AOÛT-SEPTEMBRE 2008 VOLUME 5 NUMÉRO 3

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Nutakuan en a mis plein la vue lors du rassemblement des aînés qui s’est déroulé, cette année, du 21 au 27 août. Revivez avec nous certains épisodes de cet événement exceptionnel auquel assistaient nos représentantes d’ dont la présence a été remarquée et fort appréciée.

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C’est nul autre que le chanteur Claude Mckenzie qui a fait danser les participants à la Journée nationale des Autochtones d’Essipit qui s’est déroulée sur le site traditionnel Manakashun.

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Ce numéro de Tipatshimun s’adresse plus particulièrement aux jeunes. Nous invitons cependant les parents à en parcourir les articles en compagnie de leurs enfants, afin de répondre à leurs Une histoire de « petite magie quotidienne » questions et de plonger avec eux dans une culture qui leur appartient. racontée par Maya Cousineau-Mollen qui inaugure dans ce numéro la première des Chroniques de Frimousse. Tipatshimun

Qui sommes

Qu’avons-nous en commun avec les autres Indiens d’Amérique?

SUZIE GAGNON : Comme en traditionnellement favorisé la arrivants européens leurs Europe, en Asie, en Afrique ou en transmission du savoir entre connaissances du territoire et Océanie, il y a parmi les Indiens membres d’une même nation, ont cherché à partager avec d’Amérique une grande richesse ou entre les peuples eux-mêmes. eux le concept de « gardiens de cultures et de nations. Il y a Saviez-vous que les langues de de la terre ». Mais cette vo- Pourquoi dit-on que les toujours eu parmi ces racine algonquienne auxquelles lonté s’est heurtée au concept « Premières Nations », beaucoup appartient l’, se parlent de « possession » du territoire, Essipiunnuat ne sont aux d’échanges, tant sur le plan du jusque dans l’Ouest américain, à mot qui n’existait même commerce que sur celui des la frontière du Mexique? pas en innu aimun ainsi que Escoumins que depuis 1892? individus ou même des famillesfamilles.. dansda les autres langues amé- Les AmérindiensAmérindiens PIERRPIERROTOT RROSS-TREM-OSS-TREM- rindiennes.rin Cette réalité, nous PIERROT ROSS-TREMBLAY : d’Acadie que par les Malécites ontont BLAY : C’est dans un tel esprit la partageons avec toutes Affi rmer une chose pareille, de la rive-sud et les Algonquins d’échand’échangege et d’ouverture que lesles Premières Nations d’Amé- c’est comme prétendre que les de l’Outaouais, Anadabijou est lleses Indiens ont transmis aux rique.riq Québécois ne sont en Amérique « chez lui » à . C’est que depuis 1867, puisque c’est là qu’il convie Gravé du Pont alors que fut fondée la province et Champlain à venir festoyer Qu’est ce qui faitfa de nous de Québec. Il y a des en en compagnie de ses alliés des Haute-Côte-Nord depuis plus de autres nations autochtones, et des Innus? 7000 ans et très tôt, ils se sont de ses quelques 1 000 guer- établis sur le site de la rivière aux riers qui vont prendre part aux nationna sur terre, il nous appartient coquillages ou Esh Shipi, attirés cérémonies. Celui que Champlain dede défi nir qui nous sommes : ce par le saumon et le loup-marin. appelle « le grand Sagamo » quequ nous savons de nous-mêmes Ils n’ont pas toujours porté le était le maître incontesté de ce vava déterminer qui nous voulons nom d’Essipiunnuat, mais certains territoire de la Haute-Côte-Nord être!êtr Il faut également tenir de leurs descendants sont où les Français demandent la comptecom de l’appartenance et de ceux qui occupent aujourd’hui permission de s’installer. la cculture : la langue entre en jeu notre réserve. Le 27 mai 2003, bienbie sûr, mais aussi la façon de les Québécois ont célébré le 400e SYLVAIN ROSS : Ce n’est vivreviv sur le plan communautaire, anniversaire du débarquement qu’en 1892 que le gouverne- économiqueéco et social, les relations de Champlain à la pointe Saint- ment du créait la réserve qu’onqu entretient avec le territoire, Mathieu (aujourd’hui Baie-Sain- d’Essipit où on décidait de l’aspectl’as spirituel, la tradition, te-Catherine), événement qui « parquer » les Innus de la l’histoire,l’h etc. correspond à la première alliance région après les avoir déplacés PPIERROTIERROT RROSS-OSS- franco-amérindienne documentée, du secteur Pointe-à-la-Croix où TREMBLAYY : SYLVAINS ROSS : Être Innu, c’est conclue entre François Gravé du ils demeuraient. Prétendre qu’ils CoCommemme dadansns aussiau participer à la marche d’un Pont au nom du roi de France, et n’étaient pas là avant la création llee cas de toutes peuplepe vers son autonomie et la le grand chef innu, Anadabijou. de la réserve, c’est comme lleses autres nations rereconnaissancec de ses valeurs. affi rmer qu’une pièce est vide amamérindiennesérindiennes au CCa-a- C’estC’e travailler à l’épanouisse- Personnage très important, re- parce que la lumière est éteinte nada, et selon les règles ment,me au Québec et au Labrador, connu comme étant un grand chef et qu’on ne voit pas ce qu’il y a édédictéesictées par llaa Loi sur les d’uned’u nation à part entière qui, de guerre, tant par les Micmacs dedans. Indienss, l’l’appartenanceappartenance sanssan enlever quoique ce soit à ses à llaa nnationation inninnueue est uunene voisins,vo revendique le droit d’exis- questionquestion ddee ddescendance:escendance: ter,ter, de prospérer et de se dévelop- est InnInnuu ceceluilui ou cecellelle perpe sur le territoire de ses ancêtres. quiqui a les pparentsarents ppourour le ÊtreÊtr Innu, c’est maintenir en soi prouverprouver et qquiui correscorrespondpond un lien avec son nitassinan, cet auxaux normes établies par les espaceesp dont nous ne réclamons représentantsreprésentants d’une sociétsociétéé paspa la « possession », mais auquel qui n’estn’est pas llaa sienne. Mais nousno appartenons; cet espace qui au-delàdlàdtll de telles considérations, idéti porte l’empreinte des générations et comme dans le cas de toute autre qui nous ont précédés. ous? ENSEMBLE vers un traité N 2 Tipatshimun

