LeMonde Job: WMQ0807--0001-0 WAS LMQ0807-1 Op.: XX Rev.: 07-07-99 T.: 11:17 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0477 Lcp: 700 CMYK
EN ÎLE-DE-FRANCE
a « aden » spécial été : tout le cinéma et une sélection de sorties
55e ANNÉE – No 16935 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE JEUDI 8 JUILLET 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI
Ces puces L’Angleterre enterre le mythe de l’or bbbbbbbbFEST IVAL AVIGNON 99
’après-guerre a commencé. Il y a quelques jours en- core, des combats ensan- L glantaient l’Europe, pour le plus grand trouble des consciences au rang desquelles les artistes tiennent leur place. On ne peut compter les auteurs qui se sont penchés sur les conflits des hommes, bien avant que ceux-ci ne se déclenchent, et qu’ils ont su, qui espionnent b b quelquefois, empêcher. Au Festival d’Avignon, que ce soit à travers les La Banque d’Angleterre vend 415 tonnes d’or aux enchères Le FMI veut faire de même écrits des plus anciens ou bien par la plume des plus jeunes, la guerre a toujours résonné dans la Cour d’honneur du Palais des papes, les Grecs comme Shakespeare aimant à y prendre leurs quartiers d’été. L’édition 1999 ne fera pas excep- tion, qui ouvre sur les échos de la bataille d’Azincourt à la faveur de b la création d’Henry V, par Jean- Louis Benoit, avec Philippe Torre- pour financer la dette des pays pauvres Le cours du métal jaune est tombé à son niveau ton, et continue avec les représen- tations de Richard III et d’Henry IV puis de Rwanda, 1994, par le Grou- pov, Requiem pour Srebrenica, d’Olivier Py, ou encore du très chacun beau texte de Didier-Georges Ga- bily, Lalla (ou la terreur). Terreur d’un siècle finissant, promesse d’un millénaire à naître. Quand la b Terre ne tourne pas rond, les arts peuvent convaincre d’un avenir le plus bas depuis vingt ans La Banque de France refuse de se séparer de ses lingots plus serein. de nos gestes LA BANQUE d’Angleterre a déci- sa monnaie, a annoncé son inten- dé de se délester progressivement tion de vendre une grande partie de
SUD DES AMÉRIQUES L’Argentine, le Brésil et le Chili de 415 tonnes de ses stocks d’or, soit son stock. En revanche, la France, sont au rendez-vous du cinquante-troisième Festival d’Avignon. Cent quarante acteurs, danseurs, musiciens, chanteurs mettent en scène la diversité des cultures plus de la moitié de ses réserves qui comme l’Allemagne, croit toujours à sud-américaines. HENRY V Le vainqueur d’Azincourt magnifié par Shakespeare, Henry V, part à la conquête de jour après jour la Cour d’honneur. Avec Philippe Torreton en roi s’élèvent actuellement à 715 tonnes. la valeur psychologique de ce « sym- impétueux, dirigé par Jean-Louis Benoit.
AUTEURS Hommes et femmes, des auteurs témoignent : récits de guerre, d’exil, de famille, de CARTES bancaires, Internet, télé- Ses dirigeants estiment qu’il existe bole de la souveraineté monétaire ». violence. PRELJOCAJ Albanais de cœur, le chorégraphe Angelin Preljocaj revient au Palais des papes avec une pièce au titre énigmatique, phones portables : la plupart de nos aujourd’hui des placements finan- Le Fonds monétaire international « Personne n’épouse les méduses ».
LA SCHAUBÜHNE Deux jeunes artistes, Thomas Ostermeier et Sasha Waltz relancent l’histoire d’une des objets quotidiens laissent des « traces ciers plus intéressants. La première (FMI) envisage, lui aussi, de céder en plus prestigieuses scènes berlinoises. informatiques ». La clé magnétique mise aux enchères, portant sur partie ses réserves de métal jaune d’une chambre d’hôtel enregistre ain- 25 tonnes, a eu lieu mardi 6 juillet, à pour financer l’annulation de la si les allées et venues des clients tandis Londres, et a rapporté quelque dette des pays pauvres décidée par L’ÉTÉ FESTIVAL que la télévision à péage se souvient 210 millions de dollars (soit autant le G 8. La chute générale des cours des choix de ses clients. La numérisa- d’euros). Ce résultat est jugé mo- de l’once affecte particulièrement tion des plaques d’immatriculation deste par les analystes. Les cours, les pays producteurs qui sont pour Spécial permet d’identifier les voitures qui qui baissaient régulièrement de- la plupart des pays en développe- empruntent le tunnel sous la Manche. puis janvier, se sont de nouveau ef- ment. Le premier d’entre eux, Avignon « La constitution d’un fichier résultait fondrés et ont plongé au-dessous de l’Afrique du Sud, a extrait près de jadis d’une volonté, d’un choix de l’ad- la barre psychologique des 260 dol- 480 tonnes en 1998 et plusieurs de Dernier Festival d’Avignon avant le pas- ministration ou d’une entreprise, lars l’once, son plus bas niveau de- ses compagnies sont déjà en diffi- sage à l’an 2000... Ceux qui redou- constate la Commission nationale de puis vingt ans. Mercredi, la baisse se culté. Le secteur a perdu 70 000 em- taient que le syndrome du millénaire l’informatique et des libertés (CNIL) poursuivait lors des premiers plois au cours des deux dernières ne handicape la programmation seront dans son rapport annuel, rendu pu- échanges. L’or n’est plus ainsi la va- années. La nouvelle baisse, ex- rassurés. L’affiche de la 53e édition sé- blic mercredi 7 juillet. Aujourd’hui, leur refuge traditionnelle et les Bri- plique-t-on à Johannesburg, menace duit par son éclectisme. Shakespeare nous pouvons être “fichés” du seul fait tanniques ne sont pas les seuls à 80 000 autres postes de travail à de la technologie. » « Les fichiers les vouloir réduire leurs réserves de mé- court terme. De nouvelles mises aux partage l’affiche avec des auteurs vi- plus importants ne sont pas aujourd’hui tal jaune. La Belgique, l’Australie, enchères d’or britannique sont an- vants, novateurs. La danse contempo- ceux de l’Etat et des administrations », l’Argentine, les Pays-Bas et le Cana- noncées pour le courant de l’au- raine régénère ses modes d’expression. remarque aussi la CNIL. da se sont déjà engagés dans cette tomne, à Londres. La musique est omniprésente par la voie. La Suisse, qui a récemment mis grâce des Sud-Américains, invités Lire page 8 fin à la parité historique de l’or avec Lire page 2 d’honneur. Notre cahier spécial Région par région, Les radicaux français en quête de leur glorieux passé, à Moscou AU MATIN du 2 juillet, alors qu’il déambule d’œuvres d’art, de papiers officiels ou privés de à ses interlocuteurs, en ce début juillet, est le recensement dans les rues de Moscou écrasées de chaleur, toutes sortes, provenant des pays occupés. En simple : dans deux ans, c’est-à-dire en 2001, les Jean-Michel Baylet, président du Parti radical 1945, ces trésors tombent aux mains de l’armée radicaux français, répartis de part et d’autre de LE MONDE publie quatre de gauche (PRG), accompagné d’une interprète rouge. Evacués vers Moscou, les voici gelés par l’échiquer politique depuis leur scission de 1972, a pages consacrées aux résul- et d’un diplomate français, a quelque chose de la guerre froide. célébreront ensemble le centenaire de leur tats du recensement 1999. Nos cor- touchant, de fragile presque. Il a profité du dé- La situation perdure jusqu’à la fin des an- naissance. Pour que la fête soit totale, ils aime- respondants dans chaque capitale placement officiel de Lionel Jospin en Russie, nées 80 où, dissolution du communisme aidant, raient présenter l’âge d’or du radicalisme, qui régionale analysent les tendances durant les deux premiers jours de juillet, pour les responsables soviétiques envisagent de res- court justement de 1901 à 1939. Certes, les di- LES SÉRIES DE L’ÉTÉ des mouvements de population en- se glisser dans la délégation hexagonale. Mais, tituer ce butin de guerre. Aussitôt, les Français plomates français ont essayé de rassurer le pré- registrés depuis 1990. Deux grandes à l’inverse de ses compagnons de voyage, pa- dressent un inventaire détaillé des documents sident du PRG. Ils pensent avoir convaincu les Retour caractéristiques se dégagent : la for- trons d’entreprise qui rêvent business, il ne pris par les Allemands. Selon leurs comptes, ils autorités russes de restituer la totalité des do- mation de pôles urbains puissants nourrit, lui, que l’espoir d’évoquer avec les au- représentent quelque 45 000 cartons. Coopéra- cuments en leur possession et une phrase à ce à Cuba comme Nantes, Toulouse, Lyon, torités locales le sort des archives de son parti, tifs, les Soviétiques, puis les Russes, les re- sujet figure effectivement dans le relevé de Montpellier, Lille, Rennes ou Stras- échouées en Russie à la fin de la deuxième censent, rendent même l’équivalent de 22 000 conclusions du voyage de M. Jospin. Malgré bourg, qui aspirent les populations guerre mondiale. cartons. Puis, en 1992, tout se bloque : la Dou- tout, M. Baylet veut exposer lui-même la situa- 3 - Le naufrage rurales et celles des petites villes ; le L’histoire qu’il raconte est banale et extra- ma, le Parlement national, jugeant que tout ce- tion à Mme Matvienko, vice-premier ministre A La Havane, François Maspero dé- relatif déclin de Paris et de l’Ile-de- ordinaire à la fois. En juin 1940, l’avancée fou- la fut chèrement payé du sang slave, interdit au russe. Hélas, il vient d’apprendre ce matin que couvre des habitants à l’air un peu fati- France, dû aux départs de plus en droyante des Allemands contraint les respon- gouvernement de poursuivre la restitution. Et ladite Mme Matvienko a fui le soleil écrasant de plus nombreux de Francilliens vers sables radicaux de l’époque, Edouard Herriot et c’est ainsi que continuent à dormir, dans la la capitale pour l’ombre rafraîchissante d’une gué, pauvrement vêtus, dont la gen- la province. Un article sur la situa- Edouard Daladier en tête, à évacuer les docu- banlieue moscovite, des dossiers contenant no- datcha lointaine. Et le voilà, un peu perdu dans tillesse ne masque pas la résignation. tion outre-mer complète cette ra- ments en leur possession. Deux lourds camions tamment des papiers personnels de Léon Blum, l’immensité moscovite, si proche et si loin pour- Les flâneries de l’après-dîner, avec ci- dioscopie de la population. bâchés prennent les routes de l’exode. Ils sont des document de la police française de l’entre- tant de son trésor de papier. Le passé des radi- gare, café, sucre, rhum et chocolat, rattrapés par les Panzers, et leur contenu est deux-guerres et, donc, les archives du Parti ra- caux est toujours à Moscou. ont disparu. La vieille ville prend le Lire pages 10 à 13 et la chronique transféré à Berlin où se concentre l’immense dical de 1901 à 1939. masque d’une cité du tiers-monde. de Pierre Georges page 34 butin des armées hitlériennes, mélange Ce que Jean-Michel Baylet souhaite expliquer Jean-Michel Aphatie p. 14 Le vélo Le Tribunal pénal international propre ! victime de son succès
LE TRIBUNAL pour l’ex-Yougo- débat de fond au sein de l’institu- slavie (TPIY) a prouvé sa force en tion. Elle résultait de la culture juri- inculpant Slobodan Milosevic de dique du procureur, anglo-saxonne, crimes contre l’humanité, mais il requérant un début de preuve pour YVAN TRAVERT YVAN risque la saturation. Créé en 1993 lancer un acte d’accusation. Cette par l’ONU, il est menacé par un mal stratégie a rapidement été critiquée. VOYAGES insidieux : l’engorgement. Le juge Les frondeurs étaient issus d’une Claude Jorda a récemment exprimé culture de droit romain, selon la- Quatre mers MANOLO SAIZ à voix haute ce que nombre de quelle une inculpation peut être fonctionnaires du Tribunal mur- prononcée pour peu que cela soit pour Israël RÉCUSÉ par les organisateurs du murent : « Du fait de la longueur des justifié par des « indices graves et Tour de France avant d’être réinté- procédures et du niveau moyen ou concordants ». De Saint-Jean-d’Acre, sur la Méditerra- gré par l’Union cycliste internatio- subalterne des personnes arrêtées, le Les partisans de cette dernière née, à Sodome, sur les rives de la mer nale, Manolo Saiz, directeur sportif Tribunal est menacé de paralysie », approche étaient convaincus de la Morte ; d’Eilat aux extravagants pa- de l’équipe ONCE, affirme, dans Le a-t-il déclaré au quotidien Libéra- nécessité de dénoncer rapidement laces, le long de la mer Rouge, au lac Monde, que de 90 % à 99 % des parti- tion. Offrant un front homogène les planificateurs de la purification cipants à la Grande Boucle sont pour le grand public, le TPIY n’est ethnique. Au bout de trois semaines de Tibériade que les Israéliens ap- « propres ». Selon lui, la France « est pas exempt de discussions internes. de discussions serrées, en avril 1995, pellent « mer de Galilée », malgré son peut-être le pays qui a le plus de pro- Celles-ci portent sur deux élé- le juge Goldstone s’est rangé aux eau douce, l’État hébreu joue les varia- blème avec le dopage ». ments : la stratégie judiciaire du arguments de l’autre camp. Résul- tions balnéaires sur une partition histo- procureur et la meilleure façon tat : dès le mois de juillet, le pro- rique et biblique. Le Monde vous re- Lire pages 24 et 25 d’organiser les procès. cureur publiait sa première inculpa- Le procureur est la locomotive de tion de génocide – contre Radovan commande aussi des week-ends plus Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, l’institution. C’est lui qui alimente Karadzic et Ratko Mladic – pour le modestes mais magiques, à Blois. 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; en dossiers les trois chambres de siège de Sarajevo. Cinq mois plus Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; p. 26 et 27 Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, première instance et l’unique tard, suivait leur inculpation pour 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, chambre d’appel. Le premier pro- « le génocide qui a suivi la prise de 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, International ...... 2 Carnet ...... 23 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; cureur du TPIY, Richard Goldstone, Srebrenica », un dossier monté avec France ...... 6 Abonnements...... 23 Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. ne doutait pas de l’obligation de célérité puisque le massacre de plu- Société ...... 8 Aujourd’hui ...... 24 poursuivre les responsables de la sieurs milliers de Musulmans s’était Régions ...... 10 Météorologie...... 29 purification ethnique. Mais ce ju- déroulé à la mi-juillet. Horizons ...... 14 Jeux ...... 29 riste sud-africain était partisan Entreprises ...... 18 Culture ...... 30 d’une stratégie lente pour remonter Alain Franco Communication ...... 20 Guide culturel...... 32 la chaîne des responsabilités. Cette Tableau de bord...... 20 Radio-Télévision...... 33 conception a donné lieu au premier Lire la suite page 15 LeMonde Job: WMQ0807--0002-0 WAS LMQ0807-2 Op.: XX Rev.: 07-07-99 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0479 Lcp: 700 CMYK
2 INTERNATIONAL LE MONDE / JEUDI 8 JUILLET 1999
ÉCONOMIE La Banque centrale délester au cours des prochaines an- diatement chuté au-dessous du seuil monétaire ». Les banques centrales cements à long terme plus rentables. d’Angleterre a vendu 25 tonnes de nées de 415 des 715 tonnes qu’elle psychologique de 260 dollars, le plus de plusieurs pays, comme la Suisse et b LE FMI devrait faire de même pour ses stocks de métal jaune sur le mar- possède. Quelque 125 tonnes seront bas niveau depuis vingt ans. b LA la Belgique, ont commencé elles aus- financer l’allègement de la dette des ché à des prix modestes : environ mises aux enchères d’ici la fin de l’an- FRANCE entend conserver intacts ses si à réduire leurs avoirs en or, esti- pays pauvres. L’effondrement des 261 dollars l’once. Elle envisage de se née b LES COURS de l’or ont immé- stocks, symbole de la « souveraineté mant qu’il existe aujourd’hui des pla- prix inquiète les pays producteurs. La Banque d’Angleterre brise le tabou de l’or Après la première vente aux enchères de 25 tonnes de métal précieux, mardi 6 juillet à Londres, les cours se sont immédiatement effondrés. Ce recul devrait se poursuivre, la Suisse et le FMI s’apprêtant à imiter le Royaume-Uni LA BANQUE d’Angleterre a pro- voie à la vente d’une partie de ses Au niveau le plus bas depuis vingt ans Aux Etats-Unis, les ventes de métal cédé, mardi 6 juin, à la première 2 600 tonnes d’or de réserves. Le fin ont été dopées par l’approche du d’une série d’enchères qui vont à Fonds monétaire international COURS DE L'ONCE D'OR LES PAYS PRODUCTEURS (1998) en tonnes millénaire, comme le montre la terme la délester de plus de la moi- (FMI) s’apprête à faire de même. en dollars nouvelle popularité des pièces LES 5 PREMIERS PRODUCTEURS SOUDAN 5,7 tié de son stock d’or. Les Cette tendance générale de cession 295 « American Eagle », l’équivalent du 257 AFRIQUE 804 000 onces de métal fin ont été de l’or est observée avec suspicion 474 TANZANIE 5,5 souverain ou du krugerrand. 290 le 6 juillet DU SUD vendues au prix de 261,20 dollars par l’association tiers-mondiste ÉTATS-UNIS 364 RD CONGO 4,8 b Pourquoi le FMI s’apprête-t-il l’once. A l’issue de la vente, le Gold Anti-Trust Action, qui dé- 285 CÔTE D'IVOIRE 3,9 cours de l’once est retombé au- nonce une « conspiration interna- AUSTRALIE 313 à céder une partie de son or ? 280 ÉTHIOPIE 2,9 dessous du seuil psychologique de tionale » menée par les Etats-Unis CEI 245 L’institution doit trouver les fonds BURKINA 2,7 260 dollars. Il est tombé, mercredi, visant à maintenir le prix du métal 275 pour financer sa part dans l’annula- CANADA 164 à moins de 256 dollars. jaune sous la barre des 300 dollars NAMIBIE 1,9 tion de la dette des plus pauvres dé- L’or a ainsi renoué avec une l’once. Elle inquiète surtout les 270 TOTAL : 2 555 AUTRES 7,0 cidée à Cologne par les chefs d’Etat baisse déclenchée par l’annonce, le producteurs, et au premier chef, du G 8. Le principe d’une cession de 7 mai, de la vente par l’Angleterre l’Afrique du Sud. 265 PRODUCTEURS AFRICAINS TOTAL 169,4 5 % (soit 5 millions d’onces), voire dans les prochaines années de GHANA 73,3 (hors afrique du Sud) 10 % de ses réserves, est admis. Le 260 415 tonnes de métal (sur un total b Depuis quand et quels pays ZIMBABWE 27,1 Après les ventes de la Banque Congrès américain doit encore don- de 715 tonnes). L’once a depuis vendent-ils une partie de leurs 255 d'Angleterre, le métal jaune ner son accord, les Etats-Unis étant MALI 22,0 perdu près d’une trentaine de dol- réserves d’or ? J F M A M J J se négociait le 6 juillet à le premier actionnaire de l’institu- lars. Le mouvement de la Banque Les banques centrales ont amor- 1999 GUINÉE 13,1 257 dollars l'once. tion. centrale d’Angleterre n’est pas le cé un mouvement de réduction de Source : Bloomberg premier. Depuis deux ans au leurs réserves en or depuis deux b Est-ce une bonne idée ? moins, d’autres instituts d’émis- ans environ. La Belgique, l’Austra- ou les devises. La Suisse a annoncé b Quel est le montant des ré- banques centrales nationales vers la Non, répond le Conseil mondial sion ont progressivement réduit lie, le Canada, l’Argentine, les Pays- qu’elle céderait la moitié de ses ré- serves des banques centrales ? Banque centrale européenne se fera de l’or, car cette décision pèsera sur leur stock. Le mouvement amorcé Bas écoulent ainsi globalement serves, soit environ 1300 tonnes à Quelque 35 000 tonnes d’or dor- en or à hauteur de 15 %. les cours du métal jaune et aurait par le chancelier de l’Echiquier bri- sous forme de ventes ou de prêts partir de l’an 2000. Les fonds ainsi ment dans leurs coffres. Avec 8 138 l’effet inverse de celui espéré en pé- tannique, Gordon Brown, est ce- environ 500 à 600 tonnes d’or en récoltés seront injectés pour moi- tonnes, la Réserve fédérale améri- b Qui donc achète cet or qui ne nalisant les pays d’Afrique sub-saha- pendant le plus important et vient moyenne chaque année sur le mar- tié dans l’économie nationale. caine est de loin la plus dotée. Si elle cesse de se déprécier ? rienne. Dans cette région, la plus ainsi sérieusement bousculer le ché. L’Angleterre et la Suisse ont L’autre partie servira au finance- n’en a pas vendu, la Russie en pos- D’autres banques centrales, des déshéritée du monde, la production vieux tabou entretenu vis-à-vis de emboîté le pas. Les ventes se font ment d’une grande fondation de séderait 507 tonnes. En Asie, les investisseurs qui profitent d’un d’or peut représenter plus de 35 % l’or. La « vieille relique barbare » la plupart du temps par enchères. solidarité que le gouvernement a banques centrales japonaise et cours très bas, mais aussi l’industrie des exportations, comme au Ghana que dénonçait déjà John Keynes décidé de créer pour venir en aide chinoise détiennent respectivement de la joaillerie. La consommation de ou au Mali, bientôt 20 %, comme en semble avoir fait son temps et le b Que font les pays du fruit de aux déshérités. L’Angleterre de- 754 et 397 tonnes d’or. La Banque joaillerie, qui absorbe 80 % de la Tanzanie ou 7 % comme au Burkina symbole de l’or-refuge est un peu leurs cessions ? vrait utiliser une partie de sa ces- des règlements internationaux (BRI) production d’or, a augmenté en 1998 Faso, qui figurent sur la liste des plus écorné chaque jour. Pour les instituts d’émission, il sion pour participer à la réduction affirme que l’or continuera à avoir dans le monde. Ce boom est le ré- pays les plus pauvres et les plus en- En avril, la Suisse avait, par ré- s’agit de rééquilibrer leurs porte- de la dette des pays pauvres, dont une part très importante dans les ré- sultat du développement des mar- dettés du monde. férendum, mis un terme formel à feuilles au profit de placements Gordon Brown a été un des ar- serves. Dans la zone euro, le trans- chés en Chine, en Inde et de la re- la parité or-franc suisse, ouvrant la plus rentables, comme les actions dents défenseurs. fert des réserves de change des lance des achats proche-orientaux. Babette Stern Un métal, cher à Diderot, en route vers le royaume des ombres... 80 000 emplois menacés LONDRES depuis deux décennies, en dehors des pointes verse qui se passe. Premier élément méritant at- de notre correspondant à la City éphémères de 1987 et 1993, paraît aller à contre- tention, dans les pays riches, pour l’épargnant à dans les mines sud-africaines La Fontaine aurait pu en écrire une fable inti- courant du marché. D’après l’annuaire Gold, pu- la recherche de plus-value et de rendement, l’or tulée « Ironie du sort ». Après des millions d’an- blié par Gold Fields Minerals Services, en 1998, la s’est avéré un placement peu rentable en raison JOHANNESBURG té sur l’exploitation de la main- nées pour sortir de terre la roche noire conte- demande mondiale a dépassé l’offre d’un bon notamment de la concurrence d’instruments fi- de notre correspondant d’œuvre noire, moins bien payée millier de tonnes. La consommation de joaillerie, nanciers plus liquides, en particulier les actions. L’Afrique du Sud est farouche- que celle de ses principaux concur- ANALYSE qui absorbe 80 % de la production, a augmenté, « La force de l’or comme placement a été de proté- ment opposée aux ventes d’or déci- rents. Cette situation a pris fin avec ger l’investisseur contre les taux d’intérêts négatifs L’or a perdu son rôle d’unité de en 1998, dans le monde. Ce boom est le résultat dées par les pays occidentaux et le l’abolition du régime de ségréga- du développement des marchés en Chine et en en période d’hyperinflation, facteur qui a disparu Fonds monétaire international tion raciale. Le salaire de misère référence monétaire, puis celui Inde, malgré l’augmentation des taxes à l’impor- au début des années 80. C’est pourquoi, après (FMI). Et elle le fait savoir. Premier des mineurs (l’équivalent de de valeur-refuge. Les épargnants tation de bijoux, et de la relance des achats avoir perdu son rôle d’unité de référence moné- producteur mondial déjà frappé de 1000 francs par mois pour les moins préfèrent désormais les actions proche-orientaux. La mode des bagues, bracelets taire dans les années 70, le métal jaune a ensuite plein fouet par la crise du métal qualifiés) augmente maintenant à et colliers en platine, devenu un formidable rival perdu progressivement son statut de valeur-re- précieux, le géant africain redoute un rythme de 10 % par an. de l’or, jusqu’à présent, n’a pris qu’au Japon. Aux fuge », affirme Kevin Noorish, analyste aurifère une nouvelle baisse des prix et dé- nant les paillettes orangées, l’or est renvoyé Etats-Unis, les ventes ont été dopées par l’ap- de Barclays Capital à Londres. Si son compère nonce l’égoïsme des grandes puis- BAISSE DE RENTABILITÉ aujourd’hui au royaume des ombres. Alors que proche du millénaire... feu sir James Goldsmith s’était dépeint en « tau- sances. Selon Prétoria, la récente Ajoutée à la chute du prix de l’or, l’once valait 850 dollars à la fin des années 70, Dans le même temps, du côté de l’offre, l’affai- reau colossal tout en or », le financier George So- décision du G 7 de vendre de l’or la baisse de rentabilité des mines elle est tombée sous le seuil psychologique des blissement du prix du métal jaune a accéléré le ros, jadis défenseur du métal jaune devant l’Eter- pour réduire la dette des pays les sud-africaines a entraîné un mou- 260 dollars, le 6 juillet, à l’issue de la vente aux remodelage du secteur aurifère mondial. OPA nel, s’est tourné depuis plusieurs années vers les plus pauvres constitue une fausse vement de fusion et de délocalisa- enchères de 25 tonnes par la Banque d’Angle- sauvages, fusions spectaculaires, alliances et ex- devises ou les produits financiers exotiques. solution et une demi-mesure. tion chez les grandes groupes, terre. Une secrète désespérance a saisi les cinq pansions hors frontière : depuis cinq ans, c’est le Par ailleurs, malgré ses qualités particulières « Il n’est pas possible de résoudre comme l’Anglo American, parti banquiers participant ce jour-là au rituel im- lot des principaux pays producteurs, comme les – il est inaltérable, anonyme, invisible et apa- un problème en en créant un autre et s’installer, en mai, à la City de muable du « fixing », au troisième étage de la Etats-Unis, l’Australie ou l’Afrique du Sud. La ra- tride –, l’or n’est plus un bouclier contre les tu- en amoindrissant notre capacité de Londres. En Afrique du Sud, les so- banque NM. Rothschild and Sons, quand ils sont tionalisation des champs d’exploitation est dé- multes économiques ou politiques dans le Tiers- croissance et de développement », a ciétés minières ont cherché à amé- tombés d’accord sur le cours le plus bas depuis sormais à l’ordre du jour. La fermeture des mines Monde. Ainsi, au lieu de reconstituer leurs stocks affirmé Thabo Mbeki, le nouveau liorer la productivité de leurs sites vingt ans ! L’or, une matière première comme non rentables, la suppression de centaines de d’or après la crise financière de 1998, les épar- président sud-africain, quelques par une réduction constante des ef- une autre, réagissant uniquement à la classique milliers d’emplois de par le monde, l’introduc- gnants coréens et indonésiens semblent, eux jours avant la mise sur le marché fectifs. Après de nombreuses loi de l’offre et de la demande ! Shocking ! tion de nouvelles méthodes de travail ou de aussi, s’être tournés vers la Bourse. d’une partie des réserves de la vagues de licenciements, l’industrie Pour les gentlemen en état de choc du London primes à la production ont permis aux grandes En vingt ans, le marché de l’or est devenu plus Banque d’Angleterre. Alec Erwin, aurifère emploie aujourd’hui moins Bullion Market (LBM), cette longue et durable compagnies minières de maintenir leurs marges sophistiqué, plus efficace, plus transparent. Il son ministre du commerce et de de 300 000 personnes contre descente aux enfers referme un cycle historique vaille que vaille. Une tâche facilitée certes par la s’est aussi banalisé. Tout en n’excluant pas des l’industrie, a, lui, qualifié de « cri- 500 000 au milieu des années 80. de 2 800 ans, durant lequel, dans un décor où force du dollar, la monnaie de référence du mar- mouvements erratiques ici et là, les spécialistes minelle » la frilosité des pays indus- Malgré la tenue d’un « sommet sur passent tour à tour les Rois mages, les conquis- ché de l’or dont ont largement profité les pro- du fixing parient sur une poursuite de la baisse trialisés. Il leur reproche de n’envi- l’or » et la création d’un comité de tadores, les aventuriers du Klondike et de Kal- ducteurs, à l’exception des Nord-Américains. jusqu’à 250 dollars l’once à long terme. Visible- sager qu’un allégement partiel de la crise réunissant les partenaires so- gorlie et le général de Gaulle, le métal fin était Aussi, une nouvelle génération de technocrates ment, cette matière première, que plus rien ne dette du tiers-monde et prône l’ef- ciaux, le secteur a perdu environ synonyme de puissance et de gloire. La barre dynamiques, plus financiers qu’ingénieurs, a pris semble différencier de l’argent ou des non-fer- facement complet des créances. 