Université d’,

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines,

Domaine de la Géographie

Parcours Environnement et Aménagement

analyse territoriale dans l’optique du developpement durable,cas de la commune rurale d’,district antananarivo avaradrano, region

Mémoire pour l’obtention du diplôme de Master 2

Présenté par :

RAMAHAVALISOA Valérie Benjamin

Membres du jury :

Président du jury : Simone RATSIVALAKA, Professeur Titulaire

Rapporteur : Josélyne RAMAMONJISOA, Professeur Emérite

Juge : Tolojanahary ANDRIAMITANTSOA, Maître de Conférence

Université d’Antananarivo,

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines,

Domaine de la Géographie

Parcours Environnement et Aménagement

Mémoire pour l’obtention du diplôme de Master 2

analyse territoriale dans l’optique du developpement durable,cas de la commune rurale d’ambohimanga rova,district antananarivo avaradrano, region analamanga

Présenté par : RAMAHAVALISOA Valérie Benjamin

Membres de jury :

Président de jury : Simone RATSIVALAKA, Professeur Titulaire

Rapporteur : Josélyne RAMAMONJISOA, Professeur Emérite

Juge : Tolojanahary ANDRIAMITANTSOA, Maître de Conférence

Date de soutenance : 19 Février 2016

SOMMAIRE SOMMAIRE------i

REMERCIEMENT ------ix TABLES DES ILLUSTRATIONS ------x ACRONYMES ------xii GLOSSAIRE ------xiii RESUME ------xiv ABSTRACT ------xiv INTRODUCTION GENERALE ------1 PREMIERE PARTIE : ------3 CADRAGE ET DEMARCHE DE RECHERCHE ------3 CHAPITRE I : CADRAGE DE LA RECHERCHE------4 CHAPITRE II : DEMARCHE DE RECHERCHE ------10 CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE ------21 DEUXIEME PARTIE : ------22 PRESENTATION ANALYTIQUE DES RESULTATS DE RECHERCHE ------22 CHAPITRE III: DES RESSOURCES VALORISABLES POUR UN DEVELOPPEMENT TERRITORIAL ------23 CHAPITRE IV : GOUVERNANCE ET SYSTEME SOCIO-ECONOMIQUE EN PERIL------36

CONCLUSION PARTIELLE ------48 CONCLUSION GENERALE ------49 BIBLIOGRAPHIE ------52 ANNEXES ------54 TABLE DES MATIERES ------58

i REMERCIEMENTS - Je remercie le Seigneur de m’avoir donné la force, le courage et la santé. Et aussi de m’avoir permis de mettre à terme l’élaboration de ce mémoire.

- J’exprime ma gratitude à mes parents de m’avoir donné la chance de poursuivre mes études, par leurs encouragements et leur soutien inépuisable.

- Mes vives reconnaissances à :

 Madame Joselyne RAMAMONJISOA, Professeur Emérite au département de géographie et Directeur de cette recherche, malgré ses lourdes responsabilités, a accepté volontairement de m’encadrer tout au long de cette étude.  Madame Simone RATSIVALAKA, Professeur Titulaire qui a bien voulu accepter la présidence de la soutenance  Monsieur Tolojanahary ANDRIAMITANTSOA, Maître de Conférence , malgré ses nombreuses obligations a accepté d’examiner ce travail  Tous les enseignants du Département de Géographie, c’est grâce à eux que nous, les étudiants, sommes conscients de l’importance et de l’authenticité d’une recherche. Et aussi à :  Madame Hanta RABETALIANA, Botaniste et Ingénieur agronome, Secrétaire General du Ministère de l’Environnement, de l’Ecologie, de la Mer et des Forêts, mon supérieur hiérarchique qui m’a autorisé à continuer mes études

- Je remercie également le personnel de la Bibliothèque du Département de Géographie et celui de l’ESSA-AGRO de m’avoir permis de consulter des documents riches.

- J’adresse aussi mes reconnaissances aux populations locales et personnes ressources.

- Merci aux membres de ma famille, mes amis, mes collègues de travail qui m’ont assisté de près ou de loin lors de cette recherche.

ii TABLES DES ILLUSTRATIONS

Les cartes - Carte No1 : Carte de localisation……………………………………… Page 6 - Carte No2 : Zonage…………………………………………………… Page 15 - Carte N o3 : Topographie et réseau hydrographique ………………… Page 25 - Carte N o4 : Les différents types de sol………………………………… Page 26 - Carte N o5 : Les activités héritées……………………………………… Page 31 - Carte N o6 : Le service d’AEP………………………………………… Page 41 - Carte N o7 : Carte du flux de la commercialisation des produits agricoles…………………………………………………. Page 47

Les tableaux - Tableau No1 : Focus de l’entretien pour chaque types de personnes ressources…………………………………… Page 16 - Tableau No2 : Critères de choix des fokontany...... Page 17 - Tableau No3 : Nombre de ménage dans chacun des fokontany………… Page 18 - Tableau No4 : Température moyenne (T en C) et précipitation (P en mm) Janvier-Décembre 2014………………………… Page 27 - Tableau No5 : Les associations des originaires avec leurs activités respectives…………………………………………… Page 33 - Tableau No6 : l’effectif des enfants non réinscrits pour l’année scolaire 2015-2016……………………………………… Page 44

Les figures - Figure No1 : Effectif par tranche d’âge………………………………… Page 29 - Figure No2 : Les terroirs agricoles………………………………………………………………… Page 42 - Figure No3 : Les secteurs d’activités…………………………………… Page 45

iii Les photos - Photo No1 : La différence entre la zone 1 et la zone 2 …………………………………………………………………………… Page 14 - Photo No2 : De l’enquête au focus group……………………………………………………………………… Page 19 - Photo No3 : Un four traditionnel pour la cuisson du Koba à Imanja et des peaux à transformés à Ambohitrandriamanjaka (à droite)………… Page 32 - Photo No4 : le doany d’Ankazomalaza et l’Ambatomitsangana à l’entrée de la colline royale…………………………………………… Page 35 - Photo No5 : Le marché d’Alakamisy…………………………………… Page 39

iv ACRONYMES - AEP: Adduction d’Eau Potable - BADEA : Banque Arabe pour le Développement d’Afrique

- CCPREAS : Cellule de Coordination des Projets de Relance Economique et d’Actions Sociales

- CEG: Collège d’Enseignement Général - CSB: Centre de Santé de Base - CTD: Collectivité Territoriale Décentralisée - EPP: Ecole Primaire Publique - ESSA : Ecole Supérieure des Sciences Agronomique - FDL : Fond de Développement Local - FED : Fond Européen pour le Développement - FFOM : Forces Faiblesses Opportunités Menaces - FID : Fond d’Intervention pour le Développement - FTM : Foiben-Taontsaritanin’i Madagasikara - IFPB : Impôt Foncier sur les Propriétés Bâties - IFT : Impôt Foncier sur le Terrain - IMV : Institut des Métiers de la Ville - MEEMF : Ministère de l’Environnement de l’Ecologie de la Mer et des Forêts - MID : Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation - ONN : Office Nationale de la Nutrition - OSCAR : Office du Site Culturel Ambohimanga Rova - PAE: Programme d’Action Environnementale - PCD: Plan Communal de Développement - PE: Programme Environnemental - PEDD: Programme Environnemental pour le Développement Durable - PND : Politique Nationale du Développement - PPUP: Projet Prioritaire d’Urgence Présidentiel - SAC: Schéma d’Aménagement Communal - SAGE: Service d’Appui à la Gestion de l’Environnement - SNOST: Schéma National des Orientations Sectorielles et Transversales - SWOT : Strengths Weaknesses Opportunities and Threats - UNESCO: United Nation Education Social and Cultural Organization

v GLOSSAIRE Focus group : ou groupe de discussion est une forme de recherche qualitative / étude qualitative qui prend forme au sein d'un groupe spécifique culturel, sociétal ou idéologique, afin de déterminer la réponse de ce groupe et l'attitude qu'il adopte au regard d'un produit, d'un service, d'un concept ou de notices. En sciences sociales, les focus groups sont utilisés pour étudier des problématiques sociétales non à travers l'enquête d'individus, comme c'est le cas dans l'enquête par sondage, mais par la discussion de groupe

Hadi-vory : fossé défensif parfaitement circulaire entourant le village durant l’époque royale

Kapoaka : unité traditionnelle de mesure très utilisée à , capacité d’une boite de lait éventrée sur la surface supérieure (équivalence en poids net du kapoaka pour quelques produits courants : riz blanc=305g, maîs=275g, haricot=290g)

Koba : gâteau de riz traditionnel malgache aux pistaches ou aux cacahuètes enrobé dans des feuilles de bananier

Riz de saison avancée : type de riziculture pratiquée sur des parcelles inondées en saison de pluie, cultivé de telle sorte que la récolte s’effectue avant la pleine saison de pluie suivante

vi RESUME Le développement durable est le mode de développement adopté par la société contemporaine. Cette notion est actuellement omniprésente dans tous les traités internationaux, les documents de développement nationaux et les documents de planification territoriale. Afin que les actions puissent répondre aux finalités du développement durable, il faut partir d’une analyse approfondie du territoire. Cette étude du cas d’Ambohimanga Rova est un exemple d’analyse territoriale suivant les principes du développement durable. Aussi, elle consiste à repérer et spatialiser les forces et les faiblesses du territoire afin de définir les principaux enjeux. Ambohimanga, un espace disparate où se rencontre tourisme, urbanisation et activité agricole. La diversification de l’aménagement de l’espace suscite l’intérêt d’une étude géographique. Le milieu naturel, le capital humain et les patrimoines culturels constituent les atouts du territoire. La défaillance de la gouvernance locale et du système socio-économique constituent les faiblesses du territoire. Apres la déduction des enjeux, des orientations stratégiques du développement durable sont fournies afin que cette étude soit à la fois un outil de prise de décision.

Mots-clés : développement durable, analyse territoriale, forces, faiblesses, enjeux, Ambohimanga Rova

ABSTRACT Sustainable development is the development model adopted by modern societies. International treaties, national development documents and territorial planning documents are all addressing this notion. A deep territorial analysis is needed before action for meeting sustainable development goal. This research, held at Ambohimanga, is an example of territorial analysis which addresses sustainable development. The study is aiming at identifying the territorial challenges through the analysis of the main territorial strengths and weaknesses. Ambohimanga Rova is characterized by tourism, urbanization and agriculture. Such diversity is raising a geographical study interest. The natural environment, the human capital and the cultural heritages are the strengths. The deficiency of local governance and the socioeconomic system are the weaknesses. From the territorial challenges, strategic outlines are provided for this study to be used as a tool of decision making.

