Les Images Collectives De La Résistance
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TERRITOIRES CONTEMPORAINS CAHIERS DE L’IHC NUMERO 3, 1996 Les images collectives de la Résistance Direction¬: Serge Wolikow Avec la participation de François Marcot (Université de Franche-Comté) Coordination : Stéphane Gacon et Jean Vigreux EDITIONS UNIVERSITAIRES DE DIJON © -1997 - EUD - Institut d’histoire contemporaine - UMR CNRS 5605 - uB - 2 bd Gabriel - bureau R56 - 21000 Dijon © -1997 - EUD - Institut d’histoire contemporaine - UMR CNRS 5605 - uB - 2 bd Gabriel - bureau R56 - 21000 Dijon Illustration de couverture¬: Deux maquisards de Socrate - été 1944 (coll. ARORM) Maquette et mise en page¬: Rosine Fry ISSN¬: 1254-1435 –¬ISBN¬: 2-905965-16-9 © -1997 - EUD - Institut d’histoire contemporaine - UMR CNRS 5605 - Université de Bourgogne - 2 bd Gabriel - bureau R56 - 21000 Dijon © -1997 - EUD - Institut d’histoire contemporaine - UMR CNRS 5605 - uB - 2 bd Gabriel - bureau R56 - 21000 Dijon © -1997 - EUD - Institut d’histoire contemporaine - UMR CNRS 5605 - uB - 2 bd Gabriel - bureau R56 - 21000 Dijon SOMMAIRE Ouverture¬– Jean-François Bazin¬ ..............................................................................¬7 Introduction¬– Serge Wolikow¬ .................................................................................¬13 L’histoire de la Résistance et ses écritures¬–¬Jean-Marie Guillon¬...........¬19 Le témoin et l’historien¬: quelques réflexions¬–¬Roger Bourderon¬...................¬27 Réflexion sur l’historiographie de la résistance juive¬–¬Adam Rayski................¬35 La lecture rétrospective de l’engagement¬–¬Maurice Kriegel-Valrimont.............¬53 Problématique et vérité historique¬–¬Denis Peschanski¬ ....................................¬57 Le fin mot de l’histoire¬?¬–¬Laurent Douzou¬ ..........................................................¬61 Transmission du savoir historique et mémoire¬–¬François Marcot.......¬71 La vocation pédagogique du témoignage¬–¬Lucie Aubrac¬ ................................. ¬73 Mémoire vécue et vérité historique, le cas des déportés¬–¬ Maurice Voutey¬ ........................................................................................................... ¬77 Images de la Résistance dans la revue Historiens et Géographes¬– Hubert Tison¬............................................................................................................... ¬81 Transmettre aux jeunes le souffle de la Résistance¬—¬Gilles Manceron¬........... ¬89 Le musée de la Résistance en Morvan¬–¬Marcel Vigreux¬ .................................... ¬93 Le musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon¬—¬ Élisabeth Patswa¬......................................................................................................... ¬97 Le musée de la résistance nationale de Champigny¬—¬Guy Krivopissko¬ ...... ¬101 Le mémorial du maréchal Leclerc et de la Libération de Paris et le musée Jean Moulin¬—¬Christine Levisse-Touzé¬............................................................... ¬103 © -1997 - EUD - Institut d’histoire contemporaine - UMR CNRS 5605 - uB - 2 bd Gabriel - bureau R56 - 21000 Dijon 6 Les images collectives de la Résistance Les images et les représentations spectaculaires¬– Henry Rousso....¬109 La résistance filmée¬: construction d’une mythologie¬—¬Sylvie Lindeperg¬ ......113 Le cinéma comme acte de résistance¬?¬—¬Christian Delage¬...............................¬123 Les images, la télévision, l’histoire et les historiens¬— Alain Rémond..............¬127 Histoire et images du passé à la télévision¬—¬Maurice Failevic¬ ........................¬133 Le multimédia au musée de Saint-Brisson¬—¬Stéphane Gacon et Jean Vigreux¬ ................................................................................................................¬137 ............................................................................................................................................... Conclusion¬—¬Serge Wolikow¬.................................................................................¬145 Orientation bibliographique¬ .............................................................................