70 000 emplois ces deux dernières d’or de 25,5 cm de large et 4 cm d’épaisseur et le la relève des bâtisseurs de compagnies aussi reux, n’est plus le mythe éclatant cher à Diderot, En réalité, en se faisant le porte- années. Lundi encore, une mine de lingot de 1 kilo semblent condamnés à une sorte prestigieuses qu’AngloGold, Gold Fields ou Bar- qui affirmait : « L’or est tout et le reste, sans or, parole des mécontents face au la région de Johannesburg a an- de « darwinisme financier », à en croire l’hebdo- rick. n’est rien ». « diktat » des pays riches, l’Afrique noncé sa mise en liquidation et sa madaire britannique Spectator. Mais si la demande physique excède désor- du Sud cherche surtout à défendre prochaine fermeture, condamnant A première vue, la déprime continue des cours mais la production, côté spéculation c’est l’in- Marc Roche ses propres intérêts et à éviter l’ef- au chômage les 5 000 mineurs fondrement d’une industrie auri- qu’elle emploie. En tout, 80 000 fère en plein déclin. L’or constitue postes pourraient encore dispa- toujours un des piliers de l’écono- raître en cas de nouvelle chute des Un « signe de souveraineté monétaire », selon la Banque de France mie du pays et représente 20 % des prix. exportations. Mais la production Déjà confronté à une conjonc- LA BANQUE de France souhaite d’émission ajoute que « sur longue les principales banques centrales exemple, de grands travaux. Ce ne cesse de baisser. Depuis 1996, les ture économique difficile, le pré- conserver intact son stock d’or, période, le prix de cet actif s’est ca- détentrices n’y puisent qu’en cas de projet, avancé par Romano Prodi mines sud-africaines fournissent sident Mbeki souhaite éviter à tout évalué à 2 547 tonnes, soit quelque ractérisé par une volatilité historique difficultés majeures, nécessitant une lorsqu’il était encore président du moins de 500 tonnes par an, soit prix les tensions sociales liées à de 25,3 milliards d’euros. Présentée somme toute assez faible, et ses fluc- remise en ordre financière d’enver- Conseil italien, avait provoqué une environ 19 % du total mondial, mais nouveaux plans de licenciements dans son rapport annuel de 1997, tuations ont le plus souvent révélé gure ». levée de boucliers au sein des ins- moitié moins qu’en 1984. massifs. Proche du pouvoir, le puis- sa doctrine n’a pas varié depuis. une corrélation négative avec celles L’attachement de la Banque de tances monétaires européennes. Le Parallèlement, les coûts de pro- sant syndicat des mineurs (NUM) « L’or reste d’abord un élément de du dollar : l’intérêt à détenir de l’or France à l’or est tel qu’elle avait sujet est juridiquement complexe. duction ne cessent d’augmenter. est confronté à la pression de la confiance à long terme dans la mon- comme actif de réserve respose donc plaidé avec force, avant le lance- Si, en théorie, les réserves d’un Jusqu’au début des années 80, ils base, comme l’a récemment illustré naie, était-il précisé. Pour des motifs largement sur une logique de diversi- ment de la monnaie unique, pour pays sont la propriété de l’Etat et étaient parmi les plus bas au le lynchage d’un responsable syndi- psychologiques, le stock d’or des fication du risque. » que la Banque centrale européenne non de la banque centrale, les insti- monde. Aujourd’hui, c’est l’inverse. cal par un groupe de mineurs mé- banques centrales est un gage de Cet avantage compenserait lar- (BCE) en détienne dans ses propres tuts d’émission ont, dans la plupart Ce phénomène s’explique par l’an- contents. Face à l’impatience des prudence de gestion dans l’esprit des gement, aux yeux des autorités réserves. Elle a finalement obtenu des pays, un droit de regard et cienneté et la profondeur des townships, le successeur de Nelson épargnants et du public. » La monétaires françaises, le fait que gain de cause, puisque le métal presque de veto sur leur utilisation. mines. La plupart, exploitées de- Mandela a promis d’accélérer les Banque de France défend l’idée se- l’or n’offre qu’une rémunération jaune représente 15 % du montant C’est notamment le cas en Alle- puis plus de cinquante ans, vont changements en faveur des plus lon laquelle les Français sont tou- dérisoire par rapport aux avoirs en total des avoirs de la BCE. magne, où une vive polémique jusqu’à plus de 3000 mètres sous la démunis et de créer des emplois. jours très attachés à la symbolique devises. De la même façon, l’or, en L’hostilité de l’institut d’émission avait opposé, au printemps 1997, la surface, ce qui rend l’extraction dif- Dans ce contexte, l’effondrement de l’or, valeur refuge, dont la dimi- dépit de l’inconvénient de consti- à l’idée de vendre le stock d’or est Bundesbank au gouvernement ficile et coûteuse. de l’industrie de l’or serait un véri- nution serait interprétée comme tuer un placement totalement illi- d’autant plus grande qu’il redoute lorsque ce dernier avait simple- En même temps, depuis la fin de table désastre qui rendrait la tâche un appauvrissement du patrimoine quide, « est encore aujourd’hui une par-dessus tout que les gouverne- ment souhaité réévaluer le stock l’apartheid, les salaires des mineurs du président particulièrement diffi- national des ventes de la banque assurance contre un dérèglement ments utilisent cette manne finan- d’or au cours de marché. ont été revus à la hausse. Pendant cile. centrale. majeur du système monétaire inter- cière pour engager des politiques longtemps, l’industrie de l’or sud- Dans son plaidoyer, l’institut national. Actif de dernier recours, de relance, sous forme, par Pierre-Antoine Delhommais africaine a construit sa compétitivi- Frédéric Chambon LeMonde Job: WMQ0807--0003-0 WAS LMQ0807-3 Op.: XX Rev.: 07-07-99 T.: 10:28 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0480 Lcp: 700 CMYK
INTERNATIONAL LE MONDE / JEUDI 8 JUILLET 1999 / 3
L’irrésistible popularité Enrique Baron Crespo est élu à la tête de George W. Bush du groupe socialiste au Parlement européen Le gouverneur du Texas, en tête Le successeur de Pauline Green affirme vouloir rechercher une « majorité progressiste » dans la course à la Maison Blanche, L’Espagnol Enrique Baron Crespo était finale- Parlement européen après le retrait de la Britan- alliances avec le PPE (Parti populaire européen) ment seul en lice pour devenir président du nique Pauline Green. Désigné officiellement dans un Parlement davantage dominé par la bat des records de collecte de fonds électoraux groupe des socialistes et sociaux-démocrates au pour deux ans, il devra s’efforcer de définir des droite que le précédent Hémicycle. NEW YORK lions de dollars. Trente-six mil- BRUXELLES qui échoit à Christine Verger, une pourra-t-il être perpétué ? Il per- n’étonneront personne : une PESC de notre correspondante lions, c’est non seulement plus que (Union européenne) ancienne du cabinet de Jacques met, dans le processus de codéci- (politique étrangère et de sécurité) Jusqu’où ira George W. Bush ? le total des sommes réunies par la de notre correspondant Delors. Les Britanniques eux- sion, de réunir les majorités néces- « digne de ce nom », avec un En à peine un mois de campagne, dizaine d’autres candidats à l’in- C’est l’Espagnol Enrique Baron mêmes n’ont apparemment soute- saires pour que le Parlement accent particulier mis sur le Koso- le gouverneur républicain du vestiture républicaine, c’est aussi Crespo qui succédera à la Britan- nu Mme Green qu’avec une très re- puisse se faire entendre face au vo et la stabilisation dans les Bal- Texas, fils de l’ancien président pratiquement le double de ce qu’a nique Pauline Green à la tête du lative détermination, une fois ac- Conseil et à la Commission, mais il kans ; la défense du modèle social George Bush, a pris une telle collecté le principal adversaire de groupe des socialistes au sein du quis le principe que Robin Cook, le donne aussi aux deux grands européen, la concrétisation de avance dans la course à l’élection M. Bush côté démocrate, le vice- Parlement européen. Ainsi en ont secrétaire au Foreign Office, succé- groupes la possibilité de dominer l’euro, etc. M. Baron Crespo re- présidentielle de l’an 2000 que l’en- président Al Gore qui est à la tête, décidé les dirigeants socialistes et derait à Jürgen Scharping, l’actuel le débat. tient davantage l’attention par le semble des experts, sidérés par lui, d’un butin d’un peu plus de sociaux-démocrates des Quinze, ministre allemand de la défense, à caractère mesuré de ses propos l’ampleur de ce qu’ils qualifient dé- 18 millions de dollars. qui étaient réunis, mardi 6 juillet, à la tête du Parti des socialistes euro- PROPOS MESURÉS lorsqu’il évoque les relations entre jà de « phénomène », s’interrogent Le président Clinton refuse de Bruxelles. La seconde, une proche péens, au cas où celui-ci devien- M. Baron Crespo ne semble le Parlement et la Commission. sur sa capacité à entretenir une voir dans ces chiffres un message de Tony Blair, qui était candidate à drait secrétaire général de l’OTAN guère y croire : il craint que la nou- « Les événements qui ont secoué telle dynamique jusqu’au 7 no- politique : « C’est beaucoup, a-t-il son renouvellement, paie ainsi le à la suite de Javier Solana. velle composition du PPE, avec de l’Union les mois passés ont mis en vembre 2000. reconnu dans un entretien à USA revers électoral subi en juin par les Afin de faciliter le consensus, nombreux conservateurs britan- relief le rôle que doit jouer le Parle- Poursuivant une première tour- Today, mais n’oubliez pas que les ré- socialistes, essentiellement au M. Baron Crespo a été désigné niques remotivés par leur succès et ment pour une construction euro- née euphorique des Etats-Unis, publicains ont plus d’argent que les Royaume-Uni et en Allemagne – le pour deux ans et demi, mais il pa- désormais des gaullistes, ne péenne plus transparente et plus « W », comme il est déjà surnom- démocrates, qu’il s’agit du gouver- groupe ne comptera plus que raît vraisemblable qu’il assurera sa l’éloigne des idéaux de la démocra- proche des citoyens. Nous devrons mé, était mardi 6 juillet à Denver, neur du Texas et que son frère est 180 membres, au lieu de 214 –, fonction tout au long de la législa- tie-chrétienne européenne pour investir une Commission qui ait un où il participait à un meeting orga- gouverneur de Floride, et que les ré- mais aussi la stratégie qui a ture. Une de ses premières préoc- produire une agressivité euroscep- programme clair, mais ce n’est pas nisé par des responsables de la publicains ont été absents de la Mai- conduit finalement à la démission cupations sera de définir des al- tique que les socialistes, dit-il, ne l’intérêt de l’Europe de l’affaiblir. Il communauté hispanique. La se- son Blanche depuis huit ans. » En de la Commission Santer, que Pau- liances dans un Parlement pourront pas accepter. Il se pro- faut qu’elle puisse continuer à jouer maine dernière, en Californie, il a fait, c’est précisément cette déter- line Green voulait pourtant éviter. davantage dominé par la droite nonce donc pour la recherche un rôle décisif ». A l’évidence une aussi beaucoup courtisé l’électorat mination républicaine à reconqué- Les Allemands ont appuyé la que le précédent Hémicycle. L’ac- d’une « majorité progressiste », mise en garde à ceux qui, notam- hispanique et s’est fait prendre en rir la Maison Blanche qui semble candidature de M. Baron Crespo, cord « tactique » entre les socia- sans préciser par quelle alchimie il ment au PPE, ne rêvent encore que photo avec plein de petits enfants être derrière le formidable succès ainsi que les Français : c’était pour listes et le PPE (Parti populaire eu- a l’intention d’y parvenir. d’en découdre. noirs et mexicains : ce n’est pas là financier de George W. Bush, et qui eux le moyen de s’assurer le poste ropéen), jusqu’ici à la base du Les priorités que s’assigne le d’ordinaire le terrain de prédilec- a amené l’establishment et une de secrétaire général du groupe, fonctionnement de l’Assemblée, nouveau président du groupe Philippe Lemaître tion des candidats républicains. bonne partie des militants républi- Mais George W. Bush, qui a été lar- cains à lui verser de l’argent avant gement réélu en 1998 à la tête du même qu’il n’ait fait connaître un Français et Allemands PROFIL Sa présidence du Parlement orientale ou encore en Amérique Texas, en partie grâce aux voix his- véritable programme ou qu’il n’ait coïncide avec une période faste latine. Homme de culture, il parle paniques, cultive ouvertement pris clairement position sur les sont les derniers... UN POLYGLOTTE pour la Communauté : celle de couramment le français, l’anglais, cette différence en espérant re- questions qui, traditionnellement, l’accomplissement du « Grand l’italien, l’allemand et le portugais. tourner l’image négative d’un parti divisent le parti, comme l’avorte- Les Français sont, avec les Al- CULTIVÉ Marché », et de la mise en route Reçu par le premier Parlement républicain refermé sur lui-même. ment, le contrôle des armes à feu lemands, les derniers à ne pas de l’Union économique et moné- chilien après le retour à la démo- ou les allégements fiscaux. avoir désigné les deux commis- C’est un visage connu qui, succé- taire (UEM), et celle de la chute du cratie, il avait plaidé avec force DES BOTTES DE COW-BOY Le succès attirant le succès, saires qui viendront à Bruxelles dant à Pauline Green, va conduire mur de Berlin et de l’effondrement pour la réconciliation et la libéra- La Californie est l’Etat de Ronald l’avance du gouverneur du Texas succéder à Mme Cresson et M. de le groupe socialiste du Parlement du communisme. Au cours de la tion des prisonniers politiques. Un Reagan, dont le souvenir a aussitôt dans les sondages, tant sur ses Silguy. Apparemment, les tracta- européen, puisque eurodéputé de- Conférence intergouvernementale jour, il menaça d’annuler sa visite ressurgi dans l’esprit de certains concurrents républicains aux pri- tions avec Romano Prodi, le nou- puis 1986, il a présidé l’Assemblée (CIG) qui a précédé la conclusion officielle en Israël si les autorités commentateurs enthousiasmés maires que sur Al Gore, alimente la veau président du collège, conti- de juillet 1989 à janvier 1992. du traité de Maastricht, fin 1991, il de Jérusalem, qui finalement cé- par le sourire, le charme, les bottes machine financière, et les records nuent : il faut non seulement Avant d’arriver à Strasbourg, ce a plaidé avec force devant les chefs dèrent, ne le laissaient pas entrer de cow-boy et le sens du contact de collectes de fonds renforcent s’accorder sur les noms, mais jeune militant socialiste, né en d’Etat et de gouvernement pour par le pont Alleby, à la frontière direct de George W. Bush − un cha- son image de gagnant. Dimanche, aussi sur les portefeuilles. Il re- 1944 à Madrid, avait déjà un passé que soit mieux affirmée la légitimi- jordanienne, pour manifester sa risme, en somme, très clintonien – dans le New Hampshire, son che- vient au président de la Répu- politique fourni : juriste, écono- té du Parlement européen à côté préoccupation à l’égard de la si- ironisent ses rares critiques. min a croisé celui d’une autre can- blique de choisir l’un des deux miste, il fut de 1970 à 1977, durant de celle du Conseil dans la vie de la tuation dans les territoires oc- « L’Amérique a envie de suivre quel- didate républicaine, Elizabeth commissaires, au gouvernement les dernières années de la dicta- construction européenne. cupés. Cet intérêt pour « l’Europe qu’un d’optimiste, et je suis incroya- Dole, l’épouse de Bob Dole ; ils se l’autre. Mercredi 7 juin, avant le ture, l’avocat très actif des syndica- Le président du Parlement euro- dans le monde » l’amena, après sa blement optimiste », a lancé le gou- sont fraternellement embrassés conseil des ministres (toujours listes et opposants inculpés par le péen représente la Communauté présidence, à prendre la tête de la tout en éludant soigneusement les précédé par un tête-à-tête entre « Tribunal d’ordre public ». Elu dé- hors des frontières : ce rôle, En- commission des affaires étrangères questions sur un éventuel « tic- M. Chirac et M. Jospin), il semble puté du Parti socialiste espagnol rique Baron Crespo l’a particulière- et de sécurité du Parlement, dont il Hillary Clinton entre en ket » Bush-Dole. Mais la photo du que les tandems Jacques Lang et en 1977, il devint ministre des ment pris à cœur, portant la bonne est toujours membre. couple dans les journaux n’a cer- Michel Barnier ou Pascal Lamy transports, du tourisme et des parole aux jeunes démocraties, campagne pour le Sénat tainement rien fait pour rassurer le et Michel Barnier tenaient la communications de 1982 à 1985. que ce soit en Europe centrale et Philippe Lemaître camp Gore où l’on serait désespé- corde. – (Corresp.) Hillary Clinton a fait, mardi rément à la recherche d’une 6 juillet, un grand pas vers une femme comme candidate à la vice- candidature à l’élection sénato- présidence, pour récupérer l’élec- riale de New York en 2000, en torat féminin qui a toujours été créant officiellement un « comité l’un des meilleurs appuis de Bill exploratoire », à la veille d’une Clinton mais semble, toujours « tournée d’écoute » dans la cam- d’après les sondages, préférer pagne new-yorkaise. Un avocat « W » à Al Gore. a déposé dans la matinée devant Mari, père de famille et fémi- la commission fédérale électo- niste pourtant exemplaire, ce der- rale, à Washington, les docu- nier paierait à retardement, affir- ments officiels créant ce comité ment les experts, l’affaire Lewinsky pour la campagne de la « pre- et la « lassitude de l’ère Clinton » mière dame » américaine, dans qu’elle a entraînée : on comprend un Etat où elle n’a jamais vécu. mieux pourquoi, le soir de l’an- Cette étape légale permet à nonce formelle de sa candidature, Mme Clinton de recueillir des Al Gore a choisi de prendre ses dis- fonds de campagne, ce qui de- tances de manière assez brutale, vrait mettre une sourdine aux dans une interview télévisée, avec nombreuses critiques qui lui re- la vie privée de son président. prochent de voyager aux frais des contribuables, transportée « CONSERVATISME GÉNÉREUX » et protégée comme une « First Ce n’est que le début d’une cam- Lady », alors qu’il s’agit de sa pagne de seize mois et le Los An- carrière politique personnelle. geles Times s’intéressait déjà, di- Mercredi, Mme Clinton, cin- manche, aux conditions dans quante et un ans, devait enta- lesquelles le jeune George W. avait mer une première tournée élec- fait son service, à l’époque du Viet- torale de quatre jours dans le nam, dans le confort de la Texas nord-ouest de l’Etat de New Air National Guard, lorsque son York. – (AFP.) papa était au Congrès. Certains, comme Mario Cuomo, l’ancien gouverneur démocrate de New verneur du Texas lors d’une York, estiment que la croisade de réunion dans la Silicon Valley, George W. Bush en faveur d’un symbole de l’Amérique qui gagne. « conservatisme généreux » joue, en Mais le plus impressionnant réalité, en faveur des démocrates, dans cette nouvelle aventure Bush qui ont toujours été meilleurs que est l’argent qui coule à flots dans les républicains en matière de gé- les caisses du candidat sans même nérosité. qu’il ait à tendre la main. Le D’autres, comme Salon Maga- 31 mars, George W. Bush avait ra- zine, qui propose neuf déclarations massé 7,6 millions de dollars pour politiques et demande au lecteur sa campagne : trois mois plus tard, de deviner lesquelles sont de il annonçait la somme sans pré- M. Gore et lesquelles sont de cédent de 36,3 millions de dollars M. Bush, soulignent que pour l’ins- pour le premier semestre. Jamais tant, au stade des généralités, ils aucun autre candidat n’avait col- disent tous deux rigoureusement lecté autant de fonds électoraux la même chose. Et d’autres enfin, privés en si peu de temps dans comme l’ancien champion de l’histoire des Etats-Unis. Une catch Jesse Ventura, le nouveau et somme, a-t-il dit, qui lui inspire très iconoclaste gouverneur du « humilité et reconnaissance » : elle Minnesota, sont convaincus que émane de plus de 75 000 donateurs d’ici un an, les électeurs américains à travers les cinquante Etats. seront tellement saturés de Al Le précédent record avait été Gore et de George W. Bush qu’ils battu par le républicain Bob Dole accueilleront à bras ouverts un qui, au même stade de la dernière troisième candidat... campagne présidentielle, n’avait recueilli en 1995 « que » 13,5 mil- Sylvie Kauffmann LeMonde Job: WMQ0807--0004-0 WAS LMQ0807-4 Op.: XX Rev.: 07-07-99 T.: 11:15 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0481 Lcp: 700 CMYK
4 / LE MONDE / JEUDI 8 JUILLET 1999 INTERNATIONAL Plusieurs villes de Serbie défient le régime de Belgrade Des milliers de manifestants sont descendus, mardi 6 juin, dans les rues de plusieurs agglomérations du sud et du nord du pays pour réclamer la démission du président yougoslave Slobodan Milosevic. Un nouveau meeting organisé par l’opposition est prévu jeudi à Prokuplje Jour après jour, Slobodan Milosevic est nifestants ont affronté les forces de sécuri- milliers de personnes avaient défilé dans le clencher « un mouvement de grève géné- étudiants de quatre facultés de Nis (sud) confronté à une montée de la contestation. té après la condamnation à un mois de pri- centre-ville. A Uzice, quelque 5 000 per- rale ». Un nouveau meeting organisé par ont demandé, à leur tour, mardi 6 juillet, la Si, pour le moment, Belgrade reste calme, son d’un technicien de la télévision locale sonnes ont répondu à l’appel du Parti dé- l’opposition était annoncé pour jeudi dans démission du président yougoslave et l’as- la rue se mobilise dans plusieurs autres qui avait appelé, à l’antenne, à manifester mocratique de Zoran Djindjic qui a incité la ville de Prokuplje. Après l’église ortho- semblée municipale de Novi Sad (nord) a villes de Serbie. A Leskovac (sud) des ma- contre le régime. Auparavant, plusieurs les Serbes à « sortir dans les rues » et à dé- doxe et l’opposition « démocratique », les voté une résolution en ce sens.
