Ruralia Sciences sociales et mondes ruraux contemporains

03 | 1998 Varia

Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 Bilan historiographique et perspectives de recherche

Jean Vigreux

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/ruralia/55 ISSN : 1777-5434

Éditeur Association des ruralistes français

Édition imprimée Date de publication : 1 juin 1998 ISSN : 1280-374X

Référence électronique Jean Vigreux, « Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 », Ruralia [En ligne], 03 | 1998, mis en ligne le 01 janvier 2003, consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/ ruralia/55

Ce document a été généré automatiquement le 19 avril 2019.

Tous droits réservés Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 1

Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 Bilan historiographique et perspectives de recherche

Jean Vigreux

1 André Marty en 1925, avant de prendre la parole lors d'un meeting tenu chez les paysans, déclarait « Vous devez me dire comment je devrais leur parler ; ces camarades paysans me rendent nerveux ». On peut associer aussi à cette remarque liminaire l'interrogation d'un journaliste britannique en 1946 qui demandait à : « Comment peut- on expliquer l'influence du PCF à la campagne ? » puis d'ajouter : « C'est quelque chose qui dépasse tout entendement ». Si Maurice Thorez explique le rôle joué par le Parti communiste français (PCF) dans la Résistance, il ne donne qu'une partie de la réponse. Ces deux citations proposent d'apporter un éclairage sur la spécificité des « campagnes rouges » et du communisme rural. Comment ce projet politique a-t-il durablement marqué certaines campagnes françaises ? En quoi se rapproche-t-il plus d'une tradition républicaine et radicale que du modèle collectiviste soviétique ? Quels sont les liens avec le socialisme de la SFIO, évoqué par Édouard Lynch 1 ? L'étude suivante propose une vision synthétique sur l'agrarisme communiste de 1921 date du programme agraire de Marseille rédigé par Renaud Jean à 1964 date à laquelle quitte la direction de la section agraire du PCF, après 30 ans de bons et loyaux services, afin de devenir le secrétaire général du parti. Il sera également utile de relever les moments où le modèle soviétique est mis en avant par le PCF et surtout d'essayer de comprendre une telle pratique au-delà des rapports étroits entre le centre et sa périphérie.

2 Cette analyse permet également de s'interroger sur l'implantation communiste à la campagne, mais aussi sur la propagande menée dans le monde rural. Alors que le PCF se présente comme le parti des ouvriers urbains, digne héritier du modèle bolchevique 2, comment parvient-il à s'implanter durablement dans les campagnes françaises ? Ce qui amène à présenter l'historiographie du communisme à la campagne. En ce sens, cet exposé s'articulera tant sur la spécificité du communisme rural que sur les différentes approches historiques. Le renouveau archivistique, auquel on assiste depuis le début des

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 2

années 1990, conduit-il à un tremblement de terre historiographique ? D'emblée il faut signaler que la médiatisation des archives du communisme conduit certains auteurs a des raccourcis qui nuisent à la dimension scientifique de la recherche. Au-delà des scoops, des procès à l'envers, il ne faudrait pas considérer l'archive comme étant seule l'histoire ; bon nombre de publications pêchent par néopositivisme en oubliant que ce sont les problématiques et les questions posées aux archives qui sont l'histoire. Dès lors, il est utile de connaître les archives et leur propre logique, leur propre cheminement, pour ensuite s'interroger sur quelle histoire et quelles pistes s'ouvrent au chercheur 3. Deux temps peuvent guider cet exposé : premièrement, celui du bilan de l'historiographie du communisme rural (résultats des travaux anciens) et enfin les perspectives ; quelles sont les archives nouvelles pour l'histoire du communisme à la campagne ? et pour quelle histoire ?

Pour un bilan historiographique du communisme rural

Des travaux pionniers fondés sur le discours politique

3 L'ensemble des travaux anciens repose sur l'analyse des publications communistes (programmes, brochures, tracts et journaux) : c'est la définition du communisme agraire et du programme politique du PCF à la campagne. Ainsi, le travail de Michel Augé-Laribé proposait une vision particulière du communisme rural, celui de la transposition du modèle soviétique pour la France. C'est le collectivisme agraire qui était ici retenu. L'auteur montrait que le Parti communiste ne pouvait pas se lier aux petits propriétaires en évoquant l'attachement du paysan à sa terre 4, ce qui traduit la forte tradition de la possession de son outil de travail. Cette vision est aussi celle de quelqu'un percevant le paysan comme un agent dominé et conservateur 5.

4 Cependant, à la lecture des thèses et ouvrages communistes sur la question paysanne, la doctrine semble beaucoup moins tranchée. Les premiers textes définis par le PCF concernant le monde paysan, sont les thèses adoptées au Congrès de Marseille en décembre 1921 6, bases de toute la réflexion agraire du PCF, et ce, jusqu'en 1964 à Aubervilliers où Waldeck Rochet fait adopter une nouvelle politique paysanne 7. Ces thèses de Marseille soulignent d'emblée l'ambiguïté du programme agraire. Si Léon Trotsky dénonce Renaud Jean au début des années 1920, cela tient à la conception même du communisme. Les paysans ne sont qu'une force d'appoint à la révolution menée par le prolétariat urbain et encadrée par les militants révolutionnaires du parti bolchevik. Ainsi, Renaud Jean qui aime rappeler le poids de la paysannerie en France, le lien viscéral du paysan à sa propriété est critiqué par l'ancien chef de l'armée rouge, mais aussi par Paul Vaillant Couturier comme un socialiste révolutionnaire, voire « un fermier, avec ses racines dans la terre, antimilitariste, idéaliste, pratique, honnête, mais dans la vieille tradition des rebelles paysans qui préfèrent la liberté à l'égalité, au point d'en faire le centre de la révolution ouvrière ».

5 La lecture du programme agraire de Marseille par Michel Augé-Laribé est à réévaluer. Il est vrai que ce programme reste équivoque : il élabore la synthèse entre les traditions socialistes françaises 8 et les orientations du Komintern en insistant sur la jouissance de la terre ; compromis entre le centre et la périphérie. Toutefois, en se référant à l'élaboration du programme on remarque très vite que la ligne de Renaud Jean, qui est adoptée à Marseille et qui convient à Lénine, malgré certains ajustements, n'était pas celle de tous

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 3

les militants. Ainsi une opposition de gauche demandait déjà le socialisme aux champs avec l'expropriation des terres de l'exploitation moyenne : « Il est inadmissible qu'il y ait deux communismes : celui de la ville et celui des champs » 9.

6 Cette vision focalisée sur le modèle soviétique a très vite été corrigée grâce aux approches de Pierre Barral 10 et de l'historiographie anglo-saxonne tels les ouvrages ou articles de Gordon Wright ou Gérard Walter 11 qui ont soulevé le paradoxe de ce programme, qui défend à la fois la petite propriété et qui fait référence à la collectivisation des terres. Une mise au point existe sur ce sujet, c'est celle de Jean-Paul Guillerot. L'auteur met en évidence l'héritage du socialisme de Compère-Morel tout en discutant l'apport neuf du programme de Marseille, « la jouissance de la terre », terme qui révèle le « point radicalement nouveau » 12 avec l'héritage socialiste. La jouissance de la terre est considérée comme une jouissance perpétuelle de l'outil de travail. Le slogan retenu est alors « la terre à ceux qui la travaillent » ou « la terre aux paysans » formulation assez floue qui permet une multiplicité d'interprétations. La communauté paysanne, organisée dans son village aurait un rôle politique important à jouer dans une assemblée collective qui pourrait être le conseil municipal, considéré dès lors, comme l'expression de la collectivité villageoise. On peut souligner ici l'intégration du modèle institutionnel français issu de la Révolution française dans le moule soviétique. Derrière cet aspect, on retrouve aussi le regard du PCF sur la paysannerie. À Marseille, Renaud Jean a tout d'abord défini la propriété paysanne au sein de laquelle il reconnaît trois catégories : « 1° ) La grande propriété capitaliste mise en valeur par les salariés ; 2°) La propriété capitaliste divisée en exploitations familiales et mise en valeur par des métayers ou des fermiers ; 3°) La propriété familiale mise en valeur par le paysan propriétaire » 13. Seule la première catégorie doit être expropriée, pour ensuite être redistribuée aux salariés. Les deux autres catégories (un acquis de la Révolution) sont considérées comme intouchables. Comme le rappellent les auteurs de l'Histoire de la France rurale, la « démarche des communistes est ambiguë : la petite propriété sera à la fois conservée et absorbée par la collectivité communale ; la jouissance en restera individuelle » 14.

7 Le Parti communiste clarifie ses positions sur la question agraire dès 1922, après les critiques de Lénine. Deux ans plus tard, à la Chambre des députés 15, lors de la discussion du budget de l'Agriculture, Renaud Jean se moque de la position du rapporteur qui n'est autre que Compère-Morel et annonce alors la solution du PCF : « L'expropriation faite, les terres, toutes les terres devront être remises aux paysans. Ici, je reprends une expression chère à M. Compère-Morel, non seulement, parce qu'elle répond à ma pensée, mais aussi parce qu'elle exprime une vérité profonde : la terre ne supporte pas une exploitation irresponsable et désintéressée ; aux champs, tout contrôle est pratiquement impossible ». L'orateur évoque ensuite les progrès mécaniques nécessaires et réaffirme les racines de son projet : « Je disais que nos idées sur l'expropriation et sur l'organisation agraire sont celles du parti socialiste et j'ajoutais : celles que M. Compère-Morel exprimait il y a dix ou vingt ans dans ses discours, dans ses brochures, où les paysans socialistes de mon âge ont puisé une grande partie du peu qu'ils savent [...] ». On retrouve ici la matrice socialiste longtemps évoquée par les différents auteurs, mais aussi peut-être un axe neuf de recherche, celui concernant la propagande et l'éveil ou l'éducation politique des masses paysannes 16. C'est également le retour aux principes évoqués au début du siècle dans l' Encyclopédie socialiste 17.

