Dossier De Présentation •Service Communication•
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DOSSIER DE PRÉSENTATION •SERVICE COMMUNICATION• Direction musicale Laurent Campellone Mise en scène Nicolas Joël Décors Ezio Frigerio Costumes Franca Squarciapino Lumières Vinicio Cheli Chef de chœur Stefano Visconti Le Docteur Faust Joseph Calleja Marguerite Marina Rebeka Méphistophélès Paul Gay Valentin Lionel Lhote Siebel Héloïse Mas Dame Marthe Christine Solhosse Wagner Gabriele Ribis CHŒUR DE L’OPÉRA DE MONTE-CARLO ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE MONTE-CARLO Faust - Capitole de Toulouse, 2009 © Patrice Nin • MÉMOIRE D’UN ARTISTE LE RETOUR Premières répétitions de Faust (1858) Faust fut mis en répétition au mois de septembre 1858. Je l’avais fait entendre, au foyer du théâtre, à M. Carvalho, le 1er juillet, avant mon départ pour la Suisse, où j’allais passer les vacances avec ma femme et mon fils, alors âgé de deux ans. A ce moment, rien n’était encore arrêté quant à la distribution des rôles, et M. Carvalho m’avait demandé de laisser assister à l’audition que je lui avais donnée madame Carvalho, qui demeurait en face du théâtre. Elle fut tellement impressionnée par le rôle de Marguerite que M. Carvalho me pria de le lui donner. Ce fut chose convenue, et l’avenir a prouvé que ce choix avait été une véritable inspiration. Cependant les études de Faust ne devaient pas se poursuivre sans rencontrer de difficultés. Le ténor à qui avait été confié le rôle de Faust ne put, en dépit d’une voix charmante et d’un physique très agréable, soutenir le fardeau de ce rôle important et considérable. Quelques jours avant l’époque fixée pour la première représentation, on dut s’occuper de le remplacer, et on eut recours à Barbot qui était alors disponible. En un mois, Barbot sut le rôle et fut prêt à jouer, et l’ouvrage put être représenté le 19 mars 1859. Le succès de Faust ne fut pas éclatant ; il est cependant jusqu’ici ma plus grande réussite au théâtre. Est-ce à dire qu’il soit mon meilleur ouvrage ? Je l’ignore absolument ; en tout cas, j’y vois une confirmation de la pensée que j’ai exprimée plus haut sur le succès, à savoir qu’il est plutôt la résultante d’un certain concours d’éléments heureux et de conditions favorables qu’une preuve et une mesure de la valeur intrinsèque de l’ouvrage même. C’est par les surfaces que se conquiert d’abord la faveur du public ; c’est par le fond qu’elle se maintient et s’affermit. Il faut un certain temps pour saisir et s’approprier l’expression et le sens de cette infinité de détails dont se compose un drame. L’art dramatique est un art de portraitiste : il doit traduire des caractères comme un peintre reproduit un visage ou une attitude ; il doit recueillir et fixer tous les traits, toutes les inflexions si mobiles et si fugitives dont la réunion constitue cette propriété de physionomie qu’on nomme un personnage. Telles sont ces immortelles figures d’Hamlet, de Richard III, d’Othello, de Lady Macbeth, dans Shakespeare, figures d’une ressemblance telle avec le type dont elles sont l’expression qu’elles restent dans le souvenir comme une réalité vivante : aussi les appelle-t-on justement des créations. La musique dramatique est soumise à cette loi hors de laquelle elle n’existe pas. Son objet est de spécialiser des physionomies. Or ce que la peinture représente simultanément au regard de l’esprit, la musique ne peut le dire que successivement : c’est pourquoi elle échappe si facilement aux premières impressions. Aucun des ouvrages que j’avais écrits avant Faust ne pouvait faire attendre de moi une partition de ce genre ; aucun n’y avait préparé le public. Ce fut donc, sous ce rapport, une surprise. C’en fut une aussi quant à l’interprétation. Madame Carvalho n’avait certes pas attendu le rôle de Marguerite pour révéler les magistrales qualités d’exécution et de style qui la placent au premier rang parmi les cantatrices de notre époque ; mais aucun rôle ne lui avait fourni, jusque-là, l’occasion de montrer à ce degré les côtés supérieurs de ce talent si sûr, si fin, si ferme et si tranquille, je veux dire le côté lyrique et pathétique. Le rôle de Marguerite a établi sa réputation sous ce rapport, et elle y a laissé une empreinte qui restera une des gloires de sa brillante carrière. Barbot se tira en grand musicien du rôle difficile de Faust. Balanqué, qui créa le rôle de Méphistophélès, était un comédien intelligent dont le jeu, le physique et la voix se prêtaient à merveille à ce personnage fantastique et satanique : malgré un peu d’exagération dans le geste et dans l’ironie, il eut beaucoup de