UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ……………………………………………...

Mémoire de maîtrise

Problématique des Rapports entre structures de pouvoir et diversité ethnique

Etude et enquête dans la ville de Tuléar. Région Atsimo Andrefana

Présenté par SOAZARA Abdou Sanndya

Président du Jury Professeur RAJAOSON François

Juge Monsieur SOLOFOMIARANA RAPANOEL Allain Bruno

Rapporteur Monsieur RASOLOMANANA Denis

Année Universitaire 2008 - 2009

Dat e de soutenance 23 Mars 2009

PPPRRROOOBBBLLLEEEMMMAAATTTIIIQQQUUUEEE DDDEEESSS RRRAAAPPPPPPOOORRRTTTSSS EEENNNTTTRRREEE

SSSTTTRRRUUUCCCTTTUUURRREEESSS DDDEEE PPPOOOUUUVVVOOOIIIRRR EEETTT DDDIIIVVVEEERRRSSSIIITTTEEE

EEETTTHHHNNNIIIQQQUUUEEE

Etude et enquête dans la ville de Tuléar. Région Atsimo Andrefana

Avant propos

**********************************************************************

A PAPA ET MAMAN. Voyez ici les résultats de tous vos efforts Voyez ici le début d’une réussite à laquelle vous avez contribuez Voyez ici toute la reconnaissance qu’un enfant peut adresser à ses parents Voyez ici tout l’amour que je puisse vous porter Je vous dédie le fruit de mes travaux ici présent sanndya

**********************************************************************

« Celui qui cherche à s’instruire est plus aimé d’Allah que celui qui combat dans une guerre sainte ». Proverbe arabe

« La politique est l’art de ruser l’opinion pour rouler le public »

« Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes. » Karl Marx

REMERCIEMENTS

Rendons Grâce au Seigneur Tout Puissant qui nous donne la force et le courage d’entamer tout ce que nous voulons et devons entreprendre...

Nous ne saurions commencer ce travail sans exprimer notre reconnaissance à : Monsieur Le Professeur RAJAOSON François, Président du Jury pour nous avoir fait honneur en présidant la soutenance de ce mémoire ; Monsieur SOLOFOMIARANA RAPANÖEL Allain Bruno, Juge et Chef du Département de Sociologie, pour toute sa sollicitude durant notre cursus et pour avoir accepté d’être membre du Jury ;

Monsieur RASOLOMANANA Denis, Enseignant Encadreur et Rapporteur, pour sa précieuse contribution dès le début de nos recherches malgré ses lourdes responsabilités ; A toutes les hautes personnalités, hommes politiques et habitants de la ville de Tuléar, pour leur bonne volonté durant nos enquêtes et sans qui nous n’aurions pas eu tous ces résultats. Tout spécialement Messieurs : RANDRIAMAROLAHY Marcel, SOLOMANANA et ROBILSON François Tamoko pour avoir facilité nos démarches vu la difficulté de notre entreprise durant nos enquêtes ; Tout le personnel enseignant du Département de Sociologie qui nous a donné tout notre bagage intellectuel durant nos études précédentes ; Tout le personnel administratif au sein de la scolarité pédagogique du département.

Nous ne saurions terminer sans adresser notre profonde reconnaissance à toute notre famille et nos proches pour tout leur soutien.

Que tous ceux qui de près ou loin ont contribué à la réalisation de ce mémoire trouvent encore ici l’expression de nos sincères remerciements

SOMMAIRE

AVANT PROPOS REMERCIEMENTS LISTE DES ABREVIATIONS LISTES DES TABLEAUX INTRODUCTION GENERALE PARTIE I: CADRE THEORIQUE Chapitre 1. CONSIDERATIONS THEORIQUES DE BASE Section 1- Définitions de quelques concepts clés Section 2- Les structures politiques à Chapitre 2. APPROCHE HISTORIQUE Section 1- Héritages historiques dans la pensée politique malgache Section 2- Les théories à l’origine de l’ethnicité et de l’ethnopolitique PARTIE II. ELEMENTS MONOGRAPHIQUES ET ASPECTS DE LA DYNAMIQUE SOCIALE Chapitre 1. ELEMENTS MONOGRAPHIQUES Section 1. Aperçu historique Section 2. Les différentes ressources et les infrastructures de la commune Chapitre 2. LA DYNAMIQUE SOCIOPOLITIQUE DE LA COMMUNE EN MATIERE DE GOUVERNANCE Section 1. Acteurs de gouvernance indispensables au sein de la commune Section 2. Le contexte social et politique dans la ville de Tuléar PARTIE III. RESULTATS D’ENQUETE ET APPRECIATIONS SUR LA VIE POLITIQUE DANS LA VILLE DE TULEAR Chapitre 1. ANALYSE DE LA SITUATION POLITIQUE : SYNCRETISME POLITIQUE ? Section 1. Les forces politiques Section 2. Les forces sociales Chapitre 2. ANALYSE SUR LES CONTRAINTES DE DEVELOPPEMENT ET LA PORTEE POLITIQUE DE LA DIVERSITE ETHNIQUE Section 1. Les rôles des acteurs de gouvernance Section 2- Perspectives des rapports multi et interethniques CONCLUSION GENERALE BIBLIOGRAPHIE TABLE DES MATIERES ANNEXES

LISTE DES ABREVIATIONS

AEDMT : Association des étudiants en droit de Madagascar à Tuléar CSB: Centre de Santé de Base DRDR: Direction Régionale du Développement Rural EPT : Education Pour Tous FFKM: Fikambanan’ny Fiangonana Kristianina eto Madagasikara FJKM: Fiangonan’Jesosy Kristy eto Madagasikara FLM: Fiangonana Loterana Malagasy FIMA : Fikambanany masikoro arivolahy FIVAMIFA : Fikambanan’ny vahoaka miaro ny fahamarinana FMI : Fond Monétaire International MDRM : Mouvement Démocratique pour la Rénovation de Madagascar MID : Ministère de l’intérieur et de la Décentralisation MONIMA : Madagasikara Otronin Ny Malagasy ONG : Organisation Non Gouvernementale OTAN : Organisation du Traité Atlantique Nord PADESM : Parti des DEShérités de Madagascar PCD : Plan Communal de Développement PRD : Plan Régional de Développement RENALA : Rénovation des actions pour l’avenir TIM : Tiako I Madagasikara UNESCO : Organisation des Nations Unis pour l’Education, la Science et la Culture VVS : Vy Vato Sakelika ZAT : Zanak’Antananarivo Tafaray

LISTE DES TABLEAUX

Tableau N° 01 : Liste des Arrondissements Administratifs et des Fokontany du District de Tuléar I ..... 45 Tableau N° 02 : Ensemble de la population par arrondissement administratif ...... 48 Tableau N° 03 : Ensemble de la population ...... 51 Tableau N° 04 : Formations cultuelles ...... 53 Tableau N° 05-a : Etablissements scolaires ...... 53 Tableau N° 05-b : Effectifs enseignants/élèves ...... 54 Tableau N° 06 : Assistance médicale ...... 55 Tableau N° 07 : Etat comparatif des renseignements du cheptel ...... 56 Tableau N° 08 : Situation des établissements formels identifiés à Tuléar I ...... 57 Tableau N ° 09 : Enquêtés membres du parti TIM ...... 70 Tableau N° 10 : Force politique du TOKO BE TELO ...... 73 Tableau N° 11 : Degré d’ethnicité selon l’ethnie envers une fonction supérieure ou subalterne ...... 83 Tableau N° 12 : Tendance à la favorisation de l’ethnie d’origine ...... 84 Tableau N° 13 : Raisons accordées au retard de développement de la région ...... 87 Tableau N° 14 : Les limites de la réconciliation nationale ...... 89 Tableau N° 15 : Le degré d’importance de l’ethnie d’un dirigeant ...... 90 Tableau N° 16 : La discrimination et la distinction ethnique dans la ville de Tuléar ...... 91 Tableau N° 17 : Rapport entre choix dans les scrutins et origine ethnique ...... 93 Tableau N° 18 : Rapport entre importance de l’origine ethnique et le niveau d’instruction ...... 93

INTRODUCTION GENERALE

La politique et le politique ont fait l’objet d’études en sciences sociales et humaines. Les tâches entreprises dans ces études sont d’autant plus ardues qu’elles concernent l’homme dans toute sa complexité. Une discipline considérée comme jeune selon les spécialistes et qui nous a fortement intéressé est l’anthropologie politique, approfondie par George BALANDIER 1.

Il faut quand même savoir que l'anthropologie politique poursuit un projet fort ancien orientant déjà la réflexion d'Aristote 2 dans son ouvrage «Politique »: la définition de l'homme en tant qu'être naturellement politique. Elle apparaît, sous sa forme moderne, comme une discipline de constitution tardive. Selon nous, elle s'attache à la description et à l'analyse des systèmes politiques propres aux sociétés estimées primitives ou traditionnelles. Ce qui revient à dire que l'anthropologie politique est un instrument de découverte et d'étude des diverses institutions et procédures assurant le gouvernement des hommes, ainsi que des systèmes de pensée et des symboles qui les fondent et les légitiment. Définir l'anthropologie politique, c'est suggérer les buts principaux qui déterminent sa visée : une interprétation élargie du politique qui ne lie ce dernier ni aux seules sociétés dites historiques, ni à l'existence d'un appareil étatique ; une élucidation des processus de formation et de transformation des systèmes politiques, etc.

Notre intérêt pour cette discipline nous a orienté vers des investigations y afférentes dans nos recherches en tant que apprentie sociologue, car la recherche universitaire constitue une étape importante dans le cursus.

Un autre sujet qui nous a interpellé, les nombreux discours sur les questions ethniques, non seulement à Madagascar mais aussi dans de nombreux pays du monde, par rapport aux autres discours sur la nécessité d’une réconciliation nationale sans cesse prônée.

Le concept d’Ethnie est un signifiant flottant et, à moins d'une certaine naïveté, il ne se donne pas d'emblée comme objet scientifique. Les usages et les pratiques sociopolitiques qui lui sont liés restent inséparables de tous les discours pouvant être tenus à son sujet. D’ailleurs, les ethnologues eux-mêmes, peu à l'aise avec cette notion, se contentent d'une prudente réserve alors que l'on pourrait penser que la notion d'ethnie est au cœur de leur discipline. Nous soutiendrons ici une position particulière et nous l'annoncerons avant même de présenter ce concept : Les ethnies, ça n'existe pas mais il y en a beaucoup. Le paradoxe n'est qu'apparent car la négation de leurs existences et le constat de leurs multitudes ne se situent pas au même niveau d'analyse : ça n'existe pas si on les définit comme une sorte d'isolat tant génétique que culturel. Et puis il y en a beaucoup car, tant au plan de l'autodétermination d'une identité culturelle qu'à celui d'une allo-détermination, toutes les sociétés du

1 BALANDIER G., « Anthropologie Politique » 2 TRICOT J., Aristote, La Politique . Paris, Vrin, 1962. - 1 - monde définissent simultanément une identité et une altérité culturelles. Soulignons enfin que ces définitions sont d'une certaine manière à géométrie variable car il n'y a pratiquement jamais d'appartenance unique. Chaque groupe appartient à des ensembles eux-mêmes constitués de sous- ensembles. Que cela soit en tout ou partie imaginaire n'en constitue pas moins une réalité sociale et psychologique.

Au-delà de la question des définitions se pose celle des connotations qui sont incertaines. C'est aussi le cas des signifiants avec justement lesquels le mot ethnie peut être ou a été confondu comme race, peuple, tribu, nation. Ces incertitudes ne sont compréhensibles qu'à l'intérieur des contextes socio- historiques de leurs usages. Véritable casse-tête ethnologique, le mystère du peuplement de Madagascar est encore aujourd’hui une véritable énigme, c’est ce qui constitue la richesse culturelle de sa population mais qui est à l’origine de beaucoup de conflits.

Ainsi, en faisant fi de tous les préjugés concernant cette notion, nous avons choisi le thème : « Problématique des rapports entre structures de pouvoir et diversité ethnique. Etude et enquête dans la ville de Tuléar, Région Sud-Ouest ».

Il convient ensuite d'exprimer notre intérêt pour notre sujet qui nous a paru pertinent dans la mesure où la question ethnique dans notre pays est d’une part qualifiée de tabou mais qui d’autre part selon nos observations est une notion très présente dans les esprits. Et en tant qu’apprenti sociologue, notre objectif en abordant ce sujet est d’essayer de lever les tabous et les non dits. De plus, un aute objectif de recherche finalisée est en jeu : c’est de mettre en évidence les freins et les obstacles, les leviers et les ressources intervenant dans les parcours des personnes et influençant leur activité politique, la dynamique de leur engagement et leurs manières de penser et d’agir selon le degré d’ethinicité. Et vu la sensibilité du sujet, nous espérons ne pas tomber dans le piège de la subjectivité, et que par ailleurs nos considérations envers toute entreprise critique ne prendraient pas une allure conflictuelle.

Et puis, dans la mesure où la lutte pour le pouvoir est au cœur de la vie politique, nous nous sommes demandée si on peut parler en termes de rapports de force dans le cas ethnie/pouvoir. Et avec la diversité des ethnies, quelle ou quelles ethnie(s) détiennent vraiment le pouvoir dans la ville de Tuléar ? Et si les rapports de force existent, cela peut il constituer un blocage au développement ?

Nos recherches nous ont amené à ces interrogations sur l’exercice du pouvoir. Aussi, qui sont les détenteurs du pouvoir et qu’est ce qui en justifie la légitimité ?

Dans notre hypothèse de travail, quatre propositions ont été avancées : Tout d’abord, l’ethnie Vezo, considérée comme majoritaire est la plus influente. Ensuite que l’existence du Toko be telo, en tant que association politique ou parti politique, peut avoir son importance. Et puis que les luttes pour le pouvoir revêtent souvent le caractère ethnique. Enfin que le développement de la région ne se trouve touchée dans les questions ethniques.

- 2 - La méthodologie de travail adoptée a été structurée en quatre (4) volets :

Ù Le premier volet a été consacré exclusivement à la revue documentaire. Il a consisté à rechercher la documentation existante traitant de tout ou partie du thème de l’étude. Cet exercice avait pour but de prendre en compte les données et informations contenues dans les travaux antérieurs Ù Pour avoir les informations spécifiques, le deuxième volet a consisté en une série d’entretiens dans la ville sur la base d’un guide semi structuré ou même d’une liste de thèmes pour des entretiens libres (Juillet-Août 2008). Ces entretiens ont été réalisés auprès des autorités, des organisations de la société civile, des partenaires au développement et de la population. Notre technique d’échantillonnage a consisté à cet effet à sélectionner trois types d’individus à enquêter : des leaders (région, district, mairie, directions de ministères : 30) ; des chefs de services des ces collectivités (30) ; les membres de la population (60) et donc un total de 120 individus interviewés. Les membres de la population ont été choisis aléatoirement et les autres interviewés ont bien sûr été ciblés car déterminés à l’avance par leur place au sein de l’appareil d’Etat ou le pouvoir politique. Ù Le troisième volet a été consacré à une première exploitation des données collectées. Les données collectées et synthétisées ont fait l’objet de restitution préliminaire pour permettre la vérification des informations et de les compléter par la suite. Les données supplémentaires à collecter ont alors pu être mieux précisées. Des petites contre-enquêtes ont été nécessaires (Décembre 2008-Janvier 2009). Ù Le quatrième volet a permis la rédaction du présent travail à l’issue de l’analyse des informations recueillies. Cette méthodologie d’analyse a permis d’analyser la perception des parties prenantes sur le thème étudié : ce sont les autorités politiques et administratives, les membres des associations et les citoyens dans la ville de Tuléar. A l’issue de cette première analyse, une autre a consisté à étudier les implications de tout cela dans le processus de développement local.

Ainsi, afin d’entrer dans le vif du sujet, nous nous proposons d’arborer les subdivisions de notre travail, car en effet le traitement et l’analyse des informations collectées nous ont permis l’élaboration de ce travail dressé selon le plan de présentation suivant en trois parties :

Ù La première partie présente le « CADRE THEORIQUE » de notre étude grâce à des considérations théoriques et une approche historique du sujet afin de mieux le percevoir dans sa complexité et de pouvoir cadrer nos analyses à la suite de nos recherches. Ù La seconde partie expose les « ELEMENTS MONOGRAPHIQUES ET ASPECTS DE LA DYNAMIQUE SOCIALE » afin de situer notre terrain d’étude et les acteurs de nos investigations par la description des éléments monographiques et celle de la dynamique sociopolitique dans la ville de Tuléar. Ù La troisième partie nous permet de développer les résultats de nos enquêtes avec les « RESULTATS D’ENQUETE ET APPRECIATIONS SUR LA VIE POLITIQUE DANS LA VILLE DE TULEAR » grâce à des analyses de la situation politique et celle des contraintes politiques liées à la diversité ethnique.

- 3 - PARTIE I : CADRE THEORIQUE

INTRODUCTION PARTIELLE

Savoir situer et délimiter le thème de recherche est une étape fondamentale pour une meilleure appréhension du sujet et pour une bonne vision à la suite de la recherche. Notre tâche ici a consisté à présenter et décrire les concepts et les théories à la base de notre sujet afin de mieux comprendre et d’expliquer les grandes idées à l’origine des faits et des conceptions sociales.

Il s’agit donc d’identifier comment le système pré requis par les personnes tout au long de leur vie agit au fil des parcours sociaux et politiques, pour générer ou inhiber l’engagement, pour réaliser avec succès les tâches imposées, comment au contraire ces ressources et représentations peuvent s’avérer insuffisantes ou comment le dispositif peut empêcher certaines ressources de s’exprimer. Plus globalement, nous cherchons à travers cette recherche à élargir le champ de l’analyse durant les appréciations.

Chapitre 1. CONSIDERATIONS THEORIQUES DE BASE Quand une recherche est effectuée, la délimitation du cadre de cette recherche est très importante. En effet, la compréhension est de mise pour une meilleure compréhension du sujet et une vue améliorée des questions qui touchent certaines notions.

Aussi allons nous aborder ici les définitions des concepts qui touchent notre thème et par la suite nous entamerons une approche historique afin d’expliquer les faits et les pensées.

Nos démarches ne sont pas pour ainsi dire exhaustives, cependant elles permettront de nous situer pour la suite de ce travail.

Section 1. Définitions de quelques concepts clés

1- Le pouvoir

1.1- Généralités

Selon l’Encyclopédie en ligne Wikipedia : « La structure du pouvoir décrit les modes disparus d'organisation du pouvoir, qui aujourd'hui sont décrits sous le nom de Système politique ; ils se développaient alors que la notion même de constitution était absente. »

- 4 - Par ailleurs, elle ajoute qu’on entend par structure du pouvoir « la description du fonctionnement d'un État. Cette dénomination s'applique lorsque les Etats n'avaient pas de constitution ou de code, des lois qui décrivent les institutions auxquelles sont conférées les délégations de pouvoir dans les États modernes. La structure étatique elle-même étant embryonnaire, on parlait de potentat »3

Nous ne connaissons pas de société sans une organisation, même minimale, du pouvoir, et toutes les sociétés sont hétérogènes. Nous avons à souligner que toutes les sociétés connues comportent des hiérarchies, des structures de pouvoir, même si elles ne sont pas toujours immédiatement visibles pour un observateur extérieur.

Lorsque Balandier écrit son ouvrage « Anthropologie Politique » la pensée moderne ne prête que peu d’attention à l’identification du politique dès qu’il ne revêt pas la forme d’Etat. L’anthropologue tente de redéfinir l’instance politique. Dès l’instant où le politique est défini par des institutions, des organisations et des agents différenciés, l’anthropologue est obligé de bien reconnaître l’existence de sociétés qui ne disposent pas de ses formes de contrôle social. Elles sont alors définies comme sans pouvoir politique. Balandier tient à restituer une approche dynamique de l’instance politique et pense que le politique doit trouver son véritable terrain dans les actions visant le maintien ou la modification de l’ordre établi. L’instance politique devient le lieu d’émergence de dynamismes sociaux confrontés et affrontés. Par essence, ordre et désordre sont donnés au même temps et le changement social trouve ses racines dans le système lui-même. Alors, l’anthropologie politique s’impose d’abord comme un mode de reconnaissance et de connaissance des formes « autres » du politique. Cette discipline vise une détermination du politique qui ne lie ce dernier ni aux seules sociétés dites historiques ni à l’existence d’un appareil étatique. L’anthropologue rejoint l’historien dans une étude d’élucidation des processus de formation et de transformations des systèmes politiques.

Chaque école de pensée a donné différentes acceptions du terme politique en accentuant sur des domaines différents de l’instance politique. Or l’anthropologie a montré que des acteurs peuvent avoir des fonctions politiques multiples selon les situations. De plus, le pouvoir est reconnu dans toutes les sociétés humaines. Et, il n’existe aucune société où les règles sont automatiquement respectées sans l’intervention d’un pouvoir politique.

1.2- Système politique

« Le système politique est un mode d'organisation d'un État. Le système politique comprend notamment le régime politique, la structure économique, l'organisation sociale, etc. »4

Les systèmes politiques sont nombreux. On y retrouve notamment la démocratie, le monarchisme, le féodalisme, le totalitarisme, l'autoritarisme, etc.

3 www.wikipedia.org/structure de pouvoir 4 www.wikipedia.org/système politique - 5 - Les systèmes politiques existants ou proposés sont multiples. Il est habituel de les classer entre régimes démocratiques et régimes autoritaires, mais dans la pratique, la situation n'est pas toujours aussi tranchée.

1.3- Le pouvoir politique

Il existe souvent un amalgame entre le pouvoir et le pouvoir politique. George Balandier fournit une explication à ce propos.

De prime abord, le pouvoir est d’après le Petit Robert : « la situation de ceux qui dirigent »5, avec un sens donné équivalent de puissance politique à laquelle est soumis le citoyen.

Par ailleurs, selon Balandier, le pouvoir est une notion ambiguë 6 ; le pouvoir est accepté car il est garant de l’ordre et de la sécurité : il intègre et protège, mais il est aussi contesté parce qu’il justifie et entretien des inégalités. Ceux qui sont au pouvoir font tout pour perpétuer leur domination, alors que les autres peuvent contester ce pouvoir. Il y a équilibre entre acceptation et contestation. Le pouvoir est aussi révéré parce qu’il dispose d’implications sacrées ; le lien entre les responsables du pouvoir et les « gourous » est important. De nombreux chefs d’Etat disposent de mages, de marabouts, de conseillers occultes (tel était le cas de Catherine de Médecis et Nostradamus). Le pouvoir est aussi considéré comme un patrimoine personnel ; parfois les caisses de l’Etat sont confondues avec la fortune personnelle du chef. On assiste à une patrimonialisation du pouvoir : le pouvoir est considéré comme un patrimoine personnel.

• Du pouvoir au pouvoir politique :

Si la notion de politique implique le pouvoir, tout pouvoir n’est pas politique ; le pouvoir peut être familial, économique, religieux.

Le pouvoir est la « capacité de mener des actions efficaces » ou la faculté de « produire des effets recherchés » soit sur des choses, soit sur des personnes

Cependant, afin de passer du pouvoir au pouvoir politique, il faut considérer que le pouvoir en terme de domination et aussi que le pouvoir politique est un pouvoir qui se différencie petit à petit des autres formes de pouvoir.

La discipline des sciences politiques concerne l’étude du pouvoir. Le concept parait fuyant parce que trop ambigu, trop vague, plein de passions. Cependant, les sciences politiques renvoient à trois notions sur le pouvoir :

5 Le nouveau Petit Robert , Editions Robert, P 2038 6 Cours d’Anthropologie Politique . Quatrième année. Monsieur RASOLOMANANA Denis - 6 - - Le sens substantialiste : le pouvoir est une possession qui consiste en des bénéfices, des avantages ; il peut donc se dilapider.

- Le sens institutionnaliste : le pouvoir désigne les gouvernants, les gens de pouvoir, les pouvoirs publics. Il en résulte que l’opposition, ceux qui ne sont pas au gouvernement, ne dispose pas de pouvoir. La notion de pouvoir renvoie à celle de coercition légitime dans le cadre de la souveraineté ; celui qui dispose du pouvoir possède un droit de sanction (positive ou négative). Le pouvoir ne s’applique que sur les sujets ; les étrangers en sont exclus. La cité grecque avait pris comme disposition de ne jamais mettre les zones d’échange (ports essentiellement) au coeur de la cité, mais à sa périphérie : Athènes est bâtie à l’intérieur des terres ; le lieu d’échange et de commerce est le Pirée, le port d’Athènes ; c’est là que résident les étrangers. Certaines zones bénéficient d’ailleurs de l’exterritorialité ; c’est à dire de la non application du droit local, mais bénéficient du droit spécifique des gens appartenant à la communauté : ambassades, navires, aéronefs.

- Le sens interactionniste : un pouvoir mobilise des ressources humaines en vue de faire triompher, contre une éventuelle résistance, la décision ou le point de vue d’un individu sur un autre.

• L'analyse de Max Weber 7

Selon lui, les sociétés deviennent de plus en plus rationnelles, ce qui entraîne la spécialisation des activités qui caractérisent le fonctionnement de la société. Dans l'économie, la rationalisation entraîne le développement de l'entreprise capitaliste. L’Etat va symboliser la rationalisation de la sphère politique. Cette apparition de l'Etat se concrétise par la bureaucratie.

Pour Weber, le pouvoir politique diffus devient un pouvoir politique autonome : c’est la vision évolutionniste. Cette vision évolutionniste du pouvoir politique conduit à assimiler le pouvoir politique et l’État. Ainsi, Weber désigne t-il le pouvoir politique comme la domination d'une minorité sur la majorité. Car la définition de l’Etat selon Max Weber est celle d’une institution qui a le monopole de la violence physique légitime.

Enfin, il considère que l’Etat équivaut à l’ensemble de trois éléments : le territoire, l’identité nationale, et une souveraineté. Mais cette conception du pouvoir est principalement institutionnelle, c'est à dire que ce qui importe, ce sont les différents types de pouvoirs (exécutif, judiciaire, législatif) et l'État de droit ou l'existence d'une constitution. Le pouvoir peut être spécifié comme politique donc institutionnalisé ; dans ce cas le terme de pouvoir désigne les gouvernants. Les gouvernants sont chargés d’assurer l’ordre, la protection de la société contre les désordres. Cela nécessite de procéder à des arbitrages. L’Etat s’affiche comme « unique source de droit » en ce qu’il possède « le monopole de la contrainte physique légitime » selon Max Weber.

7 WEBER Max, Économie et société , tomes 1 et 2, Plon, 1921 (publication posthume), p.289 et suivantes - 7 - Les fondements du pouvoir

L’accès à des moyens d’influence diversifié nécessite des ressources de pouvoir ; cela suppose qu’un certain capital soit acquis (social, économique, culturel, etc.) La question de la légitimité du pouvoir se pose ; elle peut être acquise de manières diverses :

- Par la tradition : les ancêtres ont transmis le pouvoir, pour être le reflet des ancêtres ;

- Par la rationalité bien que les postulats puissent être différents. Il est important de connaître le postulat de base et de comprendre les enchaînements de la pensée. Les résultats sont différents car très souvent les postulats ne sont pas identiques et l’enchaînement des idées, tout en restant cohérent, ne participe pas du même type de raisonnement (cf. les gouvernements iranien ou tunisien : le premier est une théocratie alors que le second se fonde sur la laïcité. Or pour ces deux populations, le Coran est à la base de l’organisation sociale)

Par le charisme : le rayonnement individuel. En effet, l’autorité qui découle de ce pouvoir est dite charismatique. Elle repose sur "la soumission extraordinaire au caractère sacré, à la vertu héroïque ou à la valeur exemplaire d’une personne, ou encore émanant d’ordres révélés ou émis par celle-ci": il s'agit d'une personnalité qui fascine; son pouvoir est alors transmis à ses héritiers, mais de façon dégradée, car il y a routinisation (système naturellement entropique). Ce peut être des dictateurs, des prophètes ou des sages comme les chefs religieux ; ou encore des chefs de guerre.

Ces trois motivations se dosent différemment dans la quête de la légitimité du pouvoir. Le pouvoir est pluriel car relève de plusieurs instances à la fois (la terre, Dieu, les ancêtres, etc.) ; l’homme au pouvoir est souvent capté par des puissances supérieures (cf. Dalaï Lama, David, etc.).

• A ne pas confondre : pouvoir politique et Etat

La conception précédente du pouvoir politique comme pouvoir de l'Etat est une conception occidentale du pouvoir valable que pour certaines sociétés. Alors, qu’il peut y avoir du pouvoir sans qu'il y ait Etat ou domination. P. Clastres s’est demandé : « Qu'est ce qu'une société sans Etat ? » en avançant que c’est toute société qui comporte une petite population, car il s'agit d'une société d'abondance mais qui reste fragile par rapport aux sociétés à Etat, dans laquelle, il y a un usage légitime de la violence pour tous les hommes, mais la parole légitime est pour un seul homme. Dans l’autre approche selon laquelle le pouvoir politique est un type de pouvoir qu'une personne ou un groupe de personne exerce dans une société. Il existe de nombreuses façons d’exercer un tel pouvoir, la plus évidente étant celle du chef politique officiel d'un État, tel qu'un président, un premier ministre, un roi ou un empereur. Les pouvoirs politiques ne sont pas limités aux chefs d'État ou aux dirigeants, et l'étendue d'un pouvoir se mesure à l'influence sociale que la personne ou le groupe peut avoir, et cette influence peut être exercée et utilisée officiellement ou officieusement.

- 8 - Talcott PARSONS 8 insiste sur la capacité du pouvoir politique à coordonner l’action des unités sociales autour de la réalisation de fins collectives c'est-à-dire d’un intérêt commun. Le pouvoir politique est organisé et hiérarchique. Le jacobinisme est une hiérarchisation poussée à l’extrême.

La notion de politique inclut donc celle de rapport de force entre des individus et des groupes, ce qui sous entend qu’il y a plusieurs pouvoirs qui agissent soit en symbiose, soit de manière contradictoire.

La vision optimiste ou maximaliste du pouvoir politique le définit comme une administration cohérente de la société globale avec un but intégratif et la régularisation cybernétique des demandes du peuple, des soutiens au régime et des processus décisionnels. Elle soutient que le pouvoir est de plus en plus diffusé dans la société et qu’il existe de nombreuses parcelles de pouvoir. La vision pessimiste ou minimaliste définit le pouvoir comme le contrôle d’un groupe sur la société globale sur fond de violence plus ou moins légitime. Ceux qui dénoncent la violence de l’Etat admettent souvent la violence révolutionnaire ; il y a contradiction dans l’appréhension de la question. Pierre Bourdieu considère que l’élite au pouvoir se reproduit dans les hautes classes.

En fait, il y a accaparement par l’Etat, même en régime libéral, d’un nombre croissant de pouvoir sur l’éducation, la santé, l’environnement, l’architecture urbaine... La technocratie annexe de plus en plus pour contrôler. G. Balandier dit que le pouvoir politique est accepté comme garant de l’ordre et de la sécurité, révéré en raison de ses implications sacrées, contesté puisqu’il justifie et entretient l’inégalité, que cela soit entre statuts, partis, rangs ou classes. L’exercice du pouvoir suppose une relation ambiguë d’approbation et d’antagonisme. Le propre du politique concerne l’organisation de la société globale ; il coordonne les conduites individuelles et gère les conflits individuels entre personnes et groupes.

1.4- Les différentes formes d’opérationnalité du pouvoir

L’exercice du pouvoir et sa distribution peuvent se faire de différentes manières. En effet, l’exercice de ce pouvoir ne pouvant se faire par un seul détenteur sur tout un territoire, il peut notamment se manifester au niveau de la maîtrise de l’administration territoriale :

• Centralisation ou décentralisation :

La centralisation est l’accaparement du pouvoir par une seule entité centrale.

Tandis que la décentralisation consiste en un transfert de pouvoirs de l'État vers une personne morale de droit public distincte de lui. Cette dernière dispose d'une autonomie plus ou moins grande, selon le degré de décentralisation, d'un budget propre, et reste sous la surveillance de l'État, autorité de tutelle . En effet : « La décentralisation est le transfert du pouvoir ainsi que le transfert de fonds du

8 ROCHER G. Talcott Parsons et la sociologie américaine . Paris. PUF. 1972. Disponible sur http : // classique.ucac.ca/contemporains/rocher- guy/droit-pouvoir-domination// - 9 - gouvernement central au gouvernement local . Les collectivités territoriales décentralisées de la République sont les régions et les communes. Les collectivités territoriales décentralisées, dotées de la personnalité morale et de l’autonomie administrative et financière, constituent le cadre institutionnel de la participation effective des citoyens à la gestion des affaires publiques et garantissent l’expression de leurs diversités et de leurs spécificités »9.

Par ailleurs, en parlant de la décentralisation administrative, elle est décrite comme « la gestion administrative d’une région est remise à des autorités élues est remise à des autorités élues et non à des agents nommés par le pouvoir central »10 c'est-à-dire que c’es le moyen de rendre plus autonome des localités vis-à-vis du pouvoir central, de donner le pouvoir de décision, dans la gestion administrative locale à des collectivités territoriales, des personnes publiques élues par les administrés (Par exemple : communes, régions, etc.).

Enfin, « La décentralisation est un transfert de compétences de l’État à des institutions distinctes de lui, ici, les collectivités territoriales. Celles-ci bénéficient alors d’une certaine autonomie de décision et de leur propre budget (principe de libre administration) sous la surveillance d’un représentant de l’État (l’autorité de tutelle). Ce n’est pas un supérieur hiérarchique, il vérifie simplement la légalité des actes émis par les collectivités territoriales. Ce contrôle est la contrepartie nécessaire du principe de libre administration des collectivités et rappelle le caractère unitaire de l’État. Cette relative autonomie permet aujourd’hui de traiter la diversité des situations locales afin d’y apporter des réponses adaptées. »11

• Concentration ou dispersion du pouvoir

C’est un corollaire de la centralisation et décentralisation des pouvoirs. Cette notion touche la séparation des pouvoirs telle qu’elle a été définie par Montesquieu dans l’Esprit des lois . Lorsqu’il y a concentration des pouvoirs, on s’oriente vers la tyrannie ; quant à l’administration elle n’est pas un pouvoir mais un instrument de l’exécutif. Or en Afrique, le chef de l’exécutif est souvent juge, ce qui a pour effet que tout acte de justice est précédé de longues palabres afin de rechercher un consensus où les différents éléments sont pris en compte, notamment la situation personnelle de l’individu (selon sa position sociale, il y aura telle ou telle sanction) ; dans ces sociétés, le législatif est souvent assuré par le conseil des Anciens, par exemple, chez les Nuer le rôle de « l’homme à peau de léopard » est chargé de résoudre les différends.

• Déconcentration

La déconcentration est une technique d'organisation qui consiste à distribuer les agents et les compétences au sein d'une même personne morale, depuis une administration centrale vers ses services déconcentrés. Cette notion s'oppose à celle de concentration qui est un système administratif dans lequel le pouvoir de décision est concentré au sommet de l'appareil d'Etat.

9 Préambule de la Constitution de Madagascar , Titre V, Chapitre I, art.134 et 137. 10 Dictionnaire Le Petit Robert . P 636 11 http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/institutions/collectivites-territoriales/decentralisation/ - 10 - La déconcentration se distingue de la décentralisation dans le sens où il s'agit d'un système de délégation vers des échelons inférieurs internes ne possédant dès lors pas de personnalité morale propre, tandis qu'une décentralisation délègue vers des collectivités territoriales possédant une personnalité morale propre. La déconcentration a pour but de décongestionner l'administration centrale et ainsi d'accélérer les prises de décisions au niveau local, comme le traduit l'image « C'est le même marteau qui frappe mais on en a raccourci le manche ».

En ce sens, La déconcentration des services de l’Etat accompagne chaque vague de décentralisation. Et, pour garantir le principe de l’unité de la nation, l’Etat garde un contrôle sur le fonctionnement des collectivités territoriales par le biais de ses services déconcentrés. « Il est généralement admis qu’il n’y a pas de bonne décentralisation sans une déconcentration parallèle des services de l’Etat. Les élus locaux, dotés de nouvelles compétences doivent pouvoir s’adresser au niveau local à un représentant de l’Etat dont les attributions lui permettent d’engager l’Etat sans en référer systématiquement à l’échelon central »12 .

Ainsi, nous pouvons rapporter ces propos de deux auteurs : « … la déconcentration consiste à transférer l’exercice des pouvoirs des autorités centrales de l’Etat vers d’autres autorités qui demeurent hiérarchiquement subordonnées »13 . Et par la même ils ajoutent une distinction entre déconcentration et décentralisation, qui même si elles entretiennent des rapports ambigus, diffèrent car : la première est « une redistribution des pouvoirs au sein de l’Etat » et la seconde « vise à transférer des pouvoirs préalablement définis par le législateur aux collectivités locales en vertu du principe de libre administration posé par la Constitution »14

Enfin, pour l’Encyclopédie Universalis : « Technique d'organisation administrative et de répartition des compétences qui se situe dans le cadre de la centralisation, la déconcentration revient à confier certaines attributions à des agents du pouvoir central placés à la tête de circonscriptions administratives ou de divers services, mais avec maintien d'une subordination hiérarchique très poussée à l'autorité centrale. On oppose traditionnellement la déconcentration à la décentralisation. Celle-ci implique à la fois la reconnaissance par le pouvoir central de l'existence autonome de certains intérêts, c'est-à-dire d'une sphère de compétence propre, et la gestion de ces intérêts par des organes, le plus souvent élus, assez largement indépendants des autorités étatiques.La finalité de la déconcentration est double. D'une part, elle permet de lutter contre l'engorgement du pouvoir central qui provoque la lenteur dans le traitement et le règlement des affaires. D'autre part, elle rapproche l'administration des administrés et contribue à prendre en compte les données locales et les désirs de la population en accord avec l'intérêt général. Cependant, la pratique de la déconcentration est délicate et on lui reproche de n'être qu'un palliatif à une centralisation excessive.(...) »15

12 http://www.territoire-energie.fr/Sources_pdf/deconcentration.pdf 13 DIEDRICHS Olivier et LUBEN Ivan.. La déconcentration. Coll. Que sais je ? PUF. Paris. 1993. p 3 14 DIEDRICHS Olivier et LUBEN Ivan. IDEM 15 http://www.universalis.fr/encyclopedie/T321607/DECONCENTRATION_ADMINISTRATIVE.htm

- 11 - 1.5- L’accession et les luttes pour le pouvoir

Les modalités d'accession au pouvoir sont, comme l'organisation du pouvoir, déterminées par les institutions et sont une part du régime politique. Cependant, elles dépassent également la question de l'organisation du pouvoir pour les raisons suivantes : d’une part, l'accession au pouvoir dépend de la vie politique, c'est-à-dire notamment, dans les sociétés contemporaines, de la vie des partis politiques ; d'où également la question des relations entre le pouvoir et ses oppositions ; et d’autre part, la question de l'accession au pouvoir dépasse celle de son organisation puisque l'accession peut se produire par une forme qui n'a pas été prévue par les institutions ; ce sont toutes les formes de prises de pouvoir violentes : coup d'État et révolution.

Par ailleurs, dans toute société, des contre-pouvoirs se mettent en action ; ils peuvent se présenter sous des formes différentes :

- Une opposition contestataire, y compris au sein des systèmes à parti unique ; cette opposition est organisée dans un cadre institutionnel. - Des groupes d’intérêts limités (partis politiques, syndicats, consommateurs, écologistes, etc.). Les groupes de pression peuvent être conservateurs, y compris dans le syndicalisme lorsque sont défendues des positions acquises (grèves pour la défense des acquis). - Des partis révolutionnaires afin d’organiser un changement global, mais ces partis, une fois au pouvoir, développent un système de sanctions pour devenir totalitaires (cf. nazisme, communisme, etc.) ; en dehors du pouvoir, ces partis sont favorables aux négociations

Tous les contre pouvoirs cherchent à exercer des influences tout en se fixant des objectifs et des possibilités de marchandage. Michel Crozier 16 propose quatre variables pour les rapports de force : l’objet de la relation c'est-à-dire dans quel ensemble organisé s’intègrent les partis et dans quel contexte se manifestent les contre pouvoirs ; la nature des forces : le pauvre peut l’emporter sur le riche s’il se trouve dans un champ où la richesse n’a rien à voir ; la stratégie des joueurs qui est le rôle de l’action politique selon la problématique suivante : le détenteur de la puissance a-t-il les moyens et la volonté d’appliquer sa politique ? Ces notions de moyens et de volonté sont particulièrement importantes et cette question a été cruciale pendant toute la période où la dissuasion nucléaire a dominé. Ce qui importe, ce n’est pas de se servir des moyens mais de montrer à l’adversaire que l’on possède la volonté de s’en servir ; il convient alors d’envoyer des signaux assez forts pour le lui faire comprendre ; et enfin les contraintes de l’organisation : quels sont les objectifs formels et informels du Pouvoir ? Celui qui possède le pouvoir est celui qui contrôle les zones d’incertitude ; il connaît les différentes limites des champs d’action Son pouvoir réside dans le fait qu’il utilise la complémentarité des zones d’incertitude alors que son adversaire les connaît moins bien et peut donc utiliser leur complémentarité. Et ces quatre variables démontrent que le pouvoir est avant tous dynamique comme le souligne toujours Georges Balandier dans Anthropologie politique.

