LeMonde Job: WMQ1610--0001-0 WAS LMQ1610-1 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 11:18 S.: 111,06-Cmp.:15,11, Base : LMQPAG 42Fap: 100 No: 1592 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE RUGBY

Samedi 16 octobre LA CHRONIQUE DE FRANCIS MARMANDE LES TEMPS FORTS

b 1 Déjà dans le doute à la veille de Haka, kawa rencontrer les Fidji, samedi 16 octobre à Toulouse, dans un match décisif pour l’accession et tawake directe aux quarts de finale, les WAISALE SEREVI est le plus Français comptent un blessé de inspiré des Fidjiens, qui pratiquent plus : le demi de mêlée Pierre tous un rugby inspiré. Brad John- Mignoni, victime d’une stone, ancien pilier de Nouvelle- élongation. pages II et III Zélande, les entraîne : un pilier, pour leur apprendre la rigueur. b 2 C’est vrai que la rigueur, les Fid- Les joueurs jiens n’en débordent pas. Ils ont polynésiens tout le reste, plus des vertus dont emmenés par nul autre n’est pourvu, mais pas la Stephen Bachop rigueur. La rigueur, tout le monde (photo) ont créé en a. D’ailleurs, ça s’apprend. la sensation de ce premier tour

Dans le monde du rugby, la plu- FRANÇOIS GUILLOT/AFP part des êtres jouent au rugby ; en dominant le pays de Galles certains jouent à se faire peur ; à (38-31). page V d’autres à se donner des pignes ; a Les doutes les Fidjiens, eux, jouent à jouer b 3 HISTORIQUE pour jouer. Ils sont acrobates, fu- Le 18 juin 1995, au Cap, nambules, jongleurs, matéria- en demi-finales de la Coupe listes, dialecteux, poètes théorico- du monde disputée en Afrique pratiques ; ils rient sans cesse ou du Sud, le géant néo-zélandais alors se recueillent, pratiquent la Jonah Lomu renversait méditation comme un Montois à lui seul l’équipe d’Angleterre coupe du saucisson, lévitent en et inventait ce jour-là le rugby permanence sur une trinité très du XXIe siècle. page VII sainte : exercice spirituel, mépris de la propriété, talent prodigieux b 4 BERNARD LUBAT pour l’allégresse. Plus le kawa. Batteur de Stan Getz, chanteur Bref, on les aime de suite. aux Double-Six, pianiste, Quand ils jouent, ils swinguent, accordéoniste, meneur de troupe, se font des moqueries, gigotent les poète, activiste... le créateur bras comme des cerfs-volants, re- du festival Uzeste musical muent des oreilles, cachent à vo- chante pour Le Monde la musique lonté leur pif à la barbe de l’ad- qu’il préfère : le rugby. page VIII versaire, éclatent d’un grand rire qui défait l’ennemi, se précipitent dans l’axe pour, au dernier instant – pfuit ! – disparaître ; se volati- DOUTE lisent et se rematérialisent sous les Lors de leurs deux premiers poteaux, passent la ligne des 22 en matches, contre le Canada marchant sur les mains, avalent le et la Namibie, les Tricolores ballon et puis le restituent ; ne n’ont rassuré du XV de France songent qu’à courir et, quand ils ni leurs supporteurs courent, ils songent ; aiment par- ni l’encadrement dessus tout l’esquive dans le jeu, du XV de France et, sous le jeu, l’esprit. Ils changent (de gauche à droite) : le moment historique en instant Jean-Claude Skrela, éternel. Et, parmi eux, il y a Wai- Pierre Villepreux et Jo Maso. GABRIEL BOUYS/AFP sale Serevi ! Waisale Serevi est un génie pur. C’est le seul joueur de rugby qu’on ait vu plaquer sans toucher un poil de l’adversaire. Il n’a pas besoin de toucher, l’action avorte d’elle- même. Serevi fait ses tours de ma- gie, pour des raisons qu’il serait long d’expliquer, à Mont-de-Mar- France, la peur au centre san. Son jeu exulte de douceur et de joie. Quand il tape (toutes ses VILIAME SATALA et Waisake lètes que pour leur goût de l’impro- fin elles tiennent à peu près toutes rière – autre question de tempo. pas de nature à rassurer. Ils étaient balles passent entre les barres), Sotutu ne sont pas très connus en visation. L’un des frères Rauluni – le choc. Un arrière rassurant, œil Une telle harmonie s’obtient avec chez eux, à Cardiff, dans leur stade c’est comme sans frapper, et puis France, pour le moment du moins. tous deux demis de mêlée, c’est fa- d’arpenteur, jambes d’étalon, peine. Leslie et Tait, les centres tout nouveau, tout beau. Ils allaient il disparaît, ce qui est un art pré- Ce sont pourtant des hommes re- cile – récupère prestement la balle doigts de couturière, il en existe écossais, y sont à peu près parve- écraser les Samoans... Pas du tout. cieux dans le monde actuel. marquables, particulièrement après une touche ou une mêlée. Il quelques-uns, le Sud-Africain nus, tout comme Herbert et Horan, Leurs centres ont lâché des ballons, Et le kawa ? Le kawa, les Fidjiens quand ils jouent au rugby. Ils y la passe promptement à Nicky Montgomery, l’Ecossais (d’adop- les Australiens. Et donc, naturelle- leurs demis risqué des passes ap- le boivent après. C’est tout un jouent de façon facétieuse, avec Little, demi d’ouverture du genre tion) Metcalfe, le Néo-Zélandais ment, Satala et Sotutu, les Fidjiens proximatives. Les Samoans, qui mystère, une racine broyée. On une prédilection pour l’imprévisible précis et flegmatique, qui la passe Wilson, le Gallois (d’adoption en- qui filent entre les mailles. Dans ce n’ont commis aucune de ces fautes, n’a jamais goûté, mais ça fait en- et l’irréalisable. Par exemple, ils aussitôt à Satala ou à Sotutu. A core) Howarth, et tous se sou- cas, l’efficacité est garantie. L’in- les ont battus, bien battus, avec du a Victoire surprise vie. Celui qui prépare la mixture prennent le ballon d’une main – ils partir de cet instant, tout peut arri- viennent des très grands et de verse n’est pas moins vrai, en style et de l’acharnement. Le match dans un bol en noix de coco, le ont les mains qu’il faut pour cela – ver, la percée, le crochet extérieur Blanco. Mais une vraiment bonne bonne logique. s’est gagné et perdu au centre. premier à en boire, n’est pas le et traversent les lignes adverses, ou intérieur, la passe croisée, la vol- paire de centres, c’est aussi rare, Les Anglais devraient méditer là- premier venu. Ils chantent. Tous passant entre des défenseurs frap- leyée, la sautée, la double sautée aussi précieux qu’une bonne paire GROSSE FRAYEUR dessus. Eux aussi sont en manque les Fidjiens jouent de la guitare. Ils pés de stupeur. Après les Nami- avec récupération en l’air d’une de demis, comme en forment Et l’inverse, ce pourrait être la de centres. mal en sont d’une civilisation extrême. Et biens, les Canadiens ont connu main. Ils feraient un saut périlleux Armstrong et Townsend en Ecosse, France. La plus neutre des objecti- point, Guscott le remplace. Mais il le tawake ? C’est leur rite guerrier, cette situation : changés en pieux, en même temps, on n’en serait pas Howley et Jenkins au pays de vités contraint à observer qu’elle a trente-quatre ans et ses pla- sans vouloir tuer personne. C’est ils ont vu Satala et Sotutu faire en surpris outre mesure. Galles, Gregan et Larkham en Aus- n’a pas une vraie paire de centres ni quages sont rarement décisifs. un cri, un défi, une danse, qui se s’étirant, virevoltant et souriant, du tralie. du reste une vraie paire de demis, C’est ennuyeux, parce que, vendre- donne juste avant le match. slalom entre eux. GÉNÉROSITÉ ET ÉGOÏSME Il faut, pour l’obtenir, deux très depuis que Carbonneau et Castai- di, Guscott devra s’opposer aux ini- Comme le haka. Le haka ? Le rite Satala et Sotutu sont fidjiens de Rien de tout cela ne serait trop bons joueurs, évidemment. Mais il gnède sont blessés. Au centre, tiatives de Taumalolo, Vunipola, Fi- d’avant-match des All Blacks. naissance et centres de vocation. grave si Satala et Sotutu ne faut encore qu’ils sachent et aiment contre le Canada et la Namibie, il y nau et compagnie, Tonguiens au Le brave et sévère Johnstone a Satala est le plus grand (1,90 m) et jouaient contre les Français, samedi jouer ensemble, avec alternance de avait Dourthe et Glas, ce dernier naturel ardent – des types dans le peur des artisteries de Serevi. Pour le plus lourd (90 kilos). Sotutu est 16 octobre à Toulouse, et si les mat- générosité et d’égoïsme, de super- peu convaincant. Cette fois, contre genre de Satala et Sotutu. Aux uns le match de Toulouse, il ne l’a pas plus petit (1,82 m) et pèse 87 kilos. ches, de plus en plus, ne se ga- be et de dévouement. Avec des Satala et Sotutu, il y aura Dourthe et aux autres, il faudra vaincre pour sélectionné. C’est la dernière Ils sont donc à peu près dans la gnaient au centre, comme les élec- combinaisons dont ils savent seuls et Ntamack. Dourthe plaque admi- ne pas disparaître et avoir le plaisir chance de l’équipe de France. Qui norme à la mode, légèrement en tions. Une ligne d’avants solides, le tempo et la clé ; avec des inven- rablement bien. Il est du genre tei- de rencontrer ensuite le vaincu de regrette de n’avoir pas son petit dessous si on les compare aux organisés, bons plaqueurs, ça se tions de dernière seconde qui ne gneux. Ntamack peut gagner un France-Fidji. Cette perspective rite salvateur : Villepreux verrait centres néo-zélandais, qui at- trouve un peu partout, d’Argentine déconcertent pas le partenaire, le- match sur un bond. Il est du genre n’est rassurante pour personne – bien ce qu’il appelle de la «grande teignent le quintal. Mais là n’est en Irlande, des Samoa au Canada quel a eu la même idée au même panthère. Mais sauront-ils jouer surtout pas pour les Français. L’an- musique », genre Cinquième de pas l’essentiel. Si Satala et Sotutu et jusqu’en France. Il y en a de plus instant ; avec des astuces dans le ensemble, eux qui n’en n’ont pas goisse monte. Beethoven... Ça devrait pouvoir inquiètent leurs vis-à-vis, c’est cohérentes que d’autres, de plus placement et la course auxquelles l’habitude ? Grosse frayeur. des Samoa marcher. moins pour leurs anatomies d’ath- vives, de plus puissantes, mais en- puissent participer les ailiers et l’ar- La mésaventure des Gallois n’est Philippe Dagen

www.lemonde.fr 55e ANNÉE – No 17020 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Les tests Aéronautique : naissance d’un géant européen génétiques b Le français Aerospatiale Matra et l’allemand Dasa fusionnent b Ils deviennent un géant au secours de la défense et le numéro trois mondial de l’aéronautique b EADS détiendra 75 % du consortium des innocents Airbus b M. Jospin et M. Schröder y voient le signe d’un renforcement du couple franco-allemand LE PREMIER ministre français çais. s’est engagé à ra- Lionel Jospin et le chancelier Ger- mener la part de l’Etat à 15 %. Les aux Etats-Unis hard Schröder se sont rendus à 40 % restants du capital seront en Strasbourg, jeudi 14 octobre, pour Bourse. Cette fusion est essentielle- DE PLUS EN PLUS utilisée, porter sur les fonts baptismaux un ment le fruit de la ténacité de Jean- l’identification des suspects par em- nouveau groupe européen d’aéro- Luc Lagardère, président du conseil preintes génétiques est en train de nautique et de défense. Baptisé de surveillance d’Aerospatiale Ma- provoquer des changements dans le

EADS (European Aeronautic, De- tra, et de ses liens étroits avec le pa- REUTERS système pénal des Etats-Unis. Les fense and Space Company), il est is- tron de DaimlerChrysler, Jurgen tests ADN ont permis de disculper su de la fusion entre le français Ae- Schrempp. Mais elle permet à la LE NOBEL DE LA PAIX 62 détenus, dont 8 avaient été rospatiale Matra, détenu à 47 % par classe politique des deux pays de condamnés à la peine capitale et at- l’Etat français et à 33 % par le prouver que le couple franco-alle- tendaient leur exécution dans les groupe Lagardère, et de l’allemand mand fonctionne de nouveau. Médecins « couloirs de la mort ». Le nombre Dasa, filiale du géant Daimler- Après avoir rêvé d’une Europe re- d’erreurs judiciaires ainsi mis en lu- Chrysler. Cette future entreprise posant sur le triptyque Alle- Sans Frontières mière donne de nouveaux argu- franco-allemande, qui détiendra magne - France - Grande-Bre- Le prix Nobel de la Paix a été attribué, ments aux abolitionnistes, qui 75,8 % du consortium Airbus, de- tagne, le chancelier allemand vendredi 15 octobre, à l’association luttent contre la peine de mort et vance le britannique British Aero- cherche, depuis septembre, à favo- dénoncent l’isolement croissant des space et se classe numéro trois riser l’axe Paris-Berlin. Les Alle- « Médecins Sans Frontières ». Cette as- Etats-Unis sur la scène internatio- mondial de l’aéronautique derrière mands ont pris conscience que les sociation humanitaire avait été créée nale des droits de l’homme. Ebran- les américains Boeing et Lockheed Européens étaient, en matière de en décembre 1971, notamment par lée par un rapport d’experts sur le Martin. défense, trop dépendants des Amé- deux médecins, Xavier Emmunueli et sujet, la ministre de la justice, Janet Après plusieurs années de coopé- ricains. Le nouveau groupe jouera Bernard Kouchner (photo). Baptisée à Reno, a recommandé aux parquets ration européenne (Airbus, Aria- un rôle essentiel dans la restructu- d’autoriser la réouverture de procé- nespace, Eurocopter), les deux par- ration de la défense européenne. l’origine « Secours médical français », dures classées. tenaires franchissent une étape elle a été rapidement connue sous le décisive. DaimlerChrysler détien- Lire pages 18 et 19 signe MSF et a donné naissance à l’ap- Lire page 2 dra 30 % de EADS, comme les Fran- et notre éditorial page 15 pellation « French doctors ». p. 34 Paris : les faux Tchétchénie : « Les Russes interdisent d’évacuer les blessés » GROZNY (Tchétchénie) La situation n’est guère plus brillante à l’hô- cet hôpital, ne s’y trouvaient déjà plus le 12. La électeurs de notre envoyée spéciale pital pour enfants, même si une ONG alle- veille, Kheiza Kavraeva, une fillette de dix ans « On n’a plus de diesel. On opère à la bougie, à mande a réussi à lui faire parvenir un conte- blessée à la tête, est morte à l’hôpital – 42e vic- SELON les gendarmes, envi- la lampe à pétrole ; le dernier générateur, d’un neur de médicaments et d’équipement. «On time civile de ce crime de guerre nié par Mos- a ron 800 « faux électeurs » kilowatt et demi, permet juste un minimum tient là-dessus depuis deux mois », dit le jeune cou. ont participé au scrutin municipal d’anesthésie pendant les opérations », explique médecin Lema Vissorov. « Le CICR amène par- Au département de chirurgie, Aboubakar Ta- de 1989 dans le 3e arrondissement Chamseddin Ikhaev. Il est le chef du départe- fois des kits de perfusion, dit Vissorov. Et il y a ramov, un paysan de vingt ans de la région de de Paris, qui avait vu la victoire de ment de chirurgie de « l’hôpital 9 », le seul en- une semaine, on a reçu un fax de l’OSCE, disant Naourski, dans le nord du pays occupé par les Jacques Dominati (Démocratie li- core ouvert dans la capitale tchétchène, avec “on est avec vous”. Ça nous a fait plaisir... » forces russes, repose sur le dos, la gorge tran- bérale, ancien Parti républicain). l’hôpital pour les enfants, le « numéro 2 ». La L’hôpital de Chali, au centre de la Tchétché- chée jusqu’aux oreilles. « Il était sorti le soir ra- L’enquête a permis de découvrir Russie a privé la Tchétchénie d’électricité, de nie, reçoit les très nombreux blessés des mon- mener sa vache, il est tombé sur des Omons plusieurs filières de recrutement : gaz et d’eau courante. Les hôpitaux ne font pas tagnes du Sud-Est. Il n’a pas reçu de fax, lui. Pas [forces spéciales de la police russe]. Il a dû faire certaines de ces inscriptions fic- exception. le moindre secours depuis deux ans non plus, le mort puis il a rampé, on l’a retrouvé au ma- tives émanaient de membres du Dès l’entrée dans le 9, vaste immeuble en selon le chef chirugien, Magomed Berekhanov : tin », dit un des hommes qui entourent son lit. JORDAN/NETWORK/RAPHO P. RPR, d’autres venaient de la croix de cinq étages, on est saisi par les odeurs « Ce sont les gens qui amènent tout, y compris le Une sonde placée dans la gorge lui permet de PORTRAIT Confédération générale des pe- pestilentielles, les couloirs obscurs où brillent kérosène. La situation est pire que lors de l’autre respirer, de râler plutôt. « Il va mourir s’il reste tites et moyennes entreprises quelques bougies. « Nous manquons de tout : guerre, on a maintenant 4O blessés. » Parmi eux, ici, mais les Russes ont interdit d’évacuer les bles- (CGPME) ou de sociétés où tra- pansements stériles, fil chirurgical, alcool, Raïssa, neuf mois, amputée du pied gauche, sés sur l’Ingouchie », dit le chirurgien. Julius Nyerere, vaillaient des proches de M. Domi- iode... », dit Ikhaev. Pendant la première geint doucement dans les bras d’une tante. Une interdiction qui découle de la propa- nati. « Les dossiers des faux élec- guerre, en 1994-1996, le Comité international A l’hôpital 9, le chirurgien Ikhaev résume la gande russe : tous les blessés de Tchétchénie, l’Africain teurs étaient bien sûr incomplets, de la Croix-Rouge (CICR) et diverses ONG ap- situation : « Depuis les bombardements, nous victimes des « frappes précises des bombes, mis- A la tête de la Tanzanie, il a incarné raconte un employé de la mairie. Il provisionnaient l’hôpital. Mais depuis l’assassi- travaillons nuit et jour. On a eu plus d’une cen- siles et obus russes » [les couteaux des Omons l’indépendance de l’Afrique, mais aussi n’y avait jamais d’attestation d’hé- nat, fin 1996, resté « mystérieux », de six taine d’opérés, certains sont morts, les autres on n’ont encore jamais été cités], sont supposés bergement ni de photocopies de fac- membres du CICR, celui-ci n’a plus que des re- ne sait pas, car les familles les reprennent dès être des « terroristes à éliminer », et non des ci- un socialisme étatique qui fut un échec tures EDF ou autres. » présentants locaux qui « n’amènent que très peu qu’elles peuvent, souvent au bout d’un jour ou vils. économique et social. L’ancien pré- de choses ». Le personnel ne reçoit plus de sa- deux. » Ainsi, tous les blessés du bus frappé par sident Nyerere est mort, jeudi 14 octo- Lire page 10 laires depuis trois ans. un tir de char russe, le 5 octobre, soignés dans Sophie Shihab bre, à 77 ans. p. 14 Succession Le capitalisme rhénan au Festival aux couleurs anglo-saxonnes

FUSION de Dasa et d’Aerospatiale nique et les télécommunications, a Matra après celle de Daimler et de annoncé en septembre la scission de Chrysler, mariage de Veba et de Viag, ces activités en deux entités auto- scission de Mannesmann, rachat de nomes. Sans être toujours aussi radi- Bankers Trust par la Deutsche Bank, caux, d’autres groupes ont entrepris alliance Hoechst et Rhône-Poulenc : ces dernières années un vaste recen- en moins d’un an, l’économie alle- trage. Souvent à l’occasion de l’arri- MICK ROCK/TOP mande aura connu de spectaculaires vée aux commandes d’une nouvelle SCIENCES rebondissements. Stratégiques pour génération de patrons. chacune des entreprises, ces mouve- C’est Jürgen Schrempp qui a don- GILLES JACOB ments traduisent aussi l’évolution de né le ton, au milieu de la décennie, Aux origines fond du capitalisme allemand sous la en spécialisant Daimler dans les LE CONSEIL d’administration du double influence de la mondialisa- transports, de la voiture à l’avion en de la vigne Festival de Cannes a décidé, jeudi tion et de l’ouverture à la concur- passant par le ferroviaire. Sous la fé- Le recours à la technique des em- 14 octobre, de porter à sa présidence rence. Peu après la chute du mur de rule de Jürgen Dormann, le groupe preintes génétiques vient de permettre l’actuel délégué général du festival, Berlin, Michel Albert, dans son livre chimico-pharmaceutique Hoechst a à des chercheurs américains et français Gilles Jacob, en remplacement de Capitalisme contre capitalisme, oppo- aussi connu un bouleversement sans d’établir l’arbre généalogique des dif- Pierre Viot. Le nom du nouveau dé- sait les modèles « rhénan » et « néo- précédent, dont l’ultime étape aura férents cépages cultivés aujourd’hui. légué devrait être connu au plus tard américain » : l’économie sociale de été son mariage avec Rhône-Poulenc en janvier 2000. marché allemande, consensuelle et dans les sciences de la vie. Siemens L’étude révèle que quelques-uns des orientée sur le long terme, semblait est en bonne voie pour se séparer de plus grands cépages de l’Hexagone Lire page 29 seule en mesure de relever le défi 17 milliards de deutschemarks de sont les descendants d’un couple végé- américain. Dix ans après, les milieux chiffre d’affaires d’ici à mars 2000 tal où figurait le gouais blanc, une va- Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, économiques allemands respirent (8,7 milliards d’euros). Même les riété de piètre qualité depuis long- 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; comme jamais un air venu d’outre- grands conglomérats issus de l’éner- temps disparue. p. 24 Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, Atlantique. gie n’échappent pas à cette évolu- 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, Dans la forme, les mutations en tion : pour mieux s’unir, Veba et Viag International ...... 2 Aujourd’hui ...... 24 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; cours pourraient sonner le glas des annoncent la cession de près de Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; France ...... 6 Météorologie, jeux .. 27 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. conglomérats diversifiés, qui ont fait 55 milliards de deutschemarks Société...... 10 Culture ...... 28 les beaux jours de l’industrie alle- (28 milliards d’euros) de chiffre d’af- Régions ...... 13 Guide culturel...... 30 mande. C’est « la fin des Mischkon- faires, d’ici deux à trois ans. Horizons ...... 14 Carnet...... 31 zerne », pronostiquait le quotidien Entreprises ...... 18 Kiosque...... 32 économique Handelsblatt après que Philippe Ricard Communication ...... 20 Abonnements...... 32 Mannesmann, ancien sidérurgiste re- Tableau de bord ...... 21 Radio-Télévision...... 33 converti dans la construction méca- Lire la suite page 15 LeMonde Job: WMQ1610--0002-0 WAS LMQ1610-2 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:15,11, Base : LMQPAG 42Fap: 100 No: 1594 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999

SOCIÉTÉ Alors que 105 pays ont mis à mort depuis le début de 1999. Un leur pays sur la scène internationale nombre d’erreurs judiciaires commises. aux parquets de permettre la réouver- aboli la peine de mort ou suspendu total de 3 565 condamnés sont actuel- des droits de l’homme. b LE RECOURS En dix ans, les tests d’ADN ont ture d’affaires classées, alors que de son utilisation, les Etats-Unis viennent lement dans les couloirs de la mort. aux méthodes d’identification par permis d’innocenter 67 détenus, dont nombreux détenus clamant leur de battre leur record annuel d’exé- b LES ABOLITIONNISTES américains empreintes génétiques commence 8 avaient été condamnés à mort. b LE innocence demandent à bénéficier de cutions capitales, avec 78 condamnés dénoncent l’isolement croissant de cependant à mettre en lumière le MINISTRE de la justice a recommandé ces tests. Les tests génétiques bouleversent la justice aux Etats-Unis L’utilisation des analyses ADN révèle un nombre croissant d’erreurs judiciaires. Huit condamnés à mort ont déjà été innocentés. Le record annuel d’exécutions capitales vient cependant d’être battu, tandis que 3 565 condamnés à mort attendent dans les « couloirs de la mort » américains NEW YORK Caroline du Nord, qui regroupe les trente-six de ces condamnés grâ- innocentés sur la foi d’analyses de notre correspondante profils ADN de tous les criminels ciés. Sur ces soixante-sept détenus ADN ». Ronald Cotton a eu beaucoup de condamnés dans l’Etat : le fichier innocentés, qui ont passé en Le rapport note que les délais de malchance, puis beaucoup de révéla que les empreintes géné- moyenne sept ans en prison pour prescription pour la réouverture du chance. Une nuit de juillet 1984, tiques du violeur correspondaient à des crimes qu’ils n’avaient pas dossier d’un condamné sur la base dans sa petite ville de Burlington, celles du détenu soupçonné par commis, huit étaient des condam- de la découverte de nouveaux élé- en Caroline du Nord, deux viols Ronald Cotton. Confondu, le nés à mort en attente de leur exé- ments varient considérablement avec cambriolage étaient commis détenu avoua les deux viols. Le cution. selon les Etats (de vingt et un jours au domicile de deux femmes, 30 juin 1995, M. Cotton fut libéré de en Virginie à deux ans pour la plu- inconnues l’une de l’autre. Le prison puis officiellement grâcié par LES DROITS DES VICTIMES part des Etats, alors que deux 1er août, Ronald Cotton était inter- le gouverneur le mois suivant, ce Ce phénomène a connu une d’entre eux, New York et l’Illinois, pellé et, en janvier suivant, qui lui permettait de toucher la nette accélération ces toutes der- viennent d’abolir purement et sim- condamné à la prison à perpétuité somme réglementaire de 5 000 dol- nières années. En 1996, le National plement ces délais en raison des pour le premier des deux viols. Son lars de l’Etat, en guise de répara- Institute of Justice (NIJ), institution progrès de l’ADN). Il souligne alibi, confirmé par sa famille, tion. Il venait de passer dix ans et du département fédéral de la jus- qu’une « condamnation sans fonde- n’avait pas suffi à convaincre les demi en prison. tice, avait dressé une liste de vingt- ment signifie que le véritable criminel jurés face aux indices réunis contre L’affaire passa inaperçue. Une huit condamnés innocentés par est encore en liberté ». La commis- lui : une lampe de poche retrouvée autre affaire, où il était également l’ADN. En trois ans, ce chiffre a plus sion recommande donc aux magis- dans son appartement identique à question d’ADN, monopolisait à que doublé. Stupéfaite de cette trats du parquet d’examiner avec la celle volée chez l’une des victimes, l’époque toutes les chaînes de télé- évolution, l’attorney general plus grande indulgence les requêtes une paire de chaussures trouvée vision : le procès d’O. J. Simpson, le (ministre de la justice), Janet Reno, de réouverture d’affaires judiciaires sous son lit dont les semelles inté- très célèbre champion de football a demandé l’an dernier au NIJ de classées lorsque les chances de voir rieures avaient disparu mais qui, si (noir) accusé d’avoir assassiné sa former une commission nationale une analyse ADN innocenter un elles avaient été là, auraient été femme (blanche) et un ami de d’experts sur l’avenir de l’ADN, condamné sont raisonnables, faites de la même mousse que celle celle-ci. O. J. Simpson fut acquitté afin, a-t-elle expliqué, « d’identifier même si toutes les voies d’appel retrouvée par terre chez la pre- et l’ADN s’installa dans le paysage les moyens de maximiser la valeur de ont été épuisées et le délai de pres- mière victime, et surtout le témoi- médiatique américain, non seule- par son seul profil ADN, établi rôle de l’ADN est le plus specta- l’ADN dans le système judiciaire » cription écoulé. gnage de cette femme qui affirmait ment dans le cadre d’affaires poli- grâce aux analyses d’empreintes culaire est celui des erreurs judi- américain. Parallèlement, le rapport se fait reconnaître en lui son agresseur. cières mais aussi, à l’occasion, de génétiques prélevées sur trois vic- ciaires, comme celle dont a été vic- Après dix-huit mois de travaux, largement l’écho des droits des vic- En prison, Ronald Cotton ren- scandales politiques : l’an dernier, times de viol : ces analyses ont time Ronald Cotton. En une cette commission de vingt-quatre times pour lesquelles la réouverture contra un autre détenu dont la res- on a beaucoup reparlé d’ADN à la montré qu’il s’agissait du même décennie, le recours aux analyses experts judiciaires, scientifiques et d’une affaire classée est forcément semblance avec le portrait-robot du télévision, à propos d’une petite agresseur. d’empreintes génétiques après un universitaires, a remis son rapport à traumatisante. L’appel des experts violeur de Burlington le frappa. Ce robe bleue sur laquelle le président Les fichiers ADN ouverts par les verdict de culpabilité et la condam- Mme Reno fin septembre : le rap- a été entendu par l’attorney general même prisonnier se vanta d’ailleurs Clinton avait eu la maladresse de Etats et le fichier central créé il y a nation d’un accusé a permis d’inno- port, intitulé Postconviction DNA puisque Janet Reno a, depuis, à des codétenus d’avoir commis les laisser des empreintes intimes et un an par le FBI, le Codis (Combi- center soixante-sept personnes en testing : recommandations for han- encouragé les « procureurs, avocats, viols, mais lors d’un nouveau pro- qui l’a contraint à passer aux aveux ned DNA Index System), pour Amérique du Nord (62 aux Etats- dling requests, constate d’emblée magistrats et le personnel des labora- cès en 1987, le juge refusa d’infor- sur sa liaison avec Monica l’heure très incomplet puisque tous Unis, 5 au Canada) selon Jane Sie- que « la forte présomption de jus- toires de police scientifique à appli- mer les jurés de cette possibilité ; Lewinsky. les Etats américains n’y contribuent gel Green, directrice du programme tesse des verdicts, fondement des res- quer les recommandations » de la cette fois-ci, les deux victimes pas encore, ont déjà permis d’éluci- « Innocence Project » à la faculté trictions à la réouverture d’affaires commission. témoignèrent contre Ronald Cot- ERREURS JUDICIAIRES der près de 600 crimes non résolus. de droit Benjamin-Cardozo de New classées, a été ébranlée par le ton qui se vit infliger une deuxième Bien plus que l’affaire O.J. Simp- Mais le domaine dans lequel le York, qui a participé à la défense de nombre croissant de condamnés Sylvie Kauffmann peine de prison à perpétuité pour le son, l’affaire Cotton était pourtant deuxième viol assortie de cin- révélatrice d’une évolution de fond quante-quatre ans d’emprisonne- dans le système judiciaire améri- ment pour les cambriolages. cain : introduit pour la première En 1994, deux avocats se saisirent fois dans une procédure judiciaire Le « Projet Innocence » veut aider les détenus injustement condamnés de l’affaire Cotton et demandèrent en 1986 mais régulièrement utilisé NEW YORK qu’une analyse ADN permettrait de les inno- « chaque année depuis 1989, dans 25 % des une réouverture du dossier pour depuis 1989 et avec de plus en plus de notre correspondante center. Fondé en 1992 par deux avocats, Barry agressions sexuelles soumises au FBI pour les- vice de forme ; ils présentèrent de précision grâce aux progrès « Cet homme avait été reconnu coupable par Scheck et Peter Neufeld − qui, ironie du sort, quelles des analyses d’empreintes génétiques ont aussi une demande d’analyse technologiques, l’ADN est en train vingt-quatre personnes ! » Le procureur Bill sont devenus célèbres en participant à la pu être pratiquées, les résultats ont disculpé le d’empreintes génétiques, une tech- de bouleverser le cours de la justice Peterson n’a pas cherché à dissimuler sa sur- défense d’O. J. Simpson, dont ils ont contribué suspect numéro un » ; cela montre que nique inconnue à l’époque de aux Etats-Unis. prise lorsque, en avril, des analyses ADN ont à l’acquittement en affirmant que l’analyse « l’ampleur des condamnations fondées sur des l’arrestation de leur client mais cou- Surtout utilisée dans les affaires innocenté un homme qu’il avait fait condam- ADN qui l’incriminait était fondée sur des pré- faits erronés est bien plus grande dans notre sys- rante en criminologie dans les d’homicides et de viols, cette tech- ner à mort par deux jurys successifs, en Okla- lèvements mal opérés par la police −, le Projet tème qu’on ne veut le croire ». années 90. L’analyse ADN (acide nique a permis d’identifier un homa, pour le viol et le meurtre d’une jeune Innocence gère en permanence une moyenne En dépit d’un prix variant de 3 000 à désoxyribonucléique) du sperme nombre considérable de suspects femme commis en 1982. Dernier condamné à de 215 affaires, nous a précisé sa directrice, 5 000 dollars pour des tests génétiques, Jane prélevé sur la deuxième victime à la qui, en l’absence de preuves ou de mort en date grâcié à la suite d’une erreur Jane Siegel Green, à raison d’environ deux ans Siegel Green ne pense pas que le problème demande des enquêteurs, et témoignages, n’auraient pu être judiciaire, Ronald Williamson, 46 ans, ex- par affaire. Ces dossiers sont sélectionnés soit d’ordre financier. « Cela ne coûte pas si conservé en laboratoire, établit confondus autrement ; le parquet joueur de base-ball, avait bien essayé de pro- parmi des milliers de lettres envoyées par des cher d’innocenter des gens, dit-elle. Il y a pro- qu’il ne pouvait pas provenir de de Milwaukee, dans le Wisconsin, clamer son innocence pendant ses douze ans détenus de tous les Etats-Unis. Trente-six de bablement des milliers d’innocents en prison, Ronald Cotton. vient d’ailleurs d’innover en lançant de captivité mais, a-t-il expliqué le jour de sa ces affaires se sont jusqu’ici soldées par l’élar- mais le nombre d’entre eux qui peuvent éven- Les résultats furent envoyés au la semaine dernière un mandat libération, « c’est dur de se faire entendre gissement de condamnés, disculpés par tuellement le prouver grâce aux tests génétiques fichier central d’ADN de l’Etat de d’arrêt contre un individu identifié quand on est dans les couloirs de la mort ». l’ADN. relève plutôt de l’ordre des centaines. Les aider à Ronald Williamson a fini par se faire prouver leur innocence ne coûterait vraisembla- entendre grâce aux avocats de Innocence Pro- « UNE QUESTION DE VOLONTÉ POLITIQUE » blement guère plus de deux ou trois millions de ject, un programme d’aide judiciaire financé Pour Jane Siegel Green, le recours à la dollars. Le problème n’est pas financier, c’est une par diverses institutions philanthropiques, en technologie ADN « constitue une évolution fon- question de volonté politique. » particulier celle du milliardaire George Soros, damentale dans le système judiciaire américain, La récente loi fédérale contre le terrorisme la fondation Open Society. c’est un bouleversement énorme. Elle a, bien sûr, a, par exemple, réduit les possibilités d’appel Installé à la faculté de droit Cardozo à New plusieurs usages, mais pour la première fois, elle des détenus condamnés et, de manière géné- York, dont les étudiants sont mis à contribu- met à la disposition des victimes d’erreurs judi- rale, le parquet et la police sont rarement favo- tion, ce programme fournit une assistance ciaires un véritable outil susceptible de prouver rables à la réouverture d’affaires classées. juridique gratuite aux détenus déjà condam- leur innocence ». Selon Barry Scheck, nés qui ont de bonnes raisons de penser s’appuyant en 1996 sur des chiffres du FBI, S. K. Peine capitale : 3 565 condamnés dans les « couloirs de la mort »

NEW YORK blème de la peine de mort. Cela peut annuel depuis le rétablissement de 74 détenus mineurs au moment de notre correspondante même inciter des gens à penser, que la peine capitale par la Cour des faits pour lesquels ils ont été Les huit condamnés à mort grâce à l’ADN, l’exécution d’un suprême, en 1976. Le précédent condamnés, et 82 ressortissants innocentés par des tests géné- innocent est de moins en moins pos- record avait été établi en 1997, étrangers. La durée moyenne du tiques ces dix dernières années sible. » avec la mise à mort de 74 détenus. séjour des condamnés à mort en sont venus grossir les rangs des Au total, 576 personnes ont été prison avant leur exécution, prisonniers victimes d’erreurs judi- RECORD D’EXÉCUTIONS BATTU exécutées depuis 1976, et 3 565 pri- lorsque toutes les procédures d’ap- ciaires et graciés alors qu’ils atten- Avec 78 exécutions cette année sonniers attendent leur exécution pel ont été épuisées, est de neuf daient leur exécution : ce sont au – les deux dernières, mardi 12 et dans les « couloirs de la mort », ans. total 82 détenus des « couloirs de jeudi 14 octobre au Texas −, les quartiers exclusivement réservés Selon les experts, le rythme des la mort », selon l’expression consa- Etats-Unis ont battu, avant même aux condamnés à mort dans les exécutions devrait maintenant crée aux Etats-Unis, qui ont ainsi que 1999 ne se termine, leur propre prisons. Le DPIC a comptabilisé, s’accélérer en raison de l’expira- été innocentés depuis 1973, soit un record du nombre d’exécutions parmi ces détenus, 50 femmes, tion des délais d’appel pour de prisonnier innocenté pour sept nombreux prisonniers. En l’ab- exécutés, selon des chiffres diffu- sence totale de débat politique sur sés en 1993 par une commission L’exécution de Mumia Abu-Jamal fixée au 2 décembre la question aux Etats-Unis, les judiciaire du Congrès et tenus à opposants à la peine capitale jour par une association opposée à La date de l’exécution de l’ancien militant des Panthères noires, tentent de porter leur combat à la peine capitale, le Death Penalty Mumia Abu-Jamal, a été fixée au 2 décembre. Le gouverneur répu- l’étranger afin d’obtenir l’appui des Information Center (DPIC). blicain de Pennsylvanie, Thomas Ridge, a signé mercredi 13 octobre opinions et gouvernements occi- Pour Richard Dieter, directeur l’ordre d’exécution de l’ancien journaliste, condamné à mort en 1983 dentaux. « Autour du monde, du DPIC, les bouleversements à Philadelphie pour le meurtre d’un policier. explique Richard Dieter, la ten- consécutifs à l’introduction des Agé de 45 ans, Mumia Abu-Jamal a toujours clamé son innocence. dance est à l’abolition de la peine analyses ADN dans le système Ses avocats devaient déposer un recours vendredi 15 octobre devant capitale ou, au moins, au moratoire. judiciaire « donnent naissance à un le tribunal fédéral de Philadelphie. Le 4 octobre, la Cour suprême Les Etats-Unis vont dans le sens scepticisme très sain sur la justesse avait refusé la révision du procès. Le cas de Mumia Abu-Jamal a inverse. » Son espoir, c’est que la des condamnations dans le système suscité de nombreuses manifestations de soutien à travers le mondialisation « et l’interconnexion judiciaire américain : même les par- monde, dont la dernière, regroupant un millier de personnes, a eu entre les pays rendent les Etats-Unis tisans de la peine capitale calent lieu le 25 septembre à Paris. L’an dernier, plus de 200 personnalités plus sensibles à la pression exté- devant le concept d’innocence ». et organisations internationales, dont le Prix Nobel de la paix rieure ». Mais il refuse de se bercer d’illu- Desmond Tutu, avaient réclamé l’ouverture d’un nouveau procès sions : « L’ADN ne résout pas le pro- pour l’auteur du livre En direct du couloir de la mort, écrit en prison. S. K. LeMonde Job: WMQ1610--0003-0 WAS LMQ1610-3 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:15,11, Base : LMQPAG 42Fap: 100 No: 1595 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / 3 Tony Blair veut combattre L’opposition serbe s’entend l’euroscepticisme des Britanniques sur le principe d’élections anticipées Le premier ministre profite des divisions des conservateurs Les manifestations visant à renverser Participant au lancement de la campagne « Britain in nion plus eurosceptique aujourd’hui qu’il y a dix ans, il le président Milosevic rencontrant peu de succès, Europe », Tony Blair a proclamé l’Europe « cause a répété qu’il était « favorable au principe » de la mon- patriotique pour la Grande-Bretagne ». Face à une opi- naie unique. plusieurs partis optent pour la voie des urnes LONDRES venu plus « thatchérien » que tique aujourd’hui sur l’Europe BELGRADE Pour l’heure, rien n’indique que L’opposition espère qu’en récla- de notre correspondant jamais, n’ignore plus qu’il a du souci qu’elle l’était il y a seulement dix de notre envoyée spéciale Slobodan Milosevic envisage de mant des élections anticipées, elle Parce qu’au moins « une fois par à se faire. ans, estime que la bataille de l’euro Après le peu de succès de trois déclencher des élections anticipées. arrivera à rallier plus de soutien génération, la cause de l’Europe doit Grave erreur stratégique ou tac- doit d’abord à nouveau être menée semaines de manifestations récla- Le mandat de l’actuel Parlement dans la rue qu’en appelant Milose- à nouveau être défendue en son prin- tique délibérée visant à débarrasser en amont. S’employant à réfuter mant la démission de Slobodan serbe court jusqu’en 2001. En l’an vic à démissionner, revendication cipe même » outre-Manche, Tony à terme le parti d’une encombrante point par point, quitte à les caricatu- Milosevic, l’opposition serbe, qui 2000 sont prévus des scrutins perçue comme irréaliste. Certains Blair a réuni, jeudi 14 octobre, à brochette de grands anciens modé- rer un peu, les réserves et les refus n’a pas réussi à faire descendre locaux et fédéraux. Après les bom- calculent aussi que des élections, si Londres, l’alliance politique la plus rés – les « Grand Oldies », les « criards mais trop souvent effi- dans la rue les « un à deux millions bardements de l’OTAN, face aux elles ont lieu, auraient peu de œcuménique, la plus « patriotique », appelle-t-on à Londres –, une chose caces » de M. Hague, le premier de personnes » escomptées, change mécontentements, le régime avait chance d’être équitables, et que la a-t-il dit, qui ait été vue en Grande- est sûre : c’est la violente diatribe ministre a proclamé l’Europe de tactique. Un accord a été signé à laissé entendre que les échéances foule pourrait donc être mobilisée Bretagne depuis vingt-cinq ans. anti-européenne prononcée jeudi « cause patriotique pour la Grande- Belgrade, jeudi 14 octobre, par ses pouvaient être accélérées, mais contre la fraude, comme en Sur le podium de « Britain in dernier à Blackpool par Margaret Bretagne ». L’Union « n’est pas mar- principaux partis, énumérant les c’était avant que la faible affluence 1996-97 lorsque le régime avait Europe », une association de politi- Thatcher qui a non seulement fait ginale dans notre économie, elle est conditions acceptables pour des aux manifestations le rassure sans vacillé. ciens et d’hommes d’affaires spéci- sortir les éléphants europhiles du chaque jour un peu plus fondamen- législatives anticipées et deman- doute sur son sort. Jeudi soir, la L’hebdomadaire Nin évoquait, fiquement fondée cette année pour bois mais aussi permis à Tony Blair tale. La quitter serait d’autant plus un dant que le scrutin se tienne « dans chaîne d’Etat RTS a conservé un jeudi, les facteurs qui pousseraient faire avancer la cause de la monnaie d’apparaître, à moindre frais poli- acte d’auto-mutilation », a-t-il rap- les délais les plus courts », soit dans mutisme absolu sur la signature de Vuk Draskovic à joindre son parti à unique dans l’opinion, la vision d’un tiques, comme le champion de « la pelé, que plus de « trois millions et les trois mois, suggèrent certains. l’accord électoral. Un représentant un mouvement de protestation premier ministre travailliste entouré modération et du bon sens » sur demi d’emplois » en dépendent dans Faire tomber le régime par les du parti socialiste de Slobodan qu’il a, jusque-là, boudé. Sont men- du patron des libéraux-démocrates l’Union. le royaume. urnes, et plus par la seule pression Milosevic affirmait toutefois : tionnés les violentes descentes de – Charles Kennedy – et, surtout, de « L’adhésion britannique à de la rue : en se ralliant à cette idée, « nous n’avons pas peur d’élections, la police contre les manifestants fin deux des plus célèbres « éléphants » l’Europe est dans l’intérêt national, l’Alliance pour le changement car nous avons le meilleur pro- septembre, le fait qu’un récent conservateurs – Michael Heseltine, La presse europhobe a-t-il martelé, ajoutant : Loin de sub- (SZP), qui organise les défilés quo- gramme ». accord avec le SZP au conseil ancien numéro deux du parti et merger notre identité nationale dans tidiens dans les rues de Belgrade, municipal de Belgrade lui laisse Kenneth Clarke, ex-chancelier de tirait vendredi matin une sorte de super-Etat fédéral, nous Nis, Kragujevac et d’autres villes, a « RISQUE DE GUERRE CIVILE » entrevoir la possibilité d’une rup- l’échiquier de John Major –, symbo- croyons au contraire qu’être membre fini par s’aligner sur l’approche de Les partis d’opposition réclament ture avec les socialistes sans risquer lisait une espèce d’aggiornamento à boulets rouges sur de l’Europe nous permet de faire son rival, le Parti du renouveau désormais la tenue d’une « table de perdre le contrôle de la mairie et politique autour de l’Europe, dont avancer la cause nationale britan- serbe (SPO), dirigé par l’écrivain ronde » avec le pouvoir, en réfé- de ses flux financiers. on n’a pas fini, en Grande-Bretagne, « les traîtres tories » nique. » Vuk Draskovic. Ce dernier avait rence apparente à celles qui Tandis que la police maintient de mesurer les conséquences. Libre de tout engagement dans accusé Zoran Djindjic, chef de file s’étaient tenues dans d’autres pays chaque soir, dans les rues de Bel- La presse europhobe et euroscep- qui ont osé violer un parti auquel il appartient tou- du SZP, de mener le pays vers la d’Europe de l’Est voici dix ans, pour grade, une présence serrée près des tique du pays, qui tirait vendredi jours et pour lequel, a-t-il assuré guerre civile en déclenchant les orchestrer la transition politique. colonnes de manifestants, ce qui a matin à boulets rouges sur «les la discipline d’un parti avec Kenneth Clarke, il entend bien manifestations. Aucun ultimatum n’a été fixé à Slo- donné lieu, mercredi, à deux vio- traîtres tories » qui ont osé violer voter une nouvelle fois en 2002, L’accord électoral, dont tous les bodan Milosevic pour sa réponse. lents accrochages, le président ainsi publiquement la discipline plus anti-euro Michael Heseltine, l’ancien vice-pre- détails n’ont pas été rendus « Milosevic n’acceptera que s’il n’a Milosevic joue la sérénité. Il fait d’un parti plus anti-euro que jamais, mier ministre tory qui fut à l’origine publics, se limite à des aspects pas d’autre choix, si l’opposition inaugurer des ponts dans le cadre ne s’y est pas trompée. William que jamais de la chute de Margaret Thatcher il décrits comme « techniques » : vote forme un front uni et que les gens de sa campagne de « reconstruc- Hague non plus, et le jeune chef y a neuf ans, s’est finalement mon- à la proportionnelle, retrait de la loi sont dans la rue. Comme toujours, il tion ». « La petite Serbie blessée se conservateur qui devait lancer ce tré plus combatif que le chef de la sur les médias d’octobre 1998 (qui cherchera à gagner du temps », rétablit à la vitesse des projectiles [de 15 octobre la grande bataille conser- Car au grand dam des partisans « troisième voie ». « Nous devons met les journalistes à la merci du estime pour sa part l’ancien maire l’OTAN] lancés contre elle », a-t-il vatrice pour « l’âme du Royaume- enthousiastes d’une entrée rapide être en Europe parce que nous régime), accès équilibré à la télévi- de Belgrade, Nebojsa Covic, chef déclaré, lundi, dans un rare dis- Uni », ne décolère plus. Sachant que de la livre sterling dans l’euro, le sommes Européens, que c’est là l’ave- sion d’Etat, présence d’observa- du petit parti Alternative démocra- cours. La propagande d’Etat chante d’autres et puissants « éléphants » premier ministre, qui s’est engagé à nir du pays pour le siècle prochain et teurs étrangers lors du scrutin. Par- tique. « La table ronde est la der- la « grandeur de la résistance du tories comme les deux anciens pre- consulter le peuple par référendum que nous n’avons rien à gagner à res- ler de réconciliation entre les frères nière solution pacifique pour le pays face à l’agression » et continue miers ministres, Edward Heath et dans deux ans au moins, a répété ter dans notre petit coin », a-t-il ennemis de l’opposition, Vuk Dras- pays », nous déclare cet ancien de fustiger une opposition John Major – sans parler de Geof- qu’il était « favorable au principe » lancé. Près de Tony Blair sur le kovic et Zoran Djindjic, serait pré- membre du Parti socialiste qui a « marionnette de l’étranger, qui veut frey Howe, Chris Patten, Leon Brit- de la monnaie unique, mais il ne podium, l’actuel chancelier de maturé. Il n’est question ni de coa- pris ses distances avec le régime en coloniser le pays ». tan et d’autres grands noms du s’est pas engagé outre mesure dans l’échiquier, Gordon Brown et le chef lition ni de listes communes. La 1996 et parle aujourd’hui d’un parti –, se sont résolument rangés la bataille de l’opinion. De l’euro, de la diplomatie, Robin Cook, deux méfiance demeure. « risque de guerre civile ». Natalie Nougayrède aux côtés des « traîtres » dans cette raison d’être centrale de « Britain in puissants « barons » du nouveau affaire, certains évoquant même Europe », il ne fut pratiquement pas travaillisme, dont on dit qu’ils sou- publiquement « la folie » du tour- question jeudi sur le nouveau haiteraient un combat plus ardent nant europhobe adopté la semaine podium de l’œcuménisme euro- en faveur de l’euro, buvaient du précédente par le congrès annuel du péen. petit lait... parti à Blackpool (Le Monde du Tony Blair, qui n’ignore pas que 9 octobre), William Hague, rede- l’opinion britannique est plus scep- Patrice Claude A Tampere, M. Chirac plaide pour une « Europe citoyenne » TAMPERE (Finlande) développe pas seulement comme un bastion sécuri- de nos envoyés spéciaux taire mais aussi comme un espace de liberté. Le premier sommet des Quinze consacré à la sécurité Les contributions des différents pays font apparaître publique des citoyens européens et à la consolidation un accord global sur les objectifs à atteindre. Les princi- de l’Union comme espace de liberté et de justice s’est pales difficultés portent sur la mise en œuvre concrète ouvert, vendredi 15 octobre, à Tampere, en Finlande. de ces objectifs. En matière de lutte contre la crimina- Chefs d’Etat et de gouvernement avaient prévu de lité, tous les Etats hésitent encore à concéder aux commencer leurs débats le matin par une discussion polices d’autres pays un droit de suite trop important sur les moyens à mettre en œuvre pour renforcer la sur leur territoire. Si Europol a enfin vu le jour cette lutte contre la criminalité organisée et la coopération année, pour aider les polices à coordonner leurs judiciaire. actions, l’ampleur de ses prérogatives suscite encore Les trois grands thèmes (justice, police, immigration) beaucoup de discussions. L’un des tests du Sommet avancés par la présidence finlandaise devront faire sera la capacité des Européens à faire preuve de fer- l’objet de propositions d’action dans les conclusions du meté dans la lutte contre le blanchiment de l’argent du sommet. Dans son intervention, le président Jacques crime. Chirac a estimé, vendredi 15 octobre, que Tampere En matière de droit d’asile et de politique d’émigra- devait apporter des « orientations sur des sujets touchant tion, Paris continue de s’opposer à une majorité de ses directement à la vie des hommes, des femmes d’Europe, partenaires, et notamment à l’Allemagne, dans son des réponses à ceux qui estiment que l’Europe n’est pas refus d’accepter une répartition autoritaire de réfugiés suffisamment humaine, trop économique et technique ». de guerre entre les pays, en cas de crise type Kosovo. « L’ambition, dit-il, est de créer une Europe citoyenne, Les Français ne sont pas favorables non plus au fonds une Europe où la vie est plus simple, plus juste avec le ren- proposé par le président de la Commission, Romano forcement pour tous de la sécurité, de la liberté et de la Prodi, pour se répartir la charge financière de ces justice. » De son côté, le premier ministre Lionel Jospin réfugiés. a insisté sur l’importance de considérer la sécurité et la justice comme un ensemble, pour que l’Europe ne se Henri de Bresson et Philippe Lemaître Nucléaire : craintes mondiales après la décision américaine À LA SUITE du vote négatif du sénateurs américains, qualifiée de ger de politique. « L’Inde ne s’oppo- sénat américain, les appels se sont « coup sérieux à tous les accords sera pas à l’entrée en vigueur du multipliés, jeudi 14 ocotobre, dans concernant le désarmement nu- CTBT », a déclaré le ministre indien le monde entier pour que Washing- cléaire ». Même réaction de des affaires extérieures, Jaswant ton ratifie le traité d’interdiction Jacques Chirac, qui voit dans ce Singh. totale des essais nucléaires (CTBT). refus une « atteinte au processus de Le Pakistan, secoué mardi par un Ce rejet a suscité l’inquiétude géné- non-prolifération ». Londres a pour coup d’Etat militaire, ne semble pas rale, en particulier des autres puis- sa part exprimé sa « déception », prêt à un revirement sur ce sujet. sances nucléaires. Le président Bill mais s’est dit convaincu que cela ne L’armée avait célébré de manière Clinton, qui a déploré, jeudi, « l’iso- signifiait pas pour autant « la fin du éclatante le premier essai nucléaire lationnisme » du Congrès améri- traité ». pakistanais il y 18 mois. La Corée cain, a réaffirmé sa détermination à du Sud a également appelé le Sénat voir les Etats-Unis ratifier ce docu- ZONE SENSIBLE à revenir sur sa décision et à encou- ment. Les Etats-Unis respecteront La Chine, tout en laissant rager ainsi « les pays non signataires leur moratoire sur les essais, entendre qu’elle accélérerait son à rejoindre » le traité. La péninsule observé depuis 1992, et continue- propre processus de ratification, a coréenne est une zone sensible du ront de plaider en faveur du CTBT, appelé Washington à ratifier rapi- point de vue nucléaire avec la a déclaré Bill Clinton. dement le CTBT, estimant que le Corée du Nord, largement soup- Le président américain a lancé vote du Sénat avait « un grand çonnée d’avoir développé des aussi un appel pressant aux autres impact sur l’entrée en vigueur du armements nucléaires. puissances nucléaires à ne pas pro- traité ». L’Inde et le Pakistan, nou- Le Japon a vivement déploré la céder à des essais. « Il ne faut pas velles puissances nucléaires qui ont décision américaine, qui aura, que vous le fassiez », a-t-il déclaré. mené des essais en mai 1998 et selon Tokyo, « un effet négatif Moscou s’est dit « déçu et sérieu- n’ont pas signé le CTBT, n’ont pas incommensurable » sur le désarme- sement inquiet » de la décision des manifesté leur intention de chan- ment nucléaire. – (AFP, Reuters.) LeMonde Job: WMQ1610--0004-0 WAS LMQ1610-4 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:15,11, Base : LMQPAG 42Fap: 100 No: 1596 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 INTERNATIONAL « Vache folle » : les experts L’armée pakistanaise décrète l’état d’urgence de Bruxelles ajournent leur rencontre BRUXELLES. Le comité européen des spécialistes des maladies à et s’empare du pouvoir exécutif prions de la Commission européenne, réuni jeudi 14 octobre à Bruxelles, a finalement décidé d’ajourner cette rencontre due au re- fus français de lever l’embargo frappant les viandes bovines britan- niques. Selon le porte-parole de David Byrne, commissaire européen Plusieurs ministres du gouvernement de Nawaz Sharif ont été arrêtés en charge de la protection des consommateurs, les experts ont écou- té « une communication » du docteur Dominique Dormont, membre Après l’échec de négociations pour trouver un mée pakistanaise a décrété, dans la nuit du jeu- sident Rafic Tarar reste en place, mais doit se de ce comité et président du comité scientifique de l’Agence fran- cadre constitutionnel au putsch qui a renversé, di au vendredi 15 octobre, l’état d’urgence. Les soumettre au chef de l’armée, le général Pervez çaise de sécurité sanitaire des aliments. Ils ont aussi demandé au mardi, le premier ministre Nawaz Sharif, l’ar- Assemblées ont été « suspendues » ; le pré- Moucharraf, proclamé chef de l’exécutif. Royaume-Uni de « clarifier leurs chiffres sur l’incidence de l’encépha- lopathie spongiforme bovine ». Les seize experts sont convenus de se ISLAMABAD demandé aux fonctionnaires et responsables militaires : certains avec des experts, prépareraient un retrouver le 25 octobre. Leurs conclusions seront alors transmises au de notre envoyée spéciale quelques députés présents d’éva- estimant que seule l’armée était en plan global de vastes réformes comité scientifique directeur de la Commission européenne. L’éven- L’armée a franchi le pas. Le Pa- cuer les lieux. Avant le renverse- mesure d’offrir un gouvernement à pour remettre le Pakistan sur les tualité d’une action de Bruxelles contre la France semble, d’ici là, ex- kistan est passé, vendredi 15 octo- ment de Nawaz Sharif, une réu- même d’assurer le bien du Pakis- rails. « Les jours des Bhutto et Sharif clue. bre, à l’aube, « sous le contrôle des nion de la Chambre avait été tan. sont passés et ceux qui ont pillé ce forces armées » qui ont déclaré décidée pour ce vendredi. Les mili- En fait, si l’exécution du coup pays à la faveur du jeu politique se- « l’état d’urgence », un pas de taires n’ont pas voulu prendre le avait été préparée de longue date ront forcés de rembourser leur dû au moins que la loi martiale. Selon risque de voir celle-ci voter son re- dans les moindres détails et s’est peuple et aux institutions de l’Etat », Israël commence à libérer « l’ordre constitutionnel n° 1 », daté tour ou faire appel à la Cour su- réalisée « sans fautes » et sans vio- a affirmé un haut responsable cité du 12 octobre, soit le jour du ren- prême. Bien qu’aucun député n’ait lences, les militaires n’avaient pas par The News. Le général Mouchar- versement du premier ministre élu, défendu le premier ministre déchu, de véritable plan. Celui-ci aurait été raf pourrait d’ailleurs faire entéri- des prisonniers palestiniens Nawaz Sharif, le chef de l’armée, leurs opinions demeuraient incer- difficile à organiser sans fuites. Or ner son plan de réformes par une ASHKELON. Israël a commencé à libérer, vendredi 15 octobre, un Pervez Moucharraf, assure « les taines. « Tant qu’il n’y a pas eu de ils ne pouvaient se permettre d’at- consultation populaire qui lui don- premier groupe de prisonniers palestiniens sur un contingent prévu pouvoirs exécutifs et la Constitution. réunion collective, il est difficile de tendre trop longtemps, notam- nerait la légitimité nécessaire. de 151, en vertu d’un arrangement consécutif à l’accord signé le L’Assemblée nationale, le Sénat ainsi dire combien de députés le soutien- ment pour des raisons écono- 5 septembre à Charm el-Cheikh, en Egypte. Parmi eux, 37 sont des que les quatre assemblées provin- dront », nous affirmait jeudi, Fak- miques (l’effondrement, jeudi, de CONTRE LA CORRUPTION ressortissants étrangers. Conformément à l’accord de Charm el- ciales ont été suspendus ». La pro- har Imam, député de la Ligue mu- la Bourse de Karachi en est une il- Il apparaît d’ores et déjà certain Cheikh, Israël a déjà libéré 199 prisonniers et doit en élargir un clamation souligne que les déci- sulmane, parti de Nawaz Sharif. lustration). que Nawaz Sharif, qui aurait été nombre indéterminé en décembre. Les 151 prisonniers libérés ven- sions qu’elle contient ne pourront Désormais seul maître à bord, le emmené dans sa maison de Re- dredi auraient dû retrouver la liberté depuis le 8 octobre, mais un li- pas être contestées devant une « OPTION ULTIME » général Moucharraf va devoir très wind où il est en état d’arrestation, tige sur l’identité de plusieurs dizaines d’entre eux a retardé cour de justice. Et les droits fonda- « Si les autorités civiles ne coo- vite convaincre la communauté in- passera en jugement pour corrup- l’échéance. Par ailleurs, le premier ministre israélien, Ehoud Barak, a mentaux prévus par la Constitution pèrent pas et que l’armée se sent ternationale de ses bonnes inten- tion. La Banque centrale du Pakis- prévenu, jeudi, qu’il recourrait à la force si les colons n’évacuaient ne pourront avoir force de loi que frustrée, elle prendra une approche tions, s’il veut espérer en recevoir tan a gelé, vendredi, tous les pas volontairement 10 des 42 colonies sauvages installées en Cisjor- dans la mesure où « ils ne seront très ferme, mais c’est l’option ul- quelque soutien. Déjà les militaires comptes bancaires du premier mi- danie, comme ils s’y sont engagés, en vertu d’un « compromis » passé pas en conflit avec la proclamation time », nous disait jeudi le général, ont pris soin d’envoyer des mes- nistre renversé, ainsi que ceux de avec lui et contesté par les Palestiniens. – (AFP.) de l’état d’urgence ou avec des en retraite, Talaat Massoud. L’état sages tous azimuts aux gouverne- plusieurs hommes politiques. L’ex- ordres donnés dans le futur ». Les d’urgence n’était pas la solution ments étrangers pour les assurer premier ministre Benazir Bhutto, DÉPÊCHES ministres du gouvernement Sharif, préférée de l’armée : un projet que le Pakistan tiendrait tous ses poursuivie pour corruption, n’a, a ALLEMAGNE : la Maison Blanche a démenti, jeudi 14 octobre, dont plusieurs ont été arrêtés, pour donner à la destitution de Na- engagements internationaux. L’un elle non plus, rien à attendre d’offi- que le président américain Bill Clinton soit intervenu auprès du cessent d’exercer leurs fonctions. waz Sharif un statut constitution- des premiers d’entre eux est le ciers décidés à aller jusqu’au bout chancelier allemand, Gerhard Schröder, pour que Berlin fasse une Et, si le chef de l’Etat, le président nel était prêt jeudi soir. Le pré- remboursement, avant la fin de dans une action qui sera considé- offre plus généreuse dans le dossier de l’indemnisation des travail- Rafic Tarar, reste en fonctions, il sident de la Cour suprême, le chef l’année, de 400 millions de dollars, rée comme salvatrice par les Pakis- leurs forcés sous le nazisme (Le Monde du 9 octobre). L’Allemagne a doit se soumettre à l’autorité du de l’Etat, un proche de la famille que le Pakistan pourra difficile- tanais, si elle n’épargne personne. proposé le versement de 3,3 milliards de dollars pour les quelque nouveau chef de l’exécutif. Sharif ont-ils refusé de l’entériner ? ment honorer sans la troisième Jusqu’où, toutefois, les militaires deux millions de survivants, les deux tiers étant à la charge de l’in- Cette solution extrême, qu’au- C’est possible. tranche de l’aide du Fonds moné- pourront-ils aller dans cette voie, dustrie, le reste à celle de l’Etat allemand. – (AFP.) cun responsable n’envisageait sé- Dès mardi soir, alors que l’armée taire international : 280 millions de alors qu’aucune institution pakista- a BIRMANIE : un envoyé spécial de l’ONU, Alvaro de Soto, et un rieusement, jeudi, et que le porte- avait pris position autour de la dollars étaient en négociation pour naise n’échappait à la corruption ? représentant de la Banque mondiale sont arrivés jeudi 14 octobre parole de l’armée avait lui-même maison du premier ministre, le chef être versés vers la fin octobre. Cela reste à voir. à Rangoun pour une mission discrète mais jugée cruciale pour tenter écartée, est sans doute le résultat du 10e corps, basé à Rawalpindi, L’absence totale, au Pakistan, de de débloquer l’impasse politique. M. de Soto, sous-secrétaire général de l’échec des négociations pour près d’Islamabad, le lieutenant gé- PLAN DE RÉFORMES réactions négatives au renverse- pour les affaires politiques, a effectué il y a un an une visite explora- réconcilier l’inconciliable : c’est-à- néral Mahmoud Ahmed, avait pas- Pour l’instant, le général Mou- ment de Nawaz Sharif a certaine- toire à Rangoun durant laquelle, selon des sources diplomatiques, il dire avoir, dans un cadre constitu- sé près de douze heures à tenter de charraf n’a mis aucune limite de ment encouragé l’armée à prendre a proposé à la junte une reprise éventuelle de l’aide onusienne en tionnel, un gouvernement intéri- le convaincre de démissionner. Le temps à l’intervention directe de les choses en mains. Celle-ci consi- échange de réformes politiques. – (AFP) maire qui ne serait pas responsable général Moucharraf aurait aussi l’armée et n’a pas dévoilé ses inten- dère que l’approbation tacite de la a EUROPE : l’Européen moyen est un gros buveur et un gros fu- devant le Parlement. Pressés par le demandé au président Rafic Tarar tions sur le futur gouvernement. rue est la meilleure réponse aux meur, selon l’annuaire 1998/99 d’Eurostat, l’office européen des sta- temps, les militaires ont, semble-t- d’user de son influence pour obte- Des technocrates devraient toute- critiques occidentales sur le non- tistiques, publié jeudi 14 octobre. L’Européen boit entre 6 et 14 litres il, décidé qu’ils n’avaient d’autre nir la démission du premier mi- fois y être associés. Et déjà, laisse-t- respect de la démocratie. « Beau- d’alcool pur par an, la palme étant détenue par les Luxembourgeois solution pour l’instant que de nistre. Depuis deux jours, les hauts on entendre, les militaires exa- coup de gens qui, comme moi, sont (14,6 litres) et les Français (14,1 litres). Les Européens, tous sexes prendre complètement les choses responsables de l’armée négo- minent un certain nombre de can- sincèrement attachés à la démocra- confondus, sont aussi de gros fumeurs, avec 1 647 cigarettes par an et en mains. Une première indication ciaient pour tenter d’éviter le re- didatures possibles. Selon le News tie pensent que, pour la préserver, par personne. Les plus gros fumeurs sont de loin les Grecs, avec avait été donnée, jeudi, lorsque cours à l’état d’urgence. Des diver- Intelligence Unit, les hauts respon- vous ne pouvez pas permettre à Na- 3 020 cigarettes. Quant à la Finlande, elle détient le triste record des l’armée a investi le Parlement et gences subsistaient parmi les hauts sables de l’armée, en consultations waz Sharif ou Benazir Bhutto de re- suicides. – (AFP.) venir », affirme le général Mas- a IRAN : Washington est toujours désireux de dialoguer avec soud. « Nous devons restaurer la l’Iran, à condition que Téhéran réponde aux exigences américaines démocratie, mais sur des bases plus sur le terrorisme, le processus de paix et les armes de destruction solides et plus sûres », ajoute-t-il. A massive, a déclaré, jeudi 14 octobre, le secrétaire d’Etat adjoint char- Un gouvernement indien dans la continuité Islamabad, où la situation est nor- gé du Moyen-Orient, Martin Indyk. – (AFP.) NEW DELHI dous du Shiv Sena, présents à risque de revenir sur le devant de male, l’inquiétude régnait vendredi a L’homme d’affaires allemand Helmut Hofer, d’abord condamné de notre correspondante Bombay, capitale économique et la scène, M. Vajpayee a donné un chez l’homme de la rue qui, visible- à mort puis à une amende pour « liaison sexuelle » présumée avec C’est un ministère géant, vingt- financière, le Trinamul Congress, secrétariat d’Etat à Omar Abdullah, ment, n’a pas oublié les années de une Iranienne, a été reconduit jeudi 15 octobre à la prison d’Evine, six ministres, quarante-quatre se- implanté à Calcutta, étant repré- député de Srinagar, capitale d’été loi martiale du général Zia-ul-Haq. sous l’accusation cette fois d’avoir « insulté » un policier. Sa libéra- crétaires d’Etat, représentatif des senté par son chef, Mme Mamata du Cachemire indien et fils du mi- Pour garder le soutien populaire tion a ainsi été une nouvelle fois repoussée. – (AFP.) vingt partis de l’Alliance démocra- Banerjee. nistre en chef du Cachemire. dont ils ont besoin pour convaincre tique nationale (NDA), victorieuse M. Vajpayee a choisi la continui- Les développements au Pakistan la communauté internationale du aux législatives, que va présider le té pour les principaux ministères : vont retenir toute l’attention de bien-fondé de leur action, les mili- Passe-d’armes franco-américaine premier ministre indien, Atal Biha- L. K. Advani (BJP) garde l’intérieur, M. Vajpayee. Outre le Pakistan, la taires devront rapidement faire ri Vajpayee. Après le refus du puis- Jaswant Singh (BJP), les affaires priorité du troisième gouverne- bouger les choses, sur le plan sant ministre en chef de l’Andhra- étrangères, et Jaswant Sinha (BJP), ment Vajpayee va être de redresser économique et de la sécurité no- avant la réunion de l’OMC Pradesh de participer au gouverne- les finances. Controversé et très les finances du pays, mises à mal tamment. Une tâche pour le moins ment, les cinq principaux partis de critiqué par l’opposition pour le par l’affaire du Cachemire et les six délicate, compte tenu de l’état dans WASHINGTON. Les Etats-Unis risquent de compromettre le lance- la coalition gouvernementale se dérapage de Kargil (Cachemire), mois d’immobilisme dus à l’appel lequel ils prennent les rênes du Pa- ment d’un nouveau round commercial à la réunion ministérielle de sont taillé la part du lion, obtenant George Fernandes (Janata U) garde aux élections. kistan. l’OMC (Organisation mondiale du commerce), à Seattle, en dé- des ministères pleins alors que les pour sa part la défense. A un mo- cembre, s’ils persistent à vouloir limiter l’ordre du jour à quelques plus petits partis n’ont droit qu’à ment où l’affaire du Cachemire Fr. C. Françoise Chipaux sujets, a mis en garde, jeudi 14 octobre, le commissaire européen au des secrétariats d’Etat. Les natio- commerce extérieur, Pascal Lamy. « Nous pensons que l’agenda amé- nalistes hindous du BJP (Parti du ricain est trop limité pour répondre aux questions » posées par la mon- peuple indien) ont dix-sept mi- dialisation, telles que « l’investissement, la concurrence », que les Eu- nistres (dont le premier), et le Ja- Nouvelles et violentes manifestations en Indonésie ropéens veulent intégrer dans ces négociations, a-t-il expliqué nata dal, dont le ralliement a été devant un groupe d’hommes d’affaires américains et européens. De plus qu’utile au Bihar, en a quatre. DJAKARTA forces de l’ordre, fin septembre, pu à quelques reprises, le discours son côté, Bill Clinton a souligné, en pointant le doigt sur l’Europe, Les Sudistes du DMK, au pouvoir de notre envoyé spécial avaient fait au moins sept morts, de B. J. Habibie n’a provoqué au- qu’il entendait faire de l’élimination des subventions aux exporta- au Tamil Nadu, ont deux ministres, Le centre de Djakarta a été, de en majorité par balles. De leur côté, cun électrochoc susceptible de re- tions agricoles un des objectifs de la réunion de Seattle. – (AFP.) de même que les extrémistes hin- nouveau, le théâtre de violents af- des centaines de militants du PDI-P, mettre sur les rails une candidature frontements. Dans la nuit du jeu- le parti arrivé en tête aux élections à la présidence visiblement impo- di 14 au vendredi 15 octobre, au générales du 7 juin, ont tenu un pulaire. Son rejet par le MPR signi- moment même où le président meeting en plein centre-ville, pour fierait probablement la fin de la B. J. Habibie défendait, devant le annoncer que le pays avait le choix carrière politique de Habibie. «Ce Parlement, sa candidature à l’élec- entre la « révolution » et l’élection à discours devrait être rejeté », a dé- tion présidentielle du 20 octobre, la présidence de leur populaire lea- claré Megawati. « Il ne contient rien des milliers d’étudiants ont bom- der, Megawati Sukarnoputri, fille de substantiel et la validité des bardé de bouteilles incendiaires, de aînée du père de l’indépendance. chiffres avancés est discutable », a pierres et de bâtons, les forces de estimé Ikrar Nusa Bhakti, de l’Insti- l’ordre. Celles-ci ont riposté à l’aide UN PLAIDOYER SANS SURPRISE tut indonésien des sciences. «Le de grenades lacrymogènes et de ca- Pour des raisons de sécurité, la président n’a pas dit combien de nons à eau. Entre le siège du Parle- parution du président Habibie de- gens avaient été tués sous son man- ment et le centre d’affaires de la ca- vant l’Assemblée consultative du dat », a jugé l’un de ses collègues, pitale, des axes routiers ont pris peuple (MPR) a été reportée d’une Hermawan Sulistyo, au Jakarta l’allure de champs de bataille. Ven- heure. Le bilan du mandat de seize Post. dredi matin, alors que des manifes- mois du chef de l’Etat, dont l’expo- Des manifestations antigouver- tations reprenaient, un premier bi- sé a duré près de trois heures et sur nementales ont également eu lieu, lan faisait état de dizaines de lequel le MPR se prononcera same- jeudi, dans plusieurs autres blessés. di, a pris l’allure d’un plaidoyer pro grandes villes de l’archipel. En pré- Réclamant notamment le retour domo sur le « redressement » de vision de l’afflux de dizaines de mil- de l’armée dans ses casernes et la l’économie, les réformes politiques liers d’opposants à Djakarta dans « traduction en justice de Suharto et et la décentralisation des pouvoirs. les prochains jours, la capitale est de ses courtisans », les étudiants en- Il s’est montré beaucoup plus dé- quadrillée par quelque quarante tendent faire capoter la candida- fensif sur la gestion de l’affaire ti- mille policiers et miliciens. Des bar- ture à la présidence de B. J. Habi- moraise, ou allusif sur les scandales rages routiers ont été mis en place bie, que Suharto s’était donné financiers et les enquêtes abandon- pour isoler l’agglomération. De comme successeur en 1998. Que nées concernant la fortune de la fa- l’avis général, si son discours n’est Habibie ait proposé le général Wi- mille de Suharto. Jeudi matin, pas rejeté par le MPR et si Habibie ranto, commandant en chef des comme en lever de rideau, un tri- maintient sa candidature à la pré- forces armées, comme candidat à bunal avait renoncé à l’inculpation sidence, la situation devrait devenir la vice-présidence, n’a pu que ré- pour corruption de Tommy Man- explosive. veiller l’ire des étudiants, dont les dala Pura, fils cadet de Suharto. précédents affrontements avec les Dénué de surprises et interrom- Jean-Claude Pomonti LeMonde Job: WMQ1610--0005-0 WAS LMQ1610-5 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 11:30 S.: 111,06-Cmp.:15,11, Base : LMQPAG 42Fap: 100 No: 1597 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / 5

Au Niger, les militaires s’apprêtent à rendre Le président Bouteflika le pouvoir lors d’une présidentielle « ouverte » peine à constituer Tous les ténors de la vie politique sont dans la course un nouveau gouvernement Six mois après le coup d’Etat militaire qui a ren- élire un président parmi plusieurs candidats, pays exsangue, disqualifié auprès des institu- versé Ibrahim Baré Maïnassara, les Nigériens se tous ténors de la vie politique. Le futur chef de tions financières internationales et où la situa- rendront aux urnes, dimanche 17 octobre, pour l’Etat n’aura pas la tâche facile, car il hérite d’un tion sociale est explosive. Les militaires algériens refuseraient certaines nominations ABIDJAN la junte, organisant grève sur LE CHANGEMENT de gouverne- de savoir qui l’avait inspirée, et on a correspondance Un pays dépendant des cours de l'uranium grève, dont les plus dures ont été ment n’est pas une « question ur- identifié exactement la partie à l’ori- Les militaires nigériens qui ont NIGER CARACTÉRISTIQUES menées par les fonctionnaires, qui gente. D’ailleurs, le gouvernement ac- gine de cette information », a ensuite assassiné en avril 1999 leur frère ALGÉRIE totalisent jusqu’à un an d’arriérés tuel fait bien son devoir de gérer les raconté à la radio le chef de l’Etat – CHEF DE L'ÉTAT, depuis le coup d'Etat de salaire. La dernière a débuté à d’armes, le président Ibrahim Baré TÉNÉRÉ du 9 avril 1999, Douala Mallam Wanké affaires courantes du pays ». S’adres- sans toutefois révéler quel respon- Maïnassara, s’apprêtent à rendre a remplacé le général Ibrahim Baré peine quatre jours avant l’élection. sant à quelques journalistes, le pré- sable aurait été démasqué. Selon le le pouvoir aux civils, dimanche Maïnassara, assassiné Quarante mille agents de la fonc- sident Bouteflika s’est efforcé, mer- quotidien francophone El Watan, il MALI NIGER 17 octobre. Sept candidats INDÉPENDANCE EN 1960 tion publique ont cessé le travail, credi 13 octobre, de faire taire les s’agirait d’une « personnalité très briguent le fauteuil présidentiel ancienne colonie française la radio et la télévision nationales rumeurs sur les dissensions entre proche de Bouteflika ». dans un scrutin très ouvert, qui n’assurant qu’un service mini- lui-même et l’armée à propos de la L’interprétation donnée par le NIAMEY CAPITALE NIAMEY pourrait, fait rarissime sur un TCHAD mum, perturbant du même coup la composition du prochain gouverne- chef de l’Etat a d’autant moins SUPERFICIE 1 267 000 km2 continent où les élections sont en- NIGÉRIA 200 km diffusion des messages électoraux. ment. « Il n’y a absolument aucun convaincu que le président Boutefli- BURKINA POPULATION core souvent jouées d’avance, être  10 millions problème entre l’armée, qui fait son ka avait promis l’installation d’un DENSITÉ 2 suivi d’un second tour le 24 no- ÉCONOMIE (1997) 8 hab./km EN CESSATION DE PAIEMENT travail dans le cadre de la constitu- nouveau cabinet au lendemain de la ESPÉRANCE DE VIE vembre. PNB 2 milliards de dollars 46 ans Parmi les pays les plus pauvres tion, et le président que je suis et qui tenue, en juillet, du Sommet de Tous les ténors de la vie poli- du monde, le Niger est en queue n’entend pas laisser ou dépasser d’un l’unité africaine (OUA). Mais le gou- PNB/hab. 200 dollars ETHNIES tique nigérienne sont dans la Haoussas 56 %, Touaregs 9 % de peloton dans quasiment tous iota ses attributions constitutionnelles. vernement du premier ministre Is- DETTE EXT. course, dont l’ancien président 1,6 milliard de dollars Djerma-Songhaïs 22 %, Peuls 8,5 % les domaines depuis que sa princi- La formation du gouvernement est du maïl Hamdani est resté en place Mahamane Ousmane, élu en 1993 pale ressource, l’uranium, dont les strict ressort du chef de l’Etat. Ni l’ar- tandis q’une nouvelle échéance était PRINCIPALES RESSOURCES et renversé trois ans plus tard par LANGUES français (off.) cours se sont effondrés, ne lui rap- mée, ni les services de sécurité, ni que fixée : l’organisation du référendum Ibrahim Baré Maïnassara. Parmi URANIUM 8 % du budget RELIGIONS musulmans 90% porte quasiment plus rien. Le taux que ce soit n’ont à s’en mêler », a af- sur la « concorde civile » le 15 sep- 3e producteur mondial les autres favoris se trouvent l’aus- de scolarisation atteint à peine firmé le chef de l’Etat à l’issue d’une tembre. Depuis, plus rien... FORCES ARMÉES tère Mamadou Tanja, soixante et CULTURES D'EXPORTATION 30 %, l’un des plus bas de la pla- audience accordée au ministre belge ARMÉE 5 300 hommes un ans, colonel en retraite, ancien arachide, coton, niébé nète, et le système de santé, défail- des affaires étrangères. MENACE DE DÉMISSION ministre de l’intérieur de Seïny lant, n’est accessible qu’à un tiers M. Bouteflika démentait ainsi les Cette inaction laisse les partis po- Kountché, qui gouverna le Niger des Nigériens. La Banque mon- informations publiées par l’agence litiques dubitatifs. L’épisode té- d’une main de fer de 1974 à 1987, et chef de la garde présidentielle, le immédiate des putschistes par diale, qui poursuivait notamment Reuters qui, citant une « source gou- moigne que « le pouvoir ne se soucie Mahamadou Issoufou, président commandant Wanké ordonnait l’Occident et par l’Afrique, au nom ses programmes d’aide à l’éduca- vernementale » anonyme, affirmait, que de ses luttes internes et de sa pé- de l’Assemblée nationale au mo- l’exécution du nouveau président, des principes démocratiques, mais tion, a suspendu sa coopération, en début de semaine, que les res- rennité », a commenté le premier se- ment du coup d’Etat de 1996. Ils se achevé à la mitrailleuse lourde, es- aussi par peur de la contagion. tout comme le Fonds monétaire ponsables de l’armée avaient rejeté crétaire du Front des forces socia- présentent tous les deux pour la timant que celui-ci avait trahi la Vilipendé dans les rencontres in- international, il y a trois mois, le la composition du nouveau gouver- listes (FFS), Ahmed Djeddaï, tandis troisième fois, vaincus en 1993 par cause en gouvernant avec et pour ternationales, mis au ban des na- pays ne pouvant plus faire face au nement proposé par le président. que le Rassemblement pour la Mahamane Ousmane et en 1996 sa famille et en refusant tout dia- tions, le Niger, hautement dépen- remboursement de sa dette. Tout d’abord ignorée par la presse culture et la démocratie (RCD), parti par le général Maïnassara. logue avec l’opposition. dant des financements extérieurs, Le futur président civil devra locale, cette information a pris une d’essence kabyle, spéculait sur le re- Les partisans du président assas- Mais, si le président Maïnassara s’est vu privé de toute aide inter- mener d’âpres négociations avec importance singulière lorsque, fait tour de la « rumeur » comme outil siné sont représentés par Hamid était effectivement contesté dans nationale. Les caisses de l’Etat ont les institutions de Bretton Woods inhabituel, l’agence de presse offi- de gestion politique. Les diver- Algabid, lui aussi ancien ministre son pays et déconsidéré aux yeux achevé de se vider et, en quelques pour relancer l’aide internationale cielle APS l’a reprise à son compte, gences entre la hiérarchie militaire de Kountché et ancien président de la plupart de ses pairs africains, mois, la junte et le pays tout entier et remobiliser sur le front intérieur avant de la démentir quelques et le sommet de l’Etat, intervenant de l’Organisation de la conférence qui le trouvaient borné et sans en- se sont retrouvés sans un sou vail- des fonctionnaires surendettés et heures plus tard en précisant que dans un « climat politique des plus islamique (OCI). Restent André Sa- vergure, il n’en restait pas moins lant. Echaudés par l’expérience de démotivés, alors que la situation « les inspirateurs de l’information délétères », est « très grave », a esti- lifou, qui avait présidé la confé- un chef d’Etat élu, lors d’un scrutin 1996, où ils avaient laissé une sociale reste explosive. Dans un n’avaient ni de près ni de loin un rap- mé de son côté le Parti des travail- rence nationale en 1991 et a occupé finalement aussi « démocratique » chance au pouvoir militaire de re- pays en cessation de paiement, la port quelconque avec la politique na- leurs, formation d’extrême gauche, plusieurs postes ministériels sous que la plupart de ceux qui se dé- prendre en main la situation tâche sera plus que difficile. tionale ». représentée au Parlement. Maïnassara, et le moins connu sur roulent sur le continent. Sa fin tra- économique du pays, les syndicats « J’ai moi-même donné l’ordre à Pour autant, comme le souligne le la scène politique nigérienne, gique a suscité une condamnation n’ont laissé cette fois aucun répit à Fabienne Pompey l’APS de reprendre l’information afin quotidien Le Matin, si « le pouvoir est Amadou Djibo Ali, ancien partisan en proie à des convulsions, nul ne de Kountché, puis du général Maï- peut prétendre en connaître les vrais nassara. motifs ». Selon certaines sources, le Le fils de l’ancien dictateur nigérian inculpé de meurtre conflit entre le président et les pa- DÉCONSIDÉRÉ, MAIS ÉLU trons de l’armée porte sur le poste A l’issue de ce scrutin, six mois UN TRIBUNAL de Lagos – la capi- ment ouverte pour des faits commis probablement des conséquences de dont était pourtant issu le clan Aba- de secrétaire d’Etat à la défense, que après s’être emparés du pouvoir, tale économique du Nigeria – a in- par le régime du général Abacha. De- sa détention, quelques semaines cha. Cette opprobre universelle s’ex- M. Bouteflika souhaite attribuer à les militaires devraient donc rega- culpé, jeudi 14 octobre, Mohammed puis la mort de ce dernier, en juin après le général Abacha. plique en grande partie par la brutali- un ancien responsable de la Sécurité gner leurs casernes, non sans avoir Abacha, fils de l’ancien dictateur Sani 1998, le régime militaire de transition Tout au long de la campagne pré- té et la convoitise sans bornes de ce militaire, Yazid Zerhouni, et sur l’in- pris la précaution d’inscrire dans la Abacha, et le général Hamza al-Mus- qui lui a succédé, tout comme le ré- sidentielle de M. Obasanjo – qui avait petit groupe. Selon des témoignages tention présidentielle de créer 5 ou nouvelle Constitution, adoptée en tapha, chef de ses services de sécuri- gime civil du président Olusegun lui-même été emprisonné par le ré- de détenus libérés après la mort du 6 super-ministères confiées à des juillet par référendum, leur propre té, pour le meurtre de Kudirat Abiola, Obasanjo, élu en avril, s’étaient gime militaire – le candidat avait re- dictateur, Mohamed Abacha aurait personnalités qui lui sont proches, amnistie et celle des auteurs du la femme du principal opposant au contentés de limogeages et de dis- fusé de se prononcer sur la question personnellement torturé des oppo- alors que l’armée souhaite que les coup d’Etat de 1996. Une décision régime militaire. Le général Musta- crets placements en détention. de l’impunité des crimes commis sants emprisonné sur les ordres de titulaires des principaux porte- qui revient d’ailleurs à être amnis- pha a également été inculpé de l’as- L’assassinat de Kudirat Abiola, en sous la dictature, tant l’on redoutait son père. Et les autorités nigérianes feuilles soient issus des partis poli- tié deux fois, pour ceux d’entre eux sassinat de l’ancien vice-président pleine rue de Lagos, le 4 juin 1996, une réaction violente des militaires viennent de confisquer soixante-trois tiques qui soutiennent l’action pré- – et ils sont nombreux – qui ont été Shehua Yar-Adua, mort en prison en avait été immédiatement attribué au qui ont dirigé le Nigeria presque sans villas achetées en quelques années sidentielle. impliqués dans l’organisation des 1997. régime militaire, même si celui-ci interruption depuis 1965. par deux proches du dictateur, l’an- Mardi, lors de l’ouverture de la deux putschs. Cette inculpation coïncide avec le avait à l’époque tenté de travestir l’af- cien ministre du territoire d’Abuja (la Foire internationale d’Alger, devant C’est notamment le cas du chef gel par la Suisse des avoirs de la fa- faire en fait divers. Mme Abiola menait UNIVERSELLEMENT DÉTESTÉS capitale fédérale) et le conseiller pour un parterre d’hommes d’affaires, le de la junte, le commandant Daou- mille Abacha. Selon le pouvoir civil alors campagne pour la libération de Ces premières inculpations sont un la sécurité du général, Ismaïl Gwarzo. président algérien a de nouveau me- da Mallam Wanké, qui prépara nigérian, le clan du général Abacha son mari, Moshood Abiola. Cet début de réponse. Elles ne risquent C’est maintenant la veuve du géné- nacé de démissionner si « d’ici au avec Ibrahim Baré Maïnassara le aurait détourné 2,2 milliards de dol- homme d’affaires prospère avait guère de soulever les passions. La fa- ral Abacha, Maryam, qui intervient 13 janvier tout n’est pas ficelé ». Cette coup de 1996. Ils avaient alors jus- lars (environ autant d’euros) d’argent remporté le scrutin présidentiel mille du général Abacha et son appa- dans les médias nigérians pour pro- date correspond au délai accordé tifié leur intervention par la néces- public, placés dans des banques de juin 1993, aussitôt annulé par les reil de sécurité étaient universelle- tester contre les méthodes policières aux Islamistes par la loi sur la sité de mettre un terme aux que- étrangères. militaires. M. Abiola avait attendu ment détestés, aussi bien dans le sud employées contre son fils et implorer concorde nationale pour abandon- relles stériles des civils au pouvoir, Le procès de Mohamed Abacha et deux ans pour se proclamer chef de à dominante yoruba (la communauté la clémence du général Obasanjo. ner la voie armée. englués dans une cohabitation du général al-Mustapha est la pre- l’Etat, ce qui avait entraîné son incar- dont était originaire Moshood Abio- houleuse. Trois ans après, nommé mière procédure judiciaire officielle- cération sans procès. Il est mort, très la) qu’au nord, région musulmane Thomas Sotinel Jean-Pierre Tuquoi LeMonde Job: WMQ1610--0006-0 WAS LMQ1610-6 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 11:40 S.: 111,06-Cmp.:15,11, Base : LMQPAG 42Fap: 100 No: 1598 Lcp: 700 CMYK

