1 Les Pieds De Vaches, Des Formes D'erosion Caracteristiques Des Regions a Vocation Pastorale
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LES PIEDS DE VACHES, DES FORMES D’EROSION CARACTERISTIQUES DES REGIONS A VOCATION PASTORALE (CAS DE LA COMMUNE RURALE DE DARAINA, VOHEMAR). JAORIZIKY, Professeur à l’Université de Toamasina. Lot 7, Villa Cathy, Cité des professeurs, Tahitikely, Toamasina. Tél : 032 56 417 21 Courriel : [email protected] 1 Résumé Summary Réputé par sa richesse en bovidés, Well known because of its richness le District de Vohémar a enregistré en in cattle,Vohemar District has recorded 2007, environ 220 000 bestiaux pour since 2007, about 220,000 oxen for 19,344 19 344 éleveurs. Avec ses 42 500 têtes, la breeders. With its 42,500 heads, the Rural Commune rurale de Daraina, objet de notre Commune of Daraina, the topic of our étude, occupe la 1ère place parmi les 19 study, stands at the first rank among the 19 communes qui constituent ce District. communes that constitute that District. Left Laissés en liberté, ces bestiaux façonnent free, these oxen make particular modeled des modelés particuliers, « les pieds de forms, “cow feet”. Our objective is to bring vaches ». Notre objectif est d’apporter a few reflections on those forms of erosion quelques réflexions sur ces formes from anthropic origin still not enough d’érosion d’origine anthropique encore peu studied. The methodological approach étudiées. L’approche méthodologique adopted is based on essentially on adoptée est basée essentiellement sur des observations on the spot which have been observations sur terrain qui ont été effectuated in two steps: one general effectuées en deux étapes : une checking ( according to the North South reconnaissance générale (suivant le transect ) for the District of Vohemar and transect Nord-Sud) pour le District de a more detailed study on the chosen site. Vohémar et une étude plus détaillée pour le It has been noted that, like all modeled site choisi. forms in general, cow feet develop Il a été constaté que, comme tous les themselves in going through three steps: modelés en général, les pieds de vaches se youth, maturity and old age. At the term of développent en passant par trois stades : their evolution, the soil is completely left jeunesse, maturité et vieillesse. Au terme bare, letting then the happening of other de leur évolution, le sol est complètement phenomena such as rain erosion more dénudé, favorisant ainsi le déclenchement intensive ( with the possibility of even d’autres phénomènes tels que l’érosion ending in the exhumation of the under pluviale plus intense (pouvant aboutir à adjacent mother rock). l’exhumation même de la roche-mère sous- The present article has the interest of jacente). attracting the attention of, not only Le présent article a pour intérêt d’attirer scientists on that type of modeled forms l’attention, non seulement des scientifiques often neglected but also environmentalists sur ce type de modelé souvent négligé mais on the shapes of erosion linked to cattle aussi des environnementalistes sur ces breeding. formes d’érosion liées à l’élevage bovin. Mots clés : Daraina, cheptel bovin, pieds Key words : Daraina, cattle livestock, cow de vaches, érosion, modelés. feet, erosion, modeled. 2 INTRODUCTION 1. LA COMMUNE RURALE DE Le village de Daraina, chef-lieu de DARAINA, UNE REGION A la Commune rurale (objet de présente VOCATION PASTORALE étude) est situé à 13°11’de latitude sud et La région de Vohémar est réputée, depuis 49°40’ de longitude est. longtemps, par l’importance de son cheptel Faisant partie des 19 communes qui bovin. constituent le District de Vohémar, elle est Elle ravitaillait même l’armée française riche aussi en bovidés. En effet, avec un depuis le XIXème siècle comme a écrit Le cheptel de 42 500 têtes, elle occupe la 1ère Chartier (1888) : « la province de Vohémar place dans cette région. si fertile en pâturages, si riche en bestiaux, Ce nombre important de bestiaux laissés en devenait le centre de nos liberté joue un rôle fondamental dans le approvisionnements. Elle fournissait 1200 façonnement des modelés particuliers bœufs par mois à la division navale et au appelés les « pieds de vaches ». Façonnés corps expéditionnaire, et aurait pu produire par le parcours des troupeaux, ces derniers d’avantage » (p.118). Et pour Galliéni font donc partie des formes d’érosion (1908) « le port exportait 24 794 têtes de d’origine anthropique (liées à l’élevage). bétail ». (p.290) cité par Petit (?) p.192. Certains auteurs tels que BATTISTINI En 2007, le District de Vohémar a (1965) les ont signalés mais sans entrer enregistré 220 000 bovidés (tableau I) pour dans les détails. Notre objectif consiste 19 344 éleveurs (soit 11 bestiaux par donc à mener une étude plus approfondie éleveur). En calculant la moyenne de ces formes d’érosion particulières, afin générale, on obtient 11 579 têtes