LeMonde Job: WMQ1811--0001-0 WAS LMQ1811-1 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0287 Lcp: 196 CMYK

Salariés à temps partiel LE MONDE ÉCONOMIE en pourcentage 30 31,5 a Travail : la 25 FEMMES 20 15 archaïque ? ENSEMBLE 17,4 a 10 Immobilier : 5 HOMMES 5,6 0 2 pages d’annonces 1982 1997

CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16425 – 7,50 F MARDI 18 NOVEMBRE 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Ces lettres qui nous viennent d’Algérie Le CNPF b Pour mieux informer sur ce pays déchiré par la violence, « Le Monde » publie chaque jour, mobilise tout au long de la semaine, des lettres d’Algériens b Elles racontent à la famille, les patrons aux amis qui vivent en France, les drames mais aussi les petits bonheurs de la vie quotidienne contre ILS SONT enseignants, employés, que dans ces récits au jour le jour artisans, retraités, collégiens. L’Algé- l’agacement de ceux qui se rie, leur pays, est déchiré depuis six plaignent du prix des produits ali- les 35 heures ans par la violence. Chaque jour, mentaires ? Lorsque les rares jour- pendant une semaine, Le Monde pu- nalistes étrangers autorisés à se LE CNPF va organiser des états- blie des extraits de la correspon- rendre en Algérie sont en perma- généraux des entreprises du 8 au D. BURNETT/CONTACT dance qu’ils ont adressée à leur fa- nence accompagnés de policiers, 12 décembre, en même temps que mille ou à leurs amis installés en comment peuvent-ils décrire la vie le gouverment met la dernière La mort France. Pendant deux mois, Philippe des Algériens ordinaires ? En fili- main au projet de loi encadrant la Bernard et Nathaniel Herzberg ont grane affleurent les analyses, les dé- négociation sur les 35 heures. Les rassemblé des centaines de lettres. bats politiques et la relation parti- dirigeants du monde patronal ré- de Ecrits entre 1993 et 1997, ces textes culière que les Algériens pondent ainsi aux attentes de leur confiés au Monde par leurs destina- entretiennent avec la France. base. Le bilan des réunions régio- DÉCÉDÉ à l’aube du dimanche taires ont été expurgés de tout ce Malgré les commodités du télé- nales sera tiré le 16 décembre, lors 16 novembre, à l’âge de soixante- qui aurait pu permettre d’identifier phone, malgré la lenteur de la poste de l’assemblée générale du CNPF dix-sept ans, Georges Marchais, qui leurs auteurs. Pour des raisons de et la crainte que le courrier soit in- qui doit élire le successeur de Jean avait dirigé le Parti communiste sécurité, les noms des personnes et tercepté, violé, certains Algériens Gandois. Face à trois candidats qui pendant un quart de siècle, de 1969 des lieux ont été modifiés. éprouvent l’impérieux besoin contestent la représentativité de à 1994, a reçu l’hommage ému de Ces lettres racontent la vie quoti- d’écrire. Fatiha, quarante-quatre l’organisation patronale actuelle, son parti et ceux, plus mitigés, des dienne en Algérie. Elles présentent, ans, professeur de français, l’ex- Ernest-Antoine Seillière, président responsables politiques de gauche vue de l’intérieur, une réalité qui plique dans une lettre que nous pu- du holding de la famille de Wen- et de droite. , qui a re- échappe en grande partie au regard blions aujourd’hui : « Cela seul peut del, est le mieux placé pour accé- levé dimanche les « contradictions » de la presse. Où découvrir, ailleurs me sauver, je crois (...). C’est un ré- der à la présidence. Il souhaite dont avait souffert la politique du que dans ces correspondances bou- flexe, un réflexe de survie. Ecrire parce centrer le CNPF sur son rôle PCF sous la direction de Georges leversantes, les angoisses d’une que, comme le disait Eluard : “Le économique et renvoyer toutes les Marchais, s’est rendu lundi au siège mère de famille quand des centaines tout est de dire.” » négociations sociales au niveau du PCF. de personnes meurent égorgées ? des entreprises. Lorsqu’une bombe explose devant Lire pages 14 et 15, la chronique Lire pages 8 et 9 un magasin, où s’exprime mieux de Pierre Georges page 34 Lire page 6

a Un « compromis » Wanted ! Le Pentagone achète à bon prix des Mig et des Sukhoï Les malaises de irakien rejeté QUI PEUT fournir – à bon prix – un avion de pouvoir lancer des armes nucléaires. Les réfugiés en Iran pour fuir la dictature de Sad- Les Etats-Unis ont repoussé le scénario de combat de la classe des Sukhoï ? Les Etats- discussions entre la Moldavie et les Etats- dam Hussein et n’avoir pas à combattre la francophonie Unis recherchent activement des Sukhoï-27, Unis ont été engagées en février. Ce n’est contre la coalition occidentale. Depuis, les de sortie de crise proposé par les diri- 30 ou 37, autant d’avions russes qu’ils sont qu’en octobre que la transaction a été ache- Iraniens ont fait savoir à la Moldavie qu’ils DESTINÉ à moderniser et à geants de Bagdad, qui aurait permis le prêts à acheter à qui veut s’en débarrasser vée et que les avions ont été acheminés, dans souhaitaient compléter cette flotte en lui a relancer les institutions fran- retour en Irak des inspecteurs améri- afin d’en éprouver les caractéristiques et les le ventre de gros appareils de transport amé- achetant tout ou partie de la trentaine de cophones, le 7e sommet des pays cains de l’ONU. p. 2 performances. Depuis que Washington a ob- ricains C-17, sur la base de Wright Patterson Mig-29 en sa possession. C’est ce marché que « ayant le français en partage » tenu des Mig-29, dans des conditions rocam- (Ohio). Il est vraisemblable qu’ils seront sta- les Etats-Unis – suspectant l’Iran de vouloir s’est achevé, dimanche 16 no- bolesques, la chasse est ouverte. tionnés sur les sites secrets de Groom Lake et obtenir des appareils capables de missions vembre à Hanoï (Vietnam), sur une Avec beaucoup de discrétion, puisque l’af- Tonopah, près de Nellis (Nevada), où sont dé- nucléaires – ont voulu empêcher. Le Mig-29, impression de malaise. Les pays a Chine : libération faire, commencée en février, n’a été révélée jà entreposés des Mig-23, Mig-27 et Mig-21, dont mille deux cent cinquante exemplaires africains ont vivement contesté que récemment, les Etats-Unis ont réalisé qui servent à entraîner des pilotes améri- sont en service dans le monde, est encore l’« élection » de Boutros Boutros- de Wei Jingsheng une première en matière de commerce des cains. Il s’agit de les familiariser avec la produit en série par la Russie et il peut re- Ghali au nouveau poste de secré- Pékin a autorisé le plus célèbre des dis- armes. Le Pentagone a acheté dans le plus technologie russe et de tester le comporte- présenter une menace là où il est déployé. taire général à la francophonie. La sidents chinois à s’exiler aux Etats-Unis, grand secret à la Moldavie – un Etat de l’an- ment d’avions F-18 ou F-16 face à de tels ap- Fort de cette transaction d’un genre assez crédibilité du secrétaire général, cienne Union soviétique devenu indépendant pareils. singulier, le Pentagone ne désespère pas qui n’a pas assisté à la séance de pour « raisons médicales ». p. 3 en 1991 – vingt et un avions de combat Depuis sa réunification, l’Allemagne a héri- d’obtenir, de « clients » complaisants et ré- clôture, semble déjà atteinte. Mig-29 Fulcrum, avec en prime cinq cents té de Mig-29 basés dans l’ex-Allemagne de munérés, les avions Sukhoï-27, Sukhoï-30 ou a refusé de don- missiles air-air R-73 Archer, de façon que l’en- l’Est et des aviateurs américains ont été ad- Sukhoï-37 qui lui font envie. Le Sukhoï-37, qui ner aux nouvelles institutions un a La santé semble du lot ne soit pas livré à l’Iran. On mis à voler pour connaître, d’expérience, a effectué son premier vol le 25 septembre, pouvoir de sanction dans le do- ignore le montant de la transaction. Il serait leurs caractéristiques et leurs performances. est au Salon international de Dubaï, qui a ou- maine des droits de l’homme, de Maurice Papon de l’ordre de 30 millions de dollars (à peine Mais, outre-Rhin, il n’y avait pas de Mig-29C vert ses portes le 16 novembre. Il faudra dé- contrairement à ce que récla- 170 millions de francs). Parmi les appareils en disponibles. ployer des trésors d’ingéniosité pour seule- maient les Canadiens. L’état de santé de l’accusé soumis lun- question figuraient quatorze Mig-29C du der- Téhéran a conservé une trentaine de ment l’approcher. di à des examens médicaux inquiète nier modèle, celui-là même qu’on soupçonne, Mig-29 depuis que des pilotes irakiens, pen- Lire page 4 son entourage et pourrait retarder une en raison de certains équipements de bord, dant la guerre du Golfe en 1990-1991, s’étaient Jacques Isnard et notre éditorial page 19 fois de plus le procès. p. 34 Les Reggae Boyz a Le bonheur Alain Resnais, d’être maire au Mondial Deux sondages révèlent que les maires sont, parmi les hommes politiques, les histoires de pensée élus préférés des Français. p. 13 AU DÉBUT était la fiction : des public » elle aussi. Et aussitôt, il films jamais montrés, Schéma d’une ajoute que ce dont il avait vraiment identification et Ouvert pour cause envie, c’était de réaliser des comédies a d’inventaire. Le réalisateur a vingt- musicales, « comme à la MGM ». Un point de vue quatre ans – on est en 1946 – et des Comme On connaît la chanson, sor- acolytes prestigieux ou qui le devien- ti mercredi 12 novembre. Un demi- sur « Le Livre noir » dront, Gérard Philipe, Simone Signo- siècle a passé depuis les débuts Pour Alain Blum, certains auteurs du ret, Danièle Delorme... C’est ça, l’his- d’Alain Resnais, « Non, il n’a pas « Livre noir du communisme » ont pri- toire : la fiction vient avant le changé », comme on pourrait chan- vilégié l’effet d’annonce plutôt qu’un documentaire. Les documentaires, ter dans son film. Il s’agit toujours du débat fructueux. p. 17 par lesquels Alain Resnais cinéaste spectacle, et de la terreur. On aura RENÉ SIMOES débute officiellement, sont d’abord tout dit et le contraire de son œuvre, consacrés à des artistes (Van Gogh, on aura à bon droit insisté sur son in- LA JAMAÏQUE est venue s’ajou- Gauguin) et à des œuvres (Guernica). vention formelle, et son talent pour ter aux 30 pays (sur 32) déjà quali- a Le défi urbain A des représentations, à des mises en visualiser les mécanismes mentaux, fiés pour la phase finale de la forme du monde. en particulier la mémoire. Mais en Coupe du monde de football, qui de Rio de Janeiro « Donc », on interdira Les statues confinant l’œuvre d’un grand mo- aura lieu en France l’an prochain. Architecte, le maire de la ville a engagé meurent aussi, parce que la pensée derne du cinéma à une virtuosité es- Les Reggae Boyz, avec l’aide de des formes conçues par la civilisation thétique, on aura minimisé les véri- leur sélectionneur brésilien, René la bataille de la sécurité et de l’urba- africaine devient trop naturellem- tables enjeux de son travail, qui sont Simoes, ont réussi une belle aven- nisme : réhabiliter les bidonvilles et re- ment condamnation du colonia- politiques. Aucun autre réalisateur ne ture. De même que le Japon, qui mettre le centre en état. p. 29 lisme, et qu’on est en 1953. « Donc », s’est avec autant de constance s’est qualifié de justesse face à il faudra censurer le képi du gen- confronté aux grands événements de l’Iran. Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, darme de Drancy dans Nuit et brouil- l’Histoire. Non en témoin ou en mili- 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; lard, moins pour cacher que les flics tant, mais en metteur en scène, qui Lire page 24 Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, français ont servi les nazis que pour interroge des modes de représenta- 450 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, barbouiller de noir le point de tion collectifs. International...... 2 Aujourd’hui...... 24 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; contact entre le Mal, qui déjà serait Il est ainsi l’un des premiers à pen- Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; France ...... 6 Jeux, météorologie . 27 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. du passé, et le présent de chaque ser la représentation de la guerre Société ...... 11 Carnet...... 28 jour. Il y avait eu des films évoquant d’Algérie (Muriel), son effet social (en Régions...... 13 Culture...... 29 Auschwitz auparavant, mais ils susci- France) comme imaginaire interdit. Horizons...... 14 Guide ...... 31 taient l’indifférence. « J’ai eu la volon- Entreprises...... 20 Abonnements...... 32 té de faire un film susceptible d’at- Jean-Michel Frodon Communication...... 22 Kiosque...... 32 teindre un grand public », dira Finances/marchés ... 23 Radio-Télévision...... 33 Resnais, à Cinémonde, revue « grand Lire la suite page 19 LeMonde Job: WMQ1811--0002-0 WAS LMQ1811-2 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0288 Lcp: 196 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997

PROCHE-ORIENT Les Etats- président irakien Saddam Hussein. comité d’experts au sein duquel les sentiment que les arguments que irakienne a dominé la séance d’ou- Unis ont opposé dimanche 16 no- Cette solution consisterait, selon le cinq membres permanents du j’ai développés ont participé à ce verture de la conférence écono- vembre une fin de non-recevoir à vice-premier ministre, Tarek Aziz, à Conseil de sécurité seraient repré- qui me semble être aujourd’hui mique d’Afrique du Nord et du une proposition de solution de la coiffer la commission chargée du sentés à égalité. b JACQUES quelque chose qui va un peu dans le Proche-Orient. (Lire aussi notre sup- crise avec Bagdad, suggérée par le désarmement de son pays d’un CHIRAC a déclaré qu’il avait «le sens de la détente ». b L’AFFAIRE plément économie.) Les Etats-Unis rejettent un compromis présenté par l’Irak Tout en recherchant toujours une issue diplomatique à la crise, la Maison Blanche a repoussé les conditions mises par Bagdad au retour des inspecteurs américains de l’Unscom, la commission chargée du désarmement

WASHINGTON nents [du Conseil de sécurité] aient vrait avoir pour résultat de faire pas de tenir deux langages : alors de notre correspondant tous le même poids », a indiqué plier le président irakien et, qu’à Koweït le porte-parole du dé- Les Etats-Unis ont jugé irrece- M. Aziz, expliquant que, dans cette puisque l’Unscom ne peut plus partement d’Etat, James Rubin, a vable, dimanche 16 novembre, une configuration, l’Irak n’aurait « pas remplir ce rôle, de permettre la souligné que et Moscou « ont proposition irakienne de solution à d’objection au retour des inspecteurs destruction le plus complète pos- eu une influence sur Saddam Hus- la crise avec l’ONU parce qu’elle américains » (de l’Unscom, récem- sible des stocks d’armes de des- sein dans le passé » et sont donc revenait, selon eux, à admettre le ment expulsés par Bagdad). truction massive de l’Irak. dans « la meilleure position » pour droit de regard de Bagdad sur la Pour atteindre cet objectif, les exercer celle-ci aujourd’hui, à Was- composition de la Commission UN ENJEU DRAMATISÉ Etats-Unis doivent déployer une hington, Thomas Pickering, numé- chargée de son désarmement L’Irak a pris cette initiative au puissance de feu écrasante, confor- ro trois du département d’Etat, a (Unscom). Ce n’est pas à l’Irak de moment où Mme Albright est mément à la doctrine militaire qui insisté sur la responsabilité par- « décréter qui peut faire ou ne pas confrontée aux fortes réticences de a été adoptée par le Pentagone de- tielle des gouvernements français faire partie de l’équipe » des inspec- la plupart des pays arabes concer- puis le fiasco de l’intervention en et russe dans la crise irakienne. teurs militaires, a déclaré à Riyad, nant une intervention militaire Somalie, en 1994, et dont les an- Leur attitude relativement mo- en Arabie saoudite, un haut res- américaine en Irak. Nombre ciens chefs d’état-major inter- dérée envers M. Hussein, a-t-il es- ponsable américain qui accompa- d’entre eux ne seraient pas fâchés armes, les généraux Colin Powell et timé, pourrait avoir encouragé ce gnait le secrétaire d’Etat, Made- d’être débarrassés une fois pour John Shalikashvili, se sont faits les dernier à penser que « l’unité du leine Albright. « Nous œuvrons en toutes de la menace potentielle ardents défenseurs. Conseil de sécurité était remise en vue d’un respect total des résolutions que représente Saddam Hussein, Les responsables militaires mul- cause ». Le président Clinton pour de l’ONU », a commenté en écho mais leurs gouvernements sont tiplient depuis quelques jours in- sa part n’a pas hésité ces derniers un responsable de la Maison obligés de tenir compte de l’état formations et analyses en ce sens, jours à agiter le spectre de la « me- Blanche qui se trouvait à Los An- d’esprit d’une opinion publique qui et tout montre que cette pédagogie nace globale ». « Que se passera-t-il geles avec le président Bill Clinton. n’est pas loin de penser, comme le médiatique commence à agir, s’il [Saddam Hussein] obtient, s’il Ils réagissaient à des déclarations dit Tarek Aziz, que l’Amérique comme en témoigne le ton des possède, un missile capable d’at- du président irakien, Saddam Hus- « juge, ordonne et sanctionne selon chaînes télévisées et des principaux teindre l’Europe ? », s’est interrogé sein, qui avait affirmé quel- son plaisir ». journaux, de plus en plus acquis à M. Clinton. En s’efforçant de rallier ques heures plus tôt, lors d’une Les Etats-Unis demeurent « en- l’idée selon laquelle, pour être effi- a demandé aux Américains d’ima- que comme la nécessité d’annihiler les alliés à l’idée d’une intervention réunion du conseil des ministres, gagés dans un effort diplomatique cace, une intervention militaire giner quelles seraient les consé- une menace terroriste. Prenant militaire, l’administration montre à que son pays « ne cherche pas l’af- très soutenu pour que nos alliés in- doit être de grande ampleur, et quences si, au lieu du sucre, il l’exemple de l’attentat au gaz sarin quel point elle redoute d’avoir à en frontement avec l’administration tensifient leur pression sur [Saddam vraisemblablement de longue du- s’agissait de la même quantité de perpétré dans le métro de Tokyo, il assumer seule toutes les consé- américaine » et qu’il serait « heu- Hussein], afin qu’il fasse machine rée. virus d’anthrax : la moitié de la po- a estimé que « tout gouvernement quences. reux » de trouver « par le dia- arrière, a déclaré dimanche Sandy Aussi l’administration prépare-t- pulation d’une ville de la taille de responsable doit faire son possible Les hésitations de Washington logue » une solution à la crise. Berger, le conseiller du président elle les Américains à la perspective Washington pourrait être décimée, pour éviter que des stocks d’armes seraient cependant facilement ba- Dans un entretien publié par le Clinton pour la sécurité nationale. de pertes éventuelles. Ils doivent a-t-il répondu, avant de faire la chimiques et biologiques ne tombent layées si Bagdad lui offrait le pré- quotidien Le Figaro, le vice-premier Faute de quoi, cela débouchera sur surtout être conscients de la réalité même démonstration avec une pe- entre de mauvaises mains ». texte à une riposte immédiate en ministre irakien, Tarek Aziz, a une situation très dangereuse pour le de la menace représentée par les tite ampoule qui, remplie de gas Mais en manifestant sa volonté prenant pour cible un avion espion même suggéré une formule de so- monde entier ». Les Etats-Unis sont stocks de missiles et d’armes VX, tuerait « des milliers d’Améri- de déclencher une offensive mili- américain U 2. Les Etats-Unis ont lution. « Nous demandons au d’autant plus à la recherche d’une chimiques et biologiques possédés cains ». taire de grande envergure, Was- informé l’Irak que ces vols, rendus Conseil de sécurité de créer un comi- sortie de crise que l’option militaire par l’Irak. Le secrétaire à la dé- Bill Clinton a lui aussi insisté sur hington entend aussi faire pression plus nécessaires depuis le départ té d’experts dont l’impartialité ne est politiquement risquée. Ne pou- fense, William Cohen, a volontaire- cette menace, en demandant à ses sur ses alliés, afin de les inciter à d’Irak des experts de l’Unscom, re- puisse pas être discutée. Il faudrait vant avoir pour seule vocation ment dramatisé l’enjeu, dimanche, compatriotes d’envisager l’épreuve exercer leur influence, lorsqu’ils en prendraient incessamment. que dans cette nouvelle équipe d’ins- d’infliger à Bagdad une nouvelle et au cours d’un programme télévisé. de force avec l’Irak, moins comme ont une, sur Saddam Hussein. Sur pecteurs les cinq membres perma- éphémère « punition », celle-ci de- Montrant un paquet de sucre, il une réédition de la guerre du Golfe ce point, l’administration ne craint Laurent Zecchini Madeleine Albright cherche à convaincre le monde arabe que l’Irak s’oppose avant tout à la loi DOHA (Qatar) Orient, censé développer les relations pas d’une dispute entre l’Irak et les tout des enfants », pris dans une crise Hamad s’est d’ailleurs bien gardé de qu’une poignée d’heures, la confé- de notre envoyé spécial économiques entre le monde arabe Etats-Unis, mais d’une dispute entre qu’ils n’ont ni « méritée » ni « vou- montrer du doigt ces pays. L’émir du rence de Doha a eu bien du mal à La conférence économique de Do- et Israël. Et si l’émir du Qatar, Cheikh l’Irak et la loi, entre l’Irak et le monde. » lue ». Qatar a surtout justifié le maintien de faire illusion, une fois mis de côté ses ha a compté, dimanche 16 novembre, Hamad Ben Khalifa Al-Thani s’est « N’oublions pas, a-t-elle poursuivi, L’irruption de la crise irakienne à la conférence au nom du respect des aspects de foire commerciale. La mo- un invité de dernière minute en la évertué à passer sous silence la nou- que les obligations qui sont faites à Doha a, en fait, porté le coup de grâce engagements pris dans le passé, destie de la délégation israélienne, re- personne du président irakien. velle crise irakienne dans son adresse l’Irak n’ont pas été établies par les aux ambitions politiques du sommet. puisque l’invitation de son pays pour groupée derrière le ministre de l’in- Absent d’une tribune désertée par les aux participants, le secrétaire d’Etat Etats-Unis, mais par le Conseil de sé- Celui-ci avait déjà été torpillé par l’ab- l’accueil de ce sommet avait été lan- dustrie et du commerce, Nathan principaux responsabes arabes, irri- américain, Madeleine Albright, n’a curité ; les missions des Etats-Unis sont sence de l’Egypte, de l’Arabie saou- cée en 1995, lors de la conférence Chtcharansky, le nombre étique de tés par l’attitude du premier ministre pas eu cette discrétion. effectuées non pas sous la responsabili- dite, du Maroc ainsi que de l’Autorité d’Amman. Il n’a pas été le seul à exo- contrats à caractère politique conclus israélien, Benyamin Nétanyahou, Longuement, devant un parterre té d’un organe dépendant des Etats- palestinienne, concernée au premier nérer les absents. Après lui, le mi- à cette occasion (celui sur une zone Saddam Hussein (et ses menaces) a pourtant composé en majorité Unis, mais sous la responsabilité de la chef par le processus de paix israélo- nistre des affaires étrangères du Ca- franche israélo-jordanienne, à Irbid, néanmoins alimenté les rumeurs et d’hommes d’affaires, Mme Albright a Commission spéciale des Nations unies arabe – qui sous-tendait ces confé- nada, Lloyd Axworthy, a assuré n’a pas déchaîné les enthousiasmes), les interrogations de couloirs. rappelé les origines des tensions ac- pour le désarmement (Unscom), à la- rences économiques régionales an- « comprendre ceux qui ne sont pas ve- ont concouru à soulever des interro- La veille, la décision américaine de tuelles, en soulignant la responsabili- quelle une trentaine de pays parti- nuelles lancées en 1994, à Casablanca, nus ». Bernard Kouchner a, lui aussi, gations sur la suite à donner aux évé- dépêcher le porte-avions George- té du président irakien et en prenant cipent. Le non-respect de l’Irak de ces dans la foulée des accords d’Oslo. estimé que cela valait « avertisse- nements. Dans son allocution inau- Washington croiser non loin de là, aux soin de fondre l’action des Etats-Unis obligations n’est pas la faute des Etats- Sévèrement critiqué par la Syrie, ment ». gurale, le président du Forum côtés du Nimitz, dans les eaux du dans celle de la communauté interna- Unis, des Nations unies, c’est la faute de chef de file arabe du camp du refus de Portée à bout de bras par Mme Al- économique mondial (de Davos), Golfe, avait chassé les gros titres, tionale. « L’action du Conseil de sé- l’Irak, et les souffrances des civils ira- la normalisation avec Israël, Cheikh bright, qui n’y est pourtant restée Klaus Schwab, qui organise ces som- après l’annonce de l’ouverture de ce curité [de l’ONU], a-t-elle indiqué, kiens en sont la conséquence directe. » mets conjointement avec les pays sommet Afrique du Nord-Proche- montre une fois encore qu’il ne s’agit d’accueil, s’est agacé de ce que « AIDER UN PEUPLE INNOCENT » Le Koweït contre une intervention militaire l’Afrique du Nord et le Proche-Orient « Les Etats-Unis et la communauté soient les seules zones où les affaires internationale, a-t-elle encore ajouté, Le Koweït est opposé à une « intervention militaire contre l’Irak ou sont « prises en otage » par la poli- veulent aider ce peuple innocent, mais par l’Irak », a déclaré dimanche 16 novembre, au Caire, le ministre tique. pour cela il faut que toutes les nations koweïtien des affaires étrangères, Cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sa- Echaudés par cet échec, les organi- insistent sur le respect des résolutions bah, après une rencontre avec le président égyptien Hosni Mouba- sateurs de Davos se sont bien gardés des Nations unies et sur le fait que les rak. Un affrontement entre l’Irak et les Etats-Unis « portera atteinte de lancer la moindre piste pour 1998. inspections de l’ONU ne soient sou- au peuple irakien ainsi qu’aux voisins de l’Irak », a averti Cheikh Sa- Au cours d’un dîner informel, samedi mises à aucune condition » de la part bah, dont le pays fut envahi par l’armée irakienne en août 1990 et soir, ils ont évoqué la nécessité de re- des Irakiens. Dans l’après-midi, le re- qui demeure intraitable à l’égard de son voisin. « Nous appelons ins- voir la formule. En tout état de cause, présentant de la France, Bernard tamment toutes les forces responsables à la modération et à la sa- le communiqué final de mardi devrait Kouchner, secrétaire d’Etat à la santé, gesse », a ajouté le ministre, qui a aussi appelé Bagdad à appliquer faire l’économie du sujet, les uns et a également rappelé l’attachement « sérieusement » les résolutions de l’ONU. Interrogé sur une éven- les autres se réservant la possibilité des Français au « respect intégral des tuelle demande de Washington d’utiliser le territoire koweïtien en d’examiner la situation jusqu’au dé- résolutions des Nations unies » par cas de frappe contre l’Irak, Cheikh Sabah a répondu : « Les Etats- but de 1998. Bagdad, tout en déplorant le « sort » Unis (...) ont des porte-avions dans le Golfe et n’ont demandé de permis- de la population irakienne, « et sur- sion ni au Koweït ni à quiconque d’autre ». – (AFP.) Gilles Paris La France est « solidaire » de Washington et de l’ONU LE PRÉSIDENT français, « J’ai le sentiment que les arguments jugé « inacceptable » l’attitude ac- therine Colonna, a déclaré que le Jacques Chirac, a réaffirmé lundi que j’ai développés ont participé à tuelle des dirigeants irakiens. «Je chef de l’Etat avait « exprimé au 17 novembre que la France était ce qui me semble être aujourd’hui la [cette attitude] condamne, l’Irak président américain la solidarité de « naturellement solidaire de quelque chose qui va un peu dans le n’a pas d’autre solution que de coo- la France avec les Etats-Unis dans l’ONU » dans la crise irakienne qui, sens de la détente. » pérer avec la communauté interna- cette crise ». Mais, selon Mme Co- selon lui, évolue « un peu dans le Alors que le numéro trois du dé- tionale », avait ajouté le président, lonna, M. Chirac a aussi fait obser- sens de la détente ». Au lendemain partement d’Etat, Thomas Picke- se refusant à dire si la France se ver : « Il doit être pleinement enten- de son entretien téléphonique avec ring, a critiqué le rôle joué par la joindrait à une éventuelle inter- du que si l’Irak applique les le président américain, Bill Clinton, France et la Russie dans le déclen- vention américaine contre l’Irak. résolutions des Nations unies, si la dans lequel il avait affirmé la « soli- chement de la crise, le secrétaire « Nous sommes tous d’accord pour Commission spéciale de l’ONU sur le darité » de la France avec les Etats- d’Etat, Madeleine Albright, a dé- poursuivre la recherche d’une solu- désarmement (Unscom) estime que Unis, le chef de l’Etat a encore dé- claré dimanche à Riyad : « Nous tion par les voies diplomatiques à la toutes les armes ont été détruites, claré : « Je souhaite une issue aussi comptons sur la France et la Russie, crise que nous connaissons (...). Pour alors les sanctions doivent être le- pacifique que possible de cette af- en raison de leur capacité unique à l’Irak, il n’y a pas d’issue dans la vées ». faire ; la France est naturellement communiquer avec Saddam Hus- confrontation (...). Il doit savoir que Vendredi, toujours à Hanoï, solidaire de l’ONU (...) et souhaite sein, pour le convaincre que la seule s’il coopère alors s’ouvrira une pers- M. Chirac avait regretté l’« obstina- qu’il y ait une sortie de crise. » solution est de revenir sur sa déci- pective de réintégration, une pers- tion » des dirigeants de Bagdad, M. Chirac s’exprimait lors de sion [d’expulser les Américains de pective de levée de l’embargo. » observant que « l’Irak se mettait un l’étape malaisienne de son périple l’Unscom] ». Relatant la conversation de peu dans son tort » avec l’expulsion asiatique. Rappelant sa conversa- Lors d’une conférence de presse M. Chirac avec le président Clin- des Américains de l’Unscom. – tion avec M. Clinton, il a indiqué : à Hanoï, dimanche, M. Chirac avait ton, la porte-parole de l’Elysée, Ca- (AFP, Reuters.) LeMonde Job: WMQ1811--0003-0 WAS LMQ1811-3 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0289 Lcp: 196 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 / 3 Le dissident chinois Wei Jingsheng est libéré Hassan II pourrait appeler après dix-huit ans de détention les socialistes marocains Pékin s’efforce de donner à l’Occident des gages de bonne volonté à constituer le gouvernement Le plus célèbre dissident chinois, Wei Jingsheng, les geôles du régime. Il s’est aussitôt embarqué sident Jiang Zemin aux Etats-Unis, cette libéra- a été libéré pour raison « médicale », dimanche pour Detroit (Etats-Unis), où il a été hospitalisé. tion devrait accélérer la normalisation des rela- 16 novembre, après avoir passé dix-huit ans dans Intervenant deux semaines après la visite du pré- tions entre Pékin et les capitales occidentales. L’opposition est arrivée en tête aux législatives

WEI JINGSHENG est désormais sœur, Wei Shanshan, exilée en Al- ter les tenants d’une politique ver un dernier obstable : l’embar- RABAT des indépendants (46 députés), Ah- un homme libre. A défaut de l’être lemagne. Ses conditions de déten- d’« engagement constructif » à go européen sur les ventes de notre envoyé spécial med Osman, est un ancien premier dans son propre pays, il l’est au tion étaient en outre éprouvantes : l’égard du régime chinois, attitude d’armes. Les manœuvres en ce Les élections législatives du ven- ministre, beau-frère du souverain moins dans l’exil. Figure emblé- toujours selon sa sœur, il était qualifiée de cynique par les orga- sens sont déjà bien entamées. dredi 14 novembre ont confirmé de surcroît. Quant à l’autre forma- matique de la dissidence, auréolé malmené, voire battu, par les nisations de défense des droits de Elles vont s’accélérer ces pro- l’émiettement du paysage politique tion centriste, le Mouvement dé- d’une réputation de combattant autres prisonniers, et la lumière l’homme. Si « marché » il y a eu chains mois. marocain. Arrivée en tête, l’Union mocratique et social (MDS) de Mo- intransigeant pour la liberté qui en était constamment allumée dans entre Pékin et Washington sur la Ainsi le geste de Pékin, au-delà socialiste des forces populaires hamed Harchane, un ancien faisait une sorte de version sa cellule de Tangshan. personne de Wei, on devrait en de sa dimension purement huma- (USFP), la principale formation de commissaire de police, son ascen- chinoise de Mandela ou de Solje- avoir un premier indice dès le nitaire, se révèle-t-il finalement l’opposition, devrait être chargée sion fulgurante jette le doute sur nitsyne, M. Wei est arrivé, di- RETOUR EN GRÂCE DIPLOMATIQUE printemps prochain à l’occasion d’une très grande habileté. « C’est par le roi de constituer le prochain son indépendance. Né au prin- manche 16 novembre, à Detroit Cette libération, qui pourrait, des rituels débats au sein de la tout bénéfice pour les dirigeants gouvernement, ouvrant peut-être temps 1997, le MDS – qualifié (Etats-Unis), où il a aussitôt été selon un quotidien hongkongais, commission des droits de l’homme chinois, explique Marie Holzman, la voie à une alternance recherchée comme le RNI de « parti de l’admi- hospitalisé. Il avait été libéré une être suivie de celle de Wang Dan, de Genève. Jusqu’à maintenant, spécialiste des droits de l’homme depuis des années par le Palais nistration » par les Marocains – a demi-journée plus tôt de sa prison porte-drapeau du mouvement les Américains déposaient systé- en Chine et coauteur, avec Noël pour consolider la monarchie en lui raflé 32 sièges aux législatives, soit de Tangshan, près de Pékin. Les étudiant de 1989, ne devrait pas matiquement une résolution Mamère, d’une biographie de Wei donnant un certificat de démocra- autant que l’Istiqlal, la formation autorités chinoises ont invoqué rester sans des conséquences di- condamnant les violations des Jingsheng, Chine, on ne bâillonne tie. En toute hypothèse, la forma- arrivée en tête aux élections une « grâce médicale » pour justi- plomatiques. Elle survient deux se- droits de l’homme dans l’empire pas la lumière (Ramsay, 1996). Wei tion du gouvernement n’intervien- communales de juin. fier cet élargissement qui a été im- maines après la visite en grande du Milieu. Emboîteront-ils doré- en prison, ils risquaient de se retrou- dra qu’après l’élection au suffrage médiatement applaudi dans les ca- pompe de Jiang Zemin aux Etats- navant le pas aux Français, qui se ver avec un cadavre sur les bras. indirect des membres de la ALTERNANCE POLITIQUE pitales occidentales. Unis qui a permis au numéro un sont refusé, cette année, à s’asso- Mais Wei exilé à l’étranger, ils font Chambre des conseillers – une Aisé à constituer sur le papier, un Miné par ses dix-huit ans de dé- chinois de se tailler une respecta- cier à de telles motions ? C’est en disparaître un motif de mobilisation sorte de super-Sénat –, prévue le gouvernement associant la droite tention dans les geôles du régime, bilité sur la scène internationale, tout cas le calcul du régime chinois de l’opinion internationale car les 5 décembre. et le centre se heurte cependant à l’état de santé du plus célèbre op- refermant ainsi le chapitre de la que l’« épine » annuelle de la autres prisonniers d’opinion, que Alors que près de treize millions un obstacle de taille : l’obstination posant chinois était devenu très mise en quarantaine ouvert au commission de Genève exaspère l’on évalue entre mille et deux mille de Marocains étaient pour la pre- du roi à voir le Maroc pratiquer l’al- préoccupant. Wei souffre de pro- lendemain de la répression de Tia- au plus haut point. Après la re- et dont les conditions de détention mière fois conviés à élire au suf- ternance politique. Sans elle, fai- blèmes cardiaques, d’inflamma- nanmen, en juin 1989. La proximi- prise de la coopération nucléaire s’aggravent, sont peu connus. La vé- frage universel direct les 325 dépu- sait-il observer en 1994 dans une tion des vertèbres cervicales et té des deux événements suggère sino-américaine, une retraite en ritable preuve de libéralisation du tés de la Chambre des députés, les adresse au Parlement, « la démo- d’affections dermatologiques que les Américains ont pesé de bon ordre des grandes capitales régime aurait été la libération de résultats, publiés samedi en fin de cratie serait vide de contenu ». graves. « Son visage est boursouflé, tout leur poids dans la décision de occidentales lors du rendez-vous Wei en Chine même. Or le régime matinée, ne peuvent que décevoir Même si, malgré tous ses efforts, avec des plaques irritées, et ses yeux Pékin. A Washington comme dans de Genève consacrerait le retour n’en est pas encore capable. » ceux qui aspiraient à un renouvel- Hassan II a échoué à convaincre sont affreusement cernés et bouf- les autres capitales occidentales, en grâce diplomatique de Pékin. Il lement des équipes en place. Les l’opposition (et singulièrement les fis », affirmait, fin octobre, sa une telle libération devrait confor- ne resterait plus, dès lors, qu’à le- Frédéric Bobin trois blocs, identifiés à la veille du socialistes de l’USFP) d’entrer au scrutin par le ministre de l’inté- gouvernement, il n’en a pas aban- rieur, Driss Basri – à savoir l’oppo- donné l’idée. Le faible niveau de sition, « l’entente des partis » du participation au élections de ven- La figure de proue de la contestation démocratique gouvernement sortant et les petites dredi (à peine 58 % de votants, se- formations –, sont bien au rendez- lon les chiffres officiels), le fort taux PÉKIN celle-là même qui servait aux avoir d’authentique « modernisa- affaibli mais refusant toujours de vous, mais tous font presque jeu de bulletins blancs ou nuls (environ de notre correspondant purges au sein de la nomenklatu- tion » d’un pays sans démocrati- s’amender, devient encombrant égal en nombre de députés. « Notre 1 million) n’ont pu que conforter le Normalement, Wei Jingsheng ra. sation de ses instances diri- par sa célébrité. Et ce, encore plus Parlement, avec ses quinze partis re- souverain dans son projet. La ré- devrait être, aujourd’hui, un cadre Bientôt, Wei en vit trop pour de- geantes. à partir de la crise de Tiananmen, présentés, va ressembler à celui de la conciliation des Marocains avec la bien placé dans quelque ministère meurer croyant. Une misère ru- Pour avoir poussé le raisonne- en 1989, qu’il traverse en prison. IVe République », ironisait au cours chose publique – donc la monar- à Pékin. Mais le 5 décembre 1978, rale qu’on ne soupçonne pas en ment un peu trop loin par la suite Les autorités lui proposent, en du week-end un candidat battu. chie – est sans doute à ce prix. à l’âge de vingt-huit ans, il s’est ville. Une violence entre factions et accusé de « despotisme » le 1993, un marché : une libération Outre le fait qu’une seule femme a Il reste à convaincre la Koutla politiques contraire au dogme de principal des caciques qu’il inter- dans l’espoir de peser sur la déci- été élue, l’unique surprise du scru- d’accepter ce qu’elle a toujours re- PORTRAIT l’unanimisme « révolution- pellait, Deng Xiaoping, Wei est sion du Comité international tin est la percée des islamistes du fusé jusqu’ici. Le problème ne se Wei Jingsheng apprend naire ». Des règlements de condamné, le 19 mars 1979, à olympique (CIO) qui doit exami- Mouvement populaire constitu- pose pas tant avec l’Istiqlal, placée comptes, des bassesses entre quinze ans de prison et de camps ner la candidature de Pékin à l’or- tionnel et démocratique (MPCD), en position de faiblesse par les vite à faire la différence « camarades », toutes les lâchetés de travail. ganisation des jeux de l’an 2000. qui, avec 9 députés, ont la même urnes, qu’avec l’USFP. Lassés d’être entre l’idéal martelé qui apprennent à un gamin la dif- Motif essentiel : il a refusé de se Wei y met une condition : qu’on représentation que les commu- pratiquement relégués dans l’op- et le sombre réel férence entre l’idéal martelé par renier. On lui reproche aussi lui restitue les lettres qu’il n’a ces- nistes du Parti du progrès et du so- position depuis la fin du protecto- « Big Brother » et la sombre évi- d’avoir discuté avec des journa- sé d’adresser de sa prison aux plus cialisme (PPS). rat français, certains dirigeants so- dence du réel. Le communisme, en listes étrangers d’une guerre avec hauts dirigeants du pays. La police cialistes ne sont plus hostiles à une engagé dans une voie qui ne pou- conclut-il, est un leurre. le Vietnam (février-mars 1979) à accepte. Les lettres viennent « TRIPATOUILLAGES » entrée en force au gouvernement, vait le conduire qu’à l’opposé de Chez lui, le virus de la turbu- laquelle il était opposé. d’être publiées aux Etats-Unis. Le « bloc démocratique » des où siégeraient probablement à leur cette carrière. Autant que de ses lence a été implanté par le régime. Wei y refuse tout compromis. quatre formations de l’opposition, côté les centristes du RNI. Preuve parents, il est l’enfant d’une na- Wei prend part à la toute première ÉMOI INTERNATIONAL Il passera six mois et demi la Koutla, dominée par l’USFP et de ce changement détat d’esprit, tion, ou en tout cas d’un Etat-parti émeute explicitement dirigée Entre-temps, Wei aura laissé en semi-liberté à Pékin, les nationalistes de l’Istiqlal, arrive même le maintien au gouverne- qui veut l’incarner. Déjà par son contre le pouvoir, le 5 avril 1976, à une œuvre de polémiste publiée constamment surveillé par la po- en tête du scrutin. Mais avec 102 ment de M. Basri, l’omnipotent mi- prénom, il est marqué : Jingsheng Pékin, à la veille de la mort de sous le manteau à Pékin, sur un lice. Une demi-année consacrée à députés, cette alliance hétérogène, nistre de l’intérieur, n’est plus veut dire « né à la capitale » (Pé- Mao. Il conserve cependant l’em- papier de très mauvaise qualité critiquer le régime, Mao Zedong, tenue éloignée du pouvoir depuis considéré comme un obstacle par kin). Exactement, en 1950 : fils de ploi d’électricien au zoo de Pékin puisque ce bien est monopolisé Deng Xiaoping et les dirigeants de des lustres, est loin de la majorité. le secrétaire général de l’USFP, Ab- combattants communistes portés que la qualité de militaire méri- par les autorités. Il s’efforce de dé- la génération suivante. « On nous a volé une soixantaine de derrahmane Youssoufi (alors qu’en au pouvoir par la vague de l’His- tant de son père lui a permis d’ob- montrer qu’il n’y a guère de pro- Quand il rencontre, le 27 février députés », accuse Mohammed 1994 la participation de l’UFSP toire. tenir. grès marquant à attendre du ré- 1994, un haut fonctionnaire amé- Guessous, le numéro trois de avait échoué sur cette question). Au début, à l’adolescence, il y a Puis vient ce début d’hiver 1978- gime vers une réelle libéralisation. ricain, John Shattuck, sous-secré- l’USFP, qui dénonce « les tripatouil- Pour les dirigeants socialistes, le cru. Activiste dans les premiers 1979 où le « deuxième timonier », Il est devenu, en quelques mois, le taire d’Etat chargé des droits de lages des listes électorales par l’ad- seul risque est celui de n’être pas mois de ce soulèvement téléguidé Deng Xiaoping, éprouve le besoin symbole d’une revendication dé- l’homme, c’est pour les autorités ministration, le trafic des cartes suivis par des militants dont beau- par le Grand Timonier sous le de consolider sa position en lais- mocratique farouche – au point la goutte d’eau qui fait déborder le d’électeurs financé par l’argent de la coup sont hostiles à des compro- nom de « révolution culturelle », sant brièvement la rue exprimer même de susciter les critiques de vase. Interpellé le 4 mars, il repart drogue, la mainmise du pouvoir sur mis. La menace d’une scission au il a pris part à ce déferlement les doléances de la population. certains contestataires en désac- pour les camps. A l’issue d’un les bureaux de vote ». Si demain sein du parti n’est pas prise à la lé- d’énergie trop longtemps tenue Wei se jette dans la brèche. Son cord avec ses prises de position nouveau procès, le 13 décembre l’opposition accepte de gouverner, gère par sa direction. Elle justifie la sous le boisseau. Il a cependant premier texte, manuscrit, affiché radicalement anticommunistes. 1995, il est condamné à quatorze elle devra nouer des alliances. prudence des instances de l’USFP fait partie d’un groupe plutôt li- sur le « Mur de la démocratie », Son emprisonnement suscite ans de prison pour sédition, juge- Réunie au sein du Wifak, la ma- depuis la proclamation des résul- bertaire, le Comité d’action unie attire immédiatement l’attention d’abord des protestations en ment qui provoque un certain jorité sortante talonne l’opposition tats des législatives. « Le scénario des gardes rouges de la capitale. de tous. Au lieu de ruser avec les France, puis aux Etats-Unis où le émoi international. avec 100 élus. Pour peu qu’elle se de l’alternance est exclu pour Ces jeunes gens précoces se sont mots du régime, l’auteur s’adresse Wall Street Journal commence, en Le ministère français des af- rapproche du troisième bloc – qua- l’heure, mais il n’est pas enterré. livrés au sac d’un des quartiers gé- aux gouvernants pour leur dire 1987, à publier régulièrement, à faires étrangères émet l’espoir lifié de « centriste » par les pouvoirs Nous allons consulter la base. Cela néraux de la police politique, simplement qu’il ne saurait y chaque anniversaire de son arres- que le jugement sera cassé en ap- publics mais qui se situe à droite –, va prendre le temps qu’il faudra », tation, dans son édition asiatique, pel. Il est au contraire confirmé le une solide majorité parlementaire expliquait, ce week-end, le numéro le même extrait de son pamphlet 28 décembre. est à portée de main. Le président trois de l’USFP. COMMENTAIRE puisque la sentence le condam- La Cinquième Modernisation. Wei, de la principale composante de ce nant n’est pas abrogée. réduit au silence, physiquement F. D. centre, le Rassemblement national Jean-Pierre Tuquoi UNE PREMIÈRE La « longue marche » de la Chine vers l’Etat de droit n’en ÉTAPE est donc toujours qu’à sa pre- mière étape. Il reste à voir com- Le président Jiang Zemin s’est ment M. Jiang compte gérer la donc débarrassé du « prisonnier suite de son règne face à l’iné- de Deng Xiaoping » neuf mois luctable réémergence de la après la mort du patriarche. On contestation politique. Parvien- s’en félicite pour l’intéressé, dra-t-il à éviter le piège d’un pour les autres libérations de trop probable « prisonnier de prisonniers politiques que celle- Jiang », lui qui n’a en rien, pour ci permet d’espérer. Et parce le moment, récusé les méthodes que le régime chinois, à défaut de ses illustres prédécesseurs ? d’engager le dialogue avec son On ne saurait en préjuger. Le opposition intérieure, a au pouvoir chinois est aujourd’hui moins su entendre la clameur contraint de se réinventer une extérieure s’élevant contre de légitimité. L’expérience de Taï- tels emprisonnements iniques. wan montre que ce processus Toutefois, le fait qu’il ait fallu peut rapprocher une société pour cela l’intervention de plu- chinoise de l’idéal démocra- sieurs chefs d’Etat étrangers, de tique. Bill Clinton, de Jacques Chirac, « L’affaire Wei Jingsheng » relativise le progrès accompli. confirme que les Occidentaux Wei Jingsheng a vu sa jeunesse ont leur modeste rôle à jouer gâchée par Mao et une grande dans cette évolution. Acteur partie de son âge adulte confis- principal de la scène chinoise, le qué par Deng Xiaoping pour gouvernement de Pékin a ten- avoir osé défier le principe ré- dance à faire plus d’efforts de- galien qui régit la Chine. Et c’est vant un public critique que de- ce même principe qui a encore vant un parterre complaisant. prévalu pour son élargissement, qui équivaut à un bannissement Francis Deron LeMonde Job: WMQ1811--0004-0 WAS LMQ1811-4 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0290 Lcp: 196 CMYK

4 / LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 INTERNATIONAL Le rôle du nouveau « secrétaire général » Les Verts allemands à la francophonie reste vivement contesté veulent s’allier Difficile modernisation des institutions au sommet de Hanoï aux sociaux-démocrates Le VIIe sommet des pays « ayant le français en Les pays africains ont vivement contesté « l’élec- taire général à la francophonie. Ce dernier n’a partage » s’est achevé, dimanche 16 novembre à tion » – à l’unanimité mais sans vote – de Bou- pas assisté à la conférence de presse de clôture. Hanoï (Vietnam), sur une impression de malaise. tros Boutros-Ghali au nouveau poste de secré- (Lire aussi notre éditorial page 19.) Leur congrès favorable à une coalition nationale

HANOÏ Boutros-Ghali, pour son attitude Outre son rôle de représentation, voit pas très bien, à ce stade, quel KASSEL sel, Joschka Fischer a exhorté ses de notre envoyée spéciale passée au sein de l’OUA et de le secrétaire général est supposé sera le rôle, sinon d’envoyer des de notre envoyé spécial troupes à ne pas entrer en cam- Les pays « ayant le français en l’ONU, ils ont exprimé leur frustra- contribuer à la prévention des observateurs dans certains pays où Mettre ses divergences en sour- pagne avec des revendications ir- partage » se sont donné un secré- tion de voir ce poste leur échapper conflits entre les pays membres se déroulent des élections. Investi dine et se présenter, à dix mois des réalistes. Pour éviter toute polé- taire général en la personne de et leur colère devant la façon dont ainsi qu’à la promotion de la démo- d’une mission politique assez élections, comme un parti de gou- mique interne, le dossier de la Boutros Boutros-Ghali, dimanche Paris avait évincé leur candidat cratie et de l’Etat de droit. Les Ca- floue, contesté aussi dans son auto- vernement. Tel était l’objectif des défense a soigneusement été évité. 16 novembre, lors de leur septième concurrent, le Béninois Emile Zin- nadiens, qui prennent cette procla- rité par les autres instances de la Verts allemands, réunis en congrès Au-delà de la réforme fiscale éco- sommet à Hanoï. La création de ce sou. Ils ont exprimé aussi l’inquié- mation au pied de la lettre, francophonie, le premier secrétaire à Kassel du 14 au 16 novembre. logique, le programme des Verts est poste est censée renforcer la « di- tude plus diffuse de voir la France souhaitaient qu’on aille plus loin et général sera, en outre, sous le re- Toutes tendances confondues, les un curieux mélange de collecti- mension politique » de la franco- les délaisser et réorienter son ac- que, sur le modèle du Common- gard vigilant de ceux qui tiennent écologistes ont appelé à la mise en visme et de libéralisme, sans qu’on phonie, mais les choses ont assez tion extérieure, non seulement vers wealth, on envisage des sanctions les cordons de la bourse, à savoir place d’une coalition nationale avec sache si la tendance plutôt « libé- mal commencé pour son premier l’Europe de l’Est mais maintenant contre les pays membres qui en- les services du premier ministre les sociaux-démocrates (SPD) en rale » incarnée par M. Fischer pren- titulaire. La désignation de Boutros aussi vers les pays « émergents » freindraient les normes démocra- français. cas de victoire de la gauche en 1998. dra le dessus. Persuadé qu’on ne re- Boutros-Ghali, imposée par le pré- d’Asie ou d’Amérique latine. tiques. Une proposition évidem- Arrivé aux affaires après que le Coalition qui prendrait modèle sur trouvera jamais le plein emploi, le sident de la République, Jacques ment irrecevable étant donné la choix de l’Elysée eut été fait et peu celles qui existent déjà à l’échelle de parti est favorable à un recours Chirac, a en effet donné lieu à un BOYCOTTAGE DU CONGO situation qui règne dans un grand désireux de toutes façons d’enga- cinq sur seize des Länder alle- massif au temps partiel – étalé sur la mouvement collectif de mauvaise Seule la République démocra- nombre de pays membres, à ger une querelle de cohabitation mands. vie entière – et s’est prononcé à humeur des pays africains contre la tique du Congo avait boycotté le commencer par le Vietnam qui ac- sur ce sujet, le gouvernement so- Crédités de 10 % des voix dans les Kassel pour l’instauration d’un re- France, comme on n’en avait jus- sommet, la radio officielle de cueillait ce septième sommet. cialiste ne dissimule cependant pas sondages, les Verts se sont em- venu minimum. Très majoritaire- qu’ici rarement vu. Laurent-Désiré Kabila précisant, Jacques Chirac s’est trouvé, lors son scepticisme. Il a déjà modéré ployés à rattraper les erreurs tac- ment favorable à l’euro, le parti en Rien n’en a certes percé dans les dimanche, que Kinshasa ne veut de la conférence de presse, dans certaines exigences matérielles de tiques commises depuis l’automne. appelle à une politique européenne interventions des chefs d’Etat, lors appartenir « à aucune sphère de la l’obligation de récuser publique- Boutros Boutros-Ghali et il entend Le parti avait publié courant octo- de lutte contre le chômage et accuse du sommet proprement dit, et c’est francophonie », prolongement, se- ment cette idée, contre les offen- garder l’œil sur les comptes du se- bre un projet de programme qui Helmut Kohl de saboter le sommet par acclamations, sans vote et lon elle, du « néocolonialisme ». sives répétées du premier ministre crétariat général. Plus globale- pouvait faire figure d’épouvantail sur l’emploi de Luxembourg. comme s’il incarnait un véritable Même s’ils se gardent d’aller canadien, Jean Chrétien, qui insis- ment, l’entourage du premier min- auprès d’une bonne partie de l’opi- M. Fischer se prononce pour une consensus, que Boutros Boutros- jusque-là, la plupart des pays afri- tait sur ce retard de la francophonie sitre exprime l’intention de faire la nion publique. En proposant la sup- modernisation radicale de l’Etat et Ghali a été élu dimanche. Les pré- cains n’en ont pas moins fait par rapport au Commonwealth. chasse aux gaspillages et à la rému- pression du service national obliga- des services publics. « C’est la seule sidents africains n’en avaient pas comprendre leur malaise à Hanoï. « Les sanctions ne sont pas dans la nération du copinage dans les toire, la réduction de moitié des chance qu’a la gauche de revenir au moins pendant presque une se- Ni le président béninois ni Boutros tradition de l’espace francophone, a autres instances de la francophonie effectifs de la Bundeswehr en pouvoir », déclarait-il récemment. Il maine fait donner la contestation Boutros-Ghali n’ont, en tout cas, répondu Jacques Chirac. Elles re- et de remplacer la pratique des quatre ans ainsi que la dissolution à est favorable aux privatisations, et contre lui par les chefs de leur di- participé dimanche à la conférence lèvent de la compétence de l’ONU. subventions aveugles par un sys- terme de l’OTAN, le parti montrait souhaite une participation massive plomatie, lors de la réunion des mi- de presse de clôture du sommet où Ce que nous voulons, nous, c’est tème plus rigoureux d’évaluation qu’il n’était toujours pas mûr pour des salariés au capital des entre- nistres de la francophonie qui ils étaient pourtant annoncés. convaincre pas contraindre. » A cô- des projets. Une démarche bien gouverner. Le volet économique prises pour résoudre progressive- étaient chargés de mettre la der- Cette conférence de presse, don- té de lui, Mme Bihn, dans la grande ambitieuse dans un secteur de la était lui aussi spectaculaire, avec le ment le problème du financement nière main aux documents de Ha- née par Jacques Chirac en seule tradition communiste, s’élevait politique étrangère française qui projet de porter dans un délai de dix des retraites. Ses ambiguïtés noï. Sous différents prétextes, no- compagnie de la vice-présidente du contre toute ingérence de la fran- relève largement du domaine ré- ans le prix du litre d’essence à servent Joschka Fischer : il rassure à tamment la définition des Vietnam, Mme Nguyen Thi Binh, et cophonie ou de quiconque dans les servé de l’Elysée. Bien ambitieuse 5 deutschemarks (16,80 francs). l’extérieur du parti et conforte sa attributions du secrétaire général des dirigeants canadiens qui ac- affaires intérieures des Etats et aussi dans un ensemble de pays et Ce programme, qui ne faisait que popularité à l’intérieur. A l’issue de et du budget dont il disposera, les cueilleront le prochain sommet en soulignait que la charte adoptée à un écheveau d’institutions où la ri- remettre à jour des revendications son discours, il a eu droit à une stan- ministres africains ont mené la vie 1999, a donné lieu à l’étalage public Hanoï respecte ce principe. gueur comptable, pas plus que la ri- anciennes, a entraîné un tollé chez ding ovation – fait rarissime chez dure aux représentants de la d’autres querelles qui incitent à Le sommet a entériné la création gueur démocratique, ne semblent les sociaux-démocrates mais a aussi les Verts. Si les Verts ont un patron, France. s’interroger sur la dimension poli- d’un observatoire de la démocratie encore sur le point de s’imposer. provoqué la colère de Joschka Fis- c’est bien lui. Au-delà des griefs que certains tique dont on prétend doter l’en- qui sera mis à la disposition du se- cher, le chef du groupe parlemen- ont contre la personne de Boutros semble francophone. crétaire général mais dont on ne Claire Tréan taire des Verts au Bundestag. A Kas- Arnaud Leparmentier Un intellectuel brillant et francophile La gauche italienne remporte « Je suis à la disposition des chefs d’Etat ou de ninois. Boutros Boutros-Ghali devient ainsi, pour crétaire général de la francophonie à Hanoï). gouvernement francophones, s’ils décident de faire quatre ans, « le visage et la voix » de la francopho- « J’ai accepté cette responsabilité car la politique les élections municipales appel à moi », avait affirmé Boutros Boutros- nie, de ceux qui ont « en partage » la langue fran- actuelle du président Sadate correspond tout à fait Ghali, le 20 mars au futuroscope de Poitiers où çaise. Brillant intellectuel francophone et franco- à mes convictions », avait-il déclaré à l’époque. ROME Gênes, Giuseppe Pericu, candidat l’on célébrait la journée mondiale de la franco- phile, M. Boutros-Ghali est âgé de M. Boutros-Ghali a occupé ce poste quatorze an- de notre correspondant présenté par le PDS (Parti de la soixante-quinze ans. Il est né au Caire, en 1922, nées durant, jouant un rôle-clé dans les négocia- Selon les sondages effectués à la gauche démocratique), principale PORTRAIT dans une famille copte orthodoxe, originaire de tions et la conclusion des accords de paix égypto- fermeture des bureaux de vote, di- formation de la majorité, est en Désigné par Jacques Chirac, Haute-Egypte. Fils de la grande bourgeoisie cai- israléliens de camp David en 1978 et dans la si- manche 16 novembre, la coalition ballottage favorable. rote, c’est un juriste international reconnu, un po- gnature du traité de paix l’année suivante. de centre-gauche a largement Il faudra attendre les résultats Boutros Boutros-Ghali a pris litologue et un homme politique accompli, amou- Elu secrétaire général des Nations unies fin remporté le premier tour des élec- définitifs pour connaître l’ampleur pour quatre ans « le visage et reux du travail bien fait. Il est l’auteur d’une 1991, après la guerre du Golfe, il devait réformer tions locales. Dans les trois villes du succès de L’Olivier, la coalition la voix » de la francophonie douzaine d’ouvrages – dont certains ont été écrits l’ONU pour en faire le « gendarme » universel les plus importantes en lice – gouvernementale, lors de ce scru- directement en français – de droit portant sur le que le monde de l’après guerre froide attendait. Rome, Naples et Venise – les trois tin présenté comme un test de la principe d’égalité des Etats et sur les regroupe- Mais la mort de dix-huit soldats américains en candidats sortants, tous de popularité du pouvoir dix-huit phonie. Le matin du même jour, Margie Sudre, ments régionaux. Il a fait la majeure partie de ses Somalie en 1992, et les reculades des Nations gauche, sont donnés largement mois après sa mise en place – et secrétaire d’Etat à la francophonie, avait laissé études à Paris où il est devenu docteur en droit unies en ex-Yougoslavie et au Rwanda en ont fait gagnants. Il s’agit d’un véritable seulement un mois après la crise entendre sur France-Inter que Paris était favo- international en 1949 et diplômé de siences poli- un bouc émissaire tout désigné pour les Etats- triomphe pour Antonio Bassolino, qui a failli provoquer sa chute. rable à la nomination du diplomate égyptien au tiques. Unis et les pays anglo-saxons qui se sont opposés qui recueille à Naples les fruits de Près de dix millions d’Italiens, soit futur poste de « M. Francophonie ». fermement à sa réélection à la tête de l’ONU fin quatre années de gestion au cours le cinquième du corps électoral, Le choix de la France a été entériné dimanche PIED DE NEZ À L’HISTOIRE 1996. Contraint de s’effacer devant le veto améri- desquelles il a impulsé le renou- étaient appelés aux urnes pour dé- 16 novembre, par le VIIe sommet de la francopho- Le grand-père du tout nouveau « M. Franco- cain, Boutros Boutros-Ghali – indéfectiblement veau de la cité. Le maire philo- signer leurs représentants dans 414 nie réuni à Hanoï au Vietnam. L’ancien secrétaire phonie », Pierre Boutro-Ghali a été le seul chef de soutenu par Paris – fait un pied de nez à l’Histoire sophe de Venise, Massimo Caccia- communes dont 82 de plus de général des Nations unies, a été désigné secré- gouvernement égyptien non musulman de et à ses détracteurs anglo-saxons. Il revient sur la ri, est lui aussi largement confirmé 15 000 habitants. Ce scrutin, pour taire général de la francophonie par acclamation. l’Egypte moderne. Il fut assassiné en 1910, par un scène internationale terminer une brillante car- dans ses fonctions. A Rome, l’éco- lequel la participation a atteint Le consensus des chefs d’Etat et de gouverne- nationaliste égyptien qui lui reprochait d’avoir rière à la tête d’une organisation qui se cherchait logiste Francesco Rutelli a facile- 74 %, concernait également l’élec- ment n’est intervenu qu’au terme d’un sommet ouvert le pays à l’Occident, laissant en héritage à un porte-parole politique d’envergure capable de ment conquis un nouveau mandat tion de cinq conseils provinciaux. perturbé par la fronde de plusieurs pays africains sa famille le culte du service de l’Etat. Son petit- parler d’égal à égal avec les responsables d’autres en dépit de l’échec de la candida- – conduite notamment par le Burkina Faso et le fils (qui porte le même prénom : en arabe, Pierre organisations transnationales comme le ture de la capitale aux Jeux olym- CURE D’AUSTÉRITÉ Bénin – mécontents des pressions exercées par se dit Boutros), est devenu ministre des affaires Commonwealth. piques de 2004, remportée par Il s’agissait de la première prise Paris pour obtenir le retrait du seul candidat dé- étrangères de son pays le 17 novembre 1977 (vingt Athènes. Tous trois devraient pas- de température de l’opinion pu- claré : Emile Derlin Zinsou, l’ancien président bé- ans presque jour pour jour avant de devenir se- Frédéric Fritscher ser au premier tour tandis qu’à blique après la victoire historique de la gauche aux élections législa- tives du 21 avril 1996. Ce scrutin re- présente un succès pour le pré- Le pape réunit pour la première fois les épiscopats américains du Nord et du Sud sident du conseil Romano Prodi en dépit de la cure d’austérité infligée AVANT L’AN 2 000 et en dépit soit 60 % de la population catho- mais convergentes : les migrations l’urgence de réformes agraires, les plus que les organisations popu- à la nation pour que l’Italie accède d’une santé fragile, le pape veut lique mondiale. Les 27 cardinaux (les « hispaniques » deviennent actions de formation des « commu- laires, les communautés de base, la à la monnaie unique dès le 1er jan- réunir, continent par continent, les américains sont présents, ainsi que majoritaires dans la population ca- nautés ecclésiales de base ». théologie de la libération, dont les vier 1999. « La victoire qui se profile épiscopats du monde entier. Di- 130 délégués des conférences épis- tholique des Etats-Unis), la pauvre- A la lecture des documents pré- milieux conservateurs estiment est supérieure aux prévisions », a manche 16 novembre, il a ouvert un copales et tous les responsables de té, les écarts sociaux, les préjugés paratoires de ce premier synode qu’elle est morte avec la chute du déclaré, satisfait, le chef du gou- synode dit « des Amériques », réu- la Curie romaine. Au total, cette as- raciaux, le marché de la drogue, la des Amériques, des théologiens cri- mur de Berlin. En revanche, vernement, pour qui, « c’est un nissant pour la première fois, jus- semblée comprend près de 250 par- corruption, etc. Le synode deman- tiques, comme Oscar Beozzo (Bré- l’accent est fortement mis sur les signe de grande confiance qui ne qu’au 12 décembre, les épiscopats ticipants. dera l’assouplissement de la dette sil) ou Pablo Richard (Chili), ont mis notions de « péché », de « conver- fait qu’augmenter notre responsabi- des deux hémisphères. L’Amérique Le souhait du pape est de remo- extérieure des pays du Sud et pro- en cause la volonté de « recen- sion », de « communion » et de « so- lité ». D’ores et déjà, l’allié néo- du Nord et l’Amérique du Sud biliser les Eglises du Nord et du Sud posera des principes éthiques en trage » du Vatican, déjà évidente lidarité ». communiste se dit prêt à soutenir comptent 500 millions de fidèles, autour de préoccupations désor- vue de moraliser les économies lors de la conférence du Celam à Le soupçon vise les progressistes le candidat de la gauche au second néolibérales. Il cherchera de nou- Saint-Domingue en 1992, à laquelle qui, dans les années 60 et 70, au- tour du 30 novembre, à condition velles ripostes à l’« invasion » des le pape en personne avait participé. raient répondu aux besoins sociaux qu’il y ait négociation sur le pro- sectes. Ils contestent l’abandon de la mé- des populations plus qu’à leurs be- gramme là où il n’y pas eu de can- thode propre aux Eglises latino- soins religieux et auraient ainsi didature commune. REMODELER L’ÉGLISE américaines, qui consiste à partir de frayé la voie aux sectes. Relayé par Ce nouveau succès du centre- Ce projet d’un synode unique la réalité socio-politique pour défi- les secteurs conservateurs (notam- gauche une semaine après la nette pour le nord et le sud de l’Amérique nir des engagements pastoraux et ment l’Opus Dei), le Vatican sou- victoire de l’ancien magistrat An- a été accueilli avec froideur dans les théologiques. Les documents de haite un remodelage de l’Eglise tonio Di Pietro au poste de séna- Eglises latino-américaines. Les travail « ignorent l’existence de américaine dégagée des schémas teur pour le compte de la coalition théologiens et les évêques les plus l’Eglise comme peuple, avec son dy- politiques, mieux enracinée dans la de l’Olivier met en difficulté l’op- progressistes craignent l’« étouffe- namisme prophétique et son organi- réalité culturelle des masses popu- position. Même si pour Silvio Ber- ment » du dynamisme propre aux sation en communautés, regrette Pa- laires, mettant l’accent sur des pra- lusconi, leader du Pôle des libertés, catholiques du Sud depuis les blo Richard. [Ils] ignorent tiques liturgiques et bibliques tradi- cette victoire « n’est pas une sur- conférences du Celam (Conseil l’expérience des communautés de tionnelles, une formation plus prise », elle n’en constitue pas épiscopal latino-américain) à Me- base et des martyrs ». structurée du clergé et une plus moins un revers pour la droite qui, dellin (Colombie) en 1968 ou à Pue- Mgr Oscar Romero et les jésuites grande discipline. Le premier sy- dans les grands centres urbains, bla (Mexique) en 1979. C’est là que assassinés à San Salvador (respec- node des Amériques serait le som- n’a jamais représenté une menace furent définies l’« option préféren- tivement en 1981 et 1989) ne sont met de cette stratégie. sérieuse pour les maires sortants. tielle pour les pauvres », la défense pas mentionnés dans les docu- des minorités écrasées (indiennes), ments préparatoires du synode, pas Henri Tincq Michel Bôle-Richard LeMonde Job: WMQ1811--0005-0 WAS LMQ1811-5 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0291 Lcp: 196 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 / 5

En Hongrie, 85 % des votants ont dit « oui » à l’entrée dans l’OTAN M. Eltsine rejette l’offre de démission BUDAPEST. L’immense majorité des électeurs hongrois qui se sont déplacés pour voter, dimanche 16 novembre, ont dit « oui » à de M. Tchoubaïs, affaibli par un scandale de corruption l’adhésion de leur pays à l’OTAN, lors du seul référendum organisé sur le sujet en Europe de l’Est. Selon les résultats annoncés par le comité national électoral, portant sur 99,48 % des suffrages, 85,33 % Le président russe a limogé, samedi 15 novembre, deux de ses proches collaborateurs des électeurs se sont prononcés en faveur de l’intégration dans l’Alliance atlantique, et 14,67 % contre. L’importante victoire du Perçu par les Occidentaux comme le « garant » fert, samedi 15 novembre, de démissionner, président Boris Eltsine a rejetté la démission de « oui », qualifiée de « résultat fantastique » par le premier ministre des réformes économiques en Russie, le premier après qu’il eut été accusé d’avoir touché des M. Tchoubaïs, mais le Kremlin a limogé deux de Gyula Horn, constitue une surprise pour les autorités de Budapest, vice-premier ministre, Anatoli Tchoubaïs a of- pots de vin d’un montant de 90 000 dollars. Le ses proches collaborateurs. qui redoutaient une faible majorité. Le taux de participation, établi à 49,24 %, a été relativement faible. MOSCOU parlement débat du budget 1998 et exiger, s’il le voulait, plus de rigueur au-delà du « blâme » qu’il a, offi- Il suffit toutefois à la validation du référendum : pour que le « oui » de notre correspondante de lois fiscales « déstabiliserait l’exé- morale de ses « jeunes réforma- ciellement, adressé samedi par télé- l’emporte, il fallait en effet qu’au moins 2 millions d’électeurs (soit « L’Histoire de la privatisation en cutif du pays et serait très domma- teurs ». phone à Anatoli Tchoubaïs. Lequel 25 % des inscrits) votent dans ce sens. Le chef de la diplomatie Russie », le livre non publié d’Ana- geable pour son économie », a préci- Si Boris Eltsine ne s’y est décidé n’en a pas moins reçu, dès di- hongroise, Laszlo Kovacs, a estimé dimanche que « la question de toli Tchoubaïs et de ses amis qui fait sé cette source anonyme. Plus que maintenant, c’est à cause de la manche, des félicitations présiden- l’adhésion à l’OTAN n’est pas celle d’une élite politique, mais reflète scandale en Russie, n’a finalement concrètement, des proches de « puissance de feu » que détiennent tielles pour son « bon travail » ac- les demandes de la majorité des électeurs ». – (AFP, Reuter.) coûté leurs postes qu’aux « seconds M. Tchoubaïs ont affirmé qu’un dé- désormais les clans financiers ligués compli en Ukraine, où il a préparé la couteaux » de l’affaire. Le premier part du « garant des réformes » aux depuis cet été contre le tandem visite non-officielle entamée le réformateur du pays a sauvé le sien, yeux des Occidentaux aurait préci- Tchoubaïs-Unexim. Ces clans, même jour à Moscou par le pré- L’opinion allemande évolue mais ses nombreux et puissants en- pité la crise qui sévit déjà sur le mar- conduits aujourd’hui par le finan- sident Léonid Koutchma. nemis affirment qu’il n’a plus d’ave- ché financier russe comme ailleurs, cier et nouveau « Raspoutine » du Les commentaires en Russie s’ali- nir politique. Boris Eltsine a en effet et que les capitaux auraient quitté le Kremlin Boris Berezovski, dé- gnaient sur les positions de ses clans favorablement sur l’euro décidé, samedi 15 novembre, de li- pays « par milliards » dès l’ouver- tiennent en effet les deux princi- médiatico-financiers. Les uns souli- moger deux des co-auteurs d’un ture des marchés lundi matin. pales chaînes de télévision du pays. gnaient que M. Tchoubaïs a l’habi- BONN. Les Allemands favorables à l’euro seraient désormais plus « livre » qui devait dégager Il semble que Boris Eltsine ne de- tude de travailler dans un « environ- nombreux que les opposants à la future monnaie unique euro- 450 000 dollars de revenus (Le mandait qu’à en être convaincu. « BON TRAVAIL » nement hostile » et ne devrait pas péenne. C’est ce qu’affirme, dans une interview à l’hebdomadaire Monde daté du 16-17 novembre). Il Des « affaires » non moins consé- Quant au moment choisi pour ré- trop souffrir du limogeage d’une Focus parue lundi 17 novembre, le porte-parole du gouvernement s’agit des jeunes Maxim Boïko, mi- quentes ont déjà éclaboussé véler une affaire qui remonte à juin partie de son équipe. Les autres le allemand, Peter Hausmann. S’appuyant sur un sondage de l’Institut nistre des privatisations et Piotr l’équipe d’Anatoli Tchoubaïs par le dernier, il s’expliquerait par une disaient lui-même en sursis, Boris Allensbach effectué en août, M. Hausmann affirme que « le rapport Mostovoï, chef du Comité fédéral passé. De la « boîte aux « revanche » de M. Berezovski, ren- Eltsine pouvant s’en débarrasser à entre partisans et opposants de l’euro était maintenant de 55 % contre des faillites, tous placés par 500 000 dollars » de financement il- voyé la semaine dernière à l’instiga- la première occasion, une fois les 45%». M. Tchoubaïs. légal de la campagne présidentielle tion de M. Tchoubaïs de son poste marchés financiers un peu calmés. L’hebdomadaire Focus évoque une autre étude de la Fondation Mais le président a maintenu en de 1996, au « prêt sans intérêts » au Conseil de sécurité, mais qui gar- Les communistes ont pour leur part Konrad-Adenauer, proche de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) fonction le « numéro deux » du placé par M. Tchoubaïs dans le derait toute sa puissance occulte. déploré son maintien en poste, sou- du chancelier Helmut Kohl, dont les conclusions vont dans le gouvernement en charge des fi- fonds d’investissement Montes Auri Le moment choisi s’expliquerait lignant que « le bruit fait autour du même sens. Selon cette étude, la proportion d’Allemands opposés à nances, en raison de « la situation créé par ses amis, en passant par aussi par la lutte, entrant dans sa livre cache l’iceberg de la corruption l’euro a chuté en l’espace de six mois à 45 %. Si ces chiffres se sociale et économique extrêmement son alliance privilégiée avec des lob- phase décisive, pour la privatisation qui imprègne la branche exécutive du confirment, il s’agirait d’un renversement par rapport aux précé- critique en Russie », selon un porte- bys américains et le groupe privé de la société pétrolière Rosneft. Les pouvoir ». dents sondages, qui donnaient régulièrement une proportion de parole du Kremlin. Une démission russe Unexim : les prétextes ne résultats de celle-ci pourraient clari- 60 % d’Allemands opposés à la monnaie unique. – (AFP.) de M. Tchoubaïs au moment où le manquaient pas au président pour fier les intentions de Boris Eltsine, Sophie Shihab Réchauffement des relations entre les Etats-Unis et la Suisse BERNE. Le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright s’est rendu, samedi 15 novembre à Berne, dans le but de « réchauffer » les relations américano-helvétiques, sensiblement malmenées par la polémique sur le comportement de la Suisse pendant la seconde guerre mondiale. Il s’agissait de la première visite d’un chef de la diplomatie américaine dans la capitale fédérale depuis 1961. En pré- sence du sous-secrétaire d’Etat américain, Stuart Eizenstat, auteur d’un rapport très critique pour la Confédération, Mme Albright a réi- téré les reproches adressés à la Suisse d’avoir notamment acheté de grandes quantités d’or volé par les nazis. Saluant toutefois les ef- forts entrepris par la Suisse pour faire la lumière sur son passé, Mme Albright s’est félicitée de la création d’un fonds spécial pour les victimes de l’Holocauste, qui doit remettre ses premiers chèques de 400 dollars par personne, mardi 18 novembre, à quelques rescapés de la Shoah à Riga, en Lettonie. – (Corresp.) La junte birmane tente de restaurer son image RANGOUN. La junte birmane a procédé, samedi 15 novembre, à un « ravalement de facade » en décidant de dissoudre le Conseil de restauration de la loi et de l’ordre (Slorc), appellation de la struc- ture dirigeante du régime qui sera désormais rebaptisée Conseil pour la paix et le développement (Spdc). Le chef de l’Etat, le géné- ral Than Shwe, conserve ses fonctions, mais il a promu une nou- velle génération d’officiers dans les instances du régime. En se présentant sous un nouveau visage, la junte espère restaurer son crédit sur la scène internationale. Les généraux étaient diplo- matiquement très isolés après avoir réprimé dans le sang en 1988 un mouvement démocratique. Ils avaient ensuite ignoré la victoire de la Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu kyi aux élections de 1990. – (AFP.)

