www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17489 – 7,50 F - 1,14 EURO MÉTROPOLITAINE MARDI 17 AVRIL 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI L’affaire Israël frappe la Syrie au Liban Dickinson b L’aviation israélienne a attaqué des positions de l’armée syrienne au Liban pour la première fois a L’ADN confond depuis 1982 b Le gouvernement d’Ariel Sharon accuse Damas de patronner les « opérations terroristes » Francisco Arce Montes, du Hezbollah b Le président libanais évoque le risque d’un « affrontement général »

incarcéré L’AVIATION israélienne a bom- rité libanais. Ce raid israélien est le reils ont également survolé la côte porte-parole israélien a qualifié le bardé, lundi 16 avril à 0 h 30 heure premier qui ait visé délibérément sud du Liban. Ce bombardement raid aérien de « message clair » aux Etats-Unis locale (21 h 30 GMT), une station depuis dix-neuf ans les forces intervient après la mort, samedi, ajoutant : « La Syrie et les Palesti- radar syrienne située à Dhar syriennes au Liban, estimées à envi- d’un soldat israélien lors d’une atta- niens doivent comprendre qu’il y a pour agression al Baïdar, à 45 kilomètres à l’est de ron 35 000 hommes. Outre la sta- que du mouvement pro-iranien un nouveau gouvernement en Israël Beyrouth, tuant « au moins deux tion de radar, qui a été détruite, les Hezbollah dans le secteur des Fer- et que les règles du jeu ont changé » F. BENSCH/REUTERS sexuelle soldats » syriens et en blessant cinq avions ont tiré sur une position de mes de Chebaa, occupé par l’Etat Selon un autre porte-parole, Israël autres, selon les services de sécu- la DCA syrienne proche. Des appa- juif dans le sud-est du Liban. Un a choisi d’attaquer « un objectif CONGO a syrien purement militaire, isolé », en Il est soupçonné évitant de frapper des civils. Cette du viol opération, a-t-il souligné, est un Entretien « signal adressé à la Syrie » pour lui et du meurtre signifier que « la patience d’Israël est à bout ». Lundi matin, le gouver- avec Kabila de Caroline Dickinson, nement israélien a de nouveau accusé Damas d’être le tuteur des Entré, après la mort de son père, com- 13 ans, en 1996, « opérations terroristes » du Hezbol- me une météorite dans la haute sphère lah. Le premier ministre libanais a nationale et internationale, Joseph Kabi- à Pleine-Fougères mis en garde contre « un plan israé- la, vingt-neuf ans, a formé son premier lien visant à étendre la zone d’insta- bilité au Proche-Orient ». Le prési- gouvernement en se débarrassant de la a Le récit dent libanais, Emile Lahoud, évo- vieille garde héritée de son père. Dans que le risque d’un « affrontement un entretien au Monde, il parle de ce de cinq années général ». Lundi, en fin de matinée, renouvellement, de son pays déchiré Damas n’avait toujours pas réagi dont l’économie est exsangue. Ainsi d’une enquête au raid contre son armée. que des « envahisseurs » ougandais, extraordinaire Lire page 2 burundais et rwandais. p. 3

Lire page 6 f www.lemonde.fr/israel f www.lemonde.fr/rdc Médicaments Où sont passés les enfants-esclaves qui errent dans le golfe du Bénin ? COTONOU Cameroun voisin. Le navire est donc reparti, en ter à Cotonou. « Nous avons sollicité la collabora- du futur de notre envoyé spécial principe pour Cotonou, où sa lenteur à arriver tion de nos collègues [de la région] par Interpol. Troisième nuit à la belle étoile pour les volon- commençait, dans la nuit de dimanche à lundi, Nous leur avons donné toutes les informations Les nouveaux médicaments taires de la Croix-Rouge béninoise : depuis le à inquiéter les organisations humanitaires, concernant le bateau. Toute la côte est sous sur- a issus de la recherche généti- vendredi 13 avril, ils ont planté leur tente et notamment l’Unicef. veillance », a déclaré à l’agence Reuters Martin que arrivent. En 2002, ils représen- entreposé vivres et médicaments de première Dans quel état de santé sont les passagers Cocou Degan, responsable de la brigade qui P. ROSSIGNOL/REUTERS teront la moitié des demandes nécessité dans un jardin du port autonome de après deux semaines d’errance ? Selon l’ambas- combat le trafic des enfants. Mais, en ce week- d’autorisation de mise sur le mar- Cotonou, la capitale économique du petit sadeur du Bénin au Cameroun, qui a pu voir les end pascal, à Cotonou, on déplorait le peu d’im- OBUS DE VIMY ché aux Etats-Unis. Le sida, le can- Ouest africain. Ils attendent patiemment l’ac- enfants et leur fournir des vivres lors de leur plication du gouvernement et des autorités cer et la leucémie figurent parmi costage de l’Etireno, un bateau battant pavillon escale à Douala, certains d’entre eux sont mala- administratives. Aucune cellule de crise n’avait les cibles principales de ces nou- nigérian soupçonné de transporter plusieurs des. Le bateau est totalement délabré. Il ne dis- été installée, et le dispositif de contrôle des fron- Le convoi des veaux traitements, issus de molécu- dizaines d’enfants-esclaves destinés à être ven- pose pas de moyens de communication moder- tières n’avait pas été réellement renforcé. les humaines et, demain, de la thé- dus et à servir comme domestiques au Gabon, nes. « Le capitaine sait très bien ce qui l’attend Embarrassées, craignant d’être montrées du gaz mortels rapie génique. Dans cette nouvelle pays pétrolier d’Afrique centrale. Le flou demeu- quand il arrivera ici. Il pourrait être tenté de doigt pour laxisme, les autorités béninoises rap- Sept camions, cinquante et un véhicules course à la vie, les start-up sont re sur le nombre des mineurs qui seraient à débarquer les enfants dans un autre port », s’in- pellent que l’Etireno est un bateau nigérian. d’escorte sur 4 kilomètres de long : le beaucoup plus innovantes que les bord de ce navire. Les témoignages recueillis quiète Estelle Guluman, représentante de « C’est une affaire de la sous-région et non une convoi transportant 55 tonnes d’obus grands groupes pharmaceutiques, par l’Unicef sont imprécis : certains parlent de l’Unicef à Cotonou. Dimanche, l’annonce du lan- affaire béninoise », a estimé Gaston Zossou, por- habitués à développer des molécu- 28 enfants, d’autres de 250. Selon Ramatou cement d’un mandat international contre l’affré- te-parole du gouvernement. Le Bénin est consi- chimiques de la guerre de 1914 du les chimiques. Un combat entre Baba Moussa, ministre béninois de la protec- teur du bateau — un Béninois ayant résidence déré comme la plaque tournante du trafic d’en- dépôt de Vimy est arrivé lundi 16 avril géants et jeunes pousses qui remet tion sociale, ils sont 180. dans son pays, mais également au Nigeria et au fants-esclaves provenant d’Afrique de l’Ouest, au camp militaire de Suippes (Marne). en question les positions établies. Parti de Cotonou le 30 mars, l’Etireno erre Gabon — et contre son équipage a été diffusé qui concerne plusieurs milliers de mineurs dont Routes et autoroutes avaient été interdi- depuis dans le golfe du Bénin. D’abord refoulé sur les ondes des radios. Les menaces du porte- beaucoup subissent des violences physiques et tes. Il reste encore à Vimy, vidée de sa Lire page 13 de Libreville, au Gabon, en raison de la nature parole du gouvernement béninois, qui promet sexuelles chaque année. de sa « cargaison », il n’a pu, pour les mêmes des sanctions exemplaires aux trafiquants, pour- population, 100 tonnes de munitions f www.lemonde.fr/genome raisons, accoster à Douala, principal port du raient également dissuader l’équipage d’accos- Théophile Kouamouo dangereuses à déménager. p. 7 Faire bouger La Serbie de Kostunica les énarques a peur de l’avenir L’ARRESTATION de Slobodan l’avenir. Le président est nationalis- Milosevic est l’épilogue de l’aventu- te sans être guerrier, traditionaliste re du 5 octobre 2000, l’assaut du Par- sans être rétrograde, imprégné lement, suivi de l’incendie du siège d’une culture historique tout en de la radio-télévision, et de la recon- étant ouvert à l’Europe moderne. naissance par le maître de Belgrade Vojislav Kostunica est à l’image de de sa défaite électorale. Les deux la Serbie, il est un Serbe ordinaire, hommes forts du pays, le président pétri d’orgueil national tout en sou- yougoslave Vojislav Kostunica et le haitant que son pays tourne une S. LEFEVRE/REUTERS premier ministre serbe Zoran Djind- page de son histoire. GILBERT SANTEL jic, ont évoqué ces jours-ci ce senti- La question est de savoir si ce pré- PARIS-ROUBAIX ment d’« épilogue », intervenu six sident peut jouer le rôle que lui a DIRECTEUR GÉNÉRAL de l’ad- mois après leur turbulente acces- assigné la vaste coalition anti-Milo- ministration, Gilbert Santel défend sion au pouvoir. sevic de l’automne 2000. Les conser- Un héros un projet de décret qui réduit de 5 % L’attaque de la villa du dictateur vateurs le croient, les progressistes les postes de direction réservés aux puis son incarcération ont pourtant en doutent, les antinationalistes dans la boue administrateurs civils, afin de favori- souligné une fois de plus la fragilité sont résolument convaincus du Paris-Roubaix a été remportée, diman- ser la mobilité des hauts fonctionnai- du pouvoir présidentiel. Un para- contraire. M. Kostunica a, dès res. Le président de l’Association des doxe. Plus la Serbie démocratique l’automne, choisi de se situer che 15 avril, par le Néerlandais Servais anciens élèves de l’ENA proteste. se renforce et retrouve sa place au-dessus de la mêlée. Mais en se Knaven (photo). L’épreuve, courue dans dans la communauté des nations, posant en ultime garant d’une Répu- des conditions épouvantables – pluie, Lire page 5 plus Vojislav Kostunica paraît isolé blique fédérale de Yougoslavie froid, boue –, a été marquée par de dans son palais fédéral. Extrême- (RFY, Serbie et Monténégro) mori- nombreuses chutes, dont celle de Philip- Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, ment populaire au sein de la popula- bonde, n’est-il pas devenu un obsta- 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; pe Gaumont, victime d’une fracture du Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; tion et fort respecté dans les capita- cle à la naissance, tant de fois repor- Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- fémur droit, sur les pavés de la tranchée gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; les européennes, le président Kostu- tée depuis les années 1968-1974 et Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; nica n’est toujours pas parvenu à la répression des « anarcho-libé- d’Arenberg. p. 14 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; démontrer, en six mois, qu’il est raux » belgradois, d’une Serbie libé- Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. l’homme grâce auquel le vent du rale, tolérante envers les autres peu- International...... 2 Entreprises...... 13 changement souffle et continuera ples balkaniques et ouverte sur le France...... 5 Aujourd’hui ...... 14 de souffler en Serbie. C’est sans monde du XXIe siècle ? M 0147 - 417 - 7,50 F Société...... 6 Météorologie ...... 17 doute la raison de sa popularité : il Carnet...... 8 Jeux ...... 17 incarne à la fois les valeurs du passé Rémy Ourdan Horizons ...... 9 Culture ...... 18 de la Serbie et, en tant que vain- 3:HJKLOH=UU\ZUV:?k@e@b@r@a; Abonnements ...... 11 Radio-Télévision ...... 21 queur de Milosevic, ses rêves pour Lire la suite page 12 2 INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001

PROCHE-ORIENT Pour la pre- l’aviation israélienne, lundi 16 avril. ge » à but dissuasif, était consécutif Tsahal. Un soldat israélien a été l’échelle régionale. b DANS LA mière fois depuis dix-neuf ans, une Deux militaires d’après certaines à une attaque anti-israélienne tué. b DAMAS n’avait pas encore BANDE DE GAZA, le camp de réfu- position de l’armée syrienne au sources, trois selon d’autres, ont menée deux jours plus tôt par le réagi, lundi matin, à ce raid, tandis giés de Khan Younis est un conden- Liban – en l’occurrence une station été tués et cinq autres blessés. b CE Hezbollah libanais au lieu-dit des que les autorités libanaises disent sé de l’histoire de l’exode du peuple radar – a été directement visée par RAID, qui pour Israël est un « messa- hameaux de Chebaa, occupé par craindre une escalade du conflit à palestinien. Israël a lancé son aviation contre une station radar syrienne au Liban Il s’agit de la première intervention de ce genre depuis 1982. Une position des forces de Damas, à l’est de Beyrouth, a été la cible, lundi 16 avril, d’une opération aérienne. Deux soldats au moins ont été tués au cours du raid mené après une attaque anti-israélienne par le Hezbollah libanais

DE LA PAROLE à l’acte il n’a fal- ministre de la défense, Benyamin mai 2000, de la zone dite « de sécu- occupé en 1978. Lesdits hameaux Jusqu’à dimanche, nul n’avait aujourd’hui, les interrogations se lu que quelques heures : après Ben Eliezer, après l’attaque, same- rité » au Liban sud, les opérations sont des terres libanaises, mais publiquement contesté la légitimi- font plus nombreuses quant aux ris- avoir prévenu qu’Israël tenait la di, par le Hezbollah d’une position militaires israéliennes, même de depuis les années 1950 l’armée té des opérations militaires du Hez- ques que des actions armées anti- Syrie et le Liban pour responsa- israélienne au lieu-dit des grande envergure, avaient visé des syrienne contrôlait ce secteur. bollah, qui bénéficiaient, de sur- israéliennes font courir au pays et à bles des actes du Hezbollah, l’avia- Hameaux de Chebaa, petite bande cibles libanaises, en particulier les Lors du tracé par les Nations unies croît, d’un soutien national quasi la région. Le Liban tente, en effet, tion israélienne a lancé un raid, de territoire revendiquée par le infrastructures. En 1996, lors de de la « ligne bleue » séparant Israël unanime, aussi longtemps qu’Israël laborieusement de se remettre sur lundi 16 avril à la première heure, Liban et occupée par Israël en l’opération « Raisins de la colère », du Liban après le repli israélien, le occupait la « zone de sécurité » au pied politiquement et économique- contre une station de radar syrien- 1967. Un soldat israélien avait été une position de l’armée syrienne gouvernement libanais avait fait Liban sud. La situation intérieure et ment et Israël est désormais gouver- ne, à Dahr-el-Baïdar, dans la mon- tué. Lundi matin, dans un commu- près de l’aéroport de Beyrouth valoir qu’il se réservait le droit de régionale n’étant plus la même né par un premier ministre de droi- tagne à l’est de Beyrouth, tuant niqué, le gouvernement israélien a avait bien été touchée, mais Israël les revendiquer lorsque serait tra- te, Ariel Sharon, dont le pays du « au moins deux soldats » syriens – de nouveau accusé Damas d’être avait affirmé que l’armée syrienne cée la frontière israélo-libanaise Cèdre garde les pires souvenirs, « au moins trois », disent certaines le tuteur des « opérations terro- n’était pas directement visée. proprement dite. Le Hezbollah Un « message clair » puisqu’il est en particulier le stratè- sources – et blessant cinq autres, ristes » du Hezbollah. Dans la mesure où elle a été avait prévenu, pour sa part, qu’il ge de l’invasion de 1982. d’après les services de sécurité liba- occupée en 1967, la zone des continuerait la « résistance » jus- selon les Israéliens Le quotidien Al-Mustaqbal, dont le nais. C’était la première fois QUESTIONS « FRANCHES » Hameaux de Chebaa n’obéissait qu’à la « libération du dernier pou- propriétaire est M. Hariri, a contesté, depuis dix-neuf ans que les forces Ce ne sont ni les premières accu- pas à la résolution 425 du Conseil ce » de territoire libanais. Il a Le raid qui a visé, lundi dimanche, l’opportunité de telles syriennes au Liban, évaluées à sations ni les premières mises en de sécurité de l’ONU, en vertu de mené six opérations israéliennes 16 avril, une station de radar opérations. « Les Hameaux de Che- quelque 35 000 hommes, étaient garde du genre, mais, depuis 1982, laquelle l’armée israélienne avait depuis octobre 2000, tuant deux syrienne au Liban est un « mes- baa : une opération au timing erro- directement visées. l’Etat juif n’était pas passé à l’acte. évacué le Liban il y a près d’un an soldats, en blessant deux et faisant sage clair », a déclaré Raanan Gis- né », a titré le journal sur six colon- « Cela est un développement dan- Avant l’évacuation par Israël, en et qui ne traitait que du territoire prisonniers trois autres. sin, porte-parole du premier nes à la « une ». « Pourquoi la gereux révélant, une nouvelle fois, la ministre israélien, Ariel Sharon. “résistance isalmique“ a-t-elle choisi méthode meurtrière du premier La Syrie visée au Liban et l'Intifada continue « La Syrie et les Palestiniens doi- de mener une opération dans les fer- ministre [israélien], Ariel Sharon, vent comprendre qu’il y a un nou- mes de Chebaa en ce moment pré- depuis son arrivée au pouvoir »,a LIBAN veau gouvernement en Israël et cis ?, s’est interrogé le journal. Quels Kfar Darom Erez estimé le président libanais, Emile Mer Baalbeck que les règles du jeu ont changé. » calculs (…) ont fondé une telle déci- Lahoud. « Cette méthode peut Méditerranée T LIBAN GAZA Par ailleurs, d’après une sion ? La conjoncture actuelle au SYRIE conduire à un affrontement géné- GOLAN BEYROUTH source gouvernementale, le Liban autorise-t-elle une telle opéra- MON ral », a-t-il ajouté. Le premier BEKAA ministre des affaires étrangères, tion avec toutes les conséquences politi- Dahr el-Baïdar ministre, Rafic Hariri, a pour sa CISJORDANIE Shimon Pérès, s’est opposé au ques, économiques et sociales qu’elle (QG syrien part accusé Israël de « chercher à BANDE JÉRUSALEM Chtaura raid, qu’il a jugé « inopportun » pourrait avoir ? » A ces questions et à DE GAZA au Liban) étendre la zone d’instabilité au Pro- Saïda LIBAN compte tenu des risques d’esca- d’autres, « franches, peut-être même Bethléem Goush che-Orient » et appelé « la commu- Deir al Balah lade, sans rejeter par principe ce abruptes », le chroniqueur du jour- nauté internationale à agir pour DAMAS Katif type d’opération. Ephraïm Sneh, nal a donné une réponse « fran- contenir une dangereuse escalade Beer Tyr Chebaa fermes Khan Younis ministre – travailliste – des trans- che » : « La résistance doit être un élé- Khan Sheva 28 000 réfugiés de la violence ». Dimanche, Israël Younis de Chebaa ports, a lui aussi pris ses dis- ment positif dans la stratégie de l’Etat avait averti que Beyrouth et Kiryat Chmona ISRAËL tances, alors que neuf autres de pour la libération de la terre occupée Damas « paieront le prix » de toute ISRAËL JORDANIE ses collègues ont approuvé l’opé- et dissuasif en cas d’agression israélien- SYRIE Rafah action anti-israélienne du Hezbol- COLONIES JUIVES ration lors d’une réunion extraor- ne et non un obstacle – même non ISRAËL 25 km lah. « S’ils pensent que nous demeu- GOLAN Rafah LOCALITÉS dinaire du cabinet de sécurité. intentionnel – à cette stratégie. » 50 km 5km ÉGYPTE PALESTINIENNES rerons les bras croisés, ils se trom- EX "ZONE DE SÉCURITÉ" ISRAÉLIENNE ÉGYPTE Lundi matin, Damas n’avait pas pent lourdement », avait déclaré le encore réagi. – (AFP.) f www.lemonde.fr/séquence/htlm Fatima, cinquante-trois ans à Khan Younis, « réfugiée dans un camp de réfugiés » KHAN YOUNIS (bande de Gaza) D’autres tentes ont été montées deux mois que je n’ai plus de travail. ges disproportionnés, qui ont fait une communauté frappée du Younis, comme ailleurs, des pro- de notre envoyé spécial pour accueillir ceux qui n’ont Nous dépendons du bon vouloir des trois morts et des dizaines de bles- même destin, que la méfiance des jets de relogement pour s’assurer Assise en tailleur, Fatima désormais plus de maisons. Les Israéliens pour aller faire les cour- sés, côté palestinien. « Ce n’était habitants de Khan Younis a enco- à la fois le contrôle de zones répu- Mohammad pince un coin de son blindés israéliens ont « nettoyé » ses, comme pour l’école et la santé, pas la première fois et ce ne sera re renforcée. Divisé en sept blocs tées difficiles et pour tenter de fai- voile pour masquer le bas de son le quartier, laissant derrière eux un car il n’y a pas de médecins ni d’ins- pas la dernière », estime Ibrahim désignés impersonnellement par re disparaître la question des réfu- champ de ruines. A moins de tituteurs de notre côté. Ils viennent Salman, un épicier installé pour- les premières lettres de l’alphabet giés en démantelant les camps. REPORTAGE 500 mètres de là, en contrebas, on de Khan Younis. Parfois, nous pou- tant à bonne distance de cette latin, le camp a grandi. Mais cette politique a vite montré distingue les toits de tuile rouge de vons rester quinze jours sans pou- ligne de front, mais qui a empilé Les sept mille réfugiés des ses limites et Khan Younis est res- Après l’opération la colonie de Neve Dekalim, dans voir passer. Aujourd’hui, ça va », té, avec ses habitants prêts à ren- de « nettoyage » le bloc de Goush Katif, et plus loin explique-t-il. trer chez eux « dès que cela sera effectuée par l’armée encore, le bleu de la mer. Cette Non loin, une camionnette Pas d’allègement du bouclage des territoires possible », comme l’assure Ibrahim israélienne contiguïté est à l’origine de l’offen- attend de pouvoir réceptionner Salman, arrivé là alors qu’il n’était sive israélienne lancée dans la nuit des légumes bloqués de l’autre Israël n’envisage pas d’alléger le bouclage des territoires palesti- qu’un nourrisson. du 10 au 11 avril. Les blindés ont côté du check-point. Au bord des niens « compte tenu de la poursuite des violences palestiniennes », a visage et ses tatouages de Bédoui- pris d’assaut le camp pour détruire ruines, des haut-parleurs crachent déclaré, dimanche 15 avril, Raanan Gissin, porte-parole du premier BARBELÉS ET MOBILE HOMES ne. La toile de tente qui l’abrite la les bâtiments à partir desquels, des chansons patriotiques de la ministre israélien, Ariel Sharon. Sur le terrain, quatre Palestiniens Pendant les premières années ramène plus d’un demi-siècle en selon les Israéliens, des miliciens Libanaise Julia Boutros. Des dra- ont été blessés, dimanche à Hébron, par l’armée israélienne lors d’un de l’occupation, les colons israé- arrière. « J’avais vingt ans lorsque palestiniens tirent régulièrement peaux vert et jaune du Hamas et échange de tirs. Auparavant, une voiture de colons israéliens avait liens installés sur le Sinaï conquis ma famille a fui notre maison de Bir sur la colonie juive. Comme à bien de la chebiba, le mouvement de été touchée par un tir palestinien, qui n’a pas fait de blessé. sur les Egyptiens venaient réguliè- el-Sabaa (Beer Sheva), racon- des endroits jugés stratégiques de jeunesse du Fatah, flottent sur les Le mouvement intégriste Hamas a, par ailleurs, affirmé qu’une cen- rement faire des achats à Khan te-t-elle. Après trois jours de mar- la bande de Gaza, ils ont fait table tentes. L’heure est à la trêve avant taine de ses militants étaient prêts à commettre des attentats suici- Younis. « Nous n’avions que de che, nous nous étions retrouvés près rase en parfaite violation des d’autres mêlées. des en Israël pour venger un de ses membres tué, samedi, dans une strictes relations commerciales avec de la bande de Gaza. Nous avions accords signés. En décembre 2000, une premiè- explosion que l’organisation a imputée à l’Etat juif – qui dément. Les eux, pas question de sympathiser, passé deux mois sous des tentes, re bataille rangée avait déjà oppo- Brigades des martyrs d’Al-Aqsa ont, de leur côté, revendiqué une des mais pas question non plus de s’op- dans le dénuement le plus complet, « CE NE SERA PAS LA DERNIÈRE » sé en pleine nuit l’armée israélien- deux attaques perpétrées, samedi, dans la localité de Kfar Saba, au poser à eux, l’armée israélienne avant d’être installés ici, à Khan Un peu plus loin, un homme ne et les Palestiniens. Quatre poli- nord de Tel-Aviv, et qui a fait un blessé. était présente partout », se sou- Younis, par les Nations unies. » Elle chargé de paquets et accompagné ciers palestiniens avaient été tués vient un cheikh. tapote de la main la bâche de plas- d’une femme portant un nourris- en défendant le camp. Les Israé- Après les accords israélo-égyp- tique qui constitue le sol de son son s’avance en direction de la liens s’étaient alors contentés de des sacs de sable devant sa bouti- débuts sont aujourd’hui vingt-huit tiens de 1979 de Camp David, les abri de fortune. « J’ai vécu ici cin- colonie, sur la route que barre un raser une barricade de sable instal- que. mille. Le camp s’est également colonies du Sinaï ont été rasées. quante-trois ans. Aujourd’hui, je check-point à la hauteur de la colo- lée aux portes du camp, du côté de Lorsque les réfugiés ont été ins- transformé au gré des hésitations « C’est à partir de ce moment que n’ai plus rien. Me voici à nouveau nie. Faouzi Abou Ahlin est l’un de la colonie, sur la route el-Bahar, tallés par l’ONU à la lisière de la vil- des gens, partagés entre le souhait les colons se sont installés ici. Des ter- réfugiée dans un camp de réfu- ces sept mille Palestiniens qui habi- pour protéger les habitants des le de Khan Younis, il n’y avait de vivre mieux et la volonté de ne res ont été confisquées aux grandes giés. » tent dans le bloc de Goush Katif, tirs. Cette fois-ci, ils sont entrés entre eux et la mer que des dunes pas s’installer et d’accepter ainsi familles de la ville de Khan Younis, Autour de la tente de Fatima, un coincés dans une zone sous contrô- plus en profondeur. Les murs de sable blond. Rapidement, s’est leur sort de déracinés. Puis les des barbelés ont été installés, puis il spectacle de désolation s’étend sur le total israélien. « J’étais employé piquetés d’impacts des bâtiments forgée dans le camp une identité, Israéliens ont conquis la bande de y a eu des routes, l’électricité, l’eau, des dizaines de mètres carrés. dans les serres des colons, mais il y a alentour disent la dureté d’échan- un sentiment d’appartenance à Gaza, en 1967, et ont lancé à Khan des mobile homes, et enfin les colons israéliens sont arrivés. Certains venaient d’Irak, d’autres du Yémen et de Tunisie, se souvient un voisin. A Bethléem, quelques rares, très rares pèlerins chevronnés... Ils ont creusé des puits, ont pompé sans retenue. Nous avons pu en BETHLÉEM Depuis le début de la seconde Intifada, le d’une demi-heure, les uns et les autres, ini- Les soldats, des jeunes de dix-huit à vingt mesurer les conséquences, la qualité de notre envoyée spéciale 29 septembre 2000, les hôtels de Bethléem tialement séparés de quelque 500 mètres, ans pour la plupart, n’ont guère résisté aux de notre eau a baissé. » Il n’y a plus âme qui vive au Paradis. sont tous fermés, la ville étant régulière- se sont chaleureusement étreints pour fêter manifestants. Sans doute des ordres Très vite, pourtant, les colons Depuis six mois, personne n’en a poussé la ment soumise au blocus israélien. Seules les cette « victoire », à laquelle aucun ne avaient-ils été donnés dans ce sens, mais le ont également embauché des porte, pourtant restée ouverte. Le gardien communautés religieuses continuent d’ac- croyait. Il est vrai que les organisateurs, dialogue, voire la complicité qui se sont Palestiniens pour travailler dans des lieux est toujours là, fidèle, prêt à cueillir quelques rares, très rares pèlerins Gouch Shalom, la Coalition des femmes, créés entre contestataires et forces de sécu- leurs serres. « Que voulez-vous, ici, accueillir celui ou celle qui viendrait à pas- chevronnés, qui font fi des contrôles israé- côté israélien, et le Centre palestinien pour rité étaient spontanés. il n’y avait pas de travail, à moins ser. Mais, de visiteurs, point. Il est vrai que, liens. La basilique de la Nativité, bâtie par le rapprochement entre les peuples avaient Avec le sourire, les premiers ont distribué de partir en chercher en Israël », ces derniers temps, le Paradis et ses alen- l’empereur Constantin en 325, immense et réussi à mobiliser près de quatre cents per- aux seconds de petits papillons où il était raconte l’un des quarante réfugiés tours sont dans une zone à risques. sobre, résonnant autrefois du cliquetis des sonnes – un nombre qui, à l’échelle du pays, écrit : « L’occupation est finie, tu peux ren- du quartier employés dans la colo- Situé à l’entrée de Bethléem, cet hôtel qui appareils photo, est désormais habitée d’un est loin d’être insignifiant –, des Israéliens trer chez toi ». Puis ils ont tenté d’expliquer nie. Une cohabitation s’est instau- se dresse à quelque 200 mètres du tombeau pesant silence, que nul visiteur indélicat ne pour une bonne moitié, les Palestiniens ne le sens de leurs banderoles, qui portaient rée, chacun vivant de son côté, de Rachel, étroitement protégé par l’armée vient plus troubler. représentant que 20 % environ, tandis que les inscriptions « Le blocage est un crime de avec l’armée israélienne toujours israélienne, a été le 2 avril le théâtre de vio- le reste était des étrangers venus soutenir guerre » ou encore « Il existe une solution : sur le qui-vive. Puis il y a eu la pre- lents affrontements entre Tsahal et des Pales- COMPLICITÉ SPONTANÉE ces derniers. Pour Dan, quinquagénaire de sortir des territoires ». Les soldats écou- mière Intifada, en 1987, les tiniens qui s’étaient réfugiés dans le bâti- Les fêtes de Pâques n’y ont rien changé. Tel-Aviv, « c’est un signe, parmi d’autres, du taient et répondaient, à moitié convaincus accords d’Oslo, six ans plus tard, ment, déserté de ses habituels touristes. Un Samedi 14 avril, la fermeture était même réveil de la population israélienne ». de la pertinence de leurs propres argu- et enfin l’évacuation partielle de soldat israélien est mort. Les roquettes tirées particulièrement sévère. L’armée avait mul- Autres indices de cette tendance encore ments. Quelques-uns semblaient dire : Gaza. Face au camp de Khan You- par Tsahal ont sérieusement endommagé tiplié les barrages, l’objectif étant d’empê- balbutiante : la contestation qui monte « Après tout, peut-être que tout cela ne nis, les colonies, elles, sont res- une quinzaine de chambres des étages supé- cher deux groupes de militants, manifes- dans les rangs des soldats réservistes et sert à rien et que ce sont eux qui ont rai- tées, perpétuant l’occupation et sa rieurs de l’aile nord. Nul besoin d’entrepren- tant de part et d’autre de la « frontière » l’émergence d’un ton critique à l’égard du son… » violence. dre rapidement des travaux, aucune réserva- contre le bouclage et l’occupation, de se gouvernement d’Ariel Sharon parmi les édi- tion n’est enregistrée à moyen terme. joindre au check point. En vain. En moins torialistes du quotidien de gauche Haaretz. Catherine Dupeyron Gilles Paris INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001 / 3 Jean Paul II : « La paix Joseph Kabila installe son pouvoir à la tête du Congo-Kinshasa Trois mois après l’assassinat de son père, l’autocrate Laurent-Désiré Kabila, le jeune président (29 ans) de la RDC est possible congédie la vieille garde du régime et forme un gouvernement composé d’universitaires et d’experts Trois mois après l’attentat qui a coûté la vie à défunt, Jospeh Kabila (29 ans), porté à la tête international à sa démarche de pacification. entre les alliés extérieurs de Kinshasa. Dans en Terre sainte Laurent-Désiré Kabila, l’homme qui régnait de l’Etat par les alliés angolais et zimba- Samedi 14 avril, il a présenté son premier gou- un entretien au Monde, Joseph Kabila indique sans partage sur la République démocratique bwéens de son père, a procédé avec métho- vernement. Il s’est débarrassé de la vieille gar- qu’il souhaite revenir à l’ordre constitutionnel du Congo (RDC, ex-Zaïre), le pays n’a pas plon- de. En trois mois, il s’est rendu dans dix-huit de de son père pour s’entourer de gestionnai- par des élections. Pour ses compatriotes, le et à Jérusalem » gé dans le chaos. Le jeune fils du président capitales étrangères pour obtenir un soutien res, tout en respectant l’équilibre des forces jeune président reste encore une énigme. LES JUIFS ont célébré, samedi KINSHASA père qui retient l’attention et susci- Dans le nouvel ordre de préséan- ph Kabila a fait appel à toutes les – 120 millions d’euros – à des préa- soir 14 avril, le dernier jour de de notre envoyé spécial te l’approbation des Congolais. ce, le chef de la diplomatie – confir- régions, y compris celles passées lables politiques, notamment l’en- Pessah, la Pâque juive qui commé- En formant son premier gouver- Joseph Kabila a renvoyé les trois mé à son poste –, Léonard She Oki- sous le contrôle des mouvements gagement d’un « dialogue inter- more la sortie d’Egypte du peuple nement, Joseph Kabila s’est débar- ministres d’Etat de son père : le tundu, très apprécié des Occiden- rebelles militairement soutenus congolais » qui inclurait l’opposi- hébreu. Le lendemain, les chré- rassé du « conseil de régence » titulaire de l’intérieur, Gaëtan taux, tient le premier rang. par le Rwanda et l’Ouganda. En tion armée. La France, qui a égale- tiens de toutes les confessions que constituait l’ancien cabinet Kakudji, celui de la justice, Abdou- nommant « ministre à la présiden- ment rompu sa coopération – deux milliards d’hommes dans le hérité de son père-président. Trois laye Yerodia, et le ministre sans CAISSES VIDES ce » Augustin Mwanke, le gouver- depuis dix ans, a octroyé l’an passé monde – ont aussi fêté leur Pâque, mois après l’assassinat, à Kinsha- portefeuille, directement rattaché « Le gouvernement devient une neur de la riche province minière 40 millions de francs – surtout de exceptionnellement le même jour, sa, de Laurent-Désiré Kabila, à la présidence, Pierre-Victor université, une école de manage- du Katanga, il a moins affirmé la l’aide humanitaire – là où elle dimanche 15 (Le Monde daté auquel il a succédé, le jeune chef Mpoyo. Ils partagent le sort ment », s’est réjoui un diplomate prédominance de son fief familial accordait 500 millions en 1990. Le 15-16 avril). Catholiques, protes- de la République démocratique du qu’avait déjà subi, mercredi en poste à Kinshasa. Soucieux qu’il n’a envoyé un signal à l’Afri- nombre de ses coopérants est pas- tants et orthodoxes ont, pour une Congo (RDC) a congédié, samedi 11 avril, le chef de la police, Céles- d’équilibre entre les onze provin- que du Sud, la principale puissan- sé de près de 150 à 2 actuellement. fois, célébré ensemble la Résurrec- 14 avril, la vieille garde du régime tin Kifwa, un beau-fils du défunt ces d’un pays-continent grand ce régionale. Ingénieur des mines, Sans crainte de l’« implosion » tion du Christ, qui est le pilier de la pour s’entourer de professeurs président. comme l’Europe occidentale, Jose- le nouvel homme fort du président du régime qu’on prédisait à la foi chrétienne. d’université et d’experts, dont cer- y a longtemps vécu et travaillé. mort de son père, Joseph Kabila a Le climat n’était pourtant pas à tains ont vécu à l’étranger. En regroupant l’économie, les pris tout son temps pour recompo- la trêve au Proche-Orient. A Jéru- Dans un pays qui, après deux Premier accroc dans le déploiement des casques bleus finances et le budget dans un seul ser les cercles du pouvoir à Kinsha- salem, Mgr Michel Sabbah, pa- ans et demi d’une guerre régionale ministère, le président congolais a sa : d’abord son cabinet présiden- triarche latin, a déclaré dans son dévastatrice, vient de s’engager Un avion transportant 120 casques bleus marocains a été interdit voulu se donner les moyens de tiel, puis l’appareil sécuritaire et, homélie de la messe de la Résurrec- dans un processus de pacification d’atterrissage, dimanche 15 avril, à Kisangani, dans l’est de la Républi- relever le défi principal : la relance pour finir, le gouvernement. Dans tion, au Saint-Sépulcre, que la sous les auspices des Nations que démocratique du Congo (RDC), par le principal mouvement rebel- des affaires dans un pays exsangue un premier temps, il a écarté le répression israélienne de l’Intifada unies, l’équilibre entre les princi- le, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), soutenu et le renflouement des caisses de chef d’état-major particulier de ne parviendrait pas à « tuer paux alliés a été respecté : un hom- par le Rwanda. L’avion a été obligé de se dérouter sur la capitale cen- l’Etat. Celles-ci sont vides, de son père, le colonel Eddy Kapend. l’âme » du peuple palestinien. De me de confiance du Zimbabwe, trafricaine, Bangui, en attendant l’aboutissement des négociations l’aveu du gouverneur de la Banque Arrêté le 19 février sous l’accusa- leur côté, les grecs orthodoxes, qui Mwenze Kongolo, s’est vu confier entre le mouvement rebelle et la Mission des Nations unies (Monuc), centrale. Or, tout en lui conférant tion d’être mêlé à l’attentat, celui- célébraient aussi Pâques le même la sécurité nationale et l’ordre engagées par l’intermédiaire du chef des forces onusiennes, le général une légitimité inattendue, au vu de ci attend l’ouverture de son procès jour que leurs traditionnels rivaux public ; un homme de confiance sénégalais Moutanga Diallo. sa succession dynastique à un père- à la prison de Kinshasa, gardé par latins, étaient venus en cortège de de l’Angola, Irung Awane, a été Samedi, le RCD avait indiqué que le déploiement de ce nouveau con- président autoproclamé, les pays des militaires zimbabwéens. leur patriarcat jusqu’au Saint- nommé ministre délégué à la tingent de casques bleus n’intervenait pas au moment approprié. Les occidentaux n’ont pas encore délié Sépulcre, dans les rues de la vieille défense. rebelles accusent Kinshasa de violer le cessez-le-feu, notamment dans leurs bourses. S. Sm. ville. Mais c’est le départ des « ton- le Kasaï (Centre) et le Katanga (Sud), alors que tous les belligérants se L’Union européenne a condition- Le Proche-Orient a été au centre tons » et des « cousins » de Kabila sont engagés à se retirer à 15 kilomètres des lignes de front. – (AFP.) né le déblocage de ses fonds f www.lemonde.fr/rdc des appels à la paix lancés, diman- che 15 à Rome, dans son message pascal par Jean Paul II. « En ce jour Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo (RDC) de Pâques, redécouvrez que le monde n’est plus esclave d’événe- ments inéluctables », a affirmé le « Il faut organiser des élections locales dans les meilleurs délais » pape, devant 100 000 fidèles et pèlerins rassemblés place Saint- « Trois mois après l’assassinat faut pas en faire une condition teur » du dialogue intercongolais, depuis deux ans et demi, plus de « forces négatives » — essentiel- Pierre. « La paix est possible, a t-il de votre père, avez-vous voulu préalable au départ des agres- l’ancien président botswanais 2 millions de Congolais sont lement les interahamwes – souligné, même là où, depuis trop former un gouvernement de rup- seurs. C’est complètement faux. Ketumile Masire, figure la proposi- morts. Comment faut-il qualifier soient maîtrisées. Etes-vous d’ac- longtemps, on combat et on meurt, ture avec le passé ? On ne peut pas dialoguer entre tion d’organiser dans les meilleurs cela ? C’est un génocide. Il n’y a cord ? comme en Terre sainte et à Jéru- – Non, pas du tout. Dans mon Congolais en présence d’envahis- délais des élections locales, qui per- pas d’autre mot. Seulement la com- – C’est un prétexte. Ce ne sont salem. » esprit, il s’agissait de renouveler seurs. Aujourd’hui, quand il est mettraient de désigner des porte- munauté internationale a été soit pas les Congolais qui ont créé ces l’équipe. Il y avait beaucoup de question de tenir une réunion parole vraiment représentatifs. Ce aveugle, soit d’accord avec ce que « forces négatives ». Il s’agit de for- UNE FATIGUE VISIBLE ministres qui avaient travaillé entre Congolais à Béni [dans le serait ma préférence, au lieu de nous avons subi. ces rwandaises. C’est leur problè- La paix est possible, insistait depuis quatre ans. Le moment nord-est du pays], qui nous garan- s’en remettre aux vieux partis poli- – Toute la communauté inter- me. Et puis il y a le rapport d’un encore Jean Paul II, dans les Bal- était venu pour qu’ils se reposent tit que ce ne sont pas les Ougan- tiques qui ne se sont jamais sou- nationale ? panel d’experts de l’ONU sur le kans, puis en Afrique, « terre marty- un peu. Il y a 60 millions de Congo- – Non, certainement y a-t-il des pillage de nos richesses minières, risée par des conflits sans cesse en lais. Ce n’est donc pas le choix qui distinctions à faire. La France, par qui doit être rendu public inces- embuscade » ; dans l’Asie, « ber- manque. Nous avons voulu ame- « Depuis deux ans exemple, nous a beaucoup samment. Alors, on verra ce qui ceau de traditions spirituelles millé- ner tout le monde, des personnes appuyés au sein du Conseil de sécu- motive vraiment la présence mili- naires », qui doit « vaincre le défi issues de la diaspora et des compé- et demi, plus de rité de l’ONU. Mais d’autres pays taire rwandaise au Congo : les inte- de la tolérance et de la solidarité » ; tences à l’intérieur du pays. ont pratiqué l’hypocrisie. Pour rahamwes, que le Rwanda met tou- en Amérique latine, « vivier de – Quelles sont les priorités du 2 millions de Congolais expliquer le bien-fondé de notre jours en avant comme excuse, ou jeunes promesses », qui doit « trou- nouveau gouvernement ? cause, j’ai beaucoup voyagé ces der- nos richesses qu’ils exploitent. ver dans le Christ la capacité et le – Tout d’abord, la paix et la sécu- sont morts. Comment nières semaines. Notre population – Le rapport de l’ONU sur le courage pour un développement res- rité. Nous avons signé les accords est massacrée. On parle sans cesse pillage au Congo ne mettra-t-il pectueux de tout être humain ». de Lusaka [conclus en juillet 1999 faut-il qualifier cela ? des interahamwes [extrémistes pas aussi en exergue les abus de Jean Paul II a exhorté tous les par tous les belligérants, neuf Etats hutus responsables du génocide anti- l’un de vos alliés, le Zimbabwe, continents à « combattre les forces ou mouvements rebelles]. Le nou- C’est un génocide. Il tutsi de 1994 au Rwanda]. Mais qui qui met le Congo en coupe du mal et de la mort », avant de veau gouvernement continuera à parle de ce qui se passe dans nos réglée ? prier pour que les Eglises d’Orient respecter cet engagement mais, JOSEPH KABILA n’y a pas d’autre mot » provinces de l’est ou, au sud, au – Entre nous et le Zimbabwe, il et d’Occident, exceptionnellement surtout, il essaiera de ramener la Katanga ? Personne. existe des joint-ventures. Ce n’est unies ce jour de Pâques, « pour- paix au Congo. C’est l’essentiel. – Malgré tout, vous avez rencon- pas du pillage. suivent leur marche, avec un cou- – Vous semblez gêné par la let- dais qui l’organisent ? Voilà pour- mis au test des urnes. Evidem- tré le président rwandais Paul – Même si ces accords lient plu- rage renouvelé, sur la voie de la tre des accords de Lusaka. Le quoi nous insistons sur le retrait ment, dans les zones qui sont Kagamé. Seriez-vous également tôt des dirigeants des deux pays réconciliation et de la pleine com- lien qui y est établi entre le « dia- des forces d’agression. En même actuellement occupées, cela suppo- prêt à rencontrer le chef de l’Etat à titre personnel ? munion ». Enfin, comme le veut la logue intercongolais » et le départ temps, nous préparons le dialogue serait au préalable le retrait des ougandais, Yoweri Museveni ? – Les accords qui existent lient tradition pascale, il a donné sa des troupes étrangères vous intercongolais. Le problème est de troupes étrangères. – Je veux rencontrer tout le mon- les deux Etats, et non pas des indi- bénédiction urbi et orbi en plus de pose-t-il problème ? savoir qui, dans ce dialogue, va – Estimez-vous que cette de pour l’avènement de la paix vidus. Nous pouvons en apporter soixante langues. – Bien sûr ! Les troupes étrangè- représenter le peuple congolais. « agression » n’a pas été suffisam- dans la région des Grands Lacs. Si la preuve. Le pape, qui aura quatre-vingt- res du Rwanda, de l’Ouganda et du – Des partis politiques dont la ment prise en considération par j’ai rencontré le président Kaga- – Et si, par exemple, le rapport un ans le 18 mai, est apparu très Burundi qui se trouvent chez nous représentativité est loin d’être la communauté internationale ? mé, pourquoi pas le président révélait que des dignitaires éprouvé par les cérémonies de la ne devraient pas être ici. C’est une évidente… – Tout à fait. Au Rwanda, pen- Museveni ? Je n’y vois aucun pro- congolais se sont liés en affaires semaine sainte. S’il avait pu confes- violation de la légalité internatio- – Justement. C’est pourquoi il dant le génocide de 1994, c’était blème. avec des partenaires ougandais, ser lui-même le jeudi saint dans la nale. Elles doivent partir, sans con- faudrait aller au plus vite aux élec- clair. Les médias étaient tous là, ils – Comme préalable au retrait considéreriez-vous ce fait com- basilique Saint-Pierre, le lende- dition. Maintenant, pour ce qui est tions. Parmi les suggestions que ont témoigné. Mais au Congo on de ses troupes, le Rwanda exige me une haute trahison ? main vendredi 13 avril il avait dû du dialogue intercongolais, il ne nous avons faites au « facilita- ne sait pas ce qui se passe. Or, que, dans l’est du Congo, les – Bien sûr. Ils seraient traduits renoncer à suivre à pied le chemin en justice ! La loi est là pour ça. de croix du Colisée, pour la pre- – Etes-vous, à ce stade, satis- mière fois depuis le début de son fait de l’action des Nations unies pontificat en 1978. Dimanche, lors Solitaire, le président-héritier reste une énigme pour ses compatriotes au Congo ? de la longue messe de Pâques, il a – Non, parce qu’il était prévu aussi témoigné d’une difficulté de KINSHASA peut-être chez lui l’Etat, son appa- invoquant, à grand renfort de psau- pays et pour rencontrer une ving- que l’ONU envoie ici 5 000 hom- plus en plus grande à marcher et a de notre envoyé spécial reil et son apparat. Dans les trois mes, Dieu et sa colère, il a ipso fac- taine de chefs d’Etat. « Maintenant mes. Ce qui était déjà peu, par rap- été contraint de renoncer, une fois Il n’a pas encore fait décrocher le jours qui ont suivi son investiture, to signé sa lettre de démission. que le président a fait le tour du port à d’autres missions, par exem- de plus, à prononcer sa bénédic- portrait officiel de son père, omni- il est passé par l’Elysée, la Maison La vie de Joseph Kabila s’est accé- monde, il faudra qu’il se consacre ple au Kosovo. Puis on a réduit le tion pascale depuis la loggia cen- présent. En revanche, depuis une Blanche, le Palais royal à Bruxelles. lérée, mais il s’est arraché lui- aux attentes du peuple », écrivait nombre des casques bleus à 3 500. trale de la basilique Saint-Pierre, Mais, pour l’instant, il rentre le soir même à ce qui lui restait d’ancrage. récemment Le Phare, un quotidien Ce n’est pas bien. Je ne suis donc en raison de la distance à parcou- PORTRAIT dans sa modeste villa d’officier à Sans fief familial indiscutable, sans de Kinshasa. Pour lui, ce sera le pas à 100 % satisfait, même si rir le long des couloirs du Vatican. l’intérieur d’une cité naguère bâtie compagnons d’armes et sans base plus difficile : il devra se mêler aux l’ONU a commencé à déployer ses Les traitements médicaux admi- Joseph Kabila n’a ni fief, pour accueillir un sommet de l’Or- politique, il apparaît nécessaire- Congolais, faire de la politique troupes, à assumer sa mission. nistrés pour soigner sa maladie de ni compagnons d’armes, ganisation de l’unité africaine ment « ailleurs », comme en lévita- dans le plus grand marécage de – Qu’avez-vous découvert Parkinson ont des retombées sur ni base politique : c’est (OUA). tion par rapport à tout ce qui cons- l’Afrique centrale. Solitaire, il dans votre nouveau rôle de chef sa musculature, explique Gianfran- sa force et sa faiblesse Il abhorre la familiarité. Deux de titue la trame de l’existence au Con- devra se faire commun. de l’Etat ? co Fineschi, l’un de ses médecins, ses anciens ministres, limogés, en go. C’est à la fois une force et une Du vivant de son père, Joseph – Pas grand-chose. En fait, rien. cités par l’AFP. La mobilité des ont fait l’expérience. Abdoulaye faiblesse. Cette apesanteur sociale Kabila avait été, une fois, convié à – Pas même le faste du proto- gestes et du visage du pape est très dizaine de jours, il a réintégré, Yerodia, grand ami et « camarade lui a permis de faire irruption à la un déjeuner assez restreint, cole, le tapis rouge, les sirènes réduite, les tremblements de la pour y recevoir, l’un des pavillons de lutte » de son père, s’était per- tête de l’Etat, comme le plus petit auquel participaient notamment le hurlantes ? main gauche sont de moins en du Palais de marbre, là où Laurent- mis de l’apostropher : « Président dénominateur commun des président gabonais Omar Bongo – Si, mais ça me gêne plutôt. moins contrôlables, et une hémi- Désiré Kabila a été assassiné, le fiston ». Il a été aussitôt évincé du « camarades de lutte » de son père. et le président du Congo-Brazza- J’aimerais rester un homme libre. plégie faciale rend son élocution 16 janvier. Assis au fond d’un vaste premier cercle. Ceux-ci n’auront pas mis long- ville, Denis Sassou Nguesso. L’un Ce sont des contraintes. Mais encore plus difficile. Mais sa force salon, l’homme qui partage avec Le ministre de la communication temps à comprendre que l’héritier des convives se souvient que, pen- enfin je pense pouvoir vivre avec. de caractère et sa capacité de domi- les deux tiers des Congolais l’ambi- de Laurent-Désiré Kabila, Domini- du pouvoir n’est pas intimidé par dant tout le repas, le fils de Lau- – Parce que vous voudriez res- ner la souffrance font toujours l’ad- valent privilège d’avoir moins de que Sakombi – qui avait déjà été la fonction présidentielle. Déjà, rent-Désiré Kabila ne desserra pas ter au pouvoir ? miration des fidèles, venus encore trente ans ne trahit pas facilement dans une vie antérieure thuriférai- autour de lui, il a fait place nette. les dents, tout en montrant aima- – Cela dépend. Si on laisse le nombreux à Rome pour la se- ses émotions. Aux yeux de ses com- re en chef du maréchal Mobutu —, blement qu’il suivait le cours de la pouvoir, entre les mains de qui maine sainte. patriotes, pour le moins expansifs, s’était avisé de concevoir des spots « BON APPÉTIT » conversation. A l’arrivée, en tout tombe-t-il ? C’est une question Deux voyages difficiles atten- il est une énigme indéchiffrable. publicitaires à la gloire de « Kabila Mais c’est aussi le vide qui le et pour tout, il n’avait dit que importante. Je voudrais que le peu- dent le pape en Grèce, en Syrie et Entré comme une météorite junior » pour la télévision. Désa- guette. Commis voyageur de la « bon appétit ». Dorénavant, à la ple congolais en décide. Par quel à Malte du 4 au 10 mai, et en dans les hautes sphères nationale voué, il a été remis à sa place. cause du Congo, envahi et pillé place où il est, qui plus est tout moyen ? En allant aux élections. » Ukraine du 21 au 24 juin. et internationale, Joseph Kabila, à Quand, pour sauver son fauteuil par ses voisins, Joseph Kabila a seul, cela ne suffira pas. 29 ans, recouvre d’un masque figé au sein du gouvernement, il a effectué depuis trois mois sept Propos recueillis par Henri Tincq la commotion que provoquent envoyé une lettre au président en périples à l’étranger, dans dix-huit S. Sm. Stephen Smith 4 / LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001 INTERNATIONAL Grève de la faim des détenus Russie : les journalistes démissionnaires de NTV en Turquie : deux nouveaux décès ANKARA. La grève de la faim des détenus turcs qui protestent contre rejoignent une autre petite chaîne de télévision une réforme des prisons a fait un treizième mort, lundi 16 avril, rap- porte l’agence turque Anatolie. Sedat Gursel Akmaz, 41 ans, emprison- né pour appartenance au groupe d’extrême gauche armé clandestin Vladimir Poutine ignore l’affaire et se rend dans le Caucase DHKP-C (Front-Parti révolutionnaire de libération du peuple), est décédé dans un hôpital d’Izmir. Au moment où sa police occupait les locaux de la fois depuis son élection. La majorité des journalis- petite chaîne moscovite, TNT, alors que leurs La veille, une étudiante de 19 ans, dont l’oncle est détenu, est morte télévision NTV, Vladimir Poutine se rendait, tes de NTV, démissionnaires, ont diffusé, diman- chefs négociaient une alliance avec Boris Berezo- au 137e jour de l’ action de soutien aux prisonniers qu’elle menait dans samedi 14 avril, en Tchétchénie, pour la première che, leurs bulletins d’information sur une autre vski, leur ex-rival (lire notre éditorial page 12.) une maison d’Istanbul avec d’autres membres de la famille. Ces deux nouveaux décès portent à 13, (11 détenus et deux membres de leurs MOSCOU sieurs journaux d’information. rim de TV6 avec le soutien des jour- réveillé quelques responsables familles), le bilan du mouvement. Quelque 300 à 400 prisonniers de notre correspondant Evgueni Kisselev, directeur général nalistes démissionnaires de NTV. politiques mais surtout les diffé- observent une grève de la faim et plus d’une centaine ont été hospitali- Vladimir Poutine n’a pas eu un limogé de NTV, y a réalisé son émis- L’enjeu serait de négocier avec rents mouvements de défense des sés dans un état critique, selon l’IHD. – (AFP.) mot pour commenter l’événement sion politique vedette « Itogui ». M. Berezovski un contrat de trois droits de l’homme et d’autres orga- qui occupe depuis trois jours une Pendant ce temps, son ancienne ans garantissant l’indépendance nisations de la société civile. bonne partie de la Russie : la désin- chaîne, en panne de journalistes et de la nouvelle équipe. Cette arri- « C’est un jour noir, on tue la Retour triomphal aux Etats-Unis tégration de la chaîne de télévision de programmes, n’avait à diffuser vée est mal vue par l’équipe actuel- meilleure des chaînes de télévision privée NTV, créée par Vladimir qu’un film de Louis de Funès. « Une le de TV6, soudain mise de côté. parce qu’elle ne rentrait pas dans le Goussinski, et la bataille politique quarantaine d’excellents journalistes « Il n’y a pas de complot contre eux, cadre de la nouvelle doctrine de l’in- de l’équipage de l’avion-espion EP-3 qui s’est engagée au nom de «la sont partis et je le regrette », consta- l’important est de fusionner nos formation édictée par le pouvoir », liberté d’expression ». Le président tait Vladimir Koulistikov, nouveau WASHINGTON. Plusieurs des 24 militaires de l’avion-espion améri- s’est pourtant assuré une omnipré- rédacteur en chef de NTV, venu de cain EP-3, accueillis en héros, samedi soir 14 avril, sur la base de Whid- sence médiatique durant ce week- l’agence gouvernementale d’infor- M. Poutine s’indigne des arriérés de solde des militaires bey (nord-ouest), ont indiqué sur les télévisions américaines que leurs end pascal. Samedi, alors que la nou- mations Ria-Novosti. gardiens chinois avaient « constamment » réclamé des excuses en velle direction nommée par le grou- Le président russe s’est rendu, samedi 14 avril, en Tchétchénie, pour menaçant de les garder. Pendant les onze jours de détention sur l’île pe Gazprom prenait de force posses- VERS UNE ALLIANCE AVEC BEREZOVSKI la première fois depuis plus d’un an. Officiellement, il entendait exami- chinoise de Hainan, « ils ont réclamé des excuses, ils nous lisaient les sion des locaux de NTV, il s’envolait « NTV était notre maison que des ner le problème « écœurant », a-t-il dit, des arriérés de soldes des mili- chefs d’inculpation », a déclaré le lieutenant Shane Osborn, pilote de pour la Tchétchénie. Dimanche, il gens cyniques sont venus détruire, taires – auxquels ceux-ci pallient par le racket de la population. Vladi- l’EP-3, en précisant qu’il était séparé du reste de l’équipage sauf pen- assistait aux offices religieux et se aujourd’hui je suis prêt à construire mir Poutine est aussi allé là où quatre-vingt quatre parachutistes dant les repas. voyait complimenter par le patria- une nouvelle maison et je me sens les furent tués il y a un an. Comme ses camarades, il a indiqué avoir été bien traité par ses gar- che Alexis II, fervent soutien de la forces pour le faire », a expliqué La précarité de l’emprise des forces russes en Tchétchénie a été mise diens chinois, à l’exception de réveils réguliers, sous les prétextes les guerre en Tchétchénie. M. Kisselev. Un nouveau partenaire en évidence par un attentat qui a coûté la vie à un nouveau haut res- plus divers, une technique d’interrogatoire bien connue. « Oui, j’ai été Mais M. Poutine aura du mal à serait trouvé : Boris Berezovski, le ponsable de leur administration en Tchétchénie, le procureur général privé de sommeil », a-t-il dit. – (AFP.) contourner ce qui menace de deve- sulfureux homme d’affaires qui fut adjoint de Grozny, un Russe de Saint-Pétersbourg. – (AFP., Reuters.) f www.lemonde.fr/chineusa nir une crise embarrassante pour un des artisans, en 1999, de l’offensi- le Kremlin. Le contrôle effectif ve contre NTV, mais qui est désor- qu’exerce, depuis samedi 14 avril, mais en conflit ouvert avec le deux potentiels créatifs et de garan- estimait, samedi, Mikhaïl Fedotov, Une bombe à mortier désamorcée Gazprom – bras armé du Kremlin Kremlin. M. Berezovski contrôle tir une vraie indépendance pour secrétaire de l’Union des journalis- dans cette affaire – sur NTV provo- encore une chaîne de télévision, construire une nouvelle chaîne »,se tes. « Mes vieux amis du samizdat que des réactions en série. La pre- TV6, et se dit tout prêt à accueillir défend M. Kisselev. (publications clandestines du en Irlande du Nord mière est la mobilisation des jour- les journalistes de NTV, voire à L’alliance des deux oligarques temps de l’URSS), préparez-vous à nalistes de la chaîne. La majorité fusionner sa chaîne avec TNT pour ennemis, Vladimir Goussinski et prendre la relève car il faut toujours BELFAST. L’armée britannique a désamorcé, dimanche 15 avril, une d’entre-eux, une centaine dont les constituer un canal à diffusion Boris Berezovski, si elle se confir- que quelqu’un dise la vérité »,a bombe à mortier, empaquetée avec 90 kg d’explosifs artisanaux, dans principales vedettes, a démission- nationale. mait, pourrait causer quelques déclaré, dimanche dans un messa- une camionnette cachée dans la forêt d’Altmore (comté de Tyrone), né. L’équipe s’est installée sur la « Berezovski est un personnage dégâts au Kremlin. Car cette ge à la radio de Moscou, Elena en Irlande du Nord, a indiqué la police nord-irlandaise. Les soupçons petite chaîne TNT, également pro- contradictoire mais nous n’avons guerre des ondes s’appuie sur un Bonner, veuve d’Andreï Sakharov. se portent sur des dissidents républicains opposés au processus de priété de M. Goussinski, diffusée pas d’autres possibilités », estimait, débat grandissant sur l’état de la paix. Scotland Yard attribue à l’IRA- véritable, l’organisation dissiden- dans quelques quartiers de Mos- lundi dans les Izvestias, Evgueni Kis- liberté de la presse en Russie. La François Bonnet te la plus active, un attentat à la bombe commis contre un bureau de cou et plusieurs régions russes. selev. Dimanche, il acceptait d’être disparition du seul média de mas- poste du nord de Londres, dans la nuit de samedi à dimanche, et qui Dimanche, elle a transmis plu- nommé directeur général par inte- se critique envers le Kremlin a f www.lemonde.fr/russie n’a pas fait de victime. Par ailleurs, Gerry Adams, le chef du Sinn Fein, a appelé ses troupes à « faire plus » pour l’unification de l’Irlande, mais sans recourir à la vio- lence. « Nous devons continuer à bâtir notre force électorale », a ajouté Le numéro deux de l’administration prorusse en Tchétchénie victime d’un attentat M. Adams dans un discours prononcé à l’occasion des commémora- tions de l’insurrection irlandaise de Pâques 1916, à deux mois des élec- Un jour de joie dans son village natal d’Avtoury tions en Irlande du Nord.- (AFP.) DEPÊCHES POUR LES AGENCES de presse, beaucoup de fils membres du KGB, prisonniers avant d’être retrouvé chars russes avaient réinstallé a ETATS-UNIS : le Pentagone étudierait la possibilité de mettre au Adam Deniev, assassiné à la veille se retira en Irak, sur les traces d’un mort dans un fossé. Khasmago- Adam à Avtoury. Le Kremlin n’a point une bombe nucléaire qui pourrait éliminer des cibles fortifiées de la visite du président Poutine en de ses frères, Khasmagomed, le med, devenu le financier de la pas trouvé mieux que ce fidèle illu- ou profondément enterrées, sans causer de dommages collatéraux Tchétchénie, samedi 14 avril, était commerçant de la famille. Adam famille, sera tué en janvier 2001 à miné pour occuper le poste d’ad- importants. Selon le Washington Post, la bombe, de faible intensité, le « numéro deux » de l’administra- en revint un an plus tard, transfigu- Moscou, alors qu’il s’adonnait au joint du moufti Kadyrov. Son occu- serait munie d’une tête perçante pouvant pénétrer le sol et frapper ré : tout de blanc vêtu, il expliqua racket. On retrouvera sur lui une pation principale restait cependant des bunkers souterrains abritant des dirigeants ennemis et des centres PORTRAIT avoir été désigné, par un cheikh ira- carte de lieutenant-colonel du FSB. de faire chanter ses compatriotes de commandement. – (AFP.) a Un illuminé kien, pour être le « khalifa » des sur le thème : « Tu donnes des ALLEMAGNE/ROUMANIE : le père du chancelier allemand temps modernes, c’est-à-dire le DES DIZAINES DE DISPARUS armes et ton argent, sinon tu seras Gerhard Schröder, le caporal Fritz Schröder, dont la tombe a été au service calife choisi par le Très-Haut pour Entre-temps Adam, le plus gradé arrêté, torturé, et ta famille se rui- découverte, selon un quotidien allemand, dans la commune roumaine des basses œuvres être son bras armé sur terre. Les vil- des frères – il était colonel –, avait nera pour tenter de te racheter, de Ceanu Mare (centre-ouest), aurait été enterré avec huit compa- du FSB (ex-KGB) lageois, sceptiques, l’auraient néan- reçu un local à Moscou pour son invalide ou mort »… gnons d’armes, selon un témoin, Marcu Hadarean, âgé à l’époque de moins laissé « communiquer avec groupuscule politico-religieux, Des dizaines de jeunes auraient 14 ans. Jusqu’ici, M. Schröder et sa famille avaient seulement connais- Dieu », s’il n’avait pas, de plus, Adamallah, qualifié par les médias ainsi disparu. D’autres, brisés, sance du fait que le caporal Fritz Schröder était mort en octobre 1944, tion installée par le Kremlin dans la manifesté la volonté d’être recon- russes de « mouvement influent furent exhibés par Adam à la télévi- à l’âge de 32 ans, à Pustasan, aujourd’hui Ceanu Mare. – (AFP.) république indépendantiste. Pour nu. Un jour de 1993, alors qu’il tra- dans la diaspora tchétchène », alors sion prorusse locale. C’est dans a UKRAINE : les Etats-Unis ont octroyé le droit d’asile à Miroslava les « rebelles » tchétchènes, il était versait le village à cheval et en cor- qu’il se bornait à aider le FSB dans son studio que le « khalifa », pro- Gongadzé, l’épouse du journaliste ukrainien disparu, et à un officier un simple traître, comme son chef, tège, il trouva qu’on lui barrait le ses basses œuvres. Sa responsabili- mu adjoint du chef de l’administra- réfugié à l’étranger, Mikola Melnitchenko, ayant mis en cause le prési- le moufti Ahmad Kadyrov. Mais, chemin de façon irrespectueuse. té présumée dans l’assassinat de tion tchétchène prorusse, fut tué, dent ukrainien dans cette affaire qui secoue le pays depuis des mois, a pour les habitants d’Avtoury, son Quatre hommes furent tués dans la membres du CICR (Comité interna- jeudi, par l’explosion d’un engin annoncé, samedi 14 avril, le ministère ukrainien des affaires étrangè- bourg natal, il était un tourmen- bagarre. Le conseil des anciens tional de la Croix-Rouge) en 1996 piégé. « Il lisait la sourate Ya-Sin du res, en condamnant cette décision.– (AFP.) teur maudit qui, sans l’aide des trancha : Adam et ses frères, qui n’est pas prouvée. En revanche, il Coran, celle qu’on lit pour les morts. a ALGÉRIE : la violence persistante et le manque de résultats des chars russes, n’aurait jamais pu portèrent les coups fatals, durent est certain que c’est la famille Le Bon Dieu a donc décidé que ça réformes économiques et sociales ont ébranlé la popularité du prési- regagner son village, d’où il fut ban- s’exiler à Moscou. Deniev qui fut chargée par le FSB suffisait pour lui », a déclaré au dent algérien Abdelaziz Bouteflika, deux ans après son arrivée au pou- ni il y a huit ans. Chamil, le plus jeune des Deniev, de détenir, en février 2000 à Avtou- Monde un Tchétchène originaire voir. Selon un sondage publié, samedi 14 avril, par le quotidien El Au début des années 90, quand revint au village à la faveur de la ry, le journaliste Andreï Babitski, d’Avtoury, d’une voix pour une Watan, la cote de popularité de M. Bouteflika a chuté de 65 % à 42 % la Tchétchénie se proclama indé- première guerre (1994-1996). au moment où le Kremlin le disait fois joyeuse. en un an.– (Reuters.) pendante, Adam Deniev, membre Major du FSB (ex-KGB), il trafiqua otage des indépendantistes. Reve- a TUNISIE : le Rassemblement constitutionnel démocratique d’une famille connue pour avoir dans le pétrole et les échanges de nus en Tchétchénie fin 1999, les Sophie Shihab (RCD, au pouvoir) qualifie de « précédent insolite et inacceptable » la récente prise de position du Parti socialiste français posant des condi- tions à la poursuite de « relations normales » avec lui. Le bureau natio- nal du PS avait affirmé, dans un communiqué publié à Paris le 10 avril, Un manuel d’histoire « nationaliste » divise les intellectuels japonais qu’« il ne pourra désormais entretenir des relations normales » avec le RCD « tant que la Ligue des droits de l’homme et les organisations démo- TOKYO faite des « femmes de réconfort » élan… Il est temps d’avoir un amour le procès fictif de l’Etat nippon cratiques seront en pratique réduites au silence » en Tunisie.– (AFP.) correspondance forcées à se prostituer pour l’ar- normal pour notre pays », a com- organisé en décembre à Tokyo par a ENVIRONNEMENT : l’Australie s’est prononcée, dimanche La polémique se poursuit au mée impériale – le sujet est égale- menté, vendredi 13 avril, Tadae des ONG sur les « femmes de 15 avril, en faveur de nouvelles négociations internationales sur la Japon autour d’un manuel « natio- ment absent des cinq autres Takubo, l’un des membres de la réconfort », rencontrent très peu réduction des émissions de gaz à effet de serre, à la suite de la décision naliste » adopté le 3 avril par le manuels adoptés par le ministè- Société pour la réforme des livres d’écho. « Les révisionnistes font des Etats-Unis de rejeter le protocole de Kyoto sur le réchauffement ministère de l’éducation japonais. re –, alors que les sept livres d’his- d’histoire. « Chaque nation a le beaucoup de bruit. Il est vrai que les climatique. « Je ne pense pas que Kyoto puisse tenir sans les Etats-Unis », Les auteurs et leurs détracteurs, toire actuels les évoquent. droit d’interpréter l’histoire de sa historiens les ignorent pour ne pas a jugé le ministre australien de l’environnement, à quelques jours des chacun de leur côté, ont donné, propre manière et de la transmettre avoir à les considérer comme leurs négociations entre 40 pays prévues cette semaine à New York. – vendredi 13 avril, une conférence RÉVISIONNISTES TRÈS POPULAIRES comme elle l’entend à ses enfants », pairs. Mais il y a, malgré tout, de (AFP.) de presse. Les uns, regroupés au A partir de juillet, chaque com- assène sans ciller Nobukatsu Fujio- plus en plus de débats de qualité sur sein de la Société pour la réforme mission départementale de l’édu- ka, l’un des auteurs, qui est profes- la question du révisionnisme », esti- des livres d’histoire, fêtent une vic- cation va devoir sélectionner, par- seur de sciences de l’éducation à me une jeune historienne de l’uni- Arrestation d’un responsable toire lourde de sens. Les autres, mi les huit ouvrages proposés par l’université de Tokyo, et dont le versité de Tokyo. nébuleuse de comités d’ensei- le ministère, celui qu’elle destine prénom signifie « croire en la vic- Alors qu’il a fallu des années gnants et d’associations de défen- aux écoles de son académie pour toire ». pour que les manuels scolaires nip- des massacres de Srebrenica se des droits de l’homme, tentent la rentrée d’avril 2002. «Ily a un C’est en 1996 que Nobukatsu pons éclairent certaines pages som- de mobiliser l’opinion sur le peu lobbying intense [des auteurs du Fujioka a fondé la Société pour la bres de l’histoire du pays, ce LA HAYE. Le procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-You- qu’il reste à défendre. La contro- nouveau manuel] appuyé par des réforme des livres d’histoire, aux retour en arrière inquiète toute- goslavie (TPIY), Carla Del Ponte, s’est réjoui de l’arrestation, diman- verse a gagné les pays voisins, qui pressions politiques. Dans côtés de Kanji Nishio, son actuel fois plus d’un intellectuel nippon. che 15 avril, par la SFOR (Force de stabilisation de l’OTAN en Bosnie), dénoncent une présentation erro- 33 régions [sur 48], les enseignants président, professeur d’allemand. « Nous allons vers un monde où les du Serbe de Bosnie Dragan Obrenovic. Mme Del Ponte a salué «la née du rôle du Japon pendant la ont été écartés du processus de sélec- Il fait partie des « révisionnistes » valeurs universelles l’emportent sur reprise de la coopératipon avec la SFOR ». C’est en effet la première seconde guerre mondiale : la tion », dénonce Hisao Ishiyama, très présents ces dernières années l’idée de nation, et de patriotisme ! arrestation d’un inculpé du TPIY par les troupes de l’OTAN en Bosnie semaine dernière, la Corée du Sud un universitaire. dans les médias nippons, grâce constate le professeur Hisao depuis juin 2000. Dragan Obrenovic, officier dans l’armée des Serbes a ainsi rappelé, pour consultation, Dans le manuel incriminé, on notamment à leurs succès de librai- Ishiyama. Dans cette période de glo- de Bosnie, faisait l’objet d’une inculpation « sous scellés » du TPIY son ambassadeur à Tokyo. retrouve en fait les thèses que ses rie. Y figurent également le dessi- balisation, le Japon a du mal à se pour des crimes de guerre perpétrés entre juillet et novembre 1995. Il Regroupant les contestataires, auteurs ont développées ces der- nateur Yoshinori Kobayashi, dont transformer. Alors il y a une certai- commandait alors les brigades Zvornik et est accusé d’avoir extermi- l’association Children and Text- nières années dans de nombreux Sensoron, bande dessinée nationa- ne frustration. Comme il n’y a pas né des milliers d’hommes musulmans bosniaques, lors de la prise par books Japan Network 21 a établi ouvrages, et qui fustigent le liste sur la guerre, et Shin gomanis- d’idéologie forte à laquelle se raccro- les forces serbes de l’enclave de Srebrenica. une liste argumentée des partis « masochisme » à l’œuvre, selon mu (Traité du nouvel orgueil) se cher, on assiste à un retour au Selon la Maison Blanche, les troupes américaines de la SFOR ont con- pris historiques du nouvel ouvra- eux, dans les analyses historiques sont vendus à plusieurs millions passé. » tribué à l’arrestation du lieutenant-colonel Obrenovic. La capture du ge, qui reprend tels quels les dominantes. « Il y a trop peu de d’exemplaires. criminel – par trois hommes en civil – a eu lieu dans la partie serbe de mythes nationalistes relatifs à la patriotisme dans le Japon actuel. Si Les thèses révisionnistes tou- Brice Pedroletti la Bosnie, dont les forces américaines, basées à Tuzla, supervisent la fondation du Japon et au statut de nous n’en instillons pas, le pays va chent au Japon un large auditoire, sécurité. – (AFP.) l’empereur. Aucune mention n’est s’effondrer. Nous voulons créer un tandis que certaines initiatives, tel f www.lemonde.fr/japon2001 5 FRANCE LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001

ADMINISTRATION Un décret, cadrement supérieur des administra- b UN SECOND TEXTE prévoit l’ouver- le dit : une enquête auprès de quaran- de la dernière promotion, dans une en cours de signature, sème le trou- tions centrales qui leur sont réservés. ture complète des emplois de direc- te promotions, entre 1955 et 1995, lettre adressée à Lionel Jospin, s’esti- ble chez les administrateurs civils. Il Trente pour cent de ces postes seront tion des services déconcentrés de révèle que seuls 28 % d’entre eux ment « mal préparés » à leurs futures prévoit de ramener de 75 % à ouverts à tout haut fonctionnaire jus- l’Etat. b CHEZ LES ÉNARQUES, la effectuent toute leur carrière au sein fonctions et critiquent la « finalité 70 % la proportion des postes d’en- tifiant de huit ans d’ancienneté. mobilité est plus importante qu’on ne de leur corps d’origine. b LES ÉLÈVES principale » de leur scolarité. Le gouvernement veut créer du mouvement dans la haute fonction publique Un décret va ramener de 75 % à 70 % la proportion des postes d’encadrement supérieur des administrations centrales réservés aux administrateurs civils. Le président de l’Association des anciens élèves de l’ENA dénonce un risque de « politisation » des nominations dans ces emplois

CINQ POUR CENT. Petit chiffre, te des corps exclusivement habilités 133 000 hauts fonctionnaires tions sorties de l’école de 1955 à directeur des affaires sociales ou de mais grand trouble chez les hauts à occuper les fonctions d’encadre- 1995, révèle, certes, que les énar- la justice, la différence peut attein- fonctionnaires. Un décret, en cours ment. ques réalisent, en moyenne, plus de dre 40 % à 50 %, au bénéfice du pre- de signature par à peu près tous les Ces mesures s’ajoutent à l’inter- FONCTION la moitié de leur carrière hors de mier, bien sûr. Les écarts entre ministres, ramène de 75 % à 70 % la diction qui est faite, depuis 2000, PUBLIQUE leur corps d’origine (lire ci-dessous). administrations centrales et servi- proportion des postes d’encadre- d’occuper plus de six ans un même D'ÉTAT (en 1998) Cependant changer de corps – deve- ces déconcentrés ont aussi long- ment supérieur des administrations poste de sous-direction. Elles enfon- 106 428 agents répartis en nir trésorier payeur général, alors temps été un frein à la mobilité ver- centrales réservés aux administra- cent bel et bien un coin dans la ges- 202 corp, dont : que l’on est administrateur civil aux ticale. Toutefois, depuis deux ans, teurs civils, c’est-à-dire à la grande tion par corps des emplois publics finances, par exemple – ne signifie les postes « provinciaux » sont pro- majorité des anciens élèves de l’Eco- d’encadrement. Il s’agit de décloi- 13 924 professeurs d'université pas changer d’administration, tant gressivement placés sous « statut le nationale d’administration sonner les viviers de recrutement 18 791 directeurs et chefs des s’en faut. En outre, statutairement, d’emploi », procédure administra- services des impôts FONCTION (ENA). des hauts fonctionnaires et de favo- PUBLIQUE la mobilité n’est obligatoire qu’une tive qui a notamment pour effet de Les postes en question sont au riser leur « mobilité », horizontale 17 712 officiers de l'armée TERRITORIALE (en 1997) seule fois. On est loin des pratiques réévaluer leur rémunération et de nombre de 700 ; la réforme en comme verticale. La mobilité hori- de terre 25 439 agents répartis auxquelles se sont habituées les éli- rendre transparente la procédure concerne donc 35. Cela suffit à zontale définit, on l’aura compris, le 5 907 magistrats en 7 corps, dont : tes des entreprises privées, à qui on de nomination. semer le trouble dans les rangs des passage d’un ministère à un autre, demande de bouger tous les trois Tous les emplois d’encadrement 1444administrateurs hauts fonctionnaires concernés. Le mais aussi d’une fonction publique 1 467 inspecteurs ou quatre ans. vacants doivent faire l’objet d’une territoriaux projet de décret a en effet pour con- à une autre ; la mobilité verticale du travail FONCTION publication. La direction générale 10 930 ingénieurs séquence de porter à 210 le nombre désigne le passage de l’administra- PUBLIQUE ÉCARTS DE RÉMUNÉRATION de l’administration et de la fonction de ces postes « supérieurs » aux- tion centrale, « parisienne », vers HOSPITALIÈRE 1665capitaines, Dans la fonction publique, la pre- publique est même en train de met- commandants quels pourra accéder tout haut fonc- les administrations déconcentrées, (en 2001) mière mobilité aboutit, dans la plu- tre la dernière main à un système et colonels tionnaire justifiant de huit ans d’an- « provinciales », ou l’inverse. 746 directeurs des pompiers part des cas, à un retour dans le de bourse d’emplois qui sera acces- cienneté, qu’il relève de la fonction Gilbert Santel, directeur général d'hôpital ministère où l’agent était affecté à sible sur son site Internet. Reste aux publique de l’Etat, de la fonction de l’administration et de la fonction l’origine et rarement à une nouvelle administrations centrales, comme publique territoriale – communes, publique, y voit une condition Les hauts fonctionnaires sont les agents constituant le haut de la catégorie A orientation de carrière. Une deuxiè- aux administrations déconcentrées, départements, régions – ou de la essentielle pour « maintenir la capa- de la fonction publique, c'est-à-dire tous ceux qui appartiennent à un corps me mobilité, celle-ci non statutaire, à jouer le jeu et à ne pas décider des fonction publique hospitalière. cité d’adaptation des hauts fonction- formé par l'ENA ou par l'École polytechnique (soit quelque 5 000 personnes, reste rare. Celui qui choisit de pour- nominations avant même de Autrement dit, qu’il soit ou non naires et leur permettre de relever les dont 2 500 administrateurs civils), ainsi que tous les agents appartenant à un suivre sa carrière dans une autre publier les postes. Si cette politique « énarque ». nouveaux enjeux qui se posent à corps dont l'indice en fin de carrière est supérieur à 1 015. administration que celle où il avait volontariste ne réussit pas, l’évolu- Ce n’est pas tout : un second tex- l’Etat ». « Il en va de la qualité du ser- Source : Ministères de la fonction publique, de l'intérieur et de la solidarité été affecté à sa sortie de l’Ecole est tion démographique sera peut-être te réglementaire prévoit, lui, l’ouver- vice public », explique celui qui est vite oublié par son ministère d’origi- une « chance » pour l’Etat. Quand ture complète des emplois de direc- en quelque sorte le « DRH » de d’hui, si l’obligation de mobilité est entre les différentes administra- ne et perd bien souvent en avance- elles devront faire face à de nom- tion des services déconcentrés de l’Etat, son directeur des ressources inscrite dans le statut des hauts tions, chaque ministère gérant ment par rapport à ses homologues breux départs en retraite, les admi- l’Etat dans les régions ou les dépar- humaines. M. Santel sait bien fonctionnaires, sa mise en œuvre jalousement les carrières de ses restés « fidèles ». A cela s’ajoutent nistrations se montreront peut-être tements. Jusqu’à présent, des qu’une fois ces décrets parus au est encore très limitée. Le corps hauts fonctionnaires. des écarts de rémunération non plus hospitalières envers les agents décrets précisaient, pour chaque Journal officiel, le plus dur restera à interministériel des administra- Une enquête, réalisée par l’ENA négligeables d’un ministère à étrangers à leurs corps. ministère comme pour chaque faire. Des textes à la pratique, il y a teurs civils n’a d’interministériel et l’association de ses anciens élè- l’autre. Entre un sous-directeur du administration déconcentrée, la lis- toujours un grand pas. Aujour- que le nom ; il est, en fait, segmenté ves auprès des quarante promo- ministère des finances et un sous- L. V. E.