LA CONTESTATION du pouvoir demandent la démission du pré- Vuk Draskovic a ainsi réclamé, ment fédéral à l’entrée du Parti dé- du président yougoslave Slobodan sident yougoslave. La manifesta- mardi, la démission du premier mocratique des socialistes (DPS) Milosevic s’amplifie avec de nou- tion d’Uzice a été convoquée par ministre yougoslave, Momir Bula- de M. Djukanovic. « M. Bulatovic velles manifestations qui ont eu l’Alliance pour des changements tovic, au profit d’un membre du doit se retirer dans l’interêt de l’Etat lieu au cœur de la Serbie par l’op- (SZP), coalition d’une demi-dou- parti, reformateur, au pouvoir au fédéral et du peuple », a déclaré position regroupée autour de l’an- zaine de partis dominée par le DS, Monténégro. M. Bulatovic est le M. Draskovic, estimant que le cien maire de Belgrade Zoran qui avait déjà regroupé 10 000 per- rival de l’actuel président monté- poste de Premier ministre yougo- Djindjic. sonnes il y a une semaine à Cacak Rentré à Belgrade dimanche (180 km au sud de Belgrade) sans après deux mois d’absence, le pré- que la police intervienne, bien que Bernard Kouchner : « L’Europe est née à Pristina » sident du Parti démocratique (DS) les rassemblements soient officiel- a été la figure de proue d’un ras- lement interdits. Elle doit être sui- Tirant le bilan de l’intervention de l’OTAN au Kosovo, Bernard Kouchner semblement, mardi 6 juillet à vie de meetings, du 8 au 26 juillet, a estimé, mardi 6 juillet, lors d’une brève visite à Lyon, que « l’Europe est née Uzice (sud), une ville aux mains de dans six villes de Serbie : Prokupl- à Pristina ». « Ce qui a été fait au Kosovo, c’est-à-dire la protection des minori- l’opposition depuis 1997. Slobo- je, Sabac, Kraljevo, Kragujevac, tés à l’intérieur de l’Europe, était inimaginable en 1945. Pour la première fois, les dan Milosevic « doit partir tout de Pancevo et Jagodina, selon Vladan armées des cinq pays majeurs d’Europe sont du même côté. Voilà pourquoi l’Eu- suite » si la Serbie veut éviter « une Batic, coordonnateur de la SZP. rope est née au Kosovo, celle des droits de l’homme, de la fraternité. Celle que guerre civile », a déclaré Zoran « Démission de Milosevic, forma- nous aimons », a déclaré le nouveau haut représentant de l’ONU au Kosovo. Djindjic. L’ancien maire de Bel- tion de gouvernements de transition A propos de l’absence d’Ibrahim Rugova du Kosovo, M. Kouchner s’est grade a été acclamé par plus de (yougoslave et serbe), élections interrogé sur « l’influence » actuelle du chef de file des Kosovars modérés. 5 000 sympathisants rassemblés libres sous l’égide de l’Organisation « Je souhaite traiter avec toutes les forces politiques kosovares », a précisé dans le centre-ville à l’appel de pour la sécurité et la coopération en M. Kouchner. « Je vais essayer d’œuvrer dans le domaine de la coordination l’Alliance pour des changements, Europe (OSCE) » sont les objectifs afin que renaisse – et parfois que naisse – cette administration d’où les Koso- coalition d’opposition dominée que la SZP s’est assignée. vars ont été écartés depuis si longtemps. Il y a tout à faire », a-t-il par le DS. « Ne nous laissons pas Pour atteindre ces objectifs, conclu. – (Corresp.) entraîner dans la dernière guerre l’opposition ne pourra vraisembla- que Milosevic n’ait pas encore pro- blement pas pouvoir se passer du voquée, la guerre civile », a lancé une cinquantaine d’organisations 1 199 Belgradois ont « voté », a in- soutien de Vuk Draskovic, « oppo- négrin, Milo Djukanovic, dont Bel- slave « doit revenir au parti de Milo M. Djindjic. « Il doit partir tout de non gouvernementales regrou- diqué à l’AFP Milan Nikolic, vice- sant à éclipse » qui jouit d’une so- grade conteste la légitimité. Il di- Djukanovic ». « L’Etat fédéral ne suite, sans marchandages, sans pées dans l’Action yougoslave président de la JA. lide cote de popularité dans le rige depuis plus d’un an le pourra être préservé que si le DPS choix ». (JA). L’assemblée municipale de Novi pays. Or, le leader du Mouvement gouvernement fédéral, que obtient le poste de Premier ministre M. Djindjic a appelé la popula- Les organisateurs avaient instal- Sad, chef-lieu de la province de serbe du renouveau (SPO) n’a pas M. Djukanovic ne reconnaît pas. et les places qui lui reviennent à la tion à transformer son méconten- lé dans le centre-ville une urne Voïvodine (nord), a réclamé de encore fait une croix définitive sur M. Draskovic plaide pour une ré- chambre des républiques (chambre tement en « un mouvement popu- dans laquelle les passants étaient son côté mardi la démission de sa collaboration avec une partie, conciliation entre le Serbie et le haute) du parlement » yougoslave, laire général afin de libérer le invités à déposer un tract récla- Slobodan Milosevic, a rapporté au moins, du régime en place. A Monténégro, qui forment la You- selon M. Draskovic. peuple serbe de l’esclavage ». Le mant le départ « immédiat » de l’agence Beta. Novi Sad, contrôlée condition toutefois que quelques goslavie (RFY) depuis 1992. Le pouvoir de M. Milosevic a pouvoir serbe a engagé contre le M. Milosevic. Ils n’ont pas fait re- par l’opposition, est la première remaniements aillent dans le sens Le chef du SPO conditionne la laissé entendre vendredi qu’il était chef du DS – réfugié au Monténé- cette : en une journée, seulement ville de Serbie dont les élus locaux d’une démocratisation. participation du SPO au gouverne- prêt à « mettre de côté » ses diffé- greo durant la guerre – des pour- rends avec le Monténégro au nom suites judiciaires pour insoumis- de « l’unité de la RFY ». M. Djuka- sion pendant la campagne novic revendique pour le Monté- aérienne de l’OTAN. Fait significa- Les soldats russes de la KFOR débarquent... en Yougoslavie négro un statut égal à celui de la tif, la contestation a gagné pour la Serbie. Son parti a proposé des première fois Leskovac (250 kms PRISTINA avez à remplir une mission de paix et de justice », garde l’impétrant avec une ironie non dissimu- discussions à cet effet avec Bel- au sud de Belgrade), fief tradition- de notre envoyé spécial poursuit le capitaine. Sous la chaleur étouffante, lée et répond que le problème ne se posera évi- grade. « La balle est dans le camp nel du Parti socialiste (SPS) de « Bienvenue en Yougoslavie ! » : il est 15 h à les commandos commencent à transpirer, sem- demment pas puisque les deux parties sont du Parti socialiste » (SPS) de M. Milosevic, où 20 000 personnes Pristina et un capitaine russe accueille ainsi les blant bien se demander ce qu’ils font ici. Toque d’accord. M. Milosevic) « qui doit faire ont réclamé lundi soir la démis- premiers des 3 600 soldats du contingent envoyé violette sur la tête, barbe impressionnante, croix Autre question : « Ne craignez-vous pas que les preuve de responsabilité et montrer sion du président yougoslave. Des par Moscou pour participer à la mission de la de bois sur la soutane, le père Oleg Tzor est aussi troupes russes soient mal accueillies par les Alba- que la RFY lui est plus chère que ses réservistes de l’armée mobilisés au KFOR au Kosovo. Si, début juin, lorsqu’ils arri- du voyage, « pour saluer et bénir cette mission.» nais du Kosovo ? » propres interêts », a dit M. Drasko- Kosovo pendant les frappes aé- vèrent ici sans crier gare, les commandos russes Quelques moments auparavant, dans une « Les gens vont comprendre que notre mission vic. riennes de l’OTAN se sont joints avaient quelques bonnes longueurs d’avance, ils conférence de presse improvisée, mais est une mission de paix, dit le général, que nos sol- Le DPS et le SPS doivent dis- aux protestataires qui scandaient étaient, mardi, légèrement en retard sur le pro- conjointe, le général britannique Andrew Belami dats vont bien la remplir car ce sont de bons sol- cuter « d’un nouveau cadre consti- « Slobo va-t’en, nous voulons des gramme. Une petite demi-heure bien pardon- et son homologue russe, Anatoli Volskov, avaient dats ». Sans doute, concède-t-il, cela prendra un tutionnel » de la RFY et « préparer changements ! ». nable après les semaines de négociation entre montré à quel point tout était pour le mieux peu de temps. A quelques kilomètres, les Alba- des élections selon les critères de La contestation n’a pas encore Moscou et les responsables de l’OTAN. dans la meilleure des missions de paix possible. nais du village de Batoush, gardé par des soldats l’OSCE », a ajouté M. Draskovic. vraiment gagné Belgrade, où des Bérets bleus, bardas impressionnants, sou- Un journaliste ose une question insidieuse : népalais, ne semblent pas convaincus. «Les Un gouvernement yougoslave di- opposants ont lancé, lundi, une ti- riants pour les uns, tendus pour les autres, les « Général Volskov, si vous avez un jour à choisir Russes, ils sont comme les Serbes. Heureusement rigé par un membre du DPS serait mide campagne pour la démission cinquante commandos parachutistes, dont trois entre un ordre de vos supérieurs hiérarchiques à qu’ils seront surveillés par l’OTAN ! » « en mesure d’obtenir une aide fi- du président Milosevic, organisée femmes, débarquent au pas de course pour se Moscou et une directive des autorités de la KFOR, nancière internationale », a-t-il es- par les syndicats indépendants et regrouper sur le tarmac de l’aéroport. « Vous que ferez-vous ? » Le général bride ses yeux, re- José-Alain Fralon timé. – (AFP) Les Tsiganes du Kosovo, des citoyens de deuxième zone ballottés par la guerre SUVA REKA jours travaillé pour les Albanais »,se notre ville deviennent pareils. Ils nous ancien professeur d’éducation phy- Hadji Zulfa, chef des Tsiganes de de ce qui s’est passé ; on n’a même de notre envoyé spécial défend-il. « Si les Kosovars ne connaissent. On aurait fait des salo- sique. Ensuite, les deux commu- Prizren, n’est pas mécontent de sa pas le courage d’en parler aux Alba- A la lisière de la ville de Suva Reka, veulent plus de nous, il faudra qu’ils peries, on serait partis depuis long- nautés ont mis en place des pa- négociation avec l’UCK, après l’en- nais. » Son fils l’interrompt, en co- une maison tsigane vient d’être in- nous le disent gentiment : on se ras- temps », dit Moharem, un autre Tsi- trouilles communes. Un fabricant trée de la KFOR au Kosovo. Aucune lère : « On ne pouvait pas faire au- cendiée. Des enfants jettent des semblera, on partira. » gane. Hassain se demande « si la de sodas, réfugié en Albanie, a re- maison n’a été brûlée. Quinze fa- trement. Les Serbes venaient avec des Le deuxième quartier tsigane de KFOR ne sera pas obligée, un jour, de pris ses activités grâce à ses voisins milles ont fui mais leurs voisins, qui armes : ils pouvaient demander ce REPORTAGE Suva Reka est un village de maison- nous déplacer quelque temps en Ma- roms. « Ils ont gardé mes ma- ont les clés des maisons, vont resti- qu’ils voulaient. » « Entre les Serbes et les nettes en torchis, bâties au pied de cédoine, le temps que ça se calme », chines », se réjouit-il tandis qu’un tuer le matériel volé ; des procès se- A Orahovac, des Roms musul- grandes demeures albanaises. Re- répète-t-il. ouvrier colle au pinceau des éti- ront engagés, assure-t-il. Les Tsi- mans vivent isolés dans l’enclave Albanais, nous sommes venu visiter sa famille, Perreshi Me- Dans le quartier tsigane Rodrima quettes sur des bouteilles de « Co- ganes ont toujours été des citoyens serbe sur les hauteurs de la ville. comme le ballon dans di, un Albanais immigré en Suisse, de Prizren, une bavure de l’OTAN a la ». « On ne choisit pas sa nationali- de deuxième zone, condamnés à « On ne peut plus descendre acheter un match de football » donne quelques pièces à Driton, un fait 4 morts et 12 blessés, le 28 avril. té, poursuit le commerçant. Dans le servir les uns et les autres, relégués à manger. On a l’impression d’avoir adolescent : « Je peux vous dire que, La bombe s’est abattue sur dix mai- quartier, il y des gens merveilleux. » aux travaux d’éboueurs ou de ma- remplacé les Serbes dans le rôle de sans lui et tous ces gitans, les miens, sons. Aussitôt des voisins albanais Sa femme, elle, pense qu’ils ne nutentionnaires. Dociles et soumis plus grands ennemis des Albanais », pierres dans les flammes. Trois cachés dans une cave, n’auraient pas ont logé les survivants. « Toujours peuvent pas « s’empêcher d’être vo- au pouvoir en place. « Faute d’avoir confie Naït, un musicien. Tous « policiers » de l’UCK arrivent, survécu à cette guerre. » Les jeunes ensemble, l’humanité ! », prononce leurs ». « En plus, ils sont fainéants. » un Etat, les Roms bénissent les gou- montrent leur certificat de travail énervés. « Qui a mis le feu ? Vous le ont ravitaillé le quartier en nourri- en français l’un d’eux, Shyqri Skeja, Le commerçant ne bronche pas. vernements en place ; ils n’ont pas le écrit en cyrillique pour leurs ser- savez ? » Les voisins ne savent pas. ture et médicaments, donné l’alerte choix. On a même applaudi l’arrivée vices pendant la guerre. « On allait Les policiers partis, Milit, l’Albanais, en cas d’incursion de paramilitaires. de Hitler, rappelle-t-il tristement. Au ramasser les vaches dans les villages, commente, en désignant les trente Hassain, un maçon de cinquante- Kosovo, Milosevic a manipulé les mi- on les déchargeait dans le stade. maisons tsiganes désertées. «Les sept ans, seul Tsigane à habiter une norités rom, turque, goran, torbesh Mais on n’en a pas profité », disent- Roms ont collaboré, c’est sûr. Avant grande maison, s’est chargé de li- contre les Albanais. A cause de sa po- ils. « Personne n’a participé aux de fuir, ils me disaient : “Ne t’in- vrer du pain chaque nuit dans une litique économique désastreuse, les massacres. Comment, moi, un mu- quiète pas, on va s’occuper de ta planque de l’UCK. Le frère d’un Roms sont sortis du travail. Pour sulman, aurais-je pu tuer un autre vache”. Je suis rentré de Kukës, j’ai gradé de l’Armée de libération en manger, ils étaient prêts à faire ce musulman ? », se défend Idris, un retrouvé sa tête tranchée dans mon témoigne. qu’on leur demandait. » éboueur. « Les Albanais nous disent frigo. » En face, une vieille femme d’aller voir les Serbes, les Serbes nous rom semble perdue dans sa mai- « TOUJOURS ENSEMBLE » « ON A HONTE » renvoient aux Albanais. Nous son : « Mes fils ont fui sans donner Hassain regarde sa femme, âgée Pendant la guerre, les Serbes ont sommes comme le ballon dans un de nouvelles. Ils étaient obligés de de quarante-six ans, allaiter le der- sollicité certains Roms pour charger match de football. Moi, je veux m’ex- travailler avec les Serbes pendant la nier-né. « Comment il s’appelle, dé- dans les camions le matériel volé, pliquer avec des représentants des guerre, obligés. » Elle ne dit pas ce jà, le bébé ? Ah oui, Jeton. » Sa belle- explique-t-il. « Certains Roms ont Albanais. Ou alors qu’on nous dise que ses fils ont pu commettre : «Je fille revient de chez le médecin : pris un peu de nourriture. Les Serbes de nous jeter dans la rivière. » suis une vieille », s’excuse-t-elle. « Dans la salle d’attente, deux leur laissaient les miettes. C’est vrai Une femme rom, albanaise, Seul, Remzi, trente-cinq ans, est hommes ont dit devant moi que les que les Serbes sont venus très souvent cherche à convaincre, en parlant le resté avec sa famille. Sa belle-sœur Roms, il fallait tous les tuer », af- chez nous. Ils promettaient à certains serbo-croate, que son mari, policier est partie à Belgrade. Certains de firme-t-elle. Hassain a interdit à ses de s’enrichir rapidement. » Pour lui, en civil, s’est réfugié au Monténé- ses voisins, selon lui, faisaient par- fils de sortir en ville « le temps que cette vision du Rom vivant au jour gro quelques jours avant l’arrivée tie du SPS, le parti de Milosevic. ça se calme ». « Si les Albanais nous le jour, en évitant de se poser des de la KFOR afin d’éviter « un assas- « Pourquoi tu ne racontes pas qu’ils mettent tous dans le même panier, questions sur les nouveaux maîtres, sinat » : « Il savait trop de choses sur ont pillé des maisons, éclaté des alors c’est une nouvelle purification est en train de changer. « Nos jeunes les exactions des Serbes. Il était deve- vaches ? », s’insurge Hussein, un ethnique qui se prépare », redoute- font des études, deviennent émanci- nu gênant. Pendant la guerre, son jeune Tsigane de quinze ans. t-il. pés. » travail a consisté à arrêter les pil- L’homme hésite, dit : « Oui, peut- Déjà, cinq mille Tsiganes ont ga- Lui, le musulman, ne se sent pas leurs », assure-t-elle. Les familles être ont-ils pillé. » Les yeux au gné le camp de Kosovo Polje. «On stigmatisé quand il va à la mosquée roms orthodoxes se retranchent beurre noir, il montre des ecchy- peut comprendre la réaction des Al- aujourd’hui. « Les Albanais sauront derrière leur maison et précisent : moses dans le dos. « J’ai été tabassé. banais des villages : ils sont traumati- faire la différence. Il est vrai que les « Il n’y a pas de Roms orthodoxes ici, Les Albanais des villages m’ont dit : si sés par les massacres. On ne sait pas Roms orthodoxes étaient peut-être il n’y a que des Serbes. » on te revoit, on te tue. Moi je suis tsi- ce que les Roms ont fait ailleurs. Ce plus enclins à collaborer », suggère- gane musulman, albanais ; j’ai tou- qui m’inquiète, c’est que les gens de t-il. Avant d’ajouter : « On a honte Dominique Le Guilledoux LeMonde Job: WMQ0807--0005-0 WAS LMQ0807-5 Op.: XX Rev.: 07-07-99 T.: 10:53 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0482 Lcp: 700 CMYK
