5 de laplacenatureàParis Situation etperspectives mai 2011 mai e atelier– et deBoulogne Les boisde

© Ph. [email protected]

5e Atelier « La nature à » Les bois de Vincennes et de Boulogne 14 avril 2010

Ordre du Jour 14 h 00 : Histoire des bois, état des lieux et études en cours Anne-Marie Villot, Barbara Chabbal APUR 14 h 30 : Entretien et gestion Espaces naturels et réseau d’eau Laurent Dechandon — Pascal Bras DEVE Les hippodromes d’Auteuil et Longchamp — Nabil Kandi, France-Galop 15 h 30 : Présentation des travaux scientifiques sur les bois ou aux abords Michel Neff, DEVE et Alan Vergnes, MNHN 16 h 15 : Pause 16 h 30 : Débats et échanges 17 h 30 : Conclusions

Questions en débat Quel est le rôle des bois dans la biodiversité et à quelles échelles ? Quels liens entre les bois et les grandes forêts régionales ? Comment bénéficier de la proximité des grands corridors écologiques ? En quoi la gestion arboricole participe-t-elle à un enrichissement de la biodiversité ? Quelle est le rôle de la trame d’eau ? Comment favoriser la biodiversité sans exclure la fréquentation ? A quelles conditions ces usages sont-ils compatibles avec un renforcement du caractère naturel de ces lieux ? Quel regard critique peut-on avoir sur les aménagements déjà réalisés ou en préparation ?

Participants Ville de Paris Véronique Avril, DEVE, conseillère relations avec les usagers Pascal Bras, DEVE, adjoint au chef de la division du bois de Vincennes Laurent Dechandon, DEVE, chef de la division du Henri Drouard, DEVE, forestier, bois de Boulogne. Philippe Jacob, DEVE, Agence d’écologie urbaine, pôle biodiversité Gilles Javelot, DEVE, fontainier, bois de Vincennes. Michel Neff, DEVE, agent de maîtrise forestier, bois de Vincennes. Muriel Tumelero DVD, agence de la mobilité. France Galop Nabil Kandi, chargé de mission environnement et développement durable. CG92 Romain Degoul, Environnement et développement durable, unité espaces naturels et biodiversité Laboratoires de recherches et universitaires Etienne Grésillon, post-doc Trame verte. Alan Vergnes, doctorant au Muséum National d’Histoire Naturelle en écologie urbaine. Apur Marie-Thérèse Besse, géomaticienne-cartographe ; Frédéric Bertrand, architecte-urbaniste ; Christiane Blancot, architecte-urbaniste ; Orianne Carbonnel, stagiaire ; Barbara Chabbal, urbaniste ; Maria Dragoni, ingénieur-cartographe ; Juliette Perez, paysagiste ; Anne- Marie Villot, géographe-urbaniste.

1 Après quatre ateliers sur des grands Une histoire Les bois présentent aussi des différences espaces linéaires et leur rôle de cor- notables de composition paysagère et ridor écologique, l’atelier sur les bois et un aménagement d’histoire. Tous deux sont constitués inaugure une série de rencontres sur les différents d’une mosaïque d’espaces, mais alors espaces sources de biodiversité en ville. que le bois de Boulogne s’apparente à Les questions portent sur le rôle des Les bois de Boulogne et de Vincennes un parc urbain, le bois de Vincennes a bois en tant que milieu écologique, les ont un statut métropolitain par leur l’image d’une forêt plus rustique. Cet effets des mesures de gestion mises en dimension et leur situation dans la zone héritage détermine encore aujourd’hui œuvre, l’arbitrage entre patrimoine, dense. Ils appartiennent aux grandes des attentes différentes du public. usage et vocation écologique, les enjeux trames vertes au même titre que les Au xixe siècle, ces forêts des chasses inhérents à la trame d’eau. Elles portent espaces naturels et forestiers, la cein- sont cédées par l’État à la Ville de Paris également sur le lien des bois avec les ture verte, la route des forts, la Petite afin qu’elle les aménage en promenades grands corridors et les grands espaces Ceinture, les berges et comme le pro- publiques. Échappant au régime fores- sources de la métropole et sur les condi- pose l’équipe Rogers dans le cadre de la tier, leur seule vocation est la prome- tions et les limites pour renforcer la bio- consultation du Grand Paris, les espaces nade et les loisirs. La transformation diversité dans les bois. du boulevard Périphérique et les fais- du paysage sera radicale dans le bois ceaux ferrés. Mais leur environnement de Boulogne. Dans la mise en scène urbain leur confère un statut particu- de la nature, la forêt sert d’écrin à des lier. Le bois de Vincennes est isolé des sites pittoresques modelés de toutes grands espaces naturels et mal relié pièces. La composition s’appuie sur une aux corridors écologiques. Le bois de riche trame d’eau artificielle, autour de Boulogne, bordé par la , est l’avant- laquelle des paysages sensibles sont poste d’une trame plus riche d’espaces créés. L’emprise du bois est modifiée : naturels et forestiers. la Seine en devient la clôture à l’ouest. © Apur d’après image Spot image d’après Apur ©

2 Les premières concessions animent le deux formes : de nouveaux espaces fores- Des étapes clés bois et financent les aménagements. tiers autour d’une Allée Royale et d’allées À l’inverse, le bois de Vincennes, qui rayonnantes, reconstituées dans l’esprit permet des vues stratégiques depuis le de la forêt des chasses (plan Trouvelot) plateau de Gravelle, conserve avec le qui confortent l’image rustique du bois ; château et les autres équipements mili- des équipements sportifs et de loisirs taires (forts, bastions, champ d’entraîne- répondant à l’essor alors récent de la ment) un rôle militaire et défensif. Son pratique sportive mais qui pérennisent emprise sera certes modifiée, permet- la scission des deux principaux massifs tant son rattachement physique à Paris, forestiers, opérée par les militaires, tou- mais les servitudes militaires limiteront jours problématique aujourd’hui. Le parc de Boulogne au xviiie. Carte des Chasses les possibilités de transformations en Les activités plus nombreuses, l’usage du Comte d’Artois (Les promenades de Paris, Bois de parc urbain, la partie centrale restera croissant de la voiture expliquent en Boulogne, état ancien) dégagée pour les manœuvres. La trame partie la dégradation des bois et leur d’eau réalisée y sera moins développée. morcellement. À la fin des années Le xxe siècle est marqué par des évé- soixante-dix, le schéma directeur de nements contradictoires. La structure remise en état des deux bois proposé par générale du bois de Boulogne évolue l’Apur marquera le début d’une recon- peu, sauf en lisière avec la construction quête. Dans le bois de Vincennes, plu- en tranchée de grandes infrastructures sieurs voies routières seront déclassées, routières qui l’amputent. À l’inverse, le créant un grand massif forestier d’un bois de Vincennes se transforme au gré seul tenant, un espace de calme et de de la libération des emprises militaires. silence. Au cœur du bois de Boulogne, Les nouveaux aménagements prennent cela ne sera réalisé que certains jours Le bois de Boulogne en 1889 (Les promenades de Paris, Bois de Boulogne, état actuel)