par d’attirer l’attention des autres scientifiques commune. (les environnementalistes entre autres). On constate aussi que les 09 communes Avant d’aborder l’étude de ces pieds de ayant un effectif supérieur à la moyenne se vaches proprement dits, nous allons voir trouvent au Nord d’Ampanefena ; c’est-à- d’abord les conditions physiques qui dire à partir de Tsarabaria, une zone de favorisent l’élevage bovin dans la transition entre les régions sous climat Commune rurale de Daraina. tropical humide (au Sud) et climat tropical sec (au Nord). Cette situation prouve l’importance du climat sur l’élevage bovin, facteur fondamental qui sera traité au paragraphe 1.1. Le tableau I révèle que la Commune rurale 3 de Daraina occupe la 1ère place avec ses la saison de pluies, on voit se déclencher 42 500 têtes de bœufs (soit 19,32% de régulièrement des précipitations sur les l’ensemble) et le nombre de bœufs par deux massifs les plus élevés (Binara et éleveur s’élève à 20 ; donc presque le Antsahabe). double de la moyenne du District (11). En se référant aux données thermiques de Le nombre relativement important de Vohémar, sa température moyenne cheptel bovin dans le District de Vohémar annuelle doit être autour de 25°C avec un en général, et dans la Commune rurale de maximum de 28°C et un minimum de Daraina en particulier, est favorisé par 22°C. Mais sur les massifs montagneux, plusieurs facteurs dont les conditions ces chiffres sont certainement plus bas. On climatiques, l’hydrographie et le relief. note, en outre, la différence prononcée 1.1. Un climat favorable à l’élevage entre les amplitudes thermiques bovin journalières dans la forêt sèche Appartenant au domaine tropical sec, la (Bekaraoko) et la forêt humide (Binara). région de Daraina a une saison sèche Ces conditions climatiques caractérisées prononcée avec une faible pluviométrie au par des températures élevées mais non cours de l’hiver austral. Il n’existe pas, excessives et une pluviométrie non certes, des données climatiques sur abondante mais suffisante pour alimenter Daraina mais on peut estimer à 1 400 mm les points d’eau sont favorables à l’élevage la moyenne annuelle du total bovin. pluviométrique (en prenant comme base 1.2. Une région riche en hydrographie celle de Vohémar qui est égale 1 484 mm). Drainé par le petit fleuve Manankolana et En outre, il est à noter que la saison sèche ses affluents, le bassin de Daraina est une durait 7 ou 8 mois entre Avril et Novembre importante dépression dont la partie et que les pluies commençaient à tomber supérieure adopte une direction en Décembre avec un maximum en Janvier subméridienne et la partie inférieure est avant de diminuer pour prendre fin en orientée WSW – ENE. Il a grossièrement Avril. Toutefois, vu l’influence du relief une forme de trèfle dont : non seulement sur les températures mais - le lobe sud correspondant au cours aussi sur les précipitations, on constate que supérieur de Manankolana est limité au les massifs montagneux forestiers Sud par la ligne de partage des eaux entre périphériques reçoivent plus de pluies que le bassin hydrographique dudit fleuve et la plaine. En effet, durant les mois de celui du fleuve Manambato (300 m transition, c’est-à-dire précédant et suivant d’altitude en moyenne), à l’Ouest le massif 4 d’Andohanambaliha (1 138 m), à l’Est par témoignant probablement l’importance de celui d’Ambarabanja (570 m) ; l’érosion dans ce secteur. - le lobe ouest est drainé par l’Antsahabe, Le raccord des bas-fonds avec les versants affluent de gauche de Manankolana et est est concave et se fait suivant des glacis qui limité au Sud par l’Andohanambaliha ; à se raccordent à la surface de 100 m. Le lac l’Ouest par le massif de Ambondromifehy est dominé par trois l’Andohanantsahabe (1 099 m), au Nord niveaux d’érosion emboîtés : le premier à par celui de l’Ambilondamba (728 m) ; 100 m d’altitude est encore bien conservé, - le lobe est correspondant à la petite le deuxième correspond aux basses collines cuvette d’Ambilomanondro est suivi par de 110 m situées au second plan et le l’ancienne route passant par la bordure troisième se raccordant au massif orientale de la plaine d’Ankorera. d’Ambilondambo sous forme d’un glacis De Daraina à la confluence de d’érosion à versants multifaces. l’Ampombobe, le Manankolana coule dans - les massifs montagneux périphériques une large plaine argileuse à fond plat dont à versants en forte pente (surtout sur la l’altitude passe de 70 m au Sud à 42 m au bordure occidentale) avec des lignes de confluent (soit une pente de 2%0). De sommets qui s’échelonnent entre 500 et profil transversal dyssimétrique, le versant 1 000 m. est s’élève en pente douce jusqu’au massif Les bordures nord et ouest sont formées d’Ambararatabe (452 m), le versant ouest, par les versants et des dômes granitiques par contre, s’élève brusquement jusqu’à anticlinaux de l’Ambilondambo et de l’Ambilondambo (728 m).