n°231 infos janvier-février 2015 édition nationale

Bulletin de la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Le dix-neuvième congrès de La FnauT : La FnauT Lance un cri d’aLarme

Une fiscalité punitive ?

Selon la ministre de l’Ecologie, la fiscalité écologique est « punitive » : « je ne veux pas donner le signal que la transition énergétique se traduit par des taxes supplémentaires », dit-elle. Selon elle, l’écologie doit au contraire être « positive », c’est-à-dire améliorer la vie quotidienne de nos concitoyens en leur per- mettant de faire des économies sur le coût de leur chauffage ou de leurs déplacements, et participer à la réduction du chômage en engendrant une croissance verte. Cette conception de l’écologie est sté- rile. Comme le dit lucidement le député PS Jean-Paul Chanteguet, « refuser la fisca- Ouverture du congrès le samedi matin (photo : Fabrice Michel) lité écologique, c’est justifier l’inaction ». Comment, en effet, espérer que les com- portements deviennent plus vertueux sans Organisé par l’Association Nantaise Déplacements Environnement (ANDE), investissements lourds, en particulier dans Place au Vélo et la FNAUT Pays de la Loire, ce 19ème congrès s’est tenu à les transports, et comment financer ces les 15 et 16 novembre 2014. Les militants de la FNAUT ont condamné la investissements indispensables sans res- soumission des gouvernements Ayrault et Valls aux lobbies anti-écologiques et sources financières nouvelles ? conservateurs. Il est urgent que les enjeux des transports soient pris au sérieux : Mme Royal a bien compris que la fiscalité difficultés de déplacement, impact du trafic urbain sur la santé publique, dépen- écologique est mal acceptée par les Français. dance pétrolière, déréglement climatique. La FNAUT attend des réformes pro- Mais cette fiscalité incomprise est mal conçue. fondes : élimination des projets d’infrastructures nocifs pour l’environnement, L’abandon de l’écotaxe se traduit par un introduction d’une fiscalité écologique, lancement d’un programme ambitieux double paradoxe : au lieu de faire payer les de développement des alternatives à la voiture, au camion et à l’avion. transporteurs routiers qui usent les routes, on fait payer les automobilistes à travers une sur- Avec une parfaite régularité depuis sa Diverses expositions ont été présen- taxe sur le gazole ; et une partie du produit de création en 1978, la FNAUT organise tées dans le hall de la Manufacture : cette surtaxe est affectée au financement des un congrès tous les deux ans. Son 19ème propositions de la FNAUT Pays de la TCSP urbains. Tout cela est incompréhensible. congrès s’est tenu à Nantes les 15 et 16 Loire et de l’ANDE, camions et insécu- Une fiscalité écologique ne peut être com- novembre 2014, dans les locaux de la Ma- rité routière,... prise et acceptée que si elle résulte d’une ap- nufacture : plus de 150 représentants de Le samedi matin, les congressistes ont plication du principe pollueur-payeur (et non ses associations y ont participé. été accueillis par Johanna Rolland, pré- du besoin de remplir les caisses de l’Etat), et L’organisation matérielle du congrès, sidente de Nantes Métropole, et Jacques si son produit est affecté de manière transpa- coordonnée par Jean-Bernard Lugadet, a Auxiette, président du Conseil régional rente au financement de l’alternative à l’acti- été assurée par les associations nantaises (voir page 7). vité polluante concernée. ANDE et Place au Vélo, la FNAUT Pays En fin d’après-midi, ils ont été reçus Ainsi le produit de l’écotaxe poids lourds de la Loire et Fabrice Michel, permanent par Catherine Touchefeu, adjointe à la aurait dû être affecté au développement du au siège national de la FNAUT. Elle a été maire de Nantes, et Bertrand Affilé, fret ferroviaire (selon l’exemple suisse), et ce- largement facilitée par la ville de Nantes, vice-président de Nantes Métropole. lui de la surtaxe sur le gazole au financement Nantes Métropole, le Conseil général de la Une cérémonie animée par Jean-Ber- des transports collectifs de la vie quotidienne. Loire Atlantique, le Conseil régional des nard Lugadet était ensuite organisée par Celui d’une taxe sur le kérosène devrait l’être à Pays de la Loire, la direction de la Semitan l’ANDE en reconnaissance aux pion- l’extension du réseau des LGV, celui du péage et la direction régionale de la SNCF. niers du tramway nantais (la première urbain aux transports urbains. La préparation et l’animation des débats ligne a été inaugurée dès 1984). Puis les Une fiscalité écologique exige aussi un ont été assurées par Jean Sivardière, aidé congressistes ont partagé un dîner festif effort de pédagogie, qui n’a pas été fait par des membres du bureau. au « Lieu Unique ». l’Etat, relatif à son impact bénéfique sur la mo- La veille du congrès, les congressistes Le dimanche après-midi, à l’issue de bilité, le cadre de vie, la santé publique, la dé- ont pu participer à des visites techniques ce congrès particulièrement réussi, ils pendance pétrolière et l’évolution climatique. (aménagements de voirie à Nantes, tram- ont pu suivre une visite organisée du Jean Sivardière ❚ train, transport et urbanisme). centre historique de Nantes.

fnaut-infos n°231 - janvier-février 2015 ❘ 1 Le 19ème congrès de La FnauT Motion générale La FNAUT demande à l’Etat de réorien- Dossier Le congrès de la FNAUT ne remplit pas Semitan ; Bruno Caillabet, directeur Dépla- ter sa politique pour relancer les services la même fonction que le congrès d’un parti cements, représentant le Conseil général de publics de transport et tenir compte des politique ou d’un syndicat, destiné à définir la Loire Atlantique ; enfin Gilles Bontemps, impératifs écologiques. ou confirmer une doctrine et à choisir des vice-président PC du Conseil régional des dirigeants. Pays de la Loire, chargé des transports. Les infrastructures de transport Les orientations générales de la FNAUT, Abandon de grands projets inutiles et adoptées lors de sa création, font toujours Débat sur les Intercités nuisibles à l’environnement (aéroport de l’objet d’un consensus et sont régulièrement Notre-Dame-des-Landes, Nouvelle Route actualisées par son Conseil national. Dans Préparé et animé par Jean Lenoir, vice- du Littoral, A 831, autoroutes urbaines, ca- ces conditions, son congrès est principale- président de la FNAUT, le débat du samedi nal Seine-Nord, LGV Poitiers-Limoges, mé- ment une occasion de rencontres avec des après-midi était consacré à l’avenir des trains tros automatiques dans les zones rurales élus et des experts, et d’échanges entre les Intercités (FNAUT Infos 228). L’absence de d’Ile-de-France, gares TGV exurbanisées). militants des associations. la SNCF, invitée, a été regrettée. David Herr- Mise au point d’un schéma volontariste gott, doctorant en aménagement et transport, des infrastructures ferroviaires. Rapport de conjoncture a présenté un exposé sur l’économie des trains Nouvel appel à projets de TCSP portant et motion générale Intercités, puis Claude Steinmetz, directeur sur la revitalisation des étoiles ferroviaires ferroviaire France chez , a donné le urbaines. Une analyse de la politique des transports point de vue d’un opérateur privé sur les pos- Rénovation des 2 500 km de lignes fer- des gouvernements Ayrault et Valls, effec- sibilités de développer l’offre Intercités. roviaires capillaires dédiées au fret et me- tuée en toute indépendance en se basant sur nacées de disparition par le manque de des faits précis et non sur des considérations Tickets verts et rouges moyens financiers de RFF. partisanes, a été présentée : au nom du bu- Réorientation des Contrats de Plan reau, Jean Sivardière a lancé un cri d’alarme Le congrès a par ailleurs, à l’issue d’une Etat-Régions en cours de négociation face au manque d’intérêt du gouvernement discussion traditionnellement très animée, vers les transports collectifs urbains et pour les transports et l’environnement, son attribué ses prix - Tickets verts et Tickets ferroviaires. absence de vision à long terme et son ex- rouges - dans un souci de pédagogie, en trême sensibilité aux lobbies. écartant toute polémique politicienne et en Gouvernance et réglementation Soumises à l’avance aux associations et s’efforçant de mettre en évidence la diversité Obligation pour les agglomérations de enrichies grâce aux commentaires reçus, des préoccupations de la FNAUT. moins de 100 000 habitants d’établir un cette analyse et la motion ont été adoptées Plan de Déplacements Urbains visant à à la quasi-unanimité (un vote contre et une Vie interne de la FNAUT une réduction du trafic automobile. abstention) par les congressistes, qui ont Autorisation sans conditions de l’expéri- ainsi exprimé leur déception et leur pro- Le dimanche matin, les réseaux théma- mentation du péage urbain. fonde inquiétude face à la politique suivie tiques de la FNAUT se sont réunis et ont Obligation pour l’Education nationale depuis 2012. fait le point sur leurs activités : les ateliers d’établir un plan de déplacements concer- Une nouvelle fois, la FNAUT a donc ont été animés par Jean Macheras (dépla- nant les personnels et les élèves, afin de confirmé sa cohésion malgré la diversité de cements urbains), Jean-François Troin réduire l’accompagnement automobile ses associations et des sensibilités politiques (LGV et TGV), Jean Lenoir (Intercités et des enfants. de leurs membres. auto/train), Christian Broucaret (TER) et Réduction de 10 km/h des vitesses Patrick Marconi (fret). maximales autorisées sur les routes et Dialogue avec les élus Enfin la dernière séquence du congrès a autoroutes et lancement d’une campagne été consacrée à divers exposés. nationale pour l’écoconduite. Le traditionnel débat du samedi matin Fabrice Eymon, qui a succédé récem- Intervention rapide pour maintenir et avec les grands élus avait pour thèmes la ment à Jacques Michaux à la présidence développer les services ferroviaires Inter- maîtrise du trafic automobile, la coordina- de la FNAUT Pays de la Loire, a présenté cités, en évitant en particulier leur mise en tion des autorités organisatrices de trans- les actions et les succès de cette fédération concurrence avec des services réguliers ports et le financement des transports col- régionale. d’autocars à longue distance. lectifs dans un contexte budgétaire difficile. Gisèle Di Biagi a montré comment l’asso- Création d’une instance permanente de Ont répondu à notre invitation : Pascal ciation Atouts Tram essaie de sauver le pro- concertation entre Etat, SNCF et usagers Bolo, vice-président PS de Nantes Métro- jet de tramway d’Avignon dans un contexte des Intercités et TGV. pole chargé des transports et président de la politique local particulièrement consternant. Jérôme Rebourg, président de l’Associa- Fiscalité Les actes du congrès tion contre le contournement autoroutier Retour du taux de TVA sur les transports de Chambéry, a montré l’intérêt écologique publics de 10 % au taux réduit de 5,5 % Les actes comprendront le rapport sur la du projet Lyon-Turin et dénoncé l’attitude autorisé par Bruxelles pour les produits et politique des transports depuis mai 2012, le des opposants. services de première nécessité. texte de la motion adoptée par les congres- Marc Debrincat a présenté son travail Correction du barème fiscal kilomé- sistes, les principales déclarations des élus d’administrateur de la SNCF et commenté trique, qui surestime d’environ 30 % le invités au débat du samedi matin, le débat les activités et les projets du service juridique coût d’usage de la voiture. sur les trains Intercités, des précisions sur les de la FNAUT qu’il dirige. Alignement progressif de la taxation du Tickets Verts et Rouges, un compte-rendu Enfin Jean Sivardière a conclu le congrès gazole sur celle de l’essence. des travaux des ateliers, enfin les divers ex- par quelques réflexions sur la situation pré- Taxation du kérosène consommé lors posés présentés à la fin du congrès. sente et l’avenir de la FNAUT : organisation des vols intérieurs. Le document sera prochainement dis- interne de la fédération ; pertinence de nos Revalorisation de la taxe à l’essieu, pour ponible auprès du siège de la FNAUT enquêtes, études et expertises ; projets d’in- compenser l’abandon de l’écotaxe et l’au- (chèque de 5 euros, port compris, à l’ordre terventions auprès des décideurs politiques, torisation de circulation des poids lourds de la FNAUT). des médias et du grand public. de 44 tonnes.

2 ❘ fnaut-infos n°231 - janvier-février 2015 Des décisions pertinentes ervice pubLic de TransporT eT environnemenT mais incomplètes... s : La FnauT Lance un cri d’aLarme La FNAUT ne pratique pas la critique systématique ! Avertissement Les transports oubliés La loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation Ce rapport de conjoncture concerne Autre conséquence de l’impréparation des métropoles (MAPAM) a transformé l’action de l’Etat depuis mai 2012, et non de la gauche, son incapacité à remettre les autorités organisatrices de trans- celle des collectivités territoriales. en cause les choix précédents, en par- ports urbains (AOTU) en autorités Il ne traite que des secteurs des trans- ticulier en matière d’infrasructures. Pas organisatrices de la mobilité urbaine ports, de l’aménagement du territoire et question d’abandonner des projets aussi (AOMD), compétentes pour gérer le de l’environnement, non de la politique irrationnels que l’aéroport de Notre- stationnement, le vélo, l’autopartage, d’ensemble de l’Etat. Dame-des-Landes, le canal Seine-Nord, le covoiturage,... C’est très positif mais Il a été élaboré en toute indépendance, la LGV Poitiers-Limoges ou la Nouvelle le périmètre de transport urbain (PTU) en dehors de toute préoccupation idéolo- Route du Littoral. n’a pas été élargi à l’aire urbaine. gique ou partisane : la FNAUT s’attache Enfin les transports sont systématique- La création de 12 métropoles est une aux décisions, non à ceux qui les prennent ment oubliés lorsque de grandes réformes vraie avancée mais la loi MAPAM n’a ou à leurs étiquettes politiques. sont mises en chantier. pas clarifié le dispositif administratif : Enfin, si ce rapport est très critique pour Le projet de loi sur la transition énergé- la clause de compétence générale des la gauche, la FNAUT a aussi critiqué l’ac- tique ne concerne que la voiture électrique collectivités est maintenue. tion de la droite entre 2002 et 2012. Rap- et ignore totalement les alternatives à La décentralisation du stationne- pelons, à titre d’exemple de décision par- l’automobile, à l’avion et au camion : un ment urbain et la dépénalisation des ticulièrement affligeante, le transfert, par comble ! amendes vont permettre de renforcer François Fillon, des 435 millions d’euros Le redécoupage régional est conçu sans les plans de déplacements urbains. prévus pour le tram-train de La Réunion la moindre référence aux flux de déplace- Mais la mise en œuvre de ces mesures sur le projet invraisemblable de Nouvelle ments de personnes et de fret. est reportée à 2016. Route du Littoral (FNAUT Infos 207, Le Plan d’action pour les mobilités 220 et 228). Des lobbies qui font la loi actives (PAMA) a introduit des mesures favorables aux piétons et cyclistes. Mais Un mauvais départ Le manque d’intérêt du PS pour les le PAMA n’a été accompagné d’aucun transports explique aussi sa grande fai- financement et d’aucun échéancier Il se confirme que le PS ne s’intéresse blesse devant les nombreux lobbies (FNAUT Infos 223). pas aux transports, un secteur crucial, conservateurs qui se manifestent pour La réforme ferroviaire du 4 août complexe, conflictuel, dont l’impact envi- bloquer les réformes nécessaires sans sou- 2014 confie à l’Etat le pilotage de la ronnemental est lourd, où les résistances ci de l’intérêt général. politique ferroviaire. Elle entérine la au changement sont fortes et où seules La liste est longue : associations création indispensable du GIU (ges- des mesures impopulaires peuvent être d’automobilistes qui refusent toutes tionnaire d’infrastructure unifié) mais efficaces. les contraintes, transporteurs routiers ne donne pas à ce GIU (SNCF réseau) Son arrivée au pouvoir n’a été précé- auxquels on cède avant même qu’ils une autonomie suffisante par rapport dée d’aucune réflexion de fond, d’où des ne bloquent les routes, artisans taxis, à l’exploitant (SNCF Mobilité). Elle décisions prises de manière improvisée, constructeurs automobiles, sociétés au- risque donc de remettre en cause les sans ligne directrice, sans vision à long toroutières, autocaristes, direction de bonnes pratiques introduites par RFF : terme : les banalités sur le service public la SNCF qui a imposé son schéma de cadencement des circulations, rénova- et l’inévitable développement durable ne réforme ferroviaire et mise sur une crois- tion du réseau classique. L’intégration suffisent pas. sance externe au détriment du rail fran- des deux EPIC a même été accrue par Sans idées, le gouvernement Ayrault a çais, syndicats de cheminots qui refusent le Parlement (le pouvoir du régulateur, mis en place de multiples commissions d’admettre qu’en Allemagne, une concur- l’ARAF, a cependant été renforcé). pour lui en fournir sur des sujets qui rence interne au ferroviaire a développé L’effort financier de RFF pour moder- auraient pu faire l’objet de décisions ra- le service public et l’emploi cheminot, niser le réseau ferré classique atteint pides s’ils avaient été étudiés en amont : entreprises de travaux publics, patronat aujourd’hui 2,5 milliards d’euros par grandes infrastructures, sécurité routière, qui refuse le « versement-transport in- an, mais le réseau continue à vieillir. gouvernance ferroviaire, fiscalité écolo- terstitiel », compagnies aériennes qui ne 500 millions d’euros ont été dégagés gique, décentralisation,... La FNAUT n’a veulent pas entendre parler de taxation du pour renouveler le matériel Intercités pas été invitée à faire partie de ces commis- kérosène, bonnets rouges soutenus expli- mais rien n’est prévu pour les locomo- sions, alors qu’elle avait des idées originales citement par la Ministre de l’Ecologie, tives qui sont hors d’âge. et fécondes à défendre. grands élus associant sans nuances infras- Les projets de LGV Bordeaux-Tou- Une illustration frappante de cette tructures et développement économique. louse et de tunnel transfrontalier Lyon- absence de ligne directrice a été donnée Cette faiblesse mène à des décisions Turin semblent confirmés, alors que les par la baisse des taxes sur les carburants incohérentes, démagogiques, contraires projets d’autoroute A51, de rocade de automobiles intervenue pendant le der- à la transition énergétique et ruineuses Chambéry et de deuxième aéroport de nier trimestre 2012 : plus de 500 mil- pour l’Etat : l’abandon de l’écotaxe en est sont abandonnés. lions d’argent public (et non 300 comme l’exemple le plus affligeant. La loi de finances 2014 a introduit une annoncé par Pierre Moscovici, alors mi- Pendant ce temps, le mouvement asso- composante carbone de la TICPE qui se nistre de l’Economie, qui ne pouvait en ciatif est ignoré, même lorsqu’il fait des traduira par une hausse de 2 centimes ignorer le coût exact) ont été gaspillés de propositions de bon sens et sans impact en 2015 du prix du carburant automo- manière consternante par cette décision financier notable : ainsi la FNAUT n’a pu bile et autant en 2016, mais la diffé- démagogique qui a donné un signal-prix obtenir l’obligation, pour les aggloméra- rence de TICPE entre gazole et essence dangereux à l’opinion, et d’une rare stupi- tions de moins de 100 000 habitants, de est de 20 centimes... dité, puisqu’à l’époque le prix des carbu- mettre en œuvre des Plans de Déplace- Enfin l’action de groupe a été créée. rants était déjà bas. ments Urbains...

fnaut-infos n°231 - janvier-février 2015 ❘ 3 Des contradictions Le grand retour de la route ... et des décisions régressives qui s’accumulent Le plan de relance autoroutier (3,5 mil- Malheureusement, les décisions dé- Deux ans et demi après son arrivée liards d’euros) va stimuler le trafic routier cevantes dominent largement. au pouvoir, la gauche n’a dégagé aucune au prix d’une prolongation des concessions Le gouvernement veut ramener la ligne directrice dans sa politique des en cours : solution de facilité qui va priver mortalité routière à moins de 2000 transports et accumule au contraire les l’Etat de recettes futures. morts par an. En 2013, le nombre de contradictions qui rendent son action L’Etat réintroduit les travaux routiers tués a été de 3268, soit une baisse re- incompréhensible. dans les Contrats de plan Etat-Régions cord de 10,5 %. Mais la situation s’est Le gouvernement refuse d’introduire (« la route n’est plus tabou ») et fait pres- dégradée au premier semestre 2014 : la concurrence régulée (qui a pourtant sion sur les Régions pour qu’elles y parti- une hausse de 7,9 % a été observée. fait ses preuves en Allemagne) dans le cipent largement, au détriment du réseau C’est la preuve qu’en matière de sé- secteur ferroviaire, mais il s’apprête à ferré classique. curité routière, il n’y a pas d’acquis l’introduire dans le transport routier de Et des projets autoroutiers sont prévus durable et que des mesures plus dras- voyageurs et, qui plus est, sans régula- même en milieu urbanisé : A45, A31 bis, tiques sont nécessaires pour endiguer tion entre train et autocar. GCO de , Nouvelle Route du le fléau routier. Or une réduction de Il parle encore un peu d’égalité (selon Littoral à La Réunion,… alors que la satu- 10 km/h de la vitesse maximale auto- l’expression à la mode) des territoires ration des voiries existantes est due essen- risée, recommandée par l’ADEME ou mais, oubliant son rôle régalien, il sou- tiellement à la pénurie de transport collectif le Conseil national de la sécurité rou- haite ne gérer que les trains Intercités local et régional. tière, a été rejetée malgré son intérêt les plus rentables et cherche à « refiler » sécuritaire (surtout sur les routes) et les autres aux Régions, qui n’ont pas les Un triple échec énergétique (surtout sur les auto- moyens d’assurer leur pérennité : c’est de routes). Le gouvernement n’a même l’aménagement du territoire à l’envers. Certes la gauche a eu à affronter un pas lancé une campagne en faveur de Il parle de transition énergétique, mais contexte économique difficile. Certes elle l’écoconduite, pratique qui apaise et il augmente le taux de TVA sur les trans- a pris certaines décisions positives. Mais sécurise le trafic. ports publics et abandonne piteusement globalement, son échec, dont l’abandon de Le taux de TVA sur les transports le projet d’écotaxe. l’écotaxe est le plus révélateur, est patent. publics a été augmenté de 7 % à 10 %, Il autorise les camions de 44 tonnes et Echec social : le service public de trans- alors que le transport collectif est un laisse se détériorer 2 500 km de lignes port commence à se dégrader, y compris en produit de première nécessité pour capillaires fret malgré les protestations milieu urbain (Nancy) ; la sécurité routière une part importante de la population. des industriels, ce qui rejette le trafic sur est négligée. En comparaison, le taux de TVA est de la route (y compris des matières dange- Echec économique : les secteurs indus- 5,5 % sur les places de cinéma... reuses), tout en affirmant que le trafic triels liés aux transports se portent mal : Le « versement-transport interstitiel » routier de fret doit être maîtrisé. rien n’a été fait en vue d’une reconversion voté par les députés a été refusé alors Et quand le Chef de l’Etat parle de partielle de la construction automobile, et qu’il allait apporter aux Régions une « cesser la guerre faite aux générations l’industrie ferroviaire n’a aucune visibilité aide utile à l’exploitation du TER. futures » et de « colorer le quinquen- (matériel roulant). Aucun mécanisme n’a été mis en nat », la Ministre de l’Ecologie sabote Enfin échec écologique : sous le prétexte place pour apurer la dette ferroviaire et l’écotaxe et va jusqu’à proposer de rendre trompeur de protéger les plus faibles, le assurer un financement pérenne du rail les autoroutes gratuites. refus d’une fiscalité écologique empêche à un niveau satisfaisant, alors que cet de financer les nombreux investissements, apurement avait été promis en 1997, Le service public menacé grands et modestes, indispensables pour lors de la création de RFF. répondre à la demande croissante de trans- L’Etat accepte la stratégie de la Refusant la suppression des niches port public et provoquer les changements SNCF, dangereuse pour l’avenir du rail, fiscales anti-écologiques et la mise en de comportements souhaitables. consistant à élaguer les activités ferro- œuvre d’une fiscalité écologique soi-di- viaires déficitaires : TER sur les petites sant punitive, le gouvernement se prive Une réorientation urgente lignes (alors que les transferts sur route des moyens nécessaires à une politique poussent les usagers vers la voiture, ambitieuse d’investissements de trans- Les gouvernements Ayrault et Valls n’ont partagée ou non), Intercités, et même ports urbains et ferroviaires (alors que pas su faire des choix nets et compréhen- TGV sur les lignes classiques. les pays européens voisins relancent sibles, intégrer les demandes sociales et les La carte Enfant-Famille, une tarifica- leurs investissements de transports col- contraintes environnementales (nuisances tion sociale valable sur le TGV, a été dis- lectifs). routières et aériennes, dérive climatique) et crètement supprimée (la FNAUT avait Les transports collectifs sont de plus énergétiques (facture énergétique, dépen- au contraire demandé son extension en plus saturés dans les zones denses et dance pétrolière), adopter une nécessaire aux Intercités). restent sous-développés dans les zones vision européenne des transports. L’abandon de l’écotaxe est punitif périurbaines et rurales. Les Français les La FNAUT demande donc au gou- pour les contribuables, les usagers des plus pauvres, captifs des transports col- vernement de refonder d’urgence sa transports et les riverains des grands lectifs, en subissent les conséquences. politique, qui menace très sérieusement axes de transit qui continueront à subir Une dégradation très sensible du ser- le transport collectif au moment où la les nuisances des poids lourds. vice public ferroviaire est déjà observée : demande du public est croissante, et qui La réforme territoriale est improvisée transferts sur route de services TER et contribue à la dégradation de l’environ- et traitée dans la confusion. Avant de Intercités, fermetures de lignes régio- nement local et global. réduire le nombre des régions, il fallait nales et interrégionales. Le temps des colloques est passé. On réduire les compétences des départe- La libéralisation « sauvage » des ser- sait très bien ce qui doit être fait, il suffit ments et renforcer celles des régions, vices interrégionaux d’autocars, engagée souvent de copier certains de nos voisins en particulier dans les transports, et sans recherche d’une complémentarité européens. Il est urgent de changer de cap attribuer de nouvelles ressources aux entre train et autocar, menace les ser- et d’agir car les décisions actuelles ne sont régions pour leur permettre de mieux vices Intercités par écrémage. pas à la hauteur des enjeux. assumer leurs missions.

4 ❘ fnaut-infos n°231 - janvier-février 2015 Tickets verts besançon : Le Tramway auTremenT La Communauté d’agglomération du Grand Besançon, et son président La mise en service du tramway de Besan- d’un tramway « low cost » au sens où il offri- Jean-Louis Fousseret, maire PS de Be- çon, avec six mois d’avance sur les prévi- rait un service dégradé ou serait accompa- sançon, pour l’introduction innovante sions, est une réalisation exceptionnelle. Elle gné d’aménagements urbains bâclés, bien et courageuse du tramway dans une démontre que le tramway a un rôle à jouer au contraire. Des économies ont été recher- agglomération de taille moyenne. dans une agglomération de taille moyenne chées avec intelligence : Cette introduction a été rendue pos- (180 000 habitants dont 117 000 dans la - sur l’essentiel de son parcours, le tram- sible par la recherche systématique ville-centre) dès lors que les lignes princi- way a été implanté sur la voirie existante, d’une réduction des coûts, sans affec- pales de son réseau de bus sont saturées. quitte à contraindre la circulation automo- ter la qualité du service offert aux usa- Les travaux ont été accélérés pour ré- bile, « le tramway est là pour inciter au report gers et des aménagements urbains. pondre à l’irritation des commerçants et des modal » ; Elle démontre que la pertinence du riverains. La ligne de 14,5 km (31 stations, - le mobilier des stations est très sobre, tramway n’est pas limitée aux grandes 5 parcs-relais) est déjà utilisée par 50 000 aucune œuvre d’art n’a été commandée pour agglomérations. voyageurs chaque jour. Elle dessert 40 000 agrémenter le tracé ; Les régions Aquitaine, Centre, habitants, le pôle santé et les principales - les 19 rames en circulation de 5h à 1h Franche-Comté, Pays de la Loire et administrations du centre-ville. Une rame du matin (24 m de long, plancher bas, 132 Provence-Alpes-Côte d’Azur, pour leur sur deux dessert le nouveau pôle multimo- places) ont été construites par l’entreprise politique de réouvertures de lignes fer- dal d’échanges de la gare Viotte par une espagnole Construcciones y Auxiliar de Fer- roviaires régionales, qui va à l’encontre antenne. rocariles (CAF) dans son usine française de de la politique de contraction du réseau Le campus universitaire de La Bouloie et Tarbes. Selon CAF, « ce matériel ouvre la ferroviaire favorisée par l’Etat. Les lignes de grands équipements sportifs (Palais des voie au développement de futurs réseaux de dont la réouverture est effective ou en- Sports, stade Léo Lagrange, piscine Mal- tramways adaptés aux besoins d’aggloméra- gagée sont respectivement : Oloron-Be- larmé), dont la desserte par tramway avait tions de taille moyenne ». dous (dans la perspective de la réouver- été un temps envisagée, bénéficient d’une On construit au centre-ville un parking ture de Pau-Canfranc), Chartres-Voves desserte de qualité par bus. souterrain de 330 places, dont 250 publiques (première phase de la réouverture de Le coût du tramway (254 millions) a été et 80 réservées aux résidents de la centaine Chartres-Orléans), Belfort-Delle, Nantes- parfaitement maîtrisé : 17 millions/km, d’appartements construits en surface, en Châteaubriant et Avignon-Carpentras. record de France ! Le coût observé dans même temps qu’un centre commercial de d’autres agglomérations est de 20 à 30 mil- 15 000 m2. Mais le parking Chamars, situé Ticket rouge lions/km. Il n’y a pas eu de hausse des im- à proximité, a été ramené de 1 200 places à pôts locaux. Mais il ne s’agit pas pour autant 360, qui sont désormais payantes. Brigitte Fouré, maire UMP d’Amiens, et Alain Gest, président UMP d’Amiens éouverTures Métropole. r De manière irresponsable, ces nou- Oloron-Bedous localités riveraines. L’opération coûte 110 mil- veaux élus ont fait échouer un projet de lions d’euros, elle a été poussée par certaines tramway, alors que ce mode de transport La ligne Pau-Oloron ayant été modernisée collectivités locales et nos voisins suisses, mais la a démontré son efficacité dans toutes récemment à la plus grande satisfaction des réouverture, annoncée initialement pour 2011, les agglomérations françaises où il a été voyageurs (FNAUT Infos 230), la réouverture est aujourd’hui prévue seulement en 2018. réintroduit et où il est immédiatement d’Oloron-Bedous (25 km), fermée au trafic plébiscité par le public. voyageurs en 1980 et au trafic fret en 1985, est la Nantes-Châteaubriant deuxième étape de la réouverture intégrale de la Coups de chapeau ligne internationale Pau-Canfranc-(Saragosse). Depuis sa réouverture début 2014, cette ligne Les travaux ont été lancés fin septembre 2014, de 64 km fermée en 1980 est parcourue par En complément de ses tickets verts, le financeur unique est la Région Aquitaine un tram-train, mais sans pénétration du réseau la FNAUT a donné deux « coups de cha- (100 millions d’euros) : « le fer, pas la route », dit nantais de tramway et sans coexistence avec des peau » pour attirer l’attention sur des Alain Rousset, président PS du Conseil régional. TER puisque la ligne Nantes-Rennes est cou- élus qui ont été capables de changer pée à Châteaubriant. Néanmoins les usagers d’avis sur le tramway. Chartres-Voves sont insatisfaits de la qualité du service, le maté- Jean Germain, ancien maire PS de riel roulant étant lent et manquant de fiabilité et Tours et président de la communauté La réouverture de la ligne Chartres-Voves- de capacité. d’agglomération Tours Plus, est passé (Tours) au trafic voyageurs est réalisée dans le du scepticisme à la reconnaissance de cadre du Contrat de plan Etat-Région 2007- Avignon-Carpentras la pertinence du tramway et a mis en 2013 (le trafic fret a subsisté sur cette voie place de manière exemplaire le tram- unique de 25 km). La Région Centre y a investi La réouverture, réclamée depuis longtemps way de Tours. 70 millions d’euros et l’Etat 1,25 million. C’est par la FNAUT-PACA, a été réalisée dans le Joël Bruneau, maire UMP de Caen la première étape de la réouverture de la ligne cadre du Contrat de plan Etat-Région 2007- et président de la Communauté d’ag- Chartres-Orléans. Chartres est le seul chef-lieu 2013 pour faire face à la saturation routière. La glomération de Caen-la-Mer. Après de la Région sans lien ferré avec Orléans. ligne, fermée au trafic voyageurs en 1938 entre plusieurs mois de réflexion, la nouvelle Sorgues et Carpentras (16 km), sera parcourue équipe municipale a changé d’orienta- Belfort-Delle à 120 km/h par 19 AR/jour en 30 min, certains tion et a décidé de remplacer le TVR par étant prolongés jusqu’à Avignon-TGV grâce à un vrai tramway, plus fiable et de plus La réouverture de cette ligne internationale la « virgule » de 1,5 km mise en service en 2013. grande capacité, au lieu de prolonger au de 22 km fermée en 1992 répond à un triple 4 000 voyageurs/jour sont attendus. Neuf pas- maximum sa durée de vie comme cela a objectif : rétablir un lien entre la France et la sages à niveau sur 12 ont été supprimés pour été décidé à Nancy. C’était la solution de Suisse, offrir un accès à la LGV Rhin-Rhône respecter la « directive Bussereau », ce qui a bon sens défendue par Philippe Duron, en gare de Belfort-Montbéliard TGV depuis augmenté le coût de la réouverture. L’agglomé- ancien maire PS. Belfort et depuis la Suisse, enfin desservir les ration de Carpentras compte 70 000 habitants.

fnaut-infos n°231 - janvier-février 2015 ❘ 5 La LibéraLisaTion du TransporT par car Des élus appréciés Jean-Paul Chanteguet, député PS de La libéralisation totale des liaisons interré- Une initiative prématurée l’Indre et président de la Commission gionales par autocar, actuellement autorisées Développement durable de l’Assem- uniquement sous forme de cabotage sur des La libéralisation du transport par auto- blée nationale, a courageusement dé- relations internationales, a été annoncée par car est prématurée : elle doit être précédée fendu le projet d’écotaxe poids lourds le ministre de l’Economie. d’une forte amélioration de la qualité et et plus généralement le principe de la Selon le ministre, il faut mettre fin à la de la productivité du système ferroviaire. fiscalité écologique : « parler d’écologie « protection du système ferroviaire » afin de Cette amélioration ne doit pas résulter punitive, c’est faire de la démagogie faciliter les déplacements des « pauvres qui d’une réduction de l’offre à une minorité pour justifier l’inaction ». ne peuvent pas prendre le train », et de créer d’axes à fort trafic mais d’une valorisation Raymond Vall, sénateur RDSE du Gers « 10 000 emplois ». du réseau ferré classique. et président de la commission Dévelop- Des liaisons routières régulières sont évidem- pement durable du Sénat, défend la ment nécessaires sur les itinéraires actuellement La FNAUT demande donc : réouverture de la ligne Agen- (64 non desservis par le train, afin de répondre à des - que la libéralisation du transport par km) au trafic voyageurs et, dans un pre- besoins non satisfaits de mobilité. Mais si les autocar soit régulée ; mier temps, l’accélération du trafic fret liaisons routières se multiplient à l’initiative des - qu’elle soit précédée de l’introduction que ne permettent pas les seuls travaux seuls transporteurs routiers, l’autocar deviendra de la concurrence dans le secteur ferro- d’urgence réalisés cet été par RFF : « le inévitablement un concurrent, et non un com- viaire, sous forme de délégations de ser- désenclavement du Gers passe néces- plément, du train (FNAUT Infos 224). vice public comme dans le transport ur- sairement par le rail ». La FNAUT plaide donc pour la com- bain ou départemental, afin de provoquer François Ferrieux, conseiller général plémentarité et l’optimisation des différents une amélioration des services ferroviaires PS de l’Oise et président du syndicat modes de transport au profit des voyageurs : et une baisse des coûts de production ; mixte des transports de l’Oise, est un une régulation de la concurrence est indispen- - que l’Etat et les Régions organisent, promoteur de l’intermodalité dans les sable afin d’éviter l’écrémage du train par le car. dans le cadre d’un schéma national de zones rurales sous le nom de « mobilité La libéralisation du transport par autocar mobilité, l’ensemble des services de voya- courante ». ne doit pas menacer la pérennité des services geurs à longue distance, ferroviaires et L’Association Sud Loire Océan, pré- ferroviaires, déjà fragilisés par la concurrence routiers, afin de garantir une complémen- sidée par Jean-Claude Merceron, an- de l’avion à bas coût, de l’autocar caboteur tarité entre ces services ; cien sénateur UDF et vice-président du et du covoiturage. Il faut en effet éviter le - enfin que le régulateur ferroviaire ac- Conseil général de la Vendée, regroupe retour d’une partie des voyageurs à la voiture, tuel, l’ARAF (autorité de régulation des des élus. Elle agit depuis 20 ans en fa- contraire aux objectifs de la loi sur la transi- activités ferroviaires), se voie attribuer veur de la modernisation des lignes tion énergétique. des fonctions intermodales. Nantes-Pornic et Nantes - Saint-Gilles- Croix-de-Vie. péages auTorouTiers Ils l’ont échappé belle

Les ministres de l’Ecologie et de l’Eco- Une baisse des péages, quelle que soit Cécile Helle, maire PS d’Avignon, al- nomie souhaitent une baisse des péages son ampleur, constituerait en effet un liée à Joris Hébrard, maire FN du Pon- autoroutiers. Le laboratoire d’idées Terra signal déplorable : elle encouragerait tet, et Jean-Marc Roubaud, président Nova, proche du PS, est plus précis et en- les ménages à se déplacer davantage en UMP du Grand Avignon auront droit à visage une baisse de 50 %, une idée pour- voiture sur de longues distances, et les un Ticket Rouge lors du 20ème congrès tant incompatible avec une « transition entreprises à se tourner davantage vers de la FNAUT s’ils font échouer le pro- énergétique ». le transport routier que le projet d’éco- jet de tramway d’Avignon. A noter que Suite aux rapports de la Cour des taxe cherchait au contraire à maîtriser. La Cécile Helle, qui s’oppose à ce projet, Comptes et de l’Autorité de la Concur- hausse du trafic qui en résulterait inci- proteste auprès de RFF contre le retard rence, l’existence de la rente dont béné- terait à renforcer la capacité des infras- des travaux de réouverture de la ligne ficient les sociétés concessionnaires d’au- tructures existantes, voire à construire de Avignon-Carpentras... toroutes (SCA) depuis la privatisation nouvelles autoroutes. Gérard Gazay, nouveau maire UMP de la gestion des autoroutes en 2006 est Par ailleurs, une baisse des péages don- d’Aubagne, a abandonné la prolonga- aujourd’hui reconnue, sauf bien sûr par nerait à la route un nouvel avantage com- tion de la ligne existante de tramway. les SCA : les péages sont très élevés et pétitif face au rail, déjà fragilisé par l’état René Souchon, président PS du les bénéfices sont supérieurs à 20 % des inquiétant de ses infrastructures et par des Conseil Régional d’Auvergne, et Luc recettes alors que les infrastructures sont conditions de concurrence inéquitables Bourduge, vice-président Front de quasi-amorties. avec les autres modes de transports. gauche, refusent d’inscrire la rénovation Cette rente n’étant pas justifiée écono- Terra Nova propose de ne faire payer des lignes interrégionales récemment miquement, il est donc légitime que l’Etat aux usagers des autoroutes que les coûts fermées ou menacées de fermeture la récupère, par exemple en imposant une de maintenance (coût marginal), oubliant (Clermont-Ussel-Limoges et Clermont taxe exceptionnelle aux groupes action- de réclamer la même tarification pour le – Saint-Etienne) au prochain Contrat de naires des SCA (Effiage, Vinci et Aber- rail, ou de remplacer les péages par des vi- plan Etat-Région. René Souchon a dé- tis essentiellement) selon la suggestion de gnettes forfaitaires, une véritable négation fendu pendant des années un projet ir- Terra Nova. du principe usager/pollueur - payeur. réaliste de LGV Lyon-Clermont-Limoges. Mais cette rente, une fois captée par Terra Nova se vante de faire une ana- Luc Bourduge déclare : « nous tiendrons l’Etat, ne doit pas être utilisée pour baisser lyse systémique, « holistique ». Mais né- compte des alternatives routières ». Gé- les péages, comme le propose Terra Nova, gliger totalement les effets pervers d’une rard Vandenbroucke, président PS du mais pour investir dans les secteurs d’ave- baisse des péages, c’est au contraire faire Conseil régional du Limousin, et Gilles nir - transport collectif urbain et rail – afin une analyse économique étroite, limitée Pallier, vice-président PS, ont été criti- de réduire la dépendance pétrolière et de au seul système routier et dénuée de toute qués pour le même motif à propos de la lutter contre le dérèglement climatique. vision écologique. ligne Montluçon-Eygurande.

6 ❘ fnaut-infos n°231 - janvier-février 2015 Le discours de Jacques Auxiette brèves BrèvesEspace dédié aux infrastructures Invention utile de transport Un autodidacte chinois, He Liangcai, Selon le Commissariat général du déve- a travaillé dix ans pour mettre au point un loppement durable (CGDD), 2,8 % du ter- scooter électrique transformable en valise ritoire français métropolitain est occupé par à roulettes. Le prototype pèse 7,5 kilos, Jacques Auxiette (photo : F. Michel) les infrastructures de transport, soit 1,5 mil- contient une batterie rechargeable au lithium lion d’hectares. Cette surface a augmenté de et permet une autonomie de 55 kilomètres. Intervenant au congrès de la FNAUT 10,3 % entre 2006 et 2012. Elle est consa- Il est équipé d’un GPS, d’une alarme anti- comme président PS du Conseil régional crée aux routes et autoroutes (79 %), au rail vol et d’un klaxon. Cette innovation facilitera des Pays de la Loire et président de la Com- (6 %), au stockage et aux services auxiliaires le rabattement des habitants périurbains ou mission Transports de l’Association des Ré- des transports (4 %). A 90 %, elle est artifi- ruraux sur le transport collectif. gions de France (ARF), Jacques Auxiette a cialisée, donc imperméable, ce qui accélère le souligné ses points de convergence avec la ruissellement. Pollution et fœtus FNAUT, « un partenaire incontournable de l’ARF ». Comme elle, il dénonce « le manque On n’arrête pas le progrès ! Plus une femme enceinte est exposée aux de vision, de stratégie et de cohérence de gaz d’échappement des voitures, plus son la politique des transports de l’Etat ». Paris-Bombay en une heure dans une cap- enfant risque de naître avec un poids insuf- « Les atermoiements sur l’écotaxe et le sule de 1,50 m de hauteur contenant 6 per- fisant, d’où des risques accrus de mortalité péage de transit, les dispositions annon- sonnes, c’est le projet de la société ET3 à l’hori- postnatale et de maladies chroniques : tel est cées en faveur des concessionnaires auto- zon 2040. Ce transport du futur (une variante le résultat d’une étude internationale publiée routiers, ou encore la libéralisation non en- du Swiss Metro) combinera la sustentation début 2013 dans la revue Environnmental cadrée du transport par autocar, peinent à magnétique du Maglev et la propulsion sous Health Perspectives. Cette étude qui a porté trouver cohérence avec l’action résolue du vide dans un tube rectiligne : la vitesse attein- sur 3 millions de naissances dans le monde est gouvernement en faveur de la transition dra 6 500 km/h, la technique est « sûre, silen- la plus étendue jamais réalisée sur le rapport énergétique et des transports publics ». cieuse et écologique » ; l’entretien des tubes entre pollution et développement du fœtus. « L’abandon inexorable des trains Interci- coûterait moins cher que celui de voies ferrées. tés interroge fondamentalement les choix Les premiers essais débuteront dans 3 ans, Le PDE d’Apple d’aménagement du territoire à l’échelle ET3 recherche des volontaires. nationale, mais aussi la capacité politique En 2013, 10 000 salariés d’Apple aux USA de l’Etat à exercer son rôle de tutelle sur ont utilisé la subvention mensuelle de 100 dol- la SNCF. Est-ce à la SNCF de décider seule BIEN DIT lars que leur accorde la direction, dans le cadre l’avenir de ces trains en fonction de ses d’un plan d’entreprise, pour financer leurs dé- seules contraintes économiques ? » ✓ Christophe Porquier, vice-président placements en bus ou en train. 300 bornes de « Nous payons aujourd’hui les choix poli- EELV du conseil régional de Picardie : « Le recharge pour véhicules électriques et des vélos tiques de Nicolas Sarkozy en faveur de la canal Seine-Nord entre dans la catégorie partagés sont aussi proposés. réalisation simultanée de 4 LGV. Toutes les des grands projets inutiles, pharaoniques, ressources sont mobilisées pour leur réali- impactant l’environnement (notamment la sation, au détriment du reste du réseau et ressource en eau). Il entrerait en concurrence des trains du quotidien. L’ancien Président avec le transport ferroviaire, et non avec la a fui ses responsabilités et n’a rien arbitré ». route. Les sommes englouties dans ce projet « Il y a encore de la part de l’Etat, et seront forcément prélevées sur les transports notamment de sa technostructure, un du quotidien ». manque de confiance dans la décentralisa- ✓ François Dumont, directeur de la rédac- tion et dans les Régions. Quid d’une réelle tion de La Vie du Rail : « la récente réforme liberté de fixer le prix des billets ? D’un ver- ferroviaire ne convainc guère que la SNCF. sement transport régional ? De dotations La constante inexistence d’une politique des suffisantes dans le cadre des Contrats de Transports laisse la SNCF mener le jeu en Plan Etat-Régions ? Et, osons le dire, de l’ex- fonction de ses intérêts de groupe multimo- périmentation de l’exploitation du TER en dal. L’Etat, prétendu stratège, raconte des Taxe respiration délégation de service public ? » balivernes (TGV du futur, relance du fret !) ». « Les nouveaux services de mobi- ✓ Alain Rousset, président PS du Conseil L’aéroport de Caracas est délabré, mais lité - autocar, covoiturage, autopartage - régional d’Aquitaine : « redessiner les régions ses gestionnaires ont introduit une « taxe doivent être complémentaires des trans- n’est pas simplement redessiner les géogra- respiration » : cette taxe imposée aux pass- ports publics structurants. Cela implique phies, c’est aussi redessiner les compétences sagers aériens se monte à 127 bolivars, soit d’éviter la concurrence avec le rail et les et les ressources ». Il a mis en garde contre environ 13 euros, et finance le système d’air pertes de recettes pour les Régions. Il faut l’élargissement des routes, en particulier dans conditionné. une régulation et une stratégie intermo- la vallée d’Aspe : « plus vous élargissez, plus dale, partagée entre Etat, collectivités et vous créez un aspirateur à camions ; la seule Un vrai miracle entreprises» . solution, c’est de mettre les marchandises sur Jacques Auxiette n’occulte pas ses points le train. » Un Valaisan de 64 ans a échappé au pire à la de divergence avec la FNAUT : aéroport de ✓ Martin Malvy, président PS du Conseil gare de Saxon. Ivre, il s’est soulagé au bord du NDDL, autoroute A831, LGV Bretagne-Pays régional de Midi-Pyrénées : « compte tenu quai avant d’être heurté par un train circulant de la Loire : « on ne peut prendre le risque de l’évolution des modes de transport des en direction de Genève-aéroport. Un voyageur de l’isolement géographique et du repli Français, il est normal qu’une part des béné- présent sur le quai l’a tiré en arrière lorsqu’il a sur soi, le rôle des élus est aussi de voir loin, fices des sociétés autoroutières participe au entendu l’avertisseur du train qui approchait. en durée comme en distance ». développement du rail ». L’imprudent n’a été blessé qu’à la cheville.

fnaut-infos n°231 - janvier-février 2015 ❘ 7 acTiviTés de La FnauT

● La FNAUT a apporté son soutien à la riste stagiaire à la FNAUT, a été transmise Révolution numérique et évolutions des protestation de l’Association des Paralysés à la DGCCRF. La FNAUT dénonçait des mobilités individuelles et collectives (trans- de France et d’autres associations (UNA- clauses abusives concernant les horaires et port de personnes). PEI, UNIOPSS, FNATH, CFPSAA, itinéraires garantis par plusieurs compagnies ● La FNAUT a été consultée par l’Insti- GIHP, Droits du Piéton,...) contre l’Ordon- aériennes et agences de voyages. tut du développement durable et des rela- nance sur l’accessibilité des établissements ● Gilles Laurent est intervenu lors d’une for- tions internationales sur les besoins des publics et des transports, qui reporte un mation sur la sécurité des passages à niveau voyageurs (vie quotidienne et longue dis- grand nombre de mesures annoncées dans la organisée par l’Ecole des Ponts. Avec Daniel tance) et sur ses propositions en matière loi Accessibilité de 2005. Mouranche, il a représenté la FNAUT au d’infrastructures. ● Lors de l’enquête publique relative au pro- colloque d’Objectif OFP. ● Le Conseil national de la FNAUT jet de gare nouvelle TGV à , la ● La FNAUT rencontre régulièrement la a invité Marc Pérez, du cabinet TTK, FNAUT a remis un avis négatif ( Jean-Fran- direction commerciale de Keolis. Gilles à introduire un débat sur le tram-train çois Troin, Jean Lenoir et Jean Sivardière) : Laurent et Jean Macheras ont rencontré en Allemagne et en France, auquel ont cette gare éloignée de la gare centrale n’of- Francis Chaput, directeur du transport ur- contribué Michel Foudrat (Thur Eco- frirait pas de connexion satisfaisante avec le bain France chez Transdev. logie et Transports), Gabriel Exbrayat TER et les transports de proximité. ● Jean Lenoir et Jean-Paul Jacquot ont ren- (FNAUT Rhône-Alpes) et Aymeric Gil- ● Jean Sivardière, Jean Lenoir, Anne-Sophie contré Alexis Dutertre, adjoint au repré- laizeau (FNAUT Pays de la Loire). Trcera et Marc Debrincat ont eu un entre- sentant permanent de la France auprès de ● Daniel Mouranche a préparé l’avis de tien avec Alain Le Vern, directeur général l’Union européenne, et Francesco Gaeta, la FNAUT sur les comptes nationaux des Régions et Intercités à la SNCF, au sujet de coordonnateur du pôle développement du- transports, qui a été transmis à la mission la lutte contre la fraude dans les trains. rable, conseiller transports, à propos du 4ème INSEE-CGEDD. ● Jean Lenoir a été auditionné par la com- paquet ferroviaire en cours d’élaboration. ● Anne-Marie Ghémard a représenté la mission Développement durable et aména- ● Jean Sivardière et Max Mondon ont ren- FNAUT au conseil d’Administration de gement du territoire de l’Assemblée Natio- contré Bernard Larrouturou, directeur géné- la Fédération européenne des voyageurs nale sur les crédits de la mission Transports ral du CEREMA, et son équipe de direction (FEV) à Gand en octobre 2014 et à Barce- terrestres, et par la commission Affaires au sujet du projet stratégique de cet établis- lone en janvier 2015. économiques et Développement durable du sement public d’études et d’expertise. La ● Jean Lenoir a rencontré Patrice Saint- Sénat sur le projet de loi de finances 2015. FNAUT a proposé au CEREMA plusieurs Blancard, conseiller d’Alain Vidalies. ● Le GART, l’Assemblée des communautés sujets d’études concernant la gestion des ser- ● Jean Sivardière et Jean Lenoir ont ren- de France, l’UTP, la FNAUT, la FNTP, la vices ferroviaires ou encore les déplacements contré Jean Mallot, conseiller spécial FIF et TDIE ont protesté contre l’abandon dans les villes moyennes. d’Alain Vidalies, au sujet des investisse- de l’écotaxe et réclamé une remise à plat des ● Les vice-présidents Transport des Ré- ments ferroviaires et de la gestion des trains modes de financement des infrastructures de gions Aquitaine, Midi-Pyrénées et PACA Intercités. la mobilité durable. (Bernard Uthurry, Charles Marziani et ● Anne-Sophie Trcera et Poehere Viaux ● Jean Sivardière et Jean Lenoir ont rencon- Jean-Yves Petit) et les représentants de la ont rencontré Jean-Pierre Teyssier, Média- tré Marc-Etienne Pinauldt, directeur du dé- FNAUT dans ces régions (Christian Brou- teur Tourisme et Voyage. veloppement des capacités des territoires au caret, Alain Berthoumieu et Philippe Cre- ● Jean-François Troin est intervenu sur Conseil Général de l’Egalité des Territoires tin), ainsi que Jean Lenoir, vice-président de l’intermodalité dans les gares lors d’un (ex-DATAR), Philippe Caradec, respon- la FNAUT, ont adressé une lettre commune stage de formation du CNFPT aux côtés sable du pôle de l’égalité d’accès aux services à Alain Vidalies pour attirer son attention de Gares et Connexions et d’un représen- publics et aux services au public, et Denys sur la dégradation des relations Intercités sur tant du Grand Poitiers. Boy, chargé de mission Mobilités multimo- la transversale Bordeaux-Nice et proposer ● Gilles Laurent et Marc Debrincat ont dales, au sujet des trains Intercités. des améliorations. participé à plusieurs réunions du Haut co- ● La FNAUT est représentée au conseil ● Maurice Abeille participe aux réunions de mité de l’Autorité pour la qualité de service d’administration de la RATP (Michel Ba- réflexion organisées par le CEREMA sur dans les transports (AQST). but, qui succède à Yves Boutry), au comité les services dans les gares TER et dans leur ● Paul Mathis a représenté la FNAUT à la des partenaires du STIF (Bernard Gobitz), voisinage. Conférence environnementale. au comité de suivi des trains TET ( Jean Le- ● Jean Macheras est intervenu lors du col- ● Jean Lenoir et François Jeannin ont ren- noir, Marc Debrincat et François Jeannin), loque organisé à Strasbourg par la CUS, contré RFF au sujet de l’horaire 2017. Jean au Comité d’orientation du GART (Jean le CNFPT, le GART, l’UTP,... sur les Lenoir a participé à une réunion de TDIE Lenoir), à la commission administrative de déplacements intermodaux dans les villes sur l’investissement dans les transports. l’aviation civile (Anne-Sophie Trcera). européennes. ● François Jeannin a participé à un débat ● Jean Macheras a représenté la FNAUT ● Marc Debrincat et Claude Budry ont ren- sur les trains Intercités lors des 6èmes Ren- dans le jury des challenges de la journée du contré Valérie Schwaar, secrétaire générale contres du ferroviaire. transport public et dans le jury du Palma- de l’Association Transport et Environne- rès des Mobilités du magazine Ville, Rail ment Vaud et élue au Grand Conseil vau- fnaut infos- Bulletin mensuel d’information et Transports. Simone Bigorgne l’a repré- dois, au sujet des relations ferroviaires fran- Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°231 sentée dans le jury des Grands Prix 2014 co-suisses. ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. de la Région Capitale décernés par Ville, ● Jean Sivardière a participé à la journée Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Rail et Transports. parlementaire 2014 sur les transports. Il est d ● Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 Marc Debrincat a représenté la FNAUT intervenu sur la demande future de trans- Prix au numéro : 2 d lors du débat public d’une récente Confé- port collectif et le financement des grandes Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT rence de Citoyens SNCF sur les incivilités infrastructures de transport. de votre région, contacter notre permanence : dans les transports. ● Marc Debrincat a été auditionné par la 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris ● Une demande d’action en cessation d’agis- section « aménagement durable des terri- tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06 e-mail : [email protected] sements illicites et suppression de clauses toires » du Conseil économique, social et Internet : http://www.fnaut.fr abusives, préparée par Poehere Viaux, ju- environnemental (CESE) sur la thématique CCP : 10 752 87 W Paris

8 ❘ fnaut-infos n°231 - janvier-février 2015 Digne - Saint-Auban : es prix du train et du car une erreur une démarche innovante L : regrettabLe du ministre de L’economie ! La FNAUT a récemment proposé que la gestion de certaines petites lignes régionales, peu utilisées voire fer- Selon Emmanuel Macron, ministre Sans carte de réduction, le tarif du mées et à l’infrastructure dégradée, de l’Economie, la libéralisation totale du TER était de 62 c. Le tarif minimum du soient transférées de RFF aux Régions transport interrégional par autocar va of- TGV était compris entre 29 c et 51 c ; concernées (FNAUT Infos 221). frir un gain de pouvoir d’achat d’environ le tarif médian (1) pour un jour donné C’est déjà le cas de la ligne à voie 700 millions d’euros par an à l’ensemble de départ entre 53 c et 92 c (le tarif mé- métrique Nice-Digne, propriété de des usagers car « le car est 8 à 10 fois moins dian sur la période était de 76 c) ; le tarif l’Etat (et non de RFF) et concédée en cher que le train ». maximum entre 65 c et 92 c. 1972, pour une durée de 99 ans, au Il est sûr que le train est aujourd’hui trop Avec une carte Jeune, le tarif du TER SYMA puis en 2007 à la région PACA cher pour une partie des voyageurs, d’où le varait entre 31 c et 48 c. Le tarif mini- (qui souhaite même, aujourd’hui, en succès de l’autocar et du covoiturage pour mum du TGV était compris entre 27 c devenir pleinement propriétaire). les déplacements à moyenne et longue et 36 c et le tarif médian entre 38 c et L’avantage d’un transfert de gestion distance. La FNAUT a d’ailleurs sou- 67 c ; le tarif maximum était de 67 c. de RFF à une Région serait double : la vent dénoncé le niveau excessif des tarifs Région pourrait confier la rénovation de dernière minute du TGV. Ceci étant, Prix du train pour le 20 décembre puis la maintenance de l’infrastructure l’affirmation du Ministre est très éloignée Sans carte de réduction, le tarif du aux entreprises de son choix, d’où la de la réalité. TER était de 62 c ; le tarif minimum du possibilité de réduire très fortement L’étude réalisée, à l’initiative de la TGV était compris entre 38 c et 92 c, le les coûts par rapport aux devis de RFF FNAUT, sur le covoiturage sur longue tarif maximum entre 51 c (départ à 22h) (c’est la SNCF qui réalise les travaux) ; distance par Bruno Cordier, du cabinet et 126 c (départ à 20h). elle pourrait confier l’exploitation de ADETEC (FNAUT Infos 229) montre Avec une carte Jeune, le tarif du TER la ligne à un opérateur de son choix, que la différence de prix entre le train et était compris entre 31 c et 47 c ; le tarif moins coûteux que la SNCF. l’autocar est très nettement inférieure à minimum du TGV était compris entre Cette démarche intéresse la Région celle avancée un peu vite par le Ministre 36 c et 67 c, le prix maximum entre 51 c PACA qui souhaite, comme la FNAUT (voir ci-dessous). et 94 c. depuis longtemps, la réouverture de L’erreur est regrettable car elle accrédite la ligne Digne - Saint-Auban, maillon l’idée, répandue mais fausse, que le train À partir du cas particulier de la rela- manquant de 22 km entre la ligne Nice- serait toujours cher, donc fait pour les tion Paris-Lyon pour une période hors Digne et la ligne Marseille-Briançon. riches, et que l’autocar serait le transport congés annuels, il apparaît donc que si on Appliquant des normes de sécurité des « pauvres ». réserve moins de 3 semaines à l’avance, valables pour le TGV, RFF a présenté Puisque le Ministre souhaite que les ta- le train est en gros 2 à 2,5 fois plus cher que un devis aberrant de 98 puis 135 mil- rifs des transports interurbains soient plus le car (1,4 fois si on dispose d’une carte de lions d’euros (rénovation de la voie, accessibles aux jeunes et aux familles mo- réduction) ; mais ce résultat tient compte des 3 gares, des passages à niveau et destes, la FNAUT lui suggère de ramener de tout le spectre des tarifs du train. traversée de l’usine chimique Arke- à 5,5 %, au titre des services de première Si le voyageur est un « étudiant pauvre », ma) : hors traversée de l’usine, évaluée nécessité, le taux de TVA sur les transports il peut cependant trouver des tarifs très au tiers du devis RFF, la Région estime publics récemment porté de 7 % à 10 %. compétitifs avec ceux du car et du covoi- que 15 à 20 millions suffiraient, avec turage s’il possède une carte Jeune et ac- des normes de sécurité adaptées à un Le cabinet ADETEC a étudié les cepte des contraintes commerciales (sur trafic de navettes légères sur la ligne ! prix proposés le 15 novembre 2013 par l’horaire de départ du train, la durée du L’Etat refusant de s’engager finan- les transporteurs pour un trajet Paris- trajet, le délai de réservation, les possi- cièrement, Jean-Yves Petit, vice-pré- Lyon effectué au cours de la quinzaine bilités d’échange et de remboursement). sident EELV chargé des transports, suivante, et les prix pour un trajet le 20 L’écart de tarification entre train et car envisage donc une délégation de ges- décembre 2013, début des congés de s’élargit les jours de grandes migrations. tion de la ligne à la Région PACA. La fin d’année, proposés au cours des 3 se- Sur la liaison Lyon-Besançon, égale- FNAUT PACA soutient vigoureusement maines précédentes. ment étudiée par ADETEC, l’écart est cette hypothèse. L’exploitation pour- moindre entre les tarifs du train (surtout rait être confiée à la la Régie régionale Covoiturage et autocar des TER) et du car (). des transports (RRT) PACA, qui exploite Le prix de l’autocar, proche de celui du Dans son étude sur le prix des différents déjà la ligne Nice-Digne. covoiturage (entre 20 c et 39 c), variait modes de transport (FNAUT Infos 211), La FNAUT PACA suggère qu’une de 19 c à 42 c (chez Eurolines), ou de Jean-Marie Beauvais avait montré que les démarche analogue soit suivie pour 29 c à 39 c (chez iDBus). Les tarifs de prix moyens (2) de l’autocar et du TER la réouverture des lignes Gardanne- base d’iDBus sont un peu plus élevés que sont très voisins, de l’ordre de 7 centimes Trets et Aix-en-Provence - Rognac : « ce ceux d’Eurolines, mais ils s’appliquent à par km, le prix moyen du train Intercités serait une manière d’accélérer le pro- tous les passagers ; ils n’évoluent pas au fil étant de 9 centimes et celui du TGV de cessus de transfert de certaines petites du temps ; enfin iDBUS offre le billet du 10 centimes sur les relations intérieures. lignes vers des exploitants autres que 4ème passager pour 3 passagers payants. Ces prix moyens sont différents des prix la SNCF, mais pas nécessairement pri- proposés par les transporteurs, ils reflètent vés, en levant certaines oppositions Prix du train proposés le 15 novembre aussi les décisions des voyageurs. des syndicats cheminots SNCF ». pour un départ sous quinzaine Cette démarche d’aménagement du Le prix du TGV dépend fortement du (1) Le tarif médian est le tarif en dessous territoire pourrait s’appliquer aussi jour et de l’heure de départ, et de la date et au-dessus duquel se situent la moitié des aux lignes capillaires en mauvais état, de réservation. Le prix du TER ne dépend tarifs proposés. (2) Le prix moyen est obtenu donc très coûteuses à entretenir alors du train considéré que pour les titulaires en divisant les recettes perçues par le trans- que le trafic de fret y est saisonnier, d’une carte de réduction. Les prix cités porteur par le nombre de kilomètres parcourus typiquement celui des céréales. concernent la seconde classe. par les voyageurs.

encart au fnaut-infos n°231 - janvier-février 2015 ❘ 9 ontpeLLier une gare à éLiminer Transversale sud : m : tgV lettre à Alain Vidalies

Dès la conception de la LGV Paris-Lyon, Une fois le contournement de Nîmes Les responsables Transports des la FNAUT a critiqué le positionnement et Montpellier (CNM) mis en service, Régions Aquitaine, Midi-Pyrénées et des gares nouvelles aménagées sur les LGV. les TGV Paris-Montpellier continueront Provence-Alpes-Côte d’Azur ainsi que Qu’elles soient situées en rase campagne à aboutir, par la ligne actuelle, à la gare les différents responsables régionaux ou dans des périphéries urbaines, ces gares centrale de Montpellier, où les voyageurs de la FNAUT de ces mêmes régions « exurbanisées » ont contribué à l’appari- trouveront de bonnes correspondances constatent que les projets de modi- tion d’un nouveau maillage ferroviaire, de avec les TER et les transports urbains (le fications des services Intercités sur la plus en plus indépendant du maillage clas- taux de correspondance entre les trans- relation Bordeaux-Marseille-Nice com- sique, le passage de l’un à l’autre impliquant ports publics urbains et les trains dépasse portent plusieurs points négatifs : des ruptures de charge dissuasives pour 50 % et est l’un des plus forts de France, - pour réduire les temps de parcours, les voyageurs non motorisés et pénalisant il résulte de la convergence sur l’actuelle la SNCF envisage de supprimer la des- aussi les opérateurs ferroviaires qui peuvent gare du TER de quatre lignes de tramway serte de plusieurs villes moyennes dont perdre du trafic. et de lignes d’autobus et d’autocar). Les Agen, Montauban… ; Ainsi la gare d’Aix-TGV a été créée sur TGV Paris-Montpellier ne pourront en - depuis le 15 décembre 2013, un des le plateau d’Arbois, au nord de Marseille. effet être rentabilisés que s’ils desservent deux allers-retours diurnes Bordeaux- Elle n’est alimentée que par des navettes de aussi la gare centrale de Nîmes. Marseille-Nice a été limité à Marseille, bus, des taxis et des voitures, suite à des tra- La gare de la Mogère sera donc peu des- « pour cause de travaux » de voies entre vaux routiers gigantesques. Le trafic auto- servie, uniquement par les TGV assurant Marseille et Aubagne ; ces travaux étant mobile induit conduit à un engorgement des liaisons avec Perpignan et la Cata- aujourd’hui terminés il ne semble pas des vastes parkings existants. Les difficultés logne ou Toulouse. Et sa fréquentation que l’Etat ou la SNCF envisagent de rencontrées par les voyageurs subsistent, sera faible car le gain de temps apporté rétablir cette circulation ; dans une moindre mesure, dans les rares aux habitants de Montpellier par le CNM - la circulation du train de nuit cas où la gare nouvelle est située à l’inter- ne compensera pas la durée du trajet en (Hendaye)-Bordeaux-Nice a été limitée section d’une LGV et d’une ligne régionale tramway T1 (environ 30 minutes) pour au week-end fin 2011, puis elle a été (Valence-TGV). rejoindre le centre-ville. L’ouverture de la supprimée pour la même cause de tra- Les erreurs ainsi commises sont au- ligne nouvelle Montpellier-Perpignan, qui vaux au service 2014. Comme ci-dessus jourd’hui identifiées puisque des corrections n’interviendra sans doute pas avant 2030, le rétablissement de ce train ne semble ont été élaborées ou réalisées : en Lorraine ne devrait pas modifier significativement pas prévu. (projet de gare TGV à Vandières au croise- cette situation. Au moment ou l’Etat et la SNCF pré- ment de la LGV Est et de la ligne régionale Située dans la ceinture verte de Montpel- parent le renouvellement de la conven- Nancy-Metz remplaçant la gare actuelle de lier en zone inondable, la gare de la Mogère tion des trains TET, il nous apparaît Louvigny implantée dans les champs) et en nécessiterait de gros travaux de protec- indispensable d’attirer votre attention Avignon (création de la virgule ferroviaire tion pour éviter des dégâts considérables, sur le fort mécontentement des élus et qui permet aujourd’hui à des trains TER de comme ceux récemment constatés à Mont- des usagers qu’entraînent ces projets. relier rapidement la gare centrale à la gare pellier lors des épisodes météorologiques de Les trains d’équilibre du territoire, TGV périphérique). l’automne 2014. anciennement dénommés « grandes La LGV SEA, actuellement en fin de Son implantation nécessiterait par ail- lignes », ont toujours eu pour mission construction, n’aura aucune gare de plein leurs des aménagements publics nombreux – comme chez nos voisins européens – champ entre Tours et Bordeaux et les et aujourd’hui non financés, qui impose- d’assurer deux types de dessertes : celle gares de centre-ville (Poitiers, Angoulême) raient au contribuable local une dépense de des grandes agglomérations régionales seront desservies par des raccordements, l’ordre de 200 millions : prolongement du (non desservies par TGV) à grande dis- disposition ne pénalisant pas le temps de tramway et aménagements routiers. tance, et celle des « villes moyennes » à parcours des TGV Paris-Bordeaux sans Une mesure de bon sens consiste à aban- moyenne et longue distance. arrêts intermédiaires et valorisant la spéci- donner ce projet de gare nouvelle à Mont- A ce titre, nous demandons : ficité des TGV qui est de relier des villes pellier et à réaliser le raccordement de - le maintien impératif des dessertes de centre à centre sans rupture de charge ni Saint-Brès, étudié puis écarté, permettant au standard Intercités des « villes allongement des temps d’accès. aux TGV devant desservir Montpellier sans moyennes » Agen, Montauban, Carcas- Dans ce contexte, la FNAUT est opposée arrêt à Nîmes d’accéder directement à la sonne, Narbonne, Béziers, Sète, Nîmes à la construction de nouvelles gares TGV gare centrale, récemment modernisée pour et Arles, villes par ailleurs desservies exurbanisées, en particulier celle de Mont- un coût de 50 millions d’euros et disposant par d’autres relations TGV dont celles pellier prévue sur le site de La Mogère. d’une réserve de capacité importante. avec Paris ; - le rétablissement immédiat de Mar- seille à Nice de la deuxième liaison diurne Bordeaux-Nice ; - le planning des travaux de voies sur cet axe et la date prévisionnelle de ré- tablissement du train de nuit, indispen- sable sur cette relation qui ne sera pas desservie par TGV à court terme. Il est par ailleurs pour nous évident que le trafic potentiel sur cet axe né- cessite des améliorations importantes d’infrastructures pour retrouver des temps de parcours réduits et que trois allers retours directs diurnes consti- tuent un minimum indispensable entre Toulouse et Nice.

10 ❘ encart au fnaut-infos n°231 - janvier-février 2015 n°232 infos mars 2015 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

La fraude dans les transports publics : l’exemple du transport ferroviaire

Transition énergétique ?