16 CROZIER M. L'acteur et le système : les contraintes de l'action collective , Seuil. Paris. 1977 - 12 - Par la même, le contre-pouvoir peut être constitué de :

- Le pouvoir associatif, les lobbies : ils sont par exemple très importants aux États-Unis car ont un réel pouvoir d'influence sur la politique (certains élus sont plus ou moins leurs hommes de paille) ; - La presse : par la manipulation médiatique ; - L'opinion publique. - La société civile qui est « le domaine de la vie sociale civile organisée qui est volontaire, largement autosuffisant et autonome de l'État »17 . Une élection est un des événements principaux où la société civile se trouve mobilisée, notamment à travers l'éducation de l'électorat. C'est le corps social, par opposition à la classe politique.

L'UNESCO entend par société civile, l'auto organisation de la société en dehors du cadre étatique ou du cadre commercial, c'est à dire un ensemble d'organisations ou de groupes constitués de façon plus ou moins formelle et qui n'appartiennent ni à la sphère gouvernementale ni à la sphère commerciale.

2- Ethnie

2.1- L’ethnie

‹ Historique

Il est à noter que la notion d’ethnie est définie de plusieurs manières, sans que les spécialistes se mettent totalement d’accord. D’ailleurs, c’est l’une des premières caractéristiques de cette notion : celle-ci a été inventée et est utilisée par les intellectuels, beaucoup plus que par les membres des prétendues "ethnies".

Dans son ouvrage intitulé Ethnopolitique , Roland BRETON dit « qu’il n’est pas facile de parler de classes sociales ou d’ethnies, car l’objet, les groupes humains considérés sont particulièrement délicats à délimiter, mesurer, présenter et comparer. Sans parler de la charge affective que tout discours à leur égard va toucher dans la plupart des auditoires »18 , en ajoutant plus bas : « Toute la difficulté vient de ce que les groupes sociaux et ethniques relèvent simplement de la catégorie des ensembles flous »19

Comme le disent les étymologistes, le terme "ethnie" vient du grec ethnos qui signifie « peuple », « tribu ». Pour les Grecs anciens, les "ethnè" étaient des sociétés relevant de leur culture, mais ne se constituant pas en cités-États. Dans la tradition ecclésiastique, on désigne par ethnè l’ensemble des peuples non chrétiens. Mais le terme "ethnie" n’apparaît en France qu’à la fin du XIXe siècle dans un contexte de domination européenne et dans une volonté de classer à part des peuples qui n’auraient pas

17 www.wikipedia.org 18 BRETON Roland : L’ethnopolitique . Coll. Que sais je ? Ed PUF. 1995. P 12 19 BRETON Roland. Op cit p 13 - 13 - d’histoire : il peut se comprendre alors comme un synonyme de race racialement différente à la « race européenne ».

C’est en 1896, que Georges Vacher de La Pouge propose, dans son ouvrage les Sélections sociales, d’utiliser le mot « ethnie » pour désigner une population dont le fond racial ne se modifie pas malgré de nombreux changements linguistiques ou même des scissions démographiques. C’est cette constance de l’attraction réciproque des parties dissociées ainsi que cette cohésion organique et raciale qui seraient le propre de l’ethnie, par opposition aux caractères plus culturels et surtout politiques du « peuple » ou de la « nation ». Le choix du terme par Vacher de La Pouge dans les années 1890, s’est accompagné "d’un déplacement sémantique des substantifs jadis utilisés : nation est désormais réservé aux Etats ’civilisés’ de l’occident, peuple, en tant que sujet d’un destin historique, est trop noble pour des ’sauvages’," si bien que l’ethnie désigne "une sorte de ’nation’ au rabais".

La référence raciale n’est pas tout à fait celle du terme grec ethnos, qui qualifie des populations inorganisées ou secondaires (par opposition aux Grecs de la cité), et encore moins celle du latin "Ethnicus" qui désigne les païens ; la tradition chrétienne conservera d’ailleurs ce sens. La création des termes "ethnologie" et "ethnographie" à la fin du XVIIIe siècle n’impose pas pour autant la notion d’ethnie. Ce sont les théories de classification raciale du XIXe siècle qui vont conduire à hiérarchiser les peuples, à distinguer des sociétés dites civilisées des sociétés dites primitives, les nations des ethnies. Nous sommes devant une notion incertaine.

‹ Définitions

La définition apportée par le dictionnaire pour la notion d’ethnie est : « Ensemble d’individus que rapprochent un certains nombre de caractères de civilisation, notamment la communauté de langue et de culture (alors que la race dépend de dépend de caractères anatomiques) »20

Par ailleurs, BRETON en fournit deux définitions : d’une part au sens strict en tant que « groupe d’individus partageant la même langue maternelle »21 et dans ce sens le terme correspond au groupe linguistique ou groupe ethnolinguistique. Et d’autre part, au sens large que l’auteur lui accorde, « l’ethnie est définie comme un groupe d’individus liés par un complexe de caractères communs – anthropologiques, linguistiques, politico historiques, etc. – dont l’association constitue un système propre, une structure essentiellement culturelle : une culture »22

De plus, BRETON émet une opposition ethnie/nation en précisant que « L’usage le plus répandu du terme ethnie permet, ainsi, de désigner des entités humaines que leurs limites floues, leur manque d’institutions territoriales, leur sous développement (pour ne pas dire leur arriération et leur primitivisme),

20 Le nouveau petit robert ; p 964 21 BRETON Roland. Les Ethnies . Coll. Que sais-je ? PUF. Paris. 1981. P 3 22 BRETON Roland. Les Ethnies . Coll. Que sais-je ? PUF. Paris. 1981. P 4 - 14 - leur exiguïté allégué et enfin leur exotisme, autorisant à mettre en cause dans leur existence même »23 , alors que dans une autre optique Claude LIAUZU considère que le terme ethnie est le parent pauvre de nation 24 .

Parmi les définitions que l’on livra ensuite pour tenter de clarifier le terme, J.-L. Amselle rassemble un ensemble de critères qui, réunis, caractériseraient l’ethnie : une langue, un espace, des coutumes, des valeurs, un nom, une même ascendance, la conscience qu’ont les membres de l’ethnie d’appartenir à un même groupe.

La superposition des caractères biologiques et culturels a dominé cette approche du sujet jusqu’après la Seconde Guerre mondiale. Le terme d’ethnie est appliqué à des réalités aussi disparates qu’une tribu traditionnelle (en Afrique noire), une population européenne (les Corses, par exemple), une minorité nationale (les Polonais dans la société américaine) ou encore les populations classées comme tribales par l’administration britannique aux Indes.

Au lieu de considérer l’ethnie comme un isolat humain se transmettant immuablement le long des générations des éléments culturels, les distinctions ethniques se fondent et s’entretiennent dans des interrelations et par des mécanismes d’exclusion et d’incorporation définissant des frontières plus ou moins floues et jamais définitives.

A côté de tout cela, Janine RAMAMONJISOA évoque la question de l’ethnie 25 par le fait qu’il n’y a ethnie seulement quand il y rapport de domination/subordination/exploitation. En la circonstance, on peut traduire les rapports entre les Malgaches et les français comme des rapports ethniques, en ce sens qu’ils sont médiatisés par une organisation permanente de la violence et de la répression. De même que les rapports des Malgaches avec les Etats-Unis auraient un caractère ethnique dans la mesure où la force de violence et de répression inhérente à la Banque Mondiale et au FMI au côté de l’OTAN constitue des forces dissuasive permanentes dans la domination/subordination/exploitation des pays du Sud comme Madagascar. La question est de savoir si un tel genre de rapport existe entre le Sakalava et le Merina. Janine RAMAMONJISOA a pu dire qu’il n’existe pas et qu’il n’a jamais existé d’ethnie à Madagascar.

Mais le terme d’ethnie se heurte alors à un certain nombre de difficultés : de nombreux chercheurs ont relevé l’inadéquation du concept et de la réalité, en soulignant que tout peuple était soumis à un flux continuel de populations. Chaque société serait donc intégrée dans des ensembles plus vastes et il existerait ainsi différents espaces : sociaux, politiques, linguistiques, culturels… Ce serait alors l’ensemble de ces multiples unités qui constituerait la véritable matrice d’identification. En ce sens, même si le terme demeure pertinent dans l’analyse géopolitique, ne serait-ce que pour rendre compte des conflits qui s’en réclament, il ne recouvrirait pas une situation réelle. Si l’on emprunte l’exemple du

23 BRETON Roland. L’ethnopolitique . Coll. Que sais je ? Ed PUF. 1995. P 15 24 RAISON-JOURDE Françoise et RANDRIANJA Solofo (sous la direction de). La nation malgache au défi de l’ethnicité . Ed KARTHALA. Paris, 2002. P 39 25 Cours d’anthropologie générale . Première année. Monsieur RANAIVOARISON Guillaume - 15 - tristement célèbre conflit « interethnique » rwandais, la division en deux groupes différents ne datait que des années 1930 et reposait sur deux critères : la taille (plus ou moins de 1,60 m pour les hommes) et le statut social (la possession de plus ou moins de dix vaches). Si le concept d’ethnie a ici aidé à motiver le génocide massif des Tutsis, que ce soit ou non pour déguiser d’autres intérêts, il doit être examiné en tant que tel ; il n’en demeure pas moins que dans ce cas il ne possède aucune validité scientifique. Et l’ethnie, au-delà même du caractère racial dont elle est entachée, serait finalement plus une construction identitaire et donc une construction intellectuelle qu’une réalité sociale. Construction qui, en jouant sur l’imaginaire, peut servir à mobiliser des gens vers des buts matériels très concrets, en passant par la violence, ou par la construction de paix.

En bref, une ethnie est un groupe humain possédant un héritage socioculturel commun, comme une langue, une religion ou des traditions communes. Elle diffère en ceci du concept de race qui partage des caractéristiques biologiques et morphologiques liée à des ancêtres communs et dont le sens a été considéré comme péjoratif. En effet, la notion d'ethnie a longtemps été le pendant sociologique de la notion de race et il en est parfois encore l'euphémisme. Comme pour la race, son utilisation pose problème, à savoir que toute classification de la population selon des clivages ethniques possède un côté arbitraire.

‹ Caractéristiques

Une tendance forte qui s’affirme actuellement consiste à refuser la définition de l’ethnie par les caractères biologiques ou "phénotypiques" des individus qui la composent, donc à distinguer nettement la notion d’ethnie de celle de "race", bien qu’il subsiste en la matière bien des ambiguïtés sur lesquelles il faudra revenir. C’est donc du côté des valeurs et des représentations que l’on cherche les facteurs de cohésion et d’appartenance des ethnies : culture commune, communauté de langue, et, plus généralement, sentiment d’appartenance. On cherche souvent à celle-ci des racines dans le passé, avec référence à une histoire commune, plus ou moins mythique. D’une manière générale, l’appartenance à une ethnie ne résulte guère du choix d’un individu, elle lui est imposée par d’autres. Comme le dit Gavan Trévoux, "l’identité ethnique n’est pas affaire de choix, mais elle est prescrite par d’autres, à l’intérieur ou à l’extérieur de l’ethnie". Les parts respectives de l’imposition de l’appartenance ethnique "de l’intérieur" et "de l’extérieur", sont un élément important de la signification, voire de la définition même de l’ethnie. L’existence de cas où l’imposition de l’extérieur est prépondérante, voire unique, amène à définir une notion d’ethnie "prescriptive". Plus simplement, on pourrait parler d’ethnie « subie » ou d’identité ethnique « assignée ».

Du point de vue de la taille, l’ethnie est en général considérée comme un groupe relativement important, qui dépasse notamment les effectifs possibles d’un groupe de parenté "réel". Elle se différencie donc, pour la taille minimale, de groupes comme la famille, la famille élargie, le clan, voire la tribu. S’il arrive que des ethnies se reconnaissent comme groupe de parenté, c’est plutôt par référence à un ancêtre mythique et lointain, capable de définir une lignée aux effectifs assez importants. Il règne plus

- 16 - d’imprécision en ce qui concerne la taille maximale, car il arrive que l’on applique l’expression à des groupes très importants, par exemple la population d’origine latine des Etats Unis.

Il semble que la référence à un espace commun, à un territoire au sens précis du terme, soit moins fréquemment associée à la définition de l’ethnie dans la littérature que les autres caractères. Une partie importante de la littérature a tendu et tend encore à réserver le terme d’ethnie à des groupes caractéristiques des sociétés non européennes, parfois affublées de qualitatifs plus ou moins péjoratifs, sociétés « primitives » par exemple. Cette façon de faire est liée à la fois à l’histoire de disciplines comme l’ethnologie, et à des appels à l’étymologie : en grec, l’éthnos désigne le peuple, le groupe humain, mais il a vite été utilisé plutôt pour désigner des groupes ressentis comme "autres".

‹ Discussions

Cette notion d’ethnie est discutée, voire refusée, suivant plusieurs lignes d’argumentation. L’une d’elle refuse, assez simplement voire brutalement, l’usage de la notion dans la mesure où elle est grevée d’un lourd héritage, celui d’une pratique qui en fait un simple substitut à la notion de race. Il est exact que bien des groupes, notamment en Afrique, désignés comme des « races » l’ont été ensuite en termes d’ethnie lorsque l’utilisation de la race a été considérée comme inadmissible, en raison à la fois des usages qui en avaient été faits dans les années du milieu du XXè siècle, et des progrès de la génétique qui ont démontré l’impossibilité d’appliquer la notion à l’espèce homo sapiens. Parce qu’ils considèrent que l’ethnie n’est qu’une « traduction politiquement correcte » de la race, de nombreux auteurs en refusent l’emploi.

Une critique plus complexe se fonde sur une contestation de la réalité même des « groupes ethniques » dans les sociétés où ils ont été le plus souvent reconnus, comme celles de l’Afrique tropicale. Pour les auteurs qui la formulent, les ethnies sont souvent en fait des « inventions coloniales » dues aux administrateurs, aux missionnaires... et aux chercheurs de certaines époques et de certaines écoles. Une position qui mérite d’ailleurs d’être nuancée, comme le fait par exemple, Catherine Coquery Vidrovitch qui reconnaît aux ethnies des racines qui leur confèrent un niveau de réalité certain : « depuis une vingtaine d’années, des chercheurs ont popularisé l’idée de "l"invention ethnique". Il s’agit moins, évidemment d’invention que de transformation, pour deux raisons : du côté colonial, le souci était de fixer les populations. On a donc dessinés des frontières linéaires, délimité des circonscriptions, grossièrement calqués dans l’ensemble sur des espaces ethniques antérieurs. ... Donc, on a systématisé les différenciations tout en cherchant, bien entendu, à diviser pour régner.... ; du côté des Africains, il s’est agi de résister à l’intrusion coloniale. Or quoi de plus naturel, de plus viscéral, que de se référer à son propre passé, à son histoire antérieure, bref à son ethnie et à sa représentation mythique ? »26

Amselle et M'bokolo, en adoptant une perspective historique sur l'objet ethnie, ont révélé l'importance du fait colonial dans la "création" des ethnies africaines. Leurs analyses seraient certainement à modifier si elles devaient être appliquées au monde américain ou asiatique mais il

26 Coquery-Vidrovitch.C. Histoire et intégration des communautés Le cas du Burkina Faso . Journal of world-system research, 2000 . p.827-839. - 17 - n'empêche qu'elles mettent l'accent sur le fait que l'usage d'ethnie est indissociable des rapports de domination politique, économique ou idéologique d'un groupe sur un autre. On peut toujours dire avec naïveté que c'en est fini des colonisations mais il n'en reste pas moins que les populations indigènes, en Amérique du Sud, aux Etats-Unis, au Canada, en Afrique du Sud, en Australie etc. sont globalement dans des situations socio économico culturelles désastreuses ou pour le moins dans les niveaux les moins enviables des Etats dont ils relèvent aujourd'hui.

"Ethnie"’ est un des nombreux termes qui désignent un groupe humain, ou un type de groupe humain. Au delà de ce caractère très général, les spécificités nécessaires pour compléter la définition présentent certaines convergences, comme indiqué ci-dessus, mais elles restent diverses et mouvantes, si bien que l’emploi du terme est objet de discussions et de polémiques. On pourrait même considérer que le poids de ces polémiques est un élément de la définition même de l’ethnie. Un certain nombre de connotations peuvent cependant être relevées et retenues et considérées comme essentielles en raison de la fréquence de leur association au terme dans la littérature.

Ainsi, il est possible de mettre en lumière aujourd’hui l’importance du fait colonial dans "l’invention" des ethnies africaines. Des populations qualifiées d’"ethnies" en Amérique du Sud, aux États-Unis, au Canada, en Afrique du Sud, en Australie etc. sont globalement dans des situations socio économico culturelles dans les niveaux les moins enviables des États dont ils relèvent. Ce qui peut aider à expliquer qu’une certaine "conscience ethnique" peut être utilisé pour prendre le relais d’une conscience de classe, dont la pertinence peut sembler perdue, tout en jouant, par la mobilisation et la solidarité qu’elle encourage, le même rôle dans la lutte contre les injustices.

‹ Vocabulaire associé

Certains mots ou néologismes sont directement hérités ou inspirés de la signification que revêt « ethnie » dans le vocabulaire des sciences sociales. En voici quelques-uns parmi les plus fréquemment rencontrés :

- L’ethnogenèse est l’ensemble des faits et des idées qui concourent à la formation d'un peuple, en tant qu'ensemble d'individus partageant le sentiment d'une identité commune.

- L’ethnohistoire est l’histoire d'une ethnie, en tant qu'elle construit sa propre identité dans la longue durée

- L'adjectif « ethnique » est parfois employé dans le sens de « relatif à des peuples ou cultures exotiques », il est considéré comme un mot porteur en marketing (marketing ethnique). Les campagnes y font donc volontiers référence de façon directe ou indirecte (Benetton).

- Un groupe ethnique s'appliquerait plutôt au sein de sociétés urbanisées

- 18 - - L’ethnisme est l’ensemble de liens qui réunissent des groupes d'individus ayant un patrimoine socioculturel commun, particulièrement la langue. Il a servi pour établir une catégorisation, sur la base de particularités sociales et au prétexte de différences d'origines raciales ou géographiques. Ce terme a été utilisé dans cette acception à propos de la Côte d'Ivoire, l'ethnisme de "l'ivoirité", et à propos du Rwanda et du Burundi

- L'ethnolinguistique est une discipline des sciences humaines qui se penche sur la variabilité linguistique à travers les différentes sociétés humaines et qui voisine dès lors avec la sociolinguistique et la dialectologie.

2.2- Ethnicité et Ethnicisme

‹ Ethnicité

Le terme ethnie, qu’il soit de dimension nationale ou transnationale, implique plusieurs dimensions qu’évoque par ailleurs Max Weber en 1961 : entraide, solidarité politique vis à vis des autres groupes, coutumes communes, langues, religions, valeurs, morales, étiquettes.

Depuis 1980, aux États-Unis, l’identification des groupes hispaniques se base sur un nombre déterminé de critères socioculturels tels que le nom d’origine espagnole, le pays d’origine, l’ancêtre paternel, et l’utilisation de la langue espagnole à la maison. Les recensements ethniques officiels, toutefois, ne retiennent aucune de ces méthodes et se contentent de laisser les recensés se classer eux- mêmes dans la ou les catégorie(s) de leur choix.

L’Australian Standard Classification of Cultural and Ethnic Groups (ASCCEG) donne en 2000 la définition suivante de l’ethnicité : « le terme d’ethnicité se réfère à une identité ou similarité partagée par un groupe de personne sur la base d’une ou de plusieurs caractéristiques incluant :

• une longue histoire partagée, sa mémoire étant toujours vive ; • une tradition culturelle, incluant des coutumes familiales et sociales, et parfois religieuses ; • une origine géographique commune ; • un langage commun ; • une littérature commune, orale et parlée ; • une religion commune ; • être une minorité (dans le sens d’être ou d’avoir été opprimée) et ; • avoir une couleur de peau différente. »

Selon cette définition, l’on peut se référer à la définition de BRETON. L’ethnicité est de ce fait, d'après Max Weber, le sentiment de partager une ascendance commune, que ce soit à cause de la langue, des coutumes, de ressemblances physiques ou de l'histoire vécue (objective ou mythologique). - 19 - Cette notion est très importante sur le plan social et politique car elle est le fondement de la notion d'identité. Celle-ci peut entraîner des engagements extrêmes comme par exemple celui - principalement en Espagne - de l'ETA pour la reconnaissance politique d'un peuple basque.

Une intuition de base de la théorie sociale de l’ethnicité est que la saillance de l’ethnicité dans une société, à un moment donné, dépend de facteurs institutionnels et politiques. Le sentiment national est, selon Weber, la principale forme d’identité ethnique. Marcel Mauss développe la même idée 27 . La nation est, pour lui, caractérisée par une « corrélation » entre pouvoir « démocratique à quelque degré », unité linguistique et unité ethnoculturelle, corrélation qui est une construction sociale et politique, générée dans l’opposition aux autres nations. De ce fait, nous pouvons appeler ethnonationalisme cette orientation ethnique du nationalisme

Annamaria Rivera dans un article, Ethnie-Ethnicité écrit : "…l'anthropologue norvégien propose de ne pas considérer le groupe ethnique comme déterminé par des contenus culturels. Ces derniers sont au contraire utilisés pour construire la frontière, et par conséquent pour construire la culture du groupe." 28

‹ Ethnicisme ou Ethnisme ?

C’est un mot nouveau qui ne se trouve pas encore dans les dictionnaires courants. Il ne se trouve pas non plus dans celui de l'Académie française . L'ethnisme peut être pris au sens de théorie politique : elle est une théorie politique qui reconnaît l'existence de langues et de cultures différentes. Il s'appuie sur la notion d'ethnie. Il constate les situations d'oppression de certaines langues et de certaines cultures par d'autres, tente de mieux les faire connaître et avance des solutions pour les résoudre. En ce qui concerne les langues régionales, le problème est évidemment d'arbitrer entre le souhait d'en perpétuer une certaine connaissance et les nécessités de disposer de langues communes au plus grand nombre : la connaissance correcte d'une langue demande un investissement personnel minimum de mille heures de travail sans compter celui de l'enseignant.

L'ethnisme exprime aussi l'utilisation inappropriée du concept d'ethnie pour expliquer les problèmes d'une population. On parle par exemple de l'ethnisme au Rwanda, pour dire qu'on y a utilisé sans fondement la notion d'ethnie, par préoccupation idéologique.

Au sens péjoratif, on parlera d'ethnicisme et d'ethnicistes, pour dénoncer une approche communautariste, que ce soit à propos du régionalisme politique, pour dénoncer une nouvelle forme de racisme , ou dans le cadre d'une défense de la laïcité. Le rapport entre ethnisme et politique est mis en évidence parfois dans la mesure où, dans de nombreux pays, des partis ethniques sont représentés dans les parlements nationaux et dans diverses autres assemblées élues, pour les plus anciens depuis la fin

27 MAUSS Marcel, La nation , Œuvres, vol. 3, Paris, Editions de Minuit, 1969, p. 572-639. 28 Rivera Annamaria, Ethnie - Ethnicité , dans Le retour de l'ethnocentrisme, Recherches revue du M.A.U.S.S., Paris, La Découverte, n°13, semestre 1999 - 20 - du XIX e siècle. Il s'agit de partis visant à représenter, dans une entité politique donnée, les intérêts d'une minorité ethnique ou de plusieurs ou de minorités similaires, comme les intouchables ou les castes inférieures en Inde, de la même façon que, à leurs débuts, les partis socialistes visaient à représenter les intérêts de la classe ouvrière.

Par ailleurs, les partis politiques ethniques sont des partis politiques dont la principale raison d'être est la défense des intérêts d'un ou de plusieurs groupe(s) ethnique(s) ou d'autres minorités linguistiques ou religieuses par le biais de la participation aux élections. Les partis ethno régionalistes constituent soit une autre catégorie de partis si on considère que les partis ethniques sont spécifiques aux minorités "dispersées", soit une sous-catégorie des partis ethniques. En effet, en Amérique latine : Le parti ethnique est défini ici comme une organisation autorisée à concourir à des élections locales ou nationales; la majorité de sa direction s'auto identifie comme appartenant à un groupe ethnique non dominant, et sa plate-forme électorale inclut des exigences et des programmes d'une nature ethnique ou culturelle 29 . Puis, en Inde: Un parti ethnique est un parti qui se représente ouvertement lui-même comme un défenseur de la cause d'une catégorie ethnique particulière ou d'un ensemble de catégories à l'exclusion d'autres et qui fait de cette représentation un point central de sa stratégie de mobilisation des électeurs 30 .

2.3- La conscience et l’identité ethniques

La notion de conscience implique l’existence d’un groupe et l’appartenance à ce groupe. BRETON précise que « L’identification à un groupe est le propre de chaque homme … L’identification au(x) groupe(s) est une source de force psychologique, d’équilibre, d’épanouissement personnel »31

A ceci s’ajoute les propos de Leroy VAIL cité par Jean Copans : « L’ethnicité est une force potentielle »32 tout en se demandant pourquoi les gens ordinaires ont préférés soutenir des politiciens ethniques que nationaux et qu’est ce qu’il y a dans le message ethnique qu’on ne trouve pas dans le message nationaliste.

• Les groupes ethniques

Pour Max Weber, les groupes ethniques sont des « groupes humains qui nourrissent une croyance subjective à une communauté d’origine fondée sur des similitudes de l’habitus extérieur ou des mœurs, ou des deux, ou sur des souvenirs de la colonisation ou de la migration 33 ».

29 Van Cott, Donna Lee, “Institutional Change and Ethnic Parties in South America.” Latin American Politics and Society 45, 2 (summer 2003): 1-39 ( abstract ) 30 KANCHAN Chandra, Why Ethnic Parties Succeed: Patronage and Ethnic Head Counts in India , Cambridge, Cambridge University Press, 2004. Abstract 31 BRETON Roland. L’ethnopolitique . Coll. Que sais je ? Ed PUF. 1995. P 11 32 COPANS J. La longue marche de la modernité africaine . Savoirs, intellectuels, démocratie. Coll Les Afriques. Ed Karthala. Paris. 1990. P 191 33 WEBER Max, Économie et société , 1922 - 21 - La notion d’appartenance ethnique renvoie à un mode de différenciation sociale moins connu peut-être que la différenciation des sexes ou celle des statuts socio-économiques : il s’agit de celui qui se construit à partir de l’origine supposée, - du sentiment d’appartenir ou que d’autres appartiennent à une communauté qui a des racines profondes. Il faut souligner le piège que recèle ce mot. De même qu’il y a du racisme et plus généralement de la « racisation » sans race, c’est-à-dire de la construction sociale de différence raciale sans race, il y a de l’ethnicité et de l’ethnicisation sans ethnie, c’est-à-dire de la fabrication sociale de différence ethnique ou d’appartenance ethnique sans ethnie.

Le paradigme de l'ethnicité, tel que fondé par Weber, s’intéresse à la production sociale d’une certaine forme d’identité communautaire au coeur des sociétés modernes, celle qui est associée à l’idée de communauté d’origine. Weber s’écarte radicalement de la vision essentialiste de la parenté ethnique : L'appartenance ethnique n'est pas une question d'essence, mais une question de croyance. Cette croyance est largement induite par certaines dynamiques sociales, notamment par l'organisation et la vie politiques nationales.

C’est au sein de ces dynamiques que les schèmes d’imputation des différences prennent consistance et que le contenu des ressemblances s’élabore et qu’elles se chargent plus ou moins de pathos. L’ethnicité est tout autant sinon plus caractéristique des groupes dotés d’une organisation politique, que des groupes minoritaires 34 . Cette croyance se déploie toujours à l'encontre d'autres, tenus pour essentiellement différents et infériorisés à raison de cette différence, tandis que l’on se rehausse collectivement.

• La mesure de l’ethnicité d’un individu

Une méthode permet de mesurer le degré d’intensité d’affiliation à un groupe ethnique à travers des critères mesurables et prédéterminés. Il s’agit en premier lieu de recenser les membres d’une communauté ethnique de manière objective (en fonction des critères de langues, de valeurs, de couleur de peau…) puis d’administrer un questionnaire comportant des items permettant de quantifier le degré d’identification de l’individu à cette communauté. Cette méthode permet donc de ne pas considérer la cible ethnique comme un groupe parfaitement homogène.

En effet, tous les individus ne présentent pas des degrés d’engagement d’adoption de valeurs communes identiques. Une hiérarchisation s’installe autour d’un noyau central ayant une forte implication des valeurs initiatiques. L’identité ethnique est un aspect de l’acculturation qui se concentre sur le fait de savoir à quel degré un groupe ethnique est lié à son propre groupe en tant que sous groupe d’une plus large société d’accueil. Le degré d’affiliation à son groupe peut varier selon les individus à l’intérieur même de la culture minoritaire ce qui peut donc entraîner des différences de comportement d’achat. Les

34 MAUSS Marcel, La nation , Œuvres, vol. 3, Paris, Editions de Minuit, 1969, p. 572-639. - 22 - individus influencés par la culture dominante du pays auraient donc des comportements différents de ceux dont le degré d’identification à la culture minoritaire est fort.

Par cette méthode, l’individu se définira lui même comme appartenant ou non à un « groupe ethnique ». Il définira son degré d’implication dans ce dernier ce qui permet en agrégeant au niveau de la population totale de déterminer si ladite communauté existe «bel et bien».

Car chaque individu est bien normalement partagé entre plusieurs allégeances qui le sollicitent et vis-à-vis desquels il manifestera plus ou moins d’attachement pour des raisons qui lui sont propres, et dans un ordre de préférence qui ne dépend pas forcément de la volonté de son Etat ; ces sollicitations sont chacune d’une intensité variable.

Ces notions peuvent caractériser le degré d’affiliation d’un individu pour son groupe qu’est l’ethnie. En conséquence, la conscience ethnique est une forme de conscience de groupe qui se manifeste par l’allégeance de cet individu pour son groupe ethnique. Nous verrons plus tard que cette conscience peut pousser l’individu surtout à une forme de solidarité envers un autre individu du même groupe ethnique que lui.

Section 2. Les structures politiques à Madagascar

Dans la pensée politique démocratique occidentale, née en Grande-Bretagne puis formalisée par le philosophe français Montesquieu, qui sert actuellement, au moins sur le papier, de modèle au niveau international, les pouvoirs doivent être séparés. Dans les démocraties ont distingue alors entre les Républiques, où il y a la séparation des pouvoirs la plus importante, qui peut être de deux ordres : aristocratique; et démocratique. Montesquieu 35 va essayer de présenter une nouvelle classification des régimes politiques. Ce faisant, il va être amené à prendre comme point de départ les gouvernés. Plus précisément, son modèle de classification répond à la question : les gouvernés peuvent-ils jouir de leurs liberté

1- La séparation des pouvoirs

Hérité du système politique français et européen, la structuration du pouvoir étatique malgache se reflète de la séparation des pouvoirs.

En effet, La séparation des pouvoirs est un principe de répartition des différentes fonctions de l'État, qui sont confiées à différentes composantes de ce dernier. On retient le plus souvent la classification de Montesquieu, appelée « Trias Politica » :

- le pouvoir législatif, confié au parlement ;

35 Montesquieu, De l'esprit des lois , livre XI: De la constitution anglaise , 1748. Texte - 23 - - le pouvoir exécutif, confié au gouvernement, à la tête duquel se trouve un chef d'État et / ou de gouvernement ; - le pouvoir judiciaire, confié aux juges.

Mais il arrive fréquemment qu'on ne parle que des deux premiers.

La séparation des pouvoirs a été, pour l'essentiel, élaborée par Locke et Montesquieu, mais de manière bien différente de ce que l'on conceptualise aujourd'hui. En effet, les philosophes des Lumières ne concevaient qu'un simple agencement entre différentes puissances équilibrées, qui se partageraient les différentes fonctions de l'État. À partir des révolutions américaine et française, cependant, les juristes ont déformé cette théorie pour en faire un modèle juridique où chaque puissance aurait le monopole d'une des fonctions et ne pourrait être influencée par une autre. Cette évolution du concept a permis une classification des régimes politiques, où l'on distingue maintenant entre régime parlementaire (séparation souple des pouvoirs, comme celle de Locke ou de Montesquieu) et régime présidentiel (séparation stricte des pouvoirs, telle qu'énoncée par les juristes).

Ce concept classique a donc souvent été modifié, voire déformé, au cours du temps pour répondre aux exigences pratiques. On distingue notamment aujourd'hui plus volontiers entre séparation horizontale (séparation classique) et verticale des pouvoirs de l'État : il s'agit ici d'une répartition à des échelons territoriaux distincts (fédéralisme, décentralisation...). Cependant, l'intérêt principal de cette séparation des pouvoirs (stricte ou souple, verticale ou horizontale) ne réside pas dans une simple classification juridique des régimes politiques. L'objectif de cette séparation des pouvoirs est d'avoir des institutions étatiques qui respecteraient au mieux les libertés des individus. La séparation des pouvoirs est donc devenue aujourd'hui un élément fondamental des régimes démocratiques, quoique les deux notions ne se recoupent pas entièrement.

À ce propos, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen affirme que : "Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution." 36

Par exemple, la France est dotée d'un régime parlementaire, la séparation des pouvoirs y est donc souple, voire très souple, puisque l'on assiste à une quasi confusion des pouvoirs au profit du Président de la République en période normale.

Selon Maurice Duverger la séparation des pouvoirs revêt deux formes principales dans les démocraties occidentales, suivant les modes de relations entre le Parlement et le gouvernement : le régime parlementaire et le régime présidentiel. Mais ces dénominations se fondent trop exclusivement sur les rapports juridiques entre Parlement et gouvernement : elles ignorent trop les réalités politiques et notamment le rôle des partis.

36 Article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 - 24 - De la sorte, la majorité du parlement sera la même que celle du gouvernement, ce dernier sera alors un simple instrument de la politique du parlement ; parler de la séparation des pouvoirs entre parlement et gouvernement dans ce contexte devient absurde.

Ainsi, pour l’Etat malgache les structures de pouvoir se présentent et s’organisent comme suit :

‹ Le Pouvoir exécutif : en Gouvernement durant Conseil des ministres, nommés par le Premier ministre. Puis, les élections : Le président est élu par un vote populaire pour un mandat de cinq ans. Le premier ministre est nommé par le président à partir d'une liste de candidats désignés par l'Assemblée nationale. ‹ Le Pouvoir législatif est détenu par un Parlement bicaméral - Assemblée nationale : 160 sièges, les membres sont directement élus par le peuple pour un mandat de quatre ans). - Sénat : deux tiers des sièges sont remplis par les assemblées régionales dont les membres sont élus par les grands électeurs, et le tiers de sièges restant est nommé par le président. Tous les membres exercent durant un mandat de quatre ans. ‹ Et le Pouvoir judiciaire détenu par la Cour Suprême, la Haute Cour Constitutionnelle

Selon les dispositions de la Constitution malgache en vigueur, une loi présente dans le TITRE III : De l’organisation de l’Etat , et ce à l’Article 41 que :

« Les Institutions de l’Etat sont :

- le Président de la République et le Gouvernement ; - l’Assemblée Nationale et le Sénat ; - la Haute Cour Constitutionnelle. - Les trois fonctions de l’Etat - exécutive, législative et juridictionnelle - obéissent au principe de la séparation des pouvoirs et sont exercées par des organes distincts. - La Cour Suprême, les Cours d’Appel et les juridictions qui leur sont rattachées ainsi que la Haute Cour de Justice exercent la fonction juridictionnelle.» 37

2- Le schéma exécutif de la Constitution de la Troisième République

Notre intérêt pour l’exécutif s’explique par le fait que il met en œuvre la politique générale de l’Etat, il est responsable devant l’Assemblée nationale et que le Gouvernement dispose de l’Administration d’Etat. En effet, dans la mesure où notre thème se soucie en partie du développement et que c’est le gouvernement qui s’occupe de la mise en œuvre de tout programme national de développement.

37 Loi constitutionnelle N°2007 - 001 DU 27 AVRIL 2007 Portant révision de la Constitution - 25 - 2.1- Le gouvernement

La composition du gouvernement 38 se fait comme suit : la Primature dirigés par le Premier Ministre Chef du Gouvernement ; les différents Ministère : Ministère de l'Intérieur, Ministère de la Défense Nationale, Ministère de la Justice, Ministère de la Réforme Foncière, des Domaines et de l’Aménagement du Territoire, Ministère de la Fonction Publique du Travail et des Lois Sociales, Ministère des Finances et du Budget, Ministère de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme, Ministère des Affaires Etrangères, Ministère de la Santé et du Planning Familial, Ministère de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique, Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, Ministère des Sports, Culture et Loisirs, Ministère des Télécommunications, des Postes et de la Communication, Ministère des Travaux Publics et de la Météorologie, Ministère de l’Economie, du Commerce et de l'Industrie, Ministère des Transports, Ministère de l’Energie et des Mines, Ministère de la Sécurité Intérieure.

De plus, à part les directions de ces Ministères, nous avons effectué des enquêtes auprès de structures administratives relevant en général du Ministère de l’Intérieur dont nous allons donner une présentation.

2.2- Le MID

Notre intérêt pour le MID (Ministère de l’intérieur et de la Décentralisation) s’explique en effet par le fait que la majorité des échelons administratifs dans lesquelles nous avons effectué des enquêtes est reliée à ce Ministère. Aussi allons nous en faire un aperçu de sa structure et de ses missions.

• Présentation

Le Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation est l’institution publique qui : élabore et met en œuvre la politique gouvernementale en matière de décentralisation et de déconcentration ; exerce les pouvoirs se rattachant à la mission de souveraineté de l’Etat, qui lui sont attribués par la législation en vigueur ; fait sienne la préservation de l’ordre et de la sécurité publics ; œuvre pour le renforcement et l’efficience de l’administration territoriale ; se charge de la protection civile, de la coordination des activités de secours d’urgence et de la gestion des aides en cas de cataclysmes.

En effet, le Département de l’Intérieur et de la Décentralisation est composé de deux Directions Générales, de 17 directions et de 44 services. Deux directions consacrent à la gestion des risques et catastrophes, cinq pour l'administration du territoire, cinq autres s’occupent des collectivités décentralisées et les restes pour le bon fonctionnement du Ministère. Ses ramifications s’étendent dans tout le territoire de la République, à savoir :

38 Données obtenues en août 2008. http://www.primature.gov.mg - 26 - - 22 Régions;

- 22 Délégations Régionales du Gouvernement;

- 119 Districts;

- 1220 Arrondissements Administratifs;

- 1 549 Communes;

- 16 969 Fokontany.

Le MID, c’est aussi : Un réseau ancré dans le territoire national, avec ses structures déconcentrées et décentralisées, toujours présent auprès des populations ; Le noyau de l’administration de l’Etat, son « ossature » naturelle; Un potentiel de 3500 agents au service des citoyens ; Des services au contact des forces vives de la Nation : élus locaux, dirigeants associatifs, représentants syndicaux, responsables d’entreprises etc. ; Un patrimoine administratif bâti exceptionnellement au cours des temps ; Une organisation capable de se mobiliser à tout moment pour répondre aux crises de toutes natures.

• Missions du Ministère :

Dans le cadre de l'application du décret n°2008/427 du 30 avril 2008 portant nomination des membres du gouvernement le département de l'Intérieur et de la Décentralisation a pour missions fondamentales, destinées : d’une part, à garantir les libertés individuelles et démocratiques, à assurer la sécurité des personnes et des biens à partir des réunions de l’Organisme Mixte Conception (OMC) présidées par le Chef de District pour le niveau district et par le Chef de Région pour le niveau régional ; et d’autre part, à appuyer, encadrer et coordonner les opérations de développement régional et local à partir des contrôles de légalités des actes des structures décentralisées et des réunions mensuelles des Maires et des Chefs de Services Techniques Déconcentrés présidées par chaque Chef de District.

