Février 2002 - N° 13

OBSERVATOIRE FRANÇAIS DES

OFDT DROGUES ET DES TOXICOMANIES TraficDrogues international Bulletin mensuel

MAROC : LA PRODUCTION sud, les communes de Mokrisset et de . À ces deux tra- DE CANNABIS DANS LE ditionnelles s’ajoutent les zones de développement récent des cultures: Les dérivés du cannabis sont les drogues illicites les plus consommées les provinces de Tétouan au nord, de en et en . Selon le récent rapport Drogues et dépendan- à l’Ouest et de Sidi-Kacem ces. Indicateurs et tendances de l’OFDT1, un individu sur cinq entre 18 au Sud. Dans cette dernière, l’ex- à 75 ans les ont expérimentées. Chez les jeunes arrivant à l’âge adulte, tension des cultures se fait aujour- la moitié des garçons déclare en avoir déjà consommés « et cette pro- d’hui au détriment de périmètres portion atteint même 54,9 % à 18 ans et 60,3 % à 19 ans »2. irrigués de bonnes terres loués par des paysans de et de Ketama. Un tel marché, qui représente des 200, voir 300 habitants au km2 dans millions d’individus, sous-entend certaines zones rurales. La popula- Étendue des superficies des importations importantes même tion des provinces de de culture. si en France, comme dans le reste du (65 % de ruraux) et de monde, on observe le développe- (90 % de ruraux) est passée au cours Il est très difficile d’avoir une esti- ment des cultures en intérieur. Selon des 28 dernières années de 620000 mation précise de l’ampleur des l’OCRTIS3, en 2000, les saisies de habitants à 1 140 000, soit de 71 cultures et plus encore du volume haschisch (ou résine de cannabis) se personnes au km2 à 1 636. Le taux des productions. En effet de nom- sont élevées en France à 53,5 ton- d’accroissement dans l’ensemble du breuses variables doivent être prises nes, c’est-à-dire des quantités iden- Rif est de 3,6 % et la moyenne de en compte : nombre de récoltes ; tiques à celles qui avaient été sept enfants par foyer (50 % de la terres pluviales ou irriguées; qualité découvertes en 1997 et 19984. Les population a moins de 15 ans). Cette et usure des sols ; pluviométrie ; saisies de marijuana (ou herbe de population devrait encore doubler pourcentage de la récolte consom- cannabis) en revanche n’atteignent d’ici 15 à 20 ans. Non seulement le mée localement sous forme de kif pas cinq tonnes. Selon Interpol, en- cannabis a contribué à fixer une par- (marijuana), soit environ 40 % de la viron 90 % du haschisch saisi en tie des ruraux dans la région, mais il production, etc. En 2001, le Rif a Europe en 1999 provenait du Rif est également à l’origine d’un mou- connu la troisième année consécu- marocain5 où elle constitue la prin- vement de retour de gens qui avaient tive de sécheresse et la production cipale activité agricole. La demande émigré à Tanger ou à Tétouan. Elle ne devrait être qu’entre 30 % et la en provenance du Vieux continent attire chaque été de nombreux ma- moitié de ce qu’elle a été en 1998, est si forte qu’à quelques semaines rocains venus de tout le pays pour année de pluviométrie normale. de la récolte de juillet août 2001, trouver un emploi au moment de la La productivité peut ainsi varier de 1 toute la production avait été vendue. récolte du cannabis. à 5 sur les mêmes parcelles non On considère qu’il existe des zones irriguées. Une région surpeuplée de production « traditionnelles » de cannabis apparues dès le VIIe siècle Le Rif, région montagneuse du avec la conquête arabe. C’est d’abord nord du Maroc dont la moitié de la d’Al Hoceima dans le la superficie est au-dessus de 500 Rif central. Elle reste la première ré- 1. Drogues et dépendances. Indicateurs et tendances, p. 95-115. mètres, s’étend sur environ gion productrice, dans pratiquement 2. Idem, p.100. 20 000 km2 des provinces de 14 des 16 communes où il occupe 3. « Usage et trafic de stupéfiants en France en 2000 », 2001. Tétouan, Chefchaouen, Al Hoceima au moins le quart des superficies de 4. Le « record » de 1999, 64 t, tenait à une saisie de 23 t et . Bien que cette région ait chaque propriété. Dans les années destinée à la Pologne. 5. 600 t sur 693 t saisies en Europe. « Situation du trafic été la principale zone d’émigration 1980, ces productions ont gagné à de cannabis dans le monde 1999 », août 2000, p. 8. Selon dans les années 1960 et 1970, elle l’ouest la province de Chefchaouen, le rapport de l'Organe international des stupéfiants (0ICS) qui doit être rendu public le 27 février, l'approvisionne- connaît la plus forte densité démo- en particulier dans le sud-est du pays ment de l'Europe à partir du Maroc ne se situerait qu'en- graphique du pays, soit près de 130 Rhomara et le long de l’. tre 60 et 70 %. 2 6. Guy-Jean Abel, « Introduction et développement des habitants au km (dont 80 % vivent Pour la première fois en 1999, les cultures alternatives dans le Rif marocain ». Projet dans la campagne), avec des pics de cultures illicites ont touché, plus au D-M/93/21. Commission européenne. p. 21.