succès. Le petit rôle de Siebel et celui de Valentin furent très convenablement tenus par mademoiselle Faivre et M. Raynal. Quant à la partition, elle fut assez discutée pour que je n’eusse pas grand espoir d’un succès… Charles Gounod Mémoires d’un artiste, chapitre 4 : Le retour Paris, Calmann-Lévy, 1896 Caroline Miolan-Carvalho, dans le rôle de Marguerite, photographie d’Alexandre Quinet, 1873 © Bibliothèque nationale de France • PREMIÈRE DE FAUST MONTE CARLO 1880 La représentation théâtrale de mardi dernier et le Grand Prix du tir aux pigeons ont été les deux événements de la semaine qui vient de s’écouler. On verra plus bas le résultat du concours du Grand Prix ; nous allons à cette place nous occuper de l’interprétation de Faust. Les noms de Mme Miolan-Carvalho et de Faure sur l’affiche avaient attiré dans la salle un auditoire des plus brillants. A cause du deuil récent qui a frappé la famille souveraine, la loge princière et celle de S. Exc, le Gouverneur Général sont restées vides pendant toute la soirée. A 8 heures, la salle est comble ; plus d’un millier d’étrangers, accourus de Nice, de Menton et même de Cannes, ne peuvent trouver place. Heureux sont les retardataires qui peuvent se tenir debout au dernier rang. L’orchestre commence, et c’est dans un religieux silence que les pages immortelles de l’oeuvre de Gounod sont interprétées sur notre scène. Le programme annonçait des « fragments » de Faust ; en vérité, trop modeste, car les coupures, bien que considérables, laissent en entier subsister l’opéra. Ces coupures portent principalement sur les scènes de la kermesse et de l’église, qui eussent demandé un trop grand personnel. L’agencement de 1’oeuvre fait grand honneur à l’intelligence et au tact d’un éminent artiste, M. Jules Cohen, qui dirige les représentations avec un goût parfait. Le succès remporté mardi par Mme Carvalho et M. Faure, a été aussi grand que leur renommée. Jamais ils n’ont obtenu un triomphe plus sincère et plus justement mérité. Mme Caroline-Félix Carvalho, fille d’un hautboïste distingué, naquit à Marseille ; elle alla à Paris après la mort de son père, et fut admise au Conservatoire. Elle devint l’élève de Duprez et débuta à l’Opéra, dans le ler acte de Lucie et le trio du 2e acte de la Juive. En 1849, engagée à l’Opéra-Comique, elle sut se faire particulièrement remarquer dans la création Giralda et celle des Noces de Jeannette. A partir de cette époque, elle marcha de succès en succès. Le Pré aux clercs, la Fanchonnette, la Reine Topaze, mirent le sceau à sa brillante réputation, qui devait atteindre son apogée dans la Flûte enchantée, Faust, etc. En 1872, elle rentra à l’Opéra- Comique, et, en 1875, à l’Opéra, dans le rôle d’Ophélie d’Hamlet. L’élégance et la pureté du style, sa virtuosité, la légèreté de sa voix, son incomparable manière de phraser, lui acquirent, dès ses débuts, les suffrages du public parisien, et, pendant plusieurs années, il ne fut bruit que de son merveilleux talent. « La voix dé Mme Carvalho, dit M. Arthur Pougin, – un critique dont les jugements font autorité, – est un soprano sfogato d’une étonnante agilité. Le volume et la puissance ne sont pas les qualités distinctives de ce magnifique instrument ; mais, à force d’art, de travail, de goût, la cantatrice obtient des effets prodigieux. La pose et l’émission de la voix sont superbes, le style est très pur, et l’un des plus puissants moyens d’action de l’artiste sur le public est dans les oppositions (du forte au piano et vice versa. » M. Faure, qui est, avec Mme Miolan-Carvalho, l’honneur de la scène lyrique française, naquit à Moulins en 1830. Tout enfant, doué d’une belle voix de soprano, il fut admis à la maîtrise de Notre- Dame de Paris, où son père était chantre. Il perdit sa voix à 16 ou 17 ans et étudia la contrebasse. Sa voix s’étant reformée en passant du soprano au baryton, il entra comme choriste au Théâtre-Italien, puis au Conservatoire, enfin à l’Opéra-Comique. On sait le reste. M. Faure est l’artiste le plus complet ; aucun chanteur n’a un répertoire plus étendu. Son organe a conservé toute sa pureté et sa souplesse de vocalisation. Grand comédien et parfait musicien, il sait donner à tous ses rôles un cachet inimitable, et ces qualités diverses seront autant d’obstacles à le remplacer. Le rôle de Nevers des Huguenots et celui de Méphistophélès sont deux de ses plus belles créations. Compositeur de talent, il est justement populaire et ses Rameaux ont fait le tour de l’Europe. La soirée (le mardi) n’a été qu’une longue et flatteuse ovation pour les deux chanteurs dont nous venons de retracer à traits rapides la vie théâtrale.