UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Domaine : SCIENCES DE LA SOCIETE

Mention : ECONOMIE

Grade : MASTER PROFESSIONNEL

Mémoire de fin d’études pour l’obtention du diplôme de

Master Professionnel - Parcours « Entreprise, Coopérative et Association »

LA POLYCULTURE, UNE DIVERSIFICATION DES SOURCES DE REVENUS AGRICOLES PAYSANNES - SOLUTION OU CONTRAINTE ? CAS DU DISTRICT DE -

Par : Tahiry RAVITARIVAO

Soutenu publiquement le 15 février 2017 Membres du jury Président : Madame Nirina BLANCHE, Professeur des universités

Examinatrice : Madame Holimalala RANDRIAMANAMPISOA, Maître de conférences

Rapporteur : Madame RAMANANTSEHENO Domoina, Maître de conférences UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Domaine : SCIENCES DE LA SOCIETE

Mention : ECONOMIE

Grade : MASTER PROFESSIONNEL

Mémoire de fin d’études pour l’obtention du diplôme de

Master Professionnel - Parcours « Entreprise, Coopérative et Association »

LA POLYCULTURE, UNE DIVERSIFICATION DES SOURCES DE REVENUS AGRICOLES PAYSANNES - SOLUTION OU CONTRAINTE ? CAS DU DISTRICT DE BETAFO - VAKINANKARATRA

Par : Tahiry RAVITARIVAO

Soutenu publiquement le 15 février 2017 Membres du jury Président : Madame Nirina BLANCHE, Professeur des universités

Examinatrice : Madame Holimalala RANDRIAMANAMPISOA, Maître de conférences

Rapporteur : Madame RAMANANTSEHENO Domoina, Maître de conférences

SOMMAIRE

Sommaire ...... I Remerciements ...... II Liste des abréviations ...... III Liste des tableaux ...... IV Liste des figures et des encadrés ...... V Liste des graphiques, photos et cartes ...... VI Liste des annexes ...... VII INTRODUCTION GENERALE ...... 1 Partie I : CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE CHAPITRE 1 : Approche théorique sur l’Agriculture ...... 6 CHAPITRE 2 : Les réalités du secteur agricole et la pratique de la Polyculture (à et dans le district de Betafo – Vakinankaratra) ...... 20 Partie II : LA PRATIQUE DE LA POLYCULTURE: SOLUTION OU CONTRAINTE A LA DIVERSIFICATION DES REVENUS ? - CAS DE BETAFO – VAKINANKARATRA CHAPITRE 1 : Analyse systémique des facteurs endogènes ...... 33 CHAPITRE 2 : Analyse systémique des facteurs exogènes ...... 54 CHAPITRE 3 : Hiérarchisation des contraintes, discussion, et recommandations ...... 67 CONCLUSION GENERALE ...... 79 Tables des matières ...... 81 Bibliographie ...... VIII Annexes ...... X

I

REMERCIEMENTS

. Lioka 5, 5b: “kanefa noho ny Teninao, dia halatsako ihany ny harato.” Le présent mémoire n’aurait pu être réalisé sans le concours de plusieurs personnes. Nous tenons à exprimer ici notre profonde gratitude à tous ceux et toutes celles qui, de près ou de loin, ont contribué à l’accomplissement de ce travail. Nous tenons à remercier du fond du cœur, Dieu tout puissant, pour les grâces et le courage qu’Il nous a donné afin de réaliser ce mémoire malgré les obstacles. Nous voudrions exprimer nos vifs remerciements à notre département, source de formation, qui nous inculque l’intelligence. Nous tenons à remercier les membres du jury notamment : - Le Président du jury, Madame Nirina BLANCHE, - L’examinatrice, Madame Holimalala RANDRIAMANAMPISOA Nos sincères remerciements s’adressent à Madame RAMANANTSEHENO Domoina, notre encadreur académique pour l’aide, la disponibilité, les précieux conseils et la compréhension dont elle a fait preuve au cours de son encadrement. Nous sommes reconnaissant à l’endroit de tous les enseignants qui ont apporté leur savoir au cours de nos études universitaires en DESS – Option : Entreprise, Coopérative et Association. Nous remercions particulièrement tout le personnel administratif de la formation DESS de la Faculté de Doit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie (DEGS) pour son assistance dans la réalisation de nos études. Nous aimerons également exprimer notre gratitude à toute l’équipe du Centre de Service Agricole – Iavoko (Betafo) pour l’accueil et la convivialité qu’elle a su partager durant notre stage. Nous remercions tous nos amis et toute notre famille pour les soutiens moraux et matériels.

II

LISTE DES ABREVIATIONS

CASEF : Croissance Agricole et Sécurisation Foncière CEFFEL : Centre d’Expérimentation et de Formation en Fruits et Légumes CEFFEL : Centre d’Expérimentation et de Formation et Fruits et Legumes CIRAD : Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement CIRDR : CIrconscription Régionale du Développement Rural CREAM : Centre de Recherches, d’Etudes et d’appui à l’Analyse économique à Madagascar CRIF : Centre de Ressources et d’Informations Foncières CSA : Centre de Service Agricole CTD : Collectivité Territoriale Décentralisée DRDA : Direction Régionale du Développement de l’Agriculture EPM : Enquête Périodique auprès des Ménages FFOM : Forces – Faiblesses – Opportunités et Menaces FID : Fonds d’Intervention pour le Développement FIFAMANOR : FIompiana FAmbolena MAlagasy NORvezianina FOFIFA : FOibem-pirenena momba ny FIkarohana ampiharina amin’ny Fampandrosoana ny eny Ambanivohitra (Centre National de Recherche Appliquée au Développement Rural) FRDA : Fonds Régional de Développement Agricole GCV : Grenier Communautaire Villageois INSTAT : Institut Nationale de la STATistique – Madagascar MAEP : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche MALTO : Malterie de Madagascar, filiale du groupe STAR-Madagascar MPAE : Ministère auprès de la Présidence en charge de l’Agriculture et de l’Elevage OP : Organisation(s) Paysanne(s) PAPRIZ : Projet d’Amélioration de la Productivité RIZicole sur les Hautes Terres Centrales PME : Petite et Moyenne Entreprise RN : Route Nationale

III

LISTE DES TABLEAUX

Tableau n° 1 : Nombre moyen de cultures pratiquées, et répartition des ménages selon le nombre de cultures pratiquées, par milieu de résidence...... 24 Tableau n°2 : Présentation du district de Betafo...... 27 Tableau n°3 : La population Betafo – Vakinankaratra ...... 28 Tableau n°4 : Données de Base du district de Betafo ...... 29 Tableau n°5 : Forces, faiblesses et menaces de l’environnement naturel ...... 34 Tableau n°6 : Taille des EA en 2010 (Vakinankaratra et Madagascar) ...... 35 Tableau n°7 : Le calendrier cultural d’une année – District Betafo ...... 38 Tableau n°8 : Comparaison des productions agricoles : 2011 et 2014 ...... 40 Tableau n°9 : Analyse des caractéristiques physiques (atouts/potentialités et contraintes) de chaque zone ...... 48 Tableau n°10 : Filières prioritaires par zonage ...... 49 Tableau n°11 : Récapitulatif des filières prioritaires par zone ...... 51 Tableau n°12 : Analyse FFOM des filières priorisées ...... 52 Tableau n°13 : Les forces et faiblesses de la CSA - Iavoko ...... 55 Tableau n°14 : Les acteurs de développement agricole (les services étatiques) ...... 57 Tableau n°15 : Liste des IMF dans le district ...... 58 Tableau n°16 : Les sociétés opérantes dans le district ...... 59 Tableau n°17: Les décortiqueries locales ...... 61 Tableau 18 : Les opérateurs commerciaux (Ireo Mpivarotra) ...... 63 Tableau n°19 : Analyse des facteurs de blocages prioritaires par filières (endogène) ... 68 Tableau n° 20 : Analyse des facteurs de blocages prioritaires (exogènes) ...... 70 Tableau n°21 : Tableau des prix de quelques filières ...... 73

IV

LISTE DES FIGURES ET DES ENCADRES

Listes des encadrés Encadré n°1 : Les caractéristiques du secteur agricole malagasy ...... 21 Encadré n°2 : Spécificités de l’agriculture familiale malagasy ...... 22 Encadré n°3 : Mode de gestion des parcelles ...... 30 Encadré n°4 : Notion de système ...... 33 Encadré n° 5 : Le fermage et le métayage ...... 36 Encadré n°6 : Les trois étapes pour chaque culture ...... 37 Encadré n° 7 : Flux entre les acteurs des circuits de commercialisation (Marché local) 62

Liste des Figures Figure n°1 : Répartition de la superficie totale – Surface agricole ...... 41 Figure n°2 : Surfaces et productions de légumes et de brèdes ...... 44 Figure n°3: Surfaces et productions de fruits et de canne à sucre ...... 45 Figure n°4: Flux entre les acteurs du circuit de commercialisation (Marchés régionaux) ...... 64

V

LISTE DES GRAPHIQUES, PHOTOS ET CARTES

Liste des graphiques Graphique n°1 : Surfaces cultivées par spéculation...... 43 Graphique n°2 : Production par spéculation ...... 43

Liste des photos Photo n° 1 : CSA - Iavoko ...... 56 Photo n° 2 : Le tableau d’information ...... 56 Photo n° 3 : Maison traditionnelle comportant un système de stockage traditionnel ..... 61 Photo n° 4 : Période de Moisson/Emploi d’une batteuse à pédale fabriquée localement ...... 61

Liste des cartes Carte n°1 : Répartition spatiale de la population – Infrastructure routière ...... 28 Carte n° 2 : Zonage du district ...... 47

VI

LISTE DES ANNEXES

ANNEXE 1 : Les Associations - ONGs – Projets – Programmes et Centre …….. X ANNEXE 2 : Liste des Organisations Paysannes ……………………………….. XII ANNEXE 3 : Questionnaires d’enquête ………………………………...... XII

VII

INTRODUCTION GENERALE

A l’échelle planétaire, « nourrir sept milliards d’habitants » est une ambition forte optimiste qui repose sur la performance du secteur agricole. La manière de la réaliser en est un tout autre débat pour les scientifiques et les économistes. La terre constitue un facteur essentiel de la vie économique d’un pays. L’agriculture est incontestablement la base du développement. Désormais, nous savons qu’en réalité les pays riches (industrialisés) s’approvisionnent en matières premières dans les pays pauvres (du Tiers monde) afin de les transformer et les revendre à ces mêmes fournisseurs à des prix élevés. Même si ce Tiers monde d’aujourd’hui se trouve en pleine mutation, il est toujours perçu comme un monde complexe, structuré et hiérarchisé, fragile et susceptible. Dans tous les pays qui composent ce Third world, le dilemme semble être le même : « une population, essentiellement agricole qui n’arrive plus à se nourrir de son propre travail. La croissance démographique y est pour beaucoup, mais aussi l’’érosion des sols et surtout la faible productivité du travail paysan. »1. Dans le contexte de Madagascar, l’agriculture reste le principal moyen de subsistance pour presque les 80% de la population. Nombreuses sont les politiques agricoles et les théories qui tournent autour du développement de ce secteur ; cependant, la production reste insuffisante et l’autosuffisance est à peine atteinte. Certains politiciens martèlent sans cesse que Madagascar est un pays riche où vit une population très pauvre dont la majorité habite dans les zones rurales. En tout cas, Madagascar fait partie du groupe des pays les plus pauvres (quelque soient les indicateurs utilisés pour le classement). Le secteur agricole malagasy est peu productif. Néanmoins il occupe une grande proportion de la population. Malgré l’importance de ce secteur, la production reste insuffisante car l’autosuffisance en riz est à peine atteinte. C’est pourquoi, certains agriculteurs ont choisis de diversifier leurs cultures en pratiquant la polyculture pour subvenir aux besoins en nourriture de leurs familles.

1 RUDLOFF, M.P. (1967), Economie politique du Tiers Monde, Edition Cujas, Antananarivo, p.209

1

Dans notre étude, concernant les motifs et le choix du thème, nous avons choisis le district de Betafo car : 1- C’est un district à vocation agricole du fait de son sol volcanique très fertile. 2- Les potentialités en agriculture semblent diverses. Le district est favorable à tous types de cultures donc il est propice à la pratique de la polyculture. 3- Les paysans y sont reconnus comme étant des « bons travailleurs ». 4- De plus, c’est notre « terre natale » et à la fois notre Tanindrazana, un facteur de motivation personnelle qui nous a permis de surmonter tout obstacle rencontré au cours de notre recherche. Nous considérons que si tout malagasy aimait son Tanindrazana, cette terre sacrée qui est héritée des ancêtres, il ferait tout son possible pour développer cette dernière. A long terme, ceci peut conduire à des changements positifs dans tout l’ensemble du pays. Néanmoins, même si le district ne fait pas partie des districts les plus vulnérable aux chocs, les ménages ruraux sont tout de même soumis à des chocs (période de soudure, aléas climatique, les dégâts occasionnés par les ravageurs et les maladies des plantes, et parfois par l’homme notamment les vols, etc.) ; qui peuvent impacter de manière très importante la production agricole d’une année culturale. L’objectif de cette étude est de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs. Mais il peut aussi servir au développement du district en fournissant : - un outil de prise de décision pour les paysans, pour les membres de coopératives, et pour les entrepreneurs agricole et/ou les investisseurs, - une aide à la CSA2, FRDA3 Vakinankaratra, au DRDA4 Vakinankaratra et au Ministère de l’Agriculture dans leur démarche sur le politique agricole. Globalement, l’objectif de cette étude consiste à comprendre et analyser la logique socio-économique qui influence la tendance des agriculteurs à la pratique d’une polyculture à Betafo. Dans le cadre de cette étude, une question de recherche nous parait évidente :

- La polyculture est elle une solution pour les agriculteurs de Betafo ? Conformément à notre objectif, nous partions de trois hypothèses.

2 Centre de Service Agricole 3 Fonds Régional de Développement Agricole 4 Direction Régionale du Développement de l’Agriculture 2

H1 : Comme dans tous les districts ruraux de Madagascar, nous supposons que dans le district de Betafo, les paysans – agriculteurs s’impliquent principalement dans la riziculture (une agriculture d’autosubsistance). H2 : Au fil du temps et par expérience, les agriculteurs se sont rendus compte que la monoculture rendait difficile la mobilisation de l’épargne. Ces mêmes paysans ont alors adopté une stratégie de diversification de sources de revenus par la diversification des cultures soit la polyculture pour améliorer leur condition de vie. H3 : De ce fait, la création – le regroupement des agriculteurs dans les organisations paysannes (coopératives, associations, …) est une bonne alternative pour défendre des intérêts communs qui faciliterait l’accès aux crédits et aux intrants et qui peuvent résoudre bien d’autres problèmes. Pour collecter les informations nécessaires à l’élaboration de ce mémoire de fin d’études en DESS - Economie, nous avons adopté différents approches méthodologiques. a- Une prise de conscience personnelle Dans l’échiquier d’un contexte d’une économie mondiale basée sur une rude concurrence technologique, un « dog fight », entre pays et entre firmes sur les marchés des NTIC, que Madagascar ne peut, ni n’a les moyens d’y concourir ; l’agriculture apparait comme un levier de développement pour la Grande île. Tout en étant réaliste, en nous basant sur la situation actuelle, et optimiste pour l’avenir du pays ; nous sommes persuadé qu’actuellement, seule l’agriculture peut dégager un surplus économique. Comme nous avions travaillé auparavant dans une Société multinationale en Agribusiness basée dans la région Melaky, nous nous sommes rendus compte du potentiel des ressources en agriculture de Madagascar. Comparée à Melaky, les avantages de Vakinankaratra en matière de caractéristiques physiques et climatiques semblent être diverses. b- La technique documentaire Tout au long de notre formation en DESS-Economie, nous avons lu et collectionné des fichiers PDF (livres, mémoires, rapports) qui concernent l’agriculture à Madagascar notamment du Vakinankaratra. Nous avons aussi utilisé les différents concepts (cours théoriques) et instruments d’analyse pour obtenir des informations complètes et fiables.

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c- Un stage (février – avril 2016) Nous avons effectué un stage auprès du Centre de Service Agricole ou CSA - Iavoko (Betafo), période durant laquelle nous avons fait des interviews auprès des responsables des Organisations Paysannes et des descentes sur terrain dans des communes du district de Betafo. d- La collecte des données A part les documents sous formes numériques, nous étions également amenés à consulter et/ou à collecter des données dans différents établissements - A Antananarivo : Banque mondiale Ampefiloha, Bibliothèque Universitaire. - A : CEFFEL5- Vakinankaratra, DRDA – Vakinankaratra e- Les interviews Dans notre quête d’informations, nous avons rencontré des responsables des « plateformes pomme de terre et haricot » avec lesquels nous avons discuté, et ils nous ont permis d’assister à leur réunion. De plus, les PF6 de la CSA nous ont donné des informations très détaillées sur les réalités de l’agriculture dans chaque zone du district. La contrainte « temps » dans la rédaction fut la principale difficulté à laquelle nous nous confrontée, c’est pourquoi ce travail ne prétend ni être complet ni être parfait. Il traduit seulement une expérience, envisage les problèmes d’une manière globale dont sa seule excuse sera celle de la bonne foi en apportant son aide aux agriculteurs de Betafo. De ces intentions et de ces idées découlent un plan fort simple. - Une première partie consacrée au cadre méthodologique, - Une deuxième partie qui adopte une approche systémique des facteurs et une discussion sur la polyculture.

5 Centre d’Expérimentation et de Formation en Fruits et Légumes 6 Paysans Formateurs 4

Partie I : CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE

Theodore Schultz entama son discours d’acceptation du prix Nobel d’économie de 1979 en faisant l’observation suivante. « Pour la plupart, les habitants de la planète sont pauvres ; par conséquent, étudier l’économie de la pauvreté nous apporterait beaucoup de renseignements sur les principes économiques qui comptent vraiment. Partout dans le monde, les pauvres tirent en majorité leur revenu de l’agriculture ; par conséquent, étudier l’économie agricole nous apporterait beaucoup de renseignements sur l’économie de la pauvreté »7. Bien que le Tiers monde d’aujourd’hui se trouve en pleine mutation, nous constatons que les habitants qui vivent de l’agriculture et de l’élevage sont encore bien plus pauvres que ceux qui travaillent dans les autres secteurs de l’économie. « L’histoire des peuples a été longtemps celle de leurs famines, de leurs misères, et bien des pays du Tiers monde subissent toujours cette terrible contrainte. »8 En dirait que « la place de l’agriculture dans le développement économique et la lutte contre la pauvreté » est toujours un sujet d’actualité qui est à l’origine de nombreuses études théoriques et empiriques. De ce fait, cette première partie propose un cadre conceptuel et méthodologique qui est consacrée sur les généralités et concepts (définition, notions,…) qui gravitent autour de l’agriculture. Elle comprend trois chapitres : le premier consiste à une approche théorique sur l’agriculture et sa place dans la pensée économique, le second porte sur le secteur agricole à Madagascar et le dernier essai de nous orienter vers la polyculture dans la Grande île.

7 Cervantes-Godoy D. et Dewbre J.(2010), Importance économique de l'agriculture dans la lutte contre la pauvreté, Éditions OCDE. doi : 10.1787/5kmjw4vlp5kg-fr, p.1 8 RUDLOFF, M.P. (1967), Economie politique du Tiers Monde, Edition Cujas, Antananarivo, p.23

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CHAPITRE 1 : Approche théorique sur l’Agriculture

L’encyclopédie Encarta 2009 définit l’agriculture comme « l’ensemble des activités concernant la domestication des plantes et des animaux, destinées à tirer de la terre des productions utiles à l’homme, notamment sur le plan alimentaire. En ce sens, elle implique le travail fournit par l’homme et l’utilisation des moyens de production. » Ce premier chapitre consistera, en premier lieu, en une revue de littérature sur la place de l’agriculture dans la pensée économique, et en second lieu, à rappeler les relations entre l’agriculture et le développement.

Section 1. Place de l’agriculture dans la pensée économique

Depuis le temps des physiocrates jusqu’à maintenant, « posséder une agriculture forte » figure parmi les grands défis de l’humanité. Cette section donnera quelques brèves notions sur l’évolution de la pensée économique concernant ce thème.

1.1. Concept physiocratique : (1756 – 1777) Pour les physiocrates, la terre est un don de la nature. Etymologiquement, le mot « physiocrate » vient de Phusis qui signifie « nature » et Kratos qui signifie « puissance ». Pour eux, la nature est la source de richesse, c’est pourquoi ils ont donné une grande importance à l’agriculture. La physiocratie est un courant économique qui pense que seule la production agricole peut produire de la richesse à une nation. C’est la richesse agricole, non l’enrichissement, ni la richesse monétaire qui est la clé du bonheur. Pour atteindre ce bonheur, elle préconise une vie naturelle aux champs et considère qu’il faut augmenter la production de richesse par l’augmentation de la production agricole. Pour appréhender ce courant économique, il faut d’abord comprendre la notion de « produit net » et puis ce qu’ils appellent « le tableau économique ».  La notion de produit net François Quesnay (1694-1774) est le principal auteur de ce courant de pensée qui définit l’économie comme une science des richesses matérielles. Les physiocrates considèrent que l’agriculture est la seule activité capable de produire un « produit net ». L’appellation « produit net » est le surplus dégagé par l’activité agricole. Quesnay fut le premier à s’opposer au mercantilisme car la richesse agricole est plus importante que les

6 autres formes de richesses. Considérés comme précurseurs du libéralisme, les physiocrates pensent que l’Etat se doit d’être neutre. Pour cela, il faut réduire au maximum l’intervention de l’Etat. Pour eux, une politique économique qui donne la primauté à l’agriculture est fondamentale. Cette politique doit faire en sorte que les entraves (réglementations) à l’agriculture soient supprimées. Dans leur démarche, ils appellent à la libéralisation du commerce, à la libre circulation et au libre échange, car les relations économiques sont déjà régies par un ordre naturel. La pensée des physiocrates est décrite dans l’ouvrage de Quesnay appelé le tableau économique (1758). Dans cet ouvrage, il analyse la circulation de la richesse dans l’économie entre les classes. Selon Quesnay, il existe trois classes sociales : - La classe productive qui crée les biens utiles à la consommation. Elle est la seule productrice de produit net. Elle assure aussi la production agricole et la reconstitution des semences. - La classe des propriétaires qui prélève une partie des richesses créées. Ce prélèvement constitue des avances qui serviront de réserve à la subsistance des travailleurs de la terre et à la semence. Cette classe comprend les propriétaires de terres qui vivent grâce au revenu versé par la classe productive. - La classe des artisans qui est composée de gens qui travaillent sans produire pour autant de richesses (selon les physiocrates). C’est une classe stérile qui ne dégage aucun produit net. Elle ne fait que consommer sa production. En quelques mots, le « produit net » peut être donc définit comme « la différence entre la production et les avances ».  Le tableau économique Dans cette approche physiocrate, Quesnay va jusqu’à démontrer l’existence des lois économiques. Le tableau économique montre à la fois le processus de production et de reproduction. La production est en effet un processus de reproduction de « produit » et de « capital ». Cette reproduction, quant à elle, est réalisée au cours du processus de circulation comme l’achat des matières premières et la location des terres. La pensée physiocrate tourne autour de trois axes. - Tout d’abord, la croyance en l’existence d’un ordre naturel. La vie économique est soumise aux mécanismes naturels. - Ensuite, le droit de propriété apparait comme un droit naturel car la terre est un don de la nature.