DÉPÊCHES a NIGERIA : le général Sani Abacha a annoncé, lundi 17 no- vembre, la « dissolution » de son gouvernement et « l’amnistie » de certains détenus politiques, qu’il n’a pas nommés. Le chef de l’Etat s’exprimait à l’occasion du 4e anniversaire de sa prise du pouvoir. Un « nouveau cabinet » gouvernemental assurera la direction des affaires du pays jusqu’au 1er octobre 1998, date à laquelle prendra fin l’administration militaire. A cette date, conformément à l’en- gagement solennel du général Abacha, le pouvoir doit revenir à un président civil démocratiquement élu. Le scrutin aura lieu le 1er août 1998. – (AFP.) a RÉPUBLIQUE TCHÈQUE : le président Vaclav Havel a lancé, dans un article publié samedi 15 novembre par le quotidien Dnes, un appel à la lutte contre le racisme, « ce démon destructeur dont le danger a été sous-estimé » en République tchèque, a-t-il estimé. Touché par le récent assassinat d’un étudiant soudanais par un skinhead à Prague, M. Havel a appelé à des « modifications de la lé- gislation » et à des « changements fondamentaux de la pratique de l’éxecutif », afin de « mettre hors-la-loi tous les mouvements racistes et xénophobes » dans le pays. – (AFP.) Jacques Chirac dénonce l’« anarchie » des marchés boursiers KUALA LUMPUR. Le président français Jacques Chirac a souhaité, lundi 17 novembre à Langkawi (Malaisie), que soient adoptées « des règles prudentielles pour éviter la loi de la jungle », après la crise fi- nancière et monétaire en Asie. « La spéculation tout à fait excessive (...) doit être maîtrisée », a déclaré Jacques Chirac, au cours d’une conférence de presse à l’issue d’un entretien avec le premier mi- nistre malais, Mahathir Mohamad. « Je ne suis naturellement pas favorable au contrôle des changes ou à la limitation des mouvements de capitaux », a-t-il dit. « La liberté de circulation des capitaux est aujourd’hui une règle admise par tout le monde. Ce qu’il faut éviter, c’est l’anarchie », a-t-il ajouté. Faisant écho à une préoccupation de M. Mahathir, M. Chirac s’est notam- ment demandé s’il était « légitime » que « les emprunteurs puissent emprunter jusqu’à 20 fois leur mise pour faire une opération de spé- culation, ce que ne peut pas faire une banque centrale ». – (AFP.) LeMonde Job: WMQ1811--0006-0 WAS LMQ1811-6 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0292 Lcp: 196 CMYK

6 FRANCE LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997

CHEFS D’ENTREPRISE Le des entreprises. La synthèse en sera 35 heures sera le thème principal de vail. L’objectif est aussi de prouver patronale, Ernest-Antoine Seillière, conseil exécutif du CNPF devait déci- dressée lors de l’assemblée générale ces rencontres qui se tiendront au aux petits et moyens patrons que le souhaite que celle-ci concentre son der, lundi 17 novembre, d’organiser, de l’organisation patronale qui, le moment où le gouvernement mettra CNPF est apte à les représenter. b LE action sur son rôle économique et dans la semaine du 8 au 16 décembre, élira le successeur de la dernière main au projet de loi pré- CANDIDAT le mieux placé pour accé- renvoie les négociations sociales au 12 décembre, des états généraux Jean Gandois. b LE REFUS des parant la réduction du temps de tra- der à la présidence de l’organisation niveau des entreprises. Le CNPF organise des états généraux du patronat contre les 35 heures Ernest-Antoine Seillière mène sa campagne pour la succession de Jean Gandois en promettant de renvoyer les négociations sociales au niveau des entreprises. Un « aménagement » du paritarisme est envisagé par certains de ses proches

LE CONSEIL EXÉCUTIF du point les modalités techniques de accéder à la présidence du CNPF a un membre du conseil exécutif. De CNPF se réunit lundi 17 novembre cette manifestation. en effet déclaré, jeudi 14 novembre fait, dans ses premières déclara- pour approuver la convocation L’idée, assure-t-on dans les sur RTL, qu’il entend « faire en tions, le président de la CGIP a d’états généraux du patronat. Ini- milieux patronaux, n’est pas de sorte que ce projet, périlleux pour les emprunté certains thèmes au tialement, ceux-ci devaient se tenir « faire un Villepinte », une réfé- entreprises », soit « aménagé pro- « rapport Drouin », un document au début de 1998, mais les diri- rence aux « états généraux de fondément ». Cette convocation a interne au CNPF, s’inscrivant dans geants patronaux souhaitent les l’entreprise et de la nation » aussi pour but de ressouder un cette logique et qui a été rédigé jumeler avec la préparation par le qu’avaient organisés le CNPF et monde patronal dont une partie dans le cadre des réflexions sur gouvernement du projet de loi sur son président d’alors, Yvon Gat- de la base est autant exaspérée par une réforme du CNPF lancées par les 35 heures et avec l’élection du taz, en décembre 1982, pour faire les projets du gouvernement que M. Gandois. successeur de Jean Gandois. pression sur le gouvernement par le CNPF lui-même. Ce rapport, dont le contenu Ces rencontres auront lieu socialiste. Cette fois, le cadre sera avait été révélé par Le Monde du régionalement, dans la semaine du régional et, outre les 35 heures, LES CANDIDATURES DU MALAISE 14 mars 1997, fixait comme objectif 8 au 12 décembre, avant que la sera aussi abordée la question de A cet égard, les trois candida- prioritaire au CNPF de développer synthèse n’en soit tirée à l’assem- l’emploi des jeunes. tures extérieures à l’appareil – du une « approche globale de l’entre- blée générale du CNPF du Pour autant, cette mobilisation jamais vu au CNPF – sont révéla- prise » et de fixer la responsabilité 16 décembre. Cette modification de la base patronale obéit à un trices d’un malaise. Elles s’ins- du dialogue social au niveau de de calendrier a pour but de double objectif. Bien que le CNPF crivent toutes en « rupture » vis-à- l’entreprise. Il préconisait une répondre aux attentes des unions se défende de vouloir transformer vis d’une organisation perçue remise à plat des relations du locales qui souhaitent manifester, ces états-généraux en démonstra- comme « fossilisée » et complète- CNPF avec l’Etat et les syndicats et à cette occasion, leur hostilité au tion de force, leur convocation ment « coupée du terrain ». De suggérait « d’oser un désengage- texte sur les 35 heures. Dès tombe à point nommé pour fait, le bilan de cette consultation ment sélectif de la gestion paritaire mardi 18, le conseil exécutif devrait accompagner la stratégie d’« inflé- de la base devrait être publique- des systèmes de protection sociale » déléguer deux de ses membres chissement » des pouvoirs publics ment tiré lors de l’assemblée géné- et « mieux gérer son pouvoir de pour rencontrer les présidents de que souhaite mener Ernest- rale du CNPF, qui élira le succes- signature ». fédérations professionnelles et Antoine Seillière sur les 35 heures. seur de Jean Gandois. « Patron des M. Seillière est l’un des cinq d’unions locales afin de mettre au Le candidat le mieux placé pour patrons » jusqu’à cette date, isérois ayant bâti son entreprise de l’entreprise, une volonté de ren- vice-présidents du conseil exécutif celui-ci a donné son accord à connecteurs électriques. Et si, forcer le rôle économique du à siéger au comité de réforme. l’organisation anticipée d’états comme l’a fait remarquer Henri CNPF, au détriment de la négocia- Selon Jacques Dermagne, pré- Une fonction « bénévole » généraux. M. Seillière a également Weber dans Le Parti des patrons (Le tion sociale nationale, M. Seillière sident du Conseil national du été consulté. Seuil, 1986), Yvon Gattaz a précisé- semble devoir incarner le même commerce, qui y siège également, Comment est rémunéré le président du CNPF ? Officiellement, la Même s’il ne s’agit pas de ment été choisi parce qu’il consti- type de virage par rapport à un « le rôle économique du CNPF est fonction est bénévole, le patron des patrons étant simplement « refaire » le Villepinte de 1982, tuait « une dénégation vivante » à Jean Gandois. Ce redéploiement, très troublé par la gestion du sys- défrayé pour ses dépenses courantes. Dans la pratique, divers M. Seillière a délibéremment paré l’image traditionnelle que la tout comme avec M. Gattaz, tème paritaire ». Et ce chantier systèmes ont parfois été mis en place. Si certains dirigeants d’entre- sa campagne d’accents tout « gat- gauche a du patronat, ce n’est pas s’exprimerait vis-à-vis des pou- devra forcément être ouvert par le prise, à l’instar de Jean Gandois, resté à la présidence du sidérur- taziens », soulignent ses suppor- tout à fait le cas pour Ernest- voirs publics et des partenaires futur président du CNPF « dans les giste belge Cockerill-Sambre, ont conservé des responsabilités dans ters au sein de l’organisation Antoine Seillière. En privé, d’ail- sociaux, par une stratégie d’usure années qui viennent ». leur groupe, le CNPF a aussi fonctionné avec des présidents ayant patronale. Le rapprochement avec leurs, certains membres du conseil et de petits pas plus que d’affron- En attendant, le comité de abandonné toute autre fonction. Dans ce cas, le « patron des Yvon Gattaz, président du CNPF exécutif s’interrogent sur la perti- tement. réforme poursuit ses « réflexions ». patrons » intègre une série de conseils d’administration d’entre- de 1982 à 1986, ne saute a priori nence du symbole – un descendant « Seillière n’est pas un tueur, mais Il s’est réuni, de façon plénière, prises amies et perçoit à ce titre des jetons de présence. Plus rare- pas aux yeux. Il y a en effet peu de des maîtres de forges à la tête du c’est un vrai libéral. Il symbolise un pour la première fois, il y a quel- ment, de grands groupes ont constitué une cagnotte assurant sa choses en commun entre l’héritier CNPF – envoyé tant à l’opinion très profond esprit d’entreprise. Il ques jours, afin de passer en revue rémunération. de la famille de Wendel, passé par publique qu’à la base patronale. privilégie la performance écono- les différents travaux commandés Le PDG de la CGIP, Ernest-Antoine Seillière a annoncé qu’en cas l’ENA, avant, il est vrai, de gérer Pour autant, si Yvon Gattaz a mique par rapport aux “faux-sem- et de lancer le processus de d’élection, il conserverait ses responsabilités dans son entreprise. En une société holding – la Compa- incarné, après la grande époque de blants” sociaux et inscrit spontané- « modernisation ». fait, il devrait garder la présidence de cette holding et, selon toute gnie générale d’industrie et de par- la politique contractuelle menée ment ses réflexions dans une probabilité, abandonner ses fonctions de direction générale. ticipations (CGIP) –, et l’ingénieur par François Ceyrac, un retour sur économie mondialisée », se félicite Caroline Monnot Trois contestataires contre l’appareil Une présidence sous le contrôle de l’UIMM DES CANDIDATS extérieurs au Dominique Lebel, qui a entamé CNPF. « C’est pour cela que je me CNPF tentent d’en disputer la une série de visites informelles suis décidée. Sur les 35 heures, je L’Union des industries métallurgiques et minières assure 20 % du budget du CNPF présidence à un membre du auprès des responsables du CNPF, les ai trouvés tellement lamen- conseil exécutif. Le fait est sans et qui a placé sa candidature sous tables ! Ils n’avaient aucune contre- QUI VA FAIRE l’élection du ment le collège électoral du pré- publique d’une opposition précédent dans l’histoire de le signe « de l’éclatement de tous proposition à faire », explique président du CNPF ? Encore une sident du CNPF. Elle a surtout interne à Jean Gandois, qui l’organisation patronale. Tour à les monopoles, dont celui de la Mme Bertini, par ailleurs proprié- fois, l’Union des industries une très forte capacité d’expres- avait, pourtant, bénéficié, pour tour, Jean-Pierre Gérard, Sécurité sociale », estime, lui, taire d’une épicerie de luxe. métallurgiques et minières sion autonome. C’est ainsi que son accession à la présidence, aujourd’hui membre du Conseil contre-productive la démarche de Pour Dominique Lebel, pré- (UIMM), dont Ernest-Antoine dans le dernier numéro de sa du soutien appuyé du patronat de la politique monétaire et Mme Bertini. Il s’étonne néan- sident du groupe de promotion Seillière est issu, diront les publication « Actualité », daté de la métallurgie. ancien industriel, Marie-Thérèse moins « qu’il faille se battre pour immobilière Sercib, le premier à observateurs. Longtemps du 12 novembre, l’UIMM, évo- Au vu de ces revirements mul- Bertini, docteur en épistémologie, obtenir les informations élémen- avoir réalisé un immeuble au Viet- l’UIMM a tiré sa force dans quant « le contexte particulière- tiples, Ernest-Antoine Seillière a à la tête d’entreprises spécialisées taires ». nam, « la période est trop chaude l’organisation patronale de son ment délicat » lié à la conférence donc du souci à se faire. dans l’organisation, et Dominique pour avoir des gens du sérail ». statut de principal contributeur. sur les 35 heures, a recommandé L’UIMM sera très attentive au Lebel, promoteur immobilier, ont FICHIER IMPRÉCIS « Demandez aux entreprises si elles Pierre Guillen, qui fut l’une des fait acte de candidature, mettant « Le CNPF prévoit dans ses sta- ont envie d’avoir un énarque à la figures historiques de cette quelque peu dans l’embarras un tuts d’informer largement tous les tête du CNPF ! », s’exclame-t-il. fédération patronale, avait Des candidats du Front national appareil patronal peu habitué à chefs d’entreprise de son activité », « Je respecte beaucoup Ernest- d’ailleurs érigé en principe la gérer des compétiteurs externes. indique-t-il, affirmant avoir eu de Antoine Seillière en tant formule « qui paie décide ». aux élections des chambres de commerce Ces trois « challengers » grandes difficultés à obtenir le qu’homme, mais je ne pense pas Assumant quelque 35 % des contestent en effet la légitimité du fichier des membres de l’assem- que les entreprises puissent se dépenses du CNPF il y a quel- Lundi 17 novembre étaient organisées les élections des représen- CNPF, dans son mode de fonc- blée générale qui doivent élire le reconnaître en lui. » ques années encore, l’UIMM ne tants aux chambres de commerce et d’industrie. Elles ont pris une tionnement actuel, à représenter futur président. « Je l’ai reçu sous Les critiques sont les mêmes du contribuerait plus qu’à hauteur tournure politique avec la présence de listes montées et soutenues les chefs d’entreprise. Mme Bertini forme d’étiquettes sans adresses ni côté de Jean-Pierre Gérard. «Il de 20 % d’un budget de fonc- par le Front national. Pour la première fois, en effet, la Fédération est celle qui a donné le plus de fil numéros de téléphone », explique- faut que le CNPF retrouve une légi- tionnement de 115 millions de nationale Entreprise moderne et libertés (FNEML), présidée par à retordre. Estimant « anormal » t-il. timité en s’appuyant sur la base », francs en 1997. Jean-Michel Dubois, membre du bureau politique du FN, a présenté que le conseil exécutif fasse part Pour Mme Bertini, ces difficultés souligne-t-il, en estimant que la La montée en puissance de la des listes. Mais elle n’a réussi à être présente que dans 42 % environ de son choix le 1er décembre pro- sont révélatrices : « Ils n’imagi- démission de Jean Gandois offre à Fédération française des socié- des CCI, et ses listes ne sont jamais complètes. chain, sans avoir reçu de manière naient pas qu’on puisse se présen- l’organisation patronale « une tés d’assurances, qui, depuis Ses efforts ont surtout été concentrés dans les grandes villes telles formelle les petits candidats, elle a ter!». Agée de cinquante-sept chance fantastique ». « C’est deux ans, a rejoint le groupe des que Paris, Lyon, Toulouse, Marseille et Bordeaux. Ainsi, alors que bataillé avec le secrétaire général ans, elle a repris, dans le cadre l’occasion de rompre avec des principaux contributeurs, fai- 64 postes étaient à pourvoir à la CCI de Paris, la FNEML n’a présenté de l’organisation patronale. d’un rachat d’une entreprise par modes de fonctionnement qui privi- sant pratiquement jeu égal avec que 29 noms. Parmi ceux-ci, on note Jean Bruel, patron d’une société « J’ai fini par lui adresser une ses salariés (RES), la structure légient les relations personnelles », la Fédération nationale du bâti- de bateaux-mouches, Michel Bayvet, assureur, membre du bureau lettre au canon, explique-t-elle, en spécialisée dans l’organisation indique M. Gérard, nommé au ment, mais distançant celle des politique du Front national, Jean-Claude Varenne, directeur de la m’interrogeant sur le caractère d’entreprise qu’elle avait mise au Conseil de la politique monétaire travaux publics, a quelque peu publication à National Hebdo. antidémocratique de la consulta- point pour le groupe BP. à l’instigation de Philippe Séguin. atténué la prééminence de tion. » Agacé, l’appareil patronal a « Moi, lorsque j’ai un contrat, Selon M. Gérard, le CNPF a failli à l’UIMM, sans pour autant la finalement plié. Rendez-vous a c’est parce que j’ai trouvé un « expliquer les positions du monde remettre en cause. L’Union des à ses chambres syndicales de choix du président de la été pris. Le conseil exécutif rece- patron qui a décidé de changer de l’entreprise » face à un « gou- industries métallurgiques et « refuser de s’engager sur la commission des affaires vra les trois « petits » candidats, plutôt que d’appliquer les vieilles vernement à orientation collecti- minières contrôle en effet revalorisation des salaires mini- sociales, qu’elle considère tou- en bloc, le 24 novembre prochain. recettes d’amélioration de la pro- viste ». encore de nombreuses unions maux conventionnels ». jours comme le poste le plus A la grande satisfaction de Jean- ductivité », indique-t-elle, déplo- patronales locales et fédéra- important du conseil exécutif du Pierre Gérard. rant le manque d’imagination du C. M. tions professionnelles, qui for- GARDER LES AFFAIRES SOCIALES CNPF. Traditionnel faiseur de roi, le Ce poste devrait échoir à patronat de la métallurgie n’en Georges Jollès, le président de joue pas moins, aussi rituelle- l’Union des industries textiles, ment, le rôle de défaiseur, en se vice-président de la Caisse livrant à de subtils jeux de bas- nationale d’assurance-maladie, cule. L’UIMM, qui avait fait qui remplacerait ainsi l’actuel Yvon Gattaz, a très vite rejoint titulaire, le patron de Schneider, le clan de ses opposants. Elle a Didier Pineau-Valencienne. appuyé la candidature de Fran- Denis Kessler, directeur général çois Périgot, tout en soutenant du groupe AXA-UAP, devrait financièrement son opposant pour sa part conserver la prési- Yvon Chotard. Plus récemment, dence de la commission écono- le départ d’Arnaud Leenhardt, mique, réflétant ainsi le poids actuel numéro un de l’UIMM, de actuel des assurances au sein de la présidence de la commission l’organisation patronale. des affaires sociales, a été la première manifestation C. M. LeMonde Job: WMQ1811--0007-0 WAS LMQ1811-7 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 09:25 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0293 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 / 7 (Publicité) LeMonde Job: WMQ1811--0008-0 WAS LMQ1811-8 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0294 Lcp: 196 CMYK

8 / LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 LA MORT DE GEORGES MARCHAIS Le Parti communiste rend hommage à Georges Marchais Le bureau national du PCF a salué les efforts de démocratisation qu’avait entrepris l’ancien secrétaire général. Lionel Jospin a évoqué avec sympathie la « figure » de l’ancien dirigeant communiste, mais sans taire les « contradictions » qui avaient affecté sa démarche Les obsèques de Georges Marchais, ancien de Champigny-sur-Marne. Le premier mi- M. Jospin avait salué une « figure » de la Parti communiste a rendu hommage à son droite comme de gauche, ont exprimé des secrétaire général du Parti communiste, dé- nistre, Lionel Jospin, s’est rendu lundi ma- vie politique française, mais relevé aussi les ancien dirigeant, dont la disparition donne condoléances convenues, mais d’autres se cédé dimanche 16 novembre, à Paris, à l’âge tin, à 11 heures, place du Colonel-Fabien, « contradictions » qui avaient marqué le lieu à des manifestations d’émotion dans ce sont montrés, à l’image de M. Jospin, plus de soixante-dix-sept ans, seront célébrées pour signer le registre des condoléances. long règne de Georges Marchais, secrétaire qui fut sa circonscription du Val-de-Marne. critiques sur le bilan de l’ancien dirigeant jeudi 20 novembre, à 10 h 30, au cimetière Dans un communiqué publié dimanche, général du PCF, en fait, de 1969 à 1994. Le Nombre de responsables politiques, de communiste.

CE FUT une journée de deuil col- kabbach et Alain Duhamel furent présent.Nostalgie : place du Colo- chais, explique le secrétaire natio- aura résumé sa démarche : la démo- présent, cette « évaluation » avait lectif et d’étonnant consensus. les invités-témoins obligés de la nel-Fabien, où ne flotte plus au- nal, est l’homme des « changements cratie. » Puis, dans des louvoie- été soigneusement évitée par Comme si, avec Georges Marchais, soirée funèbre, tandis qu’Yves jourd’hui que le drapeau tricolore, positifs profonds » qui « font au- ments prudents autour du fameux M. Hue. Dans un chapitre de son décédé dimanche 16 novembre, à Mourousi venait honorer, place du on avait aussi ressorti le drapeau jourd’hui sa mutation ». Mais le nom de « mutation » : « Si notre livre, opportunément intitulé Stali- 6 heures du matin, à l’hôpital pari- Colonel-Fabien, ce fantastique rouge pour le mettre en berne. Là, concept, exposé soigneusement pays, au contraire de tant d’autres, nisme, la cicatrice encore brûlante, il sien Lariboisière – où il avait été « partenaire ». comme au siège de L’Humanité, dans 350 pages parues chez Stock, peut aujourd’hui bénéficier d’un avait préféré botter en touche : admis le week-end précédent et où Nostalgie. Une grande dame du dans les fédérations et les sections, en 1995, où il ne cite d’ailleurs que parti pleinement communiste par sa non, il ne pouvait pas encore « ten- il était régulièrement suivi pour ses communisme, une vraie « thoré- des registres de condoléances sont trois fois Georges Marchais, Robert mutation qui s’affirme et s’affirmera, ter une analyse de ce que fut le stali- faiblesses cardiaques et un œdème zienne », Madeleine Vincent, est ouverts aux militants. Le premier Hue se le réserve, malgré les ré- c’est pour une large part à son intel- nisme » et n’a pas encore, en 1995, pulmonaire –, on enterrait une arrivée la première à l’hôpital Lari- ministre, Lionel Jospin, devait s’y centes tentatives de Georges Mar- ligence et son courage politiques « l’ambition de formuler ici je ne sais époque. boisière. A 11 h 30, Robert Hue, ac- rendre, lundi 17 novembre, en pré- chais pour récupérer un « thème » qu’il le doit. » Pierre Zarka, le direc- quelle théorie explicative ». Mais, Une époque où François Mitter- compagné de la ministre de la jeu- sence de Robert Hue et de Liliane employé, selon lui, dès 1976, « dans teur de L’Humanité, qui consacre ajoutait-il, « je cherche à savoir (...). rand et Georges Marchais se di- nesse et des sports, Marie-George Marchais. [son] rapport pour le vingt-sixième huit pages et sa « une » (« l’émo- Je lis tout ce que je peux des travaux saient leur fait, loin des politesses Buffet, d’André Lajoinie et de Jean- congrès » (Le Monde du 7 no- tion », sous une photo de Georges scientifiques (...) sur le sujet ». de la « gauche plurielle », rappe- François Gau, du député du Val-de- L’HOMME DES « CHANGEMENTS » vembre). Marchais) à la disparition de l’ex- Le 13 novembre, devant le parti laient, sur tous les écrans de télé- Marne, Claude Billard, et de Nico- Dimanche, à la sortie de l’hôpital, Le bureau national s’est réuni, à secrétaire général, parle seul de réuni en conseil national, M. Hue vision, les archives noires et las Marchand, secrétaire de la fédé- Robert Hue, « bouleversé », a expri- son tour, dimanche après-midi. « celui qui aura engagé la mutation avait indiqué pour la première fois blanches de l’INA. Un âge où le mi- ration, accompagnent Liliane Mar- mé le « chagrin vrai » et la « tris- Aux côtés de M. Hue et des du PCF ». que cette analyse n’était que partie litantisme faisait la force des partis, chais. Elle confie au secrétaire tesse » des communistes, saluant membres du comité national, dont « Ce n’est pas le temps, alors que remise. « Il ne suffit pas, avait-il témoignaient les visages tristes et national du PCF les dernières vo- un « style » : « Ce que nous retenons Marie-George Buffet, on compte l’heure est au silence du recueille- prévenu, que le passé s’éloigne pour fatigués des communistes interro- lontés de son époux. Les obsèques tous, c’est sa générosité, sa combati- des personnalités inhabituelles, ment, d’évaluer l’apport de Georges qu’il se tasse, comme le café après le gés. Deux décennies où la politique officielles auront lieu jeudi 20 no- vité qui ont façonné cette personnali- comme la secrétaire d’Etat au tou- à notre parti et à la France », dit en- passage de l’eau. » Ce fut peut-être faisait vibrer et où les débats télé- vembre, à 10 h 30, au cimetière de té originale ». Comme toujours, risme, Michelle Demessine. Le core le bureau national. « Cette la politique de Georges Marchais. visés, loin des contraintes de Maas- Champigny-sur Marne, où il rési- dans ce parti où ils fonctionnent communiqué – « un texte de dou- évaluation devra être faite », ajoute- Ce ne sera pas forcément celle de tricht, recueillaient des « scores dait. Robert Hue et Nicolas Mar- comme des codes et des signaux de leur consensuel », commente l’un t-il, précisant que les dirigeants son successeur. d’écoute formidables ». « Révéla- chand représenteront le PCF. Un reconnaissance, les mots sont soi- des participants – pèse néanmoins, communistes ont « la conviction teurs » du défunt, Jean-Pierre El- membre du gouvernement sera gneusement choisis. Georges Mar- lui aussi, ses termes : « Un mot (...) qu’elle lui rendra justice ». Jusqu’à Ariane Chemin Affliction et organisation à la fédération du Val-de-Marne L’ancien numéro un entendait DIMANCHE 16 novembre, au matin, la sera discuté, contesté. « Il a eu le mérite de 1997, lorsque Georges Marchais a passé le nouvelle s’est répandue comme une traînée permettre que s’engage le processus de muta- flambeau à Claude Billard. « Ce jour-là, dit- contrôler la « ligne » du PCF de poudre dans le Val-de-Marne, terre d’élec- tion du PCF... » La cohérence du discours des elle, à la façon dont il nous a parlé, j’ai tion de Georges Marchais. La veille au soir, on dirigeants du PCF ne sera pas prise en défaut compris qu’il nous disait adieu, que c’était la L’IMAGE est restée dans les mé- d’« opposition constructive » à la le savait au plus mal. Nicolas Marchand, par le décès de son ex-secrétaire général. dernière fois. » moires : le 29 janvier 1994, lors de droite, proposée par M. Hue, ne secrétaire de la fédération, resté très proche A midi, il est déjà prévu que toutes les mai- A Villejuif, cette mort en rappelle imman- l’ultime séance du vingt-huitième convient pas. de l’ancien secrétaire général, a été averti à ries et les sections communistes du Val-de- quablement une autre, aussi douloureuse... congrès, Alain Bocquet annonce Chéri des militants communistes, l’aube par Liliane Marchais. Marne ouvriront un livre d’or, en même « Il y a eu Marie-Claude Vaillant-Couturier ; que Robert Hue est « l’heureux Georges Marchais croit qu’il a Au siège de la fédération, rue Marat, à Ivry- temps que leurs portes, aux camarades, aux aujourd’hui, c’est Georges Marchais », soupire élu » du Parti communiste. Vivats, conservé son poids politique. Dans sur-Seine, le drapeau rouge orné du marteau militants, aux électeurs. A la mairie de Ville- Yasmine. Une autre militante se souvient, confettis, applaudissements. Il faut le Val-de-Marne, son « poulain », et de la faucille est déjà noué d’un ruban noir. juif, accolée à l’église, on chuchote et on d’ailleurs, que Georges Marchais avait été pourtant quelques longues se- Nicolas Marchand, « tient » de fait Le même ruban endeuille la plaque de marbre marche sur la pointe des pieds. Un petit por- hospitalisé le jour même du décès, le condes avant que Georges Mar- la fédération ; quand Claude Billard, qui rappelle l’inauguration en 1981, par trait sous verre de Georges Marchais, dans la 11 décembre 1996, de celle qui l’avait précédé chais lève, en signe de victoire, une en mai et juin 1997, brigue la on- Georges Marchais, du siège fédéral. Quelques force de l’âge, sourit à ceux qui viennent lui comme député de la circonscription. Sur le main qu’est venue chercher celle du zième circonscription aux élections permanents s’affairent dans le calme, dans témoigner leur tristesse. Le même portrait livre d’or, les messages se succèdent, les maire de Montigny-lès-Cormeilles. législatives anticipées, Georges l’entrée, une pièce d’étoffe noire attend d’être sert de support aux affiches, déjà en cours hommages au « camarade » côtoient de L’ex-secrétaire général pleure. Marchais, qui l’apprécie, fait cam- découpée aux dimensions de la petite table d’impression, qui se répandront sur les murs « sincères condoléances », formule consacrée Les larmes de Georges Marchais pagne avec lui ; mais il s’oppose à la où sera déposé le livre d’or. Le ton n’est pas de la ville dès le milieu de l’après-midi. des gens « trop humbles pour faire de grandes marquent le début d’une impos- participation gouvernementale pro- aux démonstrations de chagrin, mais à l’orga- Dans le fief électoral de l’ancien secrétaire phrases ». Nombre d’entre eux sont adressés sible retraite. « Je suis attaché à la posée par le secrétaire national. nisation d’un hommage sans fausse note. général, député de la circonscription de Ville- à la famille, à la femme de Georges Marchais, ligne politique que nous défendons « Le a été une Max Staat a déjà rassemblé de nombreux juif de 1973 à 1997, les militants donnent libre signe qu’ici, comme à Champigny-sur-Marne comme à la prunelle de mes yeux. Je erreur fondamentale », déclare-t-il télégrammes destinés à Liliane, qui fut long- cours à leur émotion, à leurs larmes. A l’una- où il demeurait, l’homme était autant aimé me battrai comme un chien pour la de « sa » permanence de Villejuif. Il temps un pilier de la fédération. Leur contenu nimité, ils saluent l’homme, sa chaleur, sa que le personnage politique était vénéré. défendre », avait-il prévenu quel- précise : « Si tu es trompé une pre- est préservé. « Les militants ne l’ont pas fait combativité, sa proximité. « Quand on voulait « L’ami va nous manquer, à nous, autant que ques semaines avant de passer la mière fois, c’est la faute à celui qui t’a pour que ça se sache », estime ce secrétaire voir Georges Marchais, on le voyait », raconte l’homme politique va manquer, bien au-delà main. S’il a choisi avec soin Robert trompé. Deux fois, c’est ta faute à toi. fédéral, qui se souvient de la première fois Yasmine Sadki, trente-sept ans, membre du du seul Parti communiste », résume Yasmine, Hue, parmi d’autres prétendants Il est exclu de participer à quelque al- qu’il a voté, en 1973, à Villejuif, pour Georges PCF, qui se définit elle-même comme issue aussi chagrinée qu’admirative. – Alain Bocquet, Pierre Zarka –, liance dans un gouvernement qui ne Marchais. Son premier réflexe est de défendre de « la génération Marchais ». Elle se sou- c’est parce qu’il pense que ce mili- s’en prend pas fondamentalement à le bilan politique du défunt, dont il sait qu’il vient du soir des élections législatives, en Pascale Sauvage tant du Val-d’Oise, chevronné mais Maastricht et au grand capital » (Le encore jeune, responsable de l’As- Monde du 17 mai). sociation nationale des élus Le 28 octobre, sitôt ouverte la communistes et républicains réunion du comité national du PCF, Eloges convenus et critiques parfois acerbes à droite et à gauche (ANECR) mais étranger à l’appareil Georges Marchais interpelle central de la place du Colonel-Fa- M. Hue sur ses velléités de travailler LE DÉCÈS de Georges Marchais pin, a ainsi relevé que « Georges role de la Ligue communiste révo- vraie figure qui s’efface. » bien, ne lui fera pas d’ombre. Un à un éventuel changement de nom a suscité dans la classe politique Marchais fut également l’homme des lutionnaire (trotskiste), il a jugé L’ancien premier ministre des anciens collaborateurs de du parti. Le secrétaire national nie ; française une cascade de réactions, transitions du PCF, transitions qu’il « globalement négatif » le bilan poli- Edouard Balladur, lui, s’est montré Georges Marchais explique au- son prédécesseur ne le croit pas. sur des registres très divers. De accompagna non sans contradic- tique de M. Marchais. « Sa dispari- sévère, estimant que M. Marchais jourd’hui que ce dernier voulait Quelques jours plus tard, on an- l’éloge posthume traditionnel jus- tions ». Et d’ajouter : « S’il voulut et tion est celle du dernier symbole avait « beaucoup plus freiné le mou- continuer à diriger le parti, comme nonce la sortie du Livre noir du qu’à la critique la plus acerbe, l’an- prépara l’union de la gauche, il fut d’une génération de dirigeants vement de rénovation du Parti il l’avait fait avec André Lajoinie communisme, dirigé par Stéphane cien secrétaire général du PCF a également l’un des artisans de sa communistes qui ont toujours communiste qu’il ne l’a accéléré ». lors de l’élection présidentielle de Courtois. Georges Marchais, hanté animé la controverse, jusqu’après la rupture. S’il amorça l’émancipation confondu stalinisme et commu- Et d’ajouter, au cours de l’émission 1988. Cédant à l’« affectueuse pres- par l’idée qu’on puisse lui faire por- mort. du communisme français par rap- nisme », a-t-il déclaré. « Polémiques », sur France 2, en sion de ses amis », M. Marchais ter un jour la responsabilité de la Certes, dans les rangs de ses an- port à l’emprise de l’URSS, il garda évoquant l’évolution du PCF : « Ce- « accepte » aussi de rester au bu- mort du PCF, ou le rendre coupable ciens amis communistes, peu de jusqu’au bout un jugement positif sur « GLOBALEMENT NÉGATIF » la a été une sorte d’originalité fran- reau politique. de complicité avec le stalinisme so- voix sont discordantes. A l’image ce modèle. S’il fut convaincu de la Ce balancement entre l’éloge et çaise en Europe parce que beaucoup La réalité apparaît vite différente. viétique, prend la plume dans L’Hu- du quotidien L’Humanité, qui a affi- nécessité de faire évoluer la doctrine la critique ne s’observe pas seule- de partis communistes ont entrepris M. Hue et son proche entourage manité du 4 novembre. ché, lundi 17 novembre, en « une » communiste, il ne sut pourtant pas ment à gauche. Dans un communi- de se remettre en cause et de re- – dont Pierre Blotin, aujourd’hui « Comme me le dit ma femme, Li- son « émotion », beaucoup se sont engager ce mouvement suffisamment qué diffusé par le service de presse mettre en cause leurs erreurs. Et à numéro deux du parti, et Bernard liane : “Toi, tu te feras toujours bornés à rendre hommage au dis- tôt. » de l’Elysée, le chef de l’Etat, Jacques une époque où on réclame volontiers Vasseur, la « plume » du secrétaire avoir” », confiait-il en mai. Tous les paru. Le ministre communiste des Tout en admettant que l’ancien Chirac, s’en est ainsi tenu à ces des repentances aux uns et aux national, tous deux anciens collabo- jours, Georges Marchais épluchait transports, Jean-Claude Gayssot, a dirigeant communiste était « une fi- quelques propos : « J’apprends avec autres, s’il y en a qui devraient faire rateurs de son prédécesseur – se ré- la presse. Tous les matins ou ainsi souligné que M. Marchais gure », une « force de la nature », tristesse la disparition de Georges cette œuvre de repentance, ce sont vèlent plus entreprenants que pré- presque, place du Colonel-Fabien, il avait eu « la volonté de faire bouger, l’ancien premier ministre Michel Marchais. Je l’ai bien connu et j’ai pu bien les dirigeants communistes. » vu. Très vite, le député du venait travailler à un livre. Des mé- évoluer le PCF ». « Sous sa direction Rocard estime, de son côté, que mesurer la force et la sincérité de ses De son côté, le président du Val-de-Marne tente de reprendre le moires, pour expliquer qu’« il était ont été initiés des changements de son décès « clôt une période ». «Le convictions (...). Il a marqué profon- Front national, Jean-Marie Le Pen, contrôle de ces « mutants ». Dès né vingt ans trop tôt, ou trop tard », grande portée qui, aujourd’hui, communisme n’a plus de sens », a-t- dément et pendant de longues an- a déclaré que Georges Marchais septembre 1995, lors des journées mais qu’il avait engagé tous les prennent la dimension de la pro- il lancé, dimanche, au cours de nées l’histoire du Parti communiste avait été « un complice de tous les parlementaires de Saint-Etienne- grands chantiers... fonde mutation en cours du PCF », a l’émission de TF 1 « Public ». français, mais aussi l’ensemble de crimes commis par le commu- du-Rouvray, il estime, devant les affirmé l’ancien secrétaire général Quant à Alain Krivine, porte-pa- notre paysage politique (...). C’est une nisme ». caméras de télévision, que la ligne Ar. Ch. de la CGT, Henri Krasucki. Porte- parole des refondateurs et député des Bouches-du-Rhône, Guy Her- mier a lui aussi salué « son engage- ment, sa combativité, qui font de lui une des grandes figures du commu- nisme français ». Dans les rangs socialistes, le ton n’a pas été précisément le même. Des figures connues du PS se sont certes limitées, elles aussi, à quel- ques éloges. C’est le cas, en parti- culier de l’ancien premier ministre, Pierre Mauroy. « Communiste sin- cère et intransigeant », a-t-il affirmé, Georges Marchais a « contribué à la victoire historique du 10 mai 1981 et à la constitution du gouvernement d’union de la gauche ». Mais à cette réaction près, la plupart des socia- listes, s’ils ont salué la mémoire de M. Marchais, n’ont pas pu taire pour autant leurs critiques. Le premier ministre, Lionel Jos- Dessin paru dans « Le Monde » du 15 janvier 1981. 10 octobre 1989. 18 décembre 1990. LeMonde Job: WMQ1811--0009-0 WAS LMQ1811-9 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0295 Lcp: 196 CMYK

LA MORT DE GEORGES MARCHAIS LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 / 9 Zones d’ombre et silences d’une biographie qui a nourri les soupçons et les spéculations SECRÉTAIRE GÉNÉRAL du Marcel Prenant, – une lettre re- adhésion, peut-être dès 1938. Mi- Parti communiste pendant près prochant à Georges Marchais de litant de « choc », il aurait pu par- d’un quart de siècle, Georges ne pas avoir partagé les « combats ticiper, en 1940, à des actions de Marchais sut utiliser la télévision vitaux » du parti. C’est la conduite sabotage. De tels actes, inspirés pour incarner son parti et sa poli- du secrétaire général adjoint pen- par la politique de refus de la tique. Il se montra ainsi le digne dant l’Occupation qui est ainsi, al- « guerre impérialiste » qui était élève de , qui, à la lusivement, mise en cause. celle du parti, interdit depuis sep- fin des années 30, puis après la Li- Charles Tillon, ancien comman- tembre 1939, avaient entraîné la bération, avait, le premier, donné dant en chef des Francs-tireurs et condamnation à mort et l’exé- un visage au communisme à la partisans (les maquisards commu- cution de trois militants commu- française. Cependant, dès son ac- nistes), l’accuse, peu après, nistes travaillant dans la société cession à la tête du PCF, l’homme d’avoir menti dans ses réponses d’aéronautique où était employé public s’est doublé, en Georges au questionnaire biographique Georges Marchais. Celui-ci se se- Marchais, d’un homme secret, que tout cadre du parti devait rait fait embaucher, après la dé- dont la biographie a alimenté les remplir dans les années 40 et 50, faite, dans une usine de Bièvres, soupçons et les spéculations sur la en omettant de signaler qu’il avait près de Paris, annexée par l’armée nature de son engagement, sur accepté de travailler en Alle- de l’air allemande, afin d’échap- ses liens avec les dirigeants sovié- magne, dans une usine de per aux recherches des policiers tiques, voire sur sa dépendance à construction d’avions Messersch- français et peut-être, aussi, de re- leur égard. mitt. cueillir des renseignements desti- Lorsqu’il avait été porté au Il faut distinguer trois versions nés aux services secrets sovié- poste de secrétaire général ad- de la vie de Georges Marchais tiques. joint du PCF, en février 1970, entre 1935 ou 1936 (son arrivée à C’est officiellement en mai 1947, Georges Marchais assurait déjà la Paris à l’âge de quinze ou seize après l’éviction des ministres direction de fait du parti depuis ans) et 1947 (date de son adhésion communistes du gouvernement sept mois, depuis cette confé- au PCF). La première est celle que par le socialiste Paul Ramadier, rence des PC de juin 1969, à Mos- le secrétaire général avait donnée que le futur secrétaire général, qui cou, au cours de laquelle Waldeck lui-même dans un entretien avec se présentait comme étant deve- Rochet avait sombré dans une les journalistes André Harris et nu, alors, un sympathisant du maladie qui allait lui interdire Alain de Sédouy en 1974 (Voyage à PCF, décide de « prendre sa toute activité jusqu’à sa mort, en l’intérieur du Parti communiste, carte ». Ouvrier aux usines d’aéro- 1983. Membre du secrétariat du éditions du Seuil). Il s’y présentait nautique Voisin, à Issy-les-Mouli- comité central depuis 1961, chargé adolescent, puis jeune homme, in- neaux, militant syndical à la CGT, du secteur névralgique de l’orga- différent aux événements poli- il est délégué du personnel et dé- nisation, Georges Marchais est tiques et sociaux, traversant le légué au comité d’entreprise de encore peu connu à l’extérieur du Front populaire, ses lendemains, son entreprise. Licencié en 1953 parti. Il n’exerce aucun mandat l’année 1940, l’Occupation et la Li- (ou en 1951) dans le cadre d’un électif. bération sans autre souci que plan de réduction des effectifs, il Le choix de Georges Marchais, ceux de sa formation profession- devient secrétaire du syndicat des annoncé au bureau politique par nelle, de son salaire, de sa subsis- métaux d’Issy, puis membre du Gaston Plissonnier, n’enchante tance et de celle de sa famille, jus- secrétariat de l’Union des syndi- pas tous les membres de cette ins- qu’à son adhésion au Parti cats de la métallurgie de la Seine tance. Georges Frischmann, diri- communiste en mai 1947. Il expli- en 1953, enfin permanent du parti geant du syndicat CGT des pos- quait son départ pour l’Alle- dans la fédération de la Seine- tiers, paiera d’une mise à l’écart magne, en décembre 1942, comme Sud, celle de Thorez, secteur cor- progressive l’audace d’avoir ex- la conséquence d’une loi de réqui- respondant à peu près au futur primé à voix haute des réserves sition datant du mois de sep- département du Val-de-Marne. que partagent d’autres dirigeants tembre précédent et concernant, Premier secrétaire fédéral en 1956, de l’époque. Si Paul Laurent prend notamment, les mécaniciens de il entre au comité central comme vite le vent, René Piquet ne s’incli- l’aéronautique. suppléant au quatorzième nera jamais complètement, et Ro- congrès, en juillet, puis, au land Leroy, qui est en compétition congrès d’Ivry-sur-Seine, trois ans

DAVID BURNETT/CONTACT PRESS BURNETT/CONTACT DAVID avec Georges Marchais depuis la Il faut distinguer plus tard, il devient suppléant au fin des années 50, accepte mal bureau politique. d’être devancé au but. trois versions Au début de 1960, selon Phi- Né le 7 juin 1920 à La Hoguette, lippe Robrieux, alors dirigeant des Un secrétaire général à contretemps un petit village proche de Falaise, de sa vie étudiants communistes (Notre gé- LES ARCHIVES n’ont pas en- gie précédera le déclin électoral du ture avec le PS. Officiellement, le dans le Calvados, Georges Mar- nération communiste, éditions Ro- core livré tous leurs secrets. Elles PCF. différend porte sur les nationalisa- chais a pour père un ouvrier car- entre 1935 et 1947 bert Laffont, 1977), il participe aux expliqueront peut-être, un jour, Ambivalence de ligne oblige tions et sur la force de frappe. En rier, de tempérament plutôt anar- premières escarmouches de ce qui l’accession de Georges Marchais – fermeture affirmée à l’intérieur, réalité, le PCF voit qu’un transfert chiste, dira-t-il, tandis que sa deviendra l’« affaire » Servin-Ca- au poste de secrétaire général du ouverture supposée à l’extérieur –, d’électeurs s’effectue à son détri- mère, qui a perdu son premier La deuxième version des années sanova, en attaquant, dans sa fé- Parti communiste, tout comme la c’est Georges Marchais qui ment au profit du PS. En outre, mari à la guerre, appartient à une de jeunesse de Georges Marchais dération, la Jeunesse communiste, réalité, mais aussi la brièveté, de conduit la délégation communiste Moscou avait préféré Valéry Gis- famile paysanne catholique. Il a se fonde sur le silence qui recou- que dirige Paul Laurent, et à la- ses tentatives d’indépendance vis- qui négocie puis signe, dans la nuit card d’Estaing à François Mitter- dix ans lorsque son père meurt. vrait la période de la guerre jus- quelle Thorez et son épouse, à-vis de Moscou, au milieu des an- du 26 au 27 juin 1972, l’accord rand à l’élection présidentielle de Bon élève, encouragé par son ins- qu’à ce que les adversaires du se- , reprochent nées 70, vite abandonnées au pro- entre le PCF et le PS sur un « pro- 1974 et ne se satisfait pas de cette tituteur, il rêve de rejoindre à Pa- crétaire général le brisent. De ce de faire trop de cas du malaise des fit d’un alignement sans faille sur gramme commun de gouverne- union avec le PS. La glaciation ne ris sa demi-sœur, qui a épousé un silence, elle conclut à un passé jeunes, au détriment du « combat l’Union soviétique de Leonid Brej- ment ». Peu de temps après, il pré- tarde pas. Après la mort de Kana- menuisier travaillant dans l’aéro- chargé, surtout selon les critères de classe ». En janvier 1961, nev. sente un rapport devant le comité pa, en septembre 1978, Georges nautique. En 1935 ou 1936, il part officiels du PCF, qui a toujours Laurent Casanova et Marcel Ser- Quand il devient officiellement central (une partie ne sera dévoi- Marchais salue le « bilan globale- pour la capitale, où son beau- glorifié la participation de ses vin sont mis en cause pour leurs secrétaire général, au vingtième lée qu’en 1975, en pleine polé- ment positif » de l’URSS et des frère l’héberge et où il est embau- membres à la Résistance. Le futur analyses du gaullisme et accusés congrès du PCF, en 1972, Georges mique avec les socialistes), dans pays socialistes, au vingt-troisième ché, au début de 1936, par une en- secrétaire général, en outre, ne d’avoir fomenté une « fraction » Marchais est le numéro un de fait lequel il met en garde son parti congrès, en mai 1979, en présence treprise de métallugie du onzième s’est jamais expliqué clairement au sein du parti. Le mois suivant, depuis trois ans. Occupant le contre les limites, voire les dan- de Boris Ponomarev, idéologue du arrondissement. Employé ensuite sur ses activités entre son retour lors d’une réunion du comité cen- poste stratégique de secrétaire à gers, de l’union de la gauche. Il ne Parti communiste d’Union sovié- dans une banque, chez un d’Allemagne – qu’il situait en mai tral, les deux dirigeants, qui s’ins- l’organisation depuis 1961, il a été devient secrétaire général qu’en tique et artisan du rapprochement commissionnaire, puis chez un as- 1943 – et son adhésion au PCF en pirent de la politique de déstalini- imposé, en 1969, par les Sovié- décembre. Commence alors une entre les deux partis. sureur, il entre en 1938 à la Société 1947. Etait-il un « planqué » ? sation du chef du PC soviétique, tiques, pour être le successeur po- carrière sans partage, longue de nationale de construction aéro- Quelle fut son attitude vis-à-vis Nikita Khrouchtchev, sont desti- tentiel de , le se- vingt-deux ans, au cours desquels APPEL SECRET À VOTER À DROITE nautique du Centre (SNCAC). des autorités allemandes et de tués de toutes leurs fonctions. crétaire général en titre, le style Marchais – battant, gouail- Georges Marchais parachève le La vie de Georges Marchais, celles de Vichy ? A-t-il été inquié- Georges Marchais remplace gravement malade, dont ils ne leur, bluffeur et théâtral – va s’im- virage en épingle à cheveu du PCF, pendant les années qui suivent, ne té à la Libération ou a-t-il craint Marcel Servin au secrétariat. Il de- prisent guère les tendances mo- poser dans les médias et ravir en justifiant de Moscou, en janvier peut être retracée avec certitude. de l’être ? vient, trois mois plus tard, titu- dernistes. Georges Marchais est l’opinion publique. 1980, à la télévision, l’invasion de Exclu du PCF au congrès de fé- La troisième version, la plus laire au bureau politique. Son poussé sur le devant de la scène, Le règne de Georges Marchais l’Afghanistan par l’armée rouge. vrier 1970, lors de l’accession de complexe, peut être soupçonnée passé explique-t-il – dans quelle en juin, à l’occasion d’une confé- semble relever de la marche à Cette prestation sera désastreuse Georges Marchais au poste de se- entre les lignes du livre de Nicolas mesure et en quel sens ? – la pro- rence mondiale des PC à Moscou. contretemps. Méfiant à l’égard de pour l’image du parti et catastro- crétaire général adjoint, le philo- Tandler, L’Impossible Biographie motion dont il bénéficie alors et Son protecteur, qui va devenir nu- François Mitterrand, il soutient sa phique pour le secrétaire général sophe Roger Garaudy signe, de Georges Marchais (Editions Al- qui le met en position d’accéder à méro deux, s’appelle Gaston Plis- candidature présidentielle en 1974. qui, l’année suivante, perd un quatre mois plus tard, avec trois batros, 1980). Selon cette thèse, le la direction du PCF ? La question sonnier. L’affaire est officialisée au Remis d’un premier accident car- quart de l’électorat communiste à anciens dirigeants de la Résis- futur secrétaire général aurait été est, à ce jour, sans réponse. dix-neuvième congrès, en février diaque au début de 1975, il dé- l’élection présidentielle et réalise tance communiste – Charles Til- recruté par le Parti communiste 1970 : Georges Marchais devient nonce le stalinisme, il prêche pour le plus mauvais score du PCF lon, Maurice Kriegel-Valrimont et bien avant la date officielle de son Patrick Jarreau secrétaire général adjoint, Gaston l’eurocommunisme sans trop y (15,36 %) depuis 1936. A la cam- Plissonnier, maître d’œuvre de croire, préférant l’Espagnol San- pagne violemment antisocialiste l’amitié avec Moscou, est designé tiago Carrillo à l’Italien Enrico du premier tour, la direction du coordinateur du travail du sécréta- Berlinguer. Il prononce à la télé- PCF ajoute un appel secret au riat et du bureau politique. vision, sans véritable consultation « vote révolutionnaire à droite » des militants, l’abandon du prin- destiné à l’appareil pour le second LONGUE SÉRIE D’EXCLUSIONS cipe léniniste de dictature du pro- tour. Après sa victoire, François L’arrivée aux commandes de ce létariat, et prétend au vingt- Mitterrand nomme au gouverne- « tandem » se traduit par une pre- deuxième congrès, en 1976, contre ment quatre ministres d’un parti mière exclusion, celle de Roger toute évidence, que le PCF a pris affaibli et sur le déclin. Garaudy, qui a évolué à partir du la mesure du rapport Khroucht- La suite ne sera qu’une lente milieu des années 60 vers ce qu’on chev sur les crimes de Staline, dès descente aux enfers électoraux et appellera, plus tard, l’eurocommu- 1956. Jean Kanapa, son plus une succession de crises internes nisme. Puis c’est au tour de proche conseiller, qui n’apprécie qui conduiront Georges Marchais Charles Tillon, ancien ministre et pas Brejnev, encourage les velléi- à comparer les modernistes du figure de la Résistance, qui, avec tés d’indépendance du secrétaire parti à des « liquidateurs ». Ce re- d’autres anciens dirigeants, dont général, mais celles-ci ne résiste- tour à une terminologie ortho- Maurice Kriegel-Valrimont, re- ront pas plus de trois ans aux pres- doxe s’accompagne d’une grande proche au « centralisme démocra- sions de Moscou. Avec l’abandon méfiance pour la « perestroïka » tique inspiré du modèle soviétique » de l’eurocommunisme et la rup- de Mikhaïl Gorbatchev, d’une dé- de mettre à la tête du PCF «un ture de l’union avec le PS, en 1977, fense intransigeante de Cuba et de homme qui n’a participé à aucun le PCF revient dans le giron sovié- la Chine, ainsi que d’une polé- de ses combats vitaux ». Ils sont les tique, alors même que les élec- mique continuelle avec le Parti so- premières victimes d’une longue tions législatives, l’année suivante, cialiste. La chute du mur de Berlin série qui, des dirigeants contesta- pouvaient ouvrir les portes du finit d’ébranler la direction du taires de la fédération de Paris jus- pouvoir à la gauche. PCF : le secrétaire général a perdu qu’aux meneurs des vagues de Cet épisode sera immortalisé son unique référence idéologique « rénovateurs » et de « re- par une formule dont Marchais et concède finalement, en 1993, constructeurs » des années 80, avait le secret. « Aussitôt j’ai dit à l’abandon du centralisme démo- conduiront des milliers de mili- Liliane [son épouse] : “ Fais les va- cratique. tants communistes à se mettre lises, on rentre à la maison ” », « hors du parti ». Cette hémorra- confie-t-il pour illustrer cette rup- OIivier Biffaud LeMonde Job: WMQ1811--0010-0 WAS LMQ1811-10 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 11:23 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0296 Lcp: 196 CMYK

10 / LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 I FRANCE

La motion de François Hollande obtient M. Blondel réitère ses attaques environ 85 % des voix avant le congrès du PS misogynes contre Mme Notat Revers pour la Gauche socialiste, qui oscille autour de 10 % A moins d’un mois des élections prud’homales, Selon des résultats presque définitifs, rendus Jospin et à son successeur désigné, François Hol- Gauche socialiste enregistre un revers, avec en- le secrétaire général de FO s’en prend aussi publics lundi 17 novembre, les militants du Parti lande, en votant à environ 85 % pour la motion viron 10 % sur sa motion. Les continuateurs de socialiste ont apporté un large soutien à Lionel soutenue par la quasi-totalité des courants. La Jean Poperen dépasseraient 5 %. à la CGT de façon tout à fait contrôlée

LE PARTI SOCIALISTE devait conduits par Marie-Thérèse Mutin, – Pierre Mauroy, Laurent Fabius, Dans le Nord, où Marc Dollez MARC BLONDEL n’aime pas les un ministre communiste n’a pas faci- publier, lundi 17 novembre, les ré- qui, avec une estimation de 5,21 %, Michel Rocard et Edith Cresson – a succédera à Bernard Roman, sur hommes, la cause est désormais en- lité les choses ». Par ce biais, sultats quasi-définitifs – une ving- franchirait la barre permettant à obtenu, sans surprise, 81,6 % des 4 699 votants, la motion A a re- tendue. Le problème, c’est qu’il ne M. Blondel éclaire un pan de sa taine de fédérations faisant encore ses défenseurs d’être représentés 3 000 votants du département cueilli 87,12 %, la B, 2,56 % et la C goûte guère plus les femmes lors- stratégie. Les propos misogynes te- l’objet de vérifications – des votes au conseil national. Elle devrait (pour environ 4 000 cartes). La 10,32 %. Dans les Bouches-du- qu’elles dirigent des syndicats de sa- nus sur Mme Notat tout comme les de ses militants, qui ont eu lieu ainsi avoir une dizaine d’élus. motion C a remporté 13,6 % et la Rhône, selon des résultats non dé- lariés. Samedi 15 novembre, le se- attaques contre la CGT sont, de la entre le 4 et le 14 novembre, sur les Samedi 15 novembre, les fédéra- motion B 4,8 %. finitifs, la motion A obtiendrait crétaire général de Force ouvrière part du dirigeant syndical, contrôlés motions d’orientation en vue du tions départementales du PS ont 89,56 %, la B 1,52 % et la C 8,93 %. est revenu à la charge contre Nicole et intentionnels. A moins d’un mois congrès de Brest, du 21 au 23 no- tenu leurs congrès. En Haute-Ga- M. MÉLENCHON CANDIDAT Malgré le revers qu’elle a enre- Notat, après ses premières déclara- des élections prud’homales, seul vembre. ronne, nous indique notre corres- Selon nos correspondants, dans gistré à l’occasion de ce congrès, la tions à l’Événement du jeudi (Le test de représentativité des syndi- Selon les pointages de lundi ma- pondant, Lionel Jospin, conseiller le Pas-de-Calais, alors que le pre- Gauche socialiste, qui a de fortes Monde du 14 novembre). Devant cats dans le secteur privé, il juge tin, alors que la participation a été général de Cintegabelle, a assisté à mier secrétaire fédéral, Daniel Per- chances de perdre ses trois fédéra- 300 routiers réunis à Paris, il a de que tous les coups sont permis. de très bonne tenue – 72,42 % –, la Blagnac au congrès fédéral mais il cheron, s’apprête à passer la main, tions – Essonne, Jura et Vendée –, nouveau proféré des propos vul- motion A, celle de François Hol- n’est pas intervenu à la tribune. le 27 novembre, à Serge Janquin, semble décidée à maintenir la can- gaires sur la secrétaire générale de TOUS LES COUPS PERMIS lande, premier secrétaire délégué, Chaudement applaudi à son arri- député de la 10e circonscription (Le didature de Jean-Luc Mélenchon la CFDT, les justifiant par la « fai- Le secrétaire général de FO pense et de la quasi-totalité des courants vée, le premier ministre est reparti Monde du 5 novembre), la mo- au poste de premier secrétaire, où blesse » qu’il a pour le « franc-par- qu’il peut nuire à la CFDT en sou- obtiendrait 85,22 %. La motion C, après le déjeuner, souriant mais tion A a recueilli 85,52 %, la B il affrontera, le 27 novembre, ler ». lignant les bonnes relations que présentée par la Gauche socialiste, toujours muet face aux micros 4,72 % et la C, soutenue par M. Hollande « Le discours doux ou hard avec Mme Notat entretient avec les pre- tournerait autour du seuil de 10 %. tendus par la presse. Jacques Mellick, ancien maire de M. Mélenchon a confirmé ses in- MmeNotat est secondaire », a-t-il ex- miers ministres de droite comme de Sous réserve d’ultimes ajuste- La motion A, que M. Jospin a si- Béthune et trésorier de la fédéra- tentions dans un entretien au pliqué, en guise de justification, gauche. Dans la vision du patron de ments, le texte déposé par Jean- gnée avec quatre anciens premiers tion, condamné à cinq ans d’inéli- Monde daté 16 et 17 novembre. Sur avant de repéter qu’il n’était « pas FO, il y aurait un syndicat qui se si- Luc Mélenchon, Julien Dray et Ma- ministres de François Mitterrand gibilité, 9,76 %. Radio J, dimanche 16 novembre, le cocu » dans ses relations avec les tue clairement du côté des salariés rie-Noëlle Lienemann, recueille- sénateur de l’Essonne a estimé pouvoirs publics, étant donné et des grévistes, le sien, et un syndi- rait 9,57 %, soit beaucoup moins qu’« il y a là une frontière qui peut qu’« [il n’est] pas l’amant du premier cat qui se trouve du côté des puis- que ce qu’espèraient ses promo- Michel Rocard renonce à son mandat de sénateur être dépassée dans le cadre de ce ministre et qu’[il n’est] pas pédé ». sants et des patrons, la CFDT. teurs qui escomptaient au départ vote pour le premier secrétaire du Reprenant le flambeau de l’« in- Déjà, le 25 août, dans un entre- entre 15 % et 20 %. Lors de la Invité, dimanche 16 novembre, de l’émission de TF 1 « Public », Mi- parti ». dépendance syndicale », une valeur tien accordé à Midi libre, M. Blondel convention économique de dé- chel Rocard a annoncé sa démission du Sénat pour se consacrer à Le porte-parole de la Gauche so- étendard à l’intérieur de FO, feignait de commettre un lapsus sur cembre 1996, l’amendement de la son mandat de député européen. Sénateur des Yvelines depuis 1995, cialiste a jugé « raisonnable de dire M. Blondel reproche à la CFDT de la personne de la secrétaire géné- Gauche socialiste avait obtenu M. Rocard a indiqué qu’il quittait le Sénat pour se conformer à une que 20 % du PS représentent un cer- s’être « conduite comme un syndicat rale de la CFDT : « Dire que 16,19 %. Au congrès de Rennes, demande de Lionel Jospin. En juin 1996, l’ancien premier secrétaire tain minimum ». officiel », d’avoir « labellisé la Mme Juppé... euh, pardon Mme Notat en mars 1990, la motion de M. Mé- du PS s’était engagé auprès de M. Jospin à abandonner un de ses Dans le Val-d’Oise, le jospiniste grève » et d’opérer une sélection ne s’est pas rendu compte qu’on vou- lenchon avait recueilli 1,35 % et mandats avant la fin de 1997. Manuel Valls, porte-parole du pre- entre « un conflit officiel ou un conflit lait enterrer la Sécu... », déclarait-il celle de Mme Lienemann 0,6 %. Au Il avait envisagé, dans un premier temps, de renoncer au Parle- mier ministre, sera seul candidat à interdit ». élégamment. Reste à savoir com- congrès de l’Arche, en décembre ment européen, avant de choisir de quitter le Sénat. Député euro- sa succession. Il en sera de même Seule variante avec les propos te- ment la moitié des électeurs aux 1991, la motion de M. Dray et de péen depuis les élections de 1994, alors qu’il avait conduit la liste de pour un autre proche de M. Jos- nus, la semaine précédente dans prud’homales, les femmes, appré- Mme Lienemann avait obtenu 6 %. son parti, M. Rocard préside la commission du développement à pin, Jean-Marie Le Guen, premier l’hebdomadaire parisien, le numéro cieront la teneur sexiste des propos L’autre surprise provient de la Strasbourg. « Je suis le premier homme politique français qui ne dé- secrétaire de la fédération de Paris. un de FO s’en prend aussi à la CGT de M. Blondel. motion B, présentée par une par- pende plus que d’une charge, a assuré M. Rocard. (...) Ma liberté est dans sa gestion du conflit des rou- tie des anciens poperénistes, donc totale ; mon pouvoir d’influence, de ce fait, considérable. » Michel Noblecourt tiers, estimant que « le fait qu’il y ait Alain Beuve-Méry La gauche est en bonne position pour conserver la mairie de Pontoise La liste de gauche gagne au 1er tour AU TERME du premier tour de loi. Soucieux de clarifier la situation, avec 44,42 % des suffrages exprimés. lon, qui n’était en 1995 que le dau- l’élection municipale partielle de il a choisi de précipiter de nouvelles Le différend s’était poursuivi par la phin de l’ancien maire sortant Phi- la municipale d’Annemasse Pontoise (Val-d’Oise), la liste du élections. série de démissions : quatre à lippe Hemet (UDF-FD), a pris cette maire sortant Jean-Michel Rollot Les dissensions à gauche, qui ont gauche d’abord, sept à droite fois-ci la tête d’une équipe totale- HAUTE-SAVOIE (PS) est en ballotage favorable. Elle marqué son premier mandat, en mars 1996. Pour ce nouveau scru- ment renouvelée. Mais il n’est pas Annemasse (premier tour) devance la liste d’union de l’opposi- avaient commencé dès avant l’élec- tin, la gauche est repartie sur de parvenu à améliorer le score de la I., 13 540 ; V., 5 070 ; A., 62,55 % ; E., 4 957. tion RPR-UDF, conduite par le dé- tion. A quelques jours du scrutin meilleures bases. M. Rollot, il est liste UDF-RPR de 1995. Entre les Liste d’union de la gauche de Robert Borrel (div. g.), 2 880 (58,10 %), puté de la circonscription, Philippe de juin 1995, et alors que M. Rollot vrai, est devenu entre temps conseil- deux tours, les deux camps vont ten- 29 sièges ; liste d’union de la droite de Gilles Rigaud, 1 302 (26,26 %), Houillon (UDF-DL). Le Front natio- était le chef de file de l’ensemble de ler technique au cabinet du ministre ter de mobiliser les abstentionnistes. 4 sièges ; liste Front national de Bernard Midy, 775 (15,63 %), 2 sièges. nal, pour sa part, perd trois points la gauche à Pontoise, les sections lo- de la défense, , un allié Il faut dire que l’enjeu de ces élec- [Robert Borrel (divers gauche) va retrouver le siège de maire qu’il avait occupé sans inter- par rapport à 1995, mais peut se cales du Parti socialiste et du Parti de poids qui surveille étroitement la tions dépasse le cadre de Pontoise : ruption de 1977 à 1996. Sa liste remporte largement, dès le premier tour, l’élection municipale par- maintenir au second tour, qui sera communiste lui avaient retiré leur situation du syndicat d’aggloméra- la défaite du candidat socialiste fe- tielle consécutive à l’invalidation de l’élection municipale de 1995. M. Borrel avait été sanctionné donc l’occasion d’une triangulaire. confiance et avaient présenté une tion nouvelle (SAN) de Cergy-Pon- rait basculer à droite le SAN de Cer- pour avoir oublié d’intégrer à son compte de campagne deux factures de prestations offertes par Cette élection partielle a été pro- liste concurente, avec l’approbation toise, qu’il présidait avant d’entrer gy-Pontoise. des membres de sa liste pour un montant de 14 522 francs. Cette invalidation, assortie d’une inéli- voquée par le maire sortant lui- des deux fédérations : celle du PS est au gouvernement. gibilité d’un an, avait entraîné des manifestations de soutien à M. Borrel, remplacé dans ses fonc- même qui, en septembre, a deman- dirigée par l’actuel conseiller pour la En face, le député Philippe Houil- Frédérique Lombard tions de maire par son premier adjoint, Guy Gavard. Dimanche 16 novembre, les électeurs ont re- dé à deux conseillers municipaux de communication de Lionel Jospin à nouvelé leur confiance à la liste de gauche, qui améliore son score de 6 points et gagne 2 sièges. sa majorité de donner leur démis- l’Hôtel Matignon, Manuel Valls. [16 novembre 1997 : I., 15 220 ; V., 6 901 ; A., 54,65 % ; E., 6 793. Dans le même temps, la droite perd 6 points et 2 sièges. Le Front national n’a pas réussi la percée sion. Depuis mars 1996, la position Il lui était notamment fait grief de Liste d’union de la gauche de Jean-Michel Rollot (PS), 2 818 (41,48 %) ; liste d’union de la annoncée et maintient son score de 1995. de M. Rollot était en effet devenue ne pas respecter l’équilibre entre le droite de Philippe Houillon (UDF-DL), 2 507 (36,90 %) ; liste Front national de Marie-Thérèse 11 juin 1995 : I., 14 069 ; V., 6 837 ; A., 51,40 % ; E., 6 638 ; un. g. (Borrel, div. g., m.), 3 435 difficile : en raison d’un série de dé- PS et le PC, et de faire la part trop Philippe, 1 006 (14,80 %) ; liste divers gauche de Jean-Pierre Dubreuil, 335 (4,93 %) ; liste d’ex- (51,74 %) ; un. d. (Berthier, RPR), 2 147 (32,34 %) ; FN (Midy), 1 056 (15,90 %). ] missions, son conseil municipal était belle aux non-inscrits. En vingt- trême-gauche d’Eliane Barouti (PT), 127 (1,87 %)... BALLOTTAGE. réduit à 24 membres pour 35 sièges, quatre heures, M. Rollot avait dû 11 juin 1995 : I., 15 425 ; V., 8 185 ; A., 46,93 % ; E., 7 926. Un.d. (Philippe, UDF-CDS), 2 916 DEUX CANTONALES soit juste assez pour conserver le confectionner une nouvelle liste, qui (36,79 %) ; PS (Rollot), 2 207 (27,84 %) ; FN (Philippe), 1 422 (17,94 %) ; un. g. (Leban, PS), 1 123 PUY-DE-DÔME quorum des deux tiers requis par la avait fini par remporter le scrutin (14,16 %) ; PT (Barouti), 258 (3,25 %).] Canton de Pionsat (premier tour). I., 2 447 ; V., 1 678 ; A., 31,42 % ; E., 1 625. Pierre Maymat, div. d., m. de Pionsat, 643 (39,56 %) ; Roger Chapeyron, PS, 548 (33,72 %) ; Jean Prévost, div. d., 215 (13,23 %) ; Pierre Guet, PCF, 185 Le général Rondot coordonnera le renseignement militaire (11,38 %) ; Michel Dufresne, FN, 34 (2,09 %)... BALLOTTAGE. [Le canton, renouvelable depuis le décès d’Edmond Vacant, figure locale du Parti socialiste, est SPÉCIALISTE reconnu du monde bération de plusieurs otages français dans le giron militaire en 1991, au gie entre la DGSE, la DPSD (ex-sé- classé traditionnellement à gauche. Pourtant, le PS recule de près de 16 points par rapport au pre- du renseignement et grand profes- au Liban, en 1986, de la famille Va- sein du cabinet du ministre de la dé- curité militaire), la DRM, et, du côté mier tour de mars 1992. Pierre Maymat (divers droite), soutenu par la majorité UDF et RPR du sionnel de la diplomatie secrète qui lente en Libye, en 1990, ainsi qu’à fense Pierre Joxe, le général Rondot des « opérations spéciales », du COS conseil général, arrive en tête et peut de surcroît compter au second tour sur les suffrages qui se s’est développée dans l’ombre du l’accueil en France du général chré- a participé à la réforme du rensei- (commandement des opérations sont portés sur un autre divers droite, Jean Prévost. Le canton sera renouvelable en mars 1998. terrorisme international, le général tien du Liban, Michel Aoun, en 1991. gnement de défense avec la création spéciales). Sa nomination, qui ne re- 22 mars 1992 : I., 2 670 ; V., 2 158 ; A., 19,17 % ; E., 2 053 ; Edmond Vacant, PS, 1 019 (49,63 %) ; de division Philippe Rondot a été « Pistant » sans relâche le terro- de la direction du renseignement mi- lève pas de fonctions interministé- Jean Prévost, div. d., 817 (39,79 %) ; Thierry Marbezy, PC, 176 (8,57 %) ; Anne-Louise Blanchet, FN, « mis à la disposition » du ministre riste Carlos, il a été l’envoyé spécial litaire (DRM). Après un dernier aller- rielles, souligne-t-on de même 41 (1,99 %) ; Jacques Paquet, UDF-rad., 0 (0,00 %).] de la défense, Alain Richard, par le du ministre de l’intérieur Charles retour vers la DST, aujourd’hui âgé source, ne préfigure pas davantage Canton de Randan (premier tour). conseil des ministres du 10 no- Pasqua au Soudan, à l’été 1994, de soixante et un ans, il a été consi- une réforme institutionnelle des ser- I., 4 114 ; V., 2 526 ; A., 38,60 % ; E., 2 455. vembre, afin d’améliorer la coordi- jouant alors un rôle pivot dans l’ar- déré comme « le mieux placé », com- vices concernés. Marcel Pironin, PS, m. de Saint-Sylvestre-Pragoulin, 1 022 (41,62 %) ; Jean nation des services du renseigne- restation et le transfert en France mente-t-on dans l’entourage de Viallard, div. d., 665 (27,08 %) ; Gérard Salat, div. g., m. de Randan, 350 ment militaire (Le Monde du d’Illitch Ramirez Sanchez. Revenu M. Richard, pour renforcer la syner- Erich Inciyan (14,25 %) ; Roland Genestier, div., 196 (7,98 %) ; Eric Chamet, Verts, 127 11 novembre). Chargé de « renforcer (5,17 %) ; Marcel Bossu, FN, 95 (3,87 %)... BALLOTTAGE. le pôle renseignement » du ministère [Marcel Pironin (PS) devrait conserver à la gauche ce canton rendu vacant par le décès du so- de la défense, le général Rondot re- cialiste Jean-Francisque Chaux. La majorité totalise en effet, malgré des dissensions, plus de 60 % joint ainsi la Rue Saint-Dominique Les « socialo-communistes », ennemis principaux de M. Le Pen des voix. Le siège sera renouvelable en mars 1998. après un long séjour à la direction de 22 mars 1992 : I., 4 143 ; V., 3 254 ; A., 21,45 % ; E., 3 084 ; Jean-Francisque Chaux, PS, 1 469 la surveillance du territoire (DST), JEAN-MARIE LE PEN a étrenné à suivre l’exercice de cette fonction. native se fera entre la vision marxiste, (47,63 %) ; Jean Viallard, UDF-PR, 1 160 (37,61 %) ; Eric Charmet, Verts, 178 (5,77 %) ; Bernard de qui dépend du ministère de l’inté- Nice, samedi 15 novembre, lors de la S’il ne cache qu’il attend « le meilleur socialo-communiste et le nationalisme Vimal du Bouchet, FN, 167 (5,41 %) ; René Ginestière, PC, 110 (3,56 %). ] rieur. convention régionale du Front na- résultat » pour son mouvement dans français. Quand sera asséché le mari- Saint-cyrien, M. Rondot est entré tional de la jeunesse, le slogan de cette région, le président du parti got de la droite parlementaire, nous DÉPÊCHES dès 1965 dans les services spéciaux, son parti pour les prochaines d’extrême droite ne veut toutefois serons face à face ». a RETRAITE : Michel Durafour a décidé de mettre fin à sa carrière po- où il a longtemps été officier au ser- échéances électorales : « Tenez bon, pas qu’on se trompe. Les élections litique, pour se consacrer à différents travaux d’écriture, dont un ouvrage vice action du Sdece (l’ancêtre de la on arrive ! » L’affiche s’étale depuis de mars 1998 sont un enjeu national Christiane Chombeau et autobiographique. « Je renonce à exercer tout mandat, mais pas aux idées sur direction générale de la sécurité ex- la semaine dernière dans les Alpes- et « les socialo-communistes » repré- Jean-Pierre Laborde lesquelles je souhaite continuer à lutter », a annoncé, vendredi 14 novembre, térieure, la DGSE). A partir de la fin Maritimes, département où sentent, pour le Front national, l’ancien ministre d’ouverture du gouvernement de Michel Rocard, qui des années 70, il a suivi un parcours M. Le Pen sera tête de liste aux élec- « l’ennemi principal ». a Le président du FN, Jean-Marie vient de démissionner de son dernier mandat électif de conseiller régional de franc-tireur, entrant dans la tions régionales. Selon lui, la victoire « Les problèmes de gestion des Le Pen, a condamné, dimanche de Rhône-Alpes. « maison » concurrente, la DST, du Front national dans la région conseils régionaux et conseils généraux 16 novembre, le soutien apporté par a GENTILLY : Yann Joubert, qui était premier adjoint au maire (PCF) dont il est devenu après 1981 un Provence-Alpes-Côte d’Azur, «la ne peuvent être résolus sans change- Jacques Chirac à Bill Clinton dans de Gentilly, a été élu maire de cette commune, samedi 15 novembre. conseiller écouté sur les dossiers du plus corrompue de France », serait ment de la politique nationale. Donc, l’affaire irakienne. « Je me désole de a PRUD’HOMALES : l’UNSA (qui regroupe la FEN et la FGAF) pré- monde arabe et du terrorisme inter- « tellement emblématique qu’elle l’adversaire principal est celui qui est la position de la France », a-t-il décla- sente 2 023 candidats répartis sur 257 listes aux élections prud’homales, a- national. constituerait un véritable tremblement au pouvoir : les socialo-commu- ré. C’était, selon lui, « une occasion t-elle annoncé, vendredi 14 novembre. Son secrétaire général, Alain Olive, a Lors de la vague d’attentats terro- de terre politique ». M. Le Pen, qui nistes », a-t-il souligné, dimanche 16 unique que pouvait avoir M. Chirac, précisé devant l’Association des journalistes sociaux (AJIS) que l’UNSA se- ristes de 1982, M. Rondot a été régu- veut en faire un laboratoire pour dé- novembre, à l’occasion d’une confé- qui prétend que la France n’approuve rait présente surtout dans l’agriculture, l’encadrement et le commerce. lièrement consulté par le chef d’état- montrer la capacité du Front natio- rence de pressse organisée au terme pas la politique américaine » de se a TRAMINOTS : les traminots de Rouen ont entamé leur cinquième major particulier du président Mit- nal à « gérer », annonce « des hostili- d’un conseil national au siège du démarquer des Etats-Unis. « J’aurais jour de grève, lundi 17 novembre, à l’appel de la CGT, pour protester terrand. Demeuré conseiller du tés durant toute cette période parti, à Saint-Cloud (Hauts-de- souhaité que l’on dise la vérité sur contre la non-application d’un accord signé en décembre 1996, qui prévoit patron de la DST dans les années 80, électorale » avec Jean-Claude Gau- Seine). M. Le Pen tente de se présen- l’Irak, à savoir que le blocus est imposé la réduction du temps de travail de 37 à 34 heures, dans le cadre de la loi il a incarné la continuité de cette di- din, le président sortant du conseil ter comme le seul véritable oppo- par les Etats-Unis (...) pour renverser Robien. plomatie secrète, contribuant à la li- régional, qui ne souhaite pas pour- sant au pouvoir. Selon lui, « l’alter- Saddam Hussein. » LeMonde Job: WMQ1811--0011-0 WAS LMQ1811-11 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:25 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0297 Lcp: 196 CMYK