UN RÉSEAU D’ESPACES OUVERTS

W –Premier élément : Z – Quatrième élément : Superposition de l’état ancien (en noir) les espaces ouverts existants récupérer et relier les berges et du plan Alphand (en rouge)

X – Second élément : [ – Cinquième élément : reliure des espaces verts les nouvelles artères vertes Alphand, InterAtlas A. Source Apur © Superposition du plan Alphand (en rouge) intra-muros et de la photo aérienne actuelle

Y – Troisième élément : \ – Sixième élément : reliure des espaces verts du périphérique un réseau vert complet © Grand Paris – Équipe Rogers – Équipe Paris © Grand

3 avec l’opération Paris Respire. En l’arbitrage permanent entre patrimoine, Des visiteurs semaine, le trafic automobile de tran- usages et vocation écologique, la tempête sit y demeure rapide et le morcellement donnera plus de poids aux milieux natu- à la recherche affecte les promeneurs comme la faune. rels. Deux chartes de développement et du contact La tempête de 1999 constitue un tour- d’aménagement durable seront signées avec la nature nant de l’histoire contemporaine des en 2003 par la Ville de Paris et les col- bois. Même si les peuplements fores- lectivités riveraines, dans une logique de tiers évoluent, on y associe une certaine partenariat à l’échelle métropolitaine. Les Les bois sont des espaces de détente permanence. La tempête sera brutale et chartes mettront l’accent sur les enjeux : et de promenade au cœur d’un tissu le choc émotionnel à la hauteur des cen- un espace de nature, un relais dans la ville urbain très dense. Les enquêtes de fré- taines d’hectares dévastés. Elle conduira dense et un espace ouvert permettant quentation réalisées entre 2001 et 2003 à un nouveau regard sur les bois, perçus des activités de plein air au contact de la – et qui mériteraient d’être actualisées- comme vulnérables. Elle conduira les ser- nature. Elles fixeront des objectifs : recon- illustrent la stature métropolitaine des vices à procéder à une évaluation de la quérir les milieux naturels et les paysages, bois. Le volume annuel des visites est biodiversité et de son évolution, à évaluer réduire la circulation automobile pour estimé à 8 millions pour Boulogne l’impact des méthodes de gestion et à les favoriser la promenade, gérer les activi- et 11 millions pour Vincennes (Le adapter, à enquêter sur les usages. Dans tés dans la cohérence et la transparence. compte 8 millions de visiteurs annuels, le Château de Versailles, 5). Les Parisiens sont majoritaires dans le bois de Boulogne (53 %), suivis par les habitants des Hauts-de-Seine. Dans le bois de Vincennes, les Val-de-Marnais sont majoritaires (46 %), suivis par les Parisiens (33 %) et les habitants de Seine-Saint-Denis (17 %). Lors des visites dans le bois, c’est d’abord un contact avec la nature qui est recherché par les citadins dans une ambiance conviviale. Il se manifeste à travers une multiplicité de pratiques (promenade à pied ou à vélo, pique- nique, repos, sport ou jeux) car chacun s’approprie le bois à sa façon et l’activité des uns devient le spectacle des autres. Les activités se déroulent surtout dans les grandes allées, sur les espaces ouverts ou au bord de l’eau. Des événe- ments particuliers peuvent rassembler ponctuellement un grand nombre de personnes dans l’espace naturel (cross ou fête foraine à Boulogne). Les équipe- ments attirent aussi une forte fréquen- tation selon des temporalités propres (le Jardin d’Acclimatation, le Parc de Bagatelle, le Parc Floral, les hippo- dromes, les champs de foires pendant la Foire du Trône ou avec les cirques, les restaurants). Il existe enfin des pra- tiques moins visibles : la prostitution et récemment le développement d’un habitat de fortune. Les visiteurs viennent souvent en groupe (56 %) en couple (33 %) ou seul (11 %). Ce sont surtout les habi- tants des communes limitrophes qui viennent en famille. Les parisiens vien- nent plutôt sans enfant. La majorité des visiteurs a entre 25 et 70 ans.

4 Les plus fortes fréquentations sont et 80 % des visiteurs mettaient moins enregistrées le dimanche (41 %), d’une demi-heure pour accéder au bois. le samedi et le mercredi. La durée Depuis les comportements ont pu évo- moyenne de visite est de 2 h 30 en luer, mais la question du mode d’ac- hiver et de 3 h 30 au printemps ou en cès demeure cruciale. été. Les habitants des communes limi- Dans ces espaces voués aux loisirs, la sur trophes restent en moyenne plus long- fréquentation, le morcellement des voies temps. En 2001, la voiture était le mode routières ou des enclos, les nuisances d’accès privilégié par 67 % des visi- sonores contrarient les continuités éco- teurs à Boulogne et 60 % à Vincennes logiques et dégradent certains milieux. © Apur, source : CREDOC 2002 : CREDOC source Apur, ©

Enquête de fréquentation de 2001-2002. Quelles évolutions depuis ? 2002 : CREDOC source Apur, ©

