie n° 4 SAMEDI 19 OCTOBRE, 17H30 Wiltold Lutoslawski … de lire : Musique funèbre Anton von Webern de Alain Galliari • Conférence : « La musique du cerveau : Ludwig van Beethoven Jonathan Harvey de Arnold Whittall • du bruit qui pense ? » Concerto pour piano n° 3 Bernd Alois Zimmermann de Wulf Konold Franco Donatoni Münchener Kammerorchester Lumen Alexander Liebreich, direction 757541-757542-757543 o Alexandre Tharaud, piano n Solistes de l’Ensemble intercontemporain Julien Leroy, direction Stanislas Dehaene, chercheur en psychologie cognitive Pascal Dusapin, compositeur Licences | Licences Repro Imprimeur France

Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrices : Véronique Brindeau et Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Ariane Fermont