Bayed A. & Ater M. (éditeurs). Du bassin versant vers la mer : Analyse multidisciplinaire pour une gestion durable. Travaux de l'Institut Scientifique, Rabat, série générale, 2008, n°5, 1-16.

Le littoral de Oued Laou : de l'apport de l'étude géomorphologique à la connaissance de ses aptitudes à l'aménagement et à la prévention des risques naturels et de la dégradation des paysages

Ameur OUESLATI

Université de Tunis, Faculté des Sciences Humaines et Sociales, Département de Géographie, CGMED, Tunis, Tunisie e-mail : [email protected]

Résumé. Les grands traits du paysage géomorphologique du littoral de Oued Laou, compris entre cap Makkada et cap Targha, sont le résultat d'une évolution récente, déroulée au cours du Quaternaire supérieur et des temps historiques. La nature du terrain, notamment sa forme de frange exiguë ainsi que son caractère bien circonscrit dans l’espace et bordé par un versant côtier se présentant comme une barrière topographique bien tranchée dans le paysage, a de tous temps favorisé les interactions entre les agents en action. Le site subit, en plus, les conséquences de la dynamique d’importants bassins versants, notamment celui de Oued Laou. Il offre, de ce fait, une démonstration pertinente de l'importance des échanges qui peuvent exister entre les différents compartiments du milieu naturel. La région commence à connaître une occupation humaine rapide, mais les formes de mise en valeur et les aménagements ne sont pas toujours adaptés à ses contraintes et exigences, notamment celles en rapport avec la dynamique d’échanges précitée. Elles ne s’inscrivent pas, non plus, dans une dimension prospective. Si bien que, différents risques, surtout ceux liés aux eaux pluviales et à la mer, commencent à se faire sentir et peuvent, avec le temps, devenir très menaçants. Outre la présentation des caractéristiques de la dynamique du milieu et leurs importance pour la définition des aptitudes à l’aménagement, ce travail tente d’attirer l’attention sur les principales imprudences de l’homme et de formuler des recommandations dans le but de faire éviter à ce terrain de basculer vers des situations préoccupantes et irréversibles.

Mots clés : littoral méditerranéen, aménagements côtiers, urbanisation, risques naturels, paysages.

The coastline of Oued Laou: Contribution of the geomorphological study to the knowledge of its aptitudes to planning and prevention of natural hazards and landscape degradation

Abstract. The main geomorphological features of the Oued Laou coast, situated between Cape Makkada and Cape Targha, are the result of a recent evolution that occurred mainly, during late Quaternary and historical times. The nature of this area, mainly its narrowness and the existence of an important topographical barrier along its inner part, has always favoured interactions between various morphogenesis agents. The site is also under the influence of important river catchments, mainly that of Oued Laou, so that it offers a pertinent demonstration of the exchanges which can exist between the different compartments of the natural environment. Today, the region is undergoing an important human occupation, but its exploitation and planning are not everywhere adapted to these constraints; they haven’t always considered the mentioned exchange dynamics and they are not always placed in a prospective dimension. Different hazards, mainly those due to flooding and marine and continental erosion, begin to emerge and can become more and more threatening in the future. In addition to the study of the natural dynamics and its interest for the definition of the management aptitudes, the paper, tries to attract attention on the main human imprudence's in the hope to preserve this area, which is in a cross-roads situation, from rocking in a preoccupant and irreversible evolution.

Key words: Mediterranean shoreline, coastal man-made, urbanization, natural hazards, landscape.

INTRODUCTION grande importance pour la définition des aptitudes à l'aménagement. Elle tente, en même temps, d'attirer Le littoral de Oued Laou est long d'une dizaine de l'attention sur des imprudences commises par l'homme et kilomètres et d'orientation nord-ouest/sud-est. Il est l'un des les menaces qui guettent les aménagements existants ainsi segments de la façade méditerranéenne du Maroc (Fig. 1) que les unités naturelles et l'environnement dans lesquels ils qui ont connu, au cours des dernières décennies, une ont été réalisés. Quelques suggestions et recommandations densification importante et rapide de l'occupation du sol, seront avancées dans le but d'aider à faire éviter à ce terrain souvent dans le cadre d'une exploitation de leur vocation de basculer vers les formes de dégradation et d'accentuation touristique. Mais cette évolution ne s'est pas toujours faite irréversibles des risques naturels, que connaissent bien de façon bien adaptée aux exigences de la dynamique du d'autres régions. milieu naturel. Différents problèmes, notamment ceux liés à l'érosion et aux inondations, commencent à faire surface. APERÇU SUR LE CADRE NATUREL GENERAL

La présente étude vise, par une approche géomorpholo- L’arrière pays : un bassin versant étendu et varié gique, à dégager les caractéristiques d'une telle dynamique, Le littoral compris entre Cap Makkada et la racine de Cap surtout ses composantes dont la connaissance revêt une Targha est parcouru par différents cours d’eau, mais c’est

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Les altitudes se situent en moyenne entre 300 et 800 m. Mais les versants sont découpés par un réseau hydrographique dense, ramifié et souvent fortement encaissé dans des matériaux tendres ou hétérogènes. L’érosion hydrique est parfois très active et des superficies indéniables ont évolué vers un paysage de bad-lands caractéristiques. Les sols sont souvent du type lithochrome, squelettiques et de texture limono-argileuse ou argileuse ; mais la place peut être donnée aussi à des sols bruns ou bruns-rouges généralement minces.

A part dans les bordures nord et sud de la frange littorale où il peut se prolonger jusqu’à la mer par des crêtes à orientation méridienne ou subméridienne comme Jbel Dahar Nesek (527 m), ce paysage montagneux est succédé, vers l’Est, par le deuxième domaine caractérisé par une topographie plutôt collinaire, souvent à replats, et dont les Figure 1 : Localisation de la zone côtière étudiée. altitudes se situent le plus souvent entre 100 et 300 m. Le réseau hydrographique, parfois constitué d’organismes indépendants de Oued Laou, montre des orientations l’embouchure de Oued Laou qui le marque le plus. Ce différentes dont certaines semblent davantage commandées dernier, l’un des principaux organismes hydrographiques de par des données morphostructurales locales. Dans le secteur la façade méditerranéenne du Maroc, a une longueur de septentrional par exemple, l’Oued Azarza est orienté N-S l’ordre de 70 km dans son cours principal, un bassin versant dans son cours moyen et amont ; plus bas, il dessine un vaste de quelque 920 km² et un module de 560 Mm3/an coude net pour devenir franchement W-E. De plus, les (Agence du Bassin Hydraulique du Loukkos 2006a). Il formations paléozoïques n'affleurent que dans des espaces traverse des terrains variés tant par leur nature morpho- relativement limités, surtout à la faveur des versants des structurale que par leurs caractéristiques bioclimatiques et vallées et des falaises vives des caps Makkada et Targha. leur dynamique géomorphologique. C’est aussi un espace Car ce domaine se caractérise par l’existence d'importantes assez fortement et anciennement anthropisé. formations néogènes et des couvertures villafranchiennes et quaternaires. Celles-ci montrent un faciès bréchique ou Le relief a une ossature géologique qui permet de dégager, appartiennent à la couverture d’anciens niveaux de la mer vers l’intérieur des terres, une zonation assez d’aplanissement d’origine fluvio-marine qui se prolongent nette, en bandes disposées plus ou moins parallèlement à le long de certaines vallées se raccordant à un modelé de l’orientation du rivage. La partie centrale montre la terrasses et de glacis d’érosion ou d’accumulation. Les topographie la plus élevée, avec des altitudes souvent couvertures et les formes plus récentes se développent supérieures à 1000 m et dépassant parfois 2000 m comme surtout au pied des versants et au fond des vallées. Les dans le Jbel Tissouka (2122 m) qui domine la ville de faciès tendres, argileux ou argilo-sableux, souvent de teinte Chaouen. Elle est aussi la plus accidentée et a le substratum rougeâtre, restent toutefois, assez dominants au niveau de géologique le plus résistant. Le paysage est souvent marqué l’affleurement (Beaudet & Maurer 1961, Maurer 1968, par des parois rocheuses très escarpées, traversées par des Beaudet 1971, André & El Gharbaoui 1973, El Gharbaoui gorges profondes et étroites. C’est le domaine du relief le 1981). Cette variété géologique est accompagnée d’une plus majestueux, généralement connu sous l’appellation de variété pédologique. Les sols rouges méditerranéens sont la Dorsale calcaire. En fait, la lithologie est plutôt calcaro- bien répandus. Mais ce sont les sols des bas-fonds, formés à dolomitique et correspond à l’affleurement des fronts des la faveur des formations alluviales du Quaternaire supérieur écailles qui constituent ce grand domaine géologique qui montrent le développement le plus important. Noirs (El Gharbaoui 1981). L’importance des pentes n’a pas (tirs) ou gris (tirs gris) profonds et généralement lourds, ils favorisé la formation de sols épais et continus sur de sont les plus caractéristiques dans la plaine littorale et sur grandes superficies. Il s’agit très souvent de sols les terrasses de fond des vallées. Enfin, les sols calcimorphes, notamment des rendzines, et ne montrent un hydromorphes et halomorphes caractérisent les terres les certain développement que dans les secteurs en creux qui plus basses, notamment au fond des vallées larges. Ils correspondent parfois à des dolines. Plus bas, au contact des occupent une place importante autour de l’embouchure de terrains dominés par une ossature paléozoïque ou Oued Laou. numidienne existent des sols bruns forestiers sur colluvions calcaires. De l’autre côté, à l’Ouest de la dorsale calcaire, les principales branches de l’écoulement prennent une A l’Est, entre cette dorsale et la plaine littorale, les pentes direction subméridienne et se caractérisent par des vallées générales se dirigent vers la mer et les principaux axes de profondes et bordées par des versants difficiles et très l’écoulement sont orientés SW-NE. On distingue cependant découpés. Une telle situation est largement commandée par deux domaines assez bien différenciés. Le premier se le cadre morphostructural ; ces vallées sont, en effet, caractérise par une topographie encore montagneuse ; il installées dans un grand couloir d’érosion différentielle correspond en gros au domaine des croupes paléozoïques. façonné dans les formations marneuses sénoniennes

