UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ------DOMAINE DE L’ART, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES ------MENTION GEOGRAPHIE Parcours Société et Territorialité ------Mémoire de Master

RESILIENCE COMMUNAUTAIRE ET APPUI DES ONG DANS LES COMMUNES RURALES DE BESAKOA, ET AMBATOSOLA – DISTRICT DE BEKILY, REGION

Soutenu publiquement par ANDRIANINTSOA MBOLAMANITRA 28 MARS 2018

Sous l’encadrement de Madame RAKOTOARISOA JACQUELINE Maitre de conférences

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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

DOMAINE DE L’ART, LETTRES

ET SCIENCES HUMAINES

MENTION GEOGRAPHIE

Parcours Société et Territorialité ------Mémoire de Master

RESILIENCE COMMUNAUTAIRE ET APPUI DES ONG DANS LES COMMUNES RURALES DE BESAKOA, TSIKOLAKY ET AMBATOSOLA – DISTRICT DE BEKILY, REGION ANDROY

Soutenu publiquement par ANDRIANINTSOA MBOLAMANITRA 28 MARS 2018

Membres du jury Président du jury : Madame Joselyne RAMAMONJISOA, Professeur Emérite Examinateur : Madame Fanja Tahiana RALINIRINA, Maitre de conférences Rapporteur : Madame Jacqueline RAKOTOARISOA, Maitre de conférences

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REMERCIEMENTS

La conception et la présentation de ce mémoire n’auraient pas eu lieu sans l’aide de quelques personnes à qui nous tenons à remercier particulièrement.

. En premier lieu, nos remerciements s’adressent à Madame Joselyne RAMAMONJISOA, Professeur Emérite à l’Université d’Antananarivo, qui, malgré ses lourdes tâches, a accepté de présider le jury de ce mémoire.

. En second lieu, nos remerciements s’adressent à Madame Fanja Tahiana RALINIRINA, Maitre de conférences à l’Université d’Antananarivo pour avoir accepté de juger ce travail.

. Nous tenons à remercier particulièrement Madame Jacqueline RAKOTOARISOA, Maitre de conférences à l’Université d’Antananarivo d’avoir accepté de diriger ce dossier de recherche car ses conseils et ses recommandations nous ont permis d’élaborer ce travail depuis la M1 jusqu’en M2.

. Nous tenons à remercier le Maire de la ville de Bekily qui nous a ouvert ses portes et nous a fourni de précieuses informations sur la ville de Bekily ainsi que sur les Communes avoisinantes. Une pensée remplie de gratitudes lui est adressée.

. Nous ne saurions oublier de remercier les Maires des Communes d’Ambatosola, de Tsikolaky et de Besakoa ainsi que les Chefs quartier dans ces Communes. Une grande considération à leur égard ne peut que leur être attribuée pour leurs aides dans le cadre de la réalisation de notre travail de terrain.

. En dernier lieu, un lot de remerciements pour nos parents, nos proches amis, nos collaborateurs qui ont participés à la prise en charge des dépenses financières et à tout ceux qui ont ménagés leurs aides pour la conception de ce mémoire.

I

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE ...... 1

PARTIE I. DISTRICT DE BEKILY : CADRE D’ETUDE DE LA RESILENCE COMMUNAUTAIRE ...... 3

Chapitre I Présentation générale de l’objet de recherche ...... 4

Chapitre II Démarche de recherche ...... 11

Chapitre III Approche socio-contextuelle de la pauvreté et de la résilience communautaire dans le District de Bekily ...... 19

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE ...... 29

PARTIE II. CADRE DE DEVELOPPEMENT PAYSAN DICTE PAR DES CONDITIONS PHYSIQUES DEFAVORABLES ...... 30

Chapitre IV Une originalité démographique, facteur potentiel de développement ...... 31

Chapitre V Cadre de développement des communautés fortement conditionné par le milieu physique ...... 37

Chapitre VI Activités et domaines d’intervention des ONG dans les Communes Rurales de Besakoa, Tsikolaky et Ambatosola ...... 50

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE...... 65

PARTIE III. CONCRETISATION DES AIDES ET OUVERTURE SUR LES VOIES ET OBSTACLES AUX DEVELOPPEMENTS ...... 66

Chapitre VII Soutien alimentaire et assainissement, facteur de développement communautaire ...... 67

Chapitre VIII Activité agricole, au centre du développement agricole de la paysannerie ...... 79

Chapitre IX Perspective et facteur de blocage au développement local ...... 91

CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE ...... 104

CONCLUSION GENERALE ...... 105

II

RESUME

A , la pauvreté touche une grande partie de la population et la région Sud n’en est pas épargnée. Dans le District de Bekily, une population majoritairement paysanne dépendante de l’agriculture fait état de détresse en raison du climat défavorable et le manque de terre arable. A travers ces différentes contraintes, la population souffre de manque d’eau et d’une faible productivité agricole causés par le manque de précipitation et par la nature du substrat infertile. Malgré la pauvreté et l’insécurité alimentaire qui y règnent, la population essaie tant bien que mal de se redresser. Cette pauvreté afflige à la population des problèmes de tout ordre que ce soit alimentaire, éducatif, sanitaire et sécuritaire. Par l’action des différentes ONG présentes dans notre zone d’étude, à l’exemple du PAM, ADRA et AIM, et à travers différente analyse, l’amélioration des conditions de vie de la population dépend de l’optimisation du secteur agricole. Ainsi, l’action de ces ONG prend son encrage à travers un processus de résilience (capacité d’une communauté à se régénérer et à se redresser après un traumatisme) dans trois Communes Rurales appartenant au District de Bekily : Besakoa, Tsikolaky et Ambatosola. Des travaux de terrain et des collectes de données sur 108 ménages ont permis l’identification des besoins primaires au niveau alimentaire, éducatif, agricole et sanitaire correspondant aux activités mises en œuvre par les ONG. Ainsi, ces ONG favorisent le phénomène de résilience en apportant leurs aides à la population. Ainsi a travers le traitement des données collectées, un stade de résilience ne peuvent être avancés par contre la communauté est bien en voie d’être résiliente. Ainsi, l’exploitation des filières existantes peut être facteur d’accentuation de la résilience.

Mots-clés : résilience, pauvreté, amélioration, ONG, Bekily, communautés, filière

III

Liste des acronymes et abréviation

ADRA : Adventist Development Relief Agency AIM : Action Intercoopération Madagascar AINA : Action Intégrée en Nutrition et Alimentation AT : Autre Technique BC : Basket Compost Bc : Bèche BD : Base de Données BEPC : Brevet Elémentaire du Premier Cycle BNGRC : Bureau National de Gestion des Risques et Catastrophes CEG : Collège d’Enseignement Général CNAA : Centre National Anti- Acridienne Cr : Charrue à bœuf CR : Commune rurale CSB II : Centre de Santé de Base Niveau II CU : Commune Urbaine DREEF : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Ecologie et des Forêts EAPROM : Emergency Agricultural Production for Food Security in Madagascar EPP : Ecole Primaire Publique FAO : Food and Agriculture Organization of the United Nation FFS : Farmers Field School GPP : Groupement de Paysan Producteur HIMO : Haute Intensité de Main d’Œuvre IDH : Indice de Développement Humain INSTAT : Institut National de la Statistique K : Potassium N : Azote ONG : Organisation Non Gouvernementale OSM : OpenStreetMap P : Phosphore p : Précipitation PAM : Programme Alimentaire Mondial

IV

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement Rt : Râteau t : Température US : United States

Liste des unités de mesure

˚C : degré Celsius cm : centimètre hab/km2 : habitant par kilomètre carré Ha : Hectare kg : Kilogramme km : kilomètre km2 : kilomètre carré m2 : mètre carré mm : millimètre

V

Liste des cartes

Carte 1. Carte représentant les zones d’études du présent travail de recherche ...... 7 Carte 2. Présentation géologique du substrat dominant dans les 3 communes ...... 38 Carte 3. Infrastructure routière desservant notre zone d’étude ...... 100

Liste des croquis

Croquis 1. Zone à risque assujettie à des conflits inter-communaux ...... 28 Croquis 2. Profil topographique Est Ouest de la partie Sud de Madagascar ...... 42 Croquis 3. Aire d’influence des établissements scolaires ...... 45 Croquis 4. Localisation des infrastructures sociales ...... 49 Croquis 5. Comparaison entre aire d’influence des écoles sans cantine et avec cantine ...... 70 Croquis 6. Amélioration des infrastructures d’adduction d’eau potable ...... 78 Croquis 7. Occupation du sol ...... 88 Croquis 8. Marché rural et urbain dans le District de Bekily ...... 97

Liste des figures

Figure 1. Schéma représentatif des différentes étapes du traumatisme vers la résilience. 10 Figure 2. Diagramme des étapes suivies durant ce travail de recherche ...... 18 Figure 3. Profils de consommation alimentaire des ménages de quelques régions ...... 20 Figure 4. Sources des aliments consommés par les ménages de quelques régions ...... 22 Figure 5. Répartition de la population par Commune dans le District de Bekily ...... 32 Figure 6. Structures de la population par âge ...... 33 Figure 7. Structures de la population par sexe ...... 34 Figure 8. Courbe ombro-thérmique du District de Bekily (1983-2015) ...... 41 Figure 9. Priorisation des différents types de culture en fonction de l’approche genre ...... 87

VI

Liste des tableaux

Tableau 1. Répartition de la population par District et par superficie dans la Région Androy ...... 4 Tableau 2. Manifestations des traumatismes par zone d’étude ...... 12 Tableau 3. Nombre de population par Commune et distance par rapport au chef lieu de District de Bekily ...... 31 Tableau 4. Structure de la population par âge ...... 33 Tableau 5. Structure de la population par sexe ...... 34 Tableau 6. Comparaison des valeurs de la densité de la population du District et de notre zone d’étude ...... 35 Tableau 7. Valeur des témpératures maximales, minimales et précipitations du District de Bekily (1983-2015) ...... 41 Tableau 8. Comparaison entre précipitation et valeur des températures moyennes mensuelles ...... 42 Tableau 9. Taux de fréquentation des écoles par rapport à leur degré d’éloignement ...... 46 Tableau 10. Calendrier cultural de notre zone d’étude réadapté aux variabilités climatiques . 55 Tableau 11. Comparaison des effectifs des classes avant et après l’existence de cantine scolaire ...... 60 Tableau 12. Illustration de l’efficacité des cantines scolaire du PAM ...... 69 Tableau 13. Evolution des effectifs dans les groupements des paysans producteurs ...... 81 Tableau 14. Illustration de l’efficacité des actions de développement des activités agricoles d’AIM ...... 82 Tableau 15. Renouvellement des outils agricoles des paysans ...... 86 Tableau 16. Tableau récapitulatif des activités et des zones d’interventions des ONG ...... 89 Tableau 17. Variation des superficies cultivées en fonction de l’importance des cultures ..... 92

VII

Liste des planches photographiques

Planche photographique 1. Deux types d’aliments reflétant l’écart entre différents profils alimentaires ...... 21 Planche photographique 2. Aspect physique du sol dans notre zone d’étude ...... 37 Planche photographique 3. Source d’eau non hygiénique à disponibilité de la population ..... 43 Planche photographique 4. E.P.P dans la Commune Rurale de Tsikolaky, Fokontany Antenindahy I et II ...... 46 Planche photographique 5. CSB II de la Commune Rurale de Tsikolaky et d’Ambatosola.... 47 Planche photographique 6. Cueillette dans la nature et vente du raketa dans les marchés ...... 56 Planche photographique 7. Deux formes de tippy tape ...... 75 Planche photographique 8. Différente pompe à motricité humaine ...... 77 Planche photographique 9. Trois machines à décortiquer le riz dans la Commune d’Ambatosola ...... 93 Planche photographique 10. Culture et vente de l’oignon ...... 95 Planche photographique 11. Produits courants dans les marchés ruraux ...... 96 Planche photographique 12. Images d’un camion et d’un autobus transportant des passagers pour les marchés communaux hebdomadaires ...... 99 Planche photographique 13. Image d’un criquet ...... 102

VIII

Glossaire

Antandroy : L’une des 18 ethnies présente sur le territoire malgache mais dominant dans la partie Sud de Madagascar Ariary : Monnaie malgache Dina: Convention civile sur le maintien de la sécurité entre les autorités locales et la population Fady: Pratique ancestrale interdite pouvant être de différente nature Fokontany: Unité administrative désignant la plus petite entité constitutive d’une ville Jado: Volontaire pratiquant les travaux de maintenance de la sécurité durant la nuit Kere : Phénomène de faim sous la forme la plus prononcée Malaso : Voleur de zébu Menarandra: Rivière qui prend source dans les Hautes Terres, traversant la région Androy jusqu'à son embouchure Mpiarakandro: Individu en charge de surveiller le bétail dans les champs Raketa: Plante de la famille des cactacées, résistant à un climat sec et dont le fruit est comestible Ravinala: Appellation donnée au sac pour le riz servant à quantifier la récolte Tsiokatimo: Vent provenant du Sud de Madagascar Volivary saritaka : Méthode de mise en culture du riz dont le repiquage s’exécute sans alignement Volivary toratady: Méthode de mise en culture du riz dont le repiquage s’exécute de manière à suivre un alignement à travers une corde Zezipahitra: Engrais composé essentiellement de bouse de vache servant à la fertilisation du sol

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INTRODUCTION GENERALE

Madagascar figure parmi les pays les plus pauvres au monde selon le classement de la Banque Mondiale en 2011 car la grande île se trouve à la 139ème place sur 169 pays. Selon une étude faite par le PAM en 2010, près de 92% de la population vit sous le seuil de la pauvreté, soit dépensant moins de 2 dollars US par jour pour subvenir aux dépenses alimentaires quotidiennes. Un rapport du PAM en 2015 fait état d’un recensement de personne en détresse au niveau sécurité alimentaire et sécurité physique dans les régions Sud de Madagascar, notamment dans les régions ANOSY, ATSIMO ANDREFANA et ANDROY. En 2010, le District de Bekily fut encore le cadre de grande scène de vol de zébu et de kere1. Cette situation de détresse se manifeste par de nombreux phénomènes présents au quotidien allant des problèmes de carence nutritionnelle jusqu’au handicape dû à l’insécurité alimentaire. Cette crise sociale s’accentue dans les zones périphériques du chef-lieu de District de Bekily. Entre le mois de novembre 2014 et février 2015, le kere a fait plus d’une centaine de décès parmi les 200.000 personnes en situation d’insécurité alimentaire aggravée.

Dans les Communes Rurales du District de Bekily, Region de l’Androy, un phénomène subsiste depuis bien des années et se manifeste par l’existence de personnes, voire des communautés entières, en situation de détresse totale face à un manque accru de denrée alimentaire. Causée par une mauvaise récolte due au problème climatique généralisé dans la région, la production agricole ne suffit plus à subvenir au besoin grandissant de la population, notamment en matière de riz, de manioc, de patate douce, d’arachide et de produits d’élevage. Ceci qui engendre d’autre problème secondaire tel que le vol et la prolifération de malaso2 dans certaine localité. Apres le constat fait par les autorités étatiques et l’appel des populations locales, de nombreuses tentatives ont été réalisées pour remettre de l’ordre dans la vie de la population à travers la mise en place de différente stratégie de sécurisation tel que le dina3 dans les zones reculées et réputées dangereuses. Par la suite, bon nombre d’ONG ont mobilisé leurs aides pour essayer de combattre la faim et l’insécurité alimentaire dans le Sud malgache.

1 Phénomène de famine sous la forme la plus aiguë 2 Voleur de zébu 3 Convention sur le maintien de la sécurité entre les autorités locales et la population

1 Face aux plusieurs tentatives d’éradication de la faim dans le Sud mise en œuvre au niveau des communautés par différentes ONG, le présent travail de recherche a été axé sur la « résilience communautaire et appui des ONG dans les Communes Rurales de Besakoa, Tsikolaky et Ambatosola, District de Bekily, Region Androy ». La principale problématique que ce travail de recherche tente de résoudre est la suivante : l’organisation de la population et les aides octroyées par les ONG à travers différents projets de développement ont-elles permis aux populations du Sud d’être résilientes ?

Ainsi, ce mémoire comportera trois parties : la première sera dédiée à la présentation générale de l’objet de recherche, de la démarche scientifique et de l’approche socio-contextuelle suivie. La seconde partie permettra de discuter de l’originalité démographique, des conditions physiques et des natures des aides octroyées par les ONG. Enfin, la troisième partie sera dédiée à l’étude des impacts des projets de développement sur différents aspects de la vie de la population et à l’identification des obstacles et perspectives de développement.

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PARTIE I. DISTRICT DE BEKILY : CADRE D’ETUDE DE LA RESILENCE COMMUNAUTAIRE

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Chapitre I Présentation générale de l’objet de recherche

I . 1 Le District de Bekily

Situé dans la partie Sud de Madagascar, précisément dans la Région de l’Androy avec trois autres Districts, le District de Bekily est vaste d’une superficie totale de 5.223 km2 et est constitué par 19 Communes Rurales avec près de 129.232 habitants (DREEF, 2014). Caractérisé par un climat sec presque toute l’année, la production agricole est handicapée du point de vue rendement. Ceci est causé par le manque de précipitation engendrant ainsi le retard de la récolte et/ou le plus souvent une récolte désastreuse et catastrophique laquelle est à l’origine du kere, sachant que la population dans cette région de Madagascar vit essentiellement de l’agriculture et de l’élevage.

Tableau 1. Répartition de la population par District et par superficie dans la Région Androy

Nombre de Districts Superficie (km2) Nombre d’habitants Commune Ambovombe-Androy 19 6.174 302.400

Tsihombe 07 2.572 74.476

Beloha 06 4.758 82.382 Bekily 19 5.223 129.232 TOTAL 51 18.727 588.490 Source : DREEF, 2014

I . 2 Choix du sujet

Après avoir constaté à maintes reprises les problèmes véhiculés par la masse média à propos de la dégradation de la qualité de vie de la population dans le Sud de Madagascar et après avoir visionné des vidéos montrant des enfants de bas âge sous alimentés et très mal nourris dans cette partie de l’île, une investigation sur le sujet s’est révélée importante et ceci à travers l’évaluation de la faculté de ces populations à se régénérer pour atteindre un état social stable et digne d’un être humain.

4 C’est dans cette optique que le thème de ce mémoire a été choisi. Il s’intitule : résilience communautaire dans les Communes Rurales de Besakoa, Tsikolaky et Ambatosola, District de Bekily, Région Androy.

I . 2 . 1 Concept de « résilience » et définition

Pour mieux cerner le concept de la résilience communautaire, il est important de définir le terme « résilience » par rapport à son contexte.

Ces dix dernières années, le concept de résilience a trouvé son encrage face aux différentes crises humanitaires présentes dans le monde. Pour le cas de Madagascar, la pauvreté qui touche l’ensemble du pays met l’accent sur la capacité de la majeure partie de la population à s’adapter à ce fléau. Le pays fait face au problème de kere et de sécurité depuis plusieurs années ; ceci dit, la population est exposée en permanence à un grand danger.

Ainsi, par définition, la résilience est la capacité des personnes, groupes de personnes, institutions ou communautés à faire face aux chocs ou stress chroniques causés par des situations fragilisantes, crises, conflits ou événements naturels extrêmes et s’adapter pour se régénérer sans compromettre leur avenir à court, moyen et long terme (Anaut, 2003 ; Mamadou, 2016).

Cette définition s’applique dans le cadre de ce mémoire afin de comprendre l’évolution sociale d’un groupement de population face aux conditions de vie difficiles qu’offre le Sud de Madagascar.

I . 3 Délimitation de l’objet de recherche

Durant l’élaboration des projets de recherche comme celui-ci, il est très important de savoir limiter l’objet de la recherche de manière à mettre de l’ordre et de bien organiser les travaux de terrain.

Dans le cas de ce travail de recherche, la limitation géographique des zones d’intervention est très importante car sans elle l’étude ne pourra être faite compte tenu de l’immensité de la région concernée. Ainsi, un découpage de la zone d’étude a été réalisé.

5 Dans le District de Bekily, trois zones situées plus ou moins proche de la ville de Bekily ont été choisies (Carte 1). Ainsi, le choix a été dirigé vers les localités suivantes:

- La Commune Rurale de Besakoa située à 9 km de la ville de Bekily - La Commune Rurale de Tsikolaky située à 20 km de la ville de Bekily - La Commune Rurale d’Ambatosola située à 27 km de la ville de Bekily

Après cette limitation géographique, il y a aussi le critère de sélection des groupes cibles, groupes au niveau desquels des analyses ont été réalisées notamment sur les différents paramètres relatifs au sujet présentant le trait visible ou non d’un traumatisme et le début d’une forme de redressement et d’adaptation pour essayer de reprendre la forme initiale (avant le traumatisme). L’encadrement de l’objet de recherche est une étape qui apportera des précisions sur l’envergure et l’ampleur du phénomène à observer par rapport à la norme constatée, c’est-à-dire que cette action d’encadrement aidera plus tard à situer un optimum face au fossé constaté sur le terrain. Dans cette sélection des zones d’études, malgré l’existence de trait identique dans plusieurs Communes rurales voisines, les critères suivants ont été retenus pour la sélection des zones à analyser :

- La présence de groupe de personnes dont le niveau de vie est anormalement basse compte tenu du contexte de pauvreté existant dans tout le District de Bekily. - L’existence de zone classée par les autorités locales comme zone à risque (présence de Malaso, insuffisance d’eau, zone enclavée). - Eventuel risque d’exposition à des catastrophes naturelles.

6 Carte 1. Carte représentant les zones d’études du présent travail de recherche

Source : BNGRC, BD500, 2011 ; OSM, 2015

7 I . 3 . 1 Problématique

La problématique qui mène à une réflexion centrale dans le cadre de ce mémoire tourne autour de la capacité des groupes cibles à surmonter les traumatismes dans le temps et dans l’espace, à court, moyen ou à long terme. En tenant compte des actions de développement réalisées par des ONG nationales/internationales et des projets de développement coordonnés par l’Etat, le présent mémoire est alors face à la problématique centrale suivante : l’organisation de la population et les aides octroyées par les ONG à travers différents projets de développement ont-elles permis aux populations du Sud d’être résilientes ?

Pour être plus précis, décortiquer cette problématique centrale en problématiques spécifiques permettrait de mieux cerner le fondement du sujet choisi dans ce mémoire et mène à poser les questions suivantes :

- Les aides financières appuieront-elles réellement de manière efficace les victimes de traumatisme à se relever à travers des processus d’appui des besoins urgents ? - Les facteurs du milieu physique constituent-ils un réel obstacle pour le redressement de la population ? - Les populations ou entités victimes de traumatisme devront-elles faire un effort d’adaptation important pour continuer à se relever et à poursuivre les activités de développement?

I . 3 . 2 Hypothèses

Face à ces sujets de réflexion sous forme de questionnements, des hypothèses relatives à chacune des questions posées peuvent être émises :

Hypothèse 1 : Les aides extérieures axées directement sur les besoins primaires et urgents des groupes cibles victimes de traumatisme seront effectivement efficaces. Les résultats seront mesurables à travers des indicateurs et des conditions de vie améliorées.

Hypothèse 2 : La faculté de redressement de la population victime de traumatisme dépend d’une part des facteurs du milieu physique et d’autre part des moyens disponibles pour maîtriser ces facteurs.

8 Hypothèse 3 : La capacité de régénération des populations victimes des catastrophes naturelles dépend en majeur partie du facteur temps d’une part et d’autre part de l’efficacité des formations et des facultés de réception de ces victimes.

I . 3 . 3 Objectifs de la recherche

Suite aux efforts entrepris par l’Etat, les ONG et les entités spécialisées dans la recherche des stratégies de développement, il est important de rechercher les paramètres qui indiquent l’efficacité des actions mises en œuvre dans ces processus de développement. Les mesures ainsi prises seront utilisées pour recadrer et restructurer les actions déjà en place.

Dans cette vision de développement, les stratégies prises par les acteurs seront un facteur clef pour assurer le bon déroulement et le suivi des processus de développement au sein des groupes cibles.

Les objectifs spécifiques de ce travail sont cités ci-dessous : - 1. Dégager les aspects et capacité de réadaptation des communautés atteintes de traumatisme - 2. Dégager les formes d’organisation interne et externe des communautés en voie de résilience - 3. Analyser les ressources naturelles et techniques pouvant aider au redressement des entités atteintes de traumatisme - 4. Dégager les éventuels obstacles qui pourront compromettre les actions futures.