11 SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997

EXCLUSION Le secrétaire d’Etat viennent plus à régler leurs factures. b EN 1996, le Secours catholique, qui cité (14,2 millions), d’eau (4,3 millions) aidés, soit 20 000 de plus qu’en 1995. au logement, Louis Besson, vient de Ce texte est l’application d’une charte est en pointe dans l’aide aux per- ou de combustibles (2,7 millions). En 1997, EDF-GDF a prévu de consa- diffuser une circulaire organisant le signée le 6 novembre 1996 par le mi- sonnes endettées pour des besoins vi- b LA CHARTE solidarité-électricité a crer 60 millions de francs (20 millions maintien du service de l’eau pour les nistre du logement du gouvernement taux, a dépensé plus de 21 millions de été signée en 1996. Durant cette de plus qu’en 1996) à ces fonds de so- personnes démunies qui ne par- d’Alain Juppé, Pierre-André Périssol. francs pour régler des dettes d’électri- même année, 120 000 foyers ont été lidarité. Les coupures d’eau en cas d’impayés devraient désormais être évitées Une circulaire du secrétaire d’Etat au logement, Louis Besson, organise le maintien du service de l’eau chez les personnes les plus démunies. Les abandons de créances devront cependant rester l’exception

SELON leur degré de fatalisme, ment ; la redevance du Fonds na- une décision d’abandon total de contre l’exclusion. « On ne peut pour tous. » Les associations re- confronté au problème de la cou- les pauvres pourront estimer qu’on tional pour le développement des créance devront veiller à ne la pro- plus se contenter d’un dispositif qui grettent également que les gouver- pure. » les a fait attendre cinq ans ou seu- adductions d’eau, qui dépend du noncer que de manière exception- repère les gens en difficulté et les nements aient choisi une dé- Afin de ne plus contribuer à lement une année avant de leur ministère de l’agriculture et de la nelle, à la fois dans un souci de res- oriente vers des commissions qui les marche curative, sans ébaucher de cette occultation temporaire des consentir l’ébauche de l’applica- pêche ; et les prélèvements des ponsabilisation des ménages et afin assistent, souligne ainsi Gilbert La- politique de prévention, ne serait- difficultés, l’organisation caritative tion d’un droit aussi simple et vital communes. Chacun de ces acteurs d’éviter tout risque de dérapage fi- gouanelle, le responsable du sec- ce qu’en s’attaquant au mauvais a décidé, au début de l’année, de que celui de conserver l’eau cou- a dû définir les conditions dans les- nancier. » teur France du Secours catholique. état général des logements des demander à certaines de ses délé- rante, en toute circonstance, à leur quelles il renoncerait à toucher son Le texte fixe très précisément la plus pauvres. Une isolation défi- gations d’aller au bout de la lo- domicile. dû. Au cours de l’année écoulée, limite financière au-delà de la- ciente peut grever, par exemple, le gique des chartes en refusant Cinq ans s’ils considèrent que, les ministères n’ont guère rivalisé quelle la mansuétude se trans- Les entreprises budget électricité d’un ménage en- d’abonder les fonds de solidarité dès juillet 1992, la loi réformant le de rapidité pour y parvenir. Le forme en « dérapage ». « Afin de detté. Au-delà de cet aspect tech- ou en aidant directement les dé- revenu minimum d’insertion (RMI) changement de gouvernement n’a préserver les équilibres financiers distributrices nique, certains craignent que les munis, se substituant souvent à garantissait à « toute personne ou pas contribué à accélérer les des services publics de l’eau, in- dispositifs mis en place ne se l’impuissance des pouvoirs publics. famille éprouvant des difficultés choses, sous l’œil goguenard des dique-t-il, l’engagement national ont signé la charte contentent de masquer temporai- Le Secours catholique réoriente particulières du fait d’une situation distributeurs d’eau. pris par les entreprises délégataires rement l’aggravation des situa- peu à peu son intervention finan- de précarité » le « droit à une aide La circulaire ne règle cependant correspond à une moyenne de en traînant les pieds tions personnelles. « Il n’y a cière vers la prévention, notam- de la collectivité pour accéder ou pas toutes les difficultés. Les pré- 1 franc par abonné et par an (...). presque plus de coupure d’électricité ment l’amélioration de l’état des préserver son accès à une fourniture fets devront se montrer persuasifs Chaque département peut donc ta- dans l’attente de l’intervention des logements. L’association espère d’eau et d’énergie ». Faute de dé- pour convaincre les communes de bler sur la base d’au moins 2 francs « On a encore du mal à faire ad- services sociaux, et c’est une bonne surtout que ce redéploiement sou- cret d’application, cette mesure renoncer à une partie de leurs re- par abonné au titre, d’une part, des mettre que l’eau et l’électricité sont chose, remarque Laetitia Trouillet, lignera l’aggravation des situations était restée lettre morte. Un an s’ils cettes. Une dizaine de départe- entreprises et, d’autre part, des taxes des biens de première nécessité qui responsable de l’énergie au Se- et forcera les distributeurs à ne prennent en compte la signature, ments pilotes seront prochaine- et redevances de l’Etat. » doivent appartenir à tous, ajoute-t- cours catholique. Si la dette est fi- plus utiliser la coupure comme un le 6 novembre 1996, de la charte ment choisis afin de savoir si la L’application de la charte restera il. Les coupures remettent en cause nalement honorée, tout va bien. dernier recours, faute de solution solidarité-eau par le ministre du complexité du mécanisme de donc largement en retrait par rap- la dignité de la personne. On a plus Mais si le fonds de solidarité n’est financière. logement du gouvernement l’abandon de créance résiste à port à l’esprit de la loi 1992 et aux que jamais besoin d’une reconnais- pas en mesure de trouver une solu- d’Alain Juppé, Pierre-André Péris- l’épreuve du terrain. Son applica- attentes des associations de lutte sance d’un vrai droit à l’énergie tion, on va, tôt ou tard, se retrouver Jérôme Fenoglio sol, le Syndicat professionnel des entreprises de services d’eau ou d’assainissement, la Fédération na- Le dispositif tionale des collectivités concé- dantes et régies et l’Association pour l’électricité des maires de France (Le Monde du 7 novembre). Cette annonce La charte solidarité-électricité n’avait pas été traduite dans les a été signée pour trois ans, le faits. 6 novembre 1996, par EDF-GDF, Finalement, la circulaire relative le ministère du logement et l’As- à la mise en œuvre de cette charte sociation des maires de France. vient à peine d’être adressée aux Le système adopté généralise les préfets. Elle organise le maintien dispositifs de prévention des im- des services publics de l’eau pen- payés qui étaient en vigueur, sur dant le temps nécessaire – trois une petite échelle, depuis plu- mois maximum – à l’examen de sieurs années. Le texte a instau- leur dossier par une commission ré, en cas de non-paiement des solidarité-eau qui sera créée dans factures par des personnes dé- chaque département. Composées munies, de bonne foi, et en at- de représentants des communes, tendant la réponse des services des organismes sociaux, des entre- sociaux, le maintien de l’alimen- prises et des associations, ces tation en gaz et un service spé- commissions pourront prendre en cial pour l’électricité. charge partiellement ou totale- Dans ces situations, un inter- ment les factures d’eau impayées, rupteur qui limite la puissance au moins pour les personnes abon- disponible à 1 000 ou 3 000 watts nées directement aux services de selon le mode de chauffage du distribution. « Les personnes qui logement est mis en place. La payent l’eau dans leurs charges charte a aussi créé un correspon- continueront de voir leurs dossiers dant « solidarité-énergie » dans traités grâce à l’intervention du chaque centre EDF-GDF. La prise Fonds de solidarité-logement », pré- en charge financière totale ou cise la circulaire. partielle des factures impayées Aucun fonds ne sera abondé par est décidée dans le cadre des les différentes parties, comme cela commissions « pauvreté-précari- se pratique pour l’électricité, car té ». En 1996, 120 000 foyers ont l’aide accordée prendra la forme été aidés, soit 20 000 de plus d’un abandon de créance. Le Syn- qu’en 1995. En 1997, EDF-GDF a dicat des entreprises distributrices prévu de consacrer 60 millions de d’eau avait posé cette condition francs (20 millions de plus qu’en pour accepter, en traînant les 1996) à ces fonds de solidarité. pieds, de signer la charte. Cette exigence a contribué à compliquer la tâche des ministères car les dis- tion risque d’être particulièrement tributeurs ne perçoivent que 50 % malaisée dans les régions rurales du montant d’une facture d’eau. où les municipalités, qui gèrent L’autre moitié se divise en plu- très souvent elles-mêmes leur dis- sieurs prélèvements des pouvoirs tribution d’eau, pourraient ne pas publics : la TVA, qui dépend de se sentir engagées par l’accord na- Bercy ; la redevance des agences tional. de l’eau, qui dépendent du minis- La circulaire limite, en outre, le tère de l’environnement ; la taxe champ d’application de la charte, des voies navigables de France, qui l’annulation de la dette devant res- dépendent du ministère de l’équi- ter l’exception. « Les commissions pement, des transports et du loge- départementales appelées à acter

L’endettement pour les besoins vitaux

b Dépenses. En 1996, le Secours Poitou-Charentes (22 %) et la catholique, en pointe dans l’aide aux Picardie (20 %). Durant l’hiver personnes endettées pour des 1995-1996, quatre cent mille besoins vitaux, a dépensé plus de coupures d’électricité ont été 21 millions de francs pour régler des effectuées par EDF, toutes causes dettes d’électricité (14,2 millions de confondues. francs), d’eau (4,3 millions de francs) b Loyer. 15 % des personnes ou ou de combustibles (2,7 millions de familles reçues en 1996 par le francs). Secours catholique déclaraient des b Dettes. Selon l’analyse des retards de loyer. situations de détresse portant sur b Eau. 6 % du total des situations de 1996, 28 % des 752 000 cas traités par détresse présentaient des impayés le Secours catholique comportaient d’eau : 23 % dans le un problème d’endettement (65 % Nord-Pas-de-Calais, 12 % en dans le Nord-Pas-de-Calais, 39 % en Haute-Normandie et 9 % en Picardie). Le montant moyen Bretagne. Ces trois régions d’endettement pour les familles a comptent aussi la plus forte progressé de 65 % de 1989 à 1996, augmentation du nombre de ces passant de 4 333 francs à cas, avec les pays de Loire (entre 4 et 7 152 francs. 5 % de hausse depuis 1994). Les b Electricité. 18 % des cas traités endettés de l’eau sont plus âgés que présentaient des impayés la moyenne nationale (49 % ont plus d’électricité. Les régions les plus de quarante ans contre 40 %) et confrontées à ce problème sont le beaucoup plus ruraux (31 % contre Nord-Pas-de-Calais (36 %), le 15 %). LeMonde Job: WMQ1811--0012-0 WAS LMQ1811-12 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0298 Lcp: 196 CMYK

12 / LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 SOCIÉTÉ

Un premier procès pour travail clandestin Trois nuits de violents met en cause les services d’échange local incidents dans une cité Une adhérente de ces réseaux d’entraide avait fait réparer son toit par deux autres membres de La Seyne-sur-Mer Nés en 1994, les services d’échange local (SEL) traide où l’on échange des services, une habi- estimé qu’il s’agissait de travail clandestin. Les font l’objet d’un premier procès, mardi 18 no- tante de l’Ariège avait fait réparer son toit par 248 SEL français rassemblent de vingt-cinq mille vembre, à Foix. Adhérente de ces réseaux d’en- deux membres du SEL pyrénéen. Le procureur a à trente mille adhérents. Trois policiers ont été légèrement blessés

SARAH TWO s’intéresse à trente mille adhérents) qui ont autres un dispositif d’insertion. » SEL de Lutterbach (Haut-Rhin), TOULON Aucune interpellation n’a été opé- l’écologie et à l’agriculture biolo- fleuri en France au cours des trois En témoignent les dizaines de qui vient d’être primé par la Fon- de notre correspondant rée. Cette partie de la cité Berthe, gique. C’est pour ça, dit-elle, dernières années, poussés par lettres de soutien reçues par le dation de la Caisse d’épargne. La cité Berthe, située au nord de qui abrite quinze mille personnes qu’elle s’est installée en France, « une dynamique assez forte en SEL pyrénéen. « J’ai enfin retrouvé C’est plutôt d’un bon œil que le La Seyne-sur-Mer (Var), a connu (soit un quart de la population de en 1992, en achetant une vieille France », selon Jean-Michel Ser- une dignité qui me permet de dire ministère de l’emploi et de la soli- trois nuits d’échauffourées, du La Seyne-sur-Mer), est la zone la maison à Tapia, un hameau de vet. Une dynamique qui « répond que je ne suis plus assistée », écrit darité assiste au développement vendredi 14 au dimanche 16 no- plus agitée de la ville. Au fil des l’arrière-pays ariégois. La de- à un désir d’innovation de la par exemple Maryline B., membre des SEL. Mais tout en faisant part vembre. Au cours de ces affronte- années, sa population s’est paupé- meure serait vivable, n’étaient les base », estime ce professeur du SEL du Maine, qui vit avec d’« un intérêt certain pour ces dé- ments entre des jeunes et les risée : aujourd’hui, le taux de chô- fuites dans le toit. Faute du d’économie à l’université Lyon-II, 3 500 francs par mois. marches qui permettent de créer forces de l’ordre, trois policiers mage y excède les 30 %. moindre revenu, la Britannique coauteur d’un rapport sur les SEL Au sein du SEL pyrénéen, 70 % des liens de solidarité », les pou- ont été légèrement blessés et huit ne pouvait pas faire appel à une que le Groupe de recherches et des adhérents disposent de moins voirs publics « doivent rester at- voitures, plusieurs Abribus et des CINQ REVENDICATIONS entreprise pour passer enfin un d’analyses des institutions vient de 5 000 francs par mois. Les sys- tentifs à ce qu’on n’aboutisse pas à conteneurs à poubelles ont été Plusieurs bandes de jeunes re- hiver à l’abri. En revanche, elle de remettre à la Caisse des dépôts tèmes d’échange local ras- des dérives », dit-on au ministère. brûlés. vendiquent le monopole d’activi- était membre du système et consignations. semblent une forte proportion de Plus précisément : « Il ne faudrait Les premiers incidents ont dé- tés parallèles, qui ont pour point d’échange local (SEL) pyrénéen, personnes en situation précaire : pas que des personnes insérées buté vendredi 14 novembre, dans d’ancrage les « garages », de vieux un réseau d’entraide au sein du- LETTRES DE SOUTIEN de 40 % à 60 %, selon le rapport professionnellement trouvent dans la soirée, par des jets de pierres et boxes désaffectés où se pratique la quel elle proposait ses services Pour Smaïn Laacher, socio- des économistes de Lyon, qui les SEL un moyen de développer de bouteilles vides contre des voi- vente de drogues et de pièces de (ménage, maraîchage, garde logue à l’Ecole des hautes études montre que le développement de leurs activités habituelles. » tures, puis contre des autobus cir- moto ou de voiture pour une d’enfants, etc.) en échange de en sciences sociales, l’affaire est ces réseaux participe à la lutte culant aux abords de la partie « clientèle » venant de la grande biens ou de coups de main. C’est entendue. « Les juges vont y réflé- contre l’exclusion. « Ça permet 30 000 FRANCS HORS TAXE nord de cette cité acculée contre la agglomération toulonnaise. Dans donc vers le SEL qu’elle s’était chir à deux fois avant de condam- aux gens de se rencontrer, de sortir Robert Evans, allocataire du voie de chemin de fer. Rapide- le cadre d’un schéma directeur tournée pour faire réparer son ner, puisque l’affaire s’insère dans de leur solitude », explique Marie- RMI, n’avait jamais refait de toi- ment, les policiers du commissa- d’aménagement, la destruction de toit. un dispositif, le SEL, qui est entre Bénédicte Lemaire, fondatrice du ture avant de restaurer celle de riat de la ville sont intervenus dans ces fameux garages était program- En septembre 1996, Robert Sarah Two, et n’en a jamais refait ce périmètre qu’ils connaissent mée depuis de nombreuses an- Evans et John Mac Cullogh, Bri- depuis. Son compagnon de la- bien pour ne pouvoir y patrouiller nées et semblait prochaine. tanniques eux aussi, étaient au Le fonctionnement de l’association beur, instituteur en Grande-Bre- sans risques d’altercations ou Redoutant de nouveaux inci- faîte de la maison de Sarah Two tagne, propriétaire d’une ruine d’agressions. Leur véhicule a été dents, les services préfectoraux lorsque sont arrivés les gen- b Un réseau multilatéral. Alors être convertis en francs. dans l’Ariège, n’est pas plus pro- sérieusement endommagé. Quel- ont annoncé que « des précautions darmes, alertés par un appel télé- que le troc repose sur un échange b Confiance. Le système fessionnel que lui. Reste qu’ils ques centaines d’adolescents s’en sont prises », la plus visible étant la phonique d’un voisin, Michel bilatéral, le SEL fonctionne de fonctionne sur le volontariat et la ont effectué des travaux, alors sont ensuite pris à des Abribus et à mise sous surveillance du proche Vigne. Le substitut du procureur, manière multilatérale. confiance. Pour être viable, il doit que les artisans locaux, eux, n’ont d’autres véhicules garés sur un hôpital intercommunal La Seyne- un ancien inspecteur du travail, Moyennant une cotisation être limité, en nombre pas de travail. parking proche, puis ont allumé Toulon par un cordon de CRS. était immédiatement prévenu. Ce annuelle modique, l’adhérent d’adhérents et A la demande du procureur, la des incendies de fortune, tiré des Certains habitants de la cité ont qui devait arriver arriva : pour la figure sur la liste des membres géographiquement. Ruraux à Chambre syndicale des artisans et fusées de détresse et des fumi- été à peine surpris par cette flam- première fois, des adhérents d’un qui proposent leurs biens ou l’origine, les SEL se répandent des petites entreprises du bâti- gènes et fait usage d’armes à feu, bée de violence. « Il est même système d’échange local étaient services. Les échanges, de gré à aujourd’hui dans les milieux ment de l’Ariège (Capeb) a évalué sans blesser aucun des membres étonnant que ça n’ait pas explosé poursuivis pour travail illégal. Le gré, sont rémunérés en unités de urbains. La liste est disponible sur leur labeur : 30 000 francs hors des forces de l’ordre. plus tôt », dit l’un d’eux. procureur de la République de compte. Grains de sel, truffes, Internet (http : //altern. com/sel/). taxe. Le volume de travail dé- Les jeunes jugeaient les policiers Dimanche, plusieurs adoles- Foix (Ariège) a poursuivi Mme Two fleurs... chaque structure a son b Colloque. Les systèmes passe le simple coup de main responsables de la mort d’un de cents ont dressé une liste de cinq pour emploi de travailleurs clan- unité. d’échange local feront l’objet échangé normalement au sein des leurs camarades, survenue mardi revendications, envoyée à la mai- destins et ses deux compatriotes b Non-convertibilité. d’un colloque au Centre SEL, estime la direction départe- 11 novembre. Ce jeune garçon de rie. Outre l’ouverture d’une salle pour travail dissimulé. Le procès L’association se charge de la Thomas-More, à L’Arbresle, près mentale du travail. « La somme dix-huit ans qui pilotait une moto d’activités et la dénonciation des devait avoir lieu, mardi 18 no- comptabilité interne. Elle édite de Lyon, les 29 et 30 novembre, est inouïe », s’insurge l’avocat des sans casque, sans permis ni assu- contrôles de police « au faciès », vembre, au palais de justice de chaque mois un relevé de la en présence notamment trois Britanniques, Jean-Claude rance, circulait à contre-sens. Il ils demandent que des emplois- Foix. situation de chacun. Les débits d’économistes et du sociologue Garson. En tout cas, jamais aurait violemment heurté la voi- jeunes soient débloqués et priori- A la barre, trois personnes, sont évidemment aussi Smaïn Laarcher. Renseignements, Mme Two n’aurait pu la débourser. ture personnelle d’un policier mu- tairement attribués aux habitants mais aussi, implicitement, les importants que les crédits. En tél. : 04-74-26-79-71 ; télécopie : nicipal en civil qui arrivait en face. de la cité. Maurice Paul, maire 248 SEL (soit de vingt-cinq mille à aucun cas les comptes ne peuvent 04-74-26-79-99. Marie-Pierre Subtil Ces premières exactions, qui se (PCF) de La Seyne, a estimé, di- sont poursuivies jusqu’au milieu manche soir, que « ces problèmes de la nuit, ont repris dans la soirée dépassent largement le cadre des du samedi. Dimanche, les jeunes compétences de la municipalité ». Manifestation du Collectif Selon M. Allègre, l’éducation nationale se sont à nouveau affrontés avec Le maire en appelle « au plus haut des compagnies de CRS (cent niveau de l’Etat pour nous aider et quatre-vingts hommes environ) nous permettre immédiatement une pour les droits des femmes est en « situation de délabrement » qui, à l’instar des deux jours pré- rencontre avec la jeunesse ». cédents, les dispersaient en utili- PLUSIEURS milliers de per- Fraisse, n’était pas présente à la « L’ÉDUCATION nationale est en épreuve de morale civique. Jusqu’à sant des grenades lacrymogènes. José Lenzini sonnes – dix mille selon les organi- manifestation. « Geneviève Fraisse situation de délabrement », n’a pas présent, ces instituts recrutaient sur sateurs, deux mille selon la police – est une féministe de la première hésité à déclarer Claude Allègre, di- dossier et entretien les étudiants ont manifesté, samedi 15 novembre heure et une intellectuelle qui a manche 16 novembre, pour justifier qui souhaitent passer les concours à Paris, à l’appel du Collectif natio- beaucoup réfléchi en termes histo- les multiples chantiers qu’il ouvre de recrutement d’enseignants. Quatre femmes élues nal des droits des femmes, qui ras- riques sur l’égalité entre les sexes, au fil des semaines et notamment Quant à la morale civique, elle sera semble plus de cent cinquante as- commentait pour sa part l’histo- celui de la déconcentration. Invité introduite « en seconde dans les sociations, syndicats et partis rienne Michelle Perrot. Elle a donc du « Grand Jury RTL-Le Monde- cours de français, d’histoire et d’édu- au consistoire israélite de Paris politiques de gauche. Le cortège, toute légitimité pour occuper ce LCI », le ministre de l’éducation na- cation physique et en terminale dans dans lequel les hommes étaient poste. La principale difficulté va être tionale a fustigé la centralisation les cours de philosophie », a-t-il pré- DES FEMMES FONT LEUR ENTRÉE dans une instance consistoriale, presque aussi nombreux que les pour elle de travailler dans un milieu d’un système qui empêche de déve- cisé. En revanche, le ministre a de c’est-à-dire religieuse, du judaïsme français. Les quatre candidates au femmes, réclamait la mise en place politico-administratif. » « Reste à sa- lopper « les capacités d’initiative et nouveau fait part de ses incerti- consistoire de Paris ont été élues, dimanche 16 novembre, parmi les cinq des 35 heures « tout de suite », en voir si elle aura les moyens de son ac- d’innovation ». C’est pourquoi il en- tudes sur le projet de statut social premiers. Le second tour a mobilisé 6 170 électeurs (sur 40 000 adhé- attendant les « 32 heures demain ». tion, considérait pour sa part Mi- tend donner « plus d’autonomie aux de l’étudiant : « Je ne sais pas ce que rents). Anne-Marie Boubli, professeur, a obtenu 3 133 voix (52,19 %) ; Les manifestants ont aussi dénoncé chèle Idels, vice-présidente de établissements et aux enseignants » je ferai », a-t-il déclaré. Contraire- Evelyne Chiche, chef de publicité, 3 101 voix ; Michèle Rotman, profes- la situation des femmes dans le l’Alliance des femmes pour la dé- et en finir avec une gestion qui s’or- ment à ce qu’il avait annoncé la se- seur, 2 888 voix ; Muriel Shor, chirurgienne, 2 479 voix. A priori, rien ne monde du travail, « sur-chômeuses, mocratie. Le budget du service des ganise uniquement « de Paris ». maine dernière devant la commis- pourrait empêcher l’une d’entre elles de devenir présidente du consis- surexploitées, sur-partiellisées et droits des femmes vient d’être réduit Revenant sur son projet de ré- sion des finances du Sénat, il a toire, ce qui ne manquerait pas de soulever des difficultés selon la « loi » sous-payées ». de 15 %. » forme des lycées, qui donnera lieu assuré qu’il n’y avait pas, à l’heure juive au moment de prendre la parole à l’intérieur d’une synagogue. En tête du cortège, Louis Vian- Parmi les slogans, la volonté du à « un grand colloque » fin no- actuelle, de projet de loi sur ce dos- Les autres élus sont Dov Zerah, chef de cabinet d’Edith Cresson, net, secrétaire général de la CGT, collectif de mêler deux revendica- vembre (Le Monde du 11 novembre) sier. commissaire européen, arrivé en quatrième position, Gil Taïeb (sixième), estimait que « la précarisation des tions de nature différente – l’une avec la participation « des plus Enfin, M. Allègre devait présen- Haïm Nisenbaum, porte-parole des Loubavitch (septième) ; puis, dans femmes dans le monde du travail et sur la réduction du temps de travail, grands noms de la science fran- ter, lundi 17 novembre, un vaste l’ordre, Sammy Ghozlan, Gérard Uzan, Simon Laufer, Joël Mergui, Elie dans la vie quotidienne tirait tout le l’autre sur la précarisation des çaise », Claude Allègre a expliqué plan en faveur de l’introduction des Marciano, Jacques-Hubert Ghanassia et Patrick Gaubert, ancien conseil- monde en arrière ». Hélène Luc, sé- femmes dans l’emploi – apparais- que « l’enseignement ne se réforme nouvelles technologies de l’infor- ler de Charles Pasqua. natrice communiste, considérait sait au grand jour. « Trente-deux pas par le bas mais par le haut ». mation et de la communication à pour sa part que ce rassemblement heures pour tous et pour toutes », Dénonçant « des programmes dé- l’école. DÉPÊCHES était « la première manifestation na- pouvait-on lire sur une banderole ments », le ministre considère Représentant un budget de a POLICE : dix-huit Kurdes irakiens en situation irrégulière ont été tionale après le sommet de l’emploi de l’association de chômeurs AC ! qu’« il faut redéfinir le lycée. Ce qui 4,5 milliards de francs sur trois ans interpellés, samedi 15 novembre, dans un train Lyon-Strasbourg et remis du 10 octobre » et devait donc être alors qu’à quelques mètres une ma- s’enseigne actuellement au lycée (Le Monde du 31 octobre), ce plan à la police de Mulhouse (Haut-Rhin). En provenance d’Italie, ces clandes- interprété comme un « début ». nifestante portait une affichette sur n’est pas ce qui est nécessaire pour devrait notamment permettre de tins, parmi lesquels des femmes et des enfants en bas âge, semblaient se , ministre de laquelle on déchiffrait « Double former un bachelier à la fin du relier « toute l’éducation nationale » diriger vers l’Allemagne. l’environnement, a été le seul journée, demi-salaire, y en a XXe siècle ». au réseau Internet, de former les a AFFAIRES : le successeur de François Léotard à la mairie de Fréjus membre du gouvernement à se dé- marre ! ». Claude Allègre a, en outre, an- enseignants aux nouvelles techno- (Var), Elie Brun (UDF), a été mis en examen pour « prise illégale d’inté- placer ; elle n’est restée que quel- En novembre 1995, ce même col- noncé l’instauration d’un concours logies mais aussi à la création de lo- rêt » dans l’affaire de Port-Fréjus. M. Brun n’est pas visé en sa qualité de ques minutes, « venant ici à titre lectif avait organisé une manifesta- à l’entrée des instituts universi- giciels. Pour le ministre, il s’agit de maire, mais au titre d’administrateur d’une banque, la Société marseil- personnel ». L’absence des deux mi- tion dont l’ampleur avait surpris. taires de formation des maîtres « faire la synthèse entre deux civilisa- laise de crédit (SMC), qui participe à un programme immobilier dans le nistres communistes, Marie-George Quarante mille personnes avaient (IUFM), qui comprendra une tions, celles de l’écrit et de l’image ». projet de Port-Fréjus. Le parquet de Draguignan avait ouvert une infor- Buffet et Michelle Demessine, a été défilé pour dénoncer le retour d’un mation à la suite d’une plainte d’un promoteur immobilier, René Espa- d’autant plus remarquée que, mili- ordre moral, défendre le droit à la nol, déposée au printemps 1996. tantes féministes, « elles ne ratent contraception et l’avortement. CORRESPONDANCE a JUSTICE : la chanteuse Anne Vanderlove, impliquée dans une af- jamais une manifestation en faveur Cette fois, l’annonce de la décision faire de complicité d’attaques à main armée, a été condamnée, samedi des femmes », entendait-on dans le de Martine Aubry, ministre de l’em- 15 novembre, à douze mois de prison avec sursis par la cour d’assises de cortège. Quant à l’absence des per- ploi et de la solidarité, de relancer le Une lettre de François Gille l’Aisne. Son mari, Jean Linay, un repris de justice qui a déjà passé onze sonnalités socialistes, elle était par- préservatif féminin a été raillée par ans de sa vie en prison, a été condamné à cinq ans d’emprisonnement ticulièrement criante, le PS faisant les manifestants, qui ont jugé cette A la suite de nos informations Mais, surtout, il me paraît im- pour « complicité de vol en bande organisée avec arme ». officiellement partie du Collectif démarche décalée par rapport aux concernant la mise en examen de portant de vous signaler que ni a RASSEMBLEMENT : près de cent mille Témoins de Jéhovah se national des droits des femmes. revendications sociales des François Gille, ancien dirigeant du Jean-Yves Haberer ni moi-même sont réunis, dimanche 16 novembre, au parc des expositions de Villepinte Seules deux conseillères de Paris le femmes, d’autant, précisait une gy- Crédit lyonnais (Le Monde du n’avons jamais été mis en examen (Seine-Saint-Denis) pour fêter l’ouverture du « Béthel de France », le représentaient. nécologue, que l’« objet est actuelle- 23 octobre), nous avons reçu de par le juge genevois Jean-Louis nouveau centre inauguré à Louviers (Eure), le vingt-huitième en Europe. La création d’un poste de délégué ment inutilisable ». M. Gille les précisions suivantes : Crochet. Nous avons fait l’objet Ils étaient venus d’une cinquantaine de pays, dont dix sept mille per- interministériel aux droits des « Les limites de ce mouvement, a Je concède que j’étais sans d’un simple mandat d’amener, ja- sonnes de Belgique. femmes, annoncée le matin même reconnu à l’issue de la manifesta- doute peu préparé à affronter des mais étendu hors de Suisse, et rap- a HARKIS : un millier de harkis et sept cent membres de leurs fa- au Journal officiel, était analysée tion Maya Surduts, responsable du aventuriers de haut vol tels que porté au bout de quelques mois. milles ont manifesté, samedi 15 novembre, à Paris pour ne plus être les comme un geste du gouvernement. Collectif national des droits des MM. Fiorini et Parretti, mais vous Contrairement à ce que vous sem- « oubliés de l’histoire », avant d’être reçus à Matignon. Arborant leurs « Une revendication de moins », esti- femmes, c’est qu’aujourd’hui la me permettrez de noter que cela blez suggérer, la révocation de ce médailles, les pères ouvraient le cortège, réclamant « la vérité » sur les mait Françoise Picq, du Collectif gauche est au pouvoir et que, donc, il ne m’a pas empêché de gagner, mandat n’a jamais fait partie d’une massacres de harkis de 1962. Leurs enfants demandent « réparation », national. Considérée comme n’y a pas de débouché politique ». pour le compte du Crédit lyonnais, quelconque transaction et n’a pas c’est-à-dire, des emplois et la « reconnaissance » de leur situation parti- proche du mouvement féministe, la toutes les procédures menées du- coûté un centime au Crédit lyon- culière. candidate pressentie, Geneviève Michèle Aulagnon rant six ans contre eux. nais... LeMonde Job: WMQ1811--0013-0 WAS LMQ1811-13 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0299 Lcp: 196 CMYK

13 RÉGIONS LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 Les maires sont les élus les mieux considérés par les Français A l’occasion de son 80e congrès, l’Association des maires de France (AMF) a commandé à CSA un sondage, dont les résultats sont positifs. Seuls 9 % des Français interrogés souhaitent une diminution des pouvoirs des édiles municipaux

À LA VEILLE de l’ouverture, que leurs administrés. Selon le palmarès attendu de leurs préoc- rôle des maires. Ce qui suffit à ex- des maires mettent au premier rang mardi 18 novembre, de son mode de calcul de CSA (qui privilé- cupations quotidiennes : l’emploi et pliquer que, malgré les réticences des entraves qu’ils rencontrent Maintenir le « couple 80e congrès, l’Association des gie soit l’opinion des maires des pe- la sécurité crèvent tous les pla- exprimées ici ou là, les maires et dans l’exercice de leur mandat «le maires de France (AMF) a tout lieu tites villes, soit celle des élus des fonds. Cette préoccupation re- leurs diverses associations, au pre- manque de moyens financiers », maire-parlementaire » d’être satisfaite des résultats de grandes villes), ils ne sont que 36 % coupe d’ailleurs celle des maires, mier rang desquelles l’AMF, seuls 38 % des Français pensent ou 37 % à estimer qu’il faudrait très insatisfaits des moyens dont ils n’avaient guère d’autre choix que qu’une augmentation de ces Favorable à la limitation du ANALYSE augmenter leurs propres pouvoirs, disposent en termes de sécurité et de prendre leur part à la mise en moyens contribuerait à leur donner cumul des mandats, le président Rançon de contre 51 % ou 52 % de partisans du de lutte contre la délinquance, de œuvre du plan Aubry. un pouvoir plus important. de l’Association des maires de la confiance : statu quo... Certes, lorsque CSA in- développement économique et Qu’il s’agisse des maires ou des En revanche, les points de vue se France (AMF), Jean-Paul Dele- terroge les Français sur les pouvoirs d’emploi : dans ce dernier domaine, citoyens, les réponses les plus miti- rapprochent sur le cumul des man- voye, sénateur (RPR) du Pas-de- l’augmentation des élus et des institutions, ceux-ci 73 % des maires, quel que soit le gées portent sur les arrêtés anti- dats : aux réponses nuancées des Calais et maire de Bapaume, du pouvoir des maires manifestent un évident souhait de mode de calcul, pensent que leurs mendicité, le refus de procéder à un électeurs – qui mettent en avant à plaide, à titre personnel, en fa- stabilité. Mais avec 42 % de sondés pouvoirs ne sont pas suffisants. mariage ou la délivrance des certifi- la fois les avantages et les inconvé- veur du maintien « d’un couple souhaitant leur confier plus de pou- cats d’hébergement : les citoyens nients de la situation actuelle – cor- maire-parlementaire », quelle que l’enquête, rendue publique lundi voirs, les maires sont gagnants SUJETS SENSIBLES sondés qui considèrent que ces respondent des pourcentages très soit la taille de la commune. «Ce 17 novembre, qu’elle a commandée toutes catégories. L’institut CSA a aussi interrogé actes font partie du rôle du maire proches chez les maires. Seule di- qui ne supporte qu’un seul man- à l’institut CSA sur les pouvoirs des Autre enseignement : à l’excep- plus précisément élus et électeurs ne sont respectivement que 50 % vergence, elle aussi liée à l’argent : dat, c’est le député européen », maires. Ce sondage « en double » – tion notable du Sénat, on trouve sur plusieurs sujets sensibles : créa- (contre 41 % d’un avis contraire), 46 % des maires (contre 45 %) souligne-t-il dans un entretien à les mêmes questions sont posées toujours plus de personnes dési- tion d’emplois-jeunes, arrêtés anti- 48 % (contre 41 %) et 47 % (contre jugent que, « pour limiter le cumul l’AFP, ajoutant que « si l’on révise aux maires et aux citoyens – reuses de renforcer les pouvoirs des mendicité, interdiction aux mineurs 42 %). Les maires sont encore plus (...), il faudrait augmenter les indem- la Constitution, il faudra, en outre, confirme ce que beaucoup d’édiles élus ou des institutions (y compris de moins de douze ans de sortir la réservés : quelle que soit la pondé- nités des maires », alors que les ci- faire en sorte qu’un ministre puisse municipaux considèrent comme la Commission de Bruxelles) que de nuit, possibilité de refuser de procé- ration retenue (nombre de toyens ne sont que 34 % (contre redevenir parlementaire » après leur principal titre de gloire : le les affaiblir. Autrement dit, la dé- der à un mariage dans la crainte communes ou population repré- 50 %) à partager ce point de vue. son passage au gouvernement. maire est bien, aux yeux de la po- ception de la population à l’égard d’un mariage blanc, délivrance de sentée), ils sont une nette majorité Au bout du compte, le principal Le congrès de l’AMF, dont le pulation, l’élu le plus légitime et du personnel politique semble bien certificats d’hébergement aux per- à juger qu’il ne leur incombe pas de enseignement de ces deux son- thème général est « l’internatio- peut-être le plus efficace, le « der- liée au sentiment d’une relative im- sonnes qui souhaitent accueillir des prendre des arrêtés anti-mendicité dages est sans doute « l’analyse nal : une nouvelle dimension nier rempart de la démocratie », se- puissance de ce dernier à peser sur étrangers. Dans tous ces domaines, ou d’interdire aux mineurs de étonnamment proche », selon la for- pour l’action locale », s’ouvre lon une expression souvent enten- le cours des choses. On constate une majorité – absolue ou relative, moins de douze ans de circuler mule de CSA, développée par les mardi 18 novembre au Parc des due dans leurs rangs. Rançon de la aussi – autre confirmation – que le selon les cas – de citoyens pensent seuls après minuit. Sur ce dernier maires et leurs administrés. expositions de la porte de Ver- confiance : l’augmentation de leurs niveau de confiance est directe- que les maires sont dans leur rôle sujet, le mode de calcul privilégiant Il est vrai qu’aucune question sailles à Paris, en présence de pouvoirs alourdirait encore une ment fonction du degré de proximi- en intervenant. les réponses des maires des grandes n’était posée sur la corruption ; ce Lionel Jospin. En préambule a tâche que beaucoup jugent écra- té des élus ou des institutions. Dans le cas des emplois-jeunes, villes donne une majorité de 60 % qui a peut-être évité que quelques lieu, lundi 17 novembre, à l’Hôtel sante. Quant aux domaines dans les- cette majorité est écrasante : 86 % (contre 34 %) qui ne souhaitent pas nuages ne surgissent dans ce ciel de Ville de Paris, une réunion des C’est sans doute pourquoi les quels les citoyens souhaiteraient des personnes interrogées (contre assumer une telle décision d’inter- dégagé... maires d’outre-mer. Jacques maires sont, paradoxalement, voir les maires disposer de plus de 11 % d’un avis contraire) jugent que diction. Chirac clôturera les travaux jeudi moins demandeurs d’aller plus loin pouvoirs, les réponses offrent un la création de ces emplois relève du Autre différence : alors que 64 % Jean-Louis Andreani 20 novembre.

Pour des édiles municipaux mieux armés L'emploi et la sécurité avant tout Cumul des mandats : des opinions nuancées

Pour chacun des élus et des institutions politiques suivants , dites-moi Pour chacun des domaines suivants , souhaiteriez-vous que votre Maire Quelle est votre opinion concernant le cumul des mandats ? si vous souhaiteriez qu'à l'avenir ils aient plus de pouvoir qu'aujourd'hui ? dispose de pouvoirs plus importants ? NE SE réponses en % PLUTÔT D'ACCORD PLUTÔT PAS D'ACCORD PRONON- réponses en % CENT PAS PLUS DE MOINS DE NI PLUS, NE SE PLUS DE MOINS DE NI PLUS, NE SE NI MOINS PRONON- NI MOINS PRONON- POUVOIR POUVOIR DE POUVOIR CENT PAS Les maires qui cumulent plusieurs Pour limiter le cumul des mandats, POUVOIR POUVOIR DE POUVOIR CENT PAS mandats sont moins disponibles il faudrait augmenter les indemnités pour leur commune des maires LES MAIRES 42 % 9 % 44 % 5 % L'EMPLOI 76 % 3 15 6 LES CONSEILLERS 39 % 12 % 38 % 11 % RÉGIONAUX LA SÉCURITÉ ET LA LUTTE 70 % 4 19 7 16% CONTRE LA DÉLINQUANCE 16% 39 % 16 % 29 % 16 % 5% 50% LES DÉPUTÉS EUROPÉENS L'ACTION SOCIALE 64 % 4 24 8 79% LES CONSEILLERS 35 % 13 % 40 % 12 % 34% GÉNÉRAUX L'ENVIRONNEMENT 63 % 4 27 6 LES DÉPUTÉS 32 % 17 % 41 % 10 % LE DÉVELOPPEMENT LA COMISSION EUROP. 62 % 6 23 9 30 % 23 % 26 % 21 % ÉCONOMIQUE Le fait, pour un ministre, un député Les Maires qui disposent d'un autre DE BRUXELLES ou un sénateur d'être également mandat peuvent plus facilement faire LES PRÉSIDENTS LES AFFAIRES SCOLAIRES 54 % 6 30 10 maire de sa commune lui permet valoir les intérêts de la commune 29 % 14 % 47 % 10 % DE LA RÉPUBLIQUE de mieux rester en contact avec au niveau local, national ou européen les réalités locales LES TRANSPORTS,CIRCULA- 52 % 6 34 8 LES GOUVERNEMENTS 28 % 14 % 45 % 13 % TION ET STATIONNEMENT LES SÉNATEURS 21 % 20 % 44 % 15 % LES AMÉNAGEMENTS 50 % 8 32 10 40% 25% SONDAGE AUPRÈS DES FRANÇAIS Source : CSA/AMF (ROUTES, VOIES FERRÉES...) 7% 11% L'URBANISME, LES PERMIS 41 % 13 35 11 ૽ Sondages CSA Opinion/Association des maires de France ; le sondage DE CONSTRUIRE 53% 64% auprès des Français a été réalisé les 24 et 25 octobre auprès d’un échan- LA FISCALITÉ LOCALE tillon de 1 005 personnes ; celui auprès des maires l’a été du 22 au 31 oc- 37 % 21 32 10 tobre auprès d’un échantillon de 513 maires. SONDAGE AUPRÈS DES FRANÇAIS Source : CSA/AMF SONDAGE AUPRÈS DES FRANÇAIS Source : CSA/AMF Les Parisiens de La Chapelle asphyxiés par la fumée des trains Lille-Bruxelles en 38 minutes POUR DE NOMBREUX Parisiens du quartier conte Claudie Janet, gardienne d’immeuble rue de voies situées entre la rue Pajol et la rue d’Au- La Chapelle, à cheval sur les 18e et le 19e arron- Pajol. Et malgré cela, certains sont réveillés avant bervilliers. de TGV en 1998 dissements, la pollution de l’air est d’autant l’aube par les odeurs nauséabondes qui s’in- Mais le dépôt est désormais inscrit au registre plus inacceptable qu’elle est visible, malodo- filtrent par les systèmes d’aération. » Une cen- des « installations classées pour la protection de DÈS LE 14 décembre, le trajet Lille-Bruxelles en TGV s’effectuera en rante... et provoquée par un service public. Ces taine d’habitants ont créé l’association Gare l’environnement », ce qui permettra un contrôle trente-huit minutes (près d’une heure et quart actuellement), seize fois riverains d’un dépôt de la SNCF, en amont de la aux pollutions 18e-19e. La première étude, effec- plus strict des rejets dans l’atmosphère. On de- par jour (au lieu de onze) et quinze fois par jour (au lieu de treize) dans gare de l’Est, dénoncent les fumées dégagées tuée à leur demande, n’avait pas démontré de mande aux machinistes d’arrêter les moteurs l’autre sens. C’est ce qu’ont annoncé, vendredi 14 novembre, Antoine par les motrices fonctionnant au gazole qui façon formelle la nocivité des émanations du pendant les ravitaillements en carburant. Il leur Martens, administrateur-directeur général adjoint de la Société nationale passent ou stationnent sous leurs fenêtres. dépôt. Mais elle avait été réalisée entre no- est également suggéré d’effectuer sur des voies des chemins de fer belges, et Michel Etienne, directeur régional de la Trente-neuf d’entre eux ont décidé, le 5 no- vembre 1995 et janvier 1996, c’est-à-dire pen- éloignées des établissements scolaires, les SNCF, en précisant que ce gain de temps n’entraînera pas d’« augmenta- vembre, de saisir le tribunal d’instance du 18e dant la longue grève des transports. De nou- longues opérations de chauffage des moteurs. tion des prix de base ». Cinq cents voyageurs par jour dans chaque sens d’une action en responsabilité civile afin d’ob- velles mesures, au début de cette année, La « lutte contre la pollution des moteurs sont attendus à court terme. Doublée de la mise en place de correspon- tenir la fin de ces nuisances. indiquent une augmentation de l’ordre de 20 % Diesel » a été engagée par la SNCF. Plusieurs dances rapides à Bruxelles, cette nouvelle liaison va réduire les temps de Chaque jour, depuis des années, ils se sentent du taux de monoxyde d’azote et de poussières dispositions ont été mises en œuvre gare de parcours entre Lille et les Pays-Bas (Lille-Amsterdam en 3 h 30) ou l’Alle- agressés par les gaz des locomotives et des ma- fines. l’Est : gazole à moindre teneur en soufre, magne (Lille-Cologne en 3 h 20). Elle permettra aussi d’améliorer la fré- chines de manœuvre – les cheminots les ap- manches à air pour tenir compte de la direction quence des liaisons entre Lille et Londres. – (Corresp.) pellent les « yoyos » – regroupées sur plusieurs DÉMARRAGE DES MOTEURS du vent, sensibilisation du personnel, améliora- dizaines de voies de garage. En juin 1996, la Il a fallu attendre le projet d’arrêté adopté tion des réglages... Il n’est cependant toujours DÉPÊCHES cour d’une école de la rue de Torcy, juste au- par le conseil départemental d’hygiène, réuni pas question de transférer ce dépôt à l’extérieur a AUTOROUTES : une section autoroutière de 25 kilomètres de l’A 19 dessus des rails, avait été envahie par un nuage fin septembre à la préfecture de police à la de- de la capitale. La SNCF, qui souhaite vendre vient d’être ouverte entre Sens et Courtenay (Yonne). Elle propose une si épais que les élèves avaient été précipitam- mande du ministère de l’environnement, pour une partie de ses terrains à des promoteurs, de- liaison entre l’A 6 (Paris-Lyon) et l’A 5 (Paris-Langres) et une alternative à ment mis à l’abri dans les classes. Depuis cet in- que ces Parisiens aient le sentiment d’être pris vra elle-même attendre la disparition de cette l’A 6, souvent saturée, entre le sud de Courtenay et l’est de l’aggloméra- cident, un écran en plastique « protège » l’aire au sérieux. Certes, le train Paris-Bâle restera pollution pour que démarre la future zone tion parisienne via la Francilienne (A 104). Le péage a été fixé à 9 francs. de jeu. tracté par une motrice Diesel tant que la ligne d’aménagement concerté (ZAC) Pajol. Par ailleurs, au nord de Paris, un nouveau tronçon de la Francilienne « Les habitants dont les appartements donnent ne sera pas électrifiée et les machines continue- (A 104) a été inauguré entre Baillet-en-France et Fontenay-en-Parisis. du côté des voies n’ouvrent plus leurs fenêtres, ra- ront à démarrer leurs moteurs sur la vingtaine Christophe de Chenay Cette section de 15,5 kilomètres constitue une étape importante du bou- clage, entre Cergy-Pontoise et l’aéroport de Roissy, de la Francilienne, qui reliera les trois autoroutes A 15, A 16 et A 1. Ce maillon est libre de péage. a BAS-RHIN : une opération de covoiturage lancée par le conseil gé- L’enfouissement profond des déchets nucléaires ne serait plus privilégié néral du Bas-Rhin, jeudi 13 novembre, a entraîné une diminution moyenne du trafic de 2,6 % seulement, pour un coût d’environ 1 million LE GOUVERNEMENT ne veut dra), en vue d’un choix définitif sources, l’option de l’enfouisse- affirmé que le gouvernement « fe- de francs. Ce résultat est dû notamment à « l’absence de réelles infrastruc- pas limiter la gestion des déchets en 2006 (Le Monde du 7 octobre). ment ne serait pas abandonnée, rait diligence pour que, dans les tures », selon le conseil général, qui a annoncé des mesures incitatives : un nucléaires les plus radioactifs au Alors que cette option a été re- mais la « troisième voie », c’est-à- meilleurs délais, une décision claire parking est en cours de réalisation au péage autoroutier (A 4) de Sarre- seul scénario de l’enfouissement mise en cause au cours des der- dire le stockage en surface, par et nette soit prise en connaissance Union (Moselle) et la création de couloirs prioritaires, sur la RN 4 entre profond dans des laboratoires nières semaines par des députés exemple sur les sites des centrales de cause ». Une modification de la Wasselonne et Strasbourg, est à l’étude. souterrains. L’hypothèse retenue Verts et socialistes qui ont récla- nucléaires, serait de nouveau en- loi Bataille ne serait plus exclue a NORD : un millier de personnes portant des masques à gaz et des pour ces déchets, par la loi Ba- mé l’arrêt du processus légal de visagée parallèlement. La pour que les options proposées combinaisons contre les contaminations, comptant parmi elles de nom- taille de 1991, privilégiait l’en- création des laboratoires, Ségo- deuxième voie, celle de la « trans- ne soient plus irréversibles. breux élus, ont manifesté, dimanche 16 novembre, dans les rues de Was- fouissement. Trois sites de labo- lène Royal, ministre de l’ensei- mutation », en étant au stade des La semaine dernière, les oppo- quehal, près de Lille, pour réclamer la fermeture de l’usine d’incinération ratoires souterrains – ceux de gnement scolaire et ancien mi- recherches. sants locaux à l’enfouissement située sur le territoire de la commune. Cette usine, l’un des centres de re- Bure (Meuse), La Chapelle-Bâton nistre de l’environnement, a Le gouvernement doit se pro- des déchets avaient affirmé que le traitement des ordures ménagères de la communauté urbaine de Lille, ne (Vienne) et Chusclan (Gard) – ont déclaré, samedi 15 novembre, que noncer avant la fin de l’année sur gouvernement repousserait sa correspond plus aux normes européennes. La fermeture étant program- ainsi été sélectionnés par « le gouvernement s’apprêtait à re- les différents scénarios. Vendredi décision après les élections canto- mée pour 1999, les manifestants demandent que le processus soit l’Agence nationale pour la ges- noncer à l’enfouissement des dé- 14 novembre, Christian Pierret, nales et régionales du printemps accéléré. tion des déchets radioactifs (An- chets nucléaires ». Selon d’autres secrétaire d’Etat à l’industrie, a 1998. LeMonde Job: WMQ1811--0014-0 WAS LMQ1811-14 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 09:26 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0300 Lcp: 196 CMYK

14 / LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 HORIZONS TÉMOIGNAGE

Elles se sont rencontrées par hasard, en juillet 1993. Professeur de Lettres d’Algérie littérature, Monique dirigeait une session de formation continue dans une 1 − Fatiha, 44 ans, professeur de français université française de province. En décembre, Enseignante de Novembre 1993 1 Fatiha envoya Février 1995 2 français dans un Chère Monique, à Monique une Chère Monique, lycée de l’Ouest J’ai maintes fois entrepris de vous écrire. Pensé aussi, sans carte de vœux. Comme il fait beau ici ! Le soleil ne se lasse pas d’éclairer des journées où l’on se prend algérien, Fatiha était mettre sur papier, à ce que j’avais envie de vous dire, comme Une autre lettre parfois à espérer. Tant de lumière ! Les matins sont froids, vifs, un froid acéré qui nous une délivrance. Mais il y avait tant de réticences ! Comment et oblige à réagir. Les matins sont pleins de couleurs, les couleurs des blousons, des man- venue se former aux partit quelques pourquoi vous raconter ce que nous sommes en train de vivre. semaines plus tard teaux, des vestes des centaines de lycéens qui parcourent la grande avenue pour aller en nouvelles méthodes Vous encombrer de mots, de phrases qui font mal, rien qu’à les mais n’arriva pas cours. Les enfants aussi, cartable au dos, traversent toujours imprudemment les rues et se de lecture et dire. Il m’est difficile de vous en parler : un reste de fierté ? Ce à sa destinatrice. bousculent à l’entrée des écoles. Beaucoup de vie, encore. Les portes des écoles, celles des d’écriture. Le stage que nous appelons ici le « NIF » (littéralement, le nez, symbole Fatiha cessa alors lycées s’ouvrent très tôt maintenant, à 7 heures et demie pour qu’il n’y ait aucun attroupe- de l’orgueil chez nous, allez savoir pourquoi ?). Vous parler de ment de lycéens devant les portails, circulaire ministérielle oblige. On n’a pas trop envie de dura un mois. Un d’écrire. Les deux ce que nous avons fait de notre pays, de notre soleil. femmes ne voir se reproduire l’incident de Boufarik [en décembre 1994, le mitraillage d’un lycée y avait mois de travail, mais Je n’ai plus touché à mon projet, depuis plus de deux mois. perdirent pas pour fait deux morts et douze blessés, NDLR]. Les parents accompagnent leurs enfants et ne s’en aussi de longs Quel autre projet pouvons-nous avoir ici que celui de vivre, de autant le contact. vont que lorsque l’on referme les portes, sécurisés parce qu’il ne s’est rien passé. Tu vois, la échanges sur la survivre, de finir une journée où sortir dévoilée devient un acte En février, juillet, vie continue, malgré tout ce que l’on peut penser. Les professeurs s’absentent rarement poésie, la littérature. d’héroïsme ! Seuls les élèves, certains de mes élèves, me puis décembre parce que la vie est trop chère et qu’il faut bien travailler pour vivre. Ils n’ont plus de car- donnent le courage de continuer à faire comme si... Bien sûr, on tables, signe distinctif, donc dangereux, plus de documents, et se font très discrets dans les Et bien sûr, l’Algérie. 1994, Fatiha finit par apprivoiser l’horreur au quotidien, et l’on se dit : Dieu participa à trois rues, surtout aux alentours des lycées. Monique, qui merci, je n’ai pas été touchée, pas encore. Le plus dur est de pen- nouvelles sessions Et puis, dans les classes, on se surprend à oublier... Regarder les yeux attentifs des connaissait le pays, ser à demain. Il y a encore des mots comme lutter, ne pas céder, de quinze jours élèves, les doigts qui se lèvent, les réponses qui fusent ; le chahut coutumier et combien ré- souhaitait y tenir coûte que coûte. Mais, ici, les mots tuent plus sûrement en France. confortant à présent, leurs rires, leur désir de vivre, d’apprendre, de continuer... C’est tout que des armes. cela qui me donne le courage, la force d’espérer que, peut-être, ceux qui sont en face de retourner. Fatiha Des voyages Et puis il y a l’écriture (plus de lecture, car il n’y a plus rien à entrecoupés de moi ne deviendront pas des brutes assoiffées de sang, des desperados. J’essaie de lire dans proposa de la lire !). Alors j’écris. Cela seul peut me sauver, je crois. J’ai écrit conversations chaque visage, dans chaque phrase prononcée l’espoir que demain ne ressemblera pas à recevoir, dès la quelques pages d’un roman (combien ce mot me semble dépla- téléphoniques. aujourd’hui. première accalmie. cé !). J’y consacre tout mon temps. C’est un projet, me direz- La relation Ce qu’est pour eux le cours de français, ils me le disent chaque jour, en arabe le plus En attendant, les vous. Mais non, c’est un réflexe, un réflexe de survie. Ecrire professionnelle souvent : un moment « autre », où ils vont à la découverte, bien difficilement souvent, parce que, comme le disait Eluard : « Le tout est de tout dire. » d’un monde différent mais très proche. Avec curiosité, avec avidité. Les pratiques de lec- deux femmes était devenue Quelquefois cela m’est très facile, d’autres fois il me semble que amicale. Fatiha ture et d’écriture que j’expérimente avec eux vont au-delà de mes attentes. Ils écrivent des promirent de tout s’est tari. reprit sa poèmes, qu’ils illustrent aussi. Ils écrivent des dialogues, qu’ils mettent en scène, eux qui s’écrire. Quatre mois J’hésite encore à vous envoyer cette lettre. Et, si je le fais, c’est correspondance. refusaient, il n’y a pas si longtemps, de parler français. Et c’est parce qu’ils me sollicitent plus tard, Fatiha que le besoin d’être entendue aura été le plus fort, plus fort que sans cesse que j’arrive à oublier mes peurs, mes doutes. Oui, j’oublie que dans les petits cette petite voix qui me dit : à quoi bon ? villages, tout près de chez nous, les écoles, les lycées, les collèges ferment leurs portes les prenait la plume Permettez-moi cependant de vous embrasser ! uns après les autres, j’oublie qu’à Telagh on est venu assassiner un professeur dans la cour Et faites, s’il vous plait, toutes mes amitiés à Madame D., dont du lycée sous les yeux de ses collègues, j’oublie qu’à Sfisef les professeurs, réquisitionnés Lettres rassemblées je garde la carte sur mon bureau, comme un signe. par l’armée après la fermeture du lycée, obligés de réintégrer l’établissement, ont trouvé par Philippe Bernard Fatiha les classes vides, sans aucun élève, j’oublie que... La liste serait trop longue ! et Nathaniel Herzberg Il ne s’agit ni de témérité, ni de bravoure, oh non ! C’est autre chose qu’il m’est difficile d’exprimer, que je ne comprends pas moi-même. Résistance ? Je ne sais pas trop. Tout ce que je sais, c’est que, comme des milliers d’autres, je continuerai à faire ce que je consi- Avril 1995 3 dère, plus que jamais, comme un devoir. Le tout est de surmonter la peur qui nous prend Chère Monique, en sortant de la maison ; vérifier si tout va bien, si l’on n’est pas suivi, si ceux qui attendent Le ciel aujourd’hui est d’un bleu presque blanc à force de soleil ! Le printemps chez nous est toujours pressé, et discutent devant la porte sont bien des élèves (mais ça, c’est difficile !). Réflexes in- précoce, impatient. Dans notre petit jardin, les couleurs éclatent au milieu du vert presque luisant des feuilles. Il dispensables mais pas toujours efficaces, malheureusement. ne pleut pas souvent. Pas beaucoup. A peine quelques gouttes de temps à autre la nuit, qui nous réveillent dou- Et puis, avec Saïda [sa plus jeune fille, NDLR], nous jouons, nous discutons beaucoup. cement, presque tendrement, qui nous surprennent parce que nous n’avions vu passer aucun nuage et qui dé- Elle aussi me sollicite, m’oblige à réagir. Je lui parle, j’essaie de lui expliquer ce que nous vi- gagent pour nous le ciel du matin, de nouveau immuablement bleu. vons, de lui apprendre à apprivoiser sa peur. Elle m’étonne parfois, elle me semble si mûre, Tant de douceur ! Tant de beauté ! On se prendrait presque à croire, à espérer. Un bouquet de roses jaunes si perspicace, elle sait si bien interpréter mes silences ! tremble sur le rebord de l’étagère de mon bureau, illuminé par un rayon de soleil qui vient se glisser à travers les Le ramadan approche. Nous allons vivre pendant un mois au ralenti. Les bourses se dé- vitres fermées de la fenêtre. Des enfants jouent au ballon dans la rue, là, tout près. lient, c’est un mois d’agapes et de surabondance, contrairement à ce que l’on croit. Les Un bel après-midi. Paisible. Un de ces après-midi où l’on n’a pas vraiment envie de s’enfermer, de s’asseoir à gens se ruinent pour leur unique repas de la journée, et les prix augmentent de façon verti- un bureau et d’écrire. gineuse ! Il n’y a pas si longtemps, les soirées du ramadan étaient très animées. Les fa- J’aimerais pouvoir prendre ma fille par la main. L’emmener se promener au soleil. La laisser courir dans les al- milles sortaient le soir, il y avait des spectacles et les rues ne se vidaient qu’aux alentours lées du jardin public, l’un des plus beaux vestiges de l’occupation coloniale dans notre ville. Imagine : un jardin de 2 ou 3 heures du matin. Maintenant, tout a bien changé et on s’y habitue, sans trop de comme on n’en fait plus depuis longtemps, parcouru de larges allées ombragées au-dessus desquelles des mal. arbres centenaires entremêlent leurs branches. Au milieu, autre vestige : un kiosque à musique, depuis long- Voilà, j’ai passé un moment avec toi, et cela aussi est précieux pour moi. Embrasse pour temps désert et silencieux. Je m’assiérais sur un de ces vieux bancs de pierre moussue, encore en état malgré moi Iris et Anne [filles de Monique, NDLR], qui un jour viendront dans mon pays, je veux le leur âge avancé, et j’écouterais les conversations des mères, les cris des enfants en liberté. Les oiseaux aussi, en- croire, très fort... Mes amitiés à Frédéric. core si nombreux à chercher refuge tout en haut des feuillages. Comme avant. Je discuterais peut-être avec Amicalement. Fatiha l’une de ces mères venue s’asseoir près de moi, les femmes sont si promptes à se livrer ici ! Nous parlerions de nos enfants, des menus problèmes qui font notre vie. Et de cela seulement. Une de ces conversations banales, anodines, faites de ces riens, de ces liens que, instinctivement, les femmes savent tisser entre elles, au nom d’une Si je te disais que cette maison que nous avions voulue ouverte au soleil, ouverte aux autres, je la voudrais à fraternité, d’une connivence immédiates. présent comme un cocon ou peut-être plus encore... Je la voudrais comme un lieu où les rumeurs du monde ar- Mais le conditionnel, m’a-t-on appris, est le mode de l’irréel, un mode subordonné à une condition... riveraient jusqu’à nous, mais atténuées, lointaines, des rides concentriques troublant la surface de l’eau, mais à Le jardin public maintenant ne résonne plus que des appels des rares employés supposés l’entretenir. Les peine... à peine. Il me vient une image : celle d’un enfant venant au monde, naissant à l’éblouissement du jour, arbres se penchent un peu plus sur les allées vides et les feuilles lentement pourrissent à leurs pieds. Seuls les oi- les poumons déchirés – première douleur – par l’air qu’il respire. Le premier cri d’un enfant est, dit-on, un cri de seaux n’ont pas encore appris à se taire. douleur, un cri de détresse. Est-ce parce que je ne peux plus y aller que ces lieux me paraissent à présent sombres et tristes ? Je n’arrive Venir au monde... Sortir... Quel monde est donc le nôtre aujourd’hui pour que je ne rêve plus que de m’en plus à imaginer le printemps hors de ma maison. abstraire ? Sortir est une épreuve. Sortir me coûte un peu plus chaque jour. Pas seulement parce que je ne me résous pas Et puis, dans ce désir de régression, il y a certainement un désir de renoncement, né de l’angoisse, de à recouvrir mes cheveux d’un carré de tissu que certaines portent ici avec le sentiment de porter un gilet pare- la lassitude. Se battre, toujours se battre, contre tout, contre tous. Désir né aussi du besoin de me balles. Parce que j’ai peur ? Bien sûr qu’elle est là, la peur. Tellement présente qu’elle en est devenue presque retrouver, de retrouver mes marques au milieu du terrible chaos qui nous entoure. Qui suis-je vraiment ? Il y a supportable. Mais il y a autre chose, quelque chose de plus complexe, de plus difficile à définir. Peut-être, pour- sans nul doute, profondément inscrites en moi, dans mon inconscient, dans ma mémoire culturelle, des re- rais-je dire, un désir de régression. présentations qui resurgissent à présent. Il faut savoir qu’autrefois, dans cet autrefois que tant d’hommes – et Pour que tu comprennes, il faut que je te parle de ma maison. Ma maison, c’est de la pierre. Une pierre ra- même de femmes – évoquent avec regret, une femme, disait-on chez nous, ne devait sortir que deux fois dans massée dans une carrière à une centaine de kilomètres de chez nous. Des murs blancs, tout blancs. Voilà tout. sa vie : une première fois pour rejoindre la maison de son époux et la deuxième pour être portée en terre. Ma Et puis, un petit jardin derrière, à l’abri des regards. Des barreaux et des grilles de fer forgé ornent depuis peu les grand-mère, elle-même, qui fut mariée à dix ans... mais je te raconterai une autre fois son histoire... Tu vois, ce fenêtres et les baies vitrées. Les portes aussi. Il n’y a pas si longtemps j’aurais écrit « défigurent ». Mais mainte- n’est pas si loin ! nant, je ne me sens bien que lorsque les portes et les grilles sont fermées sur nous tous. Cette maison, nous J’en arrive donc à me demander aujourd’hui si ces femmes, dont je me sens à la fois très proche et très éloi- l’avons imaginée, mon mari et moi, nous l’avons dessinée, portée en nous avant de la réaliser. Et puis, lors- gnée, étaient aussi malheureuses que nous voulons bien le croire. Car nous portons sur elles, sur leur vie, un re- qu’elle a été construite, nous en avons pris possession. Au sens premier du terme. Si fortement qu’il me semble gard qui ne saurait être objectif. Un regard chargé de toutes nos luttes. De tous ces principes pour lesquels nous impossible, de plus en plus, de m’en arracher maintenant que la question pourrait se poser. C’est un peu comme nous battons, pour lesquels nous nous faisons abattre, de deux balles dans le meilleur des cas. Ces femmes que si mes racines s’étaient développées, enfoncées dans ses fondations. Incrustées dans ses pierres. Dans les murs. nous ne pouvons voir, du haut de notre histoire, que comme des êtres asservis, opprimés, diminués, avaient- Dans chacun des objets (certains disent bibelots) choisis pour partager ma vie. Oh ! elle n’est pas bien grande, elles conscience de leur asservissement, de leur condition ? Par rapport à quoi ? « Ignoti nulla cupido », disait tu la verras lorsque tu viendras, lorsque tu pourras venir. Je pourrais m’y déplacer les yeux fermés. D’ailleurs, je mon professeur de latin (Eh oui, j’ai même fait du latin...). Peut-on avoir envie de ce qu’on ignore ? Le bonheur m’amuse parfois à ne pas allumer la lumière lorsque je me lève la nuit. Je connais le parcours du soleil dans est à mon sens une notion qui ne saurait être universelle. Ni dans le temps, ni dans l’espace. chaque pièce et le moindre de ses bruits m’est familier. Et puis, il y a l’odeur. Son odeur. Indéfinissable. Faite des De qui suis-je la plus proche ? D’elles ou de toi, mon amie de l’autre côté de la mer, toi qui m’écoutes, qui es- mille parfums de notre vie. C’est ce qui me prend tout de suite, dès que j’ouvre la porte au retour d’un voyage : saies de comprendre de toute la force de ton amitié ? cette odeur, fidèle, imperceptible aux autres, immédiatement perçue par mes enfants aussi quand ils reviennent. Fatiha LeMonde Job: WMQ1811--0015-0 WAS LMQ1811-15 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 09:26 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0301 Lcp: 196 CMYK