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bordées d’un côté, par la Dorsale et de l’autre, à l’Ouest, 61% du bassin versant de Oued Laou. Si bien que, les par les hautes crêtes numidiennes. Les sols sont ruissellements dépassent souvent 40% de la lame des généralement peu développés. Sur les terrains marneux, ils précipitations. Dans l’axe de Oued Laou, cette valeur atteint se réduisent à de simples lithosols au niveau des parties 54%, mais elle est soutenue par les écoulements retardés de supérieures des collines et à des sols argileux minces et la nappe karstique de la dorsale (Agence du Bassin calcaires au niveau des pentes. Plus bas, au pied des hydraulique du Loukkos 2006b). Les eaux montrent le collines, peuvent exister des sols noirs (tirs) fortement maximum de leur agressivité là où, en plus, le couvert argileux. Dans les terrains gréseux, on rencontre, selon la végétal est affaibli et le sol ameubli par l’homme. topographie, soit des rankers (sols jbels) d’érosion ou colluviaux ou des sols sablo-caillouteux rubéfiés. En fait, la végétation naturelle se trouve dans des états très différents. Dans l’ensemble, les formations les plus Le climat est typiquement méditerranéen, mais ses éléments importantes couvrent les terrains les plus perchés, peuvent montrer des nuances, parfois sensibles d’un secteur notamment les crêtes calcaro-dolomitiques de la dorsale et à l’autre et sont influencés par la position par rapport à la les principaux massifs numidiens. Les bas reliefs portent les mer, ou la continentalité, ainsi que par les altitudes et la forêts les plus claires. Les collines et petites montagnes configuration du relief. Les vents qui jouent le rôle occupent une situation intermédiaire. Cette zonation morphologique le plus important soufflent de l’Est correspond en gros à la classification d’Emberger (1939) (Chergui) et leurs effets ne sont vraiment perceptibles que qui permet de distinguer trois étages (El Gharbaoui 1981, dans la frange littorale, qu’on présentera plus loin. Les Benabid 1982). L’étage semi-aride se caractérise par le températures ne montrent pas de différences très couvert le moins important et a le plus souffert des formes importantes entre la frange littorale et les parties internes du d’exploitation et de destruction par l’homme. Il s’étend aux bassin versant ; en tout cas, leurs conséquences sur l’état de faibles hauteurs qui bordent la frange littorale ou qui surface et sur la dynamique des paysages sont relativement longent les talwegs des principaux cours d’eau. C’est discrètes. L’effet modérateur de la mer apparaît surtout à l’étage du thuya de Berbérie (Tetraclinis articulata) et du travers les températures estivales et la brise qui peut pin d’Alep (Pinus halepensis). Mais aujourd’hui, le paysage pénétrer assez loin à la faveur des principales vallées. Les correspond très souvent à une callitraie trouée par de moyennes annuelles passent de 18,3° dans la station de nombreuses taches à faible taux de couverture ou carrément Oued Laou à 17° à . Les moyennes des annexées aux terres agricoles. Dans les parties les plus minimums du mois le plus froid et des moyennes des proches de la plaine littorale, notamment au Nord de maximums du mois le plus chaud, considérées comme plus l’embouchure de Oued Laou, la place est occupée par un significatives (El Gharbaoui 1981), sont respectivement, maquis discontinu. Les parties les plus hautes du relief, pour ces mêmes stations, de 8,1° et 32,7° et de 5,9° et correspondent par contre à l’étage humide qui a le moins 33,5°. Les choses changent avec les précipitations qui sont souffert des interventions de l’homme. C’est le domaine du nettement plus influencées par l’altitude. Sur les hautes cèdre (Cedrus atlantica) et du sapin (Abies pinsapo) qui est crêtes, on enregistre des chutes d’une neige occasionnelle toujours accompagné par l’érable (Acer opalus). Mais il hivernale. Les précipitations pluvieuses sont cependant les comprend également différents chênes à feuilles caduques plus importantes. La station de Chefchaouen, assez (Quercus canariensis, Quercus pyrenaica, Quercus continentale mais relativement perchée (630 m), reçoit une lusitanica) souvent mélangés avec le pin noir (Pinus moyenne de 950 mm et celle de , encore plus mauretanica). Entre ces deux étages s’étend l’étage haute (880 m), enregistre 1280 mm. Des moyennes subhumide qui montre un complexe végétal très varié beaucoup plus importantes, probablement supérieures à (chêne liège, oléastres, lentisques, genévriers, …) tout en 2000 m, caractériseraient les sommets de la Dorsale. La restant le domaine du chêne liège (Quercus suber) par station de Oued Laou, située au bord de la mer à de très excellence. Sa végétation est encore bien fournie même si faibles altitudes (30 m), ne reçoit, par contre, que quelque elle porte les séquelles de différentes interventions 630 mm. Mais partout, et comme ailleurs sous climat humaines dégradantes. La subéraie y couvre les superficies méditerranéen, les pluies se caractérisent par leur grande les plus vastes, mais elle apparaît souvent à l’état de irrégularité dans le temps et dans l’espace ainsi que par leur matorral arboré, sur les zones siliceuses. Elle reste, en tout torrentialité. Le minimum et le maximum sont de l’ordre de cas, moins exubérante que dans l’étage humide. Le passage 465 et 2925 mm à Bab Taza, de 345 et 1993 mm à vers ce dernier est généralement signalé par l’extension en Chefchaouen et de 330 et 1340 mm à Oued Laou (Agence altitude du pin maritime (Pinus pinaster) et du chêne vert du Bassin du Loukkos 2006b). Des intensités de 30 et (Quercus ilex). 70 mm/h ne sont pas rares et le nombre de jours de pluie est généralement faible et diminue vers les basses altitudes. Ainsi, il apparaît que bien des caractéristiques du milieu Dans la station de Oued Laou, il n’est que de 45 jours naturel prédisposent la région aux risques liés aux eaux contre 57 à Bab Taza où les pluies maximales journalières courantes, notamment ceux qui peuvent résulter de atteignent 95 mm. l’irrégularité des écoulements et de l’érosion. Lors des crues, des débordements peuvent se produire et occasionner De telles données viennent, le terrain étant, on l’a vu, des inondations dans les terres basses, notamment au niveau souvent accidenté et accordant une grande place aux des embouchures. De 1978 à 1992 par exemple, on a affleurements tendres, en faveur d’une érosion hydrique enregistré, pour Oued Laou, en moyenne, sept crues par an active. Celle-ci est, en plus, favorisée par l’extension des avec un débit instantané maximum de 1210 m3/s (Rkiouak formations imperméables ou peu perméables qui intéressent et al. 1997). Les changements de position du lit de cet oued

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témoignent des débordements qui peuvent alors se produire (cf. infra). De leur côté, les manifestations de l’érosion hydrique sont nombreuses. Ce fléau s’accélère à mesure que le couvert végétal est affaibli et que le sol perd, suite aux travaux de mise en valeur, sa cohésion naturelle. Or, un tel affaiblissement est assez rapide dans la région et s’est parfois fait à un rythme inquiétant suite, surtout, à l’accélération de l’extension des défrichements, aux coupes et aux incendies de forêts. Dans la province de Chefchaouen par exemple, les superficies occupées par les forêts sont passées, dans l’espace d’une vingtaine d’années (1966-1986), de quelque 106 000 à 72 000 ha ; soit avec un recul annuel de l’ordre de 1719 ha et un taux de recul général d’environ 32%. Dans les environs de la ville de Oued Laou, les surfaces forestières sont passées de 5,43% de la superficie totale en 1958 à 2,19% seulement en 1994. Pour la même période, la part de la surface agricole du type bour est passée de 47,15 à 57,02% (Aghzar 2006). Si bien que, malgré les différents travaux de lutte contre l’érosion et de conservation des sols, les valeurs de la dégradation spécifique restent élevées. Elles sont évaluées à quelque 1 555 t/km²/an et 2 380 t/km²/an respectivement à Ali Thelat et Beni Mensour (Moufaddal 2006). Une partie des matériaux érodés rejoint le rivage et est, de ce point de vue plutôt bénéfique, puisque c’est grâce à elle que les plages doivent, en partie, leur épanouissement.