Key-words: sustainable development, territorial analysis, strengths, weaknesses, challenges, Ambohimanga Rova

vii INTRODUCTION GENERALE Consacré par le sommet de la terre à Rio en 1992, le développement durable est aujourd’hui inscrit dans les orientations politiques nationales et internationales. La prise en compte du développement durable à Madagascar a débuté dès l’émergence de ladite notion à l’échelle internationale. Après le lancement de « la stratégie mondiale pour la conservation » vers les années 1980, Madagascar a élaboré, d’abord sa « stratégie nationale pour la conservation et le développement durable », puis, le plan d’action environnemental qui s’est décliné en trois plans quinquennaux ayant chacun ses objectifs majeurs. Le PE1 de 1991 à 1997, a pour objectif le démarrage du PAE, la mise en place des fondements institutionnels et les actions de conservation les plus urgentes ; le PE II de 1997 à 2002, consistait à intensifier les actions du programme précédent et à rendre opérationnelle la décentralisation de la gestion des ressources naturelles ; le PEIII de 2003 à 2008, visant à endogeneiser le réflexe environnemental, c’est-à-dire sa mise en œuvre aux niveaux les plus appropriés. Actuellement, le PEDD aligné avec le PND 2015-2019 est en cours d’élaboration, le PND qui mise sur la croissance inclusive et le développement durable La planification locale est qualifiée instrument de développement durable par les acteurs de la politique environnementale malgache1. Un instrument qui a été promu à l’origine par les agences d’exécution du PEII dans une logique de résolution des problématiques écologique et gestion des ressources. Des processus de concertation participative impliquant les acteurs et parties prenantes au niveau local ont été effectués afin de constituer des sous programmes, qui sont des outils de décision et de négociation en vue de la gestion durable des ressources. Les sous programmes ont révélé l’importance des autres thématiques autres que la gestion des ressources ; à l’instar de la construction d’infrastructure, l’éducation et la santé publique ont aussi été soulevées. La perception du développement par les acteurs et les parties prenantes locales va au-delà de la problématique écologique ; implique la considération de tous les secteurs concernés à l’échelle du territoire. Ainsi, à Madagascar la planification locale a été développée sur la base d’une problématique écologique mais s’est globalisée au fil du temps vers l’aménagement du territoire. Pour répondre au développement durable, la planification locale doit partir d’une analyse territoriale ou d’un diagnostic territorial. Selon le comité 212 : « le diagnostic territorial va permettre d’analyser les réalités territoriales et les

1 Christian Chaboud et Al, 2009, « L'expérimentation du développement durable à Madagascar : réalités et difficultés », Mondes en développement 2009/4 (n° 148), p. 47-66

2 Comité 21,2002, « Territoire et développement durable. »,52pages

1 attentes sociales, économiques et environnementales …..une étape essentielle qui déterminera les axes du développement durable » Ambohimanga Rova est une commune rurale de 2ème catégorie. Administrativement, elle est localisée dans le district d’Antananarivo Avaradrano de la région Analamanga. De part son importance historique, sa proximité de la ville d’Antananarivo, son milieu naturel généralement propice et sa population fortement ancrée sur le territoire, Ambohimanga Rova est un site majeur. En termes de planification locale, la commune n’est pas encore dotée d’un schéma d’aménagement mais elle dispose déjà d’un PCD. Force est de constater que malgré les différents atouts et les documents de planification déjà disponibles, le développement local est encore freiné par le manque d’aménagement rationnel du territoire. Un système qui est encore loin d’être un vecteur de durabilité. Cette absence de synergie entre potentialité du territoire et la dynamique locale du développement durable incite une étude du territoire. La présente étude s’intitule : « analyse territoriale dans l’optique du développement durable à l’échelle locale: cas de la commune rurale d’Ambohimanga-Rova, district Antananarivo Avaradrano, région Analamanga» L’objectif principal de cette recherche est d’étudier les piliers du développement durable dans la commune rurale Ambohimanga afin d’identifier les enjeux du territoire. Ainsi une question principale se pose : quels sont les enjeux du territoire à considérer pour les orientations stratégiques du développement durable ? Deux questions secondaires relèvent de cette question principale: 1- Quelles sont les potentialités du territoire ? 2-Quels sont les facteurs de blocage du développement du territoire ? Afin de pouvoir répondre à ces questions, successivement on va : - Analyser les concepts clés, cadrer le champ d’étude et développer la démarche de recherche ; - Développer les résultats de la recherche focalisant sur l’analyse des forces et des faiblesses du territoire ainsi que les relations qui s’établissent entre ces deux dimensions

2

PREMIERE PARTIE :

CADRAGE ET DEMARCHE DE RECHERCHE

3 CHAPITRE I : CADRAGE DE LA RECHERCHE Afin de pouvoir cadrer le champ d’étude selon l’objectif suscité, il est nécessaire, en premier lieu, d’analyser les raisons qui ont mené vers le choix du sujet et de la zone d’étude, en second lieu, de comprendre les deux concepts fondamentaux.

1-1-Choix du Sujet - Localisation et Présentation de la Zone d’étude

1-1-1 Justification du choix

a. Des contextes internationaux et nationaux soulevant la nécessité d’une analyse territoriale Ce thème de recherche dérive d’une réflexion sur les contextes du développement durable à l’échelle internationale et nationale : - La notion de développement durable connaît aujourd’hui une popularité croissante dans les pays les moins avancés qui se caractérisent, notamment par leurs extrêmes pauvretés, la faiblesse de leurs économies, l’insuffisance de leurs ressources institutionnelles, humaines et, souvent, leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles. Depuis quelques années un renouvèlement de l’action se dessine à l’échelle territoriale, inscrivant concrètement le développement durable dans les réalités sociales et économiques. Le développement durable doit partir des situations locales et surtout des acteurs, de leurs attentes et de leurs visions du territoire. Ainsi est née l’idée de mener une recherche sur le territoire et le développement durable. - Madagascar, pays d’une exceptionnelle ressource naturelle, se trouve dans une situation d’extrême pauvreté et aussi caractérisé par son engagement précoce dans le champ du développement durable. L’approche territoriale du développement durable n’a pas la place qu’elle mérite à Madagascar ce qui constitue une des lacunes durant les longues années de mise en œuvre de l’Agenda 213. Afin de remédier ces lacunes, une innovation est apportée dans la PND 2015-2019 où l’approche territoriale est beaucoup plus considérée à travers l’axe 3 : « croissance inclusive et ancrage territorial du développement ». La Direction Générale de l’Ecologie4, consciente de la nécessité de promouvoir cet ancrage territorial va initier la démarche territoire durable ou développement durable au niveau territorial. Afin d’y parvenir, une analyse permettant de repérer et spatialiser les richesses et les faiblesses de tout ordre au regard d’un développement durable est nécessaire.

3 L’agenda 21cadre les domaines d’intervention pour le développement durable 4 Direction Générale de l’Ecologie : une des Directions Générales constituant le Ministère de l’Environnement, de l’Ecologie, de la Mer et des Forêts ; l’institution ou je travaille en tant que chargé d’étude technique

4 b. Ambohimanga Rova : une zone d’étude spécifiquement choisie sous de multiples raisons Les raisons qui ont mené vers le choix d’Ambohimanga sont les suivantes : -La commune rurale d’Ambohimanga Rova abrite la colline royale, une ressource exceptionnelle qui peut contribuer durablement à son développement. La colline royale d’Ambohimanga est érigée patrimoine culturelle de l’UNESCO le 14 Décembre 2001. -Un espace disparate où se rencontrent tourisme, urbanisation et activité agricole. Cette diversification de l’aménagement de l’espace suscite l’intérêt d’une étude géographique -Du point de vue gouvernance, le dernier PCD d’Ambohimanga a été élaboré en 2007. En tant que document quinquennal ceci nécessite actuellement une mise à jour. Aussi, une analyse territoriale servira d’orientation technique en amont d’une future mise à jour. -Une commune qui fait partie des hautes terres centrales, inclue parmi les zones de montagne malgache : un site qui m’inspire personnellement en tant que point focal du partenariat de la montagne auprès du MEEMF

1-1-2 Localisation et présentation de la zone d’étude La commune d’Ambohimanga Rova fait partie des communes rurales composant le District d’Antananarivo Avaradrano, Région Analamanga. Plus précisément elle est localisée dans la partie Nord Ouest au sein dudit district. Située à 21 Km de la ville d’Antananarivo, elle est dominée au Nord par des escarpements de montagne s’élevant jusqu’à 1 500 m d’altitude et s’abaissant sous forme de plateau jusqu'à 1 300 m vers le Sud. Selon les coordonnés géographiques, elle se trouve entre 18 42’50’’et 18 48’35’’latitude Sud, 47 31’14’’ et 47 37’5’’ longitude Est

5 Carte No 1: Localisation de la Commune Rurale d’Ambohimanga Rova

Source : composition de l’auteur Octobre 2015

6 La commune rurale est limitée :  Au Nord par la commune Imerimandroso.  Au Sud par la commune  A l’Est par la commune et Manandriana.  A l’Ouest par la commune Ambatolahy Tsimahafotsy La commune compte 22 fokotany regroupés en trois arrondissements dont :  Ambohimanga Rova constitué par neuf fokotany  Anosiarivo composé de cinq fokotany  Manankasina pourvu de huit fokotany

I-2 Analyse conceptuelle

1-2-1 Le développement durable : une affiliation géographique Le développement durable est un concept né au début des années 80. Une analyse historique permet une bonne compréhension de ce concept. Le développement durable s’inspire de l’écodéveloppement. Vers les années soixante-dix, la dégradation de l’écosystème par la croissance économique a été constatée. Les scientifiques ont tiré une sonnette d’alarme face à la limite d’un mode de croissance épuisant les ressources naturelles et reléguant une grande partie de l’humanité dans la pauvreté. A l’instar du club de Rome qui a eu le slogan « croissance 0 », une remise en question de ce mode de croissance destructeur de l’écosystème a été prônée. En 1972, le Sommet des Nations unies sur l’environnement à Stockolm met en garde la communauté internationale sur l’épuisement des ressources naturelles, ainsi la notion d’écodéveloppement” naît. L’écodéveloppement qui par définition est le développement des populations par elles-mêmes, utilisant au mieux les ressources naturelles, s’adaptant à un environnement qu’elles transforment sans le détruire5. La dérive de l’écodéveloppement vers le développement durable est traduite par la soumission du rapport intitulé : “notre avenir commun” à l’Assemblée générale des Nations unies en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement. Ce rapport définit la notion de développement durable comme un type de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre les capacités des générations futures de répondre aux leurs. Les États et les acteurs socio-économiques reconnaissent la nécessité d’évolution des modes de développement. C’est la Conférence des Nations Unies sur

5 Blanchon David et al, 2009, « comprendre et construire la justice environnementale », Annales de géographie, 2009/1 n 665-666, p.35-60

7 l’Environnement et le Développement ou Sommet de la Terre de Rio en 1992 qui consacre pleinement le terme de développement durable. Le rapport entre la géographie et le développement durable peut être analysé comme suit : le pilier du développement durable est basé sur une interrelation entre le social, l’économie et l’environnement d’une façon à former un système. Pour être durable, ce système doit être : - économiquement viable : implique une économie suffisamment forte et perdure en utilisant les moins de ressources naturelles ; - socialement équitable : c'est-à-dire une partage des richesses dans une logique d’équité à deux dimensions, verticalement entre les générations et horizontalement entre les sociétés concernées ; - vivable en termes d’environnement : ce qui implique la gestion rationnelle des ressources naturelles et la sauvegarde d’un milieu de vie sain aussi bien pour les générations actuelles que pour les générations futures. Ce système évoque d’abord une relation entre l’homme et la société, puis une idée de durabilité dans cette relation. Selon Vincent Clément6 l’approche géographique s’est fondée sur des concepts qui reposent sur différentes façons d'aborder le rapport entre les sociétés et l'environnement, il stipule que « les thèmes les plus classiques de la géographie insiste en effet sur les relations les plus durables entre les sociétés et leur environnement ». Aussi, on peut conclure une affiliation entre la géographie et le développement durable.