Et selon le Décret N°2008-666 du 21 juillet 2008, fixant les attributions du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation, la missions du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation (MID) consiste

- D'une part à : Exécuter les directives gouvernementales en matière de décentralisation, d’administration du territoire, de préservation et de maintien de l’ordre public ; Organiser les élections et consultations populaires conformément aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur; Exécuter et réaliser les engagements lui concernant dans le MAP.

- Et d'autre part, à exercer les attributions particulières qui lui sont confiées par le Gouvernement, comme : La garantie apportée par l’Etat à l’identité des personnes physiques, à la nationalité, au bon fonctionnement de la vie démocratique (cartes nationales d’identité, titres de séjour, élections, associations, …) ; La sécurité des personnes et des biens (sécurités intérieure et civile, police

- 27 - administrative, droits de conduire, …) ; Le respect de la Loi et le bon fonctionnement des collectivités (contrôle de légalité, contrôle hiérarchique, …) ; La présentation de l’Etat aux divers échelons territoriaux (représentation, communication).

La coordination de la mise en œuvre des politiques gouvernementales et la cohérence de l’action de l’Etat au niveau territorial (actions interministérielles, subventions et dotations, aide aux acteurs locaux, …), auxquelles il convient d’ajouter les fonctions de support (budget, personnel, immobilier, …).

- 28 - Chapitre 2. APPROCHE HISTORIQUE

Ce volet de notre étude va faire un bref exposé des idées et des faits qui ont jalonnés l’histoire de Madagascar, surtout celle qui touche les luttes de libération. Cette approche historique nous permettra de mieux appréhender les faits qui ont pu être à l’origine des vestiges de sentiments encore présents. Donc, le besoin de cette approche réside dans le fait qu’elle peut expliquer les raisons de certaines conceptions ou situations. Nous aborderons ici quelques repères historiques issus de la colonisation et des théories dans l’histoire qui ont pu expliquer certains actes jugés répréhensibles par les peuples.

Nous allons auparavant évoquer les considérations de Pierre BOITEAU concernant ce qu’il appelle « falsification », car en effet, cet auteur présente la plupart des écrits, œuvres d’Européens, comme des falsifications dont l’une d’elle « consiste à exagérer les luttes entre tribus, présentées sous un aspect de luttes raciales, en passant sous silence les luttes des classes au sein de la société malgache »39 . Et il ajoute que « Elle vise à entretenir des divisions qui renforcent l’impérialisme en diminuant l’efficacité de la lutte du peuple malgache pour son émancipation.» 40 . Et c’est dans cet axe que l’histoire de Madagascar a été formulée et ensuite vue par les Malgaches.

Section 1. Héritages historiques dans la pensée politique malgache

L’instrumentalisation politique du concept d’ethnie concerne une des stratégies de la colonisation française à Madagascar, à travers une théorie du développement comme le passage de la tradition à la modernité dans le sens de l’occidental, ce qui fut l’intervention scientifique à travers l’ethnologie coloniale.

En effet, la connaissance des mœurs et des coutumes du peuple colonisé devait permettre d’identifier les contradictions internes à ce peuple : contradiction que le pouvoir colonial visait à aiguiser afin d’entretenir une ambiance de guerre civile afin d’empêcher l’unité du peuple pour en récupérer certains éléments représentatifs. Ces éléments représentatifs étaient les porteurs et les avocats de leurs intérêts respectifs. Le pouvoir colonial va s’attacher à entretenir en permanence les contradictions d’intérêt entre ces divers représentants pour asseoir dessus ses propres intérêts. La formule du Général GALLIENI « Diviser pour mieux régner » constitue le support théorique global de cette politique coloniale.

La division administrative a été conçue sur la base ethnique : les variantes locales et régionales de la culture d’identité malgache sont interpellées en des termes de contradictions flagrante de cultures, de logiques sociales et d’intérêts dans tous les sens.

Chaque variante culturelle locale est définie comme spécificité ethnique visant des intérêts politiques n’ayant aucun rapport avec les intérêts politiques tout aussi particuliers des autres ethnies.

39 BOITEAU Pierre. Contribution à l’histoire de la nation malgache Ed Sociales. Paris. 1958. P 11 40 BOITEAU Pierre. Op cit - 29 - Dans cette logique, les Antaisaka, les Bara, les Sakalava … seront sans cesse opposés entre eux dans une dynamique de compétition par la conquête et l’occupation des postes clés au sein de l’administration publique. Ainsi, la structuration des partis politiques et syndicats ayant participés à la lutte pour l’indépendance ont réussi à se démarquer de cette stratégie coloniale, excepté le PADESM (Parti des Déshérités de Madagascar) qui a voulu rallier en son sein les cadres des régions côtières et les individus d’origine esclave des Hautes Terres.

1- La politique des races

Avant d’entrer dans l’historique proprement dit, nous allons présenter les propos de John LONSDALE dans un article : « L‘empire colonial européen créa un tout nouveau type d‘État dans lequel certains Africains se voyaient déléguer une autorité sur d’autres Africains, ce qui avait rarement existé auparavant. En conséquence, le pouvoir et la domination n’étaient pas encore soumis au devoir de responsabilité. Les policiers et les fonctionnaires des impôts se trouvaient en situation, comme jamais, d’aider leurs amis et de nuire à leurs ennemis ; en lieu et place d’une ethnicité très largement polycentrique et non étatisée, des hiérarchies tribales sont apparues pour venir étayer les structures de pouvoir. » 41

Dans les essais d’écriture sur l’histoire de Madagascar, la politique des races est une théorie qui dans la plupart des cas est mal présentée et surtout occultée. Les considérations de cette politique furent basées sur les idées de Gallieni concernant le fait que les originaires des Hauts Plateaux étaient plus intellectuels que les autres et que ils avaient constitués l’appareil administratif de l’Etat colonial. A ce propos, SPACENSKY a expliqué: « les Hovas fournissaient d’excellents cadres administratifs, sur lesquels s’appuyaient la colonisation. Ses successeurs allaient le suivre dans cette voie, contribuant ainsi à favoriser la « Merinisation » de l’île »42 .

Cependant, l’instauration de ces « cadres administratifs », selon SPACENSKY toujours, a donné une force politique et administrative aux « Merina » surtout, et le pouvoir colonial lui-même a eu peur des répercussions de leur politique à leur détriment, en s’apercevant du pouvoir grandissant que leurs cadres avaient acquis au fil des années de l’administration coloniale. Par ailleurs, les administrés côtiers ont toujours vu l’implantation de leurs administrateurs comme une invasion et comme une autre forme d’assujettissement après celle des colons.

Le pouvoir colonial initia une nouvelle stratégie pour contrecarrer les méfaits de leur propre politique par la formation d’une autre élite mais cette fois-ci côtière. Dans ce sens, le PADESM 43 se situe dans la perspective de la "politique des races" inaugurée par Galliéni et servant depuis de toile de fond de la politique française à Madagascar. Ce qui a permis de dire que les véritables instigateurs du

41 LONSDALE John. Ethnicité, morale et tribalisme politique . SOAS (Londres) - Trinity College (Cambridge). P 08 42 SPACENSKY A. Madagascar : cinquante ans de vie politique . Nouvelles Ed Latines. Paris. P 56 43 Parti des déshérités de Madagascar - 30 - PADESM étaient en réalité les autorités coloniales. En tout cas, beaucoup d’écrits historiques affirment que ces dernières l'appuient ouvertement dans sa politique pour essayer d'enrayer la progression du MDRM 44 .

Concernant particulièrement cette période, la référence des propos du Gouverneur Marius Moutet à l’époque par BOITEAU le prouve. « A Madagascar, notre politique s’est appuyée sur les Hovas, qui nous ont fourni de précieux auxiliaires.

Cependant, ils représentent une seule population malgache, ancienne maîtresse de l’île et la plus évoluée. Le suffrage universel leur a donné une majorité, mais il y a toute une masse indigène d’autre origine qui doit pouvoir donner son opinion» 45 , ces propos étant poursuivis ensuite selon cette déclaration du même personnage : « Il fut recommandé d’une manière générale aux commandants de cercle de toujours se laisser guider par ces deux principes : politique des races et destruction de l’hégémonie hova »46

Et face à cela, une nouvelle stratégie a été mise en place, c’était celle d’une sorte d’équilibre ethnique dans l’exercice du pouvoir.

Ainsi, WILLAME exprime ceci : « La première République malgache (1960-1972), qui sera résolument bourgeoise, constitue la continuation et la consécration du compromis ‘’ethnique’’ qui s’instaure dans le partage du pouvoir entre les élites merina et les autres. Si les ressortissants côtiers, qui ont eu la faveur de l’administration à la fin de la période coloniale avec la création d’un ‘’Parti des déshérités de Madagascar’’ prennent en main les ‘’titres et insignes’’ du pouvoir central et en particulier de la présidence, si l’équilibre régional est plus ou moins atteint avec l’irruption sur le devant de la scène politique de ‘’grands barons’’ non merina (Monja Jaona, André Resampa, Didier Ratsiraka, Philibert Tsiranana), les Merinas des Hautes Terres conserveront la haute main sur les échelons supérieurs de l’administration et surtout sur l’un des outils utiles du pouvoir, l’armée, dont les officiers supérieurs sont dans leur écrasante majorité d’origine Merina. Conformément à la politique de race initiée par la colonisation, ceux-ci ont accomplis leur carrière dans l’armée française, ont été intégré dans l’armée malgache après l’indépendance.

Mais ici aussi, un compromis est intervenu pour faire la place aux non merina : les forces républicaines de sécurité, police paramilitaire rattachée au Ministre de l’Intérieur, A. Resampa, seront quant à elles l’émanation des intérêts côtiers »47

44 Mouvement Démocratique pour la Rénovation de Madagascar 45 BOITEAU Pierre. Idem. P 352 46 BOITEAU Pierre. Idem. P 352 47 WILLAME Jean-Claude : Gouvernance et Pouvoir , Essais sur trois trajectoires africaines, In Cahiers Africains N° 7-8 . Ed L’Harmattan. Paris 1994. P 65 - 31 - 2- MDRM et PADESM

Le modèle antithétique depuis la lutte pour l’indépendance et ce jusqu’à ce jour est présent dans la conscience collective malgache. En effet, le MDRM et le PADESM ont toujours été présentés comme deux entités politiques opposées surtout depuis l’échec de la révolution de 1947. Leurs caractéristiques et leur composition leur a valu deux étiquettes différentes : le premier a été considéré comme le parti de la lutte contre la colonisation et le second comme celui de la collaboration coloniale. Par ailleurs, les confrontations ont souvent été observées durant les scrutins organisés durant la période d’avant indépendance.

Tout d’abord, voici une brève présentation des deux parti et mouvement :

‹ PADESM (Parti des Déshérité de Madagascar) : fondé officiellement en juillet 1946 (parmi les cofondateurs, on relève le nom de Ph. Tsiranana), il rassemble, sous la houlette de l’autorité coloniale, une fraction de l’élite bureautique ; ce groupement se fait sur une base tribaliste (les côtiers dressés contre les Merina, sur les Plateaux les descendants des esclaves contres les autres catégories) ; ce qui sera le porteur au sein de la population de l’acceptation de la subordination et de la division tribale.

Selon RANDRIAMARO, L’histoire du PADESM est restée occultée en raison de la victimisation de son grand rival, le MDRM, parti nationaliste associé à la mémoire du soulèvement et de la répression de 1947. Une fois l’île indépendante, en 1960, il devenait difficile d’évoquer un parti qui ne voulait pas d’une indépendance rapide et célébrait ses propres « martyrs » tombés en 1947, victimes de la rébellion et d’une francophilie affichée.

La présentation qu’en font les sites Internet est la suivante : « En malgache, le nom officiel de celui-ci était Firaisan'ny Tanindrana sy ny Mainti-enindreny ary ny Karazany rehetra eto Madagasikara, "Union des Côtiers et des Mainti-enindreny et assimilés à Madagascar", ce qui en excluait surtout les Merina d'origine indonésienne, qualifiés pour la circonstance de Hova fotsy ou "Hova blancs". D'ailleurs, l'article 7 des statuts du Padesm le déclarait explicitement. Et il en était de même de l'un de ses slogans: Madagascar aux Malgaches, les Malais [à savoir ici les Merina] en Malaisie.

Le Padesm voit officiellement le jour le 1 er juillet 1946, à l'instigation d'un groupe de Mainty et de Tanindrana et fait de Ramambason (d'origine mainty) son Secrétaire Général. Il ne se manifeste cependant au grand jour que le 6 août 1946, le jour du cinquantenaire de la loi d'annexion de Madagascar comme colonie française. Ce choix est hautement significatif puisque le Padesm se voulait résolument pro-colonial et rejetait toute perspective d'indépendance pour Madagascar. D'ailleurs, il réservait surtout son hostilité au MDRM, un parti nationaliste animé principalement par des Merina. »48

48 www.wikipedia.org - 32 - ‹ MDRM (Mouvement Démocratique de la Révolution Malgache) : Fondé le 22 février 1946 dans un restaurant de la montagne Sainte-Geneviève, il fut la matrice d’une considérable mobilisation populaire sur une position nationaliste ; son organisation assez lâche était composée de comités électoraux localisés dans les centres urbains et exerçant leur influence sur les villages, à sa périphérie des groupes clandestins (Jina, Panama) semblent avoir joué un rôle important dans le déclenchement de l’insurrection de 29 mars 1947.

Analyser la naissance du M.D.R.M., c’est examiner les legs que les structures nationalistes de la première moitié du XX e lui ont laissés. Ainsi, le parti a hérité de cette conception nationale (Madagascar forme ainsi une seule nation) chère à la V.V.S. et que le S.R.I. et le P.C.R.M. ont prôné. D’ailleurs, c’est grâce à ces derniers si le nationalisme malgache a cette teinte communiste dès les années 1930. Mais, il ne faut pas oublier les apports des actions entreprises par Jean Ralaimongo, d’abord dans le nord de l’île, en particulier cette lutte pratique et directe dans la mesure où il a pu orienter sa lutte contre la colonisation vers un terrain d’action sociale beaucoup plus populaire : celui de la lutte contre l’injustice et les abus de la colonisation comme la spoliation des terres appartenant aux paysans.

A part cette lutte concrète sur le terrain social, le M.D.R.M. a également hérité de cette forme de lutte plus centrée sur le débat idéologique orchestré par une presse débordante d’activités et dont l’influence s’étend même dans les campagnes malgaches, en particulier grâce à la lecture collective des journaux nationalistes. Publiés à Tananarive, capitale du nationalisme dès la fin des années 1920, ces journaux jouent plus que jamais leur rôle de principal instrument de lutte du mouvement d’émancipation. En effet, les structures comme le S.R.I. ou le P.C.R.M. sont plus exposés aux risques de la répression infligée par l’administration coloniale. Mais si elles disparaissent juste avant la guerre de 1939, elles laissent au M.D.R.M. une culture politique qui va des modes d’actions comme la clandestinité aux modes d’expression comme les élections, ainsi que des cadres qu’elles ont formé et qui animeront le parti, sans oublier les vastes systèmes de réseaux qu’elles ont mis en place et structureront le M.D.R.M. (coopératives, réseaux de militance, syndicats…).

Enfin pour terminer sur les origines de ce grand parti, on doit démontrer qu’il est l’enfant de son temps et reflète les idées et les courants de pensée de son époque en se nourrissant et en s’inspirant de leurs contenus (influence des événements consécutifs à la guerre, à la décolonisation, à la Guerre froide…). Sa naissance ne peut être également dissociée de cette volonté de la France républicaine de réformer sa politique coloniale dans le sens d’une participation des colonisés à la gestion de leurs propres affaires internes, symbolisée par la Conférence de Brazzaville. Ainsi, le M.D.R.M. se veut être une structure qui permet aux Malgaches justement de participer à l’administration de Madagascar grâce aux réformes structurelles entreprises par la France (notamment la mise en place des Assemblées locales). Ce dernier constat implique que l’origine du parti est largement associée à la conjoncture politique libérale de l’après-guerre et en particulier à cette prise de conscience de la plupart des Malgaches du fait que la colonisation et ses différentes formes oppressives ont trop duré et que la liberté et l’indépendance sont les seules solutions à leurs problèmes et à leurs souffrances. Ce que le M.D.R.M. va propager dans sa campagne de propagande. - 33 - BOITEAU de son côté, explique que le MDRM, dès sa fondation, « connaît une très large influence de masse »49 . Il démontre ses propos par un message même de Tuléar par le biais de ses députés qui ont émis leur position le message télégraphique écrit comme suit : « Peuple malgache unanime derrière vous approuve entièrement proposition loi tendant reconnaissance Madagascar comme Etat libre ayant son gouvernement, son parlement, son armée, ses finances au sein Union française »50 . Ce message sera suivi par d’autres cités par l’auteur : Betroka, Ambato-Boina, Diégo Suarez, etc.

A propos de ces deux entités politiques : PADESM / MDRM, Alain SPACENSKY avance clairement que le PADESM est une réaction anti MDRM et par la même une réaction « côtière », il dit alors : « L’histoire de Madagascar est faite de heurts entre peuples rivales, séparées par leurs différences ethniques. Jusqu’à une époque récente, l’île aux dix huit tribus n’avait jamais connu l’unité naturelle et pour ainsi dire instinctive que donne l’appartenance à une même patrie. » 51

Par ailleurs, il ajoute que : « Les autorités coloniales ont joué la carte « PADESM contre MDRM ». Cependant à cet auteur de préciser « Mais il serait faux de dire, comme certains l’ont fait (dont Pierre Boiteau et les chefs de l’insurrection), que ce parti côtier avait été de toutes pièces par l’Administration Française. Le PADESM correspondait à une nécessité, car la situation particulière de l’île exigeait sont apparition. Il était la manifestation d’une réaction des peuples côtiers contre les privilèges Hovas. Jusqu’alors, les Côtiers n’avaient pas eu les moyens de secouer cette véritable tutelle, aggravée par la colonisation. Dès qu’ils eurent la possibilité de s’exprimer, ils tinrent à affirmer leur droit à la participation politique, dont ils avaient toujours été écartés. L’appellation choisie par les fondateurs montre bien ce désir de ne plus accepter désormais une condition inférieure et de réclamer l’égalité réelle de tous les malgaches. « Partis des Déshérités de Madagascar », il s’était fixé pour mission de représenter tous ceux que les Merina, comme l’Administration, avaient eu trop tendance à négliger »52

« … or le dernier gouverneur colonial avait pour objectif d’installer au pouvoir des politiciens pro-français, ayant fait leurs premières armes en 1946-47 dans le PADESM, ce parti à la fois pro-colonial et tribaliste, mis vainement en avant par les autorités françaises pour bloquer le MDRM sur le terrain électoral. La décolonisation fût donc marquée par une vaste entreprise destine à empêcher les nationalistes de l’emporter sur le terrain électoral, d’où un cortège d’interventions administratives dans les consultations, de trafics de résultats, de neutralisations des dirigeants nationalistes, le tout dans l’exacerbation de la division tribale, qui reposait sur l’équation « opposants nationalistes – Merinas des Plateaux, pro-français – originaires de la Côte »53

En ce qui concerne ces citations, nous allons revenir à BOITEAU, qui a répété les instructions à l’intention de Coppet, gouverneur à l’époque : « Il apparaît urgent aujourd’hui de réagir contre cette influence (du MDRM) et d’entreprendre une lutte méthodique pour ramener le mouvement hova, tout au

49 BOITEAU Pierre. Op cit. P 351 50 BOITEAU Pierre Op cit 51 SPACENSKY A. Madagascar : cinquante ans de vie politique . Nouvelles Ed Latines. Paris. P 56 52 SPACENSKY. IDEM. P 58-59 53 Gérard ALTHABE. Anthropologie politique d’une décolonisation , p 195-196 - 34 - moins à ses limites géographiques et ethniques qui sont l’Imerina et, par la même, de lui ôter cette apparence de caractère national qu’il s’efforce de se donner »54 .

En étudiant la période du PADESM et du MDRM 55 , J.R.RANDRIAMARO affirme que pour le PADESM les Merina étaient "les véritables privilégiés" du système colonial et comptaient le plus d’employés dans l’administration. Le problème est posé en termes de "privilégiés" ou non par le conquérant, révélant que pour le PADESM la colonisation est une bénédiction. J. R. Randriamaro illustre l’étendue de ces "privilèges" à la veille de la Deuxième guerre mondiale : « En 1939, dans l’administration générale indigène (gouverneurs, sous-gouverneurs, secrétaires, chefs de canton, sur un effectif total de 1.076 fonctionnaires, on compte 771 originaires des Hauts-plateaux, soit 7 agents sur 10. Les Merina sont moins nombreux, tout en restant largement majoritaires, dans l’enseignement où se sont concentrés les efforts de recrutement régional et de décentralisation : sur les 1.238 instituteurs que compte l’administration figurent 634 Merina, soit un Merina sur deux instituteurs. Mais la prépondérance merina augmente à mesure que l’on monte dans les échelons. Aussi retrouve-t-on deux Merina pour trois professeurs-assistants parmi les 72 existants. Un rapport légèrement inférieur à celui de 1932 : sur les 72 professeurs-assistants de l’époque, 56 étaient Merina dont 40 Hova et 15 Andriana." En 1946, l’avance des Merina demeure entière puisque, sur un total de 9.140 fonctionnaires malgaches, on compte 6.043 Merina, ce qui représente toujours une moyenne de deux Merina sur trois fonctionnaires. A titre d’exemple, parmi les écrivains-interprètes, on dénombre 293 Merina sur un total de 439 (66,5%), chez les comptables 118 sur 179 (65%), chez les gouverneurs et sous-gouverneurs 391 sur 654 (59,7%), dans le personnel de l’assistance médicale indigène 1036 sur 1567 (66,6%) et dans celui des contributions indirectes 36 sur 38, soit 94,74%. »56

Il est encore reproché aux Merina d’avoir continué à dominer les autres groupes sous la colonisation, grâce aux fonctions qu’ils exerçaient dans l’administration, fût-ce au niveau subalterne, à leurs activités commerciales dans tout le pays, grâce à leurs fonctions de responsabilité dans les églises, grâce aussi, pour certains, aux alliances contractées avec les pouvoirs coloniaux. L’absence de connaissances sur la structure de classes à l’époque de la colonisation a permis le mythe de Merina dominateurs ; en fait la collaboration a été le fait de certaines catégories de Malgaches, Merina comme non Merina. Cette opposition n’a pas vraiment lieu d’être : Présenté habituellement comme un parti de collaborateurs et d'anti-indépendantistes, le PADESM, constituait le principal adversaire du MDRM dans la compétition pour la récupération de l'héritage colonial. L’analyse du processus de lutte pour l'indépendance à Madagascar permet de rompre avec l'approche manichéenne et déterministe de l'historiographie nationaliste, en insistant sur l'existence d'une dialectique entre le PADESM et le MDRM. Il faut également avoir restituer les ambiguïtés de cette période : au niveau des rapports entre les partis et le pouvoir, au niveau des rapports entre les partis, au niveau des rapports internes a chaque parti, au niveau des rapports entre l'administration et les colons, entre l'administration et les indigènes, etc. Il est

54 BOITEAU Pierre. OP cit. P 358 55 http://www.haisoratra.org/breve.php3?id_breve=229 56 RANDRIAMARO Jean Roland : PADESM et luttes politiques à Madagascar , de la fin de la Deuxième Guerre mondiale à la naissance du PSD. Ed Karthala. Paris 1997. P 320

- 35 - enfin une contribution a l'étude de l'identité malgache en se penchant sur les mainty, sur leurs rapports avec les autres groupes sociaux, notamment les "côtiers" et les fotsy, les "blancs", c'est-à-dire les Hova et Andriana, hommes libres et nobles.

3- Les immigrations

L’entrée et l’arrivée de tous nouveaux habitants sont toujours ressenties comme un envahissement et un empiètement par les autochtones d’une région .

En outre, les relations entre groupes dans les sociétés complexes, telles que les sociétés modernes brassées par les migrations, suscitent des imputations et des revendications croisées d’identité. Ces processus entretiennent des « frontières ethniques ».

3.1- La période de l’Administration merina et de l’unification de Madagascar

Les mots ont leur force. Ce qui est, sous d’autres latitudes, perçu comme un processus d’unification a été volontairement construit comme occupation de terres étrangères. La tradition orale constitue, avec les ouvrages coloniaux, la source la plus répandue de la mémoire. Elle traduit, selon les enjeux du moment, un point de vue actuel. Dans la tradition de rivalités ethnicistes, il n’est pas fait une analyse de la nature des pouvoirs autrefois en conflit, de leurs contraintes, stratégies, difficultés, alliances, pas d’analyse de classes. Dans le cas de la subordination aux Merina, le passé ne reçoit qu’une qualification "ethnique". Il est omis de dire que la situation des populations dans les régions merina était similaire sinon plus grave que celle des populations soumises. Ce type d’approche est significatif de la méthodologie prétendument scientifique des chercheurs d’idéologie coloniale. Les Merina ont connu par ailleurs le conditionnement des sociétés hiérarchisées ; leur langue, devenue la langue officielle a été fixée avec la traduction et l’écriture de la Bible, à la différence des parlers restés au stade oral. Les dirigeants du royaume du Centre ont par ailleurs opéré la conquête, pour une extension du royaume merina, des deux tiers de l’île et les souvenirs douloureux de ces conquêtes et des résistances qui s’ensuivirent sont restés dans les mémoires ; les gens du Centre en ont gardé un sentiment de fierté, les descendants des populations vaincues, de la rancune.

De la sorte, les griefs à l’égard des Merina concernent les conquêtes et les humiliations ressenties à leur issue. Aussi, pour la grande majorité des non Merinas, les Merinas demeurent le peuple qui opprima les autres peuples au cours de son œuvre d’unification, de conquête, d’administration, de la plus grande partie du pays. Beaucoup a été dit et écrit à ce sujet, continue à l’être. La perception, le vécu de l’histoire sont évidemment différents selon les régions, mais rien n’a été fait pour expliquer les différences de point de vue. La réprobation, la dénonciation de "l’impérialisme merina" constitue toujours l’un des fers de lance principaux des héritiers de la vision coloniale de l’histoire.

- 36 - 3.2- Un cas : la « Mahafalisation »57 de la région Sud

Le problème de l’immigration est qu’elle est toujours ressentie comme une véritable invasion de l’étranger. Jean Claude WILLAME développe alors que « ces migrations s’accompagnent inévitablement d’une accentuation des conflits fonciers et plus généralement des tensions interethniques que les groupes dominants ne manquent pas de manipuler ». 58

Cette phrase s’explique par ce que l’auteur présente plus haut dans son ouvrage: « … On peut citer le cas des populations mahafale du sud ouest étudiées par J M Hoerner et qui ont trouvé dans une conjoncture économique fragile un terrain pour leur épanouissement … Comme Emmanuel Faroux et Bernard Koto l’ont montré, ils ont complètement ruralisé la ville de Tuléar après en avoir pris possession : selon une estimation de 1990, un habitant sur deux seraient mahafaly dans cette agglomération dont ils ont remis en cause l’ancienne répartition des quartiers par groupes ethniques » 59

Donc, le sentiment des populations autochtones a été l’aversion face à ces invasions de leur territoire, vu la sacralité qui lui est accordée en qualité d’héritage venant des ancêtres.

Section 2. Les théories à l’origine de l’ethnicité et de l’ethnopolitique

Les concepts politiques ont leur origine et leurs fondements. A ne prendre que l’exemple de Hitler, il y a des théories radicales basées sur l’ethnie. Nous essaierons de développer au mieux ce sujet.

1- Ethnopolitique

1.1- Définition

La notion d’ethnopolitique n’est pas très répandue, d’ailleurs elle n’est pas recensée dans les ouvrage lexicographiques ni dans les théories politiques.

Dans son ouvrage titre, Roland BRETON oppose la géopolitique à l’ethnopolitique, la première discipline qu’il présente comme un cadre vide, sans son tableau n’ayant en guise d’acteurs que « les Etats » sans vies ni pensée ni désirs. En effet il considère que « les ethnies, les peuples, les nations sont des vrais acteurs de l’histoire, créant et animant les Etats, les poussant aux nues, puis les laissant dépérir ou les faisant voler en éclats, les déchirants, les piétinant, ou bien les honorant. Ethnies, peuples

57 Terme utilisé par l’un de nos enquêtés et que nous nous sommes permis de transcrire 58 WILLAME Jean-Claude. Gouvernance et Pouvoir , Essais sur trois trajectoires africaines, In Cahiers Africains N° 7-8. Ed L’Harmattan. Paris 1994. P 176 59 WILLAME Jean-Claude. Op cit. P 167 - 37 - et nations sont des êtres vivants, ici exaltés, là niés, opprimés, asservis par leurs semblables, mais tous en relation symbolique ou conflictuelle avec les Etats »60 .

Ainsi, l’auteur par ses explications, avance que l’ethnie est un acteur essentiel dans l’histoire, dans la politique, dans la société. Il ajoute par la suite : « L’ethnopolitique constate plutôt que l’ethnie, ayant vocation nationale veut se donner un Etat et que celui-ci ne peut se concevoir que sur un territoire … Par ailleurs, la sphère du politique ne peut pas être animée simplement par les Etats, les plus froids des monstres, de Nietzsche, faits de décors fixes, de trésors morts et de foules esclaves. Elle est plutôt la scène où les peuples sont d’abord à la quête du masque étatique, et, où, une fois celui-ci acquis, est tenté de justifier et de s’organiser cette symbiose, l’Etat-nation, à partir de laquelle, découlent tant de drames de l’histoire. Tant de conflits durables et renaissants qu’il serait temps, enfin, de chercher vraiment d’autres scénarios : de coexistence et de conviviabilité, par exemple, plutôt que d’affrontements, de domination et d’hégémonie »61 .

Enfin, pour cet auteur, en considérant l’ethnopolitique comme cadre d’analyse, cette discipline « doit permettre d’exorciser ce qui est présenté comme le démon de l’ethnicité. Elle doit aider à démontrer que si chaque homme appartient à un Etat, il appartient, aussi, à une ethnie »62 . Et que d’ailleurs, ces différentes sortes d’appartenances devraient être sources de richesses et de compréhension mutuelle.

1.2- Les voies négatives de l’ethnopolitique

Il y a des méfaits qui ont pu être perpétrés au nom de l’ethnopolitique, et breton en recense beaucoup : les génocides, les déportations, les crimes contre l’humanité, la colonisation, le nettoyage ethnique, etc. Nous n’avons relevés que deux, c'est-à-dire ceux qui touchent le plus à notre thème.

• Les manipulations d’ethnies et du concept d’ethnie

Breton explique que ces manoeuvres servent souvent à opposer des ethnies, voire à en créer là où il n’y en a pas. Cela fut particulièrement courant lors de la décolonisation

Concernant le cas de Madagascar essentiellement, Roland BRETON a présenté comme ceci :

« A Madagascar, face au nationalisme grandissant des élites Hovas, du plateau central, la France cherchera à s’appuyer sur les populations côtières, plus frustres, « déshéritées », et baptisera « ethnies » toutes les tribus de l’île, bien qu’elles soient toutes de même langue et de même culture. Et,

60 BRETON Roland : L’ethnopolitique . Coll. Que sais je ? Ed PUF. 1995. P 50 61 BRETON Roland. Op cit., P 52-53 62 BRETON Roland. Op cit. P 121 - 38 - après une très dure dépression concentrée sur des Hovas (1947), elle remettra le pouvoir aux représentants des « ethnies côtières (1957-1960) ».63

Nous pouvons aussi citer l’exemple du Rwanda dans ce genre de concept. En effet, le cas rwandais est le plus grave si on cite l’Afrique car les crimes les plus horribles ont été commis si on se réfère à l’histoire de ce pays, avec l’opposition Tutsi et Utu.

• Nettoyages ethniques et formes de colonisation

Le nettoyage ethnique est la colonisation sont des tactiques de domination ethnique et même nationales. Elles visent la disparition de l’ethnie en question ou son assujettissement.

Des méthodes qualifiées de barbares comme les tortures infligées à des personnes pour des raisons ethniques, les tueries et les viols, les expulsions des groupes ethniques du fait de leur origines, les déportations et les transferts forcés de la population civile,

Ici, on peut faire allusion au terme « ethnocide » : destruction de la civilisation d’un groupe ethnique par un autre groupe plus puissant, ce qui se réfère à la théorie diffusionniste en anthropologie.

2- Tribalisme et ethnicité

Le premier stade de la dynamique de l’ethnicité est la constitution de l’ethnie comme groupe réel, comme communauté reconnue et consciente d’elle-même, passant du non être à l’être : aux yeux des autres, et d’abord, à ses propres yeux. Jean COPANS évoque la notion de mode de formation des communautés politiques 64 , et avance que « l’ethnicité n’est pas une niche écologique mais un idiome politique et social »65 et qu’il faut par la suite savoir les mobiliser à des fins meilleures. Ainsi, il ajoute : « Il n’est pas possible d’éviter l’ethnicité mais reste à mettre en relation ce qu’on commence à en connaître et les mécanismes de mobilisation politique »

Bien que l’utilisation du terme « tribu » ne soit pas admise par la déontologie, le concept de tribalisme a été souvent aperçu dans nos recherches bibliographiques. J. LONSDALE fait usage du « tribalisme » ou du « tribalisme politique » pour qualifier l’utilisation politique de l’ethnicité par un groupe dans sa lutte avec les autres groupes, en ajoutant que le tribalisme peut être un moyen d’accéder au pouvoir étatique et que il apparaît donc comme un instrument politique. En effet, le tribalisme a souvent pris une importance politique plus grande, jamais moindre, et il revêt une certaine forme de revendication.

63 BRETON Roland. Op cit. P 90 64 Jean COPANS. La longue marche de la modernité africaine . Savoirs, intellectuels, démocratie. Coll Les Afriques. Ed Karthala. Paris. 1990. P 293 65 Jean COPANS. Op cit. P 294 - 39 - Ainsi, le PADESM a été considéré comme un parti à vocation tribaliste ; de ce fait, nous pouvons considérer que ce parti est fondé sur une parenté ethnique réelle ou supposée.

Pour George BALANDIER, le tribalisme est un mode de résistance à l’exploitation capitaliste et à l’oppression de l’Etat). Plutôt que la mobilisation sociale de la théorie moderniste, il décrit la conquête coloniale et le capitalisme comme des épreuves brutales qui favorisent un processus immoral de formation de classes. Les gens n’ont pas choisi d‘abandonner la société traditionnelle puis de devenir modernes. Ce sont au contraire, les gouvernants et les capitalistes blancs qui ont retourné les structures sociales existantes contre les populations et s’en sont servi pour asseoir leur domination. On a corrompu la société africaine, on ne l’a pas modernisée. Certains Africains ont, pour se protéger, réinventé leurs structures sociales afin de reprendre le contrôle de leur relation au monde, et même si nécessaire en se renfermant. La tribu n’était pas forcément un tonneau qui se vidait peu à peu, mais plutôt, un refuge reconstruit avec soin, un havre d‘ordre moral, où l’on était à l’abri des désordres causés par les pouvoirs racistes et les choix économiques imposés de l’extérieur.

Pourrait-on alors qualifier de « Tribaliste » le parti MONIMA qui est considérée comme celui qui a initié un mouvement en 1971 dans le Sud du pays et provoquant la crise politique au détriment du « Fanjakana » d’antan en 1972. Ce parti, au moment de la fondation, le 28 juillet 1958, ce sigle signifiait Mouvement national pour l’indépendance ; avait été malgachisé en 1960 en Madagasikara Otronin Ny Malagasy, c'est-à-dire « les Malgaches portent et dressent Madagascar en l’entourant de leurs bras’, et plus simplement « Madagascar aux malgaches ». Et à Lonsdale de préciser : « L’ethnicité peut exprimer le triomphe du local sur les échecs de l’Etat, comme elle introduisait autrefois un mode de défense contre la domination étrangère. »66

CONCLUSION PARTIELLE

Ce cadrage théorique de notre thème a permis non seulement de donner une approche globale du sujet et de toutes les notions qui le concerne, mais aussi d’expliquer par la suite la vraie raison des manifestations de ces théories dans le cadre de la vie politique et de celle de l’exercice du pouvoir.

Par ailleurs grâce à toutes les explications des concepts, les éclaircissements sont à espérer pour chacun de nous dans la compréhension de la suite de ce travail.

66 LONSDALE. Le passé de l’Afrique . Cambridge University Press, 1922-1958. p 05 - 40 -

PARTIE II : ELEMENTS MONOGRAPHIQUES ET ASPECTS DE LA DYNAMIQUE SOCIALE

INTRIDUCTION PARTIELLE

La description de notre terrain d’étude est utile dans la mesure où elle nous perlet de situer exactement le cadre d’étude.

Tout d’abord, il convient de présenter la région et le cadre géographique :

Située au Sud Ouest de Madagascar, la région d’ATSIMO ANDREFANA se trouve dans l’ex- province autonome de .

Elle est limitée au nord par le fleuve de MANGOKY, à l’est par le massif ruiniforme de l’Isalo et une partie de la région de TOLAGNARO, au Sud par le fleuve MENARANDRA et à l’Ouest par le Canal de Mozambique (voir carte à la page suivante)

Elle est composée de 9 districts et 86 communes.

Les limites géographiques sont les suivantes :

• latitude : entre 21°66’ et 24°72’ Sud

• longitude : entre 43°47’ et 45°47’ Est

La superficie des sous-préfectures est à peu près la même, sauf pour la sous-préfecture d’- Ouest qui représente presque le double (13 514 km²) de la moyenne, et celle de Toliara I qui est très restreinte (282 km²).

- 41 -

- 42 - Chapitre 1. ELEMENTS MONOGRAPHIQUES

Le développement d’un pays, d’une région, nécessite la connaissance approfondie de l’origine, de la composition et des caractères de sa population ainsi que les potentiels économiques.

En ce qui concerne l’origine du peuplement de Tuléar, cette dernière repose sur des hypothèses faute de données fiables, et à ce propos, plusieurs hypothèses sont avancées.

Le District est la base de notre monographie, en particulier le District de Tuléar 1. Cela s’explique par le fait que durant nos investigations, les représentants de la commune ont affirmé ne disposer d’aucune donnée et ce fut le même cas pour la Région.

Section 1. Aperçu général

1. Historique

« FIHERENANA NO MAHA TOLY ARY ». Telle est la devise portée sur le blason de la ville auprès de boeufs et de poissons.

Traduite littéralement, elle signifie : « IL FAUT PASSER LE FIHERENANA POUR ARRIVER AU PORT ». Elle pourrait signifier : « PAS DE PORT SANS LE FIHERENANA » et de là : « TULEAR EST FILLE DU FIHERENANA ».

Chacune de ces traductions répondait à la réalité, car en effet, il est difficile d’aborder Tuléar par le Nord, tout au moins de Manombo sans trouver le Fiherenana et c’est ce qu’on pu constater les guerriers Merina, et la ville d’antan devait son aspect de verger aux eaux du Fiherenana qui ont apporté le limon fertile et continuent à imprégner le sol à moins de deux mètres de profondeur.

En outre, l’origine du mot Tuléar pourrait être recherchée dans la devise elle-même « TOLY ARY » mais elle résulterait, dit-on, de l’anecdote suivante : Un navigateur étranger abordant ces rivages aurait demandé à un pêcheur de l’endroit où il se trouvait, et ce dernier comprenait qu’on lui demandait où il devait aborder aurait répondu : « Toly ary », toly étant la forme sakalava du mot « Tody » en merina, indiquant le port ou le mouillage : « Mouille là-bas ».

« Toly ary » a alors été rassemblé en « Toliary » et par la suite francisée en « Tuléar ».

La ville de Tuléar se situe donc en bordure du Canal de Mozambique, au Sud du delta de Fiherenana. Au point de vue hydrogéologique, le fleuve Fiherenana coulait normalement, mais son cours a subi, au cours des temps, des profondes modifications, il est devenu intermittent, ne coulant que trois mois de l’année en période de pluies, et s’engouffrant dans des failles à une soixantaine de kilomètres en amont de Tuléar le reste de l’année.

- 43 - Cette situation de Tuléar explique son caractère d’oasis dans un milieu subdésertique à la végétation xérophile.

La ville est construite dans une plaine remblayée à la fois sur les dunes et des alluvions et qui repose sur une série calcaire dont les affleurements constituent le plateau calcaire. Le climat est chaud et la ville est soumise au vent dominant du Sud.