UN CONTE INNU Atiku Le maître des animaux

ien que la vie des mem- d’une époque où la relation L’animal qui est donné par Bbres de la Première entre Atiku (caribou) et Innu le maître sera comme para- Les pets du géant Mistapéo Nation des Innus Essipit, (être humain) était si proche, lysé sur place et s’offrira au les Essipiunnuat soit inti- que les deux se confondaient chasseur respectueux ». mement liée à la présence parfois dans un monde pa- n jour qu’il se Le caribou s’approcha. Nos ancêtres avaient de l’orignal sur leur nitas- rallèle. À preuve, ce texte tiré promenait à la Il était maintenant juste raison : il faut respecter le U sinan, il n’en a pas toujours du livre Aitnanu, d’Hélène et recherche de gibier, à la bonne distance pour caribou et lui redonner sa été ainsi. Le caribou fores- William-Mathieu Mark. Mistapéo, le géant, place sur notre nitassinan. que Mistapéo puisse tier a longtemps occupé sentit la faim l’envahir. « Tous les animaux ont un Comme dans le cas des Essi- l’atteindre avec sa flèche. en maître le territoire du Mais le gibier était maître. Et le maître du caribou piunnuat, son existence est Mais au même moment, Saguenay ainsi que celui de très rare. Il marchait, s’appelle Papakashtshishku. menacée et sa survie dans le géant, ne pouvant la Haute et Moyenne Côte- marchait et sa faim La vie de l’Innu était gouver- nos régions dépend de notre plus se contrôler, lâcha Nord; sa présence dans nos augmentait à chaque née par le maître du caribou. succès dans la préservation un énorme pet. Et un pet bois persiste encore dans pas. Il avait beau scru- la mémoire collective des Jadis, nous exprimions nos de l’espace dont il a besoin de géant, c’est encore besoins aux maîtres des aniani- pour vivrevivre.. ter les collines et les Innus qui vivent toujours plus bruyant qu’un pet mauxmaux,, à l’intérieurl’intérieur ddee arbustes, pas une bête dans ces régions.régions. d’homme ordinaire! Cela la tetentente ttremblante.remblante. – CC’est’est llàà ne se montrait. C’est par respect pour cet que vous me ttrouverezrouverez –, fit bondir le caribou animalanimal qui occupe une pplacelace coconfiait-ilnfiait-il au cchasseur.hasseur. CCom-om- Tout à coup, il vit sur qui s’enfuit en sautant prépondéranteprépondérante dans la tradi- me PaPapakashtshishkupakashtshishku l’avait les pierres un lichen par-dessus les rochers. tion innue, qu’Essipit travaille prédit, c’est là que la chasse qu’on appelle de la Mistapéo lança sa flèche, présentement à llaa création ffutut bonne. « mousse à caribou », car mais il était trop tard. d’uned’une réréserveserve de bbiodiversitéiodiversité les caribous en raffolent. Mistapéo était furieux. Il QuQuee l’on réussisse à abaabat-t- appeléeappelée Akumunan, où sont – Je vais en manger, dit- ne cessait de répéter : réfugiés les derniers cari-cari- ttrere ou que l’on revienne il, car je n’ai rien d’autre « Tu apprendras, tu ap- bous fforestiersorestiers de la rérégion.gion. bbredouille,redouille, tout ddépendépend dduu – Mais Mistapéo savait resrespectpect qqueue le chasseur pporteorte prendras. » Ce troupeau d’à peine une bien que la mousse à auauxx maîtresmaîtres des aanimaux.nimaux. cinquantainecinquantaine caribou fait péter. Malgré CeCeluilui qquiui accoraccordede un resrespectpect Alors Mistapéo fit du de bêtes, cela il en mangea et se totatotall auauxx mmaîtresaîtres seserara aaiméimé feu dans lequel il mit une témoi-témoi- remit en route vers un dd’eux.’eux. gne lac. En marchant, Mista- pierre à chauffer. Puis, il péo ne cessait de péter. prit la pierre chauffée et se frotta le ventre tant Soudain, il aperçut un et si bien que l’effet de caribou qui s’approchait la mousse à caribou dis- du bord de l’eau. parut. Mistapéo n’oublia « Enfin, de quoi soulager jamais cette leçon et il la ma faim! » se dit-il. Et transmit à tous ceux de il s’arrêta pour attendre sa nation. Et depuis ce que l’animal vint plus jour, chez les Innus, on près de lui. Mistapéo sait qu’il faut se méfier savait rester immobile et de la cladonia ou muet pour attendre le gi- « mousse à caribou », bier et c’est ce qu’il fît. Il car qui en mange se met serra les fesses de toutes ses forces pour ne pas à péter. péter ce qui, à coup sûr, eut fait fuir le caribou. Qu’on s’en souvienne!

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Récit d’un père à son fils* Comment Tshakapesh se transforma en soleil Par : Pierrot Ross-Tremblay

adis vivait un homme qui circuler dans l’obscurité. Où Tshakapesh. À sa naissance, Javait une épouse et un fi ls qu’il aille, il ne s’égarait jamais. il avait deux yeux ronds de qui s’appelait Tshakapesh. (…) Il avait deux gros yeux ronds hibou, comme ceux de ses Ce vieil homme était le maître comme ceux du hibou. parents. Quand il eut grandi un de tous les oiseaux, ainsi que peu, il dit un jour à son père : des petits mammifères terres- Tshakapesh grandit. Un jour, il « Toi, tu as pris le soleil au col- tres. Ces bêtes vivaient dans la désira se marier. Parti en quête let. C’est pourquoi il fait si noir forêt, tout autour de lui. Il lui d’une épouse, il ne mit pas de et nos yeux sont si grands. » suffi sait de les appeler quand temps à en trouver une. Au « Oui, répondit Tshakapesh ». il le désirait. Le soleil était si cours de leur première nuit, au « Alors je vais attraper la lune chaud à cette époque que ni les lieu de coucher avec elle, il lui au collet », déclara le petit. Il oiseaux ni les petits mammifè- dit : « Suis-moi! » Toute la nuit fabriqua un collet et le tendit res ne pouvaient survivre. C’est durant, dans la forêt, il la traîna là où la lune se lève, endroit pour mettre fi n aux malheurs ici et là à la chasse. Mais comme qui se trouvait aussi dans le de ses bêtes que le vieil homme sa vue était moins bonne que sentier qu’empruntait son père conçût le projet de capturer le la sienne, elle arrivait diffi cile- pour aller tendre ses pièges. soleil. ment à le suivre. Elle se heurtait C’est ainsi que Tshakapesh se constamment aux arbres, et prit le pied dans le collet et se Pour ce faire, il érigea à l’ho- fi nissait par se retrouver à terre. retrouva suspendu la tête en rizon, là où le soleil apparaît, Tshakapesh se dit alors qu’il bas. C’est ainsi qu’il demeurera un piège à bascule en rondins ferait mieux de faire changer les et devint lui-même le soleil. de bois. Voyant son père agir yeux de son épouse contre une ainsi, le jeune Tshakapesh lui paire semblable à la sienne. Il * Entre 1915 et 1921, le célèbre dit : « Ça ne fonctionnera pas. l’amena donc chez son père à anthropologue Frank Speck vint Si tu dois attraper le soleil, il te qui il dit : « Procure-toi donc un rencontrer les Essipiunnuat. Au faudra autre chose qu’un piège œil de hibou comme le mien. » cours de ses voyages, il inter- en bois. Je vais fabriquer un PPierrotierrot etet sonson fi lsls ShamsShams (Pishou).(Pishou). Le vieil homme fi t venir ses viewa plusieurs de nos membres collet avec lequel tu réussiras. » oiseaux, prit l’œil d’un hibou et de l’époque. Mesdames Joseph le substitua à un des yeux de Denis et Marie Denis, aidées de Durant la nuit, il fi t un collet en C’est Tshakapesh qui, pour mon bien que l’hameçon fi nit par Aleck Denis lui comptèrent notre sa bru. babiche, et le tendit là où le so- compte, y est parvenu. Le soleil lui arracher un œil. Il n’avait version du récit légendaire de leil se lève. Le lendemain, juste brûlait tout ce qu’il y a dans maintenant qu’un seul œil. « Te Par la suite, alors qu’ils voya- Tshakapesh. Ce type de récit se au moment où il se levait, le l’univers. » « Bon, dit la vieille, voilà bien puni, lui dit sa mère, nomme atanukan. Presque un geaient la nuit, elle pouvait très soleil s’y prit. L’univers demeura tu as fait là un bien mauvais pour avoir pris le soleil au siècle plus tard, le savant Rémi bien voir où elle allait. Cette alors dans l’obscurité. coup. Maintenant, nous sommes collet. » Il revint chez lui et dit Savard devait traduire en fran- femme devint enceinte, et eut dans l’obscurité. Il nous est à son père : « Je me suis fait çais, dans son livre La voix des un garçon. Il fut nommé d’après Quand les animaux s’éveillè- impossible de voir assez pour arracher un œil. Maintenant, Autres, notre version du fameux son père : Tshakapeshish, petit rent ce matin là, ils crurent que assurer notre subsistance. Ce je ne vois plus. Fais venir tes récit millénaire. la fi n du monde était arrivée, que tu viens de faire là n’est pas oiseaux. Prends un des yeux du qu’ils allaient tous périr. Cer- bon. » hibou et place-le dans l’orbite tains d’entre eux tentèrent bien de celui que j’ai perdu. L’œil de s’approcher du soleil pour Même Tshakapesh voulut du hibou est gros et fort. C’est couper le collet, mais aucun n’y bien s’approcher du soleil pour ce qui lui permet de voir dans parvint. Le lièvre essaya; c’était couper le collet. Il eut beau se l’obscurité. Prends-lui en un trop chaud pour lui. Quand aux protéger le visage au moyen que tu m’installeras. » AOÛT-SEPTEMBRE 2008, volume 5, numéro 3 oiseaux, ils ne purent même d’une pièce de cuir, il lui fut pas s’approcher de l’endroit; la impossible d’atteindre le collet Le vieil homme fît venir Une publication du Conseil de la Première Nation des Innus noirceur les empêchait d’y voir. et de le couper. Durant ce temps, son hibou, lui enleva un œil Essipit s'adressant à tous les membres de la commnunauté. La souris des bois fi t également tout restait calme. Le soleil ne et le mit à la place de celui une tentative, elle qui peut criait pas. Il ne restait que la que Tshakapesh avait perdu. 418 233-2509 courir si près du sol. Puis vint la lune pour éclairer le monde. Les L’enfant constata aussitôt que [email protected] musaraigne qui arrive pourtant vieux avaient beaucoup de diffi - ce nouvel œil était supérieur à se déplacer sous la surface du culté à trouver leur subsistance. à celui qui lui restait. Il lui Éditeur Contrôle de la qualité sol. Mais aucun ne put avancer Seul le hibou, ainsi que quelques permettait de voir beaucoup Marc Chaloult Manon Gagnon assez près pour couper le collet. autres animaux, avaient les yeux mieux. Aussi revint-il vers Johanne Bouchard Production et assez grands pour retrouver leur son père et lui demanda de Pascale Chamberland Quand l’épouse du vieil design graphique chemin dans la forêt. remplacer aussi son œil intact. Mélissa Ross homme se leva, elle nota qu’il Le vieux fi t à nouveau venir le Pascale Chamberland faisait toujours noir malgré Au bout de quelques temps, hibou, lui enleva l’autre œil, Sarah Chaloult l’heure avancée. « Qu’as-tu la vieille se rendit au lac pour et ce, de la même façon que la donc fait? Aurais-tu capturé le y pêcher à la ligne. Tshaka- fois précédente, il le fi xa à la Remerciements soleil?, demanda-t-elle à son pesh l’accompagna. Quand tête de Tshakapesh. Ce dernier À toute l'équipe du mari. « Oui, répondit le vieux. elle lançait son hameçon, il se se trouvait alors pourvu d’une Conseil de la Première Nation des Innus Essipit Moi, je n’ai fait qu’essayer. tenait tout près derrière elle. Si excellente paire d’yeux pour