HORIZONS-TÉMOIGNAGE LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 / 15

Depuis le début Après le premier refus de 1995, Octobre 1995 4 de visa enregistré l’été Avril 1997 7 les réponses Chère Monique, précédent, la nouvelle de Monique sont Je ne comprends pas pourquoi je n’arrive ni à terminer les nombreuses lettres que demande de Fatiha Je profite du passage de mon mari à Paris pour t’adresser cette arrivées avec j’ai commencé à t’écrire, ni à te parler au téléphone. Toutes les feuilles que j’ai dé- est restée sans réponse. lettre, en étant pour une fois sûre que tu liras ces lignes. Tu es, je régularité. Les chirées ! Parce que je trouvais que mes lettres étaient trop tristes, trop pleines de Son mari, médecin, pense, actuellement en voyage, et je te suis par la pensée. Je ne colis, en nouvelles si grises, si déprimantes, que je n’ai pas voulu t’encombrer. Je t’assure que a en revanche obtenu veux pas te parler de ce qui se passe ici, tu dois le savoir. Je continue revanche, ont dès mon retour à la maison, je me suis mise à mon bureau, que je t’ai raconté la l’autorisation à écrire, encore plus depuis que nous avons l’ordinateur, et j’arrive souvent été rentrée, les nombreux événements qui continuent à marquer nos jours et que je me de participer à un stage, à imprimer tout ce que j’écris. Mais pour que ces pages prennent détournés. suis arrêtée, relue et... voilà le résultat : un silence qui se prolonge et qui doit t’in- au printemps, dans forme à mes yeux, j’attends que tu les lises. Cela m’est nécessaire. En juillet et août, quiéter. Tu sais, je repense à la soirée passée au restaurant en montagne, à la façon un hôpital de la région Je dois aller en Tunisie, en principe, pendant le mois de mai, mais Fatiha est venue dont tu as raconté... les années « folles » de ta jeunesse, aux rires, aux plaisanteries, parisienne. Saïda, personne ne s’est manifesté pour me donner la date. Nous avons achever sa à l’étonnement amusé de M. Chaoud, et j’ai envie de rire moi aussi, de te faire rire, leur fille de douze ans, bientôt fini l’année scolaire, et l’été s’annonce très chaud puisque formation. Les mais je n’y arrive pas. Tant de choses sont encore là pour nous rappeler ce que nous a entamé une relation déjà la température est à peine supportable. La classe politique deux femmes ont vivons quotidiennement... Te parler du temps ? de la rentrée scolaire ? C’est difficile épistolaire avec la fille s’agite en tous sens pour les législatives prévues le 5 juin, mais je ne passé beaucoup de trouver un sujet qui ne soit pas trop déprimant ! J’ai mis un peu plus de temps cadette de Monique, crois pas qu’au quotidien cela pourra changer quelque chose. C’est de temps que d’habitude pour retrouver mes marques, me retrouver vraiment chez moi. Ma Iris, dix ans. un peu le principe de « on prend les mêmes et on recommence... », ensemble, mère était là, elle est rentrée à Alger il y a trois jours seulement, avec Naïma qui a et nous attendons cette échéance sans trop nous faire d’illusions. conscientes que, enfin réussi (les résultats viennent d’être affichés) et qui passe en quatrième année Voilà ! Saïda est déçue de ne pas avoir profité de son visa pour faute de motif de pharmacie. Tu as dû apprendre que tout le groupe d’enseignants avait réussi, rencontrer Iris et Anne, mais j’espère que cela se fera un jour. Je universitaire, il mais la joie a vraiment été très relative. Le fait que Karima [collègue et amie de Fati- vous envoie à tous mes plus affectueuses pensées. sera dorénavant ha, NDLR] n’ait pas pu passer l’examen, sa maladie... C’est un peu tout cela que je te Fatiha difficile à Fatiha racontais dans mes lettres précédentes (que tu ne recevras donc pas), mais j’ai déci- de revenir dé de ne plus en parler. Cele ne sert à rien. De même pour les nouvelles du pays, vous devez en avoir, peut-être pas toutes mais en tout cas suffisamment pour savoir en France. Octobre 1997 8 que cela ne s’améliore pas. Chère Monique, Je suis en train de faire des démarches pour refaire mon passeport et en même L’été est fini. Il fait toujours très chaud (chez vous aussi, je crois) temps mon visa... Inutile de te dire que ce n’est pas très facile. J’ai l’intention de malgré quelques pluies torrentielles, et voilà plus de trois semaines contacter ma sœur pour qu’elle essaie de faciliter la transmission, mais cela prendra que nous avons repris les cours. Un été particulier, marqué par..., du temps, c’est sûr. Enfin je t’en parlerai au téléphone dès que je pourrai te joindre. mais si je te disais tout d’abord qu’il y a bien des années que nous Nous n’avons plus de ligne internationale à la maison parce que nous avons reçu « Des nouvelles n’avons pas vu ici autant d’embouteillages dans les rues, les week- des factures exorbitantes (plus de 16 000 DA pour un bimestre) et que nous avons du pays, ends surtout. Des embouteillages causés par les nombreux, très été obligés de supprimer la ligne. Je suis donc obligée d’aller dans des cabines télé- nombreux cortèges de mariage, fleuris et rutilants. Il y a très long- phoniques, ce qui est très aléatoire parce qu’il faut faire du chemin pour en trouver vous devez en avoir, temps que nous n’avions pas été aussi souvent tenus des nuits en- une qui fonctionne correctement... tières éveillés par la musique, par les cris et les rires de tous ceux Je ne me suis pas remise à écrire, même pas à vraiment y penser. Trop de choses. peut-être pas toutes qui dansaient jusqu’au matin. Les mariées n’ont jamais été plus Je ne me sens pas encore tout à fait... bien. Karima est là maintenant, je vais aller la mais suffisamment belles et les fêtes aussi bruyantes. Difficile à imaginer ! C’est pour- voir dès jeudi (nous sommes mardi), mais les déplacements sont encore très dange- tant vrai. C’est un volet de la réalité, de notre réalité, et c’est par reux ici. Saïda se plaît bien au collège. Elle est presque heureuse de changer de prof pour savoir que cela cela que je voulais commencer, pour changer un peu... Tout se et elle s’y fait très bien. Ouf ! Il fallait voir comme elle détestait l’école. Autre nou- ne s’améliore pas » passe ici comme si, dans un désir violent de rejeter la peur, d’ou- velle, cette année j’ai des classes de 47 à 53 élèves (terminales), parce que les élèves blier la mort ou d’extirper le malheur, on voulait faire le pari de la des petits villages sont maintenant inscrits chez nous, ils ne peuvent plus étudier vie, de l’avenir. Car se marier, en dehors de la fête en elle-même autrement. Les filles, particulièrement. Ce n’est pas très facile d’enseigner dans ces (plus ou moins fastueuse selon les familles), c’est choisir de vivre, conditions, mais bon... opter pour l’espoir et surtout vouloir construire quelque chose de Bien d’autres choses à te dire, à t’écrire encore, mais j’en laisse un peu pour plus beau et de durable. Inconscience disent certains. Je crois plutôt que tard. c’est là une façon de dire non au deuil et aux larmes, la preuve Je vous embrasse tous. d’une indéracinable envie de bonheur. Fatiha Bien sûr, il y a tout le reste, que l’on essaie d’oublier l’espace d’une nuit, et qui reprend très vite le dessus. Le quotidien. Les atro- cités vécues pas très loin d’ici et qui parfois touchent ces familles

Avril 1996 5 mêmes. Deux des enseignantes égorgées s’étaient mariées il y a moins d’un mois ! [Huit institutrices, qui rentraient en car d’une Chère Monique, père, Hocine, qui n’arrive pas à s’habituer au vide effroyable que école isolée, ont été tuées, en septembre, à Shamda. – NDLR]. Elle est Plus d’un mois maintenant que je suis sans nouvelles de vous. La Karima a laissé. Elle avait une telle présence dans la maison, elle sa- toujours là, la peur, avec la souffrance. Je les vois dans les yeux de dernière fois, tes sanglots au téléphone... J’ai besoin de te parler, de vait être tout ce qu’une femme peut être, sans effort, naturellement cet élève silencieux, trop silencieux, qui vient de rentrer en classe te dire. Ma solitude, mes regrets, mes remords plutôt. C’est que et si gracieusement... Le jour de sa mort, ses élèves ne sont pas ren- après deux semaines d’absence, parce que son père a été tué dans maintenant, je n’ai plus personne ici. Il me semble, et c’est pourquoi trés en classe et sont venus chez elle, ensemble. L’appartement, un faux barrage à quelques kilomètres à peine de là... Il est là, j’ai des remords, que je n’ai pas su accompagner Karima vers son trop petit, n’a pu contenir toutes les personnes venues lui faire pourtant, chaque matin. Les classes sont un peu surchargées aussi, dernier voyage. Je l’ai vue souvent et je n’ai pas su trouver, dire, les leurs adieux. J’ai raconté aussi à Faouzia, à Hocine, que vous aussi car il y a tous les « nouveaux », des filles et des garçons qui, mots qu’il aurait fallu. Nous avons été si complices elle et moi que aviez voulu avoir, ensemble, une pensée pour elle. Cela les a émus. contraints d’abandonner leur maison située dans des petits villages ces silences ne peuvent pas se justifier. Assise près d’elle, lui tenant J’avais besoin de te parler un peu. Besoin aussi d’avoir de tes ou dans les environs d’Alger, ont trouvé refuge ici. Quelle ironie ! la main, qu’ai-je trouvé à lui dire, sinon que je l’aimais très fort, que nouvelles, des nouvelles des enfants, de Frédéric. Alors, en atten- Mais où pourraient-ils aller ? Et dans les couloirs du lycée je ne je reviendrai encore et encore la voir jusqu’à... J’ai beaucoup parlé dant, je vous embrasse tous. peux m’empêcher de prêter l’oreille à toutes les histoires que l’on avec sa fille, étonnante de courage et d’abnégation. Mais je me dis Fatiha maintenant que Karima avait peut-être besoin de ces mots que j’ai raconte, celles qui ne font pas « la une » des journaux parce qu’on gardés au fond de moi. Est-ce vraiment cela l’amitié ? Il y a à présent ne peut pas (ou on ne veut pas) tout dire. Les détails sont si ef- froyables que je me prends souvent à douter, et c’est peut-être cela en moi un vide, une sorte d’amputation qui encore me fait souffrir, Septembre 1996 6 qui me sauve. Je ne crois pas que je pourrais un jour tout te ra- dès que j’y pense. Je pense surtout à elle, à son absence au monde, à Chère Monique, conter... elle dont la présence était si rayonnante justement. Connais-tu cette Cela m’a fait plaisir de t’entendre au téléphone. Je n’avais Ce qui me semble le plus difficile aujourd’hui, c’est, et nous en sensation qu’en médecine on appelle « sensation du membre fan- pas eu de nouvelles depuis longtemps et la dernière fois que avons déjà discuté, de résister à la haine, à la tentation de la haine tôme » ? Celle que ressentent les amputés à l’endroit où il n’y a plus je t’avais parlé, j’ai senti que cela n’allait pas très bien. De porteuse de mort. J’ai peur de me « déshumaniser » à mon tour ! qu’un vide. Ils ont, paraît-il, envie de se gratter, ils ont mal au pied, plus, il semble que toutes les lettres que je t’envoie n’arrivent Difficile aussi de résister à la colère quand j’entends autour de moi au bras alors qu’ils n’ont plus ni pied, ni bras. C’est un peu cela que pas à destination et cela me désole. Je vais t’envoyer celle-ci (à la télévision et dans les journaux) des gens se demander encore je ressens, l’envie qui me démange de parler avec Karima, de l’en- en « recommandé » pour être sûre que tu la recevras. J’ai re- « qui tue ? ». Nous savons, nous, ici, qui tue et nous n’avons pas tendre ; nos fous rires irrésistibles, les réflexions que nous inspi- pris les cours au lycée, le même lycée, presque les mêmes l’indécence de poser la question aux survivants. raient un comportement, un spectacle ; et même les silences, car élèves, et le même programme. Je répète tellement de fois Tu vois, c’est toujours les mêmes mots qui reviennent ! nous n’avions pas besoin de mots parfois. Et puis je me dis, raconter les mêmes choses que cela n’est plus que de la routine. Mais Encore une lettre en noir et blanc ! Décidément... quoi ? Plus rien ne m’arrive ou plutôt tout ce qui peut arriver n’a cette année, cela va beaucoup mieux que l’année dernière. Saïda espère toujours rencontrer Iris et Anne. Il semble que cela plus d’importance. Tu ne peux savoir combien je lui suis reconnais- J’ai même commencé un régime amaigrissant et suis arrivée ne soit pas encore réalisable. Mais je suis heureuse cependant... sante de m’avoir donné, ultime cadeau, cette amitié faite au- à perdre 7 kilos déjà ! Il faut dire que j’avais beaucoup grossi parce qu’elle fait des projets et qu’elle espère encore. jourd’hui de bonheurs amassés, de souvenirs qui ne sont plus qu’à depuis mon retour de France, contre toute attente. Je me Je vous embrasse tous. moi. Ce que nous avons vécu ensemble était très beau, si beau sens donc mieux dans mon corps, mieux dans ma tête [...]. Fatiha qu’elle-même, comme je lui parlais de lendemains, m’avait dit : L’été n’a pas été très chaud ici, heureusement. Nous avons « Ton amie est en train de te filer entre les doigts... » Comme pour eu de très belles journées sur la plage à Alger et je pensais s’excuser. Et bien entendu, j’ai protesté, mais non, arrête de parler beaucoup à Anne et à Iris que j’aurais aimé voir jouer et cou- comme ça, tu sais bien que... mais oui, dès le début, elle savait. Et rir sur le sable avec Saïda. Mais ces jours viendront, j’en suis elle nous a donné une formidable leçon de courage. Mais justement, sûre, où nous pourrons nous retrouver et nous promener ce sont tous les non-dits qui aujourd’hui me poursuivent. Quelque tous ensemble. Non, la situation ne s’améliore pas, loin s’en part, j’ai failli. La seule chose que j’ai pu lui dire, comme ça, sans faut ; elle se détériore même, particulièrement sur le plan trop insister, c’est que je me considérais un peu comme la tante de économique à cause de la dégradation quasi quotidienne du ses enfants et que jamais je ne les oublierai. Et encore, je n’ai même pouvoir d’achat des couches défavorisées et même pas pu dire ces mots-là. Il m’a fallu en parler, à propos du mariage moyennes de la société. Mais c’est un passage obligé (dixit le de Faouzia, des vacances de Houria, la plus jeune, en disant que je FMI) et certains (ils ne sont pas très nombreux, mais il y a « Ma maison. Des barreaux et des grilles n’attendrai pas d’être invitée parce que j’étais de la famille. Faouzia parmi eux des experts) voient déjà les premiers signes d’un de fer forgé ornent depuis peu portes a repris ses études de médecine qu’elle avait abandonnées dès le re- redressement. De toutes les façons, beaucoup se disent que tour de sa mère. Elle reprend pied dans la vie maintenant, et c’est le cela ne peut être pire vu la situation sécuritaire qui prévaut et fenêtres. Il n’y a pas si longtemps, actuellement. Je t’écrirai plus longuement dès que je serai j’aurais écrit “défigurent”. Mais maintenant, sûre que tu as bien reçu cette lettre. J’ai été très déçue – peut-être un peu humiliée aussi – de je ne me sens bien que lorsque les portes recevoir un refus pour le visa. Je vais encore refaire une de- mande pour Noël. J’aurais aimé venir vous dire bonjour cet et les grilles sont fermées sur nous tous » été... En attendant de te lire ou de t’entendre, je t’envoie mes pensées les plus amicales. Embrasse pour moi Frédéric, Anne et Iris. Fatiha LeMonde Job: WMQ1811--0016-0 WAS LMQ1811-16 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 09:26 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0302 Lcp: 196 CMYK

16 / LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 HORIZONS-DÉBATS Maurice Papon et la pathologie criminelle par Michel Dubec

E n’est pas un symbole te. En Europe occidentale, en re- aucun lien avec eux. Mais ces gens, A-t-il alerté ses supérieurs ou même procès n’est pas une pédagogie, il fendre mobilise toute son énergie que l’on juge à Bor- vanche, l’inscription culturelle des dont une partie était d’immigration les autorités allemandes sur les dif- consiste à juger l’acte de l’homme psychique pour triompher de la si- deaux, mais un juifs était si grande qu’elle rendait la récente, qui parlaient avec un ficultés matérielles à rassembler les pour peut-être le comprendre, et tuation. Il y met toute sa foi, bonne C homme. Abandonnons chose impossible. Il fallait d’abord accent, qui n’avaient pas de bonnes juifs ou à les convoyer ? A-t-il sou- non l’inverse. et mauvaise, et ne peut laisser au- un instant la France, l’Etat ou même distinguer les individus, les désocia- manières, ne dérangeaient-ils pas ligné qu’il y aurait peut-être des Il n’est jamais possible d’appré- cune place à la victime dans sa pen- le régime de Vichy, et essayons de liser, puis les dénaturaliser pour en- son paysage ? Si l’ordre de couper réactions négatives de la population cier le degré exact d’aliénation ou sée. La charge de l’accusation vient circonscrire sa responsabilité per- suite les déshumaniser et les exter- les pins, d’arracher les vignes, de se française, éventuellement des refus de lucidité d’un auteur au moment de l’extérieur, et ce n’est pas le sonnelle, les termes du libre arbitre miner. Les collaborateurs de cette débarrasser des animaux domes- d’obéir ? Combien a-t-il rédigé de de son crime. En approcher la me- temps de l’intériorisation. qui lui ont fait décider de rester en chosification pouvaient ignorer son tiques avait été donné, Maurice Pa- notes administratives, ne serait-ce sure nécessite d’examiner scrupu- Il y a eu des expressions de culpa- fonctions et de participer à l’action échéance, mais pas sa signification. pon aurait-il fait diligence ? que pour ralentir l’entreprise ? Bref, leusement sa conduite avant et bilité chez un certain nombre d’ac- funeste, même s’il n’en connaissait Depuis les années 30, les images Ses fonctions l’ont « obligé » plus a-t-il fait montre de réticences et après ce moment. teurs ou de témoins de cette pas le terme. déversées par la propagande nazie tard à réprimer, pendant des an- que risquait-il dans ce cas ? Une On ne peut tenir grief des menta- époque. Il y a encore ce sentiment Il existe un genre de criminels que étaient nombreuses. Elles portaient nées, de nombreuses manifesta- mauvaise note ? lités sous l’Occupation, des peurs chez presque toutes les victimes qui définissent les caractéristiques sui- les oripeaux de la cruauté et affi- dont les gens étaient saisis, pour ne se remettent pas de la dispari- vantes : ils sont intelligents, polis et chaient la fascination pour la mort. ceux qui n’ont pas vécu cette tion des autres. Pourquoi n’y a-t-il présentent bien ; ils exercent une Si les modalités du génocide ne Adolf Eichmann n’était pas antisémite époque. pas cette émotion chez les servants grande séduction et, surtout, ils furent découvertes qu’à la fin de la Savoir ce que Maurice Papon a du nazisme ? n’ont aucune haine à l’égard de guerre, si le totalitarisme ne fut dé- et Maurice Papon ne l’est pas non plus. pensé alors, nul ne le peut, pas Parce que la primauté de la passi- leurs victimes. Ce sont les tueurs en fini que plus tard, la marque essen- même lui. Mais qu’en a-t-il pensé vité, du conformisme et du goût de série. Ce qui frappe à leur approche tielle du national-socialisme a été Mais le fait que le meurtre soit différé, froid depuis ? Qu’a-t-il éprouvé quand il l’ordre sur la préoccupation morale est la froideur du contact. N’ayant apparente dès son origine : il s’agit a fini par connaître la destination a permis de commettre le crime, et éprouvé aucune haine préliminaire, du sadisme. et anonyme n’en élimine pas la jouissance des convois qu’il avait formés ? Les ensuite de le négliger. ils ne connaissent pas la culpabilité. Adolf Eichmann n’était pas anti- importants témoins de sa carrière Les historiens, qu’ils décident de Bien sûr, il s’agit là d’une simple sémite, et Maurice Papon ne l’est ultérieure ont-ils un jour décelé en déposer au procès ou non, s’ac- analogie. Il serait absurde de vou- pas non plus. Mais le fait que le tions. Quand il s’est agi de ces La Bulgarie était alliée de l’Alle- lui l’expression d’un remords, d’un cordent pour ne pas se substituer à loir réduire aux catégories de la cri- meurtre soit différé, froid et ano- autres basanés parlant avec un magne ; puis elle a été occupée ; elle regret, d’une émotion, ou d’un la justice. La justice ne veut pas se minologie la participation à un gé- nyme n’en élimine pas la jouis- accent que sont les Algériens, les n’a jamais refusé explicitement, simple doute ? L’attitude hautaine substituer à l’Histoire. Il faut donc nocide. Mais il n’est pas impossible sance. ordres de Maurice Papon entraî- comme la Finlande ou le Dane- et la misanthropie sont-elles la en revenir à l’homme. Avant le de penser que le motif criminel d’un Il faut se méfier d’un autre type nèrent deux cents morts. Il y a une mark, de livrer ses juifs, mais elle y a condition du dirigeant ? La marche crime ; depuis le crime. Ainsi pour- être aussi singulier que le meurtrier de dépersonnalisation, celui qui unité dans le personnage. mis tant de mauvaise volonté des affaires implique-t-elle le si- ra-t-on apprécier si un haut systémique est enfoui en chacun de consiste à n’envisager l’organisation Encore une chose, pour ceux qui qu’elle a réussi jusqu’au bout à les lence du conformisme, l’oubli en responsable peut se dire moins nous et peut trouver à s’exercer se- du génocide que sous l’angle de persistent à penser que le souci de sauvegarder. Quel que soit le pays conséquence et la négation en responsable. lon un mode opératoire qui pré- l’obéissance au commandement, Maurice Papon était d’éviter le pire : considéré, aucun ressortissant n’a héritage ? sente quelque parenté avec les cir- comme si la transmission de la folie le pire, c’est ce qu’il a fait. Combien été exécuté uniquement parce qu’il Une fois pour toutes, il faut re- constances particulières du avait été si forte qu’on ne pouvait y Maurice Papon a-t-il rédigé de refusait de se joindre au génocide. noncer à apprécier le sentiment de Michel Dubec est psychiatre, génocide. échapper, ou plus précisément notes administratives pour repous- Comprendre l’homme est peut- culpabilité d’un accusé lors de son expert près la cour d’appel de Le tueur en série n’a pas de lien comme si le goût pour le travail ser ou éviter la pénible opération ? être une tâche impossible, mais un procès. Un sujet obligé de se dé- Paris. personnel avec la victime. Il la dis- bien fait pouvait aveugler au point tingue par un seul signe qui peut de ne pas la reconnaître. Gardons- être une chevelure blonde ou n’im- nous de considérer le totalitarisme porte quoi d’autre. Il ne la hait pas comme une mécanique inexorable car au préalable il la dépersonnalise. qui aurait transformé les hommes Dans un rituel immuable, il la chosi- en automates parce que nous ne fie pour s’en servir comme d’un ob- comprenons pas ce qu’ils ont fait. jet. Il ne peut la tuer que s’il se La manière d’obéir dépend du montre indifférent. Des lois ségré- type d’ordre qui est donné. La gationnistes de Vichy jusqu’à la Shoah n’était pas un objectif guer- mise à nu des corps à l’arrivée au rier. C’était un plaisir en plus. Il ne camp, de l’extraction initiale à la sé- s’agissait donc pas d’une collabora- lection finale, chaque complice a tion à la stratégie allemande, mais contribué à cette chosification. d’une servilité complémentaire. Les massacres et les tueries en Ceux qui y ont répondu l’ont fait masse ont été possibles en Europe soit pour plaire à l’occupant, soit de l’Est du fait du regroupement parce que l’action ne leur déplaisait des juifs en communautés distinctes pas. Y souscrire était d’autant facili- (certains villages d’Ukraine compor- té que l’ordre émanait de l’ennemi taient presque 60 % de population et qu’il était permis d’assouvir une juive), et ils sont comparables aux tentation profonde, un désir enfoui, autres génocides antérieurs ou ulté- comme malgré soi. rieurs. Ils étaient perpétrés dans le Maurice Papon n’avait probable- droit-fil de l’action guerrière qui ment pas de haine individuelle à leur sert habituellement de prétex- l’égard des juifs ; peut-être n’avait-il Oui, c’était la France... par Eliane Mossé

E procès Papon entraîne avait préféré ne pas décerner le prix de bien curieuses réac- plutôt que de me l’attribuer et avait tions : on est passé du dit à ma mère : « Vous comprenez, L procès d’un haut fonc- cela aurait choqué les parents fran- tionnaire français, accusé d’être çais. » Et c’était la France, aussi, les responsable de la mort de plus de charitables passants qui, en me 1 500 juifs, à celui du président de la voyant dans la rue avec mon étoile République, pour ses propos coura- jaune, pouvaient courageusement geux du 16 juillet 1995 lors de l’an- me traiter de « petite youpine ». niversaire de la rafle du Vel’ d’Hiv’. C’était la France, le Dupont Latin Philippe Séguin pique une colère qui avait mis en vitrine une pan- programmée. Il est bientôt suivi par carte : « Interdit aux juifs et aux une partie de la classe politique, de chiens ». De cela aussi, je me sou- droite comme de gauche, qui es- viens très bien : le matin du 16 juil- time que Vichy est une sorte d’ac- let 1942, nous avions très vite cident de l’histoire et déplore un es- compris que quelque chose de ter- prit d’« autoflagellation ». Le procès rible se passait. Alors, comme ma Papon est dès lors ramené au seul sœur était convoquée à la Sor- procès d’un homme, alors que c’est bonne pour l’oral du bac, nous y la dimension historique (le rôle de sommes tous allés, nous ne vou- Vichy dans la solution finale) et so- lions pas être séparés. Après une ciologique (les responsabilités journée passée dans la cour de la d’une haute fonction publique Sorbonne, nous sommes repartis le prête à tout pour satisfaire les soir, sans trop savoir ce qui nous at- maîtres du moment) qui en consti- tendait à la maison ; et même si tuent le principal intérêt. nous avions faim et soif, la pan- Oui, pendant l’Occupation, la carte du Dupont Latin était dissua- France était à Londres, au Vercors sive. et dans bien d’autres lieux. Oui, la Plus grave : c’était la France, les France a eu ses « justes ». Mais voisins qui nous avaient dénoncés n’oublions pas : au moins jusqu’en comme possédant un poste de ra- 1944, la Résistance a été un phéno- dio (ce que les textes d’application mène, sinon marginal, du moins du statut des juifs, rédigés par l’ad- très minoritaire. Et sur l’attitude ministration de Vichy, interdisait). d’une France que j’ai vécue pen- Ce n’était même pas vrai : mon dant mon enfance, qu’on me per- père avait déposé à la mairie l’ap- mette d’apporter mon modeste té- pareil, pour ne pas déroger à la loi moignage, que l’on jugera sans (cette fois-là, nous avons été sauvés doute anecdotique, sur des faits qui par un inspecteur de police du restent à jamais inscrits dans ma quartier des Grandes-Carrières, qui mémoire. a déchiré la lettre et prévenu mon Je n’étais pas à Bordeaux pen- père ; nous lui devons sans doute la dant l’Occupation, mais à Paris. Et vie). C’était la France, enfin, les la France, j’ai vu comment elle pou- Français qui ont dénoncé les vait fonctionner. C’était la France, membres de notre famille réfugiés mon professeur de latin du lycée en zone sud, qui ont tous été dé- Jules-Ferry qui me faisait monter portés à Auschwitz et ne sont pas sur l’estrade pour se moquer de revenus. mon étoile jaune devant toutes les élèves (qui s’amusaient bien...). C’était la France, mon professeur Eliane Mossé est professeur de français qui, bien que j’aie tou- émérite à l’Institut d’études poli- jours été première en rédaction, tiques de Paris (IEP). LeMonde Job: WMQ1811--0017-0 WAS LMQ1811-17 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 09:26 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0303 Lcp: 196 CMYK

HORIZONS – DÉBATS LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 / 17 Historiens et communisme : condamner ou comprendre par Alain Blum

N point d’aboutisse- par le communisme. L’explication sans être jamais justifiée. En réali- publiés, recherches originales. longtemps l’idée que la famine de développement, marquée par une ment : ainsi apparaît et la condamnation se confondent. té, jamais aucune démarche réelle- L’apport de ces chapitres est sans 1933 ou la période qui débute en sorte de morale purificatrice qui Le Livre noir du L’ouvrage sera donc une juxtaposi- ment comparative n’est conduite. aucun doute essentiel et sera l’une 1929 et qui se termine avec cette refait du monde paysan le monde U communisme, après tion de ces drames, cette juxtapo- Le premier chapitre et la conclu- des grandes références sur cette famine furent une rupture essen- originel et pur que l’on doit retrou- une série d’articles de presse qui sition devenant le schéma par ex- sion de l’ouvrage ne traitent pra- histoire. tielle de l’histoire soviétique. Mais, ver. Il serait important de rappro- affirment le caractère criminel du cellence explicatif et démonstratif. tiquement que de l’URSS. Chacun Cependant, deux questions sur- ici, cette rupture apparaît plus cher cette situation de certains as- communisme et comparent La première manipulation des auteurs a analysé séparément gissent : l’une tient au parti pris de comme un événement parmi les pects du fascisme italien. souvent, à travers ce biais, consiste à utiliser les chiffres de son aire géographique sans faire construire ce texte uniquement au- autres catastrophes de cette his- Fallait-il alors cette mise à plat ? communisme et nazisme. Le morts, que l’on peut facilement référence aux autres, à l’exception tour des victimes et des drames, en toire. Pour comprendre les purges Peut-être, mais sûrement différem- nombre spectaculaire de morts additionner, pour affirmer l’identi- parfois de Jean-Louis Margolin laissant de côté l’analyse du sys- de 1937-1938, il faut sûrement ment. Car ladite mise à plat se veut violentes sert à englober dans un té d’un processus. La famine de traitant de la Chine. Les outils tème de pouvoir dans son en- comprendre la famine de 1933, déjà explication, ce qui est extrê- tout unique l’ensemble des his- 1921-1922 en URSS est considérée sans d’ailleurs la ramener à une mement dommage. Qui plus est, toires des pays qui ont un jour été comme étant identique à celle de « famine provoquée », comme le une telle mise à plat peut conduire sous domination communiste. 1933 ou aux purges de 1937-1938, « Le Livre noir du communisme » aurait pu fait Stéphane Courtois, en contra- à une certaine banalisation de L’idéologie devient alors, par ce mais aussi au Grand Bond en diction avec ce qu’écrit Nicolas l’horreur. En introduisant implici- processus macabre d’accumulation avant et aux massacres cambod- susciter une réelle réflexion comparative, Werth. Il faut cependant aussi tement une hiérarchie des drames, des morts, la clé de l’explication. Il giens, puisque l’on peut regrouper comprendre tout le système de mesurée à l’aune du nombre de n’y a plus d’histoire sociale ni toutes ces catastrophes et les addi- débordant le cadre simpliste pouvoir qui s’était construit durant morts ou de réprimés, l’exception- d’histoire politique mais la simple tionner pour en donner un bilan les années qui suivent la Révolu- nalité de la Shoah ou des purges marque d’une idéologie meur- chiffré. du communisme, s’il n’avait pas tion, le fonctionnement de l’Etat staliniennes est fondue dans les trière. Toute la question de la na- La deuxième étape consiste à dé- en général. drames qui parcourent le ture du comparativisme est ici po- gager le mécanisme de responsabi- souhaité privilégier un effet d’annonce Le stalinisme fut autant dictato- XXe siècle, qui ne sont malheureu- sée. lité par l’emploi de formules chocs rial qu’anarchique, une délégitima- sement pas limités à ceux décrits L’axe central du livre, proposé qui renvoient à des descriptions, plus que d’histoire tion permanente des positions et dans ce livre. par le premier chapitre écrit par trouvées plus loin dans l’ouvrage, relations sociales. Il a utilisé Si « livre noir » on voulait, n’au- Stéphane Courtois, est fondé sur qui n’ont pourtant pas l’ambition souvent cette situation anar- rait-il pas mieux valu publier la une estimation du nombre de vic- de fournir une explication unique. propres à la comparaison, dans le semble, ou de la société et de ses chique, comme parfois cessé de la longue, très longue, liste des noms times du communisme – 85 mil- Ainsi, les expressions « famines temps et l’espace, ne sont pas oppositions ; la seconde tient à maîtriser. Seule l’intégration de ces des victimes de la terreur, comme lions ou 100 millions –, addition si- provoquées et/ou non secourues », fournis. l’insertion de ces chapitres dans logiques contradictoires de pou- le font de nombreux quotidiens ré- nistre des morts violentes, « génocide de classes », fournissent Pour illustrer ce fait, examinons l’ensemble de l’ouvrage. voir permet de comprendre. gionaux russes. Ils marquent là un provoquées, de l’histoire sovié- en elles-mêmes l’explication de ces les chapitres concernant l’URSS, En acceptant le premier prin- La question de la démarche véritable souci de mémoire, souci tique, chinoise, cambodgienne ou drames. écrits par Nicolas Werth. Si on les cipe, Nicolas Werth s’est interdit comparative est ainsi vraiment po- humain et non idéologique. Ils ren- vietnamienne. La troisième étape juxtapose des aborde dans une perspective auto- de dégager les mécanismes larges sée. Elle pouvait se traiter de di- voient à ces mémoriaux juifs qui Toute l’argumentation est dans histoires pour affirmer le compara- nome, séparée du cadre de l’ou- qui ont engendré ces violences au- verses façons, sous divers angles. égrènent la longue liste des vic- cette opération : ces morts sont tivisme, puis l’identité. En insérant vrage, on observe un véritable et delà des actions de quelques diri- Lorsque Moshe Lewin et Jan Kers- times du génocide sur les murs des équivalentes, ont la même origine dans un même ouvrage les his- remarquable travail d’historien geants ou des grandes confronta- haw ont engagé une comparaison synagogues. Ils dénoncent plus puisqu’elles ont été provoquées toires des drames soviétiques et – recueil de documents, synthèse tions entre monde paysan et entre stalinisme et nazisme, ils ont que toute préface polémique et dans un pays communiste, donc chinois, l’équivalence est affirmée des nombreux travaux aujourd’hui monde urbain. Il défend depuis cherché à démonter les méca- simplificatrice à un ouvrage qui nismes de pouvoir entre les deux devient, par ce cadre imposé, une systèmes, les mécanismes de ré- négation de l’histoire. Ils n’ont pas pression, l’adhésion des divers l’ambition d’expliquer, et donc groupes sociaux, les oppositions. n’orientent pas le débat vers une Il n’est pas absurde de comparer confrontation idéologique mal- certains épisodes dramatiques du saine. stalinisme et du maoïsme. Le Sans doute l’effet d’annonce ne Grand Bond en avant et la collecti- serait pas grand. Sans doute faut-il visation ont en commun de partir laisser aux Russes, ainsi qu’ils l’ont d’un mythe industrialiste (Jean- entrepris, le soin de reconstituer Louis Margolin ébauche d’ailleurs cette mémoire sur une base qui ne cette analogie entre ces deux évé- soit pas exclusivement politique et nements marquants) et de cette idéologique mais humaine. Lais- croyance en la possibilité de rattra- sons alors aux historiens le soin de per en quelques années des retards comprendre, sans simplification de développement mesurés à abusive. l’aune de la production indus- Ce livre aurait pu susciter une trielle. Ils ont aussi en commun de réelle réflexion comparative, dé- répondre aux dysfonctionnements bordant le cadre simpliste du de l’économie rurale, aux mau- communisme, s’il n’avait pas sou- vaises récoltes, par des mesures haité privilégier un effet d’annonce catastrophiques, fondées sur une plus que d’histoire. Regrettons pensée exclusivement politique. cette perversion qui consiste à ne Peut-être la Révolution cultu- chercher qu’à frapper l’imagina- relle et les purges de 1937-1938 tion et à oublier de comprendre, et peuvent-elles alors être rappro- souhaitons que le débat engagé chées, expression d’un déséqui- bien avant sa parution continue libre social provoqué par ces sans se focaliser sur ce cadre ré- drames antérieurs. La question ducteur. reste entière, et, manifestement, l’ouvrage dont il est question ici n’oriente pas vers ce type de ré- Alain Blum est directeur flexion qui implique une recherche d’études à l’Ecole des hautes réellement commune. études en sciences sociales (Ehess) En revanche, le drame cambod- et directeur de recherches à l’Insti- gien est fondé sur une tout autre tut national d’études démogra- idéologie, anti-urbaniste et anti- phiques (INED).

AU COURRIER DU « MONDE »

LA LOI DU SILENCE man, ce code de droit tant bien A en croire certains, pour que mal affranchi du divin octroie conserver à la nation française son à la famille et, en son sein, à la honneur et sa fierté, il est re- femme des droits émancipateurs. commandé de jeter pudiquement Cela est d’autant plus significatif un voile d’oubli sur notre passé. que faire valoir ces droits est un Comme dans une vulgaire organi- effort au quotidien. sation mafieuse, il faut accepter la Qu’« aucun retour en arrière n’a loi de l’omerta. Faire silence, soit : été constaté » en la matière est la mais au profit de qui ? Nous refu- conséquence, même partielle, de serons de vous obéir, messieurs les cet effort. A preuve qu’à la suite bon apôtres ! et comme Robert du pèlerinage à La Mecque du chef Antelme dans L’Espèce humaine, de l’Etat Ben Ali, l’idée, alors en nous vous disons : « A la place de vogue, de réduire, voire d’abroger, "la vie", il fallait au moins savoir. Si ces « droits acquis » n’a été aban- je sais qui m’a volé, il me semble donnée par le gouvernement que je ne serai plus volé absolument. qu’après la prise de conscience par Savoir qui a volé, c’est sortir à demi les autorités qu’elles se légitime- de la catastrophe. » raient d’autant mieux qu’elles se Jean-Michel Le Bot positionneraient contre le courant Brest (Finistère) islamiste, et en raison des prises de position contraires de l’opinion LES DROITS médiatisée, en particulier celle, DES TUNISIENNES ferme, de la Ligue tunisienne de Une avocate tunisienne affirme, défense des droits de l’homme dans Le Monde du 7 novembre, (LTDH), qui est aujourd’hui l’objet que « le vote dès 1957 du code du d’une interdiction de facto par le statut personnel de la femme est en pouvoir, tout comme l’Association lui-même la preuve irréfutable de des femmes démocrates. l’émancipation de la femme tuni- Wicem Souissi sienne », et qu’« aucun retour en Paris arrière n’a été constaté ». Le code du statut personnel en question DÉRÈGLEMENT n’est pas celui de « la femme », On va créer des emplois-jeunes mais celui de la famille. Sa pro- qui seront affectés à la sécurité mulgation, le 13 août 1956, n’a pas dans les établissements scolaires. fait l’objet d’un « vote », mais d’un Les bénéficiaires de ces emplois en décret, en dépit des houleuses ré- seront, n’en doutons pas, les pre- sistances du président du conseil miers satisfaits. Toutefois on ne des ministres, Habib Bourguiba. m’enlèvera pas de l’esprit que Cette législation n’est pas «en lorsque la violence se fait créatrice elle-même la preuve irréfutable » d’emplois, c’est que la machine est d’une émancipation. En revanche, profondément déréglée. par la suppression des tribunaux François Omnes antérieurement de droit musul- Caen (Calvados) LeMonde Job: WMQ1811--0018-0 WAS LMQ1811-18 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 09:26 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0304 Lcp: 196 CMYK

18 / LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 HORIZONS-ENTRETIENS Samuel Huntington, professeur à l’université Harvard (Etats-Unis) « Les autres civilisations veulent se moderniser, pas forcément s’occidentaliser » Cet universitaire américain envisage l’hypothèse d’un conflit opposant entre elles certaines des principales civilisations de la planète

« Les conflits armés de l’avenir lières dans une zone maritime re- n’auront plus, selon vous, des vendiquée par les deux pays. Ce causes économiques ou idéolo- conflit dégénère en une guerre giques, mais opposeront, pour des mondiale au cours de laquelle raisons culturelles, les huit princi- l’Algérie, où les islamistes ont pris pales civilisations de la planète : le pouvoir, lance un missile nu- occidentale, latino-américaine, cléaire sur Marseille. Croyez-vous musulmane, chinoise, hindoue, à un tel scénario ? slavo-orthodoxe, bouddhiste et – Je ne crois pas qu’il y aura obli- africaine. Vous refusez comme gatoirement une guerre mondiale une illusion occidentale l’idée opposant les civilisations. Mais d’une unification progressive de cette possibilité, bien que faible, l’humanité autour des principes existe. C’est pourquoi j’ai inclus de la démocratie libérale. Pour- cette fiction dans mon livre. L’élé- quoi opposer ainsi « modernisa- ment le moins improbable de ce tion » et « occidentalisation » ? scénario improbable est le conflit – Ces deux processus ont évi- entre le Vietnam et la Chine. demment des liens, mais nous – Le plus improbable, dans pouvons examiner aussi ce qui les votre récit, n’est-il pas l’aligne- distingue en montrant, dans la ci- ment du Japon sur la Chine en cas vilisation occidentale, les éléments de guerre en Asie ? apparus bien avant l’ère moderne. – Les Japonais sont certainement Dès les XIIe et XIIIe siècles, l’Oc- contents de la situation actuelle. cident a développé des caractéris- Mais si la Chine continue de se dé- tiques très particulières telles que velopper jusqu’à devenir la puis- la séparation entre la sphère spiri- sance dominante en Asie du Sud- tuelle et temporelle, l’idée de la Est, les Japonais chercheront à primauté de la loi (héritée des Ro- s’entendre avec la Chine, et pen-

mains), une structure sociale plu- DESSIN MARTIN JARRIE cheront de son côté. Cela serait raliste comportant à la fois des sei- conforme à leur façon d’agir de- gneurs féodaux et des cités tionnellement plus nombreux – Que voulez-vous dire lorsque politiquement qu’ils ne l’étaient être renversés comme l’a été le puis que le Japon est devenu une indépendantes, et le concept des qu’ailleurs. Ils viennent grossir les vous écrivez : « A la longue, c’est quinze ans auparavant ». Ce mou- régime du Chah en Iran ? nation moderne, il y a cent ans. La droits de l’individu. Ce sont ces rangs des militants fondamenta- Mahomet qui l’emportera » ? vement se poursuit-il ? – Dans la plupart des pays mu- première chose qu’il a faite alors a traits singuliers qui ont permis à listes ou tentent d’émigrer en Eu- – C’est seulement une manière – C’est mon sentiment, même si sulmans, vous avez des régimes été de nouer une alliance avec la l’Occident de prendre la tête du rope. de dire que l’islam est plus dyna- cela varie selon les pays. Il y a ma- non démocratiques, dont le degré superpuissance de l’époque, la peloton aux XVIIIe et XIXe siècles. » En Asie orientale, on assiste à mique que le christianisme en rai- nifestement une tendance à la réi- de brutalité varie, et de très faibles Grande-Bretagne. Après la pre- Les autres civilisations que la nôtre un vif développement écono- son à la fois de ses taux de natalité dentification avec l’islam et un re- mouvements démocratiques d’op- mière guerre mondiale, et la mon- veulent se moderniser, mais pas mique. Des pays qui étaient très et de son prosélytisme. Le christia- tour aux pratiques islamiques qui position. Dans beaucoup de ces tée du fascisme en Europe, il a for- forcément s’occidentaliser. pauvres il y a vingt-cinq ans sont nisme progresse par conversion, coïncide avec l’influence croissante pays, l’opposition aux régimes dic- mé un axe avec l’Allemagne et – Vous donnez l’exemple, dans devenus riches. Si ce mouvement tandis que l’islam se développe à la des organisations fondamenta- tatoriaux est monopolisée par les l’Italie fascistes, qui paraissaient votre dernier livre, Le Choc des ci- se poursuit en Chine, il me semble fois par conversion et par une listes (non pas des groupes extré- fondamentalistes. Ces derniers avoir le vent en poupe. Après la se- vilisations, de jeunes gens vêtus évident que la Chine deviendra le forte croissance démographique. mistes), lesquelles jouent désor- prendront peut-être le pouvoir conde guerre mondiale, le Japon de jeans, buvant du Coca-Cola et principal concurrent de l’Occident, Le démographe français Jean- mais un rôle central dans les dans quelques Etats, mais pas dans s’est allié à la puissance dominante écoutant du rock dans un pays du en particulier des Etats-Unis. L’is- Claude Chesnais a constaté que les sociétés islamiques en matière le plus grand nombre d’entre eux. du moment, les Etats-Unis. Si la Proche-Orient qui peuvent fort lam est impliqué dans d’autres musulmans, qui formaient 18 % de d’aide sociale et d’éducation. C’est Dans des pays comme la Jordanie, présence américaine en Asie dimi- bien, malgré ces apparences, être conflits, tels que celui qui l’oppose la population mondiale il y a vingt un phénomène culturel extrême- la Syrie, l’Egypte ou le Maroc, il est nue et si la Chine poursuit son as- en train de fabriquer une bombe au monde orthodoxe, Russie en ans, seront 23 % d’ici quelques an- ment important des deux décen- très difficile de savoir ce qui se pas- cension, il ne serait donc pas éton- destinée à faire exploser en l’air tête. J’étais récemment à Chypre, nées et 30 % en l’an 2025, et seront nies écoulées. Le réveil islamique a sera lorsque disparaîtront les diri- nant que le Japon s’allie avec cette un avion d’une compagnie améri- et cette île est un parfait exemple alors plus nombreux que les chré- créé des institutions qui vont du- geants actuels. dernière. caine... de ce conflit, puisqu’elle est parta- tiens. rer. » Je ne crois pas que le scénario – Les experts du Club de Rome – On ne peut pas établir une gée par une ligne de faille entre ces – Vous affirmez que « tous les – Que vont devenir, face à cette iranien se reproduira. La situation formulaient dans les années 70 équivalence entre Coca-Cola, les deux civilisations, qui court au pays islamiques étaient, en 1995, à montée en puissance, ce que vous iranienne était unique dans la me- des prédictions très pessimistes blue jeans ou McDonald’s et la ci- cœur même de sa capitale, Nico- l’exception de l’Iran, plus musul- appelez les « Etats-bunkers », en sure où le Chah s’était lancé dans pour l’avenir de l’humanité, en vilisation occidentale. Ce sont des sie. mans culturellement, socialement et Egypte ou en Algérie ? Vont-ils une entreprise très énergique à la particulier en ce qui concerne phénomènes très superficiels, et je fois de modernisation et d’occi- l’Inde. La révolution verte en agri- ne crois pas qu’ils aient une pro- dentalisation. La révolution ira- culture et une croissance démo- fonde influence sur les sociétés qui nienne s’est faite contre l’occiden- graphique moins forte que prévu en font usage. Ce qui définit la so- Un spécialiste des questions stratégiques talisation, pas contre la ont déjoué ce pronostic. N’a-t-on ciété occidentale, ce n’est pas le modernisation. Le facteur démo- pas de fortes chances de se trom- Big Mac de McDonald’s mais la NÉ EN 1927 à New York, Sa- des efforts américains de graphique y a joué un grand rôle. per dès lors qu’on avance une ex- Magna Carta, la Grande Charte par muel Huntington a fait ses études l’époque de créer dans ce pays L’expérience montre que lorsque plication globale de ce que sera le laquelle, au XIIIe siècle, en Angle- à Yale et Chicago, avant d’obtenir une société et un système poli- le groupe des 15-25 ans représente monde dans la décennie à venir ? terre, ont été posées pour la pre- son doctorat ès lettres à Harvard tique calqués sur le modèle occi- plus de 20 % de la population, il y a – Ce n’est pas une explication mière fois des garanties face au en 1951. Mis à part un séjour à dental. C’est peut-être de cette généralement du tangage à pré- globale que j’avais en vue. Je ne pouvoir royal. l’université Columbia, de 1958 à époque que date sa conviction voir. pense pas, en effet, qu’on puisse – Vous énumérez huit civilisa- 1967, en tant que directeur ad- qu’il ne sert à rien pour une civili- – La civilisation occidentale se- prédire l’avenir de façon méca- tions susceptibles d’entrer en joint de l’Institut des études de sation d’aller se mêler des affaires rait donc la seule à ne pas nique. Les taux de naissance fini- conflit. Mais ne donnez-vous pas guerre et de paix, il n’a guère d’une autre... connaître un tel phénomène de ront par diminuer dans les pays l’impression qu’il s’agit avant quitté Harvard. Il est professeur Samuel Huntington est l’auteur réaffirmation de son identité ? musulmans, de même que ceux de tout, à vos yeux, d’un affronte- dans cette célèbre université de la d’une douzaine de livres, parmi – En raison de sa tradition plura- la croissance économique en Asie ment entre la civilisation isla- Nouvelle-Angleterre. A Harvard, lesquels The Common Defense : liste, la société occidentale a spon- du Sud-Est. Rien ne continue éter- mique et toutes les autres ? il est également directeur de Strategy Program in National Poli- tanément tendance à se critiquer nellement sur sa lancée. Dans les années 50 et 60, beaucoup de gens – Les relations entre l’islam et le l’Institut John-M.-Olin d’études SAMUEL HUNTINGTON tics (1961) et The Third Wave of De- elle-même. C’est une des raisons christianisme ont toujours été dif- stratégiques, et président de mocratization in the Late Twen- pour lesquelles l’Occident a pu sérieux et informés croyaient ficiles au cours des siècles. Les Es- l’Académie des études internationales et régionales. tieth Century (1991). s’adapter et progresser. Mais il y a qu’une guerre nucléaire entre les pagnols ont inventé le terme de Très lié à Zbigniew Brzezinski, chef du Conseil na- La publication en 1993 de son essai The Clash of Ci- aussi, en tout cas aux Etats-Unis, Etats-Unis et l’URSS était presque « guerra fria », de « guerre froide » tional de sécurité pendant la présidence de Jimmy vilizations dans la revue Foreign Affairs avait fait une interrogation sur les maux af- inévitable. Celle-ci n’a pas eu lieu, au XIIIe siècle pour décrire leurs re- Carter, Samuel Huntington a appartenu en 1977 et grand bruit. Samuel Huntington a développé cette fectant la société, la délinquance, peut-être parce qu’on a beaucoup lations avec leurs voisins musul- 1978 à cet organisme chargé de suivre les affaires du thèse de façon plus étendue dans le livre du même la drogue, ainsi que sur le déclin de parlé de ce péril et qu’on a mis en mans. L’Occident est clairement la monde et d’aider le président américain à prendre nom paru aux Etats-Unis en 1996 chez Si- la famille ou du système éducatif. place des garde-fous. J’espère civilisation dominante dans le ses décisions en matière de politique étrangère et de mon & Schuster. Cet ouvrage, traduit de l’anglais – Le dernier chapitre de votre qu’on va s’intéresser de la même monde. L’islam et la Chine sécurité. Il a créé en 1970 la revue trimestrielle Fo- par Jean-Luc Fidel, Geneviève Joublain, Patrice Jor- livre est troublant. Il s’agit d’un façon au risque d’une guerre entre contestent cette suprématie. En ce reign Policy, dont il a été rédacteur en chef jusqu’en land et Jean-Jacques Pédussaud, vient de paraître récit de politique-fiction qui se les civilisations, de façon à éviter qui concerne l’islam, cela est dû à 1977. aux éditions Odile Jacob sous le titre Le Choc des ci- passe en l’an 2010. Cela qu’elle ne se produise. » l’extraordinaire réveil de cette civi- A la demande du département d’Etat, Samuel vilisations (402 pages, 150 F). commence par un affrontement lisation et à son prodigieux taux de Huntington s’était rendu en 1967 dans ce qui était armé entre le Vietnam et la Chine Propos recueillis par natalité. Les jeunes y sont propor- alors le Vietnam du Sud. Il en avait conclu à l’inanité D. D. à propos de plates-formes pétro- Dominique Dhombres

Jacques-Pierre Goujon, professeur d’allemand à Paris-VIII « La France n’a pas préparé de nouvelle politique allemande » PROFESSEUR à l’université Pa- ne joue plus et la victoire de la quoi elle était à l’origine en faveur simplement conjoncturelles à – Comment tenir compte de tion : des démarches communes ris-VIII, auteur du livre Où va l’Alle- gauche aux élections législatives a d’un élargissement limité. Pour la l’approche des élections géné- cette situation nouvelle et en dans les pays tiers, en Afrique par magne, consultant auprès du minis- encore accru les interrogations France, il s’agit au contraire de rales ? même temps dépasser ces diver- exemple, en Méditerranée ou à tère des affaires étrangères, outre-Rhin. La composition du noyer la « centralité » allemande – Dans une certaine mesure seu- gences ? l’ONU. Des traditions différentes Jacques-Pierre Goujon vient d’ef- gouvernement a largement rassuré dans un espace plus vaste. D’où la lement. On a sous-estimé en – La France devrait faire des ne facilitent pas la concertation, fectuer une mission en Allemagne les Allemands sans pour autant pa- proposition mitterrandienne de France le poids du fédéralisme al- propositions, car il n’y a pas de so- mais la proposition a été mise sur au cours de laquelle il a rencontré lier les insuffisances de l’analyse ou Confédération qui réapparaît lemand et les pouvoirs des Länder lution de rechange à la coopéra- la table par la France. des dirigeants de la coalition gou- gommer les divergences de fond. maintenant sous d’autres formes. en matière de politique euro- tion franco-allemande. Le contex- – Question inévitable : la coha- vernementale comme de l’opposi- – Sur quoi portent ces diver- – Bonn et Paris peuvent se re- péenne, consacrés par le nouvel te est plutôt favorable. Par bitation ne complique-t-elle pas tion. gences ? trouver à mi-chemin... article 23 de la Loi fondamentale. exemple, la phase de préadhésion la coopération dans la mesure « Pourquoi la concertation – Elles concernent d’abord la po- – A partir de point de départ très Les Allemands attachent d’autre pour les cinq Etats d’Europe cen- où, même si « la France parle entre Paris et Bonn connaît-elle litique de l’emploi. Les Allemands différents, il y a eu en effet un rap- part beaucoup d’importance aux trale et orientale retenus comme d’une seule voix », nos parte- des ratés ? donnent la priorité à des mesures prochement. Chacun a fait un pas Eurorégions, à la coopération étant les meilleurs candidats à naires ne savent pas à qui – Il faut replacer les relations nationales et refusent toute dé- vers l’autre. De même, le fait que la entre régions appartenant à divers l’entrée dans l’Union européenne, s’adresser ? franco-allemandes dans un contex- pense supplémentaire, même si la France ait posé le problème de pays européens voisins. La France pourrait permettre à la France et à – La cohabitation, c’est clair, ne te qui remonte à 1990-1991, après la gauche allemande a fait des propo- l’emploi à Amsterdam n’a pas été se retrouve un peu démunie parce l’Allemagne d’apparaître en- facilite pas les choses. Même si cha- réunification. La France n’a pas sitions très concrètes en faveur sans influence sur le débat en Alle- qu’elle fait une découverte sur une semble, unies, dans cette région, cun respecte la Constitution et les préparé de nouvelle politique alle- d’une action européenne. Le SPD magne, y compris au sein de la dé- question qu’on aurait pu analyser pour mener enfin cette Ostpolitik prérogatives de l’autre, même s’il mande. Elle n’a pas accepté que et le PS ont beaucoup rapproché mocratie-chrétienne. Sur les insti- plus tôt. A cela s’ajoute la résur- commune dont on parle depuis si n’y a pas de divergences de fond en l’ordre géopolitique qu’elle avait leurs points de vue. tutions, en revanche, il y a comme gence en Allemagne d’une ré- longtemps. Le triangle de Weimar politique étrangère entre l’Elysée et pour l’essentiel mis en place après » La deuxième divergence porte un renversement d’images. On a flexion – légitime – sur l’Etat-na- (France-Allemagne-Pologne) de- Matignon. Mais les Allemands ac- 1918 soit bouleversé de telle sorte sur l’élargissement de l’Union euro- l’impression que les Allemands at- tion. Etre européen n’est plus vrait jouer ici un rôle-pilote. ceptent le fait que le premier mi- qu’elle avait en face d’elle une Alle- péenne. Contrairement à ce qu’on tachent moins d’importance à l’ap- systématiquement une vertu » On pourrait réfléchir égale- nistre intervienne plus dans les af- magne ayant retrouvé sa place cen- croit généralement, les approches profondissement des réformes ins- outre-Rhin. Le concept d’intérêt ment à des actions communes faires internationales que sous les trale en Europe. ne sont pas similaires. Pour l’Alle- titutionnelles que les Français. national réapparaît, de telle sorte dans le domaine culturel et aug- cohabitations précédentes. » » La proximité Kohl-Mitterrand a magne, l’élargissement a d’abord – Ces réticences allemandes que les Allemands peuvent de menter la présence de la France, atténué ce phénomène. Mais, de- pour but de créer une zone de sta- par rapport à une réforme des nouveau affirmer ce qui naguère notamment dans les nouveaux Propos recueillis par puis 1995, cette entente personnelle bilité à ses frontières ; c’est pour- institutions ne sont-elles pas n’était pas dicible. Länder de l’Est. Autre champ d’ac- Daniel Vernet LeMonde Job: WMQ1811--0019-0 WAS LMQ1811-19 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0305 Lcp: 196 CMYK

HORIZONS-ANALYSES bLE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 / 19 Un coup de frein américain au libre-échange ? 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 L’AMÉRIQUE, cette nation que Tocqueville dé- ber les barrières douanières. L’administration révolte du fast track. Celle-ci ne peut cependant Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F crit comme inspirée de l’« esprit du négoce », fait- américaine a besoin du fast track pour mener à être isolée d’un contexte politique plus large, ce Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Internet : http : //www.lemonde.fr elle retraite du libre-échange ? Et Bill Clinton, bien d’importantes négociations globales : pour qui incite à ne pas y voir une simple opposition l’homme qui a si souvent mérité son surnom de prolonger l’accord visant à éliminer les taxes à entre libre-échange et protectionnisme. ÉDITORIAL « come back kid » a-t-il subi un revers fatal ? Ainsi l’importation sur les technologies de l’informa- Bill Clinton paie en effet la rançon de la stratégie posées, ces questions reviennent à relativiser les tion ; engager, à partir de 1999, une nouvelle série de recentrage qui lui a permis d’être réélu en 1996. conclusions des Cassandre après le fiasco politique de négociations multilatérales pour ouvrir les mar- Depuis deux ans, le chef de la Maison Blanche a que constitue le déraillement de la procédure par- chés agricoles ; libéraliser enfin les marchés finan- fait, sur bien des sujets, la politique de ses adver- La francophonie lementaire du « fast track ». Parce qu’elle permet ciers. Bref, sans le fast track, les Etats-Unis risquent saires républicains. Pour l’aile « libérale » (pro- au chef de la Maison Blanche de demander au de devenir un avocat du libre-échange bien peu gressiste) du Parti démocrate, la réforme du Wel- Congrès une approbation sans condition des ac- éloquent. fare (l’aide sociale), qui remettait en cause cords commerciaux conclus par l’exécutif, celle-ci l’héritage du New Deal, est notamment apparue est mal partie rassure les partenaires des Etats-Unis. DÉFICIT D’EXPLICATION comme un aggiornamento quasi sacrilège. En se A fortiori, sans elle, les engagements pris par Le tort principal de Bill Clinton est d’avoir négli- dressant contre la diplomatie commerciale de Bill ’UNE des recettes du servir de catalyseur à l’expres- l’administration – susceptibles d’être infirmés par gé d’expliquer aux Américains et à son propre parti Clinton, c’est aussi un combat pour une refonda- président de la Répu- sion d’un malaise, jusqu’ici très le Congrès – perdent de leur crédibilité. Sans le fast en quoi une telle procédure est essentielle à la tion « à gauche » du Parti démocrate qu’entend blique en politique diffus, des pays africains dans track, le président a les « mains vides », prévenait continuité de l’hégémonie et de la prospérité de mener « Dick » Gephardt. L étrangère, c’est l’effu- leurs relations avec la France. Bill Clinton avant d’être désavoué par 80 % des l’Amérique. Parallèlement, la Maison Blanche a S’il tente de revenir à la charge en 1998 avec une sion chaleureuse dans ses ren- Jacques Chirac avait donc élus démocrates de la Chambre des représentants. ignoré le profond ressentiment qui couvait dans procédure du fast track allégée (limitée à une in- contres avec les dirigeants des donné sa parole au diplomate D’un seul coup, l’image d’une Amérique servant les rangs démocrates et au sein du mouvement dustrie ou à un pays), Bill Clinton devra tenir autres pays. Elle a été quelque égyptien et pensait pouvoir ré- de phare du libre-échange s’est brouillée. Pour la syndical s’agissant des conséquences de l’Alena : la compte des préoccupations syndicales et de celles peu mise à mal à Hanoï, où gler par les bonnes vieilles mé- première fois de son histoire, le Congrès, à qui la plupart des promesses faites en 1993 pour des défenseurs de l’environnement. Ses chances Jacques Chirac aura éprouvé thodes les problèmes que cela Constitution a confié le pouvoir de « réglementer le compenser financièrement les effets sur les sa- de succès semblent aujourd’hui incertaines, tant durement, à l’occasion du posait aux amis africains. Il y commerce avec les nations étrangères », a signalé laires et l’emploi, ainsi que sur l’environnement, les voix gagnées du côté démocrate risquent d’être 7e sommet de la francophonie, est parvenu mais pour la pre- une volonté de repli. n’ont pas été tenues, et cela nourrit un état d’esprit perdues du côté républicain, d’autant que le Grand la difficulté qu’il y a parfois à se mière fois, l’Afrique a manifes- Rien de tel pour réveiller les vieux démons de protectionniste. Old Party sera moins enclin à lui prêter main-forte vouloir l’ami de tout le monde. té sa mauvaise humeur et fait l’isolationnisme : la coalition historique du libre- Lorsque, saluant l’échec du fast track et la vic- en année électorale. Par sympathie sans doute, comprendre qu’elle entendait échange s’est fracturée, lit-on ici et là, et, par la toire du « nationalisme économique », le très Les partenaires des Etats-Unis ont donc raison plutôt qu’en vertu d’une poli- être traitée avec plus de consi- même occasion, M. Clinton a entamé une glissade conservateur Pat Buchanan claironne que « l’inté- de s’inquiéter du coup de frein à la stratégie du tique longuement pesée, dération. vers le « statut de canard boiteux » qui menace tous gration de l’Amérique au sein de l’économie mon- libre-échange qui vient d’avoir lieu à Washington. M. Chirac avait promis à Bou- La contestation africaine qui les présidents au cours d’un second mandat. A diale a produit un déclin continu des salaires des tra- Rien n’indique que l’administration américaine tros Boutros-Ghali le poste de s’est exprimée à Hanoï est am- l’extérieur, le refus du Congrès d’accorder au pré- vailleurs américains », il défend un point de vue qui soit en mesure de remettre rapidement le train du secrétaire général de la franco- biguë. Elle relève essentielle- sident l’autorité du fast track provoque la confu- n’est pas très éloigné de celui de Richard Ge- fast track sur les rails. phonie lorsque le diplomate ment sans doute d’une crise de sion parmi les partenaires de l’Amérique. Celle-ci phardt, le chef de la minorité démocrate à la égyptien s’était fait évincer par confiance, de la crainte d’être aura-t-elle à l’avenir la volonté et la capacité de Chambre des représentants, qui a pris la tête de la Laurent Zecchini les Etats-Unis du secrétariat gé- délaissés par une France qui re- conclure de nouveaux accords commerciaux ? néral de l’ONU. C’était une er- fuse ses visas et qui prétend au- « Si cette situation est temporaire, note Charlene reur. D’abord parce que jourd’hui réorienter ses lar- Barshefsky, représentante américaine pour le M. Boutros-Ghali n’est pas le gesses vers d’autres continents. commerce, de telles perceptions peuvent être corri- mieux à même, quoi qu’il en La fronde africaine aura en gées. A long terme, il s’agirait d’une menace beau- Détail par Cardon veuille, de donner l’image tout cas fait apparaître au coup plus grave. » C’est en effet grâce au fast track d’une francophonie rajeunie, grand jour à quel type de « dé- que le Congrès a approuvé l’Accord de libre- moderniste, assainie et libérée mocratie » M. Boutros-Ghali échange nord-américain (Alena), unissant les de ses obsessions anti-améri- doit son accession à ce nouveau Etats-Unis au Canada et au Mexique, et qu’il a rati- caines. Il incarne en réalité aux poste. Alors que Jacques Chirac fié les accords de Marrakech (GATT) portant créa- yeux de beaucoup une franco- plaide pour la pédagogie par tion de l’Organisation mondiale du commerce phonie trop hautaine et trop l’exemple en matière de démo- (OMC). élitiste et, s’il est incontestable- cratie et de droits de l’homme, La stratégie commerciale de l’administration ment connu sur la scène inter- alors qu’il prône la persuasion Clinton, visant à multiplier les « zones de libre- nationale, il est pour certains plutôt que les sanctions, l’épi- échange » – notamment en Asie et dans l’« hémi- l’homme qui fut battu par les sode de cette élection « impo- sphère » américain – est donc en question. Ces ac- Américains, après avoir été, sée » de M. Boutros-Ghali four- cords régionaux n’ayant d’autre vocation que de pour beaucoup d’autres, no- nit une bien fâcheuse négocier des règles du jeu commercial favorisant tamment face au conflit soma- illustration des mœurs en vi- les intérêts de l’industrie américaine, on comprend lien, l’homme des Américains. gueur dans l’ensemble franco- que Jagdish Bhagwati, professeur d’économie et Mais le choix de M. Boutros- phone. Il affaiblit d’emblée la de science politique à l’université Columbia, pré- Ghali a été une erreur surtout, crédibilité de son tout nouveau fère parler d’« accords commerciaux préféren- comme on a pu le voir au som- secrétaire général. tiels ». Ceux-ci, expliquait-il récemment dans The met de Hanoï, parce qu’il allait Economist, représentent la « vérole » du système commercial mondial, puisque, contrairement aux 0123 est édité par la SA LE MONDE accords multilatéraux, les Etats membres consti- Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani tuent des marchés captifs. Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint

ENJEU CONTINENTAL Directeur de la rédaction : Edwy Plenel L’administration américaine va avoir une pre- Directeurs adjoints de la rédaction : Jean-Yves Lhomeau, Robert Solé Rédacteurs en chef : Jean-Paul Besset, Pierre Georges, mière occasion de mesurer la déception provo- Laurent Greilsamer, Erik Izraelewicz, Michel Kajman, Bertrand Le Gendre quée par l’échec du fast track à l’occasion de la réu- Directeur artistique : Dominique Roynette nion du Forum de coopération économique Rédacteur en chef technique : Eric Azan Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment Asie-Pacifique (APEC), qui se tient à Vancouver les 24 et 25 novembre. Sur le continent américain, le Médiateur : Thomas Ferenczi Chili a, quant à lui, bien des raisons de douter de Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg ses chances de rejoindre un jour l’Alena. Au-delà, Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet c’est le vaste projet d’une « zone de libre-échange des Amériques » (ZLEA), porté sur les fonts bap- Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Gérard Courtois, vice-président tismaux lors du sommet de Miami, en décembre Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), 1994, qui fait figure de victime potentielle. Ce qui André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

n’est pas pour déplaire à tout le monde : le Brésil y Le Monde est édité par la SA Le Monde verrait une manière de renforcer un pacte régional Durée de la société : cent ans à compter du 10 décembre 1994. où son influence s’exerce loin de l’ombre de Was- Capital social : 961 000 F. Actionnaires : Société civile « Les rédacteurs du Monde ». Association Hubert Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, hington, le Mercosur. Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, Tout cela signifie-t-il que, sans le fast track, les Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. Etats-Unis sont condamnés à devenir une puis- sance commerciale enchaînée ? En réalité, le chef de la Maison Blanche n’a nullement besoin du ILYA50 ANS, DANS 0123 blanc-seing du Congrès pour conclure des accords commerciaux bilatéraux, dont plus d’une centaine ont été signés depuis 1994. Mais les accords bilaté- Anabaptisme raux ne sont pas les plus efficaces pour faire tom- CERTAINS pays n’attendent pas dont il était censé perpétuer la mé- qu’un homme soit mort pour lui moire ; y habiter suffisait à vous la réalité en construisant sa repré- la vérité tout entière (en attendant favorites, avec le nouveau film consacrer une ville. C’est que leurs rendre célèbre ; et l’on comprend Alain Resnais, sentation, l’éthique de la modernité d’allumer quels nouveaux bû- d’Alain Resnais : l’indispensable re- institutions sont solides. Pour que les riverains de sa partie ex- consistant à afficher les modalités chers ?), combien il demeure né- mise sur l’ouvrage de ce qui fait des nous, qui avons l’habitude des ré- trême-orientale passés sous l’invo- de cette construction. Cette cessaire à l’habitabilité du monde « images ». Ces images, nous les volutions, nous y avons, depuis cation d’Anatole France s’esti- histoires construction peut être composition que les communautés (se) ra- reconnaissons – d’autant plus dans Napoléon, renoncé. Seul, ou à peu ment, quelle que soit leur picturale ou littéraire, thèse univer- content des histoires. les rengaines et des tubes –, et, les près, le duc Decazes est parvenu à admiration pour le père de M. Ber- sitaire ou journal télévisé. Ou film, Sinon... Sinon – au hasard, pêle- reconnaissant, elles nous aident à inscrire son identité sur la carte de geret, victimes d’un grave préju- de pensée bien sûr. L’essentiel est qu’il faut mêle –, créons deux, trois, cent Nu- exister avec les autres, nos sem- l’Aveyron. On ne connaît pas de dice, de nature à ternir leur raison trouver moins la voie (n’en dé- remberg (à quand le procès de Caïn blables différents. candidat à sa succession, pas sociale. Suite de la première page plaise à Lao-Tseu) que la forme. Et à la télé, avec des manettes inter- même M. Ramadier. Faudra-t-il faire suivre à la gare chaque cadre, chaque forme parti- actives ?), déterrons Montand, lais- Jean-Michel Frodon Nos rues, par contre, souffrent d’Orsay, maintenant qu’elle a... Puis, avec La guerre est finie, il culière requiert sa propre stylis- sons les flics des sciences dures d’une étrange crise anabaptiste. changé de quai, l’exemple de cer- ouvre une réflexion novatrice sur tique : gare au pataquès, ridicule faire le ménage chez les poseurs de Sait-on qu’à Marseille, en trois ans, taines stations de métro fraîche- les icônes qui ont guidé politique- ignoble, si on se trompe de genre. questions tordues, jetons l’épopée PRÉCISION cent trente-six d’entre elles ont eu ment rebaptisées, et en faire la ment et fantasmatiquement les es- Le penchant du Resnais récent avec les eaux sales d’un passé dont leur nom changé ? Quelle gare Anatole-France ? Ces boule- prits d’Occident durant le siècle, ré- pour la comédie (I Want to Go on est bien trop sûr qu’il devrait RATP commune jadis n’a eu sa rue du versements, qui font la joie des flexion prolongée avec davantage Home, Smoking/No Smoking, On passer. Table rase, peut-être ? Mais, A la suite de l’article consacré au ras- Maréchal-Pétain ? Repassée depuis graveurs de cartes de visite, ont le d’ambition par sa contribution au connaît la chanson) fonctionne sur surtout, ne venons pas faire les semblement, à Paris, pour la paix en Al- sous un patronage moins étoilé, mérite de rappeler à nos grands film collectif Loin du Vietnam. le télescopage et la mise en crise étonnés lorsqu’à l’heure des vrais gérie (Le Monde du 12 novembre), la elle n’en demeure pas moins un hommes combien leur gloire est Après la recherche – que bien des énoncés inappropriés, des figu- choix les échines se plient devant la RATP précise que ses agents de sécurité sujet d’embarras pour plus d’une fragile. peu de cinéastes tenteront – de rations abusives, des abus d’auto- « puissance du réel », l’irréfutabili- en civil assuraient, à la station Porte-de- municipalité « républicaine ». pratiques différentes dans l’immé- rité de représentation. té des faits et l’objectivité des rap- Pantin, en présence des services de po- Le monde entier connaissait le André Fontaine diat après-68 (Ciné-tract, L’An 01), ports de forces. Les résistants, eux, lice (service de protection et de sécurité quai d’Orsay, à défaut du financier (18 novembre 1947.) la continuité sous-jacente d’une LES VRAIS CHOIX sont toujours ceux qui croient à du métro), une mission de canalisation œuvre que beaucoup jugent alors Mise en scène avec humour, une histoire. de la foule afin que les métros puissent disparate en fait la véritable va- cette « mise à l’épreuve » conduit à Les histoires n’empêchent ni de quitter la station en toute sécurité. Vers 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS leur : Stavisky interroge la corrup- interroger les prétentions totali- juger ce qui doit l’être, ni de cal- 22 heures, des gaz lacrymogènes sont Télématique : 3615 code LEMONDE tion engendrée par la politique- taires, au sens strict, de toute idéo- culer ce qui peut l’être. Mais elles pulvérisés sur les agents RATP (et non spectacle ; Providence, les rapports logie (politique, religieuse, scienti- récusent la mise à plat, le déni de le contraire) et une plaque d’égout est Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC critiques entre réalité(s), récit(s) et fique, juridique, médiatique...) à légende qui n’est rien d’autre que le lancée vers eux. Un agent de sécurité a ou 08-36-29-04-56 figuration(s) ; Mon oncle d’Amé- usurper d’autres droits de dire le déni de l’humain, l’illusion inté- été blessé et conduit à l’Hôtel-Dieu. Le Monde sur CD-ROM : renseignements par téléphone, 01-44-08-78-30 rique, les différents types de mani- vrai et le faux, le bien et le mal, le griste de l’apurement des comptes Une plainte a été déposée par la RATP. pulation ; La vie est un roman, les beau et le laid que ceux qui re- de l’Histoire, l’imbécile tentative Par ailleurs, une erreur de transmission Index et microfilms du Monde : renseignements par téléphone, 01-42-17-29-33 régimes de pertinence de la fic- lèvent de leur statut singulier. Et à scientiste de la mise en abscisses et nous a fait écrire, dans ce même repor- tion... Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE rappeler, contre les puritains et les ordonnées du sexe et de la mort. tage : « quand Isabelle Adjani apparut Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr Puisque c’est bien toujours de bigots, les petits malins et les C’est cela qui est en jeu, dans les sur le podium... » au lieu de « quand, sur cela qu’il s’agit : de personnages, de grands niais, grands clercs et petits méandres du vaudeville et sous le le podium, on lut un texte d’Isabelle Ad- Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 narration, d’essais de comprendre prêtres qui brament à la pureté de gai braconnage de nos chansons jani, absente de la capitale... ». LeMonde Job: WMQ1811--0020-0 WAS LMQ1811-20 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0306 Lcp: 196 CMYK

20 ENTREPRISES LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997

FINANCE La Bourse de Tokyo a la banque Hokkaido Takushoku et sur- importante faillite bancaire au Japon 8 000 milliards de yens (370 milliards du Sud-Est. b VENDREDI, l’indice Nik- connu, lundi 17 novembre, l’une des tout de la décision du gouvernement depuis 1945. Hokkaido Takushoku de francs) de dépôts. b LA BOURSE DE kei était même passé pour la première plus fortes hausse de son histoire avec japonais de garantir les créances et les était l’une des dix premières banques TOKYO a beaucoup souffert au cours fois depuis le mois de juillet 1995 sous un rebond de 7,96 % de l’indice Nik- dépôts de l’établissement ont rassuré commerciales du pays, employant des dernières semaines des consé- la barre des 15 000 points, affichant kei. b L’ANNONCE de la fermeture de les investisseurs. b IL S’AGIT de la plus 5 900 personnes et détenant plus de quences de la crise financière en Asie un recul de 27 % en quatre mois Le soutien du gouvernement nippon en faveur des banques rassérène la Bourse L’indice Nikkei s’est envolé lundi de 7,96 %. La décision des autorités japonaises de soutenir leur système financier, notamment de garantir les créances et les dépôts de la banque Hokkaido Takushoku, en faillite, a redonné confiance aux investisseurs

L’ANNONCE, lundi 17 no- un dollar. La devise américaine ga- vers cette zone, une érosion de la prunteurs ont choisi d’abaisser la vembre, de la faillite de la banque gnait aussi du terrain face aux Remontée de l'indice Nikkei et du yen compétitivité des entreprises nip- note de plusieurs banques nip- japonaise Hokkaido Takushoku monnaies européennes, à INDICE NIKKEI DE LA BOURSE DE TOKYO DOLLARS EN YEN pones et surtout une fragilisation pones. Bank Ltd. a provoqué une envolée 1,74 mark et 5,82 francs. Par conta- échelle inversée accrue du système bancaire nip- Dans ce contexte, l’annonce, 17 500 118 des cours à la Bourse de Tokyo, les gion, les autres places boursières pon. lundi, de la faillite de la banque opérateurs ayant apprécié la dé- progressaient vivement lundi. 17 000 La crise en Asie du Sud-Est, où Hokkaido n’a pas constitué une 16 283,3 120 125,13 termination du gouvernement Hongkong a gagné 4,64 % en clô- les banques japonaises sont très véritable surprise pour les opéra- nippon à assainir le système ban- ture, et Francfort a ouvert en 16 500 implantées, est intervenue alors teurs de marché. Ces derniers ont 122 caire. L’indice Nikkei des valeurs hausse de 3,7 %. 16 000 même que ces dernières n’ont tou- en revanche très bien accueilli l’in- vedettes a terminé la séance en L’envolée, lundi, de la Bourse de jours pas réussi à digérer l’éclate- tervention et l’engagement ra- 124 hausse de 7,96 %. Il s’agit de la Tokyo est survenue après une 15 500 ment de la bulle financière au Ja- pides et énergiques du gouverne- quatrième plus forte progression période de baisse rapide et inin- pon au début des années 90. Le ment et des autorités monétaires 126 de son histoire. Le violent rebond terrompue des cours. A la veille du 15 000 montant de leurs créances dou- japonais dans ce dossier. « Il y a un des actions japonaises s’est ac- week-end, l’indice Nikkei était teuses est officieusement estimé à changement très important, notait 128 compagné de turbulences sur les même passé pour la première fois 14 500 60 000 milliards de yens, soit 10 % lundi matin Pelham Smithers, stra- marchés de taux d’intérêt et de depuis le mois de juillet 1995 sous du PIB japonais. De surcroît, tégiste de la banque ING Barings à changes. la barre des 15 000 points, soit un 4 NOV. 4 NOV. comme le soulignent les analystes Tokyo, interrogé par l’agence 20 OCT. 27 OCT. 11 NOV. 17 NOV. 21 OCT. 29 OCT. 10 NOV. 17 NOV. Le marché obligataire nippon a recul de 27 % en quatre mois et de Source : Bloomberg de la société de Bourse Aurel, le Bloomberg. Chacun croyait jusqu’à fortement baissé, les opérateurs plus de 60 % par rapport à ses La Bourse japonaise a regagné 7,96% lundi 17 novembre après l'annonce par recul de la Bourse de Tokyo des présent que le gouvernement japo- craignant que le plan d’assistance sommets atteints au début de l’an- le gouvernement nippon de son soutien à la banque Hokkaido Takushoku en faillite. derniers mois a eu pour consé- nais était incompétent et totalement en faveur des banques ne se tra- née 1990. Ce plongeon a été justi- quence de réduire la valeur des dépassé par les événements. Le sen- duise par une nouvelle détériora- fié par les inquiétudes croissantes début d’année par le gouverne- gravement touchée, cet été, par la portefeuilles boursiers des timent est désormais qu’il est décidé tion des finances publiques. La des opérateurs à propos de la si- ment, notamment une hausse de crise monétaire et boursière en banques. à agir et qu’il aura le soutien des monnaie nippone, de son côté, tuation économique au Japon. Dé- deux points de la TVA, qui ont Asie du Sud-Est. Elle s’est propa- autres grands pays industrialisés. » s’est reprise face au billet vert, jà affaiblie par les mesures de ri- freiné la consommation des mé- gée par plusieurs canaux : une SURPRISE Le soulagement des investis- passant de 127 à 124,50 yens pour gueur budgétaire annoncées en nages, l’économie japonaise a été baisse des exportations du Japon Pour les vingt plus grandes insti- seurs, qui explique l’envolée lundi tutions du pays, un recul de 10 % de la Bourse de Tokyo, était parta- de l’indice Nikkei représente une gé par le secrétaire adjoint au Tré- moins-value de 64 milliards de sor américain Lawrence Summers. dollars (370 milliards de francs). A l’issue d’une rencontre avec le Reflétant la défiance croissante vice-ministre japonais des Fi- des opérateurs à l’égard de la soli- nances, Eisuke Sakakibara, dité du système bancaire nippon, M. Summers a estimé que la dis- la prime payée par les établisse- parition prochaine de la Hokkaido ments de crédit japonais sur le Takushoku Bank constitue « une marché international des capitaux étape constructive (...) et la réponse pour se refinancer s’est envolée au du marché semble confirmer que cours des dernières semaines, fai- des actions énergiques sont souhai- sant plus que tripler. De leur côté, tables ». les agences financières chargées d’évaluer la solvabilité des em- Pierre-Antoine Delhommais La plus grande faillite bancaire au Japon depuis 1945 TOKYO caires au ministère des finances correspondance japonais. L’impossibilité pour La Hokkaido Takushoku, l’une Hokkaido Takushoku de réussir des dix plus importantes banques une augmentation de capital est la du Japon, a annoncé dimanche conséquence de la défiance gran- 16 novembre qu’elle allait fermer dissante des investisseurs à l’égard ses portes à la suite de difficultés des établissements financiers nip- financières liées à l’ampleur de ses pons. créances douteuses. Il s’agit de la plus importante faillite d’un éta- LE CAS N’EST PAS ISOLÉ blissement de crédit nippon à la Les conséquences de la crise fi- suite de l’explosion, au début des nancière et monétaire en Asie du années 90, de la bulle spéculative Sud-Est, le ralentissement de la immobilière et boursière. croissance au Japon et la masse La majeure partie de l’activité toujours considérable des commerciale de la banque, qui créances douteuses dans les bilans emploie près de 5 900 personnes (évaluées à 28 000 milliards de et détient plus de 8 000 milliards yens, soit 1 300 milliards de de yens (370 milliards de francs) francs), ont entraîné une chute des de dépôts, sera reprise par la valeurs bancaires à la Bourse de North Pacific Bank, un établisse- Tokyo. Elles avaient perdu en ment régional quatre fois plus pe- moyenne 50 % entre septembre et tit implanté dans le nord de l’île le rebond du 17 novembre. d’Hokkaido. L’annonce du soutien du gou- En mars, à la clôture de l’année vernement japonais à la Hokkaido fiscale 1996-1997, les créances Takushoku a permis lundi à l’in- douteuses de Hokkaido Takusho- dice Topix des groupes bancaires ku étaient estimées à au moins de regagner 12 %. « C’était juste ce 935 milliards de yens (43,5 mil- que le marché attendait », explique liards de francs). Elles seront Yoshinobu Yamada, analyste chez toutes reprises par un fonds de ga- Merrill Lynch à Tokyo. D’autres rantie des dépôts bancaires finan- banques commerciales, notam- cé par les pouvoirs publics japo- ment régionales, seraient au- nais. jourd’hui dans une situation très difficile. SOUTIEN DES AUTORITÉS La faillite de Hokkaido Takusho- Le ministre des finances, Hiroshi ku intervient alors que le gouver- Mitsuzuka, a annoncé, lundi nement de Tokyo s’était pourtant 17 novembre, lors d’une confé- engagé à ne pas laisser une des rence de presse convoquée d’ur- vingt premières banques du pays gence, que la Banque du Japon se fermer ses portes. Mais le minis- porterait garante de l’ensemble tère des finances japonais a affir- des dépôts bancaires et des dettes mé que cette promesse concerne de la Hokkaido Takushoku. « J’es- seulement les établissements père vivement que les clients reste- ayant des activités internationales. ront calmes et ne se précipiteront Or Hokkaido Takushoku avait pas aux guichets de la banque », a- justement décidé d’abandonner t-il exhorté. La Banque du Japon avant la fin de l’année toutes ses est autorisée par la loi à accorder activités à l’étranger. Cela faisait un soutien illimité sous forme de partie d’un accord conclu avec la prêts non garantis aux institutions Hokkaido Bank afin de fusionner bancaires dont l’insolvabilité les deux établissements et de créer risque de menacer la stabilité de une « super banque régionale ». l’ensemble du système financier. Mais les négociations entre les « Nous avons réalisé que si la deux établissements ont finale- banque Hokkaido Takushoku vou- ment échoué en septembre lait poursuivre son activité, elle de- compte tenu des doutes sur l’im- vait procéder très vite à une aug- portance des créances douteuses mentation de capital, ce qui dans le bilan de Hokkaido Takus- semblait presque impossible », a ex- hoku. pliqué Kimio Yamaguchi, respon- sable du Bureau des affaires ban- Brice Pedroletti LeMonde Job: WMQ1811--0021-0 WAS LMQ1811-21 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0307 Lcp: 196 CMYK

ENTREPRISES LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 / 21

Le groupe Zurich, premier actionnaire GEC Alsthom envisage, d’ici novembre 1998, de la banque d’affaires Peregrine LE GROUPE d’assurance et de services financiers suisse Zurich a pris 41 jours de chômage technique à Belfort une participation de 24,1 % dans la banque d’affaire de Hongkong Pere- grine Investments Holdings, un des tout premiers courtiers en Asie, à l’occasion d’une augmentation de capital de 200 millions de dollars (1,140 La branche ferroviaire est affectée par les baisses de commandes de la SNCF, en particulier des TGV milliard de francs). Peregrine, qui restera présidée par son fondateur Philip Tose, a démenti Vendredi 14 novembre, la direction de l’usine rante et un jours de chômage technique, d’ici un Gayssot, a évoqué, samedi 15 novembre, la ré- récemment avoir de graves difficultés financières du fait de la crise mo- GEC-Alsthom à Belfort a informé les élus du an, dans sa filiale transports. De passage dans la duction du temps de travail comme réponse nétaire et financière en Asie. Le groupe précise qu’il ne s’agit pas d’une comité d’établissement qu’elle prévoyait qua- région, le ministre des transports, Jean-Claude possible aux difficultés de l’entreprise. « opération de sauvetage ».

LA DIRECTION de GEC-Alsthom jours de chômage technique sur une d’une éventuelle « externationalisa- J’ai le souci du désenclavement et du à Belfort a informé, vendredi 14 no- période d’un an. Cette prévision est tion » de certains services et le trans- maillage », a-t-il conclu sur ce sujet. Albert Frère accepte l’offre d’ING vembre, les élus du comité d’établis- due à d’importantes « baisses des fert de personnel vers d’autres éta- La branche transport ferroviaire sement qu’elle prévoyait quarante commandes », en particulier de la blissements du groupe ou des de GEC-Alsthom est l’une des cinq et un jours de chômage technique, part de la SNCF, à des « fins de mar- entreprises sous-traitantes parte- activités du groupe que préside sur la Banque Bruxelles Lambert d’ici un an, dans sa filiale transports chés TGV » et un « décalage de la naires. Pierre Bilger. Elle arrive à la (matériel ferroviaire). Un rapport à confirmation pour 30 locomotives », a deuxième place par son importance, LE CONSEIL d’administration de la Banque Bruxelles Lambert (BBL) de- ce sujet doit être présenté, jeudi indiqué la direction. TEMPS DE TRAVAIL représentant 24 % du chiffre d’af- vait confirmer, lundi 17 novembre, la décision des grands actionnaires de 20 novembre, au comité d’établisse- Côté syndicats, la CGT a souligné De passage à Belfort, le 15 no- faires total, estimé en 1997 à l’établissement belge de répondre favorablement à l’offre de rachat pro- ment. Venu à Belfort pour inaugurer qu’elle « veut obtenir les 35 heures et vembre, le ministre des transports, 60,9 milliards de francs. Les quatre posée par le bancassureur néerlandais ING (Le Monde du 13 novembre). un tronçon modernisé de la RN 19, a le sentiment que la direction veut Jean-Claude Gayssot, s’est pronon- autres pôles sont la production Le groupe Bruxelles Lambert d’Albert Frère, la Royale Belge (contrôlée le ministre des transports, Jean- imposer une réduction douloureuse cé pour une réduction du temps de d’énergie (37 % des ventes), le trans- conjointement par M. Frère et AXA) et le Crédit communal de Belgique, Claude Gayssot, a évoqué, same- du temps de travail aux salariés travail : « La question de la réduction port et la distribution d’énergie qui forment le pacte d’actionnaires contrôlant la BBL, ont annoncé dès di 15 novembre, la réduction du concernés ». La CGT a décidé, avec du temps de travail se pose plus que (20 %), les équipements industriels vendredi 14 novembre la proposition d’ING. Le groupe de M. Frère de- temps de travail comme réponse les autres syndicats du site, de re- jamais, a estimé le ministre, pour (14 %) et les Chantiers de l’Atlan- vrait au passage dégager une plus-value de l’ordre de 2,5 milliards de possible au chômage technique grouper, lundi 17 novembre, tous les permettre qu’il y ait des réponses tique (5 %). GEC-Alsthom, qui em- francs français. dans cette entreprise privée franco- salariés des quatre filiales. Le groupe autres que celle du chômage aux diffi- ploie 94 000 salariés et qui a dégagé britannique, filiale d’Alcatel et de emploie sept mille salariés à Belfort cultés passagères qui peuvent se pré- 1,6 milliard de francs de bénéfice en DÉPÊCHES GEC. dans ses filiales d’électromécanique, senter. » 1997, réalise les deux tiers de son ac- a BARCLAYS : la deuxième banque britannique a proposé une fu- Ces quarante et un jours de chô- de transports, de centrale énergé- « La volonté du gouvernement est tivité hors de ses pays d’origine que sion amicale à la National Westminster Bank, numéro trois, indique mage technique toucheront plus de tique et de turbines au gaz. Entre que le rail ne soit plus vécu dans une sont la Grande-Bretagne et la le Wall Street Journal du 17 novembre. Le projet a toutefois été abandon- neuf cents salariés qui fabriquent septembre et octobre, près de mille perspective de déclin », a affirmé France. né devant le peu d’enthousiasme de la NatWest. des TGV et des locomotives, alors des trois mille salariés d’Electromé- M. Gayssot. « Pas seulement les TGV, a BANCA DI ROMA : le holding public italien IRI va mettre 30 % du ca- que cent dix ingénieurs et cadres ne canique avaient débrayé par trois mais l’ensemble du réseau, et tout Dominique Gallois pital de la banque sur le marché dans le cadre de sa privatisation. Le prix devraient être soumis qu’à vingt fois pour protester contre le projet particulièrement le fret marchandises. (avec l’AFP) sera annoncé le 29 novembre. a NETSCAPE : la part du groupe américain sur le marché des logi- ciels de navigation sur Internet a atteint son point le plus bas au troi- sième trimestre, à 57,6 %, contre 73 % au dernier trimestre 1996, selon Hausse record pour le millésime 1997 des vins de Bourgogne une étude de Dataquest publiée lundi 17 novembre. a IBM : le PDG du numéro un mondial de l’informatique, Louis BEAUNE M. Brouin visait juste, trop que l’on commence à les acheter la place croissante occupée par l’ex- Gerstner, devait annoncer lundi 17 novembre un investissement de de notre envoyé spécial juste : le millésime 1997 des vins non plus pour les boire mais pour portation vers les Etats-Unis et 700 millions de dollars près de New York pour créer le laboratoire qui Heureuse Bourgogne, ri- des Hospices de Beaune s’est ven- faire de l’argent. » l’Orient font que nous sommes de développera la future génération de puces électroniques. chissimes Bourguignons ! Alors du en moyenne à un prix de 47 % Certains symptômes ne plus en plus exposés aux turbulences a SNCF : Socrate, le système de réservation et de billetterie de la même que vers le sud, à mille jets supérieur à celui du millésime trompent pas quant aux risques sur le marché des devises, explique SNCF, s’est bloqué samedi 15 novembre dans la matinée. En service de- de grappes de Meursault et Vol- 1996, à maints égards remar- encourus par ceux qui, forts de la pour sa part Louis Trébuchet, vice- puis janvier 1993, l’ordinateur a « disjoncté progressivement au cours de la nay, on s’essoufflait encore dans quable. Le prix moyen de la pièce tendance, jouent avec le feu. C’est président du BIVB. Compte tenu matinée », selon la SNCF, alors que des ingénieurs chargeaient un nou- les préparatifs de cette bien triste de 228 litres a atteint 34 714 francs ainsi qu’une célèbre maison de des délais qui s’imposent avant la veau programme. Le système était de nouveau opérationnel à 12 h 55. fête planétaire qu’est devenu le pour les rouges et 53 070 francs Beaune vient de manquer un beau commercialisation de nos vins en a HONDA : le constructeur japonais a inauguré, samedi 15 no- beaujolais primeur, Beaune a, di- pour les blancs, le record étant res- contrat de meursault pour la bouteille nous vivons sur ce point un vembre, sa première usine automobile en Turquie, à Gebze (à 50 kilo- manche 16 novembre, redit pour la pectivement détenu par les cuvées Continental Airlines alors même véritable pari. Seul l’avenir nous di- mètres à l’est d’Istanbul), pour produire 30 000 véhicules destinés au cent trente-septième fois sa fierté Clos de la Roche Georges Kritter que, plus sages, les responsables ra si les prix atteints cette année à la marché local. d’engendrer, et de se repaître, de (76 000 francs) et le batard-mon- du Clos des Lambrays ont obtenu vente des Hospices nous permet- a RENAULT : Inokom, une entreprise malaisienne réunissant le quelques-uns des plus grands vins trachet Dames de Flandre une belle vente qui permettra aux tront d’engranger des plus-values constructeur sud-coréen Hyundai, Renault et des partenaires malaisiens du monde. Tout juste comblée par (146 000 francs). En francs clients de première classe de la ou nous conduiront dans le mur. » est entrée en fonction samedi 15 novembre. Elle doit produire 20 000 vé- un millésime 1997 qui, sans égaler constants sur les dix dernières an- Thai Airlines de découvrir ce grand hicules, des utilitaires légers s’inspirant du Renault-Trafic, et des camions le précédent, fournira de très sé- nées, seules les ventes de 1988 et cru. « La structure de nos ventes et Jean-Yves Nau légers s’inspirant d’un modèle Hyundai. rieux plaisirs à la première décen- 1989 avaient vu les rouges dépas- nie du siècle prochain, voilà cette ser le prix atteint aujourd’hui. confortable province viticole ras- surée quant à la santé de son vi- IMAGE DE CHERTÉ gnoble et de son négoce. Ce phénomène ne manquera La vente des Hospices a, en ef- pas de pousser à l’évolution des fet, tenu plus que ses promesses. cours de l’ensemble des produc- Quelques jours avant l’événement, tions viticoles de la région, alors ceux qui avaient pu participer aux même que les responsables du Bu- premières dégustations profes- reau interprofessionnel des vins sionnelles de ses vins n’hésitaient de Bourgogne (BIVB) se félici- que sur le pourcentage – à un ou à taient, à la veille de la vente des deux chiffres – de hausse des tran- Hospices, de l’excellente tenue des sactions. « Il faut savoir que de ventes durant la campagne 1996- nombreux achats avaient déjà été 1997. effectués sur le millésime 1997 et que Pour autant, certains tremblent la tendance est aujourd’hui très net- des conséquences négatives que tement favorable. On voit mal, dès pourrait avoir une telle évolution, lors, comment le mouvement pour- conférant à ces vins une image de rait s’inverser, ne serait-ce que cherté qui, si elle est amplement parce que ceux qui ont acheté ont justifiée pour les plus grands tout intérêt, lors de la vente des Hos- d’entre eux, ne l’est nullement pices, à soutenir les cours », nous pour le plus gros de la production. confiait, il y a quelques jours, Au BIVB on tablait, samedi 15 no- Thierry Brouin, régisseur du Clos vembre, sur une hausse moyenne des Lambrays, domaine qui, après contenue sous les 20 % ; M. Brouin bien des vicissitudes, s’ouvre à une estimant pour sa part qu’au-delà vie nouvelle grâce à Günter et de 35 % on entrerait dans une zone Hans-Joachim Freund, riches Alle- à très haut risque. « Le pire pour mands de Coblence qui viennent nos vins, dit-il, est qu’ils fassent l’ob- d’acquérir ce grand cru historique jet de spéculations comme c’est le de Morey-Saint-Denis. cas pour les grands de Bordeaux, La grève dans les transports se poursuit à Rouen ROUEN l’Etat de recevoir les fonds et re- de notre correspondant porte les embauches promises. Les Depuis jeudi 13 novembre et jus- engagements écrits du préfet de qu’au mercredi 19 novembre, selon région n’y ont rien fait. le préavis déposé par le syndicat C’est la maison mère, la CGEA CGT, le personnel de conduite des (Compagnie générale d’entreprise transports en commun de l’agglo- automobile). qui impose le blo- mération de Rouen (TCAR) ob- cage. Cette filiale de la Générale serve un mouvement de grève, sui- des eaux veut attendre la promul- vi à plus de 60 %. Vendredi et gation des futurs textes sur la du- samedi, une rame sur cinq seule- rée du travail. ment du tramway et des autobus Les quatre-vingts agents atten- circulait dans l’agglomération. dus doivent être affectés à la sé- Depuis la précédente grève de curité, particulièrement sur les deux semaines, en décembre 1996, zones et les lignes qui desservent la CGT et la direction de la TCAR les quartiers sensibles, ce qui ac- se livrent à un bras de fer sur l’ap- croît la colère des agents de plication de l’accord qui avait été conduite. Le taux de participation conclu : en échange de l’embauche au mouvement traduit un malaise de quatre-vingts agents sur cinq assez profond du personnel, qui ne cents chauffeurs, une aide de comprend pas non plus que l’Etat 80 millions de francs avait été pro- n’approuve pas l’application de mise par l’Etat, ainsi que la réduc- l’accord. tion du temps de travail, selon un Les négociations, sous l’égide du mécanisme qui s’approchait de la préfet de région, devraient se loi Robien, non applicable dans les poursuivre en ce début de se- transports. Depuis un an, la TCAR maine. estime qu’elle ne dispose pas de garanties suffisantes de la part de Etienne Banzet LeMonde Job: WMQ1811--0022-0 WAS LMQ1811-22 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:36 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0308 Lcp: 196 CMYK

22 COMMUNICATION LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 « VSD » reste réfractaire à la méthode Prisma Presse Dix-huit mois après son rachat par le groupe d’Axel Ganz, l’hebdomadaire créé par Maurice Siégel est encore à la recherche d’une identité qui lui permettrait d’atteindre les 500 000 exemplaires espérés par son repreneur

CE JOUR-LÀ, Gérald de Roque- en août. Ça dépasse toutes les pré- par Sylvie Bommel, venu de L’Es- né trois ans pour parvenir à ses ob- maurel avait perdu son chien. visions, Axel Ganz a gagné son pa- sentiel du management. Prisma jectifs. Rien de dramatique, mais C’était un dimanche de l’automne ri. Pourtant, c’est dans cette flam- Presse reste en famille. un sujet de préoccupation sérieux 1995 ; le vice-président d’Hachette bée de l’été que se retrouvent les Dix-huit mois après la reprise pour le groupe. Filipacchi Presse était coincé dans incertitudes d’aujourd’hui. Avec par Prisma presse, le bilan est mo- Le sujet est d’autant plus épi- un embouteillage à Neuilly, juste l’automne, les « unes » se rha- rose. Pourtant VSD n’est pas un neux qu’en toile de fond se profile devant le domicile d’Axel Ganz, billent, les ventes rafraîchissent et échec : le groupe espère pour 1997 la succession d’Axel Ganz, qui patron de Prisma Presse, lorsqu’il les doutes s’affichent. une diffusion moyenne de vient d’avoir soixante ans. Celui-ci en vit sortir François et Jean-Domi- Si Prisma a su facilement re- 350 000 exemplaires. C’est un re- ne pourra pas rester en poste au- nique Siégel, un peu gênés de le mettre de l’ordre dans l’hebdoma- cord historique pour le titre, mais delà de soixante-cinq ans. Certains rencontrer. daire de la famille Siégel, la recette c’est en dessous des espérances disent qu’il pourrait partir avant. Ce jour-là, l’histoire de VSD a magique n’a toujours pas été trou- d’atteindre rapidement 400 000, Le scénario semblait écrit. Fort du changé. Pendant l’été, à la surprise vée. Très présent au début – il a no- voire 500 000 exemplaires. On peut succès de Capital, Rémy Dessarts générale, l’hebdomadaire avait dé- tamment imposé un numéro spé- posé son bilan. Son directeur géné- cial sur le pape, à l’automne 1996, ral, Jean-Pierre Canat, accusé d’es- qui a été un échec –, Axel Ganz a « On ne parle pas de l’accident » croquerie, était débarqué. pris ses distances. Mais même s’il D’énormes trous et des irrégulari- est à l’autre bout du monde, il n’est La mort de Lady Di a fait des vagues à VSD. Le dimanche, jour tés financières apparaissaient dans jamais loin : « Le vrai rédacteur en même de l’accident, les journalistes de l’hebdomadaire avaient ap- les comptes. Et le magazine plutôt chef, c’est le portable d’Axel Ganz », pris que « Monsieur Paul », qui conduisait la Mercedes de la prin- sans histoires fondé en 1978 par note un ancien. En mai, les ventes cesse, était ivre au moment des faits. Or, le mercredi suivant le jour- Maurice Siégel défrayait la chro- tombent à 250 000. C’est la pa- nal, ne fait pas état de cette information ; un ordre est venu d’en nique et suscitait d’énormes nique. Le directeur artistique, Jo- haut : « On ne parle pas de l’accident ». convoitises : Hachette, Prisma seph Maggiori, s’en va, bientôt sui- L’atmosphère est alors fébrile dans le groupe de presse, premier Presse, Emap, le Groupe Amaury vi, à la fin de l’été, par Jean-Marc visé par les attaques anti-paparazzi. Et Axel Ganz, lui-même, vient étaient sur les rangs. Gonin et Pierre Doncieux. éteindre le début d’incendie en rassurant la rédaction. Il est vrai Alors que les négociations avec sarts, éditeur de Capital, qui prend alors très inquiet, comme à Paris- Prisma Presse piétine. Depuis un que, depuis longtemps, une certaine morosité s’est installée chez les Hachette piétinaient, Axel Ganz en charge l’hebdomadaire, Fran- Match. Axel Ganz va mettre au an, il recherche en vain un rédac- journalistes de VSD. Quelques rédacteurs sont partis, lassés de s’en- s’est lancé. Il a monté un dossier çois Siégel – qui va vite quitter le point une formule magique qui va teur en chef. Après la nomination tendre dire au terme de leur enquête : « No pictures, no news » (« pas très vite, a joué de tout son profes- navire –, et Thierry Rouxel, direc- révolutionner l’univers des news et de Didier Pourquery comme édi- d’info sans photo »). D’autres ont un avis plus tranché : « Ce groupe sionnalisme et de tout son charme. teur artistique de Prisma et homme des picture magazines : un maga- teur de Voici et Gala, Rémy Des- n’est pas fait pour traiter de l’actualité ; ça n’entre pas dans ses A Geneviève Siegel, la veuve de de confiance d’Axel Ganz. zine qui se situe entre Focus, le titre sarts, cogérant du journal, a repris normes. » Maurice, qui lui demande s’il reti- Il y a eu un choc des cultures. Ré- à succès allemand, et Tango, un en direct la rédaction en chef. De rera le nom de son mari de la cou- my Dessarts embauche une équipe hebdomadaire de Bertelsmann nombreux journalistes ont été ap- verture, il répliquera du tac au tac : de rédacteurs en chef parmi des dont la carrière s’était soldée par prochés sans que le groupe trouve voir la bouteille à moitié vide ou à était considéré comme un dauphin « C’est vous qui me demanderez de journalistes venus de la presse un échec. la solution : une personnalité ca- moitié pleine. Prisma Presse a du d’Axel Ganz. Il ne lui restait qu’à l’enlever, si vous estimez que le jour- d’actualité : Didier Pourquery, issu pable d’animer le projet VSD et temps et de l’argent, beaucoup réussir le pari de VSD pour être en nal n’est plus digne de lui. » d’InfoMatin et de La Tribune ; Jean- RATÉS DANS LE SCÉNARIO d’entrer dans les normes de Prisma d’argent. position de successeur. Le scénario En mars 1996, Prisma Presse fai- Marc Gonin, du service étranger de Pour ne rien laisser au hasard, le Presse. Faute d’une solution ex- Le rachat a coûté 200 millions de a aujourd’hui quelques ratés. Jour- sait donc une incursion remarquée L’Express ; Vincent Nouzille, du nouveau journal est lancé au prix terne, c’est finalement Eric Wal- francs, 100 millions de francs ont naliste économique, Rémy Des- dans le domaine de l’actualité. Il Nouvel Economiste, auxquels de 10 francs. Pendant l’été, le dé- ther, venu de Capital, qui a été vraisemblablement été dépensés sarts a du mal à incarner ce nou- s’agissait d’effacer la mauvaise s’ajoute Pierre Doncieux, ancien marrage est excellent. Mais la par- nommé rédacteur en chef adjoint. depuis. L’augmentation du prix de veau journal. Un journaliste image qui colle au groupe avec Voi- rédacteur en chef de Lui. Parmi les tie actualité est réduite à la portion Tandis que, depuis le départ de Jo- 10 à 12 francs a rasséréné la tréso- commente : « Le seul qui pourrait le ci. Capital avait été le premier pas journalistes recrutés figurent plu- congrue en fin de journal, et les seph Maggiori, Thierry Rouxel a rerie. On rappelle, chez Prisma faire dans le groupe, c’est Axel Ganz vers la respectabilité. Quatre sieurs anciens d’InfoMatin. « unes » dénudées se multiplient repris en main la direction artis- Presse, que Voici a mis du temps lui-même. » hommes ont pensé le nouvel heb- A L’Express, en pleine recherche avec succès : 216 324 exemplaires tique. Enfin, Pierre Doncieux a été avant de connaître le succès, tout domadaire : Axel Ganz, Rémy Des- de nouvelle formule, on se montre en juin, 332 719, en juillet, 402 133 remplacé à la tête du service Loisirs comme Gala. Axel Ganz s’est don- Alain Salles Le studio Warner Bros Europe 1 et France-Inter bénéficient de la progression générale des radios TOUS CONTENTS. Les sondages d’audience retrouve pas les 11,9 % de septembre-octobre dages précédents. L’audience d’Europe 2, de prend 10 % de CanalSatellite des radios, publiés, lundi 17 novembre, par Mé- 1996. Mais, elle ne se laisse pas devancer par Fun radio, de Nostalgie s’érode légèrement. diamétrie, ont de quoi satisfaire les responsables France-Info, qui elle aussi progresse, en passant Alors que Chérie FM (4,1 %) et RTL 2 (3,3 %) SELON PIERRE LESCURE, PDG de Canal Plus, le studio américain de chacune des stations. Réalisés entre sep- de 10,6 % à 11,1 % d’une année sur l’autre. gagnent quelques auditeurs par rapport à la der- Warner Bros a décidé d’« exercer l’option de 10 % qu’il détenait sur tembre et octobre, ils indiquent une sensible re- nière vague. RFM reste étale à 3,8 %. CanalSatellite et dont l’échéance expirait fin décembre ». « L’opération montée pour la plupart d’entre elles par rapport STABILITÉ DE RTL L’augmentation de l’audience générale de la se fera par le biais d’une augmentation de capital », a annoncé le PDG aux chiffres d’avril-juin. Cette embellie est no- Toujours largement en tête, RTL reste stable à radio profite un petit peu plus aux radios musi- de la chaîne cryptée dans un entretien, lundi 17 novembre, au quoti- tamment due à la progression générale de ce 17,9 %, comme lors du précédent sondage, mais cales, qui gagnent au total 0,6 % alors que les dien économique La Tribune. « En treize ans, Warner a toujours ré- média, dont l’écoute a gagné 1,3 % en un an, regresse de 0,1 % par rapport à septembre-octo- programmes généralistes progressent seule- pondu favorablement au développement de Canal Plus », a-t-il passant de 80,1 % en septembre-octobre 1996 à bre 1996. Selon Philippe Labro, vice-PDG de ment de 0,3 %. précisé. 81,4 % en septembre-octobre de cette année. RTL, « la tranche information entre 5 heures et Comme à chaque fois, ces chiffres donneront Par ailleurs, après plusieurs mois de réflexion autour de la création Les résultats les plus attendus concernaient 8 heures 30 progressé de 15 % en un an ». Der- lieu à diverses interprétations, certains préférant d’une chaîne d’informations, Pierre Lescure s’estime « maintenant Europe 1 et France-Inter. La station du groupe nière des radios généralistes, RMC a augmenté mettre en avant les chiffres de la part d’audience convaincu qu’[il doit être présent] sur ce créneau », tout en préci- Lagardère, qui stagnait autour de 8,6 % depuis son nombre d’auditeurs de 3,3 % à 3,4 %, mais (part de marché), pris notamment en compte sant : « Dans tous les cas, notre chaîne d’informations de proximité ne un an, grimpe à 9,2 % d’audience. « C’est la seule elle n’a pas retrouvé ses 3,6 % de l’automne der- par les annonceurs, à ceux d’audience cumulée verra pas le jour avant septembre prochain. » Le PDG de Canal Plus a radio généraliste à progresser sur cette période », nier. (pourcentage de personnes ayant écouté au aussi annoncé que « la prochaine génération de décodeurs sera commentent les responsables d’Europe 1. Quant Du côté des radios musicales, NRJ conserve sa moins une fois dans la journée), qui sont les plus commercialisée à la fin de 1998 ». à la radio du service public, elle retrouve sa première place avec 11,6 %, suivie par Fun radio fréquemment utilisés. deuxième place, ex-aequo avec NRJ, en passant et Skyrock, qui, toutes deux à 5,8 % d’audience, de 10,8 % à 11,6 %. Cependant, France-Inter ne perdent quelques points par rapport aux son- Françoise Chirot Le « Los Angeles Times » utilise les recettes du marketing pour relancer ses ventes

LOS ANGELES en vain, à produire ce supplément, tenariat va donner des résultats ? » sence de transports en commun, correspondance jusqu’à ce qu’un groupe rassem- Pourtant Jim Horwitz, membre lieu privilégié de lecture d’un quo- L’annonce par Mark Willes, blant des reporters et des de l’association FAIR (pour Fair- tidien ; le multiculturalisme de la PDG du groupe Times Mirror et commerciaux crée la synergie né- ness and Accuracy In Reporting : ville et la diversité du lectorat ; le directeur de publication du Los An- cessaire au décollage du projet, Fiabilité et exactitude dans le re- manque de lectrices. L’an dernier, geles Times, d’une restructuration dont les prototypes ont été testés portage ) – qui milite pour un jour- le journal a lancé une grande cam- du secteur commercial du journal selon les principes du marketing nalisme sérieux qui respecte les pagne de publicité pour se posi- « autour de la rédaction et de ses auprès de « groupes cibles ». principes déontologiques –, craint tionner comme une marque rubriques » a suscité une vive in- Cette expérience, « inhabituelle, que « ces changements ne brident le (« brand advertising »). On y lit quiétude dans les médias améri- même pour nous », admet Parks, journalisme d’investigation. Ce quo- l’amorce d’un reportage, inter- cains. est à l’origine de la réorganisation tidien ne sera plus ce qu’il était ». rompu pour créer le suspense, Pour assurer sa croissance, le du quotidien. D’autres initiatives, avec cette conclusion : « Get the principal quotidien de Californie comme le cahier business du lundi, story, get The Times » (pour du Sud braderait-il son intégrité consacré aux nouvelles technolo- La réaction connaître l’histoire, lisez Le Times). journalistique sur l’autel des impé- gies de l’information (Cutting Ed- La réaction aux méthodes de Mark ratifs commerciaux ? Pis, Willes, ge), celui du mardi, aux investisse- aux méthodes Willes a été mitigée, mais les jour- qui vient de l’industrie alimentaire, ments personnels (Wall Street, nalistes apprécient que les ventes et n’a jamais hésité à comparer California) semblent avoir comblé de Mark Willes augmentent, alors que le prix de crûment le quotidien à n’importe l’attente des lecteurs. La direction l’action Times Mirror a doublé. quel autre produit, avouerait-il s’attelle à une refonte du cahier a été mitigée, Pourtant, Shelby Coffey, rédacteur ouvertement un procédé en passe sports, des pages « life and style », en chef depuis huit ans, a préféré de devenir le nouveau mode de de la rubrique culture... mais les journalistes démissionner. gestion de la presse écrite outre- Pour Jeffrey Klein, le nouveau Pour définir sa vision journalis- Atlantique ? Celui que sa rédaction responsable des informations ve- apprécient tique d’un quotidien qui veut dou- surnommait déjà « cereal killer » nu du secteur marketing du jour- bler le nombre de ses lecteurs, son (jeu de mots sur « serial killer », nal qui coordonne cette réorgani- que les ventes remplaçant, Michael Parks, ancien « tueur en série », à cause des li- sation, l’initiative du LA Times a correspondant à l’étranger et titu- cenciements massifs qu’il a décré- été mal interprétée, car elle se ré- augmentent laire d’un prix Pulitzer, s’accroche tés à son arrivée en 1995) serait-il sumerait à intégrer des efforts de à une hypothèse de travail : «Los prêt à tout pour attirer lecteurs et gestion encore fragmentés et à Angeles sera la capitale du annonceurs ? drainer les ressources permettant Les difficultés du LA Times, dont XXIe siècle, et nous serons le journal « La pire interférence avec l’inté- de publier un meilleur journal : la diffusion est de 1 million de cette capitale. En termes grité journalistique, c’est quand un « La pression commerciale a tou- d’exemplaires en semaine et de d’économie, de ce qui est expéri- journal ne gagne pas d’argent et ne jours été là, et nous y résistons. 1,3 million le dimanche (une péné- menté, et même de problèmes so- peut pas fournir ce qu’il devrait », L’âme de notre institution tient à tration de 23 %, et la moitié des ciaux, la Californie du Sud est un se défend le nouveau rédacteur en notre crédibilité auprès de nos lec- parts du marché local des quoti- modèle. Et les gens veulent savoir ce chef, Michael Parks, en citant teurs. Les journalistes ne dépen- diens), tiennent à plusieurs fac- qui les attend, pas seulement au l’exemple du lancement récent, et dront pas des commerciaux. Nous teurs. Une zone de distribution coin de la rue, mais au bout de la déjà bénéficiaire, d’un cahier santé n’allons pas faire un journal pour grande comme l’Etat de l’Ohio, rue... ». dans l’édition du lundi. La rédac- les annonceurs. La question princi- impliquant la compétition avec tion cherchait depuis longtemps et pale est: est-ce que ce nouveau par- d’autres journaux locaux ; l’ab- Claudine Mulard LeMonde Job: WMQ1811--0023-0 WAS LMQ1811-23 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0309 Lcp: 196 CMYK Page de bourse 1.e : Le monde Quotidien - Montage du lundi 17 novembre 1997 - 10 h 43’ 41’’ Montage 3B2 Diamond 4

FINANCES?????????? ET MARCHE´S LELE MONDE MONDE / MARDI / MARDI 18 18 NOVEMBRE NOVEMBRE 1997 1997 / / 23

CPR ...... 438 442 + 0,91 + 6,81 Legris indust...... 207 207,90 + 0,43 – 4,85 Union Assur.Fdal ...... 650 645 – 0,76 + 0,78 Hoechst # ...... 229,40 234 + 2 – 4,01 Cred.Fon.France ...... 65,20 65 – 0,30????????????– 3,70 Locindus...... 774 773 – 0,12 + 0,91 Usinor ...... 88,70 91,15 + 2,76 + 20,72 I.B.M # ...... 573 598 + 4,36 + 49,50 ` CAC 40 Credit Lyonnais CI ...... 286 290 + 1,39 + 118,04 L’Oreal...... 2100 2170 + 3,33 + 11,05 Valeo ...... 359,50 372 + 3,47 + 16,25 I.C.I #...... 82,50 ...... + 28,90 REGLEMENT Cred.Nat.Natexis ...... 321,40 320 – 0,43 + 7,09 LVMHLE MONDE Moet Hen...... / MARDI 929 18 NOVEMBRE 966 + 3,98 1997– 33,33 Vallourec...... 364,50 368 + 0,96 + 33,81 Ito Yokado # ...... 254 276,80 + 8,97 + 19,87 CS Signaux(CSEE)...... 186,90 187,50 + 0,32 – 20,17 Marine Wendel ...... 674 680 + 0,89 + 42,85 Via Banque ...... 159,50 160 + 0,31 – 6,97 Kingfisher plc #...... 78,60 80,90 + 2,92 + 45,76 MENSUEL Damart ...... 3790 3790 .... – 8,67 Metaleurop...... 56,20 58,10 + 3,38 + 37,84 Worms & Cie ...... 495,40 494,70 – 0,14 + 57,29 Matsushita #...... 86,50 91,95 + 6,30 + 10,05 PARIS LUNDI 17 NOVEMBRE Danone...... 904 922 + 1,99 + 27,52 Metrologie Inter...... 14,30 14,50 + 1,39 – 7,11 Zodiac ex.dt divid ...... 1240 1255 + 1,20 – 20,87 Mc Donald’s # ...... 274,20 274 – 0,07 + 14,64 Dassault-Aviation...... 1289 1300 + 0,85 + 11,11 Michelin ...... 303 311,50 + 2,80 + 11,21 Elf Gabon...... 1090 1085 – 0,45 – 18,11 Merck and Co # ...... 513 530 + 3,31 + 25,59 Liquidation : 21 novembre + 2,84 % Dassault Electro ...... 568 585 + 2,99 + 31,46 Moulinex #...... 126,50 126,50 .... + 12,01 ...... Mitsubishi Corp.#...... 42,70 46,95 + 9,95 – 11,07 Taux de report : 3,50 CAC 40 : Dassault Systemes...... 165 169,50 + 2,72 + 41,66 Nord-Est...... 117 116 – 0,85 – 10,14 ...... Mobil Corporat.#...... 417,60 ...... + 29,48 Cours releve´s`10h15 a 2772,49 De Dietrich ...... 266 266 .... + 36,06 Nordon (Ny)...... 390 391,20 + 0,30 + 6,59 ...... Morgan J.P. # ...... 635 ...... + 21,41 Deveaux(Ly)#...... 603 603 .... – 16,25 NRJ # ...... 800 804 + 0,50 + 22,18 ...... Nestle SA Nom. # ...... 8070 8210 + 1,73 + 47,39 Dev.R.N-P.Cal Li # ...... 45 44,80 – 0,44 + 2,98 Olipar ...... 67 ...... – 18,98 ...... Nipp. MeatPacker #...... 72,20 ...... + 11,07 % Dexia France...... 592 608 + 2,70 + 34,51 Paribas...... 403,40 414,90 + 2,85 + 18,23 ...... Nokia A ...... 463,10 488,50 + 5,48 + 62,29 VALEURS Cours Derniers % variation FRANC¸AISES pre´ce´d. cours +– DMC (Dollfus Mi) ...... 107 106,90 – 0,09 – 15,02 Pathe ...... 1060 1070 + 0,94 – 14,40 ...... Norsk Hydro #...... 302 304,10 + 0,69 + 9,03 31/12 (1) Dynaction ...... 154 154 .... + 26,12 Pechiney...... 227 234,20 + 3,17 + 7,72 ...... Petrofina # ...... 2165 2240 + 3,46 + 36,17 Eaux (Gle des) ...... 739 756 + 2,30 + 18,28 Pernod-Ricard ...... 297,10 300,10 + 1 + 4,56 ...... Philip Morris #...... 241,30 242 + 0,29 + 20,51 B.N.P. (T.P)...... 965 965 .... + 0,73 Eiffage ...... 261,80 264,80 + 1,14 + 29,17 Peugeot ...... 629 646 + 2,70 + 10,61 ...... Philips N.V #...... 386 404,80 + 4,87 + 93,68 Cr.Lyonnais(T.P.) ...... 940 917 – 2,44 + 12,51 Elf Aquitaine ...... 693 718 + 3,60 + 52,02 Pinault-Print.Red...... 2772 2832 + 2,16 + 37,60 ...... Placer Dome Inc # ...... 72,60 76,70 + 5,64 – 35,60 Renault (T.P.)...... 1785 1785 .... + 11,56 Eramet...... 248 252 + 1,61 – 7,35 Plastic Omn.(Ly) ...... 640 635 – 0,78 + 51,19 ...... Procter Gamble # ...... 422 435 + 3,08 + 51,56 Rhone Poulenc(T.P) ...... 2226 2218 – 0,35 + 17,34 Eridania Beghin ...... 855 873 + 2,10 + 4,55 Primagaz ...... 433,50 436 + 0,57 – 28,64 ...... Quilvest...... 304 301 – 0,98 + 4,69 Saint Gobain(T.P.)...... 1280 1280 .... + 1,02 Essilor Intl ...... 1620 1620 .... + 2,85 Promodes ...... 1860 1939 + 4,24 + 32,35 ...... Randfontein #...... 8,60 8,90 + 3,48 – 67,03 Thomson S.A (T.P) ...... 915 ...... – 10,73 Essilor Intl.ADP...... 1560 1560 .... + 20 Publicis # ...... 532 534 + 0,37 + 18,14 Rio Tinto PLC # ...... 72,55 73,50 + 1,30 – 9,48 Accor...... 1025 1063 + 3,70 + 61,79 Esso ...... 471 481,40 + 2,20 – 9,51 Remy Cointreau...... 99,60 100 + 0,40 – 31,97 % Royal Dutch #...... 295,60 303,30 + 2,60 + 35,55 AGF-Ass.Gen.France ..... 295,50 297,10 + 0,54 + 77,37 Eurafrance ...... 2400 2401 + 0,04 + 7,09 Renault...... 146,80 153 + 4,22 + 37,21 VALEURS Cours Derniers % variation Sega Enterprises...... 136,30 148,10 + 8,65 – 23,65 Air Liquide ...... 898 918 + 2,22 + 13,33 Euro Disney ...... 7,80 7,85 + 0,64 – 23,78 Rexel...... 1578 1581 + 0,19 + 0,38 E´TRANGE`RES pre´ce´d. cours +– 31/12 (1) Saint-Helena #...... 18 18 .... – 40 Alcatel Alsthom ...... 674 695 + 3,11 + 66,74 Europe 1 ...... 1120 1125 + 0,44 + 2,27 Rhone Poulenc A...... 247 251,50 + 1,82 + 42,17 Schlumberger # ...... 501 504 + 0,59 + 88,41 Atos (ex.Axime) CA...... 725 730 + 0,68 + 21,66 Eurotunnel...... 5,70 5,70 .... – 16,78 Rochette (La) ...... 24,70 25 + 1,21 – 3,28 ABN Amro Hol.#...... 113,20 116,20 + 2,65 + 35,93 SGS Thomson Micro. .... 390 410 + 5,12 + 11,71 Axa...... 400 407,20 + 1,80 + 23,39 Fimalac SA ...... 471 480 + 1,91 – 0,41 Rue Imperiale(Ly)...... 5430 ...... + 6,47 Adecco S.A...... 1616 1610 – 0,37 + 22,61 Shell Transport # ...... 39,80 39,10 – 1,75 + 27,61 Bail Investis...... 760 760 .... + 2,56 Finextel...... 108 108 .... + 34,66 Sade (Ny)...... 187 186,90 – 0,05 – 0,47 Adidas AG # ...... 789 801 + 1,52 + 78,07 Siemens #...... 330 342 + 3,63 + 41,96 Bancaire (Cie) ...... 745 753 + 1,07 + 25,91 Fives-Lille...... 342,80 343 + 0,05 – 30 Sagem SA...... 2625 2624 – 0,03 – 16,16 American Express ...... 450,50 450 – 0,11 + 46,57 Sony Corp. #...... 435,10 470 + 8,02 + 38,23 Bazar Hot. Ville ...... 535 545 + 1,86 + 22,77 France Telecom ...... 214,70 218 + 1,53 .... Saint-Gobain ...... 782 810 + 3,58 + 10,35 Anglo American # ...... 220 230 + 4,54 – 18,72 Sumitomo Bank #...... 53 63,30 + 19,43 – 12,68 Bertrand Faure...... 365,50 369,80 + 1,17 + 82,97 Fromageries Bel...... 4090 4150 + 1,46 – 3,44 Salomon (Ly) ...... 511 512 + 0,19 + 15,05 Amgold # ...... 240 ...... – 38,46 T.D.K # ...... 429 471,40 + 9,88 + 38,64 BIC...... 382 397 + 3,92 + 2,05 Galeries Lafayette ...... 2740 2720 – 0,72 + 47,34 Salvepar (Ny)...... 440 431 – 2,04 + 7,64 Arjo Wiggins App...... 17 17 .... + 8,97 Telefonica #...... 153,20 157 + 2,48 + 28,16 BIS ...... 490 490 .... – 8,06 GAN ex.dt sous...... 129,90 130,80 + 0,69 + 34,52 Sanofi ...... 530 545 + 2,83 + 5,62 A.T.T. # ...... 277,10 281 + 1,40 + 29,43 Toshiba #...... 23,45 26,60 + 13,43 – 16,74 B.N.P...... 248,50 259 + 4,22 + 28,98 Gascogne (B) ...... 496,90 481 – 3,19 + 5,25 Sat ...... 1640 1640 .... + 6,14 Banco Santander #...... 154 159 + 3,24 + 42,99 Unilever act.Div.#...... a 314,60 332 + 5,53 + 45,77 Bollore Techno...... 728 732 + 0,54 + 28,42 Gaumont #...... 405,90 408 + 0,51 – 5,11 Saupiquet (Ns)...... 523 526 + 0,57 – 27,94 Barrick Gold #...... 101 106,20 + 5,14 – 28,48 United Technol. # ...... 417,50 420 + 0,59 + 18,30 Bongrain...... 2245 2245 .... + 11,85 Gaz et Eaux...... 2410 2400 – 0,41 + 19,02 Schneider SA...... 301,50 312 + 3,48 + 30,05 B.A.S.F. # ...... 189,10 197,20 + 4,28 – 1,35 Vaal Reefs # ...... 229 224,10 – 2,13 – 33,89 Bouygues ...... 577 591 + 2,42 + 9,85 Geophysique...... 809 806 – 0,37 + 123,88 SCOR...... 245,90 249 + 1,26 + 36,43 Bayer # ...... 203 207,20 + 2,06 – 1,80 Volkswagen A.G # ...... 3012 3079 + 2,22 + 41,88 Bouygues Offs...... 286,90 287 + 0,03 + 115,78 G.F.C...... 517 517 .... + 10,11 S.E.B...... 675 695 + 2,96 – 31,66 Cordiant PLC...... 11,60 11,50 – 0,86 + 36,90 Volvo (act.B) # ...... 155,30 159 + 2,38 + 56,31 Bull#...... 65,50 65 – 0,76 + 103,44 Groupe Andre S.A...... 550 550 .... + 37,84 Sefimeg CA...... 347,10 348,50 + 0,40 – 7,31 Crown Cork ord.# ...... 266,40 268 + 0,60 – 7,58 Western Deep #...... 109 109,70 + 0,64 – 31,43 Canal + ...... 1001 1033 + 3,19 – 9,86 Groupe GTM ...... 355 356 + 0,28 + 48,33 SEITA...... 190,50 190,10 – 0,20 – 12,39 Crown Cork PF CV# ...... 241 ...... – 6,58 Yamanouchi #...... 128,60 ...... + 22,47 Cap Gemini...... 470 470 .... + 87,32 Gr.Zannier (Ly) # ...... 125 126 + 0,80 + 7,50 Selectibanque ...... 68 67,50 – 0,73 – 7,53 Daimler Benz #...... 379 388 + 2,37 + 7,61 Zambia Copper ...... 14,60 14,60 .... + 139,34 Carbone Lorraine...... 1527 1542 + 0,98 + 57,02 Guilbert ...... 784 794 + 1,27 – 21,77 SFIM...... 1020 1025 + 0,49 – 0,48 De Beers # ...... 127,20 128,50 + 1,02 – 14,33 ...... Carrefour ...... 2951 3030 + 2,67 – 10,24 Guyenne Gascogne...... 1760 1779 + 1,07 – 13,84 SGE...... 141,50 147 + 3,88 + 31,25 Deutsche Bank #...... 350 362,50 + 3,57 + 50,16 ...... Casino Guichard...... 327 326 – 0,30 + 34,93 Hachette Fili.Med...... 1005 1050 + 4,47 – 9,09 Sidel...... 333 338 + 1,50 – 5,32 Dresdner Bank ...... 222,10 226 + 1,75 + 46,65 ...... Casino Guich.ADP...... 248 246,60 – 0,56 + 29,78 Havas...... 371,90 380 + 2,17 + 4,39 Silic CA ...... 780 782 + 0,25 + 5,24 Driefontein # ...... 34,60 34,50 – 0,28 – 37,27 ...... Castorama Dub.(Li)...... 605 607 + 0,33 – 32,02 Havas Advertising ...... 700 708 + 1,14 + 23,13 Simco ...... 426,50 427,90 + 0,32 – 5,54 Du Pont Nemours #...... a 323,20 340 + 5,19 + 38,49 ...... C.C.F...... 327,30 338 + 3,26 + 40,83 Imetal ...... 664 662 – 0,30 – 13,57 S.I.T.A...... 1035 1049 + 1,35 – 4,63 Eastman Kodak # ...... 340 350 + 2,94 – 18,54 ...... Cegid (Ly)...... 618 634 + 2,58 + 6,73 Immeubl.France...... 332,10 335 + 0,87 + 9,47 Skis Rossignol...... 107 106 – 0,93 – 26,23 East Rand #...... 1,35 1,36 + 0,74 – 24,02 Cerus Europ.Reun...... 32,55 33,50 + 2,91 + 3,97 Infogrames Enter...... 831 833 + 0,24 + 38,83 Societe Generale...... 736 751 + 2,03 + 33,86 Echo Bay Mines # ...... 16,80 16,80 .... – 51,37 ABRE´VIATIONS Cetelem...... 615 621 + 0,97 + 3,50 Ingenico...... 118 118,60 + 0,50 + 36,32 Sodexho Alliance...... 2860 2900 + 1,39 + 2,08 Electrolux #...... 454 459 + 1,10 + 76,83 B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; CGIP ...... 1872 1870 – 0,10 + 30,67 Interbail ...... 171 171 .... – 24,63 Sommer-Allibert ...... 185 185 .... + 19,35 Ericsson # ...... 231 244 + 5,62 + 51,55 Ny = Nancy; Ns = Nantes. Chargeurs ...... 380 385 + 1,31 + 49,80 Intertechnique ...... 1199 1199 .... + 54,70 Sophia ...... 229,50 230 + 0,21 + 21,05 Ford Motor # ...... 250 253 + 1,20 + 50,59 SYMBOLES Christian Dalloz...... 724 724 .... + 17,46 ISIS ...... 666 664 – 0,30 .... Spir Communic. # ...... 335 343,70 + 2,59 – 30,41 Freegold # ...... 26,85 27,30 + 1,67 – 31,06 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; Christian Dior ...... 585 600 + 2,56 – 28,31 Jean Lefebvre ...... 330 ...... + 21,99 Strafor Facom...... 376 371 – 1,32 – 3,38 Gencor act.regr...... 9,95 9,75 – 2,01 .... a coupon de´tache´; b droit de´tache´. Ciments Francais...... 234 235 + 0,42 + 62,06 Klepierre ...... 780 789 + 1,15 + 13,68 Suez Lyon.des Eaux...... 591 611 + 3,38 + 26,52 General Elect. #...... 398,40 407 + 2,15 + 56,53 Cipe France Ly #...... 160,50 162,50 + 1,24 – 21,03 Labinal...... 1530 1550 + 1,30 + 56,40 Synthelabo...... 679 680 + 0,14 + 21,21 General Motors #...... 351 357,10 + 1,73 + 22,71 DERNIE`RE COLONNE (1) : Clarins...... 444 448,50 + 1,01 – 34,51 Lafarge ...... 339,70 349 + 2,73 + 12,11 Technip ...... 650 657 + 1,07 + 34,90 Gle Belgique # ...... 476,20 522 + 9,61 + 30,46 Lundi date´ mardi : % variation 31/12 Club Mediterranee...... 419,40 416,60 – 0,66 + 23,69 Lagardere ...... 168 174,40 + 3,80 + 22,47 Thomson-CSF...... 145,90 150,20 + 2,94 – 10,75 Grd Metropolitan ...... 53,90 55,10 + 2,22 + 37,75 Mardi date´ mercredi : montant du coupon Coflexip...... 639 650 + 1,72 + 136,36 Lapeyre...... 325 327 + 0,61 + 9,73 Total ...... 617 640 + 3,72 + 51,65 Guinness Plc # ...... 53,75 55,50 + 3,25 + 38,75 Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon Colas ...... 835 844 + 1,07 + 12,53 Lebon...... 240 244,80 + 2 + 43,07 UIF ...... 401 401,10 + 0,02 – 5,28 Hanson PLC reg...... 28,25 28,25 ...... Jeudi date´ vendredi : compensation Comptoir Entrep...... 11,35 11,80 + 3,96 + 22,91 Legrand ...... 1045 1066 + 2 + 20,58 UIS ...... 212 210 – 0,94 + 20 Harmony Gold # ...... 17 16,90 – 0,58 – 58,67 Vendredi date´ samedi : nominal

Comptoirs Mod...... 2450 2487 + 1,51 – 11,17 Legrand ADP ...... 722 730 + 1,10 + 27,17 Unibail...... 565 566 + 0,17 + 9,68 Hitachi #...... 40,35 43,70 + 8,30 – 8,95 ÂA

OAT 9/85-98 TRA...... 0,647 @€u˜li™ite Centenaire Blanzy...... d 380 380 Metal Deploye...... d 339 339 OAT 9,50%88-98 CA#...... 103,18 3,852 d Champex (Ny)...... d 22,30 22,30 Mors ...... 5,15 5,35 COMPTANT OAT TMB 87/99 CA#...... 99,92 2,738 CIC Un.Euro.CIP ...... 413 418 Navigation (Nle) ...... d 129 129 OAT 8,125% 89-99 #...... 105,49 3,985 y C.I.T.R.A.M. (B) ...... d 2265 2265 Optorg ...... d 340 340 Une se´lection Cours releve´s`10h15 a OAT 8,50%90/00 CA# ...... 108,62 5,519 Generali Fce Assur ...... d 1330 1330 Paluel-Marmont...... d 330 330 LUNDI 17 NOVEMBRE OAT 85/00 TRA CA#...... 102,75 1,030 Continental Ass.Ly...... d 528 528 Exa.Clairefont(Ny) ...... d 800 800 OAT 10%5/85-00 CA#...... 112,50 4,849 Darblay ...... d 506 506 Parfinance...... d 255 255 %%OAT 89-01 TME CA# ...... 101,48 4,021 Didot Bottin...... d 776 776 Paris Orleans...... d 265 265 OBLIGATIONS du nom. du coupon OAT 10% 90-01 ecu...... 7,315 y Eaux Bassin Vichy...... d 2768 2768 Promodes (CI)...... d 1600 1600 OAT 7,5%7/86-01CA#...... 2,425 y Ecia ...... 935 940 PSB Industries Ly ...... d 518 518 Nat.Bq. 9% 91-02...... 0,395 y OAT 8,5% 91-02 ecu...... 5,822 d Ent.Mag. Paris...... d 1209 1209 Rougier # ...... d 340 340 CEPME 9% 89-99 CA#..... 107,47 2,293 o OAT 8,5% 87-02 CA#...... 115,06 8,384 Fichet Bauche ...... d 39 39 Saga...... 126 127 CEPME 9% 92-06 TSR ...... 3,699 OAT 8,50% 89-19 #...... 0,605 y Fidei...... 34,30 34,30 S.I.P.H...... d 350 350 CFD 9,7% 90-03 CB...... 120,15 7,654 OAT.8,50%92-23 CA#...... 4,867 Finalens ...... d 255 255 Sofragi ...... d 4820 4820 CFD 8,6% 92-05 CB...... 118,40 6,668 SNCF 8,8% 87-94CA ...... 104,84 7,016 x F.I.P.P...... d 340,30 340,30 Taittinger...... d 2924 2924 CFF 10% 88-98 CA# ...... 104,90 0,795 y Suez Lyon.Eaux 90...... 960 .... Fonciere (Cie) ...... d 605 605 Tour Eiffel ...... d 287 287 CFF 10,25%90-01CB# ..... 114,90 7,021 ...... Fonc. Lyonnaise #...... 709 709 Vicat...... 510 510 CLF 8,9% 88-00 CA#...... 109,63 4,292 d Foncina # ...... d 505 505 Caves Roquefort...... d 1900 1900 CLF 9%88-93/98 CA#...... 101,02 7,200 ACTIONS Cours Derniers Francarep...... d 281 281 Elyo...... 322 322 CNA 9% 4/92-07...... 4,932 d FRANC¸AISES pre´ce´d. cours France S.A...... d 1178 1178 Finaxa ...... 340 345 CRH 8,6% 92/94-03...... 114,78 3,393 o From. Paul-Renard...... d 2050 2050 Gaillard (M)...... d 1522 1522 CRH 8,5% 10/87-88# ...... 105,13 6,055 y Arbel ...... 50 52,10 Gevelot...... d 1211 1211 Givaudan-Lavirotte...... d 1290 1290 EDF 8,6% 88-89 CA# ...... 108,25 6,550 Baccarat (Ny) ...... d 540 540 G.T.I (Transport)...... d 190 190 Grd Bazar Lyon(Ly)...... d 150 150 EDF 8,6% 92-04 #...... 116,56 5,301 Bains C.Monaco...... 525 520 Immobail...... 144 143 Gd Moul.Strasbourg...... d 1725 1725 Finansder 9%91-06# ...... 122,77 8,852 d Bque Transatlantl...... d 174,50 174,50 Immobanque...... 624 605 Hotel Lutetia...... d 363 363 Finansd.8,6%92-02#...... 113,02 6,998 B.N.P.Intercont...... d 785 785 Locamion (Ly) ...... d 401,20 401,20 Hotels Deauville...... d 550 550 Floral9,75% 90-99# ...... 108,29 3,179 Bidermann Intl...... d 110 110 Lucia ...... d 50,10 50,10 Immeubl.Lyon (Ly)...... d 568 568 OAT 88-98 TME CA# ...... 99,98 4,021 B T P (la cie)...... d 7,60 7,60 Monoprix...... d 309 309 L.Bouillet (Ly)...... d 315 315

Cardif SA...... 800 801 Gautier France # ...... 253 255 NSC Groupe Ny ...... d 804 804 C.E.E #...... d 69,20 69,20 Gel 2000 ...... 54,10 54,50 Onet # ...... d 875 875 SECOND CFPI # ...... 380 380 GEODIS #...... d 313 313 Paul Predault #...... 130 134 NOUVEAU MARCHE´ HORS-COTE Change Bourse (M) ...... 226,50 226 GFI Industries #...... 1040 1050 P.C.W...... 19 .... Une se´lection. Cours releve´s`10h15 a Une se´lection. Cours releve´s`10h15 a MARCHE´ CNIM CA#...... 189,50 184,50 Girodet (Ly) #...... d 32 32 Petit Boy #...... d 82 82 Codetour...... d 370 370 GLM S.A...... d 235 235 Phyto-Lierac #...... 205,50 209,90 LUNDI 17 NOVEMBRE LUNDI 17 NOVEMBRE Une se´lection Cours releve´s`10h15 a Comp.Euro.Tele-CET ..... 243 250 Grandoptic.Photo #...... 973 980 Pochet...... d 600 600 LUNDI 17 NOVEMBRE Conflandey # ...... d 305,90 305,90 Gpe Guillin # Ly...... d 197 197 Poujoulat Ets (Ns) ...... d 201,30 201,30 Cours Derniers Cours Derniers C.A. Hte Normandie...... 319 319 Kindy #...... 141 148 Radiall # ...... d 625 625 VALEURS pre´ce´d. cours VALEURS pre´ce´d. cours Cours Derniers C.A. Paris IDF...... 729 729 Guerbet...... d 224 224 Robertet # ...... 1010 976 VALEURS pre´ce´d. cours C.A.Ille & Vilaine...... 300 297 Hermes internat.1# ...... 403 410 Rouleau-Guichard...... d 244,20 244,20 Appligene Oncor ...... d 28,90 28,90 Eridania-Be´ghin CI...... d 751 751 C.A.Loire Atl.Ns # ...... 274,90 273 Hurel Dubois...... d 720 720 Securidev #...... d 102,90 102,90 Belvedere...... d 633 633 Cre´dit Ge´n.Ind...... d 9,50 9,50 Acial (Ns) #...... d 40 40 C.A.Pas de Calais...... 545 545 ICBT Groupe # ...... 170 170 Smoby (Ly)#...... 565 565 BVRP...... d 187 187 Ge´ne´rale Occidentale..... d 178 178 AFE #...... 462 477 C.A.du Nord (Li) ...... 519 510 I.C.C...... d 142 142 Sofco (Ly)...... d 10,60 10,60 Coil ...... d 169 169 Ste´ lecteurs du Monde.... d 149,90 149,90 Aigle # ...... 313 310 C.A. Oise CCI...... d 323 323 ICOM Informatique ...... d 458 458 Sofibus...... d 363,80 363,80 Electronique D2 ...... d 735 735 Via Cre´dit (Banque)...... d 25,30 25,30 Albert S.A (Ns)...... d 150 150 C.A. Somme CCI...... 313 303 Idianova...... d 70 70 Sogeparc (Fin)...... 366 365 FDM Pharma n...... d 199,90 199,90 ...... Altran Techno. #...... 1659 1688 C.A.Toulouse (B) ...... d 424 424 Int. Computer #...... d 59,75 59,75 Sopra #...... 563 560 Genset...... d 360,20 360,20 d Arkopharma# ...... 297 296,90 Devanlay...... d 600 600 IPBM ...... d 68 68 Steph.Kelian # ...... d 60 60 Guyanor action B ...... 9,80 9,80 ´ Montaignes P.Gest...... d 1901 1901 Devernois (Ly)...... d 570 570 M6-Metropole TV ...... 567 574 Sylea ...... 524 522 High Co...... d 160 160 ABREVIATIONS Assystem # ...... 210 210 Ducros Serv.Rapide...... d 55 55 Manitou # ...... d 731 731 Teisseire-France...... d 165 165 Infonie ...... d 80 80 B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Bque Picardie (Li)...... d 701 701 Emin-Leydier (Ly)#...... d 422 422 Manutan ...... 368 368 TF1...... 525 515 Joliez-Regol...... d 74,50 74,50 Ny = Nancy; Ns = Nantes. Bque Tarneaud(B)#...... d 320 320 Europ.Extinc.(Ly)#...... 388 388 Marie Brizard # ...... 537 535 Thermador Hol. #...... 291 290 Mille Amis ...... d 50 50 SYMBOLES Bque Vernes ...... d 179 179 Expand s.a...... d 566 566 Maxi-Livres/Profr# ...... 32,45 32,45 Trouvay Cauvin # ...... d 92 92 Naturex...... d 73 73 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication Beneteau # ...... d 820 820 Factorem...... d 643 643 Mecelec (Ly)...... d 56,20 56,20 Unilog ...... 781 770 Olitec ...... d 650 650 cate´gorie 3 ; d cours pre´ce´dent ; a coupon B I M P...... d 97 97 Faiveley # ...... 191,50 192,50 MGI Coutier # ...... d 259 259 Union Fin.France ...... 550 550 Picogiga...... d 190 190 de´tache´; b droit de´tache´;o=offert; Boiron#(Ly)...... 308,90 307 Finacor...... 62 62 Monneret Jouet Ly# ...... d 169 169 Viel et Cie # ...... 155,90 155 Proxidis...... d 17,50 17,50 d=demande´; x offre re´duite ; y demande Boisset (Ly) #...... d 365,50 365,50 Fininfo ...... d 720 720 Naf-Naf #...... 73 73 Vilmorin et Cie #...... 479 475 R21 Sante´...... d 390 390 re´duite ; # contrat d’animation. But S.A...... d 264 264 Fructivie...... 625 624 Norbert Dentres.#...... 606 628 Virbac...... 418 425 Stelax ...... d 8,50 8,50

