4 • Le Devoir, samedi 2 avril 1977 L’ancien et le nouveau. éditorial Les pierres crieront !

par JEAN MARTUCCI les pierres crieront”. Je peux bien leur de­ — “Maître, reprends tes disciples!” Ils mander d’être moins bruyants. Ils peuvent Le Livre blanc sur la langue sont en train de passer pour des marxistes et bien se fatiguer de manifester et d animer des communistes en dénonçant avec si peu des comités des citoyens. On peut bien les Depuis qu’il est question d’une nouvelle loi tion odieuse entre citoyens natifs du Québec de nuances les abus des grosses compagnies traire, le droit de la minorité anglophone à faire taire en leur prêchant la prudence et la une existence propre et à un réseau d’institu­ et citoyens originaires d’ailleurs, comme si et des grandes puissances. Ils jouent un jeu sur la langue, MM. René Lévesque et Camille résignation. A la limite, d’autres que moi dangereux, tu sais. Calme-les un peu. A les Laurin ont émis à maintes reprises le voeu que tions qui en étaient l’expression logique. tous, une fois acquise la citoyenneté pour les peuvent les retirer du circuit par la prison, entendre, les pauvres et les chômeurs ont le futur régime linguistique, loin d’être une Dans le domaine économique, le libéralisme nouveaux venus, ne devaient pas être rigou­ l’asile ou l’excommunication. Mais, du mi­ toujours raison, les vieillards sont tous des source de divisions acrimonieuses, soit l’ex­ de la majorité avait malheureusement donné reusement égaux devant la loi. C’est aussi li­ lieu des champs passés au napalm, des villes oubliés, les Amérindiens et les Inuit au­ miter tout a fait arbitrairement l’apparte­ pression d’un consensus très large et un fac­ lieu à une véritable domination de la minorité raient le droit plus que nous tous de rester pulvérisées par les armes nucléaires et des teur de rapprochement entre Québécois d’ori­ à laquelle il importait de mettre un terme. De nance à la minorité anglophone, au mépris des dans notre propre pays et la femme devrait chantiers de construction où tous les risques gines et de cultures diverses. même, dans le domaine scolaire, un problème réalités les plus évidentes. C’est enfin vouer être partout l’égale de l’homme. Il y a tout de sont bons, on entendra les ruines et le sang Or, s’il faut en croire les indications qui aigu avait surgi depuis le dernier conflit mon­ cette minorité à une extinction progressive, en même des limites! Vraiment, ils exagèrent, crier pour que viennent la paix, l’amour et la justice. Je peux bien leur dire qu il faudrait émanent du Livre blanc rendu public hier par donnant hypocritement l’air de s’intéresser à tes disciples. Qu’ils aillent au Temple pour dial au sujet de l’inscription massive des en­ procéder par étapes et ne changer les choses prier, daccord, mais dans la Vallée pour le ministre du Développement culturel, le fants d’immigrants dans les écoles anglaises. son sort. qu’avec patience et modération, mais les bri­ Il faut rattacher à une même inspiration ja­ crier, là, c’est un peu fort! Ils contredisent le Québec pourrait fort bien s’acheminer, avec le Dans la plupart des autres secteurs, par con­ ques de Harlem, les murs de Soweto, les bon sens en disant que Blancs et Noirs, c’est projet de loi qui s’en vient, vers des affronte­ tre, les institutions québécoises reflétaient fi­ lousement possessive et étroite deux autres cache-taudis du centre-ville et les portes tout pareil alors qu'on le sait bien: un Noir, ments encore plus graves que ceux qui mar­ dèlement la culture et l’esprit de la majorité dispositions du projet gouvernemental ayant qu’on ferme aux immigrants crieront à l’iné­ trait à la langue de l’administration publique c’est un Noir et il n’y a rien à faire. Ils refu­ quèrent l'adoption de la Loi 22. Le Livre blanc sans pour autant porter atteinte aux droits de sent l’évidence en disant que les Italiens, les galité