Adultes & Adultère
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FEY D A E DULT AU & ES ADUL TÈRE ER DISTRIBUTION : 1 Bertrand Alain MARS Sophie Dion Chantal Dupuis Olivier Normand Patrick Ouellet 26 Monika Pilon MARS CONCEPTION : 1 6 Textes : Georges Feydeau 2 0 Mise en scène : Jacques Leblanc Assistance à la mise en scène : Jocelyn Paré Décor : Ariane Sauvé Costumes : Sébastien Dionne Lumières : Félix Bernier Guimond Musique : Fabrice Tremblay FEY D A E DULT AU & ES ADUL TÈRE 47 LES CAHIERS DE LA BORDÉE / SAISON 2015-2016 LÉONTINE, bien nette : Écoutez, Moricet, quand on se marie, on se jure fidélité entre époux… MORICET, railleur : Oh ! c’est parce que le maire vous le demande. LÉONTINE, même jeu : N’importe. Tant que je croirai que mon mari tient son serment, je ne trahirai pas le mien ! MORICET, même jeu : Oui, « messieurs les Anglais, tirez les premiers ! » LÉONTINE : Voilà ! Ah ! par exemple, que demain seulement, il me soit prouvé que mon mari me trompe, qu’il a une liaison et je vous jure que c’est moi qui irai à vous et vous dirai : « Moricet, vengez-moi ! » MORICET, avec transport : Vrai ? Ah ! Léontine ! LÉONTINE, lui coupant son élan : Mais… comme je sais très bien que c’est une hypothèse impossible1… Extrait de Monsieur chasse !, acte III, scène I En mars 2016, Georges Feydeau, le maître du vaudeville, fait sa toute première apparition à La Bordée, et de manière très festive et interactive. En effet, le public sera partie prenante du spectacle, puisque c’est lui qui décidera du déroulement de la soirée. Ainsi, les spectateurs, avec l’aide d’un maître de céré- monie, auront à choisir parmi un certain nombre de courtes comédies de l’au- teur. Les acteurs seront donc sur un pied d’alerte, car le programme ne sera jamais le même d’un soir à l’autre. Dans une ambiance de cabaret de la « Belle Époque » parisienne, où chan- sons et numéros comiques vont alterner avec les textes de Feydeau, La Bordée propose donc une soirée de théâtre « à la carte », une soirée vivante, éclatée, remplie de surprises et de rebondissements, à l’image du théâtre de l’auteur. 1 Georges FEYDEAU, Théâtre complet, tome 1, Paris, Classiques Garnier, 2011, p. 867. 48 LES CAHIERS DE LA BORDÉE / SAISON 2015-2016 Au menu Dans les textes de Feydeau, le couple et l’institution du mariage sont r udement mis à l’épreuve. L’infidélité est souvent au rendez-vous. Les personnages veulent croire en l’amour, mais ils sont emportés par leurs soupçons, ils s’empêtrent dans des situations burlesques dominées par la méprise et le quiproquo. C’est le cas dans Monsieur chasse ! (1892), où Ducholet fait croire à son épouse, Léontine, qu’il va chasser, alors qu’en réalité, il part rejoindre sa maîtresse, la femme de son ami Cassandre. Léontine, de son côté, est courtisée par le docteur Moricet, dont elle refuse les avances jusqu’à ce qu’elle découvre l’imposture de son époux. Le hasard amènera les deux couples irréguliers à se rejoindre dans un même immeuble, le 40, rue d’Athènes. Dans Le système Ribadier (1892), le mari infidèle, Ribadier, utilise non pas la chasse, mais un don d’hypnotisme pour se jouer de son épouse, Angèle, à qui il reproche sa jalousie excessive. Il faut préciser qu’elle a développé ce défaut après la mort de son premier mari en découvrant que ce dernier la trompait depuis des années. Ribadier croit qu’il ne pourra jamais éveiller les soupçons d’Angèle, puisqu’il l’endort avant ses escapades et ne la réveille qu’à son retour. Mais tout se gâte quand Thommereux, épris d’Angèle, revient d’exil pour lui déclarer son amour. Ne se doutant de rien, Ribadier confie ses secrets à Thommereux et lui offre même le gîte. Tout est maintenant en place pour que le « système » mis en place par Ribadier se dérègle. C’est encore une situation d’adultère qui est le point de départ de l’intrigue de Gibier de potence (1883). L’herboriste Plumard veut se venger de sa femme, Pépita, chanteuse de music-hall, parce qu’elle le trompe avec son ami Taupinier. Il écrit donc au commissariat de police une lettre l’informant qu’un dangereux criminel se trouvera chez lui à dix-sept heures, heure à laquelle Taupinier vient habituellement rencontrer Pépita. Sur l’entrefaite se présente un certain Lemercier, admirateur de la chanteuse, qui ressemble étrangement à un meurtrier recherché par la police. Pendant que Pépita court avertir le commissaire, Taupinier, laissé seul avec le présumé assassin, se sent obligé de lui faire peur en se présentant lui-même comme un criminel, de quoi confondre le délégué du commissaire qui se présentera à l’appartement. Dans d’autres courtes pièces, sans nécessairement qu’il y ait infidélité, Feydeau met en scène des couples bourgeois qui se disputent, souvent pour des bana- lités. Par exemple, dans Mais n’te promène donc pas toute nue ! (1911), le député Ventroux reproche à sa femme de toujours se promener en tenue légère devant leur fils et leur domestique. La situation prend une tournure encore plus gênante quand un important industriel, M. Hochepaix, est reçu par Ventroux. 