Pdf Science Connection 14
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Les bonnes nouvelles budgétaires sont rares. Je ne résiste Établissements de quelque 85 millions d’euros ! Si l’on donc pas à l’envie de vous en faire part. ajoute le dénouement heureux des deux grands dossiers de dation (les superbes collections Gillon-Crowet et Janssen En 2007, les crédits de la Politique scientifique fédérale dont nous avons déjà abondamment parlé), ainsi que les augmenteront de 4,6%. Cette progression « exceptionnelle » perspectives très favorables de concrétisation du Musée nous permettra par exemple de relancer pour quatre ans les Magritte aux Musées royaux des beaux-arts, je pense que Pôles d’attraction interuniversitaires (PAI) et de doter la nous avons beaucoup de raisons de nous réjouir. nouvelle phase de ce programme de recherche fondamen- tale de 143 millions d’euros (c’est 32 millions d’euros de Au-delà du ballon d’oxygène qu’il nous accorde, le gouver- plus que la phase précédente). Un million d’euros de fonds nement fédéral a montré par ses efforts qu’il souhaitait réin- publics viendront également compléter la somme récoltée vestir dans la recherche et permettre à nos Établissements par la Fondation polaire en vue de la construction de notre scientifiques fédéraux de jouer pleinement leurs rôles de base en Antarctique. Nos Établissements scientifiques centres d’excellence national et de pôles de compétences fédéraux ne sont pas oubliés : 4,6 millions d’euros seront au sein de l’Espace européen de la recherche. injectés dans des projets de valorisation de leur expertise scientifique et 3 millions d’euros leurs seront accordés afin Votre magazine présente, cette fois encore, quelques aspects de répondre à leurs besoins les plus urgents. C’est la pre- de l’inépuisable manne de connaissances produites dans mière fois depuis des lustres que les Établissements voient les différentes entités de notre département. Derrière les leurs moyens augmenter. C’est aussi le signe de la volonté chiffres, un peu abstraits, se cachent des centaines de cher- du gouvernement fédéral de s’inscrire dans une logique de cheurs qui ont choisi de vous parler du coup de feu le plus refinancement structurel dont cette bonne nouvelle cons- connu de la littérature, du très étrange monde des Sylphes, titue la première concrétisation. des Jets et des Elfes ou des nouveaux touristes de l’espace. À cette augmentation de notre budget s’ajoutent les Je vous souhaite un très agréable moment de lecture. réductions de précompte à charge de nouvelles catégories de chercheurs, ainsi que les travaux que réalisera la Régie des bâtiments pour le compte de l’Institut royal des scien- ces naturelles (l’aile Janlet sera intégralement rénovée) et pour celui du Musée royal d’Afrique centrale. En tout, cela Philippe METTENS représente un montant d’investissement pour ces deux Président du Comité de Direction Science Connection 14 - décembre 2006 - 1 Le parcours du combattant des archivistes inspecteurs des Archives de l’État Souvenirs de campagne: l’État perd la mémoire et pilonne son patrimoine a recherche historique est à la mode. Jamais par le passé, respecter les dispositions légales, pour offrir aide et con- les sections d’histoire de nos universités n’ont connu seils en matière de gestion efficace des archives et de L autant d’inscriptions, jamais on n’a publié autant réalisation de tableaux de tri, pour délivrer les autorisa- d’ouvrages à caractère historique. Mais qui, en revanche, tions d’élimination pour les documents sans intérêt s’intéresse à la sauvegarde des matériaux bruts, à la préser- mais aussi, et surtout, pour organiser les versements aux vation des archives qui permettent d’écrire l’histoire ? Archives de l’État des séries d’archives essentielles à la sauvegarde des droits de l’État et du citoyen ainsi qu’à la Cette tâche obscure et difficile est laissée aux bons soins recherche scientifique. Il faut préciser que le travail des des archivistes et, dans le cas des archives publiques, aux archivistes inspecteurs ne vise nullement à multiplier archivistes inspecteurs des Archives de l’État travaillant les contrôles tatillons ni à combattre les bienfaits des sous la direction de l’Archiviste général du Royaume. En mesures prises dans le cadre de la simplification admi- cette matière, les administrations ne sont toutefois pas nistrative. Le contrôle qu’ils exercent a pour but de exemptes de responsabilités puisque les services pro- garantir le respect des règles démocratiques, la conserva- ducteurs sont légalement tenus d’assurer la préservation tion d’un patrimoine mémoriel d’importance et l’élimi- – la bonne conservation – et de garantir l’accessibilité de nation des documents inutiles sur la base de critères leur archives jusqu’au moment de leur versement aux scientifiques. Leur expérience et leur formation d’histo- Archives de l’État. rien constituent par ailleurs de solides garanties quant aux choix qu’ils effectuent. Gardiens du