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J.CHASSERAUD

Le bois de Boulogne (846 hectares, voies périphériques non incluses) comprend actuellement, en dehors des routes ouvertes à la circulation automobile (environ 61 hectares), des conces- sions (157 hectares) et des établissements du service, une superficie librement accessible de 560 hectares répartie en : — massifs boisés 315 hectares - pelouses rustiques 150 hectares - plaines de jeux 25 hectares — trottoirs et allées 70 hectares — Total 560 hectares

Il faut y ajouter la superficie des lacs et pièces d'eau (îles non comprises), 23,5 hectares, et celle des rivières, 5,4 hectares ; les routes fermées à la circulation automobile représentent, pour leur part, environ 12 hectares.

Le bois de Vincennes (995 hectares, voies périphériques non incluses) comprend, en dehors des routes ouvertes à la circulation automobile (surface des chaussées et carrefours : 43 hec- tares), des concessions (88 hectares), des propriétés de l'Etat (37,8 hectares), des servitudes militaires (27,8 hectares) et des établissements du service, une superficie librement accessible d'environ 690 hectares répartie en : — massifs boisés 365 hectares - pelouses rustiques 200 hectares - plaines de jeux 80 hectares — trottoirs et allées (y compris les trottoirs des voies entretenues par la Voirie parisienne et les allées bétonnées des pelouses de Reuilly) 44 hectares Total 689 hectares

Soit, en chiffre rond, 690 hectares.

Il faut y ajouter la superficie des lacs et pièces d'eau (îles non comprises), 19,2 hectares, et celle des rivières, 3 hectares ; les routes fermées à la circulation automobile représentent, pour leur part, 9,6 hectares.

'Condensé d'une étude de M . Jean Chasseraud, imprimée à [Hotel de Ville de Paris et publiée sous le mémé titre .

165 J . CHASSERAUD

QUELLES EN SONT LES FONCTIONS ESSENTIELLES ?

Circulation automobile

La situation de ces deux bois en milieu urbain a eu pour conséquence qu'ils sont devenus le lieu de passage de divers itinéraires à caractère régional intéressant les Parisiens et les popu- lations de la proche banlieue.

S'ajoute à ces liaisons une circulation de promenade et de desserte des concessions, attrac- tions ou lieux de divertissement ; ce trafic limité aux véhicules automobiles de tourisme porte cependant encore : — au bois de Boulogne, sur 43,5 km de routes (12,5 km de voies avaient déjà été fermés à la circulation automobile et 4,5 km supplémentaires l'ont été par arrêté interpréfectoral du 20 mars 1973) ; — au bois de Vincennes, sur 39 km de routes (16 km de voies ont déjà été interdits à la circulation automobile).

Réserve naturelle

C'est la fonction la plus importante, associée à celle de promenade . On trouve, à l'intérieur des bois parisiens, aussi bien l'ambiance forestière dans les massifs que l'ambiance des grands parcs naturels dans les plaines.

En raison de leur grande superficie, les bois de Boulogne et Vincennes apparaissent comme d'exceptionnelles réserves d'air pur pour Paris.

Promenade

Les bois de Boulogne et de Vincennes sont des lieux de promenade . Il peut s'agir de promenade à pied soit entièrement libre, soit orientée par un circuit tel que le sentier qui fait le tour complet du lac Inférieur du bois de Boulogne en bordure de l'eau, soit signalée : certains sentiers piétonniers s'insérant à proximité des sites pittoresques peuvent être balisés par des traits de couleurs différentes, de manière discrète mais attrayante, avec indication du but de la promenade et du temps nécessaire pour parvenir à ce but . On peut évaluer les chemine- ments de piétons à plus de 50 km au bois de Boulogne et à environ 40 km au bois de Vincennes.

La promenade à bicyclette peut être pratiquée au bois de Boulogne sur près de 4,5 km de pistes cyclables ; elles partent des pelouses de Boulogne et remontent vers le vieux cimetière, le carrefour de Longchamp, l'allée de la Longue-Queue jusqu'à la porte de Madrid . Au bois de Vincennes, il n'existe que moins d'un kilomètre de pistes cyclables, mais il y a un projet de remise en état d'une ancienne piste devenue inutilisable.

Il existe également 29 km de pistes cavalières au bois de Boulogne et 7,5 km au bois de Vincennes.

Enfin, les lacs permettent la pratique du canotage.

Loisirs, jeux, sports, animation culturelle

De multiples possibilités sont offertes dans les bois parisiens : zones de silence, activités libres sur pelouses rustiques, activités spécialisées relevant du régime de la concession.

Les jeux et sports peuvent être pratiqués : — soit dans les plaines : au bois de Vincennes, par exemple, les grandes plaines de la

166 Bois de Boulogne et Vincennes : réserves naturelles de Paris

Bois de Boulogne - Le Racing Club de France.

Faluère, Belle-Etoile et Saint-Hubert permettent une large pratique des jeux d'équipes — rugby et surtout football — dans une ambiance naturelle particulièrement appréciée ; — soit dans les diverses concessions.