6 ¼ FRANCE SAMEDI 16 OCTOBRE 1999

35 HEURES Les responsables du trouvée pour les nouvelles entre- b LE PARTI COMMUNISTE estimait, ris, avec le MDC, une partie des Verts 217 jours par an la durée maximale PS et du PCF devaient annoncer, ven- prises ; d’autre part, les aides de vendredi matin, que ces compromis et l’extrême gauche. b LES CADRES de travail pour les cadres « intermé- dredi 15 octobre, plusieurs compro- l’Etat devront être conditionnées à la seraient un premier succès, par anti- et le travail à temps partiel ont été, diaires » et voté la suppression de mis au sujet des 35 heures : d’une création ou à la sauvegarde des em- cipation, de la manifestation pour jeudi, au cœur des débats de l’As- l’abattement de 30 % sur les charges part, une formule sur le SMIC a été plois dans les accords d’entreprise. l’emploi qu’il organise, samedi, à Pa- semblée nationale, qui a fixé à sociales pour le temps partiel. Petits arrangements de dernière minute avant manifestation Alors que le PCF organise, samedi, son défilé pour l’emploi, le gouvernement a opportunément lâché du lest sur le second projet de loi de réduction du temps de travail. Sur le SMIC et l’emploi, Maxime Gremetz juge le texte « désormais votable » POUR ne pas donner le senti- liabules entre le groupe, le cabinet une « garantie » du maintien du Un premier signal avait consisté L’argument de vente est tout temps de travail, se félicitait, ven- ment de subir la « pression de la de Mme Aubry et celui du premier salaire minimum, grâce au verse- à réserver ces allègements aux en- trouvé : la mesure favorisera les dredi matin, d’avoir obtenu des rue », le gouvernement lâche du ministre. A 9 heures, le lendemain, ment d’un « complément différen- treprises nouvelles qui respecte- créations d’emplois, argumente « sanctions » (le reversement des lest, sur les 35 heures, vingt- Jean Le Garrec (PS), président de la tiel » pour les salariés aujourd’hui raient l’esprit de la loi et, donc, M. Ayrault. Quelques heures plus aides) au cas où les accords ne se- quatre heures avant la manifesta- commission des affaires sociales, en poste, en revanche, rien n’est maintiendraient le niveau actuel tard, vendredi, un autre « cadeau » raient pas respectés. « Nous avons tion « pour l’emploi » organisée par Yves (PS, Oise), Gérard Ter- prévu pour les futures entreprises. du SMIC. Insuffisant : les entre- devait tomber dans l’escarcelle des au moins sept amendements sur ces le PCF. « Le gouvernement a rier (PS, Moselle), gardiens socia- Cette « faille » a été découverte prises pourraient choisir de refuser communistes. Ceux-ci n’ont cessé deux revendications », affirmait-il. compris qu’il y aura plus de cin- listes de l’équilibre du texte, et Do- sur le tard par les députés. les aides pour payer les salariés sur de revendiquer, depuis l’ouverture De quoi désarmorcer une manifes- quante mille personnes dans la minique Marcel, directeur du la base de 35 heures. Le risque est des débats sur les 35 heures, deux tation contre le gouvernement. Au rue. », confiait, vendredi matin, le cabinet de la ministre de l’emploi, PAS DE SMIC AU RABAIS trop gros. Pour la majorité, les mesures fortes pour leur électorat : fil des débats, le PCF a maintenu la secrétaire national du PCF, Robert effectuent les derniers calibrages En dépit des apaisements du 35 heures payées 39 sont un enga- les aides doivent non seulement pression en votant, jeudi encore, Hue. De son coté, Maxime Gre- en liaison avec Matignon. A midi, gouvernement, plusieurs élus, gement de Lionel Jospin. La être soumises à une condition de contre plusieurs articles-phares du metz, député de la Somme, jugait les députés socialistes étaient dont Gérard Fuchs (PS, Seine-Ma- gauche ne peut pas être à l’origine création d’emplois, mais l’utilisa- texte. le projet « désormais votable ». A conviés salle Colbert pour être en- ritime), Alain Vidalies (PS, Landes), d’un SMIC au rabais, répètent les tion des fonds publics pour l’em- Les communistes doivent prati- 12 h 30, après une réunion « spon- fin informés. Une demi-heure plus Yves Cochet (Verts, Val-d’Oise) ont députés les plus acharnés. Il a fallu ploi doit être contrôlée. quer un difficile équilibrisme, alors tanée » du groupe, le PS devait an- tard, Jean-Marc Ayrault, président refusé de lâcher prise. Les compro- un compromis bis. Le PCF a obtenu gain de cause que leurs alliés pour la manifesta- noncer le dispositif retenu sur le du groupe socialiste, devait divul- mis se sont succédé sans qu’aucun Cette fois, pour être vraiment at- sur ces deux points. Symbolique- tion de samedi entendent lui don- SMIC. A 15 heures, il était entendu guer le dispositif à la presse. ne satisfasse complétement les tractif, le dispositif prévoit un ment. Le texte de loi sur les ner un tour clairement antigouver- que le PCF dévoilerait, de son côté, M. Ayrault avait déjà, en partie, parties. Une seule chose est sûre : double avantage. L’entreprise nou- 35 heures devrait imposer aux en- nemental. Alain Krivine, ses propositions destinées à vendu la mèche (Le Monde du Mme Aubry ne veut pas augmenter, velle – il s’en crée quelque 30 000 treprises de préciser dans leurs ac- porte-parole de la Ligue commu- « améliorer » le projet de loi de 14 octobre), expliquant dans les d’un coup, de 11,4 % le SMIC. La par an – bénéficiera, en plus des cords collectifs la formule sui- niste révolutionnaire, a ainsi invité, Martine Aubry. Les négociations couloirs les grandes lignes du ministre doit également veiller au aides prévues dans la seconde loi, vante : « Les aides publiques seront vendredi matin, sur LCI, « les dépu- étaient encore en cours vendredi compromis pour les entreprises grain : le moindre ajout dans l’ar- de l’aide incitative et dégressive fonction de la sauvegarde ou de la tés communistes, Verts et du Mouve- matin ; seule une poignée d’initiés qui se créeront après le vote de la ticle 16, relatif au SMIC et revu par qui était jusqu’ici octroyée dans le création d’emplois. » Après d’âpres ment des citoyens à être cohérents était dans le coup. loi, en 2000. Ce serait « une aide le Conseil d’Etat, poserait des pro- cadre de la première loi du 13 juin négociations, les communistes ont avec la manifestation » en votant Le nouveau compromis sur le pour les salariés et une aide à la blèmes juridiques insurmontables. 1998. A un détail près : au lieu de compris qu’ils devraient se conten- « contre la loi sur les 35 heures ». SMIC a fait l’objet d’une rédaction création d’entreprise », disait-il. De- C’est donc à l’article 11, consacré 9 000 francs par an et par salarié, ter d’un simple affichage, sans M. Gremetz lui a déjà répondu. minutieuse jusque dans les der- puis plusieurs semaines, le SMIC aux allègements de charges des en- cette aide devrait démarrer à partir chiffrage précis. nières minutes. Jeudi, la soirée a suscite en effet l’émoi jusque dans treprises, que doivent être portées de 8 000 francs, sauf ultime réglage En prime, M. Gremetz, porte-pa- Clarisse Fabre été consacrée à une série de conci- les rangs du PS. Si le texte prévoit les modifications. juridique. role du PCF sur la réduction du et Isabelle Mandraud Le temps de travail des cadres « intermédiaires » La majorité vote la suppression met l’Hémicycle en émoi de l’abattement de 30 % sur les temps partiels LES CADRES seraient-ils «des concerne « les commerciaux qui tra- correspondant à « au moins huit UNE PAGE de l’histoire du Mme Aubry a accepté, sans états ment était maintenu, un em- êtres génétiquement différents », à vaillent à l’extérieur, les opérateurs fois le SMIC mensuel », soit un peu temps partiel est tournée. Vendre- d’âme, la proposition d’Yves Co- ployeur pourrait cumuler l’aide au l’« endurance hors du commun », sur les marchés financiers qui ont plus de 55 000 francs, Mme Aubry a di 15 octobre, peu après minuit, les chet (Verts, Val-d’Oise), acceptée passage aux 35 heures et celle qui pour travailler plus que les autres ? des horaires décalés, les techniciens préféré la solution du PS : les députés ont supprimé l’abatte- en commission des affaires so- est liée à l’embauche d’un salarié à Sur cette grave question posée par et les ingénieurs qui doivent remettre cadres dirigeants sont ceux dont la ment de 30 % sur les charges pa- ciales, qui vise à supprimer l’abat- temps partiel. C’est ce que sou- Yves Cochet (Verts, Val-d’Oise), d’urgence un projet ». Ceux-là ver- responsabilité « implique une tronales pour le travail à temps tement de 30 % « au plus tard un haite éviter la gauche. l’Assemblée nationale s’est longue- ront leur temps mesuré au forfait grande indépendance (...), qui sont partiel. Or cette mesure avait été an après l’abaissement de la durée L’opposition a défendu une po- ment penchée, jeudi 14 octobre, en dans une limite, un « plafond », de habilités à prendre des décisions de instaurée, en 1992, à l’initiative... légale du travail à 35 heures ». sition inverse. Selon Roselyne Ba- examinant l’article 5 du projet de 217 jours par an, contre 233 actuel- façon largement autonome et qui de Martine Aubry, déjà ministre de L’amendement a été voté par l’en- chelot, porte-parole du RPR, la loi sur les 35 heures. Un « débat lement. perçoivent une rémunération se si- l’emploi. « Pour se développer dans semble de la gauche. L’abattement majorité a « un problème culturel » utile », a jugé Roselyne Bachelot tuant dans les niveaux les plus éle- un sens favorable à l’emploi, le sera toutefois maintenu pour les avec le temps partiel. Selon la dé- (RPR, Maine-et-Loire). « PRATIQUES DU XIXE SIÈCLE » vés » de leur entreprise. Pour la mi- temps partiel doit être un temps contrats en cours à la date d’entrée putée de Maine-et-Loire, celui-ci Mais qu’est-ce qu’un cadre ? Du La gauche s’est émue du sort ré- nistre, « 58 % des cadres » choisi pour les salariés et un temps en vigueur de la réduction du est, contrairement aux idées re- « chercheur qui n’encadre per- servé à cette dernière catégorie. rentreraient dans la seconde caté- organisé par l’entreprise », déclarait temps de travail. çues, « majoritairement choisi ». sonne », comme dit Georges Sarre « la seule obligation de l’em- gorie. alors la ministre. La mesure, ins- S’il est nécessaire de poser des (MDC, Paris), à la personne ployeur » sera « de respecter le re- Au final, l’article a été adopté crite dans un texte portant di- PROBLÈME SOCIO-CULTUREL « garde-fous », l’abattement de contrainte de faire « des millions pos quotidien de 11 heures, ce qui sans grosse modification, mais les verses mesures d’ordre social, Le débat a clairement opposé la 30 % demeure, toutefois, indispen- d’heures de travail clandestin » se- permet des journées de 13 heures, communistes ont voté contre. La avait été votée par les députés droite et la gauche. La majorité sable : il « compense », en effet, les lon Daniel Paul (PCF, Seine-Mari- soit plus de 2 800 heures par an », droite aussi. dans la nuit du 8 au 9 décembre constate, aujourd’hui, que l’abat- problèmes « organisationnels » time), en passant par « les cadres s’est inquiété Gérard Terrier (PS, 1992. tement a surtout servi à « subven- suscités par l’embauche d’un sala- “diesel”, qui ont besoin de temps Moselle). « Le décompte en jours, I. M. Vendredi, dans la nuit encore, tionner le développement du temps rié à temps partiel. Hervé Morin, pour s’échauffer et devenir opéra- présenté comme une idée moderne partiel subi ». Au moment où se porte-parole de l’UDF, et François tionnels », assure Marie-Thérèse (...), masque le retour aux pratiques met en place une réduction « col- Goulard, pour Démocratie libé- Boisseau (UDF, Ille-et-Vilaine), du XIXe siècle », s’est insurgé Précarité « abusive » dans une entreprise sur huit lective et négociée » du temps de rale, ont développé le même argu- toutes les définitions y sont pas- M. Paul. Pour que l’affaire reste travail, il n’apparaît plus souhai- ment. « L’opposition a un problème sées. Martine Aubry a prévu, elle, dans « des limites raisonnables », le Martine Aubry l’a confirmé, jeudi 14 octobre dans la soirée, en ré- table d’encourager la diminution social avec le temps partiel », a ré- de les séparer en trois catégories, PS a imposé la nécessité de préci- ponse à un amendement d’Yves Cochet (Verts, Val-d’Oise) concer- « individuelle et subie » des ho- pliqué Gaétan Gorce (PS), rappor- au risque de créer « une nouvelle ser « des modalités concrètes » dans nant la lutte contre la précarité : comme le premier ministre l’avait raires. La suppression de l’abatte- teur de la commission des affaires fracture », selon l’opposition. les accords d’entreprise, « par annoncé à Strasbourg le 27 septembre, un texte sur le travail pré- ment est d’autant plus nécessaire, sociales. Le dialogue a tourné Les cadres dirigants seront hors exemple, à quelle heure la journée caire sera présenté « avant la fin de l’année ». La ministre de l’emploi enfin, que la France vient d’adop- court. course pour les 35 heures. Les du cadre doit impérativement se ter- et de la solidarité a ajouté que Lionel Jospin doit décider dans les ter une nouvelle définition du tra- La majorité a renforcé l’encadre- cadres soumis à des horaires de miner » et l’obligation de « clari- jours qui viennent si ce texte sera d’initiative parlementaire ou gou- vail à temps partiel qui, conformé- ment du temps partiel. Elle a adop- travail collectifs devront bénéficier fier » les jours de repos. Tout en re- vernementale. ment à la directive européenne du té un amendement de la com- de la même réduction que les fusant la « badgeuse » réclamée par Mme Aubry a apporté, à cette occasion, une précision inédite pour 15 décembre 1997, vise tous les sa- mission, qui prévoit des « contre- autres salariés. En revanche, le les Verts, Mme Aubry a accepté une mieux démontrer que le travail précaire pose problème dès lors qu’il lariés dont la durée de travail est parties », financières ou sous temps de travail des cadres dits vague formule sur la mise en place est utilisé « comme un mode de gestion permanent, dont [les entre- « inférieure à celle d’un travailleur forme de repos, si l’employeur mo- « intermédiaires » se mesurera en de « systèmes de suivi des horaires ». prises] renvoient le coût social sur la collectivité » : « 12 % des établisse- à temps plein ». Concrètement, un difie la « répartition » des horaires jours, et non en heures. Pour la mi- A la formule des communistes, ments utilisent en permanence et en moyenne, sur une année, 20 % de sa- salarié qui travaille 34 heures est à prévus dans le contrat de travail. nistre de l’emploi et de la solidari- qui réclamaient que les cadres diri- lariés en contrat à durée déterminée ou en travail précaire ». Ce sont ces temps partiel par rapport à celui té, cette dernière catégorie geants soient définis par un salaire « abus » que le texte en préparation devra s’employer à combattre. qui en effectue 35. Or, si l’abatte- Cl . F. Les députés recréent un organisme pour évaluer les revenus

LES DÉPUTÉS ont reconstitué le activités (...), le CERC ne peut sollici- la protestation d’économistes, de comme le préconisait Marie-Thé- CERC... des économistes disparus ! ter ni accepter d’instructions d’au- syndicalistes et de journalistes, et rèse Join-Lambert, auteur d’un L’Assemblée nationale a en effet cune autorité ». L’Etat, les collecti- aussi celle de Raymond Barre. Re- rapport préparatoire à la création adopté, jeudi 14 octobre, une pro- vités locales et les établissements groupés au sein de CERC-Associa- de ce nouveau « thermomètre des position de loi du groupe socialiste publics devront lui communiquer tion, certains membres du CERC inégalités » remis à M. Jospin en prévoyant la création, auprès du les informations qu’il demande. Le dissous continuaient de se rappeler 1998. C’est dire si l’indépendance premier ministre, d’un Conseil de CERC « répondra aux demandes du au bon souvenir des pouvoirs pu- intellectuelle de ses membres – no- l’emploi, des revenus et de la cohé- premier ministre, mais il pourra aus- blics en produisant des rapports tamment de son président – seront sion sociale (CERC). Cette instance si s’autosaisir », précise Jean Rou- parfois iconoclastes. L’un d’eux, en importantes pour en asseoir la cré- aura pour mission d’améliorer la ger (PS), rapporteur de la proposi- février 1997, indiquait qu’il y avait, dibilité. connaissance des revenus et des tion de loi pour la commission des en France, cinq millions de per- « La qualité des personnalités inégalités, comme le faisait le affaires sociales. Il « devra être un sonnes « privées d’emploi » et qu’il nommées est souvent garante de Centre d’étude des revenus et des peu “poil à gratter” », prévient-il. était nécessaire de retenir «une l’indépendance d’une institution, es- coûts (CERC), mais aussi d’identi- Comme avait su l’être le CERC en batterie d’indicateurs lisibles et time Pierre-Alain Muet. Ce conseil- fier les facteurs susceptibles de son temps – y compris pour les fiables » pour rendre vraiment ler du premier ministre rappelle contribuer à la cohésion sociale. Il gouvernements de gauche – en dé- compte du chômage. que, contrairement au CSERC, le se substitue au Conseil supérieur crivant par le menu, au cours des principe est de ne pas nommer des de l’emploi, des revenus et des années 80, la montée des inégalités INDÉPENDANCE ET CRÉDIBILITÉ membres issus des grands corps (In- coûts (CSERC), créé par Edouard de revenu et de patrimoine. Le nouveau CERC aura-t-il cette see, Inspection des finances, Cour Balladur, en 1994, sur les dé- En acceptant la proposition de liberté de ton et cette indépen- des comptes, etc.), mais des combres du premier CERC. loi socialiste – examinée dans le dance ? Une chose est sûre : il ne membres de la société civile. » Les rapports du nouvel orga- cadre de la « fenêtre » laissée à disposera pas, comme l’ancien, M. Jospin est à la recherche des nisme, remis au chef du gouverne- l’initiative parlementaire –, le gou- d’une équipe de quarante per- personnes qui, par leurs compé- ment et aux présidents de l’Assem- vernement tient une promesse sonnes, dont vingt-cinq cher- tences et leur expérience, pourront blée nationale et du Sénat, seront faite par la gauche au cours de la cheurs, et il devra faire appel à des jouer un véritable rôle de vigies so- rendus publics. Ses sept membres campagne des élections législatives experts extérieurs (Insee, direction ciales. seront nommés par le gouverne- de 1997. En 1994, la suppression du de la prévision, Commissariat du ment, mais « dans l’exercice de ses CERC, créé en 1966, avait soulevé Plan, caisses de « Sécu », etc.), Jean-Michel Bezat LeMonde Job: WMQ1610--0008-0 WAS LMQ1610-8 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 10:31 S.: 111,06-Cmp.:15,11, Base : LMQPAG 42Fap: 100 No: 1600 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 FRANCE La question des élections municipales à Paris Le Sénat refuse de redéfinir trouble la campagne pour la présidence du RPR la notion d’agent public La candidature de Michel Bulté pourrait être invalidée par la commission de contrôle Le gouvernement s’efforce de transcrire La campagne pour l’élection, le 20 novembre, du au risque de provoquer une nouvelle scission ou sept années de cohabitation supplémen- dans la loi un arrêt du tribunal des conflits. président du RPR se tend. François Fillon a ac- dans le mouvement. Philippe Séguin a déclaré, taires » une réélection éventuelle de Jacques cusé Jean-Paul Delevoye d’« esquiver le débat », de son côté, qu’il n’est « pas prêt à payer de cinq Chirac à la présidentielle de 2002. Vingt mille personnes sont concernées LA COMMISSION d’organisa- systématiquement interpellés sur le flou. Le président de l’Associa- vant le débat entre les deux lignes LES SÉNATEURS n’aiment pas qu’il recrée la catégorie des tion et de contrôle des opérations la préparation des élections muni- tion des maires de France est par- politiques, il n’empêchera pas la les « cavaliers ». Ils l’ont fait « contractuels à durée indétermi- électorales devait valider, vendredi cipales à Paris. « En quatorze réu- ticulièrement interrogé à ce sujet, scission du RPR », avertit le pré- comprendre au ministre de la fonc- née ». Les sénateurs, qui sont aussi 15 octobre, en fin de journée, les nions, j’ai eu quatorze fois la ques- dans la mesure où il s’affiche sident du conseil régional des Pays tion publique, Emile Zuccarelli, des élus locaux, donc des em- parrainages des candidats à la pré- tion », assure François Fillon, comme le « candidat officiel ». de la Loire. C’est la première fois mercredi 13 octobre, en ôtant de ployeurs, se sont interrogés sur sidence du RPR. Toute la semaine, député de la Sarthe. Comme Pa- M. Delevoye devait d’ailleurs par- que M. Fillon évoque publique- son projet de loi relatif « aux droits cette catégorie : « Peut-on licencier les permanents du mouvement, ai- trick Devedjian, député des Hauts- ticiper, vendredi, à Tulle, à une ment l’hypothèse de la sortie du des citoyens dans leurs relations des CDI de droit public ? », s’est no- dés par des intérimaires, ont tra- de-Seine, M. Fillon propose de réunion des élus de Corrèze, parmi RPR du courant national, social et avec les administrations » deux ar- tamment demandé M. Amoudry. vaillé nuit et jour pour vérifier que s’en remettre au choix des mili- lesquels Bernadette Chirac, républicain. ticles qui n’avaient rien à y faire, Quels sont les droits à l’avance- les quelque vingt mille signatures tants parisiens. Le futur président épouse du président de la Répu- Dans la même veine, jeudi 14 oc- puisqu’ils concernent la définition ment, à la retraite ou à la titularisa- apportées, au total, par les candi- du RPR, explique-t-il, « n’aura pas blique. tobre, sur LCI, Philippe Séguin a de la notion d’agent public. La ma- tion des intéressés ? Le sénateurs dats émanaient bien d’adhérents à l’autorité nécessaire pour imposer affirmé qu’il n’est « pas prêt à jorité, par la voix de son rappor- ont estimé n’être pas suffisamment jour de cotisation. une solution ». En clair, seul le re- « CONTRE LA COHABITATION » payer le maintien de l’un des nôtres teur, Jean-Paul Amoudry (Union renseignés. Au terme de ce contrôle, la can- cours à la démocratie peut empê- Dans un entretien publié jeudi à l’Elysée », en l’occurrence centriste, Haute-Savoie), a estimé Le gouvernement a, en revanche, didature de Michel Bulté, adjoint cher une intrusion de l’Elysée dans sur le site Internet de TF 1, M. Fil- Jacques Chirac, « de cinq ou sept ne pas disposer d’informations suf- prévu de ne pas étendre le bénéfice au maire de Paris, qui avait remis, le choix du candidat de droite à la lon se plaint d’être « le seul candi- années de cohabitation supplémen- fisantes sur la teneur de ces ar- de l’arrêt Berkani aux agents vingt minutes avant la clôture du Mairie de Paris. dat à avoir un projet politique taires ». « Je suis contre la cohabita- ticles, qui concerneront quelque contractuels que l’Etat recrute à dépôt des candidatures, le 10 octo- Sur cette question, comme sur construit », tout en reconnaissant à tion. Je crois que la présidence de la trente mille personnes : le Sénat l’étranger, soit quelque onze mille bre à minuit, 3 011 formulaires bien d’autres, les candidats M. Devedjian d’être porteur d’«un République n’a de sens que dans la n’avait pu les examiner en pre- personnes, dont trois mille Fran- dans un paquet-cadeau, pourrait « chiraco-chiraquiens », Michèle discours cohérent, très libéral ». «Si mesure où le président a une majo- mière lecture, puisqu’ils ont été dé- çais environ. Ces « recrutés lo- être annulée. De nombreuses si- Alliot-Marie, Jean-Paul Delevoye la seule ambition de Jean-Paul De- rité parlementaire qui s’inscrit dans posés à l’Assemblée nationale en caux » disposent de contrats sou- gnatures émaneraient de per- et Renaud Muselier, entretiennent levoye, c’est de rassembler en esqui- le cadre de son action et qui le sou- cours de navette (Le Monde du mis au droit du travail local sonnes qui ne sont plus membres tient », a expliqué l’ancien pré- 29 mai). (guinéen, malien, malgache...), du RPR. Le parti, il est vrai, a per- sident du RPR. Ces articles veulent transcrire beaucoup moins coûteux que des du plus de la moitié de ses adhé- Charles Pasqua à l’Elysée Ces propos ont valeur d’avertis- dans la loi un arrêt du tribunal des contrats de travail français. Bien rents en deux ans. Dans le cas sement pour l’avenir. Ils signifient conflits rendu en mars 1996. Cet ar- qu’ils soient illégaux, ces recrute- d’une invalidation, l’adjoint de Président du Rassemblement pour la France (RPF), Charles Pas- que la stratégie imaginée à l’Ely- rêt, appelé « Berkani », du nom ments se sont multipliés, depuis Jean Tiberi, qui se présente qua était invité, jeudi 14 octobre, à l’Elysée, pour assister à la remise sée, selon laquelle M. Chirac pour- d’un aide de cuisine de Crous, dit que le ministère des affaires étran- comme le candidat « chamboule- des insignes de chevalier de la Légion d’honneur à son ancien chef rait être réélu quelle que soit l’is- que tout agent non titulaire em- gères a vu ses effectifs baisser : les tout » (Le Monde du 12 octobre), de cabinet, Bernard Tomasini, aujourd’hui préfet du Cher. M. Chirac sue des élections législatives, ne ployé par un service public à carac- ambassades ou les services cultu- aurait alors matière à continuer et M. Pasqua ont eu un aparté remarqué sous les regards de Jacques serait pas seulement inopérante. tère administratif est un agent rels emploient cinq « recrutés lo- ses provocations en se faisant pas- Toubon, Michel Roussin, Alain Peyrefitte, Roger Romani, Jean-Louis Elle ouvrirait la voie à une scission contractuel de droit public, même caux » pour le prix d’un fonction- ser pour une victime de l’« appa- Debré, Pierre Messmer et Philippe de Gaulle. du RPR, voire à une candidature s’il n’accomplit que des tâches naire français expatrié... reil ». Cet épisode entachera en- « Je suis heureux de saluer ici » Charles Pasqua, a déclaré M. Chirac d’un représentant du courant na- d’exécution. Dans un souci d’économie, le core un peu plus l’image du RPR en retraçant la carrière de M. Tomasini. Il a rappelé que le préfet du tional, social et républicain en liai- Cet arrêt concerne quelque quin- gouvernement a voulu éviter une parisien, dont les militants du Cher est le fils de l’ancien ministre René Tomasini, qui, a-t-il dit, son, le cas échéant, avec le Ras- ze mille personnes dans la fonction requalification de ces onze mille reste de la France se plaignent de « fut pour moi un grand ami, une grande figure du mouvement gaul- semblement pour la France de publique d’Etat, essentiellement du contrats. Il a en outre prévu de lé- plus en plus ouvertement. liste ». Mort en 1983, René Tomasini avait été, avec M. Chirac et Charles Pasqua. personnel de maison en poste dans galiser la procédure des recrute- Les candidats qui font cam- M. Pasqua, un des artisans de la transformation de l’UDR en RPR, en les hôtels de préfecture ou les ments locaux. Ces dispositions ont pagne dans les fédérations sont 1976, sous la direction de l’actuel président de la République. Jean-Louis Saux sièges de commandement du mi- suscité la colère des syndicats de nistère de la défense, et cinq mille fonctionnaires (Le Monde du 13 oc- dans la fonction publique territo- tobre 1998). Certains, comme la riale. Comme la plupart de ces per- FSU, soucieux de défendre les pro- A Toulouse, Dominique Baudis cultive le doute sur sa candidature sonnes disposent de contrats à du- fesseurs français de l’étranger, ont rée indéterminée (CDI) de droit mobilisé, au Sénat, les représen- TOULOUSE dit, mais je ne la communiquerai Hauts-de-Seine), et l’aggloméra- l’hypothèse du parachutage d’une privé, le gouvernement a choisi de tants des Français établis hors de de notre correspondant régional pas prématurément afin de ne pas tion pourrait se voir confier par personnalité. Les noms de Ségo- leur donner, dans le droit public, France. Guy Penne (PS) a demandé Toute la ville en parle : le maire polluer le travail qui reste à faire. Airbus la construction du plus gros lène Royal et de Jean Glavany sont un contrat équivalent. Mais les une diminution du nombre des re- (UDF) de Toulouse, Dominique Car, moi, je travaille. » Et d’énumé- avion de l’histoire, l’A3XX, avec évoqués. « La quatrième ville de contrats à durée déterminée crutements locaux, et Pierre Biar- Baudis, aurait des états d’âme et rer avec gourmandise les chantiers trois mille emplois à la clé. France mérite bien la même atten- (CDD) étant seuls autorisés par le nès (PS) refusé de voter le texte du pourrait ne pas solliciter un nou- qui sont autant de réalisations à Justement. Les grands chantiers tion que Paris, Lyon ou Marseille », statut de la fonction publique de- gouvernement. veau mandat au Capitole, sur le- mettre à son crédit : le désendette- sont soit achevés, soit lancés. Dé- estime Alain Bénéteau, vice-pré- puis 1984, il a dû rédiger un projet quel il règne en maître depuis 1983. ment total de la ville et une troi- sormais, ils ne requièrent plus la sident de la région Midi-Pyrénées de loi qui déroge à ce statut, puis- Rafaële Rivais La rumeur enfle, ouvrant le champ sième baisse consécutive des im- présence de M. Baudis au Capitole. et ancien secrétaire fédéral. des convoitises à droite comme à pôts locaux, l’achèvement d’une « L’œuvre est en voie d’achèvement, Le PS veut aller vite. Dès le début gauche. En succédant à son père, offre culturelle de haut niveau avec confie un de ses proches, Toulouse de 2000, il proposera à ses parte- Dominique Baudis a fait de Tou- un musée d’art moderne et une est sur orbite, la présence du capi- naires de la gauche « plurielle » Alain Madelin propose louse une forteresse municipale de médiathèque, ainsi que le lance- taine est moins nécessaire. » D’au- une liste unitaire avec une tête de la droite. Trois fois de suite, il a ment d’une deuxième ligne de mé- tant que certains croient détecter liste socialiste que les militants dé- écrasé ses adversaires dès le pre- tro. Toulouse, selon son maire, va une onde de désenchantement signeront en avril. « Symbolique- à l’opposition de débattre mier tour. Mais, sans son équation bien, ce que le recensement a chez leur maire. N’a-t-il pas vécu ment, il paraît difficile que la tête de personnelle, la quatrième ville de confirmé – c’est la métropole qui a les émeutes du Mirail, qui, en dé- liste échappe au Parti socialiste », ALAIN MADELIN, qui était le seul candidat, a été réélu à la présidence France, qui vote majoritairement à attiré le plus d’habitants –, son dy- cembre 1998, brisèrent une vitrine considère M. Arif, dont les rela- de Démocratie libérale (DL) avec 98,32 % des suffrages exprimés, soit gauche lors des scrutins nationaux, namisme économique permet au qu’il voulait exemplaire, comme tions avec Lionel Jospin, militant 26 395 voix, a annoncé DL, jeudi 14 octobre. M. Madelin a aussitôt écrit pourrait basculer. département de la Haute-Garonne une déception personnelle ? N’en- de base de la fédération, sont à « l’ensemble des formations de l’opposition », RPR, UDF, RPF et CNI, et M. Baudis entretient volontaire- de figurer en deuxième place des visage-t-il pas difficilement l’obli- étroites. aux « responsables de clubs de réflexion », comme Alain Juppé, Edouard ment le silence sur ses intentions : départements français pour la gation de travailler avec le batail- Balladur, Jacques Toubon et Charles Millon, pour « leur faire une offre « J’ai pris ma décision, nous a-t-il création d’emplois (après les lon des maires socialistes de publique d’échanges et de débats ». l’agglomération dans le cadre de la « L’œuvre est en voie Pour les élections municipales, M. Madelin a proposé, jeudi, lors d’une nouvelle loi sur l’intercommunali- conférence de presse, que l’opposition départage ses candidats à l’inves- Un premier candidat socialiste à Marseille té ? Ne relève-t-on pas chez lui une d’achèvement, titure par des sondages. Dans un entretien diffusé par Canalweb.net, tendance de plus en plus pronon- jeudi, Jean-Pierre Raffarin, vice-président de DL, s’est de son côté décla- Marius Masse, député et conseiller général socialiste des Bouches- cée à « s’évader » dans l’écriture de la présence ré « sceptique » quant à une candidature de M. Madelin à l’élection pré- du-Rhône, a annoncé, mercredi 13 octobre, qu’il est candidat à l’in- romans historiques ? sidentielle. vestiture de son parti pour les élections municipales à Marseille. A droite, évidemment, on fait du capitaine est M. Masse est le premier à se déclarer. La décision du PS ne doit pas comme si de rien n’était, mais les DÉPÊCHES intervenir avant mars 2000. M. Masse est le fils de Jean Masse, au- appétits s’aiguisent. Le voisin et moins nécessaire » a REDÉCOUPAGE : le ministre de l’intérieur, Jean-Pierre Chevène- jourd’hui décédé, qui fut député socialiste et conseiller municipal compagnon de parti, Philippe ment, a annoncé, jeudi 14 octobre, à Toulouse, devant le 69e congrès de dans le même secteur que lui, et le père de Christophe Masse, Douste-Blazy, maire de Lourdes, l’Assemblée des départements de France, le report du redécoupage des conseiller général depuis 1998. Bien que non encore déclarée, Sylvie ne manque pas une occasion de Voilà qui ne fait pas l’affaire des cantons après les élections cantonales de mars 2001. Compte tenu du ca- Andrieux, députée et conseillère municipale, fille du sénateur socia- rappeler ses ascendances toulou- Verts, qui se sentent pousser des lendrier, ce report devrait limiter l’ampleur d’un redécoupage éventuel liste Antoine Andrieux, décédé, et filleule de la sénatrice Irma Ra- saines et son attachement à la Ville ailes depuis les élections euro- des circonscriptions législatives. puzzi, pourrait aussi être candidate. – (Corresp. rég.) rose. Une discrète enquête a été di- péennes. Selon leur porte-parole, a PARIS : Jean Tiberi a sollicité et obtenu, au cours du conseil d’ad- ligentée pour apprécier la notorié- Michel Vanhove, une liste auto- ministration de l’OPAC (office d’HLM) de Paris, jeudi 14 octobre, par té de successeurs possibles, comme nome a la faveur de la majorité des 14 voix pour et 7 abstentions, un vote de confiance pour son action en l’adjoint Jean-Luc Moudenc. militants toulousains, mais cer- tant que président de cet organisme, fonction qui lui vaut d’être mis en A gauche, l’espoir renaît. Le PS a tains, au niveau national, envi- examen dans l’affaire des fausses factures de l’OPAC. Le conseil d’ad- fait ses comptes. Aux élections eu- sagent de proposer qu’un écolo- ministration a refusé, par 19 voix contre 2, que l’office se constitue partie ropéennes, la liste UDF, avec un giste conduise à Toulouse une liste civile dans ce dossier. petit 12 %, n’est arrivée qu’en troi- unitaire de la gauche « plurielle ». a OMC : les cinq confédérations syndicales, CGT, CFDT, FO, CFTC, sième position, après celles de « Dans le cadre des négociations na- et CFE-CGC, ont estimé, mercredi 13 octobre, qu’une « approche » des François Hollande (25 %) et de Da- tionales, ce serait une bonne façon prochaines négociations de l’Organisation mondiale du commerce niel Cohn-Bendit (13 %). Et les trois pour le PS de reconnaître enfin le (OMC) « qui se réduirait au libre-échange n’est pas acceptable ». Dans listes de droite ont totalisé moins poids des écologistes », estime Elisée leur déclaration commune, les centrales syndicales réclament « une né- de 35 %. A partir de ses points Brugarolas, conseillère régionale gociation globale ». d’ancrage autour de la ville, le PS Verte. a SONDAGES : la cote de popularité de Jacques Chirac est restée envisage de partir à la conquête de Toulouse, première grande ville stable en octobre, avec 63 % d’opinions favorables, et celle de Lionel Toulouse sur un projet d’agglomé- « verte » ? Les écologistes Jospin a gagné 1 point, à 61 %, selon le sondage d’Ipsos, réalisé les 8 et ration « fédérateur et ambitieux » avancent qu’ils ont une bonne can- 9 octobre, auprès de 953 personnes et publié par Le Point (daté 15 octo- concernant les 800 000 habitants didate en la personne de Marie- bre). Pour CSA, en revanche (enquête réalisée du 29 septembre au 1er oc- de la zone urbaine. « Un projet à la Françoise Mendez, vice-présidente tobre auprès de 1 002 personnes pour La Vie et France Info), le chef de dimension sociale et culturelle de du conseil régional. Durant les l’Etat perd 7 points, avec 53 % de confiance, et le premier ministre en cette ville, pas une gestion de notable seize ans de règne de M. Baudis, perd 5, avec 50 % de confiance. bourgeois », annonce Kader Arif, le n’a-t-elle pas été, avec le soutien a MANIFESTATION : la fédération SUD-PTT souligne, dans un premier secrétaire de la fédération de la gauche, la seule à contraindre communiqué publié jeudi 14 octobre, qu’« en aucun cas la signature » et le seul responsable fédéral socia- le maire de Toulouse à un ballot- par deux de ses responsables nationaux de l’appel pour l’« autonomie du liste d’origine maghrébine. tage lors des élections législatives mouvement social » (Le Monde du 16 octobre) « ne peut être interprétée et Reste à trouver, comme tête de de 1997 ? Ironique et distant, utilisée comme un appel à combattre la manifestation du samedi 16 octo- liste, le bon calibre. Trois respon- M. Baudis laisse dire : « La seule bre », l’appel ayant été débattu avant l’initiative de la manifestation. sables locaux sont sur les rangs : question que je me pose, légitime- a NUCLÉAIRE : les organisateurs de la manifestation nationale an- François Simon, le chef de file de ment je crois, est celle-ci : dans tinucléaire du 28 novembre (les Verts, les associations France na- l’opposition municipale ; Jean- quelle durée dois-je inscrire mon ac- ture environnement et Greenpeace, la LCR, le MEI, etc.) ont décidé Jacques Mirassou, qui a conquis un tion municipale : dix-huit ou vingt- de repousser cette manifestation, après l’annnonce faite par Framatome canton de la ville ; et le sénateur quatre ans ? » de reporter toute décision sur l’European Pressurized Reactor (EPR) Jean-Pierre Plancade. Sans trop après 2002. vouloir y croire, on n’écarte pas Jean-Paul Besset LeMonde Job: WMQ1610--0010-0 WAS LMQ1610-10 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:15,11, Base : LMQPAG 42Fap: 100 No: 1602 Lcp: 700 CMYK

10 SOCIÉTÉ LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999

FRAUDE Selon la brigade de re- de Paris, qui avait vu la victoire de dération générale des petites et DE LA MAIRIE interrogé par les gen- bergement ni de photocopies de cherches de la gendarmerie de Pa- Jacques Dominati, s’élèverait à 800. moyennes entreprises (CGPME) ou darmes, le 24 avril, raconte que les factures EDF ou autres ». « Ces ins- ris, le nombre de faux électeurs b L’ENQUÊTE a permis de mettre au certaines sociétés, comme la société « dossiers des faux électeurs criptions devenaient très nom- ayant participé au scrutin municipal jour plusieurs filières de recrute- Carat, diffuseur et vendeur d’es- étaient bien sûr incomplets ». « Il breuses en fin d’année précédant de 1989 dans le 3e arrondissement ment : le RPR, mais aussi la Confé- paces publicitaires. b UN EMPLOYÉ n’y avait jamais d’attestation d’hé- les scrutins », ajoutait-il. 800 faux électeurs du 3e arrondissement de Paris ont participé au scrutin de 1989 Selon les gendarmes, ces électeurs ont voté alors qu’ils ne demeuraient pas dans l’arrondissement lors des élections municipales qui ont vu la victoire de Jacques Dominati. Certains affirment avoir été recrutés via le RPR, d’autres via certains syndicats comme la CGPME IL AURA FALLU dix ans à la prises la présence des personnes HA alors qu’aucun d’entre eux n’habi- lon lui, la douzaine de membres justice pour étayer les accusations [hors arrondissement] enregistrées tait dans l’arrondissement. de la CGMPE qui assistaient à de fraudes électorales concernant les unes à la suite des autres et qui Les gendarmes ont aussi décou- cette réunion ont voté dans le l’organisation, en 1989 et en 1995, ont le même contact. » vert de nombreuses inscriptions 3e sans pour autant résider dans des élections municipales dans le A lui seul, Guy Legris, ancien émanant de membres de la Confé- l’arrondissement. « Je pense que 3e arrondissement de Paris. Près responsable RPR pour la Ville de dération générale des petites et personne d’entre nous n’avait pres- de cinq cents auditions et l’exa- Paris, apparaît, sur les fichiers de moyennes entreprises (CGPME), senti que cette affaire pouvait se ré- men attentif du disque dur d’un l’ordinateur, à 60 reprises comme dont le président, Lucien Rebuf- véler aussi grave », concluait-il. ordinateur hébergeant les fichiers le contact de nouveaux venus sur du système de fraude qui avait été les listes électorales. Jack-Yves oublié, en 1995, par l’équipe du Bohbot, alors premier adjoint de maire Démocratie libérale (ancien M. Dominati, figure 180 fois. Parti républicain) Jacques Domi- nati, après sa défaite, a permis FILIÈRES DE RECRUTEMENT d’évaluer au minimum à 800 le Les investigations menées par nombre d’électeurs qui ont voté, les juges d’instruction Jean-Paul en 1989, dans cet arrondissement Valat et Philippe Coirre ont mis en alors qu’ils résidaient ailleurs. Ce lumière plusieurs filières de recru- scrutin avait vu la victoire de tement. Les réseaux politiques ont Jacques Dominati sur son adver- été pleinement utilisés. Membre saire socialiste, Pierre Aiden- de l’UDF depuis 1984, Solange baum. En 1995, les gendarmes es- M. a ainsi indiqué aux gen- timent que près de 320 faux darmes : « Nous n’ignorions pas électeurs ont participé au scrutin que Jacques Dominati avait des municipal qui avait vu la défaite problèmes à chaque élection et de M. Dominati. était élu de justesse. Michel Castets Dans un rapport d’étape, les nels afin de contredire les prévi- couvert après la défaite de [chargé de mission auprès de gendarmes de la brigade de re- sions des sondages qui le don- Jacques Dominati de la mairie, en M. Dominati] m’a fait part du fait cherches de Paris écrivaient déjà, naient perdant. « Il apparaît ainsi 1995, a donné la clé de l’organisa- qu’il serait souhaitable de trouver le 1er avril 1998, que leur enquête clairement, écrit la brigade de re- tion du système : elle fournissait des électeurs pouvant apporter un fel, a travaillé à la Mairie de Paris, L’enquête a également permis prouvait « irréfutablement » l’exis- cherches de Paris, que des inscrip- la liste des faux électeurs et indi- soutien au vote de Jacques Domi- auprès de Jacques Chirac. L’un des de découvrir des votes suspects tence « d’une manœuvre concertée tions sur des listes électorales l’ont quait, face à chacun de ces noms, nati. » La crainte d’une défaite membres de la CGPME, un provenant, de manière organisée, d’inscriptions massives de per- été de manière groupée. (...) On ne l’identité de leur « contact ». semble également avoir conduit commerçant du 3e arrondissement de la société Carat, diffuseur et sonnes ne remplissant pas les peut qu’en déduire que ces inscrip- « Les inscriptions suspectes sur l’équipe de M. Dominati à cher- résidant dans l’Est parisien, a ainsi vendeur d’espaces publicitaires. conditions légales pour figurer sur tions ont été réalisées par une ou les listes électorales étaient réalisées cher des filières inédites : quator- expliqué : « Au cours d’une réu- On y retrouve ainsi le dirigeant de ces listes électorales ». En 1989, les plusieurs personnes chargées d’en- à partir d’identités fournies par les ze personnes de la société SDPS, nion [du syndicat], on nous a sug- cette entreprise, Francis Gross, proches de M. Dominati semblent registrer des identités de personnes personnes désignées comme devenue La Rochefortaise, au sein géré de nous inscrire sur le 3e ar- considéré comme un proche de avoir mobilisé, avant les élections, non présentes physiquement dans le contact dans les fichiers découverts, de laquelle travaillait un des fils de rondissement. [... ] Le délégué Jacques Dominati et de Jacques des réseaux politiques, familiaux, bureau. » expliquent les gendarmes. Pour M. Dominati, ont ainsi été inscrits CGPME nous a demandé nos cartes Chirac. Certains des faux électeurs professionnels voire confession- La mémoire de l’ordinateur dé- preuve, on relève à plusieurs re- sur les listes du 3e le même jour électorales pour l’inscription. » Se- espéraient visiblement des « re- tours ». Marie-France C., membre du secrétariat général du comité interministériel pour les questions « Les dossiers des faux électeurs étaient bien sûr incomplets » économiques et europénnes au- près du premier ministre, a décla- VOICI des extraits des témoi- par Mme Bergougnous et Jack-Yves des commissions administratives sur mis ma carte d’identité. Il ne l’a pas gris, qui était à l’époque président de ré avoir accepté de figurer sur la gnages recueillis par les gendarmes Bohbot. Je crois même que ce dernier les listes additives et on déposait les conservée longtemps, il a dû en faire la section professionnelle. [... ] liste du 3e arrondissement, alors lors de l’enquête. Seuls les noms devait disposer d’imprimés vierges dossiers des nouveaux inscrits sur la une photocopie. Je n’ai pas fourni » J’ai parlé de ces choix à MM. C., qu’elle n’y résidait pas, pour des responsables sont indiqués en car il me semble qu’il nous en faisait table. Les membres des commissions d’autres document pour mon inscrip- B., C., B, qui étaient dans mon service obtenir une place en crèche. Isa- entier, les autres ne figurent que parvenir déjà remplis. En tout cas, arrivaient chacun leur tour en fonc- tion. je ne me souviens plus si, par la comme inspecteurs de sécurité. S’ils belle G., pharmacienne dans cet sous leurs initiales. moi, je ne lui en portais pas. Ces ins- tion de leur emploi du temps respec- suite, j’ai reçu ma carte. Je n’ai pas ont été inscrits sur les listes du 3e ar- arrondissement, s’est inscrite, b Témoignage de Philippe criptions parallèles devenaient très tif. [... ] Ils ne restaient jamais long- voté aux élections municipales de rondissement, c’est certainement selon elle, afin d’obtenir un Gondoux, domicilié dans à Ivry- nombreuses en fin d’année précé- temps, ils se contentaient de signer 1989. De toute façon, je savais que je sous mon influence.[... ] En 1991, logement. sur-Seine (Val-de Marne), re- dant les scrutins. après un entretien plus amical n’irais pas voter. Dans mon esprit, MM. B. et C. m’ont fait part de leur cueilli par les gendarmes le » A la demande de Jack-Yves Boh- qu’autre chose avec M. Grundmann, c’était que si, par la suite, j’avais be- convocation dans vos services [à la « JAMAIS ENTENDU PARLER » 24 avril. bot, je me suis inscrit moi-même sur du genre, “bon rien de particulier, soin d’un coup de pouce pour un ap- gendarmerie]. J’ai décidé de me Interrogé le 4 mai 1999, au cours « Quand je suis arrivé à la mairie les listes du 3e. Le jour où cela s’est tout va bien ?” et ils repartaient. » partement ou autre, cela n’aurait pas rendre à la mairie du 3e arrondisse- de sa garde à vue, Jack-Yves Boh- du 3e, mon premier emploi était celui fait, en 1987, je suis allé dans son bu- b Témoignage d’Isabelle R., do- été plus mal. » ment pour demander des éclaircisse- bot a démenti l’existence d’un tel de garçon d’étage. C’est-à-dire que reau où nous avons rempli deux for- miciliée à Neuilly (Hauts-de- b Témoignage de Bruno Bu- ments. Nous voulions voir un respon- système. « Je n’ai jamais entendu j’étais à la disposition de tous les ser- mulaires manuscrits, un à mon nom, Seine), recueilli le 20 mai par les rette, domicilié à Montrouge, em- sable. Nous avons été reçus dans un parler d’inscriptions irrégulières sur vices quand ils avaient besoin de un à celui de mon épouse. C’est Jack- gendarmes. ployé à la Direction des parcs et bureau à l’étage où se trouvaient le 3e arrondissement quand j’y étais quelqu’un pour quoi que ce soit Yves qui a rempli les formulaires. Le « Vous me présentez la copie de jardins de la Ville de Paris, inter- deux ou trois personnes. Il nous a été premier adjoint. [... ] Personnelle- (photocopies, documents à porter, choix de l’adresse était déjà dans sa mon inscription sur les listes électo- rogé le 12 mai 1998. présenté un certain M. Castets [char- ment, je n’ai jamais inscrit ou fait etc.) En juin ou juillet 1985, je suis tête car il n’a pas hésité lorsqu’il a rales du 3e avec comme adresse le « Depuis 1983, je militais pour le gé de mission exerçant de fait les inscrire, directement ou indirecte- descendu au bureau des affaires gé- rempli les formulaires en mention- 102, boulevard de Sébastopol. Je n’ai mouvement du RPR, dont j’avais la fonctions de directeur de cabinet de ment, des personnes ne pouvant nérales alors dirigé par Mme Bergou- nant le 6, rue Brantôme. [... ] Quand jamais résidé à cette adresse. [... ] carte. J’ai débuté à la section de M. Dominati]. prétendre à figurer sur les listes gnous. [... ] C’est au mois de dé- les cartes arrivaient au bureau des Sur votre listing des électeurs inscrits Montrouge puis j’ai été rattaché à la » C’est là que j’ai découvert de la électorales de cet arrondissement. » cembre 1985 qu’il y a eu une division élections, nous retirions celles des hors arrondissement, j’ai comme section professionnelle de la Ville de bouche de M. Castets et des personnes Placé en garde à vue le 28 mai, de ce service. Le bureau des élections faux électeurs que nous connaissions. contact M. Gérard L. Il s’agit d’une Paris, étant salarié de la Mairie de présentes que nos inscriptions dans le Michel Castets, chargé de mission a donc été composé de M. Grund- C’est ainsi que je prélevais celle de personne que je connais. Nous tra- Paris. Lors d’une réunion dans le 3e arrondissement n’étaient pas lé- auprès de Jacques Dominati à la mann, qui en a pris la direction, etde mon épouse et de moi-même. Sinon vaillions à l’époque, en 1988, au GRC quartier du Marais, à Paris, et qui gales. Il nous a proposé pour justifier mairie du 3e arrondissement, a re- Mlle D. et de moi-même. J’y suis resté M. Grundmann avait une liste des EMIN. Il s’agit d’une société d’urba- rassemblait environ quatre-vingt per- nos inscriptions de raconter que nous connu avoir « peut-être fait procé- jusqu’à ce que j’ai eu des problèmes cartes à prélever. [... ] nisme commercial. Cette personne sonnes et concernait entre autres avions l’intention de fonder une asso- der à une inscription pour un tiers avec Mme Bergougnous vers 1989. » Les dossiers des faux électeurs m’a demandé si cela m’intéressait de choses les élections municipales de ciation sportive dont le siège était en bénéficiant d’une procuration » Dès ma prise de fonction dans le étaient bien sûr incomplets : il n’y voter à Paris. Je pensais à l’époque 1989, on nous a dit que l’on pouvait dans le 3e arrondissement. [... ] Après de la personne », mais il a aussitôt bureau des élections, j’ai été confron- avait jamais d’attestation d’héberge- que c’était pour voter dans le 5e ar- voter soit dans la commune de son cette proposition, M. Castets nous a ajouté : « Il n’y a eu aucune orga- té à un type d’inscription irrégulier. ment ni de photocopies de factures rondissement pour Tiberi. Je ne sa- domicile soit à Paris puisque l’on y fait prendre rendez-vous dans un bar nisation à faire inscrire irrégulière- [...] Il arrivait que l’on me demande EDF ou autres. Nous n’étions pas vais pas qu’il s’agissait du 3e arron- travaillait. [... ] Je pense avoir fourni proche de la mairie avec un certain ment des personnes sur le 3e arron- des imprimés vierges que j’allais por- sensibilisés à ça. On préparait, à dissement. J’ai accepté de m’inscrire mes coordonnées pour mon inscrip- M. Cohen. Cette personne était celle dissement. » ter et que je récupérais une fois rem- trois, les dossiers. C’est-à-dire que à Paris par l’intermédiaire de cette tion mais je ne peux dire à qui. Lors qui soi-disant nous hébergeait pour plis. Ces demandes étaient formulées l’on mettait les tampons des membres personne. Je me souviens lui avoir re- de cette réunion était présent M. Le- légaliser notre inscription. » Jacques Follorou

DÉPÊCHES a JUSTICE : Philippe Plantagenest, un des administrateurs de la La fin de 12 ans de régime d’exception pour les détenues d’Action directe Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF), a été mis en ELLES bénéficient enfin d’un régime normal Les deux femmes n’ont pas bénéficié du même sujet, elle n’était manifestement pas au courant de examen, jeudi 14 octobre, pour « complicité d’abus de biens so- d’incarcération. Joëlle Aubron et Nathalie Méni- traitement. Bien que le droit pénitentiaire impose son prochain transfert, explique Me Marie-Paule ciaux », dans le cadre de l’enquête sur la gestion contestée de la gon, figures d’Action directe, l’ancien groupe ter- que tous les condamnés à des longues peines Pioli, l’avocate des deux détenues. Nous ne pou- MNEF, a-t-on appris de source judiciaire (Le Monde du 15 octobre). roriste d’extrême gauche, ont été transférées, soient affectés en centre de détention ou en mai- vons que nous féliciter de cette décision qui met un Il s’agit du premier responsable de la MNEF mis en examen dans ce mercredi 13 octobre, de la maison d’arrêt des son centrale, des établissements dont le régime terme à une situation devenue intenable. » dossier. femmes de Fleury-Mérogis (Essonne) au centre est axé sur la réinsertion du prisonnier, Joëlle Au- Désormais incarcérées à Bapaume, un établis- a Le journaliste indépendantiste breton Charlie Grall, mis en de détention de Bapaume (Pas-de-Calais). Cette bron et Nathalie Ménigon sont restées à la mai- sement à gestion privée construit aux débuts des examen pour « association de malfaiteurs » et écroué, le 4 octobre, mesure d’administration judiciaire, banale en ap- son d’arrêt des femmes de Fleury-Mérogis, avec années 90, Joëlle Aubron et Nathalie Ménigon bé- dans une affaire de vol de huit tonnes d’explosif (Le Monde daté parence, met un terme à plus de douze années de un régime strict de détention. Placées à l’isole- néficieront d’un « régime de détention normal », 3-4 octobre), a été remis en liberté, jeudi 14 octobre, par le juge régime carcéral d’exception pour ces deux ment, elles ont été soumises à des fouilles à répé- selon l’administration pénitentiaire. Elles devaient d’instruction. Cette décision serait notamment liée à son état de femmes, considérées comme des « détenues par- tition, des changements de cellule fréquents, et se être affectées, dès vendredi 15 octobre, dans la santé. ticulièrement surveillées » (Le Monde du 28 juillet). sont vu interdire de participer ensemble aux acti- même « unité de vie », un petit quartier où les a MÉDECINE : les étudiants de la faculté de médecine de Mont- Arrêtées en février 1987 avec Georges Cipriani vités, ne pouvant se rencontrer qu’aux heures de cellules sont ouvertes dans la journée. Elles pour- pellier (Hérault) devront repasser les épreuves de physique et et Jean-Marc Rouillan, Joëlle Aubron et Nathalie promenade. ront, au même titre que les autres détenues, par- d’anatomie du concours de fin de première année du mois de juin, Ménigon ont été condamnées en mai 1994 à la ticiper aux activités, faire du sport, engager une « entachées d’irrégularités ». La décision a été prise jeudi 14 octobre, réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une TRANSFERT SURPRISE formation professionnelle ou travailler. Elles de- par le tribunal administratif de Montpellier, qui a reconnu l’entière période de sûreté de dix-huit ans, pour les assas- Pendant des années, cette situation déroga- vraient également pouvoir téléphoner une fois responsabilité administrative de la faculté. sinats, en janvier 1985, du général René Audran toire n’a guère ému les ministres de la justice suc- par semaine à leurs proches. A une exception a EXCLUSION : les foyers contenant une personne au chômage et, en novembre 1986, de Georges Besse, l’ancien cessifs. Il y a encore quelques semaines, le cabinet près, pour Nathalie Ménigon, qui s’est mariée en et souhaitant bénéficier de la procédure d’effacement de leurs PDG de Renault. A la suite de leur condamnation, d’Elisabeth Guigou refusait de « communiquer of- prison le 29 juin avec Jean-Marc Rouillan : l’ad- dettes fiscales en 2000 pourront le faire avant le 1er janvier 2000, les deux hommes ont été transférés dans des éta- ficiellement » sur le régime carcéral des deux dé- ministration pénitentiaire n’a pas coutume d’au- même s’ils n’ont pas encore saisi une commission départementale blissements réservés aux longues peines, à la mai- tenues. La situation semblait bloquée, jusqu’au toriser les communications téléphoniques entre de surendettement, a annoncé, jeudi 14 octobre, le ministère des son centrale de (Hautes-Pyrénées) transfert surprise, mercredi 13 octobre, des deux prisonniers. finances. Bercy, qui exigeait jusqu’ici qu’un dossier ait déjà été dé- pour Jean-Marc Rouillan et à celle d’Ensisheim femmes en centre de détention. « Il y a encore posé, assouplit ainsi sa position. (Haut-Rhin) pour Georges Cipriani. trois jours, Joëlle Aubron m’écrivait sur un tout autre Cécile Prieur LeMonde Job: WMQ1610--0012-0 WAS LMQ1610-12 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 1817 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 SOCIÉTÉ

Eric de Montgolfier a été reçu à la chancellerie après Vives réactions après ses critiques sur le fonctionnement de la justice à Nice les accusations lancées Le procureur avait évoqué des disparitions de dossiers et l’influence de « réseaux francs-maçons » par Bernard Bonnet Eric de Montgolfier, le procureur de la Répu- principaux collaborateurs. Il avait préalablement ment les disparitions de dossiers, qu’il avait dé- blique de Nice, a été reçu, jeudi 14 octobre, par adressé au ministère un rapport résumant les noncées publiquement en évoquant l’influence la ministre de la justice, Elisabeth Guigou, et ses dysfonctionnements de la justice à Nice, notam- de réseaux « francs-maçons ». L’ex-préfet de Corse publie un livre LE PROCUREUR de la Répu- Outre un renforcement des effectifs personnes qui auraient des apparte- voir. La nouveauté, c’est que le pro- LES ATTAQUES tous azimuts lorsque je couvre mon directeur de blique de Nice, Eric de Montgolfier, du parquet, il est envisagé que cer- nances secrètes. Je veux que tout soit cureur le dise ouvertement. Avais-je lancées par l’ex-préfet de Corse, cabinet [Gérard Pardini] sur le a été reçu, à sa demande, jeudi taines affaires financières soient clair sans amalgame, sans carica- un autre moyen que de poser le pro- Bernard Bonnet, jeudi 14 octobre tract », faisant allusion aux feuilles 14 octobre, par la garde des sceaux, traitées à l’avenir par un « pôle » de ture. » blème publiquement ? Ma nomina- sur Europe 1, dans le cadre de la retrouvées sur la plage de Cala Elisabeth Guigou, et ses principaux magistrats spécialisés, installés à tion à ce poste a provoqué des bruits. campagne promotionnelle de son d’Orzu, devant la paillote incen- collaborateurs. Ces entretiens, en Marseille. « MÉLANGE DES GENRES » L’échec, c’est moi qui l’assumerais. Je livre Préfet en Corse (éd. Michel La- diée, désignant Yves Féraud, gérant présence de Gabriel Bestard, pro- Mme Guigou et M. de Montgolfier « A Nice, a-t-il poursuivi, on me veux bien l’assumer si je n’ai pas fait fon), qui doit paraître le 21 octobre, du restaurant, comme une « ba- cureur général d’Aix-en-Provence, ont ensuite évoqué la question de dit souvent que l’on est en échec à ce que je devais faire, mais pas si je ont suscité de vives réactions. lance des flics ». « Mais je fais ça faisaient suite aux déclarations du la franc-maçonnerie. Selon nos in- cause des réseaux francs-maçons. Il me trouve dans une configuration Christian Vigouroux, directeur de pour l’Etat, après discussion avec les magistrat au Nouvel Observateur, formations, la ministre a demandé faut sortir de ce phénomène où l’on qui me prive de toute action. » cabinet de la ministre de la justice, conseillers de Matignon. » sur l’existence de « réseaux francs- au magistrat de surveiller sa vient au quotidien vous expliquer dès Après avoir expliqué que, à ses a qualifié d’« insinuations infâmes » maçons » qui, selon lui, influeraient communication sur le sujet et de ne qu’il y a un blocage : “Ah ! C’est un yeux, « un procureur ne doit pas les propos de M. Bonnet. Celui-ci a « PAS D’ORDRE ÉCRIT » sur le fonctionnement de la justice pas mettre en cause des familles de maçon !” Ce que je constate ici, que faire dans la dentelle », M. de laissé entendre que le ministère de M. Bonnet a réaffirmé que à Nice. Ces déclarations, qui vi- pensée, quelles qu’elles soient. La je n’ai pas vu dans les autres juridic- Montgolfier a estimé qu’il était la justice avait pu jouer un rôle M. Christnacht, conseiller chargé saient « certains francs-maçons » et chancellerie a clairement indiqué tions où je suis passé, c’est un total temps, pour cette juridiction, d’en- dans la fuite du tueur présumé du des affaires intérieures au cabinet non l’ensemble de la franc-ma- qu’elle ne cherchait pas à savoir si mélange des genres entre franc-ma- trer dans une « autre logique judi- préfet Claude Erignac, Yvan Colon- du premier ministre, lui avait don- çonnerie, avaient provoqué de tel ou tel magistrat était membre çonnerie, politique, économie, jus- ciaire » : « On ne peut pas continuer na. En rappelant, dans son ouvrage, né cet ordre et avait effectué un vives réactions, tant chez les magis- d’une obédience ou non. tice. On est dans l’incertitude perma- comme cela, car il y a un soupçon que ce dernier est « l’un des enfants parrallèle entre cette affaire et celle trats locaux qu’au sein des princi- Interrogé par Le Monde, M. de nente sur toute chose. » trop fort. Il y a des blocages qui s’ac- de Jean-Hugues Colonna, ancien dé- du Rainbow-Warrior. « L’amiral La- pales obédiences (Le Monde du Montgolfier a déclaré à ce propos : M. de Montgolfier est en poste à cumulent et je me sens face à un mur puté socialiste et ami de Chistian Vi- coste n’avait pas reçu d’ordre écrit », 9 octobre). « Il ne faut pas caricaturer le débat Nice depuis sept mois. Il était aupa- dans mon action de procureur. Des gouroux », M. Bonnet se demande : lui aurait dit M. Christnacht. Ques- La veille de sa visite à Paris, M. de en me faisant dénoncer un complot ravant à Valenciennes (Nord), où il gens viennent me voir ou m’écrivent « A-t-il échappé à la justice ou la jus- tionné sur la responsabilité de Lio- Montgolfier avait adressé à judéo-maçonnique. Il s’agit de proté- avait notamment traité l’affaire du pour me demander où en est tel ou tice l’a-t-elle laissé échapper ? » nel Jospin, l’ex-préfet de Corse a ré- Mme Guigou un rapport de quatre ger la justice contre le soupçon et non match de football truqué Valen- tel dossier dont ils n’ont plus de nou- « Il s’agit d’insinuations infâmes, pondu : « Je ne peux pas dire qu’il ne pages sur les dysfonctionnements pas d’interdire d’être franc-maçon. A ciennes - Olympique de Marseille. velles, et c’est comme ça que je dé- faites pour nuire et qui sont telle- savait pas, puisqu’il a reçu une note constatés à Nice. Ce rapport, où titre personnel, je dis qu’il n’est pas Selon lui, les dysfonctionnements couvre qu’on l’a perdu. Jamais, ail- ment contraires à tout ce qu’on fait le 27 avril. » sont notamment évoqués des dis- bon qu’un magistrat ait une apparte- niçois ne seraient pas nouveaux : leurs, je n’ai perdu autant de ici », a indiqué M. Vigouroux. Ce M. Bonnet, toujours mis en exa- paritions de dossiers, a servi de nance secrète : cela nourrit les soup- « Que l’on ne fasse pas semblant de dossiers. » dernier a confirmé avoir travaillé men du chef de « complicité de des- base aux discussions de jeudi. La çons. Le débat judiciaire cherche à découvrir maintenant les problèmes, avec Jean-Hugues Colonna, en truction de bien appartenant à au- chancellerie s’est engagée à mettre s’ouvrir, on parle de fenêtre dans une nous a-t-il déclaré. Tout le monde les Philippe Broussard 1991, au sein du cabinet de Philippe trui par l’effet d’un incendie, en œuvre les moyens nécessaires instruction, la justice serait donc pu- connaissait avant moi. Je viens d’ar- avec Jean-Pierre Laborde Marchand, ancien ministre de l’in- commise en bande organisée », a in- pour soutenir l’action du procureur. blique tout en étant rendue par des river, et je n’ai pas envie de ne pas les à Nice térieur. M. Colonna, qui fut député diqué qu’il allait demander un non- (PS) des Alpes-Maritimes, a décla- lieu. Patrice Camberou, le juge ré, pour sa part, jeudi 14 octobre, d’instruction d’Ajaccio, chargé de avoir chargé ses avocats de porter l’affaire, doit entendre, les 20 et plainte pour diffamation contre 21 octobre, à Ajaccio, le directeur Des propos qui suscitent une polémique au sein de la magistrature niçoise Bernard Bonnet. Les « allégations et de cabinet du premier ministre, Oli- NICE blée générale extraordinaire. Ils s’estiment «ca- gauche) soutient le procureur, mais l’Association déductions » de M. Bonnet sont vier Schrameck, ainsi que Domi- de notre correspondant lomniés ». Huit d’entre eux proposent de voter professionnelle des magistrats (APM, droite) « infamantes et éminemment nique de Combles de Nayves, ac- Le palais de justice de Nice vient de terminer une motion de défiance envers le procureur. L’as- « s’étonne qu’un magistrat tenu à l’obligation de fausses », s’est insurgé l’ancien dé- tuel directeur de cabinet d’Alain sa rénovation : de grandes baies vitrées ap- semblée générale devrait être convoquée dans réserve attaque publiquement ses collègues avant puté. M. Colonna avait publique- Richard, Charles Barbeau, ancien portent plus de lumière dans la salle des pas per- les jours à venir par le président du tribunal de même d’avoir informé sa chancellerie ». ment demandé à son fils, en fuite directeur de cabinet du ministre de dus. Pourtant, depuis une semaine, il ressemble à grande instance (TGI), Hervé Expert, mais le tex- Dans les conversations autour du palais, la depuis le 22 mai, de « se mettre à la l’intérieur, et Philippe Barret, ex- un camp retranché. La nomination, au mois de te de la motion a peu de chances d’y être discuté. personnalité du procureur déchaîne les passions. disposition de la justice ». conseiller de Jean-Pierre Chevène- février, d’Eric de Montgolfier à la tête du parquet « Il n’est pas question que l’assemblée générale soit Les uns décrivent un personnage hautain, avide Lors de son entretien sur Europe ment. avait provoqué une fronde d’avocats, qui dé- “personnalisée” autour du procureur, explique-t- de publicité, tandis que d’autres évoquent le cou- 1, M. Bonnet n’a reconnu « qu’une noncent une « liste noire » de vingt-trois dossiers il. Nous travaillons chacun dans notre domaine, rage de l’homme. Tous ont été stupéfaits par la faute » lors de son séjour en Corse : Ariane Chemin « oubliés ». Les déclarations récentes du pro- sans interférences. Il y a un grand besoin de dia- méthode employée. « Il est arrivé au même « celle que j’ai commise, le 30 avril, et Jacques Follorou cureur soulèvent aujourd’hui une tempête. «Les logue interne ; nous proposerons une réflexion ap- constat et aux mêmes blocages que nous quand règlements de comptes se multiplient », dit un ma- profondie sur le devoir de transparence et d’impar- nous avons dressé la liste des dossiers oubliés, ex- gistrat. tialité du juge. » Un membre de la présidence plique un avocat. Il n’a pas d’autres moyens pour Disparitions de dossiers, influence de réseaux ferme la porte : « C’est une affaire interne au tri- avancer que de prendre à témoin l’opinion pu- maçonniques : les propos de M. de Montgolfier bunal. » blique. » Le coup de colère du procureur a saisi le tranchent avec la discrétion de la magistrature palais de justice. Il réveille aussi des impatiences niçoise. « Pourquoi étaler tout cela sur la place pu- « JUSQU’OÙ VA ALLER TOUTE CETTE HISTOIRE » autour de dossiers restés en suspens, comme ce- blique ?, interroge un membre de la hiérarchie du La polémique dépasse pourtant les murs du lui visant l’ancien maire (UDF-PR) de Cannes, tribunal. Si des fautes ont été commises, un pro- palais. « Plusieurs clients m’ont parlé de leur sym- Michel Mouillot, l’enquête sur les HLM de Nice cureur a des moyens légaux à mettre en œuvre. Li- pathie pour Eric de Montgolfier face à la justice ni- et celles relatives au Groupe union défense vrer de telles accusations revient à alimenter la ru- çoise », déclare un avocat. Les réactions officielles (GUD), ancien syndicat étudiant d’extrême- meur. » Vingt-cinq magistrats du siège sur sont rares. « On ne sait pas jusqu’où va aller toute droite, et à un marché de canons à neige. quarante-trois ont tenu une réunion à huis clos cette histoire », dit-on au conseil de l’ordre des avant de demander l’organisation d’une assem- avocats. Le Syndicat de la magistrature (SM, J.-P. L. Les doutes de la cour d’assises des Yvelines face au meurtre d’un sans-abri CE DEVAIT être une affaire dans un bar de nuit, où il prend Marie Jamet lui-même, puisqu’il Présenté par l’expert psy- banale : le 7 avril 1997, un sans- deux whiskys. Après ça, le trou ressort de certains témoignages, chiatre comme un être à « l’intel- abri est mort sur la place du mar- noir. Madani Bessedik ne se sou- qu’il a tenu à un moment le pistolet ligence supérieure à la moyenne », ché de Versailles, tué lors d’une vient plus de rien. de son agresseur ? » Madani Bessedik a, tout au long rixe. Son agresseur présumé, Ma- Seules les déclarations, parfois L’expert, ennuyé, garde le si- de la journée, surpris ses juges. dani Bessedik, contradictoires, de la demi-dou- lence. Après une suspension d’au- Son apparent manque d’émotion cadre dans un zaine de témoins permettront aux dience, le médecin n’est pas plus le ferait presque passer pour un organisme de enquêteurs de reconstituer une loquace. « La question qui m’est calculateur. Même quand il formation des version vraisemblable du dérou- posée correspond à une quasi-ex- évoque, à l’aide de notes, son his- travaux pu- lement des faits. Une altercation pertise complémentaire, assure-t- toire compliquée. Né en janvier blics, au- aurait opposé l’accusé à Jean-Ma- il. Elle aurait due être soulevée lors 1961, en pleine guerre d’Algérie, il jourd’hui âgé rie Jamet, un sans-abri de qua- de la reconstitution ». Me Gil Ma- a été élevé par sa mère, une Ha- de trente-huit rante-trois ans, surnommé « le lé- dec saisit l’occasion : « Je me vois vraise. De son père, il ne sait rien. ans, compa- gionnaire », qui avait pour obligé de demander à la cour un Parce qu’il porte un nom «bi- raissait, jeudi 14 octobre devant la habitude de traîner sur la place du complément d’expertise balis- zarre », il pose des questions. cour d’assises des Yvelines pour marché. Dans la bagarre, trois tique ». Mais, ni sa mère, ni ses grands- « homicide volontaire ». coups de feu atteignent la vic- parents n’apportent de réponse. Une affaire simple, presque time, dont un, mortel, tiré à bout « LA LECTURE INTÉGRALE » Il devra attendre sa majorité pour trop. Quand il apprend, peu avant touchant à la base du cou. Avant d’accéder à la demande de connaître la vérité sur ses ori- les faits, son licenciement pour C’est ce coup de feu fatidique l’avocat, la présidente s’étonne que gines : son père, jeune Algérien « faute grave », l’accusé est à qui, après dix heures d’audience, Madani Bessedik n’ait pas soulevé sympathisant du FLN, a été ex- bout. Dépressif depuis plusieurs va provoquer un incident de pro- cette question plus tôt. L’accusé pulsé de France après l’indépen- années, il décide de mettre fin à cédure, obligeant la présidente de lance alors avec un aplomb dérou- dance, quelques mois seulement ses jours. Il rentre chez lui, ré- la cour d’assises, Suzanne Muller, tant : « Quand je vous ai rencontrée après avoir reconnu son enfant. cupère un pistolet, deux char- à renvoyer le procès. Le docteur en mai dernier pour ma demande de L’expert psychiatre parle d’un geurs, des cartouches et se dirige François Paraire, médecin légiste, mise en liberté, je vous ai dit que c’est « abandon » qui a fortement vers le parc du château de Ver- vient de terminer sa déposition. à partir de la lecture intégrale des marqué la personnalité de l’ac- sailles. « Je ne voulais pas faire ça Une question de l’avocat de la dé- pièces du dossier que j’étais en cusé. Madani Bessedik compense chez ma mère », dit-il à la cour. En fense, Gil Madec, l’ébranle. mesure d’affirmer que je ne pouvais ce manque en se trouvant des fa- chemin, il s’arrête dans un « café « Peut-on imaginer que le coup de pas être l’auteur du coup de feu mor- milles de substitution. L’armée arabe » pour boire une bière, puis feu mortel ait pu être tiré par Jean- tel ». d’abord, où il découvre, dit-il, « des valeurs morales intéres- santes » qui le sortent de son « mal-être profond ». Son travail ensuite, où il se donne entière- ment, à la satisfaction de ses em- ployeurs, n’étaient ses périodes de dépression pendant lesquelles il s’adonne à l’alcool. Il ne perd de son assurance qu’à l’évocation des faits. L’amnésie qui l’em- pêche de se souvenir de la rixe le gêne. Son débit s’accélère, il bé- gaie. « Je suis incapable de fournir une explication et de demander pardon aux personnes à qui j’ai porté tort. »

Acacio Pereira LeMonde Job: WMQ1610--0013-0 WAS LMQ1610-13 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 1818 Lcp: 700 CMYK

13 RÉGIONS LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 La pugnacité retrouvée des départements Une quinzaine de présidents socialistes de conseils généraux devaient adresser vendredi une lettre à Lionel Jospin, pour se plaindre de l’attitude « méprisante » à leur égard de la Datar. Ce coup de colère illustre la contre-offensive des assemblées départementales, après une longue disgrâce UNE ATTAQUE frontale. «On la logique de la Datar en matière sa loi aux politiques », affirme Jugés « ringards », « ruraux », supérieurs à ceux des régions, ex- té son soutien, alors que son an- nous marche sur la tête et on nous d’aménagement du territoire », la Christian Bourquin. Le président les départements ont fait figure, pliquent aussi la sollicitude dont cien premier ministre Alain Juppé, crache dessus ! » : Christian Bour- « manière méprisante dont la Da- des « PO » reconnaît avoir eu une ces derniers années, d’échelon à ils sont l’objet de la part du gou- quelques jours auparavant, dans quin, président PS du conseil gé- tar se comporte par rapport aux « explication très sévère » avec le abattre, dans l’organisation terri- vernement. En avril, aux Assises un article de Sud-Ouest, avait sou- néral et député des Pyrénées- élus et notamment aux élus dépar- délégué général de la Datar à pro- toriale. L’émergence des «pays», des départements de France à haité leur suppression... Orientales, a déclenché un ton- tementaux » y était dénoncées de pos de ses propres projets pour qui leur sont apparus comme une Deauville, Claude Bartolone, mi- « L’expression publique des nerre d’applaudissements, façon directe. son département. « Le directeur machine de guerre dressée contre nistre de la ville, les a associés aux doutes sur l’avenir des départe- mercredi 13 octobre, chez les Le texte demande au premier de la Datar n’a pas à (...) préfigurer eux, a renforcé les craintes des futurs contrats de ville. ments a cessé », a observé Jean- quelque 200 élus départementaux ministre d’intervenir pour que ce que décideront Mme Voynet, élus départementaux. Mais ce Pierre Chevènement jeudi à Tou- réunis pour le congrès de l’Asso- cessent les « confusions » entre la M. Chevènement et Lionel Jospin », nouveau coup de semonce a en- « NOUVEAU DÉPART » louse. Le maintien des départe- ciation des départements de Datar et les collectivités « au point affirmait M. Bourquin dans l’Indé- traîné une prise de conscience. Le En novembre 1997, Martine Au- ments dans le paysage France (ADF), à Toulouse. Le pa- de menacer la bonne tenue de nos pendant le 12 octobre. lobby des conseillers généraux, bry, ministre de l’emploi et de la institutionnel demeure la garan- tron des « PO » s’en est pris avec travaux sur le futur contrat de puissant au sénat, a su éviter que solidarité, avait annoncé sa vo- tie, pour lui, que la décentralisa- fougue à la Déléguation à l’amé- plan ». Signé par une quinzaine « UN MOUVEMENT D’HUMEUR » le département soit écarté du pro- lonté de réformer la gestion de tion ne se fera pas « contre nagement du territoire et à l’ac- de présidents PS, notamment des A la Datar, on tente de minimi- cessus de création de ces nou- l’aide sociale par les départe- l’Etat », explique-t-on Place Beau- tion régionale (Datar), bras sé- Pyrénées-Orientales, de l’Ariège, ser l’affaire. « Il s’agit d’un mouve- veaux « territoires de projet ». Et ments –, qui se voient reprocher vau. Lors des assises de l’ADF à culier du gouvernement dans la de l’Aude, des Côtes-d’Armor, du ment d’humeur » de la part « des plusieurs conseils généraux des inégalités territoriales, par Deauville, en avril, Jean Puech conduite de sa politique vis-à-vis Gard, de l’Hérault, de la Haute- départements qui se sentent au- prennent eux-mêmes l’initiative exemple pour la Prestation spéci- (DL), son président, est parvenu à des collectivité locales. Garonne (dont Lionel Jospin est jourd’hui supplantés dans leur re- de créer des «pays», afin d’en fique dépendance (PSD). Mais, le réunir l’Association des Régions Le matin, lors d’une réunion à lui-même élu), de la Haute- lations avec le gouvernement par contrôler les contours. 23 septembre, à Hyères-les Pal- de France et des mairies de France laquelle participaient une tren- Vienne, du Pas-de-Calais, le docu- les présidents de région, au mo- Depuis un an, l’effort de re- miers (Var), la ministre a écarté sur la même estrade. Les trois as- taine de présidents de conseils gé- ment devait être officiellement ment où ceux-ci négocient les enve- conquête d’une image positive, « toute remise en cause de la ré- sociations mènent de front au- néraux socialistes, le nom de transmis à Matignon, vendredi. Il loppes des contrats de plan ». Cette qui passait par la transformation partition des compétences entre jourd’hui leur combat pour un Jean-Louis Guigou, délégué de la semble en outre que Pierre Izard, mise en cause intervient alors que de l’ancienne APCG en ADF, a Etat, départements et communes », « acte II de la décentralisation ». Datar, avait été stigmatisé. «On président PS de la Haute-Ga- M. Guigou a fait l’objet, ces der- conduit les départements à sortir de crainte « d’oppositions sté- Jean Puech n’en est pas moins en a marre que ce type nous margi- ronne, ait profité de la présence niers mois, de critiques de la part d’une stratégie défensive. Pour la riles ». Jeudi devant le congrès de contesté par ses troupes. Pas as- nalise », glissait un élu. Quelques au congrès du conseiller général de Dominique Voynet, ministre première fois, ils ont fait appel à l’ADF, Jean-Pierre Chevènement a sez novateur pour les uns, pas as- heures plus tard, une motion de Cintegabelle pour le tenir in- de l’aménagement du territoire, une agence de communication, évoqué « le nouveau départ des sez pugnace pour les autres, il sait « des conseils généraux de formé du « ras-le-bol » des élus en présence d’élus et de préfets. Euro-RSCG corporate, avec un départements », après que Lionel qu’il doit cultiver le compromis en gauche » adressée à Lionel Jospin départementaux. Mais plus largement, ce coup de budget de quelque 400 000 francs. Jospin la veille, les avait qualifiés permanence. D’autant que le RPR circulait dans les couloirs du « Je ne peux pas admettre qu’un colère est un signe supplémen- Ce changement d’attitude semble d’« acteurs importants ». Jacques convoite la présidence de l’ADF. congrès. « L’absence de concerta- fonctionnaire puisse se mettre en taire d’un changement d’attitude porter ses fruits. Une bonne santé Chirac, dans son discours de tion », « l’absence de lisibilité dans travers du chemin d’un élu et dicte des conseils généraux. financière, des budgets trois fois Rennes, fin 1998, leur avait appor- Béatrice Jerôme Laboratoire nucléaire dans la Meuse « contre » primes et routes BAR-LE-DUC orienteront l’attribution des fonds eu- de notre envoyé spécial ropéens et la place de la Meuse, pré- Le conseil général de la Meuse se re- sentée ici comme « Cendrillon » de belle. Après une réunion de son bu- Lorraine, dans le futur contrat de plan reau, le président l’assemblée, Roger Etat-région. Dumez (div. dr.), a fait savoir, jeudi « Dans l’état actuel des ultimes dis- 14 octobre, qu’il avait « décidé de sus- cussions, les propositions de l’Etat font pendre les discussions relatives au projet craindre un durcissement des déséqui- de laboratoire souterrain » de Bure, au libres infra-régionaux », explique-t-on sud du département, destiné au stoc- au conseil général, ce qui signifie que kage de déchets radioactifs à longue la Meuse serait sacrifiée, pour les vie, et qu’il « ne [saisira] pas son assem- routes par exemple, au profit du sillon blée de cette question, fin octobre, mosellan, des grandes villes, des bas- comme prévu ». Ce geste de mauvaise sins industriels de conversion sidérur- humeur n’est pas dû à un revirement gique et houillère, et des Vosges. Le des élus sur la question éminemment préfet Michel Cadot, « expert » en épineuse de l’énergie nucléaire et du aménagement du territoire, a saisi sort de ses résidus. Les conseillers gé- Matignon pour qu’un « geste significa- néraux et la population locale (très tif » soit fait très vite afin d’apaiser le majoritairement rurale) sont même climat. 60 millions de francs par an de favorables à l’implantation du labora- crédits sont prévus jusqu’à 2007, toire. Non : ce qui provoque l’ire de comme mesures d’accompagnement l’assemblée à Bar-le-Duc, c’est la fa- du laboratoire. Encore faut-il que la çon dont l’Etat, en l’occurrence la Da- carte des aides impliquant contraintes tar et Mme le préfet de région Béatrice ici, dérogations là, n’empêche pas de Malgorn à Metz, traite la Meuse dans les consommer, pour favoriser le dé- trois domaines : la préparation de la veloppement, et attirer des entre- carte qui délimitera en Lorraine les prises. zones bénéficiaires de la prime d’amé- nagement du territoire, les critères qui François Grosrichard La régionalisation ferroviaire proposée au Parlement en janvier LA GÉNÉRALISATION DE LA RÉGIONALISATION du service ferro- viaire sera proposée au Parlement en janvier 2000, dans le cadre du débat sur le projet de loi « Urbanisme, habitat et déplacement » an- noncé par Lionel Jospin le 27 septembre, a annoncé, jeudi 14 octobre, Jean-Claude Gayssot, ministre des transports. Une expérimentation de cette régionalisation a été lancée en 1997 dans les régions Alsace, Centre, Nord-Pas-de-Calais, Pays de la Loire, Rhône-Alpes, Provence- Alpes-Côte d’Azur, et, depuis le début de l’année en Limousin. Elle devait s’achever fin 1999, mais a été prolongée de deux années sup- plémentaires. Les régions sont chargées de définir un plan adapté de transport des voyageurs sur les lignes régionales, tandis que la SNCF réalise le service et décide des moyens à mettre en place.

