La Formation Du Canon De La Nouvelle En Finlande Et En Estonie Martin Carayol
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La formation du canon de la nouvelle en Finlande et en Estonie Martin Carayol To cite this version: Martin Carayol. La formation du canon de la nouvelle en Finlande et en Estonie. Littératures. Institut National des Langues et Civilisations Orientales- INALCO PARIS - LANGUES O’, 2013. Français. NNT : 2013INAL0015. tel-00947558 HAL Id: tel-00947558 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00947558 Submitted on 17 Feb 2014 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Institut National des Langues et Civilisations Orientales École doctorale N°265 Langues, littératures et sociétés du monde CREE (Centre de recherches Europe-Eurasie) THÈSE présentée par : Martin CARAYOL soutenue le : 5 décembre 2013 pour obtenir le grade de : Docteur de l’INALCO Discipline : Littératures et civilisations LA FORMATION DU CANON DE LA NOUVELLE EN FINLANDE ET EN ESTONIE Thèse dirigée par : M. Antoine CHALVIN Professeur des universités, INALCO RAPPORTEURS : M. Harri VEIVO Professeur associé, Université Paris 3 M. Jaan UNDUSK Directeur de recherche, Centre de recherche en littérature Under et Tuglas, Tallinn MEMBRES DU JURY : M. Harri VEIVO Professeur associé, Université Paris 3 M. Jaan UNDUSK Directeur de recherche, Centre de recherche en littérature Under et Tuglas, Tallinn Mme Eva TOULOUZE Maître de conférences HDR, INALCO M. Antoine CHALVIN Professeur des universités, INALCO LA FORMATION DU CANON DE LA NOUVELLE EN FINLANDE ET EN ESTONIE Remerciements Merci à Antoine Chalvin pour son attention constante au fil de ces trois années et pour ses conseils, qui m’ont permis de ne pas achopper face aux problèmes de rédaction et d’organisation. Merci à Outi Duvallon, Eva Toulouze et Jean-Luc Moreau pour m’avoir donné le goût du finnois puis des autres langues finno-ougriennes : sans eux, mon enthousiasme pour ce domaine eût été moins persistant. Merci à Anja Fantapié (†) pour sa patience et son soutien lors de mon long apprentissage des structures grammaticales du finnois. Merci à Mari Nikonen, Anna-Kaisa Räisänen, Katariina Suurpalo, Sirpa Vasko, Jaava Masing, Katre Talviste, Elle-Mari Talivee, Pille-Riin Larm, Hanna-Amanda Pant et Tiina Tarik pour les réponses qu’elles ont apportées à mes questions sur certains points de réception en Finlande et en Estonie, et pour m’avoir aidé à mettre la main sur certains documents. Merci à Kirsi Keravuori, Ilona Pikkanen, Veijo Pulkkinen et aux autres chercheurs qui m’ont accueilli à la Société de Littérature Finlandaise. Merci au Cercle Versaillais d’Études Slacquales pour l’atmosphère d’émulation et de stimulation intellectuelle qui caractérise les soirées où se réunissent ses membres distingués. 3 Introduction La formation du canon est un sujet autour duquel les publications scientifiques ont fleuri au cours des trois dernières décennies, en même temps que, de manière plus générale, le milieu universitaire s’intéressait d’une façon de plus en plus marquée au thème de la réception1. Pourtant, rares sont les études portant sur un aspect plus circonscrit, géographiquement ou génériquement, du canon littéraire et de sa formation. Le présent travail a notamment pour but de s’intéresser à la formation du canon dans un contexte étroit, pour observer de la façon la plus détaillée les mécanismes précis à l’œuvre dans le processus considéré. Le contexte de ce travail est défini tout d’abord par un critère générique : nous ne nous intéresserons ici qu’au genre de la nouvelle, sauf dans notre présentation générale de l’état de la réflexion théorique sur le canon et lorsqu’il nous semblera utile de faire allusion à des faits de canonisation portant sur le roman ou d’autres genres littéraires. La nouvelle est ici entendue comme une œuvre de prose narrative de dimensions moindres que le roman et destinée à des lecteurs adultes. La définition de la nouvelle est notoirement problématique, et l’usage du terme a beaucoup évolué, en particulier en France2. Les points principaux permettant de distinguer la nouvelle du roman sont en tout cas, dans l’usage actuel, les suivants : « unicité de l’événement, rapidité de l’action, fixité des personnages, économie référentielle »3. Cependant, il convient de noter qu’il existe, comme le dit Grojnowski, un « coefficient d’indétermination » qui affecte la nouvelle, du fait de son caractère hétéroclite — il s’agit en effet d’un « genre omnigenre », qui se réalise sous des espèces fort diverses. 