AOÛT-SEPTEMBRE 2008 VOLUME 5 NUMÉRO 3 P. 10 Nutakuan en a mis plein la vue lors du rassemblement des aînés qui s’est déroulé, cette année, du 21 au 27 août. Revivez avec nous certains épisodes de cet événement exceptionnel auquel assistaient nos représentantes d’Essipit dont la présence a été remarquée et fort appréciée. P. 11 C’est nul autre que le chanteur Claude Mckenzie qui a fait danser les participants à la Journée nationale des Autochtones d’Essipit qui s’est déroulée sur le site traditionnel Manakashun. P. 8 Ce numéro de Tipatshimun s’adresse plus particulièrement aux jeunes. Nous invitons cependant les parents à en parcourir les articles en compagnie de leurs enfants, afin de répondre à leurs Une histoire de « petite magie quotidienne » questions et de plonger avec eux dans une culture qui leur appartient. racontée par Maya Cousineau-Mollen qui inaugure dans ce numéro la première des Chroniques de Frimousse. Tipatshimun Qui sommes Qu’avons-nous en commun avec les autres Indiens d’Amérique? SUZIE GAGNON : Comme en traditionnellement favorisé la arrivants européens leurs Europe, en Asie, en Afrique ou en transmission du savoir entre connaissances du territoire et Océanie, il y a parmi les Indiens membres d’une même nation, ont cherché à partager avec d’Amérique une grande richesse ou entre les peuples eux-mêmes. eux le concept de « gardiens de cultures et de nations. Il y a Saviez-vous que les langues de de la terre ». Mais cette vo- Pourquoi dit-on que les toujours eu parmi ces racine algonquienne auxquelles lonté s’est heurtée au concept « Premières Nations », beaucoup appartient l’innu, se parlent de « possession » du territoire, Essipiunnuat ne sont aux d’échanges, tant sur le plan du jusque dans l’Ouest américain, à mot qui n’existait même commerce que sur celui des la frontière du Mexique? pas en innu aimun ainsi que Escoumins que depuis 1892? individus ou même des famillesfamilles.. dansda les autres langues amé- Les AmAmérindiensérindiens PIERRPIERROTOT RROSS-TREM-OSS-TREM- rindiennes.rin Cette réalité, nous PIERROT ROSS-TREMBLAY : d’Acadie que par les Malécites oontnt BLAY : C’est dans un tel esprit la partageons avec toutes Affi rmer une chose pareille, de la rive-sud et les Algonquins d’échand’échangege et d’ouverture que lesles Premières Nations d’Amé- c’est comme prétendre que les de l’Outaouais, Anadabijou est lleses Indiens ont transmis aux rique.riq Québécois ne sont en Amérique « chez lui » à Tadoussac. C’est que depuis 1867, puisque c’est là qu’il convie Gravé du Pont alors que fut fondée la province et Champlain à venir festoyer Qu’est ce qui faitfa de nous de Québec. Il y a des Innus en en compagnie de ses alliés des Haute-Côte-Nord depuis plus de autres nations autochtones, et des Innus? 7000 ans et très tôt, ils se sont de ses quelques 1 000 guer- établis sur le site de la rivière aux riers qui vont prendre part aux nationna sur terre, il nous appartient coquillages ou Esh Shipi, attirés cérémonies. Celui que Champlain dede défi nir qui nous sommes : ce par le saumon et le loup-marin. appelle « le grand Sagamo » quequ nous savons de nous-mêmes Ils n’ont pas toujours porté le était le maître incontesté de ce vava déterminer qui nous voulons nom d’Essipiunnuat, mais certains territoire de la Haute-Côte-Nord être!êtr Il faut également tenir de leurs descendants sont où les Français demandent la comptecom de l’appartenance et de ceux qui occupent aujourd’hui permission de s’installer. la cculture : la langue entre en jeu notre réserve. Le 27 mai 2003, bienbie sûr, mais aussi la façon de les Québécois ont célébré le 400e SYLVAIN ROSS : Ce n’est vivreviv sur le plan communautaire, anniversaire du débarquement qu’en 1892 que le gouverne- économiqueéco et social, les relations de Champlain à la pointe Saint- ment du Canada créait la réserve qu’onqu entretient avec le territoire, Mathieu (aujourd’hui Baie-Sain- d’Essipit où on décidait de l’aspectl’as spirituel, la tradition, te-Catherine), événement qui « parquer » les Innus de la l’histoire,l’h etc. correspond à la première alliance région après les avoir déplacés PPIERROTIERROT RROSS-OSS- franco-amérindienne documentée, du secteur Pointe-à-la-Croix où TREMBLAYY : SYLVAINS ROSS : Être Innu, c’est conclue entre François Gravé du ils demeuraient. Prétendre qu’ils CoCommemme dadansns aussiau participer à la marche d’un Pont au nom du roi de France, et n’étaient pas là avant la création llee cas de toutes peuplepe vers son autonomie et la le grand chef innu, Anadabijou. de la réserve, c’est comme lleses autres nations rereconnaissancec de ses valeurs. affi rmer qu’une pièce est vide amamérindiennesérindiennes au CCa-a- C’estC’e travailler à l’épanouisse- Personnage très important, re- parce