19 Ecouter - Voir LUNDI 19 FÉVRIER 2018 L'ALSACE Le Coup de cœur ROCK CHANSON Roxy Music, glamour toujours Novice

Sorti en 1972, le premier album de Roxy Music entre au panthéon des rééditions de grand luxe. Déroutant à l’origine, ce disque concocté par Bryan Ferry, Eno et les autres garde toute son audace 45 ans plus tard.

KillASon Auguste Adrien torturée de Bryan Ferry qui n’est pas Nouvelle voix du hip-hop hexago- encore le crooner dandy qu’il devien- nal, le rappeur poitevin délivre ses Bien avant la révolution numérique, dra, guitare agitée, sax atonal en mo- textes en anglais. Flow rapide, la « grande famille » du rock englo- de impro, aux sursauts jazz, varié, bluffant… Musicalement, bait tout, de Presley à Dylan en pas- effets de synthés inédits… Très vite, À 20 ans d’âge et fort de ce 7e album, KillASon bouscule les sons electro sant par les Stones, Led Zep, Pink sur Ladytron ou The Bob, Eno suggère Novice affirme bel et bien une certai- avec une attirance évidente pour Floyd ou même… Roxy Music. En les premières nappes du genre am- ne expérience. Le créneau du combo le groove US. Disponible en vinyle 1972, on est rock parce que différent, biant dont il est précurseur. Et ainsi de rock de Rouffach est celui de la chan- ou sur deux EP 5 titres, « Stw » rebelle, original, subversif, décadent suite. Chaque titre est un dédale où son française engagée et mélangée. déchire grave. (Supernova) mais aussi talentueux. Et de ce point l’on se perd, une addition de motifs Que ce soit au reggae politiquement de vue, Roxy Music répond à tous les tarabiscotés qui finissent par fonction- incorrect pour décrire Les Animaux de critères. Son premier album, aujour- ner de concert comme par magie. l’Assemblée. Ou au rock punchy d’un d’hui réédité en plusieurs formats (*), 45 ans plus tard, l’on s’aperçoit que Je Ne Fais Rien poétiquement correct. frappe les esprits dès sa pochette : la Roxy Music s’inscrivait déjà dans le Novice varie les plaisirs en donnant top-modèle Kari-Ann Muller y pose en post-punk à paillettes, précédant la une couleur folk cuivrée à Faire La pin-up glamour. Bientôt, Amanda new wave qui verrait éclore Stran- Route, dont le texte invite à larguer les Lear et Jerry Hall (future ex-épouse de glers, Talking Heads, Magazine… La amarres. Tandis que l’accordéon ac- Mick Jagger) lui succéderont sur les liste est longue. Mais en réécoutant ce compagne le dernier voyage du Ren- disques à venir. Kitsch et charmeur, disque aussi incroyable qu’inoxyda- dez-vous Au Paradis et que les grandes Roxy clame ainsi son attachement à la ble, l’on comprend pourquoi Roxy orgues appuient l’indignation d’une branche glam du rock où évoluent Music reste considéré comme l’un des Marianne mal fagotée. Le tout s’achè- pêle-mêle les Bowie, T.Rex, Queen et groupes le plus influents de toute ve avec Oncle Sam, blues atmosphéri- autre Mott The Hoople. Roxy Music y l’histoire la pop britannique. que envoûtant comme un bon vieux oir ajoute son grain de folie. Son chan- La top-modèle Kari-Ann Muller, iconique du premier album de Roxy Music. DR Thiéfaine. Bravo Novice ! teur et mentor Bryan Ferry avait pos- • Roxy Music (Virgin) tulé sans succès chez King Crimson, l’on trouve de fantastiques musiciens nent naissance à l’album Roxy Music, (*) Disponible en double CD Deluxe Hérotique (NEA Prod) roi de la prog avant-gardiste. Recalé, il comme le guitariste Phil Manzarena, qui s’ouvre sur un brouhaha de cock- avec les BBC Sessions ou en coffret Su- est néanmoins encouragé par Robert le saxophoniste Andy Mackay et le cla- tail avant d’enclencher le trépidant per Deluxe 3CD + DVD avec démos, out- Fripp à lancer son propre groupe où viériste Brian Eno. Ensemble, ils don- thème de Re-Make/Re-Model : voix takes, live et prestations TV. INDIE POP POP JAZZ Wild Beasts -V Franz Ferdinand Henri Texier Produit par Philippe Zdar, le groupe écossais poursuit sa quête Éternel curieux de l’espace infini qu’offre la musique, d’un second souffle, sans retrouver la forme de ses débuts. l’infatigable contrebassiste poursuit son œuvre d’exploration.