La frange littorale : exiguë mais montrant une trilogie morphologique bien tranchée La frange littorale de Oued Laou montre, malgré son étroitesse (largeur ne dépassant pas quelques hectomètres) trois domaines, ou unités géomorphologiques bien individualisés, à savoir, une plage, une plaine alluviale et une rupture de pente marquant sa limite interne et que nous Figure 2 : Les principales unités du paysage géomorphologique : 1, cordon littoral ; 2, plaine ; 3, relief dominant ; 4, pied du versant appellerons versant côtier (Fig. 2). Une description assez côtier ; 5, altitude (en m) ; 6, falaise vive ; 7, cours d'eau principal détaillée de ces différents domaines et de leur évolution et cours d'eau secondaires ; 8, route. géomorphologique, a été donnée dans un travail antérieur (Oueslati 2006). Ce papier se limitera à en rappeler les Cette faiblesse des constructions éoliennes peut s'expliquer, principaux traits et apporte quelques précisions nouvelles. déjà, par le caractère abrité de la côte, grâce aux reliefs de l'arrière-pays. Cependant, les vents qui soufflent du côté de La plage épouse le modelé d'un cordon littoral la mer, et qui doivent en fait pousser le matériel de la plage caractéristique, de largeur fréquemment supérieure à 100 m, vers l’intérieur et donc jouer le rôle le plus important quant et montre le maximum de son développement autour de à la formation des dunes littorales, ne sont pas négligeables. l'embouchure de Oued Laou. Elle reste cependant très peu Ceux qui viennent du Nord-Est et surtout de l’Est (Chergui) marquée dans la topographie du rivage, à cause, surtout, de sont fréquents. En été, le Chergui peut souffler par rafales à sa très faible dunification. Les accumulations éoliennes les une vitesse supérieure à 50 km/h pendant deux ou trois plus importantes correspondent à des nebkas isolées, de jours de suite, plusieurs fois par mois (El Gharbaoui 1981). hauteur toujours inférieure à 2 m et ponctuées par une Si bien que nous pensons que la faiblesse des dunes tient végétation herbacée très discontinue. Dans le secteur surtout à la granulométrie du matériel de la plage. En effet, septentrional, à quelque 300 m au Sud-Est du Cap celle-ci est souvent riche en gravillons et renferme de Makkada, existent toutefois, quelques nebkas buissonnantes nombreux galets. Le vent doit exercer une importante fixées par des pieds dégradés de lentisques. D'un autre côté, sélection qui finit, en entraînant la concentration de la le sable n’a réussi à atteindre le versant côtier que de façon fraction grossière au niveau de la surface, par freiner son très ponctuelle. C'est le cas notamment, dans le secteur travail de transport. Dans certains secteurs, à l'image de compris entre Sidi Bou Haja et Cap Makkada où le matériel celui compris entre l'embouchure de Oued Laou et le éolien est reconnaissable dans les entailles de certains village de Kaa Assrasse, où le cordon littoral est encore à ravins. C'est le cas aussi à la sortie méridionale de l'abri des aménagements, la concentration des galets, après l'agglomération de Kaa Assrasse où une nappe de sable le départ de la fraction fine, a parfois donné lieu un pavage drape le versant marin du petit relief situé du côté de la important, parfois accentué par l'homme. Les galets souvent berge gauche de Oued Ihikkamine. bien aplatis et caractérisés par une surface régulière, sont en

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effet utilisés par les estivants dans des dallages artificiels dernier peut alors être interprété comme une falaise morte qui offrent un sol plus sûr et permettant d'éviter versilienne. Il pourrait s'agir également, compte tenu de son l'ensablement. Mais, qu'il soit naturel ou artificiel, ce importance, d'une forme polychronique ; une falaise pavage couvre le matériel sous-jacent et inhibe l'action du travaillée à l'occasion d'une transgression importante, celle vent. du Tyrrhénien par exemple, et reprise au Versilien.

La plaine est étroite et très basse. En dehors des environs Le versant côtier. C'est au Nord de l'embouchure de Oued immédiats de l'embouchure de Oued Laou, sa largeur se Laou d'une part, et à la hauteur de l'agglomération de Kaa situe, le plus souvent, entre 200 et 500 m. D’après son Assrasse d'autre part, qu'il est le mieux tranché dans le matériel de surface, elle correspond à une plaine alluviale paysage géomorphologique malgré un commandement qui essentiellement d'âge historique. Les coupes offertes par les ne dépasse pas parfois une centaine de mètres. Ceci, il le entailles de certains cours d'eau ou par de petites carrières doit surtout à sa pente forte contrastant avec celle, presque abandonnées témoignent par contre d'une genèse complexe nulle, de la plaine et celle des terrains qui le bordent du côté dans laquelle la prépondérance fut, tour à tour, donnée aux interne surtout là où le modelé de replats et de terrasses du agents continentaux ou aux agents marins. Quaternaire ancien est bien marqué dans la morphologie comme à la hauteur de Sidi Bou Haja. Il le doit aussi à sa Les dépôts continentaux s'épanouissent, le plus, au droit des continuité ; car les cours d'eau qui le découpent s'écoulent, cours d'eau et atteignent le maximum de leur épaisseur à son niveau, dans des vallées relativement étroites. autour de l'embouchure de Oued Laou. En face des petits organismes qui prennent naissance dans le versant côtier, ils Les nombreuses entailles façonnées par les eaux courantes sont parfois à l'origine d'un modelé de cônes de déjection exposent généralement, sur le substratum paléozoïque, les typique. La coupe qui permet le mieux d'examiner leur formations tendres du Pliocène et surtout les accumulations structure interne existe sur la berge gauche de Oued Sidi bréchiques ou argileuses rougeâtres dites villafranchiennes. Bou Haja, en aval du pont de la route côtière (S. 608). Elle Sur la pente qui domine directement la plaine, existe un montre l'emboîtement de deux nappes alluviales manteau d’éboulis parfois épais et scellé par une croûte matérialisant deux générations de dynamiques fluviatiles calcaire feuilletée. Le faciès peut rappeler, comme au bien séparées dans le temps. La plus ancienne est faite d'un niveau de la racine de Cap Targha, celui des dépôts matériel hétérométrique, souvent grossier et légèrement ordonnés des périodes froides du Quaternaire supérieur. On encroûté ou surmonté par un sol rouge qui rappelle le reconnaît aussi des matériaux d'origine éolienne de soltanien de la stratigraphie marocaine du Quaternaire différents faciès. Les uns sont meubles et résultent d'une supérieur (Beaudet & Maurer 1961, Maurer 1968, Beaudet dynamique très récente, voire en cours. Les autres 1971). La plus récente a, dans l'ensemble, un faciès moins correspondent à des dunes consolidées qui rappellent, tant grossier et se prolonge en direction du cordon littoral par leur faciès que par leur position stratigraphique, les actuel. Sa mise en place est très récente et doit être, au éolianites décrites dans bien des littoraux méditerranéens et moins partiellement, d'âge historique puisqu'elle emballe, attribuées au Pléistocène supérieur ou à l'Holocène inférieur dans ces horizons supérieurs, des tessons d'une poterie à moyen. Dans bien des coupes, on note, pour les tournée (Oueslati 2006). formations les plus récentes, une imbrication frappante entre les matériaux ruisselés et ceux apportés par le vent. Le Les dépôts marins n'ont été, en réalité, repérés que très secteur compris entre l'hôtel La Planque et Cap Makkada en localement et toujours à l'écart de l'embouchure de Oued donne les sections les plus significatives, souvent mises au Laou. Ici, ils doivent se trouver à des profondeurs jour par des ravins très récents (Oueslati 2006). importantes, enfouis sous d'épaisses constructions alluviales. A la hauteur du cours inférieur de Oued Azarza, DES AMENAGEMENTS DE RUPTURE ils ont été atteints par de petites excavations qui correspondent vraisemblablement à des carrières Une densification sans précédent de l'espace bâti, peu abandonnées ou à des "fouilles clandestines", le site soucieuse des exigences de la dynamique du milieu renfermant les vestiges d'une ancienne construction en naturel briques pleines. Jusqu’au début des années 1970, l'espace bâti se limitait à des constructions dispersées localisées surtout sur les pentes Ces dépôts peuvent, au premier abord et compte tenu de et les hauteurs qui bordent la plaine. Les terrains bas et le leur cimentation relativement avancée, faire penser à un âge bord de mer ne semblaient pas, à la différence de ce qui se assez ancien, tyrrhénien par exemple. Cependant, leur passe de nos jours, particulièrement recherchés pour position ainsi que leur altitude qui ne dépasse pas 2 m, l’habitat. Depuis, la situation a sensiblement changé, semblent plaider plutôt pour une corrélation avec le surtout avec le développement du tourisme. L’occupation et Versilien ou Mellahien signalé dans des terrains limitrophes les défrichements ont continué leur progression sur les comme à Azla et au pied des falaises des Beni Saïd (André hauteurs, mais c'est la tendance à l'étalement sur la plaine et & El Gharbaoui 1973, El Gharbaoui 1981) ou du beach surtout à se rapprocher de la mer, qui a le plus marqué rock décrit dans le secteur de Smir et datée de l'évolution la plus récente. Une bonne partie des 3180 ± 140 ans B.P. (Oueslati 2006). Leur faciès grossier et constructions de front de mer correspond à des résidences leur localisation dans la marge interne de la plaine ne secondaires ou à des bâtiments destinés à la location pour laissent pas de doute sur le fait que la mer qui les a les estivants. D’ailleurs, la population permanente n’a pas accumulés a pu atteindre le pied du versant côtier. Ce connu d’accroissement notable. Ce dernier est, en tout cas

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bien moins important que ce que pourrait laisser penser la allongées dans le sens de la pente, s'étendant parfois depuis seule considération de l’évolution du bâti. Le taux le versant jusqu'au rivage pour envahir la partie interne du d’accroissement de la population de la municipalité de cordon littoral. A Kaa Assrasse, elles se sont multipliées Oued Laou était à peine supérieur à 1%, entre les deux d’abord au pied même du versant côtier, en arrière de la recensements de 1994 et de 2004 ; la population est passée route côtière. Puis, elles ont franchi cette dernière pour de 7575 à 8383 habitants. Par contre, la superficie des recouvrir le cordon littoral. Quelques discontinuités plus ou zones urbaines dans la plaine a été, ainsi qu’il se dégage des moins importantes existent encore, mais tout laisse présager mesures effectuées sur des photos aériennes de différentes une évolution vers un front comparable à celui qui dates, multipliée par 6,3 entre 1958 et 2004 et par 5 de 1966 caractérise la partie sud de l’agglomération de Oued Laou, à 2004. Au cours de la saison estivale, la population peut même s'il ne s'agit pas toujours de résidences secondaires. être multipliée par deux ; le seul camping de Oued Laou accueille jusqu’à 3000 personnes (Aghzar 2006).

