Lddlo Numero 02.Pdf
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page 1 mensuel Revue culturelle à tendance musicale… Actualité non exhaustive, enthousiasmes et fulgurances. Quelques fondus polyvalents se répandent sur le Web et activent le bouche à oreille en vous mettant le doigt dans l’œil. à emporter ou à consommer sur place édito sommaire Un ami avouait récemment qu’il suffisait qu’on lui dise chroniques « écoute ça, lis ça, je t’ai reconnu, tu vas adorer » pour cd/dvd/spectacles lui couper l’envie de s’y intéresser. rdv manqué reprise du mois Personne ne détient la vérité absolue quant à la qua- “viens papy que j’t’explique...” lité d’une chanson ou d’un spectacle. A chacun son la porte ouverte histoire et son propre ressenti. Comment expliquer interrogations écrites que « Caravane » de Raphaël en fait pleurer certains dis-moi qui tu suis au doigt et à l’oeil d’émotion et en agacera d’autres ? Que les résultats violon d’ingres des victoires de la musique seront toujours décevants rencontres bien que votés par un nombre dit représentatif ? interview décryptée le jeu de la barbichette Notre vocation première est d’attirer l’attention sur ce les insolites qui nous touche, c’est pourquoi Le doigt dans l’œil décryptage dirait plutôt « Ne nous faîtes pas confiance, faîtes vous reportage votre propre opinion ». histoire de ... La fille de la chèvre le doigt dessus sur les ondes Le point de vue d’EricMie l’air du temps par ignatus VICTOIRE DE LA MUSIQUE ! ... les doigts de la main la rédaction dans ce numéro : François Morel, La Grande Sophie, Chanson en Allemagne, Alain Chamfort, Pierre Barouh, Dave, Claire Diterzi, Franck Monnet, Thiéfaine, Jacques Higelin, Chraz, Nano, Chanson Plus Bifluorée, Marie Cherrier, Camille, Jamait, Pierre Perret, Ukulélé Club de Paris, Tom Novembre, Nina Morato, Henri Salvador, Emmanuel Donzella, Lo’Jo, Pierre Richard, Evasion, Ray Lamontagne, Michèle Bernard, Emilie Simon, Gainsbourg, Diam’s, Les Tit’Nassels, Albin de la Simone, Bastien Lallemant, JipéNataf, Bertrand Belin,... page 2 chroniques cd / dvd « Et la lune - attendrie par leurs yeux Michèle Camille - perce la brume - et ne brille que pour eux… Bernard . Live - sans rancune . Le nez en l’air - Et gloire aux amoureux… » Elle s’aventure à conter même l’amour interdit d’une Pour écouter le dernier album de Michèle Bernard j’ai Il y a les cocktails givrés dans des verres délicats ; l’al- femme pour un homme d’église dans Le curé, avec pris mon baladeur et je me suis assis sur la grosse cool s’y diffuse dans les fruits exotiques. On les sirote beaucoup de grâce et de légèreté. pierre. Et je ne savais pas encore à quel point j’avais en mordillant négligemment la paille, on s’enivre dou- Elle swingue (Marchand d’froufrous ), valse (Manouche), bien fait. cement, c’est terriblement agréable. et se laisse aller sur un air langoureux avec 7e ciel à Car l’une des perles qui illuminent cet album parle de Et puis il y a le verre de rhum qu’on avale cul-sec. L’effet faire un charmant pied de nez aux hommes et aux dés- ce geste familier, mais ô combien poétique : s’asseoir est foudroyant: ça brûle, on tousse, on pleure, parfois illusions amoureuses en tous genres « Bel endroit que sur une grosse pierre à côté d’une rivière et penser, même on recrache… On adore ou on déteste. le septième ciel, j’vous l’dis messieurs j’redescends regarder ou rêver. « Et chacun chauffe un peu la place Est-il bien nécessaire de préciser que Camille est plu- pas». pour le suivant (…) » (Sur la grosse pierre). tôt du genre alcool fort. Qui part en live sans dentelles Paysage perdu, autre petit bijou de cet album, rendant Une chanson qui peut toucher tout le monde car cette pour faire joli, et marche au rentre-dedans, à la qui gloire aux bonheurs d’antan et dépeignant avec une pierre peut se trouver partout, en France comme au m’aime me suive, avec assez d’assurance pour savoir grande poésie la vie rêvée d’une époque à jamais per- Tonkin, au Tonkin comme à New York. Comme cette qu’elle sera suivie. Suivie dans ses accès de provoc due, à savoir le « bon vieux temps, celui des bouillottes Fleur de Cacahuète qui nous parle de la décrépitude potache et autres éructations incongrues, dans ses inter- et de la compote des grand-mères d’antan ». humaine tout en espérant garder « dans l’œil cet éclat ventions à l’intérêt relatif ; dans ses moments de grâce Marie Cherrier sait faire rêver et emmener le public dans de noisette comme un dernier lampion d’la fête (…) ». ou de folie furieuse. Et, qu’on soit admiratif, perplexe une dimension parallèle, bien plus jolie parfois, et bien Cet album est un album qui se veut tendre au milieu ou agacé, il faut lui reconnaître une sacrée audace pour à elle en tout cas. À écouter sans modération. d’un monde plus