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Comment vivions-nous avant l’arrivée des Européens?

SUZIE GAGNON : Les Innus de la d’échanges sociaux et de troc, de Haute-Côte-Nord profi taient d’une in- mariages ou de relations politiques. où venons dépendance économique complète. Ils D’ vivaient essentiellement des produits PIERROT ROSS-TREMBLAY : S’il de la chasse et de la cueillette pour se n’y avait à ces époques reculées ni C’est quoi la nourrir, se vêtir, s’abriter, se soigner, recensement, ni document offi ciel fabriquer des outils et troquer. Comme pour indiquer combien d’individus Grande Recherche? la plupart des autres membres de leur composaient la nation innue sur la nation, nos aïeux quittaient le littoral Haute-Côte-Nord, plusieurs écrits SYLVAIN ROSS : Les peuples amé- scientifi ques approfondies, que s’ap- à l’automne, par groupes familiaux. Au tracent cependant le portrait d’une rindiens ont dû livrer bataille afi n de puient aujourd’hui les négociations cours de la période hivernale, certains société bien structurée, orientée remédier à nombre d’injustices allant territoriales. revenaient toutefois sur la côte pour y vers l’échange et le commerce. Nos de la perte de leurs territoires à la res- triction des activités traditionnelles, en SUZIE GAGNON : Il plane encore chasser le loup-marin. Au printemps, ancêtres étaient à ce point ouverts passant par la suppression des libertés beaucoup de mystère sur l’histoire de les familles se déplaçaient à nouveau sur l’extérieur, que leurs communau- normalement associées à la société notre Première Nation particulière- en canot sur de grandes distances. tés exerçaient une force d’attraction civile tel l’accès à la propriété, la libre ment en ce qui a trait à la disparition Elles se retrouvaient en divers lieux sur les membres d’autres peuples circulation et le droit de vote. C’est dans des Innus de la Pointe-Sauvage et de rassemblement et fréquentaient amérindiens tels les Abénakis, les un tel contexte de revendication que au repli vers des Indiens d’autres groupes innus à des fi ns Malécites, les Micmacs, etc. fut amorcée la Grande Recherche dont regroupés autour du père Laure, dont l’objectif était de faire la preuve que la chapelle du Bon-Désir aurait brulée les Innus occupaient et utilisaient bel dans des circonstances inconnues. Quelle a été notre vie après la venue et bien le territoire avant les nouveaux C’est pour apporter des éclaircisse- arrivants. Elle consistait à recueillir ments à certaines questions relatives des nouveaux arrivants? auprès d’aînés pratiquant des activités à notre histoire que le Conseil traditionnelles, des récits de chasse, de a demandé à l’historien Pierre pêche et de voyage les concernant eux- Frenette d’écrire l’histoire d’Essipit, et mêmes ou qui leur avaient été transmis à l’ethnologue, Florence Parcoret, de par leurs parents. C’est en partie sur revisiter les enregistrements et textes cette base ainsi que sur des recherches de la Grande Recherche. Nous? Comment sommes-nous passés de la revendication à la négociation?

SYLVAIN ROSS : Au Québec, au commune fut initiée en juillet 2000. cours des années 60 et 70, c’est la Elle regroupait les communautés révolution tranquille. Parallèlement, de , Essipit, Pessamit chez les peuples autochtones, prend et Nutakuan. L’Approche commune PIERROT ROSS-TREMBLAY : Les SUZIE GAGNON : Les aînés inter- naissance un mouvement d’activisme portait sur les sujets suivants : titre recherches effectuées au 19e siècle viewés dans le cadre de la Grande politique et juridique. Avant 1978, aborigène et droits ancestraux des par l’anthropologue américain Frank Recherche nous apprennent que le Essipit cheminait sur la voie de la Innus sur nitassinan, autonomie reconnaissance de ses droits avec G. Speck, et les entrevues réalisées au Lac Gorgotton constituait un impor- gouvernementale, arrangements l’Association des Indiens du Québec. fi nanciers, développement so- cours des années 1980 dans le cadre tant point de ralliement pour les gens Elle s’est ensuite jointe au Conseil cioéconomique. Tel que prévu en de la Grande Recherche (réalisée pour d’Essipit, tant à l’aller qu’au retour des Attikamek-Montagnais (CAM), un juillet 2000, l’Approche commune le Conseil Attikamek-Montagnais), expéditions hivernales. Si on y effec- autre regroupement permanent de devait aboutir, en mars 2004, à la trace des Essipiunnuat de l’ère mo- tuait des fouilles archéologiques, on y bandes amérindiennes du Québec. Le ratifi cation par toutes les parties derne, un portrait qui ressemble à celui découvrirait des objets d’époques variés, CAM était porte-parole de 11 bandes impliquées de l’Entente de principe de leurs ancêtres décrit au paragraphe remontant sans doute jusqu’au début de la Côte-Nord, du Saguenay et du d’ordre général. Celle-ci comporte, précédent. Il n’y a aucun doute que du millénaire dernier. Avec l’exploitation Saint-Maurice. Le Conseil Attikamek- notamment, des éléments qui sont les Moreau, les Ross, les Dominique, forestière à grande échelle, les Innus Montagnais a représenté Essipit présentement en cours de négocia- les Denis, les Nicolas, etc. utilisaient furent repoussés hors de leurs territoi- pendant près de 20 ans d'interventions tion et qui constituent ce qu’il est les voies navigables pour rejoindre les res, que ce soit pour la construction de et de négociations pour faire avancer convenu d’appeler LE CŒUR DU territoires occupés depuis la nuit des routes, le contrôle de niveaux d’eau ou la cause des Autochtones. Il fut dissous TRAITÉ, soit le régime territorial, Innu temps par leurs ancêtres. Les secteurs l’exploitation des ressources forestières, en 1994 et remplacé par le Conseil na- Aitun, la participation réelle et le du Lac Bernier, du Lac Gorgotton, du minières, hydroélectriques et fauniques. tional Attikamek d’une part et, d’autre développement économique. Lac des Cœurs, du Lac Quarante-cinq La pratique d’Innu Aitun étant de plus part, par le Conseil tribal Mamuitun et Mamit Inuat. Depuis cette époque, milles, du Lac Emmuraillé et combien en plus restreintes et leur lieu de rési- Il est important de retenir qu’une c’est le Conseil tribal Mamuitun mak démarche aussi longue et aussi d’autres, sont marqués de l’empreinte dence confi né à une minuscule réserve, Nutakuan (CTMN) qui représente les parsemée d’embûches ne s’est pas des Essipiunnuat : si les noms d’empla- nos grands-parents et parents doivent, intérêts d’Essipit à la table centrale. déroulée sans entraîner l’accumu- cements se prononcent désormais en pour subsister, concilier leurs activités de lation d’une dette importante : c’est français, ils ont tous eu une appella- piégeage, de chasse et de pêche, à celles Suite au dépôt d’un projet d’entente pourquoi nous avons une OBLIGA- tion innue. de bûcheron. de principe en février 1997, l’Approche TION DE RÉSULTAT.