Début 2014, la SNCF n’avait augmenté ses tarifs, de 2,8 %, que pour répercuter la hausse du taux de TVA sur les transports publics de 7 % à 10 %. Fin 2014, elle a obtenu du gou- vernement une forte hausse de ses tarifs « pleins », hors abonnements et cartes de ré- duction, de 2,6 %, très supérieure à l’inflation (0,9 % en 2013 + 0,5 % en 2014). Une hausse injustifiée aux yeux de la FNAUT, car l’offre se détériore (fermetures de points de vente, suppressions inopinées de trains, transferts sur route de services TER et Photo : Marc Debrincat Intercités, grèves répétitives) et avant d’aug- menter ses tarifs, la SNCF devait maîtriser ses coûts de production. Une hausse dangereuse La fraude dans les transports publics est devenue un phénomène massif, en au moment où le prix des carburants auto- particulier dans les trains, et difficile à appréhender car ses origines sont mul- mobiles chute et où la concurrence de l’avion tiples. Peu sanctionnée actuellement, elle prive la SNCF d’au moins 300 millions à bas coût, de l’autocar et du covoiturage de- d’euros par an et limite ainsi sa capacité d’investissement ou d’amélioration vient très agressive. des services, ce qui pénalise indirectement les voyageurs. D’autre part, la pré- N’hésitant pas à « justifier » la hausse des sence des fraudeurs irrite les voyageurs honnêtes et crée des conflits à bord tarifs SNCF, généralement jugés excessifs, des trains. La FNAUT souhaite donc qu’une action efficace soit entreprise par au lieu de la pousser à améliorer sa produc- la SNCF et l’Etat, qui a son rôle à jouer, pour lutter contre la fraude ferroviaire. tivité, le gouvernement, et plus particuliè- Elle ne peut cependant être indifférente aux mesures qui seront mises en place rement la ministre de l’Ecologie, s’opposait pour y parvenir : ces mesures ne doivent pas compliquer l’accès au train. au même moment à la hausse des péages autoroutiers (+ 0,57 %) « pour préserver le Un phénomène massif Dans un TER de grande capacité (un pouvoir d’achat des automobilistes » : deux et banalisé millier de places), entre Nice et Monaco, poids, deux mesures... nous avons constaté un taux de fraude Pourquoi refuser une hausse modeste des Selon le président de la SNCF, « sur de 40 % ». péages autoroutiers et approuver une forte certaines lignes TER, on se rend compte Selon la SNCF, les Français sont cham- hausse des tarifs de la SNCF ? Pourquoi traiter qu’il y a seulement une personne sur pions d’Europe de la fraude dans les trans- les automobilistes avec égards et pénaliser deux qui a le bon billet et qui a payé ; ports publics, devant les Espagnols et les les usagers des transports publics ? Cette atti- la fraude devient un problème de société Italiens. Le phénomène touche surtout tude électoraliste est radicalement contradic- extrêmement lourd, non seulement pour les zones denses : Ile-de-France (le taux toire avec la notion de transition énergétique la SNCF, mais pour ceux qui paient. Et de fraude est évalué par la SNCF à 8,6 % qui vient pourtant de faire l’objet d’une loi. ce qui est terrifiant, c’est que c’est un pro- contre 5 % à la RATP), PACA (25 % de Le train doit rester un transport de masse blème français ». fraude sur certains axes), région lyonnaise. accessible à tous : une baisse du taux de la Le témoignage d’Alain Le Vern, direc- L’Est de la France est moins concerné. TVA sur les transports publics, de 10 % à 5,5 % teur Régions et Intercités à la SNCF, est La fraude s’est banalisée. Le constat de la comme pour d’autres produits de première instructif lui aussi : « j’ai participé à une SNCF est largement partagé par les voya- nécessité, est indispensable. opération de contrôle à l’embarquement geurs et par la FNAUT. Selon Julien Da- Si le gouvernement manque d’argent, il peut avec filtrage à la gare Saint-Lazare, sur mon, professeur à Sciences Po, les Français aisément profiter de la baisse spectaculaire du la ligne Paris-Mantes-Vernon. Sur le pre- sont plus tolérants à l’égard de la fraude que prix du pétrole, et éviter qu’elle ne relance la cir- mier train en partance, nous avons refou- nos voisins européens : « ils la condamnent, culation routière, en augmentant les taxes sur lé 50 personnes sans billet. Sur le train certes, mais ils l’excusent plus qu’ailleurs, et les carburants automobiles au-delà de celle en suivant, une centaine de voyageurs était cela contribue au phénomène ». Sur Inter- vigueur depuis le début 2015 (2 centimes plus en situation irrégulière. Deux heures plus net, des fraudeurs se vantent sans vergogne 2 centimes supplémentaires sur le gazole pour tard, au pic du trafic, les voyageurs sans de gruger la SNCF et expliquent en détail compenser l’abandon de l’écotaxe). billets ont forcé le filtrage, bousculé les leurs calculs et astuces. Le phénomène est Jean Sivardière z contrôleurs et sont montés dans la rame. donc inquiétant.

fnaut-infos n°232 - mars 2015 x 1 Les origines multiples de la fraude Un enjeu primordial pour tous les voyageurs

La fraude par nécessité Les contrôles sont impossibles en cas Les contrôles se raréfiant et les Dossierde surcharge des trains. Les fraudeurs ont fraudeurs étant mal sanctionnés, les Les tarifs SNCF sont trop élevés pour des techniques pour ralentir les contrôles. voyageurs honnêtes sont irrités et de une partie croissante de la population, qui Et lorsque les contrôleurs sont suppri- plus en plus nombreux à se demander se paupérise. C’est la cause principale de la més, les passages des brigades mobiles pourquoi ils paient alors qu’eux aussi fraude selon les voyageurs interrogés dans sont efficaces mais pas assez fréquents ont des difficultés financières. les enquêtes réalisée par BVA ; en PACA, pour dissuader les fraudeurs. Souvent les fraudeurs sont source le critère du prix trop élevé représente 55% de troubles ou d’incivilités. Qu’ils des motifs de fraude. La hausse de la TVA Des guichets fermés, soient désinvoltes ou agressifs, leur contribue à l’augmentation du prix du billet, des tarifs trop compliqués présence à bord des trains crée un donc de la fraude. « On ne naît pas fraudeur, malaise et un sentiment d’insécurité on le devient et souvent par nécessité »*. D’autres facteurs ferroviaires jouent un car des tensions fortes, parfois même Le succès de l’avion low cost, de l’auto- rôle dans le développement de la fraude. des violences, apparaissent lors des car et du covoiturage, devenu un redoutable Les voyageurs rencontrent des difficul- contrôles. concurrent du train, confirme la grande sen- tés pour se procurer un billet : gares fer- En cas d’affluence supérieure à la ca- sibilité du public au prix du transport. mées, guichets fermés à certaines heures pacité du train, les fraudeurs peuvent ou encombrés, distributeurs en panne ou occuper des places assises alors que La fraude sociétale défaillants dans les gares fermées, com- des voyageurs ayant payé leur place posteurs en panne ou sans encre, retard sont contraints de rester debout. Il existe aussi une fraude sociétale (com- d’un car de rabattement d’où arrivée en La fraude rend obligatoires les dis- portements asociaux, défis aux règles) ou de dernière minute à la gare, contrôleur dif- positifs de contrôle d’accès aux ré- pure opportunisme comme ces titulaires de ficile à trouver dans le train pour régula- seaux urbains et franciliens (en Suisse billets PRO échangeables jusqu’à une heure riser si on n’a pas pu acheter de billet ou et en Allemagne, aucun réseau n’est après le départ du train et qui, en l’absence si on a oublié de composter. protégé par ce type d’obstacles). Elle de contrôle sur de courts parcours TGV, Sous prétexte du développement de empêche donc l’ensemble des voya- annulent leurs billets, une fois arrivés à des- l’informatique, la SNCF ferme ou réduit geurs de profiter de systèmes billet- tination (fraude de cols blancs). les horaires des agences de ville, les voya- tiques simples, sans interface électro- Certains usagers excédés par les retards et geurs ont du mal à se procurer un titre nique, permettant la multimodalité les grèves disent « se venger » ou « se rem- dans leur quartier. D’où des files d’attente avec un simple billet papier de train. bourser » en fraudant, la SNCF refusant dissuasives dans les grandes gares, et des La fraude coûte cher à la SNCF et toujours d’indemniser le voyageur en cas de voyageurs qui montent à bord sans billet. aux autorités organisatrices (Etat, Ré- retard sur les TER. La tarification du train est trop com- gions) : 100 millions par an sur les Tran- plexe (elle dépend des Régions pour le siliens, 100 sur les TGV et Intercités, et Des contrôles moins fréquents TER). La réglementation est compliquée 100 sur les TER (de son côté, la RATP (TGV interdits aux usagers TER). estime le coût de la fraude à 100 mil- La SNCF est en partie responsable de « Simplifier le système permettrait lions). Autant d’argent en moins pour l’extension préoccupante de la fraude. de décourager la fraude. La plupart des investir (10 rames TGV Duplex à 30 mil- D’après un sondage YouGov pour 20 Mi- régions offrent des abonnements et des lions ou 25 rames TER à 12 millions), nutes, 83,6% des Français estiment que la tarifs sociaux qui sont parfaitement abor- améliorer les dessertes et élargir la SNCF n’en fait pas assez pour lutter contre dables, mais les gens n’y comprennent clientèle. La fraude augmente le prix la fraude. rien et préfèrent frauder »*. des billets, mais de manière marginale De l’avis général, des contrôleurs en car les voyageurs sont très nombreux nombre croissant ne font pas leur travail de Le risque calculé (300 000 par jour sur le TGV, 100 000 contrôle ; dans les TER, ils se contentent sur les Intercités, 800 000 sur le TER et de faire les annonces de sécurité. Souvent le Enfin, le calcul économique est aussi une 3 millions sur le , soit respec- contrôleur est invisible ou, après un rapide cause importante de fraude (comme pour la tivement environ 100 millions, 35 mil- passage dans les voitures, il se réfugie dans fraude au stationnement), car de nombreux lions, 300 millions et un milliard par son local de repos ou dans la cabine de fraudeurs ont les moyens de payer leur bil- an). Les contribuables sont pénalisés conduite. let : le risque est trop faible pour le fraudeur eux aussi, qu’ils utilisent ou non le Le taux de contrôle n’est peut-être plus (risque = fréquence des contrôles x montant transport ferroviaire. que de 50 % dans les trains nationaux. Et, des amendes x efficacité du recouvrement Enfin tout citoyen honnête est à la avec un peu de connaissance du fonctionne- des amendes). merci d’une usurpation d’identité, un ment d’une ligne, on sait à quel moment ou L’Etat a sa part de responsabilité : seu- phénomène de plus en plus fréquent : sur quel tronçon on ne sera pas contrôlé. lement 12 % des PV envoyés au domicile un fraudeur peut en effet donner au « J’ai fait en une semaine un trajet Paris- (supposé) des fraudeurs sur le TER sont contrôleur le nom et l’adresse d’un Quimper, un trajet Le Mans-Quimper réglés, et beaucoup de fraudeurs ne sont pas tiers, qui recevra les relances de paie- et trois trajets Paris-Le Mans ; je n’ai été solvables. Ce phénomène contribue sans ment de l’amende et aura bien du mal contrôlé qu’une seule fois »*. doute, avec l’agressivité de certains frau- à prouver son innocence. « Dans le train, je monte au niveau de la deurs, à la démotivation des contrôleurs. La FNAUT ne peut donc se désinté- voiture bar. Généralement, les contrôleurs Contribuer à une mutuelle de fraudeurs, resser de la fraude ferroviaire car les passent et ne font pas attention car le train qui paye les contraventions, est la dernière voyageurs honnêtes ont intérêt à sa est plein. Sur un trajet d’une heure, ils n’ont méthode inventée par les fraudeurs, mais réduction : elle est en droit d’exiger bien souvent pas le temps de contrôler tout vraisemblablement marginale (de même une lutte efficace contre ce phéno- le monde »*. que l’utilisation d’applications permettant mène et apprécie que la SNCF s’en « En Suisse, ne vous avisez pas de tricher : de signaler la présence des contrôleurs). préoccupe aujourd’hui sérieusement les contrôles sont fréquents, ils sont effectués (dans les transports urbains, la lutte après chaque arrêt ! »*. * commentaires d’internautes contre la fraude est plus ancienne).

2 x fnaut-infos n°232 - mars 2015 L’attitude du voyageur supposé en infraction Le dispositif actuel de lutte contre la fraude

1. Si le voyageur paie sur le champ Contrôles et amendes A noter que le compostage des billets l’amende qui lui est infligée, il n’a pas à TGV et Intercités à réservation obliga- justifier son identité, il n’y a pas de frais Des contrôles sont effectués dans les toire est une contrainte imposée inutile- de dossier et l’affaire se termine là. trains par les « agents commerciaux de ment au voyageur, puisque le billet n’est 2. Si le voyageur ne paie pas (il n’a trains » (ACT) ou de manière inopi- pas réutilisable. pas d’argent ou refuse de payer, s’esti- née par des brigades mobiles ou encore, mant en règle ou espérant que la SNCF dans certains cas (TGV), par filtrage Indemnité forfaitaire n’insistera pas), le contrôleur dresse à l’entrée des quais, avant embarque- un procès-verbal de l’infraction, qui ment dans les trains. En Ile-de-France, L’indemnité forfaitaire, inférieure au doit mentionner en particulier l’iden- la quasi totalité des gares du Transilien montant de l’amende, est la somme deman- tité du contrevenant et son adresse, et sont équipées du dispositif du contrôle dée par la SNCF au voyageur fautif lors du qui constitue la preuve de l’infraction automatique banlieue. constat de l’infraction, elle est payable sur et fait foi jusqu’à preuve contraire. Le L’absence de billet grande ligne ou un le champ et son montant maximum est fixé voyageur doit payer l’indemnité forfai- billet non valable (billet non composté, par la loi (décret de 1942), il est de 10 fois le taire, l’insuffisance de perception pour déjà utilisé, appartenant à un tiers ou uti- prix d’un trajet de 100 km au barème kilo- les trajets de plus de 100 km, et les frais lisé dans un train non autorisé ; oubli de métrique soit 150 euros. de dossier de 30 euros portés à 38 eu- la carte de réduction éventuelle, ou encore Cette indemnité est le prix permettant au ros si la police est intervenue. cas très rare d’une erreur d’un guiche- voyageur de se libérer de la procédure pé- 2.1 Si le voyageur a fourni son iden- tier) entraîne une contravention de 4ème nale. Elle n’est pas versée au Trésor public tité et son adresse exactes, il reçoit la classe. Dans les RER et TER, la contra- mais reste acquise au transporteur. contravention à domicile. Trois situa- vention est de 3ème classe. Le montant Elle dépend du type d’infraction tarifaire. tions sont alors possibles. des amendes est fixé par l’Etat. Actuellement, pour absence de billet, elle 2.1.1 Le voyageur paie l’amende et la Voyager sans billet peut devenir un est de 25 euros pour un trajet supérieur à SNCF arrête les poursuites. délit dans les cas suivants : quand le 100 km et de 35 euros pour un parcours de 2.1.2 Ou bien il proteste auprès de contrevenant a été verbalisé plus de dix moins de 100 km. la SNCF dans les deux mois et celle-ci fois au cours des douze mois sans qu’il Un billet non composté donne lieu à une décide alors des suites à donner : elle paye l’indemnité forfaitaire (ce délit est pénalisation de 10 à 25 euros quelle que peut classer l’affaire, faire un geste passible de six mois d’emprisonnement soit la longueur du trajet. commercial, ou exiger le paiement de et de 7 500 euros d’amende) ; quand il A cette indemnité forfaitaire s’ajoute, l’amende. Si le voyageur n’est pas sa- déclare une fausse adresse ou une fausse pour les trajets de plus de 100 km, le paie- tisfait de la décision de la SNCF, il peut identité (3 750 euros d’amende) ; quand ment de l’insuffisance de perception, égale saisir le médiateur, directement ou il a falsifié le billet (un tel faux est pas- au prix du billet ou au prix de la différence par l’intermédiaire d’une association sible de trois ans d’emprisonnement et de entre le billet présenté et le billet valable. agréée de consommateurs telle que 45 000 euros d’amende). la FNAUT, en espérant une annulation Le pouvoir du contrôleur de l’amende. S’il obtient satisfaction, Régularisation l’affaire est terminée. Le contrôleur est assermenté (il a prêté 2.1.3. Si le voyageur n’a pas réagi Si un voyageur se rend compte qu’il serment devant un tribunal de grande ins- à l’injonction de payer l’amende ou est en situation d’infraction tarifaire au tance). Il est habilité à contrôler les billets, à si l’amende n’est pas annulée après moment de sa montée dans le train (il n’a constater les infractions aux règles tarifaires, protestation et si le voyageur persiste pas pu acheter un billet ou a oublié de le à percevoir l’indemnité forfaitaire ainsi que, à ne pas vouloir payer, la SNCF trans- composter), il peut, s’il se présente spon- le cas échéant, la somme due au titre du met le procès-verbal au Procureur de tanément au contrôleur avant le début transport ; à dresser procès-verbal de l’in- la République. L’infraction tarifaire est des opérations de contrôle (à supposer fraction et à recueillir le nom et l’adresse alors punissable d’une Amende Forfai- qu’il réussisse à le trouver), bénéficier du du fautif en cas de non-paiement immé- taire Majorée, d’un coût (fixé par l’Etat) tarif de bord, qui lui permet de régula- diat. Il peut inviter le voyageur à présenter de 180 à 375 euros en fonction de sa riser sa situation à moindre frais (il doit ses papiers d’identité, mais il ne peut ni l’y gravité. Son recouvrement est assuré payer le prix du billet et un supplément contraindre, ni l’appréhender lui-même : il par le Trésor Public. Son montant est de 4 euros pour un trajet de moins de 100 doit faire appel à la force publique. affecté au budget de l’Etat, alors qu’il km ou 10 euros pour un trajet de plus de devrait l’être pour moitié au budget de 100 km) et d’échapper à la verbalisation. La SNCF compte 10 000 contrôleurs, la SNCF (de même que les amendes de Il n’y a pas de frais de dossier. Ce dispo- leur nombre a diminué de 300 en 2013. stationnement en Ile-de-France sont sitif permet au voyageur de se libérer de Elle estime que ses brigades mobiles tra- versées pour moitié au STIF). toute situation d’infraction alors même vaillent plus facilement et sont plus effi- 2.2 Si le voyageur a fourni une fausse qu’il est délibérément monté dans un caces que les contrôleurs isolés : c’est la identité (imaginaire ou usurpée) ou train sans billet ou sans composter. méthode utilisée par la RATP et la plu- une adresse fausse ou périmée, il Si le voyageur est arrivé en gare par part des réseaux urbains. risque gros en théorie mais, en pra- un autocar de rabattement et s’il n’a pas La fraude ferroviaire sur les tarifs donne tique, il n’est pas retrouvé. eu le temps matériel d’acheter un billet, lieu à 2,5 millions de procès-verbaux par 2.3 Si le voyageur refuse de don- le tarif du guichet lui sera alors appliqué an, elle est 50 fois plus importante qu’en ner son identité, après avoir refusé sur présentation du billet d’autocar, dis- Espagne ou en Italie. de payer dans le train, il peut se voir position qui devrait bénéficier d’une large Les deux-tiers des réclamations enjoindre par le contrôleur de des- information. reçues par le médiateur de la SNCF cendre du train au prochain arrêt. S’il Si un voyageur sans billet valable ne (environ 5 000 par an) sont relatives à refuse d’obtempérer, le contrôleur s’est pas présenté au contrôleur, il est en des litiges commerciaux, le troisième peut requérir l’assistance de la force situation irrégulière. Il peut alors être tiers concerne des procès-verbaux pour publique. sanctionné par le contrôleur. infractions tarifaires.

fnaut-infos n°232 - mars 2015 x 3 Lutte contre la fraude et qualité de service Le rôle de la SNCF Le voyageur ne peut refuser cer- Qu’il s’agisse de transport urbain ou sionnels sont pénalisés. C’est le cas des taines contraintes si elles sont effi- ferroviaire, la lutte contre la fraude ne lycéens internes et étudiants qui achètent caces contre la fraude (c’est le cas de doit pas abaisser la qualité de service. des billets aller-retour sans connaître la la fermeture du métro lyonnais), donc L’opérateur ne doit pas mettre le voya- date du retour. finalement bénéfiques pour lui. Mais la geur à son service, au risque de perdre En Suisse et en Allemagne, les bil- SNCF doit, au préalable, faire ce qui est des recettes, mais rester à son service. lets sont valables un jour donné (deux en son pouvoir sans lui en imposer. L’exemple à ne pas suivre est la mon- jours en Allemagne pour les longs tra- La SNCF doit faciliter l’achat des bil- tée obligatoire dans les bus par la porte jets Regio). Mais on trouve, même dans lets, mais pas seulement sur Internet. avant, doublement pénalisante pour les petites gares, des distributeurs ven- La tarification doit être simplifiée l’usager : elle réduit le confort et ralen- dant tous les types de billets Grandes pour éviter la fraude involontaire (er- tit les bus. Elle est peu efficace contre lignes, et le billet est valable dans tous reur du voyageur ou, beaucoup plus la fraude, et contre-productive car elle les trains du jour. rarement, du guichetier). Récemment augmente les coûts d’exploitation et fait L’utilisation plus large des nou- la Région Bourgogne a simplifié sa perdre des recettes. velles technologies, telles que le « sans gamme tarifaire, avec seulement deux Une attitude plus pertinente est celle contact », est à manier avec prudence. statuts (voyageur occasionnel et abon- de Keolis, filiale de la SNCF, qui cherche Ces technologies sont utiles, mais la né) et deux tranches d’âge (plus et à « transformer le fraudeur en client » en SNCF se fait du tort en misant de plus moins de 26 ans). lui proposant d’acheter un abonnement en plus sur internet et en rendant plus Les contrôles, systématiques ou ino- de 2 mois au lieu de payer une amende. difficile l’achat d’un billet papier. pinés, doivent être plus fréquents. La A Bordeaux, Keolis a réduit la fraude Selon Keolis, il existe une fracture SNCF doit exiger de ses contrôleurs en effectuant des contrôles à des heures numérique au sein de la population et qu’ils soient effectivement présents aléatoires. elle n’est pas près de se résorber. Oui aux dans les voitures auprès des voyageurs La réduction de la durée de validité nouvelles technologies, mais la billet- et fassent plusieurs passages lors des des billets TER et Intercités de 2 mois tique traditionnelle doit subsister. grands parcours, comme en Suisse. à 7 jours depuis septembre 2014 afin de Attention à la dérive possible vers les Le filtrage des voyageurs à l’entrée lutter contre le non-compostage et la billets nominatifs (c’est le cas des bil- des quais semble efficace contre la multi-utilisation du même billet est une lets électroniques). Il doit rester possible fraude. Selon le sondage YouGov, contrainte pour les voyageurs, surtout de voyager de manière anonyme. De plus 78,3% des Français sont d’accord pour occasionnels. les billets nominatifs sont incessibles, ce que la SNCF généralise le contrôle des On peut encore acheter un billet bien qui est pénalisant dans le cas de billets billets avant de monter dans les trains. avant le voyage, mais à condition d’en non échangeables non remboursables. Mais la FNAUT estime que le filtrage indiquer la période de validité souhaitée. En dehors d’ID TGV, aucun service de doit ménager la possibilité de l’accom- Les carnets de billets TER subsistent, la SNCF n’impose aujourd’hui de billet pagnement des voyageurs en diffi- mais le nombre de billets par carnet et nominatifs ; sur internet on a toujours le culté (personnes à mobilité réduite et leur durée de validité dépendent des choix d’obtenir un billet papier. voyageurs âgés, encombrés de valises Régions. La décision de la SNCF n’a Les mesures prises doivent éviter de ou handicapés, familles avec enfants) pas d’incidence sur les trajets combinés dissuader l’automobiliste, client occa- à bord des trains et ne pas se traduire TGV+TER, le billet étant daté. sionnel ou potentiel de la SNCF. Les par une diminution du contrôle dans Selon la SNCF, 80 % des voyageurs TER et Intercités sont des concurrents les trains concernés. achètent leur billet TER dans la semaine de la voiture : il est donc essentiel que La capacité des rames doit être adap- précédant le voyage (dont 55 % le jour leur usage soit aussi souple que possible tée à la fréquentation, d’abord pour même) et la durée de validité est déjà afin d’attirer les automobilistes et, en améliorer le confort mais aussi pour d’un seul jour dans les régions Langue- particulier, de faciliter l’improvisation faciliter le travail des contrôleurs. doc-Roussillon, Midi-Pyrénées, PACA du déplacement que permet la voiture. Une action spécifique devrait être et sur une ligne en Champagne-Ar- L’accès au train est déjà bien compliqué menée contre les tags, qui constituent denne. Mais 20 % des voyageurs occa- (information, tarifs,…). une atteinte à l’image des transports publics et contribuent à créer un sen- timent d’insécurité : le voyageur ne se Le rôle de l’Etat sent pas respecté et cela peut l’inciter à la fraude. Certains exploitants y sont La lutte contre la fraude dépend crucialement des moyens accordés par l’Etat aux opérateurs sensibles (RATP) mais la SNCF laisse de transport. Lors du Comité national de sécurité dans les transports publics qui s’est tenu en bien souvent pourrir la situation. décembre 2014, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazenave a repris plusieurs propositions de La SNCF veut passer l’amende for- l’UTP, de la SNCF et de la RATP, mais leur mise en œuvre devra encore faire l’objet de mesures faitaire à 50 euros en cas d’absence législatives et réglementaires (source : Mobilicités du 17-12-2014). de billet valable, une hausse justifiée La fraude répétitive deviendra plus risquée. Le délit de « fraude d’habitude » (puni par 6 mois dans les cas où le voyageur est mani- de prison et 7 500 euros d’amende) sera constitué au bout de 5 contraventions seulement sur un festement fautif. Mais il ne faut pas an au lieu de 10 actuellement. élever exagérément le niveau des L’identification des fraudeurs sera facilitée afin d’améliorer le taux de recouvrement des amendes pour ménager le voyageur amendes. Un contrôleur peut aujourd’hui relever l’identité et l’adresse d’un fraudeur, mais sans de bonne foi, fautif par distraction moyen de les vérifier. Dorénavant il aura le droit, comme un policier ou un gendarme, d’exiger la ou incompréhension de la réglemen- présentation d’une pièce d’identité. tation. Mieux vaut des contrôles fré- La coordination entre les opérateurs et les forces de l’ordre sera renforcée. quents et une amende forfaitaire mo- La hausse de l’indemnité forfaitaire (qui pourrait passer de 49,5 euros à 72 en transport urbain) dérée que des contrôles rares et des est seulement envisagée bien qu’elle soit réclamée par tous les opérateurs (l’amende forfaitaire amendes disproportionnées. Il faut majorée est de 180 euros en urbain). La FNAUT souhaite la fermeture des sites Internet qui éviter de pénaliser les usagers hon- conseillent les fraudeurs. nêtes mais distraits.

4 x fnaut-infos n°232 - mars 2015 Supprimer les contrôleurs ? Une tarification sociale du transport terrestre ? Aujourd’hui, 6 500 des 15 000 trains quotidiens circulent sans contrôleurs Selon Julien Damon, professeur à - cas des familles aux faibles revenus, comme le permet le dispositif EAS Sciences Po, « la France est sans doute monoparentales ou non, qui ne dis- (Équipement Agent Seul) : le conduc- le pays où les personnes en difficulté posent plus de la carte Enfant-famille, teur se charge de surveiller les montées reçoivent le plus d’aide pour la mobi- supprimée alors qu’elle pouvait être et descentes des voyageurs à l’aide de lité en transport public ». Mais ces aides adaptée selon les vœux de la FNAUT ; caméras embarquées et d’ouvrir et fer- concernent surtout les déplacements - visites aux prisonniers, dans le cas mer les portes. Ce dispositif permet à de la vie quotidienne. Une tarification fréquent où le lieu de détention est éloi- la SNCF de redéployer ses contrôleurs sociale est déjà largement proposée sur gné du domicile familial ; sur des zones plus risquées, comme en les réseaux urbains, départementaux et - tourisme « social » (tourisme dans les région parisienne, mais il suscite l’oppo- régionaux. Le modèle est la tarification zones rurales, cyclotourisme). sition des syndicats cheminots. solidaire des transports urbains de Stras- Le manque d’aide pour les dépla- Pour la FNAUT, une présence humaine bourg, qui ajuste le prix du transport à cements à longue distance a plusieurs à bord des trains est coûteuse mais sou- la capacité contributive de l’usager (quo- effets : réduction des déplacements au vent nécessaire. Le rôle du contrôleur tient familial). détriment des familles et de l’économie, est multiple : fraude dans les trains. Une part impor- - il doit contrôler les billets ; mais ce Une tarification inadaptée tante de la population se sent margina- travail est mal assuré, et les brigades de lisée, cantonnée. Quand un ménage ne contrôle semblent plus efficaces ; Pour les trajets à longue distance, les dispose que de 1000 euros par mois, il - en tant qu’agent commercial, il doit tarifs sociaux existants ne concernent lui est impossible d’en mobiliser 10 % informer les voyageurs sur les horaires que des cas particuliers et couvrent de pour se déplacer. et correspondances (en particulier en moins en moins les besoins. cas de situations perturbées, mais le La carte Famille nombreuse est ac- Un coût limité, un impact fort conducteur peut alors le faire) ; cordée aux familles d’au moins 3 en- - en tant que chef de train, il veille à la fants. Elle donne droit à une réduction Les aides au transport à longue dis- sécurité des voyageurs, donne le départ d’au moins 30 % sur le train, mais pas tance ne peuvent pas se concevoir, du train et intervient en cas d’arrêt en sur l’avion ou l’autocar. Son intérêt so- comme pour les réseaux locaux, sous pleine voie ; mais techniquement, le cial est évident, mais elle ne touche que forme de carte de réduction à usage problème est résolu sans contrôleurs les familles nombreuses, de moins en permanent. Pour être « finançables », (cas du RER parisien) ; moins nombreuses, et sans conditions elles devraient être ciblées sur les per- - en tant que responsable de la sûreté de ressources. sonnes les plus démunies (RSA, reve- des personnes, il doit réprimer les inci- Le billet congé payé ne bénéficie qu’aux nus très faibles), ne concerner que des vilités et alerter la police si nécessaire ; salariés et date de l’époque où l’on ne trajets interrégionaux, avec un kilomé- sa présence peut rassurer les voyageurs. partait qu’une fois par an aux « grandes trage annuel limité par personne (par La FNAUT estime qu’il faut éviter tout vacances ». De plus en plus d’actifs ne exemple 2 allers-retours par an, soit dogmatisme et regarder les trains au sont pas des salariés permanents. Les 4 000 km), et impliquer une partici- cas par cas suivant le volume du trafic, la chômeurs ne sont évidemment pas pation, réduite mais significative, du longueur du parcours, le territoire des- concernés. bénéficiaire (2 centimes/km ?). servi et le type de clientèle. Pour les demandeurs d’emploi, il existe A titre d’exemple, si 3 millions de per- La présence à bord d’un contrôleur des aides à la mobilité pour un entretien sonnes bénéficiaient d’une aide annuelle est indispensable dans les TGV, TET et d’embauche, un concours public, une de 300 euros pour des voyages en train TER long parcours, et sur les lignes sur formation,… ou en car, en dehors des heures de pointe, lesquelles les retards et incidents, ainsi le coût serait de l’ordre du milliard, à que les incivilités, sont fréquents. Le Des besoins croissants comparer aux 500 millions que la fraude contrôle systématique se justifie sur- coûte à la SNCF ou aux plus de 600 mil- tout pour les longs parcours, pour les- La multiplication des offres tarifaires liards de la protection sociale en France. quels les billets sont les plus chers. SNCF et la politique de yield manage- Le trafic ferroviaire augmenterait alors Pour les courtes distances, ce contrôle ment font qu’on peut avoir des réductions de 18 % (il est aujourd’hui d’environ est plus difficile et les contrôles inopi- importantes par rapport au plein tarif. 65 milliards de voyageurs x km). nés sont plus efficaces, comme en trans- Cependant les besoins de déplacement Améliorer les taux de remplissage, aux port urbain, surtout s’il y a beaucoup longue distance vont croissants et sont heures creuses principalement, et les d’abonnés. La circulation d’un train à très divers, parmi la population à faible recettes de la SNCF conforterait l’exis- agent seul (comme en Suisse) est donc revenus, qui s’élargit. Dans bien des cas, tence de trains et de lignes utiles aux acceptable : le transport à longue distance peut être territoires et qui ont souvent de bonnes - sur les services périurbains (pour les considéré comme un produit de pre- réserves de capacité. La mesure bénéfi- RER et Transilien, c’est déjà le cas) ; mière nécessité : cierait aux réseaux TGV et TET, mais - sur les trams-trains ; - maintien des liens familiaux dans les aussi aux lignes interrégionales et régio- - sur les lignes rurales à faible trafic et familles éclatées et monoparentales ; nales gérées par les Régions. ne présentant généralement pas de pro- - visite à des parents éloignés et im- Ce serait aussi un moyen efficace de blème de sûreté, mais dont l’équilibre mobilisés physiquement ; lutter contre la fraude, de réinsérer des économique est fragile et la pérennité - éclatement du marché du travail (cas fraudeurs dans le cadre légal tout en mal assurée (un train exploité à agent où les deux membres d’un ménage tra- répondant aux tenants de la gratuité du unique est préférable à un autocar à vaillent, temporairement ou de manière transport, de renforcer la cohésion na- agent unique soumis aux aléas et dan- permanente, dans des villes différentes) ; tionale, de maintenir des liens familiaux, gers du trafic routier). Les distributeurs - distance croissante entre lieu d’étude de fluidifier le marché de l’emploi, et de de billets doivent alors donner toutes et domicile familial ; redonner à toute une part de la popula- les destinations comme c’est le cas en - recherche d’emploi en dehors du tion le réflexe transport public. Suisse et en Allemagne. cadre formel de Pôle Emploi ; Dominique Romann, FNAUT Pays de la Loire

fnaut-infos n°232 - mars 2015 x 5 Terra Nova et la route Notoriété de la FNAUT La notoriété internationale de la FNAUT Le laboratoire d’idées Terra Nova, les entités publiques à des dépenses pro- (FNAUT Infos 226) s’est étendue récemment proche du PS, a publié, en décembre portionnellement beaucoup plus géné- à la Belgique, à l’Allemagne, à l’ et 2013, un rapport très copieux sur la mo- ratrices d’emplois (bâtiment, soutien ou même... à Cuba. dernisation de l’action publique. Dans création de pépinières d’entreprises, ac- le chapitre « déficits publics et crédits tion sociale, éducation). Une telle orien- The French Government was forced to d’intervention », on découvre une propo- tation permettrait de sortir de la vision suspend controversial plans for a HGV eco sition inattendue qui va à l’encontre des mortifère et défensive de la réduction des tax at the beginning of the year due to préconisations de la commission Mobi- déficits ». angry protests from farmers. France’s Eco- lité 21 (entretenir en priorité les infras- L’Union des syndicats de l’industrie logy Minister Ségolène Royal wants now tructures existantes). routière française (USIRF) a réagi sans to abandon plans for a national kilometric « Les collectivités publiques dépensent surprise, elle dénonce « l’inconséquence tax on all heavy goods vehicles (HGV), and chaque année 16 milliards d’euros pour de Terra Nova : suppression de 40 000 instead devise a levy on foreign trucks les routes : 8 pour l’entretien et 8 pour emplois qualifiés, accélération de la dé- that use the nation’s road network. The les nouvelles voies. La plus grande partie gradation des réseaux routiers (un mil- National Federation of Transport User des dépenses est payée par les collectivi- lion de km), affaiblissement de la com- Associations, FNAUT, warned that a forei- tés territoriales. pétitivité économique des territoires, gners’ HGV tax would be discriminatory Rapportés aux montants en jeu, ces report sur les générations futures d’une and would therefore contravene Euro- travaux génèrent peu d’emplois (un charge insupportable de reconstruction pean Union law. It argued that the eco tax milliard dépensé pour les routes génère des réseaux,... » should remain firmly rooted around the moins d’emplois que la même dépense La proposition de Terra Nova est évi- « polluter pays » principle. dans les services ou même le bâtiment). demment un peu farfelue : si elle était Tax-News.com, Brussels Pour participer à la réduction des mise en œuvre, elle poserait de graves déficits publics, qui mettra immanqua- problèmes aux entreprises de travaux Seit zwei Jahren verkehrt ein Pendlerzug blement les collectivités territoriales à publics, amenées à licencier massivement zwischen Freiburg und . Die contribution, sans induire un effet néfaste avant de réembaucher deux ou trois ans Tarife sind zu teuer und unübersichtlich sur l’emploi et sur l’activité économique, plus tard. und die Anbindungen oft schlecht. « Das il pourrait être envisagé de négocier avec Les vingt experts qui ont travaillé pour Fahrgastpotential ist daher leider nicht les collectivités territoriales une division Terra Nova ont pourtant soulevé de vrais ausgeschöpft », beklagt die Agentur für par deux pendant deux ou trois ans des problèmes ! Les travaux routiers des dé- nachhaltige Mobilität, in der sich lokalen dépenses sur les routes, et d’affecter les partements sont surdimensionnés, leur Interessenverbände, darunter die AGUS, 8 milliards annuels ainsi dégagés à la ré- utilité n’est jamais évaluée et beaucoup der Fahrgastbeirat sowie sein franzö- duction de la dette publique pour 4 mil- d’argent public est ainsi stupidement sisches Pendant FNAUT, und Pro Bahn lose liards, l’autre moitié étant affectée par gaspillé. zusammengeschlossen haben, um ihrem Anliegen bei der Fahrplankonferenz am 10. März Nachdruck zu verleihen. Sécurité routière : des mesures utiles mais trop timides Badische Zeitung, 4-03-2014

Pour la première année depuis 2001, la sécurité routière s’est dégradée en 2014. Après La FNAUT, federacion nationala de las une baisse de 10 % en 2013, le nombre de tués a atteint 3388 (+ 3,7 %), les plus touchés associacions d’usagièrts dels transports, a étant les piétons (503 tués, + 8 %) et les cyclistes (158 tués, + 7 %). Le gouvernement a publicat una lista d’un vintenat de linhas réagi bien trop tardivement à ce phénomène observé dès le premier semestre. de TER que poirian desapareisser dins los Les 26 mesures annoncées le 26 janvier par le ministre de l’Intérieur, Bernard Caze- vint ans a venir. Demets elas, mantunas se neuve, sont variées : baisse du taux maximal d’alcoolémie pour les jeunes conducteurs troban en Occitania (Bedarius-Milhau, Ma- (pendant les 3 ans suivant l’obtention du permis) de 0,5 g par litre de sang à 0,2, inter- ruejols-Mende, Lemotgès-Briva per Sent diction du port d’oreillettes au volant, expérimentation du dépistage des stupéfiants par Iries,...). « Aquelas linhas serian vetustas, prélèvement salivaire, modernisation des radars, interdiction du stationnement à moins mal organizadas, amb d’oraris inadaptats, de 5 m des passages piétons, autorisation donnée au maire d’abaisser la vitesse sur de doncas serian pauc frequentadas ». grandes parties ou même sur la totalité de leur agglomération,... Setmana, 17-01-2014 Ces mesures nécessaires ne comportent cependant aucun élément décisif susceptible de créer un choc psychologique salutaire. Elles n’ont d’ailleurs suscité que peu de cri- La Federación Nacional de Asociaciones tiques, si l’on excepte les protestations inévitables de l’association 40 millions d’auto- de Usuarios del Transporte (FNAUT) de- mobilistes qui dénonce rituellement « la répression » et « la chasse à l’automobiliste » nunció hoy el aumento del tres por ciento (FNAUT Infos 218). en el precio de este servicio en Francia, La mesure la plus efficace, préconisée par le Conseil national de la sécurité routière car como consecuencia del incremento del elle aurait permis de sauver environ 400 vies humaines par an, consiste à réduire de 90 km/h Impuesto al Valor Agregado. « Esta alza ini- à 80 la vitesse maximale autorisée sur l’ensemble du réseau des routes bidirectionnelles. Il ciada a partir del 1 de enero de 2014, muy est regrettable qu’un abaissement généralisé ait été écarté sans justification et que, seule, une superior a la tasa de inflación, es inacep- modeste expérimentation sur quelques tronçons de routes à préciser soit tentée. table », afirma la Fnaut, que agrupa a 160 Comment, dans ces conditions, imaginer que l’objectif du gouvernement - moins de organizaciones. El texto advierte que esta 2 000 tués par an dès 2020 - pourra être atteint ? Il faut aussi interdire tout usage du decisión afecta sobre todo a los usuarios téléphone au volant, et supprimer les panneaux avertisseurs de radars (tout en mettant en más modestos, para quienes el transporte place une signalisation sans équivoque de la vitesse limite) afin d’enrayer les petits excès público es un servicio de primera necesi- de vitesse, bien plus dangereux qu’on le croit (FNAUT Infos 215). dad. La FNAUT consideró como incomp- Rappelons que, comme bien d’autres associations, la FNAUT réclame aussi l’abaisse- rensible la política del gobierno y advirtió ment de la vitesse limite sur les autoroutes de 130 km/h à 120, la valeur moyenne euro- que una consecuencia podría ser la acen- péenne : l’effet sur la sécurité routière serait sans doute faible, mais beaucoup de pétrole tuación de las reducciones del transporte. importé serait économisé et des émissions de gaz à effet de serre seraient évitées. sierramaestra.cu

6 x fnaut-infos n°232 - mars 2015 MAL DIT Brèves 7 Nacima Baron-Yellès, directrice d’une chaire SNCF Ecole des Ponts : « le rail ne peut BrèvesChampionnat du monde début des années 1990. Selon l’Institut Royal répondre à tous les besoins de transport de technologie, cette mesure a amélioré de public sur tous les territoires, il possède une L’Union internationale des chemins de fer 22 % la productivité du transport routier et zone de pertinence limitée ». Le créneau de (UIC) publie chaque année le palmarès de provoqué une chute du trafic ferroviaire. Mais pertinence du train dépend aussi des coûts la distance moyenne parcourue en train par l’actuel gouvernement se prépare à autoriser d’exploitation, donc de l’opérateur. chaque habitant dans les différents pays du la circulation de camions de 74 tonnes (www. monde ainsi que la fréquence d’utilisation du megatrucks.eu/news). Bêtisier train. 7 La pollution de l’air urbain, dont part signi- Les 2307 km parcourus en 2013 placent ficative est due aux véhicules à moteur, tue 7 Jean François, vice-président du Conseil la Suisse au premier rang mondial. Le Japon 1,2 million de citadins chaque année dans le général de Moselle : « le projet de gare TGV à est second (1912), précédant la France (1301), monde, par maladies cardio-vasculaires et res- Vandières est purement électoraliste, pour- l’Autriche (1280) et le Danemark (1190). Les piratoires. quoi pas une gare pour soucoupes volantes derniers du classement sont l’Estonie, la Grèce, à Chambley ? » On attend d’un élu impor- la Lituanie et la Lettonie. tant autre chose que des propos de bistrot... En nombre de déplacements par habitant et BIEN DIT par an, les Japonais sont les champions : ils en Coûts externes effectuent 69, devant les Suisses (53) qui sont è4 Yannick Jadot, eurodéputé EELV : « la seulement champions d’Europe, les Luxem- ministre de l’Ecologie alimente le sentiment Selon Barbara Dalibard, directrice géné- bourgeois (40), les Danois (35) et les Autri- populaire selon lequel la fiscalité joue contre rale de SNCF-Voyageurs, et Philippe Jou- chiens (28). En queue du classement, on trouve les plus faibles alors que c’est un outil de trans- bert, membre du Conseil mondial des en- la Suède, l’Estonie, la Roumanie, la Lituanie formation bénéfique pour tous ». Et surtout treprises pour le développement durable, et la Grèce. Roumains, Lituaniens et Grecs pour les plus faibles. sans le TGV, le trafic routier serait encore prennent le train moins de trois fois par an. 4 Jean-Yves Petit, vice-président EELV du plus dense, la pollution et les accidents Conseil régional PACA : « la méthode mise supplémentaires coûteraient à la collecti- en place par la Suisse pour proposer, choisir, vité 400 millions d’euros par an (à méditer financer et réaliser dans la plus grande trans- par les opposants aux LGV). Ils ont réclamé parence une infrastructure de transport est un que les coûts externes de la route et de exemple que la France devrait suivre ». l’avion soient mieux reconnus, alors que le 4 Jean Faussurier, directeur régional de kérosène consommé par les avions n’est RFF en Ile-de-France : « nous voulons re- pas taxé et que les compagnies aériennes donner à la petite ceinture de Paris un usage ne paient pas la taxe carbone. Si le prix du de transport public, à un horizon que l’on ne gazole intégrait celui des nuisances de connaît pas ». l’automobile (congestion, bruit, pollution, 4 Régis Debray, dans La Croix du 13-01- émissions de CO2), il passerait à 8 euros/l 2015 : « nous devons exiger que nos respon- pour un trajet en heure de pointe dans une sables cessent d’être des comptables bruxel- grande ville ! lois, uniquement préoccupés par le sublime objectif de réduction du déficit et par ce non Ambition mal ciblée Recul de l’avion moins sublime grand dessein, le passage du rail au transport par autocar ». Matthieu Orphelin, conseiller spécial La compagnie low-cost Ryanair a dû se ré- énergie de la Fondation Nicolas Hulot soudre à abandonner en Italie face à la redou- (FNH) juge insuffisante la prime à la table concurrence des trains à grande vitesse Poissons rouges conversion des véhicules polluants pré- italiens, qui relient Milan et Rome en 3h15. vue pour les ménages les moins aisés. « II Ces trains sont exploités d’une part par l’opé- Un TER Lisieux-Trouville a été arrêté après faut une prime plus ambitieuse, au moins rateur historique Trenitalia, d’autre part par la découverte, juste après son départ, d’un colis 500 millions d’euros par an, bien au delà de l’opérateur privé NTV (Italo). L’Italie est l’un suspect oublié sous un siège. Les passagers ont ce qui est prévu dans le projet de loi sur la des rares pays, avec le Royaume-Uni, où deux été acheminés par car jusqu’à Trouville. Le co- transition énergétique » : 500 millions, c’est opérateurs ferroviaires proposent des liaisons lis, oublié par un voyageur, contenait des pois- plus que la subvention de l’Etat accordée rapides sur les mêmes itinéraires. sons rouges dans leur bocal : ils étaient toujours pour le 3ème appel à projets de TCSP ur- vivants. bains (450 millions)... Conservatisme Trompette Désinformation Le Conseil régional PACA s’oppose à l’opé- rateur qui a créé un train quotidien di- Une valise abandonnée au beau milieu de la Selon les élus EELV de Rhône-Alpes, « rect Marseille-Nice-Gênes-Milan (un marché gare d’Orléans a obligé la SNCF à faire éva- La Suisse est le modèle à suivre ; en créant que la SNCF n’a pas voulu capter) par crainte cuer la gare et à y interdire toute arrivée de une redevance poids lourds (RPLP), et en d’une concurrence qui serait faite aux TER train. Elle contenait ... une trompette. L’inci- subventionnant des services ferroviaires exploités par la SNCF. Alors que l’ARAF a dent a entraîné de nombreux retards. de qualité, elle s’est donnée les moyens de donné un avis favorable, il a déposé un recours reporter massivement le transit de fret sur auprès du Conseil d’Etat. Accident de la route le rail. Mais en France, on promet des après- lendemains qui chantent par la magie d’un Chronique du Selon l’institut britannique Cranfield Foren- tunnel ferroviaire international ». Pas un développement durable sic, le pharaon Toutankhamon est mort écrasé mot sur les tunnels de base suisses, analo- par une carriole : de nombreux os cassés ont été gues à celui du Lyon-Turin que les écolo- 7 La Suède a autorisé la circulation de camions découverts en étudiant sa momie, l’accident fatal gistes combattent... de 60 tonnes (gigaliners ou megatrucks) au a pu être reconstitué par les égyptologues.

fnaut-infos n°232 - mars 2015 x 7 Le rail en Grande-Bretagne : un désastre ? Activités de la FNAUT

l Marc Debrincat a été auditionné par Contrairement à ce qui se passe trop Rail Future. Voici sa réponse, celle d’un la section Développement durable du souvent en France, c’est la puissance pu- bon connaisseur du rail sans a priori CESE sur « la révolution numérique blique qui, en Grande-Bretagne comme idéologique. et les évolutions des mobilités indivi- en Suisse, définit la consistance des ser- 1. Il est exact que les tarifs ont aug- duelles et collectives ». vices ferroviaires à assurer à partir des be- menté plus vite que les salaires et que l Jean Sivardière a rencontré Etienne soins des voyageurs observés sur le terrain les syndicats, les travaillistes et les éco- Hermite, directeur général de Zipcar, et des nécessités de l’aménagement du ter- logistes protestent contre cette évolu- société parisienne d’autopartage. ritoire. Les modèles institutionnels du rail tion. l Marie-Rose Bernazzani et Laurent dans ces deux pays sont totalement diffé- Mais les tarifs concernés par ces Breyton ont représenté la FNAUT lors de rents, mais les opérateurs sont des forces hausses sont surtout les tarifs « de der- la manifestation de défense du train de de propositions efficaces, et les résultats nière minute » ainsi que les tarifs pro- nuit Paris-Berlin. sont positifs en termes de fréquentation posés aux voyageurs ne possédant pas l Jean Lenoir a été auditionné par le sé- du train. de carte de réduction (seniors, familles, nateur Louis Nègre au sujet du projet de jeunes, handicapés). loi sur la transition énergétique. Apocalypse ferroviaire ? Les voyageurs qui peuvent acheter l Jean Lenoir a rencontré François Com- leur billet à l’avance et disposant d’une meinhes, sénateur-maire de Sète, sur le Pourtant, selon une information diffu- latitude concernant la date et l’heure de projet SNCF concernant les dessertes sée récemment par la Convergence Natio- leur voyage peuvent trouver des tarifs Intercités Bordeaux-Marseille-Nice. nale Rail, un clone de la CGT-Cheminots très bon marché. l Bruno Gazeau, conseiller du bureau (FNAUT Infos 226), la situation du rail Je dépense moins de 30 euros, y com- de la FNAUT, est intervenu lors du dî- en Grande-Bretagne serait apocalyptique. pris deux tickets de métro, pour un tra- ner-débat organisé par le Club de l’Eu- Qu’on en juge. jet aller-retour de 200 km entre la ville rope sur « le rôle du bus et du car dans Hausse vertigineuse des tarifs des où j’habite et Londres. la mobilité durable ». trains de banlieue et intercités, deve- Il n’existe pas, en Grande-Bretagne, l Jean Sivardière et Luc Humbertjean nus deux fois plus élevés qu’en France de carte de réduction générale ana- ont rencontré Thierry Le Guilloux, di- (+ 60 % en 5 ans selon les syndicats alors logue à la Bahnkarte allemande, mais recteur de VIIA, filiale de Geodis char- que le salaire moyen a baissé de 6 % selon les cartes spéciales sont utilisées par gée de concrétiser le projet d’auto- l’Institute for fiscal studies). Retards (un de nombreux voyageurs et offrent des route ferroviaire atlantique. train sur 6 a plus de 10 minutes de re- réductions intéressantes. l Jean Sivardière et Jean Lenoir ont ren- tard). Vieillissement du matériel roulant 2. Le nombre des voyageurs a aug- contré Jacques Beltran, vice-président (de 1996 à 2013, l’âge moyen est passé menté depuis la privatisation de 1994, du constructeur ferroviaire Alstom, Em- de 16 à 18 ans et l’investissement a chuté mais il avait augmenté aussi pendant la manuel Bois, directeur Développement de moitié). Suppressions de personnel. période précédente. Il est donc difficile Collectivités locales et Gaku Kawabe, di- Baisse des salaires. Enfin profits « colos- de préciser l’effet spécifique de la priva- recteur Développement Régions et TET. saux » des opérateurs privés. tisation sur l’usage du train. l Jean Sivardière et Jean Lenoir ont été L’exploitation des services voyageurs est Ce qui est certain, c’est que de nom- reçus par François Poupard, nouveau assurée par 23 opérateurs : 7 sont contrôlés breux exploitants privés ont augmen- patron de la Direction générale des par le britannique First Group et 11 par té les fréquences de leurs services et infrastructures, des transports et de la des groupes étrangers (Deutsche Bahn, le attirent ainsi davantage de voyageurs mer (DGITM), ministère de l’Ecologie. néerlandais NS et Keolis) : selon le rap- malgré des tarifs moyens nettement l Bernard Gobitz a participé à la 3ème port McNulty (2011), les subventions pu- plus élevés que ceux de la SNCF. réunion de la conférence périodique bliques (6 milliards par an) accordées à ce 3. La hausse de 2 ans de l’âge du ma- pour la relance du fret ferroviaire. système très fragmenté ont doublé depuis tériel roulant entre 1996 et 2013 n’est l Jean Sivardière est intervenu dans la libéralisation et sont de 40 % supérieures pas significative. Pendant la période qui l’atelier « Vie quotidienne : la société à celles du système français. D’après un a précédé la privatisation, on a construit civile peut-elle avoir une influence sur sondage Yougov d’octobre 2013, deux Bri- beaucoup de nouvelles rames, si bien les priorités de recherche ? » organisé tanniques sur trois sont favorables à une qu’en 1996 une grande partie du parc lors du colloque « Réinventer l’alliance renationalisation de l’exploitation (celle était moderne. Il est vrai aussi que la science-société ». de l’infrastructure est déjà intervenue en libéralisation, au moins au début, n’a l Jean Sivardière, Jean Lenoir et Fran- 2002, FNAUT Infos 155). pas encouragé l’investissement. çois Jeannin ont été auditionnés par 4. Le système britannique fragmenté la commission, présidée par le député Une vision plus réaliste est beaucoup trop compliqué et donc PS Philippe Duron, chargée d’étudier coûteux pour les contribuables. l’avenir des trains Intercités. La FNAUT n’a jamais présenté le sys- 5. Le problème principal auquel les tème britannique comme un modèle (la voyageurs sont confrontés aujourd’hui, formule des franchises n’a rien à voir avec c’est le manque de capacité du réseau. fnaut infos- Bulletin mensuel d’information la délégation de service public qu’elle pré- Dans les années 1980 puis pendant les Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°232 conise en France). Mais elle a dénoncé premières années de la privatisation, on ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. les descriptions trop schématiques de la n’a pas assez investi dans le développe- Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers situation britannique, qui est complexe, et ment du réseau. Même l’actuel gouver- Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d les critiques systématiques émises par les nement conservateur/libéral-démocrate Prix au numéro : 2 d défenseurs d’une conception monopolis- reconnaît qu’il est nécessaire de rattra- Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT tique du rail. per le retard car le nombre des voya- de votre région, contacter notre permanence : Pour y voir plus clair, la FNAUT a geurs augmente. 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris interrogé Trevor Garrod, président de la Le fait que l’infrastructure (Network tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] Fédération Européenne des Voyageurs Rail) soit publique, comme le réseau de Internet : http://www.fnaut.fr et membre de l’International Group de RFF en France, est un facteur favorable. CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°232 - mars 2015 n°233 infos avril 2015 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Infrastructures, offre, tarification : le transport urbain à la veille d’une crise

Des investissements à la hauteur des enjeux ? Le 3ème appel à projets de TCSP prévu lors du Grenelle de l’environnement va se concré- tiser, avec deux ans de retard. C’est, enfin, une avancée : les 99 projets sélectionnés coûte- ront au total 5,2 milliards d’euros, la subven- tion de l’Etat se monte à 450 millions d’euros. Mais bien des investissements restent nécessaires compte tenu des retards accu- mulés et de l’évolution de la demande. On est d’ailleurs loin de la subvention totale prévue d’ici 2020 lors du Grenelle de l’envi- ronnement (1,8 milliard contre 2,5). Un 4ème appel à projets est donc urgent. Il doit porter préférentiellement sur : Trafic dense à Paris (photo : Marc Debrincat) - les TCSP dans les agglomérations de taille moyenne (le tramway de Besançon et le BHNS de Metz ont démontré récemment Les transports urbains sont saturés en zone dense et sous-développés en péri- la pertinence des TCSP dans les aggloméra- phérie : la situation est critique en Ile-de-France et s’aggrave dans les grandes tions de ce type) ; villes de province, alors même que la demande de transport public est croissante - la revitalisation des étoiles ferroviaires (FNAUT Infos 218). L’étalement urbain diffus n’est pas maîtrisé et les embouteil- des grandes agglomérations (par exemple lages et la pollution de l’air se renforcent dangereusement. Or le gouvernement la réouverture de la ligne Lyon-Trévoux) afin s’intéresse peu au transport public, il réduit ses dotations aux collectivités locales. de structurer l’urbanisation périphérique. Il cherche au contraire, contre tout bon sens, à relancer les travaux routiers, et la Encore faut-il que les collectivités prennent voiture retrouve les faveurs de bien des nouveaux élus municipaux (FNAUT Infos la mesure des besoins et élaborent des pro- 226 et 229). Mais cette politique mène à une impasse alors qu’il est possible d’évi- jets ambitieux. A Amiens, Nîmes et Tours, les ter la crise du transport public et de la vie urbaine qui s’annonce. élus UMP ont renoncé à une première ou deuxième ligne de tramway ; à Montpellier, L’accessibilité de l’espace public aussi d’usagers valides de l’espace pu- le maire divers gauche Philippe Saurel aban- et des transports blic, piétons et cyclistes, et d’usagers donne ce qu’il appelle le « tout-tramway » des transports, éventuellement chargés (en Avignon, le tramway l’a finalement em- La loi du 11 février 2005 « pour l’éga- de bagages, qui souhaitent pouvoir se porté, malgré l’opposition stupide de Cécile lité des droits et des chances, la parti- déplacer plus librement. Helle, maire PS de la ville centre). cipation et la citoyenneté des personnes Les associations représentatives spé- La FNAUT rappelle qu’en matière d’inves- handicapées » transpose une directive cialisées, ainsi que la FNAUT, sont tissement, il faut voir grand pour équiper les européenne qui impose, à partir du 1er rassemblées au sein du « Collectif pour axes lourds : janvier 2015, l’accessibilité des trans- une France accessible pour tous ». Se- - à Nantes, le Busway a été retenu à la place ports, de la voirie et des bâtiments. Elle lon ce collectif, « au lieu d’accompagner du tramway : mais ce BHNS, très bien réalisé répond à une demande forte du public. les acteurs retardataires vers la mise en techniquement, est aujourd’hui victime de son Mais de nombreuses mesures annon- accessibilité, le gouvernement récom- succès et ses usagers en souffriront longtemps ; cées n’ont pas été mises en œuvre et, le pense les mauvais élèves qui ont joué la - à l’inverse, le Grand Besançon a fait le 25 septembre 2014, le gouvernement a carte de l’attentisme ». choix intelligent du tramway malgré sa taille publié une Ordonnance sur l’accessibi- Les associations insistent sur deux modeste (180 000 habitants), et le succès est lité qui détricote la loi de 2005 en abais- points fondamentaux : au rendez-vous ; quant à l’agglomération sant le niveau de l’ambition initiale à - l’accessibilité n’est pas une revendi- de Caen, elle a finalement choisi le tramway travers de nombreuses dérogations. cation catégorielle, toute la population pour remplacer son « tramway sur pneus » Après deux lois d’accessibilité votées est concernée car elle vieillit ; peu fiable et de faible capacité. en 1975 et 1991 mais inappliquées - plus les adaptations indispensables Comme nous l’expliquons en page 8, le (FNAUT Infos 181), c’est un retour en tarderont, plus leur coût augmentera. financement n’est pas vraiment un obs- arrière imposé aux millions de personnes Le Défenseur des Droits et le Conseil tacle. Ce qui manque, c’est la volonté poli- handicapées, de personnes âgées, de pa- National Consultatif des Personnes tique de l’Etat et des élus locaux. rents avec enfants en bas âge, de femmes Handicapées ont eux aussi émis un avis Jean Sivardière z enceintes, de blessés temporaires, mais défavorable à l’Ordonnance.

fnaut-infos n°233 - avril 2015 x 1 L’OCDE préconise la ville compacte New-York, une ville écologique !

L’Organisation de Coopération et de habitant, est bien plus faible en apparte- Selon Gérald Bronner, professeur de DossierDéveloppement Economiques (OCDE) ment que dans une maison isolée. sociologie à Paris-Diderot, une ville a la réputation de promouvoir avant tout Mais l’aversion pour la densité at- écologique n’est pas constituée de mai- une politique économique très libérale. teint parfois un point tel que l’on voit, sons individuelles et d’espaces verts C’est une vision assez simpliste et in- dans des artères urbaines où la plupart agrémentés de quelques éoliennes et juste. L’OCDE effectue des études sur des immeubles font 4 ou 5 étages, des panneaux solaires. l’environnement qui ne minimisent pas municipalités autoriser, voire imposer, Il a demandé à ses étudiants d’ima- les problèmes. Loin de nier le change- la construction de bâtiments de 2 ou giner une ville écologique : 12 % men- ment climatique, elle coopère avec le 3 étages seulement. Une commune fran- tionnent le traitement vert des déchets, GIEC (Groupe d’experts intergouver- cilienne a aussi interdit toute nouvelle 33 % des sources d’énergies renouve- nemental sur l’évolution du climat) et construction en cœur d’îlot, alors que lables, 53 % des vélos ou des transports plaide depuis plus de 20 ans pour une certains îlots sont suffisamment vastes en commun. Mais les thèmes de la ver- fiscalité écologique (ce qui, pour elle, ne pour que l’immeuble puisse être entouré dure et des maisons à « taille humaine » doit pas se traduire par une hausse glo- d’un grand jardin ! sont omniprésents : 72 % des dessins bale du taux d’imposition, car elle serait Certes, il n’est pas possible de den- représentent des villes faites de mai- compensée par une baisse des charges sifier partout, ni toujours de la même sons individuelles, 86 % des espaces pesant sur le travail). manière. On ne peut détruire ou défigu- verts et 77 % des zones urbaines éta- En février 2012, l’OCDE a ainsi publié rer les quartiers pavillonnaires existants. lées. Peu de croquis évoquent une ville un ouvrage remarquable intitulé « Les Un surhaussement ou un agrandissement à forte compacité. Et pourtant... politiques de la ville compacte : évaluation de certaines maisons de ces quartiers est Le magazine américain Forbes a dé- comparative ». Elle présente notamment toutefois envisageable, de même que la cerné la palme de la région la plus éco- une série d’études de cas, dont l’agglomé- construction d’une seconde maison sur logique des USA au Vermont, une région ration parisienne, et préconise une densi- les terrains très vastes. Et la densifica- bucolique dont les habitants vivent fication des villes, celle-ci pouvant à la fois tion doit alors s’accompagner d’un ren- dans de belles maisons individuelles, contribuer à protéger l’environnement, et forcement proportionné de la desserte en font du tri sélectif et ont une conscience économiser l’énergie, favoriser une crois- transports collectifs. forte des enjeux écologiques. sance économique plus écologique et amé- Pour ceux qui seraient résolument al- Mais le bilan écologique de cet Etat est liorer la convivialité et la qualité de la vie : lergiques à la vie en appartement, il y a la catastrophique. Un habitant consomme il n’y a pas de réelle contradiction entre maison de ville, à deux faces avec jardin à 2 000 litres d’essence par an, 400 litres tous ces objectifs. La densification écono- l’arrière, si répandue en Europe du nord. de plus qu’un Américain moyen ! Son mise aussi des ressources foncières qui se Cet habitat est moins compact, mais reste bilan carbone est très mauvais : l’étale- raréfient, et permet le maintien de terres moins gaspilleur d’énergie et d’espace ment urbain rend la région attractive, agricoles proches des villes afin d’encoura- que le pavillon quatre faces dont, dit-on, mais les transports collectifs inefficaces ger la consommation d’aliments produits rêverait tout Français… et la voiture indispensable. localement. Conclusion contre-intuitive : la ville Ville dense et transport la plus écologique des USA est New- Comment densifier ? York ! Elle ne correspond pas du tout La ville dense, plus favorable aux trans- à notre imaginaire écologique mais L’OCDE évoque la taxation des nou- ports publics, à la marche et au vélo, les New-Yorkais sont peu énergivores,

veaux aménagements qui ne respectent réduit l’usage de la voiture et rend les leurs rejets de CO2 sont inférieurs de pas des exigences minimales de den- emplois et services plus accessibles. La 30 % à la moyenne américaine. sité. Un tel mécanisme a été proposé en durée des trajets diminue, de même que A New-York, les transports collectifs France, mais il est très controversé, non les coûts et les nuisances liés aux trans- sont rois. Ailleurs, aux États-Unis, on seulement bien sûr parce qu’il s’agirait ports, à la distribution d’énergie et d’eau possède en moyenne deux voitures d’une taxe de plus, mais aussi parce que et à la collecte des déchets. par ménage, tandis qu’à Manhattan la densification urbaine a plutôt mauvaise L’étude préconise la rénovation de 77 % des citadins ne sont pas moto- presse, malgré tous ses avantages si bien l’habitat existant, le rapprochement des risés. En effet, cette ville est d’une relevés par l’OCDE. Les craintes qu’elle zones d’habitat et d’emploi (notamment extrême compacité avec 10 000 rési- suscite ne sont qu’effleurées dans l’étude, en mixant les fonctions), le maintien ou dents par km2. Cette densité est favo- peut-être parce qu’elles sont moins vives la création d’espaces verts. rable aux transports collectifs et aux dans d’autres pays membres. En matière de transport aussi, l’étude immeubles à logements multiples, les Le malentendu que suscite ce concept recommande un réaménagement de bâtiments ayant la meilleure efficacité tient sans doute à ce qu’il fait immédia- l’existant (on songe immédiatement à la énergétique. tement songer aux tours et barres héri- Petite ceinture parisienne…). Enfin, elle « Si New-York est la ville la plus écolo- tées des années 60. Or ce type d’habitat, va jusqu’à suggérer de juguler la conges- gique des États-Unis, ce n’est pas parce aujourd’hui rejeté à juste titre, est fausse- tion automobile par la fiscalité sur les que ses habitants sont plus vertueux, ment dense, car la distance entre les im- véhicules et les carburants. mais seulement parce qu’ils vivent meubles est bien plus grande qu’entre des En conclusion, l’OCDE, confirmant proches les uns des autres. La taille immeubles classiques de type haussman- le point de vue développé de longue date des logements et la distance moyenne nien (immeubles jointifs, de 4 à 7 étages). par la FNAUT (FNAUT Infos 97, 117, entre chaque logement sont des don- A densité égale, de petits immeubles 143, 183, 196), recommande d’éviter une nées plus déterminantes que la sensi- sont bien plus agréables à vivre, et c’est consommation excessive d’espace et une bilité et Ia bonne volonté écologique bien cette forme de densification qu’il dépendance accrue à l’égard de la voiture des populations. Car cette sensibilité convient d’encourager. Ajoutons que la en liant politique d’urbanisme et trans- peut nous conduire à nous éloigner densité favorise le maintien des com- port, et en renouvelant l’offre de trans- des villes pour vivre dans un cadre pas- merces de proximité, et que la consom- port public. toral, la pire décision qui soit sur le plan mation d’énergie pour le chauffage, par Jacques Scornaux, AUT Ile-de-France écologique ».