9 Figure 1. Schéma représentatif des différentes étapes du traumatisme vers la résilience.

POPULATION

POPULATION FRAGILISEE

TRAUMATISME

A I D E E X T E R I E U RE

ONG, ETAT ou COLLECTIVITES

EFFICACITE DETERMINIS FACULTE SPECIFIQUE ME D’ADAPTATI RELATIVE PHYSIQUE ON AU BESOIN

DEVELOPPEM REDRESSEME DEVELOPPEM ENT LIMITE NT ENT STABLE PAR LE CADRE DEPENDANT ET NORMAL PHYSIQUE DU TEMPS

RESILIENCE A COURT, MOYEN OU A LONG TERME

10 Chapitre II Démarche de recherche

Les étapes de la démarche de recherche

Lors de la réalisation de ce travail de recherche, les différentes étapes suivantes ont été effectuées : la revue bibliographique, les travaux de terrain, le traitement des données collectées et la rédaction du manuscrit. Compte tenu du manque d’informations officielles relatives au thème de ce travail de recherche et à l’insuffisance de donnée sur les zones d’études choisies, la revue bibliographique ne constituait qu’une petite part par rapport à l’ensemble des investigations faites contrairement aux travaux de terrain qui ont occupés la majorité du chronogramme. Ainsi, la place des travaux de terrain est ici fondamentale. Les études de cas comme celle-ci ne sont pas faciles à réaliser car pour faire une étude dans les règles de l’art, la meilleur façon de s’y atteler est de prioriser les travaux de terrains vu les maigres informations qui ont été obtenues à travers les recherches bibliographiques et dans les centres de documentation.

II . 1 Revue bibliographique

Durant cette phase de la recherche qu’est la bibliographie, un point incontournable est la consultation des données monographiques car celles-ci permettent d’avoir un aperçu général de la région d’étude concernée. En peaufinant les recherches, des problèmes de manque de données sur les Fokontany étudiés dans le présent mémoire ont été rencontrés. Une pré-enquête auprès des personnes originaires de la région a été alors effectuée.

Dans cette première étape, la consultation de quelques sites web a été d’une grande utilité car cela a permis de mieux comprendre les processus qui expliquent et qui tournent autour de ce qu’est la résilience communautaire. Une autre source de données fut les centres de documentation tels que le CITE Ambatonakanga et la bibliothèque municipale d’Analakely.

II . 2 Travaux de pré terrain

Les travaux de pré terrain ont suivi immédiatement les travaux bibliographiques. Avant la descente sur les zones d’études, un planning global des activités à réaliser sur le terrain a été mis au point pour faciliter la suite du travail de manière à ne pas perdre de temps et de façon à être le plus efficient possible. Etant donné qu’il n’est pas préférable de bousculer les personnes à enquêter, une marge de temps assez large a été prise pour anticiper d’éventuelles absences des personnes cibles.

11

Pour la réalisation de notre recherche, il est important de préciser qu’en 2016, durant un laps de temps assez long, la réalisation de pré terrain a été effectuée de manière à observer le mode de vie de la population pour avoir une vue d’ensemble des activités entreprises par les ONG présentes, tout ceci dans le but de faciliter les travaux d’enquête auprès des ménages pour la finalisation de notre recherche.

Durant ces travaux de pré terrain, un outil clé a été utilisé, outil qui est le pilier central du présent travail de recherche ; il s’agit de la « carte des traumatismes » présentée dans le Tableau 2 ci-dessous.

Tableau 2. Manifestations des traumatismes par zone d’étude

Sources de Traumatisme Catastrophe Sècheresse : Insécurité naturelle : Insécurité sociale Condition physique cyclone, inondation alimentaire Sites d’observation Manque de Conflit inter- Fokontany de précipitation, faible comunal Manque de terre Besakoa récolte arable Enclavement par Manque de Fokontany de inondation lors de précipitation, faible Manque de terre Tsikolaky grande crue ou récolte arable cyclone Enclavement par Manque de Fokontany inondation lors de précipitation, faible Présence de Manque de terre d’Ambatosola grande crue ou récolte Malaso arable cyclone Conception de l’auteur sur base des données pré terrain

II . 3 Travaux de terrain

Les travaux d’enquête sur terrain suivent une année plus tard et ont duré un mois. Durant ces trente jours, les investigations ont commencé dans la ville de Bekily auprès du District et de la région puis dans les Communes Rurales voisines : Besakoa, Tsikolaky et Ambatosola. Le chronogramme qui a été suivi durant les activités de pré-terrain est présenté en Annexe V et celui de l’enquête finale en Annexe VI.

12 II . 3 . 1 Le questionnaire

Le questionnaire a été adressé au Maire des Communes Rurales, aux Chefs quartier et aux groupes de population cibles. En totalité, ces personnes représentent la hiérarchie nécessaire pour l’analyse d’une structure de gestion et de développement au niveau d’une communauté. Cette hiérarchisation est très importante car elle aide à faire une approche multi-scalaire dans ce travail de recherche.

II . 3 . 2 Démarche de recherche

Durant la réalisation de ce travail de recherche, la démarche que nous avons prise est la démarche déductive. En allant d’un fait général vers le particulier, on appréhende mieux les relations logiques des phénomènes observés sur le terrain. A travers l’observation et l’analyse des faits, la schématisation est plus facile à réaliser. Ainsi, l’adoption de méthode de recherche est primordiale pour la réalisation d’étude telle que celle-ci.

II . 4 Plateforme d’évaluation

Lors de chaque début d’enquête au niveau de chaque hameau et/ou de chaque Fokontany de chacune des Communes concernées, un atelier destiné à avoir un aperçu général des conditions de vie de la population a été réalisé. En fonction de chaque réponse de chaque question, un point médian a été établi pour permettre d’avoir une valeur de référence, donnant ainsi un moyen pour mesurer les réponses pour chaque question.

Sur le 3 Communes Rurales de notre zone d’étude, environ une dizaine d’atelier a été réalisé. A travers ces évaluations, le focus groupe servira plus tard à baliser et à classifier les données lors des travaux d’enquêtes. Apres la synthèse des données collectées sur la zone d’étude durant les travaux de pré-terrain un classement des ménages en 3 catégories a été fait.

La première est marquée par les critères suivants

-ayant une faible productivité agricole mais possédant une superficie moyenne de terrain de culture -ne possédant pas d’animaux d’élevages -doté d’outil agricole simple constitué uniquement de bèche de machette et de hache - un fort taux de non scolarisation des enfants La seconde est caractérisée par

13 -une productivité agricole moyenne avec une superficie moyenne de terrain de culture

-ayant au plus 2 zébus ou 5 à 10 chèvres ou 4 à 8 cochons et au plus 10 à 30 animaux de basse cours

-possédant un outillage agricole plus ou moins moderne

-un taux moyen de scolarisation des enfants

La troisième catégorie reflète les critères suivants

-une forte productivité agricole sur de grand terrain de culture

-détenteur d’au moins 3 zébus ou 11 chèvres ou 9 cochons et au moins 30 animaux de basse cours

-possédant des matériels agricoles sophistiqués tel que la charrue a zébu et ou pulvérisateur

-un taux de scolarisation élevé pour les enfants

Parmi 3 situations constatées sur le niveau de vie de la population, le focus groupe se situe approximativement au niveau de la deuxième catégorie.

II . 4 . 1 Taux d’échantillonnages

Lors de l’exécution des travaux de terrain, à défaut de temps, sur les 19 Communes du District de Bekily, 3 Communes ont été choisies de manière aléatoire. Un choix de 3 Fokontany par Commune a été fait de manière à rendre les travaux d’enquête moins fastidieux. Ceci est fortement conditionné par une grande difficulté de déplacement que ce soit au niveau sécuritaire qu’au niveau de la distance mais aussi par la considération de chaque Chef Fokontany vis-à-vis des autres Chefs Fokontany.

Parmi les 9 Fokontany de notre zone d’étude, on a pu constater une grande dispersion des habitations avec la présence de plusieurs hameaux au niveau du Fokontany. Ainsi pour chaque Fokontany, pour avoir une représentation fidèle des données reflétant les réalités du terrain, une sélection aléatoire a été établie au niveau de chaque hameau constituant un Fokontany.

Durant les travaux d’enquête sur le terrain, l’échantillonnage de chaque Fokontany a été fonction des conditions de collecte de données c'est-à-dire que le nombre d’échantillon a été limité volontairement de manière à avoir une représentation des réalités sur le terrain mais aussi de manière à donner la même considération à chaque Chef Fokontany évitant ainsi des situations de favoritisme.

14 Ainsi pour chaque Fokontany, malgré de grand écart entre les différents nombre de population, un nombre variant de 2 à 4 familles par hameau, 12 familles par Fokontany, soit 36 familles par Commune donnant un total de 108 familles enquêtées pour les 3 Communes de notre zone d’étude ont été choisie parmi les 207 ménages enquêtés. Les enquêtes au niveau de la Commune et auprès des Fokontany ne servent que de balise pour l’établissement d’un profil type du paysan moyen durant notre étude. Ceci nous a permis d’avoir un taux d’échantillonnage de 2,9% de la population sur les 3 Communes Rurales.

II . 4 . 2 L’enquête proprement dite

Durant cette étape cruciale du travail de recherche, une série de question sur les activités et le mode de vie des personnes enquêtées leur a été posée. Les personnes cibles sont les individus ou groupes d’individus ayant des signes de traumatisme liés à des évènements tels que la sècheresse, la pauvreté, l’insécurité alimentaire et physique.

Le questionnaire a été établi de sorte qu’il dégage, après dépouillement et analyse des données enregistrées, les conditions dans lesquelles vivent les personnes ou groupes de personnes cibles. Après cela, une typologie des conditions de vie de ces personnes cibles a été dressée constituant les facteurs de traumatisme potentiel dans la présente étude.

Durant les travaux de terrain, les enquêtes auprès des groupes cibles ont été priorisées. Cependant, l’enquête au niveau de ces groupes cibles n’était pas suffisante puisque les personnes ayant une vision bien nette des conditions de vie difficile dans ces localités sont les personnes extérieures aux groupes cibles vivant dans le même environnement mais ne présentant pas les caractères de traumatisme. Ainsi, ces personnes ont aussi fait l’objet d’enquête afin de soutirer des informations sur les conditions de vie des groupes cibles. Un regard extérieur à propos de cette typologie a aussi été traité par la suite.

II . 4 . 3 Analyse des données collectées

Lors du traitement des données recueillies, un logiciel de traitement de base de données a été utilisé pour faciliter cette opération. L’utilisation d’une échelle de classement a aussi été inévitable compte tenu du nombre des variables telles que les catastrophes naturelles, les conditions physiques, la sècheresse, l’insécurité alimentaire, l’insécurité physique. Le classement s’est effectué en fonction des degrés d’importance du traumatisme observé et du niveau de vulnérabilité de la population.

15 C’est à ce stade de la recherche que l’on aperçoit que les informations issues de la revue bibliographique ne reflètent pas toute la réalité sur le terrain. Un schéma comparatif entre les données issues de la revue bibliographique et les résultats obtenus sur terrain a alors été réalisé. Ceci a permis d’apprécier le degré de la gravité des phénomènes traumatisant les groupes cibles ; les phénomènes sont présents mais le degré de gravité visible sur le terrain est presque à chaque fois plus important que celui lu dans les documentations.

Lors du traitement des données collectées, malgré le fait que ce soit précoce, on peut vérifier la correspondance entre les éléments suivants : problématiques spécifiques et hypothèses spécifiques. Sachant que cette étape est l’une des plus importantes, le constat est sans équivoque, les résultats correspondent parfaitement aux problématiques citées.

Durant le traitement des données, un problème de classement au niveau de l’approche genre a été constaté. Dans le Sud de Madagascar, malgré la tradition quasi-présente dans la vie quotidienne de la population où l’homme est toujours considéré comme le chef de famille, dans un grand nombre de questionnaire, des réponses désignant la femme comme chef de famille ont été constatées. Sans regard sexiste, la question se pose : comment ces femmes sont-elles devenues chef de famille ? Mais le plus grand souci est de voir comment traiter toutes ces données en même temps du fait de la dissymétrie observée face à ces groupes cibles. Ainsi, les cibles sensés être représentatifs donnent un autre aspect de la réalité. Dans le cas du présent mémoire, les personnes à enquêter ont été divisées en deux groupes et l’étude s’est faite non pas sur un cas global mais en prenant des cas où la femme est chef de ménage et d’autres cas où l’homme est chef de ménage.

II . 5 Le travail de rédaction

Le travail de rédaction est l’étape qui consiste à rassembler toutes les informations jugées utiles au contenu de ce mémoire. Durant cette conception, il est impératif de garder à l’esprit un enchainement d’ordre chronologique, spatial ou logique pour ne pas perdre de vue le classement des données en fonction des paramètres présents.

Pour élaborer un travail de rédaction suivant les normes requises relatives à un projet de recherche, un reclassement des données correspondant à différentes parties ou chapitres est obligatoire. Ainsi, l’étape de la rédaction est une réorganisation des informations déjà traitées suivant un plan préalablement détaillé. Dans cette réorganisation, un fil directeur a été suivi

16 allant de la première étape du projet de recherche qu’est la revue bibliographique vers la rédaction finale. Dans l’enchaînement de ces travaux, des supports d’illustration tels que les cartes, figures et schémas de tout genre ont été utilisés.

L’organisation de la rédaction dépend des éléments à discuter dans le rapport. Pour réaliser un travail de qualité, le rédacteur devra faire preuve d’objectivité vis-à-vis des éléments extérieurs ayant un lien au sujet traité. Dans le cas contraire, négliger ces facteurs extérieurs pourrait donner un aspect arbitraire au travail de rédaction.

17 Figure 2. Diagramme des étapes suivies durant ce travail de recherche

D O C U M E N T A T I O N

PLANIFICATION RECHERCHE S BIBLIOGRAPHIQ DE L’ITINERAIRE UES POUR LE TERRAIN (Généralité) TRAVAUX DE PRE- TERRAIN

TRAVAUX DE TERRAIN

Outils de recherche Planning du travail de

Questionnaire d’enquête, terrain en fonction de la carte, écritoire, appareil disponibilité des cibles photo

TRAITEMENT DES DONNEES COLLECTEES

Classement des données en Reclassement des données fonction du degré de en fonction de l’approche traumatisme genre

REDACTION RAPPORT PROVISOIRE

CORRECTION

RAPPORT FINAL

18 Chapitre III Approche socio-contextuelle de la pauvreté et de la résilience communautaire dans le District de Bekily

III . 1 Contexte de pauvreté

La notion de pauvreté est difficile à définir à cause des différents contextes présents dans le pays. Les éléments nécessaires pour essayer de définir une population pauvre sont nombreux d’autant plus qu’ils dépendent de deux éléments fondamentaux et inséparables à l’homme : la notion de subjectivité et d’objectivité. Toutefois, l’essentiel n’est pas de trouver un consensus mais de clarifier ces critères afin de trouver une stratégie de pérennisation de la population.

III . 1 . 1 Référence monétaire

En termes de mesure de la pauvreté, le seuil limite du dollar instauré par le PNUD est utilisé au niveau international. Cette valeur de référence considère que toute personne vivant avec moins d’un dollar par jour est pauvre. Certains auteurs avancent un indice de deux dollars comme seuil de pauvreté (Razafindrakoto et Roubaut, 2001). Un problème subsiste quant à la fluctuation du dollar, ce qui rend les mesures difficilement quantifiables. Dans le Sud de la grande île, la mesure du seuil de pauvreté se heurte à un problème d’ordre matériel sachant que le contexte de vie y est diffèrent de celui des autres régions. En effet, les populations du Sud peuvent vivre sous le seuil du dollar par jour. Pourtant, on ne peut pas dire que ces individus sont pauvres puisqu’un grand nombre d’entre eux possède un cheptel bovin allant en moyenne de 5 zébus jusqu’à 30 zébus. Dans ce cas, l’individu possède un avoir pouvant atteindre une valeur de plusieurs centaines de dollars sans tenir compte des produits dérivés de ces bovidés : production laitière et d’engrais. Les revenus générés par ces bovidés rendent les mesures plus difficiles.

III . 1 . 2 Référence non-monétaire

Un rapport des Nations Unies en 2010 sur le développement humain place la grande île au 135ème rang compte tenu de son IDH très faible (0,435). Ce critère se base sur les paramètres relatifs aux conditions de vie de la population, tels que l’accès au service de base, au logement, à la sécurité physique (poste de gendarmerie) et sanitaire (CSB II), à l’éducation (EPP, CEG, Lycée) et à l’alimentation. Ces paramètres se rapportent tous au bien-être humain. Parmi les conditions énoncées, dans une vision contextuelle de la précarité dans le Sud de Madagascar, l’alimentation, la sécurité et l’état sanitaire sont primordiaux. Donc, l’inaccessibilité à ces derniers constitue un mal-être considéré comme un signe de pauvreté

19 visible. Ces infrastructures de base existent dans cette partie de l’île mais leur nombre est insuffisant par rapport au nombre d’habitant rendant leur accessibilité quasi-impossible.

Pour le cas particulier de l’alimentation, dans la région Androy, 66% des ménages ont un profil d’alimentation « pauvre », 28% des ménages ont un profil d’alimentation « limite » et seulement 3% ont un profil d’alimentation « acceptable » d’après la Figure 3 ci-dessous.

Figure 3. Profils de consommation alimentaire des ménages de quelques régions

Source : Rapport Spécial, Mission FAO/PAM Evaluation de la sécurité alimentaire à Madagascar, Décembre 2010 En effet, les ménages qui ont un profil de consommation « pauvre » basent leur alimentation sur le manioc 5 jours par semaine, du riz 3 jours par semaine et des légumes 3 jours par semaine. Ce régime alimentaire ne satisfait pas les besoins nutritionnels minima et révèle la situation d’insécurité alimentaire des ménages concernés. Par contre, les ménages qui ont un profil de consommation « limite » consomment assez souvent du riz (6 fois par semaine en

20 moyenne), du manioc, des légumes et du sucre un jour sur deux. Ils mettent rarement de l’huile dans leur repas et prennent une fois par semaine des protides (légumineuses ou viandes). Ceux qui ont un profil de consommation « acceptable » mangent du riz tous les jours et des légumes 5 jours par semaine. Ils consomment régulièrement de l’huile et du sucre (5 fois en une semaine) et de la viande et du manioc (3 fois par semaine).

Planche photographique 1. Deux types d’aliments reflétant l’écart entre différents profils alimentaires

Source : Cliché auteur, Février 2016

La majorité des ménages du District de Bekily ont un profil de consommation « pauvre », le climat est loin d’être favorable aux activités agricoles. Ainsi, la majeur partie des aliments consommés par les ménages de cette région provient essentiellement des aides alimentaires fournies par les ONG et les projets de sécurités alimentaires mobilisés dans le Sud comme le montre la Figure 4 ci-dessous.

21

Figure 4. Sources des aliments consommés par les ménages de quelques régions

Source : Rapport Spécial, Mission FAO/PAM Evaluation de la sécurité alimentaire à Madagascar, Décembre 2010

III . 2 Phénomènes de pauvreté dans le District de Bekily

A Madagascar, près de 84% de la population est considérée comme pauvre et vit en milieu rural. Dans tout le District de Bekily, la majorité de la population constitue un effectif d’agriculteur et d’éleveur, c’est-à-dire que cette population travaille la terre dans un secteur agricole dominant mais très peu rentable. Le niveau d’éducation est par conséquent affecté par cette pauvreté, le niveau de scolarisation constitue un facteur très important au développement car les capacités des actifs dans chaque ménage y sont rattachées.

Dans tout le District de Bekily, le niveau moyen de scolarisation correspond à un niveau de la classe de 10ème à 9ème des EPP. Dans certaine classe sociale, il arrive à un niveau plus élevé jusqu’à l’obtention du diplôme de BEPC. Rares sont les personnes en possession du diplôme de Baccalauréat. Cette accessibilité à l’éducation dépend en grande partie de la proximité des établissements scolaires. Le manque de moyens financiers a aussi des effets sur la scolarisation des enfants en âge d’aller à l’école. Les parents, dont la plupart sont déjà en

22 difficulté financière, préfèrent « utiliser » leurs enfants comme main d’œuvre dans l’agriculture. Malgré la faible productivité des activités agricoles en relation avec le climat, ces paysans s’acharnent à travailler la terre car, dans beaucoup de cas, les récoltes constituent leur seule ressource que ce soit au niveau économique qu’alimentaire.

En ce qui concerne la santé publique, la population rurale du District de Bekily est loin d’avoir accès au soin des hôpitaux et CSB II. Ceci se traduit par une faible fréquentation de ces centres de santé par la population rurale. Parmi les facteurs exogènes de l’inaccessibilité à ces services, on peut citer la difficulté de franchissement des routes, l’éloignement géographique et la précarité des personnes en mauvaise état de santé alors que la seule manière d’arriver dans ces lieux de soin reste la marche, marche qui ne fera qu’aggraver l’état de santé des malades. Comme pour la plupart des populations rurales de la grande île, la plupart de la population rurale du District de Bekily fait appel aux remèdes traditionnels à base de plantes médicinales traditionnelles, ce qui explique en partie la faible fréquentation des centres de santé. Ce phénomène est une habitude chez les personnes qui ont une bonne capacité physique car ces soins leurs suffisent généralement. Par contre, les personnes plus chétives, à défaut de moyen de déplacement, doivent attendre dans leur village jusqu’à la rémission dans le meilleur des cas.

Au niveau sécurité, outre les conflits inter communaux dans quelques Communes Rurales du District de Beliky, la sécurité n’est pas à craindre. Cependant, de temps en temps, durant la nuit, il y a des attaques de malaso.

Depuis plusieurs années, l’Etat a mis en place des postes avancés de la gendarmerie dans les grands centres pour prévenir les éventuelles attaques des malaso car durant ces attaques, dont le principal objectif est de voler les zébus, les malaso brulent les maisons et tirent en l’air pour dissuader et intimider la population. Du fait de l’absence des forces de l’ordre et du manque de postes avancés de la gendarmerie dans les zones reculées, l’éradication du phénomène de dahaloisme est impossible.

Ainsi, les quelques critères cités ci-dessus reflètent la réalité constituant les facteurs de pauvreté par rapport au bien-être humain ou par rapport à l’IDH dans le District de Bekily.

III . 3 Conditions climatiques du District : un facteur de pauvreté

Dans de nombreux ouvrages et documents, divers indicateurs citent la Région Androy comme étant la plus pauvre de Madagascar (SoaMad, 2005). Ceci est causé

23 notamment par son climat de type semi-aride tropical avec deux saisons bien marquées : une saison pluvieuse de Novembre à Mars correspondant à la haute saison agricole et une saison sèche d’Avril à Octobre. Ce climat présente une précipitation moyenne annuelle de 400 mm très mal répartie dans l’année : on observe une diminution significative de l’intensité des précipitations de la zone Nord vers l’extrême Sud de la zone littorale. La sècheresse présente une variation périodique tous les huit à dix ans. L’irrégularité pluviométrique combinée avec les variations et l’importance des amplitudes thermiques diurnes entrainent souvent la dégradation du sol ; ce qui n’aide pas du tout les agriculteurs. La Région est soumise à une présence quasi-permanente de vent fort et desséchant du Sud « Tsiokatimo4 » venant des hautes falaises surplombant l’Océan Indien.

A travers l’effet orographique, le vent en provenance du Sud de l’île s’assèche en montant en altitude. Ainsi, le vent se trouve complètement sec à l’arrivé dans la région Androy. Ce phénomène dépossède, non pas uniquement le District de Bekily mais la région de l’Androy toute entière, d’un apport d’humidité et de précipitation très attendu et très utile aux agriculteurs de la région. En raison du manque de précipitation, la région se trouve alors dans des conditions difficiles favorisant le phénomène de pauvreté et de détresse sur le plan alimentaire.

III . 3 . 1 Effets de la température sur le sol

Dans les régions Sud malgaches, la valeur de l’amplitude thermique diurne est très élevée car la température minimale journalière est en moyenne située à 13˚C tandis que la température moyenne maximale peut atteindre 31˚C. Cette différence de température entre le maxima et le minima constitue une agression pour le sol. En effet, d’un côté le sol sera asséché par l’exposition au soleil limitant la productivité agricole et de l’autre côté la dégradation du substrat sera accélérée par l’action thermique.

Une fois complètement asséché et altéré par le rayonnement solaire et la température, le sol sera peu fertile et n’offrira que très peu de récolte aux agriculteurs.

III . 3 . 2 Effets du manque d’eau sur l’agriculture

Le manque d’eau est étroitement lié à la température élevée qui règne dans cette partie de la grande île. L’eau étant un élément principal dans la vie des êtres vivants animaux et végétaux, son manque ne ferait que limiter les activités de productions agricoles ainsi que

4 Appellation pour désigner le vent en provenance du Sud de la région Sud de Madagascar

24 les activités d’élevage. Même si les paysans persistent à mettre en culture leur terre mais que l’eau n’est pas suffisante, les cultures n’auront pas l’opportunité d’exprimer leur potentiel et les rendements seront, par conséquent, sérieusement affectés.