des chances et des conditions. Je peux bien leur dire qu’ils sont un peu naïfs et n’est certes qu’une préface de caractère assez la minorité anglophone. et à l’affichage. _ _ , Grecs et les Haïtiens peuvent enrichir notre général. Avant de juger les intentions du gou­ On avait longtemps parlé d’égalité. C’était En permettant aux membres de la minorité société. C’est bien beau les grands principes. qu’ils devraient se méfier de leurs alliés et vernement, il faudra connaître le texte précis en fait de priorité du français, assortie d’une de s'adresser à l’administration publique en Et puis, attention! Ils sont de grands naïfs en même de ceux qu’ils aident, mais les murs des prisons et les fenêtres des hospices, bap­ du projet de loi lui-même. Cependant, les indi­ anglais et en leur faisant entrevoir qu’ils pour­ parlant de réhabilitation des detenus et en se reconnaissance libérale des droits de la mino­ tisés “maisons d’accueil”, continueront de cations fournies par le Livre blanc permettent ront recevoir une réponse dans leur langue, réjouissant de la suppression de la peine de rité, qu’il s’agissait. C’est ce que tente, fort crier de solitude. Mes disciples, voyez-vous, déjà de se faire une bonne idée de l'objectif du malhaoilement à certains égards, de confir­ les auteurs du Livre blanc commencent par of­ mort, quand tout le monde sait qu’il y a des criminels-nés, des êtres irrécupérables et disent tout haut ce que les choses crient tout gouvernement. Et par la conception de la so­ mer la Loi 22, laquelle fut hélas mal comprise frir un suçon aux anglophones. Mais c’est, dangereux qu’il faut absolument enfermer et bas! , ,, , , ciété québécoise qu’il véhicule et par les solu­ semble-t-il, pour mieux les préparer aux con­ de part et d’autre. même supprimer. Il faut vraiment que tu fas­ Ce jour-là, Jesus, comme un prince déshé­ traintes qui viendront ensuite. S’il n’en tient rité, entra à Jérusalem, monte sur un âne, tions qu’il propose, ce document contredit • ses quelque chose, Maître. Si tu ne fais pas malheureusement les vues de milliers de Qué­ qu’au Livre blanc, toutes les municipalités, pauvre parmi les pauvres. Ses disciples eu­ Or, avec le Livre blanc, on s’éloigne de cette attention, ils se laisseront avoir par des es­ rent l’imprudence de crier trop fort. Les pha­ bécois et aussi une longue tradition historique toutes les commissions scolaires devront en prits compromettants et des révolutionnaires perspective pour entrer dans un champ de vi­ risiens recommandèrent le calme pour éviter qui a été jusqu’à ce jour l’un des plus beaux ti­ effet, désormais, fonctionner uniquement en de mauvaise foi et ils vont t’entraîner dans le pire: "Maître, reprends tes disciples”. sion qui accentue beaucoup plus fortement la français, à l’image de l’État lui-même dont on de drôles d’histoires. Ne nous reproche pas tres de fierte du Québec. Mais il leur répondit: "Je vous le dis, s’ils prédominance de la langue majoritaire, qui nous rappelle qu’elles ne sont que des émana­ un jour de ne pas te l'avoir dit. • [ accentue même au point que les droits de la tions. Il est déjà choquant pour l’oreille de — “Et moi, je vous le dis: s’ils se taisent, se taisent, les pierres crieront”. Rejoignant en cela une conviction large­ minorité anglophone s’en trouvent gravement s’entendre dire que les corps locaux, qu’on ment répandue, les auteurs du Livre blanc rétrécis. croyait être l’expression première de la demo­ énoncent d’abord un postulat qui est l’une des “Si un milieu de vie est en cause, écrivent cratic vécue, ne sont que des émanations de grandes pierres d’assise du nationalisme les auteurs du Livre blanc, on doit reconnaître Dieu-le-Père qui siège à Québec. Il l’est non canadien-français et de sa version domi­ l’importance décisive, pour chaque société hu­ moins d’apprendre que, pour entrer dans le nante, le nationalisme québécois. Pour