1 Selon une estimation de (non irrigués) de cannabis, ne reti- formation, les agriculteurs ont l’Observatoire géopolitique des rent, les mauvaises années, que de d’autres raisons pour ne pas vendre drogues (OGD)7, se fondant sur des 20000 F à 40000 F de cette culture du haschisch. Pascual Moreno en informations fournies par des fonc- pour faire vivre des familles qui dé- fournit trois. tionnaires du ministère de passent souvent dix personnes. Mais I Le besoin immédiat d’argent frais. l’Agriculture, les superficies se si- les estimations varient selon les Beaucoup de paysans étant endettés tuaient en 1993 entre 65 000 et sources. auprès des commerçants ou des gens 74 000 ha. Pour l’année 1995, Des données les plus récentes de leur famille, le kif produit un re- l’évaluation de l’agronome espa- (2001) sont fournies par des spécia- venu sûr et immédiat; gnole Pascual Moreno s’appuyant listes marocains qui ont accès aux I La peur de la répression impli- sur des données du cabinet espagnol parcelles dans le cadre de projets de quant la confiscation de la récolte, INYPSA qui réalisait l’étude développement alternatif. Elles une amende, etc.; PAIDAR-Med pour le compte de concernent une région de haute alti- I La peur d’entrer dans un monde l’Union européenne, était de tude où les parcelles sont très peti- inconnu, celui du trafic, où ils peu- 79846 ha8. En 2000, à partir de don- tes et la taille du cannabis réduite. vent être trompés sans recours pos- nées du ministère de l’Agriculture Dans ces conditions défavorables, sible à l’arbitrage des autorités, des marocain, où le cannabis figure sous ils avancent un rapport de 45000 F juges, etc. la rubrique « cultures industrielles », pour une production en terres plu- Certains paysans, qui n’ont pas on peut estimer que les cultures ont viales et de 60000 F à 90000 F pour besoin de liquidité immédiatement, atteint 90 000 hectares. Elles pour- une production en irrigué. Dans conservent leur kif pour le vendre à raient avoir atteint ou dépassé d’autres régions les rapports sont contre-saison, lorsque son prix 100000 ha en 2001. plus élevés et pourraient atteindre, augmente. Quant aux quantités de haschisch dans des conditions optima, jusqu’à En tablant sur une production de produites, l’OGD donne une four- 200 000 F par hectare. Quelle que 1397 tonnes de haschisch pour l’en- chette de 1000 à 1500 t. Des sour- soit l’estimation retenue, elle est semble du Rif, Pascual Moreno ces espagnoles évoquent le chiffre sans commune mesure avec le estimait en 1997 le rapport pour les de 1750 t et le Département d’État rapport des produits licites les plus producteurs marocains (du paysan des États-Unis 2 000 t. Rappelons courantes: au grand trafiquant) à 1816 millions que les saisies en Europe ces der- de dollars. La vente du kif par les nières années se situent autour de Blé: 7 quintaux à l’hectare = 4500 F paysans ne représente que 13 % de 700 t. Quant au nombre de familles cette somme. Étant donné qu’un Maïs: 10 quintaux à l’hectare = 5000 F concerné par la culture de cannabis, certain nombre de trafiquants ma- diverses sources, en particulier Le cannabis est donc de 12 à 46 rocains opèrent à l’étranger et rapa- Pascual Moreno, les évaluent à fois plus rentable que les cultures de trient leurs profits au Maroc, 200 000, c’est-à-dire plus de céréales. Pascual Moreno estime (toujours 1000000 de personnes. en 1997) à 2000 millions de dollars Parmi les productions licites qui le retour des profits du cannabis Rendements et revenus pourraient être développées dans le dans l’économie marocaine, contre du cannabis cadre de projets alternatifs de déve- 750 millions de dollars pour les loppement, la plus rentable est celle exportations de textile, 460 millions Le caractère illégal de cette culture du figuier : 15 000 F à l’hectare de dollars pour les investissements fait que les revenus qu’elle procure (mais, même dans ce cas, le canna- étrangers et 1 260 millions pour le sont sans commune mesure avec bis est de deux à huit fois plus ren- tourisme. Le même auteur estime à ceux des cultures vivrières ou de table). Par rapport à la vigne, il l’est 3 milliards de dollars les bénéfices rente légales. En outre, c’est un pro- 4 à 17 fois et par rapport à l’olivier 4 des trafiquants européens (ce calcul duit non périssable que l’on peut à 14 fois. Lorsque les paysans n’inclut apparemment pas la vente écouler à domicile, toujours sûr de extraient eux-mêmes le haschisch de rue). trouver un marché, permettant la du kif, cela leur permet de tirer un La culture du cannabis étant vente à crédit, etc. La superficie peu plus de leur production. Moins cependant plus rentable que toute moyenne par famille est de 6,67 ha que l’on s’y attendrait, car en fait les autre culture, les paysans tendent à dans la province de Chefchaouen et trafiquants paient le kif sur la base de 7,78 ha dans celle de Al du haschisch (et de sa qualité) qu’ils Hoceima, dont la moitié environ est pourront en extraire. 