III . 4 Pauvreté et résilience

Le cas de résilience est inséparable des phénomènes de traumatisme car sans traumatisme il ne peut y avoir de résilience laquelle est la capacité à surpasser un traumatisme et à revivre comme auparavant. Dans cette optique, la clef de la pauvreté excessive qui sévit dans le District de Bekily est la résilience.

Dans le cadre des processus de développement et d’amélioration des conditions de vie de la population, les actions à entreprendre ne doivent pas uniquement viser les populations en détresse mais doivent considérer aussi l’anticipation d’un déclin inopiné à l’égard de l’ensemble de la population.

Etudier au cas par cas un phénomène tel que la résilience rendrait la tâche ardue, voire infaisable, alors dans un contexte de pauvreté, la généralisation d’un phénomène à analyser sera efficace à une plus grande échelle, régionale ou nationale.

III . 5 L’insécurité

Dans le District de Bekily, l’un des facteurs les plus déconcertants au niveau social est l’insécurité. Sur les 3 Communes de notre zone de recherche, une Commune est assujettie a des faits d’insécurité, c’est la Commune d’Ambatosola. Des faits marquants se sont produits vers la fin de l’année 2017 selon la population du Fokontany d’Ambatosola Centre et de Fenoarivo Sud car les malaso qui attaquaient la population étaient revenus après quelque mois d’absence. Ces faits ont été réitérés par les chefs Fokontany. Ce phénomène déplorable est le fruit de l’insuffisance des revenus de la population selon le plus grand nombre de questionné lors des travaux de terrain. Actuellement, ce phénomène d’insécurité au niveau de la Commune d’Ambatosola est grandissant vis-à-vis des autres Communes. Dans les Fokontany se trouvant à proximité de la Commune d’Ambatosola l’insécurité est moins flagrante car, d’une part, les centres de concentration de population rendent difficile le vol et l’existence d’une forme de milice locale appelée « Jado5 » freine l’insécurité, d’autre part la préparation des sols pour une nouvelle saison agricole occupe la majorité de la population de tout le District.

5 Volontaire pratiquant les travaux de maintien de la sécurité

25 Par l’expression de l’insécurité au niveau sociale ; différents faits marquent la vie de la population a l’exemple des différents vols allant des cas les plus insignifiant jusqu’au phénomène de dahaloïsme. Bien que l’organisation de la population lutte contre ces phénomènes, les cas de vols sont fréquents.

Les manifestations de cette forme de pauvreté se concrétise par les cas de vol mineur comme les vols à l’étalage dans la journé jusqu’au grand vol de zébu.

26 Dans la Commune d’Ambatosola, dans certains Fokontany autre que celui de notre zone d’étude, un fort taux d’insécurité persiste depuis plusieurs années. Même les forces de l’ordre qui se sont rendus sur place n’ont rien pu faire car les « malaso » étaient armés lourdement.

La Commune Rurale de Besakoa aussi présente des traits d’insécurité mais elle ne touche pas directement la population. Ce phénomène se traduit par des conflits au niveau communal, notamment avec la Commune Rurale d’. Des litiges entre les habitants des différents Fokontany ont conduit à des affrontements, ce qui favorise l’insécurité et le phénomène de vol de zébu dans les zones proches des limites communales.

27 Croquis 1. Zone à risque assujettie à des conflits inter-communaux

28 Conclusion de la première partie

Les Communes Rurales de Besakoa, Tsikolaky et d’Ambatosola sont localisées dans le District de Bekily dans la Région Androy. Se situant entre 45°00’00’ et 45°36’00’ de longitude Est et 24°00’00 et 24°18’00 Sud de latitude, ces trois Communes constituent un foyer de peuplement de population vivant dans des conditions précaires et souvent exposées aux problèmes qu’offrent les conditions climatiques et physiques du District.

Mais pour faire face à ces contraintes, de nombreuses ONG offrent leurs aides pour permettre à ces populations d’améliorer leur condition de vie. Ainsi, l’aspect de résilience est mis en avant à travers l’apport de soutien à la population.

Se basant sur de maigres données lors de la documentation conjuguée à des travaux de terrain, nous avons acquis les quelques notions nécessaires pour traiter notre sujet. Les travaux de terrain étant primordiaux, il a été nécessaire de suivre les étapes notées ci-dessus allant de la recherche bibliographique jusqu’à la synthèse des donnés collectées en passant par les enquêtes auprès des ménages et des autorités locales.

En mettant en place une évaluation des critères de référencement du niveau de vie de la population, la difficulté de catégoriser les personnes dans la détresse constitue un obstacle pour l’apport de développement dans ce contexte de pauvreté. Face à ce contexte de pauvreté de la population et aux diverses contraintes du milieu, dégager les éventuels aspects de la pauvreté est nécessaire pour pouvoir y remédier. Ainsi, de nombreux facteurs entrent en jeux tel que les conditions physiques, climatiques et socio-organisationnelles.

29

PARTIE II. CADRE DE DEVELOPPEMENT PAYSAN DICTE PAR DES CONDITIONS PHYSIQUES DEFAVORABLES

30 Chapitre IV Une originalité démographique, facteur potentiel de développement

IV . 1 Répartition spatiale de la population

Selon les informations collectées auprès du District de Bekily en 2017, 18.601 individus vivent dans les 3 Communes Rurales de notre zone d’étude. Sur un nombre total de 223.577 personnes vivant dans l’ensemble du District de Bekily, les 18.601 individus recensés dans les trois Communes de notre zone d’étude constituent 8,32% de la population total du District. On peut dire qu’il y a une hétérogénéité de la répartition de la population dans le District de Bekily.

Tableau 3. Nombre de population par Commune et distance par rapport au chef lieu de District de Bekily

N° COMMUNE NOMBRE NOMBRE DE DISTANCE DE POPULATION PAR RAPPORT FOKOTANY A BEKILY 1 AMBAHITA 34 18 875 30 km 2 10 3 602 08 km 3 ANTSAKOAMARO 14 6 318 25 km 4 ANIVORANO MITSINJO 12 4 909 55 km 5 ANKARANABO NORD 17 6 601 05 km 6 AMBATOSOLA 13 8 652 27 km 7 BEVITIKY 20 8 259 65 km 8 BELINTO MAHASOA 37 18 249 42 km 9 BETEZA 20 15 025 50 km 10 53 23 665 55 km 11 BESAKOA 09 3 702 09 km 12 MANAKOMPY 25 7 904 20 km 13 TANANDAVA 31 14 995 25 km 14 16 6 053 56 km 15 TSIKOLAKY 17 6 247 21 km 16 VOHIMANGA 09 5 788 45 km 17 AMBATOMAINTY 10 2 894 19 km 18 BEKILY CENTRE 22 28 199 00 km 19 TANAMBAO 09 6 491 16 km TSIRANDRANY 20 22 27 149 50 km TOTAL 400 223 577

Source : District de Bekily, Région Androy 2016

31 Figure 5. Répartition de la population par Commune dans le District de Bekily

AMBATOSOLA AMBAHITA TSIKOLAKY AMBAHITA ANJA NORD BESAKOA ANJA NORD ANTSAKOAMARO ANTSAKOAMARO ANIVORANO MITSINJO ANIVORANO MITSINJO BERAKETA 3,87% ANKARANABO NORD 2,79% 8,44% ANKARANABO NORD 1,66% 1,61% BEVITIKY 2,83% 12,14% 2,20% BEVITIKY BELINTO MAHASOA TANAMBAO 2,95% TSIRANDRANY 3,69% BETEZA 2,90% BEKITRO 8,16% BELINTO MAHASOA MANAKOMPY 12,61% 6,72% TANANDAVA BEKILY CENTRE 1,29% MAROVIRO 2,59% 6,71% 10,58% 2,71% BETEZA VOHIMANGA 3,54% AMBATOMAINTY AMBATOMAINTY VOHIMANGA BEKILY CENTRE MAROVIRO BEKITRO TANAMBAO TSIRANDRANY TANANDAVA BERAKETA MANAKOMPY BESAKOA TSIKOLAKY

Les trois Communes de notre zone d’étude représentent environ 8,32% de la population. Ces trois Communes et leur 8,32% de la population sont en dessous du ratio de norme de répartition.

223.577 individus - 20 Communes

223.577 / 20 = 11.178 individus par Commune

Calcul de la norme des valeurs d’effectif des 3 Communes

11.178 individus par Commune x 3 = 33.534

33.534 - (effectifs de population de notre zone d’étude « 18.601 ») = 14.933 individus

Ici, on peut dire que pour notre zone d’étude, la répartition est nettement située au deux tiers de la norme.

32 IV . 1 . 1 Analyse de la structure par âge de notre zone d’étude

Tableau 4. Structure de la population par âge

Commune Total Homme Femme Tranche d’âge + 60 ans 18-60 6 -17 ans 0 - 5 ans ans Ambatosola 3688 1767 1821 238 1165 1276 909 Tsikolaky 1292 553 739 165 472 376 279 Besakoa 1317 618 699 231 516 329 241 Total 6197 2938 3259 634 2153 1981 1429 Pourcentage 100% 47,41% 52,59% 10,23% 34,74% 31,97% 23,06% Source: Synthèse de donnée des Communes Rurales de Besakoa, Tsikolaky et Ambatosola

Figure 6. Structures de la population par âge

10,23% 23,06% 0- 05 ans 06-17 ans 34,74% 18-60 ans plus de 60 ans 31,97%

Pour la structure par âge de la population en 2016, les Communes Rurales de Besakoa, Tsikolaky et d’Ambatosola sont marquées par une grande jeunesse. Cette marque est caractéristique des zones rurales du Sud de Madagascar. Pour notre zone d’étude, cette jeunesse peut être à la fois un atout et un frein au développement. En effet, dans les Communes constituant notre zone d’étude, une tranche de la population de 18 à 60 ans représente 34,74% de la population active d’où une main d’œuvre dynamique pour les différentes activités.

S’ajoutant à cela, une proportion des moins de 18 ans constituent 55,03% de la population. Cette proportion constitue un frein au développement car ils sont des charges pour la population active. Les plus de 60 ans sont d’une faible proportion car ils ne représentent que 10,23% de la population totale.

33 IV . 1 . 2 Analyse de la structure par sexe de notre zone d’étude

Tableau 5. Structure de la population par sexe

Commune Total Homme Femme Tranche d’âge + 60 ans 18-60 6 -17 ans 0 - 5 ans ans Ambatosola 3688 1767 1821 238 1165 1276 909 Tsikolaky 1292 553 739 165 472 376 279 Besakoa 1317 618 699 231 516 329 241 Total 6197 2938 3259 634 2153 1981 1429 Pourcentage 100% 47,41% 52,59% 10,23% 34,74% 31,97% 23,06% Source : Synthèse de donnée des Communes Rurales de Besakoa, Tsikolaky et Ambatosola

Figure 7. Structures de la population par sexe

Homme 47,41% 52,59% Femme

Au niveau de la structure par sexe dans notre zone d’étude, ce paramètre est marqué par un faible écart entre le nombre d’homme et le nombre de femme. Ce qui permet d’avancer une forme équilibrée au niveau de l’augmentation du nombre de la population.

Si nombre de femme très élevé, forte possibilité d’accroissement du nombre de la population.

Si nombre d’homme très élevé, risque d’un faible taux d’accroissement naturel.

IV . 2 Contraste entre densité de la population du District et de la zone d’étude

Pour le District de Bekily, une étude de la répartition de la population est essentielle pour situer le niveau d’occupation spatiale au niveau des trois Communes Rurales de notre zone d’étude. D’une superficie de 5.223 km2, le District de Bekily est constitué par 19 Communes dont la population est estimée à 223.577 individus en 2014. Dans le District de

34 Bekily, dont la densité moyenne est de 42 habitants par km2, une hétérogénéité est observée car la densité varie au niveau de chaque Commune.

Tableau 6. Comparaison des valeurs de la densité de la population du District et de notre zone d’étude

Zone à analyser Effectif de la population Superficie Densité approximative District de Bekily 223.577 5.223 km2 42 hab/km2 CR de Besakoa 3.702 84,931 km2 43 hab/km2 CR de Tsikolaky 6.247 153,882 km2 40 hab/km2 CR d’Ambatosola 8.652 178,535 km2 48 hab/km2 Source : Donnée du District et QGIS

La Commune Rurale de Tsikolaky avec sa densité de 40 hab/km2 est la plus aérée au niveau du peuplement car sa densité permet à la population d’avoir plus de superficie et donc plus de choix de terrain pour l’agriculture. Ceci s’explique par la nature infertile du sol de la Commune contraignant la population à chercher d’autre zone d’accueil.

La Commune Rurale de Besakoa est la plus proche de la moyenne du District avec une densité de 43hab/km2. Ce phénomène s’explique par une bonne répartition de la population face à une superficie assez restreinte de la Commune.

La Commune Rurale d’Ambatosola est la plus saturée avec une densité moyenne de 48 hab/km2. A cause de la nature plus arable du sol dans cette Commune, un mécanisme de déplacement de population est présent, ce depuis plusieurs années.

Ainsi l’attrait de la masse paysanne vers un environnement plus viable et l’abandon des conditions de production contraignantes constituent un moteur du dynamisme migratoire au sein de notre zone d’étude.

IV . 3 Bilan migratoire de la population

Lors des travaux de collecte des données auprès des chefs Fokontany dans la Commune Rurale d’Ambatosola, le Maire de la Commune a montré un flux de déplacement d’une centaine d’individus d’une Commune Rurale voisine vers sa Commune.

Le Maire et les quelques chef Fokontany expliquent ce phénomène, d’une part par la différence de point de vue et la mauvaise gestion soit de leur Fokontany soit de leur Communes d’origine, d’autre part par la nature fertile du sol dans la Commune d’accueil.

35 Ils ajoutaient que ce ne sont pas des cas isolés et que, chaque année, de grands déplacements de masse villageoise se font, soit à cause de l’insécurité, soit par manque de terrain de culture d’où la nécessité de trouver une meilleure zone d’accueil en vue d’améliorer leurs activités agricoles et d’élevages.

Dans les Communes Rurales de Besakoa et de Tsikolaky, des mouvements migratoires sont aussi présents mais ils dépendent des accès à l’eau pour l’agriculture du fait de la sécheresse et du manque de précipitation.

Il est difficile de comptabiliser le nombre exact de personne déplacée chaque année dans les trois Communes de notre zone d’étude, ceci s’explique en partie par le manque de suivi et le non enregistrement de certaine personne dans les Fokontany. D’un coté, ce manque de suivi se traduit par le regroupement familial de certains individus dans leur lieu d’accueil d’où une augmentation subite de la pression démographique. De l’autre coté, ce mouvement induit une insuffisance de production et de terrain de culture engendrant le retour des migrants ou le départ de nouveaux individus. Ainsi, ce mouvement migratoire constitue un élément central du dynamisme démographique, dynamisme qui influence la composition et la diversification culturale et culturelle du Sud de Madagascar.

Un autre facteur favorise la mobilité spatiale et le déplacement des masses de population. Le mariage, qui est une forme d’engagement social et culturel, crée dans sa pratique un mécanisme qui oblige la femme à suivre son mari dans l’union de deux personnes dans le District de Bekily (à majorité Antandroy6). La femme est donc obligée de quitter son foyer pour suivre son mari même à des milliers de kilomètre de distance. Mais le problème est que l’homme peut la rendre à ses parents et en choisir une autre en échange d’une chèvre ou d’un zébu à bosse. Dans un autre cas de figure, l’homme déjà marié peu prendre une autre femme et l’épouser. Dans tous les cas, il y a là un mouvement de déplacement, donc une mobilité spatiale de la population.

6 L’une des 18 ethnies originaire du Sud Malgache 36 Chapitre V Cadre de développement des communautés fortement conditionné par le milieu physique

V . 1 Facteur d’occupation du sol

Dans le District de Bekily, bien que l’accès au terrain de culture soit difficile, les facteurs d’occupation du sol le sont encore plus. Ce phénomène s’explique par le manque de terre arable pour la pratique des activités agricoles. L’occupation du sol est conditionnée par 2 grands facteurs physiques : l’une est l’existence de point d’eau nécessaire pour arroser les cultures, l’autre est la fertilité du sol.

Dans notre zone d’étude, ces 2 paramètres varient en fonction de chaque Commune : la Commune Rurale d’Ambatosola présente un atout majeur en raison de la présence de grande superficie de bas-fond très fertile. Pour la Commune de Besakoa, c’est la présence des affluents du Menarandra qui facilite l’agriculture. Mais la Commune de Tsikolaky est très handicapée car elle n’a ni terre arable ni point d’eau.

Planche photographique 2. Aspect physique du sol dans notre zone d’étude

Source : Cliché auteur, Février 2016 (à gauche) et Octobre 2017 (à droite)

Sur la planche photographique n°2, on constate que le type de sol dans notre zone d’étude est de type latéritique rouge très riche en fer. Conjugué aux conditions climatiques sèches de cette zone, ce sol devient compact et dur, ce qui le rend difficile à travailler.

Dans cette zone, les affleurements rocheux sont nombreux et lors de la décomposition de ces roches la nature du sol se trouve être modifiée par l’ajout d’élément provenant des affleurements rocheux.

A travers la lecture de la Carte n°2, nous pouvons avoir une vue d’ensemble de la nature du substrat principalement dominé par une roche de type léptynites à graphite et à grenat qui est

37 riche en potassium. Or ce sont principalement les plantes à tubercule qui ont besoin de potassium pour leur développement. Ainsi, la forte concentration en potassium dans le sol lui confère un caractère unique. Un autre aspect de ce substrat est la présence de bloc de roche dans le sol (quartzite), ce qui rend son travail difficile et ardu.

Carte 2. Présentation géologique du substrat dominant dans les 3 communes

Source : BNGRC, BD500, 2011 ; OSM, 2015

38 V . 2 Accès aux terrains de culture

Dans le Sud de Madagascar, comme dans la majeure partie de l’ile, l’agriculture est l’une des bases de l’économie rurale. Mais cette activité est menacée dans le District de Bekily à cause du manque de terrain destiné à accueillir les différents types de cultures. Ce problème d’accès au terrain de culture persiste depuis longtemps au niveau de la paysannerie. Face à l’augmentation du nombre de la population, les activités agricoles n’arrivent plus à subvenir au besoin de la population. Notons qu’en moyenne une famille est constituée de 5 individus et que la production de manioc, qui est la base de l’alimentation de la population, doit être supérieure ou égale à 4 « ravinala7 » ou une charrette, ou 4 sacs de 250 kilogramme pour suffire une année.

Mais pour atteindre cette quantité, un agriculteur doit cultiver environ 1,5 Ha de terrain et ceci dans un délai très limité de temps correspondant à la période de pluie. Du fait de la nature du sol dans le Sud de Madagascar, plus précisément dans la Région Androy, il est difficile de trouver un terrain apte à accueillir différentes cultures. Même si l’agriculteur trouve un terrain pour le manioc lequel s’adapte à presque tous les types de sol, il ne trouve pas intéressant de l’acquérir car ce terrain dispose de potentialités très limitées. Pour pouvoir pratiquer une agriculture variée, le sol doit être apte à recevoir tous types de culture car l’agriculteur ne plantera pas seulement le manioc, il effectuera aussi après récolte une rotation de culture comme le maïs ou la patate douce.

Un problème autre que le manque de terre fertile influence les activités des paysans car la prolifération très rapide de l’Opuntia ou « raketa » diminue l’accès à la terre. Face à ce phénomène, l’agriculteur est en danger car le « raketa » est très difficile à éradiquer. Juste en le coupant, il ne meurt pas mais continue à pousser malgré le manque d’eau et la température écrasante.

En moyenne, le « raketa» progresse dans un environnement sec et chaud de 1 m2 en un espace de 5 mois.

V . 2 . 1 Mode de faire valoir des terres

Dans le District de Bekily, bien que la sécurisation foncière n’existe pas réellement, certains paysans affirment posséder de grand terrain. Mais à défaut de moyen de travailler la terre, ils prêtent occasionnellement toute ou une partie de leur parcelle contre de l’argent ou une partie de la récolte.

7 Appellation donnée à une méthode de quantification des récoltes 39 V . 2 . 1 . 1 Le fermage

Le fermage est une pratique très fréquente dans notre zone d’étude surtout pour les bas-fonds très fertiles et de taille variable en fonction de la localité.

Dans un environnement où les terres arables sont rares, les détenteurs de grande surface cultivable mettent en location au profit d’autre agriculteur une partie de leur terre. En contre partie, l’exploitant lui versera une somme d’argent en guise de loyer ; tout ceci sans prendre compte des problèmes liés à la production en cas de mauvaise récolte. Généralement, l’exploitant règle le paiement de son bail au moment du labour, avant même la préparation du sol.

V . 2 . 1 . 2 Le métayage

Le principe est le même que pour le fermage, c’est-à-dire louer la terre à un exploitant à des fins de productions. En contre partie, une partie de la récolte au préalable définie en quantité sera reversée au propriétaire domanial en guise de loyer. Cette pratique est assez rare car les agriculteurs, par faute de moyens financiers, préfèrent s’associer entre eux pour le fermage. Ainsi, la charge financière se verra divisée et ils auront la totalité de la récolte.

V . 3 Activité culturale dépendant du milieu

Dans le Sud malgache, le mode de vie de la quasi totalité de la population dépend en grande partie des facteurs qu’offre le milieu. Sachant que, d’une part, les conditions climatiques du Sud de Madagascar (voir Diagramme de précipitation, Courbe de température maximum) déterminent les activités les plus adaptées au climat sec, d’autre part la nature du sol (voir Présentation géologique du substrat dominant dans les 3 Communes de la zone d’étude) dans cette même zone d’étude contraint la population à se limiter à des pratiques agricoles anciennes ; pratiques lesquelles sont fortement dominées par la culture de manioc.

La courbe ombro-thérmique du District de Bekily montre la faiblesse de la valeur pluviométrique au cours des 30 dernières années. Les mois les plus avantageuses pour l’agriculture se situent entre décembre et mars, la valeur de la précipitation atteint à peine 70 mm. Le reste de l’année, soit 8 mois, les précipitations sont très faibles variant de 20 mm à 5 mm.

40 Tableau 7. Valeur des témpératures maximales, minimales et précipitations du District de Bekily (1983-2015)

Mois Précipitation en Température Température Température mm maximale en C° minimale en C° moyenne en C° Janvier 58 33,1 19,9 26,5 Février 72 33,2 19,9 26,55 Mars 46 33,2 18,4 25,8 Avril 17 32,3 17,7 25,0 Mai 09 29,5 14,0 21,75 Juin 01 26,6 11,4 19,0 Juillet 07 26,5 10,2 18,35 Aout 03 26,6 10,5 18,55 Septembre 01 31,8 12,2 22,0 Octobre 4 32,7 14,4 23,55 Novembre 20 33,7 16,6 25,15 Décembre 46 34,2 18,3 26,25 Source : Synthèse de donnée à partir du site MAPROOM Direction Generale de la Météorologie

Figure 8. Courbe ombro-thérmique du District de Bekily (1983-2015)

80

70

60

50

40 Precipitation en mm 30 Tmpéraure moyen en C° 20

10

0

Source : Synthèse de donnée à partir du site MAPROOM Direction General de la Météorologie

Selon le principe de Gaussen qui s’exprime par la formule suivante p = 2t, cette formule différencie deux régimes pluviométriques en mois sec et mois humide. Le double de la valeur de la température moyenne à un instant T exprime les mois humides, tandis qu’une valeur de précipitation inférieure à 2 fois la température moyenne indique les mois secs. A travers ce principe, l’analyse de la courbe ombro-thérmique du District de Bekily montre un déséquilibre au niveau du régime pluviométrique. Le nombre de mois sec est dominant avec 41 10 mois de Mars à Décembre, tandis que les mois de Janvier et Février sont les seuls mois humides. Par contre, on constate que les mois précédant et succédant les mois humides sont proches mais inférieurs à la valeur limite du principe de Gaussen donnant ainsi une graduation progressive entre niveau de la pluviométrie en partant des mois secs vers les mois humides.