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- Enfin, les physiocrates se penchent plutôt vers un idéal de non interventionnisme et prônent les vertus du libéralisme.  Les limites de la pensée physiocrate Dans la pensée des physiocrates, la science économique est possible dans les situations où les mécanismes « de laisser faire » et « du laisser aller » fonctionnent normalement. Pour eux, la pauvreté n’est que le résultat d’une perturbation d’un équilibre économique (normal) et d’ordre naturel. Cependant, dans sa théorie, Quesnay n’a pas expliqué l’origine des fluctuations des prix des produits agricoles. De plus, il ne donne qu’une vague explicitation de la répartition. Cette explication, jugée très simpliste de la réalité économique, ne met pas en exergue un éventuel problème de répartition entre les travailleurs et les détenteurs de capitaux (capitalistes). Enfin, la physiocratie n’a pas porté d’importantes réflexions sur l’hypothèse que l’utilisation de la terre entant que facteur de production est limitée dans le temps. La fertilité ou non du sol peut varier sous certaines conditions (engrais, aléas climatiques,…). Il est possible que certaines terres puissent être stériles. Sous les mêmes conditions et à un moment donné, il se peut que les rendements de certaines terres soient décroissants. Le « produit net » peut exister, cependant il y a un risque de modification de la répartition du revenu entre les trois classes sociales par le produit différentiel. Aussi, la suivante théorie de David Ricardo se base sur l’analyse de ce produit différentiel.

1.2. La théorie de David Ricardo (1772-1823) Ricardo est l’auteur de l’ouvrage Des principes de l’économie politique et de l’impôt paru en 1817. Ses idées correspondent au contexte historique de l’époque. Avec l’avènement de la révolution industrielle et du capitalisme industriel, l’Humanité mise désormais sur la performance du secteur agricole. Ricardo commença alors à porter son attention sur la théorie de la répartition.  La théorie de la répartition L’analyse de Ricardo portant sur « la répartition » ou plus précisément « la théorie de la répartition du revenu » lui a permis de dégager le phénomène de la rente foncière. Par définition, la rente est considérée comme « un revenu périodique, non obtenu par le travail, contrepartie du droit du propriétaire d’user de sa terre »9. Ce loyer ou ce revenu

9 Dictionnaire Larousse en ligne : www.larousse.fr

8 doit être versé par l’utilisateur au propriétaire du sol. Le principal problème pour Ricardo consiste à déterminer les lois réglant la distribution du revenu entre les classes sociales. Pour lui, il existe trois classes bien distinctes notamment les propriétaires fonciers, les travailleurs et les capitalistes. La rémunération de ces trois classes est au cœur de la réflexion de Ricardo. Le revenu constitue la rémunération des classes. Il existe trois types de revenu : la rente, le revenu, et le profit. Le premier (la rente) rémunère les propriétaires fonciers, le second (le revenu ou le salaire) rémunère le travailleur, et le troisième (le profit) rémunère le capitaliste. L’analyse de la répartition du revenu fait apparaître la notion de rente différentielle. Elle résulte de la différence de fertilité des terres. Logiquement, plus la fertilité du sol est élevée, plus cette rente est forte. Et inversement, moins la terre est fertile, moins cette rente est faible. Ricardo constate aussi que la terre a également ses limites et que les nouvelles terres à exploiter seront de moins en moins fertiles. En partie, c’est l’explication du principe de la loi différentielle.  La rente ricardienne La rente ricardienne est une théorie qui explique que le capitaliste investissant dans l’agriculture garde toujours un profit au taux normal. La rente foncière est cette portion du produit de la terre que l’on paie au propriétaire. Ce paiement permet d’avoir le droit d’exploiter les facultés productives du sol. Ricardo souligne également un point important dans son analyse notamment l’état stationnaire de l’économie. C’est une situation caractérisée par la hausse du prix des denrées qui va entraîner par la suite une hausse des salaires et certainement une baisse des profits. Elle s’accompagne également d’une baisse des investissements de la part des capitalistes, et par conséquent, la croissance se trouve bloquée. Pour garder les prix à un bas niveau, Ricardo préconise une politique de libre échange et le commerce international. Avec le développement de la division du travail résultant de la révolution industrielle, et pour faire face à la situation stationnaire de l’économie, Ricardo apporte une autre théorie appelée « la théorie des avantages comparatifs » qui est très célèbre dans la science économique. Dans cette dernière, la spécialisation devint un élément incontournable.  Les avantages comparatifs de Ricardo et la spécialisation Contrairement à A. Smith qui considère que pour développer l’économie et le commerce, il faut développer des avantages absolus ; Ricardo préconise qu’il est plus efficace de développer des avantages comparatifs. Puisque les rendements sont

9 décroissants et que la population ne cesse de s’accroitre, l’Etat doit ouvrir ses frontières et développer des avantages comparatifs. Dans la mesure où l’objectif est de développer le commerce international et les échanges, Ricardo démontre que ce n’est pas uniquement la spécialisation dans les avantages absolus qui doit compter le plus dans la vie économique d’une nation, il lui faut également développer ses exportations. La loi des avantages comparatifs montre la nécessité pour un Etat de développer ses exportations. Pour survivre, la nation doit exporter des biens dans lesquels elle possède des avantages et même des désavantages. Pour Ricardo, un pays dépourvu d’avantage absolu se trouve dans l’obligation de produire des avantages comparatifs. L’ouverture sur l’extérieur et les échanges sont irréversibles car aucun pays ne peut vivre en autarcie. Cette ouverture sera soutenue et accompagnée par une production en fonction des avantages comparatifs qui conduiront à terme à des gains dans l’échange. Au début de son raisonnement, Ricardo montre que le secteur agricole fait face à des rendements d’échelle décroissants. Mais il constate aussi qu’il y a un phénomène de surplus de main d’œuvre en milieu rural. Il enchaine ensuite que dans ces zones rurales, il existe une proportion assez élevée de main d’œuvre agricole. Or, la rareté de la terre est un fait réel. Donc il est logique que le développement de l’industrie et du commerce soit irréversible. Cette suite des idées de Ricardo nous amène à la pensée économique contemporaine.

1.3. La pensée contemporaine « Toute société économique, si réduite soit-elle, doit résoudre un certain nombre de problèmes étroitement liés à son existence même »10. Comme la science économique s’intéresse à l’organisation de la société économique, il est logique que la pensée économique évolue en fonction des problèmes rencontrés par celle-ci. Il est naturel que les conditions économiques changent constamment d’une manière ou d’une autre, et que chaque génération essai de résoudre les problèmes de son temps d’une façon qui lui est propre. Les nouvelles théories ont complété les anciennes. Elles ont démontré la véracité des anciennes, les ont développées, voire les ont corrigées, mais elles les ont très rarement renversées. Les auteurs comme Chaynov et Lewis ont donné un nouvel aspect plus contemporain de la science économique notamment sur l’économie du développement.

10 RUDLOFF, M.P. (1967), Economie politique du Tiers Monde, Edition Cujas, Antananarivo, p.55

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 L’économie paysanne de Chaynov (1923) Chaynov est un économiste agricole de nationalité Russe. C’est aussi un chercheur et un analyste politique. Il se démarque des auteurs classiques par son ouvrage intitulé L’organisation de l’économie paysanne paru en 1923. Il a étudié l’économie qualifiée « d’économie paysanne ». C’est une économie marquée par l’exploitation familiale. Cette théorie repose sur la taille de la famille qui forme l’ensemble de la main-d’œuvre. Ici, il n’y aura pas de salaire car seuls les membres de la famille travaillent les terres. La force de travail nécessaire est déterminée par cette taille de la famille. Or, par rapport aux occupations de chaque membre, il se peut qu’une partie des membres de la famille exerce des activités non-agricoles, et qu’une autre travaille la terre. Cette dernière partie forme la force de travail, qui détermine en même temps la superficie de la terre à cultiver et le capital nécessaire à la production. Une entreprise agricole va se créer à partir de cette combinaison. Les produits obtenus constituent le revenu brut issu de l’activité. Pour Chaynov, ce revenu brut, réduit les dépenses pour reconstituer le capital fixe et circulant, et détermine le revenu net disponible pour la famille. Il considère que la satisfaction des besoins des consommateurs (membres de la famille) constitue la motivation de la famille à produire. Ainsi, le volume de l’activité varie proportionnellement aux besoins des consommateurs et de la disponibilité en main d’œuvre familiale. Cela explique en général, l’autoconsommation des paysans.  Le Dualisme de Lewis (1954) Economiste figurant parmi le plus remarquable de sa génération, Lewis est un auteur incontournable en matière d’économie de développement. Il considère que le porteur de développement économique se trouve dans le phénomène de déplacement des facteurs de production du secteur agricole vers le secteur industriel. Pour Lewis, seuls le secteur agricole et le secteur industriel sont les deux secteurs qui coexistent dans une économie. Le premier est caractérisé par une faible productivité, et le second est marqué par une forte productivité appuyée par des techniques de production modernes. Le secteur agricole se caractérise par l’utilisation des techniques traditionnelles dans le processus de production, et par conséquent, sa productivité marginale tend à s’annuler. De plus, les activités les plus remarquables du secteur sont composées par l’agriculture et l’élevage. Le secteur industriel, quant à lui, est marqué, par une forte productivité. Il comprend les activités de transformation et les autres activités manufacturières, minières, et/ou commerciales. Ce secteur moderne est caractérisé par l’abondance de demande d’emploi par rapport à l’offre d’emploi. Logiquement, suivant la loi de l’offre

11 et de la demande, le salaire qui se forme à la suite de cette situation sera faible. Ainsi, l’entreprise dispose d’une opportunité pour accroître son profit. Le développement de ce secteur est conditionné par l’accumulation de capital, il devient ensuite possible pour l’entreprise de s’étendre. Le secteur agricole dispose plus de main-d’œuvre, mais présente une faible productivité. Les raisons de cette situation de déséquilibre sont nombreuses. D’abord, ce secteur n’exige pas d’une qualification requise ni une somme importante pour produire. L’accès au secteur agricole est plus facile par rapport au second. Puis, avec l’accroissement de la population, la productivité marginale dans ce secteur tend à s’annuler. Le produit par tête est donc très faible et l’épargne devient impossible.

Section 2. Relations entre le développement et l’agriculture

« Après le triomphe de l’industrialisation, l’agriculture devient progressivement une branche de l’industrie »11. Nous sommes encore loin d’une telle situation dans les pays du Tiers monde. En Afrique, l’agriculture occupe une place importante surtout en milieu rural. Sous quelques conditions, l’agriculture peut contribuer à un développement économique.

1.1. Définitions et notion concernant le développement économique Par définition, « le développement est l’action de faire croître, de progresser, de donner de l’ampleur, de se complexifier au cours du temps. »12 D’une façon plus générale, le développement désigne un état de changement qui peut être dans le sens positif ou dans le sens négatif du terme. Dans le cas d’un changement dans le sens positif, nous parlons de croissance.  Notion sur le développement économique François Perroux13 définit ce concept comme « le passage d’un système économique à un autre ». Il a ajouté ensuite que « le développement économique est une combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population, des changements qui les rendent aptes à faire croître cumulativement et durablement, son produit global ». ROUVEYRAN le définit comme « le faisceau de transformation dans les structures

11 RUDLOFF, M.P. (1967), Economie politique du Tiers Monde, Edition Cujas, Antananarivo, p.207 12 Dictionnaire La Toupie en ligne : www.toupie.org 13 Economiste, Professeur d’économie politique à la Faculté de droit de Lyon (1928-1937) 12 mentales et institutionnelles qui permettent l’apparition de la croissance et sa prolongation dans la période historique. »14  Notion de croissance économique En général, la croissance peut être considérée comme l’augmentation ou une hausse des grandeurs comme le revenu national, pendant une période donnée ou déterminée. Dans son ouvrage intitulé cahier de croissance paru en 1990, Perroux l’a définit comme « l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension pour une nation.» D’autres auteurs tels que Jacot et S. Kuznets ont également donné leurs définitions sur la croissance économique. L’auteur Jacot définit la croissance économique comme « un accroissement durable et irréversible des quantités économique lié à l’évolution économique de longue durée, c’est aussi l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension pour une nation, le produit global en terme réel.»15 Pour S. Kuznets, la croissance économique d’une nation est « l’accroissement continu du produit par tête ou par travailleur, le plus souvent accompagné par un accroissement de la population et d’habitude par des changements structurels. »16 En règle générale, les principaux facteurs déterminants de la croissance économique sont le travail (L) et le capital (K). Le capital est exprimé par le capital technique ou bien matériel. L’augmentation de la quantité du capital augmente le niveau de la production. L’amélioration de la qualité de travail notamment la qualification de la main d’œuvre, l’amélioration des conditions de vie des travailleurs (l’éducation, santé, …) accroît la productivité du travail. L’amélioration des facteurs K et L augmente la productivité. Ceci définit la part de chaque facteur de production dans l’ensemble de la production totale.

1.2. Définitions du concept agriculture Beaucoup de définitions ont été proposées à ce sujet. Mais dans le cadre d’une approche théorique de notre présent travail, nous nous contenterons de ne sélectionner que quelques unes.

14 ROUVEYRAN (1972), La logique des agricultures de transition, Larousse, p.21 15 Jacot (1976), croissance économiques et fluctuations conjoncturelles, Presse université de Lyon, p.21 16 KUZNETS (1976), Lexique de l’institution agronomique Méditerranéenne, Montpellier, p.20

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 Quelques définitions L’agriculture désigne « l’ensemble des travaux transformant le milieu naturel pour la production des végétaux et des animaux utiles à l’homme »17. En plus de la culture des végétaux, les activités d’élevage, de pêche et de chasse sont également pris en compte dans l’agriculture. En science agronomique, « l’agriculture est l’ensemble des travaux qui permettent la production des végétaux utiles à l’homme »18. Pour Ahmed Salem, l’agriculture est « une activité qui consiste à produire des denrées alimentaires et certaines matières premières »19.  L’agriculture dans l’économie Au niveau de l’économie d’une nation donnée, l’agriculture représente un secteur d’activité, une activité génératrice de revenu à partir de l’exploitation des terres, de la culture des animaux, etc. En effet, selon Colin Clark et Jean Fourastié20, il y a trois secteurs d’activités : - le secteur primaire qui regroupe l’agriculture, l’élevage, la pêche et la sylviculture, - le secteur secondaire qui concerne les entreprises de transformation, - et le secteur tertiaire qui regroupe les activités des services comme les banques. L’agriculture se trouve dans le secteur primaire et la vie de plus de la moitié de la population mondiale en dépend. Elle est la principale activité en zone rurale. Cependant il y a une grande différence entre l’agriculture des pays développés et celle des pays pauvres. D’une part, dans les pays industriels développés, avec l’apparition des nouvelles techniques agricoles, la mécanisation et l’industrialisation ; l’agriculture est une importante source de profits qui renforce la croissance. D’autre part, dans les pays pauvres et particulièrement dans le Tiers monde, le dilemme semble être le même et à la fois plus complexe, avec un dénominateur commun notamment une population essentiellement agricole qui n’arrive plus à se nourrir de son propre travail. Elle est en grande partie constituée des petits propriétaires qui exploitent des petites superficies aboutissant à un faible rendement. De ce fait la production agricole mondiale n’est plus la même. Pour comprendre le fonctionnement de l’activité agricole, il nous faut prendre en compte quelques facteurs de production et donc nous pencher sur quelques notions en économie agricole.

17 Dictionnaire Petit Robert 18 Tayeb A. et Personnes E. (1992), Agronomie moderne, ouvrage collectif, p.4 19 Ahmed SILEM et Albertini J.M. (1992a), Lexique d’économie, Paris, p.17 20 Ibid., p.17

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 Les facteurs de production dans l’agriculture L’économie agricole est une science qui constitue une branche de l’économie rurale. Elle étudie les conditions de production et la distribution des produits agricoles. Théoriquement, l’agriculture se développe en milieu rural. Le milieu rural désigne tout ce qui concerne la vie dans les campagnes. Le développement du milieu rural dépend alors d’un développement de la production agricole, d’une gestion durable des ressources naturelles et des institutions adaptées. L’agriculture utilise différents moyens qui consistent à produire en utilisant la terre, à travailler et à utiliser des capitaux. Les facteurs de production sont la terre, le travail et le capital - La terre (facteur fixe) : Souvent mesurée en Hectares (Ha), il n’y a pas d’activité agricole sans terre. L’abondance ou non des Terres peut justifier un système de production donné. Aussi, dans les régions où le facteur terre est limitant, l’activité agricole sera plus intense en capital ou en travail. - Le travail (L) : Selon Milton Friedman, « le travail est l’ensemble des actions que l’homme dans un but pratique à l’aide de son cerveau, de ses mains, outils et machines, exerce sur la matière ; actions qui à leurs tours, réagit sur l’homme et le modifié »21. - Le capital (K) : Ensemble de biens que possèdent les individus, entreprises, ou entités quelconques. La production est fonction de ces deux facteurs suivants : Travail (L) et Capital (K). La production agricole est fonction du travail élaboré pour la production et du capital apporté à cette production. Elle se présente comme suit : Y = f (K, L, α) ou Y = Kα L1-α Y = la production totale, K = le capital, et L = le travail, α = la part relative du rendement du capital dans la production totale 1- α = la part relative du rendement du travail dans la production totale La notion d’une agriculture au service du développement du reste de l’économie nous amène au rôle que pourrait tenir l’agriculture dans la croissance.

1.3. Agriculture, croissance et développement économique Comme nous l’avions vu, la fonction de production (Y) généralement dépendante des facteurs « travail (L) et le capital (K) », mesure la production totale.

21 Friedman M., traité de Sociologie de Travail, cahier de croissance

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L’objet de la théorie de la croissance est d’expliquer le phénomène de la croissance en mesurant les facteurs susceptibles d’entraîner l’augmentation de la production à long terme.  La place de l’agriculture dans la croissance économique En général, la croissance économique c’est l’augmentation de la production pendant une période déterminée. Comme l’agriculture est une activité de production des biens qui figure parmi les facteurs de la croissance économique, l’utilisation à bon escient des facteurs de production (K et L) augmentent la production agricole. A partir du moment de l’enregistrement d’une augmentation de la production agricole au niveau de la comptabilité nationale en tant que « richesses nationales », il y a une croissance économique au sein d’une économie. Dans son étude sur l’agriculture et la croissance économique, intitulé Economie politique du Tiers Monde, Marcel RUDLOFF écrit qu’ « il revient à l’agriculture d’être le moteur de la croissance en lançant des incitations sans cesse renouvelées à l’adresse des autres secteurs.» Lewis, quant à lui, dit que « promouvoir l’agriculture est une tâche essentielle parce que la croissance trop lente de la production agricole agit comme un frein puissant sur l’économie ».  La place de l’agriculture dans le développement économique Notons seulement que la croissance économique et le développement économique n’ont pas la même signification. - Notion en développement économique Il est perçu comme un changement, une transformation qui va influencer les autres domaines (sociale, mentale, culturelle) au niveau d’une économie donnée. Différents indicateurs sont utilisés pour apprécier ou non le développement économique d’un pays. Le PIB (Produit Intérieur Brut), qui est la somme des valeurs ajoutées sur un territoire, est l’indicateur le plus souvent utilisé. Dans le cas où il y a besoin de mesurer ou d’estimer l’évolution du patrimoine public et privé, et puisque le précédant indicateur PIB ne contient pas les flux de production/consommation ; il nous faut recourir à l’indicateur PNB (Produit National Brut). Au fur et à mesure que la recherche en science économique avance dans sa direction vers la compréhension du niveau de développement, d’autres domaines ont été pris en considération, et de ce fait, d’autres indicateurs ont été mis en place. Il y a d’abord l’IDH (Indicateur de Développement Humaine) ensuite l’IPH (Indicateur de Pauvreté Humain) et enfin l’ISDH (Indicateur Sexo-spécifique du Développement Humain).

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« L’agriculture est incontestablement la base de développement »22. L’essor de l’agriculture est indispensable au développement économique. Néanmoins, ce dernier exige comme condition préalable l’organisation d’une société dans laquelle il y a une accumulation de la richesse et un accroissement progressif des revenus et des emplois. Ainsi, le développement économique est la croissance combinée avec d’autres éléments. Le développement de l’agriculture, quant à lui, dépend d’un certain nombre de conditions matérielles et/ou immatérielles.  Les conditions d’un développement agricole, clé d’un développement économique « Dans des pays essentiellement agricoles, il n’est pas de développement concevable qui ne prenne son départ dans l’agriculture. Il n’est pas d’amélioration du niveau de vie réalisable sans un puissant effort portant sur les conditions de vie et de travail des masses paysannes. Se développer, c’est d’abord et avant tout développer l’agriculture »23. Afin de contribuer au développement économique, l’agriculture doit respecter quelques les conditions. Condition A : Une politique de développement agricole Puisque le développement économique dépend du développement agricole basé sur une politique économique bien structurée, il est important de comprendre ce cheminement d’idées car nous savons que le développement est un processus cumulatif. « L’essor de l’agriculture vivrière, qui est absolument indispensable, peut faciliter de deux manières le développement économique général : 1. en permettant la satisfaction de besoins nés de la croissance démographique et de la rapide urbanisation ; 2. en fournissant les bases d’une industrialisation liée à l’agriculture »24. De ce fait, en premier lieu, cette politique agricole doit répondre, d’une manière satisfaisante, aux besoins nés de la croissance démographique et urbaine par la production des denrées alimentaire et l’amélioration de la nutrition. De cette façon, la population aurait toutes les forces nécessaires pour s’impliquer efficacement à leur travail. En second lieu, elle se doit d’être une politique de spécialisation qui a pour objectif d’évoluer vers l’agriculture commerciale (commerce interne à priori). En troisième lieu, elle doit fournir des emplois productifs aux travailleurs salariés et/ou aux

22 RUDLOFF, M.P. (1967), Economie politique du Tiers Monde, Edition Cujas, Antananarivo, p. 211 23 Ibid., p. 212 24 Ibid.