ENSEMBLE vers un traité 5 Tipatshimun

Que dit la tradition?

RONALD BACON : Mon chasseurs parlaient aux grand-père m’a souvent esprits par l’intermédiaire du demandé pourquoi les enfants tambour, le teueikan, et leur allaient aussi longtemps à demandaient où se trouvait ue respectons l’école s’ils n’y apprenaient pas l’orignal, où était l’ours, dans Q à s’organiser sur le nitassinan quel lac pêcher. S’ils avaient sans dépendre des autres. mal, ou s’ils étaient malades, Selon lui, lorsqu’on est dans ils construisaient une tente à Que cherchons-nous dans nos racines? le bois, tous les outils dont on sueur et s’y installaient afi n a besoin sont à portée de la d’obtenir la guérison. De nos RONALD BACON : Tout au dans toutes les cultures, pas puissance des quatre éléments, main : inutile d’apporter toute jours, me dit-il, les gens ne cours de l’été, des visiteurs sont seulement la nôtre. l’eau, la terre, l’air et le feu, et sorte d’équipements, il y a parlent plus aux esprits et cela venus me rencontrer sur le site c’est par elle que s’expriment les tout ce qu’il faut si l’on sait où est vrai tant pour les Innus Manakashun, et presque tous Ce que nous recherchons dans quatre voies qui sont celles du nos racines, d’autres le cherchent regarder. Pour lui, le Créateur que pour les autres peuples. voulaient entendre parler de peuple innu : le respect, l’honnê- aussi dans les leurs. Je leur ai dit n’abandonne jamais celui qui Lorsqu’on cesse de parler aux culture traditionnelle innue. J’en teté, l’humilité et la spiritualité. ai beaucoup discuté avec eux que dans l’univers innu, tout est Qui que nous soyons et où que parcourt le territoire : c’est par esprits, on perd un morceau et, comme l'indique le livre des rond, tout est circulaire : la nature nous allions, cette vision du l’intermédiaire des esprits qu’il de sa propre personne puisque commentaires que je leur deman- ne comporte pas d’angles droits, monde est celle avec laquelle lui parle et qu’il le guide. chaque être humain est atta- dais de signer, plusieurs ont été ni de carrés, ni de lignes droites, nous sommes le plus conforta- ché à des esprits qui l’accom- marqué par notre conversation. et c’est pourquoi le principe de la ble puisque c’est celle que nous Mon grand-père dit encore pagnent toute sa vie. C’est ce Ce qui ressort principalement de roue de médecine est commun ont transmis nos ancêtres. C’est que lorsqu’il était jeune, les que dit mon grand-père. ces échanges, c’est que l’approche à toutes les nations amérindien- ainsi que je perçois le rôle du traditionnelle a un rôle à jouer nes. C’est en elle que s’exerce la traditionnel dans nos vies. La tradition est-elle encore utile dans nos vies?

RONALD BACON : La connais- s’agir de drogue ou d’alcool, mais apprennent le travail du cœur par sance traditionnelle rend les gens aussi d’accoutumance à un mode de lequel se tissent les liens entre eux plus autonomes, et être autonome, vie facile et paresseux qui n’apporte et leurs parents, entre eux et leur c’est être libre! Il y a l’autonomie pas grand chose : l’usage abusif communauté. L’apprentissage de politique qui se discute actuelle- de TV, d’Internet ou de jeux vidéo; l’histoire et de la culture favorisent ment à la table des négociations, l’absence d’effort, l’indifférence également la liberté en établissant mais celle dont je parle ici est une envers les autres, le rejet des respon- un lien entre les générations passées autonomie personnelle, plus proche sabilités, sont toutes des formes de et futures. La connaissance tradition- de la vie de tous les jours. Selon moi, dépendance. nelle peut être utile et dynamique si la vraie liberté consiste à faire des on l’l’utiliseutilise ddansans une quête d’d’auto-auto- choix qui excluent la dépendance, Les voies de l’autonomie sont, nomie : autrement, elle pprendrarendra une quant à elles, plus difficiles, mais bien ous? nous permettant ainsi de reconnaître formeforme désuète et folklorique qui ne nos véritables valeurs. Les voies de la plus constructives : elles passent ferafera plus vibrer personne, sauf les N dépendance sont multiples : il peut d’abord par la famille où les enfants touristes.touristes.

Pourquoi faut-il « connecter » avec notre histoire?

RONALD BACON : Pour que pourrons continuer d’exister. ddee cette question ddee l’l’appren-appren-- les parents puissent apprendre C’est en réalisant que notre his- tissage ddee l’hl’histoireistoire et l’histoire d’Essipit à leurs enfants, toire à nous est au moins aussi de llaa ttransmissionransmissionn encore faut-il qu’ils la connais- riche que celle de la société qui a dedess vavaleursleurs sent. Ce problème de tenté de la faire disparaître dans d’d’Essipit,Essipit, ddee « déconnexion » avec l’histoire les pensionnats. gégénéra-néra- n’est pas particulier aux Innus : ttionion eenn toutes les sociétés l’éprouvent SUZIE GAGNON : Ce travail ggénéra-énéra- avec des résultats plus ou moins de recherche et de sensibili- tiotion.n. dramatiques. Dans le cas d’Es- sation, je l’ai confi é à Ronald sipit, la cassure est plus grave Bacon qui va s’en acquitter en puisque notre existence en tant mettant à la disposition des qu’Innus, est continuellement membres de notre communauté, remise en question par des gens tous les documents disponi- qui refusent de reconnaître notre bles, retraçant leur histoire et Première Nation. C’est pourquoi, leur occupation du territoire. je prétends que c’est en appre- De plus, Ronald participera nant notre propre histoire que bientôt, en compagnie de sa nous allons progresser vers notre collègue Danielle Hervieux, à la autonomie. C’est en prenant réalisation d’un sondage auprès conscience de qui nous sommes, de la population, afi n de bien en redécouvrant les faits et ges- identifi er ses besoins et ses attentes en matière de culture tes de nos pères et de nos mères, Leelou et son père, l’animateur culturel Ronald Bacon : « le site Manakashun a d’abord été conçu et amé- de nos grands-parents et de nos et d’éducation. Ils auront alors nagé pour la population d’Essipit; à nous d’en faire bon usage et de l’utiliser pleinement! » arrière-grands-parents, que nous l’occasion de discuter avec vous

ENSEMBLE vers un traité 6 Tipatshimun

Qu’allons-nous apprendre cette année?

DANIELLE HERVIEUX : La l’occasion d’exercer des acti- langue innue étant tellement vités traditionnelles telles la riche et, puisqu’il s’agit en- pêche, la chasse, le piégeage, u’ apprenons core de notre langue seconde, le tannage des peaux ainsi Q nous allons en explorer les que la cueillette de plantes bases. Ensemble, nous aurons et herbages utilisés dans la l’occasion de réaliser une fou- préparation de nourriture et Pourquoi suivons-nous des cours le d’expériences divertissan- de médicaments. tes et éducatives, soit l’étude de culture innue? de l’alphabet, des nombres, SUZIE GAGNON : Suite aux des couleurs et des mots de succès remportés au cours DANIELLE HERVIEUX : La orale, le système d’écriture ne phie. S’il ne s’agit pas du seul vocabulaire, pour ne nommer des deux dernières années, langue innue (innu aimun) correspond pas toujours à la pro- mode d’expression dont dispose que celles-là. Nous pourrons nous allons à nouveau parti- fait partie intégrante de notre nonciation. Il faut donc se « faire notre nation, elle est importante ainsi apprendre toutes sortes ciper à la Dictée 2009 innu/ culture : les cours auxquels sont l’oreille » et développer certains au point qu’il faille la défendre de choses en nous amusant Pakunu e mashinaitshenanut inscrits les enfants du primaire automatismes permettant de là où elle est menacée, et la et en demeurant motivés. dans la catégorie innu langue passer de la parole à l’écriture permettent d’acquérir des habi- réintroduire là où elle disparaît. Nous aurons également seconde, où nos jeunes ont ainsi que l’inverse. letés par l’écoute, la lecture et Il existe au Canada et même l’occasion de visiter différen- décroché des premières et l’écriture. L’épanouissement de la aux États-Unis, de nombreux SUZIE GAGNON : Les cours tes nations et communautés deuxièmes places. Nous exemples de préservation ou de langue dans la communauté est nous permettent de familiariser autochtones par l’image, la avons à l’heure actuelle particulièrement important pour revitalisation de la langue parmi les élèves avec l’orthographe, musique, les contes et l’his- des élèves de cinquième et les jeunes qui en font l’apprentis- des communautés autochtones avec les règles de grammaire, la toire, et de plonger dans leurs sixième année qui seront sage, car celle-ci génère une fi erté ou francophones. Dans la plu- syntaxe, la prononciation et bien légendes afi n d’en découvrir tout-à-fait en mesure de rele- personnelle ainsi qu’un fort sen- d’autres choses encore. La langue part des cas, celle-ci est revenue, timent d’appartenance. L’objectif animée d’une nouvelle énergie la spiritualité. Nos sorties ver un tel défi . S’ils travaillent est un important véhicule permet- culturelles vont nous mettre avec la même ardeur et la des cours est de familiariser les tant de traduire la pensée innue parmi des gens plus déterminés en contact avec le nitassi- même détermination que nos élèves avec le système d’écriture en plus de transmettre l’histoire que jamais à la conserver et à standardisé : en effet, innu aimun de notre peuple, ainsi que sa l’utiliser. Nous ne visons rien de nan d’Essipit où les élèves gagnants de cette année, ils étant une langue essentiellement culture, son esprit et sa philoso- moins à Essipit. du primaire et les étudiants ont toutes les chances de du secondaire vont avoir l’emporter à nouveau. Vais-je parler couramment innu aimun après avoir suivi ces cours?