1 Sur la réception de manière générale, en dehors du livre fondateur de Hans Robert Jauss Pour une esthétique de la réception en 1978, citons entre autres Comment sont reçues les œuvres (I. Charpentier, dir.) aux éditions Creaphis et les Questions de réception publiées par la Société française de littérature générale et comparée aux éditions Lucie (2009), et comme exemple d’étude de la réception en traduction La Réception de l’œuvre de Stig Dagerman en France : la consécration d’un écrivain étranger, de Karin Dahl (2010). Sur le canon, on se référera à notre bibliographie, avec en particulier GORAK 2001, GUILLORY 1993, NEUHAUS 2002 et SZEGEDY-MASZÁK 2001. 2 Cf. GROJNOWSKI 2005, p. 3-12. 3 GROJNOWSKI 2005, p. 12. 4 L’écrivain Hubert Haddad fournit de la nouvelle la définition suivante, à laquelle nous souscrivons pleinement : « un récit succinct de type romanesque impliquant peu de personnages autour d’un protagoniste, incarné ou impersonnel, et qu’une unité d’action porte avec une belle tension narrative vers un dénouement qui soit une révélation, au double sens d’éclairage soudain et de revoilement. La chute n’est pas forcément synonyme de surprise ou de paradoxe, mais il y faut un effet conclusif en forme de boucle, ouverte ou fermée »1. Il est parfois très difficile de distinguer la nouvelle du conte, comme l’a montré René Godenne à propos des nouvelles de Mérimée et des Contes de Voltaire, même si dans certains cas (contes de fées, Mille et une nuits…) il est également impossible de substituer un terme générique à l’autre2. Dans notre usage et malgré la tendance à une acception quasi synony- mique3, le terme de conte sera réservé à des récits brefs destinés aux enfants, genre littéraire n’entrant d’ailleurs pas dans notre corpus. Deuxièmement, nous définissons le contexte de notre thèse par un critère linguistique et géographique : ressortissent à notre objet d’étude les nouvelles en finnois, les nouvelles en estonien (y compris publiées par des auteurs exilés en Suède pendant l’occupation soviétique), mais aussi les nouvelles en suédois publiées par des auteurs de la minorité svécophone de Finlande. Le seul critère linguistique ne suffirait pas, car il conduirait à faire fi des nouvelles svécophones, alors que celles-ci font indubitablement partie du système littéraire finlandais (notamment parce que les auteurs sont souvent bilingues, et que les critiques littéraires s’intéressent aux deux sous-systèmes, finnophone et svécophone) ; et le critère géographique n’est pas non plus suffisant, étant donné l’importance de l’exil suédois des écrivains estoniens après 1944. En revanche, nous ne nous intéresserons pas aux nouvelles des écrivains russophones d’Estonie, car les conditions culturelles et politiques en Estonie font que les œuvres russophones d’Estonie se rattachent à l’univers culturel russe, et nullement à l’univers culturel estonien. Si nous avons décidé de réunir dans une même étude les littératures finlandaise et estonienne, c’est parce que les systèmes littéraires finlandais et estonien ont un certain nombre de points communs (sans même parler de la proximité des deux langues), notamment 1 In livre/échange n°57, Centre régional des Lettres de Basse-Normandie, Caen. 2 Cf. GODENNE 1995, p. 21 et 102-105. 3 Cf. par exemple les Contes de la bécasse de Maupassant et les Contes cruels de Villiers de l’Isle-Adam. 5 parce que les liens culturels entre la Finlande et l’Estonie, depuis la fin du XXe siècle, sont tels que les points de contact sont très nombreux, et que les interactions sont constantes entre littérature finlandaise et littérature estonienne. Parmi les manifestations de cet état de fait, citons au moins l’abondance des traductions entre les deux pays, et l’existence d’écrivains finno-estoniens (Hella Wuolijoki, Aino Kallas, Sofi Oksanen…). Il convient aussi de remarquer que ces deux littératures sont relativement jeunes dans le contexte européen1, et nettement périphériques, à l’écart des grands réseaux d’échanges culturels ouest-européens. On n’y observe pas non plus la pléthore de magazines littéraires ou de sources critiques qui caractérise le système littéraire des pays d’Europe occidentale ; et les œuvres littéraires finlandaises ou estoniennes disponibles en traduction sont relativement rares, au point que des auteurs considérés comme classiques en Finlande et en Estonie sont très peu représentés dans les grandes langues occidentales. Il nous a donc semblé que les caractéristiques de la réception dans les deux pays pourraient être globalement comparables, ou qu’il serait en tout cas aisé de faire ressortir les divergences entre les mécanismes de la réception dans les deux pays. Nous avons l’ambition de traiter dans cette thèse plusieurs aspects liés à la question du canon : la thématique de la réception sera évidemment au cœur de notre propos, puisque nous étudierons de nombreux textes critiques portant sur les nouvelles et recueils de nouvelles, mais nous aborderons également des aspects plus purement littéraires, ainsi que des aspects sociologiques et didactiques.