INTERNATIONAL LE MONDE / JEUDI 8 JUILLET 1999 / 5 Israël revient sur un projet Ehoud Barak veut conclure de colonie juive à Jérusalem JÉRUSALEM. Le ministre chargé du dossier de Jérusalem dans le « la paix des braves » avec les Arabes nouveau gouvernement israélien, Haïm Ramon, s’est prononcé, mar- di 6 juillet, contre la poursuite de la construction d’un îlot de coloni- sation juive dans le quartier arabe de Ras-al-Amoud, à Jérusalem-Est. « Je suis opposé à ce qu’on installe des juifs au cœur d’un quartier arabe, Le nouveau premier ministre israélien a pris ses fonctions mercredi que ce soit à Ras-al-Amoud ou ailleurs, a-t-il déclaré. Je me suis déjà op- posé à ce projet lorsque j’étais ministre de l’intérieur » dans le pré- Ehoud Barak a officiellement pris ses fonctions, rusalem. « Je m’efforcerai de conduire Israël et le tenu, la veille, l’investiture du Parlement. Vis-à-vis cédent gouvernement travailliste en 1996, a-t-il rappelé. En revanche, mercredi 7 juillet, lors d’une cérémonie de passa- Proche-Orient vers la paix », a déclaré le nouveau des Palestiniens, il a promis de corriger « les er- M. Ramon a soutenu la poursuite de la construction des logements tion des pouvoirs à la présidence du conseil à Jé- premier ministre, dont le gouvernement avait ob- reurs » passées (lire aussi notre éditorial page 15). de la colonie beaucoup plus importante de Har Homa. « Le gouverne- ment travailliste précédent était d’accord pour ce projet mais voulait y JÉRUSALEM La séance avait pourtant mins menant à la paix et à la sécuri- visible d’Israël », M. Barak a appelé inclure la construction de logements pour la population palestinienne, à de notre correspondant commencé par une note moins té, en mettant fin au conflit israélo- « tous les dirigeants de la région à raison d’un tiers des 6 500 logements prévus », a-t-il déclaré. – (AFP.) Ehoud Barak a un jour raconté heureuse pour Ehoud Barak, avec arabe », a-t-il indiqué, estimant saisir la main que nous leur tendons que Churchill et De Gaulle figu- l’élection d’Avraham Burg à la pré- qu’il s’agissait d’un « devoir histo- et à conclure la paix des braves ». raient parmi les auteurs qu’il reli- sidence de l’Assemblée. Désigné rique ». Il a détaillé les grandes Ce discours, qui a été reçu très Washington est hostile sait avec assiduité. De fait, il y candidat officiel du Parti travail- lignes de sa politique quant au pro- positivement par M. Arafat comme avait quelque chose de gaullien liste, contre la volonté de M. Barak, cessus de paix « qui doit reposer sur dans les capitales arabes, devrait dans l’appel à la « paix des Avraham Burg, qui a la réputation quatre pieds : l’Egypte, la Jordanie, être rapidement suivi de mesures à la vente d’armes russes à Damas braves » que le nouveau premier d’être un esprit indépendant, a été la Syrie et le Liban, et les Palesti- concrètes. En indiquant qu’en si- ministre d’Israël a lancé, mardi élu par cent de ses collègues. Aidée niens ». S’adressant au président gnant l’accord de Wye River, en oc- WASHINGTON. Les Etats-Unis ont exhorté la Russie, mardi 6 juillet, 6 juillet, à la Knesset, lors de son par une droite trop contente de syrien, Ehoud Barak l’a assuré qu’il tobre 1998, son prédécesseur avait à ne pas conclure de nouveaux contrats d’armement avec la Syrie, discours d’investiture. Sans sur- pouvoir enfin égratigner un adver- était décidé « à faire avancer les né- contribué au processus de paix, sous peine de perdre l’aide financière américaine. « Nous serions très prise, compte tenu de l’assise de saire jusqu’ici hors de portée, la gociations pour un règlement bilaté- mais n’avait pas eu « la force de le préoccupés par de nouvelles ventes d’armes russes à la Syrie, ou à tout sa coalition, les parlementaires gauche s’est ainsi offert le plaisir ral de paix et de sécurité sur la base mener à bien », M. Barak a laissé autre Etat qui soutient le terrorisme », a déclaré le porte-parole adjoint l’ont ensuite investi par une majo- d’une mise en garde à son chef, des résolutions 242 et 338 des Na- entendre qu’il était, lui, résolu à ap- du département d’Etat, James Foley. Le président syrien, Hafez El As- rité de 75 voix contre 29. Onze dé- dont les méthodes autoritaires ne tions unies ». Il a aussi renouvelé sa pliquer les dispositions dudit ac- sad, a achevé, mardi, une visite de deux jours à Moscou, la première putés se sont abstenus, alors que sont pas toujours appréciées. promesse de quitter le sud du Li- cord. depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. La Syrie figure cinq étaient absents. Les dix dépu- Le nouveau président de la Knes- ban dans les douze prochains mois. Dès mardi, le chef d’état-major depuis 1979 sur la liste noire des Etats terroristes établie par les Etats- tés arabes qui se sont abstenus set, militant pacifiste et religieux de l’armée, le général Shaoul Mo- Unis. Moscou envisage la vente de chasseurs Mig-29 à Damas dans le ont expliqué qu’ils ne pouvaient moderne portant kippa, est le fils « AMÉLIORER L’AVENIR » faz, a convoqué une réunion pour cadre d’un contrat d’une valeur globale de 2 milliards de dol- pas voter pour un premier mi- de Yossef Burg qui, ministre sans Mais c’est à l’égard des Palesti- étudier les cartes et envisager la re- lars. – (Reuters.) nistre qui avait méprisé leur sou- interruption durant près de qua- niens que M. Barak a été le plus prise des retraits partiels de Cisjor- tien en ne leur accordant pas un rante ans, fut lui-même vice-pré- net. Reconnaissant les « souf- danie occupée prévus par l’accord seul ministère ; mais que, tenant sident de la première Knesset élue frances » endurées et les « erreurs » de Wye River. Mercredi matin, le Le Pakistan promet de faire pression compte de ses appels à la paix, ils en 1949, lors de la fondation de commises par les deux parties, il a porte-parole de M. Barak a égale- n’avaient pas non plus voté contre l’Etat. ajouté que, si le passé ne pouvait ment annoncé que ce dernier ren- lui. C’est la première fois qu’un M. Barak a quasi exclusivement pas être effacé, au moins pouvait- contrerait Yasser Arafat à Erez et le sur les combattants cachemiris premier ministre qui ne dirige pas consacré son discours aux difficiles on « améliorer l’avenir ». Peu disert président égyptien Hosni Mouba- un cabinet d’union nationale ob- relations qu’Israël entretient avec sur les modalités concrètes pour y rak, à la fin de la semaine, au Caire. LONDRES. Le chef de la diplomatie pakistanaise, Sartaj Aziz, a pro- tient un tel score lors d’un débat ses voisins. Le gouvernement « est arriver, et en soulignant que Jérusa- mis, mardi 6 juillet, que son pays allait « essayer de persuader » les d’investiture. déterminé à prendre tous les che- lem devait rester la « capitale indi- Georges Marion combattants présents au Cachemire indien de se retirer, à l’issue d’une rencontre à Londres avec le chef du gouvernement britannique, Tony Blair, qui s’est aussi entretenu de manière impromptue avec le premier ministre, Nawaz Sharif. Selon des responsables américains, M. Sharif, qui revenait de Was- hington où il avait rencontré le président Clinton, a accepté de retirer ses forces du Cachemire indien. Au Pakistan, le chef du grand parti is- lamiste Jamaat-i-Islami, Syed Munawar Hassan, a qualifié de « capi- tulation » cet « accord » conclu à Washington, ajoutant que M. Sharif « a essayé de poignarder les musulmans dans le dos ». En Inde, le mi- nistre de l’intérieur, L. K. Advani, a affirmé que les opérations mili- taires continueront « jusqu’à l’éviction du dernier intrus et la victoire indienne complète ».–(AFP.) Sanctions économiques américaines contre le régime des talibans WASHINGTON. Des sanctions financières et commerciales ont été imposées, mardi 6 juillet, par les Etats-Unis contre le régime des tali- bans en Afghanistan, qui est accusé d’avoir soutenu des attentats contre des intérêts américains à l’étranger, notamment contre les am- bassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie. Le président Clin- ton a ordonné le blocage de tous les biens détenus par les talibans aux Etats-Unis. Ces sanctions ont pour but d’« approfondir l’isolement international des talibans ainsi que de limiter leur capacité à soutenir des réseaux terroristes ». Le président américain a ajouté que cette in- terdiction n’affectera pas l’aide humanitaire ni les denrées alimen- taires. – (Reuters, AFP.)
DÉPÊCHES a IRAN/FRANCE : un groupe d’étudiants iraniens a remis, mardi 6 juillet, à l’ambassade de France à Téhéran une lettre destinée au président Jacques Chirac, demandant que le président de l’Assemblée nationale française, Laurent Fabius, « présente des excuses à l’Iran » à propos de l’arrestation pour « espionnage » au profit d’Israël de treize juifs iraniens. Les membres du groupe ont « souligné que l’Iran n’accepte aucune ingérence (...) dans ses affaires intérieures », les treize juifs n’ayant pas été arrêtés sur la base de leur appartenance commu- nautaire. M. Fabius avait qualifié de « barbare » la menace de mort qui pèse sur les treize juifs iraniens et affirmé que les accusations por- tées contre eux étaient « manifestement sans fondement ».–(AFP.) a IRAK : Bagdad a expulsé un démineur néo-zélandais des Na- tions unies, mardi 6 juillet, l’accusant d’avoir voulu saboter l’agri- culture du pays en enterrant des boîtes remplies d’œufs de criquets. L’ONU a décidé d’ouvrir une enquête. – (Reuters.) a KAZAKHSTAN : le Kazakhstan a décidé de suspendre tous les lancements de fusée à partir de la base spatiale de Baïkonour après la retombée sur Terre, mardi 6 juillet, d’une fusée Proton-K et du sa- tellite militaire Radouga dont elle était porteuse. Les Russes devaient pourtant lancer le 14 juillet, à partir de cette base, un vaisseau de ravi- taillement à destination de la station Mir occupée par trois cosmo- nautes, dont le Français Jean-Pierre Haigneré. a PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE : le premier ministre de Pa- pouasie-Nouvelle-Guinée, Bill Skate, a démisionné, mercredi 7 juillet, deux jours après avoir signé un accord financier controversé avec Taïwan en échange de la reconnaissance diplomatique de Taipei. Le chef du gouvernement avait demandé à Taïwan une aide finan- cière de 2,35 milliards de dollars en échange de l’établissement de re- lations diplomatiques. Selon un document du ministère des affaires étrangères de Papouasie, daté du 29 juin, les autorités de Port Mores- by ont ainsi monnayé la reconnaissance de Taïwan, qui soutient qu’aucun « centime » n’était en jeu. – (Reuters.) Report des négociations de paix en Colombie BOGOTA. Le gouvernement colombien et la guérilla des Forces ar- mées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont annoncé, mardi 6 juillet, le report au 20 juillet prochain, pour des raisons techniques, de la reprise des négociations de paix qui devaient débuter mercredi. L’annonce en a été faite par le haut-commissaire du gouvernement pour la paix, Victor Ricardo, à La Uribe (à 210 km au sud de Bogota), où les deux parties étaient convenues de relancer les négociations. Après des pourparlers préliminaires menés depuis le début de cette année, la plus vieille guérilla communiste d’Amérique latine et le gou- vernement colombien devaient donner mercredi « pour de bon » le coup d’envoi de ces pourparlers de paix afin de tenter de mettre fin à quarante ans de guerre civile. – (AFP.) LeMonde Job: WMQ0807--0006-0 WAS LMQ0807-6 Op.: XX Rev.: 07-07-99 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0483 Lcp: 700 CMYK
6 FRANCE LE MONDE / JEUDI 8 JUILLET 1999
SOCIAL La conférence sur la fa- quelques mesures, notamment en fa- 22 ans. La majoration de l’allocation tendent d’avoir un emploi qui leur par avance, préparé une contre-of- mille devait se tenir mercredi 7 juillet veur des jeunes adultes. b L’ALLO- de rentrée scolaire sera pérennisée. assure une réelle autonomie finan- fensive en adoptant, au Sénat, le à Matignon, en présence de huit mi- CATION logement devrait progressi- b LES JEUNES, premières victimes du cière pour partir. b LA DROITE, sou- 15 juin, une proposition de loi qui nistres, des syndicats et des associa- vement être étendue au profit des chômage, restent de plus en plus cieuse de ne pas délaisser ce dossier prévoit la création d’une allocation tions. Lionel Jospin devait annoncer familles dont les enfants atteignent longtemps chez leurs parents. Ils at- sensible pour son électorat, avait, universelle dès le deuxième enfant. Les petits gestes du gouvernement en faveur des familles A l’occasion de la conférence annuelle qui réunit syndicats et associations, Lionel Jospin devait étendre certaines prestations en faveur des jeunes adultes. Faute de marges budgétaires suffisantes, les allocations familiales ne sont pas concernées LA PREMIÈRE conférence de la professionnelle, le logement et les vrait se contenter d’annoncer l’UNAF demande que le transfert famille de Lionel Jospin s’était dé- jeunes adultes. Pas question, pour quelques mesures pour étendre ou soit organisé sur cinq ans. roulée dans un climat d’affronte- le gouvernement, de s’aventurer conforter ce qui existe déjà. Il lui Les gestionnaires de la famille ment, la seconde avait été placée plus avant alors que l’opposition faut ainsi gérer la sortie de la loi comptent également réclamer la sous le signe de la réconciliation, la tente depuis plusieurs mois de re- Veil de 1994, planifiée sur cinq ans. garantie de ressources de la troisième sera, volontairement, prendre pied sur son terrain de branche. Celle-ci étant en effet re- plus technique que politique. Mer- prédilection. Le 31 mai, quelques UNE RÉPONSE À MOINDRE COÛT devenue bénéficiaire (2,2 milliards credi 7 juillet, le premier ministre jours avant la proposition de loi de Par manque de ressources finan- de francs – 335 millions d’euros – devait accueillir dans la salle des la droite au Sénat (lire ci-dessous), cières, les allocations familiales ne prévus en 1999, après 2 milliards de fêtes de Matignon les cinquante re- Jacques Chirac avait insisté sur la seront pas étendues pour les déficit en 1998 et un trou de 14 mil- présentants des associations, par- nécessité, pour la France, de se do- jeunes jusqu’à 22 ans au lieu de liards en 1997), elle n’entend pas tenaires sociaux et experts conviés ter « d’une nouvelle ambition fami- 20 ans actuellement. Il aurait pour éponger les difficultés des autres, à cette réunion rituelle. Huit mi- liale ». cela fallu trouver plus de 7 milliards en particulier celles de l’assurance- nistres devaient également prendre « Cette année, le débat sera se- de francs (1,07 milliard d’euros). maladie et celles, prévisibles, de place autour de la table, Martine rein, apaisé », pronostique la dépu- Seules, seront concernées par ce l’assurance-vieillesse. Les comptes Aubry, Elisabeth Guigou, Louis tée socialiste du Val-d’Oise, Domi- recul de l’âge limite les allocations- de la Sécurité sociale sont toujours Besson, Claude Bartolone, Marie- nique Gillot, rapporteur du budget logement, et encore, de façon pro- calculés sur l’ensemble. M. Jospin George Buffet, Ségolène Royal, Ni- de la famille. « Les familles ont be- gressive : 21 ans en 2000, 22 ans en pourrait annoncer une garantie des cole Pery et Michelle Demessine. soin de temps, de stabilisation. On ne 2002. Une façon de répondre, à ressources qui devront être réin- En plus du financement de la va pas refaire la révolution des pres- moindre coût (2 à 3 milliards de vesties dans la famille. Comme branche famille, trois grands tations tous les ans », souligne-t- francs, 300 à 450 millions d’euros) l’année dernière, un milliard de thèmes de discussion ont été rete- elle. Sauf surprise de dernière mi- au problème des jeunes qui restent francs (152,4 millions d’euros) de- nus : l’articulation vie familiale-vie nute, le chef du gouvernement de- de plus en plus longtemps à la vrait être ainsi affecté au Fonds na- charge de leur famille (lire ci-des- tional d’action sociale (FNAS). sous). Cette situation incite d’ail- Le financement des crèches figu- L’APE ne favorise pas le retour à l’emploi leurs l’Union nationale des associa- rera aussi dans les sujets abordés. Il tions familiales (UNAF) à réclamer milles modestes de trois enfants et 400 francs (61 ¤) dépendent de la devrait devenir plus lourd pour les Créée en 1985, l’allocation parentale d’éducation (APE) permet aux l’accès à l’indemnisation au chô- plus sera également versé jusqu’à Caisse nationale des allocations fa- caisses d’allocations familiales afin parents qui ont au moins deux enfants d’interrompre ou de réduire mage pour tous les dispositifs d’in- 21 ans. « Le gouvernement ne peut miliales (CNAF), le solde, représen- de permettre aux collectivités lo- leur activité professionnelle pour élever leurs jeunes enfants (jus- sertion et petits boulots... pas ne rien faire pour les familles tant un montant annuel de 6 mil- cales et aux associations d’ouvrir qu’à trois ans). Rendue publique lundi 5 juillet, une enquête menée Le délégué interministériel, nombreuses » avait martelé, ces liards de francs (915 millions des places supplémentaires. Enfin, par la Caisse nationale des allocations familiales avec le Credoc Pierre-Louis Rémy, ancien conseil- dernières semaines, le président de d’euros), relève du budget de l’Etat. le chapitre consacré à l’articulation (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de ler de Mme Aubry et maître d’œuvre l’UNAF, Hubert Brin. Pour pérenniser ce « coup de vie familiale-vie professionnelle vie) étudie le parcours professionnel des bénéficiaires, pour la plu- des réseaux parentaux d’écoute, Autre décision attendue : le pouce », le gouvernement envisage devrait fournir l’occasion de parler part des femmes. Alors que les trois quarts d’entre elles occupaient devrait, de son côté, proposer un maintien à son niveau actuel de de transférer progressivement la de la seconde loi sur les 35 heures, un emploi avant d’entrer dans le dispositif, elles ne sont plus que la crédit à taux zéro pour faciliter l’Allocation de rentrée scolaire totalité de la charge à la CNAF. avec le compte épargne-temps et la moitié à la sortie. Ce n’est pas tant le nombre de chômeuses qui aug- l’entrée dans la vie active des (ARS), étendue, l’année dernière, à L’ARS deviendrait ainsi une presta- moralisation du temps partiel. mente (22 % après l’APE contre 21 % avant) que celui de femmes au jeunes. Le complément familial de 350 000 familles modestes. Sur les tion légale, peut-être modulée à foyer, qui est passé, dans l’intervalle, de 4 % à 27 %. 890 francs (135,7 ¤) versé aux fa- 1 600 francs versés (244 ¤), terme. D’accord sur le principe, Isabelle Mandraud La droite veut multiplier Les jeunes restent plus longtemps à la charge de leurs parents LES PARENTS aident leurs enfants de plus un travail qui leur assure une réelle autonomie monétaire. Elle est aussi qualitative : toujours les aides financières en plus tard et ils attendent, en contrepartie, financière pour prendre leur indépendance. selon l’Insee, en 1995, un débutant sur trois un soutien de la collectivité. C’est ce que faisait Plus question de faire confiance à un marché seulement bénéficie d’un emploi stable et à QUAND ON AIME, on ne sée dès le deuxième enfant, pen- apparaître une étude du Crédoc d’avril 1995, du travail qui les maltraite. Ils sont les pre- temps complet, contre un sur deux quatre ans compte pas. Pour la famille, « lieu dant les dix premiers mois de ce- réalisée à la demande de la Caisse nationale mières victimes du chômage : même si leur si- avant. Le niveau de diplôme, s’il reste une ga- d’amour » et terrain traditionnel lui-ci, à raison de 1 000 francs des allocations familiales (CNAF). tuation s’est améliorée depuis deux ans, ils rantie contre le chômage, n’est plus une assu- de la droite, l’opposition RPR- (152,4 ¤) par mois. L’allongement de la durée des études et le re- sont encore, à moins de 25 ans, près de 22 % à rance tout risque : on assiste aujourd’hui à un UDF-DL a rédigé une proposition Pour répondre aux « nouvelles cul du mariage incitent les jeunes à rester plus ne pas trouver de travail, alors que le taux de véritable déclassement des diplômes sur le de loi « ambitieuse », adoptée en aspirations des femmes » et « inci- longtemps chez leurs parents. Selon l’Insee, chômage national est de 11,4 %. marché du travail : « La proportion de sur-diplô- première lecture au Sénat, le ter les pères » à jouer un rôle plus près des deux tiers des 18-20 ans sont chez pa- Les conditions de travail des jeunes se sont més, définis par rapport au niveau de formation 15 juin. Son coût est évalué à près actif, le texte prévoit la création pa et maman. Entre 21 et 23 ans, ce taux est de fortement dégradées. Selon l’Insee, entre mars a priori requis pour l’emploi occupé, s’est ac- de 10 milliards de francs (1,52 mil- d’un « congé de solidarité fami- plus de 42 %. Entre 24 et 26 ans, il tombe à un 1991 et mars 1995, le salaire moyen des débu- crue » depuis 1986, « avec une accélération no- liard d’euros) par an par la droite liale » ouvert en cas de problèmes peu plus de 20 % pour ceux qui ont un emploi tants a diminué de 7 % en francs constants, table depuis 1992 ». sénatoriale. L’entourage de Mar- de santé, d’échec scolaire, de ten- et à 26 % pour ceux qui n’en ont toujours pas. alors qu’ils « sont sensiblement plus diplômés tine Aubry, ministre de l’emploi et sions au sein du couple, etc. Les Car les jeunes attendent désormais de trouver que leurs aînés ». La dégradation n’est pas que Virginie Malingre de la solidarité, a aussitôt dénon- entreprises qui recruteraient pour cé un texte « clientéliste » et « ir- remplacer les salariés partis en responsable ». En fait, par cette congé bénéficieraient d’une exo- initiative, le Sénat se fait l’écho de nération des charges sociales de « C’est très dur d’être seule, physiquement et moralement » Jacques Chirac qui, le 31 mai, lors 12 000 francs (1 830 ¤) par an. de la remise des médailles de la Le Sénat n’oublie pas, enfin, les LYON sabeth, Marie-Françoise et les chèle pour l’amener à évoquer ce des bébés à douze ans. J’ai paniqué. famille française, a déclaré que la jeunes de moins de vingt-cinq ans de notre envoyée spéciale autres ont accepté d’évoquer leur qui la préoccupe : sa fille, restée Je lui ai dit qu’en Algérie, c’était pas politique familiale doit se traduire – ces « grands enfants » –, qui « C’est tout à fait moi, ça... » Aux vie de mères célibataires. « Les de- trois mois chez sa grand-mère en possible, qu’il fallait être mariée par « un accroissement régulier des pourraient profiter d’un prêt «à côtés d’une dizaine d’autres mandes de soutien se font plus nom- Chine avant de rejoindre ses pa- pour avoir des bébés. Qu’est-ce-que ressources ». taux zéro », ni les retraités, qui femmes, qui ont soigneusement breuses, ces derniers temps, re- rents à Villeurbanne, fait des cau- vous voulez ! Moi, ma mère ne m’a Les familles, « porteuses de possèdent la « majeure partie » du marque Christine Piotte, qui dirige chemars. Elle a peur qu’on l’aban- jamais rien expliqué. J’ai cru jusqu’à l’avenir de notre pays », sont donc patrimoine : les « grands-pa- REPORTAGE le CIDF. Auparavant, on n’osait pas donne de nouveau. quinze ans qu’on pouvait tomber en- érigées en « priorité