1-2-2 Le territoire : vécu, administré et socialement construit Étymologiquement le mot "Territoire" est emprunté au latin "Territorium". La définition du territoire varie suivant les disciplines, l'angle d'approche et l'époque. Si en éthologie le territoire est la zone d’habitat d’une espèce, l’économie le défini plutôt comme une concentration spatiale d’activités économiques et pour la science politique c’est une portion de l’espace délimitée pour exercer un pouvoir. L’utilisation du territoire dans le vocabulaire géographique est récente. Quelle que soit l’approche du concept, un territoire implique l'existence de frontières ou de limites. La définition de la géographie humaine est plus convenable à ce thème de recherche où le territoire est défini comme un espace délimité où

6 Article intitulé « le développement durable : un concept géographique » par Vincent Clément, 'maître de conférences à l’ENS de Lyon, Laboratoire de BioGéo dans http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/transv/DevDur/DevdurScient.htm

8 une communauté humaine exerce son autorité7. Ainsi on peut donner trois significations selon la manifestation de ce rapport entre la société et son milieu: - le territoire vécu : étendue de la surface terrestre sur laquelle vit un groupe humain. Cette notion privilégie plutôt les notions d'usage, d'appropriation, d'identification, de pratiques individuelles ou collectives, d'aire d'influence… Il renvoie à un fonctionnement. - le territoire administré : une structure sur laquelle s’exercent une autorité, une juridiction. Cette définition s’affère plutôt à l’organisation, en focalisant sur les règles d'usage, de gouvernance, d'autorité, de compétence institutionnelle et de politique - le territoire construit socialement ou territoire de projet: territoire où un collectif se mobilise autour d’un projet de développement et met en commun des ressources nouvelles afin de mettre en œuvre des actions. Pour donner une clarification à la notion d’ancrage territorial du développement durable, une explication du développement territorial s’avère nécessaire. Le développement territorial est défini comme la totalité des processus se déroulant dans un espace donné, notamment dans les domaines du milieu bâti, de l’économie, des transports et de la gouvernance. Ceci implique une interaction avec le milieu naturel, la société et les acteurs économiques. La dimension spatiale est en avant-plan quand on parle de développement territorial. C’est ainsi donc une notion globale et dynamique recouvrant l’ensemble des processus spatiaux (événements, évolutions), qu’ils soient voulus ou orientés politiquement ou qu’ils se déroulent pour ainsi dire d’eux-mêmes. Le développement durable du territoire est un développement compatible avec les principes du développement durable suscités.

7 Melissa CHAZERAND,Sonia PIETRE,2003« L’approche territoriale de la politique publique de l’habitat : l’exemple de Picardie », Mémoire de DESS Université de Paris 8,290p

9 CHAPITRE II DEMARCHE DE RECHERCHE La démarche adoptée lors de la réalisation de cette étude est la démarche déductive et comporte deux grandes étapes biens distinctes. La première étape permettait de cerner le sujet, de déterminer les hypothèses et d’identifier les approches terrain à adopter, la deuxième se focalisait sur la réalisation des travaux de terrain et l’exploitation des donnés.

2-1-Imprégnation dans le thème et emprise de la zone d’étude Deux étapes bien distinctes ont permis de cerner ce travail de recherche au préalable. La phase documentation et la participation aux ateliers sur le développement durable ont permis de mener des réflexions par rapport au cadre de travail. L’objectif, les problématiques et les hypothèses ont été définis après ces étapes.

2-1-1 La documentation et la détermination des hypothèses La phase documentation consistait à consulter les documents parlant du site de recherche et du sujet traité. On peut distinguer trois types : les ouvrages, les articles et les bases de donnés cartographiques. Les documents ont été obtenus depuis les sources suivantes : -bibliothèques universitaires dont principalement la bibliothèque du département de géographie et la bibliothèque de l’ESSA Agro -les centres de documentation des institutions concernées par le thème de recherche dont ceux du : MEEMF, MID, OSCAR et IMV -les sites web publiant des articles thématiques à l’instar du site geoconfluence et le site des revues du développement durable -le siteweb google earth pour les bases de données cartographiques -les cours en salle pendant le premier semestre en Master 2 2014-2015 Les ouvrages consultés sont classifiés en deux types : - les ouvrages généraux sont les documents fournissant des informations globales ou des donnés sur la région dans lequel se trouve le site - les ouvrages spécifiques sont ceux qui fournissent des informations précises par rapport au thème de recherche proprement dit ou parlent du site dans différents domaines : économiques, sociales, environnementales, administratives...

10 Quatre des documents consultés sont privilégiés car ils ont fourni une analyse fortement liée au thème de recherche :  Magali (B) et al, 2006, « Projet territoriaux de développement durable et Agenda 21 Locaux », Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable, Paris, France, 36p Ce document fournit des cadrages pour les actions de développement durable au niveau du territoire. Il sert d’orientation de base pour cette étude dans la mesure où il développe l’importance et les principes généraux d’un diagnostic du territoire pour le développement durable. Les auteurs développent les principes fondateurs du développement durable sous forme de finalités essentielles, des principes qui sont à considérer depuis la phase diagnostic jusqu’à la formulation des actions à entreprendre. Ces finalités sont entre autre : la lutte contre le changement climatique, la préservation du milieu de vie et des ressources, l’épanouissement de chacun et la solidarité entre tous les êtres humains et entre les territoires. Les auteurs réitèrent l’importance de concilier ces principes fondateurs avec les enjeux propres du territoire, ces derniers qui serviront par la suite à la conception des orientations stratégiques. L’enchainement de la démarche de diagnostic territorial pour le développement durable décrit au sein dudit document peut être résumé comme suit : - Repérer et spatialiser les richesses et les faiblesses de tous ordre au regard d’un développement durable - Comprendre les relations qui s’établissent entre les différentes dimensions - Mettre en évidence la transversalité nécessaire pour enfin définir les enjeux du territoire  Romica Buta, 2007, « the SWOT analysis in geographical research, with applicability in the study of human settlements from Moldova Valley (Baia-Draguseni Sector) »,248 p Cet ouvrage montre un exemple d’application de l’analyse SWOT ou FFOM dans une recherche géographique. Il s’agit d’une étude géographique du développement durable d’une zone rurale. L’auteur définit l’analyse FFOM comme un outil d’analyse stratégique. Un outil qui combine l’étude des forces et des faiblesses d’une organisation, d’un territoire, d’un secteur…avec celle des opportunités et des menaces afin d’aider à la définition d’une stratégie de développement. La valeur de l’analyse SWOT consiste dans le fait qu’elle est une méthode intuitive d’organisation d’une grande quantité d’informations et de données. Elle a une large applicabilité. L’auteur souligne qu’elle est extrêmement utile pour les études géographiques, surtout pour celles qui s’occupent de l’analyse socio économique, de l’environnement, de la

11 population, de la planification du développement du territoire et des études géographiques complexes

 Claude Veith et al, 2013, « pourquoi investir dans le développement durable des montagnes?», FAO, 73p Cet ouvrage analyse la spécificité des sites montagneux sous diverses dimensions. Ambohimanga est un site d’altitude et répond à bon nombre de spécificités développés par les auteurs de ce document. On peut les classifier en trois :  en termes de potentialités : - les montagnes emmagasinent les eaux de pluie et constituent ainsi des châteaux d’eau mondiaux. Elles procurent l’eau douce pour l’usage domestique ou l’irrigation ; - les populations montagnardes sont connues pour leurs traditions et pratiques uniques, qui contribuent sensiblement à la diversité ethnique, culturelle, linguistique et religieuse mondiale ; - dans le monde entier, les montagnes incarnent et reflètent souvent les valeurs, les aspirations religieuses et culturelles des populations ;  en termes de vulnérabilités - le gradient altitudinal fait de leurs sols et leurs couvertures végétales fragiles - les climats montagneux sont susceptibles de varier considérablement d’une année à l’autre, d’une saison à l’autre, à différente altitude et sur des pentes ayant des expositions différentes.  en termes d’approche du développement - la complexité du système montagneux nécessite des approches holistiques, participatives et intégrées qui tiennent compte de tous les aspects de la viabilité  Charlotte Liliane Rabesahala, 2006, « Ambohimanga Rova-approche anthropologique de la civilisation merina », 396 pages Cet ouvrage est spécifique de la zone d’étude. Par rapport à l’aspiration actuelle d’optimiser les ressources pour tenter de sortir du sous-développement et à entrer dans le développement durable, l’auteur suscite qu’Ambohimanga Rova a connu une politique économique efficiente au service du bien-être et de la solidarité de la société dans son histoire. Lieu de résidence royal et capital sacré depuis l’époque du Roi Andrianampoinimerina, Ambohimanga a bénéficié de l’aménagement des terres agricoles dans le but d’éradiquer la

12 famine et de la valorisation rationnelle des produits forestiers pour la construction et la pharmacopée. On peut illustrer quelques grands aménagements mis en œuvre à cette époque : - la collecte et la canalisation des eaux de ruissellement à travers les « hadi-vory », afin que l’eau soit disponible aussi bien en amont pour les usages domestique qu’en aval pour l’irrigation des terrains de cultures -la culture du riz de saison avancée, initiée par le roi Andrianampoinimerina dans le cadre de la lutte contre la disette, une pratique impliquant une performance technique qui allie travail minutieux et connaissance précise des sols et de la pluviométrie -l’aménagement des bassins et des étangs pour permettre aux usagers d’accéder facilement à l’eau. Ces héritages historiques de l’aménagement de l’espace doivent être considérés dans l’analyse de la situation actuelle du territoire. Cette phase de documentation approfondie a permis de dégager les hypothèses. Si on se réfère à la démarche de diagnostic territorial préconisé par le premier document analysé ci- dessus, les hypothèses sont identifiées à partir de la réflexion sur les forces et les faiblesses du territoire, ainsi on peut déduire les suivantes :  Le milieu naturel, le capital humain et les patrimoines culturels constituent des atouts pour le développement durable du territoire  La gouvernance et le système socio-économique sont fragiles La documentation a été enrichie tout au long de la recherche selon les besoins. Par ailleurs, deux difficultés ont été rencontrées lors de la recherche bibliographique. La disponibilité des documents relatifs au thème posait problème, autrement : - les documents traitant l’analyse territoriale à Madagascar sont rares - concernant la zone d’étude, la plupart des ouvrages se cantonne sur l’histoire de la colline royale ; conséquemment, il a été difficile d’appréhender la multi facette d’Ambohimanga.

2-1-2 La phase pré-terrain Une fois les hypothèses sont définis, une phase pré-terrain a été effectuée afin d’apprécier de visu l’organisation générale de l’espace. Le pré-terrain a duré trois jours et s’est déroulé au milieu du mois d’août 2015. Les outils utilisés lors du pré-terrain sont principalement les images satellites et le fond de carte du FTM. Il s’agissait d’effectuer une visite de courtoisie auprès des autorités locales et une observation directe des différents types

13 d’aménagement de l’espace dans les 22 fokontany. Le pré-terrain a révélé qu’on peut regrouper les fokontany en deux zones selon les caractéristiques de l’aménagement : - Une zone en voie d’urbanisation (zone I) caractérisée par :  la diversification du bâti, allant des constructions précaires aux architectures modernes ;  la faible proportion des terrains de culture - Une zone à caractère rurale (zone II) dont l’aménagement est plus homogène, prédominé par les bâtis de type traditionnel et le paysage agraire.

Photo N o1 : La différence entre la zone 1 et la zone 2

La zone 2 conservant l’aspect d’un espace rural. Un paysage

dominé par les terroirs agricoles

La zone 1 un espace en voie de

mutation

Source : Clichés de l’auteur, Aout 2015

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Carte No 1 : Le zonage

Source : BD 500, google earth 2012, arrangement de l’auteur Octobre 2015

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Tableau No3 : Nombre de ménage dans chacun des fokontany Nombre de Fokontany ménage Ambohimanga 200 Ambodisiarivo 233 Anosiarivo 141 133 Imanja 54 Ambohitrandriamanjaka 144 Soamonina 77 Total 982 Source : composition de l’auteur Le nombre exact de ménage ne figurait pas dans les documents consultés. Par ailleurs, on avait le nombre de population dans chaque fokontany avec la taille moyenne de ménage qui est de 6, ainsi on a calculé le nombre de ménage a partir de ces données disponibles. L’établissement de l’échantillonnage ne doit pas nuire à la qualité et à la véracité des informations à collecter. Ainsi, il doit être réfléchi d’une manière à tenir en compte le nombre total de ménage et les différentes classes sociales. Le nombre total de ménage dans les 7 fokontany est de 982, ainsi le taux d’échantillonnage choisi est de 10% ce qui donne 98 ménages. L’enquête proprement dite a été menée auprès d’une personne par ménage, aussi 98 personnes ont fait l’objet de l’enquête.