17 cultivateurs. Pour que les paysans cultivent au maximum leurs terres, la politique doit veiller à l’existence des dispositions telles que la création d’infrastructures (réseaux d’irrigation, …), l’adoption de nouvelle technique de culture, etc. Aussi, il faudra organiser le marché à partir des attentes des collectivités locales (Coopératives et Associations). Lorsque les paysans profitent de la culture industrielle par la spécialisation commerciale, ils cultivent à maximum leurs terres. Avec la croissance de la demande en nourritures dans le monde, il ne sera pas difficile de trouver de débouchés sur le marché d’exportation. Condition B : une capacité de dégager un surplus agricole pour développer le secteur agricole « Se développer signifie créer un surplus économique et l’engager dans des processus d’industrialisation. Une agriculture modernisée se trouve en mesure de dégager un surplus ;… »25. Adam Smith définit le surplus comme les excédents de la subsistance des cultivateurs. Il est perçu comme un écart positif entre le volume de la production alimentaire et la quantité de subsistance nécessaire à ceux qui les réalisent. Par ce surplus, « deux cheminements sont possibles : le premier, qui consiste à nourrir la fraction de population utilisée dans la création de l’infrastructure économique et la production de biens manufacturés. Le deuxième, à exporter une partie du surplus agricole pour obtenir en contre-partie des machines et des équipements indispensables à l’industrialisation. En pratique les deux voies sont jumelées »26. Ainsi, le « surplus agricole » devient des surplus économiques. Ce processus conduira à terme au développement agricole qui est une condition préalable à la révolution industrielle dans n’importe quels pays. Le développement agricole passe avant le développement de l’industrie. Condition C : une complémentarité entre agriculture et industrie Une fois qu’il y a développement agricole, il y aura développement de l’industrie. Ces deux activités sont interdépendantes et complémentaires. L’industrie conditionne extérieurement le développement agricole. Des effets d’entraînement s’en dégagent pour créer des interactions entre les agriculteurs et les industriels. Les investissements dans le secteur primaire notamment dans l’agriculture améliorent la qualité et la quantité de la production.

25 RUDLOFF, M.P. (1967), Economie politique du Tiers Monde, Edition Cujas, Antananarivo, p.222 26 Ibid., p.222

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Dans ce premier chapitre, nous avons cité que l’agriculture consiste à produire des biens utiles à l’homme. A terme, l’agriculture dégage des surplus agricoles qui vont être utilisés par les industriels qui créeront à leur tour des richesses ou des valeurs ajoutées. Logiquement, l’existence de surplus signifie qu’il y a augmentation de la production, et par conséquent une croissance. Par le processus de transformation industrielle, les produits sont exportés vers les marchés internationaux. La combinaison du surplus agricole et de l’industrialisation amène à la croissance économique qui va assurer la création de richesse. L’augmentation du revenu des ménages agricoles augmente la demande des biens et services dans les autres secteurs (éducation, santé, etc.). Lorsqu’il y a amélioration des conditions de vie notamment de la population, nous pouvons parler de développement économique. Bien que l’agriculture constitue un levier de développement économique, son développement doit aller de pair avec le développement des autres secteurs non agricoles. Dans les pays du Tiers monde notamment à Madagascar, dans le cadre d’une amélioration de leur condition de vie, certains agriculteurs préfèrent diversifier leurs cultures, dans le but d’augmenter leurs revenus agricoles, et afin d’assurer une sécurité alimentaire à leurs familles. Cette stratégie, qui consiste à diversifier les cultures, est appelée « la polyculture » en science économique.

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CHAPITRE 2 : Les réalités du secteur agricole et la pratique de la Polyculture (à Madagascar et dans le district de Betafo – Vakinankaratra)

Si le précédent chapitre a fait des études plutôt théoriques sur l’agriculture, ce deuxième chapitre apportera, dans un premier temps, des informations sur les réalités du secteur agricole et la pratique de la polyculture au niveau national (Madagascar). Dans un deuxième temps, il va s’intéresser à ces mêmes sujets en se focalisant cette fois ci, sur une dimension plus réduite (le district de Betafo - Vakinankaratra).

Section 1. Les réalités du secteur agricole de Madagascar

Avec une superficie de 587 295 km2, Madagascar a un climat de type tropical avec en général deux saisons bien distinctes (été chaud et humide, de novembre à avril ; hiver frais et sec, de mai à octobre). Madagascar est un pays à vocation agricole et le secteur primaire y occupe une place prépondérante. Près de 80% de la population active malagasy vivent dans les zones rurales et tirent en partie leurs moyens de subsistance des activités agricoles (agriculture, élevage, pêche, forêt). De ce fait, dans la grande île, l’agriculture s’avère de première importance du point de vue économique et surtout social.

1.1. Présentation du secteur primaire à Madagascar D’après la récente statistique de l’INSTAT27 (avril 2014), le secteur primaire génère 30 % du PIB qui emploie environ 85% de la population économiquement active. Avec une croissance démographique de l’ordre de 2,78 %28, la population Malagasy avoisine aujourd’hui les 23 571 713 d’habitants (Banque mondiale, 2014). Malgré une croissance plutôt décevante du secteur primaire de l’ordre de 3,3 % (INSTAT 2014) et comme les opportunités d’emplois dans les autres secteurs se développent très lentement, le bien- être de la majorité des Malagasy restera encore lié à l’agriculture dans le court et moyen terme.  Les caractéristiques du secteur agricole Selon une étude réalisée par le Professeur Jean R. E. RASOARAHONA29 en juillet 2014, les caractéristiques du secteur agricole sont les suivantes.

27 Institut Nationale de la Statistique - Madagascar 28 Source : Banque mondiale, 2014 29 Professeur Titulaire, Directeur de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques

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Encadré n°1 : Les caractéristiques du secteur agricole malagasy 1/Milieu physique : - TERRE: Suivant les sources 5 à 8,8 millions ha dont 30% exploités, mais problèmes d’érosion et d’épuisement, - EAU : potentiel de 1,5 millions ha irrigables, dont 1,1 millions équipés, mais problèmes d’entretien des réseaux - Des zones de faible pluviométrie/semi-arides - CLIMAT: Généralement bimodal, avec des régions de forte pluviométrie (Est et Nord) et des régions semi-arides (Sud et Sud-ouest) 2/ Capital humain : - Taux d’alphabétisation: 67,8 % en milieu rural (contre 83,7 % en milieu urbain) (INSTAT, 2010), - Pas d’apprentissage formel des professions rurales 3/Les exploitations agricoles: - 2,4 millions d'exploitations familiales, - De petite taille et fragmentées: superficie physique moyenne, passée de 1,2 à 0,8 ha de 1984 à 2004, - Poly-spéculation (avec cependant dominance de la riziculture), Faibles rendements: peu d’intrants et faible taux d’adoption des innovations. 4/La question du foncier : - Distorsion entre systèmes fonciers moderne et traditionnel, - Déséquilibre entre Communautés Villageoises et Investisseurs 5/ Les Politiques Agricoles: régulièrement mises à jour - PADR (2001) - PNDR et PNSA (2005) - MAP (2007) Défi 4 « Révolution verte » - PSAEP (2013-2014), dans le cadre du Processus CAADP 6/ La situation institutionnelle : - Jusqu’en 2009, sous responsabilité d’un seul Ministère. - Actuellement trois Ministères (Agriculture et Développement Rural, Elevage, Ressources Halieutiques et Pêche). Source : Rasoarahona J.R.E. (2014), « Etat des lieux du développement de l’Agriculture à Madagascar », Base de discussion pour les experts à la Conférence Internationale sur l’agriculture à Madagascar: comment réaliser la révolution dans le secteur agricole?, Antananarivo, 3- 4 juillet, 2014, Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA), FRIEDRICH-EBERT-STIFTUNG (FES), Antananarivo, p. 5

Ces caractéristiques nous amènent à une réalité très déterminante de l’agriculture malagasy. En classant à part les caractéristiques 4 à 6 et le facteur naturel (caractéristique n°1 : milieu physique), nous pouvons voir que l’agriculture malagasy est caractérisée par un capital humain vivant dans les milieux ruraux qui n’a pas reçu convenablement une éducation de base. Les exploitations agricoles, de petites tailles et fragmentées (environ à 0,8 ha), sont gérées en famille. Le mode de culture dans ces exploitations est marqué par la « poly-spéculation », avec une dominance pour la riziculture.  L’agriculture familiale malagasy De par notre culture liée au Tanindrazana (la terre des ancêtres) qui accorde une certaine sacralité à la terre, les familles malagasy sont attachées fortement à la terre

21 héritée des ancêtres. L’agriculture familiale ou AF joue une place très importante dans le secteur primaire. Encadré n°2 : Spécificités de l’agriculture familiale malagasy L’agriculture familiale malagasy se caractériserait par les spécificités suivantes : •Des exploitations constituées en moyenne de 4 à 6 personnes • Une répartition des tâches entre les membres du ménage (femme, homme, enfants) • De petites superficies disponibles (30 à 200 ares) • Un faible niveau de mécanisation • Un recours à l’entraide entre familles de la communauté rurale et aux échanges non marchands • Une faible utilisation d’intrants et d’engrais chimiques • La prédominance des cultures vivrières (riz, maïs, manioc) • Des revenus issus d’activités de polyculture-élevage et de la pluriactivité (salariat, artisanat, commerce) • Des dépenses affectées essentiellement à la nourriture • Un faible accès aux crédits (IMF) en raison d’un taux d’intérêt jugé trop élevé Source: Sourisseau J.M., Tsimisanda H.M., Belieres J. F., Elyah A., Bosc P.M. et Razafimahatratra H.M. (2014), « Agricultures familiales à Madagascar : un atout pour le développement durable », Document de valorisation des acquis et principales recommandations d’une semaine d’animation et de débats sur les Agricultures Familiales à Madagascar, Antananarivo, 13 - 17 Octobre, 2014, FOFIFA - CIRAD et Union Européenne, Antananarivo, p. 10

 Les exploitations familiales En nous basant sur l’encadré n°2 ; à Madagascar, l’agriculture est strictement liée aux petites exploitations agricoles familiales. Ce sont des exploitations agricoles dont la main d’œuvre est essentiellement familiale (plus de 50% de la main d’œuvre permanente est familiale). L’ensemble des moyens de production appartient au chef de famille qui en assume la gérance. En 2004, le Recensement Général de l’Agriculture (MAEP, 2007) avait évalué à environ 2,5 millions le nombre d’exploitations agricoles dans le pays dont 99% étaient des exploitations familiales - des ménages - qui exploitaient plus de 95% des terres cultivées. Ces exploitations nourrissent la population en riz, mais également en viande, légumes et fruits. Dans certaines régions de la grande île, ces exploitations produisent les principaux produits destinés à l’exportation notamment le girofle, la vanille, les litchis, les huiles essentielles, le sucre, le café, etc. Enfin, les exploitations agricoles familiales gèrent une large partie du territoire. Elles entretiennent la terre, un patrimoine tant économique que social. Comme nous le savons, l'aliment de base des malagasy est le riz. Toutes ou presque toutes les exploitations familiales de Madagascar cultivent du riz (irrigué ou pluvial). Néanmoins, ils cultivent également d'autres produits pour leur autoconsommation ou pour les vendre. Aussi, en partant de ces possibilités de diversifications culturales, nous pouvons parler de « polyculture ».

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1.2. Définitions agronomiques des concepts Dans un objectif de compréhension du fonctionnement de l’exploitation agricole en polyculture, il est important de définir quelques concepts liés à ce sujet. - La polyculture est « un mode d’exploitation agricole consistant à diversifier les produits cultivés simultanément sur une même propriété ou dans une même région »30. Nous pouvons également parler de pays de polyculture dans les États de l'Europe industrielle. La polyculture garantit un minimum de revenu, tandis que la monoculture expose à la privation de ressources en cas d'intempérie détruisant la culture unique. - La polyculture-élevage est « l’association de cultures et élevage dans un cadre coordonné, le plus souvent à l’échelle de l’exploitation agricole, bien que l’association puisse être considérée aussi au niveau territorial ». (Van Keulen et Schiere, 2004). - L’Assolement désigne l’alternance des plantations destinée à accroître leur rendement et à éviter l'épuisement des sols. C’est également la croissance de plusieurs types de cultures sur une parcelle de terrain dans une succession préprogrammée. Les légumineuses sont cultivées en alternance avec des plantes non-légumineuses pour restaurer la fertilité des sols. - La rotation culturale consiste en un ordre de succession sur une même parcelle de différentes cultures dans le temps. - La culture du riz irrigué a été implantée dès les premières vagues d'immigration de la population d’origine indonésienne qui ont peuplé Madagascar, elle constitue jusqu’à ce jour, l'une des cultures les plus importantes des malagasy. L'obtention de parcelles irrigables et la maitrise de l’eau ont toujours été un enjeu crucial pour les familles. - La culture du riz en Tanety (ou le riz pluvial) se pratique sur des parcelles relativement exposées au vent, donc elle est fortement soumise aux aléas climatiques. Le rendement est moins sécurisé sur tanety que dans les rizières irriguées.

30 Dictionnaire en ligne : http://www.cnrtl.fr/definition/polyculture

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- Les cultures de contre saison sont cultivées en alternance sur la même parcelle qu'une culture principale ; elles peuvent être implantées soit en rizières irriguées, soit sur tanety. Cependant elles sont moins pratiquées en tanety qu’en rizières. La pomme de terre, la tomate, la carotte, le petit pois, les brèdes, les haricots verts et fourrages (avoine, ray-grass, radis fourrager) se cultivent en contre saison du riz irrigué.

Il est à noter que les concepts cités ci-dessus appartiennent à la science agronomique. Cependant, nous allons nous limiter sur une définition basée sur une approche économique du terme « polyculture ». Dans le cadre de ce présent travail, nous reprendrons la définition de l’EPM31 2010. « Nous désignons par polyculture, le fait qu’un ménage a cultivé plusieurs produits agricoles, au cours des douze mois … »32.

1.3. La polyculture à Madagascar Selon l’EPM 2010 concernant le nombre de cultures pratiquées par les ménages agricoles ; à Madagascar, deux cas peuvent être distingués. « D’un coté, le ménage peut se concentrer sur une seule culture (la monoculture). Et dans ce cas, l’exploitation prend la forme d’une culture intensive. D’un autre coté, il peut pratiquer plusieurs cultures à la fois. Dans ce cas, il dirige son exploitation suivant une stratégie de diversification des cultures, et donc de diversification des sources de revenus agricoles aussi. »33. Tableau n° 1 : Nombre moyen de cultures pratiquées, et répartition des ménages selon le nombre de cultures pratiquées, par milieu de résidence. Milieu de Urbain Rural Madagascar résidence Nombre moyen de 4,0 4,2 4,1 culture Répartition des 1 15,9 11,0 11,7 ménages par 2 16,8 16,3 16,3 nombre de cultures 3 18,5 20,5 20,2 en % 4 14,7 16,0 15,9 5 10,7 11,2 11,1 6 7,7 9,3 9,1 7 6,0 5,5 5,6 8 4,5 3,7 3,8 9 2,4 2,8 2,7 + de 10 2,9 3,6 3,5 Total 100,0 100,0 100,0 Source : INSTAT/DSM/EPM 2010

31 Enquête Périodique auprès des Ménages 32 INSTAT/DSM (aout 2011), EPM 2010 - Rapport Principal, Antananarivo, p. 85 33 Ibidem, p. 85

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Dans le sens où l’EPM définit le terme « polyculture », le fait qu’un ménage a cultivé plusieurs produits agricoles, au cours des douze mois précédant l’enquête ; alors nous pouvons affirmer que, d’une façon générale à Madagascar, l’exploitation agricole se base sur la polyculture. Environ 88 % des ménages agricoles pratiquent la polyculture. Les ménages agricoles s’adonnent en général à environ moins de cinq cultures au cours d’une campagne. Le nombre moyen de cultures par ménage, tourne autour de 4 par campagne. Cette situation ne semble pas varier de façon significative par milieu.  L’importance de la polyculture pour les ménages L’agriculture familiale serait surtout de subsistance avec des productions vivrières diversifiées. L’autoconsommation agricole fait partie des composantes les plus importantes de la consommation des ménages. Selon toujours la même enquête, les cultures les plus pratiquées sont le paddy/riz, le manioc, la patate, le maïs, la brède et le haricot, dans un ordre d’importance décroissante. Ainsi, en plus du riz, ce sont les produits de substitution de ce riz qui sont les plus cultivés. Il semble donc que la stratégie des ménages, dans le cadre de la pratique de l’agriculture, vise plus à subvenir à l’autoconsommation alimentaire, en se basant sur la culture du riz (aliment de base des Malagasy) et sur la culture des produits de substitution de ce riz. Souvent les exploitations familiales associent fréquemment polyculture et élevage pour sécuriser leurs revenus.

Dans cette première section de ce présent chapitre, nous avons pu apprécier, par une vision globale, les réalités du secteur agricole et la pratique de la polyculture qui est devenu un mode de vie de près de 88 % des ménages agricoles malagasy surtout en milieu rural (EPM 2010). Maintenant, nous allons nous intéresser sur ces mêmes points en nous focalisant sur notre zone d’étude.

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Section 2. Le secteur agricole – Cas district Betafo – Vakinankaratra

Sur les Hautes Terres malagasy se trouvent les régions les plus densément peuplée de Madagascar. Se trouvant au deuxième rang après l’Analamanga dans le classement démographique, la population du Vakinankaratra représente 8,3 %34 du peuple malagasy. Vakinankaratra est une région dotée d’une richesse naturelle à haute potentialité économique. C’est une zone à vocation agricole. Cependant, les conditions de vie de la population rurale de cette région connait une paupérisation accentuée, tant sur le plan économique que sociale. Avec une surface totale de 19 679,99 km2 (Source : DRDA – Vakinankaratra) qui représente les 27%35 de la province d’Antananarivo, Vakinankaratra est composé par cinq sous-préfectures ou districts, à savoir : Antsirabe- I, Antsirabe-II, , et Betafo. Le district de Betafo, notre zone d’étude, se trouve au sud du massif volcanique de l’Ankaratra, situé dans la partie centrale de Madagascar. Malgré l'extrême diversité du milieu physique et l’existence de types de cultures diversifiées, des problèmes restent à soulever afin d’améliorer la production agricole dans le district. Dans ce chapitre, nous allons d’abord détailler l’état des lieux de l’agriculture dans cet arrière pays du Vakinankaratra, puis exposer les problèmes liés à ce dernier afin de proposer des solutions dont l’application ou non appartienne aux décideurs par l’établissement d’une politique économique.

2.1.Présentation générale Le District de Betafo se situe à l’ouest de la ville d’Antsirabe, dans la région de Vakinankaratra. C’est une zone tampon entre le Vakinankaratra et le Menabe. Le district est composé en 18 Communes rurales réparties en 151 Fokontany36. A 25 km à l'ouest d'Antsirabe, la ville de Betafo est le centre administratif du district. La ville est le siège d'un gros marché hebdomadaire. Traversé par la RN34, elle demeure un puissant pôle d'attraction local en raison de sa situation sur un des grands itinéraires du Moyen-Ouest et de l'Ouest malagasy (Morondava, Miandrivazo et Tsiribihina). Se trouvant dans la région Vakinankaratra, le district de Betafo est limité : ‐ au Nord par les Districts de Tsiroanomandidy, de Soavinandriana et de Faratsiho ; ‐ à l’Est par les Districts d’Antsirabe I et d’Antsirabe II;

34 Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013 35 Source : DRDA – Vakinankaratra 36 Subdivision administrative de base à Madagascar 26

‐ au Sud par les Districts d’Ambositra et d’Ambatofinandrahana (Province de Fianarantsoa) ; ‐ à l’Ouest par le District de Miandrivazo. Sa superficie est de 4179 km2. C’est une zone moyennement haute avec de vaste bas fond. « Une région volcanique : Un facteur primordial, le volcanisme récent, contribue à l'originalité de cette région »37. Du fait qu’elle dispose un sol volcanique favorable à l’agriculture, la partie orientale du district, historiquement connu comme le berceau du Royaume du Vakinankaratra, était peuplée par rapport à la partie occidentale qui est d’une occupation plus récente. De ce fait, sous plusieurs angles d’analyse, le district peut être subdivisé en deux zones bien distinctes (une partie orientale et une autre partie occidentale). Tableau n°2 : Présentation du district de Betafo Angles d’analyses Dans la partie orientale Dans la partie occidentale Historique Peuplement d’origine Immigrants Caractéristiques ‐ Nombreux cônes volcaniques, ‐ Une topographie géographiques des collines et des planèzes, généralement accidentée avec aux sols volcaniques l’alternance des plateaux ‐ Une altitude plus de 1500m. caractéristiques des Moyen Ouest et des massifs granitiques ou quartzitiques ‐ Une altitude entre 1000m et 1500m. Caractéristiques ‐ Climat subhumide ‐ Climat humide climatiques ‐ Pluviométrie annuelle entre ‐ Pluviométrie annuelle entre 1000mm et 1500mm 1500mm et 2000mm ‐ Une température légèrement ‐ Une température légèrement froide inférieure à 15°C (+/- chaude atteignant 20°C (+/- 5°C). 5°C). Nature du sol ‐ Un sol volcanique à vocation  Un sol à vocation à la fois agricole agricole et pastorale Source : Compilation des données, Monographie Betafo et recherche personnelle

2.2.Données démographiques Selon l’Enquête monographie - CREAM38, le district compte environ 285 130 âmes. C’est une population dont la plupart sont des paysans. Dans la ville de Betafo, la population a un caractère mixte, à moitié rurale et à moitié urbaine. C’est en partie grâce à la présence des 25 Km de la route RN 34 qui relie la ville à Antsirabe.