Mais les superficies affectées aux activités libres et à celles relevant des concessions ne sau- raient être augmentées sans nuire à la conservation des bois et au maintien d'un certain calme nécessaire.

Sans doute des améliorations sont-elles apportées aux installations existantes . Par exemple, au bois de Boulogne, la construction récente des bassins de natation du Racing et la modernisa- tion des aménagements de l'hippodrome de Longchamp ; mais elles nécessitent des investis- sements importants.

En fait, pour les activités de plein air des foules urbaines comprenant des groupes d'individus de tous âges, il parait indiqué de créer ou de développer des « équipements légers ne portant pas atteinte à l'espace vert naturel et s'intégrant au site » . C'est dans cet esprit qu'ont été réalisés quelques centres aérés pour scolaires, quelques emplacements de jeux pour enfants et qu'est suggérée la réalisation de parcours pédestres d'entraînement pouvant emprunter par- tiellement des cheminements existants et comportant l'utilisation de matériaux naturels.

Fréquentation

La valeur sanitaire et récréative d'une forêt de promenade est fonction du nombre de visiteurs qu'elle reçoit et de sa surface.

En raison des diverses fonctions auxquelles ils sont appelés à répondre du fait de leur caractère sub-urbain, les bois parisiens sont évidemment de plus en plus fréquentés ou utilisés ; on a estimé — très approximativement sans doute — que les bois de Boulogne et de Vincennes reçoivent respectivement 7 000 et 6 000 visiteurs par hectare et par an, alors que la forêt de Meudon — à 20 km de Paris — n'en reçoit que 1 800 et la forêt de Rambouillet — à 35 km de Paris — 300 seulement .

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LE MILIEU ET LES FACTEURS DE PERTURBATION DE L'ÉQUILIBRE BIOLOGIQUE

On conçoit aisément que les réserves naturelles d'une grande ville comme Paris puissent subir, dans l'air, dans l'eau et dans le sol, des altérations multiples et qu'il devienne néces- saire de surveiller, de protéger et, le cas échéant, de rétablir l'équilibre biologique.

La circulaire interministérielle du 8 février 1973 relative à la politique d'espaces verts souligne que la notion d'équilibre biologique est le fondement des objectifs à atteindre et qu'elle doit inspirer en priorité l'application des textes concernant les espaces verts et boisés.

L'AIR

Les observations de ces dernières années ont montré que les organes aériens des végétaux sont plus spécialement aptes à fixer et à retenir les éléments fins des poussières, goudrons et huiles particulièrement ; un effet électrostatique semble être à la base de ce dépôt qui est stable, goudrons et huiles subissant, à un degré bien moindre que les poussières solides, les effets de la sudation, de la rosée, de la pluie et du vent ; en se déposant pendant un temps plus ou moins long, ces matières forment à la surface des feuilles un film susceptible d'en- traîner notamment une réduction appréciable de la fonction chlorophyllienne.

Nous nous bornerons à un examen succint de la situation de l'atmosphère parisienne en ce qui concerne les principaux polluants s'y trouvant à l'état de gaz ou de vapeur, particulièrement au voisinage des voies de circulation.

Les mesures d'anhydride sulfureux prises à Paris, par le Laboratoire d'hygiène de la ville pendant l'hiver 1971-1972, font apparaître (d'octobre à avril) un ordre de grandeur moyen de 200 microgrammes par mètre cube dans les cours d'immeubles du 16' arrondissement et un ordre de grandeur moyen de 100 microgrammes par mètre cube dans les massifs du bois de Boulogne ; mais il est important d'observer que les concentrations de SO 2 sont trois à quatre fois moins élevées pendant la période de mai à septembre, durant l'interruption du chauffage. La moyenne annuelle dans les massifs boisés semble donc inférieure au seuil de dommage chronique.

Des mesures d'oxyde d'azote ont été effectuées à Paris par le Laboratoire de la Préfecture de police ; elles font apparaître une moyenne annuelle pour NO 2 en 1971, de 29,6 microgrammes par mètre cube (méthode Griess-Saltzmann).

Les mesures effectuées mensuellement par cette méthode après prélèvement d'échantillons d'air à 3 mètres du sol, rue de Dantzig (où la circulation n'est que moyenne et plutôt modérée), ont indiqué, en 1972, un minimum de 25 microgrammes par mètre cube en août (circulation ralentie) et un maximum de 44,5 microgrammes par mètre cube en septembre (reprise très sen- sible de la circulation).

Il semble que les oxydes d'azote ne soient pas phytotoxiques aux doses où on les trouve cou- ramment dans l'atmosphère urbaine.

Le plomb contenu dans les carburants a-t-il une action sur les végétaux voisins des voies de circulation ?