2 x fnaut-infos n°233 - avril 2015 La sécurité routière Enquête à Reims Succès du tram de Tours en milieu urbain Après Nantes, Strasbourg, Lille et Dans un contexte difficile (crise éco- L’entreprise Dekra, leader mondial Montpellier (FNAUT Infos 215), puis nomique, opposition de citadins conser- en services de sécurité automobile, a Orléans, Bordeaux, Dijon et Rennes vateurs, recours en justice, coûts en publié, en octobre 2014, à l’occasion (FNAUT Infos 223), Jean Macheras, ani- hausse), Tours Plus a mené à bien dans du Mondial de l’Automobile, un rap- mateur du réseau Déplacements urbains les délais son projet de tramway, entré port sur la mortalité routière dans les de la FNAUT, poursuit ses enquêtes sur en service en septembre 2013. Un an villes européennes de plus de 50 000 les déplacements dans les grandes agglo- plus tard, on constate que cette première habitants : selon les données officielles mérations françaises. ligne est un grand succès (55 000 voya- recueillies auprès des ministères des L’approche privilégiée par la FNAUT geurs/jour, attendus seulement en 2016). transports et des instituts de recherche, est qualitative, elle est basée sur le ressenti Le soin apporté à l’esthétique en fait 572 villes ont atteint l’objectif d’une de chaque type d’usager. Chaque enquête certainement le plus beau tramway de mortalité routière égale à zéro pen- se conclut par l’attribution de bons points France que l’on vient « visiter » de loin. dant au moins une année entre 2009 et (« pieds ») et de mauvais points (« pots L’embellissement de la ville, la meilleure 2012 (source : La Croix). d’échappement »), elle est validée par la fréquentation des commerces centraux Les grandes villes françaises sont fédération ou représentation régionale de sont évidents et reconnus par les anciens globalement moins sûres que celles la FNAUT. Des mémoires plus complets détracteurs du tramway. Le changement d’Espagne ou de Grande-Bretagne : sur toutes les agglomérations étudiées de municipalité pourrait être fatal à 11 % seulement des villes de plus de sont disponibles sur le site www.fnaut.fr. l’extension du réseau. Une raison de plus 100 000 habitants (5 villes sur 39, soit L’enquête sur Reims a été menée en col- pour rendre hommage à ceux qui en ont 13 %) sont parvenues à éviter tout laboration avec l’Association des Piétons créé le premier maillon. accident mortel sur leur territoire pen- et des Usagers des Transports Collectifs Jean-François Troin, ADTT Tours dant au moins une année entre 2009 et de Reims et des Environs et l’association 2012, contre 43 % en Espagne et 47 % Vél’Oxygène. Dijon continue en Grande-Bretagne. Selon Dekra, en France, où 28 % des 3 pieds En 2008, lors du 16ème congrès de la accidents mortels ont lieu en milieu FNAUT tenu au Mans, un Ticket vert urbain, les efforts en matière de sécu- Pour les fréquences satisfaisantes de la avait été attribué au Grand Dijon pour sa rité routière ont été concentrés sur desserte de pointe par le tramway et les « politique progressive, cohérente et dé- le réseau routier interurbain. Seules principales lignes de bus, et le maintien en terminée de développement des modes al- 34 villes ont atteint l’objectif « zéro soirée d’un service étendu. ternatifs à la voiture et de maîtrise du tra- mort », parmi lesquelles Villeurbanne Pour les arrêts bien conçus de tram et fic automobile ». Le Grand Dijon venait (Rhône) et Rueil-Malmaison (Hauts- les abribus les plus récemment équipés : de lancer son tramway et de commander de-Seine) : leurs bons résultats ont été bonne accessibilité pour personnes han- du matériel avec Brest. obtenus par des actions préventives dicapées et non-voyantes, bancs confor- Cette démarche a été poursuivie par combinées à des réaménagements de tables en bois doublés parfois de bancs à l’introduction de 102 bus hybrides sur un la voirie urbaine. l’extérieur, information satisfaisante. parc total de 171 engins : un moteur diesel A Rueil-Malmaison (80 000 habi- Pour le service de transport à la de- est couplé à un moteur électrique, l’éner- tants), la population est associée à la mande proposé dans 9 communes péri- gie électrique est restituée au freinage et recherche d’une meilleure sécurité phériques, rabattant leurs habitants sur une fonction « Stop and Start » coupe le routière. La ville organise depuis 2008 une station du réseau bus-tram sur simple moteur aux arrêts commerciaux ou liés au des interventions de la police munici- réservation. trafic général. pale dans les établissements scolaires, Ces 102 bus et les 33 rames de tram- et 1 800 élèves bénéficient chaque an- 3 pots d’échappement way ont notoirement amélioré la qualité née de cours théoriques et pratiques. du service offert aux usagers, réduit les Des contrôles routiers hebdomadaires Pour des bus insuffisamment attractifs : nuisances sonores subies par les riverains sont menés par les polices nationale fonctionnement irrégulier dû à un sys- et permis des économies substantielles de et municipale. Mais l’innovation prin- tème de régulation des feux n’accordant carburant. Ainsi le bus n’est pas le parent cipale est l’opération annuelle « sanc- aucune préférence à la circulation des pauvre du tramway. tion éducation » : l’automobiliste en bus par rapport à la circulation générale, Tous ces engins sont entretenus dans infraction qui accepte de suivre une véhicules bruyants où l’usager est souvent un centre construit à partir de matériaux journée de stage de sécurité échappe à secoué. recyclés, autonome et même fournisseur l’amende et au retrait de points. Pour une qualité médiocre de l’informa- d’énergie grâce aux panneaux photovol- À Villeurbanne (140 000 habitants), tion : absence le plus souvent d’affichage taïques installés sur ses toits. Les eaux une banlieue de Lyon, la ville mise des temps d’attente aux arrêts de bus, de lavage sont recyclées et proviennent avant tout sur un meilleur partage de écrans dans les véhicules ne fonctionnant de la récupération d’eau d’infiltration l’espace public et le développement pas, plans de quartier dans les abribus dans un parking de la ville. Le chauffage du vélo. Depuis 2008, elle a aménagé ignorant les bus, plan bus-tram du centre- est assuré par géothermie profonde pour 20 km de nouvelles pistes cyclables. ville peu lisible. le bâtiment administratif et à hauteur La vitesse a été réduite sur plusieurs Pour une politique favorisant trop l’au- de 80% par un système de récupération grands axes et les zones 30 ont été tomobile par rapport à la marche et au de chaleur sur un réseau d’eaux usées. étendues, notamment aux abords des vélo : espaces piétons insuffisants, trottoirs A noter aussi l’engazonnement de 15 écoles avec des aménagements sécu- étroits ne permettant pas à deux fauteuils des 20 km de lignes de tramway, la pié- risés. Enfin, les collégiens et lycéens ou poussettes de se croiser, traversées de tonnisation de l’axe principal du centre bénéficient d’opérations de sensi- boulevards souvent dangereuses, aména- historique, le développement des pistes bilisation à la sécurité routière et gements cyclables interrompus à chaque et trajets cyclables. La tarification est peuvent apprendre les règles de cir- carrefour et provoquant des conflits avec modérée et bien adaptée aux besoins de culation sur une piste spécialement les piétons par leur report fréquent sur les chacun. aménagée. trottoirs. Alain Morino-Ros, FNAUT Bourgogne

fnaut-infos n°233 - avril 2015 x 3 Redéfinir les missions des taxis traditionnels Autolib’ : quel intérêt ? Apparues en décembre 2011, les pe- Les artisans taxis traditionnels se inciter à la généralisation de véhicules tites autos électriques en libre service plaignent de la concurrence nouvelle que spécialisés dans lesquels puissent mon- Autolib’ devaient amener les Parisiens leur opposent les VTC (voitures de tou- ter facilement des personnes âgées voire et habitants de la proche banlieue à risme avec chauffeur, ex-voitures de grande handicapées, et même des familles en- renoncer à leur voiture particulière, remise), motos-taxis, voitures en libre- tières : des « taxis pour tous » comme le ou à moins l’utiliser. La FNAUT avait service, sociétés exerçant des pratiques sont les « cabs » londoniens. alors émis des doutes sur l’intérêt de commerciales déguisées en covoiturage... Un bon exemple de ville qui s’efforce cette formule coûteuse en véhicules, Ayant eux-mêmes peu évolué, ils se situent d’intégrer les taxis dans l’organisation de en aménagements et en circulations mal dans cette jungle, à cheval qu’ils sont ses déplacements est celui d’Angers, où supplémentaires (notamment pour entre un statut libéral - le chauffeur est seul les 54 taxis de la localité ont une identité rééquiper les stations vides), alors que maître à bord - et un statut public, du fait visuelle commune, dans une tonalité de les mêmes ressources financières au- qu’ils sont soumis à des règlements et à une gris, une identité qui concerne les voitures, raient été utilisées plus efficacement autorité publique (la préfecture de police mais également les stations de taxi. à moderniser ces voitures partagées dans l’agglomération parisienne, les préfec- que sont les taxis (FNAUT Infos 219, tures en province). Taxis et VTC 223, 226). Une première enquête, menée fin Un service public La loi Thévenoud, adoptée par le Par- 2013 par le bureau de recherche 6t lement en septembre 2014, restreint aux pour le compte de l’ADEME, révélait Pour la FNAUT, les taxis doivent claire- seuls taxis le droit de prendre des clients qu’Autolib’ prenait des parts de mar- ment se situer dans le service public. Il faut à la volée dans la rue ou d’être « géolo- ché, certes à la voiture particulière et les considérer comme un complément natu- calisés » (le client détecte et appelle un au deux-roues motorisé, mais aussi au rel des transports collectifs, placé à ce titre taxi présent dans les parages). Les VTC transport collectif, au vélo et au taxi, ce sous l’aile de l’Autorité organisatrice des doivent s’en tenir au marché des courses qui n’était pas le but annoncé ! transports. Celle-ci doit faire en sorte : avec réservation préalable (c’est-à-dire Une seconde enquête menée par - qu’ils soient présents dans tous les commandées à l’avance) ; leurs chauffeurs 6t sur le même panel fin 2014 révèle quartiers des grandes agglomérations, et doivent désormais avoir une certification que les mêmes usagers utilisent moins qu’on sache où les trouver ; professionnelle et les entreprises avoir fait Autolib’ qu’il y a un an, et plus… leur - qu’ils soient facilement repérables, avec la preuve de leur capacité financière. véhicule motorisé personnel (voiture une identité visuelle commune des véhi- Cette nouvelle loi, qui protège les taxis, ou deux-roues), le parcours effectué cules et des stations ; ces dernières devraient ne les dispense pas de se moderniser et en voiture sous l’une des deux formes être indiquées sur les plans des réseaux de d’être beaucoup plus qu’aujourd’hui tour- étant pratiquement inchangé : 315 km transport collectif ; nés vers le client, au lieu de se recroque- en 2013, 314 en 2014. - que leurs prix soit abordables (le taxi ne viller comme ils le font trop souvent dans Finalement à quoi a servi Autolib’ ? doit pas être considéré comme un mode de une attitude défensive et corporatiste. Le rapport 6t conclut de façon très déplacement pour riches, mais comme un Un taxi remplacer 3 à 4 voitures per- claire : « pour inciter à une démotori- outil auquel les citoyens quels qu’ils soient sonnelles. Un service public de taxis très sation, il faut jouer sur d’autres leviers n’hésitent pas à recourir pour des déplace- présent, commode et financièrement à la que la seule offre Autolib’, et parmi ments occasionnels : trajets familiaux, achat portée de tous contribuerait à réduire les eux sur les contraintes à l’usage de la volumineux, transport de bagages) ; nuisances et l’accaparement de l’espace voiture personnelle ... Autolib’ semble - qu’ils soient physiquement acces- public par la voiture. redonner goût à la voiture particulière sibles ; l’autorité organisatrice doit Jean Macheras, AUT Paris chez les abonnés qui en ont conservé une ... Quand l’alternative existe, il faut aussi de la contrainte à l’usage de la Marcher en ville voiture particulière. Une contrainte qui doit être assumée et portée par la col- Encourager la marche en ville, excellente pour la santé, passe par la création de rues lectivité publique ». piétonnes et autres ZTL, zones de rencontre, zones 30… et la libération des trottoirs. La Pour la FNAUT, l’alternative n’est pas FNAUT est favorable au 30 km/h comme règle générale, le 50 km/h étant l’exception. la voiture en libre-service, qui main- Selon les exploitants des réseaux urbains, la marche peut être un substitut au transport tient la culture automobile et le refus collectif sur les courtes distances. Elle permet aussi de supprimer les détours des lignes de de changement de mode de la part bus et d’augmenter la distance entre les arrêts, donc d’accroître la vitesse commerciale et de ses « addicts ». C’est tout ce qui la qualité de service. Une interstation de 500 m au lieu de 300 m, dans une zone plate, ce peut favoriser la marche, le vélo, les n’est pas trop demander à l’usager en temps et en fatigue, y compris pour les personnes transports collectifs et semi-collectifs âgées. Mais il faut alors veiller à ce que les cheminements vers les arrêts de bus soient (taxis), c’est-à-dire les modes les mieux sécurisés et agréables. adaptés à la vie urbaine. Conduire son enfant à l’école en voiture est une pratique très fréquente et déplo- Autre observation des experts : la rable : l’enfant arrive endormi, il apprend la voiture mais non la ville. Pour réduire cette formule classique d’autopartage tradi- pratique, il faut multiplier les opérations pédibus, organiser des cheminements sûrs vers tionnel « en boucle » (Mobizen, Citiz ou l’école, et interdire la dépose-minute devant l’école en aménageant autour de chaque Zipcar), qui oblige à rendre la voiture là école un « no-car land ». où on l’a prise, est bien plus compatible Jean Macheras avec un comportement « écomobile » de ses usagers, du fait qu’elle est utili- Pedibus - Les Européens consacrent en moyenne 42 minutes par jour à conduire leurs enfants sée de manière occasionnelle et pour à l’école en voiture. Ce trajet, le plus souvent de moins de 1 km, est aussi le plus consommateur de des usages très spécifiques. Il faut donc carburant et le plus polluant. D’où l’intérêt du Pedibus, bus pédestre qui a tout d’un bus traditionnel : rendre l’autopartage traditionnel aussi une ligne définie, un chauffeur, des arrêts… mais sans les nuisances sonores et olfactives. Certains visible pour le public qu’Autolib’. organisateurs demandent une participation de quelques euros pour couvrir les frais d’assurance. Jean Macheras

4 x fnaut-infos n°233 - avril 2015 Cyclistes infractionnistes ? La chronique du vélo Selon une récente étude OpinionWay réalisée auprès de 2200 cyclistes dans Le vélo progresse en France VAE périurbain 10 grandes villes françaises pour l’assu- reur MMA, 95 % des cyclistes urbains Selon une enquête du Club des Villes et Les habitants de la haute vallée de se sentent particulièrement en danger Territoires Cyclables, l’usage régulier du vélo l’Azergues sont de plus en plus nombreux à vélo car, en l’absence d’habitacle, le augmente de 3 % par an depuis 2008. Les à se rendre quotidiennement par le train moindre choc peut avoir pour eux des Français parcourent en moyenne 87 km à vélo dans l’agglomération lyonnaise. Ainsi conséquences graves. par an, trois fois moins que les Allemands. une centaine d’entre eux utilise la gare de Pourtant 77 % d’entre eux recon- Lamure-sur-Azergues, dont le parking est naissent prendre autant voire plus de Le vélo dans les capitales saturé. Or ils habitent à moins de 10 km risques à vélo que lorsqu’ils sont en européennes de la gare. Dorénavant des vélos à assis- voiture, moto ou scooter, en raison d’un tance électrique (VAE) sont disponibles sentiment d’impunité (peu de risques Copenhague est l’une des villes cham- à la location dans les gares de Lamure et d’amende, pas de mise en danger des pionnes du vélo en Europe : 26% des dépla- d’Amplepuis, au prix de 20 euros par mois. autres usagers de la voirie). cements y sont effectués en vélo. Elle n’est Coût pour les communes concernées : Mais l’étude est en fait un procès à surpassée que par Amsterdam : 33 %. Ail- 200 000 euros, l’Etat a accordé une aide charge contre les cyclistes, dont le Club leurs, l’usage du vélo est plus modeste : Berlin de 33 % (Environnement magazine). des Villes et Territoires Cyclables ainsi 13 %, Berne 11 %, Ljubljana 10 %, Helsinki que la Fédération des Usagers de la Bi- 7 %, Vienne 6 %, Varsovie 5 %, Londres 3 %, Véloroutes cyclette ont rejeté les conclusions. Paris 3 %, Dublin 3 %, Athènes 2 %, Madrid « Plus de 60% des cyclistes urbains se 1 %, Rome 0 %. A noter le score médiocre de Le réseau français de véloroutes compte mettent eux-mêmes en danger en ne Paris malgré l’existence du service de loca- aujourd’hui plus de 30 000 km. mettant jamais de casque, et 52 % en tion Vélib’ depuis déjà 7 ans. D’après une étude du cabinet Atout ne portant pas de gilet fluo ». Réponse : En Europe, 50 % des trajets effectués en France sur l’économie du vélo (juillet « ces accessoires ne sont pas obliga- voiture sont inférieurs à 5 km, 30 % sont 2009), un cycliste itinérant dépense en toires, et sont très peu protecteurs face inférieurs à 3 km : des distances à la portée moyenne 75 euros par jour. D’où l’inté- à un automobiliste en excès de vitesse d’un cycliste. Nombre d’entre eux, en milieu rêt pour de petites villes de se raccorder ou à un poids lourd en manœuvre ». urbain, pourraient aisément être effectués en à des itinéraires cyclables européens pour L’étude affirme aussi que « 88 % des transport public, en vélo (en 15 à 20 min) ou bénéficier des retombées économiques du cyclistes ont déjà commis une infrac- à pied (en 30 à 50 min). cyclotourisme. C’est le cas de Saint-Julien tion » : « ce chiffre est comparable à Source : www.notre-planete.info de Concelles (Loire-Atlantique, 6 800 ha- celui constaté chez les automobilistes bitants), localité située à un kilomètre de dans d’autres sondages (excès de vi- Polytechniciens cyclistes l’Eurovéloroute n°6 reliant l’Atlantique à tesse, accélération au feu orange, ou- la Mer Noire. bli du clignotant, stationnement sau- Le vélo, « la dernière invention néoli- L’itinéraire balisé «La Loire à vélo» qui vage). Les cyclistes ne sont pas plus thique » selon Brice Lalonde, est encore relie Nevers à Saint-Brévin-les-Pins (800 indisciplinés que les autres usagers de perfectible. Trois jeunes « polytechniciens km) a entraîné 17 millions de retombées la voirie ! » ayant des idées » - Sébastien Martin, Alexis économiques en 2012. Affirmer qu’on se sent davantage en Mocellin et Matthieu Toutlemonde (pro- Selon Alain Beignet, président du co- sécurité en deux-roues motorisé, alors motion 2011) - viennent de mettre au point mité régional du tourisme de la région qu’il y a six fois plus de tués avec ce un prototype de « vélo intelligent », SAM, Centre : « les 800 km de l’itinéraire La mode de déplacement, est inadmissible. capable de changer de vitesse automatique- Loire à vélo ont coûté 52 millions d’euros, L’étude MMA fait la part belle au tout- ment en fonction du terrain et des capacités je ne connais pas d’aménagement public voiture, alors que la vitesse des usa- physiques du cycliste. Pour cette innova- qui ait été aussi rapidement rentabilisé ». gers motorisés est l’une des premières tion, ils ont obtenu le prix 2013 Jean-Louis causes d’insécurité en ville pour les cy- Gérondeau-Zodiac Aerospace. clistes et les piétons. Réduire la vitesse, Remaniement ministériel comme le font de plus en plus de villes Triporteurs en passant de 50km/h à 30km/h, agit Les cabinets ministériels sont regrou- directement sur les causes de l’accident, Le transport par triporteur se développe pés dans le 7ème arrondissement de Paris, contrairement au casque qui ne peut en France. La société lyonnaise Cyclo- à quelques centaines de mètres les uns des qu’en limiter les conséquences, tout politain, créée en 2003, est maintenant autres. Vu le ballet continu de voitures en donnant une impression très trom- implantée dans dix villes, elle emploie des dans cette pauvre petite cour de l’hôtel peuse de sécurité. étudiants et son chiffre d’affaires annuel est Matignon, deux motards devant et deux Le CVTC et la FUB rappellent toutes d’un million d’euros. Un triporteur coûte derrière, plus deux gardes du corps et un les actions menées pour sensibiliser 6 000 euros. Il permet le transport de per- chauffeur par ministre, le tout pour mettre les usagers au partage de la voirie, pro- sonnes, au prix de deux euros par client et quatre fois plus de temps qu’à pied ou à mouvoir un éclairage efficace des vélos, par kilomètre, et les livraisons grâce à un vélo, on se dit que nos élites ont des pro- ou faire évoluer le code de la route coffre de 600 litres (La Croix). grès à faire. Seule Christiane Taubira est (doubles sens cyclables, tourne-à-droite A Paris, Monoprix s’est équipé de 33 tri- arrivée à vélo, avec le sourire, flanquée vélo aux carrefours) vers le code de la porteurs pour acheminer ses livraisons à ses de ses deux gardes du corps. Si Ségolène rue réclamé par les promoteurs du vélo clients. Ailleurs en Europe et aux USA, de Royal avait fait de même pour venir de urbain, qui permettrait un apaisement gros distributeurs (Fedex, DHL) s’équipent l’hôtel de Roquelaure, le volet transport général du trafic. Sans parler des efforts aussi de tricycles pouvant transporter de la loi sur la transition énergétique des collectivités pour créer des aména- jusqu’à 300 kg de marchandise. Selon aurait peut-être été moins indigent. A gements cyclables plus sûrs et accom- DHL, « c’est moins cher et plus rapide, nos quand un plan de déplacements gouver- pagner les actions d’apprentissage vélo employés sont moins stressés et plus heu- nemental (PDG) ? et de remise en selle. reux » (source : MDB). Geneviève Laferrère, présidente, FUB

fnaut-infos n°233 - avril 2015 x 5 Pontevedra : le piéton-roi Saragosse, ville cyclable Nous résumons ci-dessous un article paru une amende de 200 euros (montant fixé En quelques années, le vélo s’est im- dans Mobilicités, qui démontre que les ob- par l’Etat espagnol), réduite à 100 euros posé à Saragosse grâce à la création de jectifs de la FNAUT et de ses associations si l’acquittement est immédiat. Les poli- 100 km de pistes cyclables d’excellente locales n’ont rien d’utopique. ciers ont été dotés de PDA (personal di- qualité et d’un service de vélos muni- gital assistant), ne laissant aucune possi- cipaux : 22 % des actifs vont au travail à Pontevedra, ville espagnole de Galice, bilité de faire sauter les amendes. Le taux vélo, contre 30 % en voiture, 27 % à pied 83 000 habitants, était asphyxiée par de recouvrement est de 96%, son produit et 20 % en bus ou en tramway. le trafic automobile : 27 000 voitures tombe dans les caisses de la ville. Le cycliste type n’est pas un jeune mais transitaient chaque jour par la place de Par ailleurs, l’espace public a été entiè- un homme de 46 à 55 ans habitant entre 3 l’Espagne, cœur du centre historique. Se rement requalifié. Dans l’hypercentre, les et 6 km de son lieu de travail. Les femmes déplacer à pied était un véritable cau- trottoirs ont été supprimés et les obs- utilisent moins le vélo (18 %) que les chemar, les cyclistes avaient disparu et le tacles ont disparu. Des bancs ont été ins- hommes (26 %). centre se désertifiait. tallés, l’éclairage a été amélioré, des es- Il y a 15 ans, la promenade de l’Indé- En 1999, le candidat social-démocrate paces végétalisés et des aires de jeux ont pendance comportait 6 voies pour les au poste de maire propose de rendre la vu le jour. Dans les rues autorisées aux voitures, deux contre-allées, deux couloirs ville accessible à tous, notamment aux voitures, l’espace dédié aux piétons a été de bus et deux files de stationnement. Elle plus vulnérables : personnes handicapées, doublé, de telle sorte que deux personnes comporte aujourd’hui deux voies seule- seniors et enfants. Il est élu. avec des parapluies ouverts ou des pous- ment pour les voitures et deux voies de Promesse tenue : dans le centre ancien, settes puissent se croiser sans se gêner. tramway, le reste de l’emprise est consa- l’espace public a été requalifié pour fa- Pour convaincre les habitants de se dé- cré aux piétons et aux cyclistes (source : voriser la marche et les commerces. La placer à pied, une carte avec les distances Vélocité, revue de la FUB). voiture a été reléguée dans un espace et les temps de parcours a été éditée. Ce extrêmement limité et réglementé. Au- réseau piétonnier a été imaginé sur le USA, Espagne : jourd’hui, 70% des déplacements sont modèle d’un plan de métro. intermodalité car + vélo effectués à pied, 22 % en voiture, 6 % en La municipalité a également agi pour vélo et 3% en transport public (le réseau accroître l’attractivité économique. Le José María Ortega-Hernández, un jeune ne pénètre pas dans le secteur piéton- maire explique : « J’ai dit aux habitants Espagnol de 21 ans, propose à toutes les nier). La pollution de l’air a baissé de que s’ils revenaient habiter en centre- villes de son pays d’équiper leurs bus de 61 % et le trafic routier a chuté de 90%. ville, ils trouveraient les commerces et racks à vélo. Des travaux importants ont été entre- services de proximité nécessaires. Et « Il faut permettre aux cyclistes de pris pour rendre la ville aux piétons : je n’autorise aucune implantation de prendre un bus pour éviter une portion selon le maire, « la marche n’est pas un grandes surfaces en périphérie ». de route dangereuse ou en cas de souci mode complémentaire ». La première phase de travaux a concer- technique. En Espagne, ce n’est possible Le transit à travers le centre-ville a été né le centre historique, une zone de 3,5 qu’à Madrid, et sur une seule ligne de bus. interdit et son accès fortement restreint km² où vivent 51 000 habitants. Au- Il faut étendre cette mesure pour per- pour les véhicules motorisés. Des boucles jourd’hui la ville compacte s’étend sur 4,5 mettre à tout le monde de combiner les de circulation ont été mises en place, la km² et compte 65 000 habitants. « Pour transports publics et le vélo ». limitation de vitesse a été fixée à 20 ou inciter les gens à revenir vivre en ville, il Après deux ans d’efforts, il a obtenu que 30 km/h. Enfin, la durée de stationne- faut améliorer le cadre de vie, réduire la les bus de Melilla, Barcelone et Bilbao ac- ment a été limitée à 15 ou 30 minutes afin circulation et créer une ville humanisée. ceptent les vélos à bord. Son initiative tu- de ne pas pénaliser l’activité économique. En agissant vite, nous avons stoppé l’éta- BICIenBUS (ton vélo dans le bus) change Le stationnement en voirie a été sup- lement urbain ». la vie des cyclistes. primé au profit de parkings souterrains Si 10 à 15% de la population n’a pas Aux USA, pourtant le pays de l’automo- payants et de parcs de dissuasion gra- accepté cette politique, le maire a été bile, il existait en 2007 près de 40 000 cars tuits situés au maximum à 10 minutes réélu trois fois depuis 1999. Il brigue un équipés de racks à vélo à l’avant, sur les- à pied de l’hypercentre, soit une capa- cinquième mandat en 2015. quels on peut facilement et rapidement cité totale de stationnement supérieure à A méditer par ces nouveaux élus mu- attacher les vélos. Le premier autocar de 13 000 places. Le nombre des policiers nicipaux retardataires (FNAUT Infos ce type a été mis en service à la fin des municipaux a été renforcé, à la fois pour 226 et 229) qui transforment les places années 1970 à Seattle. Depuis, des bus sanctionner et pour expliquer. Le sta- en parkings et suppriment des bandes similaires se rencontrent de San Francisco tionnement sauvage est sanctionné par cyclables... à Philadelphie. En Europe aussi, en Alle- magne et en Suisse. En France, bien qu’encore rares, des Madrid et la voiture cars avec des racks pour vélo à l’arrière existent en Bretagne, le long de la Loire, Le plan de mobilité 2020 de la ville de Madrid a pour objectif la piétonnisation pro- à Annecy, surtout pendant l’été pour le gressive du centre. Madrid a déjà augmenté les tarifs de stationnement sur voirie et déve- tourisme. A la Rochelle, les cars se rendant loppé l’utilisation des radars pour surveiller la vitesse automobile afin d’encourager la à l’île de Ré prennent les vélos pour évi- marche, le vélo et les transports collectifs. ter aux cyclistes d’emprunter le pont, trop Madrid va maintenant appliquer une nouvelle politique visant à exclure les voitures dangereux. d’une zone centrale de la ville de près de 200 hectares : les automobilistes non résidents Ailleurs, le choix de rendre les trans- ne seront plus autorisés à y entrer. Tout le trafic automobile sera renvoyé sur quelques axes ports en commun accessibles aux cycles majeurs. L’amende pour conduite dans l’une de ces zones restreintes sans autorisation sera dépend des villes, et les vélos peuvent de 90 euros. La nouvelle règle devrait permettre de réduire le trafic automobile dans la voyager en soute, dans l’habitacle, dans zone centrale d’au moins un tiers. Les motos et les véhicules de livraison seront autorisés des armoires à vélo à l’arrière du bus ou à certaines heures. L’objectif principal est de réduire le trafic automobile passant par ces même dans des remorques. Des progrès quartiers et à la recherche d’un stationnement, tout en étendant les aires de stationnement restent donc à faire... http://tubicienbus. pour les résidents. es/id (source : goodplanet.info).

6 x fnaut-infos n°233 - avril 2015 Bêtisier Brèves 7 Mireille d’Ornano, conseillère muni- cipale FN de Grenoble : « le dévelop- BrèvesVoiture miracle BIEN DIT pement des transports en commun, nécessaire en soi, a été le prétexte, pour Selon l’étude d’impact du projet de loi 4 Dominique Bussereau, ancien ministre les dogmatiques qui gèrent notre agglo- sur la transition énergétique, « si une voi- UMP des Transports : « Les taxis sont gérés mération, de resserrer le garrot autour ture thermique neuve consomme 5 litres de par les préfectures dans un esprit étroitement du cou des automobilistes. La volonté de carburant aux 100 km et parcourt 15 000 règlementaire plus que dans celui d’une organi- mettre tous les grenoblois à vélo n’aura km par an, le passage à un véhicule élec- sation rationnelle des transports publics. Il faut échappé à personne. Le vélo, un trans- trique fait économiser 750 litres de carbu- leur donner une vraie priorité dans les gares et port doux ? Douceur illusoire lorsqu’un rant par an ». L’étude oublie que ce véhicule les aéroports, les moderniser, et les intégrer dans vélocipède brûle un feu rouge et pro- électrique consomme 2 MWh par an, soit une politique multimodale des transports ». voque un accident ou roule à tombeau près de 50% de la consommation moyenne ouvert sur la chaussée et met en péril annuelle d’électricité d’un ménage. Un Ministre très optimiste la sécurité des piétons, on le constate parc de 2 millions de véhicules électriques chaque jour. L’engouement du tout vélo consommerait donc 4 TWh, soit l’équiva- 7 Emmanuel Macron, ministre de l’Economie finira par devenir une véritable dictature. lent de la production annuelle d’un réacteur et spécialiste de l’autocar : « le car pollue 13 fois La première des libertés est d’aller et nucléaire de 900 MW ou de l’ensemble du moins qu’il y a 10 ans ». C’est totalement faux venir à sa guise selon le moyen de son parc photovoltaïque installé en 2013. A pour les polluants chimiques et le CO2. choix, et non selon un moyen imposé cette consommation, il faut ajouter celle d’autorité et insidieusement par la puis- des véhicules hybrides rechargeables (Actu MAL DIT sance publique ». Environnement). 7 Jean-Pierre Gillet, vice-président de 7 Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, le la Chambre de Commerce et d’Industrie 9-12-2014 sur France Info à propos des feux de de Grenoble : « pourquoi vouloir réduire bois émetteurs de particules fines : « je ne suis la vitesse de 90 à 70 km/h sur l’A480 et pas favorable à une société des interdictions ». la rocade sud, sinon pour vouloir agacer Faut-il supprimer les limitations de vitesse ? les gens ? » On agace les automobilistes 7 Laurent Berger, secrétaire général de la quand la circulation est plus fluide et CFDT, approuve la récente hausse des tarifs plus sûre ? SNCF : « il faut que la SNCF soit une entre- 7 Serge Oehler, adjoint aux sports PS du prise rentable ». Il aurait pu, comme le fait maire de Strasbourg, à propos du rallye la FNAUT, réclamer une baisse du taux de d’ : « Hautepierre est le seul quar- TVA sur les transports de proximité. tier habité qui, avec Monaco, a la chance 7 Alain Vidalies, secrétaire d’Etat aux trans- d’avoir un rallye sous ses fenêtres. On en Cabu ports : « il n’y aura pas de péage punitif pour profite pour offrir aux scolaires une visite les véhicules diesel ». La santé des citadins, on du village des mobilités responsables. Et Vélomnibus verra plus tard. ça fait parler de Strasbourg ». En bien ou en mal ? Nouveau mode de transport urbain, le Actes du congrès de Nantes 7 Claude Cham, président de l’URF (Union vélomnibus peut transporter jusqu’à 20 Routière de France) : « la route est un élé- passagers qui assurent sa propulsion en Les actes comprennent le rapport de la ment fondamental de la démocratie ». pédalant pendant que le conducteur déter- FNAUT sur la politique des transports depuis mine sa trajectoire. Il est bien adapté à des mai 2012, la motion, les déclarations des élus Innovation visites touristiques ou à des déplacements invités, le débat sur les trains Intercités, des scolaires à l’intérieur de la ville. Un nouveau précisions sur les Tickets Verts et Rouges, un La FNAUT a présenté au Secrétaire prototype est à l’étude, plus léger (500 kg) compte-rendu des travaux des ateliers, enfin d’Etat aux Transports, qui a réagi très po- et plus rapide, éventuellement muni d’une les divers exposés présentés à la fin du congrès. sitivement, son projet de mini-dirigeable assistance électrique. Le document de 48 pages est disponible urbain en site propre, bien moins coûteux auprès du siège de la FNAUT (chèque de que le tramway (sur rails ou sur pneus) Montée par l’avant des bus 5 euros, port compris, à l’ordre de la FNAUT). ou même le téléporté, et susceptible de combler une lacune dans la panoplie La FNAUT est fermement opposée à la des transports urbains. Le dossier a été montée obligatoire par la porte avant des Le Père Noël sanctionné immédiatement transmis par le cabinet à bus des lignes chargées exploitées avec des l’IFSTARR pour une évaluation socio-éco- bus articulés : elle ralentit les bus et crée de Dans une petite ville anglaise, un policier nomique précise. l’inconfort. A Lille, on monte même par la zélé a sanctionné le Père Noël pour station- demi-porte avant. nement gênant. Chris Uttley était chargé de Diversification Mais à Gênes, on monte par les portes livrer un traîneau à une oeuvre de charité, qui avant et arrière des bus et on descend par comptait l’utiliser lors d’une collecte de fonds, Le citadin disposait déjà des chaus- la ou les portes du milieu. Le SFMTA (San mais il l’a garé quelques minutes près d’un pas- sures, du vélo (hollandais, pliant, à as- Francisco Municipal Transportation Agen- sage piéton. L’amende s’élève à 45 euros si elle sistance électrique), de la trottinette, cy) a introduit, en juillet 2012, le « libre- est payée dans les 14 jours et 100 euros sinon. du patin à roulettes et de la planche service » (all-door boarding, montée auto- Elle est à la charge de l’association. Celle-ci à roulettes. Le PREDIT, soucieux d’une risée par toutes les portes) abandonné en a pris contact avec le conseil municipal dans diversification plus poussée des modes France. Motifs invoqués : limiter le temps l’espoir de trouver un arrangement. La mairie actifs de déplacements urbains, vient de stationnement des bus aux arrêts, et par a assuré être en train d’analyser la situation en de lancer un appel d’offres pour la réa- suite les coûts d’exploitation en réduisant le étudiant « avec une grande attention les raisons lisation d’une étude sur l’adaptation des nombre de bus nécessaires pour maintenir qui ont poussé Chris Uttley à se garer sur une échasses landaises à la ville. une fréquence donnée. zone en zigzag proche d’un passage piéton ».

fnaut-infos n°233 - avril 2015 x 7 Les transports urbains à la veille d’une crise Activités de la FNAUT

l Jean Lenoir a rencontré l’association Comme celui du transport ferroviaire, éviter des gaspillages, ce qui est le cas, par Villes de France, ex fédération des maires le développement du transport urbain est exemple, dans la conurbation de Cham- des villes moyennes (FMVM), au sujet des menacé. La crise redoutée par la FNAUT béry – Aix-les-Bains. trains Intercités. revêt trois aspects : Avant d’exiger davantage des usagers l Marc Debrincat et Bruno Gazeau ont - les investissements sont trop mo- des transports, il convient de faire payer rencontré la DGCCRF. destes et bien trop lents (en Ile-de- aux automobilistes une partie des coûts l La FNAUT a dénoncé le décret gou- France, les crédits manquent pour mener externes engendrés par le trafic routier vernemental du 10 janvier 2015 décla- de front la modernisation du réseau exis- sous forme de hausse tarifaire du station- rant d’utilité publique et urgente la tant et son extension) ; nement dans les centres. construction de la LGV Poitiers-Limoges. - si elle progresse encore à Lyon, Stras- Le péage urbain est une autre piste qu’il Estimant qu’il s’agit d’une décision irra- bourg, Dijon,... l’offre commence à se est temps d’explorer pour maîtriser le tionnelle et incompréhensible, elle a dégrader dans une vingtaine d’agglo- trafic automobile, trouver une ressource déposé un recours contre la DUP auprès mérations où la recherche d’économies nouvelle et éviter une réduction de l’offre du Conseil d’Etat. l’emporte sur celle de transferts modaux ; de transport collectif. l Jean Lenoir, en tant qu’administrateur les fréquences diminuent par exemple à Enfin un contrôle strict du processus de RFF représentant les usagers des Metz, Nancy, Valenciennes (- 10 %) et à d’urbanisation est indispensable pour transports, a été auditionné par Frédé- Aix-les-Bains (- 22 %) ; limiter la demande de déplacements. ric Saint-Geours, président du conseil de - enfin une hausse tarifaire est estimée Il faut rééquilibrer les zones d’habi- surveillance de la SNCF. Marc Debrincat a indispensable par un nombre croissant tat et d’emploi et, selon le principe des été auditionné en tant qu’administrateur d’économistes, d’exploitants et d’élus « contrats d’axes », densifier l’urbanisa- de la SNCF. pour compenser la baisse des dotations tion le long des axes lourds de transport l Jean Sivardière a été auditionné par de l’Etat et la hausse de la TVA sur le collectif afin d’en améliorer la rentabilité. Michel Destot, député PS de l’Isère, transport public. chargé d’une mission sur le finance- Ambition et volonté ment du projet Lyon-Turin. Mesures d’urgence l Jean-François Troin est intervenu lors 1. Une grande ambition en matière de des Rencontres nationales du transport Une hausse tarifaire ne doit pas être transport collectif urbain et de modes régional organisées à Tours par le Conseil rejetée a priori si elle est accompagnée de doux (marche et vélo) est aujourd’hui in- régional du Centre. l’instauration d’une tarification sociale au dispensable, faute de quoi des difficultés l La FNAUT a déposé auprès du président quotient familial, comme à Strasbourg. inextricables seront rencontrées : blocage de RFF un recours gracieux à l’encontre Mais elle ne peut manifestement éviter à des voiries par les embouteillages, satu- de la déclaration de projet relative à la elle seule une crise financière du transport ration des transports collectifs insuppor- gare nouvelle TGV sur le site de La Mogère urbain : une rationalisation des politiques table pour les usagers, stagnation puis à Montpellier. des collectivités locales est indispensable. réduction de l’offre, dégradation de la vie l Anne-Marie Ghémard et Jean-Marie Il est tout d’abord possible d’intensifier urbaine. Tisseuil ont participé à la conférence la prévention et la maîtrise de la fraude. Cette ambition ne doit pas concer- annuelle et à l’assemblée générale de la Certains réseaux ont déjà obtenu des ré- ner seulement l’Ile-de-France et les Fédération Européenne des Voyageurs sultats intéressants (sans imposer la mon- grandes agglomérations de province, (FEV) à Budapest. tée obligatoire par la porte avant des bus, mais aussi celles de taille moyenne (de 40 l Alain Morino-Ros a participé à une réu- qui les ralentit). à 100 000 habitants), dans lesquelles la nion de l’observatoire de la saturation du On peut réduire les coûts de produc- mise en œuvre de Plans de Déplacements réseau ferré entre Paris et Lyon. tion du transport collectif : couloirs Urbains devrait être rendue obligatoire, l La FNAUT a publié un manifeste sur l’ave- réservés et priorités aux carrefours aug- comme la FNAUT le réclame depuis des nir des trains Intercités, qui a été diffusé au mentent la vitesse commerciale des bus années, car la maîtrise du trafic automo- gouvernement, à tous les parlementaires et cars, renforcent la fréquence sans frais bile y reste embryonnaire. et aux membres de la commission Duron supplémentaires de matériel ou de per- 2. Pour éviter la crise financière prévi- chargée d’une mission de réflexion sur sonnel, attirent une clientèle nouvelle et sible, les collectivités locales ont d’autres l’avenir de ces dessertes. Ce document maximisent les recettes. moyens à leur disposition qu’une forte reprend l’ensemble des propositions de la Les trafics de pointe obligent à des hausse tarifaire, qui apparaît comme une FNAUT, il est consultable sur son site. doublages coûteux en matériel et en per- solution de facilité : elles peuvent faire l Jean Sivardière, Jean Lenoir, François sonnel, et provoquent néanmoins une des économies et trouver des ressources Jeannin, Marc Debrincat et Bruno Gazeau surcharge des véhicules. Il a suffi de dé- nouvelles. ont rencontré Guillaume Pepy, Barbara caler de 15 min le début des cours sur les Mais l’Etat doit faciliter leurs investis- Dalibard, Alain Le Vern et Jean Ghedira sur campus de Grenoble et, plus récemment, sements, ferroviaires en priorité en raison l’avenir des trains Intercités. de Rennes pour les écrêter. de leur capacité. Il doit profiter de la baisse Il faut renoncer à toute augmentation spectaculaire du prix du pétrole pour imposer fnaut infos- Bulletin mensuel d’information de la capacité du stationnement central une hausse des taxes sur les carburants auto- Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°233 (sur voirie ou en silo) et à la baisse de son mobiles, et affecter son produit aux inves- ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. coût sous le prétexte erroné de revitaliser tissements de transport collectif urbain. Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers le commerce. Les parkings centraux sont Un seul centime supplémentaire de taxe Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d des aspirateurs à voitures qui concur- sur tous les carburants routiers, c’est près Prix au numéro : 2 d rencent les transports collectifs. d’un milliard d’euros de recettes par an ! Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT Les dépenses routières, souvent exa- Les grandes déclarations sur « le cli- de votre région, contacter notre permanence : gérées, doivent être réduites au simple mat, grande cause nationale » ne peuvent 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris entretien des voiries existantes. suffire. Il ne faut pas adapter les projets tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] Une coordination des autorités orga- aux moyens disponibles, mais les moyens Internet : http://www.fnaut.fr nisatrices voisines est indispensable pour aux projets nécessaires. CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°233 - avril 2015 n°234 infos mai 2015 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Avion, train, autocar, covoiturage : le transport interurbain low cost Improvisation « »

La FNAUT ne s’oppose pas frontalement à la libéralisation du transport par autocar à longue distance, une réforme curieuse- ment lancée par le ministre de l’Economie Emmanuel Macron et non par le secrétariat d’Etat aux Transports. En effet, de nombreux itinéraires reliant de grandes villes ou des villes moyennes ne sont actuellement des- servis par aucun transport public. Ce que la FNAUT critique, c’est la bruta- lité de la libéralisation, quasiment en « open access ». Le risque, qui se concrétise en Alle- magne (page 4), est évident : en l’absence d’une remise à niveau préalable du train lui permettant de jouer à armes égales avec le car, c’est celui d’un écrémage du trafic fer- roviaire et d’une déstabilisation puis d’une Ancienne gare de Bricon (photo : Marc Debrincat) disparition des services ferroviaires les plus fragiles économiquement au profit de ser- vices routiers moins performants, autre- Nous présentons une vue d’ensemble des modes de transport - aérien, ferro- ment dit d’une paupérisation du transport viaire et routier - à prix réduits, dits « low cost ». Puis, c’était l’objet d’une étude public interrégional. réalisée en 2014 par la FNAUT pour la DGITM, nous envisageons les possibilités Il est de l’intérêt bien compris de tous les offertes au rail de résister à la concurrence du low cost aérien et routier. La SNCF voyageurs, des territoires, de l’économie na- peut réduire ses coûts de production et modérer ses tarifs, améliorer la commer- tionale et de la planète que le rail - ossature cialisation de ses services et leur adaptation aux besoins des voyageurs, dévelop- naturelle du système de transport interurbain per ses propres offres low cost. L’offre autocar doit être régulée dans le cadre de et système à rendement croissant - absorbe le délégations de service public. Les conditions de concurrence entre l’avion et le maximum de trafic, et que l’autocar en soit le train doivent être rendues plus équitables. Enfin l’introduction d’une tarification complément et non le concurrent. sociale du transport terrestre doit être sérieusement étudiée. La libéralisation du transport par car n’avait rien d’urgent et devait être reportée. Il est par- En 2014, la FNAUT a réalisé une étude, Ce contexte explique le succès des ticulièrement absurde que la loi Macron sur commandée par la Direction générale des offres low cost, en particulier dans le sec- l’autocar ait été proposée et adoptée : Infrastructures, des transports et de la mer teur des transports, auprès des ménages à - avant que le réseau ferré classique ait (DGITM), sur la concurrence entre le rail faibles revenus. été remis en état et qu’en particulier, les et les modes proposant des offres dites « low Alors que les prix de certains services zones de ralentissement qui pénalisent le cost » : comment la SNCF peut-elle résister à (téléphone, internet) diminuent sans cesse train aient disparu ; cette concurrence qui s’accentue ? et que leur qualité s’améliore, il était iné- - avant qu’on y voie clair sur l’impact Cette étude a été menée par le service vitable que, par comparaison, le voyageur énergétique et les coûts environnemen- juridique de la FNAUT (Marc Debrincat, s’interroge sur le prix du transport ferro- taux d’un développement important du Anne-Sophie Trcera, Poehere Viaux) et Jean viaire à longue distance. transport par autocar ; Lenoir, vice-président de la FNAUT. Mais les transports low cost, contrai- - avant que soient connues les conclu- rement à une idée reçue, n’attirent pas sions de la commission Duron mise en Le contexte économique que les voyageurs à faibles revenus. Des place par le gouvernement pour définir ménages aisés sont également séduits l’avenir des trains Intercités ; Depuis quelques années, la situation éco- par les offres basiques à prix réduit, car - enfin, avant qu’ait été mis au point par le nomique combine hausse du chômage et sta- ils privilégient d’autres types de dépenses gouvernement puis le Parlement le schéma gnation du pouvoir d’achat, voire paupérisa- (voir encadré page 2). national des services ferroviaires prévu par la tion. Ainsi, bien que la demande de mobilité Aujourd’hui, l’avion low cost, le covoi- loi du 4 août 2014 portant réforme ferroviaire. se développe, la proportion des Français qui turage et le car interrégional concur- Une telle improvisation, au moment où part en vacances ou en courts séjours est en rencent durement le train : TGV, Inter- le climat est déclaré « grande cause natio- baisse et n’atteint plus 50 %, soit le plus bas cités, train de nuit, TER interrégional. nale », en dit long sur la volonté du gou- niveau observé depuis 15 ans. Le phénomène va s’accentuer avec la loi vernement de prendre au sérieux les pro- Par suite, une partie des consommateurs fran- Macron qui libéralise le transport par car blèmes d’environnement. çais est devenue déflationniste et utilise tous les à longue distance, il pourrait menacer la Jean Sivardière z outils à sa disposition pour acheter moins cher. pérennité de certains services.

fnaut-infos n°234 - mai 2015 x 1 Le transport aérien low cost Le modèle économique low cost

La compagnie Southwest Airlines est la - des services annexes payants, des ser- Selon Emmanuel Combe, vice-pré- Dossierpremière à avoir appliqué le modèle du low vices aux escales externalisés ; sident de l’Autorité de la Concurrence, cost (voir encadré), dès 1971. En Europe, - des méthodes de vente peu coûteuses le « low cost » est un modèle écono- c’est en 1997 que le modèle a décollé, avec par Internet ; mique novateur qui consiste à simpli- l’autorisation, donnée par la Commission - un contrôle à l’embarquement ; fier à l’extrême les produits et services, européenne, de l’exploitation des liaisons - des correspondances non garanties ; ce qui permet de diminuer à la fois les intérieures par toutes les compagnies. - l’absence de dédommagements des coûts de production (low cost) et les Le low cost a gagné 45 % du marché retards éventuels. prix de vente (low price). Ce modèle se court et moyen courrier, avec plus de 200 Les salaires des pilotes (20 % des coûts distingue de pratiques commerciales millions de passagers par an, et il pourrait d’exploitation chez Air France et 10 % telles que les promotions, les soldes, en occuper 60 % en 2020 car sa croissance chez les compagnies low cost) sont cor- les prix d’appel, qui consistent simple- est tirée par le tourisme. Ryanair exploite rects mais leur temps de travail est élevé ment à baisser occasionnellement les plus de 300 appareils, EasyJet 200, Vue- (750 heures de vol par an). prix, sans redéfinition de l’offre et sans ling et Norwegian disposent ensemble de Les compagnies low cost bénéficient action sur les coûts de production. 160 appareils. souvent de subventions publiques des Le low cost se caractérise par l’offre En France, le low cost est encore peu collectivités locales, qui attendent d’une d’un bien ou d’un service de base, à implanté, avec une part de marché court et desserte de leur territoire des retombées prix réduit, auquel le consommateur moyen courrier de 22 % en 2012 (35 millions économiques importantes. peut adjoindre certains services op- de passagers), et le potentiel de clientèle tou- Le coût kilométrique pour le passager tionnels payants et très rémunérateurs. ristique à l’export et à l’import semble vaste, est de 10 à 12 centimes d’euros chez une Il ne s’agit pas d’offre bas de gamme. compte tenu de l’attractivité de notre pays : compagnie traditionnelle telle qu’Air Exemple typique d’offre low cost : la les touristes acceptent des conditions som- France, de 5 chez Transavia, de 4 chez Logan, voiture à petit prix produite par maires de transport car ils préfèrent dépen- EasyJet et même de 3 chez Ryanair. Dacia, filiale de Renault : fiable, fonc- ser leur argent à destination. tionnelle, recentrée sur l’essentiel. Le Une clientèle variée régulateur de vitesse et la climatisa- Les principes tion sont disponibles mais en options Le champ de bataille du low cost est payantes. Les compagnies low cost peuvent se par nature européen. Les territoires na- Autre exemple : Aldi, le géant alle- définir comme des compagnies régulières tionaux sont trop exigus pour absorber mand du hard discount. Un choix spécialisées dans les relations point à point. la flotte des compagnies low cost. C’est réduit de produits (700 références Elles s’appuient sur une utilisation intensive aussi une question de notoriété de la seulement), des magasins sobres mais des appareils. Leurs méthodes reposent sur : marque auprès des clients, donc de capa- fonctionnels implantés en périphérie - la densification des cabines (sièges plus cité à générer un trafic équilibré : si une des villes. Il séduit une clientèle prête petits et plus rapprochés) ; compagnie est aussi connue au départ à se passer d’une belle présentation, - l’augmentation du nombre des rotations qu’à l’arrivée, elle peut mieux remplir ses d’un choix très large et des services des appareils par le raccourcissement de la vols dans les deux sens et tout au long d’un vendeur, pour payer moins cher. durée des escales ; de l’année. Véritable mutation économique et - l’utilisation (lorsqu’elle est possible) La clientèle est surtout touristique, sociologique, le low cost répond à un d’aéroports secondaires où les taxes sont mais les compagnies recherchent aussi double besoin : celui, évident, des mé- peu élevées (Beauvais) ; la clientèle d’affaires, qui représente déjà nages à faibles revenus, mais aussi ce- - un seul modèle d’appareils utilisé, d’où 20 % du trafic chez Easyjet. lui, récent, des ménages à fort pouvoir des coûts réduits de formation des pilotes et Ainsi EasyJet multiplie les prestations d’achat et épris de liberté, lassés par la d’entretien ; à destination des voyageurs d’affaires, qui sophistication croissante des produits - la suppression des repas à bord, des re- les paie au prix fort : embarquement ra- imposée par les entreprises. vues, oreillers et couvertures ; pide, billets flexibles, choix du siège. Ces derniers souhaitent consommer non pas moins ou moins cher mais autrement, c’est-à-dire économiser Le low cost ferroviaire sur certains postes de dépenses en se contentant alors du strict nécessaire, Comme chez Air France, le low cost est apparu tardivement à la SNCF, confrontée à en refusant d’acheter de l’inutile pour l’ouverture de l’open access international et à l’émergence du covoiturage et de l’autocar dégager du pouvoir d’achat. longue distance. Les services iDTGV, créés en 2004, et TGV 100 % Prem’s peuvent être Le low cost envahit tous les secteurs : considérés comme des précurseurs du low cost dans ce secteur. services à la personne (coiffure, banque La SNCF a lancé en avril 2013 une ligne de TGV à bas coût, OUIGO, en s’appuyant sur le directe, hôtellerie, obsèques même), modèle des compagnies aériennes (FNAUT Infos 207) : classe unique, places réservées, contrôle automobile, téléphonie mobile, loca- à l’embarquement, limitation du nombre et de la taille des bagages, suppression du bar dans les tions, alimentation, habillement, com- rames. Les coûts réduits d’exploitation de OUIGO reposent sur l’utilisation de rames densifiées, merce en ligne, transport : « le repos des péages moindres (grâce à la desserte de gares excentrées : Marne-la-Vallée, Lyon Saint-Exu- éternel à 1250 euros options non com- péry), une gamme tarifaire réduite, une distribution intégralement dématérialisée. prises », « payez moins, skiez plus ». L’organisation du travail des cheminots et la maintenance des rames ont été revues, la Comme l’explique Emmanuel cadence de circulation des rames et leur productivité sont notablement augmentées par Combe, «le low cost évolue et devient rapport à celles du TGV classique. de plus en plus riche en options inno- L’offre Intercités 100% éco, proposée sur Paris-Limoges-Toulouse du vendredi au lundi vantes ; plus que jamais, le client rai- toute l’année, n’est en vente que sur Internet : place assise à bord garantie, de 15 à 35 euros sonne en rapport qualité/prix, il ne maximum, même en dernière minute. Le matériel est un train de nuit, les passagers ont demande pas à payer le moins cher le choix entre des sièges inclinables en salle, ou des compartiments à six personnes où les possible mais veut simplement en couchettes ont été repliées pour former des banquettes. avoir pour son argent ».

2 x fnaut-infos n°234 - mai 2015 Evaluation des services Le low cost routier Les droits des voyageurs OUIGO Covoiturage - Selon le cabinet Les voyageurs pensent souvent, à tort, La FNAUT a élaboré un questionnaire de ADETEC (FNAUT Infos 229), le qu’ils ne disposent pas de droits, notam- satisfaction à destination de personnes ayant covoiturage en tant que passager assure ment pour les indemnisations en cas de effectué récemment un voyage en OUIGO ou aujourd’hui environ 1 % de l’ensemble retard, quand ils ont acquis leur billet à bas iDBUS. Le nombre des personnes interrogées des voyages à longue distance (contre prix. En réalité, leurs droits sont protégés est limité (respectivement 64 et 34), mais la la voiture 78 %, le train 14 %, l’auto- comme ceux de l’ensemble des voyageurs tendance est nette. car régulier ou occasionnel 2 %, l’avion par la règlementation européenne. 1,5 %). Sa part est donc de 5 % des En transport aérien, les droits des Le rapport qualité-prix de OUIGO : déplacements en « mode collectif ter- voyageurs sont les mêmes quelles que bon 39 % restre » (train, car ou covoiturage), mais soient les compagnies. A noter, cepen- plutôt bon 44 % elle peut dépasser 50 % le vendredi sur dant, que certaines compagnies low cost plutôt mauvais 12 % certains itinéraires. Le développement ont introduit dans leurs conditions gé- mauvais 3 % de ce mode de consommation collabo- nérales de vente des clauses manifeste- Le confort à bord de OUIGO : rative est très lié à l’usage d’Internet et ment abusives stipulant que les horaires bon 22 % des smartphones, et à la remarquable et les itinéraires de vol n’ont qu’une va- plutôt bon 50 % adaptation du site Blablacar aux be- leur indicative et peuvent être modifiés plutôt mauvais 20 % soins des automobilistes et des passa- unilatéralement. mauvais 6 % gers potentiels, qui sont sécurisés. En transport ferroviaire, les droits des Utiliseriez-vous à nouveau OUIGO ? La faiblesse du prix, de l’ordre de 4 voyageurs en cas de retard ne sont cou- oui 45 % à 6 centimes d’euros par kilomètre, est verts que pour les trajets internationaux, probablement 30 % importante pour le passager, en parti- c’est donc le seul régime commercial de probablement non 14 % culier pour les jeunes, mais la qualité du chaque opérateur - aujourd’hui la seule non 9 % service ferroviaire influence fortement SNCF - qui s’applique en transport in- Quels sont les avantages de OUIGO ? la pratique du covoiturage-passager, de térieur. Pour iDTGV, OUIGO et Inter- Avantage principal : le faible prix ; la rapidité nombreux voyageurs se repliant sur le cités 100 % ECO, un remboursement est également citée. covoiturage, malgré la durée du trajet de 25 % du prix du billet est prévu pour Quels en sont les inconvénients ? Le départ routier, lorsque le train (TGV, Interci- un retard compris entre 1h et 2h, de et l’arrivée dans des gares périphériques, tés, train de nuit ou TER) répond mal 50 % au-delà ; les remboursements ne d’où des dépenses supplémentaires et du à leurs besoins. C’est le cas, en particu- se font que sous forme de bons d’achat temps perdu ; les aléas de fonctionnement lier, sur l’axe Nantes-Bordeaux, très mal (sauf pour Intercités 100 % ECO). du RER A ; la durée de l’embarquement ; la exploité par la SNCF. Des améliorations sont nécessaires en taille réduite imposée aux bagages. Autocar longue distance - La loi ce qui concerne les voyages en autocar Pourquoi avoir préféré OUIGO au permet, depuis 2009, aux autocaristes car la règlementation est très peu pro- TGV classique ? Le niveau de prix 89 % ; disposant d’une licence communautaire tectrice sur les trajets européens et ne autres raisons 16 %. de transporteur d’assurer des services s’applique pas aux trajets intérieurs. En définitive, OUIGO est un succès : 50 % intérieurs sur un trajet international à de ses utilisateurs ont préféré le train à la voi- condition que le trafic intérieur ne dé- Prix low cost et prix réels ture. Mais OUIGO ne peut concerner que des passe pas la moitié du chiffre d’affaires liaisons directes entre très grandes métro- de la ligne globale. Le secteur du low cost doit être abor- poles, avec utilisation de gares TGV bis dans Déjà, 4 opérateurs proposent des dé avec prudence par le consommateur. les rares villes dotées de plusieurs gares TGV. services de cabotage dans le cadre de Les prix proposés sont souvent assimi- liaisons internationales. Eurolines lés aux prix d’appel des transporteurs, Evaluation des services (FNAUT Infos 200) exploite 60 rela- voire aux effets d’annonces des publici- iDBUS tions interrégionales, son atout majeur tés vantant des prix très bas. est le prix très réduit du billet. L’offre Le prix du low cost aérien est généra- Le rapport qualité-prix d’iDBUS iDBUS de la SNCF (FNAUT Infos lement sous-évalué par le passager, qui bon 25 % 207) est concentrée sur quelques grands oublie les coûts de pré et post achemi- plutôt bon 50 % itinéraires, elle met l’accent sur la quali- nement, les taxes d’aéroport et les dé- plutôt mauvais 15 % té du confort à bord. Les autres exploi- penses annexes. mauvais 9 % tants sont Stagecoach et Starshipper. Le prix du TGV en dernière mi- Le confort à bord d’iDBUS : Le transport par autocar ne repré- nute est élevé et comparable, dans les bon 19 % sente encore qu’une très faible part mêmes conditions, à celui de l’ICE plutôt bon 53 % du transport régulier de voyageurs à allemand. Cependant, pour un voya- plutôt mauvais 19 % longue distance en France. La loi Ma- geur organisant son déplacement à mauvais 9 % cron l’a totalement libéralisé, l’objec- l’avance, les tarifs du train les plus bas Utiliseriez-vous à nouveau iDBUS ? tif étant d’offrir un mode de transport (Prem’s) se situent dans la moyenne oui 28 % peu coûteux aux « pauvres », selon la des tarifs du covoiturage et de l’auto- probablement 31 % terminologie du ministre de l’Econo- car (FNAUT Infos 231). Ces tarifs ne probablement non 6 % mie. En moyenne, le car est en effet concernent que les titulaires d’une carte non 34 % deux fois mois cher que le TGV ou de réduction et ne sont proposés que Quels sont les avantages d’iDBUS ? Avan- l’Intercités (FNAUT Infos 231), mais sur certains trains. Sans carte de réduc- tage principal : le faible prix ; le confort et beaucoup moins confortable et beau- tion, le TGV est entre 2 et 2,5 fois plus l’existence d’une offre nocturne sont égale- coup plus lent en raison de la vitesse cher que le car ; avec une carte Jeune, ment cités. Parmi les inconvénients, la durée limitée à 100 km/h sur les autoroutes, 1,5 fois plus cher. excessive du trajet est citée en premier des embouteillages aux entrées de Enfin, pour la voiture, le coût ressenti (embouteillages en entrées de villes, pauses villes, des temps de montée et descente par l’automobiliste est le coût marginal réglementaires du chauffeur), une impres- des voyageurs et des pauses régulières et non le coût complet d’usage, trois sion de confinement. des conducteurs. fois plus élevé (FNAUT Infos 211).

fnaut-infos n°234 - mai 2015 x 3 Améliorer l’offre ferroviaire Train et car à l’étranger En Suisse, les lignes de car complètent Le transport low cost (avion, autocar, A défaut de vitesse, il faut augmenter le maillage des lignes ferroviaires et les covoiturage) répond à une demande légi- les fréquences, trop faibles en France, de offres sont coordonnées. C’est le modèle time du public. Mais il est de l’intérêt de manière économique. Une amélioration préconisé par la FNAUT. l’ensemble des voyageurs que le rail puisse de l’offre devrait donc porter sur l’ex- En Grande Bretagne, on joue la résister à cette concurrence qui peut le dés- ploitation de trains à tranches multiples, concurrence : cars et trains sont auto- tabiliser. par exemple : risés à circuler sur un même itinéraire, Paris-Vierzon-Montluçon/Limoges mais l’Etat a préalablement financé la L’offre low cost Marseille-Toulouse-Bordeaux/Bayonne remise à niveau du réseau ferré et amé- (cette formule a déjà existé) lioré le rapport qualité-prix du service Le rail peut s’adapter aux modes de Lyon-Dijon-Reims/Metz ferroviaire par l’attribution de conces- consommation actuels, OUIGO en est une Bordeaux-Nantes-Rennes/Quimper. sions après appels d’offres. preuve. Pour la période d’été 2014, le taux L’établissement de relations directes est L’expérience a révélé des marchés d’occupation des TGV OUIGO était en essentiel : la SNCF considère que le rem- plus complémentaires que concur- hausse, à 99 % contre plus de 80 % pour placement d’une relation directe par une rents, principalement des voyageurs TGV et iDTGV. Le modèle OUIGO relation avec correspondance fait perdre modestes (étudiants, seniors) acceptant pourrait être développé sur de nouveaux autant de clientèle que si la durée du trajet des contraintes fortes en voyageant par axes, notamment entre Paris et la Bretagne était augmentée d’au moins une heure. Des car (allongement de la durée des trajets, ou le Sud-Ouest. TER interrégionaux peuvent être créés gra- perte de confort par rapport au train) en Une offre Intercités low cost, conçue sur tuitement en coordonnant les offres TER échange d’un prix sensiblement infé- le même modèle, devrait être développée de deux régions adjacentes. rieur à celui du train. sur des itinéraires parallèles à certaines LGV, par exemple Paris-Bordeaux, Paris- La tarification En Allemagne, le marché du trans- Dijon-Lyon-Valence-Marseille, Paris - port interrégional par autocar, ouvert Bar-le-Duc - Nancy - Strasbourg. Cette Les tarifs doivent être multimodaux et depuis le 1er janvier 2013, est en plein offre est à distinguer des offres interré- disponibles sur des supports de billettiques essor. Il existe plus de 250 lignes que se gionales TER Paris-Lyon ou Lyon-Mar- d’usage simple et généralisable. Le déve- partagent 70 entreprises, dont 4 d’en- seille qui effectuent une desserte plus fine. loppement d’offres ferroviaires à bas prix vergure nationale (dont la Deutsche Elle doit fournir une alternative crédible doit être entrepris en améliorant la combi- Bahn elle-même). aux TGV (à l’inverse de l’Intercités Paris- naison des différentes cartes de réductions La part modale du car atteint désor- Royan dont l’horaire de départ de Paris et la lisibilité des offres promotionnelles. mais 5 % des déplacements. Certaines était beaucoup trop matinal). Un niveau intermédiaire de l’abonnement gares routières arrivent à saturation. Une offre Intercités 100 % éco réussie Fréquence à 50 % de réduction doit être Les lignes routières relient les princi- existe déjà entre Paris et la Normandie introduit, son prix serait positionné entre paux centres urbains à des tarifs net- (Deauville/Trouville), le samedi et le celui de l’abonnement Fréquence pour une tement moins élevés que ceux propo- dimanche en été. seule ligne et celui de l’abonnement France sés en train. Le niveau de prix très bas En janvier dernier, la SNCF a introduit entière (719 euros), par exemple autour de au lancement de ces offres laisse assez une innovation originale, iDTGVMax : 200 euros par an permettant l’emprunt de mal augurer de l’avenir de bon nombre un abonnement acheté 60 euros par mois, deux des 4 « réseaux » TGV : est, nord, At- d’entreprises routières de petite taille. avec un engagement sur 12 mois, donne un lantique et sud-est. Les lignes ferroviaires interrégio- accès illimité sur une quarantaine de rela- Les cartes de réduction SNCF doivent nales exploitées par la DB à des coûts tions iDTGV de plus de 3h, vers l’ouest et être valables sur la partie française des élevés sont sensibles à la concurrence le sud de la France. Des places sont dispo- trajets internationaux tels que Marseille- routière : l’autocar a fait perdre 20 mil- nibles pour les détenteurs de la carte iD- Bruxelles ou Paris-Milan. lions d’euros à la DB en 2013 et 50 au TGVMax, la réservation reste cependant premier semestre 2014 sur ses lignes obligatoire, elle est possible jusqu’à 45 min L’information interrégionales. avant le départ. Si le train est complet, des Le marché du train longue distance strapontins sont disponibles. L’objectif de L’information horaire doit proposer de est ouvert sur la base de l’open access. la SNCF est d’attirer des jeunes actifs et manière explicite les itinéraires alterna- Deux compagnies privées seulement des étudiants, se déplaçant régulièrement tifs aux TGV (pour trouver Paris-Belfort opèrent sur des itinéraires où elles sont pendant les week-ends. par ligne classique sur Voyages-SNCF. en concurrence avec la DB. com, il faut imposer « via Vesoul », ce qui Le service ferroviaire privé HKX Ham- Les relations Intercités est peu intuitif). bourg-Cologne connait de grandes L’information tarifaire est désormais difficultés face à l’autocar et négocie Une raison essentielle du succès de l’avion complète sur les prix des TGV, elle doit actuellement une contractualisation low-cost, de l’autocar et du covoiturage est être étendue à tous les itinéraires grandes avec les Länder traversés. évidemment la dégradation très sensible lignes : aujourd’hui, elle n’est pas dispo- Quant à l’entreprise Interconnex des relations ferroviaires, conséquence nible pour un trajet du type Toulouse- (), elle a abandonné fin d’une exploitation défaillante par la SNCF, Toulon. L’information sur certains tarifs 2014 la liaison Leipzig-Berlin-Rostock, du mauvais état des infrastructures et de la sociaux, dont le billet de congé payé an- soumise à une hausse très pénalisante contraction du réseau ferré classique. nuel, doit être améliorée. des péages ferroviaires et, surtout, for- Une offre Intercités low cost doit donc Les comparateurs de prix, qui per- tement concurrencée par l’autocar qui s’accompagner d’une amélioration de l’offre mettent une meilleure visibilité du coût circule en parallèle, en partie sur des ferroviaire à tarification normale, des cor- des offres de transport, intégrent le low autoroutes gratuites. Le PDG de Veolia respondances et de l’état du réseau classique cost aérien. Mais le train, et plus encore Transport a adressé une lettre ouverte permettant des gains de temps. Il faut aussi le low cost ferroviaire, et l’autocar sont au ministre allemand des transports lui développer des offres tarifaires attractives et peu présents sur les comparateurs. Cette demandant de faire cesser cette discri- améliorer la billettique et l’information. situation est à corriger. mination contre le rail.