eux, le maine, d’une langue prédominante. Autant la grand jeu ae scoutisme culturel qu’on nous lettres au DEVOIR problème de la langue française au Québec ne pluralité des moyens d’expression est utile et propose, ces corps devront désormais fonc­ saurait se ramener au seul droit pour chaque féconde sur un même territoire, autant il est tionner uniquement en français, indépendam­ individu de s’exprimer dans cette langue nécessaire que, comme un préalable, un ré­ ment de la langue de leurs contribuables. “quand il s'adresse aux organismes gouver­ seau de signes communs rassemble les hom­ Dans la même veine, il faut citer les passa­ Sur un suicide nementaux, aux administrations scolaires, à sa mes”. ges relatifs à l’affichage. Celui-ci, pour faire femme ou à ses enfants”. Refusant de consi­ Ce langage est séduisant. S’il annonçait uni­ Le suicide! J’ai du respect pour bien sûr. S’il était mort, il ne en paix! Et je continue de dire: plaisir aux auteurs du Livre blanc, ne devrait Vive la vie; elle vaut la peine d’ê­ quement un train de mesures visant a ouvrir les morts et pour la mort; j’en ai pourrait se suicider. C’est surtout dérer la langue comme un simple “instrument plus à l’avenir se faire qu’en français. Il s’agit et vraiment l’acte d’un découragé tre vécue jusqu'à sa fin naturelle! d’expression ”, les auteurs affirment au con­ donc pour celle d’Hubert Aquin. aux membres de la minorité le libre accès à la là d’une disposition franchement abusive, et Mais, j’ai du respect aussi pour la ou d'un malade! “Et, quand viendra le temps d’al­ traire qu elle définit une culture et un milieu. langue et à la culture de la majorité, on y sous­ nettement contraire aux principes les plus élé­ vie! Qu’on loue les oeuvres d'Aquin ler trouver les morts, j'aurai vécu sans peur et mourrai sans re­ “Ici, concluent-ils, la langue française coïn­ crirait volontiers. En pratique, cependant, il mentaires de la liberté d’expression. Qu’on Ne croyez-vous pas qu'on pour­ et ses écrits! Qu'on ne le loue pas de s'être donné la mort. Que mords!” cide avec une société”. sert de préambule à un programme d’unifor­ rait parler de ce défunt sans avoir rende obligatoire l’affichage français, comme l'air de justifier son suicide? Le l’âme d'Hubert Aquin (dont per­ Ubald VILLENEUVE, Ces affirmations n’ont rien d’étonnant ou misation linguistique qui risque d’entraîner, le prescrivait la Loi 22, cela est logique et suicide “c'est l’acte d'un vivant ", sonne ne parle d'ailleurs) repose Québec, le 29 mars 1977 d’inédit. Elles reflètent une conviction qu’a dans un grand nombre de domaines, un vérita­ juste; qu’on exige que le français ne soit ja­ toujours nourrie le peuple canadien-français. ble rétrécissement des droits linguistiques de mais traité moins bien que toute autre langue, Si les Canadiens français ont réussi à survivre la minorité. cela se défend non moins bien. Vouloir aller Le bilinguisme à la manière d’un ministère fédéral malgré tant de circonstances défavorables, ce Cela commence par la suppression appa­ plus loin, c’est risquer toutefois d’enfreindre ne fut pas pour le seul plaisir de parler une rente de l’article 133 de l’AABN, qui garantit des libertés mille fois plus fondamentales que Monsieur John Munro, exaspérée des pages entières sieur Pierre Elliott Trudeau, qui langue differente, mais parce qu’ils voulaient l’usage du français et de l’anglais à 1 Assem­ la cause que l’on veut servir. Une même ob­ Ministre chargé du payées par mes impôts que vous essaie d'implanter son bilin­ faites paraître dans les journaux guisme d'une mer à l’autre mais préserver et développer une identité qui allait blée nationale et devant les tribunaux. Cet ar­ servation s’impose à propos d’une autre dispo­ multiculturalisme, Ottawa grecs (pour ne mentionner que qui en oublie sa terre natale, ainsi bien plus loin que la langue. Quand les auteurs ticle, en