Trois ans après sa collaboration avec Un an après le fabuleux Sky Dancers, les Sparks, symptomatique d’une Henri Texier convoque un nou- crise d’inspiration, c’est à Paris que veau quintet où l’on retrouve les vi- Franz Ferdinand, fleuron de la brit- brants saxophones de Vincent Lê er pop depuis près de quinze ans, est Quang et Sébastien Texier, le jeu ex- venu chercher du renouvellement, trêmement fin du batteur Gautier Gar- après le départ de son guitariste ori- rigue et la guitare lumineuse du Créé en 2002, le groupe anglais vient ginel, Nick McCarthy. Cinquième al- toujours surprenant Manu Codjia. Sur de se séparer d’un commun accord : bum du groupe écossais, Always ce nouvel opus, le septuagénaire, frin- Wild Beasts a donné un dernier con- Ascending a été réalisé par Philippe gant pionnier du free-jazz, s’est pris au cert à Londres le jour où sortait son Zdar, pionnier de la « French Touch » jeu de reprendre, plus de 40 ans après, ultime opus. Il s’agit d’un live sans pu- avec la Funk Mob, Motorbass et Cas- d’anciennes compositions comme blic, bouclé en deux jours aux RAK Stu- sius, producteur vedette de MC So- Amir, Les Là-bas et Quand tout s’arrê- dios. On y retrouve les titres phares laar, Phoenix, The Rapture, Beastie te. Un souffle d’air frais sur des thè- issus des cinq albums précédents et Boys… Le Français accentue évidem- retrouve cependant la manière typi- mes majeurs où les doigts d’Henri sans forcément se répéter. Un tempo qui reflètent idéalement cette pop rê- ment le côté dansant des chansons, que du groupe, so british, avec des Texier virevoltent avec expérience, blues sur Hungry Man, des motifs plus veuse transcendée par la voix de fal- depuis toujours sautillantes, de l’ar- résultats mitigés : enthousiasmants agilité et noblesse, pour mieux entraî- souples dansant autour de Sand Wo- setto d’Hayden Thorpe. Wild Beasts

out chiduc héritier de . sur une bonne moitié de l’album, dé- ner dans son sillage une génération man et l’inspiration tribale chère au synthétise le meilleur de ce qu’on pou- L’électro, tendance disco, prend le cevants pour le reste, qui tourne sou- plus jeune et franchement inspirée contrebassiste sur le dramatique In- vait entendre dans les années 80 et 90 pas sur les guitares post-punk, vira- vent à vide. L’ascension permanente lorsqu’il s’agit de partir à l’aventure. dians, alimentent ce disque d’autant (Tears For Fears, Kate Bush, XTC) et of- ge renforcé par l’arrivée de Julian est sans doute une chimère quand « Explorer, toujours explorer, s’en- plus formidable qu’il n’obéit qu’à une fre une série de chansons aussi scin- Corrie aux claviers et synthés. De son on a commencé si haut. flamme Texier. Les musiciens de jazz seule règle : la liberté. tillantes qu’une rivière de diamants. côté, explore ici et là n’ont jamais la certitude d’en avoir fini Un sublime cadeau d’adieu. de nouveaux registres vocaux, com- O.Br. avec une exploration. » Pour autant, A.A. me sur le final de l’album, lorgnant c’est en revenant sur ses traces qu’il a Last Night All My Dreams Came True vers Morrissey. Pour l’essentiel, on (Domino) conscience de « rejouer son destin », Sand Woman (Label Bleu) (Domino) Ec