168 - Bois de Boulogne et Vincennes : réserves naturelles de Paris

On n'a pas constaté d'effet appréciable ; notons simplement qu'on retrouve des traces de plomb à l'intérieur des tissus foliaires d'arbres situés à moins de 20 ou 30 mètres des autoroutes

Si les brouillards photochimiques sont moins à craindre à Paris qu'à par exemple, parce que l'éclairage y est beaucoup moins intense et parce qu'un sol généralement plat facilite la dispersion des polluants, il ne faut pas négliger l'éventualité d'une accumulation des conta- minants dans la basse atmosphère, voire d'une concentration accrue sur les feuilles d'arbres lorsque certaines circonstances météorologiques entraînent une stagnation de l'air (situation sans vent et sans courant ascendant). En outre, les observations des chercheurs américains mettent en évidence la possibilité de réaction d'un polluant déterminé en combinaison avec d'autres (synergie).

Il serait donc raisonnable et prudent que soit maintenu pour chacun des principaux polluants de l'atmosphère et en particulier pour SO 2, un taux de pollution inférieur au seuil critique indiqué pour la végétation (marge de sécurité).

L'application de la loi n° 61-842 du 2 août 1961 et des textes subséquents (décret du 17 sep- tembre 1963 et arrêté ministériel du 11 août 1964) avait permis, par la création de zones de pro- tection spéciale (réglementation de la qualité des combustibles et réglage des chaufferies), d'abaisser la pollution de l'air à Paris en ce qui concerne SO 2 et les fumées en général ; mais il faudra surveiller attentivement l'évolution de cette pollution.

L'EAU

C'est l'eau brute de fleuve ou rivière, en particulier eau de et de pompée et refoulée par des usines dans les réseaux moyens de la Ville de Paris, qui sert à l'alimentation des lacs et ruisseaux des bois parisiens et à l'arrosage des plantations de ces bois.

Examen et avis sur les éléments contenus dans l'eau brute ont été demandés au Centre tech- nique du génie rural, des eaux et des forêts (Division ,, Qualité des eaux, pêche et pisciculture »).

Au vu de l'ensemble des résultats des analyses, il ne semble pas qu'il y ait actuellement lieu de craindre une action toxique directe sur les poissons ou sur la végétation . Cependant, une étude hydrobiologique de la qualité des eaux du lac Supérieur, au bois de Boulogne, ou du lac de Gravelle, au bois de Vincennes, pendant une année, pourrait avoir de l'intérêt.

Pratiquement la vie aquatique semble se maintenir : on trouve des écrevisses américaines en Seine, en Marne, dans le canal Saint-Martin, dans le bassin de la Villette . La mortalité des cyprinidés n'a pas augmenté au cours des dernières années dans les lacs des bois de Bou- logne et de Vincennes et des truites continuent à vivre dans des aquariums alimentés en eau brute de Seine sous les seules conditions d'aération de l'eau et d'apport d'une nourriture appro- priée (il s'agit d'un test durant plusieurs mois et répété régulièrement depuis cinq ans, même en période d'étiage) ; mais certaines pollutions, sans atteindre directement les poissons, peuvent cependant entraîner leur disparition à plus ou moins long terme si elles détruisent les orga- nismes (invertébrés aquatiques) dont ils se nourrissent ou si elles modifient le milieu de façon telle (colmatage) que ces organismes ne puissent plus se maintenir ; à ce propos, il serait intéressant de surveiller l'évolution des microcrustacés dans les lacs des bois parisiens.

Le décret n° 73-218 du 23 février 1973 portant application de la loi n° 64-1245 du 16 décembre 1964 tend à assurer une protection efficace des eaux contre les déversements polluants par harmonisation des règles, normalisation des descriptions techniques, aggravation des sanctions pénales et généralisation du contrôle : ajoutons qu'un plan de dix ans a pour objectif l'épura- tion de la Seine en amont et en aval de Paris .

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Observations particulières

Les algues des lacs Au printemps 1971, le lac Supérieur, au bois de Boulogne, a été envahi par une végétation aquatique exubérante (algues vertes filamenteuses, Cladophora et Spirogyra) tandis que dans le lac Inférieur on ne trouvait que des cyanophytes planctoniques sans aucune algue verte.

La prolifération excessive des algues dans le lac Supérieur parait avoir été liée : — à la réfection du fond du lac après un asséchement prolongé consécutif aux travaux du boulevard périphérique ; — à l'eutrophisation de l'eau du lac Supérieur ; — à une température relativement élevée au printemps et au début de l'été.

Il a été jugé préférable d'éviter l'emploi de produits chimiques pour détruire les algues et on s'est limité au ramassage mécanique de ces dernières ; fin juin 1971, la surface du lac Supé- rieur était redevenue pratiquement propre et claire.

Variations dans la composition de l'eau brute le long du circuit de distrubition dans l'espace vert Au bois de Boulogne, l'eau déversée dans le lac Supérieur alimente successivement le lac Inférieur puis un ruisseau en aval.