37 BIED-CHARRETON, M. (1970), Contrastes naturels et diversité agraire aux environs de Betafo (Madagascar), Terroirs Malgaches, Ecole Pratique des Hautes Etudes VIème section-sciences économiques et rurales, Imprimerie DARANTIERE, 3ème édition, Dijon (France), p. 380 38 Centre de Recherches, d’Etudes et d’Appui à l’analyse économique à Madagascar

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Tableau n°3 : La population Betafo – Vakinankaratra

Communes Population 8 724 13 429 Ambatonikolahy 23 868 23 762 Ambohimasina 20 174 16 862 Antsoso 8 740 Betafo 27 229 Inanantonana 17 972 20 155 Ambohijatovo 16 182 14 930 8 586 5 885 18 285 Alakamisy Marososona 10 867 Anosiarivo Manapa 16 188 13 292 Total 285 130 Source: Enquête MONOGRAPHIE – CREAM, Décembre 2009

‐ La densité de la population Carte n°1 : Répartition spatiale de la population – Infrastructure routière

Source : CRIF BETAFO 2009

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Avec une densité supérieure à 500 hab/km2, la ville de Betafo se trouvant à l’Est, est la zone la plus peuplée du district. Cette forte densité de population dans la commune de Betafo peut être expliquée, en partie, par l’électrification de la zone. Aussi, les agriculteurs ne sont pas obligés de se déplacer pour avoir des services de transformation de leurs produits. Il y existe de nombreuses unités de transformation notamment des petites provenderies, des décortiqueries et des laiteries. La ville est traversée par la RN 34 par laquelle circulent les marchandises et les hommes. La commercialisation des produits en petite quantité ne pose pas de grands problèmes pour les cultivateurs. La facilité du transport et la proximité des centres de consommation sont favorables à l’écoulement des produits agricoles vers le marché d’Antsirabe. Faisant suite à cette carte qui représente la densité de la population. Voici les données de base du district de Betafo. Tableau n°4 : Données de Base du district de Betafo

DONNEES DE BASE DU DISTRICT DE BETAFO

DENSITE DE DISTANCE NUMERO SUPERFICIE NOMBRE DE COMMUNES POPULATION AU CSA CARTE (km²) FOKONTANY (hab/Km²) (km) 70 Alakamisy Anativato 28 316 11 8 81 Alakamisy Marososona 202 54 45 6 84 Alarobia Bemaha 111 122 72 8 48 Ambatonikolahy 214 111 15 9 54 Ambohimanambola 509 47 43 12 35 Ambohimasina 185 109 42 11 64 Andranomafana 26 225 3 6 79 Andrembesoa 1274 13 84 7 75 Anosiarivo Manapa 529 31 62 7 52 Antohobe 115 116 27 6 58 Antsoso 46 191 14 5 62 Betafo 53 512 0 13 41 Inanantonana 201 89 53 6 69 Mahaiza 246 82 26 11 63 Mandritsara 46 352 5 13 47 Manohisoa 192 95 53 7 59 Soavina 138 108 15 7 73 Tritriva 64 135 17 9 TOTAL/ MOYENNE 4179 68 33 151 Source : CRIF BETAFO 2009 Dans les 151 Fokontany qui composent le district Betafo, la densité moyenne de la population est de 68 hab/km². La population est repartie sur une surface totale de 4179 km2. La distance moyenne qui sépare les communes rurale de Betafo est de 33 km.

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Avec une superficie de 1274 km2 et seulement 13 hab/Km2, nous observons que la Commune d’ Andrembesoa est la moins peuplée du district. Par contre, la ville de Betafo (53 km2 avec 512 Hab/km2) et la commune de Mandritsara (46 km2 avec 352 Hab/km2) sont très peuplées. Dans ce tableau, comme le CSA – Iavoko se trouve dans la ville de Betafo ; il a servi de point de départ des routes qui mènent aux autres communes. De ce fait, les 5 communes : Andrembesoa (84 Km), Alarobia Bemaha (72 Km), Anosiarivo Manapa et Manohisoa, par ordre, sont les communes qui se trouvent les plus loin de la ville. Après cette brève description du district, nous avons su que la population y est à majorité des paysans. Maintenant, nous allons parler de la pratique de la polyculture dans cette zone agricole.

2.3. Réalité du système d’exploitation agricole « Polyculture » - Cas du district de Betafo Selon une récente enquête39 sur terrain effectuée auprès de 106 exploitants agricoles se trouvant dans les trois communes rurales (25 ménages à Alakamisy Anativato, 37 à Alakamisy Anjanampara et 44 à Betafo). Ces ménages pratiquent l’ensemble des activités agricoles. Le choix des exploitants a été fait par méthode de sondage aléatoire simple en choisissant au hasard les ménages à enquêter. Après la réalisation de la typologie (agro-éleveur), 24 ménages représentatifs ont été sélectionnés pour être étudiés de près. A l’issue de cette enquête, il en est ressorti que le mode de gestion des parcelles est défini comme suit : Encadré n°3 : Mode de gestion des parcelles - Pour les rizières : il existe deux types de cultures, dont (i) l’association culturale comme haricot + pomme d e terre, maïs + pomme de terre, etc. et (ii) la monoculture qui se traduit par rotation, comme le cas de l’oignon/tomate/brèdes. E n saison de pluie, la culture du riz est la principale culture observée dans les bas-fonds irrigués. Elle o ccupe 98,3% du bas fond. Les autres cultures (pomme de terre, haricot) sont très rares ou non significatives avec 1,7% d’occupation. En contre saison, les systèmes de culture menés par les exploitants so nt très différents dont les cultures dominantes sont la pomme de terre et l’orge. - Pour les Tanety : il existe des cultures de soja ou d’haricot ou de pomme de terre, associées au maïs en saison de pluie. Par contre, du fait de l’insuffisance d’eau, presque la totalité des parcelles sont mise en jachère en contre saison. Dans le cas échéant, les seules cultures présentes sont irriguées par arrosage régulier.

39 TOLOJANAHARY, T.O. (2015), Caractérisation des systèmes de production au niveau des exploitations agricoles mixtes : structure et fonctionnement - cas du moyen ouest de la Region Vakinankaratra (Betafo), Mémoire de fin d’études pour l’obtention du diplôme d’ingénieur agronome, Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques, Université d’Antananarivo, Madagascar, p. 39

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En quelques mots, les relations entre le développement et l’agriculture ne sont pas si complexes. En effet, il n’y a aucun doute que le développement dépend, dans une très large mesure, du succès des politiques agricoles. Seule l’agriculture peut nourrir une population qui ne cesse de s’accroitre. Par contre, le passage du développement de l’agriculture au développement économique doit être soutenu par la croissance. A Madagascar, dans le sens où le terme « polyculture » est définit comme « le fait qu’un ménage a cultivé plusieurs produits agricoles, au cours des douze mois de l’année » ; nous pouvons dire que, d’une façon générale, l’exploitation agricole se base sur cette diversification des cultures. Environ 88 % des ménages agricoles pratiquent la polyculture. Ils s’adonnent en général à environ moins de cinq cultures au cours d’une campagne. Comme ces autres paysans malagasy, certains agriculteurs du district de Betafo, dans la région du Vakinankaratra, pratiquent également cette polyculture par une association culturale ou par des rotations culturales comme modes de gestion des parcelles en rizières. Et il est fréquent de voir, sur les Tanety, des cultures associées au maïs en saison de pluie et d’une mise en jachère en contre saison.

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Partie II : LA PRATIQUE DE LA POLYCULTURE: SOLUTION OU CONTRAINTE A LA DIVERSIFICATION DES REVENUS ? - CAS DE BETAFO – VAKINANKARATRA

La partie précédente nous a servi de cadre méthodologique et nous a permis de connaître en général les réalités du secteur agricole à Madagascar et surtout dans le district de Betafo. Dans ce présent chapitre, nous tenterons d’identifier les facteurs limitants et les problèmes existants par une approche systémique. Pour ce faire, il nous faut considérer la structure agraire du district comme un système soit un ensemble de cadres dans lequel se réalise l’aménagement de l’espace rural en vue d’une production agricole. Aristote40 a remarqué qu’« une entité est égale à la somme de ses différentes parties ». Etudier cette entité revient à étudier chacune des parties qui la composent. En effet, la synergie, les interactions et le bon fonctionnement de ces cadres conditionnent l’efficacité de l’ensemble qui amène, à moyen ou à long terme, à un surplus agricole voire à un surplus économique. L’intérêt du paradigme systémique est justement que le tout peut être supérieur à la somme des parties. Examiner l’ensemble revient à analyser séparément les cadres qui le composent. C’est pourquoi, dans un premier temps, les deux premiers chapitres opteront pour une approche systémique des facteurs (endogènes et exogènes) liées à la polyculture de Betafo. En effet, les facteurs endogènes se matérialisent dans le paysage agraire comme l’habitat, les parcelles de terres utilisées en agriculture, etc. ; alors qu’il existe également des facteurs exogènes, des cadres invisibles dans le paysage notamment le régime de l’appropriation foncière, les rapports entre la propriété du sol et son exploitation, l’environnement technique et économique de l’activité agricole. Dans un deuxième temps, le troisième chapitre tentera de répondre à notre question de recherche. Il abordera également une section accordée à la discussion par une priorisation des problèmes à résoudre, une évaluation des solutions prises et une proposition de solutions (si besoin est) ; pour qu’il y ait équité entre les acteurs, une croissance du secteur et un développement agricole dans le district de Betafo.

40 Philosophe (384 – 322 av. J.-C)

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CHAPITRE 1 : Analyse systémique des facteurs endogènes

Avant d’entamer ce premier chapitre, il nous semble nécessaire de suggérer une brève notion de mot « système ». Encadré n°4 : Notion de système Le mot « système » est rencontré dans tous les domaines, à savoir le système nerveux en biologie, le système d’exploitation en entreprise et le système de production agricole en agriculture. Turchany (2008), le décrit comme « un ensemble d'éléments interagissant entre eux selon certains principes ou règles ». Comme le système est souvent considéré comme l’ensemble d’éléments emboités, un système de production peut se définir donc comme une combinaison cohérente, dans l'espace et dans le temps, de certaines quantités de force de travail (familiale, salariée, entraide, etc.) et de divers moyens de production (terres, machines, instruments, cheptel, semences, etc.) en vue d'obtenir différentes productions agricoles qui permettent de satisfaire les objectifs des acteurs de la production que sont les exploitants agricoles.

L’objet de notre étude, comme indiqué plus haut, est de déterminer si, la polyculture se trouve être une solution pour les exploitations agricoles que ce soit de types exploitations familiales ou autres dans le district de Betafo. Au sens économique du terme, la polyculture est le fait de diversifier les cultures afin d’en dégager plus de revenus pour les ménages. Comme nous l’avons signalé en début de ce travail, notre stage auprès de la CSA Iavoko nous a permis d’identifier quelques problèmes d’ordre général et d’ordre spécifique. Comme l’indique sa définition, « la caractéristique essentielle de l’approche systémique est qu’elle commence chez le paysan (identification des contraintes) et qu’elle finit chez le paysan (propositions d’actions pour dépasser les contraintes) »41. Pour ce faire, il faut comprendre pour agir en conséquence, ce chapitre va tenter d’établir un diagnostic des facteurs endogènes qui agissent sur le système agricole.

Section 1. Les facteurs endogènes au niveau du district

Dans le district, l’agriculture constitue l’activité principale des ménages ruraux. La production agricole est orientée prioritairement vers la satisfaction de la consommation alimentaire familiale. Dans un contexte d’amélioration des rendements, d’augmentation de leur revenu et de valorisation de leur terre, la polyculture semble être

41 Elloumi M. (1994), Les approches systémiques, La vulgarisation, composante du développement agricole et rural, disponible sur : http://om.ciheam.org/article.php?IDPDF=94400045, pp. 67-76

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un bon moyen qui permettra une amélioration de leur condition de vie. De ce fait, les agriculteurs développent différentes stratégies engageant le fonctionnement de l’exploitation agricole. Dans cette section, nous essaierons de présenter les facteurs endogènes de la structure agraire du district afin de préciser, d’une manière générale, les problèmes et les blocages qui minent ce système de l’intérieur.

1.1. L’environnement naturel « Il n’y a pas d’agriculture sans la nature ». En général, l’environnement naturel présente les forces et les faiblesses rencontrées qui suivent. Tableau n°5 : Forces, faiblesses et menaces de l’environnement naturel FORCES FAIBLESSES MENACES - Réseau hydrologique dense - Relief accidenté - Cyclones, inondations, - Condition pédoclimatique - Alternance de massifs ou des - Attaques acridiennes, favorable à toutes les cultures collines et des plateaux (sol - Variabilité de la - Disponibilité de superficie fragile à l’érosion hydrique) pluviométrie cultivable pouvant faire l’objet - Degré de dégradation du sol d’extension déjà alarmante et perte de fertilité des Tanety assez élevé - Ensablement assez fréquent des bas fonds

Source : Compilation des données, CSA – Betafo 2011 et recherche personnelle Le résultat des rendements espérés n’est pas souvent à la hauteur des attentes en cas de cyclone. Le climat représente un enjeu délicat pour la majorité des paysans car leur survie en dépend. Ces aléas climatiques représentent une menace et non une faiblesse. Comme la terre est un facteur essentiel, la diversification des cultures ou la polyculture est un moyen pour valoriser le sol, nous allons voir maintenant la caractéristique des exploitations agricoles et les types d’EA42 existantes dans le district.

1.2. Le système des exploitations agricoles : caractéristique et types d’EA Se rendre compte des réalités et à y agir de manière efficace est le fondement même du concept système et de son application dans l’agriculture. Pour étudier une entité, il faut la prise de vue globale de cette entité.

42 Exploitation Agricole 34

1.2.1. Les EA de petites tailles Selon toujours l’EPM 2010, « en général, l’exploitation agricole est de petite taille. La superficie économique moyenne exploitée est de 1,4 Ha au niveau national.»43. Tableau n°6 : Taille des EA en 2010 (Vakinankaratra et Madagascar) Région Superficie Superficie Répartition selon la taille de économique économique l’exploitation en% moyenne médiane Petit Moyen Grand Total en Ha en Ha exploitant exploitant exploitant agricole agricole agricole Vakinankaratra 0,8 0,4 84,0 12,7 3,3 100,0 Madagascar 1,4 1,0 71,9 23,3 4,8 100,0 Source : INSTAT/DSM/EPM 2010 Par rapport aux surfaces économiques (moyenne et médiane en Ha) au niveau national, celles du Vakinankaratra sont inférieures. Cette superficie économique exploitée se trouve à 84% dans la catégorie des petits exploitants agricoles. Ainsi, les EA de la région Vakinankaratra ont des structures et des capacités de production extrêmement faibles.  Contrainte identifiée : Dans le Vakinankaratra notamment dans le district de Betafo, la majorité des exploitations agricoles est entre les mains des petits exploitants agricoles qui ne possèdent qu’en moyenne 0,8 Ha de terre. « Comme la terre est généralement héritée à parts égales au sein des fratries, il suffit de quelques générations pour qu’une étendue de terre autrefois suffisante pour subvenir aux besoins d’une famille sur toute l’année devienne si morcelée qu’elle suffit à peine pour quelques mois. La migration peut constituer un moyen pour atténuer ce problème, les partants laissant souvent leurs terres à la disposition des membres de la famille restants »44. (Freeman et al, 2010) Dans un souci de profit ou de d’autosubsistance, les exploitants ont recours à d’autres moyens pour se procurer d’autres surfaces à exploiter. 1.2.2. Les types d’exploitations agricoles Dans le district, on distingue généralement deux types d’exploitations agricoles.

43 INSTAT/DSM, EPM 2010, Rapport Principal, Antananarivo, p. 81 44 Sourisseau J.M., Tsimisanda H.M., Belieres J. F., Elyah A., Bosc P.M. et Razafimahatratra H.M. (2014), « Agricultures familiales à Madagascar : un atout pour le développement durable », Document de valorisation des acquis et principales recommandations d’une semaine d’animation et de débats sur les Agricultures Familiales à Madagascar, Antananarivo, 13 - 17 Octobre, 2014, FOFIFA - CIRAD et Union Européenne, Antananarivo, p. 10

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. L’exploitation familiale soit le « faire-valoir direct45 par la famille » : C’est la famille/ménage qui est le propriétaire du sol et elle exploite elle-même sa terre. Les petits exploitants agricoles se trouvent en général dans ce type d’exploitation agricole. Le mode de gestion, les parcelles à exploiter, le nombre de cultures, le choix des semences, etc ; reviennent à la prise de décision du chef de famille. Cependant, ces propriétés sont souvent de dimension réduites, dans lesquelles est utilisé un capital technique à faible coût. D’où leur manque d’efficience. Car la superficie de la terre héritée des ancêtres est de plus en plus restreinte, certains ménages ont recours au « faire-valoir indirect » pour subvenir à leur besoins. . Le « faire-valoir indirect » des terres : Pour désigner les modalités d’un contrat en métayage ou en fermage, les paysans du district utilisent différentes appellations comme Misasaka, Ampahatelo, Mihofa ou Miasa tanin’olona. Dans tous les cas, les deux pratiques ne sont pas autorisées par la législation malagasy. En général, la contractualisation reste verbale et parfois visée par les Fokontany ou légalisée par les Communes rurales. Encadré n° 5 : Le fermage et le métayage - Le fermage : C’est un contrat de bail par lequel un propriétaire loue un fonds rural à un preneur (appelé « fermier »), ce dernier cultivant la terre en échange du paiement d'un loyer. L’exploitant n’est pas propriétaire du sol mais locataire. Le propriétaire fournit le sol aménagé, le locataire le capital d’exploitation. L’avantage de ce système c’est que le locataire, devant l’obligation de fermage tend à maximiser le rendement de la terre en s’investissant dans les équipements et les intrants. - Le métayage : Mode d'exploitation agricole dans lequel le propriétaire et l'exploitant d'un domaine se partagent la récolte dans des proportions fixées par contrat. Le propriétaire apporte le capital d’exploitation, l’exploitant n’engage que son travail. Le produit de la terre se partage.  Contrainte identifiée : Souvent négociés par contrat verbal, ces deux modes juridiques d’exploitation peuvent causés parfois des litiges soit des problèmes sociaux de rapport entre propriétaires et locataires. Le métayage dite ampahatelo est de plus en plus répandu à Betafo, un contrat par lequel « un tiers » de la production revenait au métayer. Cette situation profite aux propriétaires par le partage inéquitable des récoltes. Les métayers se trouvent alors dans une situation difficile, voire précaire, puisqu’une grande partie de la récolte revient au propriétaire.

45 Terme utilisé par Marcel RUDLOFF (1968) dans son ouvrage : Economie politique du Tiers monde

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1.3. L’agro-système (les caractéristiques agro-techniques) La compréhension de ces caractéristiques agro-techniques est importante dans notre approche systémique des facteurs endogènes liés au système d’EA. 1.3.1. Un calendrier cultural très strict Pour réaliser la diversification des cultures d’une période donnée, il faut que les agriculteurs suivent un calendrier cultural très strict. Le calendrier cultural est reparti en quatre saisons dont la contre saison de trois mois (juillet-septembre), la période de soudure de deux mois (octobre-novembre), la saison de pluie de cinq mois (décembre-avril) et l’intersaison deux mois (mai - juin). En général, pour une culture donnée, trois étapes sont requises. Encadré n°6 : Les trois étapes pour chaque culture - La préparation du sol concerne le labour, l’émottement de terre et l’épandage des engrais. Pour les cultures en saison pluviale (riz, haricot, maïs, kizozi, brachiaria, etc.), la préparation du sol est effectuée au début de la saison de pluie, c’est-à-dire pendant la période de soudure au mois d’octobre jusqu’au mois de novembre. Pour les cultures de contre saison (orge, pomme de terre, légumes), elle commence au mois de février et se termine au mois de juin. - La mise en place de cultures correspond au semis, au repiquage, et à la mise en place des boutures ou des souches. Elle est effectuée entre le mois de novembre et décembre pour les cultures en saison pluviale et entre le mois d’avril et de juillet pour les cultures de contre saison. - Période de récolte : Il y a deux périodes de récolte dont la récolte des cultures de saison pluviale, notamment le mois de février à avril, et les cultures de contre saison qui s’étendent du mois de juillet à octobre. Source : TOLOJANAHARY, T.O. (2015), Caractérisation des systèmes de production au niveau des exploitations agricoles mixtes : structure et fonctionnement - cas du moyen ouest de la Region Vakinankaratra (Betafo), Mémoire de fin d’études pour l’obtention du diplôme d’ingénieur agronome, Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques, Université d’Antananarivo, Madagascar, p. 42.

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Tableau n°7 : Le calendrier cultural d’une année – District Betafo

SPECULATIONS/PERIODE JANV FÉV MARS AVRIL MAI JUIN JUIL AOÛT SEPT OCT NOV DÉC RIZ: * Pluvial * Irrigué POMME DE TERRE: * Grande saison * Inter-saison * Contre saison MAIS MANIOC SOJA PATATE DOUCE TARO BLE VOANDJOU ARACHIDE

LEGUMES: * Haricot blanc * Haricot vert * Choux * Carotte * Oignon * Ail * Petit pois * Poivron * Tomate CULTURE FOURRAGERE: * Chloris * Sétaria * Kizozi * Bracharia * Radis * Avoine * Ray grass * Trèfle Source : CSA Iavoko - BETAFO

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1.3.2. Une agriculture peu équipée et à faible intrants La période de soudure (octobre - novembre) correspond aux travaux pénibles des champs. Durant cette période, les agriculteurs ont souvent recours à l’emprunt (formel ou informel) pour subvenir aux besoins de leur famille et avoir une alimentation minimum vitale pour leur procurer la force de travail nécessaire. Ceci a un impact sur le rendement. L’outillage technique disponible réduit le temps de travail. Les intrants permettent de maintenir voire d’améliorer la fertilité des sols utilisées en polyculture. . Equipements peu nombreux Comme partout à Madagascar, les moyens techniques utilisés sont très faibles et l’angady reste le matériel le plus utilisé par les agriculteurs. Seuls quelques agro- éleveurs disposent de matériels à traction animale comme la charrue et la herse. . Intrants peu accessibles et/ou peu utilisés La gestion des engrais est stratégique pour l’exploitation, deux types d’engrais sont utilisés par les exploitants lors de l’installation et de l’entretien de cultures : - Les engrais organiques (fumier, compost). En général, les agriculteurs et les agro-éleveurs ne font pas d’apport d’engrais sur la culture du riz en saison pluviale. La dose apportée pendant la culture de contre saison est considérée comme suffisante pour maintenir la fertilité des sols lors de la mise en culture suivante. - Et les engrais minéraux (NPK46, urée47). Ce sont les principaux engrais minéraux utilisés. L’apport en minéraux fertilisants est très important pour l’amélioration de la qualité du sol et l’augmentation du rendement. Les cultures de légumes (brèdes, oignon, tomate et pomme de terre) ont besoin d’un apport maximal en engrais minéraux. Cependant, la dose apportée sur chaque culture est souvent limitée par la disponibilité de ces engrais et leur prix sur le marché.