Tableau 8. Comparaison entre précipitation et valeur des températures moyennes mensuelles

Mois Jan Fev Mar Avr Mai Juin Juil Aout Sept Oct Nov Dec Précipitation 58 72 46 17 09 01 07 03 01 04 20 46 2 fois 53 53,1 51,6 50 43,5 38 36,7 37,1 44 47,1 50,3 52,5 Température moyenne Source : Synthèse de donnée climatique de MAPROOM Direction Générale de la Météorologie

Croquis 2. Profil topographique Est Ouest de la partie Sud de Madagascar

Source : Conception auteur, Fevrier 2018

42 Ce profil topographique montre que le District de Bekily est bien centré vis-à-vis des côtes Est, Ouest et Sud. A sa droite, le District de Bekily fait face à la chaine Androyen (Petit, 1998) le long de la côte Est. Culminant à 1798 m d’altitude, cette chaine conditionne climatiquement sa partie occidentale à travers un effet orographique appelé effet de Foen.

L’effet de Foen se manifeste par la perte d’humidité de l’air au fur et à mesure qu’il monte en altitude. Cependant, un vent de l’Est appelé Alizé, un vent humide, décharge son humidité en montant et en franchissant la chaine Androyen. Arrivé sur le District de Bekily, l’air est sec expliquant le manque de précipitation dans ce District.

V . 4 Accès a l’eau

Dans une région où l’accès à l’eau est fonction des conditions climatiques, la population souffre du manque d’eau sur différent plan. Sur le plan productivité agricole, l’agriculture dépend des précipitations, mais ici l’aspect qui nous intéresse est l’accès à l’eau destinée à la consommation. Dans un cadre de développement de population atteint de déficit en production alimentaire, l’accès à une eau saine et potable est primordial. Sur un point de vue purement sanitaire, l’eau consommée dans notre zone d’étude provient dans la plupart des cas des cours d’eau et des puits. Or la contamination des ces points d’eau est facile car, pour un cours d’eau, il suffit qu’en amont un individu déverse des déchets pour qu’en aval la contamination se fasse. Pour les puits, c’est l’infiltration qui salisse ces points d’eau sachant que la nature du sol (en grande partie constitué de sable) facilite l’infiltration.

Dans notre zone d’étude, seul un faible pourcentage de la population a un accès à des points d’eau sûrs mais pour une grande partie l’utilisation de puits et de cours d’eau reste leur seul option. Ainsi, sur les 9 Fokontany de notre zone d’étude, 4 Fokontany ont accès à des bornes fontaine à motricité humaine tandis que 4 Fokontany puisent leur eau dans des puits traditionnels et 1 Fokontany puise de l’eau dans l’un des affluents du Menarandra.

Planche photographique 3. Source d’eau non hygiénique à disponibilité de la population

Source : Cliche auteur, Septembre 2016, Février 2016

43 V . 5 Accès a l’éducation

Dans le District de Bekily tout comme dans la Région Androy, le taux de scolarisation est très faible au niveau des écoles primaires de la région et il est d’autant plus faible dans les lycées et les collèges.

En générale, les parents considèrent la scolarisation comme un mode de vie réservé pour les classes aisées. Dans notre zone d’étude, la Commune Rurale de Tsikolaky et Ambatosola, le taux de fréquentation des écoles primaires ne dépasse pas le 1/3 de l’effectif recensé. Mais pour la Commune Rurale de Besakoa, cet effectif atteint les 55% des enfants en âge d’être scolarisé. Ceci s’explique par sa proximité avec le chef lieu de District de Bekily qui possède de nombreuses infrastructures dédiées à l’éducation au niveau primaire. Cette forte fréquentation s’explique aussi par le mode de vie de la population de Besakoa qui, contrairement aux Communes Rurales de Tsikolaky et d’Ambatosola, vie d’activités autres que l’agriculture. Sachant que l’agriculture nécessite beaucoup de travail, donc de mains d’œuvre importante, les enfants dans les Communes Rurales de Tsikolaky et d’Ambatosola sont sollicités pour le travail de la terre et d’autres activités en lien avec l’agriculture.

Il n’y a pas que l’agriculture qui freine l’éducation des enfants, l’élevage constituerait aussi un frein. En effet, les enfants dont les parents possèdent du bétail partent dans les champs pour garder les animaux, on les appelle « mpiarakandro8 ». Contrairement aux activités agricoles et aux mains d’œuvres que constituent les enfants, les enfants « mpiarakandro » sont plus handicapés car il n’y a pas d’arrêt d’activité ou de saison pour la surveillance du bétail alors que pour l’agriculture ce sont les saisons qui rythment les activités agricoles.

8 Se dit de celui ou celle qui est charger de surveiller le bétail dans les champs 44 Croquis 3. Aire d’influence des établissements scolaires

45

Malgré une faible fréquentation des écoles, le manque accru d’infrastructure pose problème au niveau de l’éducation. Même avec un faible taux de scolarisation, les élèves se tassent encore dans les salles de classe.

Pour ce qui est du niveau de déscolarisation des élèves, les parents n’envoient plus leurs enfants à l’école dès qu’ils savent lire et écrire ; ce qui correspond à la classe CE2 ou en troisième année. Au-delà, l’éducation est vue comme une futilité et une perte de temps.

Planche photographique 4. E.P.P dans la Commune Rurale de Tsikolaky, Fokontany Antenindahy I et II

Source : Cliché auteur, octobre 2017

Sur cette photo nous pouvons constater les conditions précaires de l’éducation dans les zones reculées dans le District de Bekily.

Tableau 9. Taux de fréquentation des écoles par rapport à leur degré d’éloignement

Commune Rurale Fokontany Effectif d’enfants Centre scolaire Proximité du scolarisé centre scolaire Besakoa Centre 24 enfants / 32 Besakoa Centre 2km Commune Rurale Bevoa II 20 enfants / 42 Bekily Centre 4 km de Besakoa Fenoarivo II 16 enfants / 35 Fenoarivo II 0,5 km Tsikolaky Centre 17 enfants / 40 Tsikolaky 2 km Commune Rurale Tsikolaky II 09 enfants / 38 Centre de Tsikolaky Antenindahy 11 enfants / 43 Antenindahy 3 km Ambatosola Centre 11 enfants / 42 Ambatosola 2 km Commune Rurale Fenoarivo Sud 19 enfants / 37 Centre 3 km d’Ambatosola Anadabolava 22 enfants / 35 Anadabolava 4 km Source : Enquête au niveau des écoles

46 V . 6 Accès aux équipements et infrastructures sanitaire

V . 6 . 1 Centre de santé

La disponibilité des infrastructures sanitaires de base est un facteur clef pour une bonne santé de la population. A travers l’implantation de centre de santé de base au niveau de chaque Commune Rurale, la proximité de médecin constitue une aubaine pour la population pour le traitement et prévention sur le long terme des maladies telles que le paludisme et les toux persistants.

Sur les 3 Communes de notre zone d’étude, chaque Commune dispose de Centre de Santé de Base. Pour les Communes de Tsikolaky et de Besakoa, leur CSB sont bien fonctionnel mais pour celle d’Ambatosola, il n’y a pas de médecin. Pour les localités où il n’y a pas de médecin, une personne formée par les médecins des ONG ou des CSB prend la relève. Ainsi, ils peuvent traiter des maladies à travers le traitement symptomatique.

Un fait marquant la vie de la population se traduit par la fréquentation régulière de ces infrastructures. Un taux de fréquentation vertigineux de 80%, soit 86 ménages sur 108 ménages, a même été enregistré à un moment.

La vulnérabilité de la population est ainsi prouvée. En effet, la population est sensible mais résistante car malgré un fort taux de consultation médicale, leur résistance physique est considérable. Un individu peu tombé malade plusieurs fois à cause de sa sensibilité aux maladies, mais dans les cas d’insuffisance financière l’individu en question reste dans sa maison en attendant la guérison.

Planche photographique 5. CSB II de la Commune Rurale de Tsikolaky et d’Ambatosola

Source : Cliché auteur, octobre 2017

47 V . 6 . 2 L’utilisation des toilettes

Dans une région où la construction de toilette est très mal vue, voire tabou, la vulgarisation de l’utilisation de toilette est un vrai défi et reste l’une des priorités des ONG en terme sanitaire. Pour éradiquer l’utilisation de fosse perdue qui est facteur de transmission de maladie, des efforts ont été remarqués auprès de la population. Initié par les autorités locales, le phénomène prend peu à peu de l’ampleur et les fosses perdues commencent à être délaissées par la population au profit des toilettes publiques et des toilettes classiques. Sur un nombre total de 36 ménages d’une Commune, l’usage de toilette durant le mois d’octobre 2017 est équivalent à 2 ménages. Malgré les sensibilisations et à défaut de moyen, une partie de la population utilise toujours des fosses perdues.

48 Croquis 4. Localisation des infrastructures sociales

49 Chapitre VI Activités et domaines d’intervention des ONG dans les Communes Rurales de Besakoa, Tsikolaky et Ambatosola

VI . 1 Principales activités dans les différentes Communes Rurales

VI . 1 . 1 Commune Rurale de Besakoa

Dans un contexte de proximité avec le chef lieu de District de Bekily, un grand nombre de population vivant dans la Commune Rurale de Besakoa vie à moins de 5 km du centre ville de Bekily. Cette position induit fortement un dynamisme qui pousse la population à axer leurs activités vers le centre ville. Durant les travaux d’enquête, une bonne partie des activités de la population consiste à vendre du combustible dans la ville de Bekily. Ces combustibles se classifient en deux catégories : le bois de chauffe et le charbon. Selon les enquêtes réalisées auprès de la population, sur 36 ménages, 20 ménages représentent 55% de la population. C’est la forte concentration de population engendrant une forte demande en combustible et la proximité entre la ville de Bekily et la Commune Rurale de Besakoa sont les raisons pour lesquelles la population de cette dernière a concentré une partie de son activité en ville. Sur ces 20 ménages, 8 fabriquent du charbon, soit 22,2% de la population, et 12 ramassent et coupent du bois pour la revente soit 33,3% de la population. Mais une partie de ces 20 ménages pratique ces deux activités à la fois, elle représente un effectif de 3 ménages soit 8,3% de la population.

Outre la fabrication de charbon, l’agriculture prime sur toutes les activités de la population. Prioritaire dans l’occupation du sol, la culture de manioc est presque inévitable pour l’agriculteur de la Commune Rurale de Besakoa car la base de l’alimentation de la population est le manioc. Sur la quasi totalité des personnes enquêtées de la Commune, près de 35 ménages sur les 36 enquêtés se nourrissent exclusivement de manioc soit environ 97,2% de la population. Les 2,8% restants classés aisés consomment quotidiennement du riz.

Si la culture du manioc prime, les cultures de rente se classent en second. Du fait de l’attrait de la population sur une source de liquidité, la culture de rente est considérée par la population comme un moyen de subvenir au besoin autre que la nourriture. Il existe deux types de culture de rente dans la Commune de Besakoa : celle de l’oignon et de l’arachide mais c’est l’arachide qui intéresse le plus la population. Au cours des travaux d’enquêtes, tous les ménages affirment pratiquer la culture d’arachide, soit 100% de la population. Mais par rapport au manioc, la superficie cultivée est bien inferieure allant de 0,05Ha jusqu’à 2Ha.

50 Même ceux qui n’ont pas de terre cultivent l’arachide à travers la pratique du métayage ou fermage.

Dans la Commune de Besakoa, outre la culture pour l’autoconsommation, la population réalise aussi des cultures de contre saison à l’exemple du bred, de la tomate, des concombres et même de la carotte qui ne pousse que dans les rares sols humides. Considérés comme appui partiel au moyen de subsistance, ces produits sont majoritairement destinés pour la vente. Ainsi, les cultures de contre saison constituent un moyen de s’acquérir des produits de première nécessité autre que la nourriture.

L’élevage dans la Commune Rurale de Besakoa est assez limité car durant les travaux d’enquêtes, à peine 2 ménages sur les 36 enquêtés possèdent un zébu, représentant par 5,5% de la population. Ceci a été affirmé par une entrevue avec les chefs quartier et le Maire de la Commune. Selon un chef quartier dans la Commune, Tsihaligno : « pour pouvoir s’acquérir d’un zébu, il faut des années de bonne récolte et savoir faire preuve de sacrifice ».

Pour l’élevage d’ovin et de caprin, il est plus important que celui du zébu car en moyen un quart du nombre total de la population en possède au moins un.

Dans la Commune de Besakoa, l’élevage est perçu comme forme de garantie financière. Un individu ayant un ou plusieurs têtes de bovidés est déjà considéré comme aisé car l’individu peut, en cas de besoin, vendre son bien et obtenir une importante somme d’argent.

Il est à noter que malgré un faible taux de possession de bovin dans la Commune, on observe un grand nombre et de grand parc à zébu. Selon les dires de la population, ces cheptels ne leur appartiennent pas mais sont aux résidents aisés de la ville de Bekily. En échange de l’élevage de ces bovidés, les propriétaires prêtent leurs bêtes pour le travail de la terre.

VI . 1 . 2 Commune Rurale de Tsikolaky

Éloigné du grand centre, les activités dans la Commune Rurale de Tsikolaky sont plus constituées par l’agriculture de rente. En effet, durant nos travaux de terrain, on a pu constater que la principale activité de la population de la Commune Rurale de Tsikolaky est plus axée sur les cultures de rentes, notamment ceux de l’oignon et de l’arachide. Le pourcentage des ménages travaillants la terre pour la production de denrée alimentaire avoisine les 99%. Sur les 36 ménages enquêtés dans les 3 Fokontany, tous affirment vivre de l’agriculture mais tous aussi affirment la présence d’une minorité aisée dit « démarcheur » et « collecteur ». Sur les données recueillies, 30 ménages sur 36 enquêtés (soit 83,3% de la population) vivent

51 principalement de la production de manioc. Sur ces 36 ménages, 21 ménages cultivent l’arachide sur une superficie variant de 0,5Ha à 3Ha. Contrairement aux cultures d’oignon dominant dans la Commune Rurale de Besakoa, c’est l’arachide qui prime au niveau de l’agriculture de la Commune Rurale de Tsikolaky. Mais par manque de terrain de culture, la production se trouve très limitée.

Selon une hiérarchisation des types de culture dans la Commune Rurale de Tsikolaky et d’après la population locale, la culture à laquelle on alloue la plus grande superficie est le manioc. En seconde place vient l’arachide suivi de l’oignon, de la patate douce, du mais et du sorgo. Un paradoxe subsiste entre culture dominante en superficie et culture à forte productivité. En effet, le gain issu des cultures de rentes aux yeux de la paysannerie est nettement plus attrayant face à la culture d’autoconsommation.

La Commune Rurale de Tsikolaky, haut lieu d’échange durant les jours de marché, sert à la population locale de point d’accès à une source de revenu. Du fait de son éloignement du grand centre comme la ville de Bekily, elle se transforme en plateforme d’échange reliant les 17 Fokontany et ces 6.247 habitants. Principalement axé sur la vente de produit issu de l’agriculture locale, une forme de mécanisme entre producteur démarcheur et collecteur s’est mise en place donnant à la population locale l’opportunité d’écouler sans trop de mal une part de leur récolte, voire la quasi-totalité de leur production.

Au niveau de l’élevage, la Commune Rurale de Tsikolaky présente un atout considérable. Une forte concentration de bovidé est présente car pour obtenir de grande surface cultivable en un délai très limité, l’utilisation de moyen plus sophistiqué qu’est la charrue à zébu est importante. Ainsi, la paysannerie s’investit de plus en plus dans l’achat de bovidé. En général, presque dans chaque Fokontany, il y a un parc à zébu contenant 10 à 50 têtes. Ce constat est le fruit d’une enquête au niveau des autorités locales mais non des propriétaires de peur de répondre aux questions de possession de bétails. Pour l’élevage ovin, caprin et porcin, la pratique est nettement moins appréciée car le porc, la chèvre est dit « fady »pour une partie de la paysannerie. En moyenne, on dénombre pour les 3 Fokontany environ 43 têtes de zébu par Fokontany repartie de manière plus ou moins équitable se traduisant comme suit :

- Fokontany Tsikolaky Centre : 32 têtes - Fokontany Tsikolaky II : 44 têtes - Fokontany Antenindahy : 52 têtes

52 En revanche, les animaux de basse cours tels que la poule, le coq, la jarre ou le dindon sont fortement appréciés. Elles constituent, pour le plus grand plaisir de la population, un issu de secours en cas de problème car leur vente est plus rapide et ne nécessite aucune paperasserie comme pour les bovidés. Néanmoins, en cas de maladie, un poulailler peut être complètement éradiqué à défaut de vaccination.

En ce qui concerne les activités autres que l’agriculture et l’élevage, la Commune Rurale de Tsikolaky ne bénéficie d’atout comme la Commune Rurale de Besakoa. Aucune autre activité ne peut être pratiquée dans la Commune de Tsikolaky à l’exemple de la commercialisation de bois de chauffe et de charbon car il n’existe qu’un faible espace boisé dans toute la Commune de Tsikolaky.

VI . 1 . 3 La Commune Rurale d’Ambatosola

Situé exactement à 27,4 km du chef lieu du District de Bekily, la Commune Rurale d’Ambatosola tire son originalité de ses vastes bas-fonds qui servent principalement de rizière. Entre nos 3 zones d’études, c’est la plus conséquente en termes de productivité. Entre les 3 Fokontany, l’une d’elle se situe entre la ville de Bekily (à 22 km) et la Commune Rurale d’Ambatosola (à 5,4 km). Les 2 autres Fokontany se situent, quand à eux, à proximité de la Commune Rurale d’Ambatosola. Commune ayant le plus grand nombre de population parmi les 3 zones, Ambatosola est un grand producteur de riz, elle peut être considérée comme grenier à riz de Bekily.

Malgré sa force de production en riz, Ambatosola n’échappe pas à la pratique de la culture de manioc, du maïs, de la patate douce et d’autre culture de rente comme l’arachide et l’oignon.

Lors de nos travaux d’enquêtes, parmi 36 ménages enquêtés, 34 ménages (soit 94,44% de la population) pratiquent la culture du manioc, suivie du maïs, de la patate douce, de l’oignon, de l’arachide et du riz. Le riz constitue pour un grand nombre de la population une source de revenu plus ou moins stable (dépendant des aléas climatiques). En produisant du riz, en spéculant, on peut avoir l’assurance d’une stabilité financière en période de soudure juste en vendant les stocks de riz.

Une hiérarchisation des cultures basées sur la subsistance et la survie de la population est prioritaire car, de cette manière, les activités à entreprendre dépendront principalement des besoins primaires de la population. Ainsi, lors des enquêtes réalisées au niveau des ménages,

53 tous affirment que la priorité absolue est la nourriture ; l’économie pour d’éventuelles actions futures (les fêtes, mariage, naissance) ne vienne qu’après.

Au niveau de l’élevage, lors des travaux d’enquêtes réalisés dans la Commune Rurale d’Ambatosola, malgré un dénie de la population sur la possession d’animaux tels que le zébu, la chèvre ou le cochon, les autorités affirment avoir de grand cheptel bovin, mais le nombre exact et la répartition n’ont pas été révélés apparemment pour des raisons de sécurité.

VI . 2 Réadaptation des cultures en fonction des réalités climatiques

A travers l’analyse de ces différents aspects et nature des activités dans les 3 Communes Rurales qui constituent notre zone d’étude, la réalisation d’un calendrier cultural a permis de mieux comprendre l’interaction entre les conditions climatiques telles que la précipitation et le moment propice pour le travail de la terre.

En ce qui concerne les activités autres que l’agriculture, l’élevage prend aussi une place importante car il est pratiqué par la majorité de la population, tout comme l’agriculture. L’élevage prend son inscription dans les activités des ruraux à travers un grand nombre de cheptel bovin, ovin, caprin et porcin sans compter les animaux de bassecours.

Selon les autorités locales, chaque année, un comptage des avoirs de la population est effectué pour pouvoir suivre l’évolution ou la régression des activités de la population. Mais les données fournies et collectées au moment des travaux de terrain sont contradictoires d’où une impossibilité de valider les résultats des enquêtes auprès des autorités locales. Par contre, lors des travaux de terrain, certaines personnes ont avoué que les chiffres qui nous ont été fournis dataient de plusieurs années sans jamais être mis à jours.

Ainsi, les donnés recueillies se traduisent par la présence massive de zébu. En moyen, la répartition des bovidés est d’environ 1 zébu pour 2 ménages. Dans la plupart des cas, le zébu est destiné à labourer la terre et à tirer la charrette. Par contre, le taux de possession et très hétérogène car il y a une inégalité sur la répartition.

54 Tableau 10. Calendrier cultural de notre zone d’étude réadapté aux variabilités climatiques

CALENDRIER CULTURAL DE LA REGION ANDROY

PRECOCE NORMALE TARDIF SEMIS RECOLTE SEMIS RECOLTE SEMIS RECOLTE MAIS OCTOBRE JANVIER FEVRIER DECEMBRE FEVRIER MARS SORGHO OCTOBRE JANVIER FEVRIER DECEMBRE MARS AVRIL JANVIER FEVRIER MAI JUIN NOVEMBRE DECEMBRE MARS AVRIL MAI RIZ JANVIER FEVRIER JUIN

DECEMBRE ARACHIDE OCTOBRE JANVIER NOVEMBRE FEVRIER JANVIER MARS AVRIL DECEMBRE NIEBE NOVEMBRE FEVRIER MARS JANVIER AVRIL MAI HARICOT AVRIL JUIN POIDS DE OCTOBRE DECEMBRE BAMBARA NOVEMBRE FEVRIER MARS JANVIER AVRIL MAI

OCTOBRE MANIOC NOVEMBRE JUILLET AOUT JANVIER FEVRIER PATATE DOUCE MARS MAI JUIN JUILLET JUIN OCTOBRE

CAROTTE JANVIER FEVRIER MARS AVRIL MARS JUILLET MAI SEPTEMBRE SEPTEMBRE NOVEMBRE DECEMBRE OCTOBRE DECEMBRE AVRIL MAI JUIN MAI JUIN JUILLET BREDE NOVEMBRE JANVIER JANVIER FEVRIER MARS JUILLET AOUT SEPTEMBRE NOVEMBRE CHOUX JUIN JUILLET DECEMBRE TOMATE JANVIER AVRIL MARS JUIN JUILLET OCTOBRE OIGNON MARS JUILLET OCTOBRE DECEMBRE COCOMBRE AOUT NOV NOVEMBRE JANVIER AVRIL MAI JUIN JUILLET OCTTOBRE DECEMBRE COURGETTE AOUT DEC NOVEMBRE JANVIER AVRIL MAI JUIN JUILLET Source : Conception auteur d’âpres la synthèse des données d’enquête 55 VI . 3 Profil alimentaire reflétant une faible production

Face au faible rendement qu’offre l’agriculture dans les Communes de Besakoa, de Tsikolaky et d’Ambatosola, les habitudes alimentaires de la population se sont adaptées depuis des décennies aux produits les plus adéquats à ces conditions. Le manioc tire ses atouts de sa grande résistance au climat chaud, sec et au manque d’eau.

De par ces traits physiques et climatiques, seules les plantes résistant au climat local ont été cultivées en suivant un calendrier cultural dont la marge d’erreur est minimale. Rythmé par les aléas climatiques, le profil de consommation de la population, bien qu’il soit diversifié, ne constitue pas forcement une source d’énergie complète pour leur travail.

Malgré de grande adaptation au niveau de la consommation, les individus les plus vulnérables, notamment les enfants, sont les plus touchés par ce faible rendement. Il est à noter qu’une variation des produits agricoles est constatée en fonction de la zone de production. Ainsi, pour améliorer l’alimentation, la consommation d’aliment inhabituel peut être observée au niveau du profil d’alimentation et ceci en fonction des zones de localisation de chaque individu.

Dans l’ensemble des 3 Communes Rurales de notre zone d’étude, une plante très résistante à la sécheresse et à la haute température domine l’espace, c’est l’Opuntia ficus Var. Indica, communément appelée « raketa9 » (voir planche photographique 6). Le fruit de cette plante constitue une formidable réserve d’énergie pour les consommateurs, en plus elle pousse très facilement.

Planche photographique 6. Cueillette dans la nature et vente du raketa dans les marchés

Source : Cliché auteur, Bekily Janvier 2016

9 Plante de la Famille des Cactacées, résistant à un climat sec et dont le fruit est comestible

56 Un autre fruit très présent dans tout le District de Bekily est la mangue. Ce fruit est consommé de différente façon car, en période de soudure, la paysannerie ne disposant que de très peu de réserve de nourriture jusqu'à la prochaine récolte la consomme en la faisant cuire avec de l’eau.