2-2-2 La réalisation des travaux de terrain- l’exploitation des données et la rédaction

a. La réalisation des travaux de terrain Les travaux de terrain ont duré un mois et se sont déroulés durant le mois de Septembre 2015. Le pointage par GPS a été effectué afin de collecter des données georeferencées. En plus des travaux d’enquête menés auprès des ménages et des personnes ressources, un focus group aussi a été organisé grâce à la collaboration avec le consultant du Bras-Panon8. Une réunion des paysans d’Ambohimanga organisée par le consultant était une opportunité de regrouper tous ceux qui viennent des 7 fokontany choisis. L’objectif est d’obtenir des informations supplémentaires et de lancer une discussion par rapport aux problèmes fréquemment reçu lors des travaux d’enquête.

8 Dans le cadre du jumelage de la commune d’Ambohimanga avec la commune de Bras-Panon, un consultant est mandaté pour la mise en place des organisations paysannes 18 Photo No1: De l’enquête au focus group

Enquête d’une paysanne à Ankazobe

Focus group avec les paysans représentants de la zone 2 à Ambodisiarivo

Source : Cyprien, Septembre 2015

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Les travaux de terrain ont permis de : - collecter les données quantitatives et qualitatives manquantes sur la commune lors de la phase documentation - comprendre les différents secteurs d’activités de la population locale - cerner le système de production des paysans - appréhender l’état des lieux de la gouvernance locale

b. L’exploitation des données Afin que les données collectées puissent être analysées sous forme de résultat, l’exploitation des données est nécessaire. Cette phase devait être précédée par des travaux de traitement. Dans l’ensemble, on a eu recours au logiciel informatique pour traiter une partie des informations obtenues. C’est le logiciel Excel qui a été utilisé. Le traitement comportait 3 phases: - La conception d’un tableau excel contenant la liste des questionnaires - Le saisi des réponses par fiche d’enquête - L’édition des tableaux croisés dynamiques qui sont des résultats par thématiques et synthétiques Après la phase traitement, l’analyse des données en vue de la production des supports iconographiques a été effectuée. Afin d’y procéder, on considérait aussi les informations reçues lors de la recherche documentaire. Les données qui peuvent être représentées sous forme de carte, de tableau et de figure sont les concernées. Ainsi, les données qui évoquent une analyse spatiale sont classifiées en vue de la conception des cartes ; les autres sont regroupées pour la conception des tableaux et de figure. Les données qui ne concernaient pas la conception des supports iconographique sont rassemblées afin d’être exploitées dans l’analyse des supports. Concernant les photos prises, on a dû sélectionner seulement celles qui sont pertinentes en termes d’illustration d’un travail de recherche. Le logiciel ARCGIS a été utilisé dans la réalisation des travaux cartographiques et permettait d’effectuer les calculs des données georeferencées.

20 CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE Bref, la faute d’ancrage territorial constitue une des lacunes dans l’expérimentation du développement durable à Madagascar. La prise en compte de cette dynamique territoriale apparaît dans la PND et fait partie de l’une des axes d’intervention de la Direction Générale de l’Ecologie ; le diagnostic territorial est primordial en amont de toute démarche. Ambohimanga Rova, une commune rurale limitrophe de la ville d’Antananarivo est un espace à vocation multiple. Elle est caractérisée par une panoplie d’héritage culturel, un paysage collinaire et où l’aménagement agricole marque l’occupation du sol. Ainsi, mérite-t- elle une attention particulière. Les concepts de développement durable et du territoire relèvent l’intérêt géographique. Le développement durable un concept basé sur l’harmonisation des dimensions sociales, économiques et environnementales afin d’assurer l’épanouissement de la génération actuelle et celle du futur ; ce concept répond a un des objectifs de la géographie qui est d’étudier la relation entre la société et son milieu. Le territoire, un concept couramment utilisé dans la géographie moderne et défini comme un espace délimité où une communauté humaine exerce son autorité. La démarche effectuée se résume comme le suivant : une recherche documentaire et des travaux de pré-terrain permettant de cerner le sujet et d’apprécier d’une manière générale la zone d’étude. Les documents consultés ont fournis des cadres de référence, des connaissances et des principes de base constituant le fondement de cette recherche. Le pré- terrain a mené vers l’adoption d’un zonage. Les travaux de terrain se sont manifestés à travers des travaux d’enquête ménage, des entretiens des personnes ressources et du focus group. Après des travaux de traitement, les résultats thématiques et synthétiques obtenus sont classifiés afin d’élaborer les supports iconographiques et d’opter dans la phase de rédaction.

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DEUXIEME PARTIE :

PRESENTATION ANALYTIQUE DES RESULTATS DE RECHERCHE

22 CHAPITRE III: DES RESSOURCES VALORISABLES POUR UN DEVELOPPEMENT TERRITORIAL

Par définition, les ressources sont l’ensemble des moyens utilisables pour créer une richesse. En termes de développement durable, elles doivent être gérées d’une manière rationnelle afin de permettre un développement en faveur à la fois des générations actuelles que des générations futures. A Ambohimanga, les ressources comprennent: le milieu naturel, les patrimoines culturels et le capital humain. En tout, elles constituent les forces du territoire

3-1 – Un milieu généralement propice

3-1-1 La topographie et le sol : des éléments valorisables

a. La topographie Ambohimanga, fait partie des hautes terres centrales et présente les grands aspects du paysage du socle ancien. Le paysage d’Ambohimanga est caractérisé par la succession de collines et de bas-fond. Selon la carte N 2 l’altitude varie entre 1250m et plus de 1500m. On peut distinguer 2 zones altitudinales : - la zone d’altitude moyenne entre 1250 m et 1350m - la zone de hautes collines supérieur à 1350m et culmine jusqu’à 1550m La topographie est favorable à différents types d’aménagement à caractère économique. La zone comprise entre 1250m et 1350m offre une possibilité d’aménagement agricole. Cette zone comprend la plaine marécageuse, les fonds de vallée et les versants. La plaine est principalement localisée dans la partie Sud Est avec une structure très plane. Les vallées sont moins encaissées, ce qui offre une forte proportion de bas-fond aménageable. Pour l’aménagement en terrain de culture, la plaine et les fonds de vallée sont faciles à aménager vu leurs formes plus ou moins aplanies. Les versants de colline sont aussi aménageables sous- forme de terrasse agricole et offre un vaste pâturage pour les bétails comme le cas à Ambohimarina avec 3ha de terrain de pâturage. La mi-pente est favorable pour la pisciculture : dans cette zone l’étang ne risque pas d’être submergé vu l’élévation altitudinale ; sa position en moyenne altitude est assez proche de la nappe phréatique, aussi la mise en place d’un étang y est plus facile que dans les plaines marécageuse gorgées d’eau. La zone de moyenne altitude prédomine avec une superficie totale de 5133ha. La zone d’habitation dans cette partie occupe 121ha aussi on peut déduire 5012ha de surface cultivable. Si les hautes collines couvrant 525ha s’avèrent plus difficile à aménager en terrain de culture, elles offrent pourtant l’opportunité du développement des activités récréatives comme les trekkings, avec la vue panoramique et l’air frais qu’elles offrent. Toutefois,

23 l’altitude en elle seule n’est jamais un blocage pour le développement agricole, de nombreux ouvrages parlent de la réussite de l’agriculture montagnard, à l’instar de Thomas Kohler et al, 20139 qui analyse les facteurs de réussite de l’agriculture en altitude dans différentes régions montagneuses du globe. Les autres éléments du milieu naturel comme le sol déterminent la possibilité ou non de l’agriculture suivant l’élévation altitudinale.

b. Le sol La carte No3 illustre les différents types de sol à Ambohimanga. On distingue 2 types de sol: -le sol ferralitique rajeunis enrichis en minéraux peu altérable, localisé dans les versants et les sommets de colline : c’est un sol de faible porosité et caractérisé par des horizons superficiels riches en argiles. A profondeur moyenne, l’horizon limoneux BC ou C est riche en minéraux primaire. Cet horizon présente un changement de couleur très marqué lors du passage du sol de l’état sec à l’état humide -le sol ferralitique rajeunis hydromorphe ou sol des bas-fonds dont la structure est décrite par J-F Vizier et al10 comme suit :  Un horizon superficiel « colluvio-anthropique », argilo-limoneux, humifère de 30 à 80 centimètre d’épaisseur dont les facteurs analytique varient légèrement de l’amont vers l’aval  Sur environ un mètre d’épaisseur, un horizon organo-minéral discontinu reposant sur une tourbe finement fibreuse et spongieuse avec des passés limono-organiques D’après R Battistini, 1986, les sols ferralitique sont des sols ordinaires pour des sols tropicaux, s’ils sont déficitaires en acide phosphorique, leur teneur en azote est pourtant bonne. Les sols ferralitiques rajeunis enrichis en minéraux peu altérable ont de bonnes propriétés physiques, ils sont peu compacts, très poreux et bien pénétrés par les racines. Les sols des bas-fonds ont aussi un niveau de fertilité généralement satisfaisant surtout quand l’oxydoréduction est faible. Ainsi, les sols d’Ambohimanga que ce soit celles des versants ou que soient celles des bas-fonds sont assez propices à la pratique culturale.

9 Thomas Kholer et al,2013, “Mountain Farming is Family Farming”,98 pages 10 VIZIER J-F et al, 1990, « l’agronomie tropicale : étude physico-chimique des sols d’un bas-fond sur les hautes terres de Madagascar, conséquences pour la riziculture »,Edition ORSTOM,177p

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Carte No3 : Topographie et réseau hydrographique

Source : BD 500 FTM et arrangement de l’auteur Octobre 2015

25

Carte No4 : les différents types de sol

Source : BD 500 FTM et arrangement de l’auteur Octobre 2015

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3-1-2-Le climat, le réseau hydrographique et la végétation : des éléments à fonctions multiples

a. Le climat La température et la précipitation façonnent le milieu physique et commandent la répartition géographique des plantes et des espèces cultivées. Ambohimanga appartient au domaine du climat tropical d’altitude. Deux saisons bien distinctes caractérisent le climat : une saison chaude et pluvieuse et une saison sèche et fraiche. Le mois d’octobre est le début de la saison pluvieuse, mais pendant les cinq dernières années, il ne commence à pleuvoir qu’a partir du mois de Novembre. Il en est de même pour la saison fraiche, actuellement ca ne se ressent qu’à partir du mois de juin si R Battistini et Al, 1972 a précisé le début de la période hivernale vers le mois d’Avril. Tableau N 4: Température moyenne (T en C) et précipitation (P en mm) Janvier- Décembre 2014 Mois Jan Fév. Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Sept Oct Nov Déc P 287,8 251,3 71,3 0 2,1 0,8 13,0 1,4 1 ,1 5,2 161,1 290,6 T 22,5 22,3 21,85 20,7 18,4 17,1 31,7 16,6 17,7 21,9 22,45 22,8 Source : Direction Générale de la météorologie L’importance et la répartition des pluies déterminent les vocations agricoles et les types de cultures au même titre que le sol. La potentialité offerte par le climat peut s’expliquer comme suit : - L’importance de la quantité de pluie du novembre à mars permet la disponibilité suffisante de ressources en eau pour l’agriculture dont particulièrement les cultures pluviales - L’existence de mois sec, avec une faible précipitation permet d’avoir la quantité d’eau optimale, sachant que l’excès d’eau peut aussi troubler le cycle végétatif, inonde les bas-fonds et favorise l’érosion. - La température moyenne annuelle qui est de 21oC satisfait le besoin en chaleur d’un bon nombre de culture comme le riz

b. Les ressources en eau Les ressources en eau sont des ressources vitales. A Ambohimanga, l’eau est utilisée pour diverses finalités : la consommation, l’usage domestique, l’irrigation. Le réseau hydrographique est marqué par l’existence de deux rivières permanentes dont Mandakely à l’Est et Imamba à l’Ouest. En tant que zone montagneuse, Ambohimanga bénéficie aussi des

