N° 201 Janvier-Février 2012 Édition Nationale
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infos n° 201 janvier-février 2012 édition nationale Bulletin de la Fédé ration Nationale des Associations d’Usagers des Transports Un florilège des faUsses bonnes idées dans le secteUr des transports Panoplie de bonnes idées A l’évidence, l’urgence d’une réorientation profonde de la politique des transports est encore mal comprise des décideurs poli- tiques. Pollution de l’air, dépendance pétro- lière et climat sont pourtant des paramètres incontournables. Or, à côté des idées fausses et autres fausses bonnes idées qui handicapent l’adaptation nécessaire du secteur des transports, on trouve aussi de nombreuses bonnes idées, techniques ou politiques, sou- vent exploitées avec succès dans les pays germaniques. Certaines de ces bonnes idées ont fina- TVR de Nancy (photo : Marc Debrincat) lement été introduites en France, mais avec un retard regrettable et encore incomplè- tement. C’est le cas du code de la rue, de la La FNAUT combat les idées fausses (FNAUT Infos n°192), mais aussi les tarification intermodale, du cadencement fausses bonnes idées. Souvent séduisantes, ces idées à la mode provoquent des services ferroviaires, voire même de la des débats futiles, engendrent des pertes de temps et des gaspillages d’argent densification urbaine autour des axes lourds public, et détournent l’attention des vraies questions et des solutions de fond. de transport. Suivant les cas, il s’agit de gadgets, de concepts dangereux ou d’inventions aux Mais bien d’autres ne sont utilisées qu’à créneaux de pertinence inexistants ou très étroits. On les rencontre dans des dose homéopathique alors qu’elles auraient domaines variés que nous passons en revue. Pendant ce temps, que de bonnes dû être généralisées depuis longtemps (les idées, basées sur le bon sens et l’expérience acquise, qui restent mal exploi- PDU dans les villes moyennes, les parcs- tées ou même inexploitées en France alors qu’elles sont mises en œuvre depuis relais), ou se développent trop lentement belle lurette, avec un réel succès, chez nos voisins européens ! faute d’un soutien ferme des pouvoirs publics (le vélo, l’autopartage, le télétravail, Défnitions créneau de pertinence qui se réduit parfois les opérateurs ferroviaires de proximité, les à une simple niche. réouvertures de voies ferrées périurbaines). Une “idée fausse” est une affirmation D’autres encore sont malheureusement inexacte ou une erreur grossière, dont le “Tramway sur pneus” ignorées dans notre pays alors qu’elles caractère contre-productif a été bien dé- mériteraient une expérimentation (l’ouver- montré par l’expérience. Par exemple, «il L’histoire des transports urbains est truf- ture du TER à la concurrence, le car postal, le faut créer des parkings en centre-ville» fée de fausses bonnes idées lancées par des péage urbain, la décentralisation de la ges- alors que ces parkings sont des aspirateurs ingénieurs ou industriels et acceptées sans tion du stationnement urbain de surface, la de voitures toujours saturés. Ou encore : esprit critique par les décideurs politiques. réduction des vitesses maximales autorisées «la route est saturée, il faut l’élargir», «le Exemple type : le «tramway sur pneus». sur route et autoroute, le chronoaménage- fret ferroviaire est condamné», «l’auto- On connaissait déjà le Poma 2000, Ara- ment, l’écrétage des pointes de trafic, la mise route va sauver la région», «le TGV ne mis, l’aérotrain urbain... censés combler en coincidence du PTU, périmètre de trans- concurrence pas la voiture», «le vélo, c’est une lacune entre bus et tramway et qui port urbain, et du SCOT, schéma de cohé- bon pour les loisirs», «le péage urbain est avaient échoué il y a 30 ans. Mais cette rence territoriale. inéquitable», «si le pétrole devient plus fois-ci, on allait assister à une petite révo- Il est donc grand temps de faire preuve de cher, il faut introduire la TIPP flottante». lution : la qualité de service du tramway clairvoyance, en n’oubliant pas que le vélo, Une “fausse bonne idée” est tout aussi classique pour deux fois moins cher ! Les le tramway et le train régional ont été long- dangereuse qu’une idée fausse mais ses ef- villes moyennes pourraient enfin s’offrir temps considérés comme des outils dépas- fets pervers sont plus difficiles à détecter. sés et, à l’opposé de ce qu’il faut faire désor- Elle est séduisante, elle semble intelligente La FNAUT vous présente mais, les autoroutes et les parkings centraux (elle peut être mise en œuvre rapidement, ses meilleurs vœux pour 2012 comme des solutions d’avenir. Il faut d’ur- nous dit-on, et permettra de faire des éco- gence rejeter les attitudes conservatrices, nomies «substantielles»). Idée nouvelle Ce numéro 201 est l’occasion d’intro- laisser de côté les fausses bonnes idées et ou soi-disant nouvelle, souvent présentée duire le nouveau logo de la FNAUT et exploiter systématiquement la panoplie, comme