La première organisation administrative de Tuléar remonte à 1897 lorsque Gallieni ordonne à Estebe, résident de France à Nossi-ve de transporter des services administratifs à Tuléar ainsi que des Colons et des Commerçants.

Tuléar, ville de fonctionnaires et d’ecclésiastiques, devint de plus en plus ville de commerçants et d’industriels. Le Port constitué d’abord par la seule protection des récifs reçoit, en 1935, un wharf et un poste d’accostage en eau profonde.

Tuléar, alors chef lieu de Province, est la capitale du Sud.

2. Situation géographique

La ville de Tuléar est le chef lieu de la Région Sud-Ouest de Madagascar, à 950 Km d’Antananarivo, et dont la superficie est de 16 Km2 après détachement des Communes de Mitsinjo Betanimena et de Betsinjaka, actuellement rattachées au District de Tuléar II.

La circonscription du District de Tuléar I est limitée :

- Au nord : par le fleuve de Fiherenana

- Au sud : par le District de Tuléar II

- A l’ouest : par le Canal de Mozambique

- A l’est : par le District de Tuléar II

3. Organisation administrative

La Région du Sud Ouest étant composée de neuf (09) Districts, Tuléar I en est le chef-lieu. Le District de Tuléar I est ainsi formé de six (06) Arrondissements administratifs et quarante un (41) Fokontany.

- 44 - Tableau N° 01 : Liste des Arrondissements Administratifs et des Fokontany du District de Tuléar I

ARRONDISSEMENTS ADMINISTRATIFS FOKONTANY

01 Mahavatse I Est 01 MAHAVATSE I 02 Mahavatse I Ouest 03 Mahavatse Tanambao 04 Tanambao Motombe 05 Ankiembe Haut 06 Ankiembe Bas 01 Mahavatse II Ambararata 02 MAHAVATSE II 02 Mahavatse II Ouest 03 Tsimenatse I Est 04 Tsimenatse I Ouest 05 Tsimenatse II 06 Tsimenatse III 01 Sanfily 03 TANAMBAO II TSF NORD 02 Ankatsaka 03 Tanambao II 04 Ampasikibo 05 Amborogony 06 Konkasera 07 Tanambao Amborogony 08 Andabizy 01 Tanambao I 04 TANAMBAO I 02 TANAMBAO Morafeno 03 Tsenengea 04 Toliara Centre 01 Betania Est 05 BETANIA 02 Betania Ouest 03 Betania Tanambao 04 Ankilifaly 05 Mangabe 06 Andaboly 01 Besakoa 06 BESAKOA 02 Tsianaloka 03 Ambohitsabo 04 Betaritarika 05 Antaravay Salimo 06 Tsongobory 07 Sakabera 08 Antaninarenina 09 Ankenta Haut 10 Ankenta Bas 11 Anketrake

Source : District de Tuléar 1

• Les services déconcentrés :

Tous les Départements ministériels sont représentés, soit par des Directions, soit par des Services Régionaux ou locaux.

• Collectivités territoriales décentralisées

- Région du Sud – Ouest Tuléar sise à Mitsinjo Betanimena (Tuléar II)

- Commune Urbaine de Tuléar située à Tsimenatse I Ouest (Tuléar I)

- 45 - 4. Caractéristiques physiques et naturelles

4.1- Relief et Climat

• Relief :

Le relief du District de Tuléar I est formé par une vaste plaine argilo-limoneuse vers l’intérieur, et sablonneuse vers le littoral.

• Hydrographie :

Le nord du District de Tuléar I est traversé en partie par le fleuve Fiherenana.

• Climat :

Le tropique du Capricorne traverse le District de Tuléar I. Ainsi, Tuléar est dénommé « cité du Soleil » car la durée de l’ensoleillement apparaît relativement constante durant l’année. Notons que cet ensoleillement est un atout énergétique important.

La frange côtière est balayée en permanence par le vent dominant « tsiokatimo » de direction sud-ouest /nord-est et qui constitue un facteur sélectif local de la végétation.

4.2- Cours d’eau

Le district est principalement desservi par 3 rivières qui sont :

- Le Mangoky, dont les affluents sont : la Menamaty, l’Isahena, la Sakamavaka et la Sikily.

- L’Onilahy avec comme affluent la Sakamare, la Taheza et la Sakondry

- et le Fiherenana dont nous avons déjà parlé auparavant avec un coefficient d’érosion potentielle très supérieur à ceux du Mangoky et de l’Onilahy

- 46 -

- 47 - Section 2. Les différentes ressources et les infrastructures de la commune

1- Population

1.1- Effectifs

Tableau N° 02 : Ensemble de la population par arrondissement administratif

SEXE MASCULIN SEXE FEMININ Ensemble

sous sous 0 à 5 6 à 15 15 à 20 21 et + 0 a 5 6 a 15 15 a 20 21 et + 1+2 total 1 total 2

MAHAVATSE I 1662 2310 6592 3128 13692 2387 3579 8771 7745 22482 36174

MAHAVATSE II 1761 1859 3301 4111 11032 1981 2527 5178 5541 15227 26259

BETANIA 1335 2118 2984 4793 11230 2074 2187 3174 5886 13321 24551

TANAMBAO II 15943 20070 36013 TSF NORD 2258 3390 3581 6714 3364 3687 4732 8287

TANAMBAO I 1798 2856 2498 3097 10249 2009 2705 2714 5847 13275 23524

BESAKOA 2085 3108 3487 6048 14728 2841 3187 3681 6692 16401 31129

TOTAL DE LA 76874 100776 177650 POPULATION 10899 15641 22443 27891 14656 17872 28250 39998

Source : District de Tuléar 1

1.2- Groupes ethniques

La composition ethnique de Tuléar et de la région sud ouest est catégorisée en autochtones et arrivants ou « mpiavy ». Les autochtones sont ceux qui sont issus du sol même où ils habitent, et les « mpiavy » sont ceux qui sont sensé être venu par immigration.

Il est difficile de distinguer clairement cette différenciation, la population étant si hétérogène et des « mpiavy » étant arrivés là depuis plusieurs générations de familles. Mais en général, les ethnies autochtones sont : Vezo, Masikoro, Tanalàna, Bara.

- Les Vezo, des traditionnels pêcheurs artisanaux, habitent le long du littoral du canal de Mozambique qui délimite la région à l’ouest.

- Les Masikoro, des agro éleveurs, occupent l’intérieur des terres dans les districts de Toliara-II et de .

- Les Bara, des réputés éleveurs extensifs, sont le peuplade dominant des districts de , d’-sud, de et une partie du district de .

- Les Tanalàna : sont souvent confondus aux Mahafaly, ce qui leur a valu d’être ignorés. Ils sont des ensembles socio-politiques unifiés par une chefferie, et qui comprennent eux-mêmes des groupes.

- 48 -

Les « mpiavy sont les autres ethnies de l’île arrivée dans la ville du fait des mouvements de migrations. On trouve surtout :

- Les Antanosy, des anciens migrants originaires de la région Anosy autour de Tolagnaro, des riziculteurs éleveurs, occupent la vallée de l’Onilahy dans la partie nord du district de Betioky-sud.

- Les Mahafaly occupent la partie du district de Betioky-sud au sud du fleuve Onilahy et une bonne partie du district d’Ampanihy-ouest ;

- Les Antandroy habitent l’extrême sud de la région. Les noyaux Antandroy sont observés là où le pâturage forestier et l’espace permettent l’élevage extensif.

- Les groupuscules Merina habitent les chefs lieux de districts ou de communes.

- Les noyaux Betsileo et Antesaka sont localisés dans les zones rizicoles du Bas-Mangoky (district de Morombe), autour de la ville de Beroroha, dans le district de Tuléar II au niveau des communes d’Ankililoake et d’Ambohimahavelo, aux alentours de Sakaraha, le long de la vallée de l’Onilahy.

- Enfin, les étrangers d’origines européennes et asiatiques sont aussi recensés. Il exercent surtout des activités économiques et commerciales

1.3- Mouvements migratoires

• A l’intérieur de la région

Il faut évoquer ici l’extrême mobilité des populations à l’intérieur de la région ou même du district. Les raisons en sont très diverses : inondations, sécheresses, terroirs épuisés, dissociations de terroirs, cérémonies ou conflits familiaux, etc.

La majeure partie de la population de la zone sédimentaire de l’Androy (Ampanihy) et du plateau Mahafaly (Betioky et Ampanihy) s’immigre vers la zone cristalline de l’Androy (Betioky et Benenitra) et du littoral à la recherche des pâturages et des terres fertiles.

La transhumance intéresse encore la région d’Ankililoaka et surtout d’Analamisampy au niveau du couloir d’Antseva. Les troupeaux du couloir naturel Manombo/ rejoignent des zones de pâturages situées en bordure occidentale de la « Forêt des Mikea » autour des points d’eau du littoral, ou à l’intérieur comme de la zone de pâturages d’Analabo.

L’exode rural vers Tuléar à partir du Sud semble être un phénomène encore important pour les Tanâlana de la plaine côtière Mahafaly.

- 49 - • Avec l’extérieur de la région

La plupart des migrations sont historiques et ont fait de la région de Tuléar un véritable front pionnier.

Au 19è siecle, les Bara et les Antanosy ont pénétré la région du Sud-Ouest. A la fin du 18è siecle, ce que l’on appelle l’Ibara aujourd’hui n’était pratiquement pas peuplé. Les pasteurs bara, en l’occupant, y trouvent les vastes espaces nécessaires à leurs troupeaux.

Les Antanosy, fuyant la répression du gouverneur merina de Taolagnaro à partir de 1840, s’installèrent dans l’Est Mahafaly et surtout dans le Moyen Onilahy.

Les Antaisaka abandonnèrent leur Sud-Est de plus en plus surpeuplé par rapport à la surface agricole utile et s’installèrent dans le Bas Mangoky. Ankiliabo n’est aujourd’hui peuplé que d’Antaisaka. C’est pour des raisons presque identiques que les Betsileo quittent les Hautes Terres pour s’installer dans le Moyen Mangoky et le bas fond de l’Onilahy.

Les Antandroy ont commencé à migrer assez tard, vers 1920 et surtout après 1930. Ils sont nombreux dans le Mahafaly oriental.

Les Antandroy, généralement des hommes seuls ou fondant un ménage là où ils s’installent, sont des agriculteurs, souvent salariés ou métayers, des gardiens de troupeaux (mpiarak’andro), des gardiens de biens immobiliers ou tireurs de pousse-pousse à Toliara ou encore manoeuvres (kibaroa).

D’autres populations migrent également vers le Sud Ouest : les Antaifasy, les Tanala, les Betsimisaraka, les Merina ainsi que beaucoup d’étrangers (Français, Indo-pakistanais, Asiatiques).

Voici, un tableau qui présente l’ensemble de la population selon leur ethnies.

- 50 - Tableau N° 03 : Ensemble de la population CATEGORIES Ensem DE LA CODE SEXE SEXE ble POPULATION MASCULIN FEMININ 1 + 2 sous 20 et sous 0 a 5 6 a 15 15 a 20 20 et + 0 a 5 6 a 15 15 a 20 total 1 + total 2

MAL AGAS Y Antaifasy 1 42 91 500 629 1262 61 77 689 658 1485 2747 Antaimoro 2 133 260 1224 908 2525 204 1084 1321 859 3468 5993 Antaisaka 3 99 94 339 342 874 124 231 351 421 1127 2001 Antakarana 4 24 19 25 51 119 5 29 28 39 101 220 Antambahoaka 5 5 14 11 19 49 16 28 14 21 79 128 Antandroy 6 911 2198 3114 5412 11635 784 2168 6008 5993 14953 26588 Antanosy 7 341 721 1101 1240 3403 476 1215 1183 1001 3875 7278 Bara 8 222 1096 1076 1276 3670 205 1387 1206 1294 4092 7762 Betsileo 9 552 597 1075 2687 4911 691 456 1395 2697 5239 10150 Betsimisaraka 10 3 17 91 88 199 3 22 64 119 208 407 Bezanozano 11 7 8 66 60 141 22 24 87 128 261 402 Mahafaly 12 351 1382 1415 2003 5151 438 2284 2694 2005 7421 12572 Makoa 14 92 184 1412 1487 3175 101 258 1412 1403 3174 6349 Masikoro 552 1173 2108 2916 6749 584 1893 3094 3294 8865 15614 Merina 15 721 1514 1451 1789 5475 648 1624 2471 3614 8357 13832 St Mariens 16 0 6 7 15 28 2 4 8 16 30 58 Sakalava 17 593 951 1187 1860 4591 804 1207 1802 2001 5814 10405 Sihanaka 18 8 6 41 33 88 5 22 71 71 169 257 Tanala 19 5 112 692 215 1024 48 59 314 221 642 1666 Tanalana 1224 2276 3351 6375 13226 1489 2176 4024 5076 12765 25991 Tsimihety 20 14 254 407 325 1000 35 281 179 288 783 1783 Vezo 29 1711 2887 3024 3892 11514 1421 3353 3967 4201 12942 24456 Zafisoro 21 1 0 2 6 9 1 4 1 1 7 16 TOTAL : 7611 15860 23719 33628 80818 8167 19886 32383 35421 95857 176675

ETRANGERS CATEGORIES SEXE DE LA CODE SEXE FEMININ POPULATION MASCULIN Ensem sous 20 et sous 0 a 5 6 a 15 15 a 20 20 et + 0 a 5 6 a 15 15 a 20 ble 1 + total 1 + total 2 2

Comoriens 131 34 48 68 59 209 16 18 41 57 132 341

Chinois 120 0 1 3 5 9 0 1 0 3 4 13

Grecs 114 8 14 7 18 47 3 9 2 8 22 69

Indiens 121 15 34 48 32 129 44 81 88 104 317 446

Britannique 112 0 2 7 12 21 0 1 2 9 12 33 Autres de l´OUA 139 0 0 3 9 12 0 2 4 4 10 22 Autres non asiatique 169 0 1 0 2 3 0 3 0 0 3 6 Autres asiatiques 1 4 5 12 22 4 9 3 7 23 45

TOTAL : 1007 58 104 141 149 452 67 124 140 192 523 975

Total de la population : 7669 15964 23860 33777 81270 8234 20010 32523 35613 96380 177650 Source : District de Tuléar 1. année 2007

- 51 - Les Masikoro, les Sakalava, les Mahafaly, les Bara, auxquels s’associent les Vezo, sont majoritaires mais constituent moins des 2/3 de la population globale. Les Masikoro, Sakalava, Vezo d’un côté et les Mahafaly, Tanâlana de l’autre, groupes de dimensions équivalentes, représentent ensemble la moitié de la population du Sud-Ouest.

Les Antanosy sont avec les Atandroy les migrants les plus nombreux, et constituent presque le ¼ de la population. Les autres groupes sont très minoritaires, Betsileo, Antaifasy, Antaisaka, Korao (gens du Sud Est), Merina, Betsimisaraka,…comptent pour un peu plus de 10%.

Il y a une relative stabilisation des groupes entre eux-mêmes. Les migrations des gens originaires du Sud-Est (Korao) ainsi que des Bara, ont aujourd’hui régressé par rapport aux années 50, à cause de l’insuffisance de terres.

Enfin quelques centaines d’étrangers se sont installés sur les côtes du Sud-Ouest, à Toliara notamment, puis dans les centres de l’intérieur. Parmi eux, on trouve des Européens à majorité Français, des Indopakistanais (Karana) et des Asiatiques (Chinois).

La plus forte composition de la race Vezo et Tanâlana se trouve le long de la côte, du nord au sud de la région ; sauf dans les disctricts de Betioky et d’Ampanihy, les Vezo métissés de Mahafaly sont plus nombreux. En entrant vers l’intérieur, l’éthnie Vezo disparaît progressivement : on trouve les Bara dans les districts de Sakaraha, Ankazoabo et Beroroha. Et un peu plus vers le Sud, on trouve les races

Antanosy, Mahafaly un peu mélangé par les Antandroy. Les Betsileo se sont installés dans les vallées fertiles de la côte occidentale (moyen Mangoky) et dans l’Ibara. Par contre, on trouve presque toutes les différentes races dans les chefs- lieux de district et surtout à Tuléar I.

1.4- Religions et croyances traditionnelles

La région de Toliara est riche de différentes sortes de religions :

- La religion chrétienne : les catholiques, les protestants, les luthériens, les anglicans, - La religion adventiste, - La religion musulmane, - Les différentes sectes, - Les non-croyants ou animistes.

- 52 - Tableau N° 04 : Formations cultuelles

Désignation Nb Dénomination Observations

Eglise Catholique Romaine 01 Paroisse cathédrale de Tsianaloka - Résidence de l’archevêque 02 Paroisse de Mahavatse 03 Paroisse de Betania 04 Paroisse de Sanfily Eglise Luthérienne Malagasy (F.L.M.) 01 FLM Cathédrale (Fileovana) Avec 04 Fitandremana 02 FLM Mahavatse II (Fileovana) Avec 02 Fitandremana 03 FLM Betania (Fileovana) Avec 02 Fitandremana Autres formations cultuelles 01 Fiangonan’i Jesoa Kristy eto Madagasikara Adventiste 02 Eglise anglicane (Diocèse prévue pour septembre 2009) 03 Pantekotista Mitambatra 04 CEIEM 05 FLMN 06 Témoins de Jéhovah 07 Jesosy Mamonjy 08 Jesosy Famonjena Fahamarinantsika 09 Assemblée de Dieu 10 Orthodoxe 11 Et des autres petites formations non recensées

Mosquées islamiques 01 Bohra 02 Kodja 03 Comoriennes Source : District de Tuléar I

Cependant, environ la moitié de la population locale, qualifiée païenne, préfèrent pratiquer la religion traditionnelle basée sur le culte des ancêtres. Ces croyances s’appuient sur les « RAZA » (ancêtres) qui doivent intercéder auprès du Créateur (Ndragnahare) pour veiller aux intérêts de leurs descendants. Les groupes originaires du Sud adorent le « HAZOMANGA » pour demander assistance à ce culte. Les cérémonies s’achèvent par immoler un bœuf ou un mouton.

2. Données socioéconomiques

2.1- Services sociaux de base

2.1.1- Enseignement

Généralement, sur le plan éducatif, le district de Tuléar I est marquée par l’existence des différentes écoles

Tableau N° 05-a : Etablissements scolaires

NOMBRE D´ETABLISSEMENTS CARACTERISTIQUE NIVEAU I NIVEAU II NIVEAU III Publics 20 07 02 Privés 46 23 07 TOTAL 66 30 09 Source: CISCO Tuléar I

- 53 -

Tableau N° 05-b : Effectifs enseignants/élèves

Nature des établissements Niveaux Effectifs Effectifs élèves enseignants Garçons Filles Total

I 277 6.606 6.511 13.117 PUBLICS II 336 2.937 2.867 5.804 III 99 1.279 935 2.214 I 247 4.508 4.737 9.245 PRIVES II 234 2.142 2.594 4.736 III 105 643 1.003 1.646 TOTAL 1.298 18.115 18.647 36.762 Source: CISCO Tuléar I

Nota : L’étude du tableau b a fait ressortir les remarques suivantes (pour le niveau I) :

- Pourcentage des garçons : 50,36%

- Pourcentage des filles : 49,63%

- Nombre moyen d’élèves tenus par un enseignant :

* Etablissements publics : 47 élèves par enseignant

* Etablissements privés : 37 élèves par enseignant

- Autre scolarisation. Tuléar possède :

- Un Collège Français dénommé « Collège Etienne de Flacourt » sis à Tanambao Morafeno

- Un Collège Islamique dénommé « Collège Islamique d’Enseignement Général » sis à Toliara Centre

2.1.2- Santé

Presque les centres médicaux publics de tous les niveaux existent dans la région de Tuléar, à savoir : Le Centre Hospitalier Régional (CHR), localisé dans le chef lieu ; Le Centre Hospitalier de District niveau 2 (CHD2), avec antenne chirurgicale, anciennement dénommé HMC ou Hôpital Médico- Chirurgical ; Le Centre Hospitalier de District niveau 1 (CHD1) ; Le Centre de Santé de Base niveau 2 (CSB2), dirigé par un médecin ; Le Centre de Santé de Base niveau 1 (CSB1) : ce sont des dispensaires ou des Centres de Soins et de Santé primaire ou de Postes Sanitaires tenu par un personnel soignant autre que médecin

- 54 -

Tableau N° 06 : Assistance médicale

Localités Désigna - Nbre de Nbre de Nbre d’ Nbre de malades accouche- consulta- Tion Personnel traités ments Tion

- P U B L I Q U E S

Tanambao I CSB2 14 6.337 - 6.625 Tsimenatse I CSB2 19 3.803 147 3.903 Besakoa CSB2 11 4.687 23 4.692 Betania CSB2 10 5.093 - 5.625 Mahavatse I CSB2 09 2.769 130 2.849 Mahavatse II CSB2 08 2.500 - 2.610 Sanfily CSB2 08 5.069 - 5.353 Garnison militaire CSB2 32 1.626 - 1.693 Maison centrale CSB1 04 1.132 - 1.132 P R I V E E S Clinique St Luc CHD2 37 913 181 6.677 ECAR CSB2 16 6.400 - 6.410 SALFA CSB2 31 11.639 161 18.483 OMIT CSB2 20 14.872 - 18.508 JIRAMA CSB2 11 6.228 - 8.847 SACRE CŒUR SBD CSB2 - 02 - 2.000 - - - 2.000

DON BOSCO CSB2 03 1.311 - 2.415 SISAL - CSB2 11 1.802 - 2.988

Dispensaire de la fraternité CSB2 08 3.131 - 3.293 BETSEDA CSB2 09 7.059 24 7.523 Source : Service de Santé du District de Tuléar I

2.2- Activités Economiques

• Généralités

L’économie repose essentiellement sur le commerce et la production industrielle. La plupart de la population active vivent des activités commerciales (informelles et formelles).

Aujourd’hui, les activités touristiques connaissent une nette amélioration. Les activités de transport terrestre et maritime contribuent au développement de la ville de Tuléar.

Par ailleurs, sans qualifications requises, certaines populations actives doivent exercer le travail occasionnel afin de subsister outre le fonctionnaire et les agents des services privés.

• Agriculture

Les conditions du milieu naturel permettent de distinguer trois types de cultures dans la région dont :

- 55 - - les cultures irriguées sont à la fois les plus spéculatives et les plus récentes. En effet, les périmètres irrigués sont assez nombreux mais très limités dans l’espace. Ils se concentrent essentiellement autour de quelques cours d’eau : Mangoky, Manombo, Fiherenana, Onilahy.

- les cultures de décrue dites de baiboho sont plus anciennes et limitées aux seules vallées des fleuves et rivières permanents.

- les cultures pluviales traditionnelles qui sont les plus répandues utilisent au maximum les pluies de la saison chaude.

Le paysan dans la plupart des cas, reste dépendant de la saison pluvieuse. Lorsque les conditions sont favorables (abondance et bonne répartition des précipitations) l’agriculture arrive à dégager un surplus de production lui permettant de se procurer un revenu monétaire. Dans le cas inverse, la menace de la disette est souvent à craindre.

• Elevage

L’élevage occupe une place importante dans la vie socio-économique des populations de la région du Sud-Ouest. Les principales régions d’élevage sont essentiellement le Masikoro, l’Ibara et la pénéplaine Mahafaly, zones de grands pâturages. Il s’agit de l’élevage bovin, porcin, ovin, caprin et des volailles.

Tableau N° 07 : Etat comparatif des renseignements du cheptel

DESIGNATION 2005 2006 2007 2008

BOVINS 39.089 - -

CAPRINS 32.500 35.600 47.900

Equins - - -

PORCINS 3.180 3.339 3.206 disponibles

encore non Données OVINS 5.900 6.496 7.700 Source : DRDR Atsimo Andrefana

• Pêche et ressources halieutiques

Il s’agit de la pêche maritime, la pêche continentale, l’aquaculture, la pisciculture et la culture d’algues.

La pêche constitue l’activité principale des villages littoraux de Toliara surtout pour les villages de Toliara II. La possibilité limitée en matière d’agriculture et d’élevage, la potentialité en ressource marine et la sécheresse de la région poussent les gens à s’orienter vers la pêche. Pour la majorité des cas, cette activité reste encore au niveau traditionnel ou familial.

- 56 - La zone de pêche est de surface réduite, généralement à une heure de trajet de la plage. La quasi-totalité de la pêche est axée sur l’exploitation du récif (pêche au filet ou à la ligne).

A Toliara ville, en plus de la pêche traditionnelle pratiquée par quelques quartiers littoraux (Ankiembe, Mahavatse, Besakoa), la pêche industrielle commence à se développer.

• Commerce

La ville de Toliara possède quatre marchés quotidiens :

• Bazary-be, situé dans le centre ville, composé de 5 hangars et d’une quarantaine de pavillons pouvant recevoir plus de 5 000 vendeurs ;

• Betania, avec 3 marchés couverts, 15 kiosques en bois et une centaine d’étalages ;

• TSF nord, composé de trois hangars et une cinquantaine d’étalages ;

• Anketa avec un hangar d’une dizaine de kiosques en bois et tôles, ainsi qu’une vingtaine d’étalages.

Tableau N° 08 : Situation des établissements formels identifiés à Tuléar I

CODE FORME JURIDIQUE 2006 2007 Du 01.01.2008 au 15.11.2008

01 Propriété individuelle (PI) 295 244 140 02 Société à responsabilité limitée (SARL)Société 29 42 23 03 Anonyme (SA) 0 0 01 07 Association participative (AP 0 0 0 11 Entreprise Artisanale (EA) 33 20 16 Association non syndicale (ANS) 02 01 03 Association 0 01 0 10 ONG 02 01 0 99 Non déclaré (ND) 0 03 0

TOTAL …………………………… 361 312 183

Source : INSTAT

- 57 - Chapitre 2. LA DYNAMIQUE SOCIOPOLITIQUE DE LA COMMUNE EN MATIERE DE GOUVERNANCE

Les théories politiques toujours nouvelles continueront d’influencer non seulement les modes de gouvernance, mais aussi les rapports entre l’Etat et la société civile et avec les cadres institutionnels d’interventions administratifs ou économiques, les acteurs publics, associatifs ou privés. En fait, une nouvelle politique pour le développement a été élaborée, reposant sur l’instauration d’un environnement favorable et incitatif pour sa mise en œuvre. Cette réforme est axée sur le recentrage de l’Etat sur les fonctions pérennes, la responsabilisation et la participation des producteurs à la définition des politiques de développement et à leur mise en œuvre. Les buts de telles réformes sont : la définition des nouveaux rôle et position de l’Etat dans le processus de la libéralisation, le renforcement des processus de décentralisation des pouvoirs décisionnaires et de gestion des politiques de développement, la répartition des rôles entre le secteur public et le secteur privé.

Section 1. Acteurs de gouvernance indispensables au sein de la commune

Tout d’abord, la gouvernance est à la fois un moyen de signifier la légitimité du fonctionnement politique, les relations de l'administration avec le corps politique, et les rapports entre eux, la société et le monde économique. Elle renvoie aux interactions entre l’Etat et la société, c'est-à-dire aux systèmes de coalition d'acteurs publics et privés. Ces démarches de coordination d'acteurs différenciés ont pour but de rendre l'action publique plus efficace et les sociétés plus facilement gouvernables.

Pour la Banque mondiale, la gouvernance recouvre les normes, traditions et institutions à travers lesquelles un pays exerce son autorité sur les biens communs 67 . Ainsi, la bonne gouvernance recouvre aussi bien la capacité du gouvernement à gérer efficacement ses ressources, à mettre en œuvre des politiques pertinentes, que le respect des citoyens et de l'État pour les institutions, ainsi que l'existence d'un contrôle démocratique sur les agents chargés de l'autorité. La gouvernance locale est de ce fait la bonne gestion des ressources existantes ainsi que la participation active des membres de la communauté.

En bref, la gouvernance, c’est la manière dont les gouvernements gèrent les ressources sociales et économiques d’un pays ; et la bonne gouvernance est l’exercice du pouvoir par les divers paliers de gouvernement de façon efficace, honnête, équitable, transparente et responsable.

Le concept de la gouvernance montre en principe le rapport de force entre les différentes parties prenantes, particulièrement l’Etat, le secteur privé et la société civile. D’ailleurs, il est important de caractériser les acteurs en présence dans la ville de Tuléar : l’Etat à travers les services déconcentrés et

67 http:/wikipedia.org/wiki/gouvernance - 58 - l’administration décentralisée, les organisations rurales, les entités privées, les intervenants extérieurs comme les bailleurs de fonds et autres.

1- L’administration

L’Etat est représenté d’une part, par le comité exécutif présidé par le maire de la commune ainsi que le conseil communal ; et d’autre part, par le délégué administratif d’arrondissement qui représente les services déconcentrés de l’Etat.

Dans le cadre institutionnel, les dirigeants et les représentants sont dotés d’un pouvoir légitime et d’une autorité incontestée. Cependant, la structure institutionnelle provoque parfois chez les responsables une certaine capacité d’imposition des conduites à leurs subordonnés.

Il est à remarquer que souvent appareil d’Etat : administration est confondu à pouvoir d’Etat.

• A la base

La commune est représentée par les chefs de fokontany. Leurs fonctions respectives consistent à assurer la bonne marche des activités liées au développement de chaque fokontany, ce sont des activités socio- économiques comme les infrastructures, l’éducation, la culture ou les ouvrages publics et enfin, la mobilisation sociale et communautaire. Cependant, l’organisation interne et le fonctionnement des fokontany présentent une grande similitude surtout en ce qui concerne la gestion des affaires internes de la communauté. Ils consistent à régulariser les actions des membres et à apprendre à se respecter. Il est aussi dans l’attribution du chef de fokontany de présider la réunion de fokontany et d’appliquer les sanctions dans le cas échéant.

Dans le district, pour la plupart des cas, les chefs des fokontany interviennent dans des activités d’ordre social : règlement des conflits qui surgissent entre les membres, organisation des travaux de nettoyage (nettoyage des canaux d’irrigations, recyclage d’eau …), visites pour les personnes en deuil.

Pour les autres activités liées au développement de la commune, l’intervention des chefs de fokontany est faible. D’abord, le manque de moyens et de ressources à la disposition des responsables en est la cause principale. Cependant, pendant l’élaboration du PCD de la commune, la responsabilité des chefs des fokontany était engagée. Ils ont convoqué des résidents à une réunion extraordinaire pour relever les besoins de la population par ordre de priorité. Les citoyens ne participent pas directement à ces séances mais ils sont représentés par le chef du fokontany et parfois par les conseillers. Mais ce sont surtout les besoins exprimés par les citoyens qui vont être transformés en projet. C’est seulement pendant la réunion du fokontany que les citoyens expriment leurs besoins et leurs idées par leur participation effective aux assemblées du fokonolona. En plus, les décisions prises au niveau de fokontany seront transformées en activités à accomplir dans le PCD. Quant à la réalisation des activités, - 59 - les chefs de fokontany ne sont plus responsables car la décision sur la priorité des activités revient aux autorités de la commune avec la participation des différents acteurs de développement.

Toujours au niveau des fokontany, les relations entre les responsables et la population sont faibles. Parfois, les chefs des fokontany n’arrivent pas à réunir totalement les résidents à une réunion des fokonolona. Des fois même, lors d’une réunion, aucune disposition n’est prise et cela ne donne plus envie à la population d’y assister et influence alors les comportements des résidents vis-à-vis des élus. On remarque que les représentants présents à la réunion de fokontany ne représentent pas effectivement les aspirations et les souhaits des foyers qui les composent.

• Au niveau communal

Dans la commune, l’Etat est représenté d’une part, par les élus de la commune, c'est-à-dire les membres du comité exécutif et les membres du conseil communal délibérants et d’autre part, par les services déconcentrés de l’état sous la responsabilité du délégué administratif.

Le maire est à la fois le chef de l’administratif et le chef de l’exécutif au niveau de la commune. En tant que chef exécutif, il assume d’une part, des fonctions dans le cadre de l’exécution des décisions du délibérant, d’autre part, la délégation de pouvoir accordé par le conseil et enfin il exerce les pouvoirs propres conférés au maire. Par contre, en tant que chef de l’administratif, il est le responsable de l’organisation interne de la mairie et ordonne le budget de la commune. Dans la pratique et à titre d’illustration, le maire assure personnellement la descente sur terrain pour régler les conflits généraux et en même temps, il s’informe sur place de la vie quotidienne des habitants. De par sa composition, le conseil communal représente une forte représentativité dans la mesure où les membres dérivent généralement de tous les fokontany et des différents partis politiques. En pratique, les rôles des conseillers sont d’abord de rapporter les souhaits et les besoins de la population et puis de rendre compte aux populations des décisions prises en tant que organe délibérant. On constate une étroite collaboration entre le maire et les conseillers communaux. Par exemple en matière de règlement de conflit.

Le service déconcentré : le délégué administratif assure l’exercice des fonctions qui lui sont confiées par l’Etat central. Par exemple en matière de taxation, en matière d’administration de service foncier et de production des documents administratifs ou de carte d’identité nationale. La fonction du délégué est complémentaire à celle du maire et parfois ils échangent leurs expériences

Au niveau de la commune, les activités les plus fréquentes sont celles des activités administratives, ou de règlement des conflits. Les responsables dans la commune devraient s’impliquer totalement dans toutes les procédures des montages des projets liés au développement. Pour le cas de la commune urbaine de Tuléar, leur contribution a consisté surtout à l’élaboration de leur PCD et ces responsables sont intervenus. Ils ont élaboré les projets avec tous les acteurs de développement que nous avons précisé auparavant. Dans ce cas, ils se sont assurés de contacter tous les acteurs avant

- 60 - l’élaboration, soit par lettre adressée à chaque concerné soit par voie d’affichage précisant le motif de la convocation.

Pour l’exécution des travaux d’intérêts généraux ou des travaux d’infrastructures, la commune fait appel à d’autres acteurs comme le secteur privé. Parfois même, les responsables convoquent les parties concernées pour discuter sur un projet.

• Au niveau du district

Le chef de district administre le district de manière à créer un environnement favorable aux activités de développement dans sa circonscription.

En matière économique, il assure la coordination, le contrôle et le suivi des activités des services déconcentrés. Il appuie et assiste les communes avec le concours des services déconcentrés de l’Etat implanté dans sa circonscription, dans l’élaboration, la mise en œuvre et le réajustement opérationnel de leurs plans de développement. Le chef de district veille également à la protection et à la préservation de l’environnement et conseille des collectivités et les communautés de base en matière de gestion des ressources naturelles renouvelables. De plus, le Chef de district a qualité de gestionnaire d’activités. Il prend les mesures de prévention du maintien de l’ordre et de la sécurité publique dans sa circonscription

• Au niveau régional

Les rôles au niveau de la Région sont plus ou moins pareils que ceux du Chef de district mais leur différence est que le premier se trouve au dessus du deuxième et donc le district est sous la juridiction de la région.

Et puis il y a les structures déconcentrées de l’Etat à savoir les services régionaux ou les directions régionales des ministères qui s’occupent de l’administration de chaque ministère auquel il ou elle est affilié.

2- Le secteur privé

Le secteur privé regroupe les entreprises privées aussi bien du secteur formel qu’informel.

Il existe différents types d’entreprises dans la commune : entreprises de transformation, entreprises minières, entreprises industrielles, entreprises commerciales …..

Ces entreprises collaborent avec la commune pour l’exécution de certains travaux d’intérêt général à effectuer dans la commune mais selon leur compétence et leur capacité. En outre, ils interviennent dans des œuvres caritatives durant les périodes de fêtes. Seulement, elles n’ont aucun droit de s’immiscer dans l’organisation interne de la commune. - 61 - D’un autre côté, les activités du commerce occupent aussi une place très importante dans le secteur privé dans la localité. Il existe 10 sortes d’activités commerciales dans la commune et la plus pratiquée est le petit commerce (épicerie). Les commerçants n’interviennent pas directement dans les activités communales mais seulement de manière indirecte par le paiement des taxes et des frais qu’ils versent à la commune dans l’exercice de leurs activités. Parfois ils effectuent des petits travaux dans la commune mais à travers des actions associatives. A part les commerçants, les activités manuelles font partie aussi des activités commerciales dans la commune comme l’artisanat de service et l’artisanat de production.

Etant donné que le secteur privé est le principal générateur de richesses et d’emplois dans la région, il pourrait constituer un pôle de pouvoir et se trouver au même pied d’égalité que la puissance de l’Etat. Dans ce cas, le secteur privé peut faire pression sur les responsables dans la recherche et la mise en œuvre d’une politique économique plus efficace. C’est surtout dans le domaine de la gouvernance économique que le secteur privé joue pleinement son rôle. Donc il devrait être consulté lors de toute prise de décision et lors de l’élaboration de projet de développement de la commune.

3- La société civile

Au niveau de la commune, la société civile regroupe les associations de la commune, les partis politiques, les différents autres types d’organismes.

« La société civile est la réunion de la société intellectuelle ou religieuse, et de la société politique. Si la société politique constituée est celle qui assure le mieux l'unité du pouvoir général de la société et la conservation de l'homme physique, la société religieuse ou la religion constituée sera celle qui défendra le mieux, dans la société, la foi de l'unité de Dieu et de l'immortalité de l'âme, on la conservation de l'homme moral. Ainsi un peuple, malgré sa prétendue souveraineté, n'a pas plus le droit de s'écarter de la constitution politique de l'unité de pouvoir, que de la constitution religieuse de l'unité de Dieu. Il peut en avoir la force, mais il n'en a pas le pouvoir, et cette force n'est pas celle qu'a tout homme de transgresser les lois religieuses et morales »68 .

• Les associations

Il existe différentes sortes d’associations dans la commune comme les associations pour le développement humain et éducatif ; association de cultivateurs et d’éleveurs ; association pour la protection de l’environnement ; association pour la lutte contre le VIH SIDA ; association des transporteurs ; association des petits artisans ; association pour l’éducation des jeunes ; association pour le développement social, culturel et industriel ;association pour le développement de l’élevage et de la culture ; association travaillant dans la domaine de la santé maternelle et infantile.

68 De Bonald, Louis-Auguste (vicomte). Théorie du pouvoir politique et religieux dans la société civile , démontrée par le raisonnement et par l'Histoire. Textes choisis par Mme Colette Capitan. Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt - 62 - Parmi ces associations, beaucoup ne sont pas opérationnelles.

• Les partis politiques

Un parti politique est une organisation articulant une action locale et nationale. Ils sont différenciés des syndicats, des groupes de pression ou d'autres mouvements par leur vocation à gouverner ou mettre en œuvre directement leur projet (conquête et exercice du pouvoir politique). Les partis politiques ont un rôle politique très important.

Le principe est de permettre à des individus ou groupes partageant des objectifs similaires de s'allier pour promouvoir un programme commun. Ils tendent aussi à enrichir le débat démocratique en le polarisant par la création de vastes coalitions. Ces coalitions entraînent le regroupement en blocs artificiels de problématiques diverses. Par exemple un même parti défendra une doctrine en politique internationale et une autre en matière d'éducation, ce qui conduira à associer artificiellement les deux doctrines alors qu'il pouvait s'agir de problématiques suffisamment indépendantes pour permettre d'étudier toutes les alternatives. Pour pouvoir perdurer et donc avoir le temps de se construire un électorat et un programme politique, les partis doivent se structurer et construire un certain nombre de règles permettant de définir le système de prise de décisions.

On trouve généralement un président ou secrétaire général, ainsi qu'un comité directeur. Dans sa composition, on distingue les sympathisants, qui constituent l'électorat traditionnel du parti, des adhérents, militants qui s'investissent directement dans la vie du mouvement. Le plus souvent, les adhérents se réunissent périodiquement et paient une cotisation. Des divisions se cristallisent souvent en conflits d'intérêts entre les différents courants ou entre les militants de bases, qui défendent une certaine orthodoxie idéologique, et les élus ou les cadres généralement plus ouverts aux compromis et aux alliances.

• Les Eglises

Elles sont diversifiées mais elles ont déjà été présentées auparavant dans la monographie. Elles sont importantes car elles servent de cadrage moral pour la majeure partie de la population même si certains membres de la population sont animistes.