soi, n’a rien de malin. Il n’a empêché sition suivant laquelle les grandes corpora­ ceux-là) dans la langue de l'ethnie qu'à deux journaux de Montréal, du Livre blanc concluent que le problème lin­ jusqu’à ce jour ni l’Assemblée nationale, ni les tions professionnelles se verraient interdire Je suis une étudiante en grec à laquelle vous vous adressez, La Presse et Le Devoir, afin qu'on guistique implique “une culture originale, un tribunaux québécois (y compris ceux qui relè­ tout usage de l’anglais dans leurs communica­ moderne à l’Université de Mon­ c'est-à-dire en grec avec sous- la publie; je regrette que le quoti­ mode d être, de penser, d’écrire, de créer, de vent d’Ottawa) d’être très fortement impré­ tréal depuis trois ans déjà. titres en anglais, comme s’il n’y dien Le Jour ne soit plus de ce tions avec leurs membres. Il va sans dire que je lis le plus avait que cette langue au Canada. gnés par la culture et l’esprit de la majorité. monde, autrement je lui en ferais se réunir, d’établir des relations entre les • souvent possible les journaux et Certes, je suis tout à fait d'ac­ parvenir une photocopie. groupes et les personnes, et même de con­ Par contre, il a en même temps fourni aux les revues imprimés en langue cord pour que le Canada ne soit Je tiens à vous faire remarquer duire les affaires", ils ne s’écartent par consé­ membres de la minorité une protection effi­ Il reste évidemment à analyser l’un des cha­ grecque et distribués ici au Ca­ qu'anglais, il y a longtemps que je que la même annonce parait dans quent en rien d’une tradition familière. Ils la cace et stable. Selon le Livre blanc, il serait pitres les plus importants du Livre blanc, celui nada, dont le Québec, où la langue 1 ai compris, du moins que j en ai plusieurs journaux grecs de Mon­ qui traite de la langue des entreprises, du tra­ officielle, d'après la loi 22, pro­ la certitude, mais dans ces jour­ tréal. prolongent au contraire dans des accents toutefois appelé à disparaître, vu qu’à l’ave­ mulguée par le gouvernement naux grecs, publiés à Montréal, Jusqu’à quand, monsieur le mi­ d’une émouvante dignité. nir, l’usage ae l’anglais devant les tribunaux et vail et des affaires. Cela nécessitera un exa­ Bourassa en 1974. fait toujours vous pourriez tout au moins avoir nistre, abuserez-vous ainsi de no­ Mais la communauté canadienne-française dans la préparation des lois serait soumis à men distinct. Déjà, cependant, les passages du partie à ce que je sache, où la lan­ la décence de votre bilinguisme. tre patience? Ai-je encore le coeur du Québec a réussi jusqu’à maintenant à assu­ des restrictions inédites. Livre blanc que nous avons évoqués traduisent gue officielle dis-je, est le C'est une honte et une dégrada­ de dire: Respectueusement vô­ français. tion d'en arriver là, à vous écrire tre? non. mais plutôt sincèrement Dans le domaine scolaire, le gouvernement une vision exagérément pessimiste du rapport rer son propre développement tout en assu­ Si je vous écris aujourd'hui, en­ pour vous faire de telles remar­ vôtre, s’apprête, selon le Livre blanc, a instituer en­ actuel des forces linguistiques au Québec et fin si je me permets de vous écrire rant à sa minorité anglophone le traitement le ques, cher monsieur le ministre. Lise CLOUTIER-TROCHU plus libéral dont ait bénéficié aucune minorité tre citoyens des distinctions qui procèdent à une conception à la fois abusive et naïve du aujourd'hui, c'est pour vous dire J'envoie une copie de cette let­ que je suis outrée pour ne pas dire tre à votre responsable, soit mon- Montréal, le 29 mars 1977 en Amérique du Nord. Jalouse de ses propres leur face même d’une vision fort étriquée des rôle qui incombe à l’État en ces matières. Le droits, la majorité québécoise n’a jamais cru droits de la minorité. Vouloir interdire l’accès véritable intérêt du Québec ne saurait résider que l’épanouissement de ceux-ci passait par la de l’école anglaise à des enfants de foyers an­ dans des politiques de cette nature. La part de Québec et d’Ottawa négation ou le rétrécissement de ceux de la glophones sous prétexte que leurs parents ne minorité. Elle a toujours reconnu, au con­ seraient pas nés ici, c’est instituer une distinc­ dans l’impôt sur le revenu