27 différentes sources localisées sur les flancs de collines. Jusqu’ici, ces sources n’ont pas encore été inventoriées, aussi on n’a pas leurs nombres exacts. Lors des travaux de terrain, on a recensé 4 dont 3 sont localisés dans les Doany. Les eaux de source, qui a part leur contribution dans l’agriculture procurent des eaux potables sans traitement, d’origine souterraine, elles sont microbiologiquement saines et préservées des pollutions d’origine humaine. Par ailleurs, elles sont aussi perçues à Ambohimanga comme eau sacrée, source de bénédiction.

c. La couverture végétale Même si Ambohimanga n’est pas pourvu de couverture forestière, l’occupation du sol est marquée par la présence de couverture végétale, le sol y est moins dénudé11. La végétation est peu soumise à la pression humaine, elle est dominée par : -la formation de savane et de pseudo steppe : c’est la formation la plus dominante rencontrée depuis les bas de pente. Un tapis herbacé continu sans repos saisonnier bien net. -les pins : situés à mi-pente. Ces ligneux sont témoins des travaux de reboisement effectués au niveau de la commune -la relique de forêt sempervirente : localisée sur la colline royale, elle recouvre une douzaine d’ha. Le résultat de la préservation de cette forêt est marquée par la présence nette de trois strates : arborée, arbustive et un tapis végétal. Même si une partie de la formation primitive a disparu, de nombreuses essences endémiques précieuses y subsistent encore comme le: Craspidospermum verticallatum ou Vandrika. Ces formations végétales bien qu’elles soient sous forme de ligneux ou bien de tapis herbacé, jouent des rôles écologiques majeurs. Dans une topographie accidentée comme celle d’Ambohimanga, cette présence plus ou moins importante des couvertures végétales en amont est très cruciale. Les végétations de par leurs systèmes racinaires diminuent l’effet du ruissellement et évitent l’érosion en ravine comme les Lavaka. De plus, Ambohimanga constitue un sous-bassin versant, aussi il faut souligner le rôle des couvertures végétales dans la purification et la rétention des eaux de surfaces et souterraines.

11 Cf Annexe 1 : Carte de la couverture végétale 28 3-2- Des sources de valeur ajoutée pour le territoire

3-2-1 Le capital humain et la force des originaires

a. Une population active Ambohimanga abrite 17763 de population totale, avec 6179 de sexe masculin et 5713 de sexe féminin. L’effectif maximal est enregistré à Ambodisiarivo avec 1400 habitants, Imeritsiafindra est le moins peuplé avec seulement 258 habitants.

Figure No1: Effectif par tranche d’âge

2500

2000

1500

1000 Effectif

500

0 0 à 4 5 à 9 10 à 15 16 à 19 20 à 24 25 à 29 30 à 34 35 à 39 40 à 45 45 à 49 50 et +

Source : composition de l’auteur à partir des donnés du PCD

Cette figure montre la jeunesse de la population. La tranche d’âge de 5 à 15 est la plus élevée. La population âgée de plus de 50 ans est minoritaire. La tranche de 20 à 34 ans est importante, cette tranche représente l’effectif de la population d’âge actif. Ambohimanga est alors doté de forces vives, sources de productivité.

b. Un territoire rehaussé par ses originaires  Une population rattachée au territoire : parlant de la composante de la population, les originaires sont fortement majoritaires et descendent en grande partie des Tsimahafotsy. Ces derniers composaient la grande communauté d’Ambohimanga durant l’époque royale. Dans la zone II, toutes les personnes enquêtées sont tous originaires d’Ambohimanga. C’est dans la zone I qu’il y a une diversification. 70% des personnes enquêtées sont originaires d’Ambohimanga, 25% sont originaires des autres communes ou régions et 5% sont des étrangers. Même si l’origine des populations est diversifiée dans la zone I, la part des originaires d’Ambohimanga est de loin plus importante puisqu’elle représente encore 70% de la population dans cette zone. Ce rattachement des originaires est un atout dans la préservation des ressources naturelles et culturelles. Les originaires sont des gardiens du territoire.

29  Les savoirs-locaux témoins du rattachement territorial de plusieurs siècles La plupart des activités actuelles de la population est la conséquence d’une transmission des savoirs locaux de génération en génération. Elles témoignent le rattachement des originaires au niveau de leurs territoires. Les savoirs locaux qui par définition sont les connaissances, le savoir-faire et les philosophies développés par des sociétés ayant une longue histoire avec leurs territoires. Ces savoirs locaux constituent des héritages culturels symboles de l’identité locale. Selon la carte No5 on a quatre domaines d’activités héritées: l’agriculture, la tannerie, la broderie, la dentellerie et la préparation du Koba - L’agriculture d’Ambohimanga et son histoire : l’accroissement de la population d’Ambohimanga vers 1872 suscitait une bonne organisation de l’espace. La maîtrise de l’eau à travers la mise en place d’un système hydraulique (canalisation, bassin de rétention…) et l’agriculture se développait. L’agriculture reste actuellement la principale activité économique de la population. Les connaissances actuelles en la matière sont généralement héritées et donc d’origine traditionnelle. - Le marché d’Alakamisy à l’origine des arts et des métiers : d’après un grand originaire d’Ambohimanga, les populations ont pu acquérir des savoir-faire comme la tannerie ou bien la préparation du Koba suite à l’existence du marché d’Alakamisy, un des marché hebdomadaire du royaume Merina. Le marché, centre de l’offre et de la demande faisait développer l’esprit créatif et l’apprentissage afin de fournir une variété de produits à vendre. La broderie et la dentellerie se développaient aussi pour satisfaire les demandes accrues dans le marché d’Alakamisy, elles étaient introduites par les missionnaires protestants D’après l’UNESCO, les savoir-locaux constituent la base d’un développement localement adapté. Pour Ambohimanga, ces savoirs hérités est un atout pour un développement durable ancré à l’échelle territoriale

30 Carte No5 : Les activités héritées

.

Source : composition de l’auteur Octobre 2015

31 Photo No3: Un four traditionnel pour la cuisson du Koba à Imanja (en haut) et des peaux de zébu à transformer à Ambohitrandriamanjaka (en bas)

On ne peut pas parler de développement durable à Ambohimanga sans considérer les savoir-faire traditionnels des originaires, hérités de l’époque royale

Source : clichés de l’auteur, Septembre 2015

32  Les associations des originaires d’Ambohimanga, des acteurs du développement Plusieurs associations fondées par les grands originaires contribuent au développement d’Ambohimanga. Tableau No 3: les associations des originaires avec leurs activités respectives Associations Activités Terak’Ambohimanga Promotion culturelle Teraka Rainimarotafika Mamelomaso Préservation des patrimoines culturels Iarova Développement communautaire Mamelasoa Source : travaux de terrain septembre 2015 L’existence de ces associations influence la prise de décision en termes de développement au niveau local. Différents microprojets ont été mis en œuvre via le leadership des originaires.

3-2-2 Les patrimoines culturels : symboliques et économiques En termes de développement durable, les patrimoines culturels constituent des ressources non renouvelables qu’ils s’agiraient de sauvegarder et de valoriser. Ce sont à la fois des ressources symboliques, étroitement liées à la question de la mémoire et de l’identité et également une ressource économique en termes de revenu touristique. En tant que cité royale du 18ème et 19ème siècle, Ambohimanga loge une multitude de patrimoine culturel :  La colline royale située dans le fokontany d’Ambohimanga Rova : l’ensemble de la colline royale comprend le palais royal, des sites funéraires royaux et d’autres vestiges comme l’Andakana, le Fanasinana et l’Ambatomitsangana. La colline est érigée patrimoine culturel mondial le 04 Décembre 2001, une inauguration expliquée par trois critères : - elle est le symbole le plus significatif de l’identité culturelle du peuple malgache. - la conception, les matériaux et la disposition traditionnelle de la colline sont représentatifs de la structure politique et sociale de Madagascar depuis au moins le XVIe siècle. - la colline royale d’Ambohimanga est un exemple exceptionnel de lieu où, pendant des siècles, la mémoire, le rituel et la prière ont façonné une expérience humaine collective.

33 Depuis son inauguration patrimoine mondial, elle est gérée par OSCAR. L’inscription à l’UNESCO implique un engagement de l’état dans la préservation et la valorisation durable du patrimoine ; et favorise la visibilité du site au niveau international pour l’attraction des touristes. -Les Doany localisés à Ambatondradama, Mangabe et Ankazomalaza: ce sont des lieux de culte traditionnel, ils renferment des sources que les adeptes considèrent comme sacrées. Leurs présences immortalisent la religion traditionnelle malgache. Ils symbolisent l’identité culturelle non seulement d’Ambohimanga mais aussi de Madagascar. Ces patrimoines font d’Ambohimanga un pôle d’attraction. Une zone d’influence touchant à la fois le niveau national et l’échelle internationale. Les touristes étrangers se sont accrus depuis l’inscription de la colline en tant que colline royale. Les nationaux attirés sont ceux qui sont curieux de découvrir leurs propres patrimoines et aussi ceux qui sont des adeptes du culte traditionnel. Concernant les Doany, presque tous les visiteurs viennent des localités autres qu’Ambohimanga. Du point de vue économique, les guides locaux, les gardiens des Doany et les commerçants de diverses catégories sont les principaux bénéficiaires de la valorisation touristique de ces patrimoines. La variation saisonnière du nombre des visiteurs étrangers correspond à la saison touristique au niveau national. Pour les Doany, un accroissement important du nombre des visiteurs est remarqué lors des périodes de l’offrande qui sont la période de la pleine lune et le culte Alamahady Be.

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Photo No 4: le Doany d’Ankazomalaza(en haut) et l’Ambatomitsangana(en bas) à l’entrée de la colline royale

Les patrimoines culturels sont des ressources non renouvelables et des facteurs de développement à préserver

Source : clichés de l’auteur Septembre 2015

35 CHAPITRE IV : GOUVERNANCE ET SYSTEME SOCIO-ECONOMIQUE EN PERIL Bien qu’Ambohimanga dispose d’un milieu naturel assez propice et de différentes ressources valorisables pour un développement durable, la gouvernance locale, l’économie et le social constituent un système défaillant, blocage du développement. La bonne gouvernance est une transversalité permettant de rendre effective le triptyque du développement durable. Le grand défis de mettre en synergie l’économie, le social et l’environnemental ne peut avoir lieu en l’absence d’un mode de gouvernance efficace. Le problème de gouvernance locale à Ambohimanga se trouve principalement dans la gestion des ressources financières.