DANIELLE HERVIEUX : C’est la mais également dans leurs jeux SUZIE GAGNON : La plus règle des trois « P » qui s’applique et conversations avec des amis, grande diffi culté réside, selon moi, ici : pratique, pratique, pratique! chanter des chansons de musiciens dans la gêne qu’éprouvent les Pour en arriver à converser cou- innus, participer à des jeux innus gens à faire l’apprentissage d’innu ramment en innu, il faut utiliser ce sur Internet; bref, peu importe ce aimun. Et pourtant, les membres des autres Premières Nations qui qui est acquis pendant les cours. qu’ils font, ils doivent le faire le plus ous? visitent Essipit, ne demandent pas Les élèves doivent en faire une souvent et le plus possible en innu. N mieux que d’encourager nos jeu- langue courante à la maison et Cela va grandement les aider à nes et nos moins jeunes à utiliser inciter leurs parents à s’exercer acquérir une certaine maîtrise de la la langue. Un petit kuei kuei à un Un concours avec eux; ils doivent introduire innu langue ancestrale pour ensuite en visiteur de Pessamit ou de , aimun non seulement à la maison, faire un parler d’usage courant. ça peut mener loin! « pour jeunes seulement »

Tipatshimun annonce la tenue d’un concours s’adressant à tous les étudiants du primaire et du secondaire. Trois prix à gagner : un lecteur IPod et deux lecteurs MP4. Conditions : répondre correctement au questionnaire; être inscrit au primaire ou au secondaire dans n’importe quelle école; inclure avec ses réponses, son nom, adresse, numéro de téléphone ainsi que le nom de son établissement scolaire et son niveau scolaire. Question : que signifi ent en français ces mots innus utilisés couram- ment à Essipit et dans d’autres Premières Nations innues? (il est permis de se faire aider par les élèves d’Essipit ou par d’autres Innus).

1. Essipit ______2. Apukuan ______3. Manakashun ______4. Natakam ______5. Mashkuss ______6. Tsheshennu ______7. Kashkan ______8. Shipek ______9. Akumunan ______Nos jeunes du primaire en compagnie de l’animatrice en éducation, Danielle Hervieux : « il faut utiliser à la maison les mots innus appris pendant les cours ». 10. Makushan ______

ENSEMBLE vers un traité 7 Tipatshimun

histoire de Frimousse L’ insolites. Nikan parle doucement - Elle semble s’être déjà attachée à La nouvelle amie de Nikan à Frimousse et lui caresse la tête. vous, mademoiselle. Comme son poil est soyeux! pense Elle se tourne vers lui et le Par : Maya Cousineau-Mollen la jeune femme. Ah non, il ne faut dévisage avec stupeur. Ses yeux ppas tropp rêver! Elle prend dans ses croisent le brun doux et implo- Il fait froid, c’est la nuit. bbras,ras, avec ddélicatesse,élica le chien à la rant de Frimousse. Le sort en est Une petite boule de poils coucouleurleur de cacannelle.nne Que ferais-je jeté, parfois la vie nous fait des frémissante se cache sous un avec un chien, jjee vis seule et je surprises. Elle acquiesce et va arbre. La lune apparaît et éclaire suis souvent ppartiear en voyage, se elle-même ouvrir la cage. La jeune d’une lumière blanche la petite morigéna Nikan.Nikan chienne se trémousse de plaisir et bête tremblante de peur. Un regard de joie, la vie lui a donné une amie. mordoré, un petit museau effi lé, ElleElle cogne à lala porte et tourne la Nikan tend les bras et Frimousse des pattes un peu courtaudes gai- poignée.poignée. Un momonsieurn un peu be- se précipite vers la sécurité et une nées de blanc avec une fourrure donnantdonnant au visagevisa calme l’accueille. nouvelle destinée! blonde aux refl ets roux. Ses oreilles Il se prprésenteésente ccommeom Monsieur hautes et pointues dont une pend Hubert,Hubert, vétérinairevétérina du coin. La voiture bleue reprend la route. comiquement en toute circonstance Le roulement régulier endort la couronnent une fi gure qui dégage - Bonjour mademoiselle!madem dit le nouvelle amie de Nikan. Frimousse de l’intelligence et de la naïveté. vétérinairevétérinaire susurr uun ton amical. se love dans le creux du siège Une branche ondule et Frimousse - Oh quel beau ppetit chien que nous du passager en se pourléchant tend l’oreille. Comme elle se sent avavonsons làlà!! Il eestst à vous? deman- doucement les babines. Un soupir seule au monde. dede-t-il-t-il eenn hhaussantauuss un sourcil d’aise sort des petits poumons. bbroussailleux.roussailleux. NNikan secoue la tête Enfi n la paix. Elle se rappelle les hurlements nnégativement.égativement. de son dernier propriétaire. L’odeur - Non,Non, monsieur,monsieur, en fait j’ai trouvé L’autoroute 20 est bordée de rance qui habitait la vieille maison. ce ppetitetit chien ssur le bord de la champs aux couleurs vertes, Il lui criait après souvent. Si petite roroute.utte.e JJee vevenaisnais vous le confi er. jaunes et orange. L’automne prend devant cet homme trop grand. PePeut-êtreutt-être que vvous pourriez lui ses aises. Frimousse observe par La fuite était la seule solution. trouver une bbonne famille? ré- la fenêtre de la voiture. Je me Maintenant, elle est là sous un ponditpop ndit llaa jeune femme avec demande où nous allons? pense le sapin. Frimousse espère ne pas être unun ppincementinc de cœur. chien. Quelle ville je vais découvrir? croquée par un loup! Les heures s’écoulent paresseu- LeLe vvétérinaireé dépose sement. Nikan écoute la musique Le soleil, son meilleur ami, se lève lele préprécieuxci paquet sur la et la voix de Céline Dion se fait enfi n. Frimousse part pour la chasse ttableable d’d’examen, Frimousse entendre. Parfois, c’est du hip-hop afi n de croquer une petite proie regarderegarde avec appréhension ou de la musique autochtone. Tout appétissante. Les bonnes odeurs de lesles ggrossesrosse mains qui la en changeant de piste de CD, elle rosée et de terre fraîche remplissent palpent. EElle tressaille, car il passe affectueusement la main son petit nez. Elle reprend son vientvient d’effld’effl eurer une place sur le dos de Frimousse. Le petit voyage, toute seule le long de la sensible.sensible. Le dernier coup chien frémit de plaisir et jette un route. Ses douleurs causées par donné pparar son ancien maître regard de tendresse. Elle se tourne ces raclées ne lui font pas trop lala fafaitit eencorenco souffrir. Il lui lentement sur le dos en offrant son mal. À quelques kilomètres der- saisit doucementdouce le museau petit bedon. Ses yeux se ferment rière Frimousse, une voiture bleue etet lui ouvouvrere la gueule afi n de à demi lui donnant l’allure d’une s’élance avec rapidité. Elle dépasse voirvov ir ses ddents. diva en transe. Nikan sourit et lui la longue fi le de gros camions et de gratouille le ventre. voitures. La jeune femme au volant Satisfait,Satis M. Hubert se est une amérindienne. Ses traits totourneourn vers Nikan et Les deux ponts de Québec se un peu ronds, ses yeux effi lés et sa luilluui dit : profi lent. Le trafi c, les coups de chevelure noire révèlent son origine - C’est en fait une klaxon et les autres toutous dans amérindienne. Nikan est surtout petitepeetite bbêteêête ppetite chienne d’à les voitures excitent la curiosité de occupée à chercher sa musique et lala rarassure.ssure. ppeine un an… la nouvelle colocataire velue. favorite. Elle ne pèse rienrieen EElElle a un caractère dansdans ses bras. PauvrePauvvree ppe-e-e ddodouxux et obéissant. Je lui - Tu vas voir, ma jeune amie, Qué- En regardant distraitement la tit chienchien, elle sesemblemble ssii apapeuréeeue réée : ttrtrouveraisroouveraiis uune famille sans pro- bec est une très charmante ville! route, elle voit un animal fl uet qui pense Nikan. prochain village et la laisser au soin blème. Je crois cependant qu’elle a Tu auras les plaines d’Abraham trottine proche de la route. Sans du vétérinaire. Il saura sûrement été maltraitée, car elle est sensible pour trottiner tout ton content! réfl échir, la jeune amérindienne Nikan ouvre la porte de la voiture quoi faire. Je ne peux pas la garder, sur les côtes et sur sa patte gauche. Mais c’est vrai je dois te trouver met les freins et arrête sa voiture. et dépose Frimousse sur le siège pas- mon appartement est trop petit : Mais sa santé est excellente! un nom! Elle sort et regarde venir le petit sager. Elle regarde avec ses grands se dit Nikan sans trop d’espoir. - Comme tu as une jolie fi gure chien. Frimousse décide de garder yeux noisette et renifl e tout autour Frimousse regarde la route défi ler Le vétérinaire soulève Frimousse intelligente et féminine! constate un profi l bas. Elle ne veut pas trop d’elle. Non, ça ne sent pas les mau- et se demande ce qui va lui arriver. et ouvre une cage en métal pour la Nikan. attirer l’attention. On ne sait jamais vaises odeurs, ça sent bon : décide Les premières maisons d’une ville se déposer à l’intérieur. La jeune bête - Princesse, nah c’est du réchauffé, avec les humains. Nikan appelle Frimousse. Alors, elle observe Nikan dessinent. Le petit chien soupire, au commence à trembler et ses yeux Chanel, trop connu. Miquette, tu doucement le petit chien et s’appro- qui remet la voiture en marche. Bon, moins les autres chiens et les chats, tout ronds s’agrandissent d’une n’es pas un rongeur !! Mais tu che avec prudence. La petite bête je suis entre ses mains, que vais-je ils ont de l’amour, de la nourriture et frayeur sans nom. La porte de la as vraiment une jolie frimousse... ne semble pas être malade. Mais devenir? Le petit chien se lève et de la protection. Elle se demande si cage se referme. Frimousse fi xe son Tiens Frimousse! C’est ton nom! Frimousse recule de peur. Nikan se bâille. Elle se dresse sur ses pattes un jour, elle aura tout ça. regard suppliant vers Nikan. Sans redresse et laisse la jeune chienne et s’appuie avec nonchalance sur le le savoir, elle s’est attachée à cette Dans ce récit adapté au thème prendre ses distances. Frimousse rebord du tableau de bord. Nikan La voiture s’arrête devant une jeune humaine si gentille. « jeunesse » de cette édition du s’aplatit à terre et tremble. Sa queue dévisage Frimousse avec surprise. maison aux couleurs rouge et Tipatshimun, notre poète attitrée, jaune. Frimousse renifl e l’odeur du Nikan sent son cœur se briser en Maya Cousineau-Mollen, nous fournie bat l’air lamentablement. Voilà un petit chien qui prend la Elle sait qu’elle est sans défense vétérinaire. Elle déteste les docteurs deux, le vétérinaire malicieux glisse propose un texte qu’elle dédie vie du bon côté! : pense la jeune pour les animaux. Ça vous met alors cette remarque qui scellera le à son père et à sa mère, Pierre devant cette personne si grande et amérindienne. Je vais l’amener au si forte. Nikan saisit doucement la les mains dans des endroits assez sort des deux protagonistes. Cousineau et Gratia Maloney.