1.4. Le système de production (caractéristique et modification des espaces) Comme nous le savons, il y a relation entre surfaces cultivées et production. En théorie, l’augmentation des surfaces cultivées augmentera la production et vice versa.

46 N : Azote, P : Phosphore et K : Potassium 47 Engrais azotée d’origine minéral

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1.4.1. Une production décroissante Des enquêtes menées par l’Assemblée Paysanne ou AP de la CSA Iavoko - Betafo en 2011 et en décembre 2014, ont permis de comparer les productions agricoles du district. De manière concrète, l’évolution de la production agricole entre ces deux années dans le district est illustrée dans le suivant tableau : Tableau n°8 : Comparaison des productions agricoles : 2011 et 2014 2011 2014 Production Production Surface (ha) Surface (ha) (tonnes) (tonnes) Vary andrano 47 560 16 829 45 435 20 170 Vary antanety - - 731 739 Ovy 41 928 4 398 14 364 1 381 Vomanga 5 567 697 1 635 575 Blé 112 56 55 54 Katsaka 5 525 9 326 15 782 11 109 Tsaramaso 1 383 3 256 428 395 Mangahazo 38 502 4 889 27 662 5 318 Saonjo - - 100 30 Voanjobory - - 1 456 1 525 Voanjo 1 679 1 699 1 550 2 000 Orge 854 247 57 683 Soja 224 158 2 633 889 Tongolo - - 67 24 Karaoty - - 550 200 Paoma - - 250 20 Voatabia - - 410 131 Haricot vert - - 20 5 Source : Enquête des AP de la CSA Iavoko - Betafo (en décembre 2014) Sur ce tableau, à notre première vue, deux produits ont capté notre attention notamment le Vary an-drano48 et la pomme de terre.  Identification de problème et d’opportunité Dans ce précédant tableau, nous avons pu identifier un problème majeur concernant la production du riz et constater une opportunité pour la filière pomme de terre. Opportunité Problème La filière pomme de terre n’a pas subit un Pour le riz, il existe un réel problème. Malgré grand changement car la production est restée une augmentation de 3 341 ha des surfaces approximativement sur les 10t/ha, avec une cultivés de 2011 en 2014 ; nous observons nette amélioration de 0,4 t/ha pour 2014. une baisse de 2 125 t. Cependant les surfaces cultivées ont été diminué de 3 017 ha.

48 Production de riz issue de la Riziculture

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1.4.2. Modification des espaces (un problème de distribution de l’espace et de surfaces cultivables non exploitées) En toute logique, l’augmentation des surfaces cultivées combinée à l’utilisation à bon escient du facteur capital (K) et à un bon acharnement au travail (L) devrait augmenter la production. Le sol volcanique, la présence de cours d’eau et l’étendue des surfaces cultivables devraient encourager les paysans à étendre leur activité. Toutefois, une grande partie de ces surfaces n’est pas encore valorisée. Figure n°1 : Répartition de la superficie totale – Surface agricole

Surface cultivable % surface total du Surface cultivée % surface cultivable

district Surface cultivée A Superficie non B 20% Superficie cultivable 41% cultivable

59% Surface non encore exploitée 80%

Rizière exploitée en Rizière 38% contre saison 11%

Cultures sur Rizière non encore exploitée en

Tanety 62% contre saison 89%

C D Répartition des cultures pour les Rizière exploitée en culture contre surfaces cultivées saison % Surface totale de la rizière

Source : CIRDR 2009

Avec une surface totale de 4178,83 km², Betafo reste parmi les plus vastes districts de la Région de Vakinankaratra. Le district représente les 21,23% de la superficie totale de la Région soit 19 679,99 km2 (Source : DRDA – Vakinankaratra).  Identification des contraintes et potentialités : Ces illustrations (A à D) montrent la répartition de la superficie totale et la surface agricole en pourcentages.

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Potentialité A : les surfaces cultivables - La superficie cultivable représente un peu plus de la moitié de la surface totale.

Contrainte B : les surfaces cultivées - Seulement 20%, soit 43 643 Ha de la surface cultivable est exploité par la population. Une grande partie soit les 80% reste encore inexploitée. Faiblesses C : la répartition des cultures pour les surfaces cultivées - Les cultures sur Tanety occupent 26 991 Ha soit 62% de la surface cultivée et les 38% restantes soient les 16 652 Ha sont des bas fonds exploités en riziculture irriguée. Cependant, nous savons que les rendements sur Tanety sont moins importants que sur rizière. D : le pourcentage des rizières exploités en contre saison. - Seuls 11% soit 1 910 Ha du bas fonds sont exploités en culture contre saison.

Comme nous l’avons vu en théorie, la terre constitue le facteur productif par excellence. A Madagascar, la terre est un sujet sensible car elle touche à une culture malagasy liée au concept Tanindrazana. Alors que la plupart des paysans dans d’autres régions de l’île, n’accèdent pas à suffisamment à la terre, l’existence de terres non exploitées dans le district de Betafo, traduit un vrai gaspillage des ressources. De même, la pratique des cultures contre saison, génératrice de revenus supplémentaires est peu développée dans cette zone. Néanmoins, même peu nombreuses, les diversifications de cultures sont, en général, orientés vers les cultures vivrières.

1.5. Une polyculture à dominance cultures vivrières Composante du système de production, dans le district de Betafo, la polyculture est à dominance cultures vivrières. Dans le précédent tableau, nous avons montré l’évolution de la production agricole entre les deux états de lieux 2011 et 2014. Comme l’espace agraire de Betafo permet d’exercer plusieurs types de cultures, certains agriculteurs choisissent la polyculture et/ou des rotations des cultures. 1.5.1. Les principales cultures Les principales cultures qui prévalent dans le district sont détaillées sur les deux graphes ci-après. Ils synthétisent les répartitions des surfaces par spéculation ainsi que les productions.

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Graphique n°1 : Surfaces cu ltivées par spéculation49 Graphique n°2 : Production par spéculation

38,6% 16 829 47560

Surface (Ha) par spéculation Production (T) par spéculation 41928 38520

21,4% 9 326

11,2% 4 889 1 0,1% 4 398 7,5% 5% 3 256 5567 2 168 5525 3,9% 4750 1679 1 699 1427 1,6% 1383 1285 6970,6% 854 224 112 2470,4% 0,3% 0,2% 0,1% 158 128 95 56

Sourc e : CIRDR 2007-2008

Ces graphiques nous montrent que l’activité agricole est dominée par les cultures vivrières. En termes de production et de surface cultivée, nous observons que le riz reste la principale culture vivrière. . Le riz domine l’activité agricole et occupe les surfaces cultivées. En général, le riz est destiné à l’autoconsommation et à la consommation locale. Le riz assure donc un rôle essentiel pour la sécurité alimentaire de la population du district. Il est classé « première filière prioritaire». La riziculture et la culture du riz en Tanety présentent jusqu’à 38,6% des surfaces cultivées. Cependant, son rendement qui tourne autour de 2,9 tonnes par ha est considéré comme moyennement faible.

49 Dans les deux graphiques, le terme « spéculation » désigne « culture ».

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. La pomme de terre, au second rang en matière de production. En termes de quantité de la récolte, la pomme de terre, en général cultivée en contre saison, qui fait jusqu’aujourd’hui la renommée de Vakinankaratra est au second rang. Le rendement moyen tourne autour de 10 tonnes par ha. De plus, pour les paysans, elle peut servir d’alimentation humaine, remplaçante ou complémentaire du riz durant les périodes de soudure ou maitso ahitra. Elle est aussi utilisée en alimentation animale, surtout en porciculture (ou élevage porcin). . Le maïs, au second rang en termes de surfaces cultivées. Après le riz, en termes de surface cultivée (souvent sur Tanety), le maïs occupe la seconde place. Il est cultivé presque partout au sein du district, mais avec dominance dans la partie occidentale. De préférence, il est pratiqué en culture associée avec du haricot, avec apport important en fumier de parc. Comme la pomme de terre, le maïs constitue une des principales alimentations des paysans du district voire du Vakinankaratra, surtout pendant la période de soudure qui coïncide avec la saison des grands travaux culturaux. 1.5.2. Les cultures maraîchères, fruitières et la canne à sucre A part les principales cultures (riz, maïs, manioc, patate douce, pomme de terre, etc.), les paysans du district produisent, généralement à titre secondaire, des produits agricoles issus des cultures maraîchères et fruitières. - Les cultures maraîchères Les surfaces exploitées en cultures maraîchères avec leur production respective sont compilés dans les deux figures suivantes.

Figure n°2 : Surfaces et productions de légumes et de brèdes

A - SUPERFICIE (Ha) B - PRODUCTION (T)

Légumes Ail et Légumes Ail et Oignon Oignon fruits Poireau fruits Poireau 113 1669 147 303 111 38 Tomate Légumes Légumes 5399 feu illes Tomate feuilles 265,5 363 8063 Carotte Chou Carotte 3576 1082 253 Chou 70,5

Source : CIRDR 2007-2008

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En grande partie exploitée sur rizière en contre saison, la culture maraichère du district reste encore timide. En soustrayant les 11 %50 de la surface des rizières exploitées en contre saison aux superficies consacrées à la culture d’orge, de blé et des fourrages ; nous obtenons la superficie des rizières occupées par la culture maraichère. Brêdes, choux, tomates et autres légumes fruits, carotte, oignon, poireau, d’ail ; y sont semés. Dans cette figure, à première vue, nous notons que : . avec une superficie 265,5 Ha, nous pouvons produire 8 063 t de Légumes/feuilles, . avec 253 Ha, la production de carotte est de 3576 t, . et avec seulement 38 Ha de culture d’ail et poireau produit 303 t, etc.  Une potentialité prometteuse De ce fait, cette spéculation (culture maraîchère) pourra procurer une potentialité prometteuse parce que les marchés sont encore très larges comme Antsirabe, Antananarivo, Miandrivazo et Morondava – Fianarantsoa et bien d’autres marchés. - Les cultures fruitières et la canne à sucre La figure suivante illustre les données concernant la filière arboriculture fruitière et la canne à sucre. Figure n°3: Surfaces et productions de fruits et de canne à sucre

A - SUPERFICIE (Ha) B - PRODUCTION (T)

Pêcher Pommier Canne à Pomme 252 358 sucre 13380 5820

Pêche 6300

Prunier 89,5 Prune Raisin 2237 Manguier Ananas Avocatier Vigne Mangue Ananas Avocat 30 2,5 8 33 26 96 1320 516 S ource : CIRDR 2007-2008

 Potentialités diverses : Avec son microclimat tempéré, l’arboriculture fruitière spécifie la partie orientale du district. La production fruitière procure une autre source de revenus à de nombreuses

50 cf. : Figure n°1 : Répartition de la superficie totale – Surface agricole (D) 45 familles. Comme pour le précédant cas des cultures maraîchères, les débouchés sont encore largement ouverts.

Section 2. Analyse des filières par zonage du district

Après avoir pris le temps de comprendre d’une manière globale le système agraire du district en analysant les facteurs endogènes et les sous-systèmes qui tournent autour de la dynamique des agriculteurs développant la polyculture. Dans cette section, en premier lieu, nous allons adopter un autre angle d’approche par zonage du district dans le but de détailler les réalités et d’analyser la situation réelle concernant la polyculture. Et dans un deuxième temps, nous ferons une analyse des filières priorisées en polyculture.

2.1. Analyse des atouts/potentialités et contraintes de chaque zone En termes de pression démographique, le district est plutôt divisé en deux parties (orientale et occidentale). La partie orientale est plus peuplée que l’autre partie. Cette suivante zonage fut définit et délimitée par la CSA. Elle est importante pour comprendre la dynamique de la polyculture dans le district.

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En effet, il existe cinq zones qui se représentent comme suit : Carte n° 2 : Zonage du district

ZONE 1 Alakamisy Anativato Ambatonikolahy COMMUNES Mandritsara Tritriva

ZONE 2

Andranomafana COMMUNES Betafo Mahaiza

ZONE 3 Alakamisy Marososona Alarobia Bemaha COMMUNES Andrembesoa Anosiarivo Manapa ZONE 4 Ambohimanambola Antohobe COMMUNES Inanatonana

Soavina ZONE 5 Ambohimasina COMMUNES Antsoso Manohisoa S ource : CRIF BETAFO 2009

ZONES Caractéristiques physiques 1 -Vaste bas fond largement exploité en riziculture et en culture maraîchère (en contre-saison) ainsi qu’en cultures d’orge et de blé 2 - Zone moyennement haute avec de vaste bas fond

3 -Vaste étendue de sol encore fertile - Activité agricole dominée par les cultures vivrières 4 - Plateau pouvant faire l’objet de culture sur tanety à grande échelle, notamment les cultures de riz pluvial – de maïs – du manioc – d’arachide 5 - Présence d’une culture de riz irrigué et de riz pluvial, de maïs et d’arachide sur les terres cultivables

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Tableau n°9 : Analyse des caractéristiques physiques (atouts/potentialités et contraintes) de chaque zone

ZONES Atouts/ Potentialités Contraintes - Acquisition d’un certain niveau de technique culturale par la population - Inondations presque annuelles, - Rendement agricole assez élevé lors de la période cyclonique 1 - Altitude assez élevée et microclimat spécifique favorable aux cultures sur Tanety (pomme de terre, carotte) et à l’arboriculture fruitière tempérée. - Infrastructures hydroagricoles en dur - Une partie de la zone est réputée par ses cultures de cresson et de légumes feuilles durant toute l’année - Des cultures en contre-saison très dominantes essentiellement les cultures de tomates – d’oignons – d’ail – de 2 poireau ainsi que l’orge et le blé. - L’arboriculture fruitière fait partie de leur particularité - Une rizipisciculture très développée - Electrification - Acquisition de nouvelles techniques culturales et de contre saison par la population, - Insécurité rurale, surtout vol de - Polyculture développée caractérisée par une double riziculture annuelle (Alarobia Bemaha) et des cultures bœufs. 3 en contre saison (pomme de terre, légumes pour Anosiarivo Manapa) - Zone isolée,

- Possibilité d’extension des rizières s’il y a construction de barrages en dur, - Mauvais état des routes. - Utilisation de matériels attelés justifiés par l’existence de nombreux troupeaux dressés en « bœufs de trait » - Peu d’organismes d’appuis - La culture d’arachide et de voandzou51 spécifie la commune d’Antohobe, - Problème d’accès aux intrants 4 - La culture de manioc pour la commune d’Inanatonana - Mauvais état de pistes (routes) - Les cultures en contre saison : Soavina (ciboules et ciboulettes), Ambohimanambola (pomme de terre), Inanatonana (légumes feuilles) - Approvisionnement en eau d’irrigation continue et permanente - Terrain accidenté et rocheux - Une bonne pratique de la Rizipisciculture diminue la part de superficie - Culture en contre saison de pomme de terre et de tomate. cultivable, 5 - Un microclimat d’une partie orientale favorable à l’arboriculture fruitière - Mauvais état des routes,

- Accès aux intrants et sortie des produits de récolte restent difficiles Source : Compilation des données, CSA – 2012

51 Voanjobory : Pois Bambara ou pois de terre, plante herbacée qui se récolte sous terre comme les arachides

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Chaque zone a une spécificité en matière de culture. Les atouts et les potentialités semblent diverses et la polyculture est très développée dans le district. Cependant, nous observons des contraintes, d’une part d’ordre naturel (inondations, terrain accidenté et rocheux) et d’autre part, en matières d’infrastructures et donc une difficulté à l’accès aux intrants.

2.2. Analyse des filières priorisées en polyculture de chaque zone Le tableau suivant montre la production (cultures diversifiées, rotation culturale, etc) enregistrée dans ces cinq zones du district en décembre 2014 :

Tableau n°10 : Filières prioritaires par zonage ZONE 1 ZONE 2 ZONE 3 ZONE 4 ZONE 5 Surface Production Surface Production Surface Production Surface Production Surface Production Filières (tonne) (ha) (tonne) (ha) (tonnes) (ha) (tonnes) (ha) (tonnes) (ha) Varyandrano 5 379 3 191 7 114 2 605 14 000 5 000 4 942 7 624 14 000 1 750 Varyantanety - - 131 87 600 400 - 252 - - Ovy 6 080 1 108 734 173 - - - - 7 550 100 Vomanga 35 535 ------1 600 40 Blé - 24 ------55 30 Katsaka 1 875 1 870 1 952 488 5 760 4 800 5 035 3 921 1 160 30 Tsaramaso 144 277 189 63 - - 85 50 10 5 Mangahazo - - 1 985 397 15 000 1 500 8 457 3 411 2 220 10 Orge 27 675 30 8 ------Soja 2 425 790 208 99 ------Tongolo 22 15 45 9 ------

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ZONE 1 ZONE 2 ZONE 3 ZONE 4 ZONE 5 Karaoty 550 200 ------Voatabia - - 410 131 ------Paoma 250 20 ------Haricot vert - - 20 5 ------Voambilona 1 1 ------Voanjobory ------456 1 525 1 000 - Voanjo ------1 050 2 000 500 - Saonjo ------100 30 VolyHazo ------7 200 3 - - Source : Compilation des données, CSA - enquête des AP en décembre 2014

Suite aux caractéristiques, aux atouts, aux potentialités et contraintes de 5 zones du district de Betafo, le tableau suivant récapitule les filières prioritaires pour chaque zone :

50

Tableau n°11 : Récapitulatif des filières prioritaires par zone Zones Filières priorisées Zone 1 1. Rizicole Alakamisy Anativato – Ambatonikolahy – 2. Pomme de terre Mandritsara - Tritriva 3. Orge 4. Maïs Zone 2 1. Tomate Andranomafana – Betafo - Mahaiza 2. Rizicole 3. Orge 4. Anandrano 5. Oignon Zone 3 1. Rizicole AlakamisyMarososona – AlarobiaBemaha – 2. Maïs Andrembesoa - AnosiarivoManapa 3. Pomme de terre 4. Haricot Zone 4 1. Manioc Ambohimanambola – Antohobe – Inanatonana 2. Rizicole - Soavina 3. Voanjobory 4. Maïs 5. Arachide Zone 5 1. Rizicole Ambohimasina – Antsoso - Manohisoa 2. Pomme de terre 3. Maïs 4. Manioc Source : Compilation des données, CSA - enquête des AP en décembre 2014

Comme nous pouvons le constater les filières principales varient d’une zone à une autre. Le choix de ces filières revient à la prise de décision des agriculteurs. Ceci dépend à la fois des facteurs endogènes (nature du sol, etc.) et exogènes (moyens, habitudes réactionnaires, force de travail, technique culturale, présence des prestataires techniques et financiers) propres à chaque zone. Ces facteurs identifiés n’y sont pas les mêmes. D’après les deux tableaux de compilation de données issues des enquêtes des AP de la CSA, les filières priorisées en polyculture du district sont les suivantes : Zones qui priorisent les filières (District) Filières priorisées 1 – 2 – 3 – 4 - 5 1/ Riz 1 – 3 – 4 - 5 2/ Maïs 1 – 3 - 5 3/ Pomme de terre 4 - 5 4/ Manioc 1 - 2 5/ Orge

Les filières priorisées varient d’une zone à l’autre. Le riz occupe les superficies cultivées dans tout le district. Le maïs, la pomme de terre et le manioc peuvent

51 remplacer le riz en période de soudure. Ce sont également des filières qui peuvent générer d’autres revenus aux agriculteurs qui ont développés la polyculture pour valoriser leur terre. Seulement deux zones ont opté pour la culture d’orge. Ceci est dû, en grande partie, à la présence de MALTO52 dans ces deux zones (1 et 2).

2.3. Analyse FFOM des filières priorisées Ce tableau représente une analyse des Forces, des Faibles, des Opportunités et des Menaces des filières priorisées. Tableau n°12 : Analyse FFOM des filières priorisées Filières Forces Faiblesses Riz - Disponibilité des semences locales - Mauvaise maîtrise de l’eau - Disponibilité des surfaces cultivables - Non disponibilité des semences de qualité - Utilisation des techniques habituelles Opportunité Menaces - Possibilité d’extension des surfaces à - Maîtrise des aléas climatiques cultiver - Existence de maladies Pratique de Varyantanety - Insuffisance des barrages de rétention d’eau - Dislocation des canaux Maïs Forces Faiblesses - Existence des marchés (collecteurs, - Non disponibilité des semences de qualité consommateurs, alimentation animale) Opportunité Menaces - - Aléas climatique Pomme Forces Faiblesses de terre - Culture compatible au climat - Présence de maladies - Disponibilité des variétés - Apport en fumure non respecté Opportunité Menaces - Possibilité d’extension des surfaces à - Rotation de culture non respectée, cultiver - Risque des maladies (variétés confondues) Manioc Forces Faiblesses - Production pendant toute l’année - Prix trop bas Alimentation humaine et animale Opportunité Menaces - Transformation en alimentation - Insécurité animale Orge Forces Faiblesses - Climat, disponibilité des surfaces - Prix d’achat trop bas pour les producteurs cultivables, - Contrat de production entre MALTO et - Renforcements de capacité par producteurs trop rigide MALTO - Producteurs non groupés - Ressource financière pour la rentrée scolaire Opportunité Menaces - Présence MALTO - Source : Compilation des données, CSA décembre 2014 – Monographie – PCD 2004

52 Malterie de Madagascar, filiale du groupe STAR-Madagascar

52

Malgré les potentialités en surface cultivable surtout en Vary antanety, la raison de la diminution de la production rizicole peut être expliquée par la mauvaise maîtrise de l’eau, la faible disponibilité des semences de qualité et l’utilisation des techniques habituelles. La filière pomme de terre est soumise à un risque de maladie appelée localement Fandazo53 et le manque d’intrants utilisé a un impact direct sur son rendement. Les semences améliorés en maïs comme le PANAR 12 ou IRAT ne sont pas accessibles aux agriculteurs. Les prix d’achat de l’orge et surtout du manioc sont trop bas. En somme, dans ce chapitre, nous avions analysé les facteurs endogènes du système agraire du district. Par une délimitation de la zone, nous avons pu également faire une analyse des atouts et des contraintes et une analyse FFOM des filières priorisées dans chaque zone. Maintenant, le chapitre suivant va aborder les facteurs exogènes.