On a analysé l'eau de ce ruisseau ; les chiffres sont très différents de ceux des analyses d'eau de Seine ; on observe qu'il y a eu non seulement une décantation de l'eau brute mais aussi une déminéralisation assez considérable par exploitation de CO 2 des bicarbonates et disparition des nitrates .

170 Bois de Boulogne et Vincennes : réserves naturelles de Paris

LE SOL

La perturbation de loin la plus grave est, sans conteste, celle qui affecte l'état d'équilibre biologique des massifs boisés avec le sol.

La corrélation entre le type de forêt et le type de sol d'une station donnée est tellement étroite que toute évolution de la forêt s'accompagne d'une évolution de son sol et inversement.

Le simple tassement du sol par piétinement des promeneurs est plus préjudiciable à l'équilibre biologique qu'on ne le pense généralement ; il entraîne, en effet, une interruption de l'aération du sol et une réduction de l'activité biologique.

Mais dans les forêts de promenade très fréquentées, bien d'autres facteurs interviennent.

Les multiples actions de l'homme vont entraîner progressivement une nette perturbation des conditions d'existence des arbres et accélérer singulièrement, lorsque ces derniers sont devenus vieux, l'apparition des clairières plus ou moins vastes et le recul des lisières dont la dégra- dation amorce celle des massifs demeurés apparemment en assez bon état.

Le processus de destruction ainsi engagé va se poursuivre.

Les incendies non suivis de reboisements, le couvert qui devient très insuffisamment dense lors de la phase ultime de vieillissement des peuplements et permet une insolation accrue, vont l'accélérer encore. Ainsi s'établit, en sol siliceux léger particulièrement, une évolution régressive caractérisée par la disparition des couvertures vivante et morte, le lessivage, c'est-à-dire l'entraînement dans le sous-sol des éléments nutritifs basiques, une phase d'acidification et une dégradation complète de la structure du sol.

Cette évolution, jointe au fait que les arbres souvent trop âgés ne pouvaient plus se régénérer normalement, explique qu'il y a quelques dizaines d'années les massifs des bois parisiens, ceux du bois de Boulogne notamment, étaient menacés de disparition.

Or, la cohabitation de l'homme et de l'arbre demeure nécessaire dans une forêt de promenade sub-urbaine. Il a donc fallu mettre au point des techniques permettant un repeuplement des secteurs les plus dégradés sans restreindre sensiblement les possibilités d'évolution des promeneurs.

ACTION DE L'HOMME SUR LA FLORE ET SUR LA FAUNE

L'action de l'homme s'exerce de différentes façons dans les espaces verts qui tous, en défini- tive, sont plus une oeuvre humaine qu'un don de la nature.

Les déboisements de 1794 et de 1838 au bois de Vincennes et ceux de 1815 et, dans une moindre mesure, de 1870 au bois de Boulogne liés à des besoins considérés comme prioritaires, ont eu des effets néfastes sur les bois parisiens.

Lorsque, aujourd'hui, les usagers de la promenade tassent inutilement le sol, foulent au pied de jeunes arbres, brisent des branches ou coupent de jeunes brins qui auraient pu devenir de grands arbres, il s'agit d'actions qu'un peu de réflexion aurait permis d'éviter ; c'est pourquoi il faut faire appel à la bonne volonté et à la collaboration du public citadin ; la phrase classique « espace vert placé sous la protection du public ne doit pas être une vaine formule.

La flore des bois parisiens est assez variée ; pour ne parler que des arbres, on y rencontre sur- tout des chênes, des érables, des pins, etc .

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172 Bois de Boulogne et Vincennes : réserves naturelles de Paris

Une action délibérée et raisonnable est indispensable pour assurer la régénération des massifs des forêts de promenade de manière satisfaisante . Si nos ancêtres d'il y a un siècle et demi à deux siècles et même plus n'avaient pas pris l'initiative d'abattre les arbres surannés et de réaliser d'importants programmes de replantations et de reboisements, les bois de Boulogne et de Vincennes seraient bien moins beaux qu'aujourd'hui. Un choix judicieux des essences à employer est nécessaire pour assurer la valeur et la péren- nité des massifs. En outre, l'introduction d'essences exotiques par la main de l'homme a permis de donner aux bois parisiens davantage de diversité et une plus haute qualité.

La faune des bois de Boulogne et de Vincennes est plus variée qu'on ne le pense généralement.

La reconstitution de l'ambiance forestière par les reboisements s'accompagne d'un rétablisse- ment de l'état d'équilibre biologique de la faune et favorise notamment la réapparition de nom- breux petits oiseaux : mésanges charbonnières, pinsons, bouvreuils, rouges-gorges, rossignols.