DÉPÊCHES a CHAMPAGNE-ARDENNE : l’exercice de simulation d’accident nucléaire près de la centrale de Nogent-sur-Seine (Aube), organisé jeudi 14 octobre, s’est avéré peu probant en raison de nombreux dys- fonctionnements administratifs. L’évacuation des 500 habitants du village de la Saulsotte, à 5 kilomètres au nord de la centrale nucléaire, n’a pu être effectuée dans les délais prévus. De même, les pastilles d’iode n’ont jamais été distribuées à la population. a ILE-DE-FRANCE : le conseil régional a décidé la création d’un périmètre d’acquisition de 1 348 hectares sur la plaine de Bessan- court-Herblay-Pierrelaye (Val-d’Oise), affectée par de graves pro- blèmes de pollution, afin d’y maintenir les activités agricoles. La commercialisation des cultures maraîchères de cette zone irriguée par les eaux de la station d’épuration d’Achères (Yvelines) avait été inter- dite en mai, en raison des risques pour la santé des consommateurs. a LANGUEDOC-ROUSSILLON : la commercialisation des moules et des palourdes de l’étang de Thau (Hérault) a été interdite, jeudi 14 octobre, en raison de la présence d’une algue toxique. Cette vente, ainsi que celle des huîtres, avait été suspendue pour la même raison, pendant plusieurs semaines en 1998. L’autorisation de les commercia- liser à nouveau s’était heurtée à une réticence des consommateurs, ce qui avait plongé le secteur de la conchyliculture de la région dans d’importantes difficultés économiques, à la veille des fêtes de fin d’année. 800 entreprises et près de 3 000 personnes vivent de cette ac- tivité, qui génère un chiffre d’affaires annuel de 130 millions de francs. LeMonde Job: WMQ1610--0014-0 WAS LMQ1610-14 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 1819 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 HORIZONS PORTRAIT

N janvier 1962, six semaines à peine après la proclama- tion de l’indépen- dance du Tanganyi- ka, le Sunday Telegraph écrit que E Julius Nyerere a dé- missionné. Le beau coup de théâtre ! En lisant la dé- pêche, l’intéressé lui-même s’es- claffe. « Vous pouvez dire que je l’ai lue et que j’ai bien ri », confie-t-il à un journaliste africain. Et pourtant, c’est vrai. « Aujourd’hui, j’ai renoncé à mes fonctions de premier ministre. Avant de le faire, j’ai moi-même choisi une nouvelle équipe de mi- nistres, avec Rashidi Kawawa à sa tête », annonce-t-il le lendemain. La presse occidentale y voit le reflet d’une sombre crise interne. Le Tanganyika, déjà pauvre et presque insignifiant, semble bien mal parti. En fait, celui qu’on ap- pelle le Mwalimu, le maître d’école, a décidé de se consacrer au renfor- cement de la TANU, la Tanganyika African National Union, ce parti qu’il a fondé en 1954 et dont il veut faire le moteur du jeune pays. Et le geste qu’il a fait en démissionnant va plutôt le servir : le 9 décembre 1962, il est élu président de la Répu- blique, son adversaire ne recueil- lant que 3 % des voix. Avec Julius Nyerere, animateur parfois impulsif et sans doute le plus brillant chef d’Etat de l’Afrique noire, les anecdotes de ce genre abondent. « La marche, expliquera- t-il un jour, est le symbole de l’accep-

tation des défis qui nous attendent. » PETER JORDAN/NETWORK/RAPHO Et le voilà qui parcourt à pied plus Julius Nyerere (photographié en 1978) avait conduit la Tanzanie à l’indépendance, en 1961. Il s’était retiré volontairement de la présidence en 1985. de deux cents kilomètres en octo- bre 1967, dans la région de Mwan- za, à la tête d’une équipe de mi- nistres et de hauts fonctionnaires qui n’en demandaient sûrement pas tant. Quelques mois plus tôt, après une tournée de quatre semaines à Julius Nyerere, le vieil instituteur travers un pays qu’il secoue inlas- sablement, il a prononcé la fa- femme de Nyerere Burito, chef des vail », dit-il à ses compatriotes, en seuls en Afrique noire à reconnaître limu tient, en effet, en grande suspi- meuse déclaration d’Arusha, la pre- L’ancien Zanakis, une tribu d’une quaran- privilégiant les pauvres masses ru- le Biafra –, c’est un homme avant cion le « métissage culturel ». Julius mière esquisse sincère d’un taine de milliers d’âmes. On ne rales de Tanzanie, plus des quatre tout raisonnable. Raisonnable, il Nyerere peut s’enorgueillir d’avoir socialisme africain. Dans les jours président pourra donc jamais lui reprocher de cinquièmes de la population. Dar- paraît l’être lorsqu’en novembre forgé une nation malgré les bases qui suivent, des nationalisations sé- défendre d’importants intérêts tri- es-Salaam devient un symbole. La 1985, à soixante-trois ans, en pleine artificielles héritées de la colonisa- lectives ont été décrétées. Julius tanzanien baux. capitale de la Tanzanie – en atten- forme physique, il décide de « déte- tion. Certes, l’émiettement eth- Nyerere, guide incisif, croit à ce dant le transfert à Dodoma – ac- ler » et d’abandonner le fauteuil de nique lui a facilité la tâche. Mais la qu’il dit. Il demeure l’un des rares Julius Nyerere A deuxième chance – celle cueille les chefs des mouvements chef de l’Etat. Il n’en conserve pas promotion du swahili comme seule leaders d’Afrique noire qui ont eu d’être un fils de chef – le de libération de cette partie du moins la présidence du tout-puis- langue officielle et le brassage des le courage de s’attaquer de front au s’est éteint jeudi S conduira à l’école, où il ap- continent ainsi que le Comité de li- sant parti unique pour se consacrer populations provoqué par la « villa- problème du développement prend le swahili puis l’anglais avant bération de l’OUA. Mais la ville, vo- à sa réorganisation et « rempile » gisation » ont renforcé la cohésion économique et social. Et, pourtant, 14 octobre d’aller passer deux ans au collège lontairement négligée au profit des même à ce poste deux ans plus du pays. Entre religions, la cohabi- la tâche n’était pas facile. de Makerere (Ouganda), qu’il quit- campagnes, se délabre lentement. tard, pour un nouveau mandat de tation est plutôt harmonieuse : le Le personnage a souvent déchaî- dans un hôpital tera, en 1945, avec un diplôme A l’intérieur, la politique de re- cinq ans. très catholique mwalimu cédera son né les passions. Ses adversaires d’instituteur. Après la guerre, son groupement en villages de la masse Aussi longtemps qu’il demeure à fauteuil présidentiel à un disciple l’ont taxé de « collaboration- londonien. instruction le conduit presque fata- rurale reçoit un coup de fouet. C’est la tête de l’Etat, il se refuse obstiné- d’Allah qui se choisira un premier nisme » lorsqu’il s’efforçait de né- lement au Royaume-Uni, à l’univer- l’heure des ujamaas, ces commu- ment à céder aux « diktats » du ministre chrétien. gocier l’indépendance de son pays Agé de sité d’Edimbourg, d’où il revient en nautés que certains membres radi- Fonds monétaire international. «Si Comme il s’y est essayé dans son sans effusion de sang, et d’autres 1952 muni d’un master en histoire. caux voudraient voir se former plus nous acceptions ses conditions, il y pays, le mwalimu chercha à jouer l’ont accusé, plus tard, de vendre soixante-dix-sept De 1955 jusqu’à la date de l’in- rapidement en dépit de la séche- aurait des émeutes dans les rues de les professeurs de morale hors des son pays aux Chinois en acceptant dépendance, le leader, de moins en resse et des perturbations subies Dar es-Salaam », affirme-t-il. Il lais- frontières. Sous son magistère mo- l’aide pourtant généreuse et « non ans, il avait moins discuté, va passer le plus par les récoltes. A l’extérieur, un sera à son successeur le soin de si- ral, la très vertueuse Tanzanie a liée » de Pékin. « Le fait que moi, en clair de son temps à courir le Tan- africanisme cohérent sous-tend gner cet accord tant redouté. longtemps vilipendé tous ceux qui tant que président, je doive expliquer marqué ganyika. Dès 1957, la TANU compte toutes les décisions de Julius Nye- L’économie n’est pas son fort ! Ce pactisaient avec le régime de l’apar- pourquoi j’accepte l’aide chinoise est un demi-million d’adhérents. theid, d’autant plus à son aise en soi-même une sérieuse humilia- son peuple « Dans un sens, nous avions gagné la qu’elle n’en était pas économique- tion. Voilà mon explication et ma bataille à cette date », jugera-t-il « Sans unité, les peuples d’Afrique ment prisonnière. protestation », lancera-t-il un jour à et l’ensemble plus tard. Le gouverneur de En 1978, il n’hésite pas à envoyer des journalistes. L’histoire lui don- l’époque, Sir Edward Twining (1949- n’ont pas de futur, ses troupes en Ouganda pour nera deux fois raison : l’indépen- du continent 1958), fait tout pour briser l’ascen- abattre la dictature du maréchal Idi dance sera acquise sans remous et sion de Nyerere et le succès de la sauf comme perpétuelles et faibles victimes Amin Dada, ce « fasciste noir » qui, l’aide chinoise sera l’une des mieux noir par TANU. C’est un échec, et son suc- selon lui, fait honte au continent. à même de servir une expérience de cesseur aura vite fait de de l’impérialisme et de l’exploitation » Vindicatif ou charmeur, il sait dire socialisme africain. sa simplicité, comprendre que Nyerere est ses quatre vérités à chacun, protes- Plutôt petit, mince, la moustache l’homme de la situation. Après les ter, par exemple, contre « l’attitude et les tempes grisonnantes, il op- son franc-parler élections de 1960 (70 sièges sur 71 rere. Quand les Britanniques re- qui lui importe, c’est de jeter les arrogante, provocante et mercan- pose à certains de ses collègues vont à la TANU), il en fait un pre- fusent de mater la rébellion des Eu- bases d’une société égalitaire, quel tile » de la France qui vend des d’Afrique – les maréchaux et prési- et sa farouche mier ministre. ropéens qui viennent de proclamer qu’en soit le coût. Il réussira à faire armes au régime de . Il est dents à vie – une simplicité voulue : En 1964, dans la foulée de la ré- à leur seul profit l’indépendance en sorte que les différences entre le seul à dénoncer ouvertement le costume, une chemise sans col, le volonté volte africaine de Zanzibar, la petite unilatérale de la Rhodésie, Julius riches et pauvres ne soient pas aus- l’« humiliation » que représente, à refus de titres ronflants, sa propre troupe du Tanganyika se mutine. Nyerere est l’un des seuls à rompre si criantes en Tanzanie que dans ses yeux, la signature, en mars 1984, discipline du portefeuille (il habite- d’indépendance Julius Nyerere se cache pendant comme promis avec Londres, en certains pays africains. d’un pacte de non-agression entre ra, à Dar es-Salaam, une petite pro- deux jours et il ne prendra le dépit du trou créé dans son budget. l’Afrique du Sud et le Mozambique. priété achetée à l’aide d’un crédit vis-à-vis contrôle de la situation qu’en fai- Mais, quelques années plus tard, OURRI de christianisme Retiré – après sa retraite – dans bancaire) et un système égalitariste sant appel aux Britanniques. Une pour faciliter l’accession des Afri- social à la Mounier – il s’est son village natal de Butiama, il le au sein duquel tout le monde s’ap- des grandes mutinerie provoquée par une qua- cains au pouvoir à Salisbury, il N converti au catholicisme à quitte très souvent et devient un pelle ndugu, camarade, et où lui- rantaine de militaires africains n’hésite pas à approuver le dia- l’âge de vingt ans –, de socialisme ambassadeur hors pair pour les même se nomme Mzee, le vieux. Ju- puissances prend fin avec l’intervention de logue discret engagé entre le pré- utopique à la Proudhon et, au dé- pays du tiers-monde. Il préside le lius Nyerere, même au sommet de soixante fusiliers-marins britan- sident Kaunda de Zambie et le pre- part, de philosophie bantoue, il fixe South Center et une fondation qui sa popularité, n’aimera pas la niques. Mais le président a senti la mier ministre sud-africain John à son pays une belle ambition : porte son nom. Objectif : œuvrer pompe. vulnérabilité du pouvoir politique. Vorster. « travailler ensemble pour le bien de pour la paix et le développement En avril 1975, quand les délégués « C’est une double honte : la honte Pour Julius Nyerere, les deux tous ». Malheureusement, les pay- des pays du Sud. En 1995, l’Organi- d’une conférence extraordinaire de d’être abandonnés par nos propres combats sont inséparables. L’unité sans tanzaniens ne l’entendaient sation de l’unité africaine (OUA) l’OUA se réunissent à Dar es-Sa- hommes et celle d’avoir à faire appel de l’Afrique doit s’accompagner pas de cette oreille. Impossible de s’adresse à lui pour tenter d’apaiser laam pour y discuter de la situation aux Britanniques », dira-t-il, avant d’une décolonisation économique leur faire comprendre que l’accès à les drames dans la région des en Afrique australe, il n’y aura pas de remettre un peu d’ordre dans les des pays du continent. C’est pour- des méthodes modernes de culture grands lacs. Après le génocide au de beurre sur leur table. Mais le quelques bataillons dont son pays quoi il prend tant de soins à conso- supposait la mise en commun de Rwanda, il sert à partir de 1996 de paysan tanzanien – dans un pays dispose à l’époque et qui de- lider le système de parti unique leurs efforts. « Passionnément non médiateur dans l’interminable crise où le revenu moyen par tête d’habi- meurent encadrés par des officiers dont il a doté son pays tout en lais- aligné », Nyerere invite ses frères qui secoue le Burundi voisin. tant est alors inférieur à 400 F par britanniques. sant à ses lieutenants et au Parle- de race à demeurer authentique- « Immensément influencé par mois – a-t-il jamais vu la forme L’accident se révélera sans suite, ment le pouvoir de débattre et ment eux-mêmes, à puiser leur ins- l’Occident » autant qu’il est « non d’une motte de beurre ? la popularité de Julius Nyerere n’en même de décider. Il est persuadé piration dans les traditions locales aligné », Julius Nyerere n’en finira La première chance de Nyerere a souffrira qu’à peine. Avec un cou- que les gens tirent les consé- plutôt que de singer l’étranger. Léo- pas de partir en croisade contre été d’appartenir à l’une des plus pe- rage et une lucidité que tout le quences de leurs erreurs et, surtout, pold Senghor, ancien chef de l’Etat l’égoïsme et l’impérialisme des pays tites des 126 tribus que compte la monde lui reconnaît, il va se battre qu’il peut faire confiance à son sénégalais et membre de l’Acadé- riches, des « nantis ». Pour ceux qui Tanzanie (le nom que prendra le sur deux plans. « Sans unité, les peuple. Ses adversaires le taxent mie française, est à ses yeux le pro- avaient regretté de le voir trop tôt Tanganyika après son union, en peuples d’Afrique n’ont pas de futur, volontiers de rêveur et de philo- totype de l’Africain déraciné, qui a prendre du recul, « Nyerere, c’était 1964, avec Zanzibar). Né en 1922, le sauf comme perpétuelles et faibles sophe. S’il commet des fautes ou trahi les siens. une voix, souvent prophétique ». jeune Kambarage est le deuxième victimes de l’impérialisme et de l’ex- prend des décisions controversées Même s’il a traduit en swahili le des quatre fils de la cinquième ploitation » ; « Indépendance et tra- – il sera l’un des premiers et des Jules César de Shakespeare, le mwa- Jean-Claude Pomonti LeMonde Job: WMQ1610--0015-0 WAS LMQ1610-15 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 12:58 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 1820 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / 15 Le grand écart de l’élargissement de l’Europe 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F LA VISION de Jacques Attali d’une « Europe de récompenser leur soutien à l’action de ler » les subventions européennes auxquelles Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 plurielle » de trente-cinq ou quarante membres l’OTAN. Enfin et surtout, au-delà de la ver- ils sont habitués. Les Etats nés de l’éclatement Internet : http : //www.lemonde.fr à l’horizon 2020 pourrait bien se révéler moins tueuse préoccupation d’« apporter » la démo- de l’ancien bloc de l’Est auraient tort de ne pas extravagante qu’elle ne le paraissait lorsque cratie et les fruits de la croissance à des nations convoiter les largesses de la politique agricole ÉDITORIAL l’ancien conseiller de François Mitterrand a re- trop longtemps habituées au carcan de régimes commune. mis, au mois d’août, son rapport sur l’avenir de autoritaires, l’intérêt des Quinze est de combler Mais la nouvelle stratégie de la Commission l’Union européenne à Hubert Védrine. En pré- sans délai les retards économiques des pays européenne ne lève pas toutes les incertitudes, L’Europe après l’euro sentant mercredi ses propositions pour une candidats. notamment s’agissant du calendrier d’adhésion nouvelle stratégie de l’élargissement, Romano de ce vaste groupe de douze ou treize Etats. ’EUROPE avance. La l’armement, pas plus que pour Prodi, le président de la Commission euro- REPLI SUR SOI Romano Prodi avait souhaité fixer des dates méga-fusion entre Ae- les patrons du secteur. Ils ont péenne, a bel et bien dessiné les contours d’une Tôt ou tard, les pays développés devront ve- précises, afin d’encourager les pays-candidats à rospatiale Matra et compris pourtant qu’il y allait de Europe forte de vingt-huit Etats, qui pourrait nir en aide à l’Europe à la traîne, ne serait-ce faire accepter à leurs opinions publiques des L DASA, annoncée jeudi leur intérêt. L’ironie du Wall ensuite faire profiter de ses mannes une partie que pour réguler une immigration importante. réformes de structure forcément impopulaires. 14 octobre à Strasbourg par les Street Journal – qui se demande, des nations balkaniques, avant de jeter ses re- Mais il y a plus grave : l’élan européen lui- Au lieu de cela, c’est le flou qui prédomine, dirigeants des deux groupes et pour en douter, si cette « chose » gards plus loin encore, vers la Russie, le Cau- même semble parfois faire défaut. On l’a vu de même si l’on sait que les pays les mieux prépa- les chefs de gouvernement alle- sera capable de voler – est, à cet case et les pays du Maghreb. manière caricaturale, avec la montée en puis- rés devraient rejoindre l’Union à partir de 2002. mand et français, Gerhard égard, un encouragement. Ce jour-là, le rêve messianique du général de sance du parti autrichien xénophobe et anti- A court terme, l’espoir renaît pour des pays Schröder et Lionel Jospin, en est Ce que démontre cependant Gaulle d’une Europe s’étendant « depuis européen de Jörg Haider. En Autriche, mais parfois injustement classés dans la « seconde une nouvelle illustration. Elle va une nouvelle fois ce mariage, l’Atlantique jusqu’à l’Oural » sera devenu réali- aussi en Allemagne, en Belgique, en France, en zone ». Mais les chefs d’Etat et de gouverne- déboucher sur la constitution c’est que l’Europe est désormais té. C’est en effet vers cet avenir que l’on se di- République tchèque, et peut-être même en Po- ment des Quinze auraient tout intérêt à rappe- d’un géant de l’aéronautique et devenue, pour l’Allemagne et rige. Encore faut-il en comprendre les raisons logne, on aurait aujourd’hui du mal à faire ler à ce vaste vivier de postulants que l’apparte- de la défense, un ensemble pour la France, et au-delà pour et ne pas se tromper sur la méthode. A cet émerger une majorité favorable à l’élargisse- nance à l’Europe signifie des devoirs et des d’emblée européen. Enfant d’un l’ensemble des pays du Vieux égard, les propositions de M. Prodi, qui de- ment de l’Europe. Ce repli sur soi a des origines efforts, et pas simplement des droits. Sauf à ris- mariage franco-allemand, il a Continent, une nécessité. Depuis vront recevoir l’aval des chefs d’Etat et de gou- différentes : les pays riches craignent une quer de perdre ce pari du grand écart de l’élar- été baptisé... d’un nom anglais – le lancement, réussi, de l’euro, vernement des Quinze, apparaissent comme compétition déloyale de la part d’Etats bénéfi- gissement de l’Europe. EADS, pour European Aeronau- au 1er janvier 1999, on avait pu une cohérente fuite en avant. ciant d’une main-d’œuvre bon marché, alors tic, Defence and Space Company avoir le sentiment que la Depuis le traité de Maastricht, qui, en 1993, que les plus pauvres redoutent de se faire « vo- Laurent Zecchini – et aura son siège... aux Pays- construction européenne s’était transformait la CEE en Union européenne et Bas ! Il permet en tout cas à l’Eu- essoufflée. L’Europe était rede- offrait aux pays de l’Est le droit d’y adhérer un rope de rester compétitive dans venue un foyer de crises – crise jour, il était admis que la méthode était celle ces secteurs stratégiques que de la Commission, crise de la po- d’un élargissement par « vagues » successives : La rentrée par Leiter sont les industries de l’arme- litique agricole, crises commer- les pays les plus « méritants » étant placés dans ment et de l’aviation. Il dote le ciales entre certains partenaires, le peloton de tête, ceux qui devaient faire des Vieux Continent d’une arme es- etc. Elle est en train de démon- progrès en termes d’adaptation économique sentielle dans la compétition in- trer, en cette fin d’année, sa ca- étant relégués dans le purgatoire de la dustrielle face aux géants améri- pacité à les surmonter. « deuxième vague », ceux de la « troisième cains. L’Europe ne se résume pas à vague » n’ayant qu’un mince espoir de parta- On ne peut donc que se félici- l’euro : elle est engagée dans une ger un jour le « rêve européen ». Or ce proces- ter d’un tel accord. Chacun y a eu logique d’intégration qui couvre sus, formellement lancé en 1997, avait fait sa part : les industriels d’abord. et couvrira de plus en plus des naître des frustrations bien compréhensibles Le rapprochement depuis si domaines aussi divers que le de la part des pays de l’ancien bloc de l’Est, longtemps envisagé doit beau- commerce international, la dé- dont l’état de délabrement économique rendait coup en particulier au Français fense, la culture ou la justice. presque chimérique l’espoir de rejoindre un Jean-Luc Lagardère. L’obstina- Pour la première fois, les diri- jour le « club de riches » qu’est aujourd’hui tion du Gascon a payé ; elle a geants européens sont réunis, l’Union européenne. A laisser la déception permis de stopper la dérive vendredi et samedi, à Tampere pourrir le climat, on prenait le risque de re- « américanophile » du patron de en Finlande, pour un sommet mettre en cause, çà et là, des progrès naissants DaimlerChrysler, Jurgen consacré à la lutte contre le blan- vers plus de démocratie, de respect des droits Schrempp, et de surmonter bien chiment de l’argent et la crimi- de l’homme et de remise en ordre d’économies des obstacles. Les dirigeants po- nalité transfrontalière ainsi sclérosées. Bref, d’accélérer une spirale ris- litiques ont aussi joué un rôle- qu’aux politiques d’asile et d’im- quant de déboucher vers moult aventures de clé. Le chancelier allemand, Ger- migration. C’est désormais la nature à déstabiliser le continent tout entier. hard Schröder, et le premier mi- création d’un espace judiciaire nistre français, Lionel Jospin, européen qui est en vue. Ainsi, « PAIX, STABILITÉ ET PROSPÉRITÉ » n’étaient pas à l’origine des fana- malgré des dirigeants qui n’af- Avec la crise du Kosovo, l’Europe a pris peur tiques de l’Europe. Ils n’avaient fichent dans ce domaine aucune et a tiré les leçons de l’erreur consistant à ne pas non plus d’amitiés parti- ambition particulière, l’Europe pas s’impliquer à temps dans un conflit se dé- culières pour les industries de avance. veloppant sur ses marches, de nature à conta- miner l’ensemble du continent. Seule une stra- 0123 est édité par la SA LE MONDE tégie d’intégration est de nature à élever des Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani garde-fous, à assurer un destin offrant « paix, Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; stabilité et prospérité » à l’Europe, comme le Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint souhaite Romano Prodi. Il y avait d’autres rai- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau sons pour décider, comme vient de le faire la Directeur artistique : Dominique Roynette Commission, de supprimer le cloisonnement Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment entre pays candidats, de permettre à six nou- Rédacteurs en chef : Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; veaux élus (Lituanie, Lettonie, Slovaquie, Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Malte, Bulgarie et Roumanie) de rejoindre les Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; six premiers impétrants (Pologne, Hongrie, Ré- Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) publique tchèque, Slovénie, Estonie et Chypre), Rédacteur en chef technique : Eric Azan et d’accueillir au sein de ces postulants un pays Médiateur : Robert Solé jusque-là considéré comme un paria, la Tur- Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg quie. Cette « carotte » est en effet le seul Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; moyen de convaincre les dirigeants d’Ankara partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre – et les chefs de l’armée turque – que seule une Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président véritable mue démocratique leur ouvrira les Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), portes de l’Union européenne. André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) Certains critères étaient, en outre, largement Le Monde est édité par la SA Le Monde discutables : le fait pour la Roumanie et la Bul- Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. garie de faire partie de la « deuxième vague » Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, était moins dû aux efforts d’assainissement Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, (très discrets) qu’ils ont entrepris qu’au souci Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations.

1996. Pour le plus grand profit de la libéralisation des télécommunica- mique leurs portefeuilles de partici- ILYA50 ANS, DANS 0123 place de Francfort, qui voit ses ambi- tions et de l’énergie, une concurrence pations. Dans l’industrie, beaucoup Le capitalisme tions européennes confortées par le acharnée se développe qui oblige les de groupes – à l’instar du construc- développement du marché domes- acteurs historiques à réagir. Après teur de camions MAN – restent Les armes à surprise rhénan tique des capitaux. l’échec de son projet de fusion avec étrangers à la « révolution cultu- Cette mutation du capitalisme alle- Telecom Italia, Deutsche Telekom relle » entreprise par leurs voisins. Et PORTÉE aujourd’hui au premier naphte, inventé au VIe siècle par l’in- mand répond à un double phéno- cherche à compenser à l’internatio- la libéralisation en cours n’efface pas plan de l’actualité mondiale, l’utili- génieur syrien Gallinicos, qui pro- mène. Premier facteur d’évolution : nal ses pertes de parts de marché en certaines attitudes protectionnistes : sation militaire de l’énergie ato- duisit dès son apparition un véri- aux couleurs la mondialisation. Elle accroît la Allemagne. De même, la fusion de le candidat à la chancellerie Gerhard mique ne bouleverse pas seulement table effet de terreur. concurrence dans un monde où les Veba et Viag est une réponse directe Schröder, alors ministre-président de la « technique » de la guerre, elle Le canon lui-même n’a pas fait entreprises de la deuxième puissance à l’ouverture brutale du monde de la Basse-Saxe, n’avait-il pas nationa- crée une psychose d’un genre nou- une apparition sensationnelle sur les anglo-saxonnes exportatrice se sont habituées à jouer l’électricité. « En quelques mois, les lisé la filiale sidérurgique de Preussag, veau par le caractère à la fois terri- champs de bataille. Ce n’était pas suite de la première page un rôle. Auprès de ses actionnaires, structures des secteurs libéralisés ont convoitée par un Autrichien ? fiant et illimité de ses effets. « une arme noble » puisqu’elle per- Jürgen Dormann a, entre autres, jus- plus évolué en Allemagne qu’en plu- Les équipes de direction réflé- Outre que la guerre fut dans le mettait à un croquant d’abattre un Ces multiples recentrages tra- tifié son rapprochement avec Rhône- sieurs années en Grande-Bretagne et chissent avec prudence à l’introduc- passé regardée comme une science chevalier à distance. Et sa pleine effi- duisent la conversion du patronat al- Poulenc au sein d’Aventis par la vo- aux Etats-Unis », assure Dieter Wolf, tion de stock-options. De même, dont les progrès étaient assez lents, cacité ne se révéla qu’assez tardive- lemand à la culture de la shareholder lonté de se défendre d’une prise de le président de l’Office fédéral des « une prise de contrôle hostile est très les inventions qui pouvaient en ment avec l’usage du boulet de fer, value, la création de valeur pour les contrôle hostile. A l’inverse, les entre- cartels. difficile à imaginer, contrairement aux changer l’allure n’eurent jamais un puis de l’affût. Pendant tout le actionnaires. Les panneaux électro- prises qui entrent ou vont entrer au Etats-Unis », observe un banquier. Le retentissement considérable. Pen- XVIe siècle on vit des généraux lui niques scrutant le cours du titre en Stock Exchange de New York ne le ATTITUDE PROTECTIONNISTE seul exemple récent, l’offensive de dant longtemps la « surprise » ne fut préférer pour la sûreté du tir l’arc ou Bourse se sont multipliés dans les font pas seulement pour répondre au Le capitalisme allemand va-t-il se Krupp contre Thyssen en 1997, avait guère attendue que de la hardiesse l’arbalète. halls d’entrée des entreprises. Il n’est charme du modèle américain, mais dissoudre sous cette double in- poussé des milliers de salariés à ma- des initiatives stratégiques ou de la Tout cela est évidemment fort pas un dirigeant qui ne se fixe actuel- pour financer leur développement en fluence ? Le sujet divise les hommes nifester contre le pouvoir des combinaison des armes existantes. éloigné de la puissance destructive lement d’ambitieux objectif de renta- Amérique du Nord. Sur le Vieux politiques, les économistes et les par- banques. Le rapprochement n’a été Cependant l’art militaire recourut de l’arme atomique, qui supprime la bilité. Dans le cadre de leur recen- Continent aussi, l’arrivée de l’euro a tenaires sociaux. Les syndicats ob- possible qu’après transformation du à diverses reprises dans le passé aux distance, rend inutile la bravoure et trage, ou de leur expansion, certains pour effet de renforcer la concur- servent avec crainte la mise en cause projet en fusion amicale. moyens techniques capables d’in- peut-être bientôt sans emploi le gé- n’hésitent plus à introduire des fi- rence aux yeux des Allemands. croissante du modèle social alle- En matière de mutations écono- troduire dans le combat un élément nie militaire. liales en Bourse. C’est le cas chez Sie- Second facteur d’évolution : la po- mand. Les fusions avec des groupes miques, les Allemands – une fois imprévu d’intimidation. Tel fut – le mens, et même au sein du groupe de litique de dérégulation menée par étrangers compliquent, par exemple, n’est pas coutume – semblent im- premier en date – le « feu gré- Albert Mousset communication Bertelsmann, dont l’Union européenne. L’Allemagne se la pratique de la cogestion. Le patro- pressionnés par leurs voisins français. geois », liquide à base d’huile de (16-17 octobre 1949.) le fondateur à la retraite s’oppose plie avec une grande diligence nat voudrait davantage de flexibilité « La France, laboratoire des fusions en pourtant à la cotation de la maison – comparée à des pays comme la et menace de délocaliser. Les accords Europe », observait récemment un mère. France – aux directives mises au salariaux valables pour l’ensemble éditorialiste après les offensives de la 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS En parallèle, le nouveau marché, point entre les Quinze. Elle en profite d’une branche sont menacés. BNP, de TotalFina et de Carrefour : Télématique : 3615 code LEMONDE créé en mars 1997, connaît un succès pour accélérer le processus de priva- Malgré la séduction exercée par le « Des choses [y] sont possibles qui sont Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC plus qu’encourageant ; une quin- tisation des entreprises publiques au modèle américain, toutes les parties encore bloquées efficacement ailleurs ou 08-36-29-04-56 niveau fédéral, tout comme dans les sont néanmoins d’accord sur la né- sur le continent », écrivait-il. Un com- zaine de PME en forte croissance s’y Le Monde sur CD-ROM : 01-44-88-46-60 sont introduites ces dernières se- Länder, parfois propriétaires d’un pa- cessaire « adaptation » d’une écono- mentaire inhabituel à propos de Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 maines. La culture boursière de l’Al- trimoine important. L’entrée en mie sociale de marché qui affiche en- l’Hexagone, mais empreint d’une lemagne, à l’instar de celle de ses Bourse de Deutsche Telekom a ou- core sa différence. Les liens tissés certaine modestie au regard de l’évo- Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE chefs d’entreprise, a progressé à vert la voie, et la poste et les chemins entre industrie et finance restent lution des entreprises allemandes. Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr grand pas depuis l’introduction en de fer doivent suivre dans les pro- forts, même si banquiers et assureurs Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 Bourse de Deutsche Telekom en chaines années. Dans la foulée de la entendent gérer de façon plus dyna- Philippe Ricard LeMonde Job: WMQ1610--0016-0 WAS LMQ1610-16 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 09:05 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 1821 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 HORIZONS-DÉBATS Au cœur du vivant, l’autodestruction Eloge du cimetière par Jean-Claude Ameisen par Jean-Hugues Déchaux « Quant à la mort, elle n’im- suivent notre conception, dans dans la construction de tous les sculptées de manière contingente OMMES-NOUS en thony Giddens, qui parle d’une vé- plique aucune positivité d’au- les dialogues qui s’établissent corps des animaux et des plantes par les confrontations successives, train de vivre l’agonie ritable démocratisation de la vie cune sorte : le vivant est aux entre les différentes familles de qui nous entourent, dont les pre- de génération en génération, S du cimetière ? Jus- privée ? A l’évidence, non ! Ce se- prises avec la stérile et mortelle cellules en train de naître, le lan- miers ancêtres sont probable- entre les individus et leur environ- qu’alors, le traitement rait pure illusion que de croire que antithèse, et se défend désespé- gage des signaux détermine la vie ment apparus il y a un milliard nement. Elles apparaissent des morts conférait un rôle central l’individu peut faire face seul à la rément contre le non-être ; la ou la mort. Le suicide cellulaire d’années. comme des points d’équilibre, des au cimetière et aux cérémonies qui mort. Tout le monde n’est pas So- mort est le pur, l’absolu empê- joue un rôle essentiel dans la Mais le suicide cellulaire sculpte formes de compromis entre des s’y tiennent. Ces dernières années crate, indifférent, sur le point de chement de se réaliser. » sculpture des métamorphoses aussi l’interdépendance, la conflits que se livrent, à l’intérieur annoncent une véritable révolu- mourir, au traitement funéraire Vladimir Jankélévitch successives de notre corps en de- complexité et la plasticité des in- même des corps, des phénomènes tion. La perspective d’une société que lui réserve la société. La mort venir et dans l’auto-organisation nombrables formes de sociétés in- « protecteurs » qui favorisent la sans cimetières n’est plus une vue doit rester une affaire collective URANT toute notre de notre cerveau et notre système visibles à l’œil nu que bâtissent les pérennité des individus, et des de l’esprit. Il y a peu, une entre- pour deux raisons : d’une part, existence, nous por- immunitaire, les supports de êtres vivants les plus simples et les phénomènes « exécuteurs » qui prise de pompes funèbres de la parce que, sauf pour le sage qui D tons en nous le sen- notre mémoire et de notre plus ancestraux, les bactéries, qui abrègent leur durée de vie, mais principauté de Monaco signalait parvient à embrasser la « vie philo- timent de notre identité. règnent sur la Terre depuis proba- favorisent leur capacité à engen- l’ouverture d’un cimetière virtuel sophique », seul le groupe social unicité, de notre irréductible in- Après notre naissance, notre blement 4 milliards d’années. drer une descendance. sur Internet permettant à chacun est en mesure de contenir l’effroi ; dividualité. Pourtant, nous corps d’enfant puis d’adulte de- Le pouvoir de s’autodétruire Si toute incarnation du vivant de se recueillir dans l’intimité de d’autre part, et plus fondamenta- sommes chacun une nébuleuse meure pareil à un fleuve, toujours semble être profondément ancré affronte l’usure et les agressions son domicile. Comment en lement, parce qu’il n’y a pas de vivante, un peuple hétérogène recomposé. C’est le suicide cellu- au cœur du vivant. Il se pourrait de l’environnement dans un sommes-nous arrivés là ? « monde commun » sans profon- de dizaines de milliers de mil- laire qui empêche notre système qu’il ait été, dès l’origine, une combat perdu d’avance, il se pour- Jadis, la mort faisait l’objet de deur temporelle. liards de cellules dont les inter- de défense immunitaire d’atta- conséquence inéluctable du pou- rait que la pérennité de la vie ait rites collectifs très institués ; il Comment, avec l’actuelle frag- actions engendrent notre corps quer notre propre corps, et évite voir d’auto-organisation qui procédé, paradoxalement, d’une était difficile de s’y soustraire, le mentation des expériences, des et notre esprit. Pour cette rai- qu’une cellule qui a subi des alté- caractérise la vie. Vivre, se capacité de chaque corps, de rôle de chacun était étroitement pratiques et des croyances rela- son, toute interrogation sur rations génétiques ne s’engage construire et se reproduire en per- chaque cellule, à utiliser une par- défini par l’étiquette. Pensons aux tives à la mort, parvenir à affirmer notre vie et notre mort nous sur le chemin qui mène au cancer. manence, c’est utiliser des outils tie des ressources qu’ils possèdent obsèques d’hier, empesées et pro- une continuité, qui soit autre renvoie à une interrogation sur Il n’est plus un domaine de la bio- qui risquent de provoquer l’auto- pour construire, au prix de sa dis- tocolaires. « Faire plutôt que dire », chose qu’un bricolage individuel, la vie et la mort des cellules qui logie et de la médecine qui ne soit destruction, tout en étant aussi parition prématurée, une incarna- tel était le principe qui régissait le une eschatologie « en trompe- nous composent. aujourd’hui réinterprété à l’aide capable de les réprimer. tion nouvelle. rituel : exprimer la peine, la l’œil » ? La perpétuation du Pendant longtemps, on a pen- de cette nouvelle grille de lecture, Mais il y a sans doute eu, dans Bichat disait autrefois : « La vie commisération, l’hommage, mais groupe, l’appartenance qu’elle dé- sé que leur disparition – comme et un bouleversement en matière l’évolution de la mort, une autre est l’ensemble des fonctions qui ré- dans les formes établies. En obser- livre, est sans doute la plus ar- notre propre disparition – ne de concepts thérapeutiques est en dimension. Toute cellule est un sistent à la mort. » Aujourd’hui, on vant la gestuelle prescrite, en en- chaïque conjuration qui soit ; c’est pouvait résulter que d’accidents train de naître. mélange d’êtres vivants hétéro- aurait plutôt tendance à dire que dossant les habits de deuil, il fallait aussi la meilleure : elle procure, et de destructions, d’une ultime « la vie est l’ensemble des fonctions faire bonne figure. La souffrance face à la mort, un sentiment de incapacité à résister à l’usure et capables d’utiliser la mort », pouvait être dite, mais pas n’im- permanence et de normalité. Cette aux agressions de l’environne- C’est le suicide cellulaire qui empêche comme l’a proposé Henri Atlan. porte comment : les oraisons fu- transcendance ordinaire est assi- ment. Mais la réalité s’est révé- Le vieillissement progressif de nèbres étaient là pour ça, le verbe gnatrice, ce qui relativise la toute- lée d’une autre nature. Au- notre système de défense immunitaire chaque cellule, à mesure qu’elle lui-même était ritualisé. puissance du sujet, mais, par là jourd’hui, nous savons que enfante des cellules un temps plus A la base de ce dispositif était le même, le met en demeure d’exer- toutes nos cellules possèdent le d’attaquer notre propre corps jeunes et plus fécondes ; l’auto- cimetière, sanctuaire des morts. cer une formidable responsabilité, pouvoir, à tout moment, de destruction brutale d’une partie Les morts avaient leur place, dans sans laquelle il ne peut tout à fait s’autodétruire en quelques et évite qu’une cellule qui a subi des cellules au profit de la survie cet espace à part, séparé de la vie s’accomplir. heures. Et leur survie dépend, du reste de la collectivité ; le vieil- profane. Tout y rappelait à la pré- jour après jour, de leur capacité des altérations génétiques ne s’engage lissement d’un corps capable d’en- sence du cadavre : les allégories à percevoir dans l’environne- gendrer des corps nouveaux : funéraires et, bien sûr, la tombe. Jadis, la mort ment de notre corps les signaux sur le chemin qui mène au cancer toutes ces fins de monde, donnant Dans la relation aux morts, la sé- émis par d’autres cellules, qui, naissance à des mondes nou- pulture constituait le média par faisait l’objet seuls, leur permettent de répri- veaux, ressemblent à autant de excellence : la mise en bière, l’in- mer le déclenchement de leur Pourtant, dans le même temps, gènes, une cohabitation contin- variations sur un même thème. humation, la pierre tombale, tout de rites collectifs suicide. le déploiement d’un langage gente de différences, dont la pé- Comment pouvons-nous essayer s’organisait autour du cadavre. C’est à partir d’informations scientifique riche de résonances rennisation n’a sans doute eu le de comprendre le comportement L’hommage supposait forcément très institués. contenues dans nos gènes que anthropomorphiques – « suicide plus souvent pour solution alter- de nos cellules et de nos corps – et le pèlerinage au cimetière. Sans nos cellules fabriquent en per- cellulaire », « mort programmée », native que la mort. Et c’est au tenter de les modifier – si nous doute cela aidait-il à donner un Que constate-t-on manence les exécuteurs ca- « décision de vivre ou de mourir », rythme de ces combats, donnant n’appréhendons pas que ce qui statut au défunt, à faire que la pables de précipiter leur fin, et « altruisme cellulaire » – a suscité soudain naissance à des sym- nous fait vieillir et disparaître est mort ne soit pas qu’une pure et aujourd’hui ? les protecteurs capables de les une impression de révélation ma- bioses – à des épisodes de fusion peut-être ce qui, en d’autres avant simple disparition. neutraliser. D’une manière gique qui traduit à la fois la fasci- des altérités en de nouvelles iden- nous, nous a permis de naître ? Que constate-t-on aujourd’hui ? Le rite ne passe plus. contre-intuitive, un événement nation exercée par ces phéno- tités – que se sont probablement « Penser le sens de la mort non pas Le rite ne passe plus. Les cérémo- positif – la vie – procède de la mènes et la difficulté à en diversifiés et propagés les enche- pour la rendre inoffensive, ni la justi- nies funéraires ne gardent un sens Les cérémonies négation d’un événement néga- appréhender la nature. vêtrements successifs des exé- fier, ni promettre la vie éternelle, qu’à condition d’être personnali- tif – l’autodestruction. Cette potentialité paradoxale de cuteurs et des protecteurs qui au- mais essayer de montrer le sens sées. Les prêtres et agents des funéraires C’est cette fragilité même, ce « mourir avant l’heure », comment jourd’hui contrôlent le suicide qu’elle confère à l’aventure hu- pompes funèbres sont condamnés sursis permanent et l’interdé- se fait-il que nos cellules la pos- cellulaire. maine », disait Emmanuel Lévinas. à faire du « sur-mesure », à évo- ne gardent un sens pendance qu’ils font naître qui sèdent ? Nous avons tous une très Ces relations anciennes qu’en- Pour le biologiste, il s’agit, à un quer le défunt dans sa singularité, sont une des sources essen- longue histoire qui débute bien tretient la vie avec la mort « avant autre niveau, d’essayer d’appréhen- pour répondre aux attentes des qu’à condition tielles de notre plasticité et de avant notre naissance et se dé- l’heure », se pourrait-il qu’elles der jusqu’à quel point une forme proches. Le principe qui désormais notre pérennité, permettant à ploie au long de l’immense lignée soient aussi à l’œuvre dans la aveugle, contingente et de plus en gouverne les attitudes est inversé : d’être personnalisées nos corps de se reconstruire de nos ancêtres, dont la généalo- sculpture de notre longévité ? Le plus complexe de jeu avec la mort « Dire plutôt que faire. » sans cesse et de s’adapter à un gie se perd dans la nuit des temps. vieillissement de nos corps ré- – avec sa propre fin – a pu être un L’anonymat du rite est un car- environnement perpétuelle- Selon les mots d’Edgar Morin, «le sulte-t-il uniquement d’une usure déterminant essentiel du long can dont il faut se libérer : au pro- En effet, l’autoréférentialité ment changeant. A l’image an- problème le plus passionnant, plus inévitable ? Ou notre fin pourrait- voyage qu’a accompli à ce jour la tocole est préféré le verbe, suppo- dont est porteur le principe de cienne de la mort comme une mystérieux encore que celui de l’ori- elle procéder d’une forme d’auto- vie à travers le temps, et du mer- sé plus transparent et authentique. l’autonomie engendre un monde faucheuse brutale, surgissant du gine de la vie, estbien celui de l’ori- destruction ? Les frontières long- veilleux foisonnement de nouveau- Le deuil n’est plus un rite social sans altérité, sans extériorité, où dehors pour détruire, s’est su- gine de la mort ». Quand, au cours temps considérées comme infran- té auquel elle a donné naissance. avec ses inévitables prescriptions, tout est rapporté à la subjectivité rimposée une image radicale- de l’évolution du vivant, est appa- chissables de la longévité mais une affaire psychologique triomphante d’ego. Un monde ment nouvelle, celle d’un rue pour la première fois la poten- maximale des individus ont que chacun doit pouvoir « gérer » sans épaisseur temporelle, sans sculpteur, au cœur du vivant, à tialité de s’autodétruire, et dans commencé à révéler, dans cer- Jean-Claude Ameisen est à sa façon. A chacun sa mort, son avant ni après. Or le monde est l’œuvre dans l’émergence de sa quels corps, dans quelles cellules... taines espèces animales, leur ex- professeur d’immunologie à l’uni- deuil et son hommage, l’important une réalité collective temporelle- forme et de sa complexité. Aujourd’hui, nous savons que le traordinaire degré de plasticité. versité Paris-VII et au centre hospi- étant de ne pas tricher, d’exprimer ment vulnérable ; nous n’avons Dès les premiers jours qui suicide cellulaire est à l’œuvre Ces frontières semblent avoir été talier universitaire Bichat. sa peine en toute sincérité. Cette tout bonnement pas le droit de le « psychologisation » met au centre laisser en déshérence. Le passé du dispositif funéraire, non plus le n’est pas un héritage comme les AU COURRIER times, dont la plupart ont péri non grande gare européenne sans ca- s’il donne un résultat favorable, cimetière, mais ego. autres ; il se transmet à nous sous DU « MONDE » du choc, mais de l’incendie qui lui ténaires, ou presque ; il n’y a de retirer de l’île toutes les struc- Il n’est plus nécessaire que les la forme d’une responsabilité : res- a succédé. guère plus de deux ans que la liai- tures administratives et oppres- morts aient un lieu consacré, une ponsabilité inéluctable qui nous lie LES DANGERS DU DIESEL Le réseau « Great Western », son « Heatrow Express », qui des- sives de la France. La Corse ne place à part, ni même que leurs aux morts comme à l’avenir du Ayant lu avec la plus grande at- dont la ligne Paddington-Bristol sert l’aéroport, et elle seule, est manque pas d’hommes tout prêts traces soient reconnues par la so- monde. tention ce qui a été publié, parti- est l’une des plus anciennes du électrifiée en monophasé à assumer des responsabilités ciété. Puisque l’essentiel relève Ne nous dérobons pas à cette culièrement par Le Monde, sur la Royaume-Uni – construite par le 25 000 volts (comme l’Eurostar gouvernementales. Ainsi, dès que d’un « travail de deuil » qui inté- responsabilité collective : il ne catastrophe ferroviaire de Pad- célèbre ingénieur Brunet vers sur son parcours français). l’un des groupes sera parvenu à resse la psyché, l’inscription des viendrait à l’esprit de personne de dington, j’ai été très étonné de ne 1840 –, est entièrement exploité L’incendie dévastateur a été s’imposer par l’élimination des morts dans l’espace social devient ne pas l’assumer pour ses enfants ; rien trouver sur ce qui a été la en traction diesel, tant pour les causé par le carburant diesel des concurrents, nul doute qu’il éta- chose accessoire. On assiste ainsi, les éduquer, c’est leur léguer un cause essentielle de son ampleur grandes lignes que pour la ban- engins moteurs (il en fut de même blira enfin la démocratie insu- plus qu’à une disparition des monde commun dont nous et du nombre élevé de ses vic- lieue. Paddington est la seule très au tunnel du Mont-Blanc) et c’est laire... Et la Corse libérée prati- traces, à leur miniaturisation sommes, par le truchement des à lui qu’est dû le décès de la majo- quera sans entraves sa culture (cf. l’urne funéraire), à leur indivi- morts, les mandataires. A nous rité des victimes, réduites en ancestrale, dynamisera une dualisation (rien n’empêche de d’être les gardiens des morts, non cendres par un brasier, où, là aus- économie et fera entendre une procéder à un partage des par passéisme ou nostalgie, mais si, la température atteignit les voix respectée dans le concert des cendres) et à leur nomadisation pour assurer cette élémentaire 1 000 degrés. nations... (partir l’urne sous le bras). continuité sans laquelle aucune Le non-respect d’une signalisa- Tout le monde n’y gagnerait-il Moins figuratives, les traces se communauté humaine n’existe tion vétuste est la cause première, pas ? détachent de la référence au ca- réellement. mais les terrifiants effets dérivés André Maille davre. Le culte des morts peut Qu’est-ce qui, mieux que le ci- relèvent de la présence d’un sys- Châteauroux (Indre) alors se muer, selon la belle ex- metière, témoigne de cette histori- tème de traction thermique aban- pression de Jean-Didier Urbain, en cité ? Certes, la minéralité de la donné par la quasi-totalité des ex- JEAN PAUL II « un culte métonymique » au cœur stèle funéraire peut entretenir l’il- ploitants – même aux Etats-Unis – On peut certes comprendre les des foyers. Honorer ses morts en lusion d’une éternelle conserva- de réseaux de banlieue. positions progressistes de votre cliquant sur la bonne icône de son tion des défunts. Une tombe en soi François Pomés quotidien, qui l’amènent parfois à écran d’ordinateur, voilà qui para- n’est rien, sinon – ce qui est déjà Château-Thierry (Aisne) des excès critiques tels que ceux chève le processus : la mort deve- essentiel – la « place du mort », le formulés dans l’éditorial consacré nue chose domestique. procédé par lequel les morts sont LA CORSE ET SON AVENIR à Jean Paul II (Le Monde daté La mutation, profonde, est inscrits dans l’espace social. C’est Malgré trente années d’efforts 3-4 octobre). Mais ne faut-il pas culturelle et touche de nombreux bien aux vivants qu’il revient d’en de l’Etat de droit, les nationalistes comprendre le point de vue du aspects de la vie privée, notam- faire une présence. corses continuent à donner, en pape ? Est-il là pour plaire, sauf à ment familiale. On est avec les C’est par une pensée vivante armes, des conférences de presse se déconsidérer ? Peut-il tenir, sur morts comme on est avec ses que les morts comme la culture clandestines aux environs d’Ajac- l’avortement, un autre discours proches : l’autonomie, l’authenti- doivent être honorés. Réinventons cio, à plastiquer les bâtiments pu- que le sien, même si ce discours cité, la liberté de choisir sont les le cimetière pour en faire le jardin blics et à faire parler la poudre, en « entêté » ne change rien aux réa- maîtres mots et consacrent le de Mnèmosunè, cette déesse de la toute impunité. Imagine-t-on pa- lités humaines et sociales ? Voit- triomphe de la subjectivité. Nul mémoire, mère des neuf muses, reille situation en Berry par on un pontife bénir l’avortement, désormais n’a le droit de m’impo- qui, chez les Grecs, présidait à la exemple ? Non, sans doute. Il ou avaliser l’euthanasie, plus rare ser son mort. Les Eglises sont obli- poésie lyrique. semble donc que la population de au demeurant ? gées de composer, comme cela a la Corse, dans sa majorité, couvre C’est à chacun de se déterminer toujours été le cas au cours de et protège ses soldats de l’ombre. selon sa conscience, seule règle en l’histoire. Jean-Hugues Déchaux Pourquoi alors s’obstiner ? Il suffi- la matière. Faut-il y voir un rapport à la est maître de conférences de socio- rait d’organiser un référendum Louis Canier mort plus libre, plus vrai, bref plus logie à l’université René-Descartes sur l’indépendance de la Corse et, Yzeure (Allier) « démocratique », pour suivre An- (Paris). LeMonde Job: WMQ1610--0018-0 WAS LMQ1610-18 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 1823 Lcp: 700 CMYK

18 ENTREPRISES LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999

EUROPE Le groupe français Gerhard Schröder. b BAPTISÉ EADS derrière les américains Boeing et par les différents partenaires fran- poursuit son recentrage sur l’auto- Aerospatiale Matra et l’allemand (European Aeronautic Defense and Lockeed Martin, devant le britan- çais. b L’ÉTAT FRANÇAIS qui mobile, un secteur pour lequel il DASA ont annoncé leur fusion, Space Company), le nouvel nique British Aerospace.b LE NOU- détient 47 % d’Aerospatiale Matra dispose d’une force de frappe jeudi 14 octobre, à Strasbourg, en ensemble aéronautique et de VEL ENSEMBLE sera détenu à éga- réduira sa part à 15 % du nouvel financière impressionnante. (lire présence de Lionel Jospin et de défense sera numéro trois mondial, lité par DaimlerChrysler (30 %) et ensemble. b DAIMLERCHRYSLER aussi notre éditorial page 15) Français et Allemands créent le troisième groupe mondial de l’aéronautique Aerospatiale Matra et DaimlerChrysler Aerospace (DASA) ont annoncé, jeudi 14 octobre, à Strasbourg, la fusion totale de leurs activités. Lionel Jospin et Gerhard Schröder, qui avaient fait le déplacement, ont salué cette relance de la coopération franco-allemande STRASBOURG 75,8 % du consortium Airbus, La fusion de leurs deux cham- gardère. Il s’agit alors de « On a réussi en quatre mois ce que gé un résultat opérationnel en de nos envoyés spéciaux 23,9 % de la fusée Ariane, 45,9 % de pions nationaux a été saluée par le discussions au sommet, entre Ec- nous avons fait en huit mois entre 1998. Mais la dégradation de ses Le français Aerospatiale Matra Dassault Aviation, 30 % de l’Euro- premier ministre français et le kard Cordes et Rüdiger Grube, Aeospatiale et Matra », se réjouit résultats cette année réduit sensi- et l’allemand DaimlerChrysler Ae- fighter (avions de combat), 75 % chancelier allemand, venus à Stras- chez DaimlerChrysler, Philippe Ca- Jean-Louis Gergorin. La localisa- blement la valeur de l’entreprise. Il rospace (DASA) ont décidé, jeudi d’Astrium dans les satellites et de bourg parrainer la signature de mus et Jean-Louis Gergorin, pour tion du siège de la holding aux est alors décidé de sortir les activi- 14 octobre, de sceller définitive- la future société commune dans l’alliance. Gerhard Schröder a mis Lagardère. Bernard Taylor, de la Pays-Bas, intéressant sur le plan tés de moteurs (MTU) du péri- ment leur destin en annonçant leur les missiles. en avant « la valeur mondiale de banque Flemings, conseil des Fran- fiscal, n’aurait causé aucune diffi- mètre et d’autoriser DaimlerChrys- fusion et la création d’une société L’espagnol CASA, qui pensait cette coopération industrielle en çais, et Alex Dibelius de Goldman culté. ler à prélever 3,4 milliards d’euros commune, European Aeronautic, s’être fiancé à l’allemand au mois tant que symbole de la volonté des Sachs pour les Allemands, se Le premier ministre suit la phase sur sa filiale. Mais l’apport français Defense and Space Company de juin, est invité à reprendre les européens ». De son côté, Lionel joignent à eux. Ces premières dis- ultime des négociations dans la reste insuffisant pour contrebalan- (EADS). Après plusieurs années négociations avec le nouveau Jospin a souligné que les « deux cussions dureront deux mois, et journée de mercredi et de jeudi, cer les 100 % de DASA mis dans la d’union libre au sein de pro- groupe. Ses parts dans Airbus gouvernements ont fait preuve d’une déboucheront sur un schéma in- depuis les préfectures de Bordeaux corbeille par DaimlerChrysler. Des grammes de coopération euro- (4,2 %) et dans l’Eurofighter (13 %) volonté politique constante, encou- dustriel. et de Toulouse où il séjourne. Ce investisseurs institutionnels – pro- péenne (Airbus, Arianespace, Eu- sont les bienvenues, d’autant rageant à chaque instant les initia- n’est que jeudi matin qu’est prise bablement la BNP – seront invités rocopter), et plusieurs scènes de qu’elles permettraient à l’EADS de tives de nos industriels. Le succès TRAVAIL D’ARRACHE-PIED la décision de ramener la participa- à compléter le tour de table fran- ménage, dont la dernière avait vu faire un ultime pied de nez à BAe, d’aujourd’hui illustre le rôle irrem- Début août, la deuxième phase tion de l’Etat français à environ çais. DASA flirter avec British Aero- qui serait relégué au second rang plaçable de la coopération franco- commence, cette fois avec le gou- 15 %, et d’encadrer les modalités EADS devrait être créée dès le space, les deux entreprises, qui dans son propre programme allemande comme moteur de la vernement français, pour régler la de son action privilégiée, qui lui deuxième trimestre de l’an 2000. réalisent déjà 65 % de leur chiffre d’avion de combat. construction européenne ». Le mi- délicate question de l’actionnariat, donne un droit de veto en matière 40 % du capital seront alors intro- d’affaires en commun, ont cédé à nistre français de l’économie, Do- car les Allemands souhaitent un d’acquisition, d’alliance straté- duits en Bourse, à Paris, Francfort la mode des fusions. Elles ont par GRÂCE AUX « BONS AMIS » minique Strauss-Kahn, en a profité désengagement de l’État français gique, et d’augmentation de capi- et Amsterdam. Les postes de direc- la même occasion damé le pion à C’est d’abord à l’action des pour souligner que si, ces dernières avant de boucler un accord. Domi- tal. A l’issue d’un discours devant tion seront équitablement répartis leur concurrent British Aerospace « bons amis » Jean-Luc Lagardère, années, « l’euro avait été la réalisa- nique Strauss-Kahn et Frédéric La- les maires des petites villes de entre les équipes de DASA et d’Ae- (BAe) qui, en préférant son président d’Aerospatiale Matra, et tion la plus manifeste de la venir, son directeur de cabinet ad- France, M. Jospin en informe, peu rospatiale Matra. MM. Lagardère compatriote GEC Marconi à l’offre Jurgen Schrempp, celui du groupe construction européenne, il y avait joint, sont informés de l’avancée après 11 heures, le président de la et Bischoff prendront la tête du de DaimlerChrysler, apparaissait automobile DaimlerChrysler, ac- aujourd’hui une preuve de l’Europe des négociations. La pause estivale République, Jacques Chirac. conseil de surveillance. Les deux comme l’« homme fort » de l’Eu- tionnaire de DASA, que l’on doit industrielle ». permet à Lionel Jospin de mûrir sa Alors que la fusion devait se co-PDG du directoire devraient rope de la défense. Avec plus de cette fusion rapide. Mais aussi au C’est le 12 juin, en marge du sa- réponse. Fin septembre, Jürgen faire sur une base paritaire, les va- être Philippe Camus, directeur gé- 21 milliards d’euros de chiffre d’af- pragmatisme du gouvernement lon du Bourget et au lendemain de Schrempp est à Paris pour ren- lorisations des deux sociétés fai- néral d’Aerospatiale Matra, et Rai- faires attendus en 1999, EADS ravit français qui, après avoir privatisé la création d’Aerospatiale Matra, contrer Dominique Strauss-Kahn. saient finalement ressortir un ner Hertrich, directeur du secteur le troisième rang mondial à BAe. Aerospatiale, a accepté de négo- que les dirigeants des deux Leur entretien permet de rappro- avantage au profit des Allemands. propulsion de DASA. Au sein de l’industrie aéronau- cier avec la partie allemande la di- groupes ont relancé des pourpar- cher les points de vue. Depuis sa- Certes, Aerospatiale réalise un tique européenne, EADS s’assure lution de sa participation dans le lers approfondis et discrets, à l’in- medi 9 octobre, entre 30 et 40 per- chiffre d’affaires supérieur de près Christophe Jakubyszyn une position dominante, avec nouvel ensemble. vitation de MM. Schrempp et La- sonnes travaillent d’arrache-pied. de 50 % à celui de DASA et a déga- et Philippe Ricard Vers une rapide réforme d’Airbus Un pôle industriel de défense NOËL FORGEARD, le patron d’Airbus, est devrait déboucher rapidement sur la création places », remettant sur la piste de décollage le l’un des principaux bénéficiaires du rapproche- de la société Airbus, puisque le nouveau groupe projet d’A3XX, qui nécessitera un engagement en position de force ment franco-allemand. Las de jouer les VRP de EADS détiendra 75,8 % des droits économiques. financier de 10 milliards de dollars pour les ac- l’aéronautique civile, il trépignait, depuis sa no- Les discussions en cours avec CASA pourraient tionnaires d’Airbus. Le choix du site d’assem- « VÉRITABLE ENSEMBLE bina- gnol CASA, va apparaître comme mination à la tête du consortium européen, en même porter cette participation à 80 %. La blage du futur avion, que se disputent les villes tional européen dans un secteur aus- l’interlocuteur légitime – à travers avril 1998, de ne pouvoir remplir la mission qui transformation d’Airbus avait longtemps buté de Toulouse et Hambourg, pourra s’affranchir si emblématique et stratégique que sa filiale Airbus military company lui avait été promise : transformer le groupe- sur des problèmes de valorisation des actifs in- des considérations politiques. M. Bischoff s’est l’industrie de défense, le groupe (AMC) – des gouvernements euro- ment d’intérêt économique en véritable société dustriels des quatre partenaires. La partie fran- réjoui que le droit de veto du gouvernement EADS est une grande première. » péens en quête d’un nouvel appa- intégrée, maîtresse de ses investissements, de çaise réclamait une meilleure prise en compte français se limite à trois hypothèses et «ex- C’est en ces termes que le ministre reil de transport de troupes pour son organisation industrielle et responsable de de ses bureaux d’études et de son rôle d’archi- clu[e] la marche de l’entreprise et notamment le français de la défense, Alain Ri- remplacer les Transall et Hercules, ses performances économiques. En dépit de ré- tecte industriel. Les différends franco-alle- choix des implantations de sites industriels ». Le chard, salue la fusion entre Aero- malgré le penchant des Allemands sultats commerciaux remarquables – à fin sep- mands étant de facto aplanis, il devrait être fa- pouvoir politique sera ainsi tenu à l’écart d’une spatiale-Matra et DASA, qui fait de pour un avion russo-ukrainien. tembre, Airbus totalisait une part de marché de cile de s’entendre avec BAe. Le britannique est restructuration industrielle d’Airbus, priorité du la nouvelle société franco-alle- Autre position dominante 70 % face à Boeing –, le consortium se révèle in- impatient : ses actionnaires n’apprécient guère futur groupe. mande un chef de file mondial apte d’EADS : les missiles. Mais il s’agit capable d’améliorer ses performances finan- le flou comptable qui entoure l’activité Airbus. Philippe Camus, directeur général du direc- à tenir tête aux entreprises améri- là d’une alliance encore plus vaste cières, faute de pouvoir maîtriser l’ensemble du toire d’Aerospatiale Matra, s’est voulu opti- caines et britanniques aussi bien qui se dessine, à moyen terme, en processus industriel, réparti entre ses quatre LE POUVOIR POLITIQUE TENU À L’ÉCART miste : en raison de la « forte augmentation des dans les hélicoptères, les avions mi- Europe. En effet, quand British Ae- partenaires, le français Aerospatiale, l’allemand Manfred Bischoff, président du directoire de carnets de commandes, a-t-il estimé, il n’y aurait litaires, les satellites que dans les rospace (BAe) et Finmeccanica au- DaimlerChrysler Aerospace (DASA), le britan- DASA, a précisé qu’« Airbus resterait une filiale pas à craindre pour l’emploi mais au contraire il y technologies de défense en règle ront trouvé un terrain d’entente, nique British Aerospace (BAe) et l’espagnol d’EADS, avec une participation minoritaire de aurait probablement des embauches ». générale si l’on excepte l’industrie l’intégration des activités « mis- CASA. BAe ». Ambitieux, il a évoqué la nécessité d’of- russe, en état de délitement avancé. siles » d’Alenia Marconi systems La fusion d’Aerospatiale Matra et de DASA frir une gamme d’appareils « allant de 100 à 750 C. J. En matière de programmes d’ar- (AMS) à Matra BAe Dynamics en mement et de leurs dérivés, EADS serait facilitée. Du même coup, est au cœur d’une politique de res- l’entreprise franco-allemande de- tructuration européenne qui, pour viendrait incontournable en Eu- L’axe Paris-Berlin redevient le moteur de la construction européenne s’en tenir à deux exemples, verra la rope. Au point qu’on voit mal, par création prochaine d’un groupe exemple, le gouvernement britan- BERLIN pour le chancelier qui avait rêvé lors les Allemands ont l’impression de ne cours rédigé à l’avance. Mais au (Astrium), voué à reprendre les ac- nique prêt à conclure – au détri- de notre correspondant de son arrivée au pouvoir de rem- pas créer une forteresse européenne cours du déjeuner en tête à tête qui tivités de Matra Marconi Space ment du programme européen Me- Enfin du concret ! La fusion de placer le couple franco-allemand contre les Américains en mariant DA- a suivi, le courant semble être mieux (MMS), et de Dornier dans l’espace teor – avec l’américain Raytheon, DASA et Aerospatiale Matra permet par un triangle franco-germano-bri- SA et Aerospatiale » souligne, per- passé entre les deux hommes. A et auquel l’italien Alenia Spazio se- qui le lui propose, un contrat qui à la classe politique des deux pays tannique, afin de s’affranchir de la fide, un diplomate français. Matignon où l’on se montre très sa- ra associé, et la mise en chantier porte sur des missiles air-air à tutelle jugée pesante de la France. Le rapprochement avec la France tisfait depuis jeudi, on considère d’une société européenne de mis- longue portée pour en équiper ses ANALYSE M. Schröder ne faisait que tirer les est aussi passé par une meilleure que cet accord constitue les « tra- siles, à partir d’une alliance entre Eurofighter. M. Schröder a dû conséquences des échecs de la poli- compréhension des socialistes fran- vaux pratiques » du rôle de l’Etat dé- Aerospatiale-Matra, British Aero- tique menée depuis son arrivé au çais. A ses débuts, M. Schröder n’a fendu par M. Jospin. space et l’italien Finmeccanica. UN GROUPE « MIEUX ARMÉ » constater que pouvoir. En cherchant à imposer ses pas caché la faible estime dans la- L’accord dans l’aéronautique per- M. Richard voit dans la création Dans le domaine des satellites M. Jospin n’était pas intérêts contre ceux de ses parte- quelle il tenait la politique écono- met de détendre singulièrement les d’EADS « une clarification du pay- militaires, enfin, EADS est loin l’étatiste qu’il croyait naires, en particulier de la France, au mique de M. Jospin, en particulier sa relations entre les deux pays, qui, de sage industriel » en Europe, jusqu’à d’être démuni. L’opération « Force lieu de rechercher le compromis, il loi sur les 35 heures. Outre-Rhin, on l’avis de nombreux diplomates, présent morcelé en autant d’entités alliée » dans les Balkans a montré avait enregistré des revers, sur le associait, pendant la campagne élec- avaient atteint un stade inquiétant. concurrentes de part et d’autre du l’urgence qu’il y a à pouvoir mobili- de prouver que le couple franco-al- dossier du retraitement des déchets torale de 1998, les traditionalistes Même si le dossier du rapatriement Rhin, même si l’exécution de pro- ser des moyens de renseignement lemand fonctionne de nouveau. nucléaires ou lors de la réforme du Jospin et Lafontaine, alors président des déchets nucléaires allemands grammes d’armement conjoints autonomes en Europe. Depuis, le Bien sûr, chacun sait que l’accord a budget de l’Union européenne au du Parti social-démocrate, et les mo- entreposés à La Hague reste brû- – fréquemment remis en cause par gouvernement allemand, long- été largement obtenu grâce au sommet de Berlin en mars. Pour dernistes Schröder et Blair, premier lant, la machine européenne s’est des budgets de la défense soumis à temps réfractaire pour des raisons talent de persuasion de Jean-Luc La- avoir cherché à passer en force, l’Al- ministre britannique. Au fil des remise en marche. La France a évité rude épreuve – les rapprochait au financières autant que stratégiques, gardère, un partenaire crédible face lemagne n’a pas obtenu la baisse de mois, M. Schröder a dû constater de s’opposer à l’Allemagne lorsque cas par cas. La coopération entre a nuancé sa position et il n’ignore au président de DaimlerChrylser, sa contribution au budget européen que M. Jospin n’était pas l’étatiste celle-ci a voulu généraliser l’usage Français et Allemands est, en effet, pas qu’il a, avec EADS, l’outil in- Jürgen Schrempp. Le gouvernement qu’elle était en droit d’espérer. ringard qu’il croyait, qu’il poursui- de l’allemand dans les instances eu- parsemée de ces projets morts nés dustriel qui doit permettre à l’ex- allemand a joué dans l’affaire un vait les privatisations et que la ré- ropéennes. Gerhard Schröder et ou abandonnés en cours de route DASA de réclamer d’être chef de rôle secondaire, l’Etat n’étant pas DES POLITIQUES PAS SI ÉLOIGNÉES duction du temps de travail permet- Jacques Chirac ont envoyé, mercredi faute de crédits. file d’un projet de satellite-radar au actionnaire de DASA. Mais, en se Avec la guerre au Kosovo, les Al- tait aussi d’améliorer la flexibilité du 13 octobre, une lettre commune à la principe duquel, pour leur part, les déplaçant à Strasbourg, le premier lemands ont pris conscience que les marché du travail. En septembre, le présidence finlandaise pour renfor- INCONTOURNABLE EN EUROPE Français se disent attachés. ministre Lionel Jospin et le chance- Européens étaient en matière de dé- chancelier a ainsi déclaré qu’en Eu- cer les pouvoirs de Javier Solana, Demain, EADS continuera d’être Selon M. Richard, le nouveau lier Gerhard Schröder ont voulu fense largement dépendants des rope il fallait faire une distinction responsable de la politique euro- en position de force dans le secteur groupe est désormais mieux armé faire de la fusion aéronautique le Américains. La nouvelle équipe diri- entre les discours et les politiques péenne de sécurité commune, à la des hélicoptères, grâce à Eurocop- pour des rapprochements avec symbole de la relance franco-alle- geante est beaucoup plus libre que réellement pratiquées, qui ne sont veille de son entrée en fonctions. ter, face à des rivaux américains qui BAe, voire des partenariats transa- mande, alors que les relations entre Helmut Kohl dans ses rapports avec pas si éloignées. Il a bien fallu re- « La lettre a été rédigée avec une cé- sont loin derrière. Le Tigre et le tlantiques « dès lors que sera écartée les deux pays ont été des plus diffi- l’Oncle Sam. Et comme les Français, connaître que la France avait une lérité incroyable », se réjouit un di- NH-90, malgré les réserves néerlan- toute velléité, des uns ou des autres, ciles depuis le départ de Helmut les Allemands sont convaincus que croissance supérieure à celle de l’Al- plomate allemand. daises, en sortiront confortés. Mais d’absorption et, donc, de remise en Kohl et l’avènement de l’euro. Plu- l’émergence d’une identité de dé- lemagne et créait plus d’emplois. Ce réchauffement soulage les res- EADS devrait l’être aussi en ma- cause de l’autonomie stratégique des sieurs rencontres avec M. Lagardère fense européenne passe aussi par la Conscient des dégâts causés en ponsables des deux pays. « Si entre tière d’aviation militaire, en déte- différentes composantes euro- ne sont pas étrangères à la nouvelle création d’une industrie européenne France par la publication du mani- Allemands et Français, on ne s’entend nant 40 % des actifs de l’Eurofigh- péennes ». Le ministre de la défense francophilie industrielle du chance- de la défense. Un mariage de DASA feste Blair-Schröder sur la moderni- plus, on ne se comprend plus, on ne ter, l’avion de combat dont seront assure que la France s’est employée lier. avec des Américains aurait sonné le sation de la social-démocratie à la fait vraiment plus rien en Europe. Car dotés le Royaume-Uni, l’Alle- à disposer de « l’équivalent d’une Le tournant a été pris début sep- glas de cette ambition. « Sans l’euro- veille des élections européennes, si tout le monde est capable de blo- magne, l’Italie et l’Espagne, et en golden share », sous la forme tembre, lorsque M. Schröder a pro- péanisation de l’industrie aéronau- M. Schröder a tendu la main à quer, il n’y a que les Français et les Al- contrôlant – même indirectement – d’« un droit d’opposition » dans le noncé à Berlin deux discours rappe- tique et militaire, la politique euro- M. Jospin, lors d’un colloque organi- lemands qui sachent faire avancer la à hauteur de 47 % Dassault-Avia- fonctionnement de la société hol- lant le rôle moteur du couple péenne de défense n’est qu’un bout sé fin septembre par Arte et la chan- machine », commente un haut fonc- tion, qui produit le Mirage 2000 et ding « sur de grandes options straté- franco-allemand dans la construc- de papier », commente un haut di- cellerie à Genshagen, au sud de Ber- tionnaire français. le Rafale. De même, EADS, qui dis- giques limitativement énumérées ». tion européenne. Ces déclarations plomate allemand. « Comme Daim- lin. M. Jospin est resté plutôt froid, posera de facto de 80 % du consor- ont constitué une petite révolution lerChrysler est germano-américain, ne changeant pas un mot du dis- Arnaud Leparmentier tium Airbus avec l’apport de l’espa- Jacques Isnard LeMonde Job: WMQ1610--0019-0 WAS LMQ1610-19 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 12:09 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 1824 Lcp: 700 CMYK

ENTREPRISES ¼ LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / 19

Le N°1 européen de l’aéronautique

HOLDING FRANÇAISE DAIMLER- Une position dominante en Europe 50 % 13 % 37 % CHRYSLER Part dans les Chiffre La consécration de Jean-Luc Lagardère ÉTAT INSTITUTIONNELS LAGARDÈRE programmes d'affaires (en 50 % 50 % européens milliards d'euros) L’industriel français a été au cœur des négociations AIRBUS 75,8 % 8,2 EUROCOPTER 100 % 1,7 TOUS POUR UN, un pour tous. grand perdant des restructurations Négocier l’Europe sans paraître La photo immortalisant l’accord de en cours. L’échec de son projet de abandonner tout velléité d’indé- ARIANE 23,8 % BOURSE HOLDING }2,8 fusion entre Aerospatiale Matra et reprise de Thomson-CSF, fin 1996, pendance nationale ? C’était évi- (PAYS-BAS) ASTRIUM (satellites) 75,5 % DaimlerChrysler Aerospace (DA- semblait condamner son groupe à demment le scénario idéal. Et Jean- MISSILE-SYSTEMS 63,0 % 2,1 SA) évoque irrésistiblement la pos- sortir de l’industrie de défense et à Luc Lagardère incarnait spontané- 40 % 60 % ture des mousquetaires se recentrer sur son autre grand ment cette démarche. EUROFIGHTER 30,0 % } 1,7 d’Alexandre Dumas. Dans un geste métier, l’édition. Trop petit dans un Encore fallait-il inspirer DASSAULT 45,8 % vigoureux, cinq hommes scellent monde de mastodontes en fusion, confiance à des interlocuteurs aga- 1,5 leur pacte en unissant leurs mains : Lagardère, disait-on, allait tirer sa cés de voir l’Etat français conserver EADS ATR (avions régionaux) 70,0 % } Lionel Jospin, Gerhardt Schröder, révérence. d’importantes participations dans (PAYS-BAS) AUTRES 1,8 Dominique Strauss-Kahn, Jurgen C’était compter sans l’incroyable son industrie de défense, et exi- (électronique de défense) EUROPEAN AERONaAUTIC, DEFENSE AND SPACE COMPANY TOTAL : 19,8 Schrempp et Jean-Luc Lagardère. ténacité de cet ingénieur formé à geant son retrait immédiat comme Seul du lot à pouvoir revendiquer Supélec, qui a fait ses armes chez préalable à toute discussion. Très Classement mondial L’addition des forces des origines gasconnes comme les Dassault, avant d’être invité à diri- lié à l’Etat par les commandes pas- fameux bretteurs du roman, le pa- ger Matra par ses actionnaires de sées à son groupe, mais répondant CHIFFRE D’AFFAIRE AEROSPATIALE en milliards d’euros MATRA tron d’Aerospatiale Matra semble l’époque, Sylvain Floirat et Marcel par ailleurs aux caractéristiques ha- 50 54 000 encore plus rayonnant que ses Chassagny. Battu, il revient tou- bituelles d’un capitaliste, Jean-Luc en milliards d’euros 27,7 40 DASA quatre partenaires. Cet accord, jours sur le ring, ne s’avoue jamais Lagardère possédait cette autre 30 dont défense cette journée, cette conférence de vaincu. C’est sa philosophie. Evo- qualité nécessaire à la réussite de la 20 presse représentent pour lui un quant son parcours à Matra, il af- négociation. D’autant plus qu’il 10 11,6 succès personnel. A soixante et on- firme : « Nous avons eu des échecs connaît personnellement, et de fort 0 19,5 45 000 ze ans, Jean-Luc Lagardère ne clôt qui forgent encore mieux la solidarité longue date, tous ses concurrents,