temps, ils ten- Le rôle transversal tent de faire preuve d’humilité et s’interrogent, avant des archivistes inspecteurs toute décision, sur l’intérêt actuel intrinsèque d’un document mais aussi sur les questions que (se) poseront La mission de ces agents est délicate et multiforme. les générations futures. Ceux-ci se rendent dans les administrations pour faire 2 - Science Connection 14 - décembre 2006 Ces garants de la préservation de notre patrimoine sont malheureusement trop peu nombreux : vingt équiva- lents temps plein pour le contrôle de l’ensemble des administrations publiques du pays (administrations fédérales, régionales, communautaires, provinciales, communales, parastatales, pararégionales et tous les niveaux de l’ordre judiciaire). De plus, ils ne sont guère aidés dans leurs démarches par la loi sur les archives du 24 juin 1955 dont les articles passablement vieillis sont en général totalement méconnus de la plupart des fonc- tionnaires. Pour preuve, en dépit du fait que cette loi stipule très clairement qu’aucun document ne peut être détruit sans l’autorisation de l’Archiviste général du Royaume, les destructions illégales sont légion et con- cernent parfois des sujets et documents sensibles. Des sanctions légales existent pourtant, mais il n’est pas tou- jours possible d’identifier le ou les responsables de ces décisions malencontreuses qui résultent le plus souvent d’un manque de place, de mesures prises dans le cadre d’un déménagement, de l’ignorance ou au contraire de portantes archives relatives aux hôpitaux psychiatri- l’excès de zèle de fonctionnaires qui souhaitent annihi- ques (causes d’internement, soins donnés, ...) datant des ler des informations jugées non communicables au années 1839 - 1850 qui permettront très certainement de grand public. Se sentant investis d’une mission supé- revisiter l’histoire de la médecine et des soins de santé. rieure, ces derniers croient protéger l’État sans se rendre De même, au début du XXIe siècle, des archives judiciai- compte qu’ils commettent une infraction et estropient res datant de la fin du XVIIIe siècle ont été retrouvées la mémoire. dans un palais de justice du Brabant wallon. Un ramassis de « vieux papiers » Une lutte sans fin sans intérêt ? Les années 2003 - 2005 ont été particulièrement mouve- Les Archives de l’État ne constituent pas un grenier coû- mentées pour nos services car en plus du manque criant teux pour « vieux papiers » administratifs sans intérêt. d’archivistes inspecteurs nous avons dû faire face aux Elles conservent la mémoire des administrations, de déménagements et à l’élimination de près de 50 kilomè- l’application des mesures prises par les décideurs politi- tres d’archives des administrations publiques fédérales. ques et des relations que les services publics établissent Durant ces quelques mois, plusieurs services publics et avec les citoyens. Ce faisant, elles s’inscrivent dans une non des moindres (Finances, Économie, Santé publique, longue tradition, les documents les plus anciens conser- Prévoyance sociale, Mobilité et transport, Intérieur, vés remontant au Xe siècle. En matière d’archives con- Régie des bâtiments,…) ont relocalisé leurs administra- temporaines, étant donné qu’il n’est ni utile ni nécessaire tions dans de nouveaux bâtiments. En effet, dans le de conserver tous les documents produits, environ 10% cadre de la réforme dite « Copernic » et des mesures des archives seront sélectionnés en vue d’une conserva- prises pour favoriser la réduction de la dette publique, la tion à long terme. Encore faut-il bien entendu que des Cité administrative de l’État, la Tour des finances et de destructions intempestives n’aient pas été réalisées nombreux autres bâtiments ont été vendus et les servi- auparavant. Ainsi, il n’est guère aisé de travailler sur ces qui les occupaient regroupés dans les deux pôles l’histoire de l’agriculture en Belgique aux XIXe et XXe créés autour des gares de Bruxelles-Midi et de Bruxelles- siècles car une bonne part des archives de l’ancien Nord. ministère de l’Agriculture ont été détruites. Dans ce cas précis, il s’agit en partie de décisions prises avant la pro- Malgré plusieurs mises en garde précoces par nos soins, mulgation de la loi sur les archives de 1955. Néanmoins, il appert, à quelques exceptions, que la dimension ‘archi- nous pourrions citer de nombreux cas constatés depuis ves’ a été totalement sous-estimée voire parfois négligée lors. Bien plus, de temps à autre nous découvrons encore (mauvaise évaluation du métrage d’archives existant, des archives publiques du début du XIXe siècle alors mauvaise évaluation des besoins en espaces de stockage qu’elles devraient se trouver à l’abri dans nos murs dans les nouveaux bâtiments, absence ou insuffisance depuis longtemps (la loi de 1955 précise que les archives de personnel affecté aux archives en prévision des démé- de plus de 100 ans doivent être versées aux Archives de nagements…). S’il ne s’est produit aucune véritable catas- l’Etat).