4-1 Gouvernance locale jalonnée par des anomalies

4-1-1- Défaillance de la gestion des ressources financières locales

a. Du contexte général La commune rurale d’Ambohimanga a une faible capacité d’investissement. Afin de mener une analyse objective, il faut partir du contexte général de la décentralisation à Madagascar. L’idée de promouvoir la décentralisation est liée au principe de l’efficacité administrative induit par ce mode d’administration territoriale. La décentralisation a trois objectifs dont : l’objectif administratif, l’objectif politique et l’objectif de développement. Ce dernier implique l’appropriation locale du développement à travers le transfert de compétence financière de l’état central aux CTD. Un transfert qui se traduit par la fiscalité locale et le financement décentralisé : -la fiscalité locale concerne la fiscalité à destination exclusive ou partielle des CTD, elle repose sur plusieurs types de prélèvement obligatoire dont les impôts, les taxes, les redevances, les droits et les ristournes. -le financement décentralisé consiste à transférer du crédit vers les CTD afin qu’ils puissent budgétiser et identifier leurs projets à mettre en œuvre, procéder à l’appel d’offre dans le cas de la mise en place d’infrastructures. Madagascar connaît encore actuellement une grande difficulté à mettre en œuvre d’une manière effective la politique de décentralisation. Les CTD ne jouissent pas pleinement des prérogatives qu’ils leurs sont dévouées en termes de développement. L’idée de faire des autorités locales des « maîtres » du développement de leurs territoires est encore une utopie. Les budgets alloués aux CTD sont encore décidés par l’état central à travers la loi de finance et ce malgré le fait qu’un bon nombre de ressources fiscales et parafiscales sont collectées au

36 niveau des CTD. Ce qui favorise la marge de manœuvre au niveau central, ne permettant pas aux CTD de bénéficier le budget qui leur est du.

b. Au contexte local Ambohimanga en tant que commune malgache est aussi soumise à cette pesanteur centralisatrice. En plus de ce problème lié au système de décentralisation, des problèmes de gestion des ressources au niveau même de la CTD sont à soulevés, le tout forme une capacité d’investissement piteuse. Ce problème d’investissement a été même suscité par l’adjoint au maire pendant l’enquête, « nos moyens sont minimes a tel point qu’on ne peut pas allouer les 20% pour l’investissement » a-t-il souligné. On peut considérer le pourcentage des projets réalisés par rapport à ceux proposés dans le PCD comme indicateur de cette faible capacité d’investissement de la commune. Le dernier PCD d’Ambohimanga a été élaboré en 2007, sa mise en œuvre a du être achevée en 2012. On est donc dans une période post –PCD depuis quatre ans alors que 19%12 des projets proposés dans le PCD seulement sont réalisés. La commune bénéficie, à la fois, d’une subvention de l’état et d’un pourcentage de 15% des recettes issues de la visite de la colline royale. Elle a aussi une forte potentialité d’attirer des partenaires financiers vu sa proximité de la ville d’Antananarivo. Aussi, on peut soulever un problème de gestion financière au niveau de la commune. Les problèmes se trouvent au niveau de l’affectation des fonds et au niveau du recouvrement. Puisqu’on n’a pas pu consulter le budget communal, on ne peut pas développer davantage le problème d’affectation des fonds. Par contre, on peut analyser le problème afférent au recouvrement. -L’impôt foncier, un potentiel mal-exploité : Ambohimanga en tant que commune périphérique de la ville d’Antananarivo est caractérisé par un phénomène de peuplement croissant, et ca même depuis 1960. Cet accroissement de la population va de pair avec l’accroissement des propriétés foncières. Aux environ de 100 permis de construire sont délivrés par an. Ce sont principalement les originaires aisés qui investissent dans l’achat de nouveau terrains et dans la construction de nouveaux villas, un phénomène qui symbolise aussi le rattachement territorial développé ci-dessus. L’accroissement des propriétés foncières suscite l’importance des impôts fonciers dont l’IFPB et l’IFT. Ce sont des impôts directs liés au patrimoine, ils constituent des ressources potentiellement considérable dans la mesure où les CTD bénéficient 100% des recettes. Pourtant, la commune n’arrive à collecter que 5% du taux à recouvrer :

12 Calculé à partir de la liste des projets du PCD et le résultat des travaux d’enquête Septembre 2015

37 -Concernant les autres ressources, la commune est souvent confrontée au refus des contribuables à payer. Comme le cas de la ristourne afférente aux produits agricoles, à la briqueterie et à l’exploitation des sables. Les contribuables se plaignent de leur incapacité à payer vu la faiblesse de leur revenu. Par conséquent, la commune se sent obligée d’annuler la perception d’une grande partie des ristournes, des droits et des taxes prévus.

4-1-2 Faiblesse de la prestation de proximité La mission principale des CTD est d’assurer l’offre de service public de proximité adéquat, répondant au besoin des usagers qui sont les populations locales. Du point de vu socio-économique, la prestation de proximité se traduit par la mise en place des infrastructures, la gestion post-investissement et la préservation d’un service de qualité. La faible capacité d’investissement de la commune ne permet pas la mise en œuvre « en bonne et du forme » de cette prestation de proximité.

a. Des fokontany cloisonés A Ambohimanga, la communication inter-fokontany est difficile à cause du mauvais état des pistes communales et la faute de transport en commun inter-fokontany.  Des pistes communales en mauvais état Les infrastructures routières desservant la commune sont classées en 3 catégories : - la route nationale N 3 vers reliant la ville d’Antananarivo et Ambohimanga - la RIP 51 reliant la RN3 au chef –lieu de commune - la piste communale reliant les 22 fokontany La RN3 et la RIP 51 ayant une longueur de 7,2km sont bitumées, tandis que la piste communale d’une longueur de 17,82km est en terre. Pendant la saison de pluie, une grande partie de cette piste n’est pas carrossable et font des fokontany agricoles des fokontany enclavés, ce qui rend difficile le transport des productions agricoles vers les marchés de la commune  Transport en commun inter-fokontany inexistant Le transport reliant Ambohimanga avec le centre-ville est monopolisé par la coopérative FIFIAVA dont le terminus se trouve à Ambohimanga Rova. Aussi, depuis Ambohimanga Rova, il n’y aucun transport en commun fonctionnel. Ce qui renforce l’enclavement des fokontany et la difficulté de transport des produits agricoles. Faute de transport en commun, les paysans utilisent la bicyclette ou les charrues pour transporter les produits agricoles vu

38 qu’ils n’ont pas le moyen d’acheter des véhicules à moteur. Ce système de transport archaïque occasionne une perte de temps et limite la quantité des produits transportés.

 le marché communal a une faible fréquentation Le marché d’Alakamisy a été construit en 2012 avec le fond FDL. Comme son nom l’indique, c’est un marché hebdomadaire. Il est mis en place afin de revivifier la réputation du marché qui comme on a déjà vu précédemment constituait un marché hebdomadaire très fréquenté durant l’époque royale. En tant que marché communal, Alakamisy est censé être le centre d’échange commercial entre tous les commerçants et les consommateurs venant des 22 fokontany. Or, faute de transport en commun et le mauvais état des pistes communales, les populations ne sont pas motivées à fréquenter le marché. Cette situation décourage progressivement les quelques commerçant actuels. Dans un futur proche, l’opérationnalisation de ce marché risquera d’être remise en cause vu le taux de fréquentation trop faible. A travers cette analyse on peut déduire que l’incapacité de la commune à réhabiliter les pistes communales et à offrir un service de transport adéquat pour le déplacement inter-fokontany se répercute dans la fréquentation du marché. Photo No5: Le Marché d’Alakamisy

Ce marché s’avère un investissement en vain, l’absence de transport collectif desservant les fokontany et le mauvais état des pistes sont à l’origine de sa faible fréquentation

Source : Cliché de l’auteur Septembre 2015 39 b. Les infrastructures sociales : existantes mais insatisfaisantes Afin de promouvoir l’équité sociale, la commune devrait miser dans l’offre de service de base en faveur des pauvres, principalement en termes d’AEP, de santé et d’éducation. Bien qu’Ambohimanga soit doté d’un bon nombre d’infrastructures sociales, les services offerts et les équipements ne sont pas satisfaisants. La vétusté et l’insuffisance des matériels et des équipements sont rencontrés à la fois dans les 22 EPP, le CEG à Avarakady et les CSB d’Anosiarivo et d’Ambohimanga Rova. Rajoutés par l’insuffisance des enseignants et des personnels médicaux. Pour le cas des bornes fontaines, bien que des efforts d’extension aient été déployés, le service ne répond pas au besoin de la population. Selon la carte N°6, les bornes localisées dans 4 fokontany : Antsahakely, Anosiarivo, Iavoambony et Ankazobe, ne sont plus opérationnelles suite aux factures impayées. Celles localisées dans le fokontany d’Ambohimanga ne fonctionnent que tous les 2 jours vu que le débit de l’eau est très faible et ne peut pas couvrir les besoins quotidiens des usagers. Le manque du budget d’investissement est aussi à l’origine de ces précarités du service public. La commune et ses entités de délégation ne peuvent pas assurer l’entretien des infrastructures et la pérennisation des services offerts.

40 Carte No6 : le service d’AEP

Source : travaux de terrain Sept 2015 et composition de l’auteur Octobre 2015

41 4-2 Un système socio-économique à problème

4-2-1 Des paysans perspicaces mais vulnérables et sous pression L’agriculture est la principale activité de la population de la commune. Dans la zone II tous les ménages enquêtés sont des agriculteurs. Seul à Imanja où les paysans, en plus de l’agriculture préparent aussi les « Koba ». Dans la zone I, il y a une diversification des activités mais la place de l’agriculture reste encore très significative. Le milieu naturel, la disponibilité des espaces aménageables et le savoir-faire des paysans permettent une production agricole assez bonne. Les terroirs agricoles sont diversifiés suivant la graduation altitudinale

a. La maîtrise paysanne du territoire : à chaque niveau altitudinal, son affectation Le mode d’appropriation des terres est de type traditionnel, les terres sont transférées de père en fils. Généralement, les paysans mettent en valeur leurs propres terres, toutefois on ne peut pas omettre quelque cas de métayage. Figure NO2 : les terroirs agricoles

Source : Composition de l’auteur, Octobre 2015

42 On a 4 types de terroirs agricoles : -Le bas-fond inondable ou « tanimbary » est gorgé d’eau durant la saison de pluie, aussi le riz de saison avancé est la seule saison de culture qui y est pratiquée. Le « tanimbary » existe à Ambodisiarivo seulement. -Le bas-fond drainable ou « anaty dobo » est marqué par la succession de riz pluvial et de culture maraîchère. Tous les fokontany de la zone II sont pourvus de bas-fond drainable mais c’est à Ambodisiarivo que ce terroir prédomine -Le bas de pente ou « tanin’anana » prédomine à Anosiarivo et Imanja, le terroir est caractérisé par la culture de légume feuilles (brèdes) et de cultures vivrières comme les patates douce -Le haut de pente ou « tanety » est beaucoup plus important à Ankazobe. Dans les autres fokontany, les paysans ne pratiquent que peu de maraîchage dans cette partie vu la difficulté d’accès à la nappe phréatique. Aussi, le tanety est privilégié aux cultures vivrières à l’instar du manioc et des patates douces. A Ankazobe, les cultures maraichères et vivrières y sont toutes les deux pratiquées vu l’existence de la source qui facilite l’accès à l’eau. Le savoir du paysan dans l’identification des cultures appropriées pour chaque niveau altitudinal fait d’Ambohimanga une des zones de production des légumineuses destinées aux communes périphériques et au centre ville. La production rizicole et vivrière sont destinées à la subsistance. La spéculation tournée vers le marché concerne les légumes, principalement le choux qui est cultivé selon un système intensif. La production pour la culture maraîchère est assez bonne, 3 camions de choux par jour sont collectés à Ambodisiarivo lors de la période de récolte. Pour l’haricot-vert, la saison de récolte s’étale pendant deux mois à Ankazobe. 10 kapoaka de petit pois semis permettent de récolter 250 kapoaka, la moyenne du rendement de l’haricot vert est de 2tonnes/ha

b. Des paysans sous pression et vulnérables Malgré cet aspect prometteur de l’agriculture en général et de la culture maraîchère en particulier, les paysans sont soumis à trois type de pression, celle de la part des collecteurs, celle de la part des vendeurs d’intrants agricole et celle induite par les aléas climatiques. - Le problème causé par les collecteurs se manifeste comme suit : plusieurs d’entre eux imposent une facilité de payement aux paysans, il arrive souvent que ces collecteurs refusent de payer le reliquat ; ils imposent aussi leur prix, quand la route est difficile d’accès le prix du choux peut descendre jusqu'à 50 Ar/pièce.