TROIS QUESTIONS À… ARNAUD TEYSSIER Les énarques sont plus mobiles qu’on ne le dit Deux hauts fonctionnaires Président de l’Association des RIGIDES, les carrières des énar- promotions sorties avant 1970 ont tion – ont plus d’une chance sur 1anciens élèves de l’ENA, vous ques ? Une enquête, réalisée par la effectué leur premier détachement, deux d’effectuer un passage dans à la recherche du « terrain » exprimez les plus grandes réserves direction de l’ENA et l’association en moyenne, plus de sept ans et un cabinet ministériel au cours de sur l’ouverture du vivier de fonction- des anciens élèves auprès des qua- demi après leur sortie de l’ENA, les leur carrière, tandis que ceux qui ILS SONT DEUX, deux intrus à six ans, en poste dans la Meuse naires susceptibles d’occuper les rante promotions qui se sont succé- élèves des promotions 1990 à 1995 sont sortis à la Ville de Paris, dans s’être immiscés dans le cercle des depuis décembre 2000, ne cache postes d’encadrement au sein de dé de 1955 à 1995, apporte un éclai- déjà partis en détachement – soit les chambres régionales des comp- directeurs départementaux du tra- pas qu’il passe parfois « pour un l’Etat. Pourquoi ? rage intéressant sur la trajectoire un petit tiers de l’effectif de ces pro- tes et dans les tribunaux administra- vail, traditionnellement réservé aux être un peu bizarre ». « Je pose des Lorsqu’il a été créé, en 1945, le professionnelle de ces hauts fonc- motions – l’ont fait moins de trois tifs n’en ont pour ainsi dire aucune. corps des inspecteurs du travail. Sor- questions sur le code du travail, ce corps des administrateurs civils s’est tionnaires. Ainsi, les énarques pas- ans et demi après leur sortie de C’est également au sein de l’ins- ti de l’ENA en 1987 au ministère du qui surprend, explique-t-il, mais je vu reconnaître une vocation particuliè- sent en moyenne plus de la moitié l’école. Le degré de mobilité varie pection des finances, du Conseil travail et aujourd’hui en poste dans suis avant tout animateur d’équipe, re à occuper les emplois de direction de leur carrière (52 %) hors du fortement d’un corps à l’autre. Les d’Etat, de la Cour des comptes et les Hauts-de-Seine, Daniel non un spécialiste. » Cependant, dans les administrations centrales. du corps des administrateurs civils Mathieu, quarante et un ans, a dû son intégration se passe mieux qu’il Accroître de 5 % la proportion de ces du ministère des finances que l’on s’y prendre à cinq reprises. Sa pre- ne l’avait imaginé. Les résistances emplois ouverts à d’autres corps peut Des départs vers le privé de plus en plus rapides trouve la plus grande propension à mière demande remonte à 1991, et corporatistes, il s’y était déjà frotté, sembler peu, mais c’est symbolique- partir vers le secteur privé. Les seuls il il reconnaît qu’à l’époque, il man- lui qui avait postulé, quelques ment important. La nature même de Les départs des « énarques » vers le privé se sont sensiblement inspecteurs des finances ont une quait d’expérience. Cependant, ce années plus tôt, à un poste de direc- l’ouverture est inquiétante. En accrus ces dernières années. Le nombre d’anciens élèves de l’ENA tendance 3,09 fois plus élevée que n’est qu’en 1999 qu’il obtient enfin teur départemental des affaires ouvrant ces postes à tout haut fonc- ayant effectué au moins une fois un passage dans une entreprise pri- la moyenne de leurs condisciples à son détachement. Il a fallu qu’en sanitaires et sociales et s’était fait tionnaire, quel que soit son corps, on vée était de 13 % en 1995 ; il est aujourd’hui de 20,15 %. Ces départs s’échapper de l’administration. commission paritaire, certains syndi- « bouler » au motif que « le milieu élargit considérablement le vivier. ont lieu de plus en plus tôt, autour de quatre ans après la sortie Ces grands corps ne se montrent cats s’abstiennent pour qu’il obtien- est très particulier ». Cela peut se révéler mortel pour le depuis 1990, contre douze ans en moyenne sur l’ensemble des promo- pas, pour autant, les plus ouverts ne une majorité d’avis favorables. M. Robinet n’en est pas à sa pre- corps des administrateurs civils : leur tions de 1955 à 1995. Ils sont, pour la plupart, définitifs. Toutes promo- au brassage des cultures. Si trois Cette mobilité, M. Mathieu l’a réa- mière expérience sur le « terrain ». vocation n’étant plus reconnue, ils tions confondues, seuls 17 % des énarques partis dans le privé sont nominations au tour extérieur sur lisée au prix d’une perte importante Après un premier détachement au vont être balayés. En outre, il y a un ris- revenus dans le public, le taux de retour des promotions sorties entre cinq se font vers les grands corps de de rémunération. Car si, aujour- Bureau international du travail, à que de déprofessionnalisation et de 1980 et 1990 étant toutefois un peu plus élevé (22 %). l’État, les corps d’inspection ou le d’hui, les postes de directeurs dépar- Genève, il avait, en effet, choisi de politisation accrue des fonctions d’en- ministère des finances, la « consan- tementaux ont été revalorisés, à rejoindre la Lorraine comme cadrement, car les ministères auront guinité » règne. Aux finances, qui l’époque, les primes ne pesaient pas adjoint du secrétaire général pour une latitude de nomination infini- corps qu’ils avaient rejoint à leur moins fidèles à leur corps d’origine drainent plus du quart des énar- lourd par rapport à celles qu’offrait les affaires régionales, en jan- ment plus large que par le passé. sortie de l’École. Seuls 28,5 % ont sont les inspecteurs des affaires ques ainsi promus, le tour exté- administration centrale. L’envie de vier 2000, appelé par un sous-préfet effectué toute leur carrière au sein sociales, les inspecteurs des finan- rieur concerne essentiellement les diversifier ses compétences a pour- qu’il avait connu lors de son stage Les administrateurs civils vont de ce corps. Un ancien élève sur ces et les membres de la Cour des fonctions de contrôleur d’État, de tant pris le dessus. « L’expérience en de l’ENA. 2cependant pouvoir davantage huit a fait l’objet d’une nomination comptes. Si le corps de sortie ne trésorier-payeur général ou de con- service déconcentré est absolument accéder aux postes de direction des au tour extérieur dans un autre fige pas définitivement la carrière, il servateur des hypothèques, et béné- irremplaçable, confirme « UN PEU COMME DES TRAÎTRES » services déconcentrés ? corps que son corps d’origine. n’en constitue pas moins un déter- ficie, dans 70,6 % des cas, à des M. Mathieu. Dans les ministères, Quel que soit le corps d’origine, C’est un marché de dupes, qui Les énarques seraient ainsi plus minant puissant : les énarques sor- administrateurs civils… du ministè- nous n’avons pas l’occasion de nous être mobile dans la haute fonction risque de compromettre l’avenir mobiles qu’on ne le dit. Et, même, tis au Conseil d’État, à l’inspection re des finances. frotter aux problèmes de manage- publique, c’est possible, mais il faut même de l’ENA. Celle-ci a été créée au fil des générations, ils le sont de des finances ou à la Cour des comp- ment, d’organisation du travail. » le vouloir et s’en donner les pour recruter et former ceux ayant plus en plus tôt. Si les élèves des tes – la « botte » de chaque promo- L. V. E. Jean-François Robinet, quarante- moyens. « Aucune organisation, au vocation à exercer les fonctions géné- sein de l’administration, ne vous pro- rales de l’encadrement supérieur de pose et garantit quoi que ce soit. l’Etat. Or, si on admet très bien qu’un C’est une affaire d’opportunités qu’il spécialiste puisse occuper un poste de La dernière promotion de l’ENA fait part de ses critiques à Lionel Jospin faut savoir saisir », explique Michel généraliste, l’inverse est réfuté. Prison- Gomez, qui, après cinq ans au niers de leur vocation généraliste, les LE VENT de fronde qui souffle périodiquement « oui ». Le contenu des enseignements apparaît pe, à l’avenir, la « préparation à l’exercice de res- ministère de l’agriculture, s’est vu administrateurs civils vont se heurter sur l’Ecole nationale d’administration (ENA) ne comme le principal motif de mécontentement : ponsabilités d’encadrement ». proposer par un camarade de pro- à des corporatismes puissants dans les s’est pas apaisé avec la sortie des élèves contesta- 51 élèves estiment que la scolarité dispensée n’a Ils sont enfin très majoritaires à critiquer la motion de rejoindre l’inspection administrations déconcentrées. taires de la promotion Nelson Mandela « pas vraiment », voire « pas du tout », correspon- « finalité principale » de leur scolarité, que deux des finances. (1999-2001). Trois mois après avoir fustigé, dans du à leurs attentes, 41 d’entre eux se déclarant élèves seulement estiment être la « formation » Aussi enrichissante que soit l’expé- Ne s’agit-il pas pourtant, aujour- une pétition signée par 96 élèves sur 103, la « frustrés » par la nature des cours. Plus de 64 élè- des hauts fonctionnaires. Pour 86 % des sondés rience acquise, l’administration ne 3d’hui, de diversifier la carrière de « médiocrité » de la scolarité dispensée à l’ENA ves jugent « insuffisante », après vingt-sept mois (68 élèves, soit les deux tiers de la promotion Nel- cherche pas à la capitaliser. Issu du ces hauts fonctionnaires ? (Le Monde du 18 janvier), les futurs hauts fonction- passés à l’ENA, leur capacité à animer et à enca- son Mandela), celle-ci ne vise qu’à « classer les élè- corps des directeurs d’hôpitaux, Sté- Le métier d’administrateur civil naires ont récidivé en adressant récemment une drer une équipe, à communiquer, à gérer des ves » pour garantir aux grands corps de l’Etat phane Elshoud vient ainsi de passer doit certainement évoluer pour « lettre ouverte » au premier ministre, Lionel Jos- situations de crise ou encore à conduire des pro- (Conseil d’Etat, Cour des comptes, inspection quatre ans à la Cour des comptes, et répondre aux nouveaux besoins de pin, lui-même « énarque », dans laquelle ils s’esti- jets. Sur 79 sondés, ils sont également 59 à trou- des finances) le recrutement des quinze le seul poste qui pour l’instant lui l’Etat. Il faut sans doute le profession- ment « mal préparés aux fonctions et responsabili- ver que l’ENA ne développe pas assez l’esprit criti- meilleurs de chaque promotion. est proposé, s’il revient à l’hôpital, naliser davantage, en renforçant tés qu’ils devront exercer dans les prochains jours ». que, tout comme « la créativité, la capacité d’ima- Pour les signataires de la lettre, ce système d’af- est un emploi de directeur de la qua- notamment la formation juridique et Les deux signataires de la lettre, représentants gination et d’innovation », jugée déficiente par fectation des hauts fonctionnaires ne répond pas lité… « Nous sommes toujours un peu celle à la gestion des ressources de la section CFDT de l’école et de la délégation 71 élèves. « aux besoins d’une administration moderne », considérés comme des traîtres, racon- humaines. Mais ces mesures visent à des élèves, en veulent pour preuve les résultats car il ne permet pas « d’attribuer à chacun le pos- te-t-il. Tous les ans, j’ai dû contester ouvrir les viviers sans repenser le rôle d’un questionnaire sur « la scolarité à l’ENA » « CYNISME » ET « INDIVIDUALISME » te le plus adapté à ses capacités (...) ». Il est jugé ma notation car je sentais bien que je de l’Etat. On veut décloisonner les auquel ont répondu 79 élèves sur 103. Elaboré En revanche, plus de 50 d’entre eux estiment « infantilisant » et « appauvrissant sur le plan prenais du retard dans mon avance- corps de la fonction publique, mais par le syndicat et adressé au premier ministre, ce que leur formation les a bien préparés à la humain » par 59 élèves, et 64 d’entre eux n’y ment. Il a fallu que je fasse intervenir on ne traite pas le fond du problème : document donne un aperçu éloquent de l’insatis- « rédaction de notes et documents administra- voient qu’un moyen « opaque » d’octroyer un le président de la chambre dont je quel Etat voulons-nous et de quels faction des énarques. A la question : « Votre pas- tifs », mais aussi au « cynisme »,à« l’individualis- avantage de carrière « définitif et excessif » à une dépendais à la Cour pour faire un fonctionnaires l’Etat a-t-il besoin ? sage à l’ENA a-t-il renforcé votre désir de servir me » ou à « l’ennui ». Au total, ils ne sont que 14, « minorité d’élèves », celle dont le rang de sortie bond de 1 point. » La « trahison » a l’Etat ? », 51 d’entre eux, soit près de la moitié de sur 79, à se trouver « très bien » ou « assez bien » permet l’accès direct aux grands corps de l’Etat. un coût. Propos recueillis par la promotion et 68 % des sondés, ont ainsi répon- préparés à leur prochaine prise de fonctions, Lætitia Van Eeckhout du « non », seuls 11 élèves ayant opté pour le 70 élèves jugeant souhaitable que l’école dévelop- Alexandre Garcia L. V. E. 6 SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001

JUSTICE L’enquête sur le viol et le RAL à la cour d’appel de Rennes, l’adolescente britannique. b LE d’un signalement de gendarme- gne en 1988 pour tentative de viol. meurtre de Caroline Dickinson, en Yves Boivin, a confirmé que l’em- NOM de cet Espagnol, actuellement rie, mais l’homme n’avait jamais été b CETTE ENQUÊTE marque le triom- juillet 1996, à Pleine-Fougères (Ille-et- preinte génétique de Francisco Arce détenu aux Etats-Unis pour tentati- localisé. b ROUTARD habitué des phe de la technique des empreintes Vilaine), a connu, samedi 14 avril, un Montes correspond bien à celle de ve d’agression sexuelle, était apparu auberges de jeunesse, Francisco Arce génétiques, capable de confondre tournant décisif. b L’AVOCAT GÉNÉ- l’auteur du meurtre et du viol de dans l’enquête dès 1998, à la suite Montes a été condamné en Allema- comme de disculper un suspect. Le meurtrier présumé de Caroline Dickinson confondu par son ADN Au terme d’une enquête de près de cinq ans, la justice a identifié l’auteur présumé du viol et du meurtre de l’adolescente britannique, en 1996, à Pleine-Fougères. Incarcéré aux Etats-Unis, Francisco Arce Montes, un Espagnol de cinquante et un ans, devrait faire l’objet d’une demande d’extradition

L’ADN a enfin livré son secret. recherches sur cet Espagnol, qui res- re, où il a travaillé dans un restau- d’un officier de la police d’immigra- Près de cinq ans après la mort mysté- tait malgré tout introuvable. rant londonien, mais sans succès. En tion américain, qui a le réflexe d’in- rieuse de Caroline Dickinson, retrou- Quand il reprend l’instruction, en mars 1999, il fait l’objet d’une recher- terroger le fichier central des person- vée violée et tuée, le 18 juillet 1996, août 1997, le conseiller Renaud Van che sur le territoire national, mais nes interpellées des Etats-Unis. Fran- dans une auberge de jeunesse de Plei- Ruymbeke oriente en effet ses investi- non d’une diffusion internationale, cisco Arce Montes est immédiate- ne-Fougères (Ille-et-Vilaine), l’em- gations dans plusieurs directions. les enquêteurs ne disposant d’aucun ment localisé dans un pénitencier de preinte génétique de son meurtrier a Outre le dépistage génétique systéma- élément à charge contre lui. Floride, où il est incarcéré pour une été comparée avec succès avec celle tique des hommes de la commune de Quand il quitte la cour d’appel de tentative d’agression sexuelle commi- d’un suspect espagnol incarcéré aux Pleine-Fougères, réalisé en octo- Rennes, fin mars 2000, pour le pôle se sur une jeune Française dans une Etats-Unis. Samedi 14 avril à 22 heu- bre 1997 à la demande de la famille financier à Paris, Renaud Van Ruym- auberge de jeunesse de Miami res, l’avocat général de la cour d’ap- Dickinson, le magistrat, qui a fait le beke laisse à son successeur, Francis Beach. pel de Rennes, Yves Boivin, a officiel- lien entre le crime de Pleine-Fougères Debons, une liste de 70 personnes lement annoncé que l’ADN de Fran- et plusieurs affaires d’agression recherchées. Parmi elles, des PROCÉDURE D’EXTRADITION cisco Arce Montes comportait des sexuelles dans des auberges de jeu- ouvriers de Pleine-Fougères qui Depuis la révélation de son identi- « similitudes très importantes » avec nesse, décide d’interroger l’ensemble n’ont jamais été retrouvés, des té, le passé de M. Arce Montes est la trace génétique retrouvée sur le des directeurs de ces établissements. employés, des livreurs de la région, peu à peu exhumé, dessinant le pro- corps de la jeune Anglaise de treize Plusieurs centaines de responsables des agresseurs sexuels et… Francisco fil d’un routard voyageant dans tou- ans. Le magistrat a ajouté qu’il exis- du réseau seront ainsi entendus, en Arce Montes. Au cours de l’année te l’Europe, où il a déjà commis plu- tait dorénavant « des charges suffisan- 1997 et 1998, sur tout le territoire, par 2000, les enquêteurs retrouveront sieurs agressions sexuelles. Né en tes » pour motiver « une demande de les brigades de gendarmerie. 22 personnes, qui seront soumises 1950 à Gijon, dans la région des Astu- venue sur le sol français » de Fran- elles aussi au test ADN, et réduiront ries, il a séjourné en Allemagne dans cisco Arce Montes, autrement dit AUBERGES DE JEUNESSE leur liste à 48 suspects. En tête, figu- les années 1980. Il y aurait été pour lancer un mandat d’arrêt inter- De ces auditions, le conseiller re toujours l’Espagnol, auquel les condamné à trois reprises, dont national aux fins d’extradition. recueille des dizaines de procès-ver- enquêteurs s’intéressent dorénavant l’une en 1988, à Tübingen, pour ten- L’empreinte génétique de Fran- baux mentionnant des incidents ou prioritairement, puisqu’il est le der- tative de viol sur deux auto- cisco Arce Montes, incarcéré en Flori- faisant état de rôdeurs autour des cisco Arce Montes, s’était introduit Le procès-verbal où sont notifiées nier suspect à avoir côtoyé des auber- stoppeuses, selon Le Parisien.En de depuis le 13 mars pour une tenta- auberges de jeunesse. Parmi eux, un par deux fois dans l’enceinte du cen- ces informations est transmis fin ges de jeunesse. 1994, il était en France en Indre-et- tive d’agression sexuelle, avait été procès-verbal de renseignements tre, tentant d’attirer une jeune fille 1997 au conseiller Van Ruymbeke. A En avril, le conseiller Debons, en Loire, où il se déplaçait dans un véhi- rapportée en France, vendredi judiciaires établi en 1994 par la gen- dans sa voiture sous un prétexte falla- ce stade de l’enquête, Francisco Arce voyage en Angleterre, mentionne le cule immatriculé en Hollande, selon 13 avril, par deux gendarmes fran- darmerie de Bléré (Indre-et-Loire). cieux. De taille haute, il se déplaçait Montes fait partie d’une liste d’une nom de Francisco Arce Montes aux le procès-verbal dressé par les gen- çais, qui agissaient sur commission Au cours de l’été de cette année, les dans une voiture Mazda immatricu- centaine de personnes ayant rôdé policiers anglais. Celui-ci est repris darmes de Bléré. Il affirme avoir tra- rogatoire du conseiller rennais, Fran- gendarmes avaient entendu un Espa- lée en Hollande, et était porteur de autour des auberges de jeunesse. De par l’hebomadaire anglais The Sun- vaillé alors dans un restaurant londo- cis Debons, chargé de l’instruction gnol soupçonné d’agissements sus- cartes d’auberges de jeunesse du 1997 à 2000, toutes, à son exception day Times dans ses éditions du nien. En juillet 1996, il serait passé à (Le Monde du 15 et 16 avril). Elle pects autour d’un groupe de jeunes monde entier. Il avait toutefois été près, sont retrouvées et soumises au 1er avril. S’ensuit un « incroyable Pleine-Fougères, où il se serait intro- avait été immédiatement confiée au Ecossaises, hébergées dans un cen- relâché après son audition, n’ayant test ADN. Une demande d’informa- concours de circonstances », selon le duit dans l’auberge de jeunesse, laboratoire de la police scientifique tre international à la Croix-en-Tou- commis aucun acte susceptible de tion le concernant est envoyée, via mot d’un enquêteur : l’article du Sun- pour violer et tuer Caroline Dickin- et technique de Paris, qui a mis en raine. L’homme, dénommé Fran- justifier une poursuite. Interpol, en Espagne et en Angleter- day Times tombe entre les mains son. En 1997, il réapparaît en Espa- évidence une concordance de gne, où il est brièvement incarcéré 14 points avec l’ADN recueilli sur le pour tentative de viol sur une jeune corps de la victime – soit bien plus fille. Puis il disparaît longuement, que les sept points nécessaires à une Au pays de Sherlock Holmes, ce crime commis en France a passionné les tabloïds avant de s’introduire illégalement identification judiciaire. Pour les sur le sol américain, en février 2001. enquêteurs de la cellule « Caroline », LONDRES l’immigration américaine zélé et un journaliste facilite le règlement des affaires criminelles. Ain- A l’annonce des résultats de la il s’agit d’un pas plus que décisif : de notre correspondant chevronné du Sunday Times aient contribué à la si, il y a deux mois, la police scientifique a révélé comparaison ADN, samedi 14 avril, c’est la première fois, dans cette « Caroline : on tient notre homme » (Express). résolution de l’énigme confirme ces préjugés. Le que de nouvelles techniques avaient permis l’avocat de la famille Dickinson, enquête exceptionnelle, que la jus- « Caroline : l’agonie est terminée » (Mirror). « Les contraste apparaît saisissant entre les ratés de d’établir les empreintes génétiques du meurtrier Me Hervé Rouzaud Le Bœuf, a expri- tice identifie formellement un meur- parents de Caroline applaudissent la percée de cette affaire et la célérité – moins de deux mois – de deux jeunes filles en 1973 ! Les journaux se mé sa satisfaction, en relevant qu’il trier présumé. l’ADN » (Telegraph). Comme l’indiquent les man- avec laquelle la police anglaise a retrouvé, grâce plaisent à rappeler que la police britannique faut « désormais corroborer par des L’instruction sur la mort de Caroli- chettes de la presse dominicale londonienne, l’af- aux empreintes génétiques pratiquées sur un s’est dotée depuis 1995 du premier « fichier méthodes classiques les éléments four- ne Dickinson n’aurait jamais été élu- faire Caroline Dickinson a suscité un vif intérêt millier de chauffeurs, le meurtrier de Céline génétique » opérationnel exclusivement consa- nis par les empreintes ADN » contre cidée sans la persévérance des en Grande-Bretagne. La conférence de presse Figeard, cette étudiante française violée et tuée cré à la lutte contre le crime. Ils ne cachent pas ce suspect. A Pleine-Fougères, la enquêteurs. Mais il aura également conjointe, le 14 avril, des parents séparés de la par un routier. non plus leur fierté que la technique de visualisa- population, qui a dû se plier aux fallu une pincée de chance. La jeune fille, John et Sue Dickinson, la joie des Au pays de Sherlock Holmes, ce drame conte- tion du patrimoine génétique humain ait été tests génétiques pendant l’enquête, découverte de la présence de Fran- habitants du petit village de Cornouailles d’où la nait tous les ingrédients d’un de ces crimes extra- mise au point en Grande-Bretagne par Alex Jef- exprimait elle aussi son « soulage- cisco Arce Montes aux Etats-Unis collégienne était originaire, les félicitations de la ordinaires que s’approprient volontiers les fries, de l’université de Leicester, en 1987. ment ». Il appartient dorénavant au est en effet l’aboutissement de lon- police de Cornouailles et du Devon, et la photo tabloïds : une écolière de treize ans, violée et Les Anglais aiment la patrie des « mangeurs conseiller Francis Debons de lancer gues années de travail pour la jus- de Francesco Arce Montes à la « une » des jour- tuée en pleine nuit dans une auberge de jeu- de grenouilles ». Le « Shuttle » met le pays à une demande d’arrestation provisoi- tice, qui a mobilisé des moyens naux télévisés, attestent du retentissement nesse sans qu’aucune de ses quatre amies qui quelques heures de la Normandie ou de la Breta- re de Francisco Arce Montes aux exceptionnels pour résoudre l’énig- médiatique de l’épilogue de l’enquête. Sans par- partageaient sa chambre ne s’en rende comp- gne, destinations favorites des voyages scolaires Etats-Unis, afin qu’il soit placé sous me du meurtre de la jeune Anglaise ler du Foreign Office, qui ne cache pas son soula- te... Il y a aussi les personnalités contrastées des comme celui auquel participait Caroline Dickin- écrou extraditionnel. Afin d’antici- (lire ci-dessous). Dès 1997, l’enquête, gement devant la fin d’un désaccord bilatéral parents. Le père, John Dickinson, qui s’est battu son. Mais certains soulignent que pareil périple per la procédure d’extradition, lon- conduite alors par le juge Renaud empoisonnant les relations entre Londres et sans relâche pour que l’on n’oublie pas sa fille, n’est pas exempt de dangers, que ce soit en rai- gue et complexe, il pourrait décider Van Ruymbeke, avait fait émerger Paris. La partie britannique évoquait en effet le accordant des interviews à qui voulait l’enten- son du nombre élevé d’accidents de voitures que d’envoyer dans les semaines à venir l’hypothèse d’un agresseur sexuel manque de progrès de l’enquête à chaque ren- dre. Sa croisade a ému le royaume. A l’inverse, de la délinquance. A l’appui de ses inquiétudes, une équipe aux Etats-Unis pour inter- opérant en priorité dans les auber- contre franco-britannique. beaucoup ont vu dans le combat de la mère, ten- un journal a même ressorti ce week-end le reten- roger l’Espagnol, qui ne devrait pas ges de jeunesse. Procédant par élimi- Les bavures de l’enquête des gendarmes puis tant en vain d’obtenir, devant les tribunaux, des tissant assassinat, en 1952, de la famille Drum- pouvoir revenir en France avant plu- nation, en soumettant chaque sus- la révocation d’un juge et la lenteur des investi- dommages et intérêts de l’école de sa fille, le mond par Gaston Dominici… sieurs mois. pect au test ADN, le magistrat avait gations ont alimenté la suspicion des Britanni- signe d’un cynisme dérangeant. ainsi insensiblement recentré ses ques envers la police française. Qu’un agent de L’absence de prescription au Royaume-Uni Marc Roche Cécile Prieur Cinq années d’une enquête à rebondissements, axée sur les empreintes génétiques QUAND a démarré l’enquête sur tests ADN. En plus de quatre ans, ce interpellent, le 20 juillet, un sans-abri demande de la famille, va lui impri- L’enquête se recentre alors sur des sera examinée, des recherches la mort de Caroline Dickinson, en sont ainsi 3 600 hommes qui ont été qui circulait dans la région. Agé de mer un nouveau tournant. méthodes traditionnelles d’investiga- seront entreprises jusqu’en Irlande… juillet 1996, les recherches judiciaires soumis aux tests génétiques, confé- trente-neuf ans, Patrice Padé a déjà Vendredi 10 octobre 1997, ce sont tion. Le conseiller Van Ruymbeke, A chaque fois, le conseiller Van à partir des empreintes génétiques rant à l’utilisation de ce mode de été condamné pour affaires de plusieurs dizaines d’habitants mascu- qui reprend l’ensemble des auditions Ruymbeke soumet les intéressés au en étaient encore à leurs balbutie- preuve un place encore inégalée mœurs. L’homme fait figure de cou- lins de Pleine-Fougères qui défilent, des témoins, dont certaines avaient test ADN, sans succès. Parallèle- ments. Presque cinq ans après, dans une enquête criminelle. pable idéal. Placé en garde à vue, il gênés, dans la mairie de la commu- été négligées, et met en évidence une ment, il suit ses investigations, l’ADN est devenu une preuve reine, Le crime de Pleine-Fougères s’est avoue le meurtre de Caroline et est ne, afin de subir le prélèvement qui hypothèse de déroulement du crime, menés sur quatre fronts : l’entourage presque banale, notamment dans les d’emblée présenté comme une véri- écroué pour meurtre accompagné construite à partir d’éléments nou- des auberges de jeunesse de Pleine- affaires de mœurs, où elle est fré- table énigme, digne du Mystère de la de viol. Une conférence de presse veaux. L’après-midi du meurtre, un Fougères et Saint-Lunaire, les agres- quemment utilisée pour confondre chambre jaune. Le 18 juillet 1996, le très médiatisée est organisée par le Dans un premier individu qui rôdait autour de l’auber- seurs sexuels de l’Ouest ainsi que plu- les auteurs d’agressions sexuelles. corps sans vie de Caroline Dickinson, juge Zaug et les gendarmes. Mais ge de jeunesse a été aperçu par plu- sieurs détenus, les ouvriers saison- L’affaire Dickinson a grandement treize ans, était retrouvé dans la Patrice Padé, qui s’est rétracté, est temps de l’enquête, sieurs adolescentes du groupe de niers de passage dans la région et contribué à cette évolution, la trace chambre nº 4 de l’auberge de jeu- mis hors de cause par l’analyse géné- Caroline Dickinson. Le soir du l’audition de tous les directeurs ADN du meurtrier étant l’unique nesse de Pleine-Fougères, où elle tique. Il est finalement libéré avant l’ADN relevé servira 17 juillet, il a été surpris au sein de d’auberge de jeunesse de France. indice tangible que les enquêteurs séjournait avec sa classe de Launces- de bénéficier d’un non-lieu. Il rece- l’établissement par un adulte, avant C’est de cette dernière piste détenaient. Confrontée à un crime ton (Cornouailles), dans le cadre vra 10 000 francs d’indemnisation non à confondre, de s’éclipser. Puis l’homme se serait qu’émergera le profil de Francisco mystérieux, réputé insoluble au fil d’un séjour en Bretagne. L’autopsie pour sa détention provisoire rendu dans l’auberge de jeunesse de Arce Montes, dont l’empreinte géné- des ans, la justice a ainsi choisi de sys- devait révéler que la jeune Anglaise injustifiée. mais à disculper Saint-Lunaire, située à quelques kilo- tique est apparue identique, samedi tématiser les recherches génétiques, avait subi des violences sexuelles, Echaudés par ce cuisant revers, les mètres, où il aurait tenté d’agresser 14 avril, avec celle du meurtrier de en soumettant chaque suspect aux entre 4 h 30 et 4 h 45 du matin, peu gendarmes reprennent leurs investi- une jeune fille, avant de prendre la Caroline. Auparavant, la trace ADN avant de trouver la mort par suffoca- gations de zéro, mais l’enquête piéti- disculpe. Pour cette première en fuite, muni d’un morceau de coton de Pleine-Fougères aura été compa- tion. Les quatre amies de Caroline, ne. L’affaire est d’autant plus sensi- France, près de 600 hommes seront qu’il a dérobé. Il serait retourné à Plei- rée à celle de plusieurs milliers qui dormaient dans la même cham- ble que la famille Dickinson, en ainsi testés sans succès. L’opération, ne-Fougères, se serait introduit sans d’hommes, dont celles des quelque bre qu’elle, n’ont rien deviné du dra- désaccord avec le juge Zaug, émet fortement médiatisée, a été accompa- bruit dans la chambre nº 4, aurait 400 000 personnes introduites dans me survenu pendant leur sommeil. des protestations par la voie diploma- gnée de toutes les précautions. Il est violé Caroline et l’aurait étouffée le fichier des empreintes génétiques Seul élément concret à la disposition tique, tandis que la presse anglaise se rappelé que, comme le veut la loi avec le coton. Il aurait été aperçu à anglais. Par son ampleur et son systé- des enquêteurs : des traces de sper- déchaîne. John Dickinson, père de française, aucun prélèvement ne 5 heures du matin, par une accompa- matisme, l’enquête sur la mort de me laissées par le violeur, dont il est Caroline, demande notamment que peut être effectué sans le consente- gnatrice, avant de disparaître au Caroline Dickinson aura ainsi contri- extrait son empreinte génétique. l’ensemble de la population masculi- ment des intéressés. Mais chacun volant d’une camionnette blanche. bué, comme l’affaire Guy Georges, à Cet ADN servira d’abord non à ne de Pleine-Fougères soit soumise comprend qu’il a tout intérêt à s’y Un portrait-robot du tueur est la création d’un fichier d’empreintes confondre, mais à disculper. L’ins- aux tests génétiques, afin de ne négli- soumettre afin de faire cesser la alors élaboré et diffusé sur l’ensem- génétiques en France. Le principe de truction, alors confiée au juge ger aucune piste. Le magistrat rumeur. Seul la Ligue des droits de ble du territoire. Des dizaines de ce fichier, réservé aux condamnés malouin Gérard Zaug, s’engage en malouin refuse, mais il est désavoué l’homme émet alors une timide pro- témoins affluent, qui croient recon- pour agressions sexuelles, a été voté effet sur une mauvaise piste. A la par la cour d’appel de Rennes, qui le testation. Depuis cet épisode, aucun naître le meurtrier parmi leurs con- en juin 1998. Mais sa mise en place recherche d’un « routard », qui dessaisit du dossier. L’affaire est autre dépistage systématique sur naissances : un ouvrier de chantier tarde toujours. aurait été aperçu aux alentours de alors confiée au conseiller Renaud une commune n’a été organisé en dénoncé par ses collègues sera sus- l’auberge de jeunesse, les enquêteurs Van Ruymbeke qui, en accédant à la France. pecté, la piste d’un violeur à Nancy C. Pr. SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001 / 7

La vie s’organise peu à peu pour les évacués de Vimy A Lamballe, 4 000 personnes malgré leur envie de « faire un saut » chez eux manifestent pour une eau pure Le convoi de munitions toxiques a quitté le dépôt dans la nuit et est arrivé à destination lundi matin malgré des barrages d’agriculteurs Trois jours après le début de leur évacuation, les déserts. Sur les barrages, les habitants évacués Le convoi contenant les caisses les plus toxiques cinq communes et deux quartiers proches du dans la hâte tentent de négocier avec les policiers est arrivé, à 7 heures, lundi, au camp de Suippes dépôt de Vimy (Pas-de-Calais) sont presque pour y retourner : « J’ai oublié mon chéquier »... (Marne), après cinq heures de route. Le blocus redouté n’a pas eu lieu

VIMY (Pas-de-Calais) finalement que les conditions d’hé- temps, les services de la préfecture barrage autour du périmètre de sécu- SAINT-BRIEUC entendu. Des opérations escargot de notre correspondante bergement sont satisfaisantes, par ont organisé un déplacement sur la rité, ils essaient de négocier avec les de notre correspondant ont été en effet menées samedi Dans la rue principale, les volets chambres de deux ou quatre lits. Les côte d’Opale. « La proposition a inté- forces de l’ordre pour obtenir l’auto- Malgré les tentatives de blocus matin, entre Rennes et Saint- de toutes les maisons sont clos, les petits désagréments de la première ressé beaucoup de monde, dit-on à la risation de « faire un saut » chez de la ville par des agriculteurs, Brieuc et entre Dinan et Saint- rideaux de fer restent baissés devant nuit – absence de draps ou de linge cellule de crise, nous avons du pré- eux. « J’ai oublié mon chéquier », ten- environ 4 000 personnes ont mani- Brieuc. Au début de l’après-midi, de toilette – ont vite été oubliés. Les voir deux voyages. » Au programme, te d’expliquer une habitante de festé pour l’eau pure et l’agricultu- des barrages ont été dressés aux REPORTAGE hôpitaux de la région ont fourni dès le Touquet et un tour au parc d’at- Vimy, en vain. Une autre s’inquiète : re durable, samedi 14 avril, à Lam- entrées de Lamballe. Et malgré des samedi le matériel nécessaire. «On tractions de Bagatelle. « Je n’ai pas fermé ma bouteille de balle (Côtes d’Armor) à l’appel du déviations mises en place par la Une ville fantôme : dans mange bien et tout le monde est très La mairie d’Avion a envoyé ses ani- gaz ! », sans plus de succès. Quant à réseau Cohérence, d’Eau et riviè- gendarmerie, plusieurs cars affré- la rue principale, les volets gentil avec nous », dit un habitant mateurs au lycée agricole de Tilloy- ceux qui ont dû abandonner des ani- res et du collectif des victimes des tés par des associations de défense sont clos, les rideaux d’Avion, accueilli avec sa famille à les-Mofflaines qui abrite une vingtai- maux, ils ont entendu parler de la pollutions des bassins versants. de l’environnement ont dû faire de fer restent baissés l’internat du lycée Robespierre à ne de familles. Ils ont organisé une possibilité d’obtenir un laisser-pas- Après Binic en 1998, Pontivy en demi-tour. Arras. Mais il ajoute aussitôt qu’il chasse à l’œuf le jour de Pâques. A ser mais ne savent pas comment se 1999, Lamballe marque une nou- s’inquiète pour son logement de la Béthune, la municipalité a distribué le procurer. Une trentaine d’« irré- velle étape dans le combat des Bre- ÉVENTUEL RECOURS AU BOYCOTT les vitrines des magasins et seules cité de la République: « C’est un des guides d’information sur la ville, ductibles » ont d’ailleurs refusé de tons pour une eau non polluée et Certes, l’organisation d’un ras- quelques rares voitures, abandon- quartier mal famé, j’ai peur de ne pas et garanti la gratuité de l’accès aux quitter leurs maisons. Gilbert aime une agriculture plus respectueuse semblement « eau pure » dans la nées par leurs propriétaires, sont ses oiseaux. Il en a plus d’une centai- de l’environnement mais aussi, Mecque de l’agroalimentaire bre- garées le long du trottoir : Vimy (Pas- ne, des pigeons, des canards : « C’est selon les manifestants, créatrice ton pouvait passer pour une provo- de-Calais) ressemble à un village- Des moyens exceptionnels mobilisés ma passion, j’y tiens plus qu’à tout. d’emplois et garante d’un aména- cation aux yeux d’agriculteurs fantôme, comme les autres commu- J’ai des espèces couveuses, il n’est pas gement du territoire équilibré. encore sous le coup de crises suc- nes du secteur, évacuées depuis ven- Le convoi exceptionnel transportant les 55 tonnes d’obus toxiques, con- question de les déplacer alors s’ils doi- Une large revendication puisque, cessives. Mais le travail de sensibili- dredi 13 avril. La plupart des 12 000 tenant notamment de l’ypérite et du phosgène, a atteint le site militaire vent crever à cause du gaz, je crèverai aux côtés des associations environ- sation, effectué par Jean Salmon, habitants qui ont dû fuir le périmè- de Suippes (Marne), près de Reims, lundi 16 avril, vers 7 heures. Les 59 avec eux. » Certains ont pourtant cra- nementales et de consommateurs, président de la Chambre d’agricul- tre de sécurité autour du dépôt de véhicules, s’étirant sur 4 kilomètres, ont parcouru 238 kilomètres à travers qué dès dimanche matin, ils ont quit- s’étaient joints les pêcheurs d’eau ture bretonne et d’autres responsa- munitions de la première guerre le nord de la France. Dimanche, dès 22 heures, toutes les routes et auto- té le périmètre à leur tour : « On se douce, les marins pêcheurs, les bles de la FNSEA, commence à se mondiale ont pu trouver refuge routes (D46, N17, A 26, A4, D977) empruntées par le convoi avaient sent seul, surtout la nuit… ». conchyliculteurs, les apiculteurs, traduire sur le terrain par une réel- dans de la famille ou chez des pro- été fermées à la circulation, tandis que les différents accès aux auto- Le préfet du Pas-de-Calais, Jean les plaisanciers, mais aussi des agri- le prise de conscience ainsi que ches. routes étaient également temporairement bloqués. Des moyens maté- Dussourd, n’a pas voulu employer la culteurs bio et de la confédération par un début de changement des Marie-Pierre est accueillie avec riels et humains considérables ont été déployés. Seize démineurs avaient force « mais en cas d’alerte grave, je paysanne soutenus par les Verts et pratiques culturales. De leur côté, son mari chez son frère, à Hénin- pris place à bord des sept camions frigorifiques assurant dans des contai- serai intraitable ». D’autant que tout l’UDB (Union démocratique bre- les défenseurs de l’environnement Beaumont, à quelques kilomètres ners spéciaux, le transports des armes chimiques. Ils étaient encadrés par danger n’est pas écarté après le tonne). et les consommateurs exigent seulement. « Nous avons emporté des véhicules d’incendie et de secours, des voitures de police et de gendar- départ du convoi d’obus chimiques. « On a gagné », a lancé Jean- désormais des résultats tangibles. notre ordinateur pour pouvoir conti- merie tandis que plusieurs hélicoptères – deux pumas médicalisés de l’ar- Il reste plus de 100 tonnes de muni- François Picquot au nom d’Eau et Denis Baulier, président de Cohé- nuer à travailler, et puis on a pris de mée et deux appareils du SAMU –, survolaient le bon déroulement des tions diverses à Vimy, dont « certai- rivières, en entamant sa série d’in- rence, n’a pas écarté le recours au quoi remplir le congélateur pour ne opérations. Près de 700 hommes ont participé à cet acheminement. nes sont mal identifiées, en très mau- terventions sur la place des Haras, boycott en appelant à choisir les pas avoir l’impression de squatter. » vais état et donc intransportables », terme du défilé. Pour les manifes- porcs élevés sur paille ou bio plu- Heureusement, leurs deux fils devai- précise le préfet de région Rémy tants, c’est bien d’une victoire qu’il tôt que des porcs élevés en batte- ent partir en vacances. Mais tout le tout retrouver en rentrant ! », même équipements municipaux comme la Pautrat. Les démineurs vont mainte- s’agit, après une chaude semaine rie. Un appel aux parents d’élèves monde n’a pas eu cette chance, et si les CRS et l’armée patrouillent piscine ou la patinoire. Pour les per- nant devoir les manipuler avec pré- où les syndicats agricoles et grou- a été lancé pour exiger du « bio et près de 2 000 personnes ont dû être dans les rues jour et nuit. Christiane, sonnes qui travaillent, les autorités caution pour les reconditionner et pements de producteurs ont tout durable » dans les cantines. relogées par les services de la préfec- elle, admet que tout est pour le vont organiser des services de garde sécuriser le site. Le danger d’explo- tenté pour empêcher ce rassemble- Dans une région qui ne peut se ture. mieux, mais elle supporte mal la son- pour les enfants dans des centres de sion existe toujours, les mesures de ment : demande d’annulation payer ni le luxe de se passer de La plupart sont aujourd’hui dans nerie qui annonce le réveil du matin loisirs ou des clubs sportifs. sécurité restent donc les mêmes et auprès du préfet, contre-manifes- l’agriculture, l’une de ses principa- des internats de lycées, à Arras et à et le petit déjeuner. Et si les enfants Tous ces efforts n’arrivent pas à les 12 000 habitants du secteur tation… Pour finalement, vendredi les sources de richesse, ni de man- Béthune, désertés pendant les vacan- ont un peu l’impression d’être en rassurer totalement la population. devront encore attendre quelques soir appeler à une sage présence quer d’une eau de qualité, il reste à ces scolaires. D’abord inquiets, voire vacances, leurs parents ont du mal à Beaucoup sont partis dans la précipi- jours avant de rentrer chez eux. symbolique aux entrées de la ville. présent à renouer le dialogue. en colère, à l’idée de se retrouver en bien réaliser ce qui leur arrive. Alors, tation, en oubliant d’emporter par- Cet appel à la modération de la collectivité, les « réfugiés » avouent pour aider les gens à passer le fois l’essentiel. Sur tous les points de Claire Mesureur FDSEA n’a été que partiellement Hervé Quillé

DÉPÊCHES Pâques à Lourdes pour les handicapés mentaux de toute foi et de tout pays a JUSTICE : Me Thierry Herzog, l’avocat de Jean Tiberi, ancien mai- re de Paris et maire du 5e arrondissement, a fait savoir au juge d’instruc- LOURDES (Hautes-Pyrénées) S’ouvrant un chemin de leurs fauteuils rou- handicapés mentaux à Lourdes est « une folie tion Jean-Paul Valat que M.Tiberi répondra à sa convocation, indiquait de notre envoyé spécial lants. Bousculant de leurs cris les cérémonies aux yeux des hommes ». Mais, ajoute-t-elle, Le Journal du dimanche, dans son édition du 15 avril. Convoqué une En 1971, les commerçants et hôteliers de et leur bel ordonnancement. l’« amour » des familles, des amis, de Dieu première fois mercredi 11 avril comme témoin assisté dans l’affaire des Lourdes avaient tiré leurs rideaux pour leur Le soir du jeudi saint, imitant le Christ et ses pour les croyants, est le meilleur antidote, la faux électeurs du 5e arrondissement, Jean Tiberi ne s’était pas présenté. premier pèlerinage, des militaires avaient pris apôtres au soir de la Passion, handicapés et seule explication. Un enfant handicapé est une a SANTÉ : la Fédération des sages-femmes a appelé samedi place le long du gave, les hôpitaux avaient été bien-portants se lavent mutuellement les « plaque sensible, confirme Armelle. Au pre- 14 avril à une nouvelle manifestation le 26 avril, lors d’un « jeudi sans mis en alerte. Trente ans plus tard, pour ce pieds, dans un geste de service et d’humilité. mier coup d’œil, il sait si on l’aime ou si on ne sages-femmes », afin de dénoncer les « refus persistants du gouverne- week-end de Pâques, du jeudi 12 au lundi Le vendredi saint, ils convergent sur la Prairie, l’aime pas. » ment » face à ses revendications. Jeudi 12 avril, environ 2 000 sages- 16 avril, les 7 500 handicapés mentaux, accom- de tous les points du sanctuaire, portant des Avoir un enfant handicapé, c’est toujours femmes avaient manifesté à Paris pour réclamer une reconnaissance pagnés de leurs proches – un record de 16 000 croix, mimant les gestes du procès et de la cru- une « honte » à porter, dit un père. « Mais à de leur statut médical et une revalorisation de leur profession (Le Mon- pèlerins – ont désarmé toute résistance et con- cifixion, méditant entre deux morceaux de flû- Lourdes, les masques tombent, ajoute-t-il. La de du 14 avril). quis le cœur d’une ville habituée à tous les mal- te : « Quand on tombe, témoignent Sabrina et souffrance ramène à l’essentiel, au-delà de nos aACCIDENT : un spéléologue de 25 ans qui participait à un exercice heurs. Le pèlerinage décennal de l’association Florence, jeunes pèlerines, il y a toujours des idéologies et de nos spiritualités diverses. » Il ne du Spéléo-Secours français a été blessé, samedi 14 avril, par une chute Foi et lumière et de l’Arche de Jean Vanier est gens pour vous relever. » s’agit pas d’« exhiber » sa souffrance. La vie en de pierres, et est resté coincé dans une cavité du massif du Dévoluy devenu une institution. S’il y a des miracles à communauté ne consiste pas « en séances de (Hautes-Alpes). Son évacution en civière, prévue lundi 16 avril, a obli- Lourdes, celui-ci en est un. « LE REJET S’AGGRAVE » psychothérapie », affirme Isabelle : « Elle nous gé les secours à élargir à la dynamite le boyau d’accès à la cavité. Certains avaient mis sept jours pour venir de La nuit de Pâques, dans la basilique souter- conduit à accepter, à nous soutenir, à trouver un a POLLUTION : un repérage des points de perçage possibles de la Géorgie ou de Lituanie. Soixante-seize pays au raine, le visage rougi par les cierges, 20 000 dépassement possible. » Les premiers pèlerina- coque du Ievoli Sun a été effectué, samedi 14 et dimanche 15 avril, total – de Taïwan au Rwanda, de la Russie au personnes se serrent entre les nefs de béton. ges de Foi et lumière, dit Jean Vanier, étaient par l’équipage du navire néerlandais Smit Pioneer, afin de préparer un Japon, des Etats-Unis à Hongkong – avaient Le dimanche encore, couverts de longs pon- ceux de la « consolation » et de la « reconnais- pompage de la cargaison du chimiquier italien. Ce navire avait coulé fait l’étonnant voyage à Lourdes. Ils sont catho- chos bleus, ils chantent leur foi dans la Résur- sance ». Ce fut, cette année, le pèlerinage de la le 31 octobre 2000 à 35 kilomètres des côtes normandes, avec liques, protestants, anglicans. Trois cents vien- rection. Autant de gestes incompréhensibles « révélation » : « Le rejet des handicapés par la 6 000 tonnes de produits chimiques à son bord. nent de pays orthodoxes et on compte même pour l’homme raisonnable. Mais la raison peut- société s’aggrave. Ce sont les personnes les plus a RAVE-PARTY : une rave-party sauvage s’est tenue du samedi quelques bouddhistes. Tous stupéfaits, jusqu’à elle expliquer pourquoi des visages défaits par opprimées de la terre. Or il faut révéler au mon- 14 avril au soir au dimanche 15 avril après-midi à la piscine Moli- l’hilarité, de se trouver si nombreux et rassem- le handicap s’éclairent, dès qu’on leur accorde de qu’elles existent et ont quelque chose d’essen- tor, à Paris, désaffectée depuis onze ans. Selon la police, la fête a réuni blés. Transformant la cité mariale en temple une bribe d’attention ? Pour Marie-Hélène tiel à lui donner. » de 1 000 à 2 000 personnes, qui s’étaient donné rendez-vous via Inter- des « pauvres d’esprit ». Priant, communiant, Mathieu, présidente de Foi et lumière (1 400 net. Les « ravers » ont escaladé les murs d’accès à la piscine située por- chantant, guitares et tambourins à la main. communautés en France), ce pèlerinage de Henri Tincq te Molitor dans le 16e arrondissement de la capitale. Le tribunal de Marseille annule une procédure en raison de l’illégalité d’une garde à vue MARSEILLE tée de la présence de Nordine Belfa- qu’il porte ». Ils affirmaient n’avoir de notre correspondant del « très défavorablement connu » porté aucun coup. Devant le tribu- Le tribunal correctionnel de Mar- des policiers. A leur vue, le jeune nal correctionnel, Me Alain Lhote, seille a annulé, mardi 10 avril, la pro- homme avait pris la fuite. Les poli- défenseur du jeune homme, a souli- cédure engagée contre un jeune ciers le retrouvaient dans un appar- gné que, « malgré l’avis très clair du homme prévenu d’infraction à la tement, aux prises avec le proprié- médecin, les policiers ont maintenu législation sur les stupéfiants, après taire qui le rudoyait. Son visage en garde à vue M. Belfadel et ont avoir relevé l’illégalité de sa garde à était ensanglanté. Sur lui, les poli- poursuivi des actes d’investigation en vue. Malgré un certificat médical ciers découvraient une barrette de violation du code de procédure péna- établissant que l’état de santé de haschisch mais le soupçonnaient de le. L’officier de police judiciaire n’a Nordine Belfadel, vingt-six ans, s’être débarrassé de quarante pas rendu compte immédiatement n’était pas compatible avec la garde autres barrettes. « Ils me font un tra- au procureur de la République des à vue, les policiers de la brigade anti- vail », n’a cessé de répéter Nordine conclusions de l’examen médical ». criminalité (BAC) nord de Marseille Belfadel, qui nie avoir détenu ce « Si c’est vrai, c’est grave », a n’avaient pas levé cette mesure et cannabis. acquiescé la représentante du par- avaient même poursuivi leurs inter- quet, Catherine Alexandre, qui a rogatoires. M. Belfadel n’avait été « SE LAVER DES TACHES DE SANG » requis un supplément d’informa- remis en liberté, sur injonction du A 17 h 35 lui était notifié le début tion. Le tribunal, présidé par Jacque- procureur de la République, que de sa garde à vue. A 20 heures, le line Faglin, a annulé la totalité de la quinze heures après l’avis négatif docteur Massiani signait un certifi- procédure. Nordine Belfadel com- du médecin. cat médical recensant sur le visage paraissait sur une opposition à une Nordine Belfadel avait été inter- deux œdèmes, deux abrasions condamnation à un an de prison pellé le 25 mai 2000 à la cité Font- superficielles et une petite plaie au prononcée par défaut le 5 octobre Vert. Il avait déclaré chercher à cuir chevelu. Auparavant, les poli- 2000. Détenu depuis le 13 février, il acquérir du haschisch pour sa con- ciers avaient noté leur décision « de a été remis en liberté. sommation personnelle. Selon la démenotter l’intéressé aux fins qu’il BAC, une patrouille avait été aler- puisse se laver des taches de sang Luc Leroux 8 / LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001 CARNET