nationale ». Il rents » bénéficieraient d’une exo- Michèle aide les mères avouer qu’on n’était pas à la hau- Quelques conseils plus tard : «Et ceinte en embrassant un garçon. » faut, selon la droite, revaloriser le nération fiscale en cas de dona- teur. C’était tabou. » la sexualité, interroge l’animatrice, D’elle-même, la discussion prend montant des prestations fami- tion à leurs petits-enfants pour célibataires Guidant la discussion, Michèle vous en parlez aux enfants ou pas ? » un cours inattendu, passant de liales de 0,49 % dès 1999. Elle pro- réaliser un projet professionnel à « retrouver leurs Jarrosson, thérapeute familiale, Nora, trente-cinq ans, trois en- l’éducation sexuelle aux abus de pose, en outre, de créer une « al- ou acheter un bien immobilier. ressources d’éducatrices » tente d’aider ces femmes à « re- fants, avoue sans ambage son em- même nature. Marie-Françoise a location universelle d’accueil de trouver leurs ressources d’éduca- barras et provoque l’hilarité : «Un emmené son fils voir un pédopsy- l’enfant » (AUAE), qui serait ver- Clarisse Fabre trices ». « La dernière fois, on avait jour, ma fille de dix ans m’a raconté chiatre. « J’ai toujours cette crainte inscrit leur prénom sur un cône de conclu qu’on avait beaucoup le sou- en rentrant de l’école que la maî- parce que mon “ex”, il a vécu ça. On papier posé devant elles, Elisabeth ci de dire des choses à nos enfants, et tresse avait dit qu’on pouvait avoir dit que celui qui a subi reproduit commente le dessin à peine distri- pas assez celui de les écouter », rap- toujours. Et je ne lui fais pas du tout bué, une mère qui réprimande son pelle-t-elle. « Oui, ça m’a bien servi, confiance. » Angélique, très dis- fils. Elle se raconte, sans détour : embraye immédiatement Léa, Un premier bilan crète jusque-là, se met à parler. Un « Quand mon fils rentre de l’école, mère de Lewis, onze ans. Après la flot incontrôlable, où s’entre- c’est tout juste si je lui laisse le temps réunion de jeudi, je me suis crêpé le des mesures de soutien mêlent droit et vie privée. Sa petite de goûter... Je lui parle de ses de- chignon avec mon fils, qui était parti de trois ans ne veut plus aller chez voirs, je lui demande de ranger sa le matin en laissant sa chambre en La conférence de la famille, son père. « Elle n’avait même pas chambre. Il me dit qu’il veut sortir bordel. Il m’a répondu : “J’ai rien à mercredi 7 juillet, devait être un an quand elle a fait de ces jouer au foot avec des copains. Donc te dire.” Alors j’ai pensé au cours, et l’occasion d’un premier bilan gestes... qu’on ne peut vraiment pas je lui impose une heure de retour, je lui ai dit qu’on allait prendre du des mesures de soutien à la inventer à cet âge-là. Elle m’a dit qu’il ne respecte pas, donc je le temps, se parler. Il a fini par me dire fonction parentale lancées en que son papa lui avait fait bobo. Elle gronde. En fait, je suis toujours après que son père lui manquait. C’était novembre 1998 par le délégué fait des cauchemars, où elle dit : lui... » « Moi, c’est le contraire, réa- touchant. » interministériel à la famille, “Papa, arrête !” Deux juges ont refu- git Marie-Françoise. Je n’ai pas as- Pierre-Louis Rémy. Pour déve- sé de me croire. Je ne sais plus quoi sez d’autorité. Je serais plutôt du « JE NE SAIS PLUS QUOI FAIRE » lopper des lieux d’écoute et de faire. » Angélique ne sait plus que genre à lui ranger ses jouets sans D’autres dessins permettront parole des parents, 63 millions pleurer. rien demander. » « Moi, ma fille a d’évoquer la tentation de surproté- de francs ont été débloqués et « On se sent toutes concernées, six ans et elle me répond déjà !, sou- ger les enfants, les jalousies entre affectés au budget de la direc- confirme sa voisine de table, Ça pire une troisième mère. Des fois, frères et sœurs ou les désaccords tion de l’action sociale. En outre, peut-être un père, un beau-père... j’aurais tendance à en venir à la vio- éducatifs avec les anciens conjoints quelque 100 millions de francs On est seules, en état de faiblesse. Il lence... » ou concubins. « Mon “ex” répète devraient être affectés par la faut toujours avoir un œil vigilant, Depuis 1998, le Centre d’infor- tout le temps qu’il ne faut pas don- Caisse nationale des allocations partout, à l’école, en colo, chez le mation et de documentation des ner de fessées, qu’il faut expliquer, familiales à ce programme. Un père... » Solitude, le mot-clé est lâ- femmes et des familles (CIDF) de raconte Marie-Françoise. Mais par- comité d’animation a été mis en ché. Que Christine, trois fois mère, Lyon, association financée à 90 % fois, c’est grave ! Dylan refuse de me place dans chaque département, attrape au vol : « C’est très dur par des fonds publics, organise des donner la main pour traverser. Et à l’initiative du préfet : il re- d’être seule. Il faut que je répète dix groupes de soutien à la fonction puis, ce n’est pas facile de s’entendre groupe les services de l’Etat, les fois les choses pour être obéie. Ça parentale. Sur invitation de la sans cesse dire qu’on fait mal ! » Li- caisses d’allocations familiales, m’use physiquement et moralement. caisse d’allocations familiales, puis- wée, toute jeune femme arrivée de les élus et les associations impli- Des fois, je baisse les bras. » qu’elles sont toutes bénéficiaires Chine il y a trois ans, se tient coîte. quées dans cet accompagne- de l’allocation de parent isolé, Eli- Il faudra toute la persuasion de Mi- ment de la fonction parentale. Pascale Krémer LeMonde Job: WMQ0807--0007-0 WAS LMQ0807-7 Op.: XX Rev.: 07-07-99 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0484 Lcp: 700 CMYK
FRANCE LE MONDE / JEUDI 8 JUILLET 1999 / 7
Plusieurs députés socialistes contestent le plan Le patron des patrons de maîtrise des dépenses de santé de la CNAM rend un hommage appuyé Seuls le patronat, la CFDT, la CGC et la CFTC y sont favorables à Dominique Strauss-Kahn Dès la publication, lundi 5 juillet, du plan straté- contre ses orientations. Outre FO et la CGT, du Claude Evin, ont vivement contesté la menace gique de la Caisse nationale d’assurance-mala- côté syndical, plusieurs parlementaires socia- que ce plan ferait peser, à leurs yeux, sur l’avenir die (CNAM), de nombreuses voix se sont élevées listes, ainsi que l’ancien ministre de la santé, du service public de la santé. Un satisfecit embarrassant pour le ministre UNE RÉFORME, oui, mais la- nacé de nouveau, mardi, le numé- ra-t-on ? C’est une mesure inutile- Toutes ces prises de position IL Y A des félicitations qui font ment. Au lendemain de la victoire quelle ? Les détails du plan de la ro deux de l’organisation ment provocatrice », s’agace conforteront sans doute la ministre plaisir et d’autres qui sont moins socialiste, en juin 1997, il s’est ef- Caisse nationale d’assurance-ma- patronale, Denis Kessler. M. Cahuzac, chirurgien de forma- de l’emploi et de la solidarité, Mar- commodes à accueillir. Celles que forcé de limiter le relèvement de ladie (CNAM) à peine dévoilés (Le Mais il y a aussi des « contre », tion. tine Aubry, qui n’a jamais caché Ernest-Antoine Seillière a décer- l’impôt sur les sociétés et de freiner Monde du 7 juillet), les contre-pro- dont plusieurs députés socialistes M. Evin conteste également la son hostilité devant les prétentions nées à Dominique Strauss-Kahn, la montée en puissance de la CSG. jets apparaissent. L’ancien mi- qui se sont réunis, mardi dans la « confusion des objectifs » de la de la CNAM à réformer l’hôpital. Le mardi 6 juillet, lors du Forum Paris- Il y a un an, il a également obtenu, nistre de la santé, Claude Evin, dé- soirée, pour former un groupe de CNAM. « Il faut se garder de penser gouvernement et sa majorité re- Europlace font indéniablement contre Martine Aubry, que les en- puté socialiste de travail. Trois d’entre eux, Jérôme qu’une nouvelle "grande réforme" doutent plus que tout une grève de partie de la seconde catégorie. Peu treprises soient les principales bé- Loire-Atlantique, devait présenter, Cahuzac (Lot-et-Garonne), Alfred de la Sécurité sociale réglerait une grande ampleur dans ce secteur. La amène, d’ordinaire, avec le gouver- néficiaires des baisses fiscales, par mercredi 7 juillet, « dix orientations Recours (Eure) et Jean-Claude bonne fois pour toutes la totalité CNAM, elle, profite d’un contexte nement, le président du Medef a le biais de l’allègement de la taxe pour améliorer la qualité du sys- Boulard (Sarthe) ont co-signé un [des] problèmes. La réforme doit particulier : les dépenses de santé eu cette formule : « Nous avons un professionnelle. Mais on pourrait tème de santé et la prise en charge texte pour dénoncer les 32 mil- être permanente, mais pour être ef- ont de nouveau dérapé cette année, très bon ministre des finances, peut- tout autant faire valoir que des soins ». A cela s’ajoutent liards de francs (4,88 milliards ficace elle doit s’appuyer sur des le- ce qui contredit la promesse faite être pas le meilleur de l’univers (...) M. Strauss-Kahn a été, à la veille de d’autres textes, déjà en circulation, d’euros) d’économies envisagés viers », analyse-t-il. L’ancien mi- par Mme Aubry de parvenir à un mais il fait de son mieux pour ne pas l’alternance, le principal promo- comme la « plate-forme de proposi- par la CNAM pour le seul secteur nistre de la santé propose équilibre des comptes de la « Sé- ajouter aux handicaps des entrepre- teur de la réforme des 35 heures, tions » de l’ordre des médecins, les hospitalier. « Ils n’ont qu’une fonc- notamment de mettre l’accent sur cu ». Et 90 % des mesures conte- neurs. » M. Seillière s’est-il rendu ou encore celui qui s’est, parmi les dix solutions alternatives du Syn- tion : permettre au Medef de bro- la régionalisation en transformant nues dans son plan dépendent de la compte que cet hommage pouvait premiers, battu pour que Lionel dicat national de l’industrie phar- carder un peu plus l’hôpital, qui, les agences régionales d’hospitali- loi sur le financement de la Sécurité desservir l’intéressé ? Le patron des Jospin retienne le projet des em- maceutique ou bien encore le pro- aux yeux de cette organisation, pré- sation en agences de santé et de sociale pour l’an 2000, qui sera sou- patrons a, en tout cas, prolongé plois-jeunes. jet de la Fédération hospitalière de sente le défaut majeur d’être un ser- donner plus d’autonomie aux mise au Parlement cet automne. l’éloge, ajoutant que M. Strauss- Visiblement, le président du Me- France. Bref, chacun cherche sa ré- vice public. Nous n’adhérons pas à caisses d’assurance-maladie. Du côté des syndicats, en dehors Kahn défendait bien la cause des def n’entend pas rentrer dans ces forme. cette démarche », écrivent-ils. Le contrôle des compétences de la CFDT, les opinions sont égale- entreprises puisqu’il faisait tout détails. Quant au ministre de Toutes ces initiatives constituent des médecins se ferait dans le ment divisées. Plusieurs organisa- son possible pour les protéger l’économie, il lui a répondu, non en fait une réponse au plan du di- cadre de la formation continue et tions auraient en effet souhaité « des mesures négatives venant de sans humour : « Le baron Seillière a recteur de la CNAM, Gilles Joha- « Le jeu de la CNAM non « par un examen scolaire ». pouvoir faire le tri des propositions ses collègues ». deux sujets de prédilection : les net, qui suscite des réactions L’ordre des médecins serait réfor- sans avoir à se prononcer sur l’en- Le satisfecit est évidemment exa- 35 heures et le ministre des finances. controversées. Il y a des « pour », consiste à mettre mé pour qu’il puisse prendre de semble du texte, comme cela est géré. Certes, le ministre des fi- Il défend les deux avec la même assi- comme la secrétaire générale de la réelles sanctions. L’efficacité thé- prévu lors du prochain conseil d’ad- nances a, en de nombreuses cir- duité »... CFDT, Nicole Notat, qui estime une pression rapeutique des médicaments ferait ministration de la CNAM, le 12 juil- constances, tenté de freiner que Martine Aubry et le gouverne- l’objet d’un contrôle plus sévère let. l’ardeur réformatrice du gouverne- Laurent Mauduit ment ont « une chance inouïe » insupportable sur pour les remboursements. Quant à Ne pouvant « tolérer le saccage d’avoir à leur disposition un tel la restructuration de l’offre hospi- du secteur public hospitalier » et document... Lundi 5 juillet, sur les parlementaires » talière, elle se poursuivrait, «y « les déremboursements que [ce DÉPÊCHES LCI, Mme Notat, dont le syndicat compris en facilitant les coopéra- plan] ferait peser sur les assurés so- a BUDGET : Dominique Strauss-Kahn a évoqué, mardi 6 juillet, de- préside actuellement la CNAM, a tions entre établissements publics et ciaux », FO a déjà indiqué qu’elle vant le bureau national du Parti socialiste, ses orientations budgétaires qualifié de « propositions véritable- Les appels pressants de la Caisse privés ». voterait contre. La CGT souligne pour 2000. Selon Michel Sapin, chargé de l’économie au secrétariat na- ment novatrices, approfondies » les auprès des « hommes politiques » Au passage, les solutions pré- avoir « toute une série d’oppositions tional, le ministre a « entendu le message » du PS en faveur de « baisses 35 mesures censées permettre détenteurs « des clés de la mise en conisées par la CNAM sont dé- de principe ». La CFTC, d’accord ciblées de TVA ». M. Strauss-Kahn a indiqué que ces baisses n’étaient l’économie de 62 milliards de route » de son plan irritent au plus montées. Ainsi, la création d’une avec 26 des 35 propositions, votera envisageables que si l’économie affichait une croissance « entre 2,2 % francs (9,45 milliards d’euros) dans haut point les intéressés. « Le jeu agence nationale du patrimoine « oui », mais avec des réserves. Ré- et 2,5 % » en 1999. les dépenses de santé. Le Mouve- de la CNAM consiste à mettre une hospitalier « priverait les respon- sultat : la CNAM devra a priori se a SYNDICATS : Alain Deleu s’est déclaré, mardi 6 juillet, « prêt à as- ment des entreprises de France pression insupportable sur les parle- sables de capacités d’intervention contenter d’un soutien limité à sa sumer » à nouveau la présidence de la CFTC à l’occasion de son pro- (Medef) appelle également à sa mentaires », s’insurge M. Cahuzac. dans les opérations de restructura- majorité de gestion (CFDT, Medef, chain congrès, en novembre à Dijon. « mise en œuvre de manière ur- Ce dernier rejette aussi la certifica- tion qu’ils conduisent ». M. Evin CFTC, CFE-CGC) pour faire face à a AGRICULTURE : l’administration centrale du ministère de l’agri- gente ». « Sur la base de son appli- tion des médecins libéraux. « Qui ajoute : « La concentration d’une la montée au créneau de députés culture et de la pêche a été réorganisée pour tenir compte de nou- cation, nous déciderons de notre va assumer le fait qu’il y aura 30 à gestion n’a jamais conduit à faire proches de Mme Aubry. velles priorités définies par Jean Glavany. Elle sera composée de six di- maintien ou non au sein de la ges- 40 % de recalés comme dans tout des économies. » A bon enten- rections techniques (dont une consacrée à l’hygiène et à la sécurité tion paritaire de la CNAM », a me- examen qui se respecte ? Qu’en fe- deur... Isabelle Mandraud alimentaires) et quatre directions ou services à compétence générale. M. Chirac « libère son énergie » contre le gouvernement BORDEAUX qui font le dynamisme de la vie économique et so- de notre envoyée spéciale ciale. » Plus incisif, le chef de l’Etat a ajouté : « Nous Pour « libérer les énergies », Jacques Chirac dé- connaissons actuellement une croissance soutenue. pense la sienne sans compter. La tâche n’est pas si Elle a créé de nouvelles marges de manœuvre pour les simple qui consiste à rassurer la droite sans inquié- finances publiques. C’est une période très favorable ter le peuple, critiquer le gouvernement sans atta- pour mettre en œuvre les réformes qui renforceront quer de front Lionel Jospin, le tout en ménageant l’efficacité de la puissance publique tout en allégeant l’électorat centriste sans froisser durablement les les prélèvements qui pèsent sur l’activité et l’emploi. » souverainistes. Au deuxième jour de son voyage à Puis il a distribué son futur programme de gou- Bordeaux, le chef de l’Etat s’est montré tout aussi vernement : « Gérer les services publics au plus près, offensif que la veille (Le Monde du 7 juillet). Visi- diminuer la pression fiscale, être des facilitateurs de tant, mardi 6 juillet, le Centre d’études scientifiques projets (...) Rendre possible plutôt que faire. Recher- et techniques d’Aquitaine (CESTA), il s’en est pris cher les talents et les idées. (...) Bref, libérer les éner- au thème chéri entre tous des campagnes électo- gies, loin des pesanteurs idéologiques et de l’inertie rales, la pression fiscale. « Il n’est pas normal qu’à bureaucratique qui éloignent trop souvent nos poli- cause du niveau et de la structure de nos prélève- tiques nationales des réalités de la vie. » ments, pour augmenter de 100 francs le revenu après Les réalités de la vie, Jacques Chirac est ensuite impôts des salariés hautement qualifiés, il faille dé- allé s’y frotter agréablement, en visitant le village bourser près de 300 francs contre 170 francs aux de Saint-Emilion où deux mille personnes avaient Etats-Unis. Ne nous étonnons pas alors de la fuite des été invitées à partager avec lui un déjeuner « popu- cerveaux », a observé M. Chirac. laire » derrière le parvis de l’église. Devant l’éba- Après avoir célébré la petite entreprise, ces « pe- hissement des touristes étrangers – « Oh ! it’s the tites unités très rapides, dynamiques, prenant appui french president, isn’t it ? » – le chef de l’Etat s’est sur la recherche, flexibles, mobiles, conquérantes » offert poignées de main, baisers, photos et auto- qui sont « l’avenir », M. Chirac a renouvelé ses cri- graphes avant de s’entretenir quelques instants en tiques à l’égard de l’Etat. « Tout indique que de pro- aparté avec une invitée particulière, qui avait été fonds changements sont à l’œuvre dans notre société. conviée à la fête directement par l’Elysée : Madame L’Etat est-il en mesure de les accompagner ? Ne la future sous-préfète d’Ussel, Corrèze. risque-t-il pas, au contraire d’être un frein ? L’Etat ne peut pas rester à l’écart des grandes transformations Pascale Robert-Diard LeMonde Job: WMQ0807--0008-0 WAS LMQ0807-8 Op.: XX Rev.: 07-07-99 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0485 Lcp: 700 CMYK
8 SOCIÉTÉ LE MONDE / JEUDI 8 JUILLET 1999