une solution-miracle, innovante, la nouvelle présentation de son bulletin. très riche, des bonnes idées et des bonnes révolutionnaire et adaptée à tous les cas de Merci de transmettre vos remarques au pratiques, anciennes et nouvelles. figure, elle peut aussi ne pas être totale- siège national par courrier ou par mail Jean Sivardière ❚ ment fausse, il s’agit alors d’en préciser le ([email protected]). fnaut-infos n°201 - janvier-février 2012 ❘ 1 les déplacements Urbains La voiture électrique La voiture électrique permet de réduire Dossierune technique plus performante que le qui intéresse d’abord les usagers actuels et les nuisances locales (bruit, pollution bus. Et chacun - technicien ou élu en mal potentiels, c’est la fréquence, la fiabilité, le chimique de l’air) et les émissions de gaz à de modernité - de s’emballer sans plus de confort, un meilleur maillage du territoire effet de serre (seulement si la production réflexion. (FNAUT Infos n°193). de l’électricité consommée n’en génère Le résultat est moins flamboyant : un Une note de l’UTP, résumée ci-dessous, pas elle-même). Il est donc intéressant fiasco cinglant à Nancy et Caen avec le confirme la position de la FNAUT. d’en équiper les flottes urbaines captives TVR bricolé par Bombardier, véhicule La gratuité totale ne concerne que 14 (administrations, entreprises). Ceci étant, hybride mal conçu, aussi coûteux que le réseaux urbains sur 287 soit 5% (2% en contrairement à ce que les industriels et tramway “sur rails”, de capacité trop limi- population). Les agglomérations desser- le gouvernement ne cessent de clairon- tée et souvent en panne. vies ont moins de 100 000 habitants ; dans ner, la voiture électrique ne constitue A Clermont-Ferrand, c’est le matériel 10 cas, il s’agit de réseaux de communes en rien une solution miracle. La traction Translohr, mieux conçu, qui a été retenu. d’au plus 40 000 habitants. électrique ne corrige pas l’inconvénient Mais le Syndicat Mixte des Transports La hausse de fréquentation est incontes- fondamental de la voiture urbaine : la Clermontois (SMTC) fait appel à la table : 71% à Aubagne, 85% à Châteauroux voiture électrique est aussi encombrante RATP : «parce que les incidents, pannes, où on est passé de 20 à 53 voyages/an/ha- qu’une voiture thermique. Elle va même déraillements se multiplient sur la ligne», bitant (41 en moyenne dans les agglomé- doper les ventes des constructeurs dans explique aujourd’hui Louis Virgoulay, son rations de moins de 100 000 habitants). le secteur des modèles urbains, alors qu’il vice-président pourtant fervent défenseur Mais elle est le fait d’anciens usagers qui faut réduire la place de la voiture en ville du Translohr. utilisent davantage le réseau ou d’anciens (FNAUT Infos n°198). Malgré ces difficultés, c’est le Translohr marcheurs qui pratiquent le bus pour de qui a été choisi avec un entêtement in- courts trajets : le report modal depuis la Les biocarburants compréhensible par la RATP pour équiper voiture pour les trajets domicile-travail est les lignes Chatillon-Vélizy-Villacoublay et très faible. Les biocarburants actuels, dits de 1ère Saint-Denis - Sarcelles. Pour financer les coûts d’exploitation, il génération, sont obtenus à partir de En définitive, le “tramway sur pneus” est faut solliciter davantage les entreprises et denrées agricoles : les surfaces qui leur une invention (qui date en fait du début les contribuables. A Châteauroux, le ver- sont consacrées sont considérables ; les du 20ème siècle) sans intérêt, qui aura sement transport des entreprises finance procédés culturaux et industriels néces- surtout servi à gaspiller de l’argent pu- 90% des coûts, qui ont augmenté de 50%. sitent beaucoup d’énergie et entraînent blic et à retarder l’adoption des solutions La gratuité ne permet pas d’absorber des émissions de gaz à effet de serre, fiables : tramway, trolleybus ou BHNS efficacement le rebond de fréquentation NOx et CO2. La filière ligno-cellulosique, suivant l’importance du trafic potentiel qu’elle suscite : elle peut donc à terme me- dite de 2ème génération, est plus pro- (FNAUT Infos n°181). nacer la qualité du service rendu. metteuse mais n’est pas encore au point La gratuité complique la collaboration (FNAUT Infos n°198). “Tramway aérien” entre autorités organisatrices. A Vitré, la gratuité a été instaurée par la commune sur La voiture en libre service Nouvelle solution-miracle, elle aussi son seul territoire, mais la création d’une présentée comme aussi performante que intercommunalité a conduit à la mise en Le covoiturage est une pratique intel- le tramway mais bien moins coûteuse : le place de transports scolaires payants ! ligente qu’il convient d’encourager, mais transport par câble, rebaptisé récemment Enfin la malveillance s’est développée, il ne faut pas considérer qu’il résoud “tramway aérien”. la relation personnel-usagers s’est dégra- tous les problèmes. Il ne peut concerner Contrairement au tramway sur pneus, dée.