G D S N ) E ) ) 8,2 0,496 1,7 pas encore sa carrière. Futur pré- des équipes. » Thomson-CSF lui a auxquels il donne facilement du IN E IN E EO E -U H T ) EAD P ) -U 1,9 O (E K R O (E 0,490 « cher ami ». B C -U R -U sident du conseil d’administration échappé ? Jean-Luc Lagardère re- A (E BRITISH O M U (R CHIFFRE CARNET RÉSULTATS RECHERCHE & EFFECTIFS L (E RAYTH d’EADS, il en ouvre pourtant le ferme le dossier sans état d’âme. A ceux qui s’en étonneraient, il D’AFFAIRES DE COMMANDES D’EXPLOITATION DÉVELOPPEMENT AEROSPACE dernier chapitre. Et celui-ci pour- Mais il reprend date dans un long remet sa carrière en perspective : Source : EADS rait avoir pour titre : la consécra- plaidoyer, intitulé : « En voulant « En 2001, cela fera cinquante ans tion. Thomson, nous voulions l’Europe. » que je travaille dans l’aéronautique Juin 1999. Dans son bureau avec et la défense, sans les avoir jamais La fin des restructurations européennes vue prestigieuse sur la place de RÉFÉRENCES GAULLISTES quittées », dit-il non sans fierté. Et l’Etoile, à Paris, le président du C’est finalement avec Aerospa- de rappeler que DaimlerChrysler LA FUSION du français Aero- l’autre, pour se hisser au niveau de throp Grumman par Lockheed groupe Lagardère savoure une pre- tiale qu’il fera cette Europe à la- tout comme British Aerospace sont spatiale Matra et de l’allemand Boeing. Manfred Bischoff, le futur Martin. Des deux côtés de l’Atlan- mière victoire. Sa filiale militaire quelle il croit sincèrement, sans présents au capital du groupe La- DaimlerChrysler Aerospace, au co-président du directoire d’EADS, tique, elles sont en train de deman- Matra vient de fusionner avec le toutefois être dupe des grandes dé- gardère depuis sa privatisation, en sein de la première société tran- a exclu catégoriquement cette hy- der quelques modifications au pro- groupe public Aerospatiale, et Lio- clarations d’amitié transationales. 1986. Depuis l’été, M. Lagardère a seuropéenne du secteur, baptisée pothèse, le jour même de l’an- jet de fusion entre British nel Jospin l’a personnellement L’œil pétillant d’amusement, il cite rencontré au moins deux fois par European Aeronautic, Defense and nonce officielle de l’union franco- Aerospace et Marconi, afin notam- chargé de négocier, avec ses homo- volontiers ces propos que lui aurait mois son homologue, Jurgen Space Company (EADS) chasse le allemande. « Le projet de société ment de maintenir une certaine logues allemands et britanniques, tenus un « ami » européen : « Fina- Schrempp, mais aussi les dirigeants spectre de la domination britan- européenne est mort. Nous avons concurrence entre les équipes des l’intégration des industries euro- lement, tu es le seul entrepreneur qui de British Aerospace. Son en- nique. Avec ses 19,8 milliards d’eu- mis en place un autre projet qui dis- deux sociétés qui étaient jus- péennes de l’aéronautique et de la reste dans le métier. Dommage que tregent lui a aussi permis de former ros de chiffre d’affaires, le futur pose de la taille, des technologies et qu’alors en concurrence au sein défense. « Je crois qu’on arrive à un tu sois français ! » un tandem efficace avec Domi- EADS peut se mesurer sans de la puissance pour envisager des des deux consortiums qui s’af- moment où il faut parler d’égal à Français, fier de l’être, et se réfé- nique Strauss-Kahn, lui-même complexes avec le nouveau BAe coopérations transatlantiques », a frontent pour le fabuleux contrat égal avec les Américains. Ca va venir, rant sans cesse à de Gaulle pour ex- mandaté par Lionel Jospin, pour re- (17,4 milliards d’euros), issu du ma- expliqué M. Bischoff, qui a cité en anglo-américain de l’avion de et ils le savent », déclare alors primer cet attachement : c’est para- présenter le gouvernement dans riage, en janvier, des britanniques exemple les bases de la coopéra- combat du futur (Joint Strike Figh- M. Lagardère aux journalistes du doxalement ce cocktail, en cette négociation. Le patron gaul- British Aerospace (BAe) et GEC. tion annoncée, en juin, au salon du ter). Les entreprises européennes Monde venus l’interviewer. Extraor- apparence bien peu européen, qui liste et le ministre socialiste, bénéfi- L’Europe est désormais dotée de Bourget, par Aerospatiale et l’amé- n’ont pas non plus intérêt à pous- dinaire aplomb pour quelqu’un qui lui a permis de réussir à faire entrer ciant tous deux d’une excellente deux sociétés capables d’affronter ricain Lockheed Martin dans le do- ser trop loin leur concentration. Si revient de si loin. l’industrie française dans le jeu eu- image en Allemagne, ont ainsi les géants américains Boeing et maine des avions de mission mili- on les soupçonnait de constituer Quelques mois plus tôt – et après ropéen. Ses références gaullistes lui réussi à convaincre leurs interlo- Lockheed Martin. L’industrie euro- taires. Le nouveau groupe une "forteresse Europe", elles ris- avoir déjà frôlé la catastrophe lors ont finalement servi de caution cuteurs que les Français sont par- péenne avait besoin de tels regrou- franco-allemand, qui poursuivra queraient de subir des mesures de du naufrage de La Cinq, en 1991 – pour apparaître, y compris aux fois fréquentables. pements pour être capable d’inves- ses partenariats avec BAe dans le rétorsion, et de voir notamment se ce patron était donné par de nom- yeux des dirigeants socialistes, tir chaque année en recherche et domaine des avions civils, des sa- fermer l’accès au marché améri- breux observateurs comme le comme l’homme de la situation. Anne-Marie Rocco développement les milliards d’eu- tellites et des missiles, n’envisage cain. ros nécessaires pour maintenir le par une intégration plus globale. Il est donc probable que l’indus- niveau technologique qui a permis trie aéronautique et de défense à Airbus de tenir tête à Boeing, à la européenne se structure désor- DaimlerChrysler se recentre sur l’automobile fusée Ariane de détrôner les lan- Les entreprises mais autour des deux pôles qui ceurs américains et aux avions de viennent d’émerger. L’italien Ale- JÜRGEN SCHREMPP l’a rappelé, jeudi 14 octobre, du groupe italien flambait à la Bourse de Milan. La combat Mirage, Rafale et Euro- européennes nia semble avoir choisi le camp lors de la présentation du projet d’alliance : la straté- Smart, dont le lancement est beaucoup plus laborieux fighter de ne pas laisser les mar- britannique, autour d’une alliance gie de DaimlerChrysler consiste à multiplier les « par- qu’espéré, montre également que le groupe est désor- chés d’exportation à la seule merci n’ont pas intérêt avec l’électronique de défense du tenariats stratégiques »... en dehors de l’automobile. mais prêt à prendre des risques pour élargir son offre. de l’industrie américaine. Les Etats nouveau British Aerospace. L’es- En un peu plus de quatre ans, le bouillonnant patron, Pour soutenir ses projets de développement, le européens, dont les ressources à pousser trop loin pagnol CASA, qui croyait, en juin, qui partage son temps entre Stuttgart et les Etats-Unis groupe est prêt à investir, d’ici à 2004, la somme prodi- budgétaires se réduisent, comptent s’être marié avec l’allemand DA- pour approfondir l’intégration avec l’américain Chrys- gieuse de 46 milliards d’euros (301 milliards de francs) désormais sur les entreprises pour leur concentration, SA, vient de découvrir que la ler, aura mis au placard la diversification alors jugée dans 64 nouveaux modèles de voitures et de poids prendre le relais des programmes "lettre d’intention" signée ne « visionnaire » menée par son prédécesseur, Edzard lourds. qui assurent une certaine autono- elles risqueraient constitue plus qu’une "base de né- Reuter, qui voulait faire de Daimler un conglomérat Avant même la fusion avec Chrysler, qui tourne, au mie diplomatique et militaire. gociation" avec le nouveau groupe multi-technologique. fil des mois, à l’avantage des managers allemands, Les restructurations indus- de subir des mesures franco-allemand. Mais la perspec- C’est ce dernier qui avait lancé le groupe automo- Daimler-Benz avait commencé sa mue dès mai 1995, trielles, amorcées aux Etats-Unis tive pour la société franco-alle- bile dans l’aéronautique en 1984. La division s’est dé- avec l’arrivée aux commandes de Jürgen Schrempp. dès le début des années 90, ont été de rétorsion mande de monter à 80 % du capi- veloppée au cours des années 80 avec la bénédiction Quelques mois plus tard, celui-ci annonce des pertes rendues d’autant plus nécessaires tal d’Airbus et 43 % du capital de du gouvernement allemand, pour déboucher, il y a dix records afin de préparer les restructurations à venir. que la baisse des budgets militaires l’Eurofighter grâce à l’apport espa- ans, sur la création de DASA, dont le premier diri- Des filiales déficitaires, comme l’électronique d’AEG, et la concurrence que se livrent les Cette prise de position n’est pas gnol devrait permettre de confir- geant ne fut autre que... Jürgen Schrempp. L’alliance seront cédées ou liquidées. Les activités automobile entreprises à l’exportation (dans exempte d’une certaine arrogance mer ce rapprochement. CASA avec Aerospatiale Matra marque une nouvelle étape sont directement rattachées au directoire de la mai- les avions civils, les satellites, les allemande : neuf mois après avoir pourrait même obtenir une part dans un double processus engagé depuis 1995 par le son-mère, entraînant le départ d’Helmut Werner, l’an- lanceurs) laminent leurs bénéfices. été éconduit par le britannique modeste du capital du nouvel en- groupe : le recentrage sur l’automobile (83 % du cien patron de Mercedes, malgré un bilan flatteur. De- Habitués aux perspectives mirobo- BAe, DaimlerChrysler se retrouve semble. chiffre d’affaires) et le redressement de sa filiale aéro- puis, le cap est maintenu : en janvier dernier, la filiale lantes de l’industrie de l’informa- avec des positions dominantes Thomson-CSF, le groupe fran- nautique et spatiale (6 % du chiffre d’affaires). de téléphonie mobile Debitel a été introduite en tique et de la haute technologie, dans la plupart des métiers de l’aé- çais d’électronique de défense, Bourse. Pour le moment, seules les activités ferro- les investisseurs financiers récla- ronautique. Mais elle s’appuie aus- après avoir raté une union avec RETOUR À SES PREMIÈRES AMOURS viaires Adtranz, d’abord exploitées avec ABB et défici- ment une hausse des résultats. si sur une analyse réaliste de l’envi- GEC, semble le plus isolé dans le En mai 1998, la fusion avec Chrysler a définitive- taires, ont échappé au recentrage. Cette semaine encore, le groupe ronnement, économique et paysage européen. Le Français ment scellé le retour de Daimler à ses premières DaimlerChrysler Aerospace a dû aussi se plier à la d’électronique de défense Ray- politique. Les gouvernements eu- reste le numéro un européen dans amours : l’automobile. Le groupe est désormais nu- règle. Dirigée à partir de mai 1995 par un proche de theon a vu son action perdre plus ropéens, premiers clients des en- son secteur, légèrement devant méro deux mondial en termes de chiffre d’affaires, Jürgen Schrempp, Manfred Bischoff, la division subit de la moitié de sa valeur, après treprises de défense, veulent conti- l’électronique de BAe (7 milliards juste derrière l’américain General Motors qui fabrique alors les bouleversements de la géopolitique conti- avoir annoncé que ses résultats ne nuer de bénéficier d’une certaine de dollars de chiffre d’affaires pourtant 3 millions de véhicules de plus chaque an- nentale et souffre de la baisse des budgets militaires. seraient pas à la hauteur des espé- concurrence lors des appels contre 6 milliards) et largement née. Le nouvel ensemble germano-américain, avec Lourdement déficitaire, l’avionneur hollandais Fokker, rances des analystes... Englués d’offres militaires. Plutôt que de devant celle d’EADS (2 milliards), notamment ses marques Mercedes, Smart, Chrysler, contrôlé depuis avril 1993, est abandonné en jan- dans les difficultés de sa fusion faire entrer dans le jeu un rival mais il est trois fois plus petit que Jeep et Dodge, a vendu 4,5 millions de véhicules en vier 1996. DASA taille dans ses effectifs et cherche à avec McDonnell Douglas, Boeing a américain, ils préféreraient conser- son concurrent américain Ray- 1998. Il veut maintenant devenir le premier construc- développer ses activités civiles les plus rentables, no- perdu 30 % depuis l’opération et ver deux grands acteurs européens theon. Nul doute qu’il devrait être teur vraiment « global ». Très présente en Europe et tamment Airbus. « Ce chemin fut difficile, car nous son rival Lockheed Martin 35 %, qui s’affronteraient au bénéfice du l’objet des multiples attentions des aux Etats-Unis, l’entreprise vise, à terme, un quart du avons dû prendre des décisions douloureuses et impopu- depuis le début de l’année. contribuable. deux pôles européens. Mais marché asiatique. Après la fin des pourparlers avec laires », a rappelé Jürgen Schrempp, jeudi 14 octobre, Dans cette course à la concen- Les autorités chargées de veiller Thomson-CSF préférerait élargir Nissan, qui s’est finalement allié à Renault en mars, de tout en qualifiant désormais DaimlerChrysler Aero- tration mondiale, où s’arrêtera au respect des règles de concur- son propre périmètre et pourrait nouvelles acquisitions ne sont pas exclues. space de « partenaire attractif », qui regroupe 80 % de l’aéronautique européenne ? On rence commencent d’ailleurs à être le premier à tenter l’aventure En Europe, on prête à DaimlerChrysler des inten- l’aérospatiale et de la défense allemandes. pouvait imaginer que les deux s’émouvoir de la vague de rappro- américaine. tions de rapprochement avec Fiat, qui permettrait au nouveaux géants européens chements. Aux Etats-Unis, elles premier d’élargir sa gamme dans les petites voitures. Stéphane Lauer tombent dans les bras l’un de ont mis leur veto au rachat de Nor- C. J. D’ailleurs, peu avant la fusion annoncée hier, le titre et Philippe Ricard (à Strasbourg) Réactions politiques favorables en France, dépit anglais et bon accueil italien

b Camouflet pour Londres : le dépit... sensible dans l’édition du général de la société, John Weston, accueilli la fusion franco-alle- L’américain Boeing, grand rival semblée nationale) a salué « une « La fusion entre DASA et Aerospa- 15 octobre du Financial Times qui germanophile invétéré, qui envisa- mande. Cette opération « imprime d’Airbus, a estimé prudemment étape historique dans la construc- tiale rappelle que, malgré les soup- s’en prend dans la Lex column,à la geait de relancer les négociations une forte accélération au processus que la fusion ne « lui posait pas de tion de l’Europe de l’armement. (...) çons et les malentendus, l’Europe « Maginot merger ». avec DASA dès la conclusion de de consolidation de l’industrie aéro- problème tant qu’elle ne comprend La présence en son sein d’action- s’organise en fin de compte autour « La fusion est un pas très utile l’opération d’absorption de Mar- nautique et de défense en Europe », pas un abandon de la dette, ou une naires de référence puissants, dont du noyau dur franco-allemand. » vers la création de la société coni. « BAe se trouve désormais en indique le groupe public dans un injection de capitaux publics ». l’Etat français, garantit un équilibre Cette remarque d’un banquier an- commune Airbus. Il ne reste plus dé- dehors de l’Europe de la défense », bref communiqué. Un sentiment b Satisfactions politiques fran- entre l’impératif de rentabilité et glais, que nous rapporte notre cor- sormais qu’à finaliser les négocia- souligne le quotidien The Inde- partagé par le ministre de l’indus- çaises : Le député et maire UDF de l’ambition industrielle de long terme. respondant à la City, Marc Roche, tions bilatérales entre BAe et le nou- pendent. L’avenir ? La City est divi- trie italien, Pier Luigi Bersani. Il a Toulouse, Dominique Baudis, a es- La fusion peut laisser espérer à court souligne combien l’annonce du vel ensemble pour que la compagnie sée. Le quotidien The Guardian ré- souligné que le rapprochement timé jeudi soir que la fusion DASA- terme la constitution d’Airbus en so- 14 octobre est ressentie comme un unique puisse voir le jour. » British sume une stratégie possible pour « peut constituer une étape impor- Aerospatiale Matra faisait passer ciété commerciale intégrée, ce qui camouflet par Londres. Dans ce Aerospace (BAe) fait contre mau- BAe : « se garder la porte ouverte tante vers la restructuration de l’in- « l’aéronautique européenne à la vi- lui ouvre de nouvelles perspectives dossier sensible de l’industrie de la vaise fortune bon cœur, estimant pour forger le cas échéant une al- dustrie européenne de l’aéronau- tesse supérieure ». Grâce à ce ma- de développement. (...) Sur le plan défense, la stratégie britannique que cette fusion constitue une liance transatlantique plus facile à tique et de la défense ». Le patron riage, « les décisions pourront se politique, l’entente franco-alle- était claire : détacher les Allemands étape importante vers la transfor- réaliser vu sa forte culture anglo- de DASA, Manfred Bischoff, a af- prendre plus vite, ce qui permettra mande, qui constitue l’un des préa- de leur allégeance française afin de mation d’Airbus, dont l’avionneur saxonne ». firmé jeudi que Finmeccanica était de gagner du terrain face au lables indispensables à la construc- construire avec eux les prémices britannique détient 20 %. Le ma- b Approbation italienne : Le « tout à fait le bienvenu » dans la concurrent Boeing... », conclut-il. tion d’une authentique Europe de la d’une Europe de l’armement riage franco-allemand n’en est pas groupe de défense et d’aéronau- nouvelle société EADS. Paul Quilès (PS, président de la défense, est vigoureusement relan- moins hostile à Washington. D’où moins un revers pour le directeur- tique italien Finmeccanica a bien b Prudence américaine : commission de la défense à l’As- cée ». LeMonde Job: WMQ1610--0020-0 WAS LMQ1610-20 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 10:33 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 1825 Lcp: 700 CMYK

20 COMMUNICATION LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 « Le Parisien » se lance dans la bataille de la presse du dimanche Après « L’Equipe », le groupe Amaury crée une édition dominicale en Ile-de-France et dans l’Oise, avec un objectif de 210 000 exemplaires, tandis que le « Journal du dimanche » se renforce avec un cahier parisien AVEC la sortie du Parisien-Di- journal dominical ? Le Parisien-Di- A la faveur d’une relance en pression – à l’imprimerie du prix de 8 francs. Mais il n’envisage bénéficier de nouvelles possibilités manche, le 17 octobre, le groupe manche ne devrait guère se distin- mars, le JDD a reconquis une partie Monde –, et reste pour l’instant li- pas de lancer d’autre contre-offen- d’impression, dans l’Ouest et le Amaury s’attaque pour la guer de l’édition habituelle. Il a été de son lectorat perdu. Passée sous mitée à l’Ile-de-France et aux ré- sive pour tenter de conserver les Sud, où il reste édité en grand for- deuxième fois au marché de la conçu dans une « stratégie de fidéli- la barre des 300 000 exemplaires gions de diffusion proches. Ces quelque 30 % à 35 % de lecteurs fi- mat. presse dominicale. Le projet mûrit sation pour inciter les lecteurs à nous (298 000) en 1998, la diffusion ac- changements ont favorisé une dèles au Parisien qui se reportent Deux formules et deux prix diffé- depuis plus de cinq ans au siège de lire tous les jours », précise Jacques tuelle serait remontée à un peu nette augmentation des capacités sur lui le dimanche, et que le rents : la bataille entre Le Parisien- Saint-Ouen. Forts du succès de Guérin. Dans cette logique, peu de plus de 315 000, dont 140 000 en ré- et des ressources publicitaires, en groupe Amaury entend bien ré- Dimanche et le Journal du di- L’Equipe-Dimanche, lancé après la bouleversements ont été apportés. gion parisienne, alors que l’hebdo- hausse de 70 %, assurant dès 1999 cupérer. « Nous comptons, au manche peut commencer. Elle sera Coupe du monde de football – qui Journal de proximité et traitement madaire du groupe Hachette – éga- un retour à l’équilibre, selon l’édi- contraire, renforcer notre offre édito- observée avec attention par les affiche, depuis le début de l’année, de l’actualité chaude : la ligne édi- lement actionnaire à 25 % du teur. riale vers le haut de gamme », as- autres titres de la presse nationale une diffusion de 273 000 exem- toriale du Parisien s’appliquera à groupe Amaury – s’est fixé pour En prévision de l’arrivée du Pari- sure le directeur de la rédaction. qui, à des degrés divers, réflé- plaires –, les dirigeants du groupe l’édition dominicale. objectif de gagner 50 000 numéros sien-Dimanche, le JDD a créé, fin Selon lui, « les lecteurs du dimanche chissent à une amélioration de ont franchi le pas en proposant une Elle proposera un traitement ex- en trois ans. La formule a bénéficié septembre, un supplément « Pa- attendent un autre journal que celui leurs éditions du week-end. nouvelle édition du quotidien ré- haustif des résultats sportifs et des d’une modification de son format ris » auquel s’ajoute le supplément qu’ils lisent durant la semaine ». Le gional pour les lecteurs de Paris, événements de la région. Mais et de nouvelles conditions d’im- « Fémina » de Hachette pour un JDD ne désespère pas non plus de Michel Delberghe seule l’édition de l’Oise conservera un cahier spécifique. Avec une qua- Le déclin des « Sunday rantaine de pages pour un prix qui passera de 5 à 6 francs par rapport Grandes manœuvres dominicales dans la presse suisse papers » britanniques à la semaine, Le Parisien-Dimanche devrait être étoffé de rubriques de BERNE se faire de cadeaux, sur fond de chassé-croisé lancement du journal dominical Il Caffè en Jadis institutions du jour du détente et de loisirs. de notre correspondant des journalistes entre les deux groupes. Suisse italienne. Seigneur, les journaux domini- Cinq ans après la disparition en 1994 de La En proposant un nouveau titre, Ringier s’en Une douzaine de journalistes s’activent à caux britanniques connaissent CRÉER DES POINTS DE VENTE Suisse de Genève, la Suisse romande disposera prend au monopole de fait de son rival lausan- préparer la naissance de dimanche.ch. Le nou- de grandes difficultés. Au cours Avant le lancement de ce projet, prochainement de deux, voire trois, journaux nois sur le marché particulièrement rentable veau journal reprendra une partie des articles de la dernière décennie, leur ti- deux obstacles ont dû être surmon- dominicaux. Défiant le monopole du Matin- de la presse dominicale romande. Tirant à de SonntagsBlick, qui seront adaptés en fran- rage total est tombé de 18 mil- tés. En interne, un accord, signé en Dimanche du groupe lausannois Edipresse, 230 000 exemplaires et se prévalant de çais. Moins volumineux que Le Matin, il sera lions d’exemplaires à 14,8 mil- juin avec les syndicats, a prévu l’éditeur zurichois Ringier s’apprête à lancer 600 000 lecteurs pour une région de moins aussi deux fois moins cher, son prix ne devant lions. La chute des ventes touche l’embauche de vingt-cinq journa- fin novembre dimanche.ch. Edipresse a aussi- d’un million et demi d’habitants, Le Matin-Di- pas dépasser 2 francs suisses (8 francs) pour l’ensemble des titres, à l’excep- listes dans une rédaction qui en tôt réagi en annonçant une nouvelle formule manche profite largement de sa position do- 48 pages. Ringier prévoit un tirage de tion du Sunday Times et du Mail comptait 287. Cette augmentation du Matin et en réactualisant un projet d’édi- minante : la page de publicité coûte deux ou 50 000 exemplaires et un chiffre d’affaires an- on Sunday. Les tabloïds (Sunday se justifie par un fonctionnement tion dominicale du quotidien genevois Le trois fois plus qu’en semaine, tandis que le nuel de 8 à 10 millions de francs suisses dans Mirror et Sunday Express) et les en continu, sept jours sur sept, et Temps. Une équipe a été constituée et plu- chiffre d’affaires de l’hebdomadaire se situe les cinq ans. journaux de qualité de gauche par l’application de la réduction du sieurs études sont en cours. entre 60 et 70 millions de francs suisses par an Le marché romand n’est-il pas trop exigu comme The Observer ou The Inde- temps de travail à 35 heures. Alors qu’un accord tacite avait jusqu’à (240 à 280 millions de francs). pour compter plus d’un journal dominical ? De pendent on Sunday sont parti- Deuxième handicap : la distribu- présent permis aux deux groupes de se parta- telles considérations avaient conduit, en mars culièrement touchés par cette tion, dans une région où la moitié ger l’essentiel du marché romand (les maga- MARCHÉ EXIGU 1998, à la fusion du Nouveau Quotidien de Lau- baisse. Selon le consultant Roy des points de vente sont fermés le zines L’Illustré et L’Hebdo pour Ringier, les Les responsables de Ringier avancent qu’ils sanne et du Journal de Genève pour donner Greenslade, le développement dimanche. Soucieux de « ne pas quotidiens 24 Heures, Le Matin, La Tribune de souhaitent élargir la concurrence en propo- naissance au Temps. En 1993 déjà, Le Nouveau des éditions du samedi des quo- fragiliser le réseau existant », les di- Genève et Le Temps pour Edipresse), les diver- sant un journal différent, de lecture rapide et Quotidien avait dû renoncer à son édition do- tidiens nationaux, l’évolution des rigeants du Parisien ont cherché des gences d’intérêts ont éclaté à la mi-septembre, s’adressant à un public plus jeune. Principal minicale. Une autre tentative, celle d’Info Di- loisirs dominicaux en dehors du points de diffusion complémen- quand Ringier a révélé la création d’un nou- éditeur du pays et propriétaire du journal à manche à Genève, avait fait long feu en mars, foyer et le succès des chaînes de taires, dans des commerces de veau journal dominical de langue française. grand tirage Blick, Ringier affirme également après moins d’une année d’existence. télévision sportives expliquent ce proximité et par la vente à la criée. Depuis, les rédactions sont en effervescence et sa volonté d’être présent dans les trois régions marasme qui s’est fortement ag- Appartenant au même groupe, les deux concurrents ne semblent pas vouloir linguistiques du pays après sa participation au Jean-Claude Buhrer gravé au cours des deux der- Le Parisien et L’Equipe espèrent nières années. – (Corresp.) toutefois représenter un niveau de ventes suffisant pour susciter l’ou- verture de kiosques supplémen- d’Ile-de-France et de l’Oise. Le pari taires. Le CSA cherche sa place dans la régulation d’Internet est risqué. Avec l’objectif d’at- L’arrivée de cette concurrence ne PROFESSIONNELS d’Internet et qui concerne la vie privée, le res- ternet, comme il y a des paradis fis- un univers international décentrali- teindre rapidement 210 000 exem- semble pas inquiéter outre mesure de l’audiovisuel et juristes étaient pect de l’enfant, les droits d’auteur caux », il a estimé que sé », elle a défendu l’idée d’un orga- plaires et un équilibre en 2001, l’équipe du Journal du dimanche réunis, jeudi 14 octobre, sous l’égide et des marques. En revanche, il a re- l’établissement de critères de label- nisme de corégulation pour «éla- Jacques Guérin, le directeur géné- qui, jusqu’alors, occupait seul le du Conseil supérieur de l’audiovi- connu que la compétence territo- lisation ne peut pas relever des borer des règles de fonctionnement et ral, poursuit la mise en œuvre d’un terrain en région parisienne. « Se- suel (CSA) pour une journée riale du juge constitue une limite à seuls professionnels. de comportements », pouvant plan de croissance et d’expansion rein mais attentif », Jean-Claude d’étude sur Internet. Les partici- l’efficacité de son action face à cette Professeur de droit, Marie-Anne contribuer à la réflexion sur le plan destiné à rétablir l’équilibre des Maurice, directeur de la rédaction pants ont d’abord tenté de définir la Toile qui permet de diffuser une in- Frison-Roche a estimé que l’appli- international. comptes. Une première étape a été du JDD, préfère souligner la fabu- place de la communication audiovi- formation sur toute la planète. cation du droit général de la En conclusion, Hervé Bourges, franchie avec le « toilettage » de la leuse progression de la presse do- suelle sur la Toile. Alain Le Diber- concurrence n’était pas suffisante président du CSA, a estimé que l’ex- maquette du quotidien et de son minicale. En un an, ce marché a ga- der, directeur des nouveaux pro- DANGER DE L’ANONYMAT et elle a plaidé pour « une interpé- pertise acquise par l’organisme qu’il édition nationale, Aujourd’hui. gné plus d’un million grammes à Canal+ a soutenu que Les professionnels ont rappelé nétration des outils » et «un préside sur la signalétique appli- L’opération se serait traduite par d’exemplaires, alors qu’il représen- les produits éducatifs et d’informa- qu’ils ont rédigé une sorte de charte échange entre les doctrines de régu- quée aux émissions de télévision lui une augmentation des ventes de tait une diffusion de 3,5 millions en tion sont ceux qui se développent le de fonctionnement « Pratiques et lation pour obtenir une doctrine co- donne une légitimité pour la labelli- 3 % à 4 %, malgré d’importants re- 1997. Depuis, Ouest-France, Le Télé- plus et qu’« Internet est un manchot usages », mais ils ont souligné le hérente ». sation sur le Web. Il a aussi plaidé tards de distribution dus aux diffi- gramme de Brest et les quotidiens en matière de distraction ». Une ma- danger de l’anonymat, « qui est la « Tous les acteurs ont un rôle à pour la « diversité culturelle » : «On cultés techniques de l’imprimerie. du groupe Hersant dans l’Ouest se nière d’affirmer qu’il n’est pas un base de tous les dérapages ». « Il fau- jouer », a estimé Isabelle Falque- doit se demander si les pouvoirs pu- Quotidien du septième jour ou sont lancés dans l’aventure. concurrent sérieux pour la télévi- dra une régulation internationale », Pierrottin, auteur du rapport du blics n’ont pas pour première mission sion. a souhaité Jean-Louis Piette, direc- Conseil d’Etat, qui a inspiré les déci- de donner à des sites offrant de l’in- Le député PS, Patrick Bloche, au- teur délégué pour les affaires euro- sions de Lionel Jospin, premier mi- formation d’intérêt général des aides teur des amendements au projet de péennes et communautaires au nistre, sur la régulation d’Internet. adaptées. » loi sur l’audiovisuel a réaffirmé que groupe Lagardère. Après avoir re- Après avoir décrit « les limites de « la communication par réseau n’est douté « la création de paradis d’In- l’approche normative classique dans Françoise Chirot pas la communication audiovi- suelle » et qu’elle n’a pas besoin d’être régulée par un organisme spécifique, tel que le CSA. La plus grande partie des débats a justement été consacrée aux dif- férents modes de contrôle et de ré- gulation d’Internet. Jean-Jacques Gomez, premier vice-président du tribunal de grande instance de Paris a rappelé que le droit s’applique à Internet, notamment pour tout ce

DÉPÊCHES a PRESSE : le conseil de surveil- lance de La Voix du Nord a déci- dé officiellement de vendre La Liberté de l’Est, filiale à 65 % du groupe lillois, mercredi 13 octo- bre. La vente à des « partenaires de l’Est » – Est républicain et Répu- blicain Lorrain (actionnaire à 35 %) – est conditionnée à la ga- rantie de l’emploi, de l’identité ré- dactionnelle et de l’outil indus- triel. Le montant de la transaction est d’un peu plus de 29 millions de francs pour les 65 % de La Liberté de l’Est, qui a renoué avec les bé- néfices et réalise un chiffre d’af- faires de 88 millions de francs. – (Corresp.) a AGENCES DE PRESSE : Lionel Jospin estime que le projet de plan stratégique de l’Agence France Presse (AFP) « doit d’abord être examiné au sein de l’AFP ». « Je vais voir comment les choses évoluent et, en fonction de cela , j’aurai un point de vue à ex- primer », a déclaré le premier mi- nistre, jeudi 14 octobre, en marge des assises de l’Association des petites villes de France à Léognan (Gironde). LeMonde Job: WMQ1610--0021-0 WAS LMQ1610-21 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 12:58 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 1826 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS ¼ LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / 21

EUROPE

ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT 100 PARIS CAC 40

SITVDSV SWSUDQH RSRRDUT

SRVQ RURS

AFFAIRES b NATIONAL POWER : le TQVI M. Greenspan mique EPA dans son rapport d’oc-

SQVP RTRI

groupe britannique National TPVV tobre, mais il n’y a toujours pas de

SPVI RSQT

Power a lancé jeudi une guerre TIWS met en garde véritable redémarrage de la de-

INDUSTRIE des prix sur le marché de mande privée, selon une étude de la SIVH RRQP

b LVMH : le président du géant l’électricité en Grande-Bretagne, TIHI Banque du Japon pour le même

SHUW RQPV

THHV les opérateurs

français du luxe, Bernard en promettant d’être plus mois.

RWUV RPPQ

Arnault, a commenté les récentes compétitif que tous ses [[[SWIS [[[ [[[boursiers a La masse monétaire japonaise

PP tF P ƒF IS yF PP tF P ƒF IS yF acquisitions du groupe en Italie. concurrents. Grâce aux nouveaux PP tF P ƒF IS yF a progressé de 3,3 % en septembre « La stratégie est de développer tarifs, les consommateurs LES GESTIONNAIRES de porte- par rapport à son niveau du même Indices cours Var. % Var. %

Fendi, Prada et Vuitton » pour en pourront faire des économies de Europe 12 h 30 f se´lection 15/10 14/10 31/12 feuilles pourraient sous-estimer le mois de 1998, après une hausse de

± HDWR WDSQ faire d’ici « trois à cinq ans » une 75 à 100 livres (115 à 153 euros) EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ SH QTTHDVT facteur risque dans la gestion des 3,5 % en août et de 3,9 % en juillet, a

± QTPHDRS IDPP WDHR affaire de taille « comparable à sur leurs factures annuelles de EUROPE ƒ„yˆˆ SH portefeuilles financiers, a estimé, annoncé vendredi la Banque du Ja-

± QITDVR HDVH TDIW Gucci ». Alors que Calvin Klein gaz et d’électricité, affirme la EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR jeudi 14 octobre, le président de la pon (BoJ).

± HDWW UDUQ cherche un partenaire, il a compagnie britannique. EUROPE ƒ„yˆˆ TSQ QHHDUV Réserve fédérale américaine, Alan a Le nombre de défaillances

± RSRRDUT HDVS ISDPU reconnu que « cela peut être PARIS geg RH Greenspan. d’entreprise au Japon a reculé de

± IWPIDUH HDQH ITDTQ cohérent d’avoir une marque b ALL NIPPON AIRWAYS : la PARIS wshgeg Dans une intervention devant une 21,1 % au premier semestre de

± QIPPDIT HDWQ IUDSR américaine ». plus grande compagnie PARIS ƒfp IPH assemblée de banquiers à Washing- l’exercice fiscal, terminé en sep-

± PWTQDIR HDSW IVDSQ

aérienne asiatique est devenue PARIS ƒfp PSH ton, M. Greenspan a notamment tembre, par rapport à la même

e  ± PIRRDHV HDQQ UDIP

b AVENTIS : la naissance du le 9 membre de Star Alliance. PARIS ƒigyxh we‚gri estimé que, si les valorisations ac- période de l’an passé, pour s’établir

± SQWDVP IDQT HDPU

groupe franco-allemand des Singapour Airlines sera le AMSTERDAM eiˆ tuelles des actions en Bourse ré- à 7 919 cas, a annoncé vendredi la

± QHHWDUT HDRV IRDQT

sciences de la vie va se traduire 10e membre de cette alliance au BRUXELLES fiv PH pondent à des facteurs tempo- société privée d’analyse crédit Tei-

± SITVDSV HDWW QDPR

aux Etats-Unis par un printemps prochain, tandis que FRANCFORT heˆ QH raires, « les gestionnaires de koku Databank.

± SWSUDQH IDQT IDPU

regroupement des sites, a Mexicana Airlines s’y joindra en LONDRES p„ƒi IHH portefeuilles pourraient découvrir

± ± WRUPDVH HDVH QDUH

annoncé jeudi 14 octobre le été 2000. MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi qu’ils sous-estiment les risques de a ZONE EURO : les banques cen-

± ± QPPVPDHH IDQH VDIT

groupe sans chiffrer les MILAN wsf„iv QH crédit présentés par des prêts aux trales de la zone euro et la Banque

± ± TVIWDWH IDWI RDUT suppressions d’emplois. Le site ZURICH ƒ€s particuliers, basés sur la valorisation centrale européenne sont prêtes à de Rhône-Poulenc Rorer à FINANCE en Bourse d’actifs, et surestiment les fournir en liquidités les marchés et Collegeville (Pennsylvanie), b RABOBANK : la banque AME´ RIQUES bénéfices présentés par la diversifi- les particuliers pour le passage à 1 650 personnes, sera fermé à la coopérative néerlandaise et cation de ces portefeuilles ». l’an 2000, si le besoin s’en fait sen- fin 2000, et ses activités son homologue allemande DG NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR « Les gestionnaires de risque de- tir, affirme jeudi la BCE, dans son

transférées vers le nouveau siège Bank ont annoncé vendredi vraient au minimum passer en revue bulletin mensuel.

IHPVTDE PVHTDVR

américain d’Aventis Pharma. 15 octobre la conclusion d’une IDHV les axiomes qui sous-tendent leurs a La BCE note dans son rapport

IIQPT PWIS alliance stratégique qui se IDHW modèles et mettre de côté des res- mensuel que les écarts d’inflation

IIIHQ PVQH b DEUTSCHE TELEKOM : traduira dans un premier temps IDHV sources plus grandes, en réserves ou entre les pays de la zone euro sont

l’opérateur allemand des par la fusion de leurs activités de en capital, pour couvrir les pertes qui très faibles comparés à ceux qui IHVVI PURS

télécommunications a retenu, banque d’affaires et IDHU se produisent inévitablement quand, existaient avant la monnaie unique.

IHTSV PTTH

neuf candidats étrangers au d’investissement. IDHT de temps à autres, les investisseurs Enfin, tout en estimant que l’amé-

IHRQS PSUS

rachat d’une participation IDHS perdent confiance », a-t-il notam- lioration de la situation écono-

IHPIQ PRWH

majoritaire ou minoritaire de ses b AXA : l’assureur a annoncé IDHR ment suggéré. mique dans la zone euro devrait se

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PP tF P ƒF IR yF PP tF P ƒF IR yF réseaux câblés. Selon le quotidien vendredi la généralisation en PP tF P ƒF IS yF a Près d’un foyer américain sur poursuivre, elle appelle à une Frankfurter Allgemeine Zeitung, France du remboursement dix n’a pas de quoi subvenir à ses grande vigilance face à la forte pro- Indices cours Var. % Var. % les candidatures des allemands intégral du vaccin et d’un Ame´rique 09 h 50 f se´lection 14/10 veille 31/12 besoins alimentaires en dépit de la gression du crédit.

Mannesmann et VIAG ont été nouveau médicament antigrippe ´ forte croissance économique aux ETATS-UNIS hy‡ tyxiƒ IHPVTDTI HDSQ IPDHR

délaissées au profit de celles du (Relenza) qui ne sont pas ´ Etats-Unis, a annoncé jeudi le se- a FRANCE : l’activité industrielle ± ETATS-UNIS ƒ8€ SHH IPVQDRP HDIU RDRI

néerlandais UPC, du britannique remboursés par la Sécurité ´ crétaire d’Etat à l’agriculture, Dan en France « devrait continuer de ETATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i PVHTDVR HDPH PVDHI

NTL, et des américains Murdoch, sociale. Cela concerne le million Glickman. progresser dans tous les secteurs » ± TORONTO „ƒi sxhiˆ TWTWDTS HDWT UDRT

Microsoft et Callahan Associates. de clients individuels en a Le secrétaire américain au Tré- au cours des prochains mois, après SAO PAULO fy†iƒ€e IIQQHDHH HDPW TUDHI

assurance-santé d’Axa, sans sor, Lawrence Summers, a estimé avoir nettement progressé tous ± MEXICO fyvƒe PVQDTP HDWQ PP

condition d’âge. Actuellement le jeudi qu’il était immoral pour les secteurs confondus en septembre, BUENOS AIRES wi‚†ev SIRDWH HDVT IWDUQ

SERVICES vaccin n’est remboursé par la Etats-Unis d’imposer des restric- selon l’enquête de conjoncture SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev IPIDIR HDIT SUDQP

± SRSRDWH HDSQ IQDWI b TRANSPORT FERROVIAIRE : Sécurité sociale que pour les CARACAS ge€s„ev qixi‚ev tions aux exportations des pays mensuelle, publiée jeudi par la la généralisation de la assurés âgés de plus de 70 ans. pauvres d’Afrique. Banque de France. régionalisation du service a Le Sénat américain a approuvé ferroviaire sera proposée au b ABN AMRO : après la ASIE - PACIFIQUE un décret prévoyant une aide d’ur- a ITALIE : le gouverneur de la Parlement en janvier, dans le Deutsche Bank, le néerlandais a gence record de 8,7 milliards de Banque d’Italie, Antonio Fazio, a cadre de la loi « urbanisme, indiqué jeudi 14 octobre son TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng ¤URO / YEN dollars pour aider les agriculteurs à estimé jeudi qu’il fallait réduire de

habitat et déplacement », a intérêt pour une collaboration faire face à la sécheresse, aux inon- manière « substantielle » la pres- IUTHIDSU IIRDUU

annoncé jeudi le ministre des avec la Société générale. IPQHSDQT dations et à la chute des prix agri- sion fiscale pour améliorer «la IVPQQ IPR

transports, Jean-Claude Gayssot, IQVTH coles. compétitivité » de l’économie ita-

IUWSI IPH

aux « premières assises de b CHAMPALIMAUD : le IQSRW a Les ventes de détail aux Etats- lienne, jugeant nécessaire une « ré-

IUTTV IIU

l’infrastructure ferroviaire ». ministre portugais des finances, IQPQV Unis ont progressé de 0,1 % en sep- forme » du système des retraites.

IUQVT IIR

Antonio Sousa Franco, a invité IPWPU tembre, contre une hausse de 1,5 %

IUIHQ III b TRANSPORT AÉRIEN : deux jeudi 14 octobre le Banco IPTIT en août, a annoncé le département a ROYAUME-UNI : la confiance

des trois principaux syndicats Santander Central Hispano du commerce, jeudi. des industriels britanniques a ITVPI IHU

de navigants, l’UNAC-CGC et le (BSCH) et le groupe [[[IPQHS [[[ [[[ progressé au troisième trimestre er

PP tF P ƒF IS yF ƒF IS yF PP tF P ƒF IS yF

SNPNC, ont respectivement financier portugais PI tF I a CANADA : le Canada devrait 1999 au plus haut depuis deux ans annoncé jeudi soir et vendredi Champalimaud à « déchirer Indices cours Var. % Var. % connaître une croissance de 3,6 % et demi, selon une étude des Zone Asie 09 h 50 f se´lection 15/10 14/10 31/12

matin qu’ils levaient le préavis de l’accord » qu’ils ont conclu le pour 1999 et de 3,1 % pour chambres de commerce britan-

± IUTHIDSU I PUDIT

grève qu’ils avaient déposé pour 7 juin et à en « faire un autre ». TOKYO xsuuis PPS l’an 2000, a indiqué jeudi la branche niques (BCC) publiée jeudi.

± IPQHSDQT IDRS PPDRT

protester contre l’application de « La Cour européenne de justice HONGKONG rexq ƒixq canadienne du Conference Board,

HDHH FFFF RVDPU

la réduction du temps de travail. donnera raison au Portugal, SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ dans son rapport trimestriel. a BULGARIE : l’économie bul-

´

± IHQDUH HDQW SWDTW

Cette suspension intervient après c’est-à-dire, qu’elle va annuler la SEOUL gyw€yƒs„i sxhiˆ gare devrait connaître un taux de

± evv y‚hsxe‚siƒ PVTPDQH IDQR IDUR

la nomination d’un conciliateur demande de suspension du veto a JAPON : la situation écono- croissance de 1,5 % en 1999, selon

± BANGKOK ƒi„ PUDHQ IDHQ SDPT

par le ministère des transports. portugais » formulée par la mique du Japon s’améliore «mo- le chef de la mission du Fonds mo-

± BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ RWUPDIR PDHQ TPDUQ

Le SNPL n’avait pas pris sa Commission européenne, a dérément », a estimé vendredi nétaire international (FMI) pour la

± WELLINGTON xƒiERH PIHTDIP IDHS IDWV décision vendredi matin. affirmé le ministre. l’agence de planification écono- Bulgarie, Uha Kaekonaen.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

¤uro contre f Taux contre franc f Taux ¤uro contre f 14/10

¤ HDISPRS UDRQQH FRANC...... TDSSWSU URO ...... COURONNE DANOISE.

QDQSQVS VDQHUH

Action Sodexho PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVE´GIENNE QDQVUUR VDURSH

Sodexho Alliance accélère LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUE´DOISE ...... QDWRPQV QTDWUQ PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHE`QUE

euro LA BOURSE de Paris conservait, à la LA BOURSE de New York a termi- QDPUIWH IDTSPV en à Paris ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

mi-séance, vendredi 15 octobre, né la séance du jeudi 14 octobre RDUTUHQ IDSWRT SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

sa croissance interne 175 VDQPVWR PDIISR

147,5 l’orientation baissière prise à l’ou- en légère hausse. L’indice PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NE´O-ZE´LAND

PDWUTTH QPVDWS

« LONGTEMPS accaparé par la fu- le 14 oct. verture du marché. Son indice Dow Jones des principales valeurs FLORIN NE´ERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NE´ERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

IDTPTHU PSUDVR

170 FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

IDIHQPR RDQVUH sion avec le spécialiste de l’hôtellerie, phare, le CAC 40, abandonnait a progressé de 0,53 %, à MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... l’américain Marriott Management 0,42 %, à 4 564,20 points. Pour la 10 286,61 points. 165 Services, qui l’avait clairement péna- troisième séance consécutive, la Toutefois, les propos tenus, après Cours de change croise´s lisé sur le plan commercial, puisqu’il Bourse de Paris avait, jeudi, terminé la clôture, par le président de la lui avait fallu regrouper les sièges des 160 la séance en perte de 0,42 %, à Réserve fédérale américaine, Alan Cours Cours Cours Cours Cours Cours 15/10 12 h 30 f DOLLAR YEN(100) ¤URO FRANC LIVRE FR. S.

deux entités et mettre en place un 4 583,63 points, dans le sillage de Greenspan, sur les risques de DOLLAR ...... FFFF HDWRTQH IDHVTPH HDITSTI IDTTSVH HDTVRPV

nouveau management, Sodhexo est 155 Wall Street et sur fond de tensions chute des marchés boursiers ont

YEN ...... IHSDTUSHH FFFF IIRDUUSHH IUDSHHHH IUTDHQHHH UPDQISHH

parvenu à se remobiliser », se féli- sur les taux d’intérêt à long terme. provoqué un repli des cours dans ¤URO...... HDWPHTR HDVUIPU FFFF HDISPRS IDSQQTH HDTPWWS

cite Anne Meilhac, analyste chez 150 les transactions hors séance. Le FRANC...... TDHQVIS SDUIRUH TDSSWSU FFFF IHDHSWSS RDIQPPS

BNP Equities, qui recommande le contrat sur l’indice boursier Stan- LIVRE...... HDTHHQI HDSTVIH HDTSPIH HDHWWRH FFFF HDRIHVH FRANCFORT FRANC SUISSE ...... IDRTIRH IDQVQQH IDSVUPS HDPRPHS PDRQRQH FFFF titre à l’achat. Qui plus est, le 145 dard and Poor’s a perdu plus de groupe affiche, pour l’ensemble de À LA BOURSE de Francfort, le mar- dix points. l’année, une croissance de son 140 ché était mal orienté en milieu de Taux d’inte´reˆt(%) Matif chiffre d’affaires consolidé de journée, vendredi. L’indice DAX cé- J J A S O TAUX Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier 42,9 % (à taux de change constant), dait 0,50 %, à 5 194,17 points. La Taux 14/10 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 12 h 30 f 15/10 prix prix

1999 Notionnel 5,5

PDRV SDPR SDWQ

à 59,3 milliards de francs, en ligne veille, comme les autres places bour- LES MARCHÉS obligataires euro- FRANCE ...... PDRT

VRDTQ VRDSS

Source : Bloomberg DE´CEMBRE 99. QRVH PDTP SDIH SDVS

avec ses prévisions. Pierre Bellon sières européennes, il avait clôturé péens ont ouvert sur une note ALLEMAGNE .. PDRT

Euribor 3 mois

SDPP SDSV RDVU

avait annoncé en juin dernier qu’il en baisse, terminant la séance sur un stable, vendredi 15 octobre. La GDE-BRETAG. RDWR

FFFF FFFF FFFF PDST SDQV TDHW ITALIE...... PDRT OCTOBRE 99 ...

HDHP IDUT FFFF prévoyait pour l’exercice une crois- célérer depuis le début de l’exercice repli de 1,41 %, à 5 220,29 points. veille, ils avaient très fortement JAPON...... HDHS

RDUT SDWP TDHT

sance de 40 % de son chiffre d’af- 1998-1999 (clos au 31 août), en affi- baissé, le rendement de l’obliga- E´TATS-UNIS... SDPP

HDWU QDIT RDIU SUISSE...... HDSV

faires et de 56 % de son résultat net. chant un rythme de 5,2 % au pre- tion assimilable du Trésor (OAT) Pe´trole PDST SDPV SDWS PAYS-BAS...... PDRI Si la gestion de l’Asie reste difficile, mier trimestre, 4,8 % au deuxième LONDRES français à dix ans remontant jus- En dollars Cours Var. % le groupe a enregistré un léger re- et 3,8 % au troisième, il a connu un L’INDICE FOOTSIE se repliait for- qu’à 5,60 %. Aux Etats-Unis, le f 14/10 veille

Matie`res premie`res

FFFF dressement en Amérique latine et rebond significatif au quatrième tement de 1,49 %, à 5 949,30 points, taux de l’emprunt à 30 ans avait BRENT (LONDRES) ...... PPDHV

± P WTI (NEW YORK) ...... PP

connu un bon second semestre en trimestre (+ 7 %), ce qui lui permet en milieu de séance vendredi. La atteint 6,32 %. Cours Var. %

± IDHR En dollars LIGHT SWEET CRUDE .... PPDRT France et en Angleterre. La Bourse d’afficher une progression de 5,4 % Bourse de Londres avait terminé en f 14/10 veille

est venue saluer ces bons chiffres : en la matière (hors Sodexho Mar- baisse, la veille, de 1,21 %, à ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± HDQP

en début de séance, vendredi 15 oc- riott Services) sur l’ensemble de 6 039,4 points, sous l’influence de MONNAIES CUIVRE 3 MOIS...... IUQPDS Or

± HDQQ ALUMINIUM 3 MOIS ...... ISHP

tobre, la valeur s’appréciait de l’exercice. Une meilleure segmen- Wall Street, alors que les craintes de L’EURO s’inscrivait en nette ± HDPW

PLOMB 3 MOIS ...... SHVDS Cours Var %

± HDQI

1,22 % à 149,30 euros. Depuis l’an- tation des marchés, le développe- relèvement des taux d’intérêt britan- hausse, vendredi matin 15 octo- ETAIN 3 MOIS ...... SRIV En ¤uros f 14/10 13/10

± HDTI

nonce des résultats semestriels, le ment des marques internes, l’ex- bre, lors des premières transac- ZINC 3 MOIS...... IIQV

C

IDHT

niques ont été renforcées par l’an- OR FIN KILO BARRE ...... WSSH

± HDRI

NICKEL 3 MOIS ...... UQTH

C

HDSP

titre n’avait cessé de se déprécier. tension de la gamme de services, la nonce d’une nette reprise de la tions entre banques européennes. ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE OR FIN LINGOT...... WTHH

FFFF

Après un sommet de 170,30 euros mise en place de structures grand Il cotait 1,0833 dollar, le billet vert ONCE D’OR (LO) $ ...... QHU ±

PDRW

confiance dans l’industrie. ARGENT A TERME ...... SDRV C QDPU

PIE`CE FRANCE 20 F...... SQDUH

er HDVW

PLATINE A TERME ...... SWWHVDIQ le 1 juillet, il était retombé à compte ont permis cette reprise. s’étant replié, durant la nuit, à la C IDII PIE`CE SUISSE 20 F...... SRDTH

GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU C IDQP

144,8 euros le 10 août. Depuis, il os- Pour l’exercice 1999-2000 en cours, suite des déclarations de PIE`CE UNION LAT. 20 F . SQDVH

HDPH ´ PST ± RDQS

cillait autour de la barre des 150 eu- la société française compte réaliser TOKYO M. Greenspan, s’inquiétant des BLE (CHICAGO)...... PIE`CE 10 DOLLARS US ... PPH

C PHI FFFF SDHU MAI¨S (CHICAGO)...... PIE`CE 20 DOLLARS US ... RPS

± ISSDS HDQV ± HDSI ros. 7 % de croissance interne et table à LA BOURSE de Tokyo a terminé en risques de bulle boursière. SOJA TOURTEAU (CHG.). PIE`CE 50 PESOS MEX...... QRVDPS

En matière de croissance interne, nouveau sur une progression de recul de 1 % vendredi, victime de La monnaie japonaise gagnait SOFTS $/TONNE

± WRW

Sodexho est parvenu à afficher de 20 % de son bénéfice net par action. prises de bénéfice. L’indice Nikkei a aussi du terrain face à la devise CACAO (NEW YORK)...... HDRP

± SDHR CAFE´ (LONDRES) ...... IPVH Cotations, graphiques et indices en temps

meilleures performances. Alors américaine, vendredi matin, à FFFF perdu 178,69 points pour terminer à SUCRE BLANC (PARIS) ... IUV re´elsurlesiteWebdu«Monde». que l’industriel avait vu celle-ci dé- Sophie Sanchez 17 601,57 points. 106,25 yens pour un dollar. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ1610--0022-0 WAS LMQ1610-22 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 12:58 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 1827 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 ¼ FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur un an sur 5 jours EURO STOXX 50 sur un an sur 5 jours

QTTHDVT

VALEURS EUROPE´ENNES QHHDUV

QPT QWUI

QUQT

QHW QHTDRT QIQDPU

b L’action de British Aerospace a Deutsche Telekom eut décidé de re- QUPRDRH QUWQDQI

QSHI

perdu 4,10 %, à 374 pence, jeudi jeter son offre de rachat de son ré- PWP

QHRDHU QTWTDTH

QPTU 14 octobre, suite à l’annonce de la seau de télévision par câble. PUS QHWDRT

fusion de DASA et d’Aerospatiale b Le titre du conglomérat industriel QUSPDRP QHHDUV QHQP

Matra, les investisseurs craignant italien Finmeccanica a progressé, PSW QTTHDVT

PUWU

que le constructeur aéronautique jeudi, de 2,46 %, à 0,88 euros après PRP [[[[[[[[ [[[[[[[[

vwwt † PH yg„F PI e†‚sv IS yg„F vwwt † britannique ne se retrouve isolé sur la confirmation de sa privatisation PI yg„F PI e†‚sv IS yg„F le marché européen (lire pages 18- au premier semestre 2000 et de l’at-

e C ± ± VDUW HDIV p‚ IHQDV IDIR qf QDII HDWV 19). tribution par l’Etat italien d’une qf

BERKELEY GROUP PARIBAS NFC BIENS DE CONSOMMATION ± RDTP FFFF qf IIDHW HDSS hu TSDPS FFFF b Jeudi, la valeur DaimlerChrysler, participation de 22,5 % dans le fa- BRITISH AIRWAYS qf PROVIDENT FIN NKT HOLDING

e e e ± ± p‚ STDQ FFFF xv QV HDTS qf IRDTW PDHS ± PVDPP HDVI

qui avait momentanément gagné bricant de composants électro- CHARGEURS RM RODAMCO UK OCEAN GROUP AHOLD xv

e e ± ± p‚ WT FFFF xv QUDRS PDHW qf IQDIQ QDSI QDQU FFFF CLUB MED. /RM RODAMCO CONT. E PENINS.ORIENT.S ASDA GROUP PLC qf

plus de 3 % en séance après l’an- niques STMicroelectonics. e C C ± qf HDUS PDHV xv QR HDIS qf RDSU HDQR THDIW FFFF COATS VIYELLA RODAMCO NORTH A PREMIER FARNELL ATHENS MEDICAL q‚

C e ± ± ± qf WDRH IDRS qf IUDUT RDUI qf IVDSH QDRR RRDPQ HDVQ nonce du rapprochement de sa fi- b L’action de la compagnie de dis- COMPASS GRP SCHRODERS PLC RAILTRACK AUSTRIA TABAK A e„

e e C e ± qf PDIU PDWP p‚ UHDQ FFFF xv RVDSS IDRP ± TRDV HDIS liale DASA avec le géant français de tribution d’électricité et de gaz de COURTAULDS TEXT SEFIMEG N /RM RANDSTAD HOLDIN BEIERSDORF AG hi

e e

C e ± hi IVDSS IDSW p‚ VIDW HDRW hu WVDVV FFFF ± RTDQ IDWI

l’aéronautique, a finalement termi- la région milanaise AEM a reculé, DT.LUFTHANSA N SIMCO N /RM RATIN -A- BIC /RM p‚

C ± ± ± ƒi IVDVU IDPQ qf SDPW HDSV hu WVDVV IDQR TDTW VDHQ ELECTROLUX -B- SLOUGH ESTATES RATIN -B- BRIT AMER TOBAC qf

né, à 69,20 euros, soit un gain de jeudi, de 0,08 %, à 2,38 euros mal- e e C ± ± ± qf SDVW UDWQ p‚ IQSDQ IDUR qf QDIU HDWT IHSDR HDQV EMI GROUP UNIBAIL /RM RENTOKIL INITIA CASINO GP /RM p‚

e e ± ± p‚ IDQP IDRW s„ HDRV FFFF qf RDHV IDRW ± IWIWDUW PDTV 1,76%. gré l’annonce d’un plan de réorga- EURO DISNEY /RM UNIM REXAM CFR UNITS -A- gr

e e e C e ± ps RDQ FFFF iƒ VDU IDHP p‚ UWDU HDVW STR FFFF b La valeur du groupe allemand nisation interne qui devrait ac- FINNAIR VALLEHERMOSO REXEL /RM CPT MODERNES /R p‚

e e C C e

qf IDWU HDUW hi QU FFFF e„ PSDQ HDWT ± UIDVS HDUT

Mannesmann a perdu, jeudi, croître bénéfices et dividendes dans G WIMPEY PLC WCM BETEILIGUNG RHI AG DELHAIZE fi

C e ± ± qf UDIW SDPU qf RDVQ RDPU gr SSHDHR HDRT ± PWQ HDTV GRANADA GROUP WOOLWICH PLC RIETER HLDG N ESSILOR INTL /R p‚

1,87%, à 155,20 euros, après que le futur. e C e C ± ± p‚ IHQDT HDTU PQWDQI HDRV ƒi PRDRI HDPQ SPP PDIS HERMES INTL f DJ E STOXX FINS P SANDVIK -A- ETS COLRUYT fi

e C e C s„ HDSW FFFF ƒi PRDUH HDRU TSDQ PDHQ HPI SANDVIK -B- FRESENIUS MED C hi

e C ± xv PVDS IDUW gr RHPDWR HDTP ± IDUS PDST HUNTER DOUGLAS SAURER ARBON N FYFFES qf

e

e ± xv PTDW FFFF ƒi QSDPP HDIT ± qf TDIS QDVS ± RHDHS IDVR

BASF AG hi KLM ALIMENTATION ET BOISSON SCANIA AB -B- GALLAHER GRP

e C ± Code Cours % Var. e ± qf PDVT U ƒi QSDPP HDIT fi QVDHS IDRI ± QTDSI IDHT

BAYER AG hi HILTON GROUP SCANIA AB -B- GIB

15/10 12 h 38 f pays en ¤uros veille

±

SDQR QDTI

e qf

± ± ALLIED DOMECQ p‚ WDP IDWP gr IRSPDIH HDRQ q‚ QRDQS FFFF ± IWDRT HDRU BOC GROUP PLC qf MOULINEX /RM SCHINDLER HOLD GOODYS

±

SDSI PDUP ASSOCIAT BRIT F qf ± xy PDRU RDPI gr ISPWDRP FFFF ±

qf IHDVT RDUP ±

UIDVP IDSI

AUTOMOBILE CIBA SPEC CHEM gr NCL HLDG SCHINDLER HOLD IMPERIAL TOBACC ±

IHDRH QDVR

e qf e C e ± BASS p‚ WRDI IDRU p‚ TVDWS HDIS ± ps IIDP HDVV ± RIUDRH IDWP

CLARIANT N gr PATHE /RM SCHNEIDER ELECT KESKO -B-

e

± RQDQ IDSW

e„ e e ± BBAG OE BRAU-BE ƒi QQDVS IDQQ e ± qf PDPQ FFFF s„ IDQP HDUS ± p‚ SWR HDIU ± QQDI HDQH

AUTOLIV SDR DEGUSSA-HUELS hi PENTLAND GRP SEAT-PAGINE GIA L’OREAL /RM

e

±

QSP PDRI

e p‚ C e ± BONGRAIN /RM fi RHDHS IDVR e ± qf QDQW HDWP qf WDII HDQR €„ ISDU FFFF IIPDSS FFFF

BASF AG DSM xv PERSIMMON PLC SECURICOR MODELO CONTINEN

e

± RQDTI HDSS

e e e„ C

± BRAU-UNION hi PUDHS HDWP ± hi RW HDPH ƒi IQDQP HDRQ qf FFFF FFFF ± PIDHU HDSU BMW DYNO xy PREUSSAG AG SECURITAS -B- MORRISON SUPERM

±

SDUU PDVS

e qf e ± CADBURY SCHWEPP hi PH IDRV ± ± qf QDHT HDSH gr IHTVDTR IDIT ± p‚ VWI HDRS ± RSRVDHQ HDVW CONTINENTAL AG EMS-CHEM HOLD A gr RANK GROUP SGS GENEVA BR PROMODES /RM

QTDQP FFFF

e hu C ±

± CARLSBERG -B- TWDI HDSV hi e gr IWTDUT IDPT qf QDTH HDVT ± qf IIDHT HDVQ ± TIDQS HDHV DAIMLERCHRYSLER HENKEL KGAA VZ hi SAIRGROUP N SHANKS GROUP RECKITT & COLMA

QSDWP FFFF

e hu e C

± CARLSBERG AS -A s„ QHDU IDUT ± hu WDSS IDRQ p‚ WSDV PDIS ± qf PDWR RDSH ± WDSI HDTR FIAT ICI qf SAS DANMARK A/S SIDEL /RM SAFEWAY

±

VWDRU HDRS

e e hu ± ± IRDW HDTH s„ e CHR. HANSEN HLD p‚ TQDPS IDHP qf RDQP FFFF ± qf SDTS HDVI ± SDS PDTS

FIAT PRIV. KEMIRA ps SEB /RM INVENSYS SAINSBURY J. PL

e

IUDWS FFFF

e ps e e ± CULTOR -1- C p‚ RHDWW HDVW ± ± C gr UPSDRP IDUW p‚ PQS HDRP p‚ SUDWS IDTU VDVP HDSQ MICHELIN /RM LAPORTE qf THE SWATCH GRP SITA /RM SEITA /RM

±

RIDRR HDWT

e hu C DANISCO C p‚ IUTDP HDHT ± gr ISRDIU IDQI ƒi IWDTI HDPW qf QDHP FFFF VDPW FFFF

PEUGEOT PERSTORP -B- ƒi THE SWATCH GRP SKF -A- SMITH & NEPHEW

e C

PPHDU HDPQ

e p‚ C C

± DANONE /RM C PDPU HDVU s„ e qf IDIS IDQS ƒi PHDWQ IDIH qf PDWW HDSP ± IUDUS SDHV PIRELLI RHODIA p‚ WILLIAM BAIRD SKF -B- STAGECOACH HLDG

RTDPI FFFF

e q‚ e ±

DELTA DAIRY C p‚ RWDS I ± e ± qf WDRT HDRW hu PIDUW HDTI iƒ ITDVI HDQT ± IDHS HDWR RENAULT SNIA s„ WILSON BOWDEN SOPHUS BEREND - TABACALERA A

±

VDUT SDIU

e qf C e

C e C DIAGEO ± TVDI HDIS p‚ e e„ SH HDRH gr TQIDIQ PDSP C ps QDQQ HDQH TUDPS IDPV VALEO /RM SOLVAY fi WOLFORD AG SULZER FRAT.SA1 TAMRO

RVDRW FFFF

e q‚ ± ELAIS OLEAGINOU hi SHDR HDIH ± e ± ISVDPT HDSQ ƒi IUDVR IDPU ± qf PDUW PDTW ± RQDSI HDRQ

VOLKSWAGEN TESSENDERLO CHE fi f DJ E STOXX CYC GO P SVEDALA TESCO PLC

e

± IHVDW HDHW

p‚ e

ERID.BEGH.SAY / ± ƒi PSDWT FFFF qf TDQI SDQI ± xv PQDUT PDHP ± HDWR VOLVO -A- f DJ E STOXX CHEM P QPIDWV T.I.GROUP PLC TNT POST GROEP

qf PDVQ FFFF ± GREENCORE GROUP ƒi PSDWT HDTT ± xy QTDPQ IDQI ± HDPP VOLVO -B- TOMRA SYSTEMS f DJ E STOXX N CY G P RUUDI

e QPDS FFFF

xv e C

± HEINEKEN HOLD.N PQVDVR HDSP TUDS HDUQ

f DJ E STOXX AUTO P PHARMACIE VA TECHNOLOGIE e„

PPDVP FFFF

´ HELLENIC BOTTLI q‚ e ± IHDUP PDSS CONGLOMERATS VALMET ps

± RPDTI HDVW q‚ PUDSR FFFF

ASTRAZENECA qf HELLENIC SUGAR ± HDVI

f DJ E STOXX IND GO P QVQDSS COMMERCE DISTRIBUTION

IPDUT FFFF

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± ± ± PPDI HDRS s„ IDPP IDTI s„ WDQW HDWS

ORION A ps PARMALAT ALLEANZA ASS

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e ORION B ps PERNOD RICARD / ALLIANZ AG C

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± ± ± RWDUS IDPW ps TDUS HDUR qf IHDTH PDPU

e RHONE POUL./RM p‚ RAISIO GRP -V- ALLIED ZURICH

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ROCHE HOLDING G gr SCOTT & NEWCAST AXA /RM

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e

± UTDHS IDPQ

BNP /RM p‚

± TDQS PDQT

WOLSELEY PLC qf

e

± WDQS IDSV

BSCH R iƒ

± IDQI

f DJ E STOXX RETL P QUTDRI

e C IITDT HDIU

CCF /RM p‚ TE´LE´COMMUNICATIONS

± RDWV HDUP

CHRISTIANIA BK xy

± RDI HDRW

e EIRCOM si ± TDIV HDVH

COMIT s„

± IRDUI SDPS

BRITISH TELECOM qf HAUTE TECHNOLOGIE

VIDSW FFFF

COMM.BANK OF GR q‚

±

IHDPT PDUU

CABLE & WIRELES qf e

± PIDIS PDUI e p‚ ± AEROSPATIALE MA

QQDW PDHP

COMMERZBANK hi

e

±

QWDV IDQT

DEUTSCHE TELEKO hi e

± IQIDR IDPH

e ALCATEL /RM p‚ ± PUDSQ HDRU

CREDIT LYONNAIS p‚

±

PTDSR PDPI

ENERGIS qf

PWDTR FFFF

ALTEC SA REG. q‚ IHTDPV FFFF

DEN DANSKE BK hu

±

WDVQ IDUI

EUROPOLITAN HLD ƒi e

± IPDUS PDSP BAAN COMPANY xv ±

QDUH HDTS

DEN NORSKE BANK xy

e

±

VIDW HDIP

FRANCE TELECOM p‚ e C

IIQDQ HDUI

e BARCO fi TTDT FFFF

DEUTSCHE BANK hi

PPDWS FFFF

HELLENIC TELE ( q‚

± SDUS HDSQ e BRITISH AEROSPA qf

IQU FFFF

DEXIA CC fi

e

±

RR IDIP

KONINKLIJKE KPN xv e

± IRIDI PDHI

e CAP GEMINI /RM p‚ ± IQSDT HDRR

DEXIA FCE RM p‚

PQDTI FFFF

PANAFON HELLENI q‚

WRDIU FFFF e hu ± COLOPLAST B

RR PDRR

DRESDNER BANK hi

e

QWDTU FFFF

PORTUGAL TELECO €„

± PQDSR RDTI

COLT TELECOM NE qf RIDHR FFFF

EFG EUROBANK q‚

±

PWUDTS PDSU

SWISSCOM N gr e

± QW IDPU

DASSAULT SYST./ p‚ VWDWV FFFF

ERGO BANK q‚

±

SUDIV IDQW

TELE DANMARK -B hu e

± HDVU IDIR e s„ C FINMECCANICA

RVDPP HDTU

ERSTE BANK e„

e

IPW FFFF

TELECEL €„ C

ƒi WDPI IDPT C GAMBRO -A-

IRDPR HDRH

FOERENINGSSB A ƒi

e

± VDIR IDPI

TELECOM ITALIA s„ e

± xv RWDS QDPQ C GETRONICS

IIDSR HDIQ

HALIFAX GROUP qf

e

±

RDTI HDPP

TELECOM ITALIA s„ C

QHDPU HDWH GN GREAT NORDIC hu ±

WDVQ QDIV

HSBC HLDG qf

e

± IRDWT IDSV

TELEFONICA iƒ

SIDTV FFFF INTRACOM R q‚

SQDPH FFFF

IONIAN BK REG.S q‚

e

±

SDPQ PDTI

TIM s„

± IQDTV IDPP

LOGICA qf VUDRS FFFF

JYSKE BANK REG hu

± RDQW QDUP

VODAFONE AIRTOU qf

± xy VDIQ PDIU

± MERKANTILDATA RIDUI HDIH

KAPITAL HOLDING hu

±

I

f DJ E STOXX TCOM P TUIDTP

± UDUT HDWV

e qf C MISYS RTDSI PDPP KBC BANCASSURAN fi

± PDPH RDIW

NERA ASA xy ± IIDRS QDTQ LLOYDS TSB qf

± QHDQR QDHV e NETCOM ASA xy ± RDWQ I MERITA ps

CONSTRUCTION e

± VTDUS PDTS

NOKIA ps UIDWH FFFF NAT BANK GREECE q‚

± SDSI IDTS e qf ± e iƒ RTDTP HDQV ± NYCOMED AMERSHA TUDRS HDSW NATEXIS BQ POP. p‚ ACCIONA

e

± ISDWV IDQT e xv ± IHDHP HDTW iƒ OCE ± PHDUH RDRU NATL WESTM BK qf ACESA R

e C

s„ IDVV IDHV q‚ PUDTT FFFF C OLIVETTI RDWS HDUH NORDBANKEN HOLD ƒi AKTOR SA

e

± VVDW IDTT e xv

e ± ISDQ HDTS ps KON. PHILIPS ± IWDS IDRP ROLO BANCA 1473 s„ ASKO -A-

± QDHS TDIT e qf

± IWDI QDIW iƒ ROLLS ROYCE ± IVDWR QDQH ROYAL BK SCOTL qf AUMAR R

± RSDQW PDRV e qf ± UDRT IDQP s„ SAGE GRP ± WDRW HDTH S-E-BANKEN -A- ƒi AUTOSTRADE

e

± TVS IDVT e p‚ ± QDVR QDUT e s„ SAGEM ± IWSDS IDUT STE GENERAL-A-/ p‚ BCA INTESA

e

± hi QRR HDRQ ± qf IDTQ HDWQ C SAP AG IPDHT HDRV SV HANDBK -A- ƒi BICC PLC

e C

hi RHQ HDVV ± SDQI IDIS

qf SAP VZ ± PSUDRP PDVS

UBS REG gr BLUE CIRCLE IND e ± ±

VDPS IDTS hi IHVDW I

´ UNILEVER qf ERGO VERSICHERU

C

IIDWT IDWU e qf

± PWI Q e p‚ ENERGIE ± SEMA GROUP RDRI HDRS

UNICREDITO ITAL s„ BOUYGUES /RM

±

IHDTQ IDIR q‚ RUDSS FFFF

WHITBREAD qf ETHNIKI GEN INS

e

±

hi UU IDTT

±

SDSR HDSS

qf SIEMENS AG N ± TVDQR HDUV

hu BPB

± VDTU PDUH

UNIDANMARK -A- xy e

± AKER MARITIME ±

HDTH s„ SDQW IDIH

f DJ E STOXX F & BV P PIRDSP FONDIARIA ASS

±

IPDST IDWP

e qf

±

IPDSI HDRV s„ SMITHS IND PLC PSDHV FFFF

q‚ BUZZI UNICEM

± RDWP QDQP

XIOSBANK BG qf

VTDIH FFFF

FORSIKRING CODA hu

e

± p‚ UTDR HDUV

±

PDRP HDTQ

qf STMICROELEC SIC ± IDIQ

f PUQDHQ CARADON ± VDRT QDSI

DJ E STOXX BANK P qf e

BP AMOCO ±

QIDTS HDIT

FORTIS (B) fi

±

PDHU IDUI e xy C

IHRDS VDUR fi TANDBERG DATA A

CBR C

ITDIQ HDRV BURMAH CASTROL qf e

PWDP FFFF

GENERALI ASS s„

´ e QPDP FFFF

e p‚

ISDW FFFF

CIMPOR R €„ e BIENS D’EQUIPEMENT THOMSON CSF /RM

± IHDWW IDQS

iƒ e

CEPSA C

IRWDT HDIU

GENERALI HLD VI e„

e

±

PUDW HDIV e ps

± IWRDI QDWI

PRODUITS DE BASE COLAS /RM p‚ e TIETOENATOR

± ISRDV QDHI

p‚ e gr ISSPDTV FFFF ELF AQUITAINE / C

PDUV HDQT

ABB PARTI INA s„

hu UQDWW FFFF

± PWDPS HDRU

CRH PLC qf e WILLIAM DEMANT

± q‚ RVDTS FFFF s„ SDRV HDUP

± STVDWH HDUU

ALUMINIUM GREEC ENI gr

VUDTW FFFF

ADECCO N INTERAM HELLEN q‚

±

IDTH

e RUHDPI

± RTDHT HDSH

CRISTALERIA ESP iƒ f DJ E STOXX TECH P

± ± qf QDIU SDHU TDPQ QDQR qf e ± QHDWU HDIH ARJO WIGGINS AP p‚ ENTERPRISE OIL ±

IHDQI PDQQ

ALSTOM IRISH LIFE & PE qf

e

± IHDPR HDRW

GRUPO DRAGADOS iƒ

± ± ƒi IUDWS HDTQ xy UDIH TDQS ± C IHWIDWH HDQR ASSIDOMAEN AB F.OLSEN ENERGY gr

PDTQ IDIV

ALUSUISSE LON G LEGAL & GENERAL qf

e

± PRDV HDPH

FCC iƒ

± ± ƒi RDUS HDUP qf PDHS RDQP ± e RDTV HDWV AVESTA qf LASMO ±

IWUDV PDHV

ASSOC BR PORTS MUENCH RUECKVER hi

e

IHHDI FFFF

e p‚

C GROUPE GTM e SERVICES COLLECTIFS

± fi RSH IDSI e„ VUDPR HDRU

± PSDHR IDQS BEKAERT OMV AG ƒi ± TDTW IDIR

ATLAS COPCO -A- NORWICH UNION qf

± TDWW HDTT

e HANSON PLC qf

± ± e„ RHDPU IDII IRDVU SDQT xy e ± e ƒi PRDTR IDIS ± PDQI PDWR BOEHLER-UDDEHOL s„ PETROLEUM GEO-S ±

SH QDUS

ATLAS COPCO -B- POHJOLA YHTYMAE ps AEM

e

± VH TDRQ

e hi e HEIDELBERGER ZE C

± xv ITDTT IDRP p‚ UWDW HDSH

± q‚ PTDRP FFFF IHDTQ PDIP BUHRMANN NV PRIMAGAZ /RM qf ± IQDTH QDUH

ATTICA ENTR SA PRUDENTIAL qf ANGLIAN WATER

SSDTQ FFFF

HELL.TECHNODO.R q‚

± ± qf RDTS HDTT xy VDRQ RDII

± e qf TDUR IDSU ± TDPQ IDRT BUNZL PLC qf PROSAFE ± VDWI IDRR

BAA RAS s„ BRITISH ENERGY

QSDSU FFFF

e q‚ e HERACLES GENL R C

± s„ TDWV HDPW iƒ IVDRW IDSR C ± TDPT QDIH CART.BURGO qf PDTH HDTH REPSOL qf

FFFF FFFF

BBA GROUP PLC ROYAL SUN ALLIA qf CENTRICA

e

± QSDS HDVR

HOCHTIEF ESSEN hi e

± ± qf IDVT PDRP SQDVT IDVH xv e

± e xy ISDHS HDRH ± UDTV IDRI CORUS GROUP ROYAL DUTCH CO s„ ± QP IDVR

BERGESEN SAMPO -A- ps EDISON

C

QIIDIT HDPH

HOLDERBANK FINA gr e

± ± xy ITDHI IDIP QDWS PDRU s„ e

xy PRDHV FFFF ± PWR HDQR ELKEM ASA, OSLO fi SAIPEM ± IVTPDSV IDIU

BONHEUR SWISS RE N gr ELECTRABEL

±

IIUIDUR IDII

HOLDERBANK FINA gr

± q‚ ITDUP FFFF TDVQ IDUU qf e C e e fi RU HDVT IRDS FFFF ELVAL SHELL TRANSP & €„

RPDS FFFF

CMB SEGUROS MUNDIAL €„ ELECTRIC PORTUG

e

±

p‚ IRHDW IDVI

C IMERYS /RM

± qf VDIU HDQV WDSI UDHT xy e ± qf QVDRV HDUW ± IVDHS PDHI JOHNSON MATTHEY iƒ SMEDVIG -A- ±

IVDUS HDQH

CMG SKANDIA INSURAN ƒi ENDESA

e

±

IPDT IDIH

e s„ e C ITALCEMENTI

± e„ RIDVS HDQT IIS IDUW p‚ e ± qf PDWS HDSP IPT FFFF MAYR-MELNHOF KA TOTAL FINA /RM e„ ±

TDTP HDWH

COOKSON GROUP P STOREBRAND xy EVN

e

± RDQI HDTW

e ITALCEMENTI RNC s„

± ps VDS FFFF PVWDSW IDSP C e VURRDUW QDIU f hu ± PHDIT HDQS METSAE-SERLA A iƒ DJ E STOXX ENGY P ±

UDII IDRW

DAMPSKIBS -A- SUN LF & PROV H qf GAS NATURAL SDG

e

C

WUDTS HDQT

LAFARGE /RM p‚

ƒi PWDHS FFFF C

WRHRDHI HDSV MODO -B- hu xy RDWR FFFF ± STSDUS HDSS

DAMPSKIBS -B- SWISS LIFE REG gr HAFSLUND -A-

q‚ PQDTS FFFF

C MICHANIKI REG.

xy QWDRV HDQI C HDWI hu IQRRHDHT C QDQW FFFF NORSKE SKOGIND- xy

IVVDQS HDQT

DAMSKIBS SVEND TOPDANMARK AS hu HAFSLUND -B-

e

C

II HDWP

e PARTEK ps

± IHDPI PDUT ps e ± qf IDUU TDSH ± IQDPV HDQH OUTOKUMPU OY -A iƒ ±

SIRDPI PDSH

DELTA PLC ZURICH ALLIED N gr IBERDROLA

e

±

IQP HDUS

e PHILIPP HOLZMAN hi SERVICES FINANCIERS

± SPDUS IDSW p‚ e

± xy SDWH P ± RDHQ IDUI PECHINEY-A- s„ ± IDPQ

DET SONDENFJ NO f DJ E STOXX INSU P QPQDUW ITALGAS

IDSV FFFF

e PILKINGTON PLC qf €„ TDVI FFFF

± ± qf IIDHV IDSH qf UDWU RDHU ± TDVT PDTP

PORTUCEL INDUST 3I ELECTROCOMPONEN NATIONAL GRID G qf

±

IQDUU PDTI

e RMC GROUP PLC qf ± SDW HDVR

ps e e C C fi RUDTT IDRH hi VS QDTT ± TDQP HDUP

RAUTARUUKKI K ALMANIJ EQUANT NV NATIONAL POWER qf

± IDQR IDIR

RUGBY GRP qf ± ISDQR PDWP qf e e ± q‚ VSDHT FFFF p‚ IDQI IDSH ± IQVDP HDPP

RIO TINTO ALPHA FINANCE EUROTUNNEL /RM OESTERR ELEKTR e„

e

± ITQ IDQW

SAINT GOBAIN /R p‚ RTDTQ FFFF q‚ e ± ± qf TDWP QDTR ps PPDU HDRR ± VDIW QDWU

SIDENOR AMVESCAP FINNLINES POWERGEN qf

e

IUDPV FFFF

SEMAPA €„ RQDIR FFFF

q‚ e MEDIAS ± ± p‚ IPQDU HDQP qf PDSW PDVW FFFF FFFF

SILVER & BARYTE BAIL INVEST /RM FKI SCOT POWER qf

±

QRDQI IDVH

SKANSKA -B- ƒi ± PDTQ HDSV qf e

C €„ QDTS FFFF hu PSDIT HDTW SMURFIT JEFFERS ± IQDTQ IDQR

BPI R FLS IND.B SEVERN TRENT qf

PIDSQ FFFF

e SUPERFOS hu UDTW FFFF

€„ e e ± ± ± qf TDVQ QDHT e„ QSDQQ HDHT qf WDQW HDRW ± ISIDT HDIQ

SONAE INDUSTRIA BRITISH LAND CO FLUGHAFEN WIEN BSKYBGROUP SUEZ LYON EAUX/ p‚

± PDQR IDQH

e TAYLOR WOODROW qf IQDVV FFFF €„ e C ± ± ± p‚ THDIS HDSV qf SDII IDIW qf IRDST HDUQ PIDWT HDSP

SOPORCEL CANARY WHARF GR GKN CANAL PLUS /RM SYDKRAFT -A- ƒi

e

± WQDV PDIW

TECHNIP /RM p‚ ± ƒi IPDPW HDRT

C ± ± ± qf TDIS HDUR qf QDPT RDWQ qf TDSS PDHU IUDTI HDQQ

SSAB SW ST A CAPITAL SHOPPIN GLYNWED INTL PL CARLTON COMMUNI SYDKRAFT -C- ƒi

IISDRW FFFF

e TITAN CEMENT RE q‚ ± IQDQ HDUS ps e e C ± fi SUDI IDRP q‚ PRDIS FFFF xv WDQT IDQU ± IQDUW PDWQ

STORA ENSO -A- COBEPA HALKOR ELSEVIER THAMES WATER qf

e

±

UDPV HDWS

e URALITA iƒ ± IQDS IDIH ps e e e ± ± ± hi SRDS PDPR qf IHDPH QDWI hi RQDW PDRR ± ITSDV HDHT

STORA ENSO -R- CONSORS DISC-BR HAYS EM.TV & MERCHAN TRACTEBEL fi

e

C

IIDRI HDHW

VALENCIANA CEM iƒ ± PSDHR HDWH ƒi e e e ± ± ± iƒ PRDR IDTI hi STDI IDPQ qf IPDTH HDUQ ± IQDTV HDVU

SVENSKA CELLULO CORP FIN ALBA HEIDELBERGER DR EMAP PLC FENOSA iƒ

e

C

PIDQ HDQQ

e WIENERB BAUSTOF e„ ± IWDW IDRW

hi e e ± p‚ PQWDT IDHU p‚ RRDR FFFF q‚ RUDPU FFFF THYSSEN KRUPP ± WDPW HDIU

CPR /RM HELLAS CAN SA P HAVAS ADVERTISI UNITED UTILITIE qf

±

RDTP PDWI

WILLIAMS qf ± WDHW HDTQ

ƒi e e e ± ± gr ITTDPU PDPP s„ TDIV IDRR s‚ S FFFF ± ITDUS PDHS

TRELLEBORG B CS GROUP N IFIL INDP NEWS AND M VIAG hi

±

IDII

e f PHVDVS

C DJ E STOXX CNST P QUDHS HDUW fi e e e ± ± ± p‚ QWDQS IDWW p‚ SUR IDHQ qf QDWR QDHQ ± TQDQ PDHW UNION MINIERE EURAFRANCE /RM IMI PLC LAGARDERE SCA N VIVENDI/RM p‚

e

± QQDQ QDRV ps e e ± ± p‚ IQI FFFF hu SQDVI HDWW s„ VDWT IDUS ± HDWV UPM-KYMMENE COR FONCIERE LYONNA ISS INTL SERV-B MEDIASET f DJ E STOXX PO SUP P PUSDII

e ± IQDHP IDHT p‚ e ± ± ± QIDIS HDQP hu UWDQV IDPQ qf IWDUQ PDIR

USINOR CONSOMMATION CYCLIQUE FORTIS (NL) xv KOEBENHAVN LUFT PEARSON SIDSQ FFFF q‚ e e ± ± ± IIRDT IDHR xv PTDPS HDWR qf SDRS IDQW VIOHALCO GECINA /RM p‚ KON.NEDLLOYD REED INTERNATIO

e e ± PWDIP HDTI

e„ e e ± ± ± PHUDR HDSQ qf TDTW FFFF ps IRQ HDTW qf WDTV PDUV VOEST-ALPINE ST ACCOR /RM p‚ HAMMERSON KONE B REUTERS GROUP CODES PAYS ZONE EURO

± IDQU

IWRDRI e e ± ± f ± UU IDPV hu RIDUI HDIH p‚ PIH FFFF xy WDWW PDQS DJ E STOXX BASI P ADIDAS-SALOMON hi KAPITAL HOLDING LEGRAND /RM SCHIBSTED FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne

± ± IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande SDTQ IDHV qf IP IDUT xy IHDUI FFFF qf QDSS FFFF AIRTOURS PLC qf LAND SECURITIES LEIF HOEGH TELEWEST COMM.

e e e ± ± ± ± LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche p‚ PURDW HDRH PDSR IDWQ qf UDHP IDSI hi SPDW HDUS ALITALIA s„ LIBERTY INTL LINDE AG TF1

CHIMIE e e e FI : Finlande - BE : Belgique. ± ± ± IVDWS FFFF s„ WDVQ HDRI hi QHDSS PDSS qf VDRV HDQT AUSTRIAN AIRLIN e„ MEDIOBANCA MAN AG UNITED NEWS & M

e e e C ± ± ISDVR IDHW hu SPDRU FFFF s„ UDPP IDTQ hi IRT FFFF xv TP RDWI

AGA -A- ƒi BANG & OLUFSEN MEDIOLANUM MANNESMANN AG UNITED PAN-EURO CODESPAYSHORSZONEEURO

e e

C C ± ± ± ISDVW IDRT qf RDHS HDQV qf TDTV PDWI hi IWDVP HDIH xv PWDWR PDQP

AGA -B- ƒi BARRATT DEV PLC MEPC PLC METALLGESELLSCH WOLTERS KLUWER CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e e e C C ± ± ± IRHDQ IDPH qf PDIR HDUP iƒ PHDVW HDSP ps IV IDIH qf WDST HDRW

AIR LIQUIDE /RM p‚ BEAZER GROUP METROVACESA METRA A WPP GROUP GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e e e ± ± ± ± ± QW PDPT s„ PDHQ HDWV xv UDPP IDTQ qf QDQS SDPP PWRDRS IDTH AKZO NOBEL NV xv BENETTON GROUP MEDIOLANUM MORGAN CRUCIBLE f DJ E STOXX MEDIA P LeMonde Job: WMQ1610--0023-0 WAS LMQ1610-23 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 12:58 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 1828 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS ¼ LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / 23

C ± ± RTDPS QHQDQV PDHI Q TTDTS TS RPTDQU PDRV WI VI VIDTH SQSDPT HDUR SH BIC...... RUDPH GROUPE PARTOUCHE ... SOGEPARC (FIN) ......

± ± WIDIH SWUDSV PDPH PH IPTDSH FFFF FFFF FFFF IH PTDTV PTDRH IUQDIU IDHS I BIS...... WQDIS GUILBERT...... SOMMER-ALLIBERT......

C ± ± UTDIH RWWDIV IDIU R RWP RVSDIH QIVPDHS IDRH PH RHDVW RIDHV PTWDRU HDRT US B.N.P...... UU GUYENNE GASCOGNE... SOPHIA ......

C C ± ITR IHUSDUU HDQI V RUDIH RUDPS QHWDWR HDQP IH SVDSH SUDQH QUSDVT PDHS R VALEURS FRANC¸AISES BOLLORE ...... ITQDSH HACHETTE FILI.ME...... SOPRA # ......

± ± ± QSP PQHVDWU PDRI SH PRPDPH PQWDTH ISUIDTU IDHU V SWDWS SWDPH QVVDQQ IDPS PH BONGRAIN ...... QTHDUH HAVAS ADVERTISIN ...... SPIR COMMUNIC. # ......

± ± ± PWI IWHVDVQ QSH IRQDSH IRHDWH WPRDPR IDVI V IPU IPT VPTDSI HDUW PH BOUYGUES ...... QHH IMERYS(EX.IMETAL ...... SR TELEPERFORMAN ....

C

± ± QRDTH PPTDWT QDPP IH IWDQS IWDRH IPUDPT HDPT IH ISIDVH ISIDSH WWQDUU HDPH IH b En début de séance, vendredi 15 octobre, l’action du BOUYGUES OFFS...... QSDUS IMMEUBLES DE FCE ...... SUEZ LYON.DES EA ......

C ± ± VDIT SQDSQ IDUS P VQDSH VP SQUDVV IDVH PH PUT PURDWH IVHQDPQ HDRH IH

groupe LVMH était en baisse de 0,70 %, à 283 euros. Après BULL#...... VDHP INFOGRAMES ENTER .... TF1 ......

± ± ± THDIH QWRDPQ HDTT FFFF PRDRW PRDIQ ISVDPV IDRU IH WSDWH WQDVH TISDPW PDIW PH CANAL + ...... THDSH INGENICO ...... TECHNIP......

s’être associé avec l’italien Prada pour racheter la société ± ± ± IRI WPRDWH PDHV V PT PSDUT ITVDWU HDWP IS QPDPH QPDIT PIHDWT HDIP PH CAP GEMINI ...... IRR INTERBAIL...... THOMSON-CSF......

± ± ± RWDPI QPPDVH IDPV P QUS QTQ PQVIDIP QDPH IHH IIUDIH IIRDWH USQDTW IDVV IH

italienne Fendi, le groupe de luxe se montre intéressé par CARBONE LORRAINE..... RWDVS INTERTECHNIQUE...... TOTAL FINA SA......

± ± ± ISQDPH IHHRDWQ IDQS P TSDWH TSDSH RPWDTS HDTI SH IQUDUH IQSDQH VVUDSI IDUR IHH

le dossier Calvin Klein, rapporte le quotidien Les Echos. CARREFOUR ...... ISSDQH ISIS ...... UNIBAIL ......

C ± ± IHSDRH TWIDQV HDQV IH WSDTH WS TPQDIT HDTQ SH THDHS SVDVH QVSDUH PDHV I CASINO GUICHARD ...... IHS CIE FONC.KLEPIER...... UNILOG ......

