Cite a Musique
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
cite a musique David Robertson George Benjamin Ensemble Intercontemporain du vendredi 25 au dimanche 27 avril 1997 notes de programme cité de la musique François Gautier, président Brigitte Marger, directeur général Conjugant missions pédagogiques et artistiques, les deux concerts de l'Ensemble Intercontemporain encadrent un atelier de création autour d'Olivier Messiaen qui présente le fruit d'un travail commun entre les solistes de cet ensemble et les élèves de deux collèges et lycées de Paris. Le premier concert est quant à lui entièrement consacré à l'une des oeuvres symphoniques les plus monumentales du maître français. Des Canyons aux étoiles fait figure de référence par la synthèse qu'elle opère entre l'esprit contemplatif et la communion avec la nature chères au compositeur. Le second concert fait alterner les œuvres de deux compositeurs dont les esthétiques ont fortement marqué l'évolution de la musique contem poraine, avec celles de trois compositeurs appartenant à des générations ultérieures. György Ligeti s'est fait connaître, au début des années soixante, par un certain nombre d'œuvres qui entrelaçaient un grand nombre de lignes instrumentales au sein d'une texture contrapuntique très dense, et produisaient ainsi l'effet d'un continuum sonore se trans formant progressivement. Le compositeur a ensuite cherché à davan tage différencier la perception de ces « micropolyphonies » en dotant chaque ligne d'une plus grande indépendance au sein du réseau contra puntique principal. Melodien, qui date de 1974, fait ainsi entendre de multiples contours mélodiques semblant surgir d'une trame continue. Si la musique « spectrale » de Gérard Grisey doit son appellation au fait que le matériau musical est déduit des propriétés acoustiques du son, les métamorphoses progressives que ce compositeur élabore, depuis la fin des années 1970, dans le cadre de ce principe acoustique, sont pour une part héritées des continuums ligetiens. L'étalement qu'in duit cette auscultation de l'intérieur même des sons, produit en tout cas un temps nouveau qu'une œuvre récente, comme Vortex temporum, tend à complexifîer par superposition de vitesses différentes, de zones compressées ou dilatées à l'extrême. Si At first Light de George Benjamin relève encore largement d'une esthétique du timbre, telle que Ligeti et Gérard Grisey ont notamment contribué à la définir, les Two Organa d'Oliver Knussen et le Rondo de Johannes Schöllhorn semblent plus marqués par le goût des références : référence médiévale pour le pre mier, références multiples pour le second qui en joue à plaisir afin de surprendre, voire dérouter l'auditeur. Guy Lelong vendredi 25 avril - 20h / salle des concerts Olivier Messiaen Des canyons aux étoiles... I - Le désert II - Les Orioles III - Ce qui est écrit sur les étoiles... IV - Le Cossyphe d'Heuglin V - Cedar Breaks et le don de crainte VI -Appel interstellaire VII - Bryce Canyon et les rochers rouge-orange VIII - Les ressuscités et le chant de l'étoile Aldébaran IX - Le Moqueur polyglotte X - La Grive des bois XI - Omao, Leiothrix, Elepaio, Shama XII - Zion Park et la cité céleste David Robertson, direction Jean-Christophe Vervoitte, cor Vincent Bauer, percussion Michel Cerutti, percussion Hidéki Nagano, piano Ensemble Intercontemporain coproduction cité de la musique, Ensemble Intercontemporain Ensemble Intercontemporain Olivier Messiaen Des canyons aux étoiles... effectif : piano solo, cor solo, glockenspiel solo, xylophone solo, flûte piccolo, 2 flûtes, flûte en Sol, 2 hautbois, cor anglais, 3 clarinettes, clarinette basse, 2 bassons, contrebasson, 2 cors, 3 trompettes, 2 trombone, trombone basse, 5 percussions, 6 violons, 3 altos, 3 violoncelles contrebasse - éditeur Leduc - commande de Miss Alice Tully, œuvre créée le 20 novembre 1974 à New York par le Musica Æterna Orchestra sous la direction de Frederic Waldmann. Commandé à l'occasion du bicentenaire de la fondation des Etats- Unis, le cycle Des canyons aux étoiles... pour piano et orchestre a été écrit de 1971 à 1974 à la suite d'un voyage qu'Olivier Messiaen a effec tué dans l'Utah. Si les canyons de l'Utah servent de point de départ à cette monumentale fresque descriptive en douze mouvements, la musique s'élève ensuite progressivement jusqu'aux étoiles et ren contre, au cours de cette ascension, plusieurs des chants d'oiseaux chers au compositeur. Autrement dit, cette œuvre géologique, chargée de célébrer les paysages de l'Amérique et intégrant certains des oiseaux qui s'y trouvent, est aussi astronomique et, pour tout dire, comme souvent chez le compositeur, religieuse. Cette recherche du grandiose prend place au sein d'une écriture hautement élaborée. « Œuvre de son couleur », Des canyons aux étoiles... innove