8 Mais la ligne de rupture c'est la méthode employée. Les communistes dénoncent la trahison des socialistes, qui une fois au pouvoir tournent « le dos à la révolution-lutte, à la

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 4

révolution-bataille de classes [...] » et Renaud Jean conclut : « Vous pourrez prendre la terre de vos maîtres et, grâce au pouvoir politique, conquis du même coup, vous disposerez des ressources nécessaires à la transformation agricole qui vous permettra d'obtenir le rendement maximum avec le minimum d'effort » 18. La synthèse entre la tradition socialiste française et la position de Lénine est peaufinée : seule la révolution à l'image des jacqueries et surtout des mouvements révolutionnaires de 1793, 1830, 1848 et de la Commune de Paris donnerait aux paysans la jouissance de la terre. Ce programme est réaffirmé pour les élections législatives de 1924. La profession de foi des candidats communistes expose clairement le programme pour les campagnes : « Expropriation des grands domaines fonciers, survivances de la féodalité ; remise des domaines expropriés aux paysans qui les travaillent ; respect de la petite propriété ; crédit agricole d'État pour le perfectionnement de l'outillage et de la technique agricoles ; électrification des campagnes ; admission du prolétariat agraire au bénéfice des lois sociales » 19. La même année, Renaud Jean publie une brochure intitulée Le communisme et les paysans, où il explique la notion de « révolution » : « Tu connais maintenant le programme agraire du Parti Communiste. Quand tu l'auras relu, que tu auras pesé chacune de ses phrases, tu aboutiras à la conclusion suivante : quelle que soit ta situation actuelle, tu trouveras ton profit dans la Révolution. Salarié, fermier, métayer, la Révolution te donnera d'un seul coup la terre que, jusqu'à présent tu n'as pu conquérir, malgré tes efforts et ceux de tes ancêtres ; Petit propriétaire, la Révolution respectera ton champ ; elle l'agrandira s'il ne suffit pas à tes besoins et à ta puissance de travail ; Elle vous délivrera, les uns et les autres, d'intermédiaires qui vous pillent comme producteurs et comme consommateurs ; [...] Enfin, la Révolution supprimera les causes essentielles des guerres [...] » 20. Dans cette perspective, doit être également mentionné un ouvrage peu connu ou tout du moins peu cité dans les différents travaux, qui reprend le slogan de « la terre aux paysans » 21 : son auteur est Guido Miglioli, démocrate chrétien italien réfugié en France après l'arrivée des fascistes au pouvoir, mais surtout membre du Krestintern, section de l'Internationale communiste fondée en 1923, l'Internationale paysanne rouge 22. Dans ce livre, Guido Miglioli décrit de manière idyllique la construction du socialisme à la campagne : « je ne sais si nous assistons à la mise en pratique de telle ou telle doctrine. Je pense et je constate seulement que nous avons, ici, la réalisation unique de ce que nous avons tellement désiré, de l'objet de tous nos rêves […] », et d'ajouter, « nous aussi, nous avons lancé le mot d'ordre de la terre aux paysans ; mais nulle part, même dans les pays les plus démocratiques, on n'est encore prêt de cette conquête et on ne le sera jamais. […] » ; au total, la solution prônée par Miglioli est la révolution.

9 Dès lors on mesure bien le paradoxe du discours, les contradictions et les marges de manœuvre d'une telle ligne politique. D'autant plus que la classification ne fait pas de distinction entre grands fermiers de la Beauce ou petits fermiers de la France du Centre. Si les salariés et les exploitants sont mis sur le même plan, au point de vue de la distribution des terres, cela reste théorique, car bien souvent on ne veut pas voir les antagonismes qui peuvent exister entre exploitant et salarié. Maurice Carroué, ancien dirigeant syndicaliste du prolétariat agricole, me confiait son indifférence ou son hostilité à l'égard du paysan-propriétaire : il y a pour lui un antagonisme de classe prononcé 23. Toutefois, dès le début des années 1930, avec la crise et la mise en place du Front populaire, les références à la collectivisation sont abandonnées : on peut encore voir la marque d'une référence à la République des soviets en 1935. Mais, très vite, plusieurs discours de Renaud Jean ou Waldeck Rochet en appellent à la défense de la petite propriété et le PCF, pour les élections cantonales de 1937, édite une affiche avec ce titre,

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 5

Le tournant est véritablement opéré 24, alors qu'au même moment, le modèle de collectivisation s'accentue en URSS.

10 Le discours de défense de la petite propriété est repris après la guerre 25. Dès le Xe Congrès du PCF, le 29 juin 1945, dans un rapport sur la question agraire intitulé « programme de restauration de l'agriculture française » , Waldeck Rochet évoque le thème de la production, mais dégage aussi les grandes lignes du programme d'ensemble du PCF pour la paysannerie. Il aborde avec précision (le plus souvent chiffrée) tous les secteurs de l'activité agricole, puis évoque les axes à envisager pour la reconstruction et le programme de défense des paysans, commun au PCF et à la Confédération générale agricole (CGA), dans la lutte pour « l'unité et l'action ». Sur ce thème, il précise que l'accession à la propriété familiale doit se faire avec certaines règles en particulier, ce qui deviendra le droit de préemption des SAFER 26 : une terre ne doit pas être vendue pour que sa mise en valeur agricole disparaisse et, par ailleurs, il affirme qu'il faut prévoir « la mise en vente des terres de certains grands propriétaires fonciers, n'ayant jamais participé aux travaux de l'agriculture » 27. Il y a ici une nouvelle interprétation du programme de Marseille qui, lui, prévoyait l'expropriation des grands domaines et la redistribution des terres, ainsi récupérées aux fermiers ou aux métayers, voire aux ouvriers agricoles. Désormais, le PCF propose de procéder à des ventes : il ne faut pas effrayer les paysans. Pour comprendre cette position, il convient de ne pas oublier que le PCF participe au pouvoir. Intègre-t-il une culture gouvernementale républicaine ou cherche-t-il à consolider ses bases paysannes ? Comme il l'avait fait avant guerre, le PCF diffuse un discours de défense de la petite propriété familiale, érigée en modèle dans l'esprit du mot d'ordre « guerre aux châteaux/paix aux chaumières » 28, ce que souligne Martine Durand 29.

11 La finalité révolutionnaire du PCF n'est pas toujours explicite : la défense du petit paysan et de sa propriété peut même apparaître comme un mot d'ordre conservateur. C'est véritablement l'appropriation par le PCF de tout le discours républicain, puis du programme radical, radical-socialiste 30. Ce programme est à nouveau corrigé à la Conférence de Montreuil, en avril 1949, puis lors du XIIe Congrès du PCF, en 1950 à Gennevilliers : il fallait l'actualiser. À la conférence nationale de Montreuil, « centrée sur les questions d'organisation » 31, le programme agraire est repris par Maurice Thorez, qui rappelle que « le socialisme, c'est enfin la terre à ceux qui la travaillent, la paix, l'expropriation des expropriateurs » 32. Dans son discours, le secrétaire général du PCF réintroduit l'idée d'une redistribution aux paysans-travailleurs des terres confisquées aux oisifs et parle même d'un « transfert des grands domaines, ayant une importance économique à la collectivité en vue de leur transformation en entreprises socialistes modernes » 33. Quatre ans après le Xe Congrès, Maurice Thorez réaffirme des principes plus intransigeants et plus conformes à l'idée révolutionnaire : il n'est plus question de vente dans le cadre d'un système libéral, mais il s'agit véritablement d'une rupture, tout en reconnaissant « la consécration absolue des petits propriétaires exploitants à la jouissance continue et héréditaire de leurs terres » 34. L'exploitation familiale demeure le modèle, et le PCF précise qu'il faut supprimer les droits de succession. Le parti communiste renoue avec le projet d'avant-guerre, mais cela s'inscrit dans une nouvelle période, celle de la guerre froide, où l'URSS est érigée en exemple à suivre. Il est intéressant de noter que c'est le secrétaire général qui intervient sur ce programme agraire, comme s'il s'agissait d'une reprise en main du secteur agraire du parti.

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 6

12 Pour le XIIe congrès du PCF, en avril 1950, Waldeck Rochet présente le rapport sur « la défense de l'agriculture française et de la paysannerie laborieuse » 35, réorientant le programme agraire en fonction des directives de la Conférence de Montreuil, et proposant un projet plus élaboré 36. Ce nouveau programme agraire, inspiré par celui de Marseille, prévoit toujours, dans le cas où les communistes accéderaient au pouvoir en France, l'expropriation des terres « arables ou en friche des grands propriétaires fonciers, ainsi que des terres mises en valeur par des fermiers et des métayers ». Il est toujours prévu de redistribuer la terre à celui qui la travaille, sans aucune condition d'indemnisation, juste la restitution de l'appareil de production à celui qui le met en valeur. La petite propriété privée n'étant pas remise en cause, la réforme agraire permettrait à plus de deux millions de paysans non-propriétaires (presque un million de fermiers et de métayers, autant d'ouvriers agricoles) et aux petits exploitants- propriétaires de posséder ou d'accroître leur outil de travail. Au-delà de ces mesures de transfert foncier, qui garantiraient que la terre reste dans le secteur agricole, le programme prévoit un développement du machinisme et des méthodes modernes d'élevage et de culture, fondées sur les progrès nés de la science et notamment de la recherche agronomique. C'est donc développer le thème de la modernisation, laquelle permettra de créer des richesses, d'accroître le revenu des paysans et d'améliorer les conditions de vie encore archaïques dans de nombreux villages 37.