Durant les travaux d’enquête, sur la totalité de l’échantillon qui constitue les 108 ménages des 3 Communes, 92 ménages montrent une insuffisance au niveau de la production malgré de grande superficie de terrain cultivée. Ainsi, leur profil d’alimentation s’établi comme suit : 3 à 2 repas par jour pour la plupart des ménages, repas constitué exclusivement de manioc alternant quelque fois avec de la patate douce, du maïs et un peu de riz (environs une fois toutes les semaines) et très rarement de la viande (2 fois par mois). Les repas du midi et du soir constituent les repas les plus importants de la journée. Pour la mâtinée, le paysan se contente d’un bol de manioc mis de côté la veille. La quantité de nourriture reste insuffisant d’où la subdivision des repas en 2, ce qui correspond à une assiette de taille moyenne pour une personne. En période de soudure, la consommation de « raketa » et de mangue cuit devient une nécessité pour les adultes et pour préserver un minimum d’équilibre alimentaire chez les enfants en bas âges. On peut donc classer ce profil comme pauvre.

Sur les 108 ménages enquêtés, 11 ménages cultivent de grande surface (supérieur à 1,5 Ha avec des moyens de labour : charrue, zébu, charrette) et peuvent diversifier leur production. Leur profil d’alimentation se traduit comme suit : toujours une domination du manioc dans l’alimentation mais alternant régulièrement avec de la patate douce, du maïs et du riz. La consommation de riz et de viande s’accroit considérablement, environ 2 à 3 fois par semaines, et le nombre de repas passe à 3 repas par jour. Ces classifications montrent donc un profil moyen au niveau de l’alimentation.

Les 5 ménages restant sur les 108 enquêtés constituent la classe aisée possédant de très grande superficie cultivée de plus de 3 Ha et utilisant des matériels agricoles sophistiqués tels que la charrue, la charrette, les pulvérisateurs d’insecticides, les sarcleuses, un cheptel bovin de grande taille. Parfois, ils utilisent des fertilisants chimiques et pratiquent d’autres activités rémunératrices. Leur profil de consommation est très varié. Pour cette classe, le manioc cède la place au riz, il y a 3 repas par jour et la consommation de viande devient presque quotidienne ; l’accès au légume est plus fréquent.

57 Ces 3 types de profil caractérisent le mode de vie de la population dans notre zone d’étude et mettent l’accent sur l’importance de l’agriculture et de l’élevage dans un environnement régi par de grandes contraintes climatiques et physiques.

VI . 4 Critère de sélection et domaine d’intervention des ONG

Suite à la variabilité climatique à laquelle le monde fait face, une perturbation au niveau du climat est parfaitement perceptible et Madagascar n’en échappe pas. Par conséquent, les précipitations nécessaires à l’agriculture sont de plus en plus rares. A cause des problèmes d’accès à la terre et à une pression démographique en constante augmentation, les populations soufrent de manque d’eau et de nourriture créant un déséquilibre au niveau social. Ainsi, il y a quelques années, le Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes donne l’alerte car à défaut de précipitation, la sécheresse a décimé toute une production agricole mais aussi les semences dans le Sud de Madagascar.

C’est de la que sont nées les différentes aides que ce soit de nature gouvernementale ou de la part des Organisations Non Gouvernementales sous financement extérieur dans la plupart des cas. Citons ainsi quelques ONG/organismes et leur plan d’action connu et mis en œuvre dans notre zone d’étude.

Les plus connus sont :

VI . 4 . 1 Le Programme Alimentaire Mondiale (P A M)

Présent dans le District de Bekily depuis 2006, cet organisme rattaché au Système des Nations Unies se spécialise dans la sécurité alimentaire d’où son nom « Programme Alimentaire Mondiale ». Le PAM est présent dans les 20 Communes qui constituent le District de Bekily.

Lors des enquêtes réalisées sur terrain, la population et les autorités locales affirment que les actions du PAM consistent à distribuer des vivres durant les périodes difficiles. Pour pouvoir bénéficier des aides octroyées par le PAM, les critères suivants sont obligatoires :

a. Le PAM n’aide que les ménages vulnérables

b. La qualification en tant que « ménage vulnérable » dépend de critères définis au préalable par le PAM tel que :

58 -Ménage ayant une trop faible superficie de terrain de culture, donc à faible récolte

-Ménage avec une source de revenu trop basse

-Ménage n’ayant ni bétails ni animaux d’élevage

Le PAM n’aide pas l’intégralité de la population, seule une partie bénéficiera de cette aide.

Pour choisir les critères de sélection des ménages vulnérables, une validation à différente échelle hiérarchique est nécessaire. Ainsi, les critères de sélection des ménages seront d’abord examinés et validés par les Chefs Fokontany puis par les anciens du village, puis par le Maire et en dernier lieu par la population.

On peut distinguer différente forme d’aide à différent niveau venant du PAM :

- Sur le plan alimentaire, il y a la distribution gratuite de vivre comme l’huile de friture, le riz, les légumineuses. Il y a aussi la distribution d’argent à hauteur variable entre 30.000 Ariary et 60.000 Ariary. Cette somme est destinée à faciliter et à améliorer la qualité de vie des ménages vulnérables. - Au niveau scolaire, le PAM distribue des aliments cuits pour diminuer le taux d’absentéisme et améliorer la qualité de l’éducation des élèves des classes de primaire. Cette action se prolongeant tout au long de l’année scolaire allège la charge des frais de scolarisation des parents. Dans les établissements scolaires où le PAM a distribué gratuitement de la nourriture, le taux de fréquentation a augmenté par rapport aux années précédant la distribution. Ainsi, les enfants sont plus motivés pour aller à l’école et les parents sont rassurés car leurs enfants sont à l’abri de la faim pendant leur apprentissage. Sur les 7 écoles recensées dans notre zone d’étude, 4 écoles dont les établissements scolaires d’Anadabolava, de Besakoa Centre, de Tsikolaky Centre et d’Ambatosola Centre possèdent des cantines scolaires et distribuent de la nourriture gratuitement à leurs élèves. Depuis la mise en œuvre de la politique de sécurisation alimentaire à travers l’instauration de la cantine scolaire, l’effectif d’enfant scolarisé a augmenté de 2 fois.

59 Tableau 11. Comparaison des effectifs des classes avant et après l’existence de cantine scolaire

Commune Fokontany Ecole Effectif moyen Effectif moyen d’une classe sans d’une classe cantine avec cantine Besakoa Besakoa centre Besakoa Centre 27 élèves 50 élèves

Tsikolaky Tsikolaky centre Tsikolaky centre 29 élèves 47 élèves Tsikolaky II Ambatosola Anadabolava Anadabolava 31 élèves 63 élèves Ambatosola centre Ambatosola 40 élèves 73 élèves Fenoarivo Sud centre

Source : Enquêtes auprès des chefs d’établissement scolaire et enseignants des écoles de Besakoa Centre, Tsikolaky Centre, Anadabolava et Ambatosola Centre.

- Du côté des enfants de moins de 5 ans, le PAM intervient au niveau de la prise en charge des enfants atteints de malnutrition aigue et modérée à travers la distribution de compléments alimentaires à l’exemple du plumpy-nut10. Les femmes enceintes aussi bénéficient de prise en charge du PAM à travers les suivis hebdomadaires ou mensuels. Elles bénéficieront aussi de la distribution de vivre. - Le PAM intervient aussi dans les activités HIMO. Dans ce cas, le PAM emploie des salariés pour l’exécution des travaux d’intérêts généraux. Par principe, le salarié perçoit soit de l’argent soit des vivres en guise de paiement. Ceci est appelé « distribution conditionnée ».

Selon les dire des autorités locales lors de nos travaux d’enquêtes, le taux de sélection des ménages choisis pour recevoir les aides alimentaires varie entre 45% à 60% par rapport à la totalité de la population totale. Ce pourcentage représente, selon eux, le taux de ménage atteint de malnutrition aigue, classés parmi les ménages vulnérables.

Sur les 9 Fokontany de notre zone d’étude, sur un nombre de 12 ménages par Fokontany, 7 à 9 ménages en moyenne présentent les critères d’éligibilité pour pouvoir bénéficier de l’aide du PAM, ce qui donne une moyenne entre 60% à 75% des ménages enquêtés.

10 Complément alimentaire à base de beurre d’arachide

60 VI . 4 . 2 Action Intercoopération Madagascar (A I M)

ONG sous financement Européen, l’action de l’AIM est plus axée sur l’approche participative des individus classés vulnérables, car selon leur principe, la participation de chaque individu est primordiale pour le développement de la communauté.

Basées plus sur les activités de formation et d’apprentissage, les actions entreprises par l’AIM mettent en avant les valeurs suivantes à travers leur intervention au niveau communautaire :

-Encourager la participation de chaque individu de manière à redynamiser l’agriculture. -Responsabiliser la population sur la valeur et la potentialité des ressources naturelles qui constituent leur environnement. -Apporter les moyens techniques innovants et matériels agricoles pour faciliter et améliorer la production agricole qui constitue la base de l’économie paysanne. -Sensibiliser la population sur l’importance de l’hygiène au niveau de la communauté. -Améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages les plus vulnérables à travers l’amélioration de la productivité agricole.

Pour atteindre ces objectifs, 2 projets ont été mis en œuvre : le Projet ASARA « Action pour l’amélioration de l’environnement non financier des producteurs » mis en œuvre depuis janvier 2014 jusqu'à maintenant et le Projet AINA « Actions Intégrées en Nutrition et Alimentation » mis en œuvre d’avril 2013 jusqu’en 2016.

Lors des travaux d‘enquête sur terrain, la réponse que nous avons eu auprès de la paysannerie en ce qui concerne les critères de sélection des bénéficiaires était la vulnérabilité et l’insuffisance de récolte issue de l’agriculture pour les ménages. Pour le ciblage des bénéficiaires, le taux calculé à travers le nombre de bénéficiaire est dissymétrique, ce qui s’explique par le regroupement des paysans en association. Ainsi, une répartition inégale des membres rend difficile la quantification des bénéficiaires. Ces groupements de paysans sont les supports auxquels les Agents de Terrain Locaux transmettent des formations et des techniques réadaptées aux conditions climatiques de la région. Un exemple de technique connue dans tout le District de Bekily est le compostage. Cette méthode est très promotrice car les résultats sont spectaculaires. Du nom de Basket compost, cette technique est adaptée à tous les types de culture, mais son usage reste majoritairement dans les champs de manioc.

61 À l’aide d’établissement de Farmers Field School (FFS) ou champ école, les agents de terrain transmettent des techniques agricoles plus performantes aux paysans. Pour encourager et permettre une facilitation des activités au niveau technique, des distributions gratuites de matériels agricoles tels que les bèches et les râteaux ont été réalisées par le projet. Aussi la distribution gratuite de semence à l’exemple des boutures de manioc ou des graines de niébé a été réalisée pour faciliter et pour permettre aux bénéficiaires de se focaliser essentiellement sur l’agriculture.

En termes d’enquête, la quantification de bénéficiaire est très complexe pour les récipiendaires d’aide octroyé par l’AIM car, malgré le ciblage des ménages, le regroupement des bénéficiaires varie en fonction du contexte du leadership dans chaque groupe. Ainsi, le nombre de ménage au sein de tous les groupes est initialement le même mais dans le temps ce nombre évolue et diminue pour certain mais reste inchangé pour d’autre. Pour les résultats des enquêtes, pour la totalité des 108 ménages enquêtés, une moyenne respective de 11 et de 12 ménages par Fokontany sur les 36 ménages a été recensée comme bénéficiant des aides d’AIM respectivement dans les Communes Rurales de Besakoa et d’Ambatosola ce qui représentent respectivement un peu plus de 30,5% et 33,3% de la population. Par contre, cet effectif augmente considérablement dans la Commune Rurale de Tsikolaky avec un taux de 44,4% représentant 16 ménages sur les 36 enquêtés.

VI . 4 . 3 Adventist Development and Relief Agency (ADRA)

Organisme chrétien sous financement américain, l’ONG ADRA tout comme l’AIM prône le développement du secteur agricole pour l’amélioration du niveau de vie des paysans. Présent depuis 2015 à Bekily, le Projet Emergency Agricultural Production for Food Security in Madagascar (EAPRO-M) réalise des activités d’appui au développement et d’amélioration de la production agricole. Contrairement à d’autres ONG, l’un des critères de base sur lequel l’ONG ADRA choisit ses bénéficiaires est la priorisation des femmes. En d’autres termes, pour être éligible en tant que bénéficiaire, il faut que le chef du ménage soit une femme. Cela s’explique par les us et coutumes rencontrés dans le District de Bekily se traduisant comme suit: il est socialement acceptable qu’un homme prenne une femme pour épouse et qu’il ait des enfants avec elle et qu’après l’homme décide de laisser sa femme et ses enfants pour se marier avec une autre. Dans cette région Sud de Madagascar, les femmes sont malheureusement assujetties à de tel traitement. Du fait de la généralisation de ce phénomène, une approche genre est bien évidement nécessaire. Dans le milieu de vie qu’offre le Sud

62 malgache, les femmes et les enfants sont les plus vulnérables par rapport aux hommes. C’est pour cette raison que l’ONG ADRA aide les femmes et les mères célibataires en priorité puis en second lieu les handicapés et enfin les hommes âgés.

Ainsi, les critères de sélection des bénéficiaires des formations et perfectionnement des méthodes d’agriculture sont les suivants :

- Seuls les ménages seront éligibles en tant que bénéficiaire - Les ménages dont le chef de famille est une femme sont prioritaires - Les ménages les plus vulnérables et/ou en difficultés de production sont priorisés

La réalisation d’actions bien axées sur les besoins primaires est essentielle. Ainsi, l’ONG ADRA aide les bénéficiaires sur 4 plans :

.- Sur le plan alimentaire, l’ONG ADRA durant un premier temps s’est focalisée sur le renforcement de l’alimentation des plus vulnérables dans le but de maintenir les bénéficiaires d’aide dans un état de santé nutritionnelle acceptable durant leurs activités agricoles. C'est-à-dire que donner de la force au bénéficiaire est primordiale car sans énergie ils ne pourront accomplir aucune activité.

- Sur le plan matériel, face au manque cruel de matériels agricoles adaptés à une production rapide correspondant à la période pluvieuse, l’ONG ADRA met au devant des outils de travail agricole tels que les sarcleuses et les charrues à traction animale, les bèches et les râteaux, les arrosoirs.

- Sur le plan agricole, des formations en matière d’amélioration de la production agricole ont été réalisées par l’ONG ADRA.

Pour répondre aux besoins immédiats de la population, l’ONG ADRA fournit, selon la saison, différentes semences. Distribuées gratuitement, ces semences fourniront au bénéficiaire durant le moment de la récolte des produits destinés à la consommation et aussi des semences pour la saison agricole de l’année suivante. Les semences et matériels de reproduction végétative des cultures citées ci-après ont été distribués par l’ONG ADRA : niébé, sorgho, patate douce, manioc.

- L’hygiène est l’une des composantes vectrices de développement. Sur un plan sanitaire, une partie des activités de l’ONG ADRA se concentre sur la sensibilisation et

63 l’animation de toute la population sur l’importance de garder un minimum d’hygiène. En effet, dans le but de faire progresser le niveau de production agricole, il est essentiel que l’individu soit en bonne santé. Une personne malade sera une charge au lieu de produire des valeurs, que ce soit au niveau de l’agriculture que de l’élevage. Ainsi, à travers la sensibilisation sur le lavage fréquent des mains, l’utilisation de toilette plutôt que des fausses perdues, la consommation d’eau potable et la réhabilitation des puits, l’ONG ADRA met en avant la valeur humaine en préservant la santé de la population pour que celle-ci soit une main d’œuvre efficace au cours des activités de production.

Pour aider la population à consommer de l’eau potable, une distribution de futs équipés de robinet a été réalisée au niveau de notre zone d’étude dans le but de limiter la contamination de l’eau entreposée habituellement dans les bidons d’huile réutilisés.

Au niveau des résultats des enquêtes, plus de la moitié des enquêtés était tous des mères célibataires ou femmes délaissées par leur mari. Sur les 108 ménages, 58 sont des ménages dont le chef était des mères, soit 53% des ménages enquêtés. Sur ces 58 ménages, 40 étaient classés vulnérables ayant ainsi bénéficiés des aides de l’ONG ADRA. Par contre, les 10 ménages restant bénéficiaient encore des aides de leurs parents.

64 Conclusion de la deuxième partie

L’accès aux terrains de culture dans les Communes Rurales de Besakoa, Tsikolaky et Ambatosola est une des conditions de développement de la population. Un dynamisme démographique engendré par la recherche de conditions plus favorables à une agriculture est ainsi observé sachant que les facteurs d’occupation du sol sont les principaux piliers d’une force de production d’une agriculture à finalité subsidiant. Toutefois, une population majoritairement jeune constitue une force de travail agricole propice à un accroissement des productions de notre zone d’étude.

En bref, les conditions qu’offre le milieu de développement de la population, les conditions climatiques de notre zone d’étude constituent d’une part un facteur bloquant l’accroissement de la production malgré une volonté réelle de la paysannerie à promouvoir leur activité. D’autre part, la réalité sur les contraintes du cadre physique affecte les potentialités et le développement du secteur agricole.

Bien que les activités des populations varient en fonction de chaque Commune, une identité culturale bien définie est associée pour chaque localité. Caractérisée par différent type de produit agricole, chaque Commune tire leurs avantages de leurs forces de production qui constituent une carte identitaire économique de la paysannerie. Ainsi, chaque variété de culture est associée à un type de substrat bien défini.

En outre, pour améliorer les conditions de productivité des ruraux initiée par différentes ONG de développement, l’instauration d’aide sous différentes formes a été réalisée. Pour lancer un mouvement de résilience, des actions sur différent domaine ont été coordonnées de manière à recouvrir les besoins immédiats de la population. Ainsi, trois ONG se relayent pour apporter leur soutien sur le plan alimentaire, sanitaire, éducatif et surtout pour un développement agricole adapté aux conditions du milieu.

65

PARTIE III. CONCRETISATION DES AIDES ET OUVERTURE SUR LES VOIES ET OBSTACLES AUX DEVELOPPEMENTS

66 Chapitre VII Soutien alimentaire et assainissement, facteur de développement

communautaire

Dans le District de Bekily, nombreuses sont les ONG présentes sur place. Depuis plusieurs années, bon nombre de projet s’y sont installés pour y apporter des aides en vue d’une amélioration de la qualité de la vie de la population rurale. En qualité de projet d’aide et de développement, de grands changements ont été observés ces dernières années sur les conditions de vie de la population. A travers nos travaux d’enquêtes, nous avons pu observer sur le terrain des améliorations sur différent niveau social et surtout sur le maintien et la pérennisation des activités agricoles de base.

Classé par nature et par forme d’appui, le classement suivant détaillera les activités menées ainsi que leurs impacts au niveau de la population.

VII . 1 Le PAM œuvrant pour l’amélioration nutritionnelle

Le Programme Alimentaire Mondiale (PAM) apporte des aides destinées au plus vulnérables sur le plan nutritionnel. Au cours de l’année 2016, le PAM a aidé, selon nos travaux de recherche, pas moins de 20.121 ménages dans tout le District de Bekily ce qui correspond à 45% de la population total du District. Mais dans notre zone d’étude, le PAM a octroyé de l’aide à environ 1.674 ménages soit 8.370 individus à travers différent plan d’action.

VII . 1 . 1 Distribution d’argent

La distribution d’argent dans les Communes Rurales de notre zone d’étude a permis en premier lieu d’alléger les charges des bénéficières sur une période déterminée. Mais dans un second temps, cette distribution oblige de manière indirecte la population à régulariser leur situation vis-à-vis de l’enregistrement des naissances (état civil) et la conception de la carte d’identité nationale.

En effet, lors de la distribution de l’argent, seuls les détenteurs d’une carte d’identité nationale pourront recevoir l’argent. Ceux qui n’en possèdent pas n’auront rien.

Ainsi, la distribution d’argent aide la population sur le plan humanitaire mais aide aussi les autorités locales à recenser la population et à régulariser leur situation légale.

67 Lors des travaux d’enquête, le PAM a octroyé son aide à environ 7 ménages par Fokontany sur l’ensemble des 3 Communes de notre zone d’étude représentant 58,3 % des ménages enquêtés. Pour ce qui est des individus lesquels sont obligés de régulariser leur situation légale, sur 108 ménages enquêtés, 21 chefs de ménages n’ayant ni carte d’identité nationale ni bulletin de naissance ont été obligés de faire leur carte d’identité nationale pour bénéficier des donations.

Cette distribution se fait en fonction des valeurs des indicateurs économiques basés sur la productivité agricole et l’accès de la population locale aux prix du marché. Lorsqu’elle atteint un seuil critique, un état d’alerte est déclaré.

VII . 1 . 2 Amélioration du système éducatif

Au niveau des établissements scolaires, depuis que le PAM a lancé la cantine scolaire dans les écoles primaires du District de Bekily, une hausse importante de la fréquentation ont été observée.

Dans notre zone d’étude, le niveau moyen de la scolarité de la population se situe en CP1 ou en T3 ou 3ème année du niveau primaire du système éducatif malgache. Pour améliorer ce niveau et encourager les parents à envoyer leurs enfants à l’école, l’instauration de cantine distribuant de la nourriture gratuite a été réalisée. L’objectif principal de cette distribution était d’aider les élèves à plus se concentrer sur les cours et les explications en classe car les élèves n’ayant pas mangé correctement ou fatigués par manque d’énergie présentent des difficultés à se concentrer à l’école.

Ainsi, durant l’année scolaire, les parents auront moins de charges et les enfants seront dans de bonnes conditions d’apprentissage.

Des résultats quantifiables sur l’efficacité de la méthode d’appui nutritionnel dans les écoles se manifestent par une hausse du niveau intellectuel des élèves. Cependant, dans les établissements scolaires dotés de cantine, les enseignants remarquent 2 phénomènes :

- Le premier est l’impatience des élèves dans l’attente des repas de la cantine. Durant les premières heures de classe, les enseignants remarquent la fatigue et la paresse des élèves, à peine 15% d’entre eux sont bien actifs. - Le second est que, après le service, bien qu’ils soient tous actifs et que le taux de participation en classe augmente, une partie des élèves veut rentrer chez eux.

68 Ces faits s’expliquent par une insuffisance alimentaire aigue chez les ménages conduisant ainsi un attrait des ménages vulnérables à la gratuité des aides.

Sur les 7 écoles recensées dans les 3 Communes Rurales de notre zone d’étude, 4 établissements scolaires disposant de cantine montrent un avantage considérable au niveau de l’amélioration de l’apprentissage et le taux de réussite des élèves.

Tableau 12. Illustration de l’efficacité des cantines scolaire du PAM

Commune Besakoa Tsikolaky Centre Ambatosola

Fokontany Besakoa Tsikolaky Tsikolaky Anadabolava Ambatosola Fenoarivo Centre Centre II Centre Sud Ecole Besakoa Tsikolaky Centre Anadabolava Ambatosola Centre Centre Effectif moyen 27 élèves 29 élèves 31 élèves 40 élèves d’une classe avant la cantine Effectif moyen 50 élèves 47 élèves 63 élèves 73 élèves d’une classe avec la cantine Niveau de 30% 20% 20% 25% concentration avant la cantine Niveau de 75% 65% 60% 70% concentration avec la cantine Taux de 40% 35% 40% 25% redoublement avant la cantine Taux de 25% 20% 20% 15% redoublement avec la cantine Source : Enquête auprès des chefs d’établissement scolaires et enseignants des écoles de Besakoa Centre, Tsikolaky Centre, Anadabolava et Ambatosola Centre

A travers la lecture du Tableau n°12, on peut observer une augmentation du niveau de réussite après l’arriver des cantines scolaires du PAM. Bien qu’elle se situe à un niveau minimal, la différence entre les valeurs de réussite initiale et actuelle est significative. Un niveau d’attraction croissante des écoles a été observé, une augmentation des effectifs se traduisant par une plus grande aire d’influences des établissements scolaires explique ce phénomène.

69 Croquis 5. Comparaison entre aire d’influence des écoles sans cantine et avec cantine

70 VII . 1 . 3 Appui nutritif pour les mères et les enfants en bas âges

Le PAM, à travers un volet d’appui aux femmes enceintes et aux mères ayant des enfants de moins de 5 ans, met en œuvre une politique de sécurisation de la mère et des enfants. Ainsi, plusieurs cas se présentent :

- Pour les enfants de moins de 5 ans, si l’enfant est âgé de moins de 6 mois, c’est la mère qui bénéficie du soutien nutritionnel. A travers l’allaitement, la mère transmet les éléments nutritifs nécessaires au développement de l’enfant. Ceci dans le but de limiter les carences pouvant engendrer des problèmes de croissance.

- Pour les enfants âgés de 6 mois à 5 ans, des compléments alimentaires destinés à améliorer l’alimentation de l’enfant sont distribués. Ainsi, il incombera à la mère de nourrir son enfant en fonction des directives données par les agents de santé du PAM. Ces compléments peuvent varier en fonction des besoins nutritionnels de l’enfant.