± ± ± UPDHS RUPDTP HDRV IH IPH IIW UVHDSW HDVQ V IPIDRH IPHDVH UWPDRH HDRW IH b Le titre du groupe Bolloré gagait 0,92 %, à 165 euros, CASINO GUICH.ADP ...... UPDRH LABINAL...... UNION ASSUR.FDAL ......

C ± ± PUT IVIHDRR QDIT PS WUDQH WUDSS TQWDVW HDPT PS IQDIT IQDHP VSDRI IDHT PH

vendredi matin, après la publication d’une hausse de 24 % CASTORAMA DUB.(L...... PVS LAFARGE...... USINOR......

C C

±

IITDTH UTRDVS HDIU S RHDIS QWDPW PSUDUQ PDIR RH TV TVDIH RRTDUI HDIS Q

de son résultat net au premier semestre, qui s’établit à C.C.F...... IITDRH LAGARDERE...... VALEO ......

C ± ± IUIDVH IIPTDWQ IDQP PS TTDPH TSDRH RPW IDPI IH QTDIH QTDII PQTDVU HDHQ IHH CEGID (LY) ...... IURDIH LAPEYRE ...... VALLOUREC......

± ± ± UDQH RUDVV IDQS RS SIDHS SH QPUDWV PDHT SH PU PTDPH IUIDVT PDWT IHH 40 millions d’euros. CERUS...... UDRH LEBON (CIE)...... VIA BANQUE ......

± ±

RPDPV PUUDQR HDUS P PIH PIH IQUUDSI FFFF P TRDTS TQDQS RISDSS PDHI S

b Le cours de Bourse de Pinault-Printemps-Redoute CGIP ...... RPDTH LEGRAND ...... VIVENDI ......

± ± STDQH QTWDQH FFFF IHH IPT IPRDQH VISDQS IDQS P ISDIW IRDVV WUDTI PDHR I

chutait de 1,42 %, à 166,6 euros, vendredi matin, après le CHARGEURS...... STDQH LEGRAND ADP ...... WORMS (EX.SOMEAL ..... C ± ± RTDQH QHQDUI QDQR IH QWDWS QWDTH PSWDUT HDVV PH IWR IWRDUH IPUUDIS HDQT IH CHRISTIAN DALLOZ ...... RUDWH LEGRIS INDUST...... ZODIAC EX.DT DIV ......

C ±

ITIDSH IHSWDQU HDSH SP IHTDWH IHSDPH TWHDHU IDSW ISH dépôt d’une offre d’OPE simplifiée sur la société Guilbert, CHRISTIAN DIOR ...... ITHDUH LOCINDUS......

C

± VRDQH SSPDWU HDQT IHH SWS SWR QVWTDQV HDIU P

spécialisée dans les fournitures de bureau, qu’il possède CIC -ACTIONS A...... VR L’OREAL ......

C TUDUH RRRDHV PDRP R PVS PVS IVTWDRV FFFF I CIMENTS FRANCAIS ...... TTDIH LVMH MOET HEN......

C déjà à 57,3 %. A la demande du Conseil des marchés finan- ± IHRDQH TVRDIT HDQV SH IRPDQH IRQDWH WRQDWP IDIP IT CLARINS ...... IHRDUH MARINE WENDEL ......

± WT TPWDUP FFFF PS UDPU UDIW RUDIT IDIH PS

ciers (CMF), la Bourse de Paris a décidé de suspendre la co- CLUB MEDITERRANE .... WT METALEUROP ......

C ±

PWDSS IWQDVR HDIU PS RIDQT RHDWW PTVDVV HDVW P

tation des actions et des obligations convertibles Guilbert, CNP ASSURANCES ...... PWDSH MICHELIN......

± ± VIDTH SQSDPT IDTW IH QHDPH PWDHU IWHDTW QDUR IH COFLEXIP...... VQ MONTUPET SA......

± ± IWRDIH IPUQDPI QDWI RH WDQV WDPH THDQS IDWP IH jusqu’à nouvel avis. COLAS ...... PHP MOULINEX ......

± ± PDHP IQDPS IDRT S TUDVS TUDRS RRPDRR HDSW IT

b Le groupe André, qui a réalisé, au cours de l’exercice COMPTOIR ENTREP...... PDHS NATEXIS BQ POP......

± Valeur RRDRH PWIDPR FFFF V QPDII QIDSH PHTDTQ IDWH I

CPR ...... RRDRH NEOPOST...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

1998/1999, un chiffre d’affaires en hausse de 8,1 %, ne réa- International nominal ± ± f IWDSP IPVDHR PDRH RP PRDQT PQDWP ISTDWH IDVI IH

CRED.FON.FRANCE ...... PH NORBERT DENTRES...... en ¤uros en ¤uros en francs veille

(1)

± ± QIDRI PHTDHR PSH PTDQH PSDWH ITWDVW IDSP SH gissait pas en Bourse vendredi matin. L’action s’échan- CFF.(FERRAILLES) ...... QPDHS NORD-EST......

C ± ±

PUDSW IVHDWV HDPS FFFF UIDTH TWDTH RSTDSS PDUW UH IPVDUH IPWDSH VRWDRT HDTP FFFF

geait à 139,9 euros. CREDIT LYONNAIS...... PUDTT NORDON (NY)...... AMERICAN EXPRESS......

C ± ± RQDPS PVQDUH HDVH IHH PUI PUP IUVRDPH HDQU IH RPDQS RI PTVDWR QDIW I CS SIGNAUX(CSEE)...... RQDTH NRJ # ...... A.T.T. #......

b Au cours des premiers échanges vendredi, l’action du ± ± VI SQIDQQ FFFF I VDTT VDSI SSDVP IDUQ TH IWDSS IWDPS IPTDPU IDSQ FFFF DAMART ...... VI OLIPAR...... BARRICK GOLD #......

C ± ±

PPHDVH IRRVDQS HDPU IH IHS IHQDWH TVIDSR IDHS IHH PIDUS PI IQUDUS QDRS S géant mondial des cosmétiques L’Oréal restait stable, à DANONE...... PPHDPH PARIBAS...... CROWN CORK ORD.#.....

± ± ± IUIDWH IIPUDSW HDHT V SQDTH SPDUS QRTDHP IDSW IS PSDWS PSDVH ITWDPR HDSV FFFF

595 euros, malgré l’annonce d’une hausse de 11,2 %, à DASSAULT-AVIATIO ...... IUP PECHINEY ACT ORD ...... DE BEERS # ......

C C ± QW PSSDVP IDPU S QHIDRH QHQDSH IWWHDVQ HDUH IS SUDQS SUDVS QUWDRU HDVU FFFF DASSAULT SYSTEME...... QWDSH PENAUILLE POLY.C ...... DU PONT NEMOURS.....

± ± ± SRDPH QSSDSQ IDRS R TSDQS TSDQH RPVDQR HDHV PH QHDRT QHDPI IWVDIT HDVP P 8 milliards d’euros, de son chiffre d’affaires, sur les neuf DE DIETRICH...... SS PERNOD-RICARD...... ERICSSON # ......

C C ± UI RTSDUQ HDSU PH IUTDIH IUTDPH IISSDVH HDHT T RVDSP RUDPS QHWDWR PDTP I

premiers mois de 1999. DEVEAUX(LY)# ...... UHDTH PEUGEOT...... FORD MOTOR # ......

± ± IS WVDQW FFFF IHH ITW ITTDTH IHWPDVP IDRP PH IIHDRH IHWDRH UIUDTP HDWI FFFF DEV.R.N-P.CAL LI...... IS PINAULT-PRINT.RE...... GENERAL ELECT. #......

C ± ± IQSDTH VVWDRV HDRR FFFF IIW IIVDVH UUWDPV HDIU PH THDIH THDIS QWRDST HDHV I DEXIA FRANCE ...... IQTDPH PLASTIC OMN.(LY) ...... GENERAL MOTORS # .....

C ± ± TDSH RPDTR PDRH PU UWDSH UWDWH SPRDII HDSH IH IHDIH WDVW TRDVU PDHV SH DMC (DOLLFUS MI)...... TDTT PRIMAGAZ...... HITACHI #......

C

± ± PSDIH ITRDTS IDUT PS VWS VWI SVRRDSV HDRS PH WUDVH WUDWS TRPDSI HDIS FFFF

RE`GLEMENT MENSUEL DYNACTION...... PSDSS PROMODES...... I.B.M # ......

C ± ±

TVDVH RSIDQH IDHQ SH PPS PPQDWH IRTVDTW HDRW PS UPDHS TWDHS RSPDWR RDIT SH

______EIFFAGE ...... TVDIH PUBLICIS #...... ITO YOKADO #......

± ± ± ISRDUH IHIRDUU QDHU V IVDVH IVDUW IPQDPS HDHS IH IVDUH IV IIVDHU QDUR SH ELF AQUITAINE ...... ISWDTH REMY COINTREAU...... MATSUSHITA #......

C ± ± RWDPS QPQDHT HDPH PH SH RWDSH QPRDUH IPS QWDPU QVDSH PSPDSR IDWT FFFF ERAMET ...... RWDIS RENAULT ...... MC DONALD’S #......

†ixh‚ihs IS yg„yf‚i Cours releve´sa` 12 h 30

C ± ± IHVDWH UIRDQR HDHW IH UW VH SPRDUU IDPU S TUDRS TTDWH RQVDVR HDVP FFFF ERIDANIA BEGHIN...... IHW REXEL...... MERCK AND CO # ......

C ± ±

PWQ IWPIDWS HDTV PH IVDUH IUDUV IITDTQ RDWP IS TDUU TDWP RSDQW PDPP SH ESSILOR INTL ...... PWS RHODIA ...... MITSUBISHI CORP...... viquid—tion X PP o™to˜re

C ± ± QISDIH PHTTDWP HDHQ PH SHDRH RWDUT QPTDRH IDPU Q IHI IHHDSH TSWDPR HDSH P ESSILOR INTL.ADP...... QIS RHONE POULENC A...... MORGAN J.P. # ......

C C ± VHDPH SPTDHV HDPS SH QDTH QDSP PQDHW PDPP IH IIDQP IIDRH URDUV HDUI SH ESSO...... VH ROCHETTE (LA) ...... NIPP. MEATPACKER......

C ± ± SVU QVSHDRU IDPI PHH TQDSH TQDRS RITDPH HDHV PH QI PWDVH IWSDRV QDVU FFFF EURAFRANCE...... SVH ROYAL CANIN...... PHILIP MORRIS # ......

± Valeur ± IDQP VDTT IDRW FFFF IVSH FFFF FFFF FFFF PHH VV VU SUHDTV IDIR FFFF

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURO DISNEY...... IDQR RUE IMPERIALE (L...... PROCTER GAMBLE ......

France nominal ± ± f ± IDQP VDTT HDUS FFFF RQDIH RHDRI PTSDHU TDPR IHH IUDVW IUDQI IIQDSS QDPR SH

en ¤uros en ¤uros en francs veille EUROTUNNEL...... IDQQ SADE (NY) ...... SEGA ENTERPRISES ......

(1)

± ± UH RSWDIU FFFF PS PUWDVH PUS IVHQDVV IDUP PH SIDRS SHDVS QQQDSS IDIU FFFF FACOM SA...... UH SAGEM S.A...... SCHLUMBERGER #......

± ± ± IRSDIH WSIDUW FFFF ISP SVDSH SUDSH QUUDIV IDUI SH ITSDQH ITQ IHTWDPI IDQW IT IRS IRHDPH WIWDTS QDQI SH B.N.P. (T.P)...... IRSDIH FAURECIA ...... SAINT-GOBAIN...... SONY CORP. #......

C ± ± ± IRQDPH WQWDQQ HDVS IHHH IIQDWH IIPDSH UQUDWS IDPQ PP UWDPH UVDIH SIPDQH IDQW SH ISDHV IRDRU WRDWP RDHS SH CR.LYONNAIS(TP) ...... IRP FIMALAC SA...... SALVEPAR (NY) ...... SUMITOMO BANK #......

C C ± QVHDIH PRWQDPW HDVP IHHH PIDTQ PIDTU IRPDIS HDIV IHH RHDSH RHDRH PTSDHI HDPS P RENAULT (T.P.)...... QUU FINEXTEL...... SANOFI SYNTHELAB......

± ± ± IURDPH IIRPDTV HDHT IHHH WHDWH VW SVQDVH PDHW SH UR UQDSS RVPDRT HDTI SH SAINT GOBAIN(T.P...... IURDQH FIVES-LILLE...... SAUPIQUET (NS) ......

C

IRPDTH WQSDQW HDHU IHHH IQI IQI VSWDQH FFFF SH TVDVS TVDVS RSIDTQ FFFF SH

THOMSON S.A (T.P ...... IRPDSH FONC.LYON.# ...... SCHNEIDER ELECTR...... ABRE´VIATIONS

± ± PHU IQSUDVQ HDUP IS VP VP SQUDVV FFFF R RSDIH RRDHI PVVDTW PDRP FFFF

ACCOR ...... PHVDSH FRANCE TELECOM...... SCOR......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

± ± ± PIDIP IQVDSR PDVS PH UPV UPH RUPPDVW IDIH SH TQDWH TQDSH RITDSQ HDTQ Q AEROSPATIALE MAT ...... PIDUR FROMAGERIES BEL...... S.E.B......

C

± ± SIDRS QQUDRW HDUU QH IRHDPH IQT VWPDIH QP SU SUDTH QUUDVQ IDHS SH AGF ...... SIDVS GALERIES LAFAYET ...... SEITA...... SYMBOLES

C ± ± ITDIQ IHSDVI HDSH SR UR UQDWH RVRDUS HDIR VH IQDPH IQDIS VTDPT HDQV IHH

AIR FRANCE GPE N ...... ITDHS GASCOGNE...... SELECTIBANQUE...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

± ± ± IRHDIH WIW IDQR II THDPH THDHS QWQDWH HDPS SH RRDVS RRDQS PWHDWP IDII IQ

AIR LIQUIDE ...... IRP GAUMONT #...... SGE...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C ± ± IQIDQH VTIDPU IDPV IH RUDSS RUDUH QIPDVW HDQP S WUDWH WSDWS TPWDQW IDWW P

ALCATEL ...... IQQ GAZ ET EAUX ...... SIDEL...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ; d cours pre´ce´dent.

± ± ±

QHDWU PHQDIS HDIH T IISDVH IIRDTH USIDUQ IDHR IHH ISVDSH ISVDQH IHQVDQV HDIQ IHH

ALSTOM...... QI GECINA...... SILIC CA ...... `

C ± ± DERNIERE COLONNE RM (1) : QIHDPH PHQRDUV PDUT IH SPDTS SIDVH QQWDUW IDTI IH VIDSH VIDWH SQUDPQ HDRW IHH ALTRAN TECHNO. #...... QIW GEOPHYSIQUE ...... SIMCO......

± ± ± IITDPH UTPDPP PDQS S PTDUS PTDQS IUPDVR IDSH IH PQT PQS ISRIDSH HDRP V ATOS CA...... IIW GRANDVISION ...... S.I.T.A ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

± ± ± IIUDTH UUIDRI IDIV W IQWDWH IQWDTH WISDUP HDPI SH ISDPS IS WVDQW IDTR PS AXA...... IIW GROUPE ANDRE S.A ...... SKIS ROSSIGNOL...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

± ± ± IPQDUH VIIDRP HDQP IHH QQDSH QQDPH PIUDUV HDWH IH IWW IWSDSH IPVPDRH IDUT S BAIL INVESTIS...... IPRDIH GR.ZANNIER (LY) ...... SOCIETE GENERALE...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C C IIWDTH UVRDSP HDSH SH IHHDIH IHHDIH TSTDTI FFFF V IRUDSH ISPDIH WWUDUI QDIP IT BAZAR HOT. VILLE ...... IIW GROUPE GTM ...... SODEXHO ALLIANCE......

@€u˜li™iteÂA

C IIIDSI FFFF TDQH RIDQQ FFFF QS PPWDSV IDQW GROUPE D #...... IU CLAYEUX (LY)...... d I.C.C.#......

± ± ± RRTDHS PDUW RHDUH PTTDWU HDUQ SPDIH QRIDUS HDQV GUILLEMOT #...... TV CNIM CA#...... IMMOB.BATIBA....

± PDVW FFFF SRDHS QSRDSR FFFF VDVH SUDUP HDPQ NOUVEAU GUYANOR ACTI .... HDRR COFITEM-COFI .... IMS(INT.META .....

C C ± SITDSU HDWT UHDSH RTPDRS HDUI QTDPH PQUDRT QDIQ HF COMPANY...... UVDUS CIE FIN.ST-H ...... INFO REALITE......

C ±

QIHDPU IDRT ISSDTH IHPHDTU HDHT PDVQ IVDST FFFF

´ HIGH CO...... RUDQH C.A. PARIS I...... INT. COMPUTE ....d ± ± ± PIVDII HDUS RW QPIDRP IDPS PIWDSH IRQWDVQ RDII

MARCHE HOLOGRAM IND .. QQDPS C.A.ILLE & V...... JET MULTIMED....

C ± ± QSDUS PDVQ SIDWH QRHDRR HDIW IIHDIH UPPDPI IDPT IGE + XAO...... SDRS C.A.LOIRE AT ...... LATECOERE #......

C ± ± RTDSU IDQW RVDUV QIWDWV HDHR WSDPH TPRDRU HDVQ

ILOG # ...... UDIH C.A.MORBIHAN.... L.D.C......

†ixh‚ihs IS yg„yf‚i

C ± ± PWDSV HDPP VR SSI IDVP TDTH RQDPW IDPH IMECOM GROUP .. RDSI C.A.DU NORD# .... LECTRA SYST......

C

± IQPDSH PDVH TUDIH RRHDIS FFFF PSDUH ITVDSV IDSQ

INFOSOURCES...... PHDPH C.A. OISE CC ...... LEON BRUXELL ....

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 12 h 30

C ± IUVDHW FFFF IHPDSH TUPDQT HDIH ISDUS IHQDQI QDHP INFOTEL #...... PUDIS C.A.PAS CAL...... LOUIS DREYFU.....

C ± ± PHHDUP HDWU UW SIVDPI IDPV PI IQUDUS HDRU INTERCALL # ...... QHDTH C.A.TOULOUSE..... LVL MEDICAL......

Cours Cours % Var. C ± ± IPHDHR IDQS TUDIH RRHDIS HDIS PRP ISVUDRP HDVQ

LEXIBOOK #...... IVDQH CRCAM TOUR.P... M6-METROPOLE ..

Valeurs f en ¤uros en francs veille

C C ± SHDSI QDQT RQ PVPDHT IDIV PDIS IRDIH HDRT JOLIEZ-REGOL...... UDUH CROMETAL ...... MEDASYS DIGI.....

± VPDTS FFFF HDIV IDIV FFFF PDPI IRDSH FFFF RUDSW QIPDIU HDRR ADL PARTNER...... IPDTH JOLIEZ-REGOL...... d DAPTA-MALLIN ...d MANITOU #......

± ± UIDSH HDWI UDIH RTDSU IDVH TIDVH RHSDQV FFFF SPDPS QRPDUR FFFF AB SOFT...... IHDWH LACIE GROUP...... GROUPE J.C.D...... MANUTAN INTE...

± VQDQI FFFF PHDSH IQRDRU FFFF IPT VPTDSI FFFF IHI TTPDSP IDVS ALPHAMEDIA...... IPDUH MEDIDEP #...... DAUPHIN...... MARC ORIAN ......

C ± ± PIDRS PDIW SDRH QSDRP VDQP QWDVH PTIDHU FFFF SIDSS QQVDIS PDHW ALPHA MOS ...... QDPU MILLE AMIS #...... DECAN GROUPE.. MARIONNAUD P..

± ± ± ± VUUDHI HDPP V SPDRV IDQT VWDUH SVVDQW HDQQ QTDTH PRHDHV IDHV ALTAMIR & CI...... IQQDUH MONDIAL PECH ... DU PAREIL AU ..... MECATHERM # ....

C C ± IPDPU FFFF UDUH SHDSI RDTP RT QHIDUR HDII QQDIS PIUDRS HDQH APPLIGENE ON ....d IDVU NATUREX...... ENTRELEC CB...... MGI COUTIER ......

C ± ± ± WDTR HDTV TIDIS RHIDIP HDSU WWDSH TSPDTV HDQH IQIDRH VTIDWQ HDHV ASTRA ...... IDRU OLITEC ...... ENTREPRISE I...... MICHEL THIER.....

C ± ± ± QWDRP PPDWS HDUR RDVS SDUI QQDTH PPHDRH IDIV IPDSS VPDQP HDHV ATN...... TDHI OXIS INTL RG...... ETAM DEVELOP... NAF-NAF # ......

C C ± ± SPIDRW PDWV PIDUH IRPDQR HDWQ IPR VIQDQW PDIQ PW IWHDPQ QDQQ AVENIR TELEC...... UWDSH PERFECT TECH..... EUROPEENNE C... ALES GPE EX......

C C ± RIQDPS IDTI VDSH SSDUT IDIW RV QIRDVT PDHR UHDIH RSWDVQ FFFF BELVEDERE...... TQ PHONE SYS.NE..... EUROP.EXTINC .... POCHET ...... d

± ± VHDQS FFFF ITDUW IIHDIR HDSW RWDSH QPRDUH RDHU US RWIDWU FFFF BIODOME #...... IPDPS PICOGIGA...... EXEL INDUSTR .... RADIALL #......

C C ± ± PWIDWH IDIR IIW UVHDSW PDRT QI PHQDQS RDQV TTDVS RQVDSI HDWT BVRP EX DT S...... RRDSH PROSODIE # ...... EXPAND S.A...... RALLYE(CATHI......

C ± SIDIT IDWT QS PPWDSV IDIQ IRP WQIDRT FFFF RPDRT PUVDSP FFFF CAC SYSTEMES .... UDVH PROLOGUE SOF.... FACTOREM...... REYNOLDS...... d

± ± ± WVDQW HDQQ RDIV PUDRP HDPR IQ VSDPU FFFF PQ ISHDVU IDPW CEREP ...... IS QUANTEL ...... FAIVELEY #...... RUBIS #......

C R FFFF RUDSH QIIDSV FFFF SDPP QRDPR FFFF IIPDWH URHDSV IDPT CHEMUNEX #...... HDTI R2I SANTE ...... FINACOR ...... SABATE SA #......

C ± PRPDUH IDQQ QWDWH PTIDUQ FFFF IHSDIH TVWDRI FFFF TWDPH RSQDWP HDIR COIL...... QU RADOUX INTL ...... d FINATIS(EX.L...... SEGUIN MOREA...

C C ITUDPU FFFF PIDVH IRQ IDRH IVVDSH IPQTDRV FFFF IRI WPRDWH IDHV CRYO INTERAC .... PSDSH RECIF #...... FININFO ...... SIDERGIE ......

C ± ± ± PPPDWT HDHQ PPDTH IRVDPS HDRR RIDWS PUSDIU HDIP PUDSH IVHDQW HDUP CYBER PRES.P...... QQDWW REPONSE #...... FLO (GROUPE)..... SIPAREX (LY) ......

C ± ± STDRI IDIS W SWDHR FFFF TQDSH RITDSQ HDUW SWDVH QWPDPT HDQQ PHDSP IQRDTH FFFF CYRANO # ...... VDTH REGINA RUBEN.... ARKOPHARMA #... FOCAL (GROUP.... SOCAMEL-RESC....d

± ± ±

VSDPU QDUH PH IQIDIW PDWI WQDWS TITDPU FFFF UWDIS SIWDIW HDIW UDSH RWDPH FFFF

DESK # ...... IQ SAVEURS DE F ...... SECOND ASSUR.BQ.POP ..... FRAIKIN 2# ...... SPORT ELEC S...... d

C ± ± ± VDRT FFFF IQDRH VUDWH PDPW QPDTH PIQDVR TDVQ RP PUSDSH IDRI IUDHS IIIDVR PDSU DESK BS 98 ...... d IDPW SILICOMP # ...... ASSYSTEM # ...... GAUTIER FRAN.... STALLERGENES....

C C ______± TTDSI IDRH IHVDVH UIQDTV FFFF PII IQVRDHU IDRH IDPS VDPH FFFF RV QIRDVT IDSW DMS # ...... IHDIR SERP RECYCLA .....d BENETEAU CA# .... GEL 2000 ...... d STEF-TFE #......

C

±

QWDQT FFFF RPDSH PUVDUV IDIW SDRW QTDHI FFFF QVDUW PSRDRS FFFF IDTW IIDHW PTDSP

DURAND ALLIZ.... T SOI TEC SILI ...... ´ BISC. GARDEI...... GENERALE LOC ...d SUPERVOX (B) ......

C ± ± HDSU SUQDWT PQDHW ISIDRT HDHR SV QVHDRT FFFF TPDSH RHWDWU HDUW SU QUQDWH FFFF DURAN DUBOI..... VUDSH STACI #...... MARCHE BOIRON (LY)#...... GEODIS...... SYLEA......

C TITDPU FFFF HDUP RDUP FFFF QH IWTDUW FFFF HDUQ RDUW FFFF IRDHI WIDWH HDHU DURAN NV JCE ....d WQDWS STELAX ...... d BOISSET (LY) ...... G.E.P PASQUI...... d TOUPARGEL (L.....

± ± ± ± WHDSP PDRU IS WVDQW FFFF IHI TTPDSP IDHV PPDUS IRWDPQ IDHR STDSH QUHDTP HDVV EFFIK #...... IQDVH SYNELEC #...... BOIZEL CHANO.... GFI INDUSTRI ..... TRANSICIEL #......

†ixh‚ihs IS yg„yf‚i

C C ± ± ± PIIDPP QDIT PDIR IRDHR RDQW ITDWV IIIDQV HDHT UR RVSDRI HDPH SUDSH QUUDIV PDSR ESKER ...... QPDPH LA TETE D.L...... BONDUELLE...... GFI INFORMAT.... TRIGANO ......

C C ±

RUPDPW SDII PVDPH IVRDWV IDRH TDQH RIDQQ FFFF TS RPTDQU FFFF IRH WIVDQR PDIW

EUROFINS SCI...... UP THERMATECH I.... Une se´lection. Cours releve´sa` 12 h 30 BOURGEOIS (L .....d GO SPORT ...... UBI SOFT ENT......

C C C ± ± SWDQT HDST IPQDSH VIHDII HDQP TW RSPDTI HDVT PQDRP ISQDTQ HDHR PIDQS IRHDHS HDHS EURO.CARGO S .... WDHS TITUS INTERA ...... BRICE...... GPRI FINANCI ..... VIEL ET CIE ......

± ± ± VHQDSS TDRP IHIDVH TTUDUT FFFF SVDPH QVIDUU IDQT SQWWDSH QSRIVDRH FFFF UWDSH SPIDRW IDQT EUROPSTAT #...... IPPDSH TITUS INTER...... d BRICORAMA # ...... GRAND MARNIE.. VILMOR.CLAUS ....

Cours Cours % Var. C ± ± ± VIDTU HDRH PWDIH IWHDVV FFFF WP THQDRV RDIU SQ QRUDTT HDWQ SUDQH QUSDVT HDHW

FABMASTER # ...... IPDRS TRANSGENE # ...... BRIOCHE PASQ .... GROUPE BOURB.. VIRBAC......

Valeurs f en ¤uros en francs veille

C C C C TIHDHR HDSW IS WVDQW FFFF TTDSH RQTDPI HDRS PS ITQDWW PDHR WUDWH TRPDIV IDQS FI SYSTEM #...... WQ TR SERVICES...... SOLERI ...... GUERBET S.A...... WALTER #......

C ± ± ± ± STDTU HDIP UDSH RWDPH PDTH RSDTR PWWDQV HDHP QQ PITDRU PDVH PVDHS IVR IDSV QTDSS PQWDUS FFFF FLOREANE MED...a VDTR V CON TELEC...... ADA...... CDA-CIE DES...... GUY DEGRENNE.. AFIBEL ...... d

C C C ± QPTDTU IDRQ VDRR SSDQT FFFF WWDSH TSPDTV PDRS RW QPIDRP IDHQ SWDSH QWHDPW PDSW QUDVS PRVDPV FFFF GENERIX # ...... RWDVH WESTERN TELE .... AIGLE # ...... CEGEDIM #...... GUYOMARC H N.. ARFEO (NS)# ......

C ± ± ± IIHDVT HDSW UW SIVDPI FFFF IHS TVVDUS HDWT IHQDTH TUWDSU HDTU QVDSH PSPDSR IDPV GENESYS # ...... ITDWH ...... ALGECO #...... CERG-FINANCE.... HERMES INTL...... ALAIN MANOUK...

C ± ± IUUDUT IDRS IIR URUDUW UDQP SH QPUDWV FFFF IITDPH UTPDPP HDVU VIDVH SQTDSU FFFF GENSET...... PUDIH ...... APRIL S.A.#( ...... CGBI...... HYPARLO #(LY ..... BQUE TARNEAU...

´ ´ PTRDHP IRGIH IVRDVR IPIPDRU ISGIH ITUDSV IHWWDPS IRGIH PQDWP ISTDWH IRGIH ECUR. CAPITALISATION C.... RHDPS MONE ASSOCIATIONS...... ACTILION PRUDENCE C *.... LATITUDE C ......

´ RSDRV PWVDQQ IRGIH PHDVQ IQTDTR IRGIH IQHWDSS ISGIH ITRDPU IHUUDSR IRGIH ECUR. DYNAMIQUE+ DPEA UNIVAR C ...... IWWDTR ACTILION PRUDENCE D * ... LATITUDE D......

´ ´ RQDWW PVVDST IQGIH IHIDRU TTSDTH IRGIH WPDSU THUDPP IRGIH IIWVDUT ISGIH

SICAV ECUR. ENERGIE D PEA...... UNIVAR D...... IVPDUS LION ACTION EURO ...... OBLITYS D......

´ VWISVDPU IRGIH IQSWPDHW ´ RPDWP PVIDSR IRGIH WPDPP THRDWP IRGIH PRUDPQ IRGIH ECUR. EXPANSION C...... UNIVERS-OBLIGATIONS ...... QUDTW LION PEA EURO...... PLENITUDE D PEA ......

´ QWDHT PSTDPP IRGIH ISVSHDHW IRGIH

ECUR. EXPANSIONPLUS C.... Fonds communs de placements POSTE GESTION C ...... PRITDQQ

´ SIDVI QQWDVS IRGIH IRVPRDHR IRGIH

ECUR. INVESTIS. D PEA...... POSTE GESTION D...... PPSWDWI

IWIRDPV HUGIH

FCP ´ ´ INDOCAM VAL. RESTR...... PWIDVQ IQUPDPH IRGIH PHWDIW ` RQIWQDQQ IRGIH

EC. MONET.C/10 30/11/98...... POSTE PREMIERE SI...... TSVRDUV

PVRDTP IPGIH

MASTER ACTIONS ...... RQDQW

IQWDQQ IRGIH ´ ´ PIDPR IPQUDWP IRGIH IVVDUP ` PSSPISDSS IRGIH

EC. MONET.D/10 30/11/98...... CM EURO PEA...... POSTE PREMIERE 1 AN...... QVWHUDQT

IVIDUU IPGIH

´ MASTER OBLIGATIONS ...... PUDUI ITHDRT IHSPDSS IRGIH QRDRQ PPSDVS IRGIH  le™tionF ne se ` SRIWPDVI IRGIH

Cours de cloˆ ture le 14 octobre ECUR. OBLIG. INTERNAT. C. CM FRANCE ACTIONS ...... POSTE PREMIERE 2-3...... VPTIDTR

IPWDVI IQGIH

´ OPTALIS DYNAMIQ. C ...... IWDUW PUWDIR IVQIDHR IRGIH PVDPI IVSDHS IRGIH SIPQDRV IRGIH

ECUR. TRIMESTRIEL D...... CM MID. ACT. FRANCE...... REVENUS TRIMESTR. D ...... UVIDHU

IPTDQR IQGIH

´ OPTALIS DYNAMIQ. D...... IWDPT PVDQV IVTDIT IRGIH PPRUDIV IRGIH QRPDSV ´ IHWIDSV IRGIH

e EPARCOURT-SICAV D...... ´ CM MONDE ACTIONS...... THESORA C ...... ITTDRI IPIDVI IQGIH Valeurs unitaires Date IVDSU

´ ´ OPTALIS EQUILIB. C ...... PHWHDIR IQUIHDRP IRGIH TTPDQP IRGIH

IHHDWU ´ WRHDTR IRGIH Emetteurs f IRQDRH

¤ ee GEOPTIM C ...... ´ CM OBLIG. LONG TERME.... THESORA D...... IITDPR IQGIH

uros francs cours OPTALIS EQUILIB. D...... IUDUP

RWIDHS QPPIDHV IRGIH IWQDTR IRGIH PWDSP ´ PVSWWRDTQ IRGIH HORIZON C...... CM OPTION DYNAM...... TRESORYS C...... RQSWWDTH

IITDWT IQGIH

´ ´ OPTALIS EXPANSION C ...... IUDVQ WWDTR IRGIH ISDIW ´ RVDSP QIVDPU IRGIH

PQRPDQT IRGIH

AGIPI PREVOYANCE ECUR. D...... CM OPTION EQUIL...... SOLSTICE D...... QSUDHW

IITDRQ IQGIH OPTALIS EXPANSION D...... IUDUS

WVRDWP IRGIH

Fonds communs de placements CM OBLIG. COURT TERME .. ISHDIS ITUDTT IRGIH PSDST ´ ´ ´ IIHDWP IQGIH

AGIPI AMBITION (AXA) ...... OPTALIS SERENITE C...... ITDWI Fonds communs de placements

PHHHDTH IRGIH

´ ´ CM OBLIG. MOYEN TERME . QHRDWW QSDTI PQQDSW IRGIH

VIDWT SQUDTP IRGIH ITVDQV IQGIH PSDTU ´ ´ ´ IHQDSV IQGIH

AGIPI ACTIONS (AXA)...... ECUR. EQUILIBRE C ...... OPTALIS SERENITE D ...... ISDUW POSTE EUROPE C......

IHSWDQU IRGIH

´ CM OBLIG. QUATRE...... ITIDSH QPDQP PIPDHI IRGIH UWDQP SPHDQI IRGIH SIWDQW IPGIH ECUR. PRUDENCE C...... PACTE SOL. LOGEM...... UWDIV POSTE EUROPE D ......

´ ´ PTRDRV IRGIH RHDQP ` IIRQDVT IRGIH ECUR. VITALITE C...... Fonds communs de placements IURDQV SQS IPGIH 3615 BNP PACTE VERT T. MONDE...... VIDST POSTE PREMIERE 8 ANS C...

´ ` IISDPS IRGIH ITVDRH IIHRDTQ IRGIH CM OPTION MODERATION . IUDSU POSTE PREMIERE 8 ANS D...

USHDIS IRGIH BNP ACTIONS EURO...... IIRDQT

CRE´DIT AGRICOLE CIC BANQUES LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE SG ASSET MANAGEMENT IHPRDVU IRGIH BNP ACTIONS FRANCE...... ISTDPR

08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) Serveur vocal : IHTDTR TWWDSI IRGIH VPDWI SRQDVS IRGIH PPRDPI IRGIH BNP ACT. MIDCAP EURO..... FRANCIC...... QRDIV ASIE 2000......

´ (2,23 F/mn) PURDUI IRGIH RIDVV 08 36 68 36 62

PTHDVU IRGIH QWDUU ´ QPPHDPV PIIPQDTS IRGIH PHHDUP IRGIH BNP ACT. MIDCAP FR...... ATOUT AMERIQUE ...... FRANCIC PIERRE...... QHDTH SAINT-HONORE CAPITAL ....

PIDWH IRQDTS IRGIH

IIRVDSP IRGIH IUSDHW ´ ´ TQDVW RIWDHW IRGIH IHPTDTR IRGIH ATOUT ASIE...... ´ ISTDSI QPQDSP IRGIH BNP ACTIONS MONDE...... EUROPE REGIONS...... RWDQP ST-HONORE MAR. EMER. .... CADENCE 1 D......

QRPDIV PPRRDSS IRGIH

IPPSDVS IRGIH IVTDVV ´ IPTDSP VPWDWP IRGIH IHPTDVR IRGIH BNP ACTIONS PEA EURO..... ATOUT CROISSANCE...... ST-HONORE PACIFIQUE ...... CADENCE 2 D...... ISTDSR

IWUWDUR IRGIH ´ QHIDVI IVWDQI IRGIH PVDVT ´ ´ PWWDWH IWTUDPP IRGIH IHISDIT IRGIH

BNP EP. PATRIMOINE...... ATOUT FONCIER...... CIC PARIS ST-HONORE VIE SANTE ...... CADENCE 3 D...... ISRDUT

IPRWDWW IRGIH

´ IWHDST PHUDVI IRGIH QIDTV ATOUT FRANCE EUROPE ..... QQHDHI IRGIH BNP EPARGNE RETRAITE .... INTEROBLIG C ...... SHDQI

QHPDPT IRGIH ´ RTDHV

ISIPTDII IRGIH PQHSDWT ATOUT FRANCE MONDE...... ´ SHUDQP IRGIH BNP MONE COURT TERME . UUDQR

IHWVDWP IRGIH

ASSOCIC ...... ITUDSQ LEGAL & GENERAL BANK INTERSELECTION FR. D......

IPUVDVS IRGIH

´ IWRDWT SUQIDRW IRGIH

VUQDUT ATOUT FUTUR C ...... ´ ´ IIVSDPS IRGIH BNP MONETAIRE C...... IVHDTW TQTDQR IRGIH

AURECIC...... WUDHI SELECT DEFENSIF C......

IIVSDWU IRGIH

´ IVHDVH SPUSDTU IRGIH

VHRDPU ATOUT FUTUR D...... ´ ISSPDVS IRGIH

BNP MONETAIRE D ...... PQTDUQ PHVIDTI IRGIH

CAPITAL AVENIR...... QIUDQR ´ SELECT DYNAMIQUE C ......

IWPVDUV IRGIH

´ SECURITAUX ...... PWRDHR TQUDHU IRGIH

´ WUDIP VQQVHDVT IRGIH

IPUIIDQQ ATOUT SELECTION ...... ´ ´ IHTVDRW IRGIH

BNP MONE PLACEMENT C.. ITPDVW

PHUDTV IRGIH

CICAMONDE...... QIDTT ´ SELECT EQUILIBRE 2......

IQHUDRS IRGIH

STRATEGIE IND. EUROPE .... IWWDQP

PHUIDWI IRGIH

´ QISDVT UTPIRDVT IRGIH

IITIVDVV COEXIS ...... ´ IHRUDQU IRGIH

BNP MONE PLACEMENT D.. ISWDTU

RWPDIH IRGIH

CONVERTICIC...... USDHP ´ SELECT PEA 3......

PHURDWW IRGIH

` STRATEGIE RENDEMENT .... QITDQQ PUTRDPH IRGIH

´ ´ ´ RPIDRH

IITWSDQW IRGIH IUVPDWS DIEZE ...... PVQUDWQ IRGIH

BNP MONE SECURITE ...... RQPDTR SPIIDWU IRGIH

EPARCIC ...... UWRDST SG FRANCE OPPORT. C......

QSPSDII IRGIH

´ ´ SQUDRH WRQUQTDRP IRGIH

IRQVUIDTW EURODYN......

PTTUDWI IRGIH BNP MONE TRESORIE ...... RHTDUP PUTQDVI IRGIH

EUROCIC LEADERS...... RPIDQR Sicav Info Poste : SG FRANCE OPPORT. D ......

IIP UQRDTU IQGIH

IHVRDTP IRGIH

ITSDQS INDICIA EUROLAND......

QIUHDWH IRGIH BNP OBLIG. CT ...... RVQDRH WSRPDVT IRGIH

MENSUELCIC...... IRSRDVH 08 36 68 50 10 (2,23 F/mn) SOGENFRANCE C......

RHSDVW PTTPDRT IQGIH

PPQDHW IRGIH QRDHI INDICIA FRANCE...... PVTUDHT IRGIH

BNP OBLIG. LT...... RQUDHV RPRTDHV IRGIH TRUDQI SOGENFRANCE D......

OBLICIC MONDIAL...... ´ PRDVW ITQDPU IRGIH

ITHTDQI IRGIH PRRDVV AMPLITUDE AMERIQUE C ...

IISTDWI IRGIH IUTDQU INDOCAM CONVERT. C...... TTRDSS IRGIH

BNP OBLIG. MONDE...... IHIDQI IIRSDST IRGIH IURDTR SOGEOBLIG C......

OBLICIC Re´GIONS ...... ´

PRDTU ITIDVP IRGIH

IRPHDHP IRGIH PITDRV AMPLITUDE AMERIQUE D...

WIWDUV IRGIH

IRHDPP INDOCAM CONVERT. D ...... ´ PVWDRI IRGIH

BNP OBLIG. MT C...... RRDIP ISWDSQ IRGIH

RENTACIC...... PRDQP SOGEPARGNE D......

QRDVR PPVDSR IRGIH

IITVUDIP IQGIH IUVIDTW AMPLITUDE EUROPE C......

VUSDUH IRGIH

IQQDSH INDOCAM EUR. NOUV...... ISVQDIS IRGIH

BNP OBLIG. MT D...... SOGEPEA EUROPE...... PRIDQS PQWUDUP IQGIH

SECURICIC...... QTSDSQ

QRDHQ PPQDPP IRGIH

IIUPDQW IRGIH IUVDUQ AMPLITUDE EUROPE D ......

IHTVDIT IRGIH

ITPDVR INDOCAM HOR. EUR. C ...... RQUDPH IRGIH

BNP OBLIG. REVENUS ...... SOGINTER C...... TTDTS PITTDVW IQGIH

SECURICIC D ...... QQHDQR

PQWDWQ ISUQDVR IRGIH

IHQRDUU IRGIH

ISUDUS AMPLITUDE MONDE C...... IHWRDPU IRGIH

BNP OBLIG. SPREADS...... ITTDVP INDOCAM HOR. EUR. D...... Fonds communs de placements

PIWDUU IRRIDTH IRGIH WSTDSV IRGIH

´ IRSDVQ AMPLITUDE MONDE D ...... IIVVWDRV IRGIH

IVIPDSR INDOCAM MULTI OBLIG......

BNP OBLIG. TRESOR...... ´ IHSDVI IQGIH

DECLIC ACTIONS EURO...... ITDIQ

PRDPP ISVDVU IRGIH PPWDUV IQGIH

QSDHQ AMPLITUDE PACIFIQUE C ...

WHRDTQ IRGIH IQUDWI INDOCAM ORIENT C......

BNP SECT. IMMOBILIER ...... ´ QQIDUV IQGIH

DECLIC ACTIONS FRANC ..... SHDSV

PQDVU ISTDSV IRGIH

PHRDWP IQGIH

INDOCAM ORIENT D ...... QIDPR AMPLITUDE PACIFIQUE D...

THIVDTU IRGIH

LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WIUDSR ´ PTRDVV IQGIH

www.cdc-assetmanagement.com ´ DECLIC ACTIONS INTER...... RHDQV RQDPU PVQDVQ IRGIH

IPTHDHQ IRGIH

INDOCAM UNIJAPON...... IWPDHW ELANCIEL FRANCE D PEA....

SRVWDUH IRGIH

LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VQTDWH ´ QRUDUW IQGIH

´ DECLIC BOURSE PEA ...... SQDHP IHUDRH UHRDSH IRGIH PHQTDTP IRGIH

INDOCAM STR. 5-7 C ...... QIHDRV ELANCIEL EURO D PEA......

IHVRDTP IRGIH

SICAV 5000 ...... ITSDQS ´ ´ IHRDTQ IQGIH

´ DECLIC BOURSE EQUILIBRE ISDWS QPDIT PIHDWT IRGIH IQWRDHR IRGIH

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24 AUJOURD’HUI LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999

SCIENCES Des chercheurs améri- cultivés actuellement à travers le étroite parenté. b LE GOUAIS BLANC, étonnant au regard du résultat re- jourd’hui impossibles les expérimen- cains et français ont entrepris d’éta- monde. b LES PRINCIPALES VARIÉTÉS considéré comme une variété de marquable de son croisement avec le tations qui ont permis à nos ancêtres blir, grâce à la technique des em- cultivées aujourd’hui en Bourgogne, piètre qualité dès le Moyen Age, au- pinot noir. b LA RÉGLEMENTATION d’élaborer les grands cépages et dé- preintes génétiques, l’arbre toutes issues d’un même « couple jourd’hui quasi disparu, est l’un de très sévère, sur laquelle le vignoble favorise les vignerons français par généalogique des différents cépages fondateur », ont ainsi révélé leur ces ancêtres communs, ce qui est français a bâti sa réputation, rend au- rapport à leurs collègues étrangers. Les surprises de la recherche en paternité des grands cépages français Le recours à la technique des empreintes génétiques permet de découvrir le véritable arbre généalogique des vignes d’aujourd’hui: une passionnante révolution ampélographique qui révèle les basses origines de certains ancêtres des variétés vedettes de nos grands crus AUCUN AMOUREUX de la vigne taux et sexués ayant donné, au fil et du vin ne l’aurait cru. Et, à l’évi- du temps, naissance à la descen- dence, beaucoup, demain, en dou- dance – désormais prouvée par la teront encore. Pourtant, la science a science génétique – de trois cépages parlé et les derniers résultats sortis blancs et d’un rouge longtemps vi- des cornues de la génétique molé- nifiés dans différentes provinces de culaire ne laissent plus la place au France et, depuis quelques décen- moindre doute : quelques-uns des nies déjà, dans de multiples régions plus grands cépages français, des du globe. cépages à l’origine des appellations Cela pose problème. Car, si la d’origine contrôlée parmi les plus grandeur du pinot noir ne laisse au- prestigieuses de l’Hexagone, sont cun doute, le gouais blanc soulève les descendants d’un couple végétal en revanche de sérieuses interroga- contre nature. Un couple constitué, tions. Gouais blanc ? Hormis les il y a plusieurs siècles, du célébris- ampélographes de Montpellier, qui, sime pinot noir (à l’origine, notam- religieusement, continuent à le ment, de tous les vins rouges de la cultiver et, pour le plaisir, à en vini- Bourgogne) et de l’improbable fier le fruit, personne ne sait plus de « gouais blanc », cépage de la plus quoi il retourne. Dans cette bible basse extraction qui a depuis long- qu’est devenu Le Livre des cépages, temps déjà totalement disparu de la de Jancis Robinson (traduction de planète viticole. Publié récemment Claude Dovaz, éditions Hachette), par l’hebdomadaire scientifique le gouais blanc n’est plus mention- américain Science, cet incroyable bi- né que comme l’une des anomalies lan d’une recherche en paternité qui auraient, autrefois, été cultivées ampélographique hors du commun dans le Jura et la Franche-Comté. remet en question bien des certi- Pour autant ce cépage a bel et bien tudes. Elle ouvre de nouvelles pers- marqué l’histoire française de la pectives quant à l’usage qui pourrait vigne et du vin. Les auteurs de la être fait demain de la plasticité de publication de Science estiment, Vitis vinifera, cette plante étonnante. quant à eux, que ce vieux roturier Cette étude est la dernière étape hexagonal n’est autre que le cépage en date d’une vaste entreprise lan- heunisch d’Europe centrale, intro- cée au début de 1990 et qui vise à duit en Gaule par un empereur ro- établir, grâce à la technique des em- main originaire de Dalmatie. preintes génétiques, le véritable « D’autres travaux sont en cours arbre généalogique des différents pour tenter d’établir de nouvelles fi- cépages, ou variétés, des vignes liations, explique Jean-Michel Bour- cultivées actuellement à travers le siquot. Ils concernent notamment les MICK ROCK/TOP monde. Les biologistes végétaux Vignoble de Chardonnay dans le Macônnais. cépages gewurztraminer, marsanne ont eu recours aux mêmes outils et roussane. De nouveaux marqueurs, que ceux qui, utilisés par les spécia- nique des empreintes génétiques nous place à aucun doute : le chardonnay surprendra pas, au fond, les spécia- sus du cépage chenin ont fréquem- les chloroplastes, qui, dans la vigne, listes de la médecine légale ou de la pouvons aller beaucoup plus loin. » (le plus grand et le plus expressif listes de la dégustation et de l’œnolo- ment des silhouettes de tokay hon- ne sont transmis que par la mère, de- police scientifique, ont amplement Une équipe dirigée par Carole des cépages bourguignons), l’aligo- gie dans la mesure où les vins issus de grois. » vraient nous permettre de progresser fait la preuve, ces dernières années, Meredith et John Bowers (départe- té (ce cousin pauvre du chardon- ces quatre cépages se situent dans Plus encore que la découverte de peut-être plus rapidement que nous de leur puissance et de leur préci- ment de viticulture et d’œnologie nay), le gamay (ce Rastignac des cé- une même gamme de structures et cet étonnant cousinage, c’est bien l’imaginions. » Tout est ainsi en sion. Il s’agissait d’analyser la struc- de l’université de Californie, à Da- pages rouges) et le melon de d’arômes, estime pour sa part Thier- l’identité de l’un des deux membres place pour que la génétique contri- ture de certaines régions parti- vis) a pu confirmer ainsi que le ca- Bourgogne (qui a depuis longtemps ry Nérisson, jeune vigneron touran- du couple végétal fondateur qui ne bue un peu plus encore à l’anthro- culières du patrimoine génétique de bernet sauvignon – cet empereur du colonisé le terroir du muscadet) geau et sommelier du restaurant peut manquer de surprendre. En ef- pomorphisation de cette merveil- certains cépages et, par comparai- Médoc et de la plupart des vignes sont tous cousins. Plus qu’issus de Jean Bardet. Cette parenté est plus fet, plusieurs éléments historiques leuse plante, fruit ultime de la lente son avec les résultats obtenus à par- rouges du Nouveau Monde – germains, presque frères consan- particulièrement retrouvée dans des plaident en faveur de la possible domestication des lambrusques des tir de la même analyse d’autres va- n’était, en réalité, que l’enfant plus guins. vins vieillissants, qui s’expriment création de croisements par pollini- forêts ancestrales. riétés, d’établir des lignes de ou moins légitime du cabernet franc « Une telle conclusion peut appa- souvent de manière étonnamment sation entre le pinot noir et le filiation. Le génome de la plante est et du sauvignon, ces deux cépages raître a priori étonnante, mais elle ne muscatée. De même, les vieux vins is- gouais blanc ; ces mariages végé- Jean-Yves Nau obtenu par extraction à partir de indéracinables de la tranche mé- jeunes feuilles broyées, mais peut diane de la vallée de la Loire. aussi l’être, depuis peu, à partir de fruits ou de sarments TOUS COUSINS « On estime aujourd’hui à environ Aujourd’hui, grâce à la collabora- La réglementation contre l’aventure six milles le nombre des cépages culti- tion exemplaire établie entre LA PUBLICATION de Science dépasse de beau- cation, de comparaisons et de stabilisation des li- condamné par un tribunal de Carcassonne à vés à travers le monde, explique l’équipe californienne et les spécia- coup le seul cadre de la génétique et de l’ampélo- gnées ainsi établies. La question, dès lors, est de 10 000 francs d’amende pour avoir osé planté 1 000 Jean-Michel Boursiquot (Ecole su- listes de l’Ecole nationale supérieure graphie. En levant le voile sur l’origine de quel- savoir si la situation actuelle correspond à une pieds surgreffés en riesling et en gewurztraminer, périeure agronomique, Montpel- agronomique de Montpellier asso- ques-uns des grands cépages français, elle rappelle forme d’apogée de la viticulture ou si, comme on qu’il devra en outre impérativement arracher. Pro- lier). Pour tenter d’établir l’origine de ciés à l’unité de recherches de géné- avec force que cette plante, plus peut-être que doit sans doute le penser, l’aventure commune de ducteur de vins unanimement salué par les cri- ces cépages, les ampélographes ne tique et d’amélioration des plantes l’homme et de la vigne est loin d’être finie. tiques, Jean-Louis Denois ne pourra donc pas pouvaient, jusqu’ici, que se baser sur de l’Institut national de la recherche ANALYSE A Montpellier, les auteurs français de la publica- conduire l’expérience qu’il souhaitait : vérifier si des caractères phénotypiques, agronomique (INRA), on franchit Certains imaginent d’autres tion de Science ont entrepris de reproduire le ma- ces deux cépages orientaux peuvent s’adapter à la comme la forme des feuilles ou celle un nouvelle étape dans le décryp- riage entre le pinot noir et le gouet blanc afin de spécificité de son terroir, l’un des plus frais et des des raisins et des grappes. On avait tage des racines ampélographiques. tentatives qui permettraient confirmer, en pratique, les preuves fournies par la plus hauts du Languedoc. pu établir ainsi quelques grandes fa- Les empreintes génétiques retrou- d’élargir encore la gamme génétique. Mais, déjà, certains imaginent d’autres La situation est d’autant moins rationnelle que milles de cépages. Grâce à la tech- vées de Vitis vinifera ne laissent des plants cultivés. tentatives qui permettraient d’élargir encore la les vignerons étrangers ne sont pas soumis aux gamme des plants cultivés, que ce soit pour leurs contraintes réglementaires françaises et qu’à ce fruits ou pour les vins auxquels ils pourraient don- titre ils peuvent se lancer dans des aventures que toutes celles destinées à l’alimentation, a été fa- ner naissance. Or force est de constater que ce dé- l’Hexagone prohibe. Beaucoup de spécialistes çonnée, sélectionnée, par l’homme. En d’autres but de révolution survient, en France, dans un craignent qu’après avoir – grâce au concept d’ap- termes, les vignes telles que nous les connaissons contexte caractérisé par l’omniprésence d’une ré- pellation d’origine contrôlée et à l’institut national, aujourd’hui ne sont que les très lointaines descen- glementation drastique qui interdit, en pratique, qui en porte le nom – obtenu une indiscutable re- dantes des vignes de l’Antiquité méditerranéenne toute aventure viticole et gustative. nommée internationale le vignoble français ne soit ou du Moyen Age européen. La dernière illustration en date concerne Jean- aujourd’hui prisonnier d’un corset insupportable. Les cépages de cette fin de millénaire sont le Louis Denois, vigneron propriétaire du domaine produit de longs travaux de croisement, d’identifi- de l’Aigle à Roquetaille (Aude), qui vient d’être J.-Y. N. La belle histoire du petit gouais blanc «EN RÉALITÉ le gouais blanc n’a par Philippe de Beaumanoir, dé- « achetteit nulz de nos vins por la du vin à moindre prix. Cette commu- pas totalement disparu de l’Hexa- montre combien il était déjà au bas grant foison des goez » nauté d’intérêt ne pouvait qu’inquié- gone : il y a quelques semaines j’ai pu de l’échelle œnologique. L’auteur C’est ainsi que l’ordre fut donné, ter les bourgeois viticulteurs d’Ile-de- en retrouver deux souches dans le évaluait alors la valeur des rentes alors, d’arracher le mécréant sur France, d’autant que ces derniers se Gers, à proximité de la zone d’appel- servies un vins. Alors que le « vin tout le territoire messin et de ne pri- trouvaient désavantagés par la vogue lation du Madiran, et il est vraisem- fromentel » est estimé à « douze sous vilégier que le fromental blanc et grandissante des vins récoltés sous de blable qu’on puisse encore en trouver le mui », le « vin moreillons » l’est à noir. plus chaudes latitudes. Mais le mou- dans le Sud-Ouest », affirme Jean- neuf sous et le « goet » à six sous vement n’est que parisien. « A partir Michel Boursiquot (Ecole supérieure seulement. Roger Dion retrouve ce COMMUNAUTÉ D’INTÉRÊTS du moment où la viticulture populaire agronomique, Montpellier). Pour « cépage inférieur » en 1338 à Metz, On retrouve le gouais à Paris au commence à multiplier ses plantations notre part, nous continuons à le culti- où il est orthographié «goez». «En XIVe siècle, où, du fait du fort déve- aux abords de la capitale, une opposi- ver au domaine du Vassal, propriété 1338 un atour – ainsi étaient appelées loppement de la classe ouvrière, il tion s’accuse dans l’ensemble de la pro- de l’Institut national de recherche à Metz les ordonnances de l’échevi- prend progressivement la place du vince vinicole nommée France entre un agronomique. » Gouais – ou goet – nage – s’en prend à ceux des habi- morillon (le pinot noir de Bourgogne, vignoble suburbain qui s’avilit de jour blanc ? S’il n’est plus dans la mé- tants de la cité et des villages voisins ainsi appelé en référence au teint ba- en jour et des vignobles plus éloignés qui moire des vignerons d’aujourd’hui, qui ont eu la « malice » d’arracher de sané du Maure), plant fin du vignoble se défendent mieux contre l’invasion des ce cépage est bel et bien présent leurs vignes le cépage noble dit fro- parisien. plants grossiers », écrit Roger Dion. Ce dans les racines séculaires de la viti- mental [qui évoque la blancheur de « Ceux qui plantaient du gouais aux sont ces vignobles, on le sait, qui sau- culture française, comme en té- la farine] pour mettre en sa place des abords de Paris tiraient de cette faible veront l’honneur de la viticulture fran- moigne Roger Dion dans sa monu- « goez » et d’autres mauvaises es- mise un profit certain tant la capitale çaise. On ignorait néanmoins jusqu’à mentale Histoire de la vigne et du vin pèces de vignes afin d’augmenter le était avide de vins à bon marché », écrit présent que le gouais avait directe- en France des origines au XIXe siècle volume de leur récolte, écrit-il. Roger Dion. Tout se passe alors ment, génétiquement, contribué à ce (éditions Flammarion). « Grant damage », disent les éche- comme si une communauté d’intérêts sauvetage. Un document du XII e siècle, la ré- vins, en est venu « à Nous et à nostre s’établissait entre l’ouvrier vigneron et daction de la coutume de Beauvaisis citeit », les marchands ne voulant plus celui de la vigne, soucieux d’obtenir J.-Y. N. LeMonde Job: WMQ1610--0025-0 WAS LMQ1610-25 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 10:09 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 1830 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / 25

Deux parcours pour traverser l'Atlantique Paul Vatine reprend la Route du café 105°O 90°O 75°O 60°O45°O 30°O15°O0° Le Havre TRANSAT LE HAVRE- CARTAGENA Vingt bateaux – douze monocoques et huit multicoques – s’élancent 45°N Les Açores ITINÉRAIRE samedi 16 et dimanche 17 octobre du Havre vers Cartagena (Colombie) OCÉAN DES MONOCOQUES ATLANTIQUE ET MULTICOQUES illes CLASSE 2 pour la quatrième édition de la transat en double (Départ 16 octobre ° à 15 h) LE HAVRE (Seine-Maritime) vingt-deux ans. La plaisance est Son père n’y comprend rien. 30 N 4 420 m Golfe du de notre envoyée spéciale alors bien étrangère aux préoc- Pas plus que, quelques années I. Canaries ITINÉRAIRE Mexique Saint-Barthélemy illes Tropique du Cancer Cette transat-là est sa course cupations de sa famille. Le père, plus tôt, quand Paul s’est porté DES MULTICOQUES fétiche. Pas comme la Route du artisan-menuisier, n’a de cesse de volontaire pour faire son service 5 520 m CLASSE 1 rhum, qui s’est « refusée à (lui) » faire de ses fils « autre chose que militaire dans un régiment de pa- (Départ 17 octobre à 15 h) en novembre des manuels ». C’est par les activi- rachutistes. Son fils le tient en 15°N 1998 à cause tés de la MJC que son frère aîné, grande partie pour responsable. Cap Vert d’un choix Philippe, entraîne Paul sur un dé- « Pour les paras, dit Vatine, j’avais Cartagena La Barbade Arrivée à Cartagena tactique inop- riveur. Le cadet n’est pas le plus besoin de me réveiller de la torpeur COLOMBIE début novembre portun après doué, mais un besoin d’ac- intellectuelle dans laquelle j’étais qu’il eut mené complissement et de reconnais- tombé, mais j’ai toujours gardé un six jours du- sance irrépressible l’habite. «Si certain recul. Pour la voile, j’ai un situation cette année, il a long- coques) puis les côtes de Colombie, rant. Sur l’an- j’étais né au pied de l’Himalaya, peu imité mon père qui était un temps été le seul skipper-arma- je vibrerai comme la première fois. DÉPÊCHES cienne Route j’aurais escaladé des montagnes, provocateur, toujours à contresens teur dans la flotte des multi- Je ne me réalise pas seulement dans a FOOTBALL : Toulouse s’est im- du café, qui relie le port du Havre affirme Vatine. Ou je serais devenu des autres, et dont la devise était coques français de 60 pieds. Pour la douleur au nom de mes ori- posé nettement (3-0) sur le terrain aux côtes colombiennes, Paul Va- coureur de marathon si j’étais afri- “travaille le dimanche et chôme le cette transat 1999 il a bénéficié du gines. » de Châteauroux, jeudi 14 octobre, en tine, quarante-deux ans, s’est déjà cain. J’existe par rapport aux autres lundi” ». concours du groupe André. Ses messages à la fin de la der- match avancé de la 14e journée du imposé deux fois. Seul, d’abord, grâce à la compétition. » S’il a finalement posé son sac à Entre les grandes épreuves il nière Route du rhum étaient championnat de France de football en 1993, pour l’épreuve inaugu- Sans plus attendre, il quitte Saint-Quay-Portrieux (Côtes- s’efforce de trouver des défis, pourtant parfois inquiétants, grâce à des buts de Fabrice Jau, Vla- rale, puis avec Roland Jourdain, Le Havre et abandonne ses études d’Armor), Vatine a vécu son « ini- comme celui qu’il a lancé aux six presque morbides. Mais seule- dimir Petrovic et Marc Libbra. en 1995. supérieures de commerce. Pour tiation » bretonne comme un exil. meilleurs funboardeurs du mo- ment pour les autres. « Je suis un a Un supporteur du Paris-SG, Il y a deux ans, sur son trimaran apprendre la mer, il monte dans « A Lorient, on est dans les terres, à ment, entre Cargèse (Corse-du- littéraire et la mer donne envie de poursuivi pour avoir participé aux Chauss’Europ avec son équipier un train en direction de la Bre- Brest, au fond d’un goulet. Non, Sud) et le Lavandou, dans le cadre s’épancher, surtout quand on est violences en marge du match de son Jean-Luc Nélias, il a été devancé tagne. Il vit comme au temps du vraiment, à part Fécamp et Dieppe, d’un accord avec le Club Méditer- dans une phase psychologique diffi- équipe et l’Olympique de Marseille d’une bonne journée par le Pri- compagnonnage, se présente Le Havre n’a pas sa pareille. » Il a ranée. « Je rentre à nouveau dans cile. J’avais terminé 2e de l’édition mardi 12 octobre, a été placé sous magaz des frères Bourgnon. Mais dans les chantiers pour travailler gardé dans sa bonne ville natale une période de séduction, dit le na- précédente, j’étais sûr que cette contrôle judiciaire et a été interdit cette défaite n’a rien changé. Le « contre deux repas chauds et une un pied-à-terre et la vante comme vigateur résigné, alors que j’aurais fois, c’était mon tour. » d’accès « à toute manifestation ayant Havre continue d’inspirer Paul couverture ». « On m’appelait « la plus belle façade maritime de souhaité, par une victoire dans la Mireille, son épouse d’origine trait au football » par le tribunal cor- Vatine. Il y est né et il y a décou- l’équipier volant, dit-il, j’étais tâ- France ». Route du rhum, connaître un abou- corse et sa plus fidèle alliée dans rectionnel de Nanterre (Hauts-de- vert la voile à l’âge «mûr» de cheron, sans plan de carrière ». tissement. » leur entreprise maritime, lui ré- Seine), jeudi 14 octobre. UN HOMME DE PASSIONS A qui le soupçonne d’en rajou- pète que la récompense aux méri- a GYMNASTIQUE : le Russe Niko- C’est que Le Havre et la région ter dans la communication misé- tants n’existe pas. « Elle a raison, laï Krukov a gagné, jeudi 14 octobre, Les concurrents Haute-Normandie lui ont offert rabiliste, il répond : « Je ne suis dit-il. La seule chose qui compte, le concours général individuel des sa premier barre de capitaine à la que ce que je suis. Je sais raconter c’est d’avoir réalisé en amont une championnats du monde à Tianjin b Monocoques de Classe I à50pieds): Pindar (Emma fin des années 80. « J’avais trente les vagues de l’Atlantique, mais, en préparation parfaite, alors on est (Chine), devant le Japonais Naoya (supérieurs à 50 pieds) : Richards/Miranda Merron) ; Spirit of ans, dit-il, j’avais fait des tas de mer, il y a aussi l’histoire que vit en confiance et on peut gagner. » Tsukahara et le Bulgare Jordan Jovt- Aquitaine-Innovations (Yves Race (Michaël et Franco Fineschi). courses, participé à trois tentatives l’homme, et si je n’ai pas le mono- Pour que son nouveau parte- chev. Le premier Français, Florent Parlier/Ellen Mac Arthur) ; Défis b Multicoques Classe I de records de l’Atlantique, la réali- pole de la difficulté et de la souf- naire le suive jusqu’à Plymouth, Maree, s’est classé quatorzième. Le 14 PME (Hervé Laurent/Loïc (supérieurs à 50 pieds) : Banque té c’était de devenir skipper. » Va- france, j’ose dire qu’une transat d’où s’élancera vers Newport la concours féminin a été emporté par Etevenard) ; Fila (Guido populaire (Jean-Louis tine est un homme de passions. n’est pas seulement le plaisir pur de Transat Anglaise en solitaire le la Roumaine Maria Olaru, devant Broggi/Bruno Laurent) ; Gartmore Roucayrol/Jacques Caraes) ; Aux commandes de son trimaran la glisse les cheveux au vent et les 4 juin 2000, Vatine devra l’Ukrainienne Victoria Karpenko et la Investment (Josh Hall/Alex Biscuits-La Trinitaine (Marc flambant neuf, il dit s’être senti lunettes de soleil sur le nez. » convaincre dans cette course. Russe Elena Zamolodchikova. Thomson) ; GEB (Xavier Guillemot/Jean-Luc Nélias) ; « le porte-parole d’un million et Ses courses océaniques à lui Jean Maurel – dont il s’est adjoint a OLYMPISME : Juan Antonio Sa- Lecœur/Christian Gasperin) ; Sill Brocéliande (Alain Gautier/Michel demi de contribuables ». sont encore de vraies aventures les compétences pour l’occasion maranch, le président du Comité Entreprises (Roland Jourdain/Jean Desjoyeaux) ; Foncia (Yvan L’histoire d’amour avec le par- de pionnier. Il se souvient de sa et qui a remporté l’édition 1995 en international olympique, sera en- Le Cam) ; Sodebo-Savourons-la-Vie Bourgnon/Laurent Bourgnon) ; tenaire local s’est mal terminée, récente « découverte de l’Amé- monocoques – croit en leurs tendu le 15 décembre à Washington (Thomas Coville/Hervé Jan) ; Fujicolor II (Loïck Peyron/Franck mais la teneur des contrats per- rique » : une arrivée par la mer à chances. « C’est suffisamment dur par la chambre des représentants sur Somewhere-Baume&Mercier (Marc Proffit) ; Groupama (Franck met au navigateur de conserver la New York en 1994 en pleine nuit d’être équipier quand on a été l’attribution des Jeux d’été de 1996 à Thiercelin/Bernard Mallaret) ; Team Cammas/Steve Ravussin) ; Groupe jouissance du voilier. Depuis, il « sur le quai 17 ». Il jure connaître longtemps skipper, dit-il. Je ne vou- Atlanta. Il devra également apporter Group 4 (Mike Golding/Edouard André (Paul Vatine/Jean Maurel). s’enflamme un peu moins, se bat encore des émois et des bonheurs lais m’embarquer que sur un ba- son témoignage sur la désignation Danby) ; Whirlpool-Europe 2 b Multicoque de Classe II (de 45 à pour maintenir son navire et ses de débutant. « Quand je vais re- teau capable de gagner. » très controversée de Salt Lake City (Catherine Chabaud/Luc Bartissol). 50 pieds) : CLM (Hervé finances à flot. A l’exception voir La Barbade (marque de par- pour l’organisations des Jeux d’hiver b Monocoques de Classe II (de 45 Cléris/Ronan Delacou). d’Yvan Bourgnon dans la même cours obligatoire pour les multi- Patricia Jolly de 2002. LeMonde Job: WMQ1610--0026-0 WAS LMQ1610-26 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 09:05 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 29Fap: 100 No: 1831 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 AUJOURD’HUI - STYLES Les textiles revisitent la maison De jeunes créateurs assemblent, mélangent, maltraitent matières et couleurs pour habiller murs, fenêtres et mobilier LA MAISON s’habille de nou- abeilles, coccinelles, tulipes, coqueli- tenir des variations d’intensité, des velles matières, s’illumine de cou- cots et poissons sur le lin, le taffetas surprises, des modulations où la lu- leurs inattendues, ose les mélanges ou la soie. Dans sa collection « Gra- mière n’arrive que par des ouvertures de tissus, de toucher et de motifs. phique », des petits carrés de ve- imperceptibles ». Son style porte la Après le mobilier, le textile impose lours ou de fil décorent le lin ; des marque d’une délicatesse sophisti- aux intérieurs une modernité qui plumetis de broderies capitonnent quée, sans guère en avoir l’air. tente de rompre avec un héritage le velours ou le lin, des ronds de ve- Délicatesse aussi du côté des deux – papiers peints, tentures velours et lours bordés de franges jouent avec créatrices Sylvia Charmet et Gyorgyi nappes en coton uni ou fleuri – bien la couleur des tissus. Rideg, qui juxtaposent, associent ancré. Les créateurs s’attaquent au- La douceur, c’est aussi le maître des matières inhabituelles. Chez jourd’hui au revêtement des fe- mot d’Elisa Borgel. Pour sa collec- elles sont à l’honneur les tissus plas- nêtres, des lits et des canapés, uti- tion hiver, il a guidé son inspiration, tifiés, métallisés et les tonalités sub- lisent le tissu pour revisiter l’espace, l’a poussée vers des matières douces tiles de blanc et d’argenté. Em- jouer avec la lumière et exploiter et chaudes comme la polaire, la preintes de lumière, traces dessinées l’éphémère... histoire de donner aux laine tricotée, la fausse fourrure et par l’eau, danse des lignes de intérieurs un air de nouveau millé- des teintes écrues. Pour l’été, elle ré- l’écorce se glissent discrètement naire, en phase avec les aspirations fléchit à des couleurs plus cha- dans leur création, qui cherche à re- profondes des consommateurs. toyantes, des matières et des motifs visiter de façon moderne les tech- Ils ont comme point commun qui évoquent la plage et le voyage. niques anciennes. d’aimer la Les saisons matière lui pro- « À LA LIMITE DES MATÉRIAUX » pour le plai- curent le Sophie Mallebranche fonctionne sir tactile terrain privi- beaucoup par « accidents ». Une qu’elle pro- légié pour matière qu’elle pousse un peu trop cure. Leur exprimer loin, et c’est la découverte d’une travail se des atti- autre possibilité, l’émergence d’une concentre rances nouvelle idée. Toute sa vie, elle a essentielle- éclectiques. baigné dans la couleur. Aujourd’hui, ment sur ce Car Elisa elle la rejette en bloc et aspire au point. Ils as- Borgel ne se calme, à la lumière. D’où son attrait semblent, refuse rien. pour les couleurs froides. Tête cher- juxtaposent, Elle aime cheuse, elle n’en finit pas d’oser les traitent et autant la ri- mélanges, les tissages inattendus en parfois mal- gueur et Inox ou en fils d’argent. Elle enduit traitent les l’univers du tissu de silicone, du polyester tissus, en quête d’une sensation qui épuré de Catherine Memmi que le d’aluminium... essaie toujours d’al- les touche, d’un univers qui leur est côté ludique-pop d’Alexis Lahellec. ler plus loin, « à la limite des maté- propre. Certains préfèrent cultiver « Tout dépend du moment », précise- riaux ». Son travail est à l’avant- l’effet de surprise par des contrastes t-elle. garde d’un courant qui va transfor- de matière (douceur et rugosité) ou Parce qu’elle estime que le tissu mer les intérieurs. Tout comme la de couleur, pendant que d’autres doit habiller la maison sans la figer, création de Lily Latifi, qui travaille n’en finissent pas de tendre à l’har- offrir à celui qui l’habite la possibili- essentiellement sur des bases monie. Leurs sources d’inspiration ? té de changer au gré des humeurs, blanches qu’elle enduit selon un La rue, la haute couture, le quoti- des envies, elle crée des coussins, procédé sérigraphique. Elle crée ain- dien, les voyages, les rencontres... plaids et housses de lit à double si des chemins de table qui donnent Résultat, un foisonnement d’idées, face. Elle n’hésite pas non plus à du volume au meuble, des pan- de décors possibles et de décou- maltraiter la matière – elle lacère, neaux qui captent la lumière pour la vertes à venir. rase, surpique – pour créer des ef- rendre différente, diffuse, chan- Pour Kim et Garo, ce sont les fets tactiles inattendus. geante. En confrontant puis en ma- voyages – réels parfois, imaginaires Avec ses tentures en tarlatane riant opacité et transparence, ombre le plus souvent – qui excitent leur qu’elle peint à la main, Frédérique et lumière, Lily Latifi recherche les imagination. Les motifs et les tissus F. Thomas invite à personnaliser son contrastes pour mieux créer des ef- d’ailleurs nourrissent et enrichissent espace, à jouer des volumes pour fets de volume.

sans cesse une création qui revisite une maison en mouvement. Il suffit Tous ces créateurs textiles qui PHOTOS D.R. les cultures du monde. Les matières de faire coulisser au milieu d’une émergent aujourd’hui expriment et les couleurs de l’Afrique, de pièce un panneau pour séparer l’es- une envie de changement, un désir Coussin Alaska, en fausse fourrure surpiquée, l’Asie... se retrouvent dans les cous- pace, ou encore d’en juxtaposer de bouleverser les univers intimes d’Elisa Borgel. sins, les tentures, les parures de lit et deux pour changer la couleur du tis- sans pour autant vouloir imposer Coussins en popeline, voile de coton froissé le linge de table de ces créateurs, su et changer de lumière. une esthétique particulière. Il y a tie and dye, rabane. Broderies sénégalaises, dont le talent est de savoir s’inspirer Karine Fernel a préféré choisir la chez eux une volonté de séduire de Kim et Garo. sans copier. Leur style : un assem- neutralité du blanc donnée par les sans force. Peut-être parce que, blage subtil de coloris, de textiles, fibres naturelles telles que le coton s’adressant directement aux sens, la d’artisanats divers. Un tour du côté et la laine : « Des matières, dit-elle, création textile est, plus que tout de la Corée : la soie rose thé se mêle expressives, fluides ou pesantes, dia- autre chose, affaire d’élection senti- Tenture en tarlatane peint à la main, alors au lin beige floqué, à la soie phanes ou opaques, des matières qui mentale. fond vert et carrés rouges, brochée or mat et rose tyrien, à la appellent les sens. » Elle plie le maté- de Frédérique F. Thomas. popeline raisin. Un passage par riau, le replie, le structure pour «ob- Véronique Cauhapé Tombouctou, et la popeline d’un beige chaud tempère un voile de co- ton froissé tie and dye, s’amuse Détail d’une tenture : tissage réalisé avec du d’une paille délicate tissée ou effran- silicone moulé et du fil d’inox sur une chaîne gée. Puis direction Zanzibar : le lin, nylon, de Sophie Mallebranche. couleur de romarin, la soie brochée au motif ethnique, le voile translu- cide racontent cette ville bariolée et joyeuse... Anne Marin aime les ambiances Mode vestimentaire et décoration d’intérieur douillettes. Ses créations aspirent à une harmonie qui s’autorisent des POUR sa deuxième édition, le Lacroix, Christian Dior, Jean- tif » (ses meubles font partie audaces. La créatrice ose les mé- Salon grand public de l’art de la Charles de Castelbajac, Chantal d’un patrimoine qu’il doit pou- langes de matières brutes (lin, laine, maison a choisi de mettre Thomass, Sonia Rykiel... Chacun voir être fier de transmettre et il feutre), de velours soyeux, de mo- l’accent sur les rapports qui livre sa vision personnelle de recherche des meubles qui ont hair ou de fourrure, de broderies unissent la mode vestimentaire l’univers intime. une âme), « pratique » (il veut fines. Ses mariages de coloris, de et la décoration d’intérieur. Ma- L’Art de la maison donne aussi du mobilier astucieux et peu en- motifs stylisés, ses assemblages tières et couleurs se retrouvent carte blanche à Andrée Putman, combrant et craque pour le composent un univers délicat et d’un univers à l’autre. La cou- qui a rassemblé une vingtaine « plus service » qui lui simplifie joyeux. Pour sa collection « Na- ture inspire créateurs, décora- d’objets qu’elle n’a pas signés la vie), « informé » (il aime se te- ture », la créatrice a pensé broder teurs et designers, et les coutu- mais qui ont ponctué sa vie ami- nir au courant des tendances riers, de leur côté, s’intéressent cale et familiale, marqué sa car- grâce aux magazines) et « hédo- de près à la maison. rière ou, tout simplement, pro- niste » (il est en quête de Adresses Les correspondances touchent voqué en elle des moments de confort, de qualité de vie). aussi les comportements. On bonheur esthétique. Ces préférences guident les b Kim et Garo. Boutique, 7, rue aime dire, aujourd’hui, que la achats du consommateur, qui des Quatre-Vents, 75006 Paris. maison n’est plus figée, que les CONFORT ET QUALITÉ DE VIE opte majoritairement « pour de Tél. : 01-40-46-89-29 . consommateurs commencent à Dans cet espace souvenir se beaux meubles qui durent long- b Anne Marin. Bocoray, 72, rue changer de décoration comme trouvent ainsi regroupés le lam- temps » (62 %) et « qui ont déjà du Faubourg-Montmartre, 75009 de vêtement. Ce qui pousse cer- pion-citrouille de Noguchi, un vécu » (32 %), du mobilier qui Paris. Tél. : 01-48-78-88-88. Agnès tains observateurs à s’interroger banc de Bertoïa, la radio de permet de gagner de la place Comar, 10, avenue George-V, sur les conséquences d’une telle Brion Vega, un dessin de Gérard (27 %). Tandis qu’ils ne sont que 75008 Paris. Tél. : 01-47-23-33-85. frénésie, qui risque d’aboutir à Garouste, un lutrin, une robe 2,6 % à préférer acheter des b Sylvia Charmet et Gyorgyi une saturation, une banalisation d’Azzedine Alaïa... Andrée Put- créations. Rideg. L’Heure des mimosas, et un appauvrissement accélérés man marquera aussi le Salon de A la question « quels meubles 37, rue Saint-Ambroise, de la création. sa présence en rencontrant avez-vous l’intention d’acheter 75011 Paris. Tél. : 01-43-38-20-42. Avant d’en arriver là, le Salon Christiane Germain, journaliste au cours des deux prochaines b Lily Latifi. Quand les belettes met en scène les « intérieurs » spécialisée en design et archi- années ? », les réponses ont plé- s’en mêlent, 24, rue Vivienne, de couturiers tels que Christian tecture, lors d’une conférence biscité le canapé (29 %), le mate- 75002 Paris. Tél. : 01-42-60-67-40. prévue le vendredi 15 octobre, à las (26,9 %), le petit mobilier Eléments, 31 bis, rue des 17 heures. Un autre débat, prévu (24,8 %) puis le mobilier de jar- Tournelles, 75003 Paris. lundi 18 octobre (11 heures), din (11,7 %), la salle de bains Tél. : 01-44-54-53-44. proposera un face-à-face entre équipée (11,4 %) et la cuisine b Elisa Borgel. Showroom, 98, l’architecte et décorateur (10,1 %). rue Dantrémont, 75018 Paris. Jacques Garcia et le directeur du Tél. : 01-42-59-18-36. Via (Valorisation et innovation V. Ca. b Karine Fernel. The Conran dans l’ameublement). Shop, 117, rue du Bac, 75007 Paris. Chaque salon s’accompagne ૽ L’Art de la maison, jusqu’au Tél. : 01-42-84-10-01. Et 30, d’une étude. Cette deuxième lundi 18 octobre 1999, à l’hippo- boulevard des Capucines, 75009 édition de l’Art de la maison ne drome d’Auteuil, 75016 Paris. Paris. Tél. : 01-53-43-29-00. fait pas exception et livre les ré- Ouverture de 10 à 20 heures b Sophie Mallebranche. sultats d’une enquête Secodip (vendredi 15 et samedi 16), de 10 Tél. : 01-53-41-65-23. réalisée en 1999, qui dessine, à à 19 heures (dimanche 17), de 10 b Frédérique F. Thomas. travers cinq tableaux, le profil à 18 heures (lundi 18). Entrée : Tél. : 01-43-25-26-32. du « consommateur maison ». Ce 60 F (adultes) ; gratuite pour les dernier apparaît comme « affec- enfants de moins de 12 ans. LeMonde Job: WMQ1610--0027-0 WAS LMQ1610-27 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 10:33 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 29Fap: 100 No: 1832 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / 27 ------Soleil fréquent 16 OCTOBRE 1999 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé SAMEDI. L’anticyclone se décale Bourgogne, &newlin;Franche- vers 12h00 DU VOYAGEUR vers les pays scandinaves, mais son Comté. – C’est une belle journée, influence s’étend jusqu’à la France. sauf en plaine d’Alsace et val de Peu Il dirige un flux d’est qui s’oppose à Saône, où la grisaille brumeuse Belfast nuageux a FRANCE. Ouverture à Magny-le- la progression des perturbations tarde à se dissiper. Il fera de 14 à Liverpool Hongre, près de Marne-la-Vallée, à Dublin atlantiques sur la France. Il faudra 16 degrés. Varsovie Kiev proximité de Disneyland Paris, de attendre dimanche pour qu’une Poitou-Charentes, Aquitaine, l’Hôtel du Moulin de Paris, un 2- Amsterdam Berlin Brèves dégradation pluvieuse se précise Midi-Pyrénées. – Les brumes ma- éclaircies étoiles (82 chambres climatisées, sur l’Ouest et le Sud. tinales laissent place à un ciel Londres piscine extérieure chauffée, sauna o Bruxelles Bretagne, pays de Loire, Basse- souvent peu nuageux. Quelques 50 Prague et salle de remise en forme) qui cé- Normandie. – De la Basse-Nor- bourgeonnements sans consé- Couvert lèbre le thème du Vieux Paris. Le mandie au Perche, la grisaille mati- quence se forment sur les Pyré- Paris Strasbourg Vienne restaurant, dont le décor évoque nale évolue vers des éclaircies nées. Il fera de 18 à 22 degrés. Budapest une brasserie, propose une cuisine Brume l’après-midi. Les éclaircies sont Limousin, Auvergne, Rhône- Nantes traditionnelle à prix modérés. Berne brouillard plus précoces de la Bretagne à la Alpes. – Du Mâconnais au Lyon- Bucarest Chambres à partir de 400 F (60 ¤), Vendée, après dissipation des nais et au Genevois, les nappes de Lyon Milan formule repas à 85 F (13 ¤), navette brouillards. Seul le Finistère pâtit brouillard persistent souvent jus- Belgrade Sofia Averses gratuite vers les gares TGV/RER. d’un ciel parfois menaçant avec un qu’en mi-journée. Le soleil est plus Toulouse Istanbul Renseignements : 01-60-43-77-77. risque d’ondées. Il fait de 16 à matinal ailleurs, Il fera de 16 à a GRANDE-BRETAGNE. La 19 degrés. 18 degrés, localement 20 degrés en Rome Pluie compagnie Virgin annonce une Nord-Picardie, Ile-de-France, Limousin. Barcelone Naples baisse de ses tarifs avec, notam- Centre, Haute-Normandie, Ar- Languedoc-Roussillon, Pro- 40 o Madrid ment, un Londres-New York A/R à dennes. – Les bancs de grisaille vence-Alpes-Côte d’Azur, Lisbonne Athènes Orages 187 £ (1 870 F, 285 ¤). La réduction dans le Centre évoluent favorable- Corse. – Un soleil éclatant et l’ab- s’applique aux vols à destination de ment en cours de journée. Partout sence de vent rendent cette jour- Séville Boston, Chicago, Miami, Newark et ailleurs, le soleil brille, mais ne fait née agréable. Un petit bémol des Neige Washington ainsi qu’à d’autres vols guère monter les températures: 14 Alpes-Maritimes à la Corse, où une Alger Tunis long-courriers et moyen-courriers : à 18 degrés du nord au sud. averse peut interrompre le beau Antilles, Hongkong, Johannesburg, Champagne, Lorraine, Alsace, temps. Il fera de 21 à 23 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort Athènes et Shanghaï.