FICHAGES Dans son rapport an- tance, en 1978, la France est passée qui touchent aux libertés publiques, en 1998, ce sont 2 600 plaintes qu’elle Toile, les internautes peuvent aisé- nuel, rendu public mercredi 7 juillet, « d’une problématique du fichier à mais elle prête une attention de plus a reçues, concernant notamment la ment être pistés par les administra- la Commission nationale de l’informa- une problématique des traces infor- en plus soutenue aux fichiers du sec- prospection commerciale, la banque, teurs des serveurs. « Tout ce que vous tique et des libertés (CNIL) constate matiques ». b LA CNIL CONTINUE à teur privé. b EN CINQ ANS, le nombre le travail et les télécommunications. faites peut être mémorisé », prévient que, depuis la création de cette ins- s’intéresser aux fichiers administratifs de déclarations a presque doublé et, b LORSQU’ILS NAVIGUENT sur la la CNIL. Les fichiers privés, nouveaux espions de la vie quotidienne Cartes bancaires, navigation sur Internet, portables : dans son rapport annuel, la Commission nationale de l’informatique et des libertés s’inquiète de la multiplication des « traces informatiques ». « Les fichiers les plus importants ne sont pas aujourd’hui ceux de l’Etat ou des administrations » QU’IL EST LOIN le temps où lateur de 1978 avait songé. » Les même : « Compte joint, mais eau clients à des catégories statis- nant. Elle a en outre proscrit et de l’identification des contri- les hôteliers faisaient remplir des mésaventures d’un couple de dans le gaz. » La CNIL a adressé tiques permettant d’évaluer auto- l’utilisation d’un critère de type buables, les interconnexions fiches de police à leurs clients... clients du Crédit mutuel de Bre- un avertissement à l’établisse- matiquement leurs capacités de « Français, CEE, autre », que la entre fichiers fiscaux et sociaux. C’était en 1975, et les progrès tagne tendent ainsi à démontrer ment, qui a pris des dispositions, remboursement sur la base de plupart des établissements utili- Tout en soulignant que l’utilisa- technologiques ont, depuis lors, que les citoyens ne sont jamais puis rappelé à l’ordre l’ensemble critères intégrés à des calculs de saient en arguant de difficultés de tion de cet identifiant unique de- fourni bien d’autres outils de li- trop vigilants face aux dérives recouvrement de créances dans vait rester « exceptionnelle », la berté surveillée : dans un hôtel, la possibles de l’informatique. Pen- l’hypothèse où le débiteur rega- CNIL a finalement rendu un avis Carte bleue identifie le client, dant un entretien avec leur Une forte croissance du nombre de plaintes gnerait son pays d’origine. Pour favorable au projet de l’adminis- l’autocommutateur téléphonique conseiller commercial, les deux l’ensemble de ces fichiers du sec- tration fiscale, qui limite l’usage mémorise l’heure des appels, la intéressés avaient aperçu, sur un Depuis sa création en 1978, plus de 650 000 traitements informa- teur privé, la commission sou- du NIR à la vérification de l’iden- clé magnétique enregistre le écran d’ordinateur légèrement tiques ont été enregistrés par la Commission nationale de l’informa- haite que la nouvelle loi Informa- tité et de l’adresse des contri- temps de présence dans la tourné vers eux, des mentions les tique et des libertés (CNIL). En 1998, 65 314 traitements ont été décla- tique et libertés – imposée par la buables (Le Monde du 26 juin). chambre, et la télévision à péage qualifiant de « très timides » et, rés, qu’il s’agisse de fichiers du secteur public (+ 10 % par rapport à transposition en droit français de se souvient des choix de l’intéres- pour l’un d’eux, de « menteur ». 1997) au privé (+ 9,5 %). Depuis cinq ans, le nombre de déclarations la directive européenne du 24 oc- SPECTRE DE BIG BROTHER sé. Enregistrés dans des puces ou de fichiers a presque doublé. tobre 1995 sur la protection des Un gigantesque fichier de po- dans des bornes interactives « EAU DANS LE GAZ » En 1998, la CNIL a été saisie de 2 671 plaintes (+ 14 %). Les secteurs données à caractère personnel – lice, le système de traitement des – cartes bancaires, téléphones Saisie par le couple, la CNIL a les plus concernés ont été, par ordre décroissant, la prospection renforce ses pouvoirs de contrôle. infractions constatées (STIC), a portables ou badges d’accès –, établi au cours de ses investiga- commerciale, la banque, le travail et les télécommunications. Les Les problématiques liées au fi- de son côté remis au goût du jour conservés par des technologies en tions que les employés de plaintes portent sur l’exercice des droits d’accès et d’opposition ga- chage généralisé de la population le spectre de Big Brother. Il pré- réseau – Internet ou Intranet l’agence inscrivaient dans leurs rantis par la loi de 1978 ou l’absence d’information lors de la collecte par l’Etat, qui avaient inspiré la voit de recenser les noms de d’entreprise –, ces éléments blocs-notes informatiques des de données. loi de 1978, n’ont cependant rien toutes les personnes mises en offrent des possibilités d’investi- considérations désobligeantes et perdu de leur actualité. Ainsi de cause dans des procédures judi- gations sans précédent. « On est attentatoires à la vie privée : l’interconnexion de tous les fi- ciaires ainsi que ceux de leurs vic- passé en vingt ans d’une probléma- « Vient de retrouver son fils de des organismes utilisant des probabilités. Au terme de chiers administratifs, qui a resurgi times (Le Monde du 16 février). tique du fichier à une probléma- vingt-huit ans qui était SDF. Après blocs-notes, notamment dans le contrôles portant sur les princi- à la suite d’un amendement à la Alors que la CNIL avait émis un tique des traces informatiques, l’avoir hébergé, en remerciement, secteur bancaire. paux établissements français de loi de finances pour 1999 autori- avis favorable assorti de réserves analyse le président de la il lui a pris sa femme. Pas de bol ! » Dans le domaine du crédit à la crédit, la CNIL s’est assurée sant les services des impôts à uti- sur le projet, le Conseil d’Etat a Commission nationale de l’infor- « Personne très compliquée ayant consommation, la surveillance a qu’aucune des sociétés ne recou- liser le numéro de Sécurité sociale formulé de fortes critiques matique et des libertés (CNIL), des problèmes d’ordre psychique », porté sur les méthodes du « cré- raient à la nationalité des deman- (le NIR) pour favoriser, au nom conduisant le ministère de l’inté- Michel Gentot. La constitution pouvait-on lire ailleurs ; et dit scoring », qui réduisent les deurs comme paramètre discrimi- de la lutte contre la fraude fiscale rieur à remanier le projet initial. d’un fichier résultait jadis d’une « Il était légitime que ce fichier (...) volonté, d’un choix de l’adminis- fasse débat », admet la commis- tration ou d’une entreprise. Au- sion dans son rapport annuel. jourd’hui, nous pouvons être “fi- Passé relativement inaperçu, un chés” du seul fait de la Les premiers pas d’une culture « informatique et libertés » sur Internet traitement automatisé permet technologie. » CONVAINCUE qu’elle ne pourra jamais ment être utilisé à d’autres fins que purement nées de marketing ! Ou bien pour la persécution aujourd’hui à la douane de contrôler un système par essence incontrô- techniques, souligne la CNIL avant de s’adres- de dissidents dans des pays autoritaires... ». Le contrôler les plaques minéralo- « MÉGABASES DE DONNÉES » lable, la Commission nationale de l’informa- ser directement aux internautes. Tout ce que président de la République, qui s’est vu re- giques de tous les véhicules em- Longtemps focalisée sur les tique et des libertés (CNIL) a choisi de faire vous faites peut être mémorisé et mis en relation mettre le rapport de la CNIL, vendredi 2 juil- pruntant le tunnel sous la grands fichiers administratifs qui œuvre de pédagogie et de prévention à d’une session à l’autre sur le serveur. Ces infor- let, et qui utilise le réseau des réseaux pour Manche à partir de la France. Les avaient justifié l’adoption de la loi l’égard d’Internet. Sur le site de la commission mations vous décrivent, soit dans votre vie pri- naviguer sur des sites concernant des décou- numéros d’immatriculation sont Informatique et libertés du 6 jan- (http ://www.cnil.fr), tout internaute est dû- vée, soit dans votre vie professionnelle, selon que vertes archéologiques, se serait montré parti- automatiquement photographiés, vier 1978, la CNIL se montre de ment informé que « l’anonymat n’est pas la vous utilisez Internet chez vous ou dans le cadre culièrement intéressé. puis numérisés, afin de les plus en plus préoccupée par les règle sur Internet et que l’absence de traces l’est de vos activités professionnelles. Elles peuvent Depuis juillet 1998, la CNIL s’est efforcée de comparer aux données d’un fi- traitements automatisés du sec- encore moins ». En guise de démonstration, la être échangées, rapprochées, croisées. » favoriser la prise en compte de la protection chier contenant des informations teur privé. « Les fichiers les plus commission explique que le simple fait de De fait, la démonstration opérée par la des données personnelles sur Internet. Elle fournies par la douane, la police importants ne sont pas aujourd’hui consulter son site – comme tout autre site ou- CNIL témoigne que la date et l’heure de propose aux créateurs de sites un formulaire et la gendarmerie. L’objectif est ceux de l’Etat ou des administra- vert sur la Toile – permet de collecter des in- connexion au site de la commission ainsi que simplifié de déclaration à la CNIL par le biais de lutter contre les trafics tions, souligne Michel Gentot formations à l’insu des visiteurs concernés, le contenu et le temps consacré à chacune de du courrier électronique. Cette procédure in- d’armes, d’explosifs ou de stupé- dans le rapport annuel de la CNIL d’analyser leurs centres d’intérêt et d’établir ses pages sont mémorisés. clut, selon chaque type de service, les re- fiants sans ralentir les flux de vé- pour l’année 1998, rendu public leur profil de consommateur. commandations relatives au respect de la loi hicules. mercredi 7 juillet. A l’heure des Les fichiers d’audit permettent ainsi de « SOURCE POUR UNE BASE MARKETING » Informatique et libertés. Plus de deux mille Expérimenté depuis trois ans, mégabases de données et d’Inter- « pister » les internautes en enregistrant cha- Aux utilisateurs de « groupes de dis- organismes publics et privés ont à ce jour dé- ce système a été autorisé en mars net, l’information nominative a ac- cune de leurs transactions et chaque mouve- cussion », la CNIL précise que le serveur hé- claré leurs sites. « Ils se sont ainsi engagés à 1998 par la CNIL, qui a limité la quis une valeur marchande, les ment de leur ordinateur naviguant sur un site bergeant ces groupes thématiques « peut, participer à une société de l’information respec- conservation des données à trois “profils” constitués sur les per- donné. Ils permettent à l’administrateur d’un techniquement, savoir exactement la liste des tueuse des droits des personnes », relève la mois et a imposé que tous les sonnes s’achètent et se vendent. Un serveur de connaître avec précision les newsgroups et le nombre de messages que vous CNIL, qui publie leur liste afin de promouvoir usagers du tunnel soient infor- marché est né, suscitant de nou- charges du système afin d’en optimiser le avez consultés depuis votre première connexion, « la culture “informatique et libertés” sur le ré- més de l’existence d’une telle velles inquiétudes et appelant sans fonctionnement : quand le serveur est-il le voire plus si l’administrateur met en place des seau ». collecte. doute à une vigilance d’une autre plus mis à contribution ? Quels fichiers sont fonctionnalités d’audit plus élaborées. Quelle nature que celle à laquelle le légis- les plus téléchargés ? « Un tel outil peut égale- source pour l’enrichissement d’une base de don- E. In. Erich Inciyan
DÉPÊCHES 41 recommandations pour la sécurité du tunnel du Mont-Blanc a JUSTICE : le procureur de la république de Gap (Hautes- Alpes) Michel Sélariès, a ouvert, mardi 6 juillet, une information ju- LE RAPPORT administratif un incendie potentiel » et de devra « disposer d’un service de Les experts ne sont pas plus diciaire pour homicides involontaires après la chute du téléphé- franco-italien relatif à l’incendie « conserver en mémoire les mesures première intervention privé, iden- tendres envers la commission in- rique du Pic de Bure qui a fait vingt morts dans le massif du Dévo- du tunnel du Mont-Blanc qui, le relevées et les actions réalisées ». tique en hommes et en matériels tergouvernementale de contrôle luy (Le Monde des 4 et 5 juillet). « L’enquête de flagrance, souligne 24 mars, a causé la mort de trente- Selon les rapporteurs, « les oc- (...), tous dûment formés (...) et en des conditions d’exploitation du le communiqué, clôturée le 6 juillet à 15 heures, a déjà permis de réu- neuf personnes formule quarante cupants des véhicules sont vraisem- mesure d’accéder au site d’un ac- tunnel et des travaux de sécurité, nir les constatations médico-légales relatives aux victimes. » et une recommandations « préa- blablement décédés, par asphyxie, cident ou d’un incendie dans le dé- qui « semble avoir rencontré des a POLLUTION : le comité régional du tourisme (CRT) Provence- lables à une remise en service en sé- dans les dix à quinze premières mi- lai de cinq minutes maximum après difficultés dans l’exercice de ses Alpes-Côte-d’Azur a déposé une plainte avec constitution de par- curité de l’ouvrage ». nutes» : l’incendie du camion à l’alerte ». Pour optimiser l’inter- missions ». tie civile pour « destruction, dégradation d’un bien appartenant à Synthèse des travaux réalisés l’origine du drame a dégagé de vention des secours publics, les ex- autrui » après la petite marée noire qui a souillé, samedi 3 juillet, par les commissions d’enquête l’oxyde de carbone, mais aussi perts proposent l’instauration « UN NOYAU DE SPÉCIALISTES » quelques points du littoral des Bouches-du-Rhône. Chargé des pro- techniques créées à l’initiative des « d’autres gaz très toxiques, dont d’un plan unique de secours entre « Aucun des incendies survenus motions touristiques, le CRT estime que les autorités ont les deux gouvernements, ce rapport vraisemblablement de l’acide cyan- les deux pays comprenant «au dans le tunnel et notamment celui moyens d’identifier et de poursuivre le bateau qui a dégazé ses devait être officiellement présenté hydrique ». moins un exercice commun annuel de janvier 1990, le plus important cuves. jeudi 8 juillet, en même temps que Les experts reconnaissent qu’«il avec fermeture du tunnel ». avant celui du 24 mars, n’a fait a MÉDECINE : une équipe de l’Institut Pasteur a mis au point les mesures retenues par les mi- n’est pas possible à ce jour de dire Une série de recommandations l’objet d’une analyse et d’une déli- un vaccin contre la dysenterie, une maladie diarrhéique qui fait nistres français et italien des trans- avec certitude si des conditions de vise également à limiter les condi- bération qui soient consignées au près d’un million de victimes chaque année, a annoncé, mardi ports, Jean-Claude Gayssot et En- ventilation différentes auraient pu tions d’accès des poids lourds au procès-verbal de l’une de ses réu- 6 juillet, l’Institut Pasteur à Paris. Les essais effectués par l’armée rico Micheli. les sauver », mais ils assurent ce- tunnel du Mont-Blanc. nions », s’étonnent-ils. De la américaine auprès de volontaires ont montré que le vaccin pouvait Revenant sur les circonstances pendant qu’« avoir insufflé de l’air Les auteurs du rapport – deux même manière, cette commission contrôler la dysenterie bacillaire qui touche essentiellement les de l’incendie, les rapporteurs in- frais au lieu d’extraire les fumées experts français et un italien – se « n’a pas exprimé d’opposition » à jeunes enfants des pays en voie de développement. Ce vaccin est diquent que les consignes prévues n’a pu avoir de façon générale montrent critiques à l’encontre l’organisation des premiers se- actuellement à l’essai au Bangladesh. en cas d’alerte n’ont pas toutes été qu’un effet aggravant sur le déve- des deux sociétes exploitantes du cours élaborée par les exploitants a CONTRACEPTION : la pilule abortive RU 486 a été autorisée respectées. loppement de l’incendie ». tunnel, Autoroute et tunnel du du tunnel, qui se résumait à la dans huit pays européens, ont annoncé, mardi 7 juillet, les labo- Ainsi, alors que le contrôleur du Mont-Blanc (ATMB) et Società ita- mise en place d’un dispositif « sur ratoires Exelgyn qui commercialisent ce produit. Prescrit sous sur- poste de commande (italien ou « EXERCICES D’URGENCE» liana per il traforo del Monte Bian- la seule plate-forme française ». veillance médicale au cours des neuf premières semaines de gros- français), qui le premier détecte Si les délais d’alerte et d’inter- co (SITMB), accusées d’avoir Les auteurs du rapport pro- sesse, le RU 486 provoque un avortement dont les caractéristiques l’incendie et déclenche l’alerte, de- vention « peuvent être considérés « souvent eu du mal à coordonner posent qu’une nouvelle commis- sont très proches de celles d’un avortement spontané. vait prendre « le commandement comme normaux » et, si « les leurs investissements ». « Ceux-ci sion intergouvernementale de des opérations », rien n’a été fait en moyens publics d’intervention n’ont ont souvent été réalisés par chaque contrôle soit « compétente pour ce sens « avant l’intervention des pas fait défaut », le rapport note société à des dates différentes et l’ensemble des tunnels franco-ita- CORRESPONDANCE moyens publics [de secours] ». malgré tout que, « faute d’agents avec un contenu technique dif- liens » (Fréjus, Mont-Blanc et Pour éviter à l’avenir qu’une de liaison, de pratiques de coopéra- férent », notent les experts. Tende) et dispose « d’un véritable telle situation puisse « être source tion opérationnelle en l’absence « Afin d’améliorer les conditions pouvoir de décision ». Ils insistent Une lettre de M. Le Foyer de Costil d’incompréhensions et de retards d’exercices communs », les pom- d’exploitation du tunnel et de mettre sur la nécessité de créer, comme préjudiciables », les experts sou- piers français et italiens « n’ont pas constamment à jour les normes de c’est le cas pour le tunnel sous la A la suite de la publication d’un qui est exact ; au surplus, j’aurais, haitent que l’exploitation du tun- été en mesure d’arrêter une straté- sécurité suivant une stratégie d’in- Manche, un comité technique de article consacré, dans nos éditions selon vous, ajouté que « l’opinion nel soit dirigée « à partir d’une gie commune ». tervention commune », les rappor- sécurité, comprenant « un noyau du 2 juillet, au rejet par la Cour de publique ne comprendrait pas » seule salle de commande », une Pour pallier ce dysfonctionne- teurs considèrent que « la constitu- de spécialistes » et bénéficiant de cassation du pourvoi formé par qu’une telle instruction fût annu- salle de secours étant équipée «à ment, « le personnel responsable de tion d’une société de gestion unique, compétences étendues, qui devra Alain Juppé contre l’enquête sur le lée. Je vous indique que je n’ai pas l’autre bout du tunnel ». l’exécution des consignes de sécurité filiale des deux concessionnaires », assurer, aux côtés de la commis- financement du RPR, l’avocat géné- prononcé les paroles que vous me Dans le même esprit, est propo- devra être mis en situation de les est « prioritaire ». sion, « le suivi permanent des ral Germain Le Foyer de Costil nous prêtez, ni aucune autre pouvant sée la mise en place d’« un système connaître parfaitement grâce à des Ils rappellent au passage qu’un questions de sécurité dans le tun- a adressé la mise au point suivante : donner à penser que le sens de de contrôle et de commande infor- actions de formation et à des exer- tel projet était inscrit dans la nel ». Vous indiquez, dans cet article, mes conclusions ne résultait pas matisé des installations » qui per- cices périodiques d’urgence ». convention du 14 mars 1953 entre qu’en qualité d’avocat général j’ai seulement d’une argumentation mettra de « déceler et de localiser En outre, chaque plate-forme l’Italie et la France. Acacio Pereira conclu au rejet des pourvois, ce juridique. LeMonde Job: WMQ0807--0009-0 WAS LMQ0807-9 Op.: XX Rev.: 07-07-99 T.: 07:19 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0486 Lcp: 700 CMYK
LE MONDE / JEUDI 8 JUILLET 1999 / 9 (Publicité) LeMonde Job: WMQ0807--0010-0 WAS LMQ0807-10 Op.: XX Rev.: 07-07-99 T.: 10:41 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0487 Lcp: 700 CMYK
10 RÉGIONS LE MONDE / JEUDI 8 JUILLET 1999 Les régions françaises sous la loupe du recensement Les mouvements de population relevés par l’Insee dans les vingt-deux régions de métropole et en outre-mer confirment le rééquilibrage démographique du territoire autour des grandes agglomérations et mettent en évidence la fracture entre les zones urbaines et les espaces ruraux