Section 2. Le contexte social et politique dans la ville de Tuléar

1- les organisations politiques

- 63 - Les principaux partis et associations politiques recensées sont : TIAKO I MADAGASIKARA ; AREMA ; LEADER FANILO ; RPSD ; AVI ; AKFM ; MFM ; GRAD ILOAFO ; MONIMAKAMIVIOMBIO ; PRM ; PSD ; FANASIN’I MADAGASIKARA ; FANASIN’NY TANY ; UDECMA/KMTP ; MAZAVA LOHA ; TEZA ; TOKO BE TELO ; TOLIARA TONGA SAINA ; TOLIARA MIJORO ; FITAFA ; SPDUN ; TAMBATRA.

En fait, pour la plupart, ce sont des branches régionales des partis nationaux, mais leur opérationnalité dans la localité n’est pas vraiment visible. Nous n’avons pas pu développer un peu plus ce paragraphe, en effet les informations à leur propos n’ont pas été trouvés au sein des bureaux du district, ce qui laisse à penser que cette liste pourrait ne pas être exhaustive et que leur réelle présence politique dans la localité est faible.

2- Les organisations d’intérêt socioculturels et économiques.

Il faut savoir que la remarque faite par les responsables c’est qu’il y a une véritable dynamique dans la création des associations à vocation sociales, humanitaires ou même politique. En moyenne, environ 100 associations sont créées par an dans le seul district de Tuléar I. Sans pouvoir les présenter tous, nous avons relevés celles de 2008 qui sont au nombre de 108 (voir annexe 7).

3- Acteurs de développement

3.1- Acteurs locaux : Groupements et organisations locales

La ville de Tuléar compte plusieurs groupements et associations locales. Suite à des entretiens avec les responsables des services techniques dont ceux de l’agriculture et l’élevage, il ressort que ces groupements et associations sont peu dynamiques et peu visibles au niveau des Fokontany et de l’ensemble de la commune.

3.2- Structures d’appui au développement

Les partenaires au développement de la localité de Tuléar sont les organisations non gouvernementales et les associations de grande envergure, qui sont généralement les partenaires techniques et les partenaires financiers.

‹ Les ONG (organisation non gouvernementale)

Les organisations non gouvernementales travaillant dans la Commune sont nombreuses. Il y a ceux qui s’occupent de l’environnement, de l’éducation civique et citoyenne, de la santé etc.

- 64 - ‹ Les associations

Les finalités des associations sont aussi diverses que les motivations des individus qui en sont à l’origine : pratiquer un sport ou un loisir, aider des gens en difficultés, exprimer et défendre des idées ou mener des activités liées au développement d’une localité. L’association peut soit rechercher la satisfaction de ses membres soit jouer un rôle sociétal mais en excluant toute finalité financière.

Le District de Toliara I compte des milliers organismes de société civile dont la plupart sont des associations à petite taille. Ce nombre représente les associations qui ont des récépissés ou ont une existence juridique.

Nous avons pris des exemples d’associations que nous allons présenter. Ce choix parait arbitraire mais présenter toutes les associations est totalement impossible En citant ces quelques exemples, nous tenons à en montrer la diversité de leurs compositions et de leurs vocations: politique, ethnique, sociale, estudiantine, religieuse… Les voici donc :

• BEL AVENIR (association crée en 04 Avril 2003 devenue ONG) : Cette association se veut être sans distinction et fait effort de se répartir dans toute l’île, mais en démarrant son travail dans la province de Tuléar. Les objectifs de l’association sont destinés à améliorer et favoriser une plus grande protection de toutes les personnes de Madagascar par la réalisation de programmes sociaux, éducatifs, culturels, ludiques et par la facilitation de projets de création de l’emploi, moyennant la réalisation de travaux faits par cette même association et moyennant l’apport des ressources dont l’unique but est de favoriser la protection de toutes les personnes de Madagascar.

• RENALA (Rénovation des actions pour l’avenir ,13 Décembre 2003) : dont les buts sont la promotion des initiatives de base et la rénovation des actions, le renforcement des capacités et stratégies locales pour le développement, l’encadrement des promoteurs- acteurs pour la mise en œuvre, l’opérationnalisation et la pérennisation de leurs actions.

• AEDMT (Association des étudiants en droit de Madagascar à Tuléar du 10 Août 2005) : c’est une association créée à l’Université de Tuléar et dont les objectifs sont de défendre les intérêts des étudiants membres de l’A.E.D.M.T ; de renforcer l’amitié et la collaboration entre les étudiants en Droit ; de maintenir et de développer l’esprit de solidarité et d’entraide entre les membres.

• KHOJA SHIA ASHERI JAMATE (Association créée le 23 Avril 2003): elle a pour but: de réunir les membres adhérents pour l’exercice de leur cultes conformément aux rites musulmans de la communauté Khoja Shia Ithna Asheri ; de contribuer à l’instruction religieuse ou autres de tous les adhérents et leurs enfants par tous les moyens adéquats (cours, conférences, séminaires, congrès, éditions et publications des livres, des journaux, créations des écoles, lycées, de bibliothèques, acquisition de matériels audiovisuels, informatiques, etc.) ; d’enseigner diverses langues comme le malgache, l’arabe, le gujrati, l’ourdou, le français, l’anglais etc. ; d’organiser toutes manifestations, concours, représentations théâtrales et sportives, et d’octroyer des bourses, des prix et des récompenses en accord avec la loi islamique (shariat) ; de développer les échanges culturels entre les Khoja Shia Ithna - 65 - Asheri du monde entier ; de créer des hôpitaux, des dispensaires, des centres sportifs, des appartements pour les nécessiteux et toute autre chose pour le bien des adhérents ; d’adhérer à d’autres associations ou fédérations d’associations nationales ayants les mêmes buts et objectifs ; d’autoriser les personnes à charges (conjoint, enfants, parents) des adhérents à assister aux activités de l’association ; de maintenir et de renforcer les liens de fraternité et de solidarité entre les Kodja Shia Ithna Asheri du monde entier ainsi que d’entretenir de bons rapports avec toutes les autres communautés religieuses ; de régler à l’amiable tous les litiges et différends entre les membres dans le cadre de la Shariat ; d’assurer la gestion et administration de la mosquée de l’école coranique (Madressa) et tous les biens meubles et immeubles (déjà acquis et à acquérir) lui appartenant ; d’exercer toute activité compatible avec la loi islamique ; de s’interdire toute discussion et activité à caractère politique et syndical.

• FI.VA.MI.FA (Fikambanan’ny vahoaka miaro ny fahamarinana qui a été créé le 26 Octobre 2002) : cette association, présentée dans son statut comme ex-KMMR, a pour objectifs : le respect et la promotion du « fahamarinana » et du « fahamasinana » ; faire des efforts d’appuyer les actions de développement de la nation ; informer et éduquer toute la population afin qu’elle sache produire et que la région soit autonomes ; condamner les abus sur le budget et le matériel de l’Etat ; collaborer et appuyer les pouvoirs de l’Etat pour la démocratie.

• FI.MA (Fikambanany masikoro arivolahy du 13 Novembre 2008) : Les objectifs de l’association sont de contribuer au retour de l’amitié (fihavanana), de l’amour du prochain, de la sagesse ancestrale entre les individus de même clan, et entre tous les autres clans ; faire connaître et améliorer les mœurs masikoro ; de protéger et d’aider ses adhérents et ses parents sur tous les plans ; d’essayer d’aider et d’appuyer les amis masikoro à la campagne pour les faire évoluer sur le plan psychologique, social et économique ; de donner d’autres sortes d’aides ; de régler et faire la médiation entre les individus de même clan selon les coutumes des ancêtres.

Pour le cas de cette association, elle vise à défendre l’intérêt des membres ce groupe ethnique en général, et s’occupe de l’organisation des événements culturels propres au groupe : par exemple, le « Savatsy ». On peut compter des élites sociopolitiques issues de cette association, ce qui traduit le fait que parfois les associations sont considérées comme des outils politiques alors qu’elles se disent être « apolitiques ».

• Z.A.T (Zanak’Antananarivo Tafaray- créée le 20 Octobre 2000) : Cette association a pour but de développer une communauté des personnes natifs et originaires des régions de la province d’Antananarivo ayant une vision identique du système de valeurs pour un esprit d’amitié et de camaraderie entre les membres. L’association étant apolitique, laïc, et sans discrimination de sexe ni de religion, elle a pour objectifs de soutenir sur le plan social et relationnel une fraternité solidaire sans équivoque au sein de ses membres tout en privilégiant la méthode participative et l’entraide dans la conciliation des impératifs du développement de l’homme et de la société, du respect des valeurs et identités culturelles et de la protection de l’environnement, puis de défendre les droits acquis et maintenir la solidarité de ses membres, et de participer au processus de développement régional et national.

- 66 - ‹ Les œuvres religieuses

A part l’église anglicane, les églises ont des œuvres religieuses qui peuvent servir à asseoir leur influence ou à évangéliser la population.

- Diocèse de Toliara

Le diocèse est divisé en paroisses urbaines, en districts de la banlieue et en districts de brousse.

A l’intérieur du diocèse de Toliara, il y a :Commissions diocésaines ; Commission de la santé : dispensaire, promotion féminine et infantile ; Commission de développement : protection de l’environnement, construction d’infrastructures rurales, etc ; Commission justice et paix : commission épiscopale de formation et d’éducation des citoyens dans le diocèse, en ce qui concerne l’observation des élections, ainsi que la formation dans le domaine des sciences politiques et foncières ; Caritas : actions sociales et caritatives dans le diocèse (adduction d’eau potable, appui technique, formation sur les domaines agricoles)

- Fiangonan’Jesosy Kristy eto Madagasikara (FJKM)

Les temples protestants sont regroupés en 35 sinodam-paritany (synode régional) et dont Toliara est le 33ème. Le « Birao Foibe » siège à Antananarivo Renivohitra est constitué de quatre départements : Le département fiangonana : DF ; Le département sekoly : DS ; Le département mpiasa : DM ; Le département vola : DV

Chaque synode est constitué d’un grand comité (Komity Lehibe) de « Mpihevidraharaha » (sorte de conseillers) et d’un bureau. Chaque « Fitandremana » (paroisse) est composé de « Mpandray ny Fanasan’ny Tompo » (communion au pain et au vin consacrés), de « Mpihevidraharaha » et d’un bureau. La section « Dorkasy-laika » du DF entreprend essentiellement des activités féminines (broderie, art culinaire). La section « Sekoly » du DS s’occupe de la gestion de toutes les écoles du FJKM. La DM est chargé de l’administration générale des bibliothèques et de la gestion du personnel FJKM. Enfin, les activités du « Sampan’Asa Fitoriana ny Filazantsara » (SAF/FJKM), de l’Asa Fanasoavana (OEuvres Sociales), relèvent de la Section « Fampadrosoana » du DV.

- Fiangonana Loteriana Malagasy (FLM)

L’organisation de la religion luthérienne est la suivante : L’église (« fiangonana ») formée par l’ensemble des luthériens ; Le « Fitandremana » (paroisse) constitué par un certain nombre d’églises ; Le districts ou « Fileovana » formé par un ensemble de paroisses ; Le synode régional ou « sinodam- paritany » constitué par un ensemble de districts. Il est au nombre de 17 dans tout Madagascar et enfin le Grand synode (sinoda lehibe) qui rassemble tous les synodes régionaux. Il se réunit tous les 2 ans (mois de mai et de novembre). Il a un Bureau exécutif dont le siège est à Antananarivo (Analakely).

Les activités du FLM dans le domaine social : Le département de santé créé au sein de l’Église Luthérienne Malgache (Sampan’Asa loterana momba ny fahasalamana : SALFA) en 1979 est l’organe de coordination des activités médicales de FLM. La SALFA comprend actuellement 27 centres de soins, dont 10 sont des hôpitaux et 17 des dispensaires. Les 8 projets nationaux sont : - Ecole Infirmier/Labo -

- 67 - Survie de l’enfant - Ophtalmologie – Psychiatrie - Planning familial - Soins de santé primaire - Prévention de la surdité - Tuberculose / Lèpre / SIDA

CONCLUSION PARTIELLE

Une présentation monographique est toujours utile pour pouvoir situer un cadre d’étude.

Nous avons pu voir que la dynamique existe dans la ville de Tuléar, qu’elle soit sociale, politique, religieuse ou économique. Cependant, la situation de développement de la région laisse à penser que des problèmes peuvent exister. Nous allons voir la part de responsabilité de la question ethnique à ce sujet.

Parmi tous les acteurs suscités, nous distinguerons qui sont les plus actifs et qui ne le sont pas, qui détiennent le pouvoir et qui ne le détiennent pas.

Dans la suite de notre travail, par les résultats d’enquêtes et les analyses, nous pourrions analyser si les luttes pour le pouvoir revêtent souvent le caractère ethnique et si par la suite, le développement de la région ne se trouve touchée dans les questions ethniques.

- 68 - PARTIE III. RESULTATS D’ENQUETE ET APPRECIATIONS SUR LA VIE POLITIQUE DANS LA VILLE DE

TULEAR

INTRODUCTION PARTIELLE

Dans la recherche, le statut de l’analyse des entretiens dans les sciences humaines et sociales d’un point de vue méthodologique et épistémologique n’est plus à discuter. L’analyse constitue une étape important après un état des lieux et elle permet non seulement de montrer des réflexions, elle ouvre aussi vers des discussions nouvelles et des perspectives.

Force est de noter que nous parlerons ici de syncrétisme. Le choix du terme s’explique par le fait qu’il désigne un mélange d'influences ou un mélange de différentes doctrines. C’est dans le sens de politique de proximité que ce concept est assimilé. Nous voulons seulement marquer ici l’importance de différentes forces qui découlent de différentes manières.

Chapitre 1. ANALYSE DE LA SITUATION POLITIQUE : SYNCRETISME POLITIQUE ?

Au début de notre travail, nous nous sommes demandé qui détient réellement le pouvoir. Et sur quoi peut se fonder ce pouvoir, comment se justifie-t-il ; et comment s’opère l’accession au pouvoir ? Cette problématique, nous allons essayer d’y répondre au fur et à mesure de nos réflexions dans cette partie. Les analyses présentées dans ce volet ne concernent pas seulement la ville de Tuléar et la Région Sud Ouest, elles touchent en général tout le pays par la similarité des aspects politiques, d’ailleurs dans une optique globalisante, notre thème ne concerne pas seulement le terrain de nos investigations, mais constitue une problématique nationale.

Section 1. Les forces politiques

1- La force politique en action

Dans l’environnement politique malgache en général, et pas seulement dans la région Sud, le seul moyen d’accéder au pouvoir et de détenir le pouvoir politique surtout c’est d’être membre du parti au pouvoir, c'est-à-dire, celui du pouvoir central et donc de la majorité.

- 69 - Lors de nos enquêtes en Août 2008, il a été question du TIM (Tiako I Madagasikara), le parti du président au pouvoir, un groupement politique devenu puissant par la place occupée par son leader.

La question s’était posée concernant ce parti politique au pouvoir par le fait de dénommer sa place avec le choix entre « gigantisme » et « hégémonie »69 . En effet le député du district d’Ambohidratrimo et porte parole du Tiako i Madagasikara, Raharinarivo Andrianantoandro restait lucide et évoquait sans fioritures l’hégémonie de son parti dans une interview accordée au Madagascar Tribune. Concernant cela, quand le journaliste a demandé ce qu’il avait à dire concernant l’hégémonie du parti TIM à ce moment là, celui-ci n’avait pas aimé l’utilisation du mot hégémonie, en le préférant le terme « gigantisme », en admettant que ce gigantisme avait un double aspect. D’un côté, la situation pouvait être dangereuse car elle apportait le risque de la prédominance d’une pensée unique. Mais de l’autre côté, elle apportait l’harmonie dans les actions du gouvernement et de l’Etat en général.

Une autre question se pose alors à nous : celle la démocratie, de l’équilibre et de la représentativité.

Or, durant nos enquêtes, les leaders et hauts représentants de l’Etat face auxquels nous avons été en présence, nous ont affirmés être adhérents du parti TIM ( 65 %), sympathisants (8 %) quelque soit leur place au sein de l’appareil étatique ou administratif.

C’est ce que nous représentons par le tableau suivant :

Tableau N ° 09 : Enquêtés membres du parti TIM

Caractéristique des membres EFFECTIFS POURCENTAGE Adhérents (militants actifs) 17 56.66 Sympathisants 8 26.66 Pas membres (se disant neutres) 5 16.66 TOTAL 30 99.98 %

Source : Enquête personnelle. Août 2008

D’après ce tableau, nous pouvons voir que la crainte du porte parole de ce parti s’affirme du fait de la prédominance de la pensée unique véhiculée par le parti au pouvoir qui se trouve être la seule valable dans la mesure où les détenteurs du pouvoir politique sont en majeure partie membres de ce parti à 92 %. Ce qui ne laisse à aucun membre de parti de l’opposition une moindre chance d’occuper une place importante. De ce fait, le seul moyen d’accéder à une place politique et d’être au pouvoir est d’intégrer le parti au pouvoir. D’ailleurs, ce n’est pas seulement le cas de notre époque, cette situation a été le moyen d’asseoir le pouvoir et d’en assurer la pérennité pour tous les partis des régimes en place depuis l’indépendance de Madagascar. Le favoritisme envers les membres du même parti a été en permanence le cheval de bataille de tous les dirigeants du pays : députés, sénateurs, maires, directeurs

69 Titre de Madagascar Tribune en ligne : Jeudi 15 janvier 2009 - 70 - régionaux, administrateurs … en général, personne n’y échappe, même si l’une des réponses d’un responsable du district concernant la couleur politique été que l’administration est neutre.

L’histoire politique malgache est caractérisée par ce même rythme depuis l’indépendance. Un seul parti gouverne sans un vrai contre pouvoir ni parti d’opposition assez fort pour le contrecarrer ou faire limiter les possibilités d’abus de pouvoir. Ainsi, le parti présidentiel est le seul parti qui détient, si nous pouvons nous permettre d’utiliser le terme que nous jugeons adéquat, « le monopole de la force politique », et c’est comme cela ainsi de suite. Malgré l’existence des centaines de partis dans la ville de Tuléar, on ne peut vraiment pas parler de multipartisme mais plutôt de monopartisme. L’accession au pouvoir ou l’acquisition d’une place politique se traduit par l’adhésion au parti au régime, au nom de ce qu’on appelle la « collaboration ». Et les partis politiques malgaches suivent les événements de la vie politique sans vraiment agir ni répondre à leur essence sociale. Il est à noter que le parti TIM était à ses origines un simple mouvement politique qui grâce à la montée en flèche de son leader Marc RAVALOMANANA dans la scène politique malgache a vu son influence se décupler et s’éparpiller en commençant par la capitale et en s’étendant dans toute l’île, avec les différentes branches qui nous ont été présentées : le TIM régional, les Maires TIM, les Députés TIM, les Sénateurs TIM, les Vehivavy TIM, le TIM Fanabeazana, le TIM Fahasalamana et les Tanora TIM. Ce qui permet à ce parti d’intégrer tous les domaines da la vie socio-politique dans tous le pays, et ce qui lui vaut de ce fait une véritable caractéristique d’institution dans sa constituion très bien établie et maîtrisée.

Et, en ce qui concerne les représentants des autres partis politiques existant dans la région, leur présence est quasi invisible. Le mode de fonctionnement est que les politiciens intègrent en majorité le parti au pouvoir afin d’accéder à une place politique ou bien ils le font lorsqu’ils y accèdent car ils est difficile pour un homme politique d’entrer dans la machine politique quand il une couleur différente de ses pairs. C’est ce qu’ils appellent tous dans un langage habituel durant les campagnes électorales comme « Collaborer avec le pouvoir d’Etat ».

2- La force politique latente

Certains partis politiques ne sont peut être pas détenteurs du pouvoir ni acteurs du pouvoir en place, mais il existe une sorte de trafic d’influence qui ne peut se dégager de la vie sociopolitique et même économique. De plus, la couleur politique peut ne pas être révélée ouvertement, elle peut être là, elle existe, néanmoins le politiquement correct la réglemente.

Le cas du TOKO BE TELO a souvent été évoqué lors de nos pré enquêtes et de nos enquêtes, ce qui nous a fait poser la question de la force que cette association politique a détenu ou détient encore du la scène politique régionale, et une autre raison est qu’elle est considérée aussi comme un parti politique ethnique basée sur la descendance. En effet, ce sont les clans suivant qui la composent : Timilahehy, Temitongoa, Tevondroany . C’est donc tel que le présentent les connaisseurs : un « fikambanandraza ». - 71 - Nous pouvons présenter ce groupement comme un parti politique ethnique. Aussi, il faut considérer que sa principale raison d'être, comme nous l’avons expliqué dans la partie théorique, est la défense des intérêts des groupes ethniques par le biais de la participation aux élections. Ainsi, depuis l’indépendance, ce groupement a toujours su imposer ses revendications politiques et ses représentants au sein du « fanjakana » même si celles-ci paraissaient arbitraires.

Il est quand même à préciser qu’au moment de sa création, le TOKO BE TELO n’avait aucune essence politique. A l’origine, sa constitution s’est basée sur la nécessité de ces trois clans, qu’il faut préciser sont totalement ou presque inconnus des chercheurs d’antan, de s’allier car ils étaient déjà en conflits avec les souverains et par la suite avec les colons.

Force est de préciser que ceux-ci ne fonctionnaient pas sur l’organisation de la royauté mais selon la chefferie qui se transmettait quand même selon la descendance et le droit d’aînesse.

Le chef était appelé « Nahoda kily », un équivalent de ce qu’ils appellent le « Hazomanga ». Ce dernier transmettait ses pouvoirs à son fils aîné qui le transmettait par la suite à son cadet. Les petits enfants du « Hazomanga » n’accédait à la chefferie que quand toute la génération des fils de celui-ci étaient tous décédés.

Ces clans là n’appréciant pas vraiment la royauté et leur désir d’extension de leur royaume, leurs chefs se sont mis d’accord pour la croyance de l’institution : TOKO BE TELO.

Ce n’est que durant les dernières décennies que l’organisation sociale de cet ensemble clanique s’est tourné vers la politique.

Par ailleurs, en ce qui concerne ce groupement, la latence n’est pas un choix. Sa force, sa voix, ses représentants se sont trouvés inhibés, et comme nous l’on dit les enquêtés c’est surtout le dernier régime en place qui l’a réprimée. C’est la raison pour laquelle elle se fait discrète et presque secrète.

Le caractère implacable de ses membres est la raison qui a poussé le pouvoir central à poursuivre ses membres connus, tel l’ancien maire de la commune urbaine de Tuléar,(BIAHARY Redonginy T) et aussi par le fait que ce groupement détenait une place privilégiée dans l’organisation politique du Président Didier Ratsiraka.

Par ailleurs, la mort de son dirigeant (ELAKOVOATSE Jean Louis) en 2005 a été une épreuve pour le groupement et a encore accentué son caractère latent.

Ainsi, avons-nous demandé durant nos interviews si le TOKO BE TELO était encore une force politique à Tuléar, à cela les réponses de nos leaders, des présidents d’association et de la population ont été diverses selon le degré de connaissance. Ces réponses ont été aussi diversifiées selon le sentiment de sympathie ou d’aversion que nos enquêtés ont ressentis surtout pour la majeure partie des dirigeants politiques que nous avons interviewés ; cela s’explique par le fait que ce groupement, par son

- 72 - caractère répressif et revendicateur, peut être à l’origine de tentatives de perturbations du régime dans la région et de la vraie provenance ethnique de ce groupement, considéré surtout comme intransigeant et bagarreur. Ce qui nous a particulièrement étonnée, c’est la caractéristique mystérieuse que nos enquêtés accorde à celui-ci, et même certains ont refusés d’en parler catégoriquement quand nous avons évoqué ce thème dans notre interview..

Tableau N° 10 : Force politique du TOKO BE TELO

DEGRE DE FORCE EFFECTIF POURCENTAGE Très forte 24 20 Forte 18 15 Moyenne 34 28.33 Faible 17 14.16 Nulle 15 12.5 Ne sait pas 12 10 TOTAL 120 99.99 % Source : Enquête personnelle. Août – Décembre 2008

Nous tenons à souligner que ceux qui considèrent le TOKO BE TELO comme ayant à présent une force politique faible ou nulle, ce sont en majeure partie les responsables étatiques, nous avons considéré cette réponse comme la conviction de la force de leur parti politique au pouvoir (TIM) et aussi comme la persuasion d’eux-mêmes que le groupement ne peut rien faire contre eux.

Section 2. Les forces sociales

Les forces sociales peuvent influer sur le pouvoir politique, c’est ce qui explique notre intérêt pour celles-ci. Elles sont surtout constituées par les ONG (Organisations Non Gouvernementales) et d’autres forces socioculturelles.

Il faut quant même remarquer que notre milieu a subi depuis quelques années des transformations profondes.

Il faut voir que de nouvelles élites sont apparues et continuent d'apparaître qui s'affrontent avec des élites traditionnelles lorsqu'elles ne les ont pas encore complètement remplacées. Des classes sociales qui, jusqu'à présent, n'avaient pas réussi à influencer les décisions collectives de la société commencent à s'affirmer et à imposer leurs vues.

Cette première remarque nous amène à l'autre ordre de faits qui est peut-être encore plus général. Nous assistons depuis quelques années à une affirmation croissante, dans tous les domaines, d'une volonté de participation aux décisions.

- 73 - Non seulement les individus et les groupes réclament le droit de critiquer les décisions prises, ils réclament aussi le droit de présenter et de faire prévaloir leur point de vue ainsi que le droit de reprendre en main le contrôle direct des décisions qui les affectent.

Sans aucunement nier l'importance de ces transformations, nous voulons nous demander si nous assistons simplement à un réalignement des forces ou, au contraire, au début d'une transformation plus profonde du modèle même du pouvoir dans notre société.

S'agit-il simplement d'une mutation aux points nodaux d'un réseau qui serait demeuré inchangé ou s'agit-il plus profondément d'un changement dans la structure même du réseau ? En même temps que nous commençons à découvrir et à vivre la démocratie, sommes-nous en train d'inventer une nouvelle démocratie ?

Pour étudier cette question dans toute sa complexité, il nous faudrait tenir compte des relations entre les diverses formes de pouvoir formel ou informels: pouvoir politique, pouvoir économique, pouvoir religieux, pouvoir social.

1- La part de responsabilité des ONG

Les ONG constituent des forces sociales et parfois même politiques. Notre étude a consisté à faire état de la question et il faut dire que les ONG ont un rôle important qu’elles devraient remplir pour le développement. Elles sont en nombre suffisant à Tuléar, leur situation dans la commune est satisfaisante, et elles peuvent être présentées comme des acteurs indispensables pour le développement du milieu. Donc, leur rôle dans le processus de développement est déterminant. Ensuite et surtout, elles sont consultées lors des prises de décisions pour des aspects importants de l’organisation rurale, communale et même régionale durant les grandes réunions de décisions ou de fixation de plan de développement de la localité. Et dans le milieu rural, elles peuvent quelquefois constituer des outils de domination politique des dirigeants d’autant plus que leurs chefs ou coordonnateurs sont présentés comme des chefs politiques.

Il faut reconnaître quand même que certaines organisations ont des structures qui permettent d’œuvrer pour le développement. Elles ont cet avantage par leur professionnalisme et la suffisance de leurs moyens ; alors, elles ont pu faire l’expertise de leurs pratiques ; de développer leurs capacités d’interventions ; de développer leurs capacités de proposition et de négociation ; et d’instituer de nouvelles formules de collaboration.

Ce qui nous a surtout étonné, c’est leur interpellation par les pouvoirs en place lors des organisations de propagande ou de scrutins, afin que pour le bénéfice de leur place prépondérante au sein de la société locale, elles puissent appuyer le pouvoir d’Etat et leurs candidats aux élections.

- 74 - Les exemples d’organisations citées : AIDE ET ACTION ; FID ; TAFA ; TANY MAINTSO ; ADEFI ; etc.

Elles sont souvent considérées comme des partenaires de l’Etat voire même des égaux du pouvoir d’Etat par leur capacité d’influence et d’intervention dans tous les domaines dans le cadre du développement.

Elles sont aussi très importantes car elles peuvent constituer des instruments d’idéologie pour le régime en place et peut permettre à ce dernier d’asseoir son influence et sa place prépondérante au sein de la société.

Toutefois elles sont plus ou moins maîtrisées et réglementées par le pouvoir en place, dans la mesure où elles se trouvent dans leur juridiction et qu’elles ne peuvent rien faire sans l’aval de ce dernier. Néanmoins la force qu’elles détiennent au sein du pouvoir ne doivent pas être minimisées.

2- Les élites cultuelles et culturelles

• Les Eglises

L’Eglise en général, pour parler de l’ensemble de celles constituées au sein du FFKM, ou les Eglises en évoquant toute forme d’organisation cultuelle dans la ville de Tuléar, détiennent un certain pouvoir, qui s’il n’est pas politique, peut être qualifié de religieux. Les œuvres caritatives des églises ont une mission d’évangélisation, cependant elles peuvent être le vecteur d’idéologie. Rien ne peut être oublié par la politique, ou bien c’est le religieux qui s’immisce ou au mieux, ils sont indissociables dans la mesure où le peuple malgache est très spirituel. On assiste même à une véritable sensibilisation, par exemple, lors des appels à la décision de la population pour des scrutins, certains prêtres ou conducteurs de prière font des serments très politisés à ces moments là.

Ce que Jean COPANS considère comme un registre de communauté politique avec les anthropologiques et les ethnicités, c’est le fait que « les machines idéologiques d’aujourd’hui sont religieuses et elles assument dans un grand nombre des cas les fonctions de gardiens de l’ordre (moral) public, de tribune de la conscience politique, de refuge de la sociabilité meurtrie et désarticulée »70 tout en ajoutant que « on peut toujours penser à la séparation de l’Eglise et de l’Etat mais on ne peut imaginer un instant la séparation de l’Eglise et de la politique et donc de l’Eglise et de la question démocratique »71

La question des relations entre la religion et le pouvoir sur la société (pouvoir politique) est apparue à différentes époques, notamment dans le monde occidental. Dans l’organisation des sociétés, le pouvoir spirituel est mêlé plus ou moins fortement au pouvoir temporel, voire assimilé comme une

70 Jean COPANS. Op cit. P 294 71 Jean COPANS. Op cit. P 295 - 75 - entité indissociable. Historiquement, par les notions d’histoire que nous avons été amenés d’apprendre, le clergé a constitué dans certaines religions et suivant les époques une force politique, un instrument de pouvoir politique, voire un État dans l’État. Ces relations entre ces pouvoirs distincts peuvent s’exprimer plus ou moins fortement : d’une exclusion ou influence mineure du pouvoir religieux sur l’organisation et le gouvernement d’une société, jusqu’à la domination de l’organisation de la société par la religion et ses représentants.

Plus récemment autour des concepts modernes de « laïcité », de séparation de l’Église et de l’État, nous nous demandons si cela est possible. Car il est quand même flagrant que dans la société malgache en général, la spiritualité est inhérente à la psychologie. A part cette place prépondérante de ce « pouvoir religieux » dans le domaine sociopolitique, il y a aussi un nouveau rôle qui est apparu ces dernières années pour les chefs religieux : celui de médiateurs essentiels durant les crises politiques, pour ne citer que les médiations de 1991 au Panorama et plus récemment celles de 2009 à l’Hôtel Le Hintsy. Ce pouvoir est reconnu plus ou moins admis par la majorité.

Et la fédération des Eglises (FFKM 72 ) peut aussi être considérée comme une opposition, car elle peut être considérée comme assez structuré, mais la seule faille réside dans le fait qu’elle n’est pas représentée aux scrutins. Cependant, un régime qui n’est pas admis par elle peut avoir de vrais problèmes ; on peut citer l’exemple dans les années 1990 car elle a constitué un contre pouvoir efficace face au Régime à cette époque. Néanmoins, il faut penser en ce qui concerne l’Eglise qu’il s’agit pour elle d’un engagement participatif mais non pas de s’immiscer trop à la politique.

• Les élites culturelles

- Le « Hazomanga »

Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer auparavant l’importance du « Hazomanga » dans la vie sociopolitique d’un groupement.

Avec plus de précisions : c’est le personnage qui détient ce pouvoir et qui l’exerce à l’échelle du clan. Et quand le clan comprend des milliers d’individus, le pouvoir de celui peut être considéré comme très important. Il a un pouvoir décisionnaire sur la vie du clan et de ses membres.

Il peut aussi être à titre consultatif pour les projets et décisions importantes du gouvernement, à propos de celles qui touchent la localité de résidence du clan ou des clans qu’il dirige.

Sur le plan culturel, il est celui qui dirige les cérémonies importantes qui sont organisés au sein du clan. Nous pouvons citer à titre d’exemple les événements culturels de grande envergure comme les « Savatsy » : circoncisions à grande échelle dont les célébrations durent à près d’une semaine, et ces cérémonies se déroulent chez lui.

72 Fikambanan’ny Fiangonana Kristianina eto Madagasikara. Conseil des Eglises Chrétiennes de Madagascar. - 76 -

- Les descendants royaux

Il existe encore des vestiges royaux des anciens royaumes qui semblent être méconnus et même inexistants. Ces sont les descendants royaux et Andriana, ou encore ce que nos enquêtés ont appelés les « Tromba » royaux.

Ils ont encore une très grande place dans la vie sociale et surtout politique dans la ville de Tuléar.

Les gens font appel à eux, pour des bénédictions et des conseils. Ils sont surtout présentés comme des sages « Ray amandReny » dont le pouvoir est surtout spirituel.

3- Les élites militaires

Entre classe politique et armée malgache, une concurrence pour le pouvoir existe depuis au moins 1972. Cette situation a vu la création d’une véritable classe militaire qui a vu un bon nombre de ses hauts gradés accéder à la tête du pays ou être membres des gouvernements qui ont pu se succéder depuis ces dernières décennies. Ce pouvoir qu’il détient se traduit par la force militaire qu’elle détient et le niveau intellectuel de ses élites, pour ne citer que l’Amiral Didier RATSIRAKA. Par ailleurs, la classe dirigeante, peut être par crainte pour ses représailles, lui accorder de prime abord une place politique, en tentant ainsi de se protéger. Ce qui veut dire qu’en général un régime préfère que la classe militaire soit avec elle que contre elle.

Cette nouvelle classe politique a souvent eu l’occasion de faire pression sur le régime en place et constitue par la même un véritable contre pouvoir efficace qui peut faire trembler l’Etat ou le Gouvernement.

On peut citer la participation des militaires en tant que groupe de pression auprès du Chef de la Région Sud Ouest lors de la récente crise.

- 77 - Chapitre 2. ANALYSE SUR LES CONTRAINTES DE DEVELOPPEMENT ET LA PORTEE POLITIQUE DE LA DIVERSITE ETHNIQUE

Nous avons pu expliciter la place des acteurs de gouvernance. A présent, il nous est venu le moment de voir dans quelle mesure ils peuvent contribuer au développement et quelles sont les raisons qui peuvent en empêcher la réalisation. Cette notion de développement ayant une place nécessaire dans les discours des politiques, nous aborderons des commentaires concernant les rôles des acteurs de gouvernance et les perspectives des rapports multi et interethniques selon différentes visions et individus.

Section 1. Les rôles des acteurs de gouvernance

1- Les problèmes de la gouvernance

La notion de développement humain est un défi pour asseoir le développement général dans une localité donnée. Cependant, elle suppose le fait de remplir les conditions qui améliorent les aptitudes des individus et leur épanouissement personnel. L’amélioration de la gouvernance par la participation, la transparence, l’Etat de droit, l’imputabilité et le renforcement de la capacité de chacun justifie cette fin. Seulement au niveau de la Région Sud Ouest, il nous a été amené de voir que parfois la bonne gouvernance est loin d’être mise en place.

1.1- Au niveau de l’administration

- A la base

Sur le plan organisationnel, le manque d’informations pertinentes pour le suivi et l’évaluation des activités auprès des responsables constitue des freins pour le développement et un handicap pour la bonne gouvernance. Il provoque un blocage sur la participation et les interventions des acteurs. Cela provoque aussi la non transparence dans la gestion des affaires locales car le système d’informations est faible : l’information pour la population ne passe pas.

Sur le plan opérationnel, on constate chez les chefs des fokontany que leur implication se limite à des actions d’ordre social. Presque dans tous les fokontany, les travaux d’infrastructures et les activités majeurs de développement ne sont pas mentionnés dans les ordres de priorités des tâches à effectuer. A part cela, on constate aussi le non professionnalisme de la part des chefs de fokontany. Soit les personnes désignées n’ont pas la capacité d’assumer une telle responsabilité, soit elles considèrent leurs métiers comme secondaires, soit elles les prennent seulement comme des marques d’honneurs mais elles ne s’y investissent pas. Or, ces situations ont une influence sur le mode de gouvernance c'est-à-

- 78 - dire, quand les chefs ne se sentent pas responsables, la bonne gouvernance ne suit pas sa logique. C’est presque le cas de chaque fokontany dans la commune. Ainsi, les responsables ne rédigent même pas de compte rendu pour le fokonolona car il n’y a pas de réalisation qui puisse faire l’objet de compte rendu

- Au niveau de la commune

Au niveau de la commune, plus précisément auprès de la mairie de Tuléar, la réforme des services publics ne se traduit pas encore réellement dans le cadre des projets mis en œuvre. Cependant, l’organisation administrative suit les normes : présence de matériels informatiques dans des services les plus actifs. La préoccupation des responsables se centre plutôt dans la bonne marche des affaires publiques et se limite aux services administratifs. Cependant, la relation chef /subordonné est presque dissolue. Parfois, le degré d’autonomie dont certains agents dispose influence leur comportement dans les prises d’initiatives.

En outre, la dimension relationnelle du pouvoir suppose une harmonie dans la coordination des participations à la bonne gouvernance. Au niveau de la commune toujours, on a constaté toutefois que certains agents rendent légitimes leurs actions pour entretenir des relations de domination sur les autres acteurs de développement.

On constate de la part des responsables, le manque de manifestation d’une volonté politique dans la conduite des réformes institutionnelles, mais également une faible conscience du rôle de l’administration dans le cadre des négociations. La faiblesse de l’administration en termes de compétence, et de manque de motivation est aussi constatée. De la part des agents, l’incapacité chez certains d’entre eux est remise en cause, ce qui les rend réticents pour l’accomplissement du travail demandé. Le manque de formation et la faible rémunération peuvent en être la cause. En outre, la faiblesse des systèmes d’informations et de suivi évaluation des interventions, une capacité d’analyse insuffisante, la difficulté à opérationnaliser les politiques en termes de plan d’action et de moyens à mobiliser sont à signaler aussi dans la commune urbaine de Tuléar.

Il y a aussi un manque d’initiative des responsables pour contribuer à des actions favorisant les différents modes de participation économique. Alors que des activités spécifiques devraient être menées pour créer et développer le secteur privé.

Pour la réalisation des projets communaux figurants dans le PCD, la commune rencontre des difficultés surtout pour leur exécution, faute de moyens. Toutefois, on constate l’inexistence de la volonté d’engagement de la part des responsables de la commune. Ils attendent qu’une aide quelconque vienne à eux mais ils ne cherchent pas à faire un pas ni à proposer des négociations. Parfois, ils disent que ces programmes dépendent de la priorité des bailleurs de fonds ou de l’Etat. En parlant de bailleurs, il n’y a

- 79 - jamais de contrats conclus par la commune avec un partenaire extérieur, ou bien ce dernier intervient mais en dehors des compétences de la commune.

En outre, les notions de responsabilité et d’imputation ne sont pas encore bien intégrées dans la stratégie des élus locaux. Les responsables de la commune ne rendent pas compte de leurs actions aux communautés sauf en cas de réalisation des grands travaux.

C’est toujours la population qui les approche pour demander des explications et pour avoir plus de détails. La situation actuelle de la commune sur son mode de gouvernance ne permet pas non plus aux citoyens de s’associer avec l’administration. Par conséquent, ils n’arrivent plus à surveiller les actions des élus ni à être informés sur leur rôle. Le manque de temps ainsi que l’insuffisance de personnel est la raison avancée par les responsables.

- Au niveau du District

Il n’y a pas vraiment de commentaires : le problème le plus évoqué est le manque de moyens matériels, humains et financiers pour l’accomplissement des tâches qui incombent à cette circonscription administrative.

A part cela, c’est la limite des devoirs et missions de celle-ci avec la région et les directions surtout le suivi des activités de développement de la circonscription, cette situation a valu au district de s’assurer en majeure partie de l’administration territoriale et du suivi des formalités administratives en matières du foncier et de la nationalité seulement.

- Au niveau de la Région

Nous avons parlé des ONG en tant que partenaires du pouvoir d’Etat. Aussi, la notion de partenariat implique la recherche de l’égalité des droits dans la coopération au développement. Seulement, le dialogue qui s’avère être un instrument essentiel dans les relations de partenariat demeure faible dans la région. Les échanges avec les autres auteurs de développement sont rares.