Le bonheur pour les campagnes

13 Tel est le deuxième point qui résume le programme du PCF à la campagne, qui se veut le promoteur du progrès et du bonheur pour tous. Dès lors, il faut « rénover l'agriculture française », en modernisant les exploitations, mais aussi les campagnes, par des travaux d'électrification, d'adduction d'eau, d'installation de lignes téléphoniques, etc. 38 Dans cette perspective, le PCF anime plusieurs réunions et fait diffuser de nombreuses brochures, différents tracts, en plus de La Terre, dans les milieux paysans. En 1945, il édite une affiche 39, où il reprend les grands thèmes de son discours, en se présentant comme le parti de la « rénovation de l'agriculture française ». Cette affiche sobre, conçue comme l'appel d'un patriote aux paysans, qui évoque les couleurs chaudes et les tons pastel des campagnes le ciel bleu, le dégradé du jaune des blés et les lettres brunes rappelant la terre fraîchement labourée est placardée sur les murs des villages, à l'occasion des différentes élections de 1945 40. Toute cette orientation se fait aussi dans le cadre de la reconstruction. Ainsi, le mot d'ordre repris lors de ses meetings est : « union des villes et des campagnes, gage de la renaissance française » 41.

14 L'idée d'une modernisation nécessaire des campagnes est bien mise en valeur par un tract de 1947 et un autre, non daté 42, sur l'histoire du « village de France », un village-type des campagnes françaises. Si, dans la propagande communiste, des clichés traditionnels sur les campagnes subsistent, en particulier le village et son clocher, l'attelage de bœufs et la charrette de paille et même le labour à cheval comme symbole repris par La Terre , le tracteur et la chenille rappellent que les communistes s'affirment du côté du progrès 43. Dans le tract de 1947 44, le PCF se présente comme le seul parti ayant un plan de reconstruction des campagnes : reconstruction suite aux destructions de la guerre, en particulier celles d'Oradour-sur-Glane. L'utilisation des prisonniers allemands à la réfection de chemins vicinaux, la création de réservoirs d'eau, voire de piscines, illustrent l'activité des communistes depuis la Libération. Le parti se veut l'héritier de la Révolution

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 7

française et tout particulièrement de Saint-Just qui proposait en 1793 le droit au bonheur, ici, « le bonheur de tous […], le but recherché par les communistes ». Certes, il s'agit de préparer les élections et de mettre en valeur l'activité des municipalités communistes, mais ce tract s'adresse aussi à la mentalité républicaine de la paysannerie française, celle des « valeurs éternelles », rappelées ici, « l'honnêteté, la droiture et le dévouement ». Le second tract, quant à lui, se veut une « image d'Épinal » du PCF. Il s'agit d'une page d'histoire du peuple des campagnes lue du côté des dominés. Ce peuple soumis a su prendre en main son destin, grâce à la lutte, « aux jacqueries », à la « Révolution » et à « la Résistance ». Ce récit, qui se déroule sur plusieurs millénaires, renvoie à une vision progressiste de l'histoire et offre une vision idéalisée du « village de France », en totale conformité avec le discours du PCF. En guise de morale finale, apparaît l'adéquation entre la volonté du peuple paysan, les propositions et les réalisations des communistes. Tout finit bien dans le meilleur des mondes, où le PCF, agent du progrès, est aussi agent du bonheur universel…

15 Peu de temps après, avec l'entrée en guerre froide, le PCF renoue avec une valorisation du modèle soviétique. Il fait de nombreuses références à la patrie du socialisme : ce tournant se perçoit bien à la lecture de La Terre. On y vante les bienfaits de la collectivisation, d'une agriculture rationnelle et mécanisée. Pourtant, il semble bien que cette mention soit une figure imposée du discours communiste dans le cadre du Kominform. Il va de soi qu'un programme de collectivisation des terres n'est pas compatible avec les mentalités des paysans français. Dès lors, tous les ouvrages consacrés au rapport entre communisme et monde rural évoquent cette originalité 45.

16 Au delà de l'aspect purement programmatique, il existe une autre ambiguïté, celle concernant la place des paysans dans le processus révolutionnaire : la « classe moteur » étant le prolétariat urbain, qu'advient-il du monde paysan ? Est-ce une simple « force d'appoint » 46 ? Ou quelques « sacs de pomme de terre », selon l'expression de Karl Marx ? Il semble que dans un premier temps, le PCF néglige la paysannerie, malgré l'élaboration de son programme sur la question agraire, malgré les votes importants issus des délégués paysans pour l'adhésion à la Troisième internationale lors du Congrès de Tours 47, soulignés en son temps par Annie Kriegel. Même si cette approche nécessite un nouveau regard, plusieurs questions demeurent : qui sont ces paysans ? Quel est le poids des paysans parmi ces militants ruraux ? Et surtout quel est le poids de ces ruraux au sein de la SFIO au regard de fédérations comme celles du Nord ou de la Seine ? La Section française de l'Internationale communiste (SFIC) ne met-elle pas en valeur ces paysans, pour mieux séduire les campagnes ? Qui parle au nom de ces paysans ? Il semble bien que l'on retrouve un procédé ancien, remontant à la rédaction des cahiers de doléances en 1789 et à la culture politique des républicains opportunistes, puis des radicaux, qui ont su s'approprier le monde paysan 48.

17 Petit à petit, grâce aux efforts de Renaud Jean et de Jacques Desnots, le parti communiste prend conscience du rôle de la paysannerie. Pourtant la bolchevisation, qui met en avant l'ouvrier, tend à reléguer au second plan le monde rural et le paysan, et les leaders communistes paysans doivent rester vigilants ; on peut lire en 1932 dans les Cahiers du bolchevisme : « On va faire un tour à la campagne, au moment des élections. Et c'est tout » 49. Sally Sokoloff souligne que « les deux seuls chefs paysans éminents Renaud Jean et Marius Vazeilles se limitèrent à être les porte-parole des paysans et n'osèrent jamais ni former une politique globale, ni menacer le gouvernement établi du PCF » 50. Au-delà de l'aspect trop tranché des propos de l'historienne anglaise il faut tout même rappeler le

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 8

travail théorique, de réflexion, effectué par les communistes paysans, ainsi que l'énergie dépensée dans les cellules rurales et la CGPT , le PCF axe principalement son action sur le prolétariat urbain. Cet ouvriérisme fait donc de l'ombre au communisme rural, qui parallèlement connaît des rivalités entre ses leaders 51. Ce manque d'intérêt pour le monde rural est mal compris des militants issus de la paysannerie, car la crise 52 touche le monde des campagnes, et les principes de Lénine semblent être écartés. Toutefois, l'historiographie souligne le tournant opéré au cours des années 1930, lorsque le PCF découvre la Nation et par conséquent les campagnes. Telle est la première approche de l'étude du communisme rural. Du discours au territoire, s'impose l'étude électorale et l'implantation communiste.

L'implantation, le vote et le rôle de la Résistance

18 L'implantation communiste dans les campagnes correspond à une aire géographique précise : les bastions du Centre (Allier, Cher, Nièvre) et du sud-ouest du Massif central (Corrèze et Lot-et-Garonne) 53. Dans ces départements, les communistes ont bénéficié d'une tradition de gauche, héritée du XIXe siècle, qu'ils ont su entretenir : c'est souvent la tradition jacobine, puis démocrate socialiste qui peut servir de matrice à la carte du vote communiste 54. En ce sens, la tradition politique, est bien une culture transmise qui joue sur les prises de position, les votes. Les élections ne sont pas une simple équation structure sociale et vote, même si le poids des structures sociales, terre de métayers, de petits propriétaires exploitants ou des ouvriers bûcherons doit être pris en considération. Il faut mêler ces facteurs. Les héritiers peuvent garder le vote des ancêtres. L'apport des travaux de Philippe Gratton sur le modèle corrézien, au cours des années 1970, est très important 55.

19 Ces traditions ou héritages politiques amènent aussi à s'interroger sur le poids de notables rouges, à l'image de Marcel Faure qui écrit : « Il n'est pas sûr que l'élément moteur de cette pénétration ait été d'abord le message socialiste ou communiste. On risque davantage de trouver, au point de départ, le même phénomène que pour les partis de droite : l'influence de notables locaux, eux-mêmes acquis au socialisme ou au communisme, qui ont réussi, à un moment donné, à prendre la succession d'un notable anti-royaliste, anticlérical ou radical-socialiste et à entraîner leurs troupes sur les voies du socialisme ou du communisme » 56. La liste est longue : Renaud Jean dans le Lot-et-Garonne, Marius Vazeilles et François Aussoleil en Corrèze, Célestin Philbois dans l'Aube, Gaston Cornavin dans le Cher, Waldeck Rochet en Saône-et-Loire, Michel Rius pour le Languedoc et plus récemment André Lajoinie pour l'Allier 57. Pour compléter cette géographie, il convient de signaler encore les travaux sur le Midi et les Pyrénées 58, la Bretagne 59, et le colloque récent sur La moisson des autres 60.

20 Reprenons un instant l'héritage « démoc-soc » avec l'exemple de la Saône-et-Loire : le rapprochement des cartes des élections de 1849 de celles des élections de l'après-guerre montre des corrélations importantes, qui tendent à prouver que le vote ne s'explique pas par une simple analyse de classe, mais par un jeu plus complexe des héritages, des cultures politiques. Quatre étapes peuvent être distinguées : l'héritage de 1849 61 repris par le vote radical, le succès socialiste en 1924 face aux radicaux et, après la Deuxième guerre mondiale l'affirmation du PCF 62, d'autant plus que la fédération socialiste du département connaît une crise grave avec l'exclusion des cadres paulfauristes qui fondent le PSD. Mais un tel modèle n'est pas toujours applicable, il existe des exceptions à la

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 9

règle : le vote ne se transmet pas « génétiquement »… 63 En comparant les résultats du PCF dans ce département au cours de la Quatrième République à ceux de 1936, on peut souligner une implantation beaucoup plus vaste qui s'appuie, cependant, sur les bastions de 1936. Il y a véritablement une progression par capillarité qui suit certaines « logiques spatiales ». Les bastions industriels et miniers restent les points forts du PCF, même si son implantation entre « vignes et prairies » n'est pas à négliger. Ainsi, le PCF bénéficie d'un large éventail politique sur le département et retrouve les bastions traditionnels de la gauche. Seules les « Vendée de Saône-et-Loire » restent réfractaires à ce discours. C'est donc après la guerre, grâce au poids de la Résistance et surtout des maquis que le PCF s'implante dans les campagnes, avec des relais militants qui entretiennent la mémoire résistante… Ce phénomène est mis en évidence en particulier par Jean-Paul Molinari 64 ou Maurice Nicault pour le Berry 65.