53 Bactériose de la pomme de terre Un représentant de la FIFAMANOR a mentionné que les variétés Diamondra et Maharevo peuvent résister à la maladie et donc peut assurer un meilleur rendement : Information issue d’une réunion de la plateforme « pomme de terre » au quelle nous avons assisté à la DRDA Vakinankaratra.

53

CHAPITRE 2 : Analyse systémique des facteurs exogènes

La compréhension des facteurs endogènes de cette structure agraire du district nous a permis d’avoir une vision globale sur les éléments interconnectés (l’environnement, l’agro-système, le système d’EA, le système de production et la distribution de l’espace), composantes de la partie motrice du système agricole. Elle nous a permis également de savoir que la polyculture dans le district est à dominance cultures vivrières. Il faut cependant reconnaitre que ces éléments s'intègrent dans des systèmes socio-économiques plus vastes. Toujours dans le but de « comprendre pour agir », dans ce chapitre, nous allons tenter d’analyser les facteurs exogènes. D’abord, dans une première section, il y aura un aperçu global des facteurs exogènes de la structure agraire du district. Dans une deuxième section, dans l’objectif précis de présenter les blocages, les problèmes et les potentialités ; nous entrerons dans les détails et les réalités dans lesquels vivent les agriculteurs dans chaque de zone. Puis, dans un troisième temps, nous allons nous intéresser à la compréhension des mécanismes agissant séparément qui peuvent agir sur le système dans tout son ensemble afin d’agir en conséquence.

Section 1. Le support d’institutions et les acteurs intervenant dans le secteur agricole du district

« A partir du début des années 1980 ; Madagascar, comme d’autres pays d’Afrique sub-saharienne, s’est engagé dans une série de mesures d’ajustement structurel sous l’impulsion du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale ».54 Ce changement de politique économique est marqué par le passage d'un système d'économie agricole administrée par l'Etat à un système libéral centré sur le marché. Ce processus s’est traduit par un désengagement progressif de l'Etat des fonctions de production et de commercialisation. Dans les zones fertiles comme le district de Betafo, cette situation avait entrainé :

54 Dabat M.H., Treyer O.J., Razafimandimby S. et Bockel L., L’histoire inachevée de la régulation du marché du riz à Madagascar, in www.economierurale.revues.org/535

54

- D’une part, l’apparition des acteurs de développement agricole notamment des services étatiques déconcentrés ou décentralisés, des ONG, des offreurs de service en matière de conseils technico-économiques (information, appui aux OP55, formation), de recherche et développement, d’aide pour l’accès aux approvisionnements des semences, des intrants et des équipements et surtout d’offre de crédit (Banques, IMF) et des organisations paysannes (coopératives et associations). - D’autre part, elle va donner naissance à des entreprises privées locales, voire attirer des entreprises étrangères ou multinationales.

1.1. Les acteurs du développement agricole Comme l’agriculture est considérée comme un secteur porteur pour le district, Betafo bénéficie d’une large gamme d’acteurs et d’offreurs de services. Allant de simples organisations paysannes à des associations, des Organismes Non Gouvernementaux plus structurés; en passant par des services étatiques et des institutions financières. 1.1.1. Le Centre de Service Agricole (CSA-Iavoko) En principe, « dans le processus de désengagement de l’Etat donc du MAEP56, de la décentralisation et dans le contexte de la faiblesse actuelle de l’offre privée »57 ; les CSA devront être établi au niveau de chaque district de Madagascar pour pallier au déficit de services aux agriculteurs. Ils servent d’outil technique pour le développement agricole. C’est un programme national en partenariat avec l’Union Européenne et sous l’égide du MAEP. Les CSA interviennent dans le cadre d’une mise en relation des demandes de services des agriculteurs avec les prestataires de services. Situé à l’entrée (Route vers Antsirabe) de la ville de Betafo, le CSA – Iavoko est un acteur, un élément clé du développement rural du district. Tableau n°13 : Les forces et faiblesses de la CSA - Iavoko Forces  Met en relation les demandes paysannes avec les offres des partenaires et prestataires de services comme les services d’approvisionnement en intrants/équipements, les IMF, et bien d’autres prestataires),  Assure une diffusion des informations concernant les prix des produits sur les marchés,  Apporte des aides aux paysans à la commercialisation des produits. Souvent les

55 Organisations Paysannes 56 Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche 57 www.agriculture.goc.mg/csa 55

Forces agriculteurs demandent à la CSA de résoudre leurs problèmes de commercialisation lorsque les produits sont abondants sur le marché local. Le CSA les aide alors à trouver d’autre marché.  Donne des formations, par l’intermédiaire des PF58, pour professionnaliser les OP dans leur activité.  Appuie la recherche de financement auprès de la FRDA59 - Vakinankaratra et/ou auprès des IMF partenaires Faiblesses  Leurs actions sont limitées car les zones plus éloignés ne bénéficient pas de leurs interventions  Les demandeurs sont peu nombreux et la plupart des agriculteurs ignorent même l’existence du CSA

Au cours de notre stage, nous avons observé que la présence du CSA dans le district de Photo n° 1 : CSA - Iavoko Photo n° 2 : Le tableau d’information

1.1.2. Les Services étatiques (déconcentrés ou décentralisés) La CIRDR60 et le FIFAMANOR61 sont les services étatiques qui œuvrent dans le district. En général, la CIRDR représente l’Etat et assure ses fonctions régaliennes au niveau du district. Etant un organe de contrôle de l’Etat, elle peut également jouer le rôle de coordinateur et de superviseur en matière de développement rural dans les différentes communes. Ces deux services sensibilisent et responsabilisent les partenaires du développement rural et agricole pour la mise en œuvre des actions sur terrain. Intermédiaires entre les CTD62 de base et le pouvoir central, ils contribuent aussi à la circulation des informations ; que ce soit ascendante et/ou descendante.

58 Paysans Formateurs : ce sont souvent des personnes expérimentées et/ou diplômées, spécialistes dans une filière donnée (technique, organisation, management,…) 59 Fonds Régional de Développement Agricole 60 CIrconscription Régionale du Développement Rural / Service étatique déconcentré 61 FIompiana FAmbolena MAlagasy NORvezianina 62 Collectivités Territoriales Décentralisées

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Tableau n°14 : Les acteurs de développement agricole (les services étatiques) Offreurs de Action Zone d’intervention Filières services DRDR/ - Coordination des acteurs de Région Toutes filières CIRDR développement rural Vakinanakaratra/District Betafo FIFAMANOR - Amélioration des cultures, Commune de Betafo, Cultures : de l’élevage laitier et de la Mandritsara, Tritriva, Riz pluvial, Pomme de culture de fourrage Alakamisy Anativato, terre, Patates douces, Taro, - Etudes et expérimentation Ambatonikolahy, Antsoso, Maïs et culture de fourrage Andranomafana, Soavina, Elevage : Lait Antohobe, Inanatonana, Mahaiza FOFIFA - Amélioration variétale Commune d’Alakamisy Riz irrigué, - Recherche agricole Anativato Riz pluvial, Haricot - Recherche participative Source : Compilation des données, recherche personnelle

1.1.3. Les Associations, les ONGs et les différents projets (cf. Annexe 1) Leurs interventions sont très bénéfiques pour les agriculteurs.  Les forces et faiblesses de ces intervenants ou projets : Forces Faiblesse . Intervention dans les zones enclavées du district. . Leurs actions sont limitées pour une . Formation en Socio-organisation durée bien déterminée car elles . Augmentation et diversification des ressources dépendent du financement des bailleurs. d’exploitation familiale . Amélioration de l’accès aux services sociaux par la construction d’infrastructures de base (Cas FID63 dans la Commune d’Andranomafana . Un surplus de revenu pour les ménages vulnérables (Cas du Projet Vatsin’ Ankohonana64) 1.1.4. Les organisations paysannes ou OP Au cours de notre stage, souvent nous étions amenés à recevoir des paysans qui voulaient fonder des organisations. Leur motivation témoigne de leur volonté à améliorer leurs activités. Dans le district, les OP sont nombreuses, mais leurs performances sont très variables car elles restent dépendantes des autres acteurs cités ci- dessus. Selon le rapport de la CSA, vers le début de mois de mars de la courante année 2016, il existe 89 Associations et 26 Coopératives dans le district. Elles collaborent avec

63 Fonds d’Intervention pour le Développement 64 Octroi mensuel de 10.000 Ar à 20.000 Ar au ménage jugé vulnérable afin d’encourager les parents dans l’éducation de leur enfant.

57 la CSA et leurs activités concernent la production agricole, la collecte des produits locaux et la commercialisation. En interviewant un responsable d’une OP (KOFAFRO)65 et des paysans (membres dans des OP) demandeurs de services auprès de la CSA, et en analysant les rapports sur les OP de la CSA, nous avons constaté le problème suivant :  Identification de problème et ses causes : Problème contrasté Causes Après deux ou trois ans d’existence, -Un manque de professionnalisme les membres d’une OP diminuent -Un rendement faible progressivement. -Une mauvaise gestion et bien d’autres facteurs (sociaux, humains,..) que nous n’avons pas pris en compte Dans un district rural où la communication se fait de bouche à oreille, l’inefficacité des OP dans leurs actions, n’encourage pas les autres (non membres) à s’y adhérer.

1.2. Les IMF et sociétés opérantes dans le district, les autres acteurs A part les petits exploitants organisés en entreprise familiale, il existe également des IMF qui empruntent à partir des besoins de ces ménages. De plus, nous notons une présence de sociétés privées dans le district. 1.2.1. Les institutions de microfinance La présence des IMF à majorité à caractère mutualiste66 dans le district peuvent améliorer les rendements agricoles et aider les paysans membres à atteindre l’autosuffisance alimentaire. Par des emprunts, ils peuvent financer leurs activités. Tableau n°15 : Liste des IMF dans le district Dénomination Activités Zone de couverture OTIV (Ombana Tahiry . Développement économique des . Commune de Betafo, Ifampisamborana Vola) membres et de leur communauté . Et dans un rayon de 30 km autour de Betafo CECAM (Caisse . Sensibiliser, conseiller les membres, Cinq caisses : d’Epargne et de Crédit . Suivre l’utilisation des fonds, -Betafo, Alakamisy Agricole Mutuel) . Evaluer les impacts des activités Anativato, Andranomafana, Soavina, Mahaiza ONG VAHATRA . Microcrédit . Commune de Betafo . Accompagnement familial . Formation professionnelle ZOB (Zébu Overseas . Principale activité : octroi de crédit pour . Commune de Betafo Board) l’achat de zébu

65 KOperativa FAmokarana Fanatsarana ROnono 66 Cours théorique sur les IMF, DESS – Economie. Par rapport à leurs activités, les IMF sont classées en deux catégories notamment les Institutions Financières Mutualistes (IMF) et les Institutions Financières Non Mutualistes (IFNM)

58

Dénomination Activités Zone de couverture TITEM (Tahiry . Appui aux associations pour la bonne . Commune d’Ambohimasina Iombonan’ny Tantsaha gestion des produits de récolte Eto Madagascar) FI (Fanampiana . Octroi de crédit pour des projets déjà en . Communes : Ivoarana) cours de réalisation -Tritriva, Mandritsara VATSY . Education économique, sociale, Dans tout le district (Vakinankaratra mutualiste et justice sociale TSImisaramianakavy) . Octroi de crédit en se basant sur la solidarité et l’entraide mutuelle Source : Compilation des données, MONOGRAPHIE – Betafo – 2012, recherche personnelle (mise à jour des données de la monographie)  Identification des contraintes : Cependant, même si les paysans membres peuvent effectuer ces emprunts, ils ont souvent recours à la vente de leurs bétails voire de leurs terres lors des paiements des échéances. En plus des taux d’intérêts élevés, l’absence de garanties matérielles des paysans excluent une partie des agriculteurs et des éleveurs très pauvres. Par conséquent, cette dernière opterait pour une autre solution plus facile et plus accessible par l’emprunt auprès des Mpampajana-bola67. 1.2.2. Les sociétés opérantes dans le District Après la crise politique de 2002, les activités liées à l’agribusiness du district peinent à produire car la demande se fait de plus en plus rare. La fermeture de l’usine TIKO a entrainé des bouleversements sur le marché de la filière lait, donc une baisse de revenus des ménages. Néanmoins, il existe un petit nombre d’entreprises privées de l’agribusiness dans le district. Tableau n°16 : Les sociétés opérantes dans le district Dénomination Action Zone d’intervention MALTO Collecte des récoltes en déduisant le Betafo, Mandritsara, Alakamisy Filière : Orge coût des intrants fournis anativato, Tritriva, mahaiza, préalablement Ambatonikolahy,Andranomafana, Ambohimasina, Antsoso BIONEXX Vulgarisation, appui technique, Commune d’Andranomafana – Soavina Filière : Artemisia encadrement et extraction - Antohobe Artemisia annua68 industrielle d’Artémisinine LECOFRUIT Vulgarisation, encadrement et la Betafo, Mandritsara, Filière : Haricot vert Collecte des produits de récolte AlakamisyAnativato, Tritriva, Mahaiza, Ambatonikolahy, Andranomafana, Ambohimasina, Antsoso. Source : Compilation des données, MONOGRAPHIE – Betafo – 2012, recherche personnelle (mise à jour des données de la monographie)

67 Fournisseurs de crédit informel 68 Plante de la quelle est extrait un principe actif permettant de lutter contre le paludisme

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D’un point de vu général, ces sociétés encouragent la dynamique d’une diversification des cultures (polyculture) dans le district. Les cultures d’orge et des haricots verts font partie des AGR (activités génératrices de revenu) pour la population locale. La stratégie de « gagnant-gagnant » adoptée par les deux entreprises (LECOFRUIT et MALTO) semble être appréciée jusqu’à maintenant par les locaux.

Section 2. Les circuits d’approvisionnement

L’environnement économique du commerce des produits agricoles se caractérise par l’existence des circuits d’approvisionnement, des réseaux d’entrepreneurs privés et des grands marchés urbains. L’essentiel de ces activités est fixé par un jeu de rapport de force et de négociation entre les acteurs qui, par lien ethnique ou par intérêt commun, ont noué des relations de crédit et de confiance. Comprendre la commercialisation dans un système agraire c’est comprendre les mécanismes qui animent le « circuit commercial » en établissant la succession d’étapes, la présentation des intermédiaires et des marchés que suit le produit entre le producteur et le consommateur final. Parfois, cette chaîne d’actions peut inclure la transformation physique du produit. Chaque intermédiaire rend un service technique, financier ou administratif pour lequel il s’attribue une fraction de la marge commerciale.

2.1. La succession d’étapes : A – Les lieux privilégiés des collecteurs Dans la majorité des cas, les produits agricoles viennent des localités où les routes sont en mauvais état. Ce sont les lieux privilégiés des collecteurs. B – La transformation locale (si besoin)  Cas du riz Le pilonnage reste encore le moyen de transformation le plus prisé car il ne nécessite pas de moyens sophistiqués. Le riz pilonné est surtout destiné à l’autoconsommation. Cependant, que ce soit pour l’autoconsommation ou la commercialisation, nombreux paysans optent pour l’usage des décortiqueuses. . Les décortiqueries sont les premiers acteurs locaux de transformation de riz Grâce à l’activité rizicole, l’apparition des PME, notamment des décortiqueries locales, participe activement à la l’économie du district.

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Tableau n°17: Les décortiqueries locales Fokontany Décortiqueries AMBOHIAMBO 4 AMBOHINAORINA 1 AMBOHIPIHAONANA 5 ANDRIAMASOANDRO 2 ANKAZOBE 1 ANTSINANANTSENA I 4 ATSINANANTSENA II 1 TOTALINY 18 Source: Fiche monographique, Kaominina Betafo – 2012

 Pour les autres produits agricoles Comme la plupart des paysans producteurs ne disposent pas d’appareils de conservations des produits, en général, les autres produits ne subissent pas des transformations. B - Le stockage des produits  Cas du riz A la moisson, les paysans producteurs ont tendance à vendre une grande partie de leur riz par nécessité d’autres besoins immédiats en PPN69.  Problème identifié Problème Solution adoptée par les OP Insuffisance de moyens de stockage ou de Création des GVC70 (Grenier rangement approprié Communautaire Villageois).

Photo n° 3 : Maison traditionnelle comportant un Photo n° 4 : Période de Moisson/Emploi d’une systèm e de stockage traditionnel batteuse à pédale fabriquée localement

69 Produits de Premières Nécessité 70 Grenier Communautaire Villageois : Mini-silos ruraux appartenant à des groupements de paysans ou OP. Stockage destiné à la consommation pour subvenir aux besoins durant la période de soudure non un surplus de production. 61

 Cas des autres produits agricoles Pour les maïs, les pommes de terre et les maniocs, les paysans producteurs ne stockent que les produits dont ils ont besoin, et vendent le surplus, s’il y en a. Comme les fruits et légumes (pêche, pomme, carotte, pomme de terre, navet, choux, etc.) peuvent pourrir, donc ne peuvent être stockés au-delà d’une durée déterminée ; une partie est vendue sur les marchés domestiques à courte distance à l’intérieur des communes rurales, et à petites quantités par les producteurs eux-mêmes. Et une autre partie approvisionne les marchés (Antsirabe, …). C – le transport des produits agricoles Le transport entre dans les services techniques que les intermédiaires doivent prendre en compte dans la fixation de leur prix de vente. La plupart des collecteurs, que ce soit des locaux ou ceux des régions voisines (Analamanga, Amoron’i Mania et Haute Matsiatra), ils sont à la fois les propriétaires des moyens de transport.

2.2. Les acteurs au niveau de la commercialisation Comme l’agriculture est un secteur « rentable », ces acteurs privés sont à la recherche d’un maximum de profit. o Les acteurs locaux : Pour le cas de Betafo, ce sont les collecteurs qui sont premiers clients des agriculteurs. Ils sont en relation directe avec eux. Ces opérateurs jouent le rôle d’intermédiaire entre les cultivateurs et les grossistes. Encadré n° 7 : Flux entre les acteurs des circuits de commercialisation (Marché local) (1) Circuit direct : Paysans Producteurs → Détaillants ou consommateurs [Marché local hebdomadaire] (2) Circuit indirect : Paysans Producteurs (individuel ou OP) → Collecteurs → Grossistes → Détaillants → Consommateurs . Les Paysans producteurs ou OP En général, les producteurs pratiquent la polyculture dont la riziculture irriguée, la culture de contre saison et/ou la culture sur tanety. . Les collecteurs locaux Pour s’enrichir d’une manière simple, ces commerçants achètent d’abord les produits agricoles surtout le riz à bas prix durant les mois de récolte, puis les stockent, pour ensuite les revendre à des prix avec une marge de bénéfice de plus de 50 %. Ils se déplacent physiquement dans les localités enclavées pour assurer la plupart des opérations nécessaires à la circulation des produits, c’est-à dire la prospection, la

62 collecte, le groupage, le convoyage et la mise sur le marché. Par conséquent, ils sont relativement spécialisés dans un ou des produit(s). De plus, ils connaissent bien les zones de collectes. . Les grossistes Ils approvisionnent les détaillants. En réalité, dans le district, ces grossistes sont également des collecteurs. . Les détaillants Les détaillants s’approvisionnent chez les grossistes ou directement chez les paysans venus vendre leurs produits agricoles sur le « marché local » (lieu de commercialisation) qui se tient tous les lundis dans la commune de Betafo. Tableau 18 : Les opérateurs commerciaux (Ireo Mpivarotra)

Collecteurs Détaillant manana Fokontany (produits locaux) Grossistes patanty AMBOHIPIHAONANA 5 - 12 ANKAZOBE - - 2 ATSINANANTSENA II 4 - 9 ANDRIAMASOANDRO 5 - - ANTSINANANTSENA I 8 - 11 AMBOHIAMBO 3 - 5 AMBOHIMANANA - - 1 AMBOHINAORINA 1 - 3 MAHAMASINA - - 1 MIARAMAMINDRA - - 10 ANDRIAMBOROMANGA - - 3 AVARATSENA 6 2 98 VAKINIFASINA 1 - 5 TOTALINY 33 2 160 Source: Fiche monographique, Kaominina Betafo – 2012

 Cause, problème et conséquences identifiées : Cause Problème Conséquences - Comportement spéculatif des -Inexistence ou très faible 1-Recours au financement collecteurs par l’achat des accumulation d’épargne des (IMF ou autres) produits agricoles à un coût ménages agricoles en 2- L’agriculteur ne peut pas inférieur et la revente à un prix polyculture. acheter des intrants, donc son supérieur lorsque les prix sur le rendement sera faible marché sont relativement plus 3-Ménage vulnérable élevés.