Pendant l’élaboration du PRD, la région a convoqué les divers acteurs .Seulement, les propositions avancées par les parties prenantes n’ont pas été intégralement prises en compte. Il faut en fait qu’elles répondent à la priorité de chaque localité bien qu’en réalité elles correspondent à la volonté politique du pouvoir en place. Alors que les formations sociopolitiques et économiques constituent les principaux acteurs qui animent la vie politique d’une région en suscitant la participation politique de chacun des acteurs. On constate également l’absence des mécanismes démocratiques au niveau de

- 80 - cette région. Parfois même des tensions surgissent entre l’administration et les autres acteurs dans la gouvernance, et c’est ce que nous avons évoqué précédemment.

Néanmoins il faut admettre les efforts entrepris par le Chef de Région ces derniers mois, d’autant plus que ces efforts sont louables, le titre étant exercé par une femme, qui par son dynamisme et sa bonne volonté auraient pu permettre à la région sud ouest d’envisager de meilleurs lendemains en matière de développement.

1.2- La société civile

Le problème au niveau de la société civile se focalise surtout au niveau de la vie associative et des entreprises privées.

- Les associations

D’abord, le comportement des élus est un facteur de doute pour les associations. Les responsables au niveau des collectivités territoriales décentralisées ou déconcentrées entrent parfois en compétition avec elles surtout en matière de financement. On constate même que ces derniers ont créés leur propre association.

Dans ce cas, il arrive parfois que ces associations interviennent en dehors des cadres du programme. Pendant ce temps, elles interviennent sans l’accord de la région ou du district et à leur propre nom.

En outre, le manque de décentralisation effective au niveau de la prise de décision et la rigidité des règles administratives influence la faible participation des associations. De plus, l’absence de perspective de collaboration et de partenariat avec les autres acteurs locaux constitue aussi des problèmes pour certaines associations.

Enfin, la forte dépendance financière des associations par rapport aux structures centrales et au budget des structures gouvernementales affecte leur niveau d’intervention et/ou leurs champs d’activités et détermine déjà à terme leur viabilité et leur pérennité.

Le responsable au niveau du district témoignait d’une certaine volonté des chefs d’association à vouloir faire quelque chose de bien pour la localité, mais les moyens manquent et les financements sont introuvables.

- Les entreprises privées

Les industries dans la commune sont presque individuelles. Elles sont réparties dans trois secteurs : l’industrie de bois, l’industrie maritime et l’industrie alimentaire. - 81 - Ces caractères individuels ont un impact sur leur représentativité au niveau de la commune. De plus, certains d’entre eux ne possèdent pas de qualifications, rendant leurs poids minimes par rapport à ceux des autres acteurs locaux. Et parfois, ils se sentent inutiles dans la réalisation des activités communales ou régionales. Certaines sont seulement utiles pour des petits financement ou des sponsoring des activités socioculturelles des jeunes de la ville de Tuléar.

En outre le facteur du non engagement de certains se manifeste par le manque de responsabilité et la mentalité que la réalisation des activités communales et régionales relève de la responsabilité des élus qui ont été désignés pour ça.

A part ce fait, le problème réside dans l’ordre de priorités considéré par les acteurs : l’intérêt personnel passe avant l’intérêt général du groupe. Cette logique est pratiquée dans presque tous les pays en développement.

Par contre au niveau des entreprises de grande envergure, elles ont des visions globales de développement mais leurs initiatives ne sont pas toujours prises en compte par les élus. En outre, dans la plupart des cas, les élus se désengagent et confient la réalisation des activités au secteur privé. L’absence de la coopération constitue en général le frein de développement pour certaines activités.

Cependant, l’absence d’uniformisation en matière d’informations au niveau de la commune est aussi un problème pour les entreprises privées. Parfois, elles ont reprochées aux responsables locaux de ne pas leur envoyer un extrait des documents des plans de développement (PCD ou PRD). Elles ont signalé qu’elles sont convoquées pour l’élaboration du dit document. Mais elles affirment qu’elles ne sont pas informées sur la suite des projets élaborés.

2- La question ethnique dans l’exercice du pouvoir

2.1- Les rapports de forces

La réalité de l’exercice du pouvoir réside dans le fait de la complexité de la structure étatique : il y trop de subdivisions et parfois des conflits peuvent survenir dans la réalisation des activités de développement, mais ces conflits sont de faible importance pour la région, le district ou la commune de Tuléar.

En ce qui concerne l’origine ethnique du chef et du subordonné, il a un très faible retentissement dans l’accomplissement des tâches et dans l’exercice de la fonction.

Ainsi, l’ethnie apparaît-elle comme un concept vague et diffus pour les leaders enquêtés, même si au fond il y a quand même un petit degré d’ethnicité et d’ethnocentrisme dans leurs propos. Ils

- 82 - préfèrent alors la notion de malgachéité au détriment de l’ethnicité, car le plus important est de réaliser les activités inscrites dans les objectifs de développement et de progrès du pays.

Selon l’ethnie, on peut déceler le degré d’ethnicité des hauts fonctionnaires et des employés des communes, district, région et directions ministérielles:

Tableau N° 11 : Degré d’ethnicité selon l’ethnie envers une fonction supérieure ou subalterne

Degré Très Important Moyen Minime Nulle TOTAL d’importance Important

ETHNIE VEZO 2 3 5 2 1 13 BARA 0 0 1 3 2 6 TANALANA 2 2 3 1 1 9 MASIKORO 1 2 2 1 0 6 MAHAFALY 0 1 1 2 1 5 ANTANDROY 0 0 1 4 2 7 SUD EST 0 1 1 3 1 6 MERINA 2 2 1 2 1 8 TOTAL 7 11 15 18 9 60

Source : Enquête personnelle. Août 2008

Il est à remarquer que l’ethnicité ici est un caractère qui provoque une attitude protectionniste sur le fief politique tuléarois.

Le sentiment le plus fort se ressent chez le Vezo dans la mesure où cette ethnie est considérée comme l’ethnie autochtone par excellence dans la ville de Tuléar, et qu’elle est un peu réticente face à l’invasion d’autres ethnies dans la scène politique et que d’autres élites ethniques puissent maîtriser les affaires politiques de leur localité.

2.2- Le politiquement correct ou l’indulgence politique

On peut peut-être parler ici de politiquement correct, car il y des sujets ou des thèmes situationnels qui ne doivent pas être évoqués. L’ethnie et la diversité ethnique font presque partie des sujets tabous, et la loi comme on l’affirme est la même pour tout un chacun

Ensuite, parler d’indulgence en politique peut paraître déplacé à cause de l’environnement assez cruel dans ce domaine, mais l’attitude politiquement correct est de savoir se respecter dans tous les cas

- 83 - de figures. De plus, être leader veut dire savoir montrer une face présentable aux yeux des uns et des autres.

Par ailleurs, le fait de partager la même couleur politique en général assure l’existence d’une sorte de consensus entre eux car la même idéologie est véhiculée par tous ce qui assure l’uniformisation générale des discours et des propos émis.

Malgré cela, dans certains cas on peut percevoir quand même dans les propos la possibilité que des trafics d’influence et des discriminations puissent être commises par les hauts fonctionnaires ou les détenteurs du pouvoir en faveur de leur ethnie de naissance au détriment d’une quelconque autre, même si ils se disent être neutre en ce qui concerne la question. Ce qui interpelle la notion d’allégeance présentée par Breton dans la partie théorique, celle qui pousse un individu à faire un acte pour son groupe selon le degré d’allégeance et celui qui l’interpelle le plus.

Tableau N° 12 : Tendance à la favorisation de l’ethnie d’origine

FAVORISE OUI. OUI. JAMAIS TOTAL TOUJOURS PARFOIS ETHNIE

VEZO 6 5 2 13 BARA 2 1 3 6 TANALANA 5 3 1 9 MASIKORO 3 1 2 6 MAHAFALY 2 3 0 5 ANTANDROY 1 2 4 7 SUD EST 2 3 1 6 MERINA 2 2 4 8 TOTAL 23 20 17 60

Source : Enquête personnelle. Déc 2008 - Janv 2009

Ainsi, dans les cas de prises de décisions et de décret pour la désignation de nouveaux postes à haut grade, ou encore pour la consultation de dossiers de réponse à des appels d’offres, les décisions peuvent se trouver altérées et il est possible de ce fait que celles-ci manquent d’objectivité, mais soient empreinte d’ethnicité.

Ce sentiment paraît légitime par le sentiment de la reconnaissance envers son ethnie par le leader.

- 84 - Section 2. Perspectives des rapports multi et interethniques

1- L’opinion des politiciens et des hommes politiques

Ce qu’enseigne l’observation des situations et ce dont témoignent les personnes au cours des entretiens ou des conversations, c’est que l’histoire a une place importante dans la construction des images et dans la constitution de la conscience collective d’un pays, et cela est tout aussi bien le cas de la population de la ville de Tuléar et même de ses leaders.

1.1- Ethnicité et choix électoral

Avant et à l’issue de l’indépendance, le mouvement de la démocratie à Madagascar a épousé la logique de la dynamique de représentativité ethnique. Les compétitions électorales de suffrage universel ont visé et vise de part et d’autre à se constituer un capital électoral basé sur l’appartenance ethnique : tous les membres d’un lignage ou des multiples lignages désormais rassemblés sous le concept d’ethnie à part entière sont sensés voter pour le représentant de cette ethnie pour la défense de leur intérêt au niveau du pouvoir central. Ainsi, les interactions sociales dans les processus sociopolitiques fonctionnent sur la base de la compétition ethnique. Nous devons quand même reconnaître la légitimité et la légalité du fait de la nécessité pour les autochtones de prendre en main la direction de leurs affaires politiques et sociales.

Cette logique de contradiction ethnique est parfois évoquée lors des confrontations aux urnes. La plus évoquée par nos enquêtés concerne les élections présidentielles de 2006 durant laquelle l’ancien président de l’assemblée nationale, Lahiniriko Jean, originaire du Sud, était présenté comme le candidat du Sud et de la sorte de Tuléar aussi, et que les électeurs de la région se devaient de le choisir durant les scrutins.

Selon les acteurs de la vie politique, cette notion ne doit pas primer sur le choix de la population, car cette dernière doit tenir compte des compétences et des aptitudes de leader, de l’expérience politique du candidat, des ses objectifs et du programme politique qu’il présente à ces électeurs en question.

1.2- Les rapports inter ethniques instrumentalisés

Nous avons déjà évoqué le terme d’instrumentalisation du concept d’ethnie et « d’ethnicisation des rapports sociaux » comme l’évoque Janine RAMAMONJISOA. De plus, les politiciens disent aussi que la politique est encore ethnicisée.

C’est là un signe révélateur qui montre que l’ethnicisation du politique est répandue dans ce qui constitue en fait la même famille, la même culture politique. Il y a en effet cette notion de quotas ethnique dans l’exercice du pouvoir exécutif.

- 85 - Comme le cas par exemple durant les événements de 1991 alors que le mouvement des Forces Vives voulait en finir avec les pratiques et idées de la 2 ème République, une convention secrète aurait posé que la répartition des pouvoirs, une fois les Forces Vives au pouvoir, se ferait en fonction du paramètre ethnique : la Présidence au Pr. Zafy Albert (un originaire du Nord), la Primature attribuée à une personnalité d’origine côtière qui ne devait être que Francis Ravony et la Présidence de l’Assemblée Nationale à une personnalité issue des Hauts-Plateaux qui ne pouvait être que le Pasteur Richard Andriamanjato. Le schéma a bien réussi quelques mois plus tard, selon toute provision.

Mais ce genre de consensus met au devant de la scène des revendications politiques à caractère ethnique au moment où le choix du président de la République au pouvoir ne respecte pas les modalités de ce genre de compromis. Car le tribalisme fait son apparition qui, comme nous l’avons déjà présenté auparavant, en tant que forme de revendication, ce qui fait qu’elle représente une forme de résistance sociale qui peut encourager une fausse conscience , à la fois vecteur idéologique et masque de la lutte des classes, car au lieu de la lutte des classes, il y a la lutte des ethnies pour le pouvoir principalement.

Nous tenons à souligner aussi la présence d’une autre forme de quotas, en rapport avec la religion et l’enjeu du pouvoir pour l’Eglise : il doit y avoir un équilibre concernant la nomination des chef d’institution par rapport à la présidence (Par exemple, au premier mandat Ravalomananéen : Président - FJKM. Premier Ministre - Catholique. Président de l’Assemblée nationale – FLM).

Mais il semble que tous ces principes ont été peu considérés durant le second mandat du dernier régime en place, tout comme celui du quota ethnique a été totalement oublié.

1.3- La situation de la région en matière de développement

La portée de la question ethnique est toujours en rapport avec cette histoire de quotas. Ainsi, il y a le sentiment de certains élus du délaissement de la région par le pouvoir central,

La région Sud et surtout celle où se trouve Tuléar a été toujours présentée comme la dernière sur le plan de développement et en ce moment, elle est encore considérée comme la dernière des dernières en matière de progrès socioéconomique. C’est en fait l’existence d’une situation de développement inégal ressentie par les hommes politiques. L’opposition gens des Hautes Terres et population côtières ou même plus, entre Merina et non Merina. Cela recouvre une situation de développement inégal entre les deux ensembles de population opposés pour les besoins de la cause.

Il y a par exemple la fixation du budget de l’Etat, et le constat des budgets des communes qui sont à un taux inégal, et surtout la remarque que celui de la Commune urbaine d’Antananarivo qui est largement plus élevée que ceux des autres, et dont évidemment celui de Tuléar. Et cette question de sous équipement de certaines collectivités plus que d’autres est considérée comme la cause du sous développement du pays et des différences de développement au niveau des régions. - 86 - Le quota et la représentativité des ethnies n’ont plus été possibles. Ce qui a rendu impossible la défense des intérêts de la région auprès du pouvoir central. La remarque faite par ces politiciens et même par certains leaders, c’est le fait qu’aucun originaire du Sud n’est présent en tant que membre du gouvernement en exercice 73 .

Nous avons essayé d’analyser le sentiment et l’importance de cette représentativité qui est jugée comme lésée. Précisons qu’on ne parle pas d’ethnies dans la Constitution mais l’accès à certaines institutions se fait par quotas, ce qui fait son importance quand le concept a commencé à être oublié ou à ne pas être respecté : on peut citer l’exemple de : l’Académie militaire d’Antsirabe, du gouvernement, des écoles nationales de hauts fonctionnaires dans l’administration ou de magistrats, ou des écoles de police et de gendarmerie. Ainsi, la grande majorité des policiers dans la capitale sont des non Merina.

Tableau N° 13 : Raisons accordées au retard de développement de la région

FACTEURS EFFECTIF POURCE NTAGE Mauvaise foi du pouvoir central 14 23.33 Incapacité des leaders locaux 9 15 Situation géographique 12 20 Divergence ethnique 7 11.67 Culture 8 13.33 Population. Démographie 4 6.67 Instruction 6 10 TOTAL 60 100 %

Source : Enquête personnelle. Août 2008

Concernant toujours le développement de cette région, les leaders voient d’un mauvais œil le fait que le port de Tuléar est devenu plus ou moins fantôme, alors qu’il devrait constituer la force de cette localité. D’autant plus qu’elle devait être un pôle économique de tout le Sud avec toutes ses potentialités de développement ; et ils accusent le pouvoir central de ne rien accomplir et d’avoir fait exprès, car en effet les mouvements qui font encore le plus marcher le port en question sont l’entrée de riz et de produits importés par les entreprises présidentielles 74 .

1.4- Connaissance de l’histoire

Il est utile pour un peuple de connaître l’histoire et surtout la sienne, mais il l’est encore plus pour l’homme politique qui va le conduire.

73 Enquêtes Août 2008 74 Société TIKO (Tena Izy Ka Omeko) - 87 - En ce qui concerne l’histoire de Madagascar, « Peut-on parler d’image erronée ? », nous a-t-on demandé concernant les anecdotes sur les ethnies et sur la vraie histoire de Madagascar et celle des régions.

Dès l’histoire des origines du peuplement de l’Ile, beaucoup de suppositions sont présentées. Mais celle qui semble peu discutée, c’est l’opposition présentée à tort comme celle des descendants des originaires du Sud-Est asiatique (Merina) et des originaires de l’Afrique (Côtiers), soigneusement entretenue par la colonisation et adoptée par ceux qui ont intériorisé les schémas mentaux coloniaux.

Par ailleurs, les récits des conquêtes du Royaume Merina à l’époque de l’unification du pays sont ceux qui sont considérés comme des plus malintentionnés. Ainsi, notre héritage historique a fait naître en chacun, même involontairement, un sentiment ethniciste et surtout un sentiment d’aversion des Côtiers en question envers les Merinas.

Certes il y a eu des écrits contemporains ou postérieurs des événements, avec le recul, et les investigations nécessaires pour pouvoir consigner les faits dans les livres d'histoire. Cependant, le moins qu'on puisse dire est que les contradictions comme les divergences de vue nous éloignent encore plus de la vérité qu'elles ne nous font en rapprocher. La passion, lorsqu'on en parle, demeure intacte chez de nombreuses personnes, et il n’en est pas moins pour les politiciens .

Aussi la subjectivité qui en découle, avec ce qu'elle peut comporter comme interprétations plus ou moins fondées, fausse-t-elle souvent les récits au point que les lecteurs et les auditeurs ont de la peine à faire la part des choses entre les faits réels et les sentiments personnels. Les questions que continuent de se poser bon nombre de malgaches ne trouveront probablement jamais de réponses satisfaisantes.

En voici quelques unes : les événements de 47 ont-ils été véritablement une lutte de libération nationale ou une manipulation ? Quel rôle y a joué la France ? Quel rôle ont joué les factions en présence (MDRM, PADESM ou autres) ? Et bien d'autres questions qui tendent davantage à brouiller les pistes qu'à les dégager pour la vérité.

D'autant plus qu'actuellement de nombreuses personnes s'échinent encore à jeter le trouble dans un but clair et précis : la récupération et la manipulation, en fonction de la situation qui prévaut. Ce qui est certain, c'est que ces événements de 47 ou plutôt leur souvenir, ne parviennent ni à unir ni à diviser complètement les hommes politiques malgaches. Et c'est peut-être encore mieux que les choses en soient là. Surtout pour le deuxième cas de figure car autrement il faudrait une fois plus tout réécrire en ce qui concerne l’histoire de Madagascar.

1.5- Les limites de la réconciliation nationale

- 88 - La réconciliation nationale est souvent évoquée dans les discours politiques avec la solidarité nationale. Dans la mesure où on s’aperçoit de la « nécessité » d’une réconciliation, on sait qu’il y a conflit ou mésentente quelque part, et ce au sein de la nation malgache elle même. Cette dernière phrase est le commentaire de nos politiciens.

Tous les dirigeants politiques ont essayé, chacun à leur manière, d’apporter leur solution mais se sont gardés de toucher à l’essentiel. Ils ont voulu occulter une réalité bien installée dans le vécu quotidien du peuple malgache : une certaine méfiance des uns envers les autres à cause de frustrations et de rancoeurs de citoyens considérés comme des Malgaches de seconde zone par rapport à une minorité d’autres, privilégiée par l’histoire. Pis encore, des politiciens ont entretenu des complexes inter et intra ethniques pour acquérir le pouvoir d’Etat et assurer leur main mise sur la vie économique et sociale de la nation. Si il faut faire des différences du peuple une émulation du développement, il va falloir exorciser cette hypocrisie. Le soi disant antagonisme « Merina/Côtiers » n’est qu’une manifestation apparente d’une amertume populaire qui, malgré les discours les plus caressants et les diatribes les plus enflammées de multiples orateurs reste au fond de chacun comme la lave qui bouillonne dans les entrailles de la terre cherchant une faille pour s’échapper.

Et afin d’éviter l’explosion de ce volcan, les politiciens malgaches d’aujourd’hui se doivent d’écouter et d’entendre les aspiration culturelles de tous en matière de solidarité et de concertation nationale.

Après, la conviction faible concernant les efforts à faire, en plus la volonté de toutes les parties prenantes est mise en doute. A l’évocation de cela, nous leurs avons demandés les véritables raisons qui pourraient empêcher l’effectivité de cette réconciliation nationale et les limites de celle-ci.

Tableau N° 14 : Les limites de la réconciliation nationale

DE QUOI DEPEND LA EFFECTIF POURCENTAGE RECONCILIATION NATIONALE Volonté de tous 17 28.33 Ethnies 7 11.67 Action des Responsables 6 10 Indulgence 8 13.33 Oubli de l’histoire 13 21.67 Débat 9 15 TOTAL 60 100 %

Source : Enquête personnelle. Août 2008

- 89 - 1.6- L’origine ethnique du Président de la République

Le Président Marc RAVALOMANANA est le premier Président Merina. Ce cas de figure a été une grande première dans l’histoire de notre pays. En effet, cela touche la même logique selon une certaine consigne héritée des colons selon laquelle aucun leader d’origine Merina ne devait accéder à la magistrature suprême si le pays ne voulait aller à sa perte.

L’arrivée providentielle du personnage de l’ancien Maire d’Antananarivo a été non seulement la vue pour la population d’un visage nouveau dans la scène politique en 2001, mais elle a été aussi l’occasion de « se débarrasser » du Président en fin de régime 75 qui faisait déjà l’objet d’opposition et de médisance .

En général, l’origine ethnique du candidat à ce moment là n’avait pas eu d’incidence sur les votes des électeurs. Mais par la suite c’est durant son mandat que les ressentiments ont fusé au paroxysme. Il y a alors la mise en cause de ses décisions : par exemple, la décision sur l’Education Pour Tous, et dans le cadre de cette politique d’EPT, l’école primaire à 7 ans. Ce genre de programme lui a valu des commentaires comme « Ce sont bien les Merinas, ils décident sans considérer les conséquences, en plus ce ne sont pas leurs enfants qui vont étudier dans ce cadre là ». Et c’est encore le cas quand il s’agit d’autres décisions qui favorisent plus les Hauts Plateaux au détriment des régions côtières.

Cependant, le fait de l’indulgence et du même politiquement correct, cette origine ethnique est plus ou moins dégagée des esprits, sauf de ceux des bornés, mais l’hostilité se manifeste surtout concernant la façon de gouverner.

Tableau N° 15 : Le degré d’importance de l’ethnie d’un dirigeant

PORTÉE DE L’ORIGINE EFFECTIF POURCENTAGE ETHNIQUE DU PRESIDENT Très important 6 10 Important 19 31.66 Moyen 12 20 Faible 16 26.67 Nulle 7 11.67 TO TAL 60 100 %

Source : Enquête personnelle. Janvier 2009

L’ethnie perd de plus en plus de son importance dans les esprits, et elle pourrait perdre de sa place dans la psychologie, si des efforts sont effectués.

75 Didier RATSIRAKA - 90 - Cependant, quand un candidat se présente, il est tout d’abord vu comme le représentant de son ethnie d’origine, plutôt que celui de la nation malgache.

2- L’opinion de la population

2.1- La problématique ethnique

Concernant les ethnies qui composent la ville de Tuléar, les membres de la population ressentent le plus souvent la faible importance des questions ethniques sauf si ils ont pu être victimes ou ont été témoins d’actes de discrimination à leur égard.

Il y a seulement une certaine typologie des ethnies dits de « mpiavy » dans la ville, et nous avons essayé de les catégoriser, car c’est sur celle-ci que repose l’animosité des autochtones envers ces derniers.

- Antakarana (et ceux du Nord en général) : bagarreurs - Antandroy : sanguinaires - Antanosy-antaisaka- etc (sud est) : difficiles à intégrer - Betsileo : ayant le sens des affaires - Merina : intelligents, filous - Mahafaly : paysans - Sakalava : enjoués, spirituels

Nous tenons à présenter cette typologie car elle constitue un véritable archétype dans l’inconscient collectif tuléarois, et ça reflète un certain jugement de valeurs.

Tableau N° 16 : La discrimination et la distinction ethnique dans la ville de Tuléar

Favorable à la distinction EFFECTIF POURCENTAGE ethnique OUI 15 25 NON 19 31.67 DES FOIS 16 26.67 PAS D’AVIS 10 16.67 TOTAL 60 100 %

Source : Enquête personnelle. Décembre 2008

Concernant ce tableau, l’opinion est encore dispersée :

- 91 - Les avis favorables à la prise en compte de la question ethnique sont ceux qui sont les plus fermés et qui voient encore mal l’invasion de leur localité et sont encore animés par les haines ancestrales que les colonisateurs ont œuvré à vivifier pour mieux maîtriser les population au détriment de l’ethnie Merina; ceux qui sont catégoriquement défavorables ont déjà un esprit plus ouvert sur le sujet et ont aussi pour certains des membres de familles mixtes ; ceux qui veulent cela occasionnellement songent surtout à ce que ça puisse dépendre de la situation, par exemple, c’est utile pour l’équilibre des pouvoirs entre les représentants des dits ethnies ; les derniers cas trouvent tellement confus le terme d’ethnie qu’ils ont préférés ne pas se prononcer du tout.

2.2- Crédibilité politique

La crédibilité politique des hommes politiques a déjà subi des épreuves au sein de la population de Tuléar. On n’écoute un politicien que quand il y a une contrepartie.

De plus, les partis, qu’ils soient des partis politiques simples ou des partis politiques ethniques, sont encore plus vus d’un mauvais œil, car selon la population, au gré des élections, les groupements se créent, se mobilisent et se perdent dans l’oubli, et que certains ont égaré leur crédibilité dans la polémique tandis que d’autres se complaisent dans des débats stériles.

Leur action a fait naître dans la population un sentiment de méfiance pour ne pas dire de rejet envers tout ce qui a trait aux partis politiques et à leurs membres, leur essence vue par la population comme l’accession du pouvoir tout simplement.

Par ailleurs, la crédibilité politique repose sur le personnage surtout, et quand celui-ci est vu comme la « bonne personne », comme les enquêtés le disent, il est digne d’être écouté et par la suite d’être élu par tous, mais s’il montre une mauvaise image de lui dans ses discours, il ne l’est pas.

De plus, c’est aussi une question de marketing, car le plus vu est le plus vendu, et donc c’est une question de moyens. Celui qui dépense le plus durant les propagandes est le plus susceptible d’être choisi.

Toutefois, pour certaines catégories de population, l’ethnie peut encore être un facteur susceptible de persuader.

- 92 - Tableau N° 17 : Rapport entre choix dans les scrutins et origine ethnique

Importance de l’origine IMPORTANT MOYEN FAIBLE NULLE TOTAL ethnique du candidat

ETHNIE VEZO 5 4 2 2 13 BARA 1 2 3 0 6 TANALANA 4 2 2 1 9 MASIKORO 3 1 1 1 6 MAHAFALY 2 1 0 2 5 ANTANDROY 2 2 3 0 7 SUD EST 1 3 1 1 6 MERINA 2 1 4 1 8 TOTAL 20 16 16 8 60 Source : Enquête personnelle. Décembre 2008

Ce tableau montre que la complaisance pour un candidat qui est de même origine que l’électeur est l’idéal, ou du moins pour un candidat né dans la localité. Cependant, il est préférable pour un politicien de se présenter dans la région où ses parents sont vraiment originaires, au lieu de la région où il a vécu même si ça a été durant de nombreuses années. Par ailleurs, nous avons pu remarquer l’incidence de la classe socioéconomique et l’importance de l’origine ethnique d’un politicien à écouter .

Tableau N° 18 : Rapport entre importance de l’origine ethnique et le niveau d’instruction

Importance de l’origi ne IMPORTANT MOYEN FAIBLE NULLE TOTAL ethnique du candidat

Niveau Secondaire 9 4 3 4 20 Bac 6 3 5 3 17 Bac + 2 4 2 1 5 12 Bac + 4 2 2 4 3 11 TOTAL 21 11 13 15 60

Source : Enquête personnelle. Décembre 2008

Nous pouvons ainsi voir que les catégories qui constituent la classe inférieure sont les plus animés par le sentiment de protectionnisme ethnique, peut-être serait ce du à leur faible niveau d’instruction et de ce fait d’une faible ouverture d’esprit

- 93 - 2.3- Les problèmes récurrents

A la suite des manifestations de violence anti-Merina et fédéralistes, si la première réaction de l’opinion publique a été la consternation, la seconde a été, passé le temps de réflexion, la lassitude et la résignation.

Les actes de banditismes et de violences perpétrés à l’encontre des populations dites « mpiavy » et celles étrangères (surtout les indiens) au sein de la ville, ont valu à toute la population de la ville de Tuléar un caractère d’arriérés, de barbares et même de bêtes sauvages, qui ne savent pas faire fi de l’ethnicité.

Alors, la population ressent une certaine crainte de représailles face à tout cela, en songeant aux individus originaires de leur ville qui habitent dans tous les coins de l’île et qui peuvent se trouver victimes de tels genres de brutalités à leur encontre.

L’espoir d’un changement des mentalités a été vivement manifesté, quoique l’hostilité latente envers les ethnies étrangères soit toujours ancrée au plus profond des esprits.

La population a plus ou moins connaissance de ses droits et devoirs en tant que citoyen et elle peut s’engager à participer à l’effort collectif pour l’intercompréhension et la réconciliation entre tous.

3- Les événements politiques et leur répétition

Par l’analyse et l’observation des faits qui ont jalonné l’histoire de Madagascar, nous pouvons affirmer, comme les historiens spécialistes le confirment dans leurs écrits, que l’histoire du pays depuis l’indépendance est en majeure partie une succession de faits qui se répètent, avec les mêmes discours, la même rengaine, et les mêmes événements à quelque degré près.

3.1- Les confrontations ethniques

Il a été vu au cours de l’histoire que les confrontations entre politiciens ont souvent été la cause d’autres genres de confrontations entre populations.

Aussi, les luttes politiques sont-elles à l’origine des confrontations à caractère tribal.

Si nous pouvons citer l’exemple de la crise politique de 2002 du à l’affrontements entre des pro Ravalomanana et des pro Ratsiraka. Nous évoquons ce chapitre de l’histoire de Madagascar, car nous avons été témoins des événements à cette époque.

- 94 - C’est donc durant cette période que tous réalisèrent à quel point le réflexe ethnique était demeuré ancré dans les esprits et qu’il cherchait tout simplement un moyen de s’extérioriser du plus profond de l’inconscient.

Cela a été d’autant plus flagrant dans la mesure où les deux antagonistes étaient ce qu’on peut dire : des opposés non seulement du point de vue politique mais aussi du point de vue de leur origine ethnique : le premier étant Merina et le second Betsimisaraka, donc côtier pur et dur.

Des actes de violences ont été perpétrés dans toute l’Ile à l’encontre des Merinas et des gens des Hauts Plateaux ou ce qui y ressemblait. Il a même été question de massacres sur beaucoup de personnes et voire de familles entières.

Les originaires des Hauts plateaux et surtout les Merinas ont éprouvé de la lassitude et de la colère, des sentiments qui paraissent quand même fondés car ressentis devant le sempiternel rôle de bouc émissaire imposé aux Merina, lors des agressions perpétrées contre eux en 1972, 1973, 1975, 1991, 1992 et là en 2002 à Toamasina, Antsiranana, Mahajanga comme à Tuléar.

D’ailleurs toute confrontation politique risque à tout moment de provoquer l’explosion de ce volcan qu’est la haine ancestrale endormie au plus profond de chacun, même si le degré n’en est pas pareil.

3.2- La place du MONIMA en tant que parti politique

Le MONIMA ayant été créé sous l’initiative d’un originaire du Sud, nous nous sommes intéressé à son cas. Le sigle développé en « Madagasikara Otronin'ny Malagasy » a été créé par MONJA JAONA le 29 juillet 1958.

Beaucoup d'intellectuels qui revenaient de France dans les années 1960 rejoindre le Monima trouvèrent en Monja Jaona, qui avait été l'un des inspirateurs de l'insurrection de 1947, un nationaliste intransigeant, et un homme politique de province qui n'avait jamais capitulé devant Tsiranana . C'était un leader "pur" qui, par sa sincérité, réussit à obtenir un large support populaire dans la région de Tuléar.

Mais les intellectuels du parti, vivant dans d'autres régions de Madagascar, le problème de base de tous les partis de gauche demeurait: comment faire participer la masse? Cette difficulté n'a jamais vraiment été résolue.

Le travail que le MONIMA effectua dans la région de Tuléar, où le parti possède une base populaire (articulée sur les rapports sociaux traditionnels), reste un phénomène isolé dans le pays. Son échec est dû, en partie, au fait que l'analyse qu'il fit de la situation intérieure malgache (classes sociales

- 95 - et stratégies de lutte) venait de son expérience du sud, où les conditions sont différentes de celles du reste du pays.

Il est à noter aussi que les rapports du MONIMA avec le pouvoir, très clair sous la Première République où il était dans l'opposition, devinrent quelque peu contradictoires sous le régime Ramanantsoa. On ne peut pas exagérer, non plus, sa méfiance envers le Colonel Ratsimandrava après la répression de la Révolte du Sud en Avril 1971. On n'a jamais oublié cette répression menée par la gendarmerie que commandait le Colonel Ratsimandrava. C'est une des raisons pour laquelle le parti s'opposa dès le début à la reforme des fokonolona.

Lors de la montée de Ratsiraka au pouvoir, plusieurs dirigeants du parti ont accepté des postes ministériels dans son gouvernement, mais sans avoir demandé, semble-t-il l'avis préalable des militants qu'ils représentent. Leurs initiatives unilatérales ont provoqué quelques différends au sein du parti et a fait diminuer sérieusement sa crédibilité.

Néanmoins; le MONIMA est demeuré l'organisation de gauche la plus importante, la seule en fait à avoir une base réellement populaire dans l'île dans les années 70.

De ce fait, ce parti a été des plus actifs et des plus craints par les régimes de cette époque, pour son intransigeance et son caractère très impérieux.

Ce qui a valu aux autres politiciens originaires du sud le qualificatif de « têtes brulées » car leurs prédécesseurs étaient considérés comme de véritables destituteurs de gouvernement (« mpanonga- mpanjakana »).

Mais sa capacité d'action à coté des autres groupes de pression a été affaiblie depuis, et des politicients voient en la personne de Monja Roindefo considéré comme héritier de Monja Jaona de meilleurs lendemains pour la scène politique de ce parti dans la ville de Tuléar et à l’échelle nationale.

Le cas de ce parti vérifierait encore nos opinions sur les partis, et un autre constat est que : les partis malgaches se créent et brillent selon le rayonnement de leurs créateurs, et enfin meurent en général avec leurs fondateurs.

Le MONIMA a plus ou moins disparu à la mort de MONJA Jaona mais il réapparaît peu à peu ces derniers temps en la personne de MONJA Roindefo, à son accession au pouvoir dans le régime transitoire actuel, avec une précision « kamiviombio » pour dire « va dans le droit chemin » en référence surtout aux changements incessants de casquettes des politiciens de nos jours.

- 96 - 3.3- Regards sur une crise politique : La lutte pour la démocratie de 2009

Durant les derniers moments de nos investigations durant le début du mois de janvier 2009, nous avons pu discuter et débattre du début des manifestations dans la capitale du pays concernant un nouveau combat populaire pour la démocratie, voici les propos avancés le plus souvent par nos interviewés, notre énumération se fait de façon éparpillée :

- Ils sont entre eux (de la même ethnie plus précisément), ça ne va pas s’étendre dans tout le pays Mais cette phrase d’un de nos leaders sera plus tard discréditée à la suite des événements ; - Ça va se régler rapidement, ils vont s’arranger car ils ne vont pas risquer de déshonorer leur ethnie en se battant entre eux ; - C’est une affaire de famille qui s’étend tout simplement sur un cadre plus étendu qui est celui de la scène politique ; - Cela devait arriver de toute façon, même si c’est un petit jeune qui s’en occupe, car la situation du pays est des plus critiques ; - Le régime en place doit reconsidérer ses méthodes de gouvernance et sa politique - La situation politique actuelle pourrait avoir une influence sur les luttes tribales. Beaucoup de familles vont de nouveau déménager avec les conséquences désastreuses qui y sont reliées; - Ce n’est qu’un Héritier du MDRM : le V du VVS (Vy Vato Sakelika), puis l’appropriation de la chanson « faneva » chère au MDRM. Les héritiers du PADESM ne doivent pas être contents (Paroles d’un éventuel héritier ?) ; - Il a peut-être le charisme du leader de mouvement (référence à Andry Rajoelina) qui le mènera éventuellement loin ; - Le peuple a été trompé et lésé par le régime actuel, et bien sûr il ne tarde pas souvent à lui rendre la monnaie de sa pièce ; - Andry Rajoelina ne fait que recommencer ce qui a été fait en 2002, il est à espérer que les répercussions ne seront pas les mêmes ; - La politique est l’art de ruser l’opinion pour rouler le public, et c’est ce qui arrive au peuple malgache depuis des décennies et cela marche toujours ; - Peut-être qu’il réussira, il a quand même un projet objectif, une certaine culture politique avec des militants convaincus ; - Il y a quelqu’un d’autre derrière tout ça et qui a trouvé en le jeune Maire de la commune urbaine d’Antananarivo un bon candidat pour la conduite d’un mouvement politique qui puisse vraiment faire trembler le régime en place ; - C’est toujours la suite des confrontations entre TIM et TGV de décembre 2007. Le Président n’a pas digéré la défaite avec l’enjeu de la mairie d’Antananarivo.

Nos propres considérations :

Et d’après nous, les revendications avaient certaines qualités légitimes : comme celle de la démocratie, de la montée en flèche de la vie et des malgaches qui ne peuvent pas suivre, du monopole - 97 - du secteur économique par le seul dirigeant. Mais en ce qui concerne la libération des prisonniers politiques, la généralisation trop pressée des cas de tous ces prisonniers a été une méprise devant laquelle le nouveau leader n’a pas pu reculer, même si il a tenté de le faire. Car considérer le colonel Coutiti comme un prisonnier de guerre nous semble un peu déplacé, et cela ne tient qu’à nous, en considérant les chefs d’inculpations au moments de son incarcération et en se disant que ses crimes peuvent être qualifiés de génocidaires.

Auparavant, les méthodes du mouvement devant le grand public ont quand même été des plus louables car généralement le calme et l’attitude pacificatrice a été souvent de mise, même si une violence répressive a été commise par les forces de l’ordre. L’appel à la solidarité nationale était évoqué aussi.

La faible incidence sur les brutalités à l’encontre des ethnies Merina a été remarquée, la raison principale étant sûrement que la lutte se faisait entre 2 Merina, cependant des foyers de violences ont été aperçus comme ceux contre les petits vendeurs de brocanteries à Tuléar, ceux-ci étant en effet originaires d’Antananarivo.

De plus, nous nous demandons la signification du choix du Premier Ministre de la transition un peu plus tard, car elle est, selon nous, stratégique dans la mesure où on a vu la participation active de la population du Sud dans ce mouvement : et même c’est la première localité qui a refusé l’atterrissage de l’avion présidentiel à la mi-février 2009. Mais ce choix a été la raison de la lenteur du processus de la « révolution » car il a été dit derrière les rideaux que certains grands barons de la politique n’étaient pas d’accord avec le choix de l’initiateur du mouvement, ce qui fait qu’il manquait la bénédiction de certains de ces barons

Notre intérêt pour le pouvoir dit « religieux » se trouve être justifié ici. En observant la rivalité politique entre les deux protagonistes, nous avons vu que derrière cette scène, l’enjeu de la détention du pouvoir se faisait sentir leur église respective. C'est-à-dire que la religion du leader a aussi une grande importance pour le prestige de son église, car dans le cas du conflit politique entre RAJOELINA et RAVALOMANANA, il y a ce que nous avons présenté comme un conflit d’intérêts entre catholiques et protestants FJKM , et donc entre l’Eglise catholique et l’Eglise FJKM. Car l’accession de l’actuel chef de la haute autorité de transition a fait naître un certain climat de froideur entre ces deux églises, avec une certaine affiche de la dernière de sa volonté de se dégager du Conseil des Eglises Chrétiennes.

Enfin, en ce qui concerne l’avenir de Madagascar, il faut de nouveau repartir à zéro pour certains secteurs, surtout économiques. La vie politique, sociale et économique a repris de son cours selon certains, mais que dire en face d’un nouveau mouvement de lutte pour la vraie démocratie contre le gouvernement de transition et le coup d’Etat qu’il l’accusent d’avoir commis. Mais selon certains observateurs, le manque de conviction de ce mouvement et le faible charisme des personnages aux commandes constituent leur faille, mais il faut admettre qu’ils ont leurs revendications aussi et qu’ils ont le droit de l’exprimer.