Pre´voyance Ecur. D ...... D 105,36 105,36 Kaleı¨s Dynamisme...... D 1081,47 1060,26 BRED BANQUE POPULAIRE Sensipremie`re C...... D 13398,89 13365,48 CIC BANQUES Kaleı¨sE´quilibre ...... D 1063,05 1042,21 D SICAV et FCP Fonds communs de placements Avenir Alizes...... 2347,76 2301,73 Kaleı¨sSe´re´nite´ ...... 1036,07 1025,81 Francic...... 144,25 140,05 Latitude C ...... D 149,91 149,91 Moneden ...... 93397,96 93397,96 E´cur. Capipremie`re C ..... D 12148,74 12124,49 CM Option Dynamique.. 131,29 129,51 Une se´lection ´ Francic Pierre...... 137,04 133,05 Latitude D...... D 136,57 136,57 Oblig. ttes cate...... 273,75 269,70 ´ ´ ` D CM Option Equilibre ...... 261,76 258,85 Ecur. Securipremiere C .. 12111,97 12099,87 Europe Re´gions...... 229,55 222,86 D Cours de cloˆture le 14 novembre Cre´d.Mut.Mid.Act.Fr...... 155,95 151,78 Oblitys D ...... 623,94 614,72 D Cre´d.Mut.Ep.Cour.T...... 926,11 926,11 Ple´nitude D PEA...... 201,33 196,42 ´ D Emission Rachat Cre´d.Mut.Ep.Ind. C ...... 139,28 135,55 Poste Gestion C...... 15023,67 15023,67 VALEURS Frais incl. net Revenus Trimestr. D ...... D 5170,90 5119,70 CNCA CIC PARIS Cre´d.Mut.Ep.J ...... 23159,80 23159,80 d D Livret Bourse Inv. D PEA 825,33 801,29 Cre´d.Mut.Ep.Monde ...... 1602,33 1559,45 Solstice D ...... 2353,59 2347,72 ´ d Nord Sud Develop. C...... 2573,54 2568,40 Amplia...... D 120931,64 120931,64 Associc ...... D 1129,75 1129,75 Cre´d.Mut.Ep.Oblig...... 1887,14 1850,14 AGIPI Nord Sud De´velop. D ..... d 2431,71 2426,86 ´ Atout Amerique...... 189,28 184,66 Cicamonde...... 1518,07 1473,85 Cre´d.Mut.Ep.Quatre...... 1095,36 1073,88 SOCIE´TE´ GE´NE´RALE Agipi Ambition (Axa) ...... 137,89 131,32 MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDC Atout Asie...... 85,38 83,30 Converticic...... 393,94 388,12 Fonds communs de placements ASSET MANAGEMENT Agipi Actions (Axa) ...... 113,49 108,09 Patrimoine Retraite C .... D 314,80 308,63 Atout Futur C ...... 782,63 763,54 Ecocic...... 1667,14 1618,58 CM Option Mode´ration . 102,05 101,04 Patrimoine Retraite D.... D 305,28 299,29 Atout Futur D...... 736,74 718,77 Mensuelcic...... 10081,90 9982,08 Actimone´taire C ...... 38361,48 38361,48 Sicav Associations C ...... d 2442 2442 Coexis ...... 1961,82 1929,03 Oblicic Mondial...... 3918,20 3860,30 LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE Actimone´taire D...... 30392,31 30392,31 Dieze...... 2176,07 2139,70 Oblicic Re´gions ...... d 1181,06 1163,61 Asie 2000...... 569,30 544,78 Cadence 1 D...... 1058,15 1047,67 BANQUES POPULAIRES Elicash...... D 960289,44 960289,44 Rentacic...... 162,22 159,82 Saint-Honore´ Capital ..... 20050,17 19466,18 Cadence 2 D...... 1047,22 1036,85 Epargne-Unie...... 205,99 200,97 St-Honore´ March. Emer. 741,35 709,43 Cadence 3 D...... 1049,06 1038,67 D Valorg...... 2455,08 2418,80 Eurodyn ...... 2541,32 2479,34 St-Honore´ Pacifique...... 629,18 602,09 Capimone´taire C ...... 414,61 414,20 Fonsicav C...... D 19869,86 19869,86 Indicia...... d 1673,31 1632,20 Capimone´taire D...... 374,10 373,73 Mutual. de´poˆts Sicav C... D 19441,48 19422,06 Mone´.JC...... D 12065,07 12065,07 Sogeoblig C/D ...... 9303,65 9211,53 LEGAL & GENERAL BANK Interoblig C...... 7489,99 7415,83 3615 BNP Mone´.JD ...... D 11681,52 11681,52 Eurco Solidarite´...... 1388,76 1375,01 Interse´lection France D.. 709,76 695,84 Oblifutur C ...... 553,41 544,16 Lion 20000 C...... 17314,51 17314,51 Natio Court Terme...... 14349 14349 Se´curitaux...... d 1847,77 1847,77 S.G. France opport. C ..... 2001,57 1962,32 Oblifutur D...... 530,28 521,42 Lion 20000 D ...... 16199,26 16199,26 Strate´gie Actions...... d 1086,18 1044,40 Natio Epargne...... 2228,92 2206,85 E´cur. Act. Futur D PEA ... D 278,30 272,84 S.G. France opport. D..... 1910,75 1873,28 Oraction...... 1500,33 1463,74 Lion Associations C ...... 11119,81 11119,81 Strate´gie Rendement ..... d 1982,94 1920,52 Natio Oblig. M.T. C/D .... 859,29 850,78 E´cur. Capitalisation C ..... D 254,35 254,35 Sogenfrance C...... 1863,70 1827,16 Revenu-Vert...... 1184,85 1165,04 Lion Associations D...... 11119,81 11119,81 Sogenfrance D ...... 1703,52 1670,12 Natio Ep. Croissance ...... 3086,17 3025,66 E´cur. Expansion C ...... D 83854,81 83854,81 Se´ve´a ...... d 116,90 114,05 Lion Court Terme C ...... 26689,41 26689,41 ´ E´cur. Ge´ovaleurs C ...... D 3495,81 3427,26 Sogepargne D ...... 297,94 294,99 Natio Ep. Patrimoine ..... 134,74 132,10 Synthe´sis...... 18352,05 18027,55 Lion Court Terme D...... 24200,27 24200,27 E´cur. Investis. D PEA ...... D 221,92 217,57 Soginter C ...... 2343,84 2297,88 Natio Epargne Retraite .. 156,37 153,30 Uni Association ...... D 121,82 121,82 Lion Plus C ...... 1579,13 1548,17 E´cur. Mone´premie`re ...... D 11451,37 11451,37 Amplitude Ame´rique ...... D 113,65 110,88 Fonds communs de placements Natio Epargne Tre´sor..... 11311,25 11288,67 Uni Foncier ...... 1389,83 1355,93 Lion Plus D...... 1506,35 1476,81 E´cur. Mone´taire C ...... D 13153,68 13153,68 Amplitude Europe C ...... D 164,53 160,52 Favor D ...... d 1347,82 1321,39 Natio Euro Valeurs ...... 1001,60 981,96 Uni France ...... 832,43 812,13 ´ E´cur. Mone´taire D...... D 12192,06 12192,06 Lion Tresor...... 2471 2446,53 Amplitude Europe D...... D 161,78 157,83 Sogeliance D ...... d 1693,76 1676,99 Natio Euro Oblig...... 1022,74 1012,61 E´cur. Tre´sorerie C ...... D 322,88 322,88 Uni Garantie C ...... 1904,15 1872,32 Oblilion ...... 2177,93 2156,37 Amplitude Monde C ...... D 983,88 959,88 Sogenfrance Tempo D ... d 220,40 216,08 Natio Euro Opport...... 1024,27 1004,19 E´cur. Tre´sorerie D...... D 310,34 310,34 Uni Garantie D...... 1456,36 1432,02 Sicav 5000 ...... 705,94 692,10 Amplitude Monde D...... D 938,63 915,74 ...... Natio Inter ...... 1091,73 1070,32 E´cur. Trimestriel D...... D 1999,03 1999,03 Uni Re´gions ...... 1623,24 1583,65 Slivafrance ...... 1178,76 1155,65 Amplitude Pacifique...... D 89,59 87,40 ...... Natio Opportunite´s...... 185,39 181,75 E´parcourt-Sicav D ...... D 193,86 193,86 Univar C...... D 312,68 312,68 Slivam ...... 573,56 562,31 Elanciel D PEA...... D 178,69 174,33 Natio Revenus...... 1101,69 1090,78 Ge´optim C...... D 12954,23 12762,79 Univar D ...... D 299,66 299,66 Slivarente...... 246,52 241,69 E´mergence Poste D PEA D 148,85 145,22 SYMBOLES Natio Se´curite´...... 11547,64 11547,64 Ge´optim D ...... D 11898,99 11723,14 Univers Actions ...... 238,11 232,30 Slivinter...... 772,41 757,26 Ge´obilys C...... D 677,65 667,64 D cours du jour ; d cours pre´ce´dent. Natio Valeurs ...... 1327,46 1301,43 Horizon C...... D 2231,95 2188,19 Univers-Obligations ...... 250,42 246,23 Trilion ...... 5128,83 5063,01 Ge´obilys D ...... D 641,16 631,68 LeMonde Job: WMQ1811--0024-0 WAS LMQ1811-24 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0310 Lcp: 196 CMYK

24 AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997

SPORTS A 205 jours du début de 15 novembre à Naples, l’équipe mal une rencontre mondiale sans la est venue de la zone Asie, avec la Etats-Unis parmis les qualifiés. Le la Coupe du monde de football qui d’Italie, en s’imposant 1-0 face à la Squadra Azzurra. b LE MÊME qualification difficile du Japon, vain- pays a longuement fêté l’accession aura lieu en France, le nom de trente Russie, a mis fin à l’angoisse des ti- SOIR, la Belgique, la Croatie et la queur après prolongations de l’Iran des joueurs rassemblés par l’entraî- et un des trente-deux qualifiés pour fosi comme à la crainte des organi- Yougoslavie avaient aussi obtenu 3-2. b DANS LA ZONE Concacaf, la neur brésilien René Simoes à la phase finale est connu. b SAMEDI sateurs français, qui imaginaient leur billet pour Paris. b LA SURPRISE Jamaïque rejoint le Mexique et les l’épreuve phare du football. L’Italie rejoint les trente pays déjà qualifiés pour la Coupe du monde La Squadra Azzurra, solide mais sans génie, s’est qualifiée face aux footballeurs russes, mais de nombreux tifosi sont inquiets du style de jeu de l’équipe entraînée par Cesare Maldini

NAPLES Obligés de jouer leur qualifica- d’être, pour un soir, la véritable vivant à Naples. Sept ans plus l’équipe nationale depuis janvier, couple Zola-Vieri, « Cesarone » a de notre envoyé spécial tion sur deux matches face à la capitale du pays avec la présence tard, Naples et la Squadra se sont Maldini senior n’a toujours pas tout tenté. Face à la Russie, le duo Edson Arantès do Nascimento, Russie après avoir bêtement per- dans les tribunes de banderoles réconciliés. A l’issue d’un match trouvé la solution miracle aux Casiraghi-Ravanelli n’a pas révo- plus connu sous le surnom de Pe- du des points en Georgie et en Po- (« Bossi divise l’Italie, Naples l’uni- de médiocre qualité technique, les maux dont souffre la sélection ita- lutionné le jeu d’attaque. Des lé, doit être soulagé. Tout comme logne lors de leur parcours qualifi- fie ») explicites. hommes de Cesare Maldini ont lienne : manque de créativité, effi- joueurs plus créatifs et surtout un certain Michel Platini, « Mi- catif, les hommes de Cesare Dans cette atmosphère d’union empoché leur billet pour la France cacité offensive médiocre, mobili- plus vifs comme Alessandro Del chele » pour des millions d’Ita- Maldini se retrouvaient donc sa- sacrée, les joueurs ont su, pour grâce à un but inscrit par Pierluigi té parfois limitée. Son bilan n’est Piero, Gianfranco Zola, Filippo liens. De passage à Rome il y a medi 15 novembre dans l’immense une fois, faire preuve d’une Casiraghi, le « taureau » de la pas mauvais (12 matches, 5 vic- Inzaghi et Enrico Chiesa semblent quelques jours, celui qui restera cuvette du stade San Paolo de certaine élégance. A l’issue du Lazio de Rome, bien servi par toires, 6 nuls, une seule défaite), avoir du mal à se situer au sein de pour l’éternité le « roi » Pelé Naples. En position de force après match, alors que la foule hurlait Demetrio Albertini. Un but, et les bons joueurs ne manquent cette Squadra solide mais sans n’avait pas caché ses sentiments à le résultat obtenu dans des condi- sa joie, Paolo Maldini, capitaine basta cosi. pas, mais le jeu développé par sa génie. l’approche d’un décisif Italie-Rus- tions climatiques éprouvantes à comblé, déclarait que tous les Face à des Russes bien trop ti- Squadra est effectivement « men- En attendant le Mondial, l’heure sie : « Sans les Italiens, le Mondial Moscou (1-1), mais pas rassurés joueurs avaient décidé de céder mides, les joueurs de la Squadra talement limité ». est au soulagement du côté de Ce- ne serait pas un vrai Mondial ! » pour autant. une grande partie de leur prime Azzurra n’ont pas souffert outre- sare Maldini. Ce qui n’empêche De son côté, le vice-président de qualification (plus de mesure. Mais les lacunes obser- TÂTONNEMENTS OFFENSIFS pas certains tifosi d’être lucides. du Comité français d’organisation « DOUZIÈME HOMME » 400 000 francs par tête) au béné- vées à Rome face à l’Angleterre le En douze rencontres, Cesare « Nos joueurs ne sont pas assez ra- du Mondial 98 avait, d’une pi- Sifflés et hués par le public ro- fice des victimes des récents trem- mois dernier sont toujours d’ac- Maldini a fait appel à une tren- pides au milieu de terrain et les rouette sémantique, résumé sa main le mois dernier à l’issue d’un blements de terre survenus en tualité. Et comme le soulignait taine de joueurs. Parmi eux, un idées se font rares. » Celui qui pensée : « Je m’appelle Platini, pas Italie-Angleterre (0-0) qui avait Ombrie et dans les Marches. justement Candido Canavo dans seul, Fabio Cannavaro, défenseur parle, spectateur attentif dans la Platinov ! » Lorsqu’il s’agit d’un souligné les lacunes d’une Squa- C’est dans ce même stade San son éditorial de la Gazzetta dello de Parme, a disputé tous les mat- tribune d’honneur du San Paolo, Mondial, c’est-à-dire d’une mani- dra tristounette, les coéquipiers Paolo que, le 3 juillet 1990, les tifo- Sport au lendemain de ce match : ches. Quatre autres joueurs (Mal- n’est autre que Lamberto Dini, festation dépassant largement le de Paolo Maldini espéraient plus si et les joueurs de la Squadra « Lors du Mondial, cette équipe au- dini junior, Alessandro Costa- ministre des affaires étrangères. cadre purement sportif, le devoir de chaleur et de soutien de la part avaient pleuré toutes les larmes ra du mal à s’imposer, car son jeu curta, Dino Baggio et Roberto Di Maintenant que la qualification de réserve et les bons sentiments du public napolitain. Ils n’ont pas de leurs corps à l’issue d’une de- est mentalement limité... » Matteo) en ont disputé onze. est acquise, les polémiques sur le font relâche. Pour l’intérêt média- été déçus. Près de 70 000 tifosi ont mi-finale de Coupe du monde per- Le triomphe personnel obtenu Sur le plan offensif, Cesare Mal- style de jeu de la Squadra Azzurra tique et les retombées écono- parfaitement rempli leur mission due aux tirs au but face aux Ar- par le sélectionneur Cesare Maldi- dini tâtonne toujours. Quel est le vont pouvoir reprendre de plus miques, la présence en phase fi- de « douzième homme ». Naples gentins d’un certain Diego ni, ovationné par un public napo- tandem de pointe le plus efficace ? belle. nale d’une Squadra Azzurra vaut a d’ailleurs profité de l’occasion Maradona, qui fut, pendant de litain soulagé mais peu lucide, ne De la paire Casiraghi-Zola au duo tout l’or du monde. pour clamer haut et fort sa fierté longues années, un véritable dieu fait pas illusion. En charge de Vieri-Ravanelli en passant par le Alain Constant Le Chili de retour en Europe seize ans après l’Espagne Des « Anglais » et un Brésilien Les Chiliens devancent les Paraguayens à la différence de buts offrent la France à la Jamaïque SANTIAGO DU CHILI rou, qui, après sa victoire sur le Paraguay (1-0), lui-même et avait accusé les supporteurs brési- KINGSTON Plus rien, alors, ne peut arrêter correspondance dimanche, se retrouvait lui aussi à la quatrième liens de l’avoir brûlé avec un feu de Bengale. de notre envoyé spécial les chants. Pas même le match et Le Chili a pris la quatrième place qualificative place, avec 25 points. Mais les Chiliens ont dis- L’« incident », intervenu alors qu’ils étaient La Jamaïque a écrit dimanche les dernières actions de jeu. Le pu- du groupe sud-américain des éliminatoires tancé les Péruviens grâce à une meilleure dif- menés (1-0), avait servi de prétexte aux Chiliens 16 novembre, dans un stade de blic se renvoie d’une tribune à pour la phase finale de la prochaine Coupe du férence de buts. L’équipe dirigée par Nelson pour quitter le terrain. Cette conduite antispor- football de béton pâle posé entre l’autre les mots France et Ja- monde, après sa victoire sur la Bolivie (3-0), di- Acosta a ainsi profité du talent de l’attaquant tive coûta au pays non seulement l’élimination, mer et collines, une nouvelle date maïque, hurlés comme un refrain manche 16 novembre, à Santiago du Chili. Les de l’Inter de Milan, Ivan Zamorano (12 buts), et mais également une interdiction totale de par- de son histoire. Une marque ins- et rythmés par les danses. Plus buts de Rodrigo Barrera (25e), Marcelo Salas de celui du River Plate de Buenos Aires, « El ticiper aux éliminatoires pour la Coupe du crite tout en haut, au deuxième tard, les musiciens reprendront (41e) et Juan Carreno (84e) ont permis aux Matador » Marcelo Salas (11 buts), les deux monde jouée en 1994 aux Etats-Unis. Roberto rang, juste derrière celle de son possession de la place et la foule Chiliens de s’imposer face à une équipe boli- meilleurs buteurs du groupe. Pujas fut également lourdement puni. indépendance, gagnée dans la envahira la pelouse. Les joueurs, vienne de toute façon d’ores et déjà éliminée Toute honte bue, la sélection, qui n’a pas ga- douleur il y a trente-cinq ans. Elle eux, échangeront quelques larmes. de la compétition. LA MASCARADE DE 1990 gné un seul match en phase finale de Coupe du l’a fait habillée de jaune et de vert, « Le rêve est désormais réalité, ose- Dans les premières minutes d’un match assez Le Chili rejoint donc l’Argentine, la Colom- monde depuis sa troisième place historique, en les couleurs de son drapeau, en ra l’un d’eux, Warren Barrett, le médiocre, les visiteurs avaient tout de même bie, le Paraguay et le Brésil dans le quintette qui 1962, à Santiago, achève avec cette qualifica- chantant, dansant et célébrant sans gardien de but. Mais j’ai un peu de réussi à enrayer les tentatives chiliennes soute- représentera l’Amérique du Sud en France en tion une longue période d’isolement sportif. répit depuis les premières heures mal à y croire. » nues par les quelque soixante-quinze mille 1998. Pour le pays, il s’agira de véritables Dès la fin du match, des centaines de milliers de du jour jusqu’au plus noir de la On le comprend. A mi-chemin spectateurs du Stade national de Santiago. En retrouvailles avec la Coupe du monde, seize Chiliens se sont retrouvés dans les rues de la nuit. L’occasion ? Une simple ren- de cet interminable parcours de seconde mi-temps, fort de ses deux buts, le ans après la dernière participation, en 1982, en capitale et des principales villes chiliennes pour contre de football, Jamaïque- qualification, en juin, l’équipe ja- Chili s’est décontracté pour passer à l’offensive, Espagne. Ayant raté sa qualification en une soirée de liesse. Quelques incidents isolés Mexique, ultime rendez-vous du maïquaine semblait égarée en obligeant l’équipe bolivienne à commettre de 1986, l’équipe nationale avait, quatre ans plus ont gâché les réjouissances. Plusieurs per- groupe Concacaf de qualification route. Deux défaites, deux nuls, plus en plus de fautes. L’expulsion de deux tard, tout fait pour gagner son ticket pour l’Ita- sonnes ont été arrêtées par la police. Un pour la Coupe du monde 1998. Un une victoire et seulement joueurs facilitait ainsi l’obtention du troisième lie. Elle n’avait pas hésité à tricher, lors d’un homme est mort, renversé par une voiture, match plutôt médiocre. Mais dont deux buts pour ses cinq premiers but. match éliminatoire contre le Brésil joué au alors qu’il fêtait la victoire. le résultat, un nul 0-0, offre au pays matches. La qualification, cinq Avec cette victoire, le Chili termine les quali- Stade de Maracana. l’honneur encore inédit de disputer mois plus tard, n’est due qu’à l’ini- fications du groupe Amsud à égalité avec le Pé- Le gardien de but Roberto Pujas s’était blessé Eduardo Olivares l’été prochain son premier tiative, aujourd’hui certifiée gé- Mondial. niale, du Brésilien René Simoes, Réduite à ses seules quatre- appelé en 1996 au poste de direc- QUALIFICATIONS vingt-dix minutes de jeu, la ren- teur technique. Marseille prend la tête du championnat contre ne pèse pas lourd. Pas le A l’issue des matches du samedi 15 et du di- moindre but, une domination fé- « LES REGGAE BOYZ » manche 16 novembre dans les différentes zones, POUR LA PREMIÈRE FOIS de- roce mais souvent maladroite de Convaincu de la nécessité de trente et un des trente-deux pays qui participeront Le championnat de France de football de D1 à la phase finale de la Coupe du monde de football puis mai 1993, l’Olympique de l’équipe jamaïquaine et, en face, renforcer au plus vite son effectif, 1998, organisée en France du 10 juin au 12 juillet, Marseille se retrouve en tête du 16e JOURNÉE CLASSEMENT onze joueurs mexicains pressés ce petit homme à la moustache sont désormais connus. classement du championnat de d’en finir et de quitter au plus vite joyeuse promène ses regards vers France de première division. Les Lyon-Châteauroux 2-1 un stade qui n’avait que faire de l’étranger avec l’espoir de décou- b Zone Europe (barrages retour) Points J G N P Diff. Chgts Séries Marseille-Auxerre 4-0 Yougoslavie-Hongrie 5-0 (7-1) Provençaux l’ont emporté, samedi 1 Marseille 33 16 10 3 3 + 14 2 GNGGG leur présence. vrir de possibles recrues. Il Ukraine-Croatie 1-1 (0-2) 15 novembre, contre Auxerre (4-0) Bordeaux-Paris-SG 0-0 2 Paris-SG 31 16 943+ 16 1 GGPPN Mais ce dimanche en Jamaïque a cherche, bien sûr, en Angleterre. Belgique-Irlande 2-1 (1-1) lors la 16e journée. Les hommes de débuté bien avant le premier coup « Je savais qu’une bonne centaine Italie-Russie 1-0 (1-1) Nantes-Metz1-1 3 Metz 31 16 943 + 10 1 GNNGN Rolland Courbis ont profité des de sifflet de l’arbitre. A 10 heures, le de joueurs ayant au moins un La Yougoslavie, la Croatie, l’Italie et la Belgique Toulouse-Monaco1-3 4 Bordeaux 30 16 862+ 6 GNNNN sont qualifiées. nuls du Paris-SG à Bordeaux (0-0) National Stadium de Kingston se parent jamaïquain vivaient au 5 Monaco 29 16 925+ 9 PPGGG (Entre parenthèses le score du match aller.) et de Metz à Nantes (1-1). Laurent Montpellier-Bastia1-1 laisse déjà maltraiter par une foule Royaume-Uni, explique-t-il au- 6 Lens 28 16 844+ 5 GPNGG Blanc, qui avait conduit Auxerre Lens-Cannes 5-4 que la police maîtrise tant bien que jourd’hui. Et nous avions besoin de b Zone Asie (barrage entre les deuxièmes 7 Bastia 23 16 655+ 5 1 GGNNN des groupes A et B) au titre en 1996, a marqué son hui- Le Havre-Strasbourg1-1 mal à coups de bâton. La rencontre leur expérience et de leur profes- 8 Auxerre 23 16 727+ 2 1 GGNNP Japon-Iran 3-2 tième but de la saison, une perfor- Guingamp-Rennes 1-0 ne doit pas débuter avant sionnalisme. » L’Iran rencontrera l’Australie en barrage les 22 et mance pour un défenseur. 9 Lyon 23 16 727 0 1 PNGNG 14 heures, mais ce long préambule L’entraîneur brésilien invite les 29 novembre pour la dernière place qualificative. 1 Paris Saint-Germain, nouveau LES CARTONS 10 Montpellier 21 16 565 0 GGGPN ne fait naître aucun bâillement. Le plus intéressés à venir tenter leur Rouges Jaunes 11 Toulouse 20 16 556 - 6 PNNPP b Zone Concacaf (dernière journée) dauphin de l’OM, a obtenu à Bor- public, 35 000 personnes enve- chance lors d’un camp de sélec- Costa Rica-Canada 3-1 deaux son quatrième nul de la sai- 12 Guingamp 18 16 538 - 5 1 PNPPG loppées de jaune, s’échauffe en tion, en début d’été, à Kingston. Jamaïque-Mexique 0-0 1 son. Les Girondins, invaincus de- 1Nantes 0 21 13 Nantes 17 16 457 - 2 GNGPN chantant. Cinq d’entre eux n’en repartiront Etats-Unis-Salvador 4-2 e 14 Strasbourg 15 16 367 - 8 1 GPNPN Classement final : 1. Mexique, 18 pts ; 2. Etats- puis la 6 journée, ont partagé les 2Monaco 0 25 A midi, il tournera ses regards pas. René Simoes leur offre un Unis, 17 ; 3. Jamaïque, 14 ; 4. Costa Rica, 12 ; 5. points pour la quatrième fois 3Marseille 0 27 15 Châteauroux 15 16 439- 11 1 PNPGP vers la scène posée dans un virage maillot national. Et le pays les 16 Le Havre NNGNN Salvador, 10 ; 6. Canada, 6. consécutive. Les Bordelais au- 16 Montpellier 3 37 14 16 286 - 5 du stade pour accompagner de la traite dès cet l’instant comme s’ils Mexique, Etats-Unis et Jamaïque sont qualifiés. raient même pu l’emporter si le 17 Bastia 4 38 17 Rennes 13 16 349- 13 PNPPP voix, et plus encore du geste, Jim- avaient toujours été des siens. De- 18 Cannes PNPGP b Zone Amsud (dernière journée) gardien Christophe Revault ne 18 Bordeaux 5 34 11 16 3211- 17 my Cliff et une poignée d’autres fi- puis, l’équipe jamaïquaine n’a plus Argentine-Colombie 1-1 s’était interposé sur un penalty tiré gures du reggae venus se joindre à connu la défaite. Elle a gagné un Chili-Bolivie 3-0 par Jean-Pierre Papin. L’OM se dé- LES1 ATTAQUES Paris-SG 29 buts • 2 Monaco 26 buts • 3 Marseille 25 buts. la fête. Le soleil cogne et la pluie surnom, les « Reggae Boyz », un Pérou-Paraguay 1-0 Uruguay-Equateur 5-3 placera à Strasbourg jeudi, tandis LES DÉFENSES 1 Marseille 11 buts • 2 Paris-SG 13 buts • 3 Metz 14 buts menace. Mais peu importe ces profil de gagneur et un nouveau Exempt : Venezuela que le PSG devra se rendre à Mo- quelques détails, la Jamaïque a héros, le petit Deon Burton, un ai- LES1 BUTEURS Ikpeba (Monaco) 9 buts • 2 Blanc (Marseille) • Classement final : 1. Argentine, 30 pts ; 2. Para- naco. Les joueurs de la Principauté mieux à faire que compter un à un lier court sur pattes élevé près de Guivarc'h (Auxerre) ¥ Laslandes (Bordeaux) 8 buts. guay, 29 ; 3. Colombie, 28 ; 4. Chili, 25 ; 5. Pérou, poursuivent leur redressement à les nombreux blessés que la cohue Londres, mais aujourd’hui plus 25 ; 6. Equateur, 21 ; 7. Uruguay, 21 ; 8. Bolivie, Toulouse (3-1), grâce au deuxième 17e JOURNÉE : jeudi 20 novembre • Monanco-Paris-SG • Auxerre-Montpellier • et la chaleur renvoient sans répit respecté en Jamaïque que s’il avait 17 ; 9. Venezuela, 3. Strasbourg-Marseille • vendredi 21 novembre • Bastia-Lens • Cannes-Lyon • L’Argentine, le Paraguay, la Colombie et le Chili doublé d’affilée de l’espoir franco- Metz-Toulouse • Le Havre-Guingamp • Châteauroux-Bordeaux • Rennes-Nantes. vers l’ombre des couloirs. Elle a chassé lui-même les Anglais de sont qualifiés. argentin David Trezeguet et au rendez-vous, en ce jour de no- Kingston. neuvième but du Nigérian Victor Drobjnak (Lens) et du Suisse Mar- 20e journée. Sochaux a réalisé la vembre, avec sa propre histoire. René Simoes peut bien s’excuser Les 31 pays qualifiés : Afrique du Sud, Came- roun, Nigeria, Tunisie, Maroc, France (qualifié d’of- Ikpeba, en tête du classement des co Grassi (Cannes). Le derby bre- mauvaise opération de cette jour- En première mi-temps, la foule encore, parfois, d’avoir été fice en tant que pays organisateur), Roumanie, buteurs. ton, Guingamp-Rennes, s’est née en s’inclinant (3-2) à Geoffroy- se lève d’un bond pour peu que le « contraint par la force des choses Norvège, Bulgarie, Espagne, Angleterre, Alle- Le public lensois a assisté à un achevé par la victoire des pre- Guichard contre Saint-Etienne. ballon manifeste l’envie de rouler de recruter à l’étranger », plus per- magne, Danemark, Pays-Bas, Autriche, Ecosse, match à sensation qui opposait sa miers, enfonçant un peu plus au Les autres résultats : Troyes- vers le but mexicain. En seconde, sonne ne l’écoute. Et surtout pas le Yougoslavie, Croatie, Belgique, Italie, Brésil (quali- fié d’office en tant que champion du monde en formation à Cannes, puisque neuf classement général les seconds. Amiens (2-1) ; Wasquehal-Gueu- elle semble un moment avoir perdu premier ministre, pressé d’annon- titre), Argentine, Paraguay, Colombie, Chili, buts ont été marqués. Les locaux En deuxième division, Nancy, le gnon (1-0), Caen-Valence (1-1) ; sa voix. Mais l’impression est trom- cer au pays sitôt la fin du match, Mexique, Etats-Unis, Jamaïque, Corée du Sud, l’ont emporté finalement face à la leader, s’est imposé (2-1) vendredi Niort-Red Star (2-0) ; Toulon- peuse. L’annonce par le speaker de dimanche, que la journée du len- Arabie saoudite, Japon. « lanterne rouge » Cannes (5 à 4). face à Mulhouse, alors que son Nîmes (0-1) ; Louhans-Cuiseaux - la défaite du Salvador, l’ultime rival demain serait fête nationale. Le tirage au sort de la phase finale (huit groupes de quatre équipes) aura lieu jeudi 4 décembre au Cette rencontre a été marquée par dauphin, Lorient, l’a emporté sa- Lille (2-2) ; Beauvais-Martigues de la Jamaïque, battu 4-2 par les Stade-Vélodrome de Marseille. deux triplés, du Monténégrin Anto medi à Laval (1-0) à l’issue de la (0-0) ; Nice-Le Mans (0-2). Etats-Unis, réveille ses ardeurs. Alain Mercier LeMonde Job: WMQ1811--0025-0 WAS LMQ1811-25 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0311 Lcp: 196 CMYK

AUJOURD’HUI - SPORTS LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 / 25

DÉPÊCHES a AUTOMOBILISME : Soheil Ayari s’est imposé au Grand Prix Le Trophée Lalique n’a pas été la répétition d’avant-JO de formule 3, à Macao sur le cir- cuit de Guia. Le Français qui était parti en pole-position a devancé Beaucoup des patineurs ont préféré présenter à Paris des programmes rodés un autre Français, Patrice Gay (Dallara Spiess Opel) et le Brési- plutôt que de dévoiler ceux qu’ils réserveront aux Jeux olympiques de Nagano, en février lien Enrique Bernoldi (Dallara Re- nault). Le trophée Lalique de patinage artistique classé deuxième derrière le Russe Alexeï Abitbol et Stéphane Bernadis ont terminés zerat ont pris la deuxième place de la a CYCLISME : Cyrille Guimard s’est déroulé vendredi 14 et samedi 15 no- Yagudin chez les garçons. Les autres Fran- cinquièmes, Lyne Haddad et Sylvain Privé, compétition derrière les champions olym- ne sera plus le directeur sportif vembre au Palais omnisports de paris-Ber- çais, Thierry Cérez et Frédéric Dambier se huitièmes, et Alexandra Roger et Vivien piques russes et champions du monde en de l’équipe cycliste Cofidis. cy. La Française Lætitia Hubert l’a emporté sont respectivement classés sixième et Rolland, neuvièmes sur neuf. Les danseurs titre, Oksana Gritschuk – récemment re- « Compte tendu des difficultés per- chez les filles et Philippe Candeloro s’est neuvième sur dix. Chez les couples, Sarah sur glace Marina Anissina et Gwendal Pei- baptisée Pasha – et Evgueni Platov. sonnelles que Cyrille Guimard ren- contre et des risques médiatiques INNOVER ou « assurer », tel est respectée de la spécialité : les résultats escomptés l’an passé. » ment à celle de sa saison 1995-1996 saison sur les éléments techniques qui pourraient atteindre injuste- le dilemme du patineur artistique. « Quand on a un bon mari dans son Samedi, ses protégés qui n’évo- avec le même programme tech- qu’elle réalisait à la perfection jus- ment Cofidis, Cyrille Guimard et Co- L’approche des Jeux olympiques lit, on n’en change pas toutes les luent ensemble que depuis un an nique qu’en 1996-1997. « Le nou- qu’au printemps. Son entraîneur, fidis sont convenus d’interrompre rend frileux même les mieux pla- nuits mais quand un détail cloche, il et demi, ont obtenu à Paris leur veau est prêt, affirme son entraî- Didier Lucine ne lui a fait changer leur collaboration », a précisé le cés pour les podiums olympiques faut agir. » Forte de cette philoso- première victoire internationale neur Richard Callaghan, mais nous que sa tunique et veut croire en groupe de crédit, vendredi 15 no- de Nagano de février 1998. Qua- phie, elle a fait conserver à la paire en battant Wötzel et Steuer. le gardons pour la finale de la Série ses chances olympiques. « C’est en vembre Cyrille Guimard a été mis trième des six épreuves de la Série Oksana Kazakova-Artur Dmitriev, des Champions ou pour le cham- conservant le même « libre » deux en examen le 23 octobre dernier à des champions qui sert pour la en vue des Jeux olympiques, le « LA MARQUE DES GRANDS » pionnat des Etats-Unis. » ans de suite qu’elle est montée sur le Bourges (Cher), notamment pour troisième saison de banc d’essai « libre » qui leur a valu le bronze Cette manière d’accommoder Eldredge, comme le Français podium mondial, dit-il. Elle le maî- « abus de biens sociaux », dans le aux grands championnats, le Tro- au mondial de Lausanne en mars. les restes n’est ni propre aux Philippe Candeloro qui a patiné à trisait tellement qu’elle pouvait ap- cadre d’une affaire concernant la phée Lalique n’a pas livré que des Pour Elena Bereznaïa et Anton couples ni nouvelle. Le Soviétique Bercy sur son « Napoléon » de porter des changements de dernier société Siclor (fabrication de nouveautés. En conservant les l’an passé, est plus probablement instant dans ses sauts si néces- cycles), installée à Vierzon (Cher), programmes bien notés de leur en retard sur son calendrier. Ou saire. » mise en liquidation judiciaire im- saison 1996-1997, plusieurs stars Menace de boycottage des championnats de France simplement en proie au doute. Son manque d’audace et son médiate avec cessation d’activités ont joué la sécurité du « déjà vu » L’effet de surprise que l’Américain patin soudain hésitant pourraient le 31 janvier 1997, notamment en au Palais omnisport de Paris-Ber- Les patineurs français ont menacé, dimanche 16 novembre, en prétend provoquer fait persiffler coûter cher à Vanessa Gusmeroli à raison de créances impayées d’un cy, vendredi 14 et samedi 15 no- marge du Trophée Lalique, de boycotter les championnats natio- en coulisse : « Vu le peu de renou- Nagano face aux Américaines Mi- montant de 4,5 millions de francs. vembre. naux prévus à Besançon du 12 au 14 décembre. Las de ne pas perce- vellement dont il fait preuve dans chelle Kwan et Tara Lipinski, fin a FOOTBALL : le FC Barcelone a La palme revient aux Allemands voir les primes gagnées lors des différents championnats et compé- ses programmes, peu importe qu’il prêtes sur leurs nouveaux thèmes, conservé la première place du Mandy Woetzel et Ingo Steuer. Le titions l’an passé (environ 2 millions de francs au total), ils ont pris refasse l’ancien. » D’autant que les aux Russes déjà affutées, et même championnat d’Espagne, di- couple champion du monde en pour avocat Me Jean-Jacques Bertrand et gardent en réserve une juges préfèrent voir un pro- à ses compatriotes Surya Bonaly manche 16 novembre, à l’issue de titre a resservi à la fois ses anciens plainte contre la Fédération Française des sports de glace (FFSG). gramme deux ans de suite plutôt et Laetitia Hubert. « Vanessa, qui la douzième journée du cham- programmes court et libre. A cela, Me Lebosse-Peluchonneau, chargée du redressement judiciaire de la que d’être pris au dépourvu par est une des rares femmes capables pionnat d’Espagne de première di- ils auraient une bonne raison : les FFSG depuis le printemps, s’est engagée à règler les gains des pati- une nouveauté en milieu de sai- de réaliser un triple axel ne le tra- vision. Le Barça a battu le Celta Vi- interventions chirurgicales subies neurs depuis son entrée en fonction, et a récemment débloqué à cet son. Conscient de ce risque, Can- vaille jamais, regrette Didier Gail- go, troisième du championnat en avril et juillet aux genoux par effet la somme de 480 000 francs. Mais les primes antérieures au dé- deloro se rendra spécialement à haguet, et elle ne songe pas à in- (3-2). Ingo. « Nous n’avions donc pas le pot de bilan de la FFSG, le 7 juillet, sont gelées et les patineurs sont Nagano à la fin du mois, pour pré- clure une combinaison de deux a L’AS Cannes devrait être re- temps de travailler sur autre désormais traités comme les autres créanciers de la Fédération senter son « Dartagnan » encore sauts triples. » Partisan farouche pris par le club anglais d’Arsenal chose », expliquent-ils (sans préci- – « alors qu’on ne lui a rien vendu », s’insurge Philippe Candeloro. en chantier au Trophée NHK, sur de l’innovation et de la moderni- dont l’actuel manager est le Fran- ser qu’ils ont quand même eu le la piste olympique : « Pour que sation de son sport, le directeur çais Arsène Wenger. L’affaire de- temps de participer à la lucrative mon personnage soit bien compris des équipes de France soumettra, vrait se conclure en début de se- Sikharulidze, troisième aux Cham- Viktor Petrenko avait seriné pen- tournée d’été de Tom Collins). avant les Jeux. » le 1er décembre, un projet à la Fé- maine prochaine. Le club Anglais pionnats d’Europe à Paris en fé- dant trois saisons les mêmes airs « Les mécanismes et les tech- André Brunet, son entraîneur, dération internationale (ISU). S’il serait prêt à prêter quinze millions vrier, Tamara Moskvinaa biaisé . pour finalement devenir cham- niques du patinage en couple sont évoque un standing à respecter. est adopté, les patineurs devront de francs et à fournir un encadre- « J’ai gardé la musique de l’année pion olympique à Albertville en délicates à maîtriser, estime Valérie « Changer de programme tous les proposer chaque saison deux nou- ment technique ainsi que plusieurs dernière car je n’en trouvais aucune 1992. L’Américain Todd Eldredge, Huart, juge internationale au Tro- ans est la marque des grands cham- veaux programmes libres qu’ils joueurs. Cannes est actuellement qui leur permette de dégagé la vi- champion du monde en 1996 et phée Lalique, lorsqu’on atteint une pions », dit-il. Sur son programme présenteront en alternance lors dernier du championnat de France tesse et l’énergie qui les caracté- vice champion du monde 1997, perfection, on ne souhaite pas la re- court, Vanessa Gusmeroli ne peut des épreuves de la Série des cham- de première division. risent tout en les différenciant des semble tenté par le stratagème. Il mettre tout de suit en cause. » C’est même plus parvenir à cela. Mé- pions. a GYMNASTIQUE : Dimitri Kar- autres couples, mais j’ai changé la évolue sur une musique de aussi l’avis de la Russe Tamara daillée de bronze au dernier mon- banenko et Elvire Téza ont été chorégraphie qui n’avait pas donné « libre » qui ressemble étrange- Moskvina, l’entraîneuse la plus dial, elle bute depuis le début de la Patricia Jolly sacrés champions de France, sa- medi 15 novembre, à Nantes en terminant premiers du concours général. Eva Serrano s’est imposée Lætitia Hubert, positivement première en GRS. Dimanche, lors des finales par appareils, Dimitri Karbanenko LE VERDICT des juges, samedi patinoires, le « libre » catastro- a gagné deux médailles d’or (sol et 15 novembre, l’a fait trépigner de phique qu’elle effectua, à dix-sept barres parallèles) les autres mé- joie. Sur la glace du Palais omni- ans, aux Jeux olympiques d’Al- dailles allant à Sébastien Darri- sport de Paris-Bercy, où elle s’en- bertville dans des conditions si- gade (barre fixe), Eric Poujade traîne chaque jours depuis sa milaires. « J’étais tombé au moins (cheval d’arçons), Samuel Dumont plus tendre enfance, Lætitia Hu- cinq fois, mais peut-être six ou sept (saut) et au junior Yann Cucherat bert a conquis le Trophée La- fois », s’amuse-t-elle. Sixième des (anneaux). Elvira Teza s’est impo- lique. Acquise deux semaine championnats du monde 1997, sée aux barres asymétriques, Ludi- après une prestation médiocre comme en 1995, Laetitia Hubert a vine Furnon à la poutre et au sol. (onzième et dernière) lors de la fait depuis Albertville une car- Isabelle Severino a complété le Coupe des nations disputées en rière en pointillés entre blessures trio en s’adjugeant le saut. Allemagne, cette victoire est de (1993, 1994) et opérations du ge- bon augure pour la jeune femme nou (1996). Elle a devancé samedi a LOTO : les tirages no 92 du loto de vingt-deux ans dans la pers- la puce américaine Tara Lipinski, effectués samedi 15 novembre ont pective des Jeux olympiques de âgée de quinze ans (Le Monde du donné les résultats suivants : Nagano qu’elle doit disputer avec 15 novembre) et Vanessa Gusme- b premier tirage : 12, 21, 22, 26, Surya Bonaly et Vanessa Gusme- roli, médaillée de bronze au der- 40, 47, numéro complémentaire roli. nier mondial. « Les médias qui 43. Rapports pour six bons numé- Peu de spécialistes pensaient font le sport ont besoin du nou- ros : 7 379 125 F ; pour cinq bons que cette performance serait pos- veau et du sensationnel pour numéros et le complémentaire : sible quand Lætitia s’est retrou- vendre, dit Hubert. Sans nier les 86 160 F ; pour cinq bons numé- vée vendredi deuxième derrière la talents de Tara, je pense qu’une ros : 10 090 F ; pour quatre bons championne du monde en titre, jeune femme de vingt-trois-vingt- numéros et le complémentaire : Tara Lipinski, à l’issue d’un pro- cinq ans procure plus de sensualité 360 F ; pour quatre bons numéros DIMITRI IUNDT/TEMPSPORT gramme technique sans faute. qu’une fille de quinze ans dans de 180 F ; pour trois bons numéros Un programme technique parfait et un « libre » irréprochable. Personne n’a oublié, autour des une discipline artistique. » et le complémentaire : 32 F ; pour Lætitia en a fait l’éclatante dé- trois bons numéros : 16 F. monstration samedi. Pour y par- b second tirage : 20, 25, 33, 37, 39, venir, l’élève de Jean-Roland 40, numéro complémentaire 48. Pete Sampras seul maître à bord du tennis Racle, souvent taxée de faiblesse Rapport pour six bons numéros : psychologique, a recours depuis 15 938 240 F ; rapports pour cinq « JE SAIS au fond de moi-même dauphin, l’Australien Patrick Raf- désormais dépasser. Tout comme il Rusesdki a réalisé la plus belle pro- peu à la programmation neuro- bons numéros et le complémen- que lorsque tout marche, je suis qua- ter, de plus de 1 000 points, l’équi- veut améliorer le record des vic- gression de l’année passant de la linguistique. « J’ai longtemps eu taire : 127 335 F ; pour cinq bons siment imbattable. A partir du mi- valent de deux victoires dans un toires en Grand Chelem détenu par cinquantième à la sixième place. peur de l’échec, dit-elle, mainte- numéros : 6 485 F ; pour quatre lieu du premier set tout a marché, tournoi du Grand Chelem. A vingt- Roy Emerson (douze). Sampras en Dans l’élite, encore, Evgeni Kafel- nant, je m’applique à retrouver bons numéros et le complémen- service, retours, coups du fond de six ans, le numéro un mondial est à dix levées à vingt-six ans avec nikov (5e ) et l’Espagnol Carlos l’émotion de ces situations vécues taire : 344 F ; pour quatre bons nu- court, je riais intérieurement de ce vient encore de boucler une saison une marge confortable sur toutes Moya, finaliste à l’Australian Open pour y greffer des sensations posi- méros : 172 F ; pour trois bons nu- que je tentais et de ce que je réussis- exceptionnelle. En conservant son les surfaces de jeu à l’exception de en janvier (7e ). Les vétérans dé- tives. » méros et le complémentaire : sais. Je joue mon meilleur tennis titre à Hanovre, il a signé sa 52e vic- la terre battue sur laquelle il ne dé- crochent : Thomas Muster n’est 36 F ; pour trois bons numéros : quand je ne réfléchis pas, c’est pure- toire en tournoi de sa carrière. Il sespère pas de progresser. Il en a plus que neuvième, Boris Becker P. Jo. 18 F. ment une question d’instinct. » Ainsi est le joueur en exercice le plus ti- assurément la force psychologique. – déclaré en semi-retraite – est sor- l’Américain Pete Sampras a-t-il tré. En 1997, il a gagné deux tour- En aura-t-il la force physique ? Il ti depuis longtemps des dix pre- parlé, dimanche, à l’issue de sa vic- nois du Grand Chelem (l’Australian est à l’âge où ses grands prédéces- miers comme Jim Courier qui toire sur le Russe Evgeni Kafelni- Open, Wimbledon) et cinq tour- seurs modernes ont commencé à semble définitivement perdu dans kov en finale des Masters, à Ha- nois du circuit (Cincinatti, San Jose, être trahis par leur corps. Lui les profondeurs du classement. La novre (6-3, 6-2, 6-2) en moins Philadelphie, Paris et Hanovre). En même ne se ménage guère : avant saison aussi aura vu l’avènement d’une heure et demie : « J’ai eu en- septembre, il s’était aussi offert la de pouvoir prendre des vacances, il d’autres champions moins inoxy- vie de quitter le court après le pre- Coupe du Grand Chelem de Mu- lui reste à disputer la finale de la dable comme le Brésilien Gustavo mier set. Je savais que ça allait empi- nich. Coupe Davis du 28 au 30 no- Kuerten, vainqueur à Roland-Gar- rer », a déclaré le joueur russe vembre à Göteborg et se produire ros ou le Belge Filip Dewulf, demi- manifestement K.-O. DÉPASSER ROY EMERSON dans une exhibition caritative à finaliste porte d’Auteuil. La partie fut donc celle d’un seul Cette exhibition géante organi- New York. Les temps changent, les struc- homme et de son tennis. Un jeu sée par la Fédération internatio- Pete Sampras reste le maître au tures aussi. Mark Miles, directeur grandiose, épuré de toutes fiori- nale de tennis lui avait rapporté terme d’une saison riche en boule- de l’ATP a annoncé, dimanche aux tures, comme si Pete Sampras, en 1,5 million de dollars (près de versements. L’Américain Michael Masters, la réforme attendue de cette fin de saison, ne voulait plus 10 millions de francs). En 1997, Chang a notamment cédé la l’association. A partir de l’an 2000, s’encombrer de l’inutile. Un service Sampras a gagné plus de 5 milions deuxième place mondiale à l’Aus- le classement sera remis à zéro régulier oscillant autour des de dollars en tournois. Dimanche, tralien Patrick Rafter. Il a vingt- chaque année, les joueurs étant 200 km/h, une présence de tous les à Hanovre, peu avant sa victoire, il quatre ans, il est beau gosse et pra- classés au fil de la saison selon le instants à la volée comme au fond a été élu meilleur joueur de tennis tique l’un des jeux les plus offensifs nombre de points pris dans les du court et des coups droits trop des vingt-cinq dernières années du tennis actuel grâce à un gros tournois. Ce classement remplace- monumentaux pour être rattrapés par un jury de cent joueurs, direc- service – l’arme est devenue indis- ra le système actuel trop opaque : par un Kafelnikov dégoûté qui n’a teurs de tournoi et journalistes qui pensable pour faire fortune à le mode de calcul actuel prend en marqué que trois points sur les l’ont préféré au Suédois Bjorn Borg l’ATP – et une délicieuse aptitude à compte d’année en année les qua- mises en jeu de Sampras lors de la ou à l’Américain John McEnroe. se ruer vers la volée par tous les torze meilleurs résultats du joueur deuxième manche, la plus expédi- Sampras se bat maintenant temps. Il a gagné les Internatio- en retranchant au fil des semaines tive de la démonstration. contre l’histoire. Il a terminé pour naux des Etats-Unis en septembre. les points gagnés la saison précé- Pete Sampras est ainsi resté l’in- la cinquième fois l’année au pre- Autre adepte du service-volée et dente. contestable numéro un mondial du mier rang mondial comme Jimmy serveur le plus rapide du circuit tennis. Il devance son nouveau Connors (1974-1978) qu’il entend (230,4 km/h), le Britannique Greg Bénédicte Mathieu LeMonde Job: WMQ1811--0026-0 WAS LMQ1811-26 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:15 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0312 Lcp: 196 CMYK

26 / LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 AUJOURD’HUI-SPORTS Face aux Sud-Africains, le XV de France peine à affirmer sa nouvelle identité Largement dominés par les Springboks, les Français ont trouvé l’énergie nécessaire pour réduire le score (32-36) lors des vingt dernières minutes d’une partie qui les a vus, comme trop souvent, alterner fautes d’inattention et coups d’audace Le premier test-match de la tournée de land. Le XV tricolore a subi le jeu avant de se d’inattention, déplorées par leurs entraî- voqué le sursaut, profitant à la fois de l’en- que le test-match du Parc des Princes, où les l’équipe de rugby d’Afrique du Sud en rebiffer dans les vingt dernières minutes, neurs Jean-Claude Skrela et Pierre Ville- trée d’Olivier Merle et d’une baisse de ré- tricolores joueront, samedi 22 novembre, France a tourné en faveur des Springboks, pour revenir au score après avoir été mené preux, qui n’ont eu de cesse d’inciter leurs gime de leurs adversaires. N’empêche, Pierre pour la dernière fois avant de rejoindre le qui se sont imposés (36-32) samedi 15 no- 36-15 (cinq essais sud-africains). Comme trop hommes à tenter l’aventure du jeu au large. Villepreux s’est félicité de cette « réaction Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint- vembre, à Lyon, sur la pelouse du stade Ger- souvent, les Français ont commis des erreurs Peine perdue : ce sont les avants qui ont pro- d’hommes ». Elle laisse en tous cas à penser Denis), pourrait être très indécis.

LYON énoncé mérite d’être mille fois nations, qui savent faire fi des tra- surgir l’ombre d’un complexe l’avions envisagé et nous avions pousser l’homme frais jusqu’à un de notre envoyé spécial ressassé avant que d’être réelle- ditions ? Ou bien le retard français offensif français d’autant plus demandé aux joueurs de réagir en mètre de la ligne sud-africaine, Défendre puis attaquer, ont dit ment absorbé. procède-t-il, comme le suggère prégnant que les Sud-Africains, retrouvant les vertus du combat puis derrière. Ils parviendront les entraîneurs ; plaquer puis Le déclic des joueurs, leur relâ- Philippe Saint-André, le capitaine réalistes en diable, ne manquaient pour repartir. » encore à marquer à deux reprises, relancer à la main, ont répondu en chement mental attendu depuis la français émerveillé par « l’inten- d’exploiter aucun des ballons gra- Humant l’air de la consterna- par et Sté- écho les Coupe latine par Skrela et Ville- sité du match », du manque cieusement rendus par des Bleus tion du public et de l’humiliation phane Glas. joueurs du XV preux, deux apôtres d’un « rugby d’expérience d’un tel niveau ? généreux ou rageusement conquis promise, Philippe Saint-André a « C’est en appliquant les de France. Le libéré », n’a pas eu lieu à Lyon. «Il « Nous n’avons pas l’habitude de sur des plaquages vigoureux. fouetté le moral de ses coéqui- consignes que nous sommes reve- message de faut rentrer dans un match l’esprit jouer avec un tel engagement phy- En soixante minutes, les Spring- piers : « Il nous a demandé de faire nus au score », pouvait se féliciter Jean-Claude serein, non pas avec des doutes sique, regrettait-il après la défaite boks ont fait exploser la défense vingt minutes de folie, et nous Jean-Luc Sadourny. Grâce à son Skrela et mais des certitudes sur le jeu de Lyon (32-36). Les joueurs de française, parfois prise en flagrant l’avons écouté, raconte Stéphane sursaut d’orgueil, à cette « réac- Pierre Ville- choisi », affirment-ils en chœur. l’hémisphère Sud, eux, en disputent délit d’inattention – « un compor- Glas. Nous n’avions alors qu’un tion d’hommes », la vieille maison preux sem- Hélas, samedi, leurs désirs de jeu jusqu’à vingt-cinq par an. » tement de cadets », fustigera seul objectif : récupérer le ballon et France n’aura donc pas sombré blait parfaite- total s’étaient incarnés chez les Pierre Villepreux. L’heure de la retourner chez eux pour marquer. » devant la solidité et l’inventivité ment assimilé par les rugbymen Sud-Africains. Ceux qui furent « UN COMPORTEMENT DE CADETS » leçon de rugby sud-africain a été La baisse de régime des Sud-Afri- de ses hôtes sud-africains. Elle tricolores, à la veille de leur pre- longtemps tenus pour les experts Pendant soixante minutes, les très profitable : 36 à 15, cinq essais cains a alors aidé les Français à se n’aura pas davantage consolidé mier test contre l’Afrique du Sud, insurpassables du rugby étriqué Français n’ont fait qu’entrevoir de Dick Muir, Percival Montgo- reconstruire un moral presque les bases de la nouvelle identité samedi 15 novembre, à Lyon. ont réussi leur métamorphose en cette « dimension » qui fait rêver mery, Pieter Rossouw, James Dal- intact en fin de partie. Le ballon a revendiquée par le tandem Skrela- « Gare à nous si on ne les plaque un clin d’oeil, six mois à peine. leurs entraîneurs. Ils ont abordé la ton et James Small, contre cinq soudain mieux circulé et le pack Villepreux : leur « message » de pas tout de suite », répétaient, « Le changement de jeu est avant rencontre crânement, mais sans pénalités de Christophe Lamai- français, ragaillardi par l’entrée en rugby global tarde à s’imposer comme une litanie bien apprise, tout une question d’état d’esprit, il génie. Ils ont gagné des ballons, son. « C’est un écart énorme qui jeu d’Olivier Merle, est devenu comme la devise du Quinze des Bleus impressionnés par la nécessite une grande confiance en mais c’était le plus souvent pour peut précéder la débandade, l’apo- plus conquérant. national. qualité du jeu proposé par les ses propores capacités », résume les rendre à leurs adversaires, sur calypse, admet Pierre Villepreux. Les Bleus ont trouvé des res- Springboks en Italie, la semaine Nick Mallett, l’entraîneur sud- des en-avants, des passes impré- Mais il faut l’accepter. Nous sources insoupçonnées pour Eric Collier précédente. Mais sur la pelouse africain. cises ou des relances approxima- de Gerland, ils auront vérifié à L’avance des pays de l’hémi- tives : c’est qui leurs dépens qu’il n’est de meil- sphère Sud dans ce domaine pro- s’égarait balle en main dans ses leure pédagogie que la répétition vient-elle, comme le pense Jean- vingt-deux mètres, c’est Thierry promet une revanche au Parc et que même le discours le plus Claude Skrela, des vertus d’adap- Lacroix qui ratait un dégagement simple et le plus clairement tation des peuples des jeunes au pied, ou Laurent Leflamand qui LYON toujours à faire mal dans les contacts. Ils sont beau- tergiversait une seconde de trop de notre envoyé spécial coup plus ouverts. » et finissait sa course en touche. Thierry Lacroix n’a pas tout à fait reconnu les Comme ses coéquipiers, Thierry Lacroix a souf- Les All Blacks implacables « Des petits détails », concède Springboks. Engoncé dans son maillot bleu France, fert des effets de cette ouverture à la sud-africaine. Jean-Claude Skrela. il a découvert le nouveau visage de ses vieux Plus qu’eux encore il a eu peur. Que la défaite Trop rapides, trop forts et tellement mieux organisés. Après Grâce à sa volonté de bien faire, copains du Natal, au détour d’une énième envolée tourne à la déroute. Qu’il lui faille rentrer à Londres, une demi-heure de réglages, les All Blacks ont administré la d’appliquer les consignes, l’équipe au grand large des arrières, ou d’une longue course vers son club des Harlequins, avec pour tout bagage leçon attendue aux Irlandais (63-15), samedi 15 novembre, à de France a tenu le score pendant des avants vêtus de la célèbre tunique verte. Ce ne un nouveau carton. Pourtant il ne s’est pas décou- Lansdowne Road. Sept essais à deux, trente-trois points pour la première partie du premier test sont plus les mêmes. Il les avait quittés au firma- ragé. A 36-15 pour l’équipe championne du monde, le buteur Andrew Mehrtens. La punition aurait même pu être contre l’Afrique du Sud. Elle n’a ment de leur rugby physique baigné dans la tradi- il maintenait la consigne du jeu. Il s’essayait à de plus sévère, même si le XV au trèfle a mené au score pendant en revanche jamais tenu la ren- tion boer, quand le passage en force valait toujours nouvelles combinaisons, tentait encore de prendre six minutes. A moins deux ans de la Coupe du monde, les contre, faute de franchir enfin mieux qu’une passe, quand la chandelle à éclairer le large. « J’ai voulu varier mes placements, parfois Néo-Zélandais semblent posséder une confortable marge de cette muraille défensive qui lui les nuages avait force de loi. Sous le ciel lyonnais, près de la ligne d’avantage, d’autres fois plus en pro- sécurité sur toutes les équipes de l’hémisphère nord. Anglais résiste impitoyablement depuis les Boks avaient oublié leur altimètre et leurs façons fondeur, expliquait-il, j’ai essayé de les surprendre, en et Gallois, qui sont au menu de leur tournée, peuvent d’ores l’essai manqué d’un rien, une guerrières. Ils se sont révélés enthousiastes, étant moins systématique qu’avant. » Car lui aussi a et déjà trembler. Et pourtant, samedi, à Twickenham, sous main, par Abdelatif Benazzi, pen- joueurs, presque artistes. Naguère, ils cognaient, changé. Le Lacroix de Pierre Villepreux et de Jean- une pluie battante, l’Angleterre a bien résisté (15-15) à l’Aus- dant la demi-finale de la coupe du frappaient, brisaient. Aujourd’hui, ils évitent, ils Claude Skrela, les entraîneurs, ne ressemble guère à tralie, privée de buteur. Quant aux Gallois, ils se sont imposés monde 1995. Pendant une heure contournent, se régalent aux arabesques d’un grand celui de , leur prédécesseur. (46-12) face aux îles Tonga, dimanche 16 novembre, à Swansea. de jeu, ces échecs répétés ont fait mouvement. Et pendant presque soixante minutes En traversant la Manche pour rejoindre les Harle- Thierry Lacroix s’est épuisé à courir à leurs basques. quins, il a réveillé en lui l’attaquant, le joueur qui Le demi d’ouverture de l’équipe de France joue sans cesse sur le terrain, et prône au-dehors le résume l’affaire en un mot : « Les Sud-africains ne discours du jeu. « Taper au pied, assène-t-il, par sont plus des idiots, comme au temps de l’apartheid. » exemple, c’est la dernière option quand il n’y a vrai- Une maxime que l’on croirait politique, et dont le ment rien d’autre à faire. » Contre les Boks, la bonne sens est, dans sa bouche, tout entier pour le rugby. volonté et le feu des vingt dernières minutes n’ont Peut-être que les joueurs, comme lui, auteur d’une pas suffi à renverser le cours du match. Lacroix a glorieuse saison au Natal, couronnée par un succès vécu la partie comme les autres, débordé au début, dans la Coupe des provinces en 1995, y sont pour conquérant sur la fin. Il en a tiré l’espoir de quelque quelque chose. Au contact des autres, les Spring- chose de grand, samedi 22 novembre au Parc des boks ont pris goût aux mille et un plaisirs du jeu Princes, pour un dernier match, puisque c’est complet. Ils se sont libérés d’une histoire univoque. désormais au Stade de France que le XV de France Le solide Henry Honiball, avec lequel il était en évoluera. S’il est retenu dans l’équipe de départ, concurrence à Durban, est devenu une sorte de feu Thierry Lacroix escompte bien y jouer un mauvais follet, simplement joyeux de jouer. « Ils se mettent tour à ses amis sud-africains. même à sourire sur le terrain, reprend Thierry Lacroix. Avant, ils étaient arrogants, ils cherchaient Pascal Ceaux Désormais, les Springboks prennent des risques LYON tion. » Modeste dans la réussite, il Voici donc une équipe sud-afri- de notre envoyé spécial refuse de s’attribuer la responsa- caine « joueuse » dans tous les Une équipe sud-africaine qui bilité de la victoire de Lyon. «Je sens du terme. « Face aux Fran- relance, une équipe de France qui ne suis là que depuis un mois. Ma cais, c’est toujours risqué. On n’est marque des essais sans la présence ne peut influencer les jamais à l’abri d’un contre, moindre passe. A Lyon, samedi, joueurs tant que ça, dit-il. Ils ont confiait Nick Mallett à l’issue de c’était le monde à l’envers. Mais bien joué, mais ils n’ont fait que la rencontre. Mais notre nouvelle Gary Teichmann et ses hommes montrer le jeu qu’ils pratiquent approche, c’est ça : la prise de sont restés fidèles aux intentions depuis quelque temps dans leurs risques est un peu plus importante de leur entraîneur : en privilé- provinces. » et les récompenses sont bien supé- giant le jeu à la main, en augmen- rieures. » Si les vingt dernières tant le volume tout en gardant minutes de domination française leurs vertus traditionnelles de « Il faut aller ont laissé des traces dans l’esprit puissance et d’engagement total, des Springboks, l’entraîneur ils ont pratiqué un rugby qui n’a vers un rugby retient surtout les soixante pre- rien à voir avec le jeu proposé par mières, durant lesquelles ces mêmes Springboks il y a à de mouvement, l’Afrique du Sud a réussi à mar- peine un an en France. quer cinq essais, contre cinq « Il n’y a pas de comparaison et imiter pénalités de Christophe Lamai- avec l’année dernière, expliquait son. Jean-Claude Skrela. Ils nous ont celui pratiqué « Nous avons été performants en vraiment surpris, surtout sur les attaque, mais surtout en défense, ballons de relance. Au lieu de venir par les All Blacks », commente Nick Mallett. Grâce à nous défier physiquement, ils sont nos placages offensifs nous avons allés les jouer ailleurs. » Bref, au affirme Nick Mallett récupéré plusieurs fois le ballon. » lieu de venir s’échouer sur la Comment expliquer alors la défense adverse, les Sud-Afri- baisse de régime de la fin du cains contournent, cherchent les Certes. Mais lorsqu’on voit un match ? Que s’est-il donc passé, espaces, font vivre le ballon. Plus deuxième ligne (Mark Andrews, à alors que les Springboks étonnant encore, ils excellent l’origine de l’essai de Pieter Ros- menaient 36-15 ? Comment expli- dans le supposé point fort des souw) jouer une pénalité à la quer le regain français ? Fatigue Français, la relance de leurs main, lorsqu’on constate que sud-africaine ? Excès de propres 22 mètres. A une diffé- Henry Honiball a attendu la confiance, peut-être... « Je ne le rence près : alors que l’arrière 57e minute de jeu pour tenter son pense pas, insiste Gary Teich- français Jean-Luc Sadourny se premier tir aux buts sur pénalité, mann, les choses se passent trop trouvait désespérément seul, on se dit que quelque chose de vite sur le terrain pour qu’une samedi, son alter ego sud-afri- fondamental a changé chez ces équipe se permette d’adopter une cain, , jouissait Springboks-là. « C’est avant tout telle attitude. En revanche, je toujours du soutien de ses ailiers une question d’état d’esprit, savais que contre les Français nous James Small et Pieter Rossouw. confirme Nick Mallett. Les joueurs n’étions jamais à l’abri, même avec « Il faut aller vers un rugby de rentrent sur le terrain, ayant vingt points d’avance, et pendant mouvement, imiter le rugby prati- confiance en leurs moyens. Ils sont les dernières vingt minutes nous qué par les All Blacks, affirme prêts à marquer des essais. Si nous avons commis des erreurs qui ont l’entraîneur des Springboks, Nick nous étions contentés de taper des coûté très cher. » Mallett. Aujourd’hui avec les nou- pénalités, nous n’aurions pas velles règles, c’est la seule solu- gagné ce match. » Ian Borthwick LeMonde Job: WMQ1811--0027-0 WAS LMQ1811-27 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 25Fap:99 No:0313 Lcp: 196 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 / 27 Pluie par l’ouest 18 NOVEMBRE 1997 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé Une perturbation faiblement Bourgogne, Franche-Comté. vers 12h00 DU VOYAGEUR pluvieuse arrive mardi par l’ouest – Les brouillards matinaux seront du pays, et progresse lentement fréquents, mais le soleil deviendra Peu vers l’est du pays. Les hautes pres- de plus en plus généreux au fil des Belfast nuageux a ITALIE. Les syndicats des sions situées des pays scandinaves heures. Il fera de 9 à 11 degrés. Liverpool contrôleurs aériens italiens ont ap- Dublin à l’Allemagne maintiennent en- Poitou-Charentes, Aquitaine, Varsovie Kiev pelé à une grève de quatre heures core du beau temps sur l’est du Midi-Pyrénées. – Sur Poitou-Cha- Amsterdam Berlin Brèves jeudi 20 novembre, selon l’orga- pays. rentes et l’Ouest-Aquitaine, les éclaircies nisme de gestion du contrôle aé- Bretagne, pays de Loire, nuages resteront nombreux, avec Londres rien. L’organisme a indiqué qu’il 50 o Bruxelles Basse-Normandie. – Le temps se- quelques pluies faibles. Ailleurs, le Prague tentait d’obtenir l’annulation de ra faiblement pluvieux une bonne ciel sera très nuageux, avec un Couvert cette grève par des négociations, partie de la journée. Des éclaircies vent d’autan soufflant à 70 km/h. Il Paris Strasbourg Vienne mais qu’en cas d’échec de celles-ci Budapest reviendront par la Bretagne fera de 14 à 16 degrés. Brume un nombre minimum de vols se- l’après-midi, avec des averses près Limousin, Auvergne, Rhône- Nantes Berne brouillard ront garantis, conformément à ce des côtes. Le vent de sud-ouest Alpes. – Sur le Limousin et l’ouest Bucarest que prévoit la loi. soufflera à 60 km/h sur le littoral. Il de l’Auvergne, le ciel sera très Lyon Milan a AUTRICHE. Des chutes de fera de 13 à 15 degrés. nuageux, avec quelques ondées Belgrade Sofia Averses neige, jusqu’à 20 cm, dans la nuit Nord-Picardie, Ile-de-France, l’après-midi. Ailleurs, après dissi- Toulouse Istanbul du dimanche 16 au lundi 17 no- Centre, Haute-Normandie, Ar- pation des brouillards matinaux, vembre ont provoqué des condi- Pluie dennes. – Du Nord-Picardie à la le soleil sera au rendez-vous. Il fe- Rome tions hivernales sur les routes na- Haute-Normandie jusqu’au ra de 11 à 14 degrés. Barcelone Naples tionales dans l’ouest et le centre Centre, le temps restera le plus Languedoc-Roussillon, Pro- 40 o Madrid du pays. Sur la majorité des axes souvent couvert, avec quelques vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Lisbonne Athènes Orages routiers de la province de Salz- pluies faibles. Des Ardennes à – Sur le Languedoc-Roussillon, les bourg (Ouest), du Tyrol (Ouest), l’Ile-de-France, le ciel sera voilé nuages resteront nombreux, avec Séville de Haute et de Basse Autriche par des nuages élevés, laissant une quelques bruines. Ailleurs, malgré Tunis Neige (Centre), de Carinthie (Sud) et de impression agréable. Il fera de 10 à le passage de nuages élevés, le so- Alger la province de Styrie (Sud), la cir- 15 degrés. leil brillera largement. Il fera de 15 culation n’était pratiquable Champagne, Lorraine, Alsace, à 17 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort qu’avec des pneus d’hiver.