4 x fnaut-infos n°234 - mai 2015 La mauvaise foi de France Stratégie Trains de nuit : une offre indispensable

Le Commissariat général à la stratégie La FNAUT a dénoncé la dégradation Les atouts du train de nuit et à la prospective, France Stratégie, a été injustifiée des trains Intercités de nuit chargé d’une évaluation des effets de la Strasbourg/Metz - Nice/Port Bou par Le train de nuit est souvent seul à pou- loi Macron. Les conclusions de la com- l’Etat et la SNCF, sans tenir compte des voir assurer une arrivée très matinale à mission d’« experts » présidée par Anne besoins des voyageurs, et alors même destination et permettre une journée Perrot, qui s’est bien gardée de consulter que le gouvernement venait de mettre en complète de travail ou une correspon- la FNAUT, manquent pour le moins de place la commission Duron chargée de dance avec un train ou un avion. Les bonne foi (http://www.strategie.gouv. définir l’avenir des trains d’équilibre du voyageurs habitant loin de la gare de fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/ territoire (TET), dont l’Etat est autorité départ peuvent facilement la rejoindre files/fiche-offretransport_bat.pdf). organisatrice. pour prendre un train de nuit en corres- Exemples. Depuis le 14 décembre 2014, ces trains, pondance, contrairement aux premiers La commission ose affirmer que « les auparavant quotidiens, ne circulent plus TGV du matin qui partent trop tôt. Il fait autocars offrent aujourd’hui aux pas- que du vendredi au dimanche, sauf en gagner du temps en cas de séjour bref : un sagers un niveau de confort au moins juillet-août et à certaines périodes de aller retour possible sur un week-end ne identique à celui des trains (espace, toi- fêtes, pendant lesquelles ils circulent du l’est plus par un TGV de jour. Et, contrai- lettes) ». Un de ses membres est-il mon- jeudi au lundi. rement à l’avion, il peut faire du cabotage té un jour dans un car pour effectuer un La contraction de l’offre est impor- et relier, par exemple, des villes moyennes voyage de plusieurs heures ? tante. Ces trains ne disposent plus de de Lorraine et d’Alsace à l’ensemble du Selon la commission, le car est aussi places en sièges inclinables. Des circu- littoral méditerranéen. sûr que le train en Europe. Mais elle ne lations sont supprimées de façon récur- Il contribue donc au maillage des ser- précise pas si le nombre d’accidents fer- rente et pour des motifs variés, ce qui vices ferroviaires et joue un rôle posi- roviaires qu’elle cite concerne unique- était exceptionnel avant 2010. tif dans l’aménagement du territoire ment les voyageurs ou comprend aussi Les temps de parcours des trains des- (FNAUT Infos 108). les accidents de passages à niveau, les servant Strasbourg ont augmenté d’en- Les trains de nuit nationaux et inter- accidents du travail, les accidents liés à viron une heure et demie, en raison d’un nationaux constituent aussi un excellent des intrusions sur le domaine ferroviaire détour par Culmont-Chalindrey. Ces mode de transport low cost. Ils per- et les suicides. trains deviennent donc moins attractifs mettent d’économiser une nuit d’hôtel. Citant les estimations contradictoires avec, par exemple, une arrivée à Stras- Leur exploitation est plus coûteuse de l’ADEME et de la SNCF, la commission bourg à 9h20, au lieu de 7h59 en 2009. que celle des trains de jour, mais leur estime que les émissions de CO2 et de L’allongement de la distance (199 km de capacité à incorporer des voitures de ni- particules par le train et le car sont com- plus que par la ligne entièrement élec- veaux de services différents (sièges, cou- parables. Elle oublie que ces estimations trifiée passant par Besançon) se traduit chettes, lits) leur permet de capter une ne font pas de distinction entre traction par une forte augmentation du prix des clientèle diversifiée - de l’étudiant peu thermique ou électrique des trains et, billets. fortuné à l‘homme d’affaires - pouvant qu’en cas de transfert sur route, de nom- Tout semble donc conçu pour dis- assurer leur rentabilité. breux voyageurs reprenent leur voiture. suader les usagers d’utiliser les Interci- Les services de nuit internationaux se Selon la commission, il n’y a pas eu tés de nuit. Or les trains de nuit Metz/ dégradent eux aussi. La disparition du d’effet de substitution important du rail Strasbourg – Nice/Port-Bou, appréciés train de nuit quotidien tri-tranches Pa- vers l’autocar au Royaume-Uni ou en par de nombreux voyageurs, répondent ris-Allemagne (Hambourg, Berlin, Mu- Suède après l’ouverture du marché aux à des besoins très variés de mobilité nich) est particulièrement regrettable : autocars, le car concurrençant essentiel- toute l’année. Ils ne sont aucunement il comprenait des voitures couchettes au lement la voiture. Exact, mais les experts en concurrence avec les relations de jour prix de 35 euros et des voitures-lits très n’expliquent pas pourquoi : dans ces par TGV, qui ne sont pas directes au- confortables évitant de passer une nuit deux pays, le rail était robuste écono- delà de Marseille. à l’hôtel. Il constituait une bonne alter- miquement avant cette ouverture. Et ils La FNAUT a donc demandé le réta- native à l’avion low cost et à l‘autocar. passent sous silence ce qu’on observe blissement de services de nuit de qualité, De plus, le tarif Europa Spezial Preis of- en Allemagne sur les lignes interrégio- tels qu’ils étaient définis lors de la signa- frait une correspondance pour n’importe nales (encadré page 4), et qui préfigure ture, fin 2010, de la convention Etat- quelle destination en Allemagne sans ce qui se passera en France. SNCF, toujours en vigueur. supplément de prix. A noter que, d’après la commission, ce ne sont pas 10 000 emplois qui seront créés dans le transport routier, comme Les solutions de fond l’affirme M. Macron, mais 22 000 ! La FNAUT est favorable à la concurrence entre opérateurs d’un même mode de trans- Le PS n’a rien compris port, mais hostile à la concurrence entre modes (FNAUT Infos 224, 231). La SNCF doit s’atteler à son problème de productivité pour pouvoir baisser les prix proposés L’ancienne ministre EELV Cécile Duflot au voyageur. Si elle l’avait fait au lieu de profiter de sa situation de monopole, l’idée du dévelop- ayant critiqué l’autocar, générateur de pement des lignes d’autocars serait aujourd’hui moins pertinente. Une ouverture encadrée à la gaz à effet de serre, le PS lui a répliqué : concurrence des services ferroviaires intérieurs (TER et Intercités) contribuerait à la maîtrise des « le car permettra à ceux qui vivent loin prix mais le gouvernement a préféré ignorer cette possibilité par crainte des syndicats cheminots. de leur lieu de travail, faute de logements Une tarification sociale du train doit être mise en place. La carte Enfant Famille doit adaptés à leurs besoins, de s’y rendre être rétablie et son champ de validité élargi aux trains Intercités. plus facilement ». Une réaction stupide, Enfin le développement du transport ferroviaire, low cost ou non, doit être renforcé par puisque la loi Macron concerne les une augmentation du prix des modes concurrents, dont les utilisateurs n’assument pas, ou déplacements interurbains à moyenne imparfaitement, les coûts externes : la taxation du diesel doit augmenter, et le kérosène et longue distance, et non les déplace- consommé par les avions lors des vols court-courriers doit être taxé mais, ici encore, le ments quotidiens. gouvernement ignore le problème.

fnaut-infos n°234 - mai 2015 x 5 Gare TGV Lorraine : un président irresponsable Droit de retrait abusif Selon la loi, « le salarié confronté à La LGV Est Paris-Strasbourg-Alle- nonçant un financement pérenne de la gare un danger grave et imminent pour sa magne ne pouvant desservir directement à de Vandières par le produit d’une taxe ré- vie ou sa santé a le droit d’arrêter son la fois Nancy et Metz, un tracé médian à gionale sur les produits pétroliers s’étalant travail ». Ce « droit de retrait » n’impose mi-chemin des deux villes a donc été retenu sur plusieurs années. pas de préavis, n’est pas limité dans le après de multiples polémiques, suivant les L’opération devenait alors presque indo- temps et l’espace, et n’entraîne pas de recommandations de Philippe Essig, an- lore pour le contribuable lorrain, et Jean- retenue sur salaire. Mais il est souvent cien président de la SNCF. La LGV cou- Pierre Masseret, président PS du Conseil utilisé abusivement. pant la ligne nord-sud Metz-Nancy par- régional de Lorraine, put évoquer un lance- Le mardi 12 décembre 2014, en fin de courue quotidiennement par une centaine ment des travaux fin 2015. journée, un contrôleur en service sur de trains TER Métrolor, la gare d’intercon- un TER Rhône-Alpes a été agressé. Le nexion TGV/TER ne pouvait être placée, Un fiasco consternant lendemain, toute la journée, le réseau à l’évidence, qu’à l’intersection des deux TER de la région a été perturbé par lignes, donc à Vandières. Mais, fin 2014, Jean-Pierre Masseret, l’exercice du droit de retrait des autres Mais c’est finalement une gare, bapti- pourtant très favorable au projet, décida contrôleurs, et même des relations TGV sée halte, qui fut construite à moindres subitement, de manière totalement inat- ont été supprimées. frais à Louvigny, perdue au milieu des tendue et incompréhensible, d’organiser Le mercredi soir 28 janvier 2015, un champs à 10 km à l’est de Vandières, avec une consultation publique régionale. conducteur RATP du RER A, descendu l’arrière-pensée d’un hypothétique bar- Une première lettre de la FNAUT Lor- de sa cabine pour réarmer un signal reau à grande vitesse Metz-Nancy pas- raine l’invita sans succès à abandonner cette d’alarme, a été agressé par un voya- sant par Louvigny. procédure très lourde, risquée et d’autant geur dont la main avait été coincée lors plus incompréhensible que tous les indica- de la fermeture d’une porte et qui lui a La bataille pour Vandières teurs étaient « au vert ». donné un « coup de boule » avant de Une campagne bâclée s’engagea alors, s’enfuir. Le caractère provisoire de Louvigny était pendant laquelle s’étalèrent les procès d’in- L’AUT Ile-de-France a condamné fer- tellement reconnu que 22 millions d’euros tention et les arguments fallacieux et politi- mement cet acte inadmissible, mais furent injectés dans des mesures conserva- ciens des opposants à la gare de Vandières. elle a cependant estimé que le droit toires sur le site de Vandières. Puis les pro- Les conditions du vote furent déplorables de retrait exercé par l’ensemble des cédures administratives et démocratiques (un seul bureau de vote, par exemple, pour conducteurs, toute la journée du len- relatives à la construction de la gare TGV toute la ville de Nancy) et une population demain, était une réponse inadaptée, de Vandières furent diligentées dès 2008. désinformée et indifférente. assimilable à une grève surprise. A cette occasion, la FNAUT Lorraine Avec plus de 90 % d’abstention, le « Une telle agression, si inacceptable effectua un gros travail de pédagogie et de « non à Vandières » fut légèrement ma- soit elle, ne peut justifier la paralysie lobbying et put présenter au commissaire joritaire. Des maires hostiles au projet, totale et sans préavis de la ligne RER A. enquêteur un plaidoyer pour la gare de Van- par exemple à Nancy et à Epinal, furent Plus d’un million de voyageurs s’est dières et un recueil de quelque 140 délibéra- désavoués par leurs administrés, qui retrouvé ainsi pénalisé ». Un exemple tions de municipalités favorables au projet, votèrent « oui ». parmi beaucoup d’autres : 50 candidats représentant plus de 600 000 administrés Dans une deuxième lettre, la FNAUT à l’agrégation sont arrivés en retard à des 4 départements lorrains, de Thionville à invita Jean-Pierre Masseret à ménager leurs épreuves ; éliminés d’office, ils ont Saint Dié et de Bar-le-Duc à Epinal. une « issue de secours » en soulignant perdu une année de travail. La commission d’enquête rendit un la non-signification flagrante d’un vote L’AUT a donc appelé à l’arrêt immé- avis favorable au projet, sans restriction. que personne n’avait réclamé, pas même diat « de ce mouvement disproportion- Le Conseil d’Etat rejeta les recours dépo- l’opposition de droite, et qui n’était né qui dessert la cause des grévistes et sés par des opposants et stipula dans ses qu’une « consultation » dont le résultat du transport public régional ». attendus que la gare TGV Lorraine serait ne devait avoir aucun caractère déci- L’AUT a réclamé également « un en- implantée à Vandières, celle de Louvigny sionnel. cadrement plus strict des conditions n’étant qu’une gare provisoire. La déclara- Au cours d’une session extraordi- d’exercice du droit de retrait. Ce droit tion d’utilité publique fut finalement signée naire du Conseil régional, le président doit pouvoir protéger l’ensemble des par le ministre des transports en 2011. a « tué » Vandières dès sa première salariés face à un danger réel et immé- phrase : « Vandières ne se fera pas sous diat, mais son détournement à des fins Déblocage du dossier notre mandature ». Presque aucun débat, corporatistes corrompt totalement son l’opposition (un comble !) répétant sou- usage et contribue à rendre ce type de Christian Eckert, actuel secrétaire d’Etat vent « pourquoi n’avez vous pas activé la mouvement impopulaire ». au budget, a levé le dernier obstacle en an- réalisation du projet ? » Alors que le secrétaire d’État aux Dans une troisième lettre, la Transports Alain Vidalies et le pré- FNAUT a demandé qu’un vote des sident de la RATP Pierre Mongin ont conseillers régionaux soit organisé. estimé que la réaction des conducteurs Moselle Ainsi un projet majeur, était inappropriée, Jean-Paul Huchon, structurant pour la Lorraine président PS du Conseil régional d’Ile- et engageant l’avenir pour des de-France, a soutenu les conducteurs décennies, pourrait être aban- et n’a pas eu un mot pour déplorer les Vandières A 31 Louvigny donné si près du but, après désagréments subis par les usagers. LGV une gestion calamiteuse, voire Actuellement, le champ du droit de TER désinvolte du dossier dans retrait, tel que l’a défini la chambre sa phase terminale par un sociale de la Cour de cassation, est « grand » élu irresponsable ! une région. Un encadrement législatif Meurthe-et-Moselle Claude Pierre dit Barrois, pourrait le limiter à la ligne concernée président de la FNAUT Lorraine z et à une durée d’une heure.

6 x fnaut-infos n°234 - mai 2015 MAL DIT Brèves 7 Marine Le Pen, présidente du Front National : « c’est dans le progrès techno- BrèvesUne ville vertueuse Service public routier logique que l’on trouvera des solutions ; d’ici dix ans, le débat sur la pollution des A Berne et dans d’autres villes suisses, En raison d’une chute de neige intense automobiles ne sera peut-être qu’un vieux on ne s’est pas contenté d’aménagements (60 cm), deux autocars de la ligne Montlu- souvenir ». cyclables et de transports publics de qua- çon-Ussel n’ont pu se croiser sur une route des lité : les bureaux et les centres commer- Combrailles creusoises un dimanche de janvier Emissions de CO2 ciaux sont concentrés autour des gares, en fin d’après-midi. Comme l’explique le quo- le nombre de places de stationnement tidien La Montagne, « le bus pour Montluçon Les émissions moyennes de CO2 des voi- central a été réduit drastiquement et le a été remis sur les rails » grâce à des employés tures neuves ont été de 127 g/km en 2013 transit à travers le centre est impossible communaux, d’un agriculteur et d’un boucher. selon l’Agence Européenne de l’Energie en voiture. Le conducteur du car pour Ussel a refusé de re- (- 4 % par rapport à 2012). Mais la consom- prendre le volant en raison de l’état de la route. mation réelle de carburant est supérieure de Le bruit en Europe Faute de taxis disponibles, les 7 voyageurs blo- 23 % à celle qui est affichée par les construc- qués ont été recueillis pour la nuit au château teurs. Les mesures officielles d’émissions de Un quart des Européens, soit 125 mil- de La Mothe, le boucher leur a improvisé un CO2 sont trompeuses, elles sont sous-esti- lions d’habitants, est exposé à des bruits repas ; ils ont pu gagner Ussel le lendemain. mées car le cycle d’essai NEDC, conçu dans supérieurs aux recommandations ou aux les années 1970, est obsolète. Par ailleurs, les limites légales. Les trafics routier (voi- Bon à savoir constructeurs manipulent les tests d’homo- tures, motos, camions), ferré et aérien logation : surgonflage des pneus, lubrifiants sont la principale cause des nuisances l 127 millions de personnes auraient pu être spéciaux, débranchement des accessoires sonores. Ils gênent 70 millions de per- nourries en 2008 grâce à la surface cultivée électriques... ils font tout pour réduire le sonnes et vont jusqu’à perturber le som- pour alimenter les voitures européennes en poids du véhicule ou améliorer artificielle- meil de 20 millions d’entre elles. 50 % des biocarburants (Oxfam). ment son aérodynamique pendant les tests Européens se disent gênés par le bruit l Le parking de 440 places construit pour (Réseau Action Climat). insupportable du trafic routier. 15 millions d’euros sous le grand stade de Gre- L’Agence Européenne de l’Environne- noble est presqu’inutilisé. Recette en 2013 : Chronique du ment s’inquiète de ces chiffres dans son 75 000 euros. développement durable dernier rapport « Le Bruit en Europe l D’après un sondage Inrix-Le Figaro de 2014 ». Elle évalue l’impact sanitaire du mars 2014, un Français passe en moyenne 7 La revue Nature du 28-08-2014 a publié bruit à 10 000 décès prématurés chaque 35 heures par an dans les bouchons ; un une étude d’une équipe internationale année, à 43 000 admissions dans les Parisien 55 heures. de chercheurs qui a recensé les projets hôpitaux et 900 000 cas d’hypertension l A Oslo, les voitures électriques, autorisées à routiers sur l’ensemble de la planète : d’ici (source : Goodplanet.info). circuler dans les couloirs réservés aux bus, pro- 2050, il est prévu de construire 25 millions voquent un ralentissement des bus. de km de routes nouvelles, soit 600 fois le tour de la Terre (il existe déjà environ 40 mil- BIEN DIT lions de km de routes). Les projets sont liés à l’exploitation des ressources naturelles 4 Alain Jund, adjoint EELV au maire de et aux échanges commerciaux, 90 % sont Strasbourg, craint un retour de balancier localisés dans les pays en voie de dévelop- dans la politique des transports en ville : « pement (source : Pierre Le Hir, Le Monde du la voiture est une espèce invasive qui est en 27 août 2014). train de reprendre la place qu’elle occupait il 7 Roissy, avec 62 millions de passagers en y a quelques années, qu’il s’agisse des voies de 2013, est le 2ème aéroport européen der- circulation ou des places de stationnement ». rière Londres-Heathrow, et le 8ème dans 4 Martin Wolf, éditorialiste au Financial le monde. Près de 700 000 personnes sont Times : « un prix du pétrole en baisse risque impactées par le bruit. Avec 160 vols quo- de pousser les économies à augmenter leur tidiens en moyenne entre 22h et 6h, Roissy consommation de carbone et à négliger leur Démontage est le premier aéroport européen en trafic efficacité énergétique. Tout gouvernement nocturne. perspicace devrait saisir l’occasion pour Selon 20 Minutes-Lille, certains automobi- augmenter les taxes sur le pétrole ou en tout listes, lassés d’attendre l’ouverture des barrières Charabia de colloque cas supprimer les subventions à la consom- de passages à niveau, décident de les démonter mation, synonymes de gaspillage. Mais ce pour pouvoir passer. Il fallait lire : contourner. Il est temps de faire de la métropole une genre de gouvernement est assez rare ». institution agile, créative, solidaire et du- 4 Jacques Ottaviani, président de Train perdu rable. Les métropoles doivent participer au l’APNB et membre du Conseil national développement des écosystèmes d’innova- de la FNAUT : « Dans quelle Europe Un train perdu dans le désert il y a 8 ans a tion. Il convient donc de développer en prio- vivons-nous ? Les frontières sont transpa- été retrouvé par la société des chemins de fer rité une analyse sociologique des processus rentes pour les automobilistes, mais sont égyptiens. Les rails avaient été volés sur plus de d’adoption des altermobilités, de question- devenues, à l’exception de l’Alsace, imper- 100 km entre l’oasis de Dakhla et Louxor. ner la norme automobile et de s’interroger méables pour les voyageurs ferroviaires s’ils sur la possible émergence d’une nouvelle n’ont pas droit au TGV ». Une bonne initiative norme de déplacements automobiles. 4 Pierre Radanne, président de l’associa- Soyez moderne, ne dites plus exploitant tion 4D : « nous avons la bêtise d’acheter La direction marketing de la SNCB, la mais opérateur, recettes mais revenu, coût un véhicule qui roule en moyenne moins de SNCF belge, a invité un jeune couple à utiliser net mais net cost, contrat mais franchise, 300 heures par an ; les voitures, toujours plus le train, en lui précisant la gare la plus proche de ligne mais route. puissantes, ont doublé de poids depuis 1980 ». son domicile, une gare... fermée en 1993.

fnaut-infos n°234 - mai 2015 x 7 Nouvelles des régions Nouvelles de la FNAUT Un nouveau président TER Alsace : une amplitude C’est aujourd’hui, avec la saturation Régionshoraire à élargir de la ligne 1 de tram, le principal point Lors de l’assemblée générale de la FNAUT noir du réseau nantais. La maire PS de qui s’est tenue le 11 avril 2015, Bruno Ga- La diversification des horaires de tra- Nantes, Johanna Rolland, a annoncé le zeau a été élu président de notre fédéra- vail et l’évolution progressive des modes lancement d’études. Selon l’exploitant, tion. Il succède à Jean Sivardière, qui était de vie augmentent les besoins de dépla- « on ne peut plus renforcer la fréquence, président depuis 1992 et qui conservera un cement en dehors des heures de pointe déjà maximale aux heures de pointe, rôle actif en tant que vice-président, respon- traditionnelles. l’idée est d’intégrer des bus longs de 24 m sable de la publication de FNAUT Infos. De nombreux salariés, travaillant tôt au lieu de 18 m. Les quais le permettent. Bruno Gazeau était déjà conseiller du ou rentrant tard le soir après 20 heures, Une décision sera sûrement prise par bureau depuis un an. Ancien professionnel se heurtent à des offres de transports pu- les élus fin 2015 ». Pour la CFDT, « des très expérimenté des transports, il connait blics inadaptées à leurs besoins. Ils sont bus de 24 m ne répondront pas aux be- parfaitement ce secteur complexe, qu’il donc contraints à l’usage quotidien de la soins, qui continuent d’augmenter, la s’agisse de ses aspects techniques, insti- voiture individuelle. solution idéale est un tramway », une tutionnels ou sociaux. Mais la raison prin- Par ailleurs, les réunions profession- option recommandée initialement par cipale pour laquelle il a été choisi par le nelles et associatives se tiennent souvent la FNAUT mais écartée par les élus, qui bureau est qu’il a toujours été, au cours de en fin d’après-midi ou en début de soirée, se contentent d’envisager l’achat de bus sa carrière, très attentif au sort quotidien et le soir est propice aux activités sociales, électriques. Les usagers du Busway n’ont des usagers des transports publics et très culturelles ou récréatives. pas fini de souffrir... conscient de l’impact environnemental Un élargissement de l’amplitude ho- Jean-Bernard Lugadet, ANDE, Nantes z des transports. Sous sa direction, la FNAUT raire des dessertes des principales lignes poursuivra son travail collégial au service TER est donc nécessaire en Alsace, région Strasbourg : les points de vente des usagers et de la collectivité. dont la densité de population, proche de SNCF disparaissent celle du Pays de Bade, est particulière- Activités récentes ment élevée. A l’instar des pays voisins, Depuis 2012, la SNCF ne cesse de il nous paraît hautement souhaitable de supprimer des points de vente de bil- l Marc Debrincat représente la FNAUT au mettre en service en Alsace des TER lets et d’abonnements dans l’agglomé- sein du comité mis en place par la Di- jusqu’à 23 h voire même, sur certaines ration strasbourgeoise : dans une galerie rection des services de transport de la lignes, jusque vers minuit, du moins dans marchande de Mundolsheim, dans des DGITM pour étudier les phénomènes de la nuit du samedi au dimanche. hypermarchés de Strasbourg, Illkirch, fraude et les dispositifs mis en oeuvre Apparue ces dernières années sur plu- Schiltigheim, Hautepierre... Ces points pour les enrayer. sieurs lignes (notamment celles de Stras- de vente ont comme caractéristique com- l Christian Broucaret a rencontré Jean bourg vers , , Mol- mune d’être implantés depuis des décen- Auroux, ancien ministre des transports sheim), l’alternative de l’autocar, certes nies à proximité de quartiers et de com- nommé par la SNCF comme facilitateur moins coûteuse, est une fausse bonne munes densément peuplés. des dessertes TGV et Intercités futures sur idée. La durée du trajet est nettement Ces fermetures ont entraîné l’allonge- l’axe Paris-Bordeaux. plus longue : 50 min de Strasbourg à ment des queues aux guichets subsistants, l Une lettre ouverte a été adressée par la Haguenau, avec un arrêt à Bischwiller, déjà souvent trop longues, et l’obligation FNAUT au Premier ministre pour lui de- contre 22-24 min en TER. En outre, le pour les habitants de se rendre désormais mander un encadrement par voie légis- confort n’est pas le même que celui d’un dans les points de vente du centre-ville ou lative de l’exercice du droit de retrait des TER, et la lisibilité des horaires et la lo- à la gare centrale soit, même avec un ren- agents des entreprises de transport public calisation des points d’arrêt laissent trop dez-vous, un aller-retour d’une heure... (voir page 6). souvent à désirer. pour acheter un billet qui permet, par l Avec une délégation de la Fédération En définitive, la mise en place de exemple, d’aller à Paris en deux heures ! Européenne des Voyageurs, Marc Debrin- quelques TER de soirée est un moyen Beaucoup de voyageurs recherchent, cat a rencontré Jocelyn Fajardo, conseiller de fidéliser les voyageurs, d’en attirer en plus du seul billet, un conseil ou des de Violeta Bulc, commissaire européenne de nouveaux, d’étendre le réflexe TER à informations que seul un vendeur com- aux transports, à propos de la protection un nombre non négligeable d’habitants pétent peut donner. Le contact avec un des droits des voyageurs. qui ont complètement perdu l’idée d’un vendeur permet aussi d’éviter l’usage du l François Poupard, directeur de la DGITM, déplacement par train. Il suffit d’aller de logiciel voyages-.com, complexe, peu est intervenu au nom d’Alain Vidalies, se- l’autre côté du Rhin pour observer com- souple et souvent inaccessible à nos aînés crétaire d’Etat aux Transports, lors de l’as- bien le train régional de soirée est devenu et à ceux qui ne maîtrisent pas la langue semblée générale 2015 de la FNAUT pour attractif, en semaine comme en fin de française ou l’informatique. présenter la politique des transports du semaine, pour des motifs de déplacement Cette dépersonnalisation freine l’usage gouvernement. extrêmement variés. du transport public : les décisions de la Patrice Paul, FNAUT Alsace z SNCF sont à contre-courant de la de- fnaut infos- Bulletin mensuel d’information mande croissante de services de proxi- Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°234 Nantes : BHNS, bétaillère mité. La SNCF n’a examiné aucune ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. à haut niveau de service solution de mutualisation avec d’autres Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers opérateurs de transport, comme Réseau Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d Lancée fin 2006, la ligne 4 du busway de 67 et la CTS, guère plus brillants sur la Prix au numéro : 2 d Nantes transportait alors 17 000 voyageurs proximité, ou d’utilisation des possibili- Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT par jour ; elle en transporte aujourd’hui tés positives qu’offre la révolution numé- de votre région, contacter notre permanence : 36 000. Aux heures de pointe, les usagers rique tant invoquée, comme des guichets 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris s’entassent sur les quais et à l’intérieur des interactifs que nos voisins allemands ont tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] véhicules, devenus des bétaillères selon su mettre en place. Internet : http://www.fnaut.fr une habituée citée par Ouest France. François Giordani, président, ASTUS z CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°234 - mai 2015 n°235 infos juin 2015 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Le rapport Duron sur l’avenir des trains Intercités

Nouveaux enjeux

Le transport public a vécu ses « trente glorieuses » avec la Loi d’Orientation des Transports Intérieurs de 1982, le versement transport, la loi Sapin définissant la déléga- tion de service public. Un élan fantastique a été donné aux réseaux urbains, au tramway, au TGV et au TER. Mais récemment, outre la crise écono- mique, une série de mauvais coups a été portée au transport public : hausse du taux de TVA, abandon de l’écotaxe, début de ré- duction de l’offre, retour de la voiture dans les centres-villes, priorité affichée à la voiture électrique, réintroduction de la route dans les contrats de plan Etat-Régions. Viaduc de Bramafan (photo : Marc Debrincat) Le Grenelle de l’environnement n’est qu’un souvenir, la conférence environnementale ou- blie le transport public, l’Union Européenne se La FNAUT, qui bataille depuis des années pour obtenir le maintien et le recentre sur l’économie et délaisse l’écologie. développement de l’offre ferroviaire Intercités, attendait avec inquiétude La prise en compte des externalités (pollution le rapport de la commission présidée par le député PS Philippe Duron. Ce de l’air, bruit, accidents, congestion) est repous- rapport ne mérite pas les critiques excessives émises, en particulier, par sée sinon abandonnée. tous les conservateurs irrités par la perspective pourtant lointaine d’une Le transport public va par ailleurs connaître mise en concurrence de la SNCF avec d’autres exploitants ferroviaires. Il un bouleversement avec la réorganisation des écarte en effet le scénario régressif défendu par la SNCF et Bercy, qui fai- compétences des collectivités, l’émergence sait totalement l’impasse sur les besoins des voyageurs et de l’aménage- des métropoles et des 13 Régions, la réforme ment du territoire. Pour autant, le rapport Duron est très loin de répondre ferroviaire, la libéralisation du transport par aux attentes de la FNAUT, qui réclame au gouvernement un moratoire sur autocar, le développement accéléré du covoi- toutes les suppressions de services préconisées par le rapport. turage et de la voiture en libre service. Pour autant, la demande de mobilité et de Des trains mal-aimés De cette commission, la FNAUT at- transport public ne cesse d’augmenter et de tendait d’abord une reconnaissance expli- se diversifier, tout en se focalisant sur la qualité. Souvent définis comme n’étant ni des cite de l’importance des trains Intercités, Quels sont alors les enjeux pour la FNAUT ? TER ni des TGV, les trains Intercités et celle de la mauvaise qualité de l’offre - les moyens financiers ; sont le « parent pauvre » de l’offre ferro- actuelle, dont la SNCF et l’Etat sont - l’optimisation de la concurrence intermo- viaire : une situation que la FNAUT et ses responsables et qui explique la faible fré- dale (la FNAUT est favorable à la concurrence associations dénoncent depuis longtemps quentation de certains services. entre opérateurs mais non à la concurrence (FNAUT Infos 228). Les offres TGV et TER sont loin de entre les modes) ; Fin 2010, comme elle l’avait réclamé, couvrir tous les besoins des voyageurs. Les - l’avenir du système ferroviaire. l’Etat s’est déclaré autorité organisatrice des trains Intercités sont indispensables pour Comment passer d’un réseau ferré maillé trains Intercités, alors baptisés trains d’équi- assurer la desserte des villes moyennes, hérité du 19ème siècle à un réseau structurant libre du territoire (TET). Il a mis en place y compris celles qui sont situées sur des du 21ème siècle, conjuguant massification du un mécanisme de financement soi-disant axes Paris-province équipés d’une ligne à trafic et offre de transport de bout-en-bout ? intermodal, comprenant une participation grande vitesse, et des axes transversaux. Comment se confronter à des restructurations, marginale des sociétés autoroutières (réduite L’offre Intercités doit donc être un outil des fermetures de lignes, des hausses tarifaires de moitié depuis 2012) et reposant essentiel- essentiel de l’aménagement du territoire. traduisant les coûts réels ? Comment définir les lement sur un prélèvement sur la SNCF. Quant à la dégradation voulue de modes les plus pertinents au regard de l’utilité Mais l’Etat n’a pas résisté aux pressions de l’offre Intercités, elle est évidente : fré- pour le voyageur et la collectivité ? la SNCF, et l’offre s’est contractée d’environ quences dissuasives, horaires et cor- Je veux rendre ici un hommage appuyé à 10 % en 4 ans, à l’inverse de l’évolution espé- respondances inadaptés aux besoins, Jean Sivardière, président pendant 23 ans, qui rée. Quant au déficit d’exploitation, il est pas- services à bord déficients, information a donné à la FNAUT son élan, sa crédibilité et sé de 200 à 340 millions. Face à cette situa- privilégiant l’usage du TGV, pannes de son rayonnement. tion intenable, le gouvernement a demandé à matériel, ralentissements liés au vieillis- Bruno Gazeau z la commission Duron de revoir le problème. sement des infrastructures.

fnaut-infos n°235 - juin 2015 x 1 Le rapport Duron sur les trains Intercités Les critiques de la FNAUT La commission Duron a fait un tra- Malgré ses erreurs (voir encadré), le ou transférer sur route. Mais ce scénario vail sérieux, mais certaines de ses re- Dossierrapport constitue presque une bonne sur- régressif a heureusement été écarté par la commandations de « rationalisation » prise, tant on pouvait craindre qu’il ne commission Duron qui, sur de nombreux de l’offre sont discutables et d’autres préconise une disparition rapide et mas- points, n’a pas hésité à prendre le contre- ne sont pas acceptables. La FNAUT sive des trains Intercités sous la pression pied de la SNCF. constate qu’elle a manqué d’ambition des « financiers ». L’Asssociation des Ré- et n’a pas évité le déclinisme : gions de France et l’Association Villes de Une approche moins négative - contrairement aux souhaits de la France (villes moyennes) redoutaient ainsi FNAUT (FNAUT Infos 180), la commis- « un scénario noir de démembrement du Tout en respectant l’objectif de court sion s’est bornée à étudier une par une réseau Intercités ». terme, fixé par le gouvernement, d’une les liaisons Intercités existantes pour réduction forte et rapide du déficit, la voir comment on pouvait en réduire le Un déficit artificiel commission Duron, comme le souhaitait déficit, et n’a pas proposé de reconsti- la FNAUT, a su reconnaître : tuer un réseau national cohérent Inter- La FNAUT a toujours combattu l’ap- - que les Français sont attachés aux cités, couvrant l’ensemble du territoire proche purement financière de la SNCF, services Intercités malgré une exaspéra- et clairement identifiable par les voya- du ministère des Finances et de la Cour tion face à leur forte dégradation et au geurs (comprenant par exemple une des Comptes. En effet, le déficit des trains vieillissement du matériel roulant (dont liaison Metz-Nancy-Dijon-Lyon) ; Intercités est un phénomène artificiel, et la moyenne d’âge est de 35 ans) et des - elle n’a pas cité l’exemple de la non une fatalité intrinsèque. infrastructures (en 2014, 31 millions de Deutsche Bahn, qui a décidé d’augmen- Contrairement à ce qui est souvent voyageurs ont utilisés les Intercités, et 100 ter peu à peu son offre Intercités de 25 % affirmé, le taux moyen de remplissage les TGV hors trafic international) ; (en trains.km) d’ici 2030 pour contrer de ces trains, proche de 50 % comme - que les services Intercités jouent un la concurrence des services d’autocars en Allemagne ou en Suisse, est correct, rôle indispensable dans l’aménagement et en attend une hausse de 36 % de sa mais il pourrait sensiblement augmen- du territoire, une offre routière (autocar clientèle (en voyageurs.km). ter, car sur bien des lignes l’offre est longue distance) ne pouvant en être qu’un La FNAUT regrette que, malgré une très médiocre et les efforts de promo- complément ; volonté affichée de desservir les villes tion commerciale de la SNCF sont qua- - que la gouvernance de l’Etat a été dé- moyennes, la commission n’ait pas pro- si-inexistants. A ces défauts de l’offre ficiente et que le gouvernement doit au- posé de maintenir la desserte de villes s’ajoutent les coûts très élevés de pro- jourd’hui définir une politique ferroviaire intermédiaires, telles qu’Arles ou Sète, duction de la SNCF : leur dérive rapide et s’en donner les moyens ; situées sur les principales radiales et la ne pourra être enrayée, tout le monde le - que certaines lignes Intercités ont un transversale sud ; et qu’elle ait proposé sait, que par une mise en concurrence de potentiel important de développement si des suppressions de parcours termi- la SNCF avec d’autres exploitants. on leur accorde davantage d’attention et naux peu ou soi-disant peu fréquentés. Enfin les conditions de concurrence de moyens financiers ; La commission n’a apprécié correcte- du rail avec les autres modes de trans- - que, sur ces lignes, la priorité doit être ment ni la contrainte qui serait imposée port contribuent à la désaffection des donnée à la fréquence des dessertes, à la aux voyageurs par la multiplication des trains Intercités : le réseau autoroutier qualité de service, à la souplesse de la com- correspondances ni la charge financière a été développé de manière exagérée, mercialisation (billet ouvert, donc sans ré- qui serait imposée aux régions pour l’automobiliste ne paie pas les coûts servation obligatoire, et yield management maintenir une offre satisfaisante. externes dont il est responsable, le trans- permettant d’optimiser le remplissage des Enfin elle a proposé de nombreuses port aérien est subventionné, le covoitu- trains, donc les recettes, tout en offrant des réductions de fréquences qui ren- rage n’est pas fiscalisé,... petits prix), au marketing... plutôt qu’à la dront le train encore moins attractif, et seule vitesse. condamné bien trop vite les services Le scénario SNCF-Bercy les plus déficitaires, diurnes (Caen- Des propositions de relance Tours, Lyon-Bordeaux, Clermont-Bé- En 2005 déjà, la SNCF, présidée par ziers) et nocturnes (4 trains de nuit sur Louis Gallois, avait cherché à se débar- Philippe Duron a noté que le cercle 8), dont la faible clientèle est d’abord rasser des trains Intercités - on parlait vicieux bien connu (dégradation de due à la médiocrité de l’offre. Elle alors des trains Corail - qu’elle avait l’offre, chute des recettes, déficit aggravé, n’a pas hésité à promouvoir le car et laissé péricliter, en les « refilant » aux réduction de l’offre...) qui a affecté les même l’avion pour des liaisons natio- régions : face à la levée de boucliers des trains Intercités est analogue à celui qui a nales (le cas de Bayonne-Toulouse élus et des usagers, le ministre UMP des conduit à la régression du fret ferroviaire. relève de la provocation) : une aberra- Transports Dominique Perben s’y était La commission a donc avancé des pro- tion écologique. finalement opposé mais sans s’intéresser positions de développement de plusieurs Or le train de nuit conserve toute sa à l’avenir de ces dessertes et rechercher liaisons telles que Bordeaux-Nantes pertinence malgré l’existence du TGV des solutions de fond. (ajout d’un 4ème aller-retour quoti- (FNAUT Infos 234). Remplacer certains La stratégie malthusienne de la SNCF dien et prolongement des circulations trains par des autocars, c’est prendre le n’a pas changé. Alors que son rôle était à Rennes et non à Quimper) et surtout risque réel de voir entre un tiers et la d’être une force de propositions positives, Nantes-Lyon que la SNCF destinait moitié des voyageurs se rabattre sur la elle n’a su envisager qu’une contraction de sommairement à l’autocar. voiture ou l’avion, d’où un bilan éner- l’offre : des suppressions de services (trains Rappelons qu’il y a quelques années, un gétique négatif. Selon la Commission de nuit en particulier), des réductions de 4ème AR Paris-Granville avait été intro- des Comptes Transport de la Nation, en fréquences, des raccourcissements d’iti- duit à la demande de la région Basse-Nor- cas de remplacement du train par l’au- néraires, des recours à l’autocar, ou bien mandie : contrairement aux prédictions de tocar, 36 % des voyageurs se reportent des transformations de services Intercités la SNCF, le déficit global d’exploitation sur la voiture, 25 % sur le TER, 11 % sur en services TER que les régions ne pour- avait alors diminué car l’offre avait alors le TGV, 5 % sur l’avion, et 23 % ne se raient financer et finiraient par réduire atteint un niveau plus attractif. déplacent plus.

2 x fnaut-infos n°235 - juin 2015 Ils ont dit Les propositions du rapport Le gouvernement doit revoir sa politique l Jacques Auxiette, président PS du Les liaisons Intercités structurantes à Conseil régional des Pays de la Loire : fort potentiel, à renforcer : La balle est aujourd’hui dans le camp « Ceux qui déterminent la politique des • Paris - Clermont-Ferrand du gouvernement, dont la FNAUT at- transports sont uniquement guidés par • Paris-Orléans-Tours tend une révision de sa politique : la volonté de ne plus mettre d’argent • Nantes-Lyon - un renforcement de son rôle d’auto- dans le système ferroviaire. Ceux qui • Paris-Limoges rité organisatrice des services Intercités, pilotent la convention des trains Inter- • Paris-Caen qu’il n’a pas assumé malgré l’adoption cités ne sont pas au ministère des Trans- • Bordeaux-Marseille de la convention Etat-SNCF signée le ports mais à Bercy, avec un seul objectif, • Paris-Amiens 13 décembre 2010 ; que ces trains ne soient financés ni par • Paris-Bourges - la mise au point rapide, avec la parti- la SNCF ni par l’Etat ». • Paris-Saint-Quentin cipation des usagers, d’un schéma natio- l Le GART « s’associe aux conclusions • Bordeaux-Nantes nal intermodal des services de transport du rapport quant aux efforts, jugés très prenant en compte les intérêts des voya- insuffisants, de l’opérateur historique Les liaisons « à ajuster à la marge » : geurs et de l’aménagement du territoire en matière de productivité des lignes • Paris-Rouen (desserte des villes moyennes) et exploi- Intercités. Le principe de la délégation • Rouen-Le Havre tant au mieux les qualités techniques et de service public, promu par la com- • Caen-Cherbourg écologiques du train ; ce schéma devra mission, est un premier pas vers une • Paris-Granville être soumis au Parlement ; meilleure efficacité, comme le transport - l’amélioration, avant la libéralisation urbain en apporte la preuve ». Les liaisons à maintenir mais « à adap- des services d’autocar, de l’offre Inter- l Dominique Bussereau, ancien mi- ter aux flux observés » (en clair, à alléger) : cités suivant les suggestions du rapport nistre UMP des Transports : « il y a comme • Amiens-Boulogne Duron et sans introduction de la réser- un arrière-plan décliniste dans ce rap- • Saint-Quentin - Maubeuge vation obligatoire ; port, qui est beaucoup trop pusillanime • Limoges-Brive-Toulouse - l’expérimentation, avant tout trans- sur l’ouverture des Intercités à d’autres • Troyes-Belfort fert sur route, de l’exploitation des opérateurs que la SNCF, alors qu’il s’agit trains Intercités dans le cadre de délé- d’une solution majeure ». Les liaisons fréquentées mais « pour gations de service public afin d’obtenir l Fabienne Keller, sénatrice UMP lesquelles existe (selon la commission) une réduction des coûts d’exploitation ; du Bas-Rhin, secrétaire nationale de une offre alternative TGV ou TER » : rappelons qu’une telle ouverture à la l’UMP aux transports et à l’environ- • Toulouse-Cerbère concurrence n’aurait rien à voir avec la nement : « à long terme, c’est une ab- • Quimper-Nantes « privatisation » redoutée des syndicats surdité de rebasculer le trafic ferro- • Bordeaux-Toulouse et Marseille-Nice cheminots, puisque c’est l’Etat, autorité viaire sur la route, il faut se donner les • Saint-Quentin - Cambrai organisatrice, qui fixerait la consistance moyens de réinvestir sur le rail, mais • Vierzon-Montluçon des services et la tarification ; la France paie ici le prix de l’abandon - la pérennisation d’un finance- de l’écotaxe ». Les liaisons très peu fréquentées de ment vraiment intermodal du déficit l Damien Alary, président PS du Conseil bout en bout, à supprimer car l’offre TER d’exploitation et du renouvellement régional du Languedoc - Roussillon : actuelle répond aux besoins : du matériel roulant (pour lequel un « c’est la vente à la découpe du service • Caen - Le Mans - Tours confort « grandes lignes » est indis- national des transports qui signifie la fin • Hirson-Charleville-Metz pensable et ne doit pas être limité à des grandes liaisons ferroviaires ». • Reims-Dijon quelques grands axes) ; ce financement l La CGT Cheminots : « c’est le parti • Bordeaux-Lyon par Limoges doit être basé sur une contribution des pris ultralibéral qui vise la poursuite autocaristes et une contribution accrue de la casse du service public SNCF ». Les liaisons à transformer en TER : des sociétés autoroutières ; Sud Rail : « la fracture territoriale sera • Clermont-Nîmes (le Cévenol) - l’accélération de la rénovation des accentuée». UNSA-ferroviaire : « une • Paris-Montargis-Cosne-Nevers infrastructures classiques dès la fin des logique purement comptable de ré- travaux sur les nouvelles LGV ; duction du déficit d’exploitation ». Les liaisons à transférer sur route (au- - enfin une correction des condi- l La Convergence Nationale Rail (voir tocars sur les autoroutes A64, A75, A89), tions de concurrence entre le rail et les FNAUT Infos 226) : « c’est le démantèle- « ce qui permettrait d’améliorer la qua- autres modes de transport, qui doivent ment du système ferroviaire, le train fou lité du service proposé tout en l’adaptant valoriser les qualités intrinsèques du de la libéralisation. Se profile ce à quoi aux flux constatés » : rail (sécurité, faible consommation les libéraux britanniques se réfèrent • Toulouse-Hendaye d’énergie, pollution marginale,...) et eux-mêmes, l’assouvissement de l’inté- • Clermont-Béziers (l’Aubrac) non le pénaliser comme c’est le cas au- rêt national aux intérêts atlantistes par • Bordeaux-Lyon par Brive jourd’hui ; le rail est un atout précieux le biais de futurs traités TAFTA/TISA ». pour demain face à la hausse inévitable l Denis Baupin, député EELV de Paris : Les trains de nuit à maintenir : du prix du pétrole. « un très mauvais signal au moment où • Paris-Briançon on parle de transition énergétique ». • Paris-Rodez La FNAUT veut un moratoire l Lorelei Limousin, chargée des • Paris-Toulouse-La Tour de Carol transports au Réseau Action Climat : La FNAUT réclame un moratoire sur « en invitant à privilégier l’avion low Les trains de nuit à supprimer « en les suppressions de services proposées cost sur certains trajets comme Bor- raison d’offres alternatives de bon par le rapport Duron dans l’attente du deaux-Lyon, Philippe Duron oublie niveau » : schéma national des services de trans- l’atout que représente le transport • Paris-Hendaye port qui, selon la loi du 4 août 2014 ferroviaire pour lutter contre les chan- • Nord/Est-Méditerranée portant réforme ferroviaire, doit être gements climatiques par rapport aux • Paris-Côte vermeille élaboré par le gouvernement puis adopté autres modes ». • Paris-Savoie par le Parlement.

fnaut-infos n°235 - juin 2015 x 3 Circulation des TGV et RER C La ligne nouvelle Marseille-Nice entre Massy et Valenton

Quelques élus et associations des rentabilité. La SNCF estime en effet On sait (FNAUT Infos 152 et 162) Alpes Maritimes relançant l’hypothèse indispensable de faire passer les TGV que le tronçon Massy-Valenton de d’une ligne nouvelle Marseille-Nice province-province par Toulon afin d’en la Grande ceinture parisienne sud évitant Toulon afin de réduire le temps assurer un remplissage correct et d’en ga- est utilisé à la fois par des TGV « dia- de parcours Paris-Nice par TGV, la rantir la rentabilité, un argument essen- métraux » (également appelés pro- FNAUT PACA et la FNAUT nationale tiel repris par le rapport Cousquer. vince-province ou passe-Paris) reliant ont réaffirmé l’importance d’un passage 3 - Si les TGV province-province, qui Lille, Strasbourg et Lyon d’une part, de cette ligne par Toulon. seront beaucoup plus nombreux à l’avenir, Le Havre, Rennes, Nantes et Bordeaux La FNAUT a approuvé le contenu de devaient continuer à emprunter la ligne d’autre part (une vingtaine par jour la première phase de travaux retenue par existante Toulon-Aubagne, cette ligne dans chaque sens) ; par des trains du l’Etat : traversée souterraine de Marseille, resterait saturée et le trafic TER ne pour- RER C (65 par jour) ; enfin par quelques quatrième voie entre Marseille et Aubagne, rait s’y développer comme le réclament trains de fret. ligne nouvelle entre Nice et Mougins. Elle les usagers et les élus. Les trains directs et Les difficultés de circulation des TGV approuve également la deuxième phase de caboteurs ayant des vitesses commerciales diamétraux ont deux origines : travaux concernant les sections Aubagne- très différentes, une séparation de ces tra- - à ses extrémités, la ligne comprend Toulon et Mougins - Est Var (nord de fics par la création d’une ligne dédiée aux deux raccordements à voie unique Saint-Raphaël). Par contre, elle s’oppose à trains directs Marseille-Toulon est mani- aux LGV encadrantes, qui constituent toute tentative de contournement de Tou- festement indispensable. des goulets d’étranglement ; lon pour les raisons suivantes. La FNAUT est par ailleurs opposée - les circulations TGV et RER C pré- 1 - Il est inconcevable qu’une agglomé- à une éventuelle priorité du tronçon sentent des cisaillements. ration de plus de 600 000 habitants ne soit Centre Est Var - Mougins de la ligne Les conflits qui en résultent entre pas reliée directement par TGV à Mar- nouvelle par rapport au tronçon Au- TGV d’une part, entre TGV et TER seille (1 500 000 habitants) et à la Côte bagne-Toulon. Si c’était le cas, les trains d’autre part, se traduisent, pour les d’Azur aussi peuplée. Un des objectifs desservant Nice seraient accélérés, mais TGV diamétraux, par un manque de de la ligne nouvelle est en effet le désen- il n’en résulterait aucune augmentation capacité de la ligne (2 sillons TGV par gorgement des autoroutes de la région, de trafic car le goulet d’étranglement heure et par sens seulement), des aujourd’hui saturées malgré leur récent Aubagne-Toulon subsisterait. contraintes sur les heures de passage, élargissement à 2 x 3 voies. En conclusion, le souci de la FNAUT est enfin par des ralentissements et des 2 - Si la ligne nouvelle contournait d’améliorer le fonctionnement des trains retards (il faut parfois 30 minutes à un Toulon, elle ne serait utilisée que par les de la vie quotidienne tout en assurant une TGV pour parcourir 19 km). TGV Paris-Nice, trop peu nombreux exploitation satisfaisante des trains à long Qaunt au RER C, il est impossible (une vingtaine par jour) pour assurer sa parcours : TGV, Intercités et TERGV. d’augmenter sa fréquence actuelle de 30 minutes entre Massy et Pont de Rungis, malgré une forte demande des Les LGV Bordeaux-Toulouse/Dax usagers, et d’assurer sa régularité. Une modernisation de la ligne, d’un La commission d’enquête sur le projet de low cost, de l’autocar et du covoiturage coût très raisonnable, est envisagée LGV Bordeaux-Toulouse/Dax vient de re- (FNAUT Infos 231). depuis 15 ans, mais elle n’a pas encore mettre un avis défavorable : elle a repris sans 3 - La rentabilité d’une LGV dépend abouti en raison de l’opposition des esprit critique les idées anti-TGV à la mode, crucialement des conditions de concur- riverains (qui a donné lieu à des su- sans vision à long terme sur la démographie rence entre le rail et les autres modes de renchères politiciennes, en particulier et l’économie des régions desservies (selon transport. Ces conditions, aujourd’hui dé- à Antony), des maladresses initiales l’INSEE, la population de Toulouse dépas- favorables au rail, peuvent être corrigées. de RFF et du manque de volonté du sera celle de Lyon en 2020) et les enjeux Les LGV prévues au sud de Bordeaux président de la région Ile-de-France, énergétique, climatique et européen. contribueront par ailleurs à la rentabilité pourtant directement intéressée. 1 - Les avantages écologiques du projet de la LGV Tours-Bordeaux. L’aménagement du secteur est a fi- ont été sous-estimés. Paris-Toulouse est le 4 - Une fois la LGV Tours-Bordeaux nalement été acté, mais les travaux ont marché aérien intérieur le plus important en service (2017), la ligne Paris-Orléans- été malheureusement interrompus (3 millions de passagers par an). La LGV Limoges-Toulouse (POLT) ne sera plus récemment par RFF faute de moyens Bordeaux-Toulouse limitera les nuisances compétitive avec la liaison TGV Paris- techniques et humains disponibles. subies par les riverains des aéroports de Paris Toulouse. Sa modernisation devra être Une enquête publique sur le projet et Toulouse, et évitera la construction d’un poursuivie, mais ses performances ne lui d’aménagement du secteur ouest est deuxième aéroport près de Toulouse. permettront pas de capter du trafic aérien en cours : la FNAUT (pour les TGV dia- Selon la commission, le bilan carbone de ou autoroutier Paris-Toulouse. métraux) et l’AUT Ile-de-France (pour la LGV Bordeaux-Toulouse sera « modes- Sauf à reconstruire la ligne existante Bor- le RER C) sont intervenues de manières tement positif ». C’est ignorer que les émis- deaux-Toulouse, on ne peut y porter la vi- complémentaires et ont remis un avis sions de carbone lors de sa construction tesse à 200 km/h, à des coûts raisonnables, très favorable, qu’il s’agisse du TGV ou seront compensées en moins de 10 ans grâce que sur deux tronçons rectilignes de 20 km du RER C, car il y a urgence. aux reports massifs de trafic aérien et routier et déjà parcourables à 160 km/h. Le gain Dans un proche avenir (2016-2017), sur le TGV (FNAUT Infos 214), et que la de temps serait marginal. Vouloir faire de les mises en service successives des LGV est construite pour des siècles. l’aménagement de cette ligne une alterna- LGV Est-2ème phase, BPL (Le Mans- 2 - Contrairement aux affirmations de la tive à la LGV est donc illusoire. Rennes) et SEA (Tours-Bordeaux) va commission, le TGV, qui transporte plus Quant à la LGV Captieux-Dax, complé- donner une attractivité supplémen- de 100 millions de voyageurs par an, n’at- tée ensuite par une branche sud Dax-Es- taire aux TGV diamétraux (la durée des tire pas qu’une clientèle aisée : les « petits pagne éligible à un financement européen, trajets Strasbourg-Bordeaux sera alors prix » proposés par la SNCF sont sou- elle peut seule offrir des liaisons rapides réduite de 1h20) et l’offre pourra se vent compétitifs avec les tarifs de l’avion entre Bordeaux ou Toulouse et l’Espagne. développer si elle est fiabilisée.

4 x fnaut-infos n°235 - juin 2015 Brèves Atouts énergétiques et écologiques du train

l Selon Stéphane Gicquel, secré- taire général de la FENVAC, fédération La transition énergétique passe inévita- représente 80,6% de la consommation nationale des victimes d’attentats et blement par un report modal massif de la d’énergie dans les transports, suivi du trans- d’accidents collectifs : « on ne peut pas route et l’aérien sur le rail. port aérien (12,6%) du transport maritime continuer à jouer avec la sécurité des En France, le secteur des transports et par voie navigable (5%) et du transport voyageurs. Il faut que la SNCF arrête de est, après le secteur résidentiel, celui qui ferroviaire (1,7%). considérer les accidents de passages à consomme le plus d’énergie (32 % de la En milieu urbain, la voiture consomme niveau comme un problème routier, c’est consommation totale, soit 50 milliards 2 fois plus que le bus et 4 fois plus que le un problème ferroviaire ». Autant affir- de Tep contre 26 en 1973) et de pétrole tramway. Sur les déplacements interur- mer que les platanes sont responsables (70 % de la consommation française bains, le train consomme 10 fois moins des accidents de la route. contre 30 % en 1973). que la voiture et 20 fois moins que l’avion. Les transports représentent 26 % des Pour le fret, il consomme 4 fois moins que l Selon Pascal Rifflart, vice-président émissions françaises de gaz à effet de serre le camion. d’Amiens Métropole : « le BHNS va nous et 36% des émissions de CO2, transport La répartition des trafics voyageurs est la coûter environ 100 millions d’euros pour international maritime ou aérien exclu. In- suivante (données de 2011). 42 kilomètres, dont 70 % seront en site vestir dans le transport collectif terrestre et Pour les déplacements de proximité propre ». Le tramway aurait coûté plus cher sur le réseau ferré répond donc à un double (moins de 80 km), le transport collec- à l’investissement mais le matériel roulant enjeu économique et environnemental. tif urbain assure 10 % du trafic chiffré en aurait eu une longévité double et, entiè- L’essentiel de l’énergie consommée dans voyageurs x km (7,5 % en Ile-de-France et rement en site propre comme un « vrai » les transports provient des dérivés du pé- 2,5 % dans les agglomérations de province), BHNS devrait l’être, le tramway aurait at- trole qui doit être importé (93 % contre 7 % le TER 3 % et la voiture 87 %. tiré une clientèle plus importante et son provenant du gaz liquéfié, des agrocarbu- Pour les déplacements à longue dis- exploitation aurait été moins coûteuse : rants et de l’électricité). tance, l’autocar (services occasionnels comme le disait Alfred Sauvy, « quand on Les transports sont donc en grande partie et réguliers) assure 8% du trafic, le train compte, il faut tout compter ». responsables du poids de la facture énergé- 23 % (le TGV 20 % et le train Intercités tique de notre pays, dont 82% est imputable 3 %), l’avion 12 % et la voiture 57 %. En l Ségolène Royal, ministre de l’Ecolo- au pétrole (soit 50 milliards d’euros contre nombre de voyages, les poids des diffé- gie, affirme que : « demander, du jour au 12 milliards pour le charbon et le gaz, sur rents modes sont respectivement de 2 %, lendemain, que l’on impose la circulation un total de 62 milliards). En 2011, 88% du 14 %, 1,5 % et 82,5 %. alternée à des gens qui habitent loin de déficit commercial de la France étaient dûs Pour le transport de fret, en tonnes x km, Paris, qui doivent amener leurs enfants aux importations de pétrole (Commissariat le poids du rail est de 9 %, celui de la voie à l’école, aller travailler, faire des dé- général au développement durable). d’eau de 3 %. Celui de la route est donc marches pour trouver du travail, ce n’est Le transport routier (voyageurs et fret) proche de 90 %. ni raisonnable ni respectueux ». Mais lais- ser les citadins respirer un air pollué sans intervenir pendant plusieurs jours pour Transferts sur route : un exemple instructif ne pas déplaire aux automobilistes, est- ce raisonnable et respectueux ? La liaison Saint-Brieuc - Pontivy a été n’est disponible sur le site) : « cette ligne de transférée sur route en 1987 pour la sec- car est gérée par la société Véolia », répond l C’est en jet privé que Nicolas Sar- tion Loudéac-Pontivy (23 km), puis le la SNCF quand on la questionne. kozy s’est rendu de Paris au Havre pour 31 août 2006 pour la section Loudéac Quant au site Région Bretagne, il un meeting. Un trajet en train (177 km) - Saint-Brieuc (49 km) : la ligne a alors donne bien un lien vers le site TER lui aurait pris 2h06. La voiture qui a em- été « provisoirement fermée » pour un an SNCF, mais aucun lien vers les lignes mené M. Sarkozy de l’aéroport du Havre pour permettre de supprimer un passage à régionales routières en délégation de ser- à la salle du meeting est arrivée de Paris niveau et de créer un pont ferroviaire sur vice public (le train c’est TER SNCF, la à vide. Il est vrai que l’environnement, ça une nouvelle voie express. route c’est Mappy + Michelin). En fait commence à bien faire. À la fin des travaux, le service voya- une fiche horaire de la ligne Saint-Brieuc geurs est resté routier, mais plus fréquent - Vannes s’y trouve, mais cachée et péri- l C’est en voiture que les sénateurs et avec de meilleures liaisons vers le sud mée depuis août 2013. se sont rendus du palais du Luxem- (13 AR par jour, dont 10 prolongés vers Sur le terrain, l’arrêt « Gare d’Uzel » bourg au Panthéon pour assister à la Lorient ou Vannes, au lieu de 3 AR fer- n’existe plus (il a été remplacé par un arrêt cérémonie d’accueil des résistants le roviaires limités à Pontivy autrefois). Le sur une aire de covoiturage). A Lorient, 27 mai (source : Libération) : 700 mètres trajet Saint-Brieuc - Pontivy dure environ le car ne dessert plus l’ancienne « Gare par la rue Médicis et la rue Soufflot, soit 1h15 comme antérieurement en train. A SNCF » mais une « Gare d’échanges » 10 minutes à pied, c’était un effort phy- noter que, victime de l’ancien découpage dont le voyageur occasionnel espère qu’elle sique insurmontable ? du réseau entre compagnies (PO/Etat) n’est pas trop éloignée de la gare SNCF. avec une gare « frontière » à Pontivy, cette Les « grandes » gares (Loudéac, Pontivy) l L’association Les Chevaliers du Ciel ligne n’a jamais connu de service ferro- ont encore une page descriptive sur le site offre des baptêmes de l’air à des enfants viaire complet nord-sud, ni même de cor- TER SNCF, bien que la SNCF ne les des- handicapés, malades ou défavorisés. respondance possible à Pontivy. serve plus, mais la rubrique « Fiche horaire » « Faire tomber les barrières de la diffé- A ce jour, la ligne n’est plus desservie par est vide alors qu’on peut trouver les pro- rence » : l’intention est bonne, mais cette la « SNCF sur route », mais par un auto- chaines heures de départ dans l’onglet « Pro- « belle aventure » vantée par Good Pla- cariste choisi par la Région Bretagne dans chains départs » ! Et on peut encore acheter net et Yann Arthus-Bertrand malgré le cadre d’une délégation directe de service un billet pour une « gare » de la ligne sur le son caractère anti-écologique mobilise à public. De ce fait, l’information voyageurs site Voyages-SNCF.com, pour combien de chaque étape de son tour de France les 6 s’est dégradée. temps ? et en espérant que le conducteur du avions de l’organisation et 22 avions de Dorénavant, le site TER SNCF ne car voudra bien l’accepter... l’Armée de l’Air. connait plus la ligne (aucune fiche horaire Gilles Laurent, UVN, Lille z

fnaut-infos n°235 - juin 2015 x 5 Pics de pollution Pastilles multicolores contre pollution de l’air et gratuité des transports

La nouvelle pastille automobile (7 cou- Les solutions de fond Comme on a pu le vérifier récem- leurs sont possibles...) introduite par Ségo- ment en Ile-de-France, la gratuité des lène Royal, ministre de l’Ecologie, peut L’introduction de la pastille peut transports publics, décrétée de manière être utile pour gérer les pics de pollution et avoir des effets pervers. Selon la mi- isolée lors des pics de pollution de l’air, accompagner la création des zones à trafic nistre en effet, les maires pourront a un impact négligeable sur le com- limité (ZTL). Mais ce n’est pas la solution accorder aux propriétaires de voitures portement des automobilistes. Elle a miracle : seul le développement de l’usage de peu polluantes des facilités de circula- par ailleurs l’inconvénient de leur faire la bicyclette, des transports collectifs et de tion et de stationnement. découvrir le transport collectif dans de l’autopartage permettra de réduire signifi- Pour réduire les nuisances de la voiture mauvaises conditions et n’a donc pas cativement la pollution urbaine. en ville, il n’y a rien à inventer : tout doit d’effet pédagogique. Comme prévu, l’annonce de la pastille a être fait pour encourager la marche et Les automobilistes, en temps normal, été vigoureusement critiquée par l’associa- l’usage du vélo et du transport collectif, dépensent déjà bien plus que s’ils uti- tion 40 millions d’automobilistes. Selon qui sont les vrais « transports propres » lisaient les transports publics, comme son président Daniel Quéro, « il faut sor- à la hauteur des enjeux. Cette démarche cela a été montré par Jean-Marie Beau- tir d’une grande école pour comprendre a fait ses preuves dans les pays voisins vais (FNAUT Infos 211 et 222). C’est la ce système de pastilles multicolores ; la comme dans les grandes villes françaises. raison pour laquelle, dans les villes où la conférence climat se rapproche et entraîne La FNAUT demande donc que l’Etat gratuité a été instaurée de manière per- le gouvernement dans une vraie guerre pousse les collectivités locales : manente, elle attire essentiellement des contre les automobilistes, il veut exclure - à faciliter les déplacements piétons et habitants non motorisés. des millions d’automobilistes modestes de cyclables en centre-ville au détriment de Inefficace, la gratuité lors des pics de la liberté de circuler ». la place occupée par la voiture ; pollution est aussi une mesure injuste. - à accélérer les bus (couloirs réservés, Elle coûte cher aux autorités organisa- Idées fausses priorités aux carrefours) pour attirer de trices de transports puisqu’elle exige nouveaux automobilistes ; un renforcement des services et lui fait A cette occasion, bien des idées fausses - à soutenir fortement le développe- perdre les recettes en provenance des concernant la pollution de l’air doivent ment de l’autopartage sous sa forme tra- usagers occasionnels. être rectifiées. ditionnelle, qui incite les citadins à se Ce sont finalement les usagers habi- - La création des zones à trafic limité démotoriser (FNAUT Infos 233) ; tuels qui en supportent le coût alors que, est utile pour protéger les citadins les - à introduire le péage urbain en appli- tout en payant leurs déplacements (y plus menacés par la pollution de l’air, cation du principe pollueur-payeur, qui compris la TVA au taux porté à 10 % par mais la formule est d’un intérêt limité n’est ni un racket ni une mesure anti-so- le gouvernement), ils n’ont contribué en car ce sont toutes les aires urbaines qui ciale, afin de financer les transports col- rien à l’apparition du pic de pollution. Où souffrent de ce phénomène très nocif lectifs et d’améliorer la mobilité des cita- est la logique ? pour la santé publique. dins les plus modestes. C’est à l’automobiliste pollueur de payer - La pollution de l’air affecte l’ensemble La FNAUT attend en particulier le les mesures de maîtrise de la pollution. Il du territoire et pas seulement les aires lancement par l’Etat du 4ème appel à est démagogique et anti-pédagogique de urbaines. Elle atteint un seuil critique en projets de transports urbains en site subventionner intégralement ses dépla- particulier les vallées alpines (Chamonix, propre prévu par le Grenelle de l’envi- cements lors des pics de pollution dont il Maurienne) encombrées de voitures et de ronnement, et l’abandon des grands pro- est en partie responsable. En période nor- camions, et mal ventilées. jets routiers en zones urbaines, généra- male, il est déjà largement subventionné - En l’état actuel de la technologie des teurs de trafics supplémentaires. par la collectivité puisqu’il ne paie que batteries (fabrication et recyclage) et de Si ces mesures fondamentales, occul- très partiellement ses coûts « externes » : la fabrication de l’électricité, la pénétra- tées dans le projet de loi sur la transi- congestion de la voirie, accidents, bruit et tion progressive de la voiture électrique tion énergétique, ne sont pas accentuées pollution de l’air, émissions de gaz à effet dans le parc automobile ne fait que dé- rapidement, l’objectif gouvernemental de serre (FNAUT Infos 188). localiser une partie de la pollution. La « des villes respirables dans cinq ans », voiture électrique reste polluante locale- basé uniquement sur des aménage- Une mesure alibi ment (l’usure des freins et des pneuma- ments mineurs de la mobilité automo- tiques provoque des émissions de parti- bile, restera illusoire. Enfin l’instauration de la gratuité des cules fines), encombrante et dangereuse, transports publics est perverse : elle donc tout aussi inadaptée à la ville que la l Lorelei Limousin, chargée des trans- peut servir à retarder un recours pour- voiture thermique. Sa vocation se limite ports au Réseau Action Climat (RAC) : tant urgent à la circulation alternée, au aux flottes captives effectuant des trajets « La focalisation sur la voiture électrique mépris de la santé publique. urbains courts et répétitifs. est excessive, il n’en était pas question Sans être la solution miracle, la circu- - Les encouragements fiscaux à l’achat dans les recommandations issues du dé- lation alternée est une mesure efficace (10 000 euros par véhicule !) et à l’usage bat national sur la transition énergétique. contre la pollution de l’air. Elle est bien de la voiture électrique sont ruineux Une évaluation des impacts de la voiture comprise des automobilistes et bien res- pour l’Etat et demeurent insuffisants électrique a été refusé par Mme Royal pectée : la qualifier de galère et de res- pour les ménages modestes désignés au motif que le réseau de bornes n’était triction des libertés est abusif. comme possesseurs des véhicules diesel pas assez développé pour qu’on puisse les La FNAUT demande donc que la circu- les plus polluants. En pratique, seuls les mesurer. On fonctionne à l’envers ». lation alternée soit instaurée systémati- ménages aisés en bénéficient et peuvent l Un internaute : « il faut arrêter avec quement (et pas seulement à Paris) dès s’offrir à la fois une voiture électrique cet oxymore de « voiture écologique » ; la qu’un risque sérieux de pic de pollution pour la ville et une berline thermique voiture électrique déplace juste la pollu- de l’air est détecté, et qu’elle ne soit pour les vacances. Cette politique fiscale tion : avant, après, ailleurs ; bref, elle n’a accompagnée d’aucune mesure de gra- est donc un gaspillage d’argent public. rien d’écologique ». tuité des transports publics.