5 La gestion comme régulateur de protection de monuments histo- des usages ? La gestion des bois, riques, le classement en espace boisé les projets classé, le zonage du PLU, • les chartes, outils de conservation et Les intervenants sont nombreux dans de gestion : la charte régionale de la les bois. La DEVE en est le principal biodiversité des milieux naturels, les gestionnaire puisqu’elle a la charge des chartes d’aménagement et de gestion espaces naturels ouverts, la DJS gère les durable des bois. plaines de jeux en libre accès et certains Il faut y ajouter pour la DEVE, les plans © Apur, DU-MCC Apur, © Vue du Bois de Boulogne, la grande Cascade xixe équipements, la DVD gère les espaces de gestion arboricole 2006-2020 et la circulés. Les concessionnaires gèrent définition de nouvelles méthodes de leur emprise avec un droit de regard de gestion depuis la tempête, des actions la DEVE pour le patrimoine arboré et de de sensibilisation du public et des per- leur direction de tutelle : la Direction sonnels sont également réalisées. des Finances pour les hippodromes et Ces pratiques plus écologiques res- les restaurants, la DJS, pour les conces- tent à partager avec les autres direc- sions sportives. L’État demeure présent tions et les concessionnaires. Certains dans le bois de Vincennes (Fort Neuf, se sont lancés il y a plusieurs années

© Apur © quartier Carnot, École de police, centre dans une démarche environnementale Le lac Daumesnil de rétention, zoo, lNSEP). (France Galop, hippodromes du bois de Plusieurs outils encouragent une gestion Boulogne, INSEP), pour d’autres, il est écologique et un renforcement de la bio- encore parfois difficile d’obtenir une ges- diversité notamment lors des projets : tion plus écologique et moins horticole • les règlements : le classement des bois des espaces qui constituent le jardin des au titre de la loi de 1930 sur les sites et bâtiments qu’ils occupent (restaurants). monuments naturels, les périmètres © Apur © L’allée du massif La fréquentation du bois de Vincennes et la capacité d’accueil des sites © Apur © Stationnement dans le bois un dimanche, lac inférieur © Apur © Une plaine de jeux en libre accès © Apur, InterAtlas Apur, © © Apur © La foire du Trône

6 La gestion des espaces avec des méthodes forestières, mais ne naturels peut accueillir une forte fréquentation. Les abords des lacs sont gérés comme Sur la base de principes communs aux un parc parisien, avec des sols adap- deux bois, une typologie des espaces tés à la forte fréquentation. Une évo- a été affinée et l’ensemble des par- lution des parcelles d’un type à l’autre celles des bois ont été classés en mas- n’est pas anodine et le plan de gestion sif forestier fermé, en espace arboré illustre aussi la cohérence et l’équilibre ou en espace paysager. Les plans de recherchés entre la capacité d’accueil gestion arboricole 2006-2020 décri- d’un site, sa fréquentation, sa gestion, vent cette typologie pour chaque bois ses qualités patrimoniales ou écolo- et son évolution d’ici 2020, encadrant giques. Les plans de gestion sont décli- la gestion quotidienne. Chaque type nés pour chaque bois. Dans le bois de d’espace a des caractéristiques spéci- Vincennes, l’évolution des parcelles fiques en termes de qualité paysagère, concerne plus de 80 hectares et tra- de patrimoine écologique, de fréquen- duit un objectif de renforcement des tation et de gestion. Le massif fores- caractéristiques forestières : amener la tier fermé est un milieu préservé, géré forêt au plus près de la ville, relier les

La gestion arboricole Massifs Massifs Prairies Espaces Trames État existant forestiers clairsemés arborées paysagés d’eau

Évolution État projeté des paysages © DEVE, InterAtlas © DEVE,

7 deux massifs par des continuités fores- hautes tiges de pépinières car ils assu- tières, transformer les plaines de sport rent la maîtrise du matériel génétique en clairières forestières. Elle met aussi et une meilleure reprise. Les services en avant l’enjeu d’une autre répartition tablent désormais sur une diversifica- de la fréquentation dans le bois. tion des essences pour avoir une irrégu- larité des peuplements sur une même Dans chaque type d’espace, les parcelle forestière. Le but est d’évi- méthodes de gestion ont été préci- ter de se retrouver dans la situation sées. C’est notamment le cas dans les d’avant la tempête avec des peuple- massifs forestiers fermés. Le renouvel- ments forestiers vieillissants et peu lement des peuplements s’appuie sur la de sous-étages, qui se comportent de régénération naturelle. Cela permet la même façon face aux aléas clima- de conserver le patrimoine génétique tiques et aux attaques parasitaires. Cela local. La sélection peut privilégier des requiert de nombreux arbres au départ essences adaptées au climat actuel ou et du temps. L’export de biomasse est à un éventuel réchauffement. En com- limité, les branchages et les grumes plément, des plantations sont néces- peuvent rester sur place, se dégrader saires, c’est le cas pour faire pousser naturellement, et fournir des habitats des chênes dans le bois de Boulogne pour les petits animaux. ou diversifier les peuplements. Les Dans le bois de Boulogne, les clai- plans forestiers sont préférés aux rières ouvertes par la tempête dans les

Massif forestier fermé Massif forestier clairiéré Bois de Boulogne Bois de Vincennes Bois de Boulogne Bois de Vincennes

Massif forestier clairsemé espace arboré Bois de Boulogne Bois de Vincennes Bois de Boulogne Bois de Vincennes

espace paysager alignements Bois de Boulogne Bois de Vincennes Bois de Boulogne Bois de Vincennes © DEVE

8 massifs forestiers ont été totalement plus rustiques qui supportent l’absence Cela permet aux différents groupes de refermées. Dans le bois de Vincennes, d’arrosage ainsi que des arbustes. Cela s’isoler un peu. Certaines personnes il a été choisi de maintenir un certain diversifie les habitats pour la faune. félicitent même les personnels pour nombre de petites clairières dans le Aux pelouses tondues ont été substi- l’ambiance plus naturelle. Les arbres massif forestier fermé sans en modifier tuées des prairies, fauchées à certains morts laissés en place comme habitat la gestion. Elles rythment les prome- endroits seulement et avec une fré- pour la petite faune requièrent encore nades et permettent de s’arrêter permet- quence réduite. L’usage de produits de la pédagogie. tant une autre fréquentation. L’objectif phytosanitaires est limité voir supprimé. Certaines parcelles font l’objet d’une de diversification des peuplements peut Le cycle des plantes est respecté : elles protection particulière : réserve orni- s’effacer localement devant des consi- peuvent fleurir, fructifier et se resse- thologique, îlots de vieillissement ou dérations esthétiques comme le main- mer naturellement. Les habitats liés parcelles témoins fermées au public tien des grandes pinèdes en bord de aux prairies sont préservés. depuis la tempête. lac, héritage des paysages d’Alphand. L’évolution des pratiques de gestion a Des pratiques plus écologiques de dif- modifié les paysages dans un sens plus férenciation ont également été mises naturel, parfois perçu comme moins en place pour les espaces arborés, les entretenu (ronces, orties). Mais depuis prairies et les lisières, avec un traite- quelques années, les services consta- ment des transitions plus favorables tent une réelle évolution. Il y a moins aux espèces fréquentant ces milieux. d’observations sur le manque d’entre- Dans les espaces arborés, sont réintro- tien. Sur les prairies, les gens s’instal- duites des essences plus forestières ou lent en priorité sur les secteurs fauchés.