L’examen des photographies aériennes de 1958, de 1966 et de 1994 et de la carte topographique de Talembote (1 : 50

000, publiée en 1970) ainsi que les observations directes du terrain, que nous avons effectuées en avril 2004 et en septembre 2005 dans des secteurs encore à l'abri des aménagements et des travaux de mise en valeur agricole, permettent de déduire que le versant côtier était couvert par une végétation basse, ne dépassant pas le stade d'un maquis, mais suffisamment fournie pour assurer une bonne protection du sol contre l'action du ruissellement. En 1970, la plaine était, en dehors des espaces marécageux des environs de l'embouchure de Oued Laou, le domaine d’une agriculture assez intensive accordant parfois une place importante aux cultures maraîchères. Quant au cordon littoral, il était à l’abri du béton ; seuls quelques bâtiments, appartenant aux noyaux des villages de Oued Laou et de Kaa Assrasse, touchaient à sa marge interne ; mais c'étaient toujours des constructions basses et souvent isolées. Cette situation a commencé à subir des changements importants depuis les années 1980 pour s'accélérer au cours des deux dernières décennies avec la montée d'une nouvelle perception de l'espace marquée par la recherche des sites pittoresques et d'une localisation "pieds dans l'eau". En fait, le bétonnage du front de mer n'est pas partout au même stade ; différentes situations se présentent et peuvent être résumées dans trois niveaux principaux (Fig. 3).

Le premier niveau, caractérisé par une occupation continue et dense avec empiétement net sur le cordon littoral, est représenté dans deux secteurs principaux. L'un est compris entre l'embouchure de Oued Laou et la partie centrale du village du même nom (Photo 1). L'autre se trouve autour de l’embouchure de Oued Sidi Bou Haja et se prolonge sur plusieurs hectomètres vers le Nord. Une différence Figure 3 : Extension de l’espace bâti et tendances de son évolution dans la frange littorale de Oued Laou (cartographie d’après la car- importante existe toutefois entre ces deux secteurs. Alors te topographique de Talembote au 1: 50000 et les photos aériennes que dans le premier, le bâti montre une certaine continuité des missions de 1958, 1966 et 1994 ; complétée par des relevés en direction de la plaine et du versant côtier, dans le second directs sur le terrain en 2004 et 2005). il s'est concentré sur le cordon littoral et commence à 1, habitat existant vers le début des années 1970 ; 2, bâti (en envahir le versant, évitant la plaine. grande partie des résidences secondaires) formant déjà une barrière continue sur le front de mer ; 3, bâti en cours de densifi- Le deuxième niveau est représenté dans le secteur compris cation pour former une barrière continue sur le front de mer ; entre la sortie nord du village de Oued Laou et Sidi Bou 4, bâti de front de mer encore marqué par d’importantes Haja d'une part et à Kaa Asrasse d'autre part. Il se discontinuités, 5, bâti en extension sur le versant côtier, en arrière de la plaine encore agricole ; 6, bâti en cours de densification, en caractérise par une occupation encore incomplète de partie, sous la forme de lanières allongées depuis le versant côtier l'espace ; le bâti est marqué par des discontinuités parfois jusqu’au rivage ; 7,espace bâti assez uni autour des noyaux des importantes mais connaît une progression et une villages de Oued Laou et de Kaa Assrasse ; 8, bâti encore assez densification rapides (Photo 2). Cette fois aussi, l'évolution diffus en extension sur les pentes et le long de la route principale ; n’a pas suivi partout la même dynamique. Dans le premier 9, route ; 10, altitude (en m) ; 11, cours d’eau : principal et secteur, les constructions ont tendance à former des lanières secondaire ; 12, cordon littoral ; 13-falaise vive.

6 A. Oueslati – Géomorphologie, aménagement et prévention des risques naturels du littoral de Oued Laou

En fait, les prémisses, voire même les premières manifestations, d'une telle évolution sont reconnaissables, avec des niveaux différents, dans chacune des unités de la trilogie géomorphologique qui caractérise la frange littorale

et apparaissent surtout à travers les risques d'érosion et

d'inondation ainsi qu'à travers la qualité et l’esthétique du paysage.

Sur le rivage: des risques de création de conditions favorables à une érosion de la plage Photo 1 : Exemple d’occupation du front de mer dans la partie La plage du littoral de Oued Laou est étendue et épaisse et centrale du village de Oued Laou. Les bâtiments sont, en partie, construits sur le cordon littoral. En avant plan, une partie du bas de échappe encore à différents problèmes dont souffrent, plage figée par une structure en béton servant de terrain de hand- parfois depuis plusieurs années, d'autres rivages du littoral ball! marocain (Berriane et al. 1993, Oueslati 2006, El Moutchou 1995, Haida & Snoussi 2002). Pourtant, elle est dépourvue de constructions dunaires importantes et porte les traces, parfois nombreuses, d'extraction de sable, de graviers et de galets. Elle a été aussi privée d'une partie des apports terrigènes à la suite de l'envahissement, par le bâti, des pentes du versant côtier et des vallées qui le découpent. De

plus, des aménagements hydrauliques assez importants ont été réalisés sur Oued Laou ; un barrage de retenue et deux barrages de prise.

Si, malgré tous ces prélèvements, la plage a pu continuer à

se maintenir c'est d'abord parce qu'elle est restée, jusqu'à Photo 2 : L’évolution du bâti dans le secteur compris entre le très récemment, largement à l'abri des aménagements noyau du village de Oued Laou et Sidi Bou Haja. Elle se fait selon surtout ceux susceptibles de perturber sa dynamique deux modalités : -une linéarisation sur le front de mer et, -une sédimentaire, comme les constructions en dur et les extension sur la plaine, souvent à partir du pied du versant côtier ouvrages portuaires. Mais c'est aussi parce qu'elle bénéficie sous la forme de lanières et d’îlots disposés perpendiculairement toujours, d'une fourniture sédimentaire importante, au rivage. notamment par l'intermédiaire de Oued Laou, qui, on l’a vu, dispose d’un bassin-versant étendu et soumis une érosion Le troisième niveau correspond aux secteurs encore à l'abri hydrique importante. D'ailleurs, c'est au niveau de des aménagements et en particulier de l'extension des l'embouchure de ce cours d'eau, que le cordon littoral constructions en dur. Il est représenté dans trois segments accuse le maximum de sa largeur, parfois supérieure à principaux. Le premier, se trouve immédiatement au Sud du 200 m. Il montre une succession de crêtes dans laquelle on Cap Makkada et se caractérise par le grand rétrécissement a vu le signe d'une tendance à la progradation au cours des de la plaine. Le cordon littoral se rapproche beaucoup du temps récents. Une datation du matériel de la crête interne versant côtier et les effets des interactions et des échanges a, en effet, donné un âge de 590 ± 120 ans B.P. (Oueslati entre les différentes unités du paysage géomorphologique 2006). Le rivage bénéficie également d'une alimentation deviennent bien marqués. Ils sont inscrits dans la indéniable grâce à la dérive littorale qui lui fait parvenir une stratigraphie des dépôts de la couverture sédimentaire partie des débris arrachés aux falaises des caps Makkada et quaternaire et actuelle (Oueslati 2006). Le second s’étend Tarhga et, sans doute aussi, grâce à des matériaux poussés entre la sortie nord du village de Kaa Assrasse et par les vagues depuis l'avant-côte. Ici, existe un important l'embouchure de Oued Laou. Il se distingue, outre stock sédimentaire fait de matériaux grossiers l'extension de la plaine et de ses marécages, par le fait qu'il vraisemblablement déposés par d'anciennes crues de Oued renferme le tronçon de cordon littoral le plus épais, le Laou1. mieux marqué dans la morphologie littorale et le mieux conservé. Enfin, le troisième segment s'étend depuis la Mais la durabilité d'une telle conjoncture n'est pas assurée. sortie sud de Kaa Assrasse jusqu'à la racine de Cap Targha. Car différentes imprudences sont en train d'être commises et pourraient générer des formes de dégradation, voire Les prémices d'une évolution vers l'accentuation des même de déséquilibre favorisant l'érosion marine. Les plus risques naturels graves sont en rapport avec l'évolution de l'espace bâti qui a Les nouvelles formes d'occupation du sol sont en train de connu, dans un laps de temps relativement court, une toucher à des composantes essentielles pour la dynamique grande extension et s'est caractérisé par une nette tendance naturelle du milieu, comme les échanges entre les à se rapprocher de la mer. Une continuation du processus de différentes unités géomorphologiques et les interactions linéarisation de l'occupation du rivage conduira entre les agents qui en sont responsables. Elles commencent, déjà, à générer des conditions favorables à 1 Idée retenue d'une discussion scientifique avec mon collègue Abdellatif des processus dégradants et à accentuer la sensibilité du Bayed, à l'occasion de l'une de nos rencontres dans le cadre du projet terrain à certains risques. MED-CORE.