21 Ces bastions ruraux sont toujours solides au regard du premier tour des élections présidentielles de 1995. Pourtant notre analyse diffère de celle de Stéphane Courtois et Marc Lazar qui écrivent dans un manuel récent sur le PCF : « Est-ce un hasard si les bastions communistes qui résistent le mieux à l'érosion de l'influence du PCF sont avant tout ruraux et les plus retardés, là où le rythme de l'activité et de la circulation des idées et les comportements sociaux s'inscrivent dans la lenteur inexorable du temps long ? » 66 Cela mérite d'être nuancé : de nos jours, les campagnes françaises sont bien équipées en moyens d'information et le temps de l'enclavement culturel tend à disparaître. Les agriculteurs connaissent des loisirs plus fréquents, avec une « augmentation des sorties […] et ils regardent autant la télévision que les autres », « l'ouverture sur l'extérieur s'est aussi opérée par le biais d'une diversification des activités » 67. À l'inverse, il est des secteurs urbains dans lesquels « l'enfermement culturel » est beaucoup plus important que dans la majorité des campagnes. Telles sont les objections que l'on peut faire à une telle affirmation, en précisant que ce monde rural souvent en crise n'est plus celui des seuls paysans…

22 L'approche des politologues souligne également la spécificité du communisme rural et, comme l'affirme Marcel Faure, « en fait, le rôle du PC à la campagne s'est borné presque uniquement à faire du poujadisme avant et après Poujade "afin" de rassembler les marginaux, les déshérités pour récupérer le mécontentement » 68. Qu'en est-il vraiment ? Si l'on considère seulement le mouvement Poujade sous l'angle de la protestation des « petits contre les gros », c'est certain, mais le problème tient à l'aspect réducteur de la comparaison, qui ne prend pas en compte d'autres héritages de l'agrarisme républicain de gauche. Il ne s'agit pas seulement de la fonction tribunitienne du PCF, même si la modernisation et l'application du modèle productiviste peuvent contribuer à de telles réactions 69.

23 Tel est le bilan rapide que l'on peut faire de l'historiographie du communisme rural avant d'évoquer le mirage des archives lié à l'effondrement du bloc de l'Est. Ici ou là, on a pu lire, dans la presse ou dans des revues, que l'ouverture des archives du communisme allait conduire à un tremblement de terre historiographique et qu'il fallait faire table rase du passé. Qu'en est-il vraiment ?

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 10

Nouvelles archives et regain historique

« La révolution archivistique ou le renouvellement documentaire » 70

24 Il semble légitime d'évoquer une certaine régénération de l'historiographie du communisme. Celle-ci doit beaucoup à l'émergence des sources internes 71 : les archives dites de Moscou, celles du PCF, mais aussi d'autres fonds, ceux des militants, comme par exemple les archives de ou des fonds privés comme ceux de Waldeck Rochet. Il y a là un véritable maquis archivistique. Une rapide présentation peut souligner les intérêts de ces fonds.

25 Les archives de Moscou, conservées au CRCEDHC (Centre russe de conservation et d'étude de la documentation en histoire contemporaine), sont celles de la section française de l'Internationale communiste (IC). Y sont conservés les rapports entre le centre et la périphérie (les archives concernant le PCF ont la cote 517). On peut d'ailleurs consulter une partie de ces fonds à la Bibliothèque marxiste de Paris, sous forme de bobines microfilmées par l'ex-IML (Institut du marxisme-léninisme). Ces archives sont les fonds français des archives de l'IC que les Russes ont fait parvenir au PCF entre 1972 et 1983. Mais, voulant garder le secret de ces archives, les Russes ont masqué toutes leurs cotes, pour ne pas donner la structure des fonds ; c'est pourquoi ces bobines sont inventoriées différemment. La table de correspondance, récupérée en 1996, est en cours de traduction. Toutefois, le voyage à Moscou est nécessaire pour avoir un regard complet sur les archives du Krestintern et de l'Institut agraire international (IAI).

26 Ces fonds, essentiellement composés de nombreux rapports, manuscrits ou reprographiés, sont facilement accessibles, car il n'y a pas d'obstacles linguistiques : un même rapport peut être reproduit en plusieurs langues dont le français. Trois inventaires concernent les rapports entre communisme et monde rural : Inventaire 535-1, Krestintern (structure générale) ; Inventaire 535-2, Krestintern (sections nationales) ; Inventaire 536-1, Institut agraire international. Le premier contient 308 dossiers qui retracent l'histoire générale de l'organisation : conférences internationales paysannes, réunions internationales, du Praesidium et du Secrétariat général. Le second, quant à lui, comprend les rapports avec les sections nationales regroupés en 196 dossiers 72. Quant au fonds 536 concernant l'IAI, il est composé de 325 dossiers. Cette organisation fut créée auprès du Krestintern en janvier 1925. C'était un centre de ressources documentaires, de recherches en matière de questions agraires et paysannes, qui disparaît en 1940. Une première lecture permet de reconstruire (ou plutôt de suivre) la chronologie de ces deux organismes. Commençons par le Krestintern, pour lequel les deux dates butoirs sont 1923 et 1930. En octobre 1923, le premier congrès du CPI a lieu. Cette création correspond à l'orientation définie par l'IC en reprenant le mot d'ordre de Zinoviev, afin d'organiser l'alliance des ouvriers et des paysans. De 1925 à 1927, sous l'égide de Boukharine, le Krestintern change de perspective pour rechercher d'autres alliances à la révolution. Puis, de 1928 à 1929, il subit les contrecoups de l'orientation « classe contre classe ». Enfin en 1930, la crise économique internationale fait que le Krestintern décline et même disparaît au profit de l'Institut agraire international, dont l'histoire moins éphémère s'écoule entre 1925 et 1940 73.

27 Le deuxième fonds important est celui du PCF. Il s'agit des archives conservées par le PCF à son siège central, place du Colonel Fabien à Paris (en cours d'inventaire). Ces archives

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 11

sont composées essentiellement des comptes rendus dactylographiés des réunions. Il faut d'ores et déjà souligner l'importance de ce fonds, et ce à plusieurs titres : c'est la seule organisation politique en France, qui a eu un tel souci de ses archives, mais surtout qui ouvre au chercheur sans aucune difficulté ni a priori politique ses fonds. Ces archives constituent aussi l'histoire de l'organisation, mais en plus, elles ouvrent le cœur de la direction, ce qui permet de comparer le discours produit de celui qui est élaboré, mais aussi de retrouver la place de chacun des dirigeants dans le processus décisionnel, voire de repérer des nuances, des cultures politiques différentes. Ces archives ne sont pas encore cotées, mais elles sont classées par fonds de provenance. L'inventaire analytique est en cours. Au sommet, se trouvent les Archives du secrétariat politique, de 1944 à nos jours : ce sont les comptes rendus du secrétariat (classés par année, ce qui représente plus de 1300 rapports sur la période de 1944 à 1970 il manque la période de mai-juin 1968, le secrétariat ne s'étant pas réuni). Ce sont les archives du centre décisionnel. Le secrétariat se réunissait, sauf exception, tous les lundis. L'intérêt pour le chercheur est que ce fonds bénéficie d'un inventaire analytique indexé sous forme informatique, qui reprend la base de données élaborée sous la direction de Serge Wolikow dans le cadre des travaux de l'UMR 5605. L'organe inférieur, le bureau politique (BP) se réunit habituellement tous les jeudis. Ces archives du bureau politique regroupent des dossiers pour la même période que celle concernant le secrétariat : ce sont les comptes rendus hebdomadaires du BP (classés par année, ce qui représente près de 1404 rapports sur la période de 1944-1970) nous avons évité de présenter l'inventaire détaillé de ces archives ainsi que celles du secrétariat. Viennent ensuite les archives du comité central : ce sont les comptes rendus des sessions du comité central. Ces comptes rendus sont détaillés, et contiennent, pour l'immédiat après guerre, les discours de tous les intervenants. Depuis la guerre froide, il y a seulement le rapport introductif, le discours de clôture et les résolutions prises, ce qui prive l'historien de toutes les discussions. Il faut espérer que les enregistrements sur fil puissent être retranscrits dans l'avenir. Plusieurs séances sont consacrées aux questions paysannes, comme celles des 21 janvier 1945 (politique paysanne), 27 janvier 1955 (les élections cantonales), 20 octobre 1955 (les problèmes paysans et le travail du Parti à la campagne)…

28 Ces archives centrales du PCF contiennent aussi un fonds W. Rochet qui est composé de 28 cartons recouvrant essentiellement la période 1961-1969. Certaines d'entre elles concernent directement le rôle du dirigeant de la section agraire du PCF de 1934 à 1964. Il faut ajouter à cet inventaire la photothèque du PCF, les affiches et les expositions, comme celle de 1960 consacrée à la question paysanne.

29 Certes, ces archives peuvent être complétées par celles de la section agraire du PCF, celles du Mouvement de défense des exploitants familiaux (MODEF) 74 et de La Terre, mais à ce jour, il n'y a pas eu encore de politique de classement de ces fonds 75. Cette richesse archivistique offre de nouvelles pistes aux chercheurs, à condition de ne pas négliger les travaux anciens.