les objectifs de gestion Les méthodes à mettre en œuvre

Les méthodes à mettre en œuvre Les méthodes à mettre en œuvre © DEVE

9 Les enjeux spécifiques Mais les gestionnaires sont confron- de la trame d’eau tés au vieillissement de la trame d’eau en surface, à son envasement, à l’eu- trophisation récurrente des milieux et La trame d’eau en surface occupe une à l’artificialité de berges sans qualité. place à part car elle conjugue à elle seule Les nombreuses réflexions en cours des enjeux paysagers, écologiques, envi- sur l’alimentation et la gestion des res- ronnementaux et économiques. Créée sources en eau, elles-mêmes dépen- au xixe siècle pour son attrait paysager, dantes du devenir du réseau d’eau non la trame d’eau artificielle est alimentée potable parisien, doivent intégrer tous par un réseau souterrain, géré comme ces aspects. la trame d’eau en surface par la DEVE Le bois de Boulogne bénéficie d’une et relié au réseau d’eau non potable riche trame d’eau. En plus de la berge de parisien, acheminant l’eau de la Seine la Seine (évoquée dans l’atelier Seine), et du canal de l’Ourcq. L’essentiel de elle comprend 14 pièces d’eau d’une cette eau non potable sert à alimenter surface de 23 hectares, alimentées par les lacs et les rivières, une petite par- 10 km de réseau de rivières, intimement tie à l’arrosage. Les rejets se font majo- lié à un réseau enterré. Le réseau enterré ritairement en égout. est alimenté en 5 points, aux portes de En surface, la trame d’eau traverse Paris. La consommation quotidienne des milieux et des paysages très variés varie entre 11 000 et 25 000 m3 selon qu’elle relie et qu’elle fédère. Elle consti- les saisons. Le point d’entrée du réseau tue un support privilégié de fréquenta- hydrographique est le lac Supérieur. tion et peut faciliter une redistribution Sur ce réseau gravitaire, et hormis les spatiale de la fréquentation. Elle abrite cascades, les pentes sont assez faibles. aussi une faune spécifique et l’effort Cela a même permis une inversion du continu pour augmenter la naturalité sens d’écoulement de l’eau au droit des des milieux, offrir de nouveaux abris et étangs de la plaine de Longchamp. La diversifier les habitats semble avoir per- rivière qui les alimentait autrefois est mis la reconquête de nouvelles espèces. devenue une rivière sèche. La trame

BOIS DE BOULOGNE Réseaux des lacs et rivières © DEVE

10 BOIS DE BOULOGNE Entretien des rivières d’eau abrite une biodiversité et une Programme pluriannuel de curage faune spécifique : 27 espèces de pois- • Analyse de la qualité des boues avant curage sons (pêche et gestion des ressources • Curage mécanique en régie après assèchement hors période de reproduction avec une association partenaire), 6 • Épandage des boues dans le bois lorsque leur qualité le permet espèces d’amphibiens, toutes proté- gées, des hérons cendrés, des cormo- rans, mais aussi des espèces invasives (tortue de Floride ou tortue hargneuse). À l’exception de l’étang de l’Abbaye, les rejets se font toujours en égout. Il existe plusieurs projets, assez onéreux, pour retrouver un fonctionnement plus « naturel » de la ressource en eau avec un rejet dans le milieu.

Dans le bois de Vincennes, le réseau est également alimenté en eau non potable. L’eau de l’usine d’Austerlitz, transite par le réservoir de Charonne et est acheminée en souterrain jusqu’au lac de Gravelle. Elle s’écoule ensuite, essentiellement gravitairement. Il existe une alimentation annexe du lac des Minimes. La consommation d’eau

© DEVE est moindre qu’à Boulogne : 6 500 à Curage de la lagune de la Muette en vue de réfection 12 000 m3 par jour surtout parce que le réseau est moins développé (moins BOIS DE BOULOGNE de cascades). Réseaux des lacs et rivières Une réflexion sur l’entretien des berges Envasement des lacs est engagée depuis plusieurs années Pas de curage depuis plus de 30 ans avec les forestiers. Des plans de ges- • Envasement important des plans d’eau entraînant une eutrophisation et favorisant l’apparition d’épidémies de botulisme (poissons et oiseaux) tion des berges portent sur les 8 km de • Apparition depuis 1 an d’élodée du Canada (plante invasive) rivière du bois et y planifient les moda- lités d’entretien des strates herbacées, arbustive et arborée. Certaines clairières au bord de l’eau créées par la tempête ont été maintenues en zone de lumière. Une étude de 2009 sur l’ensemble du réseau des rivières propose une reprise hydraulique en supprimant un certain nombre de seuils car les très faibles pentes sur certains biefs entraînent des accumulations de lentilles et d’algues à certaines saisons ; un réaménagement plus naturel des berges : installation de boudins d’hélophytes, création de zones humides dans des élargissements de rivière pour leur intérêt écologique et les qualités épuratrices des plantes. © DEVE Invasion d’algues et de cyanobactéries dues à l’envasement Les problématiques d’entretien et de gestion sont comparables : • Le réseau des lacs et des rivières est vétuste avec des problèmes d’étan- chéité des fonds d’origine, bétonnés, argileux ou mixtes. Mais les fuites ont aussi un impact bénéfique : elles per- mettent un arrosage du bois et la mise © DEVE