Outre les oiseaux sauvages d'espèces communes qu'on rencontre encore couramment aujour- d'hui dans les bois parisiens : quelques ramiers, corneilles, pies, geais, piverts, merles en assez grand nombre, étourneaux, canards sauvages (cols-verts) et poules d'eau, des essais d'acclimatation ont été faits et seront complétés et diversifiés : cygnes blancs sur les lacs (une trentaine dans chaque bois), un couple de cygnes noirs à cou blanc sur une pièce d'eau de Bagatelle, canards d'espèces variées sur les différents plans d'eau (500 à 600 au bois de Bou- logne et un millier au bois de Vincennes), faisans qui trouvent refuge dans les reboisements (on en compte environ 600 au bois de Boulogne et 150 à 200 au bois de Vincennes), enfin écu- reuils roux à proximité des zones résidentielles (au bois de Boulogne il y en a au moins une centaine et au bois de Vincennes une cinquantaine) ; le nombre de ces derniers progresse lorsque les glandées sont abondantes : les écureuils, introduits au parc floral en 1971, s'abritent toujours dans la pinède et semblent s'y reproduire.

Il semble souhaitable, dans les circonstances actuelles, de maintenir l'interdiction de tir au fusil de chasse dans ces bois (une intervention pour la destruction d'animaux excédentaires ou considérés comme dangereux ne devrait dans l'avenir être autorisée qu'à titre tout à fait excep- tionnel et si elle est dûment justifiée).

Notons la présence de fouines, de belettes et malheureusement de rats (rats d'égoûts et gros rats musqués qui minent les berges) ; la dératisation, qui est nécessaire, est d'ailleurs régle- mentée : une campagne générale de dératisation s'étale tous les ans sur les mois d'avril et mai et est coordonnée par le Service municipal de la désinfection ; la lutte offensive est basée sur l'action des anticoagulants, mais ces produits ne sont pas sans danger et doivent être utilisés de manière très localisée et avec prudence.

Le problème des chats et des chiens abandonnés est un problème avant tout affectif à régler en liaison avec la Société protectrice des animaux ; les services du Parc zoologique du bois de Vincennes ont une technique de piégeage des chats qui permet de les capturer sans les blesser et qui est particulièrement efficace ; il peut être utile de les consulter.

Les poissons des lacs et pièces d'eau des bois parisiens sont surtout des cyprinidés (carpes, poissons rouges, tanches et gardons) ; dans certaines pièces d'eau, telles que la mare Saint- James, on trouve quelques brochets.

Ces poissons ont résisté assez bien jusqu'ici mais il faut éviter l'emploi de produits chimiques pour la destruction des algues par exemple (algicides).

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SYLVICULTURE ET AMÉNAGEMENT

Dans les parties du bois de Boulogne où le sol sablonneux, sec et peu fertile est exposé à la chaleur et à la sécheresse de l'été, l'essence typique primitive a dû être, selon les botanistes, le chêne pubescent qui est adapté à ces conditions difficiles . On en trouve encore de nos jours des exemplaires, notamment à Bagatelle, sous forme de massifs très clairs.

Dans des conditions un peu meilleures, c'est le chêne rouvre que l'on trouve . Le chêne pu- bescent s'est peu à peu hybridé avec cette essence. Mais il n'en est pas de même au bois de Vincennes où le chêne pédonculé domine avec le chêne rouvre.

Pratiquement, on peut donc retenir à ce point de vue : — bois de Boulogne : chêne pubescent (dans les stations les plus sèches) ; chêne rouvre et hybrides ;

— bois de Vincennes : très rares stations de chêne pubescent ( 1 ), chêne rouvre et, dans les parties les plus fraîches (notamment dans l'ouest et le nord-est du bois), chêne pédonculé.

En 1973, la proportion des principales essences d'arbres dans les bois parisiens était la suivante

Essences Bois de Boulogne Bois de Vincennes

Chênes 54 à 58 % 30 % Erables 10 à 11 % 10 % Ormes 5 à 6 % 9 % Pins 6 % 8 Robiniers 4 % 9 % Hêtres 5 /o Marronniers 3 % 10 % Divers Environ 15 % 19 %

Total 100 % 100 %

Les pourcentages ne portent que sur les arbres de taille forestière (à partir de 17,50 cm de dia- mètre à 1,30 m de hauteur).

La relative importance du poste Divers est liée à la présence d'assez nombreuses essences exotiques.

Il y a trente-cinq ou quarante ans, la dégénérescence des massifs boisés était si marquée que, si l'on n'y avait pas porté remède, les bois parisiens auraient eu un avenir très limité, les peuplements étant menacés en diverses parties de disparition plus ou moins rapide. Trois objectifs ont été assignés par les forestiers : — nettoiement des vieux peuplements ; - régénération par un jardinage par trouées suivi de repeuplements artificiels clôturés ; — amélioration des jeunes peuplements et ouverture au public des enclos à l'âge d'environ vingt-cinq ans.

(1) Une curiosité à signaler : sur les pentes du plateau de Gravelle exposées au midi existait une station typique de chérie pubescent, avec plusieurs plantes de l 'association végétale dudit chéne, mais sans chérie pubescent : il était logique d'y introduire ce chêne : c ' est ce que l'on a commencé à taire il y a une quinzaine d ' années.