LA PRINCIPALE information du en œuvre des politiques pour éviter l’habitat périurbain, qui pose d’in- recensement – la tendance au réé- que les métropoles régionales ne solubles problèmes d’infrastruc- quilibrage entre Paris et l’Ile-de- « vampirisent » leur arrière-pays. tures, de transports, de voirie, d’éli- France, centre traditionnellement Ainsi faudrait-il faire en sorte que mination des déchets, de Un rythme de croissance démographique dominant, et les grandes métro- Toulouse ne vide pas définitive- fonctionnement des services pu- poles régionales – est une excel- ment l’Ariège ou l’Aveyron, que blics et d’invention de nouvelles lente nouvelle. En signifiant la fin Montpellier ne désertifie pas règles démocratiques. A partir d’un qui constitue la deuxième performance française de cette regrettable exception fran- complètement l’Aude ou que seuil de concentration, trop c’est L’ALSACE compte 1 730 000 ha- population % de variation çaise, qui a longtemps érigé la ville- Nantes permette à Saint-Nazaire trop. Paris en a fait l’expérience ; bitants, soit un gain de ALSACE 1999/1990 capitale en maîtresse sévère et de vivre. aux métropoles régionales de l’évi- 105 000 personnes depuis 1990. Le RÉGION 1 729 800 +6,5 étouffante, elle esquisse les traits Sans doute vaut-il mieux que les ter. rythme de croissance de la région Les départements d’une France du troisième millé- habitants des départements en C’est dire combien la réussite des est plus de deux fois supérieur à BAS-RHIN 1 023 600 +7,4 naire, affirmant sa diversité autour crise ou en déclin fassent le voyage expériences de développement lo- celui de la France métropolitaine LORRAINE BAS-RHIN HAUT-RHIN 706 200 +5,2 de villes-capitales. vers leur métropole régionale plu- cal autour des réseaux de villes (0,7 % contre 0,3 %) et le deuxième Cet enseignement porte un lourd tôt que vers le lointain parisien et le moyennes ou des « pays » est in- du pays après celui enregistré dans STRASBOURG défi. Derrière le renforcement de gigantisme francilien pour trouver dispensable pour parvenir à fixer le Languedoc-Roussillon. L’ex- Les principales villes M ALLEMAGNE Strasbourg 409 800 +5,5 villes comme Nantes, Toulouse, une formation ou du travail. Il les populations et permettre la ré- cédent des naissances sur les dé- oselle Mulhouse 229 300 +2,4 Montpellier, Lyon, Lille ou Rennes n’empêche que l’exode rural ou le partition des activités sur l’en- cès, stable depuis trente ans, est le Rhin Colmar 86 700 +3,5 se dessinent de multiples déséqui- départ des jeunes, condamnant des semble du territoire. Il ne s’agit pas principal facteur de cette poussée Haguenau Colmar 37 500 +11,3 libres, comme autant de petites territoires entiers à devenir des ré- d’aller à rebours de l’histoire à la re- démographique. Le solde migra- Saint-louis 34 500 +3,0 fractures qui, en se cumulant, pour- serves pour touristes et retraités, se cherche des terroirs perdus et en fi- toire est, lui aussi, nettement posi- HAUT- Cernay 29 700 +2,8 RHIN Guebwiller raient bien lézarder l’édifice. Les poursuit. L’urbanisation est mieux geant le mouvement des popula- tif, ce qui n’avait pas été le cas de- FRANCHE- 28 500 +9,6 déséquilibres territoriaux sont, en répartie, mais le recul du rural tions, mais d’élargir l’offre de puis quinze ans. Au bout du COMTÉ Sélestat 17 100 +10,3 effet, de moins en moins nationaux continue de s’affirmer. Il s’ac- travail et de lieux de vie. compte, il faut remonter au début Saverne 16 000 +6,7 SUISSE Bischwiller 14 500 +4,3 et de plus en plus régionaux. C’est compagne du déclin de nom- Le défi n’est pas insurmontable. des années 70 pour trouver une 30 km ce qui ressort des photographies breuses petites villes de moins de Nombre d’initiatives, ces dernières progression aussi ample. établies par les bureaux régionaux 50 000 habitants qui servaient de années, montrent que la renais- Du coup, la densité régionale de l’Insee, dont nos correspondants point d’équilibre à des départe- sance démographique est possible, s’établit à 209 habitants au km2, le 450 000 habitants, soit le quart de tion. Sur les 903 communes de la rendent compte, région par région. ments ou des bassins de vie. y compris dans le rural profond. Les Haut-Rhin franchissant pour la la population alsacienne. De son région, seule une centaine d’entre La question était hier de savoir Ce déséquilibre-là, véritable frac- petites entreprises à base de nou- première fois la barre des 200 ha- côté, Mulhouse retrouve une elles perdent des habitants d’une comment maîtriser la force et l’at- ture territoriale, tend à réduire la velles technologies, faciles à im- bitants au km2, même si le Bas- courbe ascendante après une quin- manière significative. Au total, ces tractivité de la région parisienne « France utile » à 20 % de son terri- planter dans les petites villes, Rhin engrange une large part zaine d’années de pertes. déficits démographiques repré- pour ne pas écraser le reste de la toire, amassant 80 % de la popula- comme la demande de plus en plus (67 %) de l’augmentation de popu- L’espace rural, où vit un Alsacien sentent une perte de 140 000 habi- France. Aujourd’hui, elle consiste à tion française autour des princi- affirmée de valorisation des pro- lation. Le phénomène est essen- sur sept, bénéficie tout autant du tants, soit 8 % de la population to- s’interroger sur les moyens d’éviter pales agglomérations et le long du ductions locales offrent à un nouvel tiellement dû à la montée en puis- dynamisme démographique de la tale. Un seul canton (celui de la reproduction à l’échelle régionale littoral. Une telle concentration des âge de la décentralisation une occa- sance de la communauté urbaine région. Depuis trente ans, sa vitali- La Petite-Pierre) voit baisser le des dysfonctionnements qui s’opé- hommes et des femmes est ingé- sion inespérée de naître. de Strasbourg, qui, avec une té n’avait jamais été aussi forte nombre de ses administrés. raient au niveau national. En rable à long terme. On le voit déjà hausse de 6 % au terme de la (+ 0,6 %), même si les zones les d’autres termes, il va falloir mettre avec l’extension désordonnée de Jean-Paul Besset période considérée, atteint moins riches accusent une diminu- Marcel Scotto L’attraction de l’axe Bordeaux-Bayonne Si Clermont-Ferrand a réussi à stopper l’hémorragie, et du littoral atlantique la dépopulation du Massif Central se poursuit
L’AQUITAINE enregistre une population % de variation L’AUVERGNE se situe à l’avant- population % de variation moindre augmentation de sa po- AQUITAINE 1999/1990 dernier rang du classement des ré- AUVERGNE 1999/1990 RÉGION 1 307 206 –1,1 pulation qu’au dernier recense- LIMOUSIN RÉGION 2 902 000 +3,8 gions françaises, juste avant le Li- ment. Ce fléchissement s’explique POITOU- mousin. La tendance à la dépopu- CHAR. Les départements par la baisse du solde migratoire. Les départements lation amorcée au début des CENTRE BOURGOGNE Périgueux PUY-DE-DÔME 603 000 Les grandes aires urbaines (Bor- OCÉAN GIRONDE 1 284 800 +5,9 années 80 se poursuit, avec la +0,8 BORDEAUX Moulins ALLIER 344 619 deaux, Pau, Bayonne-Anglet-Biar- ATLANTIQUE DORDOGNE PYR. ATLANT. 598 100 +3,4 perte de 14 000 habitants. Parmi ALLIER –3,7 HAUTE-LOIRE ritz) poursuivent leur développe- Dordogne DORDOGNE 387 600 +0,3 les départements les plus touchés 209 046 +1,2 GIRONDE GaronneLOT-ET- LANDES CANTAL 150 563 –5,1 ment alors que les villes centres et GARONNE 327 000 +5,0 figurent l’Allier et, surtout, le Can- Agen LOT-ET-GAR. PUY-DE-DÔME RHÔNE- moyennes ont des évolutions plus LANDES 304 900 –0,4 tal, où la baisse s’accélère. Ainsi, ALPES inégales. L’appauvrissement des dans l’espace central de la France, L Mont-de- LIMOUSIN CLERMONT- o Les principales villes ir
Marsan Les principales villes e zones rurales se confirme et la po- se dessine une « diagonale aride », FERRAND Clermont-Ferrand Allier 136 583 +0,3 Adour Bordeaux pulation se densifie sur presque MIDI- 214 940 +2,2 selon les termes de l’Insee, qui en- Montluçon 41 555 –6,1 PYRÉNÉES Pau 77 661 –0,4 tout le littoral aquitain. Pau globe les territoires de Cham- Aurillac 30 517 –0,8 PYRÉNÉES- Bayonne 39 872 –0,4 CANTAL HTE-LOIRE La Gironde reste le département ATLANTIQUES pagne-Ardenne, du Limousin et de Vichy 26 721 –3,6 Périgueux 30 063 –0,7 Aurillac Le Puy qui attire le plus d’habitants, avec l’Auvergne. Moulins 21 824 –4,3 Agen 29 787 –2,5 une forte expansion du bassin ESPAGNE La région souffre du vieillisse- Le Puy-en-Velay 20 451 –5,9 Mt-de-Marsan 29 464 +4,0 MIDI- LANGUEDOC- PYR. ROUSSILLON 60 km Chamalières 18 115 –4,7 d’Arcachon – à l’exception de la 60 km Bergerac 25 994 –3,4 ment de sa population. Clermont- ville elle-même – et du quart sud- Ferrand, seule métropole d’enver- ouest du département. Bordeaux, gure, enregistre une timide embel- et surtout les communes périphé- La population du Lot-et-Ga- de Bayonne-Anglet-Biaritz et dans lie, mais une réelle bonne Dôme) ou Brioude (Haute-Loire) lais, plus proche de Saint-Etienne riques du quadrant nord-ouest de ronne a légèrement baissé dans les l’agglomération de Pau. Toutefois, surprise : la dépopulation semble ne sont plus épargnés. La montée et du dynamisme rhônalpin que l’agglomération, progressent forte- zones rurales comme dans les ag- la population diminue dans les enrayée. L’augmentation du en puissance des axes autoroutiers du Puy-en-Velay. Si le Puy-de- ment. Les Landes connaissent un glomérations du département, à communes de Bayonne et, surtout, nombre d’étudiants, la construc- a aussi des conséquences directes : Dôme parvient à franchir la barre solde migratoire parmi les plus éle- l’exception de la périphérie de Pau. Périgueux conserve à peu tion de logements et la création de avec l’A 75, Saint-Flour, par des 600 000 habitants, il veille avec vés de France. Cette croissance d’Agen, située sur l’axe Bordeaux- près la même population qu’en 3 900 emplois en deux ans ont en- exemple, désormais à quarante- un soupçon d’inquiétude à retenir s’observe principalement au nord Toulouse. Le département subit le 1990 alors que, au sud du départe- digué l’hémorragie subie par la ca- cinq minutes de Clermont-Fer- la matière grise pour ne pas être et au sud-ouest. De nombreux re- double effet d’un solde migratoire ment de la Dordogne, Bergerac pitale auvergnate, qui avait perdu rand, perd 800 habitants. entraîné à son tour dans la spirale traités sont attirés par la côte, et faiblement positif et d’un déficit du perd des habitants au profit des 10 000 habitants depuis 1982. Le La Haute-Loire est le départe- de la dépopulation massive du les actifs s’installent sur l’axe Bor- solde naturel. Les Pyrénées-Atlan- communes périphériques. poids démographique des zones ment de la région le plus attractif, Massif Central. deaux-Bayonne, dans le sillage des tiques bénéficient de l’arrivée de rurales s’estompe, et des bourgs grâce à la croissance industrielle agglomérations. nouveaux habitants dans le district Claudia Courtois centres comme Ambert (Puy-de- du pôle de plasturgie de l’Yssinge- Brigitte Cante Une région de transit qui, faute d’attirer L’essor de l’agglomération de Rennes les jeunes ménages, voit sa population stagner et un solde redevenu positif dans tous les départements
LA BOURGOGNE amorce un population % de variation LA BRETAGNE compte au- population % de variation tournant démographique qui ne BOURGOGNE 1999/1990 jourd’hui 2 903 000 habitants, ce BRETAGNE 1999/1990 prête guère à l’optimisme. Au re- RÉGION 1 609 500 –0 qui la place au 6e rang des régions RÉGION 2 902 636 +3,8 censement de 1990, le nombre de françaises. Avec une croissance de Les départements Les départements Bourguignons avait progressé de Î.-D.-F. Yonne CHAMPAGNE- 0,42 % par an, elle se situe au-des- ARDENNE SAÔNE-ET-L. 544 600 –0,3 ILLE-ET-VIL. 866 686 +8,5 14 000 ; depuis, ils sont 200 de sus de la moyenne nationale. La ré- Manche CÔTE-D'OR 506 800 +0,3 FINISTÈRE +1,6 moins. Les naissances ne sont pas gion est attractive : elle occupe la 852 143 BASSE- Auxerre YONNE 333 000 +0,3 MORBIHAN 642 805 +3,7 suffisamment nombreuses (5 400 Loire 5e position en termes de solde mi- NORM. YONNE NIÈVRE 225 000 –0,4 Saint- CÔTES-D'ARM. FINISTÈRE 541 002 +0,5 de plus que de décès) pour gratoire. En revanche, son solde Brieuc
CÔTE-D'OR FRANCHE-COMTÉ compenser un solde migratoire né- naturel demeure faible (14e rang CÔTES- DIJON Les principales villes D'ARMOR ILLE-ET- Les principales villes gatif (– 5 600) quasiment inchangé. national). VILAINE Dijon 150 173 +2,3 Quimper Rennes 205 865 +4,2 La région n’attire pas assez de NIÈVRE Saône L’Ille-et-Vilaine et Rennes, sur- RENNES CENTRE Chalon/Saône 50 100 –8,2 Brest 149 744 +1,2 jeunes ménages. En effet, les arri- Nevers tout, font preuve de dynamisme. MORBIHAN Doubs Nevers 40 792 –2,8 Vannes Quimper 63 093 +6,2 vées les plus nombreuses ne coïn- SAÔNE- Auxerre 37 776 –2,7 Sur les 107 000 Bretons supplémen- Lorient 58 850 –0,7 Loire ET-LOIRE cident pas forcément avec un solde Mâcon 34 366 –7,8 taires, environ 68 000 habitent en OCÉAN PAYS Vannes 51 511 +12,9 ATLANTIQUE naturel positif. C’est le cas de AUVERGNE Mâcon Sens 26 843 –0,9 Ille-et-Vilaine. L’agglomération de Loire Saint-Malo 50 573 +5,2 Le Creusot 26 217 –9,3 Saint-Brieuc +1,6 La Puisaye et du Tonnerrois, dans Rennes gagne 20 000 habitants. Cet DE LA LOIRE 45 482 RHÔNE- Beaune 21 937 +3,0 50 km Lanester l’Yonne, ou encore du canton de 50 km essor profite principalement aux 21 946 –0,7 ALPES Montceau-les-M. –10,3 Château-Chinon, dans la Nièvre, 20 624 communes de la périphérie ren- où s’installent des retraités et des naise. La capitale régionale fait dé-
résidents secondaires. lée de la Saône, de Dijon à Mâcon, ment : pour la première fois, la po- sormais partie du club très fermé sance est nettement plus faible. en baisse. Les zones d’emploi de La Bourgogne s’affirme comme et l’autoroute A 6, entre Sens et pulation des agglomérations ur- des villes de plus de 200 000 habi- Quimper, qui gagne 3 600 habi- Carhaix, Pontivy, Dinan, Guingamp une région de transit entre l’Ile-de- Auxerre. Seulement 10 % du terri- baines diminue, à l’exception de tants. tants, tire son épingle du jeu. Mais et Morlaix perdent de la popula- France et Rhône-Alpes. La proxi- toire accueille 60 % de la popula- Dijon, Beaune et Sens. L’abandon Les autres pôles d’attraction se la croissance de Brest, la deuxième tion. Seules Lannion et Saint- mité de la région parisienne joue tion. Les contrastes s’accentuent des villes-centres ne profite pas situent tous dans l’est de la Bre- ville bretonne en termes de popu- Brieuc résistent. Les Côtes-d’Armor toujours en faveur du Sénonais, entre, d’une part, la Côte-d’Or et aux banlieues, qui, à l’instar de tagne. Vannes, dans le Morbihan, lation, est faible : 0,13 % par an. retrouvent une toute petite crois- dans le nord de l’Yonne. Le voisi- l’Yonne, dont la population aug- Chenôve (– 8,2 %), Talent et Saint- connaît le plus fort taux de crois- Lorient, en revanche, subit le sance : 0,05 % par an. Tous les dé- nage de Lyon, au sud de la Saône- mente, et, d’autre part, la Saône- Apollinaire, près de Dijon, voient sance de la région. Auray, Saint- contrecoup de la restructuration de partements bretons retrouvent ain- et-Loire, semble moins influent. La et-Loire et la Nièvre, en perte de partir leurs habitants. Malo et Vitré gagnent également son industrie navale. Sa popula- si un solde positif. population se concentre sur les vitesse. du terrain. Les villes de la couronne tion, qui avait fortement augmenté grands axes de circulation : la val- Autre révélation de ce recense- Christiane Perruchot côtière résistent, mais leur crois- entre 1982 et 1990, est aujourd’hui Gaëlle Dupont LeMonde Job: WMQ0807--0011-0 WAS LMQ0807-11 Op.: XX Rev.: 07-07-99 T.: 10:36 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0488 Lcp: 700 CMYK
LE RECENSEMENT PAR RÉGIONS LE MONDE / JEUDI 8 JUILLET 1999 / 11
L’urbanisation se renforce le long de la Loire L’Aube célèbre son retour à la croissance tandis que le Cher et l’Indre sont en perte de vitesse mais la région est entrée dans une phase de dépeuplement population % de variation CHAMPAGNE-ARDENNE population % de variation CENTRE 1999/1990 1999/1990 RÉGION 2 437 500 RÉGION 1 341 400 –0,5 HTE-NOR. +2,8 N-P-DE-CALAIS BASSE- Seine Les départements BELG. ALL. Les départements NORMANDIE ÎLE-DE-FRANCE MARNE +1,2 LOIRET 616 900 +6,2 PICARDIE LUX. 564 850 Chartres Charleville- AUBE +0,9 INDRE-ET-LOIRE 554 100 +4,7 Mézières 291 850 EURE- EURE-ET-LOIR 407 200 +2,8 ARDENNES Meuse ARDENNES 290 000 –2,1 PAYS DE ET-LOIR LA LOIRE LOIR-ET-CHER HAUTE-MARNE LOIRET 314 600 +2,8 194 700 –4,6 ORLÉANS CHÂLONS-EN-CHAMPAGNE LE CENTRE, avec les résultats BOURGOGNE CHER LA CHAMPAGNE-ARDENNE 313 600 -2,5 Marne du recensement, ne va pas Blois INDRE 231 100 -2,7 voit, pour la première fois depuis la MARNE Les principales villes connaître une accalmie dans l’af- LOIR- fin de la seconde guerre mondiale, ÎLE- Tours LORRAINE frontement traditionnel entre le ET-CHER Les principales villes sa population globale diminuer. Elle DE-FRANCE Reims 187 100 +3,5 Loire Seine INDRE- CHER Tours Troyes 60 900 +2,8 nord et le sud de la région. Le fos- ET-LOIRE 133 300 +2,7 perd 6 500 personnes en neuf ans et Troyes Bourges Orléans 112 600 +7,2 Charleville-M. 55 400 –2,8 sé continue de se creuser entre les Cher compte désormais 1 341 400 Champ- Châteauroux AUBE Chaumont Châlons-en-Ch. sudistes du Cher et de l’Indre, en Bourges 71 500 -3,4 Ardennais, soit 2,3 % de la popula- 47 300 –2,3 Châteauroux CENTRE HAUTE- St-Dizier 30 900 –7,9 POITOU- INDRE 49 600 -2,7 perte de vitesse, et les quatre CHARENTES tion métropolitaine. En dix-hui- MARNE Chaumont Blois 49 200 — FRANCHE- 25 900 –4,2 autres départements, plus proches AUVERGNE Chartres tième position, cette région a le BOURGOGNE COMTÉ Epernay 50 km 40 100 + 0,9 50 km 25 900 –2,9 de l’orbite parisienne. Pour la pre- LIMOUSIN Joué-les-tours 36 500 -0,9 triste privilège d’être, avec l’Au- Sedan 20 500 –5,4 mière fois depuis 1954, le Cher ac- vergne et le Limousin, une des trois cuse une baisse de sa population, qui se dépeuplent. « Depuis 1990, il mais ce n’est pas la « faute » de la (0,8 % par an, + 7 500 habitants), de Chartres progresse peu. Dreux, n’y a pas de rupture de tendance en local est le retour à la croissance de pas à enrayer sa lente érosion campagne : la crise de l’armement confortant son rôle de capitale ré- surtout, marque un inquiétant Champagne-Ardenne, observe l’Aube. Elle dépasse les Ardennes (– 1 452 habitants). Seules les deux et de la métallurgie ont affecté gionale. La croissance de l’agglo- coup d’arrêt : un solde migratoire Jean-Michel Durr, directeur régio- de 1 850 habitants, département métropoles régionales, les agglo- gravement Bourges (– 4 100 habi- mération orléanaise est une des négatif de 6 500 personnes, 10 % nal de l’Insee. Mais le solde naturel qui, dans le même temps, a perdu mérations de Reims (+ 6 763) et de tants) et Vierzon. Le département plus fortes en France. La ville de d’habitants en moins. C’est la po- (+ 40 800) ne compense plus l’émi- 6 357 personnes. Situation préoc- Troyes (+ 2 737), tout comme les de l’Indre continue sa « descente Tours (+ 3 800 habitants) enre- pulation qui s’en va, dans cette gration (– 47 300) à cause d’une cupante, aussi, pour la Haute- cantons alentour, manifestent une aux enfers » (– 0,3 % par an), mais gistre un gain de population pour commune marquée par de vives baisse de la natalité. » On passe ain- Marne : avec une perte de 9 367 ha- certaine vigueur. L’ouest de la cette baisse est ici due au mouve- la première fois depuis 1975, grâce tensions sociales et politiques. si d’une très légère augmentation bitants, elle glisse sous la barre des Champagne-Ardenne, favorisé par ment naturel, tandis que Château- à un solde naturel positif. La région gagne 66 000 habi- de la population entre 1982 et 1990 200 000 habitants et connaît le plus la proximité de l’Ile-de-France et la roux continue à régresser. Le « volcan » francilien, en tants. La moitié de cette croissance (+ 0,02 %) à une très légère diminu- fort déficit migratoire national en qualité des liaisons avec la capitale, L’axe ligérien, de Montargis à moins grande activité, continue à profite aux communes rurales. tion dans la dernière décennie du dehors des départements franci- affiche un dynamisme qui Chinon, s’affirme. Le « conti- se déverser sur le nord de la ré- Pour le Centre, il ne faut plus par- siècle (– 0,5 %). liens. contraste avec l’est, dont l’espace nuum » urbain se renforce de gion. Les communes rurales en ler de désertification, mais de dévi- Les Ardennes et la Haute-Marne Les villes haut-marnaises et ar- rural devient peu à peu un désert. Blois à Tours. Si Tours reste la pre- profitent, mais l’Eure-et-Loir n’est talisation. chutent de manière inexorable de- dennaises marquent un repli. Châ- – (Intérim.) mière ville de la région, Orléans af- plus le département le plus dyna- puis 1990, la Marne et l’Aube pro- lons-en-Champagne, la ville-pré- fiche la plus forte progression mique de la région. L’aire urbaine Régis Guyotat gressent lentement. L’événement fecture de la Marne, ne parvient Christophe Perrin La démographie insulaire poursuit son lent redressement, La bonne santé de Besançon et de son agglomération le Nord progressant et le Sud déclinant se fait sentir jusqu’à Dole et Belfort population % de variation population % de variation CORSE 1999/1990 FRANCHE-COMTÉ 1999/1990 RÉGION 256 000 +2,4 RÉGION 1 115 600 +1,7 Mer LORRAINE ALSACE Méditerranée CHAMPAGNE-