LÉGION D’HONNEUR DISPARITIONS Jean Kahn élevé à la dignité Maurice Doublet Alexis Vibert-Guigue de grand officier Premier préfet de Paris Un maître d’ouvrage passionné GRAND PRÉFET de l’ère Pom- département de Paris et de ceux ANCIEN PRÉSIDENT de l’Offi- tes pour les familles, commandes LES NOMINATIONS, promo- tecte ; Jacques Delage, professeur pidou, Maurice Doublet est mort de sa banlieue, dits de la Petite ce central interprofessionnel de de mobilier extérieur aux tions et élévations de Pâques dans émérite de l’Institut national agro- samedi 14 avril à Paris. Agé de qua- Couronne (Hauts-de-Seine, Seine- logements (OCIL), Alexis Vibert- designers… Il est parmi les pre- l’ordre de la Légion d’honneur nomique Paris-Grignon ; Michel tre-vingt-sept ans, affaibli par une Saint-Denis, Val-de-Marne). Il Guigue est mort le 7 avril. Né le miers à faire confiance à des jeu- sont parues au Journal officiel du Serres, membre de l’Académie double pneumonie, il venait poursuivra et achèvera ensuite, en 11 novembre 1916 dans un nes architectes novateurs, tels dimanche 15 avril. française. d’être hospitalisé à la suite d’une tant que préfet de la région Ile-de- hameau du Beaufortain, en Gérard Grandval, Philippe et Mar- Sont élevés à la dignité de grand Parmi les personnalités promues chute. France, de 1969 à 1975, le travail Savoie, il était le dernier d’une tine Deslandes, Andrault et Parat, officier : Georges Abadie, ancien officiers, on relève les noms de Paul Né le 8 avril 1914 à Saint- de Paul Delouvrier, père des villes famille de sept enfants et passa Jean Renaudie, Henri Gaudin, membre du Conseil constitution- Champsaur, directeur général de Maixent, dans les Deux-Sèvres, nouvelles et du schéma d’aména- son enfance à garder vaches et Christian Hauvette. nel ; Jean Kahn, président du Con- l’Insee ; Christian Sautter, ancien gaulliste de la première heure, gement et d’urbanisme de la moutons. Boursier d’Etat, il par- Il impose aussi une rigueur abso- sistoire central israélite de France ; ministre ; Michel Bon, président- Maurice Doublet a consacré sa vie région parisienne. vient à faire des études supérieu- lue dans la gestion à une époque Claude Lasry, vice-président de la directeur général de France Télé- au service de l’Etat dans le corps Remercié après l’élection de res (« J’ai bénéficié de la plus gran- où les scandales financiers sont Fondation de France ; Joseph com ; Serge Kampf, président direc- préfectoral. Docteur en droit, il Valéry Giscard d’Estaing à la prési- de des inégalités », disait-il). Il a déjà fréquents dans la construc- Rovan, essayiste. teur général de Cap-Gemini ; Paul commence sa carrière comme dence de la République, en 1974, pour professeurs de khâgne, à tion. Cela lui vaudra d’être victi- Sont promus commandeurs : Ray- Bouchet, président d’ATD Quart- chef de cabinet du préfet de Giron- Maurice Doublet revient en 1977 Lyon, Vladimir Jankélévitch et me, en 1985, d’une attaque au mond Huppert, ancien président Monde ; Alain Carpentier, spécialis- de. Prisonnier de guerre dans un à la Mairie de Paris comme pre- Jean Guitton, qui lui donnent vitriol qui le brûle gravement au de sociétés ; Georges Beauchamp, te en chirurgie cardiaque ; Yves Ber- oflag de Poméranie de 1940 à mier directeur du cabinet du nou- l’amour de la littérature et des visage. Il a raconté ses souvenirs ancien vice-président du Conseil trand, directeur central des rensei- 1945, il occupe, après la Libéra- veau maire, Jacques Chirac, après arts. Il abandonnera cependant de petit montagnard et de grand économique et social ; Noël gnements généraux ; Charles Chay- tion, de nombreux postes, dont avoir participé à la campagne élec- l’enseignement pour entrer dans constructeur dans deux livres : Duplan, président d’un conseil nes, compositeur de musique ; Pier- celui de secrétaire général de la torale du président du RPR dans l’industrie privée. Quand on écoutait le soleil et Au départemental de la Résistance ; re Dumayet, journaliste, écrivain ; Corrèze, de sous-préfet de Vichy le 12e arrondissement. Bien qu’ad- En 1953, pour faire face à la pénu- temps des chemins de grue. Catherine Samie, comédienne ; Arman, artiste peintre, sculpteur ; (1949), de Sens (1952), de Roanne mis à la retraite dès 1976, il n’en rie de logements sociaux, le gouver- Hubert Heilbronn, administrateur Henri Gaudin, architecte ; Francis (1954). demeurera pas moins, en effet, nement impose aux entreprises Frédéric Edelmann de sociétés ; Pierre Netter, ancien Lemarque, compositeur et artiste En 1956, il est nommé directeur très actif, ce jusqu’à sa mort. d’affecter 1 % des salaires bruts à président d’une chambre de com- de variétés ; Tomi Ungerer, écri- du cabinet du secrétaire d’Etat Président de divers conseils la construction. Alexis Vibert-Gui- merce et d’industrie ; François Péri- vain et illustrateur ; Florence Van chargé des affaires algériennes, le d’administration dans des socié- gue est alors chargé, par le Groupe a PHILIPPE ROCHETTE, journa- got, ancien président du Medef ; der Kemp, présidente de la Fonda- socialiste Marcel Champeix, avant tés dirigées par Guy de Roths- des industries métallurgiques, de liste à Libération, est mort jeudi Louis Hollender, membre de l’Aca- tion Claude-Monet ; Michel Ber- de devenir préfet du Tarn en 1958, child, il sera député au Parlement créer l’Office central interprofes- 12 avril des suites d’un cancer du démie nationale de médecine ; nard, ancien président de la Fédéra- puis de l’Isère. Dans ce départe- européen de 1980 à 1981, en rem- sionnel de logements qui devien- poumon. Né à Constantine en Anne-Marie Lesur, ancienne minis- tion française d’athlétisme. ment, désigné alors comme l’une placement de Pierre Messmer, dra le principal constructeur de 1952, il était entré en 1985 à Libéra- tre ; Solange Troisier, médecin des Enfin, dans les nominations com- des circonscriptions « pilotes » de démissionnaire. Il sera également logements économiques et sociaux tion, où il fut chef d’édition puis hôpitaux ; Georges Flécheux, avo- me chevaliers figurent notam- la réforme administrative, il se président, puis président d’hon- de la région parisienne. En trente- chef adjoint du service Société cat au barreau de Paris ; Jean Géro- ment : Daniel Cohen, économiste ; consacre tout particulièrement au neur de la Société des amis du deux ans, sous sa direction, l’OCIL avant de rejoindre le service nimi, avocat général honoraire à la Patrick Gaubert, président de la remembrement des communes, Musée Carnavalet de 1992 à 1998. aura construit 120 000 logements. Sports en 1996. Il y suivait notam- Cour de cassation ; Joseph Lehue- Ligue internationale contre le racis- mais aussi à la préparation des Maurice Doublet présidait depuis Maître d’ouvrage passionné, il ment le rugby, son sport de prédi- nen, ancien conseiller général de me et l’antisémitisme ; Jean Babi- Jeux olympiques de 1968. 1999 l’Union pour la lutte contre impose, malgré les contraintes et lection, mais également le cyclisme Saint-Pierre-et-Miquelon ; Jean lée, chorégraphe ; Patrice Bart, maî- Ces deux derniers postes furent la sclérose en plaques, après avoir le scepticisme ambiant, la recher- et l’athlétisme. Sa présence discrè- Dorst, membre de l’Académie des tre de ballet ; Roland Bertin, artiste pour lui, comme il l’écrivait dans présidé l’association pour la che de l’innovation et de la qualité te et son humour caustique sciences ; Claude Pair, médiateur dramatique ; CharlElie Couture, son essai Paris en procès (Hachet- recherche sur la même maladie. architecturale pour l’habitat popu- faisaient de lui un homme appré- académique ; Antoine Blanca, artiste de variétés : André Falcon, te, 1976), « une préparation aux laire : refus des grands ensembles, cié de ses interlocuteurs et de ses ambassadeur de France au Pérou ; comédien ; Isabelle Guérin, danseu- problèmes d’aménagement et d’ur- Laetitia Van Eeckhout appartements suffisamment vas- pairs. Marcel Pierrel, déporté résistant ; se étoile à l’Opéra de Paris ; Chris- banisme, notamment lorsqu’ils met- Jean Berthier, ingénieur général tian de Bartillat, éditeur ; Domini- tent en cause les relations entre honoraire des ponts et chaussées ; que Wolton, directeur de recher- Etat et collectivités locales, entre AU CARNET DU « MONDE » – Michèle, Anniversaires de décès sa femme, François Lagandré, président che au CNRS ; Yan Arthus-Ber- départements et région ». C’est à Laurence et Christian Unternehr, – Le 17 avril 1996 disparaissait d’une association en faveur du trand, photoreporter ; Roger ces problèmes qu’il allait devoir Décès Valérie Prud'homme, logement ; Joseph Belmont, archi- Lemerre, sélectionneur-entraîneur pleinement s’atteler, appelé en Rémi Prud'homme et Martine François-Régis BASTIDE. de l’équipe de France de football ; 1966 à clore la liste des succes- Jean-Pierre BRUNET, Roussel, Gérard Mégie, président du CNRS. seurs d’Haussmann en tant que astrophysicien, Martin et Valérie Prud'homme, Que ceux qui l'ont aimé se Nos abonnés et nos actionnaires, préfet de la Seine. ses enfants, souviennent. e Le Monde publiera dans ses édi- C’est lui, en effet, qui se charge- nous a quittés, le 8 avril 2001, à l'âge de bénéficiant d’une réduction sur les 4, avenue du Président-Wilson, tions du mercredi 18 avril la liste ra, dans le cadre de la réforme des soixante-deux ans. Guillaume, Antoine, Gabriel, insertions du « Carnet du Monde », Thibault, Julie, Sophie, Andréa, 75008 Paris. sont priés de bien vouloir nous com- des nominations, promotions et départements, en 1968, de la déli- De la part de ses petits-enfants, élévations dans l’ordre de la cate disparition de cette préfectu- – Il y a un an, muniquer leur numéro de référence. Nathalie Brunet, Légion d’honneur de Pâques. re et de la création du nouveau Vinod Serou, Roger et Marcelle Prud'homme, Jean-Jacques DELORT Jacques Brunet, Robert et Colette Prud'homme, Françoise Brunet, ses frères et belles-sœurs, nous quittait. Dominique Terré, ont le chagrin d'annoncer le décès de Leurs parents et alliés. Jean-François, Laura et Maria- – On nous prie d'annoncer le décès de Jacques PRUD'HOMME, Gabriella, officier de la Légion d'honneur, pensent à lui, et demandent à tous ceux Manière de voir Mme Suzanne DAYRE, médaillé militaire, qui l'ont connu de ne pas l'oublier. Le bimestriel édité par née NAVARRO, croix de guerre 1939-1945 avec palmes, croix du combattant volontaire – Il y a dix ans, le 17 avril 1991, survenu à Arles, le 13 avril 2001. de la Résistance, Jean-René PUTS Une cérémonie religieuse aura lieu le survenu le 11 avril 2001, à Paris. mardi 17 avril, à 8 h 45, en la chapelle de nous quittait. l'hôpital Joseph-Imbert, à Arles, suivie de Les obsèques religieuses auront lieu la crémation, à Saint-Martin-de- en l'église Saint-Louis des Invalides, le Sa famille et ses amis pensent à lui Valgagues, à 11 heures. mardi 17 avril, à 10 h 30. avec émotion et tendresse. Cet avis tient lieu de faire-part et de L'inhumation aura lieu au cimetière Souvenir remerciements. Saint-Pancrace de La Bâtie-Neuve (Hautes-Alpes). Il faudrait tant s'aimer... Surveillance –Mme Hanne Dokolo, Vivre dans l'harmonie d'une son épouse, En sa mémoire, des dons peuvent être œuvre d'art réussie... Mme Ndona Dokolo, adressés à Handicap international, complètement détaché... M. et Mme Colin Nzolantima, totalement détaché... M. et Mme Guy Badjoko wa Lileko, 14, avenue Berthelot, 69361 Lyon Cedex 7, CCP 508 11 C Lyon. M. Sindika Dokolo, Il y a huit ans, M. Luzolo Dokolo, et Ni fleurs ni couronnes. ses enfants, Ses petits-enfants, Et toute la famille, 71, boulevard Arago, Vincent ont la profonde tristesse de faire part du 75013 Paris. décès de Les Clots, 05230 La Bâtie-Neuve. nous réunissait dans cet état d'esprit, Augustin DOKOLO SANU, dans un étrange domaine pour une noce répression étrange... – Michèle Roche, né à Mbanza Ngungu (RDC) le 16 mars Annie et André Finand, 1935, et décédé, à Paris, le 12 avril 2001, Et toute la famille, Ruta demande une pensée fidèle pour entouré de l'affection des siens. ont la tristesse d'annoncer le décès de lui, inspirateur et créateur de cette Fête étrange, qui nous a quittés, bien trop Une messe d'intentions sera célébrée M. Paul ROCHE, jeune, l'année dernière. le mercredi 18 avril, à 10 h 30, en l'église professeur honoraire Tous fliqués ! par Ignacio Ramonet. ■ Un nouvel ordre, par Herbert Marcuse. e Saint-Honoré d'Eylau, Paris-16 . au lycée Jules-Ferry de Cannes, Séminaires ■ Combattre l’esprit de « 1984 », par François Brune. ■ La prophétie du « Meilleur des maire adjoint du Cannet ■ ■ L'inhumation aura lieu à Mbanza pendant trente ans, COLLÈGE INTERNATIONAL mondes », par Ignacio Ramonet. Contrôle.com, par Philippe Rivière. Internet ou Ngungu (RDC). DE PHILOSOPHIE ■ la fin de la vie privée, par Mathieu O’Neil. Ce « petit château de l’âme » cerné de survenu à l'âge de quatre-vingt-seize ans. toutes parts, par Denis Duclos. ■ Les outils informatiques du fichage social, par Le présent avis tient lieu de faire-part. Séminaire 9, rue de la Paroisse, Florence Dupont : « Oralité et écriture Florence Touret. ■ Le toxicomane apprivoisé, par Claude Olievenstein. ■ Comment 9 bis, rue de Magdebourg, dans les théâtres rituels : Qu'est-ce 75016 Paris. 78000 Versailles. ■ Pouilly-le-Châtel, qu'un personnage? » la tolérance zéro vint à l’Europe, par Loïc Wacquant. Vidéosurveillance jusqu’à 10, avenue de la République, 24 avril, 15 et 22 mai, 18 h 30-20 h 30, 69640 Denicé. l’océan, par Philippe Rivière. ■ Parler sans permis à Singapour, par Mathieu O’Neil. Ngaliema Kinshasa (RDC). Espace Jussieu, université Paris-VII- Denis-Diderot, 2, place Jussieu, Paris. ■ Contre-choc à l’école, par Sandrine Garcia et Franck Poupeau. ■ L’œil des rensei- – Nous avons le regret d'informer du Thierry TOULET gnements généraux, par Laurent Bonelli. ■ Profils de « sauvageons », par Laurent décès de Journées d'études ■ ■ s'est éteint sereinement à l'hôpital de « Politique et filiation (II) » Bonelli. Traque des ex-délinquants sexuels aux Etats-Unis, par Loïc Wacquant. A M. René MAGRON, Sous la direction de Robert Harvey, Perpignan, le 19 mars 2001, à cinquante ■ Ann Kaplan et François Noudelmann, la foire du comté, par Loïc Wacquant. Autodéfense à l’américaine, par Eric survenu le 14 avril 2001. ans. ■ ■ 26 et 27 avril, Humanities Institute, Klinenberg. Ces entrepreneurs en sécurité, par Pierre Rimbert. Médias et « insé- E4341 Melville Library, State University Les obsèques auront lieu le mardi La cérémonie religieuse a été célébrée curité », par Serge Halimi. ■ Aux bons soins d’une société sécuritaire, par Christian 17 avril, à 16 heures, en l'église de of New York at Stony Brook, Stony le jeudi 22 mars, à Saint-Loubès, en Brook (USA). de Brie. ■ Tous les Européens sur écoute, par Philippe Rivière. ■ Panique morale Talloires (Haute-Savoie). Gironde. face aux hooligans, par Anastassia Tsoukala. ■ Hypocrisie des armes non létales, par – Les familles Condes, Pic, Labrador L'accès à toutes les activités du ■ ■ et Bahsoun, Bernard, Collège est libre et gratuit (dans la Steve Wright. Une seule punition, l’enfermement ? par Florence Raynal. Le bra- nous prient d'annoncer la disparition de Les familles, limite des places disponibles). celet électronique en question, par Florence Raynal. ■ Le « moyennement répressif » Et les amis Renseignements sur salles, ■ «Maruja» PIC-LABRADOR, l'accompagnent en pensée pour ce répondeur : 01-44-41-46-85. Autres des Pays-Bas, par Josine Junger-Tas. Pendant que vous rêvez..., par John Berger. (veuve du comandante dernier grand voyage. renseignements: 01-44-41-46-80. ■ Droits humains import-export, par Philippe Rivière. Fernando Condes, 1936†), militante antifasciste. CARNET DU MONDE Sites Internet, bibliographie. L'inhumation aura lieu le mardi 17 avril 2001, à 14 heures, à Hossegor Téléphones : (Landes). 01.42.17.39.80 01.42.17.38.42 01.42.17.29.96 e Villa Bougival, EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX - 45 F - 6,86 138, avenue des Dauphins, Fax : 01-42-17-21-36 - e-mail: [email protected] 40150 Hossegor. LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001 / 9 HORIZONS PORTRAIT

coup, j’ai exigé un mariage à A travers le portrait l’église. Il était protestant, donc jamais encore marié à l’église. Nous que brosse d’elle étions cinq : Gaston Defferre, sa sœur, Bernard Privat, Hervé Mille et Josyane Savigneau, moi. » La suite est plus publique, plus chargée de polémiques aussi. Edmonde Charles-Roux Edmonde Charles-Roux, devenue Mme Defferre, femme de celui qui apparaît nimbée « tenait » Marseille, a été l’émi- nence grise de la culture dans la de ce charme énigmatique ville. Très influente au Provençal, le journal de son mari. Eminence qui la rendit sans doute grise tout court aussi. Ayant œu- vré, avec Aragon du côté commu- si irrésistible aux yeux niste, pour le programme commun de la gauche. Après la victoire de de Gaston Defferre. 1981, son mari fut le très influent ministre de l’intérieur de François A l’occasion Mitterrand. Enfin, elle aurait « inventé » Bernard Tapie patron du « récit-photos » de l’Olympique de Marseille… « On ne prête qu’aux riches », iro- qu’elle consacre à l’ancien nise-t-elle. Mais elle précise qu’elle est fière de son combat pour maire de Marseille, l’auteur l’union de la gauche. Quant à la vie culturelle marseillaise, Gaston Def- d’« Oublier Palerme » ferre « avait commencé de s’en pré- occuper juste avant notre rencon- lève quelques voiles tre ». Defferre apparaît, en effet, comme beaucoup moins conven- de ses mystères tionnel culturellement que Fran- çois Mitterrand et beaucoup plus ouvert que l’ancien président de la E l’album-hom- cé de déserter… On m’a finalement République. « Bien sûr, ajoute mage à Gaston démobilisée et, en 1946, j’ai enfin Edmonde Charles-Roux, la culture Defferre qu’el- regagné la France, où je n’avais a été de plus en plus un enjeu. le vient de réali- jamais vraiment vécu. » Sa famille, Aujourd’hui, quinze ans après la ser, Edmonde marseillaise, avait déménagé au mort de Gaston Defferre, c’est Aix et Charles-Roux gré des postes diplomatiques du non Marseille qui est la capitale est presque père et, à la veille de la guerre, culturelle de la région. » totalement ab- habitait l’Italie. sente. A peine Après avoir travaillé à Elle et au A mort de Gaston Defferre… l’aperçoit-on sur quelques images, France-Soir de la grande époque, Un étrange accident qui eut Dlors de manifestations publiques. avec Pierre Lazareff, Edmonde Llieu, un soir de mai 1986, Pourtant elle a partagé la vie de Charles-Roux a dirigé la rédaction dans cet appartement de la rue L’Homme de Marseille (titre qu’elle française de Vogue pendant seize Neuve-Sainte-Catherine, qu’Ed- a donné à son « récit-photos ») pen- ans, de 1950 à 1966, avant d’être monde Charles-Roux possède tou- dant quelque vingt années. Il se remerciée pour avoir publié la jours. Elle qui est peu portée aux sont rencontrés en 1966, mariés en photo d’un mannequin noir en cou- confidences le fait visiter avec un 1973, et Gaston Defferre est mort verture du magazine. « Quand je plaisir singulier. La vue sur le port en 1986. « J’ai choisi les photos par- suis allée chercher mon salaire chez est exceptionnelle. « Les notables mi des milliers, explique-t-elle. Et il le comptable, comme il était d’usa- marseillais estimaient que le maire en reste des milliers d’autres, prises, ge, la maison étant menée à l’améri- n’aurait pas dû habiter ce quartier, elles, par Gaston Defferre à la fin de caine, se souvient-elle, il m’a tendu et surtout pas un appartement peu sa vie. Puis j’ai écrit le texte. Je ne l’enveloppe en disant : “Je crains sûr, avec une terrasse et beaucoup pouvais pas apparaître. Je n’aurais bien que ce ne soit la dernière.” de fenêtres. Ici, nous avons été heu- pas aimé avoir l’air de faire un acte J’étais très frappée. J’ai immédiate- reux, sans être vraiment installés, de piété conjugale. » ment consulté mon avocat, Georges avec seulement des tables sur tré- On imagine aisément que cette Izard, et Pierre Lazareff. Tous deux teaux et quelques meubles achetés étrange personne, qui protège m’ont dit de faire valoir la clause de chez Ikea. » Aujourd’hui, c’est un bien son mystère derrière une conscience, mais de ne pas insister. appartement de style oriental,

urbanité impénétrable, une cour- Ce n’était pas rattrapable. En réali- SOPHIE BASSOULS/SYGMA avec des meubles de la famille toisie parfaite, qu’elle tient de son Charles-Roux et la bibliothèque éducation dans une famille de la orientaliste du grand-père. Il fallait haute bourgeoisie diplomatique, sans doute tenter d’effacer la tragé- avait peu le goût de s’inscrire dans die qui a eu lieu dans ces murs. la lignée des veuves qui se racon- « Gaston Defferre, on l’a tué. Ou on tent. Elle n’a pas pour autant écrit l’a laissé mourir », murmure-t-on une biographie, où l’on se doit toujours à Marseille… et ailleurs. d’instruire à charge et à décharge. « Je sais qu’on pense encore Son texte est l’évocation admirati- Edmonde Charles-Roux, cela », dit placidement Edmonde ve d’une aventure humaine, le por- Charles-Roux, avant de se con- trait d’un personnage singulier par traindre à raconter cette terrible une femme qu’il a séduite et qui soirée : « Moi, j’étais à Paris. Le len- elle aussi, comme elle le dit pres- demain, il y avait une rencontre du que négligemment, a eu « une vie jury Goncourt [elle en est membre très aventureuse ». depuis 1983]. Gaston Defferre est Cette vie, bien sûr, on la presse rentré épuisé d’une réunion où il de la raconter : « On me tanne pour la femme de Marseille avait été mis en minorité. Il a pris un que j’écrive mes Mémoires, mais soporifique avant le dîner. C’est sans comme je suis du genre rebelle, je doute à cause de cela qu’il a eu, en n’en ai pas envie. L’Homme de Mar- té, cette histoire de photo était un magazine et des défilés de mode, deux dernières années, puisqu’il là qu’est né ce mythe du coup de sortant de table, un vertige. Il est seille est un projet tout à fait diffé- prétexte, le déclic pour justifier une j’étais toujours à Paris en été, depuis était ce fameux « Monsieur X » qui foudre de Gaston Defferre pour moi, tombé sur un énorme pot contenant rent. L’idée m’en est venue en lisant décision souhaitée depuis long- seize ans. C’était une joie de rompre devait se présenter à l’élection pré- qui a été propagé partout. Ce ne fut une plante et s’est gravement blessé dans Le Monde le témoignage de temps. Je n’avais pas eu conscience avec cela. J’avais opté pour un sidentielle de 1965 contre le géné- toutefois pas si simple. Après ce télé- au cou. Il a téléphoné à son méde- Patrice Chéreau au moment de la que cette image allait à ce point cho- endroit reculé de Sicile ». Accepté ral de Gaulle (le candidat fut fina- gramme, il a téléphoné : “Nous cin, Jean-Louis Sanmarco, disant mort de Giorgio Strehler. Il consta- quer, il n’y avait aucun désir de pro- par Gallimard et par Grasset, ce lement François Mitterrand). «Il dînons.” Nous avons dîné. C’était qu’il ne parvenait pas à arrêter l’hé- tait qu’on ne reverrait plus des hom- vocation de ma part. Mais je savais premier roman, Oublier Palerme, était très insistant, ce maire, il fai- très étrange. Il était d’une incroya- morragie. Quand celui-ci est arrivé, mes comme Strehler, concluant : que depuis un certain temps on allait paraître en septembre chez sait vraiment bien son métier. Moi, ble séduction. Mais je n’avais pas Gaston Defferre n’était plus en état “Le moule est cassé.” Il m’a semblé avait envie de me renvoyer. On me Grasset. « Aragon était furieux, je freinais. J’étais très occupée à envie de renouer avec Marseille. Et d’ouvrir la porte. Le temps d’alerter qu’il en allait de même pour l’hom- pensait communiste à cause de mes mais j’avais choisi Grasset parce Paris. Après le grand rush, j’ai accep- puis il avait une épouse, à laquelle il le chauffeur, de récupérer les clés à me politique qu’était Gaston Def- liens d’amitié avec Aragon et Elsa que j’y avais des amis. Je venais de té de me rendre à Marseille, à condi- n’y avait rien à reprocher. Je voyais la mairie… Il était dans un coma pro- ferre. “Le moule est cassé” qui fai- Triolet, qui écrivaient parfois dans recevoir un coup sur la tête, j’avais tion que mon éditeur, Bernard Pri- venir le scandale dans ma ville, ma fond. C’était irréversible. Je suis reve- sait des destinées comme la sienne, le magazine. Il était intolérable pour besoin d’être entourée. » vat, m’accompagne. J’ai reçu la famille… » nue immédiatement. Il y avait des et peut-être est-ce normal, les temps les dirigeants d’une entreprise améri- A la fin du mois d’août, un mes- gens partout, dans mon escalier, à changent, cette génération avait été caine qu’une de leurs employées ait sage parvient à Edmonde Charles- l’hôpital. Là, j’ai compris, plus que formée dans la guerre… » des amis communistes, donc soit Roux en Sicile, où elle n’a pas le « Je n’allais jamais à Marseille, jamais, que Marseille était une ville « Le moule est cassé » aussi qui soupçonnée de communisme. Mon téléphone, lui demandant de ren- d’Orient. J’ai mis des photos de cette fabriquait des Edmonde Charles- renvoi était une manifestation de trer immédiatement à Paris. «Jene on se rencontrait à Bandol, Cassis… foule dans L’Homme de Mar- Roux, des femmes prêtes à affir- maccarthysme, quelque chose que comprenais pas, j’avais l’intention seille. » Cette version du drame ne mer leur liberté avant qu’on ne la j’aurais eu beaucoup de mal à croi- de ne revenir que le 30 septembre. Ou bien il venait en week-end dans une fait toujours pas l’unanimité. « J’ai leur octroie. Lorsqu’elle est deve- re, de l’extérieur, si quelqu’un me J’ai malgré tout obtempéré. On m’a voulu ensuite quitter Marseille, je nue journaliste, après la seconde l’avait racontée. Mais je l’ai vécu, et dit : “Tu auras peut-être deux voix petite maison que j’avais en Normandie. n’ai pas pu », conclut Edmonde guerre mondiale, une partie de sa c’était évident. C’était bien cela. » au Goncourt, il faut être là.” Grasset Charles-Roux. On sait qu’elle s’en famille a cessé de la recevoir, car Sous le coup de ce licenciement, n’ayant pas obtenu le Goncourt de- Parfois avec François Mitterrand, tiendra là. Inutile d’insister. une femme honnête ne travaillait Edmonde Charles-Roux voyait ce puis dix-sept ans, deux voix… Moi, Alors, en prenant congé d’elle, pas, et surtout pas dans la presse… printemps 1966 comme un mo- j’avais déjà autre chose en tête, je que cette histoire enchantait » sur fond de Vieux-Port sous le On aurait dû pourtant savoir ment assez désastreux. En fait, commençais un deuxième roman, soleil d’avril, il est facile de faire un qu’elle ne manquait pas de caractè- c’était le tournant bénéfique de Elle, Adrienne. » Elle n’a pas eu bond de trente-cinq ans en arrière re, cette jeune personne qui avait son existence, mais il lui faudrait deux voix, mais le prix. Elle était la fameuse médaille. Puis il y a eu un Suivent sept ans de double vie et de comprendre pourquoi Gas- dix-neuf ans en 1939. Elle avait attendre l’automne pour le dé- cinquième femme à le recevoir, déjeuner très formel. Et un dîner très pour lui, de semi-clandestinité ton Defferre a trouvé irrésistible voulu faire la guerre et s’était enga- couvrir. après Elsa Triolet (1944-1945), Bea- formel, très sympathique, chez Gas- pour elle : « Je n’allais jamais à ce charme énigmatique, dont on gée comme infirmière. trix Beck (1952), Simone de Beau- ton Defferre et son épouse. Avant de Marseille, on se rencontrait à Ban- ne saura jamais s’il dissimule une Lors du soulèvement de Mar- LLE est alors dans la beauté voir (1954) et Anna Langfus (1962). repartir pour Paris, j’ai eu envie de dol, Cassis… Ou bien il venait en indifférence absolue, des passions seille, c’est dans une clinique clan- de ses quarante-six ans, elle Dès le lendemain de l’annonce revisiter la ville. En repassant à l’hô- week-end dans une petite maison secrètes, des blessures qu’il serait destine qu’on était venue la cher- Equi n’a jamais songé à cacher du Goncourt, la mairie de Mar- tel, j’ai trouvé trois messages de la que j’avais en Normandie. Parfois indécent de laisser paraître. Mais cher, sur ordre du général de Lat- son âge. Avec, toujours, ce charme seille faisait savoir que la lauréate, mairie. “On” me cherchait. “Quel avec François Mitterrand, que cette dont on peut être certain qu’il mas- tre de Tassigny. « Je suis devenue énigmatique qui la caractérise. Elle une Marseillaise, était invitée par drôle de type”, me suis-je dit. Nous histoire enchantait. » que – à peine – un désir de secret sa secrétaire, se souvient-elle. Nous n’est pas mariée et vit librement le maire, Gaston Defferre, pour sommes repartis en pensant lui télé- En 1973, après son divorce, et une volonté inflexible. avons fait la campagne d’Autriche, ses amours. Depuis quelque temps recevoir la médaille de la ville. phoner de Paris. » Gaston Defferre épouse Edmonde j’ai été blessée, puis nous étions « le samedi et le dimanche », elle Mais il y avait fort à faire à Paris. A peine rentrée, Edmonde Charles-Roux. « Moi, j’étais plutôt Josyane Savigneau basés à Friedrichshafen, sur les écrivait un roman. Il est désormais Marseille attendrait. Edmonde Charles-Roux reçoit un télégram- pour l’union libre, insiste-t-elle, bords du lac de Constance. La urgent de le terminer, de chercher Charles-Roux n’avait jamais ren- me de Gaston Defferre : « J’arrive mais cela lui semblait impossible. e L’Homme de Marseille, un récit- guerre était finie, et on ne se déci- un éditeur, puis de partir « pour de contré Gaston Defferre. On avait demain. » « Je n’y comprenais rien, Marseille… Le maire qu’il était photos d’Edmonde Charles-Roux, dait pas à me démobiliser. J’ai mena- longues vacances d’été. A cause du beaucoup parlé de lui dans les et tout Grasset riait de moi. C’est de depuis quelque vingt années… Du Grasset, 224 p., 246 F (37,50 ¤). 10 / LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001 HORIZONS-DÉBATS En Algérie, le roi est nu Vers un monde par Habib Souaïdia de profil(s) EPUIS que mon livre La qui sont les témoins absolument fia- m’avaient demandé d’escorter avec frères Boussoufa, les frères Bairi par Christophe Gallaz Sale Guerre (La Décou- bles dont je tiens cette information. mes hommes un camion transpor- et bien d’autres (réputés « dispa- verte) est paru, une vio- Ils expliqueront comment le général tant une vingtaine d’éléments de rus »), dont j’ai raconté comment, ORSQUE nous entrepre- fondent évidemment. Mais ils se Dlente polémique s’est Boutighane s’était vu refuser, quel- mon unité et du DRS, déguisés en en 1994, ils ont été assassinés par nons d’analyser le fonc- disjoignent irrémédiablement, au déclenchée, visant à décrédibiliser ques jours avant son assassinat, une combattants islamistes, jusqu’à quel- des officiers de mon régiment. A tionnement de nos socié- contraire, dès lors qu’on les déter- mon témoignage sur le rôle des for- protection armée, et pourquoi la ques kilomètres de ce village, pro- moins que l’on ne prétende que Ltés ambiantes, allons-y mine selon leurs qualités et leurs ces spéciales de l’armée algérienne cause immédiate de sa mort a sans che d’Alger. Le camion avait ensui- c’est moi qui les aurais tués… Dans subrepticement. Méditons le vo- fonctions. Le peuple est sensible, dans la guerre qui ensanglante mon doute été l’enquête qu’il menait sur te, seul, poursuivi sa route dans sa ce cas, je suis prêt à comparaître, cabulaire qui s’y pratique au étant composé de faces, alors que pays depuis 1992. Des dizaines d’ar- une affaire de corruption impli- direction. De retour à la caserne, j’ai devant une juridiction algérienne quotidien. Les promoteurs de le public, étant composé de pro- ticles ont été publiés, en Algérie et quant de hauts responsables de la compris, par l’un des membres du indépendante (cela n’existe pas l’économie moderne, par exem- fils, consomme après avoir pro- en France, utilisant tous les moyens, marine. commando, qu’ils venaient de com- aujourd’hui) ou devant un tribunal ple, ne sont pas que des stratèges duit. Le peuple s’agrège en un y compris les plus bas. On a dit que La seconde « erreur » concerne- mettre un massacre. Après la paru- pénal international : je donnerai ou des comptables au service sort commun qu’il subit quelque- mon livre contenait de « monstrueu- rait la fameuse affaire dite «de tion de mon livre, des journalistes tous les noms des officiers de la chaî- empressé de leur actionnariat. Ils fois jusqu’à la souffrance, tandis ses invraisemblances » (Mohamed l’Amirauté » (février 1992) lors de algériens (El Watan, 19 février) et ne de commandement, du général produisent du verbe. Et furieuse- que le public achète sur le mode Ghoualmi dans la page Débats du laquelle un commando islamiste français (Le Nouvel Observateur, Mohamed Lamari aux lieutenants ment. Tenez : le mot « profil ». Ils de la compulsion narcissique. Monde du 13 mars). Que j’avais été attaqua le commandement des for- 29 mars) ont affirmé qu’ils n’avaient assassins, qui ont permis ces crimes. l’ont érigé, en quelques années, La règle veut aujourd’hui que « manipulé » par mon éditeur (l’heb- ces navales (CFN), tuant quatre mi- trouvé aucun témoin d’une telle tue- Et j’apporterai les preuves de leurs au rang de nos vocables les plus les puissants fassent du public domadaire Marianne, 19 février), ce litaires. J’explique dans mon livre rie à Zaatria. Je ne peux rien dire du responsabilités. tenaces. l’objet de tous leurs soins, et du que je démens formellement. Que qu’il s’agissait d’une « provocation sérieux de ces enquêtes. Mais ce Quant à l’officier-écrivain Yas- Il n’est plus une offre d’emploi peuple l’objet de toute leur indif- j’étais l’instrument d’un complot mina Khadra, qui, « durant huit publiée dans la presse, à la rubri- férence, voire de tout leur mépris. contre l’armée algérienne, organisé, années de guerre, n’a jamais été que des cadres, qui ne comporte Les milieux économiques révè- au choix, par les islamistes, la Toutes les accusations portées contre témoin [du] moindre massacre de son profil. Sans profils, le secteur rent le public dont dépendent DGSE, l’Internationale socialiste et civils susceptible d’être perpétré par tertiaire décède. Et sans secteur leurs cash-flows et méprisent le même… Vivendi ! Que j’étais un mon témoignage ne me surprennent pas, l’armée » et affirme que tous l’ont tertiaire, la mondialisation, c’est- peuple qui forme leur main- « voleur »,un« terroriste » et même été par les GIA (Le Monde du à-dire notre avenir – n’est-ce d’œuvre et qui subit à ce titre, que j’avais été « acheté avec de gros- car je connais de l’intérieur le système 13 mars), je sais qu’il ne faisait pas pas ? – fait naufrage. dans son cadre d’existence ur- ses sommes » (Rachid Boudjedra, partie des forces spéciales quand j’y C’est en quoi l’utilisation si sou- baine, des atteintes qualitatives Le Matin, 22 février)… de pouvoir des généraux mafieux algériens étais et qu’il n’a jamais été le témoin tenue de ce terme, dont chacun considérables. Cette campagne est la poursuite des tortures et des tueries dont j’ai sait qu’il désigne l’« aspect du vi- Les milieux sportifs révèrent le de la guerre médiatique menée rendu compte : par quel miracle sage humain regardé par un de ses public qui compose leur audience depuis des années par le service d’ac- particulièrement tordue » de la Sécu- que j’ai vu de mes yeux – ce com- peut-il affirmer que les militaires ne côtés », charrie des enjeux fonda- dans les stades et devant les pos- tion psychologique du DRS algérien rité militaire. mando de militaires se faisant pas- sont responsables que de « dérapa- mentaux. Définissons ces derniers tes de télévision et méprisent le (l’ex-Sécurité militaire), que dirige le Pour M. Ghilès, « la vérité est ser pour des islamistes – je le main- ges isolés » et faire semblant d’igno- a contrario, en considérant le mot peuple, dont les athlètes sont un colonel Hadj Zoubir. Ce service a autre ». D’abord, parce que l’atta- tiens absolument. Et j’affirme qu’ils rer que les GIA sont largement mani- que nous avons l’habitude d’em- échantillon réquisitionné tout réussi à enrôler de nombreux jour- que a eu lieu à la base navale d’Al- ont massacré des civils dans les envi- pulés par le DRS ? Pour moi, Yasmi- ployer comme son complément : exprès pour accomplir la perfor- nalistes algériens et à manipuler l’in- ger et non au siège du CFN, distant rons de Zaatria, sinon dans le village na Khadra fait partie de ces nom- la « face », dont nul n’ignore qu’il mance à tout prix et par tous les formation de façon à occulter la res- de 800 mètres, dit-il, sous-enten- lui-même. breux officiers « HTM » (« hchicha indique, lui, la « partie antérieure moyens, y compris ceux de l’auto- ponsabilité des forces de sécurité dant que je parle de ce que je ne con- Une autre critique précise qui m’a taalba ma’icha » : « une herbe qui de la tête ». Deux syllabes discrè- destruction physiologique. dans les violences, pour les attribuer nais pas. Mais j’ai expliqué que l’at- été faite à ce jour concerne l’« af- ne demande qu’à pousser »), comme tes, certes. Mais quelle portée ! La Et les milieux culturels eux- uniquement aux terroristes islamis- taque visait « l’Amirauté », lieu faire de la Renault Express » : j’ai on appelle en Algérie ceux qui préfè- face inspire une multitude de nos mêmes révèrent le public qui leur tes. Je ne dis pas que tous ceux qui regroupant le CFN, la base navale et raconté comment, en mai 1995, j’ai rent ne se poser aucune question. tournures langagières les plus vaut des soutiens accrus de la part mettent en cause mon témoignage d’autres bâtiments de la marine, arrêté, près de Lakhdaria, le conduc- Toutes ces accusations ne me sur- chargées de signification, y com- sont manipulés. Mais je dois consta- très proches les uns des autres. Il est teur d’un tel véhicule, qui y avait prennent pas, car je connais de l’in- pris symboliques, allant de l’hom- ter qu’au-delà des préjugés et des ridicule de voir là une contradiction. caché une importante somme d’ar- térieur le système de pouvoir des me à « double face » (celui qui Sans profils, insultes, personne n’a remis en cau- Ensuite, parce que, selon M. Ghilès, gent. Le général Chibane, comman- généraux mafieux algériens. Je dissimule ses sentiments vrais) à se le tableau général que j’ai tenté l’élève-officier Djnouhat, complice dant de notre secteur opérationnel, demande simplement que la vérité la « face de rat » proférée comme le secteur tertiaire de donner du fonctionnement de de l’attaque, n’aurait pas été arrêté m’a demandé de lui remettre le véhi- soit faite et que les coupables des cri- une insulte, en passant par «se l’armée. Les dizaines de faits précis en 1991 comme je le dis, mais en cule, l’argent et le suspect. J’appren- mes, militaires, islamistes ou autres, voiler la face » ou « faire face à décède. que je rapporte n’ont fait l’objet que 1994 : je maintiens tout ce que j’ai drai plus tard que ce dernier avait soit jugés et châtiés. Les journalistes l’adversité ». de rares contestations. écrit à ce sujet, qui m’a été rapporté été retrouvé égorgé, que l’argent libres peuvent contribuer à la vérité. Autrement dit, alors que le ter- Et sans secteur Parmi celles-ci figureraient « deux en détail par Djnouhat lui-même, avait disparu et que la voiture était Mais seule une commission d’enquê- me de profil évoque une ligne, erreurs qui créent la suspicion », que j’ai connu en prison (mais aussi devenue un véhicule de service. te indépendante – qui devra être celui de face évoque un espace ins- tertiaire, selon le journaliste Francis Ghilès par un autre témoin dont je n’ai pas Mais, le 28 février dernier, un hom- internationale vu l’état de la justice crit sur un plan. Le profil est une (Le Monde du 24 mars). Il conteste parlé). L’article de M. Ghilès com- me a « spontanément » témoigné, de mon pays – permettra que jus- limite, quand la face est un la mondialisation, d’abord que le général Ali Boutigha- porte des précisions (comme le pré- lors d’une conférence de presse à tice soit rendue. Quant à moi, je me champ. Le profil est le dessin ne (partisan d’une réconciliation nom de Djnouhat) qui, à ma con- Alger : c’était lui l’homme de la battrai jusqu’au bout dans ce but. d’une abstraction figurée sur un c’est-à-dire avec les islamistes) ait pu être assas- naissance, n’ont jamais été Renault Express, et j’avais donc support, mais la face est un lieu siné, en 1995, parce qu’il n’avait pas publiées : je me demande bien, menti. J’ai pu voir son visage à la qui peut rejoindre un ensemble notre avenir de gardes du corps : selon lui, ce neuf ans après les faits, quelles sont télévision : ce n’est pas lui que Habib Souaïdia est ancien d’autres lieux, qu’on peut nom- général « a toujours refusé toute pro- ses sources. j’avais arrêté. Le DRS aurait-il la sous-lieutenant des forces spéciales mer société, pour s’y disposer de – n’est-ce pas ? – tection ». Mais il n’y a là aucune Le « massacre de Douar Ez-Zaa- faculté de ressusciter les morts ? de l’armée algérienne. telle sorte qu’adviennent des rap- « erreur ». Le jour où une enquête tria » : j’ai raconté comment mes J’attends en tout cas que l’on me ports et des relations, sous forme fait naufrage impartiale sera menée, j’indiquerai supérieurs, une nuit de mars 1993, présente Mohamed Moutadjer, les f www.lemonde.fr/algerie de rencontres, d’affrontements, d’amours ou de batailles. Le profil est l’indice d’une quan- des sponsors, et méprisent le peu- tification et d’une géométrisa- ple, auquel ils se soucient peu de tion, tandis que la face est de type suggérer des liens possibles entre organique. Le profil est cousin sa sujétion sociale et le pouvoir des abscisses, des ordonnées ou émancipateur d’un film, ou son Paris et Berlin ne doivent pas s’éloigner des niveaux, et la face est un signe angoisse existentielle et les ampli- de la vie. fications de l’âme engendrées par par Jacques Morizet et Otmar Seul Le principe du profil règne donc la musique. chez les soldats de la nouvelle éco- En présence d’une telle situa- N étroit partenariat et le respect et la reconnaissance de ges d’élèves à l’occasion des vacan- en redonnant notamment un nomie, qui le muent en un règle- tion, quiconque s’adonne à la poli- une confiance réciproque toutes les langues et cultures de l’UE ces) ; second souffle aux jumelages fran- ment universel. La recette est sim- tique se trouve devant une alter- ont toujours été bénéfi- dans leur richesse et leur singularité. – Développer des cursus franco- co-allemands et européens. ple. Débarrassez d’abord l’être native limpide. Soit il essaie d’allé- Uques à l’intégration euro- Des chercheurs, enseignants, étu- allemands avec des partenariats de Ces objectifs ne pourront être humain de son épaisseur et de ger le tourment quotidien des péenne. Le chemin parcouru en diants, responsables d’association formation à tous les niveaux (BEP, atteints qu’avec le concours de tous son volume, qui représente sa majorités civiles, soit il cherche à quarante ans de coopération franco- et médiateurs entre la France et l’Al- bac professionnel, BTS, IUT et uni- les acteurs de la société civile et plus chair et son expérience, pour le les en divertir, au contraire, en allemande le démontre. L’Union lemagne ne cessent d’en appeler – versités) et dans toutes les discipli- particulièrement des parents d’élè- réduire en état de silhouette, qui leur offrant des amusements con- européenne s’est précisément cons- par la voie de pétitions – aux gouver- nes débouchant sur des diplômes ves, en direction desquels un effort est un tracé pur. Propulsez-le dès sensuels et des apaisements immé- truite pour substituer des rapports nements français et allemand pour communs – mesures accompagnées plus grand d’information et d’orien- lors en tant que tel dans les autres diats. Soit il ausculte patiemment de droit aux rapports de force qui qu’ils relancent la coopération sur d’une augmentation du nombre de tation (par brochures et divers sup- tracés qu’instituent chaque jour les soubassements de la commu- ont failli mener l’Europe à sa perte. des bases nouvelles et plus concrè- bourses ; ports de publicité) est indispensa- les fluctuations de la Bourse. nauté qu’il administre, soit il orga- Mais l’entente franco-allemande tes. Il s’agit d’aller au-delà des décla- – Promouvoir les stages profes- ble. Ils doivent être convaincus que, Observez aussitôt l’effet produit, nise à l’endroit de celle-ci, à force risque d’être menacée par l’inquié- rations de principe et de prendre sionnels dans les établissements pour des raisons politiques et écono- normalement juteux. Quelques d’attitudes et d’opérations rele- tante érosion, des deux côtés du miques, et non pas simplement cul- milliers de licenciements dans un vant du spectacle, son exaltation Rhin, du nombre de Français et turelles, la connaissance d’un idio- groupe industriel suffisent géné- permanente. Soit il dresse l’in- d’Allemands qui apprennent respec- L’entente franco-allemande risque me commun de base est insuffisan- ralement pour que la courbe des ventaire d’un peuple dont il tivement la langue du partenaire. te et ne peut remplacer la connais- cotes, miraculeusement stimulée pourra d’autant mieux prendre Aujourd’hui, en Allemagne (sans d’être menacée par l’inquiétante érosion, sance approfondie de la langue du par les circonstances, bondisse soin, soit il n’entrevoit qu’un compter la Sarre), 14 % des lycéens partenaire principal si nous voulons aux sommets du graphique. public à cajoler. seulement apprennent le français des deux côtés du Rhin, du nombre mener une coopération efficace, C’est dire à quel point le salarié Les voisinages de la politique en première langue étrangère. En notamment dans les secteurs por- contemporain, dont on se plaisait et de l’économie, la première France, la situation est encore plus de Français et d’Allemands qui apprennent teurs de la recherche et de la tech- naguère à vérifier qu’il repré- généralement terrorisée par la préoccupante : les élèves de l’ensei- nologie. sentait une conscience sociale et seconde, indique à quel point l’op- gnement secondaire qui choisissent respectivement la langue du partenaire L’enseignement d’une langue à politique, est chargé de compati- tion du public l’emporte aujour- l’allemand comme première langue des fins professionnelles devra être bilités accrues avec tout dispositif d’hui machinalement, dans les ne sont plus que 9,7 % (avec un intensifié avec le concours des chiffrable et chiffré. En qualité de esprits, sur celle du peuple. C’est pourcentage actuel de 19,51 % en rapidement les mesures qui s’im- publics et les entreprises des deux chambres de commerce franco-alle- profil obligé de l’être, et de n’être en quoi la politique s’apparente deuxième langue, l’allemand a per- posent : pays ; mandes et des industries et services que cela, il perd en effet sa propre aujourd’hui si profondément au du sa position privilégiée au profit – Initier à la langue de l’autre dès – Arrêter la politique de restric- intéressés. Dans ce but et pour face, au sens littéral de l’ex- commerce. de l’espagnol avec 61,30 %). l’école primaire, voire dès l’école tion budgétaire et de « démo- démythifier, auprès des parents et pression. D’un souci général des faces, Cette situation, déjà inquiétante maternelle, en veillant à ne pas privi- ntage » des Instituts français et des des élèves, la difficulté supposée de Or, quand nous perdons la face, nous sommes passés à la gestion sur le plan des relations humaines légier systématiquement l’apprentis- Instituts Gœthe en leur donnant les l’allemand et du français, il est néces- nous recherchons celle-ci partout. de profils formatés pour les sonda- et intellectuelles, est évidemment sage de l’anglais ; moyens d’une politique linguistique saire que les établissements d’ensei- Nous nous inventons tous les ges. De la durée qui cristallisait très préjudiciable aux échanges éco- – Chercher les moyens de remé- et culturelle plus diversifiée et mieux gnement utilisent au mieux les nou- miroirs possibles qui puissent les lois du destin, nous sommes nomiques, alors que 700 000 dier à l’insuffisance numérique de adaptée aux exigences actuelles ; velles technologies et le multimédia nous signaler les territoires de passés à la conjoncture immédia- emplois sont actuellement liés à la plus en plus grave des professeurs – Développer le travail de mémoi- tout en continuant de recourir à la notre Moi perdu. Et si nous te qui renouvelle précipitamment coopération franco-allemande. d’allemand et des formateurs dans re en se fondant sur la recherche his- musique, au théâtre, au cinéma et à n’avons plus la force ou la curio- ses décrets. Des mécanismes de Sans une politique volontariste et les établissements de l’enseigne- torique et en promouvant les échan- la télévision. sité de les inventer, ces territoires, concertation qui configuraient les résolue en matière d’enseignement ment public et privé ; ges et les rencontres (notamment nous nous procurons tous ceux liens sociaux, nous sommes pas- des langues allemande et française – Revoir les manuels et l’enseigne- de jeunes) autour de cette thémati- qui nous sont proposés – quel sés au marchandage paniqué des comme en matière de formation à ment de l’allemand et du français en que. Pour l’encourager, les moyens Jacques Morizet est ambassa- qu’en soit le prix. prestations et des contre-presta- l’interculturel, la communication y accentuant les regards croisés sur budgétaires attribués aux cher- deur de France, secrétaire général Voilà pourquoi la quête et la tions. De la notion des droits fon- politique, économique, sociale et les deux sociétés, leurs histoires et cheurs, universitaires ou non – du Haut Conseil culturel franco-alle- connaissance de nous-mêmes, et damentaux, nous sommes passés culturelle entre nos sociétés civiles leurs cultures, en y intégrant la devront être renforcés, les collo- mand. celles de nos congénères, passent à celle des privilèges monnaya- risque de se dégrader. Une telle dimension interculturelle, source de ques dans ce domaine plus nom- désormais par le Marché, et le bles et renégociables à merci. situation serait dommageable au motivation pour les enfants et les breux et les possibilités de traduc- Otmar Seul est professeur des constituent. On peut formuler dialogue entre Européens : l’émer- adolescents ; tion améliorées ; universités, coordonnateur des for- cela différemment : le peuple se gence d’une véritable conscience – Relancer les échanges intersco- – Motiver et mobiliser les sociétés mations droit-allemand à l’universi- transforme en public. En données Christophe Gallaz est écri- européenne passe notamment par laires (échanges de classes, échan- civiles dans un esprit de dialogue, té Paris-X - Nanterre. statistiques, l’un et l’autre se con- vain et chroniqueur. HORIZONS-ENTRETIEN LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001 / 11

Timothy Radcliffe, maître général de l’ordre des dominicains Les chances de l’Eglise sont réelles si elle apprend l’humilité Si nous croyons que l’Evangile est un message d’unité et de réconciliation, nous devons être là où se trouvent les lignes de fracture du monde, entre le Nord et le Sud, entre l’islam et le christianisme, entre l’Est et l’Ouest

« C’est la première fois dans colon espagnol. Pour Torquemada, la vie. Au cœur de notre foi est la l’histoire de l’ordre dominicain c’était lutter contre l’hérésie par bonté fondamentale de l’homme et que le maître général est un Bri- tous les moyens, y compris ceux de de la Création. Thomas Merton tannique. Comment peut-on être l’Inquisition que nous condamnons disait que sa vie de moine lui avait anglais et catholique ? si fort aujourd’hui. Les temps ont dévoilé la bonté du monde. Le mot – C’est complexe, en effet. L’opi- changé, mais les dominicains sont grec evangelios ne veut-il pas dire nion moyenne anglaise est qu’il est toujours des passionnés de vérité. bonne nouvelle ? Le montrons-nous difficile d’être anglais et catholique. » Le danger est de croire qu’on est assez que nous annonçons une bon- Un véritable Anglais est un homme parvenu à la connaître tout entière, ne nouvelle ? Maître Eckhart disait : libre. Il croit que le catholique est à la posséder, et qu’on doit l’impo- “Nous ne pouvons pas imaginer le celui qui a aliéné toute liberté, qui ser aux autres, plutôt que la propo- plaisir de Dieu dans sa création. Si reste pieds et poings liés au pape et ser et la partager. Le défi est double. vous voulez être proches de lui, il faut accepte tout de lui. En ce sens, le On doit être absolument confiant prendre part à ce plaisir.” Je pense catholique est toujours regardé par dans la vérité qui est révélée par le que tous les grands mystiques com- ses compatriotes avec un brin de Christ. En même temps, on doit res- me lui et tous les théologiens étaient soupçon. A l’inverse, je dois ajouter ter le plus humble possible devant la des hommes et des femmes fonda- que souvent les Anglais sont fascinés vérité de l’autre. Si on n’a pas cette mentalement joyeux. par l’institution catholique, qui pour foi dans la vérité du Christ, alors on – Ce n’est pas le ton du magis- beaucoup garde une autorité morale est tenté par le relativisme. Et si on tère romain… plus grande que l’Eglise d’Angleter- n’a pas cette humilité devant la véri- – C’est une question difficile. re. Ce retournement d’image est dû té de l’autre, alors on risque de tom- Quel langage imaginer et tenir pour largement à la figure du cardinal ber dans l’intolérance et dans les toucher neuf cent millions de catholi- Hume, l’ancien archevêque de West- insupportables erreurs des inquisi- ques à travers le monde, originaires minster, qui était aussi bénédictin, teurs. de pays, de cultures, d’horizons si dif- disparu en 1999. Son père était écos- – Vous êtes un “frère prê- férents ? Les grands textes un peu sais, sa mère française, mais il était cheur”, comme se nomment aus- techniques qui viennent de Rome perçu à la fois comme typiquement si les dominicains. Que veut dire s’adressent surtout aux évêques, aux anglais et typiquement catholique. prêcher la parole de Dieu, théologiens. En fait, c’est toute l’opi- » On n’a pas le droit d’oublier que, aujourd’hui, dans un monde qui nion publique qui s’en empare. Cela CHRISTIAN ROUX pour la majeure partie de son histoi- ignore tout de Dieu ou pour qui met l’Eglise dans une position très re, l’Angleterre fut une nation catho- le nom de Dieu sert de caution à elle, avec eux ? Prêcher, pour moi, – Les chances de l’Eglise sont réel- » Pierre Claverie, dominicain et délicate. Peut-être faut-il faire lique et qu’elle l’est encore aujour- des entreprises de conquête ou c’est donc me laisser toucher par les si elle apprend l’humilité. Regar- évêque d’Oran, assassiné le 1er août moins de textes. Mais il faut surtout d’hui par toutes ses fibres. Dans un d’intégrisme ? l’expérience de l’autre. Je trouve par dez l’Asie, où le pourcentage de ses 1996, disait très justement que le avoir moins peur du chaos, des ten- livre qui a connu un grand succès il y – Tertullien, au IIIe siècle, disait exemple que les documents ecclé- fidèles est extrêmement minime. défi de l’évangélisation pour les chré- sions, de l’erreur. Maître Eckhart a trois ans, un historien de Cambrid- que l’“âme de l’homme est naturelle- siastiques sont ennuyeux. Je m’en- Etre présente sans prétention, sans tiens était d’être là où se produisent disait aussi que, si on veut parvenir à ge, Emon Duffy, a montré combien ment chrétienne”. Cette phrase pour- dors au bout de deux ou trois pages. grandes institutions, dans une certai- les grandes ruptures, là où se trou- la vérité, il ne faut pas avoir peur de l’Eglise d’Angleterre était vivante et rait être considérée comme arrogan- Pourquoi ? Précisément parce qu’ils ne humilité, c’est une très bonne vent les lignes de fracture du mon- commettre des erreurs. Je pense fervente avant la Réforme d’Hen- te ou “récupératrice”. Elle voulait ne me parlent pas. Parce qu’ils n’en- cure pour l’Eglise. Là où elle est hum- de. C’est pour cette raison, disait-il, comme lui que l’Eglise doit avoir ri VIII et combien la destruction de seulement signifier qu’il existe, dans trent pas dans mon expérience. ble, il y a des vocations religieuses. que la place de ses frères domini- davantage confiance. la foi catholique fut d’une brutalité tout homme, un sens inné de Dieu, Saint Thomas d’Aquin – en bon Je le constate au Japon, aux Philippi- cains est aussi en Algérie, lieu de rup- – Dans sa déclaration Dominus inouïe. Le catholicisme invite les de sa vérité, de ses valeurs. La foi dominicain, je me dois de le citer ! – nes, au Vietnam, mais aussi en Euro- ture entre le Nord et le Sud, entre Jesus de septembre 2000, qui a sus- Anglais à redécouvrir les racines pro- touche quelque chose qui nous est disait que le premier devoir d’un pe, en Angleterre, en France, en Alle- l’islam et le christianisme, entre l’Est cité beaucoup de polémiques, le fondes de leur identité, quand nous naturel à tous. Si ce que nous prê- enseignant n’est pas d’abord de com- magne. Grâce à Dieu, nous avons et l’Ouest. On trouve ces fractures cardinal Ratzinger a mis en garde faisions encore intimement partie de chons est véritablement l’Evangile, muniquer un savoir, mais d’aider des vocations dans l’ordre en ce dans maints pays, par exemple en son Eglise contre les risques de l’Europe ! cette parole ne vient pas d’une autre son disciple à réaliser son être et son moment. Irlande du Nord. Là, je suis impres- relativisme. N’est-on pas là au – Comment peut-on être maître planète. Mais la tentation du prédi- potentiel de connaissance. Autre- » L’homme cherche naturelle- sionné par une petite communauté, cœur de la contradiction chrétien- général d’un ordre qui compte cateur est de croire que c’est lui qui ment dit, le bon maître est moins ment Dieu. Mais ce qui est spécifi- comprenant à la fois des protestants ne du XXIe siècle : comment conci- une lignée de personnalités aussi vient apporter Dieu, alors qu’il s’agit celui qui possède tous les savoirs que de la foi chrétienne, c’est que et des catholiques, qui ont choisi de lier la défense du dogme catholi- dissemblables que Bartolomé surtout de le révéler, de nommer ce que celui qui est, avec l’autre, dans Dieu vient nous chercher. C’est lui vivre précisément à la frontière que et le respect du pluralisme de Las Casas, défenseur des Dieu qui est déjà présent en l’autre. un rapport d’ami, de condisciple. qui vient au-devant de nous. La ren- entre les deux communautés pour religieux, c’est-à-dire la reconnais- Indiens, et Torquemada, grand La première tâche du prédicateur Dans mes années de formation, un contre de Jésus avec Marie-Madelei- tenter d’y désamorcer la violence. sance qu’il existe d’autre voies de maître de l’Inquisition espa- est d’entrer d’abord en intimité, en homme comme le théologien Marie- ne, au matin de la Résurrection, en D’autres lignes de fracture existent salut ? gnole ? amitié avec l’autre, de révéler ce qui Dominique Chenu me donnait tou- est une illustration. Marie-Madelei- entre les riches et les pauvres : à – Je crois que la vérité a été révé- – Je dirais que la passion commu- est bon, sage, vrai en lui. Par exem- jours l’impression d’être, près de ne demande où se trouve le corps de Paris, comme à New York, comme à lée par Jésus-Christ, mais je ne suis ne des dominicains est la défense de ple comment parler des exigences moi, comme un condisciple. Jésus crucifié trois jours plus tôt, Lagos et dans toutes les grandes vil- pas capable de comprendre, à moi la vérité, de cette vérité qui est la morales de l’Evangile sans entrer – Etes-vous confiant dans mais qui a disparu de son tombeau. les du monde. Si nous croyons que seul, toute la vérité chrétienne. Je ne devise de notre ordre. Défendre la d’abord en conversation avec l’hom- l’avenir du christianisme, comp- Or c’est lui qui vient chercher Marie- l’Evangile est un message d’unité, de dis pas que la révélation est partielle. vérité, pour Las Casas, c’était défen- me, avec la femme, avec le couple te tenu de la montée de croyan- Madeleine. Dans le bouddhisme, réconciliation et d’humanité, alors Mais j’affirme que je ne peux pas dre le Christ crucifié sur le visage de qui est en face de moi. Qu’ai-je à ces radicales et de spiritualités dans l’hindouisme, qui attirent tant notre tâche d’évangélisation consis- entrer seul dans la totalité du mystè- l’Indien humilié et persécuté par le leur dire qui ne soit dit avec lui, avec de plus en plus flottantes ? nos contemporains en Occident, il te bien à se trouver dans ces lieux- re du Christ. Pour ce faire, j’ai besoin n’y a pas de Dieu qui vienne ainsi sai- frontières et de tenter d’y construire de l’autre. J’ai besoin d’entrer en dia- sir l’homme. des ponts. Pierre Claverie l’a fait. Il logue avec mes frères juifs, avec les – Le christianisme est désor- l’a payé de sa vie et beaucoup musulmans, avec les bouddhistes, La tolérance et l’orthodoxie mais plus nombreux dans l’hé- d’autres avec lui. pour mieux comprendre et distin- misphère Sud que dans le Nord. – Le monde qui a fait l’expérien- guer tout ce qui relève de ma propre QUAND il a été élu à l’âge de qua- dominicaine d’Angleterre et, quatre De même que les dominicains ce, au XXe siècle, de toutes les véri- foi. Sans doute parce que l’Eglise est rante-sept ans, en 1992, Timothy Rad- ans plus tard, d’un ordre mondial qui européens ont évangélisé des tés absolues, totalitaires, n’est-il restée en grande partie trop euro- cliffe était le plus jeune maître géné- compte 6 500 religieux, répartis en continents du Sud, notamment pas devenu rétif à toute vérité qui péenne, trop occidentale, je pense ral de l’ordre des prêcheurs, fondé au 49 provinces, 30 000 religieuses rat- en Amérique latine, est-il envisa- se prétendrait unique ? que nous ne sommes pas encore arri- XIIIe siècle par saint Dominique, d’où tachées à la « famille » dominicaine geable qu’au XXIe siècle des mis- – Bien sûr. Le dernier siècle a été vés à notre identité pleine de catholi- leur nom plus courant de domini- et des groupements de laïcs sionnaires du Sud viennent réé- crucifié par des régimes communis- ques, qui signifie “universels”. cains. (70 000 membres) aussi en lien avec vangéliser le Nord ? te ou nazi qui prétendaient détenir » Qui est Dieu ? Nous ne le savons Il est né en 1945 à Londres où sa l’ordre. – Ce qui me frappe, c’est que, toute la vérité et ont cherché à impo- pas, répondait saint Thomas mère était venue attendre la démobi- Un journal anglais l’a décrit un dans le monde globalisé d’aujour- ser la leur avec une brutalité sans d’Aquin. En même temps, nous pou- lisation de son père. Ce qui l’empê- jour comme associant « la tolérance d’hui, il n’y a plus de centre pour la précédent dans l’histoire des hom- vons aussi dire, avec saint Augustin : chera de jouer au cricket, dira-t-il la plus progressiste avec l’orthodoxie mission ou, plus exactement, plus mes. Nous chrétiens, nous disons Dieu est plus proche de moi que le souvent, sous les couleurs du la plus conservatrice ». Timothy Rad- de centre unique. Grâce à Internet, que si l’homme cherche la vérité, il centre de mon existence. Ce qui est Yorkshire, berceau de sa vieille TIMOTHY RADCLIFFE cliffe conteste cette opposition. S’il je peux envoyer des messages à tous est capable de la reconnaître, mais au cœur de notre foi, c’est cette ten- famille catholique, attachée à Rome se dit partisan de la tradition, celle-ci mes frères dans l’ordre, mais eux ne nous devons chercher à la partager sion entre notre intimité avec Dieu et autant qu’aux valeurs anglaises traditionnelles. C’est n’exclut pas des formulations neuves. Il vient de savent même pas où je me trouve. avec lui de la manière la plus hum- Dieu comme ce mystère permanent la devise des dominicains, Veritas, qui l’attire au novi- publier aux Editions du Cerf un livre d’entretiens, Je Cette technologie symbolise le nou- ble. Si notre joie est visible, nul ne que nous ne faisons qu’entrevoir de ciat d’Oxford et au couvent des Blackfriars, avant vous appelle mes amis (avec Guillaume Goubert, jour- veau travail d’évangélisation. La mis- craindra que l’Evangile ne soit une loin. L’une nous donne confiance. d’étudier dans la célèbre université et à Paris. Après naliste à La Croix), qui a reçu le prix 2001 de littératu- sion ne va plus de l’Europe vers les idéologie oppressive. Nous devons L’autre nous invite à l’humilité. » sa profession solennelle, en 1971, il devient prieur re religieuse (le Monde du 15 septembre 2000). autres parties du monde. Elle est par- montrer que, loin d’être une prison, de sa communauté d’Oxford et enseigne l’Ecriture tout et elle va dans toutes les direc- l’Evangile rend libre. Il ne menace Propos recueillis par sainte. En 1988, il est élu à la tête de la province H. T. tions à la fois. pas notre humanité, mais nous offre Henri Tincq

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Télex : 202 806 F LE FOOTBALL français triomphe depuis trois n’était que « l’arbre qui cache la forêt ». Le rug- d’Adolphe Jauréguy sur l’Angleterre, le rugby Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 ans, le handball s’offre des titres de champion by, ce sport qu’une récente étude de l’Observa- français a développé un complexe de supériorité Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). Internet : http: // www.lemonde.fr du monde et le basket se surprend à fouler le par- toire sports et valeurs a consacré comme une que beaucoup d’étrangers voient comme une quet d’une finale olympique. Les sports collec- activité « virile » par excellence, soigne dans seconde nature chez tout citoyen français. Un pre- ÉDITORIAL tifs, auxquels on pourrait ajouter le tennis en tous les pays ses particularismes. C’est vrai en mier grand chelem dans le Tournoi des cinq Coupe Davis, sport d’équipe, se portent à mer- Angleterre, où le XV de la Rose est la seule équi- nations, en 1968, puis un autre, en 1977, et encore veille, soulèvent l’enthousiasme des foules et pe nationale capable de glaner des lauriers sur le trois autres, en 1987, 1997 et 1998, deux places de réveillent tous les chantres de « la France qui plan international. C’est vrai en France, où la finalistes de la Coupe du monde, en 1987 et 1999, La presse russe sous contrôle gagne ». Dans la foulée de l’équipe de France de situation est exactement inverse. C’est vrai et quelques épopées héroïques dans les pays de football, le sport français se serait converti com- depuis toujours, suggèrent tous ceux qui se sou- l’hémisphère Sud (l’Afrique du Sud, en 1958, la A chaîne de télévision menté de façon hostile la politi- me un seul homme à une approche très profes- viennent que le rugby naquit sur un geste de défi Nouvelle-Zélande, en 1994) avaient conforté les russe NTV, seul réseau que tchétchène de M. Poutine. sionnelle. Finies les belles défaites et les poteaux de William Webb Ellis – telle est du moins sa rugbymen de France dans leurs certitudes. d’envergure nationale En cédant à cette dernière exi- carrés, à nous les grandes victoires et les légende. C’est vrai depuis que ce sport s’est don- Lqui ne dépendait pas du gence du nouveau maître du poteaux rentrants. L’élite du sport hexagonal né pour code principal de courir vers l’avant en UN POKER MENTEUR pouvoir, est morte. A l’issue Kremlin, MM. Goussinski et Kis- aurait fait sa mue ? Toute l’élite ? Non, au sud- se passant le ballon vers l’arrière, ajoutent les Ils adorent enfiler les habits de l’enquiquineur d’un conseil d’administration selev avaient cru le satisfaire. ouest et au sud-est du pays, une « famille » spor- déterministes. du rugby mondial, ils se complaisent dans le dis- contesté, elle était passée sous NTV était respectueuse de la poli- tive résiste à la transformation. Le rugby, sport à part, depuis toujours et de cours des Anglo-Saxons qui ont inventé le con- la coupe du géant gazier Gaz- tique conduite en Tchétchénie, Immobile, le rugby se tient soigneusement à partout. Mais ce superbe isolement paraît plus cept fourre-tout de French flair pour vanter leurs prom et, samedi 14 avril, pour même si, contrairement aux chaî- l’écart des bouleversements en cours dans le prégnant et plus voulu en France où il a d’abord dispositions à l’improvisation. « We are French, installer une nouvelle direction, nes d’Etat, elle ne se bornait pas monde du sport, hexagonal ou international. Il été accepté « dans sa diversité et dans son côté c’est tout », expliquait Raphaël Ibanez, l’ancien la police du Kremlin est interve- à citer les militaires russes com- ne parvient pas à ouvrir ses frontières naturel- frondeur », rappelle l’anthropologue Sébastien capitaine des Bleus, aux reporters anglo-saxons nue directement dans ses me seule source et si, par les : contrairement à la plupart des autres disci- Darbon. Depuis la fin du XIXe siècle, le rugby fran- qui le sommaient de trouver une logique à l’in- locaux. Sergueï Kovalev, le seul moments, elle donnait la parole, plines, il n’accueille des jeunes issus de l’immigra- çais s’accroche à son particularisme. Il se com- croyable victoire sur la Nouvelle-Zélande, en député russe qui fut un dissi- sinon à des indépendantistes, du tion qu’avec parcimonie, et de grands joueurs plaît dans son rôle d’olibrius égaré dans un con- demi-finales de la Coupe du monde 1999. En dent soviétique, est venu soute- moins à certains réfugiés tché- étrangers éprouvent parfois les pires difficultés à cert de nations rugbystiques dominé par l’ancien parallèle, les supporteurs ne voient dans les vic- nir les « rebelles » de la chaîne. tchènes. Elle conduisait sur les s’adapter. Le rugby ne gagne pas, ou si peu, Commonwealth britannique. Il a grandi avec une toires des Bleus qu’un magnifique pied de nez La présence d’un tel homme, autres sujets une sorte de gué- depuis trois ans : lors de ses quatorze derniers mentalité d’assiégé, mais avec l’air malin de celui aux « Britiches » et dans leurs défaites une injusti- porteur de cette double légitimi- rilla avec le pouvoir. matches, le XV de France s’est incliné à sept qui croit tout savoir de ses ennemis préférés, les ce expliquée par toutes sortes d’alibis : l’arbitre, té, devrait lever les doutes de C’était encore trop. Est-ce à reprises. Bien sûr, il fut l’invité surprise de la fina- « Britiches », souvent assimilés à de sympathi- le vent, la malchance, les blessures et, aujour- ceux qui hésitent à prendre au cause de ses reportages dans le le de la Coupe du monde en octobre 1999, mais ques « bourrins ». d’hui, le professionnalisme et la meilleure prépa- sérieux le combat des journalis- Caucase jugés encore trop dissi- chacun s’accorde à reconnaître, avec le capitaine Depuis soixante-quinze ans, depuis la pre- ration athlétique des Anglais. tes de NTV, menés par le présen- dents pour le Kremlin, qui n’ad- des Bleus, Fabien Pelous, que cette présence mière victoire, en avril 1927, des coéquipiers Des gens à part dans un monde à part : une bel- tateur vedette Evgueni Kisselev. met qu’un soutien sans faille ? le légende. Mais, depuis trois ans, les Français Leur cause est certes enta- Est-ce à cause des autres sujets savent qu’ils peuvent aussi perdre contre n’impor- chée par un passé fait de com- et du ton général de la chaîne pri- te qui, comme les modestes Tonguiens, vain- promissions. NTV fut une chaî- vée ? En tout cas NTV a été jugée Les stigmates par Nicolas Vial queurs historiques du XV tricolore dans la touf- ne élitiste, centrée sur les « nou- trop libre au regard du reste du feur d’un après-midi d’été, à Nuku’alofa, en juin veaux Russes ». Ses journalistes paysage audiovisuel russe, déjà 1999. Aujourd’hui, la France peine pour vaincre sont des privilégiés de la nouvel- soumis. l’Italie et s’incline plus souvent qu’à son tour face le Russie. Cette chaîne « indé- Sa prise de contrôle par Gaz- à l’Irlande ou au pays de Galles, deux nations de pendante » avait oublié toute prom – dont le président, com- rugby qui, comme l’Angleterre, ont su négocier le déontologie lorsqu’elle s’est promis dans une série d’affaires, virage du professionnalisme. jetée à fond dans le soutien au est l’instrument docile du Depuis le tournant professionnel de 1995, la candidat Boris Eltsine, lors de Kremlin – ramène le pays sept « grande famille » française, dirigeants natio- l’élection présidentielle de ans en arrière. Pour avoir com- naux, présidents de club et joueurs, joue au 1996. mencé sous Eltsine, les attaques poker menteur. Elle qui s’était si bien habituée à Elle s’est ensuite endettée contre la liberté de parole se la farce de l’amateurisme marron ne sait plus exclusivement auprès de Gaz- sont intensifiées sous Vladimir comment en sortir. Un pas en avant, deux pas en prom, un concentré des tares de Poutine. « Quand Poutine dit arrière, et inversement : un pas de deux vers l’im- la nouvelle Russie, se mettant qu’il est fier d’être un ancien du mobilisme. Résultat, l’élite du rugby français, ni ainsi elle-même entre ses KGB, c’est comme si un chancelier vraiment amateur ni tout à fait professionnelle, mains ; elle a épousé les com- allemand disait qu’il est fier d’être touche les limites de l’absurde du ni-ni, tout com- bats de son patron, Vladimir un ancien nazi », a commenté Ser- me elle bute sur les blocages politiques nés de la Goussinski, contre d’autres oli- gueï Kovalev. cohabitation hostile que se livrent Bernard Lapas- garques (le plus souvent Berezo- Le coup de force contre NTV set, président de la Fédération française de rugby vski) ; elle a, enfin, soutenu la donne raison à tous ceux qui crai- (FFR), et Serge Blanco, président de la Ligue seconde guerre tchétchène gnent pour l’avenir de la démo- nationale (LNR). – ou, du moins, elle n’a pas com- cratie dans la Russie de Poutine. Les deux hommes, défendant l’un sa « vitri- ne », le XV de France, l’autre ses mandants, les présidents de club, se sont pris les pieds dans leur 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani danse du surplace. Après trop de défaites, après Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; la déculottée (48-19) infligée par l’Angleterre, Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint samedi 7 avril, ils ont entendu de vives protesta- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel tions monter des provinces du rugby et ont pro- Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette mis de tout faire pour s’entendre. Ils devraient Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment proposer dès la saison prochaine un calendrier Rédacteurs en chef : Alain Frachon (Éditoriaux et analyses) ; décent, satisfaisant les volontés des joueurs inter- Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; nationaux, avec l’appui du Syndicat national de Éric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; joueurs de rugby (SNJR), qui menace d’une grève Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Rédacteur en chef technique : Eric Azan si les dirigeants ne parviennent pas à créer d’authentiques phases de récupération et de pré- Médiateur : Robert Solé paration. Les joueurs et leur syndicat ont égale-

Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg ment obtenu du ministère de la jeunesse et des Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; sports qu’il abrite, début mai, une réunion avec partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre toutes les parties concernées.

Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président Une menace de grève et un rendez-vous chez la ministre pour régler un problème purement Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) sportif, c’est encore un arsenal de solutions très « exception française ». Le Monde est édité par la SA LE MONDE Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Eric Collier Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, f Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. www.lemonde.fr/sixnations

ILYA50 ANS, DANS 0123 à Slobodan Milosevic d’avoir per- serbe que par la justice à rendre deux pays soutiennent le Tribunal La Serbie du ses guerres, davantage que de aux victimes des années noires. Il pénal international pour l’ex-You- les avoir provoquées. défend l’armée yougoslave, une ins- goslavie (TPIY) de La Haye, livrent L’éblouissante leçon des mosaïques de Ravenne On retrouve ce Kostunica dans titution parmi les plus coupables les accusés et ouvrent leurs archi- de Kostunica tous ses discours. Il a mené tam- de la terreur et du carnage balkani- ves sans états d’âme. Vojislav Kos- À LA VEILLE de compléter son d’hui : rayonnement du fond bleu bour battant la réintégration de la que, et dont il continue de soutenir tunica estime à l’inverse que le second étage, le Musée des monu- sur lequel se détachent les pattes Serbie dans les institutions interna- les commandants des années 1990, TPIY est une cour « injuste », qui ments français héberge pour deux rouges des colombes, treillis « abs- a peur de l’avenir tionales, que les pays occidentaux plutôt que les forces politiques qui ne peut rien apporter de positif à mois un ensemble d’un nouveau traits », soleils de la voûte. désiraient ardemment. Ses pre- appelaient en vain à une arresta- l’espace yougoslave, et surtout pas genre : des répliques de mosaïques Des édifices de l’époque arienne Suite de la première page miers six mois à la présidence you- tion de Slobodan Milosevic depuis aux Serbes. Il préférerait une com- de Ravenne exécutées, comme il et justinienne viennent les jardins goslave furent, en revanche, mar- le soir du 5 octobre 2000. mission Vérité et réconciliation qui se doit, à la grandeur de l’original incurvés, aux clôtures de marbre Car la Yougoslavie de Vojislav qués par d’innombrables signaux serait de facto une institution inter- et présentées sous forme de pan- bleu, une Bethléem flottant dans Kostunica est cette création artifi- nationalistes et passéistes. Il insiste « DIGNITÉ NATIONALE » ne à la Serbie, afin de réconcilier les neaux dont beaucoup sont porta- l’or, le fameux paysage « cézan- cielle décidée par Slobodan Milo- sur le fait que les Serbes sont des Certes, il s’est rallié à l’opération Serbes avec eux-mêmes. Il songe tifs et pourraient fort bien orner nien » de Saint-Vital et la réplique sevic et son idéologue nationaliste victimes de l’Histoire, rhétorique de police contre l’ancien dictateur aux combats entre pro-Milosevic une maison modeste. du groupe de l’impératrice Théo- Dobrica Cosic, qui fut en 1992 le classique de l’ère Milosevic. Plutôt afin d’éviter une première crise et anti-Milosevic, et même aux L’art roman impérial a donné dora avec ses femmes portant l’of- premier président du nouvel Etat. que de demander pardon à la Bos- majeure entre lui-même et le gou- vieilles luttes entre communistes et avant Byzance une intensité frande du calice d’or. Quelques Elle est le symbole du mensonge, nie-Herzégovine, comme a pu le vernement de Zoran Djindjic. Mais nationalistes, qui ont pourtant per- inouïe aux intérieurs ; nul autre scènes tirées de la nef de Saint- puisqu’à l’époque la lutte pour une faire le président croate Stipe ce fut pour mieux le tancer une fois du leur sens durant les années de mouvement n’en donne plus forte- Apollinaire-le-Neuf et des têtes sauvegarde de la fédération yougo- Mesic, fraternellement salué à Sara- « Slobo » emprisonné, commen- national-socialisme à la Milosevic. ment le sentiment, ne transporte d’apôtres permettent enfin de voir slave n’était destinée qu’à masquer jevo, M. Kostunica dénonce princi- tant, en référence au chantage à Vers quel destin Vojislav Kostu- plus hardiment l’esprit dans un que la large facture de la mosaï- le combat pour une « Grande Ser- palement les « crimes de guerre de l’aide économique pratiqué par les nica conduit-il la Serbie ? Pour l’ins- milieu de prodiges et d’extase que que, ses gros traits n’excluent nul- bie », pour les transferts de popu- l’OTAN ». Etats-Unis, que « la dignité natio- tant, certainement pas vers un exa- le petit mausolée de Galla Placidia, lement la subtilité et l’expression. lation et la séparation d’avec les A évoquer chaque semaine les nale ne peut jamais s’acheter pour men implacable des errements et dont l’exposition présente dix En un temps aussi préoccupé d’art communautés non serbes. mille tués serbes de la période des une poignée de dollars ». des crimes du passé. Lui qui criti- détails. Ces transcriptions mon- moral que le nôtre, cette réunion Vojislav Kostunica, dont l’opposi- bombardements occidentaux, il en La « dignité nationale »! A que tant la Yougoslavie communis- trent un peu à quoi tiennent les mérite un vrai retentissement. tion à Slobodan Milosevic fut réso- oublie les deux cent mille morts Zagreb, cette page-là a déjà été te pour avoir jeté un voile sur les cri- surprenants effets qui frappaient lue et sans appel, est un représen- des guerres de Croatie, de Bosnie- tournée. A Sarajevo aussi. Sans mes de la seconde guerre mondiale de stupeur les barbares du VIe siè- André Chastel tant de cette mouvance « cosicien- Herzégovine et du Kosovo. Pour pour autant que ces Etats aient la est en train de suivre, au nom de la cle, et l’on n’ose dire ceux d’aujour- (17 avril 1951.) ne » qui a ranimé le nationalisme lui, le drame vient du fait que les sensation de perdre leur identité « dignité nationale », le même che- serbe dans les années 1970 et 1980, pays ex-yougoslaves étaient dirigés en coopérant avec la communauté min, en dépit de l’éveil démocrati- et a rompu avec le dictateur en par des criminels sans scrupules, ce internationale. A Belgrade, les ac- que. Il appartient à une Serbie, 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS 1993, lorsque ce dernier a com- qui est évidemment vrai, mais pas tivistes antinationalistes s’achar- d’ailleurs critiquée par la jeunesse mencé à lâcher Radovan Karadzic des causes profondes qui leur ont nent à répéter que l’armée you- citadine, qui, engagée dans la dé- Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr et la clique bosno-serbe de Pale. permis d’entraîner la région dans la goslave et tous les héritiers de fense de ses valeurs ancestrales, a M. Kostunica ne cacha pas alors guerre : le réveil nationaliste, la l’époque Milosevic sont au contrai- peur de l’avenir. Il appartient à une Télématique : 3615 code LEMONDE Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) qu’il reprochait à M. Milosevic de manipulation de la mémoire histori- re des symboles d’une « indignité génération qui pense que la Serbie ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) sacrifier les aspirations séculaires que, les mensonges colportés à nationale ». a perdu son identité dans la You- serbes à la sauvegarde de son pou- l’égard des autres communautés. La Croatie et la Bosnie-Herzégo- goslavie, et qui craint qu’elle ne la Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 voir personnel. M. Kostunica, quoi- L’affaire Milosevic a mis en vine estiment que la « dignité natio- perde une nouvelle fois en inté- Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 que pacifiste par dégoût de la vio- lumière les différentes facettes de nale », le chemin de la réconcilia- grant l’espace politique occidental. Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 lence, appartient à cette vaste M. Kostunica. Le président est tion passent par la traduction en majorité de Serbes qui reprochent davantage préoccupé par l’unité justice des criminels de guerre. Les Rémy Ourdan 13 ENTREPRISES LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001

SCIENCES DE LA VIE Avec les autorités américaines de la santé principales cibles de ces médica- suscite la convoitise de ces derniers. b LES JEUNES POUSSES FRANÇAISES les progrès de la génétique, l’indus- doivent examiner pour 2002 concer- ments du futur. b LES START-UP 350 produits en phase d’essais sur relèvent le défi. Meristem fait produi- trie pharmaceutique vit sa révolu- nent des médicaments issus des bio- font preuve de davantage de dyna- l’homme sont dans leurs cartons, re de l’hémoglobine par du tabac et tion de velours. b LA MOITIÉ des technologies. b LE SIDA, LA LEUCÉ- misme que les grands groupes phar- contre moins de 75 pour les vingt Genset développe des médicaments demandes de mise sur le marché que MIE, LE CANCER figurent parmi les maceutiques traditionnels, ce qui premiers laboratoires mondiaux. contre l’obésité et le diabète. La course aux médicaments du futur bouleverse l’industrie pharmaceutique En 2002, la moitié des demandes de mise sur le marché aux Etats-Unis concerneront des traitements issus des biotechnologies. Les grands laboratoires, centrés sur les molécules chimiques, sont confrontés au dynamisme des start-up de la génétique

LE DÉCRYPTAGE du génome enregistrés au 12 avril, sur les huit 70 % de dépenses en pure perte revanche, sont très performants dans humain, dont l’analyse détaillée a jours qui ont suivi une publication le développement clinique des médi- Les différents produits été publiée le 12 février, ouvrirait-il scientifique dans le New England COÛT DE DÉVELOPPEMENT D'UN MÉDICAMENT TRADITIONNEL caments et le marketing », précise déjà la voie à des thérapies nouvel- Journal of Medecine. Si le Glivec s’af- en millions de dollars Philippe Cottet, analyste chez issus de la « nouvelle les ? L’industrie pharmaceutique vit firme comme une thérapie efficace, 250 Crédit lyonnais Securities. Ces der- sa révolution de velours. Selon la il pourrait générer 1 milliard de nières semaines ont donc vu se biologie » Food and Drug Administration, francs suisses (657 millions 180 tisser des accords, de plus en plus l’autorité de la santé américaine, d’euros) chaque année, estime la ciblés et coûteux, entre sociétés de b Les protéines humaines 60 50 % des demandes de mise en mar- société suisse. biotechnologies et industrie phar- recombinantes. Les premiers ché qu’elle doit examiner pour 2002 Le décryptage du génome, et les maceutique. produits issus d’une meilleure concernent des médicaments issus progrès en génétique qui l’ont pré- connaissance du vivant ont des biotechnologies. cédé, bouleverse les fondements de 120 CAUSE COMMUNE parfois plus de dix ans. Il s’agit de Lundi 2 avril, l’américain Merck la médecine. « Il est encore trop tôt 80 Le 12 mars, l’américain Abbott a protéines humaines 60 annonçait avoir commencé, en pour parler de thérapie génique. En 70 50 50 acquis 250 millions de dollars recombinantes, c’est-à-dire février, des essais sur l’homme d’un revanche, les connaissances que 40 30 30 (281 millions d’euros) d’actions de d’analogues de substances se vaccin à base d’ADN contre le sida. nous avons du génome permettent son compatriote Millennium, pour trouvant déjà dans le corps L’information avait été tenue secrè- une identification à vitesse accélérée 10 20 20 20 sceller leur alliance dans le domai- humain. Plutôt que de les extraire te pendant deux mois « afin de tem- des origines des maladies. Nous pou- PHASE PHASE PRÉ- PHASE I PHASE II PHASE III PHASE IV ne des diabètes et de l’obésité. Le d’organismes animaux, ce qui pérer les espoirs du public car (ces vons étudier le génome d’une famille DE CLINIQUE (1,5 an) (2 ans) (3,5 ans) Demande 8 février, le laboratoire français était pratiqué auparavant, les essais) n’en sont qu’à leurs débuts », de patients obèses et le comparer à la DÉCOUVERTE (6,5 ans) d'une indépendant Servier et l’américain chercheurs les produisent par a expliqué Gregory Reaves, porte- carte du génome “normal” qui vient Essais 20 à 80 Quelques Quelques autorisation Hybrigenics faisaient cause commu- génie génétique, dans des cultures sur animaux volontaires centaines milliers de mise sur parole du groupe. Les chercheurs d’être complétée. A partir de là, nous (2 espèces) sains de patients de patients le marché ne pour la découverte de cibles thé- par exemple de levure. Les plus espèrent renforcer le système pouvons repérer des cibles et élabo- rapeutiques contre le cancer. Le fameuses illustrations sont le immunitaire du malade en injec- rer de nouvelles solutions thérapeuti- COÛT PAR PRODUIT COMMERCIALISÉ COÛT DES ÉCHECS 2 avril, Aventis décidait d’augmen- facteur 8, un produit plasmatique tant dans son organisme des frag- ques », explique Robert Kohen, Source : Global Equities - Valquant ter sa participation, « par un inves- qui traite l’hémophilie, l’insuline ments du matériel génétique directeur médical de Pharmacia Pour un produit qui arrive sur le marché, les laboratoires testent des milliers tissement minimum de 20 millions dans le traitement du diabète et (ADN) du virus lui-même. Upjohn en France. Ce groupe améri- de molécules et dépensent entre 500 et 700 millions de dollars, dont de dollars [22,5 millions d’euros] », l’érythropoïétine (EPO) contre Dans la leucémie, le suisse Novar- cain dispose lui-même d’un médica- 70 % sur des substances abandonnées en cours de route. dans l’américain Introgen, spéciali- l’anémie. La liste de ces produits, tis pourrait battre des records pour ment novateur, en essais cliniques sé en thérapie génique. Enfin, le de plus en plus perfectionnés, ne l’autorisation de mise sur le mar- contre le cancer colorectal. Un res mondiaux, estime l’entreprise sances en biologie et à la complexi- géant américain de pharmacie et cesse de s’allonger : aux ché, à l’échelon mondial, d’un médi- grand nombre de laboratoires espè- d’investissement Global Equities. té des données à traiter. Pendant cosmétiques, Johnson & Johnson, Etats-Unis, plus de 300 protéines cament découvert par des métho- rent désormais améliorer le sort « C’est un tournant majeur et histori- des décennies, l’industrie pharma- n’a pas hésité, quant à lui, à acqué- thérapeutiques étaient en études des de la « nouvelle biologie ». Aux des patients et de leurs finances, que dans l’industrie des biotechnolo- ceutique a trié puis testé au hasard rir la société de biotechnologie cliniques en 2000. Le marché Etats-Unis, ce produit, baptisé Gli- grâce à l’arrivée des « médicaments gies. Il se produit au moment où l’in- des millions de molécules. Cette Alza, le 27 mars, pour 10,5 milliards mondial pourrait atteindre vec, fait l’objet d’un examen priori- du futur ». Jusqu’au groupe chimi- dustrie pharmaceutique est menacée méthode mobilisait une armada de de dollars (11,8 milliards d’euros), 42 milliards d’euros en 2005, taire, une procédure octroyée à que allemand Bayer, inventeur de par une perte potentielle de chiffre chercheurs, avec des résultats sou- soit 50 % de plus que l’offre d’Ab- contre 24 milliards aujourd’hui. tous les médicaments qui répon- l’aspirine, au quinzième rang de la d’affaires, surtout aux Etats-Unis, en vent décevants sur des pathologies bott, un an plus tôt. b Les anticorps monoclonaux. dent à un besoin médical non satis- pharmacie mondiale, qui promet raison de l’arrivée à expiration des graves, comme les cancers. Grâce Après avoir fait ses emplettes de La décennie qui vient, selon les fait ou améliorent le traitement « d’ici à 2007 » de premiers médica- brevets sur des molécules majeures. aux nouvelles connaissances sur le médicaments auprès des start-up, experts, sera celle des anticorps d’une maladie potentiellement mor- ments issus de la génomique. Les sept plus gros médicaments repré- génome humain, les chercheurs l’industrie pharmaceutique se trou- monoclonaux, des outils très telle. Le Glivec, qui vise l’une des sentent un chiffre d’affaires cumulé pénètrent aux tréfonds des méca- ve confrontrée à une problémati- puissants, notamment contre formes les plus courantes de leucé- EXPLOSION DES CONNAISSANCES de 20 milliards de dollars [22,5 mil- nismes de la vie. « C’est une immen- que toute nouvelle. « La vraie ques- les cancers, car ils permettent mie (la leucémie myéloïde chroni- Mais, dans ce nouveau foisonne- liards d’euros], soit une perte poten- se différence : maintenant, on sait ce tion est de savoir comment dévelop- de cibler les tumeurs sans nuire que ou LMC), est considéré comme ment d’innovations, les grands tielle de capitalisation boursière qu’on cherche », indique l’un d’eux. per, parmi tous ces candidats-médi- aux cellules saines. Ces travaux un progrès thérapeutique majeur, groupes ne sont pas forcément les pour le secteur pharmaceutique de C’est pourquoi de petites équipes, caments qui arrivent, ceux qui ont marquent une étape car il n’affecterait pas les cellules mieux placés. Pour la première fois, près de 150 milliards ! », analyse spécialisées par projet thérapeuti- une chance d’être les plus utiles, sou- supplémentaire de la « génomique saines du malade. Il cible une protéi- les start-up disposent de plus de Marie-Hélène Leopold, directeur que dans les start-up, avancent à ligne M. Kohen. Il nous faut trouver fonctionnelle » puisqu’ils ne anormale due à une anomalie produits en fin de développement général adjoint de Global Equities. pas de géant dans la découverte de une méthodologie fiable pour qu’on consistent déjà à tirer parti d’une chromosomique présente chez la que l’industrie pharmaceutique Comment expliquer qu’une nouvelles thérapies. ne se fourvoie pas, des années, dans meilleure connaissance des gènes, majorité des patients atteints de dans son ensemble. 350 produits myriade de petites sociétés fassent « Les start-up s’avèrent beaucoup des molécules sans avenir. » des protéines produites et du LMC. Aux Etats-Unis, où le groupe en phase 3 (essais sur l’homme) mieux que les vingt majors dont plus efficaces en recherche que les patrimoine génétique du patient. bâlois a mis en place une permanen- sont dans les cartons des sociétés c’est le métier depuis, parfois, plus laboratoires pharmaceutiques qui ne Véronique Lorelle Contrairement aux vaccins qui ce téléphonique, 13 000 appels de de biotechnologie contre moins de d’un siècle ? L’une des raisons tient savent pas, en tant qu’industriels déclenchent chez le malade sa patients et de médecins avaient été 75 pour les vingt premiers laboratoi- à l’explosion brutale des connais- gérer l’innovation. Ces derniers, en f www.lemonde.fr/genome propre production d’anticorps, les anticorps monoclonaux sont fabriqués en laboratoire puis 17 millions d’euros pour injectés dans l’organisme du Dans le Puy-de-Dôme, des champs de tabac bon pour la santé patient. Ils ciblent précisément la le Catalogue de la vie tumeur, mais ne provoquent pas CLERMONT-FERRAND dans la région PACA, où Meristem produit macie, une pureté de 99,9 % », précise le PDG. la création de nouveaux anticorps. Avec sa carte du génome de notre envoyée spéciale depuis cinq ans des protéines thérapeutiques Les plantes sont en effet broyées et macérées L’Herceptin, le premier anticorps humain, la société américaine Vu du ciel, le plateau de Gergovie, avec le Puy- (avec une autorisation pluriannuelle de la Com- avant de subir un long procédé de filtration. monoclonal « humanisé » dans le Celera Genomics intéresse les de-Dôme auréolé de nuages, offre une vision mission du génie biomoléculaire), « les agricul- « Nous ne vendons pas nos semences et, à aucun domaine du cancer du sein start-up comme les laboratoires de carte postale. Il faut se méfier des clichés. teurs sont également passionnés à l’idée de trans- moment, elles ne vont dans la chaîne alimen- métastatique, en est une pharmaceutiques. A ce jour, on Une fois sur terre, il apparaît que les tabacs et former leurs champs en laboratoire pharmaceuti- taire », assure M. Mérot. illustration. Le médicament lui connaît plus de 25 abonnés à les maïs qui ponctuent la campagne clermontoi- que », souligne Bertrand Mérot, énergique qua- Meristem possède ses propres candidats-médi- bloque l’expression d’une protéine sa base de données, de l’entrepri- se sont de vrais mutants. Depuis une décennie, dragénaire PDG-fondateur de Meristem. caments, dont la lipase qu’elle prévoit de mettre – présente à des niveaux excessifs se française Genset en passant la société Meristem Therapeutics s’ingénie à sur le marché en 2005. La société compte aussi chez un quart des patientes par le leader mondial du médica- transformer ces deux cultures en usines à médi- 20 000 DOLLARS LE GRAMME des clients aux Etats-Unis pour lesquels elle « usi- atteintes du cancer du sein – qui ment, l’américain Pfizer, ou l’uni- caments. En 1997, elle remportait une première Pour pouvoir produire des actifs thérapeuti- ne » des protéines thérapeutiques. « Les sociétés accélère la croissance de la versité Harvard. mondiale avec la production d’une hémoglobi- ques – une poudre blanche, très classique –, de biotechnologies qui sont les plus grandes porteu- tumeur. Cette première thérapie Pour feuilleter le Catalogue de ne humaine pure dans des feuilles de tabac (Le Meristem commence par transformer les plan- ses de l’innovation médicale n’ont souvent pas de ciblée a été lancée fin 2000 dans la vie – un index comptant envi- Monde du 7 mars 1997). Quatre ans plus tard, tes de façon qu’elles expriment à un endroit pré- capacité de production. Nous leur offrons des l’Union européenne par le suisse ron 30 000 gènes –, il en coûte Meristem produit 20 kilos/hectare de lipase cis (feuille, grains) la protéine souhaitée. Les champs comme unités de production, à un coût Roche. Aux Etats-Unis, c’est sa 10 000 dollars (11 250 euros) par purifiée, contre la mucoviscidose, dans des semences OGM sont ensuite confiées à des agri- compétitif », explique M. Mérot. L’enjeu est de filiale de biotechnologies an à une université et environ champs de maïs, en France, aux Etats-Unis, en culteurs, qui suivent un cahier des charges taille. Un anticorps tel le Rituxan, produit par Genentech, à l’origine de la 17 millions d’euros pour une Espagne et au Chili. Trois Etats américains riva- strict : champs isolés, interdiction de pesticides, Genentech, contre le lymphome, affiche un prix découverte, qui commercialise le major pharmaceutique. Celera lisent d’offres alléchantes pour qu’elle construi- bennes spécifiques. Les surfaces sont doublées public de 20 000 dollars (22 500 euros) le gram- produit. Au total, l’Herceptin a Genomics, qui accuse encore des se, cet automne, sa première unité de produc- par rapport au besoin réel, et l’agriculteur voit me. Plus encore, un béta-interféron, tel Avonex déjà réalisé des ventes de pertes de 92,7 millions de dollars tion industrielle sur leurs terres. Aux Etats- sa production rémunérée deux à trois fois plus développé par Biogen contre la sclérose en pla- 540 millions de francs suisses (exercice clos en juin 2000), affi- Unis, la « molecular pharming », la production cher. « Mais cela pèse moins de 10 % de notre ques, est vendu 1,4 million de dollars le gramme. (355 millions d’euros) en 2000 che une capitalisation d’environ de molécules pour la pharmacie, est assez popu- prix de revient, l’essentiel des coûts réside dans dans le monde et pourra atteindre 3 milliards de dollars. laire auprès des agriculteurs. En Auvergne et l’extraction du produit qui doit atteindre, en phar- V. L. 1,126 milliard d’euros cette année. Le marché des anticorps monoclonaux est promis lui aussi à un bel avenir, estimé à près de Les jeunes pousses françaises relèvent le défi 43 milliards d’euros en 2010. b La thérapie génique. Une CERTAINS OBSERVATEURS 250 scientifiques à San Diego ritaire est Biomérieux Pierre Fabre, drug », une marque déposée une première autorisation de mise autre voie, celle de la thérapie s’inquiétaient de ce que l’essentiel (Etats-Unis) et à Evry (Essonne) dispose d’un outil de production en d’IDM. « Le corps humain a toutes sur le marché en 2004. génique, qui consiste à des molécules thérapeutiques est s’est orientée vers la production de Europe, dont il souhaite multiplier les ressources pour lutter contre cer- La liste des sociétés de recherche « remplacer » le gène défecteux, mis au point depuis les Etats-Unis, ses propres médicaments dans le par dix la capacité de production : taines maladies. Pour redonner une devenues biopharmaceutiques est ne verra pas d’applications avant et non plus en France, longtemps domaine du diabète et de l’obésité « 150 000 doses par an dès la fin de chance à des patients atteints de loin d’être close. A Toulouse, Bio- plusieurs années. Le laboratoire deuxième découvreur de médica- (Le Monde du 2 mars). 2001 pourraient couvrir nos besoins cancers, nous prélevons des cellules vector Therapeutics annonce de franco-allemand Aventis qui ments. Or des PME de l’Hexagone A Strasbourg, Transgène, spécia- pour les essais, jusqu’à la commercia- de l’individu et nous les surtraitons premiers résultats positifs d’un vac- développe un produit contre pourraient prendre la relève. Plus lisée dès l’origine sur la thérapie lisation des premiers produits en pour qu’elles aient un rôle médica- cin nasal contre la grippe, dévelop- l’artériopathie obstructive des de 250 entreprises de biotechnolo- génique, vient, à son tour, de con- 2004 », assure M. Bélanger. menteux. Le malade se voit ensuite pé en collaboration avec le cana- membres inférieurs – en essais gies ont éclos, principalement centrer ses moyens humains et réinjecter ses propres cellules de dien BioChem Pharma. A cliniques chez l’homme depuis 1990, dont près de 70 % tra- financiers sur un seul domaine. Ce MÉDICAMENT CELLULAIRE défense qui ont acquis une nouvelle Clermont-Ferrand, Meristem The- actuellement – ne mise pas sur vaillent dans la santé humaine. Ces sera la cancérologie, où « Transgè- Pour IDM Therapeutics, une peti- compétence », indique Jean-Loup rapeutics teste un médicament con- une commercialisation avant sociétés de « biotech-santé » ont ne a tous les atouts pour devenir un te salle en plein cœur de Paris suf- Romet-Lemonne, le PDG qui a fon- tre la mucoviscidose (lire ci-des- 2006-2007. Il n’existe pas à ce jour réalisé près de 305 millions d’euros leader à terme. Dès qu’un de nos pro- fit : une préparatrice en blouse dé IDM en 1993. La technique est sus). A Sophia-Antipolis, Nicox pos- de traitement contre cette de chiffre d’affaires en 1999, selon duits arrivera sur le marché, on sait blanche referme un carton qui con- destinée à détruire les cellules sède plusieurs médicaments en maladie qui peut aboutir à l’association France Biotech. que ce sera un succès commercial », tient un « kit de traitement » des tumorales résiduelles et à prévenir développement clinique, dans le l’amputation. La solution prônée A son origine en 1989, Genset, déclarait, le 28 mars, Gilles Bélan- malades ayant accepté de partici- les récidives. Le patient sera traité traitement de l’arthrite notam- par Gencell, filiale fleuron de la biotechnologie en ger, son directeur général. Deux per aux essais cliniques. Ce disposi- sur place avec de mini-prépara- ment. Certaines start-up ne seront biotechnologique d’Aventis, France, travaillait tous azimuts vaccins anti-cancéreux sont en tif portable, à usage unique et tions individualisées. « Nous pou- jamais connues par le grand consiste à introduire un gène qui – sur la schizophrénie, le cancer, essais cliniques, l’un pour le traite- entièrement clos, contient tous les vons nous développer sans investisse- public : leurs innovations sont déjà permet la revascularisation des etc. – pour le compte des groupes ment du cancer du sein et l’autre éléments nécessaires à la transfor- ments coûteux, car nous travaillons au menu des grands laboratoires. jambes par la création de pharmaceutiques. Depuis 2000, contre celui du col de l’utérus. mation des cellules d’un patient en avec de mini-usines », souligne nouveaux vaisseaux. l’ancienne start-up qui emploie Transgène, dont l’actionnaire majo- médicament cellulaire ou « Cell M. Romet-Lemonne, qui mise sur V. L. 14 AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001

SPORTS La 99e édition de la course Museew et Romans Vainsteins. b LA Mapei, dont il a débauché quelques- à Roubaix à cinq reprises depuis droit, dans la tranchée d’Arenberg, cycliste Paris-Roubaix a été rempor- FORMATION BELGE Domo-Farm Fri- uns des meilleurs éléments. b SER- 1995. b LE PARCOURS, très boueux, alors qu’il figurait dans le groupe de tée, dimanche 15 avril, par le Néerlan- tes a été créée à l’hiver 2000-2001 VAIS KNAVEN reprend le flambeau a provoqué de nombreuses chutes, tête. b LES ÉQUIPES FRANÇAISES dais Servais Knaven (Domo-Farm par Patrick Lefévère, ancien direc- des hommes de Mapei, grands spé- dont celle de Philippe Gaumont (Cofi- n’ont pas réellement brillé lors de la Frites), devant ses coéquipiers Johan teur sportif de l’équipe italienne cialistes des classiques et vainqueurs dis), victime d’une fracture du fémur mythique épreuve. Paris-Roubaix offre à l’équipe Domo une victoire en forme de triomphe Les coureurs de la formation belge ont pris les trois premières places de la course, la victoire revenant au Néerlandais Servais Knaven. Ce groupe, créé par l’ancien directeur sportif de Mapei, compte dans ses rangs d’anciens coureurs de l’équipe italienne qui trustait les victoires dans la célèbre épreuve

ROUBAIX Vainsteins, qui a gagné le sprint ton Romans Vainsteins (ex-Vini Le plan a été respecté à la lettre. de notre envoyé spécial d’un petit groupe suivant à Caldirola), champion du monde en Alignant au départ des Johan De l’eau qui tombait du ciel, 41 secondes. titre. Forte de vingt-trois coureurs, Museeuw (vainqueur deux fois à comme elle n’avait cessé de le fai- Trois coureurs portant les Domo-Farm Frites a débuté 2001 Roubaix), Romans Vainsteins, Wil- re depuis des semaines. De l’eau mêmes couleurs aux trois premiè- au cinquième rang mondial. fried Peeters ou Servais Knaven, qui dégorgeait des champs, mas- res place, le scénario s’était déjà Mais elle n’a pas tenu ses pro- tous prétendants possibles à la vic- quant les trous dans des chaus- produit en 1996, en 1998 et en messes, se contentant de victoires toire, Domo-Farm Frites n’a guère sées qui n’en portaient que le nom 1999. Il avait été à mettre au crédit d’étape (Tour méditerranéen, tardé à imposer le surnombre. Le et où la boue en quantité recou- de l’équipe italienne Mapei, dont Paris-Nice, Tirreno-Adriatico) en peloton ayant volé en éclats dès le vrait des pavés d’un autre temps. les coureurs ont quasi confisqué la laissant échapper les courses qui premier secteur pavé de Trois- Du vent. « reine des classiques » ces derniè- correspondent à sa « culture flan- Villes, après 99 kilomètres de cour- La 99e édition de Paris-Roubaix, res années (1995, 1996, 1998, 1999 drienne », comme le Tour des Flan- se, les coureurs de l’équipe belge dimanche 15 avril, a tranché singu- et 2000). Dimanche, la mainmise dres et Gand-Wevelgem, ou les se comptaient à quatre – les qua- lièrement avec les six précédentes, transalpine a pris fin. Paris-Rou- semi-classiques Het Volk et Kuur- tre cités précédemment – dans un baix est apparue comme une affai- ne-Bruxelles-Kuurne. groupe d’une vingtaine d’athlètes re strictement belge. Exit Mapei, « C’est une débâcle », avait ton- un peu plus loin. « Je pense que ecce Domo. Le podium final avait né, au soir de cette dernière cour- Trois d’entre eux sont ensuite la couleur grise – pas seulement se, Patrick Lefévère, qui, avant le restés dans des groupes dont l’on ne va pas tarder due à la boue – des maillots de la Tour de Flandres, avait admis que l’épaisseur s’est amenuisée petit à nouvelle équipe d’outre-Quiévrain les résultats n’étaient « pas à la petit (d’une quinzaine de coureurs à entendre parler Domo-Farm Frites. hauteur », incriminant le plan d’en- à six pour finir), tandis que l’un Pour cette formation, il était traînement mis en place durant des leurs, Wilfried Peeters, cavalait de nous », avait question de revanche. « On a beau- l’hiver. « Aujourd’hui on a mis les seul en tête depuis la traversée de coup souffert ces derniers mois, on a points sur les i », a insisté, diman- la tranchée d’Arenberg. Repris clamé, mi-janvier, eu beaucoup de critiques », n’a pas che, le manager belge. après environ 70 kilomètres manqué de relever Patrick Lefévè- Parti de chez Mapei pour créer d’échappée solitaire, ce dernier a le directeur sportif re, le manager de Domo-Farm Fri- Domo-Farm Frites, ce Flamand de alors laissé l’initiative à ses équi- tes. C’est que la création de ce nou- quarante-six ans, qui fut coureur piers. Patrick Lefévère, lors veau groupe sportif à l’intersaison dans les années 1970, a réappliqué Servais Knaven a été le premier 2000-2001 a donné lieu à beau- les recettes qui avaient fonctionné à saisir l’occasion. A trente ans, cet de la présentation coup d’attentes, alimentées par avec l’équipe italienne : pour espé- ancien champion de Hollande quelques surenchères. « Je pense rer gagner à Roubaix, il faut (son seul titre de gloire, en 1995), a de son équipe que l’on ne va pas tarder à entendre « avoir plusieurs coureurs capables rejoint Hennie Kuiper, dernier parler de nous », avait clamé de gagner au départ », se retrouver Néerlandais à avoir inscrit, en Patrick Lefévère, mi-janvier, en ensuite « en surnombre » durant la 1983, son nom au palmarès de marquées par des conditions présentant cette équipe qu’il rêvait course et surtout « mettre un cou- Paris-Roubaix. météorologiques beaucoup plus de bâtir depuis des années. reur dans les échappées pour que clémentes, confirmant que l’épreu- L’ancien directeur sportif de ses coéquipiers soient plus à l’aise », Philippe Le Cœur ve cycliste n’a pas pour rien hérité Mapei avait des arguments à faire PASCAL ROSSIGNOL/REUTERS avait-il expliqué à la veille de du surnom d’« enfer du Nord ». valoir. Il avait convaincu Domo Servais Knaven, une statue de glaise rapide et souriante. l’épreuve. Et pourtant, tout cela n’a guère (fabricant de tapis, moquettes, influé sur l’épilogue. Car l’antre du vyniles) de s’associer à Farm Frites vélodrome de Roubaix a offert un (qui était déjà dans le peloton avec goût de déjà vu : trois coureurs TVM) pour engager 45 millions de Big Mat Auber et La Française des jeux dans l’attente d’une même équipe sont montés francs. Un budget qui lui a permis sur les trois marches du podium. de quitter Mapei en y débauchant ROUBAIX tribuer, d’ici au 2 mai, par le Tour de durant Paris-Roubaix et d’autres apporté une victoire d’étape à La Dans l’ordre : le Néerlandais Ser- les Belges Johan Museeuw, Axel de notre envoyé spécial France. « Nous n’aurons plus de pos- formations sont en concurrence. Française des jeux (Tour méditerra- vais Knaven, arrivé seul, 34 secon- Merckx et Wilfried Peeters, ainsi Pour les coureurs de Big Mat sibilité d’être en vue, nous ne sommes Les italiennes Mercatone Uno (où néen) et Jay Sweet deux à BigMat des devant le Belge Johan que le Néerlandais Max Van Auber 93 et La Française des jeux, ni à La Flèche wallonne, ni à Liège- évolue Marco Pantani) et Saeco Auber 93 (Tour de Rhodes). Museeuw et le Letton Romans Heeswijk, tout en attirant le Let- c’était « la dernière ». Le mot est de Bastogne-Liège, indiquait Stéphane (Mario Cipollini, Laurent Dufaux). La Française des jeux a déjà fait Christian Kalb, responsable du spon- Javalet, le directeur sportif de Big Mais aussi la norvégienne CSC savoir qu’une non-sélection consti- 99e Paris-Roubaix soring de l’entreprise semi-publi- Mat Auber, dimanche 15 avril. On World-on-line, nouvelle équipe de tuerait un désaveu de sa politique que de jeux. Non que Paris-Roubaix vit dans le suspense. » Laurent Jalabert, ou encore l’améri- de lutte contre le dopage et de for- 3e ÉPREUVE DE LA COUPE DU MONDE CYCLISTE 2001 était pour ces équipes françaises la caine Mercury-Viatel, l’allemande mation de jeunes coureurs. « Cela Dimanche 15 avril • 255 km entre Compiègne (Oise) et Roubaix (Nord) • Parcours dernière course, mais il s’agissait de CONCURRENCE POUR LE TOUR Team Coast, toutes deux en vue sur remettrait en cause notre travail de très humide, avec omniprésence de la boue sur les pavés • 190 partants, 55 classés l’ultime occasion de se montrer Et il s’annonce difficile à vivre, car Paris-Nice, et la belge Lotto, qui a club, car, derrière l’équipe profession- La course VAINQUEUR dans l’optique des invitations – au on n’a pas vu les coureurs de ces multiplié les succès en ce début de nelle, il y a un club amateur avec ROUBAIX SECTEURS Servais KNAVEN nombre de quatre – qui restent à dis- deux équipes aux avant-postes saison. En face, a 3 millions de francs de budget », sou- (Domo-Farm Frites) Arrivée PAVÉS ligne lui aussi Stéphane Javalet, les255kmen6h45min Chereng 5 selon qui l’absence – pour la deuxiè- Age : 30 ans Pont-à- 4 Marcq Nationalité : néerlandaise Philippe Gaumont blessé me année consécutive – de la Gran- Professionnel depuis :1993 Orchies La Fédération française de cyclisme de Boucle signerait l’arrêt de mort Classement UCI : 74e Tilloy-lez- 3 Arenberg Philippe Gaumont (), de son équipe. Marchiennes Equipes : TVM (1993 à 1999), Farm Frites Wallers qui a lourdement chuté, diman- « Ne pas y être serait critique, en (2000), Domo-Farm Frites (2001) Denain change de partenaire che 15 avril, dans la tranchée tout cas de nature à influer sur certai- Principales victoires : Paris-Roubaix d’Arenberg, alors qu’il figurait nes décisions », convient Christian 2001 ; championnat des Pays-Bas 1995 ; Solesmes GP de l'Escaut 1998 ; Tour du Danemark « IL FAUT RETROUVER des par- avait haussé le ton, en 2000, à l’an- dans le groupe de tête et sem- Kalb. La Française des jeux n’a pas Inchy 2 1997 ; prologue du Tour de Suède 1997 ; tenaires financiers. » A peine élu à la nonce d’une possible vente du Tour blait en grande forme, souffre caché qu’elle s’interroge sur la pour- une étape (Aubagne) de l'Etoile de Bohain-en- présidence de la Fédération françai- d’Espagne à IMG. Propriétaire du d’une fracture du fémur droit, suite, au-delà de 2001, de son enga- Bessèges 1998. Vermandois se de cyclisme (FFC), le 3 mars, Jean Tour de Suisse, cette dernière est selon Alain Bondue, manager de gement dans le cyclisme. « La déci- Pitallier avait donné le ton : si elles actuellement en lice pour le rachat l’équipe. Philippe Gaumont a sion sera annoncée entre le Midi libre • CLASSEMENT DE LA COURSE St-Quentin ne lui apparaissaient « pas en dan- du Tour de Romandie. longtemps attendu les secours, la et le Dauphiné libéré », a répété, 1 Knaven (PB, Domo) 6 h 45 min. 1 Première ger », les finances constitueraient « Nous avons été soumis à trois circulation étant strictement dimanche, Christophe Blanchard- 2 Museeuw (Bel., Domo) à 34s 1 échappée de 3 Vainsteins (Let., Domo) à 41s Ham 6 coureurs au l’une de ses premières préoccupa- ambitions, expliquait-on au siège réglementée dans le secteur pavé Dignac, le PDG de la société, qui 4 Hincapie m. t. km 44, lancée par tions. Samedi 14 avril, le bureau d’IMG France, quelques jours avant le plus fameux de Paris-Roubaix. effectuait dimanche sa « première (EU, US Postal) Noyon 5 Peeters (Bel., Domo) m. t. le Français Christophe directeur de la FFC a choisi de con- le choix de la FFC. Tout d’abord, la Il a été conduit à l’hôpital de sortie » sur une course cycliste. Agnolutto (AG2R). Elle fier, pour quatre ans, la gestion de FFC a senti qu’il faut changer d’air, Valenciennes (Nord), où il devait 6 Dierckxsens (Bel., Lampre) • 7 Wesemann COMPIÈGNE garde près de 5 minutes son marketing à la société IMG Fran- qu’elle a des tas d’autres choses à dire être opéré en début de soirée. (All., Telekom) m.t. • 8 Tchmil (Bel., Lotto) à2 départ d'avance à Troisvilles. Ph. L. C. min 35 s • 9 Peers (Bel., Cofidis) m.t. • 10 ce, filiale du groupe américain IMG que d’évoquer la triche dans le cyclis- Sörensen (Dan., CSC-World Online) à2min59s; 2 Le premier secteur pavé (km 100) fait McCormack. Exit, donc, Havas me. Elle s’est aussi rendu compte qu’el- exploser le peloton. • 11 Pieri (It., Saeco) à3min7s • 12 Sciandri Advertising Sports, dont le contrat le est suivie par ses licenciés quand elle (G-B, Lampre) à 3 min 17 s • 13 Mattan (Bel., 3 Dans la tranchée d'Arenberg, le Belge Cofidis) • 14 Van Bon (P-B, Mercury) m.t. • 15 W. Peeters (Domo) s'échappe, le Français était arrivé à échéance et qui était le veut redonner le lustre aux cham- Bortolami (It., Tacconi) à7min57s • 16 Aldag P. Gaumont (Cofidis) chute et se blesse. seul autre candidat. pions, contrebalancer le doute par les (All., Telekom) • 17 Mengin (Fr., Française des « Nous avons fait douze ans avec efforts faits par la fédération. Enfin, ils 4 Peeters est rejoint à 15 km de l'arrivée. jeux) • 18 Zanetti (It., Liquidgas) • 19 Piziks La victoire se joue entre quatre coureurs Havas, ça s’essoufflait de part et veulent trouver des partenaires. Des (Let., CSC) • 20 Cassani (It., Domo) • 21 Domo (Knaven, Vainsteins, Museeuw, Agnolutto (Fr., AG2R) • 22 Van Dijk (Bel., Lotto) Peeters), Hincapie, Wesemann et d’autre. Nous avons souhaité un nou- annonceurs, il y en a, pourvu qu’il y ait • 23 H. De Clercq (Bel., Lotto) • 24 Van Dierckxsens. veau concept », justifie François Sca- d’autres offres proposées que trois pan- Petegem (Bel., MRY) • 25 Pencole (Fr.,BigMat 5 Après plusieurs tentatives, Knaven place vini, nommé voilà quelques semai- neaux dans un coin. » Auber) à8min3s,etc. une attaque décisive à 10 km de l'arrivée. nes à la tête de la commission déve- « L’idée, c’est d’avoir une approche CLASSEMENT DE LA COUPE DU MONDE loppement-marketing de la FFC. globale, vendre le championnat de COUREURS : 1. Vainsteins (Let., Domo-Farm Frites) 116 pts (+50) ; 2. Bortolami (It., Tacconi) 110 (+11) IMG France n’aura « pas d’obligation France, l’équipe de France et d’autres 3. Knaven (PB, Domo) 101 (+100) ; 4. Zabel (All., Telekom) 100 ; 5. Museeuw (Bel., Domo) 80 (+70) etc. de résultats, malheureusement », relè- épreuves organisées par la FFC à un ÉQUIPES : Cofidis (Fr.), 21 pts ; Domo Farm Frites (Bel.), 18 ; Lampre (It.) 18, etc. ve François Scavini, selon qui la FFC même partenaire », explique Fran- Infographie : Le Monde « espère de 6 à 10 millions de francs » çois Scavini. « On ne peut pas dire de rentrées sur quatre ans. Quelques que ce sera une tâche simple », admet- jours après son élection, Jean Pital- on chez IMG. L’image de la FFC a lier a évoqué le chiffre de « 4 millions souffert avec la succession de Daniel de francs pour conserver une stabili- Baal : Jean Pitallier a été élu sans être té ». candidat au préalable. « En termes Ce choix d’IMG pourrait provo- d’image, c’est ruineux », lâche-t-on quer quelques réactions du côté de chez IMG. Le cyclisme reste égale- l’Union cycliste internationale (UCI), ment marqué du sceau des affaires. dont le président, Hein Verbruggen, « Il y a des choses à dire autres que le n’a jamais mâché ses mots à l’égard dopage », plaide néanmoins IMG. A de cette société. Il lui reproche, entre peine élu, Jean Pitallier était dans la autres, un mélange des genres dans même démarche : « Je voudrais la mesure où elle est présente derriè- qu’on arrive à parler moins de ces re certains athlètes et certaines équi- petits problèmes. Parce que j’espère pes et qu’elle a commencé à investir qu’ils seront moins présents. » le champ de l’organisation d’épreu- ves. Le patron du cyclisme mondial Ph. L. C. AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001 / 15 Dissidents chinois, L’OM a bien retenu la leçon de maintien de Bernard Tapie Ouïgours Sous le regard satisfait du nouveau responsable du secteur sportif et dans un Stade-Vélodrome qui affichait complet, les Marseillais, grâce à leur victoire sur Sedan (2-1), ont presque assuré leur place en première division la saison prochaine et Tibétains contre Dans un Stade-Vélodrome plein et tout 14 avril, lors de la 31e journée du champion- Clemente, ont pourtant fait quelques (28e) ne signe le but de la victoire. L’OM occu- acquis à sa cause, Bernard Tapie, nouveau res- nat de France de football de D1. Ce succès per- frayeurs à leur public, en étant menés 0-1 pe la cinquième place du classement. En tête, la candidature ponsable du secteur sportif de l’Olympique met presque à coup sûr à l’OM d’assurer son après sept minutes de jeu. Il aura fallu atten- Nantes, vainqueur de Bastia (1-0), possède de Marseille, a assisté des tribunes à la victoi- maintien. Les hommes de l’entraîneur Tomi- dre cinq minutes de plus pour voir Djamel Bel- désormais quatre points d’avance sur Lyon, re de son équipe (2-1) devant Sedan, samedi slav Ivic, appelé en remplacement de Javier madi égaliser (12e) avant que George Weah qui a battu le Paris-Saint-Germain (2-0). de Pékin aux JO MARSEILLE porter marseillais avant d’ajouter : La fiche technique Le jeu pouvait alors débuter, dictions du Croate ont été exau- GENÈVE de notre envoyé spécial « Robert Louis-Dreyfus, c’était plus mais les regards se tournaient cées. Djamel Belmadi égalisait de notre correspondant « Monsieur Bernard a fait un très possible, il nous fallait un vrai MARSEILLE - SEDAN : 2-1 mécaniquement vers les sommets (12e), puis Marseille prenait l’avan- Venus en nombre à Genève bon travail psychologique. » Tomi- patron, ça va changer. » L’homma- Championnat de France de D1 de l’enceinte, guettant une réac- tage grâce au Libérien George dans l’espoir d’obtenir une e slav Ivic, le nouvel entraîneur croa- ge au nouveau responsable sportif 31 journée tion du « boss ». Accoudé à la tri- Weah (28e), le meilleur olympien condamnation de la Chine à la • Stade-Vélodrome ; Temps beau et frais ; te de l’Olym- de l’OM promettait donc d’être 57 000 spectateurs ; bune, l’ancien ministre de la ville samedi soir. Une première période Commission des droits de l’hom- pique de Mar- appuyé. Une longue banderole arbitre : M. Ledentu n’avait d’yeux que pour le terrain, convaincante : « Bernard Tapie est me, qui siège jusqu’au 27 avril sur seille, s’éten- donnait le ton : « Bernard : sept offrant la primeur de ses venu dans le vestiaire à la les bords du Léman, Tibétains, dait sur ans, nous ne t’avons pas oublié. Que BUTS réflexions à José Anigo, le nouvel mi-temps, il était très content », Ouïgours et démocrates chinois l’« effet l’histoire recommence. » « BT : bien- MARSEILLE : Belmadi (12e min) ; adjoint de Tomislav Ivic, qui l’écou- témoignait fièrement Tomislav ont profité de leur passage en Suis- e Tapie » après venue chez toi ! », « Tapie fore- Weah (28 min) tait d’une oreillette attentive. Ses Ivic. Les Marseillais ont renoué se pour dénoncer également la can- la victoire de ver », lui répondaient d’autres ban- SEDAN : Quint (7e min) premières observations ont à coup avec le succès en inscrivant deux didature de Pékin pour les Jeux son équipe nières. Le décor était planté. AVERTISSEMENTS sûr été positives, tant l’entrée en buts, ce qui ne leur était plus arri- olympiques de 2008. Emmenés par FOOTBALL 2-1 face à MARSEILLE : Blondeau (10e, jeu matière de son équipe est apparue vé depuis le mercredi 20 décembre Wei Jingsheng, figure emblémati- Sedan, samedi 14 avril. Le Croate ENTRÉE SOBRE dangereux) ; J. Leroy (52e, jeu irrégulier) ; volontaire : « Il nous avait mis la 2000 (victoire à domicile face à que de la contestation chinoise, ne tarissait pas d’éloges, sur l’air Les spéculations allaient bon Brando (87e, antijeu) pression comme il sait si bien le fai- Monaco 2-1). plusieurs dizaines d’entre eux ont de « Merci patron » : « C’est un train sur la mise scène adoptée. SEDAN : Ndiefi (10e, contestation) ; Di re », confessait Patrick Blondeau, fait le déplacement à Lausanne grand personnage, un homme logi- L’acteur avait pris soin de ména- Tommaso (25e, jeu dangereux) ; Diao de retour dans l’équipe et tout heu- LE SPECTRE DE LA D2 S’ÉLOIGNE pour manifester pacifiquement que, qui connaît bien son métier. » ger le suspense : « J’hésite entre (28e, jeu dangereux) reux de récupérer le brassard de Ils ont quasiment rempli le pre- devant le siège du Comité interna- CQFD. Chronique d’un come-back deux attitudes, expliquait-il la capitaine : « Bernard Tapie m’a dit mier objectif fixé par Bernard tional olympique (CIO) et présen- • LES ÉQUIPES réussi pour Bernard Tapie. veille. Ne pas apparaître, cela peut qu’il avait besoin de moi, je n’ai pas Tapie, le maintien en division 1. Ils ter leurs positions aux responsa- Plus d’une heure avant le match, passer pour du désintérêt, aller sur MARSEILLE hésité. » comptent désormais huit points bles de l’institution. les deux virages affichaient com- la pelouse pourrait vouloir dire que (entraîneur : Ivic) : d’avance sur Saint-Etienne, la pre- En l’absence du président du Grégorini • Perez ; Gallas ; Z. Camara ; plet, et on entendait déjà résonner j’attends des marques de sympa- e MAUVAIS DÉBUT DE MATCH mière équipe relégable : « Il nous CIO, Juan Antonio Samaranch, Blondeau (Dos Santos, 62 ) • Belmadi ; quelques timides « Tapie !, thie. » Il optait pour une entrée en J. Leroy (Bakayoko, 90e) ; Brando ; Bernardi ; Mais les joueurs phocéens se faut encore un point pour être totale- une délégation d’une vingtaine de Tapie ! ». « Cela faisait quelque matière « sobre » et préférait la D. Stankovic (Hemdani, 46e) • Weah jetaient dans la bataille avec préci- ment à l’abri », se réjouissait personnes a ainsi été reçue par la temps que l’OM n’avait pas joué un tranquillité d’une loge surplom- SEDAN pitation et encaissaient presque Patrick Blondeau. L’entraîneur secrétaire générale de l’institution, match au Stade-Vélodrome à gui- bant la tribune officielle à l’effer- (entraîneur : Dupont) : logiquement un but en contre ins- Tomislav Ivic proposait quant à lui Françoise Zweifel, et le directeur chets fermés », expliquait un habi- vescence de la pelouse. « Mon arri- Regnault • Montero ; Oliveira ; Capron ; crit par Olivier Quint (7e minute). un autre challenge : « Il faudrait de la coopération internationale, tué des lieux. Marseille, quinzième vée a surmédiatisé l’événement, je Di Tommaso • N'Diaye ; Verschuere « On s’est mis à douter et c’est là gagner tous les matches pour confir- Fekrou Kidane. Au cours d’un (M'Bami, 69e) ; Diao ; Quint • N'Diefi ; du championnat de France, n’a ne voulais pas lui donner encore Celdran que s’est produit le déclic », expli- mer. » Quant à « Monsieur Ber- entretien d’une demi-heure, les pas souvent offert le meilleur des plus d’importance », assurait-il, quait Patrick Blondeau. « J’avais nard », il concluait innocemment : protestataires ont pu expliquer, spectacles lors de la saison dimanche 15 avril, sur TF 1. un pressentiment, même à 1-0, je « C’est reparti », avant d’ajouter : documents à l’appui, les motifs de 2000-2001. Tout est oublié et par- Accueilli au Stade-Vélodrome tel te auguste de la main. Trop d’hon- savais qu’on gagnerait », avouait « On verra jusqu’où. » leur opposition à la tenue des JO à donné : « C’est une nouvelle saison un tribun, par les vivats de la fou- neur ? « Par pudeur, je préfère ne après coup Tomislav Ivic. Rien ne Pékin. Leurs interlocuteurs leur qui commence », prédisait un sup- le, l’homme se contentait d’un ges- rien dire. » devait venir gâcher la fête. Les pré- Etienne Labrunie ont promis que leurs arguments seront transmis à la Commission d’évaluation chargée des dossiers de candidatures, assure un porte- Les exploits de son gardien, Lyon veut continuer de croire en ses chances parole du CIO. Pour Wei Jingsheng, qui a passé L’OLYMPIQUE LYONNAIS occupe désormais la José Luis Chilavert, ont largement aidé les attaquants près de dix-neuf ans dans les pri- Mickaël Landreau, assurent deuxième place du championnat de France de D1 grâ- bordelais dans leur tâche. Cette défaite condamne le sons politiques du laogaï et qui vit ce à sa victoire, dimanche 15 avril, aux dépens du club alsacien à la relégation. Les Strasbourgeois, qui en exil aux Etats-Unis depuis 1997, Paris-Saint-Germain (2-0). Le Brésilien Sonny Ander- peuvent encore sauver leur saison à condition de bat- les conditions sont loin d’être réu- à Nantes un avenir de champion son a repris, seul, la tête du classement des buteurs en tre Nantes en demi-finales de la Coupe de France ven- nies pour organiser pareil rassem- inscrivant sa 18e réalisation de la saison (45e minute). dredi, sont mathématiquement condamnés à descen- blement dans son pays. « Les Jeux SI LE FC NANTES réalise le dou- sons, un arbitre sortir un carton Le deuxième but lyonnais a été marqué par Steve Mar- dre en D2. ne sont pas politiques en eux- blé Coupe-championnat, la ville rouge contre eux en championnat. let (81e). Le PSG a raté plusieurs occasions très nettes, mêmes, mais je sais d’expérience pourra dresser une statue en hom- La faute commise par le défen- Nicolas Anelka tirant notamment sur la barre en fin GROS ÉCARTS EN BAS DE CLASSEMENT que le gouvernement chinois a pour mage à Mickaël Landreau. Rien ne seur argentin Nestor Fabbri sur de match. Le club de la capitale a perdu coup sur coup L’espoir existe toujours, mais il est très mince, pour habitude de se servir du sport à des semble actuellement résister au l’attaquant corse Frédéric Née deux de ses joueurs de pointe : Laurent Robert, qui a Saint-Etienne et Toulouse. Les Verts ont bien cru fins politiques et à chaque fois, c’est gardien de but du club de la Loire- méritait incontestablement l’expul- refusé d’être aligné avec l’équipe réserve en CFA, a qu’ils s’imposeraient à Monaco : alors qu’ils menaient le peuple chinois qui en paye le Atlantique. Samedi 14 avril, au sta- sion. L’arbitre Alain Sars désignait, été exclu du groupe professionnel par l’entraîneur, 2-0 à la mi-temps, puis 3-1 à une demi-heure du coup prix », explique-t-il. « Si les pro- de de la Beaujoire, face à Bastia, par la même occasion, le point de Luis Fernandez, vendredi, alors que Laurent Leroy a de sifflet final, ils ont brutalement sombré en fin de chains Jeux sont attribués à Pékin, le pour le compte de la 31e journée penalty. Sur la frappe trop peu été victime d’une fracture du tibia, sur le pelouse du rencontre (5-3), victimes de la maîtrise technique du régime ne manquera pas d’exploiter du championnat de France de foot- appuyée de Pierre-Yves André, stade Gerland, à la suite d’un choc avec le Lyonnais petit milieu de terrain monégasque Ludovic Giuly. ce choix à des fins de propagande. ball de D1, le jeune homme de Mickaël Landreau plongeait alors Pierre Laigle. Les Toulousains, eux, ont mis un point d’honneur à Actuellement, la situation n’est pas vingt et un ans a détourné un du bon côté. « J’ai eu beaucoup de Cette quatrième victoire consécutive permet aux battre le Stade rennais à domicile (2-0). « Pas question stable en Chine, la répression s’ac- penalty, avant de faire obstacle à réussite », dira-t-il, bien conscient Lyonnais de dépasser Lille, grâce à une meilleure diffé- d’abandonner. Nous nous défendrons jusqu’au bout », croît en particulier contre les minori- plusieurs actions décisives en fin que ce genre d’exploits à répéti- rence de buts. Le LOSC a ramené un nul de son dépla- a prévenu l’entraîneur du TFC, Robert Nouzaret. tés ethniques, et nul ne sait ce qu’il de match. Deux semaines plus tôt, tion ne peut qu’alimenter la cement à Auxerre (1-1). Affectés par l’hospitalisation, Reste que les victoires de Marseille face à Sedan en sera en 2008. Souvenez-vous du en quarts de finale de la Coupe de réflexion du sélectionneur natio- quelques jours plus tôt, du défenseur Christophe (2-1) et de Metz à Guingamp (1-3) ont creusé l’écart fâcheux précédent des Jeux olympi- France, face à Auxerre, Mickaël nal, Roger Lemerre. A un an de la Pignol, atteint d’une grave maladie, les Nordistes affi- entre les relégables et ceux qui ne le sont pas. Un nul ques de 1936 à Berlin et de leurs con- Landreau avait stoppé deux penal- Coupe du monde 2002, ce dernier chaient une mine résignée après la rencontre. « Main- au cours de ses trois derniers matches est nécessaire à séquences désastreuses. Il faut tenir ties lors de la seconde mi-temps. n’a pas encore arrêté son choix tenant, il faudra terminer en beauté », a indiqué l’en- l’OM pour sauver définitivement sa place en D1. La compte des expériences histori- Grâce aux différents faits d’armes pour le troisième gardien de but traîneur, Vahid Halilhodzic, qui ne croit plus au titre. rencontre entre Lens et Troyes, enfin, a été reportée ques. » de son gardien, le FC Nantes conti- des Bleus, derrière l’inamovible S’ils veulent disputer la Ligue des champions, les Lil- en raison de l’inquiétude suscitée par l’état d’un entre- nue d’occuper la place de leader Fabien Barthez et sa doublure offi- lois devront composer avec le retour des Girondins pôt de munitions de la première guerre mondiale, à « UNE BÉNÉDICTION POLITIQUE » de la D1, à trois journées de la fin cielle, Ulrich Ramé. de Bordeaux, qui ont péniblement battu le RC Stras- Vimy (Pas-de-Calais). Un autre dissident célèbre, du championnat, et est toujours Pour l’heure, Mickaël Landreau bourg (2-1) au stade Chaban-Delmas. Harry Wu, également rescapé de en course en Coupe de France, ne veut penser qu’à un seul objec- Les lenteurs de déplacement du gardien de but, F. P. dix-neuf ans des camps de travaux compétition dont les demi-finales tif : le titre de champion de France. forcés chinois, tient le même langa- (Strasbourg-Nantes et - Son équipe est dans une position Le championnat de France de football de D1 ge : « Accorder les JO à une ville, Troyes) se disputeront les 20 et enviable. Elle possède quatre Montpellier c’est aussi lui donner une bénédic- 21 avril. points d’avance sur ses poursui- 31e JOURNÉE • CLASSEMENT tion politique. Des quartiers entiers Les penalties, Mickaël Landreau vants, Lille et Lyon. Son calen- ont déjà été rasés et des milliers de et Sochaux Nantes-Bastia 1-0 és erdus en a toujours fait son affaire. Le drier, en outre, est loin d’être des • spectateurs 37 000 Points Jou GagnésNuls P Diff. Chgts Séries personnes délogées pour élargir les 2 octobre 1996, pour ses débuts en plus défavorables puisque les Nan- retrouvent la D1 • remplissage/stade 100 % 1 Nantes 59 31 18 5 8 +17 = GGGGG avenues et toiletter Pékin en prévi- D1, contre Bastia, déjà, il stoppe tais se déplaceront à Troyes Marseille-Sedan 2-1 2 Lyon 55 31 14 13 4 +20 1 NGGGG sion des Jeux. L’environnement est un penalty tiré par le Tchèque (29 avril), recevront Saint-Etienne Montpellier ne sera resté en • spect. 57 000 3 Lille 55 31 15 10 6 +16 1 GGGNN très pollué, l’eau aussi, ce ne sont Lubomir Moravcik. Lui qui sort (12 mai) et iront jouer leur dernier deuxième division qu’une saison • rempl/stade 95 % pas des conditions idéales pour des 4 Bordeaux 53 31 14 11 6 +16 = GPGNG tout juste de l’adolescence va bru- match à Lens (19 mai), autant et Sochaux deux ans. A trois jour- Bordeaux-Strasbourg 2-1 sportifs. Je serais ravi que les JO 5 Sedan 48 31 13 9 9 +7 = GNPNP talement sortir, ce jour-là, de l’ano- d’équipes éloignées du haut du nées de la fin du championnat, • spect. 30 521 aient lieu un jour à Pékin ou à Shan- GPGGP nymat. Il a seize ans, une candeur classement et qui pourraient être ces deux équipes ont acquis, • rempl/stade 90 % 6 Rennes 45 31 13 6 12 +8 = ghaï, à la seule condition toutefois de premier communiant et un visa- quelque peu démobilisées au samedi 14 avril, la certitude Auxerre-Lille 1-1 7 Troyes 43 30 11 10 9 –1 =1 GNPN - que ce soit Pékin ou Shanghaï démo- ge grêlé de tâches de rousseur. moment de rencontrer les Canaris. d’évoluer en D1 la saison prochai- • spect. 9 000 8 Guingamp 42 31 11 9 11 –6 = PGPNP cratiques ! » Quatre ans et demi plus tard, Mic- La grande chance du FC Nantes ne. Les Montpelliérains ont fait • rempl/stade 42 % 9 Monaco 41 31 12 5 14 +4 3 GPGPG De leur côté, les contestataires kaël Landreau est toujours en pos- est aussi que ses deux principaux match nul à Laval (0-0). «Sijene Toulouse-Rennes 2-0 10 Auxerre 41 31 11 8 12 –7 1 PGPPN tibétains et ouïghours font valoir • spect. 15 977 te dans les buts nantais. Ses épau- rivaux, Lille et Lyon, s’affronteront saute pas au plafond, c’est que je 11 Paris-SG 39 31 11 6 14 –2 1 PGPGP non seulement les offensives • rempl/stade 43 % les ont forci et il compte désor- lors de la prochaine journée, le n’ai toujours pas digéré la descen- 12 Bastia 39 31 11 6 14 –1 1 PNPPP renouvelées contre leurs peuples mais plus de 150 matches de D1; il 28 avril, au stade Grimonprez-Joo- te de la saison passée », a confié le Guingamp-Metz 1-3 et leurs cultures au Tibet et au Sin- 13 Lens 37 30 91011 +1 = PNNG - a soulevé deux Coupes de France ris de Lille. Un nul ruinerait pres- président du club, Louis Nicollin. • spect. 16 964 kiang mêmes, mais également les • rempl/stade 100 % 14 Metz 31 = PPNPG (1999 et 2000) et il est devenu un que définitivement les chances de Bien que battus à Créteil (1-0), 37 91012 –9 restrictions imposées à la presse des piliers de l’équipe de France l’une ou l’autre de ces deux équi- les Sochaliens retrouvent égale- Monaco-St-Etienne 5-3 15 Marseille 36 31 10 6 15 –9 = GPNPG étrangère pour aller sur place afin Espoirs. « Je suis actuellement en pes de s’adjuger le titre. De son ment la D1. Les joueurs de Jean • spect. 12 000 16 St-Etienne 28 31 9814–12 = NPPNP d’en rendre compte. Rappelant les • rempl/stade 60 % veine. Tant mieux si cela peut contri- côté, le club nantais est quasi assu- Fernandez profitent de la défaite 17 Toulouse 28 31 61015–14 1 PPGPG limites de la liberté d’expression et buer au rendement de mon équi- ré de disputer la prochaine Ligue de Châteauroux à Wasquehal Lyon-Paris-SG 2-0 18 Strasbourg 26 31 6817–28 1 PPNGP de déplacement en Chine et dans • spect. 38 366 pe », confie-t-il. des champions. Cette perspective (3-1), l’équipe berrichonne étant s les territoires des minorités ethni- • rempl/stade 90 % es survient alors que les hommes de la seule formation à pouvoir • LES CARTONS ouge unes aunes ques, un représentant du Congrès Lens-Troyes Reporté R ja Roug j UN CALENDRIER FAVORABLE Raynald Denouex ont été bouscu- espérer revenir sur le duo de 1 Nantes 1 39 16 Troyes 6 69 de la jeunesse tibétaine, une orga- Cette dix-huitième victoire de la lés au cours de leurs deux derniè- tête, car elle a un match en 2 St-Etienne 1 53 17 Lyon 7 43 nisation en exil, ne se fait pas faute saison aura été une des plus diffici- res sorties, contre Lyon le 10 avril retard. Sochaux, qui a occupé à 3 Rennes 2 48 18 Strasbourg 7 57 de relever : « Les Jeux ont pour but les pour le FC Nantes, mais aussi en demi-finales de la Coupe de la 17 reprises le fauteuil de leader de promouvoir la paix et le dialo- Le chiffre LES BUTEURS 1 Anderson (Lyon) +1 , 18 buts•2 l’une des plus instructives. Les Ligue (victoire 3-2 de l’OL), puis cette saison, compte dans ses Pauleta (Bordeaux) +1, 17 buts • Bonilla gue. Comment voulez-vous que le Canaris ont prouvé qu’ils pou- contre Bastia samedi à la Beaujoi- rangs le meilleur buteur de la (Toulouse) +1, 15 buts régime chinois s’y prête quand, vaient également remporter des re. Un but injustement refusé à D2, le Brésilien Santos (21 buts). 0 1 Nantes 52 buts • 2 Monaco 51 buts depuis des années, il s’entête à refu- Il n'y a plus d'équipe LES ATTAQUES rencontres en jouant « à l’en- Pierre-Yves André pour un hors- Lorient, qui s’était imposé ven- sans carton rouge. Nes- • 3 Lyon et Bordeaux 44 buts. ser toute discussion avec le dalaï- tor Fabbri, le défenseur vers ». Eux dont le jeu en mouve- jeu imaginaire aurait dû offrir un dredi à Nancy (0-1), devrait être LES DÉFENSES 1 Lille 22 buts•2Lyon26 buts lama ? » Relativement attentifs à argentin du FC Nantes, • 3 Bordeaux 44 buts. ment est présenté comme une mar- match nul aux Corses. Comme le le troisième promu. Un point dernier club a ne pas ces griefs, les responsables du CIO que de fabrique ont ainsi ouvert le disait l’entraîneur bastiais, Frédé- manque au club breton pour LES PASSEURS 1 Gallardo (Monaco) et Carrière (Nantes) leur ont fait savoir qu’ils « étudie- avoir eu de joueurs ex- 11 passes•3Bonnissel (Bordeaux, +2, score sur coup de pied arrêté, grâ- ric Antonetti, après la rencontre : retrouver l’élite, deux ans après pulsés cette saison, a Carnot (Auxerre), Dhorasoo (Lyon) 8 passes. raient » leurs arguments et qu’ils été renvoyé aux vestiai- e ce à un coup franc d’Olivier Mon- « Nantes a la réussite d’un futur l’avoir quittée. Dans le bas du res par l'arbitre Alain 32 JOURNÉE : Samedi 28 avril : Metz-Marseille ; Lille-Lyon ; leur répondraient «le cas e terrubio (26 ). Réputés pour leur champion de France. » classement, Angers est la seule Sarsàla58e minute du Sedan-Toulouse ; St-Etienne-Lens ; Rennes-Bordeaux ; Paris- échéant ». match contre Bastia. SG-Monaco ; Strasbourg-Auxerre ; Bastia-Guingamp ; fair-play, ils ont également vu, équipe à être mathématique- Dimanche 29 avril : Troyes-Nantes. pour la première depuis deux sai- Frédéric Potet ment condamnée à la relégation. Jean-Claude Buhrer 16 / LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001 AUJOURD’HUI-SPORTS Tennis : A Saint-Marin, Ralf assure la suprématie des Schumacher Amélie Mauresmo La victoire aisée du jeune Allemand, frère du triple champion du monde qui évolue chez Ferrari, confirme le retour de l’écurie britannique Williams. Ainsi que le potentiel du moteur BMW et des pneumatiques Michelin gagne en Floride Auteur d’un départ parfait, qui lui a permis en bout, dimanche 15 avril. A vingt-cinq ans, plan de l’écurie Williams, désormais motori- de pneumatiques Michelin, qui aura eu de prendre le meilleur sur la McLaren-Merce- le frère cadet du triple champion du monde, sée par BMW, qui n’avait pas gagné de Grand besoin de quatre Grand Prix seulement pour son troisième des de l’Ecossais David Coulthard, le pilote Michael Schumacher, emporte la première vic- Prix depuis le titre de champion du monde de renouer avec le succès. Seize ans après sa der- allemand Ralf Schumacher (Williams-BMW) a toire de sa carrière, débutée en 1997. Son suc- Jacques Villeneuve, en 1997. Elle signale éga- nière victoire en Grand Prix, le 21 octobre dominé le Grand Prix de Saint-Marin de bout cès en Italie confirme le retour au premier lement le retour gagnant du manufacturier 1984, au Portugal, grâce à Alain Prost. tournoi consécutif IMOLA (Italie) AMÉLIE MAURESMO a remporté, de notre envoyé spécial dimanche 15 avril, son troisième Si ce n’est lui, ça pourra donc tournoi consécutif, après Paris et être son frère. Cadet de Michael Nice en février, en s’imposant à Schumacher, il faudra, à l’avenir, Amelia Island (Etats-Unis) devant compter très sérieusement avec la Sud-Africaine Amanda Coetzer Ralf Schumacher (Williams), qui a (6-4, 7-5). « La confiance était là, et remporté le 21e Grand Prix de Saint- je me sentais très forte physique- Marin sous un soleil éclatant, ment. Tout arrive en même temps », dimanche 15 avril. Soumis à un pro- a déclaré la Française, qui n’a plus blème de patinage lors du départ, perdu depuis sa défaite en huitiè- David Coulthard (McLaren), le mes de finale des Internationaux détenteur de la pole position, a été d’Australie. Grâce à ce huitième prestement dépassé par l’Alle- succès de sa carrière, Amélie Mau- mand, qui ne sera plus inquiété un resmo devrait progresser du 15e au seul instant tout au long des 305 7e rang mondial. kilomètres de la course. Du pre- mier au dernier tour, l’Ecossais a, DÉPÊCHES de la même manière, conservé sa a BASKET-BALL : Villeurbanne deuxième place. Il termine à une s’est fait surprendre, pour la pre- poignée de secondes du leader. mière fois de la saison sur son par- La déception des tifosi est gran- quet, par son dauphin Strasbourg de. Sur ses terres d’Imola, Ferrari, (75-86), au cours de la 26e journée n’a pu faire mieux que de classer du championnat de France, jouée troisième la monoplace de Rubens samedi 14 avril. Malgré cet échec, Barrichello. Le Brésilien a effectué l’Asvel dispose encore de quatre une brillante course en pointe, longueurs d’avance sur son seul mais n’a jamais donné l’impression poursuivant. de pouvoir s’engager en tête de la a FOOTBALL : Manchester Uni- course. Son coéquipier, l’Allemand ted est devenu champion d’An- Michael Schumacher, triple cham- gleterre pour la quatorzième fois pion du monde et grand habitué de son histoire et la septième fois des podiums, a dès le départ ren- en neuf ans, samedi 14 avril, grâce contré des problèmes de gestion de à sa victoire contre Coventry (4-2), sa boite de vitesses, puis il a aban- et à la surprenante défaite d’Arse- donné au 25e tour, à cause d’un pro- nal contre Middlesbrough (0-3), blème du groupe de suspension lors de la 33e journée. avant gauche de sa monoplace. a Schalke 04, vainqueur sur la Une fois n’est pas coutume, pro- pelouse du Bayern Munich (0-3), a met-on à la Scuderia. pris les rênes du championnat d’Al- lemagne, samedi 14 avril, dans le CAVALIER SEUL match au sommet de la 29e jour-