Synthèses possibles et perspectives à venir

30 Le premier temps est celui de la vérification, selon l'expression de Sophie Cœuré 76. Il s'agit de préciser certaines hypothèses de recherche. Dès lors le travail sur le personnel communiste à la campagne est possible. La biographie de Renaud Jean, publiée par Gérard Belloin doit beaucoup aux archives de Moscou 77 (notre thèse sur Waldeck Rochet

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 12

également). Ainsi les archives avec leurs questionnaires, leurs biographies ou leurs autobiographies permettent d'appréhender qui sont les commis voyageurs du PCF à la campagne et les réseaux. Tout d'abord, un travail de biographie collective est envisageable en croisant les archives du Komintern pour l'avant-guerre (essentiellement celles du Krestintern) puis celles du PCF (section des cadres, écoles centrales et section agraire), dans la perspective d'une étude prosopographique. Une telle approche pourrait également mieux cerner comment le PCF s'est efforcé de former ses cadres paysans grâce à des écoles régionales, locales, avec le soutien de l'IC et du Krestintern. Il semble utile de confronter les biographies du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, aujourd'hui disponible sur cédérom, à une enquête dans les archives du Krestintern. Il est nécessaire de poursuivre dans cette voie en suivant les différents cadres paysans sur toute la période, en particulier ceux de la section agraire du parti, auxquels il faut ajouter les responsables syndicaux, des organisations de masse et les militants qui ont suivi les écoles paysannes du PCF. La prosopographie des militants, chère à Claude Pennetier et Bernard Pudal, doit aussi amener à présenter les cours dispensés lors de ces écoles et leurs évolutions. C'est en ce sens que l'ouverture des archives du PCF peut-être d'un apport important, ce qui peut aussi être complété par des cahiers d'anciens élèves du parti. Les archives privées, les témoignages et les enquêtes systématiques peuvent éclairer certains points et donner un supplément d'âme aux archives. Retenons ici l'exemple de Camille Crusserey, viticulteur en Côte-d'Or, qui a fréquenté l'école paysanne en décembre 1945 : dans son cahier gardé pieusement, on peut lire l'ampleur de la formation de son professeur, Waldeck Rochet, qui n'hésite pas à donner comme conseil de « faire valoir la corde laïque et républicaine » 78 du PCF.

31 Un travail sur la biographie permet aussi de corriger une vision normative du PCF, celle d'un parti monolithique sans querelles. Si le PCF a longtemps revendiqué ce monolithisme comme gage des 21 conditions, la rivalité des hommes est apparente et les cultures politiques se révèlent différentes : dès lors on peut mesurer le poids des hommes et celui de la conjoncture. C'est ainsi que pour l'Entre-deux-guerres, l'attitude du PCF à l'égard de la paysannerie peut se décliner en trois temps, d'abord une ligne syndicale, étroitement liée à la CGPT, puis son échec face à la montée des agrariens au cours de la crise des années 1930, qui conduit, grâce au tournant stratégique du Front populaire, à la reprise en main du secteur par la section agraire du comité central. Le PCF se dote d'un journal La Terre, au moment où disparaît le Krestintern pour laisser place à l'IAI. Les hésitations soulignées auparavant sur le programme agraire retrouvent ici toute leur dimension, lors de périodes d'ouverture du PCF sur l'extérieur (des périodes unitaires), la défense de la petite propriété est martelée et l'on évoque, par exemple, au cours des années 1960, davantage le modèle polonais que le modèle soviétique 79. Lors des replis sectaires, comme en 1928, avec l'orientation « classe contre classe », on dénonce le programme de Marseille en insinuant que Lénine a été mal traduit ; il en va de même au cœur de la guerre froide, lorsque sovkhozes et kolkhozes sont vantés. Il importe également d'ajouter, pour l'après guerre, le poids de la science mitchourienne.

32 Ces archives permettent encore, au moyen d'investigations minutieuses, de lire l'implantation communiste 80. Mais au-delà de cet aspect, ces archives livrent de nombreuses enquêtes ou comptes rendus de tournées de cadre, qui font le point sur les effectifs, ce qui vient corriger les Archives nationales, en particulier la série F7, ou la série M des Archives départementales. Elles peuvent informer avec précision, comme par exemple à propos de la réalisation de kolkhozes en Corse en 1943 81. Ces enquêtes livrent

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 13

aussi le regard communiste sur le monde rural, à la fois sur les structures agraires et sociales, mais aussi sur les autres forces sociales et politiques à la campagne poids des radicaux, des socialistes, des agrariens, des dorgéristes… Un travail plus approfondi, s'appuyant sur les traditions politiques et la culture politique, devrait pouvoir montrer que le PCF à la campagne n'est pas une simple greffe du modèle marxiste-léniniste, mais un rapport complexe entre l'héritage d'une gauche démocratique et les dogmes imposés par le stalinisme, qui reprend la lutte « des petits contre les gros ».

33 Une autre piste offerte au chercheur, grâce à l'ouverture des archives du PCF et de ses fédérations, est le retour d'une approche départementale. La thèse d'Alain Chaffel sur la Drôme est très riche d'enseignements pour l'approche du communisme rural 82. Il montre les facteurs déterminants de l'adhésion : la culture contestataire locale et la tradition républicaine, la présence de nombreux petits paysans propriétaires (ils se sentent menacés, or le PC les défend), le rôle de quelques personnalités (Buix, Pierre, etc.) L'auteur souligne que l'âge d'adhésion est plus tardif chez les paysans : 40,7 ans en 1964-1967, 38,1 ans en 1972-1974. Il est possible d'évoquer comme hypothèse explicative (qui reste à vérifier) celle de l'héritage tardif de la terre d'un patriarche. Devenant propriétaire, l'héritier s'émancipe de la tutelle paternelle ou reproduit à son tour le modèle en adhérant au PCF. Alain Chaffel montre qu'au total, il y aurait plusieurs communismes des villes, des campagnes, des professions et des générations d'adhésions. Il conclut que le monde des paysans, celui des instituteurs et celui des femmes sont dans l'ensemble plus fidèles que les autres couches sociales. Dès lors un tel travail appelle d'autres monographies afin d'entreprendre une comparaison à l'échelle nationale. Sur cette implantation, il faudrait, à la suite de Christophe Prochasson et Gilles Candar, s'intéresser à la propagande communiste à la campagne et à la diffusion des idées progressistes. Un outil est encore peu étudié, il s'agit de La Terre 83...

34 Enfin, on pourrait plaider pour une histoire culturelle du communisme rural : sociabilité communiste et sociabilité villageoise. Les foires, les fêtes, les marchés doivent être revisités, en empruntant à l'ethnographie. Il y a véritablement des rites politiques communistes à la campagne, qui s'appuient sur le folklore local et les traditions culturelles. Cette approche ne doit pas négliger le poids des mentalités. L'anecdote suivante, relevée en Saône-et-Loire, est assez révélatrice : lors d'une campagne de chasse, un des membres de la cellule villageoise avait tué un lièvre devant le chien de l'un de ses camarades. Le tueur n'ayant pas partagé son gibier créa une telle crise dans le village que la cellule se disloqua. Tout le monde garde en mémoire que « le lièvre a mis en l'air la cellule ». Au-delà de son aspect risible l'anecdote ne souligne-t-elle pas les fortes traditions communautaires qui surpassent les principes politiques 84 ? Premier aspect de cette pratique culturelle : la fête ou les fêtes 85. Celles-ci sont nombreuses, aussi bien nationales que locales. Prenons pour exemples, la fête du 1er mai, la fête de L'Humanité, les rassemblements organisés pour la paix et la lutte contre la guerre. D'autres rassemblements comme ceux organisés au stade Buffalo, les manifestations sportives autour de la FSGT ou encore, plus récemment, le cross de L'Humanité témoignent de cet aspect kermesse populaire où chacun est individuellement l'un des acteurs, sans distinction, de ce corps social formé par la foule communiste ou communisante. Moyen pour regrouper sympathisants, militants, cadres et dirigeants, parfois curieux ou badauds, la fête permet également de manifester collectivement l'attachement à une cause commune. Les fêtes départementales ou celles des chefs-lieux ajoutent une dimension folklorique. Toutes ont pour fonction de souder l'appartenance au groupe.

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 14

35 Un autre aspect du retour à la tradition et de son utilisation est la publication par le PCF des almanachs. Ouvriers et paysans, destinés à « éduquer les masses », ces almanachs reprennent les éphémérides, mêlent conseils pratiques, illustrations, développements plus politiques, romans, etc. Le premier numéro publié en 1925 est ainsi justifié : « Le PCF, sur la demande de beaucoup de ses militants revient à l'ancienne coutume du parti socialiste : il édite un almanach, L'Almanach ouvrier et paysan ; nos adhérents, nos sympathisants pourront ajouter aux présents habituels de fin d'année un exemplaire de cette publication familiale et soustraire ainsi leur famille à l'entreprise idéologique de l'almanach bourgeois, habile bourreur de crânes et défenseur à sa façon de l'ordre bourgeois » 86. Tout est dit sur l'appropriation communiste d'un succès éditorial des campagnes françaises. L'étude de ces almanachs peut être d'une grande richesse puisqu'y voisinent calendriers agricole et horticole pour le jardin ouvrier , conseils donnés recettes culinaires, coutures, conseils juridiques et utilisation de l'histoire, du passé proche ou lointain, souvent recomposé, avec un panthéon particulier dans lequel Jeanne d'Arc côtoie les sans-culottes et les Résistants.