¬149 © -1997 - EUD - Institut d’histoire contemporaine - UMR CNRS 5605 - uB - 2 bd Gabriel - bureau R56 - 21000 Dijon OUVERTURE Le Conseil Régional de Bourgogne est très heureux et honoré de vous accueillir pour ce colloque sur les «¬Images collectives de la Résistance¬». Si j'avais disposé de davantage de temps, j'aurais sans doute pu essayer d'y apporter une contribution personnelle, puisque avec Jacques Canaud j'ai publié naguère une histoire de la Bourgogne durant la Seconde Guerre mondiale¬1. Bien qu'amateur et ne prétendant pas être historien, j’ai pour ma part longuement enquêté, et nous avons été confrontés l'un et l'autre à ces questions d'images, de témoignage, de mémoire, d'aspect collectif, individuel, et souvent à la difficulté de traduire par les mots, par des concepts ou des points de vue, tant de nuances ou de contradictions qui peuvent parfois laisser sans voix… Dans le simple cas de l'histoire de la Résistance (ou plutôt des résistances), en Bourgogne, il ne manque pas d'exemples de ces situations où l'historien a peine à trancher, tant les situations sont emmêlées, parfois confuses ou peu claires. Il s'y ajoute, il faut bien le dire, l'œuvre des témoins organisés qui expriment souvent une «¬vérit鬻 qui ne recoupe pas toujours celle de «¬la seule et vraie mémoire¬». Tant qu'il y aura des acteurs et des témoins vivants, cette histoire restera d’ailleurs ambiguë. Cette histoire telle que 1.¬Jacques Canaud, Jean-François Bazin, La Bourgogne dans la Seconde Guerre mondiale, Rennes, Ouest-France, 1986. © -1997 - EUD - Institut d’histoire contemporaine - UMR CNRS 5605 - uB - 2 bd Gabriel - bureau R56 - 21000 Dijon 8 Les images collectives de la Résistance je la ressens, c'est-à-dire celle de la mémoire politique et collective dans la Bourgogne des résistances, est forcément ambiguë car on n'écrit pas l'histoire du temps des hommes, même s'il faut néanmoins l’entreprendre. Ces témoignages sont uniques et fragiles, et s'ils ne sont pas recueillis aussitôt, ils ne le seront jamais. Mais ils sont ambigus parce qu'ils sont entachés de toute la précarité du témoignage humain qui peut dénaturer ou parfois altérer la réalité. Des personnalités, comme celle du Chanoine Kir, montrent à quel point une image collective tout à fait légendaire, relevant du mythe populaire, et même un peu trafiquée à l'occasion, a pu apparaître comme une vérité impressionnante dans l'Allemagne d'après-guerre ou en URSS. Nikita Khrouchtchev, pour différentes raisons d'ailleurs, va recevoir personnellement pendant une heure au Kremlin celui qui lui apparaît comme l'un des plus grands résistants français. Pour la première fois cette année, la génération qui a vécu la guerre quitte ici les responsabilités politiques directes, François Mitterrand cesse en effet d’être président de la République, André Jarrot vient de quitter le Sénat. À l’exception de Maurice Lombard, sénateur de Côte-d’Or, nous n'avons plus actuellement de responsables politiques éminents, ayant vécu personnellement la Seconde Guerre mondiale. Il y a encore quelques maires dans ce cas, mais ils deviennent peu nombreux. Nous allons entrer dans un temps où la mémoire sera à la fois facilitée et rendue plus complexe. Facilitée¬: il sera plus aisé d'en parler en dehors de la présence des témoins, des acteurs. S’il faut une certaine liberté, un recul pour s’exprimer, en revanche, ces témoins, ces acteurs sont là pour nous rappeler un certain nombre de choses que nous risquerions d'oublier assez vite. Mais l'histoire peut-elle être exemplaire¬? Car tous les acteurs de la Résistance encore présents ici pour témoigner, rêvent de cette mémoire éternelle de la Résistance comme d'un symbole qui vaudrait pour tous les temps, pour tous les pays. Or, le cours du temps nous a appris qu'il est difficile de mettre une résistance, une guerre, sur le pavois ou au contraire de vouer aux gémonies une dictature, une tyrannie. Les cinquante années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale ont montré qu'en matière de terreur, de tyrannie, d'horreur, l'âme humaine était généreuse et imaginative. Comment réagir face à une guerre qui deviendrait symbolique sans remettre en cause toutes les autres¬? Comment négliger cette responsabilité qui est la nôtre¬: assurer politiquement le maintien d’une mémoire en tant qu’enseignement pour la jeunesse… La génération qui a vécu cette guerre gère elle-même sa mémoire. Il ne © -1997 - EUD - Institut d’histoire contemporaine - UMR CNRS 5605 - uB - 2 bd Gabriel - bureau R56 - 21000 Dijon Ouverture 9 nous appartient pas de le faire à sa place. En revanche, comment doit-on aider les générations nouvelles à comprendre¬? Faut-il même le faire¬? N'y a-t-il pas un moment où il faut savoir tourner certaines pages, si cruel que cela puisse paraître¬? Lorsque nous nous retrouvons assez peu nombreux aux cérémonies commémorant la fin de la Première Guerre mondiale, on se dit que parfois, plutôt que de protester lorsqu'on suggère une formule de commémoration plus symbolique pour toutes les guerres, il serait peut-être préférable d'y penser. Réunira-t-on encore le préfet et quelques hommes politiques lorsqu'il n'y aura plus de survivants¬? Comment a-t-on interrompu les cérémonies publiques de la guerre de 1870 après la guerre de 1914¬? Il serait opportun que les anciens combattants et victimes de guerre réfléchissent à cette situation, plutôt que d'en faire une polémique sans fin quand un homme politique a le courage de s'interroger sur cette mesure