Que les leaders d’une course fas- VINCENZO PINTO/REUTERS née. L’équipe de la Ruhr compte sent ainsi cavalier seul n’est pas Sur sa Williams-BMW, chaussée par Michelin, Ralf Schumacher a nettement dominé la McLaren-Mercedes de David Coulthard. désormais deux points d’avance une situation fréquente lors d’un sur son hôte du jour. Grand Prix, et bien qu’il ne fut au côté de Michael Schumacher. Coulthard au départ du Grand Prix les circuits par les écuries Ferrari et Lors du Grand Prix du Brésil, le 1er a Le Real Madrid, vainqueur de jamais totalement ennuyeux, celui- Elle remet aussi en question la rou- de Saint-Marin ne devrait donc McLaren risquait d’être remise en avril, les monoplaces bleu et blanc Villarreal (4-0), samedi 14 avril lors ci fut, à l’évidence, sans véritable tinière domination des Ferrari et être qu’un mauvais souvenir pour question par les très performantes avait déjà fait forte impression. Les de la 30e journée du championnat rebondissement. On vit très peu de des McLaren. La mise en bouche l’Ecossais. Williams propulsées par un moteur prestations du Colombien Juan- d’Espagne, conserve huit points ces dépassements qui font l’essen- apéritive d’Imola devrait par BMW surpuissant, et dont Miche- Pablo Montoya, auteur d’un dépas- d’avance sur le Deportivo La Coro- tiel du spectacle de la formule 1, ailleurs permettre de mieux savou- SIGNES ANNONCIATEURS lin, pour son retour dans la formu- sement d’anthologie sur Michael gne, vainqueur d’Osasuna (2-1). surtout lorsqu’il est suivi sur un rer le plat de résistance que sera La victoire de Ralf Schumacher, le 1, avait fait son écurie de pointe. Schumacher, et de Ralf Schuma- a La Juventus Turin, qui a domi- écran de télévision comme c’est le l’étape barcelonaise, lors du pro- vingt-cinq ans, à Imola n’est pas Il était notoire pour chacun des cher, deuxième sur la grille de né l’Inter Milan (3-1), est revenue à cas pour les quelques centaines de chain Grand Prix d’Espagne, le totalement une surprise. Dès acteurs du paddock que ce grand départ au côté de son frère et quatre points du leader, millions de téléspectateurs fidèles 29 avril. l’avant-saison, la rumeur circulait changement dans le paysage meilleur temps en course, ont été l’AS Rome, accrochée à domicile à chacun de ces rendez-vous. Mais Sur le circuit de Catalunya sera déjà que la domination exercée sur n’était qu’une question de temps. les derniers signes annonciateurs (2-2) par Pérouse, lors de la le circuit d’Imola, réputé difficile officiellement légalisé le recours à de cette mutation. 26e journée du championnat d’Ita- pour les freins, l’a aussi été pour l’antipatinage, sur lequel tra- e Qu’il s’agisse du choix des hom- lie, samedi 14 avril. les moteurs, et le gigantesque pana- vaillent avec assiduité les équipes La 60 victoire de Michelin mes ou de technique, la victoire a MOTOCYLISME : la Suzuki pri- che de fumée qui s’est échappé de entre chaque Grand Prix. Cette d’Imola confirme dans tous les cas vée GSXR des pilotes français la BAR de Jacques Villeneuve reste solution technique, dont on ne sau- Le manufacturier français de pneumatiques Michelin a obtenu sa que Franck Williams, le patron de Guyot, Scarnato et Dussauge a comme l’une des images symbole ra jamais vraiment si elle a été 60e victoire en formule 1 à la faveur du succès de Ralf Schumacher l’écurie britannique, l’une des plus gagné, dimanche 15 avril, la 24e édi- de cette épreuve. secrètement exploitée par certai- (Williams-BMW) au Grand Prix de Saint-Marin. La dernière victoire capées de l’histoire de la formule 1, tion des 24 Heures du Mans moto, Cette monotonie à haut régime nes écuries à l’insu des règlements de Michelin remontait au 21 octobre 1984. Alain Prost s’était alors avec Ferrari et McLaren, est un ani- première épreuve du championnat – parcourir 305 kilomètres à plus de la compétition automobile, per- imposé au GP du Portugal, à Estoril, au volant d’une McLaren-TAG- mateur d’équipe hors pair, et figu- du monde d’endurance 2001. L’écu- de 200 km/heure de moyenne est met d’accroître la traction des Porsche. Michelin n’aura pas attendu longtemps pour fêter son re parmi les plus fins stratèges du rie GTM 94 n’est parvenue à pren- une performance qui n’a rien monoplaces en sortie de virage, et retour en F1. La 4e épreuve de la saison 2001 aura été la bonne, quinze paddock. Si le Grand Prix d’Imola dre le commandement de la course d’une promenade dominicale – a donc d’en optimiser la performan- jours après avoir effectué une première démonstration, au Brésil. ne nous a pas offert une très gran- que quatre heures avant la fin, eu pour principal mérite de relan- ce. Il modifiera aussi de manière « Nous avions potentiellement beaucoup à perdre au début de la sai- de course, ce fut sans aucun doute après la chute de la Honda officiel- cer la saison, David Coulthard se sensible le déroulement des son, a déclaré le directeur de la compétition de Michelin, Pierre une très belle victoire. le. retrouvant à égalité de points en départs lors de toutes les épreuves Dupasquier. Nous sommes heureux d’avoir prouvé que notre confiance a RUGBY : Castres, vainqueur sur tête du championnat du monde, à venir. La déconvenue de David n’était pas déplacée. » Jean-Jacques Larrochelle la pelouse du Stade français (34-37), s’est emparé de la tête du Grand Prix de Saint-Marin championnat de France (poule 1), samedi 14 avril, au cours de la Les pilotes essayeurs rêvent 4e MANCHE DU CHAMPIONNAT DU MONDE 2001 DE FORMULE 1 14e journée. Montferrand a conser- Dimanche 15 avril • Circuit D. et E. Ferrari, à Imola • 62 tours de 4,933 km (305,609 km) vé la tête de la poule 2 (17e jour- • Beau temps • Température piste : 26 °C • 22 qualifiés, 12 classés née) en s’imposant nettement à Bri- à l’ombre des Grands Prix VAINQUEUR • CLASSEMENT DE LA COURSE ve (37-9). Les Auvergnats devan- Ralf SCHUMACHER 1 R. Schumacher (All., Williams)1 h 30'44''817 cent Toulouse, vainqueur IMOLA (Italie) requièrent d’incessants réglages et aussi une carrière bien remplie en (Williams-BMW) 2 D. Coulthard (G-B, McLaren) à 4 s 352 d’Aurillac (44-24). de notre envoyé spécial mises au point. Avec le retour de F1, assure les essais de Toyota, Les 62 tours 3 R. Barrichello (Bré., Ferrari) à34s766 a VOILE : Team-Legato, le catama- Le grand public ignore le plus Michelin en formule 1, cet état de sachant que le constructeur japo- en1h30min44s817 4 M. Hakkinen (Fin., McLaren) à36s315 ran du Britannique Tony Bullimo- à 202,062 km/h de moy. 5 J. Trulli (It., Jordan) à1min25s558 souvent leurs noms et leurs visa- fait a été exacerbé. L’actuelle pha- nais fera appel à lui comme pre- Age : 26 ans re, dernier bateau encore en cour- 6 H-H. Frentzen (All., Jordan) à 1 tour ges, et pourtant ils parcourent cha- se de « réapprentissage » du manu- mier pilote lors de son entrée dans Nationalité : allemande se dans The Race, la course autour que année des milliers de kilomè- facturier français implique des heu- la discipline reine du sport automo- Début en F1 : 1997 7 N. Heidfeld (All., Sauber) à1tour•8O. du monde à la voile sans limite et 70 courses, 1 victoire. Panis (Fr., BAR) à 1 tour • 9 J. Alesi (Fr., Prost) e tres au volant de monoplaces que res de roulage, et son concurrent, bile en 2002. D’autres exemples Palmarès : 5 du championnat du monde à 1 tour • 10 E. Bernoldi (Bré., Arrows) à 2 tours en équipage, a coupé la ligne d’arri- d’autres feront briller sur les cir- le japonais Bridgestone, n’est pas proches de ceux-là existent : Ric- 2000. • 11 L. Burti (Bré., Jaguar) à 2 tours • 12 J. Button vée, dimanche 15 avril, à Marseille. cuits les jours de grand prix. Dans en reste, qui sent la menace venir. cardo Zonta chez Jordan, Luca (G-B, Benetton) à 2 tours. • POLE POSITION le huis clos de leur métier, les pilo- Si leur rêve commun est d’obte- Badoer chez Ferrari, Alexander • PRINCIPAUX ABANDONS LOTO D. Coulthard (McLaren-Mercedes) a tes essayeurs ont un rôle ingrat, nir un volant pour au plus tôt en Wurz chez McLaren. en 1 min 23 s 054 (moy. 213,822 km/h) F. Alonso (sortie de piste, 6e tour) • Résultats des tirages n˚ 30 mais essentiel au développement découdre sur la piste, les pilotes Tous deux pilotes officiels dans J. Verstappen (échappement, 7e tour) • effectués samedi 14 avril. Premier de voitures toujours plus com- essayeurs adoptent des scénarios l’écurie Benetton que Renault a • MEILLEUR TOUR en course M. Schumacher (crevaison, 25e tour) • tirage : 2, 17, 19, 20, 26, 48 ; numé- e plexes. Alors que, pendant long- de carrière bien distincts. En 2000, rachetée pour courir sous ses pro- R. Schumacher (Williams-BMW) G. Mazzacane (moteur, 29 tour) • J. Villeneuve ro complémentaire le 23. Rapports e temps, ce rôle était dévolu aux pilo- McLaren a été pour Olivier Panis pres couleurs dès la saison 2002, en 1 min 25 s 524 (207,546 km/h), 27e tour. (moteur, 31 tour) • G. Fisichella (moteur, pour 6 bons numéros : 6 285 915 F 32e tour) • J-P. Montoya (embrayage,49e tour). tes qui disputaient les courses, une sorte de purgatoire. Outre le Jenson Button et Gian Carlo Fisi- Les faits marquants (958 282 ¤) ; 5 bons numéros et le aujourd’hui, à l’exception notable gain acquis lors de ce passage dans chella sont dans une situation qui complémentaire : 129 805 F de Sauber (où le Finlandais Kimi l’une des plus brillantes et des plus relève du cas d’école. Ils sont en 2 R. Barrichello lance une attaque sur Imola (19 789 ¤) : 5 bons numéros : Raikonnen et l’Allemand Nick professionnelles écuries de l’histoi- quelque sorte des pilotes O. Panis et parvient cette fois à le 6 385 F (973 ¤) ; 4 bons numéros et dépasser au moment du freinage. Heidfeld assument seuls cette res- re de la F1, le Français a pu se pré- essayeurs de luxe : ses moyens le Derrière lui, M. Schumacher tente de le complémentaire : 278 F (42 ¤); ponsabilité), toutes les écuries senter la tête haute chez BAR, qui lui permettant, la marque au losan- l'imiter mais échoue. Il réussira son 4 bons numéros : 139 F (21 ¤); font appel à eux. n’a certainement pas eu à le regret- ge élabore sa stratégie de dévelop- dépassement au même endroit, au tour 3 bons numéros et le complémen- suivant (10e). Ce surcroît d’effectif s’explique ter au vu de ses prestations depuis pement « au grand jour », course 1 Au premier virage, Ralf taire : 30 F (4,57 ¤) ; 3 bons numé- en raison de la lourdeur des pro- le début de la saison. De son côté, après course, et au prix de Schumacher, parti en 3e ros : 15 F (2,29 ¤). Second tirage : grammes de préparation qui le Finlandais Mika Salo, qui a lui médiocres résultats, car là n’est position, prend le com- 2, 10, 39, 43, 47, 49 ; numéro com- pas encore son challenge. Le sens 1 mandement de la course plémentaire le 8. Pas de gagnant à du contact et l’énergie communica- 2 en dépassant les deux 6 bons numéros. Rapports pour 3 McLaren-Mercedes dans Chaque samedi tive de Flavio Briatore, responsa- une même manoeuvre. Il 5 bons numéros et le complémen- ble de l’équipe, ne seront pas de 3 J-P. Montoya, 4e, reste immobilisé 1 min 08 s dans les bouclera les 62 tours de taire : 94 160 F (14 355 ¤) ; 5 bons trop, car cette forme inédite d’es- stands (48e tour). Des flammes s'échappent au niveau course en solitaire. numéros : 10 130 F (1 544 ¤); LE MONDE TELEVISION sais en grandeur nature n’aura de des freins. Il repart mais renonce au tour suivant. 4 bons numéros et le complémen- sens pour Renault que si la motiva- CLASSEMENT DES CHAMPIONNATS 5. N. Heidfeld,7;6. H-H. Frentzen (+ 1), 6, etc. taire : 374 F (57 ¤) ; 4 bons numé- tion des pilotes l’emporte sur leur PILOTES : 1. M. Schumacher et D. CONSTRUCTEURS : 1. Ferrari, 40 pts ; 2. ros : 187 F (28,51 ¤) ; 3 bons numé- avec 0123 découragement. Coulthard (+ 6), 26 pts ; 3. R. Barrichello McLaren,30;3. Williams,12;4. Jordan,10; ros et le complémentaire : 34 F DATÉ DIM./LUNDI (+ 4),14 ; 4. R. Schumacher (+ 10), 12 ; 5. Sauber,8;6. BAR,3;7. Benetton,1. (5,18 ¤) ; 3 bons numéros : 17 F J.-J. L. Infographie : Le Monde avec Pierre Lepidi (2,59 ¤). AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001 / 17 ------Amélioration temporaire 17 AVRIL 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé MARDI. Entre deux perturba- deviennent faibles et concentrées vers 12h00 DU VOYAGEUR tions, l’anticyclone gagne un peu près du relief. Dans l’après-midi, vers l’est, favorisant un temps plus elles disparaissent et il n’est pas Peu a sec. Toutefois, les vents qui res- impossible de voir par moments Belfast nuageux TOURISME. Le secrétariat tent orientés au nord-ouest vont un frais soleil. Températures de 9 à Liverpool d’Etat au tourisme lance une cam- Dublin maintenir une certaine nébulosité 11 degrés. Varsovie Kiev pagne pour informer les Français et des températures faibles pour Poitou-Charentes, Aquitaine, sur la diversité de choix de sé- Amsterdam Berlin Brèves un mois d’avril. Midi-Pyrénées. Ciel partagé entre éclaircies jours et de loisirs proposés par Bretagne, pays de Loire, Basse- nuages et soleil, celui-ci devenant Londres le tourisme social et associatif. 50 o Bruxelles Normandie. La matinée est parta- prépondérant l’après-midi. En Prague Elle s’articule autour de la pu- gée entre nuages et éclaircies. début de journée, un peu de gri- Couvert blication d’une brochure, d’un Dans l’après-midi, les nuages saille se réfugie au pied des Pyré- Paris Strasbourg Vienne numéro d’appel Indigo (0-825- Budapest reviennent en force dans le Coten- nées. Il fait de 13 à 16 degrés. Brume 36-44-44), d’un site Internet tin. Il fait de 11 à 13 degrés. Limousin, Auvergne, Rhône- Nantes (www.franceguide.com). Berne brouillard Nord-Picardie, Ile-de-France, Alpes. Matinée grise dans les val- Bucarest a ÉTATS-UNIS. Sortie du pre- Centre, Haute-Normandie, Arden- lées du Massif Central et des Lyon Milan mier catalogue-guide de la Mai- nes. Dans le Nord, le soleil aura à Alpes. Dans l’après-midi, le soleil Belgrade Sofia Averses son des Etats-Unis (3, rue Cas- peine le temps de s’infiltrer à la se glisse de temps à autre entre les Toulouse Istanbul sette, 75006 Paris ; tél. : 01-53- mi-journée, les nuages pouvant nuées. Il fait de 12 à 15 degrés et le 63-13-43, www.maisondesetats donner quelques gouttes en début vent du nord souffle en vallée du Rome Pluie unis.com), un nouveau voyagiste ou en fin de journée. Plus au sud, Rhône. Barcelone Naples qui privilégie une approche cultu- l’après-midi offrira un peu de Languedoc-Roussillon, Proven- 40 o Madrid relle d’une destination où sont soleil, sauf en Haute-Normandie ce-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Les Lisbonne Athènes Orages également proposés des voyages et en Picardie. Il fait de 10 à nuages reviennent à l’est de Tou- en trains panoramiques, des cir- 12 degrés. lon et donnent quelques ondées, Séville cuits en voiture individuels ou en Champagne, Lorraine, Alsace, même en Corse. Un peu de neige Tunis Neige groupe, des tarifs « exception- Bourgogne, Franche-Comté. La au-dessus de 1 500 m dans les Alger nels » en classe affaires et, sur journée commence sous une cha- Alpes-Maritimes. Températures place, l’assistance d’un « ami amé- pe de grisaille, mais les ondées de 15 à 19 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort ricain ».

PRÉVISIONS POUR LE 17 AVRIL 2001 PAPEETE 24/29 P KIEV 6/14 S VENISE 8/11 P LE CAIRE 21/35 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 22/30 S LISBONNE 13/17 S VIENNE 3/9 C NAIROBI 16/28 S et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; ST-DENIS-RÉ. 23/28 P LIVERPOOL 4/10 S AMÉRIQUES PRETORIA 15/26 S EUROPE LONDRES 1/12 S BRASILIA 18/25 S RABAT 12/19 C C : couvert; P : pluie; * : neige. AMSTERDAM 4/8 C LUXEMBOURG 2/10 C BUENOS AIR. 18/28 S TUNIS 12/22 S FRANCE métropole NANCY 3/11 C ATHENES 11/19 C MADRID 10/17 C CARACAS 22/28 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 8/16 N NANTES 4/13 S BARCELONE 10/13 C MILAN 9/19 S CHICAGO 1/6 S BANGKOK 26/36 S BIARRITZ 6/14 S NICE 9/15 N BELFAST 1/11 C MOSCOU 2/12 S LIMA 19/24 S BEYROUTH 16/22 S BORDEAUX 5/14 S PARIS 5/11 C BELGRADE 7/12 P MUNICH 2/8 C LOS ANGELES 13/22 S BOMBAY 24/30 S BOURGES 3/11 N PAU 3/13 S BERLIN 3/8 C NAPLES 12/16 S MEXICO 12/27 S DJAKARTA 26/30 C BREST 7/11 S PERPIGNAN 10/16 S BERNE 3/8 C OSLO -5/7 C MONTREAL -2/6 S DUBAI 22/30 S CAEN 6/9 N RENNES 3/13 S BRUXELLES 4/9 C PALMA DE M. 10/18 C NEW YORK 5/11 C HANOI 23/29 S CHERBOURG 6/10 S ST-ETIENNE 3/8 N BUCAREST -1/19 C PRAGUE 2/8 S SAN FRANCIS. 9/15 S HONGKONG 22/27 S CLERMONT-F. 3/11 N STRASBOURG 4/11 C BUDAPEST 4/8 P ROME 8/15 S SANTIAGO/CHI 11/21 S JERUSALEM 15/28 S DIJON 3/11 C TOULOUSE 5/15 S COPENHAGUE 3/8 C SEVILLE 12/24 S TORONTO 1/8 C NEW DEHLI 20/27 P GRENOBLE 4/13 C TOURS 2/12 S DUBLIN 2/11 C SOFIA 3/16 C WASHINGTON 6/10 C PEKIN 14/28 S LILLE 6/9 C FRANCE outre-mer FRANCFORT 3/11 C ST-PETERSB. 0/7 C AFRIQUE SEOUL 12/19 S LIMOGES 2/11 S CAYENNE 24/28 P GENEVE 5/11 C STOCKHOLM 2/8 C ALGER 9/23 S SINGAPOUR 26/30 P LYON 5/12 C FORT-DE-FR. 23/29 S HELSINKI -2/5 S TENERIFE 17/23 S DAKAR 19/24 S SYDNEY 16/26 S MARSEILLE 8/16 S NOUMEA 20/24 P ISTANBUL 11/18 S VARSOVIE 4/9 S KINSHASA 22/28 P TOKYO 14/23 S Situation le 16 avril à 0 heure TU Prévisions pour le 18 avril 0 heure TU

ASTRONOMIE Mais comment retrouver la place de l’étoile ? LA CARTE céleste publiée cha- son télescope, dispose d’un sys- considéré et l’équateur céleste. Pour l’anecdote, ce point si impor- Coordonnées célestes que mois dans cette chronique tème équivalent pour ne pas s’éga- Comme c’est le cas en géographie, tant se situe dans la constellation constitue un guide simplifié, l’équi- rer dans l’immensité du firma- elle se compte en degrés, minutes des Poissons. valent du planisphère terrestre. ment. Tout comme la Terre peut et secondes à partir de l’équateur. Comme pour compliquer les DÉCLINAISON On y repère les principaux « conti- se réduire à une mappemonde, Les astres de l’hémisphère Nord choses, l’ascension droite ne s’ex- Equivalent de la latitude, c'est la hauteur de l'étoile dans le ciel par rapport nents », on sait où se situe le pôle, avec ses lignes imaginaires que ont une déclinaison positive tandis prime pas en degrés mais en… heu- à l'équateur céleste. Elle s'exprime en degrés. les planètes y brillent comme des sont les parallèles et les méridiens, que leurs confrères australs sont res. Etant donné que la Terre met capitales. Tout va bien si l’on n’y le ciel nous apparaît telle une dotés d’une coordonnée négative. 24 heures pour faire le tour du ciel, Pôle nord cherche que le visible. Mais com- sphère dont nous serions le centre Les choses se compliquent lors- on en déduit (360 degrés divisés céleste ment retrouver la lointaine Nep- et sur laquelle nous pouvons tra- que l’on veut déterminer l’ascen- par 24) qu’une heure de d’ascen- ÉTOILE : tune, la galaxie du Sombrero, la cer des repères géométriques. sion droite – la longitude – d’une sion droite équivaut à un angle de 18 h +50°,5h nébuleuse de la Lyre ? Et où donc Les astronomes n’ont malheu- étoile car, en raison de la rotation 15 degrés par rapport au point ver- 15 h sont les étoiles invisibles ? reusement pas repris à leur de notre planète sur elle-même, nal. Au moment de l’équinoxe de ue De la même manière qu’un navi- compte les termes de latitude et de on ne peut se servir de la projec- printemps, le Soleil a pour coor- ptiq Ecli gateur seul au milieu de l’océan se longitude utilisés en géographie tion dans l’espace du méridien de données : déclinaison 0º, ascen- E q dirige aveuglément vers le bon mais ont inventé leurs équivalents Greenwich, qui bouge en perma- sion droite 0 heure. Lors de l’équi- 21 h ua te port grâce à ses coordonnées géo- sous le nom de « déclinaison » et nence par rapport au firmament. Il noxe d’automne, notre étoile, qui ur graphiques, le voyageur céleste, d’« ascension droite ». Par ail- a donc fallu choisir un point zéro navigue alors dans la constellation embarqué derrière sa lunette ou leurs, pour s’affranchir de la rota- situé sur l’équateur céleste. La de la Vierge, a pour ascension 0h

tion de la Terre, qui nous fait Nature a donné un coup de main droite 12 heures. Autre exemple, 9h

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SOLEIL ET LUNE DE LA SEMAINE croire que le ciel et les étoiles aux astronomes. L’axe de rotation destiné à ceux qui tenteront de s e

POINT VERNAL l • vendredi 20 avril 2001 (à Paris) • « tournent », les scientifiques ont de la Terre étant incliné d’un peu capturer le retour des invisibles é

C'est le point 3h 6h c dû échafauder un système de repé- plus de 23 degrés par rapport à Uranus et Neptune dans le ciel noc- r qu'occupe le Soleil u rage où les astres disposent de l’écliptique, l’équateur céleste turne à la fin du mois : le 30 avril, te lors de l'équinoxe de Equa coordonnées fixes quels que reproduit cet angle. la première aura pour déclinaison printemps, à l'intersection soient le mois, le jour ou l’heure. Au cours du parcours annuel – 14˚ 01’ 40’’ et pour ascension de l'équateur céleste et Véritable colonne vertébrale apparent que décrit le Soleil droite 21 h 48 min 05 s, tandis de l'écliptique. 6h52Lever Coucher 20h48 autour de laquelle s’articule tout autour de la Terre, notre étoile tra- que les coordonnées de la se- le procédé, l’équateur céleste : il verse à deux reprises – à chaque conde seront – 17˚ 55’ 31’’ et Pôle sud céleste ASCENSION DROITE s’agit simplement du plan de équinoxe – le plan de l’équateur 20 h 44 min 31 s. Petit indice : les Equivalent de la longitude, c'est la position l’équateur terrestre projeté dans céleste. Lors de l’équinoxe de prin- deux planètes voyagent actuelle- de l'étoile par rapport au point vernal. l’espace. La déclinaison – l’équiva- temps, le Soleil se trouve en un ment sur le Capricorne. Elle s'exprime en heures, une heure ° 6h08Lever Coucher 17h15 lent de la latitude – est la distance point baptisé point vernal ou équivalant à un angle de 15 . angulaire entre le point du ciel point gamma par les astronomes. Pierre Barthélémy

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME No 01 - 091 sur www.lemonde.fr AFFAIRE DE LOGIQUE PROBLÈME No 219

123456789101112 France. - 6. Laisse passer. - 7. Qui devrait pouvoir durer. Noble à I condition d’aimer les coups. - 8. De plus en plus fort Sonné, matin, midi et soir. Inter- DANS un club de musculation, une masse com- numéro du tour. Celui qui réussit à faire pencher la II jection. - 9. Planté avant de frap- prise entre 19 et 20 kilos est placée sur le plateau balance du côté gauche a gagné. Qui gagnera, per fort. Stupide. - 10. Mis dans droit d’une balance. Sur l’autre plateau, Mathieu sachant que chacun est suffisamment musclé, tant III l’erreur. Mises à nue. - 11. Bas de pose au premier tour un poids d’un kilo. Sophie a physiquement qu’intellectuellement ? Comment ? gamme. Qui ne pourra plus ser- alors le choix lors du deuxième tour : ajouter un IV vir. Dans le rouge. - 12. Difficiles poids d’un ou de deux kilos. Mathieu peut alors Elisabeth Busser et Gilles Cohen à trouver. choisir d’ajouter un, deux ou trois kilos. Et ainsi de © PÔLE 2001 V suite : à chaque tour, chacun doit ajouter (d’un seul Philippe Dupuis bras) un nombre entier de kilos compris entre 1 et le Solution dans Le Monde du 24 avril. VI SOLUTION DU N° 01 - 090 VII Solution du jeu no 218 paru Horizontalement dans Le Monde du 10 avril. VIII I. Gribouilleur. - II. Ronrons. Chaque mardi avec Il y a quatre façons de se rendre Aura. - III. Once. INC. Ft. - IV. en ligne droite (pour minimiser le IX Scoliose. Mai. - V. Sélect. Eve. - 0123 trajet) de la face A à la face B, VI. Létal. Echo. - VII. Moa. Union. autant que de côtés de la face A X Ai. - VIII. Orbes. Mutins. - IX. DATÉ MERCREDI par lequel on sort. Le dessin ci- con- Dali. Noir. Ta. - X. Oléagineuses. tre représente la face B (au centre), retrouvez et, autour, 4 versions de la face A HORIZONTALEMENT qua tout le monde. Donne du Verticalement « dépliée », selon le côté d’entrée goût. - VIII. Fit tomber. Expres- 1. Grosso modo. - 2. Ronce. de la mouche sur la face B. I. Plus actif au musée qu’en sion de mépris. - IX. La première. Oral. - 3. Incollable. - 4. Brêlée. LE MONDE Quatre points (M1 à M4) repré- chambre. - II. Ader ne pensait Tireur de plans. - X. Laisse sa tra- Eia. - 5. Oô. Ictus. - 6. Un. OTAN. sentent alors la position initiale de pas qu’il serait un jour à réac- ce. Soutenues après prépara- Ni. - 7. Isis. Limon. - 8. Née. Ouïe. INTERACTIF la mouche. En traçant les médiatri- tion. Sans aucune réaction. - III. tions. - 9. Lac. Ventru. - 10. Eu. Mec. - ces de ces points joints 2 à 2, on Réparation en surface. - IV. Suit 11. Urfa. Hante. - 12. Ratiboisas. partage la face B en quatre « zones les joueurs sur les courts. Napo- VERTICALEMENT d’influence », la zone 1 étant par litaine puis française, aujourd’- exemple constituée des points de hui italienne. Marque le doute. - 1. Jaunes et juteuses ou rouges la face B les plus proches de M1. V. Simple ou doublé, il fait sali- et dures. - 2. Accueil favorable. Le point cherché P est parmi les ver. Un raccourci pour être plus Romains. - 3. Habillas jeune. Des points de contact de trois de ces efficace. - VI. Travailla avant cailloux dans le sable. - 4. Per- zones. Einstein sur les statistiques. Ses sonnel. Sa lecture met en appé- C’est le centre du plus grand des grains finissent par faire des bul- tit. - 5. Célébré par Homère et cercles circonscrits à trois des les. - VII. N’importe qui. Embar- Virgile. Passe de Belgique en points M1, M2, M3 et M4. 18 CULTURE LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001

ARCHITECTURE Une superficie cesse changeante, Shanghaï semble ture de la Chine contemporaine, qui duit du colonialisme, du capitalis- ses, avec son avenue du XXIe-Siècle et de 5 800 km2, quinze millions d’habi- se dérober à toute radiographie. vient de livrer un bilan urbain fiable me ». b LA TRAVERSÉE de Pudong ses tours gigantesques. A Puxi, la par- tants, auxquels il faut ajouter une b C’EST POURTANT à ce travail que et utile. Dans un entretien au Monde, (est de Shanghaï) donne la mesure tie occidentale, des zones commer- population « flottante » de trois mil- s’est attelée Françoise Ged, responsa- elle explique l’évolution de cette ville des bouleversements en cours, aux- ciales menacent les rares vestiges lions de personnes : mégapole sans ble de l’Observatoire de l’architec- longtemps ignorée parce que « pro- quels participent des agences françai- épargnés. Jeux de construction à Shanghaï, mégapole optimiste Etendue sur 5 800 km2, abritant plus de quinze millions d’habitants, la ville se bâtit à tout-va et détruit à l’avenant. Dans le quartier de Pudong, redessiné par des urbanistes locaux mais aussi français, le meilleur côtoie le pire

SHANGHAÏ de notre envoyé spécial Shanghaï en est toute retournée : Port Mer de depuis quelques mois les vols inter- F le Chine orientale nationaux qui avaient leur base à u ve Hongqiao, à l’ouest de la ville, ont PUXI Hu ah pris l’habitude d’atterrir 35 kilomè- g Zone franche Bouches du p de Waigaoqiao tres à l’est, à l’embouchure du Yang- u Yang-tseu-kiang zi Jiang, l’immense fleuve Bleu, où, Vieille ville chinoise pour le cinquantième anniversaire PUDONG de la République populaire, a été NOUVELLE ZONE inauguré un nouveau et spectaculai- périphérique ÉCONOMIQUE re aéroport, conçu par le Français SHANGHAI Zone des industries Paul Andreu. Il se trouve à Pudong, d'exportation de Jinqiao immense zone jadis occupée par les Zone franche cultures maraîchères, à l’est d’un de Waigaoqiao Wusong affluent du Yangzi, la rivière Huang- pu, dont la rive ouest, Puxi, avait accueilli la première Shanghaï, puis Canal Chuanyang les concessions étrangères et le célèbre Bund. Nouveau quartier 5km des affaires de Lujiazui La ville a bel et bien changé d’échelle. Il faut désormais prendre en compte ses véritables limites ZONE URBANISÉE administratives qui la portent jus- qu’à la mer de Chine orientale et ANCIENNE CONCESSION FRANÇAISE incluent trois îles du Yangzi dont JIANGSU l’immense Chongming, grande com- ANCIENNES CONCESSIONS me quatre fois la ville actuelle. Une INTERNATIONALES 2 Chongming ville de 5 800 km et de quinze mil- Dao lions d’habitants, auxquels il faut ajouter une population dite « flottan- CHINE SHANGHAI te », ce qui n’est pas un euphémisme SHANGHAÏ dans ce paysage d’eau, population Baie de ZHEJIANG supposée compter trois millions de Hangzhou personnes fournissant le gros des marchands ambulants et le plus gros encore des ouvriers du bâtiment. chinoise en bordant cette avenue de qui sera finalement mis en œuvre. gigantesques tours d’habitation loin- Mais, pour la municipalité, la preuve CARTE HOLOGRAMME tainement inspirées – pourquoi pas ? est faite du rayonnement internatio- Shanghaï peut bien se construire à – de Versailles et de Disneyland. nal de Shanghaï et, plus important tout va, et se détruire à l’avenant, encore, de la pluralité d’approches elle s’est de fait annexé un « réser- EXCELLENCE AMÉRICAINE alternatives à la méthode américai- voir » patrimonial qui compte pour Mais il y a aussi plusieurs tours ne : un financier, une parcelle, une quelque temps encore plusieurs vil- d’excellente factures, purs produits tour et un peu d’espace vert autour, les d’eau, encore préservées des bull- de l’excellence américaine comme la qui se raccorde comme il peut au res- dozers sinon du tourisme de masse, tour Jin Mao, de la firme Skidmore te de la ville. dont la prestigieuse Suzhou, la Veni- Owings and Merill, un bijou de Reste que le modèle américain, se chinoise quasi anéantie, à un quo- 420 mètres de haut. D’autres édifi- propice à la spéculation comme aux tient minimal de cartes postales près, ces sont dessinés aussi, et de plus en bulles financières, garde la faveur pour jouer elle aussi dans la cour des plus souvent, par des architectes chi- des investisseurs, tandis que les plus grands de la spéculation. Une carte nois qui, à raison de 400 000 m2 cha- hautes autorités de la ville peuvent postale, c’est bien aussi ce qu’est cun de commande annuelle, se sont conserver, pour leur part, des goûts devenue Shanghaï, sorte de carte fait la main. architecturaux passablement naïfs, hologramme, toujours changeante Si la domination des agences et les faire mettre à exécution : ainsi comme les eaux des fleuves. Et si, IMAGE’IN, 2000/DOC.ARTE-CHARPENTIER/IFA anglo-saxonnes et australiennes se sera dessiné le front de rivière de depuis une dizaine d’années, tous les L’avenue du XXIe-Siècle, des Champs-Elysées à la chinoise bordés d’immenses tours d’habitation. apparaît écrasante, les modèles euro- Pudong, tragiquement marqué, regards se sont tournés vers elle, péens, français en tête, ont depuis le après tout comme en France, par le c’est, tout en multipliant les clichés, me de mots et de pagination, mais jusqu’à nouvel ordre, le vaste chan- un bâti encore épars, mais qui a tou- début de l’aventure été pressentis et fameux syndrome de la médiathè- sans jamais parvenir à en tirer un por- qui fait un bilan architectural et tier, encore empaqueté de toiles et tes les peines du monde à faire bon- défendus pour leurs propositions que. Elle prend ici la forme d’un volu- trait convaincant. urbain fiable. Un travail qui s’appuie de bambous d’un futur Musée des ne figure. Selon une méthode rodée moins simplistes. Dès 1992, la muni- mineux coffre-fort, orné de pilastres Tel est cependant le travail de Sisy- sur une thèse sur l’évolution de la sciences et techniques, comparable sur d’autres grandes voies de la ville, cipalité fait appel aux Français pour et couronné de deux gros yeux sphé- phe, tant la ville est changeante, ville depuis la période Ming, élabo- par la taille à son homologue de La on a recouvert de faux toits immen- organiser, sous l’égide de Joseph Bel- riques, écho sans doute aux char- auquel s’est attelée depuis quelques rée alors que les cités chinoises rou- Villette et par la forme à un mixte du sément kitsch les terrasses plates des mont, un concours international sur mantes boules de la tour de la télévi- années Françoise Ged, responsable laient à bicyclette, et dont le prolon- Sony Center de Berlin et de la Cité de immeubles d’habitation. L’avenue l’aménagement du quartier Lujiazui, sion (1994), qui en compte six, de de l’Observatoire de l’architecture de gement révèle des bouleversements la musique de Paris. Les réjouissan- elle-même a gardé une certaine con- le quartier financier et économique tailles diverses… la Chine contemporaine, créé en sans précédents, par leur ampleur et ces architecturales commencent, tenance, confiée encore à trois équi- de Pudong qui s’inscrit, face au 1997 au sein de la direction de leur volontarisme, dans l’histoire des pour le meilleur et pour le pire, dans pes françaises, Arte, agence de Jean- Bund, dans la boucle du Huangpu. Y F. E. l’architecture à l’initiative de Fran- villes du monde. ce nouveau quartier sur lequel ont Marie Charpentier, auteur de l’opéra participent Dominique Perrault, çois Barré, et qui devrait rejoindre Depuis le nouvel aéroport, la tra- planché les meilleurs urbanistes de du centre-ville, l’Etablissement Massimiliano Fuksas, Richard e Françoise Ged, Shanghai, coll. prochainement l’Institut français versée de Pudong en donne la mesu- la ville ainsi que plusieurs équipes public d’aménagement de la Défen- Rogers, Toyo Ito et une équipe shan- « Portrait de ville », Institut fran- d’architecture (IFA). re : le paysage se densifie peu à peu françaises. se et l’agence de paysagistes Thé- ghaïenne composée de l’Institut d’ur- çais d’architecture, 64 p., 130 F Architecte, sinophone, elle vient pour donner à partir du nouveau Las, un diktat, venu, dit-on avec baud. Du coup, la tentation a été banisme et du meilleur de l’universi- (19,7 ¤). de livrer, avec l’IFA, un « instanta- périphérique le paysage aléatoire de courage, de Pékin, a modifié le tracé grande pour le tout-venant des pro- té de Tongji. C’est un mixte des pro- né » remarquable de la ville, écono- l’avenue du XXIe-Siècle, que ferme, de cette avenue, tranchant de biais moteurs de « Champs-Elysées » à la jets, une sorte d’assortiment vapeur f www.lemonde.fr/chine Françoise Ged, responsable de l’Observatoire de l’architecture de la Chine contemporaine « Il est possible que la bulle spéculative ait été encouragée pour maintenir le développement urbain » « Comment vous est venue puisse donner des cours de français. seul véritable bouleversement vient tout celle de Zhu Rongji, qui lui suc- – Les Français sont particuliè- associé notamment les affaires cette passion pour Shanghaï ? Et j’ai alors pu commencer à étudier avec le slogan de Deng Xiaoping, cède en 1988 avant de le rejoindre rement présents. étrangères, la culture et l’éducation – Peu de gens s’y intéressaient sur place l’évolution de cette ville « Enrichissez-vous ! », en 1992. comme premier ministre à Pékin. – Ils font partie, je crois, du paysa- nationale, pour mieux connaître les avant les années 1980, seul comptait mal connue. – C’est de cette époque que – S’agit-il alors d’urbanisme ge comme moteurs de qualité différentes recherches sur la Chine, Pékin. Shanghaï était en Chine mais – Une évolution qui s’accélé- date le plan d’expansion de la ou de spéculation ? depuis quelques années. D’abord, développer les échanges, de l’ensei- n’avait pas l’étiquette de ville chi- rait de façon foudroyante. ville ? – Il vaut mieux parler d’une plura- pour élever le niveau architectural gnement à la maîtrise d’œuvre. Le noise. Elle était un produit du colo- – Cela a été la grande difficulté, – Non, dès les années 1920, la ville lité d’approches, de moteurs, ce qui par l’organisation de concours. programme présidentiel de Jacques nialisme, du capitalisme, un sou- en effet. La ville des années 1990 n’a cherche à faire face à son développe- est une bonne chose pour la ville, à Ensuite dans le champ de la Chirac, lancé en en 1997, est venu se venir de ville de plaisirs ou de bientôt eu plus rien à voir avec celle ment démographique et à répondre mon avis, même s’il faut aussi cons- réflexion urbaine, avec notamment greffer sur nos objectifs. Il s’agissait perdition, selon le point de vue. Je de la décennie précédente. Pour à des conditions de vie qui, hors des tater les dégâts sur la ville ancienne les travaux de l’Institut d’aména- d’inviter cinquante architectes en finissais mes études d’architecture, expliquer la logique de sa crois- enclaves occidentales, ne cessent de et le patrimoine. Ce qu’on peut sur- gement et d’urbanisme de la région France, avec l’idée à long terme de avec une option sur les cités d’Asie, sance, je partais de la forme urbaine se détériorer. Plusieurs plans d’amé- tout regretter c’est que n’aient pas Ile-de-France (Iaurif) portant sur créer des liens avec un réseau d’in- et j’apprenais le chinois. On ne dis- dans sa plénitude de la période nagement incluant la rive de Pu- été utilisées les capacités des archi- l’ensemble de l’agglomération dès terlocuteurs privilégiés. Nous avons posait alors pratiquement d’aucune Ming (1368-1644), bien avant le dong vont se succéder avec une rela- tectes et urbanistes disponibles déjà les années 1980. Aujourd’hui notre également participé en 1998 à l’orga- carte sur les villes de Chine popu- déclin amorcé au XIXe siècle, le tive constance jusqu’à nos jours. sur place. Mais on ne peut séparer apport relève davantage du projet nisation par l’Unesco du séminaire laire. En revanche, j’avais pu obtenir traité de Nankin, en 1842, et l’arri- Après 1949, Shanghaï n’est pas une l’urbain de l’économique puisque urbain, travail à plus petite échelle. de Suzhou sur la mise en valeur du des cartes prises d’avion, qui coû- vée des Occidentaux. Mon travail ne priorité nationale et est laissée au l’un dépend de la dynamique de Troisième attente des Chinois : patrimoine dans les villes chinoises. taient à l’époque une fortune, à par- relevait pas des dates mais de l’ob- rancart. Mais les responsables l’autre. Il est d’ailleurs possible que apprendre à monter des opérations A la suite de quoi les Chinois nous tir desquelles j’avais pu commencer servation du site pour tenter d’en n’auront jamais cessé de réfléchir à la bulle spéculative qui laisse tant de impliquant plusieurs partenaires, ont proposé de coopérer à un pro- à établir des plans et à étudier la comprendre les ruptures et les conti- une nouvelle ville, qui reflète une bâtiments vides ait été volontai- sans que chacun reste sur son pré gramme de mise en valeur des villes structure urbaine. Shanghaï révélait nuités de la forme urbaine. Ces rup- modernité proprement chinoise. rement encouragée pour maintenir carré. d’eau autour de Shanghaï, à la clairement une structure chinoise tures ne coïncident pas nécessaire- Les projets, conduits par des urba- le développement urbain. La ville – Quel rôle joue l’Observa- demande explicite des maires de ces traditionnelle, y compris dans les ment avec les grands événements nistes locaux, sont généralement avait absolument besoin de cet effet toire ? cités. Ce projet s’inscrit dans le pro- concessions étrangères. Grâce à une historiques. Et cette logique ne chan- d’une assez bonne tenue. A partir d’entraînement. On peut noter que – C’est une initiative de François jet d’inscrire six d’entre elles sur la bourse de recherche, au soutien du ge pas depuis les origines, ni avant, des années 1990, Shanghaï devient ces édifices, qui n’ont pas dix ans Barré, directeur de l’architecture, en liste du patrimoine mondial de bureau de la recherche et à celui de ni après la guerre et l’occupation une priorité nationale. On y recon- pour la plupart, font déjà l’objet 1996, un programme plus qu’une l’Unesco. » l’université Jussieu, j’ai pu me ren- japonaise, ni avec l’avènement de la naît la marque de Jiang Zemin, nom- d’études pour savoir s’ils peuvent structure qui reprend le travail en- dre sur place. Il a fallu faire accepter République populaire, ni même mé maire de Shanghaï en 1985 puis ou non être réintégrés dans le mar- gagé par l’IFA avec Pierre Clément Propos recueillis par aux Chinois l’idée qu’un architecte avec l’ouverture du pays en 1978. Le président de la République, et sur- ché, adaptés aux besoins actuels. au début des années 1980, et qui a Frédéric Edelmann CULTURE LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001 / 19

DÉPÊCHES a ROCK : dans un communiqué transmis au magazine Rolling Sto- André Gide ne reconnaîtrait pas ne et au site Launch.com, la chan- teuse Carole Dennis explique qu’elle a été mariée à Bob Dylan et qu’une fille est née de leur union. son manoir normand de Cuverville Le couple avait souhaité offrir « une enfance normale à [leur] fille », Desi- rée Gabrielle Dennis-Dylan, aujour- Cette maison a subi d’importants travaux de rénovation visant d’hui âgée de quinze ans. De ce fait, ils ont gardé leur mariage secret. à lui redonner son aspect originel. Au détriment de la mémoire L’ancienne épouse du chanteur amé- ricain a expliqué qu’elle avait décidé de l’écrivain, qui y séjourna de 1900 jusqu’à sa mort, en 1951 de révéler l’existence de ce mariage après la récente publication d’une GRAND ÉMOI chez les gidiens teur général des Monuments histo- tion de l’architecture et du patrimoi- biographie non autorisée de Dylan, de toute obédience : le sanctuaire riques ? Selon la pente bien connue ne, puis le ministère de la culture et Down the Highway : The Life of Bob normand d’André Gide, à Cuver- de sa profession, l’« en-chef » va même l’Elysée, ont été approchés. Dylan (« Sur la route : la vie de Bob ville-en-Caux (Seine-Maritime), est vouloir redonner à l’édifice l’aspect Tout le monde comprend « l’émo- Dylan »), du Britannique Howard méconnaissable. Ses récents tra- qu’il avait au moment de sa tion légitime » suscitée par des tra- Sounes. L’auteur y suggérerait que vaux de rénovation lui ont donné, il construction, vers 1735. Une physio- vaux qui sont « heureusement réver- Dylan n’a jamais reconnu l’enfant. est vrai, un profil de manoir britan- nomie que personne d’ailleurs ne sibles ». Tous envisagent de faire « Décrire Bob comme un homme nique, chic et élégant, que ne recon- connaît. quelque chose pour « restituer [l’] cachant son enfant est malveillant et naîtrait sans doute pas l’écrivain édifice dans l’état correspondant à ridicule », déclare Carole Dennis. qui a séjourné ici, de 1900 à 1951 – DÉCRITE PAR MARTIN DU GARD celui connu par l’écrivain » (Catheri- a DANSE : près de cent cinquante date de sa mort –, recevant la Nou- En revanche, le Cuverville d’An- ne Trautmann). danseurs âgés de six à vingt ans, F. E. velle Revue française au grand dré Gide a été cent fois décrit. Mais peut-on obliger un proprié- venus de toute la France, Chantier dans le quartier de Luwan, à Puxi, complet, ainsi qu’une part notable Notamment par Roger Martin du taire à revenir sur des travaux qu’il devaient participer, samedi 14 et la partie occidentale de Shanghaï. de la littérature européenne. L’édifi- Gard qui note dans ses Carnets,au a payés de sa poche, quand ils ont dimanche 15 avril, à Saint-Orens, ce est pourtant inscrit depuis 1945 lendemain de la mort de l’auteur été décidés et exécutés sous le près de Toulouse, à la quatrième sur la liste des sites et monuments des Faux Monnayeurs : « La maison contrôle d’un ponte des Monu- édition du concours de danse clas- naturels et, depuis 1970, à l’Inventai- est d’un grand charme, d’un style ments historiques ? Certainement sique Tolosa. Créé en 1998, ce Quand Puxi s’évanouit re supplémentaire des monuments sobre, sans faste : la simplicité d’une pas. On ne peut que déplorer la concours s’est ouvert à l’ensemble historiques. Plus que la singularité belle demeure bourgeoise du contestable doctrine des Monu- des écoles de danse du pays. Les de cette belle demeure bourgeoise, XVIIIe siècle. Deux étages de fenêtres ments historiques qui entendent prix sont décernés par un jury inter- c’est incontestablement la présence à petits carreaux dans une longue trop souvent retrouver le prétendu national composé de cinq chorégra- sous la loi de l’argent de l’écrivain qui incita les pouvoirs façade plate, sans autres ornements état original d’une construction en phes ou maîtres de ballet issus, cet- publics à proposer son classement. que l’ordonnance des lignes, la jus- négligeant son histoire. te année, du Théâtre du Capitole de SHANGHAÏ Seuls échapperont sans doute à En 1946, l’inspecteur général Dalloz tesse des proportions, et le fronton On peut regretter aussi le point Toulouse, de Paris et de l’Opéra de de notre envoyé spécial l’effacement, dans les conces- notait dans un rapport au ministre central, dont le triangle clair se de vue étroit de Jean-Claude New York. Le passage de l’est (dong) à sions française et internationale, de l’éducation nationale : « Cuver- découpe sur le haut toit d’ardoise. Le Rochette qui a méconnu l’essentiel a Marie-Claude Pietragalla, direc- l’ouest (xi), de Pudong à Puxi, où pullulent les chefs-d’œuvre de ville, dans l’histoire littéraire de la crépi est jaune pâle ; tous les volets du motif de protection de Cuver- trice du Ballet national de Mar- peut se faire par l’un des cinq ou l’éclectisme colonial, les immeu- France, aura sa place comme les sont blancs. » Aujourd’hui, les ville, la présence d’André Gide dans seille (BNM), adaptera du 12 au six bacs qui traversent le Huang- bles et les résidences occupés châteaux de Montaigne, de la Brède, volets ont disparu et le crépi gratté ces murs. Celle-ci, elle a suffi pour 20 mai Raymonda, en hommage à pu, et c’est alors le moment de désormais par les grands commis de Ferney, comme la maison des laisse à nu les briques lie-de-vin ; transformer un honnête, mais Marius Petipa (1818-1910), illustre mesurer la richesse de l’architec- de l’Etat ou reconvertis en hôtels. Charmettes. A ce titre, il mérite six pilastres blancs sortent de la banal, manoir normand en un lieu chorégraphe marseillais devenu un ture portuaire et de ses installa- A cet exercice, les habitant, qui protection. » muraille pour rythmer la façade de mémoire. L’Etat serait prêt à des maîtres de l’école russe. Né non tions militaires, vestiges tous ne disposaient théoriquement Le domaine appartenait en réali- dont le fronton a été blanchi. Faute débourser la moitié du montant loin de la Canebière en 1818, Marius voués à disparaître avec la créa- que de 5 m2 par personne avant té à la femme d’André Gide, Made- de moyens, la deuxième facade a des travaux nécessaires à la restitu- Petipa n’y resta pas longtemps. tion de nouvelles infrastructures cette aventure urbaine, bénéficie- leine, et c’est un héritier de cette conservé son aspect gidien. tion de l’état gidien. Ils sont chiffrés Après un essai non concluant à sur le Yangzi (Gaoqiao) ou, dans raient maintenant d’un ratio de dernière, Dominique Drouin, qui la Depuis trois ans, Michel Drouin, à 300 000 F par la direction du patri- New York, puis un séjour en Espa- le futur, sur la mer (Jinshan). 10 m2. Revers de la médaille : un vendit en 1963. Le nouveau proprié- neveu de Dominique, sonne le toc- moine. Michel Drouin est persuadé gne, le ballet de Saint-Pétersbourg Deux ponts haubannés (Yanpu et grand nombre des tours d’habita- taire, qui l’a acquise en 1974, esti- sin. Il a écrit à la terre entière. A que des mécènes pourraient verser l’avait engagé comme premier Nanpu) et deux tunnels témoi- tion, édifiées dans les premières me, en 1996, que la maison a besoin commencer par la direction régiona- le reste. Reste à convaincre un pro- danseur, en 1847. Il y resta toute sa gnent quant à eux du volontaris- années du boom sur le modèle, d’être rénovée. Il s’adresse à un les des affaires culturelles (DRAC) priétaire qui n’est pas forcément vie, devenant chorégraphe en titre me constant qui a marqué le déve- au moins formel, des condomi- architecte en chef des Monuments de Haute-Normandie. Cette derniè- sensible à l’aura de celui que Sartre dès 1870. Dépoussiérant la techni- loppement des infrastructures niums américains, ajoutent à leur historiques à la retraite, Jean- re est fort embarrassée car les tra- estimait être « le contemporain que classique, il donna à la Russie routières et autoroutières, et qui éloignement un confort des plus Claude Rochette, qui jouit d’une vaux se sont déroulés avec son aval capital ». son statut de première nation du se trouve confirmé par la créa- aléatoires : l’eau n’atteint pas tou- grande considération parmi ses explicite, confirmé par l’architecte ballet et lui offrit plus de soixante tion d’une ligne de métro Est- jours les étages supérieurs, les confrères – n’a-t-il pas été inspec- des bâtiments de France. La direc- Emmanuel de Roux œuvres. Ouest, reliant Pudong à Puxi, et ascenseurs sont sujets à malaises croisant la ligne existante qui récurrents et les canalisations des- relie déjà les hauts lieux de la cendantes peuvent réserver des ville. surprises fâcheuses si l’intendan- Aimee Mann, fine mélodiste de l’amertume Par la même occasion, on en ce tarde à suivre. constate les effets secondaires, Une nouvelle génération d’im- désastres collatéraux pour la ville meubles à laquelle collabore une L’album « Bachelor No. 2 » devrait enfin imposer l’écriture pop et racée de la chanteuse américaine historique, comme le viaduc de génération tout aussi jeune de Yan’an débouchant sur le Bund. maîtres d’œuvre voit le jour. L’ar- IL EXISTE plusieurs façons de des années 1970. Premières référen- La logique des ingénieurs (celle- chitecture, comme l’urbanisme déplaire aux maisons de disques. ces : la discothèque parentale (Glen là même qui a conduit à placer le dont ils relèvent, y apparaît enco- Des choix artistiques radicaux peu- Campbell, Peter, Paul & Mary, les pont Charles-de-Gaulle, à Paris, re hybride, mais attentive aux vent bien sûr se heurter aux critères comédies musicales), celle du frère comme un canon pointé vers la futurs occupants. C’est le produit en vogue. Tout aussi sûrement, les (les Beatles, Neil Young, Bob Dylan) verrière de la gare d’Austerlitz), de règles contradictoires. Elles sages qualités d’artisan intemporel, et ses propres coups de cœur, en rencontre alors celle de la spécu- sont homogénéisées en ce qui refoulant les tentations de l’image général fédérés par sa sensibilité lation pour broyer sans distinc- concerne les infrastructures, et et du gadget au profit de l’art modes- mélodique – Elton John, Badfinger, tion le tissu urbain, dévalué de semblent l’être pour la construc- te des chansons, laissent souvent de Leon Russell. Des études à la fameu- fait, ne laissant ici et là que des tion, si l’on en croit le Musée de marbre les maîtres du strass. Aimee se Berklee School of Music lui four- traces ponctuelles de l’ancienne l’urbanisme, temple édifié à la Mann est de la race de ces auteurs- niront les outils d’une écriture musi- Shanghaï, monuments vitrifiés, gloire de Shanghaï, symétrique compositeurs dont l’ambition se cale méticuleuse. Si son premier et souvent ripolinés à mort. de l’opéra sur la place du Peuple. limite à la perfection des couplets et groupe, les Young Snakes, se rebelle Mais les contradictions s’expri- des refrains qu’ils interprètent. du côté du punk atonal, elle rentre- ment sur le terrain, et sont mani- Cette blonde longiligne garde ra très vite dans une tradition édic- La première cité festement fonction des hommes, beaucoup d’amertume de son expé- tée par les Kinks, les Byrds, Simon politiciens ou techniciens, qui rience de l’industrie musicale. Après & Garfunkel et autres figures des fortifiée gèrent chaque district presque le succès, en 1985, d’un premier années 1960. indépendamment l’un de l’autre. 45-tours guilleret, Voices Carry, avec est pratiquement Ainsi, dans le district de Luwan, le groupe ’Til Tuesday, ses quinze ELVIS COSTELLO POUR MODÈLE le site historique du premier années de carrière ont été émaillées Avec ’Til Tuesday, au milieu des rayée de la carte, congrès du Parti communiste chi- par un nombre inexpliqué d’incom- années 1980, puis en solo, elle flirte- nois est devenu le « clou » d’une préhension, de passages à vide et de ra aussi avec une vision britannique remplacée opération immobilière américai- ruptures de contrat. de la pop réactualisée par des musi- ne qui, tout en conservant une Soliste depuis 1990, elle a fait ciens comme Squeeze, XTC et sur- dans sa partie nord partie de l’ancien quartier de preuve, en trois albums – Whatever tout Elvis Costello, son modèle et Xintiandi, le convertit en zone (1993), I’m With Stupid (1995) et parrain. « Je l’ai rencontré à l’époque par de gigantesques commerciale de luxe comme on Bachelor No. 2 (2000) –, d’une fi- de ’Til Tuesday, se souvient Aimee en trouve d’assez jolies à San nesse en constante progression. Ce Mann, ses textes, son sens mélodique, centres commerciaux Francisco, l’ensemble étant renta- qui n’a pas empêché ce dernier dis- son attitude ont été une énorme bilisé par des tours et doté, au que, enfin publié en France, de influence. Le voir s’intéresser à ma camouflés moins sur le papier, d’un char- n’être longtemps disponible que musique à une période où tout allait mant lac de plaisance en lieu et sur son site Internet (www.aimee mal pour moi m’a redonné confian- en chinoiseries place de plusieurs hectares de mann.com), faute de distributeur. ce. » Douze ans après une première lilongs, les fameuses ruelles de la Ni chanteuse folk introvertie à la collaboration, Costello a cosigné un aussi crédibles ville. Le district voisin au nord a Joni Mitchell, ni grande gueule rock V2 MUSIC nouveau titre (The Fall of the World’s décidé de faire un sort plus envia- à la manière de Courtney Love ou « J’écris sur ces êtres qui s’opposent et souffrent Own Optimist) avec l’Américaine. Le que des travestis ble aux anciens entrepôts de la Chrissie Hynde, encore moins diva par illusion romantique. » fait que le chanteur a enregistré, en rivière Suzhou, affluent du des émotions à vif façon Tori Amos 1998, un album avec Burt Bacha- mal rasés Huangpu, qui traverse l’ouest de ou Fiona Apple, Aimee Mann s’était meilleure chanson (Save Me), allait un regard sombre sur la quête de rach (Painted From Memory) a peut- la ville. retrouvée sur une voie de garage. même consacrer cette collaboration l’âme sœur. « Beaucoup de ces chan- être aussi contribué à la joliesse des Ici, faute de financement glo- Allait-elle demeurer éternellement (même si la récompense fut finale- sons ont été écrites avant mon maria- arrangements de Bachelor No. 2, Le souci patrimonial n’est pour- bal, l’opération repose d’abord un des talents les plus sous-évalués ment attribuée à Phil Collins). ge, précise la chanteuse. Les conflits album manifestement marqué par tant pas absent, souvent moins sur la volonté de quelques indivi- de la musique pop américaine ? Au-delà de l’attrait mélodique de m’inspirent plus que le bonheur. Je la grâce des mélodies que l’auteur par souci historique que pour lais- dus, parmi lesquels l’architecte la chanteuse, c’est sa faculté à met- pense que l’amitié, la complicité inti- de Walk On By composait, dans les ser aux touristes et aux hommes Teng Kun Yen, qui s’est dessiné, CONSTATS SANS CONCESSION tre au jour la cruauté des relations me sont les valeurs essentielles d’une années 1960, pour Dionne Warwick. d’affaires de passage leur lot de au plus près du réel, un loft excep- Une étincelle a pourtant changé amoureuses et les impasses de la relation amoureuse. La plupart des En 2000, Aimee Mann et Michael nostalgie. Mais ce n’est pas le tionnel dans un de ces entrepôts cette donne : le coup de pouce d’un communication intime qui a séduit gens pensent pourtant qu’il n’est de Penn ont présenté un spectacle com- génie chinois qui bénéficie priori- du début du siècle, façade fan, Paul Thomas Anderson, jeune le cinéaste. Avec une voix qui pré- vrai amour qu’engendré dans une mun intitulé Acoustic Vaudeville. Les tairement de cette attention : la modern style et charpentes réalisateur en vogue à Hollywood, fère la retenue à la démonstration, passion déchirante. J’écris sur ces amoureux jouaient l’un avec l’autre, première cité fortifiée, dont le tra- autochtones. Ce natif de Taïwan, grâce au succès du film Boogie la grande blonde décoche les flè- êtres qui s’opposent et souffrent par entourés de comédiens, sans que le cé arrondi de ville portuaire com- artisan habile et commerçant Nights. Ce dernier a inclu neuf mor- ches d’un réalisme amer. Pas de sen- illusion romantique. » couple souffre d’une compétition merciale se distinguait du qua- talentueux, est venu il y a dix ans ceaux d’Aimee Mann dans la bande timentalisme, mais des constats Cette conception rationnelle de la interne. « Nous nous comprenons tel- drillage des cités impériales, est chercher, dit-il, ses racines, et originale de Magnolia, son troisième sans concession que sa science har- passion se reflète dans une esthéti- lement bien, constate la chanteuse. pratiquement rayée de la carte, pensait trouver une clientèle film. Mieux encore, dans les notes monique entraîne vers une sourde que musicale qui se méfie des élans Les personnes extérieures ont l’habitu- remplacée dans sa partie nord dans la nouvelle Shanghaï. L’ex- de pochette de cette bande-son, le mélancolie. baroques. Son charme, Aimee de de fantasmer sur ce milieu. Nous par de gigantesques centres com- trême sophistication de son tra- metteur en scène expliquait que, en On croyait Aimee Mann plus encli- Mann le cultive au cœur des princi- savons l’un comme l’autre combien merciaux camouflés en chinoise- vail n’a cependant pas encore ren- partie, ce film était « l’adaptation ne à l’optimisme depuis son maria- pes du classicisme pop. Elle a écrit cette industrie peut être difficile, frus- ries aussi crédibles que des traves- contré l’écho qu’il mérite, hors de des chansons d’Aimee Mann », plu- ge, il y a trois ans, avec Michael ses premières chansons à seize ans. trante et loin de tout glamour. » tis mal rasés. Les vestiges subsis- la presse internationale de la sieurs scènes et certains personna- Penn (frère de l’acteur Sean Penn), La musique était le principal récon- tant, comme le jardin Yuyuan ou, zone Asie-Pacifique. ges étant directement inspirés de chanteur pop, auteur de quatre fort d’une adolescente solitaire née e Bachelor No. 2, 1 CD V2. plus au sud, le temple de Confu- l’univers de la chanteuse. Une nomi- albums également stylés. Bachelor en Virginie, il y a quarante et un ans, cius font ici figure de miraculés. F. E. nation aux Oscars, au titre de la No. 2 continue pourtant de porter installée ensuite à Boston à la fin Stéphane Davet 20 / LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001 CULTURE Des chevaux SORTIR PARIS photographiques de leurs tournages. » Carla Bley, Steve Swallow Centre national de la photographie, et Andy Sheppard hôtel Salomon-de-Rothschild, et de l’or e o Hors ses arrangements 11, rue Berryer, Paris-8 .M Etoile. somptueux et la direction de son Tél. : 01-53-76-12-32. 15 F et 30 F. Scythes, Sauromates grand orchestre, la pianiste De 12 heures à 19 heures. américaine Carla Bley aime de Fermé le mardi. Jusqu’au 14 mai. et Sarmates. Le Musée temps à autre retrouver son Paris et Charles V compagnon, le bassiste Steve Paris et Charles V, vus sous Cernuschi consacre Swallow, et le saxophoniste les rapports de l’art et de britannique Andy Sheppard. l’architecture, tel est le thème une exposition à ceux En trio, la musique de Carla Bley de l’exposition que propose la se fait voyageuse et légère, fondée bibliothèque Forney. Sous ce titre que les Grecs nommèrent sur des mélodies un peu tristes, austère, c’est en fait une période un peu gaies. Belle rencontre. fondamentale de Paris qui « peuple des Amazones » New Morning, 7-9, rue des se trouve explorée, Charles V Petites-Ecuries, Paris-10e. (1338-1380), dit le Sage, s’étant Mo Château-d’Eau. 21 heures, révélé un constructeur acharné L’OR DES AMAZONES. Musée le 17. Tél. : 01-45-23-51-41. et un mécène avisé. Faut-il Cernuschi, 7, avenue Velasquez, De 110 F à 130 F. mettre au registre du mécénat Paris-8e.Mo Monceau. Tél. : 01-45- Jean-Marie Straub la transformation en palais du 63-50-75. Du mercredi au lundi, de et Danièle Huillet Louvre fortifié de Philippe 10 heures à 17 h 40. De 18 F à 35 F Sous l’intitulé « Des films et leurs Auguste, la construction de la (de 2,74 ¤ à 5,34 ¤). Jusqu’au 15 juil- sites » et au moyen de documents Bastille ou celle de Vincennes ? let. La Découverte de l’or des Scythes, divers, dessins préparatoires, Roi guerrier, qui bouta les Anglais