6 x fnaut-infos n°235 - juin 2015 Mal dit Brèves 7 Frédéric Soulier, maire UMP de Brive : « La LGV Limoges-Poitiers ne sera pas BrèvesUn canular ? Non hélas... TGV ou train de nuit ? rentable ? Quel scoop ! J’en ai marre de cette notion de rentabilité. Avec des dis- Franck Proust, eurodéputé UMP-PPE Le 25 mai dernier, le train de nuit Cerbère- cours pareils, l’A89 n’aurait jamais été et premier adjont au maire de Nîmes, a été Strasbourg est resté bloqué toute la nuit à construite » (source : le Populaire). élu meilleur député européen de l’année le Montpellier suite à un incident technique. 7 Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, s’est 18 mars dernier, dans la catégorie Trans- Ce train est l’un de ceux que la commission félicitée « d’un an de travail efficace, créatif, ex- ports. L’ensemble des 751 eurodéputés Duron veut supprimer pour cause de doublon périmenté pour l’excellence environnemen- avait été invité à voter. avec le TGV de jour. Mais la commission n’a tale ». La FNAUT a surtout retenu l’abandon « C’est une grande fierté pour moi, ce MEP pas expliqué, en remettant son rapport le... de l’écotaxe et de multiples déclarations sur la Award récompense le travail effectué, depuis 26 mai, pour quelle raison les 300 passagers fiscalité écologique « punitive ». 4 ans, en faveur de transports utiles pour le que contenait le train bloqué à Montpellier développement de nos régions. Je pense no- avaient choisi le train de nuit et non le TGV. Bêtisier tamment à mon engagement en faveur de l’industrie automobile (rapport CARS 2020) 7 La fédération de Paris du FN : « c’est et de l’industrie aérospatiale. Je veux aussi par- la guerre dogmatiquement faite à l’auto- ler de mon combat à Bruxelles pour relancer mobile depuis des années qui aggrave la le tronçon manquant de LGV Montpellier- pollution parisienne ». Perpignan. Enfin, ce prix récompense la lutte 7 Mireille d’Ornano, conseillère muni- que j’ai menée en 2013 et 2014 pour sauver cipale FN de Grenoble : « la circulation à les aéroports régionaux (un aéroport sur deux 30 km/h garantit l’arrêt complet de toute accueille moins de 1 million de passagers vie économique en ville ». - NDLR) quand la Commission voulait ré- duire la marge de manoeuvre des collectivités Colloque branché pour soutenir leurs aéroports. La Commis- sion et son Président ont fini par entendre Le colloque permettra de croiser les sa- raison : j’ai remporté une grande victoire ! » Kangourou voirs académiques et les savoirs d’action Si on excepte la LGV, voilà un député bien et d’expérience. Un groupe de capitalisa- ignorant de l’impact écologique de la voiture Un TER Quimper-Nantes a percuté un tion écrira le mur du colloque dans l’espace et de l’avion. On s’étonne qu’il ait été distin- kangourou qui a été tué sur le coup. On ignore forum. Avec les membres de l’assemblée gué par les eurodéputés. d’où venait l’animal. Peu endommagé, le TER virtuelle, il réalisera une cartographie sé- est reparti avec 45 minutes de retard. Ce type mantique du processus de co-construction Notation d’incident est fréquent avec du gibier local. des diagnostics et préparera un caucus international permettant d’approfondir la Selon un sondage de l’Observatoire So- Lapins de garenne dynamique sociale et académique du col- ciété et Consommation réalisé en septembre loque : développement de la méthodologie 2014 auprès de 4000 personnes représen- Le tribunal administratif d’Orléans a condamné design, innovation sociale ouverte et ascen- tatives de la population des 18-70 ans, les la SNCF à dédommager un agriculteur d’Eure-et- dante, zoom sur l’aspect projet des living transports publics sont mal notés, soit parce Loir à hauteur de 661 euros : les lapins de garenne labs et ethnologie du vécu. qu’ils sont jugés insuffisants (en province) qui prolifèrent sur le talus de la LGV Paris-Le Le colloque devra déboucher sur la soit parce qu’ils sont saturés (en Ile-de- Mans ont dévasté ses champs de maïs (8 hectares) définition d’un continuum pluridiscipli- France) ; ils sont même le mode de déplace- et ont détruit sa récolte pour la troisième fois. naire d’interventions systémiques sur la ment le plus mal noté après le taxi. Les notes thématique de l’interface entre transition attribuées sur 10 aux différents modes de Moutons énergétique et ancrage territorial et sur transport sont les suivantes : covoiturage 7,8 la méthodologie d’un projet stratégique, (conducteur) ou 7,9 (passager) ; voiture 7,6 ; Les CFF ont recruté 80 moutons, moins opérationnel et fédérateur. deux roues motorisées 7,4 ; VTC 7,3 ; bruyants et plus respectueux de la biodiversité vélo 7,3 ; autopartage 6,9 ; location auto- que les tondeuses mécaniques, pour contribuer à Sujets de bac 2015 mobile de particulier à particulier 6,6 ou 6,9 l’entretien des 2 700 hectares de talus bordant les (propriétaire ou emprunteur) ; transports voies ferrées suisses. Section Philosophie - Commentez ce collectifs 6,1 ; taxis 6. propos du climatologue Jean Jouzel, Chats membre du GIEC : « le scepticisme est légi- time, mais à condition de faire appel à des BIEN DIT Au Japon, on peut voir de plus en plus de chats arguments scientifiques ». dans les trains. La plupart déambulent dans les voi- Section Lettres - Illustrez cette maxime 3 Michel Jarraud, secrétaire géné- tures sous le contrôle de leur maîtres, d’autres errent d’Hugues de Jouvenel : « L’avenir ne se pré- ral de l’Organisation météorologique seuls et, qui plus est, gratuitement. voit pas, il se construit ». mondiale : « nous savons avec certitude Section Economie - Commentez cette que le climat est en train de changer et Dromadaire remarque de Jean Monnet : « le principal que les conditions météorologiques de- défaut de l’homme est de ne pas prévoir viennent plus extrêmes à cause des acti- Le trafic du RER B a été perturbé à Sevran-Li- l’orage quand il fait beau ». vités humaines telles que l’exploitation vry (93), un lundi après-midi de mai, par la pré- Section Sciences - Appliquez cette réflexion des combustibles fossiles ». sence d’un dromadaire qui rôdait près des voies de Jean Monnet à la baisse récente du prix du 3 Carole Mathieu, chercheuse à l’Insti- ferrées. L’animal s’était échappé de son cirque qui pétrole : « la vie est généreuse en occasions tut français des relations internationales : se trouvait à proximité de la gare. Après Serge le d’agir, mais il faut s’y être préparé longtemps « la baisse imprévue du prix du pétrole est lama qui avait emprunté le tramway bordelais, c’est par la réflexion pour les reconnaître et les utili- l’occasion d’introduire sans douleur une donc un dromadaire qui a tenté de prendre le train ser lorsqu’elles surviennent ». fiscalité environnementale ». (source : Métronews).

fnaut-infos n°235 - juin 2015 x 7 Les activités de la FNAUT Champions du vélo Selon la fédération Européenne des l Bruno Gazeau, Jean Sivardière et Jean l Jean Lenoir et François Jeannin ont ren- Cyclistes, les dix pays européens les plus ActionsLenoir ont été reçus par Alain Vidalies, contré RFF à propos de la mise au point du « cyclophiles » sont : le Danemark, les secrétaire d’Etat aux transports. L‘entre- service annuel 2017. Pays-Bas, la Suède, la Finlande, l’Alle- tien porté sur les trains Intercités, les l Jean Lenoir et Marc Debrincat ont ren- magne, la Belgique, la Slovénie, la Hongrie, infrastructures de transport et leur finan- contré Barbara Dalibard au sujet de la com- l’Autriche et la Slovaquie. L’essor du vélo cement par la fiscalité écologique. mercialisation du TGV. dans les pays nord-européens a commen- l La FNAUT a écrit à Emmanuel l Bruno Gazeau est intervenu lors de la cé aux Pays-Bas dans les années 1960-70 à Macron, ministre de l’Economie, pour 3ème conférence sur les Transports et mobi- partir des problèmes de sécurité. lui demander l’extension de 100 km à lité durable. Jean Sivardière est intervenu lors Les critères d’appréciation étaient : le 250 km de la limite des parcours auto- du forum Transports et territoires à Lyon, et taux d’utilisation du vélo comme mode risés des services libéralisés d’autocar à lors d’un colloque sur le projet de VFCEA de transport, la sécurité des cyclistes, le longue distance. organisé à Dijon par la région Bourgogne. cyclotourisme, l’importance du marché l Jean Sivardière et Alain Argenson ont l Anne-Marie Ghémard, vice-présidente du vélo, enfin le nombre de militants cy- rencontré Ludovic Guillaume, sous-di- de la FNAUT, a été élue membre du bureau clistes. La France est au 12ème rang du recteur de l’action interministérielle sur de la Fédération Européenne des Voyageurs, classement, grâce à ses résultats en sécu- la sécurité routière à la DSCR. Trevor Garrod a été réélu président. rité et en cyclotourisme. l Jean Lenoir, François Jeannin et Marc l Anne-Sophie Trcera a participé à la pre- Debrincat ont rencontré Jean Ghedira, mière réunion du Comité d’entente des Sécurité routière directeur Intercités SNCF, et Arnaud usagers des services publics, organisée par Sohier, directeur Stratégie et Finances. Jacques Toubon, Défenseur des droits. Elle En 2014, selon les statistiques de l Christiane Dupart et Elodie Ferreira- est intervenue sur les problèmes posés par l’Union Européenne publiées en mars Batista, stagiaire au service juridique l’entrée en vigueur de la directive médiation. 2015, 51 personnes ont été tuées par de la FNAUT, ont participé à une réu- l Bruno Gazeau et Jean Lenoir ont été au- million d’habitants dans l’Union : moins nion sur les violences faites aux femmes ditionnés une deuxième fois par la commis- de 30 en Suède, aux Pays-Bas et au dans les transports publics organisée par sion Duron chargée de réfléchir à l’avenir Royaume Uni ; plus de 80 dans les an- Pascale Boistard, Secrétaire d’Etat aux des trains Intercités. ciens pays de l’Est (Lettonie, Roumanie, Droits des Femmes. l Jean Sivardière et Luc Humbertjean ont été Bulgarie, Lituanie et Pologne). Depuis l L’AFPI, l’AUTF, CCI France, la auditionnés par les parlementaires Michel Des- les années 2000, la France métropo- CGPME, la FIF, la FNAUT et la FNSEA tot et Michel Bouvard, chargés d’une mission litaine se situe autour de la moyenne ont publié une déclaration commune de réflexion sur le financement du Lyon-Turin. européenne : en 2014, 53 personnes ont sur l’avenir du rail (voyageurs et fret) : l Christian Broucaret, président de la été tuées sur les routes par million d’ha- « Pour une nouvelle ambition ferroviaire FNAUT Aquitaine, a participé à une mani- bitants. En Europe, 17 % des tués sont française ». festation de soutien au grand projet ferroviaire des jeunes de 15 à 24 ans ; en France, l Marc Debrincat est membre d’un GPSO (LGV Bordeaux-Toulouse/Espagne). 21% sont des jeunes. groupe de travail DGITM-DGCCRF l La FNAUT a répondu à la consultation sur l’aménagement des gares routières. lancée par la Commission européenne sur Lanterne rouge l Bruno Gazeau et Jean Lenoir ont la révision du Livre blanc de 2011 sur les rencontré le député PS Gilles Savary, transports. La réponse a été préparée par Selon la revue Eisenbahn du 31 mai membre de la Commission du Déve- Anne-Marie Ghémard. 2015, la France est la lanterne rouge du loppement durable et de l’aménagement trafic ferroviaire de marchandises en Eu- du territoire de l’Assemblée Nationale, à Les trains Intercités rope. En Allemagne, et même s’il ne repré- propos des trains Intercités et du trans- sente encore qu’environ 15 % du trafic port par car à longue distance. Les principaux articles publiés dans total, le trafic ferroviaire de marchan- l Jean Lenoir et David Herrgott ont ren- FNAUT Infos depuis 2002 sur l’avenir dises (tous opérateurs confondus) est en contré le cabinet Roland Berger Strategy des trains Intercités ont été rassemblés en croissance constante : + 36 % en 2013 consulting, chargé de remettre à la com- un recueil de 58 pages disponible auprès par rapport à 2000. En Grande-Bretagne, mission Duron un rapport sur l’avenir du siège de la FNAUT. Prix : 5 euros port la croissance a été de 22 %. En France, au des trains Intercités. compris, paiement en timbres si possible. cours de la même période, ce trafic s’est Le manifeste de la FNAUT rassemblant effondré à 56 % de sa valeur initiale, et ce Colloque FNAUT sur la réforme ses analyses et propositions sur l’avenir des serait encore pire si un certain nombre de territoriale et les transports trains Intercités (16 pages) est téléchar- trafics abandonnés ou refusés par la SNCF geable sur son site internet. n’avaient pas été récupérés par d’autres Un colloque organisé par la FNAUT opérateurs ferroviaires. sur la réforme territoriale et les transports Le nouveau bureau de la FNAUT Sylvain Zalkind z aura lieu le jeudi 29 octobre à Paris, salle Colbert (Palais Bourbon). Un nouveau bureau a été élu lors de l’as- fnaut infos- Bulletin mensuel d’information La matinée sera consacrée à une discus- semblée générale du 11 avril 2015. Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°235 sion des principes et des modalités de la Président : Bruno Gazeau. ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. réforme territoriale. Vice-président(e)s : Anne-Marie Ghémard, Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers L’après-midi, les impacts de cette ré- Gilles Laurent, Jean Lenoir, Jean Sivardière. Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d forme sur les dessertes ferroviaires et rou- Trésorier : James Métayer Prix au numéro : 2 d tières seront examinés au cours de deux Trésorière adjointe : Camille Lalande Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT tables-rondes : la première portera sur Membres : Simone Bigorgne, Christian Brou- de votre région, contacter notre permanence : le transfert des compétences des dépar- caret, Claude Darbonville, François Giordani, 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris tements aux intercommunalités et aux David Herrgott, Jean-François Hogu, Françoise tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] régions, la seconde sur la création des Leclerc, Jean Macheras, Jean-François Martinet Internet : http://www.fnaut.fr grandes régions. et Annick de Montgolfier. CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°235 - juin 2015 n°236 infos juillet-août 2015 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

La FNAUT lance une pétition nationale pour la sauvegarde du service public ferroviaire

« Nos trains sont en danger, tirons le signal d’alarme » Nos trains sont une richesse nationale

Notre réseau ferré était l’un des plus performants du monde. Malgré l’explo- sion de l’usage de l’automobile et le développement du transport aérien, le rail avait su opérer un formidable renouveau en progressant dans tous les domaines : • vitesse et confort (nouveaux matériels Corail, TGV et TER), • desserte des zones urbaines (notamment en Île de France), • sécurité (faible taux d’accidents) et environnement (nuisances marginales). Mais aujourd’hui ils sont en danger

Que vous soyez usager quotidien pour votre travail ou vos études, ou voya- geur occasionnel sur les TER, Intercités et TGV, vous subissez des dysfonction- nements croissants qui fragilisent ce mode de transport. Vous êtes aujourd’hui Photo : Marc Debrincat confrontés : • à une hausse régulière du prix des billets, non supportable pour les trajets à Afin de répondre au mécontentement crois- plusieurs, sant des usagers réguliers ou occasionnels du • à des suppressions de trains, à des surcharges, à des retards répétés, train et de tous les défenseurs du rail, mode • aux ralentissements entraînés par la dégradation des infrastructures, de transport peu consommateur d’énergie et • à la réduction des fréquences, aux correspondances difficiles, à la disparition respectueux de l’environnement, la FNAUT a de liaisons Intercités et à des fermetures de lignes qui pénalisent en particu- décidé de tirer le signal d’alarme et de lancer lier les villes moyennes, une pétition nationale adressée au Président • à une baisse des services offerts (trains de nuit, auto-trains, restauration, vélo de la République et au Premier ministre. à bord, guichets et boutiques SNCF). La pétition rappelle les nombreux dangers Vous êtes de plus en plus tentés de renoncer au train. Nombre d’entre vous qui pèsent aujourd’hui sur l’offre voyageurs l’ont déjà abandonné pour privilégier leur voiture personnelle, le covoiturage, et invite tous les utilisateurs du train à se l’autocar ou l’avion à bas coût malgré des temps de parcours généralement mobiliser pour défendre le service public allongés, une baisse de confort, les risques de la route et une pollution accrue. ferroviaire.

Mobilisons-nous pour sauver nos trains ! Cette initiative de la FNAUT - association strictement indépendante des partis poli- L’offre ne doit pas être limitée au TGV, à quelques grands axes Intercités et tiques, des opérateurs de transports et des aux trains de banlieue. Nous attendons de l’État : syndicats - a pour but de renforcer les mul- • qu’il garantisse le droit à la mobilité, c’est-à-dire le droit de disposer d’un tiples interventions qu’elle a effectuées ces transport public fréquent, confortable, écologique ; dernières années auprès des élus territo- • qu’il assure son rôle de pilote du transport public ferroviaire et agisse rapide- riaux, des parlementaires et des ministres ment pour enrayer le déclin du rail ; concernés pour les alerter sur la dégradation • qu’il accélère la modernisation des voies ferrées et le renouvellement des du système ferroviaire. trains ; • qu’il exige de la SNCF un service de qualité, performant et à prix raisonnable. Signez la pétition de la FNAUT et diffusez- la à tous vos contacts, vous influencerez les La Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports (FNAUT) décideurs politiques. défend les voyageurs. Participez à son action et signez cette pétition qui sera adressée au Président de la République et au Premier ministre. http://tinyurl.com/petition-fnaut

fnaut-infos n°236 - juillet-août 2015 x 1 Ferroviaire : un état des lieux inquiétant Les demandes de la FNAUT La Fnaut appelle l’Etat à assumer Des menaces nombreuses De nouvelles concurrences ses responsabilités : DossierLe marché de la mobilité se diversifie avec - de législateur (clarification des com- Une gouvernance défaillante le développement accéléré du transport aé- pétences des collectivités territoriales La loi Pons-Idrac du 13 février 1997 rien à bas coût, du covoiturage, de l’autopar- et des siennes dans les transports) ; a séparé les fonctions de gestionnaire de tage, et l’irruption massive des autocaristes - de stratège (élaboration d’un sché- l’infrastructure, attribuées à RFF, et celles sur le marché des Grandes lignes. ma de services ferroviaires, fixation de d’opérateur, conservées par la SNCF. Elle C’est aussi un retour en force de la voiture l’évolution pluriannuelle du prix des n’a jamais été vraiment acceptée par les avec la forte baisse du prix des carburants, sillons, correction des conditions de cheminots et elle a généré des dysfonc- suite à celle du prix du pétrole. concurrence entre les modes) ; il ne tionnements importants dans le fonc- faut pas niveler socialement le rail par tionnement du système ferroviaire et des Une concurrence inéquitable le haut et la route par le bas sous peine surcoûts financiers malgré des effets posi- Des conditions de concurrence inéqui- de disparition du ferroviaire ; tifs, liés en particulier à l’introduction du tables entre les modes de transport ont été - d’actionnaire (traitement de la cadencement des circulations. maintenues : des modes reçoivent des sub- dette ferroviaire) ; La loi du 4 août 2014 portant réforme ventions ou des aides de l’Etat, tandis que - d’autorité organisatrice des des- ferroviaire n’a pas encore démontré d’autres bénéficient de défiscalisations im- sertes Intercités, comme le rapport qu‘elle favoriserait une meilleure synergie portantes ou ne sont pas fiscalisés du tout Duron le recommande avec vigueur. entre les différentes fonctions ferroviaires (les nouveaux modes tels le covoiturage, et des économies d’échelle. les « taxis » Uber,...). Les coûts externes ne La FNAUT appelle les collectivités sont pas pris en compte dans les tarifica- à revoir l’organisation et la gouver- Le vieillissement des infrastructures tions. Il en résulte une grande incertitude, nance des transports. Il a été dénoncé de longue date par voire une non visibilité, sur les priorités Elle les invite à bien identifier les la FNAUT. Ainsi André Laumin, alors des pouvoirs publics. zones de pertinence des différents vice-président de la FNAUT, avait modes et à en gérer la complémenta- alerté en vain le gouvernement de Des espaces de progrès rité (train/car/bus/voiture). Le TGV a l’époque, et finalement démissionné de besoin de complémentarités et doit son poste de représentant des voyageurs Les exemples étrangers s’insérer dans la mobilité de bout en au conseil d’administration de RFF Les taux de croissance des trafics voya- bout souhaitée par le voyageur, tant en pour protester contre cette évolution geurs et fret observés en Allemagne et en temps de parcours qu’en prix. (FNAUT Infos 135). Grande-Bretagne sont significatifs. La délégation de service public doit Ce vieillissement a été confirmé en Les entreprises privées de fret se déve- s’imposer pour permettre la concur- 2005 par un audit de l’Ecole Polytech- loppent en France en épousant au mieux les rence entre opérateurs, source de pro- nique Fédérale de Lausanne, dont les besoins de leurs clients. ductivité, d’amélioration du service conclusions sont désormais admises par rendu au voyageur et de moindre coût tous. Mais il n’est encore que partielle- La demande de mobilité pour la collectivité. Elle permet la conju- ment atténué par les très importants tra- Elle progresse avec la démographie (+15 % gaison des modes et leur optimisation vaux de régénération lancés par RFF. d’ici 2040 selon l’INSEE), avec l’évolution sous l’égide des collectivités. C’est la De nouveaux investissements de lignes des modes de vie, avec l’organisation spatiale garantie d’un bon service public. à grande vitesse sont en cours mais, en de l’habitat et des activités, et elle se diversi- l’absence de fiscalité écologique permet- fie en ouvrant la porte à des complémentari- La Fnaut demande à l’entreprise tant à l’Etat de les financer, ils continuent tés entre modes de déplacement. historique d’être l’opérateur de réfé- d’alourdir la dette ferroviaire au rythme rence du secteur ferroviaire. de 2 milliards d’euros par an. Des inves- La culture ferroviaire Des évolutions sont indispensables : tissements sont par ailleurs nécessaires et La tradition et la culture ferroviaires - le développement du dialogue so- urgents sur le réseau d’Ile-de-France. restent très fortes dans la population. Le cial pour permettre l’adaptation de la transport ferroviaire reste aux yeux des SNCF aux exigences de l’économie mo- Des trafics qui souffrent tous Français la garantie d’un transport de qua- derne ; elle doit répondre aux attentes Le fret ferroviaire continue de perdre lité pour tous et d’un aménagement équili- des clients, entreprises et voyageurs des parts de marché, il a régressé de 30 bré du territoire. Une réaction forte au rap- (délais, ponctualité, fiabilité, régionali- % depuis 10 ans, même si les nouveaux port Duron s’est manifestée sur la défense sation des responsabilités) ; entrants équilibrent leurs comptes. des villes moyennes. - des gains de productivité, sans re- Les TER, après plusieurs années de mettre en cause le statut des cheminots, forte croissance, marquent le pas et se Les atouts de la mobilité collective mais en utilisant mieux le matériel rou- voient contraints par les limites finan- Les inconvénients et les coûts de la mo- lant et en développant la polyvalence cières des régions et la dérive des coûts bilité individuelle renforcent l’intérêt des du personnel ; les contribuables comme d’exploitation de la SNCF. Les transferts mobilités collectives. les utilisateurs attendent de tels gains sur route se sont multipliés. L’accidentologie routière est à nouveau en de productivité générant une amélio- Les dessertes Intercités régressent peu hausse (+ 3,5 % en 2014). La congestion des ration de la qualité de préférence aux à peu (- 10 % depuis la fin 2010). Suite voiries se développe dans un nombre croissant hausses de prix qui sortent progressive- aux débats intervenus au sein de la com- de villes, grandes et moyennes. La pollution ment l’entreprise historique du marché ; mission Duron, le ministre doit annoncer de l’air ne régresse pas et devient un problème - l’acceptation de l’ouverture à la ses décisions avant la fin juillet. vital un nombre croissant de journées par an. concurrence qui la challengera. Cette Enfin les TGV n’ont plus la rentabilité Sans parler des gaspillages de pétrole et des ouverture indiquera aux pouvoirs pu- qu’ils avaient, et ils voient leur modèle émissions de gaz à effet de serre. L’ensemble blics et aux usagers le vrai coût de la économique déstabilisé, principalement de ces nuisances représente un coût de plus de mobilité des biens et personnes, elle par l’augmentation très forte du prix des 100 milliards par an, assumé par la collectivité permettra au débat de s’installer. sillons exigé par SNCF Réseau. et non par ceux qui les génèrent. Bruno Gazeau z

2 x fnaut-infos n°236 - juillet-août 2015 Les décideurs politiques sévèrement critiqués Pourquoi je signe la pétition de la FNAUT

Les incantations en faveur du train se Nous avons analysé les commentaires des M. Macron remplace les trains par des cars. transforment désormais en une série 1 000 premiers signataires de la pétition de Vous pensez qu’on peut rester 3 ou 4 h serrés d’attaques qui obèrent l’avenir de ce la FNAUT, qui confirment le diagnostic et comme des sardines sans pouvoir se dégourdir mode de transport irremplaçable. les inquiétudes de la FNAUT. Les uns ex- les jambes ? Ce gouvernement de gauche et la priment les difficultés rencontrées par ceux SNCF font tout pour tuer le rail ! C’est qui ont besoin du train pour leurs déplace- Des territoires oubliés juste du bon sens que de développer le ments réguliers ou occasionnels, n’étant pas train pour diminuer les coûts et la pol- motorisés ou ne voulant pas être contraints Je signe car il faut absolument maintenir lution de la voiture et de l’avion. à l’usage de la voiture ou de l’autocar sur de le rail avec ses lignes secondaires. Fermer les La disparition des trains Intercités longues distances. lignes affluentes aux lignes principales, c’est semble programmée. Le pire, c’est que Les autres reflètent des préoccupations condamner le rail. c’est l’Etat qui est l’autorité organisa- citoyennes plus générales : aménagement Les prestations de la SNCF se dégradent trice et qu’il laisse la SNCF les liquider. du territoire, environnement local ou glo- toujours un peu plus, dans le sud des Alpes, On se pose des questions sur les bal, gaspillages d’énergie. Parmi ces der- en Tarentaise... rapports entre le gouvernement et les niers (voir encadré), on note des critiques Ce n’est plus de l’aménagement mais du transporteurs routiers. Leur être aussi virulentes de la politique gouvernementale, déménagement du territoire qui s’organise. La favorable, c’est bizarre, non ? jugée incompréhensible et contradictoire Haute-Marne et la Haute-Saône vont se déser- On parle beaucoup de sécurité rou- avec la loi sur la transition énergétique et tifier encore plus si on supprime les Intercités tière, d’écoresponsabilité, de transition l’organisation prochaine de la conférence Paris-Belfort. énergétique et de climat. Et on fait sur le climat COP 21. Je signe parce que je refuse le basculement so- quoi ? On démantèle notre réseau fer- ciétal et culturel que signifierait la fin des trains ré, on laisse crever les Intercités et on Des services très dégradés autres que les TGV et les trains de banlieue. remplace les trains par des autocars ! Laisser pourrir les transports, c’est assécher Nous devons sauvegarder notre patri- J’en ai marre de la hausse des prix du une région, c’est créer de l’injustice, du chômage, moine ferroviaire avant qu’il ne soit train, qui ne sont plus en adéquation avec de la résignation. trop tard : la transition énergétique ne le service attendu ! Comment peut-on libéraliser le trafic par au- se fera pas sans le rail. Un peu de cohé- Je prends le train chaque jour à Pont tocar, véritable non-sens environnemental, et en rence si nous voulons être un peu cré- Sainte Maxence, la situation se détériore même temps laisser à ce point les infrastructures dibles en recevant la COP 21 ! beaucoup, la vie de famille en souffre. ferroviaires se dégrader, alors que le rail joue un L’Etat et les départements entre- Chaque jour est un défilé de pannes, rôle structurant dans l’aménagement du terri- tiennent bien les routes sans se poser d’absence de personnel, de défauts de si- toire et que son bilan carbone est bien meilleur des questions de rentabilité. Il doit en gnalisation, d’attente de matériel. que celui de la route ? être de même pour les voies ferrées. Le manque de fiabilité devient catastro- Il faut s’opposer avec grande fermeté phique, il faut prendre un ou deux trains Une inquiétude profonde au lobby tentaculaire du tout routier avant celui prévu initialement si on a un qui a le soutien inconditionnel des impératif horaire à Paris. Pourquoi nos trains sont-ils devenus si chers, pouvoirs publics nationaux et locaux. Chaque jour de la semaine, les trains sont si rares et si peu confortables ? Le train est le mode de transport le surchargés et sans cesse en retard, nous Nous avions un des meilleurs services fer- plus performant, le plus confortable, le voyageons comme du bétail pour un coût roviaires au monde. D’où vient cette volonté plus sûr, le plus social et le écologique. de 150 euros par mois. perverse de démanteler un système qui fonc- Les pouvoirs publics doivent lui accor- Si le service de train se dégrade encore, je tionnait bien ? der un traitement équitable par rap- devrai abandonner mon travail. Comment peut-on laisser se dégrader à ce port à la route et à l’aérien. Tout voyageur doit pouvoir utiliser le point le plus performant et écologique des Que l’on prenne exemple sur la train dans les bonnes conditions : bas prix, modes de transport ? Suisse, au lieu de céder à quelques in- pas de réservation obligatoire. On veut moins de pollution donc moins térêts particuliers et de sacrifier le long Je signe parce que le train en famille est de voitures et on fait tout le contraire. C’est terme et l’intérêt général. d’un coût absolument prohibitif. affligeant. Il faut arrêter cette hémorragie ferro- Le train est vital pour nos enfants qui L’Allemagne et la Suisse ont un réseau viaire au plus vite, Messieurs les déci- étudient à Lyon, nous sommes pénalisés dense et de qualité, pourquoi en sommes- deurs : les cartes sont dans vos mains, par les correspondances difficiles. nous incapables ? l’avenir de la planète est en jeu, la pol- Certains trains comme l’express Nan- Pendant 150 ans, des hommes se sont épuisés lution tue et coûte à la société bien cy-Paris doivent être remis en circulation à construire notre chemin de fer. Ne le détrui- plus que les économies faites en fer- même si le trajet dure 3h, car le prix serait sons pas, cela nous menerait à une décadence mant quelques tronçons de lignes. inférieur à celui du TGV. irréversible. Comment se fait-il qu’en France on Le service train-auto de nuit, c’était le Le train est le transport d’avenir face au ne réfléchisse plus, faute de vraies têtes top : on arrivait en pleine forme et on dis- changement climatique. Que ferons-nous si on pensantes au gouvernement ? L’après posait de sa voiture à l’arrivée. l’abandonne maintenant ? pétrole va arriver, et on se prive d’un Je subis des retards tous les jours, et je Selon Louis Armand, « si le train survit au transport économique en énergie... vois de nombreux collègues abandonner le 20ème siècle, il sera le moyen de transport du A ce rythme, dans 20 ans, il n’y aura train pour la voiture. 21ème ». Mais tout laisse hélas à penser que ce plus de chemin de fer en France. Merci Il faut adapter les horaires des trains aux ne sera pas le cas, au mépris du développement aux élus de tous bords qui favorisent le voyageurs. L’axe routier Lorient-Nantes est durable, de la biodiversité, de la santé publique réchauffement climatique... actuellement saturé ! et des finances publiques. M. le Président, nos enfants et pe- Pour passer une soirée à Paris, à 350 km Que reste-t-il du Grenelle de l’environne- tits-enfants et la planète ont besoin de mon domicile, je dois prendre ma voi- ment ? Rien. Mais que faire lorsqu’il n’y aucune d’une politique responsable donc ture alors que la gare TGV est à 10 km, volonté politique ? Que tout cela est lamen- écologique. faute de train pour le retour. table et triste.

fnaut-infos n°236 - juillet-août 2015 x 3 Réouverture 100 ou 200 km ? Le versement transport des entreprises fragilisé A l’occasion de la réouverture de la Derrière ces chiffres énigmatiques se ligne Avignon-Carpentras au trafic cache un enjeu essentiel pour l’avenir Dans le cadre de son plan de soutien aux voyageurs le 25 avril 2015, la FNAUT a des services TER et Intercités. petites et très entreprises, le Premier ministre rappelé que la remise en service de nom- En première lecture du projet de loi Manuel Valls veut relever de 9 à 11 salariés le breuses lignes régionales permettrait Macron, en janvier dernier, les dépu- seuil de perception du versement transport d’offrir une alternative crédible à l’usage tés, comme le souhaitait le gouverne- des entreprises. Il fragiliserait ainsi le finance- de la voiture dans les zones urbanisées. ment, avaient fixé à 100 km entre deux ment des transports urbains. La réouverture de la liaison ferroviaire arrêts le seuil en dessous duquel une entre les agglomérations d’Avignon autorisation devait être nécessaire pour Une mesure injustifiée (182 000 habitants) et de Carpentras qu’un transporteur routier puisse ouvrir et dangereuse (70 000 habitants), réclamée de longue une ligne d’autocar. Pour les députés, date par la FNAUT-PACA, répond à cette autorisation devait être donnée Les petites entreprises bénéficient un besoin social, économique et éco- par la future Autorité de régulation autant que les plus grandes des facilités logique évident. Le trafic prévu est de des activités ferroviaires et routières d’acheminement des salariés offertes par 4 500 usagers quotidiens. (ARAFER). les transports collectifs. Soucieux d’éviter une déstabilisa- Alors que la demande du public est crois- Un investissement rationnel tion des services TER et Intercités par sante et que le transport public est drama- La réouverture de la ligne (Avignon)- du cabotage routier sur de courtes ou tiquement saturé dans les zones denses et, Sorgues-Carpentras (16 km) a coûté moyennes distances, les sénateurs, lors inversement, reste sous-développé dans les 150 millions à la région PACA (suppres- de leur examen du volet mobilité du zones périurbaines, une réduction de l’offre sion des passages à niveau comprise), soit projet de loi Macron le 12 mai 2015, est déjà constatée dans de nombreuses ag- environ 10 millions par km. Mais ce coût ont fixé à 200 km entre le point d’ori- glomérations suite à la baisse des dotations n’est pas significatif. Il faut en déduire gine et le point de destination d’une de l’Etat (FNAUT Infos 233). celui des investissements qui auraient ligne d’autocar le seuil d’autorisation. La perte de ressources provenant du ver- été nécessaires sur l’axe routier pour en Les députés sont revenus sur cette sement transport, évaluée par le GART et éviter la saturation, et le coût social de la disposition et ont fixé à nouveau le l’UTP à environ 500 millions d’euros par an congestion routière, des accidents et de la seuil à 100 km entre deux arrêts : si les sur 7,1 milliards, inciterait inévitablement pollution de l’air qui seront évités à l’ave- arrêts sont distants de plus de 100 km, les autorités organisatrices de transportà nir grâce au report de trafic sur le rail. l’ouverture de la ligne sera libre. réduire encore l’offre et les investissements Le Groupement des autorités res- de transport collectif. Il en résulterait une Une efficacité démontrée ponsables de transport (GART) et baisse de la fréquentation, une hausse de la D’autres réouvertures de lignes en l’Association des Régions de France circulation automobile, une aggravation de zones urbanisées ont démontré leur (ARF) ont réagi avec vigueur contre la congestion urbaine, de la pollution de l’air pertinence : Tours-Chinon en 1982, cette décision, elles « déplorent un re- et des émissions de gaz à effet de serre: une Nantes-Pornic en 2001, Cannes-Grasse tour en arrière ». Elles considèrent en perspective anti-écologique inacceptable. en 2005, Nantes-Châteaubriant en effet que « la réussite de l’ouverture du 2014. Chacune de ces lignes est fréquen- marché du transport par car suppose un Une politique incompréhensible tée aujourd’hui par plusieurs milliers de encadrement sur l’ensemble des liaisons voyageurs chaque jour, alors même que régionales, donc pour toutes les liaisons Le gouvernement prétend réduire la ces réouvertures n’ont pas été réalisées jusqu’à 200 km entre deux arrêts ». pollution de l’air dans les aggloméra- dans les meilleures conditions. La FNAUT considère, quant à elle, tions, fait voter une loi sur la transition Ces succès montrent l’intérêt de pré- que toutes les lignes d’autocar, sans énergétique et prépare la conférence server les emprises ferroviaires inuti- condition, proposées par les transpor- internationale sur le climat. lisées. Ils doivent inciter à sauvegarder teurs doivent être soumises à autorisa- Mais peut-on encore croire à ses bonnes celle de la petite ceinture parisienne tion, afin de garantir une complémen- intentions après la hausse du taux de TVA, (FNAUT Infos 213) : Paris est la seule tarité entre train et autocar. le report du 4ème appel à projets de trans- capitale européenne à ignorer délibéré- Selon les sénateurs, l’autorisation ports collectifs en site propre prévu par le ment l’existence d’un patrimoine aussi d’ouverture devait relever des autorités Grenelle de l’environnement, la réduction exceptionnel. organisatrices, régions pour les TER et des dotations de l’Etat aux collectivités lo- Etat pour les Intercités : les députés ont cales, la relance des investissements routiers, Un 4ème appel à projets de TCSP est rétabli le rôle de l’ARAFER. l’abandon du versement transport régional nécessaire et urgent Le GART et l’ARF ont protesté prévu pour financer le TER, et maintenant le Bien des investissements de transports contre le rétablissement du rôle de projet de baisser le produit du versement urbains en site propre (TCSP) restent l’ARAFER pour autoriser ou interdire transport ? nécessaires compte tenu des retards ac- l’ouverture d’une ligne d’autocar : cette A l’évidence, le gouvernement considère, cumulés et de l’évolution de la demande. disposition supprime le rôle de la région contre tout bon sens, le transport public ur- Un 4ème appel à projets, prévu lors du en tant que coordinatrice des offres ré- bain comme une variable d’ajustement et Grenelle de l’environnement, est donc gionales de transport ferroviaire et rou- non comme un outil essentiel de l’amélio- urgent. Il doit porter en particulier sur la tier, « un très mauvais signal envoyé aux ration de la vie des citadins et de la transion revitalisation des lignes ferroviaires pé- autorités organisatrices des transports énergétique. riurbaines (par exemple Lyon-Trévoux) engagées dans une politique ferroviaire La FNAUT demande donc aux parle- afin de structurer l’urbanisation péri- volontariste ». mentaires de refuser la proposition rela- phérique des grandes agglomérations. Ainsi, c’est une majorité de sénateurs de tive au versement transport introduite Rappelons que, depuis une quinzaine droite qui a retenu des dispositions protec- par le gouvernement dans le projet de d’années, 500 km de lignes ferroviaires trices du rail, et une majorité de députés loi de finances 2016, et de renforcer au périurbaines et 300 gares ont été ou- de gauche qui a accepté une libéralisation contraire le financement des transports vertes ou rouvertes en Allemagne : c’est du transport par autocar dangereuse pour urbains par une hausse de la taxe carbone l’exemple à suivre. le rail : comprenne qui pourra... sur les carburants routiers.

4 x fnaut-infos n°236 - juillet-août 2015 La FNAUT en danger ? Sécurité routière : Plan de relance autoroutier des arbres dangereux ? et débat démocratique Le saviez-vous ? L’avenir de la FNAUT est aujourd’hui sérieusement menacé. Près de 10% des tués sur les routes Le plan de relance autoroutier a Longtemps présidée par « un membre (326 personnes en 2013) meurent été annoncé le 4 avril dernier par le de la classe dirigeante formaté mora- après que la voiture dans laquelle ils ministre de l’Economie Emmanuel lement et socialement par sa forma- se trouvaient ait percuté un arbre. Macron suite à l’accord intervenu tion dans une école d’ingénieurs, ce Le débat sur ce danger a été relancé entre le gouvernement et les sociétés qui peut être gênant quand on pré- par le ministre de l’Intérieur Ber- concessionnaires d’autoroutes (SCA) tend constituer un contre-pouvoir », la nard Cazeneuve, qui a présenté en en contrepartie d’un allongement FNAUT est dorénavant infiltrée par « un janvier dernier de nouvelles mesures moyen de deux ans de leurs contrats de représentant du patronat » issu d’une visant à améliorer la sécurité routière concessions (les SCA devront par ail- grande école de commerce. (FNAUT Infos 232). leurs verser près d’un milliard d’euros « Dans ce contexte, il ne faut pas La 26ème mesure du plan Cazeneuve sur la durée de leurs concessions au s’étonner que la FNAUT ait souvent un impose aux collectivités locales de réa- budget de l’Agence de financement des discours très conformiste », favorable liser des audits de sécurité de leurs in- infrastructures de transports (AFITF). à la concurrence, hostile aux grèves, et frastructures routières, et de recenser Cette décision a été prise sans la même « très favorable à la fiscalité éco- notamment les « obstacles latéraux » moindre procédure de concertation logique, qui habille de vert une hausse (panneaux, parapets,...). Aucune men- publique et sans la moindre étude des impôts indirects, ceux qui touchent tion précise n’est faite des arbres mais d’impact sur le fonctionnement des le plus les couches modestes ». Chantal Fauché, présidente de l’Asso- différents modes de transport. La situation est grave : gangrenée ciation pour la protection des arbres Stéphen Kerckhove, délégué général par un « ethnocentrisme social », « la en bord de routes (Asppar), craint des d’Agir pour l’Environnement, Bruno FNAUT finit par ressembler au pouvoir abattages. Elle avait déjà bataillé en Gazeau, président de la FNAUT, Pierre qu’elle prétend contrer, et à être un 2001 contre le ministre de l’Agricul- Perbos, président du Réseau Action relais idéologique du grand patronat ». ture Jean Glavany, qui avait alors avait Climat France, et Denis Voisin, Coor- Mais qui tire ainsi le signal d’alarme affirmé que « les platanes le long des dinateur du lobby d’intérêt général de dans un jargon ringard ? Vincent Dou- routes étaient un danger public ». la Fondation pour l’Homme et la Na- mayrou, « journaliste » du Monde Di- Faut-il abattre les arbres au bord des ture, se sont alors adressés à Ségolène plomatique qui publie un blog hébergé routes ? Selon Chantal Fauché, « il est Royal, ministre de l’Ecologie, pour lui par Médiapart, mais oublie d’enquêter temps d’arrêter de stigmatiser l’arbre. demander d’appliquer l’article L-121- avant d’écrire des sottises. Il est démontré dans plusieurs études 10 du Code de l’environnement : cet Que nos lecteurs se rassurent ! Si le que les arbres de bord de route sont article autorise la ministre à saisir la « journaliste » avait pris la peine de ren- un atout pour la sécurité routière. Une Commission nationale du débat public contrer les animateurs de la FNAUT au route bordée d’arbres incite l’automo- (CNDP) en vue de l’organisation d’un lieu de consulter leurs cartes de visite biliste à ralentir. Certes, l’arbre peut débat public portant sur des options et de leur faire dire ce qu’il voulait pour être un facteur aggravant, mais il faut générales d’intérêt national en matière jeter la suspicion sur la FNAUT, il sau- d’abord s’attaquer aux causes des acci- d’environnement, de développement rait que le profil social (le « pedigree », dents, qui sont avant tout l’alcool, la durable ou d’aménagement. dit-il) d’un président de la FNAUT n’est vitesse, les comportements ». Le plan de relance autoroutier, doté pas un sujet : ses pouvoirs comme ceux Aujourd’hui, les arbres les plus « dan- de 3,2 milliards d’euros, aura inévita- des vice-président(e)s sont fixés par nos gereux » sont protégés par des glissières, blement, à terme, des conséquences sur statuts et ne dépendent pas de leurs explique Jean-Marc Sangouard, expert le comportement modal des personnes études ou de leur carrière passées. du Centre d’études et d’expertise sur et des entreprises, donc un impact im- Les 54 membres de notre conseil les risques, l’environnement, la mobilité portant sur les écosystèmes, la consom- national, qui détermine les orienta- et l’aménagement (Cerema). Il estime mation d’énergie et les émissions de tions de la FNAUT, sont très divers par qu’une route dégagée endort la vigilance gaz à effet de serre, car il comporte des leurs formations, leurs expériences du conducteur alors qu’une chaussée augmentations de capacité du réseau professionnelles, leurs sensibilités bordée d’arbres peut influencer positi- autoroutier. A la veille du sommet sur politiques ; et le fonctionnement dé- vement son comportement. Une étude le changement climatique (COP 21) mocratique et collégial des instances menée en 2006 par le Service d’études qui aura lieu fin 2015 à Paris, et après de la FNAUT garantit sa stricte indé- techniques des routes et autoroutes les déclarations du Chef de l’Etat lors pendance qui a toujours été, et reste, (Setra) allait dans le même sens, elle de la troisième Conférence environne- reconnue de tous : élus de droite et concluait que les arbres permettent de mentale, il est important que ce plan de gauche, ministères, exploitants et mieux appréhender la route, ils rendent fasse l’objet d’un débat public plura- vrais journalistes... son tracé plus lisible et constituent des liste, contradictoire et transparent. Les usagers font confiance à notre repères de distance. Par ailleurs, la commission spéciale service juridique, qui les défend sou- Jean-Claude Oesinger, alors vice- du Conseil national de la transition vent avec succès face aux entreprises président de la FNAUT, écrivait déjà écologique (CNTE) sur la question de de transports. Quant aux idées « confor- en 2001 dans FNAUT Infos 99 : « au la démocratie participative, présidée mistes » de la FNAUT, elles se heurtent, lieu de déresponsabiliser les automobi- par le sénateur PS Alain Richard, vient selon les cas, à l’hostilité du gouver- listes, le ministre Jean Glavany aurait de formuler un certain nombre de pro- nement, des élus, des milieux écono- mieux fait de dénoncer tous ceux qui positions visant à améliorer la gouver- miques, de la SNCF, des écologistes, ont construit des routes larges et recti- nance environnementale, notamment des syndicats... Ces réactions montrent lignes qui incitent à foncer, et de récla- en stimulant les échanges démocra- bien que la FNAUT est une association mer un remodelage des voiries, le bri- tiques en amont des projets. Le plan au service des usagers et de l’environ- dage des moteurs et une surveillance autoroutier entre typiquement dans le nement, et non du gouvernement ou renforcée de la circulation ; avant les champ d’application de ce que cette du « grand patronat ». arbres fous, ne faut -il pas commencer commission nomme « la concertation Jean Sivardière z par éliminer les fous du volant ? » sur les plans et programmes ».

fnaut-infos n°236 - juillet-août 2015 x 5 De la camionnette Le vélo est-il vraiment un mode Une enquête contestable à la bicyclette de transport écologique ? Dans le numéro de juin 2015 de sa Les pouvoirs publics encouragent de revue Que Choisir, l’UFC publie les ré- plus en plus la pratique de la bicyclette sultats d’une enquête sur le fonction- dont ils vantent le caractère doux, éco- nement du TER. Comme la FNAUT le fait logique, sans nuisances, bon pour la pla- depuis longtemps, elle dénonce l’ex- nète, respectueux de l’environnement… plosion du coût d’exploitation du TER En fait, ces atouts ne sont bien réels que et préconise une mise en concurrence si les nouveaux cyclistes sont d’anciens de la SNCF avec d’autres opérateurs ; automobilistes. Si ce sont d’anciens usa- elle cite, elle aussi, le cercle vertueux Photo : Marc Debrincat gers des transports publics, le bilan est ainsi amorcé en Allemagne. beaucoup moins positif et si ce sont Comme les associations d’usagers, A Nantes, une des villes les plus embou- d’anciens piétons le bilan devient même l’UFC dénonce par ailleurs la ponc- teillées de France malgré son tramway et négatif. Or, qu’en est-il en réalité ? tualité très insuffisante des TER et le ses 450 km de pistes cyclables, 25 petits Hélas, la plupart du temps, les néo-cy- manque de fiabilité des statistiques de entrepreneurs nantais - plombiers, démé- clistes se déplaçaient auparavant à pied la SNCF : les trains supprimés ne sont nageurs, masseurs, jardiniers, nettoyeurs ou en transports publics et rarement pas comptabilisés, les statistiques ne de vitres, livreurs de crêpes ou de hot-dogs, en voiture… De nombreuses sources le font pas de distinction entre les heures libraires... - se sont regroupés en 2013 au confirment. de pointe et les heures creuses. sein du collectif « Les boîtes à vélo » : ils Les enquêtes - toujours confiden- Le diagnostic de l’UFC est cependant ont décidé de ne plus travailler qu’à vélo, tielles - qui ont cherché à comprendre qui superficiel et doublement trompeur. un mode de déplacement écologique et plus sont les usagers des vélos en libre service à 1 - Aucune analyse n’est faite des pratique qu’on ne le pense. Ils se croisaient Lyon, Paris, Lille, Barcelone… montrent causes très diverses des retards, ce qui souvent dans les rues (source : AFP). que les proportions de ces trois groupes laisse croire que la SNCF en est tou- Si ces entrepreneurs sont tous autonomes (anciens usagers des transports, anciens jours responsable (FNAUT Infos 193). et exercent des métiers très divers, le col- piétons et anciens automobilistes) sont, Or une partie des retards et sup- lectif leur permet d’échanger et de s’entrai- en moyenne, de 45 %, 45 % et 10 %. Par pressions de circulations est due à des der. Ils espèrent faire des émules, en France exemple, à Lyon, l’enquête réalisée fin dysfonctionnements internes de la comme en Europe. 2005, quelques mois après l’ouverture SNCF (non-présentation de personnel, L’un d’eux, déménageur conducteur de du service Vélo’V, indique que 37 % des manque d’entretien du matériel rou- camionnette désireux d’échapper au stress véloveurs sont d’anciens piétons, 51 % lant ou de l’infrastructure, absence de des embouteillages, explique ainsi son choix : d’anciens usagers des transports publics, personnel ou de matériel de réserve,...). « Sur un vélo, on se sent libre, on se faufile. 6 % d’anciens automobilistes, 4 % des D’autres difficultés sont liées à l’état Quand on a connu la liberté du vélo, il n’est cyclistes qui utilisaient avant leur propre dégradé de l’infrastructure ou à sa satu- plus pensable de retourner dans un bureau. Et vélo et 2 % des personnes qui ne se dépla- ration, donc à SNCF-Réseau (ex-RFF) et pas de frais d’essence, jamais de problèmes de çaient pas (total 100 %). plus généralement à l’Etat qui a insuffi- stationnement, un mode de déplacement qui Frédéric Héran, enseignant-chercheur samment investi sur le réseau ferré. Les a le vent en poupe. Il existe aujourd’hui des à l’université Lille-1 z multiples travaux en cours perturbent vélos adaptés à tous les usages : biporteurs, le trafic, mais faut-il s’en plaindre ? triporteurs, vélos électriques. Seuls inconvé- Nouvelles du vélo Enfin une multitude d’incidents sont nients : la chaleur et le vent, qui rendent diffi- dus à des évènements extérieurs au cile le transport des gros colis ». Boris Jonhson, maire de Londres, a dé- système ferroviaire : sociétaux (actes « On nous regarde avec les yeux écarquillés cidé de consacrer 217 millions d’euros à de malveillance, agressions contre le quand nous transportons des réfrigérateurs, la construction d’une autoroute cyclable. personnel, colis suspects, suicides, ac- des canapés, des gazinières. Sur le plateau Large de 4 m, l’ouvrage comprendra 30 cidents de passages à niveau, manifes- d’une remorque, on peut mettre un petit km de pistes est-ouest et 5 km de pistes tations, grèves nationales politiques,...) frigo, une machine à laver, un sèche-linge, nord-sud. L’ouverture est prévue en ou naturels (neige, glissements de ter- et par-dessus un canapé, et encore au-dessus 2016, le nombre de trajets quotidiens à rain, incendies, présence d’animaux sur un matelas deux places et un sommier. Nous vélo devrait passer 600 000 à 1 500 000 les voies...). livrons vraiment tout, sauf les pianos ». en 2025. 2 - Comparer les taux de retards des Une remorque accrochée au vélo d’un Après une longue période de régression, TER dans les différentes régions n’a au- plombier lui permet de transporter un l’usage du vélo a doublé en Ile-de-France cun sens. En Rhône-Alpes, le réseau est chauffe-eau, jusqu’à 90 kilos ; tous ses ou- depuis 2001. A Paris, il a même triplé et saturé, en particulier le nœud lyonnais ; tils sont contenus dans ses deux sacoches. assure 3 % du nombre des déplacements, les lignes à voie unique, nombreuses, « On a très peu de frais de déplacements, soit le double de la moyenne francilienne. sont difficiles à exploiter ; les travaux de véhicule, d’entretien, et forcément cela en cours sont très nombreux : il n’est se répercute sur la facture. Pour des petites BIEN DIT pas étonnant que les retards y soient interventions, l’économie pour le client peut plus nombreux qu’en Alsace. aller jusqu’à 20 euros ». l Jean-Marie Darmian, maire de « Taper » sur la SNCF peut être néces- Pour la gérante-créatrice d’Ozon, une can- Créon (33) et président du Club des Villes saire, encore faut-il le faire à bon es- tine itinérante dédiée aux entreprises, le vélo et Territoires Cyclables : « on évalue à 1 000 cient. La FNAUT, elle, ne recherche pas a été « un geste citoyen ». « Il y a deux ans, euros par an les économies en frais de santé le sensationnel. Elle préfère participer nous avons lancé des partenariats avec des réalisées par un cycliste quotidien ; je suis avec assiduité aux comités de lignes et entreprises privées de la périphérie nantaise étonné de voir que, pour lutter contre l’obé- autres instances, régionales et natio- qui n’ont pas de service de restauration. Un sité infantile, on est capable d’imposer le nales, de concertation entre respon- vélo permet de transporter jusqu’à 100 repas, grammage des frites servies dans les can- sables de la politique ferroviaire et usa- et de s’installer plus facilement dans les cours tines scolaires mais pas de prendre des me- gers, où elle avance des propositions d’entreprises. Nous avons maintenant cinq sures pour encourager la pratique du vélo concrètes d’amélioration des services. points de vente et autant de salariés ». sur les trajets domicile-école ». Gabriel Exbrayat, président de l’ADTLS z

6 x fnaut-infos n°236 - juillet-août 2015 Nouvelles des Elus Brèves Contradiction BrèvesSurfeurs ferroviaires Les Français sont décidemment d’incorri- Selon Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie : gibles râleurs : selon eux, les trains sont tou- « interdire à quelqu’un de prendre sa voiture, c’est La compagnie nationale indonésienne PT jours supprimés ou en retard, les billets sont une mesure privative de liberté individuelle ». Kereta Api a décidé d’abaisser ses caténaires afin trop chers, on remplace les trains par des cars Mais la Loi Lepage (LAURE) de 1996 pose le prin- d’électrocuter tous les « surfeurs » qui se hissent lents et inconfortables,... En réalité tout va cipe fondamental du « droit pour chacun de res- sur les toits des trains pour voyager. La mesure, pour le mieux, les travaux du BCG ont remis pirer un air qui ne nuise pas à sa santé ». déjà en œuvre sur un km de part et d’autre d’une les pendules à l’heure, et la FNAUT peut fer- gare, « s’est révélée très efficace et bon marché ». mer boutique. Elu gaspilleur Depuis quelques années, des boulets de bé- ton ont déjà été installés en vain au-dessus des Selon le magazine Capital (avril 2015), si la France voies afin d’assommer les surfeurs, ainsi que BIEN DIT n’avance pas, c’est en particulier la faute aux « élus des aspergeurs de peinture rouge. De l’huile gaspilleurs ». Parmi eux, le président de la Région a été répandue sur le toit des voitures et des 4 Charles Fiterman, ancien ministre PCF Réunion, l’UMP Didier Robert, en raison de son chiens de garde ont été lâchés. Des imams ont des Transports de 1981 à 1984 et père de la projet de Nouvelle Route du Littoral : « 1,66 mil- même été appelés à dissuader leurs fidèles dans Loi d’Orientation des Transports Intérieurs liard d’euros, soit 138 millions le km, du jamais-vu, leurs sermons du vendredi. (LOTI) devenue le Code des Transports : « il un triste record en période de disette budgétaire ! A Jakarta (20 millions d’habitants), les trans- est étonnant que, quand on évoque les routes, 1 km de route revient normalement à 6,2 millions ». ports sont complètement saturés. Les surfeurs on parle d’investissement et que, quand on ne recherchent pas tant un transport gratuit parle du rail, on évoque alors des coûts et des Elu sérieux qu’une simple possibilité de se déplacer. dépenses. Le rail c’est aussi un investissement, un équipement public ». Le docteur Jacques Manya, maire divers Un Premier ministre « sportif » 4 Bernard Gobitz, secrétaire de l’AUT Ile- droite-écologiste de Collioure, a organisé en mais pas très écologiste de-France : « Un des drames de la SNCF, c’est mai dernier, avec l’association des usagers de la la tétanisation des différents gouvernements ligne ferroviaire Perpignan-Cerbère-Port-Bou, Si Nicolas Sarkozy s’est récemment rendu devant le risque d’une répétition des grèves de la « fête du train » et signé le manifeste pour la de Paris au Havre en jet privé (FNAUT Infos 1995. Alors, c’est le règne du « pas de vague » et création du train catalan eurorégional. 235), il n’est pas le seul amateur de transports les usagers en font les frais chaque jour ». énergivores. Le week-end des 6 et 7 juin, 4 La CGT Cheminots : « des études ont Tout devient punitif Manuel Valls, qui avait oublié que la France montré que, sur un même trajet, le car attire organise la conférence mondiale sur le cli- 40 % d’usagers de moins que le train ; le car Selon Marine Le Pen, la politique de sécu- mat, a effectué en avion les trajets suivants : est synonyme d’allongement du parcours, de rité routière est, elle aussi, une démarche un aller-retour Paris-Poitiers, un aller-retour baisse de la qualité de l’offre et donc, à terme, punitive (source : Le Point). Paris-Berlin pour rencontrer les dirigeants de de baisse de la fréquentation ». l’UEFA et assister au match Turin-Barcelone, 4 Fabienne Keller, sénatrice UMP du Bas- Formule 1 écologique enfin un nouvel aller-retour Paris-Poitiers (il a Rhin, veut clarifier les compétences relatives pu ainsi assister à la finale de Roland-Garros). aux gares routières et identifier un coordinateur Pour la première fois depuis Georges Pom- pour chacune d’entre elles : « il faut organiser pidou en 1972, un président de la République, la gare routière en cohérence avec la grande François Hollande, a assisté au départ des 24 gare ferroviaire pour faciliter l’intermodalité ». heures du Mans. Pour préparer la conférence internationale sur le climat COP 21 ? Nouveauté Actualités de la FNAUT Selon le président de la Michigan Saving La FNAUT a le regret d’annoncer le dé- Bank, qui déconseillait vers 1900 aux avocats cès brutal de Jean-Claude Vuillemin. Pré- d’Henry Ford d’investir dans l’automobile : sident de la FNAUT Franche-Comté et de « le cheval restera toujours, alors que l’auto- l’Association pour la Promotion des Voies mobile n’est qu’une nouveauté qui passera». Ferrées Jurassiennes (APVFJ), membre du Conseil National de la FNAUT, il avait orga- Escapade canine nisé fin 2012, à Lons-le-Saunier, le 18ème (Belgique) de la ville Neupré Panneau congrès de notre fédération. Deux chiens ont voyagé seuls en train Plaisanterie ferroviaire entre Dietfurt et Wil (canton de Saint Colloque FNAUT sur la réforme Gall). Et en 1ère classe... Repérés par le territoriale et les transports Selon le Boston Consulting Group, la France conducteur du train, ils ont été remis par (notée 6,4/10) dispose du 3ème système fer- la police cantonale à leur propriétaire. Les Un colloque organisé par la FNAUT sur la ré- roviaire le plus performant d’Europe sur 25, CFF ont précisé qu’ils n’avaient pas res- forme territoriale et les transports aura lieu le jeudi derrière la Suisse (7,1/10) et la Suède, ex-aequo quillé : ils bénéficiaient d’un abonnement 29 octobre à Paris, salle Colbert (Palais Bourbon). avec le Danemark. Viennent ensuite la Finlande général pour canidés. La matinée sera consacrée à une discussion des et l’Allemagne. Les pays les moins bien classés principes et des modalités de la réforme territoriale. sont l’Irlande, le Portugal et les anciens pays de Vocabulaire approximatif L’après-midi, les impacts de cette réforme sur les l’Est. Trois critères ont été utilisés par le BCG : dessertes ferroviaires et routières seront examinés le taux de fréquentation du réseau (nombre de Selon un journal dijonnais, l’aéroport au cours de deux tables-rondes : la première por- voyageurs et tonnage du fret), la qualité de ser- de Dijon-Bourgogne a vécu : « le Conseil tera sur le transfert des compétences des dépar- vice et la sécurité. La France est à la 2ème place, régional a estimé que c’est un gouffre finan- tements aux intercommunalités et aux régions, la derrière la Finlande, pour la qualité de service cier qui n’a jamais réussi à décoller ». L’aé- seconde sur la création des grandes régions. (vitesse, ponctualité et rapport qualité/prix). roport va-t-il sombrer ?

fnaut-infos n°236 - juillet-août 2015 x 7 Picardie : une situation Nouvelles des régions catastrophique

Grenoble : crise financière contre 165. Le train y assure moins de 1 % Les usagers de Picardie subissent Régionsdes transports urbains des déplacements. une situation fortement dégradée. Les associations INSPIRE et ARDSL Des gares sont fermées et les heures Le Conseil général de l’Isère, alors (Rail Dauphiné Savoie Léman) se sont d’ouverture des guichets sont réduites présidé par Alain Cottalorda (PS), a dé- donc associées pour lancer une pétition dans d’autres gares, sans concertation : cidé en 2014 de réduire peu à peu sa par- adressée au Conseil régional et deman- la SNCF juge les guichets insuffisam- ticipation au fonctionnement du Syn- dant plus de trains, un moyen efficace de ment utilisés à l’heure d’Internet et des dicat mixte des transports en commun préserver la qualité de l’air dans les vallées smartphones, alors qu’ils jouent un rôle de Grenoble (SMTC) : de 36 millions alpines : un train toutes les 30 minutes essentiel dans l’accueil et l’information d’euros en 2014 à 25 en 2015 (et jusqu’à en heures de pointe sur toutes les lignes des voyageurs. 10 millions en 2019). La métropole de de Haute-Savoie ; la remise en place des Le service annuel 2015 a détérioré Grenoble, à parité avec lui au sein du trains remplacés par des autocars depuis l’offre sur les lignes Creil - Compiègne SMTC, a dû de ce fait baisser d’autant 2007 ; le rétablissement de trains directs, - Saint-Quentin et Creil-Amiens. La ville sa propre subvention. Saint-Gervais - Lyon et Evian-Valence. de Pont Sainte Maxence, par exemple, a Le budget du SMTC, 193 millions Le train pourrait alors capter 15 % du vu son offre réduite de 30% aux heures en 2014, est ainsi amputé de 23 millions trafic automobile. de pointe ; des trains se succèdent à 12 en 2015 : pour la première fois, la contribu- Claude Brasier, président, Association Rail min d’intervalle, puis l’attente dépasse tion des usagers dépassera celle des collec- Dauphiné Savoie Léman (ARDSL) z 45 min pour le train suivant (c’est aussi tivités. Pour amortir le choc, les deux col- le cas à Rieux-Angicourt). lectivités ont décidé d’accorder au SMTC Vallée du Rhône : une desserte La mobilisation des associations du- des subventions d’investissement définies ferroviaire déficiente rant la consultation sur les nouveaux chaque année (6 et 8,4 millions respecti- horaires a permis d’obtenir la création vement en 2015). A court terme, l’offre et Les difficultés rencontrées par les usa- de TER supplémentaires et le rétablis- les investissements seront inévitablement gers quotidiens du train dans la vallée sement d’arrêts, mais d’importants réduits, entraînant une chute de clientèle. du Rhône ne manquent pas : des tarifs points noirs demeurent. Les salariés Selon Alain Cottalorda (qui voulait dissuasifs (18 euros l’aller Valence-Lyon, des entreprises picardes souffrent éga- au départ se retirer complètement du effectué en 1h15 contre 50 minutes en lement d’une dégradation de l’offre SMTC), les dépenses sociales du dépar- 1999), des trains bondés à l’arrivée à dans le sens Paris-Picardie le matin. tement ont explosé de 30 millions par an Lyon,… Conséquence logique : 20 % seu- Certains trains sont surchargés alors que les recettes (dotations de l’Etat, lement des Valentinois travaillant à Lyon même en situation normale. Ces condi- fiscalité locale) ont baissé de 6 millions. utilisent le train, et les embouteillages tions de transport sont inacceptables Mais les crédits consacrés aux routes ont sont monstrueux au sud de Lyon. car contraires à l’un des objectifs du augmenté de 14,5 millions d’euros : le Entre Montélimar et Valence, l’Asso- nouveau service 2015, qui était de ré- choix politique était clair. ciation des usagers du TER en vallée du soudre les problèmes de surcharge. Le développement des lignes de tram Rhône (AUTERVR) demande le caden- La dégradation actuelle de la qua- et l’extension du réseau de bus ont per- cement des trains à la demi-heure aux lité de service (nombreux retards ou mis de faire reculer le trafic automobile au heures de pointe, à l’heure le reste de la suppressions) a pour origine princi- centre de l’agglomération grenobloise de journée, et une desserte correcte des villes pale de graves problèmes de matériel : manière très significative : si le nouveau de Loriol et Livron. La grille horaire ac- pannes récurrentes dues à une main- conseil départemental, à majorité UMP, tuelle présente des trous de 2h30 le matin tenance très insuffisante, et organi- ne révise pas le désengagement de son et de 3h30 l’après midi à la gare de Loriol, sation défaillante de l’acheminement prédécesseur vis-vis du SMTC et main- localité dont la zone d’activités est en des rames. tient ses projets routiers très ambitieux, forte expansion avec le pôle logistique du Afin de remédier à ces déficiences c’est tout cet acquis qui sera menacé. Pouzin. qui pénalisent fortement les habitants Nathalie Teppe, présidente, ADTC-Grenoble z La création d’une ligne routière directe et l’économie du territoire, nous conti- Valence – Vienne – Saint-Etienne évi- nuons de travailler à l’amélioration du Des trains et de l’air tant Lyon a permis un gain de temps de service horaire avec nos interlocuteurs pour la Haute-Savoie 50 minutes, 350 étudiants en bénéficient de la Région et de la SNCF, ainsi qu’à chaque week-end. veiller à ce que les plans d’action pro- Le département de la Haute-Savoie Mais aucun train nouveau n’a été créé mis par la SNCF soient réellement mis dispose d’un réseau ferré de 235 km, depuis plus de 5 ans. Nous demandons en œuvre, condition d’une améliora- intégralement électrifié, et d’une source le rétablissement du TGV de 6h04 qui tion durable de la qualité de service. d’énergie hydro-électrique offrant une offrait une liaison très performante entre Christiane Dupart, solution de mobilité peu émettrice de Valence et l’aéroport de Saint-Exupéry présidente de la FNAUT Picardie z polluants, et pourtant… Le service ferro- en 25 minutes, et celui du train Genève- viaire ne cesse de se contracter, alors que Irun desservant Lyon, Valence, Toulouse, fnaut infos- Bulletin mensuel d’information le département connait une forte crois- Lourdes, Pau, Dax et Bayonne. Nous Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°236 sance démographique (252 000 habitants notons avec intérêt l’expérimentation ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. supplémentaires en 30 ans), une fréquen- d’un train de soirée, le vendredi, à l’in- Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers tation touristique majeure et une pollu- tention des nombreux étudiants arrivant Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d tion de l’air préoccupante (plus de 105 de Rennes, Nantes, Paris, Lille et Stras- Prix au numéro : 2 d jours de dépassement du seuil d’oxyde bourg à Lyon-Part Dieu et se rendant à Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT d’azote en 2014). Vienne, Condrieu, Le Péage-de-Roussil- de votre région, contacter notre permanence : Or, à population égale (750 000 habi- lon, Annonay, Tain, Romans, Valence et 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris tants), la Haute-Savoie bénéficie de 42% en Ardèche. tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] de trains TER en moins que le dépar- Jean-Marc Sabatier, président, Association Internet : http://www.fnaut.fr tement de la Loire : 96 trains par jour des Usagers du TER de la vallée du Rhône z CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°236 - juillet-août 2015 n°237 infos septembre 2015 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

La Cour des comptes et le TGV : une incompétence consternante !

Trains Intercités : on verra plus tard... Suite à la publication du rapport Duron (FNAUT Infos 235), les décisions du gouver- nement étaient très attendues. Le secrétaire d’Etat aux Transports, Alain Vidalies, reconnaît lui-même que le statu quo n’est plus tenable : la moyenne d’âge du matériel roulant est de 35 ans, la fréquentation a baissé de 20 % depuis 2011 et le déficit d’exploitation, assumé par la SNCF, pourrait passer à 450 millions d’euros en 2016 (il était de 200 millions en 2010). Mais le gouvernement a réagi avec une prudence proche de l’immobilisme et repor- té les décisions au-delà des prochaines élec- Photo : Marc Debrincat tions régionales. Il a certes annoncé, mais sans plus de pré- cisions, que le matériel roulant de jour serait Dans un rapport publié en octobre 2014, la Cour des comptes s’interroge légi- renouvelé sur les lignes principales pour timement sur la rentabilité des lignes à grande vitesse, et la FNAUT partage cer- 1,5 milliard d’euros d’ici 2025 (500 millions taines de ses analyses. Mais ce rapport, intitulé « la grande vitesse ferroviaire, sont déjà affectés à la mise en service de un modèle porté au-delà de sa pertinence », est de fait un procès à charge du 34 rames en 2016). Mais le matériel de nuit TGV. Les magistrats de la Cour, dont on attendait plus de sérieux et d’objec- n’est pas concerné : à l’exception des relations tivité, se sont portés au-delà de leur compétence ferroviaire. Une multitude Paris-Briançon et Paris-Rodez-Latour de Carol, d’oublis, d’erreurs factuelles, d’hypothèses irréalistes et de comparaisons fan- l’avenir des trains de nuit est donc aujourd’hui taisistes discréditent une large part de leurs recommandations. Après le « tout- sérieusement compromis. TGV » délirant du Schéma national des infrastructures de transports de 2011, Le préfet François Philizot est chargé de est-il vraiment raisonnable de tomber dans un « zéro-TGV » régressif ? négocier avec les régions, d’ici 2016, les « modalités d’évolution » des trains Interci- Spécialistes des finances publiques, les relancé récemment par le Chef de l’Etat. tés, en clair leur transformation en trains TER, magistrats de la Cour des comptes sont Pourtant, des investissements sur la ligne voire en autocars. bien dans leur rôle quand ils s’interrogent classique Paris-Orléans-Limoges-Tou- Enfin l’exploitation de certaines relations sur la rentabilité des LGV et s’inquiètent louse (POLT) et, ultérieurement, son rac- Intercités par d’autres opérateurs que la SNCF, de la dérive des coûts d’exploitation du cordement à la LGV POCL, à Orléans suggérée par la commission Duron elle-même, TGV et de l’évolution défavorable de son ou Châteauroux, seraient plus rationnels est écartée. L’Etat, autorité organisatrice des modèle économique. (FNAUT Infos 152 et 214). Intercités et soi-disant « stratège » mais sans Ils dénoncent ainsi avec justesse « les Le rapport de la Cour peut ainsi appa- projet, a prolongé de 5 ans le monopole de la effets incertains du TGV sur le dévelop- raître comme une démarche vertueuse. SNCF : pas question de « précipitation », dit le pement économique », « le contourne- Mais quand ils s’érigent en experts de gouvernement (quand il s’agit de libéraliser ment des critères de rentabilité socio-éco- l’exploitation ferroviaire ou de l’envi- le transport à longue distance par autocar, il nomique » par les responsables politiques ronnement, sans même tenir compte des craint nettement moins la précipitation). pour lesquels le TGV est une solution réfutations de la SNCF ou de l’ADEME, Ainsi le manque de vision et d’ambition du miracle aux difficultés des régions, et les magistrats de la Cour des comptes gouvernement se confirme face au déclin an- « des annonces qui tiennent lieu de déci- commettent trop d’erreurs factuelles pour noncé du rail face à l’avion à bas coût, à l’auto- sion de principe » : « le processus de déci- que leurs recommandations soient réelle- car et au covoiturage. On est loin des proposi- sion n’est que partiellement rationnel »... ment convaincantes. tions de la FNAUT, qui réclame la reconstitution Ces mises en garde judicieuses Et quand ils évaluent l’utilité collec- d’un réseau cohérent de dessertes Intercités concernent, la Cour le laisse entendre, tive d’un projet de LGV et son finan- couvrant l’ensemble du territoire et exploité tous les grands projets de transports cement, ils négligent des paramètres dans un esprit de service public, ou encore (autoroutes urbaines et interurbaines, aussi essentiels que les conditions de des initiatives très volontaristes de la Deutsche canal Seine-Nord, nouveaux aéroports). la concurrence intermodale, l’aména- Bahn, qui a repensé son offre pour contrer l’of- Mais elles s’appliquent particulièrement gement du territoire, le déficit de notre fensive des autocaristes en Allemagne. bien au projet de LGV Poitiers-Limoges, balance commerciale, les coûts externes Bruno Gazeau z condamné avec sévérité par la Cour mais et la fiscalité écologique.

fnaut-infos n°237 - septembre 2015 x 1 Les erreurs de la Cour des comptes La FNAUT et le TGV La FNAUT n’hésite pas à l’affirmer, on Une vision malthusienne la mise en service de la LGV Méditerra- a encore besoin de grands travaux fer- Dossierdu TGV née, le TGV reliait Paris à Marseille en roviaires. Elle refuse le tout-TGV d’hier 4h20 et sa part du marché train + avion et le zéro-TGV à la mode aujourd’hui. La Cour reconnaît que, sans l’appari- était déjà de 40 % ; elle est aujourd’hui de Elle n’a jamais adulé le TGV. Dès tion du TGV, le trafic ferroviaire voya- 70 % pour un trajet effectué en 3h-3h20 1984, elle a présenté au conseil d’ad- geurs, sérieusement affaibli par l’essor suivant le nombre d’arrêts : pourquoi n’en ministration de la SNCF un rapport de l’automobile, aurait irrémédiablement serait-il pas de même sur Paris-Toulouse ? très critique sur le TGV et a été la pre- décliné : « la démocratisation de l’avion à La Cour se contredit d’ailleurs, puisqu’elle mière à en dénoncer les défauts et les partir des années 1960 lui aurait donné le craint que le TGV ne fasse perdre beau- effets pervers : l’abandon du réseau coup de grâce ». Mais elle ne cesse ensuite coup clientèle à l’aéroport de Toulouse ! classique jusqu’en 2005, les gares à de développer une vision malthusienne Selon la Cour, si le TGV concurrence la campagne, la tarification abusive du TGV et d’en proposer des alternatives l’avion, il concurrence peu la voiture. du TGV Nord introduite en 1993, la moins attractives et peu compétitives, C’est inexact : l’autoroute A6 Paris-Lyon dégradation de la desserte des villes alors que le train est plus concurrencé a vu le trafic stagner entre l’ouverture de la moyennes (FNAUT Infos 199). Elle a que jamais (avion low cost, autocar, co- LGV en 1981 et le contre-choc pétrolier déposé un recours contre la DUP de voiturage et, plus récemment et encore de de 1986 (alors que sa croissance rapide se la LGV Poitiers-Limoges. manière marginale, location de voitures poursuivait sur les autres autoroutes). Par Elle n’a jamais caché ses hésitations entre particuliers). la suite, sa mise à 2 x 3 voies de bout en face à certains projets de LGV, mais Elle évoque les effets négatifs du TGV bout, envisagée initialement, n’a jamais vu elle a finalement dégagé une position sur le réseau classique mais en ignore les le jour malgré une reprise du trafic après évitant tout dogmatisme. Elle n’a pas effets positifs : de nombreuses lignes clas- le contrechoc pétrolier de 1986. confondu le principe des LGV et l’ex- siques ont été modernisées et électrifiées En affirmant que le TGV ne doit ploitation du TGV, ou cette exploita- pour accueillir le TGV, ou ont été désatu- rouler que sur des LGV, la Cour le tion telle qu’elle est mise en œuvre et rées au bénéfice du TER et du fret. confond avec l’Aérotrain ou le Maglev. telle qu’elle pourrait l’être, comme le L’interopérabilité du TGV est la base font souvent les contempteurs du TGV. Une référence obsolète de son succès car elle évite au voyageur Et elle a toujours affirmé que l’exten- des correspondances contraignantes : sion future des LGV, essentiellement à Quand elle dénonce une « fuite en selon la SNCF, une correspondance quelques itinéraires internationaux avant » dans une multitude de projets de équivaut à une heure de trajet supplé- et la desserte de grandes métropoles LGV, la Cour se réfère au très irréaliste mentaire. Comment un point aussi fon- (Toulouse, Nice), devait être accompa- Schéma National d’Infrastructures de damental a-t-il pu échapper à la Cour ? gnée par la modernisation des grands Transport (SNIT) de 2011 (FNAUT In- Après l’ouverture de la LGV Paris-Le itinéraires classiques : une bonne par- fos 191). Une référence obsolète, car Mans, le trafic Paris-Brest a augmenté tie du territoire ne peut rester dépen- seuls 4 projets importants, défendus par de 30 % mais, jusqu’à l’électrification dante de la route et de l’avion. la FNAUT (FNAUT Infos 214), étaient de la ligne Rennes-Quimper, le trafic Rappelons que, tout en critiquant encore envisagés lors de l’élaboration Paris-Quimper a stagné en raison de la les défauts du TGV, nos associations du rapport : Bordeaux-Toulouse/Dax, correspondance (pourtant quai à quai en se sont efforcées d’obtenir l’améliora- Montpellier-Perpignan, Marseille-Nice 10 min) imposée à Rennes car, aux yeux tion du réseau des LGV. Dès la fin des et le POCL (que nous proposons de des voyageurs, elle annulait le gain de années 70, Jean Chouleur, un des fon- compléter par deux barreaux, Orléans- temps (1 h) entre Paris et Le Mans. dateurs de la FNAUT, a proposé une Courtalain et Dijon-Saulieu, pour créer Au Japon, contrairement à ce qu’af- interconnexion des LGV en région pa- du même coup deux grandes transversales firme la Cour, les trains à grande vitesse risienne ; le projet retenu diffère peu à grande vitesse Lyon-Nantes/Rennes et circulent aussi sur des lignes classiques, de sa proposition qui avait fait sourire. Lyon-Strasbourg). au prix d’une modification de l’écarte- Dix ans plus tard, c’est Pierre Bermond, Cette référence constante au SNIT ment des voies métriques : le matériel vice-président, qui a lancé l’idée « dé- a faussé la perception de la Cour et l’a Shinkansen roule ainsi, à des vitesses centralisatrice » du TGV Rhin-Rhône. amenée à prendre des positions très hos- comprises entre 80 et 130 km/h, sur les A Besançon, la FNAUT Franche-Comté tiles à l’extension du réseau des LGV, lignes Fukushima-Shinjo (149 km) et a obtenu une connexion entre la gare fondées sur des données erronées et fi- Morioka-Akita (127 km). En Espagne, TGV excentrée et la gare centrale. La nalement peu crédibles car tous les pro- des matériels à écartement variable (CAF FNAUT PACA a milité avec succès pour jets sont mis dans le même sac. A trop et Talgo) roulent couramment sur LGV une liaison entre la gare centrale et la vouloir prouver... puis sur des lignes conventionnelles à gare TGV d’Avignon. La FNAUT Pays écartement large. de la Loire est à l’origine du projet Des erreurs grossières La Cour se contredit volontiers. Elle VFCEA, fermement soutenu par la note ainsi, page 17 du rapport, que la FNAUT Bourgogne, qui connectera la La Cour méconnaît diverses réalités faible fréquence des arrêts du TGV gare du Creusot-TGV et la ligne Cha- techniques et commerciales de base. contribue à son taux élevé de remplissage gny-Nevers. La FNAUT a soutenu la Selon elle, le créneau de pertinence mais déplore, page 18, le nombre trop réouverture de la ligne Bourg-Belle- du TGV se limiterait aux trajets de 3h élevé des arrêts sur les LGV. garde aujourd’hui utilisée par le TGV maximum, ce qui l’amène à éliminer la Autre erreur de la Cour, la nouvelle Paris-Genève. Elle a soutenu le tracé LGV Bordeaux-Toulouse permettant un signalisation ERTMS permettrait de médian du projet de LGV POCL, finale- trajet Paris-Toulouse en... 3h10. passer de 12 à 26 le nombre des TGV cir- ment retenu par RFF. Or ce fameux seuil est un mythe : si le culant par sens et par heure sur la LGV Suggérée par la FNAUT Pays de la trajet dure 4h, le TGV capte, en moyenne, Paris-Lyon et rendrait donc son double- Loire, le raccordement entre les deux entre 45 % et 55 % du marché avion ment par la LGV POCL inutile : pour les branches de la LGV Bretagne-Pays de + train ; si le trajet dure 5h, il conserve experts ferroviaires, ce chiffre est fantai- la Loire (virgule de Sablé) permettra entre 25 % et 30 % de ce marché. Avant siste, 15-16 étant un maximum. des relations rapides Rennes-Angers.