Les départements in Les départements
ARDENNE HAUTE- TERR. DE h
R DOUBS Bastia SAÔNE BELFORT 498 200 +2,8 HAUTE-CORSE Belfort 140 000 +6,4 JURA 250 500 +0,7 CORSE-DU-SUD116 000 –2,3 Vesoul HT-SAÔNE Saône 229 600 - HAUTE- oubs D T. DE BELFORT CORSE BOURGOGNE 137 400 +2,5 LA CORSE avait touché le fond, LA FRANCHE-COMTÉ, grâce à BESANÇON en termes de population, à la fin son « solde naturel » (36 500 nais- Les principales villes Les principales villes DOUBS des années 50, avec moins de sances de plus que le nombre de Besançon 117 261 +3,0 180 000 habitants. La démogra- décès), bénéficie aujourd’hui, avec Belfort 50 386 +0,5 Ajaccio 52 000 -13,0 Lons- phie insulaire – 256 000 habitants 1 115 000 habitants, d’une progres- le-Saunier SUISSE Montbéliard 27 518 –5,1 Bastia –3,4 AJACCIO 37 404 Dole 24 824 –6,6 aujourd’hui – se redresse lente- CORSE- Porto-Vecchio 10 500 +12,0 sion de sa population d’environ JURA Lons-le-Saunier 18 451 –3,6 ment : + 2,4 % entre 1990 et 1999. DU-SUD Corte +15,0 18 000 personnes. Les migrations 6 549 Pontarlier 18 223 +0,7 Mais cette progression est très Calvi continuent, en effet, de la pénali- 5 174 +5,0 Vesoul 17 089 –3,0 Sartène contrastée. Si la Haute-Corse af- 3 440 –5,7 ser, en particulier la zone de Audincourt 15 514 –5,2 30 km 30 km fiche une hausse de 6,4 %, la Montbéliard (Doubs), victime de Saint-Claude 12 298 –3,2 Corse-du-Sud, elle, enregistre un l’érosion constante des effectifs déclin : – 2,3 %. Ainsi, Ajaccio, sa salariés de l’industrie automobile préfecture, avec 52 000 habitants, cours avec, cette fois, le personnel peut penser que 700 à 800 per- avec un chiffre des départs supé- avec ses communes environ- Seule à ne pas progresser, la connaît un recul de 13 %, soit une municipal. Le dénombrement a sonnes pourront ainsi être réinté- rieur de 11 000 à celui des arrivées. nantes, presque autant d’habi- Haute-Saône colle à l’image d’« île perte de 8 000 habitants depuis également confirmé la « fuite » grées dans le recensement d’Ajac- La ville de Montbéliard accuse tants que la Franche-Comté dans verte » coupée de tout dont une 1990. – habituelle en Corse comme ail- cio et dans celui de Bastia. La d’autant plus le choc qu’elle a per- son ensemble, se fait sentir jus- campagne publicitaire avait autre- Cependant, quelques doutes leurs – d’habitants de la ville vers préfecture de la Haute-Corse, avec du son 1er régiment d’artillerie. qu’à Dole (Jura). Cela permet à ce fois tenté de faire un atout. C’est subsistent sur les résultats du re- les villages de l’intérieur, soit pour 37 404 habitants, enregistre, elle C’est ce qui explique la différence département, renforcé également l’unique département qui n’ait pas censement de 1990, qui auraient des raisons sentimentales, soit aussi, une sensible baisse (– 3,4 %). avec la cité voisine de Belfort, où par les industries du bois et de la réussi à enrayer le dépeuplement pu être un peu gonflés : près de pour établir, en quelque sorte, la Il faut noter, enfin, l’essor de l’armée a renforcé ses implanta- plasturgie, au Sud, de se mainte- de ses secteurs ruraux isolés. La 800 appartements ajacciens légitimité de leur inscription sur Porto-Vecchio, troisième ville de tions. La présence de l’état-major nir, malgré un vieillissement de sa proximité de Besançon, qui se tra- manquent à l’appel du recense- les listes électorales. La concomi- Corse, qui a franchi le seuil des de la circonscription militaire de population rurale. La présence duit par des besoins en logements ment de 1999. Les conclusions de tance du recensement et des élec- 10 000 habitants (+ 12 %), et le re- défense Bourgogne-Franche- d’activités touristiques s’avère dans certaines des communes li- celui-ci se situent probablement tions territoriales de mars 1999 n’a nouveau de Corte, cité universi- Comté à Besançon contribue éga- aussi une chance économique et mitrophes du Doubs, lui a cepen- en deçà de la réalité, de nombreux d’ailleurs pas manqué de favoriser taire, qui dépasse désormais 6 500 lement à la bonne santé de la capi- démographique pour le Jura dant permis de stabiliser provisoi- appartements existants n’ayant cette fuite. habitants (+ 15 %). tale franc-comtoise. comme pour la totalité de la zone rement son déclin. pas reçu la visite des agents recen- L’Insee a d’ores et déjà Cette augmentation soutenue frontalière franco-suisse, jusqu’à seurs. Un nouveau repérage est en commencé ses repérages et l’on Paul Silvani autour de Besançon, qui gagne, Belfort. Jean-Pierre Tenoux En neuf ans, plus d’un demi-million de Franciliens Une progression trois fois supérieure au rythme national ont émigré ; la décrue parisienne continue dont Montpellier est la principale bénéficiaire population % de variation LANGUEDOC-ROUSSILLON population % de variation ÎLE-DE-FRANCE 1999/1990 1999/1990 RÉGION RÉGION 10 925 600 +2,5 AUVERGNE 2 293 400 +8,4 HAUTE- PICARDIE Les départements NORM. Les départements RHÔNE- Oise PARIS 2 116 200 –1,7 LOZÈRE ALPES HÉRAULT 896 000 Seine L +12,8 H.-DE-SEINE ot GARD 1 423 200 +2,3 Mende 622 300 +6,4 VAL-D'OISE Marne S.-ST-DENIS +0,1 Rhône PYR.-ORIENT. Cergy-Pontoise 1 382 100 MIDI-PYRÉNÉES 392 000 +7,7 Nanterre GARD CHAMPAGNE-ARD. YVELINES +3,4 AUDE +3,6 93 Bobigny 1 352 600 rn 309 600 PARIS Ta Nîmes L’ILE-DE-FRANCE, région fran- 92 V.-DE-MARNE 1 222 900 +0,6 LE LANGUEDOC-ROUSSIL- LOZÈRE +1,0 Versailles 73 500 çaise la plus peuplée, a certes 94 Créteil SEINE-ET-M. LON enregistre une croissance MONTPELLIER YVELINES SEINE- 1 192 900 +10,6 PACA poursuivi sa croissance démogra- Evry ET-MARNE ESSONNE 1 132 900 +4,4 démographique continue, dont HÉRAULT Les principales villes Montpellier phique au cours des neuf der- ESSONNE Melun V.-D'OISE le taux est environ trois fois su- 224 856 +8,1 1 102 800 +5,1 Carcassonne nières années, mais à un rythme périeur à celui de la moyenne na- Nîmes 132 909 +3,4 Yonne Les principales villes Perpignan 104 295 –1,6 ralenti et inférieur à la moyenne tionale. Elle s’est cependant ra- AUDE 92-HTS-DE-SEINE Boul.-Billanc 105 682 +3,9 Narbonne 46 502 +1,4 nationale. Si elle reste jeune et dy- lentie par rapport à la période Perpignan Carcassonne 93-SEINE-ST-DENIS BOURGOGNE Argenteuil - - Golfe du Lion 43 949 +1,1 namique – les familles franci- 1982-1990. La Lozère est parve- AND. Alès 94-VAL-DE-MARNE Montreuil 90 427 –4,6 PYR.-ORIENT. 39 341 –4,1 liennes contribuent pour 42 % à Saint-Denis nue à enrayer la chute specta- Mende 11 791 +4,5 30 km CENTRE 85 839 –4,6 60 km l’excédent naturel du pays – ses Versailles 85 624 –2,5 culaire du nombre de ses habi- ESPAGNE Lodève 6 897 –9,3 habitants sont de plus en plus tants pour retrouver une nombreux à la quitter : 518 000 de- croissance positive. Les créa- puis 1990 (Le Monde du 7 juillet). registrées jusqu’en 1975. En 1962, (+ 14 %), connaissent en revanche tions d’emplois ont permis d’at- Dans l’Aude, cependant, le taux ment de l’Hérault concentre à lui Le solde migratoire est négatif la capitale comptait 2,5 millions une forte augmentation. tirer et de fixer une population de croissance du milieu rural seul près de 40 % de la popula- pour six des huit départements de d’habitants. La baisse de la popu- En grande couronne, ce sont en- sensible au phénomène dit de évolue désormais quasiment au tion régionale. Certains chiffres la région. Il atteint même - 1 % en lation parisienne est plus sensible core les villes nouvelles qui tirent l’« héliotropisme ». Les taux de même rythme que celui du mi- sont cependant en trompe-l’œil. Seine-Saint-Denis, qui ne main- au Centre et à l’Ouest – 15e excep- la population. A Saint-Quentin-en croissance les plus importants lieu urbain. Les zones en déclin Ainsi, si la ville de Perpignan
tient sa population que grâce à té – et n’est pas compensée par le Yvelines, la commune de Guyan- s’observent surtout en zone ur- industriel enregistrent uneperd des habitants, son agglo- une forte croissance naturelle. dynamisme des arrondissements court passe de 18 307 à 24 707 ha- baine, dans la grande agglomé- baisse de leur nombre d’habi- mération en a gagné plus de Seuls les Hauts-de-Seine, en petite de l’Est. bitants (+ 36,9 %). Plusieurs ration de Montpellier, où la po- tants. On le constate dans le Lo- 60 000 en trente-sept ans. Enfin, couronne, et la Seine-et-Marne, La plupart des villes de la petite communes de Marne-la-Vallée at- pulation est plus jeune, ainsi que dévois, où les mines de la Coge- la densité de population est très pour la grande couronne, ont ac- couronne se dépeuplent égale- teignent un taux de croissance de dans la couronne de Nîmes et ma ont fermé, dans le bassin inégale selon les départements. cueilli plus de nouveaux habitants ment, ce qui justifie la volonté de 20 %. Phénomène relativement in- sur le littoral catalan. gardois de La Grande-Combe, L’Hérault compte 147 habitants qu’ils n’en ont vu partir. l’Etat et de la Datar de renverser quiétant pour les aménageurs, le La population se concentre de victime du même phénomène, au kilomètre carré. Mais ils ne Paris (2 116 200) est le seul dé- cette tendance par une « métro- desserrement de la population se plus en plus dans les espaces ur- mais aussi dans le sud-ouest de sont que 50 par kilomètre carré partement à mincir : son rythme polisation raisonnée ». Les produit également autour des bains. Alors qu’ils regroupaient l’Aude et dans la partie centrale dans l’Aude... et 14 seulement en de décroissance s’est accéléré par communes qui font l’objet de villes nouvelles. 53 % des habitants du Langue- des Pyrénées-Orientales. Lozère ! rapport à 1982-1990, sans at- fortes restructurations urbaines, doc-Roussillon en 1953, ils en Principal bénéficiaire des mi- teindre cependant les décrues en- comme Issy-les-Moulineaux Christophe de Chenay rassemblent aujourd’hui 65 %. grations régionales, le départe- Jacques Monin LeMonde Job: WMQ0807--0012-0 WAS LMQ0807-12 Op.: XX Rev.: 07-07-99 T.: 10:37 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0489 Lcp: 700 CMYK
12 / LE MONDE / JEUDI 8 JUILLET 1999 LE RECENSEMENT PAR RÉGIONS
Un dépeuplement dû au déficit du solde naturel Les Vosges et la Meuse reculent, laissant la vitalité que ne compensent pas 12 000 arrivées en neuf ans s’affirmer près des frontières et dans le sillon mosellan
population % de variation population % de variation LIMOUSIN 1999/1990 LORRAINE 1999/1990 RÉGION 710 000 – 1,8 RÉGION 2 308,1 +0,1 POITOU- CENTRE LUX. CHARENTES ALLEMAGNE Les départements Les départements Guéret HTE-VIENNE M MOSELLE 353 400 –0,1 e 1 022,8 u +1,1 HAUTE- se CORRÈZE 232 100 –2,4 M.-ET-MOSELLE 712,8 VIENNE METZ +0,1 CREUSE CREUSE VOSGES –1,5 LIMOGES 124 500 –5,2 MEUSE MOSELLE 380,4 LE LIMOUSIN, qui, au début du LA LORRAINE a stoppé l’éro- MEUSE 192,1 –2,1 siècle, frôlait le million d’habi- sion démographique commencée tants, garde, avec une perte an- Les principales villes depuis le début des années 70. Ce- Bar-le-Duc Nancy Limoges MEURTHE- Les principales villes nuelle de près de 1 500 unités de- 133 591 +0,1 pendant, les quatre départements ET-MOSELLE CORRÈZE Nancy puis le précédent recensement, le Brive 48 983 –1,6 lorrains ne sont pas égaux face au 330,5 +0,3 Tulle Tulle –9,9 Metz 199,8 +3,5 15 458 VOSGES record français de la dépopulation. AQUITAINE solde migratoire. Thionville Guéret 14 200 –3,4 M 130,7 –1,3 CHAMPAGNE- Epinal o La région reste pourtant attrac- Les départements ruraux de la s Rombas Saint-Junien 10 700 +0,9 ARDENNE e 111,5 –0,5 AUVERGNE lle ALSACE tive : le solde migratoire, depuis Ussel Meuse et des Vosges continuent à Forbach Dordogne 10 700 –6,1 93,9 –4,9 1990, y a amené plus de 12 000 arri- Bellac 4 572 –7,1 perdre de la population. La Epinal 61,8 –0,5 vants. Mais cet apport extérieur ne MIDI-PYR. 40 km Aubusson 4 662 –8,5 Meurthe-et-Moselle, si on excepte 50 km Longwy 40,2 –2,6 FRANCHE-COMTÉ compense pas le déficit du solde le sud lunévillois, en butte aux naturel : l’excédent des décès sur mêmes difficultés que la Meuse, les naissances, dans cette région département, Tulle, atteint par la velle notée par l’observatoire ré- voit certains cantons gagner des et à présent du bassin houiller, Luxembourg contribue à attirer qui est la plus âgée d’Europe, est rétraction des industries d’arme- gional de l’Insee : « L’attractivité en habitants (Toul sud, Thiaucourt- confrontées à des problèmes une population jeune, permettant de quelque 3 000 personnes par ment, fait aujourd’hui figure de hausse du rural isolé. » Certains Regniéville, Chambley-Bussières). d’emploi. ainsi de donner du travail à an. Beaucoup de nouveaux arri- ville sinistrée. La Haute-Vienne re- cantons du plateau de Millevaches La Moselle tire encore mieux son Nancy est dans une position dif- 60 000 frontaliers. Autre caracté- vants sont de jeunes retraités, qui groupe maintenant la moitié de la et de la montagne limousine, dont épingle du jeu. Les cantons d’Ars- férente, plus conforme à l’évolu- ristique de la région, les unités ur- ne contribuent pas à l’améliora- population régionale, mais la désertification semblait inéluc- sur-Moselle, Sarreguemines cam- tion des grandes agglomérations. baines en reconversion de Long- tion de ce solde naturel. concentrée, pour plus des deux table, accueillent une population pagne, Verny, Cattenom, Pange, Sa démographie est stable et les wy, Hagondange, Breux et La Creuse ralentit un peu sa des- tiers, dans le bassin industriel de la nouvelle qui réussit parfois à re- Montigny-lès-Metz, gagnent, en mouvements de population se Thionville ont stoppé leur hémor- cente chronique. La surprise vient vallée de la Vienne, Li- dresser la courbe démographique. neuf ans, plus de 5 % de popula- font en interne : le centre-ville se ragie, grâce sans doute aux efforts de la Corrèze, dont la détériora- moges - Aix - Saint-Junien. Les communes attractives sont au- tion. L’agglomération de Metz est repeuple, la première couronne de reconversion entrepris ces der- tion démographique surprend. La périurbanisation se ralentit. jourd’hui réparties de façon dif- celle qui progresse le plus, confir- s’éclaircit, la deuxième se densifie. nières années. Longwy, qui, entre L’exode de la montagne corré- Limoges intramuros, qui se dépeu- fuse à travers la région. C’est peut- mant le mouvement amorcé pré- C’est dans les zones frontalières 1982 et 1990, avait perdu 6 000 ha- zienne y était jusqu’à présent plait depuis deux décennies, être l’amorce d’un rééquilibrage cédemment. L’hypothèse, avancée du nord mosellan que la vitalité bitants, a divisé par six cette compensé par la croissance du amorce une évolution inverse et territorial. avec prudence, est que Metz a at- démographique est la plus grande, érosion. riche bassin de Brive. Ce n’est plus renoue avec la croissance démo- tiré des populations venues des ainsi que dans le sillon mosellan. le cas. Il est vrai que le chef-lieu du graphique. Autre évolution nou- Georges Chatain bassins du nord du département, La proximité de l’Allemagne et du Monique Raux L’accroissement démographique se concentre à Toulouse, Le déficit migratoire et la baisse de la natalité empêchent chef-lieu d’un département désormais « millionnaire » la région de franchir le seuil des 4 millions d’habitants
population % de variation NORD-PAS-DE-CALAIS population % de variation MIDI-PYRÉNÉES 1999/1990 1999/1990 RÉGION RÉGION 3 990 167 +0,6 LIMOUS. 2 548 500 +4,8 Les départements AUVERGNE Les départements HTE.-GARONNE +12,9 1 046 200 Mer du Nord NORD 2 549 785 +0,7 AQUITAINE TARN Garonne LOT L 342 400 +0,1 PAS-DE-CAL. ot 1 440 382 +0,5 Cahors AVEYRON 263 300 –2,5 BELGIQUE Rodez HT.-PYRÉNÉES 222 000 –1,2 MIDI-PYRÉNÉES, en repassant AVEYRON LE NORD - PAS-DE-CALAIS, Les principales villes TARN- TARN-ET-GAR. ET-GARONNE Montauban 205 792 +2,7 LILLE Lille 182 228 +5,9 la barre des 2,5 millions d’habi- Tarn contrairement aux estimations GERS 171 900 –1,5 Roubaix 95 629 –2,2 tants, est en passe de retrouver ses GERS TOULOUSE Albi établies avant le recensement, ne PAS-DE-CALAIS LOT Tourcoing 93 386 –0,4 niveaux historiques du XIXe siècle. Auch 159 700 +2,4 franchit pas le seuil des 4 millions TARN Calais ARIÈGE Arras 77 230 +2,6 L’attraction urbaine a statistique- HAUTE- 137 200 +0,5 d’habitants. La région connaît une NORD GARONNE Dunkerque 71 181 +1,2 ment effacé l’exode rural. Alors Tarbes LANGUEDOC- croissance très ralentie. Avec Villeneuve-d'A. ROUSSILLON Les principales villes 65 138 –0,3 HTES- Foix que naissances et décès s’équi- Golfe Toulouse +8,9 3 990 167 habitants, elle compte Boulogne 44 784 +2,5 PYRÉNÉES 390 712 Montauban HTE- Wattrelos librent, la plupart des 118 000 nou- ARIÈGE du +0,9 25 000 habitants de plus par rap- 42 694 –2,2 51 708 NOR. veaux habitants enregistrés depuis Lion Tarbes 46 424 –2,4 port au recensement de 1990, soit Douai 42 377 +0,5 AND. PICARDIE le recensement de 1990 viennent de ESPAGNE Albi 45 483 –2,3 une augmentation annuelle de Valenciennes 41 234 +7,3 60 km 30 km Arras l’extérieur de la région. Castres 43 483 –2,9 seulement 7 habitants pour 10 000 40 545 +4,0 Les trois quarts de ces nouveaux (35 en moyenne nationale). La arrivants se sont établis dans la région, où le tissu urbain continue gulièrement depuis 1954. Si 40 % de progression est la même pour les région demeure la plus féconde de communes reste inchangé, Valen- Haute-Garonne, département le de s’élimer. Les anciens pôles in- la population régionale vivent en- deux départements, alors qu’elleFrance, cette avance se réduit et sa ciennes ravissant la dixième place plus attractif de France métropoli- dustriels du Tarn (Castres, Car- core dans des espaces considérés était trois fois plus élevée dans le croissance naturelle est atténuée à Arras. taine après l’Hérault. Le départe- maux), de l’Ariège (Lavelanet, Ta- statistiquement comme ruraux, les Pas-de-Calais dans les années 80. par une mortalité toujours élevée : Pour sa part, la population des ment est désormais « million- rascon), des Hautes-Pyrénées urbains colonisent de plus en plus Les deux départements conservent autour de 37 000 décès par an. A zones rurales continue de baisser naire » (1 046 244 habitants), mais (Tarbes, Lannemezan) et de l’Avey- les campagnes avoisinantes. Les cependant leurs rangs nationaux : cela s’ajoute un déficit migratoire (328 000 habitants en 1999 soit ces nouveaux résidents se sont es- ron (Millau, Decazeville) se vident communes périurbaines autour de premier pour le Nord ; cinquième, important : le Nord - Pas-de-Calais 2 000 de moins qu’en 1990), y sentiellement concentrés à Tou- toujours, tout comme les cantons Toulouse croissent deux fois plus mais de justesse, pour le Pas-de- perd en moyenne 17 000 habitants compris en périphérie des villes louse, qui conforte ainsi sa place de les plus ruraux du Gers et de Tarn- vite (+ 1,4 % par an) que les ban- Calais. par an (contre plus de 20 000 en importantes. Enfin, le ralentisse- quatrième ville de France, et dans et-Garonne. lieues et la ville centre, dont l’or- Cette très faible croissance s’ex- 1990) et le phénomène s’accroît ment de la croissance démogra- les cent cinquante communes de Le département du Lot fait figure bite rayonne désormais aux plique par une forte baisse de la davantage dans le Pas-de-Calais. phique dans les banlieues se fait son aire urbaine. d’exception dans ce scénario de franges des départements voisins natalité dans les deux départe- Globalement, les villes se main- sentir. Les déménagements sont Cette arrivée de 13 000 per- métropolisation autour de la capi- (Tarn-et-Garonne, Tarn, Ariège, ments. Les naissances sont passées tiennent (Lille gagne 10 000 habi- de plus en plus nombreux vers la sonnes chaque année contraste tale régionale. Ce département ru- Gers). de 60 000 en 1990 à 55 000 par an. tants, Valenciennes 2 800 mais lointaine banlieue. avec la situation démographique ral gagne plus de 3 800 habitants, Si le taux de natalité reste au-des- Roubaix en perd plus de 2 000) et des sept autres départements de la suivant une courbe qui remonte ré- Stéphane Thépot sus de la moyenne au point que la le classement des neuf principales Nadia Lemaire La population en hausse, les tendances de désertification La croissance ralentit rurale et de périurbanisation en baisse tandis que Le Havre se vide et que Rouen progresse
population % de variation population % de variation BASSE-NORMANDIE 1999/1990 HAUTE-NORMANDIE 1999/1990