Histoires de kourganes, de Véro- VLADIMIR TEREBENINE photogrammes, films sur un hors de France, mais se révéla, nique Schiltz, Gallimard, « Décou- Torque de la princesse sarmate de Kobiakovo. Or, turquoise. tournage, Dominique Païni tente durant huit ans de régence et vertes », 144 p., 77 F (11,74 ¤). Fin du Ier - début du IIe siècle après J.-C. Musée de Rostov. de traduire l’œuvre des cinéastes seize de règne, un protecteur des et théoriciens Jean-Marie Straub Lettres (il fonde la Bibliothèque Un vent de reconnaissance souffle vre d’ailleurs par un vase orné d’une que l’on retrouve, dans les mêmes des avant de devenir un protectorat et Danièle Huillet. Exposer du royale) et des Arts sous toutes sur les steppes d’Asie centrale : peinture rouge sur fond noir : un conditions, au-delà de l’Oural. romain. Les négociants grecs ins- cinéma ne va pas de soi, quand leurs formes, ce qui lui permit, après le Musée Guimet et la Fonda- Grec aux prises avec une Amazone. Même civilisation du cheval, mê- tallés sur ces rives assistèrent, vers bien même le sujet couvre plus homme prévoyant, de faire tion Electra, elles sont à l’honneur Cette céramique hellène a été trou- me amour pour l’or et la parure, 260 avant Jésus-Christ, à l’extermi- de trente-cinq ans. Mais, affirme sculpter de son vivant son au Musée Cernuschi. Véronique vée dans une tombe près de Rostov- même habileté à travailler le métal, nation des Scythes – « jusqu’au der- Dominique Païni, « l’œuvre tombeau à Saint-Denis. Schiltz, la commissaire de l’expo- sur-le-Don. Ce sont les sépultures, même goût pour les formes contour- nier », écrit Diodore de Sicile – par cinématographique de Straub Mais il pense aussi, sagement, sition « L’or des Amazones », a privi- souvent pillées, qui vont redonner la nées et les volutes, les représenta- de nouveaux envahisseurs, les Sar- et Huillet, avec celle de Godard, aux plus déshérités de ses sujets, légié l’extrémité occidentale de cette parole au « peuple des Amazones », tions animales stylisées, et notam- mates, venus eux aussi des confins est parmi celles qui ont le plus multipliant les fondations pieuses immensité herbue qui s’étend de dont le souvenir s’était évanoui. ment celles du cerf dont les bois se iraniens et qui avaient les mêmes influencé les arts plastiques dans la capitale. L’exposition, l’océan Pacifique au Danube. Les prêtent à d’infinies ramifications. usages funéraires. contemporains ». Il ajoute, pour riche en documents, doit émigrer populations qui nomadisaient vers DIGNITAIRES ENSEVELIS On verra donc beaucoup de bijoux Ils n’échappèrent pas, eux non justifier la présence de différents ensuite, en juin et juillet, à la le VIe siècle avant notre ère autour Il faudra effectivement attendre la en or et parfois en émail cloisonné, plus, à l’attrait du monde méditerra- matériaux à l’hôtel de Rothschild : mairie du 6e arrondissement. du bassin du Don et du Kouban fin du XVIIIe siècle et la fouille scien- des torques, des fibules, des penden- néen, comme en témoignent cette « Leurs films témoignent d’une Bibliothèque Forney, 1, rue du nous sont assez bien connues par tifique des kourganes, ces tumulus tifs, des colliers, des bracelets, des couronne de feuillage en or ou cette rigueur et d’une intransigeance Figuier, Paris-4e.Mo Pont-Marie. les descriptions des Grecs avec qui où étaient ensevelis les dignitaires boucles de ceintures, des gaines de étonnante coupe de verre veinée que prouvent leurs travaux Tél. : 01-42-78-14-60. Jusqu’au elles étaient en contact. scythes ou sauromates, pour mieux poignard bosselées de turquoises et d’or. Vers 370 de notre ère, les der- préparatoires, leurs interviews, 26 mai. De 13 h 30 à 20 heures. « Ces cavaliers intrépides, nous dit cerner cette civilisation. Parmi les de grenats, de somptueux équipe- niers Sarmates, les Alains, sont bous- ou encore les témoignages Relâche dimanche et lundi. 20 F. Véronique Schiltz, aimaient les che- premiers archéologues, un Français ments équestres, mors, brides, phalè- culés par les Goths et par les Huns. vaux, les armes et l’or. » Le jugement émigré, Paul du Brux (1770-1835), res (plaques rondes qui assurent l’in- Ils s’enfoncent vers l’ouest et finis- porté par les voyageurs et les histo- responsable des douanes de Kertch, tersection des courroies), de la vais- sent par passer le Rhin gelé pendant GUIDE riens grecs est plus négatif : « Ils ne aux confins de la mer Noire et de la selle aussi, de bronze ou d’argent. l’hiver 406-407. Un demi-siècle plus savent ni mettre de l’argent de côté ni mer d’Azov, trompe son ennui en Mais les très nombreux vestiges tard, en 451, on retrouvera, aux faire du commerce, sauf du troc », exhumant le contenu de ces tom- d’origine grecque exhumés dans ces champs Catalauniques, ces derniers REPRISES CINÉMA Schoenfield : Vaudeville, création. écrit le géographe Strabon (environ bes. « On y trouve quantité d’objets tumulus indiquent la proximité des cavaliers des steppes aux côtés des Joplin : Ragtimes. Kernis : Musica Celes- King Kong tis, création. Richard Vieille (clari- 58-21 avant Jésus-Christ). Ces « bar- d’or : des bracelets, des boucles deux mondes et la qualité des échan- légions du général romain Aetius, nette), Jean-Michel Ricquebourg (trom- bares » sont d’abord des Scythes ou d’oreilles, des anneaux, des figures ges. Les Grecs avaient ouvert toute face aux hordes d’Attila. On perd de Merian Cooper, Ernest B. Schoed- sack, avec Fay Wray, Bruce Cabot, pette), John Nelson (direction). des Sauromates, de souche ira- d’animaux, de femmes et autres frag- une série de comptoirs le long de la ensuite leurs traces ; certains ont cru Théâtre des Champs-Elysées, 15, ave- Robert Armstrong. e o nienne. Leurs qualités équestres im- ments de statues », note Paul du mer Noire, et un royaume hellénisé, les retrouver encore plus à l’ouest, Américain, 1933, noir et blanc (1 h 40). nue Montaigne, Paris-8 .M Alma- pressionnent les navigateurs grecs, à Brux. Une partie de ce mobilier est celui du Bosphore cimmérien, cen- du côté de la Bretagne… Action Ecoles, Paris-5e. Tél. : 01-43- Marceau. 20 heures, le 17. Tél. : 01-49- 29-79-89. 52-50-50. De 60 F à 290 F. tel point qu’ils en font le « peuple exposée à Cernuschi. Ces pièces ont tré sur la mer d’Azov, allait jouer un Baptiste Trotignon Trio des Amazones ». L’exposition s’ou- une parenté évidente avec celles rôle important auprès de ces noma- E. de R. FESTIVALS CINÉMA Au Duc des Lombards, 42, rue des Lom- bards, Paris-1er.Mo Châtelet. 21 heures, INSTANTANÉ Rétrospective Nicholas Ray les 17 et 18. Tél. : 01-42-33-22-88. Born to be Bad (1950) : le 17, 14 heu- 100 F. res, 16 h, 18 h, 20 h, 22 h. Benjamin Moussay, LA CURE DE RIRE Action Christine, Paris-6e. Tél. : 01-43- Bruno Chevillon duo 29-11-30. 7 Lézards, 10, rue des Rosiers, Paris-4e. DE CINQ DE CŒUR Kenji Mizoguchi Mo Saint-Paul. 21 h 30, le 17. Tél. : L’Intendant Sansho (1954) : le 17, 14 h, 01-48-87-08-97. Claude Barthélémy C’est à l’Auditorium Saint-Ger- 16 h 30, 19 h, 21 h 30. Action Ecoles, Paris-5e. Tél. : 01-43- Instants chavirés, 7, rue Richard-Lenoir, o main-des-Prés, c’est-à-dire dans un 29-79-89. Montreuil (93). M Robespierre. bunker de béton au côté duquel le Satyajit Ray 20 h 30, le 17. Tél. : 01-42-87-25-91. De Centre administratif de Pantin sem- La Déesse (1960) : le 17, 19 h 45. 40 F à 80 F. ble une villa de Palladio. L’affiche Le Quartier latin, Paris-5e. Tél. : 01-43- Muse 26-84-65. La Cigale, 120, boulevard Roche- du spectacle est à fuir, la salle res- e o Jim Jarmusch chouart, Paris-18 .M Pigalle. 20 heu- semble à un espace polyvalent de Dead Man (1995) : le 17, 21 h 30. res, le 17. Tél. : 01-49-25-89-99. 165 F. MJC des anciens temps. Bref, pour Le Quartier latin, Paris-5e. Tél. : 01-43- Jacques Haurogné Théâtre de Dix-Heures, 36, boulevard le quintette vocal Cinq de cœur, les 26-84-65. e o atouts ne sont pas tous dans leur Orson Welles de Clichy, Paris-18 .M Pigalle. Du mardi au samedi, 20 h 30. Jusqu’au jeu. Othello (1952) : le 17, 18 h 10. Le Champo - Espace Jacques-Tati, Pa- 28 avril. Tél. : 01-46-06-10-17. 90 F et Et pourtant, en un tour de gosier, ris-5e. Tél. : 01-43-54-51-60. 120 F. le décor bunkerisant est oublié et, L’Esprit frappeur d’une franche claque dans le dos, TROUVER SON FILM Avec Stanislas Bujok, Didier Latrasse, on est poussé dans un bain de pure Lionel Tessier. Tous les films Paris et régions sur le Théâtre Déjazet, 41, boulevard du Tem- jubilation moussante. On n’a pas ri Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : ple, Paris-3e.Mo République. Du mardi comme cela depuis belle lurette, et 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). au vendredi, 20 h 30 ; samedi, 17 heu- ce spectacle, « Boîte vocale », est à res et 20 h 30. Jusqu’au 30 avril. Tél. : prescrire d’urgence comme cure ENTRÉES IMMÉDIATES 01-48-87-52-55. De 90 F à 180 F. Emir Kusturica obligatoire d’après Carême. Le Kiosque Théâtre : les places de cer- & No Smoking Orchestra Les cinq chanteurs-comédiens tains des spectacles vendues le jour Elysée-Montmartre, 72, boulevard ont des physiques complémentaires même à moitié prix (+ 16 F de commis- Rochechouart, Paris-18e.Mo Anvers. (le petit rustaud, le latin lover, la sion par place). 19 heures, les 17 et 18. Tél. : 01-55- Place de la Madeleine et parvis de la 07-06-00. De 145 F à 159 F. bourgeoise, la rousse fatale, la bon- gare Montparnasse. De 12 h 30 à ne fille genre Virginie Lemoine), 20 heures, du mardi au samedi ; de RÉGIONS une capacité à chanter merveilleu- 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. sement juste, à faire la mouette Les Bonnes Les Nègres, clownerie de Jean Genet, mise en scène d’Alain rieuse ou à imiter une trompette de Jean Genet, mise en scène d’Al- fredo Arias. Ollivier. entre Armstrong et Chicken run. Bouffes-Parisiens, 4, rue Monsigny, Angers (Maine-et-Loire). Beaurepaire, Humour de bande dessinée et de Paris-2e.Mo Quatre-Septembre. Du 12, boulevard Gaston-Dumesnil. potaches. Esprit tuyau-de-poêle 17 avril au 19 mai. Du mardi au ven- 19 h 30, les 18 et 19 ; 20 h 30, le 20. supérieur. dredi, 20 h 30 ; le samedi, 18 heures Tél. : 02-41-88-99-22. 80 F et 120 F. Le Monde selon Valetti Le tout avec trois projos, un para- et 21 heures. Tél. : 01-42-96-92-42. De 70 F à 200 F. d’après Serge Valetti, mise en scène vent, des petites robes noires de loli- Parcours d’argile I et II d’Eric Louviot. tas qui, garnies d’un tablier blanc, de Kouam Tawa, Salah Khatri et Bar- Lisieux (Calvados). Théâtre, 2, rue au deviennent uniformes de soubret- bara Bouley, mise en scène de Barbara Char. 19 h 30, le 18 ; 20 h 30, du 19 Bouley. au 21. Tél. : 02-31-61-12-13. De 55 F tes. Ils mettent des paroles à la Cin- à97F. quième de Beethoven (après La Pin- Théâtre Gérard-Philipe, 59, boule- vard Jules-Guesde, Saint-Denis (93). Barboni ce à linge !) ; La Donna e mobile Mo Saint-Denis-Basilique. Du 17 avril de la compagnie Pippo Delbono, mise devient La Madame à mobylette. Il au 6 mai. Du mardi au samedi, en scène de Pippo Delbono. l’osent comme ils osent, et réussis- 20 h 30 ; le dimanche, 16 heures. Tél. : Privas (Ardèche). Théâtre de Privas, 01-48-13-70-00. 50 F. place André-Malraux. 21 heures, le 18. sent Bobby Lapointe, Julio Iglesias Tél. : 04-75-64-62-00. 65 F et 100 F. et Edith Piaf. Il y a des moments de City Theater & Dance Group Robyn Orlin : Daddy, I’ve Seen this pure émotion, immédiatement cas- Piece Six Times Before and I Still Don’t DERNIERS JOURS sée, et sans hésitation, par une far- Know Why They’re Hurting Each 21 avril : ce délirante. C’est mené avec un Other. Fabrice Luchini dit timing parfait, un professionnalis- Théâtre de la Ville, 2, place du Châ- « L’Arrivée à New York » e o me impeccable. Cela va jusqu’où il telet, Paris-4 .M Châtelet. 21 heures, d’après Voyage au bout de la nuit, de les 17, 18, 19, 20 et 21. Tél. : 01-42- faut aller trop loin, jamais au-delà, Louis-Ferdinand Céline. 74-22-77. 70 F. Gaîté-Montparnasse, 26, rue de la rarement en deçà. Il faut y courir. Ariodante Gaîté, Paris-14e. Tél. : 01-43-22-16-18. Comme dirait l’autre : j’y retourne de Haendel. Les Musiciens du Louvre- De 120 F à 190 F. immédiatement. Grenoble, Marc Minkowski (direction), 22 avril : Jorge Lavelli (mise en scène), Laurence Démons aux anges Fanon (chorégraphie). d’Elsa Solal, mise en scène de Philip Renaud Machart Opéra de Paris, Palais-Garnier, place de Boulay. l’Opéra, Paris-9e.Mo Opéra. 19 h 30, les Théâtre Gérard-Philipe, 59, boulevard e Auditorium Saint-Germain-des- 17, 20, 23 et 26 ; 15 heures, le 29, jus- Jules-Guesde, Saint-Denis (93). Tél. : Prés, 4, rue Félibien, Paris 6e,du qu’au 15 mai. Tél. : 08-36-69-78-68. De 01-48-13-70-00. 50 F. e 12 avril au 19 mai, les jeudis, ven- 30 F à 670 F. 13 Bourse d’art monumental d’Ivry Ensemble orchestral de Paris Centre d’art contemporain, galerie dredis et samedis à 20 h 30. Prix Ives : Symphonie no 3 « The Camp Mee- Fernand-Léger, 93, avenue Georges- des places : 90 F (8,18 ¤) et 130 F ting ». Copland : Concerto pour clari- Gosnat, Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). (11,82 ¤). Tél. : 01-44-07-37-43 nette et orchestre à cordes, création. Tél. : 01-49-60-25-06. Entrée libre. RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / MARDI 17 AVRIL 2001 / 21 LUNDI 16 AVRIL GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS DOCUMENTAIRES MUSIQUE 21.00 La Sirène du Mississippi aa TÉLÉVISION ARTE François Truffaut (France, 1969, 20.45 et 1.00 Le Club. LCI 20.15 Reportage. 21.00 La Walkyrie, de Wagner. 120 min). Paris Première 19.00 Nature. Et Dieu créa le mouton. aa 21.00 L'humanité doit-elle Tous en piste ! Arte Par l'Orchestre de la Scala, 22.15 L'assassin habite au 21 TF 1 19.45 Météo. dir. Riccardo Muti. Muzzik Henri-Georges Clouzot (France, 20.20 La Septième Île. RFO Sat 17.35 Sunset Beach. 19.50 Arte info. prévaloir sur le crime ? Forum 22.55 Concert Pascal. 1942, 105 min). TV 5 Tous en piste ! 20.30 La République est morte 20.15 Reportage. 23.00 Liban, les conflits Avec les solistes de la Radio-Télévision 22.30 Veuve mais pas trop aa 18.25 et 1.15 Exclusif. 20.45 My Name Is Joe a Suisse italienne. Par l'Ensemble % identitaires. Forum à Diên Biên Phû. Jonathan Demme (Etats-Unis, 19.00 Le Bigdil. Film. Ken Loach (v.o.) . [2/2]. Planète More Antiquo et l'Ensemble Vanitas, 1988, 150 min). Téva 19.55 Tant qu'il y aura des hommes. 22.30 Court-circuit. dir. Diego Fasolis. RTBF 1 MAGAZINES 20.50 Civilisations. 23.00 La Truite aa 20.00 Journal, Tiercé, Météo. Poche. James Pilkington (v.o.). L'honneur et le sang aux premiers 1.00 Les Découvertes Adami (n˚12). 1.40 Toujours. Jophi Ries (v.o.). Joseph Losey (France, 1982, 20.55 Joséphine, ange gardien. 1.55 Tea Tattoo. Jeux olympiques. La Chaîne Histoire Avec Amir Tebenikhin, piano ; 105 min) %. Ciné Cinémas 2 17.52 CD' aujourd'hui. Denis Chapovalov, violoncelle ; La Tête dans les étoiles. Robert Schmitz-Gill (v.o.). Invité : Ben Harper. France 2 21.00 La France. La Commune Alexandre Vershinin, piano. Muzzik 22.40 Y a pas photo ! 22.40 La Belle Histoire 18.30 L'Invité de PLS. LCI (Paris 1871). [2/2]. Histoire 0.10 Football. Film. Claude Lelouch. 19.30 Rive droite, 21.40 Les Éléphants de forêt. TÉLÉFILMS 0.40 F 1 magazine. Les mystérieux colosses 1.45 TF 1 nuit, Météo. M6 rive gauche. Paris Première de la forêt vierge africaine. Odyssée 20.30 Thérèse Humbert. 20.50 Union libre. Marcel Bluwal. [1/2]. Festival 16.40 Le Colosse de Rhodes aa 21.40 Légendes. FRANCE 2 Film. Sergio Leone &. Spéciale printemps. Indira Gandhi. Téva 22.25 La Milliardaire. % Invités : Bruno Solo ; Gad Elmaleh ; Jacques Ertaud. [2/3]. Festival 18.55 Buffy contre les vampires . 21.45 Noa. 16.10 Christine 19.50 I-minute. Alexandra Lamy ; Jean Dujardin ; Film. Pierre Gaspard-Huit. Laurent Ruquier ; Tel-Aviv - Manhattan. Planète 19.54 Le Six Minutes, Météo. COURTS MÉTRAGES 17.50 Un livre. Isabelle Boulay. France 2 22.15 Danger réel. Quand la police 20.05 Une nounou d'enfer &. ème a Invités : Gérard Jugnot ; ouvre le feu. 13 RUE 22.30 Court-circuit. Poche ; 17.55 La Tulipe noire 21.00 La Route. Film. Christian-Jaque. &. 20.40 Qui décide ? Emilie Dequenne. Canal Jimmy 22.25 La Grande Dépression. Toujours ; Tea Tattoo. Arte 20.50 Jamais plus jamais Faire face. La Chaîne Histoire 19.50 Un gars, une fille. Film. Irvin Kershner &. 21.05 Le Point. La mixité dans les écoles. 20.00 Journal, Météo. Remettre à plus tard. SÉRIES 23.15 Opération frère cadet 22.30 Le bébé est un combat. & Le lynx du Colorado. TV 5 [2 et 3/3]. Odyssée 20.50 Union libre. Spéciale printemps. Film. Alberto De Martino . 20.55 Joséphine, ange gardien. 23.15 Argent public, argent privé. 1.10 Jazz 6. 23.15 Argent public, argent privé. 23.45 Ella Fitzgerald. La Tête dans les étoiles. TF 1 0.50 Journal, Météo Les courses. Travail de nuit des Something to live for. Mezzo 21.25 3e planète après le Soleil. femmes. Le commerce des armes. 1.15 Musiques au cœur. Dick on Roll (v.o.) &. The Great 23.00 La mariée était en noir aa RADIO Un trésor caché dans votre SPORTS EN DIRECT Dickdater (v.o.). &. Série Club porte-monnaie. Les coulisses François Truffaut. FRANCE 3 du Trésor public. Invités : Florence 20.00 Hockey sur glace. 21.45 Les Soprano. Avec Jeanne Moreau, Parly ; Guy Marchand. France 2 Pax Soprana. %. Canal Jimmy Charles Denner (France, 1967, FRANCE-CULTURE Championnats du monde. 105 min). Paris Première 17.50 C'est pas sorcier. 23.30 A notre santé ! Somnifères, sexe, Division I. Groupe A : 22.25 Sex and the City. 18.15 Un livre, un jour. 19.30 L'Économie en question. Trop bien pour toi %. TSR 23.00 L'Exorciste 2 : L'Hérétique aa sport : Les nouvelles drogues. France - Lituanie. Pathé Sport 18.20 Questions pour un champion. 20.30 Décibels. Invités : Jean-Luc Lahaye ; William 20.55 Football. 23.05 Invasion planète Terre. John Boorman (Etats-Unis, 22.12 Multipistes. % ème 1977, 100 min) ?. TF 6 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. Löwenstein ; Gérard Lopez ; Maurice Coupe d'Angleterre Rédemption . 13 RUE 22.30 Surpris par la nuit. e 20.10 Tout le sport. Corcos ; Catherine Hervais. France 3 (34 journée) : 0.40 Tatort. 23.55 Les Géants aa Raison de plus. Erri de Luca. 0.40 Strip-tease. France 3 Everton - Liverpool. Canal + vert Le Carnaval des fous. 13ème RUE Sam Miller (Grande-Bretagne, 20.20 Tous égaux. 0.05 Du jour au lendemain. 1997, 90 min) &. Cinéstar 1 20.55 Le Monde perdu, Jurassic Park Alberto Manguel (Le Livre d'images). 0.00 Le Ciel de Paris aaa Film. Steven Spielberg %. 0.40 Chansons dans la nuit. Michel Béna (France, 1991, 23.05 Météo, Soir 3. 1.00 Les Nuits. 85 min) &. Ciné Cinémas 1 23.30 A notre santé ! 0.25 Rio Bravo aa 0.40 Strip-tease. FRANCE-MUSIQUES Howard Hawks (Etats-Unis, 1959, 1.35 La Case de l'oncle Doc. Mississippi (1969) repose sur le & 18.00 Le jazz est un roman. France - Musiques Paris Première v.o., 140 min) . Cinétoile Jusqu'au bout de la vie. mythe dévorant de la femme fata- 0.25 Der gläserne Turm aa 19.07 A côté de la plaque. 15.00 « Déjeuner sur l’herbe » 21.00 et 23.00 Irish/Truffaut le fin de siècle, incarnée par Cathe- Harald Braun (Allemagne, 1957, CANAL + 20.00 Concert. v.o., 105 min) &. Ciné Classics Par l'Orchestre philharmonique Le TMP Châtelet commande cha- Cette soirée est consacrée aux rine Deneuve (Marion). Ici l’héroï- e a de Radio France, dir. Evelino Pido. 0.25 Possession aa 16.20 Le 13 Guerrier Œuvres de Haydn, Honegger. ? que année à quatre jeunes composi- deux adaptations par François truf- ne est une aventurière ambiguë, Andrzej Zulawski (Fr. - All., Film. John McTiernan . 22.00 Jazz, suivez le thème. teurs une œuvre de dix minutes, faut de romans de William Irish. faisant le mal d’une façon presque 1981, 125 min) !. Cinéfaz f En clair jusqu'à 18.25 All the Things You Are [1/4]. pour ses Concerts de midi. Les Swin- Ces deux films sont en rapport innocente. Tout en préservant les 1.25 La Nuit de San Lorenzo aaa 18.00 Downtown. 23.00 Le Conversatoire. Vittorio et Paolo Taviani (Italie, 1981, 18.25 Le Journal. 0.00 Tapage nocturne. gle Singers offrent en création avec des moments de la vie du grandes lignes de l’intrigue et l’at- & v.o., 100 min) . Cinéstar 1 18.35 La Momie a Déjeuner sur l’herbe, de Pascal cinéaste. Dans La mariée était en mosphère d’angoisse du roman 2.05 Cours privé aa Film. Stephen Sommers %. RADIO CLASSIQUE Zavaro. Ce madrigal à huit voix noir (1967), Truffaut achève le por- d’Irish, Truffaut va en réaliser une Pierre Granier-Deferre (France, 20.35 Himalaya, l'enfance d'un chef a 1986, 90 min) %. Ciné Cinémas 3 & 18.30 L'Actualité musicale. s’inscrit, après Debussy et Ravel, trait de fascination et de mystère adaptation moderne. Le regard du Film. Eric Valli . 2.10 Sous les toits de Paris aaa 22.20 Bande(s) à part. 20.40 Les Rendez-vous du soir. dans la tradition des chansons de de Jules et Jim dans les jeux de la réalisateur, ébloui, fasciné, a fait René Clair (France, 1930, Flores de otro mundo a Wilhelm Furtwängler, chef d'orchestre & & (n˚1). Œuvres de Weber, Beethoven, la Renaissance. Le rythme chalou- séduction féminine et de la vérité surgir, au-delà de l’univers d’Irish, 90 min) . Ciné Classics Film. Iciar Bollain (v.o.) . Mozart, Brahms, R. Schumann. aa 0.10 Lundi boxe. pé voisine avec une partie centrale d’une Jeanne Moreau en somnam- la fusion amoureuse de la comé- 2.50 L'Héritier 22.45 Les Rendez-vous du soir (suite). Philippe Labro (France, 1972, 1.10 Football. Coupe d’Angleterre. Œuvres de Bach, Haendel, révélant une liberté d’invention. bule de la douleur. La Sirène du dienne et de la femme. 110 min) &. Ciné Cinémas 1 Everton - Liverpool. CPE Bach, Haydn.

MARDI 17 AVRIL GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 19.00 Bolivie, en lutte 21.00 Wolfgang Sawallisch. 13.00 Annie Hall aaa TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE Par l'Orchestre Woody Allen (Etats-Unis, 1977, pour la coca. Planète & philharmonique tchèque. Muzzik 90 min) . Cinétoile 13.45 et 18.35 Le Journal de la santé. 20.45 et 1.00 Le Club. 19.30 Le Petit Livre de Pierre. RFO Sat Parié : les femmes ont-elles 22.00 Rhapsodie espagnole, de Ravel. 14.15 La Table tournante aa TF 1 14.05 Les Dessous de la Terre. gagné les élections ? LCI 19.55 Le Travail des enfants Par l'Orchestre philharmonique Jacques Demy et Paul Grimault & 13.55 Les Feux de l'amour. Sur un air de préhistoire. de Munich, dir. Sergiu (France, 1988, 75 min) . TV 5 14.35 17, hôtel de police. 21.00 La Mafia aux Etats-Unis. Forum au Pakistan. Planète aaa 14.50 De père en flic 2. Celibidache. Mezzo 14.35 Le Ciel de Paris 15.30 Les Yeux de la découverte. 22.00 Loteries et jeux de hasard. Forum 20.00 Les Secrets de la Méditerranée. 22.30 Symphonie espagnole, de Lalo. Michel Béna (France, 1991, Téléfilm. David Greene. Une montagne 85 min) &. Ciné Cinémas 3 16.40 Les Dessous de Palm Beach. 16.05 Petits contes économiques. 23.00 Le Marché de la drogue. Forum Avec Peter Zazofsly, violon. 16.35 Les Écrans du savoir. dans la mer, la Corse. Odyssée Par l'Orchestre symphonique 16.15 La Rivière aa 17.35 Sunset Beach. 17.35 100 % question 2e génération. MAGAZINES 20.00 Première Guerre mondiale. de la RTSI, dir. Zoltan Pesko. Mezzo Mark Rydell (Etats-Unis, 1984, 18.25 et 1.50 Exclusif. [8/12]. La guerre à l'Est, la Serbie v.o., 120 min) %. Ciné Cinémas 1 18.05 Le Monde des animaux. 22.50 Jacky Terrasson Trio 19.00 Le Bigdil. 13.05 L'Entretien. et la Palestine. La Chaîne Histoire 16.25 Les Nerfs à vif aa Les Chasseurs. au New Morning. En 2001. Muzzik 19.55 Tant qu'il y aura des hommes. Invité : Alain Finkielkraut. TV 5 20.15 Reportage. Le Piège guinéen. Arte Martin Scorsese (Etats-Unis, 1991, 18.55 Météo. 23.15 Luisa Miller. Opéra de Verdi. v.o., 125 min) ?. Ciné Cinémas 3 20.00 Journal, Tiercé, Météo. 19.00 Archimède. 13.45 Expression directe. PS. France 2 20.30 Il était une fois le royaume Par l'Orchestre de l'Opéra 17.55 Reds aa 20.55 Hercule et Sherlock 19.45 Météo, Arte info. 13.55 C'est mon choix. France 3 d'Angleterre. Ile de Wight. Odyssée de Lyon, dir. Maurizio Arena. Mezzo Warren Beatty (Etats-Unis, Film. Jeannot Szwarc. 20.15 Reportage. Le Piège guinéen. & 14.35 Petites histoires du cinéma. 20.30 L'Arche, 2 000 ans après. 23.50 Dianne Reeves. 1981, 185 min) . Cinétoile 22.30 Le Temps d'un tournage. 20.45 La Vie en face. Jules Berry. Ciné Classics [16/16]. Les phoques. Planète Au Théâtre antique, le 30 juin 1999, 18.15 L'assassin habite au 21 aa 22.35 Ciel mon mardi ! Cycle « La Bourse et la Vie ». 18.30 L'Invité de PLS. LCI lors du festival Jazz à Vienne. Henri-Georges Clouzot (France, 0.50 Les Rendez-vous de l'entreprise. L'Homme aux semelles d'or. 20.45 La Vie en face. Avec Otmaro Ruiz, piano ; 1942, 90 min). TV 5 L'Homme aux semelles d'or. Arte 21.40 Comedia. Richard II. 19.00 Archimède. Romero Lubambo, guitare ; 18.15 La Gueule de l'autre aa Tragédie en 5 actes Voir : Mue. Expérience : Saxo. 21.00 Marconi. Histoire Reginald Veal, basse ; Terreon Pierre Tchernia (France, 1979, FRANCE 2 de William Shakespeare. Sciences animées : Le barbier. « Bank » Gully, drums ; Munyungo & 21.00 Vélasquez. Mezzo 100 min) . Ciné Cinémas 1 13.50 Derrick &. 23.50 Les Renaud-Barrault, Portrait : Le site de Lascaux. Jackson, percussions. Muzzik bâtisseurs de théâtre. Observation : C’est combien l’infini ? 21.35 Sam Giancana, gangster. Planète 15.55 Planque et caméra. aaa Application : Généalogie. Arte & 0.50 Lola Montès 21.50 A quoi rêvaient THÉÂTRE 16.05 Rex . Film. Max Ophuls. 19.00 Le Grand Journal. LCI les jeunes filles ? Odyssée 16.55 Un livre. 19.00 Nulle part ailleurs. 21.40 Comedia. Richard II. 17.00 Des chiffres et des lettres. 21.55 Le nanisme, Tragédie en 5 actes M6 Invités : José Rossi ; de William Shakespeare. 17.35 Viper. Hélène de Fougerolles ; un handicap de taille. Mise en scène. Deborah Warner. Arte 18.20 Tutti frutti. 13.35 Le prix de la perfection. Fun Loving Criminals. Canal + A l'ombre des géants. Festival & 19.15 Qui est qui ? Téléfilm. Mark Haber . 15.05 Les Routes du paradis &. 19.30 et 0.45 Rive droite, 22.00 La Grande Dépression. TÉLÉFILMS 19.50 Un gars, une fille. rive gauche. Paris Première Faire face. La Chaîne Histoire 16.55 M comme musique. 17.50 La Bicyclette bleue. 20.00 Journal, Météo. 17.25 Rintintin junior &. 20.50 E = M 6 Spécial. 22.35 Une rivière au bout du monde. Invité : Lionel Jospin. [1/7]. Cobrunga River. Planète Thierry Binisti. [2/3]. Festival 17.55 Highlander %. Maigrir, les vraies solutions. M6 20.50 La Fille de d'Artagnan % 22.50 La Terre en question. 22.50 Fils de flic. Film. Bertrand Tavernier &. 18.55 Buffy contre les vampires . 20.55 Vie privée, vie publique. Igaal Niddam. Festival 19.50 I-minute. Au nom du père ! La mouche tsé-tsé, 23.05 On a tout essayé. Invités : Carole Amiel ; gardienne de l'Afrique. Odyssée 22.50 Le Virus assassin. 1.10 Journal, Météo. 19.54 Le Six Minutes, Météo. % & Bruno Mesrine ; José Giovanni ; 23.05 La République est morte Ben Bolt . M6 1.35 Commissaire de choc. 20.05 Une nounou d'enfer . Catherine Allègre-Papadacci ; à Diên Biên Phû. [2/2]. Planète Délit de fuite. 20.38 Un jour à part. Laurent Tapie ; Dominique Jamet ; COURTS MÉTRAGES 20.40 E = M 6 découverte. Marc-Antoine Jamet ; 23.15 Partir avec National Geographic. 20.30 Sous les toits de Paris aaa FRANCE 3 20.50 E = M 6 Spécial. Claude Lemoine ; Sylvie Genevoix ; Grand requin blanc 1.20 Libre court. Maigrir, les vraies solutions. Ari Boulogne. France 3 sous surveillance. Canal + Noire la vie. Sophie de Daruvar René Clair. Avec Albert Préjean, et Yves Thomas. France 3 Pola Illéry (France, 1930, 13.55 C'est mon choix. 22.50 Le Virus assassin. 21.00 Le Gai Savoir. Les grands écrivains. 23.30 Biographie. Bernard 95 min) &. Ciné Classics 14.50 Le Magazine du sénat. Téléfilm. Ben Bolt %. Invités : Jacques-Pierre Amette ; Law Montgomery. La Chaîne Histoire aa 1.00 Zone interdite. Jean Rouaud ; SÉRIES 20.45 Les Chiens de paille 15.00 Questions au gouvernement. 23.30 Tatouages à Raïatea. RFO Sat Sam Peckinpah (Grande-Bretagne, 16.10 Les Pieds sur l'herbe. Jean-François Kahn. Paris Première ! 23.50 Les Renaud-Barrault, 19.20 Hill Street Blues. 1971, 115 min) . Cinéfaz 16.35 MNK, A toi l'actu@. 21.05 Temps présent. La course à l'amour. & aa RADIO bâtisseurs de théâtre. Arte La lune . Monte-Carlo TMC 22.00 La Rivière 17.50 C'est pas sorcier. Ikéa : sauve qui peut les meubles. TV 5 Mark Rydell (Etats-Unis, 1984, 19.50 Homicide. % 18.15 Un livre, un jour. 22.15 Ça se discute. Remise en question &. Série Club 120 min) . Ciné Cinémas 2 FRANCE-CULTURE Peut-on supporter l'infidélité ? TV 5 SPORTS EN DIRECT 18.20 Questions pour un champion. 20.00 La Vie à cinq. 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. 19.30 In vivo. Invité : Vincent Croquette. 22.35 Ciel mon mardi ! 19.00 Basket-ball. Coupe Saporta. Finale. Rupture &. Téva Avec Gérard Jugnot ; Philippe Bouvard ; Chalon - Maroussi Athènes. Eurosport 20.10 Tout le sport. 20.30 Fiction. Lio ; Jean-Claude Camus. TF 1 20.45 Invasion planète Terre. 20.20 Tous égaux. Perspectives contemporaines. 20.00 Hockey sur glace. Entre enfer et paradis %. 13ème RUE 22.12 Multipistes. 1.00 Zone interdite. Championnats du monde. 20.55 Vie privée, vie publique. Le gang des portables. M6 20.50 Ally McBeal. Au nom du père ! 22.30 Surpris par la nuit. Division I. Groupe A : The Last Virgin (v.o.) &. Téva La Villa des vivants. 1.00 Rock Press Club. France - Pays-Bas. Pathé Sport 23.10 Météo, Soir 3. 21.25 The Crow, Stairway to Heaven. 0.05 Du jour au lendemain. David Bowie. Invités : Eric Dahan ; 20.45 Football. Ligue des champions. 23.40 Blood and Wine Freddy Saïd-Skouma Le bouc émissaire %. Série Club Film. Bob Rafelson ?. Stéphane Davet ; Florence Tredez ; Quart de finale, retour : (Le Corps du boxeur). Philippe Barbot ; Jérôme Soligny ; Deportivo La Corogne - 21.30 That 70's Show. 1.20 Libre court. Noire la vie. 0.40 Chansons dans la nuit. Yann Zitouni. Canal Jimmy Sophie de Daruvar et Yves Thomas. Leeds United. Canal + vert Quelques conseils à l'usage 1.00 Les Nuits. des garçons (v.o.) &. Canal Jimmy 1.40 Toute la musique qu'ils aiment. DOCUMENTAIRES 20.45 Football. Ligue des champions. Quart de finale. Match retour : 22.05 Le Club des Cinq. Disney Channel FRANCE-MUSIQUES FC Valence - Arsenal. Canal + 22.45 Twin Peaks. CANAL + 18.05 Le Monde des animaux. ème Les Chasseurs. [7/26]. La Cinquième Episode nº 27 (v.o.). 13 RUE a 18.00 Le jazz est un roman. 13.45 La Fidélité 19.07 A côté de la plaque. 18.25 L'Actors Studio. MUSIQUE 22.50 Les Chroniques de San Francisco. Film. Andrzej Zulawski %. [8/12] (v.o.). %. Téva 20.00 Un mardi idéal. Meg Ryan. Paris Première 18.30 Gerard Hoffnung. 16.25 et 0.10 Surprises. 23.35 Gabriel Bird, profession Invité : Jérôme Ducros. 19.00 Biographie. Sherlock Holmes, le Par l'Orchestre symphonique de aa 16.30 Un été en Suède 22.00 Jazz, suivez le thème. grand détective. La Chaîne Histoire Prague, dir. Pavel Vondruska. Mezzo enquêteur. Waldo. 13ème RUE 22.05 Der Gläserne Turm Film. Ulf Malmros &. Harald Braun. Avec Lilli Palmer, All the Things You Are [2/4]. Peter van Eyck (Allemagne, 1957, f En clair jusqu'à 20.30 23.00 Le Conversatoire. v.o., 105 min) &. Ciné Classics 18.00 Downtown &. 0.00 Tapage nocturne. 22.30 Le Ventre de l'architecte aaa 18.25 Nulle part ailleurs &. Peter Greenaway (GB - It., 1987, v.o., 20.30 Football. Ligue des champions. 115 min). Paris Première RADIO CLASSIQUE aa 20.45 FC Valence - Arsenal. 22.40 Calme blanc 23.15 Partir avec National Geographic. 18.30 L'Actualité musicale. La Cinquième Arte Ciné Classics Philip Noyce (Australie, 1989, Grand requin blanc 20.40 Les Rendez-vous du soir. 95 min). TSR sous surveillance &. Gide et la musique (n˚3), 14.35 17, Hôtel de police 20.45 L’Homme 22.05 Der Gläserne Turm aa 22.40 Les Géants aa 0.10 Surprises. Gide et les musiciens de son temps. Sam Miller (Grande-Bretagne, 1997, Œuvres de Franck, Wagner, Debussy, Pendant trois mois, Léon Desclo- aux semelles d’or Scénariste sous le régime nazi de & 0.15 Voyous, voyelles Fauré, Schmitt, Duparc, Chausson, v.o., 90 min) . Cinéstar 2 & zeaux a filmé le quotidien des équi- Portrait de Rafiq Hariri, milliardai- Goebbels, Harald Braun traitera à aaa Film. Serge Meynard. . Milhaud, Stravinsky, 22.50 A l'est d'Eden 1.50 Cotton Mary a 23.00 Les Rendez-vous du soir (suite). pes de l’hôtel de police du Val-de- re et premier ministre libanais, fil- partir de 1949 des sujets ambitieux, Elia Kazan (Etats-Unis, 1955, Film. Ismail Merchant (v.o.) &. Œuvres de Mozart, Beethoven. v.o., 115 min) %. Ciné Cinémas 3 Marne, pour raconter les activités mé par un cinéaste engagé, le réali- dont cette Tour de verre, un drame 23.40 Suzanne et ses idées aa diurnes et nocturnes de ses fonc- sateur syrien Omar Amiralay. psychologique, remarquablement George Cukor (Etats-Unis, 1940, SIGNIFICATION DES SYMBOLES tionnaires. Un documentaire très Dans la série « La Bourse et (?) la construit. Katia, brillante actrice, 120 min). TCM 0.00 La Valse de l'empereur aa Les codes du CSA Les cotes des films (trop) dense, qui fait à la fois état vie », ce portrait se transforme en renonce à sa carrière pour son Billy Wilder (Etats-Unis, 1948, & Tous publics aaa On peut voir de la perte de confiance des réflexions et en questions sur l’atti- époux, Robert Fleming. Un dramatur- v.o., 105 min) &. Ciné Cinémas 2 % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer aaa ? aaa citoyens, et des victimes, et du tude de l’intellectuel face au pou- ge américain relance la carrière de la 0.20 African Queen Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique John Huston (Etats-Unis, 1951, ? ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + stress d’une profession soumise voir : comment et jusqu’où l’appro- jeune femme. Mais son mari va ten- v.o., 100 min) &. Cinétoile ! Public adulte DD Dernière diffusion aux menaces voire aux représailles cher, faut-il jouer la transparence ter de détruire son équilibre psycho- 0.50 Lola Montès aaa ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Max Ophuls (France - Allemagne, # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants de certains délinquants. ou tendre des pièges ? logique… Inédit en France. 1955, 105 min). Arte 22

MARDI 17 AVRIL 2001 L’ancien président Joseph Estrada Bernard Kouchner souhaite relancer se livre à la justice philippine le débat sur le droit à l’euthanasie Un mandat d’arrêt pour corruption venait d’être lancé par un tribunal spécial Le ministre de la santé envisage de modifier la loi

L’ANCIEN président des Philippi- donner le palais présidentiel de lui. Par avocats interposés, il avait BERNARD KOUCHNER, minis- observe, sans conteste, une évolution que nous débattions au grand jour nes Joseph Estrada s’est livré lundi Malacanang, M. Estrada s’était en soutenu cette position lors du pro- tre délégué à la santé, souhaite de l’opinion française sur ces ques- de ce sujet, sans arrogance, sans cer- 16 avril à la justice de son pays. effet bien gardé de démissionner, cès en destitution pour corruption relancer, dès les prochaines semai- tions et il est clair que nous devons titudes ni position idéologique. » Quelques heures plus tôt, son et la Cour suprême avait alors sim- qui avait été ouvert dans le cou- nes, le débat sur le droit à mourir nous adapter, essayer d’être plus Une journée d’étude sur ce thè- arrestation venait d’être ordonnée plement déclaré la présidence rant de l’année 2000 devant le dans la dignité et, le cas échéant, humains que nous le sommes dans me sera prochainement organisée par un tribunal spécial de Manille vacante. Jouant de ce contexte, Sénat philippin, transformé pour modifier les dispositions législati- ces circonstances aussi difficiles »,a au ministère de la santé, avec les en charge de la lutte anticorrup- l’ancien acteur de cinéma, plus con- l’occasion en Haute Cour de jus- ves qui assimilent l’aide au suicide déclaré au Monde M. Kouchner. représentants des différentes pro- tion. Visant des infractions de par- nu sous son surnom d’« Erap », tice. Mais cette procédure avait été à un assassinat. Commentant les fessions soignantes, les associa- jure et de corruption, ce mandat avait alors argué de l’immunité ajournée le 16 janvier par les séna- résultats d’un sondage IFOP réalisé SOINS PALLIATIFS tions et des spécialistes de bioéthi- d’arrêt était le premier lancé con- pour se protéger des poursuites. teurs membres de la Haute Cour, pour Le Journal du dimanche et Pour le ministre délégué à la san- que. M. Kouchner se déplacera, tre M. Estrada, qui avait dû quitter qui avaient voté contre l’examen publié le 15 avril, M. Kouchner esti- té, la majorité des problèmes de fin d’autre part, fin juin, aux Pays-Bas le pouvoir le 20 janvier sous la pres- DÉTOURNEMENT D’ARGENT PUBLIC des comptes bancaires apparem- me que, si un consensus peut être de vie pourraient être réglés grâce pour étudier les modalités du systè- sion combinée de la rue, de l’ar- Ce qui n’avait pas empêché la ment utilisés par le chef de l’Etat trouvé sur cette question, un amen- à la pratique des soins palliatifs. me qui vient d’être définitivement mée et d’une procédure parlemen- justice d’ouvrir une enquête à son philippin à des fins illicites. L’ajour- dement pourrait être introduit « Mais en dépit des progrès réels qui adopté par voie législative dans ce taire en destitution pour corrup- endroit dès la fin du mois de jan- nement avait alors provoqué l’ex- dans le texte du projet de loi de ont été accomplis dans ce domaine, pays (Le Monde du 12 avril) et qui, tion. « Personne n’est au-dessus des vier, en visant des infractions de plosion populaire qui avait forcé le modernisation du système de san- ces dernières années, j’observe que sous certaines conditions, permet lois », avait aussitôt commenté pillage économique (passible de la président Estrada à quitter le pou- té dont le premier ministre a indi- l’offre de soins demeure très insuffi- aux médecins d’abréger l’existence l’un des magistrats de la juridiction peine de mort), de parjure et de voir. qué qu’il serait soumis au Parle- sante. De nombreux établissements de certains de leurs patients incura- spécialisée, Narciso S. Nario. corruption. Réagissant au lancement du pré- ment avant la fin de l’année. hospitaliers publics et privés ne dispo- bles. « Plus généralement, face au Dans un pays très respectueux Depuis son arrivée aux affaires, sent mandat d’arrêt, les avocats de Selon le sondage du JDD,38% sent pas d’équipements spécialisés et modèle hollandais, il nous faudra, du droit, cette nouvelle étape judi- fin janvier, le gouvernement philip- M. Estrada se sont déclarés con- des Français estiment que la loi il existe des cas où, face aux person- sur des questions relatives à la dépé- ciaire fait suite à l’inculpation pour pin n’a eu de cesse d’obtenir la tra- fiants. Malgré la pression exercée devrait dorénavant autoriser les nes en fin de vie, nous nous compor- nalisation de la consommation de corruption qui avait été officielle- duction de M. Estrada devant la par les nouvelles autorités, diri- médecins à mettre fin, sans souf- tons de manière indigne », souligne cannabis ou à la réglementation de ment prononcée, le 4 avril, contre justice de son pays, en lui repro- gées par la présidente Gloria Maca- frances, à la vie des personnes M. Kouchner. « Pour autant, pour- la pratique de la prostitution, nous Joseph Estrada. La veille, une déci- chant d’avoir touché des millions pagal-Arroyo, l’ancien acteur atteintes de maladies insupporta- suit-il, les soins palliatifs ne régle- poser, dans un strict souci de santé sion de la Cour suprême des Philip- de dollars de pots-de-vin venant n’avait pourtant jamais évoqué bles et incurables, qui le demande- ront pas tous les problèmes. Nous publique, la question de savoir si pines avait confirmé que l’intéres- des jeux clandestins et d’avoir l’hypothèse d’un exil, affirmant crâ- raient. Une personne sur deux esti- serons toujours confrontés à quel- nous devons ou non faire évoluer sé ne pouvait plus invoquer l’im- détourné de l’argent public. Triom- nement vouloir affronter « tout me qu’une telle possibilité devrait ques cas d’un autre ordre, à des notre législation et modifier nos inter- munité présidentielle pour échap- phalement élu en 1998, le prési- futur défi qui puisse se présenter ». être offerte « dans certains cas ». demandes de mort choisie, de mort dits », précise M. Kouchner. per à la justice. Après le 20 janvier, dent déchu a cependant toujours Il a tenu parole, lundi, en se livrant Seuls 10 % des sondés sont oppo- douce, de suicide assisté. Il est deve- quand il avait été contraint d’aban- nié les accusations portées contre à ses juges. – (AFP, AP.) sés à la modification de la loi. «On nu indispensable, me semble-t-il, Jean-Yves Nau La Turquie obligée de choisir entre l’austérité et l’effondrement KEMAL DERVIS – l’ancien vice- tement énorme et une inflation pro- président de la Banque mondiale che de 60 % en moyenne sur cette que la Turquie, son pays, a rappelé période. « Quand on paie son café d’urgence début mars pour la sau- 1 million de livres, cela veut dire que ver de la tourmente économique et quelque chose ne va pas », poursuit financière – aborde une phase cet économiste. extrêmement critique de sa mis- « La Turquie doit restructurer de sion à la tête du ministère de l’éco- fond en comble son économie »,a nomie. Passé quelques semaines dit Kemal Dervis. Dans un premier d’expectative au cours desquelles temps, Kemal Dervis veut rassurer chacun attendait de lui le miracle, les marchés financiers et obtenir le mécontentement populaire susci- de nouveaux financements interna- té par la crise – une chute de 47 % tionaux. Il a émis l’espoir qu’un de la valeur de la livre turque par accord serait trouvé la semaine pro- rapport au dollar, des faillites et chaine avec les institutions finan- des dizaines de milliers d’emplois cières internationales sur un prêt perdus – s’exprime désormais dans de 10 à 12 millions de dollars. Le les rues des grandes villes de Tur- ministre a annoncé d’autre part quie, au moment où M. Dervis que les dépenses du secteur public annonce qu’il n’est pas d’autre seraient réduites de 9 % et que les remède qu’une potion très amère. recrutements allaient être gelés Alors qu’il présentait son pro- dans la fonction publique, qu’il a gramme de redressement samedi qualifiée de pléthorique. 14 avril, des dizaines de milliers de manifestants défilaient dans les DOULOUREUSES RÉFORMES rues de plusieurs villes du pays Il a aussi promis de déposer pro- pour dénoncer la montée des prix chainement devant le Parlement et du chômage depuis l’effondre- un projet de loi sur la réforme du ment de la monnaie nationale en secteur bancaire, jugée cruciale février, aux cris de «FMI go par les partenaires extérieurs de la home » et avec des slogans hostiles Turquie. Autant de réformes dou- au premier ministre, Bulent Ecevit. loureuses pour la classe politique, « Nous devrons tous nous serrer la parce qu’elles touchent aux fonde- ceinture… N’attendez pas de moi des ments de son système clientéliste. mesures qui résoudront les problè- Au lendemain de sa prestation, mes du jour. Nous ne pouvons dyna- des observateurs faisaient remar- miter l’avenir pour sauver le quoti- quer que ces mesures ont déjà été dien », déclarait au même moment annoncées depuis plusieurs semai- Kemal Dervis, avec un parler franc nes et que très peu ont à ce jour que peu d’hommes politiques ont été soumises au Parlement. Malgré jusqu’ici osé. M. Dervis prédit une les encouragements que lui ont contraction de 3 % de la croissance prodigués pendant le week-end les économique cette année (en espé- Etats-Unis et le FMI, malgré le sou- rant un taux de 5 % en 2002) ; il pré- tien officiellement affiché par la voit un taux d’inflation de 52,5 % à coalition des partis au pouvoir à la fin 2001, qu’il compte voir bais- Ankara, Kemal Dervis, pour réus- ser sensiblement l’année prochai- sir, doit vaincre, plus encore que le ne. C’est la fin de ce qu’un écono- mécontentement populaire et syn- miste appelle « le pseudo-miracle dical, les hésitations des partis à turc », à savoir le fait que ce pays, rompre avec le système dont ils se depuis vingt-cinq ans, avait relative- nourrissaient. ment bien vécu, avec un taux de croissance assez soutenu, un endet- Claire Tréan DÉPÈCHES a DANONE : Franck Riboud, le PDG du groupe agroalimen- taire a été déclaré persona non grata au Pays basque, où il possè- de une résidence secondaire, par le parti indépendantiste de gau- che Abertzaleen Batasuna (AB). « Nous sommes choqués par les licenciements des salariés de Danone-LU » a expliqué le porte- parole d’AB, Jean-Noël Etcheverry dit « Txetx », dimanche 15 avril. a PCF-VERTS : Clémentine Autain, adjointe apparentée PCF au maire de Paris, a fustigé le comportement des élus Verts de la capitale dans un entretien au Parisien du 15 avril. « Les Verts râlent et ils me fatiguent (…). On n’arrive plus à savoir s’ils règlent leurs problèmes internes ou s’ils s’intéressent vraiment à Paris. » Mme Autain a, par ailleurs, jugé « insuffisantes » les mesures socia- les annoncées, jeudi 12 avril, par le premier ministre et estimé que « le gouvernement est en panne de projet ».

En raison des fêtes de Pâques, « Le Monde Economie » paraîtra avec a « Le Monde interactif » dans nos éditions du mardi 17 avril daté 18.

Tirage du Monde daté dimanche 15-lundi 16 avril 2001 : 486 454 exemplaires. 1-3 LES REPÈRES MERCREDI 18 AVRIL 2001

EUROPE BOUSSOLE Alain Quévreux, chef du service Les échanges de Soulagée Pretoria avec le reste Europe de l’ANRT, aide les de l'Afrique du fardeau b Malgré la reprise économique, Les ressources OFFRES D’EMPLOI en 1998 du secteur chercheurs moral de l’engouement pour l’action humanitaire en 1996 b Conseil p. XI IMPORTATIONS 2,7 % PUBLIQUES PRIVÉES à mettre en l’apartheid, ne se dément pas (page VIII) b Gestion et administration p. XIII EXPORTATIONS 13,7 % b œuvre leurs l’Afrique La CFDT tente de séduire les salariés 44 % 56 % b Marketing p. XIV projets du Sud de la Défense grâce à de nouveaux b Carrières internationales p. XIV communau- s’est lancée à l’assaut commercial services (page IX) b High-tech p. XV taires du continent b La consigne de Thales à ses cadres : apprenez (page IV) (page V) à vous tutoyer... (page X)

34 pays de la région se réunissent, du 20 au 22 avril à Québec, Le dollar, future monnaie pour construire une zone de libre- échange de 800 millions d’habitants unique des Amériques ? e nouveau président améri- Unis, a rappelé récemment son pré- – sans oublier Cuba – la devise amé- L’hégémonie du billet vert cain avait réservé au Mexi- sident, Alan Greenspan. ricaine est de fait devenue la mon- que la primeur de son pre- Les difficultés de l’Argentine ne naie de référence, la dollarisation a L mier déplacement officiel à font pas, il est vrai, beaucoup de jusqu’à présent toujours été déci- l’étranger. Marquant ainsi l’impor- publicité à ce projet. Le pays est dée par nécessité économique, ÉTATS-UNIS ET CANADA tance du pays aux yeux de Washing- entré dans sa troisième année de jamais par volonté politique comp- DOMINENT LE CONTINENT ton. Pour le deuxième, George récession. Depuis dix ans, il a pour- te tenu de l’abandon de souveraine- PRODUIT INTÉRIEUR BRUT W. Bush ne quittera pas non plus le tant appliqué scrupuleusement les té important que cela constitue. continent : il se rendra, du 20 au recettes prônées par Washington : Malgré ce bilan mitigé, des éco- en milliards de dollars 22 avril, à Québec, pour participer libéralisation des échanges, privati- nomistes de renom, comme Ricar- au troisième sommet des Améri- sation, assouplissement du marché do Hausmann, militent pour une AMÉRIQUE DU NORD : 8910 ques, qui réunit 34 pays de la du travail et, surtout, un ancrage dollarisation totale de l’Amérique région – à l’exception de Cuba. rigide à la devise américaine à tra- latine. Pour lui, la mondialisation AMÉRIQUE LATINE : 2028 Durant sa campagne électorale, vers un système de « currency ne laisse aucune chance aux pays à il n’avait pas caché ses ambitions board » (caisse d’émission), mis en monnaie faible, qui devront – tôt pour l’ensemble de « l’arrière- place par Domingo Cavallo. Celui- ou tard – se rattacher au dollar, à cour » américaine. Au point d’en ci a été rappelé à la rescousse aux l’euro ou au yen. Si les pays émer- faire la seule priorité explicite de sa finances, le mois dernier, par le pré- gents acceptent généralement politique commerciale. Quitte à sident argentin de la Rua pour sor- l’idée de zones monétaires régiona- reprendre une vieille idée de papa. tir le pays de l’impasse. Car si, dans les, certains aimeraient – comme le C’est en 1990 que Bush Senior un premier temps, la dollarisation Brésil, qui suggère une monnaie avait lancé son « Initiative pour les permet de gagner une précieuse « latino » – que ce ne soit pas tou- Amériques » visant à englober stabilité monétaire, cette dépen- jours à l’ombre des grandes puis- dans une vaste zone de libre-échan- dance peut très vite devenir un han- sances. Ce à quoi d’aucuns répon- ge l’ensemble du continent. Tenté, dicap. dent qu’on ne fait pas une monnaie dans un premier temps par une L’Equateur et le Salvador vien- forte avec des monnaies faibles. L’AMÉRIQUE DU NORD EST autre région promise à un bel ave- nent à leur tour de franchir le pas. LE PREMIER CLIENT nir – l’Asie-Pacifique –, son succes- Le Guatemala et le Costa Rica réflé- Laurence Caramel DE L’AMÉRIQUE LATINE seur, Bill Clinton, avait finalement chissent. Sur un continent où et Serge Marti signé en 1994 le projet d’Accord de 61,6 % DES EXPORTATIONS DE libre-échange nord-américain (Ale- L’AMÉRIQUE LATINE SONT na), qui s’étend des plateaux cana- À DESTINATION DE L’AMÉRIQUE DU NORD diens du Yukon à la péninsule mexi- caine du Yucatan. 15,6 % DES EXPORTATIONS DE Aujourd’hui, W avec son repré- L’AMÉRIQUE DU NORD SONT À DESTINATION DE L’AMÉRIQUE LATINE sentant au commerce, Bob Zoel- lick, considéré comme un des plus fervents promoteurs de l’intégra- LE DOLLAR EST UNE MONNAIE tion économique du continent, est FORTEMENT UTILISÉE… bien décidé à tout faire pour recon- quérir la zone de chalandise sud- PART DES DÉPÔTS BANCAIRES EN DOLLARS américaine. Une date butoir a été en % ARGENTINE 43,9 fixée à janvier 2005 pour boucler le BOLIVIE 82,3 traité qui donnera le jour à la Zone COSTA RICA 31,0 de libre-échange des Amériques (ZLEA), un marché de 800 millions NICARAGUA 54,5 d’habitants et de quelque PÉROU 64,0 11 000 milliards de dollars. URUGUAY 76,1 La nouvelle administration pour- rait-elle aller au-delà ? En propo- sant à ses voisins régulièrement … MAIS CERTAINS PAYS VEULENT RÉSISTER plongés dans les turpitudes moné- À SA SUPRÉMATIE taires une « sainte alliance » avec le dollar ? Pour l’heure, la Maison FAISABILITÉ ET « DÉSIRABILITÉ » DE L’ADOPTION DU BILLET VERT Blanche observe un prudent silen- 10 ce. Si la dollarisation de l’Améri- EQUATEUR 9 ARGENTINE que latine est bien un sujet de NICARAGUA débat, il se déroule – du moins au 8 URUGUAY MEXIQUE niveau politique – de l’autre côté PÉROU 7 COSTA RICA CANADA du Rio Grande. Les officiels améri- 6 cains ne se sont jamais montrés très emballés par ce partage moné- HONDURAS 5 taire. Echaudés par la crise mexicai- 4 ne de 1994 et la pompe à finances FAISABILITÉ CHILI COLOMBIE 3 BRÉSIL GUATEMALA qu’il avait fallu diriger vers le peso VENEZUELA sous peine d’être à leur tour victi- 2 PARAGUAY mes de l’effet « tequila », ils se 1 méfient de tout accord qui pour- 0 rait formaliser cette solidarité. La 12345678910 Réserve fédérale américaine ne DÉSIRABILITÉ prendra jamais ses décisions qu’en Infographie : Le Monde - Sources : OMC/FMI/Banque mondiale/Dempere et Quenan fonction des intérêts des Etats- II / LE MONDE / MERCREDI 18 AVRIL 2001 DOSSIER ̄ CHANGE La dollarisation, Questions-réponses solution miracle ou fausse bonne idée ?

Quels sont zone franc en Afrique centrale a question divise les plus dévastateurs sur les finances publi- gion menace, comme lors de la cri- les différents régimes et occidentale ou la zone euro. brillants économistes. Sur le L’effondrement ques. Car plus la devise américaine se du peso mexicain en 1994. 1 de change ? En 1999, le Canadien Robert campus de Harvard (Etats- s’apprécie, plus les intérêts à verser Deuxième inconvénient : la perte On distingue généralement Mundell s’est vu décerner le prix LUnis), le bouillonnant Jef- de monnaies s’alourdissent. des droits de seigneuriage. Ces trois types de régimes de chan- Nobel de sciences économiques frey Sachs qui dirige le centre pour Deuxième raison avancée pour droits que tire la Banque centrale ge. Le premier est le régime de pour ses travaux sur la théorie le développement international fait accrochées au dollar séduire des Etats, souvent abonnés du placement de ses réserves de changes flottants, dans lequel le des zones monétaires optimales partie de ceux qui ont dit non. Non par le passé à l’hyper-inflation, la change représentent des sommes cours de la monnaie est en théo- (ZMO). Ce diplômé du Massa- à la dollarisation car « c’est une a été jugé responsable dollarisation permet de contrôler rondelettes : 750 millions de dollars rie uniquement déterminé par chusetts Institute of Technology camisole, pas une solution ». Faux, les prix car le pays est désormais par an pour l’Argentine. En dollari- la loi de l’offre et de la deman- (MIT) de Boston, âgé de 68 ans, rétorque Ricardo Hausmann, qui de la débâcle des pays directement branché sur la Réserve sant, cette somme s’envole. de. Les cours du dollar, de a fondé cette théorie en 1961. vient tout juste de quitter la Ban- fédérale qui, on le sait, ne tolère pas En janvier 2000, l’Equateur en l’euro ou du yen sont fixés selon L’économiste se demandait s’il que interaméricaine de développe- émergents en 1997 l’inflation. plein chaos a choisi de répudier sa ce système. est possible de faire coïncider les ment (BID), lui aussi pour Harvard. Enfin, faire ce choix contraint les monnaie, le sucre. Il a rejoint le Le second est le système de frontières monétaires et politi- Pour lui, la dollarisation des écono- réflexions en cours sur la réforme gouvernements à une politique ver- Panama, seul pays indépendant change fixe, dans lequel un pays ques. Cette analyse a débouché sur mies d’Amérique latine, c’est-à-dire du système monétaire internatio- tueuse, puisqu’ils ne peuvent guère du continent à avoir officielle- détermine « une fois pour tou- le « triangle d’incompatibilité » :la l’abandon des monnaies locales au nal. Les pays émergents doivent-ils dépenser plus de dollars qu’ils n’en ment adopté le dollar en 1904. tes » le niveau de change qu’il liberté de circulation des capi- profit du billet vert, est la voie à sui- adopter une devise internationale – reçoivent dans leurs caisses. L’Argentine, elle, depuis l’arrivée souhaite pour sa monnaie. La taux, la fixité des taux de change vre. C’est à ce prix que les voisins en l’occurrence le dollar – ou, au du nouveau ministre de l’écono- méthode du currency board (cais- et l’autonomie de la politique pauvres de l’Oncle Sam pourront contraire, laisser flotter leur mon- PIEDS ET POINGS LIÉS mie, Domingo Cavallo, semble se d’émission) est un des monétaire ne peuvent être effec- entrer dans le club très fermé de naie ? Qu’ils soient partisans de Face à cette série d’arguments, s’éloigner de cette solution radica- moyens de l’établir. Le principe tuées toutes trois en même ceux qui ont la confiance des inves- l’une ou l’autre solution, les deux les opposants à la dollarisation le. Il y a quelques jours, il a préco- est le même que celui qui gou- temps. Il faut en choisir deux seu- tisseurs étrangers. Un sésame qui, camps semblent néanmoins d’ac- rétorquent que ce scénario omet de nisé un double rattachement, au vernait l’étalon-or jusqu’à la pre- lement parmi les trois sommets chiffré en milliards de dollars de cord sur un point : il ne peut plus y mentionner une condition essentiel- dollar certes mais aussi à l’euro. mière guerre mondiale, explique de ce triangle. Selon lui, les chan- flux de capitaux, est jugé indispen- avoir de demi-mesure. le : le pays doit accepter d’abandon- Le « currency board » adopté en Dominique Plihon dans Taux de ces d’atteindre l’optimum dans sable pour faire décoller les écono- Les pro-dollarisation s’appuient ner sa politique monétaire. Politi- 1991 serait alors directement change (La Découverte, 1999) : une zone monétaire sont plus mies en développement. sur une réalité peu contestable. En quement, il y a un pas difficile à remis en question. une devise forte, généralement grandes entre économies concur- Amérique latine, à l’exception du franchir. Car cela signifie se retrou- Le Brésil, qui a pour vocation de le dollar, est substituée à l’or rentes qu’entre économies com- VOLATILITÉ Brésil et du Chili, le billet vert est la ver pieds et poings liés face aux jouer le rôle de puissance régionale dans le rôle d’étalon. Concrète- plémentaires. Robert Mundell Longtemps confiné aux cercles monnaie la plus utilisée. Environ options de Washington. au sein d’un Mercosur élargi, est ment, les autorités monétaires est hostile à un découpage du académiques, ce débat très techni- 80 % des dépôts du système bancai- Dans ce système, en effet, et c’est définitivement hostile à ce troc s’engagent à gager toute émis- monde en microrégions dotées que a repris de l’intensité depuis la re de la Bolivie et de l’Uruguay sont déjà le cas dans le cadre du « curren- monétaire. Pour Brasilia, l’avenir sion monétaire sur les réserves chacune d’une monnaie. Il suggè- crise financière asiatique en 1997. en dollars, alors qu’en Argentine et cy board » (caisse d’émission) passe par la création d’une mon- de change dont elles disposent. re au contraire de regrouper les L’effondrement de monnaies jus- au Pérou, cette proportion atteint argentin, le pays perd ses instru- naie commune à l’Amérique latine. L’Argentine, en adoptant ce régions en zones affichant des que-là accrochées, de façon plus ou 44 % et 64 %. Sauter définitivement ments habituels de réglage de l’éco- Le Chili et le Pérou ont aussi rejeté système en 1991 a retenu une spécialisations homogènes et moins contraignante, au dollar a en le pas, en envoyant au pilon la mon- nomie. En cas de crise – récession, l’hypothèse d’une dollarisation. parité de 1 dollar pour 1 peso. une importante mobilité de la effet été jugé responsable de la débâ- naie locale, présenterait, selon eux, fuite de capitaux –, il se trouve inca- « Jusqu’à présent le choix du dollar a Le pays gagne la stabilité de sa main-d’œuvre. cle des pays émergents. Pour défen- au moins trois avantages. pable de réinjecter des liquidités plutôt été le fait de pays en perdition, monnaie, mais perd toute liber- dre leur devise et enrayer la fuite Premièrement, cela permettrait puisque désormais seule la Réserve comme s’il pouvait offrir un dernier té de sa politique monétaire. La Quels pays ont généralisée des capitaux, ces pays de supprimer la volatilité des chan- fédérale américaine est habilitée à sursaut de crédibilité aux yeux du dollarisation constitue un déjà opté officiellement ont englouti en vain des milliards de ges. Cette perspective ne peut être jouer le rôle du « prêteur en dernier monde extérieur », constate Carlos moyen encore plus radical d’an- 3 pour le dollar ? dollars et ils ont été obligés d’appli- qu’approuvée par les investisseurs ressort ». Une hypothèse que cette Quenan, professeur à l’Institut des crer sa monnaie, puisqu’il y a Selon la dernière liste publiée quer des hausses de taux d’intérêt étrangers qui redoutent par-dessus dernière s’est jusqu’à présent bien hautes études de l’Amérique latine. substitution totale du dollar à la par la Banque mondiale, trente assassines pour la croissance. tout de voir fondre leurs capitaux gardée d’envisager. Que ses voisins Les autres Etats se sont bien gardés devise locale. pays ont adopté la devise améri- La question du « bon régime de sous l’effet des dévaluations. Sur- adoptent le dollar, soit ! Mais il de s’engager dans cette voie diffici- Un pays peut aussi choisir caine. L’Equateur, qui a fait ce change » dans un monde où les tout, pour des pays lourdement n’est pas question que les Etats- lement réversible. d’encadrer sa monnaie dans des choix en janvier 2000, est le plus capitaux circulent librement est endettés en dollars, la moindre Unis soient obligés de voler à leur bandes de fluctuation. Sa mon- grand d’entre eux, avec 12,2 mil- donc devenue centrale dans les variation de parité a des effets secours. Sauf si le risque de conta- Laurence Caramel naie évoluera alors autour d’un lions d’habitants. Vient ensuite taux pivot, et la banque centra- le Panama, 2,5 millions d’habi- le, en jouant sur les réserves de tants, dollarisé depuis 1904. En change, devra veiller à ce que les dehors de ces deux cas, la liste parités ne sortent pas de cette comporte surtout des micro- Le Brésil fait de la résistance fourchette. Il existe un système Etats souvent insulaires. encore plus souple, le crawling Porto Rico, qui a un statut peg (ancrage à crémaillère) qui, d’Etat libre associé aux Etats- RIO DE JANEIRO Avant l’effondrement de 40 % du real en jan- L’adoption de la devise américaine serait-elle tout en retenant l’idée des ban- Unis, est également officielle- de notre correspondant vier 1999, la dollarisation ne faisait pas débat au de nature à sauver le Mercosur du marasme dans des de fluctuation, ménage aussi ment dollarisé depuis 1899. i le blocus économique prenait fin, Cuba Brésil. Mais la déstabilisation durable des lequel il s’enfonce depuis deux ans ? « La dollari- l’éventualité de dévaluations gra- serait dollarisé avant même la chute de échanges commerciaux que la dévaluation a sation du marché commun du cône Sud contribue- duelles. Ce système est par Dans quelle situation Fidel Castro », affirme Steven H. Hanke, entraînée au sein du Mercosur (l’union douaniè- rait à aggraver la situation », estime Reinaldo exemple en place au Venezuela. se trouve S professeur à l’université Johns Hopkins re associant le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et Gonçalves, professeur d’économie internationa- Les récentes crises de change 4 Cuba ? de Baltimore (Etats-Unis), dans un récent entre- le Paraguay) a obligé les responsables économi- le à l’Université fédérale de Rio de Janeiro. L’ex- dans les pays émergents ont Depuis le milieu des années tien au quotidien économique brésilien Gazeta ques brésiliens à aborder ce sujet, qui semble périence de la zone euro ne l’inspire pas davanta- montré que les systèmes inter- 1990, le régime de La Havane Mercantil. leur donner de l’urticaire. ge. Il se dit « très sceptique » quant à l’avenir de médiaires étaient très coûteux à admet l’utilisation du dollar Pour ce spécialiste de la dollarisation et l’euro et considère que « personne ne comprend défendre lorsque la monnaie pour certaines activités. Coexis- ancien conseiller du ministre argentin de l’éco- DÉSÉQUILIBRE DES TAUX DE CHANGE la gestion de la Banque centrale européenne ». locale est victime d’un mouve- tent ainsi « trois monnaies », le nomie, Domingo Cavallo, l’abandon des mon- Le ministre des finances, Pedro Malan, et le Pour lui, « l’instabilité monétaire en Amérique ment de défiance généralisée. peso cubain (non convertible), naies nationales au profit de la devise américai- gouverneur de la Banque centrale, Arminio Fra- latine découle essentiellement de la trop grande le peso convertible et le dollar. ne – une idée qui compterait des adeptes de ga, ancien gérant d’un fonds spéculatif de Geor- ouverture commerciale que doivent affronter des Qu’est-ce Cette reconnaissance du dollar plus en plus nombreux au Fonds monétaire ge Soros, ne veulent même pas en entendre par- économies très fragiles et extrêmement vulnéra- qu’une zone pour certaines transactions international (FMI), à la Banque mondiale et au ler comme hypothèse applicable à leur pays. bles aux variations des liquidités internationa- 2 monétaire ? avait été décidée dans l’urgence département d’Etat – relève d’une dynamique Même parmi les ultra-libéraux, dénicher un éco- les. Dollariser reviendrait non seulement à renon- Une zone monétaire est une pour répondre à l’effondrement apparemment irréversible au sud du Rio Gran- nomiste brésilien favorable à la dollarisation cer à un puissant instrument de politique moné- association formelle ou informel- de l’économie. Ainsi, Cuba, com- de. Seul le Brésil serait en mesure de résister à relève pour l’heure de la gageure. Face à la crise taire en cas de crise, mais aussi à abdiquer le pri- le réunissant des Etats ayant me nombre de ses voisins l’hégémonie annoncée du billet vert sur le conti- provoquée par le déséquilibre des taux de chan- vilège de battre monnaie, qui reste l’une des prin- choisi une devise commune. Par- d’Amérique latine, se trouve nent, surtout après l’entrée en vigueur de l’Alca, ge entre les pays de la région, il a été furtive- cipales manifestations de la souveraineté nationa- mi les zones informelles figure dans une situation de dollarisa- la zone de libre-échange des Amériques qui doit ment question de travailler à l’élaboration le. L’élite brésilienne, ajoute-t-il, n’a rien à crain- la zone dollar, c’est-à-dire le dol- tion de fait. Cette situation englober, à partir de 2006, tous les pays du conti- d’une monnaie commune du Mercosur, compa- dre, car elle possède déjà ses comptes en dollars lar et toutes les monnaies qui lui aggrave les inégalités entre ceux nent à l’exception de Cuba. « Le Brésil, expli- rable à l’euro. Mais les menaces qui pèsent dans des paradis fiscaux ». sont liées. Les zones formelles qui peuvent se procurer des que-t-il, rêve de commander en Amérique latine. actuellement sur le peso argentin ont renvoyé comprennent, par exemple, la billets verts et les autres. Il ne peut y prétendre si sa monnaie est le dollar. » le dossier aux oubliettes. Jean-Jacques Sévilla Le futur marché commun des Amériques incite à l’adoption du billet vert