DVD Enfance Racisme Gamin Futur Tournée Goût

Élégante chroniqueuse mondaine à Avec Detroit, Kathryn Bigelow se pen- « Je suis déjà un homme. » C’est Pio Blade runner (1982) de Ridley Scott est Producteur de musique à la dérive, Ni- Si l’on cumule ses étoiles Michelin, New York en 1989, Jeannette Walls ra- che sur l’Amérique de la discrimina- qui le dit, du haut de ses 14 ans… Il est une référence majeure de la SF. 35 ans colas Lejeune cherche une bonne idée Alain Ducasse en compte 21. Autant conte volontiers son enfance heureu- tion raciale en évoquant les émeutes vrai que le gamin boit, fume et ap- après, Denis Villeneuve réveille un fu- pour sauver sa place. Il imagine de dire que le chef français est une star. se en Virginie… Mais la réalité était de l’été 1967 dans la capitale du Michi- prend vite l’art des petites arnaques tur hypnotique dans une cité froide et monter un groupe composé d’un rab- Pendant deux années, le documenta- autre. En s’appuyant sur le best-seller gan. La cinéaste de Zero Dark Thirty se de la rue. Avec A Ciambra, Jonas Car- pluvieuse. En 2049, la société est se- bin, d’un imam et d’un curé pour chan- riste Gilles de Maistre a suivi Ducasse de Walls, Destin Daniel Cretton plon- concentre, ici, sur une nuit infernale à pignano plante son action dans un couée par les tensions entre humains ter le vivre-ensemble. L’humoriste à travers le monde, visitant les multi- ge, avec Le château de verre, au cœur l’Algiers Motel où des coups de feu coin défavorisé de Calabre où vit une et réplicants. L’agent K (Ryan Goslin) Fabrice Eboué porte la triple casquette ples tables de son empire et préparant d’une enfance loin des sentiers battus auraient éclaté. Se moquant de toute communauté de roms. Lorsque son est un Blade runner chargé d’éliminer d’auteur, réalisateur et comédien pour au château de Versailles l’ouverture auprès de parents aussi fantasques procédure et en quête d’aveux, des frère est emprisonné, Pio va devoir les dissidents. Plastiquement réussi, Coexister, comédie aussi agréable que du luxueux Ore. Évidemment, La quê- qu’irresponsables. L’attachant Woo- policiers interrogent, avec sadisme, prendre sa place. Mais bientôt le ga- Blade runner 2049 joue la carte con- mordante sur l’air du temps. Avec une te d’Alain Ducasse a un côté hagiogra- dy Harrelson est un père qui entend des clients noirs. La tension est totale min verra son amitié avec le burkina- templative dans une réflexion sur la tonique Audrey Lamy, Ramzi Bedia, Jo- phique, mais la passion du cuisinier tenir ses enfants loin de la société de dans un huis clos terrible où la mort bé Ayiva mise à l’épreuve. Energique, mémoire, l’amour et l’histoire. Lors- nathan Cohen et Guillaume de Ton- (qui n’est plus guère aux fourneaux) consommation, quitte à connaître frappe. Sans manichéisme, Bigelow très mobile et « néoréaliste », ce dra- que K découvre un secret, il devient à quédec incarnent ces trois religieux ne semble pas entamée par son statut une vie difficile. Profitant enfin de la interroge aussi une Amérique con- me doit beaucoup au jeu confondant son tour une cible et doit retrouver le qui sont loin d’être des saints mais qui, d’entrepreneur globalisé. Et l’enten- liberté acquise, Jeannette pourra al- temporaine toujours malade de la sé- de naturel du jeune Pio Amato ainsi vieux Rick Deckard (Harrison Ford) au fil d’une tournée triomphale, avan- dre chanter le bonheur du goût a quel- ler vers le pardon… (Metropolitan) grégation. (Studiocanal) que de sa grande famille… (Blaq Out) pour comprendre… (Sony) cent en humanité… (EuropaCorp) que chose de touchant. (Pathé) EVR01 PAYS :France PERIODICITE :Quotidien PAGE(S) :42 SURFACE : 5 %