- Pour les femmes enceintes, la forme d’aide est différente car elle n’est pas forcément à base de donation. Elle consiste surtout en un suivi de l’état de santé des futures mères. Si la mère présente des insuffisances au niveau nutritionnel, pour prévenir le risque de fausse couche, la mère recevra des vivres. En fonction de son poids, les spécialistes en nutrition réajusteront le mode de consommation de la future mère.

Sur les 108 ménages enquêtés, 11 ménages ont été recensés avec des enfants de moins de 6 mois et 56 ménages avec des enfants âgés de 6 mois à 5 ans.

Sur les 11 familles avec enfants de moins de 6 mois, 6 ont reçus des aides destinées à améliorer la nutrition maternelle. Sur ces 6 enfants, 4 ont été déclassés de la catégorie enfants atteint de malnutrition aigue à la catégorie enfants à croissance normale. Sur les 56 ménages avec enfants de 6 mois à 5 ans, 25 ont bénéficié de distribution de vivre. Dans ces 25 ménages sélectionnés, 42 enfants de moins 5 ans ont été recensés et environ 34 d’entre eux (soit 20 ménages) ont eu une amélioration au niveau de leur état physique après avoir reçu l’aide du PAM. Ainsi, 31 ménages ont bénéficié des aides du PAM sur le plan nutritionnel et les résultats probants ont été enregistrés sur 24 ménages soit 22,22% des ménages enquêtés.

71 VII . 1 . 4 Pratique de travail contre argent

Les activités HIMO (Haute Intensité de Mains d’Oeuvre) consistent en un échange des mains d’œuvre fournies contre des produits de consommation ou de l’argent. Les activités HIMO se basent sur un principe de fourniture de services de la part de la population contre des vivres. Pour le PAM, lorsqu’on fait travailler un individu même s’il est au chaumage, on lui paye l’équivalent de ce qu’il devrait normalement gagner.

Ainsi, les bénéficiaires assurent la réalisation des travaux d’intérêts généraux mais gagnent aussi en vivre ou en argent sur chaque journée de travail.

Cette distribution conditionnée est bien bénéfique pour la population car elle s’applique le plus souvent lors de la réhabilitation des routes.

Sur les 108 ménages enquêtés, seuls 6 ménages affirment avoir participés à des activités HIMO du PAM ; ce qui représente un maigre pourcentage de 5,55% de la population enquêtée. Par contre, ces familles affirment avoir eu des améliorations sur leur qualité de vie après avoir participés aux activités HIMO du PAM.

VII . 2 Politique de développement de l’ONG ADRA

Lancé en 2015 par l’ONG ADRA comme un projet d’urgence, le Projet EAPRO-M s’est démarqué des autres projets par la diversité de ses activités. En effet, ce projet a eu pour objectif principal d’améliorer le niveau de vie des plus vulnérables. A travers la mise en place de politique visant une évolution des conditions de vie de la population, l’ONG ADRA prône la sécurisation alimentaire pour concrétiser cette politique.

VII . 2 . 1 La distribution de vivre

Compte tenu des difficultés auxquelles les populations vulnérables font face dans le District de Bekily, lors de la première phase du Projet EAPRO-M, un volet qui consistait à apporter des appuis alimentaires aux bénéficiaires a été réalisé. Cette activité qui consist ait à distribuer des vivres coïncidait aux besoins d’une population vulnérable qui, par leur fragilité, avait besoin de soutien alimentaire. Parallèlement à cette distribution de vivre, une amélioration des conditions d’hygiène a été réalisée. Les activités agricoles nécessitent de la force physique donc une bonne santé. Or un individu malade ne peut réaliser des activités physiques mais deviendra une charge pour sa famille. Ainsi, à travers la distribution de vivre, l’ONG ADRA appuie la population au niveau nutritionnel pour une réalisation des activités agricoles lesquelles sont la base de la survie de la population.

72 Durant la phase I, étalée sur 4 Communes Rurales du District de Bekily à savoir la Communes Rurale d’Ambatosola, de Vohimanga, de Besakoa et d’Ambahita, la distribution de vivre a bénéficié environ 1.600 ménages. Mais pour notre zone d’étude, elle a permis à 800 ménages dans les Communes de Besakoa et d’Ambatosola d’améliorer leur alimentation.

Sur les 2 Communes Rurales de notre zone d’étude ayant bénéficiés de l’aide de l’ONG ADRA, 19 ménages ayant reçus des vivres ont été recensés dans 6 Fokontany correspondant à 95 individus. Ces mêmes ménages ont aussi bénéficié des distributions de semences et de matériels agricoles. Une légère augmentation de la production a été enregistrée pour les 16 ménages recensés.

Lors de la phase II du projet, la nature des aides apportées par l’ONG ADRA n’a pas changé mais ce sont les Communes cibles qui ont augmenté en nombre. Passant de 4 à 9 Communes, l’ampleur des activités augmente considérablement avec le nombre de bénéficiaire.

La différence entre les 2 phases du projet est la séparation des activités de distribution de vivres et la distribution de semences. Le Projet sera déplacé vers une autre zone d’intervention et seules les activités visant une amélioration des conditions de vie de la population par le biais de la vulgarisation des techniques agricoles adéquates resteront dans notre zone d’étude.

VII . 3 Amélioration de l’hygiène paysanne, facteur de développement individuel

et collectif lancer

Un facteur conditionnant la vulnérabilité de chaque individu voire toute une communauté mais très souvent négligé par la population est le maintien d’un niveau de santé et d’une hygiène adéquats.

Pour atteindre ces objectifs, l’ONG ADRA a mis en exécution un programme social œuvrant dans la sensibilisation de la population pour la sécurisation sanitaire. Bien qu’il soit difficile d’inculquer des valeurs sanitaires jugées par la population comme facultatives, la pratique de sensibilisation l’est encore plus. Ainsi, pour obtenir une efficacité maximale des sensibilisations, les interventions ont été orientées vers les autorités locales puis vers les ménages les plus exposées et vulnérables aux maladies.

De ce fait, 5 activités ont été organisées comme suit :

73 VII . 3 . 1 . 1 Sensibilisation sur l’utilisation quotidienne de tippys tape

Le tippy tape est un outil conçu pour le lavage des mains. De fabrication locale et ne nécessitant que très peu de matériels, c’est l’élément central destiné à freiner la propagation des maladies et jouant un rôle majeur sur le maintien d’une situation sanitaire propice au développement de la communauté. La sensibilisation consiste à inciter le lavage des mains après avoir été aux toilettes ou après avoir manipulé des déchets ou de la saleté pour minimiser les risques d’infection. Mais introduire le lavage des mains parmi les routines quotidiennes est compliquée car la population a déjà du mal à chercher de l’eau pour sa propre consommation.

Néanmoins, les impacts de l’utilisation du tippy tape sont bien mesurables tant sur le plan individuel que sur le plan communautaire. Sur la totalité des 9 Fokontany constituant notre zone d’étude, une régression des fréquences de maladie dominée par les types diarrhéiques est notable par rapport à la situation avant sensibilisation. Avant l’utilisation des tippys tape, les maladies touchaient plus les ménages d’un même hameau ou d’un même Fokontany sous une forme épidémique, ce qui créait une situation d’insécurité sanitaire aigue dans certains zones. Sur 86 ménages assujettis à différente maladie, environ 30 ménages sont atteints de maladie d’origine diarrhéique. Sur ces 30 ménages, 22 sont parmi les plus vulnérables. Or depuis l’utilisation des tippys tape, cet effectif a diminué de moitié soit seulement 13 ménages atteints, à une fréquence plus espacée qu’avant.

Ainsi, une diminution du pourcentage des ménages atteint fréquemment de maladie d’origine diarrhéique de 27,7% à 12% a été observée dans notre zone d’étude. La répartition est hétérogène car elle touche particulièrement les zones n’ayant pas accès à des points d’eau sûrs, notamment les Fokontany de Fenoarivo II de la Commune de Besakoa et d’Antenindahy de la Commune de Tsikolaky.

74 Planche photographique 7. Deux formes de tippy tape

Source : Cliché auteur, Février 2016

VII . 3 . 1 . 2 Sensibilisation sur l’utilisation de toilettes

D’un point de vue purement culturel, les populations du District de Bekily, voire de la Région Androy, sont prédisposées socialement à une réticence sur l’utilisation des toilettes modernes. Sous prétexte que c’est l’homme qui doit habiter une maison mais non des excréments humains, il est difficile de lancer un courant de penser de modernisation et surtout de sécurisation sanitaire. Pour un grand nombre des bénéficiaires de l’ONG ADRA, l’appropriation de nouveaux modes de défécation est complexe voire impossible. Cela implique la suppression des fosses perdues pour permettre l’adoption de moyen plus métrisable sur le plan sanitaire. Ainsi, des actions communes telles que l’éradication de défection en plein air au profit de l’utilisation de fosse commune recouvrable ont été observées pour certaine communauté. Le poids de l’éradication des fosses perdues sur le plan sanitaire est considérable car la propagation des maladies est facilitée avec l’éparpillement de matières fécales en plein air. Véhiculées par le vent et la négligence, les bactéries responsables de la diarrhée sont les plus transmissibles causant ainsi de vrai cas d’épidémie.

Sur les 9 Fokontany, un nombre important de personne atteinte de malformation congénitale due à la cysticercose a été recensé. Cette maladie affecte gravement le cerveau car durant la grossesse la mère atteint de la cysticercose transmet la maladie au fœtus. Les cysticerques se logent dans le cerveau et forment des cistes provoquant ainsi des problèmes d’ordre moteur et mental. Ainsi, des dommages irréversibles touchent l’enfant avant même sa naissance. La

75 transmissibilité de la cysticercose est fonction de l’hygiène dans notre cas d’étude car elle se transmet par le biais de la consommation de viande de porc contaminée. En effet, la défécation à l’air libre et le non parcage des porcs sont très fréquents voire même habituels, or les porcs vagabondant à la recherche de nourriture ingurgitent des excréments humains. Malgré l’existence et la vulgarisation de traitement des animaux contaminés par la cysticercose, leur coût élevé les rend inaccessibles aux éleveurs. Ainsi, la consommation de viande peut être source de contamination de la cysticercose.

Sur les 9 Fokontany de notre zone d’étude, un total de 4 individus atteints de la cysticercose a été recensé se répartissant comme suit : 2 cas dans la Commune d’Ambatosola, 1 cas dans la Commune de Tsikolaky et 1 cas dans la Commune de Besakoa. Pour l’ensemble de la Commune d’Ambatosola, environ 30 cas sur les 92 handicapés seraient dus à la cysticercose. Mais pour les 2 autres Communes (Besakoa et Tsikolaky), le non comptabilisation des effectifs de la population ne nous permet pas de prononcer des valeurs de référence.

En éradiquant la défécation à l’air libre, on inhibera le cycle de transmission de la maladie. Le but de cette éradication étant de permettre à la population paysanne de s’épanouir tout en progressant vers un état sécuritaire au lieu de faire face à des charges que constituent les personnes atteintes de maladie, notamment de la cysticercose.

VII . 3 . 1 . 3 Facilitation d’accès à l’eau

Pour répondre à un besoin primaire de la population en matière d’accès à l’eau, une amélioration des conditions d’accessibilité en eau potable a été effectuée par le projet EAPRO-M de l’ONG ADRA. Lors des analyses des données collectées durant les travaux de terrain, une partie de la population puisait l’eau dans des puits et sur les rives des cours d’eau avant la mise en œuvre du projet. Face à cette situation d’exposition à une eau peu sûre, la réhabilitation de plusieurs pompes à eau à motricité humaine constitue une véritable opportunité. Cette réhabilitation vise un renforcement et une amélioration des conditions sanitaires non seulement pour les bénéficiaires de l’ONG ADRA mais aussi pour la quasi- totalité de la population ayant besoin de source d’eau sûre. Cette amélioration d’accès en eau couvre 2 points essentiels, d’un côté cela permet à un grand nombre d’individu d’avoir de l’eau potable à disposition mais d’un autre côté l’utilisation de tippy tape est facilitée, encourageant ainsi la population à s’exercer à un lavage des mains plus fréquent.

Sur les 9 Fokontany repartis sur les 3 Communes, 2 pompes à eau ont été rénovées dans la Commune de Besakoa dans le Fokontany Besakoa Centre dans les hameaux de Besakoa Sud

76 et Besakoa Nord permettant ainsi à environ plus de 200 ménages ou 1.000 personnes d’avoir accès à de l’eau potable à la source (voir planche photographique 8).

Parallèlement à cela, pour tout le District de Bekily, autre ces 2 pompes, 14 autres ont été réhabilitées pour permettre à un peu plus de 1.500 ménages, soit 7.500 individus environ, d’avoir un accès facile à l’eau potable.

Planche photographique 8. Différente pompe à motricité humaine

Source : Cliché auteur, Novembre 2016

VII . 4 Sensibilisation faite par AIM sur l’hygiène

Bien que les activités mise en œuvre par AIM soient basées principalement sur l’amélioration des techniques agricoles à des fins de production et d’autoconsommation, le Projet ASARA possède un volet WASH qui consiste à une sensibilisation de la population pour le maintien de l’hygiène. Sur les 108 ménages enquêtés dans les 9 Fokontany, 10 d’entre eux affirment avoir bénéficiés des sensibilisations des agents de terrain d’AIM en matière d’hygiène.

77 Croquis 6. Amélioration des infrastructures d’adduction d’eau potable

78

Chapitre VIII Activité agricole, au centre du développement agricole de la paysannerie

VIII . 1 Le Farmers Field School de l’AIM, un exemple de concrétisation des

méthodes agricoles

L’Action Intercoopération Madagascar à travers le Projet ASARA vise une amélioration des conditions de production des agriculteurs. A travers la mise en place de système destiné à optimiser le rendement des agriculteurs, AIM met en avant la vulgarisation de différentes techniques de production pour la population rurale. Pour réaliser des interventions de vulgarisation au niveau des agriculteurs, il faut démontrer par la pratique l’efficacité des techniques. Ainsi, durant la première étape de la vulgarisation, la mise en pratique fait par les agents de terrain d’AIM se fait sur des champs écoles ou Farmers Field School (FFS = parcelles de démonstration).

Ces Farmers Field School sont pour les agriculteurs des parcelles témoins de l’efficacité des techniques. Ainsi, une amélioration du rendement des parcelles témoins sera facteur d’adoption des techniques enseignées.

VIII . 1 . 1 Apport de soutien technique

La technique de compostage communément appelé « basket compost » est la technique la plus répandue sur notre zone d’étude, elle tire sa potentialité à travers une hausse importante du rendement sur le FFS.

Le basket compost consiste en une superposition de multiple couche de masse végétale humide et sèche en alternance dans un fossé de 1 m2 de superficie et un minimum de 50 cm de profondeur, le tout doit être abondamment arrosé d’eau et reposé durant 21 jours avant son utilisation.

Sur un total de 48 ménages ayant reçu des formations sur le basket compost dans notre zone d’étude, malgré une augmentation considérable du rendement sur les FFS, seul 11 ménages ont adopté la technique. Malgré les rendements élevés, ce faible taux d’adoption s’explique par la difficulté de la réalisation du compostage. C'est-à-dire que pour son exécution, l’agriculteur doit réaliser un travail considérable.

79 VIII . 1 . 2 La distribution d’outil pour faciliter le travail de la terre

Pour aider et motiver les agriculteurs dans leurs activités, des distributions d’outils et de matériels agricoles tels que les bèches et les arrosoirs ont été effectuées pour permettre aux producteurs d’alléger leur charge.

A la base, ces distributions d’outils à l’exemple du râteau et de la bèche, permettront au paysan d’accroitre leur superficie cultivée, par le biais d’augmentation de la main d’œuvre disposant de matériel pour le travail de la terre. L’agriculteur à travers l’aide octroyée par AIM bénéficie d’un avantage considérable sur l’accroissement de leur rendement mais surtout sur la facilitation du travail de la terre.

VIII . 1 . 3 Distribution de semences

La distribution de semences au niveau de la paysannerie constitue pour les agriculteurs un facteur d’élargissement de leur production car certaines semences sont onéreuses donc hors du pouvoir d’achat des paysans.

Par manque de moyen financier, l’introduction de nouveau type de semence est quasi impossible pour un grand nombre de paysan. Ainsi, cette distribution, même si elle n’est pas pour la totalité de la population, est un facteur de productivité qui est un moteur du développement. Prenons l’exemple du sorgho dont les semences sont rares et onéreuses, les paysans malgré le « Fady » sur le sorgho bénéficieraient de sa grande résistance à la sècheresse.

Sur 12 groupements paysans formés de 15 à 17 chefs de ménage chacun, dans les 3 Communes de notre zone d’étude, 39 chefs de ménages sont membres de Groupement de Paysan Producteur ou « Fikambanan’ny Tantsaha Mpamokatra ». Ces 39 chefs de ménage se repartissent comme suit : 11 chefs de ménage forment un groupement dans la Commune de Besakoa, 16 chefs de ménages dans la Commune de Tsikolaky et 12 chefs de ménages à Ambatosola.

.

80 Tableau 13. Evolution des effectifs dans les groupements des paysans producteurs

Commune Fokontany Ménages ayant Chef de Membre du Effectif des reçu des outils ménage GPP ayant GPP et semences membre du délaissé le pratiquant GPP basket le basket compost compost Besakoa Besakoa Centre 11 11 09 02 Bevoa II - - - - Fenoarivo II - - - - Tsikolaky Tsikolaky Centre 09 09 06 03 Tsikolaky II 07 07 07 00 Antenindahy - - - - Ambatosola Ambatosola Centre 05 05 04 01 Fenoarivo Sud - - - - Anadabolava 07 07 06 01 Total des actifs du GPP 39 39 32 07 Source : Enquête auprès des Chefs Fokontany et des ménages bénéficiant des encadrementd d’AIM dans les Communes de Besakoa , Tsikolaky et Ambatosola Centre.

VIII . 2 Variation du rendement vis-à-vis de l’adoption de nouvelle méthode

Le rendement des cultures entreprises par les bénéficiaires du Projet de l’AIM présente des améliorations face aux autres agriculteurs. Sur un plan technique, bien que certains actifs des GPP montrent une certaine réticence envers certaine pratique agricole, des impacts positifs ont été relevés au niveau des rendements de certains agriculteurs membre du GPP.

Ainsi, quelques valeurs de comparaison ont été notées face aux différentes méthodes appliquées à l’agriculture. Par rapport à un effectif de 108 ménages enquêtés, les 7 ménages ayant adoptés l’utilisation du compostage ont observé une nette augmentation de leur rendement, 32 ménages ont délaissé le compostage, 27 ménages ont eu une extension de leur superficie cultivée et 20 ont eu de légères améliorations de leur rendement. Par conséquent, nous pouvons affirmer que les activités de formation sur les techniques agricoles portent leur fruit. Ainsi, nous pouvons dire que les aides octroyées par AIM affectent de manière positive la vie paysanne à travers l’augmentation de la productivité des agriculteurs ayant bénéficiés de leurs aides.

81 Tableau 14. Illustration de l’efficacité des actions de développement des activités agricoles d’AIM

Commune Fokontany Ménages Ménage Membre Adoptant Superficie Introduction ayant reçu membre du du GPP des des de nouveau Nouveaux types de Ancien culture au niveau des ménages des outils GPP ayant techniques nouveaux type de culture par ménage et délaissé le terrains de culture par semences basket culture par ménage compost B.C A.T ménage superficie rendement Culture de Culture de Superficie subsistance rente Besakoa Manioc, Oignon, Manioc Centre 11 11 09 02 04 1 ares Sorgho 2 ares 15kg/ares Patate douce Arachide + 1 ares Besakoa Bevoa II ------Fenoarivo II ------Manioc, Arachide Manioc, Tsikolaky 09 09 06 03 06 2,75 ares Sorgho, 1,5 ares, 18kg/ares Patate douce, Oignon Patate Tsikolaky Centre Niébé 1 are Maïs douce + 1 ares Manioc, Arachide Manioc, Tsikolaky II 07 07 07 00 04 2,5 ares Sorgho, 2 ares, 15kg/ares Patate douce, Maïs Niébé 1 are Maïs + 1,5 ares Antenindahy ------Manioc, Riz, Arachide, Manioc, Ambatosola 05 05 04 01 06 1,5 are Sorgho 2 ares 20kg/ares Patate douce, Riz, Patate Ambatosola Centre - Maïs Oignon douce + 1,5 ares Fenoarivo ------Sud 07 07 06 01 00 Manioc, Arachide, Manioc Anadabolava 2 ares Sorgho 1,5 ares 20kg/ares Patate douce, Riz, + 1 ares Riz Total 39 32 07 20 9,75 ares Sorgho 10 ares 17,6 - - 6 ares 39 Niébé kg/ares Source : Auteur, synthèse des données de travaux d’enquête 82 VIII . 3 ADRA, au cœur du développement agricole

Depuis 2015, l’ONG ADRA conduit un projet d’urgence du nom de EAPRO-M dans le District de Bekily. Ce projet consiste globalement à améliorer les conditions de vie des personnes vulnérables à travers l’apport de soutien technique, matériel, sanitaire et aussi alimentaire. Mais ici nous allons discuter principalement du volet agriculture.

VIII . 3 . 1 Développement du secteur agricole

Dans cette démarche de mise en exécution du développement agricole, l’ONG ADRA aide individuellement les ménages les plus vulnérables. Les aides se font aussi à travers des regroupements des bénéficiaires se localisant au niveau de chaque Fokontany dans le but d’initier la population à entreprendre des activités collectives mais aussi dans le but de créer un environnement social ou l’individu ne se sentira pas seul et isolé.

VIII . 3 . 1 . 1 Introduction de cultures adaptées aux conditions climatiques

de la région

Pour développer un secteur agricole qui, par les aléas du climat, souffre du manque d’eau, une réadaptation des activités du monde rural est nécessaire. L’ONG ADRA, dans sa démarche de pérennisation de l’agriculture, a lancé l’introduction de cultures les mieux adaptées aux conditions climatiques et physiques du Sud malgache comme le sorgho.

L’introduction du sorgho dans le monde rural est complexe car pour un grand nombre d’agriculteur le sorgho est « fady11 ». En effet, dans le District de Bekily, il est dit que « le sorgho est une plante qui réchauffe la terre et qui détruit le riz qui pousse à sa proximité ». Par conséquent, pour faire accepter à la population la plantation du sorgho, des parcelles témoin ont été mises en place par les agents de terrain de l’ONG ADRA. Pour démontrer à la population les bienfaits du sorgho, l’ONG ADRA pratique des démonstrations culinaires où l’on montre différente manière de préparer le sorgho.

VIII . 3 . 1 . 2 Distribution de semences

L’ONG ADRA distribue diverses semences dont les semences de niébé. Ce dernier est une légumineuse dicotylédone dont les semences sont rares et particulièrement résistantes à la sécheresse. Ce qui fait son attrait auprès des agriculteurs lui conférant une grande place parmi

11 Pratique ancestrale interdit

83 les types de plantation des paysans. Ce phénomène d’attraction est un vecteur de propagation des pratiques agricoles, induisant dans le temps un développement d’autres filières.

Semences plus conventionnelles, les tiges de manioc et les lianes de patate douce constituent, en général, les semences pour des pratiques traditionnelles. Dans un contexte de développement agricole, les cultures traditionnelles dominent les autres à cause de la dépendance de la population aux pratiques ancestrales basées sur des idéologies véhiculées par les anciens. Pour faire évoluer cette agriculture classique, l’introduction de technique moderne est essentielle.

Ainsi, lors des enquêtes réalisées auprès des bénéficiaires de l’ONG ADRA, un écart de productivité entre pratiquant de technique classique et technique moderne a été observé. Les adoptants des méthodes modernes sont les plus productifs. Malgré cela, une décroissance est visible au niveau de ces producteurs, décroissance qui s’explique par le manque de main d’œuvre au niveau de certains ménages.

Sous les conditions de disponibilité de terrain de culture, les techniques visant à valoriser les pentes ont été inculquées au paysan pour leur permettre d’augmenter leur espace de production. La difficulté se concrétise par le travail de la terre car pour obtenir un terrain cultivable il faut du temps et beaucoup de main d’œuvre.

Spécialement pour la culture de manioc et de patate douce, les techniques ancestrales qui consistent à planter les boutures dans le sol lors du début de la saison pluvieuse sont les plus observées. L’espacement des boutures varie de 50 à 70 cm, mais pour les techniques modernes il doit être d’au moins 1 m pour permettre aux tubercules de se développer correctement. Pour la technique moderne, on ne plante pas les boutures directement dans le sol, on doit faire germer les boutures (au préalable environ 1 semaine sous un paillage humidifié quotidiennement) de manière à faire pousser plus rapidement la plante. Ainsi, un gain de temps sera acquis lors de la mise en terre des boutures.