36 Avec le Front populaire, le retour à la tradition locale conduit les dirigeants communistes à intégrer l'histoire des terroirs dans son panthéon 87. En janvier 1937, lors de la conférence nationale de Montreuil, Marcel Gitton réaffirme que le PC est l'héritier des « richesses artistiques que notre peuple a accumulées au cours des siècles ». Pour lui, ce patrimoine national est le produit du labeur, de la sueur et des larmes du peuple. Il faut donc le valoriser : c'est ce que font tous les journaux, et en particulier Regard, qui grâce à ses reportages permet la connaissance des régions françaises et des campagnes. * * *

37 Les quelques pistes dégagées attestent qu'il est possible d'entreprendre de nombreux travaux sur le communisme rural, dans le cadre de coopération étroite entre les centres de recherches et en associant historiens, sociologues, géographes, politologues, ethnographes... Dès lors une étude poussée sur les espaces politiques, les territoires hameau, village, pays, canton, département et région , sur les militants ou les sympathisants (grâce aux travaux entrepris par le « Maîtron ») et sur la propagande et la sociabilité communistes dans les campagnes, donneront des éléments précis pour s'émanciper d'un schéma parfois trop hâtif qui réduit le communisme français à une simple inféodation au centre, voire à une transposition du modèle soviétique. Le chercheur a du grain à moudre 88 et peut parfois rencontrer certaines situations paradoxales : lors de la signature du , c'est la gauche socialiste qui réclame la collectivisation des terres ou la socialisation des moyens de production tandis que le PCF défend la petite propriété. Plus récemment, la manifestation des chasseurs, aux thèmes mobilisateurs plus que variés (!), montre également à quel point le communisme rural peut rester fort.

ANNEXES

Modèle pour l'implantation du PCF à la campagne (1926) (CRCEDHC 535-1-98, 1926)

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 15

« Commission paysanne. Propagande chez les masses rurales de la Marne, des Ardennes et de l'Aisne (cellule sœur et village frère). Il faut partir d'un village idéal : 60 à 120 feux […] situé de 10 à 20 km de la cellule. Prévoir les trajets à bicyclettes, visites mensuelles (en hiver), si possible une gare. Au début il faut choisir un bourg avec une poste, le téléphone pour récupérer les adresses de : l'instituteur ; le médecin ; la poste ; la gare ; le facteur ; le garde-champêtre ; le coiffeur ; le buraliste ; le débit de boisson ; le bourrelier ; le maréchal-ferrant ; le cordonnier ; le vannier et surtout d'ouvriers, de femmes et petits propriétaires à esprit avide de savoir ; une laveuse blanchisseuse ; une sage-femme (ou quelqu'un qui fait fonction de) Lectures : La Voix Paysanne, Le Bulletin bolchevik, La Vie Ouvrière, L'Ouvrière, L'Exploité, L'Avant-Garde, Le Canard Enchaîné Avant l'envoi : garder les meilleurs articles pour les visites mensuelles À qui faire l'envoi : - tous les jours 1 ou 2 Humanités envoyées au village à tour de rôle de 14 à 15 adresses très exactes, citées ci-dessus. - Le Bulletin bolchevik est envoyé à tour de rôle à l'instituteur, au facteur et au garde champêtre. - La Vie Ouvrière au garde champêtre, au coiffeur, au buraliste, au débit de boisson et aux ouvriers. […] Propagande : en plus des envois il faut une initiative vivante d'appel à l'attention des laborieux du village. Lettre : il faut faire une lettre mensuelle envoyée à l'une des adresses. Réunion : 1 par mois ou tous les 2 mois. Réunions publiques explicatives, affichées, tambourinées. Tracts, ventes de brochures, etc. Affichage régulier. Chaque année : le rayon fera une réunion dans 3 ou 4 villages et montrera son appareil. La cellule rappellera toujours au village qu'en cas de besoin de main d'œuvre saisonnière, elle s'emploiera à aider dans ce sens la recherche de village frère. Dépense : par an 157F par cellule, soit 3F par semaine par cellule. Difficultés : il faut de la ténacité pour poster régulièrement. Les cyclistes qui s'engagent à visiter 5 fois dans l'hiver le village frère. Un écrivain pour 12 lettres par an. Difficulté mineure : une contre-manifestation. Expérience : ce schéma n'a rien de nouveau dans le Parti. La région parisienne a de cette façon pénétré heureusement dans les départements de Seine, Oise, Seine-et-Marne.

NOTES

1. Édouard LYNCH, Le Parti socialiste (SFIO) et la société paysanne durant l'Entre-deux-guerres. Idéologie, politique agricole et sociabilité politique (1914-1940), Thèse de doctorat en histoire sous la direction de Serge Berstein, Institut d'études politiques de Paris, 1998, 3 volumes, 1020 f° 2. Voir à ce propos les travaux de Marc Lazar : Marc LAZAR, « Damné de la terre et homme de marbre. L'ouvrier dans l'imaginaire du PCF du milieu des années trente à la fin

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 16

des années cinquante », dans Annales, économies, sociétés, civilisations, septembre-octobre 1990, n° 5, pp. 1071-1096. 3. À ce propos voir : Serge WOLIKOW [dir.], Une histoire en révolution. Du bon usage des archives de Moscou et d'ailleurs, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 1997, 315 p. 4. Michel Augé-LARIBÉ, Le paysan français après la guerre, Paris, Éditions M. Rivière, 1923, p. 197. 5. C'est le mythe de l'unité paysanne. 6. D'après : Sally SOKOLOFF, Communism and the French Peasantry, with Special Reference to the Allier 1919-1939, PhD thesis, London University, 1975, f° 73. 7. Jean VIGREUX, Waldeck Rochet, du militant paysan au dirigeant ouvrier, Thèse de doctorat en histoire sous la direction de Serge Berstein, Institut d'études politiques de Paris, 1997, 3 volumes, 1146 f° (f° 557 et suivants). 8. Édouard LYNCH, Le Parti socialiste (SFIO) et la société paysanne..., ouv. cité ; Édouard LYNCH, « Les socialistes aux champs : réalisations et adaptations doctrinales au temps de l'agrarisme triomphant », dans Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 42, avril- juin 1995, pp. 282-291. 9. Formule citée par : , « La Question paysanne devant le mouvement ouvrier français de 1892 à 1921 », dans Cahiers de l'Institut Maurice Thorez, n° 24, 1971, p. 18. 10. pierre Barral, Les agrariens français de Méline à Pisani, Paris, Librairie Armand Colin, 1968, 386 p. 11. Gérard WALTER, Histoire des paysans de France, Paris, Flammarion, 1963, 522 p. ; Gordon WRIGHT, « Communists and Peasantry in France », dans E.M. EARLE [dir.], Modern France, Princeton, Princeton University Press, 1951, pp. 219-231 ; Gordon WRIGHT, La révolution rurale en France, Paris, EPI, 1967, 348 p. 12. Jean-Paul GUILLEROT, La politique agraire et paysanne du PCF 1920-1934, Mémoire de maîtrise sous la direction de Claude Willard, Université Paris VIII, 1973, f° 478. 13. Nous empruntons ici la synthèse rédigée par : Gérard WALTER, Histoire des paysans de France, ouv. cité, p. 449. 14. Michel GERVAIS, Marcel JOLLIVET et Yves TAVERNIER, Histoire de la France rurale, tome IV, La fin de la France paysanne (de 1914 à nos jours), Paris, Éditions du Seuil, 1976, p. 405. 15. Journal officiel, Débats Parlementaires, Séance du mercredi 5 novembre 1924, pp. 3295-3307. 16. Voir en particulier : Gilles CANDAR et Christophe PROCHASSON, « Le socialisme à la conquête des terroirs », dans Le Mouvement social, n° 160, juillet-septembre 1992, pp. 33-63. 17. SIXTE-QUENIN, « Comment nous sommes socialistes », dans Adéodat COMPÈRE- MOREL [dir.], Encyclopédie socialiste, syndicale et coopérative de l'Internationale ouvrière, Paris, Quillet, 1913, 315 p. 18. Journal officiel, Débats Parlementaires, Séance du mercredi 5 novembre 1924, pp. 3295-3307. 19. Extrait de la profession de foi de Renaud Jean, cité par : Nicole RACINE et Louis BODIN, Le PCF pendant l'entre-deux guerres, Paris, Librairie Armand Colin, 1972, p. 130. 20. Renaud JEAN, Le communisme et les paysans. Les Cahiers communistes, n° 5, Librairie de L'Humanité, 1924, p. 23. 21. Guido MIGLIOLI, Le village soviétique, Paris, Librairie du Travail, 1927, 190 p. 22. Sur le Krestintern lire : George D. Jr. JACKSON, The Green International and the Red Peasant International: a study of Comintern Policy towards the Peasant Political Movement in