7. « Rapport d'enquête sur les enjeux politiques, écono- cultivée en cannabis9. Une thèse pu- Selon Pascual Moreno11 100 kg de miques et sociaux de la production et du trafic de drogues 10 au Maroc ». À la demande de l'Unité drogue du secrétariat bliée en 1989 nous apprend que kif rapportent 3000 F, les 3,5 kg de général de la commission des Communautés europé dans le pays Rhomara, devenu un haschisch tirés de ces 100 kg, ennes. Paris/Bruxelles, mars 1994. 8. « Estudio del cultivo del cannabis sativa en el Rif mar- des centres de la production de 5 000 F. La transformation produit roqui: sus consecuencias socioeconómica par la región ». cannabis, les propriétés de 0,1 à 5 ha donc un bénéfice de 2000 F. La ma- Universidad politécnica de Valencia, décembre 1997. 9. Guy Jean- Abel, op. cité, 10. représentent 61, 5 % des propriétés jorité des paysans (au moins 60 %) 10. Ahmed Ahmadan « L'évolution récente d'un espace et détiennent 48,7 % de la terre. De vend directement le kif, sans le rural périphérique marocain : le pays Rhomara », thèse de doctorat de l'Université de Tours, géographie, octo- nombreux paysans ne cultivant vrai- transformer. Outre le peu de gain bre 1991, cité par OGD, op. cité, p. 21. semblablement que de 1,5 ha à 3 ha supplémentaire procuré par la trans- 11. Pascual Moreno, op. cité, p. 169. 2 abandonner les cultures vivrières font un court séjour deux ou trois projets de développement, les ONG pour tout acheter au souk: le lait, les fois par an, comme pour marquer le s’investissent dans d’autres régions légumes, les œufs, l’huile, etc. Il en signe d’un statut. Le cannabis en- du pays. résulte que la région devient défici- traîne le développement de l’indivi- Une dernière conséquence sociale taire en aliments dont les prix ont dualisme, de la corruption et le recul de cette économie est que les nota- augmenté. Au point que paysans de l’éducation. Au début des années bles traditionnellement investis de s’endettent saisonnièrement auprès 1980, on a commencé à former les l’autorité villageoise ou tribale ont des commerçants qui leur font cré- gens des régions du Rif. L’arrivée dû céder leur place à des privilégiés dit lorsqu’ils sont producteurs de kif. soudaine de l’argent du cannabis a appartenant à une nouvelle classe On peut observer dans de nombreu- fait reculer les motivations pour émergente, les trafiquants de dro- ses régions du Rif le cycle suivant: à l’éducation des enfants, alors que gues qui possèdent le pouvoir éco- la fin du mois d’août et au moins de l’analphabétisme est plus élevé que nomique: ce sont eux qui avancent septembre, lorsque la récolte est ren- dans le reste du Maroc: pour les pro- l’argent aux cultivateurs, possèdent trée et vendue, il règne une vinces de Chefchaouen et d’Al des automobiles, achètent des terres, atmosphère de fête et une fièvre de Hoceima, 75 % des hommes et sont propriétaires de biens et consommation. Durant les quelques 95 % des femmes. En 2001, le taux d’appartements, etc.12 mois qui suivent, l’économie fami- de scolarisation n’atteint pas 50 % liale est équilibrée, puis au début de des enfants. L’impact écologique l’année suivante commencent la Le cannabis accroît les conflits à de la culture de cannabis disette et l’endettement qui attei- l’intérieur de la famille: il arrive que gnent leur paroxysme en juillet, peu les jeunes volent l’argent de leur « La monoculture du cannabis avant la récolte du cannabis. parent. L’usage des boissons alcoo- dans un écosystème fragile comme D’une façon générale, et en parti- lisées s’étend. L’économie du can- celui du Rif (climat méditerranéen culier pour ceux qui possèdent une nabis approfondit également les caractérisé par de rares précipita- quantité suffisante de terres irri- conflits entre familles et contribue à tions concentrées sur de courtes pé- guées, l’argent n’est pas utilisé pour multiplier les litiges fonciers. La riodes annuelles, forte chaleur esti- améliorer la situation familiale, mais culture illicite étant souvent confiée vale, etc.), a des conséquences le plus souvent consacré à des à des ouvriers saisonniers et les jeu- graves pour l’environnement. Plus dépenses dites « somptuaires ». nes se consacrant à la commerciali- encore si on détruit les espaces boi- Ainsi, beaucoup de Rifains possè- sation du haschisch, ces derniers sés dans l’intention d’ouvrir de nou- dent des appartements dans les villes perdent le savoir-faire agricole tra- velles terres à la culture »13. Le non- de Tétouan et de Tanger qu’ils ne ditionnel. La population étant par respect des périodes de jachère, le louent pas, mais dans lesquels ils ailleurs très réticente à l’égard des creusement de sillons dans le sens de la pente (technique dont on peut observer les effets un peu partout), 430’ 5 530’ OcØan Atlantique 0 25 km l’utilisation massive d’engrais Tanger minéraux au détriment d’engrais organiques (voir plus bas), la