ENSEMBLE vers un traité 8 Tipatshimun

Pas de perdants, que des gagnants!

élène Boivin est Qui nous a don- Hresponsable des ù allons communications pour le né ces droits? O lorsqu’elles veulent effectuer Conseil tribal Mamuitun du Québec et du s’intégrer à la un emprunt; un testament mak Nutakuan auprès de la HÉLÈNE BOIVIN : Personne fait par un Indien n’a aucune Première Nation de Mash- ne nous les a donnés, nous Canada? société québé- valeur légale; toute décision du teuiatsh. Ayant déjà siégé à les avons toujours eus! Notre HÉLÈNE BOIVIN : Dans Conseil peut être renversée par coise? la table centrale à titre de titre aborigène constitue une les domaines qui touchent le ministre; nous n’avons obte- négociatrice pour Mash- reconnaissance que nous HÉLÈNE BOIVIN : C’est spécifi quement notre culture, nu le droit de vote qu’au cours teuiatsh, elle répond ici à étions déjà des sociétés orga- comme si on disait aux Québé- notre patrimoine, nos gouverne- des années 60, etc. Le traité certaines questions formu- nisées occupant et utilisant ments, la réponse est oui. Dans cois : « Pourquoi vous obstiner fera en sorte que la Loi sur les à protéger votre culture et à lées par plusieurs jeunes le territoire et ses ressources, d’autres cas, il y aura certains Indiens cessera de s’appliquer. obtenir votre autonomie alors d’Essipit. amendements possibles aux avant que la Couronne n’en Nous déciderons nous-mêmes qu’on est si bien au Canada lois du Québec et du Canada revendique la possession. de notre avenir, nous aurons où l’on parle anglais et où compte tenu de nos spécifi ci- Est-il vrai que Pendant des décennies, ces des revenus autonomes, nous tout le monde est satisfait de tés. Nous devrons cependant droits n’ont été ni reconnus disposerons des moyens et la formule fédérale? » Tout en respecter les standards en les Innus veu- ni respectés, jusqu’à ce des outils pour protéger notre étant déjà intégrés à la société vigueur. Cela signifi e que qu’une série de jugements de québécoise, nous sommes lent s’appro- nos règles pourront être plus culture et notre patrimoine. En la Cour suprême nous donne déterminés à maintenir notre restrictives, mais pas l’inverse. fait, nous aurons les mêmes prier tout le gain de cause. outils dont disposent actuelle- particularité culturelle qui est Prenons l’exemple du Code de l’un des enjeux les plus impor- ment les Québécois, car ce que sécurité routière du Québec : tants des présentes négocia- Québec? nous visons, c’est justement il va s’appliquer sur Innu Assi, tions. Comme les Québécois, Pourrons-nous l’égalité. HÉLÈNE BOIVIN : C’est faux, mais pourrait être amendé pour nous vivons dans un monde de et il est important de rappe- pêcher et permettre la circulation des VTT plus en plus global et comme ler que nous avons toujours sur nos routes. Dans le cas d’un Pourquoi ne eux, nous croyons qu’il est partagé le territoire, et ce, à chasser où et délit mineur comme un vol, le possible d’être moderne tout partir des premiers contacts. quand nous le code criminel va continuer de pas simplement en demeurant distinct. Notre objectif est plutôt de faire en sorte que sur ni- voudrons sans tassinan, toutes les parties respectent les droits, intérêts égard aux lois et préoccupations de chacun au lieu de les ignorer. Les en vigueur? terres dites d’Innu Assi, seront HÉLÈNE BOIVIN : Abso- gérées par un gouvernement lument pas! Dans certaines innu; les Autochtones qui y communautés comme Essipit, demeureront acquerront un ous? les activités traditionnelles droit de propriété qui leur est s’appliquer,N mais il se pourrait sont déjà encadrées par des actuellement refusé par la Loi codes de pratique et nos que la gestion des sanctions sur les Indiens, alors que les membres doivent fournir un soit différente. Dans le cas des Allochtones résidant sur Innu rapport sous peine de ne pas lois fédérales, il est possible que Assi, conserveront le leur, mais obtenir un permis lors de la nous fassions des amendements paieront des taxes à la bande dans des domaines tels les com- plutôt qu’à une municipalité. prochaine période. Ces codes énoncent les règles, notam- munications afi n de permettre ment, au niveau du nombre l’utilisation et la promotion de Quels droits de prises, des engins utilisés, la langue innue comme véhicule des périodes à respecter, etc. d’échange. avons-nous déjà Quant à ceux parmi nous qui sur nitassinan? ne respectent pas les lois (et Le traité va-t-il il y en a chez nous comme HÉLÈNE BOIVIN : Nous ailleurs), ce sont nos codes créer une inéga- avons le droit de pratiquer de pratique qui ont force de nos activités traditionnelles; loi et ceci, jusqu’à ce que lité en faisant le droit prioritaire de prélève- notre gouvernement puisse de nous des ment faunique sur la chasse légiférer en cette matière. et la pêche sportive; le droit citoyens à part? à notre autonomie gouverne- mentale; le droit de participer Notre gouver- HÉLÈNE BOIVIN : C’est à la prise de décision des maintenant qu’il y a inégalité! gouvernements concernant nement va-t-il Selon la Loi sur les Indiens, l’exploitation du territoire et adopter des nous sommes sous tutelle de ses ressources naturelles; fédérale et placés dans une ca- le droit d’être compensés si lois différentes tégorie de citoyens mineurs: les une activité de développement terres ne nous appartiennent affecte l’utilisation que nous de celles appli- pas; un Indien ne peut contrac- faisons du territoire et de ses quées par les ter de prêt hypothécaire; nos ressources; le droit d’assurer entreprises doivent se soumet- notre propre développement. gouvernements tre à des exigences restrictives HHélèneélène BBoivinoivin ENSEMBLE vers un traité 9 Tipatshimun