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Bois de Boulogne et Vincennes : réserves naturelles de Paris

Bois de Boulogne. Enclos de reboisement ouvert au public en 1970. Photo Ville de Paris.

Nous mettrons surtout l'accent sur la méthode de régénération par enclos de reboisement.

Les tentatives faites, au cours des années 1930 et suivantes, pour planter en dehors des enclos de jeunes plants destinés à former un sous-étage, ont été vouées à l'échec ; la présence des promeneurs rend indispensable la protection provisoire des petits sujets.

Il en fut de même des plantations de hautes tiges tentées jadis dans les clairières ; plusieurs centaines de hautes tiges plantées en 1937 à la pointe du bois de Boulogne étaient, dès 1942, entièrement disparues ; si l'on remonte plus loin dans le temps, il semble que, vers le milieu du siècle dernier, des mécomptes aient été essuyés dans l'emploi massif de hautes tiges au bois de Boulogne, notamment dans les mauvaises parties dudit bois ; les progrès techniques permettent aujourd'hui de réussir les plantations de hautes tiges même en conditions fort diffi- ciles, mais c'est une solution très onéreuse dont l'emploi doit être limité et qui convient sur- tout aux points d'intérêt.

On a donc été conduit, après avoir choisi, dans les secteurs ayant subi les plus fortes dégra- dations, des clairières assez vastes (ordre de grandeur un hectare) (2) et après travail et amélio- ration du sol, à procéder à l'installation de jeunes plants forestiers sous la protection d'une clôture provisoire légère.

La récente mise au point de ces techniques permet une réussite excellente et économique ( 3) à condition que l'enclos soit largement dégagé et éclairé, car les jeunes plants introduits — essences de lumière en général — ne supportent pas le couvert et n'admettent à la rigueur qu'un couvert extrêmement réduit ; en outre, l'absence presque complète de vieux arbres facilite la préparation du sol.

(2) Les premiers reboisements effectués sur de trop petites surfaces donnèrent de mauvais résultats, le développement des jeunes sujets étant contrarié par un couvert latéral encore dense. (3) Grâce aux techniques employées, la régénération est assurée presque â 100 %.

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Bien sûr le public aime les arbres de la forêt de promenade et souhaite les voir vieillir jusqu'à leur terme ; si, sur l'emplacement de l'enclos, subsistent encore de rares sujets de valeur à couvert léger, il conviendra de les maintenir.

En matière de massifs boisés, la valeur des réalisations tient surtout à la bonne adaptation et à la satisfaisante résistance des essences ou tout au moins des principales essences utilisées, lesquelles, dans les conditions de l'emploi, doivent avoir une longévité aussi grande que possible.

II y a avantage certain à utiliser des semences provenant d'une essence de valeur, longévive et bien adaptée aux conditions climatiques et édaphiques locales ; on recherchera ainsi dans les bois parisiens des exemplaires caractéristiques de chêne rouvre et l'on récoltera les glands de ces arbres ; on évitera d'employer des plants de chêne du commerce, d'origine souvent mal connue et qui proviennent fréquemment du chêne pédonculé, ou on ne les utilisera qu'en stations convenant à cette espèce ; on évitera même, là ou la qualité du sol n'est pas la meil- leure, l'emploi de sujets d'une espèce jugée convenable mais dont la race pourrait avoir de plus grandes exigences : au bois de Boulogne, les plants de chêne rouvre originaires du bois sont extrêmement vigoureux, alors que des chênes provenant de la forêt de Tronçais et plantés dans un enclos ne s'y acclimatent que difficilement et végètent.

II doit être bien entendu qu'il s'agit, autant que possible, de choisir des races » convenables.

En pratique, dans les bois parisiens, l'examen des peuplements anciens et de ceux nouvelle- ment créés où des nombreux feuillus et résineux sont représentés permet de discerner assez clairement les essences rustiques fondamentales, les essences complémentaires et celles qu'il faut éliminer ou ne planter qu'avec circonspection.

Bois de Vincennes - Chêne rouvre . Photo CHASSERAUD.

176 Bois de Boulogne et Vincennes : réserves naturelles de Paris

Que peut-on dire de ces dernières ?

Au bois de Boulogne, des échecs ont été enregistrés dans les cinq ou six premières années (sapin, épicéa), entre dix et vingt ans (douglas, pin de l'Himalaya) ou plus tard (chêne rouge d'Amérique, par exemple, lorsque le sol n'est pas assez frais) . Dans tous les cas, il est trop tard pour y remédier ; en effet, en raison du fait que les clôtures ne doivent être maintenues que pendant une durée limitée, les regarnissages effectués après les trois ou quatre années qui suivent l'année de plantation sont pratiquement sans objet.

Nous ne voudrions pas que cette partie de notre exposé soit trop pessimiste envers les essences non indigènes en général.

La cause principale des échecs enregistrés à leur sujet tient probablement à la mauvaise qualité du sol des stations où lesdites essences avaient été plantées.