Mer MØ diterranØ e monoculture enfin, rompent très vite le fragile équilibre maintenu par l’agriculture de subsistance. Tetouan Dans les zones traditionnelles de 35 30’ culture de kif, on assiste à un recul e Oued-Laou h c ra a P de la production imposé par l’éco- L rs A ve Y logie. Après les deux ou trois S R H premières années de culture de O M cannabis ou de céréales, on assiste ima Chefchaouen A vers Al Hoce R A à une chute très importante de la fer- tilité en dépit de l’adjonction mas- J Bni-Boufrah Ksar-el-Kebir E sive d’engrais. Lorsque les terres ont B A Bab-Berret L 36 été épuisées la progression des cultu- Mokrisset A Ketama res se fait au détriment de la forêt, Zoumi puis gagne les périmètres irrigués de

m montagne et le bord des oueds. e

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K - i Dans les années 1950, des étendues d i S s r considérables du Rif étaient encore e v Rhafsai plantées de pins maritimes, de Ourtzarh Oued Ouerrha Taouanate thuyas, de chênes liège et de cèdres.

Altitude supØrieure PØrimŁtre de l’extension Routes principales 1 000 m depuis les annØes 1980 Zone traditionnelle de culture Direction de l’extension 12. OGD, op. cité, p. 27. 13. OGD, op. cité, p. 25.