Monsieur Ryan, province de Québec 12% du mon­ ner” aux fauteurs de grève: qui, tant de nos impôts sur le revenu, maintenant, se sentira tenu d'o­ Vous avez fort bien démontré la le reste allant au fédéral: 88%. béir à une injonction? Pas les fausseté de l'interprétation faite 2) cette année, en examinant meuniers, qui ont déjà refusé. Ce par le gouvernement québécois mes formules T4, je constate que gouvernement nous mène rapide­ La réforme constitutionnelle des comptes économiques du Qué­ je verse plus d'argent à Québec ment à l'anarchie. Sous d’autres bec dans vos éditoriaux de lundi et qu'à Ottawa: 51% a Québec. 49% cieux, l'anarchie a provoqué l'ap­ de mardi. à Ottawa. parition de la dictature. Est-ce ce Je voudrais contribuer à votre Et l'on voudrait nous faire que l’on souhaite instaurer au démonstration en rappelant un croire que le fédéralisme est syno­ Québec? Un chantier qui commence à s’animer fait plus à la portée du contribua­ nyme d'immobilisme? Pierre BINDER ble moyen: Je voudrais également souligner par GÉRARD BERGERON tion ne subisse pas que la seule attrac­ n'est pas indélicat de le rappeler à ses qui ne demandent pas mieux que d’y 1) en 1961, nous avons payé à la l’erreur qui a consisté à “pardon- Montréal, le 29 mars 1877. tion de la lutte à deux, à finir avec obli­ partisans inconditionnels. confirmés leurs préjugés, elles Quand le drrrrriing...! du réveille- gatoirement un vainqueur et un Il risque d'avoir tort à force d'avoir contribuent à empoisonner l'atmos­ matin brutalise le dormeur en l>rra- vaincu. Nous ne sommes pas les ba­ raison lorsque, par exemple, il évoque phère sans plus. Encore plus loin et plus haut, M. Trudeau ! chant à son alibi de la nuit, l'insolent dauds de l'estrade avec comme unique maladroitement la force de résistance "L’heure est grave”, comme di­ engin ne crée pas le matin en an­ fonction d'applaudir notre champion du Canada anglais devant les revendi­ raient les esprits pompeux. Il y a beau­ M. Trudeau, vous m'avez con­ lisme mondial. L’universalité du confédération, qu'un rôle de pre­ vaincu. Jusqu'à tout récemment, combat pour la fraternité hu­ nonçant que la journée est commen­ respectif. La réforme constitutionnelle cations indépendantistes du Québec, coup d’incertitude dans la situation, et mier ministre d’une province jetais indépendantiste, sépara­ maine vous appelle à de plus hau­ comme les autres. Vos récents cée. La sonnerie du 15 novembre 1976 est une tâche plus austère que les rites facteur depuis toujours sous-estime d’inquiétude dans la population. tes sphères Allez plutôt de ce pas D'inquiétude même chez les premiers tiste même, mais la grande sa­ propos indiquent cependant clai­ n’a pas créé la crise politique actuelle. tapageurs d’une grande finale de la par les Péquistes. S’il donne mal ses gesse, la noblesse ainsi que la luci­ rencontrer M. Carter et proposez- responsables des pouvoirs contradic­ rement que vous seriez prêt à vous Lui préludait un malaise précurseur Coupe Grey, souvent présentée leçons de realisme politique et écono­ dité visionnaire de votre pensée lui un nouveau pacte confédératif sacrifier pour la cause et c'est en depuis une douzaine d'années. Mais comme le symbole sportif de la mique il devient un efficace agent re­ toires. À la crainte diffuse d'un re­ politique m'ont amené à refuser nord-américain, lequel devra, cela que vous me touchez, le plus. elle nous a tous tirés d'un certain état “grande union" canadienne. cruteur de nouveaux indépendantistes. cours à la force de l’autorité centrale