ême si les raisons qui inexorable. Cette décision revient que, un mois après la décision Le renoncement à la monnaie Le coût politique d’une telle déci- poussent les pays Les entrepreneurs en effet à prendre position dès d’intégration monétaire décidée nationale fait de la Réserve fédé- sion est pour l’instant trop élevé. d’Amérique latine à aujourd’hui dans le changement par son pays, les taux d’intérêt rale américaine le seul décideur en De même celui d’une dévaluation, Mdollariser leurs écono- d’Amérique centrale que va provoquer l’instauration de étaient passés de 20 % à 11,5 %. matière de politique monétaire, que l’Argentine s’interdit d’utiliser, mies ne sont pas identiques, elles la zone de libre-échange des Amé- L’ensemble des participants se avancent ceux qui sont opposés à à l’inverse du Brésil. Une politique reposent toutes sur une obsession estiment que riques entre les 34 pays du conti- sont accordés pour reconnaître la dollarisation. La réalité est autre- hybride qui explique, pour partie, commune : en finir avec l’instabili- nent à l’horizon de l’année 2005. qu’avec la dollarisation de son éco- ment plus complexe, soutiennent la récession que vit ce pays depuis té et ne pas retomber dans les cau- la dollarisation Avec 50 % de ses échanges nomie le Salvador était devenu le ses partisans en citant le cas de l’Ar- près de trois années. Pour les chemars de l’hyperinflation. Le commerciaux avec les Etats-Unis, pays le plus compétitif pour attirer gentine, qui en 1991 a adopté une Argentins, l’intérêt d’une dollarisa- Panama a adopté le dollar en 1904, permet d’attirer contre seulement 9 % avec le Mexi- les investisseurs étrangers. « La dol- loi sur la convertibilité du peso tion serait réel avec la disparition mais son économie, liée à la rente que, son grand voisin du nord, le larisation des économies de la dans le cadre d’un taux de change du risque de dépréciation du peso du canal, renseigne assez peu sur les investissements Guatemala analyse sa décision région va s’accentuer jusqu’en fixe avec le dollar. Pour eux, Bue- et la baisse des taux d’intérêt, sus- les effets d’une telle décision. comme l’ouverture d’une période 2005 », assure l’économiste guaté- nos Aires a cumulé les désavan- ceptible de favoriser une croissan- L’Equateur a choisi d’abandonner étrangers de transition qui lui permettra de maltèque Pablo Rodas. Il ajoute tages en ne changeant pas sa mon- ce dynamique. le sucre pour le billet vert en janvier satisfaire à des critères fondamen- qu’à cette date elle sera « une réa- naie contre le billet vert, largement Les autorités américaines, que ce 2000, pour tenter de sortir d’une cri- Les négociations en cours pour taux (discipline fiscale, système lité de fait ». utilisé dans l’économie du pays. soit avec l’Argentine ou tout autre se abyssale. Le choix du Salvador créer sur le continent américain (à financier solide, intégration régio- pays, n’ont pas de religion sur le de dollariser son économie, en jan- l’exception de Cuba) une zone de nale commerciale et réserves problème de la dollarisation. Elles vier dernier, résulte plus d’un pro- libre-échange (ALCA) de 800 mil- monétaires suffisantes). L’opposition de Forum Equateur alternatif se sont toujours montrés réser- cessus général d’assainissement, ce lions d’habitants expliquent en De fait, les réformes monétaires vées, rappelant qu’une telle déci- qui explique son relatif succès, et grande partie ce mouvement. décidées par le Salvador exercent Une dizaine d’intellectuels, d’économistes et de responsables politi- sion « n’est pas une baguette magi- semble révéler une tendance lour- Même s’il est prématuré de par- une forte pression sur les autres ques, parmi les plus influents d’Equateur, se sont regroupés au sein que », et qu’« aucun régime de de pour les pays de la région. ler d’une vague de dollarisation, pays centro-américains. Réunis à de Forum Equateur alternatif pour présenter une politique opposée à change n’est plus crédible que les Le Guatemala, lui, prend date les économies engagées dans le San José, au Costa Rica, en février celle de la dollarisation de l’économie du pays. Ils dénoncent la déci- fondamentaux économiques qui le pour le futur en se plaçant dans processus présentent toutes les dernier, les principaux respon- sion du gouvernement équatorien, appliquée le 9 janvier 2000, de soutiennent ». une voie intermédiaire, avec l’adop- mêmes caractéristiques : marché sables des entreprises de la région renoncer à la monnaie nationale, le sucre, au profit du dollar. Ils ont Quoi qu’il en soit, les autorités tion (dès mai) d’une loi dite de libre restreint, intégration régionale per- se sont prononcés en faveur d’une présenté une « proposition alternative » en quatorze points destinée à américaines ont clairement indi- négociation de devises, qui autori- pétuellement retardée, ouverture dollarisation de leurs économies alimenter la réflexion des Equatoriens dans trois domaines : la relan- qué que leur politique monétaire sera la détention et l’utilisation de commerciale réelle et grande pau- pour garantir la stabilité et attirer ce de l’économie, le retour à la souveraineté monétaire, la répartition continuerait à être décidée en fonc- comptes libellés en monnaie étran- vreté. les investissements étrangers, indis- plus égalitaire de la richesse nationale. Ils assurent que la décision tion des seuls intérêts de Washing- gère, c’est-à-dire en dollars, et l’exé- Avec sa nouvelle loi, qualifiée de pensables pour financer leur crois- prise par le gouvernement d’abandonner le sucre a été « un échec et ton et sans prendre en compte les cution d’opérations financières. « complète liberté des changes » par sance. que l’Equateur a fait l’objet d’une expérimentation qui peut le conduire à effets qu’elle pourrait avoir pour Même s’il ne s’agit pas d’une dolla- ses partisans, le Guatemala s’insè- A cette occasion, le président de la dérive à tout instant. » les économies des pays convertis. risation, cela y ressemble étrange- re de fait dans une tendance qui, la banque centrale du Salvador, (Lire également, page VII, le point de vue de Luis Maldonado Lince, ment à moyen et à long terme. après le choix du Salvador, semble Rafael Barraza, a fait remarquer coordinateur général du Forum Equateur alternatif.) Alain Abellard LE MONDE / MERCREDI 18 AVRIL 2001 / III DOSSIER ̄ Ricardo Hausmann, professeur d’économie à l’université Harvard (Etats-Unis) CHRONIQUE « Les monnaies faibles sont condamnées à disparaître » par Alain Lebaube « Vous êtes un fervent parti- Panama de proposer des prêts cultés, et l’Argentine, liée aussi » Domingo Cavallo, le nouveau Pour le retour san de la dollarisation des écono- hypothécaires à trente ans et à au billet vert par son Currency ministre argentin de l’économie, mies d’Amérique latine, pour- moins de 9 % d’intérêt. C’est une Board (caisse d’émission), ne par- doit résoudre un problème qui quoi ? situation unique en Amérique lati- vient pas à relancer son écono- concerne tous les pays ayant des – La globalisation est en train ne, où la plupart des pays ne dispo- mie, comment expliquez-vous monnaies faibles : que faire face des syndicats de provoquer un très grand chan- sent pas de systèmes de prêts à ces deux situations ? aux fluctuations des grandes devi- gement pour les flux financiers. Il long terme. Ces dispositifs étant – Les problèmes de l’Equateur ses étrangères ? Il n’y a pas de bon- est devenu très difficile de gérer impossibles à développer sur des vont bien au-delà de simples pro- ne réponse, car pour cela il fau- i les conséquences n’étaient pas traumatisantes pour les un pays avec une monnaie faible, monnaies faibles. blèmes monétaires. Et si on se pla- drait une concertation internatio- personnes directement concernées, l’extrême agitation fluctuante et qui n’est pas recon- – Est-ce que le projet de dollari- ce du seul point de vue de la dolla- nale qui aujourd’hui n’existe pas. qui règne autour des dossiers de Danone et de Marks nue sur le marché international sation de l’Amérique latine est risation, je crois que le processus – Domingo Cavallo vient préci- & Spencer pourrait relever, en apparence, du paradoxe. des capitaux. Les Latino-Améri- réaliste sans un engagement des est en train de réussir. La crise de sément de proposer d’ancrer le SParadoxe qui contribue à expliquer l’incapacité du politique à cains placent une partie croissan- Etats-Unis ? change est enrayée et la croissan- peso argentin au dollar mais aus- sortir de ce bourbier, faute de proposition convaincante, tout te de leur épargne en devises – Pour le moment, la nouvelle ce est de retour. si à l’euro, est-ce une bonne comme cela éclaire d’un autre jour les résultats des récentes étrangères. C’est une façon de se administration américaine souhai- » Quant à l’Argentine, l’origine idée ? municipales. Après tout, et depuis maintenant presque trois ans, protéger contre la faiblesse de te surtout avancer sur l’agenda de la crise n’est pas, pour moi, – Je ne crois pas que cela puisse la France va bien ou mieux. En dépit des nuages qui viennent des leur monnaie. Les gouvernements commercial. C’est déjà positif car monétaire mais fiscale. Il y a des fonctionner. Car dans ce système, Etats-Unis, la croissance reste forte et les perspectives bonnes. et les entreprises, de leur côté, doi- un marché commun serait favora- incertitudes sur la capacité du gou- le cours du peso ne sera plus fixe Comme jamais depuis plus de trente ans, l’économie nationale vent s’endetter en devises étrangè- ble au développement de l’Améri- vernement à payer sa dette. Ce dou- par rapport au dollar. Et la mon- crée de l’emploi à un rythme élevé, qui ne se dément pas. Au der- res car personne ne voudrait que latine. La crise en Argentine te a entraîné une hausse des taux naie américaine risque de redeve- nier trimestre 2000, 139 000 postes supplémentaires ont été enre- d’une créance libellée en monnaie (le pays – du moins de cette d’intérêt qui étouffe l’économie et nir pour les Argentins une mon- gistrés, selon une progression supérieure à celle des trois pre- locale. taille – le plus avancé dans la dol- rend encore plus improbables, pour naie refuge au détriment du peso. miers trimestres. Parallèlement, le chômage continue régulière- » Cela entraîne une dollarisa- larisation) n’est de toute façon le gouvernement les perspectives – La globalisation justi- ment sa décrue, et l’étau se desserre. tion de fait des passifs et la fluctua- pas favorable à l’ouverture de de rentrées fiscales. L’Argentine se fie-t-elle à terme que le nombre Face à ces bonnes nouvelles, macroéconomiques, la suppres- tion de la monnaie locale a alors discussions. retrouve aujourd’hui dans une sor- de monnaies en circulation dimi- sion de plusieurs centaines d’emplois ne devrait pas, en théorie des conséquences inédites sur les » Les bénéfices d’une dollarisa- te de cercle vicieux. Le Brésil aurait nue ? Peut-on imaginer des mon- du moins, peser bien lourd et, par suite, assombrir le climat bilans des entreprises et du gouver- tion sont toutefois plus clairs pour pu connaître une situation compa- naies régionales qui seraient social. Le gouvernement nement. Une dévaluation ne per- les pays d’Amérique latine que rable, et la crise aurait été, compte peut-être politiquement plus ne devait pas être loin TAUX D'ÉVOLUTION DU PIB (CVS) en % met plus de relancer l’économie, pour les Etats-Unis. Même si, sur tenu de son système de changes acceptables pour des pays com- 1,5 de le penser. Tout à sa au contraire, elle aggrave la situa- le plan commercial, les Américains flottants, beaucoup plus brutale. me le Brésil qui ne veulent pas satisfaction d’excellents tion des entreprises et de l’Etat peuvent en attendre de fortes d’un rattachement au dollar ? 1,0 indices, il n’a peut-être dont les dettes sont pour l’essen- retombées. Des études récentes – Il existe ce que j’ai défini com- pas prêté assez vite tiel en dollars. Cela crée une vulné- ont montré que des pays qui parta- me un « péché originel ». C’est, 0,5 attention aux réactions rabilité financière rendant les pays gent une monnaie ont en moyen- pour un pays, avoir une monnaie de l’opinion, à l’exemple plus sujets aux crises. Pour cette ne des échanges trois fois plus dans laquelle on ne peut pas 0 d’Elisabeth Guigou qui raison je pense que, en Amérique importants que s’ils commerçaient emprunter sur les marchés interna- tiendra sa première latine, la dollarisation a plus de dans des devises différentes. tionaux des capitaux. Ces mon- conférence de presse sur -0,5 sens que le maintien de monnaies Deuxièmement, les Etats-Unis ont naies sont condamnées car le pays le sujet le… 17 avril. locales. tout à gagner à avoir à leurs portes aura toujours besoin de recourir 1994 95 96 97 98 99 2000 En fait, l’optimisme – Peu de pays ont cependant une région financièrement plus sta- aux devises étrangères et sera (volume aux prix de 1995, en moyenne) relève d’un équilibre fra- fait ce choix jusqu’à présent… ble et plus prévisible. dépendant des flux de capitaux ÉVOLUTION DE L'EMPLOI en milliers gile et instable que tout – Oui, car il n’y a pas un contex- » Une vaste zone dollarisée sup- étrangers. Regrouper plusieurs 160 événement peut venir te politique et institutionnel propi- posera aussi que les Américains monnaies faibles autour du real 120 contrarier. Dans un ciel ce. Les Etats-Unis n’ont pas fait de acceptent d’offrir des garanties brésilien pour en faire une mon- 80 dégagé, un coup de ton- proposition pour promouvoir une aux pays qui ont fait ce choix. Un naie régionale par exemple ne nerre surprend davanta- ̄ 40 union monétaire. Néanmoins, des problèmes posés par la dollari- changerait rien à l’affaire. On ne ge que pendant l’orage. l’Equateur et le Salvador sont allés sation est la perte des droits sei- fait pas une monnaie forte avec 0 Surtout quand chacun dans cette direction, et d’autres gneuriaux que les pays perçoivent Ricardo Hausmann des monnaies faibles. Or je crois -40 garde en mémoire deux pays comme le Nicaragua et le en plaçant leurs réserves de chan- que les monnaies de l’avenir -80 décennies calamiteuses Costa Rica y songent. La dollarisa- ge. Cela constitue une source de b Ancien économiste en chef devront toutes être des monnaies et en craint le retour. 1994 95 96 97 98 99 2000 tion permettrait à ces pays d’avoir revenus importante. On peut donc de la Banque interaméricaine fortes, c’est-à-dire acceptables Pour ne rien arranger, plus facilement accès aux marchés imaginer que les Etats-Unis accep- de développement (BID) de 1994 dans les transactions internationa- La relance de l'emploi Source : Insee, Comptes trimestriels les circonstances de l’an- des capitaux internationaux, de tent de rétrocéder ces revenus qui à 2000, Ricardo Hausmann enseigne les. Pour cela, il est fort probable nonce simultanée des vivre avec des taux d’intérêt pourraient être très utiles pour à Harvard un cours intitulé : que demain il ne restera pas deux plans de suppressions d’emplois ne pouvaient que cho- moins élevés et, d’une façon géné- garantir la liquidité des systèmes « Pourquoi existe-t-il tant de pays 105 monnaies comme aujour- quer. Principalement en raison de l’attitude sans vergogne du rale, de connaître une intégration bancaires. pauvres et instables ? » d’hui, mais tout au plus cinq ou groupe Marks & Spencer qui a offert, à cette occasion, le visage plus facile et plus stable à l’écono- – Deux exemples invitent à la b Vénézuélien, il fut, au début dix. » d’une gestion libérale outrancière. mie mondiale. prudence : l’Equateur, qui a des années 1990, ministre du Plan Mais là n’est sans doute pas le plus important. En découvrant » L’élimination du risque de adopté le dollar en septembre, et membre du directoire Propos recueillis mieux comment les entreprises fonctionnent désormais, après change permet, par exemple, à reste plongé dans de graves diffi- de la Banque centrale du Venezuela. par Laurence Caramel les coups de semonce de Michelin et de Renault-Vilvorde, c’est le sentiment d’impuissance offusquée qui domine, précisément parce que chacun des acteurs se voit désemparé, privé de réels moyens de riposte. C’est sûrement ainsi qu’il faut interpréter le contestable appel La zone euro ne peut être un exemple au boycott des produits Danone, dangereux à terme pour les autres salariés de l’entreprise, tandis que les clients de Marks & Spencer se ruent dans les magasins, comme un jour de soldes. D’où, également, les velléités d’exhumer l’autorisation adminis- pour l’Asie du Sud-Est trative de licenciement ou les nombreuses propositions pour dur- cir la réglementation et, encore, pour pénaliser financièrement les entreprises profitables qui licencieraient. ne monnaie en Asie, une « Avec les douze banques centrales, sion d’une zone rattachée de fait Mettre en place de nouvelles usines à gaz, à coup sûr ineffica- autre pour les Améri- Les pays asiatiques nous n’avons pas une seule voix qui au dollar. ces, ne servirait pourtant à rien, quand la seule solution réside ques, une troisième en s’exprime pour toute la zone, contrai- La situation s’est brutalement certainement dans la qualité des plans sociaux, dans les engage- UEurope. La tentation est restent divisés et rement au dollar », conclut-il. transformée en 1997. La crise finan- ments de reclassement et, au fond, dans un long travail de prépa- grande de diviser la planète en Progressivement, la zone euro cière est partie de Thaïlande en ration avec les partenaires sociaux. quelques grandes zones monétai- cherchent chacun devrait s’étendre sur tout le conti- juillet, lorsque Bangkok décidait de Autrement dit, il est temps de redonner un rôle aux syndicats res, formellement constituées ou nent. « L’Europe peut être unifiée rompre – sous la pression des mar- et de faire en sorte que leur puissance s’affirme. Car c’est bien non. La situation n’est pas aussi à résister au mieux sur le plan monétaire parce qu’elle chés financiers – le lien entre le dol- leur faiblesse qui est en cause. schématique. Si les Européens forme un espace religieux et culturel lar et sa monnaie, le bath. Le décro- vivent une expérience singulière au ralentissement homogène. En Asie, au contraire, chage brutal de cette devise était en optant pour une monnaie uni- nous avons des cultures, des reli- imité par les autres pays de la que, les pays asiatiques sont, eux, économique actuel gions, des histoires totalement diffé- zone. A peine remis de cette crise, divisés et cherchent chacun à résis- rentes, il ne serait pas réaliste d’envi- les pays d’Asie sont confrontés à ter au mieux au ralentissement éco- port publié mardi 10 avril sur la sager une union monétaire selon les une autre difficulté, le ralentisse- nomique mondial actuel. zone euro. modalités européennes. » Ce cons- ment mondial de l’économie, une Depuis le 1er janvier 1999, l’euro Cette étude souligne la bonne tat était dressé en 1997 par Eisuke situation d’autant plus préoccupan- est devenu la principale monnaie tenue de l’emploi et remarque Sakakibara, le directeur des affai- te que ces pays très exportateurs de l’Union européenne puisque qu’au cours des trois dernières res internationales au ministère ont pour premier client les Etats- douze de ses membres, sur quinze, années, la création d’emplois a été des finances du Japon, plus connu Unis. Pas question dans ces condi- l’ont adopté avec le ralliement de plus vigoureuse pour les Douze alors sous le surnom de M. Yen. tions d’envisager la création d’une la Grèce au début de l’année. Des qu’aux Etats-Unis et au Royaume- A l’époque, de nombreux pays zone monétaire qui pourrait taux fixes de conversion ont été Uni. Dans l’ensemble, la zone est de la zone, la Corée, Hongkong, amoindrir leur compétitivité. adoptés entre l’euro et les mon- capable de mieux résister aujour- la Malaisie, Taïwan, la Thaïlande, « C’est un serpent de mer dont on naies qui le composent. Dans huit d’hui aux chocs extérieurs que les les Philippines, Singapour avaient parle depuis une dizaine d’années, mois, le 1er janvier 2002, la devise pays qui la constituent ne l’étaient lié leur propre devise au dollar. je n’y crois pas », affirme Francis européenne remplacera les mon- auparavant. Pour les experts, la Cette stratégie s’avérait payante Nicolas, responsable de l’analyse naies nationales. Pour créer cette croissance devrait donc fléchir légè- tant que la devise américaine se des pays émergents au Crédit lyon- zone monétaire, les douze pays rement, mais ne pas accuser un dépréciait. Les pays de la zone nais. membres ont signé un pacte de sta- ralentissement brutal. coordonnaient de manière tacite Si les Japonais ont envisagé, voi- bilité et de croissance en s’enga- « L’importance du commerce leurs politiques monétaires en là un an, de faire du yen la mon- geant notamment à limiter leur intrazone a réduit la vulnérabilité ajustant leur parité. D’où l’impres- naie d’ancrage de la zone, évoluant déficit budgétaire et leur dette de l’Union économique et monétaire ainsi sur cette question, c’est sur- publique. à un ralentissement mondial. Cepen- tout pour contrer l’émergence, dant, la zone n’est pas totalement Bibliographie depuis la crise asiatique, d’une BILAN POSITIF immunisée et commence à être affec- autre puissance monétaire rivale, « Un peu plus de deux ans après tée par le cycle mondial », affir- b Amérique latine 2000, sous la Chine. Pour l’heure, redoutant son introduction, l’euro présente un ment également les experts de la direction de Georges Couffignal une nouvelle crise financière issue bilan largement positif, trop souvent CDC Ixis dans leur revue Anticipa- (La Documentation française, du ralentissement de l’économie éclipsé par sa dépréciation contre tions, en avril. 2000, 246 p., 145 F, 22,10 ¤). mondiale et de la faiblesse du yen, dollar, estime Eric Vergnaud, éco- « La faiblesse de l’euro s’explique b Choisir le bon système les ministres des finances des pays nomiste chez BNP-Paribas, dans la en partie par le fait que cette mon- de change (La Documentation de l’Asie du Sud-Est se sont rencon- revue Conjoncture de mars, éditée naie n’existe pas encore concrète- française, Problèmes économiques, trés le 7 avril. Ils ont évoqué les par la banque. Il a aidé la zone euro ment », estime Raymond Van der n˚ 2698, janvier 2001, 32 p., 16 F, modalités d’un système qui permet- à résister aux différents chocs exogè- Putten, senior economist chez 2,44 ¤). trait à un pays confronté à des pro- nes auxquels elle a été confrontée au BNP-Paribas. Hors d’Europe, les b La Dollarisation : une fausse blèmes de balance des paiements cours des derniers mois et a été un investisseurs hésitent à accumuler solution (L’Economie politique, ou de manque de liquidités, d’obte- catalyseur des transformations et des francs et des marks qu’ils nº 5, 1er trimestre 2000, 112 p., nir une aide des autres membres des restructurations des économies devront changer en devise euro- 65 F, 9,9 ¤). en matière de financement. Une européennes. » Constat analogue péenne dans les mois prochains. b Would fewer currencies make mesure qui ne préfigure en rien la pour l’Organisation de coopéra- Une autre cause de l’affaiblisse- more sense ? création d’une zone monétaire. tion et de développement économi- ment tient à la communication dis- (Foreign Policy, automne 1999, ques (OCDE) dans son premier rap- sonante en matière monétaire. 166 p., 7,95 dollars). Dominique Gallois IV / LE MONDE / MERCREDI 18 AVRIL 2001 EUROPE ̄ Le Royaume-Uni et la France montrent l’exemple APRÈS L’UNION MONÉTAIRE pour la participation financière des salariés par Gérard Moatti 150 milliards de francs e sont les entreprises bri- riés à s’intéresser davantage à la en œuvre de régimes de participa- tanniques et françaises Les formules réussite de l’entreprise » (78 % des tion par les entreprises européennes qui favorisent le plus la réponses), « créer chez les salariés dans leur pays d’origine et dans Cparticipation financière de les plus courantes un sentiment d’appartenance à une leurs filiales d’Europe ». à l’ombre leurs salariés, si l’on en croit une même société » (55 %) et « favoriser Les données collectées n’ont été étude financée par la direction sont l’actionnariat un plus grand alignement des inté- suffisantes que pour cinq pays : en générale emploi et affaires socia- rêts des salariés sur ceux des action- Grande-Bretagne, les entreprises quoi évaluera-t-on la réussite du passage à l’euro, qui se les de la Commission européenne et les répartitions naires » (48 %). Les objectifs les ne remarquent pas de difficultés déroulera du début janvier à la mi-février 2002 ? Entre et réalisée sous la responsabilité moins importants sont « rempla- notables et estiment que l’environ- autres choses, à la conversion rapide et complète des billets de Francine Van Den Bulcke, pro- de bénéfices. cer d’autres composantes de la nement culturel, institutionnel et et pièces en circulation. Ce qui nécessitera, de la part du fesseur à l’Université catholique rémunération globale », « susciter économico-financier est favora- Apublic, une totale confiance dans la confidentialité de l’opération : de Bruxelles. La flexibilité l’investissement dans l’entreprise » ble ; en France, la situation est vis-à-vis du fisc principalement, mais aussi de tout autre regard – les Le régime de participation est et « proposer une rémunération glo- comparable en raison des incita- secrets de famille étant souvent des secrets d’argent. défini comme : « Tout moyen par du marché du travail bale rentable ». tions fiscales substantielles pour Or, la Banque de France sait depuis longtemps qu’une grande par- lequel les salariés participent collec- Il faut noter que la participation l’abondement des entreprises et tie des billets émis ne circule pas : c’est le cas des trois quarts des cou- tivement à la réussite financière de n’en est pas améliorée n’améliore en rien la flexibilité du des salariés aux régimes d’épargne pures de 500 francs, et de 20 % à 30 % des coupures de 200 francs. l’entreprise pour laquelle ils tra- marché du travail, comme le sou- salariale, la seule difficulté prove- Sur environ 275 milliards de francs de billets, plus de 150 milliards vaillent, par exemple par le biais plus incitative. A l’opposé, leurs haitaient la Commission européen- nant du droit du travail jugé « trop sont ainsi conservés durablement par des particuliers et forment d’actions, d’espèces ou de tout autre consœurs belges et allemandes se ne et l’Organisation de coopéra- restrictif et trop compliqué ». une épargne inerte. Ces sommes thésaurisées devront nécessaire- moyen financier.» concentrent sur un petit nombre tion et de développement écono- ment sortir des coffres et armoires pour être présentées aux ban- Cinq cent soixante et onze des de formules où les régimes d’achat miques (OCDE), car un quart des OBSTACLES ques et converties en euros. Il n’en faut pas davantage pour réveiller plus grandes entreprises de quator- d’actions sont les plus répandus. entreprises s’en servent pour La situation allemande est dans l’opinion le fantôme des « lessiveuses », en souvenir de la ze pays de l’Union ont été interro- Selon les employeurs, les objec- « fidéliser » leur personnel… moins avantageuse en raison de la conversion monétaire d’après-guerre qui avait obligé les profiteurs gées sur les raisons et la nature de tifs les plus importants poursuivis La dernière partie de l’étude est fiscalité, de la complexité de la du marché noir à révéler le fruit de leur incivisme – ou à y renoncer leurs régimes de participation, par leur système de participations consacrée à l’analyse des obstacles législation et de l’absence de tradi- de peur des représailles… mais aussi sur les obstacles qu’el- sont, dans l’ordre, « inciter les sala- « qui gênent ou compliquent la mise tion en matière d’actionnariat des Le thème est certes séduisant pour les amateurs de chroniques les ont rencontrés. 71 (12,34 %) salariés. Les Pays-Bas ont préféré fleurant bon la France profonde, mais il comporte une large part de ont répondu, dont 57 possèdent Les objectifs poursuivis privilégier la participation aux fantasme. Certes, la thésaurisation des billets existe. La Banque de un régime de participation. Celles bénéfices plutôt que l’actionna- France s’en aperçoit de façon empirique : les banques lui remettent qui ont déclaré ne pas en avoir Pourcentage des entreprises répondantes riat. la quasi-totalité des coupures qui reviennent dans leurs caisses. expliquent cette lacune, soit par Inciter les salariés à s'intéresser davantage La Belgique a choisi de réinté- Connaissant la vitesse de rotation de chaque type de coupure, elle leur statut (entreprise publique ou à la réussite de l'entreprise 78 grer dans le calcul des charges évalue les montants « stockés » par les particuliers. Il ne faut pas exa- détenue par une société mère sociales la totalité des avantages gérer leur importance : ces 150 milliards représentent à peine 3 % de Créer chez les salariés un sentiment d'appartenance à étrangère), soit par une restructu- une même société et de partage d'objectifs communs 55 procurés par les régimes de partici- la masse monétaire M2 (qui comprend les moyens de paiement dis- ration en cours de leur capital. pation aux bénéfices et d’actionna- ponibles à court terme). Favoriser un plus grand alignement des intérêts Les formules retenues sont pour 48 riat, ce qui n’incite pas au dévelop- Ce qu’on ignore, c’est leur degré de concentration : s’ils sont égale- 65 % des formules d’actionnariat, des salariés sur ceux des actionnaires pement de ceux-ci, en butte, par ment répartis (soit, en moyenne, quelque 6 000 francs par ménage), pour 24 % des répartitions de béné- Motiver ailleurs, à l’hostilité des syndicats. leur conversion ne poserait guère de problèmes. Mais il est assez pro- fices, pour 4 % des espèces, et le personnel 43 La participation financière des bable que bon nombre de ces épargnants discrets détiennent des pour 8 % des formules diverses. salariés a-t-elle de l’avenir en Euro- magots de plusieurs centaines de milliers de francs. Cela n’a rien d’il- 26 % des sociétés ont adopté plu- Encourager le sens des responsabilités pe ? Oui, conclut l’étude, car les licite en soi : aucune loi n’oblige un détenteur d’espèces à les verser et/ou l'esprit d'entreprise chez les salariés 30 sieurs systèmes à la fois. Le taux privatisations, le développement sur un compte bancaire. Toutefois, hors les cas (rares) de défiance d’adhésion des salariés s’élève à Partager la réussite financière des marchés des valeurs mobiliè- pathologique à l’égard des banques, la détention massive d’espèces 23 95 % dans le cas de bénéfices et à avec les salariés res et la croissance du capital-ris- suggère au moins une présomption de dissimulation. 53 % dans le cas d’options d’achat que vont créer de nombreuses La preuve, c’est que l’approche de la date fatidique du 1er janvier Fidéliser 23 d’actions. 48 entreprises sur 57 le personnel opportunités. L’attitude fiscale et 2002 provoque, depuis le début de l’année, une « déthésaurisa- acceptent que les salariés à temps juridique des Etats sera détermi- tion » : les commerçants font état d’un gonflement anormal des paie- partiel profitent de ces systèmes. Inciter les salariés à assumer un rôle 23 nante, mais l’échange d’expérien- ments par grosses coupures, et l’Association française des banques 38 % des entreprises les réservent plus important dans la gestion de l'entreprise ces et de bonnes pratiques en la (AFB) a calculé, d’après les statisti- aux cadres. matière incombera à la Commis- Sur environ ques hebdomadaires de la Banque Inciter le personnel à la productivité 20 Si l’on analyse ces résultats par et au rendement sion, car les Etats et les entreprises de France, que 10,5 milliards de pays, on s’aperçoit que les entrepri- méconnaissent encore toutes les 275 milliards francs de billets étaient revenus S'assurer que les avantages proposés par la sociéte sont à ses britanniques et françaises 17 solutions possibles. dans le circuit des transactions au offrent la gamme de systèmes de la hauteur de ceux qui sont proposés par les concurrents de francs de billets, premier trimestre 2001 (le même participation la plus large et la Source : Centre de recherche sur la participation financière. Université catholique de Bruxelles (CRPF) Alain Faujas phénomène se constate chez nos plus de 150 milliards voisins, notamment aux Pays-Bas et en Allemagne). Ce recyclage tra- – dont les trois quarts duit une désépargne : les billets ramenés au jour servent, au moins Alain Quévreux aide les chercheurs des coupures en partie, à des achats anticipés, ce qui a sans doute pour effet de stimu- de 500 francs – ler la consommation dans un pre- mier temps, mais avec un risque de à mettre en œuvre leurs projets communautaires sont thésaurisés. ralentissement en 2002. Le reste de cette épargne dorman- Les particuliers te, les banques vont le voir affluer à es programmes bruxellois d’un groupement économique d’in- tion de réseaux de compétences leurs guichets, ce qu’elles n’envisa- destinés à aider la re- Pour le chef du service térêt européen ou d’une société non seulement entre des parte- vont être obligés gent pas sans appréhension. cherche n’ont pas de secret européenne, dont le statut est naires de différents secteurs, mais D’abord à cause des problèmes de Lpour Alain Quévreux. Ce Europe de encore en discussion). Autre thème aussi entre grandes entreprises et de se défaire de cette manipulation et de sécurité que va spécialiste des politiques de l’inno- de débat : la gestion des risques liés PME. Car si les grandes entreprises poser ce déversement, mais aussi vation, qui a travaillé sur ces sujets l’Association nationale à la défaillance d’un partenaire, le ont depuis de nombreuses années épargne inerte pour parce qu’elles craignent de voir leur pendant quinze ans aux ministères besoin d’audit et d’experts exté- adopté une dimension internatio- responsabilité engagée. Deux lois français de l’industrie puis de la de la recherche rieurs aux projets. nale, ce n’est souvent pas le cas de la convertir en euros (de juillet 1990 et janvier 1993) les recherche, offre depuis deux ans Ce groupe de travail, qui, selon PME. Les premières peuvent donc obligent à déclarer à Tracfin – orga- ses compétences et sa passion aux technique (ANRT), Alain Quévreux, n’aurait pas d’équi- aider les secondes. nisme de lutte contre le blanchiment, dépendant du ministère de responsables de la recherche dans valent en Europe, intéresserait Un plan d’aide à la modernisa- l’économie – les opérations qu’elles peuvent soupçonner d’être liées les grandes entreprises, les princi- le système français fortement la Commission. Les grou- tion de PME de la construction au trafic de stupéfiants ou à des activités criminelles organisées. paux organismes de recherche et pements des autres pays de l’Union navale, menée par la Commission Elles doivent, d’autre part, conserver la trace des opérations supé- les centres techniques français. Il est un frein n’ont en effet pas une représentati- et auquel son service a participé, a rieures à 50 000 francs. dirige en effet le service Europe de vité nationale (comme en Alle- ainsi pour lui valeur d’exemple : Les banques ne mettent pas en cause cette obligation de collabo- l’Association nationale de la recher- à l’innovation magne, où chaque Land a sa pro- une grande entreprise, Alsthom rer à la lutte contre la grande criminalité. Ce qui les inquiète, c’est che technique (ANRT), dont les pre organisation), ou n’associent Atlantique, a parrainé l’opération, une autre loi, de mai 1996 celle-là, qui fait un délit pénal de tout membres représentent environ communautaires. Le ministère de pas aussi fortement opérateurs entraînant donc dans son sillage les concours apporté « à une opération de placement, de dissimulation 80 % de l’activité française de la recherche l’abonde à hauteur de publics et privés. « Les industriels PME du secteur. ou de conversion du produit direct ou indirect d’un crime ou d’un recherche et développement. 15 % environ, le service Europe de français ont un outil que n’ont pas délit ». Cette fois, la définition du fait délictueux n’est pas précisée : Créé en 1983, le pôle Europe de l’ANRT étant considéré comme un les autres, plaide Alain Quévreux, et Annie Kahn il ne s’agit plus seulement de drogue ou de crime organisé, mais l’ANRT, situé dans le centre de point de contact officiel avec la Commission souhaiterait éventuellement de dissimulation fiscale… En outre, le texte de 1996 Paris, avait pour première mission l’Union européenne pour un cer- d’ailleurs que nous soyons plus euro- ne précise pas la conduite à suivre : « A la limite, explique un ban- de relayer les programmes de la tain nombre d’actions. péens… Cela fait partie de mes rêves quier, nous devrions refuser à un client artisan de convertir sa trésore- Commission auprès des industriels Car les objectifs du service Eu- secrets », ajoute-t-il… rie, avant d’avoir vérifié s’il est bien en règle pour le paiement de sa afin qu’ils participent davantage à rope de l’ANRT sont aussi d’aller Pour cet européen convaincu, les TVA… » Le risque n’est pas seulement théorique : la loi de 1996 a ser- ces projets, qui étaient jusqu’alors plus loin, en accompagnant les opé- critiques souvent entendues sur la vi de base à l’inculpation de banquiers dans les affaires du Sentier. surtout l’apanage des scientifiques. rateurs dans la mise en œuvre de complexité des programmes d’aide On comprend l’émotion du monde bancaire et l’embarras du gou- leurs projets, et en tirant parti de européens ne sont pas fondées. vernement, soucieux de réussir l’étape finale de la longue marche TRANSMISSION D’INFORMATIONS leurs expériences pour proposer Elles seraient liées à la culture fran- vers la monnaie unique. Un bref article de loi a donc été élaboré Désormais, Alain Quévreux se aux autorités communautaires des çaise : « En France, quand une idée d’un commun accord, et devrait être voté prochainement. Il exclut défend de l’idée que son service évolutions dans le fonctionnement est bonne, on peut toujours bricoler du champ des crimes et délits visés par la loi de 1996 les opérations pourrait n’être qu’une simple cour- de leurs programmes. une solution pour obtenir un finance- de conversion en euros, mais pour des montants unitaires plafonnés roie de transmission. Son ambition Un groupe de travail multisecto- ment ministériel ; alors que le prin- à 10 000 euros, et pour une durée limitée (du 1er janvier au 30 juin est de « faire participer la société riel a ainsi été mis en place, asso- cipe communautaire d’égalité des 2002) – une façon d’éviter que la période de transition ne s’éternise. civile de la recherche à la définition ciant responsables d’entreprises, chances, de protection des plus fai- ̄ Les banques restent, en outre, soumises à l’obligation, découlant de des politiques communautaires ». d’instituts de recherche et d’univer- bles impose un certain formalisme, la loi de 1990, de conserver la trace des opérations supérieures à Certes, une bonne partie de sa sités, pour réfléchir en commun à estime-t-il. Le système français est 50 000 francs. tâche et de celle de son équipe de la mise en place de l’espace euro- un frein à l’innovation, en offrant Alain Quévreux A vrai dire, le risque fiscal des détenteurs de grosses sommes en sept personnes est de favoriser la péen de la recherche, cher au com- des opportunités de paresse. Il freine billets est assez faible, puisque les banques ne seront pas tenues de transmission d’informations bruxel- missaire à la recherche Philippe le travail en commun à l’échelle euro- b Diplômé de droit public mettre la puce à l’oreille de l’administration à l’occasion de la conver- loises. Il publie ainsi chaque mois Busquin. « Il s’agit de construire péenne. » et de sciences économiques, Alain sion. Elles seront d’autant plus enclines à la discrétion qu’elles ne La Lettre européenne du progrès ensemble plutôt que d’influencer le Il estime que les PME devraient Quévreux, 52 ans, chef du service manqueront pas de proposer à ces clients des produits d’épargne technique, qui précise la nature des travail de la Commission, prévient davantage participer aux pro- Europe de l’Association nationale maison, plus séduisants que leur stérile papier-monnaie. Le risque appels d’offres liés à la recherche Alain Quévreux, de participer à la grammes communautaires, non de la recherche technique (ANRT), n’est pourtant pas nul ; si l’administration procède à l’examen de la communautaire, leurs résultats, les mise en place d’une Europe plus tant pour innover « mais pour trou- est aussi rédacteur en chef situation fiscale d’ensemble d’un contribuable, elle pourra prendre tendances des programmes- conquérante, faite par les opérateurs ver des partenaires pour innover ». de La Lettre européenne connaissance des opérations de gros montant enregistrées par sa cadres, etc. Les abonnés bénéfi- de la recherche. » « Mais, à nouveau, continue-t-il, du progrès technique. banque. Plus que le risque objectif, c’est le degré de confiance du cient également d’un service télé- Les sujets débattus par ce groupe le système français n’est pas tourné b De 1984 à 1999, il a participé public qui importera pour la réussite de la conversion. Laurent phonique (hot line) qui répond à de travail sont extrêmement pra- dans ce sens-là. Le réflexe est celui à des actions de politique Fabius a dit à plusieurs reprises, notamment devant le Conseil écono- toutes questions sur la nature des tiques et concrets. Le 20 mars, lors de la souveraineté nationale ; il est nationale, puis internationale, mique et social fin janvier, qu’il ferait en sorte d’« éviter toute inquisi- partenariats possibles, par exemple de sa dernière réunion, les partici- donc intégré que la recherche vit de dans le domaine de l’innovation, tion » (fiscale). C’est déjà beaucoup pour un ministre de gauche. Les les financements… La moitié de pants ont déterminé les critères de l’aide publique ». représentant la France dans banquiers aimeraient pourtant qu’il articule ce message d’une voix son budget annuel (5 millions de choix de la structure juridique Pour Alain Quévreux, il est au différentes enceintes un peu plus forte… francs environ) vient de la vente de nécessaire pour gérer des projets contraire nécessaire d’apprendre à (Organisation de coopération et ce service ; un tiers provient de la intégrant plusieurs partenaires innover de façon rentable. Et pour de développement économiques Gérard Moatti est directeur de la rédaction de la revue « Sociétal ». participation à des programmes (création ou non d’une association, y parvenir, il mise sur la construc- – OCDE, Union européenne). BOUSSOLE LE MONDE / MERCREDI 18 AVRIL 2001 / V

EUROPE Les indicateurs économiques internationaux « Le Monde » / Eurostat Confiance en baisse dans l'Union en mars 2001 UE 15 ZONE EURO ALLEMAGNE BELGIQUE ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNI E.-U. JAPON EU PRODUCTION INDUSTRIELLE (jan. 2000, en %) IND. 5 3 4 2 0 -3 Nov. 2000 1 -1 -2 1 -1 -2 CONST. Sur un an ...... 5,1 4,4 8,0 6,7 0,8 1,9 – 0,3 – 0,2 6,3 (oct. 2000) 3,9 (oct. 2000) CONSOM. -2 -2 0 0 0 -1 Sur un mois ...... – 1,8 – 1,9 0,5 0,0 – 0,4 1 – 1,8 – 10,6 0,0 0,2 (oct. 2000 ) – 3,5 (oct. 2000) SYNTHÈSE 103,6 103,3 103,5 103,4 102,7 102,2 PRIX À LA CONSOMMATION (fév. 2000, en %) FRANCE IND. 13 13 10 10 9 7 Sur un an ...... 2,3* 2,6* 2,5 2,5 4,0 1,4* 2,7* 4,9* 0,9 (janv.) 3,5 – 0,1 CONST. 34 33 30 27 27 21 Sur un mois ...... 0,5* 0,6* 0,7 1,8 0,4 0,3* 0,4* 0,9* – 0,9 (janv.) 0,3 – 0,3 CONSOM. -4 -3 1 4 2 1 SYNTHÈSE 106,6 106,6 106,8 106,9 106,5 105,7 PIB EN VOLUME (4e trimestre 2000, en %) OCT. NOV. DÉC. JAN. FÉV. MARS Sur un an ...... 3,0 2,9 2,6 3,0 3,7 2,8 2,8 3,4 2,6 3,4 2,3 2000 2001 Sur trois mois ...... 0,7 0,7 0,2 1,2 0,7 0,9 0,8 1,2 0,4 0,3 0,7 INDICATEUR DE CONFIANCE : IND. (industrie) ; CONST. (construction) ; DÉFICIT PUBLIC/PIB (en %) CONSOM. (consommateurs) ; SYNTHÈSE (synthétique). Source : Eurostat 2000 ...... 0,3 1,2 1,3 0,0 – 0,3 – 1,3 – 0,3 2,0 4,4 1,0 (1999) – 7,6*(1999) a POUR LE TROISIÈME MOIS CONSÉCUTIF, l’indicateur de confiance DETTE PUBLIQUE/PIB (en %) synthétique de l’Union européenne (UE) a reculé en mars 2001 ; par rap- port à mars 2000, il s’établit à – 2,3 points. Ce sont les industriels qui 2000 ...... 69,7 64,2 60,0 110,9 60,6 58,0 110,2 56,3 42,9 59,3 (1999) 105,4 (1999) expriment le plus de craintes ; les consommateurs continuent d’afficher une confiance dans l’avenir à un niveau historiquement élevé. SOLDE COMMERCE EXTÉRIEUR (en milliards d'euros, jan. 2001) a DES STOCKS IMPORTANTS, conjugués à un bas niveau des comman- Déc. 2000 Déc. 2000 Déc. 2000 Déc. 2000 Déc. 2000 Déc. 2000 Oct. 2000 Oct. 2000 des, expliquent ce moindre optimisme quant aux perspectives de produc- – 14,3* – 7,4* 1,2 0,3 – 3,5 – 2,2 – 1,2 1,6 – 4,8 – 48,1 8,2 tion, surtout en Finlande, au Royaume-Uni et en Italie. A l’inverse, les INVESTISSEMENT (FBCF) industriels restent euphoriques en Irlande et au Danemark. (3e trimestre 2000, en %) a LES PERSPECTIVES ALLEMANDES, orientées à la baisse tant chez les industriels que chez les consommateurs, sont restées stables par rap- Sur trois mois ...... 1,1 1,3 1,4 2,7** 2,5 1,7 0,5 – 0,7 – 0,5 0,6 1,4** port à février 2001. En France, bien que la confiance apparaisse moins * provisoire ** 2e trimestre 2000 forte aujourd’hui qu’au cours des mois précédents, l’optimisme reste néanmoins de mise chez les industriels comme chez les consommateurs. Pour plus d'informations : http://www.europa.eu.int/comm/eurostat

PAYS ÉMERGENTS Les indicateurs français INNOVATION La morosité s'installe au Chili DERNIER MOIS VARIATION Les produits informatiques sont les plus recherchés en % en millions de dollars CONNU SUR UN AN 10 000 sur Internet 8 PIB (échelle de gauche) PRIX A LA CONSOMMATION DES MÉNAGES Catégories de produits les plus recherchés sur les moteurs de comparaison (mars 2001) 7 CONSOMMATION 8000 – 0,9 % (février) + 1,7 % (en produits manufacturés) en % 6 (échelle de gauche) 38,4 5 6000 TAUX D'ÉPARGNE 15,7 % ( 2e trim. 00) – 0,7 4 4000 14,3 3 e 8,8 8,4 7,7 2 2000 POUVOIR D'ACHAT DES MÉNAGES + 0,3 % (2 trim. 00) + 1,8 5,8 4,8 4,2 4,1 3,4 1 0 nd nd 0 COMMERCE EXTÉRIEUR – 1,9 (janv. 01) – 2,0 -1 (en milliards de francs) FOR- (solde cumulé sur 12 mois) MODE AUTO- + 7,5 (01/00) – 93,5 IN INFOR- 1997 1998 1999 2000 2001* SPORT & MOTO MATIQUE MATIQUE (hardware)PRODUITSMAISON& LOISIRS HYGIÈNE & INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS DIRECTS AU CHILI CULTURELS (sotware) DÉCORATIONALIMENTAIREBRUN-BLANC BEAUTÉ INVESTISSEMENTS CHILIENS À L'ÉTRANGER ENQUÊTE MENSUELLE SUR LE MORAL + 2 (mars) – 2 ** Source : Arithmédia *Prévision Source : Nord-Sud Export, groupe « Le Monde» DES MÉNAGES * a EN 2000, le Chili a enregistré la plus forte croissance économique a LA BASE DE DONNÉES d’Arithmedia, société d’étude du commerce ENQUÊTE MENSUELLE DANS L'INDUSTRIE * d’Amérique du Sud, mais, paradoxalement, l’heure est à la morosité. Le (opinion des chefs d'entreprise électronique, analyse quels types de produits les internautes recherchent chômage reste élevé, la Bourse est au plus bas et, pour la première fois, le sur les perspectives générales de production) + 13 (février) + 33 ** via des moteurs de comparaison, sachant que rechercher un produit ne flux net des investissements directs étrangers au Chili et des investisse- débouche pas forcément sur un achat. ments chiliens à l’extérieur est négatif. a LE JEUDI serait le jour le plus actif pour le commerce électronique en a LA POSITION EXTÉRIEURE demeure toutefois solide, en dépit de cer- CRÉATIONS D'ENTREPRISES 23 540 (décembre) + 6,1 % France. 30 % des intentions d’achat du mois de mars se seraient situées taines évolutions négatives. L’excédent de la balance commerciale a un jeudi. Quand on cherche quelque chose, on ne le trouve pas toujours atteint 1,4 milliard de dollars en 2000, tandis que le déficit de la balance du premier coup : plus du quart des internautes concernés ont utilisé plu- des paiements courants est passé de 78 millions de dollars en 1999 à DÉFAILLANCES D'ENTREPRISES *** 2 923 (janvier) + 9,4 % sieurs fois un moteur de comparaison au cours du mois. 989 millions de dollars en 2000. Les finances publiques sont bonnes et les a LES ORDINATEURS, qui regroupent 27 % des requêtes, sont les pro- comptes de l’Etat sont équilibrés grâce aux recettes liées à la privatisation * solde de réponses, CVS, en % ** solde net douze mois auparavant *** par date de publication duits les plus demandés, suivis des périphériques informatiques et des et à la hausse des carburants (Nord-Sud Export, groupe « Le Monde »). Sources : Insee, Douanes composants. Les logiciels ne constituent que 4,2 % des requêtes. Pretoria cherche à asseoir sa suprématie commerciale en Afrique

n inaugurant, début reflété les percées économiques Comesa (Kenya, Ouganda) et le novembre 2000, la premiè- Défait du fardeau sud-africaines. Il existe un fort Des échanges très déséquilibrés troisième de la SADC. Cette diver- re zone de libre-échange déséquilibre dans cette zone éco- Commerce de l'Afrique du Sud avec le reste du continent africain gence a jeté un froid au sein de Edu continent africain, moral de l’apartheid, nomique, l’Afrique du Sud y expor- en % du total du commerce extérieur sud-africain l’EAC dont la mise en place des ins- créée par neuf des vingt membres tant quatre fois plus qu’elle n’en titutions communautaires (Parle- 14,1 14,6 du Marché commun de l’Afrique le géant sud-africain importe, même si son commerce 13,7 ment, régime douanier…) a pris du orientale et australe (Comesa), le avec le reste du continent africain retard. secrétaire général de cette organi- s’est lancé à l’assaut ne représente que 10 % du total de Pis, le Kenya s’est mis à se sation, Erasmus Mwencha, a eu ses échanges commerciaux. méfier de la Tanzanie, perçue com- des mots très durs envers l’Afrique du continent Le comportement de Pretoria et me un cheval de Troie potentiel de du Sud qui refuse de prendre part les récents conflits régionaux (en 6,1 l’Afrique du Sud. En effet, la diffi- à cette coopération régionale. Il a République démocratique du culté de contrôler l’origine des pro- en commençant par 3,4 accusé ce pays d’être protection- Congo notamment) ont provoqué 2,9 2,7 duits pourrait permettre la réex- niste et de vouloir imposer aux les pays limitrophes une crise de leadership au sein de 1,6 portation vers les autres pays de autres Etats africains le rythme la SADC marquée par une forte l’EAC de marchandises venues d’intégration économique qu’il a pui de l’Union européenne (UE) opposition entre le Zimbabwe et d’Afrique du Sud et transitant par lui-même choisi et décidé en pour résister justement à l’emprise l’Afrique du Sud, ralentissant 1989 1996 1997 1998 la Tanzanie. fonction de ses propres intérêts sud-africaine sur leurs économies d’autant les perspectives d’intégra- Le Kenya est d’autant plus réti- commerciaux. respectives du temps de l’apar- tion économique. Il est générale- EXPORTATIONS IMPORTATIONS cent à la pénétration économique Des critiques en grande partie theid. Ayant jeté tout son poids ment estimé que 85 % des échan- Source : Poste d'expansion économique de Johannesburg de l’Afrique du Sud qu’il n’a cessé fondées auxquelles s’ajoute un dans la SADC (qui compte aujour- ges commerciaux intra-SADC de perdre du terrain depuis 1994 : gros soupçon : Pretoria aurait d’hui 14 Etats membres, totalise devraient être libéralisés en 2008 D’autant qu’un poids lourd éco- détriment de ses partenaires afri- alors que ses exportations vers ce « acheté » le récent retrait de la un PIB de 170 milliards de dollars et le reste en 2012. Mais des pays nomique, l’Egypte, a rejoint le cains. Mais dans l’immédiat, pays sont tombées de 35 millions à Tanzanie du Comesa et son adhé- et une population de 185 millions comme le Zimbabwe, la Zambie Comesa en 1998 dans le cadre Pretoria ne peut se départir de cer- 6 millions de dollars, ses importa- sion à la Communauté de dévelop- de personnes), Pretoria cherche ou Maurice craignent de voir s’ac- d’une inflexion de sa diplomatie tains réflexes de protection des tions de produits sud-africains ont pement de l’Afrique australe dorénavant à y mener le jeu, tant croître encore à cette occasion économique vers l’Afrique noire. positions acquises. Ses exporta- augmenté de 154 à 220 millions de (SADC). en ce qui concerne la restructura- leur dépendance économique Le Caire en a immédiatement vu tions vers le reste de l’Afrique dollars, d’où un solde commercial L’arrivée au pouvoir du Congrès tion interne (évincement l’an der- – déjà grande – envers l’Afrique du les effets bénéfiques : ses exporta- étant nettement supérieures à ses très négatif. Le gouvernement de national africain (ANC) en Afrique nier du secrétaire général Kaire Sud. tions vers les autres membres du importations, Pretoria aurait plus Nairobi ne veut donc pas intégrer du Sud, en 1994, a chamboulé les Mbuende jugé « incompétent »),le Comesa ont augmenté de 107 % à perdre qu’à gagner d’une baisse une SADC dominée par Pretoria et flux commerciaux inter-africains. rythme de mise en place d’un mar- BARRIÈRES DOUANIÈRES au premier semestre 1999, même immédiate de ses barrières doua- réclame d’abord une suppression Défait du fardeau moral de l’apar- ché commun entre ses membres, Lors d’un colloque à Paris, le si elles demeurent au niveau très nières, même si elle est simultanée de certaines mesures anticompéti- theid, le géant sud-africain est ou le choix des nouveaux adhé- 26 mars, le directeur du bureau modeste de 27,3 millions de avec celle d’autres pays africains. tives sud-africaines. sorti de son isolement et s’est rents. européen de la chambre de com- dollars et que la balance commer- A l’inverse, la Tanzanie qui lancé à l’assaut économique du En donnant la priorité à la SADC merce et d’industrie de Maurice, ciale égyptienne avec ces pays est KENYA ET TANZANIE craint en premier lieu l’invasion de continent en commençant par les sur le Comesa, Pretoria cherche à Jean-Claude Montocchio, a résu- déficitaire. D’où le refus de l’Afrique du Sud son marché intérieur par les pro- pays limitrophes où le précédent valoriser ses principaux débouchés mé l’état d’esprit d’un grand nom- En forgeant leur propre marché d’intégrer dans l’immédiat le duits industriels du Kenya voisin régime disposait déjà de solides commerciaux que constituent les bre de pays de la SADC en expri- commun sous le parapluie de Comesa, et même ses discrètes s’est réfugiée sous l’égide de la positions commerciales. pays d’Afrique australe à forte mant son exaspération envers l’Egypte, les pays membres du manœuvres pour tenter de l’affai- SADC afin de freiner la libéralisa- La première étape de ce proces- croissance économique. L’explo- « l’attitude de “big brother” des Comesa cherchent à prendre l’Afri- blir. Il en a été ainsi du débau- tion des échanges au sein de l’EAC sus a consisté pour Pretoria à se sion du commerce intra-SADC Sud-Africains à laquelle nous que du Sud de vitesse sur le terrain chage du Mozambique, puis de la et du Comesa. faire admettre au sein de la SADC, après 1994 (de 4,16 milliards de sommes confrontés de manière systé- de la libéralisation économique, Tanzanie, du Comesa. Quant aux initialement créée par les autres dollars en 1995 à 9,9 milliards de matique ». Il est vrai qu’au premier qui reste un de ses talons d’Achille. tentatives d’ouverture, sous l’im- Francis Soler pays d’Afrique australe avec l’ap- dollars l’année suivante) a surtout semestre 2000, l’Afrique du Sud a Ils espèrent que leur commerce pulsion sud-africaine, de la SADC « La Lettre de l’océan Indien » détrôné pour la première fois la intra-Comesa aujourd’hui relative- à l’Ouganda et au Kenya, elles reflè- France comme principal four- ment faible (4,2 milliards de dol- tent une volonté d’expansion sélec- nisseur de Maurice qui, en revan- lars en 1998 soit seulement 6,7 % tive de cette organisation, confor- che, a beaucoup de mal à avoir du commerce extérieur total des me aux besoins de Pretoria mais accès au marché sud-africain sou- pays de cette zone économique) aux dépens des autres pays plus vent trop sophistiqué pour ses augmentera fortement au détri- pauvres et moins stables du Come- produits. ment de leurs importations venant sa, lesquels ne suscitent pas l’inté- La décision d’une poignée de d’Afrique du Sud, pays avec lequel rêt commercial de l’Afrique du membres du Comesa (dont Mau- leur balance commerciale est déjà Sud. rice, l’Egypte, le Kenya, le Zim- déficitaire. La concurrence que se livrent la babwe et Madagascar) d’abattre De son côté, Pretoria perçoit le SADC et le Comesa a des effets col- leurs barrières douanières dès fin risque politique de sa suprématie latéraux sur une autre organisa- 2000 n’entrait pas dans le timing commerciale en Afrique. A plu- tion régionale de coopération : la sud-africain et a été perçue par sieurs reprises, lors de récents Communauté d’Afrique de l’Est Pretoria comme une menace pour débats parlementaires, le ministre (EAC) qui rassemble trois pays sa suprématie commerciale sur le sud-africain du commerce, Alec (Kenya, Ouganda, Tanzanie) dont continent. Erwin, a noté ce déséquilibre au deux sont également membres du VI / LE MONDE / MERCREDI 18 AVRIL 2001 FOCUS ̄ Les salariés des Caisses d’épargne LA MÉCANIQUE DE L’ÉCONOMIE abandonnent leur régime d’assurance-retraite par Jean-Paul Betbèze l leur fallait trente années de re de retraite, rien ne peut être ten- Il est vrai que les résultats ont Finance et activité cotisations pour bénéficier Les retraités du réseau té sans l’accord des salariés et de de quoi satisfaire les salariés. Car d’une retraite à taux plein…, il leurs représentants. Des négocia- s’ils ont rejoint le droit commun Ileur en faudra désormais qua- bancaire ne subiront tions se sont engagées en 1997, (Agirc-Arrco), les syndicats ont es structures financières (banques, établissements de cré- rante. Ils avaient un régime d’assu- d’autant plus difficiles à mener toutefois réussi à maintenir cer- dits, Bourses…) jouent-elles un rôle important dans la crois- rance-vieillesse à part, ils ne l’ont pas de perte que l’adhésion à l’Agirc et à l’Arrco tains avantages. A commencer par sance ? Non, pas du tout, dans un modèle néoclassique pur, plus. Les salariés des Caisses impliquait une perte importante le principal d’entre eux : le main- car les marchés réalisent les transactions sans leur aide : une d’épargne ont, en conscience, de revenus. de revenus pour les retraités de tien des droits acquis au 31 décem- Linformation parfaite circule, sans intermédiation et donc sans coût. sabordé leur Caisse générale de l’Ecureuil, en même temps qu’un bre 1999 pour tous les salariés Oui, bien sûr, pour Josef Schumpeter, qui souligne, en 1911, le rôle retraite (CGR) à la fin de 1999, La facture se monte allongement considérable de la ayant cotisé à la CGR. Ces déterminant des banques dans l’identification et le financement des mais sans perte réelle de revenu. durée de cotisations. droits – principalement, la com- investissements productifs. Non, pas vraiment, selon Joan Robinson Depuis le 1er janvier 2000, ils coti- à 13-14 milliards Faut-il s’étonner que les premiè- pensation de l’abattement de 22 % en 1952, pour qui c’est la croissance économique, mise en œuvre par sent à l’Agirc et à l’Arrco, les orga- res discussions aient rapidement pratiqué par l’Arrco – concernent les entrepreneurs, qui importe : « Où l’entreprise avance, la finance nismes de retraites complémentai- de francs bloqué ? Pour sortir de la paralysie, au premier chef les générations au suit. » res des salariés du privé. la direction de l’Ecureuil dénonce bord de la retraite, mais iront en Pour autant, le débat entre schumpétériens et robinsoniens n’est Cette « banalisation » n’a pas eu pour l’entreprise le 30 décembre l’accord qui lie l’Ecu- s’atténuant dans le temps. pas du tout académique. Les nombreuses tentatives pour faire évo- lieu sans contreparties. Car on ne reuil à la CGR. Cette rupture institu- Dans un second temps, les syndi- luer les systèmes de financement en sont la preuve. Qu’il s’agisse renonce pas facilement à un statut gardait un profil équilibré. Mais tionnelle avait un avantage impor- cats ont dû affronter l’idée d’allon- d’améliorer les structures financières américaines, de renforcer les pour le moins (très) avantageux. l’informatique ayant amené, com- tant : elle ouvrait une période de ger la durée de cotisations. La pro- organisations bancaires des pays émergents, et bien sûr de la straté- Après trente ans de bons et loyaux me partout ailleurs, une stabilisa- négociations limitée à deux ans position d’un régime transitoire a gie européenne de création de produits, marchés et organismes services (quarante ans pour le com- tion du nombre des salariés, le pour la mise en place d’un nou- été discutée. Au final, les financiers européens. Un point qui, avec l’arrivée prochaine de mun des salariés du privé), les Ecu- déséquilibre cotisants-retraités veau régime. Faute d’accord, une personnes nées avant 1948 pour l’euro fiduciaire, est plus que jamais à l’ordre du jour. reuil avaient le droit de partir à s’annonçait inévitable au point de commission arbitrale issue du les hommes et 1950 pour les fem- Le rôle de la finance dans la croissance se trouve tant dans la théo- taux quasi plein (– 6 % seulement), créer un « déficit technique dès ministère des finances était tenue mes continueront de partir après rie de la croissance endogène que dans les modèles microéconomi- à 55 ans pour les hommes et à 50 2005 », selon l’expression de de se saisir du dossier, avec tout trente années, sans perte de reve- ques sur la firme bancaire et les marchés financiers. ans pour les femmes. Comme Bruno Mettling, membre du direc- pouvoir d’imposer une solution. nus. Pour les autres, nés Au niveau global, dans le modèle de la croissance endogène, où beaucoup avaient intégré ce toire des Caisses… et d’engloutir la entre 1949 et 1954, les départs institutions et structures jouent un rôle-clé, la productivité du capi- réseau bancaire plutôt jeunes totalité des fonds propres du grou- CATALYSEUR pourront avoir lieu entre 52 et 58 tal est renforcée par un système financier qui alloue plus efficace- (19-20 ans), ils étaient nombreux à pe Ecureuil d’ici 2010. Cette date limite, avec ce qu’elle ans (au lieu de 60 ans pour Agirc- ment les ressources. Mais ce système est coûteux, car il s’agit de col- profiter d’un système qui fait De dix cotisants pour un retraité impliquait de « perte de souveraine- Arrco). Ensuite, le régime sera lecter de l’information, de l’analyser, puis de proposer des choix. aujourd’hui rêver certains en aujourd’hui, la CGR n’en aurait té » sur le dossier, a joué le rôle de entièrement banalisé. Cependant, ces structures, qui clas- France. plus eu que trois en 2010 et deux catalyseur. Les syndicats ont pres- Enfin, dernier étage du disposi- La productivité sent et organisent, permettent de Mais, en période de déséquilibre en 2020. Déjà en 1998, les Caisses senti qu’ils seraient perdants s’ils tif, un régime par capitalisation a créer des portefeuilles de projets où démographique, les systèmes les avaient du provisionner la CGR à devaient s’en remettre aux énar- été créé pour aider les plus jeunes du capital le risque est partagé ; la capacité plus avantageux sont les premiers hauteur de 9,2 milliards de francs. ques de Bercy. Et la présidence de générations de salariés à obtenir d’agir et de prendre des risques est à montrer leurs limites. Tant qu’a Ce rapport démographique inte- l’Ecureuil savait que, faute d’un des pensions de retraite équivalen- est renforcée par donc plus importante que celle duré la croissance des effectifs, la nable n’autorisait pourtant pas accord bouclé en interne, la quali- tes à celles de leurs aînés. Ce régi- ouverte aux individus isolés. pyramide des âges de l’Ecureuil une réforme immédiate. En matiè- té des relations sociales au sein de me sera alimenté par les salariés un système financier Tout investissement conduit à l’entreprise serait durablement qui y verseront la part des cotisa- transformer des actifs liquides en compromise. tions qu’ils auraient pu économi- qui alloue actifs illiquides, ce qui est évidem- Gérer la carrière des seniors Il fallait donc conclure. Pour ser en adhérant à l’Agirc-Arrco et ment risqué, et donc fait de maniè- enclencher une réelle participation abondé largement par l’em- efficacement re mesurée par les agents indivi- Les Caisses d’épargne Ecureuil ont fait mieux qu’assurer une conti- des syndicats, il était important de ployeur (deux tiers). Car si le régi- duels. En regroupant des ressources nuité de leur régime de retraite. Une « gestion de carrière des seniors » leur donner les moyens d’élaborer me CGR était très favorable, les les ressources. éparses pour les investir, les structu- a également été mise en place. Celle-ci ne fait certes pas l’économie leur propre diagnostic. « Ça a été cotisations y étaient également res financières leur conservent une des très classiques préretraites progressives, financées par l’entrepri- un point-clé de la négociation : les plus élevées. Les analyses liquidité (car les agents, hors crise se et le Fonds national pour l’emploi. Mais, simultanément, une véri- syndicats ont eu droit aux experts de Bien entendu, cet accord à l’arra- aiguë, ne vendent leurs titres ni ne table gestion des carrières des seniors va être mise en place, pour leur choix », indique Bruno Mett- ché coûtera à l’entreprise la microéconomiques vident leurs comptes bancaires en amener les salariés à partir naturellement à soixante ans. ling. Des actuaires ont travaillé coquette somme de 13 à 14 mil- même temps !), tout en les transfor- Dans ce cadre, la direction de l’Ecureuil a prévu un dispositif qui pour les syndicats, ce qui a contri- liards de francs. Mais, comme se montrent aussi mant en actifs plus risqués et plus passe par des entretiens de carrière spécifiques avec « plan d’action bué à une prise de conscience. Le console Bruno Mettling, « l’esprit rentables, c’est-à-dire plus porteurs individualisé », des possibilités de mobilité pour valoriser l’expérien- diagnostic des uns finissant par de dialogue qui a prévalu est un l’intérêt de la finance de croissance. ce acquise et la « recherche et définition de nouvelles missions (conseil, rejoindre celui des autres, une acquis pour l’entreprise ». Bien sûr, cette fonction a un coût, tutorat, gestion de projet, détachement dans le cadre des missions d’inté- négociation a fini par s’engager, pour la croissance, celui même des organisations ban- rêt général…) ». qui a abouti en trois mois. Yves Mamou caires et des marchés (main-d’œu- car la pression vre et achats divers, qui se manifes- tent par les commissions et les des actionnaires écarts entre taux débiteurs et crédi- teurs). Mais ce coût est constam- L’âge de départ des sidérurgistes repasse à 60 ans ou des prêteurs ment réduit par les processus con- currentiels qui secouent les mar- aiguillonne chés financiers eux-mêmes, tandis amais l’information n’a fait la carrière de ceux qui restent étant chez Usinor, « vous travaillez qu’il est inférieur aux avantages « une » des journaux. Et Un accord permet accélérée par les départs à 50 ans. moins, vous êtes un peu moins l’investisseur. Mais que ces systèmes procurent. pourtant ! En dix ans, l’âge de Mais, dès lors qu’une promotion payés », la loi a substitué une négo- Les analyses microéconomiques Jdépart des sidérurgistes, chez de payer les salariés intervenait tous les 2,5 ans pour ciation à nouveau focalisée « sur le un monde qui va montrent aussi l’intérêt de la finan- Usinor, est repassé de 50 ans un ouvrier, contre 7,5 ans aupara- temps de travail et non sur son conte- ce pour la croissance, car la pres- à 60 ans. Une révolution qui s’est en fonction vant, comment faire admettre de nu », souligne Daniel Atlan. plus vite est aussi plus sion des actionnaires ou des prê- opérée sans bruit, sans conflit et bloquer quelqu’un sur un même Lequel considère que « recentrer teurs aiguillonne l’investisseur. Elle quasiment sans accord qui aurait de leur compétence poste pendant dix ans, si la retraite pour un certain nombre d’années le risqué. Il faut mettre le pousse à rechercher les meilleu- préalablement stipulé la rupture revenait à 60 ans ? Après bien des débat social sur la seule durée du res opportunités, à ne pas utiliser avec des pratiques sociales en et non du poste tâtonnements, il fut bien sûr imagi- travail est un anachronisme ». en place le bon seulement son autofinancement vigueur depuis la fin des années né que la solution passait par la Il n’empêche, ce retour à la nor- mais à aller au-delà, à mobiliser 1970. occupé. Et le travail formation. Mais ce n’était pas suffi- malité est riche d’enseignement, niveau de régulation plus de ressources pour créer davan- Pour Daniel Atlan, chargé de la sant. C’est ainsi que naquit l’idée même s’il contient sa part de para- tage de richesses, et à combiner prospective sociale et directeur à temps partiel a été majeure de l’accord A CAP 2000, doxes. Par exemple, il a fallu auto- et de protection fonds propres et dette pour accroî- des ressources humaines des labo- qui « s’appuyait sur le principe de riser les classes d’âge 1941-1942 à tre la rentabilité des fonds propres ratoires de recherche d’Usinor, qui beaucoup développé payer les gens en fonction de leur partir en préretraite totale en 1995 (mécanisme de l’effet levier). Le prix à payer, bien sûr, c’est que cette a piloté le dossier pendant toute compétence et non en fonction du et 1996, parce que sinon, à quel- croissance plus forte peut s’avérer plus instable, avec hauts et bas cette période, l’une des causes du Au fil du temps, ce dispositif poste occupé ». De la sorte, la rému- ques jours ou semaines près, des boursiers, réussites fortes et échecs. Mais la croissance du tout est succès réside dans le fait qu’au avantageux, justifié par des néces- nération pouvait évoluer, si la car- négociateurs de l’accord de 1990 supérieure. moment de la négociation « nous sités sociales, avait fini par créer rière stagnait. étaient exclus du bénéfice des Comment, alors, donner plus de place aux produits financiers et n’avons pas dit, “plus personne ne une situation ingérable. A cette première disposition mesures antérieures. aux structures qui les promeuvent ? Fondamentalement, en incitant part à 50 ans”, mais “si les gens res- Faire partir des « vieux » était s’ajouta une autre qui permettait d’un côté les ménages à en détenir davantage (fonds de pension, pro- tent, à partir de 50 ans, alors on ne devenu la solution de facilité pour de changer les règles sans le dire. PRÉJUGÉS duits de retraite et d’assurance, produits de placement divers), tan- les licenciera pas” »… réduire des effectifs, mais la pyra- Dans la convention pour l’emploi, Par son travail d’enquête, qu’il a dis qu’il s’agit d’un autre de renforcer la concurrence entre structu- mide des âges s’était atrophiée. il fut donc précisé que si les person- depuis poursuivi à la CGT, égale- res et organisations financières. Le cas est clair pour les pays déve- MUE DISCRÈTE Dans l’entreprise, faute d’embau- nes continuaient à travailler ment confrontée au « problème du loppés, où le système de financement est de plus en plus sous pres- Mais le même, qui a raconté l’his- che, il n’y avait plus de jeunes au-delà de 50 ans, elles avaient renouvellement de ses cadres », Joël sion, avec l’idée qu’il en devient plus efficace. toire de cette mue si discrète au (seuls 3 à 4 % des salariés avaient l’assurance de ne pas être licen- Simon a fait pièce des préjugés Il ne s’agit plus de protéger le système de financement, comme cours d’une séance de l’Ecole de moins de 30 ans) et plus d’an- ciées. Et, pour faciliter un passage affectant les « seniors » au travail. dans les années 1960, où le crédit (souvent régulé) était le moteur Paris du management, en compa- ciens, porteurs d’expérience et de en douceur, le tout fut complété Même dans l’industrie lourde, sou- d’une économie administrée. Ainsi, dans la construction européen- gnie de Joël Simon, aujourd’hui mémoire. par un accord sur le travail à temps mise à des changements technolo- ne, l’on passe d’un système où le droit attaché au produit financier directeur du centre de formation Progressivement, aussi, en attei- partiel particulièrement attractif. giques, ceux-ci ont mieux que leur est moins celui du pays où il se consomme, et plus celui où il se pro- des cadres de la CGT, et qui avait gnant les classes creuses de la Tant et si bien qu’aujourd’hui 30 % place et il y a avantage à continuer duit. Voilà pourquoi s’internationalisent les produits d’assurances alors mené une étude, dans l’entre- deuxième guerre mondiale, le taux de l’effectif d’Usinor est à temps de les employer. Ils ont le souci de ou de dépôt, les crédits et les actions, et s’érodent les particularités prise, sur les conditions de main- de sortie se tarissait, pour des rai- partiel, dont deux tiers à 80 % du la sécurité, se préoccupent de la locales (notamment fiscales). tien au travail des « seniors », sons démographiques. Sans comp- temps, rémunérés à 86 % du sa- qualité et ont le goût du travail Quels effets ont ces mouvements de financiarisation, de globalisa- reconnaît « que nous ne savions ter que les effets pervers se multi- laire d’un temps complet. bien fait. Ils tiennent un rôle de tion, de réduction des spécificités financières ? Ils fragilisent d’abord pas au début si nous y parvien- pliaient, dont celui que les spécia- Les 35 heures sont venues ébran- régulation dans les équipes et, les situations acquises et les rendent plus contestables. Ils condui- drions, et que nous n’étions du reste listes de ressources humaines ler cette belle construction. Aux pour peu qu’on les écoute, « ont sent les entreprises financières et les marchés à être plus efficaces, pas très au clair sur l’objectif à appellent « l’effet cheminée », la termes de l’échange, en vigueur envie de transmettre leur ex- c’est-à-dire moins chers pour un meilleur service. Ils poussent à la atteindre ». périence ». Enfin, à ce stade de concentration, pour chercher des économies d’échelle, à des conglo- Tout commence avec la décision leur carrière, leurs enfants élevés, mérats de banques et d’assurances pour étendre la palette des pro- de mettre fin, à partir du 31 décem- Une restructuration coûteuse ils aspirent « plus à la qualité de la duits offerts et servir plus de clients, mais aussi à des spécialisations bre 1990, à la Convention générale vie qu’à des aspects de pouvoir plus fines. Les marchés de financement deviennent ainsi, à la fois, de protection sociale (CGPS), vic- Malade depuis des années, en faillite, nationalisée, la sidérurgie d’achat », ce qui explique le succès plus globaux et interdépendants, plus réactifs et concurrencés. time de son coût, abyssal, et de n’en finissait pas de mourir. Depuis 1975, elle aura perdu au total du travail à temps partiel. Les nouvelles technologies de l’information et de la communica- son caractère exceptionnel, sor- plus de 100 000 emplois, et 100 milliards de francs auront été dépen- Surtout, Joël Simon et Daniel tion poussent dans ce même sens, avec le e.banking et une désinter- tant du droit commun. Jus- sés dans la restructuration de ce secteur. Atlan s’accordent sur un dernier médiation plus accessible. Elles offrent aux entreprises, ménages, qu’alors, il était admis que les sidé- A partir de 1984, la restructuration est accompagnée d’un vaste point, qui a justifié toute la démar- artisans… la possibilité de placer plus facilement leurs ressources rurgistes partaient en préretraite plan, avec la Convention générale de protection sociale (CGPS) qui che. Même dans des organisations et/ou d’en obtenir plus facilement et à moindre coût. Ceci pour le automatiquement à 50 ans et les permettra les départs systématiques à cinquante ans. Ce dispositif aussi rigides que celles de la sidé- plus grand bienfait de la croissance et de l’emploi. cadres à 55 ans. Ce qui avait aussi sera abandonné en 1990 alors que l’entreprise, dirigée par Francis rurgie, il existe des possibilités Mais que l’on n’oublie pas pour autant que ce monde qui va plus pour effet, à compter de l’âge de Mer, née de la fusion d’Usinor et de Sacilor, puis privatisée, retrouve d’aménagement au niveau d’un vite est aussi plus risqué. Et qu’il faut donc mettre en place le bon 45 ans, de placer les salariés dans les bénéfices. site ou d’une cellule de travail qui niveau de régulation et de protection. Ni protection maximale ni jun- la perspective d’une fin de carriè- Une nouvelle épreuve survient en 1993 avec l’arrivée sur le marché ne demandent qu’à se réaliser. gle où l’acheteur n’a qu’à savoir et s’en prendre à lui-même. C’est re, puisqu’il était admis qu’ils ne des aciers en provenance des pays de l’Est. Surmontée, celle-ci n’em- « Donnez des marges de manœuvre par la tension entre ces deux positions antagoniques que s’organise sauraient être concernés par des pêchera pas l’application de la nouvelle convention pour l’emploi à vos collaborateurs, ils prendront le cadre de l’interaction croissance-finance. Pour plus de croissance, plans de suppression d’emplois qui visait à revenir, en dix ans, à une gestion plus normale des âges. de bonnes décisions », en conclut le avec une meilleure finance. avant de pouvoir bénéficier d’une Synonyme de crise industrielle, la CGPS a servi d’exemple pour la DRH. préretraite, rémunérée à 92 % de restructuration d’autres secteurs économiques dans les années 1980, Direction des études économiques et financières du Crédit lyonnais. leur dernier salaire. dont la construction navale. Alain Lebaube TRIBUNES LE MONDE / MERCREDI 18 AVRIL 2001 / VII ̄ La croissance est-elle plus riche en emplois ? LIVRES par Jean Gadrey par Serge Marti u cours des années 1960, l’économie fiable d’identifier des unités ou des caractéris- dre de 8 % par an (c’est un ordre de grandeur française a créé 164 000 emplois nets tiques auxquelles seraient attachés des prix uni- qui correspond à certaines de mes observations, par an, avec une croissance annuelle taires. De multiples tentatives ont été faites, qui tant dans l’industrie que dans certaines fonc- A moyenne de 5,6 %. Au cours des années n’ont jamais abouti, de sorte que, dans tous les tions tertiaires). De l’autre, des tâches qui, en rai- Pour qui sonne le gras 1970, ces chiffres ont été de 95 000 et 3,6 %. Et pays, on en revient toujours à mesurer la crois- son principalement de leur forte dimension rela- au cours de la période sombre 1980-1994, ils sance économique dans le commerce à partir de tionnelle, cognitive ou d’aide personnalisée, ne n’ont été que de 9 000 et 1,9 %. Apparemment, la croissance du volume des biens vendus, et se prêtent que peu à une telle automatisation FAST FOOD NATION. moins de croissance, c’est moins d’emplois non à partir de la croissance du volume des par substitution du capital au travail, de sorte THE DARK SIDE OF THE ALL-AMERICAN MEAL, créés. Brusque changement, et paradoxe : entre services rendus. que la productivité, telle qu’elle est mesurée, y d’Eric Schlosser 1994 et 2000, l’économie crée 172 000 emplois Cela conduit à des absurdités : si la prestation stagne, même si la qualité progresse par ailleurs. Editions Houghton Mifflin, 357 p., 25 dollars, 28,4 ¤ par an, soit plus que dans les années 1960, pour commerciale s’enrichit en services pour un Supposons enfin que la part des tâches de un taux de croissance moyen de 2,3 %, inférieur même volume de ventes (ce que l’on a observé type 1 soit passée de 50 % en 1970 à 30 % en haque année, 5 000 morts, 325 000 hospitalisations et de 3,3 points à celui des années 1960 ! Le para- en France et, plus encore, aux Etats-Unis depuis 2000. Ces chiffres sont arbitraires, mais la réalité 76 millions de maladies sont dus à un empoisonnement ali- doxe est maximal en 2000, où l’on aurait atteint les années 1980), la croissance et les gains de d’une forte réduction du poids relatif des tâches mentaire aux Etats-Unis, pays où les maladies gastro-intes- le chiffre record de 560 000 emplois créés (soit productivité, tels qu’ils sont mesurés, déclinent de type 1 est incontestable. Par exemple, la part tinales graves sont actuellement supérieures de 34 % à leur + 2,3 %) pour une croissance de 3,2 %. mécaniquement. Mais c’est un déclin totale- des ouvriers dans l’emploi était de 37,3 % en niveauC des années 1950. La publication, fin mars, de ces statistiques Comment expliquer ce miracle d’une crois- ment fictif. Il n’y a pas déclin de la productivité, 1975 et de 27,2 % en 1995, la population active préoccupantes par les Centres de contrôle et de prévention des mala- sance qui semble incroyablement plus riche en il y a déclin de la pertinence de ce concept, inca- agricole représentait 13 % de l’emploi en 1970, dies, organismes rattachés à l’Administration de l’alimentation et du emplois qu’autrefois ? L’explication courante pable d’intégrer la dimension de service du pro- et environ 4 % en 2000, et l’on sait que les tâches médicament, a suscité une vive émotion auprès d’un public qui com- est à peu près la suivante. Les politiques de duit commercial, c’est-à-dire son essence. Et de tertiaires les plus concernées par l’automatisa- mence à se sentir concerné, aussi bien par la qualité – contestée – de réduction du coût et de la durée du travail, les même, lorsqu’on compare, sur cette base, la pro- tion (dans les pools de dactylographie, les ce qui lui est offert dans son assiette que par les crises alimentaires emplois jeunes et les divers emplois aidés ductivité commerciale en France et aux Etats- centres de chèques et de traitement des opéra- en rafale qui font l’actualité. auraient produit cet « enrichissement », mais au Unis (ou au Japon), on en conclut que « nous » tions bancaires et d’assurance, les centraux télé- C’est le moment choisi par l’éditeur d’Eric Schlosser, collaborateur détriment des gains de productivité, qui se sommes les champions de la productivité, alors phoniques ou les services de traitement de du magazine Atlantic Monthly, pour mettre en vente son premier seraient effondrés. Si, entre 1994 que la réalité est qu’« ils » ren- masse de dossiers administratifs, etc.) ont fondu ouvrage, lequel est rapidement devenu un best-seller. Fast Food et 2000, le PIB a progressé de La quasi-totalité dent beaucoup plus de services rapidement depuis les années 1970. Nation a nécessité deux ans de patiente investigation au pays de la 2,3 % par an en moyenne, et autour du même panier de Moyennant ces hypothèses, on obtient un junk food, cette « bouffe poubelle » que l’auteur tient pour respon- l’emploi de 1,3 %, c’est que la de l’apparent déclin biens vendus. « Ils » ne sont résultat d’une grande simplicité : le taux de crois- sable de l’obésité qui frappe quasiment le quart de la population, productivité par emploi n’a pro- pas moins productifs pour effec- sance de la productivité dans l’ensemble de mais aussi de la profonde modification intervenue dans le comporte- gressé que de 1 % (et de près de des gains tuer les mêmes tâches. cette économie fictive passe mécaniquement de ment des consommateurs (rythme et nature des relations familiales 2 % pour la productivité horaire, Le commerce n’est pas le seul 4 % en 1970 à 2,4 % en 2000, sous le seul effet de notamment), voire, sujet souvent négligé, de la morphologie d’un compte tenu de la réduction du de productivité secteur concerné par de tels la transformation de la structure des tâches, dès paysage rural reproduit à l’identique. temps de travail). Ce déclin errements. Bien d’autres le lors que les techniques de mesure n’enregistrent Eric Schlosser a longuement enquêté à l’intérieur de l’industrie inquiète. Ne va-t-on pas trop horaire du travail sont, parce qu’une tendance pas les transformations qualitatives dans les agroalimentaire, auditionné quantité d’employés et de responsables loin dans le sacrifice de la pro- forte du post-fordisme, depuis tâches non automatisables. On produit plus de de chaînes de fast-food, passé de longues heures dans les écoles élé- ductivité sur l’autel de l’emploi ? entre les années 1970 une vingtaine d’années, est l’en- richesses avec le même volume de travail, mais mentaires directement approvisionnées par Pizza Hut, McDonald’s Je voudrais proposer une richissement des produits en comme cette richesse ne prend pas la forme de ou Subway. Il a sillonné une bonne partie du pays, à la découverte autre explication de ce supposé et les années 1990 services, dans tous les secteurs ; flux de quantité de type industriel, son accroisse- de ces Américains qui ont dépensé 110 milliards de dollars en fast- déclin des gains de productivité, sans compter la croissance ment échappe aux chiffres. Il y accroissement de food en 2000 contre 6 milliards trente ans plus tôt. observable dans tous les pays tient sans doute continue du poids du secteur la richesse, mais il n’y a pas croissance… « Ceci est un livre consacré à la restauration rapide, aux valeurs qu’el- développés depuis les années des services les moins standar- Je ne serais donc pas étonné que la quasi- le véhicule, au monde qu’elle a contribué à façonner », avertit l’auteur. 1960, indépendamment du type à l’outil de mesure disés, dits relationnels et profes- -totalité de cet apparent déclin des gains de pro- En un temps relativement bref, l’industrie du fast-food a contribué à de politique de l’emploi. Nous sionnels, qui renforce encore ce ductivité horaire du travail entre les années transformer non seulement l’alimentation des Américains, mais aus- avons changé de mode de production des phénomène général. C’est l’une des compo- 1970 (3,6 % par an) et les années 1990 (2 % par si l’économie, les paysages, la main-d’œuvre et la culture populaire, richesses, et les outils de mesure mis au point à santes, peut-être la plus importante, des nou- an) tienne à l’outil de mesure. Les rendements souligne-t-il, affirmant que l’empire McDonald’s assure à lui seul l’époque du fordisme pour refléter la progres- velles conditions de production de richesse. Or décroissants sont, d’abord, ceux des concepts, près de 90 % des emplois créés dans l’industrie des services. La res- sion de la richesse et de l’efficacité (croissance, cette composante échappe pour l’essentiel aux qui conduisent à mesurer avec des outils for- tauration rapide emploie actuellement 3,5 millions de personnes, les- productivité) ne capturent pas ce qui est au concepts de croissance et de productivité, parce distes une richesse post-fordiste. Les écono- quelles figurent parmi les plus mal payées aux Etats-Unis… cœur de ce nouveau mode : le service, la qualité qu’ils ne sont pas faits pour cela. mistes ont, dans ce domaine, beaucoup de Outre ces considérations qui en font un témoignage économique et l’innovation de service, l’information et la Les conséquences sont probablement considé- retard sur les entreprises. William Baumol avait et sociétal autant que culturel, l’intérêt de l’ouvrage réside dans un connaissance. rables, comme on peut l’illustrer par un calcul pourtant attiré l’attention sur ces questions… en assemblage équilibré de reportages sur le terrain, de consultation de Prenons l’exemple significatif du commerce simple. Supposons que l’on divise, à chaque 1967. Ils ont aussi du retard sur les philosophes documents (les notes et références occupent une cinquantaine de de détail. La mesure de la croissance et des gains époque, l’ensemble des tâches d’une économie qui, comme Dominique Méda, ont récemment pages) et de rappels de la saga de quelques-uns des personnages de productivité dans cette activité ancestrale est (y compris au sein de chaque poste de travail) relancé un débat urgent sur nos représentations marquants qui ont inventé le fast- food, banalisé le drive-in et contri- un casse-tête statistique non résolu, et qui n’a en deux types. D’un côté, des tâches suscep- de la richesse. bué ainsi à dessiner, à gros traits, l’Amérique de l’après-guerre. Une aucune chance de l’être à l’avenir, parce que, tibles d’être automatisées compte tenu des tech- société dont l’auteur considère qu’elle a atteint un stade dangereux pour définir et mesurer ce produit qu’est le ser- nologies de l’époque, et qui connaissent de ce Jean Gadrey est professeur d’économie à l’uni- d’homogénéisation dont il craint, globalisation aidant, la contamina- vice commercial, on ne dispose d’aucun moyen fait des gains de productivité très élevés, de l’or- versité Lille-I. tion à d’autres contrées. Sombre bilan de la dollarisation PARUTIONS b LA RETRAITE DES AGENTS PUBLICS EN EUROPE, textes réunis par Hélène Pauliat L’ouvrage, qui condense les actes d’un colloque qui a eu lieu en novem- en Equateur par Luis Maldonado Lince bre 1999, a un but résolument militant : à l’heure où les politiques (droite et gauche confondues) hésitent à réformer les régimes de retrai- te – notamment ceux des fonctionnaires –, il n’était pas dénué d’intérêt ’accélération de la globalisation au cours Or, si le système des changes précédent avait Il y a encore d’autres questions à considérer. de braquer le projecteur sur la mosaïque des situations et des réformes de la dernière décennie a consisté pour le provoqué le cataclysme économique décrit ici, Du point de vue micro-économique, tant que introduites par les principaux pays voisins de la France. Dans cette opti- monde sous-développé à affronter, sans comment comprendre que le nouveau prési- persisteront des taux d’inflation élevés, la com- que, les expériences allemande, anglaise et italienne méritent d’être lues L un appareil productif solide, la concurren- dent ait choisi une voie encore plus radicale ? pétitivité des entreprises sera réduite de façon de près… à condition, pour les contributions sur le Royaume-Uni et ce des pays développés sur les marchés mon- Comment comprendre également qu’un modè- substantielle. Les produits de fabrication locale, l’Italie de lire l’anglais. Le thème de la capitalisation est également abordé diaux. Néanmoins, le Fonds monétaire interna- le semblable à la convertibilité de l’Argentine à cause de leurs coûts élevés en dollars, ne pour- sous l’angle d’une possibilité supplémentaire nécessaire, destinée à atté- tional (FMI) et la Banque mondiale ont pris, sys- ait été adopté, alors que ce pays montrait une ront pas être achetés par des consommateurs nuer le choc d’une réforme qui tendrait à lisser les pensions vers le bas tématiquement, des initiatives visant à imposer détérioration de presque tous ses indices écono- dont 70 % disposent de revenus d’environ (Pulim, 214 p., 90 F, 13,7 ¤). Y. M. la globalisation aux pays sous-développés, com- miques et sociaux ? Et cela après avoir appliqué 60 dollars par mois. Les marchandises impor- me si celle-ci permettait de brûler des étapes toutes les prescriptions du FMI et de la Banque tées moins cher seront alors préférées par les b LES DESSOUS DE L’AGROALIMENTAIRE, dans le processus de développement. mondiale pour essayer de maintenir ce schéma consommateurs, contribuant davantage à l’as- de Dominique Predali En Equateur, depuis 1992, ont été mises en monétaire. phyxie de la production locale. Dans le secteur Les 120 produits qui remplissent le caddy du consommateur appartien- vigueur des politiques monétaires de changes En réalité, en Equateur les forces économi- externe de l’économie, hormis le pétrole, les nent à quelques grands groupes comme Unilever ou Danone. Une poi- fixes et de flottement des taux d’intérêt, moyen- ques dominantes imposent les modèles selon exportations équatoriennes ont diminué de gnée de multinationales se disputent le marché mondial de l’agroalimen- nant quoi le pays a ouvert son marché aux pro- leurs intérêts, et si la légalité est insuffisante 45 % à cause de leurs prix élevés en devises, par taire et cherchent à maîtriser l’ensemble de la chaîne de production et de duits importés au détriment des produits pour le faire, ces forces la transgressent sans rapport à l’année 1998, avant la dollarisation. commercialisation pour mieux régner sur le marché. Exemple : deux d’en- locaux. Ainsi, selon des sources scrupule. Ainsi, aussi bien la loi Du point de vue macro-économique, ce sché- tre elles, Philip Morris et Douwe Egbert, filiale de Sara Lee, se partagent officielles, le nombre des gens En 1999 et 2000, qui a sauvé les banquiers que la ma monétaire est venu accentuer les déséquili- 57 % du marché mondial du café, ce qui leur permet d’imposer leur prix pauvres est passé de 3,6 mil- saisie de l’argent déposé dans bres existants dans deux secteurs déterminants aux pays producteurs. De l’avis de l’auteur, nous assistons actuellement à lions à 8,9 millions sur une la valeur en dollars les banques et le décret qui a pour le développement de l’Equateur : l’épar- une consolidation sans précédent du contrôle de l’alimentation par quel- population totale de 12 millions mis en vigueur la dollarisation gne interne et la disponibilité en devises. ques géants, qui exercent une influence croissante sur le pouvoir politi- d’habitants. du PIB a chuté ont été imposés en transgres- Face à cette situation, le gouvernement et les que, incompatible avec la démocratie. Dans ce contexte, Dominique Pre- Au cours des années 1999 et sant la Constitution et les lois groupes économiques dominants ont parié sur dali encourage les consommateurs à effectuer des achats « socialement 2000, la valeur en dollars du PIB de 47 %, le revenu de l’Equateur. l’exploitation intensive du pétrole, la vente des responsables » (Dauphin, 217 p., 98 F, 14,9 ¤). M. L. a chuté de 47 %, le revenu par Ayant imposé la dollarisation entreprises étatiques et l’endettement externe. habitant a diminué de 1 600 à par habitant est passé sans aucune étude préalable, L’appel à ces sources de revenus constitue un 850 dollars et les niveaux du d’énormes efforts ont été recours extrême pour essayer de consolider la chômage et du sous-emploi ont de 1 600 à 850 dollars, déployés par le gouvernement dollarisation, en même temps qu’elles ouvrent atteint 75 % de la force de tra- pour essayer de convaincre la possibilité de trafics divers, surtout à l’occa- vail. La colère de la société – et le chômage l’opinion publique que celle-ci sion de la vente des entreprises étatiques, com- notamment des Indiens – a était le seul moyen de vaincre me l’expérience récente l’a démontré en Améri- gagné les rues, faisant tomber et le sous-emploi l’inflation – 60 % en 1999 –, d’at- que latine. le gouvernement démocrate- teindre la stabilité et d’aller vers Dans le cas du secteur proprement productif, chrétien allié au parti social- ont atteint 75 % une amélioration de la situation dans l’Equateur dollarisé, même si les entrepri- chrétien, au début de l’an 2000. économique. Mais la réalité a ses étaient efficientes dans l’utilisation de leurs Cette issue était due non seule- de la force de travail. démenti ces propos. ressources, elles ne pourront pas être compétiti- ment à la détérioration du A la fin de l’an 2000, l’infla- ves à cause de leurs coûts, élevés et rigides, de niveau de vie général, mais sur- Hormis le pétrole, tion avait dépassé les 100 %, production interne en dollars. tout à la corruption de ce gou- niveau jamais atteint aupara- Etant donné ces conditions d’étranglement vernement et des classes domi- les exportations vant, le taux d’intérêt était de progressif du secteur productif et de la société, nantes qui ont imposé le modè- 22 % en moyenne, et comme le sera-t-il possible de soutenir indéfiniment la le économique néo-libéral. ont diminué de 45 %, chômage et le sous-emploi tou- dollarisation en Equateur ? L’heure ne serait- Tandis que la population chaient 75 % de la population elle pas venue d’analyser en profondeur les plongeait de plus en plus dans à cause de leurs prix active, 500 000 Equatoriens ont coûts et les bénéfices, de maintenir ou d’aban- la pauvreté, l’Etat mettait tout émigré depuis 1999. donner la dollarisation, pour éviter qu’une logi- en œuvre pour sauver les ban- élevés en devises, En l’absence de succès que perverse de fuite en avant ne s’installe en quiers et leurs entreprises, sans concrets dans sa gestion, le gou- Equateur ? les obliger à assumer leurs res- par rapport à 1998 vernement a fait de la baisse du Cela a bel et bien été évoqué par l’économis- ponsabilités. On pouvait s’atten- taux d’inflation le but principal te français Pierre Salama pour l’Argentine, au dre à ce que l’actuel président de l’Equateur à atteindre, se fixant comme objectif de le rame- vu des résultats de dix ans de convertibilité-dol- décide de modifier le cours des choses. Mais, ner à 30 % en 2001. Mais, pour autant que ces larisation dans ce pays riche en ressources et lors de sa prise du pouvoir, le 22 janvier 2000, la annonces puissent s’avérer réalistes cette fois- jadis prospère, autrement plus apte que l’Equa- dollarisation proclamée par le président renver- ci, sera-t-il possible de considérer acceptable teur à appliquer et à tirer les hypothétiques sé, quelques jours avant sa chute, a été confir- une inflation de 30 % en dollars, c’est-à-dire bénéfices de ces modèles monétaires. mée comme le modèle approprié pour faire une baisse du pouvoir d’achat du dollar de 30 % face à la crise. Parmi les modèles de changes en 2001, s’ajoutant à celle d’environ 100 % pour Luis Maldonado Lince est coordinateur géné- fixes, le schéma le plus extrême a été retenu. l’année 2000 ? ral du Forum Equateur alternatif. L’important volume de candidatures (environ 10 000 par La reprise économique an) reste stable. Mais le secteur s’est beaucoup ne tarit pas les vocations humanitaires algré la reprise écono- « ont plus de possibilités profession- ques et des modules insérés dans re, n’a rien enlevé » au flux de can- durée de six mois chacun, et non professionnalisé. mique, l’engouement nelles qu’avant, ce qui les rend plus des programmes d’écoles type didatures reçues pour le DESS aide homologués, ils viendront rejoin- Depuis le début pour l’action humani- sereins pour s’orienter vers l’humani- HEC ou Sciences-Po. humanitaire internationale, pré- dre deux autres formations, de Mtaire ne se dément taire sans compromettre leur carriè- Ainsi la faculté de droit et de vention, urgence et réhabilitation, logisticien et d’administrateur de pas. Selon les organisations non re », ajoute-t-elle. science politique d’Aix-Marseille a organisé par Aix-Marseille depuis la solidarité internationale, qui des années 1990, gouvernementales (ONG) repré- La stabilité d’un important volu- créé en 1998 un DU de juriste inter- la rentrée 1994, explique Marie- elles durent deux ans et sont recon- sentées par Coordination Solidari- me de candidatures (10 000 par an nationaliste de terrain, ouvert de Josée Domestici-Met, professeur nues de niveau 3 (bac + 2). les formations té urgence développement (SUD) en tout en 1998 selon Coordina- préférence aux titulaires d’un agrégé en droit public et directrice Cependant, la formation ne suf- qui en fédère 107, le flux de candi- tion SUD) cache cependant un bac + 5 ayant déjà un an d’expé- de ces deux diplômes. Ce DESS, fit pas toujours. « Les postes sont se sont multipliées. datures reste stable. Le sondage changement profond du monde rience. Accueillant vingt étudiants, premier du genre créé dans ce de plus en plus complexes, précise effectué en mars 2001 par Le Mon- humanitaire ces dernières années. il leur permettra d’effectuer du domaine en France, qui « a été la Anne-Marguerite Creis, responsa- Les personnes qui ont de à l’occasion du Train de l’em- Les formations se sont multi- droit appliqué : rapports sur les vio- matrice d’un réseau européen » de ble de la gestion des compétences ploi confirmait bien l’attirance pliées depuis le début des années lations des droits de l’homme, diplômes créés dans sept pays, a à Handicap international, qui a déjà une expérience qu’éprouvent les jeunes diplômés 1990. La liste des DESS et DEA enquêtes sur des massacres, super- fait l’objet de 400 dossiers de candi- envoyé 120 personnes en mission pour ces métiers, puisque 15 % mais aussi de DU (diplômes univer- vision d’élections… datures en 2000 pour 40 places, en 2000. Il faut animer des projets, disaient vouloir exercer dans l’hu- sitaires) est impressionnante, sans La création de ce DU, qui tandis que le DU, plus récent, en a nouer des partenariats, etc. Et nous professionnelle sont manitaire. Et si certaines ONG ont parler des formations de niveau répond à la « valorisation croissan- reçu 60 pour 20 places. travaillons sur place avec du person- pu craindre une baisse des candida- inférieur, des stages courts et prati- te du droit dans l’action humanitai- Ce foisonnement des formations nel formé. Un jeune qui sort de l’éco- souvent préférées tures de jeunes, happés par les illustre un « mouvement de profes- le ne leur apprendra pas grand-cho- entreprises privées, la situation se sionnalisation de l’action humanitai- se. Nous privilégions donc les person- aux jeunes qui sortent rétablit aujourd’hui. Le statut de volontaire re, souligne Benoît Miribel, direc- nes qui ont déjà une expérience pro- « En 2000, nous avons reçu 2 500 teur de Bioforce, le plus ancien cen- fessionnelle quelle qu’elle soit. » des écoles. candidatures, contre 3 000 à 3 500 Pour travailler sur le terrain avec les organisations non gouverne- tre de formation continue, créé en Les motivations des candidats habituellement, indique Eliane Prè- mentales (ONG) françaises de solidarité internationale, plusieurs sta- 1983 à Lyon. Les ONG recherchent ont aussi beaucoup changé : «On Les motivations le, directrice des ressources humai- tuts sont possibles, dont celui de salarié, assez rare, et celui de volon- des personnes toujours plus formées, retrouve beaucoup moins de jeunes nes à Action contre la faim (ACF), taire, le plus répandu. Les volontaires reçoivent une indemnité dont avec toujours davantage de maturité, en situation d’échec, comme dans des postulants qui recrute 80 personnes par an le montant se situe autour de 4 000 francs mensuels. Un décret de parce qu’elles ont de plus en plus de les années 1993-1996, qui partaient (médecins, infirmières, nutrition- 1995 organise les droits du volontaire dans les associations agréées. Il comptes à rendre aux financeurs. » en mission à défaut de trouver un ont aussi beaucoup nistes, ingénieurs, logisticiens, prévoit notamment que la personne bénéficie d’une couverture socia- Le budget global de l’aide humani- travail en France, constate Emma- etc.), avec l’exigence d’au moins le et que, si elle n’a pas accès à son retour à l’assurance-chômage, elle taire en France a atteint environ nuel Fagnou, secrétaire exécutif évolué deux ans d’expérience profession- reçoit pendant neuf mois maximum une prime forfaitaire de réinser- 4 milliards de francs en 2000. de Coordination SUD. Cette popu- nelle. Mais, pour 2001, nous allons tion versée par le ministère des affaires étrangères. Si elle est partie Chez Bioforce aussi, on a multi- lation est vraiment minoritaire retrouver le rythme antérieur. C’est deux ans, elle touche à son retour une indemnité de fin de mission de plié les formations. En jan- aujourd’hui, au profit de jeunes très déjà bien, surtout si l’on observe le 24 000 francs financée par l’Etat. vier 2002 s’ouvriront deux nou- formés, qui veulent faire carrière dynamisme des entreprises en Ile-de- Les salariés peuvent quant à eux prendre un congé de solidarité veaux cursus : technicien en eau et dans l’humanitaire. » France. » Face à la reprise écono- internationale, de six mois maximum, pendant lequel leur contrat de sanitation, et gestion de projets en mique, les jeunes constatent qu’ils travail est suspendu. solidarité internationale. D’une Francine Aizicovici