3 De 1967 à 1987, 40 % de la super- Ceux que l’on a tentés ont été autant moins que les sols de vastes zones ficie couverte par les forêts a d’échecs. Cela a été le cas, au début deviennent impropres à toute acti- disparu, victime de défrichements. des années 1980, du projet pilote vité agropastorale. Des techniciens Selon le service de protection et ges- pris en charge conjointement par le chargés d’étudier la faisabilité du tion participative des écosystèmes FNULAD (devenu depuis le plan intégral de développement du forestiers du Rif (GEFRIF), le can- Programme des Nations unies de Rif proposé par l’Union européenne nabis est responsable de la dispari- contrôle international des drogues, nous ont confié que le cannabis était tion de 1 000 ha de forêt par an. PNUCID) et le ministre de actuellement un obstacle majeur à L’érosion du sol provoque à son tour l’Intérieur marocain dans le village sa mise en place. Pourtant seul un l’envasement des cours d’eau. d’Azilal, un hameau rattaché à la projet de cette ampleur pourrait Les terres irriguées procurant les commune d’, dans le Rif permettre de faire face au problème meilleurs rendements, les paysans central dont le budget aurait été de sans que les populations soient investissent dans des puits, des pom- 3 millions de dollars. C’est ainsi que durement affectées par la réduction pes à moteur, des canalisations en les canaux d’irrigation construits ou l’éradication du cannabis (et, béton armé, des petits barrages sur à cette occasion servent surtout éventuellement par la concurrence les rivières et même dans des systè- aujourd’hui aux terres collectives des pays européens dans le cas où mes très élémentaires d’irrigation consacrées à la culture de canna- les dérivés du cannabis y seraient de par aspersion. En conséquence, bis. L’Union européenne soutient facto légalisés). Même si un projet l’augmentation des superficies irri- actuellement un projet espagnol de ce type était un succès, entre la guées provoque une diminution des d’« Introduction et de développe- moitié et les deux tiers des habitants réserves d’eau par surexploitation ment des cultures alternatives dans devraient quitter la zone. Il faudrait des couches aquifères. Il existe un le Rif marocain » (D-MC/93/21) donc que l’U. E., et en particulier problème de salinisation des sols par dont la seconde phase bénéficie d’un l’Espagne et la France, fassent abus des fertilisants (qui ne sont budget de 1 084 000 euros. Mais il preuve de beaucoup d’imagination employés que pour le cannabis) qui s’agit essentiellement d’un projet pour canaliser un nouveau flux de utilisent, selon des agronomes ma- pilote. Il consiste à aider une demi- migrants qui ne manquerait pas rocains, plus ou moins une tonne douzaine de paysans dans la créa- d’arriver sur leur territoire14. d’engrais à l’hectare. D’autre part, tion d’exploitations à valeur ces engrais ne sont pas adaptés aux démonstrative de façon à inciter Alain Labrousse sols qui sont pauvres en potasse. leurs voisins à emprunter la même Lluis Romero I voie pour substituer l’économie du Développement alternatif cannabis. et migrations Même en admettant que l’Union européenne et les pays européens 14. Certaines ONG espagnoles proposent que soient en- cadrées des migrations saisonnières les besoins en main Le contexte géographique, cultu- consacrent des moyens considéra- d'œuvre pour la cueillette de diverses cultures restant rel et économique de la culture du bles à financer le développement du importante dans leur pays. Cela impliquerait notamment la mise en place d'une politique salariale et l'application cannabis, suggère qu’il est extrê- Rif - projets agro-forestiers, élevage, des lois sociales de la part du gouvernement espagnol. mement difficile d’envisager des tourisme, industrie - il est irréaliste Après trois ou quatre mois passés en Espagne, les tra- vailleurs saisonniers pourraient retourner dans cultures alternatives et même des de penser qu’ils permettront de fixer le Rif pour se livrer à cultures vivrières ou à projets de développement intégral. toute la population du Rif, d’autant l'artisanat.

Drogue Trafic International (DTI) se situe dans le champ de la « géopoli- dants » de terrain (chercheurs, membres d’ONG, journalistes, etc.). Bien tique de l’offre » tel qu’il est envisagé par l’Observatoire européen des que les articles soient publiés sous la responsabilité de leurs auteurs, ils drogues et des toxicomanies (OEDT). L’OFDT, dans un proche avenir, font l’objet préalablement de vérifications auprès de spécialistes, de devra en effet alimenter l’OEDT d’informations et d’analyses sur ce recoupements, etc. En dépit de ces garanties, il est clair que « la géo- thème. DTI se penche donc de façon prioritaire sur les réseaux alimentant politique de l’offre » s’inscrit dans le cadre des sciences humaines et ne l’Europe et la France ; sur les politiques des pays européens ainsi que les peut reposer (sauf en ce qui concerne les saisies ou les arrestations par sur les pays bénéficiant de la coopération de la France dans le domaine exemple) sur les mêmes critères que les autres publications de l’OFDT. des drogues. Les sources d' information sont officielles (gouvernements, D’où l’inclusion d’une rubrique « mise au point » incluant d’éven- PNUCID/ODDCP, OICS, Interpol, etc.) ou proviennent de « correspon- tuelles rectifications ou commentaires.

Rédacteur en chef : Alain Labrousse/Assistant du rédacteur OFDT - 105 rue la Fayette - 75010 - Paris en chef : Hassan Berber Tél: 0153201616 Directeur de publication : Jean-Michel Costes Fax: 0153201600 Création graphique et mise en page : Frédérique Million E-mail : [email protected] Site web : www.drogues.gouv.fr Ce bulletin paraît tous les mois, une fois par trimestre Prochaine parution : 6 mars 2002 sur support papier et deux fois sur trois comme bulletin électronique. Contributions : date limite 26 février 2002

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