- 98 - CONCLUSION GENERALE

En bref, nous avons pu voir que le concept d’ethnie et de pouvoir sont floues, et que le pouvoir peut être exercé sans Etat. A ne citer qu’à titre d’exemple celui du TOKO BE TELO qui a été érigé traditionnellement ou encore celui du dirigeant actuel par un certain charisme.

De plus, la ville de Tuléar apparaît comme le noyau de la région Sud-Ouest, elle dispose des moyens humains nécessaires pour le faire progresser et sa bonne gouvernance est essentielle. Les leaders doivent dépasser l’ethnicité car elle peut être un frein au développement, mais ne constitue pas sa véritable raison.

De tout cela, nous pouvons dire qu’il existe différents aspects du pouvoir, et ce dernier peut être détenu selon son fondement : le légal pour les leaders élu par le peuple, le traditionnel pour les représentants du TOKO BE TELO, et le charismatique des nouvelles têtes politiques comme celui de Andry RAJOELINA et même Marc RAVALOMANANA avant lui en 2002. En général, c’est le légal qui prime sur les deux autres, surtout pour les revendications, mais il faut voir qu’il y a une structure de pouvoir selon l’organisation de l’Etat, mais aussi des pratiques politiques où agissent d’autres forces politiques et c’est le cas du TOKO BE TELO.

Le niveau des rapports de force ne se situe pas seulement au niveau de l’origine ethnique, il peut aussi découler des divergences d’opinion en politique.

Cependant, les vestiges des rancunes ancestrales résident ; la latence de la conscience ethnique dans la psychologie profonde malgache non seulement des Tuléariens mais aussi de la majorité des Malgaches en général doit être déracinée, par le biais de l’éducation civique et citoyenne. Il y a des mécanismes qui fondent et entretiennent la discrimination, en analysant la relation entre les croyances et les faits, en démontrant la transformation des premières dans les seconds, et leur circularité. Ce phénomène est bien connu, et ce n’est pas à lui que nous voulons nous intéresser, mais à la manière de le combattre. Ce qui nous paraît d’une actualité évidente, ce sont les réflexions sur les formes du combat, de l’éradication des préjugés « ethniques ». Comment arrêter cette navrante tragi-comédie qui voit les croyances collectives être entretenues dans une relation perverse avec les faits, tant par les uns que par les autres. Sur ce point, nous ne pouvons compter que sur la force des scrupules et des sentiments moraux : ils peuvent certes aider à provoquer un désir de changement, mais ils ne peuvent en aucune manière, à eux seuls, produire ce changement. Ne croyons pas plus au pouvoir de la vérité, dont la seule apparition ferait évanouir les fausses idées.

Néanmoins, la lutte pour le pouvoir n’est pas une lutte des classes, ni une lutte des ethnies, mais une lutte des élites. La politique est un cadre complexe. A un moment elle devient un instrument. La politique diffuse se révèle plus par les situations que par les institutions politiques. Les prises de

- 99 - décisions, les conflits individuels imposent l’existence de médiateurs, de détenteurs d’un certain pouvoir, d’où la nécessité de la place de l’Eglise.

Nous voulons faire enfin deux remarques sur le terme d’ethnicité et sur la manière dont le débat est habituellement posé, dans le contexte malgache.

La première remarque est que l’ethnicité est un terme connoté négativement. Elle décrit une logique négative d’intensification de l’origine ethnoculturelle, qui se décline en stigmatisation, ségrégation, discrimination. Une telle définition décrit en creux l’existence d’une opposition, d’un couple, dont le versant positif est l’universalité, mais, précisons, une universalité sans ethnicité, c’est-à-dire une universalité privilégiant l’unité plutôt que la diversité. On est donc dans une configuration typiquement républicaine du débat – on pourrait dire aussi durkheimienne 76 – qui associe intégration et unité d’une part, anomie et diversité d’autre part, ou, pour le dire autrement, dissocie intégration et diversité.

Or, il conviendrait de réfléchir sur une face claire de l’ethnicité qui n’est pas sa négation, son absence, mais sa positivité dans les processus d’intégration, ou, plus largement, de vivre ensemble. Il s’agirait de réhabiliter le rôle des appartenances intermédiaires dans l’accès à la citoyenneté. Une telle perspective permettrait également de ne pas occulter une dimension importante des processus d’ethnicité : l’action en propre des personnes issues de l’immigration. Celles-ci activent aussi la catégorie d’ethnicité, en produisant des liens sur une base ethnique ou en revendiquant une identité singulière.

On est ainsi passé, en quelques années, d’une censure de l’ethnicité à une saturation de la thématique qui l’inscrit dans un registre de pure négativité. De la censure à la stigmatisation du thème, le débat n’a pas été fondamentalement reconfiguré, puisque la question de la pluralité et de son articulation avec la démocratie est restée informulée. Faute de ce changement de cadre du débat, le discours institutionnel ne peut éviter le double langage et résoudre la contradiction entre les principes généraux et les modèles locaux de l’action. Le discours de l’institution politique est porté sur la question des discriminations ethniques et sur la gestion de la diversité ethnoculturelle, soit inexistant, soit « off », omniprésent en coulisses, mais absent de la scène publique.

Les ethnies représentent d’une part une forme de résistance sociale ; elles sont une excroissance, voire une invention, du pouvoir colonial ; enfin, elles encouragent une fausse conscience , à la fois vecteur idéologique et masque de la lutte des classes. Et d’autre part, une autre conception offre une perspective positive, en décrivant l’ethnicité comme une forme de nationalisme.

Deux de nos hypothèses se trouvent vérifiées, en l’occurrence les propositions selon lesquelles d’une part l’existence du Toko be telo, en tant que association politique ou parti politique, peut avoir son importance car elle l’est dans la mesure où parmi ses membres beaucoup ont des places politiques, à ne citer que les derniers sénateurs et maires, et ceux avant eux qui nous osons le préciser ici sont issus de l’ethnie Tanalàna ; et d’autre part que les luttes pour le pouvoir revêtent souvent de caractère ethnique

76 DURKHEIM E. Le Suicide. - 100 - car il s’agit d’un enjeu politique grandissime pour l’ethnie qui verra son membre accéder à un pouvoir stratégique.

Par ailleurs, nous ne voulons pas minimiser l’influence de l’ethnie Vezo, considérée comme majoritaire mais, l’ethnie n’a pas misé sur l’instruction de sa population, ce qui fait qu’elle manque sensiblement d’élites au contraire de l’ethnie Tanalàna. Enfin le développement de la région se trouve touché en partie dans les questions ethniques car elle se trouve victime d’une discrimination budgétaire. Le problème de développement attribué à l’origine ethnique ne se trouve pas dans la région elle-même, mais vient de l’extérieur et surtout du pouvoir central 77 , jugé par certains de nos enquêtés comme ethniciste.

En résumé des idées que nous avons proposées ici. Elles appellent selon nous à ouvrir les questions plutôt qu’à les clore : L’éducation, et plus précisément l’école, peuvent être un secours, mais ne peuvent servir de base à un processus de changement. Alors, comment opérer le changement attendu et sur quoi le fonder ? Il y a là un point de vue stimulant et une voie de réflexion ouverte autour du rôle que chacun pourrait jouer dans ce processus de changement dans une société nouvelle.

Rappelons, en terminant, que cette société ne sera viable que si les sociologues, les anthropologues, les politologues … sont acceptés parmi les nouveaux techniciens et que si, à ce titre, ils peuvent proposer des critères de développement autres que la rentabilité et l'efficacité. C'est là un thème que nous aimerions développer mais qui nous entraînerait trop loin. Toutefois, notre société moderne, comme toute société moderne, va exiger une nouvelle sociologie de même que de nouveaux rôles pour le sociologue.

Nous allons enfin clore avec cette phrase de Jean FREMIGACCI : « Pour faire émerger et fonder solidement l’unité d’une nation, il n’est pas de meilleur contexte qu’une grande guerre ou une longue lutte de libération »78 . Il est à espérer que dans un avenir prochain, le nouvel épisode que le pays vient de clore durant cette année 2009 en matière de lutte dans son histoire encore va voir un renouveau dans les esprits et les mentalités en ce qui concerne les passions sur la question ethnique. D’ailleurs avant tout, il faudrait privilégier la citoyenneté, notre malgachéité, notre nationalisme, face à toute autre identité qu’elle soit ethnique ou autre ; avec plus d’ouverture et de discussion en faveur de la réconciliation nationale. Cependant, il existe une importante asymétrie entre extirper le mal et promouvoir le bien…

77 Dernier régime de la troisième République 78 RAISON-JOURDE Françoise et RANDRIANJA Solofo (sous la direction de). « La nation malgache au défi de l’ethnicité ». Ed KARTHALA. Paris, 2002, P 317 - 101 - BIBLIOGRAHIE

Ouvrages généraux

1. ALTHABE G. « Anthropologie politique d’une décolonisation », Coll. Anthropologie critique. Ed L’Harmattan. Paris 2000 2. ARISTOTE « La Politique ». Ed Vrin (Nouvelle édition). Coll Bibl. Textes Philo. 1995 3. BALANDIER G. « Anthropologie politique ». Presses Universitaires de France. Le Sociologue. Paris. 1967 4. BOITEAU Pierre. « Contribution à l’histoire de la nation malgache » Editions Sociales. Paris. 1958. 5. BRETON Roland. « Les Ethnies ». Coll. Que sais-je ? PUF. Paris. 1981 6. BRETON Roland. « L’ethnopolitique ». Coll. Que sais je ? Ed PUF. 1995 7. COPANS J. « La longue marche de la modernité africaine. Savoirs, intellectuels, démocratie » . Coll Les Afriques. Ed Karthala. Paris. 1990 8. DIEDRICHS Olivier et LUBEN Ivan. « La déconcentration ». Coll Que sais je ? PUF. Paris. 1993 9. DURKHEIM Emile, « Le Suicide », Coll. Quadrige, PUF, 5 ème Edition, Paris, 2007 10. LONSDALE. « Le passé de l’Afrique ». Cambridge University Press, 1958 11. LONSDALE John. « Ethnicité, morale et tribalisme politique ». SOAS (Londres) - Trinity College (Cambridge), 1978 12. MAUSS Marcel, « La nation », Œuvres, vol. 3, Paris, Editions de Minuit, 1969 13. MONTESQUIEU, « De l'esprit des lois », livre XI: De la constitution anglaise, 1748. Texte 14. RAISON-JOURDE Françoise et RANDRIANJA Solofo (Sous la direction de). « La nation malgache au défi de l’ethnicité ». Ed KARTHALA. Paris, 2002 15. SPACENSKY A. « Madagascar : cinquante ans de vie politique ». Nouvelles Ed Latines. Paris. 1970 16. WEBER Max, « Économie et société », tomes 1 et 2, Plon, 1921 (publication posthume)

Ouvrages spécifiques

1. Dictionnaire Le nouveau Petit Robert, Editions Robert, 2003 2. KANCHAN Chandra, “Why Ethnic Parties Succeed: Patronage and Ethnic Head Counts in India”, Cambridge, Cambridge University Press, 2004. Abstract

3. RANDRIAMARO Jean Roland : « PADESM et luttes politiques à Madagascar », de la fin de la Deuxième Guerre mondiale à la naissance du PSD. Ed Karthala. Paris 1997 4. WILLAME Jean-Claude : « Gouvernance et Pouvoir, Essais sur trois trajectoires africaines », In Cahiers Africains N° 7-8. Ed L’Harmattan. Paris 1994

Revues

1. COCQUERY-VIDROVITCHC. « Histoire et intégration des communautés Le cas du Burkina Faso ». Journal of world-system research, 2000 2. RIVERA, « Ethnie – Ethnicité », dans Le retour de l'ethnocentrisme, Recherches revue du M.A.U.S.S., Paris, La Découverte, n°13, semestre 1999 3. VAN COTT, Donna Lee, « Institutional Change and Ethnic Parties in South America» Latin American Politics and Society 45, 2 (summer 2003): 1-39 ( abstract )

Documents Officiels

1. Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. 1789 2. République de Madagascar : « Constitution de Madagascar », 2007

Sources électroniques

1. http://www.haisoratra.org/breve.php3?id_breve=229 2. http : //www.wikipedia.org 3. http://www.primature.gov.mg 4. http://pages.infinit.net/sociojmt: De Bonald, Louis-Auguste (vicomte). Théorie du pouvoir politique et religieux dans la société civile, démontrée par le raisonnement et par l'Histoire. Textes choisis par Mme Colette Capitan. 5. http ://classique.ucac.ca/contemporains/rocher-guy/droit-pouvoir-domination// : ROCHER G. Talcott Parsons et la sociologie américaine. Paris. PUF. 1972 6. http://www.irenees.net/fr/fiches/notions/fiche-notions-67.html 7. http://www.territoire-energie.fr/Sources_pdf/deconcentration.pdf 8. http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/institutions/collectivites- territoriales/decentralisation/

TABLE DES MATIERES

AVANT PROPOS REMERCIEMENTS SOMMAIRE LISTE DES ABREVIATIONS LISTES DES TABLEAUX INTRODUCTION GENERALE ...... 01 PARTIE I: CADRE THEORIQUE ...... 04 Chapitre 1. CONSIDERATIONS THEORIQUES DE BASE ...... 04 Section 1- Définitions de quelques concepts clés ...... 04 1- Le pouvoir ...... 04 1.1- Généralités ...... 04 1.2- Système politique ...... 05 1.3- Le pouvoir politique ...... 06 1.4- Les différentes formes d’opérationnalité du pouvoir ...... 09 1.5- L’accession et les luttes pour le pouvoir ...... 12 2- Ethnie ...... 13 2.1- L’ethnie ...... 13 2.2- Ethnicité et Ethnicisme ...... 19 2.3- La conscience et l’identité ethnique ...... 21 Section 2- Les structures politiques à Madagascar ...... 23 1- La séparation des pouvoirs ...... 24 2- Le schéma exécutif de la Constitution de la Troisième République ...... 26 2.1- Le gouvernement ...... 26 2.2- Le MID ...... 26 Chapitre 2. APPROCHE HISTORIQUE ...... 28 Section 1- Héritages historiques dans la pensée politique malgache ...... 28 1- La politique des races ...... 30 2- MDRM et PADESM ...... 32 3- Les immigrations ...... 36 3.1- La période de l’Administration merina et de l’unification de Madagascar ...... 36 3.2- Un cas : la « Mahafalisation » de la région Sud ...... 37 Section 2- Les théories à l’origine de l’ethnicité et de l’ethnopolitique ...... 37 1- Ethnopolitique ...... 37 1.1- Définition ...... 37 1.2- Les voies négatives de l’ethnopolitique ...... 38 2- Tribalisme et ethnicité ...... 39 PARTIE II. ELEMENTS MONOGRAPHIQUES ET ASPECTS DE LA DYNAMIQUE SOCIALE ...... 41 Chapitre 1. ELEMENTS MONOGRAPHIQUES...... 43 Section 1. Aperçu historique ...... 43 1. Historique ...... 43 2. Situation géographique ...... 44 3. Organisation administrative ...... 43 4. Caractéristiques physiques et naturelles ...... 46 4.1- Relief et Climat ...... 46 4.2- Cours d’eau ...... 46 Section 2. Les différentes ressources et les infrastructures de la commune ...... 48

1- Population ...... 48 1.1- Effectif ...... 48 1.2- Groupes ethniques ...... 48 1.3- Mouvements migratoires ...... 49 1.4- Religions et croyances traditionnelles ...... 52 2. Données socioéconomiques ...... 53 2.1- Services sociaux de base ...... 53 2.1.1- Enseignement ...... 53 2.1.2- Santé ...... 54 2.2- Activités Economiques ...... 55 Chapitre 2. LA DYNAMIQUE SOCIOPOLITIQUE DE LA COMMUNE EN MATIERE DE GOUVERNANCE ...... 58 Section 1. Acteurs de gouvernance indispensables au sein de la commune ...... 58 1- L’administration ...... 59 2- Le secteur privé ...... 61 3- La société civile ...... 62 Section 2. Le contexte social et politique dans la ville de Tuléar ...... 64 1- les organisations politiques...... 64 2- Les organisations d’intérêt socioculturels et économiques ...... 64 3- Acteurs de développement ...... 64 3.1- Acteurs locaux : Groupements et organisations locales ...... 63 3.2- Structures d’appui au développement ...... 63 PARTIE III. RESULTATS D’ENQUETE ET APPRECIATIONS SUR LA VIE POLITIQUE DANS LA VILLE DE TULEAR ...... 69 Chapitre 1. ANALYSE DE LA SITUATION POLITIQUE : SYNCRETISME POLITIQUE ? ...... 69 Section 1. Les forces politiques ...... 69 1- La force politique en action ...... 68 2- La force politique latente ...... 71 Section 2. Les forces sociales ...... 73 1- La part de responsabilité des ONG ...... 74 2- Les élites cultuelles et culturelles ...... 75 3- Les élites militaires ...... 77 Chapitre 2. ANALYSE SUR LES CONTRAINTES DE DEVELOPPEMENT ET LA PORTEE POLITIQUE DE LA DIVERSITE ETHNIQUE ...... 78 Section 1. Les rôles des acteurs de gouvernance ...... 78 1- Les problèmes de la gouvernance ...... 77 1.1- Au niveau de l’administration ...... 77 1.2- La société civile ...... 81 2- La question ethnique dans l’exercice du pouvoir...... 82 2.1- Les rapports de forces ...... 82 2.2- Le politiquement correct ou l’indulgence politique ...... 83 Section 2- Perspectives des rapports multi et interethniques ...... 85 1- L’opinion des politiciens et des hommes politiques ...... 85 1.1- Ethnicité et choix électoral ...... 85 1.2- Les rapports inter ethniques instrumentalisés ...... 85 1.3- La situation de la région en matière de développement ...... 86 1.4- Connaissance de l’histoire ...... 88 1.5- Les limites de la réconciliation nationale ...... 89 1.6- L’origine ethnique du Président de la République ...... 90

2- L’opinion de la population ...... 91 2.1- La problématique ethnique ...... 91 2.2- Crédibilité politique ...... 92 2.3- Les problèmes récurrents ...... 94 3- Les événements politiques et leur répétition ...... 94 3.1- Les confrontations ethniques ...... 93 3.2- La place du MONIMA en tant que parti politique ...... 95 3.3- Regards sur une crise politique : La lutte pour la démocratie de 2009 ...... 97 CONCLUSION GENERALE ...... 99 BIBILOGRAPHIE

ANNEXES

. ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRES

I- Questionnaire 1 : LEADERS ET AUTORITES Questionnaire d’enquête : LEADERS THEME : Problématique des rapports entre structure de pouvoir et diversité ethnique Enquête de terrain pour mémoire de maîtrise - SOAZARA A. Sanndya (Juillet 2008 – Janvier 2009) ------1. Sexe? 1. F 2. M

2. Quel est votre titre dans l’administration? ………………………………………………………………………………………………… ………

3. En quoi consiste votre fonction? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………

4. Quel titre se trouve directement sous votre juridiction, ordres? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………

5. Quel poste est considéré comme votre supérieur dans la structure étatique? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………

6. Existe-t-il des conflits de fonctions? 1. NON 2. OUI

- Si 'OUI', de quels genres peuvent-il être ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ……………… ………………………………………………………………………………………………… ………

7. En tant que leader, à quel genre de problèmes êtes-vous confronté pour faire asseoir votre autorité?

………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ……………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………

8. Faites-vous partie d'une couleur politique particulière (parti) ? Si oui, laquelle ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………

9.Ou êtes-vous membre d'une association à caractère social dans la ville? Laquelle? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ……………… - Quelle place y occupez-vous ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………

10. Que peut-on appeler société civile dans notre commune ?

………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ……………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………

11. Qui sont donc membres et font partie de la société civile ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ……………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………

12. Est-ce qu’ils ont leur importance dans les prises de décision pour les actions de développement dans la ville de Tuléar ou dans la région atsimo-andrefana ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ……………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………

13. Est-ce que les communautés ont-elles de leur côté une place dans le processus de développement de Tuléar ? (par exemple la communauté indienne, les associations d’originaires) ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ……………… ………………………………………………………………………………………………… ……… - Si oui, y a-t-il un exemple ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ……………… ………………………………………………………………………………………………… ………

14. Excusez moi de vous le demander mais puisque ça concerne mon thème, à quelle ethnie ou quelles ethnies appartenez-vous? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………

15. Est-ce que face à la diversité ethnique ne ressentez-vous pas de problèmes dans l'accomplissement de vos tâches? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………

16. Quelles sont vos remarques sur les discussions concernant les ethnies à Madagascar ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………

17. Est ce que la diversité ethnique est un problème au développement de notre pays? Pourquoi ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………

12. Avez-vous déjà entendu parler du Toko be telo? 1. NON 2. OUI

13. Selon vous, est-il une force politique encore à Tuléar?

………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………

15. Pouvez-vous me conter une anecdote ou une histoire sur votre ethnie? Par exemple, sur le culture, sur les origines de l’ethnie ou autres ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ……………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………

______JE VOUS REMERCIE POUR VOTRE CONTRIBUTION QUI A UNE TRES GRANDE IMPORTANCE POUR MES RECHERCHES ET MES ETUDES

II- Questionnaire2 : ASSOCIATIONS Questionnaire d’enquête : ASSOCIATIONS THEME : Problématique des rapports entre structure de pouvoir et diversité ethnique Enquête de terrain pour mémoire de maîtrise - SOAZARA A. Sanndya (Juillet-Août 2008) ------

1. Sexe? 1. F 2. M

2. Nom de l’association? ……………………………………………………………………………………….………… …………………………………………………………………………………………………. …………

3. En quoi consiste votre association? (but, principes, mission, membres) ………………………………………………………………………………………………… ……….………………………………………………………………………………………… ……………….………………………………………………………………………………… ………………………………..………………………………………………………………… ………………………………………..………………………………………………………… ………………………………………………………..………………………………………… ………………………………………………………………………..………………………… ……………………………………………………………………………………..…………… ………………………………………………………………………………………………….. …………………………………………………

4. Quels exemples d’activités avez-vous déjà accomplies : - au sein du quartier : ………………………………………………………………………………………….……… ………………………………………………………………………………………………… …….…………………………………………………………………………………………… ……………….………………………………………………………………………………… ……………………………….………………………………………………………………… …………………………… - dans la ville de Tuléar : …………………………………………………………………………………………….…… ………………………………………………………………………………………………… …….…………………………………………………………………………………………… ………………….……………………………………………………………………………… ………………………

6. En tant que leader, à quel genre de problèmes êtes-vous confronté pour faire asseoir votre autorité? ……………………………………………………………………………………………….… ………………………………………………………………………………………………… ………….

………………………………………………………………………………………….……… ………………………………………………………………………………………………… ….……………………………………………………………………………………………… ………………. 7. Est-ce que vous ou certains de vos membres de votre association ont déjà ressentis des problèmes liés à votre ethnies (foko) d’origine? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………

8. Pensez-vous que les débats à caractère ethnique sont un obstacle pour le développement en général ? Et pourquoi? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ……………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………

9. Puisque l’Université est le foyer des intellectuels et parfois des futurs politiciens, que pensez-vous des perspectives d’évolution des relations entr les ethnies (surtout face aux luttes qui éclatent souvent dans les campus universitaires)? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ……………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………

10. Avez-vous déjà entendu parler du Toko be telo? 1. NON 2. OUI

11. Si oui, savez-vous quelles ethnies y sont membres ? ………………………………………………………………………………………………… ……….………………………………………………………………………………………… …………………….…………………………………………………………………………… …………………

12. Si oui, selon vous, est-il une force politique encore à Tuléar? ………………………………………………………………………………………………… …….…………………………………………………………………………………………… ……………………….………………………………………………………………………… …………………

______

JE VOUS REMERCIE POUR VOTRE CONTRIBUTION QUI A UNE TRES GRANDE IMPORTANCE POUR MES RECHERCHES ET MES ETUDES

III- Questionnaire 3 : POPULATION LOCALE

1. Sexe? 1. F 2. M

2. Quelle est votre fonction, emploi? ………………………………………………………………………………………………… ………

3. a- Participez-vous aux élections? Si non, pourquoi ? ………………………………………………………………………………………………… ………

b- Selon vous, quel genre de candidat est crédible? ………………………………………………………………………………………………… ……… c- L’origine ethnique du candidat a t-elle une importance pour vous ? Pourquoi ? ………………………………………………………………………………………………… ……… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ……………………… 4. Faites-vous partie d'une couleur politique particulière (parti) ? Si oui, laquelle ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………

5. Ou êtes-vous membre d'une association à caractère social dans la ville? Laquelle? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ……………… - Quelle place y occupez-vous ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………

6. Etes-vous intéressé par les discours politiques? ………………………………………………………………………………………………… ………

7. Vous y croyez ? Pourquoi ? ………………………………………………………………………………………………… ……… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………

8. Excusez moi de vous le demander mais puisque ça concerne mon thème, à quelle ethnie ou quelles ethnies appartenez-vous? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………

9. Est-ce que face à la diversité ethnique ne ressentez-vous pas de problèmes dans l'accomplissement de vos tâches? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………

10. Quelles sont vos remarques sur les discussions concernant les ethnies à Madagascar ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………

11. Est ce que la diversité ethnique est un problème au développement de notre pays? Pourquoi ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………

12. Avez-vous déjà entendu parler du Toko be telo? 1. NON 2. OUI

13. Selon vous, est-il une force politique encore à Tuléar? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………

14. Pouvez-vous me conter une anecdote ou une histoire sur votre ethnie? Par exemple, sur le culture, sur les origines de l’ethnie ou autres ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ……………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………… ………………………………

______JE VOUS REMERCIE POUR VOTRE CONTRIBUTION QUI A UNE TRES GRANDE IMPORTANCE POUR MES RECHERCHES ET MES ETUDES

Sujets abordés lors des entretiens libres

o Le toko be telo o Les problèmes des acteurs de développement o Les élections o Les partis o La crédibilité politique du parti d’appartenance de l’enquêté o Issue de la situation politique à Tanà o Perspectives des rapports entre les ethnies à Madagscar

ANNEXE 2 Cartes des Ethnies de Madagascar

Source : http://madagascar.softiblog.com/post/2008/10/13/Les-18-ethnies-de-Madagascar

Source : http//www.lakanavoyage.com/pages/image/image_details/carte_ethnies_gasy2.jpg

FICHE DE PRESENTATION DES 18 ETHNIES

1. Antaifasy : L'Antaifasy, qui signifie "Ceux qui vivent dans les sables", est centré sur la côte sud-est de l'Ile dans la région de Farafangana. Le clan a une loi tribale très stricte. Par ailleurs, leurs défunts sont enterrés dans les endroits les plus profondes de la forêt à l'abri de tout intrus. 2. Antaimoro : "Ceux du rivage" ou "Le Peuple du littoral" occupant la côte Est de l’île qui s'étend de Mananjary en passant par Manakara et jusqu’à Vohipeno. Ils ont apporté la confection de papier à base de fibres végétales qu’on nomme le papier antaimoro qui est aussi utilisé de nos jours dans le domaine de décoration. D’autre part, le "sikidy" se partique par certains d'entre eux, c'est une technique de divination par les graines. Autrement, les Antaimoro sont de braves cultivateurs. 3. Antaisaka : Les Antaisaka sont surtout regroupés dans le sud de la côte Est dans la province de Fianarantsoa. D'après l’histoire, Andriamandresy, un prince sakalava, quitta la région du Bas-Mangoky et s’installa sur les rives de Mananara. Il y constitua un nouveau royaume, les Antaisaka, (venant de Antaisakalava) nom qui signifie "Ceux qui viennent des Sakalava". 4. Antambahoaka ou "Ceux de la communauté" : Les Antambahoaka habitent la côte Est de l’île, aux environs de Mananjary. Comme ils se disent être descendants de Raminia, un personnage venu de La Mecque entre le X ème et XII ème siècle, des préceptes islamiques demeurent encore encrés dans leurs mœurs. 5. Antandroy : "Ceux des épines" occupent l’extrême sud de l’île. Leur nom se référencie à l’univers épineux qui les entoure. Le principal activité des Antandroy consiste à fabriquer et à vendre du charbon, vient ensuite la confection de beaux bijoux en argent. Autrement, certains d'entre eux, les "Ombiasy" sont célèbres pour leur maîtrise de l’art divinatoire, le Sikidy, ... 6. Antankarana : Les Antankarana qui veulent dire "Ceux du rocher" (ou "Ceux de l'Ankarana") tirent leur nom à leur habitat. Effectivement, ils occupent le massif de l’Ankarana à l’extrémité nord du pays d’Ambilobe au Cap d’Ambre. Les croyances du clan se base sur les divinités naturelles (incarnées par arbre, plante, montagne, eau…). À part cela, ils sont les cultivateurs et éleveurs du Nord de l'Ile. 7. Antanosy : "Ceux de l’île", son appelation se rapporte à un îlot situé près de Fort-Dauphin. Grâce à l'habilité de leur main, ils sont d’excellents forgerons et charpentiers, d'autres sont des marins et pêcheurs. Etant de très bons riziculteurs et éleveurs, le territoire des Antanosy est le grenier de la province de Tuléar. 8. Bara : Peut être d’origine Bantoue, population de l’Afrique sud-équatorial, le peuple Bara vit dans les plateaux inférieurs du Centre-Sud de l’Ile. Selon leur tradition les jeunes hommes doivent avant leur mariage accomplir un vol de zébus pour affirmer leur bravoure, leur virilité et leur mérite. 9. Betsileo : Betsileo ou "Les nombreux invincibles", il semblerait qu’ils sont originaires d’Indonésie. Ils sont réputés par le développement de leur riziculture en terrasse, grâce à d’ingénieux systèmes d’irrigation, sans nul doute, précieux héritage transmis par leurs ancêtres. Mais ces derniers sont aussi d'excellents artisans du bois. 10. Betsimisaraka : Le royaume des Betsimisaraka "les nombreux qui ne se séparent pas" s'étale sur toute la côte nord-est de l’île, de Sambava (au nord) à Mananjary (au sud). Leur habitat traditionnel est construit sur pilotis, une protection contre les eaux et l’humidité. Les parois et les toitures sont surtout constitués par des végétaux comme le ravinala. 11. Bezanozano : "Ceux aux nombreuses tresses", leur territoire est basé dans le centre-est du pays, dans les environs de Moramanga entre la capitale et province de Tamatave. Autrefois, les Bezanozano avaient le monopole du transport de marchandises entre la Côte Est et la Capitale. Les denrées étaient portés à dos d’homme à des distances considérables et dans des conditions difficiles. 12. Mahafaly ou « Qui rend heureux » : Voisins des Antandroy sur la côte sud-ouest du pays, les Mahafaly vivent en petits groupes. La population est tès attachée au sacré et au respect des ancêtres; d’ailleurs, les Mahafaly sont surnommés "Ceux qui ont des tabous". D’autre part, certaines coiffures et tatouages sont très caractéristiques. Excellents sculpteurs, leur art s’épanouie dans l’orfèvrerie et la sculpture du bois.

13. Merina : "Imerina Ambaniandro" (le pays élevé sous le soleil), les Merina représentent la population habitant dans la province d’Antananarivo. En provenance de Malaisie ou d’Indonésie, les Merina, "Ceux du pays élevé" ont une allure asiatique prononcée. Leur tenue vestimentaire est composée d'une tunique, appelée "malabary" pour les homme et d’une toge ("lamba") dans lesquelles hommes et femmes se drapaient. Rappelons que suite à un acte criminel et misérable, le 6 novembre 1995, le plus grand symbole de la monarchie Merina (voire de Madagascar, la fierté de tout patriote malgache), le Palais de la Reine Manjakamiadana, fut brûlé. Malheureusement, les vestiges de quatre siècles d’histoire partirent en fumée. 14. Sakalava : "Ceux des longues vallées" ou "Les gens de la longue plaine", le royaume sakalava, le plus vaste de tous les autres ethnies s’étend sur tout le long de la côte occidentale du pays. Depuis Ambanja au nord jusqu’à Tuléar dans le sud, cette grande étendue rend difficile toute unité qui se sont alors répartis en deux groupes: la dynastie de Boina pour le nord et celle du Menabe pour le sud. Tous les dix ans, des cérémonies occasionnelles qu'est le "Fitampoha" se déroulent sur ces lieux : le bain des reliques sacrées à Belo-sur-Tsiribina. C'est à la fois l'occasion de consolider la cohésion Sakalava et la pratique "Tromba", rituel de possession qui permet aux souverains ou ancêtres défunts et le monde des vivants de se communiquer par l’intermédiaire des personnes en transe : le "Mpisoro"; le devin-maître de cérémonie, les "Sazoky", les possédés royaux ... 15. Sihanaka : Situés dans le Nord-Est du royaume Merina, les Sihanaka, "Ceux qui errent autour des marais", se trouvent autour du lac Aloatra, le plus grand lac de la région de l’Est. Originaires des régions marécageuses des environs de Vangaindrano et descendant des Antaisaka, les Sihanaka sont d'excellents pêcheurs et riziculteurs. Ils ont drainé cette région qui est encore considérée comme le grenier de Madagascar. 16. Tanala : "Ceux de la forêt" demeurent sur une portion de terre de l’Est des Hautes Terres autour de Ranomafana. De petites tailles, leur mode de vie s'adapte à leur environnement: la chasse, l'agriculteurs, la cueillette, ... Les Tanala sont réputés pour leur connaissance et leur grand savoir des vertus des plantes médicinales. 17. Tsimihety : Le territoire traditionnel tsimihety se localise entre celui des Antankarana au nord, des Sihanaka au sud, des Sakalava à l'ouest et des Betsimisaraka à l'est. Opposé à la politique d'unification soumis par les souverains Merina, le peuple Tsimihety s'est battu violemment pour lutter contre cette domination. Aussi le mot tsimihety qui veut dire "Ceux qui ne se coupent pas les cheveux" vient du fait que ces derniers avaient refusé de porter le deuil de Radama Ier. Le premier président de la République malgache, Philibert Tsiranana, est d'origine tsimihety. 18. Vezo : Groupe descendant des Sakalava de Menabe, le peuple Vezo est situé dans le Sud-Ouest de l’île de Morombe (au nord) à Tuléar (au sud). Les Vezo, qui signifient "pagayeurs" ou "nomades de la mer" sont d'excellents marins. À bord de petits pirogues à balancier, ils pêchent et capturent anchois, requins et toutes autres proies qui passent dans de leurs filets en nylon ou avec ceux en fibres de baobab parés de coquillages. Le fruit de leur pêche, généralement séché et fumé est ensuite vendu ou troqué contre des produits comme tissus, pétrole, sel etc ... Par ailleurs, contrairement à la majeure partie des malgaches, les Vezo ne pratiquent pas la circoncision. Source : http://madagascar.softiblog.com/post/2008/10/13/Les-18-ethnies-de-Madagascar

ANNEXE 3 : Carte de localisation de la Région Sud Ouest

Source : www.wikipedia.org

ANNEXE 4

Source : DRDR

ANNEXE 5 ORGANIGRAMME MID

STAFF SG : Le Secrétariat Général ;

DIRCAB : Le Directeur du Cabinet du Ministre ;

BNGRC : Le Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes qui comprend :

* DOPS : La Direction des Opérations de Secours, composée de : • SISU Service des Interventions et des Secours d’Urgence ; • SGS Service de la Gestion des Stocks.

* DPC : La Direction de la Protection Civile, composée de : • SPPR : Service du Pré positionnement et de la Prévention des Risques et des Catastrophes ; • SIEC : Service de l’Information, de l’Education et de la Communication.

PRMP : La Personne Responsable des Marchés Publics (PRMP) qui comprend : • UGPM : L’Unité de Gestion de Passation des Marchés

Les Directions rattachées au Secrétariat Général sont :

* DRH : La Direction des Ressources Humaines, composée de : • SP : Service du Personnel ; • SRAD : Service du Recrutement et des Affaires Disciplinaires ; • SAS : Service des Affaires Sociales ; • SM : Service Médical.

* DAF : La Direction des Affaires Financières, composée de : • SGF : Service de la Gestion Financière ; • SPB : Service de la Programmation Budgétaire ; • SCL : Service Central de la Logistique ; • SO : Service de l’Ordonnancement.

* DLRC : La Direction de la Législation, de la Réglementation et du Contentieux, composée de : • SLR : Service de la Législation et de la Réglementation ; • SCA : Service du Contentieux Administratif.

* DSI : La Direction des Systèmes d’Informations composée de : • SMMI : Service de la Maintenance des Matériels Informatiques ; • SRBD : Service des Réseaux et de la Base des Données ; • SDLEAT : Service du Développement des Logiciels, de l’Exploitation et de l’Appui Technique;

Le Secrétariat Général regroupe également deux Directions Générales :

- La Direction Générale de l’Administration du Territoire ;

- La Direction Générale de la Décentralisation ;

DIRECTION GENERALE DE L’ADMINISTRATION DU TERRITOIRE :

La Direction Générale de l’Administration du Territoire comprend :

* DASD : La Direction d’Appui aux Structures Déconcentrées, composée de : • SADAF : Service d’Appui aux Districts, Arrondissements administratifs et Fokontany ; • SAG : Service des Affaires Générales ; • SGA : Service des Groupements et Associations ; • SAAESE : Service d’Appui aux Affaires Economiques, Sociales et Environnementales.

* DAPMOSP : La Direction d’Appui à la Prévention et au Maintien de l’Ordre et de la Sécurité Publics, composée de : • SASE : Service des Armements et Substances Explosives ; • SRG : Service des Renseignements Généraux ; • SPA : Service de la Police Administrative.

* DOE : La Direction des Opérations Electorales, composée de : • SOE : Service des Opérations Electorales ; • SLP : Service des Libertés Publiques ; • SAE : Service de l’Analyse et de l’Exploitation.

* DCE : La Direction du Contrôle des Etrangers, composée de : • SVS : Service des Visas de Séjour ; • SCR : Service des Cartes de Résidents ; • SNAI : Service de la Naturalisation et de l’Adoption Internationale.

* DIPC : La Direction de l’Immatriculation et des Permis de Conduire, composée de : • SDPC : Service de la Délivrance des Permis de Conduire ; • SDCG : Service de la Délivrance des Cartes Grises. • SAR : Ses antennes régionales.

DIRECTION GENERALE DE LA DECENTRALISATION :

La Direction Générale de la Décentralisation comprend :

* DACD : La Direction d’Appui aux Collectivités Décentralisées, composée de : • SARC : Service d’Appui aux Régions et aux Communes ; • SGAC : Service Général des Affaires des Collectivités ; • SPCDI : Service de la Promotion de la Coopération Décentralisée et de l’Intercommunalité.

* DDRL : La Direction du Développement des Ressources Locales, composée de : • SPF : Service du Partenariat et de la Formation ; • SFL : Service de la Fiscalité Locale ; • SPCTD : Service du Patrimoine des Collectivités territoriales décentralisées.

* DCFE : La Direction des Concours Financiers de l’Etat, composée de : • SSTR : Service du Suivi et du Transfert des Ressources ; • SF : Service Financier ;

* DSED : La Direction du Suivi-Evaluation et de la Documentation, composée de : • SSEC : Service du Suivi-Evaluation des Collectivités territoriales décentralisées ; • SEC : Service des Etudes sur les Collectivités territoriales décentralisées ; • SES : Service de l’Exploitation et des Statistiques.

* CCA : La Cellule de Coordination des Actions.