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o Les acteurs régionaux : A Madagascar, d’une manière générale, les circuits marchands fournissent l’essentiel de l’approvisionnement urbain en produits vivriers. A part les acteurs locaux (producteurs, collecteurs, grossistes), pour arriver à sa destination finale (consommateurs), le processus de commercialisation inclus également les transformateurs notamment les restaurateurs et les industriels, les transporteurs. Figure n°4: Flux entre les acteurs du circuit de commercialisation (Marchés régionaux)

PAYSANS PRODUCTEUR / OP

COLLECTEURS

LIEUX DE COMMERCIALISATION ANTANANARIVO ANTSIRABE FIANARANTSOA AUTRES VILLES

GROSSISTES

TRANSFORMATEURS /RESTAURATEURS

DETAILLANTS

CONSOMMATEURS

Dans cette figure montrant le flux entre les acteurs du circuit de commercialisation, nous observons que les acteurs sont plus organisés et qu’il y a un système de réseautage de plus en plus complexe. . Les grossistes Au niveau régional, en suivant la logique des flux entre les acteurs, ils s’approvisionnent normalement sur les lieux de commercialisation. Pourtant, comme nous l’avons cité ci- dessus, les grossistes régionaux peuvent être des collecteurs et vice versa. Il existe également un certain système de réseau entre collecteurs locaux et grossistes au niveau régional. . Les transformateurs Ce sont les restaurateurs, industriels ou autres qui s’approvisionnent chez les grossistes. En passant par les artisans (confiseries, confitureries artisanales, fruits secs et confits,

64 jus de fruits, etc.), les PME, les IAA71 aux sociétés exportatrices ; la transformation des produits agricoles est bénéfique pour l’économie nationale. . Les détaillants Les détaillants des grands centres urbains (Antsirabe, Antananarivo, Fianarantsoa, Morondava et autres) vont s’approvisionner chez ces derniers ou directement chez les grossistes. Grâce à la circulation des flux d’information et des flux financiers entre les membres du réseau (collecteurs – grossistes – commerçants détaillants), ils peuvent agir sur le marché agricole. Alors, le marché n’est plus un lieu de formation des prix notamment dans le sens de la confrontation ou de la relation entre une offre et une demande mais un lieu caractérisé par un jeu de rapport de force entre différents réseaux sans pour autant se préoccuper du pouvoir d’achat des consommateurs. . Les consommateurs Comme toujours, les acteurs les plus importants notamment les consommateurs se trouvent au bas de la chaine d’approvisionnement. N.B. : Pour le cas de certaines villes de Madagascar, les transformateurs (industriels, …) peuvent ne pas exister.

 Problème, cause et conséquences identifiés : Problème Cause Conséquences Trop d’écart de différence entre Une liste d’intermédiaires -Démotivation des le prix d’achat et le prix de vente (acteurs) très longue entre producteurs des produits agricole les producteurs et les -Le producteur renforce sa consommateurs culture d’autosubsistance et de monoculture

71 Industries Agroalimentaires 65

Dans ces deux chapitres, nous avons pris une vue d’ensemble sur les facteurs endogènes et exogènes intervenant dans le secteur agricole du district. Dans le premier chapitre, nous avons noté que la production rizicole est caractérisée par une stagnation voire une légère diminution qui démontre une certaine difficulté comme la mauvaise maîtrise de l’eau, la non disponibilité des semences de qualité, l’utilisation des techniques culturales habituelles. Le risque de maladie des pommes de terre, la non disponibilité des semences améliorées de maïs et surtout le manque d’intrants ; sont les menaces et les faiblesses que nous avions identifiées dans les facteurs endogènes. Dans le deuxième chapitre, force est de constater qu’une des principale contrainte au développement de l’agriculture notamment de la polyculture réside dans l’insuffisance des actions de sensibilisation menées auprès des agriculteurs. Les retombées des actions déployées par les acteurs de développement sont peu ressenties au niveau local et le circuit de commercialisation des produits ne permet pas aux producteurs d’épargner suffisamment, une situation qui conduit à une faible capacité monétaire des exploitations.

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CHAPITRE 3 : Hiérarchisation des contraintes, discussion, et recommandations

Dans les précédents chapitres, nous avions vu que les facteurs endogènes (les EA, la terre, les filières priorisées en polyculture, la production agricole, l’environnement) et les facteurs exogènes (les acteurs de développement, les acteurs privés, les circuits de commercialisation) ne peuvent plus être considérés comme la juxtaposition de spéculations ou d’activités sans relation entre elles mais comme un vaste système. Dans ce chapitre, nous verrons succinctement une discussion sur la réponse à la question de recherche soit « la polyculture est-elle une solution ? », une hiérarchisation des contraintes à surmonter tout en passant par un aperçu des réalisations des acteurs de développement, et une proposition des solutions, condition que nous jugeons nécessaire au développement de la polyculture du district.

Section 1. Hiérarchisation des contraintes

Dans une situation critique où tout est prioritaire, il faut optimiser les moyens et agir en conséquence. Ceci implique « une hiérarchisation des priorités en fonction des besoins et des problèmes à résoudre »72. Dans cette section, nous allons déterminer les points critiques, les éléments des sous-systèmes qui bloquent l’ensemble du système, et par conséquent qui diminuent la motivation des agriculteurs à pratiquer la polyculture comme une alternative d’amélioration de leurs revenus.

1.1. Analyse des facteurs de blocages endogènes Comme nous l’avons cité-ci dessus en chapitre 1 de cette deuxième partie, par ordre d’importance, les filières priorisées en polyculture du district sont le riz, le maïs, la pomme de terre et l’orge.

72 Cours d’Evaluation des Politiques Publique – DESS - ECA, Mr Andriamalala Fredy

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Tableau n°19 : Analyse des facteurs de blocages prioritaires par filières (endogène) Blocages Solutions adoptées Constats Stratégie de services requis et propositions de (par les Responsables solutions concernés) FILIERE RIZ Les mpikarama sarakantsaha et les - Réticence des agriculteurs à - Mise en valeur de ces acteurs par le renforcement de petits exploitants en métayage s’intégrer dans les OP capacité en technique rizicole (Andrano ou Antanety) /fermage ne sont pas membres des associations Problème d’accès aux intrants - Création de la CSA par le - Insuffisance des - Accès aux crédits, développement des services de MAEP sensibilisations proximité, diffusion d’informations Semences de qualité non disponibles - Mise en relation avec les fournisseurs des semences de qualité (existence des nouvelles variétés performantes résultant de la recherche à la FOFIFA. 160, X.265 pour les Riz irrigués Technique culturale - Le projet PAPRIZ73 par la - Réticence des certains - Encadrement technique en SRI75 - SRA76 et JICA74 agriculteurs face aux formation, diffusion des fiches techniques innovations Surface irrigable de plus en plus - Promotion de la riziculture pluviale par l’extension critique en riziculture irriguée des surfaces cultivables en Tanety - Sensibilisation, formation et accompagnement des producteurs à la pratique des varyantanety

73 Appellé Vary d’Rajao, le Projet d’Amélioration de la Productivité RIZicole, initié par la JICA, s’occupe de l’amélioration de la productivité rizicole sur les hautes terres malgaches depuis 2009 en formant le paquet technique PAPRIZ et la gestion du budget familial 74 Angence Japonaise de Coopération Internationale 75 Système de Riziculture Intensive 76 Système de Riziculture Améliorée

68

Blocages Solutions adoptées Constats Stratégie de services requis et propositions de (par les Responsables solutions concernés) Gestion de l’eau - Insuffisance des barrages - Construction et réhabilitation des infrastructures hydroagricoles hydroagricoles (barrages, canaux)

Gestion des récoltes - Les GCV77 par les OP - Coordination et structuration des producteurs (coopérative et associations), - Promotion des GCV FILIERE POMME DE TERRE Manque de connaissance technique - Plateforme « pomme de terre » - Insertion des mpikarama au renforcement de capacité de production dans le Vakinankaratra par les technique Manque d’intrants et manque de paysans et différentes OP - Coordination de la culture de pomme de terre par la semences de base des variétés plate-forme pomme de terre résistantes à la maladie Fandazo - Facilitation de l’acquisition des intrants au niveau des villages - Diffusion des variétés Diamondra et Maharevo Source : Compilation des données, CSA – DRDA et recherche personnelle

Pour le maïs et le manioc, il n’y a pas vraiment de blocage sauf que sur le marché, ces produits ne sont pas valorisés donc destinés à l’autoconsommation familiale.

77 Grenier Communautaire Villageois

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Tous ces blocages entraînent la faiblesse des rendements surtout en riz malgré la présence des projets et des acteurs de développement dans le district. 1.2. Analyse des facteurs de blocages exogènes Voici dans ce tableau les blocages que nous jugeons importants. Tableau n° 20 : Analyse des facteurs de blocages prioritaires (exogènes)

Blocages Solutions adoptées Constats Stratégie de services requis (par les Responsables et propositions de solutions concernés) Manque de leadership et Faiblesse des performances des OP Appui au renforcement des capacités des membres formation managériale des par la démission progressive des des OP responsables des OP membres Faible équipement et matériels - L’Angady est le matériel le plus Promotion des matériels agricoles (matériels attelés utilisé et des tracteurs à louer) Comportement spéculatif des - Création OP (par les - Ces commerçants connaissent très - Etablissement d’un « système de prix fixe » dans collecteurs par l’achat des paysans) bien le district. Ce sont aussi des les OP ou coopératives et associations pour protéger produits à un prix dérisoire -Création de différentes spécialistes en comportement des chaque filière d’une part, et pour motiver les plateformes par filières agriculteurs. agriculteurs d’autre part. (pomme de terre, haricot et - Voire création d’un LABEL malagasy en pêche) partenariat direct avec les producteurs Beaucoup d’acteurs - Réduction du nombre des intermédiaires dans les intermédiaires entre circuits de commercialisation en encourageant les producteurs et consommateur OP à vendre eux-mêmes leurs produits sur le marché. - Création de dispositif intermédiaire entre Coopérative et Acheteurs

70

Blocages Solutions adoptées Constats Stratégie de services requis (par les Responsables et propositions de solutions concernés)

Mauvais état des routes - Problèmes d’accès aux intrants et - Réhabilitation ou construction intercommunales sortie des produits de récolte restent difficiles Insécurité - Démotivation des agriculteurs et des éleveurs surtout dans les zones 3 et 5 de Betafo - Exode rural Insuffisance de transformation - Les usines et les grands restaurants - Mise en place des programmes de financement de se trouvent à Antsirabe projet de PME pour encourager et appuyer les - Existence de quelques les initiatives de la jeunesse du district. décortiqueries Source : Compilation des données, CSA – DRDA et recherche personnelle

Tous ces blocages ont un impact direct sur les revenus des agriculteurs. Face à ces contraintes, la cohérence des décisions de l’agriculteur en pratiquant la polyculture l’autosubsistance est bien fondée.

71

Section 2. Discussion

Comme nous avions énoncé auparavant, la caractéristique d’une approche systémique est « qu’elle commence chez les paysans (identification des contraintes) et qu’elle finit chez le paysan (propositions d’actions pour dépasser les contraintes) ». C’est une démarche « ascendante » qui présente cependant une certaine limite dans la mesure où son utilisation nécessite une approche pluridisciplinaire. De ce fait, il faut signaler que nous n’avons pas travaillé sur « les systèmes ». L’analyse systémique, dans ces deux précédents chapitres, était considérée comme un « outil de recherche », une étape préalable qui va nous servir d’aide. Avant d’entamer la discussion, de prime abord, il est à noter que, dans notre démarche, nous adopterons un des principes de l’analyse systémique qui est celui de la cohérence. En effet, « les agriculteurs ont des raisons de faire ce qu’ils font ». Ce principe ne doit pas être compris comme celui d’une rationalité particulière aux agriculteurs ou à un certain type d’agriculteurs; il stipule simplement que la compréhension du fonctionnement de l’exploitation et des décisions de l’agriculteur passe par celle des objectifs et finalités de la famille, finalités qui peuvent avoir des contradictions internes qu’il revient à l’agriculteur d’assumer à travers la conduite de son exploitation. Ce principe rejoint la théorie d’une économie paysanne basée sur l’exploitation familiale de Chaynov. Cette cohérence est à analyser par rapport à la perception qu’a le groupe familial de sa situation et de celle de son environnement. Pourtant, le fait est que les agriculteurs de Betafo doivent s’adapter aux différents chocs notamment : - les aléas climatiques (Cyclones, inondations, attaques acridiennes et la variabilité de la pluviométrie) - l’insécurité alimentaire durant les périodes de soudure ou maitso ahitra, - la diminution des surfaces cultivables en rizières. Et justement, afin de s’adapter voire surmonter ces chocs, en principe, les agriculteurs doivent avoir un minimum de revenus agricoles nécessaire à la survie de leur famille. Ceci nous conduit à trouver dans quelle partie du système se trouvent les problèmes les plus importants ?

72

2.1. Des problèmes d’ordre exogène plutôt qu’endogène En procédant à une hiérarchisation des contraintes citée ci-dessus, il nous est évident que les problèmes sont d’ordre exogène qu’endogène. Par cette méthode d’hiérarchisation, nous avons pu identifier un goulot d’étranglement que nous pensons être le nœud du problème. A notre avis, les problèmes d’ordre exogènes sont plus importants que ceux d’ordre endogènes car ils ont un impact considérable sur les décisions des agriculteurs.  Premièrement, le comportement spéculatif des collecteurs démotive les agriculteurs, surtout dans les zones enclavées du district. Tableau n°21 : Tableau des prix de quelques filières (cf. Annexe 3 : Questionnaires d’enquête) Prix Période Lieux de collecte Prix de Période Lieu de Obs. d’achat vente distribution RIZ 500 – 600 Avril EST du district : 760 Ar/kg Janvier -Betafo ville Avec Ar/kg ., 900 Ar/kg Sept – Oct. Betafo ville stockage .Ambatofotsy 1500 Ar/kg Tout au long de -Tana .Ambohimanambola l’année .Ambohimasina MANIOC 200 – 300 Juillet . 500 Ar/kg Aout-Déc -Betafo ville Sans Ar/kg . Fidirana stockage MAÏS 400 Avril 1000 – Tout au long de - Antsirabe Avec Ar/Kg 1400Ar/Kg l’année stockage Voanjo 700 Mai - 900 Ar Tout au long de - Betafo Ar/Kg - 1400 Ar l’année - Antsirabe Source : Enquête personnelle auprès de 4 collecteurs à Avaratsena (Betafo – Février 2016) et de 2 commerçants (Andoharanofotsy – Antananarivo – juin 2016)

Dans le cadre de notre approche systémique, améliorer les rendements pour produire plus est nécessaire car l’augmentation de la production conduit à un surplus économique. Cependant, il faut se rendre à l’évidence que l’amélioration du rendement ne veut pas dire amélioration des revenus. Force est de constater que, pour l’instant, dans le district, ceci n’est pas encore le nœud du problème. Le marché est dominé par les collecteurs et les différents intermédiaires. De plus, il existe également des intermédiaires de l’informel notamment les Mpanera, les Mpampajana-bola. Ce sont eux qui fixent les règles et les producteurs ne font que subir.

73

Prendre des mesures, au niveau local ou au niveau national, serait une solution qui motivera les agriculteurs à s’engager un peu plus dans leur activité.  Deuxièmement, le manque des infrastructures (barrages pour la gestion d’eau, le mauvais état des routes intercommunales). Du fait de leur enclavement, les zones de production sont les terrains de jeu des dahalos dans le district. Au cours de notre descente sur terrain, nous avons remarqué que les OP qui se trouvent loin du Chef district sont moins performants que les autres plus proches. Ces OP ne sont pas informées ou mal informées sur le marché et les besoins, les normes, la variation des prix, etc.

2.2. La polyculture : une solution ou une contrainte? Dans un contexte où les blocages semblent venir de l’extérieur que de l’intérieur, ici, il nous est important de savoir si la polyculture est une solution ou une contrainte pour les agriculteurs, les OP et les exploitations familiales ? 2.2.1. La polyculture est une solution d’autosubsistance Cette propension des agriculteurs familiaux à produire pour l’autoconsommation et à diversifier les productions et les activités, est souvent considérée comme une contrainte au développement économique par les théoriciens et les experts. Bon nombre d’entre eux proposent un modèle d’exploitation spécialisée et orientée vers le marché. Mais outre, le fait que les possibilités d’évolution sont très limitées et risquées, l’autoconsommation et la diversification des produits agricoles peuvent également être considérées comme des atouts dans la lutte contre la pauvreté et pour l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Ainsi, une augmentation de rendement et/ou une hausse du prix des produits agricoles vivriers à la production, même faibles, vont avoir des effets très larges car cela concerne une population importante. 2.2.2. La polyculture est une solution, cependant « pas suffisante » Dans la première partie de ce présent travail, nous avons évoqué qu’entant que théoricien, Lewis a posé le suivant hypothèse. « Avec l’accroissement de la population, la productivité marginale dans ce secteur agricole tend à s’annuler. Le produit par tête est donc très faible et l’épargne devient impossible ». Dans le cadre d’une amélioration des conditions de vies des paysans, par l’augmentation des revenus agricoles, une polyculture à but commercial n’est pas une solution. Certes, grâce à elle, les agro- éleveurs, les producteurs peuvent diversifier leurs revenus. Mais leur épargne sera faible voire impossible. Pour améliorer leurs conditions de vies, ils doivent développer

74 d’autres activités agricoles (rizipisciculture, recours au métayage et fermage, etc.) et d’autres activités non agricole génératrices de revenus (artisanat, petite commerce, etc.).

En quelques mots, comme la polyculture est une stratégie de diversification des cultures qui nécessite le déploiement d’un surplus de temps de travail dans le but d’une diversification des sources de revenus des ménages agricoles, et comme ce déploiement ne produit pas le résultat attendu, en logique économique, la polyculture n’est pas une solution suffisante pour le ménage. En ce sens, la polyculture est perçue plutôt comme étant une contrainte qu’une solution. Avec une faible capacité monétaire, le ménage agricole pratiquant la polyculture ne peut pas s’adapter aux chocs. Néanmoins, ces contraintes et ces blocages cités sont surmontables si quelques résolutions seront prises en compte par les acteurs concernés (les agriculteurs, les OP, les acteurs de développement) et par les responsables en politiques publiques.

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Section 3. Recommandations

En aucun cas, ce travail ne prétend avoir l’ambition de résoudre tous les différents blocages (endogènes ou exogènes) ni de répondre aux besoins des agriculteurs en polyculture dans le district ; il peut être juste considéré comme une information, un outil de prise de décision pour les responsables en politique publique. Cependant, bien qu’aujourd’hui la situation ne le permette pas, nous sommes optimistes et nous encourageons la pratique de la polyculture. C’est une bonne alternative dans le cadre d’un développement durable qui priorise la protection de l’environnement, d’une résolution d’une partie des problèmes de chômage de la jeunesse et des problèmes de sous-emploi des jeunes diplômés. La faible productivité de la riziculture, l’accès limité au crédit, la faible utilisation d’intrants et le niveau d’équipement dérisoire des exploitations agricoles ne peut que confirmer un désengagement de l’Etat. Pour permettre aux riziculteurs malagasy d’assurer l’autosuffisance à l’échelle nationale, il faut alors prévoir des solutions locales et nationales à long terme. De ce fait, il nous faut insister sur ces quelques recommandations.

3.1. Pour acteurs de développement locaux - Viser plutôt une accumulation de facteurs productifs La formation des riziculteurs n’est plus une solution nouvelle. Il convient alors de proposer autre chose. Comme la production est fonction de ces deux facteurs, Travail (L) et Capital (K) ; la déficience de l’un d’entre eux aura un impact sur la productivité. Dans le cadre de la maximisation des rendements issus de la riziculture, il faut faire en sorte que les producteurs parviennent à combiner harmonieusement ces facteurs.  Pour les acteurs (ONG, Associations et Projets) - Appui aux renforcements des capacités des OP L’effectif des coopératives agricoles et OP existant dans le district de Betafo témoigne de la dynamique des paysans-producteurs à améliorer leur rendement. Comme le dit l’adage malagasy, izay mitambatra vato ary izay misaraka fasika, le regroupement des ruraux en OP et l’entraide les protègent de la vulnérabilité du fait de l’existence des intérêts communs. Pour inciter les producteurs à adhérer à ces OP, il faut démontrer l’efficacité de ces entités. Pour cela, les services d’appui, surtout la CSA, doivent

76 insister sur la coordination des actions de ces OP dès le choix des cultures jusqu’à la commercialisation.  Pour les IMF ou autres acteurs financiers - Améliorer l’accès aux équipements modernes et intrants A notre avis, avec une bonne sensibilisation où les intervenants se déplaceront « chez l’habitant » et dans les villages, nous pouvons dépasser ce stade de réticence à l’innovation des agriculteurs du district. A vrai dire, ce ne sont pas les innovations en soit qui leur font peur mais le coût de ces dernières. Donc il faut renforcer l’accès aux services financiers des IMF en prenant en compte la capacité de remboursement des agriculteurs regroupés en OP,  Pour les OP - Etablir un système de prix unique pour protéger les filières et les producteurs. Pour motiver leurs membres, afin que les collecteurs et les différents intermédiaires puissent acheter les produits au prix raisonnable, il faut établir un système de « prix unique de vente » par filière au sein des OP. Aucun membre ne peut vendre ses produits en dessous de ce prix fixé par consensus.  Pour les agriculteurs - Augmenter l’utilisation des rizières en contre saison Dans le chapitre présentant les facteurs endogènes, nous avons cité que seulement 11% des rizières sont utilisés en contre saison, il faut encourager et appuyer les agriculteurs à utiliser les 89% restants à la contre saison. - Augmenter la surface cultivable en tanety La colonisation de nouveaux tanety semble une solution pour ne pas gaspiller les ressources. - S’orienter un peu plus vers les cultures maraîchères et arboricoles Ces produits agricoles sont à forte valeur ajoutée. De plus, l’accroissement de la demande sur le marché ne fait que confirmer cette réalité.

3.2. Pour les politiques publiques En accord avec l’axe 3 de la PND78, soit la « croissance inclusive et l’ancrage territorial du développement » qui décrit que « l’accent sera mis sur les conditions d’exploitation optimale des ressources naturelles ainsi que des atouts physiques des

78 Plan National de Développement, avril 2015

77 territoires et de leurs contraintes en particulier le foncier, sur les conditions de contribution des différentes compétences et énergies du pays, des instruments techniques d’innovation disponibles. … Le focus sur le développement des secteurs dits stratégiques et porteurs » notamment l’agriculture est envisageable par :  Un aménagement de nouveaux espaces cultivables Cette condition est nécessaire pour le développement que ce soit de la monoculture, de la polyculture ou de franchir le cap d’une agriculture d’autosubsistance à une agriculture industrielle mécanisée qui exige beaucoup d’espace. Il faudra aménager les terrains accidentés en espaces exploitables.  Le renforcement de la sécurité publique Dans les « zones rouges », l’insécurité pèse lourdement sur la productivité des ménages ruraux. Les vols de bétails, les terres très éloignées des zones d’habitation non valorisées et l’exode rural sont une partie des conséquences négatives de l’insécurité.  La réhabilitation et la construction de routes La réhabilitation des routes résoudra en grande partie le problème de la faiblesse de revenus agricoles des ménages dû au comportement spéculatif des collecteurs.  Une intensification des actions de sécurisation foncière De l’ady lova79 au simple ady tany, les conflits fonciers sont courants dans le district. L’insuffisance de la sécurisation foncière constitue un frein au développement agricole. En réalité, le non possession de titres fonciers constitue un obstacle à l’accès au crédit car dans ce cas, la terre ne peut pas être hypothéquée.  Une politique de contrôle de la spéculation (au niveau local et national) Résoudre le nœud du problème, à notre avis, revient à limiter les comportements spéculatifs de certains acteurs (surtout les collecteurs) qui interviennent dans le circuit de la commercialisation. Ce comportement est un facteur de déstabilisation des prix non négligeable, qui a un impact direct sur les revenus des ménages, donc sur la pérennité ou non des petites exploitations agricoles. Cette politique est une nécessité pour les agriculteurs du district de Betafo dans le cadre d’une amélioration de leurs revenus, et par conséquent dans le développement de la polyculture. Cependant, il appartient aux décideurs d’appliquer les « mesures de régulation » adéquates et les outils économiques adaptés à cette situation.