PRÉVISIONS POUR LE 18 NOVEMBRE 1997 PAPEETE 25/29 P KIEV -2/1 * VENISE 4/12 S LE CAIRE 17/24 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/33 N LISBONNE 13/17 S VIENNE -2/5 N MARRAKECH 12/21 P et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 19/23 S LIVERPOOL 10/14 P AMÉRIQUES NAIROBI 17/19 P EUROPE LONDRES 8/14 N BRASILIA 20/28 C 10/24 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 1/6 S LUXEMBOURG 2/6 C BUENOS AIR. 13/23 S RABAT 14/20 P FRANCE métropole NANCY 1/9 N ATHENES 10/14 P MADRID 8/12 P CARACAS 25/29 P TUNIS 11/17 P AJACCIO 9/16 S NANTES 11/15 P BARCELONE 12/17 N MILAN 3/12 S CHICAGO -3/0 N ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 14/18 P NICE 7/14 S BELFAST 8/14 P MOSCOU -5/-3 * LIMA 21/26 C BANGKOK 23/31 S BORDEAUX 11/16 P PARIS 7/14 N BELGRADE 2/6 N MUNICH -5/3 C LOS ANGELES 11/19 C BOMBAY 24/32 S BOURGES 8/15 N PAU 9/18 N BERLIN -3/3 N NAPLES 7/12 N MEXICO 11/22 S DJAKARTA 26/32 C BREST 11/15 N PERPIGNAN 10/16 P BERNE -4/3 N OSLO -1/1 C MONTREAL -5/-1 C DUBAI 22/28 S CAEN 7/13 P RENNES 12/15 P BRUXELLES 2/8 C PALMA DE M. 11/18 C NEW YORK -1/3 S HANOI 15/21 S CHERBOURG 10/15 P ST-ETIENNE 4/15 S BUCAREST 1/8 C PRAGUE -7/1 C SAN FRANCIS. 10/16 P HONGKONG 11/20 S CLERMONT-F. 6/16 S STRASBOURG 2/10 N BUDAPEST -1/5 N ROME 4/12 N SANTIAGO/CHI 11/27 N JERUSALEM 16/23 S DIJON 3/10 N TOULOUSE 9/17 N COPENHAGUE 2/5 N SEVILLE 12/20 P TORONTO -4/0 C NEW DEHLI 14/25 C GRENOBLE 2/11 S TOURS 10/14 P DUBLIN 9/15 P SOFIA 1/5 N WASHINGTON -4/6 S PEKIN -5/5 S LILLE 5/11 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 1/5 C ST-PETERSB. -7/-4 C AFRIQUE SEOUL -1/6 S LIMOGES 10/14 P CAYENNE 24/32 P GENEVE 1/6 C STOCKHOLM -2/3 C ALGER 12/21 S SINGAPOUR 26/29 P LYON 5/13 S FORT-DE-FR. 25/31 N HELSINKI -5/0 C TENERIFE 15/20 N DAKAR 26/30 S SYDNEY 14/20 P MARSEILLE 8/15 S NOUMEA 22/28 S ISTANBUL 7/10 P VARSOVIE -6/-2 C KINSHASA 21/28 P TOKYO 10/17 S Situation le 17 novembre à 0 heure TU Prévisions pour le 19 novembre à 0 heure TU

ENVIRONNEMENT DÉPÊCHES ASTRONOMIE : un nouveau type d’étoile aurait été découvert à partir d’observations et de simu- Importée accidentellement, la fourmi d’Argentine conquiert le monde lations numériques par des astro- nomes américains. Selon Steve SAN JOSE Ces insectes, gourmands en de la Linepithema humile,a pu d’être inscrit sur la liste des espèces quinze espèces de fourmis auto- Howell (université du Wyoming), de notre envoyée spéciale sucre, élèvent des colonies de puce- montrer que, dans tous les sites en danger, déplore Andrew Suarez, chtones recensées en 1964 ont au- qui dirige une équipe spécialisée La côte Ouest des Etats-Unis est rons qui fabriquent une sorte de li- qu’elles ont envahis, les fourmis un thésard associé à l’étude. jourd’hui disparu. Le seul espoir dans l’étude des systèmes binaires devenue le terrain d’une sourde, queur, le miellat. Produite en trop d’Argentine ont délogé les précé- Conquérantes, ces fourmis ont des biologistes de freiner l’invasion d’étoiles en fin de vie, le plus petit mais décisive bataille dans le grande quantité pour être mangée dents occupants. envahi d’autres zones de la planète. réside dans l’expérimentation me- de ces couples d’astres pourrait, monde de l’entomologie. Une dou- par les seules fourmis, cette subs- Dans un article du Journal Attirées par les régions au climat née au Brésil par un chercheur de dans certains cas, consommer ses zaine d’espèces d’insectes tance fermente sur les arbres et en- Conservation Biology daté de no- chaud, elles se sont épanouies en l’université de San Francisco. réserves d’hydrogène, ne plus combattent actuellement un enva- traîne le développement de moisis- vembre, l’équipe de Deborah Gor- Australie, en Afrique du Sud, au Le professeur Matthew Orr a dé- émettre d’énergie, et rétrécir jus- hisseur qui les a d’ores et déjà sup- sures (fumagines) qui asphyxient la don vient de décrire leur extraordi- Costa Rica, au Mexique, à la Trinité, couvert une mouche parasite (pho- qu’à ce que sa masse excède à plantées dans les jardins et les cui- plante. De plus, les insecticides naire capacité à s’approprier les aux Canaries, aux Açores, à Malte, rid fly), pas plus grosse qu’une tête peine celle de Jupiter. Ces étoiles sines d’une partie du littoral. Le classiques sont incapables d’éradi- sources de nourriture et à coloniser en Espagne, en Italie et même en d’épingle, qui pourrait mener une présenteraient alors « une struc- coupable : la fourmi d’Argentine quer les colonies de fourmis. Leurs rapidement l’espace. Extrêmement France. Le littoral du Languedoc- contre-attaque efficace au préda- ture différente de toutes les autres » (Linepithema humile). Un insecte de principes actifs, transportés à l’inté- agressives, les fourmis d’Argentine Roussillon et la Côte d’Azur sont teur. Cette mouche pond ses œufs qui, en fin de vie, se transforment taille moyenne et de couleur brune rieur du nid par les ouvrières, ne éliminent rapidement toute touchés. C’est en 1910 que les pre- dans les intestins des fourmis d’Ar- (selon leur taille de départ) en qui, au fil des années, est devenu suffisent pas à tuer la centaine de concurrence en chassant les autres mières Linepithema humile ont été gentine. Une fois écloses, les larves trous noirs, en étoiles à neutrons, suffisamment gênant pour que les reines que compte, chez ces four- espèces. Pourtant, les fourmis indi- découvertes au cap d’Antibes, vrai- tuent la fourmi en la dévorant de ou en naines blanches. biologistes et les entomologistes mis-là, une colonie : ce que les en- gènes jouent souvent un rôle es- semblablement transportées là en l’intérieur. « Chaque fois que la a CLIMATOLOGIE : l’Inde et les des universités Stanford, de San tomologistes appellent une « su- sentiel dans l’écosystème en disper- même temps que des plantes exo- mouche est présente, les fourmis Etats-Unis ont décidé d’échanger Diego et du département fédéral percolonie ». Impossible à sant les graines des plantes, tiques achetées en Amérique du rentrent dans leur nid et n’en sortent les données fournies en temps réel américain de l’agriculture se éliminer ! processus nécessaire à leur repro- Sud par des horticulteurs varois. plus pour aller chercher leur nourri- par leurs satellites météorolo- penchent sur son cas. duction. Ces fourmis formant aussi Ces horticulteurs sont à l’origine de ture », souligne M. Orr. giques respectifs. La NASA et la « Débarquées » en 1890 aux UN RÔLE ESSENTIEL un maillon de la chaîne alimentaire, leur propagation dans les stations Les résultats de cette expérience NOAA auront ainsi accès aux in- Etats-Unis en même temps qu’une Les ravages ne s’arrêtent pas là. leur disparition déséquilibre l’éco- balnéaires du Languedoc dans les ont été suffisamment encoura- formations des satellites indiens cargaison de sucre venant d’Argen- Partout où la fourmi d’Argentine système. années 60. geants pour que le département Insat, et les scientifiques indiens tine et du Brésil, ces fourmis se sont s’est développée, les chercheurs ont « Nous perdons une part de notre « Elles n’ont pas encore envahi américain de l’agriculture finance pourront interroger les bases de rapidement répandues, notamment observé un dérèglement de l’éco- patrimoine naturel », regrette De- toute la côte, mais elles se propagent ces recherches qui, à défaut d’élimi- données de la NASA et accéder dans les zones périurbaines, atti- système. Une équipe de biologistes borah Gordon. D’autant qu’une vite », constate Luc Passera, cher- ner totalement l’envahisseur, pour- aux données du satellite américain rées par les jardins privés et les cui- de l’université Stanford dirigée par équipe de l’université de San Diego cheur au Laboratoire d’éthologie et raient aider à restaurer partielle- GOES. C’est une première car, sines. Aujourd’hui, elles menacent Deborah Gordon, qui suit la pro- a demontré que, là où la fourmi de physiologie animale de Tou- ment l’équilibre naturel et donner pendant quatorze ans, l’Inde a re- la Californie où elles trouvent des gression des envahisseuses dans la d’Argentine s’est installée, le lézard louse. Dans une étude sur l’évolu- ainsi une nouvelle chance aux es- fusé de communiquer les données conditions de vie acceptables pour réserve biologique de Jasper Ridge corne a disparu. Ce reptile, qui n’est tion des écosystèmes perturbés par pèces autochtones. de ses satellites météorologiques leur développement, et leurs nui- (3 000 hectares) depuis 1991 en car- plus présent dans la moitié de ses l’arrivée de la fourmi d’Argentine à pour des raisons... de sécurité na- sances se révèlent très vite. tographiant l’avancée des troupes habitats naturels, est en passe Port-Leucate, il a observé que les Sylvia Zappi tionale.

Ł SOS Jeux de mots : o o MOTS CROISÉS PROBLÈME N 97255 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). AFFAIRE DE LOGIQUE PROBLÈME N 44

123456789101112 de nouvelles voix. Ravitaillement de bord de route. – 10. Sensible et I retournée. A un cœur mais il n’est Les survivants pas facile à atteindre. – 11. Voyelle II ou consonne. Protège la table. – 12. Donne de l’intensité. Un trou du milieu III dans la tête. DE CE TRIANGLE ABC, seuls IV Philippe Dupuis ont survécu I, milieu de AB, J, mi- lieu de BC, et K, milieu de CA. V SOLUTION DU No 97254 Reconstituez le triangle ABC. Plus délicat : sauriez-vous re- VI HORIZONTALEMENT constituer un pentagone ABCDE à partir des milieux I, J, K, L et M VII I. Unijambistes. – II. Sanaa. de ses côtés ? Orient. – III. Usés. Ebiselé. – IV. Question piège : et un quadrila- VIII Rap. Dièse. Ia. – V. Prudence. Mer. tère ABCD à partir des milieux I, J, – VI. Adieu. Hé. Uri. – VII. Signe. K, L de ses côtés ? IX Ct. – VIII. Etes. Istrati. – IX. Uré- mie. Aînée. – X. Risettes. Ter. Solution du problème dans Le X Monde du 25 novembre. VERTICALEMENT HORIZONTALEMENT Sépare les Vexin français et nor- Elisabeth Busser SOLUTION DU PROBLÈME No43 mand. Fabuleux ouvrages au 1. Usurpateur. – 2. Nasard. Tri. – et Gilles Cohen paru dans Le Monde du 11 novembre I. Règlement de compte. – II. Moyen Age. 3. Inépuisées. – 4. Jas. Déisme. – 5. Nouvelle après réécriture. Premier Aa. DEUG. It. – 6. Ein. Niet. – 7. © POLE 1997 Léonhardt n’a pas de chance. Le les solutions (1 et 7) ou (4 et 5). commandeur des croyants. – III. VERTICALEMENT Bobèches. – 8. Irisée. Tas. – 9. Sise. résultat communiqué par l’anima- Blaise n’est pas plus veinard. D’un auxiliaire. Son travail c’est Cri. – 10. Tee. Mutant. – 11. Enlier. teur peut, selon les nombres se- Son résultat peut, selon les son métier. – IV. Fait la preuve et 1. Porteur de chatons. – 2. Suit le Tée. – 12. Stéarinier. crets, prendre les valeurs, 8, 11, 13, nombres secrets, prendre les va- en plus il n’a pas servi. Conjonc- cours qu’il monte ou qu’il des- 14, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, leurs 7, 9, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 18, tion. Roues de poulies. – V. cende. Genre musical. – 3. Pous- 25, 26, 27, 28, 29, 31 ou 33. Parmi 19, 20, 21, 22, 23, 24, 26, 27, 29 ou Apporte du soutien aux gros sèrent la carambole. – 4. A sa clé. ces résultats possibles, seul 23 32 une seule fois et 17 deux fois légumes. – VI. Mauvaise humeur Le fer. Petit génie qui ne manque correspond à deux cas, chacun des (17 = 3 x 1 + 2 x 7 ou 3 x 3 + 2 x 4), de l’ancêtre. Des coups pour mon- pas d’air. – 5. Centre d’apprentis- autres étant pris une seule fois. En ce qui lui laisse le choix entre les trer les couleurs. – VII. Eprouvé. – sage. En Corrèze. – 6. Partaient en d’autres termes, si 14 s’écrit sans solutions (1 et 7) ou (3 et 4). VIII. Découpé pour mieux saisir. guerre à la force du poignet. Vient ambiguïté 2 x 1 + 3 x 4,23 a deux Le hasard a mal fait les choses, Le néodyme. Danone aujourd’hui. d’avoir. – 7. Dernières instructions écritures (2 x 1 + 3 x 7 ou 2 x 4 + 3 puisque les deux se sont trompés. – IX. Se fît entendre dans la nuit. avant de partir. – 8. Assure x 5), ce qui contraint notre candi- La bonne réponse était donc la Résultat d’un sale coup. – X. l’ouverture. – 9. S’engagèrent sur dat à répondre au hasard entre solution commune 1 et 7. LeMonde Job: WMQ1811--0028-0 WAS LMQ1811-28 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:19 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 25Fap:99 No:0314 Lcp: 196 CMYK

28 / LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 CARNET

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » Colloques M. Vincent HEPP Naissances Colloque : « Un savant dans la cité » a été subitement appelé à la Vie éternelle, Hommages à René Zazzo, pionnier Sylvie GARCIA le 7 novembre 1997. dans l’enseignement, la recherche et la et Selon sa volonté, l’inhumation aura clinique en psychologie de l’enfant. Stéphane LERANT lieu à Ridgefield (Connecticut). Le 22 novembre, à partir de 9 h 15, uni- Jean-Marie Proslier Une messe sera célébrée à Paris en versité de Paris-X, Nanterre. Théâtre Ber- e nard-Marie Koltès, bât. L. sont heureux d’annoncer l’arrivée de l’église Sainte-Odile, Paris-17 , mardi 25 novembre, à 18 h 30. Informations : tél. 01-40-97-47-41 ; fax : 01-40-97-47-43. Un dilettante du spectacle Kevin, De la part de, LE COMÉDIEN Jean-Marie de valses. On le vit aussi sur la Pierre Bonte, sur TF 1. En 1994, il le 7 novembre 1997. Mme Vincent Hepp, Proslier, mort samedi 15 novembre scène de l’Olympia, où, pendant avait cassé cette image un peu son épouse, Séminaires me à l’hôpital d’Evreux (Eure) des de nombreuses années, il fut le trop légère dans laquelle il s’était M. et M Guillaume Hepp, COLLÈGE INTERNATIONAL suites d’un malaise cardiaque à présentateur des spectacles de laissé enfermer en incarnant bril- Décès et leur fille, DE PHILOSOPHIE l’âge de soixante-neuf ans, a été Bruno Coquatrix et où il tint un lamment, dans La Nuit du crime, M. Luc Solente et ses enfants, b l’un des ces touche-à-tout du spec- rôle dans la dernière revue de Jo- de Robert Hossein, le personnage – Jeanne Boucourechtliev-Bayet, Séminaires son épouse, Ses enfants et petits-enfants, Florence DUPONT : « Rhétorique et tacle qui passent par le cabaret, le séphine Baker. de Porcrand, parfait cynique, Mme Noémi Hepp, théâtre : corps et voix imaginaires sur théâtre, le music-hall, avec de pe- Il aimait passer d’un personnage odieux maître-chanteur, humo- Les familles Boucourechtliev, Solarov, Bayet, Salomon, Monge, sa sœur. les scènes romaines ». tits détours par le cinéma, sans ja- à l’autre, d’un registre à l’autre – riste glacé qui semait la terreur 25 novembre et 2 décembre 18 h 30- ses amis, mais vraiment se soucier de même si ses rôles dramatiques dans un univers bourgeois mêlé 20 h 30, salle RC3, université Paris-VII, 2, place Jussieu, Paris. construire une carrière, donnant le furent rares et si son registre fut d’aristos fin de race. ont la douleur de faire part du décès de – M. Edouard Klein, sentiment d’être là par plaisir pur, plutôt le boulevard –, au gré de Jean-Marie Proslier avait aussi Les familles Klein, Reuss, Chapal, Koenig, Egidius BERNS, Maria BONNA- dilettantes à jamais. son humeur. Pourtant, dans les an- écrit plusieurs livres, dont l’un, André BOUCOURECHTLIEV, FOUS-BOUCHER et Yvon PES- Jean-Marie Proslier, né le 25 fé- nées 70, il joua huit cents fois Les Vieucon et son chien, lui valut le ont la douleur de faire part du décès, après QUEUX : « Libéralisme, gouvernemen- chevalier de la Légion d’honneur, une brève maladie, de vrier 1928 à Montargis, avait débu- Carnets du Major Thompson, prix Alphonse-Allais 1985. commandeur des Arts et des Lettres, talité et souci de soi », intervenant : té dans les années 50 en chantant d’après Pierre Daninos, un record compositeur, P. KOSLOWSKI. musicologue, Mme Marianne KLEIN, 25 novembre, 16 h-18 h, amphi B carré quelques-unes de ses propres de durée qui n’était guère dans sa Jo. S. née REUSS, des sciences, 1, rue Descartes, Paris. chansons au cabaret parisien Les manière. Il aimait être, en tout, un survenu le 13 novembre 1997, dans sa Trois Baudets, après avoir inter- amateur, jouer de son personnage soixante-treizième année. survenu, à Valence, le 9 novembre 1997, Francesco ADORNO et Ricardo TEJA- rompu des études de lettres et fait, à facettes : chansonnier, acteur, a GEORGES MARCHAIS, ancien dans sa quatre-vingt-quatrième année. DA : « Foucault et Deleuze face à la pour survivre, plusieurs métiers, amoureux de la nuit, gourmet, secrétaire général du Parti Les obsèques auront lieu au cimetière phénoménologie ». L’inhumation a eu lieu, à La Paillette- 25 novembre et 2 décembre, 18 h 30- de balayeur à vendeur dans un voire gourmand. Se proclamant communiste français, est mort, di- de Chalo-Saint-Mars (Essonne), le mer- credi 19 novembre, à 15 h 15. Montjoux (Drôme), dans l’intimité. 20 h 30, salle RC2, université Paris-VII, grand magasin. Il fut, sur de nom- « spécialiste de soupes », il avait manche 16 novembre, dans le ser- 2, place Jussieu, Paris. breuses scènes, le « petit gros dé- ouvert un restaurant à Paris, Le vice de cardiologie de l’hôpital La- On se réunira ensuite en sa maison de 18, quai Lucien-Lombard, bonnaire », en particulier dans de Beaubourgeois, dans le quartier riboisière à Paris. Il était âgé de 31000 Toulouse. Manola ANTONIOLI : « Blanchot et Chalo-Saint-Mars, 8, Le Vau (route de Levinas : de l’il y a à autrui ». multiples opérettes, au Châtelet, à du Marais, et tenu une chronique, soixante-dix-sept ans et souffrait Boinville). 24 novembre, 20 h-22 h, amphi B, car- Mogador – parmi lesquelles Nono « Les Plaisirs de Jean-Marie » dans de problèmes cardiaques depuis ré des sciences, 1, rue Descartes, Paris. Nanette, Le Pays du sourire, Rêves une émission de télévision de vingt ans (lire pages 8 et 9). 14, rue du Pré-aux-Clercs, – Hessange (Moselle). 75007 Paris. Stéphane RIALS : « Questions de (Le Monde du 15 novembre.) Natacha, forme dans la culture juridique mo- NOMINATIONS collaborateur Bertrand Poirot-Delpech et de JOURNAL OFFICIEL derne ». ton merveilleux sourire a illuminé vingt- Michel Serres, membres de l’Académie fran- Journal officiel 25 novembre et 2 décembre, 18 h-20 h, çaise ; Evelyne Sullerot, sociologue ; Pierre Au du samedi 15 no- cinq ans de notre vie, nous le garderons au me amphi A, carré des sciences, 1, rue Des- Daures, directeur général d’Electicité de vembre sont publiés : –M Simonne Folinais, fond de notre cœur. cartes, Paris. Ordre national France ; Marcel Schneider, écrivain ; Jean- b Mérite : plusieurs décrets portant son épouse, Marie Pelt, président de l’Institut européen nomination, promotion et élévation Sylvie et Joseph Kondylis, Natacha s’est endormie à Nancy, le d’écologie de Metz. Barbara CASSIN et Jean-François dans l’ordre national du Mérite (lire Annie Folinais, 10 novembre 1997. Une messe a été célé- COURTINE : « Ce que les philosophes du Mérite Parmi les personnalités promues au grade brée et son corps a été incinéré, le 12 no- disent de leur langue ». Intervenant : d’officier figurent les écrivains Hélène Cixous, ci-contre). Les docteurs Nicole et Dominique vembre, dans l’intimité de la famille. Marco BASCHERA : « Dante, le trou- Une liste de nominations, promo- Christiane Collange, Daniel Pennac, Philippe b Femmes : un décret portant créa- Folinais, Sollers et Jean Vautrin ; les chanteurs Marie- Le docteur Hélène Surot et Pierre Su- veur de sa langue maternelle ». tions et élévations dans l’ordre na- Paule Belle et Claude Nougaro ; Dominique tion d’un délégué interministériel rot, Familles Spiegel, Lagoutte, Didier, 20 novembre, 18 h-20 h, amphi B, carré tional du Mérite est parue au Jour- Bromberger, journaliste ; Leslie Caron, comé- aux droits des femmes (Le Monde ses enfants, Velay. des sciences, 1, rue Descartes, Paris. dienne ; Georges Charpak, Prix Nobel de nal officiel du samedi 15 novembre. daté 16-17 novembre). Christophe, Florence, Cécile, Pierre, physique ; Michel Petrucciani, pianiste de Si vous le souhaitez, des dons peuvent Jacob ROGOZINSKI : « La question jazz ; Maurice Houvion, entraîneur national b Montagne : un arrêté portant Laurianne, Sont élevées à la dignité de grand-croix : être adressés à l’Association pour la re- de l’Ego ». d’athlétisme. création d’une commission consulta- ses petits-enfants, 19 novembre, 18 h 30-20 h 30, amphi Yvette Chauviré, ancienne artiste choré- Parmi les nommés au grade de chevalier fi- cherche et les études dans les maladies in- tive de la sécurité des remontées mé- Anita Décatoire, fantiles graves : Stourdzé, carré des sciences, 1, rue Des- graphique ; Anne-Marie Krug-Basse, dépor- gurent Francis Cabrel, chanteur ; Catherine sa sœur, tée-résistante. David, conservatrice en chef de musées na- caniques ; un arrêté portant création Aremig, Maison des parents, cartes, Paris. Les familles alliées et amies, Sont élevés à la dignité de grand-officier : tionaux ; Catherine Diverrès, chorégraphe ; d’une commission des téléphériques. Alain Françon, directeur du Théâtre national Lucien VINCIGUERRA et Jehanne Pierre Angoulvent, ancien président du di- b Sida : une décision relative à la 8, rue du Morvan, de la Colline ; Bartabas, directeur artistique DAUTREY : « Voyages dans les plis de rectoire des Presses universitaires de France ; ont la douleur de faire part du décès de du Théâtre équestre de Zingaro ; Marie- création d’un traitement automatisé 54501 Vandœuvre. Alain Decaux, ancien ministre, historien, la représentation ». Claude Pietragalla, danseuse étoile à l’Opéra d’informations pour la surveillance membre de l’Académie française ; Jean Fa- 25 novembre, 2 et 9 décembre, 18 h 30- de Paris ; Claude Seignolles, écrivain ; Pierre- M. Emile FOLINAIS, vier, historien, membre de l’Institut ; Yvonne de l’épidémie de sida, à partir des dé- 20 h 30, Espace Jussieu, université Paris- William Glenn, cinéaste ; Alain Howiller, dit proviseur honoraire, Messiaen, née Loriod, pianiste-concertiste ; VII, 2, place Jussieu, Paris. Jean Ecault, directeur-rédacteur en chef des clarations obligatoires des cas de si- officier de la Légion d’honneur, Remerciements Robert Sabatier, homme de lettres, membre Dernières nouvelles d’Alsace ; Pierre Magnan, da ; une décision relative à la créa- commandeur des Palmes académiques, de l’académie Goncourt ; Alice Saunier-Seïté, écrivain ; Stéphane Diagana, champion du – Monique Noé, Catherine AUDARD : « Citoyenneté ancien ministre, universitaire. tion d’un traitement automatisé croix de guerre 1939-1945, monde d’athlétisme du 400 mètres haies ; sa compagne, et individualité morale ». Parmi les promotions au grade de d’informations relevées chez des en- 21 novembre, 18 h-20 h, amphi B, carré Philippe Saint-André, capitaine de l’équipe survenu à Paris, le 9 novembre 1997, dans Sa famille, commandeur, on relève les noms de notre de France de rugby. fants infectés par le VIH. des sciences, 1, rue Descartes, Paris. sa quatre-vingt-dixième année. Ses amis, La Fondation 93, Bernard ANDRIEU : « Corps et géné- Selon son profond désir, la cérémonie vous remercient des marques de sympa- tique contemporaine ». des adieux a eu lieu dans la stricte intimité 19 novembre et 3 décembre, 19 h-21 h, familiale. thie et de tendresse témoignées lors du décès de salle RC2, université Paris-VII, 2, place Jussieu, Paris. Que ceux qui l’ont connu et estimé se souviennent... Richard GODINEAU. b Colloque Il fut un Juste, un Honnête Homme. Psychanalyse et réforme de l’enten- dement II (Qu’un discours tienne...), Anniversaires de décès sous la responsabilité de F. BAUDRY, –Mme Bernard Gaulmier, M. DAVID-MÉNARD, R. GUITART, Mme Mietek Kolaczek, – 17 novembre 1995. R. LEW et D. VAUDENE. Mme Damianos Cominos, 22 novembre, 9 h 30-18 h, amphi Poin- caré, carré des sciences, 1, rue Descartes, ses belles-sœurs, Robert BENOIST Paris. Ses neveux et nièces, Et 23 novembre, 10 h-18 h, salle Pupey- Ses petits-neveux et petites-nièces, abandonnait ce monde et un cœur qui tou- jours l’aime, le pleure. Girard, USIC, 18, rue de Varenne, Paris. ont la tristesse d’annoncer le décès de b Journées d’étude La cité et les normes – A l’occasion du trente-quatrième Jean GAULMIER, anniversaire de la disparition de professeur émérite Sous la responsabilité de C. AUDARD, de l’Université Paris-Sorbonne, M. CANTO-SPERBER, J.-P. DUPUY et ancien engagé volontaire aux FFL Jacques FELDMAN, P. MANENT. (1941), Thème de la journée : « Identité per- ancien maire de Charenton-du-Cher nous rappelons son souvenir à ceux qui sonnelle et responsabilité : les fondements (1951), l’ont aimé. philosophiques », avec A. MONTE- officier de la Légion d’honneur, FIORE, H. ATLAN, J. GLOVER, médaillé de la Résistance, M. NEUBERG. – Les épreuves ayant excédé son 24 novembre, 10 h-18 h, EHESS, courage, salle 524, 54, boulevard Raspail, Paris. survenu le 11 novembre 1997, en son do- micile parisien, dans sa quatre-vingt-trei- Xavier JEANNOT b Samedi autour d’un livre zième année. Le samedi autour du livre d’Alain est mort le 18 novembre 1977, il y a déjà BADIOU « Deleuze » qui devait avoir Les obsèques religieuses ont eu lieu vingt ans. lieu le 22 novembre est repoussé à une date ultérieure. dans l’intimité familiale, le samedi Grande partie de lui-même s’identifiait 15 novembre 1997, à Charenton-du-Cher pourtant encore au jeune homme qui avait (Cher). rejoint Londres en 1940 et avait donné, L’accès à toutes les activités du col- dans l’enthousiasme, cinq ans de sa vie lège est libre et gratuit (dans la limite pour la liberté de son pays. des places disponibles). Cet avis tient lieu de faire-part. Renseignements sur salles, répon- deur : 01-44-41-46-85 ; autres rensei- 74, rue Desnouettes, gnements : 01-44-41-46-80. 75015 Paris. Hommage – A l’occasion de la fin du mois de deuil (Shloshim) du regretté Conférences – Rosa Azerarak, LES ENTRETIENS sa compagne, docteur Marcel GOLDSTEIN, Madeleine Pouzet et Maurice, son fils, DU TROISIÈME MERCREDI, avec Jean AMBROSI, Ses amis et collègues, on se réunira en hommage à sa mémoire, ont la tristesse de faire part du décès de le mardi 25 novembre 1997, à 19 heures, « Les charges fantômes à l’auditorium de l’Espace Rachi, 39, rue en médiation thérapeutique », André GUIGNE-BOLOGNE, Broca, 75005 Paris. Tél. : 01-42-17-10-44. Espace L’Harmattan, 21 bis, rue des survenu, à Villeurbanne, le 10 novembre Ecoles, Paris-5e, mercredi 17 septembre 1997, dans sa quarante-deuxième année. 1997, à 20 heures. Entrée libre. CARNET DU MONDE –Mme Maurice Hudry, Expositions Danièle et François, 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 – La soirée au cours de laquelle seront ses enfants, présentés les enrichissements de la Bi- Mme Bellan-Huchery, Téléphones : bliothèque littéraire Jacques-Doucet sa sœur, 01-42-17-39-80 entre juillet 1996 et juin 1997 aura lieu le Ses petits-enfants, 01-42-17-29-96 mardi 18 novembre à 18 h 30, dans le ont la douleur de faire part du décès de 01-42-17-38-42 grand salon de la Sorbonne, 47, rue des Ecoles, à Paris-5e. Trois nouveaux en- Tarif à la ligne H.T. sembles d’archives ont été confiés cette M. Maurice HUDRY, année à la bibliothèque – ceux de Jacques officier de la Légion d’honneur, Rubrique nécrologie ...... 105 F Dupin, Ghérasim Luca, Salah Stétié – tan- Abonnés et actionnaires ...... 95 F dis que plusieurs pièces sont venues enri- survenu le 12 novembre 1997, à l’âge de Mariages/naissances ...... 70 F chir les fonds existants tels que ceux de quatre-vingt-trois ans. Thèse étudiants ...... 65 F Verlaine, Mallarmé, Gide, Malraux, Fran- cis Ponge... A cette occasion, une exposi- La cérémonie religieuse a été célébrée Les lignes en capitales grasses sont tion de manuscrits, livres et œuvres d’art dans l’intimité, le 14 novembre 1997, en facturées sur la base de deux lignes. est organisée à la Sorbonne les 19, 20 et Les lignes en blanc sont obligatoires l’église Sainte-Elisabeth-du-Temple, Pa- et facturées. Minimum 10 lignes. 21 novembre, de 10 à 18 heures. Entrée ris-3e, par le Père Guéguen. libre au 47 rue des Ecoles. LeMonde Job: WMQ1811--0029-0 WAS LMQ1811-29 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 09:26 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 25Fap:99 No:0315 Lcp: 196 CMYK

29 CULTURE LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997

URBANISME Rio de Janeiro, ca- La réalité, elle, imposait la pauvreté passe par la réhabilitation des bi- ÇAIS, qui bénéficient d’une présence depuis 1996, l’architecte Luis Paulo pitale déchue du Brésil depuis 1960, et les trois cents favelles perchées à donvilles et la remise en état du traditionnelle à Rio, interviennent Conde est l’instigateur de ce chan- semblait prisonnière de deux la périphérie. b LA VILLE est lancée centre-ville, que l’on cherche à réin- ponctuellement grâce à des accords tier. Il veut rompre avec le fatalisme images de cartes postales : la plage aujourd’hui dans la bataille de la sé- sérer dans un circuit touristique plus conclus avec la direction de l’archi- de son prédécesseur, dont il fut l’ad- de Copacabana et le Pain de sucre. curité et de l’urbanisme. Ce défi balnéaire que culturel. b LES FRAN- tecture. b MAIRE de la cité carioca joint à l’urbanisme. Rio de Janeiro se lance dans la reconquête de son centre-ville Sous l’impulsion de son nouveau maire, architecte de formation, la mégalopole brésilienne a engagé la bataille de l’urbanisme et de la sécurité. Les Français ont décidé d’apporter modestement leur pierre aux projets de mise en valeur du patrimoine

RIO DE JANEIRO site programmée. Même l’hélicop- de notre envoyé spécial tère n’insiste pas, survolant au plus Le couvent de Saint-Antoine est juste les beautés étalonnées de la une des splendeurs du Brésil. On y ville : le Pain de sucre, Flamengo, le trouve deux églises, assez bien lo- viaduc de Lapa, l’aéroport Santos- ties en étoiles par le Michelin Vert Dumont, les 14 kilomètres du pont – une rareté, même à Rio de Janei- de Niteroi en travers de la baie... et ro, et qui n’existe qu’en portugais. retour par le Corcovado vers le la- L’une des deux églises, Sao Francis- gon de Freitas. L’heure est décidé- co de Penitencia, achevée en 1736 et ment au centre-ville où le problème drapée de fleuves d’or baroques, urbain général se trouve rencontrer apparaît d’autant plus resplendis- toutes les questions liées au patri- sante qu’elle est fermée au public moine : préservation, réutilisation, depuis dix ans, pour cause de tra- mise en valeur urbaine, réinsertion vaux. Derrière celle-ci, un étroit dans le circuit touristique. Si la vie cloître-cimetière conduit à une pe- des Cariocas reste d’une grande ri- tite salle entre ciel et terre où sont chesse, qu’il s’agisse de musique ou enterrés des enfants mort-nés, sur- de littérature, le niveau culturel du tout des rejetons de la famille im- tourisme a été laminé par l’attrait périale. A l’arrière encore, une des plages et la réduction de Rio à porte-fenêtre donne sur un lopin de son seul carnaval. terre en friche, gardé par un chien féroce. Pour qui, ou contre quoi ? MIRACLE PAYSAGER C’est qu’on a beau fouler, dans le Ce retour sur les valeurs du silence et l’obscurité, des marbres centre-ville n’a pas échappé à Ro- ancestraux, on se trouve bien au maric Sulger-Büel, attaché culturel centre de Rio. Et si le mot d’ordre français, passionné d’architecture est celui du retour à la sécurité, cha- et, tout simplement, de Rio. Il a pu cun reste bien sur ses gardes. Peut- convaincre le consulat général de être aussi l’église, en sa sage pré- France dans la défunte capitale voyance, a-t-elle gardé un chien de d’organiser en septembre, avec la sa chienne aux édiles, urbanistes et municipalité, un séminaire planificateurs qui ont décidé un d’échanges sur l’avenir et la restau- beau jour que tout serait arasé au- ration de ce centre-ville, grand tour de la colline du couvent. Il fal- comme un bon tiers de Paris. Fran- lait faire place à un nouveau centre çais et Cariocas, édiles, urbanistes, urbain, alors que la capitale se ver- architectes ou spécialistes du patri- rait exilée dans la neuve Brasilia. Le moine ont échangé leurs expé- concours pour Brasilia remonte à © BRUNO BARBEY/MAGNUM riences, avec cette sympathie natu- quarante ans tout juste : 1957. Dans Le Musée national de Rio, dans le « Versailles tropical », a été construit en 1809 pour la famille royale. relle des habitants de Rio, qui l’équipe des lauréats : le grand Lu- pourraient sans doute en ap- cio Costa, l’illustre Oscar Niemeyer, urbaines. Plus au nord, l’avenue du graphie et les surprises de la crois- Il se trouve aussi que la mairie de cette ville d’où le racisme est absent prendre à leurs homologues et même Le Corbusier, produit Président-Vargas imposait une sai- sance urbaine. Celle-ci a juxtaposé Rio a changé de titulaire il y a tout – ce qui n’empêche pas la fortune d’outre-Atlantique mais ont la d’exportation d’une efficacité re- gnée inachevée, contribuant à la richesse à la misère, faisant des juste un an, le 14 novembre 1996. de choisir assez uniformément le courtoisie de s’en laisser conter en doutable. brouiller les pistes et à fausser grands domaines les premiers Luis Paulo Conde a pris le fauteuil blanc –, où le métissage des races et montrant du plaisir. Depuis sep- l’image de la ville, réduite à deux contreforts de l’autoconstruction. de Cesar Maia, dont il avait été l’un des cultures est une valeur et un tembre, des accords ont été scellés DEUX CARTES POSTALES cartes postales : la plage de Copa- Ce n’est pas là d’ailleurs que cela se des adjoints, confirmant, pour rac- plaisir, les partis politiques n’offrent avec la direction de l’architecture, Quand la capitale s’installa à Bra- cabana, toutes fesses dehors, et le passe le plus mal. Après tout, une courcir l’histoire, le basculement de pas de repères évidents. Restent en France, portant sur des interven- silia, en 1960, des milliers de fonc- Pain de sucre (ou parfois le Corco- paix séparée peut bien se négocier. Rio de la gauche à la droite. Dans trois données au moins. Le nou- tions ponctuelles françaises, à Rio, tionnaires, dit-on, sombrèrent du vado), à l’origine du terrible re- veau maire est architecte de forma- mais également à Salvador de Ba- jour au lendemain dans la dépres- frain : « Si tu vas à Rio... » tion ; il a décidé de rompre avec le hia. Les Français, eux aussi, sont sion. Les plus fortunés d’entre eux Réduite à deux cartes postales... La tradition des bâtisseurs français « populisme » de son prédécesseur contents. trouvèrent le salut dans d’inces- et une réalité, les trois cent favelles et de pousser les feux sur les ques- L’architecture de l’ancienne capi- sants va-et-vient entre leur nou- de Rio, posture unique et perchée La présence des architectes et urbanistes français à Rio est une tions urbaines. tale, dans son extrême diversité, velle résidence et, à quatre heures d’une pauvreté qui aurait presque vieille tradition, depuis le passage de Villegaignon, en 1555. Les ar- Les projets urbains, y compris les son « métissage » ou ses juxtaposi- de vol, Rio ou Sao Paulo. Selon de fait oublier de plus grandes misères chitectes viennent souvent en mission pour finalement s’installer, siens, ne datent pas d’hier. L’amé- tions, est à la hauteur du véritable vigoureux principes de planifica- ici-même. Au début des années 90, comme Henri-Grandjean de Montigny, auteur de la Bourse du nagement progressif de plusieurs miracle paysager qu’est la ville. tion, le cœur de la capitale détrônée la ville compte aussi des milliers de commerce (1819), bel et grand édifice néoclassique. Ou encore le favelles, où se réfugie une partie de Quel autre site pourrait digérer commença donc d’être mis à plat. sans-abri, exclus des favelles qui, paysagiste inspiré Auguste Glaziou, nommé directeur des parcs et la classe moyenne en voie de pau- l’énorme statue du Christ, perchée On y construisit la Cathédrale mé- elles, s’établissent sans égouts mais jardins, alors impériaux, en 1869. périsation, d’importants travaux sur à plus de 700 mètres sur la colline tropolitaine, sacrée en 1977, dont le en dur. La vie des « enfants de Au XXe siècle, on construit, on conseille, mais on reste moins. Jo- les espaces publics, la création du du Corcovado ? Ou les 4 kilomètres dessin de cône tronqué n’a de la Rio », livrés à eux-mêmes, se par- seph Gire dépose en 1917 l’Hôtel Copacabana sur une plage presque « Corredor cultural », la remise en de Leme et Copacabana, front de mître que les promesses et les me- tage l’émotion internationale avec vierge. Alfred Agache frappe plus dur : il fait accepter, en 1927, un état progressive du centre-ville, mer admirablement dessiné et mal naces ; ou encore le siège de la la corruption d’une police intégrée plan urbain dont les effets perdureront au-delà d’une durée de pla- sont des réalités tangibles. Criti- reproduit à Ipanema, où le verre fu- compagnie Petrobràs, un colossal au marché de la drogue. En 1996, la nification raisonnable. Il peut s’appuyer sur les rêves parisiens qui quables sans doute, mais réelles. Il mé a remplacé le génie constructif ? Rubik’s Cube qui ne manquerait violence et la crainte qu’elle pro- ont donné naissance, en 1909, au Théâtre municipal, directement faut cependant limiter sa curiosité : Quel autre paysage pourrait ainsi pas d’élégance s’il ne semblait jeté voque semblent avoir reculé, ou, du inspiré par le chef-d’œuvre de Charles Garnier. Puis, ce sera Le Cor- une immense partie de la ville, le exalter la beauté des favelles qui là par hasard. Quelques autres édi- moins, s’être repliées géographi- busier, qui n’impose pas son plan urbain, mais marque durablement long de la baie de Guanaraba, 10 ki- occupent creux et crêtes, toujours fices contribuent à saccager le quar- quement. Il faut toujours redouter l’architecture carioca, et le sculpteur Paul Landowski, qui joue les lomètres diversement urbanisés au- présentes face aux arpents les plus tier, massacre conforté par les vol- les guerres entre clans, les balles constructeurs en plaçant son gigantesque Christ de béton armé, à delà du stade de Maracana, n’est riches et les plus secrets ? Construc- tiges de quelques autoroutes perdues, les tireurs aidés par la géo- 704 mètres, au sommet du Corcovado. pas un but de promenade, ni de vi- tion ou autoconstruction, Rio aura assumé durant quatre siècles une inspiration aussi libre et qu’inven- tive. Luis Paulo Conde, convertisseur des favelles Le XIXe siècle avait atterri en dou- ceur et avec pittoresque, laissant RIO DE JANEIRO des villes les plus grandes (70 kilo- ler était celui de l’environnement, ex- mettons un dollar dans l’améliora- interdisait la construction d’habita- quelques noms d’architectes et des de notre envoyé spécial mètres sur 35 kilomètres), les plus plique-t-il. J’ai mis en place un pro- tion des favelles, trois autres sont in- tions au centre-ville. « Nous voulons ensembles urbains déroutant Luis Paulo Conde est-il, à peuplées (plus de 5 millions d’habi- gramme pour l’habitat, pour vestis spontanément. » au contraire y faire revenir la popula- comme le Saara, la « médina » de soixante-trois ans, un homme tants, près de 11 millions pour l’ag- l’amélioration des favelles. Il s’agis- Concrètement, de 5 % à 7 % des tion, conclut le maire de Rio de Ja- Rio. Le XXe siècle s’est montré plus comblé ? Cet architecte, ancien pré- glomération) et les plus belles de la sait en somme de permettre aux Ca- bâtiments seulement doivent être neiro. C’est là que je joue mes plus frénétique. Au-delà du héros natio- planète. Solidement charpenté, cet riocas [les habitants de Rio] de loger démolis et remplacés pour mainte- fortes cartes. Il faut retrouver la mer, nal qu’est Oscar Niemeyer, l’archi- PORTRAIT homme sait toujours changer de sans danger. Je continue aujourd’hui. nir la population en place. Chaque les plages, restaurer les bâtiments an- tecture moderne s’est montrée Maire depuis 1996, cap à l’heure propice : « Initiale- La première phase du programme favelle a son lieu de débat pour dis- ciens, stimuler les changements étonnamment créative autant que ment, dit-il dans un français riche actuel est chiffrée à 300 millions de cuter les idées proposées. Chaque d’usage. A Rio comme ailleurs, la réceptive, absorbant le meilleur et cet architecte préfère d’expressions brésiliennes, je n’avais dollars [environ 1,7 milliard de favelle et chaque quartier a ses rè- crise du modernisme a été celle de le pire de Le Corbusier. On en serait la réhabilitation rien d’un véritable homme politique. francs]. Une somme équivalente sera glements spécifiques. Au niveau de l’urbanisme, réduit à une simple vi- presque parvenu, à Rio de Janeiro, à la reconstruction J’avais une agence, j’étais professeur, dépensée en 1998. Trois favelles de la mairie, la délégation est aussi la sion artistique. Pour l’architecture, je à faire du bon urbanisme et de la toute ma vie politique avait son cadre deux mille familles sont concernées, règle. Il y a quinze maires adjoints, préfère les substantifs aux adjectifs, et mauvaise architecture en le prenant à l’université. » Il commence sa nou- mais aussi de nombreuses petites fa- et la gestion du budget est elle- donc l’action concrète aux plans sur comme référence. A cela même, la sident de l’ordre, a déjà une longue velle carrière en participant à la velles. L’ensemble concerne même répartie entre eux. « La déci- la comète... » ville aurait résisté. et éclectique carrière derrière lui. En campagne électorale de son prédé- 600 000 personnes. Ce n’est qu’un sion est centralisée, précise le maire. 1967, il construit pour des amis un cesseur, Cesar Maia, qu’il aide pour début. Une des plus grandes favelles L’action, elle, est décentralisée. » F. E. Frédéric Edelmann village sur la barre de Tijuca. Une les questions urbaines, avant de de- peut abriter jusqu’à 300 000 per- « Voyez-vous, dit-il encore, franco- réalisation qui ne s’encombre pas venir officiellement conseiller char- sonnes. » phile mais sans regret, jusque dans des dogmes modernistes, mais sait gé de l’urbanisme à la mairie :«Les les années 40, la France avait ici une en saisir les idées simples. Il reste un travaux publics, l’habitat, la planifi- « UN INVESTISSEMENT RENTABLE » grande influence. L’Angleterre venait architecte attentif au contexte, qu’il cation, c’étaient mes domaines et il y Luis Paulo Conde peut-il réussir ensuite, puis les Etats-Unis. Mainte- s’agisse d’école ou de logements, a de quoi faire ici. La situation était là où Cesar Maia jugeait la situation nant, le modèle anglo-saxon est deve- jusqu’en 1980, où il change de cap très difficile à vivre. Mon prédéces- bloquée ? « Il est plus facile de réha- nu prédominant. Le maire français avec le complexe d’habitation seur était très populiste : pour lui, tout biliter une favelle que de s’occuper est d’abord un urbaniste. En Amé- d’Afarra, sur la barre de Tijuca, était "normal", on ne pouvait rien d’un grand ensemble. Il s’agit de faire rique, les maires ont toutes les res- entre mer et lagune : quatorze tours faire, disait-il. » de la ville, pas de s’engager dans des ponsabilités, y compris celle de la po- de vingt-deux étages censées per- Maia suit un cours politique si- travaux démesurés. Il fallait se déci- lice. Nous vivons à Rio avec de mettre à vingt-sept mille personnes nueux. Conde, lui, se contentera de der à dessiner des rues, des places, grandes inégalités sociales. Il faut de vivre en quasi-autarcie sociale. passer de la gauche à la droite pour des lieux pour le sport. Et à créer des pourtant prendre des décisions, défi- Marche arrière, en 1982, où il re- son élection le 14 novembre 1996. égouts, tout simplement. Construire la nir des priorités. La priorité des prio- vient à une mesure urbaine et à une Changement d’étiquette qui ne cité, en somme, pas les maisons elles- rités, pour moi, ce sont les enfants de écriture « soft » pour le centre de semble pas avoir altéré ses concep- mêmes. Si l’on regarde bien, c’est un 0 à 7 ans. » formation Bradesco. tions urbaines. « Un des problèmes investissement économique rentable La population a doublé en trente Aujourd’hui, il est maire d’une les plus graves lorsque j’étais conseil- pour la ville. Chaque fois que nous ans. Or une loi, désormais abrogée, LeMonde Job: WMQ1811--0030-0 WAS LMQ1811-30 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 09:38 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 25Fap:99 No:0316 Lcp: 196 CMYK

30 / LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 CULTURE

DÉPÊCHES a CABARET : le personnel tech- Le Festival de Tokyo confirme nique du Moulin Rouge à Paris poursuit la grève entreprise de- puis le samedi 8 novembre à la suite d’un litige qui oppose la sec- le regain artistique du cinéma nippon tion du Syndicat national des pro- fessionnels du théâtre et des af- faires culturelles (SYNPTAC-CGT) Les films en phase avec la réalité sociale attirent le public à la direction à propos de l’octroi de primes d’ancienneté et du paie- TOKYO leurs seules fins promotionnelles. maturité (Takeshi Kitano, Lion ment des jours fériés. Dix-neuf de notre envoyé spécial Cet archaïsme est encore souligné d’or à Venise pour Hana-Bi), et machinistes, électriciens, habil- Point de vue imprenable sur la par la concurrence du Festival de une débutante (Naomi Kawase, leurs ont été mis à pied après avoir production asiatique contempo- Pusan, en Corée du Sud (Le Monde Caméra d’or à Cannes pour Suza- occupé l’arrière-scène durant le raine, le Festival de Tokyo, qui du 22 octobre), qui voudrait bien ku). Renouveau confirmé durant le spectacle samedi. Depuis le début s’est tenu du 1er au 10 novembre, devenir le centre du cinéma asia- Festival, mais hors des sélections de la grève, les personnels tech- souffrait de carences dans son or- tique, rôle auquel aspire égale- officielles (au sein desquelles les niques bloquent l’entrée principale ganisation, qui paraissaient vé- ment la capitale provinciale nip- jurys ont effectué des choix aussi du music-hall, boulevard de Clichy nielles tant que le cinéma japonais pone de Fukuoka. judicieux que possible en couron- (18e arrondissement), ce qui était sinistré. Les signes conver- Le renouveau artistique du ciné- nant notamment Le Cercle parfait, contraint les spectateurs à entrer gents d’un renouveau artistique, ma japonais aura été symbolisé en Murmur of Youth, Les Virtuoses, Le par les issues de secours, situées d’un regain économique, et d’un 1997 par la razzia sur les grands Voyageur venu du sud, Bad Movie, rue Lepic. plus grand attrait ont accusé cette prix dans les Festivals, récompen- et l’œuvre d’Oliveira). a INDUSTRIES MUSICALES : les année les étrangetés d’une mani- sant un vétéran (Shohei Imamura, Deux des films remarquables se Spice Girls se sont séparées de festation entièrement aux mains Palme d’or à Cannes pour L’An- signalent par leur parenté théma- leur manager, Simon Fuller. Se- des majors locales, qui l’utilisent à guille), un grand artiste arrivé à tique et stylistique avec Hana-bi. lon le quotidien britannique The

Comme chez Kitano, Cure et Une D. R. Sun, Simon Fuller a une aventure obsession sont des polars à la folie Kiyoshi Kurosawa, réalisateur de « Cure ». avec l’une des « filles piquantes », Palmarès – Meilleur acteur : Koji Yakusho mélancolique, marqués par une Emma Bunton. Sa comparse Geri dans Cure, de Kiyoshi Kurosawa stylisation très poussée de la mise les grands studios, qu’il s’agisse de céennes, et, à travers elle, un état Halliwell aurait exigé le renvoi du b Compétition internationale : (Japon). en scène, deux films dépressifs la location des salles et de la pré- de corruption généralisé. D’abord manager et les Spice seraient au- – Grand prix : Le Cercle parfait, − Meilleure contribution d’après les excès du Japon de la vente bloquée des billets, selon un interdit aux moins de quinze ans, jourd’hui menacées d’éclatement. d’Ademir Kenovic (Bosnie), et artistique : Lionel Cousin, « bulle financière », d’un cinéma système rendu obsolète par le dé- le film a finalement été autorisé Ces dissensions s’ajoutent aux dé- Beyond Silence, de Caroline Link directeur de la photographie de entièrement voué à la surenchère veloppement des multiplexes qui, pour tous les publics, ce qui est in- buts jugés décevants de leur der- (Allemagne). Pouvoir du pagne, d’Adama Drabo dans la violence. On y remarque la au Japon comme ailleurs, dyna- habituel. Au moment où l’on nier album, Spiceworld, qui s’est − Prix spécial du jury : (Mali). « patte » de deux cinéastes plus misent la fréquentation (on table constate un assouplissement lent vendu à 200 000 exemplaires au Les Virtuoses, de Mark Herman b Compétition jeune cinéma : que prometteurs, Shinji Aoyama, sur 141 millions d’entrées en 1997, mais indéniable de la censure, il cours de la première semaine en (Grande-Bretagne). – Premier prix : Le Voyageur venu et surtout Kiyoshi Kurosawa (lire contre 119 en 1996). Ce regain d’in- est d’autant plus étonnant que ce Grande-Bretagne, alors que 1,4 − Prix pour l’ensemble de son du Sud, de Parviz Shahbazi (Iran). ci-dessous) – tous deux invités de térêt du public tient pour partie à soit le Festival de Tokyo lui-même million de copies avaient été distri- œuvre à Manoel de Oliveira. − Deuxième prix : Junk Mail, de Pal l’actuel Festival d’automne à Paris, la distribution de films plus en qui ait cru devoir procéder à une buées. Les Spice Girls avaient ven- − Meilleur réalisateur : Ademir Sletaune (Norvège). comme leur collègue Makoto Ki- phase avec la réalité sociale. coupe dans un film (Ghosts of Elec- du 18 millions d’exemplaires du Kenovic. – Troisième prix : Eye of God, de nozashi, dont le très beau Okaeri Ainsi Leaving, de Masato Hara- tricity, de Robert Kramer), alors premier Spice à travers le monde. – Meilleures actrices : René Liu Tim Blake Nelson (Etats-Unis). sort en France le 26 novembre. da. Souffrant d’une mise en scène même que les autorités ne l’exi- a CIRQUE : la ville de Saint-Lô et Tseng Jing dans Murmur − Prix du meilleur film asiatique : Mais d’autres styles ont également racoleuse, il n’en aborde pas geaient pas. (Manche) et le Cirque du Doc- of Youth, de Lin Cheng-sheng Timelesse, Bottomless, Bad Movie, droit de cité : le très vivace et moins très directement le phéno- teur Paradi ont décidé, le 14 no- (Taïwan). de Jang Sun-woo (Corée du Sud). « nouvelle vague » Just Another mène de la prostitution chez les ly- Jean-Michel Frodon vembre, de mettre fin d’un Day in Tokyo, premier film sans commun accord à leur collabora- complexe, écrit, réalisé et produit tion. Le Cirque du Docteur Paradi, MERCREDI 19 NOVEMBRE - 20 h 30 MARDI 25 NOVEMBRE - 20 h 30 par Satoki Kemmochi ; Berceuse de PROFIL Le jeune cinéaste débute avec du nom d’un des personnages de SALLE CORTOT SALLE GAVEAU Tokyo, de Jun Ichikawa, héritier de Kandagawa Wars – qui devient un la troupe, était en résidence à thèmes et d’ambiances inspirés THÉORIE ET BOULIMIE film culte –, puis multiplie les réali- Saint-Lô depuis décembre 1991. Le Nurit Philippe d’Ozu. sations avec une liberté que ne lui cirque cherche un autre lieu d’im- PACHT BIANCONI Kiyoshi Kurosawa (sans aucun tolèrent pas longtemps les pro- plantation mais a indiqué qu’il ÉVOLUTIONS POSITIVES lien de parenté avec Akira Kurosa- ducteurs du genre. Il rebondit souhaitait rester dans le départe- Violon piano John Le regain économique se traduit wa) est un boulimique du tour- grâce au développement du « V-ci- ment de la Manche. Haydn - Schumann - Liszt par le triomphe de la comédie sen- nage : depuis Cure, il a terminé néma » (« V » pour vidéo), produc- a LITTÉRATURE : pour son Tél. rés. : 01-49-53-05-07 BLACKLOW timentale grand public. Shall We deux longs-métrages, et travaille tions bon marché destinées direc- dixième anniversaire, la mani- piano Dance et le dessin animé Princess simultanément sur la préparation tement aux magnétoscopes servies festation organisée par le minis- QUARTETTO Mononoke ont connu un triomphe de deux autres, dont l’un au moins par les mêmes interprètes, parfois tère de la culture sous le titre PROMETEO historique dans les salles, et un entrera en tournage avant la fin dans les mêmes rôles. « Les belles étrangères » accueille, CHAUSSON bon accueil aux Etats-Unis. Disney de l’année. Au fil de ses films, il Cure, le nouveau film de celui du 18 au 30 novembre, quatorze FAURÉ a même acquis le second pour le développe un emploi singulier du qui, à quarante-deux ans, se défi- écrivains venus de six pays d’Amé- RAVEL distribuer dans le monde entier. cinéma de genre, grâce au dépas- nit comme « le plus vieux des rique centrale réprésentant des lit- AU PROFIT Au-delà de ces événements sement de procédés de narration, jeunes cinéastes japonais », est tératures encore peu connues en DE L’ASSOCIATION ponctuels, deux évolutions posi- de réalisation, de production, ex- d’un autre acabit. Malgré son pe- France. Plusieurs d’entre eux, SOLIDARITÉ tives sont apparues. Les majors périmentés intensivement après tit budget, des vedettes (dont Koji pourtant, sont traduits en français, ont mis en place des filiales spécia- avoir été réfléchis théoriquement, Yakusho, star masculine qui ne dé- dont deux Costaricaines, Anacris- ENFANTS lisées dans la production et la dis- à l’époque où il travaillait comme daigne pas sortir des sentiers bat- tina Rossi (Maria la nuit, Actes SIDA tribution de films d’auteur. C’est le critique. tus : il tient également le premier Sud) et Ana Istaru (Saison de fièvre, Tél. rés. : 01-44-17-50-40 cas surtout de la très active Cine- « Après avoir tourné des films rôle dans L’Anguille, d’Imamura) La Différence-UNESCO), deux ma Japanesque, satellite de Shio- en 8 mm, j’ai voulu débuter pro- ont souhaité le défendre. Son au- Guatémaltèques, Mario Monte- chiku. Surtout, on constate une fessionnellement mais le système teur exhorte le public à ne pas y forte Toledo (Entre la pierre et la convergence entre les intérêts des des studios s’effondrait, explique voir une histoire de serial killer, croix et Une manière de mourir, indépendants et ceux des Améri- Kiyoshi Kurosawa. Pour tourner, il mais un portrait du Japon d’au- Gallimard) et Rodrigo Rey Rosa cains pour l’ouverture d’un mar- ne m’est resté qu’une possibilité : jourd’hui. (Un rêve en forêt, Gallimard), un ché jusqu’à présent tenu en main les pink movies », c’est-à-dire le Nicaraguéen, Sergio Ramirez (Le selon des règles quasi féodales par porno soft. J.-M. F. Bal des masques, Rivages). A Toulon, le succès de la Fête du livre contre le Front national TOULON tous ceux qui se tiennent régulière- ici pour le montrer », explique la ro- du livre, seule l’extrême droite est de notre envoyée spéciale ment dans les principales villes fran- mancière Benoîte Groult. Les lau- présente. On y trouve les ouvrages Dimanche après-midi 16 no- çaises – une cascade de débats, des réats des prix Goncourt et Renau- classiques de cette mouvance : écrits vembre, le public fait la queue signatures de livres par quelque dot, Patrick Rambaud et Pascal antisémites d’avant guerre ; textes deux heures durant pour entrer à la trois cents écrivains... Yvan Au- Bruckner, ont passé leur dimanche à de Pétain ; plaidoirie de l’avocat de Fête départementale du livre, sur le douard, dont les nombreux livres Toulon. L’œil malicieux, la linguiste Paul Touvier, Jacques Trémolet de port de Toulon. Sous le chapiteau, il sur la Provence ont du succès, sou- Henriette Walter a fait la liste des Villers ; prêches de Mgr Lefebvre ; es- est déjà difficile de circuler. Toulon- rit : « Depuis deux ans, je ne venais mots français « venus d’ailleurs », sais des responsables du Front na- nais et Varois sont venus en famille, plus au Salon du livre de Toulon. En qu’ils soient empruntés à l’hébreu tional. Le Livre noir du communisme, dès vendredi, plus nombreux 1995, j’ai été parmi les premiers à le comme « tohu-bohu » ou au pro- dirigé par Stéphane Courtois (Laf- chaque jour. Du 14 au 16 novembre, boycotter. Je suis content de pouvoir vençal comme « amour ». font), est l’une des rares nouveau- la Fête organisée par le conseil géné- revenir. Ici, c’est la culture. Eux, c’est Les libraires toulonnais, qui orga- tés. ral du Var pour contrer le Salon du l’anticulture. » Pas plus que les qua- nisaient le Salon depuis sa création Front national (Le Monde du 14 no- rante tambourinaires venus se pro- en 1982 jusqu’à sa reprise en main « UN ERSATZ » vembre) a accueilli quelque 45 000 duire samedi, il ne veut voir le FN par la mairie Front national, ont re- Vendredi après-midi, même Bru- visiteurs, un chiffre supérieur aux confisquer les thèmes régionalistes. trouvé le sourire. La Fête départe- no Mégret n’attirait pas la foule en prévisions. A Gardanne (Bouches- De même, Jean Markale, grand spé- mentale est un succès éclatant, tan- signant son dernier ouvrage. Pour er LUNDI 1 DÉCEMBRE - 20 h 30 du-Rhône), une autre manifestation cialiste de la civilisation celte, a fait dis que la « Fête de la liberté du livre contourner le boycottage de la ma- SALLE GAVEAU culturelle antifasciste a ouvert ses le voyage jusqu’à Toulon, alors et de la francophonie », organisée jorité des éditeurs et auteurs fran- portes samedi 15 novembre ; elle qu’une partie de l’extrême droite par la mairie place de la Liberté, çais, la mairie avait cherché à attirer Inva dure jusqu’au dimanche 23. développe ses propres interpréta- n’attire pas plus le public que l’an des écrivains francophones : leurs JEUDI 20 NOVEMBRE - 20 h 30 MULA Sans le contexte politique local, ce tions des symboles celtiques. « Nous dernier. Malgré les efforts du FN stands étaient vides, à l’exception de soprano Salon du livre aurait ressemblé à sommes contre le FN, et nous venons pour faire venir des professionnels deux auteurs sénégalais. Le journal SALLE GAVEAU de cette « Fête » cherchait déjà à J.-M. Fournier Prod. F. WEIGEL faire porter la responsabilité de son Intégrale CHOPIN piano la philosophie des hommes qui ne on relativise ses propres difficultés échec aux adversaires du Front na- par Mozart - Tosti TROIS QUESTIONS À s’expriment pas. Les trois quarts du avec son voisin de palier. Ici, à Tou- tional, notamment à Hubert Falco, Tél. rés. : 01-49-53-05-07 monde ne lisent pas, n’écrivent lon, je sens une ville blessée, qui a président (UDF) du conseil général Garrick OHLSSON JEAN MALAURIE pas. Or ils pensent, ils souffrent, ils capitulé devant la perte de sa du Var, accusé d’organiser « une fête aiment. La pensée d’un peuple se Loc. : 01-49-53-05-07 flotte. Je pense qu’en général le de la censure ». Directeur de la collection trouve aussi bien chez ses intellec- Français démissionne, et que les Les libraires s’interrogent sur la 1 « Terre humaine » (Plon), dé- tuels que chez ses gens de peu. Un Français démissionnent devant Le suite. « Après deux échecs, il semble diée aux civilisations et aux socié- Claude Lévi-Strauss est honoré Pen. impensable que la mairie de Toulon tés, vous avez parrainé la Fête dé- d’être publié dans la même collec- Qu’allez-vous faire à l’issue de persiste. Le vrai Salon du livre est ici, partementale du livre à Toulon. tion que ces auteurs qui ne lisent 3 la Fête du livre ? l’autre est un ersatz », résume Jean- Pourquoi ? pas, mais dont les livres resteront – Je crée trente pôles de réflexion Yves Pernin, de la librairie Le Bateau – Je suis ici car j’ai créé « Terre hu- comme les plus forts. dans des villages, de la Normandie blanc, à Brignoles. Le conseil géné- maine », en dehors des universités Les électeurs du Front natio- au Var. Chacun recevra l’ensemble ral renouvellera-t-il l’opération et et des corps établis, pour faire ré- 2 nal font partie de ces « gens des livres de « Terre humaine » et sera-t-il prêt à débourser, comme fléchir. Certains des auteurs ne de peu » ? les auteurs viendront y rencontrer cette année, 2,5 millions de francs savent pas lire, comme Viramma, – Beaucoup sont des braves gens les enfants et les jeunes. Quand sur les 3 millions que coûte la ma- cette paria tamoule, ou un Indien qui ont peur de l’immigration, du des lycéens seront face à Charles nifestation ? Dimanche, Hubert Fal- Ishi, dont les récits ont été recueil- chômage, de l’Europe. Je voudrais Desira, ancien prisonnier du camp co a promis de recommencer en lis pour nos livres. La collection les aider, avec l’esprit de « Terre nazi de Sachsenhausen, ils seront 1998. Sans doute faudra-t-il attendre donne la parole à ceux qui ne l’ont humaine », à prendre de l’altitude. amenés à réfléchir, eux-mêmes et l’issue des élections régionales de pas, par exemple à Margit Gari, Quand on se situe au niveau du leurs parents. mars pour connaître la décision dé- ouvrière agricole hongroise, ou, monde, qu’on découvre les pro- finitive. l’an prochain, aux SDF français. blèmes des Esquimaux, des Pa- Propos recueillis par Elle réhabilite la littérature orale, pous, des prisons, du Goulag, alors Catherine Bédarida C. Ba LeMonde Job: WMQ1811--0031-0 WAS LMQ1811-31 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 09:26 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 25Fap:99 No:0317 Lcp: 196 CMYK