PRÉVISIONS POUR LE 16 OCTOBRE 1999 PAPEETE 23/30 P KIEV 3/5 P VENISE 10/17 N LE CAIRE 21/29 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 23/31 S LISBONNE 11/16 P VIENNE 4/11 S MARRAKECH 17/26 N et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 18/25 S LIVERPOOL 11/13 C AMÉRIQUES NAIROBI 15/27 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. EUROPE LONDRES 8/15 S BRASILIA 18/33 S PRETORIA 16/32 S AMSTERDAM 5/12 S LUXEMBOURG 4/12 S BUENOS AIR. 10/20 S RABAT 17/23 N FRANCE métropole NANCY 4/14 S ATHENES 18/24 S MADRID 12/18 C CARACAS 24/30 S TUNIS 19/26 N AJACCIO 13/22 N NANTES 10/17 S BARCELONE 15/22 S MILAN 10/20 S CHICAGO 9/17 P ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 12/20 S NICE 14/20 N BELFAST 10/13 C MOSCOU 3/7 P LIMA 15/20 S BANGKOK 26/29 P BORDEAUX 12/20 S PARIS 4/15 S BELGRADE 6/14 S MUNICH 1/12 C LOS ANGELES 12/21 S BOMBAY 26/33 S BOURGES 9/18 S PAU 9/20 N BERLIN 5/10 N NAPLES 15/21 P MEXICO 11/22 S DJAKARTA 25/30 P BREST 10/16 N PERPIGNAN 12/19 S BERNE 4/13 S OSLO -4/4 S MONTREAL 6/18 S DUBAI 24/35 S CAEN 11/15 N RENNES 9/16 S BRUXELLES 5/13 S PALMA DE M. 14/24 N NEW YORK 13/21 S HANOI 25/27 P CHERBOURG 9/16 N ST-ETIENNE 8/16 S BUCAREST 3/14 S PRAGUE 1/9 N SAN FRANCIS. 13/24 S HONGKONG 24/29 S CLERMONT-F. 9/17 S STRASBOURG 3/14 S BUDAPEST 4/12 S ROME 14/22 N SANTIAGO/CHI 7/17 S JERUSALEM 20/28 S DIJON 5/16 S TOULOUSE 10/21 S COPENHAGUE 3/8 S SEVILLE 16/22 N TORONTO 11/19 S NEW DEHLI 19/33 S GRENOBLE 8/19 S TOURS 10/16 S DUBLIN 10/13 C SOFIA 5/13 S WASHINGTON 10/22 S PEKIN 3/10 S LILLE 5/14 S FRANCE outre-mer FRANCFORT 4/13 S ST-PETERSB. 2/5 C AFRIQUE SEOUL 6/12 C LIMOGES 11/18 S CAYENNE 24/33 S GENEVE 10/14 S STOCKHOLM 2/9 C ALGER 19/23 N SINGAPOUR 25/29 P LYON 10/16 S FORT-DE-FR. 22/30 S HELSINKI 1/6 P TENERIFE 16/20 S DAKAR 25/30 S SYDNEY 17/21 S MARSEILLE 11/21 S NOUMEA 18/24 S ISTANBUL 12/15 N VARSOVIE 3/6 P KINSHASA 18/30 S TOKYO 17/24 S Situation le 15 octobre à 0 heure TU Prévisions pour le 17 octobre à 0 heure TU La pieuvre, huit bras et un demi-milliard de neurones SON OBSTINATION est fasci- situation nouvelle, la pieuvre a eu fères, et les tentatives pour établir un comprendre l’univers du mol- contrôlés par des organes d’équili- si ce neurobiologiste, spécialiste de nante, comme l’énergie qui anime une idée qui lui a permis de trouver lien entre l’apprentissage et les mo- lusque, aussi discret que commun bration situés dans la tête, les sta- l’embryogenèse à l’Ecole normale ses tentacules. Elle qui, dans son une réponse adaptée à son pro- difications de la structure nerveuse sur le littoral méditerranéen. No- tocystes. Ainsi, au fil des expé- supérieure (ENS, Paris), mêle ici, milieu naturel, se nourrit essentiel- blème. Mieux : cette innovation marquaient nettement le pas », ra- tamment la manière dont il perce- riences, établit-on nos similitudes par leur comportement semblable, lement de crustacés est ici soumise pourra être mémorisée, et réutili- conte Martin Wells, spécialiste des vait le monde. – l’animal peut faire des distinc- pieuvre et calamar : même si «le au bon vouloir sée à l’occasion. invertébrés marins à l’université tions visuelles aussi vite qu’un chat mollusque n’a pas conscience de ses des chercheurs Cette saynète, diffusée en boucle britannique de Cambridge (Ber- « DES TRUCS FASCINANTS » ou un chien –, ainsi que nos diffé- actes », même si « la structure de de la station zoo- sur l’un des écrans de l’exposition niques et civilisations, Editions Le Les yeux de la pieuvre, dotés rences. On découvrit que la pieuvre notre cortex et l’invention du lan- logique de « Pas si bêtes ! 1 000 cerveaux, Pommier). En ce temps-là, les tech- d’un cristallin, d’un mécanisme ne perçoit pas les couleurs, mais gage permettent que ce soit nous qui Naples. La voici 1 000 mondes », peut sembler ano- niques d’exploration cérébrale d’accommodation et d’un iris, pré- reconnaît le plan de polarisation de écrivions sur les poulpes et non l’in- face à face avec dine. Au royaume des mollusques, n’étaient pas assez fines pour que sentent une complexité unique la lumière – ce qui nous est impos- verse », les céphalopodes ont une proie iné- c’est pourtant une performance l’objectif puisse être atteint. Mais chez les invertébrés. Comme les sible. Qu’elle vit dans un univers « quelque chose à nous apprendre dite : un crabe considérable. Pieuvre, poulpe ou ces recherches permirent de mieux nôtres, leurs mouvements sont bizarre, où la sphère correspond à sur la nature de la pensée ». enfermé dans un bocal en verre, poupre (comme la nomment par- une surface plate et un bâtonnet à Ainsi vont ces rescapés du paléo- lui-même clos par un gros bou- fois les pêcheurs provençaux), Oc- un cube... « Des trucs fascinants », zoïque, depuis longtemps débar- chon rouge. La pieuvre, par l’image topus vulgaris est capable d’inven- Mille cerveaux, mille mondes conclut le zoologue, qui précise : rassés de leur coquille ancestrale alléchée, met aussitôt en œuvre la ter et d’apprendre. Une prouesse l’apprentissage par le toucher pour gagner en mobilité et résister technique de capture habituelle- d’ordinaire dévolue aux oiseaux et L’exposition « Pas si bêtes ! 1 000 cerveaux, 1 000 mondes », que l’on « peut être gravé dans une partie à la rude concurrence des poissons. ment employée pour ce type d’ani- aux mammifères, que l’espèce, sur peut voir depuis le 6 octobre au Muséum national d’histoire naturelle, minuscule d’un cerveau de pieuvre, De la pieuvre, il faudrait dire en- mal. Elle saisit le bocal en projetant sa branche généalogique, ne par- offre un panorama des différents cerveaux rencontrés dans le règne mesurant à peine un millimètre core la durée de vie, si courte et en- ses tentacules, le porte à sa tage guère qu’avec la seiche et le animal. Comment sont-ils faits, de quoi sont-ils capables ? Le nôtre cube, dans laquelle sont conservés tièrement consacrée à la reproduc- bouche, le tourne, le retourne, calamar. Comme ces autres, et bien est-il si différent ? Suivant la quantité de neurones que possèdent les tous les souvenirs ». tion de l’espèce. Evoquer son tente à nouveau de l’absorber... nommés, « céphalopodes », son animaux, trois grands types d’univers sont présentés : un monde de ré- Autre science, même approche. aptitude à changer sans cesse de Mais la technique « crabe » reste cerveau bénéficie d’une céphalisa- flexes, un monde de programmes et un monde d’innovations – ce der- « Observons un calamar face à un couleur, l’énigme de ses perfor- inefficace. tion prononcée, et se compose au nier donnant accès à notre propre monde de cultures. De la guêpe à la prédateur : mouvement de recul, mances cardio-vasculaires (elle n’a Alors, après avoir exploré de ses bas mot d’un demi-milliard de baleine en passant par l’escargot et le canari, le visiteur évolue libre- agitation des tentacules, jet d’encre, jamais de crise cardiaque). Mais huit bras cette proie insolite, elle neurones. Une marque indéniable ment dans un espace aéré, conçu avec bonheur pour aiguiser sa curio- mise à profit des quelques secondes rien n’égale la formidable capacité fait, d’elle-même, ce qu’espéraient d’évolution, qui n’a pas manqué, sité. Les bornes interactives et les dispositifs destinés à la manipula- ainsi données par l’aveuglement d’adaptation dont elle fait preuve ses expérimentateurs : elle passe à ces dernières décennies, de fasci- tion restent en revanche décevants. Sur un thème qui souvent les pour une fuite éperdue et la re- devant un crabe enfermé dans un la technique « coquillage ». Ainsi, ner les biologistes. fascine, les enfants auraient aimé pouvoir s’amuser un peu plus. cherche d’une cache. Très franche- bocal. Avec huit bras et un demi- en débouchant le flacon à l’aide de « Nous avions commencé à étu- ૽ Jardin des plantes, Grande Galerie de l’évolution, tous les jours sauf mar- ment, ne dirait-on pas qu’il milliard de neurones, à l’aube de ses ventouses comme s’il s’agissait dier les pieuvres au milieu des an- di de 10 heures à 18 heures, jeudi jusqu’à 22 heures. Jusqu’au 10 juillet pense ? », s’interroge Alain Pro- l’intelligence. d’un mollusque bivalve, elle par- nées 50. On cherchait des animaux 2000. chiantz (Les Anatomies de la pensée, vient à ses fins. Confrontée à une moins complexes que les mammi- Rens. : 01-40-79-30-00 ou http://www.mnhn.fr Editions Odile Jacob). Qu’importe Catherine Vincent

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99245 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). PHILATÉLIE

les lèvres. – 8. Créée en 1957, elle a perdu un E en 1992. De l’huile, des En 2000, Camille Claudel, Eric Tabarly, Carcassonne... œufs et un peu de citron. – 9. Patron. Couche. – 10. Pour tirer LE PROGRAMME philatélique des traits. Fis des réserves. – 11. Qui de l’an 2000 sera des plus variés. Il n’était pas attendu. A moitié mort. permettra à Alexandra David-Néel – 12. Permettaient de mieux voir. (1868-1969), Norbert Casteret (1897-1987), Paul-Emile Victor Philippe Dupuis (1907-1995), Jacques-Yves Cous- teau (1910-1997), Haroun Tazieff Eric Tabarly vu par la poste SOLUTION DU No 99244 (1914-1998) et Eric Tabarly (1931- 1998) de faire une entrée remar- du Mali HORIZONTALEMENT quée dans la philatélie française, en novembre 1998. les quatre derniers ayant déjà fait a Timbres sans surtaxe. Série purna ; folklores de France ; le I. Dégringolade. – II. E-mail. l’objet de timbres hors de France. artistique : mosaïque mérovin- congrès de la Fédération française Abolir. – III. Sorties. Tête. – En outre, les Français n’ont plus gienne de Germigny-des-Prés, des associations philatéliques, à IV. Atrée. Pria. – V. Rio. Niées. BN. que quelques jours pour voter sur Botticelli (1445-1510), Camille Nevers ; le phare du bout du – VI. Mots. PSU. Hit. – VII. Anti- les dix événements – sports et faits Claudel (1864-1943), Gaston Chais- monde ; les Jeux olympiques d’été, bois. Ana. – VIII. Atomes. Pin. – de société – qui ont marqué le sac (1910-1964) ; série Europa, deux à Sydney (avec, peut-être, une vi- IX. Tagine. Impôt. – X. Sienne. XXe siècle, dont La Poste s’inspire- timbres ; série nature de France, gnette attenante sans valeur fa- Emeus. ra pour les deux séries de timbres quatre timbres, en collaboration ciale en hommage au Père Didon, « Mémoire du XXe siècle » à pa- avec le Muséum d’histoire natu- à l’origine de la devise olym- VERTICALEMENT raître en mai et septembre 2000. relle (sous réserve, une fleur, un pique) ; Henry-Louis Duhamel du HORIZONTALEMENT Garanties. – IX. Accumulation. Ville Enfin, Tintin devrait accompagner, papillon, un dinosaure et une gi- Monceau ; Antoine de Saint-Exu- de Floride. – X. Echange avant de 1. Désarmants. – 2. Emotion. Ai. avec un timbre et un feuillet, la rafe) ; série touristique : Carcas- péry ; le frère Alfred Stanke ; Ray- I. Qui a toujours quelque chose à décider. – 3. Garrottage. – 4. Rite. Sit-in. – traditionnelle Journée du timbre. sonne, Gérardmer et la vallée des mond Peynet ; le Parlement de réclamer. – II. Préparation et fertili- 5. Ilien. Bonn. – 6. Ipomée. – a Timbres avec surtaxe. La Lacs, Saint-Guilhem-le-Désert Bretagne ; la pervenche de Mada- sation des terres. Ouvre la porte des VERTICALEMENT 7. Gaspésie. – 8. Ob. Réussie. – Journée du timbre ; les person- (Hérault), l’abbatiale d’Ottmars- gascar ; le train jaune de Cerdagne. cabinets. – III. En considérant. 9. Lotis. Mm. – 10. Aléa. Happe. – nages célèbres (voir liste ci-dessus) ; heim (Haut-Rhin). Enfin, La Poste renouvellera ses Ongulés aux bois plats. Affirma- 1. Ne peut pas accepter la défaite. 11. Dit. Biniou. – 12. Ereintants. la Croix-Rouge française. Les timbres commémoratifs dix timbres « semi-permanents » tion. – IV. Créateur. Comme un – 2. Se déplace avec panache. – aborderont des sujets très variés : et ses timbres en forme de cœur ; fruit aplati et séché. – V. Ses racines 3. Un peu de volonté. Banal à l’ori- les deux séries « Mémoire du dix automobiles anciennes succé- et ses graines alimentent la méde- gine, assez vulgaire aujourd’hui. – XXe siècle » ; une émission deront, dans la collection « Jeu- cine africaine. Point de départ. 4. Un état à éviter. Dans la gamme. commune France - Nouvelle-Zé- nesse », aux dix voiliers émis en Placé. – VI. A de fâcheuses consé- – 5. Surprise, quand on en tombe. lande ; le bicentenaire du corps juillet 1999. Et un timbre de poste quences, surtout si elle est bonne. Fin d’infinitif. Appréciation préfectoral ; le bicentenaire de la aérienne, à 50 F, Couzinet 70, sera Posture. – VII. Se mettre à l’abri moyenne. – 6. Amoureux, diplo- Banque de France ; cent ans de émis le 22 janvier 2000. pour la saison. Fils de Noé. – mate et poète italien. En bien mau- métallurgie ; le 50e anniversaire de VIII. Un très grand chez les lourds. vais état. – 7. Ardents. Sur toutes la première ascension de l’Anna- P. J . LeMonde Job: WMQ1610--0028-0 WAS LMQ1610-28 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 09:05 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 29Fap: 100 No: 1833 Lcp: 700 CMYK

28 CULTURE LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999

MUSIQUE Figure de proue du tête, à Dakar, d’un empire en crois- dio et une imprimerie. b YOUSSOU siteur-guitariste habité par la spiritua- b ALIOUNE MBAYE NDER est une des m’balax, star dont la notoriété a de- sance comprenant une maison de N’DOUR, qui annonce un nouvel al- lité. b CETTE RÉVÉLATION vient à Pa- étoiles montantes du m’balax. Les ap- puis longtemps dépassé les frontières disques, un studio et un groupe de bum pour janvier au plus tard, vient ris dans le cadre d’un cycle consacré paritions en concert de cet admira- de l’Afrique de l’Ouest, le chanteur communication, COM7 SA, qui réunit de produire le deuxième disque de aux musiques mandingues, à la Cité teur de Jean-Jacques Goldman pro- sénégalais Youssou N’Dour est à la un quotidien d’informations, une ra- Cheikh Ndiguël Lô, chanteur-compo- de la musique de La Villette. voquent la transe des adolescents. Cheikh Lô, nouvelle étoile de la galaxie Youssou N’Dour Le chanteur sénégalais, devenu l’un des magnats de la communication dans son pays, s’apprête à sortir son nouvel album et produit celui d’un artiste d’exception, invité à Paris le 17 octobre en clôture du cycle mandingue de la Cité de la musique DAKAR « J’ai rencontré Cheikh Lô après En milieu de journée, Cheikh Lô de notre envoyé spécial son premier disque, se souvient se réveille. « Je n’ai dormi que quel- Surgit un gâteau blanc énorme, Youssou N’Dour. J’adorais sa voix. ques minutes au petit jour, confie-t- surmonté de feux d’artifice qui illu- J’étais en train d’enregistrer mon il, à cause du disque, de la tournée, minent les visages des danseurs. disque quand mon ingénieur du de la préparation des concerts... » Tous se massent au pied de la son m’a fait écouter une de ses Sa tignasse rasta tressée sur le cou scène du Thiossane, la boîte de chansons, accompagnée seulement cerne un visage fin, maigre même, nuit la plus courue de Dakar – l’un d’une guitare et d’un djembé. J’ai et un regard extrêmement pré- des joyaux de l’empire créé par le voulu le voir tout de suite. Je savais gnant. Il est né à Bobo-Dioulasso, chanteur Youssou N’Dour. Ce gâ- déjà que j’étais prêt à m’investir centre agricole du Burkina Faso, teau lui est justement destiné : le dans son travail. On a beaucoup de parents sénégalais – son père vendredi 1er octobre, il a choisi de joué, discuté, et nous avons décidé étant orfèvre, issu d’une longue li- fêter ses quarante ans entourés de de privilégier les instruments gnée de marabouts. Le chanteur ses amis au milieu d’une nuit qui acoustiques, d’être soft sur les ar- parle d’une voix douce, chaleu- aura vu se succéder sur la scène la rangements pour restituer le reuse, tout entière habitée par son plupart de ses musiciens favoris. charme singulier de ses chansons. » marabout, disciple du prophète Voilà belle lurette que la climatisa- La voix, les textes, les composi- Ahmadou Bamba, fondateur du tion ne suffit plus à refroidir les ar- tions de Cheikh Lô sont effective- mouridisme et de la secte isla- deurs d’un bon millier de noctam- ment empreintes d’un charme ori- mique des Baye Fall. « Je suis im- bules décidés à témoigner de leur ginal qui reflète la personnalité de prégné par le mouridisme, ça se re- attachement au chanteur, jadis ce quadragénaire qui a beaucoup flète dans ma musique, dit Cheikh « petit prince de Dakar », figure de roulé sa bosse avant de connaître, Lô. Je me documente, je lis les textes proue du m’balax, devenu une star au Sénégal aujourd’hui, à Paris laissés par Bamba, je respecte ses bien au-delà des frontières de demain à la Cité de la musique, et prescriptions : il incarne la paix et la l’Afrique de l’Ouest. Quand les car- certainement en Europe bientôt, tolérance, clé de la sagesse. » rières – et la réputation – de Salif la reconnaissance des mélo- Keita, le Malien, Papa Wemba, le manes. Pour le rencontrer, il ne « IL FALLAIT MÛRIR » Zaïrois, ou Mory Kanté, le Gui- faut pas s’éloigner des Mamelles, Cette croyance a permis à

néen, peinent à rebondir, celle de THOMAS DORN la seule élévation d’une capitale Cheikh Lô de traverser les années Youssou N’Dour se porte comme Cheikh Lô, protégé de Youssou N’Dour. aussi plate que le reste du Séné- dans le calme, même quand il vé- un charme, même si, après son duo gal. Il habite une petite maison gétait dans les studios parisiens au avec Neneh Cherry, on se deman- 12 octobre 1998, avec deux asso- « J’essaie de bâtir au Sénégal un dans un univers au design impec- blanche, en pleins travaux, que milieu des années 80, Paris où il dait si son nouvel album, tant de ciés, un groupe de communication, vrai show-business, explique Yous- cablement réfrigéré, derrière une l’on rejoint après avoir passé une avait espéré, sans succès, devenir fois annoncé, finirait par être pu- COM7 SA. Il réunit un quotidien sou N’Dour. On en a besoin pour console aux allures de commandes porte bleue aux réminiscences vil- lui-même. Il a beaucoup joué et blié... d’informations générales, L’Info 7, que les artistes puissent vivre de leur de paquebot, Youssou N’Dour fait lageoises. Dans le futur salon en chanté derrière les autres, pour les placé au centre de l’échiquier poli- art et être plus forts artistiquement. la preuve de ses assertions en se construction, une batterie que autres, appartenu à une multitude UN QUOTIDIEN ET UNE RADIO tique sénégalais, une radio, 7FM, Nous faisons donc très attention à la consacrant essentiellement aux Cheikh Lô partage avec son fils de formations, comme le Volta Dans les salons de son studio du et une imprimerie. On lui prête formation des gens avec qui nous autres. La nouvelle étoile de son qui sait à peine marcher. Jamais Jazz, interprété Miles Davis dans quartier des Mamelles, au-delà de même l’intention de lancer bientôt, travaillons et nous les laissons faire. catalogue a pour nom Cheikh Ndi- loin de son maître, une guitare, les salons d’un hôtel dakarois, l’aéroport, Youssou N’Dour se veut ce qu’il dément pour l’instant, la Je peux rester deux mois sans aller guël Lô, dont il vient de produire l’instrument qu’il joue en scène, soutenu les chœurs de Papa Wem- rassurant : « L’album sortira au plus première chaîne de télévision pri- dans mes bureaux et je passe le plus le deuxième album, Bamba Gueej assis, à la manière d’un Ben ba... « On me demande souvent tard en janvier ; je le présenterai à la vée du Sénégal. clair de mon temps au studio. » Là, (lire ci-dessous). Harper. pourquoi j’ai attendu si longtemps presse dans le courant du mois de pour commencer une carrière solo. novembre pendant que je tournerai Il fallait mûrir, m’ouvrir l’esprit et le clip qui accompagnera la sortie l’entendement. » du single. Une tournée mondiale est Le m’balax bien tempéré d’un sage mystique En 1989, Cheikh Lô publie une prévue à partir de février. Mais je première cassette, puis un disque suis invité en France, à Troyes, le MUSIQUE EMBLÉMATIQUE du Sénégal, le lais ». Chanteur puissant dont le timbre nasal le titre « cubain » du disque, effet de mode sept ans plus tard, jusqu’à ce nou- 3 novembre, et je chanterai plusieurs m’balax est d’abord un rythme wolof. Un ryth- est typique de la tradition griotique, Cheikh Lô oblige, encore qu’au Sénégal la musique vel album distribué en Europe de mes nouvelles chansons. » La me complètement fou. Hérissé d’aspérités, de offre une place de choix au tama et au sabar cubaine ait toujours été très prisée), il chante la après sa publication victorieuse au sortie retardée de l’album a au reliefs acérés, impossible à danser quand on dans sa musique, un m’balax singulier dont on jeunesse sénégalaise, espoir d’une Afrique unie Sénégal. Il y est question d’arbre, moins deux raisons. Youssou n’a pas grandi avec. Cheikh Lô est sénégalais, a pu apprécier l’originalité dès 1996 sur son débarrassée des guerres, et Bobo-Dioulasso, d’eau, d’océans, de rues, de la jeu- N’Dour explique la première : «Le donc il connaît. Il n’ignore rien des tambours premier album, Né la thiass. Enregistré entre son village natal au Burkina Faso. Porté par la nesse du Sénégal aussi et des soli- succès que j’ai rencontré un peu qui le font tourner, affolent les hanches des Dakar – principalement –, dans le studio de caresse suave ou funky d’un saxophone (Bam- darités africaines – « Pardonnez- partout me donnait l’impression de femmes et incitent les hommes à la frime. Le Youssou N’Dour, Londres et La Havane, Bam- ba Gueej et son surprenant clin d’œil à Fela, nous, enfants d’Afrique./ Pardon- porter quelque chose de lourd dont il sabar, frappé avec une baguette souple, autre- bay Gueej (Bamba, océan de paix) est dédié à avec Pee Wee Ellis, ancien arrangeur et saxo- nez-nous, enfants du monde./ La fallait me décharger. » Un séjour à fois moyen de communication entre les vil- Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mou- phoniste de James Brown), galvanisé par les guerre détruit quand la mort devrait Dakar permet de comprendre la lages, est aujourd’hui l’animateur indispen- vement soufi mouride, rassembleur d’hommes phrases virevoltantes d’une flûte (Richard être naturelle./ Pardonnez-nous et seconde : en quelques années, le sable des fêtes et stimule les adversaires lors dont le pouvoir colonial se méfiait terrible- Eguës, ex-Orquesta Aragon), emporté par la faites que les peuples de la terre chanteur a construit dans la capi- des combats de lutte sénégalaise. Le tama, pe- ment. A travers deux titres (Bambay Gueej et voix de la diva malienne Oumou Sangaré (Bo- s’unissent » (Africadën). Youssou tale sénégalaise un petit empire, tit tambour d’aisselle extrêmement bavard, est Zikr), Cheikh Lô chante sa gloire et celle de bo-Dioulasso), Cheikh Lô sculpte un m’balax N’Dour croit en Cheikh Lô et ad- apparemment prospère. Outre sa au centre de la musique sénégalaise. Cheikh Ibra Fall, disciple de Bamba et guide atypique, ouvert à toutes les influences, donc mire « son art, sa spiritualité, ses maison de disque, Jololi, bâtie Ses modulations « ne sont pas seulement des spirituel des Baye Fall, branche des Mourides assimilable par le commun des oreilles. croyances de fer ». Des croyances pierre par pierre depuis les années rythmes. Elles expriment aussi parfois des dans laquelle lui-même se reconnaît. qu’il voudrait faire partager aux 80 – elle compte aujourd’hui près phrases, des proverbes, que les initiés peuvent dé- Le reste de l’album suit les contours de Patrick Labesse profanes, loin de Dakar, à La Vil- de cent cinquante salariés –, et son coder, explique Baaba Maal, l’un des artistes préoccupations plus profanes. Il évoque les lette et ailleurs. splendide studio d’enregistrement, phares de la musique sénégalaise. Le tama re- sans-logis qui hantent les rues (M’Beddemi, re- ૽ Bambay Gueej, 1 CD World Circuit WCD Xippi, Youssou N’Dour a créé, le flète le dynamisme, la décontraction des Sénéga- lecture d’El Carretero, de Guillermo Portabales, 0057. Distribué par Night & Day. Olivier Schmitt Rendez-vous Les rêves d’Alioune Mbaye Nder, jeune star sénégalaise b « Chants de femmes ». Le 15 octobre à 20 heures. Avec DAKAR et le compositeur de la presque to- qu’il fait en 1991, où il devient chan- Dimi Mint Abba et son ensemble de notre envoyé spécial talité de ses morceaux ; il chante, teur en titre d’un groupe, puis d’un (Mauritanie) ; Oumou Sangaré et La nuit tombe sur Monaco Plage, en wolof ou en français, l’amour, la autre et enfin de Lemzo Diamono. son ensemble (Mali). espace de loisirs fermé situé à quel- vie quotidienne de la jeunesse sé- Il est déjà reconnu quand il fonde b « Épopée mandingue de ques minutes du centre de la capi- négalaise, ses angoisses, ses cou- son propre groupe, le Setsima, en Sunjata Keita ». Le 16 octobre à tale sénégalaise ; dans quelques rages, ses solidarités, comme l’a fait 1995, et lance ses cassettes sur le 16 h 30 et le 17 à 15 heures. Avec jours, les vacances scolaires seront en France Jean-Jacques Goldman, marché sénégalais. Le succès est là. M’Bady Kouyaté, ensemble Kora remisées au rayon des souvenirs, son idole, l’homme qu’il voudrait Le Setsima Group ne faiblit ja- mandingue, ensemble accessoires ou pas. Pour ne pas y rencontrer et dont il rêve de faire le mais quand Nder quitte la scène. Il instrumental de Guinée. penser, une foule de plusieurs mil- producteur de son prochain album. faut que la musique continue pour b « Mali d’aujourd’hui ». Le liers d’adolescents a choisi de faire La musique de Nder est une bonne « couvrir » la sortie de la diva qui 16 octobre à 20 heures. Avec la fête sur le sable et dans les variété aux sonorités pop, arché- ne peut saluer ses fans pour des rai- Boubacar Traoré, bluesman vagues de l’océan tandis que sur un type d’un honnête m’balax cher à sons de sécurité. C’est en courant, malien (nouveau disque Samba, petit podium, installé près d’une ceux qu’on a appelés les « embal- sous la protection de quelques chez Indigo) ; Toumani Diabaté, sorte de club-house tropical, les leurs » de Dakar – réminiscences proches, que le chanteur rejoint sa virtuose de la kora, en duo avec jeunes figures de la scène musicale du phrasé des griots, talking drums Jaguar prête à disparaître sur la Ballé Sissoko ; Habib Koité, fils dakaroise font entendre les extraits (tambours traditionnels), guitares route en aplomb de la plage. Pas de spirituel de Boubacar Traoré, qui de leurs cassettes, passées et fu- et claviers occidentalisés... – et pré- loge, de douche, de pause... L’en- gagna une bonne partie de tures. L’heure est à la danse. Tout à figuration d’un son déjà prêt à l’ex- thousiasme de la foule ne le permet l’Afrique de l’Ouest à sa cause l’heure, quand Alioune Mbaye portation. pas. La nuit est tombée. A l’arrière avec un titre au militantisme Nder et son Setsima Group monte- de sa limousine, Nder a du mal à joyeux, Cigarette a bana (« la ront sur le podium, c’est de transe JAGUAR PRÊTE À DISPARAÎTRE respirer. Une heure trente en plein cigarette, c’est fini »). qu’il s’agira tant le chanteur a Fils d’un tambour-major de air, en pleine chaleur, ça use son b « Musiques du Mali, du connu dans son pays une ascension Thiès, grande ville à une heure de homme. Il fait éteindre la climatisa- Sénégal et de la Guinée ». Le fulgurante. route de la capitale, Nder était plu- tion pour reposer sa gorge et de- 17 octobre à 16 h 30. Avec le Nder a trente et un ans, trois cas- tôt un enfant danseur, invité dès mande qu’on place dans le lecteur groupe Bajourou ; Kassemady settes derrière lui qui toutes ont at- l’âge de six ans lors des fêtes de cir- une cassette de John Williams – la Diabaté, chanteur malien ; teint le sommet des hit-parades et concision. Il a très tôt laissé tomber bande-son de Titanic. Tout à M’Bady Kouyaté, désormais un CD, album de la ses études pour travailler avec son l’heure, on entendra Céline Dion, harpiste-soliste de l’Ensemble consécration et outil de conquête frère aîné à Dakar et, au début des celle qui a eu la chance de travailler instrumental de Guinée ; le de nouveaux publics, loin de ses années 80, a commencé de se avec Goldman, l’idéal d’un Nder chanteur Cheikh Lô. bases. Nder est beau, au point de chauffer la voix au sein d’un groupe conquérant. « Le Mandingue : l’empire de la chavirer les cœurs et de stimuler les dont il a entendu la musique par parole », Cité de la musique, 211, corps qui se livrent sans pudeur à hasard, en passant devant un ga- O. S. avenue Jean-Jaurès, Paris-19e. des joutes sensuelles aux premières rage. Premiers éclats : la vie du Mo Porte-de-Pantin. Tél. : mesures de ses chansons. Nder est quartier s’arrête et une petite foule ૽ Nder & le Setsima Group, 1 CD 01-44-84-44-84. 90 F et 120 F. une star et veut élargir le cercle de se masse autour de lui. « J’avais la Night and Day-Africa Fête AFD ses admirateurs. Nder est l’auteur voix, dit-il, il fallait l’exploiter. » Ce 002. LeMonde Job: WMQ1610--0029-0 WAS LMQ1610-29 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 08:41 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 29Fap: 100 No: 1835 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / 29 La succession à la tête du Festival de Cannes est ouverte Le nom du remplaçant de Gilles Jacob au poste de délégué général sera connu au plus tard en janvier 2000 JEUDI 14 OCTOBRE, le conseil chambre, devrait être résolue au joint du Festival de Cannes en d’administration du Festival de plus tard en janvier 2000, l’actuelle 1976, avant de devenir délégué gé- Cannes, constitué de quatorze direction du Festival de Cannes néral l’année suivante. Ce fut la membres de droit et de quatorze ayant exprimé dans son communi- consécration d’un parcours aty- membres élus, a entériné le départ, qué de presse le souhait « qu’il pique, qui le mena de la direction après quinze ans d’exercice, du puisse être associé, durant une d’entreprise à la critique de ciné- président Pierre Viot et élu à l’una- période transitoire, aux décisions ma, publiant des chroniques régu-

nimité, sur sa proposition, l’actuel concernant la prochaine sélection ». lières dans Cinéma 64, Les Nou- BAUMANN/SIPA ARNAUD délégué général, Gilles Jacob, au velles littéraires et L’Express. Il est Pierre Viot et Gilles Jacob. poste de président. L’édition can- DISCRÉTION ET EFFICACITÉ l’auteur d’un essai intitulé Le Ciné- noise de l’an 2000 n’en sera pas Ce suspense hitchcockien, qui ma moderne (paru en 1964 aux édi- fondément modifié la physionomie noises, qui, face à l’inflation quali- moins organisée sous leur égide, la portera la fièvre à son comble, ne tions Serdoc, l’ouvrage a été réédi- générale du Festival ; la préserva- tative et quantitative de la sélec- passation officielle des pouvoirs saurait empêcher qu’un flash-back té il y a deux ans chez Ramsay) et tion, en dépit de ce bouleverse- tion officielle, ont de plus en plus étant fixée au mois de juin 2000. en forme d’hommage appuyé soit d’un roman, Un jour, une mouette ment, de l’excellence artistique (les de mal à trouver leur compte. Cette modification dans l’état-ma- rendu aux deux hommes qui pré- (Grasset). films) et économique (le marché) La réussite du cinquantenaire jor du plus prestigieux festival de sident avec succès les destinées du Ce ne sera pas faire injure à du Festival au niveau international. voilà deux ans, le vivier de décou- cinéma au monde a pour consé- Festival depuis 1984. Pierre Viot a Gilles Jacob, alors que cette élec- Il serait d’autant plus absurde de vertes que constitue désormais la quence l’ouverture de la succes- rejoint Gilles Jacob à cette date en tion à la présidence le met un peu lui faire grief du premier que la section Un certain regard, tout sion du délégué général, directeur qualité de président, à la suite de en réserve de la République du ci- réussite du second était, en même comme la création de Cinéfonda- artistique du festival. Robert Favre-Lebret. Né le 9 avril néma, que de prétendre qu’il doit temps qu’une réelle gageure, la tion, section dévolue au soutien Pierre Viot et Gilles Jacob ont 1925, bordelais d’origine, ancien son plus beau titre de gloire aux seule réponse appropriée. A quoi des jeunes auteurs, sont parmi les été mandatés pour rechercher le résistant, cet énarque a commencé vingt-deux années passées au bon d’ailleurs citer les grands ci- dernières réussites en date de candidat susceptible de recueillir sa carrière au Commissariat géné- poste de commande du Festival de néastes qui honorent de leur pré- Gilles Jacob, qui léguera ainsi à son les suffrages du conseil d’adminis- ral au Plan puis à la Cour des Cannes, avec une discrétion, une sence le Festival, puisque tout ce successeur une manifestation au tration, sur lequel les représentants comptes avant d’être nommé, en élégance et une efficacité jamais que le cinéma mondial compte faîte de son prestige, résolument de l’Etat et les professionnels du ci- septembre 1973, directeur général démenties. Deux phénomènes d’artistes authentiques y est tournée vers un avenir qui ne sera néma ont la haute main. La ques- du Centre national de la cinémato- marquants ont caractérisé son présent, au grand dam parfois de pas forcément rose pour le pro- tion du nom du successeur de graphie, poste qu’il occupera du- mandat : la montée en puissance ses principaux concurrents inter- chain délégué général. Gilles Jacob, qui alimentait depuis rant dix ans. Gilles Jacob a, quant à de la télévision, qui, en boulever- nationaux (Venise et Berlin) deux ans les délibérations d’anti- lui, été nommé délégué général ad- sant l’économie du cinéma, a pro- comme des sections parallèles can- Jacques Mandelbaum Gilles Jacob, délégué général, et Pierre Viot, président du Festival international du film de Cannes Premières réactions b Daniel Toscan du Plantier, « Le futur délégué général devra savoir maîtriser la décennie qui vient » président d’Unifrance : « C’est la décision que souhaitait le cinéma « Que signifie pour vous la succession de qui vient à la sélection des films. Il pourrait deve- mation. Je vais faire comme un père qui apprend français en général. Je travaille Pierre Viot ? nir collaborateur du Festival au début de l’an pro- à son fils comment faire de la bicyclette et je veux depuis vingt-cinq ans près de Gilles – Gilles Jacob : D’abord, une chance. Je mesure chain. C’est du moins ce que nous souhaitons, que ce fils apprenne très vite à lâcher les mains. Jacob, j’ai une expérience de Cannes pleinement le privilège et la difficulté de succéder mais le Festival prendra naturellement le temps – P. V. : C’est l’une des raisons pour lesquelles le égale à la sienne, mais de l’autre à un homme dont la carrière est un modèle, nécessaire. Festival m’a demandé de rester jusqu’à la fin de côté de la barrière. C’est l’équipe comme l’a reconnu le conseil d’administration, – Pierre Viot : Ces consultations commence- l’édition 2000. Le travail d’un délégué général est Pierre Viot-Gilles Jacob qui a fait que qui l’a salué jeudi – ce fut un moment d’émotion ront assez vite. J’ai tout fait pour créer les condi- très spécifique, et il faut que la personne choisie ce festival est le premier du monde. unique dans l’histoire du Festival. Mais je puise tions favorables pour assurer au mieux les sache s’adapter. Il faut choisir les films en anti- Le travail accompli en vingt-trois ans du courage dans le fait qu’il a accepté de rester à moyens de ma succession. Gilles Jacob maintien- cipant, en prévoyant les attentes du public. est le résultat d’un destin individuel son poste jusque après le prochain Festival, que dra notre savoir-faire. Je savais que mon départ – Qu’est-ce qui a assuré la réussite de votre et d’une institution. Le triomphe de nous préparerons ensemble. Et aussi dans le fait provoquerait un choc psychologique ; c’est tou- tandem ? Gilles Jacob est le triomphe du d’avoir été élu à l’unanimité des vingt-huit jours bon pour une institution. – G. J. : Nous avons constitué un tandem que cinéma français, c’est le triomphe de membres du conseil. J’ai compris par les inter- – Quel sera pour vous le profil du futur délé- les gens du conseil d’administration ont considéré l’indépendance. » ventions des administrateurs dans quel esprit je gué général ? exemplaire. Ce tandem président-délégué général b Jean Labé, président de la devais continuer pour mener à bien ma mission. – G. J. : Le conseil a souhaité qu’on ne définisse ne pourra fonctionner à nouveau que s’il se Fédération nationale des Le conseil s’est clairement exprimé sur son at- pas de critères trop précis, si ce n’est qu’il faut comprend sans même se parler. cinémas français : « Je trouve tachement au rôle que s’est donné l’institution : que ce soit une personnalité de valeur, âgée d’en- – Allez-vous faire évoluer la fonction de pré- remarquable que Pierre Viot ait su assurer un rayonnement mondial à une certaine viron quarante-cinq ans. Il n’y aura pas d’appel à sident du Festival ? partir, pour ainsi dire, en pleine idée du cinéma. Idée dans laquelle se re- candidature et nous consulterons assez vite dans – G. J. : La fonction de président évolue en gloire. Le choix de Gilles Jacob à sa connaissent la plupart des artistes, en France et certains milieux. Le futur délégué général sera fonction du caractère des uns et des autres. Je succession s’imposait, il incarne la au-delà de nos frontières. Le fait que la transition quelqu’un qui saura regarder vers l’avenir, maîtri- m’attacherai à ce que la gestion soit exemplaire, continuité. Ces deux hommes ont su se passe d’une manière aussi élégante et, comme ser la décennie qui vient. Le Festival a toujours eu c’est mon travail, mais je ne vais pas me désin- développer le Festival de Cannes à l’a souligné Pierre Viot, « en ligne directe » est es- quelques longueurs d’avance sur les idées de son téresser de ce qui fait un Festival, à savoir les tous points de vue, tout en imposant sentiel pour que le passage du témoin s’effectue temps. Anticiper sur le futur, sentir le monde en films. – contrairement à Berlin ou Venise – sans fragiliser le Festival. Je sais enfin que je peux marche, enrichir notre action d’un regard neuf et – Quels défis devra relever le futur délégué une grande qualité de sélection qui m’appuyer sur une équipe qui a fait ses preuves d’impulsions créatrices : voilà qu’elles seront les général ? en fait le premier festival de cinéma et qui travaille bien. C’est cela aussi, la réussite de qualités du nouveau délégué. Nous allons donc – G. J. : Le défi principal est de préparer l’avenir du monde. Il faudra au prochain la manifestation. Ensuite, ce ne sera pas une engager quelqu’un qui sera, ou non, confirmé en ayant un ou plusieurs coups d’avance. Cannes délégué général une très bonne concentration des pouvoirs entre les mains d’un après le Festival de Cannes 2000. Pour que tout se a toujours essayé d’être en avance sur les autres connaissance du cinéma, un goût sûr seul : je ne serai pas un président-délégué géné- passe bien, nous n’allons pas le parachuter aux en suivant les nouveaux courants et les nouvelles et une personnalité forte pour ral. Je ne le souhaite pas, et cela ne serait pas sain. commandes ; on va engager un collaborateur tendances. » reconstituer un tandem qui soit à la – Quand sera nommé le nouveau délégué destiné à devenir le successeur et expérimenter sa hauteur de celui-ci. » général du festival ? faculté d’adaptation. Mais nous créerons les Propos recueillis par b Jean-Pierre Hoss, directeur – G. J. : Nous voudrions l’associer dès l’année conditions pour qu’il réussisse en assurant sa for- Samuel Blumenfeld général du Centre national de la cinématographie : « C’est le choix de la continuité et de la légitimité. Pierre Viot et Gilles Jacob ont Le tribunal administratif annule conforté l’image internationale prestigieuse du Festival de Cannes, et ont fait preuve d’une qualité le classement d’un monument historique absolument indispensable à l’exercice de leurs fonctions : ÉMOI dans le monde de l’archi- des avant-gardistes à tout crin, ont trats ont décidé de trancher au l’indépendance. C’est par sa tecture : le 23 septembre 1999, le décidé de la protéger. Ce classe- fond et d’aller contre l’avis des capacité à résister aux pressions très tribunal administratif de Paris a ment ne fait pas l’affaire de la spécialistes de la COREPHAE. fortes qui entourent une telle notifié au ministère de la culture Caisse d’allocations familiales. Le C’est une première. responsabilité que ce tandem s’est son jugement du 30 juin 1999 qui bâtiment est en mauvais état. Il ne La direction du patrimoine et de distingué, et le choix du nouveau annule l’inscription à l’inventaire correspond plus à l’usage de son l’architecture du ministère de la délégué général devrait viser à supplémentaire des monuments propriétaire qui, pour des ques- culture a donc décidé de saisir la reconstituer cette force. L’avis du historiques d’un immeuble situé tions d’équilibre financier, désire cour administrative d’appel. nouveau président en la matière sera 18, rue Viala, dans le 15e arrondis- détruire l’édifice puisque l’actuel Entre- temps l’immeuble risque donc absolument déterminant. » sement de Paris. COS (coefficient d’occupation des d’être démoli – ce qui réglerait la (Ces trois personnalités interrogées Cet édifice, qui appartient à la sols) lui permet de retrouver, sur question. par la rédaction du Monde sont Caisse d’allocations familiales de le même terrain, une surface plus membres du conseil d’administration Paris, a été construit par l’archi- importante. La Mairie de Paris lui Emmanuel de Roux du Festival de Cannes). tecte Raymond Lopez, en 1959, a d’ailleurs délivré un permis de avec l’aide de Jean Prouvé pour détruire qui court jusqu’en octo- l’ingénierie. La direction du patri- bre 1999. moine avait décidé de prendre une Fallait-il le conserver comme le La crise du Théâtre Gérard-Philipe instance de classement provisoire, témoignage d’une époque en dé- en novembre 1997. La Commis- pit de son inadaptation ? « Faux sion régionale du patrimoine his- procès, estime l’architecte Paul suscite plusieurs protestations torique, archéologique et ethnolo- Chemetov, qui plaide pour la ré- gique (COREPHAE), assemblée habilitation de l’immeuble de Ray- PLUSIEURS ADHÉRENTS du Syndicat national des directeurs d’en- collégiale d’une trentaine de spé- mond Lopez dont il souligne l’im- treprises artistiques et culturelles (Syndeac) ont pris leurs distances cialistes du patrimoine, mais aussi portance historique. Tous les avec leur syndicat, qui a exprimé une position ambivalente dans le de l’architecture et de l’histoire, bâtiments sont réaménageables, conflit qui oppose l’Etat au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis (Le avait examiné le dossier avant de réadaptables. » Mais si le juge- Monde du 15 octobre). Dans une lettre à Michel Orier, président du donner un avis favorable. Aussi le ment du tribunal administratif de Syndeac, Jean-Louis Hubert, directeur de la scène nationale d’Aubus- préfet de région avait-il inscrit le Paris soulève tant d’émotion, c’est son, fait part de son « désaccord » : « Il me paraît absolument inoppor- 18 de la rue Viala à l’inventaire, aussi parce que le verdict est tom- tun, dans la phase actuelle de la crise, de souligner à ce point les ca- première mesure de classement, bé comme un couperet, sans ex- rences de gestion (...). La vitalité en matière de création et de relation en novembre 1998. plication, ni justification de sa avec la population dyonisienne qu’ont impulsée Nordey et son équipe est Une telle protection s’impose-t- part. Sans doute une mesure de pour moi exemplaire dans l’atonie actuelle. » elle ? Cette « tour Lopez », assez classement est-elle une décision Guillem Le Boterf, directeur de La Halle aux grains de Blois, a expri- agressive, n’est pas particulière- administrative et, comme telle, mé son « soutien personnel à Stanislas Nordey, à l’équipe du TGP-Saint- ment élégante. Aussi n’est-ce pas peut être attaquée devant le tribu- Denis et aux compagnies avec lesquelles il a développé son projet ». Les pour sa qualité architecturale mais nal administratif. Mais jusqu’ici cinquante-cinq compagnies en question ont rendu publique une pour des questions d’histoire des cette cour de justice se contentait lettre ouverte dans laquelle elles demandent au Syndeac « et à chaque techniques et des procédés de d’examiner ce type de recours directeur d’entreprise culturelle de se mettre en contact avec [elles] pour construction que les sages de la sous l’angle de la forme. Pour l’im- des mesures concrètes. » COREPHAE, qui sont loin d’être meuble de la rue Viala, les magis- LeMonde Job: WMQ1610--0030-0 WAS LMQ1610-30 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 08:41 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 29Fap: 100 No: 1836 Lcp: 700 CMYK

30 / LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 CULTURE Le « Tartuffe » de Jean-Marie Villégier, SORTIR PARIS qui fait autorité parmi les connaisseurs et enchante les La censure théâtrale profanes. Dans le cadre de la manifestation Théâtre de la Ville, 2, place du un délire très organisé sous l’Occupation e o « Lire en fête », le Théâtre de Châtelet, 4 . M Châtelet. Le 16, à l’Odéon propose une lecture de 17 heures. Tél. : 01-42-74-22-77. textes liés à la censure théâtrale, 95 F. Le metteur en scène se mesure avec maestria aux inépuisables charades de la pièce de Molière réunis par Odile Krakovitch et Joël Jean-Michel Pilc Trio Huthwohl, conservateurs du Un peu lassé d’être ramené à L’Athénée-Louis Jouvet, à Paris, présente Tar- (religiosité, homosexualité, séduction). Jean- tion allemande. Ce faisant, le metteur en scène patrimoine. Neuf comédiens l’étiquette jeune espoir du piano tuffe, de Molière, une pièce inépuisable tant Marie Villégier, qui interprète Orgon, a décidé s’est offert un plaisir fou, immédiatement parmi lesquels Gilles Arbona, français du jazz, Jean-Michel Pilc elle est riche en énigmes et faux-semblants de transporter les personnages sous l’Occupa- contagieux. Christiane Cohendy et Patrick a décidé il y a quelques années de Pineau liront des textes consacrés tenter l’aventure new-yorkaise. s’est trouvé grenouille de bénitier d’une telle audace qu’après plu- Aujourd’hui il s’offre, c’est bien au silence de la loi sur la censure ; Technique au service de la LE TARTUFFE de Molière. Mise que sur un coup de foudre à la vue sieurs regimbements il succombe. mérité, un plaisir fou à déménager à la bataille contre la censure musique, sens du découpage en scène : Jean-Marie Villégier. de cet homme, à la fausse identité, Et quand le mari, Orgon, abusé par Tartuffe sous l’Occupation alle- provoquée en 1966 par Les rythmique, indépendance, lyrisme Avec Jean-Marie Villégier, Ka- « Tartuffe ». L’homosexualité, le jeu de séduction de sa femme, se mande. Mariane écoute les pleur- Paravents, de Jean Genet ; au et invention sont quelques-uns rine Fellous, Etienne Coquereau, contrariée ou non, d’Orgon, qui jette, fou furieux, sur Tartuffe, lui nicheries de Pétain à la TSF, Dorine procès de la censure fait par des talents de Pilc, musicien Jean-Louis Cassarino... plane sur les cinq actes, va rester crie : « Il faut, tout-sur-le-champ, plume une oie blanche pour faire Victor Hugo devant le tribunal de électrisant et généreux. ATHÉNÉE-LOUIS JOUVET, 4, sous silence. Est-il seulement sin- sortir de la maison », Elmire, qui a cuire un confit, Cléante, à qui les commerce de Paris en 1832. Par Au Duc des Lombards, 42, rue des square de l’Opéra, Paris-9e . cère une seconde, Orgon, dans ses tout mené à sa guise, a le front de micmacs d’Elmire provoquent des ailleurs, des visites guidées du Lombards, 1er. Mo Châtelet. Les 15, Mo Opéra. Mardi à 19 heures ; du transports pour ce Tartuffe ? N’est- dire à Tartuffe : « C’est contre mon maux de tête, fait fondre dans un théâtre sont prévues le même jour 16 et 17, à 20 h 30 et 22 h 30. Tél. : mercredi au samedi à 20 heures ; ce pas un alibi, pour dépiter ses humeur que j’ai fait tout ceci/Mais verre d’eau de l’aspirine Usines du à 14 heures et à 16 heures. 01-42-33-22-88. 80 F. dimanche à 16 heures. Tél. : 01- bêtes noires ? Molière fait dire à on m’a mise au point de vous traiter Rhône, et Orgon, qu’interprète Vil- Odéon, 1, place Paul-Claudel, 6e. Mo Jef Sicard Trio, François 53-05-19-19. De 35 F (6,22 ¤) à Orgon un aveu, une phrase-clé, ainsi. » légier – un Orgon en chapeau me- Odéon. Le 16, à 15 heures. Tél. : Jeanneau Quintet 160 F (24,12 ¤). magistrale : « Faire enrager le lon, style grand-bourgeois de la 01-44-41-36-68. Entrée libre. Deux saxophonistes au monde est ma plus grande joie. » GRAND BOURGEOIS DE LA CAGOULE Cagoule passé dans la Résistance – Daya Shankar programme des excellents Quand vous avez lu et vu Tartuffe Que signifie donc l’interminable Ce sont toutes ces contre-évi- déplie et replie des manteaux usa- Moins connu dans les salles de concerts organisés par le bureau vingt fois, cent fois, vous butez sur scène de fausse brouille entre les dences, toutes ces charades, qui gés comme s’il préparait des colis concert européennes que d’autres du jazz de Radio-France. Jef les mêmes énigmes, les mêmes deux amoureux, Mariane et Va- font la pièce inépuisable. Jean-Ma- pour la Croix-Rouge. Un délire très instruments de la tradition Sicard, dans la flamme d’Albert pièges. lère ? Elle n’est pas crédible. rie Villégier s’y mesure aujourd’hui. organisé, le vrai beau théâtre dans indienne : le shanaï est un long Ayler ou de Roland Kirk, poète Molière nous fait attendre les Comme si Molière tenait à donner Jean-Marie Villégier est un diable, il tous ses états, un décalage pervers hautbois que l’on entend partout généreux ; François Jeanneau, toutes dernières secondes du der- la preuve que tout est menterie, est l’aventurier ingouvernable de des voix, comme si tous les vers du dans les temples hindous en Inde ancien chef de l’ONJ, coltranien, nier acte pour nous informer que que tout est pour la frime, ou pour notre théâtre, il a fait chanter a ca- dialogue étaient de l’opéra sans du Nord à l’occasion des fêtes. visiteur d’îles lointaines. Tartuffe est un repris de justice. Un des prunes, en cette pièce ? pella, par des femmes de la cam- notes de musique, comme si tous Initié par son père, élève pendant Maison de Radio-France, 116, homme qui n’a pas la moindre at- Elmire, par exemple. A quoi pagne poitevine dont ce n’était pas les cinglés de la maison Orgon fai- dix ans de Ravi Shankar. Daya avenue du Président-Kennedy, 16e. tache avec le clergé. Et qu’en joue-t-elle, entre son mari et ce l’affaire, les tragédies les plus diffi- saient semblant d’être sourds. Et Shankar, originaire de Bénarès, Mo Passy. Le 16, à 17 h 30. Tél. : conséquence tout ce qui touche au drôle de gibier de potence ? Elle ciles de Corneille, et c’était un en- pas un mot, pas une virgule n’est possède un style fluide et lyrique 01-42-30-15-16. 30 F. Ciel, à la religion, dans cette pièce, veut obtenir, de Tartuffe, une chantement. Il a joué, à lui tout perdue, par le spectateur. Ce grand est du trompe-l’œil, du nul et non agression sexuelle. Dorine, la ser- seul, sans en sauter une ligne, tous schizothyme de Molière eût peut- avenu. vante, lui dit qu’elle n’y parviendra les animaux et les monstres de La être bien mis en scène son Tartuffe GUIDE En revanche Molière nous pré- pas, que Tartuffe sera sur ses Tentation de saint Antoine de comme cela, ou quelque chose vient, dès le début du premier acte, gardes. « Non, on est aisément dupé Flaubert, et c’était l’hypnose. Il a comme cela, s’il était, souffrant et que pendant les crises de la Fronde, par ce qu’on aime », lui dit Elmire, ressuscité des pièces mortes, souriant, encore parmi nous. TROUVER SON FILM 20 h 30. Tél. : 01-42-30-15-16. 120 F. Orgon a fait preuve de courage. A qui entreprend alors d’« allumer » formé des générations d’acteurs Orchestre national été un citoyen engagé. Et qu’il ne Tartuffe par des mots et des gestes lumineux. Michel Cournot Tous les films Paris et régions sur le Mi- symphonique d’Ukraine nitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36- Œuvres de Lysenko, Glinka, Rachma- 68-03-78 (2,23 F/mn). ninov et Tchaïkovski. Mikhaïl Rudy (piano), Misha Katz (direction). VERNISSAGES Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg- Marianne Faithfull, radieuse et unique e o Saint-Honoré, Paris 8 . M Ternes. Le Koen Theys 15, à 20 h 30. Tél. : 08-25-00-02-52. De d’en écouter encore et encore. Il y a de l’électri- compositeur de la musique du film Blue Velvet, Caisse des dépôts et consignations, 100 F à 450 F. MARIANNE FAITHFULL, à l’Olympia le cité, ça casse (les rythmes, les idées fausses, les de David Lynch. L’expérience Badalamenti l’a 13, quai Voltaire, Paris 7e. Mo Rue-du- Orchestre national d’Ile-de-France 12 octobre mots). De Broken English, titre qui relança la marquée, et la marque, chez Faithfull, est né- Bac. Tél. : 01-40-49-41-66. De 12 heures Œuvres de Poulenc et Ravel. Jean-Ef- carrière de Marianne Faithfull, en 1979, à Vaga- cessairement physique. Une ride est un amour à 18 h 30. Fermé lundi. Du 15 octobre flam Bavouzet (piano), Jacques Mer- Splendide Faithfull, qui peut tout faire, fu- bond Ways, protestation violente contre la sté- gagné ; une brisure de voix, un chagrin perdu ; au 7 novembre. Entrée libre. cier (direction). mer des cigarettes, tousser trop fort, boire la rilisation forcée de jeunes Suédoises « dé- un geste dégagé, une enfance disparue. Ce don ENTRÉES IMMÉDIATES Salle Rustic, place du Calvaire, 77 Mon- tête renversée, jouer la comédie comme dans viantes » révélée par la presse en 1998, vingt de l’empreinte lui permet de jouer sans gêne tereau. Le 15, à 20 h 45. Tél. : 01-64-70- un cabaret berlinois. Elle peut tout faire parce ans ont passé sans que la chanteuse à la voix si les rôles ordinairement attribués aux femmes Le Kiosque Théâtre : les places du jour 44-14. De 20 F à 100 F. Le 16, à qu’elle vit tout avec la même intensité : rire, se sombre, si brillamment maintenue dans les (mère, femme de mauvaise vie, petite fille, vendues à moitié prix (+ 16 F de 21 heures, au Théâtre Jean-Vilar de Vi- sentir bien ou mal, très bien ou très mal, s’en- basses et la blessure, ne désarme dans la guerre sœur) tout en parcourant les territoires secrets commission par place). Place de la Ma- try-sur-Seine (tél. : 01-55-53-10-60) ; le foncer ou rayonner. Pour l’heure, Marianne intestine qui la mena au bord de la déchéance. de ces « elles » multiples qu’elle pourchasse en deleine et parvis de la gare Montpar- 17, à 15 h 30 au Centre culturel Faithfull est en pleine forme, épanouie, sur la Alors, il faut la voir, reprenant Working Class se servant des artifices de la mélodie, de la pop, nasse. De 12 h 30 à 20 heures, du mardi Jacques-Prévert de Villeparisis (tél. : 01- scène de l’Olympia, où elle a donné un court Hero, de John Lennon, admirable de rythme, le de la country, de la balade. au samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, le 64-67-59-61). (une petite heure et demie) et unique récital. poing dressé. Il faut l’entendre décortiquer jus- Les chansons de Vagabond Ways ont beau dimanche. Hommage à Chopin (piano) Costard de cuir rouge, haut noir échancré, ta- qu’à l’innervement Tower of Song, de Leonard être arrangées plus simplement, être plus car- La Chose effroyable Cédric Tiberghien : le 16, à 11 heures ; lons en proportion, Faithfull, qui n’a plus la Cohen. Quatre musiciens (dont Barry Reynolds rées d’apparence, elles enfoncent les poi- dans l’oreille de V Nelson Goerner : le 16, à 14 heures ; taille mannequin, est irrémédiablement sexy. à la guitare et Chris Thomas à la basse) ap- gnards, les lames, les flèches, dans la chair avec Spectacle musical et théâtral d’Ingrid Anna Kravtchenko : le 16, à 16 h 30. Elle a eu des maris, elle a tout bu, tout pris, portent les touches de modernité que l’amie de la même précision. La nuit, après le concert, In- von Wantoch Rekowski, mise en scène Hôtel de ville, 29, rue de Rivoli, Paris 4e. Mo Hôtel-de-Ville. Entrée libre. tout avoué, et l’avoue encore, de son accent de Mick Jagger – mais aussi de la moitié du Who’s carceration of a Flower Child, chanson compo- de l’auteur. Simon Goubert Quintet prolétaire londonien, dans Vagabond Ways, son who du rock – n’avait pu expérimenter au sée en 1968 par son ami Roger Waters, des Pink Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pa- blo-Picasso, 92 Nanterre. RER Nan- Sunset, 60, rue des Lombards, Paris 1er . nouvel album (chez Virgin, conçu avec Daniel temps d’As Tears Go By : petits échantillon- Floyd, pour dépeindre la descente aux enfers terre-Préfecture. Du 15 au 29 octobre Mo Châtelet. Les 15 et 16, à 21 heures. Lanois), dont elle interprète des extraits en nages de son, guitares stylisées... de Syd Barrett et que le groupe n’avait jamais et du 9 au 20 novembre. Du mardi au Tél. : 01-40-26-46-60. 80 F. scène. Faithfull a chanté Kurt Weill – âme comprise. osé jouer, creuse ainsi un sillon indélébile ; du samedi, à 21 heures ; le dimanche, Steve Coleman Rescapée des années héroïne, comme Eric En 1995, elle a mal vendu un album extraordi- rarement vu, de mémoire de spectateur. à 16 h 30. Tél. : 01-46-14-70-00. De Maison des arts, place Salvador-Al- Clapton ou Lou Reed, Marianne Faithfull offre naire à tous les points de vue, A Secret Life 55 F à 140 F. lende, 94 Créteil. Mo Créteil-Préfec- un concentré de culture rock qui donne envie (chez Island) réalisé par Angelo Badalamenti, Véronique Mortaigne 17e Festival théâtral du Val-d’Oise ture. Le 15, à 20 h 30. Tél. : 01-45-13-19- Trente-deux villes du département du 19. De 50 F à 120 F. Val-d’Oise accueillent une soixantaine E pericoloso sporgersi, Harpy de spectacles. Des productions bien ro- Instants chavirés, 7, rue Richard-Lenoir, Autoportrait de David Bowie dées (Je suis un saumon, de Philippe 93 Montreuil. Mo Robespierre. Le 15, à Avron, Djurdjurassique bled, de Fellag, 20 h 30. Tél. : 01-42-87-25-91. De 40 F à Requiem pour une fin de millénaire, 60 F. de Roger Lombardot...) ; des nouveau- Eurythmics à l’Elysée-Montmartre tés (Le Premier Combat, d’après des Palais omnisports de Paris-Bercy, 8, e o écrits de Jean Moulin, mise en scène boulevard de Bercy, Paris 9 . M Porte- mique, et Page Hamilton qui rem- de-Bercy. Le 15, à 20 heures. Tél. : 01- DAVID BOWIE. Elysée-Mont- place Reeves Gabrels, récente vic- d’Eric Auvray, J moins 2, de Jean-Phi- lippe Mestre, par la compagnie « Sor- 44-68-44-68. De 232 F à 337 F. martre, Paris, le 14 octobre. time d’une fâcherie, à la guitare Orquesta Aragon solo. tie de route », Dernier numéro, d’Oli- vier Dutaillis, par la Compagnie des Maison de la musique, 8, rue des An- Principe marketing de ce show Techniquement compétente, la Halles...). ciennes-Mairies, 92 Nanterre. Le 15, à surprise de David Bowie : donner formation manque pour l’instant Festival théâtral du Val-d’Oise, 21bis, 21 heures. Tél. : 01-41-37-94-20. 140 F. un mini-spectacle dans une salle de vie intérieure. Devant un petit avenue de la Division-Leclerc, 95 Deuil- La Taqira Qadira Boudchichia parisienne, l’Elysée-Montmartre, pupitre, le « Thin White Duke » la-Barre. Du 15 octobre au 28 no- Chants soufis marocains a cappella. Centre Mandapa, 6, rue Würtz, Paris d’une capacité (1 200 places) inver- prévient qu’il s’agit d’une répéti- vembre. Tél. : 01-34-17-99-00. De 40 F à 13e . Mo Glacière. Le 15, à 20 h 30. Tél. : sement proportionnelle à l’événe- tion publique. Charmeur, il manie 70 F. 01-45-89-01-60. 70 F et 100 F. ment (ce rocker mythique remplit l’auto-dérision. Son répertoire ré- Orchestre philharmonique habituellement les 17 000 places de sistera-t-il à ce manque de mys- de Radio-France DERNIERS JOURS Bercy). 700 billets étaient mis en tère ? Le choix des morceaux sur- Œuvres de Bainbridge et Elgar. Sylvie vente la veille, le reste de la salle prend agréablement. Les cinq Sullé (mezzo-soprano), Pascal Gallois 16 octobre : étant réservé aux invités. Tout est meilleures chansons de Hours (basson), Paul Daniel (direction). Conversations bon pour attirer le chaland, qu’il (dont l’émouvant Survive), quel- Maison de Radio-France, 116, avenue avec Antoine Vitez soit internaute ou fan traditionnel. ques standards (Changes, Rebel Re- du Président-Kennedy, Paris 16e . d’après Emile Copfermann, mise en o Mais les dons de businessman de bel, China Girl en accéléré) et sur- M Passy. Le 15, à 20 heures. Tél. : scène de Daniel Soulier. Bowie impressionnent plus que ses tout une sélection de titres presque 01-42-30-15-16. 100 F. Théâtre national de Chaillot, 1, place e dernières chansons au point qu’on jamais entendus sur scène. Parfois Ensemble Musicatreize du Trocadéro, Paris 16 . Tél. : 01-53-65- Œuvres de Lassus et Ohana. Chœur 30-00. De 80 F à 160 F. redoutait un peu que le concert desservi par la lourdeur du groupe soit une publicité de quarante-cinq contemporain d’Aix-en-Provence, 17 octobre : (Word On A Wing), parfois anecdo- Roland Hayrabedian, Patrick Marco, Demeures minutes pour son nouvel album, le tiques ce Can’t Help Thinking About Philippe Franceschi (direction). Musée Zadkine, atelier, 100 bis, rue très irrégulier Hours. Me, premier titre enregistré par Eglise de la Trinité, 66, rue Saint-La- d’Assas, Paris 6e. Tél. : 01-43-26-91-90. Décoré l’après-midi des insignes David Jones en 1966 sous le nom de zare, Paris 9e. Mo Trinité. Le 15, à Fermé lundi. 27 F. de commandeur des arts et lettres Bowie, ces raretés furent pourtant par le ministre de la culture, Cathe- les vraies satisfactions d’un concert rine Trautmann, Bowie – pantalon qui s’est prolongé finalement un nylon noir, pull turquoise, cheveux peu plus d’une heure. longs et éternelle finesse – « sur- Bons points : une version de dramatise » en beauté un vieux Drive In Saturday aussi satirique classique, Life On Mars, seulement qu’un morceau de Pulp ; la marche accompagné du pianiste Mike Gar- robotique de Repetition tiré de l’al- son, compagnon de l’époque glam bum Lodger ; l’adaptation à la revenu en grâce dans les années 90. douze cordes du merveilleux Al- Décadence romantique, frises do- ways Crashing In The Car. Bowie se décaphonistes : on se dit qu’on va risquait à l’acte gratuit. A moins vivre, après tout, un moment d’ex- qu’il n’ait trouvé une façon de don- ception. Le reste du groupe entre ner envie de replonger dans des en scène. Deux choristes, la fidèle disques qui, comme le reste de son Gail-Ann Dorsey à la basse, Ster- catalogue, viennent d’être « remas- ling Campbell à la batterie, Mark terisés » et réédités par EMI. Plati, ingénieur du son des deux derniers albums, à la guitare ryth- Stéphane Davet LeMonde Job: WMQ1610--0031-0 WAS LMQ1610-31 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 29Fap: 100 No: 1837 Lcp: 700 CMYK

CARNET LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / 31

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – Alain Auclaire, – Lise Serrell, Souvenir président de la Fémis, son épouse, a EDMOND GARCIN, maire a MAURICE HUSSON, altiste qui Décès Ecole nationale supérieure des métiers de Marc, Elisabeth, Dominique, Pierre, – Il y a un an, l’image et du son, communiste d’Aubagne de 1965 à fut membre du Quatuor Calvet de Jean, Benoît, – Michel Le conseil d’administration, ses enfants, Guy de NAEYER 1987 et député (PCF) de la 6e cir- 1944 à 1950, est mort samedi 9 oc- et Jacqueline Bourdon, Les anciens élèves et élèves, Et leurs conjoints, conscription des Bouches-du-Rhône tobre à Vincennes à l’âge de Philippe et Minnie Bourdon, L’ensemble du personnel et des nous quittait. équipes pédagogiques, Ses petits-enfants, de 1962 à 1986, est mort mercredi quatre-vingt-six ans. Il avait aussi Marie-Françoise ont la grande tristesse de faire part de la Son arrière-petit-fils, 13 octobre à son domicile d’Au- participé à la fondation de la Spe- et Denis Georges-Picot, Denise, disparition du fondateur et premier Ses frères et sœurs, sa femme, bagne. Né le 24 avril 1917 à Au- didam (société chargée des droits Jean-Pierre délégué général de l’école, Ses neveux et nièces, François et Dominique, bagne, Edmond Garcin entre au Par- des interprètes) dont il a été le et Gwénola Bourdon, Les familles parentes, amies et alliées, Philippe et Marie-Christine, ti communiste à l’âge de dix-sept premier président. Avant la disso- leurs enfants et petits-enfants, Jack GAJOS. ont la douleur de faire part du décès de ses enfants, ans. Il s’engage dans les Forces fran- lution du Quatuor Calvet en 1950, ont la tristesse de faire part de la mort de Guillaume, Marie-Camille, Amélie, La Fémis, çaises de l’intérieur (FFI) durant la Maurice Husson participa avec Georges SERRELL, Manon, me 6, rue Francœur, ses petits-enfants, seconde guerre mondiale, corps cette formation à la création des M Jean-Alexis BOURDON, chevalier de la Légion d’honneur, née Germaine CORDIER, 75018 Paris. croix de guerre 1939-1945, remercient tous ceux qui ont perpétué sa dans lequel il a été à la tête du comi- quatuors d’Henri Sauguet et de président-fondateur mémoire en les entourant de leur amitié. té de libération d’Aubagne. A la Li- Florent Schmitt, ainsi que du le 14 octobre 1999, dans sa quatre-vingt- de l’Office français – L’Agence pour le développement dixième année. des relations publiques, bération, il obtient la croix de Concerto lyrique pour quatuor à régional du cinéma, président d’honneur-fondateur guerre. Ancien directeur d’école pu- cordes et orchestre de Jean Marti- Son président, Jean-Paul Rappeneau, Hommage La cérémonie religieuse aura lieu du Club hippique de Versailles, blique, Edmond Garcin est élu pour non. Maurice Husson a été Ses administrateurs, – Le président, le samedi 16 octobre, à 9 heures, en Et tous ceux qui travaillent et ont la première fois à l’Assemblée natio- membre de l’Orchestre Lamou- survenu le 13 octobre 1999. Et les membres du conseil l’église Saint-Roch, 296, rue Saint- travaillé avec l’agence dans la voie nale le 25 novembre 1962. Il est dé- reux et il fut engagé comme altiste Honoré, Paris-1er. d’administration de l’Institut régional qu’il avait fixée dès 1982, d’administration de Lille signé trois ans plus tard maire d’Au- à l’Orchestre de Paris, à la création ont la tristesse d’annoncer la disparition Une cérémonie religieuse sera célébrée en l’église d’Argentière, le samedi font part de l’hommage public que rendra, bagne, un poste qu’il conservera de cette formation, en 1967. Il a de le vendredi 29 octobre 1999, – M. Pierre Burtin, 16 octobre, à 10 heures, suivie de sans interruption jusqu’en février également enseigné à l’Ecole nor- l’inhumation au cimetière d’Argentière. M. Emile Zuccarelli, ministre de la 1987, date à laquelle, « en plein ac- male de musique de Paris. Alain et Monique Burtin, Jack GAJOS. fonction publique, de la réforme de l’Etat Claude et André Rosset, et de la décentralisation, à cord avec son parti », il démissionne (Le Monde du 13 octobre.) Ni fleurs ni couronnes. Odile et Jean Béziaud, de ses fonctions de premier magis- a WILT CHAMBERLAIN, basket- M. Philippe GEORGES, trat. En mars 1986, il avait été battu teur américain, est mort d’une Denis et Christine Burtin, « Nihil desperandum. » Monique Burtin, docteur d’Etat en droit public, aux élections législatives, ce qui avait crise cardiaque mardi 12 octobre à – La famille de Philippe et Agnès Burtin, 171, chemin de la Rosière, directeur de l’Institut régional d’administration de Lille depuis 1981, hâté son retrait de la vie politique. son domicile de Los Angeles. Né le leurs enfants et petits-enfants, Roger GOUJON, 74400 Argentière. 21 août 1936 à Philadelphie, il a chevalier de la Légion d’honneur, Et toute la famille, directeur retraité 40, rue du Bac, officier dans l’ordre national a MARIE-MADELEINE DURUFLÉ, été, de 1959 à 1973, une figure de ont la grande tristesse de faire part du du département du personnel 75007 Paris. du Mérite, organiste, veuve du compositeur et légende de la NBA, l’association décès de au Crédit national (Paris), organiste Maurice Duruflé, est professionnelle américaine de bas- décédé le 16 août 1999. me fait part de son décès survenu le 7 octobre morte le 5 octobre à son domicile de ket, d’abord à Philadelphie, puis à M Pierre BURTIN, 1999. – France, Louveciennes (Hauts-de-Seine) à partir de 1968 à Los Angeles. Cet née Denise BEAU, son épouse, Les présidents et membres des jurys, Jean-Paul, Françoise, Catherine, Claire, Les personnels administratifs l’âge de soixante-dix-huit ans. Née le athlète exceptionnel, un des pre- survenu le 13 octobre 1999. et enseignants, 8 mai 1921 à Marseille, Marie-Made- miers joueurs de grande taille de la – Sa famille, ses enfants, Ses amis Les élèves et anciens élèves, leine Duruflé fut un enfant prodige, NBA – il mesurait 2,14 m pour Marc, Christophe, Valérie, Sarah, s’associeront à la cérémonie qui aura lieu La cérémonie religieuse sera célébrée ont la douleur de faire part du décès de Esther, Réjane, Marvin, devenant organiste de la cathédrale 123 kg –, a battu à peu près tous le lundi 18 octobre, à 10 h 30, en l’église à 15 heures, dans les locaux de l’IRA, Sainte-Jeanne-d’Arc, à Versailles. ses petits-enfants et arrière-petit-fils, 49, rue Jean-Jaurès, à Lille (Nord). Saint-Véran de Cavaillon à l’âge de les records pendant ses quatorze Jennifer MANN, ont la peine de faire part du décès de onze ans. Venue à Paris en 1946 pour ans de carrière : Wilt Chamberlain artiste peintre. 2 bis, rue René-Aubert, étudier avec Marcel Dupré, elle a été notamment le meilleur mar- 78000 Versailles. Ils rappellent à votre souvenir son mari, Jean SCHAPIRA, Cours épousa Maurice Duruflé en 1953 et queur avec un total de ancien professeur de l’Université associé, devint co-titulaire de l’orgue de 31 419 points, soit une moyenne directeur honoraire de l’Ecole supérieure COURS D’ARABE Fernand HOUSSIN, de Commerce de Paris, Tous niveaux. Saint-Etienne-du-Mont, avec son incroyable de 30,1 points par – Sa famille, administrateur civil, officier de la Légion d’honneur, Jour, soir et samedi. mari qui occupait ce poste depuis match, étant aussi le seul à avoir Et ses amis croix de guerre avec palme. décédé en 1992. 1930. Le couple a donné de nom- jamais réussi à inscrire 100 points font part du décès survenu à Paris, Emprisonné comme résistant (1942), Inscr. : AFAC, 01-42-72-20-88 capitaine puis commandant Rollet breux concerts, en particulier aux en un seul match. le 7 octobre 1999, de La cérémonie religieuse aura lieu le Etats-Unis où Marie-Madeleine Du- dans la France Libre (1943-1944) mardi 19 octobre 1999, à 11 h 15, en et dans la 1re armée française Colloques ruflé était considérée comme l’héri- a JULIUS NYERERE, ancien pré- l’ingénieur général (g.m.) l’église Saint-Germain-des-Prés, Paris-6e. Albert CARETTE, (1944-1945), tière de la grande école d’orgue fran- sident de la République de Tanza- Elle sera suivie de l’inhumation au blessé, à la tête d’un commando – Le 16e colloque annuel de « Ferrette » inspecteur général de l’armement, cimetière de Montmartre. organisé sous l’égide de l’Ordre çaise (Franck, Tournemire, Vierne, nie, est mort jeudi 14 octobre dans commandeur de la Légion d’honneur. de la Brigade Alsace-Lorraine Widor, Dupré, Langlais...). Elle don- un hôpital londonien à l’âge de (novembre 1944), maçonnique mixte international « Le me Droit humain » a lieu les 16 et 17 octobre, na son dernier concert à New York, soixante-dix-sept ans des suites Une messe sera célébrée le vendredi – M Reine Mazoyer, à Ferrette (Haut-Rhin), sur le thème : 29 octobre 1999, à 19 heures, en l’église survenu le 6 octobre 1999, dans sa à l’église de l’Ascension en 1993. d’une leucémie (lire page 14). son épouse, quatre-vingt-septième année. « Les nouveaux horizons de l’éthique. Saint-Léon, sa paroisse, place Dupleix, Et toute la famille, Une éthique pour l’environnement ». Paris-15e. ont la douleur de faire part du décès de Conformément à sa volonté, le défunt a Avec les conférenciers : été incinéré en présence de ses proches. Mme Vigdis Finnbogadottir, JOURNAL OFFICIEL M. Robert MAZOYER, ancienne présidente de la République cinéaste, écrivain, Ses cendres ont été dispersées dans une – Tours. Paris. forêt de Savoie. d’Islande, Au Journal officiel du vendredi 8 oc- ture de sécurité dans les véhicules de chevalier des Arts et Lettres, présidente de la Commission mondiale tobre est publiée : moins de 3,5 tonnes. Mme Suzanne Chanet, La Solaire-Les Rouvières, d’éthique en sciences et technologies de survenu à Paris, le 13 octobre 1999, à l’âge l’Unesco, b Epargne : une résolution de b Animaux : un arrêté relatif à la son épouse, de soixante-dix ans. 26220 Dieulefit. Anne-Marie, Catherine et Françoise, ambassadrice de l’Unesco, l’Assemblée nationale, visant à garan- durée et aux modalités de la surveil- M. Alain Lipietz, tir un minimum d’imposition effec- lance vétérinaire des chiens et des ses filles, La cérémonie religieuse sera célébrée député européen, tive des revenus de l’épargne sous chats cédés au gestionnaire d’un re- ont la douleur d’annoncer la mort le samedi 16 octobre, à 10 h 30, en l’église Anniversaires de décès maître de recherches au CNRS, forme d’intérêts à l’intérieur de la survenue, le 10 octobre 1999, de Saint-Séverin, 1, rue des Prêtres-Saint- M. Jean-Paul Poirier, fuge pour leur adoption et provenant Séverin, Paris-5e. Communauté. Considérant que la – A Institut de physique du globe de Paris. d’une structure assurant le service de Henri CHANET, Mme Isabelle Billard, proposition de directive du Conseil fourrière. croix de guerre (1939-1945), Pierrette ARRO, chargée de recherches au CNRS, IRES de « favorise les revenus de l’épargne per- b Mission : un décret chargeant inspecteur général – Un hommage à Strasbourg (chimie nucléaire et çus dans certains pays de l’Union euro- des finances honoraire radiochimie). François Asensi, député (PC) de la Jacques SARTHOU, « Parce que tu as été moi péenne par rapport à ceux du travail », Je puis regarder un jardin Direction du colloque : Léon Nisand. Seine-Saint-Denis, d’une mission Les obsèques ont été célébrées dans la metteur en scène elle approuve le principe d’un mini- temporaire auprès de la ministre de et directeur de théâtre, sans penser à autre chose. plus stricte intimité. Choisir parmi mes regards mum d’imposition des intérêts payés la jeunesse et des sports. Communications diverses décédé le 13 octobre 1999, aura lieu M’en aller à ma rencontre. à des personnes physiques qui ont b Assurance-maladie : un décret Cet avis tient lieu de faire-part. Peut-être reste-t-il encore leur résidence fiscale dans un Etat au funérarium de Villeneuve-Saint- Le CCFD relatif à la composition et au fonc- Georges (Val-de-Marne), le 19 octobre, à Un de tes cils mêlé aux miens, membre autre que celui du paiement Un de tes battements s’égare-t-il (Comité catholique contre la faim tionnement du Conseil pour la trans- 11 heures. et pour le développement) par un agent payeur, et propose de parence des statistiques de l’assu- – Etretat (Seine-Maritime). parmi les battements de mon cœur. Je te reconnais entre tous. organise la première journée fixer à 25 % au lieu de 20 % le taux rance-maladie. Et je sais le retenir. » TERRE SOLIDAIRE minimal de retenue à la source, afin Géraldine et Jean-Pierre Laure, Samedi 16 octobre 1999, Olivia et Philippe Penichou-Puvilland, Catherine. de mieux lutter contre les distorsions Au Journal officiel du dimanche de 10 heures à 19 heures ses petits-enfants, A l’occasion de concurrence. 10 octobre sont publiés : ont la tristesse de faire part du décès de de la journée mondiale de l’alimentation b Feux de brouillard : plusieurs – Il y a vingt ans, le 19 décembre 1979, Animations grand public et rencontres mourait Au Journal officiel du samedi 9 oc- textes relatifs aux feux de brouillard Mme Roger DEGOUET, avec des acteurs locaux tobre sont publiés : arrière des véhicule à moteur, trans- née Andrée GROUSSET, de développement François FONTAN, Parc de La Villette b Dissolution : un décret portant posant des directives communau- survenu le 12 octobre 1999. fondateur de la doctrine ethniste devant la Grande Halle, dissolution du conseil municipal de taires. et père politique Métro Porte-de-Pantin Saint-Laurent-du-Cros (Hauts-Alpes). La cérémonie religieuse sera célébrée de la nation occitane. b Sécurité : un décret relatif au Au Journal officiel daté lundi 11- le lundi 18 octobre, à 10 h 30, en l’église Notre-Dame d’Etretat. Les vallées occitanes d’Italie, dans Soutenances de thèse port de la ceinture de sécurité et du mardi 12 octobre est publiée : lesquelles il est enterré, se souviennent casque, transposant une directive eu- b Internet : une circulaire du pre- de lui avec affection, Cet avis tient lieu de faire-part. – A l’université de Reims-Champagne- ropéenne sur le rapprochement des mier ministre relative aux sites inter- Et l’Occitanie, Ardenne, le 30 septembre 1999, Olivier législations des Etats membres rela- Et tous les peuples opprimés du monde Pottier, agrégé d’histoire, a soutenu une net des services et des établissements 20, avenue George-V, tives au port obligatoire de la cein- de l’Etat. avec elles. thèse de doctorat sur : « La présence mi- 76790 Etretat. litaire américaine en France (1950- 1967) ». Directeur de thèse : M. Maurice – Il y a vingt-sept ans, le 16 octobre Vaïsse ; président du jury : M. Melandri, 1972, assisté de MM. Bozo et Cochet ; et le 8 octobre, Jean-Michel Pottier, agrégé de lettres modernes, a soutenu une thèse A. Bernard LINDENBERG de doctorat intitulée : « Les siècles et les Au sommaire (Bolek), mondes », édition historique et critique directeur scientifique des Cahiers (1886-1897) de J.-H. Rosny du numéro au CNRS, Aîné. Directeur de thèse : M. Alain Pagès ; président du jury : M. Jacques nous quittait. Noirey, assisté de Mme Stead et de d’octobre M. R.-P. Colin. Basami, Ils ont obtenu l’un et l’autre la mention Et ses enfants Très Honorable et les félicitations à rappellent avec tristesse son souvenir. l’unanimité de leur jury respectif.