Rassemblement des aînés Nutakuan nous en a mis plein la vue!

uelques mètres à peine venue de Kawawachika- levées de caribou fi gurent à côté Qpassé, un panneau routier mash. Madame Wapistan (une de pâtés au saumon, de civets de signalant la fi n de la route intervenante en services sociaux lièvre et de perdrix blanche, de 138, une affi che dressée sur de Nutakuan) dit avoir interrogé marmites de touladi, de grillades un piquet planté à même le les différentes délégations afi n de d’outarde, de foie d’orignal, de sable indique la direction du recueillir leurs commentaires et ragoûts de porc-épic et de tant Rassemblement des aînés qui toutes sont unanimes pour dire d’autres plats qu’il est impossi- se déroule, cette année, dans que l’édition 2008 du Rassemble- ble de les nommer tous. Survient le plus beau pays du monde! ment des aînés a été un énorme ensuite l’échange de cadeaux succès! Vu la participation et le et la présentation des délégués À quelques kilomètres de bon déroulement des activités, de chaque Première Nation, Nutakuan en Basse-Côte-Nord, cela ne fait d’ailleurs aucun doute, suivi du tirage tant attendu d’un apparaît un véritable village et le mérite en revient largement magnifi que sac de voyage brodé de tentes au-dessus desquelles aux organisateurs, bénévoles et par une artisane de Nutakuan, DDéterminéeséterminées à bbienien représenterreprésenter EssipitEssipit auau rassemblementrassemblement desdes aînésaînés me ddee NNutakuan,utakuan, oonn aperçoitaperçoit iciici Ferrière,Ferrière, Thérèse,Thérèse, HenrietteHenriette etet PaulinePauline fl ottent les bannières des diffé- décideurs de la Première Nation M Marie Mestokosho. Sur- ddevantevant lala ttenteente éérigéerigée parpar leurleur accompagnateur,accompagnateur, Ronald.Ronald. rentes Premières Nations de la des Innus de Nutakuan! prise! C’est Henriette Ross qui Côte-Nord, du Nouveau-Québec l’emporte, acclamée par les par- et du Lac-St-Jean. Taches jaunes Du comique au sérieux ticipantes et accompagnateurs et blanches animées sur un ciel L’atmosphère est unique : on se d’Essipit, jusque devant la scène bleu, une volée de drapeaux du croise, on se visite, on échange où l’attendent les animateurs. Vatican ornés de la tiare et des des recettes, on examine des Dernier événement au pro- clés de St-Pierre, témoignent du points de broderie et de tricot; on gramme : le tirage par élimina- lien privilégié qu’entretiennent parle chasse, pêche et piégeage et tion de la communauté hôte du nos aînés avec leur Dieu. surtout, on raconte des histoires, prochain rassemblement. Malgré toutes sortes d’histoires parfois l’enthousiasme des supporters Essipit Palace touchantes, parfois drôles et de Pessamit qui manifestent Perdus dans un dédale d’ave- parfois invraisemblables. « L’un bruyamment leur confi ance de nues improvisées, avec de part des ateliers les plus appréciés, dit l’emporter, Unaman-Shipu/La et d’autre les tentes familiales et Lucie Wapistan, fut celui portant Romaine est déclarée vain- communes de chaque Première sur les histoires de mariage. Sept queur, et c’est donc en bateau Nation, nous découvrons bientôt de nos aînés se sont remémorés qu’on se rendra, l’été prochain, une place centrale, siège de l’infi r- des anecdotes datant de l’époque au Rassemblement 2009. Les merie et du grand chapiteau où se où les mariages étaient arran- organisateurs auront tout un dérouleront, du 21 au gés, et en ont tiré des récits qui défi à relever étant donné la 28 août, les divers événements et ont fait se cramper de rire tout performance de Nutakuan cette activités prévus au programme l’auditoire. Un autre atelier a vu se année, mais ils sauront y faire CC’est’est notrenotre HHenrietteenriette RossRoss bienbien à nousnous quiqui a remportéremporté lele premierpremier du rassemblement. Là, on nous dérouler un concours de tricotage puisque c’est eux qui ont initié pprixrix aauu tiragetirage ddeses aînésaînés : cece magnifimagnifi queque sacsac dede voyagevoyage fabriquéfabriqué etet indique l’emplacement du cam- où la gagnante, une dame de le tout premier rassemblement bbrodérodé parpar ll’artisane’artisane dede Nutakuan,Nutakuan, MarieMarie MestokoshoMestokosho (à(à droite).droite). OnOn pement d’Essipit où résident nos Mani-Utenam, a allongé plus de en 2002. ll’aperçoit’aperçoit iicici eenn compagniecompagnie dede l’animatricel’animatrice dede lala soiréesoirée Marie-PauleMarie-Paule aînées, Henriette, Thérèse, Ferrière rangs, en un temps donné, que MMalecalec ((àà ggauche).auche). et Pauline, affairées à mettre de n’importe qui d’autre. L’atelier La soirée prend fi n au son l’ordre dans la tente et à terminer ayant sans doute suscité le plus des teueikanat qui marquent le la vaisselle du déjeuner. Ronald de réactions, tant positives que rythme des danses makusham, Bacon (l’un des accompagnateurs négatives, est celui portant sur la et d’un orchestre endiablé par un avec Danielle Hervieux) est déjà création de tables de concertation accordéon qui fait swinguer la à pied d’œuvre, tout occupé à des aînés, animée par Mme Jenny compagnie jusqu’à tard dans la regarnir la réserve de bois et à Rock : prévu pour une période nuit. « Il y a tellement de monde réapprovisionner le bivouac en d’une heure, celui-ci en a duré à remercier conclue Lucie Wa- eau potable. D’ailleurs, à ce sujet, plus de trois. Conclusion : les ainés pistan, que je ne saurais par où il faut noter que le complexe de demandent à être mieux informés commencer. Mes pensées vont tentes aménagées autour d’un quant aux moyens qui sont à leur évidemment à tous les partici- espace cuisine, comporte une vé- disposition pour mettre en place pants ainsi qu’à notre animatrice ritable annexe salle de bain, où on de telles structures dans leurs Marie-Paul Malec ainsi qu’à nos a pris soin d’installer une douche communautés respectives ». commanditaires : Hydro-Qué- (rudimentaire, mais une douche bec, la station de radio innue quand-même). Grande fi nale de Mani-Utenam, le Conseil de D’ateliers en discussions et de et la municipalité Un énorme succès! visites en assemblées de cuisine, de Natashkuan. Un merci tout Selon Lucie Wapistan, qui a tous fi nissent par se retrouver particulier au Conseil et au chef organisé ce grand rassemblement, sous le grand chapiteau où un François Bellefl eur de Nutakuan, l’événement a été très apprécié repas leur est servi et quel repas! et un clin d’œil à Essipit ». CC’est’est unun véritablevéritable villagevillage dede tentestentes qu’ontqu’ont érigéérigé lesles représentantsreprésentants ddeses ddifférentesifférentes PPremièresremières NationsNations venusvenus participerparticiper auau grandgrand Rassem-Rassem- par tous les représentants du Lors du dernier soir du rassemble- bblementlement desdes aainésinés ddee Nutakuan,Nutakuan, avecavec au-dessus,au-dessus, desdes dizainesdizaines dede monde innu qui y participaient, ment, la table est mise pour un Merci à toi, Lucie, et à toute ddrapeauxrapeaux dudu VVatican!atican! sans oublier une délégation extraordinaire festin où les côtes ton équipe.