Une mobilisation publique et privée DES RESSOURCES PUBLIQUES ... MAIS DES DONS DU PRIVÉ UN NOMBRE DE VOLONTAIRES A Grenoble, Humacoop EN AUGMENTATION... QUI STAGNENT EXPATRIÉS EN LÉGÈRE BAISSE en millions de francs en millions de francs EFFECTIFS EN FRANCE 3 500 3500 Salariés «tempsplein»2 025 2 123 1 891 1 989 « déniaise » les candidats au départ 3 000 3000 Objecteurs 90 108 138 145 2 500 2500 Bénévoles « temps plein »12 643 13 107 12 467* 13 020* GRENOBLE nant, j’y vois beaucoup plus clair, 2 000 2000 de notre envoyé spécial analyse-t-elle à la fin du stage. Les personnes qui 1500 EFFECTIFS DANS LES PAYS TIERS aïla, vingt-cinq ans, est titu- J’étais fixée sur le médical et j’ai 1 500 laire d’un BTS de commer- suivent les formations découvert qu’il existait aussi des 1 000 1000 Expatriés ce international et voudrait fonctions d’administrateurs de mis- salariés 225 255 222 268 partir avec Vétérinaires proposées sont sion. Dans l’idéal, je ferais bien quel- 500 500 Volontaires L indemnisés 3 356 3 548 2 861 2 759 sans frontières. Marc, vingt et un ques années sur le terrain, avant de 0 0 Personnel ans, sort d’une école de commerce diplômées (bac + 4 revenir au siège d’une grande ONG, local: salariés 12 338 14 323 13 741 13 294 et son expérience avec la FAO (l’Or- comme directeur de programme. » 1991 92 93 94 95 96 1991 92 93 94 95 96 et autres RESSOURCES PRIVÉES ganisation pour l’alimentation et Sur le terrain, les problèmes qui RESSOURCES PRIVÉES dont ou 5), expérimentées RESSOURCES PUBLIQUES COLLECTES ET DONS INDIVIDUELS 1993 94 95 96 l’agriculture des Nations unies) à les attendent ne sont pas du tout *il faut ajouter à cette rubrique 28 905 bénévoles «partiels» en 1995 et 29 752 en 1996 pour 3 associations Haïti lui a donné envie de travailler professionnellement, théoriques, comme le raconte Source : commission coopération développement - ministère des affaires étrangères (dernières statistiques connues) dans un pays en développement. Rémi Russbach, pédiatre, ancien Olivier, trente-deux ans, a réalisé et motivées chef de la division médicale du des recherches près de Sao Paulo, Comité international de la Croix- dans le cadre de sa thèse en scien- teur et géopolitique, médecine Rouge (CICR) et président de la Diplômée d’HEC et de Sciences-Po, Marie ces de l’éducation, et il aimerait humanitaire, conflits armés et Société internationale de la méde- étudier des projets éducatifs pour action humanitaire) de quinze cine de catastrophes. « Normale- une organisation non gouverne- jours, deux fois par an, en avril et ment, vous devez soigner celui qui en mentale (ONG). Benjamin, vingt- en octobre, représentant cent heu- a le plus besoin, rappelle-t-il, mais aide au montage financier des projets deux ans, DEUG d’économie et res de formation et dont le coût est un militaire peut vous obliger à soi- une expérience à la Banque de l’ha- de 3 900 francs pour les individuels gner un de ces copains en vous met- bitat sénégalaise, voudrait créer et de 6 900 francs dans le cadre de tant un kalachnikov sous le nez… » endredi 13 était un jour a certes constitué un sacrifice une entreprise dans un pays qui en la formation continue. Fort de ses expériences, c’est à particulier pour Marie Le secteur financier qui fait que beaucoup a besoin. Des professionnels de l’humani- l’humilité qu’il convie ses audi- Dorléans. Ce jour-là d’étudiants de son profil hésitent Ils sont vingt-sept, venus de tou- taire et des professeurs de méde- teurs : « Ne vous laissez pas griser Vd’avril 2001, six mois de est déjà encore à franchir le cap. « Mais te la France, en train d’écouter l’in- cine ou d’économie y dispensent par votre fonction et par l’auréole travail ont trouvé leur aboutisse- c’est à chacun de se fixer un seuil en tervenant leur décrire les conven- des formations extrêmement prati- qu’elle vous confère… Méfiez-vous ment. Elle a animé, pour la premiè- très professionnalisé deçà duquel il n’arrive pas à descen- tions de Genève dans le cadre de la ques : comment est financée une de vos réactions : nous avons tendan- re fois, une session de formation dre financièrement », précise « préparation au départ en mission mission, quels problèmes psycholo- ce à vouloir sauver d’abord les fai- qu’elle a conçue pour des respon- lant couramment espagnol, elle Marie, pour qui très rapidement la humanitaire », organisée par l’asso- giques affronte-t-on en mission ou bles, mais sauver un fort comme un sables d’organisations de solidari- était partie, en 1997, trois mois au reconnaissance est venue sur un ciation Humacoop, pendant deux au retour, quelle comptabilité tenir père de famille peut sauver plus de té internationale. Avec comme Pérou, suivre un projet de lutte autre terrain que celui de l’argent. semaines au lycée du Grésivaudan en zone de guerre, quelles rela- monde… Mettez-vous à l’écoute… objectif de leur proposer une aide contre le sida, mis en place par Contrairement au cliché d’ama- de Meylan (Isère). tions établir avec les médias. Un fil de suture qui semble la technique et pratique dans le mon- cinq ONG. Ensuite, elle a travaillé teurisme qui pèse sur la profes- Les candidats à cette formation meilleure solution pour une plaie tage financier de leur projet huma- à mi-temps pour Enfants réfugiés sion, c’est à la qualité d’écoute et CONCEPTION HOLLYWOODIENNE ont évolué au fil des ans. Ils sont ouverte peut déclencher une gangrè- nitaire, afin qu’ils puissent bénéfi- du monde (ERM), une association la capacité d’expertise des person- Humacoop (humacoop@- désormais diplômés (bac + 4 ou 5), ne gazeuse et les Soviétiques ont cier des subventions françaises ou spécialisée dans le soutien psycho- nes rencontrées sur le terrain et wanadoo.fr) a été créée en 1996 expérimentés professionnelle- répandu une tuberculose résistante européennes. logique aux enfants déplacés en dans les associations qu’elle a été « pour déniaiser, par exemple, les ment, et motivés puisque les trois en faisant cadeau de streptomycine Agée tout juste de vingt-six ans, temps de guerre, particulièrement le plus sensible. Les projets qu’elle sup de co balancés dans la guerre en quarts d’entre eux financent eux- aux Cambodgiens qui le prennent diplômée d’HEC et de Sciences-Po active en Amérique centrale (San voit défiler portés par des méde- Bosnie », explique Joseph Dato, son mêmes leur stage. La moitié part quand ils ont mal à la tête… Tra- Paris, Marie a intégré, en novem- Salvador, Honduras) mais aussi en cins, ingénieurs, etc., sont très directeur et l’un de ses fondateurs, sur le terrain dans les mois qui sui- vaillez avec les autres ONG, à condi- bre 2000, comme conseillère en Algérie, au Rwanda, en Bosnie, en bien conçus, mais pèchent sou- par ailleurs responsable de mission vent la formation Humacoop. tion qu’elles ne convertissent pas les financement, la petite équipe de Guinée, etc. Chargée d’assurer le vent dans leur gestion quotidien- Caucase à Médecins du monde. «Il Désormais, le profil du candidat malades avant de les soigner… Quit- permanents de Coordination SUD. suivi comptable et financier des ne. C’est modestement, à ce n’était plus possible d’incinérer, com- se rapproche de celui de Daphné, tez le pays quand vous vous aperce- Cette association qui regroupe missions de terrain, elle a conclu niveau-là, qu’elle essaie d’interve- me je l’ai vu, 640 tonnes de médica- trente ans, diplômée d’une école vez que vous êtes un alibi pour les une centaine d’ONG françaises son contrat à durée déterminée nir. ments inutiles ou périmés. Ça coûte de commerce, qui en a eu assez de chefs de guerre ou que les popula- spécialisées dans l’aide au dévelop- d’un an par une mission au Liban « Créer des partenariats avec plus cher à détruire qu’à collecter ! » faire du chiffre d’affaires pour une tions vont être incapables de se pas- pement et l’action humanitaire où elle devait recruter et former d’autres structures, mutualiser les Ce « déniaisement » a pour but imprimerie et qui est partie six ser de l’aide humanitaire… » Pour sert de relais entre ces « assos » et sur place un gestionnaire de pro- savoir-faire, aider à la professionna- d’enlever aux candidats les idées mois en Colombie pour s’occuper que les bonnes intentions ne les pouvoirs publics dispensateurs jet. Depuis, cooptée membre du lisation du secteur », telles sont les fausses qu’ils se font sur l’humani- bénévolement de mineurs délin- débouchent pas, au pire, sur des de fonds (ministère des affaires conseil d’administration d’ERM, « tâches chronophages » auxquel- taire et d’en finir « avec la concep- quants à Bogota. drames et, au mieux, sur des gas- étrangères et de la coopération, elle a été désignée trésorière. les elle entend s’appliquer au sein tion hollywoodienne de la guerre et Elle y a mesuré les limites d’un pillages. Agence française de développe- « Je n’avais pas envie de créer de de Coordination SUD, tout en le pathos sur le geste qui sauve ». bénévolat obligé de se battre en Les vingt-sept candidats au ment, etc.). rupture entre ma vie professionnelle continuant « à avoir un engage- Pour parvenir à ce résultat, permanence contre le manque de départ en sont d’accord. Avant cela, Marie avait déjà fait et ma vie personnelle », explique ment militant ». Humacoop a conçu quatre modu- moyens ; elle veut un autre statut ses premières armes dans le sec- Marie pour justifier son engage- les (premiers départs, administra- que celui du bon cœur. « Mainte- Alain Faujas teur, en parallèle à ses études. Par- ment dans l’humanitaire. Celui-ci Alain Beuve-Mery EMPLOI LE MONDE / MERCREDI 18 AVRIL 2001 / IX

EUROPE Les indicateurs sociaux internationaux « Le Monde » / Eurostat Environ un jeune sur douze est sans emploi en pourcentage de jeunes au chômage (15 à 24 ans) en 1999 UE 15 ZONE EURO ALLEMAGNE BELGIQUE ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNI E.-U. JAPON 12,5 12,5 12,5 10,8 ÉVOLUTION DE L'EMPLOI AU 3e TRIMESTRE 2000 (en % sur un an) 1,8 2 1,5 1,6 3,3 2,4 1,6 2,5 1,1 1,5* – 0,6* 8,5 8,5 8,5 8,6 STRUCTURE DE L'EMPLOI 7,1 6,6 part de l'emploi salarié...... 72* 71* 77* 76 54 73 65 78* 81 N. D. N. D.

4,2 4,3 4,7 4,7 part de l'emploi à temps partiel.... 21* 16* 19* 21 8 17 8 39* 25 N. D. N. D. 2,3 2,9 TAUX D'EMPLOI 2000 (en %)

E IE Hommes + femmes (15-64 ans).... 62 * 60 * 65 * 75 55 62 53 * 71 * 71 64 (1998) N. D. AL ÈCE LUX. URO- GNE IQUE Hommes + femmes (50-64 ans).... 49 * 45 * 48 * 39 45 49 38 * 50 * 61 N. D. N. D. AGNE ITAL YS-BAS SUÈDE ÉENNE LANDE GR P FRANC IRLANDE NEMARK PA ROY.-UNI ESPA AUTRICHE BELG FIN PORTUG DA DURÉE DE TRAVAIL SALARIÉ ALLEM UNION E Source : Eurostat À TEMPS PLEIN 2000 (h/semaine) 40,4 * 39,7 * 40,1 * 38,5 40,6 38,9 38,5 * 39 * 43,6 N. D. N. D. a EN 1999, près de 3,9 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans étaient sans emploi dans l’Union européenne (UE). Ce chiffre représente 8,5 % de la population jeune et 17,9 % de la force de travail dans cette classe d’âge. ÉVOLUTION DU COÛT DU TRAVAIL (en % sur un an) 3e trim. 2000 Les taux de chômage varient de 5 % à 7 % au Luxembourg, aux Pays-Bas et en Autriche, à environ 30 % en Grèce, en Espagne et en Italie. Le pour- + 3,9 + 3,9 + 3,3 (4e trim.)+ 1,8 (4e trim.) + 3,6 + 5,5 + 0,8 + 5,2 + 3,9 + 4,6 (2e trim.) N. D. centage pour la France est le même que pour l’UE. a L’ÉVOLUTION RÉCENTE du taux de chômage des jeunes a été analo- TAUX DE CHÔMAGE FÉVRIER 2001 (en %) janv. 01 janv. 01 déc. 00 gue à celle du taux de chômage global. Il est ainsi tombé de 19,5 à 17,9 % de 1998 à 1999, sauf en Belgique, au Danemark et en Grèce, qui sont les Hommes + femmes...... 8,0 8,7 7,8 6,8 13,7 8,6 9,9 2,6 5,2 4,2 4,7 seuls Etats membres où il a augmenté. Sur une plus longue période Moins de 25 ans...... 15,9 17,1 8,7 17,0 26,0 18,6 28,9 5,5 10,7 9,5 8,8 – depuis le chiffre record de 22 % dans l’Europe des Quinze en 1994 –, le chômage des jeunes a diminué de près d’un tiers en Espagne, aux Pays- PART DU CHÔMAGE DE PLUS D'UN AN 2000 (en %) Bas, au Portugal, en Finlande et en Suède. L’Irlande s’est particulière- ment distinguée puisque, dans ce pays, il a baissé de plus de 60 %. 46 49 52 56 42 40 61 44 28 8 (1998) N. D.

FLASH SETT/ « LE MONDE » Le marché du travail français FLASH SYNTEC/« LE MONDE » Plus de la moitié des intérimaires ont travaillé DERNIER MOIS VARIATION Le secteur banque-assurance recrute en moyenne 6 mois dans l'année en % CONNU SUR UN AN 74 missions sur un total de 552 missions (4e trimestre 2000) MOIS : DIRECTION : INFORMATIQUE 1 12 18 TAUX DE CHÔMAGE DES JEUNES 16,2 % (fév.) – 2,3 11 7 31 % INDUSTRIELLE 1 10 6 9 5 PART DU CHÔMAGE DE LONGUE DURÉE 32,9 % (fév.) – 3,7 RESSOURCES HUMAINES 2 8 5 14 % GÉNÉRALE 5 7 4 EMPLOIS PRÉCAIRES (en milliers) : 10 COMMERCIALE MARKETING, 6 8 5 5 21 % CDD...... 975 + 9, 2 %* VENTES FRANCE ET/OU EXPORT 4 6 ADMINISTRATION FINANCIÈRE, CONTRÔLE 13 3 7 INTÉRIM...... 550 + 23,1 %* DE GESTION, JURIDIQUE ET FISCALE 2 6 13 % SPÉCIALISTES 13 1 et moins 21 APPRENTIS...... 285 + 3,2 %* AUTRES 31 Source : Enquête SETT/CSA sur la provenance et le devenir des intérimaires, septembre 2000 CONTRATS AIDÉS + 8,8 %* ...... 462 Source : Syntec-Syndicat du conseil en recrutement a PRÈS D’UN TIERS des intérimaires (31 %) ont travaillé entre dix et SALAIRE NET MÉDIAN (en francs constants) a AU QUATRIÈME TRIMESTRE 2000, le secteur banque-assurance douze mois dans l’année (dont 21 % sans aucune interruption). Et plus Femmes...... 7 000 (mars) + 0,9 %* totalise 13 % des missions de recrutement réalisées par les cabinets adhé- de la moitié d’entre eux ont été en activité en moyenne six mois dans Hommes...... 8 666 (mars) + 0,6 %* rents au Syntec. Pour 2001, on s’attend à d’importants mouvements de l’année. recrutement. Les banques sont confrontées à la nécessité de rajeunir leur a DANS LES TRANCHES D’ÂGE des 35-49 ans et des 50 ans et plus, res- SMIC (en francs) pyramide des âges. En outre, même si plusieurs services financiers en ligne pectivement 45 % et 40 % des personnes ont travaillé de dix à douze Horaire...... 42,02 (juillet) + 3,2 % ont revu à la baisse leurs prétentions ou retardent leur lancement à cause mois. On note la même tendance concernant les ouvriers qualifiés et les Mensuel...... 7 101 (juillet) + 3,2 % des investissements, des projets d’envergure ont été récemment lancés. intérimaires employés dans le secteur du BTP (en moyenne huit mois). a ENFIN, ON CONSTATE UN RENOUVEAU des réseaux d’agences a S’AGISSANT des intérimaires ayant travaillé une courte période NOMBRE D'ALLOCATAIRES traditionnelles, plus adaptées que les banques en ligne pour certains pro- (inférieure à trois mois), on trouve une forte proportion d’intérimaires DU REVENU MINIMUM D'INSERTION (en milliers) 1 137,4 (juin)** + 2,3 %*** duits et pour des demandes de conseils personnalisés. D’où un besoin de âgés de moins de 25 ans et surtout les étudiants (63 % ont travaillé un * variation sur quatorze mois (mars 00 / janv.99) ** chiffres semestriels *** variation sur six mois renouvellement du personnel bancaire, dont le niveau de qualification ne mois et moins). Sources : Insee, Dares, CNAF va cesser d’augmenter. AGENDA La CFDT tente de séduire les salariés de la Défense b COMMERCE ÉQUITABLE. PricewaterhouseCoopers et Alter Eco organisent, jeudi 3 mai à la Défense, de 8 heures à 11 heures, un petit déjeuner présentant les résultats d’une étude mondiale sur le commerce équitable. grâce à de nouveaux services Renseignements : 01-56-57-84-54. b INSERTION. Le Centre d’études et de recherches sur les qualifications es dizaines d’entreprises tion », estime Jean-Paul Chiquet. rivaux seraient aussi partie pre- (Cereq) organise, le 16 mai à Marseille, un colloque d’une journée sur le et de commerces, Le syndicat lance « L’idée plaît, ajoute Liliane Vau- nante. thème « anciens et nouveaux regards sur l’insertion professionnelle ». 140 000 salariés, le tout bourg. Mais il faut proposer aux Si l’Acede se définit comme un En ouverture, seront présentés quelques résultats de l’enquête « généra- Dconcentré sur un même une structure élus des activités clé en main, qui « projet social de solidarité », ses res- tion 92 ». Interrogés en 1997-1998, les jeunes sortis de formation en 1992 site : c’est le quartier de la Défense, valorisent leur CE. » L’association ponsables ne cachent pas qu’elle et entrés sur le marché du travail dans un contexte difficile, évoquent en région parisienne. Au pied de pour les comités ne vise pour l’instant « que les CE vise aussi à être un outil de straté- leur parcours. l’une des tours, l’union départe- gérés par la CFDT, souligne le gie syndicale, pour conserver ou Renseignements : 04-91-13-24-81 ou 04-91-13-28-58. mentale (UD) CFDT des Hauts-de- d’entreprise secrétaire adjoint de l’UD. Les (re)conquérir des CE, comme à Seine tient une permanence un élections de CE ont lieu tous les EDF-GDF services généraux (92) b DISCRIMINATION. Aides, la Fédération nationale des accidentés du peu particulière le jeudi. Elle est qui ont un projet, mais qui ont du deux ans. Les élus sont donc en dont la gestion est aujourd’hui pas- travail et des handicapés (FNATH), les Mutuelles de France, Médecins ouverte non pas aux adhérents du mal à établir leur budget ou à avoir quelque sorte en campagne électo- sée entre les mains de la CGT. du monde, l’Uniopss organisent, jeudi 17 mai, à la Maison de la chimie à syndicat, mais aux représentants des informations. Ou bien proposer rale permanente, ce qui les rend un Paris, un colloque qui a pour thème « les discriminations sur critères de des comités d’entreprise (CE), aux- à des salariés de donner un coup peu frileux » pour s’engager dans santé et de handicap ». quels l’UD propose de s’engager de main à des associations de soli- des projets où des syndicats Francine Aizicovici Renseignements : 01-49-88-52-52 ; fax : 01-49-88-93-73. www.mutuelles- dans une toute jeune structure darité avec les pays du Sud », expli- de-france.fr. qui leur permettra d’offrir de nou- que Liliane Vaubourg, chargée du veaux services aux salariés. développement de l’Acede. b INVESTISSEMENT. L’Agence de rating social et environnemental sur Fondée le 24 mars dernier par Le contexte local a favorisé le les entreprises (Arese) organise, le mardi 15 mai à Paris, une journée sur l’UD et le Syndicat CFDT Energie lancement de cette initiative. En les perspectives internationales de l’investissement socialement respon- Chimie d’Ile-de-France (Secif), effet, une boutique labellisée par G sable. Investisseurs, multinationales, caisses de retraite, gérants de porte- l’Association des comités d’entre- l’Association pour le développe- feuilles, institutions gouvernementales seront représentés. La date limite prise de la Défense (Acede), dont ment des emplois de services d’inscription est le 23 avril et les frais de participation s’élèvent à 1 500 F. l’idée remonte à 1994, est née (ADES), qui propose aux salariés Jeunes diplômés Renseignements : 01-60-39-50-10. Fax : 01-60-39-50-19. d’un constat : sur le site où sont et aux habitants de la Défense des implantés de gros CE et de moins prestations telles que la livraison b PAYS ÉMERGENTS. Les conséquences sur les pays émergents du gros, certains besoins des salariés de courses, a été créée en décem- confirmés retournement conjoncturel aux Etats-Unis seront au programme d’un ne sont pas satisfaits, en matière bre 1998 par des associations loca- petit déjeuner organisé, le lundi 23 avril à Paris, par Thierry Apoteker de loisirs ou d’aide à la vie quoti- les ainsi que par le Secif. Cette Consultant. dienne, par exemple, parce qu’ils boutique pourrait mieux fonction- prenez rendez-vous Renseignements : 02-99-39-31-40 ; fax : 02-99-39-31-89. concernent trop peu de monde au ner si des CE incitaient les salariés sein d’une même entreprise. De à recourir à ses services, esti- b CADRES. La CFDT cadres réunit les délégués des fédérations et des plus, faute de temps, même les me-t-on à l’Acede. « Il ne s’agit dès aujourd’hui avec régions pour son onzième congrès, à Amiens, du 19 au 21 avril. Le con- gros CE ont du mal à prendre en pas de faire à la place des CE, mais grès décidera des orientations revendicatives de la CFDT cadres pour les compte les besoins des salariés en d’organiser des activités qu’ils ne notre opération spéciale années à venir et élira son nouveau bureau national et son secrétariat. Le difficulté. Il existe aussi sur place peuvent pas faire, résume Jean- 21 avril, un colloque « cadres aujourd’hui : convergences et différencia- des salariés d’entreprises sous- Paul-Chiquet, secrétaire adjoint tions » sera ouvert au-delà des seuls participants au congrès. traitantes qui parfois ne dispo- de l’UD. On s’installe dans des Renseignements : 01-53-38-95-84. E-mail : [email protected] sent même pas d’un CE. niches. » HIGH TECH L’Acede s’est fixé de combler ces manques en mettant en rela- PROSPECTION DÉPÊCHES tion les CE qui y adhéreront avec Pour adhérer à l’Acede, les CE INDUSTRIE des structures existantes (associa- devront verser une cotisation de b STABILITÉ. Selon le numéro Insee Première d’avril 2001, la reprise tions, entreprises d’insertion, 10 000 francs par an, qui sera réé- le lundi 23 daté 24 avril amorcée en 1997 a permis davantage de passages vers un emploi stable etc.) pour proposer, par exemple, valuée par la suite en fonction des qu’auparavant. Depuis le début des années 1990, les formes particulières un service de gardes d’enfants ou services rendus, dont certains d’emplois (FPE : intérim, CDD, stages et contrats aidés) sont de plus en de soutien scolaire, ou bien des seront payants. Ceux-ci visent les 0123456, 1er support plus répandues. Entre 1990 et 2000, les emplois stables ont progressé d’à places inoccupées dans des cen- salariés relevant des CE adhé- peine 2 %, tandis que l’intérim a augmenté de 130 % et les CDD de 60 % ; tres de vacances où la CFDT gère rents, ainsi que ceux des petites généraliste d’offres d’emplois les stages et contrats aidés qui répondent à une logique de soutien aux une partie des lits. Elle souhaite entreprises et des sociétés sous- personnes ayant le plus de difficultés à s’insérer sur le marché du travail aussi fournir une aide à la prépara- traitantes. sur les fonctions d’ingénieurs. ont progressé de 65 %. tion à la retraite, des permanen- Pour l’heure, l’Acede est en ces juridiques pour résoudre les phase de prospection, en atten- emploi.lemonde.fr b PROFITS. Le numéro Premières Synthèses d’avril 2001 de la Dares fait problèmes de surendettement, dant les premières adhésions qui le point sur le partage des profits et l’épargne salariale en 1999. Cette etc. tardent un peu. « Les CE doivent année-là, 5,4 millions de salariés, soit 37 % de l’effectif des entreprises En matière de voyages, l’Acede dépasser leur tendance naturelle à (Source : Pige RPPA, année 2000, volume des annonces cadres en cm2) des secteurs marchands non agricoles, ont reçu une prime de partage des pourrait par exemple « conseiller se replier sur eux-mêmes. Cela bénéfices au titre de la participation ou de l’intéressement. les jeunes salariés ou leurs enfants demande un gros travail de convic- X / LE MONDE / MERCREDI 18 AVRIL 2001 MANAGEMENT ̄ Nouvelle consigne au sein de Thales : LE SOCIAL DANS L’UNION apprendre à se tutoyer... par Francis Kessler énéraliser le tutoiement din de la mesure, « on tente d’ins- phone, qui avoue n’avoir jamais Assistance, au sein d’une entreprise La règle s’inscrit taurer un modèle fusionnel qui pla- pénétré complètement ces « con- peut-il faire oublier que ce le salarié dans une relation qu’il ventions » linguistiques très hexa- Gla vie au travail n’a pas dans le programme ne maîtrise pas. L’entreprise mélan- gonales, a d’ailleurs été à l’origine toujours l’aspect réjouissant de la ge deux plans qui n’ont en principe de la généralisation du tutoiement aide sociale et exclusion vie avec les copains ? Là n’est pas de ressources rien à voir, celui des relations per- au sein de l’entreprise. « C’est moi le but de l’opération, pourrait sonnelles et celui des relations de tra- qui ai posé la question lors du sémi- rétorquer Yves Barou, directeur humaines vail. Que des salariés se tutoient naire de juillet. Dans un groupe elon une définition classique, une personne pauvre est une des ressources humaines (DRH) spontanément, il n’y a rien à redire international, il ne faut pas compli- personne vivant avec un revenu inférieur de moitié au revenu de Thales (ex-Thomson CSF). « People First » à cela. Mais instituer le tutoiement quer la vie des gens qui font l’effort moyen des citoyens de son pays. L’Union européenne, une L’homme est d’autant mieux placé peut relever de la manipulation. de pratiquer le français. Le « tu » des régions les plus riches du monde, compte environ 55 mil- pour répondre que sa principale sein de People First, un programme Quand on négocie une hausse de s’impose car c’est le pronom qui Slions d’habitants vivant sous ce seuil. Cette pauvreté se manifeste note de service sur le sujet a provo- de gestion des ressources humai- salaire, on discute avec qui ? Un vient le plus spontanément à la bou- dans un contexte juridique particulier aux Quinze : le droit à l’aide qué quelques ricanements… à l’ex- nes entièrement repensé pour copain ou le représentant d’une ins- che d’un non-francophone. » sociale fait partie des droits fondamentaux. Il constitue une manifes- térieur de l’entreprise. accompagner cette mutation titution ? ». Poussant plus loin Généraliser le tutoiement tation majeure de la protection de la dignité humaine. Le 27 juillet dernier, à l’issue industrielle et humaine. encore son raisonnement, Jean- revient alors à élaborer une règle La Charte des droits fondamentaux s’inscrit dans une longue d’un séminaire de trois jours réu- « Lors du séminaire de juillet sur Pierre Le Goff ajoute : « Le tutoie- simple, sans illusion de proximité lignée de normes qui encadrent l’activité des Etats. Citons la Déclara- nissant les cadres supérieurs du la nouvelle organisation du groupe, ment institué peut devenir la base affective. « Les Français peuvent tion universelle des droits de l’homme (des Nations unies) de 1948 groupe (français et étrangers) et les vestons sont vite tombés et l’usa- du harcèlement moral. » avoir du mal à rompre avec les subti- pour laquelle « toute personne en tant que membre de la société […] a destiné à élaborer des règles de ge du prénom s’est imposé, se sou- lités qu’ils pratiquent habituelle- droit à la sécurité […] en cas de perte de ses moyens de subsistance, par fonctionnement communes, la vient Yves Barou. Bien que cette RÈGLES D’ÉVALUATION ment, mais ils doivent faire cet effort suite de circonstances indépendantes de sa volonté » ; ou encore le Pac- DRH de Thales a diffusé à tous les réunion se soit tenue en anglais, Elizabeth Bastoni, directrice des pour faciliter les relations avec leurs te international relatif aux droits économiques et sociaux, conclu en salariés une note instaurant deux nous avons vivement encouragé les rémunérations, prévoyance et collègues étrangers et par égard 1966 sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU), qui transformations majeures dans la anglophones à pratiquer le français. e-RH (Electronic Human Resour- pour eux. » affirme que « les Etats parties au présent Pacte reconnaissent le droit vie quotidienne de l’entreprise : le Si vous faites l’effort de parler notre ces) de Thales, estime au contraire Quel bilan tirer de la généralisa- de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa vendredi était décrété « casual » – langue, nous aurons le plaisir de que la question du salaire est tion du « tu » ? Pour Yves Barou, il famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement suffi- entendez « informel » –, ce qui nous tutoyer », a-t-il été lancé aux déconnectée du tutoiement. «La est très positif : « Ça a débloqué sants, ainsi qu’à une amélioration constante de ses conditions signifie que le costume-cravate Britanniques de Racal, une entre- rémunération est liée aux perfor- quelques situations, des cadres diri- d’existence […] ». n’est pas imposé à la veille du prise de défense rachetée par Tha- mances. Chacun sait qu’il a des geants se sont mis à se tutoyer. Mais La Charte sociale européenne de 1961 et ses protocoles addition- week-end, et le tutoiement était les. C’est dans la foulée de cette objectifs à remplir. On ne peut don- rappelons-le, rien n’est obligatoi- nels, instruments juridiques applicables aux 47 pays membres du vivement « encouragé ». De là à réunion qu’Yves Barou écrit cette ner une augmentation à une person- re ! ». Pour Cyril Ravilly, 32 ans, Conseil de l’Europe, prévoient que les Etats « s’engagent à veiller à ce comprendre, comme l’ont fait cer- note pour « encourager le tutoie- ne qui n’a pas rempli son contrat. responsable des fusions-acquisi- que toute personne qui ne dispose pas de ressources suffisantes et qui tains médias, que le tutoiement ment ». Cela ne me gêne pas de tutoyer quel- tions, le tutoiement « se pratiquait n’est pas en mesure de se procurer celles-ci par ses propres moyens ou était autorisé le vendredi seule- Pour Jean-Pierre Le Goff, socio- qu’un pour lui expliquer que ses spontanément entre gens du même de les recevoir d’une autre source, notamment par des prestations résul- ment, il y avait une marge étroite logue au Centre national de la résultats sont en retrait par rapport âge. En revanche, il est moins évi- tant d’un régime de sécurité sociale, puisse obtenir une assistance qui fut rapidement franchie… à recherche scientifique (CNRS), le aux prévisions. Ma décision n’a rien dent face à une personne qui a quin- appropriée et, en cas de maladie, les soins nécessités par son état. » l’extérieur de l’entreprise. tutoiement institué fait partie des de personnel, elle relève de règles ze ans de plus que vous. Mais par Ces normes n’ont pour fonction que de guider l’activité des gou- Pour Yves Barou, « le tutoie- « illusions managériales » des d’évaluation connues de tous. » Cet- rapport à l’extérieur, la règle est très vernants : elles sont « programmatiques ». Seul impératif en ce ment, en soi, est un gadget. Mais années 1980. Derrière l’aspect ano- te Américaine parfaitement franco- positive, elle donne l’image d’une domaine : la prohibition des discriminations fondées sur la nationali- dans le contexte nouveau qui est le équipe soudée ». té. Dans l’arrêt Gaygusuz de 1996, la Cour européenne des droits de nôtre, la mesure fait sens. Thomson Quant à Henri Gide, 44 ans, l’homme a en effet jugé, en s’appuyant sur la Convention européen- CSF était une entreprise d’électroni- Un management très balisé directeur du business développe- ne des droits de l’homme, qu’une allocation d’aide urgente constitue que de défense tricolore composée ment chez Thales international, un droit patrimonial qui ne saurait être assorti d’une condition de d’ingénieurs français. C’est aujour- Un management scientifique ou militaire ? Telle est la question qui « le tutoiement ne supprime pas la nationalité. d’hui une entreprise d’électronique surgit à la lecture de People First (Les Personnes d’abord), la bible du hiérarchie. Nous restons dans des L’ordre juridique communautaire ne prévoit pas, à première vue, qui déborde le secteur de la défense, management de Thales. Un sommaire en trois parties – « la nouvelle relations de travail, mais il s’agit de transfert de compétences des Etats vers les institutions européen- orientée services plutôt que pro- approche de Thales », « le management de la performance », « le dévelop- d’un code qui rend les relations plus nes en matière d’aide sociale. Ce champ d’intervention relève exclusi- duits, implantée sur plusieurs pays pement professionnel » –, chacune clairement découpée. fluides, plus chaleureuses entre per- vement des Etats membres ; aussi, et dont la moitié du personnel est de Le chapitre touchant à la « fixation des objectifs » claque comme sonnes de services différents ». Mais A l’exception chaque pays appréhende pour l’ins- nationalité étrangère. Le change- un drapeau. « Dans notre organisation, chaque salarié doit connaître : aussi entre cadres dirigeants d’une tant les phénomènes de pauvreté à ment de nom – Thomson CSF deve- 1) les trois principaux objectifs du groupe, 2) les trois principaux objectifs multinationale. Car l’usage du de la Grèce, sa façon et y apporte ses propres nu Thales – est le symbole de cette de son équipe, 3) ses trois principaux objectifs ». La rémunération se « vous » peut aussi signer la non- solutions. Les politiques menées évolution ». calcule en fonction des résultats, qui peuvent aller d’« exceptionnels » appartenance au club. les Quinze disposent dépendent ainsi du système de pro- Le tutoiement s’inscrit donc à franchement « au-dessous des objectifs ». Et, dans le suivi des objec- tection sociale en place, des comme une pièce particulière au tifs, il importe de « ne rien cacher ». Yves Mamou d’une prise en charge niveaux d’autorité administrative de chaque pays et de la perception duale : d’une part, nationale du problème. Il est néanmoins possible de repé- un revenu minimum rer quelques caractéristiques fonda- « Ce sont des métiers d’hommes, et alors ? » mentales de la prise en charge des est garanti plus démunis au sein de l’Union européenne. A l’exception de la Grè- ÉPERNAY vants « immersion » dans l’entre- Mais nous commençons à nous fémi- quelles que soient les ce, les Quinze disposent d’une prise de notre envoyé spécial A Epernay, comme prise. niser dans la production, hors des en charge duale : d’une part, un e regard de son tuteur est Depuis le mois de mars, Sarah bureaux et des guichets. Il y a des circonstances ayant revenu minimum est garanti quelles presque « paternel ». partout, le regain est en « immersion » dans son ate- conductrices de locos. Nous ne fai- que soient les circonstances ayant Sarah est penchée sur un lier de la SNCF, après avoir beau- sons pas de ségrégation », assure conduit à la situation conduit à la situation de pauvreté ; Ltour. Dans cet atelier de d’activité a moins coup galéré. Agée de 26 ans, elle a Bernard Barbier, de la direction de d’autre part, des allocations sont micromécanique de la SNCF sont passé un CAP et un BEP de coutu- l’établissement de maintenance de de pauvreté ; d’autre accordées dans des circonstances démontées les boîtes noires des profité aux femmes. re, a travaillé un temps dans le tex- la SNCF d’Epernay. particulières de la vie. locomotives pour être auscultées. tile. Jamais elle n’aurait imaginé Depuis le boum de la trottinette, part, des allocations Les premières aides sont desti- D’antiques enregistreurs de vites- Des stages essaient un saut dans la SNCF. « J’aime le l’entreprise Judez à Ay-Champa- nées à assurer un niveau de vie se et de signaux, vieux d’un siècle, travail minutieux », dit-elle. gne, qui fabrique des cycles pour sont accordées dans décent aux personnes qui ne peu- trônent dans une vitrine à l’entrée de leur donner accès La micromécanique requiert aus- enfants, est passée de dix-neuf à vent pas subvenir à leurs besoins de l’atelier, comme des objets de si de la minutie. « Elle assimile trente et un salariés. C’est là que des circonstances par leurs propres moyens. Quelles musée. Sarah est l’une des dix jeu- à des emplois bien, elle s’est bien intégrée » : Jean- Christelle a commencé en mars que soient leurs appellations, (RMI, nes femmes qui suivent depuis le Marc Leleuw, tuteur, et Gérard son « immersion », sur un poste particulières de la vie Minimex, Income Support, RMG, mois de janvier le stage « d’accès à plutôt masculins Trocmez, chef d’atelier, ne taris- d’opérateur de presse. Socialbidrag, etc.), ces allocations des métiers d’hommes », mis au sent pas d’éloges. « Tout le monde Un travail « assez physique, salis- sont différentielles. Elles sont versées jusqu’à un plafond fixé en point par le comité de bassin d’em- dans l’industrie est prêt à aider Sarah, même sans sant », selon Louisette Martinet, fonction du nombre de personnes vivant dans le foyer, avec la prise ploi d’Epernay et la permanence qu’elle le demande », ajoutent-ils. directrice. Christelle, comme en compte de certains revenus mais la « neutralisation » d’autres, d’accueil, d’information et d’orien- pot, responsable de la PAIO. Une « Il y a beaucoup d’hommes, le Sarah, est satisfaite, malgré ses singulièrement ceux provenant d’une activité. Ces aides sont, sauf tation (PAIO). La SNCF a accepté vingtaine d’entreprises ont été premier contact n’a pas été facile », 2 200 francs mensuels seulement. en Italie, illimitées dans le temps. Elles sont, aujourd’hui, assorties de prendre une stagiaire. visitées. observe-t-elle timidement. «On Elle aussi, à 26 ans, a connu le chô- de parcours d’insertion ou de réinsertion plus ou moins détaillés. Sept ont été finalement rete- lui a fait passer le “Mirror” sur les mage, les petits boulots d’intérim. Partout en Europe, ces dispositifs de remise au travail issus des politi- DEUX ÉTAPES nues qui « proposaient des métiers enregistreurs de collections », recon- « Je prends maintenant ce qui vient, ques de lutte contre la pauvreté ont été transposés aux demandeurs « Ce sont des métiers d’hommes, masculins pas forcément qualifiés, naît presque avec regret le chef dit-elle. Il y a une bonne entente. d’emploi indemnisés. Les frontières entre aide sociale et droits du et alors ? » La brochure distribuée mais qui répondaient à une deman- d’atelier, précisant que c’est un C’est la première place que je trouve chômage sont ainsi devenues moins étanches. De même, l’attribu- prend le taureau par les cornes. Le de », poursuit Maryline Mathieu. homme qui détient d’habitude où les hommes ne sont pas des tion simultanée de la garantie de ressources et d’un salaire, pendant chômage poursuit sa décrue à Ces entreprises ont participé à la cette tâche d’entretien. machos. Les deux premiers jours, les premiers temps de la phase de retour à l’emploi, est en train de Epernay. Il est passé de 8 % à 7 % sélection des dix stagiaires « moti- En juillet, Sarah sortira de sa cela a été dur, porter les pièces, se gommer la distinction classique entre le travailleur et le bénéficiaire en un an. Mais, ici comme ailleurs, vées ». phase d’immersion. La SNCF baisser, j’avais mal au dos, mais les de l’aide ou de l’assistance sociale. des tensions sont apparues sur le Les formateurs du groupement devrait lui proposer un contrat de cadences ne m’ont pas gênée .» Les aides liées à des circonstances particulières, second pilier du marché du travail. Une étude finan- d’établissements pour la forma- qualification dans deux ans, avant modèle européen d’aide sociale, constituent une catégorie hétérogè- cée par la Région et réalisée tion continue (Greta) ont été asso- un contrat à durée indéterminée LE PROBLÈME DE LA MIXITÉ ne de mesures, gérées soit par les autorités locales, soit parfois par durant l’été 2000 l’a démontré : ciés au projet baptisé DEFI (« Des (CDI) définitif. Elle sera alors Louisette Martinet a un œil des institutions de sécurité sociale. Elles ne sont accordées que pour 60 % de la quarantaine d’entrepri- femmes dans l’industrie »). D’une « cheminote ». Pour l’heure, elle attentif sur sa stagiaire. « Christelle un public-cible démuni strictement délimité – personnes âgées, per- ses consultées « avouaient » des durée de six mois, il se décompose touche une indemnité de 4 000 F. est agréable, cela se ressent sur son sonnes handicapées, jeunes, chômeurs –, ou pour compenser des problèmes de recrutement. en deux étapes : découverte du « A priori, les femmes ne sollici- entourage masculin. On a admis besoins spécifiques – logement, charges de famille, soins médicaux, Parallèlement, les responsables monde industriel durant les deux tent pas la SNCF. Nous avons cette l’“intruse” », constate la patronne chauffage. Ces mesures ponctuelles, souvent peu articulées entre de la PAIO avaient dans leur premiers mois, puis les quatre sui- image de “mains dans la graisse”. de Judez, avec un sourire. Au ter- elles et avec le revenu minimum généralisé, constituent des ressour- fichier une centaine de jeunes fem- me du stage, un contrat à durée ces incontournables pour les catégories visées. mes, laissées-pour-compte de la déterminée (CDD), puis un CDI Ce système dual d’aide sociale est aujourd’hui percuté par des pro- reprise. Le regain d’activité a sur- Le négoce du champagne à l’écart devraient lui être proposés. «Ilya grammes transversaux, dits « de lutte contre les exclusions » qui ten- tout profité aux hommes, mais un contrat moral d’embauche », tent de mieux coordonner les interventions sociales et de dépasser ceux-ci sont de moins en moins Curieusement, les maisons de champagne, première et noble activi- estime Louisette Martinet. D’ordi- les clivages administratifs. Bien que nécessaires, ces adaptations res- attirés par les métiers généralistes té d’Epernay, ne participent pas au projet « Defi ». Moët et Chandon naire, elle est critique pour ces sta- tent, dans tous les pays européens, très lentes : les équilibres précé- de l’industrie (opérateurs, agents emploie un millier de personnes dans la région, mais constate Lau- ges « parkings » qui restent sans dents sont fragiles, les stratégies de partenariat, de prévention et de maintenance, caristes, sou- rent Philippot, responsable de la Permanence d’accueil, d’informa- lendemain. Mais là, ajoute-t-elle, d’amélioration des conditions d’accès aux droits sont difficiles à met- deurs), accessibles au niveau du tion et d’orientation (PAIO), l’entreprise « s’adresse à l’intérim et passe « on a tapé dans le mille ». tre en œuvre parce que parfois contradictoires et sous-financées. bac professionnel. Le vivier des rarement par l’ANPE ». Maryline Mathieu analyse l’expé- L’impulsion pourrait venir de l’Union européenne. Rappelons que candidats s’est bien vite asséché. Nicolas Feuillate, autre grand nom du champagne, avait paru au rience. « Le problème de la mixité le traité permet d’adopter des mesures communautaires destinées à D’où l’idée de lancer ces jeunes départ intéressé par l’initiative. « Nous ne nous étions jamais posé la dans l’industrie se pose plutôt au encourager la coopération entre Etats membres afin de lutter contre femmes dans le « grand bain » question d’avoir une femme à un poste de production. Quelle sera la réac- niveau du chef d’atelier. Le patron, l’exclusion sociale. Le Comité de la protection sociale est saisi de cet- masculin de l’industrie. Des tion de leurs collègues masculins ? Seront-elles bien intégrées ? Il y aura lui, voit les choses de plus loin, le te question : des indicateurs d’efficacité de l’activité nationale pour- demandeuses d’emploi «un peu des clivages à faire sauter ! », déclarait la direction de la maison au DRH est motivé, mais la tentation ront être établis et des bonnes pratiques nationales mises en avant. perdues », sorties trop tôt du systè- début de l’opération. L’affaire a finalement tourné court. « Nous est de dire au chef d’atelier de se L’assistance sociale, que certains croyaient vouée à la disparition me scolaire, sans projet vraiment n’avons pas de contrat à durée indéterminée sûr à proposer en fin de sta- débrouiller, de trouver un avec l’instauration des systèmes de sécurité sociale, a encore de affirmé. « Il nous fallait faire quel- ge », explique-t-on chez Nicolas Feuillate. vestiaire. » Bref d’organiser un beaux jours devant elle. que chose avec un objectif clair : « Le négoce du champagne n’a pas souhaité s’impliquer dans notre dis- minimum d’espace « féminin » au l’accès à l’emploi », expliquent positif. Peut-être n’avons-nous pas les clefs d’entrée dans ces maisons », milieu d’un univers d’hommes. Francis Kessler est maître de conférences à l’université Paris-I - Pan- Maryline Mathieu, directrice du regrettent Laurent Philippot et Maryline Mathieu, directrice du comi- théon-Sorbonne. comité de bassin, et Laurent Philip- té de bassin d’emploi. Ils n’entendent pas désarmer. Régis Guyotat