Dossier : Un collège pour tous. CARNET DU MONDE TARIFS 99 - TARIF à la ligne b Entretien avec Jean Baudrillard. DÉCÈS, REMERCIEMENTS, AVIS DE MESSE, b Enseigner en zone rurale. ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 136 TTC - 20,73 ¤ ier bilan. ¤ b Médiateur : un prem TARIF ABONNÉS 118 F TTC - 17,98 isère des salles de profs. b La grande m NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, MARIAGES, FIANÇAILLES b Inspection : copie à revoir. 520 F TTC - 79,27 ¤ FORFAIT 10 LIGNES ¤ b Voyage : la Polynésie. Toute ligne suppl. : 62 F TTC - 9,45 THÈSES - ÉTUDIANTS : 83 F TTC - 12,65 ¤ b Guide culture. COLLOQUES - CONFÉRENCES : b Petites annonces. Nous consulter ట 01.42.17.39.80 + 01.42.17.29.96 Chez votre marchand Fax : 01.42.17.21.36 de journaux Les lignes en capitales grasses sont facturées sur la Le magazine résolument enseignant 30 F - 4,57 ¤ base de deux lignes. Les lignes en blanc sont obliga- Kosovo toires et facturées. LeMonde Job: WMQ1610--0032-0 WAS LMQ1610-32 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 10:13 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 29Fap: 100 No: 1838 Lcp: 700 CMYK

32 KIOSQUE LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 La presse américaine sur la lancée du Monicagate Le « New York Times » et le « Washington Post » se font l’écho des accusations d’infidélité conjugale portées contre le candidat de la droite chrétienne républicaine à l’élection présidentielle. Un remake douteux de l’affaire Lewinsky LE MONICAGATE n’en finit pas l’écrit le Washington Post : «Sa Times, « il a commandé une porte en bureau. Un jour, quelqu’un m’a dit jamais seuls avec une femme, dans d’envenimer la politique améri- femme et ses trois enfants à ses côtés, verre pour son bureau. L’ancienne que je devrais nouer mes cheveux un bureau ou en voyage. Le révérend caine. Gary Bauer, candidat de la il a convoqué une conférence de porte en bois n’avait aucun défaut si en chignon et je n’ai pas su s’il plai- Billy Graham, par exemple, refuse de droite chrétienne républicaine à la presse pour tenter d’étouffer la ce n’est qu’elle serait restée trop santait. J’ai alors compris que ce rester seul dans une pièce avec une présidence, vient d’en faire les frais. controverse, accusant un rival ano- souvent close lors de tête-à-tête avec que les autres pensaient n’avait pas femme à l’exception de la sienne Ce parangon de la vertu la plus tra- nyme, que ses adjoints ont identifié la chef adjointe de sa campagne ». d’importance et que ce qui seul depuis qu’il l’a épousée dans les ditionnelle est accusé d’avoir passé comme Forbes, d’avoir jeté de l’huile « Cette affaire a eu un impact néga- comptait était de savoir qui années 40 ». Le New York Times cite trop de temps seul avec une res- sur le feu. "On insinue que j’ai violé tif sur les jeunes femmes qui veulent j’étais." » pour sa part un assistant anonyme : ponsable de sa campagne. Cho- mes vœux de fidélité à mon épouse se lancer en politique, ajoute le choses dans mon travail. Incons- Mais son optimisme de façade « On m’a mis en garde contre les qués, deux de ses assistants sont de vingt-sept ans", a dit Bauer. quotidien new-yorkais. Melissa ciemment ou non, tout cela tourne dissimule mal les contraintes du apparences. J’ai des collègues qui passés chez un autre ultraconser- "Ces rumeurs assassines sont McClard, la jeune assistante passion- dans ma tête et j’ai de la peine à « bigotement correct ». Le quoti- pensent qu’ils doivent garder la porte vateur, Steve Forbes. Cette accusa- dégoûtantes, ignobles, diaboliques nément conservatrice de Gary Bauer rester concentrée et à ne pas me dien de Washington explique que ouverte quand ils rencontrent des tion menaçant son avantage moral et malsaines. C’est de la politique qui est la cause de cette affaire, en a mettre en colère. Il faut savoir être « les hommes politiques chrétiens et membres féminins de l’équipe. » face à un George W. Bush au passé de poubelle. Je n’ai jamais trompé tiré une leçon contraire : il ne faut plus dure (...). Je suis passée par les dirigeants évangéliques suivent « Charles Black, qui fut conseiller des mouvementé, il s’est défendu ma femme !" » pas céder aux rumeurs. "Cette his- une phase où je ne portais plus de généralement une règle non écrite, présidents Reagan et Bush, estime comme un beau diable, comme Depuis, raconte le New York toire, dit-elle, a changé pas mal de jupe et je ne me maquillais plus au en vertu de laquelle ils ne se trouvent que M. Bauer est tenu de respecter des critères moraux élevés, car beau- coup de chrétiens pensent que, pour DANS LA PRESSE compagnies américaines. Il lui fau- Ensuite les actionnaires de BAe apparaît que les pouvoirs publics nature du nouveau groupe franco- éviter la tentation, les hommes et les dra notamment décider quelles n’accepteront pas une fusion avant ont pris une part active, est à la fois allemand ne semble pas reposer femmes mariés ne devraient jamais FINANCIAL TIMES unités conserver et quelles unités d’êtres certains que EADS sera sensé au plan industriel et politi- sur les principes qui ont permis le se trouver seuls ensemble. » On croi- a Après des années de discours sur fermer (...). L’annonce que le gou- rentable. Enfin, il est avantageux quement structurant pour une succès d’Airbus. Matignon et l’Ely- rait entendre parler un ayatollah ! la consolidation de l’industrie de la vernement français gardera 15 % pour l’Europe de disposer de deux Europe qui a besoin de se doter sée ont le même souci de réorgani- Ce moralisme insidieux semble défense et de l’aérospatiale en des parts de la nouvelle compagnie grosses entreprises de défense. Le d’une capacité de défense compa- sation des industries de défense, pourtant à sens unique : personne Europe, la fusion de l’allemand laisse craindre que les choix diffi- monolithisme en matière de ventes tible avec son dessein historique. singulièrement dans les hautes ne reproche à la républicaine Eliza- Dasa et du français Aerospatiale ciles ne soient pas faits à temps. Le d’armes ne serait pas nécessaire- On peut donc juger regrettable le technologies, où les équipes fran- beth Dole de s’entourer d’assis- Matra est une bonne nouvelle. La deuxième test sera l’attitude du ment dans l’intérêt des contri- temps perdu en coquetteries des çaises ont une compétence mon- tants masculins. Et quid des insi- nouvelle société (...) doit mainte- nouveau groupe à l’égard de la buables européens. Il ne serait pas deux côtés. (...) Que de temps diale. Il s’agit d’accompagner le nuations qui pourraient faire nant prouver qu’elle peut fonc- transformation d’Airbus Industrie mauvais que les sociétés euro- gagné si Français et Allemands reformatage des armées françaises, surface sur des entretiens derrière tionner. Ce ne sera pas facile. en société anonyme. Jusqu’à péennes recherchent plutôt leurs pouvaient s’épargner les flirts et les dont la professionnalisation porte close entre deux hommes ou Aerospatiale Matra est elle-même présent toutes les tentatives en ce prochains partenaires de l’autre infidélités réciproques destinés, le implique des équipements tou- deux femmes ? Décidément, les le produit d’une fusion entre des sens ont été bloquées par Aerospa- côté de l’Atlantique. plus souvent, à éprouver les senti- jours plus chers. (...) Toute la ques- frasques de Bill Clinton dans le entreprises du secteur public et du tiale. (...) A supposer que le nou- ments de l’autre partie. tion est de savoir si ces montages, bureau Ovale de la Maison Blanche secteur privé qui demande encore veau groupe réussisse, quel devra LA TRIBUNE qui mettent en jeu non seulement avec une stagiaire complaisante à être stabilisée. Sa fusion avec être le prochain pas ? EADS devra- Pascal Aubert L’HUMANITÉ des milliards de francs mais égale- sèment la zizanie dans les états- Dasa, qui à son tour s’apprête à t-il fusionner avec British Aero- a Passablement distendue depuis Okba Lamrami ment des emplois et des savoir- majors politiques. Gary Bauer se absorber l’espagnole Casa, exigera space ? L’idée est politiquement l’arrivée au pouvoir de Gerhard a Chacun sait désormais que faire, sont la meilleure forme d’une défend en affirmant : « Je ne suis beaucoup d’habileté. Outre la diffi- séduisante. (...) Si l’Europe veut Schröder, la relation franco-alle- fusion rime avec suppression coopération, certes nécessaire, y pas un homme de Neandertal culté de surmonter les différences assurer son indépendance mili- mande s’étiolait au fil des mois. Le d’emplois. Les syndicats de Tou- compris dans le militaire. L’inquié- comme certains le prétendent. » de culture, la nouvelle société taire, des liens entre EADS et BAe spectaculaire rapprochement des louse, où l’on assemble les Airbus, tude (...) n’est pas provoquée par Comme quoi, on peut être ultra- devra montrer qu’elle est capable seront utiles. Mais il n’y a nul deux champions nationaux de sont d’ailleurs très inquiets. (...) une quelconque germanophobie, conservateur et ne pas être de de réaliser les économies qui lui besoin de se hâter. D’abord des l’industrie de défense constitue Mais tout montre que la coopéra- mais peut-être par celle, légtitime, pierre. permettront de soutenir la concur- liens existent déjà entre les deux une thérapie bienvenue. (...) Le tion européenne est non seule- que la finance ne tue la réussite rence de British Aerospace et des sociétés, à commencer par Airbus. projet dévoilé hier, dans lequel il ment utile mais impérative. La d’Airbus. Patrice de Beer

SUR LA TOILE A LA TELEVISION ET A LA RADIO www.pixelon.com PAKISTAN a L’agence en ligne Pakistan News Le Monde des idées Service, hébergée sur un serveur LCI Internet pourrait bientôt concurrencer directement la télévision sur son propre terrain californien, publie des dépêches, Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 documents et communiqués per- Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 UNE IMAGE en plein écran, reportages d’actualité. Pour éviter mettant de suivre les événements au Le lundi à 9 h 10 et à 14 h 10 fluide et aux couleurs naturelles, les copies illicites, ils ont mis au Pakistan. a capable de rivaliser avec la télévi- point un système de cryptage www.paknews.com Le Grand Jury sion tout en étant couplée à une complexe, obligeant l’utilisateur à RTL-LCI gamme infinie d’applications inter- s’identifier en se reconnectant à SITES PUBLICS Le dimanche à 18 h 30 actives : depuis une décennie, ce leur site, s’il souhaite revoir la a Par une circulaire publiée au Jour- a rêve habite les spécialistes de vidéo qu’il a déjà chargée. nal officiel, le premier ministre a sim- Les rumeurs du monde l’Internet, persuadés que la vidéo Parallèlement, les deux sociétés plifié les règles relatives à la création FRANCE-CULTURE s’imposera comme le moyen vont céder leur procédé à d’autres et à la gestion des sites Internet des Le samedi à 12 heures d’expression dominant sur le diffuseurs sur le Web. L’un des pro- ministères, et abrogé huit textes a réseau. Après des années de pro- jets les plus prometteurs est un ser- antérieurs. Par ailleurs, la circulaire Idéaux et débats grès lents et laborieux, plusieurs vice de distribution et de diffusion confirme le rôle de référence de trois FRANCE MUSIQUES équipes de recherche semblent sur de films indépendants et ama- sites-portails publics : www.admi- Le dimanche à 17 heures le point de franchir une étape déci- teurs : le Web pourrait ainsi boule- france.gouv.fr pour les démarches et a sive. A l’occasion du Mipcom (Mar- verser l’univers du cinéma, comme formulaires administratifs et les rap- Libertés de presse ché international des programmes il est en train de le faire pour la ports publics ; www.legifrance.gouv.fr FRANCE-CULTURE de télévision), qui s’est tenu à presse et l’édition. Les respon- pour les textes juridiques et le Jour- Un dimanche sur quatre à 16 heures Cannes du 4 au 8 octobre, les sables d’ IDI présents à Cannes nal officiel ; www.internet.gouv.fr pour a sociétés californiennes Pixelon et imaginent déjà l’avènement de plu- le suivi de l’action gouvernementale. A la « une » du Monde IDI ont présenté un procédé sus- sieurs centaines de milliers de sites RFI ceptible de transformer le Web en Web de toutes tailles, diffusant de CHINE Du lundi au vendredi vrai concurrent de la télévision : il la vidéo plein écran à volonté sur le a Guo Jian, ingénieur aéronautique à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) est désormais possible de téléchar- ment et gratuitement un logiciel du Prince d’Egypte, et même un Web. Plutôt que de jouer la chinois, a été condamné à huit mois a ger des séquences vidéo en plein spécifique. On a ensuite le choix documentaire politique. « convergence » avec les chaînes de de prison pour avoir publié sur Inter- La « une » du Monde écran, sans disposer d’ordinateur entre une dizaine de séquences, Pixelon et IDI espèrent mettre en télévision, les professionnels de net des informations concernant la BFM spécialisé haut de gamme ni de distribuées à titre expérimental : le place rapidement une douzaine de l’Internet semblent vouloir les fabrication du futur avion de combat Du lundi au vendredi ligne à haut débit. nouveau clip de Will Smith, des canaux thématiques avec des pro- défier dans une concurrence chinois J-10. Guo Jian a bénéficié de 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 Le samedi Lorsqu’on se connecte pour la extraits de concert des Spice Girls grammes à la demande et couvrant frontale. circonstances atténuantes, car il 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 première fois sur le site Web de ou d’Alanis Morrissette, des tous les types d’émissions, depuis ignorait que ces documents étaient Pixelon, on charge automatique- bandes-annonces de Star Trek et les films classiques jusqu’aux Yves Eudes secrets. – (AP.)

L’odeur de l’argent, suite par Alain Rollat Il est rare que les soirées thé- et ce sentiment d’impuissance chés financiers est celle des matiques d’Arte déçoivent à ce engendre une frustration d’autant cigares. Cette soirée d’Arte nous point. Celle qui était consacrée au plus vive qu’il est devenu impos- aura néanmoins appris une chose, triomphe de l’argent-roi n’a abso- sible de procéder à la reconstitu- découverte au cours d’une scène lument pas tenu les promesses tion des faits qui sont à l’origine mettant en présence le directeur sonnantes qu’on était en droit de cette controverse. Si l’argent du FMI et le patron d’une banque d’en attendre. On ne sait toujours avait gardé une quelconque américaine, à propos des dettes pas si l’argent a une odeur et c’est matérialité, on pourrait demander du Nicaragua. Une scène qui dans ce constat de carence olfac- à Jean-Pierre Gaillard et Jean- aurait pu réconcilier Suétone et tive que réside le scandale. Il y a Marc Sylvestre d’interpréter la Juvénal : le banquier demande à toujours, d’un côté, le professeur fameuse scène entre l’empereur M. Camdessus s’il a été bien reçu Suétone, qui soutient depuis Vespasien et son fils : soudain, à Managua, où il a prêché la l’an 120 et ses Vies des douze Titus reproche à son père de taxer rigueur monétaire aux victimes Césars, que « ça ne sent rien » les usagers des latrines publiques du cyclone Mitch qui lui récla- (« Non olet »), et, de l’autre, le et, alors, Vespasien lui met sous le maient l’urgence humanitaire, et professeur Juvénal, qui se montre, nez une poignée de pièces d’or en où il a croisé M. Chirac. M. Cam- depuis la même époque, tout lui demandant, hilare, s’il y trouve dessus fouille dans son cartable aussi péremptoire dans la quator- une odeur incommodante... et, soudain, hilare, lui met sous le zième de ses Satires : « L’argent a De nos jours, malheureuse- nez la « une » d’un journal local. bonne odeur d’où qu’il vienne » ment, l’argent, devenu virtuel, a On y lit : « Chirac et Camdessus (« Lucri bonus est odor ex re/Quoli- perdu toute réalité substantielle. ambassadeurs de l’humanisme»... bet... »). Combien de temps Il n’y a plus la moindre pièce C’est si drôle que les deux encore faudra-t-il attendre pour jaune dans les poches des empe- hommes s’esclaffent. Le banquier qu’on sache enfin lequel des deux reurs de la finance, on n’a jamais applaudit même le directeur du a raison ? vu le directeur du FMI brandir la FMI. Voilà la nouvelle : l’argent Il est à craindre, hélas ! que le moindre monnaie de papier, la n’a toujours pas d’odeur, mais il a CAC 40 ne les départage jamais, seule odeur respirée sur les mar- désormais un rire vespasien. LeMonde Job: WMQ1610--0033-0 WAS LMQ1610-33 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 08:41 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 29Fap: 100 No: 1839 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / 33

VENDREDI 15 OCTOBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

23.15 Sans aucun doute. 20.30 Whistle Down the Wind aa TÉLÉVISION DÉBATS Le tour de France du gaspillage DANSE Bryan Forbes (GB, 1961, N., v.o., ARTE de l’argent public. 105 min) &. Ciné Classics 21.00 Star Wars mania. Invité : Yves Lecoq. TF 1 20.45 Paris danse Diaghilev. 21.00 Les Grandes Manœuvres aaa TF 1 19.00 Tracks. Invités : Olivier Delcroix ; Musique de Stravinsky. Chorégraphie René Clair (France, 1955, 19.45 Météo, Arte info. Stéphanie Tchou-Cotta ; DOCUMENTAIRES de Michel Fokine. Par le ballet 105 min) &. Cinétoile 17.35 Melrose Place. 20.15 Un job sanglant. Patrice Girod ; de l’Opéra de Paris. Mezzo Michel Fize. Forum Planète 19.00 Etre heureux comme... 20.45 Pepe Carvalho. La nostalgie 22.00 Les Nouveaux 20.15 Un job sanglant, le polar, 19.05 Le Bigdil. commence dans l’assiette &. MUSIQUE 22.15 Grand format. Journal intime. « Misérables ». Forum Planète l’auteur et son privé. 19.55 L’Air d’en rire. Michael Oyahon et Batya Gour. Arte 20.00 Journal, Météo. Yasmina à Belgrade. 23.00 Rembrandt, autoportrait 20.59 Soirée Sardanajazz. Clips. Muzzik 23.15 La Déesse du Soleil aa 20.15 N.U. Histoire 20.55 Les Années tubes. d’un rebelle. Forum Planète 22.10 Haydn. Film. Rudolph Thomme (v.o.). &. 20.30 Politique et corruption Sonate pour piano en la bémol majeur. 23.15 Sans aucun doute. Le tour de 1.00 Le Dessous des cartes. Finlande. MAGAZINES au Kenya. Planète Avec Ivo Pogorelich, piano. Mezzo France du gaspillage de l’argent public. 20.30 Yuri Buenaventura, 22.50 Led Zeppelin 1969. Canal Jimmy M6 18.20 Nulle part ailleurs. une salsa parisienne. Muzzik FRANCE 2 Invités : Jamiroquai ; 18.00 Moesha &. 20.45 L’Enigme des manuscrits TÉLÉFILMS 18.20 Hartley, cœurs à vif &. Kevin Williamson ; Lio. Canal + 18.25 Le Flic de Shanghai &. de la mer Morte. Histoire 19.10 1 000 enfants vers l’an 2000. 19.00 Tracks. No Respect : Les robots. 20.55 Le Monstre du lac. 19.50 La sécurité sort Tribal : Peace and unity. Vibration : 21.00 Sardanajazz. Muzzik 19.15 Qui est qui. Richard Huber. %. M6 de la bouche des enfants. Land art. Clip : « Unpretty », de TLC. 21.20 Le Front de l’Est. [2/4]. Planète 19.50 Journal, Météo, Point route. Backstage : Haïti vaudou. 22.05 Les Enfants du jour. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 21.30 Bisons et loups. Harry Cleven. Festival 20.55 Une soirée, deux polars. Future : Parano sur le web. 20.10 Une nounou d’enfer &. Dream : Patti Smith. Une alliance ancestrale. Odyssée P.J. Canal. &. Live : Tricky. Arte 21.50 Décrypter les années 60. Avocats et associés. 20.40 Décrochages info, SÉRIES COLLECTION CHRISTOPHE L. Changer le monde. Canal Jimmy Le prix d’un enfant. &. Politiquement rock. 20.05 C’est la vie. 21.00 Un enfant de Calabre aaa 22.55 Bouche à oreille. Une amie pour la vie. TSR 22.10 Apollo 13. Planète 19.30 Clair de lune. Luigi Comencini. 20.55 Le Monstre du lac. 20.50 Thalassa. 22.15 Grand format. Journal intime. Radio assassin. Série Club Avec Gian Maria Volonte, 23.00 Bouillon de culture. Téléfilm. Richard Huber %. De mémoire d’aborigène. France 3 Yasmina et la guerre à Belgrade. Arte Santo Polimeno (France - Italie, 1987, Dans le secret des familles. 22.35 Players, les maîtres du jeu. 20.45 Pepe Carvalho. La nostalgie v.o., 110 min) &. Cinéstar 2 0.15 Journal, Météo. Père, impair et passe &. 21.00 Recto Verso. 23.05 L’Europe des pèlerinages. commence dans l’assiette. Arte Invité : Florent Pagny. Paris Première [7/11]. Fatima. Odyssée 21.00 Antonia et ses filles aa 0.45 Histoires courtes. 23.30 Total Security. 20.50 Stargate SG-1. Hathor. Série Club 21.55 Faut pas rêver. USA : Crazy Horse. 23.25 Australie, à l’ouest Marleen Gorris (Pays-Bas, 1994, Charyn le mystérieux. Cendres éparpillées &. Suisse : La fête des vignerons. du bout du monde. TMC 20.50 Jesse. Boo ! He’s Back (v.o.). Téva 100 min) &. Ciné Cinémas 2 0.25 Chapeau melon et bottes de cuir. Guinée : Le plus vieux balafon 20.55 P.J. Canal. France 2 21.05 THX 1138 aa FRANCE 3 Maille à partir avec les taties &. d’Afrique. George Lucas (EU, 1970, v.o., Invité : Cheb Mami. France 3 SPORTS EN DIRECT 21.55 Avocats et associés. Le prix d’un enfant. France 2 80 min) &. Ciné Cinémas 3 17.40 Le Kadox. 23.00 Bouillon de culture. 22.25 American Graffiti aa 18.13 Comment ça va aujourd’hui ? Dans le secret des familles. 19.55 Rugby. Coupe du monde 1999 : 1.00 Les Soprano. RADIO Irlande - Roumanie. Canal + vert Pax Soprana. Canal Jimmy George Lucas (Etats-Unis, 1973, 18.20 Questions pour un champion. Invités : Pierre Combescot ; v.o., 110 min) &. Ciné Cinémas 3 Yasmina Reza ; Nathalie Rheims ; 20.45 Football. Championnat de D 1 : 2.20 Friends. Celui qui 18.48 Un livre, un jour. Gisèle Halimi. France 2 Marseille - Lyon. Canal + se souvient (v.o.). Canal Jimmy 22.45 Full Metal Jacket aa 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. FRANCE-CULTURE Stanley Kubrick (Etats-Unis, 1987, v.o., 115 min) ?. Ciné Cinémas 1 20.05 Fa si la. 20.35 Tout le sport. 21.20 Expresso, Poésie sur parole. 22.45 Je vous salue Marie aaa 21.30 Multidiffusion. 20.50 Thalassa. De mémoire d’aborigène. Jean-Luc Godard (France - Suisse, 22.10 Carnet de notes. 1983, 105 min) &. Cinétoile 21.55 Faut pas rêver. 22.30 Surpris par la Nuit. 22.50 L’Anglais qui gravit USA : Crazy Horse. Suisse : La fête des vignerons. Guinée : 0.00 Du jour au lendemain. CINÉ CINÉMAS 3 ARTE RADIO CLASSIQUE une colline... aa Le plus vieux balafon d’Afrique. Christopher Monger (GB, 1994, v.o., 22.55 Météo, Soir 3. 95 min) &. Cinéstar 2 FRANCE-MUSIQUES 21.05 THX 1138 aa 22.15 Grand format : 22.40 25e anniversaire 23.25 Ciné week-end. 23.15 La Déesse du Soleil aa Premier long-métrage de George Journal intime de l’Orchestre national Lacombe Lucien 20.05 Concert franco-allemand. Rudolph Thomme (All., 1992, v.o., Film. Louis Malle. &. Par le Chœur et l’Orchestre 105 min) &. Arte Lucas, il y a trente ans, qui célèbre Portrait d’un écrivain serbe, Yasmi- d’Ile-de-France 1.45 Nocturnales, jazz à volonté. symphonique de la MDR, dir. Fabio 0.25 Embrasse-moi, l’individualisme et la liberté, en na Tesanovic, mariée, deux en- Un opéra-comique en un acte de Jazz à Antibes 98, Dianne Reeves. Luisi : Œuvres de Mozart, Beethoven. je te quitte aa 22.30 Alla breve. plein XXVe siècle, alors qu’une fants, modèle de la contestation Bizet, Djamileh, pour célébrer cet Robert Mulligan (Etats-Unis, CANAL + 22.45 Jazz Club. nouvelle civilisation les a procrits. antiguerre, qui milita avec d’autres anniversaire. Créé en 1872 à la salle 1982, 100 min) &. Ciné Cinémas 2 1.10 The Missouri Breaks aa 17.45 C’est ouvert le samedi. RADIO CLASSIQUE Le film conte l’histoire d’un femmes belgradoises contre la vio- Favart, cette adaptation de l’œuvre Arthur Penn (Etats-Unis, 1976, homme, THX 1138, et d’une lence et le nettoyage ethnique, et de Musset Namouna décrit v.o., 125 min) ?. Cinéfaz f En clair jusqu’à 20.15 18.20 Nulle part ailleurs. 20.15 Les Soirées. femme, LUH 3417, qui cessent de manifestèrent leur solidarité avec l’amour contrarié puis couronné 1.20 De l’amour à la folie aa Œuvres de Brahms, J. Strauss fils. Antonia Bird (Etats-Unis, 1995, 20.15 Football. 20.40 Jacqueline Du Pré, violoncelle. prendre les drogues prescrites et les femmes albanaises du Kosovo. de succès d’une jeune favorite du 95 min) &. Cinéstar 1 20.45 Marseille - Lyon. Œuvres de Haydn, Beethoven, sont attirés l’un par l’autre. Un Une femme qui a pourtant vécu sultan. Raffiné et séduisant, cet 1.55 Céline et Julie 22.50 Alien, la résurrection a Dvorak, Saint-Saëns. Film. Jean-Pierre Jeunet ?. e premier opus sans doute plus au- dans sa « bulle », loin de la réalité opéra fit l’admiration de Gounod, vont en bateau aaa 22.40 25 anniversaire de l’Orchestre Jacques Rivette (France, 1974, 0.35 Zonzon a national d’Ile-de-France. dacieux que La Guerre des étoiles. d’une guerre toute proche. Saint-Saëns, Mahler, etc. 185 min) &. Cinétoile Film. Laurent Bouhnik %. Œuvres de Bizet, Roussel.

SAMEDI 16 OCTOBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 19.30 Condamnés à réussir, 19.30 Saint-Saëns et Milhaud. 14.25 Whistle Down the Wind aa TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE La Hague. Planète Lugano, 1985. Avec Silvia Markovici, Bryan Forbes (GB, 1961, N., violon. Par l’Orchestre de v.o., 100 min) &. Ciné Classics 12.10 et 17.10 Le Monde des idées. 19.55 Crime et pénitence. Odyssée 15.30 Pi égale 3,14... la Radiotélévision suisse italienne, 15.20 Los Olvidados aaa TF 1 Thème: le rugby et ses mythes. 20.30 Sexe, censure et cinéma. [6/6]. dir. Piero Bellugi. Muzzik 16.00 Sur les chemins du monde. Invités: Philippe Dagen Luis Buñuel (Mexique, 1950, Hollywood et ses fantasmes. Planète 20.05 Mozart. Symphonie no 31, « Paris ». N., v.o., 85 min) &. Cinétoile 15.45 Nom de code TKR &. Nagaland interdit. 16.55 Jangal. et Francis Marmande. LCI 17.25 Va savoir. 20.30 Les Secrets de la guerre secrète. Le Par l’Orchestre philharmonique 16.35 Spécial Transat. 21.00 Le Roman Noir. Forum Planète de Vienne, 16.05 La Maison des étrangers aa 18.05 Daktari &. Reich : la guerre Joseph L. Mankiewicz (EU, 1949, 16.40 Dingue de toi &. dir. Nikolaus Harnoncourt. Mezzo 19.00 Histoire parallèle. 22.00 La Cagoule, procès d’une société des services. Odyssée N., 100 min) &. Ciné Classics 17.10 et 18.00, 18.55 Spécial Transat. secrète. Forum Planète 20.40 1, 2, 3... Marseille. 20.30 Méphistophélès. Opéra de Boito. Semaine du 16 octobre 1949. Par l’Orchestre et les Chœurs 16.45 Les Belles de nuit aaa 17.15 Hercule &. 19.45 Météo, Arte info. 23.00 Déchets, de l’environnement Tellement Marseille. Canal + de l’Opéra de San Francisco, René Clair (France, 1952, N., 18.05 Sous le soleil &. 85 min) &. Cinétoile 20.05 Le Dessous des cartes. Forum Planète 20.45 L’Aventure humaine. dir. Maurizio Arena. Mezzo au civisme. 19.00 Etre heureux comme... 20.15 Black Adder. [11/24] &. Les Secrets de la Grande 23.00 New York Voices Sing 18.10 A nous la liberté aaa 19.05 Beverly Hills &. Muraille. Arte René Clair (France, 1931, N., 20.45 L’Aventure humaine. MAGAZINES Paul Simon. 19.58 Bloc mode. 20.45 Une histoire de la médecine. 80 min) &. Cinétoile Les Secrets de la Grande Muraille. Montréal 1998. Muzzik 20.00 Journal, Météo. 21.40 Metropolis. 13.50 Savoir plus santé. [7/8]. La médecine, conquérante 23.10 Liszt. ou conquise ? Histoire 20.50 5 millions pour l’An 2000. 22.40 Les Traces du mal. Sortir du coma. France 2 Méphisto-Valse et Sonate pour piano en 20.55 Spécial Vidéo gag. Téléfilm. Catherine Millar. &. 21.00 Derrière la forêt. Muzzik si mineur. Enregistré en 1979. Avec 14.10 Au nom de la loi. L’insécurité. 23.15 Hollywood Night. 0.10 Music Planet. Blondie &. Que fait la police ? 21.20 Cinq colonnes à la une. Planète Nicolas Economou, piano. Mezzo Tolérance zéro. RTBF 1 Les Enragés. 1.15 Conversation secrète aaa 21.45 Appel d’air. Film. Francis F. Coppola. 17.45 Le Club. VARIÉTÉS Téléfilm. Sidney J. Furie. ?. L’Australie méridionale. Odyssée 0.55 Formule F 1. Jean-Jacques Beineix. Ciné Classics 21.55 L’Age d’or de la RKO. 1.30 Formule foot. M6 18.00 Paris modes. [5/6]. Films noirs 20.55 Tapis rouge et maccarthysme. Ciné Classics à Muriel Robin. France 2 Giorgio Armani. Paris Première FRANCE 2 15.10 Les Mystères de l’Ouest &. 18.50 Union libre. 22.10 White Jazz. Planète 16.10 Mission impossible, Invité : Anthony Kavanagh. France 2 22.15 Les Meilleurs Moments des JO. TÉLÉFILMS 15.40 Samedi sport. 20 ans après &. 19.00 T.V. +. Canal + [3/10]. Près de la victoire. Histoire 15.45 Tiercé. 16.05 Cyclisme. 17.10 Chapeau melon 17.05 Charlotte, dite Charlie. 22.25 Questions d’enfants. 17.30 Gymnastique artistique. 19.00 Histoire parallèle. Caroline Huppert. Festival et bottes de cuir &. [2/6]. Etre nourri. France 3 18.45 1 000 enfants vers l’an 2000. 18.10 Amicalement vôtre &. Semaine du 16 octobre 1949. 17.50 Plan d’attaque. Fred Walton. RTL 9 Laszlo Rajk : l’Europe centrale 22.40 Et Hollywood 18.50 Union libre. 19.10 Turbo. en procès. Arte créa la femme. Odyssée 18.50 Chasseurs d’écume. 19.55 et 20.45 Tirage du Loto. Denys Granier-Deferre [1/3]. Festival 19.40 Warning. 19.00 Recto Verso. 22.45 La Maison Windsor. [1/3]. 20.00 Journal, Météo. 19.50 Mieux vaut prévenir. Invité : Florent Pagny. Paris Première Première époque : 1897-1936. Histoire 18.55 L’Affaire Dreyfus. Yves Boisset [2/2]. Ciné Cinémas 23.00 Tueur à gages aa 1.10 100 ans de sport. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 21.05 Thalassa. 23.05 Politique et corruption Franck Tuttle. 1.15 Journal, Météo. 20.05 Plus vite que la musique. La Balade de l’Astrolabe. TV 5 19.50 Mark Twain et moi. Avec Veronica Ladd, au Kenya. Planète Daniel Petrie. Disney Channel Alan Ladd (Etats-Unis, 1942, N., v.o., 1.35 Rince ta baignoire. Internet : 20.40 Cinésix. 21.05 Planète animal. Avant qu’il ne soit 23.45 Emmanuel Berl. [2/5]. Histoire 85 min) %. Ciné Classics amour il m’aime ou e-mail ? 20.50 La Trilogie du samedi. trop tard [2/2]. TMC 20.30 Les Clients d’Avrenos. Philippe Venault. Festival Le Caméléon. La promesse. &. 23.45 Les Hommes des glaces. 23.00 Embrasse-moi, 21.45 Buffy contre les vampires. 21.20 Planète Disney. Le front des glaces. Odyssée FRANCE 3 Encore du soleil. Disney Channel 20.45 Le Visage du passé. je te quitte aa Le masque de Cordolfo. %. Patrick Dromgoole. 13ème RUE 21.40 Metropolis. 23.50 Le Front de l’Est. [2/4]. Robert Mulligan (Etats-Unis, 1982, 15.40 Couleur pays. 22.40 Profiler. Sombres désirs. %. La marche sur Stalingrad. Planète 20.55 La Nuit des hulottes. 100 min) &. Ciné Cinémas 1 23.30 Au-delà du réel, Turquie : le berceau de l’humanité 18.10 Expression directe. Michaëla Watteaux. France 3 23.10 Traitement de choc aa l’aventure continue. noyé sous les eaux. Foire du livre à 18.20 Questions pour un champion. Francfort : la Hongrie à l’honneur. SPORTS EN DIRECT 22.20 Les Confessions d’un enfant Alain Jessua (France, 1972, L’homme qui avait plusieurs têtes. %. Les princes d’Orange en Prusse. Arte 90 min) ?. Cinétoile 18.48 Un livre, un jour. de chœur. Jean L’Hôte. Festival 0.25 Poltergeist, 23.20 Tout le monde en parle. France 2 13.25 Rugby. Coupe du monde 1999: 0.25 La Charge 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. 23.15 Les Enragés. Sidney J. Furie. ?. TF 1 les aventuriers du surnaturel. 23.50 Un siècle d’écrivains. France - Fidji. TF 1 de la brigade légère aa 20.10 Mister Bean &. Le fantôme de la route. ?. Georges Perros. France 3 14.00 Tennis. Michael Curtiz (EU, 1936, N., v.o., 20.35 Tout le sport. SÉRIES 115 min) &. Ciné Classics Tournoi féminin de Zurich 20.55 La Nuit des hulottes. RADIO DOCUMENTAIRES (1re demi-finale). Eurosport Téléfilm. Michaëla Watteaux. &. 14.15 Tennis. Tournoi féminin de Zurich 17.10 Chapeau melon et bottes de cuir. 22.25 Questions d’enfants. Le tigre caché. M6 17.10 Avec le sang (demi-finale). TSR [2/6]. Etre nourri. FRANCE-CULTURE 15.30 Cyclisme. Coupe du monde: 17.30 Jesse. Boo ! He’s Back (v.o.). Téva des autres. Planète 23.25 Météo, Soir 3. Tour de Lombardie. Eurosport 18.05 C-16. Garde à vue. Série Club 18.37 Profession spectateur. 17.10 Eclats noirs du samba. 23.50 Un siècle d’écrivains. 15.55 Rugby. Coupe du monde: 18.45 Les Rois maudits. [6/6]. Histoire Georges Perros. 20.00 Voie carrossable. Cariocas, les musiciens Ecosse - Espagne. Canal + vert de la ville. Muzzik 20.00 Ally McBeal. 0.35 Plumes et paillettes. 20.50 Expresso. 17.10 Bisons et loups. 19.45 Rugby. Coupe du monde 1999: Story of Love (v.o.). Téva 1.05 Nocturnales. Nuit Chopin. 21.00 Mauvais genre. Fred. Argentine - Japon. Eurosport Une alliance ancestrale. Odyssée 20.05 Les Simpson. Touche pas 22.00 Fiction. 17.35 MGM, quand le lion rugit. 20.00 Football. Championnat de D 1: à mon rein. &. Canal + CANAL + 0.05 Clair de nuit. Nantes - Bordeaux. Superfoot [2/8]. Ciné Cinémas 20.10 Mister Bean. Mister Bean 20.30 Basket-ball. retourne à l’école. France 3 17.45 Frontières. [2/3]. 1830-1860 : 15.45 Football NFL. FRANCE-MUSIQUES Championnat Pro A: Pau-Orthez - e pire que l’esclavage. Histoire 20.15 Black Adder. La bière (v.o.). Arte Saint-Louis Rams - San Francisco 49 . PSG-Racing. Pathé Sport 18.00 Fin de siècle. Invité : Mr Oizo. 17.45 Planète nature. Everglades, 20.50 Le Caméléon. La promesse. M6 17.05 Judo & Co. dans l’enfer des marais. TSR f En clair jusqu’à 20.40 19.10 Place de l’opéra. MUSIQUE 22.40 Profiler. Sombres désirs. %. M6 e 18.00 Che Guevara. Planète 17.30 Entre chien et chat &. 19.30 50 saison musicale 0.00 High Incident. Personne n’entre de Royaumont. Par Il Seminario

COLLECTION CHRISTOPHE L. 17.35 Décode pas Bunny. 18.25 Base-Ball. [15/18]. Planète 18.30 Horowitz à Vienne 1987. Mezzo à El Camino (v.o.). 13ème RUE Musicale, dir. Gérard Lesne : 18.05 Visions d’Escaflowne %. Sedecia, de Scarlatti. 0.25 Pulp Fiction aa 18.35 Daria. 23.00 Le Bel Aujourd’hui. Prix de musique Quentin Tarantino. 19.00 T.V. +. Leonie Sonning 1999. Avec John Travolta, 20.05 Les Simpson &. Harvey Keitel (Etats-Unis, 1994, v.o., 155 min) ?. Cinéfaz 20.30 Le Journal du cinéma. RADIO CLASSIQUE 0.40 Antoine et Antoinette aa 20.40 1.2.3 Marseille Tellement Marseille. 19.00 Intermezzo. CANAL+ CINÉ CLASSICS ARTE Jacques Becker (France, 1947, Œuvres de Bonporti, Pugnani, Viotti. N., 90 min) &. Cinétoile 22.20 Jour de foot. 20.40 1, 2, 3... Marseille 23.00 Tueur à gages aa 1.15 Conversation secrète aaa 20.00 Les Soirées. Tangos et musique 0.40 L’Anglais qui gravit 23.05 The Gingerbread Man a latino-américaine. Œuvres de Une invitation au voyage vers la ci- Un film froid et violent de Franck Un des grands films de Francis une colline... aa Film. Robert Altman. %. Piazzolla, Chavez, Saint-Saëns, té phocéenne, à laquelle la chaîne Tuttle, mais qui n’a pas les réso- Ford Coppola, avec Gene Hack- Christopher Monger (GB, 1994, v.o., 0.55 L’Inconnu de Strasbourg a Ravel, Gardel et Garello, etc. 95 min) &. Cinéstar 2 Film. Valeria Sarmiento. %. 22.00 Da Capo. Ferenc Fricsay, violon. cryptée consacre diverses émis- nances métaphysiques du roman mann, déjà rediffusé avec bonheur 1.05 Shining aaa sions, films et documentaires, du- de Graham Greene dont il est lors d’une récente « Thema » Stanley Kubrick (EU, 1980, v.o., rant trois soirées – les 17, 18 et 19 adapté. Tourné en 1942, c’est un consacrée à la surveillance électro- 115 min) &. Ciné Cinémas 3 SIGNIFICATION DES SYMBOLES 1.15 Conversation secrète aaa octobre. A ne pas manquer, Jean- des films de propagande anti-nazie nique et à la montée de la mode Francis Ford Coppola (EU, 1974, Les codes du CSA Les cotes des films Claude Izzo à « Nulle Part ail- comme Hollywood en faisait alors sécuritaire. Des accents de juste 105 min) &. Arte & Tous publics a On peut voir leurs » pour son dernier roman à base d’intrigues de polar et d’es- dénonciation d’une société de plus 2.10 American Graffiti aa % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer George Lucas (Etats-Unis, 1973, ? aaa noir, Le Soleil des mourants (Ed. pionnage. Avec Alan Ladd, « tueur en plus orwellienne, un ton de po- 105 min) &. Ciné Cinémas 2 Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique 2.30 Minuit dans le jardin ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + Flammarion), mardi 19, et le docu- angélique », criminel ténébreux ré- lar et une interprétation géniale ! Public adulte DD Dernière diffusion mentaire de Stéphane Meunier, généré par l’amour et par le patrio- pour ce film voué à devenir un du bien et du mal aaa d Clint Eastwood (Etats-Unis, 1998, Interdit aux moins de 16 ans Sous-titrage spécial pour Tellement Marseille, ce samedi. tisme. classique. v.o., 145 min) %. Canal + # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ1610--0034-0 WAS LMQ1610-34 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 29Fap: 100 No: 1840 Lcp: 700 CMYK

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SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 Le prix Nobel de la paix a été attribué Le cobra à prions par Pierre Georges AINSI VA LA VIE, dangereuse, un peu plus de mille cette année des charmeurs de serpents. Le plus en Grande-Bretagne. Mais de fait, à « Médecins sans frontières » connu d’entre eux, en Thaïlande, a l’épidémie semble enrayée, et les été mordu à la jambe droite, par précautions sanitaires exigées sont son cobra vedette, un joli petit prises. animal de trois mètres avec lequel Voilà bien pourquoi, au terme Cette association a imposé l’humanitaire au cœur de l’action diplomatique il simulait un combat de boxe. d’une douloureuse repentance, les Show must... Lod Pramuang, 59 agriculteurs britanniques veulent PORTÉE par les tumultes, les Chacun conserve ainsi en mé- chirures. C’est ainsi que d’un buts, revenue de bien des erre- ans, a assuré le spectacle brave- revenir sur les étals européens et y ambitions et les ambiguïtés moire des éléments de cette im- schisme naquit l’association ments idéologiques, MSF s’est ment. Puis il s’est précipité en cou- placer leurs quartiers de bœuf, de mai 68 l’association « Méde- mense saga écrite par de jeunes concurrente « Médecins du depuis un certain temps déjà in- lisse, a absorbé un breuvage comme parts de marché. Ils le cins sans frontières », qui s’est médecins français dans la cha- monde ». téressée à quelques unes des d’herbes médicinales, souverain peuvent d’ailleurs puisque l’em- vue décerner le prix Nobel de la leur du Biafra, dans les maquis Ces soubresauts hexagonaux souffrances humaines existant à contre le venin, et est mort, peu bargo sur la viande britannique a paix 1999, vendredi 15 octobre, a afghans ou les camps de réfu- n’ont pourtant pas nui à l’aura l’intérieur de nos frontières. après. été levé partout en Europe. Par- vu le jour en décembre 1971. Elle giés cambodgiens. internationale des « French doc- C’est ainsi qu’en 1993 le second Pourquoi, cette histoire sans tout, sauf en France officielle- bénéficiait alors d’une double Lorsqu’elle atteignait la carica- tors ». Parce qu’elle avait im- rapport annuel de l’association queue ni tête ? Simplement par ment. paternité médicale, celle des ture et l’outrance, certains ont manquablement pour consé- dénonçait le nombre croissant association d’idées, une sorte de La France en effet dit non. Tou- docteurs Xavier Emmanuelli et pu sourire de cette vision répé- quence de rapprocher médecins, des personnes exclues en France rapprochement bancal, entre le jours et encore non, obstinément Bernard Kouchner. Initialement tée de la détresse humaine militaires et diplomates, cette du sytème de soins. Quelques cobra thaï et le célébrissime bœuf non. Principe de précaution, affir- baptisée « Secours médical fran- jointe au besoin obsédant de activité humanitaire eut aussi jours plus tard, Simone Veil, anglais. Car, s’il est bien un pro- ment les Français, fondé, on le çais », elle devait rapidement ne faire connaître à l’opinion pu- pour effet d’ouvrir, en France, le alors ministre des affaires so- blème venimeux, ces temps-ci, sait, sur un rapport défavorable plus être connue que sous le blique française les dramatiques débat sur le droit ou le devoir ciales de la santé et de la ville, c’est bien celui qui empoisonne les d’experts scientifiques. Pratique sigle « MSF » et donner nais- conséquences médicales et sani- d’ingérence. annonçait une réforme de l’aide rapports entre agriculteurs britan- de protectionnisme, déplorent les sance à ceux que le monde en- taires des principaux conflits du Et avec la nomination de Ber- médicale hospitalière. On re- niques et consommateurs fran- Britanniques, prêts désormais aux tier désigne de l’expression les globe. nard Kouchner dans plusieurs trouve le docteur Xavier Emma- çais. Pour avoir fait, un temps, de pires représailles. « French doctors ». gouvernements de gauche on vit nuelli, président d’honneur de leurs bovidés, des carnivores, éle- Bref, la guerre du bœuf menace, Au départ, ce fut la volonté de EFFICACITÉ DES ACTIONS s’opposer avec force partisans et MSF, chargé, dans le gouverne- vés à la bonne vieille farine ani- féroce et sans merci. Les tabloïds témoigner des horreurs vues au- On ne saurait pour autant ou- adversaires de l’« humanitaire ment Juppé, chargé de prendre male de derrière les fagots, les éle- anglais tirent à vue sur tout ce qui delà de nos frontières qui blier, au-delà de la publicité et d’Etat ». Longtemps présidée, les mesures nécessaires pour veurs insulaires, comme piqués est français, une seconde nature conduisit les fondateurs à se sé- de la légende, l’efficacité des ac- avec sagesse, par le docteur Ro- que les plus démunis trouvent, par la vache folle, ont failli trépas- chez eux. Le prince Charles, les parer de la Croix-Rouge pour la- tions conduites par MSF, le cou- ny Brauman, MSF devait grandir l’hiver, des refuges chauffés. ser. L’Europe entière a boycotté, ministres de Tony Blair l’un après quelle ils travaillaient. Et c’est rage et le désintéressement de et devenir, avec une centaine de Pour l’heure, le couronnement dans un temps, cette viande l’autre, montent au front, dé- cette même volonté qui, rappro- ses membres. L’ampleur des en- permanents, la première organi- de l’association dirigée de- comme dopée. plorent, menacent, exigent, garan- chant médecins et journalistes, jeux, le choc de quelques fortes sation médicale d’aide d’urgence puis mai 1994 par Philippe Biber- Le châtiment, donc, était dans le tissent. Les produits français font explique la formidable réso- personnalités et la puissance au monde (le Monde du 30 avril son, salue l’œuvre accomplie par crime. Du moins dans la faute. Et l’objet déjà de boycottage. Et l’ar- nance médiatique qu’ont pu grandissante de l’association ne 1994). quelques fous de l’humanitaire. à supposer que ces débordements bitre bruxellois se donne le temps trouver, au fil du temps, ces mis- permirent pas de faire l’écono- Moins proche de la mise en aient été la conséquence d’un libé- de réfléchir dans ce dossier où, sionnaires de l’humanitaire. mie de quelques graves dé- scène médiatique qu’à ses dé- Jean-Yves Nau ralisme complètement débridé et manifestement, un expert chasse sans scrupules, qu’en somme le l’autre . Royaume saisi par la frénésie du Qui a raison, qui a tort ? On se profit ait laissé faire n’importe gardera bien ici de jouer à l’expert. quoi pour devenir tragiquement le Simplement, notons que, quand pays des bœufs fous regardant bien même le bœuf britannique passer les trains fous, les domp- ferait sa réapparition sur les étals teurs de farine ne l’ont point volé. français, étiqueté comme tel, on Mais il reste que depuis les éle- douterait un peu de son succès veurs britanniques ont fait tout ce commercial. Cette viande, dans qu’ils pouvaient et tout ce qui leur notre imaginaire continental, res- était demandé pour éradiquer semble encore par trop à du cobra l’encéphalite spongiforme bovine. à prions ! Les cas de vache folle qui se (Cette chronique reprendra dans comptèrent par centaines de mil- notre édition de lundi 25, daté liers sont encore trop nombreux, 26 octobre) Naissance au Japon de la deuxième banque mondiale TOKYO Sumitomo oblige Sakura à se res- correspondance tructurer plus drastiquement. En Les banques commerciales japo- termes de capital, le rapport est naises Sumitomo et Sakura ont an- quasiment de un à deux, c’est en fait noncé, jeudi 14 octobre, à Tokyo, la une acquisition virtuelle de Sakura formation d’une alliance straté- par Sumitomo », estime Yushiro gique devant déboucher sur une Ikuyo, analyste chez Commerz Se- fusion complète des deux établis- curities. sements d’ici à avril 2002. Selon le Dans les milieux bancaires, la critère du total de bilan, le nouvel santé de la banque Sakura fait de- ensemble se situerait au deuxième puis un certain temps l’objet de rang mondial, derrière le holding spéculations : la banque serait ac- nippon Fuji-Dai-Ichi Kangyo-In- tuellement auditée par l’Agence de dustrial Bank of Japan, et devant Supervision Financière, qui pour- l’allemand Deutsche Bank. Sumi- rait mettre au jour de nouvelles tomo et Sakura vont nouer dès créances douteuses. Notamment cette année des liens capitalis- pour cette raison, la banque San- tiques et harmoniser stratégies et wa, récemment approchée par Sa- procédures dans un certain kura, aurait décliné une offre d’al- nombre de domaines. Elles pré- liance. L’an dernier, Sakura avait voient de supprimer 3 000 emplois même pressé Toyota, l’un des pi- et de réorganiser leur réseau dans liers du groupe Mitsui et l’une des les deux années qui suivront la fu- entreprises les plus saines financiè- sion. D’ici là, les établissements rement, de la soutenir. mèneront à bien leurs plans res- Cette nouvelle fusion aura des pectifs de restructuration devant conséquences sur l’organisation se traduire par la suppression de des groupes Mitsui et Sumitomo, 6 300 emplois et la fermeture de deux des six grandes nébuleuses 183 succursales, dont 32 à l’étran- industrielles japonaises : l’un des ger. objectifs annoncés par les deux La fusion Sumitomo-Sakura ac- banques est de dénouer leurs par- célère un peu plus la consolidation ticipations croisées. En outre, « ces du secteur bancaire nippon. Alors deux groupes sont archi-rivaux dans qu’elles étaient au nombre de neuf la plupart des domaines : Mitsui Life il y a deux ans, les banques et Sumitomo Life dans l’assurance- commerciales japonaises ne seront vie, Mitsui Busan et Sumitomo Corp. plus que cinq. pour les maisons de commerce, Et le mouvement a peu de Toyota et Mazda dans l’automobile, chances de s’arrêter là. Le nouveau Toshiba et Nec dans l’électronique. mariage, s’il met en présence des J’ai peur que cela prenne du temps : familles rivales, en l’occurrence les du jour au lendemain, ces compa- groupes Sumitomo et Mitsui, est gnies apprennent qu’elles vont de- considéré comme plutôt complé- voir trouver des terrains d’entente. mentaire : la banque Sumitomo est Logiquement, elles seront obligées de depuis toujours très présente dans se regrouper », analyse M. Ikuyo. la région du Kansai, et la banque « Avec une différence : le groupe Su- Sakura est plus forte à Tokyo. En mitomo est très structuré. Sumitomo outre, le groupe pourra compter Bank joue un rôle pivot et les sur une banque de fiducie très compagnies du groupe suivront les forte, Sumitomo Trust, et un parte- instructions de la banque. En re- naire de premier ordre dans le vanche, Sakura Bank a perdu son courtage, Daiwa Secutities, auquel rôle central au sein de Mitsui. Les la banque Sumitomo est alliée. liens sont de plus en plus distendus « Sumitomo est probablement la et certaines sociétés comme Toyota plus rentable des banques japo- sont plus indépendantes. » naises, alors que Sakura est très af- faiblie. On peut s’attendre à ce que Brice Pedroletti

Tirage du Monde daté vendredi 15 octobre 1999 : 535 813 exemplaires. 1 – 3 LeMonde Job: WPA1610--0001-0 WAS SPA1610-1 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 00:59 S.: 111,06-Cmp.:15,09, Base : LMQPAG 00Fap: 100 No: 1239 Lcp: 700 CMYK

Samedi 16 octobre LA CHRONIQUE DE FRANCIS MARMANDE LES TEMPS FORTS

b 1 FRANCE Déjà dans le doute à la veille de Haka, kawa rencontrer les Fidji, samedi 16 octobre à Toulouse, dans un match décisif pour l’accession et tawake directe aux quarts de finale, les WAISALE SEREVI est le plus Français comptent un blessé de inspiré des Fidjiens, qui pratiquent plus : le demi de mêlée Pierre tous un rugby inspiré. Brad John- Mignoni, victime d’une stone, ancien pilier de Nouvelle- élongation. pages II et III Zélande, les entraîne : un pilier, pour leur apprendre la rigueur. b 2 SAMOA C’est vrai que la rigueur, les Fid- Les joueurs jiens n’en débordent pas. Ils ont polynésiens tout le reste, plus des vertus dont emmenés par nul autre n’est pourvu, mais pas la Stephen Bachop rigueur. La rigueur, tout le monde (photo) ont créé en a. D’ailleurs, ça s’apprend. la sensation de ce premier tour

Dans le monde du rugby, la plu- FRANÇOIS GUILLOT/AFP part des êtres jouent au rugby ; en dominant le pays de Galles certains jouent à se faire peur ; à Cardiff (38-31). page V d’autres à se donner des pignes ; les Fidjiens, eux, jouent à jouer b 3 HISTORIQUE pour jouer. Ils sont acrobates, fu- Le 18 juin 1995, au Cap, nambules, jongleurs, matéria- en demi-finales de la Coupe listes, dialecteux, poètes théorico- du monde disputée en Afrique pratiques ; ils rient sans cesse ou du Sud, le géant néo-zélandais alors se recueillent, pratiquent la Jonah Lomu renversait méditation comme un Montois à lui seul l’équipe d’Angleterre coupe du saucisson, lévitent en et inventait ce jour-là le rugby permanence sur une trinité très du XXIe siècle. page VII sainte : exercice spirituel, mépris de la propriété, talent prodigieux b 4 BERNARD LUBAT pour l’allégresse. Plus le kawa. Batteur de Stan Getz, chanteur Bref, on les aime de suite. aux Double-Six, pianiste, Quand ils jouent, ils swinguent, accordéoniste, meneur de troupe, se font des moqueries, gigotent les poète, activiste... le créateur bras comme des cerfs-volants, re- du festival Uzeste musical muent des oreilles, cachent à vo- chante pour Le Monde la musique lonté leur pif à la barbe de l’ad- qu’il préfère : le rugby. page VIII versaire, éclatent d’un grand rire qui défait l’ennemi, se précipitent dans l’axe pour, au dernier instant – pfuit ! – disparaître ; se volati- DOUTE lisent et se rematérialisent sous les Lors de leurs deux premiers poteaux, passent la ligne des 22 en matches, contre le Canada marchant sur les mains, avalent le et la Namibie, les Tricolores ballon et puis le restituent ; ne n’ont rassuré songent qu’à courir et, quand ils ni leurs supporteurs courent, ils songent ; aiment par- ni l’encadrement dessus tout l’esquive dans le jeu, du XV de France et, sous le jeu, l’esprit. Ils changent (de gauche à droite) : le moment historique en instant Jean-Claude Skrela, éternel. Et, parmi eux, il y a Wai- Pierre Villepreux et Jo Maso. GABRIEL BOUYS/AFP sale Serevi ! Waisale Serevi est un génie pur. C’est le seul joueur de rugby qu’on ait vu plaquer sans toucher un poil de l’adversaire. Il n’a pas besoin de toucher, l’action avorte d’elle- même. Serevi fait ses tours de ma- gie, pour des raisons qu’il serait long d’expliquer, à Mont-de-Mar- France, la peur au centre san. Son jeu exulte de douceur et de joie. Quand il tape (toutes ses VILIAME SATALA et Waisake lètes que pour leur goût de l’impro- fin elles tiennent à peu près toutes rière – autre question de tempo. pas de nature à rassurer. Ils étaient balles passent entre les barres), Sotutu ne sont pas très connus en visation. L’un des frères Rauluni – le choc. Un arrière rassurant, œil Une telle harmonie s’obtient avec chez eux, à Cardiff, dans leur stade c’est comme sans frapper, et puis France, pour le moment du moins. tous deux demis de mêlée, c’est fa- d’arpenteur, jambes d’étalon, peine. Leslie et Tait, les centres tout nouveau, tout beau. Ils allaient il disparaît, ce qui est un art pré- Ce sont pourtant des hommes re- cile – récupère prestement la balle doigts de couturière, il en existe écossais, y sont à peu près parve- écraser les Samoans... Pas du tout. cieux dans le monde actuel. marquables, particulièrement après une touche ou une mêlée. Il quelques-uns, le Sud-Africain nus, tout comme Herbert et Horan, Leurs centres ont lâché des ballons, Et le kawa ? Le kawa, les Fidjiens quand ils jouent au rugby. Ils y la passe promptement à Nicky Montgomery, l’Ecossais (d’adop- les Australiens. Et donc, naturelle- leurs demis risqué des passes ap- le boivent après. C’est tout un jouent de façon facétieuse, avec Little, demi d’ouverture du genre tion) Metcalfe, le Néo-Zélandais ment, Satala et Sotutu, les Fidjiens proximatives. Les Samoans, qui mystère, une racine broyée. On une prédilection pour l’imprévisible précis et flegmatique, qui la passe Wilson, le Gallois (d’adoption en- qui filent entre les mailles. Dans ce n’ont commis aucune de ces fautes, n’a jamais goûté, mais ça fait en- et l’irréalisable. Par exemple, ils aussitôt à Satala ou à Sotutu. A core) Howarth, et tous se sou- cas, l’efficacité est garantie. L’in- les ont battus, bien battus, avec du vie. Celui qui prépare la mixture prennent le ballon d’une main – ils partir de cet instant, tout peut arri- viennent des très grands et de verse n’est pas moins vrai, en style et de l’acharnement. Le match dans un bol en noix de coco, le ont les mains qu’il faut pour cela – ver, la percée, le crochet extérieur Blanco. Mais une vraiment bonne bonne logique. s’est gagné et perdu au centre. premier à en boire, n’est pas le et traversent les lignes adverses, ou intérieur, la passe croisée, la vol- paire de centres, c’est aussi rare, Les Anglais devraient méditer là- premier venu. Ils chantent. Tous passant entre des défenseurs frap- leyée, la sautée, la double sautée aussi précieux qu’une bonne paire GROSSE FRAYEUR dessus. Eux aussi sont en manque les Fidjiens jouent de la guitare. Ils pés de stupeur. Après les Nami- avec récupération en l’air d’une de demis, comme en forment Et l’inverse, ce pourrait être la de centres. Phil de Glanville mal en sont d’une civilisation extrême. Et biens, les Canadiens ont connu main. Ils feraient un saut périlleux Armstrong et Townsend en Ecosse, France. La plus neutre des objecti- point, Guscott le remplace. Mais il le tawake ? C’est leur rite guerrier, cette situation : changés en pieux, en même temps, on n’en serait pas Howley et Jenkins au pays de vités contraint à observer qu’elle a trente-quatre ans et ses pla- sans vouloir tuer personne. C’est ils ont vu Satala et Sotutu faire en surpris outre mesure. Galles, Gregan et Larkham en Aus- n’a pas une vraie paire de centres ni quages sont rarement décisifs. un cri, un défi, une danse, qui se s’étirant, virevoltant et souriant, du tralie. du reste une vraie paire de demis, C’est ennuyeux, parce que, vendre- donne juste avant le match. slalom entre eux. GÉNÉROSITÉ ET ÉGOÏSME Il faut, pour l’obtenir, deux très depuis que Carbonneau et Castai- di, Guscott devra s’opposer aux ini- Comme le haka. Le haka ? Le rite Satala et Sotutu sont fidjiens de Rien de tout cela ne serait trop bons joueurs, évidemment. Mais il gnède sont blessés. Au centre, tiatives de Taumalolo, Vunipola, Fi- d’avant-match des All Blacks. naissance et centres de vocation. grave si Satala et Sotutu ne faut encore qu’ils sachent et aiment contre le Canada et la Namibie, il y nau et compagnie, Tonguiens au Le brave et sévère Johnstone a Satala est le plus grand (1,90 m) et jouaient contre les Français, samedi jouer ensemble, avec alternance de avait Dourthe et Glas, ce dernier naturel ardent – des types dans le peur des artisteries de Serevi. Pour le plus lourd (90 kilos). Sotutu est 16 octobre à Toulouse, et si les mat- générosité et d’égoïsme, de super- peu convaincant. Cette fois, contre genre de Satala et Sotutu. Aux uns le match de Toulouse, il ne l’a pas plus petit (1,82 m) et pèse 87 kilos. ches, de plus en plus, ne se ga- be et de dévouement. Avec des Satala et Sotutu, il y aura Dourthe et aux autres, il faudra vaincre pour sélectionné. C’est la dernière Ils sont donc à peu près dans la gnaient au centre, comme les élec- combinaisons dont ils savent seuls et Ntamack. Dourthe plaque admi- ne pas disparaître et avoir le plaisir chance de l’équipe de France. Qui norme à la mode, légèrement en tions. Une ligne d’avants solides, le tempo et la clé ; avec des inven- rablement bien. Il est du genre tei- de rencontrer ensuite le vaincu de regrette de n’avoir pas son petit dessous si on les compare aux organisés, bons plaqueurs, ça se tions de dernière seconde qui ne gneux. Ntamack peut gagner un France-Fidji. Cette perspective rite salvateur : Villepreux verrait centres néo-zélandais, qui at- trouve un peu partout, d’Argentine déconcertent pas le partenaire, le- match sur un bond. Il est du genre n’est rassurante pour personne – bien ce qu’il appelle de la « grande teignent le quintal. Mais là n’est en Irlande, des Samoa au Canada quel a eu la même idée au même panthère. Mais sauront-ils jouer surtout pas pour les Français. L’an- musique », genre Cinquième de pas l’essentiel. Si Satala et Sotutu et jusqu’en France. Il y en a de plus instant ; avec des astuces dans le ensemble, eux qui n’en n’ont pas goisse monte. Beethoven... Ça devrait pouvoir inquiètent leurs vis-à-vis, c’est cohérentes que d’autres, de plus placement et la course auxquelles l’habitude ? Grosse frayeur. marcher. moins pour leurs anatomies d’ath- vives, de plus puissantes, mais en- puissent participer les ailiers et l’ar- La mésaventure des Gallois n’est Philippe Dagen LeMonde Job: WPA1610--0002-0 WAS SPA1610-2 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 02:29 S.: 111,06-Cmp.:15,09, Base : LMQPAG 01Fap: 100 No: 1241 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999

LE CHIFFRE DU JOUR 100 % Le XV de France se dote d’une charnière inédite C’est le pourcentage de réussite du capitaine canadien Gareth France-Fidji (poule C). A la veille d’un match capital, samedi à Toulouse, la blessure du demi de mêlée Rees, 32 ans, dans l’exercice des coups de pied au but lors de cette a entraîné la titularisation de Stéphane Castaignède aux côtés de ... et le rappel de Fabien Galthié Coupe du monde. Que ce soit sur pénalités, transformations ou LES RUGBYMEN du XV de Stéphane Castaignède, qui n’avait drops, le buteur, pour son qua- France appellent cela le « chat pas participé à la tournée estivale trième et dernier Mondial (ce qui noir ». La malchance ne les lâche du XV de France dans le Pacifique est un record), n’a pas manqué pas : après Philippe Carbonneau, sud, a été immédiatement dési- une seule fois sa cible. Il totalise blessé au genou lors d’un stage à gné. Pour son troisième match 49 points en trois matches. Val-d’Isère, après Thomas Castai- sous le maillot bleu, il formera la gnède, Thomas Lièvremont et Sté- nouvelle charnière de l’équipe na- phane Glas, tous trois victimes de tionale avec l’ouvreur de Brive, problèmes musculaires depuis le Christophe Lamaison, retenu la début de la Coupe du monde, le semaine dernière après le forfait LES ARBITRES demi de mêlée Pierre Mignoni, à de l’autre Castaignède, Thomas. son tour, a été atteint d’une élon- Une énième charnière. Dans l’es- ANGLETERRE-TONGA gation, un nouveau « pépin » qui prit des sélectionneurs, les postes Poule B. Vendredi 15 octobre l’a contraint à déclarer forfait en jeu – demi de mêlée, demi (14 heures) à Twickenham (Londres) : pour la suite de la compétition. d’ouverture – revenaient à Phi- Wayne Erickson (Aus.) assisté de Joël Pour affronter les Fidji, samedi lippe Carbonneau et à Thomas Dumé (Fra.) et Alan Lexis (Irl.). 16 octobre, au Stadium municipal Castaignède. Le (mauvais) sort en de Toulouse, le jeune Toulonnais a décidé autrement. Et les voilà AFRIQUE DU SUD-URUGUAY sera remplacé derrière la mêlée contraints de composer en vue du Poule A. Vendredi 15 octobre par le Montois Stéphane Castai- match capital contre les Fidji. (18 heures) à Hampden Park (Glas- gnède, alors que Fabien Galthié, Pour autant, la nouvelle n’a pas gow) : Peter Marshall (Aus.) assisté rappelé in extremis à l’avant-veille semblé déstabiliser un groupe ha- de Derek Bevan (Galles) et Steve R. du match, prendra place sur le bitué par Jean-Claude Skrela et Walsh (N-Z.). banc des remplaçants. Pierre Villepreux à jongler avec les postes et les rôles. « Je ne suis pas IRLANDE-ROUMANIE DÉBUTS HÉSITANTS inquiet, car nous nous donnons tous Poule E. Vendredi 15 octobre En dépit de ses débuts hésitants les moyens de réussite, a rassuré (20 heures) au stade de Lansdowne face au Canada et à la Namibie, , du haut de son Road (Dublin) : Brian Campsall Pierre Mignoni, vingt-deux ans, expérience de trentenaire. Nous (Ang.) assisté de Iain Ramage (Eco.) avait conservé « l’entière allons tout mettre en œuvre pour ne et Shinchi Iwashita (Jap.). confiance » de ses entraîneurs. «Il pas revivre le calvaire de Bordeaux s’est fait croquer une fois ou deux contre la Namibie. Il n’y a pas de FRANCE-FIDJI contre la Namibie, mais cela arrive secret contre ce type d’hommes [les Poule C. Samedi 16 octobre quand on prend des initiatives. Il Fidjiens], il faut axer les efforts sur (14 heures) au Stadium municipal de n’a jamais perdu le ballon et il n’a les mêlées et resserrer le rideau dé- Toulouse : Paddy O’Brien (N-Z.) as- jamais mis Christophe Lamaison en fensif. » Ce rideau sera tiré par sisté de Colin Hawke (N-Z.) et Tappe difficulté », soulignait Jean-Claude Emile Ntamack, qui remplace Sté- Henning (AfS.). Skrela. C’était mercredi 13 octo- phane Glas, et Richard Dourthe, bre. L’entraîneur français justifiait associés pour la première fois au ÉCOSSE-ESPAGNE la nouvelle sélection du Toulon- centre. « Je vais faire ce que je sais Poule A. Samedi 16 octobre nais. L’après-midi même, celui-ci faire le mieux », a promis le pre- (16 heures) à Murrayfield (Edim- a ressenti « une légère douleur à la mier nommé, qui retrouve là le bourg) : Clayton Thomas (Galles) as- cuisse gauche ». Rien de grave, poste qu’il occupe à Toulouse. sisté de Derek Bevan (Galles) et pensait-il. Tout comme Thomas Steve R. Walsh (N-Z.). Castaignède, lui aussi touché lors « RENTRONS-LEUR DEDANS ! » d’une séance d’entraînement, Abdelatif Benazzi, dont on dit ARGENTINE-JAPON Pierre Mignoni n’a pas senti le ter- qu’il peut rendre au XV de France Poule D. Samedi 16 octobre rible « coup de poignard », signe sa rigueur envolée, prévient aussi- (20 heures) au stade du Millennium annonciateur d’une élongation. tôt : « Contre les Fidjiens, il faut (Cardiff) : Stuart Dickinson (Aus.) as- Le titulaire indisponible, les sé- s’attendre à tout : un pilier peut ef- sisté de Jonathan Kaplan (AfS.) et lectionneurs français n’ont pas fectuer des coups de pied de dépla- Giovanni Morandin (Ita.). tergiversé. Il fallait un remplaçant cement ou encore un deuxième- contre les Fidji. A trente et un ans, ligne peut courir plus vite qu’un ai- lier... Mais nous possédons également nos atouts avec le re- gistre au pied de Christophe Lamai- son ou la puissance d’Emile Nta-

mack. » Et d’ajouter : « Quand GABRIEL BOUYS/AFP bien même ils auraient progressé, La relaxation fait partie d’un bon entraînement : ici, les Fidjiens en pleine préparation, nous sommes encore en avance sur à Banyuls, avant leur deuxième match de Coupe du monde, contre le Canada. eux. Il faut les presser. Rentrons- leur dedans ! » L’heure de la terriblement vexé. Sa réaction Depuis, Fabien Galthié soigne Avant que son téléphone ne charge approche. Reste à Sté- avait été d’une extrême violence : sa mélancolie à l’US Colomiers, sonne, jeudi, le demi de mêlée phane Castaignède et Christophe « Si je croise Jean-Claude Skrela et son club de toujours, avec lequel avait « relativisé » sa mise à Lamaison à organiser la ma- Pierre Villepreux dans la rue, je ne il a réussi un excellent début de l’écart : « A ce poste, il ne faut ja- Les Français ont besoin nœuvre au mieux. Sinon, il restera leur adresserai pas la parole », championnat de France. Cela n’a mais croire qu’on va pouvoir ali- aux sélectionneurs une autre arme avait-il confié au quotidien pas échappé à Jean-Claude Skrela, gner dix matches consécutifs en secrète. L’Equipe, le 2 septembre. directeur des sports de la ville. équipe de France. » d’être au pied du mur Car, pour remplacer le nouveau Quelques minutes après l’appel, demi de mêlée titulaire au poste il était encore « très surpris ».Un FRANCE-FIDJI constitue la C’est sans doute une grande ma- de demi de mêlée remplaçant, Guerre des mots entre Français et Irlandais curieux sentiment de déjà-vu l’ha- dernière étape avant d’aborder ladie, qu’il convient de guérir, Jean-Claude Skrela a décroché son bitait. Quatre ans plus tôt, en la phase finale de la Coupe du mais, dans l’urgence actuelle, on téléphone, jeudi 14 octobre, à Alors que la perspective d’un quart de finale entre Français et Irlandais est 1995, non sélectionné pour la monde. Inconsciemment, quand ne peut compter que sur des 9 h 30 afin de solliciter un voisin, encore purement hypothétique, l’entraîneur du XV du Trèfle s’est lancé dans Coupe du monde, il s’était envolé ils ne sont pas confrontés au subterfuges et sur une motiva- Fabien Galthié, spécialiste de une curieuse guerre d’influence depuis Dublin. Quelques semaines avant le pour rejoindre le club de Folbe, en danger de l’éli- tion primaire, comme l’a fait Ma- l’US Colomiers. lancement de la Coupe du monde, il avait publiquement envisagé d’aligner Afrique du Sud. Non loin de là, du mination di- so. Rien n’est perdu, mais tout se L’appel n’a sans doute pas été une équipe « B » face à l’Australie, afin d’accrocher à moindre frais la place côté de Durban, le camp des Bleus recte, les Tri- joue actuellement. Jo Maso, des plus faciles pour l’entraîneur en quarts de finale contre la France, le 24 octobre à Dublin. Il a finalement re- cherchait à pallier le forfait de colores ont du Jean-Claude Skrela et Pierre Vil- français. Le 12 juillet, il avait écar- noncé à cette pratique jugée « antisportive », mais, au soir de la défaite de Guy Accoceberry. mal à mettre lepreux le savent bien, eux qui té Fabien Galthié de son groupe son équipe devant l’Australie, dimanche 10 octobre, il a eu un sourire sardo- l’avait alors appelé en catastrophe en œuvre les sont avant tout joueurs jusqu’au des 30, en même temps que deux nique pour évoquer un quart de finale « peut-être contre les Fidji ». La ré- pour jouer la demi-finale face aux éléments de bout des ongles. J’ai personnelle- autres « vétérans » du XV de ponse, côté français, n’a pas tardé. Richard Dourthe a pris l’affront très au sé- Springboks (15-19). C’était le pre- leur survie. Jo ment confiance en leur capacité France, Jean-Luc Sadourny et Phi- rieux : « On verra si l’Irlande est qualifiée pour les quarts de finale. C’est loin mier épisode du feuilleton : « Fa- Maso, le ma- à résoudre ce problème. Car la lippe Benetton. Peu à son avan- d’être acquis. » A ses côtés, Raphaël Ibanez a fustigé « l’énorme frustration » bien Galthié, ou l’éternel re- nager de l’équipe de France, a situation actuelle n’est pas sans tage pendant la tournée d’été, le du coach néo-zélandais de l’Irlande, éternel remplaçant de Sean Fitzpatrick cours. » même quitté de façon brutale la rappeler les dernières Coupes du Columérin s’attendait à ce désa- chez les All Blacks : « On pourrait aussi féliciter les Irlandais pour leur bon Eric Collier conférence de presse qui a suivi monde : en 1987, avant la demi- veu. Il n’en avait pas moins été match de football contre l’Australie », a ajouté le capitaine français. à Toulouse France-Namibie. Ce n’est pas finale gagnée contre l’Australie, dans ses habitudes. Son geste en 1991 avant le quart de finale avait pour but de provoquer perdu contre l’Angleterre et cer- chez ses joueurs, à l’approche tainement en 1995 où, mira- Max Godemet, préparateur physique de l’équipe de France d’un match décisif, une réaction culeusement, la France avait ga- d’orgueil et d’agressivité. gné des matches de qualification Il en va toujours comme cela qu’elle aurait pu perdre (contre de toutes les équipes de France. l’Ecosse et les Fidji) après avoir « J’aimerais disposer d’une explication simple et rationnelle » Elles ont besoin de se trouver au réalisé une médiocre perfor- pied du mur pour trouver les res- mance contre... la Côte-d’Ivoire. « Quelle analyse faites-vous plus dur. Est-ce là qu’il faut re- explication simple et rationnelle. connus. Ils prennent certes, dans sources de se surpasser. L’équipe Le match contre les Fidji ne va aujourd’hui de la soudaine chercher la source d’une petite On sait, en règle générale, que les le cadre de la Coupe du monde, de France de football, cham- sans doute pas rassurer le XV tri- blessure dont vient d’être vic- fatigue musculaire non digérée, à problèmes musculaires dont une acuité très particulière. Pour pionne du monde, critiquée dans colore, qui, dans le fond, ne tient time le demi de mêlée Pierre l’origine de la blessure de Pierre peuvent être victimes les joueurs autant, il est vrai qu’il est difficile son parcours préliminaire avant peut-être pas à l’être complète- Mignoni ? Mignoni, une élongation de la de rugby de haut niveau sont de constituer aujourd’hui en deux d’atteindre l’objectif suprême, ment, trouvant dans cette situa- – On s’interrogera bien évidem- partie supérieure des quadri- d’origines diverses. Il peut s’agir mois une équipe au niveau de la retombe à l’heure actuelle dans tion instable des raisons de se ment, à cette occasion, sur la dure- ceps ? de surentraînements, dont on Coupe du monde. Les joueurs sé- des errements qu’il était difficile surpasser. C’est sans doute une té, la sévérité, des entraînements – Pourquoi l’avoir écarté aus- peut retrouver la trace par le biais lectionnés du XV de France ont d’envisager. question de culture plus que que nous avons organisés, ces der- si vite ? d’analyses biologiques, ce qui, en plus ou moins atteint le rythme et Ainsi va le sport français pour d’entraîneurs. L’entraîneur pro- nières semaines, pour préparer le – Le problème spécifique au- l’occurrence, n’est pas le cas. On la dynamique imposés. Certains, des raisons qu’il serait facile videntiel n’existe pas, sinon les XV de France à cette Coupe du quel nous sommes confrontés, à peut aussi invoquer les déséqui- comme Emile Ntamack, ont tiré d’analyser. Mais, aujourd’hui, le Fidjiens, adeptes du mouvement monde. Ces entraînements ont-ils deux jours de la rencontre contre libres dans l’hygiène de vie, ce la sonnette d’alarme et demandé monde du rugby se trouve et champions du monde de rug- induit chez les joueurs une cer- les Fidji, concerne un demi de qui, à l’évidence, ne peut être re- à être mis au repos. Pour ma part, confronté à un problème consi- by à 7, dotés d’un entraîneur taine "fragilité" ? On peut légiti- mêlée. Compte tenu de la spécifi- tenu. Il y a encore, bien évidem- en tant que préparateur phy- dérable : construire une société néo-zélandais pour gagner en ri- mement se poser la question. Pour cité de ce poste, il nous a fallu ment, les dimensions psycholo- sique, je me sens directement sportive d’un genre nouveau qui gueur dans le jeu, seraient aussi ce qui est de la dernière blessure trancher, avec tous les problèmes giques, la fameuse "fatigue concerné. Je suis très touché vis- ne se fera pas sans un profond champions du monde de rugby à en date concernant Pierre Migno- humains que cela comporte vis-à- nerveuse"... L’hypothèse me à-vis des joueurs qui, sur bles- changement de mentalité. C’est XV. ni, la séquence est claire : match le vis de quelqu’un qui, depuis deux semble bien peu vraisemblable, sure, nous ont quittés. En vous une question fondamentale, qui La France va sans doute battre vendredi soir, récupération en pis- mois, s’était pleinement investi mais comment savoir ? parlant, je regarde le match réclame une approche nouvelle les Fidji, mais sans se rassurer cine samedi, récupération en dans notre aventure mais que – La situation médicale ac- Galles-Samoa, où la vitesse et de la part des joueurs et de leur complètement, de façon à atta- course le dimanche, suivi d’un pe- nous ne pouvions garder, puisque tuelle des joueurs est-elle dif- l’engagement physique sont encadrement. Les joueurs ac- quer le quart de finale de Dublin tit jeu dérivatif. Après une nuit de diminué par une blessure. férente de celle que vous ren- énormes. Nous avons tout mis en tuels sont dans la confusion, et avec cette peur au ventre qui lui repos, l’entraînement n’a repris – La somme des blessures au- contrez lors des tournées place pour parvenir à ce niveau. » ils en font reproche tant au sys- est nécessaire pour aborder les que le lundi après-midi sur fond de jourd’hui recensées au sein de internationales ? tème qu’à leur encadrement. grands événements. fraîcheur et de vitesse. Il a été suivi la sélection est-elle explicable ? – Tous les problèmes auxquels Propos recueillis par le lendemain d’un entraînement – J’aimerais bien disposer d’une nous sommes confrontés sont Jean-Yves Nau LeMonde Job: WPA1610--0003-0 WAS SPA1610-3 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 01:06 S.: 111,06-Cmp.:15,09, Base : LMQPAG 01Fap: 100 No: 1242 Lcp: 700 CMYK

LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999 LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / III

Toutefois, les autorités ou d’un coup de pied en chandelle, commencent à se préoccuper de cet les joueurs sont amenés à sauter, Le casque, en tête accessoire. D’ici à la fin de l’an sans forcément regarder autour Les Canadiens quittent 2000, les casques de couleur noire d’eux. Le casque est là pour limiter devraient être interdits en les chocs frontaux, souvent extrê- des accessoires compétition : ils ne permettent mement violents. Autre fonction : pas à l’arbitre de repérer aisé- la protection des oreilles (parfaite- le Mondial sur un succès ment un joueur qui saigne. Et, ment assurée avec le casque inté- à la mode durant la Coupe du monde, il gral), soumises à rude épreuve lors est interdit de faire figurer de la des mêlées et des mauls. «Les Toulouse (poule C). La large victoire (72-11) b PROTECTION AVANT TOUT. Si publicité sur ce support très ex- oreilles en forme de chou-fleur, dé- le casque était très prisé des posé aux caméras de télévi- collées ou déformées, étaient un peu des hommes de Pat Parfrey sur les Namibiens boxeurs amateurs, voire carré- sion. la carte d’identité du rugbyman, ment obligatoire, il n’avait pas la b MODÈLE INTÉGRAL. Soit le s’amuse Hugues Puisset. C’était n’a pas suffi à les qualifier pour les barrages faveur des rugbymen. Il s’accor- casque est intégral, soit il ne quand même embêtant pour porter dait mal avec les valeurs de virilité couvre que les tempes et le haut des lunettes ou écouter son bala- DEUX JOURS avant d’accueillir né meilleur troisième de cette défendues par le pack. « Avant, les du crâne. C’est le premier modèle deur. » Le casque n’est certes pas le le match entre l’équipe de France Coupe du monde, a commenté mentalités étaient assez obtuses, ex- qui est généralement adopté. Par le seul moyen de mettre ses oreilles à et son homologue des Fidji, Tou- l’entraîneur canadien, un rien plique Hugues Puisset, ancien passé, les joueurs qui le souhai- l’abri ; on peut recourir au tradi- louse n’a pas failli à sa réputation énervé par une panne d’ascenseur, joueur de troisième division. Le désireux de se protéger efficace- taient s’affublaient d’un assem- tionnel bandeau d’Elastoplast. Mais de métropole dédiée au rugby. survenue après la rencontre, qui casque, c’était pour ceux qui ment des chocs. blage de boudins de cuir rembour- celui-ci se révèle bien plus désa- Jeudi 14 octobre, 28 000 personnes l’a bloqué pendant près d’un quart avaient peur. » Aujourd’hui, l’objet b PUBLICITÉ INTERDITE. Le règle- ré. Aujourd’hui, grâce aux mousses gréable pour les cheveux et la peau. ont assisté à l’autre rencontre de d’heure. Je pense néanmoins que passe peu à peu dans les mœurs, ment de la Fédération internatio- synthétiques, la protection est d’au- la poule C programmée sur les notre équipe fait partie des douze même s’il est loin de coiffer toutes nale ne rend pas le port du casque tant plus efficace qu’elle est ergo- Florent Guyotat bords de la Garonne, entre le Ca- meilleures équipes du tournoi. Et les têtes. Au-delà d’un simple effet obligatoire, même si en Nouvelle- nomique. nada et la Namibie. En dehors de que notre pack d’avants est parmi de mode – bien réel –, les prati- Zélande une protection de la tête b OREILLES EN PREMIÈRE ૽ Casque Gilbert. Modèle inté- son caractère exotique, le match les huit meilleurs. » quants semblent de plus en plus est imposée aux jeunes joueurs. LIGNE. Dans le cas d’une touche gral : 399 F. offrait la curiosité de présenter un intérêt sportif totalement anecdo- TOUR D’HONNEUR tique. Trois heures plus tôt dans Arrivés à cette Coupe du monde l’après-midi, la victoire obtenue à avec la réputation de rugbymen Cardiff par les Samoa occidentales rustauds tout juste bons à déclen- En quête de communication, les Tricolores s’en remettent au talkie-walkie face au pays de Galles avait, par cher des bagarres générales, les IL FUT UN TEMPS où les joueurs de rugby sont assis dans les tribunes. Longtemps, tribunes et la pelouse. Depuis quelques an- effet de ricochet, rendu quasi Canadiens ont démontré qu’ils n’avaient pas le droit de porter de numéro Jean-Claude Skrela communiquait lui-même nées, les entraîneurs ressentent de plus en vains les espoirs de se qualifier étaient également capables de dé- dans le dos, ni d’être remplacés en cours de ses consignes et ses observations à Xavier plus le besoin de communiquer avec leurs pour l’une et l’autre formation. ployer un jeu en mouvement de match, et encore moins de se rendre aux ves- Gousse à travers les fréquences du talkie-wal- joueurs. Modification des tactiques de jeu, Canadiens et Namibiens n’étaient qualité. Le public connaisseur du tiaires à la mi-temps. Au fil des années, le jeu kie. Ses emportements répétés lors des mat- coaching (remplacement de joueurs), encou- donc plus dans l’obligation de réa- Stadium municipal de Toulouse ovale a peu à peu levé ses interdits. Un seul ches de ces derniers mois ont convaincu l’en- ragements... La gamme des consignes s’est liser un score fleuve pour espérer n’a pas manqué de les applaudir subsiste encore néanmoins : l’impossibilité cadrement de l’équipe de France de confier densifiée. « Je suis sûr qu’un jour nous serons gagner la place de « meilleur troi- lors du tour d’honneur qu’ils ont faite aux entraîneurs d’équipe nationale de l’appareil à Max Godemet, interprète plus nous aussi sur le bord de la touche, affirme sième », synonyme de match de effectué après le coup de sifflet s’asseoir sur un banc situé le long de la ligne posé des instructions de la hiérarchie. Adopté Pierre Villepreux. De la même façon, je suis barrage pour les quarts de finale. final. de la touche. Gardien des lois et de l’esprit, par la totalité des grandes nations de rugby, persuadé que, d’ici dix ans, il y aura des temps Les joueurs à la feuille d’érable Les Namibiens, eux, quittent la l’International Rugby Board continue de pro- le système est cependant encore loin d’offrir morts pour que nous puissions faire passer nos ne sont pas privés, malgré cela, de Coupe du monde avec pour princi- hiber cette habitude pourtant en vigueur toutes les garanties. idées aux joueurs, comme au basket. » donner la leçon aux amateurs du pale satisfaction d’avoir réussi à dans la plupart des sports collectifs. Pour l’heure, les messages continuent d’ar- Sud-Ouest africain. Réduits à qua- inscrire au moins un essai à cha- « Dès l’instant où on réclame plus de spec- MALENTENDU river jusqu’à l’oreillette de Xavier Gousse, le- torze dès le début de la seconde cun de leurs adversaires. «Les tacle, il me semble naturel que les metteurs en Le fameux match de novembre 1997 perdu quel, entre éponge magique et approvision- mi-temps après l’expulsion du scores que nous avons encaissés lors scène soient plus près de leurs acteurs », pro- contre l’Afrique du Sud au Parc des Princes nement en eau minérale, se charge de les troisième-ligne Danny Baugh, ils de ces trois matches [67-18 contre teste Jo Maso, le manager de l’équipe de (10-52) donna ainsi l’occasion d’un malenten- transmettre aux joueurs. Le kiné des Bleus ont inscrit 9 essais en quatre- la Namibie, 47-13 contre la France France. Mais, comme ils en ont désormais du via les ondes. Max Godemet se souvient : est convaincu, lui, que le système a du bon. vingts minutes et ont dépassé la et 72-11 contre le Canada] me l’habitude, Xavier Gousse et Max Godemet « Nous avions compris que notre demi de mê- « Franchement, au ras de la pelouse, on ne voit barre des 60 points d’écart (72-11). semblent plus importants que ce vont passer les quatre-vingts minutes de ce lée, Jérôme Cazalbou, était blessé et qu’il sai- rien, assure-t-il. Le rugby, ce n’est pas comme Les joueurs de l’entraîneur Pat qu’ils auraient dû être », s’est France-Fidji à se parler dans un talkie-walkie, gnait. Nous avons alors demandé à ce qu’il le football : il y a beaucoup de regroupements Parfrey ont donc fait mieux que consolé Rudy Joubert, l’entraîneur samedi 16 octobre, au Stadium municipal de sorte et qu’il soit remplacé. En fait, il avait seu- et de phases statiques. Quand ces actions se dé- les Français (34 points d’écart) et sud-africain – il fut entraîneur-as- Toulouse. Le premier est le kinésithérapeute lement reçu un coup et aurait très bien pu res- roulent de l’autre côté du terrain, la perspective les Fidjiens (49 points d’écart) face sistant de l’équipe championne du des Bleus, une fonction qui lui permet de res- ter sur le terrain. Comme il venait lui-même de est tellement écrasée que vous ne comprenez au même adversaire, même si ce monde avant d’être prêté par la ter en permanence au bord du terrain afin rentrer en jeu à la place de Fabien Galthié, pas ce qui se passe. Il vaut mieux se trouver dernier est apparu quelque peu fa- Fédération sud-africaine, qui d’intervenir rapidement en cas de blessure. nous nous sommes retrouvés sans demi de mê- dans les tribunes, pour avoir une vision d’en- tigué par l’enchaînement d’un continue de le rémunérer – des Le second est l’adjoint de Jean-Claude Skrela lée jusqu’à la fin du match. » semble, qui, selon moi, donne une meilleure troisième match en trois se- Koudous namibiens. Avant d’ajou- et Pierre Villepreux, les deux entraîneurs du Le risque de voir se produire ce genre de appréciation du jeu. » maines. ter : « Surtout contre la France. » XV de France. méprise est proportionnel à l’augmentation « Si la roue avait mieux tourné, Comme le veut le règlement, tous les trois du volume d’informations transitant entre les Frédéric Potet à Toulouse cet après-midi, nous aurions termi- F. P. à Toulouse