de me faire complice du crime bien sûr, inclure le Mexique (cha Bien sûr, le nouvel État risquerait de demi-somnolence politique. Il n'est Un jour il y aura le référendum. Au­ Ce n'est certes pas la fin qu’il poursuit. après le scrutin de la mi-novembre, fut que vous savez. Aidé en cela par la cha cha!). Que vos idées ne con­ d etre centralisateur, mais tout le jusqu'au premier ministre du Canada paravant ou plus certainement après, Vincent Lemieux vient de rappeler symétrique la propre crainte du pre­ profonde rigueur intellectuelle de naissent plus de frontières. Qui monde admettra que, selon votre a avoir rappelé cet aspect bénéfique et quel qu'en soit le résultat, on devra que "les sondages et certains faits his­ mier ministre canadien qui déclarait Roger Lemelin, vous avez fait naî­ sait si, séduit par votre rigoureuse implacable logique, des liens les tre en moi une exaltation nou­ logique, le monde entier n'emboî­ du réveil brutal, qu'a été la date célé­ se mettre à table pour quelques “mi­ toriques ont montré que dans des si­ selon les journaux du 24 mars: “I was plus étroits possible avec les terribly afraid after Nov. 15 that peo­ velle. terait pas le pas. Grâce à vous, un Etats-Unis sont le plus sûr moyen bré, en forçant tout le monde à devoir nutes de vérité." Il n'y a pas a espérer tuations très conflictuelles entre Qué­ C'est pourquoi, M. Trudeau, je monde nouveau s'ouvrirait à l'hu­ ple were going to buy what I call Lé- de préserver l'identité canadien­ s’expliciter dans un proche avenir. beaucoup de sportivité dans ces joutes bec et Ottawa, la majorité des élec­ vous prie de ne plus chercher manité. ne! Changeons d'image pour une autre qui risquent de se livrer à coups de teurs du Québec penchent vers Québec vesque’s siren song... that can noise à René Lévesque. Le Qué­ Bien entendu, compte tenu de Sylvain MEUNIER raison que de justifier le titre. Filons simplifications dialectiques. Mais par- plutôt que vers Ottawa" (Le Soleil, 26 separate, have an association with Ca­ bec n'est qu'une petite ombre la puissance relative du Canada, un court instant la métaphore d’un dela affrontements, accrochages ou mars 1977). nada and we'll all be friends just like dans la grande histoire du fédéra­ vous n'auriez, dans cette super­ Montréal, le 28 mars 1977. vaste chantier qui, en plusieurs points même impasses, on devra bien mettre Comment peut-on refuser absolu­ before". Ce ne sont pas là mots parti­ du Canada, commence à s’anime' au point certain modus vivendi en ment au gouvernement québécois le sans de circonstances, même s’ils fu­ pour la réforme constitutionnelle. deçà de la solution globale. temps de préparer sérieusement la rent dits à la veille de l’ouverture du La rencontre Portelance-Boisvert Divers groupes de citoyens se for­ Pour atténuer les risques que “cela consultation démocratique du référen­ récent congrès libéral fédéral de To­ ment de façon spontanée; d'autres à ne se passe pas trop mal", il importe dum? ronto. sur le projetée loi C-24 vocation non immédiatement civique que les opposants ne s'affrontent pas Ce délai est d'une longueur encore La presse, les gens de l'entourage, les militants ont une responsabilité se penchent sur la question de l’orga­ en pouvoirs nus et seuls. D'où l’impor­ trop imprécise pour tout le monde. Monsieur le directeur. Boisvert parlait au nom du Co­ loi C-24. Certes, mais pendant que le cabinet toute particulière à un moment où les mité de Travail sur l'Immigration nisation politique du pays. Dans les tance du vaste chantier, évoqué plus Je voudrais protester violem­ Montréal. le 23 mars 1977. partis d'opposition, on commence à haut. On ne refera pas le Canada à la québécois doit faire ses preuves de mots sont chargés de dynamite. Le ment contre la ’ couverture" que qui est indépendant de la Ligue. langage ne doit jamais être méprisant, J'ai appris par ailleurs que M. Karl