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 17

Eastern Europe, 1919-1930, PhD. dissertation, Columbia, 1961, 427 f°, ainsi que sa version abrégée, George D. Jr. JACKSON, Comintern and Peasant in East Europe (1919-1930), Columbia University Press, 1966 ; Pierre BARRAL, « Note sur le Centre agraire international », dans Pierre BARRAL [dir.], Aspects régionaux de l'agrarisme français avant 1930. Le Mouvement social , n° 67, avril-juin 1969, pp. 169-171 ; Annie KRIEGEL, « Note sur le Krestintern », dans Pierre BARRAL [dir.], Aspects régionaux de l'agrarisme français avant 1930. Le Mouvement social , n° 67, avril-juin 1969, pp. 163-167 ; Franco RIZZI, « L'Internazionale comunista e la questione contadina », dans Eric J. HOBSBAWM [dir.], Storia del Marxismo, 3, Il marxismo nell'eta della terza internazionale, 1, Dalla rivoluzione d'ottobre alla crisi del'29, Turin, Giulio Einaudi Editore, 1980, pp. 487-513. 23. Entretien avec Maurice Carroué, le 27 octobre 1996. 24. Voir en particulier : Jean VIGREUX, « Le PCF garant de l'agrarisme de gauche en 1937 », dans Serge Wolikow et Annie BLETON-RUGET [dir.], Antifascisme et nation. Les gauches européennes au temps du Front populaire, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 1998, pp. 163-171. 25. Pour cette période voir : Claude ÉMERI, « La CGA », dans Jacques FAUVET et Henri MENDRAS [dir.], Les paysans et la politique dans la France contemporaine, Paris, Librairie Armand Colin, 1958, pp. 287-291 ; Isabel BOUSSARD, « Le monde paysan », dans Philippe BUTON et Jean-Marie GUILLON [dir.], Les pouvoirs en France à la Libération, Paris, Éditions Belin, 1994, pp. 96-115 ; Isabel BOUSSARD, « Résistance et syndicalisme agricole : unité paysanne et liberté », dans Christiane FRANCK [dir.], Résistances, retours, renaissances. Actes du colloque de Caen 17-19 mai 1995, Caen, Presses universitaires de Caen, 1996, pp. 27-48. 26. D'après la loi complémentaire de 1962, dite « loi Pisani ». 27. Waldeck ROCHET, « Pour la restauration de l'agriculture française », Rapport au Xe Congrès du PCF, Paris 29 juin 1945, p. 23. 28. Selon le lointain écho du décret du député Cambon, responsable des finances, adopté le 15 décembre 1792, qui abolit la féodalité en réquisitionnant les biens seigneuriaux et ecclésiastiques. 29. Martine DURAND, La politique paysanne du PCF à la Libération, août 1944-mars 1946, Mémoire de maîtrise sous la direction d'Antoine Prost, Université Paris I, 1980. 30. Voir en particulier : Serge BERSTEIN, Histoire du Parti radical, tome 1 La recherche de l'âge d'or, Paris, Presses de la Fondation nationale de science politique, 1980, p. 31 et p. 60. La défense de la propriété est au cœur des préoccupations des congrès de 1902 et de 1909, entre autres. 31. Philippe ROBRIEUX, Histoire intérieure du Parti communiste, tome 4 : biographies, chronologie, bibliographie, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1984, p. 718. 32. Compte rendu de cette conférence par : Waldeck ROCHET, « La voie du salut pour la paysannerie française », dans Cahiers du communisme, n° 6 juin 1949, pp. 714-722. 33. Ibidem, p. 722. 34. Ibidem. 35. Waldeck ROCHET, La défense de l'agriculture française et de la paysannerie laborieuse, Rapport présenté le 4 avril 1950 au XIIe Congrès national du PCF à Gennevilliers, Paris, Éditions du PCF, 1950. 36. Voir en particulier les analyses de : Claude EZRATTY, « Les communistes », dans Jacques FAUVET et Henri MENDRAS [dir.], Les paysans et la politique..., ouv. cité, pp. 72-75 ; pierre Barral, Les agrariens français..., ouv. cité, p. 317 ; Pierre GABORIT, « Le PCF et les paysans », dans Yves TAVERNIER, Michel GERVAIS et Claude SERVOLIN [dir.], L'Univers politique des paysans, Paris, Librairie Armand Colin, 1972, pp. 200-209.

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 18

37. Sur la situation des campagnes lors de cet après-guerre, voir : Pierre BARRAL, « Le monde agricole français vers 1950 », dans Bela KÖPECZI et Eva H. BALAZS [dir.], Paysannerie française, paysannerie hongroise, XVIe-XXe siècles, Budapest, Akademiai Kiado, 1973, pp. 247-264. 38. Voir : Martine DURAND, La politique paysanne du PCF..., ouv. cité. 39. Jean VIGREUX, Waldeck Rochet..., ouv. cité, annexe n° 29. 40. Pour une approche de l'affiche paysanne, voir : Annie Bleton-Ruget, « Propagande et ruralité, l'image du paysan dans l'affiche française : l'exemple de l'emprunt », dans Affiche, agriculture, patrie, Écomusée de la Bresse bourguignonne, 1988, pp. 15-19. 41. « Meeting à Saulieu », dans L'Avenir de la Côte-d'Or, 1er septembre 1945, photographie p. 1. 42. Il doit être de la même période, car la terminologie est rigoureusement identique. 43. Voir en particulier les couvertures des ouvrages de Waldeck Rochet (Waldeck ROCHET, Vers l'émancipation paysanne, Paris, 1952) et de la brochure éditée par le PCF au début des années 1950 sur Les communistes et la propriété paysanne. Voir : Jean VIGREUX, Waldeck Rochet..., ouv. cité, annexe n° 31. 44. Jean VIGREUX, Waldeck Rochet..., ouv. cité, annexe n° 32. 45. C'est en particulier le cas pour la synthèse déjà citée de Pierre Barral, mais aussi les travaux pionniers de science politique. 46. Voir le débat suscité par les travaux de Karl Marx et Friederich Engels, comme par exemple, Les luttes de classes dans les campagnes ou La question paysanne. 47. Jean CHARLES, Jacques GIRAULT, Jean-Louis ROBERT, Danielle TARTAKOWSKY et Claude WILLARD, Le Congrès de Tours, Paris, Éditions sociales, 1980, p. 665 et suivantes ; Philippe GRATTON, Les luttes de classes dans les campagnes, Paris, Éditions Anthropos, 1971, auquel nous empruntons les citations suivantes : « Marmet (Ain) : "La majorité des mandats est pour… majorité essentiellement rurale…" Bailly (Nièvre) : "Le paysan morvandiau ne craint pas la Révolution, mais il veut l'organiser. Nous avons fait confiance aux militants de la III° Internationale". Nouelle (Saône-et-Loire) : "[…] dans les campagnes, d'une façon à peu près unanime, on a voté pour la motion Cachin" ». Ce vote révolutionnaire s'explique principalement par le refus de la guerre. Il ne faut pas perdre de vue la plaie encore douloureuse laissée par le premier conflit mondial. 48. Voir en particulier : Jean-Luc MAYAUD, « Protestation rurale, contestation politique ? Des réalités aux mythes unificateurs (XIXe-XXe siècles) », dans La protestation rurale dans les campagnes françaises. Questions à l'histoire (XVIIe-XXe siècles). 13e Colloque national de l'ARF, (Arc-et-Senans, 19-20 octobre 1987), Paris, Association des ruralistes français, 1987, pp. 1-6 ; ronald Hubscher et rose-marie Lagrave, « Unité et pluralisme dans le syndicalisme agricole français, un faux débat », dans Annales, économies, sociétés, civilisations, janvier- février 1993, n° 1, pp. 109-134 ; Isabel BOUSSARD, « Repères sur l'histoire du syndicalisme agricole français de 1880 à nos jours », dans L'Information historique, n° 56, 1994, pp. 120-124. 49. Cahiers du bolchevisme, janvier 1932. 50. Sally SOKOLOFF, « Peasant Leadership and the , 1921-1940 », dans Historical Reflections, automne 1977, n° 4, pp. 153-170. 51. Jean VIGREUX, « Paysans et responsables du travail paysan dans la direction du PCF » dans Michel Dreyfus, Claude Pennetier et Nathalie Viet-Depaule [dir.], La part des militants, Paris, Éditions de l'Atelier, 1996, pp. 205-218. 52. La crise économique est caractérisée par une chute des cours des productions qui entraîne de nombreuses faillites de petites exploitations : Marc CLEARY, « Crise de

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 19

l'entre-deux-guerres et réactions paysannes », dans Philippe CHALMIN et André GUESLIN [dir.], Un siècle d'histoire agricole française. Actes du colloque de la Société française d'économie rurale. Économie rurale, n° 184-185-186, mars-août 1988. Sur la concurrence dorgériste que rencontre le PCF : Pascal ORY, « Le dorgérisme, institution et discours d'une colère paysanne », dans Revue d'histoire moderne et contemporaine, volume XXII, avril-juin 1975, pp. 68-190 ; Robert O. PAXTON, Le temps des chemises vertes. Révoltes paysannes et fascisme rural 1929-1939, Paris, Éditions du Seuil, 1996, 316 p. 53. Georges DUPEUX, Le front populaire et les élections de 1936, Paris, Librairie Armand Colin, 1959, pp. 147-150, et carte intitulée Les suffrages communistes ; Annie KRIEGEL, Le pain et les roses, jalons pour une histoire des socialismes, Paris, Presses universitaires de France, 1968, cartes p. 220 et p. 223 ; François GOGUEL, Géographie des élections françaises sous la Troisième et la Quatrième République, Paris, Librairie Armand Colin, 1970 ; Jacques GIRAULT, « Recherches sur la naissance du PC dans le Cher », dans Le Mouvement social, n° 80, 1972, pp. 83-94 ; Jacques GIRAULT, Sur l'implantation du PCF entre les deux guerres, Paris, Éditions sociales, 1977, 345 p. ; Jacques GIRAULT, « L'implantation du PCF entre les deux guerres », dans Le PCF, étapes et problèmes 1920-1972, Paris, Messidor/Éditions sociales, 1981, pp. 78-98 ; J.P. VAUDON, « Le PC dans le Puy-de-Dôme », dans Le Mouvement social, n° 74, 1971, pp. 75-98. 54. Sur ces matrices de l'adhésion (ou du vote) voir : Jean-Paul MOLINARI, L'adhésion ouvrière au communisme, Thèse de doctorat d'État, Université de Nantes 1987, éditée : Jean- Paul MOLINARI, Les ouvriers communistes. Sociologie de l'adhésion ouvrière au PCF, Paris, Éditions de l'Albaron, 1990, réédition, Paris, L'Harmattan, 1996, 367 p. 55. Marius Vazeilles, après avoir parcouru, dès 1920, toute la campagne de Corrèze, organisa les paysans qui se regroupèrent en une Fédération en 1922. En 1923, cette organisation comprenait 2000 adhérents selon : Philippe GRATTON, Les paysans français contre l'agrarisme, Paris, Maspéro, 1972, p. 106. 56. Marcel FAURE, Les paysans dans la société française, Paris, Librairie Armand Colin, 1966, p. 203. 57. Stéphane BAUMONT, « De Renaud Jean à André Lajoinie : les agriculteurs et le communisme », communication pour Les agriculteurs aux urnes, Colloque international de Bordeaux 15-16 novembre 1990, Association des ruralistes français/Association française de science politique, (tapuscrit). 58. Jean SAGNES, Le Midi rouge. Mythe et réalité. Étude d'une histoire occitane, Paris, Éditions Anthropos, 1982, 310 p. ; Michel CADÉ, Le parti des campagnes rouges. Histoire du parti communiste dans les Pyrénées-Orientales (1920-1949), Marcevol-Vinça, Éditions du Chiendent, 1988, 346 p. 59. Suzanne BERGER, Peasants against Politics, Cambridge Mass., Harvard University Press, 1972, traduction française, Les paysans contre la politique. L'organisation rurale en Bretagne, 1911-1974, Paris, Éditions du Seuil, 1975, 340 p. ; Patrick LE GUIRRIEC, « Communisme local, Résistance et PCF. Les trois éléments du pouvoir dans une commune bretonne », dans L'État en perspective. Études rurales, n° 101-102, janvier-juin 1986, pp. 219-230. 60. Ronald HUBSCHER et Jean-Claude FARCY [dir.], La moisson des autres. Les salariés agricoles aux XIXe et XXe siècles, Paris, Créaphis, 1996, 365 p. 61. Cette étude est effectuée par : Frédéric SALMON, « La gauche avancée aux élections législatives de 1849 », dans Communisme, n° 28, 1991, pp. 69-82 ; Frédéric SALMON, « La "gauche avancée" en 1849 et en 1870 : le pourquoi de la chute », dans Léo HAMON [dir.], Les républicains sous le Second Empire. 9es Entretiens d'Auxerre, 1992, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 1994, pp. 93-110. Pierre LÉVÊQUE, Une société en crise. La