28 janvier 2018 - N°1564 - Edition Cherbourg

Sandwoman

Henri Texier Manu Codjia à la guitare, Gautier Garrigue à la batterie, Sébastien Texier (sax alto et clarinettes) et Vincent Lê Quang (sax ténor et soprano) : pour ce nouvel album, Henri Texier a fait appel à une nou- velle formation. Le contrebas- siste voulait voir interprétées des compositions jamais jouées auparavant par ses propres groupes, alors qu'elles avaient été enregistrées en solo absolu il y a plus de 40 ans. Le déclic a eu lieu lors d'un concert lors du Europa Jazz du Mans. Les noms des musi- ciens indiqués ci-dessus se sont imposés facilement. Et notamment Vincent Lê Quang, dont Texier dit avoir été «très sensible à sa façon d'aborder le jazz». • Label Bleu

Tous droits de reproduction réservés PAYS :France PERIODICITE :Hebdomadaire PAGE(S) :78 SURFACE : 11 %

8 février 2018 - N°3780

HENRI TEXIER Sand Woman

8s? Dès les premières mesures, Henri Texier et tes quatre impeccables instru- mentistes qui t'entourent (saxos, batterie, guitare) nous embarquent dans un voyage où la cohésion musicale et l'imagination sont continuellement de mise. Fait d'anciennes compositions entiè- rement remaniées (Amir), de nou- veautés et de parties solos aussi chaleureuses qu'inspirées, ce nouvel album du contrebassiste le plus célèbre du jazz hexagonal impressionne d'un bout à l'autre. Entre swing incessant (ce que

Texier nomme « la respiration ryth- mique »), mélange de maîtrise technique (les interventions du guitariste Manu Codjia) et de moment plus recueillis (Quand tout s'arrête), cet album vibre, vit et atteint souvent ta perfection. 9 Label Bteu/L'Autre Distribution, 13 €.

Tous droits de reproduction réservés PAYS :France PERIODICITE :Quotidien PAGE(S) :21 RUBRIQUE : Culture SURFACE : 6 % JOURNALISTE : Sylvain Siclier

18 février 2018 - N°22738

culture

HENRI TEXIER Sand Woman En 1976, Henri Texier enregistre seul, jouant de la contrebasse et de la basse, du oud, des percussions, de la flûte, et chantant plusieurs de ses compositions dont Amir, qui ouvre alors l’album du même nom. Elle devient un classique de Texier. Qui la remet en jeu pour débuter ALBUMS son album Sand Woman, cette fois avec les jeunes musiciens de son quintette, les saxophonistes Sébas- tien Texier et Vincent Lê Quang, le guitariste Manu Codjia et le batteur Gautier Garrigue. Texier constituant avec ce dernier une rythmique dansante et radieuse. D’autres anciens thèmes (Les Là-Bas, Indians ), deux nouvelles compositions (dont Hun- gry Man, en forme de blues) sont abordés par de lisibles mélo-

TION dies, marque de toujours chez Texier. Le sens de l’espace, la

C profondeur lyrique des thèmes, l’assurance musicienne em- portent vers un grand bonheur de jazz. p sylvain siclier 1 CD Label bleu/L’Autre Distribution.

SÉLE

Tous droits de reproduction réservés