LÉVÊQUE. s.j. s’interroger serieusement pour se manière dont le Conseil de Sécurité de "bon gouvernement”, le cabinet fédé­ M. Duhamel prétend faire de la Portelance avait communiqué aux l'O.N.U. décide de ne pas régler les li­ ral a egalement l'opportunité de dé­ surtout lorsque son usager ne méprise rencontre Portelance-Boisvert qui P.S. J’ai assisté à cette rencontre montrer à la hauteur de la situation media son texte à l’avance. Est-ce montrer son caractère irremplaçable pas. Quand une voix qui sait le sens a eu lieu à l'Université de Mon­ de 14 heures à 16 heures 30 envi­ nouvelle. Même à l’intérieur des partis tiges entre grandes puissances. Des ex­ à partir de ce communiqué de dans des circonstances socio­ des mots parle de “frères du sang” et tréal, le 24 mars. Durant deux ron. A.D. majoritaires à Ottawa et à Québec, des pressions comme “mater le Québec" presse du gouvernement que l’ar­ de "tribalisme", fût-ce en dèmi- heures pleines, le député adjoint forces d’ouverture et, corrélative­ ou “casser la rigidité d'Ottawa” res­ économiques malaisées et de s'habi­ ticle de M. Duhamel aurait été parlementaire de M. Bud Cullen a sortissent à cette croyance qu’une des tuer à l’idée qu'il devra promouvoir boutade, ce n’est pas de la rigidité, composé? ment, de fermeture se manifestent. Ce subi l'assaut de questions sérieu­ mais du lamentable anachronisme. Le Je signale de plus une affirma­ sont autant de messages envoyés aux deux parties doive rester sur le car­ certain changement. ses, adressées sur un ton poli, Parti québécois n'exprime pas qu’une tion objectivement malhonnête de ■ Nous rappelons d nos premiers ministres du Canada et du reau. D'abord, il y a plus de deux par­ • quant aux graves dangers à la dé­ solidc'ité lignagère. Qu’il réussisse ou M. Duhamel, à savoir que per­ lecteurs que les lettres Quebec. Ces messages sont encore as­ ties. Et surtout, aucune d’elles ne doit mocratie que ceux qui ont étudié Le dilemme posé ici même paL Mi­ sonne de la Ligue "n'était en me­ Adressées d celte rubri­ être littéralement défaite pour une so­ échoue dans de trop "grands desseins" le projet de loi pensent être conte­ sez flous, parfois contradictoires. La chel Roy fin novembre tient encore. Si sure" de produire une réponse que doivent être signées communication devient circulaire: de lution vivable en dignité. à la fois, il est déjà un bel outil pour nus dans ledit projet. Et M. Por- et comporter, de ma­ le gouvernement péquiste est un gou­ façonner un État moderne au seuil de telance a continuellement évité de aux attaques de M. Portelance. La bas en haut et non plus seulement de vérité, ce qui avait d'ailleurs été nière lisible, les noms, • vernement provincial comme les au­ ce que des sociologues à la mode ap­ répondre aux questions, manifes­ adresse et numéro de haut en bas. M. Trudeau a raison sur un} oint, au tres. il doit etre traité comme tel, non tant sur des points précis une in­ exprimé dans le débat, est qu’il pellent "l'entrée dans l’ère post- n'y avait dans la salle aucun repré­ téléphone de l'auteur. H • moins pour un certain temps: le pre­ seulement par les autres gouverne­ industrielle”. On ne se renforce pas à compétence et même — je suis nous est impossible de ments provinciaux — ce qu’ils font contraint de le dire — une mé­ sentant de la Ligue, à ce que je sa­ Tout cela est bon. Non pas à cause mier ministre du Canada n'a pas à "lâ­ rapetisser l'adversaire. che • publier les lettres ano­ connaissance de certains aspects de la cacophonie et des contradictions. cher le paquet" avant même que ne pour leur grand honneur —, mais aussi Je déplore cette chronique de nymes. L'adresse et le d une loi qu'il avait lui-mème pré­ numéro de téléphone ne Mais pour la nécessaire dépolarisa­ soient engagés des pourparlers préli­ par le gouvernement central lui- La froideur correcte et sans illusion M. Duhamel tout