2 x fnaut-infos n°237 - septembre 2015 La rentabilité du TGV Le territoire oublié Venons-en à la rentabilité et aux pos- sibilités de financement des LGV. Quand La Cour estime que le nombre de La FNAUT souhaite au contraire que elle analyse la rentabilité des LGV, la gares desservies par le TGV est exces- des villes moyennes (Voiron, 38) disposent Cour s’inquiète de la dérive des coûts sif. Or ce nombre, 230, n’a rien d’extra- d’au moins un aller-retour quotidien avec d’exploitation du TGV par la SNCF, mais vagant, contrairement à ce qu’elle laisse Paris (mais la SNCF refuse alors qu’elle elle ignore totalement les conditions entendre (il n’y en a d’ailleurs que 190 pourrait gagner de nouveaux clients). dans lesquelles s’exerce la concurrence en France même) : de fait, il est peu si- A noter que le taux de remplissage des intermodale. Or la rentabilité du TGV, gnificatif car beaucoup de ces gares ne TGV sur leurs parcours terminaux pour- loin d’être une propriété intrinsèque du sont desservies qu’à faible fréquence ou rait être amélioré si, comme le demande la rail, dépend crucialement de ces condi- saisonnièrement, c’est le cas des stations FNAUT, ils étaient librement accessibles tions : l’avion et l’automobile bénéfi- balnéaires ou de sports d’hiver. En Alle- aux usagers du TER. cient en effet d’avantages fiscaux consi- magne (357 000 km2, soit les deux-tiers La Cour affirme également que le dérables qui faussent la concurrence. seulement de la superficie de la France), nombre d’arrêts des TGV sur les LGV est L’Etat a porté de 7 à 10 % le taux de TVA l’ICE dessert plus de 150 gares. excessif lui aussi, ce qui allonge les temps sur le transport public, mais le kérosène La Cour affirme qu’entre Rennes et de parcours et fait perdre de la clientèle. est épargné par la TICPE, et les taxes sur Brest, le TGV s’arrête plus souvent et est Mais elle ne prend pas en compte la fré- le gazole et l’essence sont loin de cou- plus lent que le TER : la simple consul- quence de ces arrêts et se garde bien de vrir les coûts externes (congestion, acci- tation de quelques fiches horaires aurait préciser lesquels il faudrait supprimer... dents, nuisances, émissions de GES) du permis d’éviter cette erreur. Pour conforter son analyse, la Cour cite trafic automobile : non seulement les Sur les parcours terminaux sur lignes en exemple le Shinkansen qui circule sur modes de transport les plus énergivores classiques, c’est précisément une des- la LGV Tokyo-Osaka (515 km) en ne sont favorisés, non seulement les atouts serte assez fine, spécialement sur l’Arc desservant que... 17 gares ! Un contresens écologiques du train ne sont pas valori- méditerranéen ou en Bretagne, qui absolu : le TGV ne dessert que 2 gares sur sés, mais le rail est pénalisé. assure le succès du TGV, car la popu- Paris-Lyon (425 km). Il n’est pas choquant que la construc- lation y est dispersée le long des litto- Par ailleurs, si le Shinkansen transporte tion des LGV soit subventionnée par l’Etat raux. Réduire le nombre des arrêts ferait 1,5 fois plus de voyageurs sur la ligne To- et les collectivités territoriales, comme le perdre de la clientèle et pénaliserait les kyo-Osaka que tous les TGV français, c’est sont les autres infrastructures de trans- villes moyennes, déjà défavorisées par la tout simplement parce que cette ligne des- port. C’est notamment le cas de toutes les dégradation des dessertes Intercités : un sert un corridor de 500 km où est concen- routes et des autoroutes urbaines et inte- réseau TGV « Guillaumat », réduit aux trée une population de 70 millions d’habi- rurbaines gratuites. LGV, n’est ni judicieux commerciale- tants. Imaginon ce que serait le trafic du ment, ni acceptable pour la desserte des TGV si toute la population française était Le financement des LGV territoires. concentrée sur l’axe Paris-Lyon !

Pour la Cour enfin, qui commet la même erreur que la commission Mobi- L’environnement négligé lité 21, les ressources disponibles sont limitées et ne permettent plus d’étendre La Cour ne se préoccupe pas plus de Après avoir, à tort, estimé faible l’impact le réseau des LGV. C’est faux : ce n’est pas l’environnement que des territoires. Elle du TGV sur les émissions de GES, la Cour l’argent public qui manque, c’est la volonté condamne ainsi la LGV Bordeaux-Tou- compare son estimation de cet impact (erro- politique de mettre en place une fiscalité louse au motif qu’elle affaiblirait l’aéro- née selon l’ADEME) à celui du car, comme écologique digne de ce nom. Un centime port de Toulouse (après avoir affirmé que si le car pouvait remplacer le TGV, malgré sa de taxe additionnelle sur le litre de ga- sur Paris-Toulouse, le TGV ne pouvait lenteur, sans inciter les voyageurs à prendre zole rapporte 400 millions par an à l’Etat, concurrencer l’avion). l’avion. Elle en conclut qu’il faut développer soit 8 milliards sur 20 ans, le coût d’une La Cour affirme péremptoirement quela les services de cars pour, dit-elle mystérieu- LGV de 300 km. La sous-taxation du ga- construction d’une LGV émet autant de sement, « mieux intégrer la grande vitesse aux zole par rapport à l’essence, 17 centimes gaz à effet de serre (GES) qu’une auto- choix de mobilité des Français », proposant par litre, coûte à l’Etat environ 7 milliards route. Elle oublie qu’une fois construite, ainsi de concurrencer le TGV dont elle dé- par an... une autoroute induit un trafic fortement plore que sa fréquentation stagne ! L’intérêt de la fiscalité écologique est émetteur de GES alors qu’inversement, Enfin, selon la Cour, la mise à 200 km/h de pouvoir rapporter des sommes consi- une LGV absorbe massivement des trafics des lignes classiques serait l’alternative dérables et de permettre de financer à routiers et aériens, eux-mêmes générateurs écologique à la construction de nouvelles la fois l’extension du réseau des LGV, la de GES, et évite ainsi des investissements LGV. C’est une illusion : cette vitesse, déjà modernisation du réseau ferré classique routiers et aéroportuaires. possible sur un millier de km (38 sections et l’équipement en transports urbains Une expertise récente réalisée pour RFF bien tracées), ne pourrait être atteinte, à un en site propre, donc de sortir d’une vision et la FNAUT par Gérard Mathieu, Jacques coût raisonnable, que sur environ 500 km malthusienne des grands investissements Pavaux et Marc Gaudry (Evaluation de la supplémentaires (une quinzaine de sec- de transports. contribution du réseau TGV à la réduction des tions), pour des gains de temps marginaux : Rappelons que les Suisses ont finan- émissions de gaz à effet de serre, mars 2013) 2 min pour une section de 30 km. Et la faible cé leurs nouvelles traversées alpines, a démontré l’impact écologique très positif rentabilité de ces opérations ne permettrait en particulier les tunnels du Lötsch- des LGV. La « durée de compensation » pas de les rentabiliser. berg, du Gothard et du Ceneri, par une des émissions de GES liées à la construc- L’Allemagne a longtemps privilégié la écotaxe poids lourds, la RPLP, afin de tion par l’effet des transferts modaux, cal- mise à 200 km/h de ses lignes classiques reporter sur le rail les deux-tiers du tra- culée pour les projets pertinents cités plus et a construit deux fois moins de LGV fic routier de fret nord-sud (1 200 000 haut, varie de 5 à 10 ans suivant ces projets. que la France : bien que les distances y camions par an). La Cour aurait pu étu- Il est regrettable que les rédacteurs du rap- soient plus courtes, la part de marché de dier utilement l’exemplaire politique port aient ignoré cette expertise essentielle l’avion y reste largement prépondérante suisse des transports. (FNAUT Infos 214). (FNAUT Infos 214).

fnaut-infos n°237 - septembre 2015 x 3 Ligne classique La dette ferroviaire et le TGV ou ligne nouvelle ?

Le TGV est le seul secteur ferro- en monnaie courante, dont 5 seulement Faut-il améliorer les performances viaire rentabilisable. Mais il est admis, à la charge du système ferroviaire, le d’une ligne existante ou construire une par la Cour des comptes, les écolo- taux de subventionnement moyen de ces ligne nouvelle ? Ecartant toute posi- gistes et certains économistes (Rémy 4 LGV étant d’environ 70 %. tion dogmatique, la FNAUT estime qu’il Prud’homme, Yves Crozet) contemp- La charge totale du système ferroviaire faut raisonner au cas par cas et préco- teurs du TGV que la dette ferroviaire sera donc de 11 + 5 = 16 milliards en nise, par exemple, une ligne nouvelle à SNCF + RFF (32,5 milliards d’euros 2025, à comparer aux 60 milliards de la grande vitesse Bordeaux-Toulouse et fin 2010, 42 fin 2013, 44 fin 2014) est dette prévue à cette date. une ligne existante améliorée Paris-Li- essentiellement une « dette d’infrastruc- Enfin, même si les LGV récentes ne moges (FNAUT Infos 214). ture », due à la construction accélérée de sont pas aussi rentables financièrement Un débat analogue est en cours en LGV insuffisamment subventionnées au que la LN1 Paris-Lyon (un taux excep- Suisse romande : faut-il moderniser la départ puis insuffisamment rentables. tionnel de 15 %, d’où son rembourse- ligne Lausanne-Genève, selon le projet Dans un article paru le 29 juin 2014 ment intégral dès 1992), elles ont toutes actuel Léman 2030, ou créer une ligne dans Les Echos, Denis Huneau, ancien une rentabilité significativement posi- nouvelle ? La Communauté d’intérêts directeur de l’Etablissement public de tive pour le secteur ferroviaire. pour les transports publics (CITRAP) sécurité ferroviaire (EPSF), démontre Les excédents d’exploitation du TGV préconise la deuxième solution. qu’il n’en est rien. Son argumentaire permettent de rembourser peu à peu la Selon Michel Béguelin, ancien se- chiffré est basé notamment sur le rapport dette ferroviaire, en 20 ou 30 ans suivant crétaire des cheminots SEV et ancien Mariton de 2004, les bilans « LOTI » les LGV considérées (dont la durée de conseiller aux Etats, les travaux prévus des LGV établis sous le contrôle du vie excède les 100 ans). Les contribu- jusqu’en 2025 (extension de la gare de CGEDD et le rapport Savary de 2014 tions publiques étant accordées à fonds Lausanne, 4ème voie Lausanne-Renens, relatif au projet de réforme ferroviaire. perdus, la construction des LGV n’entraîne voies de croisement à Chambésy et donc pas de spirale d’endettement, la dette Mies) sont pertinents, mais « les travaux La dette ferroviaire n’est pas le ré- d’infrastructure est amortissable. prévus ultérieurement (élargissement sultat d’une politique d’investissement à 3 ou 4 voies), c’est du rafistolage qui déraisonnable. Mais alors, d’où vient la dette ferro- va coûter très cher et perturber le tra- Le coût des LGV mises en service viaire, qui augmente d’environ 2 milliards fic sans apporter une capacité supplé- entre 1981 et 2011 (2 100 km) se monte d’euros par an ? mentaire » : l’axe restera saturé et son à environ 17 milliards en monnaie cou- De la « mauvaise dette » initiale, non exploitation fragile, le moindre incident rante (la dette est contractée « au fil de apurée par l’Etat en 1997, et par la suite entraînant des retards importants. l’eau » en monnaie courante, les paie- des déficits d’exploitation du réseau. Inspirée par la mise en service ments sont également assurés en mon- Les recettes fournies par les voyageurs d’une nouvelle ligne diamétrale à Zu- naie courante) dont 11 seulement ont et les chargeurs ne suivent pas la dérive rich, la CITRAP propose de créer une été supportés par le secteur ferroviaire, continue des coûts de production de la ligne à deux voies entre Lausanne et un montant très inférieur à la dette ac- SNCF (productivité insuffisante, masse Genève, sans gare intermédiaire, sur tuelle de 44 milliards. salariale en hausse malgré la baisse des un tracé nouveau parallèle à l’auto- La LGV Paris-Lyon a été entière- effectifs). La dette s’accroît donc, mal- route et parcourable à grande vitesse. ment financée par la SNCF. Par la suite, gré les bénéfices des TGV et la prise en Les 6 arrêts abandonnés en 2004 sur le coût des LGV pour le système fer- charge du déficit des TER par les Ré- la ligne existante, qui serait allégée roviaire a été fortement allégé par des gions (celle du déficit des Intercités par du trafic de bout en bout, pourraient subventions publiques, allant de 5 % à l’Etat est marginale). Le budget de RFF alors être rétablis. 30 % pour la LGV Atlantique et 75 % a été souvent voté en déficit, les péages Selon l’ingénieur Rodolphe Weibel, « pour la LGV Est, ce qui a permis de payés par les TER et surtout les trains de construire le long de l’autoroute pose réduire l’endettement initial. fret ne couvrant pas leurs coûts d’usage moins de problèmes que le long de la Le coût des 700 km de LGV en du réseau (seul le TGV paie les siens) ligne historique, proche des habitations. construction (les fameux 4 « coups par- et la régénération du réseau étant à la Les réactions à la proposition de la tis ») est lui aussi d’environ 17 milliards charge de RFF. CITRAP sont variées. Pour les uns, « le programme Léman 2030 est acquis, il La dette ferroviaire et le TGV ne faut pas lâcher la proie pour l’ombre, une ligne nouvelle ne peut être envi- Les difficultés à financer de nouvelles plus rentables, ce qui réduit le montant sagée qu’à plus long terme ». Pour LGV sont nombreuses : des péages perçus par RFF (le trafic per- d’autres, « il faut d’abord vérifier la vali- - un subventionnement par l’Etat et du en fret a compensé le trafic voyageurs dité d’un scénario de croissance impor- les collectivités territoriales à un niveau gagné grâce au TGV ; en Allemagne tante de la mobilité ». satisfaisant est devenu difficile ; tous les trafics ont progressé). Pour d’autres encore, tels Roger Nord- - les exigences environnementales Mais les solutions proposées par la mann (PS), « il est judicieux de voir loin ; croissantes augmentent les coûts des FNAUT n’ont rien d’utopique : en matière ferroviaire, il faut penser en LGV à construire ; - recours à la fiscalité écologique pour termes de générations. L’analyse de la - ces LGV sont moins rentables que assainir la concurrence intermodale, per- CITRAP est très juste, il est probable- les LGV existantes ou en construction ; mettre à la SNCF de regagner du trafic ment plus efficace et moins cher de - la concurrence s’exerçant sur le TGV sur ses concurrents, et à l’Etat de mieux créer une nouvelle ligne que de bricoler s’est accrue et diversifiée (avion à bas financer le réseau ferré, comme en Suisse la ligne actuelle. Mais il faut aussi des coût, autocar, covoiturage) ; et en Allemagne ; jonctions entre les deux lignes pour per- - l’inflation des coûts de production - introduction de la concurrence dans mettre des trains semi-directs comme du système ferroviaire s’est accentuée ; le système ferroviaire, permettant de entre Berne et Zurich et pour faciliter la - le réseau ferré est sous-utilisé, la réduire les coûts de l’exploitation des gestion des incidents » (source : Tribune SNCF se recentrant sur les services les trains et des travaux sur le réseau. de Genève, 19 juin 2014).

4 x fnaut-infos n°237 - septembre 2015 Le TGV, bouc émissaire du rail Un rapport trompeur

Il est devenu politiquement correct La FNAUT reconnaît les points posi- Gares campagnardes d’accuser le TGV de ruiner le système tifs du rapport de la Cour. Son analyse ferroviaire. Ministres, parlementaires des mécanismes de lancement des LGV La Cour a examiné, comme la (Gilles Savary), présidents de SNCF et sa critique sévère de la LGV Poi- FNAUT lui avait demandé à plusieurs Mobilité et SNCF Réseau, écologistes tiers-Limoges (un projet « non priori- reprises, le positionnement absurde et certains économistes ne s’en privent taire, non financé mais poursuivi avec des gares nouvelles TGV : une série pas. Cette accusation est-elle justifiée ? vigueur ») et des gares nouvelles (enca- de bévues, heureusement évitées sur Le TGV a certes exigé de grands inves- dré ci-contre) sont très pertinentes. les LGV Bretagne et Tours-Bordeaux, tissements qui ont endetté lourdement Elle dénonce aussi, comme la qu’il faut aujourd’hui corriger à grands la SNCF puis RFF. Mais on oublie un peu FNAUT, les fantasmes des grands élus frais en Lorraine ou à Avignon et qui, vite qu’il a aussi rapporté beaucoup qui croient que le TGV va faire des d’Agen à Montpellier, se reproduisent d’argent à la SNCF, qui l’a utilisé pour miracles dans leur région, fantasmes sous la pression d’élus locaux plus pré- financer le déficit de ses autres activi- qui concernent tous les grands projets occupés de prestige que de l’intérêt des tés, surtout le transport du fret, et sa d’infrastructures. voyageurs, avec la connivence de l’Etat croissance à l’étranger et sur la route. Mais dans son rapport superficiel qui et de RFF (FNAUT Infos 167, 231, L’exploitation du TGV est la seule acti- s’inscrit dans l’air du temps, la Cour 234). La Cour critique ces gares, cou- vité ferroviaire qui dégage aujourd’hui accumule les critiques systématiques du pées pour la plupart du TER (alors que des bénéfices. TGV et manque trop de rigueur, d’im- 20% des voyageurs utilisent un TER en A en croire tous ceux qui critiquent partialité et de cohérence. Les contra- correspondance avec le TGV) et des le TGV, le rail sera sauvé grâce à l’aban- dictions sont nombreuses : tantôt le transports urbains et départementaux. don du « tout-TGV ». C’est une vision TGV va trop vite, tantôt il se traîne ; à illusoire. Non seulement le « tout-TGV » Toulouse, il menacerait l’aéroport mais désigner les LGV qu’il ne fallait pas s’est estompé (depuis 2005, les inves- pas l’avion. Son évaluation environne- construire et les arrêts à supprimer sur tissements de RFF ont été multipliés mentale ignore les nuisances routières les LGV et les lignes classiques. par 2,5 ; selon son président Jacques et les accidents. Il est regrettable que la Cour, peu cu- Rapoport, l’ensemble du réseau aura été Tous les arguments sont bons à ses rieuse, ait limité ses consultations aux modernisé en 2025), mais ce seul aban- yeux pour « descendre » le TGV. Elle acteurs « officiels » du transport. Les don ne provoquerait pas l’indispensable affirme par exemple qu’un car plein associations ont été ignorées alors que réduction des coûts d’exploitation de la de voyageurs émet moins de CO2 par les voyageurs, dont elles connaissent SNCF (seule l’introduction d’une concur- passager x km qu’un train presque vide bien les besoins et les comportements, rence maîtrisée pourra y contribuer). Les (sic) : on s’en doutait... sont les premiers concernés. investissements routiers en seraient les Elle souligne, laissant entendre que le Le rapport apparaît finalement premiers bénéficiaires. Un seul exemple : TGV est élitiste, que le TER transporte comme un texte de circonstance. Il le conseil général de la Vienne refuse bien plus de voyageurs que le TGV, ou reprend sans esprit critique certaines catégoriquement de participer au finan- encore qu’un habitant d’une ville de idées avancées par la SNCF : ne faire cement de la LGV Poitiers-Limoges et moins de 100 000 habitants utilise, en circuler les TGV que sur les LGV, donc affirme que sa priorité est la mise à 2x2 moyenne, 11 fois moins le TGV qu’un transférer les services d’aménagement voies de la RN 147-149. parisien, mais que peut-on en déduire du territoire aux Régions, et lui laisser D’autre part, le TGV conserve une per- de manière rigoureuse ? les seules activités rentables. tinence socio-économique dès lors : La Cour refuse d’admettre que des De même il reprend les idées du - que les services ne seront pas limi- LGV performantes sont nécessaires ministre de l’Economie, sans se pré- tés à quelques LGV radiales mais irri- pour permettre les reports modaux sou- occuper des conséquences de la libé- gueront l’ensemble du territoire ; haitables. Hérité du 19ème siècle, le ré- ralisation des services interrégionaux - que les LGV futures seront choisies seau ferré classique, même modernisé, d’autocars sur les services ferroviaires. rationnellement (voir FNAUT Infos 214), ne sera jamais compétitif avec l’auto- En définitive, les préconisations sans en particulier en sélectionnant les pro- route, encore moins avec l’avion. nuances de la Cour sont dangereuses jets d’intérêt européen et en maillant le De manière difficilement compré- car, conçues dans une démarche pure- réseau des LGV pour renforcer les liai- hensible, la Cour n’a tenu aucun compte ment comptable et à court terme, sans sons entre grandes villes de province, des observations de l’ADEME contes- vue d’ensemble socio-économique et et non au gré des fantaisies de grands tant en particulier sa méthode de calcul écologique, elles négligent les besoins élus en mal de grands projets ; des émissions de GES. des voyageurs et de l’aménagement du - enfin qu’une politique intermodale Il est tout aussi étonnant que la Cour territoire, et la nécessité urgente de sera mise en œuvre et que les condi- recommande de limiter le nombre prendre en compte la lutte contre la tions de concurrence entre le rail des gares desservies par le TGV sans pollution de l’air et le défi climatique. d’une part, l’avion et la voiture d’autre présenter une évaluation chiffrée des La Cour devrait étudier aujourd’hui part auront été rééquilibrées et assai- conséquences commerciales et finan- la possibilité d’un financement public nies par la mise en application d’une cières d’une telle orientation qui risque simultané des LGV et de la modernisa- fiscalité écologique qui est tout sauf d’être contre-productive pour la SNCF tion des lignes existantes grâce à la fis- punitive. et serait coûteuse pour les Régions. calité écologique (une mesure facilitée Ce n’est pas le TGV qui est à bout de Certes le TGV passe 40 % de son temps aujourd’hui par la chute brutale du prix souffle, c’est la politique française des sur des lignes classiques, cela peut cho- du pétrole) : une hausse du coût d’usage transports. Il est temps de donner à quer, encore fallait-il démontrer avec du TGV serait ainsi évitée et la fré- la SNCF, à l’opposé de sa stratégie de rigueur que cela affecte sa rentabilité. quentation du TGV serait maximisée. croissance externe, la seule mission de La Cour reste généralement dans valoriser l’exploitation du réseau mis à le flou : elle critique le trop grand Nos critiques du rapport ont été trans- sa disposition par la collectivité. nombre de LGV existantes ou en cours mises à Didier Migaud, premier président Jean Sivardière z de construction, mais se garde bien de de la Cour des comptes : il n’a pas réagi.

fnaut-infos n°237 - septembre 2015 x 5 TER : la liberté tarifaire des régions Le congrès 2015 de la FEV La Fédération Européenne des Voya- La loi du 4 août 2014 portant réforme fer- TER interrégional avec un seul billet s’il veut geurs (FEV), dont la FNAUT est membre roviaire a accordé aux régions la liberté de fixer bénéficier de la tarification propre à sa région. fondateur, organise un congrès an- les tarifs des TER avec le souci « d’obtenir la A défaut d’avoir une véritable standardisa- nuel ouvert aux membres de ses asso- meilleure utilisation sur le plan économique et tion des tarifications régionales, il est indispen- ciations. En 2015, le congrès a eu lieu social du système de transport ». Or la capacité sable d’assurer l’intégration tarifaire pour tous à Budapest. Il a réuni 64 participants du système tarifaire à être compréhensible et les parcours TER à caractère interrégional, car de 13 pays différents. Les plus nom- facilement utilisable est une des composantes l’usager doit pouvoir obtenir un seul titre de breux étaient les Hongrois (14), mais de son acceptabilité. transport intégrant les pratiques tarifaires de suivis de près par les Belges (13), les L’enjeu est important aussi bien pour les chaque région. Allemands (12) et les Anglais (8). L’Eu- régions, qui sont asphyxiées par la dérive des Ces principes doivent être appliqués quel rope du sud (France, Espagne, Italie) et coûts du train et ont besoin de maximiser les que soit l’opérateur ferroviaire. surtout l’Europe de l’Est (République recettes commerciales, que pour les usagers, Tchèque et Pologne), étaient peu re- pour qui le système tarifaire actuel est com- Les trajets combinés présentées. Cette répartition corres- plexe et manque de lisibilité. Grandes Lignes + TER pond à l’implication habituelle des Il est indispensable de veiller aussi à la co- associations dans la FEV. hérence de l’ensemble car les déplacements Le système de tarification doit respecter deux Les conférences ont traité des droits en TER peuvent concerner plusieurs régions, grands principes. des passagers aériens, de l’organisa- se combiner avec des voyages grandes lignes 1 - Le maintien de l’intégration tarifaire, tion ferroviaire en Suède, de l’informa- en TGV ou en Intercités ou en Thello, ainsi c’est-à-dire de l’utilisation du barème kilo- tion et de la billetterie multimodales qu’avec des transports urbains. métrique et de sa dégressivité avec la distance et, bien sur, des multiples activités de pour le calcul du prix du parcours en TER la FEV au niveau européen. J’ai pré- Les trajets purement régionaux effectué en complément d’un voyage en train senté la FNAUT et ses succès dans la de Grandes Lignes. défense du patrimoine ferroviaire. Voir Les régions fixeraient les principes : Aujourd’hui, un avantage commercial pour http://www.epf.eu/wp/report-of-epf- - les prix de référence seraient libres mais les trajets à longue distance est accordé par budapest-conference/ soumis à un plafond fixé par l’Etat comme la SNCF qui, par exemple, facture un trajet Un consultant a présenté JASPERS, ce actuellement pour les TGV, TER Rennes - Saint-Malo en correspondance mécanisme d’assistance technique qui - la tarification pourrait être progressive, avec un TGV Paris-Rennes en tenant compte associe la Commission européenne et zonale, temporelle, forfaitaire,… des km déjà effectués en TGV. deux banques, la BEI et la BERD, pour - les régions seraient libres de fixer les réduc- 2 - Le maintien, comme dans les trajets aider les 12 pays ayant adhéré récem- tions accordées aux voyageurs, purement régionaux, de la validité des abon- ment à l’Union Européenne à prépa- - mais les titulaires d’abonnements (carte Fré- nements nationaux et des cartes de réductions rer des projets d’envergure qui seront quence…) ou cartes de réductions nationales commerciales du réseau national sur les TER cofinancés par l’UE. Les conseils de (carte Jeune…) devraient bénéficier des mêmes de toutes les régions (l’intégration de l’Ile-de- JASPERS pourraient être utiles aussi en coefficients de réductions par rapport aux prix France dans le dispositif est souhaitable par Europe de l’Ouest et éviter quelques de référence régionaux que ceux accordées sur le souci d’unicité et de clarté). projets inutiles ou mal conçus... réseau national à partir des références nationales. Ainsi, le système tarifaire ne doit pas Les transport publics de Budapest conduire à des blocages ou des situations sont très hétérogènes. La ligne de Les trajets TER interrégionaux ubuesques, par exemple une carte Senior qui métro M1, créée dès 1896, a gardé son donnerait des réductions sur les TER de cer- charme suranné. La ligne M4, ouverte Dans le cadre de la liberté tarifaire actuelle taines régions seulement. en 2014, est d’une autre efficacité. des régions, l’usager ne peut obtenir un parcours Jean Lenoir z Avant 1989, les délais de livraison d’une voiture étaient de plusieurs années. Mais les transports publics Nos trains sont en danger, tirons le signal d’alarme ! étaient très développés et fréquentés. Par la suite, les Hongrois se sont mis à Le réseau ferré français a été l’un des plus performants du monde, mais il est aujourd’hui en voyager et ont adopté les mœurs de danger car les infrastructures se sont dégradées, des lignes ferment et la qualité d’un nombre l’Ouest. La voiture s’est répandue, avec important de dessertes n’est plus acceptable. ses embouteillages et ses nuisances. Des voyageurs, en particulier des habitants des villes moyennes, sont découragés par cette évolu- Les transports en commun ont été dé- tion et par une hausse régulière des tarifs ; ils se tournent vers d’autres moyens de déplacement, plus laissés, car leur niveau de confort était contraignants et moins écologiques : voiture personnelle, covoiturage, autocar ou avion à bas coût. très sommaire : les difficultés écono- miques rencontrées par la Hongrie Mobilisons-nous pour sauver nos trains ! ne permettaient pas de les améliorer. Mais depuis 2004, date d’entrée de L’Etat doit garantir le droit à la mobilité et assurer son rôle de pilote du transport public la Hongrie dans l’Union Européenne, ferroviaire, donc mettre rapidement en œuvre une politique volontariste permettant d’enrayer les fonds structurels européens ont le déclin du rail et de développer toutes ses composantes : TER, Intercités, trains de nuit, auto- permis d’importants travaux dans le train, TGV et fret. secteur ferroviaire, à Budapest (M4) et La FNAUT est une association de consommateurs strictement indépendante des partis poli- ailleurs. tiques, des opérateurs de transports, des syndicats, de l’administration, ... Elle défend les usagers En 2016, le congrès de la FEV aura des transports depuis des années. Avec elle, signez la pétition qui sera adressée au Président de la lieu à Berlin. Si les francophones sont République et au Premier ministre : nombreux, nous pourrons avoir une http://tinyurl.com/petition-fnaut traduction simultanée en français pour Proposez cette pétition aux membres de votre famille, à vos amis, à vos voisins, à vos collègues les conférences. Et nombre de partici- de travail, aux membres des associations et clubs auxquels vous appartenez. Son impact auprès pants parlent français. des pouvoirs publics dépend de vous ! Plus de 5 000 personnes l’ont déjà signé. Anne-Marie Ghémard z

6 x fnaut-infos n°237 - septembre 2015 Train et autocar : très bien dit Brèves 3 Elisabeth Borne, nouvelle présidente BrèvesTrophées des villes moyennes de la RATP : « si nous créons des lignes BIEN DIT de car, ce sera très ponctuel, sur des Le 16 juin dernier, au Sénat, un jury pré- origines-destinations sans offre ferro- sidé par la Revue des collectivités locales et 3 René Dumont (la Vie du Rail du viaire ». Son prédécesseur Pierre Mongin, l’association Villes de France a décerné des 19 septembre 1991) : « Le TGV n’est pas favorable à la concurrence train-car, sou- trophées distinguant des initiatives prises un danger pour l’environnement ; l’ennemi haitait au contraire exploiter toutes les dans des villes moyennes. Marsan Agglo- n°1, ce sont les modes qui rejettent du CO2 occasions offertes par la loi Macron. mération a obtenu le prix de l’aménagement et participent ainsi au réchauffement de la 3 Albert Alday, président de l’Asso- pour le pôle d’échanges multimodal réalisé planète, responsable des sécheresses que j’ai ciation française du Rail (AFRA), qui autour de la gare SNCF de Mont-de-Mar- rencontrées partout dans le monde. Je dis regroupe les opérateurs privés de fret : san : la gare est plus attractive et les divers aux opposants au TGV, qui sont de faux « Chaque mode a sa pertinence, l’autocar modes - TER, bus, car, vélo, taxi - sont écologistes : si vous voulez protéger l’envi- était excessivement bridé en France, il mieux reliés. Le prix des transports a été re- ronnement, défendez le TGV et battez- n’est pas anormal qu’il connaisse une li- mis au Grand Poitiers pour l’élégant viaduc vous contre les autoroutes. Qu’on affecte béralisation. En revanche, je suis choqué de 330 mètres réservé aux bus (deux voies tous les crédits au TGV, et qu’on supprime que le ferroviaire reste engoncé dans ses et une station !), cyclistes (deux voies), pié- les crédits consacrés aux autoroutes ». contraintes et sa situation de monopole. tons (trottoirs de 3 mètres), taxis et véhicules 3 Noël Mamère, député écologiste : « la Il est évident que la libéralisation des d’urgence qui relie, en franchissant la Boivre, pastille verte, c’est un cache-misère qui autocars rend indispensable l’ouverture la gare TGV/TER au centre-ville. Ce via- masque l’absence de réelle politique sur la du ferroviaire ». duc sera emprunté par un BHNS qui devrait réduction de la part de la voiture ». entrer en service en 2017. Développement durable ? Index des villes durables Le fret aérien affichera une croissance plus forte que le transport de marchandises par La société d’ingénierie, de conseil et de route, rail et mer d’ici 2050, selon une étude gestion de projets Arcadis a établi un pal- publiée mardi par le Forum international marès des métropoles les plus performantes des transports (FIT). Cette performance en termes de qualité de vie, de santé finan- s’explique par la croissance attendue de la cière et d’attractivité : 50 villes de 31 pays consommation de la classe moyenne dans ont été étudiées. les pays émergents, souligne cet institut Les métropoles européennes sont les plus qui fait partie de l’Organisation de coopé- « durables » du monde c’est-à-dire, selon la ration et de développement économiques définition proposée par les Nations unies, (OCDE). D’ici 2050, le volume de fret aérien des métropoles « affichant de bonnes perfor- devrait croître de 482 % à 1 100 milliards mances pour leurs citoyens dans le présent de tonnes-kilomètres contre 384 % pour sans créer de problèmes pour elles-mêmes la route, 349 % pour le rail et 327 % pour la et le reste du monde à l’avenir ». Dans le top Canicule mer, selon le FIT. 10, on trouve Francfort (1ère place), Londres (2ème), Copenhague (3ème), Amsterdam Selon France TV Infos, seulement 41 % Jargon de colloque (4ème), Rotterdam (5ème), Berlin (6ème) et des rails sont équipés de la climatisation en Madrid (9ème). Paris n’arrive qu’à la 16ème France, un sous-investissement vraiment Ne confondez la mobilité fractionnée, place (voir le classement complet sur le site : intolérable. la mobilité hiérarchisée et la mobilité www.sustainablecitiesindex.com). structurée. Dissertez sur la ville agile à Report l’heure d’une nouvelle ubiquité, puis ex- Contrat d’axe pliquez que le disruptif a définitivement Selon un journaliste de la Voix du Nord, remplacé le tendanciel. Le contrat d’axe signé en 2011 entre les « la violente agression d’un contrôleur SNCF Sachez utiliser le bon adjectif : tout pro- communes de la banlieue nord-ouest de Gre- a été reportée ». De fait, c’est la convocation jet est nécessairement fédérateur, l’ap- noble traversées par la ligne E du tramway, de ses trois agresseurs devant le tribunal de proche est nouvelle et pluridisciplinaire, très récemment mise en service, et le Syndi- Valenciennes qui a été reportée. l’information multimodale, la technologie cat Mixte des Transports (SMTC), prévoyait innovante, l’atelier partenarial, la simula- une « densification raisonnée de l’habitat » le Ligne secondaire tion dynamique, la gestion patrimoniale long de la ligne. Cet engagement est respecté, et l’attente sociétale. puisque 1 980 logements ont été construits en Selon Ouest France, la « ligne de train » Ne dites plus groupe de réflexion mais même temps que la ligne. Morlaix-Roscoff est menacée de ferme- think tank, grève mais arrêt de travail ture ; elle n’est pas défendable dans l’état : d’une certaine catégorie de personnel il n’y a qu’un seul rail, les trains ne peuvent (veuillez nous en excuser), suicide mais Bêtisier pas se croiser ». accident de personne, marche mais mode piéton, usager du train, voyageur ou 3 Félicien Titonel, du service urbanisme de Funiculaire chargeur, mais bénéficiaire des services l’agglomération d’Agen (92 000 habitants) : ferroviaires, aménagement du territoire « notre agglomération est trop petite pour dé- Depuis 1889, le funiculaire de Thonon mais égalité des territoires, itinéraire mais velopper des transports en commun réguliers, relie le Port au centre-ville. La longueur route (selon la SNCF, qui veut concurren- la voiture reste un mode de déplacement pri- de la ligne est de 230 m, la pente de 20 %. cer l’avion, le trafic du TGV Rhin-Rhône vilégié ». Faut-il admettre que toutes les villes Selon un journaliste de France Info, c’est n’est pas aussi dynamique sur la route de moins de 100 000 habitants doivent rester l’unique funiculaire au monde à se croiser nord-sud que sur la route est-ouest). des autodromes ? dans une courbe.

fnaut-infos n°237 - septembre 2015 x 7 Activités Midi-Pyrénées : des voyageurs insatisfaits de la FNAUT

Les voyageurs réclament l’installation train en provenance de Pau arrive à Tou- l A l’occasion des élections régionales de Régionsde panneaux lumineux annonçant l’heure louse à 19h30, un train pour Rodez part à décembre 2015, la FNAUT a adressé aux prin- du prochain train et les éventuels retards la même heure. cipaux partis politiques un questionnaire sur dans les gares sans personnel permanent Un train arrive de Rodez à 10h45, les transports régionaux. FNAUT Infos rendra (Albi Madeleine). un train pour Lyon et Strasbourg part compte des réponses reçues. Les trains doivent être accélérés. Pro- à 10h49. Un train arrive de Rodez l Bruno Gazeau et Jean Sivardière ont été chainement la durée du trajet Rodez- à 14h40, un train pour Lyon et Stras- reçus longuement par Xavier Piechaczyk, Toulouse en voiture approchera 1h45, bourg part à 14h47. Un train en prove- conseiller énergie-environnement-transports alors que le train effectue ce même trajet nance de Lyon arrivée à 11h12, un départ à l’Elysée. en 2h20 malgré la modernisation de la pour Rodez a lieu à 11h18. l Le Conseil national de la FNAUT a reçu voie et l’introduction d’un matériel plus Pour aller de Carmaux-Albi vers la Maximillien Rudeau, chef de service à la di- performant. Rappelons que du temps des Rochelle et Nantes, un train assure une rection des transports de la région Langue- autorails X 2800, la durée du trajet était correspondance à 8h17 du lundi au ven- doc-Roussillon, qui a présenté l’expérience voisine de 2 h. dredi mais, le samedi, le temps d’attente du TER à 1 euro. Si la liaison Albi-Montauban par auto- est d’une heure et, le dimanche, il est im- l Bruno Gazeau, Jean Lenoir et Marc Debrin- car s’est améliorée et donne de bonnes possible de prendre le train pour Nantes. cat ont rencontré Dominique Ritz, sous-direc- correspondances pour Bordeaux et Paris, Comme nous l’avions proposé il y a plu- teur des transports ferroviaires à la DGITM ; la plupart des correspondances doivent être sieurs années, il suffirait d’inverser les jours Jean Ghédira, directeur SNCF des trains Inter- sérieusement améliorées. de circulation des trains 870055 (lundi à cités ; Amaury Lombard, conseiller transport Un train en provenance d’Albi arrive à vendredi) arrivant à 7h43 et 870057 (tous de l’Association des Régions de France. Toulouse à 10h45 alors que le train pour les jours) arrivant à 8h21. Cette solution l Bruno Gazeau a rencontré Hélène Peskine, Paris-Austerlitz part à la même heure. Un qui ne coûtait rien a été retenue pendant conseillère au ministère de l’Ecologie, et Ra- train en provenance de Paris-Austerlitz plusieurs services annuels, mais l’anomalie dia Ouarti, conseillère au Secrétariat d’Etat arrive à 14h18, et le train pour Albi part est réapparue depuis deux ans... aux Transports ; Pierre Cardo, président de à 14h24. A Rodez, le train de Paris arrive à 6h14, l’ARAF ; Michel Pinet, membre du CGEDD Pas de correspondances à Toulouse le départ est à 6h20 pour Millau et 6h19 chargé d’une évaluation de la gestion des depuis Albi pour les TGV de 16h04 et pour Toulouse. Un train part de Rodez pics de pollution de l’air. de 18h04 vers Bordeaux et Paris. Pas de pour Millau à 8h20, celui en provenance l Jean Lenoir et David Herrgott ont rencon- correspondance à l’arrivée du TGV à Tou- de Toulouse arrive à 8h23. Un train arrive tré Patrice Saint-Blancard, conseiller au Se- louse à 14h57 vers Albi. de Millau à 12h25, le départ pour Tou- crétariat d’Etat aux Transports, à propos des Mis à part les trains de 12h55 et 16h53 louse est à 12h28 ; un autre arrive de Mil- trains Intercités. qui disposent de bonnes correspondances lau à 17h38 le vendredi, le départ pour l Bruno Gazeau a présenté une conférence depuis Rodez-Albi, les trains Toulouse- Toulouse est à 17h29 ; un autre arrive sur « les défis des transports collectifs dans Marseille ne sont accessibles qu’au prix de Millau à 18h55, le départ pour Tou- les métropoles » dans le cadre du séminaire d’un temps d’attente dissuasif de plus louse est à 18h47. Faut-il s’étonner, face de l’Ecole des Ponts. d’une heure. à cette accumulation d’incohérences, que l Marc Debrincat a été nommé administra- Un train part de Toulouse à 12h41 des trains soient peu fréquentés et que teur de SNCF Mobilité. Mais la FNAUT n’est vers Pau alors qu’un train en provenance le covoiturage ait autant de succès ? Ne plus représentée au conseil d’administration de Rodez arrive à 12h42 ; un autre part cherche-t-on pas à saboter la desserte de de SNCF Réseau : le poste de représentant de Toulouse à 14h41 quand un train en Millau pour s’en débarrasser ? des usagers du rail a été attribué à un char- provenance de Rodez arrive à 14h40. Un Jacques Vaisson, président, TARSLY-FNAUT z geur, alors que 90 % des recettes de SNCF Ré- seau proviennent des péages des trains de voyageurs. La FNAUT déplore la sous-repré- Le CEVA est-il bien parti ? sentation des usagers auprès de la SNCF par rapport à celle des salariés. Il aura fallu plus d’un siècle pour que à se mettre d’accord sur un type unique de le projet CEVA de liaison directe entre matériel roulant, le futur RER transfron- Le transport du fret les gares de Genève-Cornavin et d’An- talier franco-valdo-genevois aujourd’hui nemasse, défendu depuis vingt ans par baptisé Léman Express, incluant le tronçon Les principaux articles publiés dans Alprail et la FNAUT, voie le jour. En CEVA en construction, sera parcouru, à FNAUT Infos depuis 2008 sur le transport du 2019, Genève sera enfin reliée correcte- partir de 2019, par deux matériels diffé- fret (rail, route, voie d’eau) ont été rassemblés ment par le train à la Haute-Savoie, un rents : 23 rames FLIRT du constructeur en un recueil de 40 pages disponible auprès département où la voiture est reine : 6 % suisse Stadler (9,7 millions l’unité) et 17 du siège de la FNAUT. Prix : 5 euros port com- des actifs seulement vont au travail en rames Regiolis du constructeur français pris, paiement en timbres si possible. transport collectif. Alstom (13 millions l’unité). Mais cet investissement ne jouera plei- Outre ce surcoût, le panachage du parc fnaut infos- Bulletin mensuel d’information nement son rôle qu’avec la réouverture de augmentera aussi les coûts d’exploita- Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°237 la ligne Evian-Saint Gingolph donnant tion de 5 à 10 % selon le directeur du ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. accès au Valais, et avec la construction d’un projet de RER (double formation des Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers shunt d’Annemasse. Ce shunt permettrait conducteurs, double stock de pièces de Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d d’éviter un rebroussement des trains et rechange, accouplement impossible de Prix au numéro : 2 d d’accélérer ainsi les relations entre Genève rame de types différents,...). Une fois Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT et Annecy, où résident de nombreux tra- de plus, le transport public a été traité de votre région, contacter notre permanence : vailleurs frontaliers contraints à un usage sans ambition et considéré comme une 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris de la voiture coûteux et polluant. simple variable d’ajustement de la poli- tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] Un autre problème est apparu très récem- tique industrielle. Internet : http://www.fnaut.fr ment. Suisses et Français n’ayant pas réussi Jean-Bernard Lemoine, président d’ASURAIL z CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°237 - septembre 2015 n°238 infos octobre 2015 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Transports des marchandises : une politique incompréhensible

Un train symbolique ?

Gouvernement et parlementaires viennent de mettre un terme aux débats législatifs rela- tifs à la mobilité comme la France n’en avait pas connus depuis 1981 : loi de réforme fer- roviaire, lois Maptam et Notre sur les compé- tences des collectivités, loi Macron et loi sur la transition énergétique. Qu’en retenir ? Les avancées sont certaines mais insuffi- santes. Les métropoles bénéficient de toute la compétence mobilité durable, y compris la gestion de la voirie et du stationnement. Mais ce n’est pas encore le cas des agglomérations et intercommunalités, qui devront trouver des compromis pour associer transport pu- Le Boulou, plate forme multimodale (photo : Marc Debrincat) blic et mobilité individuelle. La région se voit confier la réalisation du schéma régional de la mobilité, la gestion des Tous les Français - automobilistes, riverains des axes routiers, défenseurs autocars interurbains et l’intermodalité dans de l’environnement - se plaignent de l’omniprésence des poids lourds. Et tous sa triple dimension géographique (gares), bil- aimeraient que le gouvernement définisse une politique de transport des mar- letique et information voyageurs. chandises cohérente et compréhensible, mais on en est bien loin. Un jour il aban- Les incohérences sont criantes. En libéra- donne l’écotaxe, y compris sa version régionale et, le lendemain, l’autoroute lisant l’autocar à marche forcée, sans avoir ferroviaire atlantique. Il confirme le projet Lyon-Turin qui provoquera un report préalablement ou simultanément ouvert le de trafic sur le rail, mais aussi le projet inutile et pervers de canal Seine-Nord. rail à la concurrence, le gouvernement redis- Il réduit son aide au fret ferroviaire (péages). Et rien n’est fait pour enrayer la tribue les parts de marché au détriment du fraude massive qui permet au transport routier de survivre (FNAUT Info 225), train, sans étude d’impact. En ignorant les ou pour corriger la sous-taxation du gazole consommé par les camions. enseignements de la LOTI et de la loi Sapin, à savoir que la mobilité est un domaine de Nos trains sont en danger, tirons le signal d’alarme ! compétences partagées entre acteurs et de concurrence régulée entre opérateurs, il crée Le réseau ferré français a été l’un des plus performants du monde, mais il est aujourd’hui en des inéquités entre les modes de transport et danger car les infrastructures se sont dégradées, des lignes ferment et la qualité d’un nombre ne garantit pas la cohérence globale, au détri- important de dessertes n’est plus acceptable. ment de l’intérêt des voyageurs. Des voyageurs, en particulier des habitants des villes moyennes, sont découragés par cette évolu- La prochaine réunion à Paris de la COP 21 tion et par une hausse régulière des tarifs ; ils se tournent vers d’autres moyens de déplacement, plus est une occasion à saisir. Il s’agit de pro- contraignants et moins écologiques : voiture personnelle, covoiturage, autocar ou avion à bas coût. gresser vers la transition énergétique en s’appuyant sur le report modal et en l’en- Mobilisons-nous pour sauver nos trains ! courageant. Ce n’est, hélas, pas le cas, tant sont nombreuses et répétées les mesures L’Etat doit garantir le droit à la mobilité et assurer son rôle de pilote du transport public ferroviaire, récentes plus favorables à la mobilité indi- donc mettre rapidement en œuvre une politique volontariste permettant d’enrayer le déclin du rail et viduelle qu’à la mobilité collective. de développer toutes ses composantes : TER, Intercités, trains de nuit, auto-train, TGV et fret. On se réjouira de voir les participants à La FNAUT est une association de consommateurs strictement indépendante des partis poli- la COP 21 la rejoindre par le train affreté par tiques, des opérateurs de transports, des syndicats, de l’administration, ... Elle défend les usagers l’Union Internationale des Chemins de fer des transports depuis des années. Avec elle, signez la pétition qui sera adressée au Président de la (UIC). Mais la FNAUT attend du gouvernement République et au Premier ministre : des signaux autrement positifs (réduction du http://tinyurl.com/petition-fnaut taux de TVA sur les transports collectifs, équité entre les modes de transport, fiscalité écolo- Proposez cette pétition aux membres de votre famille, à vos amis, à vos voisins, à vos collègues gique, 4ème appel à projets de TCSP,...), faute de travail, aux membres des partis, associations, clubs et réseaux auxquels vous appartenez. Cette de quoi, le train UIC risque d’être le dernier pétition a déjà été signée par plus de 6 000 usagers réguliers ou occasionnels du train et citoyens train Intercités. soucieux de l’aménagement du territoire, de la sauvegarde de l’environnement et de l’avenir de Bruno Gazeau z notre économie. Son impact auprès des pouvoirs publics dépend de vous !

fnaut-infos n°238 - octobre 2015 x 1 Les autoroutes ferroviaires en France Le ferroutage : un outil nécessaire du rail

La FNAUT s’est, de longue date camionneurs économisent 15 % de leurs Le ferroutage, ou transport des ca- Dossier(FNAUT Infos 92), montrée favorable coûts en utilisant l’AF, qui absorbe envi- mions sur les trains d’une autoroute fer- à la mise en place d’autoroutes ferro- ron 10 % du trafic de transit Espagne-Eu- roviaire, est complémentaire du trans- viaires (AF) : si les voyageurs souhaitent rope du nord sur cet itinéraire. L’exploita- port combiné des conteneurs et caisses une offre ferroviaire diversifiée (TGV, tion est équilibrée financièrement. mobiles : les deux techniques ne per- Intercités de jour et de nuit, auto-train, Le trafic des deux AF existantes repré- mettent pas de capter les mêmes trafics. TER, voire tram-train), il en est de sente environ 5 % du trafic total français Leur concurrent commun est le camion même des chargeurs, qui ont besoin de de fret exprimé en tonnes x km (1,5 mil- circulant sur la route. trains spécialisés, de transport combiné liard TK sur un total de 30). Les chargeurs doivent répondre des conteneurs et caisses mobiles, et aussi Une AF sera mise en service en 2016 aujourd’hui aux exigences de « zéro d’AF accessibles aux ensembles routiers entre le port de Calais et Perpignan. stock » et de « juste à temps » de nom- accompagnés de leurs conducteurs ou La Cour des Comptes, en 2012, a breux industriels, et le conteneur est aux seules semi-remorques. Le marché critiqué les AF (« une expérience peu peu adapté à ces exigences. Un camion de l’AF est potentiellement dix fois plus concluante »). Mais ces critiques por- effectue alors un circuit de collecte du large que celui du combiné. Le concept taient plus sur les retards d’investisse- trafic auprès de plusieurs entreprises ; d’AF a été relancé en 2009 par le plan ments qui entraînaient un manque de fia- le fret, une fois massifié, est transporté Borloo (FNAUT Infos 225). bilité et de rentabilité, que sur le principe sans arrêt sur une longue distance par même des AF (la Cour dénonçait à cette rail ; en fin de parcours, le camion effec- L’AF alpine occasion l’autorisation de circulation des tue un circuit de distribution auprès des camions de 44 tonnes et, déjà, le report destinataires : usines, centres commer- L’AF alpine est exploitée depuis 2003 par de l’écotaxe). ciaux... Grâce au ferroutage, le fret diffus une filiale de la SNCF et de Trenitalia sur peut être reporté sur le rail sur des dis- 175 km entre Aiton (Savoie) et Orbassano Le projet d’AF Atlantique tances de plusieurs centaines de km. (Piémont), à raison de 4 à 5 allers-retours Des critiques variées sont émises à par jour (trajet en 3h). Elle a transporté En mars 2014, l’Etat a accordé une l’encontre du ferroutage. 32 000 engins routiers en 2013, dont 80 % concession à la société VIIA Atlantique, - Le ferroutage est plus coûteux que de remorques et 20 % d’ensembles accom- filiale de la SNCF, pour exploiter, dès le transport des conteneurs. pagnés. Jusqu’en 2012, faute de disposer 2016, une AF de 1 050 km entre des Oui mais il respecte la logistique des du gabarit GB1, elle n’admettait que des terminaux implantés à Dourges (près de entreprises, basée sur le camion au dé- camions-citernes. Chaque rame, tirée par Lille) et Tarnos (près de Bayonne). VIIA part comme à l’arrivée, et n’exige pas deux locomotives, comporte 11 wagons devait acheter 278 wagons Lohr Indus- d’engins de manutention très coûteux. surbaissés pouvant contenir un ensemble tries pour 107 millions d’euros (la lon- - Le ferroutage entérine le rôle pré- routier ou deux remorques. L’AF alpine gueur prévue des rames de 30 wagons, soit dominant de la route et fait du rail un est subventionnée par les deux Etats à 60 remorques, était de 1050 m). RFF de- simple supplétif de la route. raison de 10 millions d’euros par an. Son vait assurer la mise au gabarit des tunnels Sans ferroutage, le fret diffus reste de extension jusqu’à Lyon, indispensable à et ponts routiers présents sur l’itinéraire bout en bout sur la route. Le reporter une meilleure rentabilité, est prévue mais, et les travaux nécessaires à la circulation sur le rail sur la plus grande partie du de manière incompréhensible, elle est blo- de trains longs (205 millions). Les deux trajet est un progrès évident. quée depuis trois ans. terminaux devaient coûter chacun 40 mil- - Mieux vaut recréer les embranche- Le matériel Lohr, qui permet le char- lions et être financés par l’Etat. ments particuliers des usines. gement simultané et rapide de plusieurs L’AF atlantique devait emprunter la C’est coûteux, il faut une voie ferrée à remorques, a démontré sa robustesse : grande ceinture parisienne (un contour- proximité de l’usine expéditrice, il faut il n’y a jamais eu de blocage des coques nement de la région parisienne n’est plus aussi que l’entreprise réceptionnaire pivotantes qui permettent le chargement disponible) et l’itinéraire Poitiers-Bor- soit embranchée ; et les trafics échangés horizontal (sans grue) des engins routiers. deaux par Niort et Saintes (l’itinéraire via doivent être très importants. Le matériel allemand Cargobeamer est Angoulême n’est pas utilisable). - Une autoroute ferroviaire aggrave plus complexe et plus coûteux. Le concept Le terminal de Tarnos est situé dans la congestion autour des terminaux, R-shift-R, vanté naïvement par les oppo- une zone industrielle proche de l’A10. qui sont des aspirateurs à camions. sants au projet Lyon-Turin, a été écarté : La construction d’un terminal à Mou- Elle en supprime ailleurs et le nombre trop complexe techniquement et d’exploi- guerre, à côté de celui utilisé par Nova- total des riverains affectés par les nui- tation trop coûteuse (FNAUT Infos 201). trans, n’était pas possible car les emprises sances routières diminue. y étaient trop limitées. Un prolongement - Transporter les marchandises L’AF Lorry-rail en Espagne, à Vitoria 30 km plus au sud, dans des wagons, sans transporter le serait difficile, le réseau espagnol étant à camion, économiserait de l’énergie. L’AF Luxembourg (Bettembourg) - écartement large. La consommation du rail est faible ; Perpignan (Le Boulou) est exploitée par L’axe routier étant saturé, le gain de même en chargeant un camion entier la société Lorry-rail depuis 2007 à raison temps était de 20 %. L’objectif 2021 était sur un train, on économise beaucoup de 4 allers-retours quotidiens. Elle trans- de transporter 380 remorques par jour (4 d’énergie par rapport au même camion porte 70 000 unités par an aujourd’hui, allers-retours quotidiens), donc 80 000 roulant sur la route. la capacité maximale étant de 85 000 par an, soit 10 % du trafic de transit, de - Les autoroutes ferroviaires doivent remorques. désengorger l’axe routier, d’économiser être subventionnées par l’Etat. Les rames ont été portées récemment du pétrole, d’améliorer la sécurité routière Si le transport routier était taxé comme de 750 m et 1 800 tonnes à 850 m et 2 400 et de réduire les nuisances subies par les il devrait l’être, les AF pourraient augmen- tonnes, elles comportent 24 wagons. Elles riverains (le canal Seine-Nord, bien plus ter leurs tarifs tout en restant attractives circulent à 100 km/h et effectuent le trajet coûteux, capterait à peine 4 % du trafic, et pour les chargeurs. L’AF Luxembourg-Per- de 1 045 km en 15h, ce qui est concur- seulement sur l’A 1 entre la Belgique et pignan n’est pas subventionnée. rentiel par rapport à la route (18 h). Les l’Ile-de-France). Claude Jullien, FNAUT-PACA z

2 x fnaut-infos n°238 - octobre 2015 Un abandon consternant Les opposants à l’AF Atlantique L’abandon de l’AF Atlantique a été annoncé le 30 avril par Alain Vidalies : ARAF : des critiques inattendues L’AF n’est pas la panacée, mais tous les un projet « trop cher, non rentable, et incompréhensibles moyens sont bons pour capter du trafic routier trop gênant pour les riverains ». L’au- à longue distance. Pourquoi refuser en France toroute ferroviaire Perpignan-Luxem- La FNAUT a été très surprise par l’avis ce qui fonctionne parfaitement en Suisse, sur bourg étant un succès, la FNAUT a consultatif défavorable donné en juillet 2014 les traversées alpines nord-sud ? dénoncé cette décision inattendue. par l’Autorité de régulation des activités fer- Trop cher pour l’Etat et la SNCF ? roviaires (ARAF) au projet d’AF Atlantique. L’hostilité des riverains 400 millions, c’est le rapport annuel Selon l’ARAF, l’AF Atlantique ferait d’un centime de taxe sur le gazole. concurrence de manière inéquitable aux En Ile-de-France, des associations, en Non rentable ? La rentabilité finan- autres opérateurs ferroviaires ; et la capacité particulier Ile-de-France Environnement, cière calculée par l’Etat repose sur les du réseau ferré est insuffisante pour garantir craignent les nuisances de l’AF Atlantique et conditions actuelles de concurrence une bonne coexistence entre les trains longs les risques en cas d’accident, et refusent son entre le rail et la route, manifestement de l’AF et les trains de voyageurs, malgré la passage par la Grande ceinture parisienne et inéquitables : la route recourt massive- construction de voies de garage. la ligne C du RER saturées, « une solution de ment à la fraude et au dumping social. Or les cibles commerciales de l’AF et du facilité pour la SNCF et RFF ». Trop gênant ? En 2014, le ministère transport combiné sont complémentaires et Elles approuvent le principe de l’AF acté de l’Ecologie avait reconnu le projet non concurrentes. Et les deux AF nord-sud par la loi Grenelle 1, mais exigent un contour- comme étant d’intérêt général, béné- ne sont pas concurrentes car elles concernent nement de la région parisienne par une ligne fique pour l’environnement et la sécu- des axes géographiquement bien distincts. dédiée au fret. Elles ne suggèrent aucun tracé rité. La gêne créée par les plateformes La subvention accordée par l’Etat est des- et n’évoquent pas le coût d’une ligne nouvelle. terminales pouvait être encore atté- tinée à la construction des deux terminaux, ce Elles signalent que, selon la commission d’en- nuée par des mesures d’un coût accep- n’est pas une subvention de fonctionnement quête publique elle-même, « les alternatives table. Et ne fallait-il pas réduire en prio- (l’AF Luxembourg-Perpignan est à l’équi- de contournement sont quasi-inexistantes en rité les nuisances subies par les très libre, on ne voit pas pourquoi l’AF Atlan- l’état actuel du réseau ferré » et, au lieu de récla- nombreux riverains des grands axes tique resterait déficitaire à terme). mer des investissements de capacité, émettent routiers ? La saturation de certains points de l’axe donc un avis défavorable au projet. Un report du terminal sud à Vitoria atlantique, tels que le nœud ferroviaire de Les camions passent déjà par l’Ile-de- est envisagé par le ministre, mais il ne Bordeaux, peut créer des conflits entre les France, avec leur cortège de nuisances et de changerait rien aux obstacles invo- différentes circulations. Mais le rôle de risques d’accidents, ne vaut-il pas mieux qu’ils qués : l’AF est bel et bien abandonnée. l’ARAF n’est pas de s’en prendre aux trains transitent par le rail ? de fret : il est de recommander davantage Les riverains du terminal de Tarnos s’op- Pour EELV : « si le Chef de l’Etat sou- d’investissements sur le réseau pour obtenir posent eux aussi au projet. Pierre Recarte, haite une France exemplaire en matière une coexistence harmonieuse des différentes vice-président du Cade (www.cade-environ- de climat et tient des discours ambi- circulations et le développement de toutes les nement.org), critique même le principe de tieux, pourquoi une telle décision à activités ferroviaires. l’AF : « l’AF gaspille de l’espace et de l’éner- contre-courant complet de l’histoire et L’ARAF craint aussi une sous-estimation gie, transporte peu de masse, nécessite des de l’intérêt général ? La rentabilité de par RFF du coût des investissements, une travaux d’aménagement et coûte 40 % plus l’AF a été jugée insuffisante, mais le rentabilité nulle voire négative (elle serait cher que le combiné ; la meilleure solution, transport routier bénéficie de niches positive selon la Commission Européenne), la seule qui ait la confiance des routiers, est le fiscales, comment imaginer alors que le enfin un risque financier incompatible avec transport des conteneurs, comme l’attestent fret ferroviaire puisse être rentable ? ». la dette de SNCF-Réseau. les nombreux pays qui l’ont adopté ». Les Pour Frédéric Cuvillier, ancien Ce malthusianisme de l’ARAF, analogue nombreuses AF d’Europe centrale et, en ministre PS des Transports : « cette à ceux de la commission Mobilité 21 et de la France, l’AF Luxembourg-Perpignan n’ont- annonce porte atteinte à la crédibilité Cour des Comptes, est contraire aux intérêts elles aucun succès et aucune efficacité ? de la France auprès de ses partenaires du système ferroviaire qu’elle AF existante européens dans les transports, car l’AF est censée défendre et jette un Calais Lille s’inscrivait dans les axes prioritaires doute sur sa légitimité. AF en projet Terminal soutenus et financés par l’Europe ». Le Canard Enchaîné en a Longueau Luxembourg Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, (Bettembourg) rajouté sur l’ARAF en dé- St Quentin ancienne ministre UMP de l’Environne- nonçant « un projet loufoque ment : « François Hollande a choisi de qui panique les experts » : Paris renoncer plutôt que d’avancer et d’user « après les quais, il faut rabo- de pédagogie. Pourtant la santé des ter les tunnels »... Que des Orléans Français est en jeu et 2015 sera l’année travaux importants soient Tours Dijon de la COP 21 organisée à Paris ». nécessaires pour accueillir Pierre de Saintignon, vice-président l’AF Atlantique n’a pourtant Poitiers du Conseil régional du Nord, parle rien d’anormal. Niort d’une décision « inopportune, peu Enfin l’ARAF se garde Aiton Saintes Lyon compréhensible et incohérente ». bien d’évoquer les conditions A noter les réactions stupides de de la concurrence intermo- François-Michel Lambert, député ex- dale, particulièrement défavo- Bordeaux Orbassano EELV de Marseille, qui approuve l’aban- rables au rail (FNAUT Infos don de l’AF Atlantique (« un miroir aux 225) : si ces conditions étaient Avignon alouettes », paraît-il), et d’Henri Emma- corrigées, les AF seraient ai- nuelli, président PS du Conseil général sément bénéficiaires, la non- Bayonne (Tarnos) des Landes (« une décision conforme à rentabilité actuelle n’est pas Perpignan (Le Boulou) l’intérêt général »). intrinsèque.

fnaut-infos n°238 - octobre 2015 x 3 Lyon-Turin : le rapport Destot-Bouvard Extraits du rapport Il ne s’agit plus de développer les in- La FNAUT a approuvé le rapport de Ce mécanisme de financement pérenne frastructures de transport tout en mi- Michel Destot, député PS de l’Isère, et est à la fois transparent, écologique et com- nimisant leur impact environnemental, Michel Bouvard, sénateur UMP de la préhensible par le public. Il incitera les mais de contribuer à la lutte contre le Savoie, publié le 13 juillet dernier, sur le chargeurs à se reporter sur le rail. Il devra réchauffement climatique. financement du tunnel interfrontalier de être étendu à l’ensemble du projet Lyon- Les investissements ferroviaires 57 km prévu entre Saint-Jean-de-Mau- Turin et au contournement ferroviaire est n’ont de sens que s’ils sont accompa- rienne et Suse. de l’agglomération lyonnaise (CFAL). gnés d’une politique déterminée de report modal. C’est, plus que pour tout Un investissement pertinent Une ambition à confirmer autre projet, le cas du Lyon-Turin. Ces mesures doivent être mises en oeuvre Le projet Lyon-Turin est un investisse- L’objectif du Lyon-Turin ne doit pas être dans un cadre européen plus large ment structurant d’aménagement du ter- seulement d’absorber une hausse éventuelle (Cour des Comptes, 1-08-2012). ritoire européen, susceptible de provoquer du trafic routier de fret transitant par les L’Europe doit être capable d’évo- un rééquilibrage entre les économies de tunnels du Mont-Blanc et du Fréjus ou par luer pour atteindre ses objectifs de l’Europe du nord et de l’Europe du sud et Vintimille, mais bien, comme en Suisse, de report modal. Mais cette évolution de l’est. réduire de moitié au moins le trafic observé vers des mesures plus contraignantes C’est un outil indispensable de report aujourd’hui. est conditionnée par l’existence d’in- du trafic routier de fret à longue distance Dans cette optique, il est clair qu’une frastructures performantes pour que sur le rail (FNAUT Infos 217). Il réduira nouvelle infrastructure, aussi performante l’alternative ferroviaire puisse se subs- la pollution de l’air dans les vallées alpines soit-elle, ne permettra pas à elle seule d’ob- tituer à la route. (où il y a urgence sanitaire et où le tou- tenir ce résultat : c’est toute la politique de La difficulté commune à tous les pays risme est menacé) ainsi que sur la Côte l’Etat qui doit être réorientée de manière alpins vient d’un retard de compétiti- d’Azur et sur leurs itinéraires d’accès, de- cohérente et volontariste vers le report mo- vité du fret ferroviaire par rapport à venus des couloirs à camions, et limitera la dal, à l’opposé de l’évolution récente (aban- la route qui a constamment amélioré consommation de pétrole et les émissions don de l’écotaxe, blocage de l’augmentation son efficacité, tant au niveau des poids de gaz à effet de serre. des péages autoroutiers, plan de relance des lourds (fiabilité, consommation, pollu- La ligne existante, qui emprunte le tun- travaux autoroutiers). tion), que du développement des auto- nel de faîte du Mont Cenis, n’offre pas les routes et des tunnels routiers. performances attendues d’un corridor de Commentaires de Patrick Marconi, Les tunnels de base respectent une fret européen à fort potentiel, et son ex- pilote du réseau Fret de la FNAUT pente maximale d’environ 1 % et ad- ploitation est très coûteuse. Le tunnel de mettent des trains respectant le stan- base rendra le rail compétitif, l’autoroute L’intérêt du Lyon-Turin est de pouvoir dard adopté par l’Europe, soit 750 m de ferroviaire alpine pourra être exploitée capter du trafic routier sur de longues dis- longueur, c’est-à-dire 2000 tonnes de sans subvention. tances. Si la route s’est imposée, c’est parce poids total (1200 tonnes de poids net, que ses promoteurs ont obtenu la construc- l’équivalent de 40 poids lourds). Un coût réaliste tion d’infrastructures performantes (auto- La construction des tunnels de base routes, tunnels du Mont-Blanc et du Fréjus) opère une mise à jour indispensable La Suisse a réussi à financer seule deux et l’amélioration du réseau routier classique, pour répondre aux standards ferro- longs tunnels de base (Lötschberg et Go- sans s’enfermer dans une logique d’opposi- viaires de demain, définis par l’Europe. thard) : la France et l’Italie, fortement ai- tion entre infractructures nouvelles et exis- Ce serait une grave erreur pour la dées par l’Union Européenne, peuvent en tantes comme c’est le cas aujourd’hui pour le France que de se tenir à l’écart de cette financer un seul ! rail, sous l’influence des « écologistes ». mutation, car cela signifierait conser- Volontiers qualifié de « pharaonique » Le rapport Destot-Bouvard justifie les ver un système ferroviaire du XIXème par ses opposants, le tunnel ferroviaire de surpéages en rappelant que ce ne sont pas siècle, inadapté à l’évolution du mar- base est d’un coût réaliste, voisin de celui les transporteurs, demandeurs d’une amé- ché, alors que le reste de l’Europe passe du Gothard de même longueur (57 km). lioration de l’offre ferroviaire, mais les à celui du XXIème siècle. chargeurs qui ont tué l’écotaxe. La mondialisation des échanges, qui Un financement rationnel Il souligne les limites de l’autoroute fer- a provoqué une délocalisation impor- roviaire dans les zones de montagne mais tante de l’industrie, trouve sa limite Le projet Lyon-Turin permettant de dé- oublie de préciser que les routiers y remé- dans la hausse des salaires des pays sengorger et de sécuriser les traversées rou- dient partiellement en ne faisant transpor- émergents. Un retour de l’industrie tières alpines, le rapport Destot-Bouvard ter que des remorques seules et non des vers l’Europe ne réduira pas la mobilité propose légitimement que le financement ensembles routiers complets. et nécessitera au contraire de faciliter du tunnel de base s’appuie sur une hausse Le principe de la majoration des péages les échanges intra-européens. des péages autoroutiers poids lourds et sur autoroutiers ne peut être que salué par la Contrairement à une idée reçue, l’Ita- une redevance routière spécifique, autori- FNAUT. Si le rapport reste prudent sur lie du Nord est la 1ère région indus- sée par la directive Eurovignette (+ 25 %). la vitesse de mise en place de cette majo- trielle en Europe, devant la Ruhr. Un tel mécanisme a été mis en place avec ration (il souligne un risque de rejet), il En aval de Saint-Jean-de-Maurienne succès en Suisse et en Autriche. insiste néanmoins sur le signal donné en et de Suse, les lignes existantes peuvent Le produit de la nouvelle redevance préconisant son démarrage le plus tôt pos- accueillir des trains lourds et rapides. routière est évalué à 40 millions d’euros sible. Il précise dans sa conclusion qu’il est Le saut de performance du corridor par an pour un besoin de 200 millions par très important d’acter dès maintenant que est donc très largement acquis avec le an, il allègerait donc le besoin de finance- la fin des concessions autoroutières ne de- seul tunnel de base. Devenant acces- ment de 20 % ce qui est loin d’être négli- vra pas entraîner la disparition des péages, sible à des trains deux fois plus lourds, geable comme le précise le rapport, tout ceux-ci devant au contraire être pérennisés le réseau existant verra sa capacité de en conservant une part réaliste de finan- pour permettre la poursuite d’une poli- transport augmenter sans consommer cement public. tique ferroviaire ambitieuse. des sillons complémentaires.