d'abord par son orchestra tion. Ecrite pour seulement 43 instruments, dont une percussion très complexe qui intègre une machine à vent et une machine à sable, l'œuvre produit, en raison de ses assemblages instrumentaux, des images sonores inouïes. Quant au piano solo, qu'il intervienne seul (dans deux des douze mouvements), qu'il alterne avec l'orchestre ou qu'il s'y superpose, son traitement principalement timbral parvient à en faire l'équivalent de l'orchestre entier. D'un point de vue formel enfin, et parce que Messiaen procède par permutation de différents élé ments qui réapparaissent tels quels, l'œuvre témoigne d'un certain « refus de la composition », au sens où l'on entend ce terme en pein ture. Autrement dit, tous les moments du déroulement musical appa raissent d'importance égale à l'écoute, aucun d'entre eux ne focalise l'attention au détriment des autres. Recherches savantes sur le timbre et refus de la hiérarchie prennent donc place au sein d'une esthétique plutôt naïve de l'illustration, et cette conjugaison insolite n'est sans doute pas le moindre paradoxe de ce compositeur. G. L. notes de programme | 2 Ensemble Intercontemporain Des canyons aux étoiles... des étoiles. Ces mots trouvent une équivalence musicale car les lettres qui les constituent sont première partie traduites en notes. I - Le désert IV - Le Cossyphe Le désert est le symbole de ce d'Heuglin vide de l'âme qui lui permet d'en Premier solo de piano et tendre la conversation intérieure deuxième des cinq mouvements de l'Esprit. C'est, pour Messiaen, constitués uniquement de chant le meilleur moyen de commencer d'oiseaux. Ici, il s'agit d'un oiseau ce voyage progressif vers les de l'Afrique du Sud-Est. étoiles. V - Cedar Breaks II - Les Orioles et le don de crainte Premier des cinq mouvements Cedar Breaks est une des mer constitués uniquement de chant veilles de l'Utah. Moins impor d'oiseaux. Il s'agit des Troupiales tant et moins vivement coloré ou Loriots américains (en que Bryce Canyon, il est cepen anglais : Orioles) de l'Ouest des dant très impressionnant par sa Etats-Unis. La plupart sont des beauté sauvage. Cet ensemble a oiseaux à livrée orange et noire, inspiré au compositeur un senti tous sont d'excellents chanteurs. ment analogue à celui de la L'oiseau est le trait d'union idéal « Crainte », qui est « le commen entre la nature et la musique, cement de la sagesse ». entre la terre et le ciel. III - Ce qui est écrit deuxième partie sur les étoiles... MENE : mesuré ; TEKEL : pesé ; VI - Appel interstellaire UPHARSIN : divisé. Lors du festin Ce solo de cor est censé montrer du roi Balthazar de Babylone, que l'angoisse de l'homme reste qui refusait de reconnaître l'exis sans réponse lorsqu'il n'est pas tence de Dieu, ces mots sont croyant. apparus en lettres de feu. Messiaen a gardé l'idée de VII - Bryce Canyon et nombre, de poids et de mesure les rochers rouge-orange pour l'appliquer à l'ordonnance Mouvement central et le plus 3 | cité de la musique Ensemble Intercontemporain long de l'œuvre. Bryce Canyon est généralement précédé d'une est un cirque gigantesque de anacrouse et suivi d'un bruisse roches rouges, orange, violettes, ment plus grave. Ce chant sym aux formes fantastiques. La bolise l'archétype que Dieu a musique de la pièce essaye de voulu et que nous ne réalisons reproduire toutes ces couleurs et que dans la vie céleste. celles du Geai de Steller, bleu et noir, lorsqu'il vole au dessus du XI - Omao, Leiothrix, Canyon. Elepaio, Shama Dernier des cinq mouvements constitués uniquement de chant troisième partie d'oiseaux. Ce mouvement com porte un refrain joué par les cors. VIII - Les ressuscites Les chants d'oiseaux des îles et le chant de Vétoile Hawaï tiennent lieu de couplets. Aldébaran Nous évoluons dans l'éternité à XII - Zion Park travers les étoiles qui chantent en et la cité céleste évoquant le moment où les Ceux qui découvrent les « Corps glorieux » seront débar murailles, les arbres et la rivière rassés des entraves des corps limpide de Zion Park y virent un mortels. symbole de Paradis ; ultime pos sibilité, dans cette œuvre, d'ob IX - Le Moqueur server le ciel sur la terre. polyglotte Troisième des cinq mouvements (texte établi d'après constitués uniquement de chant les commentaires du compositeur) d'oiseaux et second solo de piano. Son chant est très varié. Il comporte des courtes formules d'appel, des trilles, des batteries, des roulements prolongés. X - La Grive des bois Quatrième des cinq mouvements constitués uniquement de chant d'oiseaux. Son chant est un arpège majeur, au timbre clair. Il notes de programme | 4 samedi 26 avril - 16h30 / salle des concerts atelier de création autour d'Olivier Messiaen Olivier Messiaen Le Merle noir - 1951 (durée : 6 minutes) Emmanuelle Ophèle, flûte Dimîtri Vassilakis, piano composition collective