autant que votre sentée aux Communes sont pas destinés d la tion Mais à cause de l'ambiance labo­ minaires. Sa base de départ est le statu même. Mais c'est à charge stricte pour mutuelle qui caractérisait les rapports relative discrétion sur le débat qui le gouvernement péquiste d'en faire Durant son exposé de 20 minu­ publication. rieuse et responsable d’un vaste chan­ uo; il n'a pas à jouer le révisionniste entre les capitales outaouaise et qué­ tes, M. Portelance a fait de lon­ entoure l'adoption de cet impor­ tier On ne perçoit encore que de va­ 3'origine. Mais il doit au moins se faire autant, ce qu'il fait aans les grandes bécoise après le 15 novembre ne pou­ gues digressions (plus de 10 minu­ tant et catastrophique projet de gues projets en rumeurs désordon­ accueillant aux diverses formules circonstances (voir la haute tenue du vait se prolonger indéfiniment. C'est tes) sur la question linguistique nées, mais c'est pour des recherches qu'on propose à sa considération, à "discours inaugural"). On n'en dirait dommage toutefois. Quand les chefs telle que défendue par la Ligue des pas autant des prises de position ou droits de l'Homme et sur une cer­ LE DEVOIR If DlvOi# »tt pubL# par rimpnmtri# Populaire. û respontobib** de plans directeurs. Même si aucun commencer par celles qui émanent de limitée dont l« Siège tooal *»t vitue ou numéro 211 ru* du Soin! Socr* de parti s'adressent aux militants, ^ond* par N#r>n Sou'cmo taine affaire Pétrov où, parait-il, ment Montréal M2Y 1X1 II ett tompoté #t imprimé por l'Imprimen* projet n’était retenu par les responsa­ son propre parti. Le moment venu, ce des abstentions purement symboliques •* '0|Onvi#r 1910 c'est toute la population qui entend le la Ligue n'aurait pas été assez vi­ Dumont incorporé* dont let Oteli*r$ tont tituét à 9130 ru* •oiv" Vill* bles des pouvoirs ne ferait pas preuve pourrait lui être utile pour pouvoir à certaines conférences fédérales- DiffClfur Clowdt 9yo« loSall* l agencé Prette Canadienne *tt autorité* à *mploy*r *t à d'1 premier ministre de l'une ou l’autre gilante. Je comprends difficile­ provinciales ou internationales, quand 9édoc»#v.ii *n tW fut*r let informâtlont pubhéet dont II DtvOlt d'inutilité Sur un chantier il y a très taire preuve de cette faculté de L'Ima­ capitale. Aux distorsions du message ment que ce soit l'affaire Pétrov peu d'ingénieurs et qu’un architecte- gination", qu'il louait naguère à l'ins­ ce n'est pas à des matches de hockey. •BONNEMENT Edition quotidienne $55 per enn#* »i»’moi* 330 * L’heure est passée de ces "ruses de s'ajoute la dissonance à l'écoute. qui manifestement arrivait comme ®êdoc?*o’ «n cH«( od|0>At ' étranger $60 par enn## m mon 133 t'Oil mOil $2’ Ed't'On» du chef; mais ce ne sont pas ceux-là qui tar de la “bonne foi" et de la “grande Cela produit parfois brouillages ou un effet de diversion et l'attaque à OfOf9t» Vigny »imed' $15 p*r ênnéé ÊditiO" quOtid*#nn# kvr*e « dOW-C'l# P*' prudence". Lui aussi a besoin de souf­ Sioux" ou de Murons. Ces agaceries Dirtcttwn d* i information porteur $1 $0 0*' »*mi.ne Terd d* iebOnn*m*nt lerv per i« PO»t* apportent et préparent les matériaux amplifications avec effets contraires fond contre la Ligue qui aient re­ Jton Froncotgr aérienne iu' demande Courrier de deuxième ciéiie enreg'it'ement n'amusent plus personne. Portées sé­ numéro 0858 DepOt tegai B biiotneoue nationale du Quebec et il en faut pour des travaux plus fler. de prendre du champ, de réflé­ au out poursuivi. Quand M. Trudeau tenu l'attention de M Duhamel. P4"tl<>Qnor chir. Il engage beaucoup plus que son rieusement par des agences de presse, D'autant que le sujet en discus­ Tf*»Or.tr lornard lorotqu» TllÉPHONIt M4>3361 hgnetgroupent humbles sion était le Bill C-24, et que M. Il importe surtout que notre atten­ destin personnel. Comme il le sait, il ou commentées par des journalistes Voir pago 6: Un chantier