4 x fnaut-infos n°238 - octobre 2015 Notre-Dame-des-Landes : un aéroport inutile Fret ferroviaire : OFP et lignes capillaires

A l’occasion de la grande manifestation Les opérateurs privés assurent au- Les OFP n’ont toujours pas bénéficié des opposants au projet de nouvel aéro- jourd’hui 36 % du volume du fret ferro- d’aide spécifique de l’Etat pour faciliter port nantais qui a eu lieu les 13 et 14 juillet viaire, encore plus dans certains secteurs leur développement, et le contexte poli- dernier, la FNAUT a rappelé que la confir- (céréales ou granulats). Une part non tique leur est difficile : diminution des mation de ce projet serait une grave erreur négligeable de leur trafic correspond à aides de l’Etat pour les péages, abandon économique, financière et écologique. du report modal. Parmi eux, les opéra- de l’écotaxe, abandon de l’entretien des Comme les professionnels de l’avia- teurs ferroviaires de proximité (OFP) lignes capillaires, future convention col- tion civile et les environnementalistes, la assurent essentiellement des prestations lective du secteur ferroviaire... FNAUT a dénoncé de longue date le projet terminales. Environ dix OFP sont opé- Afin de ne pas dépendre des seuls tra- de nouvel aéroport nantais (FNAUT Infos rationnels et se développent, plusieurs fics actuels, les OFP cherchent à diversi- 216, 230). Elle déplore le soutien obstiné sont en cours de constitution, et aucun fier leurs activités : maintenance d’engins du gouvernement à ce projet, contradic- d’entre eux n’a arrêté son exploitation, moteurs, manoeuvres pour le compte toire avec toutes ses déclarations sur la ce qui montre bien que les prestations d’opérateurs privés, entretien de voies biodiversité, la transition énergétique, le offertes correspondent à un besoin réel portuaires ou départementales. réchauffement climatique et la nécessité du marché. Selon une étude de 2010, il Il est urgent de se préoccuper des lignes d’économiser l’argent public. pourrait en exister 20 à 25. Nous repre- capillaires, vitales pour la filière céréalière nons ci-dessous l’analyse d’André Thi- et les carrières : le réseau a été très mal Un investissement inutile nières, délégué général de l’association entretenu, voire pas du tout, au cours des Objectif OFP, parue dans l’Officiel des trois dernières décennies. Dans les deux Le projet, approuvé par des grands Transporteurs. ans à venir, 450 km de ces lignes vont fer- élus locaux et régionaux, repose sur une En 2014, les OFP (36 locomotives, mer, et 1 200 km sont menacés dans les illusion : la zone d’achalandise du Grand 167 salariés) ont manipulé 4 % du ton- 3 à 5 ans. Ouest est bien trop limitée pour justifier nage transporté sur l’ensemble du réseau En pratique, 3 200 km de lignes capil- des liaisons aériennes fréquentes avec les ferré national, contre 6 % en Allemagne : laires du réseau national sont exploitables, métropoles internationales (USA, Chine…). « sans les OFP, la moitié de ce trafic serait dont à peine 1 500 km sont circulés. Le bon choix consiste à faire face à la resté sur la route ». De grands opérateurs Parmi ces derniers, 900 voient au moins hausse observée de trafic court et moyen- (Europorte, OSR, VFLI) ont aussi créé un train par semaine et sont l’origine de courrier en modernisant l’aéroport exis- des services locaux de fret en Bourgogne, près de 20 % du tonnage transporté par le tant de Nantes-Atlantique (en particulier dans le Nord et en Alsace. réseau ferré national. ses accès et son aérogare) et en amélio- Il ne faut pas assimiler OFP et ligne ca- Selon SNCF Réseau, il faut compter rant les pré et post acheminements des pillaire fret, ou encore OFP et dernier ki- 7,2 millions par an pour maintenir ces passagers aériens par TGV entre le Grand lomètre : certains OFP ont été contraints 900 km. Le coût de maintenance de l’en- Ouest et les aéroports parisiens, où les d’aller bien au-delà de la seule desserte semble du réseau s’élèvant à 2 milliards dessertes longs-courriers sont fréquentes de leur ligne capillaire ; ils opèrent ain- par an, on met donc en danger 20 % du et diversifiées. si sur plusieurs centaines de km afin fret ferroviaire français pour 0,36 % du Moderniser et accélérer les grandes rela- de répondre aux besoins des chargeurs coût de maintenance du réseau... tions entre métropoles par TGV et Inter- (FNAUT Infos 221). Luc Humbertjean z cités (dont Nantes-Bordeaux) fournirait par ailleurs à une partie des voyageurs à L’autoroute ferroviaire alpine : terminus Ambérieu ? moyenne distance une alternative à l’avion. Des associations de Savoie et Haute-Savoie, confrontées à la qualité déplorable de l’air dans les Un gaspillage d’argent public vallées alpines, donnent un faux espoir aux habitants en estimant possible un report « immédiat » de 300 000, voire même 700 000, poids lourds par an sur l’autoroute ferroviaire alpine (AFA) Le choix d’un nouvel aéroport consti- supposée prolongée jusqu’à Ambérieu. tuerait un regrettable gaspillage Tant que le tunnel de base du Lyon-Turin ne sera pas en service, les trains de l’AFA seront li- d’argent public, d’autant que la présence mités à moins de 15 wagons doubles (à la différence de l’autoroute de plaine Perpignan-Luxem- d’une usine Airbus implique le maintien bourg) avec deux locomotives de traction : il faudrait donc environ environ 80 trains par jour de l’aéroport actuel. pour assurer le transport de 300 000 poids-lourds par an. Or les itinéraires d’accès à la Mau- Ce choix serait particulièrement cho- rienne ne peuvent accepter un tel surplus de trafic, qu’il s’agisse des lignes traversant Chambéry quant alors que l’Etat comme les col- ou Grenoble (où l’offre TER a été considérablement renforcée), de la ligne Lyon - Saint-André- lectivités territoriales manquent de res- le-Gaz ou la ligne à voie unique Saint André-le-Gaz - Chambéry. sources pour maintenir des transports D’autre part, amener plusieurs centaines de milliers de poids-lourds en gare d’Ambérieu, si- collectifs, urbains et régionaux, de qua- tuée en pleine ville, est inconcevable alors que, lors de l’enquête publique sur le contournement lité satisfaisante. ferroviaire de Lyon (CFAL), il y avait unanimité pour que celui-ci soit étendu au-delà d’Ambé- rieu et préserve ainsi la ville. Un choix anti-écologique Battons-nous déjà pour que la capacité de l’AFA soit triplée rapidement en répartissant, à partir de Grenay, site proche des zones industrielles de Lyon, de Dourges (Pas-de-Calais) et de Enfin, une confirmation du projet par le la plateforme existante d’Aiton (Savoie) les 25 trains quotidiens entre ces différentes lignes pour gouvernement serait incohérente : com- éviter de pénaliser les TER et les TGV. ment justifier le lancement d’un investis- Une meilleure protection du lac du Bourget serait ainsi assurée. L’Association de Défense des sement qui détruirait un espace naturel et Rives du Lac du Bourget (le plus grand lac naturel de France) a démontré la précarité de la ligne agricole précieux et favoriserait le trafic aé- Ambérieu-Chambéry qui longe le lac sur plus de 10 km. rien, le plus nocif pour l’environnement, et Au lieu de faire des propositions irréalistes, les associations environnementalistes feraient dans le même temps faire voter des lois sur mieux de réclamer une interdiction immédiate du passage des poids-lourds Euro1 et Euro2 la transition énergétique et la biodiversité, au tunnel du Fréjus comme au tunnel du Mont-Blanc, et le retour de la surtaxe sur les Euro3 et organiser une conférence internationale abandonnée il y a un an au Mont-Blanc. sur le climat ? Jérôme Rebourg, président de l’Association contre le contournement autoroutier de Chambéry z

fnaut-infos n°238 - octobre 2015 x 5 Notre-Dame-des-Landes : Le canal Seine-Nord toujours contesté l’alternative raisonnable

Jacques Attali : un avis cinglant la Normandie, en prétendant qu’on peut Selon l’Atelier Citoyen de Nantes, favoriser les deux. » conserver l’aéroport existant de Les opposants au projet de canal Nantes-Atlantique (NA) coûterait dix Seine-Nord ont reçu récemment l’appui EELV : des questions gênantes fois moins cher que de construire inattendu de Jacques Attali, qui a publié, Notre-Dame-des-Landes (NDDL). La dans L’Express du 1er juin 2015, une Selon les conseillers régionaux EELV comparaison a été menée de façon tribune intitulée « un choix caché : quel du Nord - Pas-de-Calais et de Picardie, méthodique et rigoureuse par des pro- port pour la France, Rotterdam ou le le financement du canal Seine-Nord- fessionnels de la comptabilité et de la Havre ? » et reprenant largement les ar- Europe (CSNE) n’est pas bouclé malgré gestion d’entreprise, à partir du plan guments développés par la FNAUT (voir l’annonce d’une contribution de l’Union de finances d’AGO-Vinci pour NDDL et FNAUT Infos 206, 217, 230). Européenne, et bien d’autres questions des estimations de coûts des travaux Selon Jacques Attali, le dossier a été importantes ne sont pas résolues. sur l’aéroport de NA. traité « de la pire des façons dans la « L’État s’est engagé à apporter un Comparés sur la durée du contrat forme comme sur le fond », sans aucun milliard d’euros, et la participation d’un de concession (jusqu’en 2067) avec débat national, alors que le choix entre autre milliard des régions et départe- toutes les phases de travaux prévues le canal et le renforcement du port du ments concernés est très incertaine : le en lien avec l’évolution du trafic, et Havre va structurer notre économie pour budget du CSNE, malgré les annonces avec les travaux connexes (pour NA : des siècles : « un choix majeur, car c’est de Bruxelles, est loin d’être bouclé. Sans prolongement du tramway ; pour par les ports que transitent encore 80% parler du financement, non prévu, des NDDL : tram-train et pont sur la Loire), du commerce mondial. En France, l’es- plates-formes intermodales. la différence des coûts d’investisse- sentiel des marchandises passent par les Il est à craindre que la future grande ments est sans appel : 175 millions ports d’Europe du Nord, le reste par Le région soit placée au pied du mur pour d’euros (constants 2016) pour NA Havre et Marseille ». compléter le financement du canal, bien contre 1 512 à 1 885 millions pour « La décision, à prendre depuis dix ans, au-delà des 300 millions promis par les NDDL (le deuxième chiffre étant était de tenter de donner un avenir aux deux Conseils régionaux et des 200 mil- considéré comme le plus réaliste car il ports français, ou d’y renoncer en amé- lions promis par les Conseils départe- intègre un dépassement de 45 % des liorant les capacités de transit du cœur de mentaux. Le Conseil départemental du coûts de construction prévus, proche notre pays, l’Ile-de-France, vers les ports Nord est déjà en difficulté pour mainte- de la moyenne européenne). d’Europe du nord. nir ses engagements financiers. Par ailleurs, l’Atelier Citoyen a estimé Le premier projet était le renforcement « Les budgets colossaux consacrés à les frais de résiliation que l’Etat devrait du port du Havre, port en eau profonde, un seul projet remettront forcément en payer à AGO-Vinci en cas d’abandon accessible 24h/24, bénéficiant d’une po- cause d’autres investissements utiles aux du projet NDDL : 150 à 250 millions sition stratégique face à l’Ile-de-France. déplacements, à la formation, à la tran- d’euros. Ce montant, calculé selon un Par lui passe 68 millions de tonnes de sition des territoires. On ne peut donc taux d’actualisation conformément au fret, soit l’essentiel du trafic français de que constater une fois encore l’énorme contrat de concession, met un terme conteneurs et 40% de nos importations effet d’éviction des projets pharaoniques aux montants fantaisistes qui ont un de pétrole brut. tels que le CSNE sur d’autres investisse- moment circulé. Pour le renforcer, on pouvait construire ments utiles. Si NDDL se faisait, étant donné que une autoroute ferroviaire allant du Havre De longue date, les écologistes ont toutes les voies d’accès sont à créer, jusqu’en Europe centrale en passant par proposé des alternatives à ce mono-pro- les collectivités locales dépenseraient Amiens et Châlons-en Champagne. Le jet consommant un budget colossal. Les énormément d’argent : outre leur mise coût serait de 160 millions, auquel il fau- écologistes de Picardie ont défendu une de fond initiale pour la plateforme et le drait ajouter celui de l’aménagement du alternative de rénovation des voies ferro- barreau routier (131 millions constants port devenu commun Le Havre-Rouen- viaires et fluviales existantes, tandis que 2016), il faut compter le tram-train (et Paris, pour en faire un port de dimension les écologistes du Nord - Pas-de-Calais ses déficits annuels) et un nouveau mondiale. plaidaient pour une révision du projet. pont sur la Loire. Soit, au total, 920 mil- Le deuxième projet visait au contraire Ces deux hypothèses ont été évacuées lions ! En outre, ce montant n’inclut pas à faciliter le passage du fret francilien par les rapports Pauvros 1 et 2 sans être leur participation à l’hypothétique LGV par les ports d’Europe du Nord du fret réellement étudiées. Nantes-NDDL-Rennes, ni à une gare grâce à un canal de 54 m de large, pro- Des questions importantes sur l’impact LGV à NDDL, ni à la gestion de la piste fond en moyenne de 4,5 m et long de environnemental, en particulier les res- de NA pour Airbus… 106 km reliant l’Oise à l’Escaut, utilisé sources en eau, et les conséquences éco- Si l’on conservait NA, la facture des par des barges de 4400 tonnes et d’une nomiques et sociales restent à ce jour sans collectivités locales serait considéra- longueur de 185 m, soit l’équivalent de réponse après les deux rapports Pauvros. blement allégée : celles-ci ne finance- 200 camions. Le canal capterait une par- Le contexte s’est même singulièrement raient que sa desserte en transport en tie des marchandises qui encombrent dégradé avec l’abandon de l’écotaxe, commun, soit 40 à 50 millions pour le aujourd’hui l’A1 et aiderait à dévelop- celui de l’autoroute ferroviaire Dourges- prolongement de la ligne de tramway. per la Picardie. Il coûterait 4,3 milliards Bayonne, et les interrogations sur l’avenir L’Etat et AGO-Vinci seraient aussi d’euros, financés à 60% par l’État et les des ports de Rouen et du Havre – voire gagnants financièrement avec le main- collectivités locales, et à 40% par l’Union de Dunkerque – face à Rotterdam et An- tien de l’aéroport existant. Européenne. vers, qui suscitent une forte contestation Seules les banques verraient leurs Entre ces deux projets, le choix vient du projet en Normandie. gains diminuer, et de beaucoup : la d’être fait, de façon clandestine, et c’est Il n’est pas possible de lancer un pro- solution NDDL leur apporterait un gain le pire choix possible : celui qui détruit jet d’un tel volume financier sans plan de probable de plus de 600 millions, celle le Havre au bénéfice d’Anvers et de Rot- financement clair et sans avoir étudié de de NA, moins de 40 millions. A l’heure terdam (respectivement 3 et 7 fois plus façon équilibrée l’ensemble des alterna- où l’argent public se fait de plus en importants). On a choisi le Nord contre tives possibles. » plus rare, cela donne à réfléchir.

6 x fnaut-infos n°238 - octobre 2015 La gare de Vandières : un feuilleton consternant Brèves La FNAUT a poursuivi son action en fa- BrèvesBêtisier veur de la gare de Vandières (FNAUT Infos BIEN DIT 234). Elle conteste la légalité du refus de 7 Emmanuel Macron, ministre de l’Econo- M. Jean-Pierre Masseret, président PS du 3 Hubert du Mesnil, président de TELT mie (et des Transports ?) : « un autocar pol- Conseil régional de Lorraine, de soumettre (Tunnel Euralpin Lyon-Turin) : « Tout lue moins qu’un train vide ». Il existe aussi des le projet au vote de cette assemblée. le monde trouve normal qu’on soit passé trains bien remplis, des trains qu’on pourrait d’une route de montagne entre la France remplir, et des autocars vides... Un bon projet pour la Lorraine et l’Italie à une autoroute. Mais, selon les opposants au Lyon-Turin, ce serait anormal Comprenne qui pourra La gare lorraine TGV provisoire de Louvi- pour le ferroviaire, il faudrait en rester au gny n’étant accessible qu’en voiture ou par rail du 19ème siècle ». En août dernier, Ségolène Royal, ministre des navettes routières (seulement depuis 3 Mario Virano, directeur général de TELT : de l’Energie et de l’Ecologie, a déclaré sur Nancy et Metz), la FNAUT s’est prononcée « les anti-TGV encore actifs me font penser à France Inter : « Le gouvernement est le seul de longue date en faveur du projet très ces soldats japonais réfugiés dans la jungle de à faire de l’écologie. Les autocars Macron rationnel de gare TER-TGV de Vandières. Bornéo, qui croyaient que la deuxième guerre vont permettre de développer des filières mondiale n’était pas terminée ». françaises d’autocars électriques. Et pour Un blocage irresponsable 3 Jean-Jacques Queyranne, président du des transports propres on est en train de Conseil régional Rhône-Alpes : « la liaison créer des tramways sans rails ». Alors que le projet était prêt sur les plans Lyon-Turin fret et voyageurs est un levier administratif, technique et financier, M. Mas- de croissance économique, un défi écolo- Permis à points seret a lancé une consultation publique, sans gique majeur et une ambition européenne doute pour d’obscures raisons politiciennes. réaffirmée ». 7 - 7 points pour Anne Hidalgo, maire PS Cette consultation sans caractère décisionnel 3 Philippe Richert, président du Conseil ré- de Paris. La ville de Paris offre aux jeunes a eu lieu le 1er février 2015 mais a été très mal gional d’Alsace : « après l’épisode malheureux conducteurs (venant d’obtenir leur permis) organisée. Son résultat ne pouvait raisonna- de l’écotaxe et du démantèlement des por- une réduction de 50 % sur l’abonnement au blement être considéré comme significatif tiques, conduisant à une gabegie sans nom, service Autolib’ de voiture électrique en libre (moins de 10 % de votants). M. Masseret a ce- l’abandon de l’autoroute ferroviaire atlantique service et 50 euros de trajets prépayés. Expli- pendant mis le projet en péril en refusant de le prend le contre-pied des dynamiques de dé- cation officielle : « Paris agit contre la pollu- soumettre au vote de l’actuel conseil régional fense de l’environnement ». tion ». Encourager des jeunes qui pourraient et, après avoir lancé de nouvelles études aux 3 Corinne Lepage, ancienne ministre de très bien prendre le métro, le bus ou un vélo, à objectifs non précisés, en renvoyant le dossier l’environnement, à propos du plan Valls de se déplacer en voiture soi-disant propre, c’est au futur conseil régional de la grande région relance autoroutier : « je ne crois pas que la vraiment lutter contre la pollution ? Et pen- Alsace-Lorraine-Champagne Ardenne. France ait besoin d’autoroutes supplémen- dant ce temps-là, la petite ceinture ferroviaire taires, nous ferions mieux d’investir dans les reste inutilisée malgré ses atouts... Des élus vite résignés modes de transport alternatifs ». 7 - 10 points à Laurent Hénart, maire de Nancy (parti Radical). Il a incité les Nan- Face à ce coup de force antidémocra- Biobus céiens à se prononcer contre la construction tique, la FNAUT a demandé au Premier de la gare TGV de Vandières et n’a ouvert ministre, aux ministres concernés et à de Un bus reliant Bath et l’aéroport de Bristol qu’un seul bureau de vote lors de la consul- nombreux élus PS et PC (conseillers régio- fonctionne au biogaz produit à partir des ex- tation publique du 1er février. Il a fait croire naux et départementaux, parlementaires) créments des habitants de la région, récupérés que l’ouverture de la gare pourrait entraîner d’intervenir auprès de M. Masseret pour dans les eaux usées d’une station d’épuration, la disparition de la desserte TGV directe le convaincre de réviser sa position. Cette et de déchets alimentaires. Les déchets pro- Paris-Nancy et « menacerait le dévelop- initiative n’a suscité pratiquement aucune duits en un an par un ménage de 5 personnes pement de la métropole nancéienne ». Ses réponse et n’a pas abouti à ce jour (seuls les permettent de transporter 40 personnes sur administrés l’ont désavoué en votant majo- élus écologistes soutiennent la FNAUT). 30 km. Ce biogaz rejette 80 % de NOx et 25 % ritairement en faveur de la gare. 3 de CO2 de moins que le carburant diesel. + 10 points à Claude Robert, maire de La réaction de la FNAUT Vandières. Il est quasiment le seul élu lorrain à s’opposer courageusement et publiquement à Le projet risque donc d’être abandonné, l’attitude incompréhensible et irresponsable de d’où la pérennisation des difficultés rencon- Jean-Pierre Masseret. Il défend avec bon sens trées par les usagers du TGV, un gaspillage le projet de gare TGV. d’argent public choquant en période de difficultés budgétaires (23 millions de tra- Officines vaux préparatoires réalisés inutilement sur le site de Vandières) et une perte d’emplois Le service juridique de la FNAUT a en- potentiels, elle aussi choquante au moment tamé des discussions avec des organisations où le gouvernement peine à résorber un proposant aux passagers aériens de les aider chômage massif. à obtenir les dédommagements prévus par Dans ces conditions, la FNAUT a été le droit européen. Selon la FNAUT, les ser- contrainte de porter le dossier devant le tri- Side event vices proposés par ces officines sont truffés bunal administratif de Nancy, en déposant de nombreuses clauses abusives, restrictives un recours contre le refus explicite du pré- Si vous souhaitez organiser un side-event des droits des consommateurs. Ces actions sident Masseret de soumettre le projet au avant le closing des Planetworkshops ou sont engagées avec l’aide de Me Franck vote de l’actuel conseil régional de Lorraine, de l’International Climate Conference Levy, avocat au barreau de Seine-Saint- vote exigé par la loi, suite à la consultation (COP 21), soyez très attentifs à l’update Denis, qui intervient gracieusement pour publique, dans un délai raisonnable. fixant la deadline. la FNAUT.

fnaut-infos n°238 - octobre 2015 x 7 Activités Nouvelles des régions de la FNAUT

Nantes-Bordeaux : classiques à vitesse limitée. Pour qu’ils l Un décret récent de la ministre de l’Eco- Régionsune situation critique regagnent des voyageurs, une moderni- logie a renouvelé pour 5 ans les représen- sation du matériel est essentielle. Les tations de la FNAUT au Conseil national Dès décembre 2015, la vitesse sera li- rames doivent être à plancher bas pour de l’air (Jean-François Hogu et Simone mitée à 60 km/h sur plus de 100 km entre faciliter les montées et les descentes et Bigorgne), à la Commission administrative La-Roche-sur-Yon et La-Rochelle dans procurer des gains de temps qui s’addi- de l’aviation civile (Marc Debrincat), au Co- les deux sens, d’où un temps de parcours tionnent au fil des arrêts, réversibles pour mité des usagers du réseau routier natio- augmenté de plus de 45 min. La SNCF éviter les manœuvres dues à les rebrous- nal (Max Mondon) et au Conseil supérieur n’a pas recherché de solutions permet- sements inévitables (à Dax, à Toulouse), de l’aviation civile (Anne-Sophie Trcera). tant de s’adapter aux décalages d’horaires capacitaires (400 places assises), confor- l Marc Debrincat, Anne-Sophie Trcera et induits par ce ralentissement et a décidé tables (un pas de siège plus important, Elodie Ferreira Batista ont rencontré Ma- de supprimer les prolongements des cir- y compris en 2ème classe) et bien équi- rion Brancourt, du cabinet Transversales, culations à Quimper et Toulouse ainsi pées (casiers à bagages spacieux, espace dans le cadre du groupe de travail DGITM que les trains de pointe des vendredis et dédié au transport des vélos, prises pour sur la lutte contre la fraude dans les trans- dimanches soir. Cette situation devrait ordinateurs, nursery, voiture bar). Elles ports collectifs. perdurer au moins jusqu’en 2019. doivent pouvoir atteindre la vitesse de l Bruno Gazeau et Jean Lenoir ont ren- La rénovation de l’infrastructure (pro- 200 km/h, circuler sur des lignes non contré Jacques Auxiette, vice-président bablement d’une seule voie par manque électrifiées, et être aisément sécables en de l’Association des Régions de France, au de crédits) est prévue avec une interrup- deux éléments afin de pouvoir diversifier sujet des trains Intercités. tion complète du trafic pendant un an. les dessertes. l Jean Sivardière a participé à un débat C’est la mort annoncée de la ligne déjà Jean Frilleux, association DUT, Pau z public sur le projet Lyon-Turin, organisé à fortement concurrencée par le covoitu- Grenoble par le Monde diplomatique. Avec rage, plus rapide et moins cher. Paris-Le Tréport : Jérôme Rebourg, président de l’association Nous avons un doute sur la nécessité une ligne négligée contre le contournement autoroutier de d’une limitation de vitesse aussi dras- Chambéry, il a rencontré Jean-Marc Iaconis, tique alors que les trains roulent actuel- Le Comité de Sauvegarde et de Déve- directeur de l’Autoroute ferroviaire alpine. lement à 110 ou 130 km/h selon les loppement des liaisons ferroviaires Paris l Bruno Gazeau est intervenu sur l’auto- sections. Nous continuons à nous battre – Eu - Le Tréport-Mers les Bains par partage et sur l‘accès à la médiation lors pour la rénovation des deux voies sans Beauvais-Abancourt et par Abbeville des rencontre nationales du Transport Pu- interruption totale du trafic. Cette réno- a été créé en avril 2014 par un groupe blic organisées à Lyon par le GART et l’UTP. vation devrait d’ailleurs être intégrée au d’usagers lassés des retards des trains Il a participé à une table-ronde organisée « grand programme de modernisation et inquiets de l’avenir de ces liaisons. Il par l’Institut de la Gestion Déléguée sur du réseau » (GPMR) de SNCF-Réseau regroupe des usagers et des communes et l’avenir des Délégations de Service Public. malgré le classement de la ligne en caté- communautés de communes. Les deux l Le conseil national de la FNAUT a reçu gorie UIC 7 à 9, car le trafic observé, sur lignes Abancourt – Le Tréport et Abbe- récemment Ingrid Mareschal, secrétaire lequel est basé le classement UIC, est ville – Le Tréport, sur lesquelles le trafic générale de la FNTV (fédération des auto- manifestement très inférieur au trafic de fret a cessé dans les années 1990, sont caristes) ; Olivier Marembaud et Bruno potentiel. essentielles aux activités économiques et Duchemin, coauteurs d’un rapport du Jacques Ottaviani, président de l’Association au tourisme. Il y a vingt ans, il existait CESE (conseil économique, social et envi- pour la Promotion de Nantes-Bordeaux z 3 relations directes quotidiennes Paris ronnemental) sur la révolution numérique – Le Tréport par autorail et même, le dans les transports de personnes ; et Denis La desserte Intercités vendredi, une relation en moins de 2h30. Huneau, ancien directeur de l’EPSF (Eta- du piémont pyrénéen En 2014 nous sommes intervenus avec blissement Public de Sécurité Ferroviaire). succès auprès du Conseil Régional pour Nous risquons aujourd’hui de voir faire corriger certains horaires et obtenir Colloque FNAUT sur la réforme aboutir un processus systématique de l’assurance que les travaux de régénéra- territoriale et les transports destruction du réseau ferré national pré- tion de la voie Beauvais - Le Tréport, sur visible depuis plusieurs décennies et mis laquelle les trains ont été ralentis de 100 Un colloque organisé par la FNAUT sur en place par petites touches d’une ma- à 60 km/h en 2013, auraient bien lieu. la réforme territoriale et les transports aura nière rampante et continue. Mais cette régénération se fait toujours lieu à Paris le jeudi 29 octobre, salle Colbert Il y a vingt ans, la dégradation de l’ex- attendre, et les temps de parcours Paris – (Palais Bourbon) : voir encart. ploitation de la ligne Hendaye-Toulouse Le Tréport restent le plus souvent supé- Programme : principes et modalités de était déjà perceptible. Nous avions alors rieurs à 3h. la réforme territoriale ; impact sur les des- suggéré des solutions de bon sens pour la Nos demandes de modification des sertes ferroviaires et routières. redynamiser. horaires afin d’obtenir des relations plus Mais ces suggestions ont été igno- rapides, directes ou avec de meilleures fnaut infos- Bulletin mensuel d’information rées, et la dégradation des services s’est correspondances, ont toutes été refusées Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°238 au contraire accentuée : disparition des par le Conseil régional de Picardie sous ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. liaisons directes vers Marseille et Lyon, prétexte d’impossibilité technique. Nous Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers fermeture de l’antenne de Luchon. Et réclamons aussi une amélioration de Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d aujourd’hui, la commission Duron re- l’information des voyageurs aux points Prix au numéro : 2 d commande le transfert sur route des d’arrêt et dans les rames. Le risque de Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT relations Intercités Hendaye-Toulouse. remplacement des trains Intercités et de votre région, contacter notre permanence : Mais avant de les supprimer, il faut leur TER par des cars est pour nous un autre 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris donner leur chance. motif d’inquiétude. tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] Les trains Intercités effectuent des Bernard Leroy, secrétaire Internet : http://www.fnaut.fr parcours à longue distance sur des lignes du Comité Paris-Le Tréport z CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°238 - octobre 2015 n°239 infos novembre 2015 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Sécurité routière : une dégradation prévisible

Transports urbains : alerte sur le financement Le rapport de la Cour des comptes de février 2015 portant sur les 287 réseaux de transports urbains des agglomérations de province est plus sérieux que son rapport d’octobre 2014 consacré au TGV (FNAUT Infos 237). La Cour a analysé la situation financière inquiétante des réseaux (FNAUT Infos 222), et formulé des recommandations qui montrent bien que les collectivités locales disposent d’une marge de manœuvre importante : elles peuvent en effet rationaliser l’offre sans dégrader sa qualité globale ; augmenter la vitesse des bus et des tramways par un meil- leur partage de la voirie, afin d’améliorer la Photo : Marc Debrincat productivité et la fréquentation ; mettre en œuvre une politique de report modal en jouant sur le stationnement des voitures ; in- La dégradation observée depuis 18 mois mobilise peu le gouvernement troduire une tarification sociale assise sur les Valls, soucieux, comme avant lui le gouvernement Jospin, de ne pas dé- revenus et non le statut des usagers ; réduire plaire aux automobilistes. Le comportement des usagers de la route s’est la fraude (qui fait perdre aux exploitants plus nettement relâché, mais pourquoi ? Le gouvernement a laissé passivement de 5 % de leur chiffre d’affaires). la situation se détériorer, sans prendre de mesures décisives telles qu’une Trois regrets cependant : réduction générale des vitesses autorisées. Et comment espérer une prise - d’éventuelles hausses tarifaires doivent de conscience de l’opinion si, dans le même temps, on mise seulement sur être liées à des investissements et une meil- la mobilité individuelle pour assurer la transition énergétique, on relance leure qualité de service ; les travaux routiers, on néglige les transports publics et on encourage la - ces hausses doivent être accompagnées circulation routière en refusant d’augmenter le prix des carburants malgré de l’introduction du péage urbain, que la la baisse spectaculaire du prix du pétrole ? Cour évoque trop brièvement alors qu’il est pleinement justifié par l’importance des Pas de choc psychologique Certes, l’accidentologie est beaucoup coûts externes de la voiture et qu’il peut plus basse que par le passé, suite aux constituer un levier décisif d’une politique Le nombre des victimes de la route est grandes mesures prises telles que les lois sur de report modal ; reparti à la hausse pour la première fois les vitesses et l’alcool, le port de la ceinture, - enfin la crainte exprimée par la Cour d’un depuis 12 ans. Après avoir adopté 26 le permis à points, l’amélioration des véhi- surdimensionnement des transports urbains mesures en janvier dernier... et constaté cules et de la voirie : les progrès sont plus en site propre est dangereuse car elle peut une nouvelle dégradation de la situa- difficiles à obtenir aujourd’hui. amener les collectivités à sous-estimer les tion (+ 3,8 % de tués), le gouvernement Mais la politique de Manuel Valls besoins de transport des citadins. Or il faut voir a retenu le 2 octobre, lors du premier manque d’ambition, comme auparavant grand pour préparer l’avenir. comité interministériel de sécurité rou- celle de Lionel Jospin, par crainte des lob- Quant à l’Etat, il ne peut se contenter, selon la tière tenu depuis... 4 ans (en une petite bies automobilistes et de l’opinion, surtout promesse du Premier ministre, de compenser heure), 22 mesures supplémentaires à la veille d’échéances électorales. la perte de recette des collectivités liée au relè- dont on se demande bien pourquoi elles Le Premier ministre a vanté « une nou- vement du seuil de perception du versement n’ont pas été prises plus tôt : « une re- velle approche du déplacement routier », transport des entreprises de 9 à 11 salariés. La fonte de la stratégie radar » et diverses mais aucune des nouvelles mesures ne baisse des dotations de l’Etat aux collectivi- mesures techniques, dont l’obligation peut inciter les automobilistes à prendre tés, la hausse du taux de TVA sur le transport très contestable du port du casque par conscience de la gravité de la situation et public de 7 % à 10 %, l’abandon de l’écotaxe et les cyclistes jusqu’à 12 ans, une fausse n’est susceptible de créer chez eux un choc le report de la loi sur la dépénalisation du sta- bonne idée dénoncée par la Fédération psychologique : un abaissement général de tionnement pèsent lourdement sur le finance- des Usagers de la Bicyclette car « le la vitesse autorisée à 80 km/h sur les routes ment des transports urbains et la consistance casque n’empêche pas les accidents, il départementales, les plus dangereuses, a été de l’offre, qui commence à régresser : - 2,4 % faut d’abord agir sur la vitesse des voi- à nouveau écarté. L’objectif officiel « moins déjà au cours du premier semestre 2015. tures » et son port obligatoire risque de de 2 000 tués en 2020 » (3 388 en 2014) Bruno Gazeau z dissuader l’usage du vélo. semble désormais bien utopique.

fnaut-infos n°239 - novembre 2015 x 1 Sécurité routière : une situation dégradée BIEN DIT

l Claude Got : « la vitesse est le seul Après une très mauvaise année 2014 Elève moyen facteur de risque commun à tous les Dossier(+ 3,5 % de tués), la mortalité routière a encore accidents de la route, et c’est à son ni- augmenté au cours du premier semestre 2015 Alors que les pays nordiques (et les veau que les mesures les plus efficaces selon l’Observatoire national interministériel Etats-Unis) ont réussi de longue date doivent être prises ». de la sécurité routière (ONISR), malgré le à limiter l’accidentologie routière, la l Claudine Pérez-Diaz, chercheuse à plan (bien timide) lancé par le gouvernement France n’est qu’un élève moyen en Eu- l’INSERM : « la seule mesure qui per- en janvier dernier (FNAUT Infos 232). La rope. La remarquable politique suédoise mettrait d’atteindre l’objectif officiel de hausse a même atteint 19 % en juillet (360 a été présentée dans FNAUT-Infos 137. moins de 2 000 morts par an en 2020 victimes, contre 302 en juillet 2014). De sep- Le nombre de tués par million d’habi- consiste à limiter la vitesse à 80 km/h tembre 2014 à septembre 2015, le nombre des tants est de 28 en Grande-Bretagne, 42 sur les axes secondaires sans séparation victimes a été de 3483. en Espagne et 51 en France. En nombre centrale. Le gouvernement expérimente A l’évidence, les conducteurs sont devenus de tués par milliard de kilomètres par- cette mesure sur trois petits tronçons de moins vigilants, et il s’agit bien d’une tendance courus, la France est également loin der- 100 km de routes secondaires très acci- lourde et persistante que les habituelles réfé- rière la Grande-Bretagne, l’Allemagne dentogènes, mais cette expérience est rences à la météo, qui joue sur le volume de la et l’Espagne. inutile : on a déjà réuni toutes les preuves circulation, ne suffisent pas à expliquer. que ça marche ». Selon Emmanuel Barbe, délégué intermi- Coûts externes l Jehanne Collard, avocate de victimes : nistériel à la sécurité routière, « des compor- « la simple annonce d’une mesure répres- tements que l’on croyait disparus reviennent, Selon l’ONISR, les coûts humains et sive a un réel impact sur le délinquant po- tels que le non-port de la ceinture de sécurité ; matériels des accidents de la circulation tentiel, comme l’instauration du permis à en 2014, la vitesse moyenne s’est élevée de 1 % se sont élevés à 23 milliards d’euros en points l’a démontré. Malheureusement, la et les infractions constatées par les radars ont 2011. Selon l’institut britannique CEBR détermination politique manque, à cause augmenté de 20% ; l’usage du téléphone por- et la société américaine Inrix, le coût des de la puissance des lobbies automobi- table est un facteur aggravant ; des conducteurs embouteillages dans 13 grandes zones ur- listes et parce qu’au cours des derniers textotent au volant ou postent sur Facebook, baines françaises a été « seulement » de 5,9 mandats, les gouvernements n’ont pas eu c’est vraiment effrayant. On peut y voir un effet milliards la même année. le courage de contrarier leurs électeurs, de la crise : dans un monde anxiogène, la voi- qui n’apprécient pas voir entravée leur ture devient un espace de liberté dans lequel Un rapport accablant liberté au volant ». on s’isole ». l Erick Marchandise, militant de Cyclo- Mais, même si la vitesse excessive est bien Soigneusement caché par le Premier transEurope : « aucun des pays ayant perçue comme « la question centrale », les ministre qui l’avait commandé début une vraie politique cyclable n’impose le mesures préconisées restent limitées : « Il faut 2014, mais révélé par le Journal du Di- casque ; mais la France, qui ne fait rien de travailler sur une meilleure compréhension des manche début août 2015, un rapport de sérieux pour le vélo, le fait ». règles par le citoyen. Puis les faire respecter et l’Inspection générale de l’administration l Isabelle Lesens, militante cycliste : ne pas donner un sentiment d’impunité sur la souligne le manque d’intérêt de l’ensemble « cette mesure stigmatisante est contra- route. Un axe important est l’amélioration du des ministres (Intérieur, Ecologie, Justice, dictoire avec l’autorisation de généraliser respect des limitations de vitesse existantes. On Education, Santé...) pour la sécurité rou- le 30 km/h en ville ». doit donc faire évoluer la stratégie des contrôles tière, et un manque de volonté politique : par radar. Plutôt que d’augmenter leur nombre, les responsabilités sont éclatées au sein de BETISIER nous souhaitons intensifier les contrôles par l’Etat, le comité interministériel de sécu- radars mobiles ». « La sécurité routière est une rité routière ne s’est pas réuni depuis l’arri- l Christine Bayard, secrétaire générale coproduction, l’Etat fait son travail ». vée de François Hollande à l’Elysée... de la Ligue de Défense des conducteurs, opposée à la réduction de la vitesse Evolution de la mortalité routière en France métropolitaine maximale à 90 km/h sur les tronçons en nombre de tués sur les 12 derniers mois (source : sécurité routière) d’autoroutes traversant les villes afin de protéger la santé des riverains : « c’est complètement ridicule, stupide, aberrant, injustifié ; le risque de somnolence va être Septembre 1995 aggravé, les accidents et les flashes de Juillet 2002 radars vont se multiplier ; et pourquoi pas 1er juillet 2015 demain 30 km/h ? » Deux poids, deux mesures

Le bilan terrifiant - 150 morts - du 2008 crash de l’Airbus de la Lufthansa a fait l’objet d’une très large couverture mé- Novembre 2003 diatique. Et on va dépenser, à juste titre, des millions d’euros pour analyser l’ac- cident. Mais c’est juste le bilan de deux semaines d’accidents de la route, rien qu’en France. Pour les 3483 tués sur la Mars 2004 2013 3 454 route depuis un an, ni cérémonies offi- en juillet cielles, ni drapeaux en berne, ni condo- léances de chefs d’Etat : pourquoi une telle différence de traitement ? Gilles Laurent z

2 x fnaut-infos n°239 - novembre 2015 Sécurité routière et Zéro verre d’alcool Un ministre mal informé politique des transports Comme annoncé le 26 janvier dernier, Le 11 mai dernier, dans un discours Les causes de l’accidentologie rou- le seuil maximum d’alcool autorisé est au Conseil national de la sécurité rou- tière sont multiples et bien identifiées : passé de 0,5 à 0,2 g/litre de sang pour tière, le ministre de l’Intérieur, Bernard vitesse excessive, alcoolémie et drogues, les jeunes conducteurs, ce qui revient à Cazeneuve, a évoqué le premier plan téléphone au volant, somnolence... et leur interdire totalement la consomma- d’ensemble de lutte contre l’insécurité immobilisme du gouvernement, qui tion d’alcool avant de conduire (le seuil routière adopté par le gouvernement n’ose pas prendre des mesures impo- n’a pas été fixé à 0 g/litre car certains Pompidou en 1966 et précisé son conte- pulaires mais efficaces, c’est-à-dire diri- médicaments et aliments contiennent un nu. Puis il a rappelé qu’un taux d’alcoo- gées en priorité contre la vitesse, cause peu d’alcool) : 18 Etats européens ont lémie maximal avait été défini pour la première ou facteur aggravant de tous déjà adopté des mesures contre l’alcoo- première fois en 1978, ce qui, comme les les accidents. lémie des jeunes. mesures prises en 1966, avait fait baisser Bien d’autres mesures peuvent être Selon Jean-Pascal Assailly, psycho- de façon immédiate le nombre d’acci- prises : interdiction stricte de l’usage logue cité par La Croix, « il est plus dents et de décès. du téléphone au volant, introduction facile pour les jeunes de ne pas boire Le professeur Claude Got a dénoncé d’éthylotests bloquant le démarreur si du tout que de commencer au risque ces propos inexacts. Aucun plan d’en- le conducteur a un peu trop bu,... de ne pas pouvoir s’arrêter à temps ». semble de sécurité routière n’a été adop- Mais, au-delà des mesures sécuritaires Renaud Bouthier, directeur de l’asso- té en 1966, le Premier ministre Georges spécifiques - réglementation, contrôles ciation Avenir Santé, le confirme : « le Pompidou s’étant opposé aux mesures et sanctions -, il faut s’interroger sur rapport des jeunes à l’alcool, c’est tout proposées par Edgard Pisani pourtant la politique des transports, qui condi- ou rien, la modération est dure à tenir soutenu par le général de Gaulle. Les tionne en partie la sécurité routière par pour eux ; il y avait incohérence à les mesures fantômes citées par M. Caze- son impact psychologique sur les usa- mettre en garde contre l’alcool au volant nave ont été adoptées en 1969 (limita- gers de la route (FNAUT Infos 183). alors qu’ils étaient autorisés à boire un tion à 90 pour les jeunes conducteurs), La baisse du prix des carburants ou deux verres ». D’après la Prévention 1973 (port obligatoire du casque) et incite l’automobiliste à rouler davan- Routière, la tolérance zéro adoptée il y 1991 (contrôle technique périodique). tage et plus vite, mais le gouvernement a dix ans en Allemagne a entraîné dès Quant au taux légal d’alcoolémie, il a refuse une hausse des taxes, considé- la première année une baisse de 15 % du été défini dans une loi de 1970. La loi rée comme punitive, et bloque toute nombre des tués chez les jeunes. Pour de 1978 a seulement ajouté la possibi- hausse, même modeste, des péages Jean-Pascal Assailly, « la mesure aura un lité de pratiquer le dépistage en dehors autoroutiers tout en augmentant la TVA effet psychologique sur l’ensemble de la de toute infraction ou accident. Et dans sur le transport public. population ». En attendant son exten- les années qui ont suivi ces deux mesures Il ne fait rien pour enrayer la crois- sion à tous les conducteurs ? (de 1966 à 1970 puis en 1979-1980), la sance du trafic routier de fret, bien au mortalité accidentelle, loin de diminuer contraire : il abandonne l’écotaxe et Marche arrière immédiatement, s’est accrue. l’autoroute ferroviaire atlantique qui pouvait absorber 10 % du trafic de En juillet dernier, la ministre de la Sécurité et formule 1 transit entre l’Espagne et la Belgique. Justice, Christiane Taubira, a proposé Il laisse prospérer la sous-traitance et de transformer la conduite automobile Bien mal inspiré, Ban Ki Moon, se- la fraude dans le secteur du fret routier, sans permis ou sans assurance, délit crétaire général de l’ONU, a nommé le qui ne survit que grâce à elles au détri- aujourd’hui puni (théoriquement) d’un Français Jean Todt, président de la Fé- ment du rail (FNAUT Infos 225). an de prison et 15 000 euros d’amende, dération internationale de l’automobile- Il ne conçoit la transition énergétique en simple infraction sanctionnée par F1, envoyé spécial sécurité routière. que par une adaptation de la mobilité une amende forfaitaire de 500 euros. La Plus d’un million de personnes individuelle (page 5), met en avant le ministre a vite renoncé à son projet face meurent chaque année sur les routes du mythe de la voiture propre et refuse la aux protestations d’associations très di- monde entier. Toutes les quatre minutes, campagne nationale de promotion de verses (Ligue contre la violence routière, un enfant est prématurément tué et 95% l’écoconduite proposée par la FNAUT. 40 millions d’automobilistes). des accidents mortels dont les enfants Il lance des travaux autoroutiers com- La FNAUT ne s’est pas associée à ces sont victimes surviennent dans les pays portant des augmentations de capacité, protestations, car un recul dans la lutte à revenu faible. Depuis l’invention de et donne la priorité à la route dans les contre les accidents de la route n’était l’automobile, plus de 40 millions de Contrats de plan Etat-Régions. pas évident. D’une part, il était prévu personnes ont été tuées et bien davan- Malgré les efforts de SNCF Réseau, le que le délit subsiste en cas de récidive tage blessées en raison, essentiellement, réseau ferré continue à se dégrader et dans un délai de 5 ans, ou en cas (fré- d’une vitesse excessive. on en arrive à fermer des voies ferrées quent) de circonstance aggravante : Un changement de mentalité est indis- (voyageurs et capillaires fret), ce qui re- alcoolémie supérieure au taux légal, pensable pour que les routes deviennent jette du trafic sur la route. non port de la ceinture, délit de fuite... plus sûres. Un pilote de course est com- Le covoiturage se développe en rai- D’autre part, la procédure actuelle n’a pétent pour apprécier la sécurité sur des son de l’inadaptation des services fer- pas permis d’enrayer la conduite sans circuits, mais la sécurité sur les routes roviaires et de leur prix trop élevé. Et la permis et sans assurance, sanctionnée banalisées est un tout autre problème, et libéralisation du transport par autocar en général par une amende inférieure un pilote de formule 1 n’est pas le mieux sur longue distance va mettre un trafic à 500 euros, décidée par un juge sans placé pour en appréhender les aspects supplémentaire sur les routes déjà en- comparution au tribunal. Le disposi- psychologiques et politiques. combrées de camions dangereux. tif proposé aurait permis à la sanction Confier la sécurité routière à quelqu’un Faut-il s’étonner, dans ce contexte d’être plus dissuasive, car systématique qui dirige une organisation mondiale d’encouragement donné à la route, de et plus rapide, pour des infractions in- « qui vise à sauvegarder les droits et pro- la dégradation observée du comporte- contestables ne méritant pas débat et mouvoir les intérêts des automobilistes ment de ses usagers ? plaidoirie, et accessoirement de désen- et le sport automobile partout dans le Jean Sivardière z gorger les tribunaux correctionnels. monde » est une bévue regrettable.

fnaut-infos n°239 - novembre 2015 x 3 L’accident de Brétigny et le rapport du BEATT

Contrairement à divers « experts » et a fini par pivoter autour du 4ème et pro- tions de surveillance ou d’entretien afin « représentants des usagers », la FNAUT voquer le déraillement) n’avaient pas été d’évaluer la pertinence des règles de s’est bien gardée de désigner les respon- repérés lors d’un contrôle de routine ef- maintenance et la qualité de leur mise en sables du déraillement du train Interci- fectué une semaine avant l’accident. oeuvre ». tés Paris-Limoges survenu en gare de Dans son rapport définitif publié début La FNAUT s’est constituée partie civile Brétigny-sur-Orge le 12 juillet 2013 septembre 2015, le BEATT formule des auprès du Tribunal de Grande Instance (FNAUT Infos 217) : 7 morts et une recommandations plus précises adres- d’Evry dès l’ouverture de l’information quarantaine de blessés. sées à SNCF Réseau, le gestionnaire de judiciaire. Elle attendra la publication Créé en 2004, le Bureau d’Enquêtes l’infrastructure ferroviaire (ex-RFF) qui des conclusions de l’enquête, toujours en sur les Accidents de Transport Terrestre a repris les activités de SNCF Infra, et cours, pour s’exprimer sur les responsa- (BEATT) dépend du ministère de l’Eco- relatives au « management de la mainte- bilités. logie. Sa mission, purement technique, nance du réseau ferré national (RFN) » : est de réaliser des enquêtes sur les acci- - « faire vérifier régulièrement par des A méditer dents afin d’en établir les circonstances, audits externes (...) que l’évolution de d’en identifier les causes, d’émettre des l’âge moyen des différentes composantes Gilles Dansart, éditeur de Mobilettre, recommandations, et non de déterminer du RFN est conforme aux orientations à propos du rapport de l’Ecole Polytech- des responsabilités. Il a accès aux dossiers prises et que les moyens alloués à l’entre- nique Fédérale de Lausanne (EPFL) d’information ou d’instruction judiciaire tien sont cohérents avec les besoins » ; commandé par la SNCF et publié début concernant les accidents qu’il analyse. Il - « améliorer la politique d’affecta- septembre : « Ce rapport ne permet pas est tenu de rendre publics ses rapports. tion des cadres dans les établissements d’établir un lien entre l’état de l’infras- Dans un premier rapport publié en en charge de la maintenance », l’enca- tructure et des incidents ou accidents sur 2014, le BEATT a mis en cause les règles drement étant « particulièrement jeune, le réseau, a fortiori celui de Brétigny. Si le de maintenance de la SNCF et « l’effica- souvent inexpérimenté et fragilisé par le vieillissement de l’infrastructure peut ac- cité globale du processus de surveillance turn-over » ; croître le risque de défaillance d’un com- de la voie et de ses appareils ». Les défauts - mettre en place des « contrôles de posant, c’est bien le niveau de maîtrise de ce qui ont mené au déraillement (la rupture l’état réel d’un échantillon d’équipements risque qui détermine le niveau de sécurité, et de 3 des 4 boulons fixant une éclisse qui ayant récemment fait l’objet d’interven- non pas l’âge lui-même du composant ».

La journée nationale de la communication sur la qualité de l’air

A l’occasion de la première jour- tère l’explique lui-même, la FNAUT n’a le moderniser et le développer, afin de née nationale de la qualité de l’air, la pas été invitée à participer au comité de faciliter la circulation des trains de voya- FNAUT a rappelé que le développement pilotage de la journée. Quant au public, geurs et de fret. des transports urbains et ferroviaires est, comment pourrait-il changer ses com- Est-il cohérent, pour n’évoquer que avec l’encouragement à l’usage de la portements de mobilité quand la voiture des décisions récentes du gouverne- bicyclette, une composante essentielle reste aussi souvent indispensable faute ment, de réduire de 400 millions d’euros de toute politique visant à réduire la d’alternative crédible ? le budget 2016 de l’AFITF, l’agence pollution de l’air et à améliorer la santé On reste dubitatif face aux procédures de financement des infrastructures de publique. mises en place par le ministère : un appel transport, déjà fragilisée par l’abandon Mais le ministère de l’Ecologie, pro- à projets « villes respirables » offrant une calamiteux des recettes de l’écotaxe moteur de cette journée, avait des ambi- subvention de 30 % aux collectivités sauf nationale (l’AFITF doit verser aussi tions plus modestes. La journée visait pour les infrastructures de transport, plus de 500 millions d’indemnités à la d’abord « à sensibiliser les citoyens, à un plan national de surveillance de la société Ecomouv) ? de réduire de moitié leur faire prendre conscience de l’impor- qualité de l’air (PNSQA) dont l’objectif l’indemnité kilométrique promise aux tance de respirer un air de bonne quali- n°2 consiste à « organiser la surveillance salariés cyclistes et de retarder sa mise té », « un enjeu sanitaire, environnemen- au service de l’action », l’objectif n°3 à en œuvre ? d’abandonner l’autoroute tal et économique majeur ». « organiser la communication pour faci- ferroviaire atlantique et d’investir plus Les citadins et les riverains des grands liter l’action » et l’objectif n°6 à « struc- de 3 milliards d’euros pour renforcer la axes routiers et des grands aéroports turer une démarche prospective collabo- capacité du réseau autoroutier ? ont-ils vraiment besoin d’être sensi- rative »... Réglementer l’accès du trafic Une fiscalité écologique est indispen- bilisés à la qualité de l’air ? Ils savent routier et sa vitesse dans les zones denses sable. L’effondrement du prix du pétrole depuis longtemps qu’ils respirent un air les plus polluées est utile, mais c’est sur rend possible aujourd’hui une hausse pollué par les particules fines, les oxydes l’ensemble du territoire qu’il faut agir, de la taxation des carburants routiers d’azote et autres composés organiques en favorisant un report de trafic sur les (un centime sur le seul gazole rapporte volatiles (COV)…, et que cette pollu- modes vertueux. près de 400 millions d’euros par an), une tion est responsable des maladies respi- A quand une politique traduisant les taxation du kérosène consommé par les ratoires dont ils souffrent comme leurs bonnes intentions ? Les transports col- avions effectuant des vols intérieurs, et enfants. Et ils attendent avec impatience lectifs urbains, saturés dans les zones l’introduction d’écotaxes régionales sur que le gouvernement mette en œuvre des denses et sous-développés dans les zones le transport routier de fret. mesures sérieuses dans le secteur de la périurbaines, nécessitent, en région La FNAUT attend donc du gouver- mobilité, afin de réduire les trafics rou- parisienne comme en province, de très nement qu’il renfloue l’AFITF grâce à tiers et aériens. importants investissements. Les amé- cette ressource nouvelle, relance ainsi les Le ministère invitait aussi les acteurs nagements cyclables sont notoirement investissements de transport urbain et à « se mobiliser ». Mais, alors que les insuffisants. Quant au réseau ferré, il ferroviaire, et renforce l’offre de trans- déplacements sont la principale source manque au moins un milliard d’euros port : les opérations de communication de pollution de l’air comme le minis- par an pour enrayer son vieillissement, ne peuvent suffire.

4 x fnaut-infos n°239 - novembre 2015 Le vélo encore oublié Une transition énergétique Dans leur récent rapport « Le coût éco- sans transport collectif nomique et financier de la pollution de ? l’air » (FNAUT Infos 238), les sénateurs ont La loi sur la transition énergétique Une politique qui ferme les yeux fait le constat de l’inaction de l’Etat face adoptée le 23 juillet 2015 par le Parle- sur les objectifs de la loi à une pollution de l’air qui a des consé- ment se focalise sur les véhicules dits quences graves sur la santé publique propres. Elle ignore la capacité du trans- De manière plus regrettable encore, le gou- et l’économie. Ils préconisent donc de port collectif à attirer massivement des vernement mène à l’égard du transport collec- s’attaquer aux sources principales de la trafics routiers et aériens et à provoquer tif une politique contradictoire avec les bonnes pollution, en premier lieu au secteur des ainsi des économies d’énergie et d’émis- intentions énoncées dans la loi : transports. sions de gaz à effet de serre. - hausse du taux de TVA de 7 % à 10 % (le La réaction de la ministre de l’Ecologie a taux est de 5 % seulement pour les produits de été immédiate : un niet catégorique à l’ali- Une loi mal ciblée première nécessité) ; gnement de la fiscalité du diesel sur celle - réduction de l’assiette du versement transport de l’essence. Pas de fiscalité écologique ! La loi retient des principes utiles, en (VT) des entreprises, abandon du VT régional ; Face à ce constat des sénateurs et à particulier la prime vélo pour les dépla- - baisse des dotations de l’Etat aux collec- l’immobilisme du gouvernement, on ne cements domicile-travail : l’exemple de tivités locales, incitées à réduire l’offre et les peut que déplorer, avec la Fédération grandes villes européennes (Copenhague, investissements ; des Usagers de la Bicyclette (FUB), que Amsterdam...) montre que le vélo peut en - refus d’un 4ème appel à projets de transports les sénateurs n’aient pas eu l’idée de effet assurer une part très importante des urbains en site propre ; se tourner vers le vélo. Certes certaines déplacements urbains. Mais les modalités - suppressions de services ferroviaires et de leurs propositions tendent à faciliter et le montant de cette prime, à laquelle fermetures de lignes ; l’usage de moyens de mobilité durables, Bercy est hostile, restent à préciser. - relance de grands travaux autoroutiers, mais aucune d’entre elles n’intègre nom- De même, la hausse progressive de la y compris en milieu urbanisé (La Réunion, mément la bicyclette. Une part modale fiscalité carbone devra être confirmée par Strasbourg, Grenoble…). du vélo de 30 %, observée dans plusieurs les prochaines lois de finances (la tonne Il en résultera, contrairement aux objectifs grandes villes européennes, diminuerait de carbone passerait de 14,5 euros à 22 en officiels, une baisse de la fréquentation, une pourtant significativement les émissions 2016, 56 en 2020 et 100 en 2030). hausse du trafic automobile, une aggravation de polluantes. Ceci étant, la loi privilégie de manière la congestion urbaine, de la pollution de l’air, des trompeuse (et très coûteuse pour l’Etat) gaspillages d’énergie et des émissions de carbone. Un appel à projets vélo les véhicules dits propres, comme si ces De la même manière, le transport ferroviaire véhicules étaient vraiment écologiques, et du fret est délaissé : dégradation et fermeture Afin d’atteindre cet objectif, la FUB pro- comme si la transition énergétique dépen- de lignes capillaires fret, abandon de l’autoroute pose au gouvernement d’inclure dans le dait uniquement de l’introduction de tech- ferroviaire atlantique,… prochain plan national vélo un appel à nologies nouvelles et non des changements de Une loi mal ciblée sur la transition énergé- projets vélo, prévoyant une subvention comportements. tique et l’organisation d’une conférence interna- globale de 200 millions d’euros destinée Alors que le transport collectif, en par- tionale sur le climat accompagnée de beaucoup aux collectivités territoriales décidant ticulier le tramway et le train, possède de « communication » ne suffisent pas. Les évo- de créer des infrastructures cyclables de des avantages énergétiques et environ- lutions technologiques nécessaires ne doivent qualité et de se doter de toutes les struc- nementaux évidents par rapport à l’auto- pas servir d’alibi : la FNAUT attend du gouver- tures de services associées. mobile, à l’avion et au camion, la loi a nement une politique cohérente de relance des Un tel appel à projets serait complé- complètement ignoré les possibilités de transports collectifs, composante indispensable mentaire du 4ème appel à projets de report modal. de toute politique écologique. TCSP réclamé par la FNAUT. La FUB attend aussi avec impatience le décret fixant le montant de l’indem- Fiscalité écologique nité kilométrique vélo pour les salariés, indemnité expérimentée avec succès Selon une commission d’enquête du Sénat, présidée par Jean-François Husson courant 2014 et prévue dans la loi sur (UMP) et dont la rapporteure était Leila Aïchi (EELV), la pollution de l’air coûterait la transition énergétique. Le vélo serait chaque année 100 milliards d’euros à la France, en dépenses de santé, absentéisme ainsi, enfin, reconnu comme un moyen de réduisant la productivité des entreprises, baisse des rendements agricoles, perte de la transport à part entière. biodiversité, entretien des bâtiments dégradés. Dans son rapport accablant intitulé avec justesse « Pollution de l’air : le coût de l’inaction », la commission note que « la pol- Le vélo gagne du terrain lution atmosphérique n’est pas qu’une aberration sanitaire, c’est aussi une aberration économique ». Elle propose donc de s’attaquer aux sources principales de pollution, Selon le CEREMA, 2 % seulement de à commencer par les transports, responsables de 59% des émissions de NOx et entre déplacements urbains s’effectuent à vélo, 16 et 19% des émissions de particules fines. alors que plus de 80 % d’entre eux se font Elle préconise l’alignement progressif jusqu’en 2020 de la fiscalité de l’essence et du sur moins de 5 km. Mais cette part modale diesel (l’écart de taxation est de 17 centimes par litre), et une taxe sur les émissions atteint 7 % à Lyon (614 km de voies cy- polluantes (responsables de 42 000 morts prématurées par an en France) (une hausse clables, 10 000 arceaux à vélos, 1 500 places de la fiscalité sur le gazole a été immédiatement repoussée par Ségolène Royal). Elle de stationnement sécurisé aux abords des veut aussi édicter des normes plus sévères et accélérer le soutien aux transports propres : gares et des parkings relais), elle a doublé véhicules hybrides et électriques, fret ferroviaire. depuis l’introduction des vélos en libre ser- Faute de fiscalité écologique, le gouvernement adapte aujourd’hui ses choix aux vice il y a dix ans (350 stations, 4 000 vélos moyens financiers très limités dont il dispose et fait de l’investissement dans les trans- et 58 000 abonnés aujourd’hui). ports une variable d’ajustement. La nouvelle fiscalité lui permettrait au contraire de 14 000 km de voiries urbaines sont sélectionner les projets en fonction des impératifs écologiques et d’aménagement du désormais aménagées en France pour les territoire de plus en plus délaissés : la baisse spectaculaire du prix du pétrole lui fournit cyclistes contre 6 000 en 2008. une occasion unique de la mettre en place.

fnaut-infos n°239 - novembre 2015 x 5 Elections régionales : les réponses des partis Réponse du PS 1. Le PS exprime clairement sa réti- A l’occasion des prochaines élections tences transférées. Elles doivent pouvoir cence face à la concurrence dans le régionales, la FNAUT a posé 6 questions expérimenter une redevance kilométrique secteur ferroviaire : elle n’est pas une aux partis politiques. Seuls EELV, l’UDI, poids lourds pour investir dans la transi- garantie de dynamisme nouveau ou le PS et le MODEM ont répondu. tion énergétique. d’amélioration du service aux usagers ; 1. Êtes-vous favorable à une exploita- Pour les grands projets utiles, les écolo- il s’agit d’organiser l’exercice d’une tion de certaines liaisons ferroviaires en gistes proposent de faire appel à l’emprunt mission de service public et non de pri- délégation de service public (DSP), im- citoyen après consultation citoyenne de vatiser ; il faut traiter en amont la ques- pliquant une mise en concurrence de la portée indicative. tion majeure du respect des conven- SNCF avec d’autres exploitants ? 6. Afin de réduire le trafic poids lourds, tions collectives et des conditions de 2. Comment concevez-vous la coordi- les écologistes souhaitent une réglemen- travail ; le PS sera extrêmement vigilant nation train-autocar ? Faut-il effectuer tation plus stricte du trafic sur route et à un égal traitement des salariés pour des transferts sur route de services ferro- en ville. Les régions doivent s’impliquer des travaux identiques. viaires existants ? dans l’émergence d’opérateurs fret de 2. La libéralisation du transport par 3. Quelles sont vos propositions en ma- proximité. autocar soulève une inquiétude légi- tière de tarification du TER ? time des Régions quant au risque de 4. Les Régions doivent-elles participer Réponse de l’UDI concurrence avec les TER. Cependant aux investissements dans le secteur de la le transfert du train vers l’autocar n’est mobilité, et si oui lesquels (grands projets 1. L’UDI est favorable à l’expérimen- pas une régression s’il s’agit de mainte- nationaux, modernisation d’infrastruc- tation rapide d’une concurrence régulée nir ou développer des dessertes dont tures existantes, réouvertures de lignes dans le cadre de délégations de service la mauvaise efficience par fer fragilise ferroviaires) ? public garantissant fiabilité et sécurité, leur devenir. Mais le PS restera vigilant 5. Que proposez-vous pour augmenter mieux adaptées au mode ferroviaire qu’une quant à l’impact économique et envi- les moyens financiers des Régions ? Quelle ouverture libre du marché. ronnemental de tels transferts. répartition entre la modernisation du rail 2. La viabilité des trains Intercités étant 3. La situation des Régions au regard et celle de la route préconisez-vous ? aujourd’hui remise en question, l’autocar de la couverture par les usagers du 6. Les Régions doivent-elles s’impli- offre un moyen alternatif à bas coût pour service rendu n’est pas homogène, il quer dans le transport du fret ? les trajets à longue distance et une solu- devient difficile dans ces conditions tion de repli ou de remplacement pour les d’avoir une politique tarifaire nationale Réponse d’EELV trajets entre villes moyennes. La libérali- unique. En revanche, toute gamme ta- sation peut préserver et même améliorer rifaire qui propose des tarifs sociaux 1. Tout en restant attachés à l’uni- la desserte de l’ensemble du territoire. La est une bonne chose. Le PS est parti- cité du réseau ferré national, les écolo- coordination train-car passe par la créa- culièrement favorable à la gratuité des gistes souhaitent la création de régies tion de gares multimodales. transports scolaires. régionales de transport afin de pouvoir 3. En Ile-de-France, le tarif unique 4. Le PS regrette la disparition de expérimenter une prise de responsabilité Navigo à 70 euros est positif en termes l’écotaxe et mesure les difficultés à fi- plus directe des lignes et missions TER de cohésion sociale, mais il manque 300 nancer les grandes infrastructures. Mais (lignes à matériel dédié, gares, distribu- millions par an pour le financer : il fau- les Régions peuvent et doivent être tion, information,...). dra trouver des économies car le verse- présentes. La priorité doit être celle du 2. Le car n’attire qu’environ un tiers ment transport des entreprises a déjà été ferroviaire même si la répartition entre des usagers du train, à fréquence égale et augmenté. L’essentiel pour les usagers rail et route doit prendre en compte durée du trajet comparable. A de rares ex- est le rapport qualité/prix : à quoi bon les inégalités de situations (état des ré- ceptions près, le car ne peut donc consti- un train moins cher s’il n’est ni fiable ni seaux et besoins de désenclavement). tuer une alternative crédible au train exis- confortable ? Les objectifs prioritaires du PS sont la tant, mais il peut renforcer l’offre à des Les Régions doivent renforcer et appli- relance de l’investissement dans les horaires ou pour des trajets aujourd’hui quer les pénalités pour non-respect par la infrastructures, le développement des mal couverts. SNCF des conventions Région-SNCF. énergies renouvelables et la justice 3. Le maintien de tarifs sociaux natio- L’entretien du réseau et le renforcement sociale. Le PS favorisera, à chaque fois naux, et notamment d’abonnements de de la sécurité sont essentiels : il serait que cela sera possible, les solutions les travail, est contraire à la liberté tarifaire donc démagogique de se concentrer sur la moins polluantes et consommatrices accordée aux régions par la loi du 4 août seule baisse des tarifs. de ressources naturelles. 2014. Les écologistes souhaitent intro- 4. Les Régions doivent participer au 5. La revendication d’un versement duire dès 2017 des gammes tarifaires financement de la mobilité, à un réseau de transport régional des entreprises simplifiées, zonales et intermodales (TER pistes cyclables par exemple. semble légitime, mais nous sommes + transport urbain) et, dans ce cadre, des 5. Le financement du TER ne doit dans un moment qui est celui d’une tarifs sociaux. Ils sont favorables à une pas reposer sur la création de nouvelles reconstruction de la compétitivité autorisation réciproque d’emprunt des taxes sur les entreprises et impôts sur les de nos entreprises. Une autre voie a trains TER et nationaux. particuliers. Une écotaxe régionale sur donc été choisie et un compromis a 4. Les Régions doivent se désengager les poids lourds en transit peut être une été trouvé avec l’ARF : les régions vont des travaux routiers et des grands travaux solution pertinente, en particulier en Ile- percevoir 50% de la cotisation sur la ferroviaires (Lyon-Turin). Si elles inves- de-France, mais malheureusement refu- valeur ajoutée des entreprises au lieu tissent seules dans des infrastructures sée par le gouvernement. La lutte contre de 25 %. non routières, elles doivent bénéficier de la fraude dans les transports publics, qui 6. Les Régions sont indirectement transferts de gestion. coûte 500 millions d’euros par an, est un concernées du fait de leur action sur 5. Les Régions doivent disposer de objectif prioritaire. les infrastructures. De là à considérer ressources fiscales propres par transfert 6. Il faut désaturer le réseau routier et, qu’une nouvelle politique doive leur de ressources de l’Etat compensant les dans ce but, concentrer les investisse- être attribuée, il faut garder raison et désengagements de l’Etat sur les compé- ments sur le fret ferroviaire et fluvial. en rester à la compétence voyageurs.