que la lumière est éteinte nada, et selon les règles ment,me au Québec et au Labrador, connu comme étant un grand chef et qu’on ne voit pas ce qu’il y a édédictéesictées par llaa Loi sur les d’uned’u nation à part entière qui, de guerre, tant par les Micmacs dedans. Indienss, l’appartenancel’appartenance sanssan enlever quoique ce soit à ses à lala nationnation innueinnue est uneune voisins,vo revendique le droit d’exis- questionquestion ddee ddescendance:escendance: ter,ter, de prospérer et de se dévelop- est InnuInnu celuicelui ou cellecelle perpe sur le territoire de ses ancêtres. quiqui a les parentsparents pourpour le ÊtreÊtr Innu, c’est maintenir en soi prouverprouver et quiqui correspondcorrespond un lien avec son nitassinan, cet auxaux normes établies par les espaceesp dont nous ne réclamons représentantsreprésentants d’une sociétésociété paspa la « possession », mais auquel qui n’estn’est pas lala sienne. Mais nousno appartenons; cet espace qui au-delàdlàdtll de telles considérations, idéti porte l’empreinte des générations et comme dans le cas de toute autre qui nous ont précédés. ous? ENSEMBLE vers un traité N 2 Tipatshimun UN CONTE INNU Atiku Le maître des animaux ien que la vie des mem- d’une époque où la relation L’animal qui est donné par Bbres de la Première entre Atiku (caribou) et Innu le maître sera comme para- Les pets du géant Mistapéo Nation des Innus Essipit, (être humain) était si proche, lysé sur place et s’offrira au les Essipiunnuat soit inti- que les deux se confondaient chasseur respectueux ». mement liée à la présence parfois dans un monde pa- n jour qu’il se Le caribou s’approcha. Nos ancêtres avaient de l’orignal sur leur nitas- rallèle. À preuve, ce texte tiré promenait à la Il était maintenant juste raison : il faut respecter le U sinan, il n’en a pas toujours du livre Aitnanu, d’Hélène et recherche de gibier, à la bonne distance pour caribou et lui redonner sa été ainsi. Le caribou fores- William-Mathieu Mark. Mistapéo, le géant, place sur notre nitassinan. que Mistapéo puisse tier a longtemps occupé sentit la faim l’envahir. « Tous les animaux ont un Comme dans le cas des Essi- l’atteindre avec sa flèche. en maître le territoire du Mais le gibier était maître. Et le maître du caribou piunnuat, son existence est Mais au même moment, Saguenay ainsi que celui de très rare. Il marchait, s’appelle Papakashtshishku. menacée et sa survie dans le géant, ne pouvant la Haute et Moyenne Côte- marchait et sa faim La vie de l’Innu était gouver- nos régions dépend de notre plus se contrôler, lâcha Nord; sa présence dans nos augmentait à chaque née par le maître du caribou. succès dans la préservation un énorme pet. Et un pet bois persiste encore dans pas. Il avait beau scru- la mémoire collective des Jadis, nous exprimions nos de l’espace dont il a besoin de géant, c’est encore besoins aux maîtres des aniani- pour vivrevivre.. ter les collines et les Innus qui vivent toujours plus bruyant qu’un pet mauxmaux,, à l’l’intérieurintérieur ddee arbustes, pas une bête dans ces rérégions.gions. d’homme ordinaire! Cela la tetentente ttremblante.remblante. – CC’est’est llàà ne se montrait. C’est par respect pour cet que vous me ttrouverezrouverez –, fit bondir le caribou aanimalnimal qui occupe une pplacelace coconfiait-ilnfiait-il au cchasseur.hasseur. CCom-om- Tout à coup, il vit sur qui s’enfuit en sautant pprépondéranterépondérante dans la tradi- me PaPapakashtshishkupakashtshishku l’avait les pierres un lichen par-dessus les rochers. tion innue, qu’Essipit travaille prédit, c’est là que la chasse qu’on appelle de la Mistapéo lança sa flèche, présentement à llaa création ffutut bonne. « mousse à caribou », car mais il était trop tard. d’d’uneune réréserveserve de bbiodiversitéiodiversité les caribous en raffolent. Mistapéo était furieux. Il QuQuee l’on réussisse à abaabat-t- aappeléeppelée Akumunan, où sont – Je vais en manger, dit- ne cessait de répéter : réfugiés les derniers caricari-- ttrere ou que l’on revienne il, car je n’ai rien d’autre « Tu apprendras, tu ap- bous fforestiersorestiers de la rérégion.gion. bbredouille,redouille, tout ddépendépend dduu – Mais Mistapéo savait resrespectpect qqueue le chasseur pporteorte prendras. » Ce troupeau d’à peine une bien que la mousse à auauxx mmaîtresaîtres des aanimaux.nimaux. ccinquantaineinquantaine caribou fait péter. Malgré CeCeluilui qquiui accoraccordede un resrespectpect Alors Mistapéo fit du de bêtes, cela il en mangea et se totatotall auauxx mmaîtresaîtres seserara aaiméimé feu dans lequel il mit une tétémoi-moi- remit en route vers un dd’eux.’eux. gne lac. En marchant, Mista- pierre à chauffer. Puis, il péo ne cessait de péter.
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