79 Conflit entre membre d’une famille dans le but d’hériter une terre donnée

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CONCLUSION GENERALE

En conclusion, il ne fait aucun doute que la croissance économique de Madagascar dépend, dans une très large mesure de la production d’un surplus agricole. Seule l’agriculture peut nourrir une population en croissance ; l’agriculture semble pouvoir agir, aujourd’hui, sur les niveaux de l’emploi et des revenus. Pour subvenir aux besoins alimentaires familiaux et surtout pour améliorer leurs revenus, la majorité des paysans malagasy notamment du Vakinankaratra opte pour une stratégie de diversification des cultures. Que ce soit les rotations des cultures, les cultures de contre-saison, la polyculture-élevage ou autres ; ces langages très techniques, entrent dans le cadre d’une polyculture dans le sens économique du terme. Aussi, en termes de diversification des sources de revenus agricoles, une question de recherche nous parait prioritaire dans notre étude, la polyculture est-elle une solution pour les agriculteurs du district de Betafo – Vakinankaratra ? Afin d’y répondre, nous avons adopté pour une approche systémique autour de la polyculture de Betafo, qui analyse les facteurs endogènes (système de production, agro- système, système d’exploitation familiale et analyse des filières) et exogènes (environnement, acteurs de développement et circuits de commercialisation). De ce diagnostic, en nous basant sur une hiérarchisation des problèmes ; il en est ressorti que la polyculture est perçue comme une contrainte plutôt qu’une solution. De ce fait, elle ne permet pas d’augmenter les revenus agricoles des paysans. Elle se présente comme une solution insuffisante en termes de revenus des ménages. Néanmoins, en termes de lutte contre l’insécurité alimentaire, elle procure un certain avantage aux ménages agricole qui la pratiquent en autosubsistance. Cependant, contrairement à ces théories élaborées par et pour les pays développés, l’analyse propre à l’économie rurale d’une agriculture malagasy est fondée sur des petites exploitations familiales, une théorie qui rejoint la logique de Chaynov d’une économie paysanne. Face aux « agressions » ou aux éventuels chocs (volatilité des prix, manque d’équipements et intrants, cyclones, faible pluviométrie, périodes de soudures, l’insécurité, etc.) et compte tenu de leurs moyens financiers, en général caractérisés par une faible capacité monétaire, les agriculteurs ont raison de pratiquer une polyculture d’autosubsistance. En partant d’un point de vue réaliste et pour faire face aux problèmes prioritaires, liés aux besoins d’ordre primaire comme la nourriture, nous pensons que

79 cette polyculture d’autosubsistance peut être une solution ; à court terme, au problème de sécurité alimentaire ; à moyen terme, au problème de chômage ; et à long terme, s’il y aurait réforme, au problème du faible rendement agricole du district. En toute franchise, nous pensons qu’il faut encourager la polyculture et toujours se méfier d’une partie des théories économiques qui préconisent une spécialisation dans une filière quelconque car, dans un contexte où les 91% de la population vivent avec moins de 2 dollars par jour (INSTAT/ENSOMD80), le malagasy rural ne cherche pas la richesse en mode occidental. A notre humble avis, il faut plutôt miser sur une politique économique qui prendra des mesures nécessaires par rapport au comportement spéculatif « trop mercantiliste » des collecteurs et autres acteurs qui interviennent dans les circuits commerciaux des produits. Aussi il faut également renforcer l’appui aux Organisations Paysannes.

80 ENSOMD: Enquête Nationale sur le Suivi des Objectifs du Millénaire pour le Développement à Madagascar (2012 – 2013)

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TABLE DES MATIERES INTRODUCTION GENERALE ...... 1 Partie I : CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE CHAPITRE 1 : Approche théorique sur l’Agriculture ...... 6 Section 1. Place de l’agriculture dans la pensée économique ...... 6 1.1. Concept physiocratique : (1756 – 1777) ...... 6 1.2. La théorie de David Ricardo (1772-1823) ...... 8 1.3. La pensée contemporaine ...... 10 Section 2. Relations entre le développement et l’agriculture ...... 12 1.1. Définitions et notion concernant le développement économique ...... 12 1.2. Définitions du concept agriculture ...... 13 1.3. Agriculture, croissance et développement économique ...... 15 CHAPITRE 2 : Les réalités du secteur agricole et la pratique de la Polyculture (à Madagascar et dans le district de Betafo – Vakinankaratra) ...... 20 Section 1. Les réalités du secteur agricole de Madagascar ...... 20 1.1. Présentation du secteur primaire à Madagascar ...... 20 1.2. Définitions agronomiques des concepts ...... 23 1.3. La polyculture à Madagascar ...... 24 Section 2. Le secteur agricole – Cas district Betafo – Vakinankaratra ...... 26 2.1. Présentation générale ...... 26 2.2. Données démographiques ...... 27 2.3. Réalité du système d’exploitation agricole « Polyculture » - Cas du district de Betafo ...... 30 Partie II : LA PRATIQUE DE LA POLYCULTURE: SOLUTION OU CONTRAINTE A LA DIVERSIFICATION DES REVENUS ? - CAS DE BETAFO – VAKINANKARATRA

CHAPITRE 1 : Analyse systémique des facteurs endogènes ...... 33 Section 1. Les facteurs endogènes au niveau du district ...... 33 1.1. L’environnement naturel ...... 34 1.2. Le système des exploitations agricoles : caractéristique et types d’EA ... 34 1.2.1. Les EA de petites tailles ...... 35 1.2.2. Les types d’exploitations agricoles ...... 35 1.3. L’agro-système (les caractéristiques agro-techniques) ...... 37 1.3.1. Un calendrier cultural très strict ...... 37 1.3.2. Une agriculture peu équipée et à faible intrants ...... 39 1.4. Le système de production (caractéristique et modification des espaces) . 39 1.4.1. Une production décroissante ...... 40 1.4.2. Modification des espaces (un problème de distribution de l’espace et de surfaces cultivables non exploitées) ...... 41 1.5. Une polyculture à dominance cultures vivrières ...... 42 1.5.1. Les principales cultures ...... 42 1.5.2. Les cultures maraîchères, fruitières et la canne à sucre ...... 44

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Section 2. Analyse des filières par zonage du district ...... 46 2.1. Analyse des atouts/potentialités et contraintes de chaque zone ...... 46 2.3. Analyse FFOM des filières priorisées ...... 52 CHAPITRE 2 : Analyse systémique des facteurs exogènes ...... 54 Section 1. Le support d’institutions et les acteurs intervenant dans le secteur agricole du district ...... 54 1.1. Les acteurs du développement agricole ...... 55 1.1.1. Le Centre de Service Agricole (CSA-Iavoko) ...... 55 1.1.2. Les Services étatiques (déconcentrés ou décentralisés) ...... 56 1.1.3. Les Associations, les ONGs et les différents projets ...... 57 1.1.4. Les organisations paysannes ou OP ...... 57 1.2. Les IMF et sociétés opérantes dans le district, les autres acteurs ...... 58 1.2.1. Les institutions de microfinance ...... 58 1.2.2. Les sociétés opérantes dans le District ...... 59 Section 2. Les circuits d’approvisionnement ...... 60 2.1. La succession d’étapes : ...... 60 2.2. Les acteurs au niveau de la commercialisation ...... 62 CHAPITRE 3 : Hiérarchisation des contraintes, discussion, et recommandations ...... 67 Section 1. Hiérarchisation des contraintes ...... 67 1.1. Analyse des facteurs de blocages endogènes ...... 67 1.2. Analyse des facteurs de blocages exogènes ...... 70 Section 2. Discussion ...... 72 2.1. Des problèmes d’ordre exogène plutôt qu’endogène ...... 73 2.2. La polyculture : une solution ou une contrainte? ...... 74 2.2.1. La polyculture est une solution d’autosubsistance ...... 74 2.2.2. La polyculture est une solution, cependant « pas suffisante » ...... 74 Section 3. Recommandations ...... 76 3.1. Pour acteurs de développement locaux ...... 76 3.2. Pour les politiques publiques ...... 77 CONCLUSION GENERALE ...... 79

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BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXE 1 1. Les Associations - ONGs – Projets – Programmes et Centre Dénomination Actions Zone Filière Type d’intervention d’activité PROJET BVPI (Bassin Amélioration durable des Périmètre Riz ‐ SCV Appui technique à la gestion Versant et Périmètre conditions de vie et des d’Ikabona des réseaux Irrigué) revenus ruraux dans les :Commune hydroagricoles ; bassins versants intégrant d’Antsoso – Appui à la les périmètres irrigués Ambatonikolahy - professionnalisation des Valorisation et préservation Betafo Périmètre producteurs (Groupement s des ressources naturelles et d’Iandratsay SCV, AUE) des infrastructures :Commune Appui à la production Mandritsara - agricole et à la protection des Betafo -Alakamisy ressources naturelles, Appui à Anativato la diffusion de la technique agroécologiq ue (Semis Direct ou SCV) Appui à l’intégration de l’agriculture et de l’élevage)

SD Mad Développement rural Périmètre Riz – SCV Appui technique (Semi Direct de Encadrement technique d’Ikabona Reboisement aux organisations paysannes Madagascar) Périmètre Arboriculture Diffusion SCV d’Iandratsay (préfinancement intrant) Reboisement BEST Développement Périmètre Riz – SCV Appui technique aux (Bureau rural d’Ikabona Reboisement organisations paysannes d’Expertises Recherche Périmètre Arboriculture Diffusion des techniques Sociales et Agricole d’Iandratsay culturales SCV diffusion Reboisement Technique) APDRA – F Renforcement de la sécurité Commune rural Rizipisciculture Appui technique – Madagascar alimentaire Augmentation et de Betafo – Formation – Encadrement (Association diversification des Alakamisy – Suivi‐ évaluation Pisciculture et ressources d’exploitation Anativato – Développement familiale Antsoso – en Afrique Appui des organisations Ambatonikolahy – tropicale professionnelles Mandritsara - humide représentatives du monde Inanatonana rural ONG /AVCF Développement Commune Porciculture Appui technique et RAMILAMINA rural d’Antsoso – ‐ Aviculture formation Promotion de Ambatonikolahy – Ferme de référence l’élevage à cycle Betafo - Appui à la promotion de court Mandritsara - l’élevage à Alakamisy cycle court Anativato vaccination PSDR Augmentation District de Toutes filières Appui aux investissements (Projet de Soutien au de la productivité et Betafo :Commune productifs : Développement des revenus ruraux de Mandritsara – Petites infrastructures Rural) Organisation des Alakamisy productives, producteurs Anativato – Activités agricoles, communautaires Andranomafana – Activités non agricoles, Réduction de la Antohobe - Appui aux organisations pauvreté en milieu rural Ambohimasina Paysannes Appui technique – Formation – Accompagnent –Suivi-évaluation

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Dénomination Actions Zone Filière Type d’intervention d’activité FID Amélioration de Commune - Réhabilitation des canaux (Fonds d’Intervention l’accès aux services sociaux d’Andranomafana d’irrigation pour le par la construction et d’Alakamisy Aménagement des pistes Développement) d’infrastructures de base Anativato Système HIMO LAND O LAKES Développement Commune de Lait Appui-technique – de la filière lait Betafo – Accompagnement Andranomafana – Mise en place de paysan Soavina – leader et formation Antohobe – Approche multiacteurs Alakamisy dans la filière lait Anativato – Tritriva – Mandritsara – Ambatonikolahy – Mahaiza CEFFEL Création de références Commune de Cultures Appui conseil (Centre techniques et économiques Betafo – fruitières et de l’exploitation familiale d’Expérimentation et De Andranomafana – maraichères Services d’Information Formation en Fruits Et Alakamisy Familiale Légumes) Anativato – Essai et expérimentation Antohobe Information de prix des légumes sur différents grands marchés VFTV Organisation du monde Toutes filières Appui conseil et formation (Vondron’ny agricole District de Betafo Fikambanan’ny Sécurisation foncière Tantsahan’ny Vakinankaratra) AFARS CARO Développement local District de Betafo Toutes filières Appui conseil et Formation (Association de sur : Formation, Développement rural selon d’Action et de l’approche Recherche genre Sociale – Appui au montage et Centre d’Appui gestion de projet et de Ressources Appui à la gestion des pour les ONGs associations Mise en place et opérationnalisation des structures de suivi et évaluation

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ANNEXE 2 2. LISTE DES ORGANISATIONS PAYSANNES  LISTE DES ASSOCIATIONS AYANT COLLABOREES AVEC CSA IAVOKO BETAFO

N° NOM COMMUNE FKT 1 VOROMANGA Andriamboromanga 2 SANTATRA Ankazobe 3 ELATRA SOA Atsinanatsena 4 TSIRO Andrefatsena 5 FANANTENANA II Vakinifasina 6 RINDRA Atsinanantsena 7 KOLOINA Atsinanantsena 8 SKF Herimiray Avaratsena Betafo 9 F.M.A Avaratsena 10 P.F.A Andriamasoandro 11 FIZOMIBE Atsimotsena 12 EVVA Avaratsena 13 FANASINA Ambohimasina 14 SANTATRA FANILO Atsinanatsena 15 VOVONANA SOAMIARADIA Avaratsena 16 FANANTENANA Atsimotsena 17 TSIMIRORO Andranomafana 18 AUE AVOTRINIAINA Ampilanonana 19 AUE BEVAVA MIRAY Andranomafana Andranomafana 20 RENY MIHARISOA Andranomafana 21 MORARENY Ampilanonana 22 FANANTENANA Ankafotra 23 MITSIMBINA Soalafandray Mahaiza 24 VONDRONA Lenoasina 25 FITARIKANDRO Ambohimalaza 26 FHMM Fierenana 27 FIMIAM Ambatonikolahy 28 AUE MIARAMAMINDRA Ambatonikolahy Ambatonikolahy 29 ROSO Ambatonikolahy 30 MANIRISOA Mahazina/Miatsoarivo 31 AMI Alakamisy Anativato 32 FIRAISANKINA II Imanja 33 VONONA Alakamisy Anativato Ambohibary 34 FI.TA.MI.A Imanja 35 TSINJO AINA Alk Anativato 36 MARONDRY Tritriva Faravohitra 37 MANIRISOA Miantsoarivo Mahazina 38 FITANTSOA Soamanandray 39 F.B.M Ankabahaba Mandritsara 40 MAHASOA Soamanandray 41 MANAMBITSOA Ankabahaba 42 FIRAISANKINA Tsaramasoandro 43 FIKIRIZANA Belanitra 44 FKMFA Belanitra Ambohimasina 45 AINA Amboanjobe 46 FANASINA Ambohimasina

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47 T.H.T.F Ambohimasina 48 FITSIMBINANA Ambohimasina 49 VOVONANA ROSO Ambohimasina 50 SANTATRY NY FIRAISANKINA Atalatan'Antoby 51 MIARADALANA Antsomangana 52 TSIMBINA Atalatan'Antoby 53 SITRAKA 54 TARATRA Ambohimasina 55 MITSINJO Atalatan'Antoby 56 SALOHY Ambohijanahary 57 TI.EZ.FAVA Soanierana 58 AVOTRA Andranomanjaka 59 AVOTRA Ambalanarivo 60 FANEVA Ambohijanahary 61 VONONA Andranomanjaka 62 EZAKA Andranomanjaka 63 TSIMBINA Atalatan'Antoby 64 MENDRIKA Antsoso 65 FIRAISANKINA Antsoso Antsoso 66 FANARENANA Antsoso 67 FINARITRA Antsoso 68 SOA IOMBONANA Ambohidatsika Manohisoa 69 FIRAISANKINA Tsarazaza 70 FKB Soavina 71 AUE AINA Antanety 72 AUE FENOSOA Soavina Andohasahabe 73 AUE LAVADIA FIKIRIZANA Antanety 74 FENOSOA Soavina 75 TANTSAHA MIARADIA Matieloana 76 FIAVOTANA I Antohobe Antohobe 77 MIARADIA Soavina II 78 FIHAVANANA Ambohimanambola 79 Association SOAFANIRY Ambohimanambola Soavinarivo 80 Ass.TANTSAHA MIAVOTRA Masinierenana 81 TSINJO Andrembesoa Antananolofotsy 82 FIVOARANA Miarinarivo A.Marososona 83 SOA IOMBONANA Miarinarivo 84 FIERENANA Andranovorilava 85 FITSIMBINANA Ankofafambolo 86 VOHITSOA Fisaorana A.Bemaha 87 LOVASOA Fisaorana 88 EFATI Imalo 89 FISAORANA MANDROSO Fisaorana

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 3. LISTE DES COOPERATIVES AYANT COLLABOREES AVEC CSA Activités des Coopératives: -Production Agricole, Collecte des produits locaux et Commercialisation COMMUNE NOM TSIRY FANEVA 2FI MITRAKA KOFAFRO Betafo VAO-VAO HERIMIRAY MAFILOTRA FANEVA FANEVA 2FI TANJONA Andranomafana SANTATRA KOTAMI FANANTENANA MANDA Mandritsara KOFAMI MANAMBINTSOA AINGA MANDROSO Alakamisy SAFIDISOA Anativato KOFRA FANEVA 2FI FANAVAOZANA Antsoso TMFM MATOTSI Antohobe MAHASOA SANDRATRA Soavina FANAVOTANA Ambatonikolahy KOTAMAMAROSOA Inanantonana MAHEFA TMF Tritriva TMM

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ANNEXE 3

QUESTIONNAIRES D’ENQUETE Enquête (sous forme d’interview) effectué auprès de : - 4 collecteurs à Avaratsena - Betafo – Février 2016 - et de 2 commerçants à Andoharanofotsy – Antananarivo – juin 2016 ------A‐IDENTIFICATION DU COMMERCANT Q 1 : Région : Q2 : District : Q3 : Commune : Q4 : Fokontany : Q5 : Sexe : M/F

B-ACTIVITES COMMERICALES Q6 : Vous vous spécialisez dans quelle filière ? RIZ MANIOC MAÏS ORGE AUTRE (Précisez) DIVERSES FILIERES ______Q7 : Dans quelle localité vous collectez ces produits ? ______Q8 : Est-que vous vous déplaciez là bas vous même? - Oui - Non Q9 : Est-que vous êtes le propriétaire du moyen de transport utilisé lors de votre collecte ? - Oui - Non Q9 : A combien vous achetez ces produits ? ______Ar/kg Q10 : Durant quelle période de l’année se fait votre collecte ? ______Q11 : Vous les vendez à combien ces produits ? ______Ar/kg Q12 : Où est ce que vous les vendez ? Betafo – ou autres (précisez) : ______Q13 : Est-ce vous disposer d’un entrepôt de stockage de ces produits agricoles ? - Oui – Non

N.B : Nous n’avons pas posé les questions Q7, Q10 et Q12 aux 2 commerçants d’Andoharanofotsy – Antananarivo

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Nom et prénom : RAVITARIVAO Tahiry Titre : LA POLYCULTURE, UNE DIVERSIFICATION DES SOURCES DE REVENUS AGRICOLES PAYSANNES - SOLUTION OU CONTRAINTE ? CAS DU DISTRICT DE BETAFO - VAKINANKARATRA Nombre de pages : 80 Tableaux : 21 Figures/Graphiques : 6 Contacts/courriels : 034 04 612 57 – [email protected]

Résumé Pour 88% (EPM 2010 – INSTAT) des ménages agricole malagasy, la polyculture est une stratégie qui répond, d’abord à une logique d’autosubsistance, et ensuite à un souci de diversification de sources de revenus des ménages. Toutefois, cette polyculture est-elle une solution ou une contrainte pour les agriculteurs du district de Betafo – Vakinankaratra? En utilisant l’approche systémique entant qu’outil d’analyse ; il en est ressorti que la polyculture n’est pas une solution suffisante en matière d’amélioration des revenus des ménages agricoles. Néanmoins, elle procure un certain avantage aux agriculteurs qui la pratiquent en autosubsistance en termes de sécurité alimentaire. Par conséquent, nous recommandons l’appui aux renforcements des capacités des Organisations Paysannes et la réhabilitation des routes rurales en zones enclavées. Il nous faut aussi une politique publique qui limiterait les comportements spéculatifs des certains acteurs économiques (collecteurs, commerçants et autres). Mots clés : agriculture, polyculture, diversification de sources de revenus, District de Betafo – Vakinankaratra.

Abstract For 88% (EPM 2010 – INSTAT) of the Malagasy agricultural households, the mixed farming is a strategy which answers, at first has logic of self-sufficiency, and then has a concern of diversification of the household’s incomes sources. However, is this mixed farming a solution or a constraint for the Betafo – Vakinankaratra district farmers? By using the systemic approach as analysis tool, it stood out from it that the mixed farming is not a sufficient solution regarding improvement of the agricultural household incomes. Nevertheless, it confers some benefits to the farmers who practise it in self-sufficiency in terms of food safety. Consequently, we recommend the support for capacity-building of farmers’ organizations and the rehabilitation of rural roads in remote areas. We also need a public politics which would limit the speculative behaviour of some economic stakeholders (collectors, traders and others). Keywords : agriculture, mixed farming, diversification of incomes sources, Betafo district – Vakinankaratra.

Encadreur : Madame RAMANANTSEHENO Domoina