11 BOIS DE BOULOGNE en place de milieux humides indispen- éviter le piétinement. Cela passe par Une biodiversité insoupçonnée sables à une végétation spécifique de la reprise des cheminements, une dif- bord de l’eau. L’intérêt est autant pay- férenciation entre le niveau de l’es- sager qu’écologique. pace planté et du cheminement pour • Les cours d’eau fonctionnent comme dissuader les promeneurs et parfois un gigantesque décanteur de l’eau la mise en place de protection légère non potable et s’envasent. Un curage seulement dissuasive. régulier des rivières, régi par un pro- • Une gestion plus environnementale de gramme pluriannuel, est indispen- la ressource en eau vise la suppression sable car les lits des rivières sont peu des rejets d’eau claire en égout, retrai- profonds et les pentes faibles. Le tés inutilement. Les bois ont plutôt sur curage est réalisé de façon mécanique une fonction épuratrice de l’eau, avec Anax empereur en train de pondre, deux semaines après la création d’une mare hors période de ponte et de reproduc- un bémol, le possible rejet de para- tion de la faune. Les forestiers pro- sites ou de plantes invasives (élodée tègent certaines espèces végétales du Canada). Il existe plusieurs études de manière à permettre un accès des pour modifier l’alimentation en eau engins le moins traumatisant possible des bois. Un cycle de l’eau spécifique sur les berges. Le curage auparavant pour chacun des bois a été étudié et réalisé à la main préservait davantage chiffré. Dans ces projets, l’impact éco- les étanchéités mais les effectifs ne le logique doit aussi être évalué (apport permettent plus. L’analyse des boues de limons et d’organismes vivants, a jusqu’à présent toujours permis leur effet sur les milieux : eutrophisation, Azuré commun mâle épandage in situ. À l’inverse, le curage parasites, oxygénation, température des plans d’eau est souvent repoussé de l’eau…). compte tenu des coûts et de l’ampleur des travaux nécessaires (curage méca- nique après vidange), il est aussi très traumatisant pour la biodiversité. Mais certains plans d’eau commencent à s’asphyxier. Le Lac inférieur (bois de Héron cendré Boulogne) n’a pas fait l’objet de curage sur les berges depuis plus de 30 ans, l’envasement du Lac supérieur favorise des phénomènes d’eutrophi- sation (prolifération de l’élodée du Canada) et l’apparition d’épidémie de botulisme, impactant les poissons et causant la mort des canards. Les mau- vaises odeurs causent gêne pour la pro- menade et plaintes de riverains. Dans Bernaches du Canada (arrivées naturellement) le bois de Vincennes, où le botulisme paraît absent, le curage d’une partie du lac des Minimes a été réalisé en 2010, malgré son coût. Il a duré six semaines. Quelques pistes sont explo- rées pour lutter contre l’envasement des plans d’eau : faucardage de l’élo- dée du Canada, épandage de bactéries qui réduisent les volumes de boue… Tortue Hargneuse découverte lors d’un curage À l’aspiration des boues dans le lac en eau qui paraît efficace mais oné- reuse, le bois de Boulogne pourrait préférer la mise en place d’oxygéna- teurs, de manière à favoriser le retour d’une biodiversité favorable à la dimi- nution des boues. • la sur fréquentation autour des lacs Cane blanche oblige à une gestion très fine des berges © DEVE sur le Lac Inférieur pour leur donner un aspect naturel et

12 © DEVE © DEVE © DEVE La réserve ornithologique du bois de Vincennes Lac des Minimes avant travaux Lac des Minimes après aménagement et son poste d’observation

Lac Inférieur : abords très artificiels. Chemin en stabilisé hors d’échelle.

La transformation possible

des abords des lacs… 2003 – DEVE Janvier paysagistes. Pena, Agence ©

Le ruisseau de Longchamp.

Après transformation… 2003 – DEVE Janvier paysagistes. Pena, Agence ©

13 Les activités une reconquête des espaces naturels au gré des projets et des renouvellements Elles occupent 160 hectares dans les et réduire le morcellement. deux bois. Les enclos comprennent des parties bâties et des espaces naturels. Faire évoluer les pratiques de gestion Les concessions sont pour la plupart Le bois de Boulogne compte une qua- Rosny-sous-Bois un facteur d’animation des bois mais rantaine de concessions, leur vocation est Bagnolet créent parfois des coupures avec leur différente, leurs gestionnaires également. environnement et renforcent le mor- Pour satisfaire leurs clients, les conces- cellement des bois. Certaines activi- sionnaires ont parfois empilé les usages tés n’ont aucune vocation de loisirs et sur un espace restreint. La circonscrip-

de nature (centre de rétention et École tion du bois de BoulogneNeu estilly-P certifiéelaisance ISO de Police dans le bois de Vincennes). 14 001 depuis 2001 et cette certification Deux enjeux se détachent : faire évo- est demandée aux concessionnaires lors luer les pratiques de gestion vers des des renouvellements. Mais l’objectif est de pratiques plus respectueuses de l’envi- passer d’une certification ISO 14 001 de Montreuil ronnement, voire les fédérer, favoriser l’activité de gestion du bois de Boulogne Typologie des concessions et de quelques concessions pionnières, RER comme les hippodromes, vers une cer- M RER Vincennes Fontenay-sous-Bois tification de territoire, commune à tous. M M M En 2003, France Galop a décidé de Le Perreux Château RER mettre en place des systèmes de mana- de Vincennes Fort Neuf gement environnemental sur ses hip-

Nogent-sur-Marnepodromes parisiens à la suite de la Parc Floral Quartier Carnot circonscription du bois de Boulogne.Br y-sur- Saint-Mandé Stade de Thêatre de Paris M Vincennes la Cartoucherie Centre RER Centre Équestre L’hippodrome d’Auteuil a été certifié ISO Équestre CIRAD Jardin Rosny-sous-Bois Tennis de d'Agronomie la Faluère Tropicale Parc INSEP M Collège 14 001 en 2005, celui de Longchamp en zoologique de France Bagnolet Plaine de Stade 2006. Cette démarche qui s’inscrit dans Pershing Pelouse la Belle Étoile de Reuilly Plaine Saint-Hubert Institut le temps, a impliqué la direction comme Bouddhique Anneau cyclable Plaine de Mortemart Vélodrome les personnels. Elle s’est notamment de la Cipale Villiers-sur-Marne Cimetière M de Charenton traduite par six engagements : mettre Hippodrome École d'Horticulture Ferme du Breuil Georges en conformité des activités, développer Ville Neuilly-Plaisance Charenton-le-Pont Arborétum Équipements et concessionsM Joinville-le-Pontune culture de prévention des pollu- Saint-Maurice Usages Propriété Accès Redoute de Gravelle École de Police Stade et Tennis RER réservé réglementé Parc à thème de Joinville tions et une sensibilisation du person- (faune ou flore) Ville de Paris gestion Paris Champ de Foire Champigny-sur-Marne gestion collectivité riveraine nel, améliorer la gestion des déchets Restaurant concession par la mise en place d’un tri sélectif Équipement sportif Servitude État Ivry-sur-SeineÉquipement administratif Alfortville Montreuil ou d'enseignement Maison-Alfort et la recherche de nouvelles filières de Autres équipements Saint-Maur-des-Fossésvalorisation (un hippodrome produit © Apur © RER environ 400 tonnes de déchets par an. PropositionM : affirmer l’ambiance forestière pour accéder aux massifs forestiers et les relier RER À ce jour, environ 60 % des déchets sont Vincennes Fontenay-sous-Bois M Créteil M M valorisés, hors déchets verts qui vont Le Perreux Château RER directement au centre de compostage) ; de Vincennes réduire l’empreinte sur l’environnement Chennevières-sur-Marne