ENSEMBLE vers un traité 10 Tipatshimun Ça s'est passé cet été

Mémorable bataille d’oreillers entre Jean-Yves Moreau et Dave Launière lors du Pow Wow 2008.

En compagnie du chef Denis Ross, les nouveaux direc- On aperçoit sur cette photo les chefs des Pre- teurs généraux et PDG de l’ICEM, MM Denis Vollant et mières Nations présentes. Entre autre sujets, on Donat Jean-Pierre photographiés lors de l’assemblée a discuté de régionalisation ainsi que du besoin générale de l’Institut culturel et éducatif montagnais de produire plus de matériel d’apprentissage de (ICEM) qui s’est déroulée cette année à Essipit. l’histoire, de la culture et de la langue.

À l’occasion de la messe du Pow Wow, on aperçoit ici le chef Denis Ross présentant une plaque commémorative à la mémoire d’Ovila Ross, aux frères et à la sœur de ce dernier, Régis, Pauline et Jean-Paul.

C’est en compagnie du ministre des Transports, de l’Infrastructure et Notre député, fédéral Michel des Collectivités du Canada, M. Laurence Cannon, qu’on aperçoit ici Guimond, n’aurait pas non le chef de la Première Nation des Innus Essipit, M. Denis Ross, lors de plus manqué l’inauguration du l’inauguration du traversier Trois-Pistoles/Escoumins qui avait lieu le traversier, dossier auquel il a 20 août dernier. consacré beaucoup d’énergie.

Grand merci aux étudiants qui ont assuré le service à l’occasion du souper communautaire du Pow Wow : Maxime, Sabrina, Vanessa, Catherine, Chloé, Jean-Sébastien, Pierrot, Alexandra, Myriam, Guillaume et Nicolas.

Le nouveau chevalier de l’Ordre Parmi les invités venus célébrer avec nous la Journée nationale des du Québec, M. Paul-Arthur Autochtones, on notait la présence de l’auteur-compositeur Philippe Mckenzie, a chanté et joué du Mckenzie (centre/gauche) et d’Évelyne St-Onge, directrice du secteur Dominique Roussel que l’on voit ici s’adonnant à l’un de ses teueikan à l’occasion de la Jour- Innu Aitun à l’ICEM (centre/droite). Des représentants de plusieurs Pre- passe-temps préférés : le marteau piqueur. Encore une fois, le née nationale des Autochtones. mières Nations s’étaient donné rendez-vous à Essipit pour l’occasion. Pow Wow d’Essipit n’aurait pas été le même sans toi Dodo!

ENSEMBLE vers un traité 11 Tipatshimun

Education Culture Un virage se prépare

ès cet automne, nos anima- Éducation et Culture. On n’a qu’à de sculpture sur bois, de fabrication Dteurs Danielle Hervieux et songer au virage des années 80 qui de canots ou d’artisanat autoch- Ronald Bacon, vont parcourir la a vu notre communauté s’engager tone. Et ce ne sont là que quelques- réserve, de maison en maison, sur la voie du développement, ou uns des projets mentionnés : à vous afi n d’évaluer les besoins et aux grandes orientations relatives à de proposer les vôtres. les attentes des membres de la conduite des négociations, pour la Première Nation des Innus réaliser qu’à Essipit, les décisions se Une nouvelle politique d’édu- Essipit en matière d’éducation prennent en commun. C’est pour- cation et de culture. quoi, j’invite tous les membres de Autre sujet d’importance : notre Première Nation à participer à l’annonce en septembre de la mise Les résultats de cette consultation l’exercice : réfl échissez à la question à jour de la politique d’éducation seront compilés et analysés pour et allez-y de vos suggestions et entérinée par le Conseil de bande être ensuite utilisés dans l’élabora- recommandations ». et applicable dès la rentrée scolaire. tion d’un programme triennal d’ac- Sans pour autant faire des miracles tivités culturelles qui sera déposé en Toute idée mérite d’être exprimée, avec des budgets restreints, le décembre 2008 et applicable dès qu’il s’agisse de projets de grande Conseil est quand même parvenu à la nouvelle année. La consultation envergure ou de concepts plus mo- élargir la portée des services offerts qui se déroulera après la période de destes : certains parlent déjà d’un aux jeunes membres de la com- chasse, se fera par rendez-vous, à local culturel et d’autre d’un centre munauté demeurant hors réserve l'aide d’un questionnaire qui favori- d’excellence et de formation acces- et fréquentant les mêmes écoles sera l’échange et la discussion entre sible à toutes les Premières Nations que les autres. On se rappellera que intervieweurs et interviewés. du Québec; d’autres encore, rêvent les services offerts aux membres d’un site traditionnel de plus statués sur et hors réserve, sont Des décisions prises en com- grande envergure que le Manakas- strictement régis par la Loi sur mun hun actuel alors que quelques-uns les Indiens qui laisse bien peu de « Les plus importants change- parlent d’un café-bistro à vocation latitude aux Premières Nations ments économiques et sociaux sur- culturelle. Pour certains, ce sont les souhaitant être plus inclusives. Dans venus à Essipit, furent initiés suite cours de tannage qui manquent le le cas de certains jeunes membres SSuzieuzie GGagnon,agnon, directricedirectrice dede l'éducationl'éducation etet dede lala culture.culture. à de telles consultations, dit Suzie plus, alors que plusieurs aimeraient hors réserve demeurant dans la Gagnon, directrice du programme profi ter de cours de langue innue, région, on va tout de même tenter de leur offrir des services adaptés à l’expérience leur aura permis de leurs besoins en matière d’éduca- se familiariser avec le monde tion et de culture. du travail et de développer leur sens du leadership. Les activités Du primaire à l’université régulières sont également prévues Bonne nouvelle sur le plan de à l’horaire comme le rassemble- l’inscription scolaire : le nombre ment des aînés (voir l’article en d’élèves au primaire passe de 19 à page 10), la sortie culturelle du 23 alors que 20 jeunes poursuivent primaire au Lac Loup, la sortie des études secondaires (incluant culturelle du secondaire ainsi que quatre au secteur professionnel), les fêtes d’Halloween et de Noël, sept sont inscrits au cégep et six en plus du makushan de crabe, à l’université. « On assiste à un de la Journée des Autochtones, du phénomène de spécialisation dit Pow Wow et de nos participations Suzie Gagnon. Plusieurs de nos à différents congrès. jeunes optent maintenant pour une maîtrise ou même un doctorat. L’appel des régions Autre sujet de satisfaction, on note « Cette année, nous avons un accroissement du nombre d’étu- autorisé les étudiants travaillant diants intéressés à revenir dans la pour Essipit à terminer un peu communauté après leurs études et avant la rentrée des classes afi n ça, c’est une excellente nouvelle! » qu’ils puissent profi ter de la Toujours au chapitre de l’éducation, belle saison, dit Suzie Gagnon. Louis-Philippe Ross et Michèle Par ailleurs, il serait avantageux Vollant, tous deux âgés de 15 ans, que les institutions d’éducation ont participé, cette année, à un et leurs syndicats fi nissent par programme d’immersion en langue entendre l’appel des régions où anglaise d’une durée de trois se- l’on demande depuis des années, maines, dispensé à Lennoxville dans que les classes prennent fi n plus les Cantons de l’Est. Ce programme tard au printemps et reprennent prévoit d’autres phases offertes plus tard en été : la saison touris- aux étudiants âgés de 16 ans, tique ne débutant qu’en juin, nos pouvant aller jusqu’à cinq semaines jeunes pourraient ainsi travailler d’immersion et un éventuel accès à plus longtemps et se faire plus un cours de perfectionnement offert d’argent. Dans des régions où la en milieu universitaire. pénurie de travail est fl agrante, nous aurions bien besoin d’un tel Au cours de l’été 2008, six de incitatif. On se demande parfois nos étudiants ont travaillé pour si le gouvernement est à l’écoute les Entreprises et le Conseil et des besoins des régions ».

ENSEMBLE vers un traité 12