7 A. Oueslati – Géomorphologie, aménagement et prévention des risques naturels du littoral de Oued Laou

inéluctablement à différentes formes de dérèglement de la anthropique. Les illustrations les plus expressives, de sa dynamique de la plage et, partant, sa fragilisation. Des recrudescence existent dans les secteurs qui ont subi, ou qui constructions en dur, denses et alignées sur le front de mer, sont en train de subir, différentes interventions humaines s'opposent aux échanges sédimentaires, par l'intermédiaire fragilisantes. C'est le cas, en particulier, au Nord de Sidi du vent, entre le rivage et les terrains qui le bordent. Elles Bou Haja, au droit de la partie centrale de l'agglomération empêchent aussi le ruissellement qui prend naissance sur le de Kaa Assrasse et au niveau de la racine du Cap Targha. versant côtier de faire parvenir sa charge jusqu'à la plage. L’exacerbation de l'érosion hydrique, sur le versant côtier, La destruction du couvert végétal naturel et qu’on évoquera plus loin, aurait pu être avantageuse pour le l'ameublissement du sol, dans le cadre d'une extension des rivage si la marche des eaux courantes n'avait pas été travaux agricoles sur le versant côtier, en partie parce que déréglée. Les sédiments transportés par ces eaux sont, en les bons sols de la plaine qui le devance ont été envahis par effet, souvent bloqués contre les différents obstacles de le bâti, sont les causes les plus importantes du renforcement l'espace bâti et des voies de circulation. Mais les menaces de cette érosion et de son extension spatiale. L’explication les plus sérieuses viendront surtout du côté de la mer. se trouve aussi dans les aménagements qui ont favorisé la concentration des écoulements comme la disposition, déjà Certes, les constructions qui longent la plage sont, assez fréquente, du bâti et des voies de circulation ainsi que aujourd'hui et en temps ordinaire, hors de portée des des ouvrages qui leurs sont associés, dans le sens de la vagues. Mais on sait aussi que celles-ci sont capables, pente. On le voit bien dans le secteur compris entre Sidi comme en témoignent la répartition des traînées de galets Bou Haja et Cap Makkada par exemple, où les ravins les poussés par gros temps ainsi que les caractéristiques des plus actifs et les plus menaçants se trouvent très souvent au dépôts de la plaine (Fig. 4), d’atteindre la crête du cordon niveau de la sortie de canalisations aménagées sous la littoral, voire parfois même la marge externe de la plaine. A chaussée de la route côtière qui passe, perchée, sur la partie l'occasion des tempêtes exceptionnelles, les bâtiments de la moyenne du versant côtier. D'autres illustrations, non moins première ligne, surtout ceux qui ont largement empiété sur impressionnantes, existent du côté de la racine du Cap ce cordon, pourraient alors courir des dommages sous l'effet Targha, où des interventions, par des murs et des seuils en du choc de vagues cherchant à assurer l'échange gabion, visant la protection de la route, ont entraîné, plus sédimentaire entre les différentes parties du profil bas, une concentration des eaux et accentué leur pouvoir transversal de la plage. Il est bien connu aujourd'hui, que destructeur (Photos 3 & 4). cet échange revêt une importance capitale pour l'équilibre de la dynamique des littoraux meubles ; on y a vu même une forme d'autodéfense de ces derniers contre les agressions de la mer (Paskoff 1993, Oueslati 2002, Oueslati 2004). En fait, les conséquences pourraient aller plus loin que de simples dégâts accidentels. Car, les grosses tempêtes peuvent, comme il s’est produit dans bien d’autres terrains, donner le coup d'envoi d'un processus de dégradation irréversible. La situation pourrait se compliquer davantage au cas où l'élévation du niveau marin annoncée pour les prochaines décennies se confirme.

2.2. Sur le versant côtier: les risques d'une exacerbation de l'érosion hydrique L'érosion hydrique constitue la principale menace sur le Photo 3 : Accélération de l'érosion hydrique en aval d'un ouvrage en gabion implanté pour protéger la route côtière sur les pentes de versant côtier. Ses effets apparaissent à travers le décapage la racine du Cap Targha (photo, F. Charfi). des sols et parfois à travers une multiplication de griffures et de ravines plus ou moins évoluées. Ces formes sont parfois estompés ou peuvent disparaître sous l'effet du travail agricole ; mais le sol érodé part à jamais. Dans d'autres cas, on assiste à la naissance ou à l'activation de ravins difficiles, voire impossibles, à maîtriser par les seuls moyens du paysan isolé. Là où la couverture sédimentaire du versant est épaisse et accorde une place importante aux matériaux tendres, le paysage des ravinements intenses et très frais commence à marquer des espaces indéniables et est parfois en train de connaître une progression rapide.

Certes, les manifestations de cette érosion sont reconnaissables même dans des secteurs encore non atteints par les aménagements récents ; ce qui dénote d'une Photo 4 : Ravins récemment formés dans la couverture quaternaire tendance favorable, déjà à l'état naturel, à l'activité des eaux du versant côtier à quelques hectomètres au Sud du Cap Makkada. courantes. Mais il s’agit de plus en plus d’une érosion Au premier plan, un cône de déjection encore actif.

8 A. Oueslati – Géomorphologie, aménagement et prévention des risques naturels du littoral de Oued Laou

Photo 5 : L'un des cônes de déjection récemment formés à la sortie des ravins qui découpent le versant de la racine du Cap Targha. Son matériel, tronqué par les vagues, renferme des morceaux de fils de fer, des fragments de plastique et des morceaux d'étoffe (dont on voit un témoin sur la photo) attestant de son âge très récent.

Dans certains cas, la menace n’est pas loin de devenir Makkada, a une longueur axiale voisine de 70 m et son sérieuse pour des aménagements importants, surtout ceux front se suit sur une cinquantaine de mètres. Une situées sur le versant côtier ou à son pied. Au Nord de Sidi excavation de forme géométrique, profonde de 1,5 à 2,5 m Bou Haja par exemple, des ravins très actifs et profonds et large de 5 à 6 m, creusée dans son matériel, pour évoluent à très peu de distance de l'hôtel La Planque ainsi implanter une petite habitation, a très vite disparu attestant que de quelques habitations et de la mosquée locale. A Kaa de l'importance et de la rapidité avec laquelle agissent les Assrasse, la situation n'est pas plus sûre. Des habitations eaux courantes dans ces ravins-torrents. De fait, encore risquent d'être rattrapées par le recul des berges de ravins fraîche en avril 2004, elle était totalement remblayée, par de soumises à un sapement actif ainsi que le laisse penser leur nouveaux apports, en septembre 2005. D'autres cônes fraîcheur et le déchaussement de la végétation qui les existent au droit des ravins qui découpent le versant de la borde. racine du Cap Targha. Leur matériel, dont l'épaisseur visible se situe entre quelques décimètres et 1,5 m, est La falaise de la racine du Cap Targha offre un cas de figure tronqué par les vagues et contribue à l'alimentation du stock assez particulier. Le ruissellement, parfois très intense, sédimentaire de la plage. Le faciès, généralement grossier et s'attaque à une épaisse couverture d'éboulis et de colluvions assez fortement compacté pourrait, à première vue, laisser quaternaires. Ceci joue, pour l'instant, en faveur du stock croire qu’il s’agit de formes anciennes. En fait, c’est le sédimentaire de la plage. Mais au fur et à mesure que cette produit d’une évolution en cours puisqu’on y trouve, dès les couverture, qui a déjà disparu sur des superficies horizons inférieurs, des morceaux d'étoffe ainsi que des indéniables, est épuisée, le rivage se trouvera privé d'une fragments de plastique et de fils de fer (Photo 5). partie de l'alimentation dont il profitait. Les conséquences pourraient être ressenties jusque dans la plage de Kaa Entre les deux, dans la plaine: dérèglement des Assrasse vers laquelle se dirige la dérive littorale la plus écoulements et création de conditions favorables aux active comme on peut le comprendre de la distribution du risques d'inondation matériel descendu depuis la falaise. Peu large, très basse et coincée entre la mer d'une part, et un Quoi qu'il en soit, les ravinements commencent à marquer versant côtier pentu et découpé par différents cours d'eau la morphologie dans différentes parties du versant côtier. d'autre part, la plaine constitue, à l'état naturel, le lieu des Ceci, ils le doivent à leur densité, à leur profondeur, à leur rencontres et des échanges les plus nombreux. Elle est tracé parfois très rectiligne et à la rapidité avec laquelle ils traversée par les eaux concentrées des oueds et reçoit les évoluent, mais aussi à la nature et à la teinte des matériaux eaux des écoulements diffus des interfluves. Elle constitue dans lesquels ils naissent et prolifèrent. Dans certains aussi un espace de transit pour les matériaux poussés par le secteurs, un vrai paysage de bad-lands a pris place. Dans vent et n'est pas toujours hors de portée des eaux marines. d’autres cas, les ravins commencent à se ramifier vers Avant son envahissement par le béton, elle a pu voir se l'amont pour évoluer en petits torrents. Leur partie aval est mélanger sur sa surface, parfois à très peu de distance du parfois occupée par des accumulations assez importantes pied du versant côtier, eaux douces et eaux salées. Ceci se épousant un modelé de cônes de déjection caractéristique. produisait lorsque des événements pluviométriques L'un de ces derniers, situé à environ 300 m au Sud du Cap importants ont coïncidé avec de fortes tempêtes marines.