CULTURE LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 / 31

SORTIR

japonais à une poignée de grands Martinelli met en scène les excentricités RÉGION metteurs en scène (Ozu, Naruse, Festival international Mizoguchi, Kurosawa) et à l’émer- du film d’histoire gence de la nouvelle vague dans les 8e édition consacrée au thème « Des années 60 avec Imamura et Oshima philosophiques de Thomas Bernhard dieux et des hommes », le festival en tête (dont la rétrospective est propose une cinquantaine de films l’occasion de redécouvrir des films de fiction du cinéma international : aussi rares que Nuit et Brouillard au Une traversée vers la mort, décryptée avec justesse et subtilité La Passion de Jeanne d’Arc, Le Sep- Japon ou La Pendaison). L’hom- tième Sceau, Ben Hur, Andreï Rou- mage à Seijun Suzuki est l’occasion Jean-Louis Martinelli présente, à Strasbourg, sa versée, totalement inventée par l’écrivain autri- perroquet. Des conversations de non-sens, dans blev, Théorème, Ceddo, Sous le so- de découvrir un grand metteur en leil de Satan, Le Destin... ainsi scène, au style visuel à part. La lecture du voyage à New York d’Emmanuel Kant chien, le philosophe se révèle excentrique, aca- lesquelles le metteur en scène a reconnu une Marque du tueur et La Jeunesse de imaginé par Thomas Bernhard. Durant cette tra- riâtre, ne dialoguant bien qu’avec son montée vers la mort. qu’une quinzaine de documentaires en compétition pour le Prix du do- la bête, deux polars atypiques, sont cumentaire historique 1997. à voir en priorité. « Vous devez bien vivre de quelque din. Tous les matins, il brosse son dont il parle dans Ténèbres. A son Du 18 au 24 novembre, place de la Cinéastes japonais d’aujourd’hui EMMANUEL KANT COMÉDIE, chose, et c’est bien pour cela que plumage entre 5 heures et 5 h 30. arrivée à New York, où il est atten- Ve République, 33-Pessac . Tél. : 05- Découvrir Shinji Somai, Takeshi Ki- de Thomas Bernhard. Mise en votre vie n’est remplie que de non- Et il goûte les graines avant que du comme l’événement du siècle, 56-46-03-52 ou 05-56-46-03-57. tano, Mitsuo Yanagimachi, décou- scène : Jean-Louis Martinelli. sens. La vie consiste en une enfilade Ernst Ludwig ne les lui donne. Emmanuel Kant est accueilli par vrir Tatsumi Kumashiro et de nou- PARIS veaux cinéastes. Avec Jean-Marc Bory, Laurence de non-sens, peu de sens, mais une fanfare et... des infirmiers psy- UGC-Ciné Cité Les Halles, Mo Châte- Roy, Roland Sassi, Alain Froma- presque rien que du non-sens. Peu LA SOUPE DU NON-SENS chiatriques. « Vous m’avez re- Hommage à Seijun Suzuki let. Du 12 au 25 novembre. Tél. : 08- ger, Christine Gagnieux, Jean- importe de qui il s’agit. Que ce soit On ne voit pas Friedrich, le psit- connu », dit-il. On a trop souvent réduit le cinéma 36-68-68-58. François Lapalus, Talla Momar des gens imposants, ou prétendu- tacus erithacus. Une couverture Jean-Louis Martinelli a reconnu N’Diaye, Gérard Barreaux, ment tels – tout est pitoyable et ne masque sa cage. Mais on l’entend. la mort dans cette pièce. Il habille Publicité Laurent Dorey. conduit à rien d’autre qu’à la fin. » Il répète ce que dit Emmanuel Kant et ses camarades de traver- THÉÂTRE NATIONAL DE A la fin du voyage d’Emmanuel Kant. Mouture obsessionnelle, ra- sée de vieux costumes blancs sa- STRASBOURG, 1, avenue de la Kant, il y a New York, où le philo- bâchage en boucle : Thomas Bern- lis ; il les place dans un décor trop Marseillaise. Tél. : 03-88-24-88- sophe (Jean-Marc Bory) se rend, hard touille la soupe du non-sens, beau pour être vrai : une image 24. Du mardi au samedi à en compagnie de son épouse aux dans cette pièce plus encore que implacable comme il peut s’en 20 heures. 100 F et 140 F. Durée : beaux cheveux gris (Laurence dans les autres. Chacun des per- glisser dans les cauchemars ; il les 2 h 10. Jusqu’au 22 novembre. Roy) et de son plus fidèle allié, le sonnages parle pour soi. Ils sont dirige de façon que, peu à peu, la perroquet Friedrich, dont s’occupe nombreux, qui forment la petite mise en scène prenne la teinte STRASBOURG un domestique au regard hébété, colonie classique d’un steamer de d’une danse macabre. C’est subtil de notre envoyée spéciale Ernst Ludwig (Roland Sassi). C’est luxe. Outre le personnel, il y a un et juste à plus d’un égard : enfin, Un paquebot est entré au la première fois que Kant quitte sa collectionneur d’œuvres d’art (Gé- on échappe au naturalisme qui, Théâtre national de Strasbourg. ville de Königsberg. Il a accepté le rard Barreaux), un cardinal noir et trop souvent, a grevé les présenta- Son immense profil blanc de car- voyage d’Amérique parce qu’il sexy (Talla Momar N’Diaye) et une tions des pièces de Bernhard. ton-pâte se découpe sur le fond de doit être fait docteur honoris causa milliardaire (l’excellente Christine Jean-Marc Bory compte pour la scène. Devant, un grand espace de l’université de Columbia et sur- Gagnieux), obsédée par l’éventua- beaucoup dans cette réussite : (un vide, avec des cordages et des tout qu’il espère être opéré d’un lité d’un naufrage – sa grand-mère peu trop) intempestif dans les pre- transats : le pont des premières. glaucome. Il porte des lunettes a disparu avec le Titanic. Cette mières scènes, Kant vire insensi- Parfois, une sirène lance de longs noires. Il est impossible. Sans femme est aussi extravagante que blement vers une inquiétude appels. Le bruit des turbines se fait cesse à maugréer, contre son tran- le philosophe. C’est une carica- sourde, comme si son corps ne entendre, obsédant comme une sat qui n’est pas à la bonne place, ture, mais « tout est caricature », pouvait masquer la moue qui dis- fatigue sans objet. Le paquebot contre Ernst Ludwig qu’il marty- dit Kant. tord son esprit enferré dans l’ex- est celui de la pièce Emmanuel rise, contre la stupidité univer- Ce qui est terrible, dans cette centricité la plus totale. Et, comme Kant, de Thomas Bernhard. La fa- selle, la nourriture, les journaux, le pièce, c’est l’acharnement que met le dit le philosophe, « l’excentricité tigue sensible des turbines, celle théâtre. Seul Friedrich le Thomas Bernhard à se démolir. Il est la caractéristique la plus distin- GUIDE de la vie dont l’écrivain autrichien comprend, dit-il (avec Leibniz). A se sert de ses arguments favoris – guée des comètes ». parle dans un livre d’entretiens Königsberg, il lui a fait construire la mauvaise foi en premier – en les paru à La Table ronde, Ténèbres : une maison tropicale dans son jar- poussant à bout, vers cette fin Brigitte Salino Dominique Eade Quartet FILMS NOUVEAUX La Villa, 29, rue Jacob, Paris 6e. o Actrices M Saint-Germain-des-Prés. Le 17 à de Ventura Pons (Espagne, 1 h 40), 22 h 30. De 120 F à 150 F. Tél. : 01-43-26- avec Nuria Espert, Anna Lizaran, 60-00. Yamada, le Japonais errant Les images allégoriques Merce Pons, Rosa Maria Sarda. Jean-Christophe Beney Quartet Alien, la résurrection (*) Au duc des Lombards, 42, rue des Lom- er o tourne le dos au visiteur, séparé de Jean-Pierre Jeunet (Etats-Unis, bards, Paris 1 .MChâtelet. Le 17 à MASAYOSHI YAMADA. Galerie du monde par un lit de cendres de Gérard Rondeau 1 h 44), avec Sigourney Weaver, Wino- 22 heures. 80 F. Tél. : 01-42-33-22-88. Claude Samuel, Le Viaduc des tamisées. Il est intitulé Itinéraires. na Ryder, Ron Perlman, Dan Hedaya, Rencontres cinématographiques arts, 69, avenue Daumesnil, Pa- Toute l’œuvre de Yamada, ou ments, souvent mélancoliques, J. E. Freeman, Dominique Pinon. de Digne-les-Bains L’édition 97 de « Mémoire du cinéma » e Les Amateurs ris 12 . Tél. : 01-53-17-01-11. Jus- presque, traite de ces voyages Galerie Le Lys, 12-14, rue Saint- quelquefois tragiques quand le est consacrée au polar. Au pro- qu’au 29 novembre. Catalogue initiatiques, qui parfois se Louis-en-l’Isle, Paris 4e. Mo Pont- vide s’élargit. On pourrait dire la d’Alan Taylor (Etats-Unis, 1 h 32), avec William Forsythe, Vincent Gallo, Adam gramme : Le facteur sonne toujours préfacé par Alain Jouffroy, confondent avec la vie même. Pas Marie. Tél. : 01-46-33-22-79. Du chose autrement : Rondeau, avec Trese, Frances McDormand. trois fois, Assurance sur la mort, L’As- 24 pages, 90 francs. à pas, d’un tableau à une mardi au samedi, de 10 heures à son Leica, détache du réel des Drancy avenir sassin sans visage, Out of the Past, La sculpture, le visiteur en suivra les 19 heures. Jusqu’au 13 décembre. images allégoriques, mais allégo- d’Arnaud des Pallières (France, 1 h 24), Jeunesse de la bête, Asphalt Jungle, Il y a presque un quart de traces, empreintes de pieds ou riques avec légèreté, sans insis- avec Aude Amiot, Thierry Bosc, Anne- Polar, Le Trou, Heat, Série noire et dé- Lisa Nathan. tour. siècle, le Japonais Masayoshi Ya- souvenirs de bateaux anciens, Soit une photographie, noir et tance. Centre Desmichels, 04-Digne. Du 17 au mada arrivait à Paris, et se de- temples oubliés que gardent en- blanc. Au centre, une galerie mar- Il peut suffire d’une stèle marte- Extasis de Mariano Barroso (Espagne, 1 h 33), 20 novembre. Tél. : 04-92-32-29-33. mandait ce qu’il faisait là. Une core des statues de plomb. chande désaffectée et un manne- lée, vue dans un musée, et des avec Javier Bardem, Federico Luppi, sculpture témoigne du choc Car l’art de Yamada est compo- quin abandonné au milieu de l’al- ombres que l’éclairage y creuse ; Silvia Munt, Daniel Guzman, Leire Ber- REPORTS culturel, du déracinement et de la site : tantôt, il assemble au sol lée. Au fond, le jour, deux passants, ou, dans un autre musée, d’une rocal. Trio Wanderer fascination qu’il a pu alors éprou- des tuyaux cabossés qui, conve- un fragment de façade blafarde. A œuvre enveloppée de plastique Mange ta soupe Le violoniste du trio, Jean-Marc Phil- ver : il s’agit d’un curieux pou- nablement coudés, vont esquis- gauche, au premier plan, une en- comme un cadavre de son suaire. Il de Mathieu Almaric (France, 1 h 15), lips, s’étant cassé le poignet, le concert pon, tenant plus du fœtus que du ser deux silhouettes imbriquées ; seigne de néon dont on ne voit que peut suffire d’un carrefour sarajé- avec Jean-Yves Dubois, Jeanne Balibar, programmé le mercredi 26 novembre Adriana Asti, Laszlo Szabo. marmot, portant sac au dos et tantôt, il réalise de grands pan- quelques majuscules. A droite, vien regardé à travers une fenêtre est reporté au jeudi 4 juin 1998. On connaît la chanson Salle Gaveau, 45, rue La Boétie, Pa- agrippant un parapluie. Yamada neaux faits de collages. Yamada aperçu à travers des vitrines, l’ex- ou d’une rue peuplée d’ombres d’Alain Resnais (France, 2 h), avec ris 8e. Mo Miromesnil. Tél. : 01-49-53- le fit alors poser, le regard fixé sur travaille dans un atelier jonché térieur, dans une clarté grise de aperçues à travers un pare-brise. Pierre Arditi, Sabine Azéma, Jean- 05-07. la tour Eiffel, un des plus beaux d’affiches lacérées. C’est là qu’il crépuscule et de neige sale. La peur, l’enfermement, l’ab- Pierre Bacri, André Dussollier, Agnès Margaret Price hommages qui soient d’un artiste puise ses petits bouts de papier Composition assez symétrique. Al- sence, les menaces s’inscrivent Jaoui, Lambert Wilson. Le récital de Margaret Price prévu le étranger à sa ville d’adoption. qui forment, comme le remarque ternance de profondeur et de fron- dans les lignes et les plans. Les lundi 24 novembre est reporté au sa- (*) Film interdit aux moins de 12 ans. Il s’y est en effet installé, a tra- Alain Jouffroy, « une véritable pa- talité. Impression générale de formes s’opposent, angles et den- medi 10 janvier 1998. vaillé aux beaux-arts, dans l’ate- lette fournie par les rotatives de froid, de solitude, de misère. Au- telures contre courbes et sinuosi- Les billets pour le 24 novembre restent TROUVER SON FILM valables pour le 10 janvier. lier de César, y a fait quelques ex- l’imprimerie ». Il faut s’en appro- cun pathos, aucun effet. On pour- tés. Des motifs que l’on croirait Salle Gaveau, 45, rue La Boétie, Pa- Tous les films Paris et régions sur le Mi- positions et un enfant. Celui-ci cher pour en déceler les parti- rait croire que le cliché a été pris voués à leur destin de stéréotypes ris 8e. Mo Miromesnil. Tél. : 01-49-53- nitel 3615 LEMONDE, ou tél. : 08-36- pose désormais à côté du fœtus cularités techniques, tant le ré- tout en marchant, sans s’arrêter, – la cathédrale de Reims, la vallée 05-07. 68-03-78 (2,23 F/min). qui fut son père, dans un champ sultat est homogène. par un piéton. Ce piéton, c’est le du Nil – sont ainsi réinventés et La Place du diamant Cette pièce – adaptée du roman de fraîchement chaumé. A la galerie, photographe, Gérard Rondeau, réinterprétés. Pas question de tom- ENTRÉES IMMÉDIATES planté dans une niche, le fœtus marchant dans Sarajevo assiégé. ber dans l’éloge du gothique et l’Espagnole Mercé Rodoreda, mise en Harry Bellet scène par Gilles Bouillon et interprétée Le Kiosque Théâtre : les places du jour Ce piéton, c’est celui qui regarde l’orientalisme touristique, l’honnê- par Martine Pascale – devait être jouée vendues à moitié prix (+ 16 F de l’œuvre, tirée dans un format ré- tement patrimonial et le pauvre- au Théâtre national de Chaillot du commission par place). Place de la Ma- duit parce qu’elle n’a pas besoin de ment exotique, lot de tant de pho- 20 novembre au 31 janvier 1998, dans deleine et parvis de la gare Montpar- un petit théâtre aménagé dans le la monumentalité pour démontrer tographes d’aujourd’hui. nasse. De 12 h 30 à 20 heures, du mardi foyer. Les représentations sont repor- sa puissance d’expression. La différence est affaire de au samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, le tées à mars 1998, la commission de sé- composition et de lumière. De dimanche. curité s’étant opposée au fait que Lauréats du concours Long-Thibaud SANS EFFETS SPECTACULAIRES celle-ci, Rondeau a une conception soient joués à Chaillot, « de manière Œuvres de Vivaldi, Bach, Saint-Saëns, Les photos de Rondeau – qui a et un usage singuliers. Il est rare concomitante », Cyrano de Bergerac Milhaud, Ravel, Poulenc, Glazounov. publié cet été dans Le Monde une que des contrastes durs opposent dans la grande salle, Dommage qu’elle Orchestre national de France, Yehudi soit une putain dans la salle Gémier, et série de clichés sur les festivals simplement le blanc et le noir, le Menuhin (direction). La Place du diamant dans le grand culturels – réunies là le temps plein soleil et son ombre dure. Le Théâtre des Champs-Elysées, 15, ave- foyer. d’une exposition ont été faites en plus souvent, ce sont temps de nue Montaigne, Paris 8e.MoAlma- Théâtre national de Chaillot, 1, place Bosnie ou en Champagne, en Li- Marceau. Le 17 à 20 heures. De 40 F à pluie ou de neige, pénombres, cré- du Trocadéro, Paris 16e.MoTrocadéro. 290 F. Tél. : 01-49-52-50-50. tuanie ou en Egypte. Elles ne ra- puscules, nocturnes électriques Tél. : 01-53-65-30-00. content pas, ou à peine. Elles ne – et donc spectres, souvenirs, ves- Marie-Ange Todorovitch (mezzo-so- prano), Philippe Bianconi (piano) cherchent pas à saisir un instant RÉSERVATIONS tiges. Ils vont disparaître. Il ne fait Berlioz : Nuits d’été. Ravel : Schéhéra- hors du commun. Elles ne aucun doute que la nuit et le temps zade. Falla : Chansons populaires espa- Pourquoi j’ai mangé mon père concèdent rien au pittoresque et auront raison de ces formes qui gnoles. de Roy Lewis, mise en scène de Samuel au spectaculaire. Dans l’immobile s’obstinent à durer. La décrépitude Comédie des Champs-Elysées, 15, ave- Bonnafil, avec Bernard Dhéran et Tho- et le banal, par la vertu du cadrage, et la destruction doivent vaincre. nue Montaigne, Paris 8e.MoAlma- mas Suire. elles découpent la construction, Le photographe est le veilleur en- Marceau. Le 17 à 20 h 30. De 90 F à Théâtre Trévise, 14, rue Trévise, Pa- 250 F. Tél. : 01-53-23-99-19. e o qui a du sens parce que des objets têté qui observe l’effacement des ris 9 . M Cadet, Rue-Montmartre. A Charmaine Neville Band partir du 21 novembre. Les mercredi et et des figures sont à leur place, la choses et veut le ralentir avec des Jazz Club Lionel-Hampton, 81, boule- vendredi, à 21 heures ; le jeudi, à bonne, à exacte distance les uns images. vard Gouvion-Saint-Cyr, Paris 17e. 20 h 30 ; le samedi, à 18 heures et à des autres, à la distance qui sug- Mo Porte-Maillot. Le 17 à 22 h 30. 130 F. 21 heures. 50 F* et 100 F. Tél. : 01-47- gère des sensations, des senti- Philippe Dagen Tél. : 01-40-68-30-42. 70-19-10. Jusqu’au 3 janvier. LeMonde Job: WMQ1811--0032-0 WAS LMQ1811-32 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 10:30 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 25Fap:99 No:0318 Lcp: 196 CMYK

32 KIOSQUE LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 EN VUE

a Des milliers d’Espagnols, Le concours pour Miss Colombie mobilise le pays hommes et femmes du troisième âge actif, vont épouser, à La Havane, des jeunes Cubains A Bogota, les médias unanimes oublient la guerre, les scandales narcofinanciers et les élections. prêts à tout pour quitter leur île. Mais Eduardo Quesado, consul Un seul événement : le couronnement de la reine de beauté d’Espagne, assailli de demandes – 1 190 en 1996 –, veille, et refuse DIFFICILE d’échapper au cou- ré comme la « preuve par le feu ». leur pose des questions de culture du pays, sera élue Miss Monde ou les candidatures extrêmes qui ronnement de la reine de beauté de « Bleus, cellulite, cicatrices, tailles générale. Pour être élue, il faut aus- Miss Univers et qu’elle pourra ainsi pourraient conduire au fiasco Colombie. Ce qui chez nous n’est peu marquées, minceur extrême et si savoir s’exprimer. Cette année, le contribuer à modifier la mauvaise l’union des carpes et des lapins. qu’un simple et vulgaire concours désillusions », commente, déçue, thème de prédilection des Colom- image chronique du pays. Cela « C’est pour gérer son de beauté – qui sait quand a lieu l’envoyée spéciale d’El Espectador, biens, saturés de violence, est « la n’est arrivé qu’une fois en cin- patrimoine », confie un guapo de l’élection de Miss France ? – est en l’un des principaux quotidiens co- paix ». La majorité des candidates quante ans. Et c’est chaque année 26 ans, au sujet de sa conquête, terre colombienne une affaire lombiens. se sont déclarées prêtes à œuvrer un sujet médiatique de déprime une Espagnole de 62 ans. Une d’Etat ou presque. C’est en tout cas Le couronnement, l’apogée de la « pour la paix ». Nombre d’entre collective. Chaque année, aussi, les jeune fille, impatiente de s’enfuir l’événement le plus médiatique de manifestation, le 14 novembre, est, elles étudient le journalisme ou la journalistes les plus audacieux ai- au bras d’un hidalgo quatre fois l’année. Tous les ans à la même naturellement, retransmis en direct politique : le concours est un véri- ment à penser que la reine de Co- plus vieux qu’elle, s’explique : époque, en novembre, les envoyés à la télévision, comme bon nombre table tremplin social. L’heureuse lombie, un pays où la classe diri- « J’aime bien m’occuper de spéciaux des radios, télévisions, des défilés préliminaires. Chirurgie tant, c’est toute la haute société co- élue aura aussi, tel un membre de geante est à majorité blanche, aura personnes âgées. » Une enfant de quotidiens et autres magazines se esthétique, kilos en trop, fesses lombienne qui se prête au jeu. la famille royale, des obligations la peau noire afin d’être représen- dix-sept ans prépare ses noces donnent rendez-vous à Cartagena trop plates, rien dans les com- Pour être reine, mieux vaut être sociales : visites d’hôpitaux, sou- tative des départements les plus avec un Madrilène de 92 ans. de los Indias, la magnifique cité co- mentaires n’est épargné aux lec- riche et cultivée. Aussi toutes ces rires aux plus démunis, œuvres de oubliés. Mais cela n’est jamais « L’amour, lui a-t-on dit, n’a pas loniale fortifiée de la côte caraïbe teurs et téléspectateurs. Parfois, on jeunes filles de bonne famille étu- charité. Chaque année, les Colom- arrivé. d’âge ». colombienne pour couvrir le ne sait qui du journaliste ou de ces dient à l’université. Et elles biens espèrent en plus que leur concours désigné pompeusement reines est le plus vulgaire ! Pour- tiennent à leur réputation. Le jury souveraine, véritable ambassadeur Anne Proenza a Devant le boom des comme le « reinado nacional de crémations – 15 % des obsèques belleza » (« règne national de la en France –, le Salon beauté »). DANS LA PRESSE BFM vation que le PC italien et fusionner avec le PS, ou bien, à international de l’art funéraire, Pendant quinze jours, les présen- Philippe Alexandre d’autres en Europe. Qu’il n’a pas tout le moins, devenir un parti qui s’est ouvert, vendredi 14 tateurs vedettes se disputent le pri- EUROPE 1 a En mourant, Georges Marchais osé tourner franchement le dos à comme les autres, réformiste, so- novembre au Bourget, exposait vilège de commenter – dans le dé- Alain Duhamel n’aura même pas eu droit aux res- la révolution d’Octobre et aux cial-démocrate, à l’exemple du PC les innovations du « secteur qui, sordre – fesses, yeux, buste, a Georges Marchais, c’est un ré- pects des usages, c’est-à-dire aux crimes contre l’humanité et la li- italien. C’eût été officialiser selon Patrick Renaud jambes, sourire, cheveux, etc., des volutionnaire qui a perdu ses révo- éloges qui accompagnent toute berté accomplis à travers le l’échec de cinquante années. Ce commissaire du Salon, ne doit candidates. En première page des lutions. Son premier acte public personnalité le jour où elle dispa- monde en quatre-vingts ans. A fut peut-être la grandeur ironique pas rester à l’abri des évolutions quotidiens, on voit chaque jour spectaculaire, symboliquement, a raît. Seulement quelques mor- présent, Robert Hue est libre. de Marchais : arc-bouté sur une de la société ». Notamment, des une photo de ces reines, ainsi été un long article dans L’Humani- ceaux de crêpe sur des drapeaux, absurde fidélité, il a vécu une vie urnes cinéraires solubles dans qu’on appelle ces jeunes Miss qui té en 1968, critiquant sévèrement et de furtifs hommages à la ver- LIBÉRATION globalement négative. Mais il a l’eau, « évitant aux pêcheurs la représentent chaque département le mouvement étudiant et intellec- deur de ses discours. Mais c’est Laurent Joffrin existé. désagréable surprise de les du pays. La guerre interminable tuel : d’entrée de jeu, Georges par sa mort que Marchais peut à a On doit le dire de Georges Mar- retrouver dans leurs filets ». que subit le pays et les scandales Marchais réfutait cette révolution- présent rendre le plus de services chais, même s’il mérite comme L’HUMANITÉ narcofinanciers sont alors relégués là. Et puis, lui qui avait trouvé un à la France, à la gauche et à son tout un chacun le respect au jour Pierre Zarka a Cinquante-trois ans, une au second plan. Même les résultats Parti communiste encore puissant parti. En 1994, c’est lui qui avait de sa mort : ce fut une vie entière a Georges Marchais est mort ; dépression persistante, un des élections municipales qui lorsqu’il en a pris la tête, dominant désigné Robert Hue comme son dépensée au service de l’erreur. notre tristesse est profonde. Les maçon de mari, une fille... viennent d’avoir lieu, le 26 octobre, la gauche, influençant la société, il successeur, selon une procédure Depuis longtemps, en effet, le dé- nombreuses réactions d’émotion Vendredi 7 novembre, à sont jugés de peu d’intérêt face à a légué à Robert Hue un parti si peu démocratique que certains bat de Tours était tranché. Blum et de respect que son décès sus- 13 heures 30, au moment du un tel événement ! L’actualité vio- communiste affaibli, ayant bien du communistes, dont Guy Hermier, avait raison : la militarisation du cite attestent que des centaines repas, elle prend sa décision : en lente est mise de côté. Les journa- mal à atteindre les 10 %. L’autre ré- s’en étaient indignés. C’est vrai- parti et le mépris des libertés pu- de milliers de femmes et finir. Elle suit alors la voie ferrée listes s’attachent à des sujets plus volution qu’il a perdue en route, semblablement à cause de cette bliques ont conduit à la catastro- d’hommes du peuple sont en du côté de Belgiojiso, près de importants : le premier défilé en celle à laquelle il s’identifie le plus, liberté surveillée que Robert Hue phe. Mais si l’on admettait cela, la deuil d’un des leurs ; que la nation Pavie, du pas automatique des maillot de bain des vingt-trois c’est évidemment la révolution so- n’a pu conduire le Parti commu- division du mouvement ouvrier perd un homme politique d’une désespérés. Dix mètres, cent reines devant la presse est considé- viétique. niste sur la voie de la même réno- n’avait plus de sens. Il eût fallu envergure exceptionnelle. mètres, le regard perdu. Un train arrive, elle se couche sur la voie. La locomotive passe puis tous les SUR LA TOILE wagons. Le convoi s’éloigne, elle se croit morte, rouvre les yeux et www.resrocket.com 20 % DES CANADIENS se relève indemne. Dans son INTERNAUTES égarement, elle s’était mise entre a Selon une enquête publiée par les rails, et non pas en travers Des studios virtuels ouverts aux internautes musiciens du monde entier, pour des jam-sessions en direct Comquest Research, le nombre de comme il faut. Elle rentre donc à Canadiens adultes utilisant réguliè- la maison : ils en sont au dessert. « AMATEURS de jungle ou de be- tuel : il y en a cent vingt-sept, du rement Internet a doublé entre sep- bop, trancemasters et rumbaistes ! piano au tuba en passant par l’ac- tembre 1996 et septembre 1997, a Republic V, l’ami du Valais, Res Rocket va vous permettre de fran- cordéon et le banjo électrique, et pour atteindre 4,5 millions, soit planait sur les alpages, connu, chir les frontières et de faire une mu- des centaines de percussions. Stevet 19,3 % de la population. aimé de tous. Il devait son nom à sique nouvelle, avec des musiciens ve- annonce qu’il prépare une base la Republic National Bank de nus d’autres horizons. » Où se trouve rythmique, pendant que les autres L’OCDE EN DIRECT New York qui avait cofinancé Res Rocket ? Difficile à dire. Ses ser- bavardent. Une minute plus tard, il a La conférence de l’OCDE consa- autrefois sa venue en Europe. veurs sont à San Francisco, ses bu- envoie sa création, que tout le crée au « démantèlement des bar- Les Suisses auraient voulu qu’il reaux sont à Londres, ses patrons monde peut entendre en boucle. rières au commerce électronique figure sur le logo de leur canton, sont très nomades, et ses soixante- Aussitôt, Macro travaille une ligne mondial », qui se tiendra à Turku candidat aux Jeux olympiques dix studios sont tous virtuels. de basse, puis Riff se met au piano. (Finlande) du 19 au 21 novembre, d’hiver de 2006, mais un La première fois, on y accède par Le serveur synchronise le tout : en sera diffusée en direct sur Internet. promeneur des bois vient de un site Web, pour télécharger le lo- un quart d’heure, la jam-session bat ww. turku. EU. net découvrir le corps sans vie du giciel gratuit DRGN (prononcer son plein. On ouvre de nouvelles volatile, vaillant représentant « Dragon») et devenir membre du pistes, on récupère ses morceaux SURVEILLANCE POLICIÈRE d’une espèce menacée, abattu club pour 5 dollars par mois. Une pour les améliorer, et on emprunte a Le ministère de la justice des d’une décharge de grenaille. fois installé, Dragon s’occupe de les séquences des autres pour leur Pays-Bas a demandé à XS4ALL, l’un Lundi 10 novembre, la Fédération tout, gère les connexions, fournit les donner un nouveau son. des principaux fournisseurs d’accès des chasseurs suisses dénonçait interfaces. Le nouveau venu arrive Les non-musiciens sont aussi les Internet, de mettre en place un sys- « l’acte infâme », la presse dans un système de dialogue, où ro- bienvenus, pour écouter, poser des tème permettant de surveiller les helvétique publiait des photos de bots et humains s’échangent des questions. En se promenant d’un activités en ligne d’abonnés, qui fait la victime, au noble élan, au vol instructions. Il peut se laisser guider, studio à l’autre, on découvre qu’il y l’objet d’une enquête de police. majestueux, à l’œil rond. Le s’orienter à l’aide d’une carte et rangements en cours sont et quelques autres, se rencontrent en a pour tous les goûts : techno, XS4ALL a refusé, en invoquant le Matin criait vengeance : «Le d’une boussole, ou, s’il sait où il va, visualisés, et sa fenêtre de dialogue dans le studio 10. Les habitués ont ambient, funk, mais aussi jazz, rock respect de la vie privée et en braconnier va le payer. » « On a donner un ordre : « Go to Studio X. » où les jammeurs s’échangent des un clavier de synthétiseur ou un ins- et un peu de classique. Res Rocket contestant la légalité de cette in- assassiné mon copain », confiait Aussitôt, changement de décor : messages en direct. trument MIDI branché sur leur or- rêve d’installer un serveur sur jonction. Cependant, pour ne pas le propriétaire d’un pré. Il est le studio virtuel s’affiche à l’écran, Ce jour-là, Riff à Chicago, Stevet dinateur, mais les novices peuvent chaque continent, pour accueillir gêner le travail de la police, XS4ALL mort, le gypaète barbu. avec ses tableaux de bord, ses me- dans le New Jersey, Macro dans un jouer sur leur clavier ordinaire. toutes les musiques du monde. n’a divulgué ni le nom de la per- nus déroulants, ses pistes-son an- village du nord de l’Angleterre, Gir- D’un clic de souris, chacun crée sa sonne visée ni l’objet de l’enquête. Christian Colombani notées, sa plage de travail où les ar- lie8 à Los Angeles, Raphaël à Paris piste et choisit son instrument vir- Yves Eudes www. xs4all. nl

De Karl Marx à Karl Zéro par Alain Rollat GEORGES Marchais aura fait Chaque chaîne a puisé dans les « compris que la lutte des classes l’unanimité dans sa mort. L’unani- archives de l’INA pour illustrer les passait par les studios ». Mais qui mité sur son bilan médiatique. dons de ce « premier leader popu- dira le non-dit ? Qui dira le prix Unanimement positif. Les profes- laire à avoir su utiliser les médias ». payé à l’image, le style qui tenait sionnels de l’image l’ont transpor- Il n’y avait que l’embarras du lieu de programme, la personnali- té illico au panthéon de la télévi- choix. On l’a donc revu dans ses sation qui valait action ? Qui ra- sion. Il était « une bête de micro », « morceaux de bravoure ». En- contera le Marchais qui croyait « un monstre sacré des plateaux », joué : « Ne croyez-vous pas que avoir apprivoisé la télévision et fi- « la coqueluche des imitateurs ». Il Georges Marchais soit responsable nit broyé par elle ? Qui fera le bi- était « doué comme un comé- du mauvais temps qui sévit sur le lan globalement négatif de cette dien », si « expressif », si « drôle » pays ?... Qu’est-ce que vous pensez politique-spectacle ? Ils l’aimaient, avec « ce style qui n’appartenait de cette question ? » En colère : certes. Ils l’aimaient en riant de qu’à lui », avec toutes « ces scories, « Taisez-vous Elkabbach ! » lui. Comme on aime les clowns. Le dans le langage, qui faisaient « Maintenant, je veux parler ! » Fé- jour même de sa mort, sur Canal rire... » Il était « un des person- roce : « Mitterrand, un allié Plus, les caméras de Karl Zéro nages les plus hauts en couleur de loyal ?... Je ne m’attendais pas à s’amusaient beaucoup de visiter le notre vie politique ». Quelle « per- cette question... Je réfléchis... » siège du PCF, transformé en stu- sonnalité originale» ! Quelle Marchais en scène. Marchais en dio, sous la conduite attentionnée « verve » ! Quel « sens de la for- représentation. Clap de fin sur des héritiers de Karl Marx... mule à l’emporte-pièce» ! «On Marchais en larmes à son dernier Quelqu’un, sur France 2, s’est, l’écoutait comme une attraction, congrès du PCF. Yves Mourousi en conclusion, posé la question : comme quelque chose de en a parlé comme d’un « formi- « Quelle image de Marchais allons- comique », a dit l’un. « On le re- dable partenaire ». Jean-Pierre El- nous conserver : celle de l’homme gardait pour le spectacle ; on ne sa- kabbach a raconté qu’« il arrivait politique ou bien celle de ses imita- vait pas très bien ce qu’il disait, dans les studios comme John Wayne teurs ? » Il ne pouvait y avoir mais il était extraordinaire », a dit entrait dans les saloons ». Alain d’épitaphe plus cruelle. Ni plus l’autre. Duhamel a dit qu’il avait cruellement juste. LeMonde Job: WMQ1811--0033-0 WAS LMQ1811-33 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 09:26 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 25Fap:99 No:0319 Lcp: 196 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / MARDI 18 NOVEMBRE 1997 / 33

LUNDI 17 NOVEMBRE FILMS DE LA SOIRÉE NOTRE CHOIX PROGRAMMES

18.55 Chicken Every Sunday a 20.35 L’Argent des autres aa 22.40 De bruit et de fureur aa b 20.55 Téva De George Seaton (Etats-Unis, 1949, De Christian de Chalonge (France, 5De Jean-Claude Brisseau (France, TÉLÉVISION ARTE N., v.o., 95 min). Ciné Cinéfil 1978, 110 min). TMC 1988, 95 min). Paris Première Le Menu 20.10 L’Homme sans visage a 20.45 ̈ Le Corbeau aaa 22.50 ̈ Gran Casino aa Une semaine durant, Téva propose TF 1 19.00 The Monkees [43/58]. De Mel Gibson (Etats-Unis, 1994, De Henri-Georges Clouzot (France, De Luis Bunuel (Mexique, 1946, N., une programmation spéciale intitu- 19.25 ̈ Les Secrets du Nil [5/60]. 120 min). RTBF 1 1943, N., 85 min). Arte v.o., 90 min). Ciné Cinéfil lée « A table ! ». Avant Le Festin de 19.05 Walker, Texas Ranger. 19.30 7 1/2. Un bandeau sur le front : Daniel 20.30 Le Dimanche 20.50 Zone rouge a 23.00 La Guerre de Troie a Herrero s’attaque au Front national. De R. Enrico (Fr., 1986, 125 min). M6 De Giorgio Ferroni (France - Italie, Babette, le film généreux de Gabriel 19.50 et 20.40 Météo. L’Europe des discriminations. de préférence a 20.00 Journal, Coupe du monde 98 De Giuseppe Tornatore, G. Bertolucci, 22.10 Spéciale première aa 1961, 120 min). Histoire Axel (jeudi 20 et dimanche 23), on 20.00 Reportage. Marco Giordana et Francesco Barilli De Billy Wilder (Etats-Unis, 1974, v.o., 23.55 ̈ Le Narcisse noir aa passionnément. Les Fous volants anti-grêle dans leurs (Fr., It., 1990, 100 min). Ciné Cinémas 105 min). Ciné Cinémas D’Emeric Pressburger verra un documentaire de Frédéric 20.50 Un et un font six. drôles de machines. a aa et Michael Powell (GB, 1947, Laffont, Le Menu, savoureux voyage Téléfilm de Franck Apprederis [1/2]. 20.25 Contre l’oubli, pour l’espoir. 20.30 Les Pas perdus 22.25 L’assassin habite au 21 100 min). Ciné Cinémas De Jacques Robin (France, 1964, N., D’Henri-Georges Clouzot (France, dans une France du bon goût et du 22.30 Le Droit de savoir. Portrait de Goran Slivanovisc (Serbie). 95 min). Festival 1942, N., 80 min). Arte 0.20 Soudain, Le gay Paris : enquête au cœur bon sens. A partir du menu d’un 20.30 8 1/2 Journal. 20.30 Les Filous a 22.25 Bad Boys a l’été dernier aaa de la communauté homo. 20.45 Le Corbeau aaa De Barry Levinson (Etats-Unis, 1987, De Rick Rosenthal (Etats-Unis, 1982, De Joseph L. Mankiewicz (Etats-Unis, grand restaurant parisien, le réalisa- 23.45 Chapeau melon et bottes de cuir. Film de Henri-Georges Clouzot. 120 min). RTL 9 110 min). Canal Jimmy 1960, N., v.o., 110 min). Arte teur nous entraîne dans un tour de 0.40 TF1 nuit, Météo. 22.10 Kinorama. 20.35 Les Voleurs aa 22.30 L’Etau a 0.20 Le Val d’enfer a 0.55 Enquêtes à l’italienne. aa D’André Téchiné (France, 1996, D’Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1969, De Maurice Tourneur (France, 1943, France inhabituel. A chaque étape, 22.25 L’assassin habite au 21 110 min). Canal + 125 min). RTL 9 N., 85 min). Ciné Cinéfil une rencontre avec un produit, un 1.50 L’Homme à poigne. [5/7]. Film de Henri-Georges Clouzot. 23.45 ̈ Court circuit. 81. 20.35 ̈ Simon du désert aa 22.35 Furyo aa 0.35 La neige était sale a homme et le lien qui les unit l’un à De Luis Bunuel (Mexique, 1965, N., De Nagisa Oshima (Grande-Bretagne - De Luis Saslavsky (France, 1953, N., FRANCE 2 0.15 ̈ Les Secrets du Nil [6/60]. v.o., 40 min). Ciné Cinéfil Japon, 1982, v.o., 119 min). Canal + 100 min). RTL 9 l’autre. Jean Panza, courtier en 0.20 Soudain, l’été dernier aaa truffes, Luc Mano, l’infatigable bou- 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. Film de Joseph L. Mankiewicz. langer, Pierre Overnay, le vigneron 19.25 C’est l’heure. 19.55 Au nom du sport. M6 GUIDE TÉLÉVISION passionné, Robert Fabre, le boucher 20.00 Journal, A cheval, Météo. amoureux, Robert Blanc, le roi des 20.55 Urgences. 19.00 Sentinel. Episode pilote. asperges, Thérèse-Marie Couvreur, On demande le docteur Hathaway. 19.54 6 minutes, Météo. 4 Coup du sort. 20.35 Italo Calvino. Planète la laitière. Tous aiment les vraies 20.05 Notre belle famille. DÉBATS TÉLÉFILMS 22.40 D’un monde à l’autre. 20.35 Décrochages info, 6 sur 6. 20.55 Le Menu. Téva choses, le vrai goût. Merveilleux Emploi : mode d’emploi. 20.50 Zone rouge a 22.10 L’Ecran témoin. RTBF 1 21.45 ̈ UnBunuel mexicain. CinéCinéfil 18.00 Nord et Sud. rapport à la nature et à une passion. 0.05 En fin de compte. Film de Robert Enrico. 22.15 Falachas. Planète De Richard T. Heffron [5/15]. Téva Un document qui revigore son 0.15 Journal, Météo. 22.55 Les Barbarians. 4 MAGAZINES 22.25 The Making of a Maestro. 20.50 Un et un font six. homme. – F.H. 0.30 Le Cercle des arts. Film de Ruggero Deodato. France Supervision De Franck Apprederis [1/2]. TF 1 Marcel Proust et nous. 0.30 Jazz 6. Don Byron Group. 1.50 Histoires courtes. Pluies. 13.00 Une heure pour l’emploi. 23.30 La Forêt tropicale expliquée 21.00 Mazarin. La Cinquième De Pierre Cardinal [4/6]. Histoire b 0.55 France 3 aux enfants. [2/3]. La faune. Planète 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. Canal+ 22.05 Un Français libre. Carnets Vodka FRANCE 3 RADIO 23.30 Jazz Memories. De Jim Goddard [2/4]. Festival 19.00 Envoyé spécial, les années 90. Memphis Slim. [1/2]. Muzzik Que peut-on trouver à Moscou ? 18.55 Le 19-20 de l’information. Les néo-nazis. Génération perdue. 22.35 Sandra, princesse rebelle. ̈ FRANCE-CULTURE Le miroir aux alouettes. Histoire 23.45 ̈ Court Circuit. 81. Arte De Didier Albert [7/8]. TV 5 Un militant du Parti des animaux 20.00 et 22.30 Météo. 20.00 Thalassa. L’Ombre du géant. TV 5 23.55 Wole Soyinka, poète citoyen. qui veut faire entrer les quadru- 20.05 Fa si la chanter. 20.30 Agora. Jacques Derrida. Nigeria, juillet pèdes au Parlement, une école pour 20.35 Tout le sport. 22.30 Le Droit de savoir. Le gay Paris : et novembre 1989. Planète SÉRIES 21.00 Le Grand Débat. Le partage enquête au cœur de la communauté surdoués où les adolescents 20.50 Verdict. du travail est-il une utopie ? homo. TF 1 0.15 Woodstock Diaries. Canal Jimmy Film d’André Cayatte. 18.00 Sliders, les mondes parallèles. apprennent à marcher sur des 22.10 Fiction. Nouvelles d’Italo Calvino. 22.40 D’un monde à l’autre. 0.50 Goulag, le secret du bonheur. Un monde selon Lénine [1/2]. M6 22.40 Soir 3. 23.00 Nuits magnétiques. Emploi : mode d’emploi. France 2 Planète braises, des vieilles dames qui 23.05 Le Bon Roi Dagobert. Carnet nomade. 19.00 Sentinel. 4 0.30 Le Cercle des arts. 0.55 La Case de l’oncle Doc. Episode pilote. M6 parlent, affolées, du « terrorisme Film de Dino Risi. 0.05 Du jour au lendemain. Marcel Proust et nous. Avec P. Carnets vodka. France 3 0.55 La Case de l’oncle Doc. 20.55 Urgences. psychotronique » que leur font subir Carnets vodka. 0.48 Les Cinglés du music-hall. Assouline ; A. De Botton ; J.-Y. Tadie ; P. On demande le docteur Hathaway. Le Tan ; etc. France 2 les « services spéciaux ». Oui, les 1.50 Espace francophone. MUSIQUE 4 Coup du sort. France 2 FRANCE-MUSIQUE 21.00 Le Caméléon. Le premier Noël Russes sont déboussolés, comme le DOCUMENTAIRES 21.00 Un bal masqué. de Jarod. Série Club montre ce film de Natalia Turine, CANAL + 20.00 Concert. Prom’s. Mise en scène de John Cox. Muzzik 21.35 New York Police Blues. jeune femme ex-soviétique qui 22.30 Musique pluriel. 19.40 Enver Hodja La méprisable aventure 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. 23.55 Bartók by Solti et Perahia. Invité : Etienne Daho (live). 23.07 Le Bel aujourd’hui. ou l’imposture albanaise. Planète France Supervision de Ted et Carey. Canal Jimmy découvre la nouvelle Russie après 20.30 Pas si vite. Thalès. Portrait de compositeur 20.00 Reportage. 0.10 Le Secret de Suzanne. Téva 22.00 Dark Skies : L’Impossible Vérité. un long séjour en France. Le regard Inhumain. TSR 20.35 Les Voleurs aa Les Fous volants anti-grêle dans leurs 0.30 Mozart en tournée. Muzzik porté sur ses anciens concitoyens 5 drôles de machines. Arte Film d’André Téchiné. RADIO-CLASSIQUE 22.50 Murder One : L’Affaire Jessica. est sarcastique, douloureux, parfois 22.25 Flash infos. 20.00 Mémoires d’ex. [2/3]. Suicide au Chapitre XIII. TSR 19.30 Classique affaires-soir. comité central : 1944 - 1954. Histoire VARIÉTÉS touchant, mais l’ensemble tombe 22.35 Furyo aa 23.45 Chapeau melon et bottes de cuir. Film 4 de Nagisa Oshima (v.o.). 20.40 Les Soirées de Radio-Classique. 20.00 Le Violoncelle enchanté, 0.00 Festival franco-ontarien. Un chat parmi les pigeons. TF 1 dans la caricature : les Russes sont- 0.35 Le Grand Départ. Fabio Biondi. Paul Tortelier. Muzzik Axelle Red sur scène. TV 5 2.10 KYTV. Talking Heads (v.o.). Arte ils si fous ? – N. No. Film de Don Sharp. 22.30 Les Soirées... (suite).

MARDI 18 NOVEMBRE FILMS DU JOUR NOTRE CHOIX PROGRAMMES

13.35 Apollo 13 aa 19.00 La Guerre de Troie a 22.10 Smoke aa b 21.50 Arte TÉLÉVISION 22.10 Smoke aa De Ron Howard (Etats-Unis, 1995, De Giorgio Ferroni (France - Italie, De Wayne Wang (Etats-Unis, 1995, Comedia Film de Wayne Wang (v.o.). 135 min). Canal + 1961, 120 min). Histoire v.o., 109 min). Canal + 0.00 Hommes, femmes, 14.20 Gran Casino aa 19.05 Le Val d’enfer a 22.30 Flesh and Bone a a De Maurice Tourneur (France, 1943, TF 1 mode d’emploi De Luis Buñuel (Mexique, 1946, N., De Steve Kloves (Etats-Unis, 1993, Film de Claude Lelouch. v.o., 90 min). Ciné Cinéfil N., 85 min). Ciné Cinéfil 120 min). France 2 Bob Wilson, 13.50 Les Feux de l’amour. 1.55 Basket-ball. 15.10 Le Programme a 20.10 Qui veut la peau 22.30 Chère inconnue a De David S. Ward (Etats-Unis, 1993, de Roger Rabbit ? aa De Moshe Mizrahi (France, 1979, en chantant 14.40 Arabesque. 115 min). Ciné Cinémas De Robert Zemeckis (Etats-Unis, 1988, 105 min). Paris Première 15.35 Côte Ouest. LA CINQUIÈME/ARTE 15.50 Furyo aa 100 min). Disney Channel 23.15 Diamond City a 16.30 TF ! jeunesse. De Nagisa Oshima (Grande-Bretagne - 20.30 Caprices a De David MacDonald À BERLIN, mardi 4 novembre, 17.10 Savannah. 13.00 Une heure pour l’emploi. Japon, 1982, 125 min). Canal + De Léo Joannon (France, 1941, N., (Grande-Bretagne, 1949, N., v.o., avait lieu la première de la nou- 18.00 Les Années fac. 14.00 Chercheurs d’aventure 15.50 Ça commence à Vera Cruz a 85 min). Ciné Cinéfil 90 min). Ciné Cinéfil 14.30 Droit d’auteurs. De Don Siegel (Etats-Unis, 1949, N., velle production de Robert Wil- 18.30 Ali Baba. 20.30 Un homme 0.00 Hommes, femmes, 15.30 Les Rois d’Afrique. [4/4]. 75 min). Ciné Cinéfil a a son, Saints and Singing, d’après 19.05 Walker, Texas Ranger. e sans importance mode d’emploi 16.25 ̈ Gaïa. Histoire de l’écologie (1/2). 17.05 49 parallèle aa De Suri Krishnamma (GB, 1994, De Claude Lelouch (France, 1996, Gertrude Stein. Les caméras 19.50 et 20.40 Météo. De Michael Powell 100 min). Ciné Cinémas 114 min). Canal + 20.00 Journal, Résultat des courses. 16.55 Cellulo. et Emeric Pressburger d’Arte étaient présentes, comme 17.25 Allô la terre. [2/4]. (Grande-Bretagne, 1941, N., v.o., 20.35 Prince noir a 0.00 Serial Mother a 20.50 Le Flic de Beverly Hills 3. 120 min). Ciné Cinéfil De Caroline Thompson (GB, 1994, De John Waters (Etats-Unis, 1994, elles l’avaient été pendant les Film de John Landis. 17.35 De cause à effet. 95 min). TMC 90 min). Ciné Cinémas 17.05 Chicanos Story a répétitions. Cela se passait au 22.40 Célébrités. 17.50 Le Journal du temps. 20.55 Les Bronzés font du ski a 0.30 La Symphonie Invités : Dieudonné ; Yves Lecocq. 18.00 Les Fabricants de cigares De Luis Valdez (Etats-Unis, 1981, v.o., De Patrice Leconte (France, 1979, Hebbel Theater – une des plus 100 min). Ciné Cinémas 90 min). France 2 fantastique aa 0.10 Le docteur mène l’enquête. 18.30 Le Monde des animaux. belles salles berlinoises, dirigée 4 Le passé refait surface. 18.30 Le Chevalier de Maupin a 21.35 Orfeo aa De Christian-Jaque (France, 1941, N., 19.00 The Monkees. [44/58]. De Mauro Bolognini (Italie, 1966, 90 min). RTL 9 par une femme, Nele Hertling, qui De Claude Goretta (France, 1984, 1.05 TF1 nuit, Météo. 19.25 ̈ Les Secrets du Nil. [7/60]. 120 min). Festival 90 min). France Supervision 0.45 Chicken parcourt l’Europe à la découverte 1.20 Reportages. 19.30 7 1/2. 18.45 My Left Foot a 21.55 La Maison jaune de Rio a Every Sunday a De Jim Sheridan (Grande-Bretagne, des formes nouvelles. Une fois Pour ou contre la télé au prétoire ? De Karl Grüne (France, 1930, N., De George Seaton (Etats-Unis, 1949, L’Europe des discriminations. 1989, v.o., 105 min). Ciné Cinémas 80 min). Ciné Cinéfil N., v.o., 95 min). Ciné Cinéfil déjà, Robert Wilson a œuvré au FRANCE 2 20.00 Archimède. Hebbel. C’était en 1992, pour un 13.50 Derrick. 20.30 8 1/2 Journal. autre texte de Gertrude Stein, Une famille unie. Angoisse. 20.45 La Vie en face. GUIDE TÉLÉVISION Doctor Faustus Light the Lights. Le 16.00 Tiercé. Paroisse, paroissiens, paroissiennes... 16.15 La Chance aux chansons. 21.40 Comedia. Le théâtre européen. plus européen des metteurs en 17.10 Des chiffres et des lettres. Robert Wilson, magicien et géomètre. scène américains se dit « fasciné » 17.40 Un livre, des livres. 21.50 Comedia. Saints and Singing. Opérette de Gertrude Stein. DÉBATS DOCUMENTAIRES 20.00 Concerto par la plus française des femmes 17.50 Chair de poule. brandebourgeois no 5. Muzzik 18.15 Friends. 23.35 Comedia. écrivains américaines. Peut-être Le Hebbel-Theater de Berlin. 18.45 Qui est qui ? 22.00 Spécial procès Papon. 18.00 Les Fabricants de cigares. 20.45 Festival international faut-il voir, dans cette fascination, 0.35 Comedia. Les Marionnettes Avec Marc Olivier Baruch ; Pascal La Cinquième de musiques sacrées de Fès. un effet de miroir : chez Gertrude 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. de Saint-Pétersbourg. Froment ; Laurent Douzou. Histoire 18.00 Mémoires d’ex. [2/3]. Suicide au France Supervision 19.25 C’est l’heure. Stein, comme chez Robert Wilson, 1.20 ̈ Les Secrets du Nil. [8/60]. comité central : 1944 - 1954. Histoire 21.00 Harmoniemesse de Haydn. 19.55 Au nom du sport. 1.25 Tennessee Williams. MAGAZINES 18.00 Jazz Collection. Muzzik la perception du réel passe par un 20.00 Journal, A cheval, Météo. Orpheus of the American Stage. Count Basie. Muzzik 21.50 Comedia. Saints and Singing. filtre secret, onirique. 20.55 Les Bronzés font du ski a 13.00 Une heure pour l’emploi. 18.15 Pour l’amour du leader. Planète Mise en scène de Robert Wilson. Arte Film de Patrice Leconte. La Cinquième Saints and Singing – un titre M6 19.05 La Madone et les Gitans. Planète 21.50 Ave Verum KV618, de Mozart. 22.25 Un livre, des livres. 13.20 ̈Un Bunuel mexicain. CinéCinéfil qu’il ne faudrait pas essayer de 20.10 Des hommes dans la tourmente. Muzzik 22.30 Flesh and Bone a 13.00 Madame est servie. 13.30 Le Cercle du cinéma. Eisenhower versus Rommel. Planète 22.20 Te Deum de Haydn. Muzzik traduire – est d’une veine fan- Film de Steve Kloves. 13.30 L’Héritière suspecte. Avec Mathieu Amalric ; Jan Bucquoy ; Téléfilm de Joseph Sargent. 20.35 La Royal Air Force. 22.30 La Passion selon saint Jean, tasque. C’est une variation sur des 0.35 Journal, Météo. Claire Denis. TV 5 15.25 Wolff, police criminelle. [7/8]. Les gardiens de la mer, de Bach. Muzzik mots assemblés d’une manière 0.50 Les Grands Entretiens du Cercle. 13.35 Parole d’Expert. le Coastal Command. Planète 16.20 Boulevard des clips. Invité : Alex Métayer. France 3 23.05 Theodora. Mise en scène musicale. Inutile d’y chercher une 20.45 La Vie en face. Paroisse, paroissiens, de Peter Sellars. France Supervision FRANCE 3 17.25 M 6 Kid. 14.30 Droit d’auteurs. paroissiennes ? Arte histoire ou des personnages. Il 18.05 Sliders. [2/2]. Avec Claude Allègre ; Nicolas Baverez ; 0.25 Haydn. Symphonie no 103 «Mit dem Michel Pincon et Monique 21.25 The Beatles Story. Canal Jimmy Paukenwirbel». Muzzik faut se laisser aller, comme Robert 13.35 Parole d’Expert. 19.00 Sentinel. Etat de siège. Pincon-Charlot. La Cinquième 21.30 Fins de saisons. Planète 1.00 La Passion selon saint Mathieu, Wilson l’a fait en imaginant des 14.30 Vivre avec... Femmes et cancer. 19.54 6 minutes, Météo. 18.00 Stars en stock. Shelly Winters. 14.48 Le Magazine du Sénat. 20.05 Notre belle famille. 22.25 Enver Hodja ou l’imposture de Bach. Muzzik images qui suivent le fil d’Ariane Doris Day. Paris Première 14.58 Questions au Gouvernement. 20.40 Décrochages info, E=M6 junior. albanaise. Planète de Gertrude Stein. « Opérette » 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. 16.10 Le Jardin des bêtes. 20.55 Docteur Quinn, femme médecin. Invité : Metallica (live). Canal + 23.05 Nick Leeson et la chute TÉLÉFILMS prévient le sous-titre du spectacle, 16.40 Minikeums. L’image du père. Le moment de vérité. 21.00 Le Gai Savoir. de la maison Barings. TSR qui ne ment pas. Saints and Sin- 17.45 Je passe à la télé. 23.40 Amicalement vôtre. Les crimes communistes. 20.30 La Baïonnette de Mirabeau. 23.15 Italo Calvino. Planète De Claude Faraldo. Festival ging est une succession de 18.20 Questions pour un champion. 0.35 Zone interdite. Invités : Jean-Louis Panné ; Les nouveaux croyants. Jacques Julliard ; Gilles Martinet ; 23.35 Comedia. Arte 20.30 La Place du père. tableaux chantés. On y voit des 18.50 Un livre, un jour. André Glucksmann 0.10 Femmes dans le monde. Téva De Laurent Heynemann. RTL 9 18.55 ̈ Le 19-20 de l’information. et Claude Cabanes. Paris Première jeunes gens qui s’adonnent à des 0.55 Falachas. Planète 22.05 Capitaine James Cook. jeux tendres et cruels comme 20.01 et 22.25 Météo. RADIO 21.15 Contre-pied. Invités : Bruno Dayez ; De Gordon Clark [2/4]. Festival 20.05 Fa si la chanter. Lisbet Van Doorne ; Jean-Pierre peuvent l’être les cauchemars Stroobants ; Carine d’Outrelepont ; SPORTS EN DIRECT 22.20 Kidnapping. 20.35 Tout le sport. Jacques Gevers ; Patrick Anspach ; De Colin Bucksey. RTL 9 enfantins où passe un géant 20.50 Le Cirque Amar. FRANCE-CULTURE Freddy François. RTBF 1 21.00 Boxe. Championnat intercontinental aveugle, où une femme chante 22.35 Soir 3. 19.45 Les Enjeux internationaux. 22.35 Bouillon de culture. WBO poids plumes : Steve Robinson SÉRIES 23.00 Comment ça va ? Un plus un égal deux. TV 5 (GB) - Alric Johnson (Tr.). Eurosport une berceuse à un poisson. 20.00 Les Chemins de la musique. [2/5]. Il n’est pas sûr que la télévision Le dossier : Au cœur de la greffe. 20.30 Agora. 22.40 Célébrités. 2.00 Basket-ball NBA. Houston Rockets - 18.05 Sliders, les mondes parallèles. 0.00 Magazine olympique. Un monde selon Lénine [2/2]. M6 21.00 Poésie studio. Invités : Dieudonné ; Yves Lecoq. TF 1 New York Knicks. Canal + soit le meilleur allié de Robert 0.25 Rencontres à XV. 23.00 Comment ça va ? Le dossier : 18.15 Friends. Celui qui a du mal Wilson. Le cadre de l’écran écrase 22.10 Mauvais genres. à se préparer. France 2 0.55 New York District. 23.00 Nuits magnétiques. Au cœur de la greffe. France 3 MUSIQUE ses images et ses lumières. Pour- Meurtre en Noir et Blanc. 23.00 De l’actualité à l’histoire. 19.00 Sentinel. Etat de siège. M6 Familles, je vous filme. tant, le charme opère, parce qu’on 0.05 Du jour au lendemain. La presse d’investigation. 17.25 Les Inrockuptibles à l’Olympia 96. 19.05 Walker, Texas Ranger. CANAL + ELF et le Congo. Histoire France Supervision Vision mortelle. TF 1 chante beaucoup dans Saints and Edwy Plenel (Les Mots volés). 0.48 Les Cinglés du music-hall. 0.35 Zone interdite. 18.15 Les Inrockuptibles à la Cigale 96. 20.00 François Kléber. Le Baladeur. TV 5 Singing, mis en musique par Hans- 13.35 Apollo 13 aa Les nouveaux croyants. M6 France Supervision 20.45 Murder One : L’Affaire Jessica. Peter Kühn. Ce compagnon de Film de Ron Howard. 0.50 Les Grands Entretiens du Cercle. 19.15 Una stravaganza dei Medici. Chapitre XI. Série Club 15.50 Furyo aa FRANCE-MUSIQUE Invité : Bernard Manciet. France 2 Dir. A. Parrott. France Supervision longue date du metteur en scène a Film de Nagisa Oshima. 20.55 Docteur Quinn, femme médecin. 19.30 Prélude. L’image du père. imaginé des airs aux dissonances 17.55 Pas si vite. 20.00 Concert. Le moment de vérité. M6 mélodieuses et foraines, qui sont 18.00 Surprises. SIGNIFICATION DES SYMBOLES : LES CODES DU CSA : Œuvres de Gounod, Poulenc, Enesco, 20.55 Guerres privées. Folies douces. ̈ En clair jusqu’à 20.35 Milhaud. Signalé dans « Le Monde 4 Accord parental souhaitable Au nom de la rose. Téva joyeux même quand ils sont ̈ 18.15 Cyberflash. 22.30 Musique pluriel. Télévision-Radio-Multimédia ». 5 Accord parental indispensable 21.00 Voltaire : Ce diable d’homme. tristes. Un régal. Ils sont interpré- a On peut voir. ou interdit aux moins de 12 ans 18.25 ̈ Lumières sur un massacre. 23.07 Le Dialogue des muses. Emilie contre Frédéric. Histoire tés par des élèves des écoles La bottine. aa Ne pas manquer. 6 Public adulte 21.30 Twin Peaks. Ernst-Busch de Berlin et Giorgio- 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. aaa Chef-d’œuvre ou classiques ou interdit aux moins de 16 ans o RADIO-CLASSIQUE Episode n 6. Série Club 20.30 Le Journal du cinéma. Le Monde publie chaque semaine, dans son supplément daté dimanche-lundi, les pro- 23.00 Les Disparues de l’île Strehler de Milan, qui donnent grammes complets de la radio et – accompagnés du code ShowView – ceux de la télévision souvent envie de bisser. 20.35 Dracula, 19.30 Classique affaires-soir. ainsi qu’une sélection des programmes du câble et du satellite. aux mouettes. [5/5]. Série Club mort et heureux de l’être. 20.40 Les Soirées de Radio-Classique. d Sous-titrage spécial pour les sourds et les malentendants. 2.10 Bottom. Film de Mel Brooks. Piano quatre étoiles. He’s Out (v.o.). Canal Jimmy Brigitte Salino 22.00 Flash infos. 22.35 Les Soirées... (suite). LeMonde Job: WMQ1811--0034-0 WAS LMQ1811-34 Op.: XX Rev.: 17-11-97 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:17,11, Base : LMQPAG 25Fap:99 No:0320 Lcp: 196 CMYK

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MARDI 18 NOVEMBRE 1997 Les avocats de Maurice Papon jugent Les attentats à Cuba Ce Journal d’Ailleurs seraient l’œuvre par Pierre Georges son état de santé « extrêmement inquiétant » ÉCRIRE. Comme une bouteille assassinés y suffirait. Silence d’un gang jetée à la Méditerranée. Ecrire. imposé et par tous les moyens ! La défense de l’accusé n’exclut pas le report de l’audience Ecrire sa vie pour survivre. Ses Le monde de la communication, salvadorien joies pour sourire encore un peu. celui qu’on célèbre ou dénonce, LE PROCÈS de Maurice Papon la préfecture de la Gironde de 1942 semaine de procès, la cour devait Ses petits tracas quotidiens pour pour l’ampleur de son emprise ou devant la cour d’assises de à 1944 a été hospitalisé du 23 octo- aborder directement le rôle de LES ATTENTATS à la bombe les moquer. Sa peur permanente la débauche de ses moyens, est un Gironde devait reprendre, lundi bre au 7 novembre au service de Maurice Papon dans la déporta- commis contre des installations pour la dominer. Ecrire pour peu nu face à l’Algérie. Tous les 17 novembre à 13 h 30, mais l’état cardiologie de l’hôpital Haut- tion de plus de 1 500 juifs de Bor- hôtelières cubaines ces derniers oublier et ne rien oublier. Pour dire moyens du monde, tous les fax, de santé de l’accusé paraissait Lévêque de Pessac, pour une bron- deaux vers Drancy de juin mois auraient été perpétrés par un et, dans la pudeur des mots et des toutes les caméras, tous les télé- préoccupant, lundi, en fin de mati- chite qui a évolué ensuite en 1942 à mai 1944. Les magistrats gang salvadorien de voleurs de voi- sentiments, ne pas tout dire. Ecrire phones satellitaires, mais aussi née. A la demande de ses avocats, « pneumopathie aiguë ». «A devaient examiner d’abord la tures agissant pour le compte d’anti- comme un acte de vie, de foi, de tous les courages et toutes les qui jugent la situation « extrême- l’époque, il avait un poumon pris. déportation de Léon Librach, puis castristes, affirme, dans son édition résistance pour ne pas céder au prises de risques des envoyés spé- ment inquiétante », deux médecins Maintenant, il a les deux poumons ils devraient étudier la rafle du du 16 novembre, le Miami Herald. Le découragement, à la folie des ciaux, tous les récits et toutes les du SAMU l’ont examiné dans la pris », a déclaré Me Vuillemin. 16 juillet 1942 et le premier convoi plus grand quotidien de Floride a temps. Ecrire comme une évasion photographies ne peuvent rien journée de dimanche. « Il crache Vendredi 14 novembre, l’au- de déportation vers Drancy du enquêté durant deux mois dans les de l’esprit, entre l’envie de témoi- contre cette réalité-là : on peut du pus, il est secoué de quintes de dience avait été interrompue par 18 juillet. milieux de l’émigration à Miami, gner et celle, presque thérapeu- décrire l’horreur d’une situation, toux », ont déclaré les défenseurs un malaise de l’accusé. Le pré- En marge du procès, l’un des mais aussi au Salvador, au Guate- tique, de raconter, se raconter. une fois, dix fois, cent fois, on peut de Maurice Papon en indiquant sident de la cour, Jean-Louis Cas- avocats de Maurice Papon, Francis mala et au Honduras. Cette thèse Le Monde publie, à partir essayer d’en décrire, avec une qu’ils n’excluaient pas un report de tagnède, avait décidé de suspendre Vuillemin, a indiqué que son client contredit l’hypothèse d’actions d’aujourd’hui et toute la semaine, minutie sanglante, les effets. Ou l’audience de lundi. l’interrogatoire sur le service des allait engager « des poursuites menées par un groupe d’opposants à des « Lettres qui nous viennent d’en démonter, avec scrupule, les L’accusé s’est rendu lundi matin questions juives de la préfecture pénales pour violation de domicile l’intérieur de l’île. d’Algérie ». Et c’est absolument mécanismes politiques. L’informa- à l’hôpital Haut-Lévêque de Pes- de Bordeaux en raison de la privé de nuit » à l’encontre de deux Quelques heures après le dernier hors de l’ordinaire, hors de son tion reste comme cette situation : sac, dans la banlieue de Bordeaux, fatigue de Maurice Papon. Cet photographes qui ont été surpris, attentat, la police avait arrêté un Sal- ordinaire. Il faut lire ces lettres. Les incontrôlable. où les médecins devaient l’exami- interrogatoire devait reprendre samedi soir, dans l’enceinte de la vadorien, Raúl Cruz Leon, qui lire parce qu’elles sont à la fois Ces lettres d’Algérie sont, en ce ner afin de déterminer s’il est en lundi. La cour devait également maison que loue l’accusé dans la reconnaissait avoir posé six des onze multiples et uniques, écrites, qu’on sens, un moyen de contourner le mesure d’assister à son procès. «Je entendre, « à titre de simple rensei- banlieue de Bordeaux. Ces deux bombes. Après une tentative mal- pardonne l’emprunt, avec un sang mur. Le plus vieux mode de suis très pessimiste, il a toussé toute gnement », un témoin spontané, photographes ont été interpellés heureuse pour devenir officier, Raúl d’encre. communication, hormis la parole, la nuit et il a les bronches prises », a Christiane Hippolyte, ancienne par la demi-douzaine d’agents du Cruz Leon, selon le Miami Herald, Aucune n’était destinée à publi- vient au secours du plus moderne. déclaré l’un de ses avocats, Francis rédactrice du service des questions RAID qui assurent jour et nuit la s’était enrôlé dans un gang de cation. Aucune ne fut écrite dans Ou plutôt au secours d’une vérité Vuillemin, qui l’accompagnait en juives à partir de la fin du mois protection de l’ancien ministre voleurs de voitures qui fut bientôt au un autre souci que celui d’être lue volée. Ceux qui les ont écrites – et voiture. Agé de quatre-vingt-sept de juillet 1942. depuis le début du procès, le mieux avec les cercles anti-castristes par son destinataire. C’est proba- avec quel talent, quelle rage du ans, l’ancien secrétaire général de Au cours de cette septième 8 octobre. du Salvador, eux mêmes souvent liés blement ce qui en fait le poids et le désespoir parfois ! – tenaient, sans au milieu militaire local. prix, témoignages dégagés de le savoir ou le sachant, un Journal. Les journalistes du quotidien amé- toute nécessité de plaire, de Un Journal intime comme une ricain ont facilement retrouvé tout séduire, de manipuler. De la flamme fragile dans la tourmente, L’Hôtel George-V vend ses meubles aux enchères ce petit monde à El Salvador, recueil- communication brute d’émotions, mais aussi un Journal de bord. lant de nombreux témoignages. de souffrances, d’espoirs, de rési- Devenus, bien malgré eux, les Me Jacques Tajan est ravi. maquiller, selon l’actrice », précise prix sont plus acccessibles. Claude Selon l’enquête du Miami Herald, un gnation, de peurs, de tout ce qui chroniqueurs, les journalistes de « Avez-vous vu ce week-end les Me Tajan. Mise à prix : 4 000 F. Terrail, le célèbre propriétaire du certain Francisco Chavez se serait fait, en somme, l’ordinaire du vécu leurs propres épreuves, ils 300 mètres de queue devant la porte « Elle risque d’être adjugée beau- restaurant La Tour d’Argent, a été rendu plusieurs fois à La Havane algérien. racontent. Et c’est ainsi qu’on vit de l’hôtel George-V ? », demande le coup plus », ajoute le commissaire- l’un des premiers, ce week-end, à avant les attentats ; il s’y trouvait Depuis des mois, des années, la en Algérie, qu’ils vivent en Algérie, commissaire-priseur, qui organise, priseur. Pour un lit double de la visiter le George-V. « C’est son père encore le 11 avril, quelques heures presse s’efforce de raconter l’Algé- que vit l’Algérie ! à partir du lundi 17 novembre et suite des Rolling Stones : 8 000 F. qui fut le fondateur du palace, dès avant le premier attentat qui frappa rie, d’analyser, de faire son métier. Journal d’Ailleurs. Dans la pre- pour dix jours, la vente des 1925, raconte Me Tajan. Et non la l’hôtel Cohiba Melia. C’est égale- Tâche à peu près impossible. La mière des lettres publiées, Fatiha, meubles et objets d’art du célèbre « QUE DE SOUVENIRS ! » famille Dupré en 1928, comme je le ment lui qui aurait organisé les réalité fait assez mauvais ménage professeur de français, écrit : palace. Les mises aux enchères On se presse devant la vitrine où croyais jusque-là. M. Terrail avait voyages à Cuba de Raúl Cruz Leon. avec la sous-information, la cen- « J’hésite encore à vous envoyer auront lieu sur place, au 31, ave- siègent deux chiens de fine faïence dû revendre l’hôtel cette année-là, Les enquêteurs du Miami Herald sure permanente, l’impossibilité cette lettre. Et, si je le fais, c’est que le nue George-V, dans le 8e arrondis- anglaise qui ornaient la chambre l’un de ses associés, le banquier mettent aussi en cause Posadas Car- réelle d’enquêter sur le terrain. Ce besoin d’être entendue aura été le sement de Paris. Le public, de Greta Garbo. On fait mine de Lazarus, s’étant suicidé à la suite riles, en fuite, qui aurait recueilli n’est pas là affaire de volonté, mais plus fort, plus fort que cette petite « accueilli dans ce musée éphé- s’asseoir sur le petit canapé cher à d’un scandale. » auprès de la communauté cubaine d’incapacité physique à voir, dire, voix qui me dit : à quoi bon ? ». Ce mère », selon le joli mot du Gary Cooper. « Que de souvenirs ! de Miami les fonds nécessaires aux vraiment. S’il fallait une preuve, le besoin « d’être entendue » nous commissaire, n’a pas boudé son Leur valeur est inestimable, comme Danielle Rouard attentats. nombre de journalistes algériens fait obligation d’entendre. plaisir. Une assistance variée de notre attachement », commentent professionnels, de simples curieux les aficionados, rarement capables et de personnalités parmi les- d’acheter. Autour des tables dres- quelles on pouvait reconnaître sées, ils soupèsent un plat d’argen- Hubert Védrine, ministre des terie, se renseignent sur les lots de Vive hausse à Paris affaires étrangères, ou... le bras- verres. « Il nous reste à rêver », seur d’affaires Bernard Tapie. murmure un curieux, avant de LA BOURSE de Paris était orien- L’indice Nikkei, principal indica- Ils ont été plus de 30 000 à regagner les galeries où les mises à tée à la hausse, lundi 17 novembre, teur de la deuxième Bourse mon- déambuler au rez-de-chaussée et dans le sillage du surprenant diale, a gagné 1 200,80 points, pour dans les salons pour voir le mobi- rebond du marché tokyote. En pro- terminer à 16 283,32 points. Il enre- lier et la vaisselle destinés à la a ÉGYPTE : des hommes armés, gression de 2,81 % au début des gistre ainsi la quatrième plus forte vente de prestige du premier jour vraisemblablement des inté- échanges, l’indice CAC 40 gagnait hausse en pourcentage de son his- de ces enchères géantes. Ils sont gristes, ont ouvert le feu, sur un 2,64 % à 2 767,18 points quelques toire et la huitième en points. venus le plus souvent en famille autobus de touristes, lundi minutes plus tard. A l’origine de cette flambée de découvrir, avant qu’il disparaisse, 17 novembre à Louxor (Haute- Quelques heures plus tôt, la hausse, il y a la fermeture en dou- le luxueux décor datant de l’ouver- Egypte), tuant deux personnes et Bourse de Tokyo terminait sur une ceur de la banque Hokkaido Takus- ture. Le palace, après avoir été en blessant huit autres, selon des hausse spectaculaire de 7,96 %. hoku Bank (Hokutaku) par le gou- racheté par un neveu du roi d’Ara- sources policières. Un islamiste vernement japonais, qui garantira bie Saoudite, doit en effet être aurait été tué. L’attaque, qui a eu VALEURS LES PLUS ACTIVES les créances. Les boursiers ont le entièrement rénové. C’est à un lieu dans la Vallée des reines, sur la 17/11 Titres Capitalisation sentiment que le gouvernement est décorateur français, bien décidé à rive ouest de Louxor, est la pre- SE´ANCE, 10 h 15´ echange´senF aujourd’hui disposé à faire le conserver le charme « français », mière du genre sur ce site très fré- France Telecom 426028 92584594,80 Elf Aquitaine 78267 56032119 nécessaire pour soutenir le secteur qu’a été confiée la mission. quenté par les touristes, depuis le Eaux (Gle des) 69593 52585394 financier. Il n’y a pas de catalogue, tant est déclenchement de la vague de la Carrefour 16676 50503575 Sur le front des changes, le dollar imposant le nombre d’objets : plus violence intégriste dans le pays, en L’Oreal 19731 42702382 se redressait face au franc et au de 10 000. Les mini-bars, gainés 1992. – (AFP.) Axa 102828 41914674,30 Total 56203 36058105 deutschemark. Le billet vert d’une laque noire frappée du bla- Alcatel Alsthom 46793 32502463 s’échangeait à 5,8122 francs et son du George-V, sont mis en Sanofi 52080 28447254 1,7357 deutschemark. Le Matif vente au prix de 600 F. Le piano Saint-Gobain 32477 26410133 cédait 10 centièmes à 99,10. Steinway sur lequel jouait Errol Dans « Le Monde Garner pour faire danser Audrey MARCHE´ DES CHANGES A` PARIS PARITE´S DU DOLLAR 17/11 Hepburn est proposé à 20 000 F. FRANCFORT : USD/DM 1,7282 Dans un coin du salon Vendôme diplomatique » DEVISES cours BDF 14/11 % 13/11 Achat Vente Allemagne (100 dm) 334,9000 – 0,01 322 346 TOKYO : USD/Yens 125,3600 est allumée une coiffeuse, celle ´ que retrouvait dans sa suite, au ALORS que se développe la Ecu 6,6280 – 0,04 ...... LES TAUX DE RE´FE´RENCE a E´tats-Unis (1 usd) 5,7954 + 0,36 5,4200 6,0200 premier étage, Marlène Dietrich. polémique autour du Livre Taux Taux – Belgique (100 F) 16,2370 0,02 15,6600 16,7600 TAUX 14/11 jour le jour 10 ans « C’était la meilleure pour se noir du communisme, Le Monde Pays-Bas (100 fl) 297,1300 – 0,01 ...... France 3,34 5,63 diplomatique de novembre rap- Italie (1000 lir.) 3,4220 .... 3,1500 3,6500 Allemagne 3,37 5,62 pelle « Pourquoi l’Union sovié- Danemark (100 krd) 88 – 0,02 82 92 Grande-Bretagne 7,19 6,73 tique a fasciné le monde». Irlande (1 iep) 8,7385 + 0,17 8,2800 9,1200 Italie 6,94 6,26 Le mensuel se penche sur le + Gde-Bretagne (1 L) 9,8215 0,12 9,3500 10,2000 Japon 0,47 1,82 détournement – au nom du pro- Gre`ce (100 drach.) 2,1325 – 0,05 1,8000 2,3000 E´tats-Unis 5,53 5,86 fit – des nouvelles technologies de Sue`de (100 krs) 76,9400 + 0,13 71 81 MATIF Suisse (100 F) 413,3700 + 0,29 398 422 l’information, en particulier Inter- dernier Norve`ge (100 k) 82,0300 + 0,33 76,5000 85,5000 E´che´ances 14/11 volume net. L’avocat Ralph Nader, défen- prix seur des consommateurs aux Autriche (100 sch) 47,5850 – 0,01 45,8500 48,9500 NOTIONNEL 10 % Espagne (100 pes.) 3,9705 + 0,06 3,6500 4,2500 De´c. 97 94822 99,20 Etats-Unis, montre comment Portugal (100 esc. 3,2850 .... 2,9000 3,6000 Mars 98 384 98,64 Microsoft tente d’imposer son Canada 1 dollar ca 4,1108 + 0,20 3,7500 4,3500 Juin 98 2 98,04 monopole dans ce secteur. Japon (100 yens) 4,5832 – 0,51 4,3600 4,7100 PIBOR 3 MOIS ૽ En vente chez votre mar- BOURSE TOUTE LA BOURSE EN DIRECT 36 15 LEMONDE chand de journaux. 22 francs. Cours releve´s le lundi 17 novembre, a` 10 h 15 (Paris) FERMETURE OUVERTURE DES PLACES ASIATIQUES DES PLACES EUROPE´ENNES Tokyo Nikkei 16283,32 + 7,96 – 15,90 Cours au Var. en % Var. en % Honk Kong index 10419,75 + 4,64 – 22,54 17/11 14/11 fin 96 Tokyo. Nikkei sur 3 mois Paris CAC 40 2772,49 + 2,84 + 19,72 + + 16283,32 Amsterdam CBS 871,63 2,30 34,46 19252,23 Bruxelles 15183 + 2,23 + 43,63 18209,80 Francfort Dax 30 ...... – + 17167,38 Irlande ISEQ 3666,51 0,01 34,52 Londres FT 100 4741,80 .... + 15,13 16124,95 Madrid Ibex 35 ...... 15082,52 Milan MIB 30 22609 + 2,47 + 44,03 f19 aouˆt 30 sep. 17 nov.g Zurich SMI 5547,80 + 2,04 + 40,73

Tirage du Monde daté dimanche 16-lundi 17 novembre : 569 210 exemplaires. 13