Pour tous les types de culture, l’amélioration des rendements est fonction de la technique la plus adaptée au milieu physique. Ainsi, la valorisation de son espace peut être un facteur décisif pour l’évolution du monde rural.

Pour ce qui est des résultats d’enquêtes sur l’application des techniques modernes au niveau de notre zone d’étude, sur les 108 ménages des 3 Communes Rurales, une amélioration du rendement a été enregistrée auprès de 39 des 42 ménages bénéficiaires adoptants des

84 techniques soit 36% des enquêtés. Dans les 9 Fokontany, la culture de manioc s’avère être la plus efficace suivie de la patate douce, du niébé est en dernier du sorgho.

VIII . 3 . 1 . 3 Agrandissement des terrains de culture en faveur d’un

accroissement des récoltes

Un élargissement des champs de manioc a été remarqué au niveau des personnes adoptant la nouvelle technique. Cependant, il ne touche pas la totalité des champs car la mise en pratique a été réalisée sur de nouveau terrain de culture. Une tendance générale sur l’accroissement de superficie cultivée au profit d’autres types de culture a été observée mais cela ne touche que quelques types dominants tels que la patate douce et le niébé.

Pour la culture du sorgho, les plantations ont été mises loin des autres champs pour des raisons de tradition et de « fady ». On remarque la réticence de la population à mettre en terre le sorgho. Cette réticence se manifeste par la rareté des parcelles individuelles de sorgho. Au contraire, seul les plantations des groupements des paysans sont dominantes. Ainsi, on dénombre lors des travaux d’enquête 9 parcelles communes appartenant aux groupements paysans avec des superficies variant de 0,03Ha à 0,08Ha chacune répartie comme suit: 3 parcelles dans la Commune de Besakoa, 4 parcelles dans la Commune de Tsikolaky et 2 parcelles dans la Commune d’Ambatosola.

VIII . 3 . 2 Amélioration des outillages agricoles de la paysannerie

Dans une optique de développement du secteur agricole, bien qu’une modernisation des techniques utilisées en agriculture soit nécessaire, cela nécessite une amélioration des conditions de travail dans les champs. Mais pour améliorer ces conditions de travail, l’apport de matériels plus adéquats est prioritaire. C’est ainsi qu’à travers la distribution de divers outils agricoles à leurs bénéficiaires que l’ONG ADRA a fait progresser ce secteur.

Lors des campagnes de vulgarisation des techniques agricoles, l’ONG ADRA a procédé à la distribution d’outils agricoles destinés à promouvoir les activités agricoles pour chaque individu mais aussi au niveau des groupements de paysans. La bèche et le râteau constituent les principaux matériels destinés au travail du sol. Cependant, l’introduction de matériels plus sophistiqués pour les grandes superficies, tels que la charrue à bœuf, met un accent sur l’accroissement des capacités futures des producteurs vis-à-vis de l’augmentation de leur rendement. Ainsi, durant les travaux de dénombrement des matériels agricoles présents au

85 sein des 42 ménages bénéficiaires, les quelques valeurs suivantes montrent la réalité sur l’origine et le renouvèlement des outils en possession de la population rurale :

Tableau 15. Renouvellement des outils agricoles des paysans

Commune Effectif Outils agricoles par ménage à Outils agricoles distribués par Fokontany de disposition avant le Projet le projet aux groupements de ménage paysan bénéfici (outils collectifs) aire Bc Rt Ch Autre Bc Rt Cr Autre enquêté Besakoa 05 12 03 02 Machette, 05 05 01 06 arrosoirs, Centre pioche, hache 05 sarcleuses Besakoa Bevoa II 04 09 00 01 Machette, 05 05 01 06 arrosoirs, sarcleuse 05 sarcleuses

Fenoarivo 04 11 04 01 Machette, 05 05 01 06 arrosoirs, II hache 05 sarcleuses

Tsikolaky 05 13 02 01 Machette 05 05 01 06 arrosoirs, centre pioche 05 sarcleuses Tsikolaky Tsikolaky 05 12 03 00 Machette 05 05 01 06 arrosoirs, II Pioche 05 sarcleuses

Anteninda 05 14 00 00 Pioche, hache 05 05 01 06 arrosoirs, hy 05 sarcleuses

Ambatosol 05 10 01 01 Machette, 05 05 01 06 arrosoirs, a Centre sarcleuse 05 sarcleuses Ambatoso la Anadabola 05 12 00 01 Machette, 05 05 01 06 arrosoirs, va sarcleuse 05 sarcleuses

Fenoarivo 04 10 01 01 Machette, 05 05 01 06 arrosoirs, Sud pioche, 05 sarcleuses sarcleuse Total 42 10 14 08 45 45 09 54 arrosoirs 3 35 sarcleuses Source : Auteur, synthèse des données de terrain

VIII . 3 . 2 . 1 Variation des types de culture en fonction de l’approche

genre

Lors des classifications des variétés dominantes après la distribution des semences et d’outils agricoles, une comparaison entre genre sur les superficies cultivées a été faite. Ainsi, une ventilation plus équilibrée a été observée sur les activités agricoles des femmes chefs de

86 ménages tandis qu’une priorisation de la culture de manioc marque les hommes chefs de ménages.

Figure 9. Priorisation des différents types de culture en fonction de l’approche genre

100% 5% 8% 90% 15% 10% 80% 5% 15% 70% 15% 2% 60% 10% 10% 50% 10% 10% 40% 10% 30% 40% 10% 20% 10% 25% 0%

Homme chef de ménage Femme chef de ménage culture de manioc culture de patate douce culture de niebé culture de sorgho culture d'arachide culture d'oignon culture de riz culture maraichère

Source : Auteur, synthèse des données sur terrain

Cette répartition s’explique d’une part par la nécessité importante de main d’œuvre pour le travail de la terre (notamment pour la culture de manioc) dont la femme a besoin mais aussi par une stratégie de diversification des productions dans le but d’améliorer son alimentation.

87 Croquis 7. Occupation du sol

88

Tableau 16. Tableau récapitulatif des activités et des zones d’interventions des ONG

Adventist Development Relief Agency Programme Alimentaire Mondial Action Intercoopération Madagasacar Fokontany Aide Appui Appui Sanitaire Aide Distribution Suivie Appui Appui Sanitaire Alimentaire Agricole Alimentaire d’Argent Alimentaire Agricole Besakoa -Distribution -Formation et -Sensibilisation -Distribution -Distribution -Appui -Apport -Sensibilisation Centre de denrée suivi en sur l’hygiène : de vivre aux d’argent nutritionnel technique aux sur l’hygiène : alimentaire agriculture Lavage des familles périodiquement aux mères agriculteurs Lavages des Bevoa II aux familles améliorée mains vulnérables lors des états enceintes et (formation en mains vulnérables -Distribution (utilisation des - Distribution d’alertes socio aux enfants fertilisation Utilisation de Fenoarivo II EAPRO-M I de semence tippys tape), de denrée -économiques de bas âges du sol : toilettes Ex : Sorgho, utilisation de alimentaire Basket ASARA Niébé, Tige de toilettes, contre travail Compost) Antenindahy Manioc, Liane assainissement (HIMO ou - Pratique du de Patate de l’eau pour la vivre contre Farmers Field douce consommation, travail) School ou Tsikolaky ------Distribution -Réhabilitation -Instauration champ école Centre d’outillages d’infrastructure des cantines -Distribution Tsikolaky II agricoles Ex : sanitaire scolaires de semence Bèche, (pompe à eau) pour Ex : tige de Râteau, -Distribution promouvoir Manioc, Anadabolava -Distribution Arrosoir, de fut de l’éducation sorgho de denrée Charrue stockage d’eau -distribution alimentaire EAPRO-M I et pour la d’outil Ex : Ambatosola aux familles II consommation Bèche, Centre vulnérables EAPRO-M II Râteau Fenoarivo Sud EAPRO-M I ASARA

Source : Conception de l’auteur sur la base des donnés collectés

89 Par rapport à la situation de la population avant l’intervention des projets d’aide sur la zone d’étude, une nette amélioration de leurs conditions de vie a été observée. En se référant au profil alimentaire des 108 ménages enquêtés et au classement des ménages lors des plateformes d’évaluations, la pauvreté des communautés ayant reçues les aides a significativement diminué. Sur les 92 ménages classés pauvres avant la mise en œuvre des projets d’aide, 6 ménages ont réussi à améliorer leur niveau de vie et sortir de cette classe. Le nombre de famille appartenant à la classe moyenne est donc passé de 11 familles à 17 familles se traduisant par une efficacité des projets d’aide.

90 Chapitre IX Perspective et facteur de blocage au développement local

IX . 1 Amélioration du niveau de vie de la population

La variation de la taille des ménages de notre zone d’étude est considérable, elle est structurée à la base sur 34,74% des jeunes offrant une main d’œuvre abondant pour le travail de la terre.

La force de production, fortement conditionnée par les facteurs physiques et climatiques, constitue la première source de revenu des familles.

- La vente de produits agricoles est la première source de revenu des ménages, constituée par une domination des cultures de rente: arachide, oignon, riz. - Les cultures de contre saison sont des atouts pour la population car leur vente peut être source de revenu quotidien durant une période déterminée. - L’exploitation des ressources naturelles telles que les forêts et sous bois contribue à une atténuation des charges au niveau des ménages. - Travailler comme main d’œuvre est une sous activité issu de l’agriculture. Elle rapporte peu de revenu mais contribue à un allégement des dépenses pour les besoins quotidiens des familles.

Malgré la primauté de la production de manioc destiné à une autoconsommation dans les Communes Rurale de Besakoa, Tsikolaky et Ambatosola, les cultures de rente dominent de par leur valeur et par leur choix de production. Ceci se traduit par le poids des filières arachide, oignon, et riz.

Bien que la disponibilité des terrains soit limitée par différentes contraintes et que la primauté des cultures de rente est partout la même, une ventilation inégale des superficies cultivées est observée dans notre zone d’étude. Ce phénomène se traduit par une variation des types de sol au niveau de chaque Commune. Ainsi, une pré-disponibilité des types de culture est observée.

91

Tableau 17. Variation des superficies cultivées en fonction de l’importance des cultures

Commune Fokontany Type de culture de rente Superficie moyenne cultivée par ménage Besakoa Besakoa Centre Arachide 0,08 Ha Oignon 0,06 Ha Bevoa II Arachide 0,07 Ha Oignon 0,015 Ha Fenoarivo II Arachide 0,07 Ha Tsikolaky Tsikolaky Centre Arachide 0,08 Ha Oignon 0,04 Ha Tsikolaky II Arachide 0,08 Ha Antenindahy Arachide 0,06 Ha Ambatosola Ambatosola Centre Arachide, 0,07 Ha Oignon 0,05 Ha Riz 0,04 Ha Fenoarivo Sud Arachide 0,06 Ha Oignon 0,03 Ha Riz 0,05 Ha Anadabolava Arachide 0,06 Ha Riz 0,07 Ha Source : Auteur, synthèse de données de terrain

IX . 2 Potentialité des filières dominantes dans le District de Bekily

Dans le District de Bekily, en matière de production agricole, le manioc s’avère être la culture la plus pratiquée. Malgré cet engouement de la population rurale pour sa production, l’existence d’autres filières telles que l’arachide, le riz, l’oignon constitue un plus pour l’économie de notre zone d’étude.

La production de manioc ne peut être considérée comme filière porteuse même si elle est au centre de l’agriculture car la finalité de sa production est l’autoconsommation lui conférant une place importante parmi les cultures de subsistance. Par contre, les filières arachide, oignon et riz constituent un tremplin pour une économie plus stable.

IX . 2 . 1 . La filière riz Le riz, produit massivement dans la Commune Rurale d’Ambatosola, est l’un des produits les plus porteurs au sein des ménages de la Commune. Sa commercialisation est facilitée d’un côté par l’existence de nombreuses décortiqueuses dans la Commune et d’un autre côté par

92 l’existence de réseaux de collecteurs au niveau du District de Bekily et de la Commune d’ Ambatosola. Ces collecteurs acheminent le riz vers les marchés locaux tels que ceux d’Ambatosola ou vers le District Bekily, voire vers d’autres régions.

Planche photographique 9. Trois machines à décortiquer le riz dans la Commune d’Ambatosola

Source : Cliché auteur, Octobre 2017

Sans amélioration des techniques agricoles, avec des moyens archaïques, la potentialité de la filière riz n’est exploitée qu’à un niveau minimum. Malgré un grand nombre de mains d’œuvre utilisée et un grand laps de temps engagé dans la plantation et l’entretien des champs, on peut améliorer le rendement de la production à travers l’usage de technique plus adaptée et l’utilisation d’intrants.

Utilisant des techniques telles que le « volivary saritaka 12» pour une grande partie et le « volivary toratady13 » pour le reste, le rendement est faible car les plantes se trouvent trop à l’étroit et ne se développent pas correctement. Ainsi, l’adoption de technique telle que l’espacement d’au moins 25 cm entre deux plants permettrait d’augmenter le rendement d’une manière significative.

L’utilisation d’engrais tels que le N P K est rare dans l’agriculture rurale. Cependant, l’utilisation de « zezipahitra 14» est assez courante mais son application s’effectue uniquement avant le labour des parcelles.

12 Méthode ancestrale de repiquage du riz 13 Méthode de repiquage en ligne du riz 14Déchets d’origine fécale des animaux d’élevage destinés à la fertilisation du sol

93 La mécanisation est absente, seul le zébu à bosse et la charrue constituent la force de travaille rapide et efficace pour l’agriculteur. Pour permettre une production à grande échelle, instaurer une forme de coopération avec les détenteurs de bétails et de matériels agricoles permettrait d’obtenir une hausse de la production rizicole.

IX . 2 . 2 La filière arachide, un secteur clé pour l’économie rurale

L’arachide est incontestablement la culture qui rapporte le plus à l’économie des 3 Communes de notre zone d’étude. Sa production est moins fastidieuse car elle ne nécessite que très peu de suivi. Donc, un cultivateur peut planter sur plus d’un hectare de terrain sans trop se soucier. Du petit producteur vers les réseaux d’exportation, l’arachide parcours tout une chaine d’intermédiaire.

Culture de rente par excellence, l’arachide tire son potentiel par sa résistance aux conditions climatiques défavorables. Bien qu’il soit nettement moins résistant que le manioc, sa capacité de germination et de développement dans un environnement sec lui vaut sa première place parmi les cultures de rente. Par contre, son potentiel n’est pas encore exploité car sa fragilité face aux maladies constitue un handicap majeur pour sa production.

L’utilisation de pesticide devrait améliorer le rendement mais l’inaccessibilité des producteurs aux produits de traitement limite leur usage.

Le manque de moyen de production d’un grand nombre de paysan constitue aussi un facteur bloquant la filière arachide. Néanmoins, le regroupement des paysans en groupement de producteur devrait faciliter, pour un grand nombre de petit producteur, l’amélioration de leur rendement par le biais d’emprunt de matériels agricoles entre les membres d’un même groupe.

Sur le plan économique, la présence d’un enchevêtrement de chaine de collecteurs et d’intermédiaires crée un effet descendant sur le prix des récoltes au niveau des producteurs. Ces personnes intermédiaires achètent les produits à un prix dérisoire pour faire le maximum de bénéfice. Cependant, à cause d’un grand nombre d’intermédiaire, ce sont eux qui gagnent le plus de profit au détriment des producteurs. Ainsi, pour éviter de passer par ces intermédiaires, les producteurs devraient se grouper et contracter directement avec les clients, c’est ce que l’on appelle « agriculture contractuelle ».

94 IX . 2 . 3 L’oignon, un produit sensible mais porteur

L’oignon, produit du terroir très sensible aux maladies, fait partie des produits de collecte et de consommation dans tout le District. Ce qui posse problème est son stockage et entreposage. Ce produit ne se conserve pas comme le riz ou l’arachide car au fil du temps il se dessèche et perd de son poids. L’oignon collecté est presque pour la totalité destiné au marché des grandes villes comme Tuléar ou Antananarivo et le réseau de collecteur est bien inferieur à celui de la filière arachide et riz.

Etant un produit de consommation quotidienne, l’oignon est beaucoup plus un produit destiné aux marchés (voir planche photographique 10). Ce produit fait l’objet de convoitise par les collecteurs de la capitale d’Antananarivo. Acheté à très bas prix au niveau des paysans producteurs, ce produit occasionne le plus de ristourne. Les marchés du District ne pouvant pas écouler la totalité de la production de notre zone d’étude, des collecteurs viennent sur place pour se ravitailler.

Planche photographique 10. Culture et vente de l’oignon

Source : Cliché auteur, Mars 2016

Donc, pour avoir un minimum d’impact au niveau des producteurs, la suppression des intermédiaires pourrait avoir des effets sur le bénéfice collecté par les paysans-producteurs. Pour ce faire, la recherche de débouché est primordiale et le regroupement des paysans en groupe de producteur est nécessaire. Ainsi, le regroupement des producteurs se révèle à nouveau comme un facteur de déblocage pour la vente des produits.

IX . 3 Les marchés Haut lieu d’échange économique de chaque foyer de peuplement, le marché est un facteur de développement économique pour chaque individu mais surtout pour chaque producteur. Ayant des impacts sur toute une population, le marché répond initialement au

95 besoin de chaque individu recherchant des produits de consommation. Le marché induit des flux d’échange à travers une plateforme de distribution de bien de consommation mais sa finalité est de faire office de centre économique destiné à valoriser les produits en les vendant.

Les marchés dans le District de Bekily constituent, pour une grande partie de la population, un moteur de développement économique car chaque zone possède ses caractéristiques agricoles répondant aux besoins d’autres zones. C'est-à-dire qu’une identité agricole définie chaque Commune et que cette dernière répondra au besoin du reste des Communes.

Ainsi, le marché constitue un tremplin économique pour chaque Commune mais surtout pour chaque producteur.

Planche photographique 11. Produits courants dans les marchés ruraux

Source : Cliché auteur, Mars 2016

Au niveau du dynamisme des marchés(voir croquis 8), généralement, chaque Commune possède leur jour de marché agencé de manière à ne pas se chevaucher. Pour notre zone d’étude, les Communes de Tsikolaky et d’Ambatosola disposent du Vendredi pour leur marché communal. Cette disposition s’explique par le degré d’éloignement de ces 2 communes. L’un se trouvant au Nord, Ambatosola réunies la population des Communes de l’Est telle que Vohimanga et Ambahita à l’Ouest tandis que Tsikolaky réuni les populations des Communes de Beteza et de Tsikolaky.

Comme la Commune Rurale de Besakoa n’a pas de marché, elle tire des avantages de par sa proximité avec la ville de Bekily. Ainsi, la Commune de Besakoa profite du samedi qui fait office de jour de marché à Bekily.

96 Croquis 8. Marché rural et urbain dans le District de Bekily

97 IX . 4 Les facteurs de blocage

IX . 4 . 1 Réseau routier et moyen de transport

Entre les Communes Rurales de Besakoa, Tsikolaky et Ambatosola, le réseau routier constitue le seul moyen de communication avec le chef lieu de District. Comme dans le reste de la région Androy, le réseau routier du District de Bekily est en très mauvais état. Conditionnées par les aléas climatiques, les seules pistes de terre qui composent les voix de communication du District constituent un facteur de bocage du développement des communautés locales. L’impraticabilité de ces pistes de terre, très souvent infranchissable en saison de pluie, isole de nombreuse zone.

Ainsi, le seul moyen de déplacement à disposition des paysans est la marche à pied pour la majeure partie de la population et la bicyclette ou la motocyclette pour les classes aisées. Ces véhicules dotés de deux roues, de par leur maniabilité et de leur entretien plus facile et moins onéreux, répondent aux besoins de la population.

Les autres moyens de déplacement pour la population, plus accessible et régulier par sa fréquence, sont les camions et les bus (voir planche photographique 12). Profitant des marchés hebdomadaires dans les différentes Communes de Bekily, ces véhicules font office de transporteur lors des marchés. A travers la fréquence régulière de ces moyens de transport, le déplacement de la population se voit amélioré. Pour ceux qui ont les moyens de se payer une place dans les bus ou les camions, un minimum de confort et une durée plus rapide leur permettent de voyager sans se fatiguer. Mais pour les plus défavorisés, la marche reste le seul moyen de déplacement.

Ainsi, le réseau routier, bien qu’il desserve chaque Commune rurale du District de Bekily( voir carte 3), constitue un facteur limitant pour le développement des zones reculées et pour les agriculteurs.

98 Planche photographique 12. Images d’un camion et d’un autobus transportant des passagers pour les marchés communaux hebdomadaires

Source : Cliché auteur, Octobre 2017

99 Carte 3. Infrastructure routière desservant notre zone d’étude

Source : BNGRC, BD500, 2011 ; OSM, 2015

100 IX . 4 . 2 Les cyclones, plus dévastateurs qu’avantageux

Dans le Sud de Madagascar, un phénomène dévastateur pour les activités agricoles est attendu avec redoute chaque année par une partie de la population. Se produisant en saison pluviale entre le mois de Décembre et le mois de Mars, les cyclones bien qu’ils apportent de la pluie et constituent donc un avantage pour les cultures, sont d’autant plus dévastateurs pour la population. En effet, lors des cyclones bien que l’apport de précipitation soit nécessaire, les risques d’inondation sont très élevés causant ainsi des cas de destruction des habitations et des champs notamment des rizières.

Un paradoxe entre besoin et problème en eau touche l’agriculture de cette région Sud de Madagascar. En effet, chaque année du fait du manque de précipitation, l’agriculture soufre du manque d’eau et la productivité se voit très limitée.

Mais en période cyclonique, une partie de la paysannerie se réjouit car l’eau de pluie des cyclones constituent un apport important en précipitation. Chaque année, malgré la pluie et le vent, durant chaque période cyclonique, les paysans vont dans les champs pour les raisons suivantes :

-Travailler la terre car l’eau facilite le travail du sol.

-Après le travail du sol, semer les semences à ce moment permet d’avoir une germination rapide.

-Durant cette période de l’année, l’entretien des autres cultures est laissé pour prioriser l’introduction de nouvelle.

Ainsi, la période cyclonique, contrairement à l’opinion d’une partie de la population rurale est aussi dévastatrice qu’avantageuse.

Un autre aspect négatif des passages des cyclones dans le Sud se manifeste par l’apport en eau de surface. En effet, les eaux stagnantes sur les surfaces attirent la population alors que ces eaux ne sont nullement potables ni utilisables. En utilisant ces eaux stagnantes, la population s’expose à de grand risque épidémique surtout face aux défécations à l’air libre. La contamination est plus rapide au risque de décimer une communauté voire une population. Malgré la remonté des niveaux des nappes phréatiques rechargée par infiltration, une habitude sur l’utilisation de ces eaux de surface constitue un facteur de ralentissement sur l’utilisation des infrastructures d’adduction en eau potable telles que les pompes à eau.

101 IX . 4 . 3 L’invasion acridienne, un vrai fléau

Précéder chaque année des premières précipitations, l’invasion acridienne est une lame à double tranchante pour la population dans le District de Bekily. D’une part, elle présente des avantages pour une partie de la population à travers la consommation de criquet séché mais d’autre part, pour la majeure partie à vocation agricole, elle est dévastatrice.

Lors des invasions acridiennes, une chasse au criquet dès la localisation des premières nuées ralentissent les activités agricoles de la population. Trop occupée à chasser les criquets pour épargner le plus de culture possible, la population rurale est obligée d’arrêter tout autre activité. Malgré cela, pour la population, ces insectes constituent un complément alimentaire riche en protéine. Ainsi, leur invasion constitue une source alimentaire bénéfique pour la santé et pour les ménages les plus vulnérables elle peut être la base de l’alimentation pour une période indéterminée.

Sur le plan économique, une partie de la population met en vente les criquets séchés sur le marché dans le but d’avoir un complément de revenu pour une durée indéterminée. Sachant que le criquet est un met original et très apprécié, sa vente est différente par rapport aux autres produits.

Pour les cultures de manioc, l’invasion acridienne est moins dévastatrice en raison de la présence de cyanure en faible quantité dans les feuilles qui rend ces dernières immangeables. Ainsi, les champs de manioc restent à l’abri de ce phénomène.