9 A. Oueslati – Géomorphologie, aménagement et prévention des risques naturels du littoral de Oued Laou

Les traces d'une telle dynamique sont toujours Dans les terrains très bas, et en partie marécageux, qui reconnaissables dans les sédiments de surface, anciens mais bordent le cours aval de Oued Laou, les risques aussi ceux relevant de la dynamique récente. Les sections d’inondation sont anciens et bien connus. Ils sont d'ailleurs révélées par des carrières abandonnées montrent une matérialisés par l’instabilité du lit de l'oued qui a changé de imbrication entre matériaux poussés par les vagues et position à différentes reprises, sans doute à la suite de matériaux liés aux eaux courantes (Fig. 4). phénomènes de défluviations accompagnant de fortes crues (Fig. 5). Ces terrains ont, heureusement, continué à être Or, de nos jours, les aménagements, surtout l'espace bâti et évités par les habitations. Mais ailleurs, les choses évoluent les voies de circulation, sont, par leur multiplication et leur autrement. densification ainsi que par leur localisation et disposition par rapport aux artères de l'écoulement et par rapport au Dans les secteurs situés à l’écart de l’embouchure de Oued rivage, en train de causer différents dérèglements à cette Laou, les symptômes d’une évolution vers une extension du dynamique. Leur marche étant de plus en plus perturbée, les risque d'inondation sont les plus nets là où des eaux pluviales sont en passe de devenir menaçantes et aménagements, le plus souvent des espaces bâtis, ont couru différents risques, dont notamment les inondations, l'imprudence d'empiéter sur les sections des oueds très commencent à se confirmer. En fait, cette évolution ne se faiblement encaissés ou d'opter pour des localisations fait pas, et n'est pas partout vécue, de la même façon. proches de berges basses et montrant les signes d'une importante activité de sapement. Des exemples, existent dans le cours inférieur des oueds Ihikkamine, Azarza et Sidi Bou Haja. La situation est d'autant plus délicate que les vallées de ces oueds se rétrécissent au niveau du versant côtier, surtout à leur débouché sur la plaine. Car, ceci est de nature à favoriser, lors des fortes pluies, les bassins versants étant relativement étendus et les vallées évasées vers l'amont, des phénomènes de chasse d'eau qui peuvent être très agressifs et destructeurs. A l'embouchure de Oued Sidi Bou Haja, on reconnaît, au contact du cordon littoral, des vestiges de constructions, détruites et partiellement recouvertes par des dépôts de crues.

Là où le bâti est devenu assez uni, les problèmes viennent des difficultés de circulation, de plus en plus grandes, qu’éprouvent les eaux pluviales qui tombent directement Figure 4 : Coupe dans une petite carrière abandonnée à la sortie sur la plaine ou qui arrivent depuis les pentes nord de l'agglomération de Oued Laou, près du cours aval de environnantes. Ils sont aggravés par l’absence de Oued Azarza. On reconnaît des passages latéraux et une canalisations permettant une évacuation efficace. Aussi, imbrication entre le matériel marin de la partie interne du cordon l'écoulement est-il, selon les cas, concentré, désorienté, littoral et les alluvions. piégé ou guidé par les voies de circulation et les couloirs a, cordon littoral ; b, plaine ; c, pied du versant côtier. qui séparent les îlots du bâti orientés dans le sens de la 1, plage fossile vraisemblablement versilienne ; partie basale pente. Aux stagnations contre les différents obstacles conglomératique ; 2, partie supérieure de la même plage fossile ; faciès de grès biodétritique quarzeux ; 3, alluvions d’âge (bâtiments, chaussées de routes, ...), s’ajoutent des formes historique, sablo-limono-argileuses rougeâtres ; 4, matériel du de dégradation liées à la nature des matériaux décantés. Ces cordon littoral actuel ; 5, matériaux déposés par les eaux des crues derniers, souvent argileux, sont responsables d’un paysage les plus récentes. de boue rougeâtre et de chaussées glissantes lorsqu’ils sont encore humides. A sec, ils sont mobilisés par le vent et par la circulation des moyens de transport, créant une ambiance poussiéreuse.

Dans le secteur compris entre Oued Sidi Bou Haja et Cap Makkada, l'évolution de l'espace bâti s'est faite de façon différente. Elle a commencé au bord de l’eau pour s'étendre, au cours des toutes dernières années, au versant côtier. Entre les deux, la plaine a continué à conserver sa vocation d'espace agricole. Mais les constructions en dur sont déjà continues sur plusieurs hectomètres le long du rivage et forment une barrière, un obstacle sur le chemin du ruissellement qui pouvait jadis, du moins lors des fortes pluies, percer le cordon littoral et rejoindre la mer. Outre Figure 5 : Changements de la position du lit de Oued Laou, au ses méfaits sur la dynamique de la plage, cités plus haut, cours de la deuxième moitié du vingtième siècle, dans la plaine cette barrière a transformé la plaine en un espace assez littorale, en aval de la route S608 (d'après les photos aériennes de fermé, un bassin dans lequel s'accumulent des eaux 1958, 1966 et 1994). pluviales de plus en plus chargées en sédiments à cause de

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l’exacerbation de l'érosion hydrique, et menaçantes pour les INTERPRETATIONS D’ENSEMBLE : QUELS habitations de front de mer. Des situations délicates ENSEIGNEMENTS, QUELLES PRECAUTIONS ET pourraient se produire lorsque de fortes averses surviennent QUELLES ORIENTATIONS D'AMENAGEMENT? en même temps que de fortes tempêtes marines, ce qui n'est pas inconnu sous climat méditerranéen. Les résidences se L'analyse des formes de terrain et de la couverture trouveraient alors coincées entre deux pressions, celle des quaternaire a permis de montrer que les grands traits du eaux pluviales du côté interne et celle des eaux marines du paysage de la frange littorale sont le résultat d'une évolution côté externe (Photos 6 & 7). récente. Dans les parties les plus basses et les plus proches

de la mer cette évolution appartient aux derniers millénaires Aussi, si rien n’est fait pour contrôler et orienter et est en bonne partie d'âge historique. l’occupation et l’utilisation du sol, la frange littorale de

Oued Laou, risque de s’ajouter, peut être dans quelques Cette même analyse renseigne aussi sur des caractéristiques années seulement, à la liste des six sites prioritaires en importantes de la dynamique qui a permis à la région matière d’intervention pour la lutte contre les inondations d'acquérir son visage actuel ainsi que sur différents aspects identifiés dans la région (Agence du Bassin hydraulique du dont la considération peut être d’une grande importance Loukkos 2006b). pour une évolution équilibrée ou sans risques graves. Aussi a-t-on pu comprendre, en particulier, que les agents morphogéniques n'ont pas toujours agi dans l'indépendance. Certes, leur importance relative a varié à travers le temps, mais la nature du terrain, notamment sa forme de frange exiguë ainsi que son caractère bien circonscrit dans l’espace et bordé par le versant côtier qui constitue une barrière topographique bien tranchée dans le paysage ont toujours favorisé les interactions entre les agents en action et les échanges entre les différentes unités géomorphologiques. L'agencement des modelés et les multiples imbrications sédimentaires témoignent, parfois même, d'une dynamique d'interpénétrations, voire de recoupement, dans l'activité de ces agents. Le site offre, de ce fait, une démonstration pertinente concernant la complexité et surtout l'importance des liens1 qui peuvent caractériser un espace naturel donné. Il ne s'agit pas cependant d'un environnement isolé ; ce terrain est largement ouvert sur la mer et reçoit, par l'intermédiaire de différents cours d'eau, notamment Oued Laou, les influences d'un arrière pays parfois lointain.

Une telle dynamique, qui a marqué l'évolution passée, continue à être importante de nos jours. Ses vecteurs sont multiples et les échanges qu'elle implique se font aussi bien perpendiculairement (par les vagues, le vent et les eaux courantes) que parallèlement (par les courants marins et le vent) au trait de côte (Fig. 6). Sur le rivage, les vagues occupent une place essentielle, notamment par la mobilité sédimentaire qu'elles assurent, entre l'avant-côte et la plage ou dans le profil transversal de cette dernière. Les courants Photos 6 et 7 : Deux photos prises dans la partie septentrionale de côtiers, notamment la dérive littorale, jouent un rôle la frange littorale de Oued Laou, depuis la plage et depuis le important dans la redistribution des sédiments le long du versant côtier. rivage. Sur les pentes du versant côtier, la prépondérance Sur A, on voit que les résidences de front de mer empiètent sur le revient au ruissellement, concentré ou diffus. Là où la cordon littoral et forment une barrière continue ce qui pourrait les frange littorale devient très étroite et la côte relativement exposer, à la fois, à l'action des vagues des tempêtes et des eaux bien exposée aux vents, ces derniers ont pu fonctionner en pluviales qui descendent des pentes environnantes lors des fortes alternance avec le ruissellement, comme en témoignent les pluies. A gauche de la photo, on reconnaît l'hôtel La Planque, imbrications entre leurs dépôts, signalés par différentes implanté sur le versant. Dans son voisinage existe un terrain récemment débarrassé de sa végétation et annexé aux terres coupes. agricoles ainsi qu'un ravin dont l'évolution est accentuée par la concentration des eaux pluviales à la sortie de l'une des canalisations aménagées sous la chaussée de la route côtière. Sur B, la plaine coincée, comme une gouttière, entre la barrière de résidences secondaires et le versant côtier. On reconnaît aussi des 1 En fait, en plus des échanges sédimentaires et ceux en rapport murs en gabions implantés pour protéger la route côtière mais qui, avec la dynamique du paysage géomorphologique, il doit y avoir en fait, concentrent l'écoulement et accentuent son pouvoir érosif d'autres formes de mobilités et d'échanges importantes, au niveau plus en aval. biologique par exemple.