Mais il y a, au bois de Vincennes notamment et même au bois de Boulogne, des variations assez grandes en matière de sol ; le chêne rouge d'Amérique par exemple a donné au bois de Vincennes de bien meilleurs résultats qu'au bois de Boulogne ; il en existe de beaux exem- plaires dans le secteur des Minimes.

Sans doute pourrait-on se mettre d'accord assez facilement sur le point que les bois parisiens doivent comporter principalement des feuillus, les feuillus classiques des paysages de 1'11e-de- France.

Cependant, ici et là, des essences exotiques peuvent être d'autant plus intéressantes qu'il importe de donner aux massifs boisés des forêts de promenade une diversité suffisante ; il faut simplement, après avoir éliminé les essences trop exigeantes et après avoir choisi avec discer- nement celles qui le sont moins, mettre ces dernières en bonne place ; au bois de Boulogne, par exemple, de telles essences (Sequoia sempervirens, noyer noir, etc .) ont été mises en place avec succès dans des stations convenant à leurs exigences respectives.

Mais abordons, d'une autre manière, le problème du choix des essences . Partons du chêne rouvre indigène, essence de base des deux bois parisiens ; en l'employant on est assuré de reboiser pour une durée extrêmement longue.

Parmi les essences complémentaires, on peut utiliser, dans les stations les plus fraîches, le hêtre qui donne au peuplement forestier un caractère très différent que les promeneurs appré- cient ; à noter qu'au bois de Boulogne, près de l'avenue de la Reine-Marguerite, du côté de Boulogne, subsistaient jusqu'en 1970 quelques beaux spécimens de hêtres, vestiges de ce qui fut un remarquable boqueteau que l'on s'efforce actuellement de reconstituer ; mais c'est une exception dans ce bois ; par contre, au bois de Vincennes, le hêtre peut être employé plus lar- gement avec le frêne.

En ce qui concerne le charme, il faut prêter attention au fait que très peu de vieux individus existent encore au bois de Boulogne et que les plus anciens sont presque tous dépérissants ou tarés ; la sécheresse du sol des stations n'est peut-être pas la seule cause du dépérissement dont il s'agit qui, dans une certaine mesure, pourrait être lié à une sensibilité à la pollution de l'air.

Autres essences complémentaires susceptibles d'être utilisées : le tilleul (peu exigeant pour le sol) et l'acacia (robinier faux acacia) qui a donné son nom à une des allées du bois de Bou- logne et s'accommode bien des terres sablonneuses.

Aux feuillus ci-dessus indiqués, on peut encore ajouter : le noyer noir en sol suffisamment fertile et le châtaignier qui demande des stations siliceuses, fraîches et dépourvues de calcaire.

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Bois de Boulogne - Beau peuplement de pin laricio de Corse au Nord de la mare Saint-James - Photo CHASSERAUD

En outre, dans tout reboisement de forêt de promenade, il est bon d'introduire pour les oiseaux quelques fruitiers : merisier, alisier, sorbier.

Que penser des résineux ? Dans un reboisement sur sol siliceux sec, les peuplements mixtes de résineux et feuillus sont à recommander, mais il convient ici de prendre garde à la fois aux exigences écologiques des résineux et à la sensibilité de plusieurs d'entre eux à la pollution atmosphérique.

Les pins (laricio noir d'Autriche et surtout laricio de Corse dont la croissance est rapide) et le cèdre (Cedrus atlantica) sont précieux car ils conviennent parfaitement aux stations sèches du bois de Boulogne et ne sont pas trop exigeants pour la pureté de l'air.

En raison des risques d'incendie, il est préférable que les groupes de conifères soient situés à l'intérieur des reboisements et relativement loin des bordures.

178 Bois de Boulogne et Vincennes : réserves naturelles de Paris

L'emploi de résineux pourra être indiqué dans le cadre de la composition d'un paysage déter- miné du bois ou pour de simples raisons d'esthétique : pins, cèdres plus ou moins mêlés de bouleaux, de sorbiers des oiseleurs, de cytises offriront d'heureux contrastes de formes et de couleurs rompant la monotonie d'un massif.

Quel plan de reboisement convient-il d'adopter? Il s'agit d'arrêter un plan sûrement valable à moyen terme et que l'on pourra, s'il y a lieu, réajuster à long terme.

Compte tenu de la nécessité de ne pas trop restreindre la promenade, des surfaces respectives des massifs boisés, de la longévité moyenne probable des arbres dans lesdits massifs, le plan de reboisement doit correspondre théoriquement à un rythme annuel de création de 3 hectares d'enclos de reboisement dans chacun des bois, avec corrélativement la mise à la disposition du public d'une surface à peu près égale d'anciens reboisements.

Ce rythme assure la régénération de l'ensemble des massifs boisés en temps utile, c'est-à-dire à peu près en cent ans au bois de Boulogne et en cent vingt ans au bois de Vincennes.