6 x fnaut-infos n°239 - novembre 2015 Elections régionales : le cas de l’Ile-de-France Brèves Le MODEM nous a informés qu’il ne dis- BrèvesPermis à points pose pas encore d’un programme natio- BIEN DIT nal. Il nous a cependant communiqué son + 8 points pour Bénédicte Ariès, conseil- programme pour l’Ile-de-France : lère municipale EELV de Pontoise (Val 4 Dominique Bussereau, ancien ministre - fusionner la Région et la métropole d’Oise). Elle a été la seule, au sein du conseil des Transports, sur Public Sénat : « La Cour du Grand Paris et créer une autorité des municipal, à avoir le courage de voter contre des comptes dit parfois des bêtises. Ce qu’elle transports unique regroupant le STIF et le une motion typiquement « nymbiste » refu- vient de dire sur le TGV est un tissu d’âneries Grand Paris Express et disposant de com- sant le passage du fret ferroviaire sur la ligne que tous les élus, de droite ou de gauche, ont pétences élargies (vélopartage et auto- Serqueux-Gisors et demandant à la SNCF considéré de la même manière ». partage, stationnement) pour mettre fin à de rechercher un autre itinéraire (qui n’existe une gouvernance illisible ; pas) (voir page 8). Bêtisier - doubler l’effort actuel d’investisse- - 5 points à l’agence Pôle Emploi de ment dans le cadre d’une enveloppe Berck. Ses locaux implantés près de la gare 7 Gilles Leflambe, président de l’associa- financière inchangée (?) ; routière ont été déplacés récemment dans tion Voies et voix en pays de Bray : « Le fret - donner la priorité aux transports une zone périphérique située à plus de 2 ferroviaire, s’il reprend sur Serqueux-Gisors, publics existants et faciliter les déplace- km : aucune ligne de bus ne reliant les deux n’apportera que des désavantages au pays de ments banlieue-banlieue pour lesquels la sites, les 5 560 chômeurs suivis par l’agence Bray. Pourquoi s’obstiner à envoyer les convois voiture reste nécessaire. doivent, s’ils ne sont pas motorisés (c’est de fret à Paris, c’est un reste historique du sys- Le MODEM propose un benchmark souventle cas), marcher plus d’une heure tème jacobin ! » (voir page 8). Faut-il envoyer « marche à pied » listant les meilleures pour y aller et en revenir. le fret à Romorantin ? initiatives prises en faveur des piétons, - 10 points à l’animateur de télé Chris- 7 Jean Boutry, maire PS de Cran-Gevrier le développement de low-infrastruc- tophe Dechavanne a été flashé le 29 août (Haute-Savoie), lors de l’inauguration sur sa tures pour généraliser le covoiturage et dernier alors qu’il roulait sur l’autoroute commune d’un site propre pour bus d’une l’autopartage, la création de tiers-lieux et A71, dans le Loir et Cher, dans une grosse longueur de 330 m. Selon ce spécialiste bien d’espaces de coworking dans les gares berline lancée à plus 230 km/heure. Il était connu des matériels de transport public : « un et la modulation des horaires de travail. accompagné d’un de ses enfants mineur. Il BHNS, c’est un tramway sur pneu ». Le thème du tarif unique du pass Navigo a été arrêté, convoqué au tribunal et s’est vu n’est pas abordé. retirer son permis de conduire. A droite ou à gauche ? Ne pas oublier les routes Populisme affligeant Dans beaucoup d’anciennes colonies bri- Valérie Pécresse, candidate LR, veut com- Xavier Bertrand, maire LR de Saint- tanniques comme l’Inde en particulier, on mander 700 rames de RER et de Transilien, Quentin et candidat à la présidence du roule à gauche sur les routes, le volant des et reprendre les investissements routiers, en Conseil régional Nord - Pas de Calais - voitures et camions étant placé sur la droite priorité le prolongement de l’A104. Picardie, à propos de la vitesse de 90 km/h du véhicule. En Birmanie, le dictateur mili- « La Région n’a pas, aujourd’hui, la com- sur les autoroutes urbaines : « c’est une nou- taire Ne Win a imposé, en 1970, la circula- pétence des routes et le gouvernement a velle manière de harceler en permanence les tion à droite, sans doute pour se démarquer refusé mon amendement qui proposait Français, qui en ont marre de la réglementa- de l’ancien occupant, mais le volant restant à de la lui donner. Par idéologie et sous la tion matin, midi et soir ; 90 km/h, c’est tout droite : les bus débarquent donc leurs clients pression des écologistes, la route est de- simplement pour faire des PV. Qu’on nous au milieu de la route... venue un mot tabou et la gauche régio- laisse vivre, qu’on nous laisse respirer ». Res- Mais, le 7 septembre dernier, l’actuel nale qui l’a complètement délaissée, ou- pirer ? Mais c’est précisément ce que veulent gouvernement a décidé de conserver la cir- bliant que la majorité des Franciliens sont les citadins asphyxiés par le trafic routier. A culation à droite, le volant devant passer à encore obligés de prendre leur voiture défaut de celle du Conseil régional, M. Ber- gauche dans un délai de 90 jours, malgré les pour se rendre à leur travail. Beaucoup de trand pourrait postuler à la présidence de protestations des automobilistes, qui ne per- bus utilisent la route. En dix ans, le budget l’association 40 millions d’automobilistes. cevront aucune aide pour changer de véhi- « routes et voiries » de la Région a été divi- cule, et des concessionnaires automobiles qui sé par deux (120 millions d’euros en 2005 « Sauvons nos trains » ne savent que faire de leur stock de 50 000 contre 59 millions en 2015). Nous avons le voitures au volant à droite. Les limousines plus gros embouteillage d’Europe, le re- Il est encore temps de signer la pétition de fonction des membres du gouvernement cord de 450 km de bouchons a été battu nationale lancée par la FNAUT : « Sauvons seront importées de Chine, où le volant est à en octobre dernier ». nos trains », qui dénonce la dégradation des gauche (La Croix). services ferroviaires. Le pass Démago gratuit La FNAUT est une association de consommateurs strictement indépendante Le tarif unique du pass Navigo à 70 eu- des partis politiques, des transporteurs, ros par mois, est effectif depuis septembre des syndicats, de l’administration, ... Avec 2015. Il n’est pas financé : malgré une elle, signez la pétition qui sera adressée au hausse du versement transport de 220 Président de la République et au Premier millions d’euros, il manque encore envi- ministre : ron 250 millions au budget 2016 du STIF et une baisse des investissements de la http://tinyurl.com/petition-fnaut Région est à craindre, notamment sur les projets de transport. Emmanuelle Cosse, Proposez cette pétition aux membres de candidate EELV, s’est cependant déclarée votre famille, à vos amis, voisins, collègues favorable à la gratuité des transports, sans de travail,... Son impact auprès des pouvoirs Tout va bien, les trains vides sont à l‘heure (photo préciser son mode de financement. publics dépend d’abord de vous ! prise à Paris Gare-du-Nord par Gilles Laurent)

fnaut-infos n°239 - novembre 2015 x 7 Nouvelles des régions Serqueux-Gisors Fin 2013, la ligne à voie unique Gi- Rives - Saint-Rambert Rappelons que la FNAUT et l’AEDTF sors-Serqueux a été rouverte au trafic Régionsavaient proposé, en 1998, la réouverture voyageurs (FNAUT Infos 224). Il s’agit La ligne Rives - Beaurepaire - Saint- de la ligne Rives - Saint-Rambert, encore aujourd’hui de l’utiliser au mieux pour Rambert d’Albon (Isère) à voie unique, ouverte au fret local de fret, et son raccor- le transport du fret. La ligne est straté- dite de la plaine de la Bièvre, relie les dement vers Beaurepaire à la LGV Médi- gique pour la desserte du port du Havre, lignes Lyon-Grenoble et Lyon-Valence. terranée, dans le but d’accélérer les relations qui cherche à agrandir son hinterland, Elle fait partie des 4 000 km de lignes du Paris-Grenoble et Lyon-Grenoble d’envi- car elle se situe dans le prolongement réseau ferré national actuellement sans ron 15 minutes, et de créer des relations de la ligne Motteville-Montérolier-Buchy trafic, mais sa réouverture est inscrite au directes Grenoble-Vienne - Saint Etienne qui contourne Rouen par le Nord et dont schéma régional des transports Rhône- (FNAUT Infos 78). la réouverture a été longtemps retardée Alpes à l’horizon 2030. par l’opposition de quelques riverains La FNAUT est, depuis longtemps, at- Morlaix-Roscoff : (la FNAUT avait alors fortement soutenu tentive à la protection de telles emprises une ligne oubliée RFF devant les tribunaux en 2008). ferroviaires auxquelles il est souvent porté La ligne Serqueux-Dieppe permet atteinte, notamment lors de travaux rou- L’antenne Morlaix – Saint-Pol-de- donc de créer un nouvel itinéraire fret tiers réclamés par des collectivités locales. Léon - Roscoff de la radiale Paris- Le Havre-Paris, devenu indispensable Pour la première fois dans une telle Brest est menacée de fermeture malgré car la ligne Le Havre-Rouen-Paris est situation, un préfet engage des poursuites les dénégations de la Région Bretagne. aujourd’hui saturée par le trafic voya- judiciaires contre un département aux La SNCF n’en voit que les charges et geurs. Il est nécessaire d’améliorer sa fins de remise en état du domaine public en ignore les retombées économiques. capacité et ses performances, ce qui ferroviaire. C’est un événement impor- En effet, la voie et surtout le via- implique son électrification, une nou- tant pour la protection des lignes « à rou- duc de la Penzé sont en mauvais état, velle signalisation, la suppression de vrir », la FNAUT y a contribué. la vitesse des trains a été réduite à 30 passages à niveau et la création d’un Le 12 janvier 2005, la FNAUT signa- km/h sur le viaduc, la ligne (28 km de raccordement pour éviter le rebrousse- lait à RFF et au préfet de l’Isère des voie unique non électrifiée) ne possède ment de Serqueux. « emprunts routiers » illégaux sur la aucun point de croisement. La modernisation permettra de faire ligne Rives - Saint Rambert, commis L’exploitation ferroviaire est sque- circuler 25 trains de marchandises par par le département de l’Isère, et leur lettique : deux allers-retours par jour, jour. Outre une meilleure desserte des demandait d’engager des poursuites en dont les horaires sont inadaptés aux ports du Havre et de Rouen, il en résul- vue de la remise en état du domaine besoins de la clientèle ; l’essentiel de la tera une réduction sensible du trafic public ferroviaire. Les autorités n’ont desserte s’effectue par autocar. Quant routier de fret et de ses nuisances. pas fait preuve d’empressement à com- au trafic de fret légumier, il a disparu Le projet suscite cependant l’hostilité battre ces infractions. Mais, après 10 début 1991, ruiné suite à l’achèvement des riverains du futur itinéraire ferro- ans de procédures juridictionnnelles, la du plan routier breton, si bien que c’est viaire, en particulier à Pontoise, dont les FNAUT vient d’obtenir que la SNCF le trafic voyageurs seul qui doit sup- élus soutiennent les protestations typi- dresse six-procès-verbaux d’infraction porter les coûts d’infrastructure. quement « nymbistes » et veulent ren- (11 juin 2015) pour les six chantiers rou- Aucun projet de rénovation de la voyer les nuisances chez les autres en tiers concernés, et que le préfet engage ligne n’existe à ce jour. Pourtant un réclamant à SNCF-Réseau de rechercher les poursuites contre le département de potentiel de trafic important existe : le un autre itinéraire… dont tout le monde l’Isère (6 juillet 2015). centre hélio-marin de Roscoff attire de sait qu’il n’existe pas. Le Tribunal administratif de Grenoble nombreux touristes ; le port du Bloscon Le nombre d’habitants gênés par le est donc saisi et, dans une telle procédure, à Roscoff, qui n’est pas desservi malgré bruit et les vibrations du trafic routier est tenu d’ordonner la remise en état du la proximité de la ligne, est relié trois est bien supérieur à celui des habitants domaine public. La FNAUT interviendra fois par jour à Plymouth par des fer- gênés par le passage des trains de fret. très prochainement devant ledit Tribunal ries de 500 à 800 passagers ; il existe La capacité d’un train de fret lui permet pour obtenir que la remise en état s’effec- déjà une excursion touristique train + de remplacer entre 20 et 50 camions : les tue convenablement par la reconstitution bateau, baptisée « à fer et à flots ». mesures permettant de développer le de passages à niveaux fonctionnels pour Avec l’aide de la FNAUT Bretagne, fret ferroviaire sont donc largement bé- une future circulation ferroviaire. nous venons donc de créer l’Associa- néfiques aux riverains des grands axes Malgré les réticences initiales de la tion pour la Promotion de la ligne de circulation du fret. SNCF et du préfet, la FNAUT a donc Morlaix-Roscoff (apmr.association@ La FNAUT donne donc un avis très réussi à sortir ces autorités de leur tor- gmail.com). L’association, qui est plei- favorable au projet de modernisation peur. Ce réveil ne doit pas concerner nement soutenue par les communautés de la ligne Serqueux-Gisors, qui répond la seule ligne Rives - Saint Rambert, si de communes de Morlaix et du Pays manifestement à l’intérêt général. symbolique soit-elle. Des dizaines de Léonard, demande en priorité à SNCF lignes sans trafic ont vocation à rouvrir Réseau et à la Région d’engager une fnaut infos- Bulletin mensuel d’information à moyen terme et doivent faire l’objet étude pour déterminer l’état précis du Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0920 G 88319 - Dépôt légal n°239 d’une stricte protection. La FNAUT viaduc de la Penzé et chiffrer les tra- ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. redoublera de vigilance à leur égard, et vaux nécessaires. Elle demande aussi Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers collaborera désormais volontiers avec la une optimisation de l’exploitation : Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d SNCF et les autorités préfectorales pour des horaires adaptés aux besoins et des Prix au numéro : 2 d faire cesser les atteintes au domaine pu- correspondances systématiques avec Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT blic ferroviaire, qu’elles soient commises les TGV et TER s’arrêtant à Mor- de votre région, contacter notre permanence : par des particuliers ou des collectivités laix, la création d’une halte au port du 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris locales, notamment lors d’aménage- Bloscon et celle d’une voie d’évitement tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] ments routiers. à Plouenan. Internet : http://www.fnaut.fr Xavier Braud z Sylvie Fillon, présidente, APMR z CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°239 - novembre 2015 n°240 infos décembre 2015 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Les contrats de plan Etat-Régions : encore trop d’argent pour la route !

Stationnement urbain : une réforme en panne Lors de son passage aux Journées natio- nales du transport public début octobre à Lyon, le Premier ministre a certes manifesté son intérêt pour ce secteur, mais il n’a fait au- cune annonce visant à résoudre les difficultés rencontrées. Bien au contraire, il a confirmé un nouveau report de la décentralisation du sta- tionnement urbain, prévue par la loi Métro- poles du 27 janvier 2014. La réforme devait initialement entrer en vigueur le 1er janvier 2016, puis le 1er octobre 2016 : ce sera finalement, si tout va bien, pour le 1er janvier 2018... Ce nouveau report, justifié par le souci d’une bonne préparation juridique et tech- Photo : Marc Debrincat nique, est doublement inquiétant. Il prive les autorités responsables de la mo- bilité durable (AOMD) d’un outil leur permet- Les Contrats de Plan Etat-Régions (CPER) 2015-2020 ont été négociés tant de gérer le stationnement en cohérence dans le plus grand secret. Hors Ile-de-France, leur volet Mobilité se carac- avec leur politique de déplacements urbains : térise par une place exagérée des investissements routiers, imposée par si elles peuvent déjà fixer librement le niveau le gouvernement en contradiction avec les bonnes intentions exprimées de la redevance de stationnement, c’est l’Etat dans la loi sur la transition énergétique. Les investissements ferroviaires, qui réglemente et perçoit les amendes. Le qui auraient dû recevoir une véritable priorité, n’ont été sauvegardés que report les prive d’autre part d’une ressource par la volonté des élus régionaux, et leur niveau n’est pas à la hauteur des nouvelle (évaluée par l’UTP à 400 millions enjeux de service public, d’aménagement du territoire, de dépendance pé- d’euros par an pour l’ensemble des AOMD) trolière et de déréglement climatique : ils sont insuffisants pour garantir utilisable pour maintenir et développer l’offre la pérennité du réseau ferré et lui donner les performances qui lui permet- de transport public. La loi prévoit en effet la traient de concurrencer efficacement la route (p. 2 à 4). dépénalisation des amendes de stationne- ment et l’affectation directe de leur produit Le projet GPSO bientôt déclaré d’utilité publique ? au financement des transports collectifs locaux (FNAUT Infos 219) : seul le stationne- Indépendamment des pressions exercées Mais, si la procédure suit son cours, les ment gênant ou dangereux, interdit par le par les grands élus et les décideurs écono- intentions du gouvernement restent à clari- code de la route, reste dans le domaine pénal. miques d’Aquitaine et Midi-Pyrénées, le fier et le problème du financement n’est pas Les reports successifs de la réforme cachent gouvernement, après avoir entériné l’ab- réglé. Alors que plus d’un milliard d’euros mal l’hostilité des ministères de l’Intérieur et surde projet de LGV Poitiers-Limoges, ne par an manque déjà aujourd’hui au rail, de la Justice à une réforme qui réduit leurs pouvait écarter le projet de prolongement une ressource nouvelle est indispensable prérogatives... et le manque de volonté poli- de la LGV SEA Tours-Bordeaux jusqu’à pour assurer l’extension du réseau des LGV tique du gouvernement, soucieux avant Toulouse et Dax (GPSO) qui, lui, répond (GPSO, Montpellier-Perpignan) d’une part, tout de ne pas mécontenter les associations à des objectifs rationnels d’aménagement la régénération et la modernisation du réseau d’automobilistes, inquiètes d’une éventuelle du territoire et d’écologie : rattachement ferré classique d’autre part (la pérennité des hausse du montant des amendes (qui pour- de Toulouse et du sud-Aquitaine au réseau lignes Agen-Périgueux et Bergerac-Sarlat tant ne pénaliserait que les fraudeurs). des LGV, qui s’étendra ainsi en direction est incertaine). Malgré ses discours répétitifs sur la pollu- du réseau espagnol ; meilleure rentabilité Le gouvernement peut abandonner divers tion de l’air et les « villes respirables », le gou- de la LGV SEA ; rapprochement des deux projets, en particulier routiers, qui n’ont plus vernement préfère retarder la mise en œuvre métropoles Bordeaux et Toulouse en forte aucun sens aujourd’hui et ne survivent que d’une réforme vertueuse qui permettrait aux croissance démographique ; amorce d’une par conservatisme, et profiter de la baisse élus locaux de mettre fin à une fraude mas- transversale sud à grande vitesse ; bascule- spectaculaire du prix du pétrole pour rele- sive et de gérer de manière rationnelle le ment d’une part significative du trafic aérien ver la taxation des carburants routiers. Des trafic automobile en ville afin d’améliorer le Paris-Toulouse (3 millions de passagers/an) sommes considérables peuvent ainsi être cadre de vie et la santé des citadins. sur le rail et élimination définitive de l’hypo- collectées et investies intelligemment dans Bruno Gazeau z thèse d’un 2ème aéroport toulousain. des projets d’avenir.

fnaut-infos n°240 - décembre 2015 x 1 Les Contrats de plan 2015-2020 Les crédits du volet mobilité des CPER

Un CPER est un contrat établi et signé 2015-2020 (rien n’est prévu pour les trans- Le montant total des crédits affectés à Dossierpar l’Etat et un Conseil Régional ; il est ports urbains de province) : la mobilité, tous financeurs et tous modes accompagné de conventions d’application, - la mobilité (terrestre et maritime), confondus, s’élève à environ 22,7 milliards. ciblées, avec d’éventuels autres cofinanceurs. qui absorbe 6,7 milliards d’euros, soit 54% Le programme autoroutier (3,2 milliards) La procédure de mise au point d’un CPER de la contribution totale de l’Etat qui se et les projets Métro du Grand Paris, Notre- est complexe. monte à 12,5 milliards ; Dame-des-Landes, Lyon-Turin et Seine-Nord Ainsi, en Lorraine, fin 2014, le préfet - l’enseignement supérieur, la recherche relèvent de financements spécifiques hors de Région a reçu un mandat financier de et l’innovation (1,2 milliard) ; CPER : sociétés autoroutières, VNF, Etat, col- l’Etat : pour la mobilité, l’apport de l’Etat - les filières d’avenir ; lectivités territoriales, Bruxelles,... passait de 523 millions d’euros (CPER - le très haut débit et le numérique ; 2007-2013) à 318 millions, total des cré- - enfin la transition écologique et énergé- Les crédits de l’Etat dits attribués par l’Etat et les établissements tique (2,9 milliards). publics. Puis, au cours du premier semestre La mobilité n’apparaît pas dans les cha- Ils se répartissent ainsi : 2015, le CPER a fait l’objet d’un protocole pitres « transition énergétique » des CPER - rail (province + Massy-Valenton) Etat-Région sur les orientations retenues, (pas plus que dans la Loi de Transition 1,85 milliard + Ile-de-France (Eole, RER, d’une concertation avec les autres cofinan- Energétique, qui ignore les transports col- tangentielles, tramways) 1,4 milliard ; ceurs, d’une « évaluation stratégique envi- lectifs, FNAUT Infos 239). Les CPER - route 3,1 milliards ; ronnementale » par le Conseil régional, puis n’ont été encadrés par aucun objectif précis - ports 0,26 milliard. d’un vote de ce Conseil. de report modal ou de réduction des émis- sions de carbone. Les crédits des Régions Opacité Un casse-tête Toutes Régions confondues, ils se répar- Quelle que soit la Région considérée, tissent ainsi : l’information du grand public a été quasi- Nous avons cherché à évaluer de manière - rail 3 milliards (les autres collectivités ment inexistante. L’élaboration des CPER objective les nouveaux CPER sur la thé- locales apportent 1,2 milliard) + Ile-de- s’est faite le plus souvent dans le secret, sans matique de la mobilité en comparant les France 3 milliards ; concertation. CPER des différentes régions. - route 1 milliard ; Les acteurs régionaux ont pu cepen- L’exercice est d’une rare complexité : - ports 0,3 milliard. dant y participer indirectement. Ainsi, si - les informations sont peu accessibles, la FNAUT n’a jamais été consultée par les obscures, parfois contradictoires ; Les crédits totaux 2015-2020 préfets de Régions ou les Conseils régio- - des crédits alloués, dans le cadre d’un naux même quand elle l’a demandé, elle a CPER, à un projet inachevé (c’est souvent Toutes sources de financement confon- pu apporter son expertise à travers ses inter- le cas des projets ferroviaires, plus rarement dues, la répartition est la suivante : ventions dans des Conseils de développe- des projets routiers) peuvent être reportés - rail 7,7 milliards + Ile-de-France 7,5 milliards ; ment d’agglomérations et ses auditions par sur le CPER suivant ; si c’est le cas, ces cré- - fluvial 0,5 milliard (dont 0,2 venant de plusieurs Conseils économiques, sociaux et dits, difficiles à détecter, auront été affichés Voies Navigables de France) ; environnementaux régionaux (CESER), deux fois pour une réalisation unique ; - route 5,4 milliards ; invités eux-mêmes à donner des avis aux - un CPER peut associer d’autres parte- - ports 1,5 milliard, Conseils régionaux. naires institutionnels que l’Etat et la Région et si on considère les seules contributions sur des objectifs particuliers, ce qui en com- directes de l’Etat et des Régions : Investissement en baisse plique la compréhension et la comparaison - rail 4,85 milliards + Ile-de-France avec d’autres CPER ; 4,4 milliards ; Le diagramme de la page 3 donne l’évo- - il est courant que soient engagés, paral- - route 4,1 milliards ; lution, depuis 1984, des contributions de lèlement aux CPER, des programmes spé- - ports 0,56 milliard. l’Etat et de l’ensemble des Régions aux cifiques pouvant recouvrir tout ou partie du A partir des chiffres précédents, on peut CPER. On observe : contenu des CPER (par exemple un pro- faire les observations suivantes. - une augmentation des contributions de gramme Strasbourg capitale européenne, 1 - La répartition des crédits, tous modes l’Etat et des Régions jusqu’en 2006, celle une Convention interrégionale du Massif confondus, entre l’Etat (6,7 milliards) et les des Régions étant la plus rapide (elle dé- Vosgien, un Contrat de plan interrégional Régions (7,3 milliards) est assez équilibrée. On passe celle de l’Etat en 2000) ; pour la vallée de la Seine) ; notera la contribution prépondérante, proche - pour les CPER 2007-2014, une baisse - des programmes d’Investissemnts de 9 milliards, des « autres cofinanceurs » (éta- de 31% de la contribution de l’Etat et de d’Avenir (PIA) viennent également se gref- blissements publics, départements,...).. 14% de celle des Régions, d’où un écart fer sur les CPER ; 2 - Les seuls transports publics franciliens accentué entre celles des Régions et celle de - à l’inverse, certains grands projets, le absorbent le tiers de l’ensemble des crédits l’Etat, qui transfère des responsabilités aux Grand contournement autoroutier ouest mobilité inscrits aux CPER. Régions sans leur fournir les moyens finan- de Strasbourg par exemple, ne figurent pas 3 - Hors Ile-de-France, l’Etat, tout en pré- ciers correspondants. dans les CPER. parant la loi de transition énergétique et la L’investissement total par habitant varie Sur décision du gouvernement Ayrault, COP 21, a nettement privilégié la route par beaucoup d’une Région à l’autre : pour les les CPER 2015-2020 réintègrent les travaux rapport au rail. CPER 2007-2014, 630 euros en Nord - routiers auparavant affichés dans le cadre des 4 - Les élus régionaux, pour la plupart Pas-de-Calais, 400 euros en Aquitaine et Programmes de modernisation des itiné- très impliqués dans le développement du 270 euros seulement en Pays de la Loire. raires routiers non concédés (PDMI), ce qui TER, ont au contraire, en général, nette- invalide toute comparaison avec les CPER ment privilégié le rail. Les priorités de l’Etat précédents. L’AFITF a consacré 1,5 milliard 5 - L’Ile-de-France reçoit 8,7 milliards, d’euros à ces travaux routiers. Les ports sont la Corse 30 millions. Le budget attribué Un nombre très limité de thématiques concernés par les CPER, mais pas les aéro- aux autres Régions varie de 0,35 milliard prioritaires a été retenu par l’Etat pour ports, on se demande pourquoi ! (Auvergne) à 1,5 (PACA).

2 x fnaut-infos n°240 - décembre 2015 Les projets ferroviaires Des crédits trop maigres pour le rail Ces projets sont très variés, la liste ci-dessous n’est pas exhaustive (voir le Les négociations entre l’Etat et les Ré- Les travaux ferroviaires site : transportrail.canalblog.com/) : gions, qui n’avaient pas les mêmes priorités, - travaux liés à la mise en service ont été difficiles. Le financement de la part L’ensemble des travaux ferroviaires est évi- d’une LGV (4ème voie entre Venden- Etat des CPER a été fragilisé par l’abandon demment loin d’être négligeable (encadré). heim et Strasbourg, Roissy-Picardie, de l’écotaxe poids lourds. Les Régions ont Mais on pouvait faire mieux. nœuds de Nîmes et Montpellier) ; subi une réduction des dotations de l’Etat. Les sections de lignes suivantes sont - aménagements de gares (mises laissées à l’abandon : Verdun - Saint-Hi- en accessibilité) et de nœuds ferro- Et l’énergie, et le climat ? laire-au-Temple, Sarreguemines-Bitche, viaires (Rouen, Nancy, Metz, Mulhouse, Thionville-Apach, Contrexeville-Merrey, Rennes, Nantes, Saint-Nazaire, Laval, Demande sociale croissante de transport Laqueuille-Eygurande, Thiers-Boën, Neus- Orléans, Clermont, Lyon, Toulouse) ; collectif, pics de pollution : ces contraintes sargues - Saint-Chély, Rodez - Séverac-le- - aménagements de pôles sont présentes dans les discours de l’Etat. Le Château, Montréjeau-Luchon. d’échange multimodaux (Saint-Dié, gouvernement a même fait du climat une « Si rien ne change, il en résultera la péren- Sarrebourg, Thionville, Longwy, Ha- grande cause nationale ». Mais, alors que nisation de la fermeture des lignes Verdun- gondange) ; l’élaboration des CPER lui donnait l’occa- Châlons et Clermont-Ussel ainsi que la - électrifications (Amiens - Rang-du- sion d’infléchir sa politique traditionnelle, il condamnation, à terme, des relations inter- Fliers, Angoulême-Royan, ligne Nice- a au contraire poussé les Régions à investir régionales Clermont - Saint-Etienne et Digne entre Nice et la banlieue nord) ; dans les routes. Clermont-Béziers (ligne des Causses). - modernisation de grands itiné- On est donc revenu aux mauvaises habi- De grands projets sont laissés de côté : le raires classiques (Paris-Cherbourg, tudes : la route, on élargit ; le rail, on réflé- saut de mouton entre la LGV nord et la ligne Paris-Granville, Paris-Toulouse, Paris- chit. Comme le disait Jean-Marc Ayrault, « classique au nord d’Arras, la gare souterraine Clermont, Rennes-Brest/Quimper, Niort la route n’est plus tabou ». Les transports ur- de Lyon - Part-Dieu, le tram-train lyonnais - La Rochelle, Besançon-Belfort, ligne bains de province, le vélo, le fret ferroviaire, (Lyon-Tassin et la branche de Lozanne), la du Revermont, Aix-les-Bains - Annecy, la densification de l’habitat sont ignorés des réouverture de Rennes - Saint-Nazaire,... Mandelieu-Vintimille) ; CPER. Pendant ce temps, beaucoup trop d’argent - régénération de grands itiné- La volonté de Bercy est claire : abandonner est encore consacré à des améliorations sou- raires classiques (Nantes-Bordeaux les lignes ferroviaires, régionales et interrégio- vent contre-productives du réseau routier. entre La Roche-sur-Yon et La Rochelle) ; nales, les moins fréquentées, du type UIC 7 - renforcements de capacité (Bor- à 9, quitte à oublier que les lignes capillaires Le poids de l’Etat deaux-Hendaye) ; génèrent 20 % du fret à longue distance. - régénération de lignes régio- Quant aux Régions, certaines d’entre elles Le rapport entre les crédits accordés au rail nales (Barr-Sélestat, Clisson-Cholet, acceptent cette orientation de l’Etat sans trop respectivement par l’Etat et par les Régions Tours-Loches, Poitiers-Limoges, Nexon rechigner, la disparition de certaines lignes est de 0,54 en moyenne sur le territoire. Il est - Saint-Yriex, Brive-Objat, ligne des leur permettant de faire des économies grâce toujours inférieur à 1 sauf dans les Régions Hirondelles, Paray-le-Monial - Chauf- à des transferts sur route de services TER, Champagne-Ardenne (1,5), Limousin (1,2) failles, Bordeaux - Le Verdon, Carcas- et la plupart des élus restant persuadés des et Lorraine (1,6) : il est ainsi de 0,24 pour la sonne-Quillan, Cambo - Saint-Jean- bienfaits économiques des investissements Picardie, de 0,3 pour la Basse-Normandie, Pied-de-Port, Nice-Breil ; routiers et autoroutiers. de 0,4 pour le Centre, de 0,47 pour l’Ile-de- - modernisation de lignes ré- En Auvergne, alors que les liaisons inter- France et de 0,5 pour le Nord - Pas-de-Ca- gionales (Abancourt - Le Tréport, régionales sont très menacées, le Schéma lais. L’Etat se désengage et laisse les Régions Bréauté-Fécamp, Lisieux-Trouville, Régional Climat Air Energie (SRCAE) investir sur le rail. Avranches-Dol, Guingamp-Paimpol, annonce fièrement son objectif de réduire Le même rapport concernant les routes est Dol-Lamballe, Rennes-Châteaubriant, de 29,4 % la consommation énergétique et de 3,1 en moyenne. Il est systématiquement Caen - Le Mans - Tours, Haguenau- de 15 % les émissions de gaz à effet de serre supérieur à 1, ce qui traduit bien la volonté Niederbronn, ligne Besançon-Le Locle, d’ici 2020 : il est permis de s’étonner de l’in- de l’Etat de favoriser la route, en particulier Nevers-Chagny, Auxerre - Laroche- cohérence entre ces chiffres annoncés et la en Aquitaine, Auvergne, Basse-Normandie, Migennes, Lyon-Ambérieu, Tulle-Ussel, faiblesse des mesures proposées dans un sec- Bourgogne, Centre, Limousin, Pays de la Firminy - Le-Puy, Langeac-Langogne, teur aussi important que celui de la mobilité. Loire, Picardie, Rhône-Alpes. Alès-Langogne, étoile de Veynes, Bor- deaux-Bergerac, Lamotte-Arcachon, Montants contractualisés des CPER depuis 1984 (en milliards d’euros) Toulouse-Auch, Toulouse-Tarbes, Mira- 16,95 mas - l’Estaque, Marseille-Aix) ; 18 - 16,65 - travaux sur des lignes dédiées au trafic de fret (Valenciennes-Mons, 16 - 14,3 Auray - Saint-Brieuc) ; 14 - 11,79 - réouvertures de lignes (Belfort- 11,4 Delle, Voves-Orléans, Orléans - Châ- 12 - 10,84 teauneuf-sur-Loire, Oloron-Bedous). 10 - 8,63 Etat Trois nouvelles réouvertures sont pré- 6,94 vues, celles des lignes Béthune-Bruay, 8 - 6,38 Régions Bollwiller-Guebwiller et peut-être Aix- étang de Berre. 6 - 4,27 Le CPER Vallée de la Seine prévoit, 4 - avec les études de la ligne nouvelle Paris-Normandie, la modernisation de 2 - Serqueux-Gisors pour une réouverture 0 - I I I I I au trafic de fret (FNAUT Infos 239). 1984-88 1989-93 1994-99 2000-06 2007-14

fnaut-infos n°240 - décembre 2015 x 3 Des politiques très diversifiées Le TER Quimper-Brest L’association TER Brest-Quimper ras- Rail et route En Alsace, de manière inattendue, on semble, depuis 5 ans, des habitants de investit plus sur la route que sur le rail petites communes riveraines de la ligne Nous avons étudié la répartition des cré- (RT = 0,9), mais ce dernier a bénéficié Quimper-Brest qui aimeraient prendre le dits entre le rail et la route dans les diffé- d’efforts importants précédemment, et un TER mais ne le font pas faute d’offre cor- rentes Régions (à l’exception de la Région projet intéressant de réouverture (Bollwil- recte. Les horaires et les fréquences sont Nord - Pas-de-Calais, les crédits consacrés ler-Guebwiller) subsiste malgré le refus de inadaptés, la vitesse très médiocre mal- aux ports et aux voies navigables sont négli- l’Etat de la cofinancer. gré un matériel flambant neuf, le nombre geables devant ceux qui sont accordés à la des haltes trop faible : 4 par jour à Diri- route et au rail). Les Régions « ferroviaires » non, 8 à Pont de Buis. Nous désignons dans la suite par RT le ra- La fréquentation s’en ressent : 146 500 tio des crédits rail/route tous modes de finan- C’est le ratio RR qui permet d’apprécier voyages effectués en 2014, soit une cement confondus dans une Région donnée, la volonté politique des élus de privilégier baisse de 8 % par rapport à 2013 ; 65 % et par RE et RR les rapport des crédits rail/ le rail, du moins dans le cadre des CPER. des voyages sont occasionnels, ce qui route respectivement de l’Etat et de la Ré- Cette volonté est spécialement marquée n’est pas surprenant car le service per- gion considérée (encadré). Un ratio est élevé dans les Régions qui ne financent pas, ou met mal d’assurer les déplacements quand la dépense routière est faible et infini presque pas, les routes (mais elles peuvent le domicile-travail. L’axe Quimper-Brest est (∞) quand cette dépense est nulle. faire, de manière moins lisible, par des sub- celui qui a le plus connu d’incidents avec Le ratio des dépenses rail/route de l’Etat ventions accordées à leurs départements). une régularité de 92 % contre plus de sur l’ensemble du territoire est de 0,6 ; la Les Régions « ferroviaires », pour les- 96 % pour les autres lignes bretonnes. moyenne des dépenses rail/route effectuées quelles RR >> 1, sont les suivantes : Aqui- Le Conseil Régional a confirmé la réno- par les Régions est au contraire de 3. Cela taine, Auvergne, Basse-Normandie, Bour- vation de la ligne Quimper-Landerneau explique qu’en général : RE < RT < RR. La gogne, Centre, Corse, Ile-de-France, pour 70 millions d’euros et la modernisa- seule exception est la Bretagne (RE < RR Languedoc-Roussillon, Limousin, Nord tion du tronçon Landerneau-Brest, mais < RT), en raison d’une très forte contribu- - Pas-de-Calais, PACA, Pays de la Loire, pas avant 2017 (si tout va bien). Soit tout tion de SNCF Réseau au financement des Picardie, Rhône-Alpes. de même un retard de 3 ans : l’enquête travaux ferroviaires (685 millions). La région Centre a toujours été volonta- publique les annonçait pour mars 2014. riste sur le plan ferroviaire (deux réouvertures Et ce chantier nécessitera l’interruption Des CPER variés sont inscrites au CPER), mais le nouveau du trafic pendant plusieurs mois. CPER se chevauche avec le précédent et la Cependant, en raison d’un surcoût Les régions où le CPER, tous modes de part de la Région pour le rail est en baisse de 30 millions pour consolider la plate- financement confondus, donne une priorité dans un CPER dont le total des investisse- forme de la voie, la rénovation est revue nette le rail par rapport à la route (RT > 2) ments est lui-même en baisse. SNCF-Ré- à la baisse : le projet de relier Quimper sont les suivantes : Bourgogne, Bretagne, seau va cependant injecter 230 millions sur et Brest en moins d’une heure par train Centre, PACA, Pays de la Loire, Picardie, la ligne Paris-Limoges. direct et de proposer 12 navettes aller/ Rhône-Alpes et surtout Ile-de-France. Les La Région Rhône-Alpes ne finance les retour par jour est abandonné. Il n’y aura régions où le CPER privilégie au contraire routes qu’en Ardèche, où le rail est totale- qu’un point de croisement au lieu des nettement la route face au rail (RT < 0,5) ment absent pour les voyageurs. deux prévus initialement et le nombre sont les suivantes : Auvergne, Franche Com- des navettes sera de 9 par jour au lieu de té, Haute-Normandie. Les Régions « routières » 6 actuellement. Rappelons que le ratio RT peut dépendre L’objectif n’étant plus une liaison fortement des crédits apportés par les Les Régions où les élus ont, au contraire, rapide Brest-Quimper, la ligne rénovée « autres financeurs ». largement favorisé la route au détriment du assurera logiquement un service de rail (RR < 1) sont peu nombreuses : Franche- cabotage. Nous espérons que toutes les Région RE RT RR Comté, Haute-Normandie, Lorraine. gares intermédiaires seront desservies par tous les trains et bénéficieront donc Alsace 0,7 0,9 2,5 Les Régions « saupoudreuses » de navettes supplémentaires. Aquitaine 0,6 1,4 ∞ A noter, depuis le débat sur l’avenir du Auvergne 0,2 0,5 ∞ Les Régions pour lesquelles RR n’est rail en Bretagne et Pays de Loire (projet Basse-Norm. 0,4 1,4 13,5 qu’un peu supérieur à 1 peuvent être qua- LNOBPL), qu’une évolution semble se Bourgogne 0,7 2,7 11,1 lifiées de « saupoudreuses ». Souvent sans dessiner : le Conseil Régional n’évoque Bretagne 0,8 2,5 1,1 idées directrices, elles ont été incapables de plus l’objectif des 3 heures de TGV pour Centre 2,4 3,6 ∞ faire des choix nets entre le rail et la route : relier Paris à la pointe bretonne. Le pro- Champagne-Ar. 0,5 0,9 1,2 Alsace, Bretagne, Champagne-Ardenne, jet est sans doute bien trop cher (plu- Corse ∞ ∞ ∞ Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes. sieurs milliards d’euros pour un gain de Franche-Comté 0,3 0,4 0,9 En Poitou-Charentes, Ségolène Royal, temps de quelques minutes). On ne peut Haute-Norm. 0,1 0,4 0,5 alors présidente du Conseil régional, récla- que saluer ce retour à la raison. Mais le Ile-de-France 5,4 11,2 14,4 mait des investissements routiers massifs et budget qui aurait pu être consacré au Languedoc-R 0,6 1,5 3,0 déclarait : « on avait beaucoup de retard sur TGV ne sera pas transféré vers les lignes Limousin 0,8 1,7 4,7 le train, on l’a rattrapé (NDLR : une évi- TER et les trains du quotidien assurant Lorraine 0,7 0,8 0,8 dente contre-vérité) ; maintenant, il est de les trajets domicile-travail. Il s’agit tout Midi-Pyrénées 0,4 0,8 1,4 mon devoir de rattraper le retard pris par le simplement de réduire les dépenses Nord - PdC 0,9 1,9 6,5 réseau routier ». publiques. En période de crise, on coupe PACA 1,4 2,9 4,3 Ce dossier a été constitué par Claude Pierre ainsi dans les dépenses de transport et Pays-de-la-Loire 1,0 2,4 70 dit Barrois, président de la FNAUT Lor- de mobilité durable. Picardie 1,0 4,4 40 raine, Gilles Laurent, président de l’Union Poitou-Char. 0,5 1,1 2,0 des Voyageurs du Nord, et Jean Sivardière, Véronique Muzeau, présidente Rhône-Alpes 1,3 3,4 13,5 vice-président de la FNAUT. de TER Brest Quimper z

4 x fnaut-infos n°240 - décembre 2015 L’abandon de l’A 831 Des autoroutes inutiles et perverses La FNAUT est souvent amenée à critiquer Ségolène Royal, ministre de A19 : des objectifs manqués A480 : un danger urbain l’Ecologie, son manque d’intérêt pour le transport collectif et son refus de la Combattue par une association membre L’agglomération grenobloise est as- fiscalité écologique dite « punitive ». de la FNAUT, l’A19, ouverte en 2009, phyxiée par le trafic routier, c’est même Elle a cependant apprécié le rôle relie les autoroutes A5 Paris-Troyes et la plus polluée de France derrière Mar- décisif joué par la ministre dans l’aban- A10 Paris-Bourges (au nord d’Orléans). seille, Lille, Lyon et Nice selon l’Ins- don du projet d’autoroute A831, qui D’après ses promoteurs, des élus locaux titut national de veille sanitaire. A était soutenu par le Premier ministre ambitieux mais pas très clairvoyants, l’initiative d’André Vallini, le gouverne- et les grands élus de l’Ouest, de droite elle devait capter les deux tiers du trafic ment a cependant modifié discrètement comme de gauche, furieux de l’arbi- poids lourds circulant sur la RD 2060 qui la convention passée entre l’Etat et la trage rendu par le Chef de l’Etat : relie Orléans à Courtenay, améliorer la société des Autoroutes Rhône-Alpes Jacques Auxiette (PS), Dominique sécurité et le cadre de vie des riverains, (AREA) en confiant à AREA l’élar- Bussereau et Bruno Retailleau (UMP)... atteindre rapidement un trafic de 8 500 gissement à 2 x 3 voies de l’autoroute Selon ce dernier, sénateur de Vendée : véhicules par jour et permettre le déve- nord-sud A 48 qui traverse l’agglo- « François Hollande a cédé aux caprices loppement de parcs d’activités destinés à mération en longeant le Drac, coincée de Ségolène Royal et poignardé dans le la logistique. Le Conseil général du Loi- entre Grenoble et Fontaine-Seyssinet. dos le Sud-Vendée, c’est un vrai scan- ret y avait consacré 58 millions d’euros et L’opération coûtera 300 millions dale, un immense gâchis ». Pour Olivier la Région Centre 20 millions. d’euros (pour 7 km) à AREA qui, en Falorni, député PS de La Rochelle : « La Six ans plus tard, selon La Tribune contrepartie, obtient la prolongation de Rochelle va rester un grand port des- d’Orléans, le bilan de « l’éco-autoroute », sa concession jusqu’en 2036 et une aug- servi par une petite route ». « barreau de contournement du Grand mentation des tarifs de ses péages. Soyons sérieux : cet abandon ne Paris », est « modeste, il faut aujourd’hui Les communes riveraines et la com- constitue pas un drame national déchanter ». munauté d’agglomération (de gauche) ou régional. Il existe déjà une auto- L’A19 est la deuxième autoroute la plus sont hostiles de longue date à cet inves- route continue entre Nantes et Bor- chère de France (17,20 euros pour 120 km tissement et souhaitent au contraire un deaux passant par Niort, l’autoroute entre Artenay et Sens), le trafic moyen n’est réaménagement du carrefour du Ron- A 831 Fontenay-le-Comte - Rochefort que de 7 300 véhicules par jour, le trafic de deau à Pont-de-Claix, où les flux lo- (62 km) devait en constituer un rac- fret n’a que très légèrement baissé sur la caux et longue distance interfèrent. Le courci traversant le Marais poitevin, un RD 2060 et stagne à 2 300 camions par département, de droite, y est favorable. milieu naturel particulièrement riche jour. Selon Marc Andrieu, vice-président Contrairement au projet initial de et original. du Conseil général du Loiret, « l’abandon l’Etat, qui consistait à implanter les Les collectivités territoriales concer- de l’écotaxe a été un très mauvais coup, elle 3 voies sur l’emprise actuelle de l’A 480, nées étaient prêtes à affecter près d’un aurait incité les camionneurs à emprunter il s’agit aujourd’hui d’élargir considé- milliard d’euros à la réalisation de l’A 831. l’autoroute ». Quant aux retombées éco- rablement l’A480 pour lui donner un Cette somme pourrait aujourd’hui être nomiques, elles sont maigres : les parcs véritable gabarit autoroutier. réorientée intelligemment vers une d’activités aménagés le long de l’A19 ne Le gouvernement avait pourtant modernisation ambitieuse de la ligne sont pas tous occupés. affirmé, lors de la signature, le 9 avril ferroviaire Nantes-Bordeaux : dernier, de l’accord signé entre l’Etat - 175 millions sont nécessaires pour A65 : un risque et les sociétés autoroutières pour la remettre à niveau la voie entre la pour le contribuable local relance autoroutière, que les travaux Roche-sur-Yon et La Rochelle, dont 120 (3,2 milliards d’euros) seraient de sont déjà programmés au Contrat de L’autoroute A65 Pau-Langon, concé- simples modernisations des infrastruc- Projet Etat-Pays de la Loire 2015-2020 ; dée pour 55 ans au groupe A’lienor (Eif- tures existantes ne comportant pas de - une amélioration de la signalisa- fage-Sanef) a été ouverte à la circula- véritables augmentations de capacité : tion et de l’équipement de la voie per- tion fin 2010. Alain Rousset, président mises aux normes environnementales, mettrait d’accroître les vitesses et de PS du Conseil régional d’Aquitaine, en raccordements au réseau routier clas- ramener la durée du parcours de bout a été le promoteur acharné, soutenu par sique, mise en sécurité de tunnels, créa- en bout à 3h 30 ; Alain Juppé (UMP) et François Bayrou tion d’aires de covoiturage, aménage- - la création d’une 4ème relation (MODEM). De 2011 à 2014, le trafic ments d’échangeurs et de diffuseurs. quotidienne Intercités (actuellement, a été très inférieur aux prévisions, mal- Un risque évident de l’élargissement il manque au minimum un train Inter- gré l’obligation, depuis novembre 2013, de l’A480 est le retour du projet de cités tôt le matin dans chaque sens, faite aux camions de plus de 7,5 tonnes doublement de l’autoroute A6 de la le premier départ ayant lieu à 9h de en transit sur l’axe Langon-Pau d’utiliser vallée du Rhône par un itinéraire alpin Nantes, et même à 11 h de Bordeaux). l’autoroute, ce qu’ont confirmé les comp- obtenu en prolongeant l’autoroute A51 En dehors de Nantes et de Bordeaux, tages effectués par la SEPANSO. au sud du col du Fau jusqu’à Sisteron : la ligne est en correspondance avec 4 En 4 ans, A’lienor a ainsi accumulé un projet d’un autre âge, ruineux et des- lignes transversales : Clisson-Cholet- un déficit d’exploitation de 126 millions tructeur de l’environnement. Angers, Tours - la Roche-sur-Yon - les d’euros. Mais, en 2015, le trafic a aug- Ainsi, le gouvernement oublie une vé- Sables d’Olonne, la Rochelle-Niort- menté de 8 % suite à la baisse du prix rité maintes fois vérifiée : s’il améliore Poitiers et Angoulême-Saintes-Royan. des carburants : que se passera-t-il s’il très provisoirement la fluidité du trafic, Elle dessert par ailleurs les ports de augmente ? L’A65 a coûté 1,2 milliard, tout investissement routier finit par Bordeaux, la Rochelle et Nantes - elle a été financée par le concessionnaire, induire davantage de trafic, voitures et Saint-Nazaire. à 80 % sur emprunt. Mais une clause camions, qu’il ne peut en écouler : plus La desserte du littoral atlantique, de déchéance pèse sur les collectivités, on en fait, plus il faut en faire car les en pleine expansion démographique, qui devraient rembourser les coûts de solutions routières ramènent toujours doit-elle rester du domaine quasi-ex- construction si A’lienor se retirait pour au problème précédent - la congestion clusif de la voiture et du camion ? manque de rentabilité. - au détriment de la qualité de vie.

fnaut-infos n°240 - décembre 2015 x 5 Le 4ème paquet ferroviaire : une occasion perdue

En 2009, le Parlement européen avait nomique d’un ou plusieurs contrats de rentabilité par rapport à l’ancien contrat demandé à la Commission européenne de service public existants. de service public attribué » (on notera le lui proposer un paquet législatif destiné En revanche, le compromis ne retient conditionnel employé). Dans ces quatre à préparer l’ouverture des systèmes ferro- pas l’obligation pour les Etats membres derniers cas, la durée des conventions est viaires nationaux à la concurrence. d’exiger que les EF effectuant des ser- limitée à dix ans. Après celle du fret et des services in- vices nationaux participent à un système On est donc très loin de l’objectif ternationaux de voyageurs, cette ouver- commun d’information et de billetterie puisque le fameux article 5 §6 du règle- ture devait parachever une ambitieuse intégrée, en mentionnant que les Etats ment permettant l’attribution directe politique ferroviaire, entamée dès 1991 et « peuvent » exiger la mise en place de telles n’est pas supprimé… alors que sa dis- poursuivie avec les premier (2001), deu- structures. Enfin, on retiendra l’obliga- parition figurait dans l’ADN du projet xième (2004) et troisième (2007) paquets tion de prévoir des plans d’urgence pour proposé par la Commission. Peut-être ferroviaires. prêter assistance aux voyageurs en cas de celle-ci a-t-elle péché par trop d’ambi- Le compromis émanant du Conseil des perturbation « majeure » des services. tion en modifiant profondément un texte ministres européen du 8 octobre dernier encore récent, entré en vigueur en 2007, est très éloigné de cet objectif. Sérieuse- Obligations de service public ouvrant ainsi la « boite de Pandore » à ment écorné par le Parlement en 2013 et de très nombreuses modifications qui 2014, le projet initial de la Commission Le règlement 1370/2007 sur les obli- ont fini par réduire la portée du texte en a perdu l’essentiel de sa substance pour gations de service public devait faire de l’état à très peu de choses, sinon à néant. aboutir à des textes qui reportent aux ca- l’appel d’offres la règle et de l’attribu- Par ailleurs, compte tenu du flou des cri- lendes grecques la reconquête de parts de tion directe l’exception pour la dévolu- tères autorisant l’attribution directe, on marché par un système ferroviaire euro- tion des contrats de service public fer- peut s’attendre à du contentieux portant péen ouvert, transparent et harmonisé. roviaire : c’est à l’inverse qu’aboutit le sur les décisions d’attribution de la part compromis. En effet, si le principe de la des opérateurs alternatifs ou nouveaux Gouvernance concurrence régulée est acté, le Conseil entrants, et donc à de l’insécurité juri- n’en a pas moins validé de nombreuses dique qui ne favorisera pas l’évolution, et La directive 2012/34 relative à la gou- exceptions, qui vont permettre un large encore moins le développement, du rail. vernance des systèmes ferroviaires, c’est- recours à l’attribution directe. à-dire essentiellement aux relations entre Celle-ci restera encore possible pen- Un résultat très décevant gestionnaires d’infrastructure (GI) et ex- dant 10 ans après l’entrée en vigueur du ploitants ferroviaires (EF), en particulier règlement, soit jusqu’en 2025 ou 2026, Cette occasion perdue est d’abord dans les entreprises intégrées regroupant sans qu’il soit nécessaire de la justifier… l’application de la « doctrine Juncker », les deux fonctions (comme la Deutsche Et les contrats existants attribués direc- qui, pour faire aboutir coûte que coûte les Bahn ou la SNCF), était censée établir tement avant la date d’entrée en vigueur projets législatifs, en gomme tout ce qui des « murailles de Chine » évitant toute du règlement pourront continuer jusqu’à pourrait chagriner l’un ou l’autre. distorsion de concurrence entre EF et leur date d’expiration. Cela s’explique aussi par le lobbying tout transfert de fonds entre les deux L’attribution directe des contrats de forcené des grands EF nationaux regrou- activités. service public reste possible en cas de pés au sein de la Communauté Euro- Le compromis du Conseil des mi- « circonstances exceptionnelles » y com- péenne du Rail (CER), relayé par celui nistres considère que les Etats membres pris, hors situation d’urgence, lorsque des Etats membres soucieux de préserver de l’Union européenne (donc la France « la qualité et le nombre des offres sont leur opérateur national ou leur structure avec ses trois établissements publics qui insuffisantes pour garantir un rapport d’entreprise intégrée. composent dorénavant la SNCF) ont mis coût-résultat », ou lorsqu’il existe déjà Entre une Commission et un Parle- en place des organisations compatibles des attributions compétitives « qui pour- ment européens très « intégrateurs » et avec le projet de directive tel qu’il a été raient affecter le nombre et la qualité des très transnationaux, et un Conseil des adopté en 2012. offres susceptibles d’être reçues. Maigre ministres défendant bec et ongles les in- Le risque de transferts financiers consolation, la durée des contrats ainsi térêts des Etats membres, le rapport de entre le GI et l’EF au sein d’une com- attribués est limitée à 7 ans. force a nettement penché en faveur de ce pagnie intégrée a bien été identifié… L’attribution directe est aussi possible dernier, sous-tendu peut-être aussi par mais les garde-fous à mettre en place ne pour les « petits contrats » incluant des une note d’ambiance faisant une place devront pas interférer avec la structure services ferroviaires dont la valeur an- plus ou moins avouée à un certain sou- des entreprises. Les mesures destinées à nuelle est inférieure à 7,5 millions d’eu- verainisme et à une défense des intérêts assurer l’indépendance des GI devront ros ou dont la production annuelle est nationaux. se concentrer sur leurs fonctions essen- inférieure à 500 000 trains-km, et dans Mais l’histoire n’est pas terminée ! A tielles, c’est-à-dire l’allocation des sil- les Etats membres avec un seul contrat partir de novembre 2015, le 4ème paquet lons et les charges d’infrastructure. Et de service public inférieur à 23 millions ferroviaire, conformément à la procédure les prescriptions nécessaires pour assurer de trains-km, ou ne disposant que d’une législative européenne, va faire l’objet d’un l’indépendance des personnels et de la seule autorité compétente ou d’un seul « trilogue » entre la Commission, le Parle- direction des GI ont été simplifiées. contrat au niveau national. ment et le Conseil, avec l’objectif d’arriver Point important : on relève dans le texte La cerise sur le gâteau est fournie par à un nouveau compromis harmonisant les des dispositions protégeant les contrats de les deux autres cas dans lesquels l’attri- positions des uns et des autres. La Prési- service public avec la possibilité pour les bution directe est autorisée : l’existence dence luxembourgeoise souhaite y arriver autorités compétentes de limiter le droit de « caractéristiques structurelles et avant la fin de son mandat, c’est-à-dire le d’accès aux services nationaux en « open géographiques du marché et du réseau 31 décembre 2015, ce qui permettrait de access » (services purement commerciaux concerné » (taille, demande, complexité, clôturer le processus de seconde lecture, circulant sans contrat, ni subvention, ni isolement technique et géographique), préalable à l’adoption définitive des textes. droit exclusif, autorisés à partir de 2020) ou « si un tel contrat aurait pour effet Mais rien n’est moins sûr… si ceux-ci compromettent l’équilibre éco- d’améliorer la qualité des services et/ou la Michel Quidort z

6 x fnaut-infos n°240 - décembre 2015 MAL DIT Brèves 7 Julien Polat, maire UMP de Voiron (38) : « placer la voiture comme éten- BrèvesLa FNAUT avait raison dard de la lutte contre la pollution de BIEN DIT l’air est idéologique et relève de l’éco- La ministre de l’Ecologie a changé logie punitive ». Comme tous les pro- d’avis : elle ne s’oppose plus à une baisse 4 Christophe Nadjovski, maire-adjoint de voiture, il estime que la pollution est punitive du prix du gazole, elle y est même Paris chargé des Transports : « Quand on due d’abord au chauffage individuel. devenue favorable ! baisse l’offre de voirie, on baisse la demande 7 Valérie Pécresse, candidate LR à la Afin de combler la différence de prix de circulation. La piétonnisation des voies sur présidence du Conseil régional d’Ile- entre diesel et essence (15 à 20 centimes par berge rive gauche a engendré un report de de-France : « il faut en finir avec l’idéo- litre) en 5 ans, elle a proposé d’augmenter circulation inférieur aux prévisions ». « Il y a logie anti-route, et réhabiliter la route ». de 1 centime par an les taxes sur le diesel, eu évaporation de la circulation », un phéno- Et se préoccuper du réchauffement cli- et de baisser d’autant les taxes sur l’essence mène signalé il y a longtemps par la FNAUT matique ? Philippe Duron, président PS en 2016 et 2017 afin de ne pas alourdir la (FNAUT Infos 73, 1999). de la commission Mobilités 21, voulait fiscalité globale. La ministre a repris l’argu- déjà « dédiaboliser la route »... ment de la FNAUT : « comme le prix du 7 François de Rugy, député UDE (union baril est bas actuellement, la hausse du prix Populisme automobile des écologistes)-ex EELV de Loire-At- du gazole sera pratiquement indolore ». lantique : « Je suis pour la libéralisation La consommation de diesel étant plus Nicolas Dupont-Aignan, président du des autocars. Le car est un transport élevée que celle de l’essence, la mesure rap- parti Debout la République et candidat à en commun non subventionné. Si les portera 245 millions d’euros à l’Etat en la présidence du Conseil régional d’Ile-de- cars sont vides, ils ne rouleront pas. Je 2016. Contrairement à ce que souhaitait la France, fait concurrence à Valérie Pécresse. soutiens le transport ferroviaire, mais FNAUT, cette somme ne sera pas utilisée Il veut « réconcilier la voiture et l’Ile-de- il a connu un tel sous-investissement pour développer les transports collectifs, France, réhabiliter l’automobile de manière pendant des décennies… Le car ne fait mais pour réduire les impôts et augmenter intelligente ». Il s’en prend à la ville de Paris, pas concurrence au train, il fait surtout la prime à la casse des vieilles voitures diesel. « ville symbole du racket fiscal dont sont concurrence au covoiturage. C’est une victimes les automobilistes », et veut dépen- offre supplémentaire, là où le transport Opinions divergentes ser 5 milliards d’euros « pour faire sauter les ferroviaire est défaillant. Comme nous bouchons ». Représentant auto-proclamé avons un réseau routier extrêmement D’après une étude, actualisée en 2014 des usagers des transports, Jean-Claude développé, il faut l’utiliser. On ne va et présentée en septembre par Oliviero Delarue se présente sous sa bannière : va-t-il pas fermer les autoroutes non plus ! À Baccelli, professeur à l’université Bocconi réagir à ces propos archaïques ? court-terme, si on veut réduire le CO2 de Milan, la nouvelle liaison ferroviaire et changer les modes de déplacement, Lyon-Turin présentera une rentabilité d’un il faut d’abord développer des trans- peu plus de 5 % après sa mise en service ports en commun sur la route. Comme complète. L’environnement économique de le covoiturage, avec Blablacar. Le car n’a la liaison représente environ 132 milliards pas forcément un impact plus néga- d’euros d’échanges commerciaux par an. tif que certains trains. Je suis pour le Le chef de l’Etat ayant annoncé le lance- TGV, contrairement à beaucoup d’éco- ment des travaux du Lyon Turin en 2016, logistes. Paris-Lyon en TGV, c’est bien. France Nature Environnement a réagi de Mais en bus, c’est mieux. Parce que manière virulente en regrettant que « le c’est une offre de transport en commun gouvernement se dirige ainsi vers une tra- moins cher. Il faudrait que le train soit gédie pour l’économie et le bon sens »... au prix du car Macron. Mais où trouver Bagage à main ? les subventions pour aligner ainsi le « Sauvons nos trains » prix du billet TGV ? » (Reporterre.net, Un voyageur a déposé récemment une 17-10-2015) Il est encore temps de signer la pétition portière de voiture dans la soute à ba- En clair, François de Rugy prend acte nationale lancée par la FNAUT : « Sauvons gages du TGV Paris- Dijon, sans se poser de la dégradation du système ferro- nos trains », qui dénonce la dégradation des de question ni en poser aux agents de la viaire et approuve une réforme qui va services ferroviaires. SNCF. Verbalisé car cet objet pouvant pré- la renforcer. Inattendu et consternant... La FNAUT est une association de senter un danger pour les autres voyageurs, consommateurs strictement indépendante il a fait opposition à l’ordonnance pénale. Aveu tardif des partis politiques, des transporteurs, des Il a précisé qu’il s’agissait d’une portière syndicats, de l’administration, ... Avec elle, de Jaguar achetée à peu de frais et qu’il la Le tramway sur pneus Translohr de Cler- comme près de 7 000 usagers réguliers ou ramenait à son domicile en train, afin de mont-Ferrand fonctionne correctement occasionnels du train et citoyens soucieux limiter les frais de transport. Le tribunal et transporte 60 000 voyageurs par jour de l’aménagement du territoire, de la sau- lui a infligé une amende de 50 euros, la au lieu des 30 000 prévus initialement. vegarde de l’environnement et de l’avenir portière de Jaguar n’entrant pas dans la Il arrive à saturation et 4 rames supplé- de notre économie, signez la pétition qui catégorie des bagages à main. mentaires ont été commandées. A cette sera adressée au Président de la République occasion, François Rage, nouveau pré- et au Premier ministre : Histoire belge sident du SMTC, a reconnu que le tram- way sur pneus coûte plus cher (4 mil- http://tinyurl.com/petition-fnaut De nombreux guichets sont restés fer- lions d’euros la rame contre 2,5) qu’un més le 19 juin 2015 dans les gares belges, tramway classique sur rails. On attend Proposez cette pétition aux membres de les syndicats entendant ainsi protes- avec intérêt une comparaison portant votre famille, à vos amis, à vos voisins, à vos ter contre... la fermeture prochaine de sur la longévité et les coûts de fonc- collègues de travail... Son impact auprès des 33 guichets annoncée par la direction de tionnement des deux techniques. pouvoirs publics dépend d’abord de vous ! la SNCB.

fnaut-infos n°240 - décembre 2015 x 7 Activités Les trains Intercités en Basse-Normandie de la FNAUT

La Basse-Normandie a la chance cement des rames Régiolis et de l’ate- l Jean Lenoir et François Jeannin ont été Régionsd’être irriguée par trois lignes Inter- lier de maintenance de Granville. reçus par François Philizot, préfet chargé cités : Paris-Caen-Cherbourg, Paris- Le rapport Duron a par ailleurs par le gouvernement d’une concertation Granville et Caen-Tours sans oublier condamné trop vite certains services sur l’avenir des trains Intercités suite à la Caen-Rennes qui, bien que devenue déficitaires dont la faible fréquenta- publication du rapport Duron. ligne TER, condition de sa survie, joue, tion est due à une mauvaise commer- l Bruno Gazeau et Michel Babut, vice-pré- elle aussi, un rôle déterminant en tant cialisation. C’est le cas étonnant de sident de l’AUT Ile-de-France et adminis- que lien entre deux capitales régionales. Caen-Tours dont Philippe Duron, alors trateur de la RATP, ont été reçus par Elisa- Alors que Paris-Caen-Cherbourg fait président de la région Basse-Norman- beth Borne, nouvelle présidente de la RATP. partie des rares lignes Intercités dont die, s’était fait l’ardent défenseur il y a l Jean-François Martinet et Audrey Péni- l’équilibre financier était assuré, cette quelques années ! Cette proposition est guel représentent la FNAUT auprès de la année la SNCF annonce un déficit de d’autant plus surprenante qu’en même fédération ConsoFrance. 5 millions d’euros ! Selon elle, c’est la temps, il a suggéré la création de 4 allers l Bruno Gazeau a rencontré Joël Carreiras, conséquence de la crise économique et et retours Nantes-Lyon dont la mise en secrétaire national aux Transports du parti de la baisse de fréquentation qui en ré- correspondance avec des Caen-Tours socialiste. sulte. Mais les vrais responsables sont, éviterait la complication des change- l Jean Macheras a participé au jury du Pal- en particulier : ments de gare à Paris. marès des mobilités organisé par le maga- - l’abandon, depuis plus de 30 ans, Rien n’est décidé à ce jour. L’Etat zine Ville, Rail et Transports. de tout investissement, d’où un maté- assumera-t-il son devoir d’aménage- l La FNAUT et Agir pour l’environnement riel (voitures et locomotives) en fin ment du territoire ou en restera-t-il à ont déposé un recours devant le Tribunal de vie générant des coûts d’entretiens une simple vision comptable mettant administratif de Montpellier demandant prohibitifs et des indisponibilités chro- le nouveau Conseil régional au pied l’annulation du contrat de partenariat pas- niques, donc une qualité de service en du mur : mettre la main à la poche ou sé entre SNCF Réseau et la SAS Gare TGV de baisse constante ; abandonner les zones rurales les plus la Mogère pour la conception, la construc- - l’extension de la fraude, due à l’in- vulnérables des nouvelles régions, dont tion, l’entretien et le financement du pôle suffisance notoire des contrôles ; l’ouest de la Normandie fait partie ? d’échange multimodal Montpellier Sud de - le développement du covoiturage, Comme la FNAUT, l’ADPCR pro- France (gare excentrée, FNAUT Infos 231). promu par les pouvoirs publics mais pose, avant toute suppression de services, l Jean Sivardière a réalisé pour l’associa- anormalement exonéré en pratique de l’expérimentation de l’exploitation des tion Eurosud Transport de Toulouse une toutes charges et taxes. services Intercités en délégation de ser- étude sur le projet GPSO de LGV Bordeaux- Début avril, la presse a dévoilé un vice public afin d’obtenir une réduction Toulouse/Espagne (recensement et ana- document de la SNCF qui préconisait des coûts d’exploitation, dont la dérive lyse des arguments des promoteurs du des suppressions drastiques de trains et rapide ne peut être enrayée que par une projet et des opposants). d’arrêts. Il était envisagé notamment : mise en concurrence de la SNCF avec l Bruno Gazeau est intervenu sur les nou- - le passage de 15,5 allers et retours à d’autres exploitants. Par exemple, celle velles technologies dans une table-ronde 10 entre Caen et Paris ; de la ligne Paris-Granville et de son lors de la journée parlementaire 2015 sur - le passage de 7 allers et retours à 3 antenne Folligny-Pontorson/Le Mont- les transports. Il a participé au premier entre Cherbourg et Paris, et la suppres- Saint-Michel avec, en plus, celle de comité de suivi de la sécurité ferroviaire sion de la desserte des gares de Bayeux, la transversale Caen-Le Mans-Tours, organisé par le Secrétariat d’Etat aux Lison, Carentan et Valognes ; TER et Intercités, ce qui constituerait Transports. - le transfert de la ligne Paris-Gran- un ensemble cohérent pour le nouvel l Max Mondon représente la FNAUT au- ville aux régions desservies, avec sup- exploitant retenu. près du comité AFNOR Certification. Marc pression d’un aller et retour sur 5 et la L’objectif prioritaire de l’ADPCR est Debrincat devient suppléant. suppression de la desserte des gares de la desserte du Mont-Saint-Michel par l Jean Sivardière a présenté une confé- Surdon, Briouze et Folligny ; des trains directs Paris-Pontorson via rence sur les transports urbains en site - la suppression, pure et simple des 2 Folligny qui offrirait le trajet le plus propre (tramway et BHNS) à l’invitation du allers et retours Caen-Tours. court et le moins cher et bénéficierait Collectif tramway de Toulon. L’Association de défense et de pro- d’une voie nouvelle entre Folligny et l La FNAUT a proposé à plusieurs parle- motion de la ligne Caen-Rennes Pontorson. Cette desserte doperait uti- mentaires de droite et de gauche un amen- (ADPCR), l’Union des usagers Paris- lement le trafic de Paris-Granville. dement de la loi de finances 2016 visant à Cherbourg (UDUPC) et les Usagers Le Conseil Général de la Manche affecter aux associations de consomma- de la gare de Bernay (UGB) ont fait soutient le projet de l’ADPCR et teurs agréées par l’Etat une partie du pro- connaître leur opposition à ces perspec- entend s’y impliquer avec Manche- duit des amendes infligées par l’Autorité tives inacceptables. Cette opposition a Tourisme. Le Conseil Régional de de la concurrence. été relayée par la FNAUT. Basse-Normandie est prêt à financer Le rapport Duron a écarté le scéna- les investissements nécessaires en gare fnaut infos- Bulletin mensuel d’information rio très régressif défendu par la SNCF de Pontorson à l’horizon 2020 et il a Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0920 G 88319 - Dépôt légal n°240 en ce qui concerne la desserte de nos demandé à l’Etat d’inscrire cette liaison ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. lignes et gares normandes. Il n’en a pas dans le cadre d’une relance des trains Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers moins proposé le passage de 5 à 4 allers d’équilibre du territoire. Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d et retours entre Paris et Granville et des Enfin, à titre transitoire, il propose Prix au numéro : 2 d suppressions d’arrêts, alors qu’un pro- une liaison par car entre Villedieu et Le Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT tocole d’accord signé en janvier 2014 Mont-Saint-Michel. L’ADPCR sera de votre région, contacter notre permanence : entre l’Etat et la Région Basse-Nor- vigilante pour que cette solution ne soit 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris mandie garantit le maintien, jusqu’en pas pérennisée. tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] 2030, de la desserte et des arrêts exis- Internet : http://www.fnaut.fr tant en 2013, en contrepartie du finan- Xavier Jacquet, président de l’ADPCR z CCP : 10 752 87 W Paris

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