enclin à se haïr qu’à se dorloter. « Des jouer du corps comme d’une percussion jusqu’à se défi- Séverine Gendreau belles histoires y en a pas tant que ça non plus. Dans gurer, pour se frotter dans tous les sens du terme à ses www.mariecherrier.com les journaux on fait rien, rien que d’se haïr (…) » Cerise trois –excellents- musiciens, pour tester LA note, bref et potiron. pour faire le show. Car Michèle Bernard n’est pas une poétesse naïve. Si Alors oui, comme la chanteuse, la voix peut dérailler, et depuis toujours ses chants sont des hymnes à l’amour les expérimentations vocales masquent parfois les paro- et à la vie, elle ne se voile pas la face. C’est un regard les, mais des chansons à la facture plus ‘classique’ per- Dave lucide, qui vaut tous les discours des pseudo intellec- mettent d’éviter l’écueil de l’album purement concep- tuelles médiatiquement modernes, qui dépeint notre tuel. Accessoirement, c’est pour cette tournée que Levenbach Paris d’aujourd’hui (« C’est quoi ce désert, c’est quoi ce Camille a reçu le prix de la révélation scène de l’an- . Tout le plaisir... décor, c’est quoi cette mort ? Chut ! c’est de l’argent qui née aux dernières victoires de la musique. Dave est un homme brillant. dort (…) » (Les appartements vides) ou la complexité Mélanie Plumail Dans tous les sens du terme. d’un métier qui se dit être le plus vieux du monde : www.camille-lefil.com Et oui, c’est vrai, il a eu des succès popu- « Fatima, on s’dira pas un mot / mais dis-moi que t’ai- laires gigantesques. Mais si l’élitisme mes ton boulot / Qu’est vieux comme le monde / Qui a ambiant tendrait à faire croire que les ven- tes de disques sont inversement proportion- tant de peine à changer / Dis-moi seulement qu’t’es pas nelles à leur qualité, ses chansons sont obligée (…) » (La vierge noire). également efficaces, pointues ou entêtan- En fait c’est un disque de Michèle Bernard quoi… Marie Cherrier tes ! Tendrement libertaire… comme une Louise Michel qui Dave est un homme brillant et il assume . Ni vue ni tout. Ses tubes comme ses coups d’épée aurait pris le temps d’aimer réellement. dans l’eau. Côté musique c’est toujours l’excellent Pascal Berne connue Aujourd’hui sort un nouvel album, dans la qui arrange, d’une manière acoustique et intemporel, Un joli brin de voix mâtiné de fragilité, des airs mutins, continuité du précédent («Doux Tam-Tam») avec le même Philippe Uminski à la réalisa- ses mélodies inspirées de ses différents voyages à tra- cette fille-là vous accroche l’oreille avec ses textes faus- tion mais la différence majeure réside dans vers le monde. sement naïfs et ses mélodies tantôt rayonnantes et le choix des chansons, ce ne sont plus des A noter que le disque se termine dans une croustillante enjouées, tantôt rêveuses. reprises et adaptations rock des années 70 réflexion sur la chanson contemporaine avec le « Roger Avec Ni vue, Ni connue, chanson éponyme, Marie mais des inédits. Pourtant, c’est étrange comme ces mor- Riffard de l’an 2000 » (allez y ! Tapez Roger Riffard dans raconte, très joliment et sans haine aucune, la résigna- ceaux peuvent sonner anciens et actuels à Google) : Gérard Morel. tion amoureuse, les moments où, sans être vu, on aper- la fois, peut-être parce que les Burt Enfin bref c’est très très bien !... çoit l’objet de son amour au bras d’un ou d’une autre Bacharach et autres David Whitaker, com- J’aurais du commencer par là en fait. et où l’on préfère s’effacer… positeurs et arrangeurs mythiques de l’épo- Eric Mie page 3 chroniques cd / dvd que reviennent en force. vres’ ceux de Bernard Dimey ? Mais oui, du Peut-être aussi parce que les musiciens et genre ironie grinçante... compositeurs de cet album ont digéré avec brio les influences de leur jeunesse tout en ’Quand ils sont venus’, tiens donc, cette fois exprimant leurs inspirations contemporai- c’est sûr, Femmes de plein vent n’est pas nes… une bluette anodine, voyons, voyons, le Ray Il semblerait que les chansons de Dave lui livret, les auteurs sont de haut vol, il y a des aient été taillées sur mesure par le loyal traditionnels de plusieurs pays, et il est évi- Lamontagne Patrick Loiseau ou encore l’inattendu dent que ces femmes ne chantent pas pour . Trouble Thierry Stremler. Tant de textes profonds et passer le temps, ou alors pour le passer au superficiels, quand sagesse et légèreté ne crible et en isoler les scories, ou les dom- sont plus antinomiques…Tant de paroles mages collatéraux, ou les faits de société, D'accord, l'album est sorti il y a longtemps que l’on imagine, malgré la pudeur, de plus tous ces mots hypocrites pour cacher les déjà, et vous avez sans doute entendu son en plus proches de ce qu’est l’homme qui drames habituels qui accablent l’humanité, hymne "Trouble" hurlé de cette voix incroya- les interprète.