CANADA 72-NAMIBIE 11

Poule C. Jeudi 14 octobre. Stadium municipal de Tou- 1 essai : Hough (54e). louse. Temps agréable. Terrain bon. 25 000 specta- 2 pénalités : Van Dyk (2e, 23e). Brad Johnstone rêve de grand large teurs. Arbitre : M. Cole (Aus.). STATISTIQUES CANADA b Expulsion Le rigoureux entraîneur néo-zélandais des joueurs fidjiens, qui est aussi Stewart – Stanley, Lougheed (Bryan, 72e), Nichols, Canada : Baugh (48e). Pagano (Ross, 64e) – Rees (cap), Williams – Hut- b Pénalités chinson (Banks, 72e), Baugh, Charron – James, Tait 17 en faveur du Canada ; 14 en faveur de la Namibie. amateur de course à la voile, s’avoue tenté désormais par une expérience européenne (Schmid, 79e) – Thiel (Major, 61e), Cardinal (Dunkley, b Touches 48e), Snow. 15 pour le Canada dont 2 perdues ; 16 pour la namibie AU SEIN de la petite troupe « Je les ai fait travailler dur de- les quarts de finale, le change- pour l’America’s Cup, car j’ai 9 essais : Williams (7e), Nichols (9e, 61e), Charron dont 5 perdues. fidjienne, Brad Johnstone dé- vant, reprendre les fondamentaux ; ment de style qu’il a impulsé et beaucoup d’amis dans l’organisa- (31e), Snow (40e, 80e), Ross (70e), Stanley (75e, 86e). b Mêlées 3 pénalités : Rees (13e, 51e, 64e). 7 pour le Canada ; 18 pour la Namibie dont 3 perdues. tonne un peu. Quand les joueurs cela a été mon principal travail », surtout sa propre personne ne tion et sur les bateaux », explique- b Possession de la balle mélanésiens extériorisent, sans explique un Brad Johnstone dont manqueront pas d’être vilipendés t-il. Canada : 17 minutes (59,6 %) ; Namibie : 12 minutes NAMIBIE (40,4 %). état d’âme, indolence et joie de la carrure imposante rappelle aux Fidji, où la nomination d’un Ensuite, Brad Johnstone se dé- Van Wyk – Van Dyk, Van Rensburg, Van der Merwe, b Jeu chez l’adversaire vivre, lui, leur qu’il fut un solide pilier de « étranger » n’a pas été du goût clare prêt à reprendre son balu- Samuelson – Zaayman, Jantjies – Furter, Canada : 19 minutes (61,5 %) ; Namibie : 12 minutes entraîneur, l’équipe nationale néo-zélandaise de tout le monde. chon et à aller le poser une nou- Van Rooyen (Lintvelt, 41e), Hough (cap) – Steyn (39,5 %). (Theron, 41e), Senekal – Opperman (Blauw, 41e), b Balles récupérées s’affiche tout à la fin des années 70. « Quand je « Si nous n’allons pas en quarts, velle fois loin de sa terre natale. Horn, Smith (Opperman, 68e). 12 pour le Canada ; 8 pour la Namibie. en rigueur, vi- suis arrivé, ils jouaient au rugby à on dira que j’ai échoué », re- Pour entraîner une équipe de sage volon- sept à quinze », lâche, comme connaît Brad Johnstone, qui, quoi rugby, toujours. « Le rugby c’est tiers fermé, pour résumer l’ampleur de la qu’il arrive sur cette Coupe du ma passion. J’aimerais continuer à LA PHRASE DU JOUR sourires rares. tâche qui a été la sienne, celui qui monde, lâchera les commandes coacher. Mais, là où il y a de Une austérité fut aussi capitaine (à quatre re- de l’équipe fidjienne. «Mon l’argent, c’est plutôt hors de Nou- « Nous sommes quand même des privilégiés. Nous avons un calendrier

JEAN-LOUP GAUTREAU/AFP JEAN-LOUP que ce Néo- prises) des All Blacks et qui appa- contrat arrive à échéance fin dé- velle-Zélande. Chez nous, les en- favorable. Ce serait idiot de ne pas se retrouver dans le dernier carré. » BRAD JOHNSTONE Zélandais ne raît finalement relativement fier cembre. Je ne le renouvellerai traîneurs sont moins payés que les cherche pas à imposer à tout prix d’avoir su infléchir le jeu fidjien. pas », relève-t-il. Après ? C’est joueurs », fait-il valoir. Autant Abdelatif Benazzi, deuxième-ligne du XV de France. S’ils à ses ouailles. En tout cas dans la vers le grand large – océans et dire qu’il ne dédaignerait pas une battent les joueurs fidjiens, les Bleus seront vie courante. Depuis cinq ans OCÉANS ET VOILIERS voiliers – que se porteront les re- expérience en Europe. vraisemblablement opposés à l’Irlande en quarts de finale, qu’il encadre les joueurs fidjiens, Après avoir entraîné des clubs gards de Brad Johnstone. «Je avec de bonnes chances de qualification. il n’a jamais été question de les en Australie (Sydney), en Nou- veux d’abord retourner à Philippe Le Cœur inciter à rompre avec leur rythme velle-Zélande (Auckland), ainsi de vie et, particulièrement, avec qu’en Italie, Brad Johnstone est la faculté, voire la nécessité, d’as- appelé au chevet du rugby fidjien socier travail et amusement. en 1994. Comme conseiller de Parties de boules ou encore, l’équipe nationale tout d’abord, à comme au tout début de cette se- temps partiel. Ce qui lui fait ef- maine – à quelques jours du fectuer nombre d’aller-retour match crucial contre la France –, entre Nouvelle-Zélande et Fidji. séances festives de volley-ball et Une situation pénible qui le de piscine, voire petite séquence conduit, en 1995, alors que improvisée de chant choral lors l’équipe mélanésienne vient de d’une réception en mairie de laisser filer sa qualification pour Montauban, la ville où ils la Coupe du monde, à sommer la logent... Depuis le début de cette Fédération fidjienne de lui accor- 4e Coupe du monde, les Fidjiens der un temps plein ou de se pas- n’ont pas trahi cette « culture », ser de ses services. qui consiste à « mettre de la joie Il a parfaitement rempli la mis- dans chacun de nos actes », sion qui lui avait été assignée. A comme le résume Wasale Serevi, savoir regagner l’intérêt du pu- l’un de leurs deux demis d’ouver- blic et, surtout, décrocher une ture. participation à la Coupe du Pour autant, dès qu’il s’agit de monde. Mais il sait que, si son confrontations sur le terrain, les équipe ne fait pas aussi bien protégés de Brad Johnstone qu’en 1987, c’est-à-dire atteindre montrent qu’ils ne sont pas restés imperméables à sa rigueur et à son austérité. Leurs deux pre- mières prestations de Coupe du monde – contre la Namibie et le LA PHOTOGRAPHIE Canada – ont été parlantes : s’ils DE JOHN VINK savent toujours, ballon en main, accélérer et enflammer le jeu – Protection du nez et des comme dans le rugby à sept, dont oreilles, camouflage malhabile ils sont les spécialistes mondiaux ou masque de combat pour –, les Fidjiens se sont aussi mon- impressionner l’adversaire ? Ce trés « rigoureux », comme l’a rele- joueur dijonnais s’est fait une vé, avec une pointe d’inquiétude, drôle de tête pour affronter Jean-Claude Skrela, l’entraîneur Lombez-Samatan au cinquième de l’équipe de France. tour de la Coupe de France. LeMonde Job: WPA1610--0004-0 WAS SPA1610-4 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 23:26 S.: 111,06-Cmp.:15,09, Base : LMQPAG 01Fap: 100 No: 1243 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999 101 points le temps de quelques bières Huddersfield (poule B). Les habitués du Walkabout, pub néo-zélandais de Londres, ont tranquillement regardé leurs favoris écraser l’Italie 101 à 3 COMME LES STADES, la salle incapables d’attaquer, débordés Mortelles mêlées ne se remplit qu’au dernier mo- en défense, déjà inquiets de leur QUI, aujourd’hui, a gardé la quarante de l’après-guerre, on ment. Une demi-heure avant le prochaine entrée dans le Tournoi mémoire de la mêlée à l’an- est tombé à moins de vingt. début de Nouvelle-Zélande - Ita- des six nations. Les supporteurs en cienne ? Comment parler aux Comment s’étonner que cette lie, match disputé jeudi 14 octobre seraient presque gênés. Les ap- plus jeunes de ces joutes pro- mêlée moribonde n’intéresse sous le soleil du nord de l’Angle- plaudissements sont de plus en grammées qui empruntaient au- plus, que le stade ne vibre plus à terre, le pub londonien est plus discrets. Seul Jonah Lomu tant aux jeux de la force basque l’heure de la rencontre ? Et com- presque désert. Trois maillots soulève un enthousiasme una- qu’à la rouerie anglaise ? Souve- ment ne pas voir là la fuite du XV noirs conversent autour d’une nime. Celui-là est donc le roi. nons-nous. Le stade faisait si- vers le XIII, l’appauvrissement ir- bière, sans hausser la voix. Il faut Dans le pub, comme sur la pe- lence quand les deux premières rémédiable d’un sport que l’on tendre l’oreille pour s’apercevoir louse. Sur le terrain, il bouscule les lignes se toisaient, puis grognait veut réduire au spectacle profes- qu’ils ne parlent même pas de rug- Italiens, marque des essais d’ailier, de plaisir à l’instant du contact. sionnel ? by. Il y a donc d’autres sujets de un essai d’avant. Au bar, chacune Le spectateur savait, certes, qu’il La nostalgie est bien belle, di- conversation pour des Néo-Zélan- de ses actions provoque des rugis- ne saurait rien, jamais, des se- ra-t-on, mais au moins la mêlée dais en ces temps de Coupe du sements. On l’acclame, on le crets de famille de ce monstrueux est-elle devenue plus sûre, moins monde. Une rencontre sans pas- chante, héros désigné de la geste mariage, mais le stade savait dé- palpitante peut-être, mais moins sion ni enjeu, la victoire promise all black. crypter l’essentiel. Il y avait, lors dangereuse aussi. Voire. Si la d’avance aux hérauts du bout de la La fin du match approche. Sur de la première rencontre, l’avan- musculation à outrance du rugby terre et le coup d’envoi fixé à l’écran, tout devient fou. Les cée ou le recul de quelques centi- de haut niveau fait qu’elle n’est 13 heures (14 heures, heure fran- joueurs en noir ne cessent de mar- mètres qui signaient presque plus source de blessures, la mêlée çaise), tout pousse une des ser- quer. Jonah Lomu troque sa tu- toujours l’issue du match. est devenue une des phases de veuses au pessimisme. « Les gens nique d’ailier au pied léger pour C’était le défi de la confronta- jeu les plus à risque lorsque le sont trop occupés pour venir », dit- un maillot de troisième-ligne tion réclamée à cinq mètres de rugby est pratiqué, dans les séries elle, morose. Et l’Italie n’est pas l’en-but, le travail de sape du Mi- inférieures du championnat, par l’Angleterre, pourrait-elle ajouter. notaure de droite ou de la caria- ceux qui veulent jouer à la ma- Car le choc de Twickenham, same- L’entraîneur italien tide de gauche, les tricheries et la nière de ce qu’ils voient sur leur di (30-16), avait fait recette. permissivité de l’arbitre, l’écrou- écran de télévision. A deux pas de Covent Garden, profil bas lement décidé ou subi (qui saura On a, ces dernières années, de son marché couvert et de ses jamais ?), les mots tendres mur- modifié les règles pour les plus boutiques excentriques, le Walka- L’ampleur de la défaite (101-3) murés entre hommes, les pre- jeunes et les divisions régionales bout est pourtant renommé dans concédée par les Italiens devant les mières lignes brutalement rele- en interdisant de pousser et en la petite communauté néo-zélan- Néo-Zélandais a, semble-t-il, frei- vées pour de nouveaux échanges, préconisant une série de mesures daise de Londres. Celle-ci y vit ses né les ardeurs de Massimo Mascio- au poing. préventives. Pour autant on rencontres entre amis et les letti, l’entraîneur transalpin. Au Souvenons-nous. La télévision continue, en France, de recenser grands rendez-vous de rugby. Ici, sortir du premier revers essuyé ne s’était pas encore invitée au un nombre élevé d’accidents très les All Blacks n’ont pas à forcer contre l’Angleterre (67-7), samedi stade. Le demi de mêlée crucifi- graves, parfois mortels, touchant leur popularité. L’effigie de Taine 2 octobre, le technicien avait assi- cateur se devait d’introduire de les vertèbres cervicales et plus Randell, leur capitaine, trône der- milé le tirage au sort des poules à manière perpendiculaire et la généralement la colonne verté- rière le long comptoir de bois. Une une « magouille » qui aurait défa- balle pouvait être subtilisée par brale. Conscient du caractère affiche publicitaire rend hommage vorisé les petites équipes, systéma- le talonneur adverse, geste de inacceptable de cette situation, le à l’air féroce qu’il cultive pendant tiquement opposées à de grandes voltige, toujours à haut risque, docteur Jacques Mombet, pré- le haka. Les maillots des équipes nations du rugby. Après la correc- toujours de grande beauté. La sident de la commission médi- australiennes et néo-zélandaises tion de jeudi, il s’est contenté de

mêlée, alors, était vivante, un es- cale de la Fédération française qui disputent le Super 12, compéti- REUTERS reconnaître les faiblesses de sa for- pace d’incertitude, centre mou- de rugby (FFR), tente depuis tion des provinces de l’hémisphère La seule inconnue de ce match sans suspense résidait mation : « Les responsables de la vant de gravité, toupie ludique, plusieurs années d’organiser la Sud, décorent un des murs. dans l’ampleur de la victoire néo-zélandaise. défaite étaient sur le terrain, porte toujours ouverte sur le ha- parade. c’étaient les joueurs et moi-même. Je sard. « Nous avons certes pris des me- MOUVEMENT EN DEUX TEMPS ball. A l’heure du match, il n’y en trisé, le mouvement est divisé en ne me sens pas trahi par les joueurs, Aujourd’hui, les talonneurs ne sures d’urgence, mais ces der- Il y a surtout le grand écran et aura plus que pour les All Blacks. deux temps : prise d’assaut du bar, moi aussi je suis impliqué dans cette jouent plus de leur bassin, pas nières se révèlent tragiquement in- huit postes de télévision placés On avait tort de s’inquiéter. A pour s’approvisionner en boisson, défaite. J’assume mes responsabili- plus qu’ils ne se servent de leurs suffisantes », explique-t-il. Mais le tout autour. Cette batterie quelques minutes du coup d’en- repli stratégique vers les écrans de tés. Aujourd’hui, nous avons été ab- talons, et on laisse les demis de docteur Mombet est aussi deve- d’images est presque entièrement voi, telle une brutale ruée télévision pour ne rien manquer sents au combat, au plaquage. A mêlée introduire dans les profon- nu la cible d’une secte étrange, dédiée aux hommes en noir, ils d’avants, un flot d’hommes et de du spectacle. Les places sont partir de là, tout devient difficile. » deurs des deuxièmes lignes. A celle des piliers de l’ancien n’ont à redouter que la concur- femmes en noir, à peine troublé chères, les supporteurs néo-zélan- L’Italie doit absolument s’aguerrir cette stérilisation imposée au temps, qui sont prêts à tout pour rence discrète de leurs voisins aus- par quelques maillots rouges de dais exigeants. Au pays où le rug- puisqu’elle participera, dès 2000, à nom du spectacle s’est ajoutée la que l’on ne vole pas trop vite ce traliens, celle d’une petite touche Gallois en goguette, prend posses- by, plus que nulle part ailleurs, ap- ce qui était jusqu’ici le Tournoi des réduction de leur nombre : des qui leur reste de souvenirs. de voile et d’un soupçon de foot- sion du terrain. Parfaitement maî- partient à la culture nationale, on cinq nations. se pique de connaître le jeu. On demande beaucoup à ses glorieux DÉPÊCHES NOUVELLE-ZÉLANDE 101-ITALIE 3 représentants. On attend d’eux centre, arrière soudain devenu a COUP DUR. John Leslie, centre de l’équipe écossaise, est forfait pour qu’ils dominent la rencontre, qu’ils avant, symbole en chair et en e e le reste de la compétition. Le no 12 est sorti sur une civière lors du match Poule B. Jeudi 14 octobre. Stade de McAlpine 67 ) – Castellani (Properzi-Curti, 41 ), Moretti écrabouillent leurs adversaires. muscles de ce nouveau rugby où il (Huddersfield, Angleterre). Temps froid. Terrain ex- (Moscardi, 41e), Moreno. Ecosse-Afrique du Sud (29-46), le 3 octobre, souffrant d’une entorse à la cellent. 22 000 spectateurs. Arbitre : M. Fleming 1 pénalité : Dominguez (9e). faut tout savoir bien faire. Dans le cheville gauche qui l’empêche désormais de reprendre sa place. L’équipe (Eco.) JONAH LOMU PASSE DEVANT pub ne subsiste qu’une interroga- au chardon, qui rencontrera l’Espagne, samedi 16 octobre, aligne treize STATISTIQUES Sur l’écran, les All Blacks ont tion somme toute mineure. Les nouveaux joueurs par rapport à celle des deux rencontres précédentes. NOUVELLE-ZÉLANDE b Avertissements vite fait de répondre à distance à Néo-Zélandais vont-ils passer les Les titulaires sont mis au repos avant le match de barrage du mercredi Wilson – Osborne, Alatini, Gibson, Lo- Italie : Moscardi (48e). leurs admirateurs. Ils sont décidé- 100 points, approcher le record 20 octobre, vraisemblablement contre l’Argentine. mu – Brown, Kelleher (Duggan, 62e) – Mika, Ran- b Pénalités ment bien trop forts pour Massi- établi en 1995 face au Japon (145- dell (cap) (Cullen, 73e), Blowers (Robertson, 24 en faveur de la Nouvelle-Zélande ; 8 en faveur a RÉFÉRENCE. L’entraîneur des Tonga, Dave Waterston, a décrit le 59e) – Jones, Willis (R. Brooke, 79e) – Feek de l’Italie. mo Giovanelli, le capitaine italien, 17) ? L’ultime essai de la partie, drop victorieux de l’arrière Sateki Tu’ipulotu à la dernière minute du (Meeuws, 64e), Hammett, Dowd. b Touches et ses coéquipiers. Le compteur inscrit par Glen Osborne et trans- match contre l’Italie, le 10 octobre, comme « le pied de Dieu ». Une ré- 14 essais : Wilson (7e, 35e, 52e), T. Brown (22e), 17 pour la Nouvelle-Zélande ; 12 pour l’Italie, dont des essais s’affole. Jeff Wilson formé par Tony Brown, rompt ce Mika (30e), Lomu (34e, 58e), Osborne (38e, 80e), 4 perdues. férence à la « main de Dieu » du footballeur argentin Diego Maradona e e e brille du feu de mille contre-at- pauvre suspense. Les All Blacks Randell (55 ), Gibson (69 ), Robertson (72 ), Cullen b Mêlées – il avait marqué de la main face à l’Angleterre lors de la Coupe du (75e), Hammett (78e). 14 pour la Nouvelle-Zélande, dont 2 perdues ; 5 taques, les avants s’assurent une ont marqué 101 points aux Italiens. e e e e 11 transformations : T. Brown (7 , 22 , 30 , 34 , pour l’Italie. monde 1986 au Mexique. La remarque n’est pas anodine, car les Anglais e e e e e e e possession quasi pleine et entière Dès le coup de sifflet final, le Wal- 35 , 38 , 52 , 55 , 72 , 75 , 80 ). b Possession de la balle rencontreront les Tonguiens, vendredi 15 octobre, pour un match décisif. e e e du ballon, la cavalerie des rempla- kabout se vide peu à peu. Les Néo- 3 pénalités : T. Brown (5 , 15 , 40 ). Nouvelle-Zélande : 33 minutes (69 %) ; Italie : a SABLE. Le secret de est-il découvert ? Le meilleur buteur 15 minutes (31 %). çants appelés pour la circonstance Zélandais de Londres retournent à du monde pose son ballon sur le meilleur sable du monde, selon un fan ITALIE b Jeu chez l’adversaire s’amuse. A la mi-temps, les leurs affaires. Les All Blacks ont de l’équipe galloise, Denzil Griffiths, qui le lui fournit. Avant chaque par- Pini – Vaccari (Mazzucato, 9e), Stoica, Ceppolino, Nouvelle-Zélande : 30 minutes (59,5 %) ; Italie : joueurs néo-zélandais ont déjà bien fait leur travail. e tie, Denzil Griffiths en ramasse quelques seaux sur une plage de Tenby, Zisti – Dominguez (Mazzariol, 41 ), Troncon – 21 minutes (40,5 %). inscrit 51 points, dont 6 essais. Les Caione (Arancio, 50e), Saviozzi, Giovanelli b Balles récupérées sur la côte galloise. « Nous avons le meilleur buteur et le meilleur stade, (cap.) – Giacheri, Checchinato (Cristofoletto, 8 pour la Nouvelle-Zélande ; 5 pour l’Italie. Italiens sont prêts à rendre l’âme, Pascal Ceaux à Londres alors il nous faut le meilleur sable », explique-t-il. a CONTRADICTION. L’Espagnol José Miguel Villau a reçu un avertisse- ment dans le match face à l’Afrique du Sud (6-47, le 10 octobre), après avoir été cité à comparaître devant la commission de discipline pour un coup de poing donné à un Uruguayen (le 2 octobre). Le deuxième-ligne Martin Johnson assume sa mauvaise réputation est actuellement objecteur de conscience, un statut permettant à ceux qui rejettent la violence de ne pas faire leur service militaire. « Je ne fais pas cela par philosophie, explique-t-il, mais juste pour éviter les neuf mois Angleterre-Tonga (poule B). Le capitaine anglais au physique impressionnant a été plusieurs fois, de service. » au cours de ses cinquante matches internationaux, montré du doigt pour sa violence INTERNET LA PREMIÈRE FOIS que le combativité exacerbée, voire une d’ailleurs, ne se revendique pas un club de la province de King grand public anglais a aperçu ce agressivité parfois débordante. comme tel : « Si un de mes équi- Country, l’international scolaire www.mindworks.fr/e-rugby/ corps aux dimensions impression- Ainsi, en novembre 1997, lors d’un piers se fait agresser, je ne vais pas anglais de vingt ans y est resté un nantes, c’était en 1997. Un gaillard test Angleterre-All Blacks à Man- rester sans réagir », répond-il à an et demi. Il ne fallut pas très POUR BEAUCOUP d’adeptes du bout de ses peines. Il y apprend taillé comme une armoire à glace chester, il n’hésita pas à assener un ceux qui le jugent un peu violent. longtemps aux superviseurs de la rugby, il a bien fallu déchanter, qu’afin d’atteindre les sommets il posait nu, une coup de poing à , le John Hart, par exemple, l’entraî- Fédération néo-zélandaise de rug- accepter de n’être qu’un modeste lui faudra passer plusieurs bouteille dans demi de mêlée des All Blacks. neur néo-zélandais, affirmait ré- by pour repérer ce deuxième-ligne joueur du dimanche ou, pis encore, semaines devant son ordinateur, la main à la Après une plainte du staff néo-zé- cemment dans L’Equipe : « Martin rude au contact et particulière- un téléspectateur de base. A tous pour déjouer les pièges des hauteur du landais, celui qui sortait triom- est l’un des meilleurs deuxièmes- ment généreux dans l’affronte- ceux-là, E-rugby, une simulation championnats réservés aux sexe. La publi- phant d’une tournée effectuée en lignes du monde, un des hommes les ment. Et, en juin 1990, l’Anglais sur Internet, offre la possibilité débutants. Avant de d’entamer la cité vantait tant que capitaine dans l’hémi- plus durs du rugby international. Martin Johnson enfilait le maillot d’une délicieuse revanche. Car, sur compétition, il doit, comme tout une marque de sphère Sud avec les Lions britan- Mais, parfois, il dépasse les noir frappé de la fougère argentée ce site, il ne s’agit plus simplement bon manager, constituer à moindre bière et le bon- niques (sélection des meilleurs bornes. » lors d’une tournée en Australie de disputer des rencontres de haut coût une équipe efficace. MARTIN JOHNSON homme n’avait joueurs du Royaume-Uni) écopa avec la sélection néo-zélandaise niveau : il faut prendre en charge Auparavant, il aura dû décrypter rien d’un joyeux plaisantin. Visage d’une petite semaine de suspen- SOUS LE MAILLOT NOIR des moins de vingt et un ans, sous une équipe sur une saison entière. des tableaux de chiffres donnant aplati, menton en galoche, arcades sion, laquelle ne calma en rien ses Bien sûr, John Hart garde le sou- la houlette de John Hart. On voit d’ici l’amateur se frotter les les caractéristiques précises de sourcilières couturées, épais sour- ardeurs. Quelque temps plus tard, venir de l’agression de 1997 dont Un peu plus tard, une blessure le mains. Las, E-rugby exige autant chaque joueur. cils noirs, Martin Johnson affiche on le vit labourer de ses crampons fut victime son demi de mêlée ; contraint à rentrer en Europe et à de sacrifices et de persévérance S’il est parvenu à surmonter les toujours une moue qui assombrit le cou d’un attaquant écossais, le mais il se souvient aussi qu’en retrouver ses Midlands, où il est né qu’une carrière de rugbyman dans affres du recrutement, le candidat son visage. Nommé capitaine du centre John Leslie, qui avait eu la 1990, alors qu’il était le coach des en 1970. Aujourd’hui, Martin John- le monde réel. Quand il pénètre sur émérite aura droit aux joies du XV d’Angleterre au mois de mai à mauvaise idée de se retrouver en Néo-Zélandais de moins de vingt son n’avoue aucun regret. «De le site, l’internaute n’est pas au terrain. Mais il sera de nouveau la place de , cet position de hors-jeu dans un re- et un ans, il avait été favorable- toute façon, même sans cette bles- abreuvé de statistiques qui lui homme de vingt-neuf ans pro- groupement. C’était en février ment impressionné par l’engage- sure, j’aurais fini par revenir », dit- permettront de corriger mène une carcasse de colosse : 1999, à Twickenham, dans le Tour- ment physique d’un jeune Pommy il. Appelé une première fois dans le ses erreurs et le guideront, 1,98 m pour 118 kilos. noi des cinq nations. Cette fois, (surnom donné aux Anglais en XV de la Rose en 1993 pour un An- à coup sûr, vers la tête Martin Johnson, employé de malgré la brutalité du geste, Mar- Nouvelle-Zélande). C’est que, du- gleterre-France à Twickenham, du championnat. F. G . banque non loin de Leicester, dans tin Johnson ne fut pas sanctionné, rant deux saisons, Martin Johnson Martin Johnson a fêté sa cinquan- les Midlands, avant de devenir rug- l’action ayant été jugée involon- s’est éloigné de son île natale pour tième cape internationale samedi ૽ E-rugby est payant. byman professionnel au Leicester taire. en rejoindre une autre, aux anti- 9 octobre... contre les All Blacks. Pour disputer une saison, Tigers, est un avant de devoir, un On l’aura compris, le capitaine podes. Parti trois mois à la décou- il faut débourser 130 F (20 ¤). deuxième-ligne réputé pour sa anglais n’est pas un tendre, et, verte du rugby néo-zélandais dans Yves Bordenave à Londres LeMonde Job: WPA1610--0005-0 WAS SPA1610-5 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 03:25 S.: 111,06-Cmp.:15,09, Base : LMQPAG 01Fap: 100 No: 1244 Lcp: 700 CMYK

LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999 LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / V

COUPE DU MONDE Poule D - Troisième journée PAYS DE GALLES 31 SAMOA 38 Les Diables rouges ont vécu un enfer Jeudi 14 octobre • Stade du Millennium, à Cardiff • Beau temps • Bon terrain • Public très enthousiaste • 72 000 spectateurs • Arbitre : M. Morrison (Ang.) Cardiff (poule D). Battu (31-38) par les Samoa, jeudi 14 octobre, le pays de Galles risque de devoir LES ÉQUIPES. PAYS DE GALLES Entraîneur : Henry • Howarth • G. Thomas ; Taylor ; Gibbs ; D. James • jouer les barrages pour espérer atteindre les quarts de finale de « sa » Coupe du monde N. Jenkins ; Howley (cap.) • Sinkinson ; S. Quinnell ; M. Williams • Wyatt ; G. Llewellyn • Young (Evans, 55e) ; G. Jenkins ; Rogers (Lewis, 80e). RAREMENT le pays de Galles geante naïveté. Et, dès la 38e mi- jouer d’une certaine façon qui ne bre, à Cardiff ? Serait-ce la désin- SAMOA Entraîneur : Williams • Leaega • Lima ; Vaega ; Leaupepe n’a sombré dans une telle déprime. nute, les hôtes du Millennium nous convient pas forcément, en uti- volture d’un pays au cœur de la e Jamais Cardiff n’oubliera cet après- Stadium prenaient le large (24-18). lisant au mieux tous les ballons qu’ils fête, d’une cité qui a pris des al- (Fanolua, 77 ) ; Tuigamala • S. Bachop ; So'oialo• Glendinning ; Lam (cap.) ; Paramore (Sititi, 12e) •Tone ; Falaniko (Ta'Ala, 64e) • Ale (Va'a, 77e) ; Leota ; Reidy. midi du jeudi 14 octobre. Le Mil- Ils ne restaient plus aux Diables ont eus, alors que nous n’avons pas lures de foire commerciale grâce à lennium Stadium aura bien du mal rouges que leur mêlée massive et réussi à conserver la balle. » la gigantesque machinerie de la LE MATCH y a se remettre d’un telle déconve- conquérante pour faire souffrir un Et voilà comment les chœurs lé- 4e Coupe du monde ? A moins que PAYS DE GALLES SAMOA

y nue, lui qui a bâti pour servir de adversaire plus adroit et plus vé- gendaires de l’Arms Park qui la présence du soleil ait déconcerté POSSESSION DE LA BALLE 1re MI-TEMPS théâtre aux exploits des Diables loce. croyaient trouver un nouvel écho les hommes des brumes... 65 % 35% 2e MI-TEMPS rouges. Mais personne ne peut nier Mais la défense samoane – trois- au se sont tus Toujours est-il que les Gallois TOTAL JEU CHEZ L'ADVERSAIRE la réalité : quinze joueurs de rugby ont juré qu’on ne les y prendrait y y des îles Samoa ont étrillé (38-31) plus. « On ne peut pas gagner à ce 27 minutes 17 minutes

quinze gallois pourtant soutenus Les Samoans privés d’un essai par la taille de l’en-but niveau en donnant 28 points à l’ad- yyy 14 donty6 8 NOMBRE D'ACTIONS DANS LES 22 M ADVERSES 10 dont 6 4 par quelque 72 000 spectateurs- versaire, a assuré , de- 19 dont 10 9 ACTIONS OFFENSIVES POSITIVES 14 dont 7 7 supporteurs venus là assister à la Tout à la joie de leur victoire (38-31), les Samoans ont sans doute ou- mi de mêlée et capitaine gallois. yy

yyy victoire de leur équipe. Le blié que leur demi d’ouverture Earl Va’a aurait pu marquer un essai sup- Cette équipe sortira plus forte, quelle

94dont 5 ACTIONS DÉFENSIVES DÉCISIVES 12 dont 5y7 triomphe n’a pas eu lieu et le pays plémentaire. Entré en jeu à la 77e minute, ce dernier s’est immédiate- que soit l’équipe que nous jouerons de Galles risque de devoir jouer (et ment rué sur un ballon qui traînait dans l’en-but gallois, à la suite d’une au prochain match. » 74dont 3 BALLES RÉCUPÉRÉES 8 dont 4 4

y gagner) les barrages pour disputer pénalité manquée du buteur Silao Leaegua. Mais il est arrivé quelques Les supporteurs, eux, accusent le LES POINTS L'HOMME DU MATCH les quarts de finale de la Coupe du centièmes de secondes trop tard pour aplatir. L’objet avait déjà fui au- coup. A 20 heures, tous les pubs du PAYS DE GALLES : 3 es- Mêlées : Silao Leaega a joué un rôle monde dont il est officiellement delà des panneaux publicitaires du Millennium Stadium. Dans une autre centre-ville sont bondés mais si- sais, dont 2 de pénalité Pays de Galles : 14 décisif et amplement participé e e au troisième succès consécutif l’organisateur. enceinte, le Samoan aurait sans doute inscrit cet essai. « Les règles disent lencieux, terriblement silencieux. (14 , 63 ) et 1 de Thomas (6 + 8), dont 4 perdues. (18e) ; 2 transformations de Samoa : 13 (6 + 7), dont des Samoa sur le pays de Gal- Forts de leurs dix matches consé- que la longueur de l’en-but peut varier de 10 à 22 mètres, explique l’arbitre Les restaurants chics sont vides. La N. Jenkins (14e, 63e) ; 4 7 perdues. les. L'arrière de Te Atatu cutifs sans défaite, les Gallois de international Patrick Robin. A Cardiff, il y a tout juste 10 mètres. » Dans de circulation est fluide. Sur Wood pénalités de N. Jenkins Touches : (Nouvelle-Zélande), en plus l’entraîneur néo-zélandais Graham nombreux stades, surtout ceux habituellement réservés au football, la Street, un jeune homme bien émé- (30e, 33e, 40e, 43e). Pays de Galles : 17 d'avoir inscrit l'essai de la vic- SAMOA : 5 essais de Fala- (6 + 11), dont 3 perdues. toire, a réussit cinq transfor- Henry affichaient une confiance longueur réglementaire n’est même pas atteinte. « C’était notamment le ché tout grimé de rouge sort de niko (23e), Bachop (35e, Samoa : 11 (6 + 5), dont mations et une pénalité, soit toute britannique. C’était oublier cas à Ashton Gate, le stade anglais de Bristol, lors du match qui opposait la son chapeau un verre de Guinness 39e), Lam (47e) et Leaega 1 perdue. 18 points au total. que, depuis leur première Coupe Nouvelle-Zélande aux Tonga » le 3 octobre, précise Patrick Robin. en lançant sur un ton sarcastique : (66e) ; 5 transformations de Leaega ; 1 pénalité de LE FAIT DU MATCH En profitant d'une mal- du monde, en 1991, les Samoa ont « L’évidence est là : David a battu Leaega (1re). adresse entre deux joueurs gallois pour s'em- toujours atteint les quarts de finale Goliath. » La fête est gâchée. La FAUTES parer du ballon, , parti de l’épreuve. C’était oublier que les quarts agressifs, plaquages secs, avant même la fin du temps régle- suite de l’aventure galloise dépend Pénalités : 8 dans sa moitié de terrain, a joueurs îliens sont aussi des rugby- parfaites anticipations du mouve- mentaire. Quelle peut être l’expli- du nombre de points que l’Argen- En faveur du pays de marqué le troisième essai du men de l’hémisphère Sud et qu’ils ment adverse – faisait merveille. cation de cette défaite, alors que tine pouvait marquer contre le Ja- Galles : 18, dont 7 XV samoan. Son sens de l'an- tentées (5 + 2) et 4 n’ont pas grand-chose à envier aux « Nous étions désespérés de tomber les bookmakers donnaient la prin- pon, vendredi 15 octobre, à Cardiff, transformées (3 + 1). ticipation et sa vélocité lui terribles All Blacks dont ils gar- dans ce groupe avec le pays de cipauté favorite de la poule D et sur la satanée pelouse du Millen- En faveur de Samoa : 7, ont permis d'intercepter une nissent souvent les rangs. Le vif Galles et l’Argentine, a confié l’en- commençaient à ouvrir les paris nium Stadium. dont 2 tentées (1 + 1) et 1 passe imprécise afin mais robuste ailier de la sélection traîneur, Bryan Williams, mais l’es- sur le quart de finale qui aurait dû transformée (1 + 0). d'égaliser. néo-zélandaise, Tana Umaga, est le prit permet parfois aux gens de faire l’opposer à l’Australie, le 23 octo- Marc Roche à Cardiff Infographie : Le Monde avec Pierre Lepidi dernier exemple de cette migra- des choses extraordinaires. Après la tion. défaite contre l’Argentine [16-32, le Mais, emportés par la fièvre de 10 octobre], nous avons fait un plan leurs supporteurs, les Diables pour ce match, les joueurs y ont rouges parvenaient à inscrire un beaucoup contribué et il a très bien essai de penalité dès la 14e minute, fonctionné. » un essai transformé par le buteur Neil Jenkins, qui profitait de l’occa- FÊTE GÂCHÉE sion pour ravir à l’Australien Mi- La preuve : les rares tentatives chael Lynagh le record de points galloises de débordements marqués en rencontres internatio- échouent et les rushes des avants nales (913, puis 927 en fin de s’empêtrent dans les mailles du fi- match, contre 911). Le public du let que les centres samoans ont Millennium Stadium était debout tendu. Asphyxiés, assommés, fati- et son équipe n’allait pas tarder à gués, mais jamais découragés, les mener 12-3. D’aucuns annonçaient hommes de n’ont le naufrage des hommes du Sud. pas réussi à résoudre le problème Que nenni ! Le scénario idéal virait qui leur était posé et, malgré au cauchemar. De maladresses en quatre minutes de jeu supplémen- ballons lâchés, de ballons lâchés en taires passées dans le camp ad- maladresses, les Gallois perdaient verse en partie gâchées par une ul- pied. time mêlée cafouillée, n’ont pas Ils perdaient aussi leur habileté réussi à s’imposer. « Les Samoans manuelle, offrant aux Samoans ont très bien joué le coup, intelligem- deux essais sur interceptions pro- ment, a souligné le technicien du voquées par des passes d’une affli- pays de Galles. Ils nous ont obligés à Gonzalo Quesada, si lent mais si déterminant Argentine-Japon (poule D). Les Pumas comptent sur leur buteur pour atteindre les barrages GONZALO QUESADA a frappé gentin (32-16) et la probable quali- fort depuis le début de la Coupe fication pour les barrages. du monde de rugby. Réputé pour Gonzalo Quesada, auteur de sa lenteur d’exécution, mais sur- 261 points en dix-neuf sélections, tout pour son efficacité, le joueur ne gâche pas beaucoup d’occa- argentin a sions et se rapproche, sûrement porté, à lui mais lentement, du record de Hu- seul, les Pu- go Porta (408 points), un des tout mas vers les meilleurs demis d’ouverture de la barrages, aux- planète. Depuis le début de la quels ils parti- Coupe du monde, le taux de réus- ciperont s’ils site de Gonzalo Quesada atteint battent le Ja- 87,5 %, alors que le Gallois Neil pon vendredi Jenkins, meilleur réalisateur en ac- GONZALO QUESADA 15 octobre. La tivité, « plafonne » à 82,3 %. Cette méticulosité de ce buteur exaspère réussite a démultiplié ses ambi- pourtant les amateurs de grand tions. « En ce moment, je m’en- jeu. Pour chaque tentative, Gonza- traîne comme un professionnel, lo Quesada (1,82 m, 84 kilos) acca- comme je veux, déclare-t-il. La pare le ballon pendant près de Coupe du monde permet de se deux minutes. Il y a le planté de concentrer seulement sur le rugby, ballon accroupi, le regard vers les et on a beaucoup de temps pour poteaux, la prise de marques, le s’entraîner. » balancer de buste bras relâchés, le L’Argentin rêve de poursuivre nouveau coup d’œil vers la cible. l’expérience et d’attirer l’attention Enfin, la course d’élan et la frappe des clubs européens. Joueur ama- du ballon. teur et actuellement employé par « J’ai commencé à buter quand une entreprise de cosmétiques, il j’étais jeune, explique le demi d’ou- veut faire du rugby son métier. verture argentin. Et je continue en- « J’aimerais me mesurer au rugby core. La semaine dernière, j’ai pro- professionnel, affirme-t-il. Les longé trois séances d’entraînement joueurs argentins qui se sont immer- pour taper. » Le travail de « Spee- gés dans ce milieu se sont beaucoup dy » Gonzalo Quesada, vingt-cinq améliorés. En plus, j’aimerais bien ans, paie et profite aux Pumas. connaître l’expérience de vivre à Avant les matches de jeudi, il était l’étranger et d’y jouer au rugby. » le meilleur réalisateur de la Coupe Ses destinations préférées ? «Je du monde, avec quarante-cinq pourrais aller au pays de Galles, en points. Les dix-huit points inscrits Angleterre, en Irlande, en Ecosse ou lors du premier match ont permis en France, révèle-t-il. Partout où on aux Argentins, finalement battus peut être professionnel. » Sans être (23-18), de faire douter les Gallois. trop pressé. Les vingt-sept points marqués face aux Samoa ont scellé le succès ar- Pierre Galy (AFP) LeMonde Job: WPA1610--0006-0 WAS SPA1610-6 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 00:17 S.: 111,06-Cmp.:15,09, Base : LMQPAG 01Fap: 100 No: 1245 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999 La victoire ne calme pas Les Borders, vivier du rugby écossais Ecosse-Espagne (poule A). Le clan Rutherford incarne l’attachement au ballon ovale les soucis australiens de cette région frontalière avec l’Angleterre d’où sont issus huit des joueurs du XV du Chardon Limerick (poule E). Les Wallabies ont aisément LE VISAGE angélique se tord. Grant serre les dents et respire battu les Etats-Unis (55-19), mais les blessures profondément. Le moment est so- lennel, il en est bien conscient. les obligent à rebâtir leur équipe « Head, shoulders, knees and toes, knees and toes », chante-t-il en HUIT ESSAIS et de jolies phases La journée a cependant été touchant tour à tour sa tête, ses de jeu n’ont pas suffi à rassurer les bonne pour Matthew Burke, à la épaules, ses genoux et ses doigts Wallabies, vainqueurs, jeudi 14 oc- botte régulière, ou pour Rod de pied. Le refrain enfantin, desti- tobre, des Etats-Unis (55-19). Moore. Le remplaçant du rempla- né à égayer les feux de camp Certes, l’équipe était composée çant du pilier Patricio Noriega, scouts, est devenu le haka de son des réservistes ? mais l’argument forfait avant même le début de la école de rugby. Du haut de ses on- ne suffit pas. La victoire contre l’Ir- Coupe du monde, a fêté, jeudi, sa ze ans et de son 1,45 m, il explique lande, dimanche, a laissé des première sélection et s’est montré que, « puisque les Néo-zélandais traces profondes. Le talonneur impressionnant dans un pack do- ont leur cri de guerre, il n’y a au- Phil Kearns, une des pièces maî- minateur. Jason Little, quant à lui, cune raison pour ne pas avoir le tresses de la formation, a renoncé, a célébré, à vingt-neuf ans, sa pre- nôtre ». Stewart, neuf ans, hoche mercredi, à la compétition, victime mière sélection en qualité de capi- la tête en guise de soutien à son d’une sérieuse entorse ; John taine des Wallabies. Il faisait déjà frère. Eales, le capitaine, touché au dos, partie des héros de la campagne Dans la famille Rutherford, on est toujours incertain, et le brillant de Coupe du monde victorieuse ne plaisante pas avec le ballon no 8, Toutai Kefu, purge une sus- en 1991, et s’est battu, après avoir ovale. Quand la mère, Allison, an- pension de quatorze jours pour été victime de plusieurs blessures, cienne joueuse de hockey, renâcle avoir confondu boxe et rugby. pour revenir dans l’équipe en à allumer le téléviseur pour regar- En l’absence de ces trois 1998. der un match, les trois fils, Mi- hommes, il faut rebâtir l’équipe. Vainqueur de la poule E quelle chael, (quatorze ans), Grant et Face à des Américains en très net que soit l’issue du match Irlande- Stewart, la traitent « d’ennemie de

progrès dans le domaine offensif, Roumanie, disputé vendredi, clan ». La tribu habite Selkirk, une PRESSE SPORT les Australiens ont essayé des l’Australie rencontrera, samedi ravissante petite ville de John Rutherford a porté quarante-deux fois le maillot écossais, sous lequel il a réalisé combinaisons intéressantes, mais 23 octobre, en quarts de finale, le 6 000 âmes au cœur des Scottish le grand chelem en 1984. Aujourd’hui, ses fils sont prêts à prendre la relève. leur coup de fatigue (les vingt der- premier de la poule D, où pays de Borders. Dans cette région, à la nières minutes de la première mi- Galles, Samoa et Argentine sont frontière avec l’Angleterre, au sud- la maison avec et entraînements hebdomadaires, nalisme. La résistance s’organise temps ont été américaines) et leur au coude à coude. est d’Edimbourg, on vit et on res- Scott Murray, deux des meilleurs match le week-end. avec plus ou moins de succès. fébrilité dans les passes restent in- pire pour le rugby. Là-bas, chacun joueurs de l’équipe. On a regardé La compétition est rude entre Alors que le ballon rond est extrê- quiétants. B. M. connaît le nom Rutherford. John, ensemble Friends, le feuilleton, ils les écoles locales, primaires ou se- mement populaire dans le reste de le père des trois apprentis guer- en sont fous. » Les yeux pleins condaires. Melrose, Galashiels, l’Ecosse, il n’y a toujours pas riers, est une célébrité. Plus que d’admiration, Grant explique que, Selkirk, Kelso, Peebles, Jedburgh, d’équipe des Borders dans la ligue AUSTRALIE 55 - ÉTATS-UNIS 19 ses deux frères, Billy et James. « lui aussi, veut devenir joueur de ou Hawick (club écossais le plus ti- nationale ! Grant appartient, dans « Oncle Billy », l’aîné, entraîne rugby ». Tout comme Michael. tré)... chaque ville des Borders dé- son école, au clan des anti-foot- e Poule E. Jeudi 14 octobre. Stade de Thomond Park 1 transformation : Dalzell (39 ). Peebles, un club des Borders, qui Seul Stewart n’a pas la vocation. fend âprement ses couleurs lors de ball : « Les garçons qui le défendent (Limerick, Irlande). Temps bon. Terrain correct. 3 pénalités : Dalzell (49e, 57e, 66e). e joue en deuxième division. « Oncle Tous les écoliers des Borders tournois organisés toute l’année. 14 000 spectateurs. Arbitre : M. Watson (AfS). 1 drop : Niu (15 ). sont tous des pleurnichards. A l’en- James », le cadet, est imprimeur, commencent à se familiariser avec Dans cette vallée, les terrains de traînement de rugby, si on leur AUSTRALIE STATISTIQUES mais il apprend bénévolement le le ballon ovale et le jeu ouvert, à rugby fleurissent. A Selkirk, il y en marche sur le pied, ils se mettent à Latham – Staniforth, Little (cap), Grey, Burke – b rugby aux petits d’une des écoles l’écossaise, dès l’école primaire, à a quatre. Chaque école est un vi- hurler ! » Larkham (Kafer, 50e), Whitaker – Williams (Giffin, Pénalités de Selkirk. l’âge de huit ans. « C’est ce qui s’est vier de champions : quatorze des Le virus du professionnalisme, 66e), Strauss, Finegan – Bowman (Cockbain, 55e), 6 en faveur de l’Australie ; 17 en faveur des Etats- Connors – Moore, Foley, Crowley. Unis. en revanche, fait davantage de dé- 8 essais : Larkham (3e), Staniforth (17e, 42e), Foley b Touches SPORT SCOLAIRE gâts. Pour lutter contre le vedetta- (40e), Burke (45e), Strauss (68e), Latham (73e), 12 pour l’Australie dont 2 perdues ; 16 pour les John a percé, lui. Demi d’ouver- Des Espagnols décomplexés mais peut-être diminués riat, les rugbymen des Borders ont e Whitaker (80 ). Etats-Unis dont 2 perdues. ture de légende, il a été sélection- longtemps joué sans numéro sur 6 transformations : Burke (7e, 17e, 42e, 68e, 74e). b Mêlées 1 pénalité : Burke (13e). 6 pour l’Australie ; 10 pour les Etats-Unis dont 1 né quarante-deux fois dans 119. Ce chiffre n’est pas le total de points encaissés par les Espagnols les maillots. Une époque révolue. perdue. l’équipe du Chardon, du temps où face aux Sud-Africains, dimanche 10 octobre, mais le nombre de pla- Les clubs écossais sont pauvres et b Possession de la balle en était le capi- ÉTATS-UNIS quages tentés – pour 101 réussis – par les Ibères lors de ce match. Cette incapables de lutter contre les pro- Australie : 12 minutes (49,2 %) ; Etats-Unis : 13 mi- taine. « La magie de ses courses le statistique explique en partie le faible score réussi par l’Afrique du Sud Shuman – Anitoni, Grobler (Saulala, 59e), Schar- nutes (50,8 %). positions financières de l’Angle- renberg, Hightower – Niu, Dalzell (cap) (Coulson, b Jeu chez l’adversaire rendait intouchable. C’était le meil- (47-3). L’Espagne a surpris les observateurs en évitant une déroute que terre et de la France, les deux prin- 80e) – Lumkong, Mo’unga, Hodges – Parker, Australie : 14 minutes (56,1 %) ; Etats-Unis : 11mi- leur no 10 au monde », se souvient les plus optimistes évaluaient au minimum à 90 points. « Nous avons joué cipaux recruteurs. Gregor Gross (Reed, 80e) – Sucher, Billups (Khasigian, nutes (43,9 %). un journaliste du Scotsman. Une avec notre cœur et nous avons donné le meilleur de nous-mêmes », a estimé Townsend joue à Brive, le demi de e e b 70 ), Clayton (L’huilier, 70 ). Balles récupérées vilaine blessure au genou, six mi- 1 essai : Grobler (39e). 9 pour l’Australie ; 5 pour les Etats-Unis. le capitaine, Alberto Malo. La rencontre a permis de décomplexer une mêlée Bryan Redpath, né à Galas- nutes après le début d’un match formation présentée comme la plus faible de cette Coupe du monde. hiels, défend les couleurs de Nar- contre la France, lors de la Coupe Mais le sacrifice des corps devant les assauts désordonnés des Spring- bonne, tandis que Gary Armstrong du monde 1987, lui a fait arrêter boks se paie au prix fort, puisque plusieurs joueurs ne sont pas certains a franchi « la frontière » et se bat prématurément sa carrière. Il est d’affronter l’Ecosse, samedi 16 octobre à Murrayfield. Alberto Malo est pour les Anglais de Newcastle. aujourd’hui, officiellement, cour- blessé à la cuisse et Carlos Souto souffre du bras. Le pilier Jordi Camps Une fois finie la Coupe du tier en assurances. Mais ses col- (main cassée) est remplacé par Borja Jimenez, qui joue à Biarritz. monde, John Rutherford consa- lègues de bureau ne l’on pas beau- crera de nouveau son temps aux coup vu depuis un mois. En jeunes rugbymen de Selkirk, dont septembre 1998, , l’en- passé pour moi, confirme John Ru- quinze joueurs de l’équipe il entraîne le club. S’il admet que traîneur de l’équipe d’Ecosse, lui a therford. A neuf ans, je savais que d’Ecosse qui a réalisé le grand che- l’équipe d’Ecosse ait fait venir des demandé son aide en vue de la j’en ferais ma vie. » Michael joue lem lors du Tournoi des cinq na- joueurs de Nouvelle-Zélande, à Coupe du monde. Depuis, John demi d’ouverture, comme son tions de 1984 étaient des fils de la l’instar des frères Leslie, il consi- L’Australie regrette le bon fait travailler les lignes arrière. Un père. Et semble d’ores et déjà pro- région. Actuellement, huit natifs dère cependant que « notre public boulot théoriquement à mi-temps, mis à un bel avenir. « Seulement s’il des Borders portent le maillot na- à Murrayfield ne supporterait pas vieux temps du « bourre-pif » qui, en réalité, lui prend tout le en a le désir », intervient l’ancien tional, dont Gary Armstrong, le que ses champions soient tous im- sien. no 10. L’adolescent s’entraîne deux capitaine, Gregor Townsend, Dod- portés. Le jeu très dynamique, à L’AUSTRALIE observe le spec- même l’un deux. Le rugby est un Personne ne s’en plaint à Sel- fois par semaine et joue le samedi. die Weir ou . l’écossaise, doit survivre. C’est un tacle de cette Coupe du monde sport d’équipe. Et il est normal de kirk. « Les copains me posent plein « Mais dès qu’il a un moment, ex- pari pour les Borders ». Et pour de rugby avec un regard hésitant défendre, sur le terrain, l’honneur de questions, surtout les lendemains plique Allison, il va avec ses co- DOUBLE MENACE deux de ses fils, visiblement. et lointain, voire perplexe. Ses de ses partenaires. » de rencontre, raconte Grant. J’ai pains pour travailler son coup de C’est que la patrie du rugby robustes Wallabies n’ont pas dé- Les journalistes australiens ne souvent mon heure de gloire. pied. » Grant est arrière et suit le écossais doit faire face à deux me- Marie-Béatrice Baudet çu son attente, se jouant sans le sont pas seuls à manifester leur L’autre week-end, papa est revenu à même régime que son aîné : deux naces : le football et le profession- à Edimbourg moindre tourment d’une faible embarras. Les joueurs avouent, équipe de Roumanie, avant de eux aussi, une réelle perplexité. bousculer de quelques coups David Wilson, l’un des avants de d’épaule le XV irlandais. Le pays l’équipe nationale, s’exprimait les voit déjà en finale. Et la sans nuance, au lendemain de la Deon Kayser dans le quota des titulaires presse nationale se laisse parfois victoire des Wallabies sur l’Ir- aller à lui promettre mieux en- lande : « Cela devient ridicule, on core, un titre mondial, rien de ne peut même plus se payer un Afrique du Sud-Uruguay (poule A). L’ailier métis des Springboks ne doit qu’à ses qualités sportives moins. Mais le rugby que l’Aus- bon combat, bien propre, sur le tralie découvre sur son petit terrain. » David Campese, figure d’avoir gagné définitivement sa place en équipe nationale écran, souvent tard dans la nuit légendaire du rugby australien et (décalage horaire oblige), ne res- chroniqueur pendant cette LA LEÇON D’ESPAGNOL ayant guay est l’occasion rêvée de briller Ses bonnes manières, il les a déve- Modestie, timidité et sens des semble à rien de ce qu’elle Coupe du monde, ne se prive pas été retenue par Nick Mallett et à nouveau pour cet attaquant, loppées sur les terrains de Uiten- réalités ne l’empêchent cependant connaît. Et cette nouvelle ver- lui non plus de souffler dans le l’encadrement des Springboks, dont les chances sont grandes de hage, petite ville située au nord de pas de s’affirmer face à l’adver- sion du jeu lui donne peu d’occa- clairon de la révolte. « Si les offi- c’est l’équipe-type d’Afrique du figurer dans l’équipe qui disputera Port Elizabeth, dans l’Eastern saire malgré un gabarit plutôt frêle sions de s’enthousiasmer. ciels veulent vraiment éliminer du Sud qui devait être alignée, ven- son quart de finale dimanche Cape. « Il y avait un petit coin (1,75 m pour 79 kilos) au regard La raison ? L’arbitrage. Et cette jeu toute agressivité, alors autant dredi 15 octobre 24 octobre au . d’herbe en face de la maison, de des nouveaux standards interna- stupide habitude, voulue en haut aller voir ailleurs et se mettre au à Glasgow, face Mais c’est également une chance l’autre côté de la route, se souvient- tionaux. « On disait toujours que lieu, de sanctionner le moindre netball », écrivait-il récemment à l’Uruguay. Si pour Nick Mallett, qui voit, grâce à il. C’est là que mes camarades et j’étais trop maigre, pas assez phy- écart de conduite par un ou plu- dans le quotidien The Australian. l’absence pro- la qualité de la prestation des moi jouions avec une balle faite sique pour défendre contre les sieurs matches de suspension. En En Australie, les propos de l’an- longée du demi joueurs de couleur, le spectre des d’une bouteille de jus de fruit rem- “gros”. J’ai prouvé aujourd’hui Australie, le spectacle d’un cienne gloire nationale, vain- d’ouverture quotas, instaurés dans la quasi-to- plie de chiffons. Quand on a joué qu’avec du travail et de la volonté joueur s’aidant du coude, du ge- queur de la Coupe du monde en Henry Honiball, talité des secteurs d’activité de la avec ça, un ballon de rugby ne pose on peut y arriver. » Sans oublier la nou ou même, allez, d’un poing 1991, ont fait frissonner tout le trente-quatre société sud-africaine, s’éloigner de aucun problème. » créatine, substance à laquelle il re- écrasant un nez adverse pour pays d’angoisse. Le netball, sorte DEON KAYSER ans, attriste les sa composition d’équipe. connaît avoir recours à raison de s’ouvrir la route de l’essai, n’a ja- de basket joué sur un rythme amateurs de rugby, la présence sur Nick Mallett et Deon Kayser PETIT GABARIT cures de deux semaines par mois. mais choqué personne. Le pays lent, n’est pas seulement le le terrain de l’ailier Deon Kayser souhaitent que la situation de- Pourtant, les Springboks sont Et voilà comment, à force de ca- lui trouve même volontiers des moins brutal des sports collec- retient l’attention de tous les ci- meure en l’état. « Je n’ai aucun parmi les équipes les plus géné- ractère et grâce à cinq kilos sup- vertus saines et rafraîchissantes. tifs. Il est aussi le plus féminin. toyens d’Afrique du Sud. problème à laisser ma place à quel- reuses de cette Coupe du monde plémentaires de muscles, Deon Du coup, personne ne semble Le public, lui, se console de sa A vingt-neuf ans, ce joueur, le qu’un d’autre si la sélection se fait en matière de ballons rendus à Kayser est devenu, n’en déplaise comprendre que les autorités du frustration par les succès de ses plus âgé des quatre sélectionnés de uniquement sur les qualités de cha- l’adversaire. Et c’est avec la même aux sceptiques, et malgré sa cou- rugby aient choisi cette dernière Wallabies. Mais son plaisir est couleur, avait été choisi par l’en- cun. Au niveau international, générosité qu’ils distribuent tee- leur de peau, l’ailier titulaire des Coupe du monde du siècle pour entaché de désillusion. Pour traîneur pour commencer le match l’équipe devrait être choisie sur le shirts et souvenirs à leurs fans. Springboks. « Chacun a le droit de transformer le jeu en un exercice preuve ce commentaire d’un contre l’Ecosse (46-29), le 3 octo- seul mérite des individus. » Une dé- « Ça, c’est quelque chose à quoi je postuler à l’équipe nationale et l’op- sans saveur ni frisson. Où va-t- supporteur entendu au comptoir bre, une rencontre que les Spring- claration qui pourrait sembler pa- ne m’habitue pas, dit Deon Kayser. portunité doit lui être offerte, mais on, s’interrogent les envoyés d’un bar de Sydney, à la mi- boks ne devaient pas perdre sous radoxale pour quelqu’un dont père Les autres sont habitués à donner cette sélection n’est un dû pour per- spéciaux de la presse austra- temps du match Irlande-Austra- peine d’affronter les terribles All et grand-père s’adonnaient avec des trucs, car ils ont toujours eu des sonne. C’est une distinction qui ne lienne, s’il n’est plus permis de se lie : « Ce rugby n’est pas celui avec Blacks dès les quarts de finale. Un fièvre à la pratique du rugby à une affaires gratuitement. Moi, je ché- se gagne qu’au mérite », rappelait faire respecter dans une mêlée ? lequel j’ai grandi, mais il a sans essai et plusieurs actions tran- époque où l’apartheid leur fermait rissais mes chaussures parce que je récemment Nick Mallett, comme « Répondre à un coup par un doute au moins un avantage : je chantes plus tard, Deon Kayser les portes de l’équipe nationale. savais que je n’en aurais pas pour mieux souligner celui de autre coup n’a jamais été pourrai bientôt aller au stade avec avait gagné le droit de recommen- C’est que l’humilité n’est pas un d’autres. Aujourd’hui, si j’ai besoin Deon Kayser. contraire à l’esprit du rugby, écrit ma femme et ma fille. » cer. trait de caractère chez Deon Kay- d’une nouvelle paire, je n’ai qu’à Le match Afrique du Sud-Uru- ser, mais bien une façon de vivre. demander. » Nemer Habib à Edimbourg LeMonde Job: WPA1610--0007-0 WAS SPA1610-7 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 09:00 S.: 111,06-Cmp.:15,09, Base : LMQPAG 01Fap: 100 No: 1247 Lcp: 700 CMYK

LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999 LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / VII

RÉSULTATS ET CLASSEMENTS POULE A 2/10 Espagne-Uruguay 15-28 3/10 Ecosse-Afr. du Sud 29-46 8/10 Ecosse-Uruguay 43-12 10/10 Afr. du Sud-Espagne 47-3 15/10 Afr. du Sud-Uruguay Le 18 juin 1995, au Cap, Jonah Lomu 16/10 Ecosse-Espagne

CLASSEMENT Pts J G N P Pp Pc 1 Afr. du Sud 622009332 e 2 Ecosse 421017258 3 Uruguay 421013958 4 Espagne 220021874 invente le rugby du XXI siècle POULE B Jonah Lomu 2/10 Angleterre-Italie 67-7 Il y a un peu plus a ramassé le ballon 3/10 Nelle-Zélande-Tonga 45-9 à quarante mètres 9/10 Nelle-Zélande-Angleterre 30-16 de quatre ans, de la ligne adverse. 10/10 Tonga-Italie 28-25 D’un raffut elle 14/10 N -Zélande-Italie 101-3 dans un pub londonien, de la main droite, 15/10 Angleterre-Tonga il expédie CLASSEMENT l’ancien joueur du le trois-quarts aile Pts J G N P Pp Pc anglais Tony 1 Nelle-Zélande 93300 176 28 Racing Club de France, Underwood le nez 2 Angleterre 4210183 37 dans le gazon 3 Tonga 4210137 70 Philippe Guillard, du Newlands 4 Italie 3300335 196 Stadium regardait avec un ami (ci-contre), échappe POULE C au plaquage 1/10 Fidji-Namibie 67-18 la demi-finale du capitaine, 2/10 France-Canada 33-20 , 8/10 France-Namibie 47-13 Angleterre- revenu en travers 9/10 Fidji-Canada 38-22 (à gauche), puis 14/10 Canada-Namibie 72-11 Nouvelle-Zélande culbute l’arrière, 16/10 France-Fidji , qui a CLASSEMENT de la Coupe du monde tenté de se mettre Pts J G N P Pp Pc en travers 1 Fidji 62200105 40 disputée en Afrique de sa route 2 France 622008033 (ci-dessous) : les 3 Canada 53002 114 82 du Sud. Il se souvient Blacks se qualifient 4 Namibie 3300342186 pour la finale des trois minutes de la Coupe POULE D du monde 1995, 1/10 Galles-Argentine 23-18 qui ont ébranlé et la planète rugby 3/10 Samoa-Japon 43-9 découvre sa 9/10 Galles-Japon 64-15 le monde du rugby nouvelle star. 10/10 Argentine-Samoa 32-16 14/10 Galles-Samoa 31-38 16/10 Argentine-Japon TEMPSPORT-COLORSPORT CLASSEMENT Pts J G N P Pp Pc 15 heures et 1 P. de Galles 7 3 2 0 1 118 71 3 minutes, Jonah 2 Samoa 732019772 3 Argentine 421015039 Lomu a ramassé 4 Japon 2200224 107 la balle avec une main, à quarante POULE E mètres de la ligne d’en-but 2/10 Irlande-Etats-Unis 53-8 anglaise, et il est 3/10 Australie-Roumanie 57-9 A parti. Nous 9/10 Etats-Unis-Roumanie 25-27 10/10 Irlande-Australie 3-23 sommes au tout début de la demi- 14/10 Australie-Etats-Unis 55-19 finale de la Coupe du monde 1995, 15/10 Irlande-Roumanie le 18 juin, au du Cap. Les deux équipes sortent CLASSEMENT à peine des hymnes, elles n’ont eu Pts J G N P Pp Pc le temps de s’observer que pen- 1 Australie 93300 13531 2 Irlande 421015631 dant le haka. 3 Roumanie 421013682 Je me trouvais à Londres, dans 4 Etats-Unis 3300352 135 un pub, avec mon ami Lulu, qui joue avec moi, dans un tout petit Pp = Points pour Pc = Points contre club de la région parisienne. La RÉALISATEURS veille, il m’avait dit : « Il faut abso- 1 Leaega (Samoa) 52 points lument qu’on aille à Londres pour 2 Rees (Canada) 49 points voir ce match ! » Lulu courait 3 Jenkins (Galles) 48 points après un rêve : être là, au milieu 4 Quesada (Argentine) 45 points des Anglais le jour où ils pren- Burke (Australie) 45 points draient une vraie pâtée. Lulu n’aime pas trop les Anglais. «Je MARQUEURS sens, avait-il dit, qu’il va se passer quelque chose ... » VINCENT AMALVY/AFP 1 Lomu (Nelle-Zélande) 5 essais VINCENT AMALVY/AFP Comme il se trompe rarement, 2 Wood (Irlande) 4 essais je l’avais suivi dans ce pub outre- non, lui, Jack Rowell, ne s’inquié- Jonah Lomu a donc ramassé la droite de Jonah Lomu sur le nez. reine d’Angleterre, va essayer de elle Wilson (N -Zélande) 4 essais Manche. Pourtant, ce samedi-là, tait pas trop, car, avait-il dit, «Lo- balle, et il a démarré. Et Tony Un- Cette fois, même les filles du pub plaquer Jonah Lomu de face. Et, à on était triste. La veille, à Durban, mu ne sait pas défendre »... Il avait derwood, qui avait dû se répéter se sont levées. 15 heures 3 minutes et 6 secondes, BUTEURS l’équipe de France avait fait même poussé la sérénité jusqu’à la scène des dizaines de fois dans Il reste dix mètres à faire pour Mike Catt rebondit sur 115 kilos 1 Rees (Canada) 49 points 10 000 kilomètres pour mourir à laisser , l’un des la nuit, n’a même pas eu le temps marquer l’essai. Jonah Lomu de viande folle avant d’être écrasé 2 Jenkins (pays de Galles) 48 points 10 centimètres de la finale de la tout premiers ailiers de l’hémi- d’avoir peur. Au moment où il a court toujours et, derrière lui, il a comme une fourmi, puis piétiné. 3 Quesada (Argentine) 45 points Coupe du monde. Contre sphère Nord, en face de lui. Ce qui piqué dans les jambes du laissé deux corps gisant dans un Jonah Lomu plonge alors en Terre 4 Leaega (Samoa) 42 points l’Afrique du Sud. Heureusement, faisait tout de même une diffé- monstre, décidé, motivé, patriote, bain de honte et d’impuissance. promise, le sourire au coin des 5 Wilkinson (Angleterre) 39 points les Anglais étaient gentils avec rence de 20 centimètres et de Lomu lui a mis un raffut d’un Il ne reste plus qu’une chance lèvres. A peine essoufflé. Derrière nous. Ils nous consolaient, nous 30 kilos. Et comme le rugby est le simple index, et l’avion du pilote d’empêcher Jonah-King Kong lui, il y a trois corps, maintenant. disaient qu’on n’avait pas eu de seul sport de combat qui ne fonc- de chasse Underwood s’est écrasé d’aller aplatir derrière la ligne. Et, dans le pub, une centaine de chance, qu’on était bien meilleurs tionne pas par catégorie, on se di- sur le pif. Dans le pub, les filles se Cette chance, c’est Mike Catt, l’ar- cœurs transpercés : Jonah vient que l’Afrique du Sud, qu’on méri- sait que le gars Underwood, il al- sont tues, et les garçons se sont rière anglais. Mais ça ne l’arrange de tuer l’Angleterre. tait la finale... Bref, disait Lulu : lait souffrir. Mais non, parce que levés. En silence. pas du tout, Mike Catt, d’être le A LA TELEVISION « Quelle belle bande d’hypo- Jack Rowell avait tout pensé Le capitaine des Anglais, Will dernier espoir d’un peuple. Mike E reste du match n’est ET A LA RADIO crites ! » avant. Carling, plus costaud que Tony Catt, ce jour-là, à cet instant-là, il qu’une suite photocopiée A 15 heures et 3 minutes donc, Underwood, plus habitué aux aurait rêvé d’être à la pêche à la L de cette action, une bou- Le Monde des idées Jonah Lomu a ramassé la balle N face, les All Blacks, c’était forts contacts, est arrivé en tra- truite, très loin de tout ça, dans le cherie. 15-0 au bout de six mi- LCI avec une main, et il a démarré. Il surtout une attaque virevol- vers avec une véritable envie de nord de l’Ecosse. Ou encore, pré- nutes de jeu. Puis 25-3 à la mi- faut bien avouer que, jusque-là, E Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 tante, et l’esprit de sacrifice temps, puis 35-3, en pleine demi- Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 dans le pub, c’était la fête. Gros d’un pack plus enclin à suivre les finale de la Coupe du monde, Le lundi à 9 h 10 et à 14 h 10 plan sur un Anglais ? Standing envolées lyriques des trois-quarts A 15 heures et 3 minutes, alors que le match contre la meilleure équipe de l’hé- a ovation ! Gros plan sur un Néo- qu’à perdre de l’énergie dans ces misphère Nord. Avec trois essais Le Grand Jury Zélandais ? Sifflets. Quand on travaux de grammaire ovale que était à peine commencé, Jonah Lomu de Lomu. Du jamais vu. Du pas RTL-LCI pense que le mot fair-play est an- voulaient imposer les Anglais. croyable. Le dimanche à 18 h 30 glais... Bref, en privant les Néo-Zélandais a ramassé la balle et il a démarré. Lulu était aux anges. Il avait a L’Angleterre craignait, certes, de munitions grâce à la supériori- réalisé son rêve. Bien sûr, il Les rumeurs du monde les All Blacks, Jonah Lomu en tête, té de leur pack – reconnue par Et là, la chose que les Anglais n’avaient n’avait pas oublié de consoler FRANCE-CULTURE mais on ne voyait pas bien ce qui tous, et même par les All Blacks –, tout le monde dans le pub, de leur Le samedi à 12 heures pouvait arriver de grave à une toute l’Angleterre était sûre d’im- même pas imaginée dans leurs pires cauchemars, dire qu’ils avaient eu un « jour a équipe qui venait tout simple- poser son rugby centenaire fait sans ». Qu’ils auraient mérité de Idéaux et débats ment d’éliminer les champions du d’une prise minimale de risques et cette chose-là s’est produite la gagner aussi, cette Coupe du FRANCE MUSIQUES monde en titre, l’Australie, en d’une force dosée uniquement monde. Mais il savait aussi, Le dimanche à 17 heures quarts de finale, et qui, en plus, pour gagner du terrain. Il était en- comme moi, qu’on venait d’assis- a avait brillamment remporté le tendu que , l’élégant défendre la patrie. Will Carling est féré être l’une de ces statues de la ter à quelque chose d’historique. Libertés de presse Grand Chelem dans le Tournoi buteur aux longues études, ferait quand même le capitaine de garde royale, devant Buckingham Au-delà du match, au-delà du FRANCE-CULTURE des cinq nations. Les Anglais, le reste du travail. l’équipe d’Angleterre, voire de la Palace. Comme ça, Lomu serait score (45 à 29), ce qu’avait fait Jo- Un dimanche sur quatre à 16 heures c’était un pack de fer, une défense Seulement voilà : à 15 heures et Grande-Bretagne, et donc de la passé à côté. Il aurait même peut- nah Lomu représentait bien plus a du même métal, et un buteur car- 3 minutes, alors que le match était moitié du monde. Du coup, toute être pris une photo. Seulement qu’une chevauchée fantastique. A la « une » du Monde nassier. Du solide. Même la répu- à peine commencé, Jonah Lomu a l’Angleterre revit. Elle a voilà, ce jour-là, Mike Catt n’est Bien plus encore qu’une preuve RFI tation de Lomu n’inquiétait pas ramassé la balle, et il a démarré. confiance, elle le sait exemplaire. pas devant la grille du palais, mais officielle de la future domination Du lundi au vendredi l’entraîneur anglais, Jack Rowell. Et, là, la chose que les Anglais A 15 heures 3 minutes et 2 se- sur le terrain du Newlands Sta- du rugby de l’hémisphère Sud sur à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) Pourtant, nous, on le trouvait n’avaient même pas imaginée condes, le capitaine de l’Angle- dium, pour une demi-finale de la celui du Nord. Jonah Lomu avait a pas mal ce Lomu, avec son mètre dans leurs pires cauchemars, ce terre et de la moitié du monde, Coupe du monde de rugby. Et Jo- tout simplement fait ce que Webb La « une » du Monde quatre-vingt-dix-huit et ses 115 ki- que Tony Underwood, le bel ailier Will Carling, se jette donc dans les nah Lomu n’est pas là pour le tou- Ellis avait fait un siècle et demi BFM los. Depuis le début de la Coupe pilote de chasse de la Royal Air jambes de Jonah Lomu, fier et dé- risme. Apparemment, il veut mar- auparavant, il avait ramassé la Du lundi au vendredi du monde, il avait quand même Force, redoutait sans y croire, et cidé. A 15 heures, 3 minutes et quer son essai. Et la ligne est à balle avec une main, et inventé le 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 explosé trois Irlandais et envoyé surtout ce que Lulu espérait de- 3 secondes, le capitaine de l’An- quatre mètres. rugby du siècle à venir. Le samedi gleterre se crashe lui aussi au sol Mike Catt, arrière émérite du 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 deux Japonais dans les tribunes puis son enfance, cette chose-là rien qu’avec une épaule. Mais s’est produite. et prend, en prime, la chaussure XV de la Rose de Sa Majesté la Philippe Guillard LeMonde Job: WPA1610--0008-0 WAS SPA1610-8 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 22:33 S.: 111,06-Cmp.:15,09, Base : LMQPAG 01Fap: 100 No: 1248 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999 Côté ouvert : Bernard Lubat, musicien La musique que je préfère : le rugby UGBY jazzy, free taxe taxi l’anglaise à l’aise balèze, la vexa- mots dits, d’après-midi, d’autour conversatoire non conservatoire – R à l’œil ou à l’ouïe même tion passe, l’expression reste. de minuit, de base extrac- l’énergie agit de l’infini du non fini combo même combat, Mettre la pression et laisser swin- tion, crise d’extravertissement. Le et non plus du béni-oui-oui. match de jazz concert de rugby, guer l’abstraction, lyrique ou lu- public jazzy rugby est fabuleux. Il Opéra Ovale en cabale – tonale rien ne se perd tout s’encaisse. dique on s’en fout, mais faut que fabule d’une exemplaire mauvaise atonale détonale – double jeu Transformation du souci en sou- ça groove, que ça moove, que ça foi, il s’entretient, suspendu en un d’équipe épique opaque époque, ci de la transformation meuve ! tiers état cosmique comique. Il rit de rugueurs de rigueurs d’enra- la musique que je préfère : le LES DEUX JEUX SE LÂCHENT il pleure il gronde il exulte, il ex- geurs de gentlemen joués par des rugby. COMME DEUX VANNES EN pulse il insulte il critique il juge il vauriens, barraqués baroques, D’analogie en amas logique, ou VERVE condamne il est sans pitié, il croit, concasseurs de baraques. à la recherche du contre-temps In situ actionnistes d’essence, ils il crie, il pardonne à la première Ne jamais enterrer le bal, laisser perdu désintégrisent les intégrisés d’ai- alerte, il ressuscite au troisième sur pied le grand maul, raffûter les LES DEUX JEUX SE RES- sance. Ils savent tous les terrains, temps de jeu, il chante, il en- raffuts, signer le match de la SEMBLENT COMME DEUX coulisses de l’exploit, vrais chante, il enfante. feuille, taquiner la tactique, scorer FRÈRES ENNEMIS symphonique latonique, sauver De plein gré à leurs insu-por- l’honneur déménageur, démonter tables – c’est celui qui joue qui dit. Passes croisées de Max Roach les clefs de sol. Point de suture : ni Primitifs, savants, excessifs, dis- Dieu, ni dièse ; ni bémol à l’arma- gressifs, discursifs, poussifs, jouis- Charges de Dizzy Gillespie ture que des bécarres en bagarre, CHRISTIAN DUCASSE sifs, ils ont la beauté convulsive, la que des visages en bizarres. Dé- geste leste manifestive. La sagesse Mélimélodies d’Eddy Louiss foncer les dés pipés, cogner le Empilages sans âge de Sun Ra nistes sous-réalistes, insolistes en du phylo-s’autres, ils imposent gnac, doubler le tempo, ruiner le Blues au large d’Archie Shepp l’utopistes Artistes en Art pas l’art à l’essai, défoncent les enfon- Chandelles d’Ornette Coleman tempo, swinguer l’adversité, ne Infiltrations contrapunktiques triste, rien ne vaut le risque – K.O. ceurs, implosent les imposteurs. pas répondre aux provocations, de Charlie Parker in the cabas – un pour tous tous Opéra Ovale en cavale – men- Arrêts de volée de Bud Powell provoquer sans cesse les ques- Jeu d’en premier temps de Ken- capables, tous coupables. tale mandale transcenbancale – un tions, laisser rappliquer les ré- ny Clark Rugby jazzy, ou l’art de l’impro- double jeu qui ne tourne pas rond ponses, repiquer les répliques et Contrepieds controversés de Mi- visation bâtarde pure atypique ni à vide, qui rebondit – bandit – apér’opéras, fosses d’orchestre, LES DEUX JEUX S’IMPRO- rappliquer dare dare chel Portal asymétrique à s’y méprendre. où ça lui chante stades ultimes, centres cuculturels, VISENT VICE DE FORME Crochetages décrochages de Passes croisées de Max Roach Lire dire sentir courir le je, corps jeux de mains, jeux de vilains, théâtres des opérations, tribunes Contestataires contexte à terre Thelonious Monk Groupés pénétrants d’Art Bla- du délit. Délier les corps, déchirer jeux en vain, jeux de demain. des tunes, vestiaires des bestiaires, inidentitaires sursitaires glabres à Décadrages sauvages de Cecil key les clichés. Indépendance des Pour aller de l’avant ça s’outre- buvettes des bavettes, loges terre camarades and colériques, Taylor Enchaînements de Clifford membres, cœur à l’enfance vaut passe à l’arrière, pas de cadeau à la d’éloges, blancs des remplaçants, arbitres sur orbite, impromptus de Raffuts ravages de John Col- Brown mieux qu’enfant de chœur. Gran- coda nostra, ça se plaque à tours flous des gros-plans. société à satiété, insomnies d’in- trane Charges de Dizzy Gillespie dir, ou l’enfance de l’art. de bras, les cadrages débordent, L’affrontement est permanent, soumis. L’énergie de l’insoumis Castagnes de cymbales d’Elvin Mélimélodies d’Eddy Louiss les mêlées fument, les stratégicles, la créatine crétine, la dope salope terrasse le ça-m’suffit du nanti far- Jones Chandelles d’Ornette Coleman Bernard Lubat les blessures durent de sources et Dieu bute, brut, en touche. Tout ci. L’énergie, c’est l’auto-dépense à Les pénétrations sont dans l’axe Arrêts de volée de Bud Powell Uzeste Musical sûres et les chocs frondent front selfs’plique, s’inique, s’initiatique, l’attaque ou en défense – c’est ou pas Nous sommes tous des achar- Le 12 octobre 1999 haut. s’extravertige. Plier les piliers, ou- Rugby jazzy free taxi mal autrui, vrir à en mourir, démêler les mê- grand jeu de peu, chaos dodécaco- lées, rebuter les pénalités, dépéna- phonéthique tapage nocturne en liser les résultats, défiler les défilés, touche, distribution de boîtes de aplatir derrière la ligne, la maligne. jazz à gifles, joute de banqueroute, Opéra Ovale en diagonale compagnons de doute en joue : je ! – morphale, vitale, filousophale – Entraînement, répétition, inter- un double jeu, qui ne tourne pas prétation, tableau noir, improvisa- con, court, lourd, sourd. Jeu tion, sélection, gammes, footing, d’échecs, d’affect, d’impact, d’in- coaching, troisième mi-temps, tox, d’impec intact, inexact. bœuf en aube, on connaît la chan- Jeu de preux sans preuves et son, mais le rythme ? le swing ? d’anciens pauvres (pendant que tu l’articulation ? la circulation ? la combats, tu ne tombes pas... tu te pass’action à l’acte à l’autre ? relèves ! comme disait mon grand- LES DEUX JEUX S’AS- père). Pendant que les trois-quarts SEMBLENT COMME DEUX chantent, les flankers flanquent, le GOUTTES D’OC demi mousse, l’ouvreur trinque. pas d’ac plein pack patac attac, LES DEUX JEUX SE RA- grand gnac d’art maniaque. MASSENT À LA VIE COMME À Rien ne sait s’écrire à l’avance ni LA SCÈNE même après, rien ne sait s’en – piétinés essorés adulés as- plaindre, s’en prendre, s’en souffrir phyxiés carbonisés idolâtrés re- si ce n’est, quelque part, un je ne merciés retraités – sais où, autrement, dans la Fauteurs de frappe, facteurs de viande... la chair... la suite... donc ! risques, farceurs de fait. Après les Archaïques, artistiques, futu- vieux pardessus des dessous, c’est risques, avant-gardistes, popu- la cravate qui traîne la patte, lais- laires capillaires, élitaires subsi- sons crever les cravates, laissons diaires ou sauvagement tendres, ils pousser les oreilles : découvrir le errent sur terre oral des pâque- plaisir de se découvrir. Attaquer au rettes, ras jazz des gazons, rien ne raz de marée de la mêlée, déséqui- les enterre. librer les équations croupions, Opéra Ovale en bacchanale créer à l’ombre le surnombre, – triviale, tribale, tripaille – un foutre en branle l’allegria – nous double jeu qui ne tourne pas con ni sommes tous des grouillots grillés. avide, mais vrai frais au plus près ; Le sens du jeu, c’est le je-nous-qui jeu de pied, de contre-pied, de le fagote, le non sens, c’est le libé- contre-temps, d’espace d’espèce ; ral chantre qui le fayote. Rugby jeu de mèche, de méchant, de sa- jazzy, c’est libérant, sinon c’est chant et de séché. Tout s’enchaîne couillonnant – point à la ligne. Ne en scène, tous en scène sans pas confondre castrant et encas- chaîne, engagement de langage trant. – engagé en gage : pas de cage ! Opéra Ovale en fractale risquer l’art de se gagner à perdre – quantique cantique gothique haleine crocheter les micro-es- flambé. Un double jeu qui ne paces, planter des essais, au fond tourne pas clair, hard, cher, horde, là qu’est-ce ? Filer french flair à jeu des magies, des magots, des

STRATÉGIES Le budget de la Coupe du monde dépasse le milliard de francs RENDEZ-VOUS sportif, la férentes équipes ou l’équipement Coupe du monde de rugby 1999 est des tribunes de presse. aussi un événement économique b Les droits de télévision de- qui brasse des sommes considé- viennent une part non négligeable rables. des recettes. Ils atteindront b Le budget prévu pour l’événe- 400 millions de francs (61 millions ment dépasse le milliard de francs d’euros). Concédés à TF 1 et Eu- (plus de 150 millions d’euros). En rosport, ils ont été rétrocédés en comparaison, le dernier Mondial partie à Canal+ en France et ITV de football, en France, s’appuyait en Grande-Bretagne. Trois à sur un budget de 2,4 milliards de quatre milliards de téléspectateurs francs (370 millions d’euros). (en audience cumulée) devraient b L’organisateur, Rugby World regarder au moins une fois la Cup, émanation de l’International Coupe du monde. Une paille au Board, pourra compter sur les re- regard des 37 milliards de télé- cettes commerciales et les entrées spectateurs qui ont suivi un match au guichet pour équilibrer ses du Mondial 98 de football. comptes. La partie commerciale b Les huit sponsors – Guin- rapportera 600 millions à 700 mil- ness, Visa, Xerox, Lloyds et TSB, lions de francs (entre 91,5 millions Coca-Cola, South African Air- et 106,7 millions d’euros). Les ways, la Société générale, Out- sommes issues de la billeterie, de span – verseront 200 millions de l’ordre de 400 millions à 500 mil- francs (30,5 millions d’euros) alors lions de francs (de 61 millions à que les opérations ponctuelles au- 76 millions d’euros), serviront à tour des matches rapporteront payer les frais d’organisation, par 100 millions de francs (15,2 mil- exemple les frais de séjour des dif- lions d’euros).