ANNEXE 6 EXTRAIT CONSTITUTION ********************************************************************* REPOBLIKAN’I MADAGASIKARA Tanindrazana - Fahafahana - Fandrosoana PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE

LOI CONSTITUTIONNELLE N°2007 - 001 DU 27 AVRIL 2007 Portant révision de la Constitution LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE , Conformément aux dispositions de l’article 140 et 142 de la Constitution, a soumis la révision de la Constitution à référendum ; Le Peuple malagasy a adopté le projet de révision de la Constitution, ainsi qu’il ressort de la proclamation faite par arrêt n° 01-HCC/AR en date du 27 avril 2007 de la Haute Cour Constitutionnelle des résultats du référendum du mercredi 4 avril 2007 ; Promulgue la loi constitutionnelle dont la teneur suit : Article premier - La Constitution du 18 septembre 1992, modifiée par les lois constitutionnelles n° 95-001 du 13 octobre 1995 et n° 98-001 du 08 avril 1998, est révisée en certaines de ses dispositions selon les modifications présentées aux électeurs en caractère gras dans le texte au décret n° 2007-176 du 27 février 2007. Article 2 - La Constitution de la République de Madagascar ainsi adoptée est annexée à la présente loi constitutionnelle. Article 3 - En raison de l’urgence et conformément aux dispositions de l’article 4 de l’ordonnance n°62-041 du 19 septembre 1962, relative aux dispositions générales de droit interne et de droit international privé, la présente Loi constitutionnelle entre immédiatement en vigueur dès qu’elle aura reçu une publication par émission radiodiffusée et télévisée ou affichage indépendamment de son insertion au Journal officiel de la République. Article 4 - La Présente loi constitutionnelle sera publiée au Journal officiel de la République. Elle sera exécutée comme loi constitutionnelle de l’Etat Antananarivo, le 27 avril 2007 Le Président de la République Marc RAVALOMANANA

PREAMBULE

Le Peuple Malagasy souverain, Résolu à promouvoir et à développer son héritage de société pluraliste et respectueuse de la diversité, de la richesse et du dynamisme de ses valeurs éthicospirituelles et socioculturelles, notamment, le " fihavanana " et les croyances au Dieu Créateur ; Convaincu que le Fokonolona, organisé en Fokontany, constitue un cadre d’échange et de concertation participative des citoyens ; Conscient de l’importance exceptionnelle des richesses de la faune, de la flore et des ressources minières à fortes spécificités dont la nature a doté Madagascar et qu’il importe de préserver pour les générations futures ; Considérant sa situation géopolitique dans la région et sa participation engagée dans le concert des Nations et faisant siennes : - la Charte Internationale des droits de l’homme ; - la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ; - les Conventions relatives aux droits de la femme et de l’enfant ; qui sont, toutes, considérées comme partie intégrante de son droit positif ; Considérant que l’épanouissement de la personnalité et de l’identité de tout Malagasy, est le facteur essentiel du développement durable et intégré dont les conditions sont reconnues comme étant : - la préservation de la paix et la pratique de la solidarité en signes de devoir de conservation de l’unité nationale, dans la mise en œuvre d’une politique de développement équilibré et harmonieux sur tous les plans ; - le respect et la protection des libertés et droits fondamentaux ; - l’instauration d’un Etat de droit en vertu duquel les gouvernants et les gouvernés sont soumis aux mêmes normes juridiques, sous le contrôle d’une justice indépendante ; - la lutte contre l’injustice, la corruption, les inégalités et la discrimination sous toutes ses formes ; - la gestion rationnelle et équitable des ressources naturelles pour les besoins du développement de l’être humain ; - la bonne gouvernance et la transparence dans la conduite des affaires publiques ; - la séparation et l’équilibre des pouvoirs exercés à travers des procédés démocratiques ; - l’application effective de la décentralisation ; Déclare :

TITRE PREMIER LES PRINCIPES FONDAMENTAUX

Article premier - Le Peuple Malagasy constitue une Nation organisée en Etat souverain, unitaire et républicain. Cet Etat porte le nom de " République de Madagascar ". La démocratie constitue le fondement de la République. Sa souveraineté s’exerce dans les limites du territoire qui lui sont reconnues par le droit international. Nul ne peut porter atteinte à l’intégrité territoriale de la République. Article 2 - La République de Madagascar est organisée en Collectivités territoriales décentralisées, dont l’autonomie administrative et financière est garantie par la Constitution. Ces collectivités territoriales concourent avec l’Etat au développement de la nation. Article 3 - Le territoire national est inaliénable. Article 4 - La République de Madagascar a pour devise : " Tanindrazana - Fahafahana - Fandrosoana ". Son emblème national est le drapeau tricolore, blanc, rouge, vert, composé de trois bandes rectangulaires d’égales dimensions, la première verticale de couleur blanche du côté de la hampe, les deux autres horizontales, la supérieure rouge et l’inférieure verte. L’hymne national est " Ry Tanindrazanay malala ô ! " Les sceaux de l’Etat et les armoiries de la République sont définis par la loi. Le malagasy est la langue nationale.

Le malagasy, le français et l’anglais sont les langues officielles. Article 5 - La Capitale de la République de Madagascar est Antananarivo. Article 6 - La souveraineté appartient au peuple, source de tout pouvoir, qui l’exerce par ses représentants élus au suffrage universel direct ou indirect ou par la voie du référendum. Aucune fraction du peuple, ni aucun individu ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté. Sont électeurs dans les conditions déterminées par la loi tous les nationaux des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques. La qualité d’électeur ne peut se perdre que par une décision de justice devenue définitive. Article 7 - La loi est l’expression de la volonté générale. Elle est la même pour tous, qu’elle protège, qu’elle oblige ou qu’elle punisse. Article 8 - Tous les individus sont égaux en droit et jouissent des mêmes libertés fondamentales protégées par la loi sans discrimination fondée sur le sexe, le degré d’instruction, la fortune, l’origine, la race, la croyance religieuse ou l’opinion.

TITRE II DES LIBERTES, DES DROITS ET DES DEVOIRS DES CITOYENS

Sous-titre premier Des droits et des devoirs civils et politiques

Article 9 - L’exercice et la protection des droits individuels et des libertés fondamentales sont organisés par la loi. Article 10 - Les libertés d’opinion et d’expression, de communication, de presse, d’association, de réunion, de circulation, de conscience et de religion sont garanties à tous et ne peuvent être limitées que par le respect des libertés et droits d’autrui et par l’impératif de sauvegarder l’ordre public. Article 11 - Tout individu a droit à l’information. L’information sous toutes ses formes n’est soumise à aucune contrainte préalable. La loi et la déontologie professionnelle déterminent les conditions de sa liberté et de sa responsabilité. Article 12 - Tout ressortissant malagasy a le droit de quitter le territoire national et d’y rentrer dans les conditions fixées par loi. Tout individu a le droit de circuler et de s’établir librement sur tout le territoire de la République dans le respect des droits d’autrui et des prescriptions de la loi. Article 13 - Tout individu est assuré de l’inviolabilité de sa personne, de son domicile et du secret de sa correspondance. Nulle perquisition ne peut avoir lieu qu’en vertu de la loi et sur l’ordre écrit de l’autorité judiciaire compétente, hormis le cas de flagrant délit. Nul ne peut être poursuivi, arrêté ou détenu que dans les cas déterminés par la loi et selon les formes qu’elle a prescrites. Nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi promulguée et publiée antérieurement à la commission de l’acte punissable. Nul ne peut être puni deux fois pour le même fait. La loi assure à tous le droit de se faire rendre justice et l’insuffisance des ressources ne saurait y faire obstacle. L’Etat garantit la plénitude et l’inviolabilité des droits de la défense devant toutes les juridictions et à tous les stades de la procédure y compris celui de l’enquête préliminaire, au niveau de la police judiciaire ou du parquet. Tout prévenu ou accusé a droit à la présomption d’innocence jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie par une juridiction compétente. Article 14 - Toute personne a le droit de constituer librement des associations avec d’autres sous réserve de se conformer à la loi. Ce même droit est reconnu pour la création de partis politiques. Sont toutefois interdits les associations, les partis politiques qui mettent en cause l’unité de la Nation et ceux qui prônent le totalitarisme ou le ségrégationnisme à caractère ethnique, tribal ou confessionnel. Les partis et organisations politiques concourent à l’expression du suffrage ; le droit d’opposition démocratique est reconnu à la minorité. Article 15 - Tout citoyen a le droit, sans aucune discrimination fondée sur l’appartenance ou non à un parti politique ou sur l’obligation d’être investi par un parti politique, de se porter candidat aux élections prévues par la présente Constitution, sous réserve des dispositions de l’article 46 ci-dessous et des conditions fixées par la loi. Article 16 - Dans l’exercice des droits et libertés reconnus par la présente Constitution, tout individu est tenu au devoir de respect de la Constitution, des Institutions, des lois et règlements de la République.

Sous-titre II Des droits et des devoirs économiques, sociaux et culturels

Article 17 - L’Etat organise l’exercice des droits qui garantissent pour l’individu l’intégrité et la dignité de sa personne, son plein épanouissement physique, intellectuel et moral. Article 18 - Le Service National légal est un devoir d’honneur. Son accomplissement ne porte pas atteinte à la position de travail du citoyen ni à l’exercice de ses droits politiques. Article 19 - L’Etat reconnaît et organise pour tout individu le droit à la protection de sa santé dès la conception. Article 20 - La famille, élément naturel et fondamental de la société, est protégée par l’Etat. Tout individu a le droit de fonder une famille et de transmettre en héritage ses biens personnels. Article 21 - L’Etat assure la protection de la famille pour son libre épanouissement ainsi que celle de la mère et de l’enfant par une législation et des institutions sociales appropriées. Article 22 - L’Etat s’engage à prendre les mesures nécessaires en vue d’assurer le développement intellectuel de tout individu sans autre limitation que les aptitudes de chacun. Article 23 - Tout enfant a droit à l’instruction et à l’éducation sous la responsabilité des parents dans le respect de leur liberté de choix. L’Etat s’engage à développer la formation professionnelle. Article 24 - L’Etat organise un enseignement public, gratuit et accessible à tous. L’enseignement primaire est obligatoire pour tous. Article 25 - L’Etat reconnaît le droit à l’enseignement privé et garantit la liberté d’enseigner sous réserve des conditions d’hygiène, de moralité et de capacité fixées par la loi. Les établissements d’enseignement privé bénéficient d’un même régime fiscal dans les conditions fixées par la loi. Article 26 - Tout individu a le droit de participer à la vie culturelle de la communauté, au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent. L’Etat assure, avec le concours des Collectivités territoriales décentralisées, la promotion et la protection du patrimoine culturel national ainsi que de la production scientifique, littéraire et artistique. L’Etat, avec le concours des Collectivités territoriales décentralisées, garantit le droit de propriété intellectuelle. Article 27 - Le travail et la formation professionnelle sont pour tout citoyen un droit et un devoir. L’accès aux fonctions publiques est ouvert à tous citoyen sans autres conditions que celles de la capacité et des aptitudes. Toutefois, le recrutement dans la fonction publique peut être assorti de contingentement par circonscription pendant une période dont la durée et les modalités seront déterminées par la loi.

Article 28 - Nul ne peut être lésé dans son travail ou dans son emploi en raison du sexe, de l’âge, de la religion, des opinions, des origines, de l’appartenance à une organisation syndicale ou des convictions politiques. Article 29 - Tout citoyen a droit selon la qualité et le produit de son travail à une juste rémunération lui assurant, ainsi qu’à sa famille, une existence conforme à la dignité humaine. Article 30 - L’Etat s’efforce de subvenir aux besoins de tout citoyen qui, en raison de son âge ou de son inaptitude physique ou mentale, se trouve dans l’incapacité de travailler, notamment par l’institution d’organismes à caractère social. Article 31 - L’Etat reconnaît le droit de tout travailleur de défendre ses intérêts par l’action syndicale et en particulier par la liberté de fonder un syndicat. L’adhésion à un syndicat est libre. Article 32 - Tout travailleur a le droit de participer, notamment par l’intermédiaire de ses délégués, à la détermination des règles et des conditions de travail. Article 33 - Le droit de grève est reconnu sans préjudicier au principe de continuité du service public ni aux besoins sécuritaires et fondamentaux de la Nation. Les autres conditions d’exercice de ce droit sont fixées par la loi. Article 34 - L’Etat garantit le droit de propriété individuelle. Nul ne peut en être privé sauf par voie d’expropriation pour cause d’utilité publique et avec une juste et préalable indemnisation. Article 35 - Le Fokonolona est la base du développement. Le Fokonolona peut prendre des mesures appropriées tendant à s’opposer à des actes susceptibles de détruire l’environnement, de le déposséder de ses terres, d’accaparer les espaces traditionnellement affectés aux troupeaux de bœufs ou son patrimoine rituel, sans que ces mesures puissent porter atteinte à l’intérêt général et à l’ordre public. La portée et les modalités de ces dispositions sont déterminées par la loi. Article 36 - La participation de chaque citoyen aux dépenses publiques doit être progressive et calculée en fonction de sa capacité contributive. Article 37 - L’Etat garantit la liberté d’entreprise dans la limite du respect de l’intérêt général, de l’ordre public, des bonnes mœurs et de l’environnement. Article 38 - L’Etat garantit la sécurité des capitaux et des investissements. Article 39 - Toute personne a l’obligation de respecter les valeurs culturelles, les biens publics et l’environnement. L’Etat et les Collectivités territoriales décentralisées assurent la protection, la conservation et la valorisation de l’environnement par des mesures appropriées. Article 40 - L’Etat garantit la neutralité politique de l’administration, des forces armées, de la justice, de l’enseignement et de l’éducation. L’Etat assure, par l’institution d’organismes spécialisés, la promotion et la protection des droits de l’homme.

TITRE III DE L’ORGANISATION DE L’ETAT

Article 41 - Les Institutions de l’Etat sont : le Président de la République et le Gouvernement ; - l’Assemblée Nationale et le Sénat ; - la Haute Cour Constitutionnelle. Les trois fonctions de l’Etat - exécutive, législative et juridictionnelle - obéissent au principe de la séparation des pouvoirs et sont exercées par des organes distincts. La Cour Suprême, les Cours d’Appel et les juridictions qui leur sont rattachées ainsi que la Haute Cour de Justice exercent la fonction juridictionnelle. Article 42 - La loi détermine le montant, les conditions et les modalités d’attribution des indemnités allouées aux personnalités appelées à exercer un mandat, à accomplir des fonctions ou à effectuer des missions au sein des Institutions prévues par la présente Constitution. Article 43 - Les fonctions au service des institutions de l’Etat ne peuvent constituer une source d’enrichissement illicite ni un moyen de servir des intérêts privés. A l’exception de ses droits et sous peine de déchéance, aucune des personnalités visées à l’article 42 ci-dessus ne peut accepter d’une personne physique ou morale, étrangère ou nationale, des émoluments ou rétributions de nature à empêcher l’accomplissement normal de sa mission. La loi fixe les modalités d’application de ces dispositions notamment en ce qui concerne la détermination des droits, des émoluments et des rétributions ainsi que la procédure de déchéance.

Sous-titre premier De la Fonction exécutive

CHAPITRE PREMIER Du Président de la République Article 44 - Le Président de la République est le Chef de l’Etat. A ce titre, il veille au respect de la Constitution. Il est le garant de l’indivisibilité de la République. Il est le garant, par son arbitrage, du fonctionnement régulier des pouvoirs publics, de l’indépendance nationale et de l’intégrité territoriale. Il veille à la sauvegarde et au respect de la souveraineté nationale tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il est le garant de l’Unité nationale. Le Président de la République assure ces missions dans le cadre des pouvoirs qui lui sont conférés par la présente Constitution. Article 45 - Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Il est rééligible deux fois. Article 46 - Tout candidat aux fonctions de Président de la République doit être de nationalité malagasy d’origine par le père et la mère, jouir de ses droits civils et politiques, avoir au moins quarante ans à la date de clôture du dépôt des candidatures, et résider sur le territoire de la République de Madagascar au moins six mois avant le jour du dépôt de candidature. Il est interdit à toute personnalité exerçant un mandat ou accomplissant des fonctions au sein des Institutions et candidat à l’élection présidentielle, d’user à des fins de propagande électorale, des moyens et prérogatives octroyés dans le cadre de ses fonctions. Article 47 - L’élection du Président de la République a lieu trente jours au moins, et soixante jours au plus, avant l’expiration du mandat du Président en exercice. Dans les cas prévus aux articles 51 et 126 de la présente Constitution, ces délais courront après la constatation de la vacance par la Haute Cour Constitutionnelle.

L’élection a lieu au premier tour à la majorité absolue des suffrages exprimés. Si celle-ci n’est pas obtenue , le Président de la République est élu au second tour à la majorité des suffrages exprimés, parmi les deux candidats ayant recueilli le plus grand nombre de suffrages au premier tour. Le second tour a lieu trente jours au plus après la proclamation officielle des résultats du premier tour. En cas de décès d’un candidat avant un tour de scrutin ou s’il survient un autre cas de force majeure dûment constaté par la Haute Cour Constitutionnelle, l’élection est reportée à une nouvelle date dans les conditions et selon les modalités qui seront définies par une loi organique. Le Président en exercice reste en fonction jusqu’à l’investiture de son successeur dans les conditions prévues à l’article 48. Article 48 - Avant son entrée en fonction, le Président de la République prête le serment suivant devant la Nation, en audience solennelle de la Haute Cour Constitutionnelle, et en présence du Gouvernement, de l’Assemblée Nationale, du Sénat et de la Cour Suprême : " Eto anatrehan’Andriamanitra Andriananahary sy ny Firenena ary ny Vahoaka, mianiana aho fa hanantanteraka an - tsakany sy an - davany ary amim - pahamarinana ny andraikitra lehibe maha - Filohan’ny Fanjakana Malagasy ahy. Mianiana aho fa hampiasa ny fahefana natolotra ahy ary hanokana ny heriko rehetra hiarovana sy hanamafisana ny firaisam- pirenena sy ny zon’olombelona. Mianiana aho fa hanaja sy hitandrina toy ny anakandriamaso ny Lalàmpanorenana sy ny lalàm-panjakana, hikatsaka hatrany ny soa ho an’ny Vahoaka malagasy tsy ankanavaka ". Le mandat présidentiel commence à partir du jour de la prestation de serment. Article 49 - Les fonctions de Président de la République sont incompatibles avec toute fonction publique élective, toute autre activité professionnelle et toute activité au sein d’un parti politique. Article 50 - L’empêchement temporaire du Président de la République peut être déclaré par la Haute Cour Constitutionnelle, saisie par le Parlement, statuant par vote séparé de chacune des Assemblées à la majorité des deux tiers de ses membres, pour cause d’incapacité physique ou mentale d’exercer ses fonctions dûment établie. Article 51 - La levée de l’empêchement temporaire est décidée par la Haute Cour Constitutionnelle. L’empêchement temporaire ne peut dépasser une période de six mois, à l’issue de laquelle la Haute Cour Constitutionnelle, sur la saisine du Parlement dans les conditions de l’article 50, peut se prononcer sur la transformation de l’empêchement temporaire en empêchement définitif. Article 52 - En cas de vacance de la Présidence de la République par suite de démission, de décès, d’empêchement définitif dans les conditions prévues à l’article 51 alinéa 2 ou de déchéance prononcée en application de l’article 126, il est procédé à l’élection d’un nouveau Président conformément aux dispositions des articles 46 et 47 ci-dessus. La vacance est constatée par la Haute Cour Constitutionnelle. Dès la constatation de la vacance de la Présidence de la République, les fonctions de Chef de l’Etat sont provisoirement exercées, jusqu’à l’entrée en fonction du Président élu ou jusqu’à la levée de l’empêchement temporaire, par le Président du Sénat ou, en cas de vacance de poste ou d’incapacité du Président du Sénat constatée par la Haute Cour Constitutionnelle, par le Gouvernement collégialement. Pendant la période allant de la constatation de la vacance à l’investiture du nouveau Président ou à la levée de l’empêchement temporaire, il ne peut être fait application des articles 94, 97, 98 et 152 à 154 de la Constitution. Article 53 - Le Président de la République nomme le Premier Ministre. Il met fin à ses fonctions pour toute cause déterminante. Sur proposition du Premier Ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions. Article 54 - Le Président de la République : 1° préside le Conseil des Ministres ; 2° signe les ordonnances prises en Conseil des Ministres dans les cas et les conditions prévues par la présente Constitution ; 3° signe les décrets délibérés en Conseil de Ministres ; 4° nomme, en Conseil des Ministres, aux hauts emplois de l’Etat dont la liste est fixée par décret pris en Conseil de Ministres. Il peut déléguer ce pouvoir au Premier Ministre ; 5° peut, sur toute question importante à caractère national, décider en Conseil des Ministres, de recourir directement à l’expression de la volonté du peuple par voie de référendum ; 6° détermine et arrête, en Conseil des Ministres, la politique générale de l’Etat. Article 55 - Le Président de la République est le Chef Suprême des Forces Armées dont il garantit l’unité. A ce titre, il préside le Conseil Supérieur de la Défense nationale dont l’organisation et les attributions sont fixées par décret pris en Conseil des Ministres. Il arrête le concept de la défense en Conseil Supérieur de la Défense Nationale. Il décide de l’engagement des forces et des moyens militaires pour les interventions extérieures, après consultation du Conseil Supérieur de la Défense nationale, du Conseil des Ministres et du Parlement. Il nomme les militaires appelés à représenter l’Etat auprès des organismes internationaux. Article 56 - Le Président de la République accrédite et rappelle les Ambassadeurs et les envoyés extraordinaires de la République auprès des autres Etats et des Organisations Internationales. Il reçoit les lettres de créance et de rappel des représentants des Etats et des Organisations Internationales reconnus par la République de Madagascar. Article 57 - Le Président de la République exerce le droit de grâce. Il confère les décorations de la République. Il dispose des organes de contrôle de l’Administration. Article 58 - Le Président de la République promulgue les lois dans les trois semaines qui suivent la transmission par l’Assemblée Nationale de la loi définitivement adoptée. Avant l’expiration de ce délai, le Président de la République peut demander au Parlement une nouvelle délibération de la loi ou de certains de ses articles. Cette nouvelle délibération ne peut être refusée. Article 59 - Le Président de la République peut prononcer la dissolution de l’Assemblée Nationale dans les conditions prévues par l’article 98 ci-dessous. Dans ce cas, il est procédé à l’élection de nouveaux députés dans les conditions déterminées par une loi organique. Il ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans les douze mois qui suivent cette élection. Article 60 - Lorsque les Institutions de la République, l’indépendance de la Nation, son unité ou l’intégrité de son territoire sont menacées et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics se trouvent compromis, le Président de la République peut proclamer, sur tout ou partie du territoire national, la situation d’exception, à savoir la situation d’urgence, l’état de nécessité ou la loi martiale. La décision est prise par le Président de la République en Conseil des Ministres, après avis des Présidents de l’Assemblée Nationale, du Sénat et de la Haute Cour Constitutionnelle. La situation d’exception peut être prolongée au-delà de quinze jours dans les mêmes formes. La proclamation de la situation d’exception confère au Président de la République des pouvoirs spéciaux dont l’étendue et la durée sont fixées par une loi organique. Dès la proclamation de l’une des situations d’exception précitées, le Président de la République peut légiférer par voie d’ordonnance pour des matières qui relèvent du domaine de la loi.

Article 61 - Les actes du Président de la République, hors les cas prévus aux articles 53 alinéas 1er et 2, 57 alinéas 1 et 2, 58, 78, 94, 98, 101, 110, 113 à 115, sont contresignés par le Premier Ministre et, le cas échéant, par les Ministres concernés. CHAPITRE II Du Gouvernement Article 62 - Le Gouvernement est composé du Premier Ministre et des Ministres. Il met en œuvre la politique générale de l’Etat. Il est responsable devant l’Assemblée nationale dans les conditions prévues aux articles 94 et 97 ci-dessous. Le Gouvernement dispose de l’Administration d’Etat. Article 63 - Les fonctions de membre du Gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat public électif, de toute fonction de représentation professionnelle, de tout emploi public ou de toute autre activité professionnelle rémunérée. Article 64 - Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement : 1° conduit la politique générale de l’Etat ; 2° a autorité sur les membres du Gouvernement dont il dirige l’action, et est responsable de la coordination des activités des départements ministériels ainsi que de la mise en œuvre de tout programme national de développement ; 3° a l’initiative des lois ; 4° arrête les projets de lois à soumettre à la délibération du Conseil des Ministres et à déposer sur le bureau de l’une des deux Assemblées ; 5° assure l’exécution des lois ; 6° exerce le pouvoir réglementaire sous réserve des dispositions de l’article 54 alinéa 3 ; 7° veille à l’exécution des décisions de justice ; 8° saisit, en tant que de besoin, les organes de contrôle de l’Administration et s’assure du bon fonctionnement des services publics, de la bonne gestion des finances des collectivités publiques et des organismes publics de l’Etat ; 9° assure la sécurité, la paix et la stabilité sur toute l’étendue du territoire national dans le respect de l’unité nationale ; à cette fin, il dispose de toutes les forces chargées de la police, du maintien de l’ordre, de la sécurité intérieure et de la défense ; 10° préside le Comité Interministériel de la Défense qui est chargé de la mise en œuvre de la politique générale de défense ; 11° supplée le Président de la République, en cas d’absence, dans la présidence du Conseil Supérieur de la Défense Nationale ; 12° est le Chef de l’Administration ; 13° nomme aux emplois civils et militaires ainsi qu’à ceux des organismes relevant de l’Etat, sous réserve des dispositions de l’article 54 alinéa 4. Il peut déléguer certains de ses pouvoirs aux membres du Gouvernement avec faculté de subdélégation. Il assure le développement équilibré de toutes les régions. Il peut, sur délégation expresse du Président de la République et sur un ordre du jour déterminé, présider le Conseil des Ministres. Article 65 - Le Premier Ministre préside le Conseil de Gouvernement. En Conseil de Gouvernement : 1° il fixe le programme de mise en œuvre de la politique générale de l’Etat et arrête les mesures à prendre pour en assurer l’exécution ; 2° il exerce les autres attributions pour lesquelles la consultation du Gouvernement est obligatoire en vertu de la présente Constitution et des lois particulières. 3° il décide des mesures de mise en œuvre des programmes nationaux de développement économique et social, ainsi que de celui de l’aménagement du territoire, en collaboration avec les autorités des Régions. Article 66 - Les actes du Premier Ministre sont contresignés, le cas échéant, par les Ministres chargés de leur exécution.

Sous-titre II De la Fonction législative

CHAPITRE PREMIER De l’Assemblée Nationale Article 67 - Les membres de l’Assemblée Nationale sont élus pour cinq ans au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire. Ils portent le titre de Député. Article 68 - Le mandat de député est incompatible avec l’exercice de tout autre mandat public électif et de tout emploi public excepté l’enseignement. Le député nommé membre du Gouvernement est démissionnaire d’office de son mandat. Le député exerce son mandat suivant sa conscience et dans le respect des règles d’éthique déterminées dans les formes fixées à l’article 76 ci-dessous. Il est astreint à l’obligation d’assiduité. En cas d’absence injustifiée, l’indemnité est supprimée de plein droit. Le droit de vote du député est personnel. Le vote a lieu au scrutin public et à main levée, sauf pour les questions touchant personnellement les membres de l’Assemblée nationale. Article 69 - Un décret pris en Conseil des Ministres fixe le nombre des membres de l’Assemblée Nationale, la répartition des sièges sur l’ensemble du territoire national ainsi que le découpage des circonscriptions électorales. Article 70 - Aucun député ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions. Aucun député ne peut, pendant la durée des sessions, être arrêté, en matière criminelle ou correctionnelle, qu’avec l’autorisation de l’Assemblée, sauf s’il a été surpris comme auteur, coauteur ou complice d’un crime ou d’un délit au moment des faits. Tout individu peut saisir par écrit, le bureau permanent de l’Assemblée Nationale pour mettre en cause les carences ou agissements d’un député. Le bureau ainsi saisi doit y apporter une réponse circonstanciée dans un délai de six mois. Article 71 - Le Président de l’Assemblée Nationale et les membres du bureau sont élus au début de la première session pour la durée de la législature. Toutefois, ils peuvent être démis de leurs fonctions respectives de membres de bureau pour motif grave par un vote des deux tiers des députés. Article 72 - L’Assemblée Nationale se réunit de plein droit en deux sessions ordinaires par an. La durée de chaque session est fixée à soixante jours. La première session commence le premier mardi de mai et la seconde, consacrée principalement à l’adoption de la loi de finances, le troisième mardi d’octobre. Article 73 - L’Assemblée Nationale est réunie en session extraordinaire, sur un ordre du jour déterminé, par décret du Président de la République pris en Conseil des Ministres soit à l’initiative du Président de la République, soit à la demande de la majorité absolue des membres composant l’Assemblée Nationale. La durée de la session ne peut excéder douze jours. Toutefois, un décret de clôture intervient dès que l’Assemblée Nationale a épuisé l’ordre du jour pour lequel elle a été convoquée.

Le Président de la République peut seul prendre l’initiative de convoquer une nouvelle session extraordinaire avant l’expiration d’un délai d’un mois qui suit la clôture. Article 74 - Les séances de l’Assemblée Nationale sont publiques. Il en est tenu procès-verbal dont la publicité est assurée dans les conditions prévues par la loi. L’Assemblée Nationale siège à huis clos à la demande du Gouvernement ou du quart de ses membres. Il est dressé procès - verbal des débats. Article 75 - La nouvelle Assemblée Nationale se réunit de plein droit en session spéciale le deuxième mardi qui suit la proclamation des résultats de son élection pour procéder à la constitution de son bureau. La session est close après épuisement de l’ordre du jour. Article 76 - Les règles relatives au fonctionnement de l’Assemblée Nationale sont fixées dans leurs principes généraux par une loi organique et dans leurs modalités par son règlement intérieur. Le règlement intérieur est publié au Journal officiel de la République. CHAPITRE II Du Sénat Article 77 - Les membres du Sénat portent le titre de Sénateur. Leur mandat est de cinq ans. Article 78 - Le Sénat comprend, pour deux tiers, des membres élus en nombre égal pour chaque région et pour un tiers, des membres nommés par le Président de la République, en raison de leurs compétences particulières en matière juridique, économique, sociale et culturelle. La nomination peut être abrogée dans les mêmes formes pour des causes déterminantes. Le sénateur nouvellement nommé termine le mandat de son prédécesseur. Article 79 - Les règles de fonctionnement du Sénat, sa composition ainsi que les modalités d’élection et de désignation de ses membres sont fixées par une loi organique. Article 80 - Le Sénat est consulté par le Gouvernement pour donner son avis sur les questions économiques, sociales et d’organisation territoriale. Article 81 - Le Sénat se réunit de plein droit pendant les sessions de l’Assemblée nationale, sauf dans le cas prévu à l’article 93 alinéa 1 ci- dessous. Il peut être également réuni en session spéciale sur convocation du Gouvernement. Son ordre du jour est alors limitativement fixé par le décret de convocation pris en Conseil des Ministres. Lorsque l’Assemblée nationale ne siège pas, le Sénat ne peut discuter que des questions dont le Gouvernement l’a saisi pour avis, à l’exclusion de tout projet législatif. Article 82 - Les dispositions des articles 68 à 76 sont applicables au Sénat. CHAPITRE III Des rapports entre le Gouvernement et le Parlement Article 83 - L’initiative des lois appartient concurremment au Premier Ministre, aux Députés et aux Sénateurs. Les projets de loi sont délibérés en Conseil des Ministres et déposés sur le bureau de l’une des deux Assemblées. L’ordre du jour des Assemblées comporte par priorité et dans l’ordre que le Gouvernement a fixé, la discussion des projets de lois déposés sur le bureau de l’Assemblée Nationale ou celui du Sénat par le Premier Ministre. Les propositions de loi et amendements déposés par les parlementaires sont portés à la connaissance du Gouvernement lequel dispose pour formuler ses observations, d’un délai de trente jours pour les propositions et quinze jours pour les amendements.

ANNEXE 7

Tableau : Liste des Associations créées dans le District de Tuléar I, année 2008 Désignation Siège social Référence du récépissé de dépôt

I/- ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES - MAHEFA Tanambao Morafeno N° 19 du 19.02.2008 - SOS AUX VICTIMES DE NON DROIT Tsianaloka N° 35 du 07.05.2008 - MITRAKA Andaboly N° 36 du 17.04.2008 - ACTION POUR LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT DE LA NATURE (APEN) TSF Nord N° 46 du 07.05.2008

II/- ASSOCIATIONS

- Association des jeunes NOLAHY Toliary (AJNT) Ankilifaly N° 01 du 22.01.2008 - Groupement des intellectuels pour le développement durable à Madagascar Mahavatse II Ouest N° 02 du 09.01.2008 - FAHASAMBARANA Ankenta N° 03 du 09.01.2008 - Ampela mpamboly légume Betaindambo Tsongobory N° 04 du 06.02.2008 - Zafin’ny reny dimy mianadahy Tanambao I N° 05 du 20.02.2008 - Association sportive de la compagnie manutention de Toliara Mahahavatse II N° 06 du 30.01.2008 - TSARA FITARATSE BETAINDAMBO Tsongobory N° 07 du 07.03.2008 - Association des Entraîneurs de foot-ball Toliara DIR JEUNESSE N° 08 du 30.01.2008 - Tanora miatrika ny ho avy Andaboly N° 09 du 18.01.2008 - Culturel et conservation Ankilifaly N° 10 du 22.01.2008 - MIKAJY Tanambao I N° 11 du 05.03.2008 - MANDIAVOLA Tsenengea N° 12 du 25.01.2008 - Vahoaka mikatsaka fandrosoana Ankenta N° 13 du 25.01.2008 - Mpamarotra miray ho amin’ny fampandrosoana Ankenta N° 14 du 25.01.2008 - Accompagnement des malades mantaux Mission catholique N° 15 du 28.01.2008 - Association des jeunes de demain Anketraka Anketraka N° 16 du 14.02.2008 - AVOTRA Ankenta bas N° 17 du 14.02.2008 - AMPELA VONONA Ampasikibo N° 18 du 15.02.2008 - TANORA MIRAY Toliara Centre N° 20 du 19.02.2008 - Association « ZA » ou « BAOBAB » Andaboly N° 21 du 25.02.2008 - Association aux enfant Toliara Ankenta bas N° 22 du 05.02.2008 - TANORA VONONA Antaravay Salimo N° 23 du 12.03.2008 - TANORA MAHIMBA MIARADIA Ankenta bas N° 24 du 04.03.2008 - Association des actions et mouvements d’éveil national Toliara Centre N° 25 du 08.05.2008 - Union des entrepreneurs professionnels Cité sisal N° 26 du 07.04.2008 - Nirina Tanambao II TSF N. N° 27 du 07.04.2008 - Association socio-économique et environnement Tsianaloka N° 28 du 07.04.2008 - Jeunes avenir de Toliara Besakoa N° 29 du 08.04.2008 - HO VELO Antaravay Salimo N° 30 du 07.04.2008 - SOAVINA Ampasikibo N° 31 du 07.04.2008 - ANKETA MIRAY Ankenta haut N° 32 du 09.04.2008 - JANJINO Toliara centre N° 33 du 16.04.2008 - FARIMBONA Ampasikibo N° 34 du 18.04.2008 - Ho fampandrosoana an’I Toliara Toliara centre N° 35 du 18.04.2008 - Vehivavy mandroso Ampasikibo N° 35bis du 17.04.08 - Vehivavy mpitolona Tsongobory N° 36 du 23.04.2008 - Ampela vagno mivoatse Ampasikibo Ampasikibo N° 37 du 30.04.2008 - Vehivavy vonona Ampasikibo N° 38 du 25.04.2008 - Avotra Tsimenatse I N° 39 du 20.04.2008 - Mandomba Antaninarenina N° 40 du 08.05.2008 - Ny Aina Mangabe N° 41 du 06.05.2008 - Santatra Toliara Mahavatse II N° 42 du 28.04.2008 - Vehivavy vonona hiatrika ny fampandrosoana Amborogony N° 43 du 09.05.2008 - FANILO Sanfily N° 44 du 06.05.2008 - Fikambanambehivavy orthodoxe Andaboly N° 45 du 07.05.2008 - Vehivavy mandray andraikitra Sanfily N° 47 du 08.05.2008 - TAMIASA Antaravay Salimo N° 48 du 09.05.2008 - SOBINSON ENTRAIDE Toliara Centre N° 49 du 09.05.2008 - MAHALOMBA Mahavatse II Est N° 50 du 20.05.2008 - Association des partenaires et acteurs d’information rurale Toliara Centre N° 51 du 20.05.2008 - Vehivavy miavotra Ampasikibo N° 52 du 21.05.2008 - Ass. des jeunes pour le développement de la Région du Sud Ouest Ankenta centre N° 53 du 28.05.2008 - Vehivavy miandrandra ny fampandrosoana Amborog. Tanambao N° 54 du 22.05.2008 - Fitantanan-drano Soamandroso-Andranogiso Tsongobory N° 55 du 02.06.2008 - Fiompiana-varotra-fambolena Tsongobory N° 56 du 10.06.2008 - Association des jeunes verts Besakoa N° 57 du 14.05.2008

- Ass. des étudiants en droit de Madagascar Toliara CEDRATOM N° 58 du 10.06.2008 - TE-HIVOATSE Mangabe N° 59 du 10.06.2008 - JERILAVITRA Mahavatse II Est N° 60 du 10.06.2008 - AVY SOA Amborogony N° 61 du 10.06.2008 - Gens de mer luttant contre le SIDA Antaninarenina N° 62 du 12.06.2008 - TARATRA Andaboly N° 63 du 10.06.2008 - VONONA Ankatsaka N° 64 du 12.06.2008 - Aide aux enfants et famille Ampasikibo N° 65 du 12.06.2008 - Association Vehivavy andro-baovao Tsimenatse II N° 66 du 20.06.2008 - Jeunes cadres de Mahavatse I Mahavatse I N° 67 du 08.07.2008 - Tanora fitaratsy ny Toliara Betania Nord N° 68 du 20.06.2008 - Mazava antignana Tsimenatse I N° 69 du 08.05.2008 - Vehivavy Miray Tsimenatse I N° 70 du 09.07.2008 - FANANTENANA Betania Tanambao N° 71 du 28.07.2008 - SEMBANA MILAVONJY Tsianaloka N° 72 du 29.07.2008 - Hoavin4ny Firenena Betania Tanambao N° 73 du 12.07.2008 - Vehivavin’ny Fitsarana Palais de Justice N° 74 du 01.08.2008 - FIAVOTA Andaboly N° 75 du 07.08.2008 - Union citoyen des Intellectuels du Sud Tanambao Morafeno N° 76 du 12.08.2008 - FIOMBONANA Tanambao Morafeno N° 77 du 18.08.2008 - VOAOVY Tsimenatse I N° 78 du 13.08.2008 - TSIMANENGA Tanambao I N° 79 du 13.08.2008 - SOAFIAVY Betania Tanambao N° 80 du 20.08.2008 - Associations des Jeunes Acteurs de Développement Betania N° 81 du 20.08.2008 - FANAMBINA Besakoa N° 82 du 21.08.2008 - Union Frigoriste de Madagascar Animat° communaut. N° 83 du 27.08.2008 - OBADIA Toliara centre N° 84 du 28.08.2008 - Association ho Fampandrosoana an’i Madagasikara Besakoa N° 85 du 07.10.2008 - Sendikan’ny Mpiasa Malagasy Revolisionera Tsenengea N° 86 du 20.10.2008 - Ray aman-dreny maneran’ny Nosy monina eto Toliara Cité SPM N° 87 du 30.10.2008 - Ass. Pour la sauvegarde de l’unité nationale Sanfily N° 87bis du 30.10.08 - Vehivavy mandroso Ampasikibo Ampasikibo N° 88 du 12.11.2008 - Tanora Miray Besakoa N° 89 du 02.10.2008 - TARATRA Tanambao Morafeno N° 90 du 01.10.2008 - FIBELP Tanambao Morafeno N° 91 du 12.10.2008 - Sendikan’ny Kristiana Malagasy Tanambao I N° 92 du 12.10.2008 - MIARO NY SEMBANA Konkasera N° 93 du 12.11.2008 - FIARO Mahavatse II Est N° 94 du 31.10.2008 - TA-TIMO FANABEAZANA Ankenta haut N° 95 du 26.11.2008 - Zanaky Ny Kaominina Manorofify Eto Ttoliara Amborogony Est N° 96 du 26.11.2008 - FRAM Tanambao Morafeno Tanambao Morafeno N° 97 du 03.11.2008 - ASIRSO Toliara centre N° 98 du 03.11.2008 - ANTEVAO Mahavatse II N° 98bis du 03.11.08 - Tanora Tia Tanindrazana Mahavatse II N° 99 du 07.11.2008 - Ass. Française de bienfaisance de Tuléar Besakoa N° 100 du 10.11.2008 - VOIZO Toliara centre N° 101 du 21.11.2008 - Ass. Chrétienne adventiste universitaire de Toliara Ampasikibo N° 102 du 21.11.2008 - Terak’i Sandravinany sy Maroroy Toliara N° 103 du 26.11.2008 - Ankazoabo Miray Tanambao I N° 104 du 05.12.2008 - FRAM Lycée Technique Tanambao I N° 105 du 09.12.2008 - Contribution des Natifs pour le Développement Economique de Toliara Andaboly N° 106 du 12.12.2008 Source : District Tuléar I