Massif des Minimes Nogent-sur-Marne(réduction des consommations de gaz d’un tiers, et d’eau, mais l’arrosage desBry- sur-Marne Porte Saint-Mandé Paris M Dorée Parc Floral RER pistes demeure indispensable pour en

Porte de Reuilly Parc assurer la souplesse. A Auteuil, l’eau M Zoologique Porte de Charenton est ponctionnée sur le réseau d’eau non Vitry-sur-Seine Cœur de bois potable, à Longchamp, elle est pompée

en Seine) ; communiquer en interne – Villiers-sur-Marne M entraîneurs, jockeys, guichetiers – et en Hippodrome de Vincennes externe et s’engager dans une démarche Charenton-le-Pont M Joinville-le-Pont d’amélioration continue. Dans ce cadre, Saint-Maurice RER les travaux de rénovation sur les hip- podromes – modestes ou d’envergureChampigny-sur- Ma– rne Affirmer la dimension forestière sont aussi l’occasion de rendre les sols

massifs forestiers denses Ivry-sur-Seine Alfortvillecheminement à privilégier Maison-Alfort perméables et plus naturels. ambiance forestière à affirmer rénover et enrichir la trame d’eau Saint-Maur-des-Fossés © Apur ©

Créteil14

Chennevières-sur-Marne

Vitry-sur-Seine Au bois de Vincennes, le processus de renouvellements (emprises sportives, le bois de Vincennes a également été certification en cours de la circonscrip- restaurants). Les surfaces réintégrées l’occasion de travailler sur la gestion tion devrait aussi faciliter les démarches au bois sont réaménagées en espace des eaux et la continuité des paysages auprès des concessionnaires. Sans naturel et rendues accessibles. et des milieux de part et d’autre de la démarche de certification, des mesures Dans le cadre du renouvellement de la clôture. Une bande de 1,5 hectare sera sont néanmoins possibles. Sur l’hippo- concession des hippodromes du bois réintégrée au bois le long de la Route drome de Vincennes, lorsque le conces- de Boulogne, la Ville a récupéré les du Champ-de-Manœuvres augmen- sionnaire a souhaité élargir les pistes, il pelouses centrales de l’hippodrome tant la largeur d’une des liaisons entre lui a été demandé d’opérer un reboise- d’Auteuil (12 hectares). Un travail com- les deux massifs forestiers. Pour le parc ment de type forestier au contact du mas- mun a été mené avec France Galop pour zoologique, le projet suit son cours mais sif à l’ouest de la concession, prolongeant remanier le champ de courses, aména- requerrait d’améliorer encore la qualité les paysages et les milieux dans l’enclos. ger les pelouses centrales en parc spor- des transitions avec le bois. tif paysager et permettre la traversée de Dans le même temps, les demandes Poursuivre la reconquête. La poli- l’hippodrome en dehors des 45 jours de pour satisfaire de nouveaux usages, gri- tique actuelle de la Ville est plu- courses annuels. gnotant le bois et compromettant les tôt de réduire les emprises lors des Le réaménagement de l’INSEP dans acquis, sont récurrentes.

INSEP, aménagement de la zone sud Reconquête d’une partie du terrain de l’ex-Relais du Bois de Boulogne © Agence Ter – agenceter.com – Ter Agence © © DEVE Les grandes emprises du zoo et de l’Insep doivent être pensées dans leurs rapports l’environnement proche et lointain

Hippodrome d’Auteuil : un grand paysage à redécouvrir et a réinvestir © Agence Pena paydsagistes Pena Agence ©

15 Carrefour de la Belle Étoile depuis la route de la Demi-Lune Les autres projets

Les projets dans le bois illustrent un Augmenter les surfaces perméables arbitrage entre usages, patrimoine et paraît ainsi difficilement conciliable vocation écologique, qu’ils concernent avec la transformation des terrains des la gestion des espaces naturels, la trame plaines de jeux en synthétique, étudiée d’eau, les concessions ou les voies cir- par la DJS, surfaces dont le maintien en culées. Parmi eux, certains favorisent bon état paraît délicat en libre accès. la biodiversité :

Avant travaux • la transformation en espaces natu- rels d’anciennes voies circulées ou de carrefours routiers surdimensionnés, • le développement des modes alter- natifs à la voiture particulière pour se rendre au bois, notamment le vélo (pistes cyclables, stations Vélib’). Ils pourraient davantage prendre en compte de nouveaux enjeux, notam-

© DEVE ment de lutte contre le réchauffement. Après travaux

Route de la Demi-Lune depuis le carrefour Navette-bus gratuite assurant la liaison Nation/ de la Belle Étoile Foire du Trône (2005) Lac Daumesnil – Carrefour de la Conservation © Apur © Apur © Avant travaux Piste cyclable allée de Longchamp

Après travaux © DEVE Apur ©

Les dégâts de la tempête Le carrefour de la Conservation avant travaux (pelouse de la Muette)

Le carrefour de la Conservation après travaux La régénération des plantations © Apur © © DEVE