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La plaine reste toutefois le domaine des interactions les plus En réalité, la frange littorale de Oued Laou semble à l'orée variées. Elle est traversée par les eaux courantes qui d'une nouvelle conjoncture ; elle nous paraît d'ailleurs, tout prennent source dans le versant côtier ou qui viennent de comme dans d'autres parties de la côte méditerranéenne du l'intérieur des terres et c'est par elle que transitent les Maroc, à la croisée des chemins. Continuer à l'aménager et sédiments poussés par le vent avant d'atteindre le versant à l'occuper au même rythme et de la même manière qu'au qui la borde. De plus, elle n'a pas été toujours à l'abri des cours des dernières années risque de favoriser, le agents marins. On a vu qu'elle a pu être, à travers le temps, déroulement d'un scénario, conduisant vers des situations successivement annexée à la mer ou livrée à l'action des de plus en plus délicates à vivre notamment à l'occasion de agents continentaux. certains événements exceptionnels pluviométriques ou marins. Quoi qu’il en soit, cette dynamique d’échanges et d’interactions doit être considérée dans toute tentative Un engouement continu et exagéré pour une position la plus visant l'occupation de l'espace et son aménagement. Sinon proche possible du rivage doit conduire, même si ce dernier c'est une marche vers la multiplication des formes de dispose d'un stock sédimentaire relativement abondant, à rupture qui s'instaure et qui s'accentue pour conduire à des l'émergence de problèmes d'érosion marine menaçants pour situations de déséquilibre pouvant compromettre les constructions les plus proches de la mer et qui, par leur aménagements et environnement naturel. Certes, certains continuité, constitueront un obstacle aux échanges des problèmes qui commencent à surgir ou à s'amplifier sédimentaires dans le profil transversal de la plage et à sont en rapport avec des pratiques humaines communes à l’adaptation de cette dernière aux variations des données d'autres régions ; et certains comme l'érosion hydrique, sont météomarines. déjà favorisés par des tendances naturelles. Mais les plus importants et qui risquent de s'amplifier dans l'avenir sont De son côté, la densification du bâti au détriment des souvent dues à des aménagements négligents d’une telle espaces, naturellement empruntés ou envahis, même dynamique qui est, selon les cas, en train de voir les épisodiquement, par les eaux courantes est de nature, si elle modalités de sa réalisation contrariées, perturbées, n'est pas accompagnée de mesures adéquates et surtout si modifiées ou carrément annulées. elle continue à se faire dans le cadre d'un aménagement peu soucieux des limites et des exigences du milieu, à accroître les risques d'inondation et l'agressivité des eaux de ruissellement. Selon leur localisation, les aménagements pourraient se trouver face à une ou à plusieurs menaces. Les situations les plus délicates doivent se produire là où différents agents morphogéniques peuvent intervenir de façon simultanée. Le secteur situé immédiatement au Nord de Sidi Bou Haja, où les résidences forment une barrière dans un espace concerné par l'activité des eaux marines et situé sur le chemin des eaux de ruissellement, en donne sans doute l'illustration la plus éloquente.

Nous insistons toutefois, sur le fait que, malgré toutes les imprudences commises, la situation n'a pas atteint un stade non remédiable. Des espaces indéniables continuent à échapper aux problèmes évoqués et différentes discontinuités marquent encore les espaces bâtis. Si bien que, les possibilités d'intervention et de recours à des mesures préventives ou de réparation, en vue de parer aux risques et surtout d'empêcher une évolution vers des situa- tions irréversibles, existent encore. Mais leur réussite dépendra du cadre et de l'esprit dans lesquels elles seront conduites. La réalisation d'un plan d'aménagement et de gestion intégrée couvrant l’ensemble de l’espace côtier compris entre cap Makkada et cap Targha, placé dans son cadre régional, ainsi que de vraies études d'impacts, nous paraissent constituer une urgence. La réflexion doit tenir compte de la situation actuelle avec ses contraintes et ses atouts, s’appuyer à une stratégie bien étudiée et à une Figure 6. Agents naturels en action et échanges dans la frange connaissance approfondie de la dynamique du milieu et de littorale de Oued Laou : représentation schématique. ses exigences ainsi que de son histoire et de sa valeur 1-falaise et côte basse à plages ; 2-versant côtier ; 3-arrivée de sédiments depuis le large ; 4-transit sédimentaire par la dérive patrimoniale, impliquer des spécialistes des sciences littorale ; 5-mobilisation des sédiments de la plage par le vent ; 6- fondamentales et des sciences appliquées et accorder une apport d'eau continentale et de matériaux terrigènes par des cours place importante à la dimension prospective considérant d'eau ; 7-apports d'eau et de sédiments par des écoulements diffus notamment les tendances de l’évolution de la perception de ou faiblement concentrés sur le versant côtier et les interfluves. l’homme pour son environnement et les changements

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annoncés pour l’avenir au niveau du milieu naturel. Il faut, L'aboutissement des eaux pluviales étant la mer ou les en même temps, s'assurer une garantie, surtout par des terres basses barrées par le cordon littoral ou par le bâti qui structures adaptées et compétentes et des moyens le longe, une attention particulière doit être accordée à la juridiques, du suivi et d'applicabilité des recommandations gestion des déchets et ordures. Une priorité nous paraît de telles études et d'un tel plan et de la durabilité de l'esprit devoir être donnée aux lits des oueds dont certains dans lequel ils sont conçus. commencent à servir de dépotoirs sauvages, encore limités il est vrai, mais qui risquent de s'amplifier avec l'urbanisation. En définitive, et quelle que soit l'orientation adoptée, nous pensons que toute intervention future, doit considérer un L'extension du bâti au versant côtier pourrait constituer une minimum de principes fondamentaux. Ces derniers se option intéressante. Tout en offrant des vues pittoresques, rapporteront surtout à l'unité spatiale de la frange littorale, elle constituerait un moyen de stabilisation des pentes et la complémentarité et l'échange entre ses différents permet d'échapper aux risques d'inondation et aux menaces compartiments et entre les agents qui y interviennent ainsi qui viennent du côté de la mer. Toutefois, elle ne peut que la dimension historique, les tendances de l'évolution de vraiment réussir que si elle s'inscrit dans une vision globale l'environnement et les événements naturels exceptionnels. du site et s'appuie à un diagnostic qui considère, outre la La valeur paysagère n'est pas des moins importantes. Si le dimension paysagère, la nature du sol et son état ainsi que site a attiré c'est en bonne partie grâce à la beauté de ses la stabilité des pentes et leur dynamique avant et après paysages dont il faut profiter mais sans les enlaidir et les occupation. Des interventions isolées risquent de se trouver détruire. Au terme de cette première appréciation de la face à des menaces variées. L'hôtel La Planque par situation, on peut déjà avancer les recommandations exemple, implanté sur la partie inférieure du versant côtier, suivantes: offre une vue intéressante pour sa clientèle, tire profit des atouts paysagers du site, mieux que les résidences « pieds Dans la plaine et sur le versant côtier, une attention dans l’eau » et n’est pas concerné par les risques particulière doit être accordée aux eaux pluviales. Outre la d'inondation. Mais il est encadré par des terrains qui ne nécessité de lutter contre le développement du ravinement présentent pas toujours toutes les garanties de stabilité. Du existant et l'extension du bâti dans les sections côté amont, il est dominé par la route et des pentes en cours naturellement inondables des oueds qu'il faudra, d'ailleurs, de déstabilisation. Les terrains situés à son altitude définir avec précision, il est impératif d'interdire commencent à connaître des travaux de défrichement l'occupation des berges vives, surtout par des habitations. favorisant l'érosion hydrique. A peu de distance, du côté Dans les espaces déjà bétonnés et ceux qui seraient appelés septentrional, existe un ravin dangereux dont l'activité a été à connaître le même sort, il est indispensable de créer un accélérée suite à la concentration des eaux pluviales par réseau de canalisations bien réparties et suffisamment l'une des canalisations aménagées sous la chaussée de la grandes pour pouvoir contenir les eaux des fortes pluies. On route (photo 6). pense même qu'il ne serait pas prématuré d'engager une réflexion sur des travaux de traitement du cours moyen et Du côté du rivage, il est impératif de prendre des mesures amont des oueds dont l'embouchure commence à être en vue de prohiber les aménagements et les pratiques densément occupée (Oued Azarza, Oued Sidi Bou Haja et touchant à l'intégrité du cordon littoral (comme les carrières Oued Ihikkamine, …). Car, une continuation de la de sable et le prélèvement des galets) ou susceptibles densification et de l'extension du bâti dans la plaine et dans (notamment les constructions en dur) de contrarier la les parties basses des vallées pourrait, à terme, finir par dynamique d'échange sédimentaire qui se fait dans son imposer le recours à la création d'ouvrages hydrauliques profil. L'une des mesures consisterait à définir un espace permettant une meilleure maîtrise des eaux depuis l'amont non aedificandi qui n'est pas obligatoirement l'équivalent ou à des travaux de recalibrage ou d'endiguement de la du domaine public maritime, tel qu'il est conçu dans partie aval des oueds, parfois à travers le tissu urbain. Cette certains pays méditerranéens voisins. Sa largeur sera dernière option ne serait pas sans entraîner des dommages définie en fonction de la dynamique actuelle, y compris au niveau du bâti mais aussi et surtout sur le plan esthétique celle des événements naturels exceptionnels, et doit et environnemental. considérer l'impact des aménagements existants ainsi que les changements environnementaux annoncés ou qui risquent d'intervenir dans l'avenir comme l'élévation du On suggère également de tenir, à l'écart du béton, les niveau marin. Les segments du rivage encore à l'état naturel bandes de terre, ou au moins une partie d'entre elles, et occupant une position contiguë à d'autres fortement allongées depuis le versant jusqu'au rivage et encore anthropisés, doivent être préservés et soustraits à toute couvertes par la végétation ou exploitées dans l'agriculture. forme de bétonnage. Ceci doit, outre la fonction de réserve Ceci doit permettre d'aider à maintenir, même en plages, aider à maintenir quelques "fenêtres" permettant partiellement, l'échange entre les différentes unités un minimum de continuité dans les échanges avec l’arrière naturelles et de donner des possibilités de solutions lors de pays immédiat et offrant quelques passages pour les eaux certaines situations critiques qui pourraient survenir à pluviales. On ne manquera pas enfin, de rappeler que, pour l'occasion des événements exceptionnels, comme la l'équilibre de la plage, il faut également considérer les création de passages pour l'évacuation de l'excédent d'eaux échanges longitudinaux assurés par les courants littoraux et pluviales. En temps ordinaire, elles peuvent offrir des ceux qui se font entre le rivage et l'avant-côte. Des espaces verts et de récréation. aménagements susceptibles de dérégler de tels échanges,