Pratiquement, il conviendra de retenir un chiffre global de 6 hectares de reboisements pour l'ensemble des bois parisiens et d'arrêter le chiffre annuel pour chacun d'eux en fonction du dépérissement plus ou moins accentué des peuplements, de l'ampleur prise ou non par une maladie, etc . ; ainsi, dans les conditions actuelles, le développement de la maladie de l'orme au bois de Vincennes incite à faire et à poursuivre pendant quelques années un effort supplé- mentaire de régénération dans ce bois.

Réglementairement, les reboisements clôturés ne doivent pas dépasser 20 % de la surface des massifs forestiers au bois de Boulogne et 15 % de la surface correspondante au bois de Vincennes.

Nous pensons que l'adoption d'une limite réglementaire de 20 % pour l'un et l'autre bois est opportune compte tenu de l'évolution défavorable actuelle d'une partie des peuplements du bois de Vincennes ; d'ailleurs, si l'on est conduit à reboiser de plus grandes superficies dans ce bois, il sera facile de morceler les enclos afin de ne pas gêner la promenade.

ACTUALISATION ET CONCLUSION ( 4)

De 1973 à 1977, en reprenant l'ordre de l'exposé précédent, quelle évolution brièvement résumée peut-on constater ?

Les voies interdites à la circulation automobile, inchangées au bois de Boulogne, soit 17 km, sont passées au bois de Vincennes de 16 à 18,5 km.

Au bois de Boulogne, une piste cyclable de 3,2 km a été créée autour de l'hippodrome de Longchamp.

Deux parcours pédestres d'entraînement ont été réalisés, l'un de 1 800 m à l'ouest du champ de courses d'Auteuil au bois de Boulogne, l'autre de 1 700 m à Mortemart au bois de Vincennes.

(4) Les extraits qui viennent d'ôtre présentés sont tirés d'une étude sur les bois de Boulogne et de Vincennes publiée à Paris en septembre 1973. Il y a lieu d'observer que les diverses recherches de caractère scientifique qui sont à la base de l'étude dont il s'agit, n'appa- raissent pleinement et complètement que dans les développements et les annexes de la publication originale à laquelle il convient de se reporter pour plus de précisions .

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Un jardin pour enfants, à la manière scandinave, est prévu ou en cours de réalisation dans chacun des bois.

Quid du milieu et des facteurs de perturbation ? La pollution de l'air, par SO 2 notamment, reste du même ordre de grandeur que précédemment . La pollution de l'eau brute de fleuve ou de rivière marque un palier et tendra vraisemblablement à diminuer au cours des prochaines années (stations d'épuration en amont de Paris) . Les incidents constatés dans la vie aquatique semblent liés soit à des circonstances météorologiques exceptionnelles (sécheresse de 1976) soit à des maladies (poissons de certains lacs en 1976 et 1977).

On n'attache généralement pas assez d'importance à la perturbation qui affecte l'état d'équilibre biologique des massifs boisés avec le sol, et qui est liée aux multiples actions de l'homme : elle est progressive, agit par accumulation d'effets et est susceptible de compromettre très sérieusement l'avenir de la forêt de promenade . Ces dernières années, elle a été aggravée par l'ampleur prise par la maladie de l'orme et par la disparition d'un grand nombre de ces derniers au bois de Vincennes notamment.

En conclusion, retenons quelques notions fondamentales . La poursuite résolue d'un effort de reboisement favorisant le rétablissement d'un état d'équilibre biologique, tout en assurant de manière certaine l'avenir des peuplements, est essentielle ; c'est ainsi qu'au bois de Vincennes, de 1973 à 1976, en raison de la mortalité des ormes, on a été conduit à quadrupler l'impor- tance des surfaces annuellement reboisées.

A l'intérieur des bois parisiens, et sauf impératifs de dessertes ou de liaisons indispensables, le désengagement de la circulation automobile doit demeurer un des objectifs prioritaires ; ajou- tons que les aménagements complémentaires éventuels de parcs à voitures doivent être réalisés à l'intérieur et non à l'extérieur des concessions.

Les foules urbaines comprenant des groupes d'individus de tous âges recherchent, le plus souvent, dans les grands parcs naturels, le calme, la détente et quelques activités de plein air libres ou orientées ; les animations nouvelles qui pourraient être envisagées en dehors des concessions existantes devraient être limitées avec beaucoup de rigueur et ne comporter que des équipements légers s'intégrant au site et ne portant aucune atteinte supplémentaire sérieuse à l'espace vert naturel ou reconstitué.

Dans le département de Paris, comme d'ailleurs dans les trois départements limitrophes, la qualité de la vie des générations qui viennent dépendra de la résolution avec laquelle seront dé- fendues et effectivement sauvegardées les réserves naturelles qui subsistent encore aujourd'hui.

Jean CHASSERAUD

Ingénieur général honoraire du G .R .E .F. et des Services techniques de la Ville de Paris,

10 bis, boulevard de la Bastille, 75012 PARIS

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