Planche photographique 13. Image d’un criquet

Source : Cliché auteur, Octobre 2017

Sur le plan de lutte contre l’invasion acridienne, des actions menées par des agences spécialisées ont été effectuées chaque année. A l’exemple du CNAA ou Centre National Anti-

102 Acridienne, il organise la distribution au niveau des ONG de produits destinés à éliminer les criquets.

IX . 4 . 4 Consommation de criquet, risque sanitaire pour la population

Un grand problème subsiste : la population qui introduit le criquet dans leur alimentation est menacée. En effet, le criquet résistant à l’insecticide se mélangent aux autres et est parfois attrapé et soit consommé soit vendu. Ceci pose problème car la santé de la population est en danger. Ainsi, une partie de la population se trouve exposée à des produits chimiques mortels. Donc, une containerisation des exécutifs au niveau des autorités locales devrait être mise en avant.

103 Conclusion de la troisième partie

En général, les impacts des activités des ONG sont de nature variée et nécessitent la participation individuelle de la population. Etant conçu pour la part la plus vulnérable et la plus exposée à la pauvreté, ces aides constituent un facteur d’amélioration du niveau de vie de chaque ménage. Bénéfiques pour une part de la population de notre zone d’étude, la diversité des actions visant prioritairement à pérenniser les activités agricoles couvre essentiellement les besoins les plus primaires tels que l’amélioration des conditions de productivité destinée à fortifier l’alimentation de la population.

Néanmoins la réalisation est difficile car le niveau d’apprentissage de la population est très faible. Ainsi, introduire des moyens techniques à travers un renforcement de capacité et l’introduction d’outillage jouent un rôle déterminant pour l’amélioration de la productivité agricole. D’où l’accentuation des ONG sur l’amélioration des moyens de productivité et de la pérennisation des activités agricoles.

Se focalisant sur les produits les plus porteurs, mettre en avant les cultures de rente susceptibles d’améliorer l’état économique de notre zone d’étude voire du District permettrait un développement économique induisant ainsi une atténuation jusqu'à l’amélioration des rudes conditions de vie de la population. Cette perspective de développement face aux quelques facteurs de blocage qui sont le réseau routier, les phénomènes d’invasion acridienne et cyclonique peut être considérée comme facteur de développement sur le long terme. Exploiter les filières riz, arachide et oignon pourrait débloquer de nouveaux marchés pour notre zone d’étude sur un niveau régional voire national.

Ainsi, une exploitation plus poussée des cultures les plus porteuses autre que le manioc devrait être réalisée.

104 CONCLUSION GENERALE

Les Communes Rurales de Besakoa, Tsikolaky et d’Ambatosola, malgré leurs multiples handicaps, essayent par tous les moyens de redresser leur situation de précarité et de pauvreté. Mais pour faire face à ces contraintes, ces trois Communes ont besoin d’aide pour initier un mouvement de développement. Ainsi, de nombreuses ONG offrent leurs aides pour permettre à ces populations d’améliorer leur condition de vie. L’aspect de résilience est ainsi mis en avant à travers l’apport de soutien à la population.

La mise en place d’une évaluation du niveau de vie de la population constitue l’un des éléments clefs pour la mise en œuvre d’un système de sélection des ménages les plus vulnérables nécessitant des appuis. Ainsi, face au contexte de pauvreté, il sera plus facile de mettre en exécution des actions adéquates sur les personnes les plus vulnérables.

Face aux effets des conditions climatiques qu’est la sècheresse et le manque d’eau, face aux conditions d’accès à la terre conditionnées par un manque de terre arable et une disparité sur la possession de terre, des problèmes qui relèvent des capacités de production favorisent un mécanisme de déplacement. A la recherche de conditions plus favorables pour un éventuel accroissement de la production, bien que la jeunesse de la population constitue une grande force de travail, la population créant ainsi un dynamisme non mesurable à travers les différents mouvements de déplacement dans notre zone d’étude.

Malgré une variation des cultures entreprises par la population des 3 Communes de notre zone d’étude, chaque localité tire leur avantage par une force de production qui diffère de celle des autres Communes voisine montrant une forme identitaire caractéristique de chaque Commune.

Dans le cadre du développement des conditions de vie de la population, l’aide apportée par 3 ONG (ADRA, AIM, PAM) recouvre les domaines classés prioritaires tels que l’alimentation, la santé, l’éducation mais surtout le développement agricole.

Sur les 9 Fokontany qui constituent notre zone d’étude, l’impact des appuis apportés par les ONG sont variables et bien mesurables. L’objectif principal étant d’améliorer les conditions de productivité des paysans, le poids de l’amélioration et l’introduction de nouvelles techniques agricoles se manifeste par un accroissement significatif des récoltes et une légère amélioration au niveau de l’agriculture.

105 D’après la majeure partie de la population des 9 Fokontany concernés par cette étude, la situation serait catastrophique sans les aides apportées par les différents projets de sécurité alimentaire et les ONG destinées à améliorer le niveau de vie de la population paysanne.

Dans un effort collectif en partant de chaque individu jusqu’aux différentes communautés en passant par les groupements paysans, la voie de la résilience communautaire prend sa place au sein de la paysannerie. Un élément à ne pas négliger et qui peut être porteur de développement est l’exploitation des filières présentes dans notre zone d’étude. Mettre en avant les filières riz, arachide et oignon permettrait aux 3 Communes de notre zone d’étude, voire du District, de faire un grand pas pour un développement local. Ainsi, une exploitation plus poussée des cultures les plus porteuses autre que le manioc devrait être réalisée.

En effet, la réalisation du développement d’autres filières peut améliorer de manière significative les conditions de vie de la population. Ainsi, la vie d’un grand nombre d’individu ne serait plus vouée à la pauvreté. En tout cas, malgré les problèmes économiques, sanitaires et alimentaires, des cas de résilience ne peuvent pas encore être avancés.

Par contre, un encrage de la résilience dans les traits de pauvreté de la communauté commence à prendre place. Ainsi, nous pouvons dire qu’un mécanisme de pérennisation de la paysannerie commence à se dresser et que les cas de résilience ne peuvent être avancés, mais que la communauté est bien en voie d’être résiliente.

.

106 Références bibliographiques Ouvrages généraux

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107 Ouvrages spécifiques

10. Anaut, M., 2003. La résilience : surmonter les traumatismes. Éd. Nathan Université. 11. BNGRC, 2016. Commission urgence grand Sud de Madagascar plan de réponse stratégique à la sècheresse prolongée (2016 - 2017). 19 pages.

12. Mamadou, D., 2016. Manuel de la Résilience Communautaire, République démocratique du Congo.

13. SoaMad, 2005. Monographie de la région Androy

14. Sourisseau, J.M., Bosc, P.M., Belieresh, J.F., Razafimahatratra, H.M., 2014. Agriculture Familiale a Madagascar, CIRAD-FOFIFA.

Thèses et Mémoires

15. Affholder, F., 2001. Modélisation de culture et diagnostic agronomique régional. Thèse de doctorat. Institut national agronomique. Paris-Grignon. 221 pages.

16. Arianomenjanahary, M.F., 2015. L’agriculture comme étant un facteur primordial pour le développer le monde rurale. Mémoire de maitrise en ès-Science Economique. Faculté de Droit d’Economie de Gestion et de Sociologie, Université d’Antananarivo. 34 pages.

17. Laby, P., 2014. Essai de la cartographie numérique des sols malgaches par télédétection à partir des images satellites Landsat OLI à très haute résolution, Mémoire d’Ingéniorat. Département Eau et Forets. Ecole Supérieur des Sciences Agronomiques. Université d’Antananarivo. 54 pages.

18. Mengue, Y.W., 2014. Evaluation et suivi environnementale : Cas du Programme Triennal (2013-2016) de réponse à l’invasion acridienne à Madagascar. Mémoire de Master. Ecole Supérieur Polytechnique d’Antananarivo en Co-diplômassions entre l’Université d’Antananarivo et l’Université de Bordeaux. 67 pages.

19. Rakotoarison, H., 2003. Evaluation économique des bénéfices hydrauliques du programme environnemental III à Madagascar. Mémoire d’Ingéniorat. Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques. Université d’Antananarivo. 76 pages.

20. Rakotondrajoa, R.M., 2017. La contribution a la mise en synergie des actions d’urgence et d’action de développement : cas de Bekily. Mémoire de Master II en

108 Gestion des Risques et des Catastrophes. Faculté de Droit d’Economie de Gestion et de Sociologie. Université d’Antananarivo. 75 pages.

21. Rakotondratsima, S.E., 2015. Evaluation de la variabilité interannuelle des précipitations observées dans la région Androy a des fins agricoles : cas de la culture de Sorgho, Mémoire de Master II Engenneering de Développement Durable et du Changement Climatique. Département Météorologie. Ecole Supérieur Polytechnique. Université d’Antananarivo. 77 pages.

22. Ratiarison, V.A., 2011. Analyse de la gestion des ressources en eau : étude de cas du réseau d’approvisionnement en eau potable de l’agglomération d’Ambohibary Sambaina. Mémoire d’Ingéniorat. Département hydraulique. Ecole Supérieur Polytechnique. Université d’Antananarivo. 107 pages.

23. Ravaloharimanitra, M., 2006. Utilisation des données météorologiques et introduction de l’assurance agricole pour l’amélioration de la production rizicole : cas de la Région Alaotra-Mangoro. Mémoire d’Ingéniorat. Département Agro-management Ecole Supérieur des Sciences Agronomiques. Université d’Antananarivo. 46 pages.

24. Razanakoto, T., 2017. Analyse de la vulnérabilité a la sécheresse des familles paysannes Tandroy. Thèse de doctorat en Sciences Agronomiques et Environnementales. Ecole Supérieur des Sciences Agronomiques. Université d’Antananarivo. 175 pages.

25. Razanatsimba, A., 2015. Elaboration d’un système d’alerte précoce et suivi de la sécheresse dans le grand Sud de Madagascar en utilisant le modèle African Risk View. Mémoire de Master en Météorologie. Ecole Supérieur Polytechnique d’Antananarivo. Université d’Antananarivo. 79 pages.

26. Soja Tsimandilatse, L., 2007. Les obstacles au développement dans le Sud : cas de l’Androy. Mémoire de maitrise en Droit et Administration privés des affaires. Département de Droit. Faculté de Droit, Economie, Gestion et Sciences Sociologie de Développement. Université de Fianarantsoa. 95 pages.

27. Tsimiondreke, M.V., 2015. La malnutrition, un risque pour le développement durable : cas de la Région Androy. Commune . Mémoire de Master en Gestion des Risques et des Catastrophes. Faculté de Droit d’Economie de Gestion et de Sociologie. Université d’Antananarivo. 56 pages.

109

ANNEXES

110 ANNEXE I. FICHE D’ENQUETE MENAGE

I-LOCALISATION :

Commune : Fokontany : Village :

II-COMPOSITION FAMILIALE :

Nom du chef de famille :

Genre du chef de ménage :

Age du chef de ménage :

Taille de ménage :

Enfant : 0 à 15 ans Jeune : 16 à 30ans Adulte : 30 à - 60 ans 61 ans et plus Masculin Féminin Masculin Féminin Masculin Féminin Masculi Féminin n

Observation : Observation : Observation : Observation :

III-INFORMATIONS SUR L’HABITATION :

Région d’origine :

Lieu de provenance :

Date d’arrivé : M/J/A

Motivation :

111 IV-NIVEAU D’ETUDE :

Nombre d’enfants scolarisés : Membre de la famille Niveau atteint Année d’arrêt Raison Père de famille Mère de famille 1er enfant 2ème enfant 3ème enfant 4eme enfant 5eme enfant 6eme enfant 7eme enfant 8eme enfant

V-LES ACTIVITES ECONOMIQUES : 1-Agriculture : Distance à parcourir pour rejoindre les parcelles de culture : en km Type de Superficie de Production Production Production culture culture totale consommée vendue

2-Elevage : Animaux Effectif du cheptel Production Bœufs Lait : Porc Poule Œufs : Autres

112

3- Activité de pêché Type d’activité Production Poisson Ecrevisse Aquaculture

4-Artisanat :

Nombre d’artisan dans le ménage : Estimation de la production : Lieu de vente : Types de produit :

5-Autres activités :

Nombre d’actifs : Type de travail : Lieu de travail : Durée par jour :

VI-MODE DE VIE MENAGERE :

1-Type de latrines :

 Fosse sceptique  Fosse perdue  WC public  Autres

2-Système d’évacuation des eaux usées

 Fosse septique  Egout  Rejet dans la nature

113  Autres,…

3-Gestion des ordures

 Incinération  Compostage  Bac à ordure public  Décharge en plein aire  Autres…

VII-ACCES AUX SERVICES DE BASE

Paramètre d’accessibilité Existence dans un rayon de Distance entre domicile et (en km) infrastructure (en km)

Service de base CSB II Hôpitaux Borne fontaine Douche, toilette publique Poste de gendarmerie

VIII- ETAT DE LA MENTALITE DES MENAGES

Espérez-vous voir votre situation s’améliorer un jour ? (noté de 1 à 10)

1 2 2 4 5 6 7 8 9 10

Quand estimez-vous voir le redressement de la situation dans laquelle vous vous trouvez ? (noté de 1 à 10)

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

114 ANNEXE II. FICHE D’ENQUETE FOKONTANY

I-Fiche d’identité du Fokontany : 1. Identification du Fokontany :… 2. Identification du « Sefom-pokontany » :… 3. Superficie : 4. Commune :

II-Population 1-Année : 2-Population totale : 3-Densité : 4-Pourcentage de migrants : 5-Pourcentage d’immigrants :

III-Infrastructures publiques : Type Nombre Etat Borne fontaine CSB II Ecole publique Hôpital Bac à ordure/ Décharge Dispensaire Terrain de sport Espace de loisir Autres

IV-Questionnaires spécifiques : 1- Quelles sont les priorités du Fokontany en matière de développement ? 2- Qui sont les partenaires extérieurs ? 3- Quels sont les projets d’aides touchant le Fokontany ? 4- Comment les habitants du Fokontany perçoivent-ils ces aides ? 5- Quels sont les éventuels blocages au développement du Fokontany ?

115 ANNEXE III. FICHE D’ENQUETE COMMUNE

I-Fiche d’identité de la commune :

1- Identification de la commune : 2- Maire de la commune : 3- Superficie : 4- Nombre de Fokontany : 5- District :

II-Démographie : 1-Année : 2-Population totale : 3-Densité : 4-Pourcentage de migrants : 5-Pourcentage des Immigrants :

III-Infrastructures publiques : Type Nombre Etat Répartition par Fokon-tany Borne fontaine CSB II Ecole publique Hôpital Bac à ordure / décharge Dispensaire Terrain de sport Espace de loisir Autres

116 IV-Questionnaires spécifiques : 1-Quelles sont les particularités de la commune par rapport à d’autres Communes du même District ? 2-Quelles sont les priorités de la commune en matière d’amélioration de la vie sociale ? 3-Qui sont les partenaires extérieurs ? 4-Quels sont les projets d’aide et de développement en cours ? 5-Y-a-t-il d’autres projets similaires en cours ? Lesquels ? Dans quelles localités ? Pour combien de mois, année? 6-Quels sont les réels problèmes de la commune ?

117 ANNEXE IV. PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE

Photo 1. Un champ de manioc dans la Commune Photo 2. L’ancien Poste Avancé de la Gendarmerie

Rurale de Besakoa dans la Commune Rurale de Tsikolaky

Photo 3. Mr Masivelo, un paysan de la Commune Rurale d'Ambatosola

Photo 4. Des enfants non scolarisés

118 ANNEXE V. CHRONOGRAMME DES TRAVAUX DE PRE-TERRAINS EN M 1 Date Duré de Zone d’intervention Nature des activités séjours 08.10.2016 1 jour Ville de Bekily Présentation avec les maires 11.10.2016 4 jours CR de Tsikolaky Présentation avec les locaux et visite au niveau des ménages 17.10.2016 1 semaine CR de Besakoa Présentation avec les locaux et visite au niveau des ménages 25.10.2016 3 jours CR de Tsikolaky Visite champs et ménages 28.10.2016 1 jour CR d’Ambatosola Présentation avec les chefs fokontany 01.11.2016 2 jours CR de Tsikolaky Analyse des structures socio-économique 07.11.2016 3 jours CR Besakoa Visite de ménages et des champs 11.11.2016 3 jours CR d’Ambatosola Visite de ménage 15.11.2016 3 jours CR Besakoa Evaluation ses systèmes de cultures locale 25.11.2016 3 jours CR d’Ambatosola Visite de champ et de parc a zébu 05.12.2016 2 jours CR d’Ambatosola Visite ménage et rencontre avec quelque collecteur 09.12.2016 3 jours CR d’Ambatosola Evaluation des systèmes de cultures locale 17.01.2017 2 jours CR de Besakoa Rencontre avec les chefs des ménages et visite de champ 20.01.2017 3 jours CR d’Ambatosola Visite ménage et champ 24.01.2017 1 jour CR de Tsikolaky Visite ménage 27.01.2017 1 jour CR d’Ambatosola Rencontre avec agent de terrain ADRA 07.02.2017 1 jour CR de Tsikolaky Echange avec les chefs fokontany et la population 10.02.2017 1 jour CR de Besakoa Visite et échanges d’idée avec les ménages 21.02.2017 1 jour CR de Tsikolaky Discutions avec le maire 24.02.2017 1 jour CR d’Ambatosola Analyse du marché hebdomadaire de la commune 04.03.2017 1 jour CR de Besakoa Etude sur la fréquentation de la ville de Bekily 10.03.2017 1 jour CR de Tsikolaky Analyse du marché hebdomadaire de la commune 18.03.2017 1 jour CU de Bekily Etude sur l’origine des produits en vente dans la ville de Bekily 24.03.2017 1 jour CR d’Ambatosola Visite des ménages 31.03.2017 1 jour CR de Tsikolaky Visite des ménages 01.04.2017 1 jour CU de Bekily Rencontre avec quelque ménage des 3 communes 04.04.2017 1 jour CR de Tsikolaky Rencontre avec le maire 07.04.2017 1 jour CR d’Ambatosola Rencontre avec le maire

119 ANNEXE VI. CHRONOGRAMME DES TRAVAUX D’ENQUETES EN M 2 Date Duré de Zone d’intervention Nature des activités séjours 19.092017 1 jour CR de Besakoa, fokontany Enquête au niveau de la commune et des Besakoa centre ménages 20.09.2017 1 jour CR de Besakoa, Fokontany Enquête au niveau des ménages Fenoarivo II 21.09.2017 1 jour CR de Besakoa, fokontany Enquête au niveau des ménages Bevoa II 22.09.2017 1 jour CR de Tsikolaky Enquête au niveau de la commune 23.09.2017 1 jour CR de Tsikolaky, fokontany Enquête au niveau des ménages Tsikolaky II 26.09.2017 1 jour CR de Tsikolaky, fokontany Enquête au niveau des ménages Tsikolaky II 27.09.2017 1 jour CR de Tsikolaky Enquête au niveau des ménages 28.09.2017 1 jour CR de Tsikolaky, fokontany Enquête au niveau des ménages Antenindahy II 29.09.2017 1 jour CR d’Ambatosola, Enquête au niveau de la commune et des fokontany Anadabolava ménages 30.09.2017 1 jour CR d’Ambatosola, Enquête au niveau des ménages fokontany Amabatosola centre 01.10.2017 1 jour CR d’Ambatosaola, Enquête au niveau des ménages fokontany Fenoarivo Sud

120 ANNEXE VI. ATTESTATION DE RECHERCHE EN MASTER I ET CERTIFICATION DE TRAVAUX DE TERRAIN

121

122

123

124

125 ANNEXE VII. ATTESTATION DE RECHERCHE EN MASTER II ET FICHE DE DEPLACEMENT SUR TERRAIN

126

127

128 TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ...... I

SOMMAIRE...... II

RESUME ...... III

LISTE DES ACRONYMES ET ABREVIATION ...... IV

LISTE DES UNITES DE MESURE ...... V

LISTE DES CARTES ...... VI

LISTE DES CROQUIS ...... VI

LISTE DES FIGURES ...... VI

GLOSSAIRE ...... IX

INTRODUCTION GENERALE ...... 1

PARTIE I. DISTRICT DE BEKILY : CADRE D’ETUDE DE LA RESILENCE COMMUNAUTAIRE ...... 3

Chapitre I Présentation générale de l’objet de recherche ...... 4 I . 1 Le District de Bekily ...... 4 I . 2 Choix du sujet ...... 4 I . 3 Délimitation de l’objet de recherche ...... 5

Chapitre II Démarche de recherche ...... 11 Les étapes de la démarche de recherche ...... 11 II . 1 Revue bibliographique ...... 11 II . 2 Travaux de pré terrain ...... 11 II . 3 Travaux de terrain ...... 12 II . 4 Plateforme d’évaluation ...... 13 II . 5 Le travail de rédaction ...... 16

Chapitre III Approche socio-contextuelle de la pauvreté et la résilience communautaire dans le District de Bekily ...... 19 III . 1 Contexte de pauvreté ...... 19 III . 2 Phénomènes de pauvreté dans le District de Bekily ...... 22 III . 3 Conditions climatiques du District : un facteur de pauvreté ...... 23 III . 4 Pauvreté et résilience ...... 25 III . 5 L’insécurité ...... 25

129 CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE ...... 29

PARTIE II. CADRE DE DEVELOPPEMENT PAYSAN DICTE PAR DES CONDITIONS PHYSIQUES DEFAVORABLES ...... 30

Chapitre IV Une originalité démographique, facteur potentiel de développement ...... 31 IV . 1 Répartition spatiale de la population ...... 31 IV . 2 Contraste entre densité de la population du District et de la zone d’étude ...... 34 IV . 3 Bilan migratoire de la population ...... 35

Chapitre V Cadre de développement des communautés fortement conditionné par le milieu physique ...... 37 V . 1 Facteur d’occupation du sol ...... 37 V . 2 Accès aux terrains de culture ...... 39 V . 3 Activité culturale dépendant du milieu ...... 40 V . 4 Accès a l’eau ...... 43 V . 5 Accès a l’éducation ...... 44 V . 6 Accès aux équipements et infrastructures sanitaire ...... 47

Chapitre VI Activités et domaines d’intervention des ONG dans les Communes Rurales de Besakoa, Tsikolaky et Ambatosola ...... 50 VI . 1 Principales activités dans les différentes Communes Rurales ...... 50 VI . 2 Réadaptation des cultures en fonction des réalités climatiques ...... 54 VI . 3 Profil alimentaire reflétant une faible production ...... 56 VI . 4 Critère de sélection et domaine d’intervention des ONG ...... 58

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE ...... 65

PARTIE III. CONCRETISATION DES AIDES ET OUVERTURE SUR LES VOIES ET OBSTACLES AUX DEVELOPPEMENTS ...... 66

Chapitre VII Soutien alimentaire et assainissement, facteur de développement communautaire ...... 67 VII . 1 Le PAM œuvrant pour l’amélioration nutritionnelle ...... 67 VII . 2 Politique de développement de l’ONG ADRA ...... 72 VII . 3 Amélioration de l’hygiène paysanne, facteur de développement individuel et collectif lancer ...... 73 VII . 4 Sensibilisation faite par AIM sur l’hygiène ...... 77

Chapitre VIII Activité agricole, au centre du développement agricole de la paysannerie ...... 79 VIII . 1 Le Farmers Field School de l’AIM, un exemple de concrétisation des méthodes agricoles ...... 79 VIII . 2 Variation du rendement vis-à-vis de l’adoption de nouvelle méthode ...... 81 VIII . 3 ADRA, au cœur du développement agricole ...... 83

Chapitre IX Perspective et facteur de blocage au développement local ...... 91 IX . 1 Amélioration du niveau de vie de la population ...... 91 IX . 2 Potentialité des filières dominantes dans le District de Bekily ...... 92 IX . 3 Les marchés ...... 95 IX . 4 Les facteurs de blocage ...... 98

CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE ...... 104

130 CONCLUSION GENERALE ...... 105

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...... 107

ANNEXES ...... 110

ANNEXE I. FICHE D’ENQUETE MENAGE ...... 111

ANNEXE II. FICHE D’ENQUETE FOKONTANY ...... 115

ANNEXE III. FICHE D’ENQUETE COMMUNE ...... 116

ANNEXE IV. PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE ...... 118

ANNEXE V. CHRONOGRAMME DES TRAVAUX DE PRE-TERRAINS EN M 1 ...... 119

ANNEXE VI. CHRONOGRAMME DES TRAVAUX D’ENQUETES EN M 2 ...... 120

ANNEXE VI. ATTESTATION DE RECHERCHE EN MASTER I ET CERTIFICATION DE TRAVAUX DE TERRAIN ...... 121

ANNEXE VII. ATTESTATION DE RECHERCHE EN MASTER II ET FICHE DE DEPLACEMENT SUR TERRAIN ...... 126

TABLE DES MATIERES ...... 129

131