16 Quelle biodiversité milieux. Mais comme le montrent les végétaux : l’arbre fournit des matières exemples ci-dessous, au stade actuel cartonnées au champignon qui en dans les bois ? des études, les inventaires réalisés – par retour facilite l’assimilation de l’eau et les scientifiques ou les gestionnaires – des sels minéraux par l’arbre. Sans ces Dans les deux bois, on recense envi- esquissent des réponses mais posent champignons, les forêts seraient plus ron 500 espèces végétales, des espèces surtout des questions. sensibles à la sécheresse. Plusieurs parfois rares ou protégés d’orchidée • Les champignons sont un élément hypothèses sont avancées : suite à la et d’espèces herbacées, 18 espèces essentiel de l’écologie forestière. Sur tempête, les champignons sont tou- d’insectes au bois de Boulogne, 12 au une période de 4 ans, un inventaire a jours présents dans le sol mais ne fruc- bois de Vincennes, respectivement 27 été réalisé par un spécialiste sur trois tifieraient pas, leur présence aurait été espèces de poissons contre 17, 6 espèces parcelles de 900 m² dans chaque réduite par un excès de fertilisation d’amphibiens dans un bois comme dans bois selon un protocole précis. Deux azotée ou par la présence de plantes l’autre. Il y a plus d’une centaine d’es- espèces nouvelles et 35 espèces consi- invasives comme le robinier qui enri- pèces d’oiseaux, 10 espèces de mammi- dérées comme rares ou très rares en chit le sol en azote. fères à Boulogne contre 13 à Vincennes, France ont été décrites. L’étude a aussi • Une association a réalisé un baguage 8 espèces de chauves-souris au bois montré que les champignons ecto- qui permet d’identifier individuelle- de Boulogne contre 5 à Vincennes. Le mycorhiziens sont moins représentés ment les canards fuligule milouin, renard est présent au bois de Vincennes, dans les deux bois que dans une forêt une espèce commune, chassable en il ne paraît pas survivre à la circulation classique d’Île-de-France. Ces cham- France. Cette petite étude s’inscrit dans le bois de Boulogne. Les espèces pignons vivent en symbiose avec les dans le cadre d’une étude nationale invasives sont également présentes (robinier, renouée du Japon, hélante, berce du Caucase, élodée du Canada ou coccinelle asiatique, tortue de Floride, perruche à collier) sans que leur impact soit totalement connu.

Il existe différentes façons de décrire la biodiversité, à partir des différents éco- systèmes qui se complètent et interagis- sent, par le nombre d’espèces que l’on trouve sur un espace ou par la diversité au sein des espèces. La réalisation d’in- ventaires contribue à la définir.

Dans les bois, on dispose de très peu d’inventaires datant d’avant la tempête. Les inventaires réalisés depuis permet- tent d’avoir une meilleure connaissance © DEVE des espèces et des habitats et les renou- veler permettra de mieux comprendre les dynamiques de reconstitution des © DEVE Carte 1 : déplacements effectués pendant la vague de froid(fond cartographique : googlearth. com) Étude de l’entomofaune des Bois de Boulogne et de Vincennes (Paris, France) : Coléoptères de l’Office National de la Chasse, pour très variables. Elles sont très faibles saproxyliques et Carabidae, Hyménoptères mieux connaître la migration de ces pour les espèces forestières, ce qui les Symphytes oiseaux. Ce canard migrateur vient rend dépendantes des occupations du au lac des Minimes dans le bois de sol et de la fragmentation des milieux. Vincennes, la population d’une soixan- Dans la forêt de Rambouillet, de très taine d’individus arrive au mois d’oc- nombreuses espèces forestières ont été tobre et repars en mars. Les premiers trouvées, en abondance. Dans les sites résultats montrent que ces canards proches de Paris, les espèces forestières utilisent d’autres plans d’eau en région se font très rares. Les carabes plus géné- parisienne : la base de Créteil, le parc ralistes, moins sensibles à la modifica- départemental de la Plage bleue et cer- tion des milieux, sont également rares. tainement la Marne et la Seine. Un de Enfin, dans les bois de Vincennes et ces oiseaux a été vu en Russie, un en de Boulogne, il n’y a quasiment pas de Allemagne et un en Italie, où ils fré- grands carabes forestiers et très peu de quentaient des milieux périurbains carabes généralistes. D’autres études comparables. L’étude se poursuit. Elle réalisées en milieu urbain ont éga- pourrait esquisser une géographie des lement montré le faible nombre des haltes pour cette espèce. espèces forestières présentes mais pas Hyménoptères Symphytes : plus forte diversité • Un inventaire des insectes a été réa- celui des espèces généralistes dans ces à Vincennes (suite au défrichement ?) lisé par un entomologiste de l’Office proportions. Plusieurs pistes d’expli- National des Forêts. L’étude a porté cation sont envisageables : la première sur trois types d’insectes différents : serait que malgré la plutôt bonne qua- les coléoptères saproxyliques, liés lité des bois, la fragmentation de l’es- de façon directe ou indirecte au bois pace autour des bois est telle que ces mort ; les carabes, qui se situent en espèces sont incapables de recoloniser haut des chaînes alimentaires de tous les bois parisiens ; la seconde serait que les insectes de la surface du sol et sont le milieu n’est pas adapté. Pour éclaircir Diprion pini donc des proies pour tous les orga- ce point, un lâcher d’un grand nombre Coléoptères saproxyliques : plus forte diversité nismes plus gros, les hyménoptères d’individus de carabes forestiers pour- et intérêt patrimonial à Boulogne (pas de symphytes, qui permettent de décrire rait être envisagé afin de voir si ils sont rupture dans le cycle sylvicole) de façon assez précise les milieux. Les capables de se maintenir ou pas. insectes piégés correspondant aux • Des inventaires sont également enga- catégories retenues pour l’étude ont été gés par les gestionnaires pour évaluer identifiés. Les autres ont été conser- et infléchir les méthodes de gestion. vés pour des études futures. L’étude a C’est le cas de l’étude sur les papillons conclu à une plus grande diversité des communs réalisée à Paris intra-muros coléoptères saproxyliques à Boulogne. et dans les bois par les jardiniers et Clytus tropicus En isolat géographique, ces insectes les forestiers. Elle a été mise au point Carabes : forte probabilité de disparition peu mobiles ont tendance à dispa- entre le MNHN et la Ville de Paris des sites raître et cette différence pourrait être et découle d’une étude participative due au fait que le bois de Boulogne initiée avec le public. Le protocole est géographiquement moins isolé définit un parcours qui est réalisé des autres massifs forestiers ou parce trois fois par an. L’étude peut être que le morcellement des massifs y est renouvelée d’une année sur l’autre. moins importante. Pour les hyménop- Les premiers résultats, à prendre avec tères symphytes, la plus grande diver- prudence, paraissent montrer une Carabus auronitens sité trouvée dans le bois de Vincennes plus grande diversité de papillons © Thierry Noblecourt, DEVE, ONF DEVE, Noblecourt, Thierry © paraît liée à une plus grande diversité sur les prairies que sur les pelouses. des milieux, conséquences des défri- À milieu comparable, la population chements napoléoniens. de papillon paraît plus importante au Pour les carabes, un travail complémen- centre du bois que sur la périphérie. taire plus récent a été réalisé dans le En complément, un chercheur a réa- cadre de travaux menés par le Muséum lisé un lâcher de papillons marqués National d’Histoire Naturelle sur les pour étudier leur dispersion. Certains insectes en ville. Des enquêtes ont été ont été revus au bois de Vincennes, menées sur différents espaces boisés qui paraît être un lieu attractif pour d’Île-de-France. Ces coléoptères pré- des espèces qui savent voler. sentent des capacités de dispersion