49 LES CAHIERS DE LA BORDÉE / SAISON 2015-2016 Feu la mère de Madame (1908), pour sa part, est une longue scène de ménage s’amorçant quand Yvonne est réveillée par son mari, Lucien, qui rentre très tard du bal des Quat’z’Arts. Cerise sur le gâteau de cette nuit houleuse : un messager commet une horrible méprise en leur annonçant la mort de la mère de Madame. C’est la relation maître-valet qui est au centre de la pièce Dormez, je le veux ! (1897). Dans cette comédie, Justin, domestique au service de Boriquet, comme le protagoniste du Système Ribadier, a un don d’hypnotiseur. Il s’en sert non pas pour tromper une épouse, mais bien son maître, en particulier pour lui faire faire des tâches ménagères à sa place. Mais cette situation est mise en péril, puisque Boriquet envisage de se marier. Justin va tout mettre en œuvre pour empêcher ce mariage. Enfin, Fiancés en herbe (1886) est une très courte pièce fantaisiste mettant en scène deux enfants, Henriette (neuf ans) et René (onze ans), qui sont en train d’apprendre Le corbeau et le renard, de La Fontaine, en attendant l’arrivée de leur institutrice. Ils vont vite délaisser la fable, qu’ils trouvent embêtante, pour se livrer à des réflexions sur l’amour et le mariage. HENRIETTE : J’ai promis à papa que je l’épouserais. RENÉ : Mais on n’épouse pas son père !... HENRIETTE : Pourquoi donc ?... RENÉ : Parce qu’il est de votre famille. HENRIETTE : Quoi ! il a bien épousé maman ! Il me semble que c’est bien de sa famille. RENÉ : Ah ! oui, mais ça, c’est permis… on peut épouser sa femme2 ! Extrait de Fiancés en herbe 2 Ibid., p. 210. 50 LES CAHIERS DE LA BORDÉE / SAISON 2015-2016 GEORGES FEYDEAU (1862–1921) Il y a des gens qui supposent qu’une pièce, parce qu’elle est légère d’allures et sans prétention, est aisée à construire. Ils ne soupçonnent pas tout ce qui concourt à sa réussite : et la prudence des préparations, et la surprise des coups de théâtre, et l’incident inattendu dont il faut corser l’exposition pour secouer les nerfs des blasés et les empêcher de crier dans les couloirs le jour de la répétition générale : « Nous avons vu ça cent fois. C’est crevant3 ! » Georges Feydeau Né à Paris le 8 décembre 1862 au sein ses camarades, le C ercle des Casta- d’une famille plutôt aisée, Georges gnettes, troupe avec laquelle il se fait Feydeau baigne dans les milieux lit- interprète de Molière et de Labiche. téraires dès son jeune âge. Son père, Il y présente également ses propres Ernest Feydeau, courtier en bourse monologues comiques, genre très en mais aussi écrivain, fréquentait le vogue à la fin duXIX e siècle dans les monde des arts et des lettres et salons parisiens. C’est d’ailleurs avec comptait parmi ses amis intimes ce genre que Feydeau entend se faire Gustave Flaubert, Alexandr e Dumas connaître du milieu théâtral. Partout fils, Théophile Gautier. Il n’est donc où il passe, le public est séduit par pas étonnant que le jeune Georges ses talents d’auteur, de comédien, et ait mani festé très tôt un goût marqué même d’imitateur. pour le théâtre. On raconte qu’à six ans, après qu’on l’ait emmené pour la En 1882, à 19 ans, Feydeau fait jouer première fois au théâtre, il aurait écrit sa première pièce en un acte, Par la sa première pièce, avec l’appui de son fenêtre, devant un « vrai » public, et père, même si, pour ce faire, il devait non pas devant les invités choisis des négliger ses études. cercles littéraires et des salons. L’ac- cueil est excellent. Motivé, il récidive En 1871, il entre comme interne au l’année suivante avec Amour et piano lycée Saint-Louis, à Paris. Encouragé ainsi que Gibier de potence. En 1883, il par Henri Meilhac, célèbre auteur doit partir faire son service militaire, dramatique de l’époque, Feydeau mais il trouve quand même du temps continue de rédiger des pièces. À pour écrire Tailleur pour dames. l’âge de 14 ans, il fonde, avec un de 3 Propos de Georges Feydeau reproduits dans : Arlette SHENKAN, Georges Feydeau, ce méconnu, Montréal, Éditions Multimédia Robert Davies, 2001, p. 134. 51 LES CAHIERS DE LA BORDÉE / SAISON 2015-2016 De 1884 à 1886, il est secrétaire du de son époque.