43 - La fluctuation du prix des engrais et des semences fait accroitre le coût de l’investissement. Par conséquent, les paysans sont dans le « gouffre financier » lors de la période de soudure - Les paysans, situés entre le marteau (les vendeurs d’engrais) et l’enclume (les collecteurs) ont une grande difficulté d’affronter la pauvreté. Une des conséquences de cette pauvreté est la vulnérabilité aux aléas climatiques. Chaque grand événement climatique à des fortes répercussions sur la vie paysanne du point de vu socio- économique. La pluie abondante au début de l’année 2015 a fait de cette année une année blanche pour les paysans : 703 personnes sinistrées, 500ha de rizières inondées et 8ha de cultures maraîchères détruites. Par conséquent, le bilan de la rentabilité de la culture pluviale a été négatif, la culture du riz précoce n’a pas été possible suite a cet échec post-culture pluviale, de plus la rizière a été inondée durant une longue période. La banqueroute des paysans se manifeste au niveau de la scolarisation des enfants. Nombreux enfants scolarisés l’année d’avant n’ont pas pu être réinscrits pour l’année scolaire 2015-2016. Le tableau No6 montre leurs effectifs par fokontany. Ce tableau révèle que la vulnérabilité de la population face aux aléas climatique concerne tous les fokontany. Toutefois, les fokontany situés dans les basses altitudes comme Ambodisiarivo sont les plus affectés. Tableau No6 : l’effectif des enfants non réinscrits pour l’année scolaire 2015- 2016 Fokontany Nombre d’enfant Ambohitrimo 12 Soavinandriamanitra 3 Ambohimanga 15 Avarakady 10 Ambohitrandriamanjaka 6 Fiekena 10 Imeritsiafindra 2 Ambohimarina 16 Manakasina 25 Vakinapasika 6 Ambohidahy 12 Soavinimerina 14 Malaza 10 Iavoambony 15

Mahatsinjo 20 Anosiarivo 2 Ambodisiarivo 35

Ambohimandroso 2 Soamonina 4

44 Imanja 2 Ankazobe 8 Antsahakely 10

Source : prospection menée par la commune Septembre 2015

4-2-2 Chômage déguisé et problème de valorisation des filières

a. Des paysans sans terre : chômeurs déguisés On a vu que dans la zone II tous les ménages sont des agriculteurs. Dans la zone I, il y a la part du secteur secondaire et tertiaire. La répartition des secteurs d’activités est comme le suivant : Figure No 3 : Répartition des secteurs d’activité dans la zone I

Agriculture associée avec d'autres activités Commerce Tourisme Artisanat Emploi hors territoire

17% 9% 52% 10%

12%

Source : travaux d’enquête Septembre 2015 A Ambohimanga le chômage déguisé prédomine. Les 52% sont majoritairement des paysans sans terres et/ou des anciens employés des zones franches périphériques et ils n’ont pas d’emploi fixe. Ce sont tous des originaires. Un paysan ne peut plus mettre en valeur sa terre ancestrale soit parce que la terre héritée est de faible importance et ne suffit pas à tous les descendants, soit la terre a été vendue .Comme développé auparavant, le travail de la terre est un savoir faire hérité, aussi, durant la courte période de culture et de récolte ils offrent leur main-d’œuvre dans les terres de la zone II. En dehors de cette période, ils optent dans les petits métiers à revenu infime comme le travail de ménage, le transport manuel des marchandises et les petits commerces.

b. Le problème de débouché au détriment des savoirs locaux Le problème de débouché concerne l’artisanat. - la tannerie : les activités relatives à la tannerie s’effectuent quotidiennement mais pas à plein temps. Auparavant, les artisans se contentaient de la transformation du cuir,

45 mais depuis quelques années ils optent dans la production de produits finis comme les bretelles pour les sacs en raphia, les sacs dames et ceintures fabriqués entièrement en cuir….Vu la fluctuation du marché, ils ne produisent que « sur commande » aussi bien pour les produits transformés que pour les produits finis. Les acheteurs sont des revendeurs : commerçants des marchés artisanaux, exportateurs….. Faute d’accès aux différents débouchés finaux, les artisans sont soumis aux impositions des acheteurs. Le prix d’un kilo de cuir fluctue entre 500Ar et 2600Ar, dépendant de la décision des acheteurs. Les revenus ne peuvent pas couvrir les dépenses quotidiennes, aussi les artisans pratiquent d’autres activités en surplus. - Broderie et dentellerie : depuis les 5 dernières années ces secteurs souffrent de la concurrence avec les produits importés. Ils reçoivent seulement 1 ou 2 commandes/an depuis les revendeurs. Ces savoirs ne marquent plus le quotidien des artisans. Aussi, la transmission du savoir vers les nouvelles générations n’est plus évidente. Le plus grand menace est la disparition totale de ces savoir-faire. Ces différents problèmes liés au débouché expliquent cette proportion faible des artisans qui est de 9% seulement - Le tourisme : malgré la présence de différents patrimoines culturels, les locaux impliqués au sein du secteur constituent 10% seulement. Le problème est lié au manque de promotion des autres sites et au manque d’infrastructure d’accueil. Les campagnes de promotion touristique d’Ambohimanga se cantonnent au niveau de la colline royale, aussi les autres sites sont faiblement visités par les touristes étrangers. De plus, il y a le manque d’initiative dans le développement des infrastructures d’accueil de qualité, principalement l’hébergement, couplé avec le niveau très bas des locaux en termes de connaissance linguistique. Conséquemment, une grande partie de la valeur ajoutée n’est pas conservée au sein du territoire : les touristes préfèrent l’hébergement en ville et les interprètes proposés par les agences de voyage. - L’agriculture : la carte No7 montre la dépendance de l’agriculture aux marchés hors- territoire.8% des produits agricoles seulement sont affectés aux marchés communaux, qui sont le marché couvert d’Ambohimanga Rova et le marché hebdomadaire d’Alakamisy. Ce ci est aussi lié au mauvais état des pistes communaux et l’absence de transport reliant les fokontany. Plus la destination est loin, plus le pourcentage des produits est fort. La proportion destinée aux marchés hors-territoire les plus proches est 22% tandis que 82% sont destinés aux marchés du centre-ville. Ce système de commercialisation favorise les collecteurs et porte atteinte aux paysans : les collecteurs viennent de loin et achètent les produits en masse. Les

46 paysans, faute de capacité et de moyen pour la transformation agro-alimentaire sont contraints de les vendre aux prix imposés par les collecteurs, ils ne peuvent pas conserver les produits.

Carte No7 : le flux de la commercialisation des produits agricoles

Source : composition de l’auteur Octobre 2015

47 CONCLUSION PARTIELLE

Le milieu naturel est assez favorable à l’aménagement agricole et au tourisme montagnard. La topographie permet une diversification culturale. Même si les sols ne sont pas d’une très bonne fertilité comme les sols volcaniques, ils ne sont pas hostiles. La succession des deux saisons contrastées chaude/pluvieuse et sèche/fraiche facilite la maîtrise des ressources en eau. Les deux rivières permanentes et les eaux de source procurent des eaux pour l’usage domestique et l’irrigation. Les couvertures végétales sont peu soumises à la pression anthropique et marquent l’occupation du sol d’une manière significative. A Ambohimanga elles jouent un rôle important dans la protection contre l’érosion, la conservation et la purification de l’eau dans le sous-bassin versant. Le capital humain est aussi un atout du territoire. L’effectif de la population d’âge actif est important. La population d’Ambohimanga est fortement rattachée au territoire et conserve divers savoir-faire. De nombreuses associations des originaires émergent et contribuent au développement. Ambohimanga est une ancienne ville royale, la commune est dotée de différents patrimoines culturels. Malgré l’importance de ces différents atouts du territoire, des problèmes liés à la gouvernance locale et au domaine socio-économique freinent le développement territorial. La défaillance de la gestion financière locale ne permet pas la capitalisation des ressources en faveur du développement territorial durable. La collectivité a une faible capacité d’investissement et ne peut pas assurer convenablement son rôle de prestataire de proximité. La précarité des pistes communales et l’absence de transport public cloisonnent les fokontany. L’agriculture en général et le maraîchage en particulier tiennent une place importante à Ambohimanga. Malgré le savoir-faire des paysans dans l’aménagement agricole et la production des légumineuses, ils sont soumis à différentes pressions. Le problème de débouché freine le secteur artisanal

48 CONCLUSION GENERALE Une planification territoriale doit partir d’une analyse approfondie afin de répondre aux finalités du développement durable. Le cas d’Ambohimanga est choisi pour cette étude géographique compte tenu de sa vocation multiple et sa proximité avec la ville d’Antananarivo. De plus, le dernier PCD d’Ambohimanga nécessite actuellement une mise à jour et la commune n’est pas encore dotée d’un SAC. Cette étude constitue alors un préalable pour les futurs documents de planification. L’intégration du développement durable dans cette étude se traduit par : l’analyse des forces et des faiblesses pour en déduire les enjeux, inspirée de la démarche de diagnostic territorial pour le développement durable en France. Les deux hypothèses avancées dans cette recherche sont : le milieu naturel, le capital humain et les patrimoines culturels constituent des atouts pour le développement durable du territoire ; la gouvernance et le système socio-économique sont fragiles. Le milieu naturel est assez favorable à l’activité économique, notamment l’agriculture, le tourisme montagnard, la production d’eau de source. La topographie permet la pratique de culture irriguée de bas-fonds, des cultures pluviales en terrasse pour les zones d’altitude moyenne. La réputation d’Ambohimanga en tant que commune productrice de légumineux est principalement liée à la fertilité du sol. Le climat tropical d’altitude à deux saisons contrastées facilite la gestion des ressources en eau par la succession d’une saison pluvieuse et sèche. Les deux rivières permanentes et les eaux de source constituent des ressources essentielles pour l’irrigation et l’adduction d’eau potable. La couverture végétale, caractérisée par une relique de forêts sempervirentes, des pins reboisés et une formation secondaire de tapis herbacé jouent des rôles écologiques dans la protection du sous- bassins versant contre l’érosion. L’importance en nombre de la population d’âge actif, le rattachement au sein du territoire d’une population talentueuse et le leadership des grands originaires composent les atouts du capital humain. Les patrimoines et les vestiges culturels symbolisent l’identité culturelle et constituent des sources de revenu touristique. Par ailleurs, la CTD a une faible capacité d’investissement et n’est pas en mesure de satisfaire les besoins locaux en service public de proximité. Le mauvais état des pistes et l’absence de transport en commun reliant les fokontany rendent l’interaction entre les fokontany difficiles. Les services publics d’AEP, d’éducation et de santé ne satisfont pas les bénéficiaires locaux. Les paysans sont soumis à des injustices émanant des collecteurs et des vendeurs d’intrants agricoles. La pauvreté amplifie la vulnérabilité aux aléas climatiques. Le problème de débouché décourage actuellement la majorité des artisans. La faute d’infrastructure d’accueil,