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des digues de ports ou des brise-lames par exemple, Certes, ce schéma ne vient pas au bon moment pour le site peuvent, surtout s'ils ne sont pas bien positionnés ou de Oued Laou déjà engagé dans une toute autre logique calibrés, générer des problèmes supplémentaires. d'aménagement. Il suppose, en plus, une maîtrise de bien des problèmes, comme ceux d'ordre foncier et social. Au total, il apparaît qu'une définition de formes Quelques secteurs, comme celui qui se trouve d'exploitation et d'aménagement vraiment adéquates est loin immédiatement au Sud de Cap Makkada ou au Sud de Kaa d'être tâche facile et aisée dans cette frange littorale de Assrasse, sont toutefois encore inoccupés et pourraient Oued Laou, pourtant peu étendue et parfois très exiguë. l'accueillir, si un diagnostic du type de celui signalé plus Mais, c'est souvent de cette exiguïté, dans un haut l'autorise. Mais on sait aussi que cette côte environnement d'interface imposant à différents agents méditerranéenne du Maroc renferme d'autres terrains, d'intervenir côte à côte, parfois en interférence, sur de parfois très comparables, tant par leur morphologie que par courtes distances, que viennent souvent les difficultés. Les la beauté de leurs paysages, au site de Oued Laou. Ils options d'aménagement s'approcheront de la réussite à pourraient offrir des opportunités pour appliquer ce type mesure qu'elles considèrent l'espace dans sa globalité, tant d'approche et de réflexion et de l’approfondir, toujours à la pour sa dynamique que pour sa valeur paysagère. recherche d’une meilleure occupation et valorisation de Malheureusement, ce qui est déjà fait et les tendances qui se l'espace. dégagent des différentes formes d'occupation du terrain, ne répondent pas toujours à ces conditions. Remerciements Ce travail a été réalisé dans le cadre du projet MED-CORE La figure 7 tente, tout en considérant la situation actuelle et (Contrat n° ICA3-CT-2002-10003), financé par la Commission Européenne. Mes remerciements et ma reconnaissance vont au en imaginant ce vers quoi pourrait conduire une Professeur Felicita Scapini responsable du projet et au Professeur continuation de l'évolution déjà engagée, une représentation Faouzia Charfi responsable de l'équipe tunisienne. Je remercie de ce que un géomorphologue, intéressé par l'évolution et la aussi mes collègues les professeurs Abdellatif Bayed et dynamique récente du milieu naturel, aurait pu suggérer, s'il Mohammed Ater responsables des équipes marocaines pour avait été impliqué dans une réflexion sur cet espace, dans le l’accueil et l'aide qu'ils m'ont toujours apportés afin de faciliter ma cadre d'un plan d'aménagement par exemple. Aussi, aurait- tâche lors des missions de terrain. on émis bien des réserves à l'extension tous azimuts du bâti et surtout sa linéarisation et sa densification sur le front de Références mer et dans la plaine. A la formule « pieds dans l’eau », on Agence du Bassin hydraulique du Loukkos, 2006a. Les ressources aurait proposé une autre privilégiant « la vue sur le en eau du bassin de l’Oued Laou : potentialités et ème paysage » et la valorisation des différents atouts du site, perspectives de développement. IV Réunion mais aussi l’adaptation aux exigences et aux contraintes du Internationale INCO-CT-2005-015226, Projet Wadi, milieu tant naturel que humain. Une occupation limitée aux Chaouen-, 31 oct-4 nov. 2006. hauteurs ou qui, du moins, évolue depuis ces dernières Agence du Bassin hydraulique du Loukkos, 2006b. Débat national jusqu’à une limite bien étudiée, vers l’aval, en adoptant une sur l’eau. Rapport 29 p. architecture adaptée au cadre naturel, peut être beaucoup André & El Gharbaoui A. 1973. Aspects de la morphologie plus avantageuse que celle, relativement trop réductrice, qui littorale de la péninsule de Tanger. Revue de ne voit dans le rivage que le sable et la baignade. Elle Géographie du Maroc, 23-24, 125-149. permettra de mieux valoriser les potentialités paysagères Beaudet G. 1971. Le Quaternaire marocain ; état des études. mais aussi de produire des aménagements à l’abri de bien Revue de Géographie du Maroc, 20, 3-56. des risques et surprises et de favoriser la préservation et la Beaudet G. & Maurer G. 1961. Dépôts et morphogenèse durabilité de bien des écosystèmes et de ressources quaternaires dans la vallée inférieure de l’Oued Laou. naturelles. La plage sera soustraite au béton, ce qui lui Notes Société géologique, Rabat, 15, 12-25. donnera des possibilités d'adaptation aux éventuelles Benabid A. 1982. Etudes phytoécologique, biogéographique et modifications futures dans la position du rivage ou dans le dynamique des associations et séries sylvatiques du comportement de l'espace côtier dans son ensemble, comme occidental (Maroc). Thèse Doctorat d'Etat, Univ. Aix Marseille, France. 199 p + annexes. en cas d'une élévation du niveau marin ou d’événements hydrologiques majeurs. Les eaux de ruissellement Berriane M. & Laouina A. 1993. Environnement et aménagement des côtes marocaines : étude de cas. In Actes continueront à atteindre leur débouché naturel sans Symposium Tétouan-Tanger, Rabat, avril 1992, 99-117. contraintes et sans menaces. Les bons sols de la plaine ne seront pas perdus pour l'agriculture ; ils permettront le El Gharbaoui A. 1981. La terre et l’homme dans la péninsule tingitane : étude sur l’homme et le milieu naturel dans le maintien d'un espace vert de cultures traditionnelles ou de Rif occidental. Travaux Institut Scientifique, Série Géol. jardins récréatifs traversés par des voies piétonnières & Géogr. Phys., 15, 439 p. proposant une promenade avant d'atteindre la mer ou au El Moutchou B. 1995. Dynamique côtière actuelle et évolution retour de la plage. Sur le cordon littoral et dans sa marge morpho-sédimentaire de la frange littorale méditer- interne, peuvent être implantées des constructions légères ranéenne entre M'diq et Oued Laou (région de Tetouan offrant différents services pour les estivants. Quelques Maroc nord-occidental). Thèse Doctorat 3ème cycle, parkings, sans bitume, seront aménagés dans la marge aval Univ. Mohammed V, Rabat, 165 p. de la plaine. Sur le versant, les constructions seront Emberger L. 1939. Aperçu général sur la végétation du Maroc : aménagées en gradins et selon une architecture permettant commentaire de la carte phytogéographique du Maroc des vues sur la mer mais aussi sur l’espace qui la borde. au 1:500 000. Verlag Hans Huber (Ed.), Bern.

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Figure 7 : L'occupation actuelle et ses tendances et l'occupation souhaitée ou imaginée de la frange littorale de Oued Laou A-Situation de départ ; les différentes unités du paysage géomorphologique. B-Occupation continue du front de mer et discontinue du versant côtier ; la plaine est évitée. C'est vers quoi tend l'évolution dans le secteur septentrional, au Nord de l'embouchure de Oued Sidi Bou Haja. Elle favorise les risques d'inondation dans la plaine et des problèmes d'instabilité sur le versant ainsi qu'une fragilisation de la plage et la création de conditions pouvant favoriser le déclenchement de l'érosion marine. C-Occupation à partir des noyaux des villages de Oued Laou et de Kaa Assrasse ; densification du bâti dans toutes les directions et aux dépens du cordon littoral créant des conditions favorables aux risques liés aux eaux pluviales et à l’érosion marine. La dimension paysagère est sévèrement condamnée. D-Type d'occupation pouvant permettre de mieux valoriser la dimension paysagère, de préserver la vocation agricole de la plaine, d’échapper aux risques d’inondation et de favoriser la durabilité de la plage. 1- espace non aedicandi ; des constructions et équipements légers sont autorisés offrant différents services aux estivants ; 2- espace vert, d'agriculture ou de jardins récréatifs ; 3- constructions en gradins et à terrasses permettant des vues sur la mer et sur l’espace qui la borde.

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