18 © A. Vergnes, MNMM Vergnes, A. ©

19 Éléments ordinaire y a toute sa place ce qui les actions et de ne pas minimiser la bio- implique de favoriser ou de gérer des diversité dans les arbitrages. de conclusions plantes telles que le lierre, la ronce ou Faire cohabiter des usages variés et la et pistes l’ortie. biodiversité ne pose pas de problème Il faut que les bois puissent assurer en en soi tant qu’il y a multi-usages. On Les bois sont des zones écologiques interne leur rôle de continuité, être atteint cependant parfois la limite de importantes pour Paris et les terri- des générateurs de biodiversité et en l’exercice, comme avec l’augmentation toires urbains proches parce qu’ils même temps garantir un passage sûr des animations dans l’espace naturel. sont constitués d’une mosaïque de aux espèces qui doivent l’utiliser uni- La réduction du morcellement des bois milieux : des milieux forestiers, des quement comme support de migration. demeure un enjeu. Pour les voies rou- prairies, des zones humides… C’est Compte tenu des pratiques et des modes tières, le problème se pose différem- très important en ville et cela peut per- de gestion, les milieux naturels évo- ment dans le bois de Vincennes, où de mettre d’avoir la faune et la flore les luent dans le bon sens, les usages éga- nombreuses voies sont déjà fermées, plus diverses possibles. La biodiversité lement. L’enjeu est plutôt de poursuivre la circulation y est moins pénalisante © DEVE Zones de bruit, zones plus calmes © Apur © © DEVE

20 pour la biodiversité que l’absence de scènes pittoresques fondent aussi l’his- La biodiversité des bois dépend aussi des corridors extérieurs pour le relier aux toire des bois et la richesse du lieu. Elles territoires situés autour des bois. À titre autres espaces naturels ; dans le bois de devraient pouvoir être conciliées avec d’exemple, dans les Hauts-de-Seine, les Boulogne, réduire le morcellement dû à des méthodes de gestion écologique. Il espaces végétalisés représentent 45 % la circulation demeure un enjeu majeur, faudrait aussi sensibiliser le public à la de la superficie du département, des qui pourrait être atteint par étapes, en nécessité de couper parfois des arbres, grandes forêts domaniales aux jardins réduisant d’abord la vitesse de circula- par exemple sur la corniche de Gravelle, privés. Les techniques de gestion diffé- tion. Les bois pourraient aussi être des pour dégager les perspectives. renciées mises en œuvre par le Conseil lieux sombres la nuit, comme à la cam- Général sur les sites qu’il gère parais- pagne. Cela pourrait être expérimenté La biodiversité pourrait se dévelop- sent assez proches. Des inventaires sont sur une durée assez longue, sauf aux per favorablement dans les bois, à régulièrement réalisés sur différents abords des concessions. condition de créer et de maintenir sites. L’idée sous jacente, c’est de faire, Les considérations esthétiques, la com- une certaine perméabilité avec ce dans un premier temps, des préconi- position des bois ou la mise en valeur des qui se passe autour. sations de gestion puis de véritables © [email protected] © Baranger Apur, ©

La Seine et les infrastructures routières et ferroviaires :

de nouveaux corridors ? [email protected] ©

21 plans de gestion. Quasiment tous les aménager et les entretenir, dans une parcs départementaux ont leur plan optique favorable à la biodiversité. Il de gestion. Les inventaires font l’objet existe également un référencement de de mises à jour régulières. tous les arbres remarquables, qui à par- À la différence de Paris, le classement tir d’un certain âge, sont des écosys- espace naturel sensible est le principal tèmes à eux tout seul. Enfin, le Conseil moteur de la politique de biodiversité. Général mène une réflexion sur l’in- Les taxes récupérées par les départe- térêt et les possibilités de créer des ments, liées à l’activité du bâtiment, connexions écologiques entre les dif- permettent d’acheter des terrains, les férents sites. Ce sera plus facile sur le

22 sud du département. En tout cas, c’est par les Hauts-de-Seine que passent les connexions entre Paris et la Grande cou- ronne à l’ouest d’où la nécessité d’un travail partagé.

La faune et la flore doivent pouvoir sor- tir des bois et y rentrer, il faut retrouver des liens avec les grands espaces natu- rels, comme la forêt de Rambouillet. Deux approches pourraient être envi- sagées, résumées par deux questions : • quel type de continuité pour quel type d’espèce ? • comment créer des continuités d’ha- bitat autour des bois ? La carte de la hauteur de la végétation située sur des emprises publiques et pri- vées montre que pour établir des conti- nuités, il est nécessaire de s’appuyer sur toute sorte d’espaces. Cela suppose aussi de pouvoir partager toutes les bases de données et de pouvoir échanger entre les territoires d’Ile-de-France. Compte tenu des enjeux, le plan bio- diversité de la Ville de Paris, en cours, a retenu deux des quatre sites pilotes dans les bois : la zone bois de Vincennes- Bercy-Charenton, avec un enjeu de trans- parence entre le bois, les voies de chemin de fer, la Seine, la Marne, la petite cein- ture, et la zone des berges de la Seine dans le bois de Boulogne, avec un enjeu d’échanges entre la Seine et le bois de Boulogne et les autres espaces fores- tiers situés au-delà.

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