49 le faible niveau intellectuel des locaux et le manque de promotion des autres sites touristiques limitent la valorisation des patrimoines culturels. En croisant les forces et les faiblesses du territoire, on peut dégager deux transversalités qui sont : -la nécessité d’une valorisation rationnelle des atouts pour un partage équitable des bénéfices et l’accroissement de l’économie locale ; -le besoin d’une gouvernance locale efficace au service du développement durable. Afin d’identifier les enjeux du territoire, il faut considérer aussi les opportunités et les menaces qui pourront avoir des impacts sur le territoire dans le future. Comme opportunité émergente on peut citer : -la future autoroute reliant et : cette route est actuellement en voie de construction dans le cadre des PPUP. Son ouverture va contribuer au désenclavement de la partie Sud et Sud-Ouest d’Ambohimanga et facilitera le transport des produits agricoles -parlant du SNOST développé dans le PND, Antananarivo et son agglomération sont identifiés pôle de croissance métropolitain. Ambohimanga, inclue dans l’agglomération d’Antananarivo, pourrait bénéficier des projets ou programmes relatifs au développement de ce pôle de croissance Les menaces imminentes sont : -l’incendie des patrimoines culturels : récemment plusieurs cas d’incendie volontaire des patrimoines culturels ont eu lieu, dont le dernier cas mettait en flamme le palais royal d’Ambohitrabiby. La forêt royale d’Ambohimanga a été déjà victime d’un incendie volontaire à deux reprises. Ce comportement barbare qui devient plus important actuellement est une menace à prendre en compte ; -la disparition de certain savoir-faire local -l’accaparement des terres par les grands investisseurs au détriment des paysans pauvres : actuellement, une compagnie indo-pakistanaise entame le remblai d’une partie de la plaine de Laniera. Face à cela, les paysans d’Ambohimanga se sentent menacés par l’extension de ce remblai, compte tenu de la fragilité de leur appropriation foncière qui est de type traditionnel -l’utilisation abusive de pesticide pratiquée par les paysans actuellement pourrait épuiser la fertilité du sol -l’urbanisation non-maîtrisée pourrait diminuer l’espace agricole En considérant la transversalité entre les forces et les faiblesses, les opportunités émergentes et les menaces imminentes, on peut déduire les enjeux du territoire, qui sont : - la préservation de l’espace agricole

50 - la conservation maximale des valeurs ajoutées issues du tourisme au sein du territoire - l’amélioration de la gestion financière locale Depuis les enjeux du territoire, on peut citer les orientations stratégiques suivantes pour la CTD en vu d’un développement territorial durable : - la réalisation d’une campagne de mobilisation des partenaires techniques et financiers - l’élaboration du SAC afin de définir l’affectation des espaces (zonage) - la promotion de la mise en place d’un guichet foncier - la conciliation du développement touristique avec la commercialisation des produits locaux (produits artisanaux et produits de terroirs) - l’élaboration d’une cartographie des réserves foncières afin d’identifier les potentiels fiscaux - la promotion de l’agriculture durable

51 BIBLIOGRAPHIE I- OUVRAGES GENERAUX 1-BATTISTINI R, 1986 : « Géographie de Madagascar »,187pages 2-BOURGEAT Fet al, 1972 : « Madagascar : Revue de Géographie », N 20,183pages 3-DEMANGEOT J, 1976 : « les espaces naturels tropicaux »,186pages 4-FAUCHER D, 1949 : « géographie agraire »,383pages 5-MONOD J, DE CASTELBAJAC P, 2002 : « l’aménagement du territoire », édition PUF, collection que sais-je, 11eme édition mise à jour, 127pages 6-BEAU JF, 2002 : « l’Environnement », édition Nathan, 160pages 7- KHOLER T et al, 2013:«Mountain Farming is Family Farming», 98 pages 8-VIZIER J-F et al, 1990 :« l’agronomie tropicale : étude physico-chimique des sols d’un bas- fond sur les hautes terres de Madagascar, conséquences pour la riziculture », ORSTOM, 177pages 9-12-DAVID B et al, 2009 : « comprendre et construire la justice environnementale », Annales de géographie, 2009/1 n 665-666, p.35-60

II-OUVRAGES SPECIFIQUES 10-CHABOUD C et Al, 2009 :« L'expérimentation du développement durable à Madagascar : réalités et difficultés », Mondes en développement 2009/4 (n° 148), p. 47-66 11-COMITE 21,2002 :« Territoire et développement durable. »,52pages 12- ROMICA BUTA, 2007, « the SWOT analysis in geographical research, with applicability in the study of human settlements from Moldova Valley (Baia-Draguseni Sector) », 248 p 13-MAGALI B et al, 2006 :« Projet territoriaux de développement durable et Agenda 21 Locaux », Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable, 36pages 14-Veith C et al, 2013 : « pourquoi investir dans le développement durable des montagnes ?», FAO, 73pages 15-RABESAHALA C-L, 2006 : « Ambohimanga Rova-approche anthropologique de la civilisation merina », 396 pages 16- RAKOTONDRAVELO J-C, 2014 : « diagnostic des systèmes de culture maraîchère du fokontany d’Ambodiasiarivo, commune rurale d’Ambohimanga Rova »,40 pages 17-SAGE, 2008 : « Plan Communal de Développement de la Commune Rurale d’Ambohimanga Rova»,96 pages 18-Ministère des Travaux Publics Madagascar, 1989:«la dynamique locale du développement», 87 pages

52 III-MEMOIRES 19- RAVO SEHENO H, 2008. « Les rapports de cause à effet entre la situation foncière et la décentralisation de l’aménagement du territoire : cas de la commune rurale d’Ambohimanga Rova », 115pages Département de géographie 20-CHAZERAND M, PIETRE S, 2003 :« L’approche territoriale de la politique publique de l’habitat : l’exemple de Picardie », Mémoire de DESS Université de Paris 8,290p IV- Site Web 1-http://geoconfluence.ens-lyon.fr 2- http://developpementdurable.revues.org

53 ANNEXES 1- CARTE DE LA COUVERTURE VEGETALE

Source : composition de l’auteur Octobre 2015

54 2- LES FICHES D’ENQUETE

ZONE 1

Propriétaire de la maison ou locataire Temps vécu à Ambohimanga (nombre d’année) A-Activité économique 1-type de métier 2-localisation 3-horaire de travail 3-description du/des métiers 4-revenu (journalier, hebdo, mensuel ….) 5-problèmes F-Artisanat 1-type 2-mode d’acquisition du savoir faire 3-description de l’artisanat pratiqué 4-bénéfice Hebdomadaire/Mensuelle/Annuelle I-Social 1- nombre d’enfant à charge et âge 2-nombre d’enfant scolarisé 2-fréquentation du CSB description des problèmes 3-utilisation des bornes fontaine problèmes L- Marché 1- marchés fréquentés 2-motifs ZONE 2 Localité d’origine : Mode d’appropriation foncière : A- Etat des lieux du secteur agricole 1-mode de faire-valoir 2- type de culture avec localisation

55 4-utilisation d’engrais, type d’engrais 5-utilisation de pesticide 6-production par type de culture 7-méthode de conservation des sols et gestion des ressources en eau 8-affectations des produits agricole : Produits % affectés au marché

Marchés % de produits destinés à chaque marché

9-problèmes B-Perception de la dégradation des ressources: 1-ensablement de rizières 2-perception du changement du régime hydrique 3-changement de la qualité de l’eau C-Vulnérabilité aux aléas climatiques 1-perception paysanne des aléas climatiques? 2-description des désastres occasionnés par les événements catastrophiques D-Appui acquis type d’appui (financier, formation, semence) organes/institutions/bailleurs

E- Exploitation des bois 1- exploitation des bois Si oui: Usage : espèce exploité : 2-perception du feu de brousse F-Artisanat 1-type 2-mode d’acquisition du savoir faire 3-description de l’artisanat pratiqué 4-bénéfice hebdomadaire/mensuelle/annuelle

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TABLE DES MATIERES SOMMAIRE……………………………………………………………………………………i REMERCIEMENT…………………………………………………………………………….ii TABLES DES ILLUSTRATIONS……………………………………………………………iii ACRONYMES…………………………………………………………………………………v GLOSSAIRE…………………………………………………………………………………..vi RESUME/ABSTRACT………………………………………………………………………vii INTRODUCTION GENERALE ...... xv PREMIERE PARTIE : ...... xvii CADRAGE ET DEMARCHE DE RECHERCHE ...... xvii CHAPITRE I : CADRAGE DE LA RECHERCHE ...... xviii 1-1-Choix du Sujet - Localisation et Présentation de la Zone d’étude ...... xviii 1-1-1 Justification du choix ...... xviii a. Des contextes internationaux et nationaux soulevant la nécessité d’une analyse territoriale ...... xviii b. Ambohimanga Rova : une zone d’étude spécifiquement choisie sous de multiples raisons ...... xix 1-1-2 Localisation et présentation de la zone d’étude ...... xix I-2 Analyse conceptuelle ...... xxi 1-2-1 Le développement durable : une affiliation géographique ...... xxi 1-2-2 Le territoire : vécu, administré et socialement construit ...... xxii CHAPITRE II DEMARCHE DE RECHERCHE ...... xxiv 2-1-Imprégnation dans le thème et emprise de la zone d’étude ...... xxiv 2-1-1 La documentation et la détermination des hypothèses ...... xxiv 2-1-2 La phase pré-terrain ...... xxvii 2-2 Des travaux de terrain aux travaux de rédaction ...... xxx 2-2-1 La préparation des outils d’enquête ...... xxx a. La conception des outils ...... xxx b. Le choix des fokontany et l’échantillonnage ...... xxxi 2-2-2 La réalisation des travaux de terrain- l’exploitation des données et la rédaction ...... xxxiii a. La réalisation des travaux de terrain ...... xxxiii b. L’exploitation des données...... xxxv CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE ...... xxxvi DEUXIEME PARTIE : ...... xxxvii PRESENTATION ANALYTIQUE DES RESULTATS DE RECHERCHE ...... xxxvii

58 CHAPITRE III: DES RESSOURCES VALORISABLES POUR UN DEVELOPPEMENT TERRITORIAL ...... xxxviii 3-1 – Un milieu généralement propice...... xxxviii 3-1-1 La topographie et le sol : des éléments valorisables ...... xxxviii a. La topographie ...... xxxviii b. Le sol ...... xxxix 3-1-2-Le climat, le réseau hydrographique et la végétation : des éléments à fonctions multiples ...... xlii a. Le climat ...... xlii b. Les ressources en eau ...... xlii c. La couverture végétale ...... xliii 3-2- Des sources de valeur ajoutée pour le territoire ...... xliv 3-2-1 Le capital humain et la force des originaires ...... xliv a. Une population active ...... xliv b. Un territoire rehaussé par ses originaires ...... xliv 3-2-2 Les patrimoines culturels : symboliques et économiques ...... xlviii CHAPITRE IV : GOUVERNANCE ET SYSTEME SOCIO-ECONOMIQUE EN PERIL ...... li 4-1 Gouvernance locale jalonnée par des anomalies ...... li 4-1-1- Défaillance de la gestion des ressources financières locales...... li a. Du contexte général ...... li b. Au contexte local ...... lii 4-1-2 Faiblesse de la prestation de proximité ...... liii a. Des fokontany cloisonés ...... liii b. Les infrastructures sociales : existantes mais insatisfaisantes ...... lv 4-2 Un système socio-économique à problème ...... lvii 4-2-1 Des paysans perspicaces mais vulnérables et sous pression ...... lvii a. La maîtrise paysanne du territoire : à chaque niveau altitudinal, son affectation ...... lvii b. Des paysans sous pression et vulnérables ...... lviii 4-2-2 Chômage déguisé et problème de valorisation des filières ...... lx a. Des paysans sans terre : chômeurs déguisés ...... lx b. Le problème de débouché au détriment des savoirs locaux ...... lx CONCLUSION PARTIELLE ...... lxiii CONCLUSION GENERALE ...... lxiv BIBLIOGRAPHIE ...... lxvii ANNEXES ...... lxix

59 TABLE DES MATIERES ...... lxxv

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