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 20

Bourgogne au milieu du XIXe siècle, (1846-1852), Paris, Librairie Touzot/Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, 1983. 62. Voir en particulier : Pierre LÉVÊQUE, « L'évolution électorale des campagnes de la Bourgogne du sud (1848-1995) », dans Histoire et sociétés surales, n° 5, 1996, pp. 180-188. 63. Voir la contribution de : Annie BLETON-RUGET, dans Voter et élire. Territoires contemporains, Cahier n° 4, à paraître. 64. Jean Paul MOLINARI, « Les paysans et le PCF », dans Politix, n° 14, 1991, pp. 87-94. 65. Maurice NICAULT, « Le communisme en milieu rural avant et pendant la guerre. Militants et Résistants en Berry », dans Gavroche, n° 24, novembre-décembre 1985, pp. 16-22. 66. Stéphane COURTOIS et Marc LAZAR, Histoire du PCF, Paris, Presses universitaires de France, 1995, p. 421. 67. Pierre-Alain AUDIRAC et alii, Portrait social, les agriculteurs, contours et caractères, Paris, INSEE, 1993, p. 7. 68. Marcel FAURE, Les paysans dans la société française, ouv. cité, p. 203. 69. marcel Vigreux, Les crises du monde rural, Paris, Librairie Armand Colin, 1970, 96 p. 70. Expression de Claude Pennetier dans : Claude PENNETIER, « Les Archives du communisme : Moscou, Prague, Paris », dans Cahiers d'histoire de l'Institut de recherches marxistes, n° 67, 1997, pp. 125-142. 71. Jean VIGREUX, « Archives et sources orales le cas du communisme français », dans Serge WOLIKOW et Philippe POIRRIER [dir.], Où en est l'histoire du temps présent ? Actes du Colloque transfrontalier-CLUSE, Dijon, 25 septembre 1997. Territoires contemporains, bulletin de l'IHC, n° 5, pp. 89-102. 72. La partie française de ce fonds peut être consultée à la Bibliothèque marxiste de Paris sous forme de microfilms, puisque dans le cadre des accords entre le PCF et les archives de l'IC, ces fonds furent transférés en France dès 1990. 73. Jean VIGREUX, « Les archives du Krestintern : inventaires et pistes de recherches », dans Serge WOLIKOW [dir.], Une histoire en révolution...., ouv. cité, pp. 151-158. 74. Ce qui permettrait de « revisiter » les travaux de : Yves TAVERNIER, « Le Mouvement de défense des exploitants familiaux », dans Yves TAVERNIER, Michel GERVAIS et Claude SERVOLIN [dir.], L'Univers politique des paysans, ouv. cité, pp. 467-495. 75. Il faut regretter aussi l'absence des archives de la CGPT… 76. Sophie CŒURÉ, « Les "Archives de Moscou" et l'histoire du mouvement ouvrier français », dans Jean Jaurès. Cahiers trimestriels, n° 135, janvier-mars 1995, pp. 28-33. 77. Gérard BELLOIN, Renaud Jean, le tribun des paysans, Paris, Éditions de l'Atelier, 1993, 336 p. 78. Waldeck ROCHET, « Le programme paysan du Parti », cours IX, cahier cours spécifiques. Archives privées de Camille Crusserey, qui a participé à l'École paysanne du PCF du 3 au 22 décembre 1945. 79. Voir : Jerzy TEPICHT, Marxisme et agriculture : le paysan polonais, Paris, Librairie Armand Colin, 1973. 80. Voir en annexe, par exemple, le modèle de création d'une cellule rurale. 81. CRCEDHC 495-109-433 b, p. 41, lettre du 11 mai 1944, de Manouilsky à Vichinski. La direction du PCF a demandé aux communistes corses d'arrêter cette initiative. Cette affaire avait déjà été évoquée par Maurice Agulhon (Maurice AGULHON, « Les communistes et la Libération de la France », dans Actes du colloque organisé par le Comité d'histoire de la Deuxième guerre mondiale, Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, 1976) : « une obscure tentative de collectivisation des terres en Corse, à

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 21

laquelle la délégation algéroise du CC elle-même (dans un document signé F. Bonte, É. Fajon, A. Marty et L. Feix) avait dû mettre le holà » (p. 85). Maurice Agulhon utilisait les archives du Fonds Marty, dossier FIII. Ange Rovere précise qu'il doit s'agir du kolkhoze de Pietra Corbara, village du Cap corse (Ange ROVERE, « Pour une Corse nouvelle : la stratégie du PCF à la Libération (1943-1945) », dans Cahiers d'histoire de l'Institut de recherches marxistes, n° 12, 1983, p. 67. 82. Alain CHAFFEL, Les communistes de la Drôme. De l'euphorie de la Libération à la désillusion du printemps 1981, Thèse de doctorat en histoire sous la direction de Yves Lequin, Université Lumière-Lyon 2, 1997, 3 volumes, 730 f° 83. Bertrand LABRUSSE, « La presse agricole », dans Jacques FAUVET et Henri MENDRAS [dir.], Les paysans et la politique..., ouv. cité, pp. 303-317 ; René POUPRY, « L'information des agriculteurs », dans TAVERNIER Yves, GERVAIS Michel et Claude SERVOLIN [dir.], L'Univers politique des paysans, ouv. cité, pp. 335-364. 84. Rapportée par André Faivre, conseiller général communiste et ancien secrétaire fédéral de la Fédération de Saône-et-Loire du PCF des années 1950 au début des années 1970, entretien du 23 octobre 1996 à Montceau-les-Mines. 85. Voir : Alain CORBIN, Noëlle GÉRÔME et Danielle TARTAKOWSKY [dir.], Les usages politiques des fêtes aux XIXe-XXe siècles. Actes du colloque de Paris, 22-23 novembre 1990, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994, 440 p. 86. Cité par : Marie-Claire Lavabre, « La collection des almanachs édités par le PCF : un exemple de tradition », dans Pouvoirs, n° 42, 1987, pp. 105-113. 87. Philippe POIRRIER, « Les heures bourguignonnes : une relecture communiste de l'histoire locale (1937-1939) », dans Sources, Travaux historiques, 1992, n° 27, pp. 63-79. 88. Ronald HUBSCHER, « Une histoire en quête d'auteurs. Les paysans et le politique au XXe siècle », dans Histoire et sociétés rurales, n° 3, 1995, pp. 137-142.

RÉSUMÉS

Cet article invite à s'interroger sur les rapports entre le PCF et les campagnes françaises. Il s'agit d'abord de faire un bilan historiographique, puis d'offrir de nouvelles pistes de recherche grâce à l'ouverture des archives de l'Internationale communiste (en particulier de sa branche paysanne le Krestintern) et celles du PCF. Le discours communiste qui repose à la fois sur la matrice soviétique (collectivisation des terres) et sur le collectivisme de la SFIO, reprend également la tradition de l'agrarisme de gauche qui défend la petite propriété. Comment comprendre alors ce grand écart permanent entre le rôle du Centre et le poids des mentalités paysannes dans la périphérie ? Ce discours s'appuie également sur un héritage jacobin, celui du « bonheur pour tous », ici pour les campagnes. De nombreux travaux de science politique, de sociologie et d'histoire ont traité de l'implantation communiste dans les campagnes en essayant d'expliquer leur spécificité. Le renouveau documentaire récent ne conduit pas forcément à un tremblement de terre historiographique : il permet de confirmer les hypothèses anciennes et d'entreprendre des synthèses nationales et comparatives, tout en offrant d'autres champs de recherches sur la sociabilité, les militants et les réseaux communistes.

Ruralia, 03 | 2002 Le Parti communiste français à la campagne, 1920-1964 22

The communist party in rural France, 1920-1964: Historiographical outcome and research perspectives This article is an inquiry about the relationship existing between the French Communist Party and rural France. We will first make an assessment of historical situation and then we will try to offer new areas of research thanks to the recent opening of the International communist archives (and more particularly of the party's rural branch archives: the Krestintern) and those the French Communist Party itself. The communist discourse which rests both on the soviet doctrine (on the collectivization of the land) and on the SFIO's collectivism, also is in the tradition of left-wing agrarian policy which tends to support ownership at the individual level. Then how should we interpret the great and permanent discrepancy between the role played by the inner core of the party and the weight of the rural point of view on the outside. The communist discourse, also comes from a Jacobin legacy based on “Happiness for all” in this case for rural France. A lot of research on political science, on sociology and history had already dealt with the communist influence in rural France and had tried to explain why it was different from elsewhere. The new sources are not earthshattering historically speaking but they enable us to confirm old hypotheses and to undertake national and comparative synopses, while developing other fields of research on sociability, party members and the communist networks.

INDEX

Index chronologique : XXe siècle

Ruralia, 03 | 2002